LA MALÉDICTION DE

DERCETO

UNE AVENTURE POUR L’APPEL DE CTHULHU

INSPIRÉE DU JEU VIDÉO1 ALONE IN THE DARK
 LA MALÉDICTION DE DERCETO
Une aventure pour L’Appel de Cthulhu 7e édition
pour 4 à 6 investigateurs
Librement inspirée du jeu vidéo Alone in the Dark conçu et réalisé par Frédérick Raynal
ainsi que du scénario et des personnages créés pour ce jeu par Hubert Chardot

Textes et mise en page : Julien Pirou

Sauf textes directement repris d’Alone Dark écrits par Hubert Chardot
Alone in the Dark,

Illustrations et peintures générées par Midjourney AI

Plans réalisés avec Dungeon Alchemist

Illustrations libres de droits : Author’s Assembly, M2, serikbaib

Images d’archive : Detroit Public Library,
Library
Fondo Antiguo de la Biblioteca de la Universidad de Sevilla, Wikimedia Commons
Éléments graphiques : Daboost, Anja Kaiser, LiliGraphie, Spiber.de, Vector Tradition

Relecture : Gérald Mercey

Note de l’auteur
« N’est pas mort ce qui à jamais dort ! »
Alone in the Dark est l’un des premiers jeux vidéo auxquels j’ai joué. Ce pionnier de ce qu’on
appellerait bientôt le genre survival-horror fit forte impression sur le gamin de 8 ans que j’étais.
Ce fut aussi mon premier contact avec le Mythe de Cthulhu et l’univers d’H.P. Lovecraft…
Alone in the Dark est sorti en 1992. En cette année 2022, à l’occasion de son 30e anniversaire,
je souhaitais lui rendre hommage à ma façon, sous la forme d’un scénario de jeu de rôle.
La Malédiction de Derceto est la lettre d’amour d’un fan à ce fameux manoir
et à ses couloirs angoissants, que j’ai fini par connaître comme ma poche.
Je suis resté assez proche de l’histoire d’origine concoctée par Hubert Chardot,
mais un jeu de rôle n’étant pas un jeu vidéo, il ne s’agit pas d’un simple copier-coller.
Même si vous connaissez bien Alone in the Dark,
ce retour à Derceto devrait donc vous réserver quelques surprises…

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 TABLE DES MATIÈRES
Rez-de-chaussée : Salle de bal 27
MORT SUSPECTE EN LOUISIANE 4 Rez-de-chaussée : Salle à manger 29
Les toiles de Derceto 4 Rez-de-chaussée : Atelier 29
Rez-de-chaussée : Salon 30
LES TRAGÉDIES DE DERCETO 5 Rez-de-chaussée : Bureau 31
Premier étage : Petite galerie 32
LES MÉMOIRES D’UN DAMNÉ 9
Premier étage : Salle de lecture 32
Premier étage : Couloir 33
INVESTIGATEURS13
Premier étage : Ancienne chambre de Jeremy 34
Allen, Gloria 13
Premier étage : Salle de bains 34
Carnby, Edward 13
Premier étage : Chambre de Waites 35
Hartwood, Emily 14
Premier étage : Grande galerie 35
Heames, Georges 14
Premier étage : Nouvelle chambre de Jeremy 38
Herbert, Isaac 15
Premier étage : Bibliothèque 39
Jarret, Elisabeth (Beth) 15
Pregzt abat ses cartes 40
Mulholland, Patricia (Patsy) 16
Premier étage : Salle secrète 40
Thornhill, Joseph 16
Deuxième étage : Palier 41
OBJECTIFS DES INVESTIGATEURS 17 Deuxième étage : Couloir 41
Deuxième étage : Salle de bains 42
ACTE 1 : LA ROUTE DU BAYOU 18 Deuxième étage : Bureau d’Howard 42
Réunion chez Carnby 18 Deuxième étage : Chambre d’Emily 43
Trajet mouvementé 19 L’énigme des tableaux 43
Arrivée au Manoir 21 Deuxième étage : Garde-robe 44
Deuxième étage : Buanderie 44
PLANS DE DERCETO 22 Combles : Grenier 45
Rez-de-chaussée22 Sous-sol : Cave 45
Premier étage 23
Code couleur des verrous 23 ACTE 3 : AUX RACINES DU MAL 46
Combles24 Cavernes : Dédale 47
Sous-sol24 Cavernes : Épave 48
Deuxième étage 24 Cavernes : Crypte 49
Emplacement des clés 24
CRÉATURES & ADVERSAIRES 52
ACTE 2 : SEULS DANS LES TÉNÈBRES 25
Extérieur25 LIVRES ET OUVRAGES 53
Rez-de-chaussée : Vestibule 25
Attendre le bon moment 25 FICHES DE PERSONNAGES 54
Rez-de-chaussée : Cuisine 26
Rez-de-chaussée : Jardin couvert 26

3
 MORT SUSPECTE EN LOUISIANE

31 mars 1925. Le peintre Jeremy Hartwood,

Hartwood 46 ans, est retrouvé pendu dans le grenier du
manoir familial, Derceto
Derceto, au cœur du bayou de Louisiane. La police conclut au suicide, bien
qu’aucune lettre n’ait été retrouvée. Le majordome Waites, au service de la famille depuis cinq
décennies, confirme que le peintre souffrait depuis la mort de son père d’épisodes dépressifs,
renforcés depuis quelques mois par des insomnies répétées… L’article lapidaire publié dans le
Morning Tribune se contente d’évoquer un « drame de la solitude ».

10 avril 1925. Quelques jours après l’inhumation de Jeremy, ses amis se réunissent à La Nou-
velle-Orléans avec un objectif commun : se rendre à Derceto et faire toute la lumière sur sa mort.
Le Jeremy qu’ils connaissaient n’était ni fou ni suicidaire. Il ne fait pour eux aucun doute que le
peintre a laissé un message pour expliquer son geste. Accompagnés d’un détective privé engagé
pour assurer leur sécurité, ils se mettent en route.

Ils ne se doutent pas qu’en ces murs décatis guette un mal insidieux. Forcés de passer la nuit
à Derceto, ils vont devoir lutter pour leur survie… Seuls dans les ténèbres.

Les toiles de Derceto

Les cartouches des différents tableaux
incluent également une lettre
ou un symbole permettant
de les retrouver sur les plans
de Derceto, pages 22 à 24.

A J. Hartwood, Autoportrait.
Huile sur toile datée du 20 mars 1925.

4
 LES TRAGÉDIES DE DERCETO
Se dressant au cœur du Bayou Terrebonne,
Terrebonne
le long de la côte du Golfe du Mexique, le
manoir Derceto a sinistre réputation. Avec
la mort de Jeremy Hartwood, c’est en effet le
troisième propriétaire des lieux à connaître
une fin brutale ou tragique. L’immense bâ-
tisse, mêlant l’architecture coloniale fran-
çaise avec des éléments de style victorien,
fascine autant qu’elle inquiète. Certains — en
particulier parmi les descendants d’esclaves
de l’ancienne plantation — la disent maudite.
Le terrain aujourd’hui occupé par Derce-
to appartenait autrefois à un français nom-
mé Henri Ledoux, resté aux Amériques après
la vente de la Louisiane par Napoléon Bo-
naparte.
5
Une soudaine série de déconvenues en af-
faires avait laissé ce dernier au bord de la ruine.
Il n’eut alors d’autre choix que de vendre la pro-
priété à un riche planteur américain nommé
Eliah Pickford.
Pickford En 1818, celui-ci commença les
grands travaux qui feraient sortir de terre sa
fastueuse demeure, qu’il nomma en l’honneur
d’une déesse phénicienne…
Déjà à l’époque, de multiples rumeurs cour-
raient sur ce Pickford et surtout les origines
troubles de son immense fortune. Nul n’avait
entendu parler de lui avant le rachat de terrain
de Ledoux. C’était selon les ragots un aventu-
rier ou un criminel, enrichi par divers trafics et
contrebandes dont on ne pouvait que spéculer
au sujet de leur nature exacte…

Artiste inconnu, Portrait d’E. Pickford.
Huile sur toile, 1853.
B éclata, et Pickford fut abattu. Dans le chaos
Bien des années plus tard, l’historien
Howard Hartwood,
Hartwood spécialiste de la piraterie,
émit une hypothèse encore plus fantastique.
Selon Hartwood, qui s’appuyait sur divers do-
cuments découverts au sein de la bibliothèque
de l’Université Miskatonic, « Eliah Pickford »
était en réalité le descendant d’un pirate no-
toire connu sous le nom d’Ezechiel
Ezechiel Pregzt.
Pregzt
Cet infâme boucanier était si vil qu’il avait
été condamné à mort par le reste des Frères
de la Côte. Il était toutefois parvenu à échap-
per à son châtiment… Après avoir confié le
commandement de son navire, l’AstartéAstarté, à
son second Elisha Smith, Pregzt s’était ren-
du en Louisiane, pour ne jamais reparaître.
Quelques années plus tard, l’Astarté était cou-
lé au large des côtes de Nouvelle-Angleterre.
6
L’épave, miraculeusement préservée, fut lo-
calisée par Howard Hartwood en 1872. Mais
si les documents retrouvés à bord renforçaient
ses théories quant aux liens unissant Pregzt à
Pickford, ils n’apportaient pas pour autant de
preuves incontestables.
Que Pregzt ait été ou non l’aïeul d’Eliah
Pickford, ce dernier ne tarda pas à se tailler
une réputation de planteur brutal et cruel,
infligeant les pires traitements à ses esclaves.
Ceux qui se rebellaient étaient emmenés à
l’intérieur du manoir, et on ne les revoyait
plus jamais.
Les exactions de Pickford ne restèrent pas
impunies. En 1862, un escadron de soldats
nordistes mené par le capitaine J. W. Norton
traversa les terres de Derceto. Ils furent ac-
cueillis par le maître des lieux, qui déclara être
prêt à collaborer. Les manières onctueuses de
Pickford et les regards apeurés des esclaves
mirent toutefois la puce à l’oreille des troupes
de l’Union, qui devinèrent qu’elles étaient
tombées dans un guet-apens. Une fusillade
qui s’ensuivit, un incendie se déclara. Derceto
fut consumée par les flammes. Le capitaine
Norton raconta que certains esclaves se je-
tèrent dans le brasier pour essayer de sauver
leur maître.
Après l’incendie, les ruines calcinées de Der-
ceto restèrent à l’abandon pendant plus d’une
décennie. Finalement, en 1875, le terrain fut
racheté par Howard Hartwood, dont le roman
d’aventures Le dernier voyage du Vautour avait
rencontré un certain succès. Hartwood entre-
prit de faire reconstruire le manoir à l’iden-
tique. Il était persuadé que Derceto, d’une
manière ou d’une autre, était la clé menant au
trésor du capitaine Pregzt.
 Vers la fin de sa vie, Hartwood — dont
la fascination pour Pregzt et Pickford avait
tourné à l’obsession — alla même jusqu’à cla-
mer que les deux hommes n’étaient en fait
qu’une seule et même personne.

Évidemment, cette théorie ne fut pas prise

au sérieux, en raison de l’âge qu’aurait eu
« Ezech le sanguinaire ». On trouvait en effet
des mentions de Pregzt dans les comptes-ren-
dus d’un procès pour piraterie survenu au
Pays de Galles en 1620, et parmi les corsaires
de Tortuga, près de cinquante ans plus tard.
Même si leurs portraits respectifs présen-
taient une ressemblance indéniable, il était
impossible qu’Eliah Pickford soit Ezechiel
Pregzt, à moins d’avoir vécu près de trois
siècles !

Au cours des décennies qui suivirent, la

tragédie sembla s’acharner sur la famille
Hartwood. L’épouse d’Howard, Sarah Sarah,
contracta la fièvre typhoïde et décéda en
1887, laissant à Howard la tâche d’élever seul
leur fils unique, Jeremy
Jeremy, alors âgé de 7 ans.
À 18 ans, Jeremy retourna en Nouvelle-An-
gleterre pour s’enrôler au sein de la Cowles
School of Art. Il demeura à Boston jusqu’en
1905, lorsque la santé déclinante de son père
le força à revenir à Derceto.
En 1908, Howard Hartwood fut retrou-
vé mort dans le sous-sol du manoir, le corps
distordu et le visage révulsé. Pour ne pas ag-
graver l’état de détresse de Jeremy, le docteur
Gray lui expliqua qu’Howard avait succombé
à une attaque cardiaque causée par une crise
d’épilepsie. En réalité, Howard s’était tranché
la langue d’un coup de dents, et était mort
étouffé par son propre sang. Jeremy n’appren-
drait la vérité que bien des années plus tard…
La mort d’Howard plongea Jeremy dans
un état mélancolique. Malheureusement, le
sort semblait vouloir continuer à s’acharner
sur le clan Hartwood.
J. Hartwood, Portrait d’Howard Hartwood.
Huile sur toile, 1906.
C
En novembre 1909, à l’occasion de la fête
de Thanksgiving, Jeremy eut le bonheur de
recevoir la visite de son cousin bostonien
Frank Hartwood, accompagné de son épouse
Alice et de leur fillette de 5 ans, Emily
Emily. Cette
réunion familiale ramena un peu de vie dans
les murs de Derceto.
Malheureusement, la tragédie frappa. Le
13 décembre 1909, Frank et sa famille repar-
tirent en train vers la Nouvelle-Angleterre.
La première partie de ce long trajet, de La
Nouvelle-Orléans à Saint-Louis, Missouri,
se déroula sans incident. À Saint-Louis, les
Hartwood embarquèrent à bord du New York
Central Limited qui devait les amener jusqu’à
Albany, aux portes du Massachusetts. Mais
alors que le train traversait la Pennsylvanie,
il percuta un autre convoi.

7
 Frank et Alice perdirent la vie dans la
collision. Apprenant la terrible nouvelle, et
réalisant qu’il était désormais le seul parent
d’Emily, Jeremy n’hésita pas une seule se-
conde à l’adopter. La fillette vint donc vivre
à Derceto. Elle ne tarda pas à considérer
« oncle Jeremy » comme une véritable figure
paternelle. Une affection et une complicité
profondes liaient ces deux orphelins.
Ces années où Emily vivait à Derceto re-
présentent sans aucun doute la période la
plus heureuse de la vie de Jeremy. La présence
d’Emily semblait tenir les ombres à distance.
Les peintures de Jeremy, jusque-là canton-
nées à un succès d’estime auprès des amateurs
d’art louisianais, attirèrent l’attention d’un
collectionneur d’art de La Nouvelle-Orléans,
Joseph Thornhill.
Thornhill
Jeremy, qui avait suivi un chemin très simi-
laire autrefois, ne comprenait que trop bien
ce besoin de voler de ses propres ailes. Il la
mit en contact avec une de ses connaissances
— et amie très chère — Patricia « Patsy » Mul-
holland, d’Arkham. Celle-ci accepta d’héber-
holland
ger Emily durant ses études.
Au contact de son oncle et des Saunders,
Emily s’était découvert une passion pour le ci-
néma. En août 1924, elle écrivit une lettre à Je-
remy pour lui annoncer une grande nouvelle :
les studios new-yorkais de la Hill Century
avaient accepté de l’engager comme scripte.
Elle allait ainsi marcher dans les pas de son
idole, Sarah Mason. Dans sa réponse, Jeremy
se réjouissait pour elle, tout en mentionnant,
en passant, ses récentes crises d’insomnie. Ces
courriers seraient leur dernier échange… Six
mois plus tard, Jeremy Hartwood était retrou-
vé pendu.

Grâce à Thornhill, Jeremy commença à

recevoir des commandes des quatre coins
des États-Unis. En 1914, Jeremy rencontra
celui qui deviendrait un de ses clients les
plus fidèles : Gregory Saunders,
Saunders un produc-
teur travaillant pour la société Hill Century,
pionnière de l’industrie cinématographique.
« Greg », comme il tenait à ce qu’on l’appelle,
confia à Jeremy la réalisation de plusieurs af-
fiches. En 1924, il demanda également à Je-
remy de réaliser un portrait de sa fille Grace
Grace,
qui venait de fêter ses huit ans.

Ce succès permit à l’artiste de mener un

train de vie confortable — mais aussi d’assu-
rer la meilleure éducation pour Emily. Mais
la jeune fille, devenue jeune femme, ne sup-
portait plus l’atmosphère lourde de Derceto.
Lorsqu’elle eut 16 ans, elle désira renouer avec
ses racines et émit le souhait de poursuivre
ses études à l’Université Miskatonic, dont Emily et Jeremy. D
les bancs étaient désormais ouverts aux étu-
diantes. Photographie prise en juin 1910.

8
 LES MÉMOIRES D’UN DAMNÉ

Howard Hartwood avait vu juste. Ezechiel

Pregzt et Eliah Pickford étaient bien une
seule et même personne. Ou plutôt, une seule
âme maléfique capable de passer d’un corps à
un autre à l’aide de rituels impies.

Pregzt naquit au Pays de Galles vers 1593,

dans le comté de Caernarfonshire. Issu d’une
famille pauvre, il se livra dès l’âge de 15 ans à
la piraterie le long des côtes de Galles du Sud
et de Cornouailles. Il adopta très vite le sur-
nom de « capitaine Pregzt » pour brouiller les
pistes, auquel il ajouta le prénom « Ezechiel »,
d’après le prophète biblique. Ce personnage
d’Ezechiel
Ezechiel Pregzt,
Pregzt pirate sanguinaire et sans
limites, finit par totalement consumer le
jeune homme, au point d’oublier son nom de
naissance.

En 1620, le gouvernement britannique, qui

craignait que Pregzt ne devienne un nouveau
John Callis (un pirate dont les crimes, un
demi-siècle plus tôt, avaient failli provoquer
une crise géopolitique), décida d’agir. Une vé-
ritable chasse à l’homme fut organisée, qui
aboutit à la capture et au procès de Pregzt.
Le pirate menaça de révéler publiquement les
noms des marchands et hobereaux qui depuis
des années lui servaient de receleurs. Au cours
de la nuit, un mystérieux « bienfaiteur » ouvrit
sa cellule, et Pregzt disparut dans la nuit.
Artiste inconnu, Pregzt le Pirate.
Huile sur toile, vers 1670.
E
Parmi ceux-ci, il découvrit une copie in-
complète du terrible grimoire Al Azif d’Abd
Al-Azrad, rédigée en écriture adjami. Son in-
térêt pour l’ancienne magie ne fit que croître.

Pregzt parvint à fuir en Afrique du Nord,
où il commença à fréquenter les corsaires
barbaresques de Salé. C’est là qu’il fut pour
la première fois initié aux rituels occultes. Il
voyagea à l’intérieur des terres jusqu’au Mali,
et apprit l’arabe afin de pouvoir lire les ma-
nuscrits antiques conservés à Tombouctou.
Il apprit l’hébreu afin de pouvoir étudier
les rituels de la Kabbale. Écumant la Mé-
diterranée en quête de prises autant que de
savoir, il commença à pratiquer le culte d’As-
tarté, déesse de la guerre et de la fertilité, es-
pérant attirer sur lui la fortune. Il alla jusqu’à
donner à son navire le nom de la déesse.

9
 Inspiré par un rêve, il fit voile vers les Ca-
raïbes en 1627, et devint l’un des premiers
« flibustiers » de l’île de la Tortue. Il se fami-
liarisa avec les rituels du vaudou tel qu’il était
alors pratiqué en Haïti. Pour Pregzt, il était
évident que toutes ces croyances renvoyaient
aux mêmes divinités primordiales, antédilu-
viennes. Peu importe qu’on nomme cette en-
tité Astarté, Atargatis, Derceto, ou Erzulie :
toutes n’étaient en fait que des avatars d’une
déité encore plus ancienne, Shub-Niggurath.
La chance insolente dont semblait faire
preuve Pregzt finit par attiser la jalousie des
autres Frères de la Côte. Comme il refusait
de partager son trésor, les flibustiers lui firent
à leur tour procès en 1676. Une fois de plus,
Pregzt parvint à s’échapper. Mais certains té-
moignages prétendent que cette nuit-là, des
créatures monstrueuses sortirent de la mer
pour venir à son secours…
J. Hartwood, Le Bayou Terrebonne.
Huile sur toile, 1917.
10
Cet incident encouragea Pregzt à aban-
donner la piraterie. Après avoir remis une part
importante de son trésor à son équipage resté
fidèle, il confia le commandement de l’Astarté
à son second, Elisha Smith. Pregzt se rendit
ensuite dans les marais de Louisiane où il re-
trouva un mystérieux homme noir, que connu
seulement sous le nom de « Keith ». Tous deux
s’enfoncèrent dans le bayou, et ce fut la der-
nière fois qu’on entendit parler d’Ezechiel
Pregzt, la terreur des sept mers… en tout cas
sous ce nom.
Durant les 150 années qui suivirent, Pregzt
voyagea avec Keith, apprenant à ses côtés les
rituels des divinités ancestrales appelées les
Grands Anciens. Il apprit à faire des offrandes
à Père Dagon et Mère Hydra, à vénérer le
Grand Cthulhu. Et surtout, il apprit comment
transférer son esprit dans un nouveau corps,
celui de son propre fils.
F
 Lorsque cette enveloppe charnelle commen-
ça à son tour à faiblir, Pregzt s’était assuré
d’avoir un nouveau descendant à posséder. Si
besoin, l’esprit de Pregzt pouvait également
occuper un corps qui n’était pas de son sang,
mais le rituel était alors plus long et difficile, en
particulier si le sujet offrait trop de résistance.
Lorsqu’il estima suffisamment appris,
Pregzt — se faisant désormais appeler Eliah
Pickford — décida que le temps était venu
d’établir un temple pour ses maîtres. L’endroit
parfait se trouvait le long des côtes de Loui-
siane, dans le bayou Terrebonne. Les profonds
lui avaient en effet révélé que d’anciennes ca-
vernes permettaient de rejoindre la mer, et d’y
accomplir des sacrifices aux Grands Anciens.
Ce n’était pas pour rien que les colons avaient
donné à l’endroit le nom de « baie La Peur ».
Mais ces terres appartenaient à un homme
du nom d’Henri Ledoux. Pregzt n’eut au-
cune difficulté à placer le mauvais œil sur cet
homme. Une fois ruiné, il vendit le terrain à
« Pickford » pour une bouchée de pain.
J. Hartwood, Les racines du Mal.
Huile sur toile, mars 1925.
11
En 1818, Pickford commença les travaux
pour ériger son temple. En surface, l’endroit
ressemblerait à une plantation très ordinaire.
Mais en sous-sol, un dédale de cavernes mène-
rait à l’autel sacrificiel où les rituels octroyant
fortune, longévité et puissance seraient ac-
complis. De nombreux esclaves terrifiés
furent amenés dans ces cavernes et offerts aux
Grands Anciens.
Homme d’un autre temps et dénué de scru-
pules, Pickford n’avait jamais imaginé que l’on
puisse souhaiter abolir l’esclavage. La Guerre
de Sécession le prit donc au dépourvu. Il tenta
d’attirer les soldats nordistes qui avaient péné-
tré sur ses terres dans un piège, mais les yan-
kees virent clair dans son jeu et le criblèrent de
balles. Durant l’affrontement, une lampe fut
renversée, mettant le feu à la demeure.
Cela aurait pu être la fin d’Eliah Pickford,
mais des esclaves s’engouffrèrent dans le bra-
sier pour sauver leur bourreau, non par fidé-
lité, mais parce qu’ils craignaient la terrible
vengeance que les Grands Anciens abattraient
sur leurs familles s’ils osaient l’abandonner.
H
 Ils parvinrent à traîner le corps carbonisé
de Pickford jusqu’à l’autel souterrain, niché au
cœur d’anciennes racines. C’est là qu’ils le dé-
posèrent, laissant son destin à la miséricorde de
ses maîtres. Les malheureux ne bénéficièrent
quant à eux d’aucune merci : ils furent atta-
qués par des profonds et tués jusqu’au dernier.

Pendant près de 20 ans, Pickford demeu-

ra en sommeil sous Derceto. Prisonnier d’un
corps calciné et décharné, son esprit malfaisant
rêva… et attendit. L’arrivée des Hartwood le
tira finalement de sa torpeur. Lentement, l’es-
prit de Pickford entra en contact avec ceux des
nouveaux occupants. Lorsqu’il fut assez fort,
il s’immisça dans les rêves d’Howard, renfor-
çant son obsession pour un hypothétique tré-
sor enterré sous la maison. Sous l’influence du
damné, l’historien et romancier fit reconstruire
Derceto à l’identique, puis chercha désespéré-
ment l’entrée des cavernes. Mais le harcèle-
ment psychique auquel fut soumit le pauvre
Howard finit par causer une crise d’épilepsie
qui fut fatale à ce dernier — alors même qu’il G J. Hartwood, L’homme noir.
touchait au but. À vouloir brûler les étapes,
Huile sur toile, février 1925.
Pickford avait perdu un hôte potentiel.

Celui qu’on appelait jadis Ezechiel Pregzt
reporta alors son attention sur Jeremy. Il pas-
sa les deux décennies suivantes à renforcer ses
pouvoirs. Puis il trouva le chemin des rêves du
peintre. Jeremy, toutefois, se révéla une proie
bien plus coriace qu’il l’espérait. Réalisant que
quelque chose n’était pas normal et que ces
rêves n’étaient pas naturels, il décida de com-
battre cette présence, ce « Horla » qui le tour-
mentait. Jeremy apprit les signes de protection
et parvint même à isoler sa chambre contre les
intrusions oniriques, au moins pour un temps.
Il entreprit alors de chercher un moyen
d’éliminer la force maléfique qui hantait Der-
ceto une fois pour toutes. Jeremy Hartwood
ne se contentait pas de résister à Pregzt, qu’il
avait surnommé « l’homme noir ». Il était dé-
terminé à le combattre.
Pregzt avait jeté son dévolu sur Jeremy,
mais cela ne l’empêchait pas d’influencer les
quelques domestiques que le peintre avait
conservés. Le vieux majordome, Waites, dé-
couvrit « accidentellement » l’entrée des ca-
vernes, près de l’endroit où Howard était
mort. Une simple fissure dans le mur suffisait
pour que Pregzt puisse envoyer quelques ser-
viteurs à l’intérieur du manoir pour capturer
Jeremy et l’amener à l’autel souterrain.
Lors de la terrible nuit du 31 mars 1925,
ces créatures émergèrent du sous-sol. Jeremy
avait enfin compris ce que désirait Pregzt —
un corps vivant à occuper. Réfugié dans le
grenier, il fit alors le seul choix qu’il lui res-
tait pour priver Pregzt de sa victoire. Mais
l’araignée est patiente. Tôt ou tard, d’autres
insectes finiront dans sa toile…

12
 INVESTIGATEURS
Cette aventure est prévue pour 4 à 6 joueurs, de préférence en utilisant certains des person-
nages prétirés présentés ci-après. Nous recommandons d’inclure Emily Hartwood et Edward
Carnby au sein de l’équipe d’investigateurs. Ce sont les héros du jeu vidéo, après tout !

Allen, Gloria

Antiquaire, née en 1886 (39 ans).

Antiquaire

Antiquaire basée à La Nouvelle-Orléans, Gloria Allen a tou-

jours éprouvé une fascination pour Derceto, le vieux manoir colo-
nial devenu la propriété des Hartwood. Autrefois, le domaine était
en effet une plantation où les ancêtres de Gloria étaient esclaves.

De terribles rumeurs courraient alors sur le maître des lieux,

un certain Eliah Pickford, jusqu’à la mort de celui-ci aux mains
de soldats de l’Union. Mais même soixante ans après cette fin
probablement méritée, Derceto conserve une aura déplaisante.

Jeremy lui-même s’intéressait à l’histoire du manoir, et avait

rencontré Gloria afin d’en savoir plus à son sujet.

Carnby, Edward
Détective privé,
privé né en 1898 (27 ans).

Né de parents inconnus, Edward a grandi à l’orphelinat Saint-

Andrews de La Nouvelle-Orléans. À 14 ans, il commença à faire
des petits boulots (principalement des filatures) pour un détec-
tive privé local, un ex-Pinkerton nommé Theodore Stryker.

En avril 1917, suite à l’entrée des États-Unis dans ce que l’on

nommerait bientôt la Grande Guerre, Carnby s’engagea dans
le corps des Marines. Les terribles expériences vécues dans la
Marne l’affectèrent profondément. Devenu un être froid, cy-
nique et peu émotif, il fut rapidement surnommé « le Reptile ».

Après avoir travaillé quelques années en tant qu’associé de Stry-

ker, il est désormais à son propre compte. Carnby ne connaissait
pas Jeremy Hartwood — les amis du peintre l’ont engagé pour les
escorter à Derceto. Après tout, on ne saurait refuser 150 $ !

13
Hartwood, Emily

Scripte, née en 1904 (21 ans).

Scripte

Emily est la nièce du disparu. Après la mort de ses parents

dans un accident ferroviaire en décembre 1909, elle fut élevée par
Jeremy, le cousin de son père.

Emily a passé une partie de son enfance à Derceto, et a tou-

jours trouvé l’endroit angoissant. Le succès rencontré par les
toiles de Jeremy lui permit de pourvoir à l’éducation d’Emily, qui
put donc faire ses études à la prestigieuse Université Miskatonic.
Désormais installée à New York, Emily travaille comme scripte
pour le studio de cinéma Hill Century.

La lettre du notaire, annonçant la mort de son oncle bien-ai-

mé, a frappé Emily comme une flèche en plein cœur. Elle ne peut
croire que Jeremy a mis fin à ses jours. Au minimum, elle espère
trouver à Derceto un message qui expliquerait ce geste.

Heames, Georges

Apprenti reporter,
reporter né en 1906 (19 ans).

Le jeune Georges Heames travaille à mi-temps comme bar-

man au Cadillac Club — une boîte de jazz située non loin de la
célèbre Bourbon Street — mais se rêve écrivain. Il tente réguliè-
rement de vendre ses textes aux journaux locaux, mais malheu-
reusement, les portes du prestigieux New Orleans Item lui restent
fermées. Tout au plus parvient-il à faire des piges pour le Mystery
Examiner, une feuille de chou sensationnaliste.

C’est en visitant les bureaux de l’Examiner qu’il a entendu

parler du décès de Jeremy Hartwood. Fasciné par ce fait divers,
Heames a commencé à mener son enquête. Cela l’a conduit à
rencontrer Gloria Allen, puis le reste du groupe cherchant à élu-
cider la mort de Jeremy.

Heames en est désormais persuadé : Derceto cache une his-

toire extraordinaire ! Et ce scoop, quel qu’il soit, lancera pour de
bon sa carrière.

14
Herbert, Isaac

Docteur en médecine,
médecine né en 1893 (32 ans).

Diplômé du Meharry Medical College de Nashville, le Dr Her-

bert était le médecin personnel de Jeremy Hartwood. Il est venu
à de nombreuses reprises à Derceto pour tenter de découvrir la
source des insomnies et crises d’angoisse du peintre.

Très compétent, il pense sincèrement que les traitements ad-

ministrés pour aider Jeremy à surmonter son épuisement ner-
veux auraient dû porter leurs fruits. L’annonce de son suicide
l’a profondément troublé. Jeremy était certes tourmenté, mais
combatif. Jamais le Dr Herbert n’aurait pu imaginer un tel dé-
nouement.

S’il n’a pas commis d’erreur de diagnostic, alors c’est que

d’autres facteurs ont joué dans la mort du peintre… Et le Dr
Herbert entend bien découvrir lesquels.

Jarret, Elisabeth (Beth)

Libraire, date de naissance inconnue.

Libraire

Elisabeth « Beth » Jarret est la propriétaire d’une librairie éso-

térique baptisée One-Eyed Jack, à La Nouvelle-Orléans.

Certains la traitent de charlatan ou de diseuse de bonne aven-

ture. D’autres l’accusent de pratiquer la sorcellerie et le vaudou,
qu’elle aurait appris lors d’un séjour à Haïti. Beth aime laisser
courir les légendes à son sujet… C’est bon pour les affaires !

Jeremy Hartwood est plusieurs fois venu dans sa boutique au

cours de l’année 1924 pour consulter divers ouvrages de magie et
d’occultisme, et c’est à cette occasion qu’elle a sympathisé avec le
peintre. À présent, elle craint d’avoir joué un rôle dans sa mort en
encourageant ses obsessions.

15
Mulholland, Patricia (Patsy)

Tenancière de cabaret,
cabaret née en 1877 (48 ans).

Jeremy Hartwood ne s’est jamais marié et n’a jamais eu d’en-

fants. Certains imaginent donc que l’artiste était un de ces éter-
nels célibataires dévoués corps et âme à leur art. En réalité, il y
eut un grand amour dans la vie de Jeremy : Patricia Mulholland,
dite Patsy, une chanteuse de cabaret rencontrée lorsqu’il était
étudiant à Boston. Mais malgré des sentiments réciproques, leur
histoire était impossible : Patsy était déjà mariée…

Désormais propriétaire de son propre établissement, Patsy

est restée une amie de la famille, et a continué de correspondre
avec Jeremy pendant de nombreuses années. Elle a également
hébergé Emily lorsque celle-ci arriva en Nouvelle-Angleterre
pour ses études.

Patsy fut dévastée en apprenant la mort de Jeremy. Comme

Emily, elle ne peut croire que son ancien amour s’est suicidé sans
laisser de lettre et veut découvrir la vérité.

Thornhill, Joseph

Galeriste, né en 1882 (43 ans).

Galeriste

Le collectionneur d’art Joseph Thornhill était devenu au

cours des dernières semaines l’un des derniers contacts de Jere-
my Hartwood avec le monde extérieur.

Ami de longue date du peintre, il fut une part intégrante de

son succès et de sa fortune, en le mettant en contact avec de
riches clients (notamment des studios de cinéma, toujours en
quête d’artistes talentueux pour réaliser leurs affiches).

Joseph a assisté à la déchéance de Jeremy en quelques mois, et

a constaté sa détérioration physique, mentale et artistique, mais
n’a pas su prendre la pleine mesure de son mal-être. Il a donc le
sentiment d’avoir failli à son ami.

16
 OBJECTIFS DES INVESTIGATEURS

Les investigateurs se rendent à Derceto dans l’espoir de découvrir pourquoi

Jeremy Hartwood s’est donné la mort.
Afin de les guider vers la source du Mal qui hante le manoir,
le Gardien des Arcanes pourra les aiguiller vers les objectifs suivants :

1) Découvrir la lettre laissée par Jeremy.

2) Découvrir la salle secrète de la bibliothèque (optionnel).
3) Résoudre l’énigme du vieux piano afin d’obtenir la pierre de Mnar (optionnel).
4) Trouver un moyen d’accéder aux cavernes souterraines,
soit en élucidant l’énigme des tableaux
soit en découvrant le passage dissimulé dans la cave.
5) Et enfin, détruire la momie d’Ezechiel Pregzt dans la crypte submergée.

17
 ACTE 1 : LA ROUTE DU BAYOU
Réunion chez Carnby
Le 10 avril 1925, les investigateurs se réu-
nissent dans le bureau d’Edward Carnby sur
Canal Street, aux abords du Vieux Carré,
l’ancien quartier français de La Nouvelle-Or-
léans. C’est l’occasion pour eux de faire
connaissance et de partager ce qu’ils savent
du regretté Jeremy Hartwood. Un exemplaire
du livre Si les pierres pouvaient parler est
posé en évidence sur le bureau du détective.
Derceto se trouve à environ 90 miles de la
cité, vers le sud-ouest, au cœur du Bayou Terre-
bonne. C’est une région encore sauvage, où l’on
ne trouve guère que des chemins de terre. Il
faudra compter au moins 2 à 3 heures de route.
Reste à trouver une auto assez grande pour
transporter tout ce petit monde. Par chance,
Carnby a convaincu son ami et mentor Ted Stry-
ker de lui prêter sa robuste Packard Twin Six.
Six
18
Charles Waites, l’ancien majordome et
chauffeur de Jeremy, conduira. En se serrant
un peu, la voiture peut transporter jusqu’à six
passagers en plus du chauffeur. La Packard
sera disponible en début d’après-midi. Seule
une partie des investigateurs pourra donc
monter à bord de l’auto. Au moins deux des
personnages prétirés sont obligés de rester à
La Nouvelle-Orléans, non sans avoir souhaité
bonne chance au reste du groupe.
Les investigateurs que vos joueurs
auront décidé de ne pas interpréter
interviennent dans cette scène en tant
que PNJ. Au cours de la discussion,
assurez-vous de leur faire mentionner
les anecdotes incluses dans leurs fiches de
personnages (page 54). Il s’agit en effet
d’indices précieux qui aideront les joueurs
à résoudre les énigmes de Derceto.
Trajet mouvementé
La
Stryker dépose la Packard devant l’adresse Nouvelle
-Orléans
de Carnby aux alentours de 14 h. Il en pro-
fite pour prendre des nouvelles de son ancien Thibodaux
protégé. Le temps que ces discussions se ter-
minent et que tout le monde prenne place à
bord, la Packard peut enfin quitter La Nou-
velle-Orléans aux alentours de 15 h. Houma

La première moitié du trajet se déroule sur

la State Route 2,
Route 2 une voie rapide également
appelée le Old Spanish Trail, « le vieux sentier
espagnol ». Sur cette chaussée moderne, la
Twin Six roule à sa vitesse moyenne : 40 mph
(miles par heure). Malheureusement, peu
avant Thibodaux, la Packard doit quitter la
voie rapide pour s’engager sur les routes de
campagne de la Paroisse de Terrebonne. Sa
vitesse descend rapidement aux alentours
25 mph.
Au-delà de Montegut, la route n’est plus
qu’un chemin de terre détrempée, et la vitesse
tombe à 15 mph. Derceto n’est plus très loin,
et c’est heureux : au sud, en direction du golfe
du Mexique, des nuages noirs s’amoncellent.
Montegut
Derceto
Un peu avant 18 h, alors que Derceto n’est
plus qu’à une demi-douzaine de miles, l’acci-
dent survient. Alors que Waites est concentré
sur la route, un énorme crapaud-buffle surgit
des hautes herbes et heurte le pare-brise. Le
majordome donne un coup de volant sous l’ef-
fet de la surprise, et la Packard termine dans
le fossé boueux. Heureusement, personne
n’est blessé, mais les roues sont embourbées.

19
 S’ils le souhaitent, les PJ peuvent tenter d’ai-
der à sortir la voiture. Laissez-les essayer, mais
leurs efforts devraient rester infructueux (et les
laisser bien crottés). Au bout d’une heure pas-
sée à essayer de dégager la Packard, il faut se
rendre à l’évidence : il va falloir la remorquer.
Vous l’aurez compris, cette séquence
n’a pas d’autre but que d’amener les
joueurs à Derceto tout en les obli-
geant à passer la nuit au manoir.

Le soleil est désormais sur le point de se cou-

cher, et les lourds nuages annonciateurs de tem-
pête continuent de se rapprocher. En désespoir
de cause, Waites (ci-contre) propose aux PJ de
continuer à pied jusqu’à Derceto, tandis qu’il ira
chercher de l’aide. En remontant vers Monte-
gut, il finira bien par rencontrer quelqu’un dis-
posant d’un tracteur ou d’un camion.

Si certains membres du groupe d’investi-

gateurs sont des PNJ (par exemple des per-
sonnages prétirés non sélectionnés), ils pro-
poseront de l’accompagner. Même si Waites
insiste sur le fait qu’il connaît bien la région
et parle le patois cadien local, il finira par ac-
cepter leur aide. Waites remet aux PJ les clés
du manoir, ouvrant le portail et la porte prin-
cipale de Derceto. Il promet de les rejoindre
avec la voiture au plus vite.

20
Arrivée au Manoir
Il faudra environ une heure au groupe
pour arriver en vue de l’imposant manoir.
Le soleil a désormais disparu derrière l’hori-
zon. Le vent devient toujours plus fort, et des
grondements inquiétants se font entendre au
loin. Le hurlement lugubre d’un coyote leur
fait écho…
Après avoir déverrouillé le portail situé à
l’entrée de la propriété à l’aide des clés du
manoir, le groupe s’avance désormais sur le
chemin menant à la demeure. Derceto est en-
tourée d’arbres et de végétation. Seuls les en-
virons immédiats du manoir sont débroussail-
lés. Le manoir — relativement bien entretenu
— fait presque figure d’anomalie au milieu de
ce paysage en friche.
Alors que les PJ ne sont plus qu’à quelques
mètres de la maison, les fenêtres jusque-là
plongées dans les ténèbres s’illuminent. C’est
comme si Derceto reprenait vie à l’approche
des investigateurs.
21
Pourtant, d’après Waites, personne n’oc-
cupe la villa actuellement. Lui-même était le
dernier domestique employé par Jeremy. De-
puis la mort de ce dernier, le vieil homme est
parti habiter avec sa fille, en ville…
Demandez à vos joueurs d’effectuer un jet
d’Intuition En cas de succès, il leur semble
d’Intuition.
remarquer une silhouette qui les observe de-
puis une des fenêtres du deuxième étage.
Mais cette ombre s’évapore aussitôt.
Les PJ parviennent sous le porche au mo-
ment où l’orage éclate. Les clés du manoir de-
vront à nouveau être utilisées pour ouvrir la
porte principale, débouchant sur le vestibule
vestibule.
Lorsque tous les PJ sont à l’intérieur,
une bourrasque soudaine referme la grande
double porte derrière eux avec un claquement
retentissant, aussi sec que brutal.
Bienvenue à Derceto…
 PLANS DE DERCETO

Ces plans offrent une vue d’ensemble du manoir au Gardien des Arcanes. Chacune des pièces
qui composent la demeure sera décrite plus en détail dans les pages qui suivent, avec notam-
ment une liste des objets, points d’intérêt et dangers potentiels qui s’y trouvent.

Rez-de-chaussée

Sous-sol
Cellier 3
Cuisine
I 1er étage
3

Jardin couvert
Réserve

B
J

Salle à manger Salle de bal

C K L

M N
Cavernes
Salon Vestibule Atelier
3

O
Bureau

Porche

22
 Premier étage

RDC RDC
3 3 Ancienne
Salle de Q 2  étage
e
P chambre de

3
lecture Jeremy
R
Petite galerie

Salle
secrète Salle de

Couloir
bains

A
Nouvelle Bibliothèque Chambre
chambre de de
S
Jeremy Waites

D Z 1
Y H V T

Grande galerie
X U

G W

Code couleur des verrous

Clés du manoir Vieille clé Clé de la cave

Passe-partout Petite clé Clé des combles

23
 1er étage 1er étage
Deuxième étage
3 3

Palier

2 F Emplacement des clés

Salle de •  Clés du manoir : remises

bains par Waites
•  Passe-partout : chambre
d’Emily (maison de poupée)
Chambre •  Vieille clé : bureau (bou-
Couloir

d’Emily clier de la Méduse)

Bureau •  Petite clé : ancienne
d’Howard chambre de Jeremy (idole
aztèque)
•  Clé de la cave : bureau
(commode)
E 3 4 •  Clé des combles : chambre
Garde-robe de Waites (table de chevet)

Débarras
Combles
3
Combles Sous-sol
RDC
3

Cave
Grenier
3

2e étage

24
 ACTE 2 : SEULS DANS LES TÉNÈBRES
Dans le jeu vidéo Alone in the Dark,
Dark le protagoniste monte directement
au grenier et c’est là, sous les combles, que commence la partie.
Dans cette aventure, nous laissons davantage de liberté aux joueurs
pour explorer Derceto comme bon leur semble — ou peu s’en faut.
Attendre le bon moment
Les légions de Pregzt n’attaqueront
pas immédiatement les investigateurs.
Laissez donc les PJ explorer le manoir
« tranquillement »… pour commencer.
Ce n’est que lorsqu’ils voudront re-
venir sur leurs pas, dans des pièces
connues qu’ils penseront sûres, que les
créatures au service du nécromancien
feront leur entrée…
Extérieur
Si les PJ souhaitent ressortir pour explorer
l’extérieur du manoir, rien ne les en empêche.
Ils risquent surtout d’attraper une pneumo-
nie au vu des trombes d’eau qui s’abattent sur
le domaine, sans compter que la visibilité est
quasi nulle.
Si les PJ décident de longer le manoir par
la gauche, ils découvriront un vieux puits
condamné, près de la réserve. Celui-ci com-
munique avec les cavernes souterraines ; il s’en
échappe une odeur de moisi fort désagréable.
La porte de la réserve est quant à elle blo-
quée par une vieille charrette. Il faudra la dépla-
cer pour accéder à cette entrée alternative. Les
clés du manoir permettent de la déverrouiller.
25
Si les PJ atteignent l’arrière du manoir, ils
découvriront trois pierres tombales,
tombales indi-
quant l’endroit où reposent Howard, Sarah et
Jeremy Hartwood.
Rez-de-chaussée : Vestibule
Le vestibule est le hall d’entrée de Derceto.
Bien que toutes les lumières soient allumées, il
ne semble pas y avoir âme qui vive. Seuls le râle
tourmenté du vent en provenance de l’extérieur, le
grondement de la pluie et le craquement des boi-
series viennent troubler le silence. L’atmosphère
est pesante, lugubre…
Malheureusement, la plupart des portes
sont fermées. Pour l’instant, les investigateurs
peuvent uniquement accéder à la cuisine en
empruntant le couloir situé à gauche de l’es-
calier, au jardin couvert via la porte située à
droite, et monter au premier étage.
étage
Pour ouvrir les portes du fumoir
fumoir, de la salle
à manger,
manger de l’atelier
atelier et de la salle de bal,
bal ils
ont besoin du passe-partout. Pour accéder à
l’escalier descendant au sous-sol, il leur fau-
dra trouver la clé de la cave.
Points d’intérêt : Près de l’escalier est accro-
ché un tableau de Jeremy, Avis de Tempête (in-
diqué sur le plan par le repère <I> <I>). Celui-ci,
peint en 1910, fait partie d’une série de toiles
mettant en scène des navires.

Rez-de-chaussée : Cuisine
Sans fioritures, la cuisine contient une cuisi-
nière à gaz, un évier ainsi que quelques placards.
Au milieu de la pièce se trouve une table en bois
d’aspect rustique.
En fouillant les placards de la cuisine, les in-
vestigateurs pourront découvrir deux grands
couteaux ainsi que plusieurs couteaux de
cuisine, qui peuvent servir d’arme de fortune
cuisine
faute de mieux.
Deux pièces plus petites sont accessibles de-
puis cette salle : la réserve et le cellier
cellier.
Dans la réserve, les PJ trouveront une
lampe-tempête et un bidon d’huile presque
vide, ainsi qu’une hache de bûcheron. Un tas de
bois de chauffe gêne l’accès à la porte donnant sur
l’extérieur
extérieur, mais n’empêche pas son ouverture…
J. Hartwood, Avis de Tempête.
Huile sur toile, 1910.
26
Dans le cellier, les PJ pourront découvrir
une boîte de biscuits secs,
secs au cas où l’un
d’eux aurait un petit creux durant la nuit, ain-
si qu’une boîte d’allumettes en contenant
encore une douzaine. Une échelle est égale-
ment posée contre le mur (si les PJ ont le cou-
rage de l’apporter jusqu’au deuxième étage,
elle leur permettra d’accéder au grenier sans
la clé des combles).
En face de la porte de la cuisine, de l’autre
côté d’un petit couloir, se trouve un accès à
la salle à manger.
manger Cette porte-ci est ouverte,
et permet donc d’accéder à cette pièce avant
d’avoir trouvé le passe-partout.
Rez-de-chaussée : Jardin couvert
Une statue de marbre représentant une sorte
de sirène trône au centre de ce petit cloître fleuri.
Les proportions de celle-ci ont quelque chose d’in-
humain, lui donnant un air un peu inquiétant…
I
 Une armoire à disques occupe le coin
sud-est de la pièce. Parmi les 78 tours en
gomme-laque, on trouve principalement des
enregistrements de groupes de jazz de La Nou-
velle-Orléans : Halfway House Orchestra,
Orchestra
Original Dixieland Jazz Band, Band Original
Crescent City Jazzers,
Jazzers Johnny De Droit
and his New Orleans Orchestra, Tuxedo
Jazz Band…
Band Une étagère est toutefois dé-
diée à la musique classique, avec notamment
Le Beau Danube Bleu, Op. 314 de Johann
Strauss fils, et la Valse Op. 69 no 1 de Frédéric
Chopin, aussi appelée « Valse de l’Adieu ».

Dans ce meuble, les investigateurs pour-

ront également trouver une boîte d’ai-
guilles en acier pour gramophone.
gramophone

Les PJ férus d’histoire ou d’archéologie

seront peut-être en mesure d’identifier cette
sirène comme étant une représentation de
Derketo, une déesse associée aux eaux et
Derketo
aux sources, vénérée autrefois dans la région
d’Alep, dans l’actuelle Syrie. C’est bien évi-
demment elle qui a inspiré le nom du manoir.
Au pied de la statue, les PJ pourront trouver,
à moitié dissimulé parmi les plantes, un livre :
Memories. Quelqu’un devait lire cet ouvrage
Memories
dans le jardin et a dû l’oublier.

La porte menant à la salle de bal est

verrouillée, nécessitant une fois encore le
passe-partout.

Rez-de-chaussée : Salle de bal

Autrefois, Derceto devait accueillir de grandes

réceptions. L’ancienne salle de bal n’a pas servi
depuis longtemps, mais ne semble pas pour au-
tant avoir été convertie à un autre usage.

27
 J. Hartwood, Jazz sur Bourbon Street.
Huile sur toile, 1917. J

J. Hartwood, Sur les docks. J. Hartwood, Baton Rouge.

Huile sur toile, 1921. K Huile sur toile, 1919. L
28
 La salle de bal communique avec l’atelier
atelier
par une porte non verrouillée.
Points d’intérêt : Plusieurs tableaux de Jere-
my ornent les murs. Le plus grand d’entre eux
représente un concert de jazz sur Bourbon
Street (<J>
<J>), ce qui semble indiquer que Jere-
my avait une vraie passion pour ce genre mu-
sical. Deux autres toiles plus petites donnent
à voir des paysages de la région, comme les
docks du port de La Nouvelle-Orléans (<K> <K>),
ou la ville voisine de Baton Rouge (<L>
<L>).
Rez-de-chaussée : Salle à manger
Cette pièce tout en longueur est richement dé-
corée. Une grande table permet d’accueillir une
dizaine de convives ; on ne dénombre toutefois que
deux chaises. La table est dressée en prévision du
petit déjeuner, mais les assiettes sont vides. En
face du vaisselier impeccablement rangé trône
une immense cheminée.
La porte menant vers le salon n’est pas ver-
rouillée.
29
En dehors d’ustensiles de cuisine et d’un
tisonnier pouvant être utilisé comme arme
(mêmes caractéristiques qu’un grand gour-
din), on ne trouve rien de très intéressant dans
cette pièce.
Points d’intérêt : De part et d’autre de la
table, deux portraits se toisent. Le premier
est un portrait d’Howard
Howard Hartwood,
Hartwood peint
par son fils Jeremy (<C>
<C>). L’autre représente
Eliah Pickford,
Pickford le planteur ayant construit
le manoir au début du XIXe siècle (<B><B>). En
observant attentivement le cadre du portrait
de Pickford, les investigateurs remarqueront
que trois crânes sont gravés dans le bois.
Rez-de-chaussée : Atelier
Cette pièce était manifestement l’endroit où Je-
remy s’adonnait à son art. C’est un capharnaüm
de chevalets, de toiles plus ou moins inachevées,
et de matériel de peinture.
En fouillant dans les affaires laissées pêle-
mêle, les investigateurs pourront découvrir
un disque 78 tours.
 Rez-de-chaussée : Salon

C’est ici que le maître des lieux devait recevoir

ses invités. Sur la table basse entourée de fau-
teuils à l’air confortable repose un cendrier en
marbre. Dans un coin de la pièce se trouve éga-
lement un buffet sur lequel trône un magnifique
gramophone doté d’un pavillon en bois.

Une forte odeur de tabac, et plus précisé-

ment de cigare, imprègne cette pièce, don-
nant l’impression qu’on y a fumé récemment.
Pourtant, Jeremy ne fumait pas… Le marbre
du cendrier a été fendu par ce qui ressemble
fort à un impact de balle.

Le gramophone est un Victor VI

Victor VI, un mo-
dèle haut de gamme destiné à lire des disques
78 tours en gomme-laque. La plaque fixée à
l’avant indique que l’appareil a été fabriqué
en 1912. Il s’utilise en remontant un ressort
à l’aide d’une manivelle. Malheureusement,
J. Hartwood, Portrait de Grace Saunders. l’aiguille de la tête de lecture est usée et doit
donc être remplacée avant usage.
Huile sur toile, inachevée.
M
Il s’agit de la Danse Macabre, Op. 40 de
Camille Saint-Saëns.
Saint-Saëns Le disque montre
d’importants signes d’usure ; Jeremy devait
l’écouter fréquemment.

Points d’intérêt : Parmi les brouillons et

esquisses (au trait parfois assez fiévreux),
deux tableaux semblaient assez avancés.
Le premier, encore posé sur un chevalet,
est le portrait d’une petite fille rousse
souriante (<M>
<M>). S’il est présent, Thorn-
hill reconnaîtra Grace, la fille du produc-
teur de cinéma Greg Saunders de la Hill
Century. Jeremy était censé livrer cette
commande il y a plusieurs mois.

L’autre tableau est une représentation

spectaculaire du mythique Hollandais Volant
(<N>
<N>).

30
 Dans le buffet se trouvent deux bou-
teilles de Tennessee whisky,
whisky un trésor en
cette période de Prohibition.

La porte menant vers le bureau n’est pas

verrouillée.

Rez-de-chaussée : Bureau

En dehors d’une commode et d’une biblio-

thèque, l’attraction principale du bureau de Je-
remy est sans conteste le cabinet massif qui trône
au beau milieu de la pièce, un bloc d’acajou dé-
coré dans un style baroque.

En observant le cabinet de plus près, les

PJ remarqueront d’abord les traces de brû-
lure présentes çà et là sur la surface du
bois. Les bas-reliefs sculptés permet-
tront à un historien des arts décoratifs
de dater le meuble au début du XVIIIe siècle.
En dehors de ces ornements, le cabinet s’avère
plutôt spartiate : il ne comporte ni tiroirs ni
compartiments. Enfin, un examen approfon-
di révèle que le meuble recouvre une sorte de
trappe dans le sol.
Sur la trappe est gravée la silhouette d’un
navire dont la proue pointe vers l’arrière du
manoir. Même une fois dégagée, la trappe
reste fermée par une serrure complexe à trois
verrous. Elle nécessite non seulement de pos-
séder la vieille clé, mais aussi de savoir dans
quel sens la tourner et combien de tours ef-
fectuer dans chacun des trous. Pour décou-
vrir la combinaison, les PJ devront résoudre
l’énigme des tableaux (voir p. 43), ainsi que
lire le livre Le procès du capitaine Pregzt. Une
fois enfin ouverte, la trappe révèle un escalier
descendant dans les ténèbres des cavernes
s’étendant en dessous de Derceto.
Un bouclier d’apparat en bronze de style
oriental, dont la surface est ornée d’un portrait
en relief de la Gorgone Méduse, est accroché au
mur séparant le bureau de la salle à manger.
Derrière le bouclier se trouve un sabre
d’abordage fixé en diagonale. Un investigateur
examinant cette décoration de plus près se ren-
dra vite compte de deux choses : déjà, que le
bouclier ne peut être décroché du mur, car il est
maintenu par de solides attaches métalliques.
Ensuite, qu’un emplacement est prévu pour ac-
cueillir un deuxième sabre pirate qui croiserait
alors le premier. Insérer ce deuxième sabre pro-
voquera l’ouverture de la bouche de la Méduse,
d’où tombera la vieille clé.
clé
Dans un tiroir de la commode, les investiga-
teurs découvriront par ailleurs la clé de la cave.
cave
Dans la bibliothèque se trouvent plusieurs
livres sur la Louisiane, son histoire et ses ha-
bitants. La plupart ne sont pas très intéres-
sants, mais quelques ouvrages pourront attirer
l’attention des PJ, notamment Fragments de
la Légende de Thèbes et Le récit du Capi-
taine J. W. Norton.
Norton Le premier contient des
indices au sujet de l’énigme du bouclier (évo-
cation de la Méduse, d’une épée, la notion de
bouclier et de miroir…), tandis que le second a
trait à l’histoire de Derceto, et révèle quelques
informations sur son premier propriétaire.

31
 Contrairement au jeu vidéo dont cette
aventure est inspirée, les armures exposées
dans la galerie ne prendront pas vie pour at-
taquer les investigateurs… Sauf si bien sûr le
Gardien des Arcanes le souhaite.

Points d’intérêt : Les tableaux accrochés

dans la petite galerie semblent avoir été inspi-
rés par le séjour de Jeremy en Nouvelle-Angle-
terre. L’un d’eux représente la ville de Salem
(<P>
<P>), et un autre le port de Providence (<Q>
<Q>).

Premier étage : Salle de lecture

Cette petite pièce dédiée à la relaxation ne

contient qu’un fauteuil faisant face à une chemi-
née, ainsi qu’un guéridon et bien sûr… une étagère
remplie de livres.

En pénétrant dans la pièce, les PJ sensibles

J. Hartwood, Portrait d’Emily.
Huile sur toile, 1920.
aux phénomènes paranormaux ou possédant
un niveau élevé de POU (70 ou plus) sentiront
brièvement une présence dans le fauteuil pour-
tant vide.
O

Points d’intérêt : Le portrait d’une jeune

femme pensive d’environ seize ou dix-sept ans
est accroché au mur. Il s’agit d’un portrait
d’Emily, réalisé par Jeremy peu avant le dé-
part de cette dernière pour la Nouvelle-Angle-
terre (<O>
<O>).

Premier étage : Petite galerie

L’escalier menant au premier étage débouche

sur un palier décoré de tableaux. Mais ce sont sur-
tout les deux armures de conquistadors qui attirent
l’attention. Celles-ci encadrent l’imposante double
porte menant à la bibliothèque…

La porte de la bibliothèque est verrouillée,

et l’ouvrir requiert la petite clé. Les investiga- J. Hartwood, Salem.
teurs peuvent toutefois accéder au couloir et
à la salle de lecture.
lecture Huile sur toile, 1912. Q

32
 J. Hartwood, Aube sur Providence.
Huile sur toile, 1916.
Au serviteur de cheminée sont suspendus
une petite pelle, un soufflet et un tisonnier.
Comme celui de la salle à manger, ce dernier
peut être utilisé comme arme avec les mêmes
caractéristiques qu’un grand gourdin.
Sur le guéridon est posé le livre Les fils
du Soleil et des Ténèbres.
Ténèbres La plupart des
livres sur l’étagère sont des romans d’un certain
« Capitaine Trevis ». Il s’agit en fait du nom de
plume d’Howard Hartwood, comme pourront le
révéler Emily ou Thornhill.
Le nom d’Howard apparaît uniquement sur
l’ouvrage Le procès du Capitaine Pregzt.
Pregzt
Il s’agit d’une retranscription des documents
découverts dans l’épave de la frégate pirate As-
tarté : un marque-page permet de retrouver la
section la plus intéressante de cet ouvrage, re-
produite dans les aides de jeu.
33
P
Cet extrait révèle de précieux indices pour
ouvrir la trappe située dans le bureau du rez-de-
chaussée…
Points d’intérêt : Un tableau est accroché sur
le mur opposé à la cheminée. Peint cette année,
il semble représenter Derceto — ou plutôt, une
version inquiétante du manoir, presque surréa-
liste. En y regardant de plus près, on remarque
une silhouette inquiétante observant le specta-
teur depuis une fenêtre du dernier étage… (<R>
<R>)
Premier étage : Couloir
Cet étroit corridor est composé de courtes sec-
tions connectées par des angles droits. Entre la
faible largeur du passage et le fait de n’avoir au-
cune visibilité sur ce qui se trouve derrière le pro-
chain coin de mur, il s’en dégage quelque chose
d’assez claustrophobique…
 La petite clé (permettant d’accéder à la bi-
bliothèque) est cachée sous l’idole, profitant du
bliothèque
fait que son socle est concave.

L’armoire contient principalement du

linge de maison. Lorsque les investigateurs la
fouillent, il leur semblera entendre quelque
chose gratter et grogner à la fenêtre, mais ne
parviendront pas à voir quoi que ce soit… C’est
peut-être juste le vent ?

Il semble par ailleurs qu’un cadre ait été dé-

croché du mur, laissant néanmoins une trace
visible sur le papier peint.

Premier étage : Salle de bains

J. Hartwood, Seul dans les ténèbres. Cette salle de bains offre tout le confort mo-
R
derne, avec notamment une grande baignoire en
Huile sur toile, janvier 1925.
fonte émaillée, un meuble de toilette avec lavabo,
et bien sûr… des commodités.
Le couloir relie la petite galerie à la grande
galerie En chemin, il permet d’accéder à l’an-
galerie. an- En fouillant dans le meuble situé sous le
cienne chambre de Jeremy,
Jeremy à la salle de bains,
bains et lavabo, les investigateurs trouveront des pan-
à la chambre de Waites.
Waites sements, une bouteille d’alcool à 90°,
sements 90° une
boîte de cachets d’aspirine ainsi qu’un fla-
Premier étage : Ancienne chambre con de gardénal,
gardénal un médicament de type
de Jeremy phénobarbital utilisé dans le traitement de
l’épilepsie, mais aussi comme sédatif. Une
Cette chambre cossue, contenant un grand lit, trousse contient plusieurs seringues.
une armoire et même une cheminée, devait être
celle du maître de maison. Toutefois, l’absence
de tout objet sur la table de chevet donne l’im-
pression que personne n’a dormi ici depuis bien
longtemps.

Sur la tablette de la cheminée se trouve une

statuette en roche rouge (du tezontle volca-
nique) représentant une déesse aztèque : Chal-
chiutlicue. Elle semble authentique ; Jeremy la
gardait dans sa chambre car elle était supposée
offrir une protection contre les envahisseurs,
comme raconté dans un de ses livres. Cette
idole aztèque mesure environ 30 cm de haut
et est très lourde (près de 25 kg).

34
Premier étage : Chambre de Waites
Cette petite chambre à la décoration spartiate
semble avoir été celle de Waites, le majordome. On
y trouve une table en bois toute simple, un meuble
de chevet, une armoire et un lit sans fioritures.
Dans le tiroir de la table de nuit se trouvent
la clé des combles ainsi qu’une boîte de
8 cartouches Calibre 12.
Calibre 12 La présence de
ces dernières suppose évidemment l’existence
d’un fusil de chasse, mais celui-ci n’est pas
conservé dans cette pièce.
L’armoire, enfin, ne contient que du linge.
Points d’intérêt : le portrait d’une jeune
femme habillée à la mode « garçonne » typique
des Années Folles est accroché au mur (<S>
<S>). Il
s’agit peut-être de la fille de Waites ?
J. Hartwood, Portrait de jeune fille.
Huile sur toile, 1923. S pour une perte de 0/1d4 points.
35
Premier étage : Grande galerie
La grande galerie s’étend sur toute la longueur
du manoir. Les dernières toiles de Jeremy y sont
exposées. Il semble qu’au cours des mois précédant
sa mort, la production du peintre avait pris un
étrange tournant. Quel est ce nouveau courant in-
venté en Europe, déjà ? Ah oui, le « surréalisme ».
Traverser la grande galerie revient à plon-
ger dans la psyché de Jeremy Hartwood au
cours des derniers mois. On y trouve des toiles
étranges et inquiétantes, entre réalité, rêve et
cauchemar… En voici la liste :
Portrait d’un chef choctaw (<T> <T>) ::
comme son nom l’indique, cette toile repré-
sente le chef d’une tribu amérindienne de
Louisiane. C’est sans doute la moins « pertur-
bante » du lot.
Cercle de pierres (<U>
<U>) :: inspirée par un
rêve récurrent de Jeremy, cette toile représente
un mystérieux phénomène astral évoquant un
tourbillon, au-dessus d’un monument méga-
lithique. Un investigateur observant le tour-
billon se sentira comme happé par ce dernier.
Il devra effectuer un Jet de Santé Mentale
pour une perte de 1/1d6 points.
Rêve d’Irem aux Piliers (<V><V>) : : ce tableau
semble inspiré de la légendaire cité engloutie
par les sables, mentionnée dans le Coran.
Trappeur à la hache (<W> <W>) : : Comme le
portrait de chef amérindien, cette petite toile
est assez réaliste. Le rude trappeur qui y est
représenté a néanmoins quelque chose d’assez
menaçant. Un investigateur observant cette
toile de trop près sera victime d’une halluci-
nation : il aura l’impression que le trappeur
prend vie pour lui asséner un coup de hache.
Le PJ devra effectuer un Jet de Santé Mentale
 L’homme noir (<G><G>) : : le portrait de la ter-
rible apparition décharnée qui tourmentait
les nuits de Jeremy, dans un décor chthonien
évoquant une caverne. Ses yeux semblent
suivre les investigateurs. Si un PJ tente d’ob-
server ce portrait de trop près et plonge son
regard dans le sien, il se sent comme hypno-
tisé par ce regard malfaisant. Il a même l’im-
pression d’entendre l’homme noir chuchoter
au creux de son oreille dans une langue incon-
nue… Il doit réussir un Jet de Santé Mentale
pour une perte de 2/1d6 points.

Les racines du Mal (<H> <H>) :: ce tableau re-

présente l’entrelacs formé par les racines d’un
arbre ancien, quelque part dans les profondeurs
de cavernes inondées. Une flamme vive brûle en
son cœur. Jeremy a en fait vu en rêve l’endroit où
repose le corps du fameux « homme noir », ainsi J. Hartwood, Portrait d’un chef choctaw.
que la manière de le vaincre. Mais ceci, les inves-
tigateurs ne peuvent pas encore le savoir…
Huile sur toile, 1916.
T
Voyage onirique (<X>) :
cet étrange tableau, au style
presque dadaïste, semble
représenter une route sillon-
nant un paysage surréaliste.
Il s’agit d’une des dernières
toiles peintes par Jeremy
avant son décès, que Thorn-
hill avait jugée « invendable »
lorsque le peintre la lui avait
montrée, quelques semaines
auparavant.

Autoportrait (<Y>) : Un
portrait de l’artiste, réalisé en
1923. On y voit Jeremy bien
portant, bien loin de l’homme
torturé et épuisé de ces der-
niers mois. Pour celles et ceux
qui le connaissaient bien, ce
tableau est un tragique rappel
de sa dégradation physique et
mentale en l’espace d’à peine J. Hartwood, Cercle de pierres.
deux ans.
Huile sur toile, 1924.
U
36
J. Hartwood, Trappeur à la hache. J. Hartwood, Autoportrait.
Huile sur toile, 1918.
W Huile sur toile, 1923.
Y

J. Hartwood, Rêve d’Irem aux Piliers.

Huile sur toile, 1924. V
37
 J. Hartwood, Voyage onirique.
Huile sur toile, mars 1925. X

Premier étage : Nouvelle chambre Le tiroir contient un flacon de gardénal

de Jeremy
Cette pièce semble avoir été autrefois la chambre
d’Howard Hartwood. Mais elle était clairement
occupée récemment, et la présence d’un chevalet,
de toiles et de matériel de peinture près de la fe-
nêtre démontre que Jeremy y avait pris ses quar-
tiers. Une grande pendule se dresse contre un des
murs, mais elle semble cassée.
Jeremy était en train de réaliser un nouvel
autoportrait (<A>
<A>). Le contraste avec celui de
la galerie est saisissant : Jeremy y apparaît
amaigri, fatigué, malade…
presque vide (voir p. 32), ainsi qu’une boîte
de 50 cartouches cal. 25.25 L’arme correspon-
dante, un derringer à coup unique, se trouve
sous l’oreiller.
La pendule cassée devrait attirer l’attention
des investigateurs. Une partie du mécanisme
a été retirée : Jeremy y a dissimulé la lettre
expliquant (partiellement) son suicide. Celle-ci
a été rédigée au dos d’une partition : un arran-
gement pour piano de la Danse Macabre…
Le compartiment secret de la pendule
abrite également le Livre de Yaël.
Yaël

Sur la table de chevet se trouvent un petit

cadre contenant une photographie déjà jaunie
de Jeremy avec sa nièce Emily (<D>
<D>) ainsi que
l’ouvrage Le poignard du sacrifice.
sacrifice

38

Premier étage : Bibliothèque
Une grande partie de la surface du premier
étage est occupée par une immense bibliothèque
contenant plusieurs centaines d’ouvrages. Loin de
la quiétude attendue d’une salle dédiée à la lecture
et à l’étude, il règne au contraire en ces lieux une
atmosphère assez lugubre, et même oppressante…
Les investigateurs possédant un niveau élevé
de POU (70 ou plus) auront rapidement la certi-
tude qu’une présence hostile hante ces lieux…
De fait, la bibliothèque est le territoire d’une
entité terrifiante, un vagabond dimensionnel.
dimensionnel
Cette créature ne se manifeste pas immédiate-
ment, mais plus les PJ s’attardent dans cette
pièce, plus ils risquent d’attirer son attention.
Ce vagabond est un adversaire redoutable,
mais par chance, il ne s’intéresse pas au reste
du manoir et ne poursuivra pas les investi-
gateurs en dehors de la bibliothèque. Il peut
« facilement » être renvoyé dans son plan d’ori-
gine à l’aide de la dague à lame sinusoïdale. À
condition bien sûr de la trouver…
39
Au centre de la bibliothèque se trouve un
petit bureau sur lequel sont empilés plusieurs
livres que Jeremy avait consultés récemment :
Demonia Particularis et Les Créatures
de la Nuit.
Nuit D’autres ouvrages potentielle-
ment intéressants (et dangereux !) peuvent
également être découverts dans les rayon-
nages, notamment De Bibliotheca,
Bibliotheca Terra
Incognita et même un exemplaire en latin du
sinistre De Vermis Mysteriis.
Mysteriis
Au sommet des étagères sont fixées des
plaques en cuivre sur lesquelles sont gravés
des mots en latin : atria
atria, coeli
coeli, per
per, praes-
tat, quam
tat quam, regnare
regnare, servire
servire, sicsic, sub
sub, su-
peri, umbris
peri umbris. Un personnage maîtrisant
cette langue sera en mesure de reconstituer la
phrase « Sic regnare sub umbris praestat, quam
superi servire per atria coeli ». Une traduction lit-
térale serait « il vaut donc mieux régner sous
les ombres, que servir là-haut sur les parvis du
ciel. » Quiconque a des connaissances en poésie
ou en littérature reconnaîtra la célèbre phrase
du poète John Milton dans son Paradis Perdu :
« Il vaut mieux vaut régner en Enfer que servir
au Paradis » (dans sa traduction latine de 1749).
 En cherchant Paradis Perdu dans les éta-
gères, les investigateurs se rendront compte
qu’il s’agit en fait d’un livre factice dissimulant
un levier permettant d’ouvrir la porte dérobée
menant à la salle secrète.
secrète

Points d’intérêt : Deux tableaux décorent

les murs de la bibliothèque : le portrait d’une
jeune femme (<Z> <Z>), peint par Jeremy, et celui
d’un flibustier habillé à la mode du XVIIe siècle
(<<1>), dont le style rappelle étrangement celui
de Rembrandt. Il s’agit là encore d’un portrait
de Pregzt en personne, réalisé au début de sa
carrière de pirate. En observant les détails du
cadre, les investigateurs remarqueront la pré-
sence de deux crânes gravés.

Premier étage : Salle secrète

Cette petite pièce aux murs de pierre évoque le

laboratoire d’un alchimiste de jadis. Au fond se
trouve une étagère garnie de livres et de parche-
mins, tandis que sur un buffet près de l’entrée est
posé un assortiment de trois dagues. Enfin, une
sorte de pentacle est tracé au sol…
Tant que les investigateurs se trouvent dans
le pentacle — en réalité, le signe des anciens —
ils sont à l’abri de Pregzt et de ses serviteurs,
et même du vagabond dimensionnel. Évidem-
ment, ils ne s’en rendront probablement pas
compte, et à moins d’avoir lu le journal de Je-
remy, ils se méfieront probablement de ce tracé
cabalistique.
J. Hartwood, Le Hollandais Volant.
Huile sur toile, inachevée.
N
Mais l’ouvrage le plus important que les
investigateurs pourront découvrir dans cette
pièce n’est autre que le journal de Jeremy,
Jeremy
que le peintre avait caché ici pour le mettre
hors de portée de Pregzt et ses séides. Ce jour-
nal retrace les derniers mois de l’artiste, et son
combat désespéré contre le nécromancien.

Parmi les dagues se trouve la dague à lame
sinusoïdale décrite dans le livre Le poignard
du sacrifice, qui permet de bannir le vagabond.
La plupart des ouvrages de l’étagère
semblent être rédigés en arabe, mais il s’agit
en fait d’alphabet adjami utilisé en Afrique de
l’Ouest. Seul un parchemin est rédigé en an-
glais : les Fragments du Livre d’Abdul — en
réalité un extrait du terrible Necronomicon.
Pregzt abat ses cartes
À partir du moment où les PJ ont lu
le journal de Jeremy, Pregzt comprend
rapidement que ces derniers sont désor-
mais pleinement au courant de son exis-
tence. Il n’hésite alors plus à envoyer ses
serviteurs pour attaquer les PJ (pas les
tuer) afin d’amener leurs corps encore
vivants jusque dans les cavernes.

40
 Deuxième étage : Palier

Comme le reste de Derceto, le palier du deu-

xième étage est décoré de tableaux. Une unique
porte donne accès au reste de l’étage. Face à elle
se dressent deux statues de démons ailés. Ceux-ci
semblent plus vrais que nature ; leur absence de vi-
sage ne fait que les rendre plus inquiétants.

Les deux « statues » n’en sont pas : il s’agit de

deux maigres bêtes de la nuit pétrifiées. Elles ne
reprendront vie que lorsque leur maître Pregzt
le jugera utile : lorsque les investigateurs cher-
cheront à redescendre dans les étages inférieurs.

Points d’intérêt : Deux grands tableaux sont

accrochés de part et d’autre de la porte : une re-
présentation du bayou Terrebonne (<F><F>) et une
scène qui semble tirée d’un western, peut-être
une toile réalisée pour la Hill Century (<<2>).

Deuxième étage : Couloir

Artiste inconnu, Portrait de flibustier.
Huile sur toile, vers 1625. Le plancher du couloir craque de manière in-
1 quiétante. Vous comptez deux portes de chaque côté
du corridor, et une autre à son extrémité.

Depuis le couloir, il est possible d’accéder

à la salle de bains de cet étage, au bureau
d’Howard, à la chambre d’Emily et au boudoir
d’Howard boudoir.
Tout au fond du corridor se trouve la porte de
la buanderie
buanderie, mais celle-ci est verrouillée. La
clé des combles est nécessaire pour l’ouvrir.

Le plancher est en mauvais état, mais pas au

point de céder (contrairement au jeu vidéo). Une
trappe au plafond permet d’accéder au grenier
grenier,
mais impossible de l’atteindre sans échelle.

Points d’intérêt : Une toile de Jeremy est ac-

crochée au bout du couloir, près de la porte du
débarras (<<3>). Peinte quelques années aupa-
J. Hartwood, Jeune femme au chapeau bleu. ravant, elle représente Derceto baignée par la
lumière du soleil couchant… Une vision qui
Huile sur toile, 1920.
Z paraît désormais presque idyllique.

41
 J. Hartwood, The Last Ranger (Étude).
Huile sur toile, 1924.
Deuxième étage : Salle de bains
Très similaire à celle du premier étage, la salle
de bains du deuxième contient une baignoire, un
lavabo, des toilettes et un placard.
Dans le placard, les investigateurs dé-
couvriront une trousse de médecin,
médecin ainsi
qu’une boîte de pansements.
pansements
Deuxième étage : Bureau d’Howard
Le portrait d’un vieux loup de mer à l’air retors
vous toise alors que vous franchissez le seuil de
cette pièce au thème nautique. Un robuste secré-
taire occupe un coin de la pièce, mais votre atten-
tion est surtout attirée par le grand coffre en bois,
qu’on jurerait sorti d’un roman de Stevenson. Ce
devait être le bureau d’Howard Hartwood.
42
2
Le coffre est verrouillé. À l’intérieur se
trouve le sabre pirate nécessaire pour ré-
soudre l’énigme du bouclier. Le sabre peut
être utilisé comme arme (équivalent d’une
épée lourde).
La clé du coffre n’est heureusement pas
très loin, puisqu’elle se trouve dans un des ti-
roirs du secrétaire.
Parmi les affaires d’Howard, les investi-
gateurs découvriront plusieurs ouvrages in-
contournables pour quiconque s’intéresse
à l’âge d’or de la flibuste : l’Histoire générale
des plus fameux pirates du Capitaine Johnson,
ou encore l’Histoire des aventuriers flibustiers
d’Alexandre-Olivier Exquemelin. Ces livres
ne présentent cependant que peu d’intérêt
pour les PJ.

J. Hartwood, Derceto au crépuscule.
Huile sur toile, 1915.
3 chanson évoquée dans ses pages :
Points d’intérêt : Le portrait (<E>
<E>) est claire-
ment identifié comme étant celui de « Pregzt le
pirate », réalisé alors que celui-ci avait environ
70 ans — âge plus que vénérable pour un flibus-
tier. L’artiste n’est pas connu. Les PJ les plus
observateurs lui trouveront un air de ressem-
blance avec le portrait de flibustier de la biblio-
thèque, mais aussi avec celui d’Eliah Pickford
et même de l’homme noir. Quelque chose de
froid et déplaisant, voire même d’inhumain,
dans le regard… Quatre sabres sont gravés
dans le bois du cadre.
Deuxième étage : Chambre d’Emily
La chambre où Emily passa une partie de
son enfance semble comme figée dans le temps.
Jeremy espérait sans doute que sa nièce revien-
drait lui rendre visite, et avait fait en sorte qu’elle
trouve sa chambre comme elle l’avait laissée…
Dans un coin se trouve une grande maison de
poupée, réplique quasi parfaite de Derceto.
Le passe-partout est accroché à l’intérieur
de la maison de poupée. Jeremy l’a-t-il caché là ?
43
L’énigme des tableaux
Chacun des portraits de Pregzt alias
Pickford réalisés de son vivant contient
une partie de la combinaison permettant
d’ouvrir la trappe située dans le bureau
du rez-de-chaussée : il s’agit des symboles
gravés dans leurs cadres respectifs.
Il faudra d’abord remettre ces ta-
bleaux dans l’ordre chronologique :
•  Portrait de flibustier (1625) : deux crânes.
•  Pregzt le pirate (1670) : quatre sabres.
•  Portrait de Pickford (1853) : trois crânes.
L’indice suivant se trouve dans le
livre Le procès du capitaine Pregzt, et
plus précisément dans les paroles de la
Un crâne, à bâbord !
Un sabre, à tribord !
Un crâne signifie donc un tour de la
vieille clé vers bâbord, c’est à dire vers
la gauche lorsque la proue du navire est
devant soi. Un sabre signifie un tour de
clé vers tribord, c’est-à-dire la droite. Le
navire gravé à la surface de la trappe
permet de savoir de quel côté se trouve
la « proue » : vers l’arrière du manoir, et
donc vers le bouclier de la Méduse.
La solution de l’énigme est donc la sui-
vante : en faisant face au bouclier, tour-
ner la vieille clé deux fois vers la gauche
dans la première serrure, quatre fois vers
la droite dans la deuxième serrure, et
trois fois vers la gauche dans la troisième
serrure, déverrouillant ainsi la trappe.
En cas d’erreur, un maléfice placé dans
le bouclier s’activera, pétrifiant tout PJ se
trouvant devant les yeux de la Méduse…
 Cette reproduction de Derceto permet
par ailleurs aux investigateurs d’avoir une
vue d’ensemble du bâtiment. Le manoir est
reproduit très fidèlement. Là où devrait se
trouver la salle secrète se trouve une chambre
supplémentaire, reliée à la bibliothèque par
une porte ordinaire. Si les PJ n’ont pas encore
trouvé cette pièce cachée, la maison de pou-
pée leur permettra de prendre conscience de
son existence…

La tempête continue de faire rage à l’ex-

térieur, comme les investigateurs pourront le
constater en regardant à travers la grande fe-
nêtre. C’est l’endroit parfait pour une attaque
de ghast
ghast.

La chambre communique avec la garde-robe

garde-robe.

Deuxième étage : Garde-robe

Cette petite pièce servait à la fois de garde-robe

et de boudoir. Le passage menant à la chambre
d’Emily est obstrué par un paravent.

Au-dessus de l’armoire, les investigateurs

trouveront une boîte à chaussures contenant
un revolver calibre .38 ainsi qu’une boîte
de 50 cartouches.
50 cartouches Drôle de cachette !
Points d’intérêt : Une petite toile de Jeremy
est accrochée au mur (<<4>). Elle représente
Emily, âgée d’environ 10 ans, assise devant un
piano droit. Si Emily est présente et n’a pas
partagé son anecdote concernant le secret du
piano, cela devrait l’encourager à le faire. Si
Emily n’est pas là, le titre mystérieux du ta-
bleau servira d’indice : « Le secret des cinq sens ».
Deuxième étage : Buanderie
J. Hartwood, Le secret des cinq sens.
Huile sur toile, 1918.
4
La laveuse est un modèle du début du
XXe siècle, à manivelle. Des vêtements désor-
mais secs reposent toujours sur l’étendoir.
Dans les placards, les investigateurs
trouveront un bidon d’huile pour lampe
presque plein, un briquet
briquet, et une bouteille
d’hypochlorite de calcium servant à désin-
fecter et blanchir le linge.

Cette pièce sombre contient une grande laveuse
à vapeur ainsi qu’un étendoir à linge en bois et
plusieurs placards. Le mugissement tourmenté
du vent parvient à travers une grille d’aération.
Un escalier conduit sous les combles.
Mais surtout, au-dessus d’un des placards
se trouve un puissant fusil de chasse à levier
de type Winchester Modèle 1887,1887 calibre 12.
Une boîte de munitions se trouve à proximité,
mais elle ne contient que deux cartouches.

44
Combles : Grenier

L’étroit escalier aux marches grinçantes dé-

bouche sous les combles, aménagés en grenier.
Le tambour de la pluie battante résonne à tra-
vers ce vaste espace plongé dans les ténèbres. Un
bric-à-brac de caisses et de meubles est entreposé
ici, dont un vieux piano droit. C’est également en
ces lieux que Jeremy s’est donné la mort, il y a à
peine quelques jours…

Une trappe communique avec le couloir

couloir, à
l’étage inférieur. Sans échelle, c’est une sacrée
chute…

Dans le grenier, les investigateurs pourront

découvrir une deuxième lampe-tempête
lampe-tempête, ain-
si qu’un exemplaire du Journal de voyage de
Lord Boleskine — s’ils ont feuilleté l’ouvrage Me-
mories, ils savent que ce journal est un ouvrage
considéré perdu, et donc de grande valeur !
Le piano dissimule un compartiment se-
cret. Pour l’ouvrir, un investigateur devra jouer
les premières notes de la mélodie principale
de la Danse Macabre de Camille Saint-Saëns
— les fameux « cinq sens » ! Un déclic retentit
alors sur le côté du piano, révélant la cachette.
Avant de s’ôter la vie, Jeremy y a dissimulé un
artéfact précieux : la pierre de Mnar.
Mnar
Le peintre avait dépensé une petite for-
tune pour acquérir cet objet auprès de Beth
Jarret… Ayant appris son existence dans les
pages du Livre de Yaël, Jeremy avait correc-
tement deviné que cette relique l’aiderait à
combattre l’homme noir, mais n’a pas eu le
temps de comprendre de quelle manière.
Pierre noire de forme circulaire sur laquelle
est gravée une étoile dorée, la pierre de Mnar
est un puissant talisman contre la magie noire.
Quiconque la porte sur lui sera immunisé contre
les sortilèges de Pregzt (mais reste vulnérable
aux attaques physiques de ses serviteurs).
Après avoir découvert la pierre, un hurle-
ment lugubre retentit derrière l’unique fe-
nêtre, suivi d’une d’une série de chocs sourds
contre les volets fermés. Une créature mons-
trueuse — un ghast — tente de passer au tra-
vers. Si les investigateurs sont assez rapides,
ils pourront pousser l’armoire devant la fe-
nêtre afin d’empêcher la bête d’entrer. Sinon,
le bois finit par céder et le monstre déboule
au milieu du grenier dans un fracas de verre
brisé, avant d’attaquer les investigateurs !
Sous-sol : Cave
Basse de plafond et lugubre, la cave de Derceto
est également presque vide. Seules quelques vieilles
bouteilles ornent désormais ses étagères. Une
odeur de moisi, fort désagréable, flotte dans l’air.
L’odeur est la même que celle s’échappant
du puits, à l’extérieur. Si les PJ tentent d’en
trouver la source, ils parviendront aux ton-
neaux situés dans le coin inférieur droit de
la pièce (sur le plan p. 22). Un examen ap-
profondi révélera qu’un des pans de mur est
un peu différent : la maçonnerie semble plus
récente. C’est là que se trouvait la fissure me-
nant aux cavernes près de laquelle Howard
Harwtood a trouvé la mort…

45
 ACTE 3 : AUX RACINES DU MAL

L’enquête des investigateurs devrait finir par les mener jusqu’aux cavernes situées sous
Derceto. Qu’ils y soient parvenus en abattant le mur de la cave ou en résolvant l’énigme
des tableaux, qu’ils soient ou non en possession de la pierre de Mnar, l’heure de la
confrontation avec Ezechiel Pregzt a sonné.

3
Cave

Crevasse
insondable
3

Bureau

3
Épave

46

Cavernes : Dédale
Devant vous, le passage creusé à même la
roche plonge dans les ténèbres. L’air ici est moite,
âcre. Il est empreint d’une odeur de putréfaction
et de mort… Ces tunnels vous évoquent quelque
chose d’organique, de vivant. Ce sont les en-
trailles de Derceto. Et quelque chose, là-bas, dans
les profondeurs, vous appelle.
3
Dédale
Épave de sloop
47
Si les PJ arrivent depuis le bureau, ils
doivent franchir un pont en bois vermoulu
enjambant une crevasse. Le pont est fragile et
pourrait s’effondrer pendant leur traversée.
Plusieurs ghasts rôdent dans les boyaux.
Ils attaqueront les investigateurs si ceux-ci
tentent de retourner dans le manoir. Leur but
est de les pousser toujours plus loin dans les
cavernes, jusqu’à leur seigneur et maître.
Tanière de
l’araignée
3
Crypte
Cavernes : Épave
Le tunnel débouche sur une vaste caverne en
grande partie submergée. Des échafaudages en
bois devaient autrefois permettre de la traverser,
mais le temps et l’humidité ont fait leur œuvre. Un
peu plus loin, vous distinguez l’épave à demi-en-
gloutie d’un navire. L’air a ici un goût salé — ces
lacs souterrains doivent communiquer avec la mer.
L’épave n’est pas celle de l’Astarté, mais d’un
autre navire que Pregzt utilisait pour divers
trafics le long des côtes de Louisiane, bien
avant la construction du manoir. Il ne reste de
ce sloop nommé Tanit qu’une armature pour-
rissante. Une grande partie de son bois a été
prélevée pour construire passerelles et étais.
48
Les investigateurs ont deux options pour
atteindre l’autre extrémité de la caverne : ils
peuvent tenter de traverser à la nage, mais
des profonds rôdent dans les eaux sombres.
Ces créatures sont alliées à Pregzt, mais ne
lui sont pas soumises. Elles n’hésiteront pas à
tenter de noyer les investigateurs.
L’autre option consistera à tenter leur
chance sur les échafaudages. Moyennant
quelques sauts et acrobaties, ceux-ci leur per-
mettront d’atteindre les tunnels situés dans la
partie supérieure de la caverne, et de contour-
ner ainsi le lac souterrain. Malheureuse-
ment, cette voie n’est pas tellement plus sûre
puisqu’elle sert de tanière à une terrifiante
araignée de Leng…
Leng

Cavernes : Crypte
Vous avez traversé les cavernes à demi englou-
ties jusqu’à parvenir à cette ultime salle. Vous vous
trouvez désormais au cœur des racines d’un arbre
ancien. De l’autre côté d’un lac d’eau peu profonde
se trouve une sorte d’autel en pierre. Juché sur ce
sanctuaire préhistorique se trouve un être décharné
semblable à une momie recroquevillée.
3
Épave
49
L’être est immobile, mais vous sentez qu’il est
vivant, d’une certaine manière, telle une insulte
aux lois de la nature. Vous en êtes certain : vous
contemplez la source du Mal qui hante Derceto.
Alors que les investigateurs pénètrent dans
la crypte, une voix sépulcrale retentit dans
leur esprit : « Depuis ton entrée en ma demeure,
mon regard est sur toi…. Bientôt tu m’appartien-
dras. Je vis depuis plus de trois siècles. Mon nom
est Ezechiel Pregzt ou Eliah Pickford… Choisis ! »
Pregzt
 L’odieuse voix poursuit : « Je ne me cache
pas par crainte, mon pouvoir est immense. J’ai
vogué sur les sept mers. Mon navire, l’Astarté,
semait la terreur sur tous les continents…
La sorcellerie, le vaudou, le culte de Cthul-
hu me sont connus. J’ai régné, j’ai imploré les
pierres. J’ai connu les affres de la longue veille
et voyagé par-delà le mur du sommeil. Cthulhu
m’assiste.
Viens, allonge-toi sur la pierre sacrificielle…
Offre-moi ton corps afin que je puisse renaître.
Mon cri sauvage percera la nuit. Tu es déjà
mien. Ton destin était scellé à l’instant où tu as
pénétré dans mon domaine… »
50
Cette litanie psychique a un objectif : Pre-
gzt utilise en réalité ses pouvoirs pour influen-
cer les PJ, les poussant à s’approcher toujours
plus près de son autel. Lorsque l’un d’eux sera
suffisamment proche, des profonds surgiront
pour le maîtriser et l’étendre sur la pierre.
Alors Pregzt sera en mesure de transférer son
esprit dans le corps de son nouvel hôte.
Il n’a besoin que d’un seul PJ pour arriver
à ses fins — une fois le transfert effectué, les
autres seront mis en pièces par les profonds.
Si un des investigateurs possède la pierre
de Mnar, il n’entend pas la voix de Pregzt et
est immunisé contre sa magie.
 Si les investigateurs parviennent à échap-
per à l’emprise de Pregzt et cherchent à l’at-
taquer, les racines s’animent pour former un
bouclier autour de son corps desséché. Les
profonds sortent alors de leur cachette pour
attaquer les PJ, tandis que plusieurs racines
tentent de les happer tels des tentacules.
La manière la plus efficace de détruire Pre-
gzt une fois pour toutes est le feu
feu. Au cours de
leur exploration de Derceto, les investigateurs
ont dû obtenir une ou deux lampes-tempête
ainsi que des bidons d’huile, des allumettes
ou encore un briquet, et même une bouteille
de whisky. Ils devraient avoir de quoi fabri-
quer quelques projectiles incendiaires.
Le feu prend rapidement, se propageant le
long des racines. Pris dans les flammes, Pregzt
pousse un cri de bête à l’agonie. L’arbre prend
vie devant les PJ, révélant sa véritable nature :
un sombre rejeton de Shub-Niggurath…
Shub-Niggurath
51
Le monstre dévoré par les flammes rue tant
et si bien qu’il provoque l’effondrement de la
crypte. Un immense rocher se décroche du pla-
fond et broie Pregzt et son autel. Les profonds
disparaissent dans les eaux du lac souterrain.
Tout s’écroule autour des PJ qui doivent
trouver un moyen de retourner à la surface.
Heureusement, les serviteurs de Pregzt ont
disparu avec leur maître. Lorsque les investi-
gateurs rejoignent le manoir (probablement en
passant par la cave
cave), une épaisse fumée com-
mence déjà à remonter des profondeurs. Pour
la seconde et dernière fois de son histoire, Der-
ceto est avalée par le feu purificateur…
S’ils sont parvenus à s’échapper, les PJ
observent le spectacle à bonne distance.
Les nuages noirs se dissipent, laissant filtrer
l’aube naissante. Jeremy a été vengé, et la
malédiction de Derceto est levée. Quelques
heures plus tard, la Packard arrive enfin…
 CRÉATURES & ADVERSAIRES
En dehors des créatures sur lesquelles il n’a
pas d’emprise directe (le vagabond dimension-
nel, les profonds
nel profonds, le sombre rejeton),
rejeton Pregzt est
capable d’invoquer plusieurs serviteurs. Toutes
ces créatures sont associées aux Contrées du
Rêve, et pour cause : Pregzt les a créées à partir
des cauchemars du pauvre Jeremy.
Araignée de Leng : cette ignoble créature
arachnoïde hante les cavernes à proximité
de la crypte de Pregzt. Par bien des aspects,
elle est son avatar. Après tout, Derceto est la
« toile » dans laquelle les investigateurs sont
piégés…
Ghast : les ghasts sont les principaux servi-
teurs de Pregzt. Leur tactique préférée est de
surgir à travers une fenêtre ou une porte au mo-
ment où les investigateurs s’y attendent le moins.
52
Horreur chasseresse : ce monstre volant
est le plus puissant des serviteurs de Pregzt.
Le nécromancien ne l’invoquera que si les PJ
tentent de fuir le manoir. L’horreur surgira
alors de la tempête afin de les forcer à retour-
ner à l’intérieur.
Maigre bête de la nuit : Pregzt contrôle
deux maigres bêtes de la nuit. Celles-ci ont
l’apparence de statues, sur le palier du deu-
xième étage, mais peuvent reprendre vie
lorsque leur maître le désire.
Pregzt : Pregzt a les mêmes caractéris-
tiques qu’une momie
momie, mais est incapable de se
déplacer. Il connaît toutefois de nombreux sor-
tilèges, comme Instiller la peur,
peur Invoquer les
serviteurs listés ci-dessus, Suggestion mentale,
mentale
Tourmenter, et bien sûr Transfert d’esprit.
Tourmenter d’esprit
 LIVRES ET OUVRAGES
Titre Langue Date Auteur Sem SAN GMI GMC MC
De Bibliotheca Anglais 1919 Juan Luis 12 1d6 2 4 20
Jorge
De Vermis Mysteriis Latin 1542 Ludwig Prinn 48 2d6 4 8 36
Demonia Particularis Anglais — Heinrich H. 22 1d8 2 6 31
Cassel
Fragments de la légende Anglais — Édouard 12 1d4 1 3 10
de Thèbes de Vielban
Fragments du livre Anglais — Abdul al- 32 2d8 4 10 40
d’Abdul Hazrad
Journal de Jeremy Anglais 1924- Jeremy 1 1d6 2 5 22
Hartwood 1925 Hartwood
Journal de voyage Anglais 1884 Lord Alistair 4 2d4 3 6 26
Boleskine
Le dernier voyage du Anglais 1873 Capitaine 1 0 0 1 3
Vautour Trevis
Le livre de Yaël Anglais — Mgr. Vachey 18 1d8 3 5 28
Le poignard du sacrifice Anglais — Otto Schtern 10 1d4 4 5 32
Le procès du capitaine Anglais 1886 Howard 4 2d4 3 5 30
Pregzt Hartwood
Les créatures de la nuit Anglais 1666 Hubertus le 14 2d6 4 6 30
Chauve
Les fils du soleil et des Anglais 1535 Lope de Vega 14 2d4 2 5 18
ténèbres
Memories Anglais 1859 Lord Alistair 2 1d4 1 3 16
Boleskine
Récit du capitaine J. W. Anglais 1862 J. W. Norton 3 1d2 0 1 5
Norton
Si les pierres pouvaient Anglais 1915 Marquis de 4 1d2 1 2 8
parler Champfray
Terra Incognita (Chapitre Anglais — Jacob Van 8 1d8 3 6 25
inachevé) Ostadte

L’ouvrage Demonia Particularis permet d’apprendre le sortilège Signe des Anciens.

Anciens

53
 FICHES DE
PERSONNAGES
Gloria Allen Edward Carnby
39 ans, antiquaire 27 ans, détective privé
FOR 45 APP 60 FOR 60 APP 45
CON 50 INT 85 CON 55 INT 65
TAI 50 POU 55 TAI 70 POU 45
DEX 65 EDU 50 DEX 65 EDU 55

Points de vie : 10 Points de vie : 12

Impact : 0 Impact : +1d4
Carrure : 0 Carrure : 1
Mouvement : 8 Mouvement : 7
Santé Mentale : 55 Santé Mentale : 45
Chance : 45 Chance : 65

Combat :
Corps à corps 35% (1d3)
Fusils 35%
Esquive : 32%
Compétences :
Archéologie 61%, Bibliothèque
45%, Crédit 40%, Estimation
65% Histoire 55%, Occultisme
15%, Persuasion 35%, Trouver
objet caché 35%
Langues :
Anglais 65%, Latin 36%
Anecdote :
Derceto était autrefois une plan-
tation à la réputation sinistre, où
plusieurs de vos ancêtres étaient
esclaves. L’histoire transmise au
sein de la famille prétend qu’il
existerait une salle secrète dé-
diée à des rituels occultes…
Combat :
Corps à corps 50% (1d3 + 1d4)
Armes de poing 60% (1d10,
Revolver .38)
Fusils 30%
Esquive : 32%
Compétences :
Arts et métiers (photographie
30%), Bibliothèque 45%, Comp-
tabilité 25%, Conduite 50%,
Crédit 15%, Discrétion 45%,
Droit 40%, Imposture 40%,
Intimidation 35%, Psychologie
35%, Trouver objet caché 70%
Langues : Anglais 55%
Anecdote :
Vous vous êtes renseigné sur
l’histoire de Derceto après avoir
accepté ce boulot. Malédictions,
crimes, folie… Cool job !

54
 Emily Hartwood George Heames Isaac Herbert
21 ans, scripte 19 ans, apprenti reporter 32 ans, médecin
FOR 40 APP 75 FOR 40 APP 65 FOR 40 APP 35
CON 45 INT 75 CON 45 INT 70 CON 40 INT 75
TAI 50 POU 40 TAI 60 POU 65 TAI 65 POU 50
DEX 60 EDU 75 DEX 75 EDU 35 DEX 65 EDU 90

Points de vie : 9 Points de vie : 10 Points de vie : 10

Impact : 0 Impact : 0 Impact : 0
Carrure : 0 Carrure : 0 Carrure : 0
Mouvement : 8 Mouvement : 8 Mouvement : 8
Santé Mentale : 45 Santé Mentale : 65 Santé Mentale : 50
Chance : 45 Chance : 90 Chance : 65

Combat : Combat : Combat :

Corps à corps 25% (1d3)
Savate 40% (1d3)
Esquive 35%
Compétences :
Arts et métiers (piano 50%,
sténographie 45%), Baratin 20%,
Bibliothèque 75%, Charme 45%,
Comptabilité 45%, Conduite 40%,
Crédit 25%, Déguisement 15%,
Droit 11%, Histoire 25%, Persua-
sion 40%, Psychologie 50%, Saut
25%, Trouver objet caché 35%
Langues :
Anglais 75%, Latin 16%
Anecdote :
Oncle Jeremy racontait que le
piano cachait un secret qui se-
rait révélé à quiconque maîtri-
serait « les cinq sens ».
Corps à corps 35% (1d3)
Esquive : 37%
Compétences :
Baratin 50%, Charme 40%,
Crédit 10%, Conduite 40%, Cro-
chetage 26%, Discrétion 50%,
Écoute 45%, Grimper 40%,
Pickpocket 20%, Pister 25%,
Trouver objet caché 55%
Langues : Anglais 50%
Anecdote :
Jeremy Hartwood fréquentait la
boîte de jazz où vous arrondis-
sez les fins de mois en tant que
barman. C’était un gentleman
aux goûts éclectiques, adepte des
phrases cryptiques : d’après lui,
« le temps finit toujours par révé-
ler les secrets. »
Corps à corps 30% (1d3)
Esquive : 32%
Compétences :
Bibliothèque 60%, Crédit 30%,
Conduite 40%, Médecine 75%,
Persuasion 50%, Premiers
secours 60%, Psychanalyse
50%, Psychologie 30%, Science
(Biologie 70%, Pharmacie 70%),
Trouver objet caché 30%
Langues :
Anglais 90%, Latin 60%
Anecdote :
Jeremy souffrait de troubles du
sommeil. Vous lui aviez conseillé
de changer de chambre. Il vous
avait dit dormir beaucoup mieux
dans celle située à l’extrémité de
la galerie du 1er étage.

55
 Beth Jarret Patsy Mulholland Joseph Thornhill
Environ 30 ans, libraire 48 ans, tenancière de cabaret 43 ans, galeriste
FOR 35 APP 60 FOR 48 APP 65 FOR 38 APP 70
CON 35 INT 75 CON 58 INT 75 CON 34 INT 65
TAI 45 POU 90 TAI 50 POU 60 TAI 65 POU 65
DEX 50 EDU 70 DEX 54 EDU 40 DEX 48 EDU 65

Points de vie : 8 Points de vie : 10 Points de vie : 9

Impact : -1 Impact : 0 Impact : 0
Carrure : -1 Carrure : 0 Carrure : 0
Mouvement : 8 Mouvement : 7 Mouvement : 6
Santé Mentale : 90 Santé Mentale : 60 Santé Mentale : 65
Chance : 85 Chance : 60 Chance : 60

Combat : Combat : Combat :

Corps à corps 25% (1d3 -1) Corps à corps 40% (1d3) Corps à corps 25% (1d3)
Armes de poing 35% Fusils 45% Escrime 45% (1d6, canne-épée)
Esquive : 25% Esquive : 27% Esquive : 35%

Compétences : Compétences : Compétences :

Bibliothèque 70%, Charme
55%, Crédit 30%, Estimation
50%, Histoire 50%, Occultisme
70%, Pickpocket 50%, Trouver
objet caché 60%
Langues :
Anglais 70%, Espagnol 51%
Arts et métier (musique 60%),
Comptabilité 45%, Crédit 25%,
Écoute 30%, Électricité 35%,
Imposture 35%, Persuasion
35%, Psychologie 55%, Trouver
objet caché 60%
Langues : Anglais 40%
Baratin 40%, Bibliothèque
50%, Estimation 65%, Charme
40%, Conduite 55%, Crédit 45%,
Histoire 40%, Mécanique 40%,
Orientation 20%, Trouver objet
caché 56%
Langues : Anglais 65%

Anecdote : Anecdote : Anecdote :

La bibliothèque de Derceto
était apparemment remplie d’ou-
vrages très rares ; vous avez aidé
Jeremy à en traduire certains. Il
était à la rechercher d’une « pierre
de Mnar », un puissant talisman
contre les forces maléfiques.
Jeremy vous avait autrefois parlé
de l’obsession de son père Howard
pour les pirates des Caraïbes. Il
était persuadé que le trésor d’un
flibustier de jadis — un certain…
Pratt ? — se trouvait dans les ca-
vernes sous le manoir.
Vous savez que Jeremy tenait un
journal depuis quelques mois, où
il notait notamment ses rêves. La
police ne l’a toutefois pas retrou-
vé. Sa lecture permettrait peut-
être de comprendre pourquoi il
s’est donné la mort ?

56