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« Paris, ville capitale ? »

Parcours 2 : "Paris, source d'inspiration littéraire et artistique"

Problématique :

Source de facination et véritable muse pour de nombreux écrivains et artistes, Paris a pu


susciter des sentiments souvent contradictoires.
Quel rôle jouent écrivains et artistes dans l'imaginaire associé traditionnellement à la "ville
lumière" ?
Comment expliquer les réactions d’engouement et de rejet que Paris peut occasionner ?

Documents :

1. Robert Delaunay (1885-1941), La Tour Eiffel, 1926.

2. Louis Aragon, PARIS, 1944.


3. Robert Doisneau, Le Baiser de l’Hôtel de Ville, 1950.
4. Jacques Dutronc, « Il est cinq heures, Paris s'éveille », 1968.

5. Taxi Girl, « Paris », 1984.


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1. Robert Delaunay (1885-1941), La Tour Eiffel, 1926.

Emblème de la modernité, la tour métallique construite par Gustave Eiffel en 1889


fascine Delaunay et traverse tout son œuvre.
Après l'avoir désarticulée dans une importante série cubiste au début des années 1910,
l'artiste magnifie la tour Eiffel dans une gamme de couleurs flamboyantes soulignée par un
puissant effet de contre-plongée, souvent adopté par les photographes de l'époque.L'armature
ajourée de l'édifice s'élance comme un pont vers le ciel. Les couleurs des aplats géométriques
dont la tour est revêtue confèrent à cette peinture une allure décorative affirmée.

https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/cgj47qR
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2. Louis Aragon, PARIS, 1944.

En 1944, Louis Aragon est âgé de 47 ans lorsqu’il écrit Paris. Dans ce texte le poète glorifie
la capitale. Aragon demande ou il fait « bon même au coeur de l’orage » et « clair même au
coeur de la nuit ». Malgré les souffrances, les privations et l’humiliation de l’occupation
allemande, Paris reste comme un flambeau dans une nuit noire : malgré « les carreaux
cassés », on peut voir la lumière au dehors : Paris reste fort malgré la guerre et la destruction.
C’est Paris qui a donné l’espoir à Louis Aragon pendant l’occupation et qu’il célèbre par son
poème.

PARIS

1 Où fait-il bon même au coeur de l’orage


2 Où fait-il clair même au coeur de la nuit
3 L’air est alcool et le malheur courage
4 Carreaux cassés l’espoir encore y luit
5 Et les chansons montent des murs détruits

6 Jamais éteint renaissant de la braise


7 Perpétuel brûlot de la patrie
8 Du Point-du-Jour jusqu’au Père-Lachaise
9 Ce doux rosier au mois d’août refleuri
10 Gens de partout c’est le sang de Paris

11 Rien n’a l’éclat de Paris dans la poudre


12 Rien n’est si pur que son front d’insurgé
13 Rien n’est ni fort ni le feu ni la foudre
14 Que mon Paris défiant les dangers
15 Rien n’est si beau que ce Paris que j’ai

16 Rien ne m’a fait jamais battre le coeur


17 Rien ne m’a fait ainsi rire et pleurer
18 Comme ce cri de mon peuple vainqueur
19 Rien n’est si grand qu’un linceul déchiré
20 Paris Paris soi-même libéré

Louis Aragon, 1944


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3. Robert Doisneau, Le Baiser de l’Hôtel de Ville, 1950.

Photographie

L’histoire fascinante du Baiser de l’Hôtel de Ville de Robert Doisneau

Le tumulte de la rue de Rivoli, les passants pressés, l’ombre majestueuse de l’Hôtel de Ville
parisien en fond et au milieu, un instant de tendresse presque divin. Le baiser le plus célèbre
de l’histoire de la photographie fête ses 73 ans. Voici tout ce qu’il faut savoir sur le cliché
romantique de Robert Doisneau.
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Par Floriane Reynaud, 8 février 2023

Au milieu du flux des passants parisiens, un homme et une femme s’embrassent et


suspendent la course du temps. Iconique, cette photo signée du photographe français Robert
Doisneau est une commande du magazine américain Life, spécialisé dans le
photojournalisme. Le thème de ce numéro publié en juin 1950 ? L’amour à Paris au
printemps. Pendant plus de trente ans, la photo disparaîtra des radars avant de ressortir en
1986.

L’amour à Paris selon Robert Doisneau

S’il y avait bien un photographe capable de remplir la mission donnée par le magazine Life,
c’était Robert Doisneau. Après la Seconde Guerre mondiale, le Gentilléen consacre une
grande partie de sa carrière à la Ville Lumière. La dernière valse du 14 juillet, La marchande
de fleurs, Les tabliers de la Rue de Rivoli… Ses clichés en noir et blanc sont mythiques et
empreints d’une nostalgie presque magique. Pour Life, Robert Doisneau écume la ville à la
recherche de l’instant parfait à capturer avec son objectif. C’est là que naîtra l’un de ses
clichés les plus célèbres. Observateur chevronné, il est connu pour saisir des instants intimes
depuis sa chaise de bistrot ou son coin de rue. Mais derrière ce cliché qui semble pris sur le
fait se cache une petite histoire. Assis à un café, il repère un jeune couple enlacé à quelques
tables de lui. Instinctivement, le photographe les aborde et leur propose une séance photo,
rémunérée 500 francs (l’équivalent aujourd’hui de 1460 euros). Ils sont jeunes, amoureux et
l’étreinte - bien que mise en scène - reste aussi romantique que si elle avait été spontanée. La
magie opère alors que ces deux inconnus s’embrassent sur le trottoir bondé. Au moment de la
capture, Robert Doisneau ne connaît pas l’identité de ses modèles qui restera longtemps
secrète.

Une sombre histoire d'argent

À partir de 1986, le cliché jusque-là mis de côté, réapparaîtra lorsque Life décide de le
commercialiser sous forme de poster. Le Baiser de l’Hôtel de Ville bat tous les records : 410
000 affiches sont vendues à travers le monde et font entrer la photographie de Robert
Doisneau dans la légende. La réputation du virtuose de l’objectif dépasse les frontières du
milieu de la photographie et imprègne la culture populaire. Les amateurs comme les
néophytes admirent ce cliché nostalgique qui ne plaisait pas particulièrement à son auteur.
Robert Doisneau essaie d’expliquer cet engouement : « Cette photo m’inquiète un peu. Ce
succès montre que c’est un effet facile. Pourquoi tant de gens s’identifient sur cette photo ?
Parce que c’est le symbole d’un moment heureux. » Cette jolie histoire aurait pu s’arrêter là.
Mais c’était sans compter sur les intérêts financiers qui se sont mêlés à l’histoire de ce cliché
célèbre. En 1992, le couple Lavergne revendique être les modèles du Baiser de l’Hôtel de
Ville et réclame 500 000 francs au photographe pour violation de sa vie privée. En quatrième
protagoniste de l’affaire, Françoise Delbart surgit de l’ombre avec en sa possession la
photographie originale, numérotée et signée de la main de l’artiste. Elle demande elle aussi
100 000 francs de rémunération. Robert Doisneau la reconnaît et l’identité des amants
parisiens est enfin dévoilée. En 1950, Françoise Delbart (alors Françoise Bornet) était
étudiante en théâtre au Cours Simon avec son petit ami Jacques Carteaud. Tous deux avaient
été repérés par Robert Doisneau alors qu’ils s’embrassaient dans un café de la capitale. Alors
qu’elle réclame sa part de fortune, son ancien compagnon Jacques Carteaud refuse de
« transformer cette histoire photographique en histoire de fric ». Finalement, les trois
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demandeurs sont déboutés par le tribunal de grande instance de Paris. Le couple Lavergne
n’a pas réussi à prouver qu’ils étaient les amants originels et le visage de Françoise Delbart
n’étant pas visible, elle ne pouvait prétendre aux droits à l’image. La chance sourira de
nouveau à l’ancienne étudiante en théâtre. Le 25 avril 2005, Françoise Delbart met en vente
son tirage original. C’est la maison de vente aux enchères Artcurial qui s’occupera de la
transaction et la somme tirée est titanesque : la photographie sera vendue 185 000 euros en
présence de sa propriétaire.

Pourquoi tant de gens s’identifient sur cette photo ? Parce que c’est le symbole d’un moment
heureux - Robert Doisneau

Robert Doisneau et les baisers

Tout au long de sa carrière, le photographe français a capturé de nombreux moments


d’intimité. Le Baiser de l’Hôtel de ville n’était ni son premier, ni son seul bécot. Les
amoureux aux poireaux, ceux aux oranges de la rue Mazarine, le baiser du Pont Neuf ou
encore celui de l’opéra… Dans les années 1950, Robert Doisneau met du baume au cœur à
ceux qui ont vécu la guerre en capturant ces jolies étreintes. Sa signature : du noir et blanc
parce que c’était moins cher à faire développer, une touche d’humour, de nostalgie et surtout
beaucoup de tendresse.

https://www.vogue.fr/culture/article/le-baiser-de-l-hotel-de-ville-photo-robert-doisneau
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4. Jacques Dutronc, « Il est cinq heures, Paris s'éveille », 1968.

Il est cinq heures, Paris s'éveille est une chanson et le sixième EP de Jacques Dutronc, sorti
en 1968. La chanson apparaît aussi sur l'album Il est cinq heures auquel elle donne son titre.

1 Je suis le dauphin de la place Dauphine


2 Et la place Blanche a mauvaise mine
3 Les camions sont pleins de lait
4 Les balayeurs sont pleins de balais
5 Il est cinq heures
6 Paris s'éveille
7 Paris s'éveille
8 Les travestis vont se raser
9 Les strip-teaseuses sont rhabillées
10 Les traversins sont écrasés
11 Les amoureux sont fatigués
12 Il est cinq heures
13 Paris s'éveille
14 Paris s'éveille
15 Le café est dans les tasses
16 Les cafés nettoient leurs glaces
17 Et sur le boulevard Montparnasse
18 La gare n'est plus qu'une carcasse
19 Il est cinq heures
20 Paris s'éveille
21 Paris s'éveille
22 La Tour Eiffel a froid aux pieds
23 L'Arc de Triomphe est ranimé
24 Et l'Obélisque est bien dressé
25 Entre la nuit et la journée
26 Il est cinq heures
27 Paris s'éveille
28 Paris s'éveille
29 Les banlieusards sont dans les gares
30 À la Villette, on tranche le lard
31 Paris by night, regagne les cars
32 Les boulangers font des bâtards
33 Il est cinq heures
34 Paris s'éveille
35 Paris s'éveille
36 Les journaux sont imprimés
37 Les ouvriers sont déprimés
38 Les gens se lèvent, ils sont brimés
39 C'est l'heure où je vais me coucher
40 Il est cinq heures
41 Paris s'éveille
42 Il est cinq heures
43 Je n'ai pas sommeil
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5. Taxi Girl, « Paris », 1984.

Taxi Girl est un groupe de « l'after punk » à tendance new wave et à l'esthétique romantique,
rouge et noire, magnétique, punk. Il a existé de 1978 à 1986, avec des prestations scéniques
mémorables et une histoire quelque peu dramatique. Au-delà de leur noyau de fans, ils ont
connu le succès surtout grâce à leurs deux premiers maxi 45T : Mannequin en 1980, et
surtout Cherchez le garçon en 1980, vendu à plus de 150 000 exemplaires.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Taxi_Girl_(groupe)

« Paris »

44 Hé mec, c’est Paris! Tu m’entends? P.A.R.I.S.

45 Paris
46 Respire le bon air mais fais gaffe quand même
47 Tous les jours des mômes meurent d’en respirer un peu trop
48 Alors fais attention et marche dans les rues au hasard
49 À n’importe quel coin de n’importe quelle rue,
50 Tu rencontreras n’importe quel type
51 Qui te proposera n’importe quoi
52 Diamants, diadèmes, mais prends-les dans tes mains,
53 Jette-les par terre, ça brise comme du verre.

54 C’est Paris
55 À Paris rien n’est pareil, c’est tellement changé que c’est même plus une ville,
56 C’est qu’une grande poubelle
57 La poubelle est pleine depuis si longtemps qu’y a plus d’place pour les déchets à nous,
58 C’est Paris et à Paris, y a rien à faire,
59 Juste marcher dans les rues,
60 Marcher dans les rues et attendre,
61 Attendre qu’y fasse un peu plus chaud,
62 Qu’y fasse un peu plus jour,
63 Qu’y fasse un peu d’amour

64 P.A.R.I.S.

65 Paris, c’est pas ce qu’on attend,


66 Mais ça n’a pas d’importance parce que ça ne viendra pas
67 C’est Paris, 1984, belle année
68 Mes parents, mes parents viennent d’Espagne,
69 Mais qu’est-ce qui nous reste à nous, le Liban?
70 Ah... c’est trop chaud
71 Remarque, ici y fait un peu froid et ça,
72 Aucun radiateur au monde n’y peut rien
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73 Y fait froid dans nos têtes


74 C’est pas Tokyo, Londres, New-York ou Amsterdam, non
75 Non c’est Paris et à Paris, y a rien à faire

76 Paris, ville de nos rêves


77 La poubelle est pleine depuis si longtemps qu’y a plus place pour nos déchets à nous
78 Juste rien a faire,
79 Juste marcher dans les rues,
80 Marcher dans les rues et attendre
81 Qu’y fasse un peu plus jour,
82 Qu’y fasse un peu plus chaud,
83 Qu’y fasse un peu d’amour.
84 Ah ville de mes rêves!
85 Que feras-tu quand tu resteras seule, pourrie,
86 Les ruines un peu partout?

87 Tu sais comment j’écris ton nom? P.A.R.I.S.

88 Hé mec, mec, comment t’épelles Paris?


89 Paris? P.A.R.I.S.
90 Non! non, non, non, non! Paris ça s’épelle M.E.R.D.E.
91 Tu sais, tu dois trouver quelqu’un qui remplisse ton cœur d’amour ou de calmant,
92 Enfin de quelque chose,
93 Parce qu’on arrive par erreur, par hasard ou trop tard
94 Et la poubelle est pleine depuis si longtemps
95 Qu’il n’y a plus d’place pour nos déchets à nous,
96 C’est Paris,
97 Paris, ville de nos rêves
98 Mais à Paris y a rien à faire,
99 Juste marcher dans les rues

100 P.A.R.I.S.

101 Alors marche, et attends


102 Attends, attends

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