Manuel J.

Sueiro Luis Barbero

Ricardo Dorda Jokin Garcia

Éditions Sans-Détour 1
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 Un jeu d’action et d’horreur lovecraftienne par
Manuel J. Sueiro, Ricardo Dorda, Luis Barbero et Jokin García

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 CRÉDITS
Auteurs
Manuel J. Sueiro, Ricardo Dorda, Luis Barbero
et Jokin García
Illustration de couverture
Javier Charro
Illustrations intérieures
Borja Pindado Arribas et Marga F. Donaire
Nouvelles
Rosendo Chas Patier
Corrections et contenus additionnels
Edén Claudio Ruiz
Conception et maquette
Manuel J. Sueiro et Javier Charro
Publié par
Nosolorol Ediciones
C/ Ocaña 32, 28047 Madrid, Espagne
© 2014 Nosolorol Editions, tous droits réservés
ISBN 978-2-37374-050-9 - Dépôt légal : Mai 2019
Imprimé en Espagne • INO Reproducciones S.A.
Remerciements de Manu
Le voyage a été long et non euclidien, mais la lumière apparaît
enfin au bout du tunnel. Rien de tout cela n’aurait été possible sans
Luis, Ricardo et Jokin, mes fidèles compagnons de voyage grâce
à qui nous avons réussi à atteindre le sommet de cette montagne
démente très personnelle. Merci, les amis, vous êtes les meilleurs.
Je souhaite également remercier Rosendo pour sa folie et pour
m’avoir ensorcelé avec ses récits. À Pedro et Sergio, pour avoir
permis un nouveau départ. Sans vous, il n’y aurait plus de
Nosolorol. À Edén et Charro pour y avoir ajouté une partie
d’eux-mêmes. À Borja et Marga pour avoir transformé les
concepts en œuvre. À Enrique, pour nous avoir laissés entrer, ou
au moins être apparu. À Betty, pour nous avoir soutenus de tant
de manières inimaginables. À Marién, Ana N., Ana D., Arancha
et Iván pour avoir entretenu la machine.
Et encore mille mercis (si nombreux qu’ils ne pourraient tous
entrer dans cet ouvrage) à Pili, ma muse et ma source d’inspiration.
Merci pour ton soutien inconditionnel, pour ta patience, pour
m’avoir fait partager tes idées, pour m’avoir fait rire tous les jours
et pour avoir ri à mes pitreries. Merci de me rendre heureux.
Remerciements de Jokin
Je ne peux que remercier Manuel, Luis et Ricardo de m’avoir
permis de collaborer avec eux sur le projet et « Igore » Izquierdo
pour m’avoir photocopié il y a tant d’années le manuel de
L’Appel de Cthulhu.
Je souhaite également remercier mes joueurs, Apo, Paula, Jontxu,
Aitor, Isa, Johny et Gabri de m’avoir aidé à enfin achever après
plusieurs tentatives Les masques de Nyarlathotep, ainsi que tous
ceux qui ont dû me supporter dans une partie « cthulhoïde ».
Et bien entendu, merci à Ana Rosa qui, même si elle ne participera
jamais à une partie de Cultes Innommables, même sous la menace
d’une arme, sera toujours là et qui fait que tout sera toujours mieux.
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ÉDITION FRANÇAISE
Traduction
Antoine Rouchon
Relecture
Frédéric Leroy & Julien Meyrat
Maquette
Agathe Gastaldi
Le système Hitos est un contenu ludique libre qui peut être
utilisé librement au titre de la licence OGL (Open Game
License). L’atmosphère du Mythe de Cthulhu s’inspire de
l’œuvre de H.P. Lovecraft, qui appartient au domaine public
en vertu de la réglementation en vigueur. Les personnages,
groupes et situations propres aux Cultes Innommables,
ainsi que le nom du jeu et son logo peuvent être utilisés
sous réserve d’autorisation de l’éditeur en tant qu’identité
du produit dans le cadre de la licence OGL. Les illustrations
et éléments graphiques qui accompagnent le texte sont la
propriété respective de leurs auteurs et sont utilisés par
Nosolorol Ediciones avec leur accord exprès et ne peuvent
être reproduits sans autorisation expresse.
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Remerciements de Ricardo
En premier lieu, je souhaite remercier sincèrement Manuel J.
Sueiro de m’avoir convié à ce culte… enfin, ce projet, pour la
plus grande gloire des Grands Anciens. Je souhaite également
remercier les autres coauteurs sans qui cet ouvrage n’aurait jamais
été possible : Luis et Jokin, ainsi que Pilar et Betty pour ces parties
des Cultes Innommables passées ensemble et leur patience
pendant nos « réunions de travail ».
Je dédicace cette première œuvre à Ana pour avoir tenu le coup et
supporté mes extravagances, et à mes cultistes de la première heure :
Pedrosa, Rebeca, Mike, Sergio, Luz et Carlos, pour avoir partagé
de si nombreuses aventures (et parcouru tant de couloirs qui se
perdent dans l’obscurité) et Josete et Hiro, pour avoir continué de
m’inviter chez eux malgré ma propension à renverser les verres.
Finalement, les étoiles se sont alignées.
Remerciements de Luis
J’espère qu’avec cet ouvrage et sa nouvelle vision, j’ai pu apporter
un vaillant grain de sable au monument du Mythe de Cthulhu. Le
temps et l’univers le diront.
Et maintenant, le moment est venu de remercier et dédier. À Beatriz
Piñeiro pour avoir transformé mon foyer en Ulthar. Au culte des
Buenas Noches del Sáhara (Carlos Perez, M. Blanco, David Garcia,
Rober, Fer, Alber Garcia, Toño), qui seront toujours là. À mon
cercle intérieur Magdalena, E. Barriuso, Malena B., Mali, Angel
Barbero, Amalia N. C., SonSo, Sara, José Gamo, Carlos et Alba.
Et bien sûr, à tous les autres qui d’une manière ou d’une autre
font partie de mon culte, bien qu’ils ne soient pas tous ce qu’ils
sont : Manu, Pilar, Borch, Roca, Agus, Vera Discordia, Marcos
DLFU, Nast, Pablo Valcarcel, Leo, Pau, Guillermo Fernandez,
Hiro et José, Occelote, Rafa M. Hannigan et Bas.
Table des matieres
I. INTRODUCTION.......................................... 8
Qui était Howard Phillips Lovecraft ?................................. 8
Qu’est-ce qu’un jeu de rôle ? ................................................ 9
Cultes Innommables...........................................................10
II. PERSONNAGES........................................... 16
Création de personnages....................................................17
III. SYSTÈME.....................................................38
Succès critique et échec critique........................................39
Tests en opposition .............................................................39
Test d’action longue.............................................................39
Aspects..................................................................................42
Action et combat.................................................................45
Santé......................................................................................51
Santé mentale.......................................................................55
Évolution des personnages.................................................60
Équipement..........................................................................60
IV. ATMOSPHÈRE...........................................66
Le mythe...............................................................................66
Aujourd’hui..........................................................................72
Les contrées du rêve............................................................76
Chronologie.........................................................................79
Rumeurs...............................................................................87
V. CRÉATURES................................................94
Les dieux extérieurs........................................................... 94
Les grands anciens............................................................ 112
Créatures du mythe.......................................................... 126
VI. CULTES......................................................160
Le culte dans une campagne........................................... 161
Création d’un culte........................................................... 166
Le culte en règles.............................................................. 167
Quelques cultes notables................................................. 169
VII. MAGIE......................................................184
Sortilèges et compétences d’arcanes............................... 184
Pouvoirs supérieurs.......................................................... 193
Objets de pouvoir............................................................. 202
Ouvrages du mythe.......................................................... 209
Dégénérescence................................................................ 222
VIII. MAÎTRISE............................................. 230
Le rôle du maître du jeu................................................... 230
Aventures et campagnes.................................................. 233
Le culte............................................................................... 237
Éléments des histoires des cultes.................................... 237
Antagonistes...................................................................... 238
Le surnaturel..................................................................... 240
Créer des créatures........................................................... 242
IX. AVENTURES............................................ 252
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Sans fil

Je ne voulais pas déranger. Il était évident qu’il était très important pour elle que chaque chose
soit à sa place, et je ne voulais pas déranger. C’était comme si j’avais enfin osé m’aventurer
dans l’une de ces luxueuses boutiques de meubles du quartier Shibuya devant lesquelles je
passais pour aller voir la grand-mère. Chaque objet avait sa raison d’être et un emplacement
spécifique, m’expliqua la femme tandis que nous faisions le tour du salon. Son appartement
était une machinerie parfaitement huilée, continua-t-elle alors que nous entrions à peine dans la
chambre. Et il était impossible que cette machine fonctionne si ses engrenages étaient disposés
autrement, conclut-elle en revenant dans le vestibule, ignorant la salle de bain et la cuisine
pendant son explication. Je parvins à voir cette dernière pièce du coin de l’œil, bien que dans
l’entrée, fermement campé sur ces deux jambes, le mari barrât le passage en me faisant face.
Il était clair que chez lui aussi tout avait été arrangé pour convenir à sa femme : les chaussons
identiques aux siens hormis pour la couleur, la tenue ressemblant à un kimono traditionnel avec
une élégante ligne pourpre, la sobre cravate et même l’expression de son visage laborieusement
étudiée, qui pourtant sonnait faux. J’eus peur qu’il fût inclus dans la vente.
« Il vous faudra le prendre tel quel, nous n’emportons que les vêtements et quelques effets
personnels », conclut-elle.
J’habitai dans un diorama pendant des mois, sans oser apporter mes affaires, car ici chaque pièce
rapportée semblait étrangère. Le garde-meuble où étaient rangées mes affaires ne se trouvait pas très
loin. Je n’avais emporté avec moi qu’un sac (que j’avais presque toujours sur le dos) qui contenait
mes vêtements de rechange et mon ordinateur portable. J’utilisais à peine la cuisine, tout au plus le
réfrigérateur et de temps en temps le four à micro-ondes. J’avais même envisagé d’aller aux bains
publics, mais je trouvai finalement un compromis : perdre le moins de temps possible à me laver,
mon sac à dos accroché à un cintre suspendu derrière la porte, et nettoyer tout de suite après. La
nuit, tapie dans un coin du salon exceptionnellement dégagé, je dormais blottie contre mon sac.
Et souvent, lorsque je me réveillais à l’aurore après avoir été expulsée d’un cauchemar (l’un des
nombreux), je tirais fébrilement la fermeture éclair du sac pour entrouvrir mon ordinateur portable,
suffisamment pour qu’il produise un peu de lumière et que le ventilateur se mette en marche,
diffusant son haleine tiède et le ronronnement apaisant de ses pales.
Malgré cela, ma situation s’était améliorée. Ma vie avait été une déambulation confuse à la
recherche d’une location un minimum viable, passant d’un taudis immonde à un autre encore
plus immonde, mais peut-être un peu moins cher. Mais chercher un logement prenait trop de
temps et, encore pire, cela me forçait à sortir. À ce propos, j’avais essayé pendant un temps
d’emménager à un nouveau domicile sans visiter les lieux et l’expérience s’était révélée être une
approche désastreuse de mon problème.
Au fil des années, j’avais fini par affiner les algorithmes qui régissaient ma vie pour maximiser le
nombre d’heures passées connectées : je m’assurais, par exemple, de me trouver sur le chemin de
plusieurs supermarchés qui proposaient l’achat en ligne et la livraison à domicile, je répertoriais
les restaurants du coin qui livraient et je chargeais parfois le fils d’un voisin ou du concierge de
quelques tâches simples. J’avais tout prévu. Je gagnais ma vie en gérant des ressources virtuelles,
arrosant des jardins sémantiques et faisant pâturer des troupeaux de blogs dans des fermes de liens,
et les clients me contactaient directement sur mon site Web. Il pouvait se passer des mois avant que
l’un de ces gestionnaires administratifs ait besoin de me voir en personne et me force à sortir.
-6-
Enfin, cet appartement était une pièce maîtresse d’un plan complexe destiné à me faire
abandonner presque complètement la réalité. Malgré tout, un changement aussi radical de
mes routines eut évidemment des conséquences négatives. Je ne parle pas des exigences de
mon habitat, car cela ne me dérangeait pas de vivre sous le règne des objets ; parfois, en
repartant de la maison de la grand-mère, très tard, je m’arrêtais devant les vitrines des meubles
fermées et je collais mon visage au verre en imaginant qu’au lieu de revenir à mon crasseux
appartement de location, je pouvais me coucher là et dormir dans n’importe quel recoin. Je
m’étais donc très vite adaptée aux règles imposées par mon logement. En revanche, ce qui fut
presque catastrophique fut la question de la couverture du réseau et de la connexion à Internet.
Je m’étais dit que dans le pire des cas, il faudrait quelques jours pour faire installer la fibre
optique et, étant donné que les tests de couverture que j’avais faits avec mon mobile le premier
jour dans l’escalier m’avaient paru satisfaisants (l’ancienne propriétaire m’avait permis de
rester à l’étage aussi longtemps que je le souhaitais), j’avais pensé que cela ne poserait pas
de problème. Mais il s’avéra que le bâtiment avait une installation inadéquate, ce qui retarda
de plusieurs jours l’arrivée de la fibre, et pour couronner le tout mon mobile perdait le signal
du réseau à peine la porte franchie. Après plusieurs tests frénétiques qui me confirmèrent
qu’effectivement mon mobile ne parvenait pas à se connecter au réseau et que mon ordinateur
portable ne détectait pas le moindre routeur ou point d’accès Wi-Fi, je fus saisie de panique et
partis en courant avec la ferme intention de ne plus jamais revenir.
Plusieurs choses pouvaient me faire perdre mes moyens, et la possibilité de ne plus
communiquer était sûrement la pire. Pourtant, je revins la nuit même, car plus je passais du
temps dehors, plus l’idée de revenir m’avait semblé acceptable. Je passai la première nuit à
chercher des réseaux Wi-Fi et l’emplacement, même le plus absurde de l’appartement (car
j’étais persuadée qu’il en existait forcément un), où le signal pourrait atteindre mon mobile
avec une intensité suffisante. Rien.
Je passai le reste de la semaine à vagabonder, à essayer de m’intégrer aux cafés bruyants qui
offraient une connexion à leurs clients, à parasiter les Wi-Fi ouverts de certains lieux publics
ou la moindre connexion disponible de passage. Je ne pouvais pas non plus trop m’éloigner,
car j’attendais qu’on m’appelle pour installer la fibre chez moi. Pour couronner le tout, les Wi-
Fi publics ne permettaient pas la connexion à mon mobile, sans que je parvinsse à comprendre
pourquoi. Je voyais déjà mes jardins se faner et les bousculades des troupeaux de blogs se
pressant contre la clôture des fermes, fuyant dans l’épouvante.
Et chaque nuit, je revenais chercher un réseau Wi-Fi à la maison, au cas où un nouveau
voisin serait apparu ou rentré de voyage. Je cherchais jusqu’à tomber de sommeil. Une
seule fois, un nouveau signal apparut timidement dans la liste de réseaux disponibles de
mon mobile. Il portait un nom étrange que j’oubliai immédiatement. Il disparut juste après
être apparu. J’avais peut-être rêvé.
On finit par venir m’installer la fibre, et bien que le signal du routeur se perdît
inexplicablement dès que je m’éloignais de quelques mètres, je pouvais me connecter par
câble. Je revins donc à mes jardins et à mes fermes, je remplis le réfrigérateur, j’utilisai à
nouveau la salle de bain et je me mis à dormir dans un recoin, serrant mon sac à dos qui
contenait mon ordinateur, collée au routeur.
Mais une nuit, la terre se mit à trembler. Ce n’était pas un frissonnement comme nous étions
habitués à les vivre, ces convulsions violentes ne semblèrent jamais s’arrêter. Le parquet craqua
et plusieurs tables se renversèrent. La plupart des décorations, qui n’avaient pas bougé d’un
centimètre depuis que la propriétaire précédente les avait données, se fracassèrent au sol en mille
morceaux. Et, bien qu’il eût fait très sombre, je fus persuadée de voir les murs plier comme des
roseaux sous un vent puissant… des murs ondulés.
Le phénomène ne cessa pas d’un coup, mais s’endormit progressivement, grognant encore de
temps en temps, déjà pris dans les rêves, avant de se dissoudre dans une douce vibration. Il ne
resta que le bruit des alarmes des voitures et les aboiements des chiens du voisinage.
Quant à moi, il me fallut encore plusieurs secondes avant de m’aventurer dans l’appartement,
de crainte qu’une réplique se produise. Les dégâts étaient nombreux. Je n’osai pas toucher quoi
que ce soit, comme si j’avais découvert un animal agonisant au bord d’une route et que j’eusse
-7-
craint que mon contact ne lui fasse plus de mal que de bien. Des fissures lézardaient les murs,
des lattes du parquet étaient soulevées, des débris de vases et de bibelots en porcelaine couvraient
une bonne partie du sol, tandis que dans la chambre, une étagère disposée contre un mur était
tombée. Mais surtout, une nouvelle porte était apparue.
En tombant, l’étagère de la chambre avait révélé une petite porte. J’eus l’impression d’avoir
débloqué un niveau secret dans un jeu vidéo. La porte n’avait pas de poignée, et je dus me servir
d’un couteau pour l’ouvrir. Ce pouvait être un débarras, une simple armoire, mais je souhaitais
de toutes mes forces qu’il s’agisse d’autre chose, de quelque chose de surprenant. Je passai de
l’autre côté, le cœur battant à tout rompre. Sous la froide lueur de mon mobile, la seule lumière
disponible, et dans la poussière qui se soulevait à chaque pas, j’eus l’impression de faire de la
plongée sous-marine et que j’entrais dans une épave naufragée : une chambre minuscule garnie
de petits meubles et d’une multitude de jouets éparpillés par terre. La chambre d’un enfant.
Je m’assis, adossée au mur du fond, passant en revue l’anatomie de la chambre, chaque
détail. Elle me semblait différente. L’appartement-machine était cassé, ou tout du moins il ne
fonctionnerait plus tant qu’il n’aurait pas été réparé dans les mêmes dispositions décidées par
l’ancienne propriétaire. Le séisme avait abattu une routine que, malgré sa courte vie, je pensais
faire durer indéfiniment. Et pourtant je me sentais étrangement calme. La chambre de l’enfant
était un espace oublié il y a longtemps et ici, pour la première fois de ma vie, je n’eus pas
l’impression de déranger. Lors de ces premiers moments, je crus avoir enfin abandonné la réalité.
Dans la chambre, la spontanéité avait pu s’exprimer. Je sentis que je pouvais faire vivre
ensemble sans problème les vieux jouets de l’enfant et ma collection de vieilles consoles et
d’ordinateurs, les minuscules meubles en plastique et mon énorme fauteuil de massage, et ses
vêtements et les miens dans la même petite armoire en toile qui fermait avec une fermeture
éclair. Le lit était stylisé en voiture de course.
J’avais pris une décision dès le palier franchi, mais il me fallut tout de même quelques
minutes pour échafauder un plan : j’allais emménager ici. Après tout, c’était une décision
naturelle, et j’allais laisser le reste de l’appartement tel quel. Il fallait que je nettoie la
poussière, que j’utilise des rallonges pour brancher les équipements, ainsi qu’un câble
réseau plus long pour le routeur. J’allais continuer d’utiliser la cuisine et la salle de bain
rapidement, car après tout, ces pièces étaient l’antichambre de la réalité, et je n’avais aucune
raison d’y retourner si cela n’était pas indispensable.
Je ne fus distraite qu’un instant, et lorsque je voulus m’assurer de ce qu’il se passait, la vague était
déjà sur le point de me frapper. Comme d’habitude, je jouais en tournant le dos à la mer, faisant
des pâtés avec le sable noir de la plage. Lorsque je me retournai, la vague était si proche que
quelques pas auraient suffi pour que j’en touche la surface. Elle était aussi haute que l’immeuble
où vivait ma famille quand j’étais petite. Elle était inévitable et fuir n’avait aucun intérêt. En
effet, bien que la vague eût semblé évoluer dans un écoulement du temps propre, et avancer au
ralenti sur la berge comme si elle était filmée à haute vitesse, chaque pas que je faisais dans la
direction opposée me rapprochait pourtant d’elle. Je me couvris les yeux et me mis à pleurer.
« Tu as peur ? entendis-je. Pourquoi ? »
C’était un petit enfant d’environ six ans qui avait parlé. Il avait les yeux et les cheveux noirs. Sa
peau était si pâle qu’elle contrastait avec la chaleur de la plage, avec le soleil brillant qui dardait
à travers la vague et faisait jouer des reflets ondulés sur le sable. L’enfant ressemblait à un adulte
en miniature, avec son costume sombre et sa cravate.
« Je ne veux pas mourir, répondis-je dans un sanglot.
— Peut-être que tu ne comprends pas ce qu’il se passe, tout simplement. »
Je me réveillai et fus troublée que le rêve récurrent du tsunami eût changé pour la première fois
en de nombreuses années. Il s’écoula très peu de temps avant que je me rende compte que les
nuits dans la chambre secrète étaient chargées d’interférences. Dans cette pièce, mes songes
les plus familiers tintaient comme des étoiles invitées dans l’inconnu. Parfois, la narration
onirique même s’interrompait, assaillie par des incises étrangères dont j’étais incapable
de me souvenir à mon réveil. Alors que j’y réfléchissais tout haut, je me mis à appeler ces
intrusions des « espaces publicitaires », car bien que je fusse incapable de m’en souvenir
j’avais l’impression qu’ils tentaient de me vendre quelque chose.
-8-
Depuis toujours, j’avais eu la tête remplie d’idées bouillonnantes. Toute petite, j’avais été quelqu’un
de très inquiet, toujours à l’affût de dangers qui n’existaient peut-être que dans mon imagination,
mais lors de mon sommeil paradoxal mes rêves me semblaient particulièrement réels. Finalement,
j’en eus assez des reprises qui me tourmentaient étant enfant, et les espaces publicitaires passèrent
rapidement d’étranges ingérences à petites oasis dans mes nuits exténuantes… car effectivement, la
publicité peut parfois être plus intéressante que le programme lui-même. Fatiguée des cauchemars,
je suppose que je n’imposai que peu de résistance, et le nombre d’espaces publicitaires augmenta
jusqu’à remplir presque l’intégralité de la grille de programmes nocturnes.
J’avais réussi à vivre près d’un an pratiquement hors de la réalité, en ne me ménageant que de
rares incursions dehors, et les nouveaux algorithmes pour optimiser mes sorties s’amélioraient à
chaque essai. Je commençais à imaginer pouvoir utiliser des cultures aquaponiques et recycler mes
déchets, des systèmes qui m’auraient permis d’abandonner définitivement la réalité. Avec la hausse
de mes heures de connexion, mes jardins sémantiques avaient crû à l’extrême et j’avais ajouté de
nouvelles fermes de blogs à mon territoire virtuel. J’étais plus heureuse que je ne l’avais jamais été.
En revanche, mon corps, cette pauvre interface, résistait à mon plan. Mon isolement avait
entraîné des séquelles inattendues : maux de tête, douleurs musculaires, troubles intestinaux,
nausées... Finalement, bien que j’eusse essayé d’ignorer ces symptômes, je finis par voir des
lueurs fantasmagoriques traverser les murs pour venir me frapper, me faisant saigner du nez et
des oreilles, et je dus abandonner mon refuge.
Une fois les tests reçus, le constat ne laissait plus de place au doute : j’avais une tumeur inopérable
au cerveau et j’allais mourir. Arriver à cette conclusion n’avait pas été si simple et il m’avait semblé
attendre une éternité sans mon ordinateur, sans pouvoir utiliser mon mobile, prisonnière pendant des
jours dans un lit d’hôpital, toujours entourée de gens, poussée d’un endroit à un autre, oubliée dans
un couloir, sans mon ordinateur, sans pouvoir utiliser mon mobile. Les nuits passées à l’hôpital, loin
de la chambre secrète, les espaces publicitaires m’abandonnèrent et les cauchemars revinrent, le
premier de tous étant la plage, ma plage, et ma vague.
J’étais sur la plage de sable noir et pour la première fois je n’étais pas une petite fille, j’étais moi-
même, portant cette ridicule blouse d’hôpital. Il y avait aussi l’enfant dans son costume d’adulte.
« Tu as peur ? me demanda-t-il. Pourquoi ?
— Je ne veux pas mourir.
— Peut-être que tu ne comprends pas ce qui est en train de se passer. »
À peine réveillée, je demandai une autorisation de sortie volontaire. Le médecin n’en revenait
pas et insistait en disant que même si la fin était inévitable, l’hôpital pouvait m’aider à vivre
une expérience moins difficile : « la douleur va être terrible », me dit-il d’un air bouleversé.
Mais avec une détermination qui me surprit moi-même, je me levai et lui assurai que je
partirais de toute manière.
Je revins à la maison sans trop savoir comment. Brûlant mes dernières forces, je parvins à
me traîner dans la chambre secrète et à me blottir sur le futon. Du coin de l’œil, je vis une
constellation de notifications clignoter sur l’écran de mon portable, mais je n’avais plus d’énergie.
Je commençai à tousser du sang sans parvenir à m’arrêter. D’après ce qu’avait dit le médecin, je
pensais qu’il me restait encore quelques jours, mais en chemin j’avais pu me rendre compte que
mon propre corps me semblait étranger, que je commençais déjà à partir. La toux ne cessait pas
et j’avais de plus en plus mal à la tête. Mes mains tremblaient et les lumières fantômes revinrent.
J’avais si mal que je me levai, tirant une force de quelque recoin insoupçonné, et commençai à
frapper ma tête contre le mur : j’avais besoin de briser cette boîte crânienne pour faire de la place
à ce qui était en train d’y croître, ou au moins perdre connaissance, avec un peu de chance. À un
moment, je crus voir mon reflet dans le petit miroir suspendu au mur, un jouet comme les autres
meubles miniatures. Avais-je réussi à l’ouvrir ? On aurait dit qu’une étrange protubérance sortait
de mon front juste au-dessus des yeux, qui respirait, palpitait.
Mon corps abandonna dans un cri horrible. Il s’écoulerait beaucoup de temps avant qu’on le
trouve, j’en étais certaine. Moi, par contre, je me sentais bien.
À mes côtés, le petit garçon apparut de nouveau.
« Et maintenant ? lui demandai-je.
— Maintenant, tu es connectée. »
-9-
 INTRODUCTION
B
CHAPITRE
B Qui était Howard Phillips
ienvenue dans Cultes Innommables, le jeu de rôle
d’intrigue et d’horreur contemporaine inspiré des
nouvelles de H.P. Lovecraft. Les règles expliquées
dans ce manuel vous permettront de vous plonger au
plus profond des histoires les plus terrifiantes que la
race humaine ait affrontées. Et vous le ferez du point
de vue des adorateurs d’une puissance inimaginable et
dangereuse, qu’eux-mêmes sont incapables d’évaluer.
Heureusement, cette puissance demeure cachée à la
majorité de l’humanité, ses vérités démentielles enfouies
et les portails vers d’autres mondes scellés et oubliés.
Mais, malheureusement, il y aura toujours quelqu’un qui
cherche à mettre au jour de terribles arcanes secrets pour
se les approprier, même au péril de sa vie, de sa santé
mentale et de la Terre telle que nous la connaissons.
Avant de pénétrer dans le monde des Cultes
Innommables, le mieux à faire est de commencer par
vous présenter le père de la mythologie sur laquelle ce
jeu se fonde, le « grand prêtre » H.P. Lovecraft.
10
I
Lovecraft ?
Au début du XXe siècle, un jeune auteur américain se mit
à écrire des histoires d’horreur sous la forte influence d’un
grand écrivain du genre, Edgar Allan Poe : H.P. Lovecraft.
En revanche, à la différence de Poe, Lovecraft a développé
un style esthétique et personnel qui a changé ses récits et
son univers en une référence pour d’autres auteurs. Même
aujourd’hui, un siècle plus tard, son style n’a pas perdu son
influence grâce à de nombreux films, jeux vidéo, jeux de
société, jeux de rôle, livres, etc.
Ses récits se sont concentrés en majorité sur un mélange
subtil d’horreur et de science-fiction, rassemblés sous
le terme d’« horreur cosmique ». Dans ses récits, il a
développé toute une mythologie intitulée « Mythe de
Cthulhu » reposant sur l’existence d’êtres extraterrestres
abominables et sur des vérités terribles dissimulées aux
yeux d’une humanité trop fragile. Cette appellation vient
de l’incroyable quantité de nouvelles qui composent sans
aucun doute une véritable mythologie et de l’importance en
son sein de l’une de ses créations les plus étranges : Cthulhu.
Son style archaïque et savant, pavé de références
bibliographiques et encyclopédiques qui lui ont apporté une
sensation de vraisemblance, a permis à ses mythes de devenir
une source d’inspiration pour d’autres auteurs de son époque,
le Cercle de Lovecraft. Ils ont alors continué à enrichir le Mythe
après la mort de Lovecraft jusqu’à aujourd’hui, une époque où
subsiste un courant qui prend sa source dans son héritage.
Les écrits de Lovecraft mettent en scène l’insignifiance de
l’Homme face à des forces inconnues qui existent dans
l’univers. Les progrès scientifiques atteints à l’époque
à laquelle vivait l’auteur ont sans nul doute favorisé
l’existence d’une telle terreur. Pour autant, aujourd’hui,
ses récits continuent d’inspirer le même sentiment
d’insignifiance : nombreux sont ceux qui, à la lecture de
ses écrits, se sentent submergés par l’horreur de n’être
qu’une petite goutte d’eau dans un océan infini.
Qu’est-ce qu’un jeu
de rôle ?
Si vous avez déjà fait du jeu de rôle, il est inutile que
nous vous expliquions ce que vous savez déjà, et vous
pouvez d’ores et déjà vous plonger dans l’univers des
Cultes Innommables, au chapitre suivant. Mais il est
possible que vous soyez en train de vivre votre première
expérience de jeu de rôle. Dans ce cas, bienvenue
dans un monde riche en émotions, dans lequel votre
imagination et celle de vos joueurs vont vous divertir
comme vous ne l’auriez jamais imaginé. La seule limite ?
Votre imagination et votre envie de vous amuser.
Mais n’allons pas plus vite que la musique. Qu’est-ce que
le jeu de rôle ? Le jeu de rôle se compose d’un groupe de
joueurs qui interprètent différents rôles dans le cadre
d’une histoire qu’ils racontent ensemble. Cette activité
s’apparente à du théâtre, mais en improvisant les rôles au fil
du jeu, ou à voir un film et se plonger dans la peau de l’un
des personnages en imaginant ce que vous feriez à sa place
dans chaque scène où il est impliqué. Vous aurez parfois le
temps de réfléchir aux actions à entreprendre, mais vous
devrez parfois agir à l’instinct. De même, vous ferez parfois
ce qui est correct, et parfois non, mais vous aurez toujours
une liberté de mouvement totale.
Au cours d’un jeu de rôle, il y a toujours un maître du
jeu (MJ) : c’est la personne chargée d’encadrer l’aventure,
à l’instar du réalisateur d’un film. Il interprète tous les
personnages secondaires et les créatures que l’on appelle
dans le cadre d’un jeu de rôle des personnages non-
joueurs (PNJ). Les autres joueurs interprètent chacun un
personnage joueur (PJ), à travers qui ils seront confrontés
aux épreuves qui jalonnent l’aventure.
Une partie de jeu de rôle se déroule habituellement assis
autour d’une table, et seuls quelques dés (à dix faces dans
ce jeu) sont nécessaires. Vous pourrez en trouver dans la
même boutique que celle où vous avez acheté ce manuel.
POURQUOI PAS SECTE ET SECTATEUR ?
La traduction des termes anglais cult et cultist est « secte »
et « sectateur ». Pourquoi alors avoir utilisé dans ce livre les
termes « culte » et « cultiste » ?
« Culte » est un faux ami de cult, et si tous deux ont la même
origine, leurs significations ne coïncident pas. En français,
le terme « culte » désigne les pratiques religieuses d’une
secte, mais pas le groupe de personnes qui la composent.
Pour autant, deux raisons nous ont poussés à utiliser le
mot « culte » au lieu de « secte » pour désigner ce groupe.
La première se fonde sur le titre de ce livre : « Cultes
Innommables » est la traduction usuelle de Nameless Cults
ou d’Unaussprechlichen Kulten, un ouvrage fictif central
de la mythologie lovecraftienne dont la traduction la plus
pertinente serait « sectes ineffables ». Ainsi, nous souhaitions
conserver le terme « cultes » associé habituellement à cet
ouvrage. La seconde raison vient de la connotation purement
religieuse du terme « secte ». Nous souhaitions nous éloigner
de cette vision réductrice des études des Mythes pour que
l’aspect religieux ne constitue que l’une de nombreuses
possibilités. Il nous semblait que se référer à ces groupes de
spécialistes comme d’une « secte » n’était pas adéquat, c’est
pourquoi nous avons préféré conserver le terme « cultes ».
Quant à « cultiste », c’est un terme qui n’existe pas en français
et qui est un anglicisme de cultist (« sectateur »). En revanche,
ce mot a été largement étendu dans le contexte du Mythe de
Cthulhu pour désigner les occultistes et spécialistes de ces
phénomènes. Il nous a semblé acceptable d’ajouter à cette
définition les participants aux cultes, et nous avons décidé de
conserver ce terme.
Ils sont utilisés pour déterminer certains effets au cours
de la partie et pour apporter une certaine incertitude
aux actions des joueurs dont la réussite n’est pas garantie.
Enfin, il vous faudra de quoi prendre quelques notes, des
jetons et le présent livre.
L’ouvrage que vous avez entre les mains vous permettra
d’apprendre tout ce qui est nécessaire pour être maître du jeu
et jouer avec vos amis à Cultes Innommables. Nous vous
expliquerons comment créer des personnages pour les joueurs,
ainsi que les règles du jeu que vous et vos joueurs devez connaître
avant de jouer. Au fil de la lecture, nous vous indiquerons si le
chapitre que vous êtes en train de lire peut être consulté par
les joueurs ou est réservé au maître du jeu, afin de préserver le
mystère et pouvoir les surprendre au cours des aventures.
Enfin, gardez à l’esprit que le plus important est de vous amuser
à jouer et interpréter les personnages du jeu, avec leurs défauts et
qualités, leurs convictions et leurs petites manies, dans le cadre
de l’univers imaginaire de ce livre. Mais une fois que vous avez
fini de jouer, revenez à la réalité et restez vous-même.
11
 Cultes Innommables
Vous avez entre les mains un jeu de rôle qui puise dans les
histoires de H. P. Lovecraft et se déroule à notre époque,
contrairement aux nouvelles de l’auteur, figées dans
les années 1920. L’atmosphère des histoires de Cultes
Innommables sont teintées d’horreur et d’enquête, mais
également d’action, de fantastique et de science-fiction.
Si vous ne connaissez aucune œuvre de Lovecraft,
nous vous recommandons de lire quelques-unes de ses
nouvelles pour mieux saisir l’univers de ce jeu, surtout si
vous souhaitez le maîtriser (animer les parties) et plonger
vos joueurs dans son atmosphère.
Les récits du Mythe de Cthulhu mettent généralement en
scène des personnages confrontés à des événements qui
vont leur faire perdre la raison après avoir accédé à une
connaissance suprahumaine. Diverses créatures aux formes
horrifiantes et de nature inconnue peuplent également ces
histoires, et finissent bien souvent par dévorer les pauvres
investigateurs de l’occulte, voire pire.
Au cours de ces aventures, les investigateurs se battent pour
empêcher ce qui, comme ils s’en rendent souvent compte,
est impossible à arrêter : des forces inconnues bien plus
puissantes et anciennes que l’humanité. Ils luttent pour que
l’humanité survive un jour de plus, tout en sachant que la
victoire n’est jamais définitive, mais un vain moyen de
ralentir l’inéluctable. Le plus souvent, ils meurent au cours
de la tentative, sans gloire et presque systématiquement dans
l’indifférence générale, car ils préfèrent généralement garder
les terribles secrets qu’ils ont découverts loin des autres pour
ne pas leur faire courir le même danger et la même folie.
Cependant, ces pauvres hères devenus héros anonymes ont
des antagonistes : certains humains sont prêts à employer
ces forces qu’ils ne comprennent que superficiellement et
sur lesquelles ils exercent un contrôle des plus précaires
pour leur propre bénéfice. Ils ne sont pas vraiment l’autre
côté d’une pièce, mais plutôt la même face d’une autre
pièce identique. Ce sont les cultistes.
Les cultistes collaborent consciemment ou non avec ces forces
occultes pour atteindre leurs propres objectifs : le pouvoir, la
connaissance, la richesse, l’immortalité, la curiosité ou la folie.
Généralement, la seule vie humaine qu’ils respectent est la leur,
car ils savent à quel point sa valeur est insignifiante dans l’ordre
cosmique. Lorsque l’on traite avec des entités ancrées dans
l’éternité, qui vivent en des lieux complètement hors de notre
temps et de notre espace, la vie humaine passe pour avoir autant
de valeur que celle d’un minuscule insecte. Qu’est-ce que la vie
humaine comparée à la possibilité de voyager dans les Contrées
du Rêve et de percer ses secrets ? Que valent la morale, l’honneur
ou l’amour face au pouvoir des Grands Anciens ou des Dieux
Extérieurs ? Que vaut notre santé mentale si elle n’est qu’un
obstacle qui nous empêche de comprendre le fonctionnement
de la technologie si avancée des Mi-Go ?
Ces individus se rassemblent généralement dans des groupes
connus sous le nom de « cultes ». Ces derniers suivent divers
objectifs et motivations, mais ont un comportement commun :
ils sont prêts à utiliser tout le pouvoir qu’ils peuvent réunir
pour atteindre leur but. Pour eux, la fin justifie les moyens. Et
les moyens sont le plus souvent atroces.
12
DE NOTRE CÔTÉ DU MIROIR
Les histoires des jeux qui puisent dans la mythologie
lovecraftienne mettent la plupart du temps en scène des
investigateurs, c’est-à-dire des personnes normales qui se
retrouvent exposées à l’horreur du Mythe et combattent
l’horreur cosmique et ses adorateurs humains. Ces suivants
sont des cultistes (ou sectateurs), des déments encapuchonnés
qui œuvrent à accélérer la fin du monde.
Mais la situation est-elle réellement si simple ou n’est-elle
que le point de vue des investigateurs ? Finalement, et si
c’était les investigateurs qui étaient les fanatiques qui tentent
de détruire ce qu’ils ne comprennent pas et ainsi empêcher
une réalité qui n’a été révélée qu’à quelques-uns ? Cultes
Innommables a pour ambition de se démarquer de la vision
manichéenne des cultistes et de faire des membres des cultes
les personnages principaux de l’histoire. Si effectivement
certains cultistes encapuchonnés tentent de précipiter la fin
du monde depuis le sous-sol d’une vieille église et qu’il faut
bien quelqu’un pour les arrêter, la majorité des cultes est
différente et poursuit des objectifs distincts.
Un culte est simplement un rassemblement d’humains qui
ont eu un contact avec la réalité du Mythe et qui, au lieu de
la rejeter, ont cherché un moyen de l’exploiter pour servir
leurs propres intérêts ou l’étudier pour trouver les réponses
aux questions fondamentales de l’univers. Ainsi, les dirigeants
d’une entreprise qui ont découvert une cité perdue pendant
qu’ils exploitaient le bois de la forêt amazonienne peuvent être
considérés comme un culte, tout comme une famille endogame
de l’Amérique profonde dont le puits situé à l’extérieur cache
une chose tombée de l’espace il y a une éternité et qui y dort
depuis. Peu importe si les motivations du groupe consistent
à obtenir des bénéfices matériels, se défendre de l’étrange ou
atteindre un but supérieur : qu’ils choisissent d’utiliser leur
connaissance du Mythe comme un outil ou qu’ils cherchent
à les accumuler comme une fin en soi, alors ils constituent
un culte. Et même si au départ le but du cultiste est autre,
accumuler du pouvoir et explorer le Mythe devient rapidement
un objectif obsessionnel et irrésistible. Cultes Innommables
aborde l’addiction au pouvoir qui détruit l’identité propre, qui
transforme en une chose qui n’est plus humaine. Le jeu met
en scène des forces que seuls quelques individus cherchent à
contrôler… pour finir par être contrôlés par elles.
LES MÉCHANTS DANS LES FILMS
Nous avons tous vu des films, lu des livres ou joué à
des centaines et centaines de jeux dans lesquels nous
interprétions le gentil, le noble et le saint. Cet être
imbattable réussit tout ce qu’il entreprend, se bat contre
les méchants, parvient toujours à surmonter toutes les
épreuves et à battre des ennemis qui manquent d’idées et
ne sont finalement que de pauvres spectateurs des exploits
des héros de l’histoire.
Mais avez-vous déjà envisagé ce qu’il adviendrait du
gentil héros si ses antagonistes étaient plus malins ?
Ou si les pauvres hères qui tombent sous ses coups ont
une famille ? Ou s’ils ont une bonne raison pour être
confrontés aux héros ? Bien sûr que oui, vous avez eu cette
réflexion, et ne pensez-vous pas que ces raisons puissent
être aussi cohérentes et valables pour eux que celles qui le
sont pour les héros ? Dans toute guerre, les deux camps
sont persuadés de se battre du bon côté.
Il faut admettre que, dans la vie réelle, personne ne pense avoir mal agi.
Nous avons tous nos convictions qui justifient nos actes que l’on considère
comme admissibles, mais les mêmes actes réalisés par d’autres personnes
peuvent être perçus comme injustifiables. Il est également vrai que, dans
la vie réelle, il n’y a pas de couleur blanche pour les gentils et de noir
pour les méchants, mais tout se situe plutôt dans des nuances de gris.
Les gentils ne sont pas si gentils, ou au mieux ils ne le sont pas en
permanence. Quant aux méchants, ils ne sont pas si méchants,
ou au moins ils ont des raisons valables de l’être.
Dans le monde de Cultes Innommables, nous interprétons des
personnages de cette couleur grise, qui ont des raisons personnelles pour
faire ce qu’ils font. Ils ne sont pas malveillants, ils ne sont simplement
pas altruistes et sont disposés à mettre au jour les secrets du Mythe à
leur avantage. En revanche, cela les amènera à être identifiés comme les
« méchants » de l’histoire à plus d’une occasion.
Il est temps d’oublier l’idée que tout ira bien, que le bien triomphera
toujours, quoi qu’il arrive. L’heure est venue de pénétrer dans cette
salle obscure qu’est la réalité et frotter une allumette qui fera la lumière
sur un peu de vérité. Ainsi, les personnages joueurs acquerront du
pouvoir et des connaissances interdites qui les aideront à dévoiler ce
qui se passe réellement dans le monde. Et ils y seront confrontés, car
ces connaissances et ce pouvoir ont aussi un prix qui les amènera à se
demander ce qu’ils sont prêts à céder et où ils traceront la frontière
entre ce qu’ils croient être le blanc et ce qu’ils croient être le noir.

ET LA BIBLIOGRAPHIE ?
Dans presque tous les jeux de rôle du Mythe de qualité, la fin du premier
chapitre dresse une liste des récits et nouvelles écrits par Lovecraft et d’autres
membres du cercle qui appartiennent au Mythe de Cthulhu. Pour notre part,
nous n’adopterons pas cette démarche, car il suffit d’un coup d’œil à Wikipédia
pour obtenir des informations plus à jour et complètes que ce que nous
pourrions proposer ici. En outre, si toutes ces histoires classiques des Mythes
partagent la même toile de fond avec Cultes Innommables, elles se déroulent
généralement à une autre époque et sont développées de ce point de vue, ce qui
fait qu’elles peuvent perdre de leur puissance d’inspiration pour jouer à ce jeu.
Elles n’en restent pas moins une fantastique source d’idées et une lecture
presque obligatoire pour celui qui souhaite s’initier à la cosmologie
de Lovecraft. Si vous cherchez un ouvrage qui condense tout cela à
lui tout seul en lui ajoutant une légère touche d’humour, nous vous
recommandons l’ouvrage What to do when you meet Cthulhu: a guide to
surviving the Cthulhu Mythos.
Nous n’allons pas non plus céder à la tentation de proposer une liste
de films qui mettent en scène parfois de manière lointaine le thème du
Mythe. Elle serait bien trop longue et irait des adaptations de Lovecraft
aux films dont les similitudes avec l’œuvre de l’auteur de Providence
n’existent que dans notre esprit. Des chefs-d’œuvre du cinéma aux sous-
produits de série B éprouvés par le temps, Internet vous fournira une fois
de plus une liste bien plus exhaustive et incontournable que ce que nous
pourrions vous proposer ici.

CULTES INNOMMABLES

Les écrits de H.P. Lovecraft mentionnent un ouvrage du Mythe

de Cthulhu intitulé Cultes Innommables. Également connu
sous le nom du Livre noir de par sa couverture entièrement noire,
il a été rédigé en 1839 par l’Allemand Friedrich Willheim von Junzt
sous le titre Unaussprechlichen Kulten. Il décrit de nombreux cultes
depuis le temps des premiers hommes à celui de la rédaction de
l’ouvrage. Après avoir eu de nombreux propriétaires, l’ouvrage a fini
par disparaître. Jusqu’à aujourd’hui.

13
Re: Nyarlathotep

Nous nous sentions désespérés. Ces années avaient été marquées par une grande incertitude.
Tout d’abord, il y avait eu l’effondrement du système économique. Après avoir passé tant de temps à
faire des paris à coups de jetons de poker, nous avions apparemment oublié qu’à la fin de la partie il
faut passer à la caisse. Certes, nous avons payé… mais avec encore plus de jetons.
Pour suivre les enchères, il nous fallut faire d’immenses sacrifices, et les inégalités, celles-là mêmes
qui avaient toujours existé, cessèrent d’être une question morale dont nous nous souvenions de temps
en temps pour devenir une douleur si vive qu’elle nous empêchait de penser à autre chose.
Mais la vraie douleur restait à venir.
En Tunisie, un jeune homme finit par s’immoler devant un bâtiment public, et le printemps arriva
enfin. Nous avons crié. Même ceux qui, comme moi, avaient perdu la voix, ceux qui avaient appris
à vivre en silence, ont crié. Mais, presque immédiatement, des paroles furent lancées au vent. Des
paroles rapides qui évoquaient des concepts si universels que chacun pouvait se les approprier. On
agita des drapeaux, on raviva de vieilles rancœurs locales dans une guerre qui aurait dû être mondiale.
Chacun de nous trouva l’ennemi qu’il espérait rencontrer un jour.
C’est ainsi qu’installés dans l’injustice, nous avons parcouru les rues en hurlant des messages qui
n’arrivèrent jamais à leurs destinataires. Et chacune de ces voix fortes était porteuse de terribles
présages. Et ainsi, toutes les conversations convergèrent pour devenir une fureur contenue qui allait
éclater en dévastation.
Oui, nous étions désespérés.
Peu de temps après, les chiffres du chômage commencèrent à atteindre des niveaux historiques et,
comme par hasard, le langage évolua de pair. Euphémismes et néologismes envahirent la langue,
que ce soit celle du journalisme ou de la rue. Ce n’était que le début, une actualisation indispensable
pour pouvoir s’emparer d’une technologie qui avait cessé d’être utile en son lieu de naissance :
le rêve américain. Nous avons adopté l’espoir comme stimulant pour que les esclaves fassent
volontairement claquer le fouet sur leurs semblables. C’est ainsi que surgirent de nouveaux héros,
de jeunes universitaires qui révolutionnaient le monde en se gavant d’illusions, des visionnaires qui
prostituaient leur plus grande passion.
Ce fut à ce moment que parmi les noms de ces héroïques entrepreneurs, l’un d’eux commença à
revenir souvent et à attirer l’attention, ne serait-ce que par la distorsion qu’il créait dans une longue
liste presque exclusivement composée de noms anglo-saxons : Safir Al-Aswad.
Je le vis pour la première fois à la télévision lors d’une table ronde avec plusieurs chefs d’entreprise
du Proche-Orient, qui parlaient de l’impact économique des soulèvements populaires en Turquie et
en Égypte. C’était un homme d’un âge moyen, mince, les traits taillés au couteau, la peau cuivrée, les
cheveux noirs et coiffés à la mode et les yeux également noirs, peut-être trop.
Ses interventions étant perturbantes. Lorsque l’animateur lui donnait la parole, il commençait par
rester silencieux quelques secondes à regarder fixement la caméra, à regarder le spectateur dans les
yeux, arquant à l’extrême les sourcils vers le haut et ouvrant les paupières de manière dramatique,
presque ridicule. Et puis il se lançait soudainement, et son discours envoyait d’abord des paroles
douces qui se transformaient peu à peu, de manière si progressive que la transition était invisible,
en monstres rugueux qui faisaient appel aux plus bas instincts. Ce n’étaient plus des mots, mais
des voix, des hurlements. Et il s’interrompait aussi subitement qu’il avait commencé, allant même
jusqu’à laisser un concept en suspens, perdu dans l’oubli. La caméra restait sur lui pendant plusieurs

- 14 -
secondes, jusqu’à ce que quelqu’un ose reprendre la parole, visiblement assommé, l’observant du
coin de l’œil comme s’il s’agissait d’un animal dangereux. Je croyais qu’il était fou.
Plus tard, je découvris qu’on avait chargé sur plusieurs plateformes de vidéos sur Internet d’autres
tables rondes auxquelles avait participé ce personnage, ainsi que des conférences, des cours magistraux
et même d’autres entretiens. Pour la plupart, c’était des vidéos de mauvaise qualité sur lesquelles on
pouvait à peine distinguer son regard pénétrant. Mais même dans ce format médiocre on sentait son
cœur palpiter à chaque silence qu’Al-Aswad imposait avant de parler. Il était impressionnant de voir
le terrible contraste entre les salles pleines à craquer de gens applaudissant à tout rompre lorsqu’il
entrait, et le silence sépulcral pendant son intervention, ces mêmes gens paralysés. À la fin de l’une
de ces vidéos, quelques minutes après qu’Al-Aswad quitte la scène, le spectateur qui tenait la caméra
avait continué de filmer : pas d’ovation finale, le public restait interdit dans un silence terrible, devant
la scène vide. Personne ne bougeait de son siège avant qu’enfin une femme, hors champ, mais très
proche, se mette à sangloter… alors l’enregistrement était coupé.
Je passai des semaines à visionner en boucle ses discours de manière compulsive. Toujours cette voix,
ces yeux. Beaucoup se demandaient comment il était possible qu’il n’y ait pas encore eu d’ouvrage
compilant les connaissances d’Al-Aswad, sûrs que les entrepreneurs allaient vite en faire la pierre
angulaire de leur Église. Mais son discours était impossible à structurer tant il était erratique. Seuls
certains concepts trouvaient un écho, et plus tard on se surprenait à les répéter spontanément dans une
conversation. Quel que soit le sujet, art, sociologie, psychologie ou théologie, son jargon économique
servait de métaphore, que ce soit pour évaluer le coût d’opportunité d’une amitié ou le retour sur
investissement d’une relation de couple.
C’était une référence au niveau mondial et pourtant il me fut impossible de trouver le moindre projet
dans lequel l’Égyptien aurait impliqué toute sa sagesse. Bien sûr, on connaissait des dizaines de projets
prétendument lancés par lui dans les pays les plus hétéroclites et qui amenaient le capitalisme en des
lieux qui avaient à peine l’eau courante, mais il ne restait jamais longtemps au même endroit. Il avait
également été conseiller auprès de dizaines d’entreprises, voire de gouvernements. L’entrepreneuriat
était pour lui une aventure incessante.
Lors de sa visite en Europe auprès des sociétés les plus avancées, Al-Aswad avait laissé dans son sillage
des hommes et des femmes qui, inspirés par sa personne, abandonnaient leur vie conventionnelle
pour devenir des entrepreneurs. Ils consacraient entièrement leur vie aux startups qu’ils avaient
fondées, comme s’il s’agissait d’un sacrifice à un dieu. Après cela, ils côtoyaient à peine ceux qui ne
faisaient pas partie de leur cabale et finissaient généralement par vivre ensemble, travaillant jusqu’à
l’épuisement et humiliant les membres qui n’étaient pas capables de suivre leur rythme, sans prendre
un instant pour réfléchir à l’avenir, se focalisant exclusivement sur le prochain palier à atteindre. Et la
nuit, ces disciples hurlaient dans leur sommeil, poursuivis par des terreurs qui finissaient par envahir
leurs heures de veille, car les nuits et les jours se mêlaient jusqu’à devenir indistincts.
Lorsqu’Al-Aswad vint dans ma ville, je pensais tout savoir de lui, connaître tous ses trucs mieux que
personne, et je ne pus résister à la tentation d’aller le voir faire son spectacle.
Mais cette nuit-là, le ciel était horriblement dégagé, le rideau de pollution étiré laissant apparaître une
infinité de corps célestes dans le vide. Je fus tout d’un coup saisi par l’idée que je pouvais moi-même
tomber de ce minuscule balcon qu’est en réalité notre planète. Je me réfugiai alors à l’intérieur du
Palais des Congrès, au beau milieu d’une foule qui discutait d’une voix excitée à la perspective de
voir le chef de piste du cirque en personne, enfin.
Pour la première fois, je me retrouvais entouré de ses suivants. Immédiatement, je sentis qu’aussi
profondément pensais-je connaître le maître, je n’en savais pas assez sur cette extrémité de sa
personne, sur ses disciples. Il eut été simple d’assister à l’une de leurs nombreuses réunions (et j’aurais
dû le faire !) : ils se retrouvaient sous n’importe quel prétexte, parfois pour trouver le composant qui
manquait à leur équipe, parfois pour tenter de rallier ce contact rêvé qui leur apporterait le financement
nécessaire pour empêcher leur chute probable dans l’abîme, parfois pour suivre les cours magistraux
dispensés par ceux qui avaient réussi à faire de l’entrepreneuriat une forme de vie, mais surtout
pour alimenter un sentiment d’appartenance, pour se rétroalimenter les uns les autres. Plus tard,
beaucoup trop tard, j’allais me rendre compte que c’était par leur biais que les paroles d’Al-Aswad
se propageaient dans le monde.
Mes pas se raccourcirent à mesure que je progressais dans le hall : je cherchais un lieu discret

- 15 -
depuis lequel je pourrais observer. Formant des cercles strictement codifiés, les disciples tracèrent
spontanément un diagramme de castes qu’il m’aurait été impossible à faire moi-même. J’identifiai
les cercles les plus exclusifs, ceux qui avaient rejeté sans égard la majorité des nouveaux arrivants
et, en faisant semblant de consulter mon mobile, je gravitai lentement autour de l’un de ces cercles
pendant plusieurs secondes. Je les entendis répéter le jargon technique approprié qui leur permettait
de s’identifier mutuellement, les mots tirés de trois ou quatre livres indispensables rédigés par les
évangélistes d’Al-Aswad. L’influence de l’Égyptien était palpable partout, alimentant la frustration
ambiante, avivant le besoin de reprendre le contrôle : il n’y avait qu’en un lieu pareil que, drapés
dans leur fonction hypertrophiée, répétant un discours mille fois ressassé pour convaincre autrui, mais
avant tout eux-mêmes, les chefs de ces entreprises minuscules se sentaient libres. Et pendant ce temps,
depuis les ombres, le capital guettait, car bien que beaucoup des suivants de l’Égyptien se fussent
targués de vouloir changer le monde, ils étaient prêts à abandonner la moindre de leurs idées à la plus
petite possibilité qu’elle puisse faire obstacle à de nouveaux bénéfices. Effectivement, ils changeaient
bien le monde, un mot après l’autre : pour réussir, plus besoin d’atteindre un objectif dans l’aventure
entrepreneuriale ; la réussite, c’était quand le capital t’enveloppait de son manteau, quand il t’acquérait.
Je devais avoir trop longtemps fixé l’un des membres de l’un de ces cercles exclusifs, car ses collègues
se retournèrent à l’unisson. Troublé par ce que je venais de voir, je m’éloignais en direction des portes
qui s’ouvraient sur l’amphithéâtre.
En chemin, je pus toujours entendre des admirations intruses, des observations formulées par des
touristes fascinés. « Ils sont si jeunes ! » disait l’un d’eux. Les curieux qui s’étaient approchés,
aveugles à toute la machinerie déployée, devaient sûrement penser que ces gens faisaient l’étalage
d’une capacité ou d’une initiative inhabituelle qui faisait passer la majorité des citoyens pour guère
mieux que des fainéants. Pour ma part, j’avais entendu un nombre incalculable de fois Al-Aswad
faire ses sorties contre ceux qui travaillaient pour d’autres personnes, applaudi par une foule qui dans
sa majorité était constituée de ces mêmes travailleurs : l’Égyptien avait réussi à convaincre tout le
monde de l’effort héroïque qu’impliquait d’être un entrepreneur… un effort d’une dignité supérieure.
Il les avait tous trompés. Ceux qui venaient voir le spectacle et ceux qui y participaient. Et même ainsi
on aurait dit que certains de ses disciples me surveillaient, qu’ils échangeaient des regards avec moi,
pleins de défi, en me faisant bien comprendre que je n’étais pas le bienvenu, qu’il valait mieux que je
m’en aille. Peut-être était-ce une instruction implicite de leur maître qui les invitait à me poursuivre ?
Je me sentis subitement tomber, choir à l’intérieur de moi-même. Je fus alors frappé par la vive
impression que ce qui m’entourait n’était rien de plus qu’un souvenir, que je n’étais qu’un spectateur.
Je tendis la main vers quelqu’un qui passait par là, une personne qui ne réapparut jamais dans mon
existence, et j’eus l’impression de tenter de saisir la queue d’une comète qui striait le ciel, une sorte
d’illusion d’optique dans laquelle j’avais l’impression que le bout de mes doigts touchait presque
le bras de l’inconnu tout en sachant pertinemment que la distance était insurmontable. La pulsation
impertinente que j’avais sentie dans mes tempes en passant les portes commença à s’imposer. J’étais
entré dans le Palais des Congrès, oui, je me souvenais avoir vu les portes de l’extérieur, le ciel, il
m’était impossible d’oublier ce trou menaçant, comme si un géant avait arraché le toit et que se
montrait maintenant le mécanisme des planètes et des étoiles. Mais… comment étais-je arrivé, moi,
jusqu’aux portes ? Comment étais-je arrivé là ? J’imaginais un moment que je n’avais pas bougé de
chez moi, que j’étais toujours assis dans le noir à la table du salon en face de mon ordinateur portable,
comme tant d’autres nuits, à passer en revue les vidéos sur lesquelles apparaissait l’Égyptien. La
lumière disparaissait par intermittences et l’air commença à se raréfier. C’était un film, ça ne pouvait
que l’être, j’avais franchi le pas et j’étais dans une vidéo : il suffisait que je fasse quelques pas en
arrière. Mes jambes me lâchèrent.
Je crois que j’ai à peine perdu la verticalité. Un homme me soutenait par les épaules et une femme
desserrait ma cravate, déboutonnant même le col de ma chemise : elle paraissait candidement
inquiète. Je sentis une vague de regards qui étudiaient furtivement la situation sans bouger de
leurs cercles respectifs. « Vous allez bien ? » demanda la femme. J’acquiesçai et les remerciai,
elle et l’homme qui m’avait retenu. La pièce semblait à nouveau complètement illuminée et,
bien que mon pouls fût encore hésitant, j’eus la sensation d’avoir assez de forces pour me rendre
à ma place. « Vous êtes sûr que vous ne voulez pas que l’on appelle quelqu’un ? » insista-t-elle.
De nouveau, je la remerciai et m’éloignai.

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J’avais étudié l’Égyptien pendant des mois, passé des heures devant des vidéos de mauvaise qualité,
image après image à la recherche de signes, ou plongé dans des notes manuscrites qui croissaient sans
fin, dans toutes les directions. Clairement, j’arrivais à la limite de mes forces.
L’amphithéâtre était colossal et déjà presque plein. J’avais obtenu une place très près de la scène
et je dus traverser une agglomération de personnes qui ne se décidaient pas à occuper leur place,
qui exploitaient les derniers moments avant le spectacle à tenter d’obtenir une promesse de
réunion ultérieure ou au moins une carte de visite. Le courant m’emmenait, occasionnellement
bloqué par des obstacles parlants, coulant dans le couloir central.
Enfin assis, jetant un regard aux alentours, je pus commencer à retrouver une certaine tranquillité.
L’événement n’était pas très différent d’autres conférences auxquelles j’avais pu assister et
l’atmosphère de l’assistance était définitivement joyeuse, un public constitué de gens de tous
horizons. Pouvait-on vraiment les blâmer ? Al-Aswad était un menteur habile qui se nourrissait
de besoins. Dans la multitude réunie ici, il était impossible de distinguer un entrepreneur d’un
simple curieux, de distinguer les fidèles des infiltrés tels que moi. Je me sentis en sécurité.
Lorsque retentit le signal invitant tout le monde à gagner sa place et à éteindre son téléphone
mobile, je respirai profondément et me dis qu’il n’y avait aucune raison de le craindre, que je
connaissais trop bien les types de son espèce pour tomber dans l’un de ses pièges. Je me permis
même d’esquisser un sourire.
Les lumières s’éteignirent. La scène était complètement vide, sans même un pupitre ou un écran sur
lequel projeter des diapositives. La foule fit éclater un tonnerre d’applaudissements fascinant lorsqu’Al-
Aswad fit son apparition, émergeant d’entre des rideaux au fond de la scène. Les applaudissements
et les ovations durèrent plusieurs minutes. L’Égyptien restait immobile, sans montrer la moindre
émotion. Progressivement, l’enthousiasme du public se refroidit et les applaudissements cessèrent,
mais de temps en temps quelqu’un criait une consigne, un code complice qui unissait tout le monde
sous la même bannière, et quelques nouveaux applaudissements se faisaient entendre, dispersés,
confus. Al-Aswad resta silencieux. Mais le véritable silence, le silence absolu, ne vint pas avant
qu’une demi-heure ne se soit écoulée.
Même les bruits les plus banals, comme une toux, un commentaire furtif, le ronronnement d’un
système électronique s’atténuèrent jusqu’à se dissoudre entièrement : on aurait cru devenir
sourd. Immobile, paralysé, je ne pouvais que regarder en direction d’Al-Aswad. En revanche,
j’avais senti la température de la pièce descendre, les corps autour de moi s’éteindre les uns
après les autres. Le monde avait disparu et il ne restait que lui et moi.
C’est alors que je commençai à entendre les paroles, celles-là mêmes que j’avais en de
nombreuses occasions entendues dans des podcasts et des vidéos, mais cette fois elles me
semblèrent atténuées, comme si elles venaient d’un autre plan de l’existence. Al-Aswad me
regardait fixement : ses lèvres restaient scellées.
Je compris alors que ces paroles pour moi complètement inconnaissables, mais qui m’avaient
pourtant obsédé, les mots que j’avais entendus en de nombreuses occasions dans la bouche des
disciples de l’Égyptien, qui étaient répétés grâce à eux aux quatre coins du globe dans des dizaines
de langues, étaient entièrement vides de sens. Ces paroles s’apparentaient en réalité à l’effet audible
d’un processus qui se produit sous la surface. Une porte s’ouvrait quelque part et, au lieu d’entendre
le grincement de ses gonds, ce que l’on entendait était cette litanie, toujours plus forte. La porte était
maintenant presque ouverte.
Nous flottions dans le vide et mon corps raide de froid se rendait enfin. Al-Aswad était aussi
un signe, un effet d’optique, à peine l’ombre d’un ancien trop vaste. Les étoiles et les planètes
étaient avec nous.
Du monde, il ne restait qu’un écho, et les rideaux derrière son dos s’ouvrirent.
Et enfin, je pus voir.

- 17 -
 PERSONNAGES
L
CHAPITRE
L
es personnages sont les acteurs des histoires de Cultes
Innommables, les alter ego des joueurs dans le monde
du jeu, qui devront faire face aux situations pleines de
mystères et de dangers que le maître du jeu leur imposera.
Si vous avez déjà joué à un jeu de rôle, vous avez sûrement
déjà créé de nombreux personnages et vous aurez sûrement
envie de passer directement à la partie technique qui décrit la
mécanique du processus de création au lieu de lire les chapitres
qui la précèdent, consacrés aux idées et conseils concernant
le concept des personnages. Encore mieux, si vous avez déjà
joué à un jeu de rôle reposant sur le Mythe de Cthulhu, vous
aurez déjà des idées préconçues sur le type de protagoniste que
vous souhaiterez utiliser pour créer vos personnages de Cultes
Innommables. En revanche, même si vous êtes un joueur ou
une joueuse expérimenté(e) et que vous avez lu des milliers
d’histoires du Mythe, nous vous recommandons tout de même
de lire ce qui suit, car ce jeu a un parti pris un peu insolite.
Les histoires du Mythe mettent toujours en scène des
personnes qui ont découvert ou sont en train de découvrir
18
II
une vérité ineffable et se retrouvent confrontées à des
êtres qui dépassent la compréhension humaine. Dans
d’autres jeux du Mythe, il existe toujours une frontière
qui sépare ces individus en deux groupes. D’un côté, les
investigateurs affrontent le Mythe. Pour eux, ce dernier
représente l’incarnation du mal, et ils prennent soin de ne
pas franchir la ligne, mais n’hésitent pas à marcher dessus
systématiquement. De l’autre, les cultistes ont complètement
perdu la raison et ne vivent que pour servir leurs maîtres
extraterrestres pour détruire tout ce qui est bon ou sacré,
voire simplement humain. Dans Cultes Innommables, cette
frontière n’existe pas. Loin d’un univers manichéen en noir
et blanc qui présente d’autres perspectives, ce livre brosse
un tableau en nuances de gris dans lesquelles l’exposition au
Mythe est une lente chute dans la dépendance à la corruption
du corps et de l’esprit, mais aussi une recherche personnelle
de pouvoir, de révélation ou de vengeance. Au final, peu
importe le point de départ, seule compte la manière dont les
personnages font face aux événements.
Dans ce jeu, les cultistes ne sont pas des individus l’aliénation du cultiste progresse, son humanité commence
encapuchonnés qui entonnent des litanies pour attirer un à s’éloigner pour finir par ne devenir qu’un obstacle sur son
obscur dieu extérieur qui provoquera la destruction du chemin. Et c’est à ce moment que les liens seront rompus.
monde et dévorera ses adorateurs… Ou tout du moins, ils
En ce sens, l’influence du Mythe peut être perçue comme
ne constituent pas la majorité. Non, les cultistes sont des
une drogue particulièrement puissante permettant de vivre
personnes qui ont découvert un nouvel outil puissant, secret
toutes les expériences dont vous avez rêvé et bien plus encore.
et instable : la connaissance du surnaturel. Et ils sont prêts à
Et comme n’importe quelle drogue, elle finira par posséder la
l’utiliser pour arriver à leurs fins, qu’elles soient louables et
volonté du consommateur et détruira sa vie antérieure et son
acceptables (ou tout le contraire), à l’instar de n’importe quel
humanité. Elle le poussera à faire des choses qu’il ne s’était
autre but : la réussite personnelle ou professionnelle, le pouvoir,
jamais cru capable de faire, et plus il se sentira puissant, plus
la richesse, l’acceptation sociale, la justice, la connaissance ou
il sera en réalité prisonnier des pouvoirs qu’il pense dominer.
la promesse de la vie éternelle qu’offrent toutes les religions.
Les cultistes ne sont pas nécessairement mauvais au sens moral
du terme. C’est le moyen choisi pour atteindre leur objectif,
ce chemin rapide et tentant, qui va les exposer à des dangers CRÉATION
inimaginables et les obligera à faire des choses horribles, car
les connaissances du Mythe sont à la fois addictives et capables
DE PERSONNAGES
de transformer ou détruire le détenteur de ces connaissances.
Ce chapitre décrit les étapes de la création d’un personnage :
Ainsi, la vie du cultiste sera une lutte constante entre sa
volonté de se contenter de ce qu’il a déjà obtenu et sa soif de
connaissances interdites qui implique de continuer à marcher 1. CONCEPT
sur la pente descendante vers la perte de sa propre humanité. Choisissez un concept qui caractérisera votre personnage : un
D’un autre côté, le terme « culte » s’utilise dans ce contexte mot ou une phrase qui résume ce qu’est le personnage dans son
au sens large, pour se référer à des groupes de personnes essence. Ce concept peut être une profession, sa vocation, ce
organisées autour de la connaissance du Mythe et qui l’utilisent qu’il aurait pu être et n’a jamais été ou ce qu’il représente pour
pour arriver à des objectifs communs. Vous trouverez plus les autres. Quel qu’il soit, le concept est un élément central du
d’informations sur les cultes, notamment une typologie et protagoniste, il correspond à la manière dont vous décririez
les règles pour les créer au chapitre « Cultes » (page 160). votre personnage si vous ne disposiez que de deux ou trois
En outre, nous recommandons que tous les joueurs lisent mots, ou comment vous en parleriez s’il était quelqu’un que
ce chapitre pour créer ensemble le culte auquel les joueurs vous connaissez, mais qui n’a pas de nom.
appartiennent sous la supervision du maître du jeu. Du point Le concept du personnage est un aspect que vous pouvez
de vue pratique, la création du culte devrait probablement utiliser lorsque le personnage agit dans un cadre adéquat
précéder la création de personnages pour s’assurer que ces ou lorsqu’il suit des motivations et poursuit des objectifs
derniers y soient adaptés, mais nous avons préféré conserver caractéristiques du concept. Les aspects et leur utilisation sont
dans ce manuel l’ordre habituel des jeux de rôle et présenter décrits au chapitre « Règles du jeu » (page 42).
en premier la création de personnages. Habituellement, avoir
une idée générale du type de culte suffit ; vous pouvez
laisser les détails concrets pour la fin. Pour l’instant,
Scientifique peu orthodoxe
gardez à l’esprit qu’un culte n’est pas nécessairement Exemples de concepts
un groupe religieux. Il peut tout à fait être une
Libraire sinistre Vengeur prêt à tout
organisation scientifique, entrepreneuriale, familiale
ou de n’importe quel autre type. En revanche, cette Agricultrice endogame Descendant d’une sorcière de Salem
organisation aura été créée ou transformée suite à
ant
ett e fé ru d’occu s
i
lt me Joueur invétéré criblé de dettes
son contact avec le Mythe. Elle voit la connaissance
Dil
du Mythe comme un instrument pour accomplir ses Grand prêtre de Dagon Tueur en série
objectifs, voire comme une fin en soi.
Avocat sans scrupule Justicier
La vie d’un cultiste n’est pas systématiquement
Tueuse à gages cynique Écoterroriste
Ingénue obsédée par les antiquités
soumise au Mythe, surtout au début. La plupart d’entre
eux commencent leur nouvelle vie en jonglant entre la Père de famille modèle aux secrets
recherche de pouvoir et de connaissances surnaturelles inavouables Policier qui n’a plus rien à perdre
Vétéran de la guerre d’Afghanistan
et une existence personnelle et professionnelle
normale. Le cultiste a un travail, une famille et des Alcoolique en réinsertion
amis normalement inconscients de ses penchants, et Chercheur en quête de vérité Junkie malchanceux
il cherchera à associer ses deux vies comme il le peut.
Il ne sera pas le premier père de famille exemplaire, Leader visionnaire « La Chasseresse »
travailleur infatigable et époux dévoué à se réunir
Agent de police zélé Historien trop curieux
certains soirs avec ses étranges compagnons et à cacher
un artefact mystérieux dans le sous-sol de sa maison. Prophète illuminé Génie du crime
Malheureusement, l’influence du Mythe sur la vie
personnelle ne tarde pas à se faire sentir et la majorité
des cultistes succombe rapidement au besoin de se jeter à
corps perdu dans la recherche du pouvoir. À mesure que
19
 2. CARACTÉRISTIQUES : prix Nobel de physique.
9 Le personnage passera à la postérité. Il a les Réflexes de
RÉPARTIR VINGT POINTS Bruce Lee, l’Intellect d’Einstein ou la Volonté de Gandhi.
Les caractéristiques représentent les capacités élémentaires 10 Le personnage est l’un des meilleurs de l’histoire dans
d’un personnage et permettent de le décrire. Elles sont son domaine, et pas seulement parmi ses contemporains.
au nombre de quatre : deux physiques et deux mentales. Il touche au légendaire.
Chaque caractéristique englobe en réalité bon nombre de
qualités différentes, mais pour des raisons de simplicité nous
considérons chacune comme un tout uniforme au moyen Pour chacune de ces caractéristiques, choisissez un trait
d’une unique valeur : descriptif, c’est-à-dire une phrase ou un mot qui illustre
comment est perçu votre personnage en fonction de la
Force : Représente la force, la résistance et la vigueur. Les valeur de la caractéristique. Il sert à décrire le personnage
personnages dotés d’une Force élevée sont généralement et à illustrer ses caractéristiques sans utiliser les valeurs
plus grands et forts que la moyenne, plus dangereux dans numériques, pour lui octroyer un souffle de vie qui va
un combat à mains nues et plus difficiles à renverser. au-delà des statistiques de jeu. En outre, chaque trait sert
Réflexes : Représente la rapidité de réaction, la d’aspect. Les traits sont particulièrement utiles au maître
coordination, mais également l’habileté manuelle. Les du jeu pour décrire les PNJ et permettre aux joueurs de se
personnages dotés de Réflexes élevés réagissent avant les faire une idée sur les personnes qu’ils rencontrent.
autres et bénéficient de mouvements plus précis et d’un Comme vous pouvez le constater, toutes les descriptions ne
meilleur équilibre. sont pas « positives ». Certaines font clairement allusion à
Volonté : Représente la présence et la prestance du des valeurs basses. De telles descriptions peuvent paraître
personnage, son assurance et sa confiance en lui, mais contre-productives, et d’une certaine manière elles le sont,
également sa détermination et son aplomb. Les personnages car elles permettront à d’autres joueurs ou au maître du jeu
dotés d’une Volonté élevée sont charismatiques e t
capables de résister à de fortes pressions
psychologiques et physiques.
Intellect : Représente l’intelligence du personnage, sa
faculté de raisonnement, mais également sa créativité,
sa mémoire et sa perception. Les personnages dotés
d’un Intellect élevé apprennent plus facilement et Exemples de traits
acquièrent des connaissances plus rapidement.
Traits de Force Traits de Volonté
Répartissez 20 points entre ces quatre caractéristiques Muscles de gymnaste
pour un minimum de 1 et un maximum de 10. Bègue
Une personne normale dispose en moyenne de
Complexion solide Entêté
3 points dans chacune de ces caractéristiques, mais Maigrichon Lunatique
les personnages joueurs sont des cultistes qui ont Large d’épaules Charismatique
consacré leur vie à percer les secrets de la Vérité, aussi Mince Déterminé
terrifiante et épouvantable soit-elle, et à servir des Grassouillet Regard froid
puissances qui dépassent l’entendement humain. En Clairement sédentaire Croyant et dévot
définitive, ces personnes tendent à être au-dessus de Infatigable
la moyenne… parfois. Obstiné
Trapu Chef né
Description des valeurs des Délicat Invisible
caractéristiques Faible Superstitieux
1 Bien en dessous de la moyenne. Le personnage Chétif Équilibré
est dans le bas du panier.
2 Dans la moyenne, mais plutôt inférieure. Le Traits de Réflexes Traits d’Intellect
personnage n’a rien de remarquable. Doigts de fée Regard insouciant
3 Valeur habituelle pour un adulte dans des Félin
circonstances normales. Calculatrice humaine
4 Dans la moyenne, mais plutôt supérieure. Le
Souple Impulsif
personnage n’a rien de très notable. Bien coordonné Sans imagination
5 Plutôt au-dessus de la moyenne. Le personnage Maladie de Parkinson Mémoire prodigieuse
est toujours dans une situation normale, mais Mouvements maladroits Ouïe fine
vaut la peine d’être remarqué. Impossible à prendre Distrait
6 Largement au-dessus de la moyenne. Le par surprise
personnage dégage beaucoup de choses, et Illusionniste professionnel Repère tous les détails
il est plus que probable qu’il ait une certaine N’a jamais trébuché Concentration
réputation.
imperturbable
Réfléchit à chaque Rêveur
7 Au-dessus du lot. L’expertise reconnue du mouvement
personnage ne fait aucun doute. Bon tireur Intolérant
8 Élite mondiale. Dans le cas de la Force, le Pieds légers Je-sais-tout
personnage peut être un culturiste primé, et
dans le cas de l’Intellect, il peut avoir reçu un
20
 de les activer en tant qu’aspect négatif. En revanche, de telles
activations signifient que le personnage pourra gagner des
points de drame qui pourront être utilisés ultérieurement
pour se sortir brillamment d’un futur mauvais pas. En
résumé, les faiblesses d’un personnage constitueront une
source de désavantages, mais permettront également au
personnage d’obtenir des résultats extraordinaires plus
fréquemment. Pour en savoir plus sur ce point, consultez la
page 42, où sont détaillés les aspects.
3. CHOISIR QUATRE FAITS MARQUANTS
Les faits marquants nous indiquent des éléments de la vie
d’un personnage et nous aident à comprendre comment
il en est arrivé à devenir ce qu’il est. Chaque fait marquant
est une phrase descriptive sur le personnage qui représente
un moment clef de son histoire. Il ne s’agit pas de qualités
ou de défauts, mais plutôt d’événements qui ont marqué le
personnage et ont défini ce qu’il est aujourd’hui, et qui peuvent
donc être autant positifs que négatifs. Les faits marquants sont
un type d’aspect.
FAITS MARQUANTS CACHÉS
Si le maître du jeu le permet, un personnage peut
commencer le jeu avec jusqu’à deux faits marquants
« cachés ». Pour faire simple, deux moments clefs
de la vie du personnage ne sont pas encore connus
et seront découverts au fil des aventures. Pendant
la création de personnage, choisissez deux faits
marquants au lieu de quatre. Les deux autres sont des
faits marquants cachés. À n’importe quel moment du
jeu où vous souhaitez activer un aspect (voir page 42)
et que vous n’en disposez pas qui corresponde à la
situation, vous pouvez « dévoiler » l’un des aspects
cachés du personnage ; choisissez à ce moment un fait
marquant correspondant à la situation et présentez-le
dans le cadre de l’histoire comme s’il s’était produit à
ce moment une révélation sur le passé du personnage.

ants
Exemples de faits marqu
pro mo tion à l’I nstt
i ut Jus qu’ à 15 ans, avait un ami imaginaire qui
sitaires et A été la meilleure de sa
A dû arrêter ses études univer du Ma ssa chu set ts. vivait dans des coins sombres.
rt de Technol ogi que
commencer à travailler à la mo gue lign ée de po liciers . S’e st ret rouvé cliniquement mort pendant
son père. Fait partie d’une lon une minute suite à un accident.
cauchemars Enfant, sa grand-mère lui rac ont ai t
Depuis tout petit, a fait despro d’u n sur des êtr es ven us So n pre mier assassinat ne lui a procuré
ges
particulièrement réalistes à pos des histoires étran aucune émotion.
homme sans yeux. d’autres mondes. ur
lan t des à ven dre le mo ind re de ses A ét é radié de l’ordre des médecinsue. po
A fait une tentative de suicide en ava N’a jamasi réussi comportement professionnel non éthiq
pe tt
i e amie l’a qui té.
t tab lea ux.
cachets quand sa S’e
ntion qui
st fait voler le brevet de son invelars
ure
t au cours A gagné deux fois au lot o. .
A survécu à un accident de voisont morts. a ensuite généré des millions de dol
duquel son mari et ses enfants A perdu sa masi on et presqudee tl’ou outes ses des êtres
gue rre du Gol f e. lors du pa ssa ge rag an Se souvient qu’il a été enlevé pauitr quelque
A combattu pendant la seconde possessions extraterrestres qui lui ont introd
Ka trina . chose dans la tête.
A fait trois fois le tour du monde. Intern et.
rtenu à Est devenu riche grâce à son psychiatre dans un accès de rag
e.
A hérité d’un manoir si olé ayant appa aillant
A t ué
un oncle éloigné. A rencontré son partenaire en trav A déc ouv ert une étrange roche taillée au cours
tranges pour Médecins du Monde. d’une expédition en Amazonie.
Sa mère est décédée dans d’é i que ce
circonstances. Est incapable de se souvenir de quo Son premier meilleur ami était un cha
t.
e qu’il soit ava nt ses dix ans .
A été condamné pour un meurtr pe rte de son bé bé suite A fai t des études de droit parce que ses
n’avait pas commis. Est obsédée par la parents l’ont forcée.
à une fau sse -co uch e. é
A participé à Secret Story. ét é ué
t lors d’u ne fus illa de Un ba in de minuit nu dans la mer l’a marqu
on Noir. Son petit ami a famé. et depuis, c’est une obsession.
S’est retrouvé en présence du Phara da ns un qua rtier ma l
S’est vu diagnostiquer un cancer
il y a du N’a jamasi perdu un procès.
So n grand-père lui lisait des passages son pour
quelques mosi . Ne cron omicon. A purgé une peine de dix ans dei. pri
ofessionnel noncer un am
Sa carrière de sportif prsui Est rest é da ns le com a pe nda nt deux ans, masi avoir refusé de dé
s’est arrêtée précocement te
à une
A passé les deux dernières annéoes à zapper
il croit les avoir passé dans un lieu étrange.
blessure au genou. noc ide rwa nda i
s . sur la télé dix-huit heures par j ur.
A survécu au gé
Est un enfant adopté. re lui a pre scr t
i des mé di c am ents Est l’aîné de cinq frères.
suicidé Son psy chi at
Son père a tué sa mère, puis s’est pour arrêter d’avoir « ces hallucinations
». 21
devant lui.
 Les faits marquants définissent les facettes de la personnalité
du personnage tout en indiquant ce qu’il sait ou est capable de
faire. En outre, ils sont systématiquement biographiques. Par
exemple, la formule correcte pour « Rebelle » est « Démis de
ses fonctions pour désobéissance ».

4. RÉPARTIR QUARANTE POINTS DE

COMPÉTENCE
Les compétences illustrent ce que votre personnage est capable
de faire et les connaissances qu’il a acquises. En quelque sorte,
elles représentent ce que votre personnage a appris tout au
long de sa vie. Vous pouvez répartir les points entre autant de
compétences que vous le souhaitez, mais nous vous conseillons
d’en choisir entre sept et douze. Sept compétences constituent
le minimum qu’un personnage est capable de faire, tandis que
douze (quatorze au plus) représentent un groupe important
de capacités. Le nombre maximum de points que vous
pouvez attribuer à une compétence est de 10 et le minimum
de 1, à moins que le maître du jeu vous autorise à avoir une
compétence à 0 si le contexte le justifie.

Valeurs des compétences

1 Le personnage a acquis des rudiments. Il ne serait
pas ridicule lors d’une convention professionnelle
sur ce thème.
2 Le personnage a des notions et il les met en application
de temps en temps.
3 Le personnage se débrouille plutôt bien et pourrait
envisager d’en faire son métier.
4 Valeur moyenne pour un professionnel.
5 Le personnage est un professionnel un peu meilleur
que les autres. Il n’aura sûrement pas de problèmes pour
trouver un emploi.
6 Le personnage est un professionnel très qualifié. Les
entreprises se battent pour le recruter.
7 Le personnage est l’un des meilleurs de son domaine.
Tous ceux qui évoluent dans ce milieu ont entendu
parler de lui.
8 Le personnage est l’un des meilleurs du pays. Si la
compétence est une activité sportive, il est sûrement
reconnu au niveau international.
9 Le personnage est sûrement le meilleur du pays et l’un
des meilleurs du monde.
10 Non seulement le personnage est le meilleur du monde,
mais c’est aussi l’un des meilleurs de l’histoire. Nikola Tesla
aurait sûrement eu un 10 en « Génie de la physique » et
Mozart en « Jouer du piano ».
Le système Hitos propose une liste de huit compétences
élémentaires que chaque personnage devrait avoir, chacune
indiquée par une icône particulière. En revanche, le nom
donné à ces compétences est choisi par chaque joueur (avec
l’accord du maître du jeu), car il constituera un aspect du
personnage. Ainsi, la compétence élémentaire de d’un
personnage pourra être « Combat », « Coup bas », « Tireur »
ou « Tuer à mains nues ». Cela ne veut pas dire pour autant
que cette compétence, quel que soit son nom, ne peut être
utilisée que dans le cadre de cette description. Toutes sont
des compétences de combat et pourront être utilisées dès
que le personnage se bat (que ce soit avec ou sans arme).
22
En revanche, s’il combat exactement comme l’indique le
nom de la compétence, il pourra l’activer en tant qu’aspect et
éventuellement faire la différence (voir page 42).
Un personnage disposant de la compétence « Tireur » utilisera
sa valeur lorsqu’il est armé d’une arme à feu, mais également
s’il tient un couteau ou se bat à mains nues. Effectivement, il
est fort probable que quelqu’un qui sait se servir d’une arme
à feu sache faire également ces autres actions. En revanche,
comme nous l’avons déjà dit, le nom de cette compétence est
un aspect qui pourra uniquement s’activer dans les conditions
appropriées : armé d’un couteau, le personnage ne pourra pas
utiliser l’aspect « Tireur », mais s’il utilise un Desert Eagle dans
une main ce sera une tout autre chose. Ainsi, les chances de
succès ou de résultats extraordinaires du personnage seront
meilleures tant qu’il utilise un pistolet. Dans l’idéal, nous
vous conseillons d’essayer de développer les compétences
en fonction de la personnalité de votre personnage, mais
sans perdre le contexte : savoir quand utiliser la compétence
doit être évident. Le maître du jeu doit éviter qu’une même
compétence puisse être utilisée comme un aspect dans
plusieurs situations trop différentes, surtout si le joueur du
personnage en question a justement cherché à choisir peu
de compétences très génériques avec des valeurs élevées. En
outre, gardez à l’esprit que les compétences ne sont ni des
faits marquants ni des traits et qu’elles doivent refléter les
connaissances ou capacités acquises par le personnage.
Généralement, essayez de ne pas autoriser de compétence
dont le nom englobe la fonction d’au moins deux compétences
élémentaires. De même, une compétence dont le nom
représente quelque chose que le personnage ne peut pas avoir
appris ou acquis par le biais d’un entraînement n’est sûrement
pas une bonne idée pour une compétence.
Exemple : « Formé par la CIA » n’est pas un nom de
compétence adéquat : il ne permet pas de déterminer
clairement dans quelle situation l’utiliser (combat,
infiltration, culture… ou toutes en même temps), car il
est trop général. Ce nom conviendrait mieux à un fait
marquant plutôt qu’à une compétence. Pour utiliser un
nom similaire pour une compétence, il faut être plus
précis. « Formé par la CIA au combat à mains nues »
peut servir de compétence de , tandis que « Formé en
tant qu’analyste pour la CIA » serait une compétence
de acceptable.
Exemple : « Grand » pour une compétence de ou
« Surdoué » pour une compétence de n’ont pas beaucoup
de sens. Un personnage peut perdre en forme physique,
mais il ne cessera jamais d’être grand, et si un personnage
prend un coup sur la tête qui le rend amnésique, il n’en
restera pas moins surdoué. Ces noms décrivent des éléments
inhérents au personnage et non des aptitudes apprises, et
elles conviennent donc mieux à une description des traits
du personnage qu’à ses compétences.
Les compétences élémentaires englobent la majorité des
situations auxquelles un personnage de Cultes Innommables
peut être confronté. Par conséquent, nous recommandons
que chaque personnage dispose d’au moins une valeur de 1
dans chacune d’entre elles. À la discrétion du maître du jeu,
un personnage peut avoir 0 dans l’une d’elles si le contexte
le justifie, mais nous conseillons de ne pas autoriser cela
pour plus d’une compétence élémentaire. Le maître du jeu
doit garder à l’esprit que chaque compétence, même si elle
LES COMPÉTENCES ABSENTES
Vous vous demandez sûrement ce qu’il en est des compétences
habituelles d’un jeu de rôle d’ambiance contemporain,
comme Conduite, Informatique, etc. Les personnages de
Cultes Innommables ne savent-ils pas faire ces choses-là ? La
réponse est si, mais…
Les personnages savent conduire une voiture et utiliser
un ordinateur comme n’importe quel utilisateur moyen.
Ils peuvent se déplacer en voiture, la garer et faire des
manœuvres standards. Ils savent envoyer des courriels, faire
des recherches sur Google et rédiger des documents. Ils n’ont
pas besoin de compétences pour faire cela, tout comme ils
n’ont pas besoin de compétences pour utiliser un stylo ou
marcher dans la rue sans tomber.
Lorsqu’ils utilisent un ordinateur, les compétences qu’ils
emploient dépendent de ce qu’ils sont réellement en train de
faire avec : tenter de persuader quelqu’un par conversation
électronique ou chercher à découvrir où se trouve un livre ?
L’objectif à atteindre détermine la compétence à employer,
l’ordinateur étant un simple outil. Et si le personnage souhaite
réaliser une action qui dépend entièrement de l’informatique,
comme décrypter un mot de passe ou programmer un virus ?
Ces actions ne sont pas à la portée de n’importe qui, et seul
un professionnel de ce domaine pourra tenter l’action. Le
personnage nécessitera alors une compétence de profession
correspondante dans ces cas.
Quant à la conduite, les personnes normales savent se déplacer
en voiture, mais guère plus : elles ne prennent pas part à des
poursuites risquées, ne font pas de cascades au beau milieu
de la rue et ne font pas de sauts sur tremplin sur deux roues.
Ceux qui font ces actions sont des pilotes professionnels, des
fous du volant ou des membres d’un corps de sécurité qui
ont reçu une formation spécifique. Un personnage standard
ne possède pas ni n’a besoin de compétence de conduite : il
pourra conduire sa voiture de manière normale sans elle. S’il
souhaite réaliser des manœuvres risquées et dangereuses, il
devra posséder la compétence de profession correspondante.
S’il ne la possède pas, il pourra toujours tenter l’action… mais
c’est une autre histoire (voir l’encart « Quelle compétence
choisir ? » page 40).
a une valeur de 0, reste un aspect qui peut être activé, et il
est donc déconseillé de permettre aux joueurs d’en abuser
en disposant de plusieurs compétences à 0 simplement pour
avoir plus d’aspects à activer.
En plus des huit compétences élémentaires, un personnage
peut disposer d’autres compétences. Par exemple, il peut
posséder plusieurs fois une même compétence élémentaire
pour illustrer une meilleure polyvalence, car chaque
compétence est un aspect qui peut être activé pendant
le jeu. Par exemple, il peut avoir deux compétences avec
la fonction de : « Pickpocket » et « Déplacement
silencieux ». Cela lui permet de bénéficier de ces aspects à
différentes occasions. En revanche, la valeur de chacune de
ces compétences sera acquise de manière indépendante, car
ce sont des compétences différentes.
23
 Exemples de compétences de con
dition physique
Exemples de compétences de com
bat
Accro au sport
Tireur Désarmer un adversaire
Acrobate Escalader à mains nues Combattre dans l’obscurité Esquiver les coups
Charger et décharger des Travaille ses pectoraux à la
camions Tuer à mains nues Se mettre à couvert
salle de sport
Nageur professionnel Faire des flexions Expert en lancer de couteaux Planter un stylo
Entraîné pour courir un marathon Se dépêcher Coup bas Se crêper le chignon
pour ne pas
Équilibriste arriver en retard Dangereux avec une lame Parer un coup
Poursuivre un suspect Contorsionniste Boxe Coup de pied circulaire
Sprinter Ne prend jamais l’ascenseur Karaté
Enfoncer une porte Fait de la gym avec des jeux Tireur de précision
vidéo
Exemples de compétences d’inter Exemple de compétences de subter
action fuge
Mauvaise réputation Banal et anodin Comédie Semer des fausses pistes
Étiquette Inspirer confiance Menteur convaincant Pickpocket
Inspire le respect Faire chanter Amateur de tours de prestidigitation Maître du déguisement
A toujours un bon discours de Inspirer la pitié Passer inaperçu
prêt Camouflage
Obtenir des informations de Visage inexpressif Feindre l’amitié
Intimider l’ennemi
Discret Acteur amateur
Langue de vipère Escroc professionnel
Dissimuler sa lame Dissimuler son ébriété une fois
Célèbre Avoir l’air innocent
Infiltration rentré chez soi
Irrésistible pour le sexe opposé Déteste le contact humain
Trouver une cachette

Exemples de compétences de percep Exemples de compétences de cultur

Des yeux derrière la tête
Attentif aux détails
Physionomiste
Ouïe fine
Vue d’ensemble
Ton visage me dit quelque
chose
Toujours sur le qui-vive
Amateur d’ornithologie
Comprendre une conversation
dans la foule
24
tion
On l’appelle Sherlock
Lire sur les lèvres
Trouver un intrus sur sa
propriété
Dégustateur professionnel
Remarquer que quelque chose
ne va pas
Quand je cherche, je trouve
toujours
Cette chemise était à la mode
à la saison
e
A étudié à l’université Globe-trotter infatigable
Miskatonic
Accro au Web
Rat de bibliothèque
Connaissances des rues
Ne manque aucune émission de
Discovery Channel Toujours à la pointe de la
mode
Féru d’histoire locale
Amateur de science-fiction
Connaît tous les lieux de
divertissement nocturne de la Lecteur vorace
ville Commère du quartier
Culture télévisuelle Geek de l’informatique
Autodidacte Étudiant médiocre
 En outre, d’autres compétences peuvent être proposées
pour représenter des activités qui n’entrent pas dans le cadre
des compétences élémentaires, du moment que le maître
du jeu estime qu’elles sont utiles ou intéressantes pour le
jeu en général ou sa campagne en particulier. Par contre,
avant de vous lancer dans la création de nouveaux types de
compétence, vérifiez qu’ils ne sont pas simplement des cas
particuliers de type .
En outre, dans Cultes Innommables, les pouvoirs arcaniques et
les sortilèges fonctionnent comme des compétences normales
en ce qui concerne le coût d’acquisition. Consultez le chapitre
« Magie » (page 184) pour de plus amples informations, mais
pour le moment gardez à l’esprit que votre personnage peut
acquérir un ou plusieurs pouvoirs arcaniques en y distribuant
des points de compétences.
Condition physique : Courir, sauter, escalader, nager ou
retenir sa respiration… autant d’actions auxquelles un
cultiste devra faire face tôt ou tard. Cette compétence
représente précisément la forme physique du personnage.
Elle sera utilisée pour n’importe quelle situation physique
qui exige une bonne forme, de la résistance, de la vitesse
ou de la force sans entraînement martial (ce sont les
compétences de qui couvrent cela).
Combat : Le monde interlope des cultistes est dangereux,
et les personnages auront besoin d’une compétence
pour attaquer et se défendre. En principe, une seule
compétence sert à représenter tous les entraînements
martiaux d’un personnage aux armes de corps-à-corps,
à distance et sans arme, mais il est possible de choisir
différentes compétences si vous souhaitez mettre l’accent
sur les différents domaines et ainsi disposer de plusieurs
aspects à activer au cours d’un combat.
Interaction : Interagir avec d’autres personnages est
une part fondamentale du jeu de rôle. Si l’interprétation
suffit à résoudre la plupart des situations, un personnage
aura besoin d’une compétence qui indique si une
interaction sociale se déroule bien, sa force de caractère,
le magnétisme de sa personnalité ou sa capacité de
manipulation. En bref, la même phrase prononcée par
me
empl es de compétences d’occultis
Ex
Murmures de l’obscurité
Archéologie de l’impossible
Intuition surnaturelle
Les récits de mon aïeul
du
Voyage dans les Contrées
Connaissances de l’au-delà Rêve toutes les nuits
Songes prophétiques Initié de la Société de la
Études du Necronomicon Résurgence
Disciple de l’Idole Écarlate des
Son père était le gardien
traditions secrètes maya
Expert en légendes et
ènes
mythologies Prend des drogues hallucinog
Amateur de vieux ouvrages de mystiques
net
Cherche la Vérité sur Inter
l’occulte
Alchimiste autodidacte
deux personnes différentes peut provoquer des effets
opposés. Cette compétence est particulièrement
utile pour déterminer l’impression que provoque
le personnage sur des antagonistes et autres PNJ. Si
vous le souhaitez, vous pouvez mettre l’accent sur les
capacités sociales du personnage en acquérant plusieurs
compétences d’interaction.
Perception : Il se produit constamment des événements
dans notre entourage et nous devons être préparés pour les
remarquer. Le personnage aura besoin d’une compétence
qui lui servira à détecter ce qu’il se passe autour de lui,
comprendre les intentions d’autres personnes, trouver des
objets cachés ou éviter une embuscade. Comme toujours,
vous pouvez choisir plusieurs compétences de perception
pour différencier les capacités du personnage et disposer
de plusieurs aspects différents.
Subterfuge : Les gens mentent, se cachent, dissimulent des
choses et essayent de passer inaperçus. Les personnages
devront régulièrement faire ces actions et bien d’autres
encore, et ils auront pour cela besoin de la compétence de
subterfuge. Elle peut être utilisée pour toute situation dans
laquelle le personnage cherche à dissimuler ses intentions
ou actions comme la transmission de fausses informations
destinées à paraître véridiques.
Culture : Tous les personnages bénéficient d’une éducation
plus ou moins standard, et ils disposent de notions de
géographie, de sciences et d’histoire et sont au courant de
l’actualité. Une compétence de culture donne au personnage
des informations sur tous ces thèmes et permet, entre autres
nombreuses choses, de reconnaître et localiser un accent,
identifier une personne connue, se souvenir de l’adresse
d’une ancienne librairie ou de savoir quel médicament
utiliser pour traiter une maladie courante. La compétence
de du personnage ne peut être utilisée que pour des
connaissances générales et ne doit pas être confondue avec
la compétence de . Bien entendu, elle n’englobe aucune
connaissance du Mythe ; pour cela, vous disposez de la
compétence de .
Profession : Les compétences précédentes reflètent
des capacités que tous les personnages possèdent à
niveau plus ou moins élevé : tout le monde sait plus
ou moins gérer des relations avec autrui, se défendre
ou se rendre compte de ce qu’il se passe dans son
entourage. En revanche, d’autres capacités sont
limitées à ceux qui ont bénéficié d’une formation
spécifique. Par exemple, savoir que l’aspirine est
un anticoagulant relève de la culture générale,
mais seuls ceux qui ont suivi une formation
médicale adéquate savent guérir des blessures et
traiter un malade. De même, tout le monde sait
faire une recherche sur un moteur de recherche,
mais seuls ceux qui ont des connaissances
professionnelles suffisantes sont capables
de pirater la base de données du Pentagone.
Ainsi, le terme « Profession » englobe une série
de capacités qui illustrent les connaissances
spécifiques du personnage. Chacun doit disposer
d’au moins une profession, dont l’intitulé peut
être personnalisé comme n’importe quelle autre
compétence. En revanche, il est important que
le joueur et le maître du jeu soient d’accord
quant aux cas dans lesquels l’utiliser. Si, dans
une situation particulière, la compétence de
profession peut autant être utilisée qu’une
25
Exemples de compétences de profession et suggestions d’utilisation

Avocat Contacts dans les milieux juridiques. Dispose probablement de beaucoup d’argent. A une
s.
influence sur les personnes qui dépendent de lui ou qu’il a aidées. Connaissances des loi
Capacité de négociation.
ou
Archéologue Connaissances en histoire, mythologie et langues mortes. Sait comment diriger une fouille
préparer une expédition. Accès au matériel réservé aux musées et universités.
ons, etc. Connaissances
Artiste (indiquer le Contacts dans les milieux de l’art, des musées, des mécènes, des fondati
Type : peintre, graphiste, dans son domaine artistique. A probablement beaucoup voyagé. Capable d’analyser avec
sculpteur, écrivain, acteur, etc.) beaucoup de détails l’oeuvre d’un autre artiste du même domaine.
les
Hôtesse d’avion Facilité de déplacement dans des lieux éloignés. Accès à des zones réservées dans
aéroports. Connaissances de nombreux lieux différents. Possiblement séduisante ou douée dans
les interactions sociales.
s
Bibliothécaire Sait chercher des informations efficacement et se repérer dans des archives. A accès à certaine
bibliothèques et à leurs ouvrages réservés. Peut connaître des livres rares, savoir où les trouver, etc.
de
Pompier Excellente forme physique. Capable de garder la tête froide dans des situations à risque ou
tension. Très bonne réactivité. Sait comment faire face à des situations problématiques, comme
des incendies ou des inondations.
Scientifique Connaissances des sciences de sa branche. Accès à du matériel de travail et aux installations,
à
ou Ingénieur laboratoires et universités de son environnement de travail ou à d’autres collègues disposés
(indiquer le type : en robotique, l’aider. Peut faire des expériences ou tenter de rationa
liser en partie tout ce qui touche au Mythe.
en télécommunications, biologiste,
mathématicien, etc.)
Directeur d’une Influence sur son entreprise. Vastes ressources économiques. Contacts commerciaux ou avec
multinationale des personnes influentes de son niveau social. Connaissances de la gestion et du droit.
Capacités de négociation.
Étudiant universitaire Connaissances avancées sur tout ce qu’il étudie. Accès limité à l’université. Amis et contacts sur
(indiquer le cursus : biologie, le campus.
physique, etc.)
Hacker, Informaticien, Connaissances des mathématiques et de la programmation. Sait rechercher des informations
Programmeur rares ou difficiles à trouver sur le Net. Piratage et systèmes de sécurité informatique.
Fan de tuning Connaissances de la mécanique et de l’électronique de l’automobile. La conduite sportive n’est pas
quelque chose de difficile, elle peut même être habituelle. Contacts dans le milieu : au courant
t
des courses illégales, sait où trouver de bonnes pièces, etc. Connaît bien la zone où il condui
habituellement (ville et périphérie), ainsi que les raccourcis et cachettes pour son véhicule.
Marin Connaissance de la mer. Pilote des embarcations. Connaissance des ports et villes déjà visitées.
Contacts avec des collègues et connaissances éparpillés partout dans le monde.
Mercenaire, Brute Capable de se battre. Contacts dans le milieu de la pègre. Intimidant. N’est pas facilement
»
effrayé ou impressionné. Accès limité aux armes. Contacts dans le milieu. Des « collègues
peuvent lui rendre un service.
Médecin Connaissances en médecine, anatomie et pharmacopée. Capable de dresser des diagnostics,
formé aux premiers secours et, selon sa spécialité, peut traiter des blessures graves. Accès aux
zones restreintes des hôpitaux et au matériel médical.
Mendiant Connaissances de la ville et de ses aspects les plus troubles. Contacts parmi d’autres marginaux.
26 Peut passer inaperçu. Survie urbaine.
 Militaire, Vétéran
Entraînement physiqu
e et au combat avan
inhabituel et conduire cé (sait comment m
un véhicule de combat anipuler un armement
disposés à mettre leur ). Possible accès à de
vie en jeu pour un ancie s armes. Amis fiables
zones de conflit. Conna n camarade. Possible
issances en survie et da expérience dans des
Motard ns la gé og ra p hi e de
Connaissances en mécan s lieux déjà visités.
ique et connaissances de
cacher, trouver des arm la route (les bons lieux
es ou de l’essence bon m où passer la nuit, se
Appartient très probabl ar ch é). Intimidant et diffici
ement à un club de m le à impressionner.
à perpétrer des actes otards qui peuvent se ba
criminels. Peut réaliser ttre pour lui ou l’aider
Technicien. des manoeuvres dangereu
(indiquer le type : Selon le type, a accè ses en moto.
s à des équipements et
mécanicien, électricien, fonctionner des disposit locaux de réparation.
ifs qu’il connaît. Con Peut réparer ou faire
plombier, etc.) tacts dans une corporat
ion.
Délinquant
Connaissances des rues
. A accès à des circuit
noir. A probablement de s de trafics, à des info
s am is di
s posés à risquer leur vie po rmateurs et au marché
Journaliste ur lui dans des situations ill
Contacts dans différ égales.
ents groupes sociaux,
Recherche d’informat lieux et organisations.
ions sur Internet. Accè Réseau d’informations.
Culture de l’actualité. s limité à certains lie
Envoyé spécial en ux interdits au public.
zone de conflit Sang-froid. Survie.
Contacts dans des zo
forces de sécurité, etc. nes de conflit (militai
). Connaissance des co res, autres journalistes,
Connaissance de la gé nflits dans lesquels le
ographie des zones de personnage s’est trouv
Policier gu er re . Ca pa cit é.
Accès à des armes à fe é de négociation.
u. Entraînement au comb
de sécurité. Accès à des at. Soutien (jusqu’à un ce
lieux à accès restreint gr rtain point) des forces
de coercition, dans une âce à son autorité. Capa
certaine limite. Connais ci
et d’informateurs ou conn sance élémentaire du dr té d’intimidation ou
aît des personnes utiles oit . Dispose de contacts
le personnage est un ag en lien avec son poste
ent de patrouille ou un ins co ncret (différents si
Politicien pecteur de la division cr
Influence sur l’admin im inelle ou antidrogue).
istration publique. Pouvo
disposer de beaucoup ir et ressources dans sa
d’argent. Contacts av zone à charge. Peut
(autres politiciens, dirig ec des personnes infl
eants d’entreprise, po uentes de son niveau
capacité à mentir et ntes de la mafia, ba
charisme. Influencer, nquiers, etc.). Bagout
classe sociale inférie contraindre ou menacer ,
ure à la sienne. Con des personnes d’une
accès limité dans sa naissance de la gestion
zone d’influence. . Accès à des lieux à
Chauffeur de taxi
Sait bien conduire et
manoeuvrer en douceur.
trafics. Faciliter pour so Connaissance des rumeu
ciabiliser. Peut être au rs de la ville et des
grâce à ses collègues. courant de ce qu’il se pa
sse dans toute la ville
Trafiquant, dealer
Connaissance des rues,
des circuits de trafic, des
dans sa zone, dispose lieux où cacher de la dr
de contacts dans le mili ogue. Sait se déplace
personnes lui doivent p eu du crime et a accè r
robablement de l’argen s à des drogues. Des
rudimentaire du droit. Ét t ou
ant donnée sa clientèl des services. Peut avoir une connaissance
e habituelle, peut savo
ir comment intimider.

27
 compétence élémentaire, vous pouvez choisir laquelle
utiliser. En outre, si un personnage possède deux
compétences de profession ou plus pouvant être
appliquées à un cas particulier, le joueur décide laquelle
employer dans chaque cas. En revanche, il ne pourra en
utiliser qu’une seule.
Les pages 24 et 25 proposent une liste de compétences
de profession à titre illustratif et décrivent les utilisations
principales (mais non exhaustives) que vous pouvez en
faire. Les joueurs sont libres d’inventer de nouvelles
compétences de profession du moment que le maître
du jeu est d’accord.
Occultisme : Dans Cultes Innommables, les
personnages côtoient presque au quotidien l’inconnu
et le surnaturel. Cette situation est reflétée par une
compétence concrète qui leur fournit des connaissances
sur la Vérité dissimulée derrière le voile. Il peut s’agir
de connaissances académiques acquises par le biais
d’anciens ouvrages moisis à la couverture en peau
humaine, de récits entendus de la bouche d’une vieille
personne peu prudente et un peu folle ou d’étranges
rêves envoyés par une créature d’une autre dimension.
Quoi qu’il en soit, cette compétence illustre une
connaissance unique du surnaturel, bien qu’elle puisse
être teintée de supercherie ou dissimulée dans une aura
de légende. Les points distribués dans cette compétence
comptent dans le total des connaissances surnaturelles
qui détermine la valeur initiale de Dégénérescence du
personnage (voir page 27).
Compétence d’arcanes : Un personnage de Cultes
Innommables peut commencer le jeu avec une ou
plusieurs compétences d’arcanes. Ces dernières sont
un pouvoir surnaturel ou illustrent la connaissance
d’une série de sortilèges qui s’y rapportent. À la
création de personnage, des points de compétences
doivent y être attribués de manière normale si vous
souhaitez commencer le jeu avec des capacités de ce
type. Consultez le chapitre « Magie » (page 184) pour
de plus amples informations et pour des exemples de
compétences d’arcanes accessibles aux joueurs.
Un personnage joueur normal commence avec une valeur de
Drame de 5. En revanche, les joueurs peuvent la modifier avec
Exemples de devise
Je ne pense jamais au futur, il arrivera bien assez tôt.
En n’attendant rien des autres, on n’est jamais déçu.
Je suis le meilleur dans mon domaine, mais ce que je fais n’est guère agré
able.
Ne t’inquiète pas, tout ira bien.
Je suis toujours prêt au pire.
Si tu
as besoin d’une seconde chance, tu es mort.
La plume est plus forte que l’épée.
La connaissance, c’est le pouvoir.
Les murmures de l’abîme me préviennent…
Tu peux courir, mais tu ne pourras pas te cacher.
Dans ce vote, j’ai deux voix : la mienne et celle de mon flingue.
Carpe Diem.
Je trouverai cet enfoiré.
La curiosité est un vilain défaut, mais elle ouvre la porte du savoir.
28
5. CHOISIR UNE DEVISE
Choisissez la phrase qui caractérise la manière de penser et
d’agir de votre personnage, le type de phrase laconique que
prononce votre personnage dans des situations théâtrales :
« Je reviendrai », « Plus tu perds, plus tu gagnes », « J’aime
quand un plan se déroule sans accrocs », etc. À tous égards,
utilisez la devise comme un aspect, à la condition que le
personnage devra déclamer la phrase pour l’activer.
6. DRAME : ATTRIBUER CINQ POINTS
L’attribut Drame indique une mesure relative du niveau
de pouvoir du personnage en maintenant son équilibre
dans l’histoire. Si le personnage gagne en puissance, il
disposera d’une valeur de Drame moindre et pourra moins
influencer la narration tout en dépendant plus de ses
valeurs. À l’inverse, si le personnage est moins puissant, il
disposera d’une valeur de Drame élevée qui lui permettra
de modifier davantage l’histoire afin de compenser la
faiblesse de ses attributs. Au début de chaque session de
jeu, un personnage disposera d’autant de points de Drame
que sa valeur de Drame.
Au cours du jeu, les joueurs peuvent utiliser des points de
Drame pour activer des aspects ou éviter leur activation (voir
page 42), ce qui permet d’influencer l’histoire en améliorant
ses chances de succès pour certaines actions ou en influant
négativement celles d’autres personnages. En outre, les
complications et autres effets négatifs peuvent fournir des
points de Drame supplémentaires au personnage lorsqu’ils
sont activés par le maître du jeu (ou autre personnage) au
cours de la partie. Ainsi, il est utile de disposer de certains
aspects négatifs pouvant apparaître facilement dans l’histoire.
Si un personnage joueur reçoit des points supplémentaires
au cours du jeu, son total de points de Drame peut dépasser
sa valeur de Drame. En revanche, au début de la session de
jeu suivante, soit il récupérera tous les points dépensés, soit
il perdra l’excès de points de Drame acquis au cours de la
partie et commencera avec autant de points que sa valeur de
Drame. L’utilisation des points de Drame est décrite plus en
détail dans le chapitre « Système » (voir page 38).
l’accord du maître du jeu et faire commencer leur
personnage avec plus ou moins de pouvoir. Si
c’est le cas, considérez qu’un point de Drame peut
être converti en deux points de caractéristique
ou quatre points de compétence, ou un point de
caractéristique plus deux points de compétence.
Il peut également faire la conversion inverse
pour disposer d’une valeur de Drame plus élevée.
Quelles que soient les modifications effectuées, un
personnage doit commencer le jeu avec une valeur
de Drame comprise entre 1 et 10.
7. CALCULER LES AUTRES
VALEURS
Tous les personnages disposent de valeurs qu’ils
utiliseront au fil du jeu et qui sont calculées de la
manière suivante :
Endurance : Votre Endurance est égale à la
somme de votre Force et la moitié de votre
Volonté (arrondi à l’entier inférieur).
Résistance : Le total de vos points de Résistance
 est égal à votre Endurance multipliée par 3. En réalité, une complication s’apparente à un aspect,
mais le personnage pourra difficilement l’utiliser à son
Défense : Votre Défense est égale à la caractéristique
avantage. Malgré tout, si la situation et l’imagination du
Réflexes plus la compétence la plus élevée entre la condition
joueur le permettent, le maître du jeu peut autoriser que les
physique et le combat plus 5. Votre Défense si vous êtes
complications soient utilisées par le joueur pour favoriser
surpris est égale à votre Défense moins 3.
son personnage.
Initiative : Votre Initiative est égale à vos Réflexes plus la
moitié de votre Intellect (arrondi à l’entier inférieur).
Bonus de dégâts : Pour les attaques à distance,
le bonus de dégâts correspond à votre
compétence de combat divisée par 4 (arrondi
s
à l’entier inférieur). Pour les attaques de corps- complication
à-corps, ajoutez votre Force à votre compétence Exemples de
de combat et divisez le total par 4 (arrondi à Père célibataire
eance
Serment d’allég
l’entier inférieur).
s
Sang-Froid : Votre Sang-Froid est égal à votre
on neu r : n i les fe mmes ni les enfant
Volonté plus la moitié de votre Intellect. Code d’h
s autorités
Stabilité Mentale : Le total de vos points de
Stabilité Mentale est égal à votre Sang-Froid
Recherché par le
re
multiplié par 3. Poursuivi pour meurt
linquant
Dégénérescence : Les personnages qui commencent Réputation de dé
le jeu avec des connaissances ésotériques
(compétence d’occultisme), des sortilèges, pouvoirs Raciste
ou capacités spéciales (compétences d’arcanes)
ont déjà perdu une partie de leur humanité dans
Fanatique
le processus. Cela se traduit par des mutations Distrait
physiques et mentales qui éloignent le personnage
de ce que l’on considérerait comme un être humain. Répugnant
Cette corruption progressera en conséquence de Sadique
l’exposition à l’influence du Mythe. Si elle atteint une
valeur trop élevée, la transformation du personnage Lâche
est telle qu’il ne peut plus être considéré comme
Téméraire e ou un comportement)
humain et il cessera d’être un personnage joueur pour e su b st a nc
devenir une créature contrôlée par le maître du jeu. Un Addiction (choisir un ch ro n ique , g ênante ou légèremen c
t
e mala d ie uée ave
personnage commence avec 1 point de Dégénérescence
Malade (choisir un is pas trop : elle doit pouvoir être jo igraines,
handicapante, maar exemple : asthme, diabète, m
par tranche de 5 points investis dans les compétences
d’arcanes et d’occultisme. Consultez la page 222 pour de
plus amples informations sur la Dégénérescence. le personnage. P hilie, etc.)
narcolepsie, hémop ue , p sych op a the, bipolaire, etc.
)
aranoï a q
Trouble mental (p
8. CHOISIR UNE COMPLICATION
Toutes les bonnes histoires sont semées de complications
Pétri de remords
personnelles, et il peut être amusant que les joueurs en Porte la poisse toute autre chose
inventent quelques-unes pour leur personnage. Le joueur ca rr ière a va nt
définit une complication pour son personnage, c’est-à- Privilégie sa
dire une situation qui le mettra en position de désavantage Nombreux ennemis
ou lui causera des problèmes à des moments précis. Ainsi,
lorsqu’une complication provoque un revers important Bègue
idée
pour un personnage, ce dernier mérite une compensation
Obsédé par une
sous la forme de points de Drame. Gardez à l’esprit qu’une
ch e to ujou rs à a voir le dernier mot
complication trop spécifique sera difficile à mettre en place. Si Ch er
utorité
Problème avec l’a
cela peut sembler positif au premier abord, une complication
qui ne se produit jamais ne rapporte pas de points de Drame et
chats
devient un manque à gagner. Au maître du jeu de déterminer Doit entretenir ses
si une complication est excessive (ou non appropriée) pour
son histoire et donc s’il l’autorise ou non. Crédule
ir
Le personnage reçoit un point de Drame pour chaque scène Ne sait pas ment
au cours de laquelle une complication entre en jeu ou pour
Marié es
chaque action au cours de laquelle une complication affecte
un d on p our se créer des problèm
A un frère qui a nir)
ans le passé (défi
un jet de dé suite à son activation en tant qu’aspect (voir page
42). C’est le maître du jeu qui décide du moment où survient tra um a t s
i ant e d
une complication particulière, mais le joueur peut faire des Expérience
itieux
propositions lorsqu’une occasion se présente. Extrêmement amb
ud it (d é fin ir la malédiction) 29
M a
 Simon Baudershire
Indépendant en exil
Certaines choses dépassent la compréhension humaine, mais
parfois la véritable horreur revêt un visage des plus banals.
CARACTÉ RISTIQUES
FOR 3 Enrobé
RÉF 3 Adroit
VOL 7 Obstiné
INT 7 Érudit

COMP É TENCES
2 Mens sana in corpore sano
2 Expérience militaire réduite
4 Petits détails
2 Rester silencieux
4 Flegme britannique
7 Lecteur avide
5 Dilettante britannique
6 Connaissances de l’au-delà
5 Signe rouge de Shude’Mell
3 Signe de Voor

FAITS MARQUANTS
Sa sœur, enceinte, est morte lors d’un incendie au Caire.
A dû fuir sa Londres bien-aimée pour échapper au culte des
Dilettantes de Van Weyden.
A servi en Bosnie comme volontaire pour s’occuper de tâches
administratives.
Petit, il adorait fouiner dans la bibliothèque interdite
de son grand-père.

COMPLICATIoN
Son pouvoir, supérieur à la plupart des autres, l’amène à être
condescendant.
SANTÉ ET SANTÉ MENTALE
ENDURANCE 6 Résistance 18
SANG-FROID 10 Stabilité Mentale 30
DÉGÉNÉRESCENCE 2 Rêves d’autres mondes

COMBAT
INITIATIVE 6 DÉGÂTS +1/+0 DÉFENSE 10

DRAME 5

30
 Michelle Deveraux
Survivante urbaine
Le pire des monstres, c’est soi-même.

CARACTÉ RISTIQUES
FOR 6 Athlétique
RÉF 7 Agile
VOL 5 Regard inquiétant
INT 2 Maniaque

COMP É TENCES
6 Émeutes et vandalisme
6 Coups de machette
7 Ne dormir que d’un œil
4 Tendre une embuscade
3 Laconique
3 Autodidacte
7 Survie urbaine
3 A vu et entendu certaines choses
1 Voix du vide

FAITS MARQUANTS
C’était une jeune étudiante insouciante jusqu’à ce
qu’elle perde tout à cause de l’ouragan Katrina.
A dû faire des choses indescriptibles pour survivre
pendant les semaines qui ont suivi l’ouragan.
Officiellement considérée comme décédée.
Son intérêt pour le Mythe s’est réveillé après une
confrontation dans les rues avec des adeptes de la
Demeure de l’Affamé.
COMPLICATIoN
Sa méfiance envers les autres se change peu à peu
en paranoïa.

SANTÉ ET SANTÉ MENTALE

ENDURANCE 8 Résistance 24
SANG-FROID 6 Stabilité Mentale 18
DÉGÉNÉRESCENCE 0

COMBAT
INITIATIVE 8 DÉGÂTS +3/+1 DÉFENSE 18

DRAME 5

31
 Glenda Fox
Investigatrice de l’occulte
Je comprends. J’en prends note pour plus tard.

CARACTÉ RISTIQUES
FOR 2 Fragile
RÉF 3 Posée
VOL 9 Imperturbable
INT 6 Analytique

COMP É TENCES
3 Longues balades
5 Tai-chi
2 Remarque les détails
3 Sait duper
5 Négociations
6 Cercles artistiques
3 Restauration d’œuvres d’art
5 Sciences occultes
5 Murmures
3 Mélodie infernale

FAITS MARQUANTS
Durant sa jeunesse, a essayé plusieurs drogues et a
fait partie du mouvement underground.
Un héritage familial bien investi lui a permis de
vivre confortablement jusqu’à présent.
Son intérêt pour l’occulte prend sa source dans une
série de séances de spiritisme trop réelles.
Connaît des personnes appartenant à tous types
de milieux.
COMPLICATIoN
A besoin d’avoir le dernier mot.
SANTÉ ET SANTÉ MENTALE
ENDURANCE 6 Résistance 18
SANG-FROID 12 Stabilité Mentale 36
DÉGÉNÉRESCENCE 1 Peau transparente

COMBAT
INITIATIVE 6 DÉGÂTS +1/+1 DÉFENSE 13

DRAME 5

32
 Jason Scott White
Redneck assoiffé de connaissances
J’connais bien les animaux… on ne vaut pas mieux qu’eux.

CARACTÉ RISTIQUES
FOR 4 Santé de fer
RÉF 5 Nerfs d’acier
VOL 6 Magnétique
INT 5 Proactif

COMP É TENCES
5 Randonnée
5 Kick boxing
6 Identifier des symptômes
4 Noble mensonge
7 Fais-moi confiance
3 Étudiant à l’université
5 Vétérinaire rural
4 Au courant pour les White
1 Protection contre les arcanes

FAITS MARQUANTS
Né un vendredi.
Sa mère a tout fait pour qu’il ne découvre pas son
héritage familial, mais les White l’ont retrouvé.
Fier d’être le seul de sa lignée à avoir fait des études
universitaires.
A liquidé un journaliste qui commençait à poser un
peu trop de questions sur sa famille.

COMPLICATIoN
A goûté la chair humaine. Et il a aimé.

SANTÉ ET SANTÉ MENTALE

ENDURANCE 7 Résistance 21
SANG-FROID 8 Stabilité Mentale 24
DÉGÉNÉRESCENCE 1 Dents aiguisées

COMBAT
INITIATIVE 7 DÉGÂTS +2/+1 DÉFENSE 15

DRAME 5

33
 Sasha Slatkovic
Mercenaire obsédé par le pouvoir
Je vais kiffer te faire souffrir.
CARACTÉ RISTIQUES
FOR 7 Montagne de muscles
RÉF 6 Vif et mortel
VOL 4 Cruel
INT 3 Sous-estime les autres

COMP É TENCES
7 Entraînement rigoureux
7 Connaît mille manières de tuer
5 Sens du combat
5 Mission d’infiltration
5 Intimider
3 Superstitions
6 Conduite agressive
2 Torture

FAITS MARQUANTS
A été entraîné par la CIA, mais s’est fait
virer et n’apparaît dans aucun registre.
Unique survivant du massacre de
Skatorice.
Sa femme l’a trompé avec son meilleur
ami. Leurs corps n’ont jamais été retrouvés.
Depuis qu’il a volé ce médaillon, il souffre
de cauchemars à propos d’êtres étranges.

COMPLICATIoN
Criminel de guerre recherché par la justice
internationale.

SANTÉ ET SANTÉ MENTALE

ENDURANCE 9 Résistance 27
SANG-FROID 5 Stabilité Mentale 15
DÉGÉNÉRESCENCE 0

COMBAT
INITIATIVE 7 DÉGÂTS +3/+1 DÉFENSE 18

DRAME 5

34
Sean Rodhe
Voleuse-justicière aux mains sales
Si ça peut se fermer, ça peut s’ouvrir.

CARACTÉ RISTIQUES
FOR 3 Taille XS
RÉF 8 Féline
VOL 4 Air innocent
INT 5 Futée

COMP É TENCES
7 Escalader et s’enfuir
4 Assassinat par-derrière
4 Yeux dans le dos
6 Entrer sans invitation
4 Assertion agressive
4 Articles chers
4 Vol sur Internet
4 Ce que personne ne devrait savoir
3 Passage de Yog-Sothoth

FAITS MARQUANTS
Adore inventer des histoires sur son passé… pour
éviter de penser à la vérité.
Son premier assassinat était de la légitime défense.
Du moins c’est ce qu’elle dit.
S’est fait passer à tabac plus d’une fois après avoir été
prise la main dans le sac.
A volé sur contrat un ouvrage au siège d’une étrange
loge d’Arkham et a décidé de le garder.
COMPLICATIoN
Accro à l’adrénaline.

SANTÉ ET SANTÉ MENTALE

ENDURANCE 5 Résistance 15
SANG-FROID 6 Stabilité Mentale 18
DÉGÉNÉRESCENCE 1 Obsédée par Yog-Sothoth

COMBAT
INITIATIVE 10 DÉGÂTS +1/+1 DÉFENSE 20

DRAME 5

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Héritage

Le sénateur ne pouvait pas être vu à l’asile d’Arkham, mais il ne pouvait pas non plus laisser les
médias raconter qu’il était prêt à faire enfermer son fils aîné pour qu’il ne le dérange pas. De ce que
j’avais compris, Mère avait visité les installations au moins une fois, juste avant de faire inscrire
mon frère, mais je ne savais pas avec certitude s’il y avait eu une visite ultérieure ; les impératifs des
œuvres de charité laissaient à peine assez de temps. Ainsi, il ne restait finalement plus que moi, le
dépravé, l’alcoolique sociable, la brebis galeuse, pour sauver la dignité des Harrington.
Un voiturier en uniforme s’occupa de ma voiture de sport à l’entrée. En face du bâtiment
principal, le jardin était une invitation à s’asseoir devant l’une des nombreuses fontaines en
pierres ou à parcourir la roseraie élaborée, et pourtant on se rendait compte immédiatement
que tout cela n’était qu’une façade. Tout cela me rappela le rez-de-chaussée de notre maison
de Boston, cette scène minutieusement conçue jusque dans ses moindres détails pour embellir
les visites dont l’entrée m’était presque systématiquement interdite. Exceptionnellement, Mère
considérait indispensable que nous ayons une réplique dans l’une des représentations, et nous
étions alors appelés sur scène.
Dans les escaliers, la directrice du centre elle-même m’attendait. C’était une femme d’un âge
moyen relativement attirante, sans pour autant en arriver au point où quelqu’un comme le
sénateur puisse se demander si elle serait ou non capable de bien faire son travail. Elle me
conduisit à travers une succession de salons élégamment décorés. Rien ne laissait penser que
quelqu’un puisse être retenu ici contre sa propre volonté… une soigneuse illusion. Il était même
difficile de distinguer le personnel de la maison de repos des visiteurs : ils feignaient si bien la
consanguinité qu’il fallait réellement prêter attention pour les voir disparaître par des portes de
service qui se fondaient à la perfection dans les murs ou les bibliothèques.
Nous abandonnâmes le bâtiment principal et accédâmes à un paradis silencieux de piscines
voluptueuses habitées par des momies qui avaient été enterrées ici avec leurs joyaux, protégées sous
d’immenses capelines et discrètement couvertes par des foulards de soie à motifs floraux, leurs corps
conservés dans un dangereux mélange de gin-tonic et de Xanax. Je crois que l’un de ces monstres
me jeta un regard par-dessus ses lunettes de soleil alors que nous envahissions son territoire pour
atteindre l’aile de mon frère. Les autres auraient très bien pu être mortes.
Les blancs édifices, d’un seul étage, avec leurs gigantesques terrasses, rappelaient les résidences
secondaires typiques du sud de la France. Chaque étage n’avait généralement que deux hôtes,
m’expliqua la directrice, mais mon frère était un client privilégié et il disposait d’un bâtiment entier
pour lui. Il se trouvait à la limite de la zone résidentielle. Au-delà, on apercevait les terrains de golf
aussi loin que portait le regard, tous déserts.
La directrice prit congé à la porte. « Nous n’aimons pas déranger la tranquillité de nos hôtes plus
que nécessaire », m’expliqua-t-elle. Son regard tentait de me dire autre chose.
Un petit vestibule menait à un salon commun. Les portes des quatre résidences donnaient sur
cette pièce. Elles étaient situées à droite et à gauche, deux au rez-de-chaussée et deux autres au
bout d’escaliers aux marches en bois brut soutenus par une élégante structure de tubes laqués
de noir. Au pied de chaque escalier se trouvait également un ascenseur. Imaginant qu’il y aurait
sûrement des locataires incapables de se débrouiller seuls dans ce trou perdu, je ne vis la chose
que comme un luxe de plus. Par contre, quelque chose d’autre attira mon attention : en dépit du
soin méticuleux apporté à la décoration, il y avait un emplacement pour télévision vide dans le
mur du fond, au niveau des canapés et de la table basse.
- 36 -
« Tim », appelais-je d’une voix forte. Les portes des quatre résidences étaient grandes ouvertes,
mais je n’avais pas la patience de jouer à cache-cache. Je me souvins à quel point je détestais que
mon frère ne voulût jamais jouer avec moi lorsque nous étions enfants.
« Je suis en haut », répondit-il au bout de quelques secondes.
Pensant faire une blague, je me décidai à prendre l’ascenseur, mais après avoir appuyé sur le bouton,
lorsque les portes s’ouvrirent, je me rendis compte que la cabine se trouvait à un mètre au-dessus
du sol. « L’illusion s’efface en certaines occasions », pensais-je amusé. Le tableau de commande
de l’ascenseur avait été arraché et du boîtier sortaient quantité de câbles. Les lumières clignotaient.
Je montai donc par l’escalier. Au moment de passer la porte, mon sourire s’effaça : ma première
impression fut celle d’entrer chez un ferrailleur. Sur les tables, grandes et petites, sur les buffets, sur
n’importe quel fauteuil et même éparpillés sur le sol, je vis toutes sortes d’appareils électroniques,
les tripes à l’air. La plupart des appareils étaient déjà impossibles à reconnaître, mais une pile
de carcasses vides s’entassait dans un coin, tel un ossuaire, constitué de télécommandes, radios,
téléphones mobiles, téléphones sans fil… Au centre de la chambre, se dressait un artefact dont la
colonne vertébrale était une lampe art déco et tape-à-l’œil dont les globes de verre translucide qui
devaient se trouver dans la partie supérieure avaient été remplacés par les écrans de trois vieux
téléviseurs tournés vers le plafond. Mon frère s’agitait au pied de l’artefact, assemblant une série
de modules disjoints formés de composants électroniques unis des plus improbables manières. Il
s’éclairait avec une simple lampe de poche, car les volets étaient tirés et les sources de lumière de la
pièce avaient également été réutilisées. Il était entièrement nu.
« Tu n’as pas froid ? plaisantais-je en essayant de me débarrasser de l’étrange sensation
que me procurait tout cela. En tout cas, cela ne me paraît pas très prudent que tu joues à
l’électricien en costume d’Adam. »
Il se leva très lentement et me regarda comme on regarde un parfait inconnu. Puis, il me sourit.
« Le frère. » Sa voix me semblait différente de ce dont je me souvenais. « Sans aucun doute l’option
la plus probable entre celles que j’ai envisagées.
— Le sénateur a insisté. »
Dans notre famille, le sarcasme a toujours servi à camoufler la folie.
« Et quand je dis qu’il a insisté, je veux dire qu’il m’a menacé de couper ma principale ligne de crédit.
— Il a été vraiment difficile d’attirer l’attention du sénateur Harrington. » Alors qu’il parlait, il
recommença à se déplacer avec agilité entre les objets éparpillés partout, sans même regarder où il
marchait, trouvant des espaces vides comme par instinct. « J’ai commencé avec une simple requête
auprès de la directrice du centre. D’entrée, je dus passer du “j’aimerais” au plus pressant “j’ai
besoin”. Ce que je n’avais pas compris, c’est que ce n’était que le début d’un long processus qui
allait durer des mois, d’une longue liste d’essais et d’erreurs : de briser les fenêtres du bâtiment
principal à coups de pierre jusqu’à provoquer des incendies. Oui, j’ai essayé beaucoup de choses.
Mais le personnel des Harrington a toujours réussi à étouffer ce qui s’était passé, même cette mort.
La seule chose qui aura fonctionné aura été la menace de mettre fin à ma propre vie.
— Et même ça, ça n’a pas sorti le sénateur de son bureau de Boston », me moquai-je dans un
éclat de rire strident.
Mon frère était tellement absorbé dans son travail pour composer cette machine hétérogène qu’il
avait la même intonation dans toutes ses phrases, que ce soit pour dire qu’il avait formulé une
requête auprès de la directrice pour voir le sénateur ou pour confesser négligemment qu’il avait
provoqué la mort d’une personne dans le cadre de son plan pour que je vienne finalement ici.
Évidemment, ce n’étaient que des délires, il fallait bien que ce le soit.
« La machine n’est pas encore terminée, il reste un dernier détail. » Il s’approcha en un instant pour
prendre quelques circuits qui se trouvaient à côté de moi, et une forte odeur de sueur me frappa. « Il
y avait une forte probabilité que le jour arrive aujourd’hui, alors j’ai fait quelques tests à la première
heure. Pourtant, il s’est avéré que certains composants étaient défectueux. C’est normal. Je n’ai
utilisé que ce que j’ai pu trouver.
— J’ai vraiment cru en entrant que tu t’étais mis à l’art moderne. Je n’aurais jamais pensé que ce tas
de ferraille puisse avoir une quelconque utilité, mentais-je. Et si on allait au café ou faire un tour ?
De ce que j’ai vu, les résidents ne sont pas très friands de golf, on pourrait aller faire quelques trous.
— J’ai beaucoup réfléchi à la manière dont j’allais aborder cela. » Cette fois, il s’interrompit et me
regarda dans les yeux. « Bien que j’aie élaboré un minutieux bilan de probabilités, je ne pouvais
- 37 -
déterminer avec certitude lequel de vous viendrait. Le sénateur Harrington était la possibilité la
plus faible, tant il est incapable de voir au-delà de son jeu de pouvoir puéril. Ta mère aurait pu faire
l’affaire, bien qu’elle ne soit guère plus qu’un automate. La fiancée aurait été facile à convaincre. »
Faisait-il référence à Laura ? Sa fiancée ? « Mais c’était évidemment toi qui étais le candidat parfait.
— Indubitablement. » Je pus à peine feindre un sourire, cette fois.
Depuis le premier moment, avant même d’entrer dans le laboratoire du Dr Frankenstein, j’avais
estimé combien de temps serait nécessaire pour que le sénateur considère ma visite suffisante. Mais
soudain, en entendant un mot aussi menaçant que « candidat », je finis par me dire que les quinze
minutes que j’avais passées à faire des tours avec la directrice pouvaient tout à fait compter dans le
compte à rebours final et qu’une durée totale de vingt minutes en comptant le trajet de retour à ma
voiture était parfaitement raisonnable.
« Tu ne t’es jamais demandé pourquoi tes parents, des élitistes qui appartiennent à une longue
lignée d’élitistes, vous ont forcés, toi et ton frère à entrer à l’Université de Miskatonic parmi
toutes celles que vous auriez pu choisir grâce à leurs contacts ? Toi, tu as toujours été une
personne médiocre… » Il avait dit cela de manière tellement directe qu’il réussit à m’agacer,
comme si ma médiocrité était aussi évidente que la couleur de ma veste. « … Mais ton frère, qui
a toujours été le meilleur en tout, aurait très bien pu étudier dans l’université de son choix sans
qu’Harrington ait à se servir de son influence.
— Je ne sais pas si tu comptes faire l’étalage de tous tes souvenirs, comme semble l’indiquer
l’épisode hagiographique de tes exploits académiques, mais je te préviens que l’usage de la
troisième personne ne suffira pas à t’affranchir de la part de mesquinerie qui te revient à cause de ton
appartenance aux Harrington ». Je ne pouvais supporter que le petit chéri de sa maman, le préféré,
l’aîné, puisse dire avec autant de froideur « tes parents ».
« Et pourtant le sénateur Harrington vous a forcés à étudier à la Miskatonic, sous peine de vous
déshériter. » Il m’ignorait ! « Une université endormie, une ville endormie, mémoire d’une époque
au cours de laquelle le Massachusetts était encore la vitrine des valeurs incorruptibles des colons
anglais face à la barbarie des autres États. » La manière dont il m’ignorait souleva mon indignation
et j’oubliais un moment à quel point la situation était étrange, voire menaçante, pour redevenir
l’enfant dont le grand frère se moque en permanence.
« Arrête de me prendre pour un con et de faire ton numéro de cirque, explosai-je. Tu ne te serviras
pas de moi pour te venger de papa, lui criai-je. C’est quoi cette merde ? Tu veux bousiller sa carrière
politique ? Tu as ma bénédiction. Mais n’imagine même pas te servir de moi comme excuse. Je
n’avais aucune envie d’aller à Harvard, j’aime la vie que j’ai ici. »
Il s’interrompit tout net. Il me regardait avec étonnement, comme s’il avait du mal à comprendre
l’effet qu’avaient eu ses paroles sur moi.
« J’ai peut-être dit quelque chose de blessant, ce n’était pas mon intention. Tu es très important
pour nous, Jack. » La sensation croissante de danger remplaça la colère : il ne faisait pas semblant,
il était maintenant clair que Tim avait perdu la tête… irrémédiablement. « Les Harrington, vous
êtes les héritiers de traditions qui vous lient à ce lieu depuis des temps reculés, des traditions qui
requièrent certaines obligations. Et ton père a trahi son héritage, Jack, il ne nous sert plus à rien :
nous souhaitons que cet héritier, ce soit toi. »
J’étais à peine entré dans la pièce. Il aurait fallu peut-être une ou deux enjambées pour revenir
à la porte. Il était de l’autre côté de la chambre et entre nous se dressait l’engeance électrique.
Mais ma forme physique était plus que douteuse et Tim avait été le capitaine de l’équipe
d’aviron, sprinteur, joueur de tennis…
« Quae habent suos foribus », prononça-t-il alors.
Je ne compris pas les mots, mais ils se gravèrent en moi-même. Je me vis immédiatement transporté
dans un souvenir de quand nous étions tous les deux des gamins. Notre père, à la stupéfaction de
notre mère et surtout de nous-mêmes, avait tenu à nous souhaiter bonne nuit en personne. Il était
monté dans notre chambre où nous l’attendions, blottis dans notre lit, tendus. Il s’était assis sur une
chaise à côté du lit de Tim et l’avait regardé, lui, principalement, mais il nous avait parlé à tous les
deux. « Quae habent suos foribus », avait-il dit très sérieusement. « Cette nuit, je veux que vous
cherchiez votre propre porte ». Je me souviens avoir fait d’horribles cauchemars.
« Cela veut dire “chacun de nous a sa propre entrée”, continua Tim. C’est la première phrase du
Livre des Portes, écrit par le prêtre Lucio Basso.
- 38 -
— Tim, ça ne va pas. Tu ne vas pas bien. » Je me dis que ma seule chance était de le convaincre de
me laisser partir. « Je sais que tu penses que papa t’a trahi en te plaçant ici, mais je pense réellement
que pour une fois il l’a fait pour t’aider.
— Jack, ton père m’a enfermé ici parce qu’il avait peur pour sa vie. M. Harrington a toujours vécu
en respectant scrupuleusement à la lettre ses accords, mais en en trahissant maintes fois l’esprit.
— Il t’a amené dans le lieu le plus cher et exclusif, c’est comme ça qu’il réfléchit : le plus cher
doit forcément être le meilleur, continuai-je d’une voix tremblante. Mais je vais lui parler. Ce
truc, tout ça, dis-je en montrant la machine, ça ne te fait pas du bien. Il faut trouver un autre
lieu où on t’aidera vraiment.
— Écoute, Jack, écoute-moi très attentivement : dans les moments qui vont suivre, il va se produire
quelque chose qui va te terrifier, quelque chose qui va te transformer de l’intérieur, mais tu dois
y faire face. Nous avons besoin de toi. Lorsque tu sortiras d’ici aujourd’hui, et après avoir un
peu réfléchi à ce qui s’est passé, tu iras à la Miskatonic et tu trouveras un moyen d’accéder à la
bibliothèque Armitage. Je ne te demande que cela : pénètre dans la bibliothèque dédiée à la mémoire
d’Henry Armitage et trouves-y le Livre des Portes. Il t’attend, Jack. »
J’étais paralysé de terreur. « Il va se produire quelque chose qui va te transformer de l’intérieur »,
avait-il dit. Je l’écoutais comme s’il me parlait de très loin, je le voyais se mouvoir autour de la
machine, comme s’il s’agissait d’une vieille projection dans laquelle s’étaient perdues quelques
images. Il la mettait enfin en marche.
Les circuits se regroupaient en récifs concentriques, comme une sorte de corail qui aurait crû là
de manière incontrôlée. Il y avait des batteries d’une infinité de tailles, connectées en série, qui
alimentaient des monticules de circuits constellés de lumières de la taille d’une tête d’épingle qui
clignotaient follement. Mon frère brancha plusieurs rallonges au secteur et, après avoir appuyé
sur les boutons qui avaient appartenus à l’un des nombreux téléviseurs cannibalisés, après avoir
fait tourner les boutons d’une radio, après avoir fait glisser les commandes de ce qui avait été le
thermostat de l’air conditionné, l’artefact commença à ronronner, les écrans de sa partie supérieure
s’allumèrent dans un éclair et projetèrent au plafond l’éclat tremblant de la neige télévisuelle, mais
sans le son effervescent et caractéristique qui le définit.
Soudain, le toit avait disparu et il ne restait que le ciel, couvert de menaçants cumulonimbus qui
s’illuminaient par intermittence sous les éclairs, en silence. Des ombres amorphes se mouvaient
entre les nuages sans se montrer. Le seul son que l’on pouvait entendre était le bourdonnement
électrique croissant de la machine, comme si le fait de projeter le ciel au-dessus de nos têtes la
consumait. Alors, de l’un des nuages les plus bas émergea un gigantesque coléoptère, une sorte de
lucane cerf-volant qui survolait à environ trois mètres de nos têtes sans produire le moindre son. Et
effectivement, quelque chose se rompit dans ma propre machine.
« Les ennemis dorment, » hurla Tim en tendant la main vers le toit. « Mais leur sommeil est agité.
Nous avons besoin de toi, Jack. Trouve ta propre porte. »
L’une des pattes du scarabée traversa le toit avec douceur. Et lorsque la main de Tim effleura à peine
l’épouvantable extrémité de ce monstre, il y eut entre les deux un arc d’énergie. Alors son corps
tomba sur le sol pesamment, tandis que le scarabée reprenait son envol vers les nuages.
Le feu avait pris avant même que le toit ne cesse de montrer le ciel, mais ce fut l’explosion des tubes
cathodiques situés au plus haut de la machine qui me fit réagir. Tout ce que je sais, c’est que je saisis
comme je pus mon frère et que je sortis d’ici le plus rapidement possible, pris de panique.
Dehors, plusieurs employés du sanatorium arrivaient en courant depuis l’aile principale. Tim ouvrit
les yeux. Il semblait perdu.
« Jack, que s’est-il passé ? Où sommes-nous ? La dernière chose dont je me souviens, c’est d’être à
la maison avec Laura, nous allions préparer le dîner. Où est Laura ?
— Laura va bien, ne t’inquiète pas. Tout va s’arranger », mentis-je.

- 39 -
 SySTEME
L
’
CHAPITRE
L
e système Hitos utilise une mécanique unique pour
déterminer la résolution des actions. Pour déterminer
si un personnage réussit ou non l’action qu’il tente,
le joueur doit lancer trois dés à dix faces (3d10). Le jet
comprendra donc trois résultats, un sur chaque dé, allant de 1
à 10. Nous appelons le dé affichant le résultat le plus bas valeur
mineure (abrégé en « m »), celui indiquant le plus élevé valeur
majeure (« M ») et celui ayant un résultat entre les deux valeur
centrale (« C »). Il est possible que deux dés, voire les trois,
indiquent le même résultat. Dans ce cas, la valeur centrale sera
identique à l’un des autres ou, si les trois dés affichent le même
numéro, aux deux autres. Par exemple, un lancer permet
d’obtenir 3, 6 et 7, ce qui donnera 3 m, 6 C et 7 M. Si un autre
tirage génère 6, 6 et 6, alors le jet donnera 6 m, 6 C et 6 M.
Pour déterminer le succès d’une action, ajoutez la valeur
centrale du lancer à la caractéristique et la compétence
applicables. Cette addition indique le résultat du test.
Pour savoir si l’action a réussi, comparez ce résultat au
nombre objectif donné par le maître du jeu : la difficulté.
40
III
Si le résultat du test est égal ou supérieur à la difficulté,
l’action a réussi. S’il est inférieur, le personnage échoue.
Si normalement c’est le dé Central qui est utilisé pour
résoudre un test, certaines circonstances spéciales décrites
plus loin peuvent permettre ou forcer l’utilisation d’une
autre valeur : le dé mineur en situation défavorable
ou Majeur si les circonstances sont favorables. Il est
même possible que plusieurs dés soient additionnés.
Évidemment, toute action réalisée par un personnage ne
nécessite pas un test. Ils ne doivent être faits que si leurs
chances de succès ou d’échec ont un impact sur le scénario.
Par exemple, il n’est pas nécessaire de faire de test lorsqu’un
personnage quitte son domicile pour se rendre à son travail
en voiture. On considère tout simplement qu’il arrive sans
encombre. En revanche, si au cours de son trajet habituel
une autre voiture tente de l’emboutir pour le faire sortir de la
route, un ou plusieurs tests seront nécessaires. Par ailleurs, si
le maître du jeu considère qu’une action est impossible, aucun
test ne sera réalisé et l’action ne pourra être tentée.
 Valeur Plage de
Difficulté Description
habituelle valeurs
Facile 10 8-12 Une activité simple pour tout le monde.
Moyenne 15 13-17 Un défi pour une personne normale, mais une action simple pour quelqu’un
d’entraîné.
Difficile 20 18-22 Il faut être un spécialiste du domaine ou avoir beaucoup de chance pour réussir.
Très difficile 25 23-27 Presque la difficulté maximale. Impossible pour la majorité des gens,
improbable pour les meilleurs.
Extrêmement difficile 30 28-32 Une prouesse qui frôle le surhumain.

Succès critique Test d’action longue

et échec critique
Si un jet de dés affiche deux ou trois 10, alors le résultat est un
succès critique. Dans ce cas, le lancer est considéré comme un
succès automatique, indépendamment de la difficulté du test,
et le déroulement de l’action est particulièrement avantageux
pour le personnage. En outre, un succès critique peut générer
un aspect temporaire bénéfique (à la discrétion du maître du
jeu), dont la durée dépendra du type de critique qui l’a produit :
double 10 ou triple 10 (voir page 44).
Par ailleurs, si un jet de dés indique deux ou trois 1, alors
le résultat est un échec critique. Dans ce cas, le lancer
est considéré comme un échec automatique, même si la
difficulté du test est dépassée, et le déroulement de l’action est
catastrophique. En outre, un échec critique peut générer un
aspect temporaire négatif ou des séquelles (à la discrétion du
maître du jeu), dont la durée dépendra du type de critique qui
l’a produit : double 1 ou triple 1 (voir page 44).
Certaines actions nécessitent une durée variable et
indéterminée pour être menées à bien, comme réparer une
machine, abattre un mur ou trouver un document dans des
archives. En raison de leur nature, elles peuvent nécessiter
plus d’un test. Le cas échéant, le maître du jeu doit définir la
difficulté de manière habituelle, mais également le nombre
de succès nécessaires pour accomplir l’action, ainsi que la
fréquence (tours, heures, mois, etc.) à laquelle il est possible
de faire un autre test.
Le but n’est pas de faire des tests d’action longue pour des
actions qui demandent beaucoup de temps. Les tests d’action
longue sont utilisés dans les cas où savoir combien de temps
s’écoule avant que l’action ne soit accomplie a son importance,
que ce soit en termes de temps disponible ou de circonstances
de l’action. Ainsi, la durée totale nécessaire restera inconnue
et le déroulement de l’action se produira en parallèle au
scénario. Ce mécanisme permet de maintenir la tension
d’une situation pendant un certain temps ou d’illustrer l’effort
requis pour avancer pas à pas afin d’accomplir quelque chose

Tests en opposition de long ou de complexe.

À certaines occasions, les personnages réaliseront des actions
en opposition avec d’autres personnages. Dans ce cas, au
lieu de comparer le résultat final à une difficulté, il doit être
comparé au résultat du test de l’autre personnage. Celui qui
obtient le résultat le plus élevé gagne.
Par exemple, un personnage peut tenter de mentir à un autre :
tandis que vous ferez un jet d’Intellect plus « Mentir »
(ou autre compétence adéquate), le maître du jeu lancera un
jet d’Intellect plus « Déceler un mensonge » (ou autre
compétence équivalente). Si vous parvenez à dépasser le
résultat de votre opposant, alors vous avez réussi.
Si le résultat d’un test en opposition aboutit à une égalité et
que l’action peut donner lieu à une égalité (par exemple, une
partie d’échecs qui peut se terminer sur un pat), alors l’égalité
se produit. En revanche, si la logique de l’action ne permet pas
l’égalité, relancez les dés et utilisez le nouveau résultat pour
déterminer qui gagne.
Exemple : Le docteur Spect tente de traduire un ouvrage
volumineux rédigé en araméen. Pour cela, le maître du
jeu indique qu’il doit utiliser la compétence « Langues
mortes » et son Intellect. En outre, il décide qu’il faut
15 succès d’une difficulté de 20 pour traduire le livre dans
son intégralité, et que le docteur peut faire un test toutes les
8 heures de travail intensif.
Cela signifie que la traduction est réalisée à mesure que le
scénario progresse et qu’il se produit des événements. Il se
peut également qu’au fil du travail, de nouveaux passages
dévoilent des indices utiles aux joueurs. Cette solution est
toujours plus intéressante, et finalement plus logique, que
de décider qu’au bout de trois mois d’étude, un seul jet de
dé permet de déterminer si le docteur a réussi à traduire
l’ouvrage ou non.
41
 QUELLE COMPÉTENCE CHOISIR ?
Cultes Innommables utilise le système Hitos, qui est
constitué de compétences ouvertes. Comme vous l’avez
déjà vu au chapitre sur la création de personnages, ce
sont les joueurs qui choisissent librement l’intitulé de
leurs compétences, ce qui permettra de déterminer ce
qu’ils pourront en faire. En revanche, les compétences
appartiennent en même temps à une catégorie qui
détermine leur utilisation principale. Ainsi, en tant
que maître du jeu, vous serez confronté à la situation
dans laquelle vous ne pourrez pas demander de
test de compétence particulière dans des situations
données, simplement parce qu’il n’existe pas de liste de
compétences dans laquelle choisir celle qui convient le
mieux. Que faire, alors ?
D’une part, il vaut mieux orienter les jets de dés en fonction
des actions et non de compétences à proprement parler.
Étant donné que les joueurs ont choisi les compétences
de leurs personnages avec un type d’action en tête, ils
devraient savoir facilement quelle compétence il convient
d’utiliser à chaque moment. En outre, donnez-leur la
possibilité de proposer comment leur personnage tente
de résoudre la situation imposée et ainsi la compétence
à utiliser. Vous serez souvent surpris de l’interprétation
ingénieuse de leurs compétences, et vous devez être prêt
à vous adapter et à les laisser participer activement à la
construction de la scène.
D’autre part, les compétences doivent être prises au sens
large. N’oubliez pas que, comme expliqué au chapitre
« Personnages » (page 16), l’intitulé d’une compétence
est un aspect activable, mais cela ne signifie pas que cette
compétence ne peut pas être utilisée dans un sens plus
large. Ainsi, « Poings d’acier » permet autant de se battre
à mains nues que d’utiliser un couteau ou tirer au pistolet,
mais seul le premier cas permet d’activer la compétence
en tant qu’aspect (page 42). Ainsi, vous pourrez souvent
demander des jets de dés pour un type de compétence
(par exemple, de ou ) et laisser les joueurs employer
leur propre compétence de ce type.
Dans tous les cas, en tant que maître du jeu vous
aurez toujours le dernier mot quant à décider si une
compétence que souhaite utiliser le joueur est adéquate
ou non pour l’action en cours, ainsi que pour choisir
quelle est la caractéristique à ajouter au résultat du
lancer.
Exceptionnellement, il se peut qu’un personnage ne
dispose d’aucune compétence adéquate pour l’action qu’il
tente de réaliser. Dans de telles circonstances, le maître
du jeu peut permettre de réaliser le test uniquement à
l’aide de la caractéristique adéquate. Un test de ce type
peut se voir associer l’aspect « N’a aucune idée de ce
qu’il fait » ou autre similaire, qui peut être activé par le
maître du jeu pour rendre plus difficile la réussite du
personnage (voir page 42).
42
Exemple : Francis se trouve face à une porte blindée et
tente de pirater le lecteur de carte de la serrure. Pendant ce
temps, ses compagnons sont pris dans une fusillade avec
le personnel de sécurité. Le maître du jeu décide que pour
ouvrir la porte, 5 tests d’une difficulté de 18 doivent être
réussis, et qu’un test prend le tour entier à Francis pour
être effectué.
Ce système permet de maintenir la pression sur le joueur,
alors même que son personnage n’est pas impliqué dans
la fusillade. En outre, comme personne ne sait combien
de temps sera nécessaire pour réussir l’action, la tension
durera jusqu’au succès. Enfin, si les autres personnages
n’avaient pas été impliqués dans une fusillade, il aurait été
possible de résoudre cette action avec un seul test. Dans ce
cas, on considère qu’il a eu tout le temps nécessaire pour
ouvrir la serrure et que la durée n’est pas un facteur de
succès important.
Exemple : Vladimir Steklov rentre chez lui après une
dure journée de travail, mais au moment d’entrer dans
sa maison, le maître du jeu demande à son joueur de
faire un test avec son Intellect 3 et sa compétence de
« Ouïe fine » 4.
Dans ce cas précis, l’action n’a aucun lien avec le son,
mais plutôt avec le fait que quelqu’un est entré par
effraction chez lui pour fouiller, tout en laissant à peu
près tout en ordre. Ainsi, étant donné que la compétence
de Vladimir est intitulée « Ouïe fine », elle peut être
utilisée normalement pour l’action, mais pas être
activée en tant qu’aspect.
En outre, le maître du jeu indique au joueur de Vladimir
que la difficulté est de 12, ce qui reste facile sans pour
autant être trivial. Le joueur lance les dés et obtient 10,
5 et 1. Il ajoute son dé Central (5) à son Intellect (3) et
sa « Ouïe fine » (4) et obtient un total de 12. Comme il
a obtenu au moins autant que la difficulté requise, son
action est réussie. Le maître du jeu lui explique donc :
« Tu remarques que certains objets ont été légèrement
déplacés. On dirait que quelqu’un est entré chez toi et a
fouillé les lieux, mais en prenant suffisamment de soin
pour que cela ne se remarque pas. »
Ils cherchaient sûrement l’un de ses « souvenirs de
famille », l’héritage de son père qui les avait découverts
lorsqu’il était emprisonné aux travaux forcés d’un
goulag de Sibérie. Il avait alors mis au jour une sorte
de ruine. En revanche, cela fait bien longtemps que
Vladimir s’est rendu compte que ces « souvenirs »
étaient bien plus que ce qu’ils semblaient être, et lui et
son groupe les ont utilisés plus d’une fois pour ses vols
et son commerce à la légalité douteuse.
Suite à cette violation de domicile, Svetlana, la sœur
de Vladimir, active ses contacts et informateurs dans
la ville, et trouve quelqu’un qui semble savoir quelque
chose sur l’effraction à la demeure de son frère. C’est
un type nerveux du nom de Peter, et il ne veut rien dire.
La joueuse qui interprète Svetlana annonce qu’elle va
tenter de l’intimider pour lui délier la langue. Elle joue
son personnage et tente de mettre Peter sous pression,
lui-même interprété par le maître du jeu, en lui disant
qu’elle ne va rien lui faire, mais qu’il serait vraiment
dommage que certaines informations sur Peter
arrivent aux mauvaises oreilles : « La mafia russe ne
pardonne pas facilement aux mouchards… » ajoute-t-
elle dans un souffle.
Étant donné que l’action est une confrontation entre
un personnage qui souhaite quelque chose et un autre
qui résiste activement, l’action nécessite un test en
opposition. D’un côté, Svetlana utilise sa Volonté 3 plus
sa compétence de « Pression psychologique » 6. De
l’autre, Peter utilise sa Volonté 2 et sa compétence de
« Trafiquer » 1. Le jet de dés de Svetlana donne 8, 8 et 3,
et son dé Central sera donc 8, pour un total de 3+6+8=17.
Le maître du jeu obtient pour Peter 5, 4 et 3, pour un
total de 2+1+4=7. Comme Svetlana a obtenu un résultat
supérieur à celui de Peter, ce dernier lui raconte tout
ce qu’il sait. Mais il aurait peut-être été préférable
qu’il n’eût rien dit et qu’il eût tenté sa chance avec la
mafia… car deux jours plus tard, des gardes forestiers
retrouvent ses restes éparpillés dans une forêt voisine.
Il semble avoir explosé de l’intérieur.
À présent, grâce aux informations de Peter, les joueurs
savent où chercher. Parallèlement à cela, l’annonce
de sa mort leur indique clairement qu’ils s’avancent
sur un terrain très dangereux. Vladimir et sa sœur
se rendent à l’adresse fournie par Peter, un vieil
entrepôt apparemment abandonné où, selon Svetlana,
ils pourront trouver des indices. La porte est fermée
avec chaîne et cadenas, mais heureusement, Vladimir
a apporté un pied-de-biche. Le maître du jeu décide
que le joueur de Vladimir devra ajouter à son lancer
de dés sa caractéristique Force 4. Comme il s’agit
d’une activité physique qui nécessite de la force, le
maître du jeu indique que Vladimir peut utiliser sa
compétence de « Si tu cours assez vite, tu ne te feras
pas rattraper » 2. En revanche, le joueur qui interprète
Vladimir informe le maître du jeu qu’il possède aussi
la compétence de « Voleur et cambrioleur » (5), qui
lui semble plus adaptée. Le MJ considère que dans le
cadre de son activité, il a pu avoir à forcer une porte
ou une fenêtre avec un pied-de-biche et accepte que le
joueur utilise cette compétence de profession.
La difficulté pour briser le cadenas oxydé n’est pas
très élevée : 15. Le joueur de Vladimir lance les dés et
obtient 8, 3 et 3 ; son dé Central est donc 3, pour un total
de 4+5+3=12. Comme ce score est inférieur à 15, Vladimir
a échoué et n’arrive pas à rompre le cadenas, malgré tous
ses efforts. Ils vont devoir trouver un autre accès.
Svetlana fait le tour de l’entrepôt pour trouver une autre
entrée. Le maître du jeu explique qu’à part la porte, il
n’existe que deux petites fenêtres à quelques mètres du
sol. Il est possible d’y accéder en escaladant la vieille
gouttière qui monte jusqu’au toit, « mais ça ne semble
pas simple », explique-t-il, « la difficulté sera de 18 ».
Svetlana décide de tenter le coup, malgré sa Force de 2 et
sa compétence « Fait de l’escalade » de 3. Si elle échoue,
elle entend activer l’aspect de sa compétence pour obtenir
un meilleur résultat, mais son lancer donne 10, 10 et 7.
C’est un succès critique ! En conséquence, l’action est un
succès automatique, bien que le total soit de 2+3+10=15 et
ne dépasse pas la difficulté imposée.
Peu après avoir pénétré dans l’entrepôt par une fenêtre,
la fratrie découvre quelque chose à l’intérieur… ou
plutôt quelque chose les découvre, eux. Ils ne savent pas
exactement ce que c’est, mais une sorte de bête poursuit
rapidement Vladimir en faisant des bruits gutturaux et
des gémissements d’animaux angoissants. Il semble plus
rapide que notre ami russe, et le joueur qui interprète
Vladimir décide qu’il va essayer de se cacher entre
les caisses de l’entrepôt. Le maître du jeu décide que
c’est une action en opposition. D’un côté, Vladimir
utilisera son Intellect 4, car trouver rapidement une
cachette est une question d’astuce et de perception. En
outre, il pourra utiliser sa compétence de « Menteur
convaincant » 6, malgré son intitulé, car il essaye
d’éviter d’être découvert. D’un autre côté, la créature qui
le poursuit utilisera son Intellect 2 plus sa compétence
de « Détecter un intrus » 4. Le maître du jeu lance
43
 les dés pour la créature et obtient 9, 2 et 1, soit un total
de 2+4+2=8. De son côté, Vladimir obtient 9, 1 et 1, soit
un échec critique, car il a obtenu deux 1. Cela indique
qu’il a échoué, quel que soit son score (4+6+1=11), qui
est pourtant supérieur à celui de son adversaire. Le
maître du jeu décide que l’échec critique se traduit par
le fait que « Vladimir a choisi de se cacher dans une
impasse », ce qui est un aspect temporaire qui deviendra
potentiellement une situation très compliquée.
Vladimir se terre dans sa cachette tandis que la créature
s’approche lentement, de la démarche sûre du prédateur
qui sait que sa proie est acculée.
Aspects
Toute phrase qui décrit un personnage constitue un aspect,
du concept aux complications. Les aspects apportent de la
profondeur et de la vie aux personnages, mais également
aux lieux, situations et autres éléments de l’histoire. En
termes de jeu, il existe quatre types d’aspects :
Aspects personnels : Ce type d’aspect est une description
du personnage et est présent sur sa fiche : concept, trait
descriptif, fait marquant, compétence, devise, complication
et autre aspect temporaire du personnage.
Exemple : Chad Landis, un chercheur en biologie
marine réputé, conduit sa voiture sur une petite route
et sursaute alors qu’un 4x4 noir aux vitres teintées
surgit et le charge. Le trait de Réflexes de Chad s’intitule
« Réactions rapides », et il peut s’en servir comme aspect
dans ce cas pour éviter le 4x4 noir.
Pendant ce temps, Bruce, le compagnon de Landis,
arrive à l’hôtel où ils sont censés dormir, et tente de
réserver une chambre, mais il n’a pas suffisamment
d’argent. S’il essaye de négocier auprès du responsable
de l’établissement, il peut activer l’un de ses faits
marquants « A passé plus de nuits à l’hôtel qu’à son
domicile » pour modifier le lancer, car on peut estimer
qu’une personne qui possède ce fait marquant sait
comment influencer le gérant.
Aspect d’autrui : Ces aspects sont similaires aux aspects
personnels, mais appartiennent aux personnages
interprétés par d’autres joueurs, notamment le maître du
jeu. Il est important de garder à l’esprit qu’un joueur peut
activer un aspect d’un autre personnage que le sien, que ce
soit à son bénéfice ou non.
Exemple : Richard Smithson est poursuivi par une
brute gigantesque dans une médina maghrébine, et il
décide d’essayer de le semer. Comme le maître du jeu a
décrit l’adversaire comme « une montagne de muscles
sans cervelle », le joueur qui interprète Smithson décide
d’activer l’aspect « sans cervelle » de la brute pour le
mettre en difficulté lorsqu’il essayera de le trouver.
Aspects de situation : Ces aspects n’appartiennent à
aucun personnage et illustrent l’environnement qui les
entoure. Ces aspects peuvent décrire des lieux, des objets,
des situations ou tout autre élément présent pendant la
scène. En termes de jeu, tout élément que le maître du
jeu a prononcé pour décrire la situation peut être activé
44
comme un aspect par n’importe quel joueur dont le
personnage est impliqué dans ladite scène, exactement
comme s’il activait tout autre aspect.
Exemple : Toni Leone se réveille avec un affreux mal
de tête dans ce qui semble être un « abri de planches
délabré ». Il tente d’ouvrir la porte, mais elle semble
fermée de l’extérieur… et il sent une odeur de fumée !
Étant donné que Toni n’est guère robuste, son joueur
tente d’utiliser l’aspect « délabré » pour augmenter ses
chances d’arracher quelques planches du mur et ainsi
percer un trou suffisamment grand pour s’enfuir.
Aspects implicites : Tous les aspects de la situation,
des objets ou des personnages non-joueurs ne sont pas
forcément mentionnés par le maître du jeu. Il est ainsi
possible de déduire du contexte un aspect utilisable, mais
toujours avec l’accord du maître du jeu, bien entendu.
Exemple : Claire Jean McLane est journaliste. Elle
fouille dans les archives à la recherche d’informations
compromettantes sur un rival de son chef, et elle fait
cela illégalement à la faveur de la nuit. Le site est
plongé dans la pénombre et C.J. ne s’éclaire que par
la lampe de son téléphone mobile. Le maître du jeu
décide d’activer l’aspect implicite « Fonctionne sur
batterie » pour que la lampe s’éteigne. En conséquence,
C.J. gagne un point de Drame. Personne n’avait évoqué
l’état de la batterie avant ce moment, mais le fait qu’elle
soit épuisée est tout à fait probable.
ACTIVER UN ASPECT
Au cours du jeu, les aspects des personnages feront partie
intégrante de l’histoire et seront amenés à la modifier, à faire
évoluer les possibilités de succès ou d’échec de certaines
situations. Bien que les aspects d’un personnage soient
toujours disponibles pour le décrire et qu’ils nous aident à
mieux le comprendre, ils n’ont une influence sur le jeu en
termes de mécanique que lorsqu’ils sont activés.
L’activation d’un aspect nécessite trois conditions : que
l’utilisation de l’aspect soit applicable à la situation, qu’elle
s’intègre bien à la situation dramatique en cours et que le
joueur dépense un point de Drame ou qu’il épuise l’aspect
(voir page 43). Le maître du jeu a toujours le dernier mot
pour déterminer si un certain aspect est pertinent dans la
situation ou l’action en cours, et donc s’il peut être activé.
Il convient de rappeler que chaque personnage commence
chaque session de jeu avec autant de points de Drame
que sa valeur de Drame (voir page 26). Par ailleurs, les
personnages non-joueurs n’ont pas de valeur de Drame et
n’accumulent pas de points de Drame. Chaque point qu’ils
gagnent est en réalité remporté par le maître du jeu et ce
dernier fournit également chaque point qu’ils dépensent.
Tout ceci est expliqué en détail au chapitre « Le maître du
jeu et les aspects », à la page 44.
Les aspects peuvent être activés pour modifier l’histoire des
trois manières suivantes :
Modifier positivement un lancer : Un joueur peut activer
un aspect à sa faveur pour améliorer le résultat obtenu sur
un jet de dés qui concerne son personnage (normalement,
le sien, mais le jet peut avoir été fait par un autre joueur,
voire le maître du jeu). Le joueur dépense un point de
Drame et relance autant de dés qu’il le souhaite (un, deux,
trois ou aucun). Si le jet génère des doubles ou un triple,
la somme des dés de même valeur est comparée à la valeur
du dé M et si elle est supérieure, elle s’y substitue (à moins
que les règles ne l’empêchent, comme c’est le cas pour la
perte de points de Santé Mentale après avoir utilisé des
compétences d’arcanes, tel que décrit à la page 189). En
outre, la valeur M est utilisée à la place de la C pour le
calcul du résultat de ce test.
Si un double ou un triple 1 est obtenu, le résultat reste un échec
critique et échoue donc automatiquement, quel que soit le
résultat total et en dépit du fait qu’un aspect a été utilisé.
Exemple : Simon Baudershire découvre un ancien
journal intime rédigé dans un anglais cryptique
et truffé de références étranges à des arcanes et à
l’alchimie. Le maître du jeu lui demande un test
d’Intellect 7 plus « Connaissances de l’au-delà » 6
pour une difficulté de 20. Le joueur qui interprète
Baudershire lance les dés et obtient 7, 4 et 1. S’il
conserve le dé Central (4), le total est insuffisant
(7+6+4=17), et il décide donc d’activer comme aspect
l’un des faits marquants de Baudershire, « Petit, il
adorait fouiner dans la bibliothèque interdite de son
grand-père » pour relancer les dés. Il conserve le 7 et
relance les deux autres dés, qui donnent un autre 7
et un 9. Comme il a activé un aspect, il additionne
les deux valeurs identiques (7+7=14) et les compare
à la valeur M (9). Ce résultat est supérieur et il s’y
substitue donc, ce qui lui donne un tirage final de 7, 7
et 14. En outre, comme il a activé un aspect, il a le choix
d’utiliser la valeur M plutôt que C pour la résolution
du test, ce qu’il fait. Son nouveau total pour le test est
donc de 7+6+14=27, ce qui lui permet de dépasser la
difficulté imposée. Baudershire pourra comprendre ce
que raconte le journal. Il ne le sait pas encore, mais il
ne va pas être déçu de ce qu’il va y lire.
Modifier négativement un lancer : Il est possible d’activer
un aspect à la défaveur d’un autre joueur pour modifier
négativement son lancer de dés, dans la mesure où la situation
le permet. Par ailleurs, un joueur qui voit son jet modifié de
cette manière peut dépenser un point de Drame pour éviter
ces effets. Dans ce cas, le joueur qui avait activé l’aspect
récupère le point dépensé et, en outre, reçoit le point de drame
dépensé par le joueur qui a annulé l’activation. Si le joueur
concerné choisit de ne pas annuler l’activation, il reçoit le point
de Drame dépensé par le joueur qui a fait l’activation négative.
Si un aspect est activé de cette manière, celui qui a fait le
jet se voit obligé de relancer les dés de son lancer (au choix
de la personne qui lui a fait relancer). En outre, un double
ou un triple obtenu est considéré comme négatif (deux 6
équivalent à -6, trois 4 équivalent à -4, etc.). Si une valeur
négative est obtenue, elle se substitue au dé m pour tous
les effets concernés, à moins que les règles ne précisent le
contraire, comme c’est le cas avec la perte de points de Santé
Mentale lors d’une utilisation de compétence d’arcanes
(voir page 189). Pour ce nouveau tirage, c’est le dé m qui
doit être utilisé à la place du dé C.
Un double ou triple 10 reste un succès critique, et donc un
succès automatique, quel que soit le score obtenu.
Exemple : Des voleurs pénètrent chez Baudershire, et
le maître du jeu demande à son garde du corps, Sasha
Slatkovic, de faire un test d’Intellect 3 plus « Sens
du combat » 5 contre une difficulté de 15 pour s’assurer
que toutes les sorties d’urgence sont couvertes. Le
joueur lance les dés et obtient 9, 8 et 1. Le cruel maître
du jeu décide qu’il est plus intéressant que les voleurs
s’enfuient et offre un point de Drame au joueur de
Sasha en activant l’aspect « Sous-estime les autres » de
son personnage pour lui faire relancer le 9 et le 8. Le
joueur décide de ne pas annuler cette activation pour
ne pas dépenser l’un de ses propres points de Drame,
et il relance les dés requis par le maître du jeu. Le
nouveau résultat donne 1, 6 et 6. Comme ce lancer a été
fait négativement, les valeurs qui se répètent deviennent
négatives et se substituent à la valeur m, ce qui donne
un tirage -6, 6 et 6. Comme un aspect a été utilisé contre
lui, le joueur doit conserver la valeur m (-6), ce qui
lui donne un total de 3+5-6=2, ce qui est un échec. Les
cambrioleurs parviennent à sauter par une fenêtre
que Sasha n’avait pas surveillée, pensant qu’ils ne
s’aventureraient pas par là.
Introduire un élément narratif ou dramatique : Il est
possible d’activer un aspect pour introduire un élément
narratif, comme rencontrer quelqu’un qui peut aider dans
une situation délicate, disposer d’un accès à un lieu a
priori interdit, etc. Dans tous les cas, le maître du jeu doit
être d’accord avec la proposition.
Il est également possible d’introduire un élément qui
affecte négativement un autre personnage. Par exemple,
en mettant en jeu une complication du personnage
concerné. Dans ce cas, le joueur concerné peut décider
de dépenser l’un de ses propres points de Drame pour
annuler l’activation. S’il ne le fait pas, il gagne le point de
Drame de la personne qui a activé l’aspect.
Exemple : Jason Scott se trouve au Kansas, où il doit
trouver un veau à deux têtes pour mener à bien un
rituel. Pour ne pas se compliquer la vie, il dépense un
point de Drame et active l’aspect « Vétérinaire rural »
pour décider qu’il connaît suffisamment d’éleveurs du
Kansas pour en connaître un qui lui fournira ce dont il
a besoin à titre gracieux.
ÉPUISER UN ASPECT
Tout le système Hitos repose sur l’utilisation des aspects
et des points de Drame, mais que se passe-t-il quand
un personnage n’a plus de points de Drame ou qu’il ne
souhaite pas en dépenser ?
Au lieu d’utiliser des points de Drame pour activer un
aspect, il peut épuiser ce dernier, ce qui signifie qu’il
active l’aspect sans dépenser de point de Drame, mais ne
pourra l’utiliser à nouveau qu’au bout d’un certain temps :
la prochaine session de jeu ou l’histoire suivante, selon la
nature de l’aspect et le choix du maître du jeu. En revanche,
un aspect épuisé peut toujours être utilisé par d’autres
joueurs, notamment le maître du jeu, à sa défaveur.
45
 Un joueur ne peut épuiser que ses propres aspects, jamais des
aspects de situation ou d’autres personnages ; si vous épuisez
un aspect, cochez-le ou faites une marque visible à côté sur
la feuille de personnage. Évidemment, il est également
impossible d’épuiser des aspects implicites.
L’aspect épuisé doit être interprété par la narration selon
la situation, par exemple : « Tes amis de Harvard en ont
assez de te rendre des services après ta dernière requête,
et il vaut mieux les laisser tranquilles pendant quelque
temps » ou : « Ce dernier effort pour te libérer de tes liens
t’a fortement endolori les bras. »
ASPECTS TEMPORAIRES
Au cours du jeu, les personnages peuvent gagner des aspects
temporaires. Cette situation survient généralement lors d’un
succès ou d’un échec critique lors d’un jet. Ces aspects peuvent
avoir deux durées : une scène ou une session.
Les aspects qui durent une scène sont gagnés en obtenant un
double 1 ou 10 sur le jet de dés d’une action. Ils disparaissent
lorsque se produit un changement de scène (une interruption
de l’action par ellipse ou un changement de scène).
Les aspects qui durent une session sont gagnés en
obtenant un triple 1 ou 10 sur le jet de dés d’une action.
Ils sont conservés pendant le reste de la session de jeu et
disparaissent au début de la session suivante.
Les aspects temporaires peuvent être utilisés comme
les autres. En revanche, contrairement à d’autres types
d’aspects, les aspects temporaires épuisés sont perdus
comme si leur durée avait expiré.
LE MAÎTRE DU JEU ET LES ASPECTS
Les personnages non-joueurs n’ont pas d’attributs « Drame »
et en conséquence n’ont pas de points de Drame. À la place, le
maître du jeu possède une réserve infinie de points de Drame
46
qu’il peut utiliser pour activer les aspects de ses personnages
ou activer négativement les aspects des personnages joueurs.
Dans toute situation où le maître du jeu doit dépenser un
point de Drame, il offre ce point au joueur dont le personnage
sera concerné le plus directement par l’activation.
Par ailleurs, le fait que le maître du jeu gagne des points de
Drame n’a pas d’importance, étant donné qu’il en possède
une quantité infinie. Pour autant, si un joueur dépense un
point de Drame, il le perd tout de même. Par exemple, si
un joueur active un aspect d’un personnage non-joueur
contre lui, il dépense un point de Drame, mais le maître
du jeu ignore le gain de ce point.
Si le maître du jeu considère que l’activation d’un aspect de la
part d’un joueur peut interférer avec l’histoire, il peut annuler
l’activation de l’aspect (par exemple, parce qu’il veut s’assurer
que les personnages sont découverts ou qu’un personnage
non-joueur puisse survivre). En cas d’annulation, non
seulement le joueur ne dépense pas de point de Drame, mais le
maître du jeu lui en donne un. Cette situation ne doit pas être
confondue avec un refus du maître du jeu d’utiliser un aspect
dans une situation particulière : si un joueur tente d’activer un
aspect que le maître du jeu considère comme inadéquat ou
impossible pour la situation, l’activation ne se produit pas et
le joueur ne reçoit pas de compensation. Ainsi, si l’activation
est légitime, mais que le maître du jeu souhaite l’éviter, il doit
annuler l’activation selon la mécanique normale, mais si elle
n’est pas légitime, l’activation n’a simplement pas lieu et le
personnage n’aura pas dépensé de point dans l’opération.
PLUS D’UN ASPECT POUR LE MÊME TEST ?
Il peut arriver que plusieurs aspects soient adaptés pour
affecter un jet. Par exemple, le personnage peut être impliqué
dans une poursuite et être « Paresseux », « Rapide » ou
« Implacable » tout en étant « Distrait ». Si un joueur souhaite
activer un aspect pour modifier positivement le lancer et
un autre pour le modifier négativement, dans la mesure où
cela se fait avant que les dés soient relancés, ils s’annulent
mutuellement : chacun dépense un point de Drame et les dés
ne sont pas relancés. Le joueur dont le personnage est censé
être concerné négativement ne reçoit pas le point de Drame ;
chacun d’eux perd simplement son point. Si un aspect avait
été activé et que les dés ont déjà été relancés, personne ne
peut activer d’autre aspect pour refaire le jet (que ce soit pour
l’améliorer ou le rendre plus difficile).
Exemple : Dirk et Sonny, deux routiers durs à cuire
décident de parier cinquante dollars dans un bras de
fer pour lequel ils font un test de Force en opposition.
Dirk obtient un meilleur résultat, mais Sonny décide
d’activer le fait marquant de Dirk « S’est blessé au
coude au Vietnam » pour modifier son lancer. Avant de
lancer les dés, Dirk avait activé son fait marquant « En
vingt ans, n’a jamais perdu un pari ». Les deux joueurs
dépensent un point et le lancer n’est pas modifié.
Naturellement, si Dirk n’avait pas eu d’aspect positif à
utiliser, sa seule chance aurait été de refuser le point de
Sonny lorsque ce dernier a décidé d’activer son aspect
négatif en lui donnant l’un de ses propres points de
Drame ou d’accepter de relancer les dés et récolter le
point de Drame dépensé par l’autre joueur.
Action et combat
Une grande partie des règles concernent les scènes d’action,
car le jeu de rôle est avant tout un divertissement narratif, et
les questions sociales et intellectuelles peuvent être facilement
résolues par le biais de l’interprétation.
Le combat est le roi des mécaniques d’action dans la majorité
des jeux de rôle. Tôt ou tard, les joueurs seront amenés à vider
leur querelle dans la violence, et des règles sont nécessaires
pour arbitrer ces situations. Le système de combat de Hitos
est une extension du système général et met à l’honneur la
narration, laissée à l’appréciation du maître du jeu et des
joueurs. Les règles qui suivent n’ont pas la prétention d’être un
système de jeu tactique, mais plutôt une aide à l’histoire.
SÉQUENCE
Le combat est cyclique. Chaque cycle est intitulé « assaut »
ou « tour de combat » et dure entre cinq et dix secondes de
narration. Au cours de chaque assaut, chaque personnage
aura l’occasion d’agir une fois. Tout personnage impliqué
de quelque manière que ce soit dans un combat (même
s’il ne fait que fuir ou éviter toute forme de violence) est
considéré comme un combattant.
La séquence normale d’un combat se déroule comme suit :
1. Au début du combat, chaque combattant commence
« surpris », ce qui lui inflige un -3 à sa Défense. Une fois que
le combattant agit pour la première fois, il n’est plus surpris
pour tout le reste du combat.
2. Le maître du jeu détermine lesquels des personnages sont
conscients de la présence de leurs adversaires au début
du combat. Si des combattants ne sont pas conscients des
ennemis, une attaque-surprise a lieu avant le premier assaut
normal. Si aucun ou tous les combattants commencent la
bataille en étant conscients de leurs adversaires, l’attaque-
surprise n’a pas lieu. Lors de l’attaque-surprise, seuls les
combattants qui sont conscients de leur ennemi jouent, et
commencent par faire un test d’Initiative pour déterminer
l’ordre de jeu. Ensuite, ils réalisent une action au cours de
l’attaque-surprise par ordre d’Initiative décroissante.
3. Après l’attaque-surprise, chaque combattant qui n’a pas
encore fait de test d’Initiative en fait un à ce moment. Tous
les combattants sont maintenant prêts à commencer le
premier assaut normal.
4. Au cours d’un assaut normal, les combattants agissent
par ordre décroissant d’initiative. Au cours de ce tour, un
personnage peut réaliser une action, qui peut être une
unique activité ou être composée de plusieurs activités au
cours de l’action (allant de cinq à dix secondes), tant qu’elles
sont raisonnables : tirer avec une arme et se déplacer
de quelques pas, courir jusqu’à un point situé non loin,
chercher un objet dans un sac à dos, etc. Les actions plus
complexes durent un certain nombre de tours, au choix du
maître du jeu : chercher un passage précis dans un livre,
câbler une voiture, pousser une autre personne à faire
quelque chose, réaliser les premiers soins sur quelqu’un,
forcer une serrure avec un outil approprié, etc.
5. Lorsque tous les participants ont eu un tour d’action, un
nouvel assaut est commencé : les étapes 4 et 5 sont répétées
jusqu’à la fin du combat, qui arrive lorsque l’un des deux
camps a été entièrement vaincu (tous ses participants se
sont rendus, sont morts, ont fui, etc.).
INITIATIVE
L’ordre dans lequel les joueurs agissent dans un assaut
dépend de l’Initiative. À chaque assaut, c’est le personnage
qui a l’Initiative la plus élevée qui commence en premier,
suivi des autres par ordre décroissant. Un seul test
d’Initiative est fait pour l’ensemble du combat, juste avant le
premier assaut dans lequel un personnage peut jouer.
Pour faire un test d’Initiative pour un personnage, lancez
un dé et ajoutez-y sa valeur d’Initiative (Réflexes plus la
moitié d’Intellect). Il est également possible que d’autres
circonstances modifient le résultat du test, comme les
pénalités dues aux blessures. Le résultat obtenu est la
valeur d’Initiative du personnage pour tout le combat. En
cas d’égalité entre deux personnages, faites-leur faire un
nouveau test d’Initiative pour résoudre l’ordre entre eux.
Au cours du combat, un personnage avec une Initiative
plus élevée peut retarder son action pour agir à une valeur
d’Initiative plus basse. Le cas échéant, sa nouvelle valeur
d’Initiative sera utilisée pour le reste du combat entier.
ATTAQUE
Dès qu’un personnage tente une agression directe sur
autrui à l’aide d’armes de corps-à-corps, sans arme ou
avec une ou plusieurs armes à distance, son action est
considérée comme une attaque. Cette dernière est réalisée
comme une action normale en utilisant Réflexes plus la
compétence de , mais avec une différence importante :
la difficulté du jet n’est pas fixée par le maître du jeu, mais
par la cible que le personnage souhaite attaquer. Ainsi, elle
correspond à la valeur objective de Défense du personnage
ciblé, soit 5 plus ses Réflexes plus la compétence qu’il
47
 utilise pour se défendre (généralement, la compétence de
ou toute autre qui est pertinente).
Les règles supposent que la cible de l’attaque se défend
activement, c’est pourquoi la difficulté de l’attaque est égale
à sa Défense. Si l’adversaire ne se défend pas, pour quelque
raison que ce soit, la difficulté pour réussir l’attaque est de 5.
Par ailleurs, un personnage surpris, mais qui peut essayer de
se défendre se voit infliger -3 à sa Défense. Si un personnage
souhaite uniquement se défendre au cours de tout l’assaut
(c’est-à-dire qu’il ne fait aucune autre action que se défendre
à son tour), il bénéficie d’un bonus de +3 à sa Défense.
Exemple : Grizzli Mike, un motard vindicatif, s’est rendu
compte qu’un petit malin essaye de le détrousser. Il ne va
sûrement pas tolérer une chose pareille, et va le montrer
en tirant sur le pickpocket. Le combat commence. Le
résultat du test d’Initiative du Grizzli est supérieur à
celui du voleur, c’est donc le motard qui va commencer.
Pour réaliser son attaque, ce dernier utilise Réflexes 5
plus sa compétence de « Gâchette facile » 5. Le joueur
qui l’interprète lance les dés et obtient 7, 6 et 3, soit un total
de 5+5+6=16. Le pickpocket ne va pas passer son tour à
se défendre, car il souhaite tenter de s’enfuir en courant,
et sa Défense est donc de 12 (elle ne sera ni augmentée ni
diminuée). Étant donné que le résultat du test d’attaque est
supérieur à la difficulté de 12, Grizzli fait mouche.
SUCCÈS ET ÉCHECS CRITIQUES EN COMBAT
Un résultat critique obtenu sur un jet d’attaque est toujours
un succès, quelle que soit la Défense de la cible, et l’aspect
temporaire provoqué sur le personnage visé sera une séquelle
temporaire (voir page 53), dont la durée correspond au type de
critique qui l’a provoquée (voir page 39). En outre, si le critique
est un double 10, la cible encaisse le double de dégâts normaux.
Si le critique est un triple 10, elle subit le triple de dégâts.
Si le résultat obtenu sur un jet est un échec critique, l’attaque
échoue avec des conséquences catastrophiques et entraîne un
aspect temporaire négatif dont la durée dépend du type d’échec
critique qui l’a provoqué (voir page 44). Pour définir un effet
d’échec critique qui soit crédible et qui fasse évoluer l’histoire
dans le bon sens, le maître du jeu peut envisager les possibilités
que lui offre la situation, ainsi que les détails de l’action en cours.
L’encadré ci-dessous propose quelques idées de conséquence
d’échec critique, ainsi qu’une proposition pour l’aspect
temporaire qui l’accompagne.
DÉGÂTS EN COMBAT
Les dégâts d’une attaque sont calculés à l’aide du test d’attaque et
n’en nécessitent pas de nouveau. Les dégâts correspondent à la
somme de l’un ou de plusieurs des dés utilisés pour le jet, selon
l’arme utilisée, comme indiqué en bas de la page suivante. Il est
possible d’activer un aspect pertinent pour modifier les dégâts
d’une attaque. Utilisez le type de dégâts d’une ligne supérieure
ou inférieure à celle qui devrait être utilisée dans le tableau
des dégâts si l’aspect a été activé pour un effet bénéfique ou
néfaste sur l’attaquant ou la victime. Par exemple, il est possible
d’activer un aspect implicite de l’arme que vous êtes en train
d’utiliser comme « Lame émoussée », « Gros calibre » ou « Tir
automatique », un aspect du personnage attaquant comme
« Mortel en combat à mains nues », « Déteste se tacher les
mains de sang », « Crocs monstrueux » ou même un aspect du
personnage objectif comme « Difficile à tuer », « Protégé par
l’ombre du Roi en Jaune » ou « Vulnérable au feu ».
Les dégâts de base minimaux d’une attaque réussie sont
toujours de 1. Par exemple, comme nous l’avons vu
dans l’explication de l’activation d’aspects pour modifier
négativement un jet (page 43), le résultat d’un lancer de
dés peut être une valeur négative si un aspect a été utilisé
pour modifier négativement ce jet. Cette valeur négative se
substitue au dé m pour le calcul des dégâts et il peut arriver
qu’après avoir ajouté le bonus de dégâts le résultat final soit
également négatif. Mais appliquer des dégâts négatifs à une
cible n’aurait aucun sens (un couteau, une balle de pistolet ne
peuvent jamais « soigner » leur victime), et on considérera
donc que l’attaque inflige 1 point de dégâts si l’attaquant est
parvenu à réussir son attaque. À partir de là, si la cible porte
une protection quelconque, sa valeur peut être retranchée
aux dégâts. Dans ce cas, les dégâts infligés peuvent être de 0.

Exemple d’échec cr
itique
L’arme à feu utilisée s’enr
aye
Le couteau lui tombe des ma
ins
Le personnage glisse et
tombe par terre
Le personnage frappe un
compagnon par erreur
Son tir touche un baril d’
essence
et de possibles aspe
cts temporaires
«Munition défectueuse»,
«Arme hors servicea»
«Mains pleines de sueur
«Cherche à récupérer soà cause du stress», «Pouls rapide»,
n couteau»
« Étourdi par le choc »,
en lui » « Douleur handicapante »,
« Perd confiance
«Inquiet pour son ami »,
«Prudent à l’extrême» «Faire mal à son ami lui a plu»,
« L’explosion le rend sourd
superficielles douloureuses », « Grisé par la destruction », « Blessures
»

48
Exemple : Grizzli Mike est en train de siroter
tranquillement une bière dans un bar lorsqu’il voit une
bande de délinquants saouls chercher des noises à un
étudiant qui va aux toilettes. Son sang ne fait qu’un tour
et il décide de leur apprendre un peu la vie. Le joueur qui
l’interprète fait un test : Réflexes 5 et « Gâchette facile » 5
pour une difficulté de 7 (la Défense de l’ivrogne qu’il vise
est de 10-3, car il est surpris). Il lance les dés et obtient 4,
6 et 7, mais le maître du jeu donne un point de Drame au
joueur qui interprète Grizzli Mike pour activer l’aspect
implicite du motard « Bois depuis un bon moment », et lui
fait relancer les dés C (6) et M (7). Les nouveaux résultats
sont deux 3, et comme l’aspect a été activé pour modifier
négativement les dés, ils changent la valeur m en -3, ce qui
donne un résultat au test de -3, 3 et 4 pour un total de 5+5-
3=7. Grizzli parvient à frapper le délinquant. Une attaque
à mains nues inflige m dégâts (soit -3), plus le bonus de
dégâts (+2 dans le cas de Mike), soit un total de -1. Comme
il est impossible d’infliger des dégâts négatifs, il distribue
1 point de dégâts. L’ivrogne ne porte aucune protection et
le maître du jeu marque une barre oblique dans la barre
de points de Résistance du délinquant.
En outre, il existe des sources de dégâts bien plus
dangereuses : explosions, incendies, immersion dans l’acide
ou engloutissement par un Grand Ancien affamé. S’exposer
à des dégâts si graves peut entraîner la mort immédiate du
personnage malchanceux, mais un maître du jeu moins radical
peut décider que le personnage souffre de dégâts mCM d’un
jet normal plus autant de dés supplémentaires de dégâts directs
qu’il estime pertinents. Cela peut également être important
face à des créatures qui résistent beaucoup mieux aux dégâts
qu’un humain ou des personnages sous l’influence de certains
sortilèges ou compétences mystiques de protection.
Exemple : Un groupe de cultistes fait sauter une station-
service pour détruire un Shoggoth qui les poursuit. Le
maître du jeu décide que les dégâts de l’explosion seront
de mCM+4D10. Étant donné qu’un Shoggoth est capable
d’encaisser énormément de dégâts, il est possible que cela
ne suffise pas à le tuer.
Bonus de dégâts
En plus des dégâts du type d’arme, chaque personnage
ajoute une quantité supplémentaire de dégâts au total qui
dépend de la compétence de combat qu’il utilise. Le bonus
de dégâts (BD) est égal à la valeur de la compétence de
(plus la Force dans le cas d’attaques de corps-à-corps)
divisée par 4, arrondi à l’entier inférieur.
Type de dégâts
Petit animal ou essaim de nuisibles
Attaque sans arme
Arme de corps-à-corps légère (couteau, poing américain)
Arme de corps-à-corps (épée, hache, batte de baseball, matraque antiémeute)
Petite arme à feu (pistolet)
Arme à feu moyenne (fusil, pistolet-mitrailleur, carabine)
Grande arme à feu (lance-roquette, mitrailleuse, grenade)
Exemple : Ryan McAllan, un policier de Baltimore,
essaye de mettre hors de combat un délinquant avec qui
il s’est engagé dans un corps-à-corps. Ryan le frappe en
utilisant sa compétence de « Défense personnelle » 4 et
ses Réflexes 3. Son BD est de (5+4)/4=2, car il est arrondi
à l’entier inférieur. Ainsi, Ryan infligera à son adversaire
des dégâts m dus à sa frappe à mains nues plus 2 points
supplémentaires de BD.
Ensuite, l’un des délinquants sort un pistolet et décide de
tirer sur Ryan à l’aide de sa compétence « Flingueur
urbain » 6 et de ses Réflexes 2. Son BD est de 6/4=1, car,
comme l’attaque n’est pas de type corps-à-corps, rien
d’autre n’est ajouté et le total est arrondi à l’entier inférieur.
Les dégâts infligés par le délinquant seront de mM (en
raison de son arme) plus 1 point de BD supplémentaire.
Résistance aux dégâts
Un gilet pare-balles, certains objets magiques et le cuir
particulièrement solide de certains êtres du Mythe peuvent
réduire les dégâts encaissés. Pour représenter cela, certains
objets et certaines créatures bénéficient d’une Résistance aux
dégâts (RD). Lorsqu’un personnage qui dispose d’une RD subit
des dégâts, il soustrait sa valeur de RD aux dégâts reçus.
Si pour une quelconque raison un personnage porte plus d’une
armure en même temps, il ne doit prendre en compte que la
valeur qui lui octroie la RD la plus élevée. En aucun cas plusieurs
valeurs de protection ne peuvent se cumuler.
Protection RD
Manteau épais ou blouson en cuir résistant 1
Casque de motard 2
Armure antiémeute 4
Gilet pare-balles 8
Protection en kevlar 10
Immunité aux dégâts
Certaines créatures du Mythe sont immunisées à certaines
sources de dégâts, comme les dégâts physiques, magiques,
de feu, de froid, etc. Un être immunisé à un certain type
de dégâts ignore tous les dégâts produits par la source à
laquelle il est immunisé.
Niveau de dégâts
Un point de dégâts (1)
Résultat du dé mineur (m)
Résultat du dé Central (C)
Résultat du dé Majeur (M)
Somme du dé mineur et du dé Majeur (mM)
Somme du dé Central et du dé Majeur (CM)
Somme des trois dés (mCM)
49
 AUTRES SOURCES DE DÉGÂTS
Comme nous l’avons vu, un personnage peut recevoir
des dégâts en conséquence d’une attaque, mais il existe de
nombreuses autres manières d’être blessé. Ce chapitre décrit
certaines des plus fréquentes.
Chute
Certains monstres volants ou gigantesques saisissent
régulièrement leur proie pour les projeter en l’air. En outre,
les cultistes peuvent escalader et gravir des ruines de vieux
temples et des montagnes plantées à la bordure de ce monde,
et l’expérience peut mal finir. Une chute est généralement le
résultat de l’une des circonstances suivantes :
• Un test d’Escalade ou de Grimper raté. Dans ce cas, les dés
du test sont utilisés pour déterminer les dégâts.
• Une créature attaque un personnage en le lançant en
l’air. Dans ce cas, les dés du test d’attaque sont utilisés
pour déterminer les dégâts. Ajoutez-y le BD au corps-à-
corps de la créature.
Les dégâts concrets dépendront de la hauteur de la chute,
comme indiqué dans le tableau suivant.
50
Hauteur Dégâts
3 mètres m
6 mètres C
9 mètres M
12 mètres mM
15 mètres CM
18 mètres ou plus mCM
Activer un aspect approprié pendant la chute, comme
« Félin » ou « Retombe toujours sur ses pieds », ou un autre
aspect pertinent de l’environnement comme « Bois touffu »
peut réduire l’effet de la chute (et donc les dégâts) de 3 mètres.
Poison
De nombreuses substances provoquent des effets nocifs si
elles sont inhalées ou ingérées. Chaque poison dispose d’une
difficulté pour y résister et de deux valeurs de dégâts. La plus
basse correspond aux dégâts reçus si le test de résistance est
réussi, tandis que la plus haute doit être appliquée en cas
d’échec à ce test. En outre, chaque poison a une durée d’action
déterminée et un mode d’administration. Dans certains cas,
il peut également générer des effets supplémentaires, comme
une paralysie, des tremblements, une perte des facultés
mentales ou physiques et autres, qui sont illustrés par
l’utilisation d’aspects temporaires ou de séquelles. Le test pour
résister à un poison est réalisé avec l’Endurance du personnage.
Poison Difficulté Dégâts en cas
Administration d’Endurance, ou du quadruple de sa valeur d’Endurance si le
de succès d’échec
personnage a eu le temps de prendre sa respiration. Chaque
Anthrax Inhalation 13 C CM tour supplémentaire passé sans respirer, le joueur doit faire
un test d’Endurance d’une difficulté de 10+1 pour chaque test
Arsenic Ingestion 13 m mM
de ce type réalisé après le premier tant que le personnage ne
Cyanure Ingestion ou Inhalation 12 m mC peut pas respirer. En cas d’échec, le personnage tombe dans
Ciguë Ingestion ou Blessure 14 C CM l’inconscience et perd tous ses points de Résistance, passant
1080 Ingestion ou Inhalation 12 m C ainsi à l’état « Mourant ». Dans de telles circonstances, un
Strychnine Ingestion ou Inhalation 11 m M personnage ne peut se stabiliser tant qu’il ne peut pas respirer.
Gaz moutarde Inhalation 11 m C
Feu et explosion
Gaz sarin Inhalation 14 C mC
Le feu et les explosions (qui sont généralement accompagnées
Mercure Ingestion ou Inhalation 10 m C de flammes) infligent des dégâts à tous les personnages qui se
Ricine Ingestion 15 mC mCM trouvent dans la zone concernée.
Toxine botulique Ingestion 18 mM mCM Dans le cas d’une explosion, le maître du jeu détermine
Venin de poisson-globe Ingestion 12 m CM les valeurs de dégâts : les dégâts complets, utilisés pour
Venin de vipère Blessure 11 m M un personnage frappé de plein fouet, et les dégâts partiels,
utilisés si des éléments de protection, manœuvres du
personnage ou autres facteurs le protègent partiellement des
Température extrême dommages, comme se jeter au sol ou sauter derrière un mur
Les personnages exposés à des températures extrêmes, comme (ce qui peut nécessiter d’activer un aspect adéquat). En outre,
l’implacable chaleur du désert ou le froid des régions arctiques, les dégâts infligés à tous ceux qui se trouvent en périphérie
peuvent subir de graves dégâts. Pour éviter cela, un personnage de l’explosion sont des dégâts partiels et, à la discrétion du
doit réussir un test d’Endurance d’une difficulté de 10+1 pour maître du jeu, il est possible de ne subir aucun dégât en cas
chaque test précédent de ce type qu’il aurait pu avoir à faire dans de protection derrière une couverture ou de succès d’un test
les mêmes circonstances, si les conditions thermiques n’ont pas pour éviter l’explosion ou autre circonstance.
évolué depuis. La fréquence des tests peut aller d’un par jour
Chaque personnage touché par une explosion doit faire un
à un par tour de combat, selon l’écart de température. En cas
test de Réflexes plus sa compétence de d’une difficulté
d’échec, le personnage perd autant de points de Résistance que moyenne ou supérieure, en fonction des options de
la valeur m. Porter des vêtements adéquats peut être considéré couverture dont il dispose. En cas de succès, il subit des
comme un aspect activable pour résister à ces températures. dégâts partiels, tandis qu’en cas d’échec, il encaisse les
dégâts complets. Un succès critique permet d’éviter tous
Exemple : Le professeur Andrzej Landowski s’est les dégâts, tandis qu’un échec critique produit des dégâts
perdu dans une tempête de neige dans un coin perdu complets multipliés par 2. Le tableau suivant indique
du Groenland. Le maître du jeu décide qu’il lui faudra
quelques exemples de dégâts par explosion.
faire un test d’Endurance pour chaque demi-heure
passée dans l’intempérie. Le premier a une difficulté
Taille de l’explosion Dégâts partiels Dégâts complets
de 10, et il est réussi par le joueur. Le second a une
difficulté de 11 et le joueur échoue ; son personnage Pétard M C
encaisse autant de points de dégâts que le dé mineur
de son jet. Le troisième test, d’une difficulté de 12, est Cocktail Molotov C mC
un échec. En revanche, comme le professeur porte des Grenade M CM
vêtements épais et adaptés au climat, le joueur décide Bombonne de butane M mCM
d’activer l’aspect implicite « Protection contre le
Voiture piégée mM mCM + 1d
froid » pour relancer les dés, et il obtient un succès
critique. Heureusement, au cours de cette heure et Explosion d’une station-service mCM mCM + 3d
demie, le professeur a retrouvé son campement, où il
court se réfugier. Le jour suivant, comme il a passé Dans le cas du feu, les dégâts dépendent de l’exposition du
une nuit bien au chaud, il décide de ressortir. La personnage aux flammes. Mettre la main dans un four n’a pas
tempête de neige n’a pas baissé d’intensité, et il devra les mêmes conséquences que de se retrouver au beau milieu
faire un test toutes les demi-heures. La circonstance d’un incendie dans une maison. Pour refléter cela, trois niveaux
qui l’oblige à le faire, c’est-à-dire la tempête de neige, d’exposition ont été déterminés (voir tableau ci-après).
n’a pas changé. En revanche, depuis son dernier test,
les circonstances thermiques du personnage ont Si en conséquence d’une explosion le personnage prend
évolué, car le professeur a passé une nuit au chaud feu, il continuera de recevoir des dégâts tant que les
à son campement. Ainsi, la difficulté du test sera à flammes n’ont pas été entièrement éteintes. Pour cela, il est
nouveau de 10, au lieu de 13. nécessaire de faire un test de Réflexes plus une compétence
adaptée, selon si le personnage souhaite étouffer un feu
qui se propage au sol (le cas le plus fréquent), ou s’il essaye
Asphyxie d’enlever ses vêtements enflammés ( ). La difficulté
Un personnage qui ne peut plus respirer subit presque dépend des circonstances, car s’il est facile d’éteindre une
instantanément des dégâts. Il est possible de retenir sa jambe de pantalon qui a pris feu, il est bien plus difficile
respiration pendant autant de tours que le double de sa valeur de se débarrasser de ses vêtements trempés d’essence. Tout
51
 cela est encore bien moins grave que ce que peut causer un
feu d’origine surnaturelle.
Comme dans le cas des explosions, le feu a deux niveaux
de dégâts. Le niveau mineur s’applique en cas de succès
au test réalisé pour l’éteindre, tandis que le niveau majeur
s’applique en cas d’échec. En outre, en cas de succès, le
niveau de dégâts du feu qui affecte un personnage diminue
d’un ; par exemple, une explosion passera ainsi de majeure
à mineure. En cas de succès critique, un feu qui couvre un
personnage est complètement éteint. En revanche, en cas
d’échec critique, le niveau d’exposition augmente d’un pour
illustrer le fait que le feu se propage sur les vêtements et les
cheveux du personnage. Dans cette situation, il est possible
d’activer des aspects pertinents, comme « Lieu équipé d’un
système anti-incendie » ou « Extincteur à portée de main »
pour éteindre complètement les flammes.
D’autres personnages peuvent tenter d’aider une personne
en proie aux flammes à éteindre l’incendie. Pour ce faire,
ils devront faire un test à chaque assaut de la même
difficulté imposée au personnage en train de brûler. Les
mêmes critères sont appliqués que si un personnage tente
d’éteindre le feu, mais la personne incendiée ne souffre pas
de dégâts supplémentaires en conséquence d’un test réalisé
par un autre personnage pour tenter de le sauver.
Dégâts Dégâts poursuivi remporte le test, la poursuite est terminée. Dans
Niveau d’exposition
minimums maximums
Mineur
(moins de 50 % du corps) 1 C
Moyen
(entre 50 et 75 %) C mM
Majeur
(plus de 75 % du corps) mM mCM
POURSUITES
Les poursuites constituent une situation classique des
scènes d’action : un personnage court pour sauver sa peau
en essayant de semer son poursuivant. Plutôt que de faire
des calculs sur les mètres qui séparent chaque personnage,
le système Hitos propose une mécanique abstraite pour
résoudre ce type de situation.
La poursuite commence avec l’une des quatre distances
suivantes :
Courte : Les personnages peuvent se toucher ou sont sur le
point de le faire.
Moyenne : Les personnages sont séparés uniquement par
une dizaine de pas.
Longue : Les personnages sont séparés par une distance
assez longue, mais sont tout de même capables de se voir.
Très longue : Les personnages ont perdu le contact visuel,
mais la poursuite n’est pas encore terminée, car une piste
récente peut être suivie.
Au cours de la poursuite, chaque personnage fait
régulièrement un test en opposition de Réflexes plus la
compétence adéquate (en fonction du type de poursuite). Si
le poursuivant obtient un résultat plus élevé, la distance est
52
réduite d’un niveau (la distance minimale est toujours courte).
Si c’est le poursuivi qui remporte le test en opposition, la
distance augmente d’un niveau. Si la distance est très longue
et que le poursuivi remporte l’opposition, alors le poursuivant
a perdu sa piste et la poursuite s’achève. Un succès critique
(ou un échec critique) achève automatiquement la poursuite
avec un résultat favorable à celui qui a obtenu le succès, ou
défavorable à celui qui a obtenu l’échec.
À distance courte, le poursuivant peut essayer d’arrêter
le poursuivi en le saisissant, en le faisant chuter, en lui
coupant la route, en le poussant hors de son chemin,
etc. Cette action nécessite un test en opposition. Si le
poursuivant remporte le test, il arrête sa cible, mais si c’est
le poursuivi qui remporte le test, il prend le meilleur sur le
poursuivant et la distance passe à moyenne. Par exemple,
Force + (poursuivant) contre Réflexes + (poursuivi)
peut être approprié si le poursuivant tente de l’attraper ou
de le renverser. Par contre, si la poursuite est réalisée à bord
de véhicules, il faut utiliser Réflexes plus une compétence
de adéquate pour conduire.
Lorsque la distance est très longue ou si un aspect de la
situation est activé pour permettre d’introduire un élément
adéquat, le poursuivi peut essayer de se cacher au lieu
de continuer à courir. Pour cela, faites-lui faire un test
d’Intellect + contre Intellect + du poursuivant. Si le
le cas contraire, la distance se réduit à « courte ».
Une poursuite implique généralement l’utilisation de la
compétence de , car elle suppose que le personnage est en
train de courir. En revanche, il est possible d’en utiliser une
autre en fonction de la nature de la poursuite, comme une
compétence de appropriée pour conduire si la poursuite
est réalisée à bord d’un véhicule. Par ailleurs, il revient au
maître du jeu de déterminer la fréquence des tests : un par
tour de combat pour faciliter la scène, chaque minute pour
une poursuite plus étendue, etc.
Exemple : Chad Landis est toujours en train de
conduire lorsque le 4x4 noir aux vitres teintées fait
irruption derrière lui à distance moyenne. Landis
accélère et tente de le semer dans la circulation dense,
et la poursuite commence. Comme Landis ne dispose
d’aucune compétence utile au test de conduite, il utilise
uniquement ses Réflexes 3. Le joueur lance les dés et
obtient 6, 8 et 8, soit un résultat de test de 3+8=11. Le
conducteur du 4x4 utilise Réflexes 3 et sa « garde
du corps » 3, et le maître du jeu obtient 2, 4 et 5, soit un
total de 3+3+4=10. Landis réussit donc à prendre le large
entre les autres voitures et la distance passe à longue.
Évidemment, des aspects de terrain peuvent être activés
pendant la poursuite pour modifier les résultats. Non
seulement cela peut profondément influencer le résultat,
mais ces aspects ajoutent également du suspense, rendent
la poursuite plus vivante et poussent les joueurs à utiliser
les éléments de leur environnement avec imagination.
Par exemple, ils peuvent renverser des obstacles sur leur
passage, se fondre dans la foule, un véhicule peut surgir
inopinément d’une ruelle et freiner l’adversaire, le faire
prendre un virage pour emprunter une autre route, le faire
traverser un passage à niveau juste avant le passage d’un
train ou suivre le courant d’un fleuve pour éviter d’être pisté.
Foncer
Lors d’une poursuite motorisée, il va de soi que chaque
participant conduit à la vitesse qui correspond le mieux à
son type de véhicule, à l’environnement et à sa compétence
de conduite. Une poursuite ne sera pas réalisée de la même
manière si elle est menée en pleine ville, sur l’autoroute ou
sur un chemin forestier. De même, conduire une voiture
de sport est très différent d’un 4x4. Ces circonstances
peuvent être traduites en aspects implicites pouvant être
activés pour modifier la poursuite.
En revanche, un conducteur peut souhaiter ou devoir
absolument oublier la prudence et foncer en sacrifiant la
sécurité sur l’autel de la vitesse. Dans ce cas, il ajoute +3 à
son test, mais doit obtenir au moins un total de 15 ou son
test sera considéré comme un échec critique (le véhicule
sort de la route ou emboutit un obstacle). En outre, le
maître du jeu peut considérer qu’en raison de l’accident,
le conducteur et ses passagers souffrent de dégâts égaux à
la valeur M du lancer.

Exemple : Le 4x4 qui poursuit Chad Landis va foncer

en essayant de louvoyer entre les voitures pour
revenir à hauteur de Landis. Cette action entraîne un
nouveau test en opposition. Les Réflexes 3 de Landis
et la valeur de dé C du jet lancé par le joueur (2, 7
et 8) totalisent 3+7=10. Les Réflexes 3 et la « Garde
du corps » 3 du conducteur du 4x4, ajoutés au dé C
du jet réalisé par le maître du jeu (3, 4 et 8), ainsi
que le +3 pour avoir foncé totalisent 3+3+4+3=13. Ce
résultat est supérieur à celui de Landis, mais inférieur
à 15 (le joueur a décidé de foncer), et le personnage perd
le contrôle du 4x4, provoque un accident et encaisse
8 points de dégâts (la valeur M de son test de conduite).
Landis disparaît du site de l’accident et parvient à semer
son poursuivant.

À la discrétion du maître du jeu, cette règle peut également

être appliquée lors de poursuites à pied.

Santé
Chaque fois qu’un personnage est victime d’une attaque
ou d’autres dangers, il subit des dégâts qui représentent
la gravité de la blessure. En termes de jeu, le personnage
dispose de deux attributs pour représenter sa résistance
aux dégâts : l’Endurance et la Résistance.
L’Endurance désigne la capacité d’encaissement des
blessures d’un personnage. Elle est égale à sa Force plus la
moitié de sa Volonté, arrondie à l’entier inférieur.
La Résistance indique l’état de santé physique actuel
du personnage. Sa valeur indique le nombre initial et
maximal des points de Résistance qu’a le personnage.
Elle est égale au triple de son Endurance. Si, en raison de
blessures reçues, un personnage perd tous ses points de
Résistance, il tombe immédiatement dans l’agonie et est
considéré hors de combat, à un cheveu de la mort.
Chaque fois qu’un personnage est blessé, la quantité de
dégâts qu’il encaisse doit être comparée à son Endurance.
Si elle est égale ou supérieure, le personnage court le
risque de subir des dégâts massifs, et doit faire un test
53
 d’Endurance de difficulté 12. En cas d’échec, il perd tous
les points de Résistance qu’il lui restait potentiellement.
Si le personnage réussit son test ou si les dégâts subis sont
inférieurs à son Endurance, le personnage perd autant de
points de Résistance que le nombre de dégâts encaissés.
Pour représenter les dégâts, tracez autant de barres
obliques (/) dans les espaces réservés à cet effet dans la jauge
de points de Résistance de la fiche de personnage que de
points de dégâts encaissés. N’oubliez pas : si le personnage
encaisse des dégâts massifs, son joueur doit barrer tous les
points de Résistance restants.
Si un personnage subit plus de points de dégâts que d’espaces
disponibles sur sa jauge de points de Résistance, les points
excédentaires consolident les dégâts existants (voir page 53) :
tracez une croix (X) à la place d’une barre oblique déjà inscrite
dans la jauge pour chaque point de dégâts qui dépasse le total
de points de Résistance disponibles.
ÉTATS DE SANTÉ
En fonction du nombre de points de Résistance perdus
par un personnage, ce dernier se retrouvera dans un état
de santé particulier. Moins sa santé est bonne, plus les
pénalités dues à la douleur, la perte de sang ou de facultés
physiques seront importantes.
Bonne Santé : Le personnage a perdu moins de points de
Résistance que sa valeur d’Endurance. Dans ce cas, il n’a
que des contusions légères ou, dans le pire des cas, des
blessures peu profondes.
Blessé : La perte de points de Résistance du personnage est
supérieure ou égale à son Endurance, mais inférieure au
double. Les dégâts subis sont douloureux et altèrent le
comportement du personnage. Il peut avoir une fracture,
des hémorragies mineures ou une légère commotion.
Toutes les actions du personnage et sa Défense subissent
une pénalité de -2.
Handicapé : Le personnage a perdu au moins autant
de points de Résistance que le double de sa valeur
d’Endurance, mais il lui reste des points de Résistance.
Le personnage souffre d’une douleur intense et
handicapante qui l’empêche d’agir normalement. Il peut
avoir une fracture grave, une hémorragie sérieuse ou
une commotion sévère. Toutes ses actions et sa Défense
subissent une pénalité de -5.
Mourant : Le personnage a perdu tous ses points de
Résistance et se retrouve avec un pied dans la tombe.
Il peut souffrir de dégâts internes graves, de plusieurs
fractures ou d’hémorragies de gravités diverses. Le
personnage sombre dans l’inconscience et ne peut plus
agir ; il peut en revanche être toujours conscient si le
maître du jeu le décide. À chaque tour où il est mourant,
notamment celui au cours duquel il est tombé dans cet
état, le personnage doit faire un test d’Endurance de
difficulté 15. En cas d’échec, il meurt immédiatement.
Si le résultat est un succès critique, le personnage est
stabilisé et n’a plus besoin de lancer les dés, à moins qu’il
ne subisse de nouveaux dégâts. Un personnage peut
également se stabiliser en activant un aspect approprié
(comme « Dur à cuire », par exemple).
54
Enfin, le personnage peut être stabilisé par d’autres
individus qui s’occupent de lui. Pour ce faire, la personne
qui cherche à l’aider doit réussir un test d’Intellect plus une
compétence de soins médicaux (comme « Médecin »)
de difficulté 12. Une fois stabilisé, le personnage efface
autant de points de dégâts que le résultat m du jet
réalisé pour le stabiliser ou que le nombre de points de
dégâts non consolidés (voir page 53) selon la valeur la
plus basse entre les deux, et le personnage est considéré
comme « Handicapé ». Si tous les dégâts d’un personnage
mourant sont des dégâts consolidés, le personnage ne peut
récupérer qu’un point au moment d’être stabilisé et souffre
d’une séquelle permanente.
Si un personnage tombe dans l’état « Mourant » en
conséquence d’effets surnaturels, comme un sortilège
ou l’attaque d’une créature du Mythe, sa valeur de
Dégénérescence augmente d’un point, car se retrouver au
bord de la mort pour des raisons surnaturelles imprime une
marque indélébile sur l’humanité du personnage.
Évidemment, si un personnage se retrouve avec 0 point de
Résistance pendant des circonstances extrêmes, comme
tomber dans le gosier d’un Grand Ancien ou se faire
volatiliser par une explosion nucléaire, le maître du jeu peut
décider qu’il meurt immédiatement, sans qu’il ait besoin de
rater son jet d’Endurance en état « Mourant ».
Exemple : Au cours d’une discussion animée pour
savoir qui est le propriétaire légitime d’une statuette
antique représentant un chacal, un acolyte d’un culte
rival poignarde Baudershire dans les côtes et lui inflige
7 points de dégâts. Comme l’Endurance de Baudershire
est de 6, il peut souffrir de dégâts massifs. Son joueur
lance les dés et obtient 8, 7 et 3, et le résultat est donc de 13
(7+6 d’Endurance). Il dépasse la difficulté et ne souffre
donc pas de dégâts massifs. Le joueur coche sept cases et
Baudershire se retrouve Blessé.
RÉSISTANCE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 BLESSÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 HANDICAPÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 MOURANT
Ensuite, un second acolyte tire sur Baudershire et touche
sa jambe, lui infligeant 9 points de dégâts. Cette fois, le
joueur de Baudershire rate son test d’Endurance et perd
tous ses points de Résistance actuels : la balle a frôlé une
artère et Baudershire se vide de son sang.
RÉSISTANCE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 BLESSÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 HANDICAPÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 MOURANT
Alors que les acolytes s’enfuient avec la statuette,
Jason Scott se hâte d’enrayer l’hémorragie qui met
la vie de son chef en danger. Son joueur fait un test
d’Intellect 5 plus « Vétérinaire rural » 5 et obtient 8,
6 et 3. Le résultat du test est de 16, ce qui dépasse la
difficulté de 15 requise pour stabiliser Baudershire,
qui récupère 3 points de Résistance (la valeur m) et
tombe dans l’état « Handicapé ». Scott cautérise la
blessure et applique un bandage compressif pour
contenir l’hémorragie le plus rapidement possible.
RÉSISTANCE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 BLESSÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 HANDICAPÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 MOURANT
Avant de disparaître avec la statuette récemment acquise,
l’un des acolytes tire une dernière fois sur Baudershire
dans une ultime tentative pour l’achever. Il touche l’épaule
et lui inflige 10 points de dégâts. Le joueur de Baudershire
réussit son test d’Endurance contre les dégâts massifs ;
il trace une barre dans les dernières cases vides de sa
Résistance, puis sept croix à la place des premiers points
déjà barrés. Ils deviennent donc des dégâts consolidés. Le
joueur barre et coche les cases jusqu’à avoir tracé en tout
10 points de dégâts.
RÉSISTANCE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 BLESSÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 HANDICAPÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 MOURANT
Baudershire se retrouve à nouveau entre la vie et la
mort, mais heureusement Scott fait tout ce qu’il peut
pour soigner la nouvelle blessure par balle. Il réussit
un jet de 7, 7 et 2, ce qui modifie la jauge de Baudershire
comme suit :
RÉSISTANCE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 BLESSÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 HANDICAPÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 MOURANT
ÉTAT DE CHOC ET DÉGÂTS CONSOLIDÉS
Une grande partie des dégâts encaissés est due au choc
psychologique de la situation et des blessures infligées.
Cet état peut rapidement se soigner pour peu qu’on
laisse son corps se reposer un peu, que les blessures sont
refermées, les dislocations rétablies, etc. En termes de
jeu, la moitié des dégâts marqués par une barre (/) sur
la fiche de personnage sont récupérés lorsque le danger
est passé et que le personnage bénéficie d’une attention
médicale ou a l’occasion de se reposer. Cette situation
peut se produire après une scène de repos, une nuit à
l’hôpital ou toute autre circonstance correspondant aux
dégâts encaissés. Effacez la moitié des dégâts marqués par
une barre oblique (/) de la jauge de points de Résistance
(arrondi à l’entier inférieur) et consolidez les autres en les
marquant d’une croix (X).
Un dégât consolidé illustre un dommage important, des os
brisés, des blessures non cicatrisées, des infections, etc., et
n’est récupéré que lentement, après une longue convalescence
et un traitement médical adéquat, comme expliqué dans les
règles sur les soins à la page 54.
Exemple : Tout en maudissant les voleurs, Baudershire
se traîne le long du mur pour tenter de se relever.
Scott l’aide à se lever et à s’asseoir dans un fauteuil,
où l’occultiste britannique rumine sa vengeance.
Quelques heures plus tard, la moitié des dégâts causés
par le choc psychologique ont disparu et le joueur
qui l’interprète peut les effacer. Baudershire a perdu
16 points de Résistance : 7 sont des dégâts consolidés
et 9 des dégâts normaux. De ces derniers, 4 sont dus
au choc psychologique et sont effacés, tandis que les
5 autres sont consolidés en dégâts réels, ce que le joueur
de Baudershire indique en traçant 5 croix (X) sur les
blessures concernées, plongeant Baudershire dans un
état handicapé. Notre cher occultiste britannique va
devoir faire un séjour à l’hôpital rapidement.
RÉSISTANCE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 BLESSÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 HANDICAPÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 MOURANT
SÉQUELLES
Lorsqu’il a atteint l’état « Mourant », un personnage ne
récupère jamais complètement ses dégâts consolidés, même
si sa jauge de santé est entièrement vide. Les dommages
subis lui laissent un souvenir indélébile et permanent sous
la forme d’une séquelle qui, à tous effets, constitue une
nouvelle complication pour le personnage. Elle illustre les
effets permanents sur la santé provoqués par les blessures
graves. Le personnage peut boiter, avoir perdu des doigts,
être défiguré atrocement, avoir perdu des dents ou un œil,
souffrir de douleurs chroniques au dos ou simplement
avoir une vilaine cicatrice.
Le joueur peut choisir la séquelle dont souffre le personnage,
mais elle doit correspondre au type de dégât qui l’a plongé
dans l’état « Mourant ». En ce sens, gardez à l’esprit qu’une
séquelle, comme toute autre complication, est un mécanisme
qui permet de gagner des points de Drame pour le
personnage, et si ce dernier en choisit une inadéquate il peut
potentiellement se fermer la porte à un tel bénéfice.
Lorsqu’un personnage a déjà une séquelle et qu’il en
subit une autre, il peut choisir d’aggraver celle qu’il a déjà
au lieu d’en ajouter une nouvelle, ce qui permet d’une
certaine manière d’augmenter le nombre de situations dans
lesquelles elle peut être activée.
Outre les séquelles permanentes, il est possible de souffrir de
séquelles temporaires. Ces séquelles sont des complications
passagères qui finiront par disparaître avec le temps. Il
existe deux manières de souffrir d’une séquelle temporaire.
La première survient lorsqu’un personnage atteint l’état
« Handicapé » à cause de l’accumulation de dégâts consolidés.
Tant qu’il se trouve dans un tel état, il subira une séquelle
temporaire, mais il pourra l’effacer lorsqu’il aura récupéré
suffisamment de points de Résistance pour être à nouveau
en « Bonne Santé ». La seconde manière survient lorsqu’un
personnage est victime d’une attaque critique. Dans ce cas,
la durée de la séquelle dépend du type de succès critique
provoqué par le dégât : si le succès critique est un double 10,
elle dure une scène, et si elle est un triple 10, la séquelle dure
jusqu’à la fin de la session de jeu actuelle.
55
 Exemple : Baudershire se retrouve dans l’état
« Handicapé » à cause de nombreux dégâts consolidés,
et il subit donc une séquelle temporaire. Étant donné
que la blessure pour laquelle il a raté son test contre les
dégâts massifs concerne le moment où il a reçu une balle
dans la jambe, le maître du jeu décide que cette blessure
va aussi être la séquelle temporaire : il inflige « Boite de
la jambe gauche » au personnage.

SOINS
Les personnages qui ont subi des dégâts consolidés ont
besoin de repos et d’un traitement de leurs blessures.
En fonction de leur état, il est possible qu’il leur faille
un traitement professionnel pour s’en sortir. La vitesse
de récupération d’un personnage dépend du niveau de
santé dans lequel il se trouve :
Bonne Santé : Un personnage à ce niveau récupère
tous ses points de Résistance qui lui manquent
après 8 heures d’un sommeil réparateur ou un repos
équivalent.
Blessé : Un personnage blessé doit faire chaque semaine
un test d’Endurance de difficulté 10. En cas de succès,
il récupère autant de points de Résistance que la
valeur du dé C. S’il active un aspect positif ou obtient
un succès critique, le personnage récupère cette
semaine le dé M, tandis qu’un aspect négatif lui fait
récupérer le dé m. En cas d’échec critique, il encaisse
autant de nouveaux points de dégâts consolidés que
le résultat du dé M.
Handicapé : Un personnage handicapé fait chaque
semaine un test d’Endurance de difficulté 15. En cas
de succès, il récupère autant de points de Résistance
que le résultat du dé m. Un aspect positif activé ou un
succès critique sur son jet permettent de récupérer
autant de points que le résultat du dé C, tandis
qu’un aspect négatif activé empêche purement et
simplement toute récupération. Un échec critique a
le même effet que pour le niveau « Blessé ».
Les durées de récupération indiquées nécessitent au
moins 75 % de repos complet et d’inactivité, et les 25 %
restants peuvent être consacrés à une activité légère
(à la discrétion du maître du jeu et en fonction de
la gravité des blessures). Si le joueur ne respecte pas
cette exigence d’inactivité, sa récupération se déroule
comme si elle était d’un niveau plus grave.
Ainsi, un personnage en état « Bonne Santé » récupérera
comme s’il était « Blessé », un « Blessé » comme un
« Handicapé » et un « Handicapé » ne récupère rien du
tout et doit en plus faire le test habituel d’Endurance
chaque semaine de difficulté 15. En cas de succès, il
ne perd ni ne gagne de points, mais si le test échoue,
il perd autant de points de Résistance que le dé C. Un
aspect positif peut réduire cette perte au dé m, tandis
qu’un négatif le fait passer au dé M.
Un personnage peut bénéficier d’un suivi médical
pendant sa récupération. Celui qui le prend en charge
doit disposer d’une compétence adéquate et, à chaque
séance médicale, il doit réussir avec cette compétence
un test dont la difficulté dépend de l’état du patient :
56
facile s’il est en « Bonne Santé », moyen s’il est « Blessé »
ou difficile s’il est « Handicapé ». Si le médecin réussit
le test, le personnage blessé obtient l’aspect temporaire
« Sous surveillance médicale », qui peut être activé
ou épuisé pendant la récupération pour obtenir de
meilleurs résultats à ses tests. Ne pas avoir accès à des
médicaments ou du matériel médical adéquat peut être
considéré comme un aspect négatif de situation.
Santé mentale
Dans Cultes Innommables, les personnages font non
seulement face à des dangers qui peuvent les détruire
physiquement, mais ils doivent également se dresser contre
des menaces qui peuvent consumer leur esprit. Le système
de santé mentale de Cultes Innommables est conçu pour
être parallèle au système de santé physique, afin de pouvoir
les maîtriser tous les deux avec un minimum de variations.
La santé mentale d’un personnage est représentée par deux
attributs : son Sang-Froid et sa Stabilité Mentale.
Le Sang-Froid est une mesure de la capacité du
personnage à supporter son exposition à des événements
terrifiants. Il lui permet de faire face à des horreurs en
rationalisant, assumant, relativisant, voire en oubliant.
Sa valeur est calculée en additionnant la Volonté plus
la moitié de l’Intellect, arrondie à l’entier inférieur. La
Volonté représente la force mentale du personnage pour
résister à ce qu’il voit, tandis que l’Intellect permet de
rationaliser ou d’assimiler l’expérience.
La Stabilité Mentale représente l’état actuel de la psyché
du personnage. C’est sa raison, au sens de santé mentale,
lorsqu’il est confronté à des horreurs anciennes, ou qu’il faut
les assimiler. Sa valeur indique le nombre initial et maximal
de points de Santé Mentale dont dispose le personnage,
et il est égal au triple de son Sang-Froid. À mesure qu’un
personnage est confronté à la folie surnaturelle, il perdra des
points de Stabilité Mentale et, s’il atteint 0, il se retrouvera
sur le seuil de la folie irréversible.
Lorsqu’un personnage est témoin d’un événement qui brise
les règles de la réalité, que ce soit l’utilisation d’un pouvoir
surnaturel ou la vue d’une créature du Mythe, son esprit court
le risque de se briser devant des visions si inconcevables pour
l’être humain, et il peut souffrir d’un déséquilibre mental.
En termes de jeu, le personnage doit faire un test de Sang-
Froid. La difficulté et les effets en cas de succès ou d’échec
dépendent du niveau de gravité de l’horreur à laquelle le
personnage s’expose : voir un cadavre se relever pour dévorer
un compagnon n’est pas la même chose que d’entrevoir la
géométrie impossible du corps d’Azathoth. En général, le test
aura une difficulté et deux valeurs de déséquilibre mental.
L’une mineure, à appliquer en cas de succès du test, et l’autre
majeure, à appliquer en cas d’échec.
Certains aspects de la situation qui réduisent la perception
du personnage, comme « Brume », « Pénombre » ou
« Enregistrement confus », ainsi que des aspects qui
atténuent les sens du personnage comme « En état
d’ébriété » ou « Myope » ou sa capacité d’assimilation,
comme « A lu le Necronomicon », peuvent être activés pour
améliorer ce test, illustrant ainsi le fait que le personnage ne
saisit pas complètement ce qu’il se passe ou que cela ne lui
paraît pas si impressionnant, résultant en une exposition à
l’horreur amoindrie.
De même, il est possible d’utiliser d’autres aspects de
la situation pour augmenter le niveau d’exposition.
Contempler une goule seule n’est pas la même chose que
d’être encerclé par une meute affamée, tout comme il est
bien moins choquant de voir un Mi-Go se réveiller sur une
table d’opération que d’être entouré de ces créatures qui
souhaitent extraire son cerveau.
De même, comme il sera expliqué plus en détail dans
le chapitre « Magie » (voir page 224), la valeur de
Dégénérescence d’un personnage le rend progressivement
moins sujet à une perte de Santé Mentale. Ainsi, chaque
fois qu’un personnage souffre d’un déséquilibre mental, il
doit réduire sa valeur d’autant de points que sa valeur de
Dégénérescence.
EXPOSITION À LA TERREUR
Ce chapitre décrit diverses situations habituelles qui
nécessitent un test de Sang-Froid, par ordre croissant de
terreur. Le tableau suivant résume les difficultés du test
associé à chaque situation et indique les deux valeurs
de pertes de Santé Mentale indiquées sous les termes
« Déséquilibre mineur ou majeur ».
DES DROGUES POUR CONTRER
LA DOULEUR
Les différents états de santé physiques et mentaux entraînent
des pénalités à toutes les actions du personnage et à sa
Défense. Ces pénalités sont dues à la douleur et au mal-être
dans le cas du physique et à la peur, la panique et le choc dans
le cas du psychologique. Heureusement pour le personnage,
la pharmacie au coin de la rue regorge de médicaments à
forte dépendance qui inhibent ou éliminent les effets de la
douleur ou calment l’état d’anxiété. Ils ne sont accessibles que
sur prescription médicale… ou par d’autres moyens.
En termes de jeu, il faut différencier les drogues douces
des dures. Les premières annulent deux points de
pénalité du personnage, mais n’ont que très peu d’effets
secondaires. Les secondes annulent cinq points de pénalité,
mais un personnage qui les consomme gagne l’aspect
temporaire « Sous l’influence de drogues » ou autre aspect
correspondant à la substance utilisée. Quel que soit le cas,
ces médicaments mettent environ une heure avant de faire
effet et agissent pendant six à huit heures.
Un personnage qui abuse de ces substances (c’est-à-dire
qu’il en prend pendant plus de quinze jours à la suite) court
le risque d’en devenir dépendant. Consultez le chapitre
« Addictions » à la page 59 pour de plus amples détails.
57
 LA SANTÉ MENTALE ET LE MYTHE
Presque tous les jeux de rôle d’ambiance qui s’inspirent
de l’univers du Mythe de Cthulhu disposent d’un attribut
pour illustrer la santé mentale qui, de manière invariable,
se nomme « Santé Mentale ». Elle est généralement un
indicateur descendant qui est très difficile à récupérer et qui
reflète la descente du personnage dans la folie. Dans Cultes
Innommables, nous avons adopté un autre point de vue
pour refléter la santé mentale des personnages : la stabilité
est une valeur qui oscille plus rapidement entre moments
de tension et moments de calme, et la folie en tant que telle
est plutôt représentée par des séquelles engendrées par ces
chutes brutales de stabilité mentale que par une jauge.
Déséquilibre
Exposition Difficulté
mineur majeur
Inquiétude Facile 0 1
Stupeur Moyenne 1 m
Peur Moyenne m M
Panique Difficile C CM
Horreur Très difficile M mCM
Inquiétude : Niveau minimal de terreur. Elle n’est pas
surnaturelle, mais instille une terreur atavique ou une
vision particulièrement désagréable. Par exemple, un
cadavre horriblement mutilé, une terrible infestation
de cafards ou des murs peints de dessins perturbants
et de croquis d’un dément. Les personnages avec une
Dégénérescence de 1 ou plus n’ont pas besoin de faire de
test de Stabilité Mentale de ce niveau.
Stupeur : Cet état désigne un niveau de terreur faible,
en lien avec le surnaturel, mais davantage avec son côté
merveilleux et inattendu qu’avec l’authentique terreur :
vivre une expérience inexplicable sans malice, accéder
à des documents qui décrivent de graves altérations
de la réalité ou contempler un animal hors des limites
naturelles. D’autres exemples peuvent inclure la sensation
de déjà vu dans plusieurs situations étranges, une vision du
passé par le biais de l’utilisation d’un artefact, la lecture de
notes d’un cultiste qui décrit avec moult détails des êtres
d’un autre monde, une expérience de voyage astral ou la
vue d’insectes gigantesques. En outre, voir une créature
du Mythe aux traits humanoïdes ou dont la nature est très
similaire à celle d’un animal normal, comme les Goules, les
Profonds ou les Hommes-Serpents, nécessite également
de faire un test de ce niveau.
Peur : Niveau de terreur moyen survenant dans des situations
au cours desquelles le surnaturel apparaît comme tel, mais
dans les limites de ce qu’un être humain est capable de
concevoir. Par exemple, se soumettre volontairement et en
toute connaissance de cause à une expérience clairement
surnaturelle, être témoin de la manière dont autrui vit cette
expérience ou voir une créature ou situation qui ne devrait
pas exister. D’autres exemples incluent une conversation
avec un cerveau dans un bocal, voyager volontairement
dans le passé de manière psychique, intervertir son
58
esprit avec celui d’une autre personne ou être changé
en animal. Cette catégorie est également employée lors
d’une rencontre avec une créature du Mythe dont les
caractéristiques sont monstrueuses, mais comprises dans
les limites de l’imaginable, comme un Sombre Rejeton
dont l’aspect est similaire à celui d’un arbre vivant ou un
Grouillant, un être constitué d’une vermine fourmillante
unie dans une forme monstrueuse.
Panique : Ce niveau illustre des expériences surnaturelles
inimaginables et inattendues, comme une expérience loin
des limites de la compréhension humaine : n’être qu’une
cervelle dans un bocal, contempler un paysage d’une autre
dimension aux lois physiques différentes des nôtres ou
être forcé de voyager dans le passé. En outre, ce niveau est
également utilisé lors de la vue d’une créature du Mythe
dont la nature dépasse l’imagination ou l’intuition humaine,
comme un Shoggoth ou une Horreur Chasseresse.
Horreur : Niveau maximal de terreur qui ne peut provenir
que d’une exposition au surnaturel dans son état le plus
pur, comme une vision ou expérience qui défie toutes
les lois de la nature connues et dont l’existence implique
une menace pour la propre réalité. Généralement, une
telle expérience entraîne la rupture définitive de l’esprit
humain. Elle peut être induite par la vue d’un dieu
extérieur dans toute sa splendeur ou la manifestation
directe d’un Grand Ancien.
Dès qu’un déséquilibre mental se produit, comparez la
quantité de déséquilibre subi au Sang-Froid du personnage.
Si elle est supérieure ou égale, la difficulté du test de Sang-
Froid pour accepter la situation est de 12. En cas d’échec, un
traumatisme survient et tous les points de Stabilité Mentale
restants sont perdus. En cas de succès du test, ou si la perte est
inférieure au Sang-Froid du personnage, seuls les points de
Stabilité Mentale correspondants à ce nombre sont perdus.
Pour représenter le déséquilibre mental subi, tracez
sur la feuille de personnage une barre oblique (/) dans
autant d’espaces de la jauge de Stabilité Mentale que le
déséquilibre mental encaissé. N’oubliez pas que si le
personnage souffre d’un traumatisme, il doit inscrire une
barre oblique dans tous les espaces de Stabilité Mentale
qu’il lui reste à ce moment. Si le personnage souffre d’un
déséquilibre supérieur au nombre de points de Stabilité
Mentale qui lui reste, le déséquilibre excédentaire est
consolidé en changeant les barres déjà tracées en croix (X).
Exemple : Sasha a récupéré la statuette de chacal
volée et se dirige vers le manoir de Baudershire, où ce
dernier se repose après le désagréable incident du vol.
Pendant le trajet de train qui l’amène à sa destination,
Sasha décide de jeter un œil à la statuette et, après
l’avoir retournée dans tous les sens, se rend compte de
quelque chose de particulièrement inquiétant : bien
qu’il ne l’ait pas vu bouger, le visage du chacal semble
dans une position différente à chaque fois. Le maître du
jeu décide que le niveau de peur pour cette expérience
est « Stupeur » et demande au joueur de Sasha de faire
un test de Sang-Froid de difficulté 12 (il n’impose pas
la difficulté de 15 habituelle parce que l’expérience
ne lui semble pas horrifiante). Sasha a un Sang-Froid
de 5, et le test ne devrait pas être difficile à réussir : les
dés sont jetés et indiquent 8, 8 et 6. Avec un total de 13,
le test est réussi, mais même ainsi Sasha perd un point
de Stabilité Mentale (perte due au succès du test) sous
la stupeur, que le joueur marque d’une barre oblique
sur sa feuille. Si Sasha avait eu au moins 1 point de
Dégénérescence, il n’aurait perdu aucun point dans
cette expérience.
STABILITÉ MENTALE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 TROUBLÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 DÉRANGÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 FOU
Alors qu’il observe la statuette, une femme étrange
s’assied en face de Sasha dans le train. Elle est habillée
en noir et porte un chapeau avec un voile qui lui
cache le visage. Sasha ne croit pas aux coïncidences
et il serre l’artefact en fixant l’inconnue, tout en
faisant glisser sa main sous sa veste pour saisir son
couteau. Avant qu’il n’ait pu faire quoi que ce soit,
la femme relève son voile pour montrer le visage d’un
cadavre écorché, un œil pendant d’une orbite et une
larve sortant du nez et de sa bouche. À nouveau, le
maître du jeu décide que l’expérience correspond à
de la stupeur, mais elle lui semble plus horrible que
la précédente et il fixe la difficulté à 16. Le joueur
lance les dés et obtient 6, 4 et 3, soit un total de 9, ce
qui est insuffisant pour réussir le test et Sasha perd
3 nouveaux points de Stabilité Mentale.
STABILITÉ MENTALE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 TROUBLÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 DÉRANGÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 FOU
ÉTATS MENTAUX
Un personnage qui dispose de tous ses points de Stabilité
Mentale est parfaitement sain d’esprit. En revanche, avec la
folie qui s’installe dans son esprit, il commencera à perdre
le lien avec la réalité et à se comporter de manière erratique
et démente. En termes de jeu, il existe quatre états mentaux
qui définissent la situation du personnage en fonction du
nombre de points de Stabilité Mentale perdus :
Sain d’esprit : Le personnage a perdu moins de points de
Stabilité Mentale que sa valeur de Sang-Froid, et son état
mental est sain et parfaitement fonctionnel.
Troublé : Le personnage a perdu plus de points de Stabilité
Mentale que sa valeur de Sang-Froid, mais moins du
double. Il peut être dans un état de nervosité accentué,
voire terrifié, et souffre d’une pénalité de -2 à toutes ses
actions et à sa Défense.
Dérangé : Le personnage a perdu au moins autant de
points de Stabilité Mentale que le double de son Sang-
Froid, mais il lui en reste quelques-uns. Son esprit est
très affecté par les expériences qu’il vient de vivre et
cela peut lui jouer des tours. Il subit une pénalité de -5
à toutes ses actions et à sa Défense.
Fou : Un personnage qui a perdu tous ses points de
Stabilité Mentale devient fou et entre en crise de nerfs.
Un personnage dans cette situation est hors de contrôle
du joueur qui l’interprète et se retrouve tour à tour
catatonique, incohérent et erratique. Chaque tour qu’il
passe dans un état de folie, l’esprit du personnage lui
projette des idées suicidaires pour achever ses souffrances
dues à la rupture avec la réalité, et il doit réussir un test
de Sang-Froid de difficulté 15 ou l’esprit du personnage
se déconnecte simplement pour toujours ou le poussera
à une mort inévitable, selon la situation. Si le personnage
obtient un succès critique à l’un de ces tests ou active un
aspect positif adéquat, par exemple « Strict contrôle de
soi », il tombera dans l’inconscience et passera à l’état
« Dérangé ». Un personnage peut en sortir un autre de l’état
« Fou » (c’est-à-dire qu’il le stabilise psychologiquement)
s’il réussit un test de Sang-Froid de difficulté 15. S’il s’agit
de quelqu’un de sentimentalement proche du personnage,
il peut tenter de le sortir de cet état avec un test de Volonté
plus de difficulté 12. Il peut également tenter cela sur
un autre personnage en utilisant une compétence de
adéquate, comme « Psychothérapie » ou « Psychologue
comportemental ». En cas de succès, le personnage fou
récupère autant de points de Stabilité Mentale que le
résultat du dé m (ou le maximum de points de déséquilibre
dont il dispose sans consolidation, selon l’option la plus
basse) et passera à l’état « Dérangé ». Si le personnage perd
connaissance pour une quelconque raison alors qu’il est fou
(en raison de dégâts subis, d’une drogue, de poison, etc.),
il cessera d’être fou pour devenir dérangé, conformément
aux règles normales de tension et de déséquilibre consolidé
expliquées plus loin. Si un personnage tombe dans l’état
« Fou » avec tout son déséquilibre consolidé, mais parvient
à se stabiliser mentalement, il récupère automatiquement
un point de Stabilité. En outre, atteindre l’état « Fou » à cause
d’horreurs du Mythe (en raison de l’utilisation de sortilèges,
de l’exposition à des expériences d’autres dimensions ou
de la vue de créatures surnaturelles, par exemple) fait
gagner un point de Dégénérescence au personnage, pour
représenter le fait que le surnaturel l’affecte au point de lui
faire perdre une partie de son humanité.
STRESS ET DÉSÉQUILIBRE
MENTAL CONSOLIDÉ
Comme dans le cas de dégâts physiques, une grande
partie du déséquilibre mental encaissé est due à la tension
du moment, au stress de la situation, et elle est récupérée
rapidement une fois que le stimulus de peur a disparu et
qu’un peu de temps de repos s’est écoulé. En termes de
règles, la moitié des points de Stabilité Mentale perdus
récemment, c’est-à-dire marqués d’une barre oblique (/)
sur la fiche de personnage est considérée comme du
stress et sera récupérée lorsque le danger est passé et que
le personnage peut relativiser ce qu’il vient de se passer et
ainsi se calmer. Cela peut se produire après une scène de
repos, une nuit de sommeil (ou de beuverie), en tombant
dans l’inconscience en conséquence des blessures reçues ou
après avoir obtenu une victoire personnelle, comme vaincre
une horreur innommable. Effacez alors de la jauge de
Stabilité Mentale la moitié des points perdus marqués d’une
barre oblique (/) (arrondi à l’entier inférieur) et consolidez
le déséquilibre restant en les traçant d’une croix (X).
Exemple : Couteau en main, Sasha se jette sur la
perturbante femme, mais elle se change en brume
59
 avant de disparaître comme si elle n’avait jamais
existé. Seules quelques larves grouillant sur le
fauteuil témoignent de son existence. Le maître du jeu
décide de ne pas demander d’autre test de Sang-Froid
en raison de la disparition de la mystérieuse femme,
car il considère que ce qu’il vient de se produire fait
partie intégrante de l’horreur de l’avoir rencontrée.
Quoi qu’il en soit, l’événement permet au mercenaire
de faire une pause, et il décide de descendre du train
pendant un arrêt (le joueur de Sasha dépense un point
de Drame pour faire exister l’arrêt). Le mercenaire
s’assied alors sur un banc, sort une flasque de sa
poche intérieure et tente d’oublier ce qu’il vient de
vivre. Deux heures plus tard, un autre train arrive
et Sasha monte, les nerfs plus calmes. Il avait perdu
quatre points de Stabilité Mentale et il en récupère
deux une fois la situation de stress surmontée, mais les
deux autres sont consolidés en raison de l’expérience
troublante que Sasha ne va pas oublier de sitôt.
LES PSYCHOTROPES
Un personnage peut prendre des psychotropes pour réduire
la pénalité produite par son état mental. Les substances
soumises à prescription médicale réduisent la pénalité
de deux points, voire cinq si elles sont particulièrement
puissantes. Dans ce dernier cas, le personnage obtient
l’aspect « Sous l’influence de drogues ».
Les drogues récréatives, notamment l’alcool, peuvent avoir
des effets similaires au moment d’ignorer la pénalité due à un
déséquilibre mental. Selon la drogue et la dose consommées,
deux points de pénalité ou plus peuvent être éliminés, mais
elles provoqueront presque systématiquement un aspect
chez le personnage sous influence. Cet aspect peut aller de
« Somnolent » dans le cas d’antidépresseurs à « Agressif »
dans le cas de stimulants.
CUMUL DE PÉNALITÉS
Un personnage qui a subi à la fois des dégâts physiques et
un déséquilibre mental peut accumuler plusieurs pénalités.
Effectivement, les pénalités dues à des sources différentes
se cumulent, ce qui peut pousser un personnage à être
virtuellement inutilisable. Quoi qu’il en soit, gardez à l’esprit
que les pénalités s’appliquent aux actions du personnage
(généralement ses tests de compétence) et sa Défense, mais
pas aux autres tests, comme les tests de traumatisme ou
de dégâts massifs. Encouragez vos joueurs à chercher des
moyens de se libérer de leurs pénalités à l’aide de calmants
ou de psychotropes, ou le scénario se chargera de les laisser
sur le bas-côté de l’histoire.
60
STABILITÉ MENTALE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 TROUBLÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 DÉRANGÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 FOU
Un déséquilibre mental consolidé reflète une folie
réelle, des souvenirs indélébiles, des traumatismes, etc.
Pour récupérer, il faudra du temps de calme, une aide
psychologique ou des psychotropes, comme expliqué dans
les règles de récupération décrites ci-après.
RÉCUPÉRER DE LA STABILITÉ
MENTALE PERDUE
Le déséquilibre consolidé se récupère comme le dégât
physique consolidé, mais à un rythme bien plus lent. Le
personnage doit reposer son esprit et l’éloigner de situations
potentiellement stressantes ou dangereuses, et la vitesse de
récupération dépend de son état :
Sain d’esprit : Le personnage sera entièrement rétabli au
bout de quelques jours de repos qui lui permettront
de relativiser l’expérience. Au bout d’une semaine sans
rechute, le personnage retrouvera tous ses points de
Stabilité Mentale.
Troublé : Un personnage troublé doit faire un test de Sang-
Froid de difficulté 10 tous les mois. En cas de succès, il
récupère autant de points de Stabilité Mentale que le dé C
de son jet. Un succès critique ou l’activation d’un aspect
positif permet de récupérer le dé M ce mois-ci, tandis que
l’activation d’un aspect négatif ne permet de récupérer
que le dé m. Un échec critique fait perdre autant de
points de Stabilité Mentale que le dé M.
Dérangé : Un personnage dérangé doit faire un test de
Sang-Froid de difficulté 15 tous les mois. En cas de succès,
il récupère autant de points de Stabilité Mentale que le
dé m de son jet. Un succès critique ou l’activation d’un
aspect positif permettent de récupérer le dé C ce mois-
ci, tandis que l’activation d’un aspect négatif empêche de
récupérer le moindre point. Un échec critique a le même
effet que pour l’état psychologique précédent.
Un personnage qui ne bénéficie pas de la tranquillité
psychologique nécessaire (qui continue à s’exposer à des
sources de stress ou perd d’autres points de stabilité)
récupère comme s’il était d’un niveau plus grave. Ainsi, un
personnage sain d’esprit récupère comme s’il était troublé,
un personnage troublé récupère comme s’il était dérangé
et un personnage dérangé ne récupère rien, mais doit tout
de même faire le test de Sang-Froid de difficulté 15 tous
les mois. En cas d’échec, il subit une perte de Stabilité
Mentale égale au résultat du dé C. L’activation d’un aspect
positif permet de perdre la valeur du dé m, tandis qu’un
aspect négatif utilise la valeur du dé M.
Avec un soutien psychologique adéquat, un personnage
peut récupérer plus rapidement. En termes de jeu, chaque
jour où le personnage reçoit de l’aide ou bénéficie d’une
thérapie, son thérapeute peut faire un test d’Intellect
plus une compétence adéquate. En cas de succès, le
personnage gagne l’aspect « Sous suivi psychologique »
ou autre similaire, qu’il peut activer ou épuiser lors de
ses tests de récupération.
DÉRANGEMENTS MENTAUX
Les dérangements mentaux sont des séquelles subies par le
personnage après qu’il a été exposé aux horreurs du Mythe. En
termes de jeu, un dérangement mental est une complication,
c’est-à-dire un aspect négatif obtenu par le personnage.
Un personnage acquiert un dérangement temporaire
dès que son état mental atteint le niveau « Dérangé ». Il
disparaîtra une fois que le personnage aura récupéré
suffisamment de points de Stabilité Mentale pour repasser à
l’état « Sain d’esprit ». En outre, s’il obtient un échec critique
à un test de Sang-Froid, il gagnera également une séquelle
temporaire dont la durée dépendra du type d’échec critique
obtenu. En cas de double 1, elle dure une scène, mais en cas
de triple 1, elle dure jusqu’à la fin de la session.
De plus, lorsque le personnage atteint l’état « Fou » avec
un déséquilibre consolidé, il ne pourra jamais redevenir la
personne qu’il a été, même s’il se soigne. Pour représenter
cela, le personnage obtient une séquelle mentale.
Si un personnage a déjà un dérangement, il est conseillé
d’éviter d’en obtenir d’autres. En général, il vaut mieux
aggraver sa situation en modifiant la complication qui
décrit le dérangement en une version plus grave ou plus
facilement activable. Par exemple, « Phobie légère des
chiens » peut devenir « Phobie grave des chiens ». En
termes de jeu, le maître du jeu doit prendre en compte la
gravité du dérangement pour moduler son effet dans le
jeu. Si l’on reprend l’exemple précédent, un personnage
affecté de « Phobie légère des chiens » peut avoir peur de
chiens grands ou agressifs, tandis qu’une « Phobie grave des
chiens » le poussera à bout même devant de petits caniches
inoffensifs. Ce dérangement peut même être étendu à
d’autres canidés qui rappellent des chiens.
Un personnage sain d’esprit conserve son dérangement,
mais celui-ci n’interviendra que dans les moments
de tension, lorsque sa santé mentale se détériorera à
nouveau ou si un aspect est activé.
Voici quelques exemples de dérangements qui peuvent
affecter un personnage :
Addiction
Le personnage est dépendant à une substance ou une
circonstance qui l’aide à cloisonner son esprit des horreurs
vécues. L’addiction peut concerner l’alcool, les drogues,
de la nourriture, mais également des rapports sexuels ou
le travail. Le personnage utilise l’objet de son addiction
comme un exutoire à la réalité. Au début, il y aura recours
de manière occasionnelle, en quête d’évasion, mais la
fréquence et l’intensité augmenteront progressivement.
Délires et paranoïa
Le personnage est convaincu d’un ou plusieurs faits
complètement hors de la réalité, comme être aimé
secrètement par le président des États-Unis, que son meilleur
ami a été remplacé par un double identique ou qu’il est une
réincarnation de Napoléon. Son idée n’est pas nécessairement
extravagante, malgré ces exemples, mais elle doit être
clairement fausse et infondée. Le personnage voit des preuves
qui étayent ses convictions dans la moindre circonstance,
notamment dans celles que d’autres considéreraient comme
contradictoires. Au début, l’idée délirante est simple et peu
intrusive, mais plus le dérangement progresse plus elle gagne
en complexité et prend le pas sur la vie du personnage, qui
se met à tourner en rond dans ses fausses convictions. Par
exemple, « Mon ami a été remplacé » peut devenir « Tous
mes voisins ont été remplacés ».
Phobie
Le personnage a une peur irrationnelle de quelque chose
d’inoffensif, comme les chiens, l’obscurité ou les personnes
rousses. En présence de ce qui lui fait peur, le personnage
est mal à l’aise, craintif et tente d’éviter ces situations.
À des niveaux de gravité encore plus élevés, le personnage
généralise sa peur à d’autres choses similaires à sa phobie, et
61
 arrive notamment à craindre la possibilité que ces éléments
soient présents, bien que ce ne soit pas le cas.
Obsession
Le personnage a une idée fixe à propos de quelqu’un ou
quelque chose et toute sa vie tourne autour de cela. Le
personnage met de côté ses autres intérêts et besoins pour
se consacrer exclusivement à son obsession. À mesure que
le dérangement gagnera en intensité, elle deviendra son
unique raison de vivre.
Perversion
Le personnage acquiert un goût sexuel tabou. Au début, il
se manifeste comme un jeu sexuel ou un fantasme, mais
à mesure que le dérangement évolue, l’appétit sexuel du
personnage se concentre toujours plus sur la perversité,
avant que cela ne devienne sa seule source d’excitation. Cela
peut même l’amener à commettre des actes criminels. Les
exemples de perversion incluent la nécrophilie (rapports
avec des cadavres), la zoophilie (avec des animaux), la
pédophilie (avec des enfants), le viol et le meurtre.
Délire de persécution
Le personnage a la sensation que quelqu’un ou quelque
chose le suit. Il voit des ombres fugaces du coin de l’œil, il
sent que quelqu’un le suit lorsqu’il marche dans la foule et s’il
est seul, il est persuadé que des yeux inhumains le scrutent
depuis de sombres recoins. Ses proches vont sûrement lui
paraître suspects et il lui semblera que ses amis complotent
dans son dos. À mesure que son état s’aggrave, le nombre
d’implications dans sa paranoïa évoluera ou ce qu’il croit
que les autres veulent lui faire deviendra plus grave.
Terreurs nocturnes
Le personnage souffre de cauchemars et de rêves terribles.
Bien qu’il ne s’agisse que de rêves, leur répétition peut
finir par briser son esprit, car il ne parviendra plus à
leur échapper. Dans les cas les moins graves, ces songes
l’empêchent de se reposer lorsqu’il dort, tandis que les
cas les plus difficiles peuvent provoquer des attaques de
panique au réveil ou un somnambulisme hystérique, voire
peuvent pousser le personnage à éviter de dormir par tous
les moyens, ce qui finira par provoquer sa mort.
Narcolepsie
Face à certains stimuli, le personnage s’endort
instantanément. Cette torpeur peut durer de quelques
secondes à plusieurs heures. Plus ce déséquilibre est
grave, plus les stimuli sont banals et fréquents ou la
durée du sommeil prolongée.
Évolution des personnages
À mesure qu’ils s’exposent à la dangereuse vie de cultiste, la
personnalité des personnages va évoluer. Ils apprendront
de nouvelles choses, mais en oublieront également d’autres,
62
amélioreront certains aspects tout en en laissant d’autres se
dégrader. Par exemple, passer son temps à la bibliothèque
permettra sûrement de devenir plus érudit, mais l’état
physique pâtira également sûrement de cette vie inactive.
Le système d’évolution de Cultes Innommables prend tous
ces facteurs en compte et propose deux mécaniques pour le
simuler : l’évolution et la progression.
L’évolution constitue la forme habituelle de changement
des personnages dans Cultes Innommables. Au fil du
temps, le personnage s’éloigne de ses origines et devient une
personne différente, car elle s’intéresse à d’autres choses, et
a d’autres centres d’intérêt. En termes de jeu, l’évolution
s’interprète des trois manières suivantes :
Déplacer un point de caractéristique sur une autre.
Déplacer deux points de compétence ou un point de
deux compétences sur une ou deux autres.
Modifier un aspect (trait, fait marquant, nombre
de compétence, voire le concept du personnage
ou une complication).
En revanche, cette évolution n’est pas la seule forme de
changement possible, car les personnages vont devenir
ouvertement plus puissants, ce que nous appelons la
progression. Une progression consiste à soustraire un point
à l’attribut Drame du personnage en contrepartie de l’une
des modifications suivantes :
Ajouter deux points à une caractéristique ou un point à
deux caractéristiques distinctes.
Ajouter un point à une caractéristique et deux points à
une compétence ou un point à une caractéristique et un
point à deux compétences distinctes.
Ajouter quatre points à une compétence ou deux points à
deux compétences ou deux points à l’une et un point dans
deux autres, ou un point à quatre compétences différentes.
L’évolution du personnage se produit habituellement entre
deux histoires, car c’est un processus lent et progressif,
très rarement immédiat. Le maître du jeu doit permettre
une évolution entre chaque histoire de manière libre,
voire deux ou plus s’il s’écoule beaucoup de temps avant la
prochaine aventure. Les progressions doivent être permises
uniquement en présence d’événements dramatiques qui
impliquent sans aucun doute un changement transcendantal
chez le personnage, comme avoir accès à un ouvrage de
magie de grande puissance, jurer vengeance suite à la mort
d’un être cher ou commencer à vivre des songes d’une race
oubliée grâce à un médaillon trouvé dans un vieux temple.
Le maître du jeu ne doit permettre à chaque personnage
qu’une progression à la fois, bien qu’elle puisse se produire
entre deux sessions de jeu si l’histoire le justifie.
L’évolution comme la progression peuvent servir à
développer une nouvelle compétence du personnage du
moment que les points sont correctement dépensés et que
l’opération entre dans le cadre de l’histoire.
Équipement
Cultes Innommables est un jeu d’ambiance contemporaine,
c’est pourquoi nous n’allons pas proposer ici de liste
d’équipement aux innombrables objets et leur description :
vous savez pertinemment quels types d’objets existent dans
le monde actuel et vous pouvez facilement consulter leurs
prix à la boutique du coin ou sur Internet. En termes de jeu,
les objets font exactement ce pour quoi ils ont été conçus,
avec un maximum de bon sens.
Nous n’entrerons pas dans des digressions sur les propriétés
de tel ou tel objet, à moins que cela ait un intérêt du point
de vue narratif : dans la vie réelle, un revolver et un pistolet
peuvent faire des dégâts légèrement différents, mais une
lampe-torche petite ou grande produira également une
quantité de lumière différente et nous ne souhaitons pas
entrer dans des distinctions à ce niveau. Pour l’essentiel,
lorsque la propriété d’un objet est pertinente pour
l’histoire, utilisez la règle des aspects implicites, car tous
les équipements en disposent par définition. Par exemple,
une voiture de sport est rapide, consomme beaucoup de
carburant et a un petit coffre, mais il n’est pas nécessaire
d’énumérer ces qualités, car elles sont implicites dans le
concept de la voiture de sport.
Ne prenez pas la peine de calculer la consommation
énergétique ou autre des objets dont vous avez besoin.
Partez du principe que des personnages impliqués dans
une fusillade ont suffisamment de balles et que les
piles de la lampe-torche durent le temps nécessaire. À
nouveau, pensez aux aspects implicites pour altérer une
situation au profit de l’histoire. Le maître du jeu peut
offrir un point de Drame à un personnage pour que
son pistolet s’enraye ou se retrouve à court de
munitions ou bien que les piles
de sa lampe soient épuisées au
moment le plus opportun.

63
À propos du vent

La chaleur des nuits de Sydney était insupportable. La fenêtre était grande ouverte, et même
ainsi je ne parvenais pas à dormir. L’enfant dont je m’occupais dormait, lui, mais moi je
n’arrivais pas à me contenter des inconstantes rafales de vent. Je me hissais dans l’ouverture de
la fenêtre à quelque trois mètres du sol et, nu comme un ver, je pris appui sur le rebord et saisis
le cadre d’une seule main pour sortir plus de la moitié de mon corps. Dehors, le vent soufflait
sans interruption, la plupart du temps doucement, mais de temps en temps on aurait dit qu’il
allait me jeter à bas pour ne cesser qu’au dernier moment. Nous nous amusions.
Le vent changea de direction et un arbre se mit à pencher par-dessus l’enceinte qui bordait
la propriété, s’étirant jusqu’à presque me toucher. On aurait dit alors que cette multitude de
créatures majestueuses agglutinées au-delà du mur du complexe vivait, contrairement à ce que
l’on aurait pu croire, en nous tournant le dos. J’ai toujours pensé que les arbres partageaient
avec nos dieux une certaine qualité propre aux immortels : une perception du temps plus
sereine qui méprise les instants qui peuvent nous paraître si importants, les éprouvant à peine.
Mais celui-là se penchait vers moi, et je me tendis également le plus possible vers lui, jusqu’à
effleurer des orteils les feuilles de la branche la plus proche.
Lorsqu’ils vinrent me chercher, j’étais en train d’ondoyer. Cela a dû être très étrange à voir pour
ce Majeur qui était entré dans la chambre en s’attendant à me voir dormir. Je crois qu’il m’observa
pendant quelques secondes, essayant de choisir le moment le plus approprié pour attirer mon
attention sans me faire sursauter. « Peter ? » dit-il très doucement. Je me retournai et, accroupi, me
retenant à l’embrasure avec les deux mains, je les observai depuis les hauteurs : le petit était réveillé
et, à peine redressé, il me fixait avec raideur, bien droit, essayant peut-être de me reconnaître, car je
ne devais ressembler pour lui qu’à une silhouette découpée contre la lune.
« Qu’est-ce que tu es en train de faire, Peter ? »
Le Majeur essayait de me parler calmement, mais sa voix s’était imperceptiblement haussée.
« Je prends l’air, mon frère.
— C’est dangereux, continua-t-il.
— La hauteur ne me fait pas peur, souris-je.
— Moi, cela me fait peur. »
Nous n’étions pas censés en parler, mais même si les Majeurs essayaient de nous en protéger, les
rumeurs atteignaient nos oreilles : « Ils ont trouvé Jacob sous sa couchette, complètement paralysé,
la bouche encore pleine d’écume noirâtre », « Personne ne sait où Tom a trouvé ce couteau, et je
crois qu’on ne saura jamais non plus comment il a réussi à s’infliger des coupures aussi profondes
avec une lame émoussée ». Évidemment, il y avait toujours une sortie pour le frère impatient, mais
combien d’entre eux auraient pu mal interpréter les enseignements ? Nous ne l’avons pas su avant
la nuit de la canicule et quand ils ont ouvert les fenêtres.
C’est à l’aube que les cris avaient commencé. D’abord un, puis un autre, puis trois presque à la
suite… On les avait entendus de toutes parts. J’avais bloqué la porte avec une chaise, couru vers
le lit du gamin et l’avais pris dans mes bras. « Ils sont arrivés ? » m’avait-il demandé dans sa
somnolence, sans aucune crainte. Je m’étais alors souvenu d’une myriade d’histoires, de paraboles
que nuit après nuit les Majeurs racontaient dans tout le foyer, au forum, des histoires sur les Autres.
Je fus incapable d’éviter ces hallucinations passagères, j’étais assailli par des visions de personnages
de contes. Un cri me rappelait l’image d’énormes pinces comme celles d’un insecte se refermant
- 64 -
sur l’un de mes frères pour le couper en deux ; un autre des extrémités télescopiques qui ondulaient
sur le sol jusqu’à saisir quelqu’un violemment, l’étouffant pour n’en laisser qu’un sac de peau ; des
monstres faits de pièces disparates qui se mouvaient en chancelant, à notre recherche.
« C’est le moment ? C’est eux ? » avait insisté l’enfant. Aucun moyen de le savoir.
Enfin, le jour s’était levé. Et bien que les adultes se fussent tus devant nous, des bribes nous étaient
tout de même parvenues : « … sang, beaucoup », « … un cri », « … des corps empilés », « … cris »,
« … je l’ai vue assise dans son lit, très calme. On entendait tant de cris ! Mais elle était tranquille
et je crois qu’elle a assez vite compris : elle s’est levée très lentement et après avoir posé la chaise
contre le mur, elle a réussi à atteindre la fenêtre ».
À ma grande surprise, les fenêtres restèrent ouvertes et nous pûmes entendre des cris pendant bien
d’autres nuits : nous dormions tout en attendant le cri suivant.
Le crépuscule n’amenait que le silence, mais en voyant le regard du Majeur, j’eus l’impression
que pour lui les cris ne cessaient jamais. Combien en avait-il dû ramasser de ses propres mains ?
J’imaginais un instant les corps désarticulés, ouverts, je me voyais approcher de l’un d’eux, de
l’un que je connaissais bien : je voulus lui prendre la main, bien que cela fût inutile, je voulus être
capable de lui mentir et lui dire que nous serions bientôt réunis.
Je me bornai donc à me laisser descendre doucement et, tout en évitant le regard du Majeur et de
l’enfant, je commençais à m’habiller avec une pudeur soudaine. À présent, je sais qu’ils ne me
regardaient pas avec réprobation, qu’ils essayaient simplement de comprendre, mais cette nuit leur
regard me brûlait : je me hâtais doucement, me trompant entre les jambes et les manches. Pendant
ce temps, le Majeur s’était assis au bord du lit de l’enfant et s’était mis à lui caresser les cheveux.
« Dors, lui murmura-t-il, dors comme Ils dorment. Si tu as chaud, rêve aux rafales de vent qu’Ils
chevauchent et qu’Ils t’apporteront bientôt. »
L’enfant s’était rendormi et nous sortîmes de la chambre en silence. Tout en descendant les escaliers,
je ne pus m’empêcher de penser au terrible accès d’égoïsme qui m’avait saisi. Non seulement
j’avais ravivé des souvenirs terribles chez le Majeur, mais j’avais honte qu’il puisse penser que
j’avais déshonoré la mémoire de ces cris, que j’étais capable de mettre ma vie en danger, une vie
qui ne m’appartenait pas. Marche après marche, mon univers se réduisit tandis que ma tête se
remplissait d’accusations auto-infligées qui me semblaient formulées par sa voix : « Je m’attendais
à mieux de ta part », me dis-je plusieurs fois. Peu importaient les arbres et leur temporalité sereine,
j’étais moi-même descendu en quelques secondes dans un puits profond où je n’entendais que mon
propre écho. L’air quitta progressivement mes poumons, et mon corps se contracta jusqu’à en être
complètement paralysé, juste avant d’arriver en bas de l’escalier.
« Tu as peur ? me demanda le Majeur.
— J’ai été bête. Parfois, je me comporte encore comme un gamin.
— Ne t’inquiète pas. » Il me caressa la joue.
Mais ce ne fut que lorsque nous sortîmes du bâtiment et que je vis dans le forum les nombreux
frères réunis que je sentis enfin se dissoudre la honte, la culpabilité, les souvenirs d’une vie passée :
mon heure était venue.
Je jetai un coup d’œil autour de moi, aux édifices disparates, chacun ayant son style propre : une
urbanisation qui avait crû sauvagement, à mesure que nous avions trouvé l’argent pour bâtir. Je
souris en me souvenant de ce que j’avais dit au Majeur qui faisait office de guide lorsque j’étais
entré dans le complexe pour la première fois, en voyant les grues, les tractopelles, les bétonnières
visibles partout : « On dirait que le chantier est bien avancé. » Il m’avait lancé un sourire d’une telle
tendresse que je m’en étais senti honteux.
Nous vivions en construisant. Comme l’avait dit une fois le vieux Sanders : « Le chantier ne
sera terminé que lorsqu’il y aura suffisamment de lits pour que chaque personne du monde
puisse venir vivre chez nous. » Je me souviens également des paroles de Willoughby Vance :
« Nous construisons et nous nous construisons. » Nous travaillions sans relâche, édifiant aussi
rapidement que possible, car chaque jour arrivaient des personnes de notre communauté à la
recherche d’un sens à leur vie, pour que la fin inévitable serve un but supérieur. Et moi, au beau
milieu de ce chantier perpétuellement inachevé, des sols poussiéreux, des sacs et piles de bois,
d’outils dispersés, en permanence entouré de machines, de froides tours de métal, j’avais vécu
mes jours les plus heureux.
- 65 -
Tout le complexe était plongé dans un silence affable. Je fis donc mes adieux en silence.
Dans le forum, ils entouraient tous le monolithe. Il y avait les Majeurs et de nombreux autres
comme moi, qui avaient été emmenés vers le cercle. Nous serions une cinquantaine cette
nuit à nous livrer : nous nous regardions avec complicité, en souriant. Presque tous. Certains
de nous se montraient réticents. Il y avait même un frère allongé par terre qui pleurait et
criait, suppliant de le laisser vivre. Je sentis une immense compassion pour lui, si perdu
qu’il n’arrivait pas à profiter de la pitié dont les Majeurs le gratifiaient en le traînant dans le
cercle pour qu’il puisse y faire son dernier choix. Mais je ne pouvais accepter qu’il gâche
mes derniers instants et je m’éloignai de lui.
Les feux de camp brûlaient comme lors de n’importe quelle autre nuit dans le forum, formant
un cercle irrégulier autour du monolithe et à proximité de chacun d’eux se trouvaient six ou
sept Majeurs qui attendaient pour aider les aspirants à s’habiller. Il n’y avait pas de raison
de se presser, notre heure était venue. Je marchai jusqu’au monolithe et passai la main sur
sa surface de basalte poli, si froide, sans aspérité. Il ne faisait que cinq mètres de haut,
mais au bas mot trente de diamètre. On pouvait noter une légère inclinaison de sa paroi,
comme s’il y avait très longtemps il eût été une sorte de fuseau plutôt qu’un cylindre. Il n’en
restait à présent qu’une sorte de souche, la base brisée d’un arbre millénaire, mais les arêtes
irrégulières de la partie supérieure laissaient supposer que la tour originale devait mesurer
plus de cinquante mètres. Ici même, au bord de cette mer. Une fois de plus j’imaginai un
phare, un obscur colosse qui surveillait l’horizon.
Je pensais à des époques très reculées tout en marchant à proximité des feux de camp lorsqu’un
Majeur me fit signe de m’approcher de l’un d’eux. Ils me reçurent avec un sourire tranquille :
« Nous nous occupons de tout, laisse-toi aller », dit l’un d’eux. Les deux autres commencèrent
presque immédiatement à découper mon pyjama de bas en haut avec des sortes de sécateurs
et à jeter les morceaux de tissu au feu. Totalement nu, la pudeur avait complètement disparu.
Et tandis que celui qui m’avait parlé récitait des vers dans une langue que je n’avais jamais
entendue, les deux autres commencèrent à badigeonner mon corps d’un liquide noir. La
sensation était agréable, de se laisser aller, comme si j’étais redevenu un nourrisson et que ma
mère me faisait prendre le bain dans l’évier de la cuisine, me soutenant délicatement par le dos
et me caressant de l’autre main.
Enfin, ils me firent lever les bras et enfiler une douce tunique blanche, comme une camisole,
qui me couvrait jusqu’aux chevilles : sur le torse se trouvait un symbole qui m’était inconnu.
« Tu es prêt. » L’affirmation me remplit de force.
Tous vêtus de la même manière, autour du monolithe, la majorité de nous dans une sorte de transe,
en état de grâce, il ne restait que le grésillement des feux et une brise chargée de la mer. Les Majeurs
s’éloignèrent alors pour sortir du cercle.
« Cette nuit, vous avez été choisis pour alimenter les dieux. » Mon cœur était sur le point
d’éclater sous la jubilation.
La voix était puissante (on devait l’entendre dans tout le complexe), celle d’un géant, ou peut-être
de nombreuses voix unies pour n’en former qu’une seule, et émanait de l’intérieur du monolithe.
« Vous avez été choisis au hasard, car vous savez que notre existence en tant qu’individu n’a
aucune importance. Le sacrifice de chacun serait inutile isolément. Aujourd’hui, vous ne serez
qu’un hors-d’œuvre dans le banquet qui se déroule depuis l’aube du temps. Personne ne se
souviendra de vous. »
Certains frères se raidirent soudain : le mot « hors-d’œuvre » avait un insidieux accent de banalité.
Évidemment, chacun de nous avait imaginé une physionomie différente pour nos dieux à partir
des récits que nous entendions nuit après nuit, gommant opportunément les parties les moins
attirantes. Pour ma part, par contre, je comprenais parfaitement la violence inhérente à une force
de la nature, j’étais capable de voir la beauté des flammes qui dévorent tout sur leur passage, de
la terre qui s’ouvre et se débat avec colère et, plus que toute autre chose, la magnificence du vent
qui tourbillonne et déchiquette les constructions de l’Homme, à l’instar d’un enfant qui arrache
distraitement des brins d’herbe. Je comprenais très bien ce que l’on attendait de moi, j’assumais ma
condition : alimenter le cercle éternel était la fin logique de mon propre cycle.
« Approchez ! »
- 66 -
Des cris se firent alors entendre, si puissants que je crus ne plus jamais rien entendre d’autre. Les
frères montraient la partie supérieure du monolithe, le visage décomposé. Une dense fumée noire
commençait à s’y former, sans se disperser, mais s’enroulant plutôt sur elle-même. Des éclairs
blancs illuminaient les nuages au-dessus, et leur éclat révélait des formes diffuses à l’intérieur
de la colonne de fumée : des gueules aux myriades d’incisives claquant dans le plus grand
désordre, des yeux qui se fixaient sur nous, des griffes qui cherchaient notre chair.
Fasciné par sa beauté, alors que les Majeurs posaient des échelles contre le monolithe, je
grimpai à la rencontre de mon destin. C’est avec des larmes de joie que j’ouvris les bras et que
je me laissai consommer.
Et pourtant le dieu ne dévora pas ma chair et je traversai son corps vaporeux. Mes poumons me
brûlaient, la tête me tournait. Je ne pouvais pas voir. Je courus alors encore plus rapidement dans
ses bras qui n’étaient que du vent. Soudain, je trébuchai et chutai de quelques mètres contre une
pile d’ossements. J’étais passé de l’autre côté, me précipitant dans une brèche de la réalité même.
La forme que j’avais traversée était l’une de ses bouches qui s’ouvraient en de nombreux endroits.
Je me trouvais maintenant dans son estomac, sur les restes des nombreux autres qui étaient déjà
oubliés, les restes d’un banquet qui se déroulait depuis l’aube des temps.
C’est là que je fus rattrapé par la terreur. Parce qu’il ne s’agissait plus de se lancer impulsivement
dans les bras de la mort, il fallait attendre ici, à la vue des innombrables mandibules qui se fermaient
sur la chair de mes frères, à voir ce qui m’attendait.
Je ne sais pas combien de temps je restais étendu là, me débattant contre mes propres démons
qui tentaient de me dévorer de l’intérieur. Mais lorsque la fumée qui m’entourait se retira, en
voyant ce qui m’entourait il me fallut quelques secondes pour me débarrasser de mes délires,
comme lorsqu’on se réveille en plein milieu d’un cauchemar et que l’on se sent toujours
poursuivi par un monstre alors que l’on est bel et bien réveillé. J’étais étendu sur un gigantesque
tas de branches, dans un immense silo de plusieurs dizaines de mètres de large. Nous étions à
l’intérieur du monolithe ! Nous étions tombés depuis le bord à l’intérieur de la tour tronquée.
De nombreux autres frères vêtus du suaire blanc commençaient à se relever maladroitement,
glissant sur l’instable pente de manière ridicule. Et pourtant les Majeurs autour de nous nous
souriaient avec fierté, se félicitaient pour leur moisson. Au centre de ce réservoir, assis en
cercle, se tenaient plusieurs frères vêtus d’une tunique noire qui les couvrait intégralement. Ils
tendaient leurs mains en direction d’un artefact sphérique en métal qui lévitait en face d’eux,
tournant lentement et expulsant encore depuis des dizaines de petits orifices de cette dense
fumée noire qui avait donné corps à l’illusion dont nous avions été victimes, projetant toujours
des rayons de lumière par les multiples lentilles réparties sur sa surface, des images qui, sur la
fumée, semblaient par moments fantasmagoriques et une seconde après terriblement réelles.
Même pour quelqu’un qui comme moi n’avait jamais été en contact avec la magie, l’existence
d’un tel artefact ne pouvait être due qu’à des dons surnaturels.
Les Majeurs firent éclater un tonnerre d’applaudissements et de vivats. On pouvait également
entendre des applaudissements depuis l’extérieur, des Majeurs qui nous avaient aidés à nous
préparer à côté des feux. Non sans aide, nous pûmes remonter par les marches sur le large bord
du monolithe : depuis là-haut, tout me sembla différent, comme si je voyais ces bâtiments et
ces grues pour la première fois. Je vis également, étendus sur le sol, ceux qui ne s’étaient pas
livrés, qui n’avaient sûrement pas réussi à grimper sur le monolithe lorsque nous l’avions fait,
leurs vêtements gorgés de sang, teintés d’un grenat carmin. Cette fois, je n’éprouvais pas de
compassion : ils avaient choisi.
« Notre existence en tant qu’individu n’a aucune importance, seule la survie de cette communauté
compte », pouvait-on entendre dans notre dos de la part des officiants qui parlaient comme un seul
homme. « Ensemble, nous aiderons nos dieux à sortir de leur enfermement, et alors viendra le
véritable moment de notre renoncement, lorsque notre chair sera consommée par ceux qui un jour
ont été les maîtres des cieux. Et vous serez là avec nous, comme des frères, parce qu’aujourd’hui
vous avez atteint votre majorité. »
- 67 -
 ATMOSPHeRE
C
CHAPITRE
C
e chapitre présente notre vision du Mythe de Cthulhu,
un cadre qui se prétend fidèle aux canons de Lovecraft
et, en même temps, se veut en être une évolution
pour mieux l’intégrer au monde moderne. Nous consacrons
les pages suivantes à exposer sa vision cosmologique et à
présenter une chronologie de l’histoire de l’univers vue de la
perspective du Mythe.
Le mythe
LE MYTHE DE LOVECRAFT
Ce que vous voyez autour de vous et attire votre regard
est-il une illusion ? Bien sûr que non. Mais c’est une
vision incomplète, non seulement parce que c’est un
fragment d’un tout, mais également parce que ce que
vous voyez est une représentation presque schématique
de la réalité produite par votre esprit dans sa forme
finie. De fait, tous les grands progrès en physique du
XXe siècle ont démontré que la réalité défie et dépasse
68
IV
complètement notre entendement. Les mathématiques
permettent d’obtenir des réponses qui nous évoquent
plusieurs dimensions « enroulées » dans l’espace et
le temps, des matières et de l’énergie obscure, des
particules subatomiques aux propriétés physiques que
nous sommes incapables de nommer parce qu’elles
se trouvent au-delà de tout concept connu. Tous ces
éléments, aussi étranges soient-ils, nous entourent et
nous définissent. Tenez-vous-le pour dit, ce que nous
percevons n’est qu’une simplification d’une nature
inconcevablement plus complexe que notre cerveau
n’est tout bonnement pas capable de concevoir.
H. P. Lovecraft vivait à l’époque où cette physique qui
dépasse les sens faisait à peine ses débuts, mais il a
compris ce que tout cela impliquait dans ses versions
les plus perturbantes. Il s’est rendu compte que la réalité
pouvait être bien plus complexe, mystérieuse et terrible
que ce que nous pouvons imaginer, et bien plus que
tout ce qui est simplement surnaturel, car même le
surnaturel est rationnel et obéit à des lois intelligibles :
le bien et le mal, la vie après la mort, la malédiction, les
esprits et les passions humaines. L’œuvre de Lovecraft
s’éloigne pourtant de l’idée de terreur traditionnelle,
comme les démons sortant de l’enfer ou les âmes prises
dans une malédiction ou la soif de vengeance pour
nous présenter plutôt des dimensions impossibles, des
temps et des distances qui, selon notre expérience, sont
inaccessibles, et des créatures qui surgissent d’angles de
la réalité que nous sommes incapables de concevoir.
À partir de là, Lovecraft joue avec la peur la plus primitive
de l’Homme : la terreur de l’inconnu, une idée qui surgit
des abysses ignorés de l’univers où d’autres que nous
résident, et ont un pouvoir et sont d’une nature, qui
nous sont aussi incompréhensibles que pourrait l’être
la physique moderne pour une fourmi. Ainsi, la terreur
trouve son origine non seulement dans le monstre
qui se cache entre les ombres, mais également dans la
possibilité qu’il existe un tel être, ainsi que dans le fait
qu’une fois que les humains sont confrontés à l’inconnu
avec leur arme naturelle, la curiosité, ils peuvent révéler
quelque chose qui est bien pire que l’ignorance ; parfois,
l’inconnu ne doit jamais être contemplé. Une fois arrivé
là, la victoire est impossible : l’ignorance est une menace
abominable, mais la connaissance rend fou de terreur.
De ce point de vue, lorsque l’on parle de dieux, de magie
ou de monstres, on fait référence à l’idée que l’on peut
avoir de pouvoirs, d’événements et d’êtres qui échappent à
sa compréhension, plus qu’au fait qu’ils sont exactement
cela. On pourrait dire des humains aussi qu’ils sont des
dieux par comparaison avec des insectes. Nos ancêtres
qualifieraient de magie notre technologie, et si un rat de
laboratoire pouvait être pleinement conscient, il nous
qualifierait de monstres en raison de ce que nous lui
faisons subir. Finalement, les histoires de Lovecraft et
d’autres après lui se concentrent sur le point de vue des
êtres humains qui sont confrontés à des forces et des êtres
bien supérieurs. Ce qui était de la magie ou un miracle il
y a quelques siècles est aujourd’hui qualifié de science,
et ce qui relève de la magie ou du miracle aujourd’hui ne
sera que de la science demain. En revanche, la magie ou
un miracle peut tout à fait être exactement cela, puisque
nous ne sommes pas capables de comprendre ces
concepts. Ils sont là, que nous voulions les voir ou non,
que nous soyons ou non en mesure de les comprendre.
Tout au long de ce chapitre, plutôt que décrire un monde
exact et une mythologie détaillée, nous préférons fournir
des pistes qui suggèrent ce qu’est ou pourrait être le
Mythe et comment il fait partie intégrante du monde
que nous connaissons. Gardez à l’esprit que le Mythe n’a
pas de canon nettement défini, bien qu’il puisse donner
cette impression. Il est plutôt composé d’une mosaïque
de récits, d’événements et de créatures sans lien entre
eux, voire contradictoires, mais qui partagent le même
fond et les mêmes thèmes : la petitesse de l’humanité
par rapport à d’autres créatures, l’inconnu à l’intuition
humaine, le mystère à résoudre et ses réponses
démentielles et la défaite qui ne peut être que repoussée
pour un temps, jamais évitée.
En résumé : concevez le Mythe comme s’il était constitué
de fragments qui persistent après s’être réveillé d’un
cauchemar. Rien de plus, rien de moins.
LES CONNAISSANCES DU MYTHE
Depuis que l’Homme est Homme, l’intuition de puissances
trop vastes et d’entités inhumaines a peuplé l’imaginaire et
les rêves de tous les peuples, donnant lieu à des mythologies,
religions et superstitions de toutes les cultures de la Terre.
Mais elles ont peu de liens avec le Mythe.
S’il est vrai que le Mythe aussi est une construction
humaine, il se fonde sur des événements dont la nature
est si affolante qu’il peut difficilement être considéré
comme une vision rationnelle. Le Mythe n’a pas de
structure prédéfinie et ne suit pas de canon, mais est
au contraire constitué d’une mosaïque d’informations
fragmentées, chaotiques, contradictoires et confuses.
En outre, les sources du Mythe sont rares et peu fiables,
pour de très bonnes raisons.
Occasionnellement, certaines personnes sont entrées en
contact avec le Mythe, que ce soit par hasard, en explorant
des secrets qu’il valait mieux laisser enfouis ou pour avoir
suivi inconsciemment les desseins d’une entité quelconque.
Quoi qu’il en soit, ce contact est généralement fatal. Peu sont
ceux qui survivent, et encore moins restent sains d’esprit.
Sans aucun doute, personne ne sort psychologiquement
intact d’une telle rencontre.
Les récits abondent sur des historiens ou scientifiques
qui sont tombés sur un détail déconcertant au cours de
leur travail, comme une statuette aux origines inconnues
au cours d’une fouille archéologique, des restes d’une
créature impossible ou un effet inexplicable par la
science actuelle, et qui ont tenté de percer ce mystère.
Après beaucoup d’efforts et au risque de leur propre vie
et santé mentale, il est possible qu’ils aient pu réunir
suffisamment de pièces du puzzle pour entrevoir les
horreurs cosmiques qui guettent l’humanité et « lever
les yeux vers le sommet de la pyramide » comme dirait
L. Edtown, selon sa théorie de la pyramide à degrés
(voir encart page 69).
De plus, les rares témoins qui survivent et restent
suffisamment sains d’esprit préfèrent généralement
garder le silence. Ils savent que parmi leurs amis et leurs
voisins, peu ne les croiraient pas fous, à juste titre. Cela
pourrait même être pire si tout le monde les croyait, car
ce qu’ils ont découvert est si terrible que cela pourrait
rendre folle l’humanité tout entière. Mieux vaut s’en
tenir au silence et à l’ignorance et porter seul ce terrible
fardeau jusqu’à ce qu’il disparaisse… avec sa propre
mort, naturellement.
D’un autre côté, ceux qui sont partis en quête de
connaissances et de pouvoir à travers le Mythe ont
jalousement gardé ces secrets pour eux ou le groupe
auquel ils appartiennent. Non seulement pour le
pouvoir qu’ils peuvent représenter et pour le prix élevé
qu’ils ont dû payer, mais également parce qu’à n’importe
quelle autre époque ils auraient été accusés de pactiser
avec le démon et s’adonner à la magie noire. En outre,
l’exposition volontaire et prolongée au Mythe provoque
une dégénérescence physique et psychique qui, dans la
plupart des cas, est une aura presque palpable qu’un
être humain considérera presque instinctivement
comme de la méchanceté.
69
 NOTRE MONDE OU CELUI DE LOVECRAFT
Bien que Lovecraft se soit inspiré de lieux réels, ses récits
se déroulent dans des lieux fictifs qui créent toute une
géographie personnelle. Miskatonic, Arkham, Dunwich
ou Innsmouth sont des lieux emblématiques des histoires
de Lovecraft et n’existent que dans ces dernières. Avant
de commencer à jouer à Cultes Innommables, deux
choix sont possibles : présenter des scénarios dans le
monde de Lovecraft, où ces lieux existent, ou jouer dans
le monde « réel ».
Jouer dans le monde de Lovecraft est le choix officiel de départ.
Disons que cela revient à progresser dans la chronologie que
Lovecraft décrit dans ses récits jusqu’à aujourd’hui. C’est un
monde dans lequel tous ces lieux fictifs peuvent être visités et
où tous les personnages mentionnés par Lovecraft ont existé.
Mais c’est également le monde dans lequel Lovecraft n’est pas
un auteur connu dont les œuvres font partie de la culture
pop. Il n’existe pas de gens en costume portant une affiche
« Votez pour Cthulhu » et l’histoire de L’Abomination de
Dunwich s’est déroulée exactement telle que décrite dans le
récit. C’est un monde dans lequel Lovecraft lui-même n’existe
peut-être pas et donc où n’existent pas non plus ce jeu ou
d’autres jeux de rôle qui s’inspirent de son œuvre.
Jouer dans notre monde implique que, bien que les cultistes
soient les seuls qui s’approchent de la Vérité, le Mythe soit
dissimulé à la vue du commun des mortels, travesti dans
d’innocents récits d’horreur. C’est un monde dans lequel
Lovecraft est un écrivain connu, et son œuvre a un impact
sur le cinéma, la télévision et les jeux. C’est un monde
dans lequel si Lovecraft a publié autant de récits, c’est
probablement parce qu’il était au courant d’une partie de la
Vérité, mais il a modifié les noms des lieux et des personnes
pour narrer ces faits terribles sous forme de fiction. Ce n’est
pas le monde que nous recommandons pour jouer à Cultes
Innommables, mais il peut offrir d’intéressantes situations
de contraste entre ce que savent les gens normaux sur le
Mythe et ce que savent les cultistes.
Étant donné que la multidimensionnalité est une part
intrinsèque de la fiction lovecraftienne, pourquoi ne pas
décider que les deux options sont correctes ? La première
constituera la réalité « officielle » de ce jeu, tandis que
la seconde sera une dimension très similaire, mais
particulièrement déconcertante pour les personnages dans
laquelle le Mythe de Cthulhu fait partie de la culture pop.
Pour toutes ces raisons, il est beaucoup plus simple, sans pour
autant être plus sûr, de s’initier au Mythe à l’aide d’un livre
ou d’un codex qui explique ces sujets. Ces ouvrages, écrits
par des sages, des fous, des sorciers ou tout cela à la fois, ont
été diffusés partout dans le monde malgré une persécution
constante de la part des autorités religieuses et ceux qui
comprenaient le danger qu’impliquaient ces ouvrages. De
tels écrits sont rédigés dans les langues savantes de l’époque
de leur publication, généralement le latin, le grec, l’arabe et
parfois même des langues encore plus anciennes, mais des
versions traduites dans des langues modernes circulent
parfois. D’un autre côté, la rédaction de ces écrits est souvent
70
obscure et truffée de références et de symboles complexes :
pour que les non-initiés ne puissent pas provoquer de désastre
par une lecture récréative, parce qu’il s’agit du journal d’un
sorcier qui n’a pas été rédigé dans le but d’expliquer quoi que
ce soit à qui que ce soit, ou peut-être parce qu’il n’existe pas
de meilleur moyen pour expliquer les idées qui n’ont pas de
mots humains ou de concepts similaires.
La qualité du contenu varie énormément d’une œuvre à une
autre, voire dans un même ouvrage. De tels écrits peuvent
aller de la description des visions de l’auteur à un journal
détaillant une expérience, des réflexions philosophiques
aux méthodes alchimistes, des sorts de protection aux
invocations pour attirer des créatures de « l’extérieur ».
De ces textes, il n’existe aucune bibliographie possible,
et autant ont été découverts qu’il en reste à découvrir.
Beaucoup ont disparu pour toujours, certains avant même
d’être connus. D’autres ont été estimés disparus pendant
des années avant d’en découvrir un exemplaire dans une
malle verrouillée d’une cave poussiéreuse. Il existe une
quantité innombrable et en même temps variable de ces
ouvrages, mais le plus connu dans le milieu des occultistes
est sans nul doute le Necronomicon.
Tout au long de l’histoire, les ouvrages les plus codifiés et
connus ont été jalousement gardés et très peu copiés. Plus
récemment, il était possible d’en trouver des copies ou des
fragments dans des universités et bibliothèques importantes
ou anciennes, alors qu’il est certain qu’il existe bien plus
d’exemplaires cachés que ce que l’on pourrait imaginer, qui
sont actuellement aux mains de particuliers, que ce soit des
initiés du Mythe ou des sociétés secrètes. Dans tous les cas,
ces grimoires étaient très difficiles d’accès.
Tout cela a changé avec l’arrivée de nouvelles technologies
de communication et le développement de la liberté
d’expression au cours du siècle dernier, qui ont permis
au contenu de ces ouvrages d’être diffusés plus librement,
jusqu’à atteindre un niveau alarmant. On a pu retrouver
des photocopies de certaines de ses pages, voire certains
fragments traduits circuler sur Internet. Il est évident
qu’une telle situation est extrêmement dangereuse, car la
possibilité qu’un fragment tombe entre de mauvaises mains,
ou pire des mains ignorantes, ne cesse de croître. De fait,
au cours des vingt dernières années, le nombre de cultes,
sociétés secrètes, sorciers et autres groupes jouant avec les
pouvoirs du Mythe a augmenté de manière exponentielle,
au même rythme que la quantité de catastrophes naturelles
et événements inexplicables qui peuvent être attribués à ces
groupes. Beaucoup voient dans cette escalade un symptôme
qui annonce que le pire à venir est pour… bientôt.
Il est également possible d’obtenir des informations plus
directement, en interrogeant des créatures inhumaines. Pour
autant, de tels êtres sont généralement plus intéressés par le
goût de la chair et de l’âme des humains si curieux, que par
la transmission de connaissances secrètes. De telles créatures
ne divulguent leur savoir aux humains que pour d’excellentes
raisons, par exemple si elles suivent en réalité le plan d’une
entité bien plus puissante, si l’humain les y contraint par la
magie ou si elles se voient offrir quelque chose de spécialement
intéressant en échange. Même ainsi, ce que de telles créatures
peuvent transmettre dépasse généralement la logique
humaine, se révèle faux ou fatalement inexact.
 THÈSE DE
LA PY RA M IDE À DE GRÉS EXTRAITE DE LA
THÉORIE DE
RSITÉ DE MISKATONIC
L. EDTOWN, DE L’UNIVE être qui peuple l’univers en
cun d’eux vit chaque type d’
plusieurs degrés. Sur cha t conscients que des niveau
x
Imaginez une pyramide de Les hab itan ts de chaque « étage » ne son sus ,
de con sci enc e. -organiqu e. Jus te au- des
fonction de son niveau la pyr am ide se trouve le minéral, le non
r. À la bas e de
situés en dessous du leu de l’humanité.
mo nd e vég éta l, puis le mo nde animal et enfin le niveau
le
er :
stantes semblent se confirm
Sur cette pyramide, deux con r faire
érieurs pour subsister. Pou
éri eur s se nou rris sen t ou tirent profit des niveaux inf s et ces der nières de
Les échelons sup i de plante
er, les hum ain s se nou rrissent d’animaux, ceux-c
simple et schématis
minéraux. re les niveaux supérieurs :
per çoi ven t pas ou ne son t pas capables de comprend
Les échelons inférieurs ne t pas l’humain.
al ne perçoi t pas les pla ntes, une fourmi ne conçoi
un mi nér vous imaginez ?
stio n : com bie n d’ étag es possède la pyramide que
Le moment est donc venu de
poser la que vent le système,
s ne peu t que reg ard er vers le bas parce qu’ils sui
des hum ain vons savoir s’il
Quatre ? L’immense majorité des esp èce s. Pou r aut ant, en général, nous ne pou
ide à deg rés que nous nous
respecte la règle de la pyram ni com bie n. De fait , nou s nous confortons dans l’idée
de nous,
existe des niveaux au-dessus
me t de cet te pyramide.
trouvons au som epter, car peu d’humains
le cas . Ce n’est pas une idée facile à acc r
Imaginons un instant qu e ce n’ e st pas arriver, il est possible d’avoi
les yeu x ver s le som me t de la pyramide. Pour y lle po urr ait êtr e
sont capables de lever ncée qu’e
t de con sci enc e, voi re à une science tellement ava bie n no mb reu ses
recours à un autre éta feu ou de l’électricité, il y a
de
sid éré e com me de la ma gie aujourd’hui (à l’instar du
con
pas d’origine humaine.
années). En outre, elle n’est l’un de nous.
uve au- del à de no tre nature a rendu fou plus de
En revanche, apercevoir ce
qui se tro préhensibles est
de con sci enc e sui vant dans des termes com
L’effort pour tenter de sai
sir le niv eau ation et la propre vie
ctio n mê me mi nime a été saisie, la civilis
traumatisant. Mais une foi
s qu’ un e fra que les humains
rm ém ent de val eur . Finalement, on comprend
humaine perdent irrémédia
bleme nt éno ins et ces êtres qui
com mu n, dan s tou s les sens du terme, que les huma
s en
et les fourmis ont bien plu
éta ges sup éri eur s.
peuplent les e la pyramide à degrés dis
pose
s exp éri enc es en la ma tièr e, j’affirme avec vigueur qu mi s de défi nir deu x
Fort de mes propre des m’ont per
eau x qu e les qu atr e tra ditionnels. De fait, mes étu plé de cré atu res don t
de bien plus de niv se tro uve jus te au- des sus de nous est peu
. Celui qui qu’elles possèdent des cap
acités
niveaux supérieurs au nôtre ava ncé e que la nôtre, mais, bien lles,
ure est bie n plu s ité de lois nat ure
la science ou la nat s leu r ess enc e l’e scl ave d’u ne grande quant
s restent dan lui-même
inimaginables pour nous, elle t des ser vite urs , des esc laves du niveau supérieur,
ur nous. Ce son lois cosmiques absolument
tout comme c’est le cas po est inc oncevable et régie par des er,
habité d’êtres ancien s don t la nat ure eur ? Je ne pourrais l’affirm
po ur no us et elle s. Ex iste -t-il un niveau encore supéri
incompréhensibles
bouleversante.
mais la simple possibilité est de la présente thèse,
lisé en la ma tièr e et que je présenterai au fil
Malgré tout, dans le travai
l qu e j’ai réa supérieurs, si tant est
d’ ê tre cap abl e de comprendre les étages
j’affirme que l’humanité est
enc ore loin que nous ne sommes
, la con clu sio n irréfutable de tout cela est
que nous le soyons un jou
r. Po ur aut ant t de la pyramide. Tout
som me s mê me pas proches du somme
pas seuls dans l’univers et
qu e no us ne sont respectées, nous
gra vité s, car , si les règles de la pyramide
cela est porteur de la plus
ext rêm e des i en détail comment
de sub sist anc e po ur ces êtres supérieurs. J’expliquera
ne sommes qu’une ressource
la suite de mon travail.
tout cela est possible dans

71
 Cela étant dit, il existe un chemin bien plus direct
pour explorer le Mythe, et c’est d’ailleurs celui qui est
le plus emprunté : être intégré à un culte. Il existe des
organisations et des groupes dont le but est d’explorer
la magie, les technologies inhumaines et l’occulte, que
l’on appelle traditionnellement des cultes, bien qu’ils ne
soient pas nécessairement religieux. Les rares individus
qui sont exposés à l’influence du Mythe par le biais de
l’une des méthodes expliquées préalablement peuvent
devenir de nouveaux foyers depuis lesquels, à l’instar
d’une maladie, la connaissance du Mythe s’étend. Ils
deviennent le noyau de nouveaux cultes et réunissent de
nouveaux membres, étendant ainsi la corruption et les
connaissances blasphématoires tout en poursuivant des
buts particuliers, quels qu’ils soient.
Comme il a déjà été expliqué, de plus en plus de cultes
sont en train d’apparaître, et ils se nourrissent des
connaissances du Mythe et cherchent à mettre au jour
ses secrets. La grande majorité n’arrive pas à ne serait-ce
qu’en effleurer la superficie. Ils poursuivent des rumeurs,
des légendes et des murmures sans jamais arriver bien
loin. Peu sont réellement dangereux, qui ont entre leurs
mains de véritables connaissances des arcanes. Ces cultes
mettent leur propre intérêt avant tout autre, notamment
celui de l’humanité.
AU-DELÀ DE L’HUMANITÉ
Malgré ses différentes versions et les fous délirants par
le biais desquels il s’exprime généralement, le Mythe
dispose d’un socle commun duquel peuvent être tirées
des conclusions, bien qu’aucune d’entre elles ne soit
encourageante pour l’humanité.
Dieux Extérieurs
Toutes les religions humaines ont un ou plusieurs dieux
conçus comme des êtres disposant d’un pouvoir immense,
voire infini, mais dont les attributs, les motivations ou les
passions sont humains. L’analyse humaine de ce sujet ne
permet que d’esquisser l’ombre de ces êtres qui patientent
dans les coins reculés de l’espace et du temps ; ce sont,
après tout, les premiers à être nés du vide primitif, et leur
nature transcende l’univers. Ainsi, le Mythe les identifie
sous le nom de « Dieux Extérieurs » ou simplement
« Autres Dieux ».
Ces êtres possèdent un pouvoir inconcevable, car ils ne
sont pas soumis à la nature de l’univers. Au contraire,
ce que nous appelons les lois de la nature n’est rien de
plus que les expressions que prennent dans notre univers
les principes fondamentaux qu’ils incarnent. Pourtant, il
leur manque ce que nous, humains, pourrions identifier
comme la personnalité : ils n’ont pas de projets, d’objectifs
ou de passions. Et même s’ils en avaient, cela dépasserait
l’entendement humain. Ce ne sont pas non plus des
êtres bienveillants qui prennent soin de l’univers, sans
pour autant être des démons qui cherchent à détruire
l’humanité. Ils sont, tout simplement.
La seule analogie que l’humanité peut utiliser pour les
comprendre consiste à les percevoir comme des forces
de la nature telle que nous la connaissons. Personne ne
dirait que la gravité est maléfique ou bienveillante, elle est
72
simplement telle qu’elle est, pour le meilleur comme pour
le pire. En outre, la gravité est inconsciente et indifférente
au destin de l’humanité : la Terre existe parce que la
gravité existe également, ce qui permet notre existence,
mais si une météorite frappait notre planète et détruisait
toute forme de vie, on ne pourra que dire qu’elle a suivi
son cours naturel en raison de la gravité. Cependant, la
gravité est une force dont l’intensité dépend de la quantité
de matière : elle est finie, mesurable, exacte, tandis que les
Dieux Extérieurs sont des principes irrépressibles, infinis,
trop vastes qui, s’ils découvrent une brèche par laquelle
s’engouffrer dans notre univers, peuvent facilement raser
des planètes et des galaxies.
Le Mythe fait référence à de nombreux Autres Dieux,
mais il en existe trois principaux : Azathoth est le chaos
informe et primitif vers qui toute existence doit revenir,
et il est donc associé au principe de destruction et de
dégradation ; Yog-Sothoth, également appelé « La Porte
et la Clef », réside dans les interstices qui relient les
fragments d’espace et de temps, et préserve l’unité de la
propre réalité tout en étant capable de la séparer en un
instant ; Shub-Niggurath est l’origine de la création, et
ce que nous pourrions associer à la vie, mais sans objet
ou sens, uniquement la simple fécondité. De l’interaction
entre les trois surgit la nature de l’univers tel que nous
le connaissons, au sein duquel naissent ses éléments et
où existent le temps et l’espace avant de s’y dégrader et
de se détruire. En revanche, il existe d’autres dimensions
dans lesquelles cette structure ne se manifeste pas de
la même manière, peut-être parce que l’un des Autres
Dieux domine les autres ou que l’équilibre précaire
entre ces forces titanesques se manifeste sous une forme
complètement différente, comme c’est le cas dans les
Contrées du Rêve.
Grands Anciens
Pour autant, le Mythe se focalise davantage sur des
entités dont la puissance est bien inférieure, mais dont
la présence est terriblement concrète. Ces êtres, qui
existent depuis l’aube de l’univers, sont connus sous le
nom de « Grands Anciens », « Primordiaux » ou parfois
« Faux Dieux ». Bien que leurs pouvoirs soient immenses
et qu’ils puissent violer facilement ce que l’humanité
appelle les lois de la nature, ils sont incapables de suivre
certaines lois d’origine cosmique, incompréhensibles
ou irrationnelles pour l’humanité. Ainsi, ceux qui sont
supposés se trouver sur Terre sont somnolents, plongés
dans une sorte de léthargie jusqu’au moment propice,
c’est-à-dire lorsque les étoiles seront alignées dans l’ordre
qui convient. Alors, ils se réveilleront pour dominer à
nouveau notre monde et bien d’autres, comme ils l’ont
déjà fait. La raison de ce sommeil est inconnue, bien
que le Mythe propose une multitude d’hypothèses et de
croyances à ce sujet. Certains disent qu’ils suivent des
cycles vitaux dont les durées sont des éons, tel l’ours qui
hiberne en hiver en attendant le printemps, tandis que
d’autres estiment qu’ils sont captifs suite à une défaite
contre des êtres similaires, voire les Dieux Extérieurs.
Quoi qu’il en soit, leur puissance est telle que même
engourdis par leur sommeil, ils imposent leur volonté à
leurs adorateurs et les poussent à suivre leurs terribles
plans qui accélèrent leur résurgence. Certains ouvrages
et certaines traditions suggèrent même que les Grands
Anciens ne sont pas endormis, mais qu’ils se cachent
d’autres forces jusqu’au moment où ils auront accumulé
suffisamment de puissance, préférant agir insidieusement
par le biais d’entités inférieures qui les servent.
Il serait naïf de croire que tous les Grands Anciens
résident dans notre monde. Beaucoup dorment sur des
étoiles éloignées de cet univers, gouvernent ouvertement
des mondes extraterrestres ou observent depuis d’antiques
forteresses plongées dans les profondeurs des Contrées du
Rêve. Cela ne les rend pas moins fatals pour nous. Ils ont
tout autant envie d’atteindre notre monde pour le dominer
et l’utiliser à leurs fins, ou simplement le dévorer.
Chacun de ces Grands Anciens a son propre caractère
et ses propres intérêts, bien qu’ils soient en majorité
indéchiffrables pour l’humanité, sauf lors de leurs
implications les plus directes, comme lorsqu’ils
cherchent à réduire l’humanité en esclavage, la dévorer
ou l’annihiler. Bien entendu, ce n’est qu’une étape de plus
dans leurs plans, pas un objectif final. Apparemment, le
destin de l’humanité les désintéresse entièrement, tout
comme nous celui des fourmis qui vivent sous terre au
moment d’ériger un gratte-ciel.
Pour mener à bien leurs desseins, beaucoup se servent
de créatures inférieures comme serviteurs ou esclaves
pour accomplir leurs ordres et leurs plans, car, bien qu’ils
essayent parfois de faire croire le contraire, les Grands
Anciens ne sont pas tout-puissants et sont soumis
aux lois cosmiques. Certains séduisent ou dupent les
humains pour qu’ils créent des cultes à leur gloire et
agissent sous leurs ordres, tandis que d’autres ont leurs
propres créatures, qu’elles soient de simples serviteurs ou
leur immonde progéniture.
Le rôle de leurs servants est particulièrement trouble et
varie d’un Grand Ancien à un autre. Dans tous les cas,
ils leur vouent une admiration divine et conduisent des
rituels abominables en leur nom. Il est souvent peu clair
si de tels rituels ont pour objectif de les maintenir en
vie pendant leur léthargie, d’accroître leur pouvoir ou
simplement de leur rendre hommage ou les réveiller.
Peut-être existe-t-il une manière de les appeler, comme
un sortilège ou un artefact suffisamment puissant, mais
nombreux sont ceux qui pensent que de tels détails ne
peuvent altérer les cycles cosmiques par lesquels ils sont
régis et considèrent que la libération des Grands Anciens
est exclusivement une question de temps, peut-être
jusqu’à ce que les étoiles soient alignées d’une certaine
manière. Quoi qu’il en soit, ces serviteurs sont des pions
que les Grands Anciens utilisent dans leur lutte éternelle
de pouvoir et, en tant que tels, ils ne connaissent pas la
stratégie globale (pour peu qu’il y en ait une). Et bien
entendu, ce sont des accessoires qui peuvent être sacrifiés.
Les Grands Anciens ont des relations variables entre
eux. Certains semblent s’ignorer ou parfois collaborer
entre eux, tandis que d’autres sont ouvertement
hostiles. Évidemment, aucun être humain n’a jamais
été témoin d’une telle situation, mais au fil des siècles
ils ont pu échafauder diverses conclusions à partir des
confrontations entre serviteurs de diverses déités. De
fait, il semblerait que les Grands Anciens soient engagés
dans une partie complexe à l’issue de laquelle l’humanité
est toujours perdante.
Un nombre tout à fait respectable de Grands Anciens a
été recensé dont certains dorment dans notre monde,
mais personne ne sait combien d’autres il pourrait y avoir,
que ce soit sur Terre, dans le reste de l’univers ou même
dans d’autres dimensions, comme les Contrées du Rêve.
73
 RÉACTIONS LES PLUS COMMUNES LORS
DE LA DÉCOUVERTE DU MYTHE
Les gens du XXIe siècle sont habitués à entendre les
histoires les plus folles, à lire des témoignages sur
des faits divers étranges, à voir des films mettant en
scène des événements catastrophiques, terrifiants
ou incroyables. On pourrait dire que leur esprit est
anesthésié. Pourtant, tout contact avec le Mythe
dans ses formes les moins diluées est absolument
frappant et destructeur pour l’esprit humain, qui
tente de se défendre par le biais des méthodes
suivantes :
Déni ou rejet : C’est la réaction la plus courante lors
d’un premier contact avec le Mythe. L’incrédulité,
la rationalisation de l’impossible ou la négation de
l’évidence sont des réactions humaines classiques.
Pourtant, elles ne constituent qu’une défense
temporaire. Rapidement, le déni n’est plus possible
et les événements dépassent la résistance de la
personne et lui font voir ce qui se passe réellement,
notamment ce qui est trop réel.
Folie : L’esprit humain n’est pas prêt à affronter
les horreurs cosmiques du Mythe. L’incapacité de
l’esprit humain à assimiler l’information à laquelle
il se voit exposé provoque son effondrement et sa
fragmentation, à l’instar d’un court-circuit lors
d’une soudaine hausse de tension.
Obsession : L’expérience du Mythe et sa
compréhension peuvent altérer complètement
la personnalité. C’est ainsi que peut survenir
l’obsession. Pour certains, c’est une curiosité
malsaine et corruptrice, comme une drogue.
Pour d’autres, la découverte et la réalisation de
l’insignifiance de l’homme leur font se rendre
compte du superflu de nombreux éléments qui
constituaient leur quotidien pour ne garder que
la seule chose authentiquement réelle dans leur
monde : le Mythe. D’autres encore souffrent
simplement d’un traumatisme qui les amène à
vivre dans la peur de ce qui peut leur rappeler
leur expérience : phobie de l’obscurité, de l’océan,
des cimetières, etc.
Compréhension : Quelle que soit la première
réaction au Mythe, un élément restera gravé
dans l’esprit : le Mythe est une ouverture donnant
sur des sources d’un pouvoir inimaginable.
De là à mieux comprendre certains aspects du
Mythe pour obtenir une source de puissance
personnelle, il n’y a qu’un petit pas à franchir.
Maintenant que la magie et le pouvoir des
Grands Anciens sont connus, la tentation est
grande de les vénérer, voire de sottement tenter
de les contrôler. Tout cela dans le but d’utiliser
les pouvoirs du Mythe à son propre bénéfice.
Et il ne fait aucun doute que de toutes, c’est la
réaction la plus dangereuse.
74
Autres créatures
Enfin, il convient de mentionner qu’il existe d’autres êtres
extraterrestres, plus proches des êtres humains que des
Grands Anciens dans leur nature, mais qui dominent des
technologies et des pouvoirs dont l’humanité n’ose même pas
encore rêver et que certains humains nomment « magie ».
Certaines de ces espèces servent les Grands Anciens, tandis
que d’autres suivent simplement leur propre volonté. Quoi
qu’il en soit, ils n’ont pas pour objectif de faire perdurer
l’humanité. En effet, ils la voient comme nous envisageons
la vie de rats de laboratoire. Ils nous étudient et se servent
de nous à leur convenance, si tant est qu’ils daignent nous
accorder un peu d’attention avant de se passer de nous. De
fait, si nous ne les observons pas de manière directe, ils nous
laissent en paix pour deux raisons : d’abord parce qu’ils nous
considèrent comme inoffensifs et que nous gênons peu leurs
plans, ensuite parce qu’ils savent que d’autres forces, comme
certains Grands Anciens, agissent à travers nous, et ils
préfèrent se dissimuler à la vue de tels agents.
Aujourd’hui
UN NOUVEAU SIÈCLE
Le XXe siècle a vu l’apogée des explorations qui ont débuté
à la Renaissance. Depuis le vide glacé des pôles jusqu’aux
déserts arides de l’Asie et de l’Australie, de la plus haute
montagne de l’Himalaya aux plus profondes fosses abyssales
du Pacifique. Même au-delà, l’homme s’est aventuré peu à
peu dans le néant extérieur, arrivant jusqu’à la Lune. Et là où
il n’a pas pu arriver en personne, il a envoyé ses machines,
permettant d’atteindre les confins mêmes du système solaire.
Entre-temps, la science a progressé sans relâche, évoluant
aux frontières de la nature à la recherche des secrets les
mieux gardés. Au crépuscule du XXe siècle, la physique
effleurait du bout des doigts ce qui est considéré comme les
limites de la structure de la matière, de l’espace, du temps et
de la réalité mêmes. La chimie a fait un bond, permettant
de créer des matériaux toujours plus sophistiqués et aux
propriétés inimaginables quelques décennies auparavant.
De son côté, la biologie a mis au jour comment modifier à
volonté la nature même de n’importe quel être vivant, tout en
cherchant inlassablement, à l’instar des alchimistes des temps
anciens, des chimères comme l’immortalité ou la création de
la vie artificielle. Dans le même temps, la médecine joue avec
le cerveau et fouille l’esprit, cherchant à trouver comment
altérer ou préserver l’essence même du soi.
Alimentée par la science, la technologie se développe et
évolue toujours plus rapidement, dépassant l’imagination
des générations passées et présentes. Il est maintenant
possible d’aller d’un bout à l’autre du monde en quelques
heures, des centaines de satellites surveillent depuis les cieux
l’intégralité de la surface terrestre et la plus grande part des
connaissances humaines circule sur Internet. Même des
armes pouvant tuer des millions de personnes en appuyant
simplement sur un bouton ont été inventées.
L’homme entre dans le XXIe siècle drapé de fierté devant ses
accomplissements, avide de nouvelles connaissances et de
nouvelles frontières, sentant qu’il est maître et seigneur de
tout ce qu’il peut atteindre. Il observe le firmament et rêve
d’atteindre d’autres planètes et d’autres étoiles, croyant que
son foyer d’origine, la Terre, ne recèle plus aucun secret.
Pourtant, dans son orgueil, il ne voit pas qu’il marche au
bord d’un abîme et que chaque découverte et progrès est
un pas de plus dans cette direction. Plus on en sait sur le
passé de la Terre et sur le fonctionnement de l’univers, plus
les questions qui devraient être tues sont posées et leurs
réponses, qu’il vaudrait mieux laisser dissimulées, sont
recherchées. Lentement, mais toujours plus fréquemment,
les connaissances auxquelles les hommes ne sont pas
préparés pénètrent la société. Certaines sont stoppées
à temps, mais beaucoup finissent par circuler grâce aux
moyens de communication modernes. Heureusement,
dans la plupart des cas, ces connaissances sont teintées
de superstitions et croyances d’origine religieuse qui
n’ont rien à voir avec la Vérité et sont généralement
inoffensives. Ainsi c’est une arme à double tranchant, car
ceux qui explorent de tels sujets innocemment peuvent se
retrouver exposés à des fragments d’information qui les
mèneront à la folie ou à bien pire.
Cette fois, plus de doute : la fin de l’humanité est proche.
TERRA INCOGNITA
Dans l’Antiquité, les cartographes écrivaient « Terra
Incognita » dans le vide de leurs cartes qu’ils ne savaient
pas compléter, et remplissaient l’espace blanc en dessinant
des monstres, qu’ils soupçonnaient de vivre là-bas, comme
avertissement aux explorateurs et voyageurs. Avec le temps,
les cartes ont progressivement vu s’ajouter des noms et des
lieux, et on pourrait croire qu’aujourd’hui, il n’y a plus de
place pour les monstres sur nos cartes. Pourtant, la majeure
partie de la Terre est encore inconnue.
Sous la surface s’étendent des grottes et des réseaux de
tunnels qui nous sont à peine connus, car nous n’en avons
exploré que les plus accessibles et les moins profonds. Les
océans couvrent la majeure partie de la superficie de la
planète, mais leurs failles abyssales ont à peine été explorées
ou cartographiées. La glace recouvre les pôles et leurs
secrets : encore une mer jamais explorée au nord et un
continent au sud. Même les zones qui figurent déjà sur nos
cartes abondent en lieux oubliés, de vallées reculées et de
forêts sinistres que tous évitent sans trop savoir pourquoi.
Des peuples et des contrées reculés, décadents, perdus dans
des coutumes datant de plusieurs décennies, voire siècles.
Égouts, tunnels et catacombes envahissent les sous-sols de
nos grandes villes et leurs nombreuses banlieues, bâtisses
abandonnées et ruelles obscures, produits d’une croissance
urbaine démesurée des 200 dernières années.
Et là, au firmament, se trouvent les étoiles, à peine connues,
pleines de mystères. Depuis Vénus, dont l’atmosphère de
brumes, d’acide et de soufre cent fois plus lourde que la
nôtre cache une superficie de cauchemar digne d’une image
de l’Enfer, jusqu’aux océans souterrains d’Europe ou de
Titan, mille fois plus profonds que ceux de la Terre, jamais
caressés par la lumière solaire. Depuis les falaises et canyons
inconnus de Mars à la lointaine Pluton, dont la meilleure
image qui nous est parvenue n’est qu’une petite tache floue.
Et il reste à mentionner la frontière encore moins explorée
de notre propre réalité. D’autres dimensions et univers,
identiques aux nôtres, au-delà de l’espace et du temps,
avec leurs propres règles et habitants. La plus « connue »
de ces autres dimensions est les Contrées du Rêve, car
chaque fois qu’un humain s’endort, son soi se détache de
lui-même et se rend en ces terres, même de manière ténue.
Ces dimensions sont plus lointaines que n’importe quel
vaisseau ne pourra jamais aller, et en même temps elles
peuvent être si proches que seuls un songe ou l’épaisseur
d’une ombre nous séparent d’elles.
Il existe encore de nombreux lieux pouvant abriter des
monstres. Et ne vous y trompez pas : c’est le cas.
LA SOCIÉTÉ DE L’INFORMATION
ET LE MYTHE
Même maintenant, à l’aube d’une société au sein de laquelle
l’information circule à la vitesse de la lumière partout dans le
monde, parfois littéralement, peu d’études sur le Mythe sont
parvenues à comprendre que les horreurs qui nous guettent
de l’autre côté, plus qu’une menace physique, constituent
une menace informative.
Ceux qui pensent l’avoir compris (et qui sait s’ils ont raison)
affirment que si la connaissance du Mythe, voire la simple
vue de ces êtres, peut transformer le corps et l’esprit des
Hommes, c’est à cause de notre cerveau qui n’est pas préparé
à traiter cette information. La métaphore informatique
(ou le paradoxe du programme ineffable, comme certains
l’appellent) vise à comparer les êtres humains à l’ensemble
de variables définies par types concrets de données, au sens
informatique. Exposés à la connaissance du Mythe, ces
ensembles de variables commencent à se remplir de types
de données dont le système ne soupçonnait même pas
l’existence, des informations qui ne peuvent pas être traitées ni
stockées correctement, ce qui engendre un fonctionnement
anormal au moment de les récupérer : altérations de la réalité,
changements physiques et mentaux… Un déclin vers d’autres
formes d’existence à mesure que l’information transforme le
système de l’intérieur pour le modeler à son image.
Mais en marge de la véracité ou du caractère simpliste de
cette métaphore, il est indéniable que l’essor de la société de
l’information est l’un des piliers sur lequel repose l’explosion
de cultes du Mythe et d’études de l’occulte depuis le siècle
dernier. À mesure que prolifèrent les blogs, l’accès à des
livres numérisés, les forums, le microblogging, les réseaux
sociaux et autres outils de diffusion, la vérité sur le Mythe,
jadis jalousement gardée dans les sous-sols de bibliothèques
anciennes, a surgi sur le réseau, à disposition de qui que ce
soit capable de la rechercher.
Ainsi, la vérité du Mythe ne se trouve plus simplement
dans de vieux ouvrages d’occultisme poussiéreux, mais
peut apparaître sur l’écran de son ordinateur en tapant
l’URL qui convient. Mais pour chaque information utile et
véridique, il y a dix ou cent mille pages de supercheries, de
superstitions et de rumeurs infondées. Même sur les sites
Internet qui touchent la Vérité du doigt, cette dernière
peut être mêlée d’une telle quantité de données inexactes
que l’effort de recherche reste inchangé. Ainsi, chercher
une version numérisée du Necronomicon à télécharger sur
son ordinateur nécessite un monument de patience, et il
est probable qu’il soit finalement plus facile de trouver
une édition imprimée.
75
 Les sortilèges, la description de créatures et lieux impossibles,
les photos et vidéos d’êtres d’un autre plan et monde, et les
schémas pour fabriquer des engins extraterrestres sont à
portée, quelque part. En réalité, un bon nombre de tout ceci a
toujours été à portée de main, dans le journal d’investigateurs
qui ont perdu la raison et dans les ouvrages flétris rédigés
dans des langues disparues et conservés dans des temples
perdus. Avec les progrès, ces informations maléfiques ont
été transférées sur des disques de cire, de vinyle et sur des
bandes magnétiques, mais ces sources restaient dissimulées
dans des lieux concrets, loin des griffes des curieux qui ne
connaissaient pas leur localisation exacte. À présent, toutes
ces connaissances se trouvent sur la Toile, et son essence
malsaine, la perversion que sa simple existence implique,
peut passer non seulement d’esprit en esprit et de livre en
livre, mais également d’ordinateur en ordinateur, de tablette
à tablette et de smartphone à smartphone. Il en va ainsi, car,
que la métaphore informatique précédente soit valide ou non,
il semblerait que les informations sur le Mythe pervertissent
et corrompent les supports sur lesquels elles sont stockées : si
avant, un ancien ouvrage devenait un artefact maléfique, c’est
maintenant un ordinateur qui peut acquérir une sorte de but
propre et latent, sans aucun doute inhumain, acquis comme
un virus pour avoir stocké une information qui n’était pas
censée exister dans notre dimension.

LA VÉRITÉ RÉVÉLÉE
Au cours des premières années du XXe siècle, l’influence
croissante du Mythe au sein de la société humaine ne se
propageait pas sous une forme très visible, sûrement à cause
de son caractère plus éloigné, marginal et surtout ponctuel.
Les événements en lien avec le Mythe devenaient une légende
locale ou étaient perdus pour toujours dans l’oubli et la folie
de ses témoins. En ces temps, les êtres du Mythe étaient
dissimulés, mais pouvaient aussi agir en pleine lumière. Au
fil des ans, certains événements ont fait la une des journaux
et les choses ont commencé à changer. Il semblerait que de
nombreuses entités ont cherché à passer pour disparues,
sans que personne soit en mesure de comprendre pourquoi.
S’il est difficile de comprendre quelles sont les forces en jeu,
il est certain que ce n’est pas par crainte des humains que
de tels êtres ont décidé de se cacher. Par exemple, après les
incidents d’Innsmouth, les Profonds cessèrent de s’exposer
trop évidemment dans les villes côtières et commencèrent
à agir de manière plus subtile. En même temps, les sociétés
modernes abandonnèrent leurs vieux mythes et anciennes
légendes, trop occupées à accélérer le développement social
et technologique. De nouvelles légendes surgirent, mais
elles restèrent mineures en raison de la lumière aveuglante
que projetaient la science et la technologie moderne.
En revanche, avec l’arrivée du XXIe siècle, la manière de
diffuser l’information a radicalement changé. De nouveaux
canaux et outils innovants se sont étendus sur tous les
recoins de la planète. Les moyens de communication et
surtout Internet ont changé l’humanité en une gigantesque
toile d’araignée sur laquelle le moindre tremblement à l’une
de ses extrémités est rapidement transmis à l’ensemble du
réseau. Toute information, aussi futile et locale soit-elle,
peut avoir des répercussions énormes, notamment à échelle
mondiale, en quelques minutes. Dans ces conditions, il
serait absurde de penser que les éléments du Mythe ne
seraient pas tôt ou tard exposés de quelque manière que
76
ce soit au reste du monde. Après tout, les événements en
lien avec le Mythe n’ont pas cessé de se produire, mais à
présent les appareils photo numériques et les téléphones
mobiles peuvent capter à la perfection ce qu’il se passe et le
transmettre au reste de la planète.
Dans ce cas, pourquoi Internet n’est-il pas envahi de vidéos,
documents et informations sur les êtres du Mythe ? En réalité,
c’est le cas, mais toutes ces données sont bien camouflées
dans l’immense quantité d’informations non pertinentes
générées par notre société ou dissimulées dans des sources,
idées ou documents erronés, inventés ou faux. C’est une
question de volume d’informations. Tandis que croît la
capacité à enregistrer et transmettre les données, la quantité
d’informations disponibles augmente également de manière
exponentielle. S’il est plus facile de compiler des événements
en lien avec le Mythe, ils sont au final dilués dans l’immense
quantité de bruit informatif. Cela revient à chercher une
aiguille dans une botte de foin.
Internet, par exemple, est envahi de vidéos, documents et
récits en lien avec le Mythe. Il est probable que beaucoup de
personnes dans le monde soient un jour tombées sur une
histoire à propos du Mythe et de ses êtres, mais sans s’en
étonner parce que l’information était décontextualisée, souvent
dissimulée dans une grande quantité de bêtises informatives.
Beaucoup de personnes prétendent avoir observé dans le
ciel des lueurs ou des choses étranges, et en certains cas il
aurait pu s’agir de Byakhees ou de Maigres Bêtes de la Nuit,
mais dans la majorité des cas ce sont des effets naturels, des
canulars ou des mensonges élaborés. Tout le monde a entendu
parler de kidnappings, mais qui sait si un cas sur un million
est vrai et dû à une expérience pratiquée par des Mi-Go. Le cas
véritable restera noyé dans l’immense quantité de montages,
plaisanteries ou hallucinations. Il n’est pas non plus rare que
les médias parlent de séquestrations sans motif apparent ou de
disparitions jamais expliquées. Certaines sont des événements
banals, mais il ne fait aucun doute qu’une petite partie des
disparus sont des personnes enlevées et assassinées au cours
d’un rituel par un culte quelconque. Internet regorge de
vidéos qui parlent de reptiliens et d’extraterrestres dissimulés
parmi nous qui semblent être sortis tout droit d’un mauvais
film de science-fiction, et le sujet est systématiquement tourné
en dérision ou taxé de paranoïa inventée par les amoureux des
conspirations. Mais entre toutes les « preuves » exposées en
faveur de cette théorie de la conspiration, il est possible qu’une
poignée montre en réalité un véritable Homme-Serpent.
La liste des exemples prouvant que le Mythe a plus que
jamais été exposé à l’opinion publique est longue. Pourtant,
l’humanité refuse de reconnaître qu’il existe un lien entre tous
ces événements, car les faits réels sont fortement teintés de
faux, de mensonge et de montages. Qu’il existe une vérité entre
mille mensonges, voilà ce qui fait que les gens n’arrivent pas à
comprendre ce qu’il se passe en réalité.
Tout ceci est devenu une aubaine pour les membres des cultes,
qui peuvent continuer de cheminer sans se soucier de savoir
comment seront traitées leurs actions les plus atroces. Même
si certains de leurs actes venaient à être dévoilés, les gens
refuseraient de les croire : il est plus facile de se dire que ce ne
sont que des mensonges ou que les motifs sont plus banals.
En revanche, même avec cet avantage les cultes rechignent à
agir ouvertement. Non seulement ils craignent de révéler à
l’opinion publique que le Mythe est réel, mais pour beaucoup
cela tient à des raisons bien plus pragmatiques : ils pourraient
être perçus comme des experts du Mythe aux yeux de ceux qui
savent séparer le bon grain de l’ivraie, et se retrouver exposés
à des créatures très dangereuses. L’anonymat et la clandestinité
constituent la première défense de n’importe quel culte.
LES CERCLES OCCULTISTES
DU MYTHE
Bien que les différents cultes soient, en général, des groupes
très jaloux de leur confidentialité et peu enclins à partager des
informations avec d’autres groupes similaires, il est inévitable
que de tels contacts se produisent tôt ou tard.
Il peut arriver que deux cultes partagent un but commun
et soient dans ce cas forcés de lutter l’un contre l’autre ou
de coopérer temporairement pour l’atteindre. À d’autres
occasions, un culte aura besoin de compétences ou d’artefacts
dont il ne dispose pas, et sera enclin à négocier pour les
obtenir : ce qui est utile pour soi peut être totalement inutile
pour le voisin, et vice-versa. Dans le pire des cas, les intérêts
de deux cultes peuvent être radicalement opposés, et la
confrontation devient inévitable.
Parallèlement à la prolifération des cultes depuis l’aube du
XXIe siècle et aux facilités de communication entre différents
groupes dues aux nouvelles technologies, les contacts entre
groupes différents sont nécessairement devenus plus courants.
Pour autant, ce caractère commun ne signifie pas que les
rapports soient amicaux, et seuls les plus naïfs ne se rendent
pas compte que deux cultes, même alliés, seront disposés à
se mettre en pièce s’ils estiment que cela serait plus bénéfique
qu’une entraide. Évidemment, cela ne veut pas non plus dire
qu’une rencontre entre deux cultes, même fortuite, aboutira
nécessairement à la violence. La plupart du temps, un culte
fera preuve d’intérêt et de curiosité pour ses rivaux potentiels
et évitera dans la mesure du possible le conflit avec une force
d’une ampleur inconnue, sans pour autant rester les bras
croisés s’il estime que ses objectifs peuvent être menacés.
Si cela peut vous aider, envisagez les cultes comme de grands
prédateurs solitaires. Normalement, ils chassent seuls et
se limitent à leur territoire. Lorsqu’ils rencontrent d’autres
prédateurs, ils évaluent leur rival et, s’ils peuvent, évitent le
conflit en recourant à la menace ou en partageant des restes de
sa proie. Ils seront plus prudents en territoires éloignés et plus
agressifs au sein du leur, mais seront prêts à se battre jusqu’à la
mort en cas de besoin.
De ces complexes relations entre les cultes, émergent
ce que certains nomment « les cercles occultistes du
Mythe » : un réseau de groupes exposés à la Vérité qui
connaissent l’existence d’autres groupes similaires et, dans
une certaine mesure, leurs activités. C’est un réseau dont
chaque nœud, chaque culte, ne connaît que quelques
éléments qui lui sont proches pour quelque raison que
ce soit, mais duquel font partie pratiquement toutes les
études sur l’occulte du moindre intérêt. C’est un réseau qui
évolue en permanence, à mesure que de nouveaux cultes
apparaissent au détriment d’autres.
77
 Les contrées du rêve
Nous autres êtres humains passons notre vie à traverser
des situations invraisemblables, horribles à certaines
occasions, mais toujours étranges. Cela nous arrive au
jour le jour, à chacun de nous. Des monstres horribles
nous poursuivent, nous chutons pendant des centaines de
mètres ou nous nous retrouvons au centre de l’attention
de tous au beau milieu de la rue. Nous avons toujours cru
que ce n’étaient que des rêves. Et si ce n’était pas le cas ? Et
si ces « rêves » avaient bien plus d’importance que celle
que nous, humains, leur accordons habituellement ?
QUE SONT LES CONTRÉES DU RÊVE ?
Imaginez un instant que tous les rêves que vous faites la
nuit ont lieu au même endroit. Imaginez que chaque nuit,
vous pénétrez dans un monde intangible, mais tout à fait
réel, où vous vivez n’importe quelle expérience exactement
comme cela serait le cas en état d’éveil. Inutile d’imaginer
ce lieu plus longtemps : il existe dans une autre réalité. Ce
sont les Contrées du Rêve.
La grande majorité des gens n’est pas capable de contrôler
leur être dans de telles circonstances. Habituellement, ils
n’arrivent pas à atteindre le stade permettant aux Contrées du
Rêve de se matérialiser complètement, et les songes restent
aux portes de cette incroyable dimension. Par ailleurs, tout le
monde rêve et tout le monde finit par atteindre ce lieu.
Pour mieux comprendre les Contrées du Rêve, il suffit de
se souvenir d’un rêve particulièrement réaliste, le genre
de rêve duquel on se réveille en ayant eu l’impression
qu’il s’est vraiment produit, que l’on a vraiment été là et
vu quelque chose. Après le réveil, vous vous souvenez de
ce que vous avez entendu, senti ou perçu. Même après le
lever, vous avez l’impression de toujours rêver. C’est au
cours de ce genre de nuit que vous avez été sur le point
de franchir les portes des Contrées du Rêve. Il est même
possible que vous y ayez déjà pénétré sans le vouloir.
Comme vous aurez pu le constater, on peut se demander
comment il est possible d’y avoir déjà été si ces terres sont
si difficiles d’accès. En fait, notre réalité et cette autre sont
intrinsèquement liées, elles sont même superposées. En
outre, si l’esprit humain, à l’instar de celui de nombreuses
autres créatures, est capable de se rendre à cet endroit
que les Hommes ont appelé Contrées du Rêve, cela fait
bien longtemps que l’humanité ne sait plus comment y
pénétrer consciemment et, si nous possédons toujours
la capacité à rêver, nous ne sommes pas tous capables
d’y entrer facilement.
ENTRER ET SORTIR DES CONTRÉES
DU RÊVE
Pour pénétrer dans les Contrées du Rêve, le rêveur doit
tout d’abord être conscient qu’il souhaite y entrer, même
s’il est possible (quoique peu probable) d’y apparaître
sans le vouloir. Ensuite, il faut un pouvoir et une volonté
suffisants pour rester sain d’esprit. Étant donné que les
Contrées du Rêve sont un univers parallèle entièrement
indépendant du nôtre, les lieux, événements, créatures
et même lois de la nature peuvent être radicalement
78
différents de ceux que nous connaissons. Il est important
que le voyageur soit mentalement solide pour affronter
n’importe quel événement étrange qu’il rencontre.
Il est possible de pénétrer dans les Contrées du Rêve
de deux manières : mentalement ou physiquement.
La première est la plus commune : une personne doit
dormir et souhaiter y entrer pendant son sommeil. La
probabilité de réussir est élevée, surtout si le rêveur y a
déjà été et s’il est capable de dormir en se concentrant
sur les lieux qu’il connaît des Contrées du Rêve. Ainsi,
si plusieurs rêveurs songent en même temps du même
lieu, il est possible de s’y retrouver au même endroit.
La seconde manière est beaucoup plus compliquée : il est
possible d’accéder physiquement aux Contrées du Rêve par
le biais d’objets qui existent dans les deux mondes. C’est ce
que nous appelons des « portails », et il en existe plusieurs
sur Terre, même si celui qui souhaite les utiliser doit savoir
comment les activer correctement. Ces portails sont
généralement des objets dangereux, mais également rares
et convoités, ce qui fait qu’ils se trouvent généralement
entre les mains d’individus qui les cachent aux yeux du
monde pour éviter que l’on s’en serve, ou de cultes, de sectes
et d’adorateurs de certains Grands Anciens qui les gardent
jalousement pour leur usage personnel.
Il existe également certains lieux sur Terre directement
reliés aux Contrées du Rêve, mais ils sont très rares et la
plupart du temps très dangereux. En outre, leur localisation
exacte a le plus souvent été oubliée depuis longtemps. De
même, s’ils permettent de passer d’un monde à un autre,
certaines conditions doivent parfois être réunies : que les
étoiles soient alignées dans un ordre précis, appartenir à
une catégorie de personnes spécifique (par exemple, être
vierge, roux, etc.) et ainsi de suite.
Pour sortir des Contrées du Rêve, il suffit le plus souvent
de se réveiller naturellement dans notre univers, ce qui fait
disparaître le monde onirique. C’est un moment délicat, car le
rêveur peut oublier tout ce qu’il y a vécu et, en conséquence,
devra s’efforcer de se souvenir. Il est également possible de
réveiller un rêveur comme on le ferait pour n’importe quel
dormeur, mais il est en revanche impossible de se réveiller
soi-même depuis les Contrées du Rêve.
Si quelqu’un entre physiquement par le biais d’un
portail, le seul moyen de revenir est d’emprunter ce
même portail ou un autre en sens inverse.
VOYAGER DANS LES CONTRÉES DU RÊVE
Il est important d’accepter que les Contrées du Rêve
sont impossibles à comprendre complètement, à l’instar
d’autres dimensions étrangères à la nôtre. Toutes les
connaissances acquises sur les Contrées du Rêve ont été
obtenues de deux manières.
D’un côté, par les expériences des voyageurs qui ont
souhaité les raconter dans des livres, journaux, etc., et
dans lesquelles il n’est pas rare de tomber sur des données,
descriptions et observations contradictoires. Il est très
difficile de distinguer les passages qui disent la « vérité »
de délires et d’exagérations, étant donné que deux versions
différentes portant sur la même question peuvent être
parfois vraies et fausses en même temps.
D’un autre côté, les connaissances peuvent être acquises
directement auprès des habitants des Contrées du Rêve. Ces
informations sont normalement véridiques, mais elles sont
plus difficiles à obtenir, car les autochtones des terres des
songes ne sont habituellement pas très ouverts. Le moins
que l’on puisse dire est qu’il est dangereux de se balader en
posant des questions indiscrètes aux habitants oniriques.
L’autre notion à prendre en compte est que le temps ne
s’y déroule pas comme sur Terre. Un rêveur qui dort huit
heures peut passer plusieurs jours, semaines ou mois dans
les Contrées du Rêve. Ou, comme cela peut se produire
parfois dans les songes, une nuit complète de huit heures de
sommeil peut ne permettre que quelques minutes sur place.

RÈGLES C
ONC ERNANT
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79
 L’extension spatiale est également un point habituel de
controverse. Si certaines cités concrètes sont connues,
personne ne sait s’il existe d’autres continents ou
planètes dans cet univers si particulier ou même si de
tels concepts ont un sens là-bas.
Les types de cité et d’habitants humains qui peuvent
être trouvés dans les Contrées du Rêve dépendent du
lieu de la visite. Par exemple, il existe certaines villes où
l’on jurerait se trouver sur Terre à l’époque médiévale,
avec ses paysans travaillant aux champs, les typiques
tavernes sur le bord de la route et les animaux de la ferme
visibles partout. Il existe également des métropoles plus
modernes qui peuvent être confondues avec nos villes
du XXIe siècle. Tout élément qui serait amené là-bas
et qui ne correspondrait pas à l’époque apparente est
transformé comme si un tour de magie onirique était à
l’œuvre, ou disparaît sans qu’il lui soit accordé beaucoup
d’importance sur le moment.
En revanche, les Contrées du Rêve ne sont pas peuplées
uniquement de villes « humaines ». Si l’on ne fait
pas attention, il est possible d’atteindre des cités aux
architectures impossibles peuplées d’êtres inimaginables
80
qui adorent des idoles abominables et n’hésiteraient pas
à dévorer des voyageurs imprudents.
Il faut garder à l’esprit que dans les Contrées du Rêve, il
est possible de devenir fou, de subir des dégâts physiques,
et même de mourir, alors qu’aucun voyage n’a été effectué
physiquement. Cette situation n’est pas aussi rare qu’on
pourrait le croire, car les dangers auxquels les rêveurs
sont confrontés là-bas peuvent ne pas être perçus comme
tels avant qu’il ne soit trop tard, et il est possible que
les voyageurs se retrouvent confrontés à des créatures ou
événements auxquels ils ne sont pas préparés.
Lorsque l’on se déplace mentalement, les dégâts physiques
ne sont pas nécessairement traduits en blessures
exactement identiques pour le corps physique. Un bras
cassé là-bas ne l’est pas forcément dans notre monde,
mais il peut faire horriblement mal pendant plusieurs
semaines sans que nous en connaissions la cause ou
il peut présenter de terribles brûlures et ecchymoses.
Mourir là-bas pendant son sommeil peut provoquer un
arrêt cardiaque ou un coma, mais une chose est certaine :
le corps ne peut pas vivre sans l’esprit. En revanche, le
contraire est tout à fait possible. Il y a déjà eu des cas
d’humains en parfaite santé dans les Contrées du Rêve
alors que leur corps était mort sur Terre. Dans tous les
cas, cette situation n’est pas fréquente, car il faut pour y
arriver disposer d’une puissance magique suffisante.
Quant à l’expérience d’un voyage physique, elle est plus
similaire à notre monde. Les dangers sont aussi tangibles
et leurs séquelles aussi durables que si elles avaient été
subies sur Terre. Une blessure reçue là-bas sera identique
une fois revenu dans le monde normal.
Chronologie
Il est impossible de déterminer les dates exactes de
toutes les occurrences en lien avec le Mythe qui se sont
produites depuis le début de cet univers, mais voici une
liste des plus notables concernant la Terre.
Beaucoup des événements décrits ici n’ont laissé aucune
trace durable dans le temps que la science moderne soit
en mesure d’analyser, tandis que d’autres ont laissé des
indices qui n’ont pas été découverts ou ont été dissimulés.
Parmi ceux que la science a permis de mettre au jour,
les plus perturbants ont été mal interprétés, que ce soit
sciemment ou en raison d’une manipulation d’autres
races, ce qui fait que les secrets les plus terribles de ce
monde sont toujours largement inconnus de la majorité
des humains. En revanche, le contact avec divers Grands
Anciens, Dieux Extérieurs et autres créatures du Mythe au
fil des siècles a fourni suffisamment d’informations à ceux
qui les étudient pour pouvoir en savoir beaucoup sur ce
qu’il s’est passé avant l’arrivée de l’Homme dans le monde.
En revanche, il faut comprendre que tout cela, notamment
les événements qui peuvent être appuyés par des preuves
scientifiques, est toujours empreint d’une certaine incertitude
quant à leur vraisemblance. Et il n’est pas rare de tomber sur de
nouvelles informations qui fournissent des dates différentes
ou une interprétation variable de ce qu’il s’est produit. Seuls
ceux qui se sont trouvés là connaissent la vérité.
À la lumière de tout cela, vous trouverez ci-après une liste
d’événements en lien avec le Mythe pouvant être utilisée
à votre convenance, que ce soit pour développer vos
connaissances ou agrémenter l’ambiance de vos parties.
81
 rées ou
N i ont été filt
ONSPIRATIO rmations qu avec le Myth
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duit.
Il existe p u is sa n ts e st q u ’u n e la n e s’e st
des groupes ns, mais ce n’ ir pourquoi
ce
édias ou
censurées par s la m as se d’informatio te la q u es ti on est de savo sp ire dans les m aient.
d ilu és d an ér it é. T o u d éo n e tr an er
restent évoile la V qu’aucune vi ui la visionn
et inédit ne d errière le fait conscients q rveurs
trop terrible ne « mai n n o ir e » d
, rendan t fo u s le s in
is paraiss en t d es se
n p ar le d ’u p h o rr ib le u M yt h e d
s cas, o é tro ains ouvrages bre.
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Dans certain er une Vérit
q u i p o urrait dévoil is o n d u fait que cert ac cè s li
sur Intern et , être la ra été mis en es trop
o u rr ai t ég al em en t
u te s ap rè s y av o ir
p ér és p ar des group
C ette main p es m in é ré cu t bien
m en ts à peine quelqu av ec le Mythe ont ét d ’ê tr e p ar ticulièremen
de téléchar ge en li en poin t ces de
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D’un autre cô être considérés comme rt ai n s pensent qu t q u ’a u cours des an
uen ce , ce firm en nds et,
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ou r
p h is ti q u és . En conséq se u rs d e ce tte théorie af u n e co lo nie de Profo
parés et so he. Les déf en to u te i-Go en
informés, pré nt connaissance du Myt la ti ve m en t directs avec to m b é su r plusieurs M
re
renseignemen
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cts ées 40, il soit
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q u e ce la so it plus incert an s le N o u veau-Mexiq d if fi ci le d ’i maginer un li q u e te ls
bien ces d t pas pu b
d e m en er des expérien ai ss en t le Mythe, il n’es ec ce lu i- ci de manière
n n o ir e »
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rt ai n s go uvernements é d es év én ements en li ca n d id at s pour être « la
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de rais o n s p o
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ré el le m en t. E n
n s p ar am il it ai
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qu’ils le so n t des o p ér at io ne gu er re co mplement
e la ce n su re et les gran tr ai n d e se préparer à u re co n si d èr ent-ils plus si oi qu’il
derrièr ts soient en s. Ou peut-êt rnements. Q
u
le q u e ce s gouvernemen informations sur ces être le contre d’autres gouve si g n if ie qu’ils ne
Il est possib n d e co m p iler des o ye n d e g u erre sa
o u r au ta n t q ue cela
atiques ou
c en trai un m ns p
et soient don le M ythe comme lt es tr anquilles, sa m i le s plus problém
t en lien av ec nstant le s cu rtai n s p ar terrorisme.
tout ce qui es rait qu’ils laissent pour l’i t p as démantelé ce d él in q uance ou le
ble ls n’en ai en
cières contre
la p et it e l se passe en
en soit, il sem ex is tence ou qu’i p o li u ra nt de ce qu’i
urant d e le u r nterv en ti o n s tp as au co t dans une
sont pas au co so u s couvert d’i em ents ne soien ge n ce s qui opèren
ais to u jo u rs s de ces go u ve rn upes o u d ’a cultes sont
dangereux, m le que tous les membre iq u ement de gro en t dire que des
bab s il s’ag is se u n
n peu t ég al em ent. Dans
Il est très pro le q u e d an s certains ca en t. S i ce la est vrai, o d ’a ge n ce s de renseignem ention,
réalité. Il est
possib du comman
dem rnements ou uipes d’interv
d ép en d an ce vis-à-vis n ce r au se in des gouve ri té , ta n d is que les éq
certaine in ca la vé
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nés et se son ls le s plus h au t p la cé s
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so n n e u sent êt re la « maî tr es se cr e existe ?
toute per ements puis ssées par des tant est qu’ell
En revanche, d es go u ve rn p ar fo is p o u
main n o ir e », si
s les plus
ent que semblent la véritable « les entreprise
douter fortem ntes du « monde libre » e le s p an ti n s, utr es , ce so n t
e que la
quotidien, le
s po
n ie rs le s m aîtres derrièr es d u m o nde. Pour d’a re st e to u jo urs pour dir
pas ces der ri ch
ne serait-ce mes les plus ents. Et il en
te n t d u d oigt les hom d es o rg an ismes intellig n existe.
C ertains po
in mme atio u’une
re sq u e co nsidérées co e cr o ir e q ue la conspir ai n n o ir e » n’est autre q
p us fa ir e«m saurait
puissantes, at io n consiste à no to ri té derrière cett te p . P ersonne ne
n sp ir rita b le au yarl at h o ère la
véritable co in d iq u ant que la vé u re r le nom de N n ti o n s réelles derri
le n t, m u rm t les in te liers de
meurs circu ême se risqu
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Enfin, des ru s o se n t m cr éa tu re n m ai s il ex
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r,
entité du M d e q u el s plans échafau rp o ra ti o n s dans une
rtit u ts et des co
dire avec ce gouvernemen es que les au
tres.
u la ti o n d es b re s le s u n
manip plus som
sujet, toutes
théories à ce

82
Il y a 14 milliards d’années : Notre plan d’existence prend forme. Naissance de notre univers.
Il y a 4,5 milliards d’années : Formation du système solaire. Cthugha y envoie ses Vampires de Feu.
Il y a 4 milliards d’années : Shub-Niggurath dissémine dans notre galaxie le germe de la vie. Par panspermie (matière
organique en provenance de l’espace), la vie apparaît sur Terre et d’autres planètes du système solaire. Tsathoggua se
rend sur Saturne.
Il y a 2 milliards d’années : D’autres Grands Anciens arrivent dans le système solaire et des galaxies proches.
Il y a 1 milliard d’années : Les Anciens arrivent sur Terre et fondent leur première cité dans l’océan Antarctique. Ils
créent les Shoggoths pour qu’ils leur servent d’esclaves.
Il y a 900 millions d’années : Les Anciens ont des villes dans tous les océans de la Terre.
Il y a 800 millions d’années : Les Anciens entament leur expansion sur la terre ferme.
Il y a 750 millions d’années : D’autres espèces extraterrestres tentent de s’installer sur Terre, mais les Anciens les en
empêchent.
Il y a 450 millions d’années : Les Anciens mènent des expériences sur les premiers vertébrés, les poissons, qu’ils laissent
évoluer librement. Les premiers ancêtres des Profonds apparaissent.
Il y a 400 millions d’années : La Grande Race de Yith subit une catastrophe dans son monde et ses membres transfèrent
leur esprit chez une race de la Terre qui peuple actuellement l’Australie. Ils y construisent leur première grande cité
aux hautes tours de basalte sans fenêtres.
Il y a 370 millions d’années : Les premiers amphibiens apparaissent.
Il y a 350 millions d’années : Un cataclysme possiblement provoqué par un alignement des étoiles détruit la majorité
des cités immergées des Anciens et fait émerger de nombreuses îles et terres, comme Ponape. Cthulhu arrive sur
Terre depuis l’étoile Xoth, mais n’est pas bien accueilli par les Anciens, qui lui font la guerre. Les Profonds, qui
sont devenus une race primitive, mais douée d’intelligence, entrent au service de Cthulhu et l’aident à construire
la cité de R’lyeh.
Il y a 300 millions d’années : Yig arrive sur Terre au même moment où les premiers reptiles y apparaissent. Parmi eux
se trouvent les ancêtres des Hommes-Serpents.
Il y a 250 millions d’années : Les Shoggoths se soulèvent contre leurs maîtres, les Anciens, mais ces derniers matent la
rébellion.
Il y a 225 millions d’années : L’ère des dinosaures débute. La civilisation des Hommes-Serpents entre en déclin et
disparaît presque entièrement. Les rares qui survivent se cachent.
Il y a 200 millions d’années : L’unique supercontinent qui existe jusqu’alors, la Pangée, commence à se fragmenter.
Il y a 180 millions d’années : Période du Jurassique. Certains des premiers Profonds mutent dans des formes plus
terribles et puissantes. Les plus puissants se nomment Dagon et Mère Hydra et sont vénérés par les autres.
Il y a 160 millions d’années : Les Mi-Go arrivent depuis Yuggoth (Pluton) sur Terre et occupent une partie de
l’hémisphère Nord, expulsant par la même occasion les Anciens. Ils apportent avec eux divers objets uniques, dont le
trapézoèdre luisant, qui finira entre les mains des humains. Certains Mi-Go se rendent sur le continent de Mu, où ils
rencontrent (ou amènent) Ghatanothoa.
Il y a 150 millions d’années : Le Crétacé commence et marque l’apogée de la civilisation des Anciens.

83
 Il y a 65 millions d’années : Les Anciens décident d’exterminer les dinosaures.
Il y a 50 millions d’années : Un autre cataclysme frappe la Terre. Certaines cités des Anciens sont détruites,
dont leur cité originelle (actuellement située en Antarctique), qui est reconstruite après coup. Les habitants de
Mu érigent la cité de Shambhala, dans le grand désert d’Orient.
Il y a 40 millions d’années : La dernière partie de terre qui unifiait l’Europe et l’Amérique par l’Islande se sépare.
Entre -30 et -25 millions d’années : Le courant circumpolaire antarctique est créé etle pôle se couvre de glace.
Il y a 5 millions d’années : Certains Hommes-Serpents commencent à adorer Tsathoggua, ce qui provoque une
confrontation entre ce dernier et Yig, et par extension entre leurs adorateurs Hommes-Serpents.
Il y a 3 millions d’années : Rhan-Tegoth arrive sur Terre depuis Yuggoth. Ce Grand Ancien entreprend
diverses périodes d’hibernation sous une forme que les humains primitifs qui le découvrent pensent être
une statue.
Il y a 2,5 millions d’années : L’évolution des primates aboutit aux premiers Homo habilis, ancêtres
lointains de l’humanité.
Il y a 2 millions d’années : Le déclin des Anciens se poursuit. Ils sont relégués à leurs cités d’Amérique du Sud
et d’Antarctique.
Il y a 1,7 million d’années : Le Wendigo apparaît dans les régions arctiques de la Terre.
Il y a 1,5 million d’années : Les Bêtes Lunaires prennent la cité de Sarkomand, capitale des Hommes de Leng,
et réduisent ces derniers en esclavage. La cité est abandonnée à la ruine après ces événements.
Il y a 1 million d’années : La puissance du Wendigo provoque une glaciation globale qui congèle l’intégralité
de la surface de la planète
-750 000 : La grande civilisation des Anciens disparaît. Il ne reste de leur peuple qu’une poignée d’individus.
-750 000 : Première preuve de l’existence du Livre d’Eibon, aux mains d’un culte protohumain.
-500 000 : Le genre Homo a évolué pour donner lieu aux premiers individus d’Homo sapiens. Ils affrontent
longtemps les Hommes-Serpents, qu’ils arrivent à vaincre. Cthulhu communique avec des Homo sapiens, et
certains lui vouent un culte, le premier culte humain dévoué à un être du Mythe.
-210 000 : Les Lloigors se montrent dans notre plan et mènent à bien les désirs de Ghatanothoa, qui semble les
alimenter.
-200 000 : Apogée du royaume de Mu, où sont vénérés certains Grands Anciens, desquels se démarque
Ghatanothoa. Les Lloigors réduisent les humains du continent en esclavage.
-23 000 : La Fraternité pnakotique envoie les manuscrits pnakotiques de la Terre à Ulthar pour les mettre en sécurité.
-18 000 : Un autre gigantesque cataclysme secoue la Terre et détruit l’Atlantide et la Lémurie, entre autres lieux.
Dans de nombreuses cultures, le souvenir de ce cataclysme donne lieu à des légendes de grands déluges.
Bokrug arrive dans les Contrées du Rêve.
-9550 : Une autre catastrophe achève de détruire les vestiges de presque toutes les civilisations qui avaient
prospéré au cours des millénaires précédents.
-8000 : Bokrug, déjà considéré comme un dieu dans plusieurs zones des Contrées du Rêve, détruit la cité de Sarnath.
-5100 : Le culte de Cthulhu puise sa principale source de pouvoir à Irem, la cité des colonnes, en Arabie.
-3700 : Apogée de la civilisation sumérienne et de la croissance de la ville d’Uruk.
-3100 : La civilisation égyptienne proclame le royaume de sa première dynastie.
-2600 : Au cours de la troisième dynastie égyptienne, Nyarlathotep commence à être vénéré. De nombreuses
tablettes et la plupart des hiéroglyphes qui évoquent ce culte ouvert disparaissent ou sont détruits par des
pharaons postérieurs, sans que l’on en connaisse le motif.
-2500 : Les Égyptiens découvrent de nombreux Autres Dieux et Grands Anciens, qu’ils commencent à adorer
sous divers nom et pour différentes raisons.
-1200 : Le culte de Shub-Niggurath se généralise dans la région de la Phrygie. Progressivement, il s’étend dans
tout le bassin méditerranéen.

84
-1100 : Le culte humain de Nodens apparaît en Grèce, où on lui érige un temple.
-230 : Pendant la dynastie Qin, le culte de Cthulhu s’étend à de nombreux lieux de Chine. Apparaissent également
des personnages que les chroniques décriront comme des « Grands Prêtres ».
-203 : Le culte de Magna Mater subit une scission qui sépare les véritables connaisseurs de l’existence et des
pouvoirs de Shub-Niggurath, qui se cachent à partir de ce moment, du reste des croyants qui maintiennent le
culte vivant et visible, mais loin des croyances initiales.
-150 : À un moment proche de cette date, plusieurs sages chinois traduisent dans leur langue Les sept livres
cryptiques de Hsan depuis une langue inconnue.
-31 : La civilisation égyptienne, apogée de la race humaine en ce qui concerne la connaissance des arcanes,
tombe sous le joug de l’Empire romain, ce qui accélère son déclin.
395 : Chute de l’Empire romain d’occident.
730 : Abdul Alhazred achève son œuvre majeure, le Kitab Al-Azif, plus connu sous le nom de Necronomicon. C’est la
compilation la plus complète des savoirs sur le Mythe et les arcanes jamais rédigée par des mains humaines.
738 : Mort d’Abdul Alhazred. Son décès survient en plein jour, au marché de Damas, et devant de nombreux témoins
qui affirmeront plus tard qu’Abdul fut jeté en l’air et dépecé par les griffes d’une « créature invisible ». Beaucoup
estiment qu’il s’agit d’une vengeance d’un culte pour avoir écrit ses secrets.
950 : Théodore Philetas de Constantinople traduit le Kitab Al-Azif en grec et le renomme sous le titre de Necronomicon.
Xe siècle : Les Grands Anciens restent cachés ou tombent dans un état léthargique et tombent presque dans l’oubli
pour l’humanité. Ce siècle voit une prolifération de petits cultes qui recommencent à vénérer d’anciens dieux et
à s’intéresser à l’histoire du Mythe. Cette tendance pourrait être due à la traduction en grec du Necronomicon.
996 : Le culte des Gardiens de Nebu est formé au sein du califat de Cordoue.
1000 : Un culte puissant construit le prieuré d’Exham, un monastère de pierre, sur les ruines d’un ancien temple.
1228 : Le moine Olaus Wormius traduit le Necronomicon du grec au latin.
1232 : Le pape Grégoire IX censure et met le Necronomicon à l’index. En conséquence, de nombreux exemplaires
sont incinérés.
1373 : La seule copie du Necronomicon conservée au Louvre disparaît.
1472 : Une copie de l’édition latine du Necronomicon est imprimée à Lyon.
1500 : Une édition du Necronomicon est publiée à Wuttemburg, en Allemagne.
1501 : En Italie, une édition en grec du Necronomicon est publiée à faible tirage.
1584 : L’alchimiste et artiste Van Weyden ouvre un portail et abandonne ce monde, mais laisse dans ses œuvres d’art
les pistes nécessaires pour le ramener et obtenir l’immortalité.
1595 : Le Daemonolatreia de Remigius est publié à Lyon sous forme de guide pour ceux qui traquent et jugent les
cas de sorcellerie.
1623 : Une version en latin du Necronomicon est publiée en Espagne.
1643 : La ville d’Innsmouth est fondée dans le Massachusetts.
1666 : Un culte de Cthugha provoque un grand incendie qui embrase tout Londres.
1681 : Le Saducismus Triumphatus de Joseph Glanvil est publié.
1692 : Un culte déchaîne l’hystérie dans la ville de Salem, dans le Massachusetts. Après avoir été découverts, ses
membres sont arrêtés et certains ouvrages en lien avec le Mythe sont saisis. Après leur procès, ils sont condamnés
à mort et on décide de brûler tout élément en lien avec eux. D’autres habitants innocents sont également jugés et
condamnés à mort. Les survivants du culte fuient vers des terres plus vertes, comme à Dunwich.
1701 : Joseph Curwen fonde un culte secret avec d’autres occultistes. Ce culte vénère Yog-Sothoth, qui leur concède
un important savoir des arcanes, comme pour ne pas vieillir ou pouvoir ressusciter et parler avec les morts.

85
 1702 : François-Honoré Balfour, comte d’Erlette, achève de rédiger le Cultes des Goules. Peu de temps après, l’ouvrage est
ajouté à l’index des livres interdits par l’Église et la majorité de ses exemplaires sont détruits.
1729 : Les sept livres cryptiques de Hsan sont traduits en anglais pour la première fois sous le titre The Seven
Cryptical Books of the Earth.
1771 : Des habitants de Providence découvrent le repaire de Joseph Curwen, qu’ils accusent de divers crimes atroces
commis dans la région. Il est pris par la justice populaire et pendu.
1811 : Un mystérieux individu laisse une copie en latin du Necronomicon à la Bibliothèque de Paris avant d’être retrouvé
mort quelques jours plus tard. Son identité n’a jamais été découverte, et personne ne sait où il aurait pu trouver l’ouvrage.
1839 : Unaussprechlichen Kulten est publié à Düsseldorf. Son auteur, Friedrich von Junzt, décède six mois plus tard,
assassiné dans de mystérieuses circonstances.
1840 : Obed Marsh fonde à Innsmouth l’Ordre Ésotérique de Dagon. En plus de vénérer le grand Dagon, il entretient
des contacts avec des Profonds de la cité sous-marine de Y’ha-nthlei, qui fournit richesses et fortune à Obed Marsh et
à l’Ordre.
1844 : Le professeur Enoch Bowen découvre au cours de fouilles dans la tombe de Nephren-Ka le trapézoèdre luisant. À
son retour à Providence, il fonde le Culte de la Sagesse des Étoiles. Plusieurs disparations en lien avec cette organisation
auront lieu dans les années qui suivront.
1845 : Unaussprechlichen Kulten est traduit en anglais.
1846 : Obed Marsh et certains de ses sbires sont arrêtés et incarcérés sous motif de suspicion de kidnapping et assassinat.
Deux semaines plus tard, une « peste » s’abat sur Innsmouth et emporte la moitié de la ville. La population survivante se
place sous la domination d’Obed Marsh et de l’Ordre ésotérique de Dagon.
1859 : Au cours du mois de septembre, des aurores boréales sont observées à des latitudes aussi basses qu’Hawaï, Cuba et les
îles Canaries, provoquées par la tempête solaire la plus intense jamais observée. Pendant toute la durée du phénomène,
plusieurs asiles sont frappés de graves troubles, mutineries et suicides. Le nombre d’assassinats au cours de ce mois est
multiplié jusqu’à dix dans certaines villes.
1863 : Le Culte de la Sagesse des Étoiles enregistre plus de 200 membres et commence à avoir une certaine renommée
parmi les autres cultes. Le Dr Raymond Flagg prend la tête du culte après le décès d’Enoch Bowen.
1877 : Face aux menaces de la population, la dissolution officielle du Culte de la Sagesse des Étoiles est annoncée. En
réalité, il ne fait que déménager dans une autre ville.
1878 : Obed Marsh décède, mais l’Ordre Ésotérique de Dagon reste dans le giron familial.
1905 : Arkham est frappée d’un accès de fièvre typhoïde. Herbert West contribue à la lutte contre l’épidémie tout en menant
des expériences sur des cadavres pour les ranimer. Ses recherches se poursuivront pendant encore de nombreuses
années.
1907 : La police de La Nouvelle-Orléans intervient contre un culte en lien avec des disparitions et des assassinats. Plusieurs
membres sont arrêtés, mais les autorités les considèrent comme déments et les enferment dans des asiles sans poursuivre
leur enquête plus avant. Parmi les objets saisis se trouve une horrible statuette d’une déité marine (Cthulhu) taillée dans
une matière inconnue.
1908 : Une gigantesque explosion se produit non loin de la rivière Tunguska, en Russie. La détonation est enregistrée
jusqu’au Royaume-Uni. Officiellement, elle est attribuée à l’impact d’une comète et les scientifiques qui ont étudié le cas
ont calculé que sa puissance a dû être équivalente à plusieurs fois celle de la bombe larguée sur Hiroshima.
1919 : Un culte filme son invocation d’Hastur.
1921 : Herbert West disparaît dans d’étranges circonstances.
1921 : Une expédition russe atteint la Tunguska pour mettre au jour les restes de la météorite. Ils ne trouveront qu’une
immense dévastation possiblement provoquée par une gigantesque explosion à haute altitude, équivalant à plusieurs
bombes d’Hiroshima.
1925 : À Paris, un culte ouvre un portail jusqu’à Azathoth, mais ne parvient pas à le stabiliser. En conséquence, le portail
s’ouvre de manière intermittente, laissant pénétrer plusieurs Maigres Bêtes de la Nuit dans notre monde. Lorsque le
portail est enfin fermé, il aspire le bâtiment entier, ainsi que toutes les personnes qui pouvaient s’y trouver.
1925 : R’lyeh émerge de l’océan et l’influence de Cthulhu, bien que toujours endormi, provoque dans le monde entier des
cas de folie transitoire et d’hystérie collective, ainsi que des visions et rêves étranges chez les plus sensibles aux arcanes.

86
1928 : Charles Dexter Ward, descendant de Joseph Curwen, ressuscite le sorcier, qui l’assassine et prend sa
place. Il tente de réorganiser son culte, mais est détruit par un sort lancé par le médecin de la famille de
Charles Dexter Ward.
1928 : Le gouvernement des États-Unis envoie une force d’intervention fédérale à Innsmouth en vue d’arrêter la
majorité de ses habitants, dont on ne saura jamais ce qu’il adviendra d’eux. En même temps, des forces navales
lancent des grenades anti-sous-marins aux alentours du Récif du Diable, où se trouve la cité aquatique de Y’ha-
nthlei. La ville est endommagée, mais n’est pas détruite.
1928-1929 : La Revue de la Société américaine de Psychologie publie une série d’articles qui décrivent la Grande Race
de Yith dans des détails particulièrement précis. Ils présentent notamment des croquis de leur forme, des scènes,
des motifs ornementaux et des hiéroglyphes que Nathaniel Wingate, l’auteur, affirme avoir constatés dans ses rêves.
1931 : L’expédition Pabodie, financée et organisée par l’Université de Miskatonic, atteint l’Antarctique et découvre une
cité ancestrale des Anciens. Au cours de leurs expériences sur place, ses membres sont attaqués et un seul survit.
1932 : Un sorcier du nom de Méphisto rejoint le Cirque des Magnifiques. Au cours des années qui suivront, il
convertira ses membres en un culte itinérant qui attaque et vole les connaissances des autres cultes.
1935 : Robert Blake découvre le trapézoèdre luisant à l’ancien siège de l’Ordre de la Sagesse des Étoiles, une église
abandonnée. Peu de temps après, il meurt au cours d’une tempête électrique dans d’étranges circonstances. On
n’entendra plus parler du trapézoèdre luisant après cela.
1935 : L’université d’Arkham organise une expédition dans le grand désert de sable, en Australie occidentale, à la
recherche de ruines anciennes dont des indices avaient été découverts. Les membres ne mettent au jour aucune
fondation, mais rapportent plusieurs blocs de pierre étrangement taillés qui correspondent à ceux publiés dans la
Revue de la Société américaine de Psychologie en 1928 et 1929. Plusieurs experts considèrent que ces pierres sont
trop anciennes pour pouvoir porter ces motifs et estiment qu’il s’agit d’une contrefaçon sûrement élaborée par
Nathaniel Wingate en personne, qui faisait partie de l’expédition.
1938 : Les aurores boréales de janvier de cette année sont si intenses qu’elles peuvent être observées depuis certaines
zones de l’Afrique du Nord. Certains y voient un signe annonciateur de la Seconde Guerre mondiale. Comme dans
le cas des aurores boréales de 1859, de graves troubles éclatent dans des asiles, et le nombre de meurtres explose.
1947 : Incident de Roswell. Un objet volant, possiblement extraterrestre, s’écrase dans le désert et l’armée américaine
en prend possession. À 400 km de Vladivostok (Union soviétique), une météorite presque exclusivement composée
de métal s’écrase. On estime que la zone fut couverte de quelque 70 tonnes de fer et de nickel. Les plus gros fragments
sont particulièrement convoités en raison des propriétés magiques que l’on attribue au « métal stellaire » dans les
codex de magie et d’ésotérisme.
1952 : Le gouvernement américain développe une arme à partir de la technologie Mi-Go capable de griller le
système nerveux humain.
1954 : Fondation de l’Église de la Mythoscience.
1959 : Les membres les plus jeunes des Gardiens de Nebu éliminent la vieille garde et prennent le contrôle du culte. À
partir de là, ils misent tout sur la technologie spatiale pour atteindre leurs objectifs.
1962-1973 : Pendant la guerre du Vietnam, la CIA arme plusieurs groupes ethniques d’Indochine, dont les
Tcho-Tcho, un peuple humain dégénéré et cannibale qui adore les Lloigors.
1972 : Un groupe de soldats américains découvre une idole de pierre rouge dans un petit village reculé du Vietnam
intérieur. Les survivants emportent l’idole qui atterrit aux États-Unis.
1986 : L’ONG écologique Sauvons la Terre ! est créée. C’est une façade d’un culte obsédé par l’idée de sauver
l’environnement de l’impact néfaste de l’être humain.
1997 : La comète Hale-Bopp peut être observée à son éclat maximal pendant le mois d’avril. La secte de la Porte du Ciel
réalise un suicide collectif, car ses membres pensent que leur âme, libérée de leur corps terrestre, embarquera dans
une navette spatiale qui suivra la comète.
1998 : Une fuite diffuse les documents du Projet Hacedor, qui visait à étudier toutes les possibilités permettant de
combiner magie, technologie Mi-Go et technologie humaine.
1999 : Les Gardiens de Nebu fondent la société Mercury Spacetech comme façade leur permettant de poursuivre leurs
recherches en technologie de voyages spatiaux.

87
 2000 : Au début du XXIe siècle, des histoires en lien avec le Mythe de Cthulhu mêlant réalité et fiction sont publiées. En
revanche, les textes sur lesquels elles se fondent ne voient jamais la lumière du jour et restent un patrimoine de valeur
pour les initiés du Mythe.
2001 : Première occurrence de passages authentiques du Necronomicon uploadés sur Internet par une source inconnue.
2002 : Le Culte des Griffes d’Azathoth, installé dans des pays d’Europe de l’Est, est annihilé par la Société de la Résurgence,
un culte formé récemment.
2004 : Pour la première fois, la page Web http://cys2ndatfwxlp32x.onion apparaît. Au cours des années qui suivront,
elle diffusera des informations sur le Mythe de manière épisodique et aléatoire.
2005 : Trois étudiants de l’Université de Miskatonic enregistrent un document sur les légendes d’Innsmouth et les
événements de 1928. Les auteurs disparaissent dans d’étranges circonstances au cours des trois mois qui suivront la
diffusion de la vidéo sur Internet.
2006 : Un culte constitué de scientifiques et de mathématiciens conçoit un ordinateur intelligent qui mêle technologie
moderne et moyens arcaniques. Le microprocesseur est assemblé avec une pierre très ancienne découverte pendant
une fouille.
2008 : Des archéologues découvrent au Mexique un réseau de neuf grottes qui, selon la culture maya, sont considérées
comme des accès au monde des morts : Xibalba. Selon des écrits espagnols du XVIe siècle, il existait jusqu’à 17 de ces
grottes au sein desquelles des cultes dépravés pratiquaient ses rites, mais ils furent poursuivis jusqu’à leur extinction par
les conquistadors chrétiens. Les zones les plus profondes de ces grottes sont considérées comme trop dangereuses et
n’ont pas encore été explorées.
2010 : Le document Pervobytnyy Khaos apparaît sur le Net. Il décrit un programme russe développé pendant la guerre
froide pour créer une arme de destruction massive définitive employant des moyens arcaniques.
2014 : Le nombre de cultes du Mythe et leur activité augmentent. Bien que les causes ne soient pas connues, cette
recrudescence a été attribuée à l’alignement des étoiles (Proxima du Centaure) de novembre.

PRÉDICTIONS POSSIBLES POUR L’AVENIR

La liste qui suit propose des événements chronologiques pour l’avenir, des témoignages de cultistes qui ont pu entrevoir
les faits à venir ou même visiter d’autres temps. Bien entendu, les dates sont purement hypothétiques et la véracité des
événements enregistrés ne pourra être confirmée… qu’avec le temps.

2517 : En Australie, le médecin Nevel Kingston-Brown établit un contact avec la Grande Race de Yith.
5000 : Apparition du cruel Empire humain du Tsan-Chan. L’un de ces citoyens, Yiang-li, est kidnappé par la Grande Race
de Yith.
16 000 : La Terre est conquise par un clan de mages, parmi lesquels se trouve Nug-Soth, dont l’esprit supplante la Grande
Race de Yith.
50 000 : L’humanité disparaît en tant que telle et une espèce de coléoptères devient la race dominante de la planète.
100 000 : Sur Terre, un cataclysme se produit au niveau mondial en raison de mouvements sismiques et tectoniques, et
fait entrer en éruption tous les volcans de la planète. Un changement climatique majeur survient.
Dans 10 millions d’années : Un nouvel océan nommé « océan rouge » divise le continent africain en deux.
Dans 250 millions d’années : Les continents en forment à nouveau un seul.
Dans 1 milliard d’années : En conséquence d’un nouvel alignement des étoiles, presque tous les habitants de la Grande
Race de Yith encore présents sur Terre migrent vers une autre espèce végétale sur Mercure.
Dans 5 milliards d’années : La superficie de la Terre, à présent trop proche du soleil, est presque invivable. Les races de
cette époque creusent des tunnels de ses sous-sols pour s’y réfugier.
Dans 5,4 milliards d’années : Le soleil achève sa séquence principale et commence à fusionner de l’hélium en son noyau
et à s’étendre en conséquence. Au cours du million d’années qui suit, sa taille est multipliée par 200, et la Terre est
presque absorbée. Il devient instable et envoie de gigantesques éjections de masse.
Dans 6,5 milliards d’années : Le soleil finit de s’éteindre après avoir englouti la majeure partie du système solaire.
Azathoth met fin à cet univers.

88
Rumeurs
Pour clore ce chapitre, voici quelques rumeurs et histoires
qui circulent dans les milieux d’occultistes. Elles ont parfois
plusieurs versions très différentes et n’ont pas le niveau de
crédibilité ou la précision temporelle suffisante pour faire
partie de la chronologie.
Divers ouvrages racontent l’étrange histoire de
Kephrenes, un Égyptien qui a vécu sous la XIVe dynastie
égyptienne. Le récit indique que son esprit a été substitué
par celui d’une autre entité. On pense que cette dernière
appartiendrait à la Grande Race. Il semblerait que lorsque
son esprit est revenu dans son corps, il a ramené avec lui
de nombreux et terribles secrets sur Nyarlathotep.
Au cours de l’Âge Sombre grec, avant le premier millénaire
av. J.-C., un culte dévoué à Nodens fonda une cité sur une
petite île de la mer Égée. Les histoires relatent que ses
membres y bâtirent un temple imposant pour y célébrer
leurs rites et y conduire leur culte. Le nom de cette île est
inconnu, mais en de nombreux lieux on s’y réfère comme
l’Île de Nodens. Selon ces mêmes récits, l’île a été engloutie
plusieurs siècles plus tard avec ses habitants, qui se sont
changés en créatures capables de vivre sous l’eau.
Selon certaines légendes du temps des Romains, à un
moment se situant quelques années après la mort de Jules
César, des forces romaines se sont retrouvées confrontées
à d’étranges créatures décrites comme des étoiles tombées
du ciel, des esprits de flammes qui protégeaient une
terrible créature. Il s’agissait sûrement de vampires de feu
qui étaient apparus pour défendre Cthugha.
Selon plusieurs sources différentes, vers 27 av. J.-C.
Cthulhu aurait été sur le point de sortir de sa léthargie
en raison d’un alignement d’étoiles, tandis que certains
pensent qu’il aurait été invoqué et qu’au dernier moment
quelqu’un ou quelque chose réussit à éviter son réveil.
Au cours de la vague d’hystérie qui a abouti au bûcher
des sorcières de Salem, Keziah Mason fut arrêtée à
Arkham. Selon le compte-rendu, elle aurait disparu de sa
cellule juste avant son exécution. De nombreux experts
en arcanes ont conclu qu’elle possédait une véritable
connaissance du Mythe, mais ils n’ont jamais pu découvrir
qui elle était.
Il existe en plusieurs lieux des extraits du récit d’un marin
nommé Gustaf Johansen, qui raconte que son navire s’est
échoué sur une île inconnue du Pacifique parsemée d’une
architecture impossible et où une abominable créature
aux nombreux tentacules les a attaqués. Il est probable
que l’équipage ait atteint R’lyeh et qu’ils aient vu Cthulhu
lui-même ou l’une de ses images oniriques. Peu de
temps après son périple, Gustaf, seul survivant, mourut
en raison d’une détérioration générale de sa santé, mais
beaucoup pensent qu’il fut assassiné par un culte dévoué
à Cthulhu.
Le scientifique et explorateur William Scoresby a observé
pendant ses voyages dans l’Arctique une cité impossible
prise dans la glace. Il l’a dessinée, pensant qu’il s’agissait
d’un mirage polaire. En réalité, on pense qu’il aurait
plutôt aperçu une cité des Anciens.
89
 Au cours de son voyage sur la côte du Groenland en 1859,
le professeur William Channing Webb identifia une série
de cultes de certains autochtones dévoués à une étrange
et abominable déité marine. Il est très probable qu’il ait
pu s’agir de l’un des plus anciens cultes à Cthulhu.
Beaucoup des manuscrits de la mer Morte ont été vendus
par des pâtres locaux à des antiquaires des lieux, qui les ont
revendus à des collections privées, avant que l’Université
hébraïque de Jérusalem n’ait vent de la situation. On
pense que bien que la majorité ait été de teneur religieuse,
certains traitaient de magie et de rituels.
Certains érudits ont établi un lien entre le culte romain
à la Magna Mater et des cultes préromains adorant une
étrange entité qui pourrait être Shub-Niggurath, selon de
nombreux initiés du Mythe.
Des rumeurs entourent un moine du Moyen Âge qui
aurait été kidnappé par la Grande Race de Yith et
transporté dans le temps, où il aurait appris de nombreux
secrets qu’il aurait compilés par écrit à son retour.
Récemment, dans une vieille demeure de Melbourne
en cours de démolition, une caisse remplie d’orfèvreries
en or fut découverte dans un ancien souterrain scellé.
Selon les historiens responsables de leur étude, les objets
extraits coïncident avec des pièces conservées de l’empire
mongol datant du début du XIIIe siècle. Le plus étrange
est que dans ce même souterrain, des exemplaires de
plusieurs journaux internationaux de 1928 annonçant la
découverte de la tombe de Gengis Khan furent également
mis au jour. Pourtant, ces journaux n’avaient jamais été
publiés, car la tombe du chef de guerre n’a toujours pas
été découverte. Sur Internet, la rumeur prétend qu’il s’y
trouvait également un journal de bord et qu’il est possible
d’en trouver des copies numériques, car il a été numérisé
ou photographié par l’un des assistants des historiens.
Selon des légendes urbaines d’Arkham, une malédiction
serait tombée du ciel sur la ferme des Gardner : après
la chute d’une météorite au début du XXe siècle, toute
la terre s’est retrouvée stérile et toutes leurs bêtes ont
succombé à une étrange maladie.
Certains érudits auraient découvert dans les plans
originels de la Sagrada Familia de Barcelone des motifs
et schémas ésotériques. Ils estimeraient que la basilique
aurait pour prétention d’imiter l’architecture impossible
décrite dans certains ouvrages d’occultisme qui évoquent
les Contrées du Rêve et les époques antérieures à la
Lémurie. D’autres, en revanche, pensent qu’ils ne sont
qu’une imitation et que les plans pourraient avoir une
vocation magique.
Parmi les initiés à l’ésotérisme, la rumeur court qu’il
existerait un cirque maudit duquel il faut se tenir éloigné
à tout prix.
Des racontars locaux évoquent de puissants tremblements
de terre et incendies qui auraient éclaté au sommet de
Sentinel Hill, à Providence, à certains moments de l’année
entre 1915 et 1925.
Après la mort de Robert Blake, dernier propriétaire
connu du trapézoèdre luisant, l’artefact a disparu de la
circulation. Les spéculations vont bon train quant à son
destin, mais toutes s’accordent à dire que ce fut le médecin
90
et ami de Blake, Ambrose Dexter, qui se l’appropria. En
revanche, personne ne sait ce qu’il en fit, s’il le cacha, s’en
sépara d’une quelconque manière ou s’il est actuellement
en possession de l’un de ses descendants.
En 1921, une expédition mit au jour le lieu de l’explosion
de la zone de Tunguska (Sibérie russe) de 1908. La forêt
y avait été rasée par une boule de feu, mais le périmètre
ne présentait aucun cratère. Deux hypothèses au moins
concernent l’implication du Mythe dans cet événement.
D’une part, il aurait pu s’agir d’une invocation ratée,
voire réussie, d’un Grand Ancien ou d’une déité majeure
comme Azathoth. D’autre part, le courant majoritaire
penche plutôt pour la désintégration d’un véhicule
extraterrestre lors de son entrée dans l’atmosphère.
Au début de 1926, le comté du Lancashire (Grande-
Bretagne) subit des pluies torrentielles qui firent
déborder les cours d’eau aux alentours. Les champs et
certains villages de la zone furent inondés. Certains
témoins affirmèrent qu’au cours des jours qui suivirent
l’inondation, un brouillard épais et nauséabond envahit
un village de la région, Goosnargh, et que plusieurs
habitants présentant des signes évidents d’intoxication
durent être hospitalisés. On pense que l’origine de cette
peste proviendrait des corps de ceux qui ont été noyés
pendant les événements, mais certains prétendirent que
l’odeur provenait de l’ancienne propriété de Chingle
Hall. D’une manière ou d’une autre, tout cela entraîna
un intérêt certain pour Chingle Hall et depuis, sa
réputation de demeure la plus hantée du Royaume-Uni
qui commença dans les années 70 ne fait qu’augmenter.
L’opération Crossroads menée dans l’atoll des Bikini en
1946 par les États-Unis a permis d’estimer les dégâts causés
à une flotte par la détonation d’une arme nucléaire. Après
l’explosion, une grande quantité d’animaux marins morts
fut trouvée sur les côtes de l’Océanie et des Philippines,
dont certaines espèces inclassables dans la taxonomie
actuelle. Tous ces spécimens disparurent les uns après
les autres avant leur étude parce qu’ils avaient été soit
vendus à des particuliers, soit volés aux autorités locales. Il
semblerait qu’aucune de ces étranges espèces n’ait pu être
étudiée par quelque institution scientifique que ce soit, et
ces dernières considèrent officiellement qu’il ne s’agit que
de rumeurs infondées ou simplement d’animaux courants,
mais inconnus des autochtones ignorants.
Certains articles datant de la moitié du XXe siècle
affirment que le Grand Canyon du Colorado ne s’est
pas formé par érosion, mais en conséquence d’une
catastrophe d’origine inconnue. Certains estiment même
que ce qui l’a provoquée est toujours sur place, enterré ou
dissimulé dans les profondes grottes de la zone.
En 1958, la 3e expédition soviétique en Antarctique
découvrit près du Pôle Sud les restes gelés des membres
d’une autre expédition. Cette information est restée
secrète jusqu’en 2008. Selon les résultats de l’enquête, le
groupe a sûrement péri vers 1899, mais les détails de cette
expédition restent inconnus, car aucune source officielle
ne vient prouver son existence. Le plus sinistre est
cependant à venir : tous les corps avaient un clou de fer
planté dans le sommet du crâne. Les restes de l’expédition
se trouvent actuellement quelque part en Russie, mais
personne ne sait où.
En Allemagne Nazie, pendant la spoliation des biens juifs,
de nombreuses antiquités de grande valeur ont été saisies.
On pense que certaines d’entre elles étaient des artefacts et
codex anciens, des reliques familiales conservées depuis
le Moyen Âge, voire avant. Beaucoup de ces antiquités
ne furent jamais retrouvées et sont actuellement perdues
dans la nature. En outre, certaines « disparurent » des
registres nazis bien avant la chute du régime. On pense
qu’un ou plusieurs hauts dignitaires ont pu les dissimuler
ou s’enfuir avec.
Dans les enregistrements des missions Apollo, plusieurs
astronautes affirment avoir aperçu des pierres se déplacer
au loin, sur la superficie de la lune. Officiellement,
l’hypothèse de l’illusion d’optique a été retenue, mais on
pense qu’il pourrait s’agir des mythiques Bêtes Lunaires.
Le grand tremblement de terre du Chili de 1960, d’une
magnitude de 9,5 sur l’échelle sismique, est le plus grand
séisme jamais enregistré de l’histoire. Partout dans le
pays, des crevasses se creusèrent, puis se refermèrent
dans les jours qui suivirent en conséquence des répliques
et des glissements de terrain. Certains paysans survivants
déclarèrent qu’ils avaient entendu depuis certaines fissures
d’étranges cantiques et sons que certains décrivirent
comme « le son de la respiration d’un être colossal ».
Officiellement, ils auraient été victimes d’hallucinations
provoquées par l’expulsion de gaz souterrains émanant de
certaines de ces failles ou auraient simplement entendu
des échos des mouvements de la terre en souterrain.
Certains vétérans de la guerre du Vietnam, rendus
fous par le stress post-traumatique, ont affirmé que
dans les profondeurs de la jungle, certains Viêt-Cong
pratiquaient des assassinats rituels et le cannibalisme avec
leurs prisonniers. Selon leurs témoignages, ces rituels
conféraient une force et une résistance surhumaine en
plus d’une soif insatiable de sang qui changeait les Viêt-
Cong en terribles prédateurs plus animaux qu’humains.
En effet, certains dessins et autres descriptions dépeignent
des êtres qui n’ont plus grand-chose à voir avec un animal
tel qu’on le connaît.
En 1979, le satellite de surveillance nucléaire Vela a détecté
une explosion de deux kilotonnes dans l’océan Indien. Au
début, on pensa qu’il s’agissait d’un test nucléaire, mais
aucune activité radioactive anormale n’a été détectée
dans la zone. Les enquêtes qui suivirent permirent de
localiser le navire Shebean présent le jour de l’explosion
dans la même zone, une embarcation louée par la secte
l’Église du Treizième Apôtre des Étoiles. Le bateau ne
fut jamais retrouvé ni son équipage et ses passagers. Les
investigations officielles conclurent que l’explosion avait
été provoquée par une météorite et avait fait sombrer le
Shebean par le fruit du hasard.
La grande tempête permanente au pôle Nord de
Saturne est de forme parfaitement hexagonale. Cet
étrange phénomène n’a jusque-là trouvé aucune
explication scientifique définitive. Pourtant, Internet
regorge de dessins, vraisemblablement des originaux
tirés du Necronomicon, qui décrivent un type de cercle
d’invocation particulièrement similaire à la grande
tempête de Saturne.
À proximité de certaines mines d’uranium d’Afrique, on a
découvert des preuves indiquant qu’à un moment donné
la région a servi de réacteur nucléaire à fission. Pour de
nombreux scientifiques, la seule possibilité pour que
cela puisse se produire est d’ordre naturel, mais d’autres
mettent en doute cette origine. Malheureusement, la
difficulté d’accès à la zone n’a pas permis d’étude en détail.
Certaines pages Web traitant des effets nocifs des
téléphones mobiles expliquent que s’ils sont utilisés à
proximité de certains mégalithes d’Europe, ces derniers
se mettront à luire. Certains affirment même qu’on peut y
lire d’étranges runes brillantes. En revanche, presque tous
les initiés à l’occulte s’accordent à dire que ce n’est qu’un
canular.
En 2006, trois passagers japonais du paquebot de luxe
RMS Queen Mary disparurent sans laisser de traces,
quelque part dans le Pacifique, en haute mer. Au départ,
cet événement fut attribué aux yakuzas, car les disparus
s’adonnaient au trafic d’antiquités. Six mois plus tard, en
Suisse, après le sauvetage de plusieurs personnes prises
dans une avalanche, trois corps gelés et atrocement
mutilés de personnes d’origine asiatique furent retrouvés.
Si officiellement l’affaire a été étouffée, certains ont relié
les deux cas et en ont conclu qu’il pourrait s’agir des
mêmes personnes.
L’une des fuites de Wikileaks de 2010 montre des images
satellites datées de 2002 d’une fouille archéologique
menée en Irak, au beau milieu du désert. Selon certains
des mordus des conspirations les plus loufoques du Net,
cette fouille est le véritable objectif de l’invasion du pays
par les États-Unis, car le site contenait des armes de
destruction massive d’origine non humaine.
En 2012, plus de cent corps empalés par le torse datant
du haut Moyen Âge ont été mis au jour. Cela correspond
à certaines descriptions de rituels consacrés à Shub-
Niggurath, qui nécessitent des sacrifices selon le même
procédé.
En 2013, des scientifiques américains ont découvert dans
le lac subglaciaire de Vostok (Antarctique) des marqueurs
génétiques appartenant à plus de 3500 espèces. Certains
cultes pensent qu’ils peuvent receler des restes biologiques
des Anciens ou d’autres créatures appartenant à la même
époque et aimeraient particulièrement mettre leurs mains
dessus.
Selon certains astrologues renommés faisant partie des
initiés au Mythe, il semblerait que pendant l’année 2014
un alignement des étoiles se produira dans le cosmos.
Certaines sources affirment que ce changement aura
lieu dans le milieu de l’automne et qu’il provoquera de
grandes perturbations aux conséquences importantes,
tant pour la Terre que pour ses habitants, mais surtout
pour ceux qui connaissent le Mythe.
91
Pour les mères

Nyasha accéléra le pas, car il ne restait qu’un pâté de maisons avant d’atteindre son domicile. Le taxi
était resté bloqué par un camion de déménagement qui manœuvrait trop maladroitement. Elle était si
proche qu’il lui avait semblé bête d’attendre, alors elle était descendue du taxi pour tenter de gagner
du temps perdu à pied. Elle arriva devant la porte de son immeuble quasiment au pas de course. Elle
franchit la ligne d’arrivée imaginaire et se retourna en levant les bras, pensant la trouver.
Assises sur le banc à côté de l’entrée, attendaient trois femmes. Habillées sobrement, couvertes de
poussière, elles contrastaient fortement avec les marbres, les dorures et les bois nobles de l’immense
vestibule. Tout comme avec leurs cheveux tressés indistinctement avec des fils d’isicholos, les capes
grises qui cachaient un chapelet de colliers arc-en-ciel qui tombaient sur les rigides jupes de cuir
plissé, ou les pieds nus couverts de boue.
« Qu’est-ce que vous faites là ? » Les trois se levèrent à l’unisson. « Il s’est passé quelque chose ?
— Madame Ngubane… Le concierge souriait, mais son ton était pressant. Ces personnes ont attendu
ici pendant trois heures ».
Les trois femmes se campèrent devant Nyasha sans dire un mot. Au bout de quelques secondes d’un
silence tendu, le concierge dut penser qu’il était plus prudent de regagner sa guérite, mais une fois
revenu à son poste, il ne put se résigner à s’asseoir et observa à travers les carreaux avec un sourire
toujours plus forcé. Silence. Certes, on pouvait entendre la radio que le concierge avait allumée à
son poste, ainsi que la circulation à l’extérieur. On percevait aussi le bourdonnement électrique de
l’ascenseur qui descendait. Ne manquaient que les paroles.
Une voisine sortit de l’ascenseur. C’était celle du quatrième, une dame âgée, veuve, qui s’habillait
avec un goût exquis. De légères touches d’or et des pierres précieuses encadraient son visage et
mettaient en valeur sa gorge et ses mains.
« Bonjour, madame Ngubane, dit la voisine joyeusement. Quelle journée magnifique ! S’il n’y avait
pas cette chaleur… Ne croyez-vous pas ?
— Bonjour, madame Van der Beek, répondit Nyasha d’une voix tranquille, en se retournant à peine.
La chaleur est insupportable, oui.
— Eh bien ça ne m’empêche pas d’aller faire mon tour du soir. Ordres du médecin. J’ai les os creux,
comme les oiseaux. Je pourrai bientôt sortir en volant, ria-t-elle. Quand j’avais votre âge, j’avais les
pieds sur terre, mais maintenant… » Elle observa les trois femmes à la recherche d’une complicité
générationnelle, mais elles restaient imperturbables. « Enfin, je ne vous retiens pas.
— Profitez bien de votre balade, madame Van der Beek, dit Nyasha de manière presque inaudible.
— Je déploie mes ailes, ajouta la voisine en riant, sur le point de passer la porte. Je vous souhaite
une bonne après-midi », ajouta-t-elle depuis le palier, jetant à nouveau un regard aux trois femmes en
espérant un geste de reconnaissance. Rien.
« Autant monter », pensa Nyasha. Elle s’engagea sur le perron de marbre sans même dire au revoir au
concierge, puis continua dans les larges escaliers de bois. L’immeuble comprenait cinq étages hauts
de plafond et semblait faire bien plus : le plus naturel eût été de prendre l’ascenseur. Les trois femmes
défilaient derrière la jeune femme, ne posant les pieds que dans ses pas, agiles, silencieuses.
L’appartement était grand : il occupait tout l’étage. L’entrée donnait sur un séjour lumineux comprenant
quelques colonnes ici et là, des baies vitrées donnant sur la rue par lesquelles s’engouffrait une lumière
orangée, et des meubles solitaires, camouflés au point de disparaître dans leur environnement. On
aurait plus dit une galerie d’art qu’un foyer.
- 92 -
Les trois femmes avancèrent jusqu’au centre du séjour et restèrent plantées là, comme s’il s’agissait
d’une scène. Elles parlèrent en chœur.
« Nyasha, le temps des semailles est arrivé. » En réalité, une seule des trois avait pris la parole dans un
dialecte zoulou très obscur. Les autres ne faisaient que bouger leur corps de manière théâtrale, imitant
le langage corporel de leur porte-parole. « Cela fait trop de temps que tu nous manques. »
La jeune femme se trouvait toujours sur le palier. Elle posa son minuscule sac à main sur le buffet,
retira ses chaussures, détacha ses cheveux… Elle prit une longue inspiration.
« J’aimerais trouver les mots pour ne pas t’offenser, Sikhelele, car je t’aime beaucoup. Je vous aime
toutes, dit-elle avec un sourire aimable, ouvrant les bras vers elles dans un geste spontané. Mais vous
devez accepter une fois pour toutes que j’ai grandi dans une culture très différente. Combien de fois
allons-nous avoir cette conversation ? Elle fit quelques pas courts vers elles, pleine de précautions.
— Matimpula t’a arrachée à nos bras, t’a refusé la culture qui t’appartient, à laquelle tu appartiens. »
Les femmes étendirent leurs bras crispés vers elle. « Nous avons fait preuve de patience, les
Mères ont été patientes.
— Je n’aime pas que tu parles de papa ainsi, répliqua Nyasha. Je n’aime pas que tu en parles
comme si j’avais été séquestrée. Il ne s’est jamais intégré à cette culture dont tu parles et il
voulait que moi… Elle s’interrompit. S’il te plaît, ne parle pas ainsi de mon père, il a toujours
été respectueux avec toi, envers ta culture.
— Matimpula ne savait rien du respect. » Sikhelele fit un geste méprisant que ses sœurs imitèrent
immédiatement. « Matimpula s’est formé au contact des Blancs qui croient marcher sur le toit du
monde, qui nous regardent de haut. Matimpula nous voyait comme des animaux.
— C’est faux, cria la jeune femme, se lançant en avant avec violence. Papa était un homme bon qui
a toujours tout fait pour vous aider.
— Il n’a jamais compris que nous n’avions pas besoin d’aide. » Les trois firent un pas en avant
de manière dissimulée.
Nyasha respirait pesamment. Lorsque Sikhelele parlait, les consonnes caractéristiques de l’isizulu,
ses explosions et ses claquements semblaient se projeter loin d’elle. Comme si elle parlait depuis un
autre lieu, depuis Qudene. Autour d’elle, on entendait les gouttes de pluie tomber sur les étangs, et
en traversant l’herbe dorée on pouvait aussi distinguer son crissement contre les jambes, comme des
petites branches qui ployaient à chaque pas. Mais contrairement au discours fluide de Sikhelele, celui
de la jeune femme s’interrompait constamment, s’étranglait.
« Papa s’inquiétait pour tout le monde. » Ces paroles tristes sortirent de sa bouche en anglais, qui était
la langue qu’elle partageait avec lui. « Il a passé sa vie entière à se consacrer aux autres, à parcourir
tous les chemins, à apporter des médicaments et des vaccins de village en village, à traiter des gens
plongés dans une pauvreté extrême. »
Il n’y eut pas de réponse. Les trois femmes étaient restées figées en pleine représentation, attendant le
retour des explosions et des claquements, aussi maladroits puissent-ils être.
« Il est possible qu’il n’ait pas réussi à comprendre, continua-t-elle en isizulu, mais au moins il
a essayé. Il m’a enseigné votre langue, ainsi que toutes les traditions dont il a pu se souvenir, et
il m’a demandé d’être patiente.
— Patiente ? » Les trois femmes laissèrent tomber leur pesante cape à l’unisson, et sur les blouses de
lin, les colliers multicolores déployèrent enfin leurs tons. « Ça pour être patiente, tu l’es bien !
— Vous faites irruption dans ma vie quand bon vous semble », la voix de Nyasha se brisa, évoquant
davantage une adolescente qui se plaindrait, « sans même demander la permission, sans prévenir.
Vous débarquez dans mon monde en traînant le vôtre derrière vous, vous me le jetez à la figure. Pas
une seconde, vous ne vous êtes mises à ma place. Je suis une femme adulte. Et pas seulement : je
suis une professionnelle hautement qualifiée et même réputée. Vous êtes-vous seulement demandé
comment je peux me permettre de vivre dans ce quartier, dans un appartement comme celui-là ? Ça
n’a pas été simple en étant une femme.
— Tu n’es pas encore femme. » Les mots avaient été prononcés sans mépris, et l’expression
de Sikhelele et des autres était même pour la première fois empreinte de tendresse. « Tu ne
le seras pas avant de savoir ce que c’est de porter une vie en toi, ni avant que tu reviennes
dans les bras des Mères. »
Elles étaient maintenant très proches l’une de l’autre, plus proches qu’elles ne l’avaient jamais été.
Nyasha eut l’envie irrationnelle de traverser l’espace restant pour se jeter dans les bras de Sikhelele.
- 93 -
« Qui te crois-tu pour me refuser mon statut de femme ? dit pourtant la jeune femme, étouffant de
rage. Je suis plus qu’une simple incubatrice, qu’une femme au foyer. Comment veux-tu que je vous
comprenne si vous cherchez à m’humilier ?
— Il n’y a rien à comprendre. » D’un geste, Sikhelele empêcha les deux autres femmes de
recommencer à amplifier les gestes de leur porte-parole ; la représentation était terminée. « Tu es la
chair de ma chair et tu ne peux te soustraire à tes responsabilités. Tu crois que je ne connais pas ton
monde, mais tu te trompes, je le connais mieux que toi tu ne connais le mien. Je sais qu’ici, on peut
oublier les forces naturelles, je sais que dans les grandes villes, presque personne n’a peur d’être
frappé par la foudre, par exemple : pour vous, un éclair n’est qu’une belle ligne dans le ciel. Mais il
existe bel et bien, même si vous n’y pensez pas, même si vous ne lui accordez aucune importance, Il
continue de détruire la prairie, les forêts, il continue d’atteindre le bétail et des personnes, à les réduire
en cendres. L’éclair n’a pas besoin de toi. Et si ton destin est d’être frappée par la foudre, alors Elle
t’atteindra, où que tu te caches. »
Pourtant dépourvues des artifices précédents, ses paroles provoquaient encore plus de dégâts.
« Je suis née de ton ventre, d’accord, dit Nyasha au bout de quelques secondes, abattue.
Je suis née aussi d’une certaine manière du ventre de Qudene, d’entre ses arbres, dans ce
minuscule village, si réduit que personne n’a pris la peine de le signaler sur aucune carte
pour le moment. C’est mon héritage et je n’y renonce pas. Mais je ne peux m’empêcher
de penser que je suis surtout le fruit du hasard, le résultat d’une scène fugace au cours de
laquelle deux personnes se sont comprises une unique fois. Et si mon père avait disparu, s’il
n’avait pas été présent dès mes premiers instants, renonçant à tout pour être à mes côtés,
je serais peut-être restée avec vous et ma vie aurait été très différente. Le passé m’enrichit,
mais il ne peut définir mon avenir. Tu comprends ? »
Les trois femmes ramassèrent leur cape et se dirigèrent vers la porte sans rien dire, inexpressives.
« Je ne veux pas que l’on reste fâchées, continua Nyasha en les suivant. Pardonnez-moi si j’ai
dit quelque chose qui vous a offensé, je me suis emportée. Vous resterez bien quelques jours
à Johannesburg ? Où êtes-vous logées ? » Elle ouvrit la porte pour les laisser sortir. « Nous
pourrions discuter un autre jour, lorsque nous serons plus calmes. La journée a été très difficile
au bureau. Je suis épuisée. »
Les trois femmes franchirent la porte et commencèrent à descendre par l’escalier en file
indienne, sans rien dire.
Le silence est un territoire dangereux. Si l’on cède à la paralysie, les photographies et les vidéos
familiales prennent le contrôle. On cesse d’un coup d’être un spectateur pour céder au désespoir naïf
de tenter de changer le passé. On ressasse dans notre esprit chaque coupure, chaque coup, en essayant
de comprendre comment les choses ont pu mal se passer, tentant d’en tirer un enseignement pour la
prochaine fois. Il est aisé de se perdre. Après la paralysie vient l’angoisse.
Alors qu’il suffirait d’interrompre le discours automatique pendant un instant, de faire un simple pas
en avant. Déjà en mouvement, tout en traversant le salon, on peut toujours entendre les gouttes tomber,
le crissement de l’herbe haute et son ploiement. On est également assailli d’anciennes images. Mieux
vaut ouvrir les fenêtres, allumer la télévision, le journal en anglais et, surtout, mieux vaut occuper ses
mains, préparer le dîner, par exemple.
Nyasha éprouva le besoin de faire quelque chose de spécial. « Si je ne cuisine pas de temps en
temps, je vais oublier ce que j’ai appris en cours », se dit-elle. Elle avait un excellent vinaigre
balsamique qui pouvait servir de base pour une sauce. Elle mit de l’eau à bouillir, ajouta de l’huile
et du sel. Les gambas étaient congelées, mais elles iraient très bien. Elle trancha un concombre
en fines rondelles pour contraster de son vert le rose du plat. Elle dessina soigneusement des
lignes obscures sur les gambas, une spirale.
Plusieurs de ses followers ajoutèrent rapidement à leurs favoris le tweet avec la photo du plat. « @
QudeneNyasha merci, je vais me faire un bon plat de protéines | :-( », répondit @Sindiwe1978.
« Ces Parktown sont vraiment partout en [>==] ;) », dit également@UbuntuRUs.
Au lit, lumières éteintes, Nyasha envoya un message whatsapp à James et attendit qu’apparaisse
la seconde coche, que sous le nom d’utilisateur indiquant la date de dernière connexion
apparaissent les mots « en ligne ».
Une nuit sans étoiles est-elle possible ? Le ciel de Qudene a des étoiles, plus d’étoiles qu’il
était possible d’imaginer.
- 94 -
Des dizaines d’hommes et de femmes entourent Nyasha, mais ils ne la regardent pas
directement. Ils observent plutôt les arbres, leurs branches qui se meuvent doucement.
Tous marchent vers les arbres, ils l’emmènent vers le sommet de la colline sur une sorte
de civière, attachée. À ses côtés, Sikhelele, à moitié nue, est couverte de fils de perles
multicolores. Les hommes et les femmes, nus, chantent, crissent et font claquer leur langue.
Nyasha aussi est nue. Peu importe, car il ne fait pas froid, pas même une faible brise ne
souffle. Et pourtant, les branches oscillent.
Au sommet de la colline se trouvent plusieurs pierres plates de grande taille, des autels qui
forment un cercle. Les hommes et les femmes posent Nyasha sur l’une d’elles. Il y a d’autres
femmes, la plupart bien plus jeunes. Elles aussi sont nues, mais elles ne sont pas attachées, elles
marchent d’elles-mêmes : chacune se couche sur l’un des autels jusqu’à ce qu’ils soient tous
occupés. Les hommes et les femmes sortent du cercle.
Crier aurait-il une utilité ? Les troncs auxquels elle est attachée pèsent si lourd qu’en glissant sur les
bords de l’autel d’un côté ou de l’autre, ils tirent les membres de Nyasha, font plier ses bras et ses
jambes, les font trop s’étirer, elle peut à peine lever la tête. La douleur lui paraît pourtant être une
rumeur lointaine qui n’a pas d’importance.
C’est alors que les arbres se rapprochent, qu’ils marchent lourdement, faisant trembler la terre
à chaque pas. De près, les racines semblent couvertes d’un épais pelage noir, de près elles
ne ressemblent pas du tout à des racines, mais plutôt à des pattes se terminant par des sabots
osseux qui plongent dans le sol à chaque pas. Sur le tronc, les nœuds de l’écorce fendillée
s’ouvrent comme des lèvres, ils se défroncent, et l’on peut entendre un chœur de cris, des voix
très différentes les unes des autres. Ce sont des gorges pleines d’épines qui laissent échapper des
sons qui ne leur appartiennent pas, des voix volées.
« Iä ! Iä ! crient les hommes et les femmes. Iä ! Shub-Niggurath ! »
Le tronc de l’un des arbres se penche au-dessus de Nyasha, ses gueules laissant échapper un limon
ocre et, tendant une branche vers elle, l’immobilise. Tendrement, elle glisse sur la peau de Nyasha,
une caresse rugueuse d’une tiédeur inattendue.
« Voici les filles des filles », crie alors Sikhelele, de loin. « Mères, vous aussi êtes filles. Sœurs,
amenez les dons de la Grande Mère.
— Iä ! Iä ! peut-on entendre de nouveau dans une clameur. Iä ! Shub-Niggurath ! »
Et Nyasha, qui ne se souvient plus de la tendresse d’une mère, se laisse aller à son étreinte. Elle sent
peut-être une déchirure, un liquide chaud s’échapper. Peu importe.
Nous marchons dans ce monde sans regarder où nous mettons les pieds, et l’on peut facilement
tomber dans une faille. Nous tombons alors et, toujours sans regarder autour de nous, nous continuons
à marcher. Nous marchons aveuglément dans des lieux ténébreux, imaginant qu’aucun autre monde
n’est possible. Et nous tombons encore, peut-être à un niveau inférieur ou peut-être cette fois-ci
sera-ce vers le haut. Et, de retour à la surface, en revenant à notre vie précédente, nous nous disons :
« Comment ai-je pu ne pas me rendre compte que j’étais dans une grotte ? »
Sikhelele dut enseigner à Nyasha une autre manière d’interpréter le monde. Ses tantes, Nkhele et
Pukhazi, l’aidèrent aussi à comprendre. Le monde depuis Qudene était d’une énormité étourdissante,
où il était difficile de concilier la contingence de l’individu et l’extrême importance du groupe. Et
pourtant, naturellement, l’espace entre elle et les autres se réduisit.
Le matin où elle devint l’une d’elles, tout le village attendait, hors des huttes, à prier. Sikhelele
sourit à sa fille et dit seulement : « Tu es prête ? » Nyasha acquiesça. Alors, Sikhelele introduisit sa
main en elle, d’un mouvement violent qui lui provoqua encore plus de douleur. Le ventre gonflé
s’agitait clairement. Nyasha cria. Presque tout l’avant-bras de Sikhelele était à l’intérieur de sa
fille, en pleine lutte : elle n’aurait pas été la première ni la dernière à perdre un doigt. « Je l’ai ! »
dit-elle enfin, avant de tirer de toutes ses forces.
Le sang imprégnait tout. Nyasha était au bord de l’inconscience.
« Le cercle s’est refermé, ma fille. » Sikhelele pleurait de bonheur. « N’aie pas peur. À présent, les
Mères vont te soigner.
— Laisse-moi voir » réussit à dire Nyasha d’une voix ténue.
C’était magnifique.
- 95 -
 CReATURES
L
CHAPITRE V
L
e nombre de créatures extraterrestres associées au
Mythe est extrêmement élevé, voire innombrable :
êtres d’autres mondes, d’autres dimensions, d’autres
époques… les possibilités sont virtuellement illimitées.
Tenter de cataloguer toutes les créatures du Mythe dans
une liste finie n’a donc pas beaucoup de sens, car c’est de
cette variété inimaginable que vient cette impossibilité.
En revanche, tout jeu fondé sur le Mythe qui se respecte se doit
de proposer un chapitre décrivant les êtres les plus courants de
la mythologie lovecraftienne, et c’est précisément ce que nous
ferons dans ce chapitre : proposer un résumé de nombreuses
races et créatures connues d’une manière ou d’une autre par
certains cultes. Il convient de préciser que ces informations
peuvent être incomplètes, inexactes, non vérifiées, voire
sortir du cerveau dément d’un fou. Ce flou est dû au fait que
l’humanité, bien qu’elle soit directement influencée par ces
êtres d’autres mondes et qu’elle ait entretenu des contacts avec
eux, a transmis les connaissances issues de ces découvertes
par le biais de livres, de journaux ou du bouche-à-oreille de
génération en génération, et beaucoup ont été perdues ou
transformées au fil des siècles. En outre, l’esprit humain n’est
pas préparé à les comprendre sans subir de traumatismes
96
psychologiques, ce qui implique la plupart du temps que les
Hommes confrontés à la Vérité ne sont pas prêts à l’exprimer
de manière cohérente.
Les dieux extérieurs
Les Dieux Extérieurs, également nommés « Autres Dieux » se
trouvent dans ce qui est considéré comme au-dessus de toutes
les créatures du cosmos, tant dans cette réalité que dans toutes
les autres. Ce sont de véritables dieux dont l’humanité n’a jamais
entendu parler, mais qui ont toujours été là, depuis toujours, dans
ce plan d’existence et les autres. Ce chapitre propose une liste de
certains d’entre eux, mais, bien entendu, il en existe beaucoup
d’autres encore inconnus des occultistes humains.
Proposer des valeurs de caractéristiques pour ces êtres n’a pas
beaucoup de sens, non seulement parce qu’il est très peu probable
que le maître du jeu les mette en scène, mais également parce
qu’au cas où ce serait le cas, ils n’auraient pas besoin de faire de
test pour provoquer un effet désiré. En revanche, nous proposons
dans chacun de ces paragraphes un aspect qui peut être utilisé en
jeu lorsque l’influence de ces déités se fait sentir, que ce soit par
le biais de leurs serviteurs, d’artefacts ou de leur influence directe
dans les événements de l’histoire.
Voici les sections disponibles pour chacune des déités décrites :
Histoire : Un Résumé de l’histoire connue ou estimée de
chaque dieu et description (ou les descriptions) disponible
en fonction des sources. Ces informations peuvent aider à
présenter ces dieux aux personnages joueurs, par exemple
dans des ouvrages anciens ou des récits. Les aspects de cette
section font référence à la nature des dieux, par exemple par le
titre sous lequel il est connu.
Exemple : Dans sa quête d’immortalité, l’actrice
septuagénaire Nicoline Lauridsen a découvert un ancien
encensoir, et elle est persuadée que l’objet a un lien avec
Tulzscha. Pour l’instant, ses efforts pour faire sortir son
pouvoir à la lumière du jour sont restés vains et elle s’est
résignée à intégrer le service des soins palliatifs de l’hôpital
de la ville en dernier recours. Son joueur active donc l’aspect
de Tulzscha « Proche de ce qui meurt ». Une fumée verdâtre
commence à s’échapper de l’encensoir, et Lauridsen voit un
ver blanchâtre ramper dans la manche de son chemisier.
Cultes : Cette section détaille l’état des cultes qui adorent ce
dieu : localisation géographique, type de personnes qui les
mènent, relations avec d’autres cultes et nom ou apparence sous
lesquels ils connaissent l’entité qu’ils adorent. Les aspects de
cette section peuvent être des devises ou phrases que répètent
les cultistes, des descriptions de lieux qu’ils fréquentent, voire
même les caractéristiques de ces cultes.
Exemple : Richard Dort, aspirant en vue d’être membre à part
entière d’un culte consacré à Shub-Niggurath, tente de mener
un rituel sur une colline en dehors de la ville comme dernière
épreuve avant son intégration. Son joueur obtient un succès
critique à son jet, mais le maître du jeu ne veut pas le laisser
s’en tirer si facilement et lui donne un point de Drame après
avoir activé l’aspect de Shub-Niggurath « Dans la profondeur
des bois » et décrit à Richard Dort comme il est intimidé par
les étranges rumeurs « environnantes » qu’il commence à
entendre. Le joueur doit relancer son jet, au risque que le
résultat soit moins bon que ce qu’il espérait.
Suivants : Cette section indique si une race du Mythe
vénère ce dieu. Les aspects de ce type peuvent être des
caractéristiques des suivants les plus représentatives
du dieu, la manière dont il les utilise pour mener à bien
ses plans ou le modus operandi que ses suivants doivent
respecter devant l’être qu’ils vénèrent.
Exemple : Pendant les fouilles de ruines égyptiennes
abandonnées, Sir Michael Sawyer met au jour une idole
blasphématoire en obsidienne représentant l’infâme
Pharaon Noir, l’un des nombreux avatars de Nyarlathotep,
et un frisson glacé lui parcourt l’échine lorsque ce même
Pharaon Noir se matérialise devant lui. Dans une tentative
désespérée pour sauver sa peau, Sawyer tente de convaincre
le dieu qu’il est plus intéressant pour lui de le laisser vivre
pour qu’il puisse partager sa découverte avec le reste de sa
communauté scientifique et ainsi contribuer à propager le
chaos. Le maître du jeu laisse le joueur de Sawyer activer
l’aspect « L’essence du chaos » permettant au dieu d’accepter
une proposition si zélée et lui laisser la vie sauve.
Influence dans le monde : Cette section indique si le dieu
exerce une influence directe sur le monde, si l’humanité a
déjà établi des contacts avec lui, s’il est présent sur Terre d’une
quelconque manière ou quelles actions il exige de la part des
cultes qui lui sont dévoués. Les aspects peuvent faire référence
à la manière dont le dieu communique avec les humains, à des
lieux ou objets qu’on pense en lien avec lui, etc.
Exemple : Louis Wiggin tente de déchiffrer un vieux
manuscrit pour y trouver des informations sur une
amulette en lien avec Hypnos. Le maître du jeu demande
à son joueur un test d’Intellect plus sa compétence de
« Secrets arcaniques ». Il rate son test et, étant donné que c’est
sur Hypnos qu’il mène des recherches et sur qui il vient de
passer plusieurs nuits d’étude du manuscrit, le maître du
jeu lui permet d’activer l’aspect d’Hypnos « Présent dans
les rêves » pour améliorer son jet, illustrant ainsi le fait que
le personnage a eu une révélation pendant son sommeil qui
l’aide à mieux comprendre certains passages.
Effets de jeu : Informations utiles au maître du jeu, idées
d’aventures ou détails pour créer un culte qui adore ce dieu.

L’INNOMMABLE
Au fil de l’Histoire, les érudits du Mythe ont
attribué des noms aux Dieux Extérieurs,
aux Grands Anciens et aux autres créatures
extraterrestres avec l’objectif affiché de
permettre de mieux les identifier et
différencier. En revanche, cette entreprise
de classification n’a jamais été parfaite ni
même exacte, c’est pourquoi les créatures du
panthéon du Mythe ont toujours porté des
noms différents au fil du temps, en fonction
d’un grand nombre de facteurs. Il faut garder à
l’esprit que pour déterminer comment appeler
chacune des espèces, les personnes qui les ont
étudiées se sont fondées sur des sources très
peu fiables. Elles ont choisi les noms suite à des
contacts avec ces entités, des rêves, des récits,
des rencontres, des artefacts, etc., et ces sources
étaient interprétées par la personne qui entrait
en contact avec elles. En outre, il faut ajouter à
cela le fait que la traduction ou l’interprétation
des noms au fil du temps a fait évoluer les
termes jusqu’à ce que le nom original n’ait plus
grand-chose à voir avec l’appellation originale.
L’immense majorité des noms qui sont
communément connus des cultistes
proviennent de la version grecque du
Necronomicon et des textes qu’il a influencés
ou dont il est dérivé. En revanche, on sait
que la version originale en arabe contenait
des noms différents qui ont été traduits
librement. Ainsi, dans d’autres ouvrages qui
n’ont pas de lien direct avec le Necronomicon,
les mêmes créatures peuvent apparaître avec
des noms différents ou des noms similaires,
mais avec des nuances. En outre, des contacts
ultérieurs avec ces entités par le biais de rêves
ou de rencontres ont permis d’établir des noms
différents (par exemple, Cthulhu ne porte pas
ce nom chez les Profonds), ce qui complique
encore plus la problématique des noms.
En termes de jeu, le maître du jeu peut
présenter n’importe quelle créature du bestiaire
qui suit comme il le souhaite. Un ouvrage peut
traiter de « Ktulhu » au lieu de « Cthulhu » ou
des « Fils de la mer » au lieu des « Profonds ».
L’immense majorité des cultes et des
personnes qui ont un lien avec le Mythe
distinguent diverses catégories d’entités
venues d’autres mondes, comme vous avez
pu le voir au chapitre « Atmosphère »,
page 66. La classification est organisée de
manière suivante, par ordre d’importance :
Dieux Extérieurs, Grands Anciens et autres
créatures. En revanche, cette classification
n’est pas nécessairement la seule possible ou
la plus correcte, mais elle est probablement la
plus simple. À la fin de ce chapitre, des règles
de création de créatures sont proposées pour
permettre au maître du jeu de créer ses propres
entités ou d’adapter des créatures venues d’un
autre jeu à celui-ci.
97
Azathoth
AZATHOTH
Le dernier fléau amorphe du chaos le plus profond, qui éructe et blasphème au centre de l’infini : le sultan des démons,
Azathoth l’illimité, dont aucune bouche n’ose prononcer le nom, et qui claque avidement des mâchoires dans d’inconcevables
salles où règnent les ténèbres, au-delà du temps, au milieu du battement étouffé de tambours et des plaintes monocordes
de flûtes démoniaques. Sur ce rythme et ces sifflements exécrables, dansent, maladroits et absurdes, les gigantesques Dieux
Cette section ne propose pas d’aspects.
Histoire
Dieu entre les dieux.
Azathoth est, selon certains livres interdits, celui qui
gouverne tous les Dieux Extérieurs. Il se trouve donc au
centre de l’univers, tant de celui-ci que de celui de toutes les
autres réalités, et au-delà du temps et de l’espace communs :
il incarne la fin de toute chose.
D’autres versions indiquent que là où il réside, il reste
statique, à écouter la mélodie que les autres déités jouent
pour lui. On dit également que c’est un dieu aveugle, stupide,
privé d’intelligence et d’esprit. Il ne fait aucun doute que de
nombreux récits tentent de mettre des mots sur ce qui est
incompréhensible pour l’esprit humain et qu’il ne faut pas
les interpréter au pied de la lettre.
Azathoth pourrait tout à fait être un simple trou noir au
centre de l’univers qui absorbe et détruit tout ce qui passe
à sa portée. Il peut également s’agir d’une conséquence du
Big Bang lui-même. On lui estime 14 milliards d’années, car
il a vu la « création » de notre plan d’existence et univers.
Des études récentes de la théorie du chaos sont également
proches de comprendre une partie du mystère qui entoure
Azathoth, bien que sans comprendre le Mythe il est
probable que les scientifiques ne saisissent jamais ce qu’ils
ont réellement à portée de main.
Cultes
Qui suivrait un dieu stupide ?
Azathoth n’a pratiquement aucun culte sur Terre. Cette
situation est probablement due au fait que son héraut est
Nyarlathotep, celui qui accomplit sa volonté, et que ce soit
ce dernier qui en bénéficie. En revanche, il est possible
qu’Azathoth n’en ait pas besoin ou que ce Dieu Extérieur
soit simplement une invention de ce même Nyarlathotep
pour entretenir la peur de quelque chose de bien plus
98
Ultimes, les Autres Dieux aveugles, muets et insensés.
La Quête onirique de Kadath l’inconnue
H. P. Lovecraft
puissant que lui. D’une manière ou d’une autre, personne
ne doute du pouvoir d’Azathoth.
Suivants
Toutes les créatures connaissent son nom.
Ce dieu est suivi par tous les autres dieux, car il est considéré
comme le principal, le plus grand. L’immense majorité des
entités du Mythe ont du respect ou de la crainte pour le
grand dieu Azathoth.
Influence dans le monde
Il ne reçoit ni n’écoute des êtres inférieurs.
Ce dieu n’établit aucune sorte de contact avec ses
suivants, qui finissent le plus souvent par vénérer
Nyarlathotep une fois qu’ils ont compris que ce dernier
était son messager et héraut.
On dit que la seule fois où il fut invoqué avec succès,
c’était dans la région de Tunguska, où il détruisit tout ce
qui se trouvait sur son passage sans que cela lui importe
le moins du monde de savoir qui l’avait invoqué ou
quelles étaient ses intentions.
Effets de jeu
Azathoth doit être perçu comme quelque chose de
dangereux. Un dieu destructeur comme lui ne doit pas être
le type de dieu classique que suivent les cultistes, car ce n’est
pas une déité qui leur accordera la moindre attention. En
revanche, il est possible que cela ne soit pas un obstacle pour
un culte nihiliste prêt à tout pour atteindre la destruction
définitive de toute chose. La logique la plus pertinente qui
anime un culte dévoué à Azathoth est sans aucun doute :
« la fin justifie les moyens ».
L’influence d’Azathoth sur le Mythe peut être constatée
dans n’importe quel ouvrage ou récit dans lequel il apparaît,
où il fait frissonner d’angoisse et provoque une sensation
très prononcée de vide et de désespoir.
99
Hypnos HYPNOS
Le beau visage porte une barbe fournie et ondulée, des lèvres souriantes, des cheveux longs et bouclés, un front olympien,
Histoire
À la fois bon et maléfique.
Hypnos est considéré comme le dieu des Contrées du Rêve
par excellence. C’est là qu’il exerce la dualité des dieux à la
fois bons et maléfiques. D’un côté, son apparence est celle
d’un homme jeune, particulièrement attirant, représenté
habituellement assis sur son trône et baigné d’une lumière
presque divine. Mais en d’autres occasions, son apparence
est celle des pires cauchemars d’un rêveur, assis sur un
trône changé en une aberrante malformation de tentacules
entrecroisés qui exhalent la puanteur du mal à l’état pur.
Certains ouvrages établissent un lien entre le dieu des
songes de la Grèce classique, Morphée, et Hypnos. Aucun
ouvrage du Mythe n’évoque Hypnos en dehors des Contrées
du Rêve, mais certains journaux de ses suivants affirment
qu’il est capable d’apparaître dans le monde réel grâce à son
immense pouvoir ou à des rituels précis permettant de les
convoquer dans cette réalité.
Bien entendu, certains pensent qu’Hypnos pourrait
simplement être une forme adoptée par Nyarlathotep, voire
Azathoth, dans les Contrées du Rêve.
Cultes
Seuls ceux qui rêvent l’adorent.
Dans le monde réel, il n’a pu être observé qu’en de très rares
occasions, et il semblerait qu’il n’ait presque pas d’influence,
ce qui fait qu’il ne bénéficie de presque aucun culte. En
revanche, lors de la période de la Grèce classique, de
nombreux cultes en son honneur existaient.
Les rêveurs qui connaissent son existence dans les Contrées
du Rêve finissent par croire en ce dieu, du moins lorsqu’ils
rêvent, car ils savent que son pouvoir n’est que très réel
lorsqu’ils se trouvent dans son royaume onirique. Bien qu’ils
ne se considèrent pas comme ses suivants, les rêveurs le
craignent et ne l’oublient pas. Il n’est pas rare de tomber sur
un groupe de suivants d’Hypnos dans le monde réel formé
de rêveurs assidus.
100
couronné de pavots.
Hypnos
H. P. Lovecraft
Suivants
Les Contrées du Rêve sont son domaine.
Dans les Contrées du Rêve, presque toutes les créatures et
autochtones connaissent Hypnos. Étant donné que c’est
un dieu qui châtie autant qu’il récompense, il est craint et
vénéré également. Ce qui se forme autour de lui ressemble
à une religion qui a des preuves irréfutables de l’existence
de son dieu.
Influence dans le monde
Il est présent dans chacun de nos rêves.
Chaque nuit, des centaines d’humains se rendent sans le
vouloir dans son royaume. En revanche, Hypnos ne semble
pas accorder beaucoup d’attention aux humains.
Effets de jeu
Seuls les cultes qui se rendent fréquemment dans les
Contrées du Rêve suivent potentiellement Hypnos. Son
pouvoir dans les Contrées du Rêve, où il est le plus souvent
basé, est assez puissant, mais une fois sorti de ces terres, il
ne semble pas si élevé. Cela pourrait expliquer pourquoi
Hypnos exige de ses suivants qu’ils mènent différentes
actions dans le monde réel, où il ne peut apparemment ni
les surveiller ni les aider.
Hypnos peut également être un dieu bon s’il reçoit ce qu’il
demande, mais c’est également le Diable des Contrées du
Rêve, le cauchemar en personne, et il est donc craint par
ses suivants. Cependant, ce n’est pas le genre de dieu dont
on arrive à comprendre les intentions. Il dépasse toute
logique humaine et ne doit pas être considéré comme
juste. Ce qui peut sembler être des actes bons aux yeux de
ses suivants ne sont pas nécessairement récompensés, ni
les actes mauvais punis.
D’autre part, si Hypnos est le dieu d’un culte confronté aux
personnages joueurs, il est très probable qu’il se serve de
cauchemars et de songes comme une arme pour aider ses
suivants d’une quelconque manière.
101
NodensNODENS
Sur le dos de deux dauphins se balançait un vaste coquillage crénelé sur lequel était la forme grise et terrible du primitif
Nodens, le Seigneur du Grand Abîme. […] Le vénérable Nodens tendit alors sa main flétrie et aida Olney et son hôte à
Histoire
Seigneur du Grand Abîme.
Nodens est le dieu des océans, de l’eau et des mers, tant
dans cet univers que dans les Contrées du Rêve et d’autres
réalités qui nous sont encore inconnues. C’est en général un
dieu bienveillant. Certaines rumeurs racontent qu’il aurait
même aidé certains humains dans la lutte contre les Grands
Anciens. En revanche, d’autres histoires parlent également
de sa cruauté et corruption qui provoquent de terribles
tempêtes, tsunamis et autres catastrophes dans les eaux du
monde entier. En outre, certains pensent que c’est Nodens
qui permet à Cthulhu et à d’autres de rester protégés.
Le plus souvent, Nodens est représenté comme un
vieillard à barbe grise monté sur un vaste coquillage lui
servant de chariot tiré par des créatures monstrueuses,
mais il est probable qu’il n’utilise cette forme que dans
les Contrées du Rêve ou une représentation grossière de
son apparence réelle.
Les descriptions de Nodens mettent en garde contre le
seigneur de l’abîme. Bien qu’il puisse apparaître dans les
fonds océaniques et porter assistance à ceux en détresse,
le prix de son aide sera toujours particulièrement élevé.
Personne ne sait ce qu’il peut exiger en retour, mais les
légendes racontent que ceux qu’il a aidés ne sont ensuite
plus jamais les mêmes : leurs yeux gardent une lueur bleutée,
leur esprit est confus, et leurs personnalité et manière d’être
changées à jamais.
Certains textes classiques parlent de la lutte entre Nodens
et Nyarlathotep, mais rien n’est dit du motif ou de l’issue de
cette confrontation.
Les sirènes charmant les marins par leurs chants et leur
beauté pour les attirer et les tuer ou les noyer ont également
un lien avec Nodens.
Cultes
Celui qui a été touché par Nodens suit Nodens.
Les cultes qui sont voués à Nodens sur Terre sont très
minoritaires, car ce dernier n’a pas souhaité influencer
l’humanité, et n’y a pas accordé beaucoup d’attention non
plus. Bien qu’il soit vraisemblablement apparu sous les
traits de Neptune à l’époque classique, période où son
influence a pu être majeure, il n’a aujourd’hui presque
aucun suivant sur Terre.
102
monter sur le vaste coquillage.
L’étrange maison haute dans la brume
H. P. Lovecraft
Les rares cultes qui vénèrent Nodens sont probable-
ment composés de personnes qu’il a influencées ou
touchées directement.
Suivants
Qui sait ce qui rôde dans les océans d’autres mondes ?
Il est sûr et certain que les Profonds connaissent son
existence, mais ces derniers ne lui rendent pas hommage, car
ce sont les suivants naturels de Cthulhu. Les seules créatures
à vénérer Nodens sont les Maigres Bêtes de la Nuit… mais
qui sait ce qui hante les profondeurs abyssales des océans de
chaque monde de l’univers, dans chaque réalité ?
Influence dans le monde
Les humains sont ses jouets préférés.
Contrairement aux autres dieux, il semblerait que Nodens
aime jouer avec les humains. Bien qu’on ne puisse pas
dire non plus que cela soit courant, un événement ou une
légende de l’Histoire humaine en relation directe avec une
intervention humaine survient régulièrement.
Effets de jeu
Dans Cultes Innommables, Nodens est un dieu aussi actif
et présent que le maître du jeu le souhaite. Il peut apparaître
chaque fois qu’un personnage est proche de l’océan ou au
contraire ne jamais apparaître. Dans le premier cas, il faut
garder à l’esprit que c’est un dieu, et il ne doit pas être utilisé
comme une entité surnaturelle quelle qu’elle soit, comme
les Profonds peuvent l’être. Quoi qu’il en soit, son influence
peut avoir un lien avec l’eau de nombreuses manières.
Pour une bonne accroche, le maître du jeu peut mettre
en scène une première rencontre dans laquelle les
personnages ou certains individus de leur groupe sont
« touchés » par Nodens ou ont l’occasion de parler avec lui.
En conséquence, les personnages seront frappés de cette
lueur caractéristique dans leurs yeux et commenceront
à croire en ce dieu étrange et le suivre sans même
s’en rendre compte.
Un culte de Nodens opposé à celui des personnages
et présent dans une histoire sera également fortement
avantagé si une confrontation a lieu en mer.
103
Nyarlathotep
NYARLATHOTEP
… Dieux Ultimes, les Autres Dieux aveugles, muets et insensés, dont l’âme et le messager ne sont autres que Nyarlathotep, le
Histoire
Le dieu aux mille visages.
Nyarlathotep est considéré comme le héraut et représentant
des autres déités, car c’est le seul des dieux à avoir été vu
sur Terre par plusieurs cultes, prenant forme humaine et
s’adressant directement à eux. Par contre, sa forme même
change systématiquement au fil de ses apparitions. Ainsi, on
dit de lui qu’il possède mille visages.
Nyarlathotep est une entité particulièrement sibylline, et son
message est toujours difficile à déchiffrer. On ne sait jamais si
ce qu’il dit est la vérité et il n’a jamais clairement exprimé ses
intentions, quelles qu’elles soient.
Habituellement, Nyarlathotep distribue des récompenses
à ses sujets une fois qu’ils ont accompli ses desseins. Ses
cadeaux, sortilèges ou objets de pouvoir sèment le chaos et
la folie, ce qui semble indiquer que ce dieu ne fait que jouer
avec ses suivants ou que, comme c’est généralement le cas,
les humains ne sont pas préparés à comprendre sa manière
d’agir et de penser.
Cultes
Un et plusieurs à la fois.
Les cultes qui vénèrent Nyarlathotep sont sans aucun
doute des cultes dévoués à un Dieu Extérieur plus étendus
sur Terre. En raison de la multiplicité de ses formes, il est
impossible de quantifier le nombre de suivants dont il peut
bénéficier, mais on suppose qu’ils sont très nombreux.
Pourtant, Nyarlathotep ne les fait pas œuvrer de concert. Au
contraire, on retrouve régulièrement ces cultes impliqués
dans une confrontation ou des luttes, bien qu’ils suivent et
adorent le même dieu sans le savoir.
Entre autres formes que Nyarlathotep a adoptées, on retrouve :
le Pharaon Noir, Athu, la Femme Boursouflée, l’Homme Noir,
le Père de Toutes les Chauves-Souris.
Suivants
L’essence du chaos.
Personne ne connaît l’intégralité des races qui suivent ce
dieu, mais on pense qu’il peut bénéficier de cultes au sein
104
chaos rampant.
La Quête onirique de Kadath l’inconnue
H. P. Lovecraft
de la majorité des espèces extraterrestres qui existent.
Parmi ses adorateurs, on peut identifier les Shantaks, dans
les Contrées du Rêve, et les Horreurs chasseresses.
Influence dans le monde
Il est parmi nous.
Elle ne peut être quantifiée, mais elle est sans doute très
puissante. Il est probable que le Mythe lui-même ait été connu
par son intermédiaire. Nombre des cultes ont des manières
de traiter directement avec Nyarlathotep et ce dernier exige
généralement qu’ils mènent des actions concrètes.
Effets de jeu
Nyarlathotep est le plus courant des dieux adorés par les
cultes de la Terre. D’une manière ou d’une autre, il fait
partie des dieux les plus étendus et, en outre, des rares
que les humains intéressent. Il est également vrai qu’en
de nombreuses occasions, il semblerait que cet intérêt
semblerait purement récréatif. Il n’est pas étonnant que
les personnages qui finissent par adorer Nyarlathotep
puissent le contacter, quelle que soit sa forme, même si
celle-ci est différente de la précédente ou qu’elle change
à chaque fois. Il n’est pas rare non plus que les pouvoirs
qu’il offre changent régulièrement.
Les cultes de Nyarlathotep qui affrontent les
personnages joueurs sont habituellement des suivants
qui souhaitent par tous les moyens obtenir ce qu’ils sont
venus chercher ou faire. Ils préfèrent le plus souvent
mourir en essayant d’accomplir sa volonté plutôt que
de revenir vers Nyarlathotep les mains vides. On se
demande bien pourquoi…
Il est possible que les personnages rencontrent
Nyarlathotep sans savoir qui il est. Il est même possible
qu’il les aide à un moment donné, même s’ils ne font pas
partie de ses suivants. La raison peut faire partie d’un plan
de Nyarlathotep pour les recontacter ultérieurement,
par exemple parce qu’il s’est rendu compte qu’un groupe
d’initiés du Mythe est en train d’accroître son pouvoir et
qu’il souhaite les avoir de son côté.
p

105
Rhan-tegoth
RHAN-TEGOTH
Je viens, ô Rhan-Tegoth, je viens avec la nourriture. Tu as longtemps attendu, tu as été mal nourri, mais maintenant tu vas
avoir ce qui a été promis. Cela et davantage, car, au lieu d’Orabona, ce sera quelqu’un d’un rang élevé qui a douté de toi. Tu
l’écraseras et le saigneras, lui et tous ses doutes, et tu en deviendras fort. Et à jamais parmi les hommes il restera comme un
mouvement à ta gloire. Rhan-Tegoth, infini et invincible, je suis ton esclave et ton grand prêtre. Tu as faim, et j’y pourvoirai.
J’ai déchiffré le signe et je t’ai conduit en avant. Je te nourrirai de sang, et tu me nourriras de puissance.
Histoire
Celui qui vient du froid.
Il existe autant de sources qui affirment que cet être
répugnant est un dieu que de références qui le présentent
comme un Grand Ancien. Quoi qu’il en soit, il semblerait
qu’il vienne de Yuggoth et qu’il ait été présent sur Terre il y
a trois millions d’années.
Rhan-Tegoth a exercé son influence sur Terre pendant des
centaines d’années, jusqu’à ce que quelqu’un ou quelque
chose (voire lui-même) provoque son enfouissement sous
la glace de l’Alaska. Son histoire nous est d’abord parvenue
sous forme de légende, puis de religion et enfin de culte
composé d’autochtones de la zone.
Vers la fin des années 20, une expédition le découvrit, gelé,
et pensant qu’il s’agissait d’une statue, le céda à un musée.
Cela ne fit que réveiller la faim de cet être étrange. C’est à ce
moment que plusieurs événements inexplicables survinrent :
des décès inexplicables, des évanouissements devant la
statue, etc. Un beau jour, la statue finit par disparaître. Le
musée parla d’un vol, mais peu d’efforts furent entrepris
pour tenter de récupérer ce qui ressemblait fort à une statue
maudite. Il est probable que ce soient les suivants de ce dieu
qui l’aient récupérée ou que des personnes connaissant la
véritable nature de la statue aient tenté de soustraire un tel
être du contact du public.
Quoi qu’il en soit, en plein XXIe siècle, la nature même de
cette statue est toujours inconnue et on ne sait s’il s’agissait
réellement de Rhan-Tegoth en personne ou de l’une de ses
images, ce qui constitue une hypothèse plus probable.
Certains récits semblent indiquer que la statue n’était
qu’une simple représentation du dieu sur Terre, comme cela
pourrait être le cas sur d’autres planètes et, par conséquent,
qu’elle n’était pas le dieu lui-même. Ces mêmes histoires
se rejoignent sur le fait que la statue possédait réellement
tout ou partie du pouvoir de la divinité, et donc qu’elle était
importante pour lui d’une manière ou d’une autre.
106
L’horreur dans le musée
H. P. Lovecraft
Cultes
Ton dieu, tu dois libérer.
On sait qu’il existe encore certains cultes qui adorent cet
étrange dieu et qui ont tenté de retrouver sa statue, au cas
où il s’agirait de la divinité elle-même sous forme gelée.
La tradition consistant à réaliser des sacrifices en son
honneur perdure également.
Certains cultes qui ne pensent pas que la statue soit Rhan-
Tegoth en personne et qui estiment que son véritable corps se
trouve toujours en Alaska ont tenté de le retrouver, mais avec
des résultats assez rares.
Suivants
Présent dans chaque monde.
Hors de la Terre, les Gnoph-Kehs peuvent être sous l’influence
de Rhan-Tegoth. D’autres groupes de suivants peuvent
également être trouvés au sein d’autres espèces.
Influence dans le monde
Tous cherchent la statue.
De nombreux cultes pensent qu’ils doivent trouver la statue
pour que Rhan-Tegoth soit libre à nouveau. C’est par son biais
que ce dieu exerce son influence, bien que l’on ne connaisse
pas ses intentions et que personne ne sache si la statue est
effectivement le dieu lui-même, une partie de lui ou un objet
imprégné de son pouvoir.
Effets de jeu
Tout culte qui suit Rhan-Tegoth a pour objectif de retrouver
la statue qui le représente sur Terre, bien que personne ne
connaisse son but ou la manière de la récupérer.
Il est possible que la divinité elle-même ne se soit jamais
adressée à ses cultistes pour leur demander quoi que ce soit,
mais qu’ils tentent de mener à bien ce qu’ils croient être leur
mission pour leur dieu de manière inconsciente.
Un culte de Rhan-Tegoth qui pense que les personnages
joueurs disposent d’informations sur la statue les affrontera
sans aucun doute.
h

107
Shubniggurath
SHUB-NIGGURATH
Loués soient-ils à jamais, et l’abondance soit au Bouc Noir des Forêts. Iä ! Shub-Niggurath !
Histoire
Mère de toutes les créatures.
Ce dieu apparaît fréquemment dans les ouvrages
d’occultisme sous le nom de « Bouc Noir des Bois aux Mille
Chevreaux » et représente la fertilité et la fécondité, c’est
pourquoi le genre féminin lui est fréquemment attribué.
Shub-Niggurath est l’opposition complète d’Azathoth : si
ce dernier représente la destruction, l’autre est la création.
Cela implique-t-il pour autant qu’ils sont ennemis ou
opposés ? Certaines hypothèses estiment que non, car ils
ont mutuellement besoin l’un de l’autre. L’un ne pourrait pas
exister sans l’autre, et à ce titre ils ne sont non seulement pas
ennemis, mais ils sont même des alliés qui se complètent.
Le nom de Shub-Niggurath apparaît également dans de
nombreux enchantements du Mythe, ce qui fait de ce dieu
l’un des plus connus et vénérés. Bien qu’à l’instar des autres
déités Shub-Niggurath n’ait pas une apparence unique, il est
souvent décrit comme une masse bouillonnante sans forme
définie composée de tentacules noirs, de bouches béantes et
d’appendices qui rappellent de courtes griffes noires.
Le surnom connu de Shub-Niggurath, « la Mère des Mille
Rejetons », lui vient de sa capacité à engendrer d’horribles bêtes
lorsqu’il apparaît au cours des rites et des invocations. Outre
ces entités qu’il sème sur terre partout où il apparaît, il semble
provoquer des changements physiques chez ses plus fervents
serviteurs. Des récits anciens parlent de ces altérations, qui
sont considérées comme des bénédictions de Shub-Niggurath
permettant de bénéficier d’une longévité plus longue et d’un
aspect terrible qui peut rappeler l’image populaire que nous
avons du Diable, sous l’apparence d’un bouc.
Cultes
Dans la profondeur des bois.
Ce dieu a été adoré tout au long de l’Histoire de l’humanité
sous une infinité de noms. La connaissance de son existence
est arrivée aux premiers Hommes, qui ont à leur tour transmis
son adoration de génération en génération. On l’a même
associé à Satan par le biais de la représentation du Cornu.
Pourtant, les seules personnes de la Terre qui peuvent
connaître d’une quelconque manière ses desseins obscurs
sont les druides, qui l’ont adoré pendant des millénaires
108
Le Bouc aux Mille Chevreaux !
Celui qui chuchotait dans les ténèbres
H. P. Lovecraft
et l’ont nommé dans de nombreux rituels sous diverses
formes. Son culte a toujours eu un lien avec les forêts, car ce
sont des terres fertiles où la vie prospère.
Certains humains sont même allés jusqu’à délaisser leur
humanité pour devenir des serviteurs de Shub-Niggurath
après qu’il les a bénis. Ces créatures vivent des milliers
d’années, adoptent de nombreuses formes terribles et
jouissent d’un grand pouvoir.
Suivants
Iä, iä, Shub-Niggurath!
La seule espèce du Mythe connue à servir et adorer ce
dieu de forme exclusive est celle des Sombres Rejetons.
Certains prétendent que les Mi-Go le craignent et l’adorent
également, et il peut en outre exister de petits groupes de
suivants qui le vénèrent dans toutes les espèces.
Influence dans le monde
Présent dans tout ce qui vit.
Si Shub-Niggurath exerce une influence directe sur Terre,
il le fait par le biais de ses représentants, les Sombres
Rejetons. Certains disent que la déesse de la fertilité est
présente en toutes choses et agit en permanence, à chaque
fois qu’une naissance se produit, mais cette affirmation est
sûrement exagérée.
Effets de jeu
Shub-Niggurath est un dieu très puissant, mais également
ambigu. Il est possible de le contacter dans les bois de
manière plus ou moins aisée au moyen d’un rituel d’appel.
Ses intentions ne sont absolument pas claires, ce qui laisse
une bonne liberté d’action au maître du jeu.
Presque tous les enchantements, rituels, etc. qui apparaissent
dans un ouvrage du Mythe contiennent le nom « Shub-
Niggurath » quelque part. Cela est dû au fait qu’il est
nécessaire d’obtenir son approbation dans presque tous les
rituels. Il est très probable que les cultistes nouvellement
initiés sentiront une bouffée d’angoisse les poussant à
mieux le connaître lorsqu’ils seront confrontés à son nom
lors de leur découverte du Mythe.
h

109
Tulzscha
TULZSCHA
Une colonne de feu vert et maladif jaillissant volcaniquement des profondeurs insondables, ne projetant pas
d’ombres comme le ferait une flamme normale et teintant la pierre nitreuse d’un vert-de-gris nauséeux et vénéneux.
Mais de cette combustion grouillante, aucune chaleur n’émanait ; juste la quiétude de la mort et de la corruption.
Histoire
Proche de ce qui meurt.
Peu de Dieux Extérieurs sont connus de l’humanité.
Entre tous, c’est sans aucun doute Tulzscha qui est le
plus déconcertant. Certains affirment qu’il n’est en
réalité qu’une représentation d’Azathoth, tandis que
selon d’autres c’est un dieu cruel totalement différent.
Certains le comparent à la mort elle-même, car certains
ouvrages du Mythe décrivent ce dieu comme une
flamme verte qui génère du froid au lieu du chaud et
qui ne projette pas d’ombre. Dans certains textes, on
peut interpréter que c’est l’une des déités qui danse
autour d’Azathoth.
D’autres récits parlent de la corruption de Tulzscha, une
sorte de virus qui mute chez les créatures et les rend sauvages
et dénuées de sentiments. Certains établissent un lien entre
ces entités surnaturelles violentes et monstrueuses avec un
certain type de zombies. C’est cette corruption qui aboutit
aux Grouillants, des monstres composés de milliers de vers
et de larves qui forment un tout.
Cultes
Corrompt et aliène.
Divers cultes dévoués à ce dieu sont connus, et
beaucoup sont attirés par l’un des pouvoirs offerts
par Tulzscha : la vie éternelle. En revanche, selon
certains, les adorateurs de Tulzscha qui reçoivent ce
don deviennent des Grouillants après leur mort. Ainsi,
il n’est pas rare de pouvoir déduire qu’il existe un culte
consacré à Tulzscha dans les environs lorsque des
rumeurs circulent sur des agissements de Grouillants.
110
Le Festival
H. P. Lovecraft
Suivants
L’immortalité a un prix.
Les Grouillants sont les seuls êtres du Mythe connus qui
suivent Tulzscha de manière dévouée, mais il est possible
qu’il dispose d’autres groupes de suivants parmi n’importe
quelle autre espèce.
Influence dans le monde
Il existe un plan que personne ne peut percer à jour.
Il semblerait que Tulzscha ait un intérêt certain pour les
humains, car de nombreux ouvrages en proposent une
description. Il a en outre offert l’immortalité à de nombreuses
personnes en les changeant en Grouillants. Par contre,
personne ne connaît ses réelles intentions.
Effets de jeu
Tulzscha est un dieu atypique qui n’accorde généralement
pas beaucoup d’attention à ses suivants. Il est probable que
les adorateurs de Tulzscha finissent par être corrompus et
par devenir des Grouillants à ses ordres.
S’il est invoqué, ce dieu apparaîtra sous la forme d’un nuage
gazeux composé de flammes vertes flottant dans les airs qui
émergera d’une crevasse minérale de la Terre. Il ne bougera
pas de son emplacement avant d’avoir entièrement disparu.
Les objectifs de Tulzscha sont loin d’être clairs, mais il est
possible qu’il souhaite simplement former d’autres Grouillants
à son service pour une tâche future. Il serait donc intéressé par
des humains disposés à obtenir cette forme d’immortalité sans
se rendre compte qu’il s’agit d’une malédiction.
Un culte vénérant Tulzscha qui s’oppose aux personnages
joueurs comptera sans aucun doute plusieurs Grouillants
dans ses rangs.
111
Yog-sothoth
YOG-SOTHOTH
Yog-Sothoth connaît la porte. Yog-Sothoth est la porte. Yog-Sothoth est la clef et le gardien de la porte. Le passé, le présent, le
futur, tous sont un en Yog-Sothoth. Il sait où les Anciens ont forcé le passage jadis, et où Ils le forceront de nouveau. Il sait où
Ils ont foulé les champs de la Terre, et où Ils les foulent encore, et pourquoi nul ne peut les voir quand Ils le font.
Histoire
Présent, passé et futur.
De nombreux ouvrages et récits évoquent ce magnifique
Dieu Extérieur et toutes les sources s’accordent à dire
que Yog-Sothoth vit en même temps dans tous les plans
d’existence et tous les temps. Il est le temps lui-même.
Plusieurs fois, il est surnommé « la Porte et la Clef », en
référence aux portails qui permettent de passer d’une réalité
à une autre et aux manières de les emprunter.
Son apparence est assez difficile à comprendre, car les
rares descriptions qui existent de cet être évoquent une
masse informe de bulles iridescentes, fluctuantes, qui
se traversent l’une l’autre et éclatent pour se former à
nouveau. Sa taille est inexacte et dépend du moment,
ce qui peut être une conséquence de son existence
multidimensionnelle. Toutes les descriptions s’accordent
à mentionner le fait qu’il lévite dans les airs.
Certains ufologues initiés au Mythe affirment que les
soucoupes volantes sont probablement des apparitions
de Yog-Sothoth dans notre monde. Certains ouvrages
du Mythe parlent de lui comme du troisième dieu le plus
important du Mythe, après Azathoth et Shub-Niggurath.
Cultes
Voyageurs du temps et de l’espace.
Sur Terre, il existe plusieurs cultes qui adorent cette entité,
car on pense (et certains témoignages viennent confirmer
l’hypothèse) qu’il a permis à ses serviteurs de voyager entre les
plans ou à exister à deux endroits à la fois. En conséquence, ces
cultes invoquent Yog-Sothoth pour qu’il agisse directement
sur Terre lorsque les conditions sont favorables.
Suivants
Un simple toucher te lie à lui.
Yog-Sothoth est capable de créer ses propres suivants en
touchant d’autres races. Il est possible que des humains
touchés par Yog-Sothoth se transforment en un être
monstrueux ou, au contraire, ne changent pas de forme,
mais quoi qu’il arrive, ils ne seront plus jamais les mêmes
et rejoindront les rangs des suivants de Yog-Sothoth.
112
L’Abomination de Dunwich
H. P. Lovecraft
Le plus connu des humains qu’il a transformés est Tawil
al Umr, à son tour vénéré par plusieurs cultes comme
le héraut le plus puissant du dieu. Son apparence est
identique à celle d’un humain et il apparaît drapé dans
un long manteau multicolore élimé, le visage masqué.
On dit que sa tête n’a plus rien d’humain et que son corps
n’est plus vraiment celui d’une personne.
Influence dans le monde
Il est toutes les possibilités.
Il semblerait que Yog-Sothoth ait un intérêt assez
prononcé pour la Terre, car il a déjà été vu en train
d’agir sur notre planète par le biais de Tawil al Umr ou
ses serviteurs. En revanche, comme il s’agit d’un être
qui existe simultanément dans tous les temps et tous les
espaces possibles, il est difficile de savoir quelles sont ses
intentions ou s’il a même déjà atteint ses objectifs.
Effets de jeu
Yog-Sothoth est certainement l’une des déités les plus
difficiles à suivre pour un culte formé par les personnages
joueurs. Il est particulièrement ardu de préparer des
campagnes dans lesquelles ce dieu est la raison de
l’implication des joueurs dans l’histoire, car pour ce Dieu
Extérieur il n’existe pas de distinction entre le passé, le
présent et le futur et l’occurrence des événements n’est pas
nécessairement linéaire pour lui. Bien que cela puisse être
difficile à mettre en œuvre pour le maître du jeu, cela peut
être également très amusant.
Quant à son introduction dans le scénario, il est
possible qu’un groupe ait eu un contact avec Yog-
Sothoth directement, par le biais d’un rituel décrit dans
un ouvrage, et qu’il ait transformé ses membres en ses
suivants, comme ce fut le cas pour Tawil al Umr, mais de
manière moins prononcée.
Les cultes de Yog-Sothoth qui peuvent s’opposer aux
personnages joueurs peuvent faire preuve d’un réel talent
pour être toujours là au bon moment, comme s’ils savaient
à quel instant précis agir. Lorsqu’il semble que le hasard
s’est allié aux ennemis des personnages, c’est peut-être que
le dieu leur permet de contrôler le temps et que la ligne
temporelle ne s’écoule pas identiquement pour eux.
h

113
 Les grands anciens
Plus présents dans notre existence que les Dieux Extérieurs,
ces êtres d’un grand pouvoir sont communément appelés
« Grands Anciens ». Ces créatures étranges et terriblement
puissantes sont réparties aux quatre coins de cet univers
et d’autres. Parmi ceux qui se trouvent dans notre réalité,
certains sont piégés sur Terre et d’autres retenus dans des
lieux de l’espace différents. Malgré la distance ou le fait,
pour certains, d’être prisonniers, il ne fait aucun doute que
Bokrug
la majorité d’entre eux exerce une influence assez directe
sur l’humanité et les autres créatures de l’univers.
BOKRUG
… avaient pour divinité une idole de pierre verte comme la mer, taillée à l’image de Bokrug, le grand lézard aquatique, qu’ils
vénéraient en des danses horribles lorsque la lune, en son plein, était gibbeuse.
Histoire
Le grand lézard aquatique.
Ce Grand Ancien est enfermé dans les Contrées du Rêve,
dans la région de Mnar, près des ruines de Sarnath. Son
aspect est confus, comme c’est le cas pour la majorité
des créatures des rêves. Certains le décrivent comme
un iguane gargantuesque dont la couleur oscille entre
le bleu et le vert. Certaines descriptions affirment qu’il
porte des écailles à la texture métallique et a des yeux
brillants d’un vert tirant sur le jaune. Il aurait également
des tentacules qui lui sortent de la tête et des épines
acérées qui jaillissent partout sur son corps.
Cet étrange Grand Ancien est probablement l’un des
rares à se trouver confiné aux Contrées du Rêve et qui
ne peut exister simultanément en dehors de ces terres.
Cultes
Ses adorateurs rôdent dans les rêves.
Plusieurs cultes de ce Grand Ancien existent dans les
Contrées du Rêve, mais on peut affirmer avec certitude
que le monde réel ne contient aucun culte actif.
Suivants
La loyauté portera ses fruits.
On sait que les Ibites font partie de ses plus fervents suivants,
114
Ce chapitre fournit des informations sur les Grands
Anciens sous le même format que les autres dieux. Ce
n’est pas sans raison qu’ils sont parfois appelés « Faux
Dieux » et qu’ils disposent de leurs propres cultes et
serviteurs. Comme dans le cas précédent, nous omettrons
les caractéristiques des Grands Anciens, car, bien que leur
pouvoir ne puisse rivaliser avec celui des Dieux Extérieurs,
ils restent des créatures dotées d’un pouvoir inimaginable si
on les compare aux humains. Comme précédemment, des
aspects sont proposés pour être utilisés librement lorsque
ces monstres interviennent dans le scénario ou exercent
leur influence de manière directe.
La Malédiction de Sarnath
H. P. Lovecraft
mais ils ont sombré dans l’oubli, entraînant avec eux un
nombre immense de cultes voués à Bokrug.
Influence dans le monde
Ce que savent les rêveurs.
Son influence dans notre monde n’est pas totalement
connue. Il est fort probable que Bokrug ne connaisse
pas l’existence de l’humanité ni de la Terre en dehors
des songes. Ou alors il les connaît, mais n’y accorde
aucun intérêt étant donné que ses adorateurs résident
exclusivement dans les Contrées du Rêve, où il exerce
son influence.
Effets de jeu
Bokrug peut être adoré par presque n’importe quel culte
qui s’oppose aux personnages joueurs dans les Contrées
du Rêve.
Un groupe de personnages joueurs ne devrait choisir
Bokrug comme centre de son culte que s’il s’agit d’un
groupe constitué de rêveurs expérimentés, car la
majorité des tâches que le dieu leur imposera devront
être réalisées dans les Contrées du Rêve.
Il est possible de rencontrer personnellement Bokrug
dans les Contrées du Rêve, ce qui n’augure généralement
rien de bon.
115
Cthulhu
CTHULHU
Elle représentait un monstre à la silhouette, vaguement anthropoïde, avec une tête de pieuvre dont la face n’aurait été qu’une
masse de tentacules, un corps écailleux, d’une grande élasticité, semblait-il, des griffes prodigieuses aux pattes postérieures et
antérieures, de longues et étroites ailes dans le dos. Cette chose, qui paraissait distiller une malignité redoutable et dénaturée,
était d’une corpulence presque boursouflée […]. Elle leur apparut au moment où Elle faisait glisser en tâtonnant Son
immensité verte, gélatineuse, par l’ouverture noire, afin de gagner l’air pollué, sortie de cette cité de poison et de folie.
Histoire
Cthulhu, le plus grand des Grands Anciens.
Certaines sources prétendent que Cthulhu appartient à
une race extraterrestre originaire d’un système en orbite
autour de l’étoile Xoth. Cette espèce avait dominé toutes
les planètes de son système, ainsi que d’autres galaxies.
Cthulhu en était le grand prêtre et le plus puissant de
ses membres. Selon d’autres sources, c’est une créature
unique qui n’appartient à aucune autre espèce, si bien que
son origine dans cette version est totalement inconnue.
Quoi qu’il en soit, Cthulhu est arrivé des étoiles il y a
environ 350 millions d’années avant d’affronter la race
prédominante de la Terre à cette époque : les Anciens.
On ne sait rien des autres forces qui prirent part à cette guerre,
mais on connaît l’issue du conflit : Cthulhu fut enfermé dans
une zone sous-marine de l’océan Pacifique. Plus tard, avec
l’aide des Profonds, il créa la cité de R’lyeh, où il réside encore
aujourd’hui en attendant le jour où la cité émergera des flots
pour le réveiller et dominer à nouveau la Terre.
Certains textes évoquent la lutte entre les Dieux Extérieurs
et les Grands Anciens qui a abouti à la disparition de ces
derniers. Cependant, comme ils ne peuvent mourir, ils ne
furent que confinés et ils attendent le moment, prisonniers,
où ils pourront revenir. Ils nécessitent l’aide d’autres races
comme les humains pour accomplir leur volonté et ainsi
revenir et se venger des Autres Dieux.
En ce sens, on sait que Cthulhu est capable d’envoyer
psychiquement des songes à certains humains préparés et
à ses serviteurs en général. Ces visions, parfois impossibles
à déchiffrer, influencent leur esprit et peuvent devenir des
cauchemars particulièrement réalistes.
Cultes
Dans chaque recoin du monde.
On peut affirmer avec certitude que Cthulhu est le Grand
Ancien qui compte le plus de suivants sur Terre. De nombreux
ouvrages le mentionnent, bien que parfois sous un nom
différent. Le nombre de cultes voués à Cthulhu est supérieur à
la somme de tous les cultes aux autres Grands Anciens réunis.
116
L’Appel de Cthulhu
H. P. Lovecraft
Certains cultes qui lui sont voués remontent aux
prémices de l’humanité, et la représentation de sa tête
garnie de tentacules apparaît dans presque toutes les
cultures d’une manière ou d’une autre. Généralement,
leur intention est de faire revenir Cthulhu à la surface et
d’élever avec lui la cité de R’lyeh, où il repose, mais cela
ne semble pas être l’objectif final.
Suivants
Entre les eaux, les requins ne sont pas les seuls à craindre.
Les Profonds font partie des espèces du Mythe qui suivent
le grand Cthulhu. Leur dévotion est immense, bien que
Cthulhu doive partager la loyauté de cette race sous-marine
avec deux autres Grands Anciens mineurs : Dagon et Hydra.
Influence dans le monde
Je l’ai vu dans mes songes.
Cthulhu est capable d’exercer son influence par le biais
de rêves et de cauchemars, que sa cible soit l’un de ses
suivants ou non, bien que dans la majorité des cas l’esprit
humain ne soit pas capable de comprendre ce que Cthulhu
souhaite lui transmettre.
Effets de jeu
Si les personnages joueurs décident de suivre Cthulhu, il est
probable que ce dernier communique avec eux par le biais
de songes qui devront être interprétés pour comprendre sa
volonté. Il est également probable que le culte des personnages
puisse compter sur l’aide des Profonds et que les personnages
joueurs eux-mêmes soient frappés de dégénérescence et se
transforment progressivement jusqu’à devenir des membres
de cette race sous-marine.
Il est difficile de comprendre ce que Cthulhu ordonne ou
sollicite. S’il est assez clair qu’il souhaite s’échapper de sa
prison, cet objectif n’est pas simple à atteindre, sans compter
que d’autres groupes s’opposent à la résurgence de ce Grand
Ancien et feront tout pour contrecarrer ses plans. Il est même
possible que d’autres suivants de Cthulhu aient compris le
contraire et qu’une lutte intestine s’ensuive.
117
Dagon e
DAGON ET HYDRA
… elle émergea. D’un aspect répugnant, d’une taille aussi imposante que celle de Polyphème, ce gigantesque monstre de
cauchemar s’élança rapidement sur le monolithe, l’étreignit de ses grands bras couverts d’écailles, tandis qu’il inclinait sa
tête hideuse en proférant une sorte d’incantation. […] Je ne peux songer à la haute mer sans revoir, en frémissant, ces êtres

Hydra
sans nom qui nagent et pataugent dans leur lit de vase, adorant leurs vieilles idoles de pierre, gravant leur propre image sur
des obélisques de granit immergé. Mon rêve étrange se poursuit et je vois le jour où ils s’élèveront au-dessus des flots pour
engloutir l’humanité affaiblie par les guerres.

Dagon
H. P. Lovecraft

Histoire Influence dans le monde

Prêtres suprêmes des profondeurs aquatiques.
De nombreux textes en lien avec le Mythe qui évoquent
la race des Profonds (page 149) parlent également de
deux individus assez particuliers de cette espèce : des
Profonds qui peuvent rivaliser en importance avec les
Grands Anciens et qui sont adorés comme des dieux par
les Profonds. Le Mythe identifie ces deux créatures sous le
nom de Père Dagon et Mère Hydra.
Ces deux êtres, à l’instar des autres Profonds, habitent
dans les abîmes marins de la Terre. Ils se différencient
par leur taille gigantesque de plus de six mètres de haut et
l’immense pouvoir qu’ils semblent posséder. Il est possible
qu’ils aient été des Profonds habituels il y a des éons de cela,
mais ils sont aujourd’hui entièrement différents et bien plus
terribles. Ils sont devenus les prêtres suprêmes des leurs et
dirigent leur espèce dans leur adoration au Grand Cthulhu.
Cultes
D’abord Père Dagon et Mère Hydra, ensuite Cthulhu.
Dagon et Hydra sont vénérés par tous ceux qui, d’une
manière ou d’une autre, vont devenir des Profonds. En
revanche, ce ne sont pas des Grands Anciens qui cherchent
à en tirer un bénéfice et, contrairement à ces derniers, leurs
intentions sont assez claires : réveiller et protéger Cthulhu.
Auraient-ils cependant un autre intérêt personnel ?
Suivants
La lignée des Profonds.
Il ne fait aucun doute que chacun des Profonds vénère
Dagon et Hydra et partage un lien particulier avec eux
depuis leur naissance, comme s’ils étaient leurs géniteurs.
Pour certains érudits, Dagon et Hydra sont parmi les
Profonds l’équivalent monstrueux d’Adam et Ève.
Ils sont les parangons de leur race.
Dagon et Hydra n’ont pas l’habitude de rester inactifs dans une
colonie particulière comme les autres Profonds. Contrairement
à eux, ces deux Grands Anciens sont toujours en mouvement
dans la mer, parfois ensemble, parfois chacun de leur côté. Ils
sont focalisés sur leur propre espèce et ne semblent pas très
intéressés par l’aide que pourraient leur fournir les humains
ni par leurs cultes. Par contre, leur obsession avec le retour de
Cthulhu les conduit parfois à recruter de nouveaux humains
pour qu’ils deviennent un jour des Profonds.
Effets de jeu
Dagon et Hydra sont des Grands Anciens aux intentions
assez claires, presque humaines. Les cultes humains qui se
concentrent sur eux partagent leur objectif et, en ce sens,
peuvent être faciles à mettre en scène devant un groupe
de nouveau. Mais il faut garder à l’esprit que le chemin
à parcourir pour atteindre ce but peut être un véritable
galimatias pour l’esprit humain.
Père Dagon et Mère Hydra finissent toujours par
corrompre leurs suivants et les transformer en Profonds
loyaux qui les aident sous l’océan. Cependant, avant que
cela ne se produise il peut leur être utile de disposer
d’agents humains sur la terre ferme, où ils ne peuvent
exercer aucun contrôle et où leurs plus fidèles serviteurs,
les Profonds, ne passent pas inaperçus.
Il est possible de suivre uniquement Dagon ou Hydra et
non les deux à la fois. Bien que les effets de jeu soient
similaires, cette différenciation peut donner lieu à des
éléments narratifs différents. Par exemple, un culte de
Mère Hydra peut être amené à affronter des Profonds
qui suivent Dagon.

118
119
Ghatanothoa
GHATANOTHOA
Mais rien de ce que je pourrais dire ne serait jamais capable de laisser entrevoir la répugnante horreur, impie, non humaine,
extragalactique, et la malfaisance haïssable et indescriptible de ce rejeton interdit du noir chaos et de la nuit éternelle.
Histoire
La force interne de la Terre.
Il est possible que la présence de Ghatanothoa sur Terre
soit exclusivement due au fait que les Mi-Go (page 146)
lui aient fourni une manière d’arriver jusqu’ici, il y a des
éons de cela, car il semble provenir de Yuggoth. Sur Terre,
cet être est longtemps terré dans les anciennes terres de
Mu, dans l’océan Atlantique, avant que ce continent ne
disparaisse. Ghatanothoa y fut piégé et enseveli. Certains
de ses suivants pensent qu’il peut encore émerger, peut-
être grâce à une catastrophe naturelle comme l’éruption
d’un volcan ou un tremblement de terre, mais d’autres
affirment que ce qui le retient sous terre est le même
enchantement ou la même force que dans le cas du
Grand Cthulhu (page 114) et que sa libération ne peut
être accomplie que par le biais du rituel approprié… ou
lorsque les étoiles seront alignées.
Des textes anciens qui évoquent ce Grand Ancien
soulignent que la simple vue de son horrible corps,
formé de masses de tentacules, de gosiers et d’organes
provoquait ce que les habitants de Mu ont appelé « la
malédiction de Ghatanothoa » : un enchantement
provoquant le durcissement progressif de la peau et des
muscles jusqu’à devenir une statue. La victime de cette
malédiction, bien que devenue pierre, restait consciente
et vivante, ce qui la rendait sans aucun doute folle.
Il est également probable que cette faculté si singulière de
Ghatanothoa soit en réalité un sortilège que ses suivants
étaient capables de contrôler pour obtenir des victimes
servant à nourrir le Grand Ancien.
Cultes
Ouvre les yeux et contemple-le.
En raison de la malédiction de Ghatanothoa et de son
enfermement, il est difficile de trouver de nouveaux cultes
consacrés à ce Grand Ancien aujourd’hui, mais il est
possible que des cultes dont la vocation était de le calmer
aient perduré depuis l’Antiquité. Il est également possible
que Ghatanothoa ait offert à ses suivants un moyen d’éviter
sa malédiction ou simplement que ces derniers n’aient pas
d’objections à se transformer en pierre pour leur seigneur,
voire qu’ils voient cela comme une bénédiction.
120
Surgi du fond des siècles
H. P. Lovecraft et Hazel Heald
Suivants
Son pouvoir instille la terreur.
Il est très probable que ses suivants comprennent des Mi-Go
(page 146), car ce furent les premières créatures à l’amener
sur Terre pour une raison inconnue. En revanche, des
textes soutiennent qu’ils n’ont amené ce Grand Ancien sur
notre planète que pour se protéger de lui lorsqu’ils le mirent
au jour lors de fouilles sur Yuggoth, car ils craignaient son
pouvoir. Il est également possible que ses suivants comptent
des Lloigors dans leurs rangs (page 145).
Influence dans le monde
Crains le volcan en éruption.
Ghatanothoa est un Grand Ancien enfermé dans un monde
dans lequel il ne souhaite pas rester, et il se battra pour s’en
réveiller par n’importe quel moyen à sa portée. Il semblerait
qu’au cours des derniers siècles, un certain intérêt pour les
humains soit né chez lui et qu’il commence à s’appuyer
sur des cultes pour échapper à sa prison. Ses mouvements
perpétuels sous terre provoquent des tremblements de terre
à la surface et certains affirment que c’est le signe indéniable
que sa résurgence est proche.
Effets de jeu
Ce Grand Ancien doit agir avec un profond handicap : la
malédiction que sa simple vue implique. Il lui est presque
impossible de se présenter devant ses suivants sans leur
causer des dommages, et il doit agir par des moyens
détournés. Cependant, son intention de se libérer semble
claire, ce qui devrait être facile à comprendre pour ses cultes.
Ce qui est moins évident, en revanche, est de comprendre
quels moyens employer pour atteindre cet objectif et ce qui
se passera une fois qu’il aura abandonné sa prison. Malgré
cela, il peut faire un bon Grand Ancien à vénérer pour des
personnages novices.
Il existe peu de cultes qui suivent Ghatanothoa, mais ceux
qui le font peuvent être très anciens et puissants. Certains
peuvent même savoir comment lancer la malédiction de
Ghatanothoa sans que ce dernier soit présent ou comment
s’en protéger à sa vue. Ses suivants peuvent même savoir
comment provoquer des mouvements sismiques ou vouloir
placer une bombe nucléaire sur la faille de Los Angeles, car
ils pensent que cela le libérera.
a

LA MALÉDICTION DE GHATANOTHOA
Toute personne en présence de ce Grand Ancien doit réussir
un test de Sang-Froid de difficulté 12 (augmentée de 1 à
chaque tour supplémentaire d’exposition) ou perdre autant de
points de la caractéristique Réflexes que le résultat du dé M
sur son jet. Cette perte est immédiate (mais il peut exister des
moyens magiques d’inverser le processus) et si les Réflexes
du personnage deviennent au mieux 0, il est changé en statue
vivante et immortelle, immobile, mais pleinement conscient
de ce qui rôde autour de lui et condamné à vivre pour toujours
une vie consumée par la folie engendrée par l’écoulement
inexorable du temps. Même contempler une représentation à
l’effigie du monstre (tableau, photographie ou statuette) peut
être dangereux : la difficulté initiale du test de Sang-Froid n’est
que de 5 (et augmente de 1 à chaque tour supplémentaire
d’exposition) et en cas d’échec la perte de points de Réflexes est
égale à la valeur m du jet. Quel que soit le cas, si le personnage
a au moins 1 point de Dégénérescence (voir page 27), il ajoute
cette valeur à la perte de points de Réflexes subie.
121
HasturHASTUR
En fait, ils n’ont jamais nui aux hommes délibérément, mais ont été souvent cruellement lésés et espionnés par notre
espèce. Il existe tout un culte secret d’hommes malfaisants (votre érudition ésotérique vous fera comprendre pourquoi je
les rattache à Hastur et au Signe Jaune) dont le seul but est de les capturer et de leur nuire pour le compte de puissances
Histoire
Celui dont le nom ne doit pas être prononcé.
L’histoire de ce Grand Ancien est presque inconnue, et
le peu qu’on en sait est particulièrement déconcertant.
D’un côté, on sait que c’est l’un des êtres les plus puissants
s’étant rendus sur Terre et qu’il est maintenant enfermé
près de l’étoile d’Aldébaran, dans la constellation du
Taureau. On sait également qu’il a été adoré comme
un dieu protecteur par certains peuples isolés de notre
monde qui lui offraient des sacrifices humains, bien qu’il
ne soit pas clair si c’est Hastur qui l’exigeait ou si cette
pratique venait de leur propre initiative.
Étant donné qu’Hastur n’a pas été vu sur Terre depuis
une éternité, il est difficile de connaître ses intentions,
voire sa forme. Cependant, il dispose toujours de suivants
qui soutiennent qu’il est le véritable détenteur de l’espace
intersidéral, quoi que cela veuille dire.
Parmi les mystères qui entourent Hastur, le Signe Jaune
reste une énigme. Ce dernier est passé à la postérité pour
avoir causé de grands maux à tous ceux qui ont pu le voir.
Il provoquerait la cécité, la démence, voire la possession
et le contrôle par Hastur lui-même. Il est possible que ses
suivants aient utilisé ce signe pour faire venir du sang neuf
au culte, mais il est également possible qu’il ne fasse partie
que de la légende d’Hastur, car on ne sait pas avec certitude
la forme qu’il a ni même s’il existe réellement ou s’il fait
partie d’une mascarade élaborée par ses suivants.
Certains récits expliquent qu’Hastur n’est pas le vrai nom de
ce Grand Ancien. C’est la raison pour laquelle on l’appelle
« Hastur l’Innommable », car toute personne qui prononce
son véritable nom peut provoquer sa propre folie, voire la
libération du dieu.
Cultes
Sacrifices au nom du Signe Jaune.
Hastur est l’un des Grands Anciens les plus suivis de la
Terre, malgré la règle implicite qui interdit de prononcer son
véritable nom, et nombreux sont les suivants qui l’évoquent
sous divers surnoms : « Magnum Innominandum »,
« l’Innommable » ou « Celui qui ne doit pas être nommé ».
122
monstrueuses appartenant à d’autres dimensions.
Celui qui chuchotait dans les ténèbres
H. P. Lovecraft
Pour certains, le véritable nom du Grand Ancien est un
mystère dont les clefs restent jalousement gardées par les
prêtres les mieux placés de son culte.
Certains considèrent Hastur comme un protecteur et
sacrifient en son honneur des vies animales et humaines.
Une bonne part de ses fidèles ne le suit que pour obtenir
sa protection. Pour autant, certains suivants de ses hordes
pensent que le ramener sur Terre permettra d’obtenir la
connaissance suffisante pour voyager entre les étoiles. Une
minorité au sein des cultes de ce Grand Ancien cherche à
révéler le secret de son nom et du Signe Jaune dans une quête
constante et dangereuse vers l’inconnu.
Suivants
Personne n’entend le cri poussé dans l’espace.
La seule race servant ce Grand Ancien connue est celle
des êtres volants interstellaires connus sous le nom de
Byakhees. Ces êtres lui rendent probablement visite et
se font ses hérauts dans d’autres mondes, maintenant
qu’Hastur est confiné à un emplacement fixe.
Influence dans le monde
Ses émissaires portent sa parole.
Hastur ne communique pas avec ses suivants humains
sous quelque forme que ce soit qu’ils soient capables de
comprendre, sauf quand il emploie les Byakhees. Mais
peut-être que dans l’espace, les choses sont différentes…
Effets de jeu
Hastur peut être l’un des Grands Anciens les plus
intéressants à choisir pour un culte. Son pouvoir semble
assez important, ses suivants sont certainement puissants,
même si son objectif reste assez obscur à première vue.
En outre, il est possible que la quête du Signe Jaune ou
du véritable nom d’Hastur soit impossible à résoudre.
Mais le dieu cherche à se libérer et il est possible que,
paradoxalement, cela se produise lorsque quelqu’un pourra
se souvenir de son véritable nom. Il est également possible
que la clef pour le libérer n’ait rien à voir avec son nom et
que cela soit un simple jeu de plus de la part d’un Grand
Ancien qui n’a que faire de l’humanité.
123
Tsathoggua
TSATHOGGUA
… et le noir N’kai où la lumière est inconnue. C’est de N’kai qu’est venu le redoutable Tsathoggua – vous savez, l’informe
créature divine semblable au crapaud, dont il est question dans les Manuscrits pnakotiques, le Necronomicon et le cycle
mythique Comoriom sauvegardé par le grand prêtre d’Atlantis, Klarkash-Ton.

Celui qui chuchotait dans les ténèbres

H. P. Lovecraft

Histoire temps reculés. Aujourd’hui, il est très probable que les

La monstruosité boursouflée.
Les descriptions de ce Grand Ancien varient selon les
récits, possiblement parce qu’il peut changer de forme.
En revanche, une grande majorité d’écrits l’évoquent
comme une créature énorme couverte d’un épais pelage
sur tout le corps. Sa tête à l’aspect amphibien a deux
étranges oreilles pointues caractéristiques des chauves-
souris communes. Ses yeux toujours mi-clos et sa large
bouche finissent de brosser l’apparence d’un être insolite.
Les informations à son propos racontent qu’il fut
emprisonné sur Saturne pendant la lutte contre les Dieux
Extérieurs. Selon ces sources, il serait retenu dans ce lieu
sans possibilité de s’échapper. Pourtant, de nombreux
cultes au fil de l’histoire ont affirmé que ce Grand Ancien
réside sur Terre depuis plus de cinq milliards d’années,
tandis que d’autres nuancent ce propos en expliquant qu’il
se serait rendu sur Saturne il y a quatre milliards d’années.
Cultes
Vénéré par les sorciers et lanceurs de sorts solitaires.
Aujourd’hui, il est rare de trouver des cultes à ce Grand
Ancien au sein de l’humanité, principalement parce
que personne ne sait s’il est puissant ou non et s’il est
présent sur Terre ou non. Ajoutés au peu d’intérêt qu’il
accorde à l’avenir de l’humanité, ses cultes s’en trouvent
en conséquence bien rares. Paradoxalement, c’est un
dieu que suivent beaucoup de sorciers et lanceurs de
sorts solitaires en quête de puissance personnelle, car il
semblerait que Tsathoggua récompense régulièrement
ses suivants avec des enchantements puissants.
Suivants
Sa suite reptilienne est en déclin.
On pense que plusieurs groupes de créatures ont vénéré
ce Grand Ancien, comme les Hommes-Serpents en des
Hommes-Serpents lui rendent un culte, mais il n’est pas à
exclure que certains groupes divergeant de ces créatures
le fassent également.
Influence dans le monde
Grognements incompréhensibles.
Son influence sur Terre est rare et possiblement réduite
aux pouvoirs qu’il confère à ses suivants. Il ne semble
pas accorder d’intérêt aux événements actuels, mais il
est également possible que ses objectifs ne soient pas
perceptibles dans notre monde.
Effets de jeu
Ce Grand Ancien n’a pas d’objectif clair, et un culte
qui le vénère se retrouvera habituellement désemparé
quant aux objectifs à accomplir, bien qu’en contrepartie
ils bénéficieront d’une plus grande liberté pour choisir
leur voie. Pour autant, Tsathoggua semble apprécier
les efforts de ses cultes et cela peut l’inciter à offrir de
grands pouvoirs à ses suivants.
Il est probable que les cultes qui suivent Tsathoggua
pensent qu’il se trouve sur Terre et se battent avec tout
ce qu’ils ont pour le retrouver. En outre, ces cultes
peuvent être assez puissants en ce qui concerne les
enchantements et les connaissances et certains seront des
cultes réellement anciens. Il faut garder à l’esprit qu’ils
contiendront également des personnes individuelles qui
vénèrent ce Grand Ancien et qui peuvent avoir réussi à
prolonger leur vie pendant des siècles grâce à des sorts
appris par le biais de Tsathoggua. Certains d’entre eux
sont forcément dégénérés après autant d’années et auront
sûrement perdu toute once d’humanité, ce qui fait d’eux
des ennemis dangereux et difficiles à battre.

124
a

125
Yig YIG
Histoire
Père des Serpents.
Ce Grand Ancien est arrivé sur Terre il y a 300 millions
d’années. Grâce à lui, les reptiles prospérèrent jusqu’à
devenir l’une des espèces les plus répandues et dangereuses
de toute la faune terrestre. Et parmi toutes les espèces de
reptiles, une race plus intelligente que les autres émergea :
les Hommes-Serpents (page 141).
Des milliers d’années plus tard, même les humains
commencèrent à vénérer ce dieu qu’ils appelèrent
Quetzalcóatl, le « serpent à plumes ». Son apparence
peut être assimilée à celle d’un homme aux grandes
proportions au corps couvert d’écailles, à la tête de
serpent et des yeux de reptile pénétrants, bien que
certains le décrivent comme un immense serpent
formé des corps entrelacés de centaines de reptiles. En
revanche, rares sont ceux qui ont vu ce Grand Ancien et
ont été capables de comprendre ce qu’ils contemplaient,
et son véritable aspect est donc difficile à préciser.
Cultes
Dans les profondeurs de la jungle, des lieux restent à explorer,
empreints de mystères et de dangers.
Yig est adoré dans des régions très précises de notre planète,
comme la jungle amazonienne ou les lieux où abondent les
serpents. On dit qu’il apparaît régulièrement en ces lieux,
vraisemblablement parce que son culte est très actif dans
certaines zones, où l’on conduit constamment des sacrifices
et rituels pour l’invoquer. Lorsque Yig fait acte de présence,
il est entouré de serpents indigènes à la région marqués du
symbole de Yig (un croissant de lune blanc).
Certaines sources mentionnent qu’il s’est battu aux côtés
de Cthulhu et lui attribuent le même destin : rester
attaché, enfermé ou emprisonné sur Terre, dans la jungle
amazonienne dans le cas de Yig. Selon cette version, il
exercerait son pouvoir depuis sa prison, mais ne serait
jamais apparu devant ses suivants en raison de sa captivité.
On peut en déduire que lorsque ses suivants le réclament,
il fait apparaître l’un de ses avatars, toujours différent : un
126
La légende de Yig, Père des Serpents, cessa d’être un symbole.
Celui qui chuchotait dans les ténèbres
H. P. Lovecraft
Homme-Serpent imprégné de son pouvoir, d’autres créatures
monstrueuses créées par le pouvoir de ses songes, etc. Cela
pourrait expliquer les différentes versions de son apparence.
Suivants
Sssshhhhsshhssshhhsssshhhh.
Les Hommes-Serpents sont sans aucun doute ses
serviteurs les plus zélés. Il est possible qu’ils soient de
la même race que Yig et que ce dernier ne soit que le
plus puissant d’entre eux, comme c’est le cas pour les
Profonds et Dagon et Hydra (page 116). Quoi qu’il en
soit, les Hommes-Serpents adorent Yig avec une ferveur
fanatique. Selon la croyance populaire, les serpents
communs de la Terre sont également ses suivants, ou Yig
a au moins la capacité de les influencer facilement.
Influence dans le monde
Et Ève mangea la pomme, comme le Serpent lui
avait demandé.
Yig n’accorde que peu d’intérêt pour l’avenir de la Terre,
mais, à l’instar des autres Grands Anciens, il supporte mal
la captivité et cherche à exercer sa vengeance sur les Dieux
Extérieurs. Sa quête de liberté et son désir de contrecarrer
les plans des autres dieux constituent les objectifs les plus
clairs que les humains puissent lui attribuer.
Effets de jeu
Les cultes tribaux de n’importe quelle jungle du monde
constituent de bons candidats pour être des adorateurs de
Yig. Il n’est pas rare non plus qu’un culte qui se rend dans
l’une de ces jungles puisse s’approcher de ce Grand Ancien
ou de l’un de ses nombreux cultes. Loin de ces lieux, les cultes
urbains peuvent choisir le serpent comme symbole en raison
de son image du Diable dans l’histoire du jardin d’Eden.
Il faut garder à l’esprit que les Hommes-Serpents peuvent
servir de hérauts de Yig et peuvent être déguisés en
humains normaux dans n’importe quel lieu du monde
grâce à leur sortilège de Dissimulation (voir page 192).
127
 CRÉATURES DU MYTHE EN JEU
Ces créatures n’appartiennent pas à notre monde tel que nous
le concevons, car la plupart de leurs capacités dépassent ce que
nous sommes en mesure de comprendre normalement. La
majorité ont des compétences d’arcanes, mais fonctionnent de
manière légèrement différente que dans le cas de personnages
humains (voir page 184). Une créature du Mythe ne subira
jamais de perte de points de Stabilité Mentale suite à l’utilisation
de ces compétences (elle n’a pas d’attributs de jeu), car pour elle,
utiliser ces pouvoirs est aussi courant que pour un humain
tirer au pistolet, courir ou jouer du violon. En outre, elles ne
subissent évidemment pas non plus de Dégénérescence en
raison de leur nature inhumaine. Elles n’ont pas d’attributs Sang-
Froid, car elles font partie de l’univers surnaturel du Mythe et
sont conscientes de leur propre existence et de celle des êtres
déjà présentés. C’est également la raison pour laquelle leurs
compétences en lien avec les connaissances sont généralement
des compétences de . Les connaissances qui gouvernent ces
créatures font habituellement partie du Mythe et seules celles
qui ont un contact régulier avec la civilisation humaine ont des
compétences de .
Beaucoup de ces créatures n’ont pas de mains ou d’extrémités
leur permettant de tenir une arme de distance. Même si elles
lancent un objet ou le laissent tomber depuis une certaine
hauteur, ces attaques sont considérées comme dépendant de la
force physique et toutes ne bénéficient pas de bonus de dégâts à
distance. Les dégâts de corps-à-corps fonctionnent de manière
normale, tout comme les attaques. Dans ce dernier cas, afin
de faciliter l’effort du maître du jeu, nous indiquons à côté du
nom de l’attaque la somme des Réflexes et de , utilisée pour
résoudre le test de l’attaque correspondante, ainsi que les dégâts
générés en cas de succès de l’attaque, bonus de dégâts inclus.
Enfin, chaque créature dispose d’un type d’exposition à la
terreur qui survient en conséquence de sa vue. La difficulté
standard du niveau d’exposition et la perte de points de Stabilité
Mentale en cas de succès et d’échec au test sont indiquées entre
parenthèses, séparées par une barre oblique. C’est la perte
normale due à la vue d’un seul individu de l’espèce concernée,
mais la difficulté peut être abaissée, tout comme le niveau
d’exposition (par exemple, en passant de panique à peur)
si seule une partie est vue, si la créature est aperçue dans la
pénombre, et ainsi de suite. Au contraire, si au lieu d’un seul
individu un personnage est confronté à un groupe, plutôt que
de faire un test pour chacun d’eux un seul est réalisé à un niveau
d’exposition supérieure (par exemple, au niveau « Peur » au lieu
de « Stupeur »). Dans le cas malheureux où un personnage
se trouverait confronté à un seul individu, mais d’une grande
puissance ou présence, la difficulté augmente d’un niveau
(en passant par exemple de moyenne à difficile), mais c’est
en revanche la perte de points de Stabilité Mentale du niveau
d’exposition indiqué qui est appliquée.
128
Créatures du mythe
Bien plus proches de nous que nous le croyons, une
quantité incalculable d’êtres extraterrestres venant
d’autres univers coexistent avec l’humanité. Ces êtres
n’ont pas encore été classifiés, mais, en majorité, il
s’agit d’entités supérieures à nous, tant du point de vue
technologique que de la compréhension de la Vérité.
Ces espèces accomplissent généralement les desseins des
Grands Anciens et des Autres Dieux.
Le bestiaire que nous proposons comprend les sections
suivantes, en plus d’une description sommaire :
Motivation : Il est difficile de traduire en termes
humains les motivations des entités du Mythe, mais
nous proposons quelques idées dans cette section. Ces
exemples ne sont qu’une proposition et ne doivent en
rien brider l’imagination et la liberté du maître du jeu.
Comportement : Ces créatures ont tendance à se
comporter d’une certaine manière en présence
d’humains, certaines avec agressivité, d’autres avec
couardise. Elles ne vont pas systématiquement
s’exprimer par grognements et attaques frontales, car
la plupart sont douées d’intelligence. Cette section
propose la réaction possible des membres de chaque
espèce, mais cela ne veut pas dire qu’un individu ne va
pas avoir une réaction inattendue, contraire à ce qui
est décrit. Gardez également à l’esprit que nous autres
humains ne comprenons pas nécessairement ces êtres,
bien que nous essayions souvent de rationaliser et
d’humaniser leur comportement.
Effets de jeu : Enfin, cette section aidera un maître du
jeu à comprendre comment utiliser ces créatures dans
le cadre d’une histoire de Cultes Innommables.
Après ces sections, vous trouverez les valeurs des
caractéristiques de chaque créature. Elles doivent être
considérées comme des valeurs moyennes pour l’espèce.
Un spécimen particulier peut s’éloigner de deux ou trois
points de cette moyenne pour représenter la variété d’une
espèce. L’aspect de la créature est également décrit, mais il
peut également évoluer selon les individus. En principe,
ces êtres n’ont pas de faits marquants, mais le maître du
jeu peut souhaiter personnaliser des individus concrets
qui seront amenés à jouer un rôle important dans la
campagne en ajoutant un ou deux faits marquants. Ces
entités n’ont pas de Sang-Froid ou de Stabilité Mentale :
ils n’en ont pas besoin, car ils sont bien mieux adaptés
que les humains pour accepter la Vérité. Évidemment,
ils n’ont pas non plus de Dégénérescence (voir page 222).
MAIGRE BÊTE DE LA NUIT
Ces créatures de la nuit sont de grandes
bêtes à la peau caoutchouteuse et huileuse
d’un noir profond, et leurs ailes ressemblant à
celles de chauve-souris leur permettent de voler
sans émettre le moindre son. Elles disposent en
outre d’une queue effilée armée d’un aiguillon pour
attaquer et se défendre. Plantées sur leur tête, des
cornes courbes et proéminentes encadrent un
vide obscur et inquiétant. Leurs membres sont
de longs tentacules. Elles résident principalement
dans des lieux reculés et solitaires des Contrées du Rêve,
et on sait qu’elles sont capables de passer du monde réel
à d’autres dimensions, sûrement par le biais de sorts qu’elles
lancent plutôt la nuit. Elles ne semblent pas particulièrement
intelligentes, mais on pense qu’elles communiquent avec
d’autres entités du Mythe, comme les goules, avec lesquelles elles
entretiennent des rapports.
Il est possible que certaines légendes du Moyen Âge qui
évoquent des démons s’inspirent d’apparitions de ces créatures
et que certaines des statues de cette période de l’Histoire, comme
les gargouilles, aient été créées en s’inspirant d’elles.

Motivation
Ces créatures servent principalement Nodens et
accomplissent sa volonté, quelle qu’elle soit. Les autres
créatures du Mythe les craignent et les respectent malgré
leur puissance relativement faible. En effet, elles sont
incroyablement déterminées et il semble qu’elles ne sont pas FORCE 5 Maigre
douées de raison, ce qui fait qu’elles accompliront ce qui leur RÉFLEXES 5 Silencieuse
a été demandé sans que rien d’autre leur importe. Plusieurs VOLONTÉ 3 Muette
affrontements ont été signalés avec ces entités surnaturelles INTELLECT 1 Ne réfléchit pas
au cours desquels leur défaite n’a eu guère d’autres effets que
COMPÉTENCES
de retarder l’échéance, avant que d’autres Maigres Bêtes de la
Nuit n’apparaissent pour atteindre leur objectif. 7 Vol silencieux
8 Saisir et tenir
Comportement 1 Communication rudimentaire
Généralement, elles sont irrationnelles et agressives envers 7 Instinct de prédateur
les humains. Pour attaquer, elles se reposent sur leur 9 Ne faire qu’un avec l’obscurité
dextérité et leur discrétion pour désarmer leurs victimes 4 Savoirs oniriques
avant de les immobiliser à l’aide de leur queue. Elles peuvent Ne faire qu’un avec l’obscurité : Les Maigres Bêtes de la
attaquer en essaim, mais sont normalement solitaires. Nuit sont extrêmement discrètes, au point d’être presque
imperceptibles si elles le souhaitent, tant qu’elles ne sont
Effets de jeu pas exposées à la lumière directe. Cette capacité affecte
Il est tout à fait possible de tomber sur des Maigres non seulement la vue, mais également les autres sens
Bêtes de la Nuit dans les Contrées du Rêve, mais moins et elles peuvent, si elles le souhaitent, se déplacer sans
souvent dans le monde réel. Si Nodens est impliqué dans émettre le moindre son ni odeur, et devenir perceptibles
ce que cherchent les personnages joueurs, ces créatures ou imperceptibles à volonté. Lorsqu’elles ont recours à
surnaturelles leur rendront visite tôt ou tard. Il est même cette capacité, considérez qu’elles utilisent une compétence
possible que le Dieu Extérieur se serve de ces créatures d’arcanes mineure, avec les conséquences que cela implique
pour évaluer la force du culte. sur la perte de Stabilité Mentale des personnes qui assistent
En revanche, il est possible de créer un lien avec ces entités à la scène (voir page 189).
par le biais d’enchantements et de parvenir à les contrôler et Endurance : 6
à leur donner des ordres. Elles peuvent ainsi constituer un Résistance : 18 (RD 1 Peau caoutchouteuse)
excellent atout pour un culte, bien qu’elles soient des armes Défense : 18
à double tranchant : il est difficile de savoir ce que pensent Initiative : 5
réellement ces horribles créatures sans visage et il ne fait Bonus de dégâts au corps-à-corps : +3
aucun doute qu’elles pourront se retourner contre celui qui a Attaque : Queue effilée +13 (M+3).
cherché à les contrôler. Exposition à la terreur : Panique (difficile, C/CM).
Concept : Horreur ailée
129
 ANCIENS
Le premier élément qu’il convient d’expliquer en ce qui
concerne les Anciens est que, comme leur nom l’indique,
il s’agit de l’une des espèces les plus archaïques que l’on
connaisse, mais également de l’une des plus merveilleuses
du Mythe. De nombreux récits évoquent cette race en la
décrivant comme des êtres venus des étoiles qui ont choisi
la Terre comme lieu où prospérer après s’être rendus sur de
nombreux mondes. Leur forme ressemble à un tonneau de
près de deux mètres de haut duquel sortent des membres
depuis les flancs, ainsi que plusieurs tentacules inférieurs et
d’immenses ailes membraneuses de grande taille.
On dit que ces créatures étaient douées d’une intelligence
incroyable qui leur a permis, entre autres, de créer les
Shoggoths (voir page 154) pour en faire leurs esclaves.
Elles ont en outre été capables de s’adapter aux régions
les plus froides et arides de la planète, et même de fonder
des colonies sous-marines. Certains ouvrages du Mythe
mentionnent qu’elles communiquaient par une sorte de
sifflement et qu’elles possédaient leurs propres culture
et sculptures. Ces vestiges de leur civilisation peuvent
toujours être mis au jour en certains lieux de la Terre. Il
ne fait aucun doute qu’ils constituent une découverte sans
précédent pour les humains qui comprennent ce qu’ils ont
trouvé et qui savent que nous ne sommes pas les premiers
habitants intelligents de la Terre.
En revanche, la majorité des sources n’a pas trouvé de fin
très glorieuse pour les Anciens, car ils entrèrent en guerre
contre d’autres races comme les Mi-Go (page 146) et durent
faire face à une rébellion de leurs propres Shoggoths. Ces
événements précipitèrent la chute de leur civilisation, car
il leur fut impossible de s’enfuir par-delà les étoiles.
130
Certains textes racontent que les Anciens auraient engendré
par erreur ce qui deviendra plus tard l’humanité. Pour
certains, cet accident est en revanche un indice indiquant
que ces créatures avaient un plan pour revenir un jour
d’une manière ou d’une autre, car tout au long de leur
histoire elles ont toujours conduit des expériences dans
toutes les branches des sciences, et il est possible qu’elles
aient découvert comment transférer leur esprit d’un corps
à un autre, notamment à travers le temps et l’espace. Ainsi,
une partie de la légende concernant ces entités spatiales
indique qu’elles ne sont pas éteintes et qu’elles n’ont fait que
passer à un autre corps, peut-être celui d’une autre race du
Mythe, voire à travers le temps chez un humain. Personne
ne sait si cela est vrai ou non.
Motivation
Leurs principaux moteurs sont la survie et la connaissance.
Ce ne sont pas des créatures dangereuses au sens physique
du terme, et ils ne souhaitent rien de plus que leur survie,
car si leur race n’est pas éteinte, elle en est très proche : s’il
existe des Anciens au XXIe siècle, ils sont bien cachés. Leur
curiosité scientifique peut se révéler très dangereuse pour les
humains, car ils pourraient décider de les étudier, telles des
souris de laboratoire, et les Anciens sont le genre de créature
à vouloir poursuivre leurs recherches coûte que coûte.
Comportement
Ils sont en général fuyants, quoiqu’ils puissent se révéler
curieux. S’ils se sentent menacés, ils emploieront leur
technologie propre pour se défendre, comme des appareils
électrochimiques ou des armes à énergie.
Effets de jeu
Les Anciens sont une espèce presque éteinte sur Terre,
et tomber sur l’un d’entre eux devrait être un événement
exceptionnel au sein d’une campagne. Il est possible
que l’une de leurs cités sous-marines existe toujours, car
ces créatures sont douées d’une longévité extrême et un
survivant seul suffit à repeupler entièrement une colonie,
étant donné qu’ils se reproduisent par spores. Malgré cela,
leur présence serait un fait remarquable.
En outre, comme le temps et l’espace peuvent se révéler
particulièrement fluctuants dans le Mythe, il est
toujours possible de tomber sur des Anciens par le biais
de portails temporels.
Concept : Membre d’une civilisation éteinte
FORCE 13 Robuste
RÉFLEXES 6 Comment peut-il bouger si vite ?
VOLONTÉ 3 Soif de création
INTELLECT 5 Incompréhensible
COMPÉTENCES
3 Voler lentement
6 Arme à énergie
5 Coup de tentacule
5 Communication par sifflements
3 Vision nocturne
2 Se cacher maladroitement
6 Détenteur de la Vérité
Détenteur de la Vérité : Les connaissances des Anciens
sont immenses et en grande partie fermées à l’humanité.
Entre autres, ils ont une connaissance d’accomplissements
ARAIGNÉE DE LENG
Sur le Plateau de Leng, dans les
Contrées du Rêve, résident des
créatures dangereuses nommées
Araignées de Leng. Elles sont similaires
à celles de la Terre, mais d’une taille
monstrueuse pouvant dépasser le
gabarit d’une voiture. Leurs pattes sont
longues et velues et leur corps bouffi.
Quoi qu’on puisse en penser à leur vue,
elles sont plutôt intelligentes, et elles
peuvent être amenées à coopérer, mais
restent également très territoriales et
agressives au point de s’entre-dévorer.
Aucune preuve n’indique qu’elles ont
été vues en dehors des Contrées du
Rêve, et elles résident normalement
sur le Plateau de Leng.
Motivation
Du peu qu’on sait d’elles, les Araignées
de Leng adorent une sorte de déesse-
araignée de taille improbable. Cette
créature pourrait se trouver dans le
monde réel et, si l’on en croit les rumeurs,
être la mère de toutes les araignées.
Mais tout cela n’est probablement que
les élucubrations d’un voyageur des
Contrées du Rêve qui a essayé de traiter
avec des spécimens de cette espèce.
Après tout, il serait possible que ces
créatures ne disposent de rien de plus
qu’eux seuls étaient capables de faire dont la plus obscène
est la création des Shoggoths, et cette compétence leur
permet de communiquer, gérer et dominer ces créatures, ce
qui n’est pas une tâche facile.
Endurance : 14
Résistance : 42 (RD 5 Peau dure)
Défense : 17
Initiative : 8
Bonus de dégâts : +4/+1
Attaque : Tentacule +11 (C+4), Arme à énergie +12
(mM+1).
Exposition à la terreur : Peur (moyenne, m/M).
que leur instinct primaire de survie et de puis en la lâchant quelque part sur
territorialité, malgré leur intelligence : Terre, pourquoi pas dans le cadre d’un
leur seule motivation semble être de rituel majeur destiné à un dieu ou
procréer et d’agrandir leur territoire. pour détruire leurs ennemis.
Pour cela, elles repoussent toujours
Concept : Arachnide géant
plus loin les frontières du Plateau de
Leng, tant à la surface que par le biais de FORCE 11 Capable de détruire
tunnels souterrains. un humain
RÉFLEXES 5 Aussi agile que sa
taille le permet
Comportement
VOLONTÉ 4 Cruelle
Les Araignées de Leng sont
INTELLECT 3 Astucieuse
extrêmement agressives sur leur
COMPÉTENCES
territoire, où elles tissent leurs toiles
et veillent sur leurs rejetons. Certaines 8 Escalader
sources affirment qu’elles gardent de 8 Tisser
grands secrets dans leurs tunnels, mais 6 Aiguillon empoisonné
comme il n’est guère aisé d’obtenir quoi 5 Sens du chasseur
que ce soit d’elles, peu de témoignages 7 Prédateur silencieux
viennent étoffer cette hypothèse.
Endurance : 13
Résistance : 39 (RD 5 Carapace
Effets de jeu chitineuse)
Le Plateau de Leng est un lieu Défense: 18
intéressant où emporter le culte des Initiative : 6
personnages joueurs. Ce lieu est Bonus de dégâts au corps-à-corps : +4
pratiquement le seul où ces Araignées Attaque : Aiguillon empoisonné +11
peuvent être trouvées. (M+4 et empoisonné : difficulté 15,
m/M).
Il est également possible qu’un culte
ait reçu pour mission de ramener Exposition à la terreur : Stupeur
(moyenne, 1/m).
dans le monde réel un spécimen de
ces Araignées, d’abord en la capturant,
131
 BÊTE LUNAIRE
Ces créatures habitent dans les Contrées du Rêve, bien Concept : Esclavagiste interplanétaire
qu’il soit avéré qu’elles fréquentent également d’autres
FORCE 5 Mutable et glissante
planètes, notamment la Lune de notre système solaire,
RÉFLEXES 3 Petits pas
où elles peuvent passer des jours entiers sans bouger,
VOLONTÉ 3 Sadique
laissant la poussière lunaire s’accumuler sur leur peau.
INTELLECT 4 Plus évoluée
Cette étrange espèce rappelle vaguement un crapaud,
mais d’une taille se rapprochant de celle d’un chat, et elles COMPÉTENCES
peuvent modifier leur taille à volonté jusqu’à devenir 5 Adaptation à la gravité lunaire
aussi grandes qu’un cheval. Leur corps est couvert de 4 Lance
protubérances verruqueuses et une série de tentacules 4 Donner des ordres
sort de leur tête pour leur servir d’organes sensoriels. 4 Renifler
Selon les archives classées de la NASA, les astronautes 5 Se cacher
de la mission Apolo 12 et 14 ont constaté que d’étranges 5 Torturer
roches sur la surface lunaire semblaient bouger. Les 6 Sagesse lunaire
initiés au Mythe estiment qu’il aurait pu s’agir de Bêtes 4 Corps lunaire
Lunaires couvertes d’une épaisse couche de poussière. Corps lunaire : Les Bêtes Lunaires sont capables de
changer de taille et de forme à volonté en réussissant un
Motivation test facile sous cette compétence. Elles peuvent augmenter
Ces créatures semblent être plus actives dans les Contrées la valeur de leur Force et réduire celle de leurs Réflexes ou
du Rêve que dans tout autre environnement. Elles vivent augmenter celle de leurs Réflexes et réduire celle de leur
du commerce d’esclaves avec d’autres espèces tout en s’en Force. La quantité de points à ajouter et soustraire est égale
servant pour leurs propres desseins. Les Hommes de Leng au résultat du dé mineur.
forment le gros de leurs propres esclaves, mais leurs rangs Endurance: 6
comptent également des humains. En outre, elles aiment Résistance: 18 (les attaques par arme à feu n’infligent que
torturer leurs esclaves et se repaître de leurs souffrances. m dégâts)
Il est avéré qu’elles œuvrent pour Nyarlathotep en échange Défense: 13
de faveurs concrètes. Initiative : 5
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +2/+1
Comportement Attaque : Lance +7 (M+2).
Les Bêtes Lunaires se servent des Hommes de Leng Exposition à la terreur : Peur (moyenne, m/M).
pour qu’ils se battent pour leur compte, car elles ne
sont pas particulièrement adroites pour le combat. En
revanche, comme elles peuvent changer de taille, leurs
capacités peuvent augmenter et devenir particulièrement
dangereuses pour les humains, par exemple.

Effets de jeu
Il est possible que des Bêtes Lunaires
apparaissent sur certaines
photographies de la Lune prises
par la NASA. Dans les Contrées
du Rêve, elles peuvent tenter
de capturer les personnages
joueurs pour les réduire
en esclavage et les vendre.
Elles peuvent également
détenir un esclave que
les personnages joueurs
doivent libérer, et ils
devront alors
traiter avec ces
répugnantes
créatures.

132
BYAKHEE
Cette race extraterrestre a une morphologie vaguement enchantement les utilisent généralement comme monture
humaine, même si elle n’a aucun trait humain, ce qui lui confère pour voyager à travers la planète et l’espace (mais un
un aspect particulièrement terrifiant. Ils ont de grandes ailes humain ne sera pas capable de survivre dans l’espace sans
qui leur permettent de voler dans l’espace, une tête tubulaire la protection d’un sortilège). Ils l’utilisent aussi comme
garnie de dents acérées, et des membres inférieurs similaires arme, quoique toujours en prenant soin de ne pas se
à ceux d’un homme adulte, mais dont les extrémités sont des trouver dans les parages lorsque la créature se libère du
serres au lieu de doigts. Leur aspect, lorsque leurs ailes sont sort qui la contrôle.
déployées, est encore plus effrayant. Concept : Messager d’Hastur
Les Byakhees communiquent entre eux par une langue FORCE 6 Peut porter un humain
composée de grognements, sifflements et claquements, RÉFLEXES 4 Sauts maladroits
ce qui semble indiquer que ce sont des créatures VOLONTÉ 3 N’obéit qu’à son maître
intelligentes. Leur présence a été aperçue dans notre INTELLECT 3 Aucune prise de décision
monde de manière occasionnelle, bien qu’elle soit
généralement associée à un rituel d’invocation, et on COMPÉTENCES
ignore s’ils possèdent une colonie sur Terre. 7 Vol
2 Se déplacer dans des lieux clos
Motivation 5 Piqûre mortelle
4 Glapissement assourdissant
Ils apparaissent généralement lorsqu’Hastur est invoqué 4 Patrouille aérienne
afin d’accomplir sa volonté à travers l’espace. 4 Immobile comme une statue
3 Connaît ses maîtres
Comportement
Endurance : 7
Les Byakhees apparaissent normalement en groupe et
Résistance: 21 (RD 2 Peau chitineuse)
agissent de manière violente. Ils n’aiment pas qu’on tente de Défense : 16
les contrôler et semblent mépriser les humains. Initiative : 5
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +2
Effet de jeu Attaque : Bec +9 (C+2).
Ceux qui sont capables de lier ces créatures par un Exposition à la terreur : Peur (moyenne, m/M).

133
 DHOLE
Ces créatures souterraines ont la forme d’immenses vers de Initiative : 4
terre dont la taille peut aller d’une dizaine à une centaine de
Projectile de bave acide : Un personnage qui se trouve
mètres. Leur bouche énorme garnie de dents acérées leur
sur la trajectoire d’un jet de bave acide doit faire un test
sert à engloutir tout ce qui se trouve sur leur chemin. En
en opposition sous Réflexes plus contre l’attaque du
outre, elles sont capables de cracher une bave acide sur de
Dhole pour éviter d’être englouti sous une montagne de
longues distances.
bave acide. En cas d’échec, il subit un dégât mCM et doit
Les Dholes ne se déplacent que la nuit ou dans l’obscurité et faire un test d’asphyxie (voir page 49) jusqu’à réussir à se
se laissent observer à la surface de la terre uniquement sur les sortir de ce mauvais pas ou périr.
planètes qu’ils contrôlent entièrement. Pour autant, cela ne
Avaler en une bouchée : Un personnage englouti par un
veut pas dire que la lumière peut les blesser, mais simplement
Dhole meurt automatiquement.
qu’ils n’aiment pas s’exposer à la vue de tous à moins d’être
sûrs d’avoir établi un contrôle total sur un monde. Exposition à la terreur : Panique (difficile C/CM).

Motivation
Il est peu probable que ces bêtes extraterrestres soient
capables de communiquer de manière intelligente, et leurs
motivations se limitent vraisemblablement à la survie ou
à des considérations trop extraterrestres pour que nous
les comprenions. Les Dholes se déplacent généralement
à l’instinct, bien qu’ils puissent être contrôlés par d’autres
entités intelligentes par le biais de sortilèges.

Comportement
Ils ont tendance à dévaster les planètes sur lesquelles ils
se trouvent en creusant des tunnels et provoquant la mort
de toutes les créatures qui s’y trouvent. Ce sont des bêtes
dangereuses et indomptables possédant une capacité de
destruction démesurée, et la plupart des dégâts qu’ils
causent sont des dommages collatéraux dus à leurs
excavations et tunnels.

Effets de jeu
Il est peu probable que ces terribles bêtes se
trouvent sur Terre, car elles provoqueraient des
ravages parmi les populations et les villes, voire
sur les continents entiers. Pourtant, plusieurs
rumeurs et histoires circulent et racontent que
des Dholes dorment dans les profondeurs,
attendant le moment d’être réveillés. Si cela se
produisait, l’un de ces monstres constituerait
une terrible menace à affronter.
Ils sont probablement plus présents sur d’autres
planètes, et si un portail magique emporte
le culte des personnages sur un monde
extraterrestre, ils pourraient y trouver un Dhole.
Les Contrées du Rêve abritent une espèce identique
à ces créatures qui possède globalement les mêmes
caractéristiques. Elles peuvent constituer un danger
pour les rêveurs, mais, comme c’est souvent le cas,
elles sont connues sous un autre nom dans ce monde.
Concept : Ver fouisseur rôdant dans les tunnels obscurs
Proposer des caractéristiques pour un Dhole n’a pas
beaucoup de sens étant donnée sa taille monstrueuse. Il
pourrait en revanche avoir les valeurs suivantes :
8 Percevoir des créatures insignifiantes
15 Projectile de bave acide
15 Avaler en une bouchée
134
CHAT DE SATURNE
Les Chats de Saturne sont des êtres à la silhouette
globalement similaire aux chats de la Terre, mais ils sont
plus grands et formés de fils de couleurs brillantes qui
s’entremêlent avec leur chair. Leurs yeux sont de plusieurs
couleurs éclatantes et leur tête a un aspect légèrement
mécanique, comme si des engrenages étaient superposés
à la peau. Leur queue est souple et couverte de pièces
métalliques. Ils peuvent avoir un nombre variable de pattes,
mais en ont généralement entre deux et cinq.
Les membres de cette espèce luttent contre les chats
terrestres et semblent sentir une terreur absolue envers
eux. Certains textes indiquent que les Chats de Saturne
accompagnent les Bêtes Lunaires (page 130), sans pour
autant être leurs animaux domestiques.

Motivation
Les Chats de Saturne ne semblent pas avoir de motivation
particulière. Ils se révèlent dangereux s’ils sont menacés,
mais sont inoffensifs la plupart du temps.

Comportement
Ils semblent fuir devant toute rencontre inattendue et
se regrouper en petites meutes pour se défendre. S’ils se
sentent menacés ou acculés, ils attaqueront sans hésiter.

Effets de jeu
Les personnages peuvent facilement tomber sur ces créatures
dans les Contrées du Rêve. Un membre de cette
espèce peut « adopter » les personnages et les
aider ou les plonger dans le péril, selon son
humeur. Si un Chat de Saturne détecte chez les
personnages joueurs l’odeur d’un chat de la Terre
(par exemple, si l’un d’eux en possède un comme
animal domestique), il se sentira menacé et pourra
attaquer le groupe.
Concept : Félin énigmatique
FORCE 5 De la taille d’une panthère
RÉFLEXES 4 Un peu plus lent qu’un chat
INTELLECT 2 Intelligence presque humaine
VOLONTÉ 5 Énigmatique
COMPÉTENCES
6 Mouvements félins
5 Coup de griffe
4 Semble miauler
8 Tous les sens
7 Déplacement silencieux
7 Déteste les chats
2 Savoir d’au-delà les étoiles
Endurance : 6
Résistance : 18 (RD 1 Pelage)
Défense : 15
Initiative : 6
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +2
Attaque : Coup de griffe +9 (M+2).
Exposition à la terreur : Stupeur (moyenne, 1/m).

135
 GNOPH-KEH
Ces énormes créatures résident dans les zones les plus gelées de la
Terre, bien que ce ne soit pas la seule planète qu’ils habitent. Leur
espèce est en net déclin et compte toujours moins de spécimens,
principalement en raison de leurs difficultés de reproduction.
On les associe généralement à Rhan-Tegoth, ainsi qu’à
d’autres déités en lien avec le froid, mais il est difficile de
déterminer si ces créatures ne sont que des instruments de
ces dieux ou s’ils ont suffisamment d’intelligence pour avoir
développé leurs propres croyances et pratiques religieuses.
À première vue, les Gnoph-Kehs peuvent passer pour de
simples bêtes qui agissent par instinct plutôt que par intellect,
mais les opinions divergent à ce sujet.
Ils sont grands comme un ours polaire et couverts d’un pelage
blanc, et leur aspect rappelle vaguement un gorille. Ils ont trois
paires de pattes et, bien qu’ils soient capables de se hisser sur leurs
membres inférieurs, ils courent généralement sur toutes leurs
pattes, ce qui leur permet d’atteindre de grandes vitesses. Au
beau milieu de leur tête monstrueuse se dresse une corne
torsadée, ainsi que de chaque côté de leur gueule. La
corne principale peut être utilisée comme ingrédient
dans certains sortilèges ou un rituel.
Les habitants humains du Pôle Nord qui
ont eu la malchance de croiser leur
chemin régulièrement ont tenté de
les apaiser en leur offrant
des sacrifices ou
136
de grandes quantités de nourriture pour éviter d’être eux-mêmes
ajoutés au menu. Cette pratique pourrait conduire à penser que
ces tribus adoraient les Gnoph-Kehs, alors qu’il s’agit plutôt d’un
échange pour éviter une mort certaine. Il est possible que certaines
observations de cette espèce soient à l’origine de la légende du Yéti.
Motivation
En définitive, bien qu’elles soient extraterrestres, ces
créatures agissent fondamentalement par instinct. Étant
une espèce solitaire et en voie d’extinction, il est habituel
qu’elles fuient les autres animaux, à moins qu’elles soient
affamées et qu’elles doivent chasser, auquel cas elles se
montrent particulièrement agressives.
Comportement
S’ils ont faim, ils attaquent en exploitant toutes les ressources
dont ils disposent, de leur capacité à geler tout ce qui se
trouve autour d’eux à leurs énormes griffes et corps.
Effets de jeu
En raison de leur habitat particulier et de leur rareté, il ne
devrait pas être évident de tomber sur l’un d’entre eux. Une
rencontre se produira inévitablement dans les zones les plus
reculées du Pôle Nord et constituera un véritable défi pour
une expédition de cultistes. Qui sait, peut-être que l’objectif
de l’expédition est précisément de trouver un Gnoph-Keh
pour obtenir leur corne centrale. Aucune forme de contrôle
n’est connue, et il sera donc peu probable que d’autres cultes
se servent d’eux, quoiqu’il ne faille pas exclure l’option.
Concept : Habitant de la toundra
FORCE 11 Charge mortelle
RÉFLEXES 4 Très rapide
VOLONTÉ 8 Impressionnant
INTELLECT 2 Nombreuses ressources
COMPÉTENCES
7 Courir sur six pattes
6 Coup de corne et de
griffes
6 Odorat
8 Se camoufler dans la
neige
4 Le savoir de
Rhan-Tegoth
10 Provoquer un blizzard
Provoquer un blizzard : Le Gnoph-Keh est
capable de réduire la température d’une
zone et de provoquer des rafales de vent
glacé. Cette capacité fonctionne comme un
sort offensif. Évidemment, le Gnoph-Keh est
immunisé au froid.
Endurance : 15
Résistance : 45 (RD 3 Pelage)
Défense : 16
Initiative : 5
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +4
Attaque : Coup de corne +10 (M+4).
Exposition à la terreur : Stupeur (moyenne, 1/m).
GRANDE RACE DE YITH
Personne ne sait quelle était la forme originale En outre, il va sans dire que se souvenir avoir occupé un
de la Grande Race de Yith (ou Yithiens) ni quelle corps extraterrestre en un lieu et temps différents peut
sera la suivante. Cette espèce est capable d’occuper se révéler particulièrement perturbant pour l’esprit.
physiquement le corps d’autres entités, au sein
desquelles elle migre en masse pour survivre. Cette Motivation
migration peut se produire non seulement à travers On pense que la principale motivation de la Grande
l’espace, mais également à travers le temps. Cette Race est l’étude de l’Histoire. Elle pourrait constituer
capacité permet à un membre de cette espèce d’occuper la raison pour laquelle cette espèce a développé cette
un corps, interchangeant son esprit avec celui de son capacité d’échange mental avec des créatures d’un autre
amphitryon. Ainsi, l’esprit de ce dernier reste enfermé temps et d’une autre planète : pour étudier des périodes
dans le corps que le Yithien occupe à ce moment. de temps particulières.
La forme qu’occupent actuellement les Yithiens est
celle des êtres qui ont vécu sur Terre il y a 400 millions
d’années : un corps d’une forme conique d’environ trois
mètres de hauteur. Une série de membres tentaculaires
jaillissent de la partie supérieure, couronnée d’organes
sensoriels et préhensiles. Ces derniers ont la forme
de pinces et servent également d’organe langagier ; la
Grande Race de Yith s’en sert pour communiquer
par claquements. Sans membres inférieurs pour les
mouvoir, les Yithiens se déplacent en contractant
et étendant la partie inférieure de leur corps, se
traînant comme des limaces.
En revanche, cette version de la Grande Race de
Yith que connaissent les cultistes a été presque
exterminée par d’autres espèces du Mythe il y a
des siècles, en conséquence de quoi les Yithiens
entamèrent une nouvelle migration psychique.
Transportée dans une autre espèce et époque, cette
Nouvelle Grande Race poursuit son étrange cycle
vital, apparemment loin de notre siècle. D’autres sources
indiquent que les humains pourraient être cette nouvelle
espèce, impliquant que la Nouvelle Grande Race est
parmi nous. Selon d’autres sources encore, ce serait
des insectes géants qui auraient été choisis. Il est
également possible que la forme originelle de la
Grande Race ne soit pas du tout éteinte et que
certains membres qui auraient décidé de ne
pas se projeter mentalement soient toujours
dissimulés sur Terre.
Les esprits des créatures qui sont
amenées à occuper les corps que
la Grande Race laisse derrière elle
sont traités avec déférence par les
Yithiens qui sont restés. Comme s’ils
étaient leurs invités, ils les laissent
sociabiliser avec la Grande Race et
partager leurs expériences. Peu importe
ce qu’ils apprennent des Yithiens, car
si l’échange est temporaire et qu’elles
retournent à leur corps originel,
une partie du processus d’échange
se charge d’effacer leur conscience
pendant un temps, afin que les
secrets de la Grande Race restent
protégés. En revanche, ce processus
d’effacement n’est ni permanent, ni
totalement fiable, et certains récits
humains évoquent ces expériences,
parfois sous couvert de kidnapping.
137
 Comportement COMPÉTENCES
Aujourd’hui, il est très difficile de trouver un membre 3 Ne se déplacer que lorsque c’est nécessaire
de la Grande Race dans son corps conique, mais ce n’est 6 Arme lance-rayons
pas non plus impossible. Il est en revanche toujours 7 Yeux qui voient tout
plus simple de tomber sur un Yithien occupant un 4 Passer pour un humain
corps humain. Dans ce dernier cas, et malgré la volonté 10 Bibliothèque de connaissances
de l’entité de passer inaperçu, les proches de la victime 7 Pénétrer l’esprit
pourront noter des changements étranges et inquiétants 7 Voyager par-delà le temps
dans le comportement de « l’humain ». Les proches Pénétrer l’esprit : Cette compétence permet
du propriétaire original du corps occupé peuvent en d’interchanger son corps avec celui d’un autre. Elle
arriver à être obsédés par l’idée que quelque chose a fonctionne comme le pouvoir « Changer d’hôte » (voir
supplanté le corps de leur ami ou du membre de leur le chapitre « Magie » page 184). Elle permet en outre de
famille et finir par souffrir du trouble mental connu lire l’esprit d’êtres inférieurs (c’est-à-dire qu’eux-mêmes
sous le nom de syndrome de Capgras. Le membre de considèrent comme inférieurs).
la Grande Race prendra soin du corps qu’il occupe et
évitera de l’exposer à des risques ou de commettre des Voyager par-delà le temps : Les membres de la
imprudences, car si son corps meurt il n’aura pas la Grande Race peuvent se déplacer dans le temps aussi
possibilité de se projeter dans une autre enveloppe ou naturellement que dans l’espace, mais, dans ce cas,
de revenir à celle qu’il occupait précédemment, et son ils ne se déplacent pas physiquement. Ils ne font que
esprit mourra avec le corps. projeter leur conscience jusqu’à trouver une entité
adéquate avec laquelle échanger leur corps. S’ils n’en
Effets de jeu trouvent pas, ils ne peuvent que se limiter à observer
le passé ou l’avenir, car ils n’auraient aucun moyen
Tomber sur un membre de la Grande Race de Yith dans
d’interagir. Mais qui sait, peut-être sont-ils capables
sa forme conique doit être exceptionnel, et surtout un
de se servir de cette capacité pour communiquer par
moment particulier. Même dans le cadre du Mythe, c’est
le biais d’Internet ?
un événement extraordinaire, peut-être l’objectif d’une
campagne ou son point d’orgue. Il est plus probable d’en Endurance : 17
rencontrer un dans le corps d’un humain, voire qu’il Résistance : 51 (RD 4 Armure de peau)
se produise un échange d’esprit entre un personnage Défense : 13
joueur et un membre de la Grande Race. Initiative : 5
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +5/+1
D’autre part, l’idée que ces créatures ont pu développer
Attaque : Pinces +8 (C+5), Arme lance-rayons +8
la capacité de transférer leur esprit dans le corps d’autrui
(mCM+1).
peut constituer un point intéressant de l’enquête d’un
Exposition à la terreur : Peur (moyenne, m/M).
culte souhaitant trouver le moyen de se déplacer
psychiquement à travers l’espace et le temps.
En outre, si le maître du jeu souhaite introduire de
nouveaux membres de cette espèce dans de nouveaux
corps, il peut développer la Nouvelle Grande Race à sa
convenance à l’aide des règles de création de créatures
du Mythe (page 242), pourquoi pas en prenant en
compte le fait que certains récits indiquent que les
Yithiens ont projeté leur esprit dans le corps de
créatures ressemblant à des coléoptères.
Malgré leur rareté, les membres de la Grande Race
dans leur corps conique peuvent constituer le centre
d’intérêt d’un culte qui souhaite en savoir plus sur la
technologie très avancée de cette espèce et absorber
les connaissances sur le Mythe que ces créatures ont
accumulées au cours de leurs voyages psychiques.
Concept : Voyageur de l’espace et du temps
FORCE 15 On l’appelle la GRANDE race pour une
bonne raison*
RÉFLEXES 2 Déplacements maladroits*
VOLONTÉ 4 Condescendant envers les races
inférieures
INTELLECT 7 Au-delà de la conception humaine
* Sous forme conique. Lorsqu’ils contrôlent le corps d’une autre
espèce, ils ont la même valeur et les mêmes traits de Force et
Réflexes que le corps occupé.

138
GUG
Ces terribles créatures vivent dans les Contrées du Rêve, conséquence de repousser ces créatures dans les coins les
bien qu’elles soient venues sur Terre plusieurs fois en plus reculés des souterrains des Contrées du Rêve.
empruntant les chemins qui convergent entre les deux
mondes. Elles font près de six mètres de haut et ont une Motivation
silhouette grotesque, semblable à celle d’un ours, mais avec
Les Gugs célèbrent des rituels pour plusieurs déités du
quelques particularités intéressantes. Leur tête a une gueule
Mythe, le plus souvent à des Grands Anciens comme
disposée à la verticale et leurs bras se divisent en deux avant-
Bokrug (page 112), ce qui en fait la race que ces dieux sont
bras puissants, ce qui leur confère quatre pattes griffues.
le plus susceptibles d’écouter.
Leur pelage négligé et crasseux ne cache généralement pas
le sang séché des victimes qu’ils attrapent et dévorent.
Comportement
Ils n’émettent aucun son et semblent communiquer par
Très agressifs, ils attaquent les membres d’autres espèces
gestes faciaux. Ils sont clairement intelligents et mènent des
en les séparant dans les Contrées du Rêve. Leurs victimes
rituels grotesques au cours desquels abondent les sacrifices
finissent dévorées ou dans les rituels d’apaisement des
d’autres habitants des Contrées du Rêve. Selon certaines
dieux. Ils ne poursuivent généralement pas leurs proies
sources, la nature odieuse de ces pratiques a eu pour
hors de leur territoire et ne se laissent pas approcher
lorsqu’ils sont sur Terre.

Effets de jeu
Ces créatures peuvent faire l’objet d’une rencontre périlleuse au
cours d’une aventure dans les Contrées du Rêve, mais le maître
du jeu doit garder à l’esprit que les Gugs sont physiquement
très dangereux et que la rencontre peut être fatale pour les
personnages joueurs. Avec un peu de chance, ils pourraient
simplement vouloir les capturer en vue d’une offrande à
leur dieu, ce qui laissera le temps d’en apprendre plus sur ces
créatures et leur monde souterrain avant de s’enfuir.
Concept : Titan destructeur
FORCE 19 Gigantesque
RÉFLEXES 3 Plusieurs pattes griffues
VOLONTÉ 3 Agressif
INTELLECT 3 Loin d’être idiot
COMPÉTENCES
5 Déplacer son corps imposant
5 Dévorer
3 Gesticuler
4 Regard myope
4 N’émet aucun son
2 Connaissances interdites
Dévorer : Grâce à cette compétence, le Gug
peut effectuer une attaque supplémentaire à
chaque tour sans aucune limitation.
Endurance : 20
Résistance : 60 (RD 5 Cuir très dur)
Défense : 13
Initiative : 4
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +6
Attaque : Patte griffue +8 (M+6).
Exposition à la terreur : Peur
(moyenne, m/M).

139
 GOULE
Les Goules sont des créatures humanoïdes dont les joueurs cherchent à obtenir. Ils devront alors trouver un
membres se terminent par des griffes et dont la tête a des moyen de gagner leur confiance… ou les écraser par la force.
traits canins. Presque entièrement glabres, la couleur de
Concept : Nécrophage grotesque
leur peau couverte de poussière et de moisissure et leurs
traits morbides font penser à des morts-vivants. Bien que FORCE 5 Ressemble à un mort-vivant
certaines soient capables de parler une langue humaine, RÉFLEXES 4 Lorsque l’on remarque leur présence, il
elles communiquent entre elles par un langage basé sur les est déjà trop tard
gémissements et les gargouillements. VOLONTÉ 3 Puanteur fétide
INTELLECT 3 Agressive par défense
Les goules vivent habituellement entre les Contrées du Rêve
et la Terre, occupant des tunnels qui relient les deux mondes. COMPÉTENCES
Ces souterrains débouchent le plus souvent sur les cimetières 4 Courir dans les tunnels
les plus anciens de notre planète. C’est là qu’elles trouvent leur 5 Coup de griffes
aliment de prédilection : la chair des morts. 2 Capacité à parler
Certains récits du Mythe évoquent des humains ayant 5 Voir dans l’obscurité
vécu avec ces horribles créatures et qui sont parvenus à 6 Silencieux comme la mort
comprendre que leurs gémissements et gargouillements 4 Entretient ses connaissances
sont une forme de communication compréhensible et, 4 Accueillir de nouveaux membres
en conséquence, que ces répugnantes créatures sont 3 Créature de la crypte
intelligentes et connaissent des pouvoirs arcaniques. En Accueillir de nouveaux membres : Les Goules ne sont
contrepartie, une certaine tendance à la dégénérescence se pas nécessairement hostiles, mais passer trop de temps
produit à leur contact, jusqu’à devenir l’une des leurs. parmi elles peut changer une personne jusqu’à ce qu’elle
se transforme en Goule. En termes de jeu, une personne
Motivation qui passe du temps en leur compagnie doit faire chaque
Ces créatures ne semblent pas suivre de dieu ou de Grand semaine un test de Stabilité Mentale en opposition avec
Ancien particulier. Il est connu qu’elles ont pu aider d’autres cette compétence d’arcanes de la Goule, qui bénéficie d’un
races dans une quête qui nécessitait de passer des Contrées bonus de +1 chaque semaine supplémentaire. Chaque fois
du Rêve à la Terre et vice-versa, mais elles ne sont liées à que le personnage échoue à ce test, il subit un point de
personne en particulier. Dégénérescence.

Comportement
Malgré ce que l’on pourrait croire, les Goules préfèrent
consommer de la chair fraîche, mais la chair morte est souvent
plus facile à obtenir. En outre, certaines ont une préférence pour
la chair teintée d’une manière ou d’une autre du pouvoir du
Mythe, ce qui fait des cultistes leur péché mignon. Il est fort
probable qu’une rencontre aboutisse à un combat si elles
sentent qu’elles peuvent croquer les personnages sans trop
de risques (par exemple, si elles sont en forte supériorité
numérique) ou si elles sont trop affamées.

Effets de jeu
Les Goules peuvent se révéler être de bons alliés comme
des ennemis redoutables et peuvent passer de l’un à l’autre
au fil d’une même campagne. Comme elles vivent entre deux
mondes, il est facile de les rencontrer dans les lieux les plus
obscurs et ténébreux de chaque monde.
En tant qu’alliées, elles peuvent fournir aux
cultistes un nouveau groupe de soutien,
un contact avec accès à des informations
surnaturelles ou une source de connaissance
et de pouvoir mineur à suivre jusqu’à être prêt à
rejoindre des maîtres plus puissants.
En tant qu’ennemis, elles peuvent devenir une menace sur
les voies entre la Terre et les Contrées du Rêve, où elles se
déplacent avec beaucoup plus de facilité que les personnages.
Elles peuvent également rechercher des alliances avec des
ennemis du culte, voire protéger un secret que les personnages
140
Créature de la crypte : Les Goules peuvent s’alimenter de Endurance : 6
cadavres pour regagner de l’énergie. Elles peuvent consommer Résistance : 18
de la chair morte et récupérer un point de Résistance par tour Défense : 14
passé à manger. Le nombre de points pouvant être récupérés Initiative : 5
ainsi dépend de l’état du cadavre : le maximum est la Force
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +2
du défunt s’il s’agit d’une personne décédée récemment
(quelques heures au plus), mais cette valeur tombe à la moitié Attaque : Griffes +9 (C+2).
de la Force si la mort remonte à plus de temps. À la discrétion Exposition à la terreur : Stupeur (moyenne, 1/m), Peur
du maître du jeu, des macchabées très vieux ne permettent de si la Goule était déjà connue alors qu’elle était humaine
récupérer qu’un seul point de Résistance. (moyenne, m/M).

HÉMOPHORE
Ces petites créatures peuvent être trouvées dans les chemins
des Contrées du Rêve, où elles guettent prudemment les
voyageurs avant de les attaquer. On leur connaît de nombreux
noms, mais le terme le plus employé est « Hémophores », car
ils se nourrissent principalement de sang. Leur aspect rappelle
vaguement un batracien déformé, mais de la taille d’un
petit enfant. Leurs membres se terminent par des pattes
palmées et leur peau est visqueuse, d’un aspect maladif
et translucide. Leur large gueule s’ouvre tel un piège et
leurs trois yeux sont froids et inexpressifs.
Prudents et farouches, ils peuvent être inoffensifs, mais
se révéler dangereux malgré leur petite taille, car ils
sont capables d’absorber en peu de temps l’intégralité
du sang d’un humain. Le sang qu’ils consomment les
fait gonfler tels des ballons jusqu’à la digestion complète,
et il leur est difficile de se déplacer après un bon repas.
Telles des pies maléfiques, ils sont très attirés par les objets
brillants, qu’ils tentent de voler pour les conserver dans leurs
tanières, qui seraient donc remplies de trésors.

Motivation FORCE 1 Petite taille

Le besoin de se nourrir est leur premier moteur ; pour tout RÉFLEXES 6 Étonnamment rapide
le reste, ils tentent de passer inaperçus. Leur intérêt pour les VOLONTÉ 6 Ne s’avoue jamais vaincu
objets brillants les pousse à voler ou attaquer les voyageurs, INTELLECT 2 Agit par instinct
mais systématiquement en prenant le moins de risques COMPÉTENCES
possible. Ils ne semblent pas avoir de préoccupation plus 4 Sautiller
importante que celles d’un animal courant, ni être capables 5 Sucer le sang
de dominer quelque forme de langage que ce soit, bien qu’ils 8 Détecter une proie
restent très malins et astucieux. 12 Passer inaperçu

Comportement Sucer le sang : L’Hémophore récupère un point de

Résistance pour chaque point de dégâts infligé lors d’une
Ils suivent leur proie silencieusement, attendant une
morsure, pour un maximum de trois par tour.
situation qui leur donnera un avantage qu’ils pourront
exploiter. Ils attendent généralement la nuit ou un Endurance : 4
moment où leur victime ne sera pas attentive. Une fois que Résistance : 12
l’occasion se présente, ils attaquent leur proie en essayant Défense : 16
de la surprendre et pomper son sang. Après ce festin, ils Initiative : 7
inspectent les possessions du malheureux à la recherche Bonus de dégâts au corps-à-corps : +1
d’un objet de valeur ou simplement brillant. Attaque : Morsure +11 (m+1).
Exposition à la terreur : Stupeur (moyenne, 1/m).
Effets de jeu
Il est possible de tomber sur un Hémophore lors de
n’importe quel trajet dans les Contrées du Rêve.
Concept : Sangsue affamée

141
 HOMME DE LENG
Cette race originaire des Contrées du Rêve est actuellement Défense : 13
réduite en esclavage par les Bêtes Lunaires (page 130). Initiative : 5
L’une des principales utilisations qu’elles font de ce peuple Bonus de dégâts au corps-à-corps : +2/+1
consiste à servir d’intermédiaire dans le commerce avec Attaque : Lance +8 (M+2).
les populations humaines des Contrées du Rêve, car les Exposition à la terreur : Inquiétude (facile, 0/1).
Hommes de Leng peuvent passer pour humains dans
Concept : Prêtre des Bêtes Lunaires
certaines circonstances. Effectivement, ces créatures ont
l’air humaines, bien que leurs pattes aient un aspect caprin FORCE 2 Faible
et se terminent par des sabots, tandis que leur tête est RÉFLEXES 3 Précis
ornée de deux cornes et leur bouche, trop large. Malgré VOLONTÉ 4 Discipliné
ces différences grotesques, un bon déguisement peut faire INTELLECT 4 Astucieux
passer un Homme de Leng pour un humain relativement
facilement (par exemple, en dissimulant les cornes sous un
turban et les pattes sous une toge).

Motivation
Ils ont reçu les Bêtes Lunaires comme des dieux et ont fini
en esclavage. Les Bêtes Lunaires dévorent chaque Homme
de Leng qui s’oppose à eux, et il n’y a plus de révoltes. Les
motivations de ces esclaves consistent à obéir aux ordres
des Bêtes Lunaires et survivre, mais il est possible qu’au
fond, ils cherchent également de l’aide pour les détruire.

Comportement
Généralement, leurs ordres sont de passer inaperçus et de
ne pas créer de vagues avec d’autres races. Mais ils peuvent
souvent se battre, notamment avec les Araignées de Leng,
avec qui la rivalité se perd dans la nuit des temps. Ils
combattront également ceux que les Bêtes Lunaires
leur ordonnent de tuer.

Effets de jeu
Tenter de trouver et de traiter avec des Bêtes
Lunaires se fera presque systématiquement par le
biais d’Hommes de Leng. Les Bêtes Lunaires sont
parvenues à leur faire faire leur sale boulot, et un
culte qui les gêne devra certainement les affronter.
Il est également possible qu’un groupe
d’Hommes de Leng sollicite l’aide d’un culte
pour qu’il les aide à échapper à leur esclavage,
peut-être en échange de connaissances, de secrets
détenus par les Bêtes Lunaires ou en proposant
de les guider dans les Contrées du Rêve.
Concept : Soldat des Bêtes Lunaires
FORCE 4 Robuste
RÉFLEXES 4 Formé au combat
VOLONTÉ 2 Dégénéré
INTELLECT 2 Ne réfléchit pas, obéit
COMPÉTENCES
3 Monter la garde
4 Lance
3 Intimider
2 Déplacement silencieux
4 Instruction sévère
3 Connaissance de Leng
Endurance : 5
Résistance : 15 (RD 3 Armure légère)

142
COMPÉTENCES
2 Esquiver les coups
5 Commercer
3 Scruter
5 Connaissance de Leng
5 Appeler une Bête Lunaire
4 Malédiction de Leng
Appeler une Bête Lunaire : Les prêtres de Leng peuvent
appeler les Bêtes Lunaires et tenter de communiquer avec
elles. Cette compétence leur permet également de les tenir à
distance afin qu’elles n’entreprennent pas d’action agressive
contre le prêtre, mais en aucun cas elle ne permet de les
contrôler ou de leur donner des ordres.
Malédiction de Leng : Les capacités magiques des prêtres
de Leng incluent des sortilèges offensifs qui déforment le
corps de la victime, provoquant de douloureuses plaies
et lacérations (les Bêtes Lunaires sont immunisées à cette
magie). Elles comprennent également des rituels destinés à
créer des objets, comme les dagues de Leng (voir « Dague
de Leng » au chapitre « Magie ») ou réaliser de dangereuses
invocations. Ce sortilège permet également de convoquer,
voire tenter de lier des Araignées de Leng, mais aucun
prêtre de Leng qui tient un tant soit peu à sa vie ne ferait
une chose pareille.
HOMME SERPENT
Ces créatures étonnamment anciennes sont apparues sur
Terre il y a 300 millions d’années. Certains écrits mentionnent
que le Grand Ancien Yig est leur géniteur, tandis que d’autres
indiquent simplement qu’il est le « Père de tous les serpents »,
ce qui inclut évidemment les Hommes-Serpents.
Ces créatures ont l’aspect de serpents dressés ayant des bras et
des jambes. Sous certains aspects, ils ressemblent à des lézards
géants se déplaçant sur deux pattes. Leur corps est entièrement
recouvert d’écailles et leur tête est clairement ophidienne :
langue bifide, absence d’oreilles, etc. Ils sont capables de
percevoir le spectre infrarouge et utilisent leur langue pour
capter les odeurs et suivre une piste. Malgré ces caractéristiques
reptiliennes, ils ont le sang chaud. En outre, ils sont nombreux
à être venimeux et peuvent cracher ou inoculer leur venin.
On dit que les membres de cette race sont intelligents
et qu’ils ont créé une civilisation riche, ont étudié
profondément la sorcellerie et l’alchimie, tout en étant
entièrement dévoués au dieu Yig, à qui ils offrent leurs
sacrifices et dont ils s’efforcent de suivre les desseins.
En revanche, l’Histoire rapporte d’autres détails concernant
cette espèce particulièrement sinistres. Par exemple, on dit
qu’un schisme a eu lieu dans leur société lorsque certains
Hommes-Serpents décidèrent de suivre Tsathoggua après
avoir découvert des autels en son honneur. Un conflit
armé interne éclata et fit tellement couler le sang qu’à la
fin, les hérétiques furent presque entièrement éliminés.
Les rares survivants furent exilés, maudits par Yig et se
changèrent peu à peu en vulgaires serpents. Certaines
légendes circulant chez les Hommes-Serpents racontent
que certains réussirent tout de même à échapper à la
malédiction et continuent d’adorer Tsathoggua en secret.
Endurance : 4
Résistance : 12
Défense : 10
Initiative : 5
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +1/+0
Attaque : Sans arme +5 (m+1).
Exposition à la terreur : Inquiétude (facile, 0/1).
Concept : Serviteur des Bêtes Lunairess
FORCE 3 Insensible à la fatigue
RÉFLEXES 3 Mouvements mécaniques
VOLONTÉ 1 Vit pour servir
INTELLECT 2 Simple
COMPÉTENCES
3 Travail exténuant
2 Se protéger
4 Servir ses maîtres
3 Surveiller
2 Calmer son maître
3 Connaissance de Leng
Endurance : 3
Résistance : 9
Défense : 11
Initiative : 4
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +1/+0
Attaque : Sans arme +5 (m+1).
Exposition à la terreur : Inquiétude (facile, 0/1).
On raconte également que les Hommes-Serpents furent les
maîtres et seigneurs de la Terre il y a des milliers d’années
de cela, jusqu’à l’arrivée des mammifères et de l’Homme
en particulier. Ils furent alors décimés et leur civilisation
oubliée ne dut sa survie qu’en se cachant des Hommes. La
plupart des survivants trouvèrent refuge dans des grottes,
jungles et autres refuges naturels éloignés de la civilisation
humaine, mais d’autres préférèrent se cacher au vu et au su
de tous, utilisant une forme de sorcellerie pour apparaître
sous un aspect humain et vivre parmi eux. Ainsi, ils
pourraient préparer le retour triomphal de leur espèce et
récupérer le pouvoir qui leur revient.
Leurs contacts avec les humains du monde moderne ont
prouvé qu’il existe au moins quatre types d’Hommes-
Serpents, mais il pourrait bien en exister davantage. La
première de ces catégories est constituée d’Hommes-
Serpents dissimulés. Ce sont ceux qui vivent parmi les
humains. Ce sont de grands sorciers de plusieurs milliers
d’années qui peuvent être bien placés dans la société
actuelle et dont le seul désir est la vengeance. Les théories
conspirationnistes les appellent les « reptiliens ».
Ensuite, on trouve les Hommes-Serpents dégénérés,
qui vivent dans le monde souterrain et ont perdu leurs
capacités il y a des milliers d’années. Certains ont même
perdu leurs membres et ressemblent à de gigantesques
serpents, mais la majorité a régressé vers des formes plus
simples. Leur influence dans le monde est très rare et ils
sont difficiles à trouver.
La troisième catégorie regroupe les Hommes-Serpents
dormants. Ces derniers ont passé des milliers d’années à
hiberner, depuis l’époque de la splendeur de leur empire,
143
 et ils commencent à se réveiller lentement depuis le début COMPÉTENCES
du siècle dernier. Ce sont des créatures anciennes, très 3 Agilité reptilienne
puissantes, qui contemplent avec dégoût l’évolution de 3 Cracher du venin
l’Homme qui est devenu l’espèce dominante de la planète… 5 Tromper
et pour eux la vengeance est un plat qui se mange froid. 6 Nyctalope
Enfin viennent les rêveurs, comme on appelle les Hommes- 6 Ondulation silencieuse
Serpents qui habitent dans les Contrées du Rêve et qui 5 Technologie
conservent la forme originelle de l’espèce depuis des milliers 4 Connaissances du Mythe
d’années. Ils comptent beaucoup d’adorateurs de Tsathoggua, 6 Dissimulation de Yig
car c’est là qu’ont fui la majorité des survivants à l’hérésie. Dissimulation de Yig : L’apparence humaine des Hommes-
Serpents dissimulés n’est qu’une façade, un masque qu’ils
Motivation peuvent quitter pour retrouver leur forme normale lorsqu’ils
Quelle que soit la condition d’un Homme-Serpent, il est le souhaitent ou pour changer d’un aspect humain à un
avant tout motivé par un puissant sentiment de vengeance autre. Cette compétence leur permet également de passer
envers l’humanité, parce qu’il considère les Hommes pour un humain, d’imiter la voix humaine, de se déplacer
comme la cause de la chute de son espèce ou simplement comme un humain, de manger comme un humain, etc.
parce que ces derniers constituent la civilisation la plus Endurance : 4
étendue de la Terre. Quoi qu’il en soit, les humains Résistance : 12 (RD 2 Peau écailleuse)
sont les ennemis de l’espèce des Hommes-Serpents, Défense : 12
indépendamment de leur type. Malgré cela, leur vengeance Initiative : 6
n’est pas nécessairement exprimée par la violence : ce sont Bonus de dégâts au corps-à-corps : +1/+0
des créatures patientes et astucieuses, capables de recourir Attaque : Pistolet +7 (mM), Cracher du venin +7 (0 et
à des méthodes bien plus subtiles que la simple agression poison, difficulté 15, m/mM).
pour assouvir leur vengeance dévorante. Exposition à la terreur : Stupeur (moyenne, 1/m).
Outre leur haine envers les humains, ces créatures Concept : Reptile dégénéré
n’agissent que pour accomplir la volonté de leur dieu : Yig
pour la majorité d’entre eux, Tsathoggua pour les rêveurs. FORCE 5 Bestial
La dévotion envers leur déité est généralement plus forte RÉFLEXES 4 Meurtrier
que toute autre motivation, ce qui a déjà pu les amener à VOLONTÉ 2 Sauvage
s’allier, voire à se mêler à des adorateurs humains de Yig. INTELLECT 1 N’obéit qu’à son instinct

Tout en haut de cette échelle des motivations se trouve COMPÉTENCES

l’acquisition de connaissances. C’est cette soif de savoir qui 5 Escalader et courir
leur a jadis permis de se hisser au pinacle de la civilisation. 5 Lance rudimentaire
Leurs études constituent une part fondamentale de leur 3 Grognements intimidants
culture et, aujourd’hui, ils continuent de progresser dans 6 Sens du serpent
les domaines scientifiques et magiques. 5 Ramper en silence
1 Culture ophidienne
Comportement Endurance : 6
Lorsqu’ils sont dissimulés, ils font généralement preuve Résistance : 18
de prévoyance envers les humains et n’aiment pas attirer Défense : 14 (RD 2 Peau écailleuse)
l’attention. Une fois le masque tombé, en revanche, ils sont Initiative : 4
en général très agressifs. Bonus de dégâts au corps-à-corps : +2/+1
Attaque : Lance +9 (M+2), Cracher du venin +9 (0 et
Les Hommes-Serpents rêveurs sont moins tranchés envers poison, difficulté : 15, m/mM).
les Hommes, principalement parce que « l’ennemi de mon Exposition à la terreur : Stupeur (moyenne, 1/m).
ennemi est mon ami ». Pour autant, ils n’ont pas non plus
une grande confiance en eux. Concept : Reptile dormant
FORCE 5 Adaptable
Effets de jeu
RÉFLEXES 4 Subtil
Ce sont les ennemis naturels de l’humanité. Ils sont VOLONTÉ 3 Mû par la rancœur
intelligents, puissants et capables de prendre forme INTELLECT 3 Primitif
humaine. Ils sont peut-être derrière bon nombre de
missions échouées d’un culte, ou peut-être peuvent-ils COMPÉTENCES
être des compagnons d’un culte qui adore Yig. 8 Vie dans la jungle
5 Grand guerrier
Concept : Reptile dissimulé
4 Inspire la terreur
FORCE 3 Caoutchouteux 7 Nyctalope
RÉFLEXES 4 Rapide et silencieux 7 Ramper en silence
VOLONTÉ 3 Sans empathie 3 Ourdir un plan
INTELLECT 4 Astucieux 6 Savoir ophidien
144
Endurance : 6
Résistance : 18 (RD 1 Armure naturelle)
Défense : 17
Initiative : 5
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +2/+1
Attaque : Cracher du venin +9 (0 poison, difficulté 15, m/
mM), Morsure +9 (C+2 et poison : difficulté 10, m/C).
Exposition à la terreur : Stupeur (moyenne, 1/m).

Concept : Reptile rêveur

FORCE 4 La forme primitive
RÉFLEXES 4 Hypnotique
VOLONTÉ 5 La vie est un songe
INTELLECT 5 Conscience parallèle
COMPÉTENCES
5 Mouvement contre nature
4 Morsure vénéneuse
4 Discerner la réalité
3 Impossible de savoir s’il est réel
8 Rêver
5 Envoyer un cauchemar
Rêver : Le monde des songes est un terrain sur lequel certains
se déplacent comme un poisson dans l’eau. Les rêveurs les
plus puissants peuvent se servir de cette compétence pour
lire les rêves lointains ou envoyer des messages perturbants.
Ils peuvent même se rendre en des lieux où le monde des
songes touche le monde réel et se servir de cette capacité
pour parcourir de longues distances.
Envoyer un cauchemar : Un Homme-Serpent rêveur
peut envoyer de terribles songes à sa victime, qui doit
rêver ou se trouver dans les Contrées du Rêve pour être
affectée. Cela revient à faire une utilisation offensive d’une
compétence d’arcanes qui cause des dégâts sur la Stabilité
Mentale de la cible si elle dort, ou sur sa Résistance si elle
se trouve dans les Contrées du Rêve.
Endurance : 6
Résistance : 18 (RD 2 Peau écailleuse)
Défense : 14
Initiative : 6
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +2/+1
Attaque : Cracher du venin +8 (0 et poison,
difficulté 15, m/mM).
Exposition à la terreur : Stupeur (moyenne, 1/m).

145
 HORREUR CHASSERESSE
Ces créatures de l’espace se déplacent dans tout le
cosmos pour traquer leur proie, soit de leur propre
chef, soit pour accomplir la volonté de Nyarlathotep.
Il est difficile d’échapper indemne à une Horreur
Chasseresse, car elles sont extrêmement dangereuses.
Selon les rares histoires qui évoquent ces créatures,
elles pourraient être l’obscurité incarnée, car la
lumière les blesse (notamment la lumière de la Lune
ou d’une lanterne). Elle provoque également chez elles
une fureur intense.
Les Horreurs Chasseresses ont la forme
que pourrait avoir un dragon, mais elles
ressemblent également à un ver ou un
serpent ailé. Elles peuvent même n’avoir
qu’une seule aile postérieure qui leur permet
de voler à grande vitesse en spirale. Elles
dégagent une odeur très forte que les humains
associent à la décomposition ou la mort.
Leur corps est entièrement noir et huileux et
se termine en une longue et sinueuse queue.
Leur gueule est garnie d’innombrables dents
irrégulières et effilées.
Certaines histoires racontent que ces créatures
peuvent muter et ne sont donc pas toutes identiques.
Certaines possèdent un œil trilobé et jaune. Certains
rapports concernant des attaques perpétrées par ces
créatures évoquent un vaste nuage de fumée noire.

Motivation
Elles semblent traquer ceux que désigne Nyarlathotep
(c’est-à-dire, généralement ceux qui l’ont offensé). Soit
elles capturent leurs victimes pour les emmener devant
Nyarlathotep, soit elles les tuent, purement et simplement.
Concept : Prédateur photosensible
Comportement
FORCE 11 Elle est énorme !
Les Horreurs Chasseresses sont extrêmement agressives RÉFLEXES 5 Trop rapide pour sa taille
et attaquent lorsque les conditions leur sont favorables VOLONTÉ 8 Poursuivant implacable
(dans des lieux obscurs, pendant la nuit…). INTELLECT 5 Si elle cherche, elle trouve
Elles ne parlent pas, mais émettent des cris stridents qui COMPÉTENCES
leur permettent de communiquer. Elles sembleraient
5 Vol
comprendre d’autres entités, notamment les humains.
6 Dents acérées
3 Cri strident
Effets de jeu 3 Comprendre le langage humain
Cette espèce est un ennemi terrible pour les personnages 7 Localiser sa proie
joueurs. Une première rencontre peut avoir lieu alors que 2 Silencieuse dans l’obscurité
l’une de ces créatures vient chercher un membre d’un
autre culte, ce qui sera un bon avertissement de ce qui se Endurance : 15
passera si l’une d’elles s’intéresse aux personnages joueurs. Résistance : 45 (RD 8 Peau extrêmement dure. Leur
vulnérabilité à une lumière puissante les oblige à réussir un
Évidemment, tout groupe ayant Nyarlathotep de son test de Sang-Froid dont la difficulté dépend de l’intensité de
côté pourra compter sur l’aide inestimable des Horreurs la lueur sous peine d’être épouvantées).
Chasseresses. Mais cela vaut autant pour les joueurs Défense : 16
que pour leurs ennemis, alors prenez garde. Initiative : 7
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +4
Attaque : Morsure +11 (mM+4).
Exposition à la terreur : Panique (difficile, C/CM).

146
LLOIGOR
Il existe peu de créatures aux caractéristiques aussi étonnantes S’alimenter avec l’énergie d’autres créatures se trouve très haut
que les Lloigors. Ces êtres sont tétradimensionnels, c’est-à- dans leur pyramide des besoins et c’est vraisemblablement par
dire qu’ils existent dans une dimension de plus que l’Homme ce biais qu’ils ont une influence sur notre monde.
et les autres entités de ce monde. Elles peuvent ainsi se
déplacer dans cette quatrième dimension et être invisibles Comportement
aux yeux de ceux qui n’y ont pas accès.
Les Lloigors sont représentés dans certains textes comme
La connaissance de leur existence nous vient principalement de véritables siphons à énergie, probablement en raison
de leur période d’activité maximale sur Terre, sur le continent de leurs actions sous forme invisible, c’est-à-dire depuis
de Mu, il y a 200 000 ans. Elles y avaient réduit en esclavage ses leur dimension. C’est ainsi qu’ils absorbent l’énergie des
habitants tout en perpétuant le culte du puissant Ghatanothoa humains, généralement pendant leur sommeil. Ils sont
(voir page 118). Mais la chute de ce Grand Ancien fit plonger capables de faire cela même sans être à proximité de leur
la présence des Lloigors dans notre monde, jusqu’à ce qu’ils victime, en raison des particularités du lien entre notre
frôlent l’extinction. Certains érudits du Mythe estiment que dimension et celle des Lloigors. Cette absorption provoque
la défaite et l’emprisonnement de Ghatanothoa engendrèrent chez la victime d’intenses maux de tête, un mal-être général
chez ces créatures une perte de l’énergie qui leur permettait de et un affaiblissement qui peut évoluer jusqu’à devenir une
s’approcher de notre réalité. maladie, voire provoquer le décès.
La forme que l’on perçoit de ces créatures lorsqu’elles sont Malgré tout, aussi dangereuses que soient ces créatures, c’est
présentes dans notre espace dimensionnel peut rappeler sous leur forme corporelle tangible qu’elles peuvent interagir
de grotesques reptiles, bien que les Lloigors soient très à volonté avec notre dimension, bien que cela les rende
éloignés d’autres créatures reptiliennes du Mythe comme également plus vulnérables.
les Hommes-Serpents. Leur véritable forme doit être plutôt
complexe, mais les humains ne peuvent la percevoir, car ils
ne sont pas capables d’assimiler cette quatrième dimension.
Sous cette forme, les Lloigors peuvent attaquer avec leurs
griffes et leurs terribles mâchoires.
Leurs mouvements sont incompréhensibles, car ils semblent
apparaître et disparaître en quelques millièmes de seconde,
comme s’ils se téléportaient. Cette impression est due à leur
capacité à entrer et sortir de notre espace dimensionnel, ce
qui leur donne une apparence éthérée et étrange.
En revanche, il ne fait aucun doute que c’est leur esprit
extraterrestre, très éloigné de la structure mentale humaine,
qui est le plus étrange chez ces créatures. Les Lloigors
sont dépourvus d’émotions (ou du moins d’émotions que
nous soyons capables de comprendre) et ils possèdent
une conscience totale, sans les restrictions qu’implique
l’attention. Cette caractéristique leur permet de se souvenir
de chaque élément de leur vie de manière permanente,
sans possibilité d’oubli ou de distorsion de l’information.
Elle leur confère également une vision de la réalité très
éloignée de l’aspect optimiste qui domine chez les êtres
humains. Cette forme de compréhension peut engendrer
un pessimisme étouffant chez les malheureux qui
entrent en contact avec l’esprit d’un Lloigor, l’inondant
de terreur et d’obscurité jusqu’à ce qu’émergent des
idées autodestructrices. Il pourrait s’agir d’une source
d’alimentation des Lloigors.
Ces créatures disposent en outre d’importantes capacités
télékinétiques qui leur permettent de déplacer des objets de
notre monde, sont pratiquement immunisées à tout dans leur
état invisible, étant donné qu’elles ne se trouvent pas dans notre
espace dimensionnel dans cet état. Certains récits traditionnels
ou des témoignages concernant des fantômes démoniaques
pourraient être en réalité une rencontre avec ces créatures.

Motivation
La principale motivation des Lloigors est de réussir à réveiller
Ghatanothoa. Ils ont également été associés à d’autres Grands
Anciens à certaines occasions, et il est possible que certains
membres de cette race soient au service d’autres déités.
147
 Effets de jeu
Les Lloigors sont des monstres redoutables qui peuvent
attaquer les personnages sans qu’ils puissent les voir, et il faudra
d’abord tenter de comprendre ce qu’il se passe, puis trouver un
objet magique ou un sort qui permettra de les affronter.
Dans les aventures qui mettent en scène Ghatanothoa, il est
fort probable que des Lloigors ne soient pas loin, mais gardez
à l’esprit qu’ils peuvent être affiliés à d’autres Grands Anciens.
Quant à la dégénérescence qu’ils provoquent chez les humains,
on sait qu’elle survient lors d’un contact prolongé avec ces
créatures et se traduit par des tumeurs de la peau, desquelles
pousseront des tentacules et autres protubérances. La
transformation peut même être si poussée que la victime finit
par abandonner notre dimension pour disparaître à jamais de
notre réalité.
Concept : Guetteur invisible
FORCE 17 Tétradimensionnel
RÉFLEXES 3 Se déplace étrangement
VOLONTÉ 4 Addiction à l’absorption de l’esprit
INTELLECT 7 Incapable d’oublier
COMPÉTENCES
7 Forme reptilienne
3 Griffures et morsures
6 Contact mental
4 Perception extraterrestre
MI-GO
Dans une conception humaine, cette race extraterrestre
pourrait être définie comme un mélange entre un crustacé
et un champignon. Les Mi-Go font un mètre et demi
de haut, ont des antennes et des membres ressemblant
à ceux de certains crustacés ou insectes, ainsi que des
appendices similaires à des pinces. Ils ont également
une paire d’ailes membraneuses qu’ils utilisent pour se
déplacer dans l’espace, mais la gravité terrestre ne leur
permet pas de voler sur notre planète.
En revanche, la matière qui les compose est radicalement
différente de toute substance que les humains sont capables
de comprendre, une singularité renforcée par le fait que
leur corps se dégrade rapidement après leur mort ou qu’ils
n’apparaissent pas sur des vidéos ou des photos.
Les Mi-Go vivent dans l’univers depuis des milliers
d’années, construisant d’immenses cités presque
identiques sur les différentes planètes sur lesquelles
ils vivent. Ces énormes extensions comprennent
généralement des centaines de kilomètres de tunnels
creusés dans la croûte terrestre des planètes, ainsi que
de gigantesques tours et temples comprenant des ponts
aux proportions cyclopéennes à la surface. Ce sont des
structures vides sans autre ouverture que de petits trous
qu’ils utilisent comme entrée. Habitués à vivre dans
l’obscurité la plus totale, les Mi-Go n’ont pas d’yeux et
utilisent leurs autres sens pour pallier cette absence.
Ils se considèrent comme l’une des races les plus avancées,
tant du point de vue social que des progrès scientifiques. Ils
ont développé des méthodes pour extraire des ressources
naturelles des planètes sur lesquelles ils se rendent et
148
7 Forme incorporelle
7 Gardien de secrets
8 Télékinésie
6 Drainer l’énergie
5 Siphon à énergie
Forme incorporelle : Un Lloigor peut passer volontairement
de sa forme reptilienne à sa forme immatérielle et vice-versa,
mais cette transformation prend un tour complet.
Télékinésie : Un Lloigor peut déplacer les objets par la pensée.
Il peut également déplacer des êtres vivants, même contre leur
volonté. La difficulté dépend de la taille de ce qu’il souhaite
déplacer et de la distance à laquelle il se trouve.
Drainer l’énergie : Un Lloigor peut absorber l’énergie de
sa victime. Il peut faire cela comme une action, causant des
dégâts comme un sortilège offensif ou comme une attaque
avec ses griffes. Il récupère un point de Résistance pour chaque
point de dégâts provoqué.
Endurance : 19
Résistance : 57 (Sous forme reptilienne : RD 8 Écailles dures.
Sous forme invisible : immunisé aux attaques physiques).
Défense : 15
Initiative : 6
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +5
Attaque : Griffes +6 (M+5), Siphon à énergie +8 (CM+1).
Exposition à la terreur : Peur (moyenne, m/M).
mènent des expériences scientifiques aux objectifs très
variés qui leur fournissent des informations précieuses
pour améliorer leurs armes et leur technologie en général.
Leur arrivée dans notre galaxie depuis la planète Yuggoth
(Pluton) sur Terre a eu lieu il y a environ 160 millions
d’années. À l’époque, la race des Anciens était en pleine
expansion sur notre planète, mais ils furent rapidement
expulsés vers certaines zones de la planète par les Mi-
Go et leur technologie. Ces derniers cherchaient des
ressources exploitables ; ils découvrirent des minéraux
qui les intéressaient dans différentes régions de la Terre, et
décidèrent d’y établir des colonies en vue d’une extraction.
Ils étaient particulièrement intéressés par une roche noire
de composition inconnue pour nous qui leur est très
précieuse pour leur technologie et que l’on ne trouve sur
Terre qu’à de grandes profondeurs. Aujourd’hui encore, de
petites colonies de Mi-Go sont toujours présentes sur notre
planète pour exploiter ce minerai et mener des expériences
sur la flore et la faune locales, notamment les humains.
Il semblerait que le fait que les Mi-Go n’aient pas réussi
à construire de grandes cités comme ils ont pu le faire
sur d’autres planètes soit dû aux autres créatures de la
Terre, notamment l’Homme. Il est possible que notre
développement les ait empêchés de s’étendre comme ils
l’auraient souhaité.
On sait qu’il existe certains cultes qui suivent ou
entretiennent un contact avec ces créatures d’une
manière ou d’une autre, et que ces dernières se servent
de leurs membres comme agents pour mener à bien leurs
plans en relation avec la Terre.

Motivation
Fondamentalement, les Mi-Go
constituent une race d’envahisseurs possédant
de vastes connaissances scientifiques qui reposent
sur l’exploitation de minerai sur chaque planète où
ils atterrissent. Leur principale motivation semble
être le progrès scientifique de leur espèce, pour lequel ils
mènent de nombreuses expériences aux objectifs divers.
Ils suivent en majorité Nyarlathotep et Shub-Niggurath,
mais on les a également souvent associés à Hastur et
d’autres déités.
Comportement
Contrairement à ce que leur caractère invasif laisserait
prétendre, les Mi-Go ne sont pas agressifs. En réalité, ils
n’ont pas l’habitude d’envahir des planètes déjà occupées,
mais plutôt des planètes désertes pour s’y développer. Leur
principal intérêt se concentre sur les planètes riches en minerai
nécessaire à leurs projets scientifiques et technologiques.
Sur Terre, par exemple, malgré la confrontation initiale avec
les Anciens, ils n’ont pas adopté d’attitude conquérante. Au
contraire, ils ont plutôt choisi de ne laisser que des colonies
de petite taille dissimulées sur Terre, et de poursuivre leurs
voyages d’expansion sur d’autres planètes.
C’est pour cette raison qu’ils évitent habituellement les
humains, bien qu’en étant au courant de leurs peurs et
capacités, ils puissent se révéler violents s’ils sont dérangés
d’une manière ou d’une autre ; il ne faut pas oublier que les
Mi-Go mènent des expériences sur les humains depuis que
l’Homme est Homme. Ils l’ont vu se développer et évoluer
en tant qu’espèce, et ils savent très bien de quoi il est capable.
En outre, les relations entre humains et Mi-Go ont déjà été
houleuses par le passé en raison de vols de technologie Mi-
Go par les humains, ce qui ne prépare pas le terrain pour
améliorer le dialogue entre les deux espèces.
Effets de jeu
Il est possible qu’un objet magique soit en réalité un objet
technologique Mi-Go, et le chemin d’un culte pourrait finir
par croiser celui d’une colonie de cette espèce. En outre,
il ne faut pas oublier que les Mi-Go suivent Nyarlathotep,
Shub-Niggurath et Hastur, et il est fort possible qu’ils soient
impliqués dans les plans de ces entités, alliés ou confrontés
aux personnages.
En raison de leurs propres motivations scientifiques, il est
possible que certaines disparations de personnes (comme
un personnage joueur) ou d’animaux soient en réalité un
kidnapping opéré par des Mi-Go pour obtenir des cobayes
pour leurs expériences.
Concept : Extraterrestre assoiffé de connaissances
FORCE 3 La force d’un humain
RÉFLEXES 4 Mouvements hypnotiques
VOLONTÉ 4 Instinct de survie
INTELLECT 6 Esprit évolué
COMPÉTENCES
3 Arme extraterrestre
3 Négocier
5 Ressentir son environnement
4 Imiter un humain
7 Technologie avancée
4 Yuggoth et ses secrets
5 Vol spatial
Technologie avancée : La technologie Mi-Go est
difficilement différentiable de la magie aux yeux des
humains, bien qu’évidemment, eux-mêmes ne la conçoivent
pas comme de la magie, mais comme la chose la plus
naturelle du monde. Cela signifie qu’il n’y a pratiquement
aucune limite aux effets qu’ils peuvent obtenir, du moment
qu’ils disposent du matériel adéquat, d’un environnement
physique pour le préparer et du temps suffisant. En termes
de jeu, ils peuvent émuler les effets de n’importe quelle
compétence d’arcanes que le maître du jeu estime adéquate.
Vol spatial : Les Mi-Go peuvent voyager librement dans
l’espace et atteindre des vitesses extrêmement rapides
(proches de la vitesse de la lumière) lorsqu’ils sortent de
l’atmosphère terrestre, ce qui leur permet de parcourir
des distances interplanétaires immenses.
Endurance : 5
Résistance : 15 (leur physionomie particulière fait qu’une
arme terrestre conventionnelle ne leur inflige qu’un point
de dégâts, indépendamment de l’arme et du résultat).
Défense : 12
Initiative : 7
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +1
Attaque : Pinces +7 (C+1), arme extraterrestre +7 (CM).
Exposition à la terreur : Peur (moyenne, m/M).
149
 PINGOUIN GÉANT ALBINOS
Plusieurs récits du Mythe évoquent des rencontres dans Endurance : 4
les zones les plus glacées de la Terre avec des créatures Résistance : 12 (RD 2 Plumage)
ressemblant à des pingouins pouvant atteindre deux Défense : 14
mètres de hauteur. Initiative : 2
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +1
Personne ne sait si cette espèce est le résultat d’une
Attaque : Coup de bec +5 (C+1).
mutation évolutive partant des pingouins courants ou si,
Exposition à la terreur : Ne provoque aucune perte de
au contraire, il s’agit d’un de leurs ancêtres préhistoriques.
stabilité, bien qu’il puisse être franchement déconcertant
Certains textes vont même jusqu’à émettre l’hypothèse
pour un scientifique.
que cette espèce serait le résultat d’expériences menées
par les Anciens (voir page 128). D’autres estiment qu’il
pourrait s’agir d’un effet de la dégénérescence des pingouins
normaux due à l’exposition au Mythe (par exemple, à cause
des cités des Anciens ensevelies sous la neige). Quoi qu’il en
soit, ces créatures, à présent au bord de l’extinction, résident
uniquement dans les zones les plus froides du Pôle Sud.

Motivation
Cette espèce ne semble pas intelligente, ni avoir de
motivation qui dépasse la survie, bien que si leur état
est effectivement dû à la dégénérescence du Mythe, il
pourrait s’agir d’une habile façade dissimulant quelque
chose de bien plus sinistre.

Comportement
Ils sont en général pacifiques, mais peuvent devenir agressifs
s’ils se sentent menacés. Dans ce cas, ils tenteront d’écraser
leur agresseur ou de le frapper avec leur bec.

Effets de jeu
Cette étrange espèce de pingouins peut apparaître dans les
moyens de communication comme une nouvelle mutation
des pingouins normaux qui amène l’opinion publique à se
demander comment elle a pu se produire et à s’intéresser à
des zones de la planète où certaines races du Mythe vivent
encore cachées.
Il est également possible que les personnages tombent sur
des pingouins géants au cours d’une aventure qui se déroule
en Antarctique et qu’ils soient attaqués par ces derniers.
En outre, il est possible que ces étranges animaux ne soient
pas les seuls à avoir subi une transformation à cause de leur
proximité avec d’antiques cités de créatures du Mythe. Entre
autres, peuvent apparaître des serpents d’une taille impossible
en Amazonie à proximité d’un lieu sacré ou d’une cité des
Hommes-Serpents, voire d’autres horreurs bien pires.
Concept : Pingouin muté par le Mythe
FORCE 4 Très grand
RÉFLEXES 2 Démarche ridicule
VOLONTÉ 1 Craintif
INTELLECT 1 Stupide
COMPÉTENCES
7 Nager
3 Coup de bec
4 Aspect sympathique
7 Sentir les Shoggoths
6 Se camoufler dans la neige

150
PROFOND
Ces créatures ancestrales vivent dans les mers et océans
de la Terre depuis plus de 450 millions d’années. Ce sont
des êtres humanoïdes au corps couvert d’écailles et à la
tête semblable à celle de poissons. Ils ont de grands yeux
sans paupières et des ouïes sur tout le corps en partant
du cou, qui leur servent à respirer sous l’eau, bien qu’ils
soient capables de survivre à l’air libre. Leurs mains
comme leurs pieds sont palmés, ce qui leur permet de
nager en immersion de manière prodigieuse. Selon
plusieurs hypothèses, les Profonds se développent
tout au long de leur vie et, en conditions normales, ne
peuvent mourir de causes naturelles.
En majorité, ils adorent Cthulhu (page 114) et vivent
dans des cités sous-marines réparties dans tous les fonds
océaniques du monde. Leur capitale est Y’ha-
nthlei, où résident les plus puissants
et les plus évolués de la race des
profondeurs : Père Dagon et Mère
Hydra (page 116).
Autre particularité : ils sont capables de procréer avec
la race humaine. Ces rejetons sont connus chez les
Profonds sous le nom d’hybrides. Humains au moment
de leur conception, les hybrides se déshumanisent
progressivement pour devenir des Profonds, tant au
niveau physique que psychologique. La transformation
commence normalement au cours de la vie d’adulte d’une
personne généralement initiée par une exposition au
Mythe ou par ses ancêtres. Au bout de quelques années, la
transformation est complète et la personne plonge dans
l’océan pour retrouver ses congénères. Ce processus peut
aussi se produire chez des humains qui coexistent avec
des Profonds pendant longtemps. Les cercles occultes
nomment ce processus « La marque d’Innsmouth », car
cette ville de pêcheurs s’est rendue célèbre au début du
siècle dernier pour avoir précisément vu proliférer
des hybrides.
Motivation
La principale motivation des Profonds est la
survie de leur espèce et la protection de tout ce en
quoi ils croient : leur religion, qui repose sur le
culte de Cthulhu, leurs valeurs en tant qu’espèce
et la défense des membres ancestraux de leur
race, comme Père Dagon et Mère Hydra, qui
sont vénérés presque à l’égal de dieux.
Comportement
Les Profonds font partie des races du Mythe ayant
le moins évolué au cours des derniers millénaires.
Leur société est presque tribale. Depuis peu, ils évitent
de remonter à la surface, car ils savent que les humains
sont dangereux, quelque chose qu’ils ont découvert à leurs
dépens.
Ils suivent les ordres de Dagon, Hydra et surtout
Cthulhu, qui les forcent généralement à accomplir leur
volonté.
Effets de jeu
Les Profonds peuvent garder des secrets
millénaires que n’importe quel culte
serait ravi de s’approprier, depuis les
connaissances en sortilèges à la
possession d’objets magiques. Il est
possible de traiter avec eux, bien
qu’ils se méfient des humains
et puissent devenir rapidement
agressifs. Bien entendu, un culte
en lien avec Cthulhu aura passé
des pactes avec ces créatures,
voire pourra les considérer
comme des alliés, même si les Profonds
continueront de ne pas faire confiance aux
humains. Autre élément : les personnages
joueurs peuvent découvrir que l’un d’eux est un
hybride en cours de transformation qui finira
par rejoindre son espèce.
151
 Enquêter sur son arbre généalogique pour découvrir si 4 Déchirer
un ancêtre Profond y est présent peut faire l’objet d’une 2 Communiquer avec ceux de son espèce
aventure au sein d’une campagne. 4 Sens aquatiques
Concept : Hybride entre l’humain et le poisson 5 Guetter depuis les profondeurs
3 Culture abyssale
FORCE 5 Amphibien
RÉFLEXES 3 Habitué au milieu aquatique Endurance : 6
VOLONTÉ 3 Présence inquiétante Résistance : 18 (RD 1 Peau dure)
INTELLECT 4 Fanatique Défense : 13 sur terre, 18 dans l’eau
Initiative : 5
COMPÉTENCES Bonus de dégâts au corps-à-corps : +2/+1
10 Plongée Attaque : Griffes +7 (C+2), trident +7 (M+2).
5 Saut puissant Exposition à la terreur : Stupeur (moyenne, 1/m).

GROUILLANT
Les Grouillants sont des aberrations qui, malgré leur forme Comportement
humanoïde, sont constitués de milliers de vers et larves Les Grouillants ont des objectifs clairs et ne renoncent
perpétuellement en mouvement qui, en même temps, sont jamais avant de les avoir atteints. Ils sont capables de
inexplicablement reliés entre eux sans se détacher ou cesser manipuler, tromper, mentir autant que de besoin pour
d’être une entité unique. dévier l’attention sur un autre sujet que leur plan.
Personne ne connaît leur origine exacte, mais on sait
qu’ils peuvent être créés par le biais de sortilèges. Dès leur
création, ils ont un appétit contre nature qu’ils ne peuvent
assouvir qu’en consommant de la chair crue et n’hésitent pas
à attaquer n’importe quel animal ou humain vivant pour
le dévorer. Malgré leur caractère inhumain et irrationnel
initial, il semblerait que ces créatures aient rapidement
conscience de leur propre existence et cherchent à en savoir
plus avec le même appétit que pour la chair. Et cette faim
n’est jamais assouvie.
Immortels et très difficiles à blesser, les Grouillants mènent
une longue existence et beaucoup finissent par
devenir de grands connaisseurs du Mythe et de
ses secrets. D’autres adorent de manière
inconditionnelle les Dieux Extérieurs ou
les Grands Anciens qui leur conviennent
le mieux à ce moment.
Il est très rare que ces créatures se réunissent
en cultes, car eux-mêmes ne sont heureusement
pas très communs. Il est beaucoup plus fréquent
qu’ils errent seuls, tentant de passer inaperçus pendant
leur recherche permanente de connaissances et de pouvoir.
Encore plus étrange sans être rare, ils peuvent rejoindre des
cultes qui existent déjà, parfois en se servant de la magie
pour dissimuler leur véritable nature. Ils apprennent tout ce
qu’ils peuvent de ces cultes, absorbant ce qui est nécessaire,
avant de disparaître une fois leur objectif atteint. Il n’est pas
rare que le culte en question disparaisse également sans
laisser de traces une fois qu’il n’est plus utile au Grouillant.
Ces créatures ne sont pas capables de parler en raison de
leur étrange anatomie, et elles communiquent généralement
par écrit. Nombreux sont ceux qui pensent que certains
documents du Mythe ont été rédigés par des Grouillants.

Motivation
Ils semblent mus par la soif de connaissances. À part cela,
c’est une faim dévorante qui les anime. Ils sont terriblement
dangereux, mais peuvent également se révéler être des
alliés très puissants.
152
Ils éviteront également le combat si cela est possible et
préféreront recourir à la magie dans le cas contraire, car
ils savent qu’ils ne représentent pas une grande menace du
point de vue physique.
Effets de jeu
Un Grouillant peut faire partie d’un culte en jouant sur
l’ambiguïté entre le fait que c’est un membre puissant,
mais très dangereux, qui a ses propres objectifs clairement
différents de ceux du culte. Un personnage joueur peut
dégénérer jusqu’à devenir un Grouillant.
Concept : Grouillant
FORCE 3 Essaim vivant
RÉFLEXES 2 Lent, mais imparable
VOLONTÉ 6 Ne se détourne jamais
de son entreprise
INTELLECT 4 Soif de connaissances
COMPÉTENCES
3 Se déplace uniformément
3 Arme humaine
6 Écrire
4 Milliers d’yeux
SOMBRE REJETON
De nombreux textes anciens du Mythe évoquent des
ruines antiques dans les forêts les plus profondes
et inaccessibles à l’Homme. Ces lieux séculaires et
inhospitaliers, toujours plus rares, sont gouvernés par
une nature sauvage et débridée. C’est au cœur de ces
obscurs et mystérieux endroits que résident les Sombres
Rejetons de la Terre.
Ces créatures pourraient passer inaperçues au premier
regard et être confondues avec d’étranges arbres aux
proportions gigantesques. En revanche, une observation
plus approfondie révèle immédiatement qu’ils sont bien
plus que cela. Pour commencer, ils diffusent une odeur
nauséabonde caractéristique, un mélange de putréfaction
et de terre retournée qui a souvent été décrite comme
l’odeur d’une tombe ouverte. Ils disposent de trois
membres inférieurs épais et entièrement noirs qui leur
permettent de se déplacer à une vitesse surprenante pour
leur taille. Ce qui pourrait être confondu avec le tronc
d’un arbre est en réalité leur corps, et il est constellé
de gueules informes et fripées. Enfin, là où s’achève le
corps et d’où semblent jaillir différentes branches se
trouvent d’innombrables tentacules noirs et visqueux.
De ce groupe, de trois à quatre membres sont facilement
identifiables en raison de leur grande taille.
Bien qu’on ignore de nombreux éléments de leur histoire,
ils ont toujours été mis en relation avec le dieu de la fertilité
Shub-Niggurath (page 106), qu’ils vénèrent et suivent. Il
est fréquent qu’un Sombre Rejeton apparaisse ou participe
d’une manière ou d’une autre à des rituels destinés à ce dieu.
Il convient de mentionner que ces créatures ne semblent
pas capables de communiquer de manière intelligente,
mais ils émettent des cris horribles et déchirants
lorsqu’ils sont enragés.
4 Sait faire usage de la tromperie
5 Adore les livres
3 Ce que des humains ne doivent pas savoir
4 Absorber la vie
Absorber la vie : L’horrible attaque de cette créature
collective vampirise sa victime corps et âme, faisant
naître de nouveaux vers chaque fois qu’elle consomme un
organisme vivant, dont ils volent également les souvenirs.
En termes de jeu, pour chaque point de dégâts causé par
cette attaque, le Grouillant regagne un point de Résistance.
Endurance : 6
Résistance : 18 (étant composé de nombreux organismes, il
est immunisé aux résultats critiques des jets d’attaque et ne
souffre ainsi ni de doubles dégâts ni de séquelles, et n’a pas
de niveaux de santé. Il restera debout tant qu’il lui reste des
points de Résistance).
Défense : 10
Initiative : 4
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +1/+0
Attaque : Sans arme +5 (m+1).
Exposition à la terreur : Peur (moyenne, m/M).
Motivation
Sans aucun doute, ces créatures peuvent être considérées
comme les gardiens des bois antiques et les protecteurs de
Shub-Niggurath. Il est possible que ce dieu dirige leurs actions
ou, au moins, influe largement sur leur comportement.
Comportement
La plupart du temps, ce sont des créatures tranquilles qui
restent dans les bois qu’ils gardent sans les abandonner.
En revanche, ils sont très sensibles aux intrusions et
feront preuve d’une grande violence contre quiconque
perturbe l’équilibre naturel des bois. En outre, ils
apparaissent fréquemment lorsque Shub-Niggurath est
convoqué, probablement à sa demande.
Effets de jeu
Chaque forêt de taille respectable est un bon candidat
pour accueillir un Sombre Rejeton qui veille sur le
bois et qui considère que les humains ne sont pas les
bienvenus. Un culte qui suit Shub-Niggurath aura
probablement des contacts avec des Sombres Rejetons
et pourra compter sur eux pour être son allié.
Concept : Gardien de Shub-Niggurath
FORCE 16 Arbre mouvant
RÉFLEXES 3 Marche lentement
VOLONTÉ 4 Inamovible
INTELLECT 4 Sert Shub-Niggurath
COMPÉTENCES
3 Masse mouvante
6 Tentacules écrasants
6 Terroriser les acolytes
4 Détecter les imprudents
4 Se camoufler dans les bois
153
 6 Sagesse de Shub-Niggurath
6 Caresse de Shub-Niggurath
Endurance : 18
Résistance : 54 (RD 10 Résistant, immunisé aux flammes)
Défense : 14
Initiative : 5
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +5
Attaque : Écraser +9 (CM+5).
Exposition à la terreur : Peur (moyenne, m/M).

SHANTAK
Ces énormes créatures de la taille d’un éléphant résident
dans les montagnes des Contrées du Rêve (aucun rapport
ne mentionne une observation dans le monde réel). Ce
sont des volatiles qui évoquent vaguement des corbeaux
démesurés. Ils possèdent deux énormes serres dont ils se
servent pour attaquer, et leur gueule semble à vif, nue, la
boîte crânienne visible.
De nombreux textes qui mentionnent ces créatures les
nomment « les montures », car plusieurs espèces des
Contrées du Rêve les utilisent pour voyager sur de
vastes distances. D’autres récits mentionnent que les
Shantaks sont des serviteurs de Nyarlathotep.
Les habitants des Contrées du Rêve les appellent
également « les proies de Nodens », car ce dieu les
chasserait de temps à temps.

Motivation
Il est probable que ces créatures ne répondent qu’aux
désirs de Nyarlathotep et qu’ils fassent croire aux
autres espèces qu’ils les servent alors qu’ils ne
suivent que ce dieu. Il est très dangereux de penser
qu’il est possible de contrôler un Shantak et se
servir de lui sans conséquence.
On sait également qu’ils ont une peur panique des
Maigres Bêtes de la Nuit.

Comportement
Ils se comportent de manière indifférente vis-à-vis
d’autres espèces, mais s’ils doivent attaquer ils le
feront en tentant de mordre leurs adversaires.

Effets de jeu
Dans les Contrées du Rêve, il est possible de les voir
montés par d’autres espèces ou de les observer dans
leur habitat, c’est-à-dire dans n’importe quelle région
montagneuse, d’où ils peuvent attaquer les personnages
joueurs. Capturer et dompter un Shantak peut être une
tâche requise par quelqu’un en paiement d’une faveur
dans les Contrées du Rêve ou un objectif que se donnent
les personnages pour couvrir de longues distances.
Concept : Rapaces serviteurs de Nyarlathotep
FORCE 13 Grand comme un éléphant
RÉFLEXES 3 Monture parfaite
VOLONTÉ 3 Craint les Maigres Bêtes de la Nuit
INTELLECT 1 Servile
154
COMPÉTENCES
8 Voler sur de longues distances
4 Morsure
5 Sens primitifs
1 Passer inaperçu
7 S’orienter avec les étoiles
S’orienter avec les étoiles : Un Shantak sait toujours
comment atteindre la destination désirée par son
maître, même à une distance immense. Il n’a pas besoin
de connaître le lieu ni que son maître lui donne des
indications, car le Shantak saura immédiatement où
son maître souhaite qu’il le transporte. Il est également
capable de survivre dans le vide stellaire.
Endurance : 14
Résistance : 42 (RD 8 Écailles)
Défense : 16
Initiative : 3
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +4
Attaque : Morsure +7 (M+4).
Exposition à la terreur : Stupeur (moyenne, 1/m).
155
 SHOGGOTH
Ces effroyables monstres ont été créés par les Anciens. Ce
sont des créatures amorphes qui peuvent survivre autant dans
la mer que sur terre. Ils sont composés d’une masse de tissus
putrides dont ils peuvent se servir pour composer des organes
le plus naturellement du monde : yeux, bouches, cœurs ou
tentacules surgissent et disparaissent de la masse de leur corps
en permanence. Ils sont de taille variable, peuvent se contracter
et s’étirer dans des formes impossibles pour la physique connue
et peuvent se reproduire par fission.
Les Shoggoths ont été créés comme des créatures dépourvues
d’esprit afin de les utiliser comme main-d’œuvre et esclaves.
Ce furent eux qui construisirent les majestueuses cités
qu’habitèrent les Anciens et qui travaillèrent longtemps pour
eux. Ils furent également utilisés comme machines de guerre
pour protéger leurs maîtres d’autres espèces. Malgré tout, peu
à peu, ils se mirent à évoluer, se transformant et s’adaptant
sans cesse. Ils commencèrent par apprendre la langue des
Anciens avant de prendre conscience d’eux-mêmes. Ils se
156
rendirent compte alors de leur condition d’esclaves et se
soulevèrent. Au cours de la rébellion, les Anciens réussirent à
les asphyxier, mais ne purent se résigner à tous les exterminer,
car leur culture s’appuyait déjà trop sur les Shoggoths, qui
étaient à la fois leur force de travail et leur principale forme
de protection. On sait peu de choses sur l’issue de cette
guerre. Certains récits évoquent une victoire des Shoggoths
et décrivent comment ils gagnèrent leur indépendance,
tandis que d’autres textes affirment qu’ils furent presque
exterminés et à nouveau réduits en esclavage par leurs
maîtres tyranniques.
Quelle que fut la réelle issue du conflit, les Shoggoths
apparaissent dans de nombreux écrits, notamment le
Necronomicon, où ils sont décrits comme l’une des espèces
les plus terribles du Mythe. C’est une race forte, certes peu
intelligente, mais capable d’apprendre n’importe quelle langue
si elle leur est enseignée avec suffisamment de patience. C’est
pourquoi on les retrouve fréquemment au service d’autres
espèces où ils servent de force brute ou de gardiens de lieux
sacrés. En revanche, ils restent rebelles et peuvent se révolter
contre leurs maîtres à tout moment.
Motivation
Les Shoggoths sont une espèce qui reçoit généralement
des ordres et qui obéit. Ils sont serviles et implacables.
Malheureusement, ils sont également incontrôlables
et, avec le temps, ils se soulèveront contre leurs
maîtres. Il est courant qu’ils soient capables
d’apprendre des comportements, des langues ou
de la magie au contact de leur maître. Ce sont des
créatures terribles à affronter, mais ils constituent
également des alliés inestimables. En revanche,
les avoir de son côté peut également se révéler
encore plus dangereux.
Comportement
En général, leur manière d’agir est plus une
question de force et de résistance que
de technique et de préparation. Ils
sont infatigables et ne s’arrêteront pas
avant d’avoir vaincu leur adversaire. Les
rencontres avec ces monstres qui ont laissé
des survivants semblent indiquer que la
meilleure stratégie à suivre face à eux consiste
à fuir le plus vite possible sans regarder derrière soi.
Effets de jeu
Ces terribles créatures surnaturelles peuvent être aux ordres
du culte, pourquoi pas comme cadeau de la part d’un allié
ou au contraire être au service d’autres cultes. Il faut garder à
l’esprit que le premier cas peut se révéler plus dangereux que
le second : un Shoggoth fidèle qui obéit sans rechigner peut
décider un jour qu’il en a assez de recevoir des ordres et tenter
de détruire ses maîtres.
Ils peuvent aussi apparaître au cours du jeu en tant que gardiens
d’une ruine antique abandonnée en des temps immémoriaux
que les personnages explorent à la recherche de connaissances
perdues.
Concept : Monstruosité qui a rompu ses chaînes
FORCE 29 Gigantesque Modifier sa forme et sa taille : Un Shoggoth a rarement la
RÉFLEXES 1 Lent même forme et la même taille longtemps, et il peut altérer son
VOLONTÉ 3 Indomptable volume corporel pour passer dans des passages étroits ou tenter
INTELLECT 2 Intelligence primaire de se camoufler. Il peut également créer de nombreux tentacules
et gueules sur tout le corps pour attaquer ses victimes.
COMPÉTENCES
8 Soulever un poids Endurance : 30
6 Persécution implacable Résistance : 90 (RD 8 contre les attaques qui ne sont pas à base
4 Écraser de feu, d’acide ou d’électricité. Régénère 5 points par assaut).
3 Imiter la voix Défense : 14
7 Chercher à manger Initiative : 2
1 Passer inaperçu Bonus de dégâts au corps-à-corps : +8
5 Modifier sa forme et sa taille Attaque : Écrasement +5 (mCM+8).
Exposition à la terreur : Panique (difficile , C/CM).

ZOOG
Les Zoogs font partie des créatures les plus étranges que l’on Comportement
peut trouver dans les Contrées du Rêve. Ce sont de petits
Ces petites créatures sont assez intelligentes. Si elles doivent
êtres de couleur marron qui rappellent les rongeurs de la
attaquer, elles ne le feront pas seules, car elles savent qu’elles
Terre, mais qui portent de petits tentacules qui jaillissent
sont vulnérables, mais se regrouperont plutôt en meute et
de leur museau et dissimulent leur gueule remplie de dents
tendront des embuscades. En général, ils attaquent les rêveurs
aiguisées. Ils vivent dans des terriers et troncs d’arbres
qui se reposent dans leur territoire.
de nombreux recoins des Contrées du Rêve, mais la
communauté la plus nombreuse se trouve dans les parages
Effets de jeu
de ce que l’on appelle la Forêt Enchantée.
Ces créatures peuvent faire partie d’une petite rencontre
Leur alimentation est principalement constituée de au cours d’un voyage dans les Contrées du Rêve. On
champignons, mais on a pu observer des Zoogs dévorer ne les a jamais aperçues dans le monde réel, et elles
la chair d’autres espèces tant des Contrées du Rêve que du pourraient être considérées comme une nouvelle espèce
monde réel. Certaines sources indiquent que ces petites si un spécimen y était capturé.
créatures peuvent être amicales et apporter de l’aide aux
rêveurs, car ils possèdent une langue propre que certains Concept : Rongeur de la Forêt Enchantée
des habitants oniriques connaissent. FORCE 1 Minuscule
RÉFLEXES 6 Constamment en mouvement
Motivation VOLONTÉ 3 Apparence aimable
Il semble que ces créatures vivent pour ne pas être dérangées. INTELLECT 4 Prudent
On ne connaît que leur animosité envers les chats des Contrées COMPÉTENCES
du Rêve, mais ils ne semblent pas se mêler de la vie d’autres
8 Se déplace très rapidement
espèces. Par contre, ils n’hésiteront pas à attaquer s’ils sentent
4 Morsure
que quelqu’un envahit leur territoire.
4 Sons aigus
5 Attentif à son environnement
7 Rester caché
5 Aspect inoffensif
6 Connaissance des rêves
Connaissance des rêves : Les Zoogs connaissent bien les
Contrées du Rêve et leurs habitants. Cette compétence leur
permet de trouver des objets dans les terres oniriques qui
peuvent aider les visiteurs qu’ils apprécient ou peuvent leur
servir pour détecter des pièges dans lesquels les conduire
dans le cas contraire.
Endurance : 2
Résistance : 6
Défense : 19
Initiative : 8
Bonus de dégâts au corps-à-corps : +1
Attaque : Morsure +10 (m+1).
Exposition à la terreur : Stupeur (moyenne, 1/m).

157
Je me jette dans tes bras

Mes jambes tremblaient de fatigue. Nous avions travaillé trente heures sans interruption et, à
notre poste, campés sur nos jambes, nous attendions une fois de plus que le Haut Maître passe en
revue section après section les idéogrammes tracés avec notre propre sang. Trois heures avant, au
cours de la vérification précédente, j’aurais juré sur ma vie que nous y étions enfin arrivés, mais
le Haut Maître avait découvert de légères erreurs dans l’avant-dernière section et nous dûmes tout
recommencer depuis le début. Il ne fallait pas se faire d’illusions.
Je n’aurais jamais pensé que la magie puisse être si prosaïque. Le sang avec lequel nous écrivions
les idéogrammes, par exemple, nous avait été extrait des mois avant. Nous avions donné chacun dix
litres, une vingtaine de poches comme celles utilisées dans les hôpitaux, méticuleusement étiquetées
et entreposées dans des glacières — et je suis bien incapable de dire comment on aurait pu mener
à bien ce sortilège à une autre époque. Mais la magie n’est au final guère plus qu’un problème de
mathématiques : au lieu du fameux pentacle que j’attendais, je me retrouvais avec une spirale de
triangles équilatéraux qui formaient, conformément à la méthode Padovan, un dessin tracé avec
l’aide d’instruments propres aux architectes et géologues allant des niveaux laser aux dispositifs
pour le sondage sismique de terrain, mais également avec des artefacts qui, bien qu’ils ne soient pas
arcaniques, n’avaient pas de manuel d’utilisation. Finalement, c’était décevant.
Je levai les yeux dans l’espoir ingénu de voir les étoiles, mais le toit du hangar était opaque.
Toutefois, je fermai les yeux et imaginai être à la maison, entre les édifications hétérogènes que mes
frères et moi avions érigées de nos propres mains. J’imaginai des dizaines de feux de camp autour
du monolithe et les anciens, les Majeurs, les jeunes et les enfants qui célébraient l’événement. Et
au-dessus de nos têtes, le ciel austral parsemé d’étoiles.
Lorsque le Haut Maître dit que l’heure était venue, sur le même ton que celui qu’il avait employé
à chaque tentative vaine, je mis quelques secondes à réagir. « Donnez-vous la main », ajouta-t-il,
prenant place au centre de la spirale.
La première section, le premier des triangles, était réservée à l’Ancien Kaenu, vêtu de sa
sombre tunique qui le couvrait entièrement, tel un spectre. Son apparence alimentait sans
l’ombre d’un doute la légende qui racontait qu’il n’était rien de moins que l’esprit de l’ancien
chef qui était revenu pour nous guider dans des rituels déjà oubliés. Un seul Ancien occupait
également la seconde section. Alexander, un homme jeune malgré son titre, était vêtu de la
tunique noire passée par-dessus un coûteux costume sur mesure. En troisième position, encore
un seul Ancien, Tane, à l’aspect d’un Maori, presque nu, avec à peine un cache-sexe, mais tant
tatoué de complexes filigranes noirs qu’on ne voyait presque rien de sa peau. Je n’avais jamais
vu ces trois personnages, mais entre les Majeurs de mon niveau on évoquait d’autres rituels
qu’ils avaient menés et les prouesses dont ils étaient capables.
« Prononcez les paroles », ordonna le Haut Maître. Un par un, dans l’ordre convenu, nous lûmes
la partie du sortilège qui nous concernait, sans nous décider à donner une intonation particulière,
ne sachant à chaque mot si la phrase serait une question ou une exclamation. Nous écoutâmes les
phrases vacillantes se propager depuis le centre vers l’extrémité de la spirale jusqu’à ce que nous
eûmes tous récité notre partie. Alors le Haut Maître conclut avec son ton monocorde : « Ça y est. »
Aucune lumière ou énergie ne parcourut notre corps, pas même un frissonnement. Les Anciens,
qui occupaient les dix premières sections de la spirale, semblaient convaincus que le sortilège avait
réussi. Nous autres, les frères, nous nous regardions sans savoir que penser.
- 158 -
Sans autre forme de procès, Alexander retira sa tunique, la laissa choir par terre et monta dans
la limousine qui l’avait amené ici. Tane profita également de ce que les portes du hangar soient
ouvertes pour sortir derrière la limousine, réalisant une sorte de ballet accompagné de vocalises
monotones. Personne n’avait vu Kaenu sortir, il n’était simplement pas là.
Et après des heures de lents préparatifs, la réalité prit une vitesse vertigineuse. Ceux qui avaient
formé la onzième section commencèrent à nous pousser de côté pour que nous allions nous changer,
ramasser nos affaires et monter dans l’avion.
Le jour se levait lorsque notre bimoteur, un vieux Nomad du début des années 80, décolla
depuis le petit aérodrome à proximité de Brisbane. Je bouclais ma ceinture, et la fatigue
des heures précédentes me tomba dessus comme une bûche. J’aurais voulu rester éveillé,
car je ne voulais rien manquer.
Lorsque j’ouvris à nouveau les yeux, tout le monde dormait. Par le hublot, je pus voir que nous
étions au-dessus des nuages, un enchevêtrement d’édredons s’étendait dans toutes les directions à
perte de vue. On aurait dit que nous étions suspendus en l’air, immobiles.
Une ombre.
Quelque chose était passé au-dessus de nous, sûrement un autre avion, ou peut-être étions-nous
nous-mêmes passés sous un nuage un peu plus haut. Le ciel était pourtant complètement dégagé,
d’un cyan brillant. L’ombre passa de nouveau. Je me collai au hublot, m’attendant à voir un avion
comme le nôtre voler à une autre altitude : je ne vis rien, il devait être sur la même ligne verticale
que la nôtre. L’ombre encore. Cette fois, elle resta entre le soleil et nous. On pouvait maintenant
entendre une sorte de bourdonnement mêlé à celui de nos moteurs, une vibration grave. Même en
me tordant le cou pour essayer de regarder par le hublot, j’étais incapable de voir l’autre avion, qui
devait être assez grand étant donnée l’ombre qu’il projetait. Le bourdonnement crût progressivement
jusqu’à supplanter le bruit des moteurs. Les parois de la cabine commencèrent à trembler. Ce devait
être les moteurs d’un autre avion, d’un appareil énorme qui s’approchait de nous dangereusement.
Alors, l’ombre commença à nous dépasser lentement et je pus enfin voir : à côté de nous volait
tranquillement un colossal scarabée.
Je n’éprouvai pas de peur, plutôt des bouffées de chaleur qui naquirent quelque part dans mon
torse, profondément à l’intérieur. Sans m’en rendre compte, je m’étais mis à pleurer. Je voulus
m’approcher pour caresser sa peau rugueuse, pour voler à ses côtés. On pouvait sentir une charge
statique dépourvue de paroles qui tentait de pénétrer en moi. Elle voulait faire connaissance,
découvrir mes secrets. Et moi, qui me sentais si loin des miens, si déconcerté, j’aurais voulu qu’elle
entre. Mais de ma mémoire émergea alors un nuage de fumée noire, entre deux mondes, qui avait
des centaines de bouches qui criaient et d’yeux qui cherchaient. « Mon dieu m’attend », pensai-je.
Je cessai de sentir les paroles silencieuses. Le battement d’ailes redoubla de puissance et sa vibration
commença à fendiller le fuselage de notre appareil. Mes oreilles avaient cédé : elles saignaient. Je
ne pouvais rien sentir d’autre que la violente oscillation de ses ailes à travers ma peau.
Soudain, le coléoptère vira et nous dépassa.
La voix métallique du pilote dans les haut-parleurs me parut si irréelle que je ne pus comprendre
ce qu’elle disait. Je crois que nous avons traversé un nuage bas. Je me sentis désorienté pendant
plusieurs minutes. Mes compagnons serraient leur siège, les mains crispées, le regard fixé devant
eux ou les yeux fermés, bougeant les lèvres en silence. Avec un soupçon de cynisme, je me
demandais quel dieu ils priaient. Mais une fois sortie du nuage, la lumière nous inonda à nouveau
et les turbulences cessèrent. Pendant le vaste virage d’approche vers l’aéroport de Nusatupe,
nous pûmes voir le majestueux volcan Kolombangara, qui attendait aussi son heure. On entendit
quelques rires ; les frères regardaient par le hublot, tels des enfants en sortie scolaire. Après avoir
atterri sur l’irrégulière piste d’atterrissage, la seule piste, dont la taille semblait insuffisante, bien
qu’elle occupât toute l’île, les frères se mirent même à applaudir, comme s’il s’agissait d’un vol
commercial où l’on félicite le pilote d’être arrivé à bon port.
Cette sensation d’être en train de participer à un voyage organisé mit du temps à disparaître. Nous
nous laissâmes donc conduire par nos guides Robert et Sveinn, des Anciens qui au cours du sortilège
faisaient partie de la neuvième section et de qui nous ne savions presque rien. À un moment de la
journée précédente, quelqu’un nous avait dit que Robert venait de Brighton et Sveinn de Reykjavik,
mais nous dûmes attendre d’arriver à Nusatupe pour entendre enfin leur voix. Je trouvai leur ton
- 159 -
étrange, leur froideur était très différente du soin avec lequel nous traitions les Aspirants lors de leur
rite de passage à Sydney.
Tous les quatorze, nous pûmes nous serrer avec nos sacs dans le petit transbordeur qui nous amena
à Gizo. Les frères parlaient toujours de manière animée. Pour ma part, je me taisais.
Une fois de plus, alors que je m’attendais à un paradis perdu, une jungle que les indigènes osaient
à peine traverser, préférant vivre sur l’eau dans de précaires palafittes, la réalité me déçut encore :
par de nombreux aspects, le village n’était pas très différent des ports du nord du Queensland et
il me rappela Cooktown, mon propre village. Gizo avait sûrement été érigé par des pêcheurs, et il
conservait des traces d’une époque reculée sous forme de souvenirs et d’animations touristiques
en costumes qui accompagnaient des groupes sans jamais quitter le port. Encore plus visibles, on
retrouvait les complexes touristiques insulaires habituels que l’on pouvait trouver aux Philippines
ou à Hawaï ; la mondialisation a tendance à être confuse.
Quoi qu’il en soit, nous n’eûmes même pas l’occasion de parcourir les rues de Gizo, ni même
de sortir du port. Nous restâmes là, appuyés contre nos volumineux sacs, attendant que le
bateau arrive pour nous emmener à notre destination, l’île de Ranongga. Évidemment, ce
n’était ni un bateau de pêche ni un cargo : le navire faisait habituellement un trajet touristique
autour des îles, son fond était transparent pour permettre de voir la faune marine, et le pilote,
un Allemand nommé Ulf, était gros, rougi par le soleil tropical et torse nu. Il nous fit monter à
bord avec un enthousiasme forcé, énonçant à voix haute la moindre de ses pensées. En outre,
il mit un point d’honneur à ce que nous ne partions pas sans avoir goûté à la cuisine locale
et nous assomma d’anecdotes historiques ou simplement curieuses qui devaient être du goût
des touristes, changeant le voyage à travers les mers de Salomon en un épisode délirant. Ni
Robert ni Sveinn n’osèrent contrarier Ulf, et nous prêtions tous attention à ses explications et
acquiescions, absolument stupéfaits.
La nuit tombait lorsque nous atteignîmes enfin Ranongga et cette plage désordonnée
qui disparaissait progressivement sous un tapis clairsemé de végétation basse donnant
immédiatement lieu à une jungle impénétrable. « Attention à ce que tu désires ! » me dis-je.
Nous avions dit à Ulf que nous souhaitions passer la nuit à la belle étoile ; tandis que son
bateau s’éloignait lentement, il hurla une promesse qui me fit sursauter : « Vous allez voir les
étoiles comme jamais avant. » Moi seul y avais prêté attention.
Il nous fallait atteindre le plus rapidement possible la côte ouest de l’île, selon ce que disait Sveinn
sans révéler le moindre détail de ce qui nous attendait de l’autre côté. Robert consulta un GPS
sophistiqué, puis ajouta que, bien que nous ayons six kilomètres et demi à parcourir avec un
dénivelé de trois cents mètres, il nous faudrait quatre à cinq heures de traversée par la jungle.
Cependant, passée la première impression, il me sembla qu’il ne s’agissait pas du type de jungle
auquel on pense de prime abord, du genre des films où l’aventurier doit se frayer un passage à la
machette. Un peu partout, on voyait des traces des habitants de l’île, mais également des touristes :
une canette de bière à moitié enterrée, un sac plastique pris dans une branche… Mais l’obscurité
rendait la marche plus difficile à cause des ombres insidieuses qui dissimulaient les irrégularités du
terrain et des nuées d’insectes qui nous assaillaient, dansant devant le faisceau des lampes-torches.
Mais le pire était les échos incompréhensibles qui nous entouraient. Certains pouvaient facilement
être attribués à des oiseaux de nuit, mais d’autres restaient trop étranges. J’étais particulièrement
perturbé par un long bruissement qui résonnait d’abord au nord, puis plus grave au sud, de plus en
plus proche. Je me concentrai sur la cime des arbres, espérant y trouver une réponse, comme une
espèce d’oiseau exotique, mais ce fut une bande de chauves-souris qui se souleva dans un vacarme
de battement d’ailes, obligeant tout le cortège à se jeter à terre, terrorisé, et à braquer les lampes vers
les arbres. Soudain, Sveinn avait un pistolet à la main.
Un pistolet ?! S’aventurer dans Ranongga n’était pas comme explorer l’Amazonie, les autochtones
avaient été intégrés depuis longtemps dans l’industrie du tourisme et il ne s’y trouvait pas de
dangereux seigneur de guerre comme en Afrique ni de paramilitaires comme en Amérique latine.
Peut-être était-ce à cause d’un type d’animaux que nous ne connaissions pas, comme des lézards
d’Indonésie, capables de dévorer un homme, voire simplement des chiens sauvages.
Le sombre bruissement retentit cette fois beaucoup plus proche. Je braquai ma lampe dans la
direction où j’avais entendu le son et restai figé, voyant un homme debout qui m’observait. C’est
- 160 -
un homme de petite taille à la peau obscure, presque nu. Un instant, je crus que c’était Tane, qu’il
s’était matérialisé ici pour nous conduire lui-même vers notre destin. Mais l’étranger portait un
masque de bois duquel sortaient deux branches tordues ressemblant à des bois de cerf, ainsi qu’une
sorte de cape composée de grands morceaux d’écorces semblables à des ailes. Il faisait très sombre
et je ne vis pas tout de suite qu’il tenait également une machette dans chaque main.
J’entendis un cri derrière moi et presque immédiatement des coups de feu retentirent. Je fis
quelques pas en arrière sans cesser d’éclairer l’étranger, et je butai contre le corps de l’un de mes
compagnons étendu sur le sol, inerte. Les faisceaux des lampes s’agitaient follement, essayant
d’illuminer les attaquants. On pouvait entendre des coups de feu assourdissants et les cris de terreur
de mes compagnons, mais également des cris proférés par nos ennemis, des cris de guerre.
Je ne me souviens pas avoir décidé de fuir. J’étais étendu sur le sol, incapable de bouger, illuminant
de ma lampe la scène dantesque de ce guerrier qui poignardait le corps tombé d’un frère, encore
et encore, et sans transition je me retrouvai à courir dans la jungle. Ils me poursuivaient, j’entendis
un raffut de feuilles mortes, ainsi qu’une respiration agitée qui se rapprochait toujours plus. Mais
je ne pouvais pas me retourner, car cela impliquait de s’arrêter. Je devais continuer, car ma vie ne
m’appartenait pas, je n’avais pas le droit de me rendre, de me laisser attraper, de tout laisser tomber.
Tout d’un coup, l’un des guerriers apparut sur ma route, si soudainement que je ne pus l’éviter :
nous tombâmes et roulâmes tous les deux au sol. La lumière de ma lampe filtrait entre les branches,
faisant se tordre les banches autour de nous, conférant à mon agresseur une apparence monstrueuse,
celle d’un cafard énorme qui se levait sur ses pattes arrière pour me menacer de ses bras acérés.
Un coup de feu.
Sveinn, qui avait perdu sa lampe, avait vu la lumière de la mienne qui l’avait guidé comme un phare.
Nous haletions tous les deux, incapables de formuler le moindre mot. Le guerrier était toujours
étendu sur moi. Son masque brisé par l’impact de la balle laissait entrevoir le visage d’un enfant.
Des cris. Sveinn me prit par la main et me tira dans la jungle le plus rapidement qu’il put. Impossible
de dire s’il fuyait ou s’il tentait désespérément d’atteindre la côte ouest. Encore une fois, je me
laissai guider. Mais nos corps ne tenaient plus le coup et l’on pouvait entendre des cris de guerre
se rapprocher toujours plus. Il ne restait plus qu’à se cacher. Nous éteignîmes la lampe et nous
réfugiâmes dans un fossé partiellement dissimulé sous un tronc.
Nous attendîmes.
Lorsque nous ouvrîmes à nouveau les yeux, le jour s’était levé. Je découvris que j’étais couvert
du sang de Sveinn, assis dans une mare d’hémoglobine. Je pris le pistolet de sa main et j’eus la
sensation d’accomplir un autre rite de passage, qu’à présent j’étais plus proche du centre de la
spirale. Mon dieu m’attendait.
La plage se trouvait quelques mètres plus loin, ou peut-être avais-je marché des heures avant de
la trouver, je ne saurais dire. Je marchai sur le sable noir jusqu’à la rive et m’y laissai tomber. Le
sang de mon frère me couvrait entièrement. Les vagues me caressèrent avec tendresse. Mais elles
ne diluaient pas le sang qui s’accumulait autour de moi jusqu’à former un nuage écarlate mouvant,
comme s’il était doué de vie. Le sang de Sveinn s’enfonça dans la mer telle une mince frange,
s’éloignant de moi. Enfin, la terre trembla et la mer recula.
Je vis une tour noire au milieu de l’océan, si noire qu’on aurait dit une fissure dans le paysage.
La tour du foyer de Sydney n’était qu’un pâle reflet de celle-ci. Depuis le monument s’éleva
un hurlement désespéré.
Mais la vague était déjà arrivée, une vague majestueuse. Je regardai le pistolet entre mes mains.

- 161 -
 CULTeS
L
CHAPITRE VI
L
a nature humaine est essentiellement sociable.
Regardez autour de vous et vous verrez une
multitude de groupes, chacun avec ses propres
objectifs, ses membres, sa philosophie, ses motivations
et ses idiosyncrasies particulières. Les exemples ne
manquent pas : famille, cercle d’amis, compagnons de
classe ou collègues, club d’astronomie, association de
collectionneurs, communauté sur Internet, congrégation
religieuse, fans d’un groupe de musique, organisation
terroriste, communauté de voisins, bande de motards,
employés d’une multinationale dispersés partout dans le
monde, membres d’un parti politique, bande organisée de
voleurs, adeptes d’un idéal politique particulier…
Un culte n’est rien d’autre que l’un de ces groupes
humains (quoique plus ou moins humain, évidemment)
et se différencie d’un autre par ses contacts directs avec le
Mythe. Ce contact peut imprégner un, plusieurs ou tous
les aspects du groupe. Ainsi, le Mythe peut être un moyen
pour atteindre des objectifs banals comme la richesse et le
pouvoir, mais il peut également être un objectif à atteindre,
quel qu’en soit le prix.
162
Un élément du Mythe peut également dicter les traditions et
la philosophie du groupe, c’est-à-dire ce qu’il doit faire et
quand, mais il est également possible que les membres d’un
groupe suivent une philosophie apparemment inoffensive
ou un chef charismatique et qu’ils ne comprennent pas
complètement l’influence du Mythe sur leurs actions. Il
est même possible que certains membres ne sachent pas
ce qu’est le Mythe et qu’il est affilié à leur groupe. Quoi
qu’il en soit, l’influence du Mythe n’est jamais un élément
marginal, car sa nature corrompt les esprits, même si
ce processus est lent, et rend inhumains ceux qui y sont
exposés trop fréquemment.
Un culte est bien plus qu’un groupe de fanatiques religieux
drapés dans des bures étranges qui brandissent des
couteaux rituels pour sacrifier une vierge sur des autels
blasphématoires à d’obscures divinités antiques. De fait, ce
genre de groupe ne représente qu’une petite minorité. Un
culte, en réalité, est généralement constitué de personnes qui
étaient comme tout le monde et qui auraient pu continuer à
être normales si les circonstances l’avaient permis, mais qui
ont tout de même une personnalité, leurs propres idéaux,
un passé, des ambitions et des idées. En outre, presque
personne n’est « cultiste » à plein temps. Il faut bien gagner
sa vie et interagir tôt ou tard avec le reste de la société. Ou
au moins avec les autres membres du culte.
Dans Cultes Innommables, nous partons du principe
que les personnages appartiennent à un culte qui existe
dans la société actuelle, et nous souhaitons mettre l’accent
sur le fait que leurs possibilités sont bien plus vastes que
les poncifs habituels. Réfléchissez aux groupes présentés
précédemment ; il n’est pas difficile d’introduire chez eux
un ou plusieurs éléments du Mythe qui change leur nature
pour donner lieu à une sinistre parodie de ce qu’ils devraient
être en réalité. Ces éléments peuvent avoir un lien évident
avec les arcanes : découvrir un artefact extraterrestre,
établir un contact avec une entité d’une autre dimension
ou simplement posséder un exemplaire du Necronomicon.
Mais ils peuvent être bien plus subtils et banals, comme
une vieille tradition familiale à la signification obscure qui
finit par conduire à la démence au fil des années, des codes
alchimiques dissimulés dans les œuvres d’art d’un peintre
de la Renaissance, des rêves de profondeurs marines qui
hantent les nuits d’un groupe d’amis lorsqu’ils passent leurs
vacances dans une maison sur la plage…
Il faut s’éloigner de l’idée que les cultistes sont de simples
méchants de films qui mettent en scène des gentils qui
sont gentils et des méchants qui sont méchants. Tant les
cultistes que le groupe en tant que culte peuvent avoir
de nombreuses motivations qui peuvent être tout à fait
innocentes comme des scientifiques qui manipulent une
technologie extraterrestre par curiosité, ils peuvent être
bien intentionnés comme des écologistes déterminés à
empêcher un désastre environnemental par le biais d’une
déité de la « nature », chercher le bien-être de tous comme
un groupe de policiers qui trouve une manière « pas très
catholique », mais terriblement efficace de combattre la
délinquance, être simplement égoïstes comme un petit
groupe d’avocats qui découvre que certains rituels leur
permettent de gagner systématiquement leurs affaires,
voire être ouvertement mal intentionnés, comme une
organisation terroriste prête à abattre la puissance des
arcanes sur des populations entières.
Il y a deux éléments importants à garder en tête. Primo,
il y a une différence fondamentale entre un cultiste
et n’importe quelle autre personne qui se retrouve
exposée au Mythe : le premier éprouve une fascination
qui dépasse son horreur instinctive au point qu’il est
disposé à se servir de ce que le hasard ou le destin a mis
sur son chemin, aussi abominable cela soit-il. Secundo,
quelles que soient la motivation et les intentions d’une
personne, rien de ce qui relève du Mythe n’est humain et
cela corrompra l’humanité de tous ceux qui s’y retrouvent
exposés. Ils muteront physiquement et mentalement,
les transformant en un être toujours plus terrible, plus
inconscient de ce qu’est l’humanité et, en conséquence,
plus disposé à aller encore plus loin pour atteindre ses
objectifs. En ce sens, un culte sème les graines de sa
propre destruction depuis le début, que ce soit par le biais
des forces avec lesquelles il joue ou parce que ses actions,
que ses membres considèrent comme « normales », sont
en réalité d’une démence aberrante qui poussera d’autres
personnes à tenter de les arrêter.
Le culte dans
une campagne
Pour transposer une organisation de cultistes à la
campagne du jeu en la dotant de vie et d’une profondeur,
il faut d’abord répondre à une série de questions et définir
des aspects clefs précis. Envisagez le culte comme un
personnage de plus dans l’histoire, quelque chose de vivant
qui a ses propres détails, un personnage que chaque joueur
doit pouvoir utiliser à sa convenance. Amener le culte à la
table de jeu implique de l’affiner par le biais de la narration,
mais également d’appliquer certaines règles qui seront
définies dans les parties « Création d’un culte » et « Le culte
en règles » (pages 166 et 167).
Chaque culte doit avoir une organisation unique et
individuelle, avec une vision du monde différente de celle
des autres, avec son propre style dans ses actions. Ainsi, en
voulant créer un culte « sur le pouce », le risque est de le
stéréotyper et de ne pas lui donner l’importance qu’il mérite, il
est donc très bénéfique de prendre le temps d’y réfléchir avant
de se lancer. Pour vous aider, nous proposons six questions
fondamentales sur le culte : son origine, ses objectifs, son
organisation, sa méthode de recrutement, les particularités
de ses membres et la symbolique qu’ils utilisent.
IINVESTIGATEURS ET CULTISTES : LES
DEUX CÔTÉS D’UNE MÊME PIÈCE
Les personnes normales qui s’approchent du Mythe finissent
dans leur majorité fous ou morts avant d’avoir compris à
quoi elles étaient confrontées, par exemple lorsqu’un lecteur
imprudent lit ce qu’il n’aurait pas dû voir, ou lors d’une
rencontre malheureuse avec quelques créatures monstrueuses
qui pullulent sur Terre dans l’ignorance générale.
Pourtant, il existe une petite fraction de gens qui ne finissent
pas ainsi au contact du Mythe. Certains de ces derniers finissent
par devenir des détracteurs de ces pouvoirs, tandis que d’autres
en deviennent les défenseurs et des « bénéficiaires ». La voie
que choisissent ces personnes détermine si leur destin est de
devenir des investigateurs (selon la terminologie classique
d’autres jeux inspirés du Mythe) et des héros anonymes qui
défendront l’humanité ou, au contraire, s’ils se serviront de ces
connaissances dans les arcanes, occultes et sans aucun doute
dangereuses, à d’autres fins. Dans ce cas, ils finiront par devenir
ce que beaucoup appellent des « cultistes », ce que d’autres
cercles nomment des « croyants ».
Ces deux attitudes envers un même fait convergent en des
situations d’affrontements qui ont donné vie aux aventures que
nous sommes maintenant habitués à lire sur le Mythe. Mais,
comme vous vous en rendrez bientôt compte en pénétrant dans
le monde de Cultes Innommables, les investigateurs ne seront
pas les adversaires les plus dangereux auxquels les cultistes
devront faire face. Plus ces derniers se rapprocheront du Mythe
et utiliseront les pouvoirs qu’il leur fournit, plus les dangers qui
les guettent seront nombreux et mortels.
163
 ORIGINE
Toute organisation a une origine, et un culte ne fait pas
exception. Pour comprendre le culte, commencez par vous
demander quelle est son origine, c’est-à-dire quelles sont les
circonstances et le moment qui l’ont amené à être créé.
Dans les grandes lignes, deux types d’origine sont les plus
courants pour un culte :
Créé de toutes pièces : Ce genre de culte a été créé tel
quel. Sa finalité est tournée depuis son origine vers le
Mythe, quelle que soit la manière : pour le comprendre,
l’adorer, le dominer, etc.
Transformé : Un culte de ce type a commencé par
être une organisation d’un autre genre. À un moment
de son histoire, elle est tombée sur le Mythe qui a
progressivement pris une part de plus en plus importante
jusqu’à ce qu’elle devienne un culte.
En ce qui concerne le moment de son apparition, il est
possible de distinguer trois catégories :
Récent : Ce culte existe depuis peu. Ses membres actuels
en sont les fondateurs et il n’est pas certain que le culte
leur survive après leur disparition. L’histoire du culte n’est
pas particulièrement riche et variée, mais cela le libère de
nombreuses contraintes imposées par son passé.
Vétéran : Le culte est une organisation forte de
dizaines d’années d’existence, voire un ou deux siècles.
Depuis sa création, les membres se sont renouvelés,
bien qu’il soit possible que certains d’eux puissent
avoir été capables de rester d’une manière ou d’une
autre. Ses intérêts et ses motivations ont sûrement
évolué pour s’adapter aux nouvelles époques et aux
nouvelles configurations de membres. Le culte a une
histoire riche, mais également de nombreux ennemis
qui se sont accumulés au fil des années.
Ancien : Le culte est une organisation dont l’origine se
perd dans le temps et les siècles d’histoire. Hormis s’il
compte un immortel toujours présent dans ses rangs,
les membres de ce culte ont peu ou rien à voir avec
les membres fondateurs, et ses objectifs et motivations
ont largement évolué, peut-être jusqu’à devenir
incompréhensibles pour ses fondateurs. En revanche,
ce genre de culte disposera d’un patrimoine très riche,
tant en ce qui concerne le quotidien que le Mythe, et il
aura affronté l’adversité en de nombreuses occasions.
Ses ennemis sont très puissants et nombreux, et ses
actions auront plus d’une fois attiré l’attention de forces
bien plus dangereuses. Peu de cultes parviennent à
survivre aussi longtemps, car il leur faut non seulement
affronter les affres du temps et du destin comme
n’importe quelle autre organisation, mais la nature
de leurs activités les amène régulièrement au bord
de la corruption et de la catastrophe. Pour la même
raison, ce type de culte aura muté au fil des années.
Lorsqu’une génération disparaît dans un désastre,
il est possible que la suivante le reconstruise sous
une forme légèrement différente, peut-être même en
perdant une partie de ses connaissances et traditions.
Dans certains cas extrêmes, il est même possible qu’un
culte soit reformé des décennies, siècles ou millénaires
après la disparition de sa première version. Les raisons
164
de cette renaissance sont très variées : si le culte
tourne autour de l’adoration ou de l’obéissance à une
créature, c’est cette dernière qui a pu le reconstituer.
Il est également possible qu’un groupe découvre des
écrits du culte original et souhaite l’émuler. Ou alors,
l’un de ses membres originels a peut-être survécu
d’une manière ou d’une autre (ou s’est réincarné) et
souhaite reconstruire son patrimoine. Enfin, il est
même possible que l’existence et la destruction de
ce culte soient un cycle cosmique inévitable dû à des
raisons insondables.
Enfin, il est nécessaire de définir le(s) fondateur(s)
du culte. Si l’organisation est récente, il peut s’agir des
membres actuels, mais dans les autres cas, ces personnes
seront décédées ou auront disparu… normalement. Se
demander qui est à l’origine du culte, et la relation entre
le(s) fondateur(s) et les membres présents amène à se
demander si les objectifs actuels du culte sont toujours
les mêmes ou s’ils ont changé radicalement. Le fondateur
du groupe n’est peut-être pas humain, ou peut avoir
des objectifs occultes ou différents de ceux des autres
membres. Il est également possible que les années aient
changé le fondateur en quelque chose qui n’est plus
humain et que le culte soit devenu un groupe qui le vénère
ou, au contraire, qui cherche à le détruire.
OBJECTIFS
Les objectifs d’un culte sont les buts qui le font exister
au quotidien. Dans une moindre ou pleine mesure, ses
membres connaîtront et partageront ces objectifs et,
du moins en théorie, seront prêts à sacrifier leur propre
intérêt pour ce « bien commun ». Si certains « égoïstes »
ne sont pas prêts à cet effort, le reste du culte peut très
bien les convaincre ou les expulser.
Les objectifs d’un culte peuvent être tout à fait concrets
ou puissamment abstraits. Ils peuvent être facilement
réalisables ou complètement utopiques, mais dans tous
les cas ils constituent un moteur qui les pousse en avant.
Depuis la fondation du culte jusqu’à aujourd’hui, ses
objectifs peuvent avoir changé, à plus forte raison si les
buts fixés par le passé ont été atteints et que d’autres, plus
ambitieux, sont venus les supplanter.
Dans certains cas, les objectifs du culte consistent
simplement à obéir à une créature, un objet ou une personne
qui dicte les desseins de l’organisation. Lorsque c’est le cas,
la véritable motivation du culte est de suivre les ordres de
ce phare idéologique, et il est possible que les instructions
données ne soient pas très claires. Lorsque l’interprétation
entre en jeu, certains membres du culte, que ce soit
individuellement ou en groupe, peuvent tenter de déformer
la signification de ces ordres pour leur propre bénéfice,
ce qui peut aboutir à des luttes de pouvoir internes, des
dissensions, des purges, voire des schismes qui donneront
lieu à la création de plusieurs branches aux interprétations
différentes d’un même événement ou d’une idée.
RECRUTEMENT
Certains cultes sont des organisations fermées et élitistes où
il est difficile d’entrer, comme pour le plus select des clubs
de gentlemen, tandis que d’autres sont des groupes ouverts
qui font du prosélytisme très actif pour tenter de capter
le plus grand nombre possible de membres. Le style de
recrutement du culte en dit long sur le genre de personnes
qui le composent, ainsi que sur l’interaction entre le culte et
le monde extérieur. En outre, c’est une bonne référence au
moment de déterminer l’influence que le groupe a dans le
monde en fonction du nombre d’adhérents ou du pouvoir
personnel de chacun d’eux. Il est possible de distinguer les
méthodes de recrutement suivantes :
Sélectif : Les nouveaux membres sont sélectionnés avec
soin au sein d’une élite sociale, économique, culturelle,
intellectuelle ou génétique déterminée. Les membres actuels
se chargent de localiser et d’étudier les membres potentiels,
de proposer de les intégrer et finalement de les attirer dans
le culte. Exceptionnellement, le culte peut décider d’accepter
des candidats s’ils sont recommandés par des membres
influents ou s’ils réussissent une sorte d’épreuve.
Héréditaire : le culte est une organisation familiale qui
n’accepte que des membres unis par les liens du sang.
Il est possible que tous les membres du groupe soient
des descendants directs des fondateurs ou qu’ils forment
tous une même famille, et que le seul moyen d’entrer
dans le culte soit par le mariage ou la naissance. Une
organisation de ce type peut avoir des intérêts purement
raciaux ou se considérer comme élue par une force
extérieure. De même, un culte de ce type peut tomber
dans l’endogamie ou être disposé à commencer une
hybridation avec des créatures inhumaines.
Proximité : Le culte se nourrit de personnes proches des
cultistes, généralement l’entourage dans lequel ils vivent,
comme un village ou leurs collègues. Les personnes à
recruter peuvent être des amis ou des compagnons de
cœur. Une organisation de ce type vise une croissance
modérée : les cultistes savent qu’ils ont besoin de sang
neuf, mais ils ne veulent accueillir que des personnes
de confiance dans leur groupe. Un culte de ce type peut
s’étendre à l’ensemble d’un hameau, tout le personnel
d’une entreprise, un club de sport ou une association de
jeunes avant de transformer le groupe en quelque chose
d’entièrement différent, ou simplement coexister au sein
d’une organisation sans que la majorité de ses membres
sache ce qui se trame dans leur dos.
Prosélytisme : Le culte cherche activement de nouveaux,
meilleurs membres. Il est probable que les nouveaux
venus se voient distiller qu’un faible flux d’informations
déformées quant à la véritable nature du groupe et que le
culte leur serve des arguments religieux ou sociaux pour
les attirer. Le groupe peut se cacher derrière la vitrine
d’une nouvelle secte chrétienne ou se présenter comme un
groupe de justice sociale et utiliser ses nombreux nouveaux
venus comme chair à canon. Un bon lavage de cerveau ou
une simple exposition à la Vérité du Mythe peut constituer
le rite de passage pour accéder au cœur du groupe et
s’approcher de ses véritables objectifs.
Prédestination : Que ce soit pour obéir à des lois
arcaniques, aux désirs d’une déité ou d’une créature qui
contrôle le culte ou d’une tradition dont l’origine est devenue
légendaire, certaines personnes doivent être initiées au
culte, que cela plaise ou non aux membres de l’organisation
et aux candidats eux-mêmes. Gardez à l’esprit que les lois
qui régissent la réalité dépassent la plupart du temps ce que
l’humanité est capable de comprendre, prennent des formes
étranges, apparemment capricieuses et illogiques, ce qui
peut se traduire par des méthodes de sélection à première
vue absurdes. Les nouveaux membres peuvent être choisis
en fonction du moment de leur naissance, comme un
solstice ou des événements astronomiques particuliers
(passage de comète, éclipse, alignement des étoiles…) ou
de conditions spéciales, comme être le septième fils d’un
septième fils d’un septième fils. Ils peuvent également avoir
un lien avec des événements, aussi singuliers et visibles que
survivre à la foudre, que trivial comme avoir des grains de
beauté à un certain endroit du corps. Enfin, il est possible
qu’il n’y ait pas de schéma compréhensible et qu’il faille
simplement suivre aveuglément des critères apparemment
arbitraires d’une créature ou d’un rituel.
ORGANISATION
Bien que la structure des cultes de petite taille puisse être
éminemment informelle, une hiérarchie bien délimitée
est nécessaire dans les cultes de plus grande importance,
comme avec un organigramme qui indique quelles sont
les fonctions des différents membres et qui a la capacité de
donner des ordres (et à qui). Il existe différents types de
hiérarchies qu’un culte peut adopter, depuis la structure
entièrement horizontale où il faut considérer tous les
membres au même niveau au moment de prendre une
décision, à la structure purement verticale, au sein de
laquelle les membres suivent avec dévouement un chef
absolu, une structure souvent organisée comme une
pyramide à plusieurs degrés de capacité décisionnaire.
Mais la hiérarchie n’est pas nécessairement imposée en
fonction du pouvoir de décision de ses membres. En
raison de l’idiosyncrasie de l’organisation, l’information
est quelque chose de bien trop important pour être
partagée. Pour cette raison, la forme la plus courante pour
organiser un culte consiste à utiliser le schéma des cercles
concentriques. Le point central regroupe les membres
fondateurs et systématiquement les personnes les plus
puissantes ou qui sont le plus proches de comprendre
le véritable objectif du culte. Tout autour, dans différents
cercles concentriques toujours plus larges, gravitent les
membres de l’organisation. Plus ils sont éloignés du centre,
plus l’information qu’ils détiennent est maigre. En outre,
les cercles sont pratiquement hermétiques, car un individu
aura beaucoup de mal à passer à un autre anneau et il lui
sera presque impossible d’être accueilli dans le point central.
Au moment de la création d’un culte, il est nécessaire
de définir sous quelle forme il s’organise. Qui prend
les décisions importantes ? Qui s’occupe des questions
mineures ? Le chef est-il élu par la congrégation ou choisi
par une force extérieure au culte ? Ces questions sont
censées vous aider à comprendre le rôle des personnages
du culte et leur approche des problèmes.
Il faut garder à l’esprit qu’un culte camouflé au sein d’une
organisation banale n’a pas nécessairement la même
structure que cette dernière. Par exemple, le directeur d’un
collège peut être un acolyte mineur, tandis que c’est l’un des
surveillants qui dirige réellement les opérations.
165
 MEMBRES
Les membres d’un culte regroupent l’ensemble des personnes
qui le composent, notamment ceux de rang inférieur et ceux
qui ne savent même pas qu’ils font partie du groupe. La
relation entre les membres sera généralement déterminée par
la rigidité de la hiérarchie du culte, comme nous l’avons vu
au paragraphe précédent. Pour définir qui sont les membres
d’un culte, il faut d’abord se demander combien ils sont, ce
qui implique de savoir à quel point il est étendu. Le culte
des personnages joueurs, par exemple, peut être composé
uniquement par eux-mêmes et ainsi constituer un culte très
réduit. Généralement, en revanche, ils seront épaulés par
des compagnons dévoués qui seront leurs alliés naturels,
bien qu’ils puissent être des concurrents pour une position
particulière au sein de l’organisation. À cet égard et presque
indépendamment de la hiérarchie formelle qui encadre le
culte, il peut y avoir au sein du groupe une structure sociale
reposant sur le charisme personnel et les relations entre les
membres. Voici un classement standard des différents rôles
que peuvent jouer les participants à un culte :
Chefs : Ce sont les têtes visibles qui ont le dernier mot et que
tout le monde consulte pour avoir leur approbation. Si la
structure est claire, le plus courant est qu’il y ait un seul chef
qui ait la responsabilité ultime, mais il peut y avoir d’autres
chefs mineurs sous ses ordres, chargés de tâches concrètes
ou, si le culte est très étendu, qui contrôlent des branches
situées à d’autres endroits du globe. Dans plusieurs cultes,
plusieurs personnes peuvent partager le statut de leader,
que ce soit de manière explicite par le biais de la structure
même de l’organisation ou implicite grâce à l’émergence de
chefs naturels qui ne visent pas la position la plus élevée,
mais disposent de beaucoup d’influence et de pouvoir.
Cercle restreint : Ce sont les membres les plus respectés
du culte et sûrement les plus craints. Il s’agit de personnes
disposant d’un grand pouvoir, tant au niveau de l’organisation
que des arcanes, et que les autres voient comme une référence.
Ce sont ceux qui sont les plus proches du chef et, si un nouveau
leader émerge, il y a de fortes chances que ce soit depuis ce
cercle. Ce cercle peut comprendre les fondateurs du groupe
dans le cas de cultes récents ou des responsables de charges
importantes, selon le culte. Dans tous les cas, le cercle restreint
constitue le noyau dur de l’organisation et il est fréquent que
ses membres aient la capacité de la reconstruire si elle est
gravement touchée, notamment si le chef meurt ou disparaît.
Membres de plein droit : Ce sont ceux qui connaissent les
véritables activités du culte ou au moins la majorité d’entre
elles, et qui participent activement à la vie du groupe en
tant que membres de plein droit. Ils bénéficient de tous les
avantages et doivent se plier à toutes les obligations que
le culte impose à ses membres. Des fondateurs peuvent
même faire partie de cette catégorie.
Candidat : Il s’agit des membres en formation. Il peut
s’agir de candidats volontaires qui souhaitent en savoir
plus ou de personnes que le culte tente d’attirer à lui, selon
le type de recrutement qui est pratiqué. Les candidats
finissent par devenir des membres de plein droit s’ils sont
finalement acceptés et acceptent d’embrasser les principes
de l’organisation, mais ils peuvent très mal finir s’ils ne
sont pas considérés comme aptes et apprennent ce qu’ils
n’auraient pas dû savoir.
166
Associés : Ce ne sont pas des membres du culte, mais des
personnes qui savent qu’il existe et qui entretiennent avec
lui des liens de coopération mutuelle. Les associés aident
l’organisation et reçoivent possiblement quelque chose
en échange, mais ce ne sont pas des membres et ainsi ils
ne bénéficient pas de la confiance et de l’accès qu’ont les
cultistes. Certains associés peuvent aider plusieurs cultes,
ce qui fait d’eux des éléments auxquels on accorde très peu
de confiance, mais que l’on tolère parce qu’ils fournissent
des informations ou ressources de valeur. Certains associés
peuvent également être des candidats ou le devenir, tandis
que d’autres se voient interdire l’accès au culte pour ne pas
avoir rempli les conditions nécessaires. Quoi qu’il en soit,
ces associés en savent vraisemblablement très peu sur les
intentions, objectifs et méthodes effectives du culte. Dans
certains cas, ils ne savent même pas ce qu’est le Mythe
ou ce que le groupe avec lequel ils traitent peut avoir
à faire avec : pour eux, il ne s’agit simplement que d’une
« organisation clandestine ». Bien entendu, le cas contraire
existe également, et l’associé peut avoir une profonde
connaissance de l’organisation, mais il est rare qu’un culte
apprécie que n’importe qui puisse fouiner dans ses affaires.
STRUCTURE
Un culte peut être organisé selon différents schémas, en
fonction de ses besoins, ses capacités d’expansion, son
influence publique ou ses ressources. Les archétypes de
structure proposés ci-après sont autant valables pour des
cultes comptant peu de membres que pour des essaims
grouillants de monde, car le nombre de membres ne
détermine que la densité de la structure choisie.
Cellules : Ces cultes sont organisés en petits groupes
qui fonctionnent avec une autonomie presque totale et
possèdent le moins de hiérarchie possible. Cette structure
est généralement choisie lorsque l’organisation n’a pas
d’autorité centrale forte ou si elle souhaite que chaque cellule
fasse front individuellement aux dangers, catastrophes ou
démembrements d’autres cellules. L’inconvénient réside
dans le manque de coordination globale qui peut engendrer
des malentendus, un éparpillement des efforts sur le même
objectif ou la désagrégation du culte en sous-cultes mineurs.
Centralisé : Le culte reste fermement contrôlé par ses
hiérarques qui placent ses membres en fonction des
événements et sont attentifs à tous les succès de manière
presque constante. L’initiative individuelle est réduite à
peau de chagrin et il est rare que les membres inférieurs
comprennent les actions que le sommet du pouvoir
ordonne. Le principal avantage de ce type de structure
réside dans le contrôle presque absolu de toutes les
activités et dans le fait qu’il est possible de se concentrer
au maximum sur les objectifs essentiels.
Réseau : Bien que le culte dispose d’une hiérarchie bien
définie, cette dernière ne suit pas nécessairement les
instructions des supérieurs. Il existe plusieurs divisions
localisées dans divers lieux ou qui se consacrent à d’autres
activités. Chaque groupe doit disposer de suffisamment
d’autonomie et d’initiative pour agir pour son propre compte,
si la situation le demande, au sein des objectifs définis par
les chefs. La différence fondamentale avec un culte organisé
en cellules est qu’ainsi, tous les nœuds du réseau suivent le
même plan global, mais agissent avec beaucoup de souplesse.
SYMBOLIQUE
Tous les éléments qui permettent de distinguer les cultes
résident dans la symbolique qu’ils utilisent. Elle aide les
membres du culte à avoir une identification, elle renforce
la sensation d’appartenance et encourage la camaraderie
et l’unité des membres. Elle peut également être utilisée
comme système de cryptage, par exemple pour localiser
d’autres membres ou comme mot de passe. Il existe différents
éléments de symbolique que le culte peut adopter sans qu’il
soit nécessaire de tous les inclure. Voici les plus courants :
Nom : Le nom du culte est la base de la pyramide de la
symbolique, car il souligne l’appartenance à un groupe
exclusif et différent duquel les autres sont exclus. C’est
le premier pas vers le « nous » contre « eux ». Les
organisations de nature publique adoptent régulièrement
deux noms, l’un connu publiquement et l’autre secret,
que seuls connaissent les membres initiés. Le nom d’un
culte est souvent descriptif et informel, mais la majorité
des fois il constitue une véritable déclaration de pouvoir
et d’intention. Évidemment, les groupes plus réduits
n’ont pas forcément besoin de ce genre de bannière et
n’ont parfois pas de nom.
Emblème : L’emblème est un symbole, une
représentation graphique qui sert de moyen
d’identification aux membres. Il peut représenter des
armoiries complexes ou une simple rune, mais les
cultistes le respectent et en sont tous fiers. Si le culte
a une façade publique, il est possible qu’il soit visible
et que les membres s’en enorgueillissent. Dans le cas
contraire, il peut être secret et les cultistes peuvent
le tenir caché loin des regards. Dans le cas des cultes
les plus grands, l’emblème peut avoir pour but
d’aider les autres membres à s’identifier lorsqu’ils
ne se connaissent pas personnellement. Souvent, les
emblèmes sont tatoués ou gravés sur des anneaux
ou autres bijoux.
Postes : Certains cultes ouvrent des postes formels
à leurs membres, comme « Grand Prêtre », « Grand
Maître » ou simplement « Trésorier ». Dans certains
cas, les postes reflètent des fonctions concrètes au
sein de la structure du groupe, tandis que dans
d’autres ce sont de simples titres honorifiques utilisés
pour flatter l’ego des membres et encourager un
respect mutuel. Normalement, seuls les membres
situés en haut de la hiérarchie du culte occupent
un poste, mais les organisations les plus réduites et
formelles peuvent aller jusqu’au ridicule d’attribuer
des postes ronflants à tous leurs membres. Au
moment de la création, il est nécessaire de réfléchir
au type de structure du culte, à son sens profond, à
la personnalité de ses fondateurs et à ses objectifs.
Si « Grand Prêtre » peut convenir à une sorte de
secte pseudo-religieuse, elle est complètement
hors de propos dans un groupe de scientifiques
corrompus. « Chercheur en Chef », « Cerveau »,
« Directeur » ou « Seigneur des Gènes » sera bien
plus adapté à ce contexte.
Devise : La devise est une expression dans laquelle
le culte a condensé ses objectifs, sa raison d’être ou
ses règles de conduite, une phrase que les membres
du culte utilisent comme un petit encouragement au
moment de rassembler leurs forces pour affronter
l’adversité ou pour rappeler à d’autres membres le chemin
à suivre. La devise peut être une répétition obsessive du
nom de la divinité blasphématoire du culte ou aller jusqu’à
être une phrase complexe en latin ou autre langue. Elle
peut aussi servir de phrase de reconnaissance entre les
membres du même culte.
LE JARGON DES CULTIST
ES
Il n’existe pas de jargon universel
entre tous les cultistes.
Chaque groupe finit par développ
er ses propres termes
pour se référer aux tabous, ses propre
s euphémismes. Il est
possible que certains groupes adop
tent la terminologie d’un
autre avec lequel il a des contacts, ma
is au final l’organisation
devra toujours construire ses propres
codes si elle ne souhaite
pas se retrouver à devoir expliquer
en public des choses qui
ne doivent pas attirer l’attention d’i
ndésirables.
Prenons comme exemple le cas du cul
te des Fils du Sombre
Habitant, qui a énormément gagn
é en pouvoir dans les
années 80 et s’est rendu célèb
re de par la couverture
médiatique qui a entouré l’assa
ut donné par le FBI
dans une grange du Colorado. Les
journaux ont évoqué
le démembrement d’une « secte
sataniste aux membres
répartis dans tous les États-Unis pos
sédant des liens avec
la mafia ». Plusieurs arrestations
ont eu lieu à différents
endroits du pays, donnant l’impre
ssion que le culte avait
disparu du jour au lendemain.
Voici une petite liste des termes qu’util
isaient les Fils du Sombre
Habitant, qui peuvent servir de source
d’inspiration pour créer
son propre jargon pour d’autres cultes
.
- Partenaire : Membre du culte.
- Initiation : Cérémonie rituelle au
cours de laquelle une
personne devient membre du culte.
- Marionnette : Membre du culte qui
ne connaît pas le but
réel de l’organisation.
- Main noire : Généralement, c’est
l’entité du Mythe que le
culte suit et qui tire les ficelles
- Étrangers : Créatures du Mythe.
- Orbe : Objet puissant du Mythe.
- Père : Chef du culte.
- Croyant ou Illuminé : Personne qui
sait ce qu’est le Mythe.
- Loi : Moteur impératif pour le culte.
167
 Création d’un culte
Il faut considérer le culte comme un métapersonnage partagé
par tous les joueurs. Ainsi, il est préférable que sa création
soit consensuelle et que tous soient d’accord, notamment
le maître du jeu. En cas de conflit, c’est ce dernier qui aura
le dernier mot. C’est finalement lui qui sait quel type de
scénario mettra en scène les personnages et donc le type de
culte qui leur conviendra le mieux. Évidemment, le maître
du jeu peut suivre les mêmes règles de création pour créer
d’autres cultes alliés ou opposés à celui des personnages. Ils
ne sont pas nécessairement limités à 14 points d’attributs
(voir plus loin pour plus d’explications).
À l’instar des personnages, un culte dispose de certains
attributs avec des valeurs numériques et des aspects qui
lui ajoutent de la profondeur et du réalisme. Nous allons
aborder plus en détail la mécanique de jeu utilisant les
attributs et aspects du culte dans les pages suivantes.
Nom : Le nom du culte est un symbole qui le définit,
comme nous l’avons vu précédemment. Un culte qui
s’appelle le « Saint Ordre de l’Homme Décharné » sera très
différent du « Groupe Pluridisciplinaire de l’Université
de Miskatonic » et il faut prendre le temps de décider
comment nommer l’organisation. Certains groupes de jeu
préfèrent garder le nom pour la fin pour qu’il soit choisi en
cohérence avec le type de culte créé au lieu d’être un guide à
la création proprement dite. Certains cultes peuvent ne pas
avoir de nom formel lorsqu’il s’agit davantage de groupes
circonstanciels que d’organisations structurées, mais même
dans ce cas le culte aura une dénomination qui lui servira
de nom, par exemple « la famille White » ou « le groupe de
Jonathan Kramer ».
Concept : Cette notion explique en quelques mots le type
d’organisation qu’est réellement le culte. S’il possède une
couverture ou une façade, elle doit être incluse dans le
concept. Par exemple, « Famille de l’Amérique profonde
transformée par une horreur cosmique », « Groupe de
dilettantes assoiffés de sagesse », « Occultistes mercenaires »,
« Chasseurs de monstres qui combattent le feu par le feu »,
« Scientifiques qui ont découvert une vérité ineffable ».
Motivation : La motivation du culte est sa raison d’être, la
cause de son existence et le moteur de ses actions. Elle n’est
pas forcément globale, car chaque membre peut avoir sa
propre motivation qui peut même être parfois contraire
à celle du groupe en tant qu’organisation, mais elle sera
normalement connue et respectée de tous. La motivation
peut être une notion abstraite et relativement peu définie,
comme « Provoquer la fin du monde » ou « Créer une
race supérieure », ou bien plus concrète, comme « Ouvrir
la porte pour l’arrivée d’Azathoth » ou « Mettre au jour la
cité perdue d’Isilharth ». Souvent, la motivation permet
d’identifier le ou les véritables maîtres que suit le culte,
s’il y en a. Pour autant, la motivation peut être totalement
banale, comme « Gagner tous les titres sportifs », « Devenir
les plus grandes idoles du rock » ou « Être l’entreprise avec
la meilleure cote boursière de tous les temps ».
Attributs : Un culte dispose de quatre attributs qui définissent
sa force en fonction de quatre zones générales. Au cours du
processus de création, répartissez 14 points entre ces quatre
attributs, avec un minimum de 1 et un maximum de 10
168
pour chacune. En outre, comme dans le cas des attributs des
personnages, choisissez un trait ou un aspect descriptif pour
chacun des attributs du culte. Les caractéristiques du culte
sont les suivantes :
Ressources : L’argent, les possessions et autres valeurs
économiques dont dispose le culte. Une organisation
avec des Ressources de 1 n’a probablement à disposition
que l’argent et le patrimoine dont disposent ses propres
membres (ce qui n’est sûrement pas très élevé), tandis
qu’un culte avec une valeur élevée dispose d’infrastructures
propres dans des lieux différents, de comptes bancaires
dans des paradis fiscaux, d’antiquités de valeur ou d’un
peu de tout cela. Certains traits appropriés pour cet
attribut sont : « Financé par l’État », « Détourne des
fonds de l’université », « Chaque membre fournit ce qu’il
peut », « Riches mécènes », « Chaîne de magasins réputés
dans la vente de voitures d’occasion », « Terres et fermes
ancestrales », « Antiquaires », « Les nouveaux acolytes
offrent toutes leurs possessions matérielles » ou « Sait
changer le sang humain en or ».
Influence : Cette caractéristique indique si le culte est
plus ou moins connecté et étendu dans les différentes
sphères de la société. Une organisation avec une
Influence de 1 manque presque totalement de contacts,
et sa capacité à affecter les milieux sociaux et politiques
dépend des capacités individuelles de ses membres. Au
contraire, un culte avec une forte Influence a la capacité
à intervenir dans la politique, auprès des tribunaux ou
dans les médias par le biais de ses contacts, partenaires et
pantins placés dans des zones très différentes de la société.
Par exemple, les traits peuvent être : « Contacts dans la
police », « Un membre du Congrès leur doit un service »,
« Connaissent toutes les bandes organisées de la ville »,
« Bien connus dans la communauté des archéologues »,
« Rendent des services à la mafia », « Essayent de passer
inaperçus » ou « Ne peut se fier qu’à la famille ».
Connaissances : Cette caractéristique indique à quel point
la bibliothèque du culte est fournie, ou si ses découvertes
et enquêtes sont bien documentées. Une organisation avec
des Connaissances de 1 n’accumule aucun autre savoir que
celui que possèdent les membres du groupe eux-mêmes,
tandis qu’un culte avec une valeur de Connaissances élevée
dispose d’une grande bibliothèque bien garnie d’ouvrages
variés sur les arcanes ou d’archives détaillées composées
de rapports d’expériences surnaturelles. Exemples de traits
de Connaissances : « Le Livre que nous ont légués nos
ancêtres », « Collections de vieilles coupures de presse »,
« Documents ésotériques téléchargés sur le Net », « Le Maître
est notre source de savoir », « Reçoivent des rêves d’une race
aquatique très ancienne », « Accès limité à la bibliothèque de
Miskatonic », « Journal de bord d’un alchimiste du Moyen
Âge », « Vaste collection de textes ésotériques compilés au
fil de nombreuses années », « Monolithes de pierre aux
inscriptions antiques » ou « La vieille folle aux chats nous
racontait des histoires quand nous étions petits ».
Taille : Indicateur abstrait du nombre de membres qui
peut servir de mesure de la « force brute » du culte. Un
groupe de Taille 1 n’est formé que des personnages joueurs,
tandis qu’une organisation de Taille élevée comptera des
centaines de cultistes vraisemblablement répartis partout
dans le monde dans plusieurs sièges. Exemples de Taille :
 « Centaines de partenaires qui pensent qu’il s’agit d’une
ONG », « Seuls ceux de notre sang peuvent connaître nos
secrets », « Recruteurs zélés d’adeptes superflus », « Nous
sommes une élite », « Notre Mère nous envoie à ceux
qu’elle choisit », « Moins nous sommes, plus il sera difficile
de nous trouver », « Nous sommes légion » ou « Les élus
viendront à nous ».
Faits marquants : L’histoire du culte sera ponctuée
d’événements qui ont modelé son évolution et qui ont une
importance dans son organisation actuelle. Choisissez
quatre faits marquants pour le culte, par exemple :
« Le fondateur a disparu après avoir tenté de lancer un
sortilège étrange », « Il y a cinq ans, le culte a été démantelé
par la police, mais il s’est reformé », « S’est scindé de la
Fraternité de l’Œil Pourpre suite à un désaccord portant
sur le recours à la violence », « Ses membres ont trouvé
des tablettes de pierre gravées d’étranges hiéroglyphes au
cours d’une fouille archéologique », « Notre dieu nous a
annoncé que le monde prendrait fin en 2012 », « Cette
société a été créée il y a 1000 ans pour protéger d’Eux
l’Œuf du Grand Ancien jusqu’à son éclosion », « Nous
avons dû tuer un traître », « Nous avons récemment
fait l’acquisition d’une copie numérique de plusieurs
fragments du Necronomicon », « Chaque solstice d’été,
l’un des nôtres est élu pour être envoyé sur Titan »,
« Tous les passagers du vol 313 ont disparu, tout comme
l’artefact qui se trouvait dans le même avion », « Nous
tissons des liens d’amitié avec la Société Internationale
des Antiquaires », « Le gouvernement nous a expropriés
de nos terres ancestrales l’année dernière », « Quelqu’un
nous a volé l’Œil de Fu-Ming », « Nous avons éliminé
les autres gangs et nous contrôlons à présent le trafic de
drogue dans la ville », « Nos frères à l’étranger meurent
les uns après les autres dans d’étranges circonstances »
ou « Récemment, nous avons recruté la femme
du maire de la ville ».
Le culte en règles
ATTRIBUTS
Les attributs du culte peuvent être ajoutés aux
compétences du personnage lorsque la situation le
permet. Par exemple, les Connaissances peuvent être
additionnées à la compétence de du personnage
si ce dernier a le temps de faire des recherches dans
la bibliothèque du culte. De même, l’Influence peut
s’ajouter à sa compétence de si le personnage tire les
ficelles adéquates pour atteindre ce qu’il souhaite.
En général, utiliser les attributs d’un culte nécessite toujours
un temps de préparation. Le personnage peut ajouter les
Ressources du culte à sa compétence sociale pour
illustrer le fait qu’il soudoie la bonne personne, ou sa Taille
s’il tente de l’intimider, mais ces deux tentatives nécessiteront
du temps : la personne corrompue mettra quelques jours
avant de recevoir le paiement provenant des comptes du
culte, tandis qu’incendier sa voiture demandera plusieurs
heures pour se retrouver et s’organiser, par exemple.
Il est également possible d’avoir recours aux attributs
de manière créative : les Connaissances du culte
CULTES AVEC UN AUTRE
NIVEAU DE POUVOIR
Les règles de création d’un culte qui sont proposées dans ce
chapitre sont pensées pour un groupe chevronné disposant
d’un pouvoir moyen. Les organisations créées récemment ou
très anciennes peuvent donc avoir des valeurs très différentes.
Le maître du jeu ne doit pas se sentir contraint par un guide
de répartition des points au moment de créer les cultes qu’il
souhaite introduire dans son histoire et il peut attribuer
librement des valeurs à sa convenance. De nombreux cultes
de ce chapitre ont été créés dans cette optique.
Pourtant, il est possible que l’objectif soit de créer un culte
pour les personnages joueurs avec un niveau de pouvoir
différent de ce qui est proposé ici. Pour ce faire, voici la
démarche à suivre.
Culte créé récemment : Un culte récent a une structure
peu établie et sera peu étendu. Répartissez 10 points dans
ses caractéristiques au lieu des 14 habituels. En outre, le
culte commence avec deux faits marquants seulement. Tous
les personnages joueurs du culte bénéficient d’un +1 à leur
valeur de Drame.
Culte à son apogée : Ce genre de culte est jeune et vit
une croissance rapide en devenant « tendance », avant
d’atteindre une situation plus stable. Répartissez 16 points
dans ses caractéristiques au lieu des 14 habituels, mais le
groupe commence avec trois faits marquants seulement.
Culte vétéran : Organisation ancienne dont les origines
peuvent remonter à plusieurs siècles, avec une solide
histoire et une structure bien implantée. Répartissez
18 points dans ses caractéristiques au lieu des 14
habituels. Le riche passé du culte permet de commencer
avec six faits marquants. Tous les personnages joueurs
reçoivent -1 à leur valeur de Drame.
Culte en déclin : Un Culte ancien à présent tombé en
disgrâce qui a perdu sa force d’antan et n’est alimenté que
par une poignée de membres qui tentent de résister à
leur inévitable disparition. Répartissez 12 points dans ses
caractéristiques, mais le culte commence avec cinq faits
marquants au lieu des quatre habituels.
peuvent servir à être ajoutées à la compétence de du
personnage si celui-ci enquête dans la bibliothèque de
l’organisation, mais il est aussi possible d’utiliser la Taille
si le personnage s’efforce de rechercher un membre du
culte qui a les réponses à ses questions. Dans tous les
cas, c’est le maître du jeu qui décide lorsqu’un attribut
du groupe peut être utilisé dans le cadre d’une action
particulière ou non.
ASPECTS
Les aspects du culte peuvent être activés ou forcés lorsqu’ils
utilisent les attributs du groupe tels qu’ils sont décrits. En
revanche, à la discrétion du maître du jeu, il est possible
d’autoriser leur utilisation dans d’autres situations si le joueur
le justifie correctement. Le trait de Connaissances « Sa
bibliothèque contient un fragment du Necronomicon » peut
être activé s’il utilise un attribut du culte, mais possiblement
169
UN EXEMPLE DE CULTE réellement.
comme un culte plus puissant qu’il ne l’est
Le groupe de Baudershire C’est d’ailleurs la stratégie du Britannique : fair
e usage de
e d’origine dangereux.
Simon Baudershire est un spécialiste de l’occult l’intimidation et de la menace pour sembler plus
sa Londres faire pousser
britannique qui s’est vu obligé d’abandonner Mais il lui faut faire bien attention à ne pas
t culte de
natale après une confrontation avec un puissan le bouchon trop loin.
gré de force
la ville : les Dilettantes de Van Weyden. Émi Concept : Cabale autour d’un chef.
entourage un
aux États-Unis, Baudershire a réuni dans son
groupe bigarré et réduit dont il se sert pou
r atteindre Motivation : Le pouvoir comme une fin en soi.
accès aux
ses objectifs et qui en retour bénéficie d’un Ressources 4 L’héritage de Baudershire couvre la
dershire lui-
connaissances sur le Mythe par le biais de Bau plupart des dépenses.
même. Influence 3 Ils ont « hérité » des contacts de
Il est inévitable que si le culte n’évolue pas
vers une l’Ordre du Temple d’Hydra.
maison en
autre forme, la fragile symbiose que forment
ses membres Connaissances 6 Ils pourraient bâtir une
d’être utiles utilisant leurs livres.
finisse par se rompre : ils finiront par cesser
à l’occultiste britannique, ou ce dernier ne
voudra plus Taille 1 Baudershire ne fait pas confiance à
tre éclipsé. grand-monde.
poursuivre leur enseignement par crainte d’ê
mence à se
Entre-temps, le groupe de Baudershire com
États-Unis Faits marquants
faire un nom dans le milieu des cultes établis aux r fuir les
grâce à sa capacité à s’impliquer dans de
nombreuses - Leur chef a dû abandonner Londres pou
affaires variées. Dilettantes de Van Weyden.
a et ont
l’Ordre du - Ils ont écrasé l’Ordre du Temple d’Hydr
C’est ainsi qu’ils ont affronté et démantelé conservé leur territoire.
Ésotérique
Temple d’Hydra, une petite branche de l’Ordre - Une grande partie des souterrains du tem
ple reste à
leur ennemi,
de Dagon établi à Miskatonic. Au QG de explorer.
sources de
le groupe de Baudershire s’est approprié les - L’un de leurs acolytes est un membre éloi
gné de la
tés et son
connaissances de l’ordre, ainsi que ses proprié famille White.
Baudershire
réseau de contacts, qui considèrent le groupe de
aussi avec la compétence de du personnage si ce dernier
explique qu’il a déjà étudié ce fragment.
ÉVOLUTION DU CULTE
À l’instar des personnages, le culte peut évoluer au fil des
aventures. Le rythme de ce changement reste à la discrétion
du maître du jeu, mais il doit être dû à des événements
importants. Normalement, il est possible d’autoriser
un changement de valeurs de jeu du culte à la fin d’une
campagne, à la fin de plusieurs quêtes principales ou
lorsqu’un événement survient et affecte le culte de manière
irrémédiable (il devient la propriété d’un culte rival, il
tombe dans le collimateur du FBI, son chef décède, ses
membres rencontrent un Grand Ancien, etc.).
Toute évolution du culte doit être consensuelle entre les
joueurs et obtenir l’accord du maître du jeu. Le changement
peut consister en un déplacement d’un point de valeur d’un
attribut du culte à un autre attribut, ou une modification des
aspects du groupe pour mieux refléter sa transformation.
Quelques cultes notables
Cette section présente quelques cultes complets qui
peuvent être utilisés tant comme des ennemis que comme
le culte dont feront partie les personnages joueurs de vos
aventures. Gardez à l’esprit que dans le cas de personnages
non-joueurs ou de créatures, les valeurs de leurs
attributs sont octroyées librement, mais cela ne doit pas
nécessairement être un obstacle à leur utilisation. Dans
tous les cas, ils peuvent servir de source d’inspiration pour
créer vos propres cultes ou au moins apporter une idée de
l’ambiance propre à Cultes Innommables.
LA FAMILLE WHITE
Pendant des générations, la famille White a vécu en
marge du reste de l’humanité dans sa ferme perdue dans
le désert de Najavo Road. Survivant là où personne n’en
serait capable, les White ont adopté l’endogamie et le
cannibalisme et alimentent une sombre légende dans la
région. À première vue, ils pourraient passer pour une
bande de péquenauds dégénérés, mais les sous-estimer de
la sorte a été l’erreur fatale de bien trop de gens. En effet,
quelque chose de très ancien, maléfique et puissant veille
sur les White, quelque chose qui existe sur Terre depuis bien
avant que les Hommes ne soient descendus de leurs arbres
et commencent à marcher sur deux pattes, quelque chose
qui a incité le premier White à construire la vieille ferme et
qui continue de remplir la tête de ses descendants d’idées
étranges, puissantes et grotesques. Sans compter ce que les
White appellent « l’Esprit de la ferme » ou simplement « la
Ferme », la propriété de la famille accueille actuellement
six habitants. En revanche, d’autres White se trouvent
éparpillés dans le monde ; certains sont le fruit d’un viol et
ignorent tout de leur véritable nature, tandis que d’autres
descendent de branches perdues de la famille et cherchent
à étendre leur forme de vie à d’autres lieux.
Le patriarche actuel des White s’appelle Malachi. C’est
un vieillard décrépit tellement influencé par l’esprit de la
Ferme que son aspect et ses raisonnements sont à peine
humains. Cloué au lit par une étrange malformation qui
semble s’étendre aux jambes, il continue de diriger le destin
de la famille d’une main de fer. Son frère cadet est Junior,
un être né avec d’horribles difformités et un retard mental
considérable. C’est un colosse à l’aspect grotesque qui a une
force surhumaine et un instinct purement animal. Bien
qu’il soit fidèle à la famille, ses pulsions sont difficiles à
contrôler et il est régulièrement enchaîné comme un chien.
Le fils aîné de Malachi s’appelle Jeremiah et il est considéré
comme le guide spirituel de la famille. En effet, il s’habille
comme un prêtre protestant, bien qu’il n’ait jamais été
ordonné en tant que tel, et il connaît très bien la Bible, qu’il
interprète à sa convenance. Le fils cadet de Malachi, qui est
aussi son petit-fils, car sa défunte mère était aussi la fille de
Malachi, s’appelle Isaiah, et il est obsédé par la mort et la
putréfaction. Tobias, son fils, est le plus jeune de la fratrie et
c’est un pervers sexuel, même selon les standards dépravés
des White. La dernière habitante de cette ferme est la pauvre
Amanda, kidnappée dans son enfance par les White pour
servir de femelle reproductrice et de domestique. Incapable
de concevoir, elle est devenue l’esclave sexuelle de Tobias et
a entièrement perdu la raison. Comble de malheur, on lui a
coupé la langue dans sa jeunesse pour éviter qu’elle ne parle
lorsque cela lui était défendu.
Concept : Cannibales de l’Amérique profonde.
Motivation : Perpétuer leur lignée maudite.
Ressources 3 La vieille ferme et ses terrains.
Influence 3 Connus et craints dans toute la région.
Connaissances 6 La Ferme peut répondre aux questions.
Taille 2 Il existe plus de White que ce que
l’on croit.
Faits marquants
Quelque chose de très ancien sommeille dans le puits
depuis des siècles.
Les femmes White meurent jeunes.
Générations d’endogames dans la famille : ton grand-
père peut être ton père.
Le vendredi, ils mangent de la viande… humaine.
LES DILETTANTES DE VAN WEYDEN
Bastien Van Weyden était un artiste et inventeur européen
né en 1440. Féru de peinture, de musique et de sculpture, il
a également réalisé de nombreux plans de construction de
machines et dispositifs de divers types. À mi-chemin entre
le gothique tardif et la Renaissance, l’œuvre de Van Weyden
fait preuve d’un intérêt répété pour le Mythe, et ses tableaux
autant que ses plans illustrent une puissante fascination
pour l’occulte. Ceux qui ont pu étudier son œuvre n’ont
aucun doute sur le fait que Van Weyden avait une grande
connaissance de la Vérité et qu’il s’est servi de son travail
comme d’un moyen pour transmettre des sortilèges et
connaissances des arcanes de différents types.
De nombreuses rumeurs circulent à son sujet : que certains
de ses tableaux seraient des portails vers d’autres mondes
ou indiqueraient comment les construire, que ses plans
cacheraient des instruments de musique impossibles pouvant
servir d’arme de destruction massive, qu’il aurait composé de
la musique codée qui, une fois déchiffrée, servirait à appeler
Azathoth lui-même, que bon nombre de ses œuvres sont en
171
 réalité un puzzle qui ne peut être compris que si elles sont
toutes réunies. Que cela soit vrai ou non, la légende qui
entoure le personnage a repris de la vigueur depuis le début
de ce siècle, alors que plusieurs de ses œuvres disparues que
l’on croyait détruites ont resurgi de manière inattendue.
Autour de sa personne, un petit groupe d’érudits ou
d’apprentis que Van Weyden considérait dignes de ses
enseignements s’est constitué et l’a accompagné dans
son pèlerinage perpétuel en Europe du Nord et centrale.
Jusqu’à sa mystérieuse disparition en 1494, il a disséminé
dans toute la zone un grand nombre d’œuvres originales
et certains travaux de ses apprentis. Ensemble, ils
contiennent les clefs pour comprendre le Mythe, voire
un secret encore plus grand : le moyen de faire revenir
le maître et de comprendre la Vérité Jamais Révélée, un
secret qui transcende la nature même du Mythe.
Du moins, c’est ce que croient les Dilettantes de Van
Weyden, un culte contemporain qui se considère comme
l’héritier de la suite originale de l’artiste et fait remonter
ses origines jusqu’à sa fondation des mains du génie lui-
même. Le cercle des Dilettantes regroupe un petit nombre
de membres riches, cultivés et érudits. Ils n’acceptent
parmi eux que les personnes dotées d’un profil très précis,
et uniquement s’il y a une ouverture dans le groupe ou si
le candidat est exceptionnellement prometteur. Ils sont
évidemment intéressés par les connaissances sur le Mythe,
mais ils pensent qu’elles ne peuvent s’acquérir de manière
adéquate qu’à travers l’œuvre de Van Weyden. C’est pour
cette raison qu’ils cherchent sans relâche toutes les œuvres
de l’artiste dans un effort perpétuel pour assembler toutes
les pièces existantes.
Les Dilettantes sont des mécènes d’artistes prometteurs chez
qui ils perçoivent l’étincelle du génie : une certaine sensibilité
au Mythe. Ils aiment s’entourer de musiciens talentueux
capables de déchiffrer et d’interpréter les partitions de Van
Weyden, d’artisans qui comprennent les plans du génie
et qui sont capables de construire ses engins, de peintres
et restaurateurs qui peuvent comprendre les intentions
originales de l’artiste et restaurer ses œuvres gâtées par le
temps… Tous sont des instruments des Dilettantes, jamais
des membres du culte, bien que certains cultes indépendants
d’artistes soient apparus précisément en conséquence de
l’influence des mécènes sur eux.
Concept : Suivants d’un visionnaire disparu.
Motivation : Faire revenir Van Weyden et comprendre la
Vérité Jamais Révélée.
Ressources 8 Collectionneurs d’art.
Influence 4 Ont été les mécènes de plusieurs
personnes importantes.
Connaissances 4 Van Weyden a dissimulé toutes ses
clefs dans ses œuvres.
Taille 1 Cercle très select.
Faits marquants
Ils affirment que leur fondateur était Van Weyden lui-
même, au XVe siècle.
Son influence a donné lieu à plusieurs cultes indépendants
constitués d’artistes.
172
Van Weyden a traversé un portail vers un autre lieu en
1494, mais il a laissé dans ses œuvres des pistes pour le
faire revenir.
On a retrouvé deux des trois panneaux qui composent
« Le triptyque des horreurs », l’œuvre la plus révélatrice de
Van Weyden.
LA DEMEURE DE L’AFFAMÉ
Au début de ce siècle, des soupes populaires et des foyers
financés par de l’argent privé ont commencé à fleurir un
peu partout sur la côte Est des États-Unis. La Demeure de
l’Affamé, une ONG chrétienne, offrait des repas et un foyer
aux sans-abri dans de meilleures conditions que la moyenne,
et son influence a crû rapidement parmi les marginaux.
Sa ligne politique, un christianisme New Age très focalisé
sur la repentance et le pardon, semblait toucher aisément
les usagers de ses installations et beaucoup devinrent des
bénévoles pour la cause et commencèrent à propager les
belles paroles de la Demeure de l’Affamé.
Le secret de cette réussite réside dans ses méthodes de
lavage de cerveau qui mêlent les techniques traditionnelles
à d’autres, moins orthodoxes. Slogans répétitifs, tactiques
de pression de groupe, privations et une bonne dose
de psychotropes dans les repas viennent compléter
l’indéfinissable influence des Apôtres, un petit groupe
de membres du culte qui déambule dans les installations
en diffusant un magnétisme personnel insolite et en
promettant la salvation éternelle en vue de la fin du monde
imminente. Selon les Apôtres, il ne manque qu’un signe.
Derrière eux se trouve le Pasteur, une mystérieuse
personnalité qui dirige le mouvement. Il est décrit par des
figures vagues et allégoriques et seuls les Apôtres et quelques
rares élus ont pu le rencontrer. Selon une rumeur de plus en
plus répandue, le Pasteur ne serait pas de ce monde. Les
adeptes du culte les moins informés le considèrent comme
un saint ou un ange, tandis que les membres d’autres cultes
qui connaissent l’existence de ce groupe commencent à
soupçonner qu’il puisse s’agir d’une créature du Mythe très
puissante, comme un avatar de Nyarlathotep ou peut-être
quelque chose de complètement différent.
De plus en plus présents parmi les sans-abri qui errent
dans les villes de la côte Est, les adeptes de la Demeure
de l’Affamé constituent un vaste réseau d’yeux qui voient
tout ce qu’il se passe dans les rues. Il est vrai que le profil
habituel du SDF, qui dans de nombreux cas a en plus une
maladie mentale, couplé au processus de lavage de cerveau
que ce culte inflige à ses membres, fait de ces observateurs
une source assez peu fiable. En revanche, de plus en plus de
membres des cultes de la zone commencent à s’inquiéter,
voire à se sentir menacés, lorsque des sans-abri se trouvent
dans les parages.
Côté officiel, le Département du Trésor américain commence
à se méfier des activités de cette organisation dont les sources
de financement sont troubles, tandis que l’unité antisecte du
FBI commence à établir des liens entre ce groupe et plusieurs
disparitions et délits violents, et ce n’est qu’une question
de temps avant que l’une de ces deux unités ne fouille plus
profondément et finisse par découvrir une vérité malsaine.
Concept : Illuminés qui attendent la fin des temps.
Motivation : Le salut devant l’imminence du Jugement
Dernier.
Ressources 2 Restaurants de charité sur toute
la côte Est.
Influence 1 Presque tous ses membres sont des
sans-abri.
Connaissances 2 Trop de supercheries mêlées à la Vérité.
Taille 8 Les SDF ne sont pas nécessairement ce
qu’ils semblent être.
Faits marquants
On dit que leur chef, le Pasteur, ne serait pas de ce monde.
Ils ajoutent une substance hallucinogène dans les repas
pour laver le cerveau des nouveaux adeptes.
Ils attendent un signe.
Ils se cachent derrière la vitrine d’un christianisme New Age.
GROUPE PLURIDISCIPLINAIRE DE
L’UNIVERSITÉ DE NEW YORK
Si ce groupe fut d’abord une innocente équipe d’universitaires
de différents domaines qui échangent des informations et
des techniques pour trouver une approche holistique à la
connaissance scientifique, leur renaissance sous forme de
culte a eu lieu lorsque l’un de ses membres fit une surprenante
découverte au cours d’une fouille interuniversitaire dans la
fosse des Mariannes. Certains organismes biologiques non
classés se retrouvèrent dans les installations du groupe,
confinés dans une chambre sous pression reproduisant
leur milieu naturel. C’est à ce moment que les membres
du groupe commencèrent à vivre des rêves étranges,
révélateurs et inspirants, bien que terrifiants, qui mirent
l’équipe sur la piste de découvertes en lien avec le Mythe :
fouilles archéologiques, expériences de physique quantique,
applications technologiques…
Pour la majorité des chercheurs du groupe, l’incroyable
productivité et créativité que manifestait l’équipe étaient le
fruit d’une synergie que le groupe pluridisciplinaire cherchait
précisément à obtenir. Des dizaines de publications annuelles
dans les revues scientifiques de référence, de nouveaux brevets
et la formulation de théories qui pourraient asseoir les bases
d’un nouveau moyen de faire progresser la science illustrent
l’avant et l’après de l’arrivée de ces étranges organismes marins.
Aujourd’hui, seuls quelques membres du groupe commencent
à peine à se rendre compte de ce qui est en train de se passer
réellement : les Conseillers des Profondeurs, comme ils
ont été baptisés, sont des créatures marines intelligentes qui
transmettent leurs connaissances aux membres du groupe par
le biais de songes et d’idées induites.
L’un de ces rêves a inspiré une nouvelle expédition
marine couronnée par la découverte d’un étrange objet
hémisphérique d’à peu près un mètre de diamètre rappelant
vaguement une grappe d’une douzaine de grappillons
qui semblent capables de se déplacer lentement. L’objet a
immédiatement été baptisé la « demi-orange mécanique ».
L’objet était conçu dans un alliage comprenant des éléments
qui n’étaient pas présents dans notre table périodique
et, bien qu’ils aient été soumis à différentes analyses, ces
dernières ne se sont pas révélées concluantes du tout. C’est
presque par accident que l’un des membres découvrit que
l’objet était capable de libérer une grande quantité d’énergie
(qui tua presque l’un d’entre eux) et qu’il exerçait une force
semblable à la force magnétique sur la matière organique.
L’idée que la demi-orange mécanique puisse être un
artefact extraterrestre n’était évoquée qu’à demi-mot, mais
une partie de l’équipe en était convaincue.
Il y a deux ans, une expédition explora une zone située dans
les profondeurs de l’Amazonie sous prétexte de recenser
des insectes inconnus. En réalité, le véritable objectif du
groupe était de trouver un temple que deux de ses membres
avaient vu dans des rêves paraissant particulièrement
réels. Ils pensaient pouvoir y trouver une technologie
similaire à celle de l’hémisphère. Suivant ses instincts flous
et personnels, ainsi que certaines indications fournies par
des tribus locales, l’équipe s’enfonça au plus profond de la
jungle. Ses communications étaient chaque jour plus rares
et incohérentes, jusqu’à leur interruption douze jours après
le début du voyage. Aujourd’hui, et malgré l’assistance des
autorités locales, le lieu où se trouvent les membres de
l’expédition reste inconnu.
La connaissance n’est jamais gratuite. De nombreux
membres du groupe commencent à devenir aliénés et à
délaisser d’autres aspects de leur vie pour se consacrer
uniquement à la poursuite de ces « moments d’inspiration ».
En même temps, et de manière abrupte, le taux de suicide
sur le campus a explosé et constitue déjà le plus élevé des
campus aux États-Unis. Tout cela n’est pas encore suffisant
pour attirer l’attention des autorités, mais si rien n’est fait, ce
n’est qu’une question de temps avant qu’elles commencent à
poser les questions qui fâchent.
Concept : Universitaires excentriques intéressés par l’occulte.
Motivation : Acquérir des connaissances à n’importe quel prix.
Ressources 5 Subventionnés par l’université.
Influence 4 Perstare et praestare (persévérer et
exceller).
Connaissances 3 Conseillers des Profondeurs.
Taille 2 Discrets et élitistes.
Faits marquants
Le groupe a changé radicalement après avoir découvert
des entités marines intelligentes qui sont devenues leurs
guides arcaniques.
En suivant les révélations de ces créatures, ils ont obtenu
un artefact vraisemblablement extraterrestre.
Une équipe de recherche du groupe a disparu en
Amazonie sans laisser de traces.
Depuis la découverte des créatures marines, le campus a
le taux de suicide le plus élevé des campus du pays.
ORDRE ÉSOTÉRIQUE DE DAGON
Fondé par Obed Marsh après son retour de Polynésie en
1840, ce culte s’est développé et étendu au début du siècle
dernier dans la bourgade de pêcheurs d’Innsmouth, situé
ele long de la côte du comté d’Essex, dans le Massachusetts.
Fondé autour de l’adoration des divinités des Profonds (voir
page 116), Dagon et Hydra, et dans une moindre mesure de
173
 Cthulhu, le culte a garanti une période de prospérité et de
splendeur aux habitants. Une pêche abondante et favorable,
ainsi que la découverte d’un gisement aurifère constituèrent
le paiement que les Profonds versèrent aux habitants du
village contre leur loyauté et leur accord pour se reproduire
avec les humains. Effectivement, de nombreux locaux
avaient du sang de ces créatures marines dans les veines
et souffraient de ce que l’on appelle à présent « la marque
d’Innsmouth » (voir page 149), qui les faisait dégénérer
lentement jusqu’à devenir des Profonds.
L’influence de l’Ordre finit par s’étendre à d’autres localités
proches, mais son expansion fut brutalement interrompue
en 1927, après que ses activités attirèrent l’attention des
autorités gouvernementales qui prirent le village d’assaut
et démembrèrent l’Ordre, abattant le lieu dans le même
temps. Les archives de ce coup de filet sont toujours
classées aujourd’hui, mais on sait que de nombreuses
découvertes faites sur place étaient impossibles à classifier.
Bien que cet événement sembla marquer la fin de l’Ordre,
les membres qui réchappèrent à l’assaut parce qu’ils se
trouvaient dans des communautés voisines ou avaient
réussi à s’enfuir ont entretenu la mémoire de l’Ordre. Le
siège des opérations fut déplacé dans les villages de l’île
Block, située non loin, et l’Ordre Ésotérique de Dagon
poursuivit son culte envers les créatures des profondeurs,
mais de manière beaucoup plus discrète et tranquille :
seule une poignée des descendants des Marsh font partie
du culte. L’organisation conduit ses pratiques dans le
plus grand secret, tandis que les voisins ignorent qui vit
dans la maison d’à côté. Sans compter les Profonds qui
sont membres de l’ordre et qui ont bien entendu gardé le
contact avec leurs familles humaines au fil du temps.
Pourtant, au cours des dernières années, les pratiques
de l’Ordre sont devenues plus organisées et fréquentes.
L’arrivée d’un nouveau leader charismatique, le jeune
Jonathan Marsh, fait figure de promesse d’une nouvelle
ère dorée pour l’Ordre, qui profite du climat de crise
économique locale pour attirer des désespérés en quête
de solutions à leurs problèmes. Bien plus discrètement
qu’à ses origines, l’ordre déploie ses tentacules dans toute
l’île, recrutant de nouveaux adeptes chaque année, ce qui
engendre une intense activité des Profonds de la côte.
Concept : Adorateurs d’horreurs marines.
Motivation : Servir le Grand Cthulhu et ses rejetons.
Ressources 1 La raffinerie Marsh a été détruite.
Influence 4 Ils manipulent des pouvoirs qui
dépassent l’entendement.
Connaissances 7 Ils connaissent la Vérité.
Taille 2 Le culte n’est plus que l’ombre de ce
qu’il a été

Faits marquants
Un coup de force du FBI dans les années 20 a rasé son
temple à Innsmouth.
Plus de la moitié de ses membres sont des Profonds ou
des Hybrides.
L’opinion publique a déjà oublié son existence.
Ce sont les vrais et légitimes adorateurs de Dagon.

174
SOCIÉTÉ ARCANIQUE D’ULTHAR
Les Hommes voyagent dans les Contrées du Rêve depuis
qu’ils sont Hommes, mais très peu peuvent affirmer
comprendre qu’il s’agit d’un monde différent du nôtre et
non pas un rêve parmi tant d’autres.
Un petit groupe de rêveurs privilégiés se sont rencontrés
par hasard dans la cité d’Ulthar, peu après les événements
qui ont rendu la ville célèbre. Ils partageaient le même
objectif : la connaissance et le pouvoir. Peut-être qu’au
départ chacun possédait ses propres croyances, voire ses
propres buts en plus de l’acquisition de ces connaissances,
mais la providence qui les avait rassemblés en ce lieu leur fit
créer un nouveau culte autour des Contrées du Rêve.
Ceux qui rejoignirent ce groupe furent nombreux, au point
de réunir au même moment plus de deux cents rêveurs.
Pourtant, selon leurs propres règles, il leur était interdit de
se rencontrer dans le monde réel.
Avec le temps, d’autres groupes finirent par découvrir leurs
activités. Ils conspirèrent contre la Société Arcanique et
influencèrent fortement la dissension interne qui finit par
aboutir à l’écroulement et la désagrégation du groupe.
L’objectif de ce qu’il reste du groupe est de servir
Nodens. Bien que ses membres aient accumulé de vastes
connaissances, ils les partagent bien moins qu’avant.
Aujourd’hui, la différence est claire entre les nouveaux
adeptes qui réclament connaissances et pouvoir, et le cercle
interne, qui en possède en abondance et en secret.
Concept : Rêveurs explorateurs d’un autre monde.
Motivation : Comprendre les Contrées du Rêve.
Ressources 3 Éloignés de la vie dans le monde réel.
Influence 3 Dans le monde réel, ce sont des
personnes normales.
Connaissances 8 Ils en ont vu plus que quiconque.
Taille 5 Tout le monde rêve.
Faits marquants
Fondé par des rêveurs dans les Contrées du Rêve, dans la
cité d’Uthar.
Une de leur règle oblige les membres à ne jamais se
rencontrer hors des Contrées du Rêve.
À son apogée, le culte recensait plus de 200 rêveurs.
Son existence a été révélée suite à une rencontre avec un
autre culte au cours d’un voyage d’exploration dans les
Contrées du Rêve.
SOCIÉTÉ DE LA RÉSURGENCE
En 2016, l’intégralité du système solaire a été détruite par
une entité extraterrestre tirée des confins de l’espace et
du temps. Une poignée d’initiés aux pouvoirs arcaniques
réussirent à s’échapper en voyageant dans le passé : notre
univers en 2001. Ce petit groupe garde ses identités
absolument cachées et ils sont connus par de rares
personnes sous le nom de « cercle sans visage ».
Depuis le début, leurs activités se sont focalisées sur le
recrutement de nouveaux membres appartenant à des
agences d’espionnage, de sécurité ou d’information à
l’échelle mondiale afin de localiser les cultes ayant un
pouvoir suffisant pour invoquer la créature extraterrestre
qui a détruit le système solaire. Ses membres les persuadent
de l’importance de leur cause et masquent la nature de leurs
ennemis pour ne pas éveiller les soupçons des employés
des agences proches de la Société de la Résurgence, et
se concentrent particulièrement sur les dangers que ces
« groupes terroristes » représentent pour les pays et les
intérêts que protègent ces agences.
Le culte a montré qu’il était prêt à employer tous les
moyens, conventionnels comme arcaniques, dans sa lutte
pour éliminer les groupes potentiellement dangereux qu’ils
connaissent. Le problème est qu’ils ne savent pas qui a
provoqué le désastre dans leur univers, et ils se retrouvent
à faire un ménage le plus vaste possible. Étrangement, ils
ne semblent pas se rendre compte que les pouvoirs qu’ils
emploient eux-mêmes sont tout aussi dangereux que
l’existence des cultes qu’ils poursuivent.
Concept : Visionnaires prêts à tout pour sauver la Terre.
Motivation : Éviter la destruction du système solaire des
mains d’une créature extraterrestre.
Ressources 4 Ils ont un temps d’avance sur les
conjonctures économiques de la
dernière décennie.
Influence 4 Des membres font partie d’agences de
sécurité nationale dans plusieurs pays.
Connaissances 4 Ils ont été témoins de la fin des temps.
Taille 2 Très exigeants avec leurs initiés.
Faits marquants
Leurs fondateurs prétendent venir d’un univers ou d’une
ligne temporelle dans lequel le système solaire a été
détruit.
En 2002, ils ont entièrement décimé un culte connu sous
le nom des Griffes d’Azathoth, installé en Europe de
l’Est. Ils ont conservé tous leurs ouvrages et leur matériel
ésotérique.
Ils ont eu des contacts avec les Mi-Go, avec qui ils
partagent leur intérêt à éviter la fin du système solaire.
En 2010, l’une de leurs cellules aux États-Unis a été
démantelée suite à accusation d’espionnage et de
terrorisme. Leurs membres ont disparu sans laisser de
traces.
LES GARDIENS DE NEBU
Ce culte est bien plus ancien que ce que beaucoup de gens
pensent. Il est apparu sous le califat de Cordoue et, bien
qu’il ne subsiste aucune preuve indiquant qui étaient ses
membres fondateurs, on suppose qu’ils faisaient partie
des savants et astronomes arabes qui résidaient dans la
ville du temps de sa splendeur. Il n’est pas du tout clair si
leur adoration de Nebu, également connu comme étant
la planète Mercure, était déjà le thème central du culte de
leurs origines, mais c’est au moins le cas depuis la Grande
Purge de 1812, au cours de laquelle la majorité des ouvrages
et archives que possédait le culte ont été perdus. On
pense que cet événement eut un lien avec une dissension
175
 interne concernant le soutien à la cause napoléonienne
pendant l’occupation française de la péninsule ibérique, où
se trouvait le noyau de ce culte. Mais ce ne sont que des
hypothèses et des rumeurs.
L’objectif central de ses efforts et croyances concerne
Nebu, en réalité l’œuf d’une entité cosmique au pouvoir
inconcevable qui requiert la participation de créatures
mortelles pour éclore. Ceux qui feront naître ce qui gît dans
Nebu seront récompensés et transcenderont une nouvelle
forme de pouvoir et d’immortalité. Les études scientifiques
modernes de la planète ont révélé qu’elle possède un noyau
bien plus grand et lourd que ce qui devrait être et que sa
surface est crevassée et fêlée à cause de l’immense tension
subie. On pense que ces tensions seraient dues à l’effet de
marée causé par le soleil, mais le culte sait qu’en réalité cela
signifie que l’œuf est sur le point d’éclore.
Depuis la Grande Purge, au moins une fois par génération
ses membres ont cherché à se rendre sur Mercure par des
moyens arcaniques pour le faire éclore. Pourtant, Nebu
n’éclot toujours pas et aucun de ceux qui s’y sont rendus n’est
jamais revenu. Grâce aux progrès de l’exploration spatiale
au cours de la seconde moitié du XXe siècle, les membres
les plus jeunes du culte ont proposé d’utiliser la technologie
aérospatiale pour atteindre la planète, une innovation
rejetée par les décideurs de l’époque. En conséquence, ceux
qui défendaient le recours à ces moyens conventionnels
se sont soulevés. Ils profitèrent de la faiblesse temporaire
du cercle intérieur du culte après l’échec de la dernière
tentative pour rejoindre Nebu, prirent le contrôle du culte
et éliminèrent tous les membres de la vieille garde qu’ils
purent trouver.
Depuis la moitié du siècle dernier, la politique du culte
consiste à s’enrichir par le biais de méthodes arcaniques et
attirer des personnes influentes venant des agences spatiales
de diverses puissances mondiales. Plus récemment, avec le
ralentissement de l’exploration spatiale dû à la fin de la guerre
froide, le groupe a tenté de recruter des investisseurs et
magnats de sociétés aérospatiales. Leur dernière réussite en
date a été de créer leur propre entreprise, Mercury Spacetech,
qui leur permet de développer de nouveaux moyens de
transport, d’attirer de nouveaux membres et de bénéficier
d’une façade occultant leurs activités les moins avouables.
Concept : Adorateurs du grand œuf cosmique : la planète
Nebu (Mercure).
Motivation : Voyager sur Mercure pour provoquer
son éclosion.
Ressources 7 Ont recruté de grands magnats
de sociétés aérospatiales.
Influence 5 Pots-de-vin généreux.
Connaissances 4 Infatigables chercheurs de technologie
extraterrestre.
Taille 1 N’évoluent que parmi les riches, les
génies et les puissants.
Faits marquants
Leurs nombreuses tentatives pour rejoindre Mercure par
des moyens arcaniques ont toutes échoué jusqu’à présent.
176
En 1959, presque toute la vieille garde a été éliminée.
Seuls quelques-uns ont survécu, et personne ne sait où ils
sont cachés.
Pendant la guerre froide, ils ont infiltré le milieu des
ingénieurs des programmes spatiaux soviétiques et
américains. Certaines de leurs idées les moins saugrenues
ont permis de grandes avancées dans la course aux étoiles.
Avant l’abandon généralisé des projets spatiaux par
les gouvernements, ils ont créé en 1999 une société
aérospatiale comme façade pour développer leurs
investigations : Mercury Spacetech.
LE CIRQUE « LES MAGNIFIQUES »
Ce cirque a été créé en 1932. C’était un cirque tout à fait
banal qui parcourait l’Europe jusqu’en 1937, jusqu’à l’arrivée
de Méphisto, un magicien dont les numéros présentaient
des « tours » éblouissants. Mais ils n’étaient pas du tout ce
que l’on pensait.
Progressivement, il se mit dans la poche de nombreux
membres du cirque en promettant la richesse à certains, des
pouvoirs comme les siens à d’autres et le pire aux derniers.
Plus sa puissance augmentait, moins ses méthodes étaient
subtiles et plus la démonstration de ses pouvoirs arcaniques
envers les autres membres du cirque était ouverte. En
revanche, jamais il ne la dévoilait à des étrangers.
Avec la Seconde Guerre mondiale, le cirque fit face à
une crise et dut fuir en Angleterre. Méphisto profita de
l’occasion pour détruire le groupe de dissidents dans une
explosion qu’il fit passer pour un bombardement allemand.
Le magicien, enfin devenu seul maître à bord, décida
d’émigrer aux États-Unis. Depuis, le cirque parcourt le
pays, mais est revenu quelques fois en Europe.
Depuis tout ce temps, de nombreux membres du culte ont
appris plusieurs pouvoirs arcaniques auprès de Méphisto, et
certains s’en servent même dans leur numéro, non seulement
pour qu’ils soient plus spectaculaires, mais aussi pour attirer
l’attention d’un spectateur versé dans les arts magiques.
Ainsi, lorsqu’un sorcier ou un cultiste s’intéresse au cirque,
que ce soit pour le connaître, le voler ou y enquêter, ses
membres se chargent de s’occuper de lui et de lui soutirer
toutes les informations qu’il possède. Partout où ils passent,
ils éliminent chaque groupe, secte ou culte qu’ils pourraient
rencontrer, mais toujours en ayant bien pris soin de leur
voler tous les ouvrages et artefacts qu’ils possèdent.
Depuis tout ce temps, ils sont en mouvement perpétuel,
tentant de ne jamais passer deux fois au même endroit
et changeant de nom au fil des années. Méphisto
contrôle toujours le cirque et ne semble pas avoir vieilli.
Actuellement, le cirque est composé dans sa majorité de
descendants des membres originaux. En revanche, certains
de ces derniers sont toujours présents, moins vieux que ce
qu’ils devraient être ou trop transformés par les mutations
horribles pour se laisser voir. En outre, une poignée de
nouveaux membres venus de l’extérieur a été acceptée,
toujours soigneusement choisis par le même Méphisto.
Étant donné que personne n’est jamais vraiment sorti du
cirque, l’endogamie commence à afficher ses conséquences
chez les générations les plus jeunes.
Les motivations ou les plans de Méphisto, s’ils vont au-delà
de la simple accumulation de connaissances et de pouvoir,
sont inconnus, même pour ses plus fidèles suivants.
Concept : Culte itinérant sous le masque d’un cirque.
Motivation : Suivre et obéir totalement à son chef, un
magicien qui se fait appeler Méphisto.
Ressources 4 Beaucoup de monde vient assister aux
représentations.
Influence 1 Ne se mêlent à personne en dehors du
cirque.
Connaissances 7 Ont volé des connaissances à d’autres
cultes pendant trois générations.
Taille 2 Le cirque est une grande famille très
soudée.
Faits marquants
Le cirque était d’abord un cirque classique avant que
Méphisto n’arrive et ne convertisse ses membres à sa
propre cause.
Méphisto est toujours vivant et n’a pas changé pendant
toutes ces années.
Ils cachent des sortilèges et artefacts parmi les accessoires
qu’ils utilisent dans leurs numéros pour qu’ils soient
plus spectaculaires et pour attirer l’attention d’autres
personnes sensibles aux connaissances ésotériques.
Ils ont assassiné de nombreux cultistes et sorciers au fil
des années pour leur voler leurs secrets et artefacts.
SAUVONS LA TERRE !
Au cours des années 60, Andrew Kowalsky participa à
plusieurs mouvements pacifistes et écologistes. Depuis qu’il
a commencé à fréquenter les groupes de ces mouvements,
il s’est mis dans la tête que tous les êtres humains étaient
connectés entre eux et avec la nature. Dans sa quête
pour réveiller ce lien, il commença à tester des drogues
hallucinogènes, mais devant le manque de succès il finit par
parcourir l’Amérique dans le but d’apprendre des recettes de
drogues hallucinogènes auprès de peuples indigènes et de
les essayer dans divers lieux, la plupart considérés comme
saints ou hantés par des esprits. Enfin, une nuit de 1974, il
réussit à composer la drogue parfaite et obtient les résultats
escomptés sur le sommet d’une colline couronnée de
pierres quelque part au Mexique. Ses visions lui montrèrent
un ouvrage antique aux pages faites d’un étrange métal
enterré sous les racines d’un arbre mort situé non loin d’ici.
Lorsqu’il eut déterré le livre qui se trouvait exactement là
où il l’avait rêvé, il sut sans pouvoir l’expliquer qu’il serait
capable de guérir les plus grands maux de l’humanité.
Les pages de l’ouvrage, faites d’un métal bleuté tirant
sur le vert, étaient rédigées dans une langue qui lui était
incompréhensible. En revanche, il découvrit qu’en les lisant
sous l’influence de sa drogue, il pouvait comprendre le texte
sans difficulté.
Au cours des années qui suivirent, il parcourut les États-
Unis, évoquant sa mission salvatrice et recrutant des
suivants tout en continuant d’étudier l’étrange livre. Il confia
le secret de sa drogue et de l’ouvrage à ceux qui lui étaient
le plus fidèles et, ensemble, ils commencèrent à organiser
des rituels qui leur permettaient de contrôler les forces
de la nature. Ils croyaient invoquer les esprits et forces
fondamentales de la Terre.
En 1985, Kowalsky fut retrouvé mort avec ses plus fidèles
serviteurs (du moins ce qu’il en restait) dans l’une de leurs
retraites spirituelles au beau milieu de la nature. On aurait
dit qu’une meute de fauves les avaient réduits en charpie.
Suite à cet événement, de nombreux suivants désertèrent,
mais l’une des rares personnes à connaître son secret
et à avoir survécu, Alice Green, prit en charge ceux qui
souhaitaient continuer. La vision d’Alice ressemble à celle
de son maître, mais ses méthodes sont très différentes.
Avant de rejoindre le groupe d’Andrew, Alice avait fait
des études de droit et analysé le monde des affaires. Ainsi,
lorsqu’elle devint la nouvelle tête pensante du culte, elle
s’éloigna du mouvement messianique d’Andrew et changea
le culte en une ONG de protection de l’environnement :
Sauvons la Terre ! Elle consacra son temps à étudier
le livre et poursuivre les expériences avec des drogues
hallucinogènes. Pour éviter de subir le même sort que
son maître, elle commença à élaborer plusieurs types de
protections magiques et fut amenée à explorer d’autres
textes et artefacts du Mythe.
Aujourd’hui, la face visible de Sauvons la Terre ! est une
ONG environnementale et internationale qui compte des
milliers d’adhérents partout dans le monde. La face cachée
est bien plus sombre, car Alice s’est mise à recruter ceux
dont les convictions sont bien plus radicales et prêts à tout
pour sauver l’environnement et la planète. Elle les a initiés
aux secrets des « voyages astraux » (en réalité, des voyages
dans les Contrées du Rêve) rendus possibles grâce à sa
drogue. Elle a également partagé avec certains d’entre eux
des pouvoirs et connaissances du livre et d’autres artefacts
accumulés au fil des années. Alice et ses fidèles utilisent
toutes ces connaissances dans les arcanes pour détruire
ceux qu’ils considèrent comme les ennemis de la nature
et des « forces et entités naturelles » qu’ils commencent à
découvrir. Récemment, Alice et de nombreux autres ont
commencé à caresser l’idée que la Terre se porterait bien
mieux sans les humains et qu’elle devrait être rendue aux
« entités naturelles » originelles.
Actuellement, le cheval de bataille du groupe est la lutte
contre le réchauffement climatique. En conséquence, ils
prévoient d’avoir recours à une créature capable d’appeler
le vrai froid, le Wendigo, pour éviter la fonte des glaces
des pôles et le changement du climat, voire provoquer une
nouvelle ère glaciaire qui mettrait à bas la destructrice et
polluante société humaine moderne. Une seule chose les
empêche d’avancer : ils ne possèdent pas l’ensemble des
connaissances et composants nécessaires à son invocation.
Mais ce n’est qu’une question de temps…
Concept : Défenseurs de l’environnement fanatisés.
Motivation : Sauver la Terre de l’influence destructrice de
l’Homme.
Ressources 5 Des milliers de partenaires et
de généreux dons.
177
 Influence 4 Écologistes reconnus disposant d’un
pouvoir de pression sociale.
Connaissances 2 Les voyages dans les Contrées du Rêve
ont apporté quelques réponses.
Taille 5 Beaucoup des associés ont les
convictions nécessaires pour connaître
ses secrets.
Faits marquants
Le fondateur a découvert un puissant livre d’arcanes dont
il n’existe aucun autre exemplaire, mais qui ne peut être
étudié que sous l’influence de drogues.
Par le biais de la magie, ils ont provoqué plusieurs
catastrophes naturelles pour détruire ceux qui
polluent la planète.
Alice connaît des drogues qui permettent de se rendre
dans les Contrées du Rêve.
Depuis un an, ils explorent la zone d’influence du Wendigo
et ont appris à invoquer certains de ses serviteurs.
LES FAUCHEURS ÉCARLATES
À l’origine, les Faucheurs Écarlates étaient l’une des
premières bandes de Bloods de New York, après que l’United
Blood Nation marque le début de l’activité des Bloods sur
la côte Est. En 1997, son chef, Michael « Cutter » Lloyd,
fut arrêté pour plusieurs délits. Au cours de son séjour à la
prison de Rikers Island, où il resserra ses liens avec l’UBN,
il eut pour compagnon de cellule John O’Donovan, un
vétéran du Vietnam condamné pour plusieurs meurtres.
Durant toute cette période, ils nouèrent une bonne amitié,
car ils partageaient le même goût pour la violence. Peu
avant que Michael n’ait purgé sa peine, John lui raconta son
histoire.
John s’est battu au Vietnam et au cours de l’une de ses
missions en territoire ennemi, son unité s’est perdue.
Traqués par le Viêt-Cong, ils furent obligés de s’enfoncer
dans une zone particulièrement isolée de la jungle. Après
plusieurs jours à errer, ils tombèrent sur un village dont les
habitants souffraient d’étranges déformations. Lorsqu’ils
tentèrent de communiquer avec eux pour obtenir des
provisions et un guide, les indigènes les attaquèrent avec
une férocité inattendue. John et ses compagnons furent
obligés de tous les tuer jusqu’au dernier, femmes et enfants
inclus, car aucun ne tenta de fuir ou de se rendre. Ils avaient
en revanche subi de terribles pertes et seuls John et trois
compagnons survécurent.
Lorsqu’ils se mirent en quête de provisions et d’objets
de valeur, ils tombèrent sur un étrange autel fait d’os
possiblement humains, sur lequel reposait une horrible
idole païenne taillée dans une étrange pierre rouge de la
taille du poing, aux arêtes particulièrement effilées, et
gravée d’abominables symboles et signes démentiels. Ils
décidèrent de l’emmener sous prétexte qu’elle leur semblait
avoir de la valeur et qu’ils pourraient la vendre, mais en
vérité ils avaient tous éprouvé une certaine fascination
morbide pour elle.
Au cours des jours qu’ils mirent pour rentrer à leur base,
ils vécurent d’étranges rêves en lien avec l’Idole et la tuerie
178
du village. En même temps, leur instinct pour le combat
se développa énormément et chaque fois qu’ils repéraient
une embuscade ou étaient capables de tuer trois hommes
au corps-à-corps, ils savaient que c’était grâce à l’Idole. Leur
Idole, une Idole Écarlate.
Ils survécurent tous et parvinrent à rejoindre un territoire
allié, mais plus rien ne fut comme avant. Dans les mois qui
suivirent, ils découvrirent que si l’Idole était imprégnée de
sang, leurs capacités s’accentuaient, tout comme leur soif
de violence et leur talent pour le combat. Évidemment, ils y
développèrent une addiction.
Lorsque John et ses amis survivants revinrent aux États-
Unis, ils durent décider que faire de l’Idole et où s’installer.
Ce qui commença par un simple désaccord finit en bain de
sang et seul John en réchappa. Il fut arrêté peu de temps
après, mais il eut le temps de cacher l’Idole Écarlate pour
pouvoir la récupérer plus tard.
John expliqua à Michael qu’il lui avait raconté tout cela
parce que l’Idole lui avait parlé dans ses rêves et ordonné
que ce soit Michael qui aille la chercher. Lorsque ce dernier
sortit de prison, il alla la chercher, plus par curiosité et parce
qu’il pensait qu’elle avait de la valeur que parce qu’il croyait
à l’histoire de John. Il aimait bien l’homme, à sa manière,
mais pour lui il était clair que le vétéran avait perdu un ou
deux boulons pendant la guerre. Mais lorsqu’il prit l’Idole
Écarlate entre ses mains, tout changea.
À partir de ce moment, Michael reprit le contrôle de sa
bande et en fit l’un des groupes les plus violents, dangereux
et problématiques de New York. Depuis le temps, la police
l’a démantelé, mais Michael et ses acolytes les plus proches
n’ont jamais été arrêtés. La bande a commencé à grandir,
mais ses activités ne semblaient pas avoir de but concret
ou d’objectifs criminels clairs. La plupart du temps, ils
cherchaient la violence pour la violence.
Michael a réuni un groupe de confiance choisi par les rêves
que lui envoie l’Idole, avec lequel il réalise des sacrifices
humains pour elle. La grande majorité de la bande n’est
pas au courant, mais tous cherchent à sortir du lot par le
biais d’activités criminelles et violentes pour grimper dans
la hiérarchie.
Aujourd’hui, la bande s’est étendue à plusieurs villes de la
côte Est des États-Unis. Cela fait des années que Michael
et son groupe le plus proche sont dissimulés dans l’ombre,
devenus une légende urbaine des bas-fonds. Nombreux
sont ceux qui pensent qu’ils n’existent pas et que la bande ne
se sert de leur réputation que pour intimider ses victimes.
En revanche, il est certain qu’ils continuent de diriger le
gang d’une main de fer, envoyant leurs acolytes faire leurs
preuves par la violence ou atteindre des objectifs inspirés
par les rêves de l’Idole Écarlate. Ils ont fini par mettre à bas
des cultes plus petits, massacrant leurs membres et volant
ou détruisant toute possession en lien avec les arcanes qu’ils
auraient pu avoir.
Concept : Criminels fascinés par la violence.
Motivation : La violence et la destruction.
Ressources 3 Se maintiennent à flot grâce à
plusieurs activités clandestines.
Influence 3 Leur nom fait trembler.
Connaissances 5 L’Idole Écarlate les guide et les protège.
Taille 3 Le nombre fait la force.
Faits marquants
Ils réalisent des sacrifices humains tous les 13 jours, mais
très peu de leurs membres sont au courant.
Ils ont massacré trois petits cultes de la côte Est
des États-Unis.
La plupart de leurs membres ont été arrêtés pour leurs
actes criminels.
Récemment, John O’Donovan s’est enfui de la prison et
s’est mis en quête de l’Idole Écarlate.
GROUPE D’ANALYSE DE LA
MÉTAPHYSIQUE DU CHAOS
Ce groupe a été fondé par un groupe de mathématiciens
de Cambridge vers la fin des années 80, et d’autres mathé-
maticiens et scientifiques le rejoignent progressivement
depuis. Leur objectif commun est de révéler la raison sous-
jacente des schémas de l’univers identifiables sous forme de
lois, constantes et comportements inévitables, et derrière
lesquels gît le chaos de l’absence d’ordonnancement. Avec le
temps, ils commencèrent à entrevoir que quelque chose ne
collait pas pour finalement se rendre compte plus tard qu’en
fait presque rien ne collait. Encore pire, ils commencèrent à
percevoir certaines facettes étranges de la vérité de l’univers,
ce qui conduit certains de leurs membres à la folie.
Au début du XXIe siècle, le groupe était dans une impasse.
S’ils avaient toutes les pièces du puzzle en main, ils ne
parvenaient pas à voir l’image globale. Jour après jour,
le groupe perdait de la vigueur, se concentrant sur des
problèmes toujours plus petits et des questions qui leur
faisaient perdre de vue le tableau général. Tout commença
à changer lorsque certains membres avec de profondes
connaissances en Histoire finirent par trouver des pistes
pour répondre à leurs questions dans d’anciennes légendes
et écrits millénaires qui finirent par les aiguiller vers
plusieurs volumes en lien avec le Mythe. De tels écrits sont
jalousement conservés loin des regards dans des universités,
mais ils parvinrent à obtenir un accès grâce à leur position
sociale. La lecture de ces volumes permit de faire un peu
la lumière sur toutes leurs questions, mais c’était une lueur
fébrile et délirante. Ils commencèrent à comprendre que
ce que l’on considérait autrefois être de la magie n’était en
réalité qu’un pouvoir inconscient de la véritable essence de
l’univers. Ils se mirent à construire des artefacts qui mêlaient
technologie moderne et « magie », et les expérimentèrent
pour trouver les réponses à des questions toujours plus
poussées. Ce n’était qu’une question de temps avant qu’ils
ne finissent par y trouver une application « pratique » et,
bien qu’ils s’en servent à présent de manière plus raisonnée,
ce pouvoir a causé chez eux une angoissante addiction et
des délires mégalomanes.
Ce groupe n’est pas connu publiquement. Au début, cet
anonymat était dû à leurs études et conclusions très peu
orthodoxes, ainsi qu’à leur forte composante philosophique
qui, comme ils le craignaient, ne seraient jamais acceptées
par la communauté scientifique internationale.
Ils encouragèrent cette opacité, conviant de nouveaux
membres dans l’intimité. Plus tard, lorsque l’occultisme
et le Mythe entrèrent en scène, la crainte de l’ostracisme
scientifique céda le pas au sentiment d’être des élus et des
privilégiés. Ils étaient convaincus de leur supériorité et
craignaient qu’on puisse leur voler leur pouvoir surnaturel
naissant.
Concept : Scientifiques qui cherchent à percer les mystères
de l’univers.
Motivation : La connaissance absolue de la Vérité.
Ressources 4 Utilisent le résultat de certaines de
leurs expériences pour se financer.
Influence 1 Ne cherchent pas de pouvoir
conventionnel.
Connaissances 8 Ont associé la technologie moderne à
la Vérité du Mythe.
Taille 1 Seuls les esprits préparés peuvent
comprendre ce qu’ils font.
Faits marquants
En 2006, ils ont construit un ordinateur intelligent dont
le microprocesseur était une pierre antique trouvée au
cours d’une fouille.
En 2002, ils réussirent à transmuter des métaux en or
grâce à un processus de fusion froide, mais le processus
nécessite du sang humain.
L’un de leurs membres, le Dr Han, a assassiné l’un des
leurs, le Dr Keenan, sans que l’on sache pourquoi.
Grâce à l’un de leurs artefacts construits à partir d’une
technologie extraterrestre, ils ont intercepté et décrypté
des communications entre Mi-Go.
ARCANE ANTISYSTÈME
Au début du XXIe siècle, Alan Graves était étudiant en
histoire à l’université d’Oxford et très impliqué dans
plusieurs mouvements antisystème. Il n’était pas rare de le
voir à des grèves et manifestations contre la mondialisation
et en faveur de la justice sociale. Au cours de plusieurs
d’entre elles, il fut arrêté pour avoir organisé des actes de
vandalisme, violence et sabotage. En outre, sa personnalité
charismatique et son sens aigu de l’initiative réunirent un
groupe d’inconditionnels autour de lui prêts à le suivre
chaque fois qu’il allait au-delà du raisonnable dans ses
protestations.
Avec le temps, Alan fut convaincu que le système ne
pouvait être mis à bas par des moyens conventionnels, car
le pouvoir qui le dirige est trop puissant. Mais il ne baissa
pas les bras pour autant.
Grâce à ses connaissances en Histoire, il commença à
explorer plusieurs pistes impliquant la magie et l’occultisme.
Pendant longtemps, ses résultats ne furent guère
prometteurs, avant qu’il finisse par localiser un exemplaire
de l’édition anglo-saxonne d’Unaussprechlichen Kulten, les
« Cultes Innommables » de 1845. Personne ne sait comment
il avait réussi à mettre la main dessus, et il est possible qu’il
l’ait volé à l’université d’Oxford. Quoi qu’il en soit, Alan
commença à étudier le grimoire et se demander comment il
179
 pouvait se servir du pouvoir qu’il contenait pour une bonne
cause : mettre à bas un système corrompu pour mieux bâtir
un monde juste et libre.
Par crainte que des agents versés dans les arcanes au
service des gouvernements ne se mettent à le traquer,
il passa à la clandestinité en 2009 avec quelques-uns de
ses collaborateurs. Depuis, ce groupe réalise des actes
délictueux mineurs contre des banques, gouvernements et
multinationales, tant physiquement que sur le Net. Certains
ont un but affiché de propagande, mais d’autres visent un
bénéfice économique qui leur permettrait de continuer
d’avancer.
Alan a été prévoyant au moment d’avoir recours à ses
connaissances dans les arcanes par peur d’attirer l’attention
trop tôt, afin d’avoir le temps de pouvoir frapper un « grand
coup ». En parallèle, Alan et ceux qu’il a décidé d’initier
aux pouvoirs des arcanes compilent une grande quantité
de connaissances. Il commence à se servir de sa capacité
à pénétrer dans les Contrées du Rêve pour manipuler le
subconscient ou obtenir des informations auprès de hauts
responsables politiques ou entrepreneuriaux. Certains se
sont même suicidés peu de temps après.
Le groupe n’a pas beaucoup grandi à cause de la paranoïa
croissante d’Alan, mais les rares nouveaux membres sont
entièrement acquis à sa cause et prêts à faire ce qui est
nécessaire.
Concept : Groupe antisystème disposant de
pouvoirs arcaniques.
Motivation : Détruire la corruption du système actuel et
ériger sur ses ruines une utopie de justice et de liberté.
Ressources 4 Volent les riches pour se financer.
Influence 6 Manipulent l’esprit des personnes
endormies à leur profit.
Connaissances 5 Possèdent un exemplaire
d’Unaussprechlichen Kulten.
Taille 2 Ne font pas facilement confiance.
Faits marquants
Ils ont réussi à ouvrir un portail physique permanent vers
les Contrées du Rêve.
Ils ont obtenu des informations très compromettantes
sur plusieurs politiciens européens pour les faire chanter.
Ils se sont servis d’une terrible créature des Contrées
du Rêve pour détruire l’esprit d’un important banquier
pendant qu’il dormait.
Ils obtiennent des informations qu’ils transmettent aux
Anonymous.
ÉGLISE DE LA MYTHOSCIENCE
L’Église de la Mythoscience a été fondée dans les années 50
à Hollywood par un ancien professeur d’art dramatique,
Randy M. Herbert, après qu’il a mis la main sur un ancien
ouvrage du Mythe qui appartenait à sa famille depuis
plusieurs générations. Le livre évoque Azathoth et la fin des
temps, mais ne contient aucun rituel ou sort : ce ne sont
que des histoires que ses ancêtres avaient rédigées au fil des
générations passées pour quelque raison que ce soit et qui
180
comportent de vagues liens avec des événements passés et
à venir. Randy sentit alors qu’il avait eu une révélation et
qu’il était en quelque sorte le destinataire de ce précis de
connaissances. Il décida de partager cette illumination de
la Vérité, mais la plupart de ses amis se moquèrent de lui.
Peu à peu, il comprit que les gens n’étaient pas prêts à croire
sans plus de preuves comme cela avait été le cas pour lui, et
il commença à manipuler, d’abord, et endoctriner, ensuite,
ses élèves les plus prometteurs en les initiant petit à petit.
Certains de ces membres de la première heure qui
partagent sa foi l’aidèrent à trouver d’autres ouvrages du
même acabit, mais ils n’obtinrent jamais d’authentiques
grimoires. Malgré tout, la curiosité de Randy les conduisit à
vivre plusieurs expériences indirectes avec des créatures du
Mythe, ce qui leur fit réaffirmer leurs croyances et perdre la
tête irrémédiablement.
Passé ce point de non-retour, les plus sains d’esprit propo-
sèrent d’en informer le gouvernement, voire de passer à la
télévision pour tout expliquer, mais Randy se débarrassa
d’eux. Il savait que ces informations avaient de la valeur tout
en étant dangereuses, et qu’il ne fallait les transmettre qu’à
ceux suffisamment dignes pour les connaître. C’est dans ce
but qu’il fonda l’Église de la Mythoscience.
Avec les années, l’organisation se rendit plus célèbre, car
certains de ses membres étaient des étoiles montantes du
cinéma. Cela permit d’ouvrir les portes d’une faune plus
diversifiée d’Hollywood, en plus d’apporter des donations
généreuses. Randy avait enfin la grande organisation qu’il
avait toujours souhaitée. En revanche, cela faisait bien
longtemps qu’il était devenu complètement fou et en 1984
il traversa un portail pour aller rencontrer Azathoth lui-
même. Il disparut de la surface de la Terre et personne ne
sut jamais ce qu’il était advenu de lui.
Sans son chef fondateur, l’Église passa aux mains de ses
premiers élèves les plus fidèles, ceux qui gardaient le
véritable secret de l’organisation, mais en réalité sans rien
comprendre au Mythe. Tout ce qu’ils savaient, c’était ce que
Randy leur avait raconté, ce que contenait le livre original et
les autres informations qu’il avait compilées. Les nouveaux
leaders de l’Église définirent une nouvelle hiérarchie
et utilisèrent l’organisation à leur propre bénéfice. Ils
abandonnèrent l’idée de l’illumination et le prosélytisme de
Randy et commencèrent à se mettre en quête de pouvoir, de
richesse et de succès.
Depuis, l’Église n’a cessé de croître. Elle continue d’exercer
son influence sur les personnalités dont elle reçoit
ultérieurement les dons avec beaucoup d’assiduité. Elle
est finalement devenue une sorte de club élitiste accessible
uniquement avec le versement d’énormes sommes d’argent.
Beaucoup des nouveaux arrivants sont initiés uniquement
aux secrets les plus évidents et éloignés du Mythe, et
seuls les plus prometteurs accèdent aux niveaux les plus
profonds. La plupart du temps, une sorte de test est imposé
pour progresser dans la hiérarchie, comme obtenir un texte
arcanique ou une « antiquité » dont le culte a besoin, voire
participer à un rite initiatique.
Mais l’Église est décidée à s’étendre, et ses membres sont
en train d’acquérir des biens immobiliers extrêmement
chers dans de nombreux pays pour en faire les nouveaux
sièges depuis lesquels ils souhaitent attirer et introniser Faits marquants
les nouveaux suivants. Cette démarche est suivie en pleine Son fondateur a disparu par un portail menant à
lumière, sans créer plus de soupçons à leur égard que le Azathoth.
feraient des chrétiens qui se rendent à la messe. Pour Leurs rangs comptent des acteurs célèbres et influents.
la plupart, elle n’est rien de plus qu’une extravagante Leur existence est publique ; certains pays la reconnaissent
« secte » pour personnes fortunées et désœuvrées. Même comme une religion, tandis que d’autres la considèrent
la majeure partie des membres qui connaissent le Mythe toujours comme une secte.
ont à peine des connaissances véritablement arcaniques. Certains de ses membres les plus importants possèdent
S’il est vrai que certains de ses membres les plus importants des fragments du véritable pouvoir arcanique, mais ils ne
ont effectivement découvert des fragments au pouvoir se les partagent pas.
authentique, leur avarice les a poussés à ne pas les partager
avec les autres membres et ils sont persuadés d’être les seuls
à être arrivés aussi loin.
L’Église est également prête à admettre des membres qui ne
sont pas en mesure de payer les adhésions exorbitantes si
elle les considère comme dignes et fiables, mais ils doivent
signer un contrat de service sur des millions d’années,
car leur foi n’a pas de notion de décès. Ces suivants, que
l’on appelle les « poissons » au sein de l’Église, travaillent
exclusivement pour le culte, entretiennent le bon
fonctionnement de l’Église pour tous les aspects publics
et la gèrent au niveau institutionnel. En revanche, malgré
ce que l’on pourrait croire, aucun d’eux ne bénéficie de la
formation nécessaire pour accepter la Vérité.
Concept : Des personnes célèbres et influentes, mais avec
leur propre notion de la Vérité.
Motivation : Étendre la Vérité au monde entier.
Ressources 7 Beaucoup de ses membres sont riches.
Influence 5 Ils contrôlent Hollywood et l’industrie
cinématographique aux États-Unis.
Connaissances 2 Ils ont leurs propres théories.
Taille 4 L’Église est présente dans de
nombreux pays.

181
Guide de voyage

J’ai beaucoup réfléchi à la perte de contrôle.

Notre propre volonté se désagrège peu à peu, en cédant une infime part de pouvoir l’une après l’autre.
Au début, on se cherche des excuses, parce que l’adversaire est imbattable ou autre, puis
rapidement on réinvente soi-même si nécessaire son ordre de priorités pour se convaincre que
le sacrifice est acceptable.
Moi, je disais oui tout en laissant les paroles me traverser, les paroles de ma mère, de mon
père… J’ai été élevé dans le silence, dans la fuite. Et lorsqu’on avance sans réfléchir, on peut
s’éloigner de soi-même.
« Je ne te demande que ça. » Les paroles de mon frère aussi me traversèrent et me fendirent le cœur.
Ces yeux étaient bien ceux de Tim. Cette voix était bien la sienne. Je sais qu’à l’intérieur de lui il y
avait une essence différente, mais en y repensant ces paroles ressemblent fort à des dernières volontés.
« Il t’attend, Jack. »
Ma désagrégation à moi est une cession construite sur les solides bases du renoncement. Lorsque j’ai
traversé la porte des Archives Armitage, accomplissant la dernière volonté de cet inconnu, je voyais
encore le monde par mes propres yeux. Mais chaque pas m’en éloignait.
Et ce n’est pas les transcriptions des tortueux voyages qui m’en ont écarté, ni les journaux de
bord des scientifiques rebelles, ni même les taxonomies surnaturelles : ce fut la poésie qui se
délectait de l’asphyxie, de la paralysie, du brouhaha qui s’empare de l’esprit une fois ouverte la
porte qui ne devrait pas l’être.
« Quae habent suos foribus. »
Lucio Basso évoquait des portes que nous pouvions traverser en son for intérieur pour
abandonner le monde. Et moi, marchant vers l’intérieur, osant m’y risquer, j’ai atteint
l’autre côté et je me suis éloigné.
Une nuit, je me vis moi-même sortant de l’université, marchant dans Church Street.
Se voir ainsi, de loin, a indubitablement quelque chose d’onirique. Mais, dans un rêve, on passe d’une
scène à une autre sans transition, et la personne que tu pensais être ton père peut devenir ton frère, voire
la voix de ton frère seule, une vibration familière autour de laquelle s’enroulent les mots d’un inconnu.
Non, dans l’expérience extracorporelle, l’image est claire et, bien qu’il y ait un léger décalage entre la
volonté de se mouvoir et l’action proprement dite, la sensation n’est pas différente de celle de déplacer
un personnage dans une aventure graphique.
Disons que cette nuit, mon personnage marchait dans les rues d’Arkham et que moi, j’observais la
scène depuis les hauteurs, en perspective isométrique.
Le chemin qui suit Boundary Street jusqu’au fleuve fait un détour trop long, il est plus rapide de
traverser le vieux cimetière qui monte jusqu’à Hangman Hill.
Tandis que le personnage avançait, ignorant tout de la scène, avec cette rigidité d’expression si
caractéristique, j’eus la tentation de passer le curseur sur l’une des pierres tombales : je m’attendais à
tomber par hasard sur la tombe de N. W. Peaslee.
« Et si c’était celle-là, la tombe de Nathaniel Wingate Peaslee ? » aurait-on pu lire au-dessus
de la tête de mon personnage.
Quelle utilité y avait-il à traverser le cimetière s’il ne s’y trouvait aucune piste, aucune donnée
inquiétante ? Quelques jours avant, j’avais lu aux Archives Armitage les notes de Peaslee, professeur
d’économies à l’université de Miskatonic au début du XXe siècle. Il décrivait un moment d’amnésie qui
- 182 -
s’était emparé de lui, exactement comme ce qu’il était arrivé à mon frère quelques mois auparavant.
Et je pense que dans cette première scène du jeu, qui devait forcément être une suite étant donné le
nombre de fois où j’ai déjà évoqué un épisode précédent, il aurait été de bon ton de récapituler les
événements concernant le personnage et son frère. Il ne faut pas oublier que le joueur ne connaît
potentiellement pas la première partie.
Pourtant, en y repensant, il y avait une bonne raison de monter là-haut : depuis les hauteurs de Hangman
Hill, on bénéficie d’une vue imprenable sur la vieille Arkham. Le campus de l’université drapé de cette
lugubre architecture à l’air faussement britannique, au nord le fleuve Miskatonic qui sépare la ville en
deux et derrière mon personnage, dissimulé dans les collines, le bâtiment solitaire de l’Aurora’s Club.
Plus qu’un bâtiment, l’Aurora’s était un euphémisme architectural qui avait accueilli les descendants
de l’élite d’Arkham depuis des temps immémoriaux. Là-bas, les jeunes hommes qui deviendraient
l’élite de la communauté pouvaient laisser libre cours à leurs plus bas instincts jusqu’à ce que le
moment soit venu d’assumer leur terrible héritage. Finalement, ce n’était pas très différent d’une
fraternité universitaire quelconque.
Depuis les hauteurs de la colline, on pouvait entendre la musique tonitruante provenant de
l’Aurora’s. Les préambules commençaient à me fatiguer, alors je cliquai plusieurs fois sur la
porte du bâtiment, comme si mon insistance allait faire marcher le personnage plus vite. Je ne
pensais pas trouver Jenny sur le pas de la porte.
« Jack. Ça faisait longtemps », pus-je lire au-dessus de sa tête. « Ça va ? »
D’un coup, je me sentis tomber de la perspective isométrique pour passer à la première personne. J’eus
l’impression de voir pour la première fois ses yeux aigue-marine qui se cachaient derrière sa tignasse
désordonnée, cherchant autant à éviter mon regard qu’à le trouver. La phrase restait en suspens au-
dessus d’elle, tandis que moi j’étais raide comme un mannequin.
« J’étais pas mal occupé » était la première option disponible. « Sais-tu où se trouve Max ? », la
seconde. Je fus tenté de lui répondre « Tu m’as manqué », mais cela n’avait aucun sens : j’avais
besoin de l’aide de Max pour synthétiser la drogue, et troubler sa petite amie n’était pas très
intelligent ni stratégique de ma part.
Non, il fallait que je continue coûte que coûte, alors j’ai cliqué plusieurs fois sans trop regarder
ce que je répondais. Lorsque je voulus m’intéresser à ce que j’avais dit, la scène était déjà finie.
J’eus l’impression que Jenny partait fâchée.
En cliquant à nouveau sur la porte de l’Aurora’s, je repassai en vue isométrique. À l’intérieur, des gens
passaient d’une pièce à une autre avec un verre en carton coloré à la main, évoluant entre les fûts de
bière, une partie de strip poker, un DJ dans le salon et une foule de danseurs. Certains s’éclipsaient
dans les chambres ou sortaient des toilettes après s’y être repoudré le nez.
En revanche, la véritable fête se déroulait derrière la porte rouge. C’était une porte différente des
autres, à l’aspect ancien, très solide, vernie dans un rouge obscur et décorée d’étranges filigranes qui
auraient très bien pu être rédigés dans une langue morte. Quelqu’un avait vomi juste devant.
Je regardai dans mon inventaire et y trouvai une clef électronique : « Utiliser la carte sur la porte ».
Obéissant à mon ordre, le personnage s’engagea dans le long et étroit passage à peine éclairé. La
musique s’y entendait déjà beaucoup moins fort. Il fallait traverser une cour intérieure avant d’arriver
à la salle de jeu. Le rire d’une femme se fit entendre depuis l’une des fenêtres supérieures, comme une
explosion. Je crois qu’en temps normal, j’aurais sursauté.
Une fois que j’eus pénétré dans la salle, la perspective changea à nouveau. Je ne sais si c’était parce
que l’impatience menaçait de me dévorer ou à cause d’une horrible prédestination, mais je fus cette
fois mis de côté, forcé d’observer la scène comme un vulgaire spectateur.
La salle de jeu est à première vue ce que l’on attend de tout club de gentlemen imitant l’Angleterre
victorienne. Des meubles de bois raffinés, un faux toit en plâtre aux moulures vaguement historiques,
de lourds rideaux et un tapis persan couvrant presque entièrement le sol. Les tableaux représentent
des scènes de chasse sur le vieux continent et au-dessus de la haute et délicate cheminée de fer
forgé est suspendu un miroir ovale. Il y a un billard au fond, mais si ancien qu’il ressemble à une
relique et, étant donné qu’il y a déjà un billard moderne et un baby-foot dans la pièce commune,
ce meuble a pour unique fonction de parfaire l’illusion que les rares élus à posséder la clef qui
pénètrent dans cette pièce ont l’impression d’appartenir au club Diogène.
Les amis de mon personnage étaient assis en cercle dans de gros fauteuils destinés au départ à fumer
un cigare en faisant tourner du cognac dans son verre, mais qui semblaient maintenant avoir été
- 183 -
disposés dans une salle de chimiothérapie : des goutte-à-goutte étaient disposés tout autour, ainsi que
des serviettes, quelques cuvettes pour ramasser un éventuel vomi, un petit chariot métallique sur lequel
se trouvaient de la gaze, des seringues, du sérum…
Certains appartiennent à un club de lecture. Chaque mois, ils choisissent un livre, le lisent
entièrement, puis le commentent. Nous, nous avions un club de voyage.
« Jack ! Mon pote ! On ne t’attendait plus ! Qu’est-ce que tu faisais ? » Max était vêtu d’un peignoir
blanc et préparait les autres, réglant les sangles qui les attachaient aux fauteuils, vérifiant les fioles et
les connexions sur un moniteur. « C’est génial que tu aies pu venir aujourd’hui : nous allons tester une
sorte d’ecstasy avec un soupçon d’acide lysergique qui va te plaire.
— Ça vous dirait d’essayer une drogue dont la formule est passée de père en fils dans ma famille
depuis des générations ? » Jack était ébouriffé, mal rasé, très pâle, et au vu de ses yeux injectés de
sang et des poches qu’il avait dessous, cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas eu une bonne nuit
de sommeil. « Son utilisation comme porte de révélations divines est plus ancienne que le peyotl ou
l’ayahuasca, quant à ses effets…
— C’est parti », dit Troy, l’un des personnages secondaires classiques que nous avons tous
dans notre vie.
Je sais que si nous avions réellement été dans un jeu, le plus commode une fois arrivés à ce point
aurait été de faire une ellipse. Mary Shelley ne décrit pas le processus par lequel Frankenstein
donne la vie à sa créature, et d’ailleurs cela n’est pas nécessaire. Pourtant, aussi éloigné me
sentais-je de mon personnage, je n’eus d’autre choix que de déambuler pendant des semaines
dans le luxueux grenier de Max, désœuvré, attendant qu’il parvienne à synthétiser la drogue à
partir de l’une des rares feuilles que j’avais arrachées du livre de Lucio Basso. Ma seule quoique
cruciale contribution à cette phase fut de résoudre le classique puzzle où l’on finit par revenir
mille fois dans son inventaire pour voir comment assembler les pièces que l’on a.
Il s’avéra en effet que les pages que j’avais volées dans le Livre des portes semblaient toutes avoir
le même aspect, sauf une. Elle avait une texture différente et sa couleur était légèrement bleutée,
contrastant avec le blanc jaunâtre des autres. C’était cette feuille qui manquait précisément pour
que notre composé puisse fonctionner : le papier avait été soumis à un processus chimique dont
il restait encore des traces.
Incapable de dormir, je consacrais la plupart de mon temps à une fouille dans les tiroirs de Max, au
fond des armoires et même jusque derrière les meubles. Qu’est-ce que je cherchais ? Je suppose que
lorsqu’on est bloqué, on finit par cliquer sur tous les objets que l’on voit juste pour s’assurer que la
flèche ne se change pas en main à un moment.
Quoi qu’il en soit, Max se fichait de ce que je faisais. Il sortait à peine de son laboratoire : la composition
de la drogue semblait si fascinante qu’elle l’avait complètement hypnotisé. Même lorsque Jenny venait
le voir, il n’avait que quelques minutes à lui consacrer.
Parfois, elle restait un peu avec moi. Nous parlions de tout et de rien : tout ce que je voulais, c’était la
regarder dans les yeux, m’asseoir à ses côtés et parfois même effleurer sa main de la mienne, comme
par maladresse. Lorsque nous étions ensemble, je me sentais à nouveau moi-même.
La nuit au cours de laquelle nous avons voyagé pour la première fois, une impressionnante tempête
électrique éclata fort opportunément. Max insista pour faire un discours solennel dans lequel il rappela
que cette expérience faisait de nous des pionniers, tout en rappelant les possibles effets secondaires que
pouvait provoquer le composé chimique sur notre corps.
« Nous surveillerons vos signes vitaux pendant tout le processus », affirma Jenny pour nous rassurer.
« Pour le moment, je vais vous faire passer une feuille que vous devrez signer. Rien d’important, la
classique clause de non-responsabilité. »
Jenny avait un sens de l’humour très proche du mien. Lorsqu’elle était en confiance, elle pouvait être
très caustique. Je suppose que nous étions tous soulagés qu’elles soient présentes, elle et son amie
Ronda, une étudiante qui terminait sa seconde année de médecine. J’avais insisté sur le fait que si
quelque chose d’imprévu se produisait, il fallait que l’on soit préparé, tout en sachant pertinemment
qu’une étudiante de deuxième année ne serait pas d’un grand secours si les choses tournaient au
vinaigre. Mais je n’étais pas inquiet. Je pense que je me raccrochais encore à l’idée candide que si mon
personnage mourait, il me suffirait de relancer une partie, ou peut-être que me suffit la délicatesse avec
laquelle Jenny m’enfonça l’aiguille sous la peau, la manière dont elle me connecta au moniteur, de voir
ses yeux de si près, son sourire lorsqu’elle fit ses dernières vérifications. Juste avant de commencer,
- 184 -
elle me caressa les cheveux qui tombaient sur mon front et, dans un sourire tranquille, s’approchant de
mon oreille, elle dit : « Bon voyage. »
Soudain, les couleurs disparurent et le silence se fit. Les autres eurent sans doute du mal à accepter
l’image de leur corps étendu sur ces civières, ce qui n’était logiquement pas un problème pour moi.
Par contre, nous avions changé de genre ; je compris très vite que nous n’étions plus dans une aventure
graphique, mais dans un jeu de tir à la première personne.
Nous laissâmes nos corps dans la salle de jeu de l’Aurora’s aux bons soins de Jenny, Ronda
et Max, qui ne savaient même pas ce qu’il était en train de se produire. Soudain, nous étions
dans les rues d’Arkham, explorant notre nouvel état : nous traversions les murs des bâtiments,
nous nous envolions pour nous poser sur le toit d’une église baptiste, nous allions d’un bout à
l’autre de la ville en quelques instants. Tous me suivaient comme s’il s’agissait d’un jeu puéril :
« Partout où tu vas, où tu passes, j’irai aussi, et partout où tu bondis, je bondirai aussi. »
C’est ainsi que nous arrivâmes à l’asile d’Arkham. Nous traversâmes le bâtiment principal,
désert, et atteignîmes la zone où se trouvaient les piscines, où quatre hommes formaient un
cercle, en transe. Ils étaient nus et leur corps était peint, à l’instar de guerriers indiens. Dans
leurs mains, des couteaux et des outils de jardinage. Étaient-ils des gardiens du centre ou
des internes ? Je ne le sus jamais. Je fis un pas vers l’un d’eux, et soudain, je me retrouvai
en lui : la nuit retrouvait ses couleurs bleutées et les grillons se firent entendre à nouveau.
Les autres m’imitèrent une fois de plus.
Je n’avais pas eu l’occasion de reparler à mon frère depuis le jour où le voyageur qu’il avait en lui
l’avait quitté. Mon frère, privé de liberté à chaque moment de sa vie : d’abord par le sénateur, notre
père, puis par cette fiancée manipulatrice qui n’avait pas hésité une seconde à le quitter au moment où
il était le plus faible et enfin par une conscience extérieure qui avait pris le contrôle de son corps. Il était
impossible de ne pas avoir pitié de lui. Finalement, nous lui rendions service.
Quoi qu’il en soit, nous ne pouvions pas nous permettre de laisser la question en suspens, car le sénateur
aurait fini par comprendre qu’il n’était plus l’instrument de la Grande Race, que c’était maintenant moi
qui étais ses yeux, ses oreilles et surtout ses mains.
« C’est parti » dit Troy, juste avant de donner le premier coup sur le corps de mon frère.
Il ne l’atteignit pas à la première tentative. Tim se réveilla, désorienté, terrifié. Les autres se
jetèrent sur lui, criant comme des animaux.
Dans ce genre de jeu, il y a toujours une phase d’entraînement pour apprendre comment réaliser toutes
les actions, les touches sur lesquelles appuyer, etc. On peut faire ce niveau autant de fois que l’on veut
jusqu’à ce que l’on se sente prêt à commencer le jeu pour de bon.
Au bout de quelques nuits, Jenny commença à s’inquiéter : nos corps changeaient, vraisemblablement
sous l’effet de la drogue. La séquelle la plus évidente était que nous n’avions plus besoin de dormir, et
bien entendu Jenny estima que tout cela ne pouvait que mal finir. Dans une tentative désespérée pour
nous sauver de nous-mêmes, elle menaça de quitter la cabale et d’informer nos parents de ce qu’il se
passait. Curieusement, à ce moment, Max et Ronda nous avaient rejoints dans nos voyages.
Mais qui Jenny était-elle ? Un personnage dessiné en quelques traits. J’avais rempli ses vides
avec mes propres désirs, seuls ses yeux aigue-marine étaient vrais. Et si effectivement nos
conversations m’avaient remis les pieds sur terre, était-ce elle qui me faisait éprouver cela ou
était-ce moi qui cherchais à revoir par mes propres yeux ? Il fut étrange de découvrir qu’en fin
de compte elle aussi n’était qu’un personnage secondaire.
Nous traversâmes le Pacifique par une nuit dégagée, volant à toute vitesse au-dessus de l’océan. En
m’approchant de l’île, je sentis monter une excitation étrange, qui m’était propre.
Sur l’île, nous trouvâmes un hameau perdu au beau milieu de la jungle. Les hommes et les femmes
nous y attendaient en priant à genoux. Au centre du cercle formé des habitants, nous découvrîmes cinq
guerriers en transe : des hommes petits, mais râblés, à la peau sombre, vêtus d’un simple pagne, le
visage dissimulé sous un masque de bois qui imitait les mandibules d’un scarabée et portant des capes
en forme d’ailes taillées dans l’écorce d’un arbre. Tous tenaient dans les mains une machette.
« C’est parti », dit Troy, déjà dans l’un des guerriers.

- 185 -
 MAGIE
L
CHAPITRE VII
L
a magie et le surnaturel jouent un rôle particulier
dans Cultes Innommables. Ce chapitre décrit
les différentes formes sous lesquelles le Mythe se
manifeste. Les différents pouvoirs et artefacts proposés ici
doivent être pris pour des exemples et non comme une
liste exhaustive : le maître du jeu et les joueurs sont libres
d’inventer les leurs.
Sortilèges et
compétences d’arcanes
Les personnages de Cultes Innommables ont accès à des
pouvoirs incompréhensibles pour la majorité des gens,
des pouvoirs qui se dissimulent souvent sous l’aspect de
sortilèges ou de formules magiques, mais qui sont en réalité
bien plus que cela : ils sont une capacité à transgresser les
lois naturelles telles que nous les connaissons par le biais de
connaissances qui vont au-delà de notre propre rationalisme.
Il s’agit, en définitive, d’appliquer les véritables règles de
l’univers, celui-là et les autres, qui par définition ne peuvent
186
être comprises complètement par la race humaine. Ainsi, par
le simple fait de s’y exposer, n’importe quel humain peut finir
par perdre tout lien avec la réalité et avec sa propre humanité.
En termes de jeu, les personnages peuvent débuter avec une
ou plusieurs compétences surnaturelles qui leur donnent
la capacité à manipuler certaines facettes de la réalité. Ces
capacités sont regroupées sous les termes de jeu « compétences
d’arcanes ». Le nom d’une compétence d’arcanes particulière
définira sa propre nature et la manière dont le personnage
l’interprète, sous une forme qui peut sembler être de la magie
pour certains, une science extraterrestre pour d’autres ou des
dons divins pour le reste.
UTILISATION DES COMPÉTENCES
D’ARCANES
Toutes les compétences magiques, qu’elles soient d’une
puissance faible ou considérable, peuvent être utilisées
de plusieurs manières. L’effet dépend de la nature de
la compétence d’arcanes utilisée et il peut être appliqué
selon des intensités variées. En termes de jeu, lorsqu’un
personnage tente d’utiliser une compétence d’arcanes, le
maître du jeu devra déterminer s’il s’agit d’une utilisation
mineure, moyenne ou majeure. Quel que soit le niveau
d’utilisation choisi, la compétence d’arcanes ne peut être
Une utilisation moyenne implique une manipulation de
employée autrement que ce pour quoi elle a été conçue.
Une utilisation mineure implique une manipulation légère
de la réalité qui peut être relativement imperceptible, car
ses effets peuvent être considérés comme une coïncidence,
être pris pour un tour de passe-passe ou être vus comme
un comportement excentrique de la part du cultiste.
Utiliser une compétence à ce niveau nécessite de réussir
un test de Volonté plus de difficulté facile. Cette action
provoque une perte de points de Stabilité Mentale chez
la personne qui la réalise égale au résultat du dé m. Si un
personnage active un aspect en cas d’utilisation mineure
d’une compétence d’arcanes, il ne subit qu’un point de
Voici quelques exemples d’utilisation moyenne :
déséquilibre (qui peut tomber à zéro si sa Dégénérescence
est d’au moins 1). En outre, ceux qui assistent à l’événement
doivent réussir un test de Sang-Froid de difficulté 10 et
perdre un point de Stabilité Mentale en cas d’échec et
aucun point en cas de succès. Les personnages avec une
Dégénérescence d’au moins 1 n’ont pas besoin de faire ce
test, car ils ne peuvent souffrir d’un déséquilibre à la vue
d’une utilisation mineure de compétences d’arcanes.
Voici quelques exemples d’utilisations mineures :
Causer autant de dégâts physiques ou de déséquilibre
mental que le dé m à une personne dans son champ visuel
ou que le dé M à une personne en contact physique.
Communiquer verbalement avec des créatures non
humaines ou télépathiquement avec des êtres humains
en contact visuel direct.
Prendre la moitié du temps normal pour faire réaliser
une action habituelle au personnage ou pour parcourir
une certaine distance.
Percevoir si un objet ou un lieu est magique ou si de
la magie a été utilisée dans un lieu précis au cours des
dernières années.
Accomplir des prouesses physiques qui dépassent les
capacités naturelles du personnage (abattre un mur de
briques d’un coup de poing, sauter ou courir comme
un champion olympique, retenir sa respiration pendant
15 minutes).
Détruire ou désactiver un objet de taille réduite en
matière dure (comme l’acier), de taille moyenne si la
matière est moins dense (comme le bois) ou provoquer
un phénomène atmosphérique mineur (comme la pluie).
Attribuer un aspect temporel durant une scène à
une personne ou un lieu de petite taille (comme une
chambre) dans le champ visuel du personnage.
Inciter un personnage à réaliser immédiatement une
action qui n’est pas dangereuse pour lui ou contraire
à ses principes moraux (déchirer une lettre dans ses
mains, accepter une invitation à une soirée ou manger
un morceau de tarte qui lui est proposé).
Convoquer ou contrôler une créature qui se trouve
relativement proche et qui provoque au pire la Stupeur
(voir le chapitre « Créatures du Mythe » page 126).
Cette méthode ne permet pas « d’amener » la créature
à travers l’espace et le temps, mais uniquement d’attirer
une créature capable d’arriver sur place dans un délai
raisonnable en se déplaçant par ses propres moyens.
la réalité de manière clairement surnaturelle. Utiliser
une compétence à ce niveau nécessite un test de Volonté
plus de difficulté moyenne et entraîne chez la cible du
personnage qui la réalise une perte de points de Stabilité
Mentale égale au dé C, sauf dans le cas où un aspect est
utilisé, auquel cas le déséquilibre subi est de 2 points
(diminué par l’éventuelle Dégénérescence du personnage,
comme d’habitude). Les personnes qui assistent à une
telle utilisation doivent faire un test de Sang-Froid de
difficulté 12 et perdre 1 point en cas de succès ou la valeur
du m en cas d’échec.
Provoquer des dégâts physiques ou un déséquilibre
mental mM à une personne dans le champ visuel, CM si
elle est en contact physique ou C chez un maximum de
dix personnes dans le champ visuel direct.
Éliminer une séquelle temporaire.
Communiquer par télépathie avec une créature non
humaine, du moment qu’elle est en contact visuel.
Invoquer, lier ou expulser des créatures qui provoquent
la Peur (voir « Créatures du Mythe », page 126), mais
chacune de ces actions nécessitera un test sans forcément
utiliser la même compétence d’arcanes à chaque fois.
Se téléporter sous certaines conditions, comme avoir déjà
vu le lieu de destination, en avoir une image mentale ou si
un alignement des étoiles particulier a lieu.
Voir des choses invisibles ou percevoir la véritable nature
de quelque chose dissimulé par la magie (voir « Duels de
pouvoirs », page 188).
Réaliser des prouesses physiques impossibles pour
l’Homme, mais toujours naturelles, telles que sauter comme
un puma, retenir sa respiration comme un dauphin, etc.
Détruire ou désactiver un objet de taille moyenne
dans une matière dure (comme l’acier), grande si sa
matière est moins dense (comme le bois) ou provoquer
un phénomène atmosphérique ou géologique violent
(comme une tempête électrique, des vents puissants ou
un tremblement de terre très léger).
Attribuer à une personne ou un lieu réduit un aspect
temporaire pendant plusieurs jours (une aventure complète)
si la cible se trouve dans le champ de vision ou durant
une scène si le lanceur de sort dispose d’une sorte de lien
indirect avec sa cible (comme une mèche de cheveux ou
une photographie), ou attribuer l’aspect à un groupe allant
jusqu’à une demi-douzaine de personnes ou un lieu de
grande taille (comme un immeuble de six étages) pendant
une scène si la cible se trouve dans le champ de vision.
Inciter une personne à réaliser immédiatement une action
risquée ou contraire à ses principes moraux et intérêts
(comme se déshabiller en public, tromper son partenaire
ou frapper un enfant), mais qui ne lui cause pas de dégâts,
n’est pas mortellement dangereuse ou odieuse.
Implanter une idée chez une personne pour qu’elle réalise
une action inoffensive lorsque certaines conditions sont
187
 réunies : briser un disque lorsque la victime le verra plus
tard, porter une chemise rouge le prochain jour de pluie
ou aller au parc dès qu’elle reçoit un appel téléphonique
particulier.
Une utilisation majeure constitue la transgression
maximale de la réalité qu’un personnage puisse
obtenir avec des pouvoirs surnaturels (si l’on exclut
les pouvoirs supérieurs décrits à la page 193). Il s’agit
d’une manipulation flagrante et souvent terrorisante
des lois de la nature. Cette utilisation nécessite un test
de Volonté plus de niveau difficile et entraîne une
perte en Stabilité Mentale égale à la valeur du dé M. Si
un aspect est activé lors de l’utilisation, le déséquilibre
mental subi est de trois points, toujours compensés
par la Dégénérescence du personnage. Activer un
aspect pour une utilisation majeure d’une compétence
d’arcanes entraîne systématiquement le gain d’un point
de Dégénérescence au lieu d’une dépense d’un point de
Drame (sauf si le maître du jeu décide du contraire).
Assister aux résultats d’une utilisation majeure nécessite
un test de Sang-Froid de difficulté 15, avec une perte mC
en cas d’échec ou m en cas de succès.
Voici quelques exemples d’utilisations majeures :
Provoquer des dégâts physiques ou un déséquilibre
mental CM à une personne dans le champ visuel, mCM
si elle est en contact physique ou M sur un maximum
de dix personnes dans le champ visuel direct, m à
toutes les personnes désirées et qui peuvent être vues
ou m à une personne quel que soit l’endroit où elle se
trouve du moment qu’une condition particulière est
remplie (avoir quelque chose qui lui appartient, l’avoir
touché une fois, etc.).
Éliminer une séquelle permanente, communiquer avec
des personnes ou créatures qui ne se trouvent pas dans
notre dimension ou se trouvent dans un lieu très éloigné.
Invoquer, lier ou expulser des créatures qui provoquent
la Panique (voir « Créatures du Mythe », page 126), mais
chacune de ces actions nécessitera un test sans forcément
utiliser la même compétence d’arcanes à chaque fois.
Voyager dans le temps, mais avec de fortes restrictions :
quelques jours dans le passé uniquement et sans
interaction possible (observation uniquement) ou que
le voyage se fasse en possédant un autre corps du futur
pendant quelques heures.
Voir des événements du passé ou du futur d’une personne
ou d’un objet sous certaines conditions : être en contact
physique avec l’objet, ne voir que les événements les plus
récents, n’entrevoir qu’un futur lointain, etc.
Réaliser des prouesses physiques impossibles telles que
survivre dans le vide spatial, passer entre les mailles
d’une grille ou modifier considérablement sa taille.
Établir une communication avec un Dieu Extérieur ou
un Grand Ancien.
Détruire un objet énorme (comme une maison)
dans n’importe quelle matière dure ou provoquer
un phénomène atmosphérique ou géologique très
violent : ouragan, tornade, éruption volcanique ou
tremblement de terre.
Attribuer à une personne ou un lieu réduit un aspect
temporaire pendant une longue durée, comme un ou
plusieurs mois (une campagne) si la cible se trouve dans
le champ de vision, ou durant une scène si le lanceur de
sort dispose d’une sorte de lien avec sa cible (comme une
mèche de cheveux ou une photographie), ou imposer
l’aspect à un groupe allant jusqu’à une demi-douzaine
de personnes ou un lieu de grande taille (comme un
immeuble de six étages) pendant plusieurs jours si la
cible se trouve dans le champ de vision ou pendant une
heure si le lanceur ne dispose que d’un lien avec eux, ou
attribuer l’aspect à une foule ou un lieu vaste (comme
un stade ou une forêt) pendant une scène pour peu que
le lanceur de sort puisse voir sa cible.
Inciter une personne à réaliser immédiatement une
action dangereuse pour elle qui pourrait lui causer des
dégâts (non mortels), ou qu’elle pourrait considérer
comme odieux, tel qu’étrangler un nourrisson, manger
des cafards vivants ou se tirer une balle dans le pied.

RÉSUMÉ DES COMPÉTENCES D’ARCANES

Utilisation de la Perte de points de Stabilité
compétence d’arcanes Exposition à la terreur
Test Mentale de l’utilisateur
des personnes témoins de
l’utilisation de la compétence
Utilisation mineure Volonté + m Inquiétude (diff. 10, 0/1).
(diff. facile) (1 si un aspect est activé) Un personnage avec une Dégénérescence

de 1 n’a pas besoin de faire ce test.
Utilisation moyenne Volonté + C Stupeur (diff. 12, 1/m).
(diff. moyenne) (2 si un aspect est activé)
Utilisation majeure Volonté + M Peur (diff. 15, m/M).
(diff. difficile) (3 si un aspect est activé)

188
 Implanter l’idée d’une action risquée ou contraire aux
intérêts ou à la morale d’un personnage qu’il devra
accomplir dans des circonstances particulières, comme
se masturber en public s’il entend une phrase clef ou
jeter tout son argent par la fenêtre s’il reçoit un email
ayant pour objet « Offre exclusive ».
Gardez à l’esprit que la perte de points de Stabilité Mentale
due à l’utilisation ou l’observation d’une compétence d’arcanes
n’inclut pas les pertes qui peuvent survenir en conséquence
des effets du pouvoir employé. Ainsi, si une créature du
Mythe est convoquée, tous ceux qui la verront perdront les
points de Stabilité Mentale dus à une vision si terrible, en plus
de la perte engendrée en étant témoin de l’invocation ou de
l’utilisation de la compétence d’arcanes.
En outre, comme le veut la logique, une personne ne doit
réaliser de test de Sang-Froid qu’en cas de signes évidents
d’utilisation d’une compétence d’arcanes. Par exemple, ceux
qui voient un serveur dans un hôtel de luxe se changer en
Homme-Serpent grâce à la compétence « Dissimulation
de Yig » doivent faire un test pour avoir vu la transformation
se produire (en conséquence de l’utilisation de la compétence
d’arcanes), puis un autre parce qu’ils contemplent une
créature du Mythe. Par contre, si l’Homme-Serpent utilise sa
compétence pour conserver son camouflage humain, aucun
changement n’est perceptible et aucun test n’est requis.
Exemple : Il y a quelques jours, Andrea et son
groupe ont reçu les enregistrements des caméras de
surveillance d’un hôpital. Ils montrent un cadavre de
la morgue horriblement brûlé se lever et s’échapper
par une sortie de secours qui donne sur une allée
plongée dans l’obscurité.
Ils cherchent à retrouver cette créature, mais ne
savent pas par où commencer. Andrea se rend donc
dans la ruelle et utilise sa compétence d’arcanes
« Empathie féline » pour communiquer avec les chats
qui traînent régulièrement dans les parages. Peut-être
eux sauront-ils dire où s’est rendue la créature après
son évasion de l’hôpital.
Le maître du jeu estime que cette possibilité est
entièrement compatible avec sa compétence et lui
attribue une affinité spéciale avec les chats : il décide que
c’est une utilisation mineure de la compétence, comme
indiqué dans le guide (« Communiquer verbalement avec
des créatures non humaines »).
Andrea doit faire un test sous sa Volonté 3 plus
« Empathie féline » 5 d’une difficulté de 10 (facile). Elle
obtient 2, 3 et 10. Elle a réalisé l’action avec succès, mais
perd 1 point de Stabilité Mentale qu’elle trace sous forme
de barre oblique dans sa jauge, car elle a obtenu 2 sur
son dé m et elle possède une Dégénérescence de 1 qu’elle
soustrait à toute perte de points de Stabilité Mentale : bien
que parler avec des chats ne lui paraisse pas étrange, le
fait qu’ils lui répondent reste légèrement inquiétant.
STABILITÉ MENTALE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 TROUBLÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 DÉRANGÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 FOU
Grâce à son succès, elle parvient à établir une
communication avec les matous du quartier qui lui
racontent que la créature qui sentait la fumée a filé par
une bouche d’égout. Eux-mêmes n’y descendent jamais,
car c’est là que se trouve le Royaume des Rats, et ils n’ont
aucune idée de l’endroit où elle pourrait être.
Andrea est accompagnée de son mentor, le Dr Roberts. Il
a vu Andrea se servir de sa compétence et il aurait dû
faire un test de Sang-Froid, mais comme il possède une
Dégénérescence de 3 ce n’est pas la peine et il ne souffre
pas d’un quelconque déséquilibre. Le Dr Roberts a vu
comment Andrea miaulait avec les chats et ces derniers
lui répondre. Il y avait quelque chose d’extrêmement
inquiétant à toute la scène, mais le Dr Roberts est habitué
à des choses bien pires.
Résister aux effets d’une compétence d’arcanes
Dans la plupart des cas, la cible d’un pouvoir surnaturel
peut tenter de résister à ses effets. Le cas échéant, ajoutez la
Volonté de la victime à la difficulté du test de la compétence
d’arcanes. Si la compétence vise plusieurs cibles, le total du
test est comparé à chacune. Ajoutez la Volonté de chaque
victime, de manière à ce que le même test puisse en affecter
certaines et pas d’autres.
Exemple : Alors qu’Andrea et le Dr Roberts enquêtent en
pleine nuit dans une zone industrielle déserte, vérifiant les
entrepôts abandonnés en quête de la créature, un groupe
de cinq sicaires les entoure dans une attitude peu amicale.
Bien que le Dr Roberts possède un pistolet, il estime
qu’affronter autant de personnes en même temps serait
dangereux et décide d’utiliser sa compétence d’arcanes
« Signe rouge de Shude’Mell ». C’est un sortilège qu’il a
appris à contrôler avec une grande maîtrise qui provoque
une douleur intense chez la victime.
Une utilisation mineure d’une compétence d’arcanes ne
permet pas de toucher plusieurs cibles, une utilisation
intermédiaire permet d’infliger des dégâts égaux au dé C
à un groupe allant jusqu’à dix personnes dans le champ
de vision, tandis qu’une utilisation majeure permettrait
d’infliger des dégâts M à ce même groupe. Comme sa
Volonté est élevée (6) et qu’il est très habile pour lancer
le « Signe rouge de Shude’Mell » (7), il décide qu’il peut se
risquer à réaliser une utilisation majeure.
La difficulté de l’action est de 20, car pour une utilisation
majeure la difficulté est Difficile. En outre, pour chacun
des tueurs, il doit ajouter leur Volonté à la difficulté. Il
lance les dés et obtient 2, 4 et 10, et comme 4+6+7=17 il
rate l’action. Devant ce résultat, le joueur qui interprète
le Dr Roberts décide que la situation est critique et qu’il
va activer un aspect de son personnage. Comme le nom
même de la compétence d’arcanes « Signe rouge de
Shude’Mell » est un aspect, le joueur décide de l’activer.
Il justifie son choix par le fait qu’entre tous les sortilèges
destinés à blesser autrui que connaît le Dr Roberts, c’est
celui-ci qu’il a pratiqué le plus souvent et dont il domine
tous les aspects. Le maître du jeu décide que pour activer
cet aspect, il doit gagner un point de Dégénérescence au
lieu de dépenser un point de Drame, et le joueur gagne
donc un point de Drame et coche un nouveau point de
Dégénérescence à l’emplacement correspondant sur sa
feuille de personnage : le Dr Roberts possède maintenant
quatre de ces points.
189
 DÉGÉNÉRESCENCE 1 2 3 4 5 6 7
Le joueur conserve son 10 et relance le 2 et le 4 et
obtient 6 et 6. Comme il a activé un aspect, les dés en
double s’additionnent et se substituent au résultat M
si le total le dépasse, comme c’est le cas ici, et le jet
final est donc de 6, 6 et 12. En outre, pour déterminer
le résultat, on utilise la valeur M, soit 12 dans ce cas.
Ajouté à sa Volonté et , il obtient un total de 25
(6+7+12). Il a réussi à exécuter son sortilège. Reste à
vérifier qui il touche et dans quelle mesure.
Quatre des tueurs sont des types un peu simplets,
de pures masses de muscles, et ils n’ont qu’une
Volonté de 2. La difficulté pour toucher chacun d’eux
correspond donc à celle de l’action (20) plus leur
Volonté (2), soit 22. Dans ce cas, les quatre sont touchés,
car le résultat du test est de 25. Les dégâts infligés par
ce pouvoir correspondent à la valeur M (12), et chacun
d’eux encaisse 12 points de dégâts.
Le cinquième membre du groupe, leur meneur, est un
vétéran de la guerre du Golfe, un type dur à la volonté
de fer. Il a une Volonté de 6 qui, une fois additionnée
à la difficulté générale de l’action de 20 donne une
difficulté finale de 26. Tandis que ses compagnons
se tordent de douleur sous les étincelles rouges du
symbole que le Dr Roberts a dessiné dans les airs, lui
parvient à résister.
Ensuite, il faut définir la perte de points de Stabilité
Mentale subie par chaque membre présent. Le maître
du jeu décide que les tueurs qui se tordent de douleur au
bord de la mort sont déjà hors de combat et ne perd pas de
temps à calculer si cela les affecte mentalement.
Le Dr Roberts, qui a utilisé sa compétence d’arcanes
à un niveau supérieur, devrait perdre autant de points
de Stabilité Mentale que la valeur M du jet, mais
comme il a activé un aspect, il ne perd que 3 points de
déséquilibre qui tombent à zéro une fois les points de
Dégénérescence soustraits à ce résultat (n’oublions
pas qu’ils viennent de monter à 4). Le Dr Roberts sourit
dans un air puissant, insensible à la douleur qu’il
provoque et sans se rendre compte que les horreurs
qu’il manipule sont en train de le changer en quelque
chose qui n’est définitivement plus humain.
Andrea et le meneur ont vu le Dr Roberts dessiner
dans les airs un symbole rouge brillant duquel
s’échappaient des hurlements de douleur et des vrilles
écarlates qui s’enroulaient autour de la tête des tueurs.
Ce spectacle est particulièrement perturbant et, en
termes de jeu, tous deux doivent faire un test de Sang-
Froid de difficulté 15. Andrea réussit en obtenant 5,
8 et 9 et ne perd que la valeur mineure (5), réduite à
4 points par sa Dégénérescence de 1. En revanche, le
meneur échoue avec un tirage de 3, 3 et 8, et il perd mC,
c’est-à-dire 3+5=11 points de Stabilité Mentale. Cette
valeur est supérieure à son Sang-Froid (7) et il doit
donc faire un test d’une difficulté de 12 pour ne pas
souffrir d’un trauma. Le maître du jeu lance les dés
et obtient 1, 3 et 4. Horrifié par ce qu’il vient de voir,
le meneur tombe à genoux, se serre la poitrine et
oscille d’avant en arrière en murmurant des propos
incohérents. Il semblerait que finalement, il ne
constitue pas une menace pour nos personnages.
190
8 9 10 PRÉPARATION
La majorité des compétences d’arcanes peut être utilisée en
quelques secondes en n’employant que la force de la volonté
du cultiste et en réussissant le test nécessaire. En revanche,
un joueur peut décider d’inclure dans la description
d’une compétence d’arcanes des conditions impliquant
des composants, gestes ou autres restrictions pour que sa
compétence fonctionne. Ce type de restriction est ce que l’on
appelle une focalisation.
Les compétences qui disposent d’une focalisation sont
plus faciles à utiliser que les autres, mais ne peuvent pas
être utilisées sans elle. En termes de jeu, la focalisation
est un aspect qui peut être activé au moment d’utiliser
la compétence d’arcanes, ce qui englobe l’effet bénéfique
habituel sur le lancer, mais le maître du jeu ou d’autres joueurs
peuvent également l’activer comme une complication (les
composants du sortilège sont épuisés et le sort ne peut pas
être lancé, car le personnage est attaché et ne peut pas faire
de gestes, par exemple).
RITUELS
Bien que comme nous l’avons déjà vu quelques secondes
suffisent à déchaîner la puissance du Mythe, les sorciers
particulièrement prudents peuvent consacrer plus de
temps à la préparation de leurs effets. Toute utilisation
d’une compétence d’arcanes peut voir prolonger sa
préparation pendant une scène.
Celle-ci peut durer quelques minutes ou heures de jeu,
mais dans tous les cas il faudra que le cultiste se prépare
soigneusement pour sa tâche, sans être interrompu ni
dérangé, dans un silence ou une atmosphère acoustique
adéquate, avec les matériaux et moyens suffisants, avec
l’aide d’autres personnes ou avec d’autres éléments qui
l’aident à se concentrer. Cela consistera fréquemment
en terribles cantiques et formules qui le prépareront à
l’utilisation de sa compétence d’arcanes, bien que cela
nécessite plus de temps. Autrement dit, il est possible de
ritualiser l’utilisation d’une compétence d’arcanes.
Cette ritualisation donne systématiquement lieu à un
aspect temporaire qui peut être activé ou épuisé dans
la propre exécution de la compétence d’arcanes, ce qui
permet de bénéficier des avantages habituels en lien avec
l’activation d’un aspect.
DUELS DE POUVOIRS
Parfois, les effets de deux compétences d’arcanes s’affrontent
directement : « Signe de Voor » contre « Dissimulation de
Yig », « Signe de Koth » contre « Appel de l’infini », « Protection
contre les arcanes » contre tout type de pouvoir « agressif »,
etc. Dans ce cas, faites faire le test correspondant à chacun des
pouvoirs. Celui qui obtient le résultat le plus élevé remporte
le duel, comme d’habitude dans les jets en opposition, mais
dans ce cas il faut également dépasser la difficulté imposée
par type d’utilisation (mineure, intermédiaire, majeure) pour
que l’effet recherché se produise.
Exemple : Mónica Alemán Flores a reçu des
informations signalant qu’un groupe d’Hommes-
Serpents réside quelque part à Zapopan, au Mexique.
Après une longue enquête, elle parvient à la conclusion
qu’il pourrait s’agir des employés d’un zoo de la ville, STABILITÉ MENTALE
et elle souhaite utiliser sa compétence d’arcanes 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 TROUBLÉ
« Signe de Voor » 4 pour s’assurer que le jardinier un
peu louche qui cherche à l’éviter n’est pas en réalité
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 DÉRANGÉ
un Homme-Serpent sous dissimulation. Le jardinier 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 FOU
(qui est effectivement un Homme-Serpent) a remarqué
sa présence et il tente de se « défendre » en utilisant sa
FOLIE ET MAGIE
compétence d’arcanes « Dissimulation de Yig » 6. Un
duel de pouvoirs a donc lieu. Contrairement à ce qu’il se passe avec les autres actions,
l’usage de la magie du Mythe n’est pas pénalisé par l’état
mental du personnage. Ignorez les pénalités dues à l’état
La joueuse de Mme Alemán obtient 3, 6 et 8 à son jet.
Troublé ou Dérangé lorsqu’un personnage fait des tests
Sa Volonté (3) ajoutée au dé C (6) et sa compétence (4)
qui impliquent des compétences d’arcanes ou utilisent la
permettent d’obtenir un résultat de 13. Face à elle, le
compétence (par exemple, les utilisations des pouvoirs
maître du jeu obtient 4, 5 et 9 à son jet. La Volonté de
supérieurs décrits à partir de la page 193). Les pénalités dues
l’Homme-Serpent (3) ajoutée au dé C (5) et la compétence
à l’état physique s’appliquent normalement à ces tests.
« Dissimulation de Yig » (6) donnent un résultat de 14,
qui est supérieur au 13 de Mme Alemán. En y regardant
à deux fois, elle se rend donc compte que le jardinier SUGGESTIONS POUR
a un regard parfaitement normal et qu’il cherchait LES COMPÉTENCES D’ARCANES
simplement ses outils de travail.
Chaque compétence surnaturelle doit être choisie après
mûre réflexion et en se mettant d’accord avec le maître
Mónica Alemán Flores, bien qu’elle n’ait pas réussi
du jeu sur ses effets possibles. C’est lui qui aura le dernier
à percer le déguisement de l’Homme-Serpent, a fait
mot et pourra modifier des éléments en dernier lieu.
une utilisation mineure d’une compétence d’arcanes,
La compétence devra avoir un caractère suffisamment
et elle perd donc autant de points de Stabilité Mentale
spécifique pour ne pas devenir un fourre-tout capable
que la valeur du dé m de son jet (3) moins son score de
de produire n’importe quel effet et avoir sa propre
Dégénérescence (1), soit 3-1=2. Comme elle n’a aucun
idiosyncrasie, mais en même temps être suffisamment
moyen de savoir que l’Homme-Serpent a utilisé sa
souple pour être utilisée de plusieurs manières différentes
compétence de dissimulation, elle n’a pas besoin de
et dans diverses circonstances au cours du jeu.
faire de test supplémentaire (de toute manière, sa valeur
de Dégénérescence annulerait la perte maximale de ce Vous trouverez ci-après quelques exemples de compétences
test, 1). De son côté, l’Homme-Serpent n’a pas non plus d’arcanes, mais la magie du Mythe doit rester inattendue,
besoin de faire de test, car c’est une créature du Mythe changeante et personnelle, car elle matérialise l’impossible
parfaitement consciente de l’existence de ces pouvoirs. dans le cadre de l’esprit subjectif du cultiste. Les joueurs et
191
 le maître du jeu sont invités à ne pas se limiter aux idées
proposées, mais à s’en servir comme d’un tremplin et
d’une inspiration pour la création de ses propres règles,
adaptées au personnage et au type de partie que vous
souhaitez jouer.
Absorbeur d’aura
Le personnage peut évaluer par l’esprit les auras vitales
des autres êtres vivants, notamment des êtres intelligents.
L’aura fournit des informations sur l’état émotionnel,
les intentions et les pulsions les plus primaires ou
irrationnelles de la cible. En revanche, évaluer une
aura la drainera peu à peu, comme si elle était savourée
pendant son ingestion, ce qui peut affaiblir, faire perdre
la conscience ou même tuer la cible. Ce drainage se
traduit par un dégât physique infligé à la victime.
Caresse de Shub-Niggurath
Il est possible de tenter d’accélérer sa capacité de guérison
à des niveaux frôlant l’instantané par le principe de la
multiplication incontrôlée. En revanche, ce type de guérison
comporte un grand risque, car Shub-Niggurath n’a aucune
limite, et son influence répare non seulement les tissus, mais
peut également entraîner des mutations et des croissances
incontrôlées. En résumé, cette compétence permet de
récupérer en un rien de temps une quantité importante
de dégâts consolidés. La durée de la guérison dépend de
l’utilisation de ce pouvoir : une utilisation mineure prend des
heures, une moyenne quelques minutes et une majeure une
poignée de secondes. En cas d’échec critique, le personnage
concerné gagne immédiatement 1 point de Dégénérescence.
Il est possible d’utiliser « Caresse de Shub-Niggurath » de
manière agressive, en provoquant une tumeur, par exemple :
la victime reçoit un aspect correspondant d’une durée qui
dépend de l’utilisation : une scène (mineure), une aventure
(moyenne), une campagne (majeure).
Corps informe
Le personnage peut modeler son corps à volonté, allonger
ses membres ou les déformer pour avoir des armes naturelles
comme des griffes, crocs, cornes, etc. Il peut également
altérer les traits de son visage pour ressembler à quelqu’un
d’autre, passer entre des barreaux, voire prendre l’apparence
d’un animal ou autre créature.
Don d’Hastur
Le personnage obtient la faveur d’Hastur, ce qui lui permet
de disposer de ses serviteurs : les Byakhees (voir page 131).
Ce pouvoir permet de les invoquer, de communiquer avec
eux et de les contrôler. En principe, un Byakhee invoqué
se retrouve au service du personnage et ne devrait pas être
agressif envers lui. En revanche, il peut avoir une attitude bien
plus inquiétante envers d’autres, voire envers le personnage
si ce dernier l’oblige à se comporter d’une manière contraire
aux objectifs d’Hastur, son véritable seigneur.
Don écarlate
Ce don est offert par la mystérieuse Idole Écarlate
(voir page 206 pour sa description et page 175 pour
la description de son culte) et donne des capacités
surhumaines au combat, ainsi qu’une intense soif de sang.
192
Le don n’affecte personne d’autre, car il n’influence que le
corps et l’esprit de celui qui l’a reçu.
Souffle du dieu du froid
Le personnage peut provoquer une brusque chute de
la température d’un lieu, d’un objet ou d’une créature à
volonté, de manière rapide et radicale. L’action est plus ou
moins complexe en fonction de la cible et de la différence de
température souhaitée. En outre, ce pouvoir permet de résister
sans problème aux températures extrêmement basses.
Fouet des Anciens
Cette compétence permet de communiquer, d’ordonner et
de dominer ceux qui furent les serviteurs des Anciens, les
Shoggoths (voir page 154). Bien qu’ils soient dépourvus de la
moindre intelligence, ces créatures ne seront jamais satisfaites
d’être réduites en esclavage à nouveau et tenteront de se
libérer dès qu’elles le pourront. Plus l’ordre sera complexe
ou contraire aux instincts primaires qui gouvernent les
Shoggoths, plus il sera difficile de les faire obéir.
Envoyer un cauchemar
Ce sortilège permet d’envoyer des entités mineures des
Contrées du Rêve tourmenter le repos d’un dormeur
ou perturber son voyage dans les Contrées du Rêve. La
victime souffre de terribles cauchemars qui provoqueront
chez elle un déséquilibre mental et lui attribuent
l’aspect « N’a pas pu se reposer » pendant la matinée
suivante. L’ampleur exacte du déséquilibre dépendra de
l’utilisation du pouvoir : mineure, moyenne ou majeure.
Écouter le résident du puits
Le personnage est capable de communiquer avec la
créature qui vit dans le vieux puits de la ferme de sa famille,
notamment depuis une grande distance. Il peut ainsi
demander son aide ou conseil et tout savoir des autres
créatures ou personnes connectées à la créature ou ce qui se
trame à proximité du puits.
Griller le système nerveux
Cette compétence d’arcanes permet de projeter un mince
et brillant rayon de lumière qui, bien qu’il ne provoque
aucun dégât physique à son impact, transmet toute
son énergie au système nerveux jusqu’à provoquer une
surcharge. Les dégâts correspondent à mCM sur le jet.
Le rayon de lumière est capable de traverser plusieurs
centimètres de presque tous les matériaux.
Graver des symboles magiques
Celui qui possède cette compétence d’arcanes a acquis la
capacité à graver des mots et symboles arcaniques dans
l’essence de n’importe quel objet. Réussir à dominer cette
technique nécessite un niveau élevé d’abstraction que
peu de personnes peuvent atteindre.
Hurlement d’outre-tombe
Le personnage peut émettre des cris si terrifiants qu’ils
peuvent provoquer une tétanie, la terreur, voire la perte de
conscience chez n’importe quel humain ou animal. Personne
ne pourrait dire qu’il s’agit d’un son qu’un être vivant est
capable de réaliser. En outre, ces hurlements peuvent
permettre de communiquer avec certaines créatures du
Mythe à un niveau élémentaire, ce qui permet également de
les invoquer ou de les effrayer.
Détériorer l’immatériel
En prononçant les bonnes paroles arcaniques, cette
compétence permet d’endommager la substance spirituelle
de la victime. Ainsi, une attaque réalisée avec cette
compétence causera non seulement les dégâts physiques
de l’arme, mais également une perte de points de Stabilité
Mentale égale aux dégâts subis.
Interroger les morts
Celui qui possède cette compétence a le don (ou la
malédiction) de pouvoir scruter les derniers moments de
vie d’un mort. Le cadavre doit être resté frais pour pouvoir
en tirer quelque chose de clair, et cette tâche sera donc
plus difficile en fonction du temps écoulé depuis le décès.
L’utilisation de cette compétence d’arcanes comporte le
risque que le mort s’empare du corps du vivant.
Intuition du Mi-Go
Que ce soit suite à une expérience menée par des Mi-Go
ou à une volonté cosmique, le personnage est doté d’une
intuition innée envers les créatures connues sous le nom
de Mi-Go et leur technologie. Il peut communiquer plus
facilement avec ces créatures ou au moins les comprendre.
Il comprend leur technologie au niveau élémentaire et peut
même reproduire l’un de leurs artefacts à partir d’un modèle
ou le reconstruire à partir de ses fragments.
Lire les étoiles
Ils sont arrivés des étoiles, et il est donc possible d’en
apprendre beaucoup sur leurs origines et leurs intentions.
Elles illustrent les cycles cosmiques d’un immense pouvoir
et dictent les desseins qu’ils doivent accomplir. Les étoiles
préviennent et enseignent à celui qui peut les comprendre
ce qui s’est produit et ce qui se produira. Cette compétence
permet d’obtenir des informations sur le Mythe à partir de
l’observation du ciel nocturne, de déterminer les meilleures
dates pour tous les types de circonstances (pas seulement
les rituels magiques) et de connaître à l’avance les grands
événements futurs en lien avec le Mythe.
Lire la toile du chaos
Le personnage qui utilise ce pouvoir tend à voir des
modèles dans des configurations apparemment chaotiques
et hasardeuses, ce qui lui permet d’obtenir la réponse à
certaines questions. On appelle cela observer la « toile
d’araignée », car tout est relié, bien que la réalité puisse
ressembler au chaos et au hasard. Les réponses sont rarement
précises, car il est impossible de voir l’objet de la recherche
en soi, seulement ses nœuds dans la toile. Évidemment, elles
sont généralement vagues et sujettes à interprétation. Cette
compétence se manifeste de différentes manières selon les
personnes, et chacun a sa propre manière de la focaliser.
Dans son aspect le plus primitif, cette compétence peut être
utilisée en observant un tas de feuilles déplacé par le vent
ou les dépôts dans une tasse de thé, mais il est également
courant de passer en revue des pages et coupures de presse de
manière compulsive. D’autres encore ont recours à l’énergie
statique des anciens modèles de télévision ou une radio à
ondes courtes, ou font du zapping à une vitesse vertigineuse.
Lorsque ce pouvoir est ritualisé, il est courant que le cultiste
dessine de grandes figures fractales.
Appel de l’infini
Ce pouvoir permet d’attirer une créature depuis au-delà
notre temps et espace. Dans la majorité des cas, l’être en
question qui entend l’appel ne dépend pas du personnage,
bien qu’il puisse tenter de convoquer un type spécifique
dans la mesure où il connaît les catégories de créatures qu’il
peut rencontrer et comment les attirer. D’un autre côté, un
appel ne garantit pas que l’être soit amical ou qu’il voit le
personnage comme autre chose qu’un appétissant petit-
four. Il faudra avoir recours à une autre compétence pour
réussir à le contrôler ou le soumettre.
Malédiction de Ghatanothoa
Certains textes du Necronomicon affirment que tous
ceux qui contemplaient Ghatanothoa étaient paralysés
ou changés en pierre, tout en restant vivants… car
Ghatanothoa aime dévorer ses victimes vivantes. Ils
mentionnent également que certains de ses adorateurs ont
reçu le pouvoir de paralyser pour qu’ils puissent mener
encore plus de sacrifices en présence de Ghatanothoa.
Cette compétence d’arcanes permet de paralyser
quelqu’un en réduisant temporairement sa caractéristique
Réflexes. Selon le pouvoir de celui qui l’emploie, les effets
sont assez divers : la victime peut être ralentie pendant
quelques secondes ou aller jusqu’à être changée en pierre.
Quoi qu’il en soit, cette paralysie ne tue pas la personne.
Marque d’Innsmouth
Le personnage a dans les veines l’héritage du peuple
de Dagon, ce qui lui octroie certaines capacités de
manière innée. Grâce à cet héritage, le personnage peut
communiquer avec des créatures marines, notamment
celles du Mythe, et évoluera naturellement en milieu
aquatique, pouvant retenir sa respiration plus longtemps
que la normale ou se déplacer plus rapidement. Il pourra
également développer des branchies et être immunisé
à l’effet de la pression et de l’obscurité des profondeurs
abyssales. Dans ses songes, il percevra des nouvelles de
la lointaine R’lyeh, voire, qui sait, de Cthulhu lui-même
ou des Profonds. À un certain niveau, ce lien avec ces
créatures peut lui servir à les invoquer, notamment les
plus puissants comme Père Dagon et Mère Hydra.
Mélodie infernale
Cette compétence permet de produire une mélodie d’une
nature inquiétante et terrible, que ce soit par le biais d’un
chant blasphématoire ou d’un instrument maudit. Le son
produit chez tous ceux qui l’écoutent une sorte d’extase qui
endort leur volonté et donne la sensation d’évoluer dans
un rêve ou un cauchemar dans lequel il est impossible de
contrôler ses actes, ce qui conduit à la folie.
193
 Miroir de l’entropie
Avec cette compétence d’arcanes, tous ceux qui sont observés
commencent à vieillir à une vitesse vertigineuse. L’espérance
de vie de la victime se raccourcit en fonction de l’âge atteint.
Empathie féline
Cette capacité permet d’établir un lien privilégié avec les chats
et les félins. Le cultiste peut communiquer avec ces animaux,
qui éprouveront une véritable empathie pour quelqu’un
capable de les comprendre, mais cela ne signifie pas qu’ils
lui obéiront les yeux fermés. Cette capacité peut également
servir à les attirer et, à niveau élevé, de copier leurs capacités
les plus notables : nyctalopie, équilibre, vitesse, etc. Avec
un niveau de pouvoir suffisant, le personnage peut même
devenir un trompe-la-mort qui exploite les neuf vies du chat.
Regard de l’abîme
Lorsqu’un personnage utilise ce pouvoir, toute personne qui
observe son regard pourra y voir les reflets, ombres et profils
qui dépassent les abîmes du temps et de l’espace, de lieux
et créatures inconcevables. Cette vision peut rendre fou et
dérangé. En termes de jeu, cette compétence d’arcanes peut
servir à intimider, hypnotiser ou terroriser.
Dissimulation de Yig
Qu’ils soient humains ou Hommes-Serpents, Yig concède à
ses adorateurs la bénédiction du mensonge et de la tromperie.
Par ce biais, il est possible de créer l’illusion de posséder un
aspect. De fait, les Hommes-Serpents s’en servent pour se faire
passer pour des humains. Au-delà des changements d’aspect
radicaux, cette capacité a des effets bien plus subtils, mais
non moins utiles. Par exemple, elle peut servir à modifier les
traits du visage et le ton de la voix pour faciliter le mensonge,
une voix ferme, sans l’ombre du doute, sereine et franche… la
sensation d’être de toute confiance, finalement.
Passage de Yog-Sothoth
Ce pouvoir permet à son possesseur de se déplacer entre des
lieux lointains de cet univers. Il peut être employé pour voyager
sur de très longues distances, seul ou accompagné, mais à des
niveaux très puissants il permet également de se déplacer sur
de petites distances, mais dans le temps en plus de l’espace. En
revanche, cela peut être extrêmement dangereux pour deux
raisons. La première est qu’il existe des créatures dans les
interstices de l’espace et du temps prêtes à traquer ceux qui s’y
insèrent ou à pénétrer dans l’univers matériel pour s’y alimenter.
La seconde est que le voyageur court le risque de se perdre.
Protection contre les arcanes
Ce nom englobe une série de rituels de protection qui
peuvent aider le cultiste à éviter que les créatures ou
pouvoirs surnaturels ou tirés du Mythe lui causent des
dégâts. En outre, cette capacité permet de créer des lieux
infranchissables pour certaines créatures et d’inverser des
effets arcaniques non permanents.
Détecter les arcanes
Cette compétence sert d’une sorte de détecteur du surnaturel.
La personne qui la possède pourra avoir le pressentiment
que quelque chose de particulier a une essence surnaturelle,
194
que ce soit par le biais de spasmes, tics, changements de
rythme du cœur, etc. Il est possible d’utiliser un type d’objet
comme focalisateur de cette compétence, comme une
baguette de sourcier ou un jeu de cartes. Dans ce cas, à moins
que ce soit le personnage qui dispose de cette compétence,
l’avertissement se manifestera à travers l’objet, par exemple
avec des mouvements de la baguette dans une certaine
direction ou une certaine combinaison de cartes.
Signe de Koth
Ce signe, effectué avec la main, impose la volonté de
celui qui l’exécute pour fermer une porte ou un accès,
notamment les portails magiques, ou pour empêcher
l’accès à quelque chose ou quelqu’un, mais également à
expulser les créatures du Mythe.
Signe de Voor
Cette capacité octroie au personnage une perception
surnaturelle qui lui permet d’entrevoir la trame cachée de
l’univers. Elle peut être utilisée pour percevoir les choses
invisibles ou mettre au jour la véritable nature des êtres
dissimulés par la magie. Elle peut également servir à suivre
les traces magiques ou percevoir des impressions sur le
passé ou le futur d’objets ou de personnes.
Signe rouge de Shude’Mell
Cette compétence permet au personnage de causer des
dégâts à d’autres personnes à distance sur son simple
souhait, mais à la condition de pouvoir les voir. Le pouvoir
permet de provoquer une douleur si vive qu’elle engendre
de véritables blessures, et il ne touche donc que les êtres
vivants pouvant sentir la douleur. Si pour une raison ou une
autre le personnage perd le contrôle de ce pouvoir (en raison
d’un échec critique, par exemple), les dégâts provoqués
pourraient être infligés à celui qui l’exécute.
Rêveur
Certaines personnes ont un lien particulier avec les Contrées
du Rêve parce qu’elles ont passé un pacte avec une créature de
ce monde, l’un de leurs ancêtres en est originaire, elles sont
nées là-bas ou elles sont sous l’influence d’un alignement
des étoiles particulier. Dans notre monde, ce pouvoir sert
à pénétrer intentionnellement et volontairement dans les
Contrées du Rêve pendant son sommeil. Une fois là-bas,
il permet de réaliser à peu près n’importe quelle action
imaginable. Non seulement il permet de voyager rapidement
et sûrement d’un lieu ou d’une époque à une autre, mais
cette capacité peut également être utilisée pour altérer les
Contrées du Rêve en créant ou détruisant des lieux, objets
ou créatures, ou pour se réveiller dans le monde réel afin
de s’échapper de ce monde onirique. Ce pouvoir peut
également être utilisé comme compétence de combat contre
des habitants des Contrées du Rêve à la fois là-bas et dans le
monde de l’éveil, car sa nature est arcanique et non physique.
Ceux qui maîtrisent ce don à la perfection peuvent tenter
d’emporter avec eux des objets d’un monde à un autre sans
avoir à se servir d’un portail.
Murmures
Le personnage peut introduire une idée dans l’esprit d’une
autre personne qu’il voit d’une simple pensée. Si le sort
fonctionne, la cible pensera que l’idée vient d’elle et agira
en conséquence. Ce pouvoir fonctionne mieux si l’idée est
simple ou si elle est crédible pour la victime, car il est très
difficile d’introduire des « ordres » que le sujet ne serait pas
disposé à faire de lui-même ou de lui faire croire des choses
impossibles. Une utilisation mineure de ce pouvoir pourrait
être d’implanter l’idée que le sujet doit aller faire ses courses
au supermarché. Une utilisation moyenne pourrait consister
à implanter chez une personne très déprimée que le suicide
peut être une solution à ses problèmes. Une utilisation
majeure pourrait permettre de faire croire à la personne que
son corps est gorgé d’insectes et qu’elle doit les extraire avec
un outil tranchant.
Tentacules du succube
Ce pouvoir consiste à affecter la perception des autres
sans changer ce qu’ils sont en train de voir. Plus qu’une
illusion, c’est un type d’aliénation mentale. Peu importe
si le personnage est considéré comme répugnant par les
autres, ce pouvoir le rend attirant et merveilleux. Cette
sorte de « séduction » ne se limite pas à un sexe ou une
espèce, bien qu’il ne s’agisse en aucun cas d’un contrôle
mental. La victime continuera d’avoir sa propre capacité
de décision, mais elle tendra à satisfaire la merveilleuse
créature qu’elle a devant elle.
Touché par Nodens
Le personnage a les faveurs de Nodens parce qu’il le suit
ou lui voue un culte, ou parce qu’il a été choisi par le dieu
lui-même. Cette faveur peut se manifester sous des formes
différentes selon ce qu’attend le suivant. Normalement,
ce pouvoir permet de tenter d’établir une communication
élémentaire avec Nodens, surtout à proximité de l’océan,
de partager la sagesse de la mer, de comprendre, d’appeler
ou de contrôler ses créatures ou de convoquer des Maigres
Bêtes de la Nuit pour accomplir sa volonté.
Toucher d’Azathoth
La dégénérescence inévitable d’un système, souvent appelée
à tort « entropie », est considérée comme une manifestation
omniprésente du pouvoir d’Azathoth. Si ce pouvoir est
canalisé, la dégénérescence naturelle d’un objet ou d’un
être vivant peut être accélérée. En revanche, servir de canal
pour cette énergie causera des dégâts à un être humain et
l’entropie peut également affecter le lanceur.
Voyage onirique
Le personnage peut avoir recours à ce pouvoir pour voyager
dans les Contrées du Rêve à volonté, sans avoir besoin d’être
endormi, mais uniquement en transe. Il peut également
projeter son esprit pour explorer des lieux loin de son corps,
mais il doit savoir comment s’y rendre. Dans cet état, seuls
certaines créatures et certains sorts peuvent détecter l’esprit
du personnage, et son corps subira des dégâts uniquement
d’origine magique. En outre, il ne pourra pas interagir avec
le monde physique, uniquement avec les Contrées du Rêve.
Voix du vide
Pour une étrange raison, le cerveau de ceux qui possèdent
cette compétence est capable de capter et d’interpréter les
signaux électromagnétiques employés par la technologie
humaine de communication : télévision, radio, portables,
réseaux Wi-Fi, satellites de communication, etc. Le problème
est que la plupart de ces flux d’informations sont trop vastes,
et filtrer l’information désirée dans la masse n’est pas une
tâche triviale, surtout sans savoir ce que l’on cherche : cela
revient à écouter une conversation sur un fond de centaines
ou milliers d’autres conversations et de bruits.
Pouvoirs supérieurs
Il existe des pouvoirs supérieurs à ceux compris dans les
compétences d’arcanes : convoquer ou chasser des dieux
ou Grands Anciens, rendre la vie à des morts, voyager mille
ans dans le passé ou vers d’autres dimensions, provoquer
des phénomènes de destruction absolue, désintégrer une
personne, créer la vie, lancer de terribles malédictions
familiales, créer des objets magiques… Ces pouvoirs ne
sont pas du tout hors de portée pour ceux qui étudient le
Mythe, bien qu’ils restent extrêmement difficiles à exécuter,
et ils ont toujours un prix très élevé. En termes de jeu, les
pouvoirs supérieurs ne font pas partie d’une compétence
d’arcanes. Ce sont des formules étranges et exigeantes, des
rituels compliqués qui ne peuvent être réalisés qu’en suivant
des instructions très précises et sous certaines conditions
très concrètes : lorsque les étoiles sont alignées, par le biais
du sacrifice d’un être cher, après un mois de jeûne, en étant
plongé dans le sang de cent vierges, au sommet d’une tour
ancienne au beau milieu de l’Atlantide, etc.
Tout d’abord, les instructions doivent être étudiées et
comprises, voire être déchiffrées si elles sont décrites en
utilisant d’obscures références ou des codes arcaniques.
Ensuite, elles doivent être parfaitement suivies, ce qui
implique de pouvoir s’y référer à tout moment pendant
le processus. Les suivre de mémoire est trop compliqué et
risqué, car invoquer le pouvoir sera toujours long et complexe
et peut durer des heures, voire des jours. En termes de jeu,
cela signifie que ces pouvoirs ne peuvent normalement
pas être appris : le personnage ne peut y avoir accès qu’en
conservant les instructions nécessaires et en étant capable de
les comprendre. Ces instructions peuvent être trouvées dans
des ouvrages (voir page 209). En revanche, si un personnage
consacre un temps considérable et intense à étudier et
apprendre le pouvoir (des semaines ou des mois de travail)
ou s’il l’a lancé avec succès un nombre de fois respectable
(au moins quatre ou cinq), il peut finir par l’apprendre.
Considérez que pour le mémoriser, il devra y attribuer un
point de compétence qui doit provenir de l’évolution ou de la
progression du personnage (voir page 60).
Quant à l’exécution du rituel, une fois la durée de
préparation écoulée, si toutes les instructions ont été
suivies de manière rigoureuse, le personnage qui le mène
peut réaliser un test de Volonté plus de difficulté 25
(très difficile). Ce test représente tout le processus de
préparation du pouvoir, bien que le jet ne soit fait qu’au
dernier moment. Si le maître du jeu l’estime nécessaire, les
préparatifs peuvent nécessiter un test supplémentaire de
compétence concrète. Si le pouvoir supérieur est lié d’une
manière ou d’une autre à une compétence d’arcanes du
personnage, cette dernière peut être utilisée au lieu de
pour le test permettant de réaliser le rituel.
195
 Invoquer un pouvoir supérieur comporte toujours une
complication particulière qui dépendra du pouvoir en
question, par exemple « Jouer avec des pouvoirs qui ne sont
pas compris », que le maître du jeu peut activer s’il se sent
d’humeur particulièrement vicieuse.
Si le rituel est réussi, dans le meilleur des cas tous
les participants subissent une perte mC de points de
Stabilité Mentale (réduits comme d’habitude par le
score de Dégénérescence de chaque personnage). Selon
le rituel, cette perte peut être majeure et, en outre, peut
comporter d’autres pertes dues à la préparation. Ceux qui
sont témoins de cela se retrouvent exposés à la panique
(voir page 56) et doivent réussir un test de Sang-Froid :
ils perdront autant de points de Stabilité Mentale que la
valeur M en cas de succès, CM en cas d’échec.
Si le test pour réaliser le rituel échoue ou si les indications
n’ont pas été scrupuleusement suivies (par exemple parce
que la complication inhérente a été activée), le pouvoir
ne produit pas d’effet. Dans ce cas, aucune perte de
Stabilité Mentale n’a lieu, mais le temps et le matériel
investis sont dépensés.
Si le jet aboutit à un échec critique, quelque chose de
vraiment grave et inattendu se produit. Par exemple,
les cultistes ont offensé des entités colériques avec leurs
exigences ou ont libéré un pouvoir qu’ils n’ont pas réussi
à contrôler. Le maître du jeu décidera ce qu’implique
exactement l’échec critique selon le pouvoir en question,
mais ce sera probablement quelque chose qui achève la
vie ou au moins la santé mentale des participants au rituel
et de tout autre témoin. Qui sait, cet échec critique peut
même provoquer la mort de millions d’autres innocents,
voire de la Terre entière.
Les pouvoirs supérieurs peuvent être lancés par plusieurs
cultistes en même temps, ce qui permet d’augmenter les
chances de succès, mais également de catastrophe. Chaque
participant fait son propre test de Volonté plus : il suffit
que l’un d’eux réussisse pour que le rituel fonctionne. Mais
si l’un des participants produit un échec critique, le résultat
global doit être considéré comme un échec critique, même
si tous les autres ont réussi le test, et même avec un ou
plusieurs succès critiques.
EXEMPLES DE POUVOIRS SUPÉRIEURS
La liste suivante présente plusieurs pouvoirs supérieurs à
introduire dans vos aventures ou pour servir d’inspiration
pour créer ses propres pouvoirs.
Changer d’hôte
Les humains ont longtemps rêvé d’immortalité, mais il faut
se rendre à l’évidence : même avec l’aide des pouvoirs des
arcanes, un corps se fragilise et se corrompt avec le temps.
La solution qu’ont trouvée dans l’Antiquité de nombreux
adeptes du surnaturel consiste à transférer son esprit ou son
âme dans un autre corps et à expulser ou supplanter son
propriétaire original. Il est ainsi possible de vivre plusieurs
vies en prenant possession d’un nouveau corps chaque fois
que le précédent devient « obsolète ».
Pour réaliser cette démarche, il est nécessaire de disposer
d’un corps dans lequel se transférer dont le propriétaire,
la victime, doit être vivant et conscient. Le rituel doit
196
être exécuté dans une pièce sans portes ni fenêtres au
moment d’une conjonction planétaire déterminée, ce qui
peut mettre des années à arriver. La cérémonie consiste à
réciter les formules arcaniques adéquates tout en brûlant de
l’encens de Leng (originaire du Plateau de Leng), une zone
« dangereuse » des Contrées du Rêve.
Une fois que ce pouvoir supérieur a été lancé avec succès,
une lutte interne se produira dans le corps de la victime
entre l’esprit du propriétaire et celui de l’envahisseur,
entraînant un test en opposition de Volonté plus . Celui
qui remporte l’opposition conserve le contrôle du corps. Le
perdant est relégué dans une prison, dans un coin sombre
et éloigné de l’esprit du gagnant ou annihilé en cas d’échec
critique ou si l’opposant obtient un succès critique. L’ancien
corps à partir duquel le transfert est parti meurt.
Lorsqu’un personnage change de corps et s’impose dans la
lutte mentale, son joueur doit créer un nouveau personnage.
Il utilise les valeurs et aspects de la Force et des Réflexes de
la victime et conserve les valeurs et les aspects de l’Intellect
et de la Volonté de son personnage précédent. À partir de ces
nouvelles valeurs, il calcule toutes les valeurs qui en dépendent.
Les compétences de celui qui se transfère, qui sont des
connaissances ou peuvent être considérées comme purement
théoriques ou intellectuelles, c’est-à-dire fondamentalement
, , , , et dans la plupart des cas sont
conservées après le transfert. Toutes les compétences de la
victime qui sont des connaissances sont perdues.
Si les deux personnes disposaient de compétences
« physiques » équivalentes ( , et dans certains
cas ), elles peuvent être additionnées, puis divisées
par deux et arrondies à l’entier inférieur. Le nom de la
nouvelle compétence doit être identique à celui qui avait
la compétence à plus haut niveau. En cas d’égalité, c’est le
nom de la compétence du personnage qui s’est transféré qui
est choisi. Dans tous les cas, il n’est pas obligatoire de les
additionner et les deux peuvent être conservées.
En outre, les compétences physiques sont également
transférées tant qu’elles n’ont pas d’équivalent chez la victime,
mais leur valeur doit être divisée par deux. De même, toutes
les compétences physiques que possédait la victime qui n’ont
pas d’équivalent chez l’envahisseur sont conservées, mais à la
moitié de leur valeur initiale. Dans les deux cas, le résultat
doit être arrondi à l’entier inférieur.
Par exemple, si le personnage qui se projette dans un
autre corps a « Combat au couteau » 3 et que sa
victime a « Bon tireur » 7, il peut choisir de conserver
les deux compétences à la moitié de leur valeur, soit
« Combat au couteau » 1 et « Bon tireur » 3. Il peut
aussi décider de combiner les deux compétences en une
seule, car elles servent le même contexte : se battre. Dans
ce second cas, les deux compétences deviendraient une
seule, « Bon tireur » 5.
Les faits marquants, la devise, la valeur de Drame et les
compétences d’arcanes conservés sont ceux du personnage
qui se projette dans un autre corps, et ceux de la victime
sont perdus. La Dégénérescence du nouveau personnage
correspond à la moitié (arrondi à l’entier supérieur) de la
personne qui se projette ou celle de la victime, en fonction
de la valeur la plus élevée. Tout dégât physique ou séquelle
qu’aurait la victime est conservé, ainsi que tous les dégâts
mentaux ou les séquelles psychologiques de la personne qui
migre vers un nouveau corps.
Complication : Un esprit désolidarisé d’un corps est un
mets de choix pour les prédateurs d’autres dimensions.

Corruption de Tulzscha
Beaucoup de textes, notamment le Necronomicon, décrivent ce
rite comme une malédiction ou une forme de dégénérescence.
En revanche, pour les adorateurs de Tulzscha (voir page 108) il
représente la plus grande bénédiction à laquelle on peut aspirer,
le niveau ultime de communion avec le dieu : se transformer
en Grouillant, une créature humanoïde composée de milliers
de vers, larves et insectes.
La plupart de ceux qui ont cherché l’immortalité au fil
des siècles ont envisagé ce rite. Étant donnée la relation
qui semble exister entre la mort et Tulzscha, ce pouvoir
semble promettre une manière de s’allier à la mort
même et échapper ainsi à ses griffes. Le prix à payer est
sa propre humanité, car seuls les plus fous et désespérés
ont cherché à emprunter ce chemin.
Pour exécuter ce pouvoir supérieur, il est nécessaire en
premier lieu d’obtenir le don de Tulzscha, un feu vert qui
absorbe la chaleur au lieu d’en émettre et qui ne produit
aucune ombre. Selon des écrits ancestraux, Tulzscha lui-
même prend la forme d’une colonne de flammes avec ces
caractéristiques, et on pense que ce rituel est en réalité
une forme d’invocation mineure.
Pour obtenir le don de Tulzscha, un sacrifice humain doit
être fait, en brûlant vif une personne. Pour lui mettre le
feu, il faut la badigeonner de certaines huiles alchimiques
obtenues à partir de substances courantes dans le processus
d’embaumement. Au moment de lui mettre le feu, il faut
entonner les cantiques adéquats dont l’objectif est de
maintenir le sacrifié en vie pendant qu’il se consume afin
que sa propre substance vitale s’enflamme également. Une
fois que la chair a brûlé, le don de Tulzscha apparaîtra dans
le crâne du sacrifié, mais il ne se consumera pas pendant
très longtemps, car la force vitale qui l’alimente disparaît
rapidement. Concrètement, il brûlera autant de minutes que
le nombre de points de Résistance dont disposait la victime
au moment de lancer le rituel.
Une fois le don de Tulzscha obtenu, il faut l’utiliser pour
enflammer la personne à maudire. Étant donné que ce feu
se nourrit d’essence vitale, il n’affecte que la chair vivante
et ignore totalement les vêtements et autres protections ou
couches de ce genre. Au moment où le don de Tulzscha
consume sa victime, il faut entonner les louanges à Tulzscha,
ainsi que d’autres cantiques. Si le rituel réussit, la malédiction
transformera irrémédiablement la personne en Grouillant.
Rien n’empêche d’exécuter ce rituel sur soi-même, mais
il faut alors être capable d’entonner les louanges et lancer
les sorts tout en brûlant, ce qui peut nécessiter un test
d’Endurance de difficulté 15.
Au cas où ce rituel est réalisé sur un personnage joueur,
il se transformera en créature du Mythe et ne sera plus
interprétable par un joueur, comme s’il avait augmenté sa
Dégénérescence à 10.
Complication : Le feu de Tulzscha a toujours faim.
197
 Créer une amulette de protection
La première chose que l’on apprend à propos du Mythe est
que les humains sont particulièrement démunis face à de tels
pouvoirs. Ceux qui ne comprennent pas cela ne survivent
pas longtemps. Il existe différents sortilèges de protection,
mais il est beaucoup plus pratique de porter sur soi, à tout
moment, une amulette enchantée portant des symboles
cabalistiques et des runes arcaniques de protection.
Ces amulettes sont fréquemment décrites dans les ouvrages
et tomes de magie, et le processus de fabrication varie
souvent, tant dans la forme que dans les détails. Ainsi, la
qualité d’une amulette repose principalement sur la propre
compétence de celui qui la fabrique.
Il n’est pas nécessaire qu’une amulette soit fabriquée dans
un matériau en particulier, mais il est avéré que certains
éléments considérés comme « magiques », comme le
métal stellaire (provenant d’une météorite), la pierre
noire qu’extraient les Mi-Go des profondeurs de la Terre
ou le sombre métal de Leng permettent d’obtenir de bien
meilleurs résultats. En outre, si une aiguille magique est
utilisée (voir page 202) pour graver les inscriptions sur
l’amulette, elle n’en sera que plus puissante.
Ce n’est que lorsque l’amulette est entièrement fabriquée
que le test correspondant est réalisé. La valeur du
dé m indique la valeur de la compétence d’arcanes
« Protection contre les arcanes » de l’objet. Si l’un des
matériaux magiques mentionnés ou une aiguille magique
ont été utilisés, c’est la valeur du dé C qui sera utilisée. Si
l’un de ces matériaux ainsi qu’une aiguille magique ont
été employés, utilisez la valeur M.
Complication : Les inscriptions doivent être particulière-
ment précises.
Créer un cristal de Yog-Sothoth
Certains vieux manuscrits alchimistes évoquent un cristal
merveilleux permettant de voir à travers le temps et l’espace,
de contempler l’univers tel qu’il est réellement. Pour le
fabriquer, trois composants très difficiles à obtenir sont
nécessaires. En premier lieu, il faut une quantité considérable
de diamants, qui serviront de matière première. Il faut
ensuite y ajouter des fragments d’un métal noir que l’on
ne peut trouver que sur le terrible Plateau de Leng (c’est
pourquoi on appelle également cet artefact « Cristal de
Leng »). Le processus alchimique fait fondre les diamants et
le métal en un cristal unique et plus le nombre de diamants
est important, plus la lentille obtenue sera puissante.
Jusque-là, le processus est simple. Le troisième ingrédient
est une larme de Yog-Sothoth : l’une des bulles iridescentes
qui lui donnent sa forme. Aucun texte n’explique clairement
comment l’obtenir, mais tous affirment que certains
alchimistes sont parvenus à s’en emparer. Malheureusement,
ils gardaient jalousement ce secret, au point de ne jamais
avoir voulu le coucher par écrit. Il est fort probable que cet
ingrédient implique un pouvoir supérieur en soi.
Une fois le processus alchimique achevé, un cristal circulaire
et opaque sur lequel il faut formuler les enchantements
adéquats sera obtenu. À ce moment, un test est nécessaire
pour s’assurer du succès. En cas d’échec, tous les matériaux
utilisés sont tout de même perdus.
198
Le cristal de Yog-Sothoth est une fenêtre ouverte sur d’autres
mondes à travers laquelle on peut observer… et qui permet
le passage d’autres objets et créatures. Pour de plus amples
détails sur ce point, consultez la page 204.
Complication : Nécessite un processus alchimique
extrêmement difficile.
Duplication
Ce pouvoir permet de créer une copie identique de soi.
Pour l’utiliser, il faut disposer d’un miroir devant lequel
un innocent (c’est-à-dire une personne qui n’a pas été
contaminée par le Mythe) doit être sacrifié et de deux objets
personnels qui sont restés en contact avec la peau du cultiste
pendant au moins un mois sans interruption. Le miroir
doit être brisé en deux parties ; le cultiste doit conserver
l’un des morceaux et l’un des objets personnels avec lui et
placer les autres éléments dans le lieu où il souhaite que
sa copie apparaisse. En outre, il est nécessaire d’entonner
correctement une série de litanies et de formules.
Une fois le rituel correctement effectué, une copie de la
personne qui l’a effectué apparaît dans le lieu désigné. Elle
a la même apparence que l’original et les mêmes souvenirs,
jusqu’à ce moment. En termes de jeu, c’est un personnage
identique, sauf sur un aspect au choix du maître du
jeu, qui se substitue à un autre. La copie agit librement
pendant autant de jours que la durée pendant laquelle
l’objet personnel utilisé est resté en contact avec la peau
du personnage. Une fois cette durée écoulée, l’original et
la copie doivent s’affronter dans un duel de volontés en
faisant un test en opposition de Sang-Froid. Le perdant
ainsi que tous les fragments du miroir utilisés pendant le
rituel sont immédiatement réduits en cendres. Si l’original
ou la copie meurt avant échéance du rituel, l’autre remporte
automatiquement le duel de volontés et survit.
Complication : Une copie n’est jamais exactement
comme l’original.
Interprétation des cendres
Les alchimistes du passé ont réalisé des expériences sur la
« substance primaire » de tout être vivant ou, en d’autres
termes, sur la substance physique de l’âme qui existe dans
le corps. Ils sont parvenus à la conclusion qu’un cadavre
conserve ce résidu, et qu’il est possible de l’extraire si le
corps n’est pas entré en décomposition, soit parce qu’il
est récent, soit parce qu’il a été bien conservé. En outre,
certains ont même découvert qu’à l’aide de cette substance
primaire, qui a généralement l’apparence de cendres ou de
sels « essentiels », il était possible de réussir à recomposer un
être décédé avec tous ses souvenirs et ses capacités intactes,
du moins pendant une brève période.
Ce pouvoir permet, par le biais de processus alchimiques,
de raffiner les sels essentiels de tout être vivant. En revanche,
le processus détruit le corps ou l’objet. Le personnage peut
recomposer l’être duquel ils proviennent en énonçant
les formules magiques adéquates. Extraire les sels et les
recomposer sont deux actions distinctes et chacune nécessite
un test de ce pouvoir supérieur.
Pour les deux tâches, il est nécessaire de disposer de plusieurs
substances alchimiques dont l’obtention n’est pas difficile, mais
très laborieuse. Certaines peuvent simplement être achetées
dans n’importe quelle droguerie, pour peu que l’on sache quoi
chercher. Ainsi, réunir tous les matériaux nécessaires requiert
des connaissances en chimie, en alchimie ou autre.
Outre ces substances, un cylindre fait dans un alliage de
métal rare sans nom qui ne peut être trouvé que dans les
Contrées du Rêve est nécessaire. Cet objet sera utilisé pour
contenir les sels et empêcher que la substance de l’âme ne se
détache de la matière physique ou ne se dégrade. Le cylindre
ne peut contenir que les sels d’une seule personne.
Le processus permettant de réduire l’être à ces sels nécessite
des heures d’un travail alchimique laborieux, que le corps
ne soit absolument pas corrompu et que les formules
magiques adéquates soient prononcées. Le processus de
recomposition est tout aussi laborieux et nécessite également
plusieurs formules magiques. En outre, si le corps n’était pas
complet ou était corrompu, s’il manque certains sels ou s’ils
ont été contaminés ou stockés de manière impropre, l’être
reconstruit sera une abomination monstrueuse, démente
et violente. En cas d’échec du test, tant au moment de
décomposer que de recomposer le corps, les sels brûleront
et ne pourront plus être utilisés.
Les sels contiennent la mémoire de tout ce qu’a été l’être
vivant, et lorsqu’il est reconstitué il retrouve toutes ses
connaissances et tous ses souvenirs.
Complication : Perdre la moindre cendre engendrera la
reconstruction d’un monstre.
Fabriquer une chaîne onirique
À l’origine, à un moment de la première décennie du
XXe siècle, la chaîne onirique fut conçue pour permettre
une communication mentale entre deux personnes. Elle
consistait en une énorme boîte remplie de transistors,
tubes, circuits et de deux jeux de câbles reliés à d’énormes
et lourds casques. Elle n’a jamais atteint ses objectifs, mais
a posteriori il fut découvert que lorsque deux dormeurs
étaient connectés, ils se retrouvaient enchaînés l’un à l’autre
dans les Contrées du Rêve. Les versions plus modernes de
cette machine, car il en fut construit plusieurs versions au
cours du siècle dernier, ont une taille plus facile à manipuler.
Les plus récentes font la taille d’un ordinateur portable.
Avec les instructions nécessaires, il n’est pas difficile de créer
cet artefact, car il ne nécessite aucun composant étrange
ou difficile à obtenir, mais uniquement des connaissances
pointues en électronique et programmation. Une fois
l’appareil terminé, un test doit être réalisé pour vérifier le
succès de l’opération. Si c’est le cas, la valeur de la compétence
d’arcanes de l’objet « Enchaîner les rêves » sera la valeur
obtenue sur le dé C du jet.
Complication : Le calibrage est un processus long et complexe.
Fabriquer une arme à rayon Mi-Go
Cette arme, malgré son nom, est une fabrication humaine qui
utilise la technologie Mi-Go grâce à plusieurs expériences
menées dans les années 50 (pour de plus amples détails sur
ce sujet, consultez la page 203). Toute personne ayant accès
à ces rapports trouvera les instructions pour fabriquer la
version la plus stable de cette arme.
La culasse peut être dans n’importe quelle matière et n’a
aucune influence sur le résultat. Il est même possible de
s’en passer. Au lieu d’un canon, cette arme a une sorte de
manche de forme hélicoïdale plus large à sa base (qui est
reliée à la culasse) qu’à sa pointe et se termine par une
étrange pointe de pierre noire. Le métal utilisé pour
cette spirale hélicoïdale importe peu, mais les rapports
indiquent que l’or et l’argent permettent d’obtenir de
meilleurs résultats que le fer ou le cuivre, et il est possible
que la conductibilité du matériau soit importante.
Enfin, l’élément le plus difficile à obtenir est la pierre noire à
ficher à sa pointe. Peu de gens le savent, mais l’extraction de
cette matière (et d’autres minéraux) est l’une des principales
raisons de la présence de Mi-Go sur notre planète. Elle ne
peut être trouvée qu’ici et ils s’en servent énormément dans
leur technologie. Évidemment, les rares lieux où la trouver
sont contrôlés par les Mi-Go et ils se trouvent généralement à
des profondeurs inaccessibles pour la technologie humaine.
Il s’agit donc d’un minéral qui n’a pas de nom humain, et la
manière la plus simple de l’obtenir consiste à le récupérer
dans des machines et des dispositifs Mi-Go.
Une fois assemblée, l’arme doit être chargée en utilisant un
puissant courant électrique, comme la foudre ou une ligne à
haute tension. C’est à ce moment qu’un test est réalisé pour
s’assurer que l’exécution du pouvoir supérieur est un succès.
Complication : Le processus de charge peut faire
exploser l’arme.
Concocter de la poudre d’Ibn Ghazi
L’ancienneté de cette formule est formidable, et d’autres
races l’ont certainement utilisée bien avant que les
hominidés ne marchent sur la Terre. En revanche, la
version la plus connue et employée est celle qu’a compilée
le mystérieux sage arabe connu sous le nom d’« Ibn
Gazhi », une personne souvent confondue avec Ibn Ghâzî
al-Miknasî, un savant maghrébin ayant vécu au XVe siècle.
De fait, sa formule apparaît dans le Necronomicon sous ce
nom, et c’est d’ailleurs grâce à cet ouvrage que la plupart
des alchimistes connaissent sa dénomination.
Concocter la poudre nécessite une recette alchimique assez
peu complexe pour laquelle l’élément le plus complexe
à obtenir est de la poussière provenant d’une tombe dans
laquelle un corps a reposé au moins deux siècles. Étant
donné que cet ingrédient est le principal du mélange, il est
extrêmement difficile d’en concocter de grandes quantités.
En outre, si cet ingrédient est utilisé dans des proportions
plus faibles pour maximiser la quantité, il est certain que la
qualité sera au mieux médiocre.
Le mélange de la poussière à d’autres ingrédients doit être
réalisé lorsque Saturne occupe un point précis du ciel qui
ne survient qu’une fois par cycle, c’est-à-dire une fois tous
les trente ans. Une fois que le mélange est réalisé, des signes
magiques particuliers doivent être tracés, comme le signe
de Voor, et les formules adéquates doivent être prononcées.
En termes de jeu, la valeur de « Signe de Voor » de la
poudre correspondra à celle du dé C obtenu pendant le test
pour réaliser ce pouvoir supérieur. Les détails concernant la
poudre se trouvent à la page 208 et la compétence « Signe de
Voor » est décrite à la page 192.
Complication : La poudre est instable et volatile
pendant sa fabrication.
199
 Forger une aiguille magique
L’aiguille magique est une baguette d’un empan de long
(soit environ 20 cm) qui se termine par une pointe effilée.
C’est un élément essentiel pour l’exécution de certains
rituels et pouvoirs supérieurs, car elle permet de réaliser
des gravures magiques sur n’importe quel matériau
presque sans le moindre effort.
Pour la fabriquer, il faut utiliser du fer stellaire, c’est-à-
dire un métal provenant d’une météorite. Il doit être forgé
dans la forme adéquate, mais au moment de le tremper,
du « sang » d’une créature du Mythe doit être utilisé.
L’aiguille peut être immergée dans un récipient contenant
le « sang » ou peut être directement plantée dans la
créature vivante. Dans tous les cas, les paroles adéquates
doivent être prononcées à ce moment.
Étant donné le danger que représente la majorité des
créatures du Mythe, la plupart des cultistes ont toujours
préféré se servir d’hybrides à moitié humains comme les
Profonds, car ils sont bien plus simples à vaincre. Certains
textes affirment également qu’il est possible d’utiliser le sang
d’un sorcier ou de quelqu’un qui a été suffisamment exposé
au Mythe. En termes de jeu, le sang d’une personne ayant
une Dégénérescence de 7 peut être utilisé.
Le test doit être réussi au moment de plonger l’aiguille
dans le sang. Si c’est le cas, le dé C donne la valeur de la
compétence d’arcanes « Graver des symboles magiques ».
Les détails de l’aiguille sont indiqués à la page 202.
Complication : Les impuretés du métal stellaire peuvent
réagir de manière imprévue avec celles qui peuvent être
contenues dans le sang.
Forger une dague de Leng
Bien qu’on les connaisse le plus fréquemment sous le nom
de « Dague de Leng », ces terribles armes sont également
dénommées « Dague magique », « Lengaine » ou « Lame
de l’esprit ». Quel que soit son nom, cette arme est
redoutable, car elle provoque des dégâts autant à la chair
qu’à la substance spirituelle.
Pour forger cette dague, il est nécessaire d’utiliser
comme matière première un étrange métal noir naturel
de Leng, d’où elle tire son nom. Étant données ses
étranges propriétés arcaniques, les humains comme
d’autres créatures se sont souvent servis de ce métal, et il
est possible de le trouver hors de Leng.
Forger cette dague est un processus courant et relativement
simple, car ce métal sous sa forme brute fond à seulement
300 °C. En revanche, une fois le processus de forge terminé,
il faudra réciter les litanies arcaniques à la lumière des
constellations appropriées pour enchanter l’arme. La
fabrication s’achève lorsque la dague fait sa première victime
mortelle, ce qui doit arriver avant le lever du soleil. Dans
le cas contraire, l’arme tombe en poussière. Si le processus
réussit, à partir de ce moment, la dague sera extrêmement
résistante et nécessitera des températures particulièrement
élevées pour être fondue à nouveau. De fait, aucun texte
n’indique qu’une dague ait pu être refondue.
Rien n’empêche de forger une épée ou autre arme à la place
d’une dague. La raison pour laquelle c’est traditionnellement
ce type d’arme qui est forgée tient dans la difficulté à obtenir
200
de grandes quantités du métal noir. Il est plus facile d’obtenir
la quantité nécessaire pour une dague que pour une épée.
En termes de jeu, en cas de succès, la dague de Leng
aura la compétence « Détériorer l’immatériel » d’une
valeur égale au dé C du jet effectué pour lancer ce pouvoir
supérieur. Les détails de la dague de Leng sont disponibles
à la page 205.
Complication : Le métal peut avoir des réactions anormales
pendant la forge.
Forger une spirale de fer stellaire
Cette spirale a le pouvoir d’avertir de la présence de magie
ou d’êtres vivants du Mythe dans les environs immédiats
par de brusques changements de température. Elle doit être
forgée à partir de métal stellaire, c’est-à-dire présent dans
une météorite, et avoir une forme de spirale, conformément
à des instructions très précises. Sa taille peut varier en
fonction d’où elle peut être portée, mais cela n’a pas
d’influence sur le résultat final.
Une fois forgée, un sortilège adéquat doit être lancé dessus
dans la plus totale obscurité, et les paroles sont difficiles à
lire pour ces raisons. Il est donc possible de les mémoriser.
Si le rituel est réussi, la valeur de la compétence
« Détecter les arcanes » de la spirale est égale au dé C du jet
pour lancer ce pouvoir supérieur. Les détails de cet objet
sont décrits à la page 205.
Complication : Il est difficile de mémoriser exactement des
paroles du sortilège.
Générer une entité informatique intelligente
L’association de sortilèges anciens et de technologie
moderne a donné lieu à d’étranges et inquiétants artefacts.
Entre autres, il existe une machine mi-ordinateur, mi-être
vivant qui constitue une entité informatique intelligente.
Elle peut se déplacer d’un ordinateur à un autre ou par le
réseau Internet dans la plus grande simplicité et accéder à
des lieux interdits avec plus d’efficacité que n’importe quel
programme conventionnel.
Pour créer le support électronique correspondant, il est
nécessaire de réussir un test de difficulté 20 (difficile)
sous Intellect avec une compétence adéquate, comme
« Technologie » ou « Informatique ». La création ne
nécessite aucune connaissance magique, mais les
indications n’auront aucun sens pour quelqu’un qui ne
sait pas ce qu’il fait. En outre, cette personne subira
l’aspect temporaire « Ne sait pas ce qu’il est réellement
en train de fabriquer » au cours du processus.
Une fois que le support a été créé, un fragment de métal
stellaire, c’est-à-dire du fer provenant d’une météorite, doit
y être joint. Il doit avoir la forme d’un poinçon et être gravé
de runes particulières. Ce poinçon doit être cloué dans
un cerveau vivant, qui peut toujours être présent dans la
boîte crânienne de son propriétaire ou avoir été extrait et
maintenu « vivant » grâce à des méthodes arcaniques ou
technologiques. Une fois toutes ces étapes franchies, un test
doit être fait pour lancer correctement le pouvoir supérieur.
Il n’est pas nécessaire que le cerveau soit humain, mais les
capacités de l’entité correspondront au type d’animal employé.
Par exemple, un cerveau de chien pourrait permettre de
débusquer des informations sur le Net, mais ne sera pas capable
de suivre des instructions complexes. Un cerveau humain,
bien que plus limité pour le pistage, sera plus polyvalent.
Une fois l’encéphale connecté, son propriétaire se retrouvera
à la merci de celui qui a assemblé la machine et perdra le
contrôle de son propre corps, s’il le possédait toujours.
Malheureusement, ce dispositif tend à dégrader les
cerveaux rapidement, même ceux conservés par des moyens
arcaniques : une cervelle ne peut être utilisée qu’autant de
fois que la valeur obtenue sur le dé C du jet. Le support
peut être réutilisé sans contrainte, mais la procédure pour
connecter un nouvel encéphale nécessite un nouveau test.
Complication : Les cerveaux ont tendance à devenir fous
pendant le processus.
Invoquer Azathoth
Ce pouvoir supérieur crée une brèche dans le tissu de
l’espace-temps qui communique avec Azathoth lui-même,
ce qui pourrait amener la destruction sur une vaste zone de
l’univers. Autrement dit, la Terre, ainsi que la majeure partie
du système solaire seraient immanquablement détruites.
Certains disent que ce pouvoir n’est guère plus qu’une
légende, car si quelqu’un avait réussi à l’exécuter le
monde n’existerait plus. Pourtant, il est étrange de noter
que les instructions pour le réaliser sont très similaires
dans plusieurs ouvrages de sources très diverses, et il
pourrait s’agir de versions proches de la réalité, mais
délibérément censurées ou dont certains passages sont
occultés de manière cryptique.
Pour mener à bien le rituel, il est nécessaire de sacrifier
quelque chose ou quelqu’un avec une dague de Leng.
Ce détail semble varier selon les versions, car certaines
évoquent « l’être le plus cher », tandis que d’autres, « soi-
même », « celui dont la nature est double » ou encore « un
grand nombre de victimes volontaires ou non ». Le sacrifice
doit être réalisé sur un bloc de Pierre des Grands Anciens
(voir page 208) tout en entonnant les cantiques adéquats au
moment exact de l’alignement des étoiles correspondant. Si
ce pouvoir est correctement lancé, la destruction est assurée,
mais c’est le maître du jeu qui déterminera exactement
comment la Terre et tout ce qu’elle abrite seront annihilés,
notamment les personnages, bien entendu.
Complication : Toutes les versions semblent censurées
ou cryptées.
Appeler Hastur
Grâce à ce pouvoir, le cultiste peut amener Hastur (voir
page 120) à ses côtés. Il ne peut être mené à bien que si
l’étoile Aldébaran peut être observée dans le ciel, ce qui fait
que le pouvoir ne peut être lancé que par nuit claire entre
octobre et mars à certaines latitudes. Pour qu’il fonctionne,
l’appel doit être lancé auprès de neuf blocs de pierre d’un
volume supérieur à neuf mètres cubes portant chacun le
Signe Jaune. Les blocs doivent être disposés en forme de V,
de manière à imiter la constellation du Taureau tout en
respectant scrupuleusement la distance et l’angle entre eux.
Le rituel exige de réciter une litanie de cantiques et de les
prononcer de manière correcte pendant une heure environ.
Une fois ce temps écoulé, le test est réalisé. En cas de succès,
Hastur apparaît entre les blocs de pierre.
Évidemment, ce pouvoir ne permet pas de contrôler ou
de contenir Hastur, et les cultistes doivent savoir très
clairement ce qu’ils vont faire une fois en sa présence pour
ne pas attirer sa colère.
Complication : Prononcer son nom apporte la destruction.
Brume maudite
Cette malédiction est un puissant sortilège qui enchante
un lieu pour qu’il se couvre de brume tout en y isolant et
cachant un segment de cet univers.
Pour lancer ce sort, il est nécessaire de tracer avec du sel un
cercle qui entoure le lieu à enchanter. Au centre doit être
disposée une Pierre des Grands Anciens (voir page 208)
gravée de runes arcaniques avec une aiguille magique (voir
page 202). Tout en faisant cela, des cantiques rituels doivent
être entonnés au cours d’une nuit sans lune et à la lumière
des étoiles adéquates.
Si le rituel réussit, il surgira du cercle une brume épaisse
qui envahira la zone. Lorsque le soleil se lèvera, la brume
se dispersera et le cercle et le lieu qu’elle enveloppait
n’auront plus aucune apparence… comme s’il n’avait jamais
existé ou comme s’il avait été abandonné pendant des
générations. Le lieu enchanté existera toujours, mais isolé
du reste de l’univers, submergé en permanence dans la
brume, immuable dans le temps. De fait, ce lieu est isolé de
l’entropie, et pour tout ce qui s’y trouve le temps n’aura pas
de prise : rien n’y vieillira ni ne mourra.
Les nuits sans lune au cours desquelles luisent les mêmes
étoiles qui brillaient lors du lancement du sort, une brume
mystérieuse se lèvera dans la zone qui occupait autrefois le
lieu enchanté. En même temps, depuis le lieu enchanté il
sera possible de voir briller les étoiles dans le ciel nocturne,
même à travers la brume. Cet instant est le seul au cours
duquel il est possible de sortir du lieu enchanté ou d’y entrer.
Ceux qui lancent le sortilège ou se trouvent dans le lieu
enchanté à ce moment ne pourront le quitter, même dans
les circonstances précédentes. S’ils essayent, ils se perdront
simplement dans la brume et finiront par revenir au même
endroit. Toute autre personne ou créature qui, lorsque les
conditions précédentes ne sont pas respectées, tente d’en
sortir vivra la même chose et, si elle tente d’entrer, elle errera
simplement sans trouver le lieu enchanté. La difficulté pour
s’orienter dans la brume est déterminée par le résultat total
du test réalisé lorsque l’enchantement est lancé.
Pour rompre cet enchantement, il faut détruire ou au moins
endommager la Pierre des Grands Anciens qui se trouve
au centre du lieu enchanté. Si cela se produit, le lieu et ses
habitants seront rendus au monde réel, mais tout le temps
écoulé depuis que le sort a été lancé les affectera d’un coup.
Complication : C’est dans la brume qu’ils résident.
Malédiction du sang
Tout comme le pouvoir supérieur « Changer d’hôte »
(voir page 194), celui-ci permet d’accéder à l’immortalité.
En revanche, son approche est légèrement différente, ce
qui implique certains avantages, mais également certaines
restrictions. Celui qui réalise ce pouvoir supérieur se
retrouve maudit, tout comme tous ceux qui partagent
son sang. Lorsque le cultiste décède, son esprit ne suit pas
201
 le chemin normal des morts, mais restera conservé en
léthargie dans un lieu ou un objet appelé « Arche ». Ce
pouvoir permet de créer cette Arche.
Tout d’abord, il faut choisir ce qui sera amené à devenir
l’Arche. Elle ne peut pas être n’importe quel objet ; ce
dernier doit avoir un lien fort avec le lanceur de sort :
quelque chose qu’il porte toujours, un objet à forte valeur
sentimentale ou la maison ancestrale dans laquelle il
a toujours vécu. En plus de cela, le sortilège requiert le
sacrifice de quelqu’un d’apparenté au cultiste, et que
l’Arche soit imprégnée de son sang. Le sacrifice doit être
réalisé pendant un alignement d’étoiles ou à des dates très
précises, car sinon l’âme du sacrifié n’alimentera pas les
créatures adéquates, qui resteront alors à l’affût de l’âme
du cultiste. Une fois ces étapes franchies, le test est réalisé.
En cas de succès, l’Arche est créée, mais il ne se passera rien
jusqu’au décès du cultiste. Si lorsque cet événement survient il
est en contact avec l’Arche, son âme y est transférée. Il y restera,
dormant jusqu’à ce que quelqu’un qui a un lien de parenté avec
lui touche l’Arche. À ce moment, l’esprit sera réveillé et pourra
tenter de posséder le corps du membre de sa famille. Au début,
l’âme sera endormie et faible et aura besoin de temps pour
récupérer et commencer à exercer son influence sur la victime
pour s’ajuster à elle. Une fois la durée nécessaire écoulée, qui
sera plus faible si le parent est proche, un test de Volonté plus
une compétence de ou est réalisé. Le gagnant conserve
son corps. Pour savoir quelles seront les caractéristiques du
nouveau personnage, utilisez les mêmes règles que pour le
pouvoir supérieur « Changer d’hôte ».
La malédiction que provoque ce pouvoir dans la famille
du cultiste peut avoir plusieurs effets. D’un côté, certains
membres ayant l’âge ou une prédisposition adéquate
sentiront une attirance inconsciente envers l’Arche, même
avant de connaître son existence. Il est également possible
que plusieurs générations après naisse dans la famille
quelqu’un dont l’apparence est particulièrement proche
de celle du cultiste, quelqu’un chez qui l’âme qui attend
dans l’Arche se trouverait particulièrement bien. D’autres
membres de la famille qui ne conviennent pas pourraient
sentir une aversion naturelle envers l’Arche, mais sans pour
autant être capables de la détruire ou de s’en défaire.
Complication : Il est rare qu’une malédiction n’ait pas
d’effets inattendus
Malédiction horrifique
Cette puissante malédiction assure une fin horrible et tragique
à sa cible, mais étant donné son caractère imprévisible,
peu se risquent à y recourir. Pour lancer la malédiction, il
est tout d’abord nécessaire d’obtenir du sang de la victime.
Une série de sortilèges doit également être lancée pour le
transformer en poudre noire. L’étape suivante consiste à faire
ingérer ou inhaler la moitié de la poudre à la victime, tandis
que l’autre moitié doit être ingérée par celui qui souhaite
lancer la malédiction. La prochaine fois qu’ils s’endormiront,
ils se retrouveront dans les Contrées du Rêve. C’est là que
la malédiction doit être lancée. À ce moment, le test du
pouvoir supérieur est réalisé en opposition à la Volonté plus
la compétence (ou une compétence d’arcanes adéquate)
de la victime. Pour que l’opération réussisse, il faut non
seulement remporter le test en opposition, mais également
202
que la valeur obtenue soit suffisante pour dépasser la
difficulté du pouvoir supérieur.
Si la malédiction est correctement lancée, lorsque la victime
se réveillera elle aura la sensation d’avoir fait un cauchemar
dont elle pourra se souvenir de fragments, mais elle sera
déjà maudite. La malédiction attirera une créature du Mythe
pour qu’elle tue et dévore l’âme de la cible. La créature qui
la traquera dépend de nombreux facteurs : distance qui les
sépare, caractère de la victime, alignement des étoiles au
moment de lancer la malédiction, etc. Si la victime parvient
à se défaire de la créature, une autre percevra l’appel de la
chasse et prendra la place de la précédente.
La malédiction met en général quelques jours à se manifester,
mais elle peut tout à fait survenir au bout de quelques heures
ou quelques mois. Cette durée est impossible à prévoir. En
revanche, elle s’accomplit toujours rapidement chez ceux qui
ont été exposés au Mythe. Aucun remède à la malédiction
n’est connu. La marque magique que reçoit la victime ne
disparaît même pas si celui qui l’a lancée est tué.
Cette malédiction comporte deux problèmes. Le premier
est qu’elle est imprévisible : il est impossible de savoir
quelle créature va apparaître, ni quand et sous quelle forme
elle tuera la victime, ni même si elle retournera à son lieu
d’origine après l’avoir tuée ou si elle restera sur Terre pour
semer le chaos. Le second est que la personne qui lance
cette malédiction est elle aussi marquée d’une manière ou
d’une autre. Cela signifie dans certains cas, après le décès de
la victime, qu’il est possible que la créature tente de tuer le
lanceur, voire qu’elle l’attaque avant la cible d’origine. En cas
d’échec ou d’échec critique du test de ce pouvoir supérieur, le
sorcier qui le lance pourrait devenir sa propre victime.
Complication : Le résultat et la manifestation de la
malédiction sont imprévisibles.
Portail onirique
Bien qu’il existe de nombreux moyens de pénétrer dans les
Contrées du Rêve, ceux qui souhaitent y accéder rapidement
et simplement se servent de ce pouvoir ou d’autres versions
similaires. L’idée est de fragiliser la barrière qui sépare les
deux mondes à un endroit déterminé dans chacun d’eux,
ce qui permettra de créer un accès stable par lequel il sera
possible de voyager en toute sécurité.
Ce pouvoir nécessite deux portiques, qui doivent être
des objets servant d’ouverture et qui ne mènent nulle part
comme une fenêtre murée ou une porte située au beau
milieu du néant, sans murs sur les côtés. Chaque portique
doit être construit dans des matériaux des deux mondes et
être identique dans leur conception.
Une fois construit, l’un d’eux doit être placé dans les Contrées
du Rêve, tandis que le second restera dans notre monde, et le
pouvoir doit être lancé pour chacun d’eux. En cas de succès
pour les deux, chaque fois que le portique est ouvert, ce qui ne
requiert pas de test, il se connectera à celui positionné dans
l’autre monde. Si le cultiste souhaite éviter que n’importe qui
puisse se servir de ces portes, il peut chercher un moyen de
les protéger ou de filtrer son accès, par exemple en utilisant
comme portique une porte avec une serrure, en le scellant
magiquement avec le signe de Koth (voir page 201), en le
cachant loin des regards, etc.
Ces ouvertures ne sont pas permanentes et elles disparaissent
avec le temps, bien que cela ne fasse pas disparaître les
portiques pour autant. La durée d’une ouverture est d’autant
d’années terrestres que la valeur indiquée sur le dé M le plus
faible entre des deux jets réalisés pour lancer ce pouvoir
(un test pour chaque portail). Une fois cette durée écoulée,
il faudra relancer le sortilège sur chacune des portes.
Chaque portique, malgré son pouvoir, peut être détruit par
des moyens conventionnels. Le cas échéant, qui sait ce qui
pourrait arriver au malheureux qui se risquerait à emprunter
le portail restant.
Complication : Ouvrir une brèche entre les deux mondes
produit des échos cosmiques.
Rune majeure de Koth
Le signe de Koth est un puissant verrou magique. En
revanche, si le cultiste souhaite utiliser une version plus
puissante et permanente du signe, il doit réaliser un rituel
pour le graver sur l’accès qu’il souhaite sceller. Cet accès
peut être tout à fait courant et banal, mais étant donnée la
complexité du rituel ce sont souvent des portails magiques
ou des portes d’importance capitale qui sont utilisés. Le signe
doit être gravé avec une aiguille magique (voir page 202 pour
sa description ou page 198 pour savoir comme la fabriquer).
En outre, le signe ne peut être gravé qu’à certains moments
cosmiques propices, sous un alignement d’étoiles adéquat.
Une fois le bon moment connu, il faut graver le tracé sur
le linteau de l’accès tout en entonnant la litanie magique
correspondante dans laquelle les mots ou l’ordre agissant
comme une fermeture seront répétés. Si le rituel est réalisé
correctement, le signe sera gravé de manière permanente
et ne pourra être éliminé que par des moyens magiques.
L’entrée sur laquelle la rune est gravée ne permettra un accès
que si le mot ou la phrase utilisé comme verrou pendant le
rituel est prononcé. Cela ne signifie pas pour autant que le
portail doit avoir une porte : un simple seuil portant ce signe
sera tout aussi infranchissable.
La nature de la barrière dépend de la forme qu’a souhaité lui
donner la personne qui a gravé la rune. Elle peut être une
porte invisible, provoquer une crainte, une angoisse ou une
douleur irrésistible chez quiconque s’en approche, une roche
inamovible, une combinaison de plusieurs conditions.
Toute personne qui tente de traverser un portail protégé par
la rune devra réussir un test de Volonté d’une difficulté égale
au résultat du test lancé pour créer la rune. Dans le cas de
créatures du Mythe, la difficulté est doublée.
Complication : Toute serrure a une clef.
Héritage du sang
Le sang est un puissant conducteur arcanique, et ceux qui
partagent le même, même de loin, sont inévitablement liés.
Ce pouvoir permet de semer une « graine » latente dans le
sang de la famille de celui qui lance le sortilège.
Cette semence peut contenir un message, une émotion, une
soif, une obsession ou une simple curiosité, et elle poussera
la personne chez qui elle germe à accomplir la volonté du
cultiste qui a lancé ce pouvoir. La graine ne concerne pas
chaque membre de la famille qui partage ce sang, et elle
peut même rester latente pendant plusieurs générations, car
elle ne germera que chez ceux dont les traits de caractère
correspondent à ce que recherche celui qui a lancé ce pouvoir
et lorsque certaines conditions sont remplies.
Pour lancer ce sort, il faut sacrifier une personne qui
partage le sang de celui qui le lance. Le sacrifice doit être
réalisé en se servant d’une dague de Leng avec laquelle des
entailles doivent être faites chez la victime pendant 99 jours
afin qu’elle se vide progressivement, jusqu’à en mourir.
En outre, la victime doit décéder sous le bon alignement
stellaire. Le sang de la victime doit alors être récupéré,
avant de prononcer dessus les paroles adéquates, tout en
pensant au « message » que l’on souhaite transmettre, avec
quelle intention, ce que doit accomplir celui chez qui la
graine germe et sous quelles conditions.
En termes de jeu, la victime doit réussir un test de Volonté
plus la compétence appropriée pour résister aux tendances
de la semence. La difficulté correspond au résultat du test
obtenu pour réaliser ce pouvoir.
Complication : Une part de soi-même reste enfermée
dans la graine.
Sérum réanimateur d’Herbert West
Préparer ce sérum nécessite du matériel de laboratoire, mais
rien qui n’est impossible à trouver. Selon les instructions
du docteur West, qui l’a développé au fil d’innombrables
expériences, il est essentiel que le corps soit frais, car la mort
corrompt rapidement les tissus nerveux et provoque une
folie homicide chez le ressuscité.
Le docteur West ne le savait pas, mais en réalité cet effet n’est
pas dû à la corruption des tissus. Le sérum est un mélange
chimique qui, selon les théories de West, était censé réactiver
les fonctions vitales. Pourtant, ses effets vont au-delà : il force
la psyché, malmenée et rendue folle par ce qui se trouve de
l’autre côté de la mort, à revenir et se réinstaller dans un
corps qui ne devrait pas être naturellement vivant. Ce qui est
sûr, c’est que plus le corps est décédé depuis longtemps, plus
cette corruption psychique est prononcée.
La formule doit être ajustée minutieusement en fonction
des caractéristiques de chaque corps, comme la masse
corporelle, le sexe, le temps écoulé depuis le décès, etc.
Ainsi, si la base du sérum peut être préparée, les dosages
finaux doivent être réalisés individuellement en fonction
de chaque cas, ce qui nécessite une ou deux heures de
travail, selon les circonstances et les matériaux disponibles
pour le travail. Une fois que tout est prêt, le sérum est
injecté dans un vaisseau sanguin du corps ou directement
dans le cœur. C’est à ce moment qu’un test est réalisé pour
s’assurer du succès du pouvoir.
En cas de succès, le mort ressuscite après un nombre
d’heures égal à la valeur du dé m obtenu lors du jet. Au cas
où il s’agirait d’un personnage, il gagne autant de points
de Dégénérescence que d’heures s’étant écoulées entre la
mort et le réveil. En cas de succès critique, il suffit d’ajouter
autant de points de Dégénérescence que le nombre d’heures
écoulées entre le moment du décès et l’injection du sérum.
En cas d’échec ou d’échec critique, le corps peut ressusciter
ou non, mais si c’est le cas il aura automatiquement une
Dégénérescence de 10 et développera très probablement
un trait obsessionnel ou homicide envers la personne qui
l’a ressuscité. En aucun cas le personnage ne peut avoir plus
de 10 points de Dégénérescence, car passé ce cap il devient
203
 un être inhumain. Si c’était un personnage joueur, il devient
un personnage non-joueur (voir « Dégénérescence », page
222). Si sa Dégénérescence n’atteint pas 10, il peut toujours
être considéré comme humain. Dans tous les cas, gagner des
points de Dégénérescence doit provoquer un changement
brutal chez le personnage, qui modifie un ou plusieurs de
ses traits. Voici quelques exemples : comportements violents,
cannibalisme, folie, désorientation, obsession pour sa propre
mort ou la mort en général.
Ce sérum fonctionne dans n’importe quel corps sans
tenir compte des blessures ou maladies qui pouvaient
affecter la personne avant son décès. Ayant été ramené
à la vie de manière non naturelle, le corps ne fonctionne
plus normalement. Les fonctions vitales qui n’ont pas été
endommagées du vivant de la victime se réactivent, mais
le corps peut tout à fait continuer de fonctionner sans
celles trop endommagées. Cela signifie qu’il est possible
d’injecter le sérum à des cadavres grièvement touchés
par la décomposition, malgré les conséquences. Il peut
également être injecté dans des membres amputés du corps,
mais les résultats sont horribles : les parties ressuscitent
simultanément, peu importe où elles se trouvent ou dans
quelle partie du corps le sérum a été injecté.
Les ressuscités ne peuvent décéder suite aux effets de l’âge
ou de la maladie, mais il est possible de les tuer comme des
personnes normales, à une exception près : ils ne peuvent
mourir des mêmes effets qui les ont tués la première fois.
Ainsi, si une personne ressuscite après que son cœur a éclaté
sous l’effet d’une balle, elle ne peut décéder à nouveau si le
cœur est détruit, car il est déjà en morceaux. Cela peut être
illustré par un fait marquant ou un aspect approprié et qui
peut être activé de manière normale.
Si le sérum est injecté chez une personne encore vivante, il
n’aura aucun effet surnaturel, mais sera considéré comme un
poison de difficulté 11 causant des dégâts m en cas de succès
du test ou mC en cas d’échec.
Complication : Ce qui se trouve de l’autre côté laisse toujours
une profonde et terrible empreinte.
Objets de pouvoir
Les objets tels qu’un talisman, un artefact de nature
extraterrestre, un médaillon, un bracelet, une arme,
voire un livre peuvent avoir leur propre pouvoir, c’est-à-
dire ses propres compétences d’arcanes avec une valeur
correspondante. Un objet de pouvoir aura son nom propre,
au moins une compétence d’arcanes et un ou deux aspects
qui le caractérisent. Lorsqu’un joueur porte l’objet (et sait
comment l’utiliser), il peut utiliser les compétences de ce
dernier comme si elles étaient les siennes et réaliser des
tests de Volonté plus de l’objet. Cela peut sembler être
un énorme avantage, et c’est bien le cas, mais il faut garder
en tête qu’un objet peut être perdu ou volé. Il ne faut pas
oublier non plus que chercher ou obtenir ce genre d’objet
est l’une des activités principales des cultes, car ce sont de
véritables raccourcis pour obtenir de grands pouvoirs.
Les objets qui contiennent un pouvoir ne sont pas
entièrement régis par la logique ou les lois de la nature,
car ils contiennent de forces capables d’altérer la réalité
204
à des niveaux insoupçonnés. Cela revient à essayer
d’emprisonner du feu dans une boîte en carton : il ne se
passe pas longtemps avant que les flammes prennent… et
brûlent tout ce qui se trouve à proximité.
Le type d’altérations physiques et mentales qu’un objet
peut provoquer dépend de sa puissance et du type de
pouvoir qu’il contient. Ainsi, un objet peut provoquer une
addiction suite à son utilisation, parasiter l’esprit de son
porteur et lui faire développer une paranoïa lui faisant
croire que quelqu’un cherche à lui arracher son objet,
communiquer avec lui par le biais d’émotions, visions, voire
des voix ou provoquer tout cela chez des personnes qui se
trouvent simplement à proximité de l’objet, s’alimenter de
la vitalité du porteur, lui provoquant ainsi des blessures
ou des maladies, faire évoluer ses habitudes, goûts ou
inclinaisons pour les rapprocher de ceux de l’objet même,
imposer sa volonté en manipulant son porteur pour qu’il
réalise des actions dont il n’est pas conscient ou prenant
directement le contrôle de son corps, etc. En termes de
jeu, toutes les circonstances sont représentées par une ou
plusieurs complications à caractère surnaturel.
Un personnage peut commencer avec un objet de ce
type s’il y consacre un fait marquant de son personnage
mentionnant comment il a acquis l’objet ou s’il l’inclut d’une
manière ou d’une autre dans son vécu. Le joueur choisira le
type d’objet et peut suggérer quels sont ses pouvoirs, mais la
décision finale revient au maître du jeu, qui déterminera la
compétence d’arcanes, sa valeur et les aspects de l’objet.
Il est important de mentionner que beaucoup de ces objets
magiques peuvent être créés grâce à des pouvoirs supérieurs
et que plusieurs méthodes de fabrication sont possibles en
fonction du texte ou de l’ouvrage pris en référence, mais
au fond les propriétés magiques sont identiques. Dans les
exemples proposés ci-après, ces objets portent la mention
« reproductible » à côté de leur nom. Pour beaucoup d’entre
eux, il est indiqué que la valeur de leur compétence d’arcanes
est variable, ce qui signifie qu’ils peuvent avoir une valeur ou
une autre en fonction de leur méthode de fabrication. Si les
personnages trouvent l’un de ces objets, c’est le maître du jeu
qui décide de leur valeur.
En outre, il existe des objets magiques uniques et non
reproductibles. Cela ne signifie pas nécessairement qu’il
n’en existe qu’un seul exemplaire, mais plutôt que personne
ne sait comment créer un autre objet de ce type, si tant est
qu’un tel acte soit possible pour un humain. Dans beaucoup
de cas, ce sont des artefacts qui ont été créés il y a des éons
par des races extraterrestres, voire par un Grand Ancien,
tandis que pour d’autres, les connaissances nécessaires à leur
création ont simplement été perdues.
EXEMPLES D’OBJETS DE POUVOIR
Aiguille magique (reproductible)
L’aiguille magique est une baguette de métal obscur d’un
empan de long (environ 20 cm) qui se termine par une
pointe aiguisée, mais les détails peuvent varier d’une aiguille
à l’autre : certaines peuvent avoir un manche en divers
matériaux ou être décorées de symboles cabalistiques.
Ces baguettes sont des outils fondamentaux pour de
nombreux rituels, car elles sont non seulement enchantées
pour permettre de graver presque n’importe quelle surface,
mais elles permettent également de graver les sorts dans
l’essence même de l’objet avec des symboles magiques et des
runes. Utilisée comme arme, elle ne cause pas plus de dégâts
que ce que l’on pourrait attendre d’une arme conventionnelle
aux caractéristiques similaires (dé C), mais ces dommages
sont considérés comme magiques.
Compétence d’arcanes :
Graver des symboles magiques (valeur variable selon la
qualité, habituellement de 1 à 10)
Complications :
Pour les créatures du Mythe, elle est aussi attirante qu’une
allumette dans l’obscurité.
Anneau de douleur de Shude’Mell
Cet anneau est constitué d’une bande de cuivre et d’une
pierre rouge enchâssée sur laquelle est gravé le signe rouge
de Shude’Mell. Lorsqu’il est porté à un doigt et que la
formule magique adéquate est prononcée, l’anneau libère le
signe rouge contre les victimes désignées par son porteur.
Il existe au moins cinq exemplaires de ces anneaux, mais
leur origine est inconnue. En revanche, certains pensent
qu’ils ont été amenés sur Terre depuis les Contrées du Rêve,
mais personne n’a pu confirmer ou infirmer cette hypothèse.
Compétence d’arcanes :
Signe rouge de Shude’Mell 5
Complications :
L’anneau aime infliger la douleur.
Ne fait pas la différence entre les amis et les ennemis.
Anneau du rêveur
Un récit du Necronomicon raconte que cet anneau est un
cadeau d’Hypnos lui-même à Abdul Alhazred. Il semblerait
qu’il l’ait utilisé pour voyager dans les Contrées du Rêve, où
il aurait appris une part importante des vastes connaissances
expliquées dans le Necronomicon. Pour le faire fonctionner,
il suffit de le porter au moment de dormir ou de méditer.
Malgré tout, certains érudits doutent de la véracité du récit,
voire de l’existence même de l’anneau.
Compétence d’arcanes :
Rêveur 10
Complications :
L’anneau sert les desseins d’Hypnos.
Amulette de protection (reproductible)
Ce médaillon est produit par une formule assez
commune et facile à trouver dans de nombreux ouvrages
des arcanes. Il n’en demeure pourtant pas moins un objet
particulièrement prisé des initiés à l’occulte. Sa forme
la plus habituelle est une amulette circulaire de bronze
d’une quinzaine de centimètres de diamètre et gravée
de nombreux signes magiques qui entourent le symbole
protecteur disposé en son centre. Ses runes et signes
constituent un puissant bouclier contre les pouvoirs
arcaniques agressifs, les créatures du Mythe et autres
circonstances similaires.
Compétence d’arcanes :
Protection contre les arcanes (valeur variable en fonction
de la version et de la qualité de l’amulette).
Complications :
Aucune protection n’est infaillible.
Arme à rayon Mi-Go (reproductible)
Ce nom malheureux a fait croire à plus d’un qu’il s’agit
d’une arme qu’emploient les Mi-Go, mais ce n’est pas le
cas. Ce sont des scientifiques humains qui construisirent
cette arme dans les années 50 à partir de la technologie
Mi-Go. On ne sait pas très bien d’où ils parvinrent à tirer
une telle technologie bien que certains cultistes adeptes
des conspirations pensent que le sauvetage de vaisseaux
extraterrestres de la part de certains gouvernements est bien
plus qu’une légende urbaine. Quoi qu’il en soit, cette arme
n’a jamais été produite en masse. Seuls quelques exemplaires
ont été fabriqués avant d’être « extraits » pour finalement
finir sur le marché noir de l’occultisme.
Dans son aspect, cette arme ressemble à un fusil d’assaut
moderne. Il a une culasse en bois ou plastique, mais au
lieu d’un canon il a une large baguette enroulée de forme
hélicoïdale, plus large à sa base reliée à la crosse qu’à son
extrémité, qui se termine en une pointe portant une étrange
pierre noire. Autre curiosité : elle n’a pas de gâchette, car
contrairement à une arme normale, l’employer nécessite
de réciter des formules magiques adéquates, et seul
quelqu’un qui les connaît peut les activer. Lorsque l’arme
tire, elle projette un étroit rayon de lumière qui pourrait
passer pour une visée laser conventionnelle. En revanche,
lorsqu’il touche un être vivant, il surcharge son système
nerveux d’énergie, grillant purement et simplement toutes
ses terminaisons nerveuses. Ce rayon est également
capable de traverser plusieurs centimètres de n’importe
quel matériau conventionnel.
Malheureusement, cette arme n’est pas fiable, ce qui
pourrait expliquer qu’elle est peu prisée. Il est difficile de
réguler son intensité, il est presque impossible de savoir
combien d’utilisations il lui reste et la recharger n’est pas une
mince affaire : elle doit être frappée par la foudre ou être
alimentée par une ligne haute tension. Malgré toutes ces
caractéristiques, ses dégâts ne sont pas considérés comme
magiques, car elle ne fait qu’affecter le système nerveux.
Ainsi, les créatures immunisées aux dégâts physiques non
magiques ne seront pas affectées par cette arme.
Compétence d’arcanes :
Griller le système nerveux 6
Complications :
Sa charge peut s’épuiser à tout moment sans avertissement.
Baiser pourpre (reproductible)
Le nom de cette drogue est dû à la couleur particulière qu’elle
provoque sur les lèvres de la personne qui la consomme
lorsqu’elle produit ses effets. Cette substance peut être
obtenue en mélangeant certaines plantes hallucinogènes
d’origine végétale, mais elle ne requiert aucun rituel magique.
En revanche, certains membres du culte Sauvons la Terre !
(voir page 175), qui utilisent la drogue pour entreprendre ce
qu’ils appellent des « voyages astraux » ou la « communion
205
 avec Gaïa », connaissent la recette exacte. En réalité, l’effet du
baiser pourpre permet simplement à celui qui la consomme
de se rendre temporairement dans les Contrées du Rêve.
La drogue est constituée d’un liquide verdâtre et légèrement
pestilentiel. Elle est administrée par absorption par les
muqueuses du nez ou de la bouche, et la plupart des fois, elle
est donc frottée sur les lèvres ou les gencives. Sa fabrication
ne nécessite pas de lancer un pouvoir supérieur, car c’est
un simple mélange chimique, mais il faut avoir accès à la
formule exacte et à un laboratoire un minimum équipé.
Compétence d’arcanes :
Voyage onirique 3
Complications :
Si elle n’est pas correctement préparée, elle peut
provoquer des hallucinations horrifiques.
Peut provoquer une addiction.
Chaîne onirique (reproductible)
L’aspect d’une chaîne onirique est très variable, mais dans
tous les cas c’est un appareil relativement moderne qui utilise
l’électricité pour fonctionner. En outre, elle doit être reliée à un
système plus ou moins sophistiqué de câbles qui peuvent être
reliés à la tête de deux personnes.
Les deux personnes connectées par cette machine se
retrouvent enchaînées dans les rêves, ce qui veut dire que si
l’un des deux dormeurs se rend dans les Contrées du Rêve,
l’autre l’accompagnera, même s’il n’en avait pas la capacité.
Une fois là-bas, chacun d’eux peut utiliser la compétence
que leur fournit cet objet. Si à un moment ils décident de
prendre des chemins séparés, ils devront réaliser un test en
opposition de Volonté (plus « Rêveur » s’ils possèdent
la compétence). Celui qui remporte le duel entraîne l’autre.
Certaines versions de la machine sont calibrées pour
un certain type d’esprit qui sera le seul à pouvoir utiliser
la compétence qu’elle fournit, et cela peut servir à cette
personne de forcer la seconde à la suivre.
Compétence d’arcanes :
Enchaîner les rêves (s’utilise pour éviter que les deux
enchaînés puissent se séparer. Valeur variable selon la
version de la machine pouvant aller de 1 à 10)
Complications :
Enchaînés ensemble pour le meilleur et pour le pire.
Calice de Shub-Niggurath
Ce calice de pierre rouge et noir entièrement extraterrestre
est taillé dans des formes de tentacules obscènes et
abominables. Lorsque du sang humain y est versé et que les
rituels adéquats sont réalisés, le liquide se concentre au bout
de quelques minutes pour devenir une liqueur visqueuse et
noire dont l’odeur évoque le limon antique.
Si cette liqueur est ingérée ou appliquée directement sur
une blessure, cette dernière peut être guérie en quelques
minutes. Elle peut même reconstruire un membre amputé
en quelques jours. Malheureusement, le rituel ne peut
fonctionner plus d’une fois par jour et la liqueur noire se
décompose rapidement quand elle quitte le calice.
Parallèlement à cela, cette liqueur engendre souvent
206
de terribles mutations, des cicatrices horribles aux
formes abominables ou des cancers potentiellement
fatals. En revanche, certains cultes ont considéré ces
transformations comme des dons de Shub-Niggurath et
ont bu cette liqueur sans même avoir besoin de guérir
d’une blessure ou d’une maladie.
Compétence d’arcanes :
Caresse de Shub-Niggurath 6
Complications :
Engendre parfois de terribles mutations ou cicatrices.
Le calice a toujours soif de sang.
Cristal de Yog-Sothoth
Parfois évoqué sous le nom de « Cristal de Leng » du fait
que l’un de ses composants ne peut être trouvé qu’en ce
lieu, ce cristal opaque de forme circulaire est une fenêtre
vers d’autres mondes et univers. Tant qu’il reste opaque, la
fenêtre reste fermée et rien ne peut être vu à travers elle ou
ne peut la traverser.
Pour l’ouvrir, il faut dessiner ou graver certaines inscriptions
arcaniques sur le sol, à proximité de l’endroit où se trouve
le cristal. Le sortilège doit être lancé depuis l’intérieur
des dessins cabalistiques en pensant au moment et lieu
à contempler. Un échec ne signifie pas que la fenêtre ne
s’ouvre pas, mais qu’elle s’ouvre sur un autre temps ou lieu,
ce qui peut être extrêmement dangereux.
Lorsque la fenêtre s’ouvre, le cristal devient transparent et
permet non seulement de contempler l’autre bord, mais
également d’y passer. Cette fenêtre est bidirectionnelle,
et toute personne qui se trouve de l’autre côté pourra
regarder ou la traverser. La fenêtre se fermera toute seule
au bout de quelques heures, lorsque l’énergie du sortilège
sera entièrement dissipée. Mais si on souhaite la fermer
avant, les phrases adéquates doivent être prononcées et un
test sous sa compétence d’arcanes doit être réalisé. Pour
observer plusieurs lieux, la fenêtre doit être fermée et
rouverte en pensant à un autre endroit.
Une fois fermé, le cristal redeviendra opaque. En revanche, il
laissera une « cicatrice » circulaire à l’aspect de cristal obscur
là où l’autre lieu s’est ouvert. Cette trace n’est pas visible par
toutes les créatures du Mythe (et bien évidemment pas par
les humains), mais toujours pour celui qui l’a créée. Ainsi,
si la personne qui a ouvert la fenêtre l’a traversée, puis l’a
fermée, il peut utiliser cette cicatrice pour revenir à son
monde d’origine (et uniquement à cet endroit).
La durée de cette cicatrice dépend du moment et du
lieu de l’ouverture, et il peut s’écouler des années ou une
poignée d’heures. Pendant l’écoulement de cette durée,
la trace s’émoussera progressivement jusqu’à disparaître
complètement. Si cela se produit, il deviendrait impossible
de pouvoir rouvrir la fenêtre depuis l’autre côté. En outre,
tant que la cicatrice perdure, un choc produit contre
elle peut être entendu de l’autre côté de la fenêtre, ce qui
peut être particulièrement inquiétant. Le cristal de Yog-
Sothoth n’est pas plus résistant qu’un cristal de la terre et
peut être facilement brisé.
Compétence d’arcanes :
Fenêtre vers des lieux et des époques lointaines 6
Complications :
Ils peuvent aussi vous voir et vous atteindre.
Aussi fragile que n’importe quel autre cristal.
Traverser des portails provoque des paradoxes.
Des bruits provenant de l’autre côté peuvent être entendus
à travers lui.
Sombre corne
Cette corne noire à la forme torsadée n’a jamais appartenu
à un animal ayant existé sur Terre. Au toucher, elle est
légèrement collante et provoque une sensation très
désagréable. Elle a été creusée et d’abominables formes
tentaculaires, runes arcaniques et symboles magiques y
ont été taillés. Bien qu’il existe des références qui l’évoquent
dans le Necronomicon, rien n’explique son origine, dans
quelle intention elle a été amenée sur Terre ou qui en est
responsable. Dans sa description, le texte explique que son
pouvoir doit être utilisé avec beaucoup de prudence, car ses
résultats peuvent être imprévisibles.
Lorsque l’on souffle dans cette corne, un son hululant et
glaçant en sort, semblant racler l’air comme s’il arrachait la
réalité même. Selon le Necronomicon, il semblerait que ce soit
exactement le cas, car ses échos peuvent être entendus « de
l’autre côté » et dans les sphères cosmiques. Pour beaucoup
de créatures du Mythe, ce son est un appel impérieux qui
doit être obéi et elles suivent le son de la corne jusqu’à arriver
à celui qui l’a poussé. En revanche, le fait qu’elles arrivent ne
garantit pas qu’elles soient amicales.
Compétence d’arcanes :
Appel de l’infini 8
Complications :
Personne ne sait qui ou quelle chose répondrait à l’appel.
Son appel résonne au-delà de l’espace et du temps.
Dague de Leng (reproductible)
Certains textes peuvent y faire référence sous le nom de
« Dague magique », « Lengaine » ou « Lame de l’esprit ».
Cette lourde et imposante dague est fabriquée dans un
étrange métal entièrement noir, très froid au toucher
et gravé d’abominables symboles. Elle est extrêmement
effilée, mais ce n’est pas cette caractéristique qui la rend si
terrible. Lorsque cette dague cause une blessure physique
et que les paroles arcaniques adéquates sont prononcées,
son fil provoque des dommages à la substance
spirituelle de la victime.
En termes de jeu, cette dague provoque M dégâts physiques,
mais si pour attaquer c’est la compétence d’arcanes de la
dague au lieu de la compétence habituelle du personnage qui
est employée, la victime perdra autant de points de Stabilité
Mentale en plus des dégâts physiques. Utilisée de cette
manière, elle affectera également une créature immunisée
aux dégâts physiques normaux.
Compétence d’arcanes :
Détériorer l’immatériel (valeur variable en fonction de
sa qualité, mais normalement comprise entre 1 et 10).
Complications :
La dague a un appétit vorace.
Miroir de Van Weyden
Van Weyden était un artiste, alchimiste et magicien du
XVIe siècle, un authentique homme de la Renaissance. L’une
de ses œuvres majeures, tant du point de vue artistique
qu’alchimique, a été la création d’un petit miroir de toilette
possédant deux pouvoirs surprenants.
D’une part, lorsque le sort est prononcé correctement, il
permet de voir dans le reflet toute chose ou être invisible,
dissimulé magiquement ou provenant d’une autre
dimension. D’autre part, en prononçant un autre sortilège,
celui qui regarde dans le miroir y verra des images si terribles
qu’il en deviendrait fou. Curieusement, les deux sortilèges
se ressemblent énormément et une erreur d’intonation ou
de prononciation peut provoquer le mauvais effet.
Compétence d’arcanes :
Refléter la Vérité 7
Entrevoir l’abîme 5
Complications :
Le mauvais effet peut facilement être activé.
Montre la Vérité… toute la Vérité.
Entité informatique intelligente (reproductible)
Produit de l’alliance blasphématoire de la technologie
moderne et de la sorcellerie, ces entités sont ce qu’il reste
des esprits qui furent un jour des êtres vivants. L’artefact
est un cerveau connecté à un système électronique et
informatique par le biais d’un clou de fer stellaire aux
runes adéquatement gravées.
Le cerveau connecté peut être celui d’un animal, d’un humain
ou de toute autre créature, et en fonction de ce paramètre il
pourra avoir des caractéristiques très diverses. En revanche,
les cerveaux ont tendance à se dégrader rapidement dans
ce dispositif et chacun ne peut être utilisé qu’un certain
nombre de fois (voir le pouvoir supérieur « Générer une
entité informatique intelligente » à la page 198 pour de plus
amples détails).
En termes de jeu, chaque fois que ce dispositif est utilisé
pour une action en lien avec l’informatique ou Internet,
le joueur qui l’utilise ajoute la valeur de la compétence
ou de l’attribut du propriétaire du cerveau le plus
approprié à l’action en cours de réalisation, notamment
métaphoriquement : la compétence « Pister » d’un chien
peut servir à trouver des informations confidentielles sur
une personne, par exemple. En outre, l’aspect temporaire
« Un cerveau est plus polyvalent que n’importe quel
logiciel » est gagné pour cette action.
Compétence d’arcanes :
Aucune.
Complications :
L’esclavage et la folie alimentent le désir de vengeance.
Spirale de métal stellaire (reproductible)
Cette spirale a été forgée dans du fer stellaire, mais elle
peut se présenter sous différentes formes et tailles. De
petites spirales enchâssées en anneaux sont tout aussi
fonctionnelles que de grandes spirales qui peuvent être
portées au cou. Indépendamment de sa forme, son pouvoir
consiste à avertir de l’activité surnaturelle par de brusques
207
 changements de températures en devenant parfois très
froide ou presque rouge vif.
En général, la spirale ne fournit aucune information allant
au-delà du fait qu’il se trouve des pouvoirs surnaturels à
proximité, mais si le porteur est suffisamment familiarisé
avec l’objet, il sera capable d’interpréter ses subtilités pour
obtenir davantage d’informations.
Compétence d’arcanes :
Détecter les arcanes (valeur variable en fonction de la
qualité, mais allant habituellement de 1 à 10)
Complications :
Peut atteindre des températures extrêmes.
Flûte de l’Abîme
Ces flûtes ressemblent à des instruments courants faits
de bois à l’aspect grossier et mal entretenu. Un examen
plus approfondi permet d’observer qu’elles sont gravées de
subtiles sculptures de motifs tentaculaires et horrifiques.
La légende raconte qu’elles furent taillées à partir d’arbres
d’autres mondes et qu’elles furent amenées depuis les
étoiles pour adorer les Grands Anciens. Personne ne sait
avec certitude combien il en existe, mais au fil du temps il
s’est avéré que de nombreux cultes anciens en employaient
pendant leurs rituels. Le son de ces flûtes peut rendre fous
les humains, provoquer chez eux d’étranges visions et
supprimer leur volonté.
Compétence d’arcanes :
Mélodie infernale 5
Complications :
Leur son est toujours un présage d’horreur.
Horrible statuette de déité marine
Il y a longtemps, quelqu’un décrivit dans ces termes cette
petite statue et c’est depuis ce jour qu’elle est connue sous
ce nom. En revanche, pour n’importe quelle personne un
tant soit peu initiée au Mythe, il ne fait aucun doute que
cette statuette représente Cthulhu. D’origine inconnue,
elle fut saisie par la police de La Nouvelle-Orléans lors du
démantèlement d’un culte en 1907 suite à son implication
dans diverses disparitions et assassinats. Quelques années
plus tard, elle se retrouvera au musée de Hyde Park.
Elle est taillée dans une étrange pierre verdâtre qui ne
s’apparente à aucun matériau connu de l’humanité. Elle
mesure environ un empan (environ 20 cm) de haut pour
un demi-empan de large et un demi de profondeur. Elle
représente un être accroupi, légèrement informe, à la tête
bulbeuse portant des tentacules et des ailes de chauve-
souris. Sa simple observation est répugnante.
Aussi inoffensive qu’elle pourrait paraître, cette statuette
représente un Grand Ancien, ce qui la relie à lui d’une
manière ou d’une autre. Prier à la statuette, l’adorer ou se
concentrer sur elle peut mettre en contact avec le Grand
Cthulhu qui sommeille dans la R’lyeh submergée, bien
que ce soit pour un moment bref.
Compétence d’arcanes :
Marque d’Innsmouth 6
Appel de l’infini 3
208
Complications :
Parfois, la statuette répond aux suppliques et aux sacrifices.
Ses murmures provoquent des cauchemars d’océans
profonds et immenses.
Il observe à travers les yeux de la statuette.
Idole écarlate
Cette atroce idole de la taille du poing est taillée dans une
étrange pierre rouge aux traits abominables qui n’ont jamais
pu être identifiés comme quelque chose de connu par un
humain. En outre, ses arêtes sont très tranchantes et sa
surface gravée d’étranges et démentiels symboles et figures.
Elle fut découverte par un groupe de soldats américains dans
une région isolée du Vietnam pendant la guerre et ramenée
aux États-Unis, où elle a fini par rassembler un culte à la
violence autour d’elle sous forme de bande criminelle, les
Faucheurs Écarlates (voir page 175).
Cette idole incite à la violence et possède une immense soif
de sang et de sacrifices. En échange, elle offre à ses adorateurs
des capacités physiques surhumaines et un désir insatiable
de violence. L’idole est capable de communiquer par le
biais de rêves et murmures à ses adorateurs et possède une
intelligence extraterrestre cruelle et démesurée. L’adoration
de cette idole consiste à réaliser des sacrifices en son nom,
mais ce qui la satisfait le plus est d’être plongée ou aspergée
du sang de victimes récemment assassinées.
Compétence d’arcanes :
Don écarlate 10
Complications :
Murmure ses ordres à toute personne située à proximité.
Possède une intelligence impitoyable et ses propres
desseins.
Sa soif de sang est insatiable.
Lampe noire
Bien qu’elle ressemble à une vieille lampe à huile classique
du milieu du XIXe siècle, c’est en réalité un mystérieux
artefact d’origine inconnue.
Lorsque la lampe est allumée et que les mots magiques
adéquats sont prononcés, une fumée bleutée commence à
s’en échapper. Cette fumée prendra la forme d’un cylindre
dont le centre est la lampe, d’environ deux mètres de rayon
et d’autant de hauteur, bien que la taille puisse varier.
La fumée permet de cacher tout ce qu’elle enveloppe aux
yeux des créatures servant Nyarlathotep, voire dans certains
cas d’autres créatures du Mythe. Les entités affectées ne sont
simplement pas capables de voir ni la fumée ni ce qui s’y
trouve, comme si tout cela n’existait pas.
Compétence d’arcanes :
Cercle de fumée d’occultation 8
Complications :
La fumée peut provoquer d’étranges effets sur la perception
de la personne qui la respire.
Locomotive 53
Cette locomotive à vapeur était en service en Allemagne
pendant l’entre-deux-guerres et la Seconde Guerre mondiale.
Elle est connue au sein de certains cercles ésotériques, car
la locomotive, ainsi que le reste du train qu’elle tractait ont
disparu mystérieusement au cours d’un trajet en 1940 sans
laisser la moindre trace. On pense que le train transportait
des biens spoliés aux Juifs et un groupe d’officiels Nazis
chargés de l’opération. Plusieurs jours après la disparition,
tous les wagons (sauf un, servant de fret) ont été retrouvés
sur la voie, mais sans que l’on ait pu retrouver le moindre
occupant. En outre, un wagon de fret rempli d’œuvres
d’art, fruit des spoliations, ainsi que la locomotive avaient
disparu sans laisser de trace.
Au début du XXIe siècle, des photos actuelles de ladite
locomotive commencèrent à circuler sur Internet. La
grande majorité des gens était convaincue qu’il s’agissait
d’un photomontage ou d’un canular, mais certains
pensent que la locomotive est bien l’originale… et qu’elle
a été retrouvée. Certains considèrent que d’une manière
ou d’une autre, quelqu’un est parvenu à créer un sortilège
de portail sur la locomotive, mais il semblerait que ses
pouvoirs puissent aller bien plus loin.
Une hypothèse affirme qu’entre autres biens spoliés
ayant disparu avec le wagon de fret se trouvaient des
objets magiques du Mythe et que c’est l’un d’eux qui est
responsable de ce qui s’est passé. Certaines sources vont
même jusqu’à mentionner une boîte à musique conçue
par Van Weyden (page 169). Évidemment, d’autres
théories sont tout aussi invraisemblables.
Lorsque la chaudière de la locomotive est mise en marche,
le véhicule se rend dans les Contrées du Rêve avec le convoi
qu’elle tracte et tous ses occupants. En revanche, il n’est
pas très clair s’il est possible de contrôler le lieu, l’espace et
les conditions exactes de son apparition. Tant qu’elle reste
dans les Contrées du Rêve, la locomotive est en marche, se
déplaçant rapidement d’un endroit à un autre et défiant les
lois de la physique (elle peut voler, aller sous l’eau, etc.). Une
fois une certaine durée écoulée, qui n’est pas la même dans
notre monde que dans les Contrées du Rêve, la locomotive
revient simplement dans le monde matériel, mais à l’arrêt
complet, là où elle a disparu.
Compétence d’arcanes :
Voyager dans les Contrées du Rêve 7
Complications :
Son itinéraire est imprévisible.
La locomotive n’est pas exactement de notre monde.

Matérialisateur d’Ulthar
Cet artefact d’origine inconnue est une boîte en bois
enchantée de 40 x 40 x 30 cm couverte d’étranges symboles
gravés. Si quelqu’un dort avec la boîte en contact avec
le corps et se rend dans les Contrées du Rêve, la boîte y
apparaîtra avec lui. Encore mieux : tout ce qui est rangé
dans la boîte avant de s’endormir sera également présent
à l’arrivée dans les Contrées du Rêve. Cela fonctionne
aussi dans l’autre sens, ce qui permet d’utiliser la boîte
pour ramener des objets dans notre monde. Pour que ce
phénomène fonctionne correctement, l’objet doit être placé
dans la boîte et cette dernière doit pouvoir le contenir et
fermer correctement. Dans le cas contraire, cet objet ne se
matérialisera pas dans l’autre monde.
209
 La boîte n’est pas toujours infaillible et, bien que l’on ne
connaisse pas la raison, dans certains cas les objets ne se
matérialisent pas, mais disparaissent sans que l’on sache ce
qu’il est advenu d’eux.
Compétence d’arcanes :
Matérialiser des objets dans l’autre monde 5
Complications :
Parfois, son contenu est perdu lors du passage d’un
monde à un autre.
On ne peut plus dormir sans « sa » boîte.
Œil d’Azathoth
Cet artefact ressemble à un œil reptilien de cristal avec une
pupille allongée et un iris tirant sur le jaune. La matière
n’est pas un cristal conventionnel, car il est pratiquement
impossible à détruire. Bien qu’à première vue il ressemble à
un objet normal, celui qui remplace l’un de ses yeux par cet
objet découvrira qu’il est capable de provoquer la mort et
la décomposition d’un simple regard. Effectivement, celui
qu’il regarde commencera à vieillir au rythme de plusieurs
décennies en quelques secondes. Cet œil a un terrible
prix, et une fois introduit dans une orbite il s’y implantera
définitivement, sans pouvoir être extrait avant le décès de
son porteur.
Compétence d’arcanes :
Miroir de l’entropie 6
Complications :
L’œil partage ses souvenirs des ères antiques.
L’œil voit ce qu’il souhaite voir.
Pierre des défunts
La pierre des défunts est un terrible artefact d’origine
inconnue, très probablement extraterrestre, dont les pouvoirs
sont évoqués jusque dans les plus vieux grimoires. Pourtant,
on ne sait pas avec certitude s’il en existe un ou plusieurs
exemplaires. Cette pierre maudite a une forme ovale plate,
et elle est particulièrement effilée. Pour l’utiliser, il faut la
planter dans le crâne d’un cadavre en s’assurant que l’une de
ses extrémités s’enfonce dans le cerveau. L’autre extrémité
doit être empoignée fermement par celui qui souhaite utiliser
l’artefact, afin que son arête produise une coupure dans ses
mains pendant qu’il la maintient. La personne devra en outre
entonner les bonnes paroles magiques.
La pierre sert de connecteur permettant à celui qui l’utilise
d’explorer l’esprit du défunt à la recherche d’informations
ou de réponses. Plus du temps s’est écoulé depuis le décès,
plus le cerveau est corrompu, ce qui accroît la difficulté
pour en extraire quoi que ce soit.
Malheureusement, cet artefact a un effet secondaire.
Dans certains cas, une partie de la psyché du cadavre
peut se glisser dans le corps de la personne qui utilise la
pierre sans qu’elle s’en rende compte. Il existe même des
références évoquant un transfert d’une telle ampleur que la
personnalité originale fut presque perdue.
Compétence d’arcanes :
Interroger les morts 4
Complications :
Le mort peut glisser sa psyché à travers la pierre.
210
Pierre des Grands Anciens
Cet artefact n’est pas un objet magique à proprement
parler, car il ne possède aucune compétence d’arcanes. En
revanche, c’est un composant nécessaire à de nombreux
rituels, et il mérite une description complète. Les pierres
des Grands Anciens sont des blocs d’un matériau semblable
au granit, mais en beaucoup plus dur et possédant une
excellente capacité à résister au passage du temps. En outre,
elles sont de puissants canalisateurs magiques, ce qui les
rend essentielles pour de nombreux pouvoirs supérieurs.
Ce type de pierre n’est pas originaire de la Terre, ni
même peut-être de cet univers. Personne ne sait qui les a
amenées ici. Peut-être les Grands Anciens, peut-être l’une
des nombreuses races extraterrestres arrivées sur Terre il
y a des éons de cela. Il est même possible que tous aient
apporté leur propre pierre pour des raisons propres.
Comme il a déjà été expliqué, elles sont incroyablement
dures et, bien que beaucoup portent clairement des signes
magiques, il est presque impossible de graver quoi que ce
soit dessus sans aiguille magique (voir page 202). En raison
de leurs propriétés, elles ont été utilisées pour ériger des
autels et lieux de pouvoir, voire pour construire des tours et
temples aux desseins blasphématoires et terribles.
Compétence d’arcanes :
Aucune.
Complications :
Les sortilèges qui y sont gravés les rendent dangereuses à
manipuler.
Poudre d’Ibn Ghazi (reproductible)
Basées sur une antique recette alchimiste, cette poudre
aurait le pouvoir de révéler ce qui est dissimulé ou ne se
trouve pas à la vue de tous, notamment ce qui est caché des
sens par nature arcanique ou des moyens magiques.
En fonction de la qualité de la préparation, les effets de
cette poudre seront plus ou moins puissants, mais toujours
utiles à l’heure d’être confronté à l’invisible. En revanche,
il faut s’en servir avec méthode, car sa magie peut révéler
la position et la nature de celui qui l’emploie, attirant
l’attention de toute créature surnaturelle sur laquelle la
poudre est employée. Étant donné qu’à chaque occasion
seule une pincée de poudre est utilisée, un petit sachet peut
durer des années à une personne prudente. Malgré tout,
cela ne signifie pas qu’elle est inépuisable.
Compétence d’arcanes :
Signe de Voor (valeur variable en fonction de la qualité,
mais habituellement de 1 à 10).
Complications :
Révèle aussi celui qui l’utilise et tout ce qu’il possède de
dissimulé.
Quantité finie.
Syntoniseur de cylindres cérébraux Mi-Go
Les Mi-Go sont capables d’extraire le cerveau d’autres
créatures, ce n’est plus un secret. Cela leur permet d’en
tirer des informations ou de les emmener avec eux lors
de leurs voyages. Pour pouvoir extraire un cerveau et
l’introduire dans un cylindre, il est nécessaire de posséder
des connaissances spécifiques, des instructions ou une idée
précise de la technologie Mi-Go.
Chaque cerveau extrait est traversé d’une série d’aiguilles et
d’électrodes avant d’être submergé dans une substance dont
la composition est connue d’eux seuls. Les électrodes sont
reliées au couvercle supérieur du cylindre qui est à son tour
connecté au syntoniseur. Cela stimule ses sens pour qu’il
reçoive des informations de l’extérieur et qu’il soit possible
de communiquer avec lui.
On pense qu’il existe différents modèles de syntoniseurs aux
différentes caractéristiques. En outre, des rumeurs courent
au sujet de corps mécaniques contrôlés par le cerveau
connecté. Certains disent même que certains de ces corps
mécaniques pourraient avoir une apparence entièrement
humaine…
Compétence d’arcanes :
Extraire des informations du cerveau 4
Communiquer avec un cerveau 6
Complications :
Le cerveau peut devenir fou ou mourir à cause du stress.
Personne ne sait si le syntoniseur est connecté à une autre
machine Mi-Go.
Smartphone maudit
Ce smartphone a été soumis à une interaction inconnue avec
des forces magiques qui l’ont changé en puissant artefact.
Cela pourrait être dû au fait qu’il a photographié ou filmé
quelque chose, à une expérience magique ou à quelque
chose de bien plus terrible dissimulé dans d’innocents
outils. Quoi qu’il en soit, c’est maintenant un artefact
étrange qui associe la magie à ses fonctions originales.
D’une part, s’il est utilisé pour passer un appel, il est possible
d’entendre des murmures et des voix inhumaines qui
révèlent des secrets, mensonges et peurs de celui qui appelle.
D’autre part, les photographies et vidéos enregistrées avec
le téléphone ne montrent pas exactement ce qui a été saisi.
Parfois, elles montreront le futur ou le passé, tandis qu’à
d’autres occasions elles captent l’invisible, voire d’autres
réalités ou univers parallèles. Enfin, son outil le plus
puissant est son système GPS, qui est capable de localiser
sur une carte la présence de perturbations magiques.
Malgré toutes ces possibilités, c’est un artefact extrêmement
dangereux. Il semble avoir une conscience propre, voire être
un outil utilisé par une conscience extérieure. Quoi qu’il
en soit, lorsqu’un utilisateur a un comportement qui ne
lui sied pas, le smartphone peut commencer à fonctionner
de manière inquiétante : sonner lorsqu’il est éteint, ouvrir
un canal de communication avec des êtres dont la voix
pourrait rendre fous ceux qui l’écoutent, voire s’infiltrer
dans les rêves de son porteur pour le posséder.
Beaucoup voient la main de Nyarlathotep derrière cet objet.
Compétence d’arcanes :
Photographier ce qui est dissimulé 2
Révéler les secrets de celui qui parle 2
Détecter les arcanes 4
Complications :
Le smartphone a ses propres plans.
Il montre ce qu’il désire.
Il peut posséder son propriétaire pendant qu’il dort.
Trapézoèdre luisant
Cet objet est un puissant artefact abondamment discuté
dans les textes magiques et ouvrages sur l’occulte. Selon la
majorité des sources, il a été ramené sur Terre par une race
extraterrestre ou par Nyarlathotep lui-même à l’aube des
temps. Avec les siècles, il est passé d’une main à une autre.
On sait que dans la seconde moitié du XIXe siècle, il se
trouvait en possession du Culte de la Sagesse des Étoiles
avant que ce dernier ne le perde lorsque les habitants de la
ville le chassèrent de leur église de Providence. Vers 1935, il
fut retrouvé par un artiste nommé Robert Harrison Blake,
qui mourut dans d’étranges circonstances peu de temps
après, suite à quoi il disparut de la circulation jusqu’en 1985.
Cette année-là, un pêcheur le découvrit sur une plage du
New Jersey et le vendit à un antiquaire. Quelques mois plus
tard, l’antiquaire décéda à son tour dans l’incendie de son
établissement, et l’artefact tomba à nouveau dans l’oubli,
échouant vraisemblablement dans les mains d’un culte ou
d’un collectionneur privé.
L’objet a l’aspect d’un trapézoèdre de cristal noir veiné de
rouge et luit d’une faible, mais distincte lueur intérieure.
Celui qui l’observe pendant quelques minutes ne tarde pas
à y voir des images de lieux extraterrestres et d’époques
étranges. Il est difficile d’imposer sa volonté à l’artefact pour
qu’il montre plus que des images aléatoires.
En outre, regarder trop longtemps dans le trapézoèdre peut
attirer l’attention de l’Être qui hante les Ténèbres, l’un des
avatars de Nyarlathotep. Le cas échéant, l’Être qui hante les
Ténèbres peut communiquer avec la personne qui regarde
à travers le trapézoèdre. Il peut même se matérialiser
physiquement sur place si le trapézoèdre est privé de toute
lumière environnante.
Compétence d’arcanes :
Contempler des lieux et époques lointains 8
Complications :
Tend à montrer des images aléatoires.
Celui qui le contemple attire l’attention de l’Être qui hante
les Ténèbres.
L’observer peut devenir hypnotisant.
Ouvrages du mythe
Il y a plusieurs siècles, les connaissances des arcanes qui
pouvaient être accumulées au prix de terribles pénuries et
sacrifices, voire de sa propre santé mentale ou physique,
étaient compilées dans des ouvrages manuscrits, des œuvres
uniques qui contenaient d’horribles secrets et les savoirs les
plus convoités. Ces volumes étaient rarement copiés et seuls
quelques-uns sont parvenus jusqu’à nous, que ce soit sous
forme originale ou de copies ou traductions postérieures.
L’arrivée de l’imprimerie permit d’en copier certains en
plus grandes quantités, mais pour finalement mieux finir
brûlés ou détruits par les fanatiques religieux ou par ceux
qui savaient ce qu’ils représentaient en réalité et craignaient
211
 trop leur pouvoir pour permettre leur existence. Malgré
tout, certaines copies imprimées, et même manuscrites,
traversèrent cette épreuve.
Avec la révolution de la communication qui s’est déroulée
tout au long du siècle dernier, la copie de ces ouvrages est
devenue beaucoup plus simple. Le plus dur étant toujours
de trouver un original. Malgré tout, il existe maintenant de
nombreux formats dans lesquels il est possible de trouver
des fragments de certains des plus célèbres et terribles livres
de l’Antiquité, allant de la photocopie et la photographie à
la numérisation.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ils ne sont
pas faciles à obtenir. D’une part, il existe beaucoup de
contrefaçons et de copies qui ne font que recenser des
superstitions en lien avec le Mythe. D’autre part, ceux
qui possèdent l’un de ces fragments de connaissances
authentiques ne sont généralement pas disposés à les
partager… sauf à prix d’or.
Autre idée reçue : il n’y a pas que dans les vieux livres que
l’on trouve des informations de valeur. Ceux qui ont été
confrontés d’une manière ou d’une autre au Mythe au cours
des cent dernières années ont compilé leur expérience dans
des journaux, des volumes manuscrits ou des documents
numériques. Dans leur énorme majorité, ces « ouvrages
modernes » sont encore inconnus et la plupart du temps
dépréciés. Pour une obscure raison, ceux qui cherchent
la Vérité se laissent séduire par le concept romantique du
vieux livre dont la couverture est faite de peau humaine
et rédigé dans le sang, comme si son contenu était plus
authentique ou puissant que celui d’autres documents plus
récents, comme si une expérience alchimique réalisée il y
a mille ans était plus empreinte de Vérité que les travaux
« scientifiques » modernes du seul fait de leur ancienneté,
comme si l’encre d’une plume contenait plus de pouvoir que
les zéros et les uns d’un ordinateur. En réalité, bien que les
apparences soient trompeuses, en ce qui concerne le pouvoir
qu’impliquent les connaissances du Mythe, le format de
compilation des informations est très peu important, et le
fait qu’elles soient rédigées dans un vieil ouvrage, écrites
dans un document numérique ou mémorisées par une
personne n’a guère d’importance.
LA MÉCANIQUE DES OUVRAGES
Chaque ouvrage a trois types de caractéristiques : une
valeur d’occultisme, qui représente les connaissances sur
le Mythe qu’il contient, les compétences d’arcanes, ayant
chacune leur propre valeur, et les instructions nécessaires
pour réaliser certains pouvoirs supérieurs.
En termes de mécaniques de jeu, les ouvrages sont
extrêmement puissants, mais il ne suffit pas de posséder
un livre pour pouvoir employer automatiquement tous
ses contenus. Lire un ouvrage et en extraire toutes les
informations utiles peut nécessiter une durée allant de
quelques heures à plusieurs jours, voire davantage. La
difficulté ne se limite pas à l’écriture manuscrite datant
parfois de plusieurs siècles ou aux lettres imprimées
hétérogènes et gâtées par le temps et l’humidité. Il faut
également compter avec la difficulté intrinsèque du
212
sujet et le fait que l’auteur n’est pas ou n’a pas voulu être
nécessairement clair dans ses explications. La langue et la
codification du livre constituent également des obstacles
pour ce genre d’ouvrage, car ils manquent cruellement
d’index, de définitions, de numérotation des pages ou
même de sens littéraire.
Pour illustrer la clarté d’un auteur d’un texte qui expose ses
informations et à quel point il est compréhensible, chaque
livre dispose d’une valeur de complexité qui sera employée
comme difficulté au moment de l’étudier ou de le consulter.
En outre, les principales caractéristiques du grimoire seront
représentées par une série d’aspects que le maître du jeu peut
activer pour rendre l’utilisation plus difficile pour les joueurs.
Il est possible de consulter un ouvrage pour en tirer des
informations utiles, ce qui se traduit par le fait qu’il peut
utiliser la valeur de compétence de de l’ouvrage à la place
de la sienne pour une tâche concrète. Logiquement, tous les
personnages ne seront pas capables de comprendre toute
la valeur des blasphèmes ou les terribles implications que
la lecture entraîne. La valeur maximale d’occultisme qu’un
personnage peut exploiter correspond donc à la somme de
son Intellect et d’une compétence de adéquate, comme
« Langues mortes » si le livre est rédigé dans l’une de ces
langues, « Cryptographie » si le texte est codé, « Alchimie »
si des références et connaissances alchimiques sont
évoquées, voire la compétence de du personnage, si cela
est pertinent. En cas de doute, le maître du jeu doit choisir
l’option la moins intéressante pour le personnage.
En outre, la consultation prend du temps, car la majorité
des grimoires n’ont pas d’index ou de structure logique.
Dans la plupart des cas, il s’agit de documents qui n’ont pas
été rédigés pour le plaisir de la lecture et beaucoup de leurs
auteurs étaient déments ou guidés par une logique peu
conventionnelle. Consulter un livre prend autant d’heures
que le double de la valeur de qu’il permet d’exploiter.
Une fois la consultation réalisée, un test d’Intellect plus la
compétence adéquate d’une difficulté égale à la complexité
de l’ouvrage doit être fait. En cas de succès, la valeur de
peut être utilisée. En cas de succès critique, c’est la valeur
maximale de qui est utilisée, même si elle dépasse le
maximum normalement autorisé pour le personnage.
Cependant, lire tant d’informations concentrées sur le
Mythe exerce une influence pernicieuse dans l’esprit du
personnage, et il perdra autant de points de Stabilité
Mentale que la valeur m obtenue pour le jet.
Exemple : Jenni Rintamaa doit rédiger une présentation
devant l’assemblée des actionnaires de son culte à propos
d’une enquête qu’elle menait. Au dernier moment, elle a
réussi à obtenir l’accès aux manuscrits pnakotiques,
qu’elle peut consulter pour faire une ultime révision de
son travail. En revanche, elle ne dispose que de douze
heures de travail avant la présentation. La valeur de
des manuscrits est de 11, tandis que la somme de
l’Intellect (4) et de la compétence « Dictionnaire en
ligne » (3) de Jenni donne 7. Par contre, la durée pendant
laquelle elle peut les étudier est de 12 heures, elle ne peut
donc espérer qu’utiliser une valeur de 6 au maximum.
La joueuse de Jenni lance les dés et obtient 4, 7 et 8. La
valeur centrale (7) est ajoutée à la valeur d’Intellect (4)
et à la compétence correspondante (dans ce cas,
« Dictionnaire en ligne » 3), ce qui donne 7+4+3=14. La
difficulté correspond à la complexité de l’ouvrage (18),
et elle est malheureusement supérieure au résultat du
jet. La joueuse décide d’activer l’aspect de Jenni « Son
travail, c’est sa vie » pour relancer tous les dés, suite à
quoi elle obtient 5, 6 et 6. Comme elle a activé un aspect,
elle utilise la somme des valeurs doubles (6+6=12) pour
réaliser son jet, soit 12+4+3=19 et parvient à dépasser la
difficulté. L’effort en a valu la peine : Jenni peut utiliser
une valeur d’occultisme de 6 au lieu de la sienne pour
vérifier que ses théories tiennent la route et, au moins,
elle pourra ajouter les manuscrits pnakotiques à sa
bibliographie de travail. En revanche, comme elle a
passé un temps considérable à lire des documents du
Mythe, elle perd autant de points de Stabilité Mentale
que la valeur m du dernier tirage (5).
En plus de la valeur de , les ouvrages contiennent
également des rituels et instructions pour lancer des
pouvoirs supérieurs. Les lire et les assimiler nécessite
autant de jours que le triple de sa valeur de complexité. Une
fois cette durée écoulée, le personnage doit faire un test
pour comprendre le livre sous Intellect plus la compétence
appropriée d’une difficulté de 5 plus la complexité de
l’ouvrage. En cas de succès ou de succès critique, les
instructions sont comprises et le personnage est en mesure
de commencer à préparer le pouvoir supérieur. En outre, il
perd autant de points de Stabilité Mentale que la valeur C
obtenue. Utiliser le pouvoir supérieur correspondant suit
les règles décrites à la page 193.
Un ouvrage peut également comprendre des sortilèges
et formules magiques, ce qui fait qu’il peut disposer de
compétences d’arcanes. Ces formules sont complexes et
nécessitent une certaine connaissance du Mythe pour
pouvoir être exécutées correctement. En conséquence,
l’utilisation des compétences d’arcanes qui se trouvent
dans les ouvrages se limite aux propres connaissances
du personnage. Il n’est pas possible d’utiliser d’autres
compétences d’arcanes dont la valeur est supérieure à celle
de son Intellect plus sa compétence de . En ce sens, il
n’est pas possible d’utiliser la valeur de de cet ouvrage,
mais il est possible de le faire pour un autre livre qui est
utilisé comme document de soutien.
Avant de pouvoir employer une compétence d’arcanes
incluse dans un grimoire, le personnage doit l’étudier
entièrement, mémoriser certains passages et s’entraîner aux
gestes et pas qu’il doit exécuter. Étudier une compétence
d’arcanes nécessite autant d’heures que la complexité du
livre multipliée par la valeur de cette compétence d’arcanes.
Une fois cette durée écoulée, le personnage maîtrisera la
compétence d’arcanes s’il réussit un test d’Intellect plus
d’une difficulté égale à la complexité de l’ouvrage. Le
personnage perd en outre autant de points de Stabilité
Mentale que la valeur m obtenue sur le jet.
Une fois la compétence d’arcanes étudiée, le personnage
pourra l’exécuter rapidement, comme si elle était une action
normale, mais pour la mener à bien il devra avoir l’ouvrage
devant lui afin de suivre scrupuleusement les instructions.
SÉLECTION D’OUVRAGES
Par souci de clarté, nous utilisons dans la description de
chaque ouvrage les noms des pouvoirs supérieurs et des
compétences d’arcanes qu’il contient tels qu’ils apparaissent
dans ce chapitre, mais il serait naïf de croire que c’est le
cas dans la réalité. En effet, non seulement leur nom peut
différer, mais également leur objet et les formules magiques
employées. Pour ces raisons, il est impossible de combiner
les connaissances d’une compétence d’arcanes qui
apparaîtrait dans plusieurs ouvrages de manière cumulative
ou d’en employer une d’un livre qui n’a pas été étudié, même
si le personnage a étudié une compétence identique portant
le même nom dans un autre ouvrage. Chaque compétence
d’arcanes qui apparaît dans chaque livre est indépendante et
différente d’une autre présente dans un autre tome, même si
elles partagent le même nom.
Dernière remarque : bien qu’on utilise de manière générique
les termes « ouvrages », « livre » ou « grimoire » pour
évoquer les sources de connaissances des arcanes, toutes ne
se trouvent pas dans de vieux livres poussiéreux : pages Web,
fichier PDF, journaux, collections de cartes, cartes postales,
disques de musique, tableaux, films… tout objet qui contient
des connaissances en lien avec le Mythe est considéré comme
un ouvrage. Voici certains des plus importants.
Allégorie du Purgatoire (retable)
Cette œuvre représente un paysage étrange, presque
extraterrestre, rempli de personnages richement détaillés,
certains humains, d’autres presque humains et les
derniers proprement monstrueux. La scène elle-même
apporte beaucoup d’informations, que ce soit dans les
représentations des créatures, dans leur comportement
ou leurs gestes, et divers détails cachent de nombreuses
instructions alchimiques occultes.
Celui qui passe beaucoup de temps à contempler cette
scène peut commencer à croire que les personnages
bougent réellement, que le paysage évolue et qu’il tombe
lui-même dans ce lieu maudit. Cette sensation se manifeste
principalement et plus intensément chez les personnes qui
savent ce qu’elles sont en train de contempler ou cherchent
des pistes alchimiques et des connaissances.
Complexité : 19
Aspects :
Pièce du plan de Van Weyden pour accéder à l’immortalité.
L’observer trop longtemps altère la perception et génère de
l’inquiétude.
Compétence d’arcanes :
Envoyer un cauchemar 1
Lire les étoiles 2
Regard de l’abîme 2
Voyage onirique 4
Pouvoirs supérieurs :
Créer une amulette de protection
Forger une aiguille magique
Occultisme : 6
213
 Autoportrait de Van Weyden (huile sur bois) Complexité : 20
Ceux qui ont suivi les traces de Van Weyden ont toujours Aspects :
cherché à retrouver son œuvre la plus insaisissable : son Chants de voix inhumaines.
autoportrait, que tout le monde croyait perdu jusqu’au Leurs échos peuvent parvenir jusqu’à Leng.
milieu du XXe siècle. Ce n’est que par hasard qu’une Leurs paroles n’ont pas de sens humain.
description d’une œuvre qui pourrait s’agir de l’autoportrait
Compétence d’arcanes :
a été retrouvée dans un inventaire d’objets spoliés de
Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, mais cette Hurlement d’outre-tombe 5
information n’a jamais pu être confirmée et l’autoportrait Mélodie infernale 3
est toujours dans la nature de nos jours. Appel de l’infini 4
Les légendes racontent qu’une partie de l’âme de Van Pouvoirs supérieurs :
Weyden est présente dans la peinture du tableau et que si Appeler Hastur
certains sortilèges sont prononcés correctement l’autoportrait Forger une dague de Leng
partagera toutes les connaissances de Van Weyden. En effet,
Occultisme : 2
certains pensent que l’artiste lui-même réside dans le tableau.
Complexité : 19 Cultes des Goules
Aspects : Cet ouvrage fut rédigé en 1702 par François-Honoré
Pièce du plan de Van Weyden pour accéder à l’immortalité. Balfour, comte d’Erlette. Peu de temps après sa publication,
L’observer trop longtemps altère la perception et génère de il fut dénoncé par l’Église pour ses contenus touchant à la
l’inquiétude. magie noire et la démonologie. Seuls quelques exemplaires
complets furent sauvés des flammes et une poignée de ceux-
Compétence d’arcanes : ci sont parvenus jusqu’à nous. Il a été écrit en français et
Envoyer un cauchemar 3 aucune source n’indique qu’il a pu être traduit.
Lire les étoiles 4
Son contenu est un amalgame de traditions de magie
Regard de l’abîme 3
noire sans fondements, de rites arcaniques, de sortilèges
Tentacules du succube 3
et de connaissances semi-légendaires. Les érudits le
Voyage onirique 8
tiennent en haute estime, car il contient de nombreux
Pouvoirs supérieurs : codes et plusieurs références et pistes qui peuvent être
Créer une amulette de protection révélateurs pour interpréter d’autres textes. En effet,
Forger une aiguille magiquea beaucoup le considèrent comme une grande introduction
Forger une dague de Leng élémentaire aux sujets arcaniques.
Portail onirique Complexité : 9
Occultisme : 8 Aspects :
Contient de nombreuses supercheries sans fondement.
Les chants dholes Contient de nombreux codes et références pour
Cet ouvrage est composé d’une série de chants créés par les comprendre d’autres œuvres antérieures.
habitants de Leng et compilés par un auteur inconnu. Certains Certains passages ont été censurés par son auteur.
des chants n’ont pas de pouvoir, mais d’autres provoquent des
effets variés. Interpréter et exécuter les chants n’est pas simple, Compétence d’arcanes :
car il faut produire des sons et tons inhumains. Souffle du dieu du froid 3
Appel de l’infini 1
Protection contre les arcanes 3
L’ŒUVRE DE VAN WEYDEN Signe de Koth 2
Signe de Voor 2
Van Weyden était un artiste, alchimiste et magicien du Signe rouge de Shude’Mell 3
XVe siècle, un parfait représentant de la Renaissance. En Tentacules du succube 2
revanche, ses œuvres artistiques n’ont jamais eu la même Murmures 2
célébrité que ses contemporains, peut-être parce que Van
Weyden ne cherchait pas à prouver sa maîtrise picturale, Pouvoirs supérieurs :
mais plutôt à se servir de son travail comme d’un moyen de Forger une aiguille magique
laisser des codes et indices sur ses investigations qui, selon Forger une spirale de fer stellaire
lui, pourraient lui permettre d’accéder à l’immortalité. Créer une amulette de protection
Rune majeure de Koth
Environ une douzaine de ses œuvres sont connues et
exposées dans divers musées et plusieurs collections privées. Occultisme : 6
Elles provoquent une inquiétude irrationnelle lorsqu’elles
sont observées, et c’est pourquoi elles ne bénéficient pas Daemonolatreia
d’une renommée notable, mais leur rareté a fait d’elles des Cette œuvre publiée en 1595 fut rédigée par Nicolas
pièces extrêmement chères, sans compter la valeur ajoutée Remy, également connu sous le nom de Remigius, un juge
qu’elles ont pour ceux qui savent les déchiffrer. français qui présida d’innombrables affaires de sorcellerie
214
pendant une cinquantaine d’années. Ce recueil résume
toutes ses enquêtes et a pour vocation de servir de guide
sur la sorcellerie pour mieux la détecter et poursuivre les
pratiquants des arts obscurs.
En majorité, l’ouvrage donne du crédit à des supercheries
sans valeur et des légendes populaires, mais il contient
également certains fragments de grande valeur.
Malheureusement, il ne contient aucune instruction
permettant de préparer des sortilèges ni aucun pouvoir,
mais il fournit des pistes les concernant.
Complexité : 10
Aspects :
Ne contient aucun sortilège, uniquement des références et
des descriptions.
Contient une bonne part d’informations historiques.
Contient peu d’informations fiables sur le Mythe.
Compétence d’arcanes :
Aucune.
Pouvoirs supérieurs :
Aucun.
Occultisme : 5
Journal de Joseph Curwen
Joseph Curwen était un puissant nécromant du XVIIe siècle
qui s’est entièrement consacré à l’étude de la résurrection
des morts à partir de leurs cendres ou de sels essentiels
dans le but d’arracher leurs connaissances magiques à ses
malheureuses victimes.
Il mourut à la fin du XVIIIe siècle, mais fut ramené à la
vie par l’un de ses descendants, Charles Dexter Ward, au
début du XXe siècle, avant d’être tué peu de temps après
par le docteur Willard, le médecin de la famille Ward. Son
journal est considéré comme perdu, car il est resté dans
les catacombes qui lui servirent de laboratoire, et elles
furent scellées par magie.
Complexité : 14
Aspects :
Crypté par de complexes codes alchimiques.
Compétence d’arcanes :
Appel de l’infini 8
Protection contre les arcanes 4
Pouvoirs supérieurs :
Créer une amulette de protection
Interprétation des cendres
Héritage du sang
Occultisme : 6
Journal des recherches d’Herbert West
Herbert West était un chirurgien brillant et un médecin
compétent qui a vécu au début du XXe siècle et disparut
en 1921. Il conclut ses études de médecine à l’Université
d’Arkham, où il commença à rédiger son journal pour
compiler ses recherches sur la résurrection.
Son journal est un voyage qui emmène dans les notes d’un
jeune homme enthousiaste et motivé par l’humanisme
qui va progressivement se déshumaniser pour devenir
fou de paranoïa et plonger toujours plus profondément
dans des recherches démentielles qui ne servent qu’à
satisfaire sa propre curiosité morbide.
Au fil des 17 ans de travaux, il a mené une multitude
d’expériences et de réanimations. Dans presque chacune
d’elles, le cadavre qu’il parvenait à ramener à la vie était
un être dément, inhumain, le plus souvent possédé par
des pulsions homicides et cannibales. West mit cela sur
le compte de la corruption que la mort exerce sur le
système nerveux des corps, ce qui finit par le conduire
à commettre un assassinat pour disposer d’un cadavre
suffisamment frais. Ce fut un point de non-retour.
À partir de ce moment, ses expériences furent toujours
plus macabres, au point de s’intéresser à la réanimation
de parties amputées du corps.
Dans les dernières pages de son journal, il explique qu’il
pense que les morts qu’il a ressuscités et qu’il n’est pas parvenu
à tuer de nouveau sont venus le chercher. Impossible de dire
s’il a rédigé cela sous l’influence de la peur ou de l’attente…
Complexité : 13
Aspects :
Sa théorie sur la résurrection est très convaincante.
Pour le comprendre, il faut disposer de solides
connaissances en chimie et médecine.
Compétence d’arcanes :
Aucune.
Pouvoirs supérieurs :
Sérum réanimateur d’Herbert West
Occultisme : 2
Cinquième tome de Ptolémée
Le Tetrabiblios est un ouvrage sur l’astrologie, rédigé par
Ptolémée d’Alexandrie, l’un des plus grands astronomes et
astrologues de l’Antiquité. Son œuvre aborde la philosophie,
l’astrologie et l’horoscope au fil de quatre tomes.
En revanche, ce que la majorité des érudits ignore,
c’est qu’il existe un cinquième tome qui traite des
alignements et des conjonctions stellaires, leurs effets
sur plusieurs aspects magiques et alchimiques et les
terribles aboutissements qui en découlent.
On ne sait pas avec certitude pour quelle raison ni même
qui fut responsable du fait que ce tome ne fut jamais joint
aux quatre autres, mais depuis sa publication il n’a été copié
que quelques fois et ne fut jamais traduit du grec ancien.
Complexité : 16
Aspects :
Rédigé en grec ancien.
Le comprendre nécessite des calculs mathématiques
astronomiques.
Les étoiles peuvent être très ambiguës.
Ils sont venus des étoiles.
Compétence d’arcanes :
Lire les étoiles 10
Signe de Voor 4
215
 Pouvoirs supérieurs :
Aucun.
Occultisme : 5
Récit de Bartolomeo Corsi
Dans ce manuscrit du XIIe siècle, un moine bénédictin
raconte la « possession » dont il a été victime et comment
son âme fut emmenée dans « un autre monde ou une autre
époque », dans le corps d’un être infernal. Ses paroles
décrivent tout ce qu’il a vécu dans ce lieu, ce qu’il y a vu,
les secrets qu’il a appris de ses ravisseurs, qui se présentent
comme la « Grande Race de Yith » et qu’il a pu rencontrer.
Parmi eux, il mentionne Nazaniel Vingueit, qui serait une
autre âme séquestrée au XXe siècle. On considère que cette
œuvre est le récit le plus ancien qui prouve l’existence des
voyages temporels de la Grande Race.
Complexité : 11
Aspects :
Rédigé en vieil italien.
Rédigé depuis un point de vue purement chrétien.
Les détails révèlent de grands secrets sur la Grande Race.
N’existe qu’en un seul exemplaire.
Compétence d’arcanes :
Aucune.
Pouvoirs supérieurs :
Aucun.
Occultisme : 6
http://cys2ndatfwxlp32x.onion
Cette mystérieuse page se trouve dans le deep Web
d’Internet. Personne ne sait qui est derrière sa création,
bien que certains cultes affirment qu’il pourrait s’agir de
Nyarlathotep, en raison des événements qui ont forgé la
légende ce cette page. Cette dernière n’est pas toujours
active, et bien entendu personne n’a été capable de
tracer son origine. Son contenu change et son apparition
coïncide avec des événements en lien avec le Mythe.
Les visiteurs ne savent jamais ce qu’ils vont y trouver,
ni combien de temps elle sera disponible et, pour cette
raison, de nombreux cultes la surveillent. Voici quelques-
uns des événements marquants qui la concernent :
1er septembre 2004. Peu après la création du réseau Tor,
ce site apparaît. Il n’est accessible qu’à des utilisateurs
munis d’un identifiant et d’un mot de passe. Aucune
personne ne semble jamais y avoir pénétré.
11 janvier 2005. Pendant 15 minutes, le site diffuse une
image que seules 120 personnes parviennent à voir.
Elles meurent toutes le jour même d’un arrêt cardiaque.
28 avril 2006. Le site ouvre un forum. Les utilisateurs
semblent aborder des sujets apparemment sans
cohésion. Personne ne sait s’ils constituaient un culte
ou non, mais des Grands Anciens sont mentionnés à
plusieurs reprises. Les expressions « le roi descend »
et « le roi s’élève » sont répétées de nombreuses fois.
Certains les associent au « Roi en jaune », une pièce de
théâtre consacrée à Hastur (page 120).
28 avril 2007. Le site redevient inactif.
216
6 octobre 2008. Pendant 24 heures, l’accès au
site provoque une surchauffe dans les circuits des
ordinateurs qui tentent d’afficher la page.
7 octobre 2009. Le site apparaît dans une liste générale
de liens « .onion » et connaît une affluence de visiteurs
importante. L’accès au site ne redevient possible qu’avec
un nom d’utilisateur et un mot de passe, mais cette
fois-ci plusieurs membres de divers cultes parviennent
à y entrer. Selon certaines rumeurs, l’identification sur
la page permettait d’accéder à quelques pages en latin
du Necronomicon.
13 mars 2010. Le site est de nouveau hors service.
11 février 2011. Pendant 71 heures, le site affiche une
liste de coordonnées GPS. La raison est inconnue,
mais on pense qu’il s’agit de lieux clefs.
21 juillet 2014. Un compte apparaît sur le site avec un
retard de 120 jours. En outre, toutes les 24 heures, un mot
apparaît. Plusieurs cultes compilent les mots, pensant
qu’un message se cache derrière leur signification.
Complexité : À la discrétion du maître du jeu.
Aspects :
N’importe quoi peut y apparaître.
Compétence d’arcanes :
À la discrétion du maître du jeu.
Pouvoirs supérieurs :
À la discrétion du maître du jeu.
Occultisme : À la discrétion du maître du jeu.
Enregistrement d’Hastur
Cette bobine, enregistrée à un moment du XXe siècle
par un culte pour on ne sait quelle raison, présente tous
les éléments du rituel qu’il menait pour appeler Hastur
sur Terre. Peut-être ses membres pensaient-ils que
l’enregistrement ne poserait pas de problème.
Les derniers photogrammes de la bobine montrent
l’apparition de quelque chose qui pourrait être Hastur…
mais le reste de la pellicule a brûlé ou a été détruit.
Personne ne sait ce qu’il est arrivé aux cultistes ni même
qui ils étaient, car ils portaient des tuniques et des
masques pour dissimuler leur identité.
Récemment, quelqu’un a mis la main sur l’original, l’a
numérisé et l’a vendu à certains érudits du Mythe. Sa
valeur réside dans le fait que les différentes étapes du
rituel sont enregistrées, mais également certains des
éléments utilisés. On distingue même un exemplaire
du Necronomicon qui explique en détail, bien qu’il soit
illisible, certains schémas du rituel.
Complexité : 21
Aspects :
Enregistrement du début du siècle de mauvaise qualité.
Pas de son.
La fin est démentielle.
Compétence d’arcanes :
Aucune.
Pouvoirs supérieurs : cette langue aujourd’hui ? Peut-être Eibon seul, qui,
Appeler Hastur comme l’explique la légende, serait revenu de son exil
sur Saturne pour vagabonder dans les Contrées du Rêve.
Occultisme : 3
Complexité : 20
Livre d’Eibon Aspects :
Cet ouvrage est attribué à Eibon, un magicien légendaire Le texte est un interminable éloge à Tsathoggua.
de l’Hyperborée qui adorait Tsathoggua. Le livre Rédigé en hyperboréen.
décrit plusieurs sortilèges, fruits de rituels consacrés à Rédigé avec du sang provenant d’un autre monde sur
Tsathoggua et des connaissances acquises au cours de ses le cuir d’une créature impossible.
voyages dans d’autres mondes.
Compétence d’arcanes :
Il n’en existe aucun exemplaire complet, mais uniquement
Caresse de Shub-Niggurath 4
des fragments dans plusieurs langues, et beaucoup d’entre Corps informe 8
eux sont complètement inutilisables en raison des erreurs Empathie féline 6
de traduction ou parce qu’ils sont incomplets. Protection contre les arcanes 6
Voyage onirique 7
Liber Ivonis
Pouvoirs supérieurs :
Ce fragment traduit en latin est l’un des plus connus et
utilisés. Entre autres, il traite des différentes formes de Créer un cristal de Yog-Sothoth
Tsathoggua et de la manière dont ses suivants peuvent Duplication
imiter leur seigneur en faisant muter leur propre forme. Rune majeure de Koth

Complexité : 14 Occultisme : 10

Aspects :
Le texte est un interminable éloge à Tsathoggua.
Ses phrases font muter.
Rédigé en latin.
Compétence d’arcanes :
Corps informe 6
Pouvoirs supérieurs :
Duplication
Portail onirique
LE DEEP WEB
Occultisme : 6
fond ou deep Web,
Le Web caché, Web pro
ns de ses noms, est
Livre d’Ivon pour ne citer que certai
onnue des utilisateurs
une partie d’Internet inc
Ce fragment en français médiéval est la traduction résente 95 % des sites.
habituels, bien qu’il rep
de l’œuvre latine, mais elle est truffée d’erreurs et les sites qui ne sont
Il est constitué de tous
d’omissions. Sa valeur réside dans le fait qu’elle contient s par les moteurs de
pas directement indexé
des passages perdus de la version latine. et dont le contenu est
recherche conventionnels
r ce réseau, les adresses
Complexité : 14 généralement obscur. Su
alphanumériques de
Aspects : sont des séquences
artenir au domaine
16 caractères pouvant app
Le texte est un interminable éloge à Tsathoggua. d presque impossible
« .onion », ce qui ren
Contient de nombreuses erreurs et approximations. effet, sans connaître
une visite par erreur. En
Rédigé en français médiéval. poser d’un lien, il est
l’adresse exacte ou sans dis
le site existe.
Compétence d’arcanes : impossible de savoir que
s qui pénètrent sur
Corps informe 3 La majorité des culte
s le réseau Tor, qui
Empathie féline 4 Internet le font à traver
onyme et non restreint
permet un accès libre, an
Pouvoirs supérieurs : uvent déployer leurs
au Web profond, où ils pe
Aucun. communications sans
actions et entretenir les
Occultisme : 4 crainte d’être découverts.

Livre d’Eibon
Ce fragment est sans conteste le plus puissant de tous, car
il est écrit dans la langue originale (l’hyperboréen) et n’a
pas subi les conséquences préjudiciables de mauvaises
traductions. Et pourtant, qui serait capable de déchiffrer
217
 Les sept livres cryptiques de Hsan
L’origine de ces livres est inconnue, mais beaucoup
pensent qu’ils sont arrivés depuis un lieu éloigné d’une
autre dimension, comme Ulthar ou Leng. Ce sont
des sages chinois qui les découvrirent en premiers
et les traduisirent dans leur langue. Personne ne sait
exactement quand cela aurait pu se produire, mais les
fragments les plus anciens datent du IIe siècle av. J.-C.
Des traductions plus anciennes ont sûrement existé, mais
ce texte a été traqué en Chine, étant considéré comme
un traité de magie noire, et de nombreux exemplaires
furent détruits. À partir des fragments qui perdurèrent,
plusieurs savants chinois tentèrent de reconstituer le
texte complet, mais avec un succès relativement limité.
Le premier contact qu’a eu l’Occident avec ce texte s’est
produit à un moment du XVIIIe siècle, et il existe donc
une traduction en anglais, The Seven Cryptical Books
of Earth très peu connue et de mauvaise qualité, qui
date de 1729. Au cours du XXe siècle, des traductions en
anglais et en français des fragments les plus connus ont
également été réalisées.
Les sept livres cryptiques de Hsan contiennent plusieurs
connaissances de grande valeur, mais les problèmes de
copies et traductions successives ont rendu la majorité
de ses sortilèges et pouvoirs inefficaces, voire dangereux
pour ceux qui tentent de les réaliser.
Les sept livres cryptiques de Hsan (version
complète d’Ulthar)
Certains textes évoquent dans leurs notes l’existence
d’un exemplaire complet de ces traités dans le temple des
Dieux Anciens d’Ulthar, mais personne ne reconnaît les
avoir vus un jour.
Complexité : 24
Aspects :
Rédigé dans une langue qui n’a jamais été parlée par
un humain.
Son contenu est une énigme qui doit être résolue.
Contient des secrets inconnus de l’être humain.
Doté d’une sagesse complètement démentielle.
Compétence d’arcanes :
À la discrétion du maître du jeu, d’une valeur allant de 1
à 10, dont cinq d’une valeur maximale de 12.
Pouvoirs supérieurs :
À la discrétion du maître du jeu.
Occultisme : 15
Les sept livres cryptiques de Hsan
(compilation chinoise)
L’une des compilations chinoises. Cet exemplaire est le
plus proche de la version complète pouvant être obtenu.
Complexité : 19
Aspects :
Rédigé dans un mélange de plusieurs dialectes
chinois anciens.
Son contenu est une énigme qui doit être résolue.
Doté d’une sagesse complètement démentielle.
218
Compétence d’arcanes :
À la discrétion du maître du jeu, d’une valeur maximale
de 6, dont trois d’une valeur maximale de 8.
Pouvoirs supérieurs :
Duplication
Changer d’hôte
Appeler Hastur
Brumes maudites
Portails oniriques
Rune majeure de Koth
Occultisme : 12
The Seven Cryptical Books of Earth (traduction
moderne en anglais)
Cet ouvrage, bien qu’il ne soit pas évident à trouver, est
relativement accessible. Son édition date de la moitié
du XXe siècle et, bien qu’il n’ait pas été publié en de
nombreux exemplaires, il est possible d’en trouver une
copie pas trop usée dans une boutique de vieux livres.
Complexité : 18
Aspects :
Son contenu est une énigme qui doit être résolue.
Les problèmes de traduction empêchent une
interprétation fluide.
Doté d’une sagesse complètement démentielle.
Compétence d’arcanes :
Aucune, car la traduction a dénaturé les détails de tous
les sortilèges qu’il contient.
Pouvoirs supérieurs :
Brumes maudites
Occultisme : 4
Manuscrits pnakotiques
L’origine de ces manuscrits est attribuée à la Grande Race
de Yith. Ils lèvent le voile sur de grands mystères sur
l’espace, le temps et les voyages à travers ces dimensions
et les travaux et réussites de la Grande Race.
Ces manuscrits ont été copiés et traduits un nombre
incalculable de fois. En dépit de son ancienneté, les
connaissances qu’ils contiennent ont réussi à perdurer
jusqu’à nos jours grâce à l’action d’un culte, la Fraternité
pnakotique, qui les a conservés et copiés depuis des
milliers d’années. En effet, les manuscrits originaux ont
été emportés à Ulthar il y a 25 000 ans pour les conserver.
La version la plus récente et la seule connue actuellement
dans notre monde est une traduction en grec ancien
appelée Pnakotique.
Complexité : 18
Aspects :
De nombreux chapitres font référence à des termes que
seule une perception inhumaine peut comprendre.
Ses révélations peuvent rendre fou.
Contient des pistes menant à l’emplacement de cités de
la Grande Race.
Les agents de la Grande Race surveillent ceux qui
consultent ces manuscrits.
Compétence d’arcanes :
Passage de Yog-Sothoth 7
Lire les étoiles 6
Signe de Koth 5
Signe de Voor 5
Protection contre les arcanes 8
Pouvoirs supérieurs :
Changer d’hôte
Créer un cristal de Yog-Sothoth
Malédiction horrifique
Occultisme : 11
Necronomicon
Le Necronomicon est sans nul doute le plus célèbre,
convoité et infâme des ouvrages de connaissances
arcaniques jamais écrits de la main de l’Homme. Ce fut
l’Arabe dément Abdul Alhazred qui le rédigea environ à la
première moitié du VIIIe siècle, sous le titre Kitab al-Azif
ou « Le bruit des insectes dans la nuit ». Le livre explique
qu’une bonne partie des connaissances compilées entre
ses pages proviennent d’Iram, la Cité des Colonnes. Ainsi,
Abdul Alhazred fut le premier humain à y poser le pied et
à en revenir vivant et capable d’en parler.
Aussi terrible que soit son contenu, une poignée de copies
manuscrites en ont été faites et, deux siècles plus tard,
l’une d’entre elles a atterri entre les mains de l’érudit Grec
Théodorus Philetas. Ce fut lui qui le traduisit en grec sous le
nom qui est le plus employé aujourd’hui, le Necronomicon.
Le texte grec fut condamné par les patriarches orthodoxes,
et il fut poursuivi et détruit jusqu’à son éradication
presque totale. Malgré cela, un exemplaire survécut
suffisamment longtemps pour être traduit en latin en
1228 par Olaus Wormius, un médecin et antiquaire
danois. Comme cela avait été le cas deux siècles plus tôt,
l’œuvre fut condamnée par le pape Grégoire IX et tous
ses exemplaires détruits par l’Inquisition.
Au cours des siècles qui suivirent et une fois l’imprimerie
inventée, il fut copié clandestinement plusieurs fois. En
Allemagne au cours du XVe siècle et en Espagne pendant
le XVIIe siècle, des impressions circulèrent en version
latine. Au XVIe siècle, en Italie, ce furent une poignée
d’exemplaires en grec qui furent copiés. De nombreux
érudits pensent que ce fut au cours du XVIIe siècle qu’il
y eut le plus d’exemplaires dans le monde, car il ne fut
plus jamais copié en aussi grandes quantités depuis et
la majorité des exemplaires furent détruits par le feu,
tombèrent dans l’oubli ou autre.
Il convient de mentionner John Dee, un mathématicien,
astronome et magicien qui traduisit le Necronomicon en anglais
à un moment au cours de la seconde moitié du XVIe siècle, et
c’est la seule langue moderne dans lequel on peut le trouver.
Actuellement, seuls quelques exemplaires complets
dans l’édition latine et anglaise existent encore, et tous
sont conservés précieusement dans des bibliothèques
nationales ou universitaires, mais il est également possible
de trouver des fragments épars, jalousement gardés tant
dans des universités ou de vieilles bibliothèques que dans
des collections privées. La version arabe est considérée
comme perdue depuis le Moyen Âge, tandis qu’aucun
exemplaire en grec n’a été vu depuis la chasse aux
sorcières en Nouvelle-Angleterre à la fin du XVIIe siècle.
Le prix que pourrait atteindre aujourd’hui un exemplaire
latin complet est exorbitant, et un exemplaire original en
arabe n’a tout simplement pas de prix.
À la lumière de sa longue et riche histoire, voici
plusieurs versions du Necronomicon qui ont différentes
caractéristiques du fait de la diversité de leurs éditions
ou de la fragmentation de leur contenu. En outre,
certains affirment que certains des volumes ont muté
spontanément avec le temps pour suivre on ne sait quel
dessein, et que son propre contenu a changé.
Kitab al-Azif (original complet en arabe)
Jamais un ouvrage plus puissant que celui-ci n’a existé. Toutes
les connaissances dont on pourrait rêver se trouvent entre ses
pages, et de tels secrets transcendent le temps et l’espace.
Complexité : 16
Aspects :
Probablement le dernier qu’il reste.
Rédigé en ancien arabe.
Seul un véritable initié peut tenter de le comprendre.
Tout ce que les Hommes ont un jour su sur les Grands
Anciens se trouve entre ses pages.
Il est beaucoup plus que du cuir, du papier et de l’encre.
Celui qui lit ses pages est condamné à la folie et à une
mort horrible.
Compétence d’arcanes :
À la discrétion du maître du jeu, d’une valeur maximale
de 10, dont trois d’une valeur maximale de 15.
Pouvoirs supérieurs :
À la discrétion du maître du jeu.
Occultisme : 18
Necronomicon (manuscrit complet en grec)
On pense que ce texte est perdu, du moins sous sa forme
intégrale. Si quelqu’un parvenait à mettre la main sur
l’un de ses exemplaires, il pourrait savourer le fait qu’il
tient un ouvrage au pouvoir inconcevable, peut-être le
plus puissant de l’histoire actuelle.
Complexité : 16
Aspects :
Valeur inestimable.
Rédigé en grec ancien.
Seul un véritable initié peut tenter de le comprendre
. Certains de ses fragments sont la folie à l’état pur.
Tout ce que les Hommes ont un jour su sur les Grands
Anciens se trouve entre ses pages.
Il est beaucoup plus que du cuir, du papier et de l’encre.
Compétence d’arcanes :
À la discrétion du maître du jeu, d’une valeur maximale
de 8, dont trois d’une valeur maximale de 12.
Pouvoirs supérieurs :
À la discrétion du maître du jeu.
Occultisme : 15
219
 Necronomicon (manuscrit complet en latin)
À l’instar de la traduction en grec, ce texte est
extrêmement rare et jalousement gardé. Bien qu’il
contienne une grande quantité de connaissances,
de nombreux détails essentiels ont été perdus dans
la traduction ou dans les exemplaires postérieurs,
et certains de ses passages ont perdu leur véritable
signification et certaines formules, leur pouvoir.
Complexité : 16
Aspects :
L’ouvrage le plus convoité.
Rédigé en latin.
Certains de ses fragments sont la folie à l’état pur.
Tout ce que les Hommes ont un jour su sur les Grands
Anciens se trouve entre ses pages.
Il est beaucoup plus que du cuir, du papier et de l’encre.
Contient des fragments dénaturés par les traductions
ou les copies successives.
Compétence d’arcanes :
Les rituels proposés varient d’un exemplaire à l’autre, car
tous ceux qui se trouvaient dans l’ouvrage original n’ont
pas été traduits ou copiés correctement. En outre, certains
schémas et diagrammes n’ont pas été reproduits avec
l’exactitude nécessaire, les rendant inutiles. Ainsi, le livre
peut contenir une compétence d’arcanes que le maître du
jeu estime raisonnable d’une valeur maximale de 12, au plus
trois compétences d’une valeur maximale de 8 et autant de
compétences qu’il le souhaite d’une valeur maximale de 4.
Pouvoirs supérieurs :
Comme dans le cas des compétences d’arcanes, le contenu
des pouvoirs supérieurs fonctionnels peut varier d’un
exemplaire à un autre, mais ce n’est pas un répertoire très
dense. En conséquence, chaque copie contient jusqu’à
cinq pouvoirs supérieurs qui peuvent fonctionner.
Occultisme : 12
Necronomicon (fragment imprimé en latin)
Ce fragment aborde surtout l’immortalité et les différents
moyens de tromper la mort, ainsi que le terrible prix
nécessaire à cela. Il évoque également l’origine de la
dégénérescence et du poids de l’âge, ainsi que la mort,
qui peut être provoquée autant qu’évitée.
Complexité : 17
Aspects :
Rédigé en latin.
Il est beaucoup plus que du cuir, du papier et de l’encre.
Contient des erreurs de traduction.
L’immortalité que promettent ses pages a un prix.
Compétence d’arcanes :
Caresse de Shub-Niggurath 8
Toucher d’Azathoth 6
Pouvoirs supérieurs :
Changer d’hôte
Malédiction du sang
Héritage du sang
Occultisme : 7
220
Necronomicon (fragment imprimé en anglais)
Ce fragment traite du Grand Cthulhu qui sommeille dans
les profondeurs et de la plupart de ses suivants, ainsi que des
étoiles qui prophétiseront son réveil. Il aborde également
les rituels d’adoration et les sacrifices qui sont faits en son
nom, ainsi que la manière de lui demander des faveurs.
Complexité : 17
Aspects :
Il est beaucoup plus que du cuir, du papier et de l’encre.
Contient des erreurs de traduction.
Ses phrases contiennent l’appel primal de l’océan.
Ne peut périr ce qui sommeille éternellement. Et au fil
de l’éternité, même la mort peut mourir.
Compétence d’arcanes :
Marque d’Innsmouth 4
Lire les étoiles 4
Pouvoirs supérieurs :
Aucun.
Occultisme : 7
Necronomicon (fragment manuscrit en latin)
Ce fragment contient une longue description des
Contrées du Rêve et des différents rituels qui permettent
de s’y rendre et d’y voyager, ainsi que les nombreux périls
qu’on peut y rencontrer.
Complexité : 17
Aspects :
Il est beaucoup plus que du cuir, du papier et de l’encre.
Contient des erreurs de traduction.
Ses phrases résonnent dans les rêves de celui qui le lit.
Lire ses lignes provoque une étrange torpeur.
Compétence d’arcanes :
Voyage onirique 9
Rêveur 4
Signe de Voor 4
Envoyer un cauchemar 6
Pouvoirs supérieurs :
Portail onirique
Occultisme : 8
Pervobytnyy Khaos
Le chaos primitif est le nom d’un document numérisé
d’une centaine de pages apparu vers 2010 et qui a circulé
sur le réseau. Personne n’est certain de sa provenance,
bien que de nombreuses théories aient circulé à ce
propos. Selon la plus en vue, le responsable serait un
hacker qui l’aurait obtenu lors d’une attaque sur une
ancienne base de données russe. Une autre version dit
qu’il aurait été propagé par son propre auteur, un certain
Basili Lozhnyy (un pseudonyme), qui serait mort peu de
temps après.
Quoi qu’il en soit, il s’agit principalement d’un rapport
technique sur les tests réalisés par l’Union soviétique
pendant la guerre froide pour associer des éléments
arcaniques à la science moderne afin de créer l’arme ultime.
L’information qui apparaît dans le rapport est incomplète
et relativement inoffensive. En revanche, ses marges
sont couvertes de notes, codes, dessins et absurdités qui
apportent un ton bien plus sombre à l’ensemble.
Le texte mentionne plusieurs auteurs, mais tous sauf
Basili Lozhnyy sont biffés au point d’en être illisibles.
Ce détail a conduit certains à penser que la plupart des
notes sont les siennes.
Complexité : 15
Aspects :
Les marges contiennent des codes.
Associe la science aux connaissances arcaniques.
Compétence d’arcanes :
Lire la toile du chaos 8
Lire les étoiles 3
Pouvoirs supérieurs :
Invoquer Azathoth (selon cette version, le rituel
requiert six sacrifices humains à l’intérieur du cercle
d’un accélérateur de particules en fonctionnement. En
outre, des particules provenant d’un étrange minéral
nommé pierre des Grands Anciens [page 208] doivent
être introduites dans l’accélérateur).
Occultisme : 6
Projet Créateur
Ce document de plus 4 000 pages compile sous forme
de nombreux travaux et notes les progrès, expériences,
plans de dispositifs, programmes développés et rituels
réalisés pour unir la technologie moderne et les
pouvoirs ancestraux des arcanes. En outre, le document
comporte de nombreuses références aux Mi-Go et à leur
technologie.
Ces travaux furent développés principalement par des
membres du Groupe d’Analyse de la Métaphysique du
Chaos (page 176), mais l’un de ses membres, le Dr Han,
a copié ou volé un grand nombre de ces documents et,
après avoir assassiné un autre membre du culte, s’est
enfui avec. Des mois plus tard, sont apparues des copies
des documents sous le nom de « Projet Créateur »,
d’abord sur le marché noir, puis sur Internet. Même
ainsi, les obtenir est difficile. Le culte a fourni beaucoup
d’efforts pour en éliminer toute trace, notamment les
personnes qui auraient pu apprendre certains éléments
de leurs secrets.
Complexité : 17
Aspects :
Associe des connaissances techniques à de complexes
rituels arcaniques.
Rationalise les arcanes par le biais de la technologie.
Une partie de son contenu est crypté.
Ses marges contiennent des notes démentielles.
Compétence d’arcanes :
Intuition du Mi-Go 4
Voix du vide 8
Pouvoirs supérieurs :
Générer une entité informatique intelligente.
Fabriquer une arme à rayon Mi-Go.
Occultisme : 8
Saducismus Triumphatus
Ce livre compile de nombreuses traditions et de nombreux
secrets sur la sorcellerie et la magie qui, selon lui, auraient
un lien avec la secte juive des saducéens. En outre, il
contient d’étranges faits sur lesquels l’auteur a enquêté,
comme celui d’un poltergeist, et il explique comment se
protéger de la magie noire. Il a été rédigé par le philosophe
et ecclésiastique anglais Joseph Glanvill et publié à titre
posthume en 1681.
Complexité : 14
Aspects :
Rédigé en latin.
Certaines vérités fortement teintées de superstitions
sur la sorcellerie.
Compétence d’arcanes :
Protection contre les arcanes 2
Pouvoirs supérieurs :
Aucun.
Occultisme : 3
Triptyque des horreurs (triptyque)
Les rares érudits familiarisés avec l’œuvre de Van
Weyden considèrent que ce triptyque aurait pu être son
chef-d’œuvre. On sait également que l’artiste, peu avant
sa disparition, a divisé le triptyque et offert un panneau à
chacun de ses trois principaux disciples. Depuis, l’œuvre
est perdue, bien que le culte des Dilettantes de Van
Weyden (page 169) ait réussi à en réunir deux pièces.
On sait que chacun des panneaux montre une scène
qui présente différentes étapes d’un rituel magique ou
alchimique. Comme pour de nombreuses œuvres de Van
Weyden, chaque tableau est parsemé de personnages et
de centaines de petits détails qui, ensemble, forment une
scène de cauchemar.
Complexité : 21
Aspects :
Pièce du plan de Van Weyden pour accéder à
l’immortalité.
L’observer trop longtemps altère la perception et
génère de l’inquiétude.
Dissimule les plus grands secrets de Van Weyden.
Compétence d’arcanes (chaque valeur est à utiliser si
l’on possède un, deux ou les trois panneaux de l’œuvre) :
Voyage onirique 3/5/8
Tentacules du succube 1/3/6
Absorbeur d’auras 1/2/4
Pouvoirs supérieurs (un pouvoir pour chaque panneau) :
Portail onirique
Créer un cristal de Yog-Sothoth
Changer d’hôte
Occultisme : 2/4/8
221
 Unaussprechlichen Kulten
Cultes innommables, également connu sous le nom
de Livre Noir, a été rédigé par le poète et philosophe
allemand Friedrich Wilhelm von Junzt et publié en
1839 à Düsseldorf. Bien que l’édition originale ait été
considérable pour un livre avec ces caractéristiques,
beaucoup de ses acheteurs brûlèrent les livres après avoir
eu vent du terrible décès de Von Junzt à peine un an après
la publication de l’ouvrage. L’auteur fut en effet retrouvé
dans une pièce comportant une seule entrée fermée de
l’intérieur avec la clef toujours dans la serrure. Il avait le
cou tranché par des griffes monstrueuses. Sa légende est
d’autant plus grande qu’on pense que Von Junzt avait eu
accès à la version grecque du Necronomicon.
Certains indices nous éclairent sur sa mort : au moment
de son décès, Von Junzt était en train de travailler sur
un second tome, mais on pense que ce manuscrit fut
détruit par son ami français Alexis Ladeau, qui mourut
également peu de temps après et dont la dépouille
comportait les mêmes marques.
Des années plus tard, en 1845, Cultes innommables
fut traduit en anglais dans une édition bâclée et truffée
d’erreurs de traduction. À partir de cette version, une
nouvelle édition censurée et simplifiée vit le jour en 1909,
à New York. Elle est très facile à localiser de nos jours.
Cultes innommables compile tout ce que savait Von
Junzt concernant les cultes aux Grands Anciens et
déités préhumaines, tant les anciens cultes oubliés il
y a longtemps que les plus récents. Ses explications
comprennent des descriptions de rites, les lieux dans
lesquels les réaliser et les idoles et artefacts à utiliser.
Von Junzt a été prudent et s’est servi de pseudonymes
et codes pour certains de ces lieux et artefacts, mais un
initié devrait être capable de déchiffrer ces codes.
Unaussprechlichen Kulten
Cette version est l’originale. C’est la plus difficile à
obtenir, mais également celle qui offre les informations
les plus fiables.
Complexité : 11
Aspects :
C’est la plus grande encyclopédie sur les cultes des
arcanes qui existe.
Les données clefs peuvent être décrites sous un
pseudonyme ou de manière codée.
Compétence d’arcanes :
Signe de Koth 8
Signe de Voor 8
Signe rouge de Shude’Mell 8
Voyage onirique 6
Pouvoirs supérieurs :
Créer une amulette de protection
Forger une aiguille magique
Rune majeure de Koth
Concocter la poudre d’Ibn Ghazii
Occultisme : 10
222
Nameless Cults (traduction complète en anglais)
Cette traduction est malheureusement truffée d’erreurs
de traduction et d’omissions et présente donc des
informations certes utiles, mais très confuses. En outre,
en raison de ces erreurs, la majorité des sortilèges et
rituels sont inexacts.
Complexité : 11
Aspects :
C’est la plus grande encyclopédie sur les cultes des
arcanes qui existe.
Les données clefs peuvent être décrites sous un
pseudonyme ou de manière codée.
Graves erreurs de traduction et approximations.
Compétence d’arcanes :
Signe de Koth 2
Signe de Voor 2
Voyage onirique 1
Pouvoirs supérieurs :
Aucun.
Occultisme : 5
Nameless Cults (édition de 1909)
Une édition entièrement expurgée de la version
anglaise qui contient une poignée d’informations utiles
uniquement. En revanche, elle est relativement facile à
trouver, notamment dans des librairies conventionnelles.
Complexité : 12
Aspects :
C’est la plus grande encyclopédie sur les cultes des
arcanes qui existe.
Les données clefs peuvent être décrites sous un
pseudonyme ou de manière codée.
Version expurgée contenant peu d’informations utiles.
Graves erreurs de traduction.
Compétence d’arcanes :
Voyage onirique 1
Pouvoirs supérieurs :
Aucun.
Occultisme : 4
Documentaire vidéo La légende d’Innsmouth
En 2005, un groupe d’étudiants de l’Université de
Miskatonic a réalisé un documentaire vidéo amateur
sur les légendes locales d’Innsmouth et le culte perdu
de Dagon, ainsi que sur les mystérieux événements qui
eurent lieu en 1927.
Ce documentaire ne montre rien de perturbant et se
borne pour sa plus grande partie à raconter des légendes
urbaines, des tergiversations et d’autres éléments qui n’ont
pas vraiment de lien avec ce qu’il s’est réellement produit.
En revanche, il apporte des pistes intéressantes, montre
des photographies anciennes et propose des entretiens
avec un vieil agent fédéral à la retraite qui reconnaît
avoir participé au coup de filet. Le documentaire montre
même le lieu consacré au culte de Dagon à l’époque, où
le spectateur peut admirer des détails authentiques. La
conclusion des élèves est cependant maladroite pour qui
est familiarisé avec le Mythe.
Le documentaire a acquis une certaine réputation
macabre, ce qui a contribué à sa propagation sur le Net,
car quelques mois après le tournage les trois jeunes qui
l’avaient réalisé ont disparu dans d’étranges circonstances.
Complexité : 7
Aspects :
Contient beaucoup d’informations insignifiantes
ou erronées.
Montre un autel consacré à l’adoration de Dagon
portant des pétroglyphes authentiques.
Compétence d’arcanes :
Aucun.
Pouvoirs supérieurs :
Aucun.
Ocultisme : 3
AUTRES OUVRAGES
La liste que nous venons de voir n’a pas pour prétention
d’être exhaustive et se limite à présenter les principaux et
plus puissants ouvrages du Mythe, ainsi que d’autres qui
ont réussi à acquérir une certaine renommée, méritée
ou non. Il en existe bien d’autres moins connus, mais
certainement tout aussi utiles qu’un culte peut trouver
lors de sa quête infinie de pouvoir. Il est possible de créer
ces ouvrages en suivant quelques étapes très simples
proposées ici pour donner un contexte unique à vos
parties et fournir les compétences d’arcanes et pouvoirs
supérieurs que le maître du jeu considère comme les plus
intéressants pour l’histoire.
Format : Commencez par réfléchir au type d’œuvre : les
livres anciens ou récents sont les plus courants, mais
comme vous avez pu le constater dans la liste précédente
il peut s’agir d’autres formats. Ainsi, un ouvrage peut
avoir la forme d’un journal, d’un tableau, d’une sculpture
gravée de runes, d’une tablette de pierre portant d’étranges
hiéroglyphes, d’un fichier numérique, d’une collection de
photos et coupures de journaux, voire d’un film. Tout ce
qui peut contenir des informations sur les arcanes est
potentiellement un ouvrage.
Auteur : Il est important de se demander qui est l’auteur
et quelle était son intention. Pour quelle raison une
personne pourrait coucher ses connaissances par écrit
(ou les compilerait, quel que soit le support) ? Cette
question a deux réponses possibles. Premièrement,
l’information peut être un registre destiné exclusivement
à l’usage de l’auteur. Deuxièmement, il peut avoir compilé
ces informations pour les transmettre à d’autres, de
manière plus ou moins exclusive. Dans ce cas, il faut se
demander quelle raison pourrait le pousser à partager
des connaissances ayant autant de valeur. Les différences
sont en outre majeures entre un traité contemporain
rédigé par un anthropologue cherchant à diffuser ses
informations, un journal de bord des expériences d’un
alchimiste du Ve siècle et des rapports scientifiques sur
d’étranges expériences réalisées dans les laboratoires
d’une multinationale. Enfin, n’oubliez pas qu’il est
possible que l’origine d’un ouvrage ne soit pas humaine.
Langue : Une fois que vous avez choisi qui est l’auteur et
quelles étaient ses intentions, la langue doit également
être définie. N’oubliez pas que les livres étaient
généralement rédigés dans des langues savantes comme
l’araméen, le latin ou le grec, et non pas dans la langue de
leur auteur. En outre, choisissez si l’auteur s’est servi de
codes, références ou pistes pour dissimuler une partie des
informations aux yeux des profanes.
Contenu : De quoi l’ouvrage traite-t-il ? Il peut aspirer
à devenir une encyclopédie des arcanes comme
le Necronomicon, mais il est plus probable qu’il se
concentre sur un thème plus concret. Pour cela, il suffit
de revenir à l’auteur et se demander ce qu’il souhaitait
transmettre. C’est un point clef, car il définit quels types
de compétences d’arcanes ou de pouvoirs supérieurs on
peut y trouver.
Par exemple, s’il s’agit d’un journal de bord d’une
recherche alchimique, il est possible que l’ouvrage
n’aborde pas de questions « basiques », mais uniquement
certaines expériences concrètes. Dans ce cas, il pourrait
contenir une ou deux compétences d’arcanes ou pouvoirs
supérieurs, mais également une valeur d’occultisme
faible, car il ne propose pas de contexte très étoffé. Au
contraire, si c’est une œuvre qui présente une quantité
d’informations générales sur le Mythe, elle disposera d’une
valeur élevée en occultisme, mais vraisemblablement
peu de compétences d’arcanes détaillées et encore moins
de pouvoirs supérieurs. Si c’est un livre de sortilèges, il
pourra contenir plusieurs compétences d’arcanes et
pouvoirs supérieurs, mais certainement reliés par un
même lien comme un thème commun.
Histoire : Il n’est pas nécessaire de créer une longue
histoire autour de l’ouvrage, car de nombreux détails
peuvent être ajoutés ultérieurement. En revanche,
certains éléments devraient rester clairs pour éviter
les incohérences. Le premier est son origine : est-elle
connue ou inconnue ? Où et quand exactement a-t-il
été rédigé ? Ensuite vient sa trajectoire historique : en
existe-t-il plusieurs exemplaires ou un seul ? A-t-il été
copié ou traduit par le passé ? Cet ouvrage est-il une
copie ou une traduction imparfaite d’un autre texte plus
ancien ? Et enfin, sa situation actuelle : est-il connu des
cercles ésotériques ? Est-il facile à trouver ? S’il n’en
existe qu’une poignée d’exemplaires, entre les mains de
qui se trouvent-ils ?
Une fois que vous avez réfléchi à toutes ces questions,
certains aspects adéquats vous viendront sûrement
naturellement à l’esprit, ainsi que la teneur de son contenu.
Il est maintenant temps de déterminer sa complexité.
Demandez-vous quelle est la logique qui sous-tend la
création de l’ouvrage, quels sont les éléments importants
pour sa compréhension, par exemple s’il a été rédigé
en langage codé ou extraterrestre, et prenez les aspects
en compte. Si les informations fournies sont claires, sa
complexité devrait être faible, tandis que si l’exposé est
confus, suit une logique inhumaine ou s’il a tendance à
distiller les informations de manière détournée ou par
insinuations, la complexité devrait être plus élevée.
223
 Quant aux compétences d’arcanes et pouvoirs
supérieurs disponibles dans l’ouvrage, veillez à éviter
la démesure, car cela peut complètement déséquilibrer
votre campagne. Gardez à l’esprit que les compétences
d’arcanes représentent des sortilèges mineurs qui ne sont
pas très compliqués à apprendre ou réaliser. En revanche,
les pouvoirs supérieurs constituent l’authentique pouvoir
d’un ouvrage, car il est normalement impossible de les
exécuter sans le texte (voir page 193). En outre, certains
pouvoirs supérieurs sont propres à un ouvrage unique et
ne peuvent être trouvés dans aucun autre, ce qui en fait un
objet à forte valeur pour celui qui le récupère.
Évidemment, il n’est pas nécessaire que les compétences
d’arcanes ou pouvoirs supérieurs que contient l’ouvrage
correspondent exactement à ceux proposés dans ce
chapitre : n’hésitez pas à les inventer. Les compétences
d’arcanes ne sont pas très compliquées à créer si vous suivez
les lignes directrices proposées page 189, mais les pouvoirs
supérieurs sont particulièrement dangereux. Si vous
ajoutez un nouveau pouvoir supérieur créé spécialement
pour l’ouvrage, assurez-vous que les conditions pour le
mener à bien soient proportionnellement complexes à sa
capacité à altérer le monde.
CRÉER DES OUVRAGES
Il est possible que les cultistes, à mesure qu’ils progressent
dans leur quête de pouvoir, souhaitent coucher leurs
connaissances par écrit. Pour ce faire, suivez les règles
d’action prolongée expliquées page 39. La difficulté et le
temps nécessaire dépendent du type de connaissances
qu’ils souhaitent compiler par écrit. Cette action utilise
systématiquement Intellect plus . La valeur de
complexité de l’ouvrage est laissée au choix de son auteur,
mais elle doit se situer à une valeur comprise entre 10
moins Intellect et 10 plus Intellect.
Compétences d’arcanes : Un personnage n’est capable
d’expliquer par écrit qu’une compétence d’arcanes
qu’il possède. Il doit choisir le niveau qu’est censée
avoir la compétence dans l’ouvrage, mais il ne peut
évidemment être supérieur au sien. Un test d’action
prolongée nécessitant autant de succès que le niveau
choisi sous une difficulté de 12 plus le niveau choisi
doit être réussi. Il est possible de faire un test pour
chaque jour complet de travail (environ dix heures).
Chaque succès ajoute un point au niveau de la
compétence d’arcanes.
Occultisme : Il est nécessaire d’indiquer quel niveau
d’occultisme l’ouvrage cherche à atteindre, mais il
est impossible de choisir une valeur supérieure à
celle que l’auteur possède dans sa propre compétence
d’occultisme. Un test d’action prolongée nécessitant
autant de succès que le niveau choisi sous une difficulté
de 12 plus le niveau choisi doit être réussi. Il est possible
de faire un test pour chaque semaine complète de travail
(environ sept jours de dix heures de travail). Chaque
succès ajoute un point d’occultisme à l’ouvrage.
Pouvoirs supérieurs : Si le personnage ne connaît pas
le pouvoir supérieur par cœur (voir page 193), il
224
pourra uniquement rédiger un pouvoir supérieur
qu’il a lui-même développé ou qu’il a copié d’un autre
ouvrage (voir le paragraphe suivant). Dans tous les
cas, il faut réussir à obtenir six succès sur un test
d’action prolongée de difficulté 20. Il est possible de
faire un test pour chaque semaine complète de travail
(environ sept jours de dix heures de travail).
Au lieu de rédiger ses propres connaissances, un
personnage peut tout à fait recopier un autre ouvrage.
Dans ce cas, suivez les mêmes règles, mais au lieu
d’utiliser les valeurs du personnage, utilisez celles du texte
qu’il souhaite copier. En revanche, le niveau maximal
d’occultisme ou d’une compétence d’arcanes qu’il peut
copier ne peut être supérieur à celui de son Intellect plus
la compétence culturelle adéquate du personnage (voir les
limitations page 210).
Dégénérescence
Connaître la Vérité transforme n’importe qui qui s’y
trouve confronté, que ce soit volontairement ou par
accident. Les corps et les esprits de ceux qui entrent
en contact avec le Mythe sont altérés par les forces
surnaturelles, car ces dernières, étant donné qu’elles ne
répondent pas aux lois physiques qui nous gouvernent,
provoquent des altérations dans la propre nature de tout
ce qu’elles touchent.
Pour illustrer cela, les personnages ont une valeur de
Dégénérescence qui indique à quel point ils ont perdu
leur propre humanité en se noyant dans la corruption
du Mythe. Comme nous le verrons plus loin, plusieurs
situations peuvent faire augmenter cette valeur en cours
de jeu, mais aucune ne permet de la faire diminuer. En
effet, le chemin de la Dégénérescence ne peut être pris
à rebours. Le mieux que peut espérer un cultiste est de
ralentir sa chute, bien que la tentation d’aller de l’avant
soit trop puissante pour la plupart d’entre eux.
LE CHEMIN DE LA DÉCHÉANCE
Un personnage gagne des points de Dégénérescence dans
chacune des situations suivantes :
Lorsqu’il acquiert des connaissances ou des capacités
surnaturelles. Dès que la somme des valeurs des
compétences d’arcanes plus celle de la compétence
d’occultisme ou de connaissances ésotériques du
personnage atteint un multiple de cinq, le personnage
gagne un point de Dégénérescence. Ainsi, un
personnage joueur nouvellement créé commence avec
un point de Dégénérescence par tranche de cinq points
dans ces compétences (voir page 27).
Lorsqu’il force la situation en utilisant ses
capacités surnaturelles. Si un aspect est activé pour
une action avec une compétence d’arcanes, le joueur
peut choisir que son personnage gagne un point
de Dégénérescence au lieu de dépenser un point
de Drame. Le maître du jeu peut imposer ce choix,
 mais dans ce cas le joueur reçoit un point de Drame
supplémentaire en compensation.
Lorsque son esprit ou son corps est exposé à la
Vérité ou une réalité qui dépasse l’entendement. Si
le personnage perd tous ses points de Stabilité Mentale
suite à une exposition à la terreur du Mythe, que ce soit
par accumulation ou suite à un échec au test lancé s’il
perd d’un coup autant de points que son Sang-Froid,
le personnage gagne un point de Dégénérescence. De
même, lorsque le personnage perd tous ses points de
Résistance en conséquence d’un dégât surnaturel direct
provoqué, par exemple, par un sortilège ou une créature
du Mythe, il gagne un point de Dégénérescence.

INTERPRÉTER LES POINTS

DE DÉGÉNÉRESCENCE
Les points de Dégénérescence vont de 0 à 10, zéro
représentant l’humanité de ceux qui vivent loin de la
Vérité du Mythe et dix impliquant une transformation
complète en quelque chose qui n’est plus de ce monde.
Pour chaque personnage, l’acquisition d’un point de
Dégénérescence doit être vécue comme un voyage unique
et personnel jusqu’à la corruption physique et mentale.
Chaque joueur, et même le maître du jeu, doit réfléchir à la
destination où conduit la transformation du personnage,
de manière que les changements que chaque point de
Dégénérescence représente aient une histoire. Par exemple,
un personnage avec la compétence d’arcanes « Marque
d’Innsmouth » pourrait se transformer progressivement
en Profond, en commençant par les yeux qui deviennent
plus globuleux, puis une bouche légèrement proéminente
et ainsi de suite jusqu’à l’horrible métamorphose finale.
Chaque fois que la Dégénérescence d’un personnage
augmente, choisissez un aspect pour décrire l’état actuel de
la Dégénérescence du personnage. Chaque nouvel aspect
se substitue au précédent de manière à ce que l’attribut de
Dégénérescence ait chaque fois un aspect unique qui y est
associé.
Voici les différentes étapes de changement correspondant
à chaque point de Dégénérescence :
0 : Le personnage est complètement humain.
1 : Le personnage souffre de changements mineurs du
point de vue physique ou psychique que même lui aura
du mal à identifier. Du fait de leur nature, ils peuvent
être confondus facilement avec les symptômes d’une
maladie bénigne et naturelle, comme de l’urticaire,
des maux de tête ou des maux d’estomac ponctuels.
Le personnage peut aussi faire de mauvais rêves de
manière assez fréquente, perdre des cheveux plus
rapidement que la normale ou avoir besoin de boire
de l’eau plus fréquemment, etc.
2 : Le changement progresse suffisamment pour que le
personnage se rende compte que quelque chose ne
va pas. Dans tous les cas, il reste relativement facile
à dissimuler.

225
 3 : En plus du changement qui s’est déjà produit, le
personnage commence à développer un autre
symptôme facile à cacher, mais qui, du fait de son
association avec le changement précédent, peut faire
soulever des soupçons ou devenir très incommodant.
4 : Les deux changements sont trop étendus et il est très
difficile, voire impossible, de les cacher. L’entourage
du personnage les voit comme un problème de
santé physique ou mentale, mais ne considère pas
nécessairement qu’ils ne sont pas « naturels ».
5 : Les changements sont si prononcés qu’ils commencent
à être évidents et alarmants. Pour tout observateur
sensibilisé au Mythe, leur nature est claire. Pour d’autres
personnes, ils commencent à être suffisamment
étranges pour éviter le personnage dans la mesure du
possible ou demander l’avis de médecins ou psychiatres.
Un ou deux traits physiques du personnage sont
modifiés pour correspondre à cet état.
6 : Le personnage a perdu la majorité de son humanité. Si
son affliction est purement physique, elle commence
également à être psychique et vice-versa. Si le corps
et l’esprit étaient tous deux touchés, les changements
s’accentuent. Les altérations sont répugnantes et
ceux qui croient aux notions du bien et du mal les
considèrent comme « maléfiques ».
7 : C’est maintenant la partie humaine qui est l’exception,
que ce soit le corps, l’esprit ou les deux. La nature
du changement est évidente. Par exemple, si
la Dégénérescence est en train de changer le
personnage en créature amphibie, n’importe qui se
rendra compte qu’il est plus proche d’un homme-
grenouille que d’un humain. Dans cet état, le
personnage pourrait difficilement être considéré
comme un humain par un médecin légiste. En
outre, sa corruption commence à laisser une trace
indescriptible et malfaisante, mais presque palpable
partout où il passe.
8 : Arrivé à ce point, seuls quelques traits physiques ou
mentaux du personnage sont toujours humains,
deux ou trois au mieux. Tout le reste de sa personne
est clairement aberrant et contre nature. Presque
n’importe qui qui le rencontre le traiterait de monstre
ou d’extraterrestre et il n’est pas facile d’imaginer
qu’il a un jour été humain. Son entourage habituel
est clairement corrompu. Par exemple, s’il vit dans
une vieille maison, les gens commencent à sentir
une répulsion lorsqu’ils s’en approchent, même s’ils
ne connaissent pas sa réputation ou les légendes qui
entourent son habitant.
9 : À ce niveau de Dégénérescence, le personnage n’a
plus qu’un lien ténu avec l’humanité. Le reste de
sa personne est abominable et, de fait, sa présence
malfaisante est presque palpable, même s’il n’est
pas visible. Cette corruption affecte de manière très
grave tout son environnement habituel et laisse une
trace détectable partout où il passe.
226
10 : Enfin, le personnage a perdu le dernier vestige de
son humanité. Son aspect physique est grotesque et
monstrueux, et il est répugnant et perturbant. Son
esprit est totalement étranger et ses motivations et
son raisonnement sont incompréhensibles pour un
être humain normal. Ses altérations l’empêchent de
communiquer avec des créatures qui ne sont pas
comme lui et ses habitudes, son alimentation et son
cycle de vie sont très loin de ceux d’un être humain. Il
est possible que le personnage soit devenu immortel
ou qu’il bénéficie d’une longévité accrue, qu’il soit
capable de respirer des gaz toxiques ou de voyager
instantanément dans le temps et l’espace, mais il a
rompu le dernier lien qui le reliait à notre réalité.
Il est devenu une créature du Mythe, et en tant que
telle, ne peut plus être interprété par un joueur.
Dorénavant, il sera un personnage non-joueur
contrôlé par le maître du jeu.
LES AVANTAGES DU CHANGEMENT
Gagner des points de Dégénérescence n’a pas que des
conséquences négatives, cela apporte également certains
avantages. Pour commencer, son voyage personnel vers
l’étrange rend le personnage toujours plus résistant à
la perte de Stabilité Mentale en raison de l’exposition
à des phénomènes surnaturels. Soustrayez la valeur de
Dégénérescence de toute perte de Stabilité Mentale dont
souffrirait le personnage (voir page 55).
En outre, chaque point de Dégénérescence transforme
littéralement le personnage, et parfois en améliorant ses
capacités… au prix d’autres. Chaque fois que le personnage
acquiert un point de Dégénérescence, il peut faire l’une
des trois actions suivantes : déplacer un point d’une
caractéristique à une autre, redistribuer librement deux
points de compétence (tant que ses valeurs en occultisme
et compétences d’arcanes ne diminuent pas) ou remplacer
n’importe quel aspect ou fait marquant du personnage par
un nouvel autre qui reflète la transformation. En outre,
lorsqu’il gagne un point de Dégénérescence, le personnage
peut diminuer sa valeur de Drame de 1 pour bénéficier de
quatre points à répartir librement entre ses compétences
d’arcanes (actuelles ou nouvelles) et d’occultisme, ou de
deux points à répartir dans ces compétences plus un point
pour augmenter une caractéristique de son choix.
Exemple : Elena Lewis, une inspectrice de la section
homicide, fait partie d’un petit culte au sein de
la police qui se sert des pouvoirs du Mythe pour
combattre le crime. Elle est submergée par l’horreur
à la vue d’un Shoggoth et atteint l’état mental « Fou »,
ce qui lui fait automatiquement gagner un point de
Dégénérescence. Elena avait une Dégénérescence de 1
et l’aspect « Yeux très sombres », « Signe de Koth » 3
et « Regard de l’abîme » 3. Sa Dégénérescence passe
à 2 et modifie son aspect en « Ne cligne presque jamais
des yeux ». Pour illustrer l’effet de la transformation
qu’implique le point gagné, elle décide de diminuer
sa valeur de Drame de 5 à 4 et d’utiliser les points
de compétence reçus pour augmenter de deux points
« Regard de l’abîme » 5, d’un point « Signe de
Koth » 4 et d’investir le dernier point pour obtenir
une nouvelle compétence d’arcanes, « Fouet des
Anciens » 1. La joueuse d’Elena explique que lorsque
l’esprit de la policière s’est brisé en contemplant
l’horreur du monstrueux Shoggoth, il s’est également
ouvert aux connaissances qui émanent de la créature,
les absorbant ainsi comme une éponge : elle reçoit des
visions de l’histoire des Anciens et de la rébellion des
Shoggoths, ainsi que d’autres du passé et de l’avenir
qu’elle ne comprend qu’à moitié.

227
Le dernier acte

« Il avait le regard de celui qui n’a rien à perdre, commença-t-elle. Il m’enlaçait, il avait passé
son bras gauche autour de ma taille et sa main droite, une main rugueuse, noueuse, dans mon
cou. Si je bougeais, même imperceptiblement, son corps réagissait au mien en se tendant. J’ai
eu l’impression d’être tombée dans un piège, comme un animal, mais un animal aurait mordu et
arraché la main pour s’échapper. »
Une scène simple. D’un côté, une grande table avec plusieurs chaises et de l’autre un canapé et une
table basse. Dierdre était assise dans le canapé, le visage dans ses deux mains. Moi, j’étais debout à
l’extrême opposé de la pièce, regardant par l’unique fenêtre à la recherche de quelque chose. Entre les
deux, l’inspecteur était assis sur une chaise pliable.
« Je ne veux pas vous faire perdre votre temps avec des idioties qui me sont passées par la tête, s’excusa-
t-elle avec une grimace qui se voulait être un sourire.
— Les souvenirs ont toujours un ordre précis. » L’inspecteur projetait sa voix chaude, grave,
avec un léger accent paternel. « Ces souvenirs qui vous viennent en mémoire avec plus de force,
aussi insignifiants puissent-ils paraître, sont des points que nous devons relier pour permettre
de compléter le dessin.
— Mais tout ce dont j’arrive à me souvenir, ce sont des détails insignifiants, continua-t-elle d’une voix
angoissée. Tout ce que je sais, c’est que le grand type sentait mauvais, comme l’urine, le vomi ou je
ne sais quoi. À quoi cela peut-il vous servir que je vous dise cela ? Et pourtant, je n’arrive pas à m’en
détacher, cette odeur imprègne mes vêtements.
— C’était des sans-abri, cela ne fait aucun doute, dis-je en me retournant enfin vers l’inspecteur
de manière peut-être un peu trop vive, forcée. L’homme qui a attaqué ma femme devait avoir la
cinquantaine, il était mince et mesurait bien 1,90 mètre. Il avait les cheveux longs, presque entièrement
blancs, tout comme sa barbe. Il portait une veste militaire très lourde de l’armée d’un pays de l’Est.
— Il n’était pas d’ici ? demanda l’inspecteur, ignorant poliment mon comportement étrange.
— Il a peu parlé, mais je suis sûr que c’était un cockney pure souche. » Je connaissais trop bien leur
jargon pour me tromper. « Ils l’étaient tous les trois.
— Lorsque le plus grand a parlé… (le monologue de Dierdre se déroulait sur un autre plan, émergeant
au beau milieu des pauses de notre dialogue) … quand il m’a parlé à l’oreille, je n’ai pas été capable
de le comprendre. J’étais terrorisée qu’il soit en train de dire quelque chose de vital pour ma survie.
— Ils voulaient notre argent, rien de plus. » Cela faisait peut-être retomber la tension, mais
rester dans le personnage était épuisant.
Même après tant d’années, une petite distraction m’avait fait douter du ton, des motivations
du personnage. L’homme dont elle était tombée amoureuse n’aurait jamais su comment faire
face à une situation de ce genre : ma fuite avait donc été un réflexe défensif. Mais le Metteur
en scène n’aurait aucune pitié.
« Celui qui avait le fusil, continuai-je avec impatience, avait la quarantaine, les cheveux et les yeux
noirs, la barbe clairsemée. Il portait un costume très usé à fines rayures, dont les jambes laissaient
entrevoir un autre pantalon en velours. Sous la veste aussi on pouvait voir un pull-over épais. Et tout ça
en plus du classique rembourrage de journaux qui sortait d’un peu partout.
— Il n’arrêtait pas de passer l’arme de l’un à l’autre… Dierdre était comme en transe.
— Vous pouvez me décrire le fusil ? Même vaguement… Il la regardait elle.
— C’était un vieux fusil à deux canons, dis-je, accaparant son attention. Une arme longue à crosse en
bois. Je dirais que c’était une arme utilisée dans la chasse au gros gibier. »
- 228 -
L’inspecteur se retourna, surpris. Ma description était peut-être trop précise ou le ton que j’avais
employé trop froid. Cela m’arrivait quand j’étais nerveux. Ce n’était pas ma meilleure œuvre.
« La femme avait un couteau de cuisine assez grand, tentai-je de broder. C’est elle qui avait la
voix chantante. Elle était brune, les cheveux longs bouclés, la quarantaine au moins. Le plus
marquant, c’était son nez. On aurait dit un gros tubercule torturé couvert de veines violettes.
Entre les diverses couches de vêtements et le fait qu’elle porte une robe à fleurs criarde, on
aurait dit un clown.
— Oui, moi aussi j’ai pensé au cirque », murmura Dierdre.
J’avais essayé de donner à l’agresseur des traits banals qui permettait d’imaginer son visage en
quelques touches, mais la phrase de Dierdre, bien qu’abstraite, était bien plus évocatrice, car elle
faisait appel à l’émotionnel. Elle ne jouait pas un rôle, et le naturel avec lequel elle donnait la
réplique me faisait sentir chaque fois plus en danger.
« Ils m’ont mis en joue et m’ont dit que si on ne leur donnait pas tout ce que nous avions de valeur,
ils nous tueraient », finis-je par dire en me retournant vers la fenêtre, pour donner à ma conclusion
une certaine poésie circulaire.
« Mais ils ne l’ont pas fait. »
Je restais interdit. Ma phrase aurait dû précipiter la chute du rideau. Quel but pouvait avoir sa phrase
intrusive, au final ? Ce n’était pas une graine destinée à germer plus tard : j’étais sûr que cet inspecteur
n’était rien de plus qu’un sous-fifre.
« Ces bobbies sont passés pile au bon moment », me rattrapai-je maladroitement. Je crois que s’il avait
été présent, le Metteur en scène aurait interrompu la scène. Un frisson me parcourut de haut en bas.
« Alors vos agresseurs sont partis, sans rien de plus.
— Sans rien de plus. »
Rideau. Certes, nous restâmes encore sur place des heures, mais rien de notable n’eut lieu.
Cette nuit, Dierdre resta longuement au téléphone avec sa sœur, au moins deux heures. Pendant ce
temps, je faisais les cent pas dans la maison. Incapable d’attendre, j’entrai même deux fois dans la
chambre sous prétexte d’aller y chercher quelque chose, n’importe quoi. Il était clair qu’elle éprouvait
une étrange pudeur qu’elle n’avait jamais montrée avant : lorsque j’entrais, elle disait quelque chose
comme « Une seconde, Molly ». À travers la porte, je pus entendre qu’elles parlaient de connaissances
communes qui avaient été elles aussi victimes d’une attaque à un moment ou à un autre.
Elle raccrocha enfin. J’étais dans le salon, et une fois que je cessai d’entendre les murmures
dans la chambre, mon sang ne fit qu’un tour. Je sautai dans le canapé et ouvris un livre qu’elle
m’avait offert. Dierdre apparut par la cuisine : je fis semblant de lire. Elle commença à ouvrir
des tiroirs, à fouiller dans le réfrigérateur, puis posa sur le plan de travail une laitue, des tomates,
des concombres, tout le nécessaire pour faire une salade. Lorsque je m’approchai, elle lavait des
assiettes. Avec un sourire complice, je mis les mains dans l’eau et pris la sienne.
« Il est tard », réagit-elle en fermant le robinet et en s’écartant de moi. « Ce n’est pas une heure pour
faire cela. Peut-être qu’un verre de lait suffit pour prendre un calmant. »
Il eût été plus avisé de ne pas regretter, car un acteur doit mettre de la distance avec son personnage.
Je dus patienter quelques secondes après le claquement de la porte de la chambre. L’interruption fut
de courte durée. Je ramassai les légumes que Dierdre avait laissés sur le plan de travail, je lavai les
ustensiles restants, et une fois une durée prudente écoulée, j’entrai dans la chambre avec une tasse de
lait chaud à la main. Elle était déjà au lit, couverte jusqu’aux yeux, sans se décider à éteindre la lumière.
« Hier le monde était un endroit sûr, murmura-t-elle. Je me sens si stupide ! »
Elle, elle savait comment clore une scène.
Je passai la nuit éveillé, debout, à regarder la rue depuis la fenêtre du salon. Tout était silencieux,
endormi. Je crois que je m’attendais à voir apparaître à tout moment la silhouette du Metteur en scène.
Je sentais bien que je l’avais déçu. J’imaginai comment il pouvait débouler sur la scène, poussant des
hurlements inintelligibles, détruisant les accessoires sur son passage pour me dévorer.
Le jour suivant, nous retournâmes à Scotland Yard en silence : nous avions dit à l’inspecteur que
nous reviendrions pour tenter d’établir un portrait-robot des agresseurs. L’inspecteur Connor nous
reçut et nous offrit du thé tout en essayant de convaincre Dierdre que ce n’était qu’une question
de temps avant que les agresseurs ne soient arrêtés.
Elle entra en première.
« Je voudrais m’excuser. » Nous étions restés en tête-à-tête dans la salle du jour précédent.
« Je ne comprends pas, pourquoi souhaitez-vous vous excuser ?
- 229 -
— Hier, je me suis comporté de manière très étrange. » Nous venions de nous asseoir à la table pour
que je puisse signer ma déclaration.
« Des expériences comme celle que vous avez vécue peuvent provoquer des réactions très diverses.
— Hier, je n’étais pas en mesure de vous raconter tous les détails.
— Vous vous souvenez d’autre chose ?
— Hier, je n’étais pas moi-même. » Je me levai dans un ton théâtral. « Je n’étais pas l’homme avec
lequel Dierdre s’est mariée, elle ne m’avait jamais vue comme cela. Mais c’est que dès que je les ai vus
apparaître, j’ai compris quel type de marginaux ils étaient : ce n’étaient pas des mendiants exploités par
une mafia à la Dickens ni des incurables cinglés comme on peut en voir parler tout seul au beau milieu
d’un parc, ils étaient clairement des saltimbanques.
— Vous voulez dire que vos agresseurs étaient des artistes de rue ? » L’inspecteur se leva et
s’appuya sur la table.
« J’en suis persuadé parce que j’en ai moi-même été un, il y a bien longtemps. » Mon interlocuteur
ne put s’empêcher de hausser un sourcil. « Ma famille vivait dans la rue, ou plutôt dans les
tunnels sous la ville, dans des égouts et des passages de maintenance. Nous n’étions pas des
mendiants ou des voleurs, nous vivions de ce que nous trouvions dans les poubelles. Et nous
faisions effectivement partie d’une sorte de troupe qui, sans rien attendre, improvisait tous les
jours sur la scène qu’était la rue.
— Une troupe de théâtre constituée de sans-abri ? » Toujours ce ton poli, mais soupçonneux.
« Les acteurs, les vrais, nous sommes presque toujours des sans-abri. » Sans m’en rendre compte,
j’étais à nouveau sorti du personnage, récitant la dernière phrase d’une voix que j’avais cru oubliée,
avec la musicalité moqueuse de l’accent cockney.
« Tom, j’ai bien peur que vous ne preniez pas cela au sérieux. » Ton grave. « Où voulez-vous en venir ?
Vous avez reconnu l’un de vos agresseurs ?
— J’ai pensé que vous voudriez entendre tout ce que j’avais à dire, pour relier les points, comme
vous dites, comme dans un passe-temps », dis-je en faisant même une légère révérence.
Je crois que l’inspecteur ne savait pas comment réagir. « Pourquoi se paie-t-il ma tête, tout d’un
coup ? » devait-il penser. J’étais allé trop loin alors je tentai de faire machine arrière.
« Pardonnez-moi pour mes incohérences, le suppliai-je en tombant à genoux. Je suis à bout de
nerfs et j’ai à peine dormi. J’ai peur. Je n’avais jamais vu ces gens, mais eux semblaient me
connaître, ou du moins ils m’ont parlé comme s’ils savaient qui j’étais. Le grand type a dit quand
ils sont apparus : “tu sens encore les égouts. Certaines odeurs ne partent pas, même si tu frottes
très fort”. Et en partant, la femme a dit : “la fin approche”. »
J’avais enfin trouvé le bon ton. L’inspecteur resta silencieux un petit moment, à me dévisager.
« Écoutez, Tom, » j’avais réussi à le toucher « tout ceci vous a affecté d’une manière différente
de votre femme et a peut-être fait remonter à la surface des éléments enfouis depuis longtemps.
Les personnes sont parfois comme un verre avec une petite bulle : pendant des années, le verre
supporte les petits coups qui sont donnés dessus en le posant ou lorsqu’il glisse entre les doigts
lorsqu’on le lave. Parfois, il ne casse même pas en tombant par terre. Et puis un jour, un coup qui
n’a pas plus d’importance qu’un autre le fait éclater en mille morceaux. »
Il était une fois un homme qui aimait les métaphores…
« Maintenant, continua-t-il, j’aimerais que vous entriez dans le bureau technique et que vous fassiez
votre possible pour nous fournir une description de vos agresseurs. Ensuite, avant de partir, je vous
donnerai la carte de quelqu’un à qui vous pouvez parler si le besoin s’en fait sentir. »
Le soir, à la maison, Dierdre s’obstinait à rester silencieuse, et pour ma part je ne trouvais pas comment
démarrer la scène qui serait la dernière entre nous. Je ne me sentais pas à mon aise, surtout à cause de la
tournure soudaine que la trame avait prise, reliant ma propre histoire à celle de mon personnage. Mais
c’était le seul moyen que j’avais trouvé pour justifier ma réaction lors de ma description des sans-abri
sur scène : je n’étais pas sorti du personnage, c’était mon personnage qui avait abandonné le rôle qu’il
interprétait. Si cette explication ne convenait pas au Metteur en scène, ce serait ma fin.
Une scène à peine suggérée. Dans un coin, un canapé avec une table basse, un porte-revues, le tout
illuminé par une lampe à pied. Au milieu, une table de salon et ses chaises. Dans le coin opposé,
une fenêtre. La chambre est plongée dans la pénombre, la lampe n’éclaire que Dierdre, en train de
lire sur le canapé, les jambes repliées. Quant à moi, on n’en voit que la silhouette, découpée par la
lumière qui traverse la seule fenêtre du salon depuis la rue : je regarde à nouveau par la fenêtre, à
la recherche de quelque chose.
- 230 -
« Je n’arrête pas de penser à des choses auxquelles j’avais décidé de ne pas accorder
d’importance, dit-elle finalement.
— Que veux-tu dire ? répondis-je sans me retourner.
— Principalement qu’à n’importe quel moment il peut se passer quelque chose de terrible et que nous
faisons le choix de ne pas y penser. Mais également qu’il y a certaines choses avec lesquelles nous nous
sommes résignés à vivre et que nous nous efforçons de ne pas envisager.
— Penses-tu que quoi que ce soit de bien puisse sortir de ce genre de choses inévitables ?
— Elles ne sont pas toutes inévitables. »
Ce fut sa dernière phrase. Plus tard, elle finit par abandonner la scène sans dire au revoir. Je sentis
tomber le rideau. Applaudissements. Les spectateurs debout. Pour elle.
Je prends mon manteau et ferme la porte derrière moi sans un bruit. Je descends dans la rue et
j’appelle un taxi. La ville ressemble à un décor qui est déjà en train d’être démonté. Je trouve
la sortie. Elle n’a pas bougé.
Après tant d’années, je descends des planches par un trou obscur jusqu’à trouver une scène
cachée. Là, je retrouve la vieille troupe qui imite les habitants de la surface dans d’innombrables
théâtres de marionnettes, avec des voix chantantes, explosant parfois en éclats de rire lorsque
la parodie est insupportable. Je traverse les décors composés de restes trouvés dans les
poubelles, des affaires à moitié rongées qui imitent des foyers, des bureaux, des restaurants,
n’importe quel lieu qui pourrait rappeler la vie à la surface. Je traverse toutes les scènes
jusqu’à arriver au centre, à un simulacre de cimetière, un panthéon des bidonvilles qui, au lieu
de sobres statues, a pour habitants les mascottes olympiques Wenlock et Mandeville, deux
mannequins énormes dont les bras tendus forment la voûte d’une arche d’entrée. Il y a aussi
le clown des hamburgers Ronald McDonald, plusieurs statues du père Noël, de ses rennes et
de ses lutins, ainsi que des silhouettes d’acteurs découpés dans des cartons et une armée de
mannequins nus. Au cœur de ce cimetière caricatural se trouve la scène qui gouverne toutes
les autres, avec un seul élément de décor : je me souvenais d’une sorte d’arbre artificiel, mais
je me rends enfin compte que ce n’est rien de plus qu’une carcasse vide, un cylindre irrégulier
de près de trois mètres de haut couronné de quelque chose qui ne peut être qu’une énorme
étoile de mer dont la surface est rugueuse et noire, et dont les branches (du moins, ce que je
prenais pour des branches) jaillissent des quatre côtes comme un squelette de parapluie sans
toile. Le Metteur en scène est adossé contre l’exosquelette. Il m’attend.
De près, son corps bout. De loin, il pourrait passer pour une personne, mais il est formé d’une
unique matière, une boue noire modelée jusque dans les moindres détails : des yeux avec des
paupières, et même des cils, des ongles, même des poils. Seule la bouche ne va pas : elle
varie entre une minuscule ouverture jusqu’à un trou occupant la moitié du visage, édentée,
habitée par un tentacule nerveux qui fait office de langue. Les hululements gutturaux, toujours
accompagnés d’un bouillonnement, comme si quelqu’un se noyait dans ses propres fluides, sont
les mêmes qu’il y a des années, à mes débuts.
Il me fait signe de monter sur scène. Je sais ce qu’il veut de moi : il veut que j’interprète ma vie
pendant ces dernières années à la surface. Il peut me dévorer à tout moment.
J’interprète donc l’humiliation constante que les supérieurs de l’entreprise faisaient subir
quotidiennement à mon personnage, le mépris de la famille de Dierdre, les conseils paternalistes
des amis saouls qui éloignaient leurs fantômes en se nourrissant de ceux de mon personnage. Mais
ce qui intéresse réellement le Metteur en scène, ce sont mes conversations avec Dierdre, comment
elle cherchait désespérément à changer les caractéristiques que j’avais décidées, la manière dont
je me sentais poussé à la protéger parfois même d’elle-même, les mensonges miséricordieux, les
reproches tus dont la vibration était parfois insupportable.
Et enfin, au beau milieu de ma grotesque farce représentant les poussées réalisées lors de la
copulation avec Dierdre, alors que je gémis exagérément, ridiculisant chaque pose et chaque mot
arraché à la passion, le vieux Metteur en scène se joint à moi dans un glapissement qui traverse
la terre jusqu’à atteindre la surface. Et alors, tous se joignent également, tous crient à l’unisson.
Personne ne voit que je pleure.

- 231 -
 MAiTRISE
C
CHAPITRE VIII
C
e chapitre est destiné au maître du jeu et propose
des conseils et considérations à prendre en compte
pour diriger une partie de Cultes Innommables.
Pour savoir quels critères suivre au moment d’appliquer les
règles et comment interpréter une créature venant de l’espace
extérieur, n’hésitez pas à lire attentivement ce chapitre, même
si vous êtes un maître du jeu expérimenté, afin de saisir au
mieux l’essence des aventures de Cultes Innommables.
Le rôle du maître du jeu
Si les autres joueurs interprètent leur personnage et vivent
les histoires de Cultes Innommables par le biais de leurs
avatars, le maître du jeu est celui qui tisse la trame dans
laquelle ils vont évoluer et des événements qu’ils devront
résoudre, qui décrit les scènes, qui interprète les autres
personnages et les créatures et qui a le dernier mot au
moment d’appliquer les règles.
232
CADRE ET ATMOSPHÈRE
L’une des tâches élémentaires du maître du jeu est de préparer
le monde dans lequel les personnages des autres joueurs vont
évoluer. En tant que principal créateur, il vous faudra décider
de certaines choses à l’avance. Par exemple, bien que Cultes
Innommables envisage l’existence de pouvoirs « magiques »
que certains humains sont capables d’utiliser, vous pouvez
passer outre cet aspect et faire reposer votre campagne sur
le fait que le contact avec le Mythe s’effectue par le biais de la
technologie connue. Ou, au contraire, vous pouvez considérer
que cet usage de la « magie » est ce qu’il y a de plus intéressant
et qu’aujourd’hui elle sert à la plus banale des actions, comme
verrouiller la porte des toilettes.
Répondre à ce genre de questions est particulièrement important
vis-à-vis des autres joueurs. Il ne s’agit pas de dévoiler la trame des
aventures, mais plutôt de les guider pour qu’ils ne commencent
pas à jouer un type de personnage qui ne leur conviendra pas
plus tard. Évidemment, ce sont les joueurs qui décident tout ce
qui concerne leur personnage, mais ils doivent comprendre que
certaines caractéristiques du monde du jeu en excluent d’autres.
En effet, cela n’a pas beaucoup de sens d’interpréter un puissant
sorcier dans des histoires où les manifestations magiques
n’existent pas. De même, un personnage banal sera très limité
(et aura sûrement de grosses difficultés) si tout le monde autour
de lui joue avec les lois de la physique de notre univers. La folie
le mettra sur la touche très rapidement.
Cela n’enlève rien au fait que cette opposition de caractéristiques
soit justement au cœur de l’histoire (les personnages commencent
à découvrir que tout ce qu’ils savent n’est pas forcément ce qu’ils
croient être), mais même ainsi l’effet sera toujours plus efficace si
les joueurs eux-mêmes vivent ces situations déconcertantes en
même temps que leur personnage.
Une fois que le type de monde dans lequel vous allez évoluer
est clair, apportez un soin particulier en tant que maître du jeu
à la description que vous allez en faire. En effet, c’est vous qui
êtes responsable de décrire à vos joueurs ce qu’ils vont affronter.
Cultes Innommables est un jeu d’horreur cosmique. Ainsi,
d’une part vous tentez d’inspirer la peur et l’angoisse, et de bonnes
capacités de narration sont nécessaires pour cela (que vous soyez
un maître du jeu expérimenté ou que vous souhaitiez vous lancer
pour la première fois), tandis que d’autre part vous serez amené
à traiter des thèmes étrangers aux humains comme l’existence
de races extraterrestres, les voyages interplanétaires ou les forces
cosmiques de création et de destruction massive. Cela peut
sembler paradoxal : comment décrire quelque chose d’inconnu ?
C’est précisément pour cela que vous devrez apporter un soin
particulier à deux concepts : le cadre et l’atmosphère.
Le cadre est à la fois le lieu où se déroule l’action et les
circonstances qui l’entourent. La plupart du temps, il n’est pas
obligatoire d’approfondir les détails du cadre, car les joueurs
n’auront pas besoin d’interagir avec ces éléments, mais dans
d’autres cas il est nécessaire de décrire la structure du lieu afin
que les joueurs comprennent comment ils peuvent y évoluer
et ce qu’ils peuvent utiliser. En outre, chaque détail apporté
donne de la personnalité au cadre, tel que l’écorce sèche et
râpeuse d’un vieil arbre au beau milieu d’un jardin luxuriant
ou le blanc aseptisé d’une salle d’opération dissimulée dans
une grange abandonnée. Même s’il s’agit d’un lieu courant, le
simple fait de mentionner les matériaux et les objets typiques
contribueront à mettre vos joueurs en situation. N’oubliez pas
les phénomènes météorologiques : la pluie, la brume, le froid,
le soleil aveuglant, l’air vicié… toutes ces circonstances sont
obligatoires pour plonger les joueurs dans l’histoire.
En outre, si définir le cadre est important, le maître du jeu doit
également s’efforcer de décrire l’atmosphère. Elle constitue
l’ambiance, l’air que l’on respire dans un cadre spécifique. Décrire
l’atmosphère peut être une tâche plus compliquée, car elle
dépend de la situation en cours : si un cadre est une scène fixe
qui ne change pas si les joueurs ne le provoquent pas activement,
l’atmosphère est en revanche directement liée aux émotions des
personnages. Réfléchissez aux sensations que vous souhaitez
provoquer (curiosité, panique, urgence, mélancolie…) et avec
lesquelles vous souhaitez jouer pour toucher les joueurs et les
personnages à travers eux. Par exemple, vous pouvez situer
les personnages sur un quai où ils sont en train de décharger
un grand conteneur censé enfermer une créature du Mythe.
Décrivez le grincement des chaînes de la grue qui le tracte, le
balancement du conteneur, l’odeur nauséabonde qui commence
à s’échapper du navire. Le quai n’aura pas changé depuis le matin,
mais à ce moment précis les personnages sont sur le point de voir
une créature du Mythe (qu’ils s’y attendent ou non, et qu’ils le
souhaitent ou non). En outre, un rythme fractionné générera une
certaine impatience pour découvrir ce qui se trouve réellement là.
Les personnages secondaires sont également un bon moyen de
créer une ambiance, comme vous pourrez le lire plus loin.
Réussir à transmettre ce que l’on souhaite n’est pas une tâche
facile. Pour cette raison, le maître du jeu ne devrait pas négliger la
contribution que peuvent lui offrir les autres joueurs. Il est toujours
bénéfique qu’ils suggèrent ce que leur personnage peut faire et que
le maître du jeu n’a pas mentionné, ou décrit de manière imprécise.
Si cette spontanéité n’interfère pas avec le déroulement que vous
avez prévu pour l’histoire (voir « Consensus et autorité narrative »
ci-après), laissez-lui libre cours, car elle contribue à étoffer le jeu.
En effet, le système d’aspects est conçu spécialement pour laisser
une vaste part à l’initiative et pour valoriser l’imagination autour
de la table, dans le but que l’histoire soit appréciée de tous.
INTERPRÉTER LES PERSONNAGES
NON-JOUEURS
Le maître du jeu a la chance et la difficulté de devoir interpréter
tous les autres personnages. Il doit essayer de donner
l’exemple d’une bonne interprétation, au point qu’il ne soit
plus nécessaire de préciser qui est en train de parler. Pour
y arriver, il est très important de définir la personnalité des
personnages non-joueurs les plus récurrents, comme expliqué
à la page 235. Comme il est probable que vos aventures de
Cultes Innommables mettent en scène des créatures du
Mythe, gardez à l’esprit que leur origine extraterrestre les rend
très différentes des humains, et pas seulement physiquement.
Tout cela est abordé plus en détail au chapitre « Créatures »,
page 241, et « Créer des créatures », page 242.
En de nombreuses occasions, ce seront les personnages non-
joueurs qui prendront l’initiative, alors essayez de vous adresser
aux personnages et non aux joueurs. Un style direct, comme
« M. Khandaar, auriez-vous l’obligeance de m’accompagner ? »
est beaucoup plus efficace pour l’immersion qu’un simple
« L’agent immobilier te demande de l’accompagner ». De
manière presque inconsciente, le joueur se sentira poussé dans
son rôle et poursuivra son interprétation, ce qui vous permettra
de profiter d’un jeu bien plus riche.
Vous pouvez bien entendu insister sur ce point et donner des
indices sur l’avancée de la trame par le biais de la narration.
Par exemple, si les personnages sont sur le point de conclure
un accord avec des gangsters franchement louches et que l’un
d’eux possède la compétence d’arcanes « Signe de Voor », un
personnage allié qui les accompagne peut montrer sa répulsion
envers l’un de leurs interlocuteurs en affichant un tic nerveux.
Si le joueur comprend le message indirect, il pourra faire en
sorte que le personnage utilise sa compétence d’arcanes pour
s’assurer que les personnes avec qui ils sont en train de négocier
sont réellement… humaines.
CONSENSUS ET AUTORITÉ NARRATIVE
En tant que maître du jeu, vous êtes le principal responsable
de l’histoire. À vous de colorer votre cadre. En revanche, être
le principal responsable ne veut pas dire être le seul : les autres
joueurs partagent cette responsabilité avec vous, même si c’est
à vous de mener l’histoire à la baguette. Au final, l’idée qui
doit prévaloir est qu’en tant que groupe de jeu vous racontez
233
 une histoire ensemble dans laquelle vous êtes tous narrateurs,
protagonistes et spectateurs en même temps, même s’il est vrai
que le maître sera plus narrateur que personnage, tandis que
l’inverse s’applique aux joueurs.
Cette idée se traduit en deux concepts importants pour
comprendre la manière de jouer à Cultes Innommables.
Premièrement vient le consensus. L’idée est simple : vous
jouez pour vous amuser, et ce qui vous amuse doit être décidé
entre tous. Oubliez la vieille idée du meneur tout puissant que
les joueurs ne peuvent pas contester et qui impose tout : les
joueurs sont des adultes dont l’avis peut venir enrichir le jeu, et
ils doivent pouvoir le partager avec le maître pour construire
ensemble l’histoire à laquelle vous souhaitez jouer.
Le consensus peut aborder des thèmes très généraux, comme le
genre d’histoire que vous souhaitez raconter, ou traiter de points
très concrets, comme ce qu’il pourrait se passer si une personne
est exposée brutalement au vide stellaire. Le consensus ne
tient pas forcément au réalisme : l’objectif n’est pas d’apporter
une preuve scientifique sur les effets du vide sur l’organisme,
mais d’accorder ce qu’il vous plairait qu’il se produise dans ces
circonstances, que ce soit pour apporter de la vraisemblance à
l’histoire, produire un effet dramatique ou autre.
Ainsi, le consensus doit être rapidement atteint par la table de
jeu ou être mis de côté au profit de la progression de l’histoire.
En tant que maître du jeu, à vous de reprendre l’histoire en main
et d’empêcher que les joueurs se perdent dans des discussions
qui les sortent de leur personnage et de l’ambiance que vous
avez construite. Si lors d’une situation donnée les joueurs
ont des opinions différentes, mais que vous estimez pouvoir
rapidement atteindre un consensus, n’hésitez pas. Dans le cas
contraire, n’allez pas plus loin sur le sujet et reportez-le pour la
fin de l’histoire, lorsque ce sera le moment de parler de ces sujets
(voir page 236). Si vous ne pouvez éviter que le sujet ne devienne
une source de discorde, ne l’employez plus dans l’histoire jusqu’à
ce que vous ayez trouvé un accord, mais si la confrontation est
inévitable n’entrez pas trop dans le détail pour pouvoir nuancer
votre narration ultérieurement selon les besoins de l’histoire.
Cela nous amène à la seconde notion : l’autorité narrative.
Cette dernière correspond à la position dominante sur l’histoire
qui permet au maître du jeu d’introduire des éléments selon
son envie sans avoir besoin de l’accord du groupe. Cette notion
introduit un paradoxe apparent : celui qui dispose de l’autorité
narrative décide de ce qu’il se passe et à qui, et c’est le narrateur
ultime d’un moment déterminé de l’histoire. Dans la plupart
des jeux, l’autorité narrative incombe uniquement au maître
du jeu, tandis que dans d’autres elle est partagée équitablement
entre tous les intégrants d’un groupe. Cultes Innommables se
trouve à mi-chemin entre ces deux notions. Le maître du jeu
aura l’autorité narrative dans la majorité des situations, mais
il peut la céder à n’importe quel joueur si cela peut enrichir
l’histoire (en lui demandant par exemple de décrire des lieux
ou des personnages non-joueurs). En outre, les joueurs peuvent
réclamer cette autorité en activant des aspects et en prenant le
contrôle de la situation pour introduire des éléments dans la
trame en lien avec l’aspect activé.
Consensus et autorité narrative semblent être les deux côtés
d’une même pièce, mais en réalité ils constituent un mécanisme
constitué de deux éléments distincts : celui qui dispose de
l’autorité narrative peut décrire la scène, décider de ce qu’il se
passe et en général contrôler la narration. Cependant, il est limité
par le consensus : le groupe agira comme un régulateur qui doit
234
permettre d’éviter l’abus de cette capacité. En tant que maître
du jeu, vous n’aurez pas seulement à veiller sur le consensus,
lorsque vous disposez de l’autorité narrative, mais il vous faudra
également vous soucier de son utilisation pertinente lorsque ce
sont les joueurs qui l’emploient.
Il reste un dernier aspect en lien avec la maîtrise de l’histoire.
Il est possible que la partie à laquelle vous jouez ne soit pas
improvisée au fil de sa progression, mais construite en fonction
d’un certain déroulement, comme c’est le cas pour une aventure
préconçue ou pour une histoire conçue spécialement pour
le groupe par le maître du jeu. Ce scénario, que détermine la
maîtrise de l’histoire (voir page 234), sert en quelque sorte de
cage qui limite l’autorité narrative : si des situations surviennent
qui peuvent altérer en profondeur le fil de l’histoire, vous
pouvez finir par perdre son sens. Seul le maître du jeu connaît
le scénario à l’avance, et son rôle consiste également à garder
l’histoire sur les rails sans que les joueurs aient l’impression
que leurs capacités de décision et d’intervention sont bridées.
Naturellement, il reste toujours l’option de laisser l’histoire se
dérouler et de jouer « sans filet », mais cela nécessite une bonne
capacité d’improvisation et certains maîtres du jeu (voire groupe
de joueurs) peuvent trouver cela incommode.
APPLICATION DES RÈGLES
Le maître du jeu est le responsable ultime pour appliquer
les règles, car comme Hitos est un système léger qui
repose sur la narration, il est possible que des situations
ne soient pas explicitées dans les règles. Si le cas échoit,
faites preuve de bon sens et soyez cohérent avec le cœur
du système. Si votre décision ne convient pas aux joueurs
et que voyez poindre un débat sans fin, imposez votre
décision comme nous l’avons expliqué précédemment et
réservez cette discussion pour le débriefing de la fin (voir
page 236) pour ne pas briser l’ambiance. Comme pour la
narration, cherchez un consensus pour les règles, mais au
bon moment, pas au beau milieu de l’histoire.
Dans beaucoup de jeux de rôle focalisés sur l’interprétation
et la narration, l’accent est mis sur le fait que les jets de dés
ne doivent pas empiéter sur l’histoire. Dans beaucoup de cas,
le maître du jeu est encouragé à « sauter » les règles lorsqu’il
estime qu’elles entreraient en conflit avec le bon déroulement
de l’histoire qu’il souhaite raconter ou que cela brise l’ambiance.
Les tests cachés (dont les résultats peuvent être manipulés)
sont le principal représentant de cette logique. Évidemment,
cette approche est tout à fait compatible avec les histoires de
Cultes Innommables et en tant que maître du jeu vous êtes
libre d’y avoir recours ou non, mais nous vous déconseillons
de vous reposer sur l’approximation.
Plutôt que cette approche, nous vous proposons une
méthode différente : si vous lancez les dés, assumez les
conséquences. Faites tous vos jets de dés « en ouvert », devant
les joueurs. Laissez-les connaître les résultats qu’obtiennent
leurs antagonistes, acceptez le résultat et incorporez-le à
l’histoire. Dit comme cela, on pourrait penser que Cultes
Innommables met l’histoire au service des règles et non le
contraire, mais ce n’est pas le cas. « Si vous lancez les dés,
assumez les conséquences » est au conditionnel : ne lancez
pas les dés si vous ne souhaitez pas introduire dans l’histoire
des émotions fortes pour tous, notamment vous-même. Si
vous voulez que les joueurs trouvent une piste pour faire
progresser l’histoire, ne leur demandez pas de jet, donnez-
leur directement la piste. Si vous demandez à faire un test,
faites-le pour décider qui trouve la piste (par exemple, celui
qui obtient le meilleur résultat) ou parce que vous êtes décidé
à faire avancer l’histoire, que les joueurs trouvent la fameuse
piste ou non, quitte à ce que cette progression se fasse sans
eux, ce qui peut amener l’histoire sur d’autres chemins.
N’oubliez pas le potentiel qu’ont les aspects pour modifier
le résultat d’un jet. Sans que cela puisse garantir le succès ou
l’échec d’une action, la mécanique des aspects peut réellement
changer la donne d’un test, ce qui dans la plupart des cas vous
permettra de minimiser le risque des jets. Et bien qu’il puisse
sembler que recourir à des aspects soit très proche d’une
manipulation pure et simple des résultats, la différence entre ces
deux notions est particulièrement qualitative : les aspects font
partie du corpus de règles, ils ne constituent pas une exception
ou une violation arbitraire de ces règles. En outre, utiliser les
aspects ne garantit jamais un résultat, même s’il augmente
considérablement les probabilités dans une direction, et vous
devrez être prêt à assumer les conséquences. Le système
Hitos met particulièrement l’accent sur le qualitatif en plus du
quantitatif. Les aspects sont des traits qui décrivent les éléments
des histoires (que ce soient des personnages, lieux, objets ou
autres) afin de permettre de les utiliser pour affirmer leur
présence. C’est un moyen d’explorer les ressources narratives,
et le maître du jeu doit s’efforcer de donner des exemples au
moment d’y avoir recours.
Aventures et campagnes
L’aventure est le terme que nous utilisons pour nous référer à
une histoire ou un scénario de Cultes Innommables. L’aventure
se déroule en une ou plusieurs sessions de jeu et présente une
histoire complète qui peut ou non aboutir à une fin ouverte ou
à des cas en suspens qui seront clôturés pendant des aventures
ultérieures. Une succession d’aventures reliées par le même fil
conducteur (ou au sens large par le même groupe de joueurs ou
le même culte) constitue une campagne.
Si vous êtes un maître du jeu novice, il est possible que
vous ne vous sentiez pas prêt à élaborer vous-même une
histoire de bout en bout. Les aventures préconçues sont un
bon moyen d’entrer en douceur dans la maîtrise, car en plus
de proposer une histoire prête à jouer elles exposent toutes
les informations de manière ordonnée, afin de pouvoir voir
quelle structure suivre, quels sont les points importants
et quelle tournure peuvent prendre les événements en
fonction des choix des joueurs.
D’un autre côté, nous vous incitons à finir par créer vos
propres histoires. Maîtriser ses propres aventures permet de
concevoir vos scénarios spécialement pour votre groupe de jeu
et d’explorer les thèmes qui vous intéressent au lieu de devoir
adapter des histoires préconçues au culte de vos personnages.
Les chapitres qui suivent abordent ces différentes options
dans de plus amples détails.
AVENTURES PRÉCONÇUES
Les aventures préconçues ont l’avantage de ne nécessiter
que très peu de préparation : en général, il suffit de les
lire pour avoir une vision d’ensemble de l’histoire et de les
avoir sous la main pour les consulter pendant le jeu. Une
aventure préconçue présentera une structure par scènes
qui décrivent le cours de l’histoire (ou au moins son cours
le plus probable), les personnages non-joueurs et leurs
statistiques de jeu, les aides de jeu (par exemple, des copies
de courriers électroniques ou des extraits de blog) qui
peuvent être fournis aux joueurs pendant la partie, voire
des personnages prétirés, c’est-à-dire créés spécialement
pour l’histoire. En outre, les aventures préconçues avec une
fin prévue constituent une bonne ressource à intercaler
dans une campagne que vous avez créée vous-même : elles
permettent d’allonger la durée de la campagne.
La seule difficulté que peut exiger une aventure préconçue est
de déterminer comment y introduire le culte des personnages
joueurs : qu’est-ce qui pourrait les y impliquer ou les y mêler ?
L’introduction de l’aventure fournira vraisemblablement des
suggestions et des lignes directrices pour vous aider en ce sens,
mais c’est au maître du jeu qu’il incombera d’imbriquer toutes
ces pièces, car c’est lui qui connaît à la fois les particularités
du culte de sa table de jeu et l’histoire à jouer. De plus amples
détails sont abordés à la page 236.
CRÉER SES AVENTURES
Si vous souhaitez maîtriser vos propres aventures, il vous faut
définir précisément ce que vous souhaitez en faire (l’histoire),
quels sont les personnages non-joueurs importants qui
apparaîtront et dans quel ordre se produiront les événements
(la structure). Gardez en tête que les autres joueurs peuvent
avoir des idées plus pérégrines, ce qui fera sûrement sortir leur
personnage des rails de votre histoire, et envisager toutes ces
situations sera particulièrement utile pour connaître à fond
l’aventure et pouvoir faire face à tout imprévu.
Le public de vos aventures
Comme nous l’avons déjà expliqué, dans Cultes Innommables
les personnages joueurs sont conçus pour évoluer. Devenir
adepte d’un culte ne se fait pas du jour au lendemain et,
bien qu’il soit tout à fait possible de fournir à un joueur un
personnage qui fait déjà partie d’un culte, l’idéal est qu’il sente
que le personnage est bien le sien, et cela ne se produit que si
le joueur choisit lui-même et avec l’accord du maître du jeu
le chemin qui l’amène à devenir ce qu’il est. Bien entendu, il
existe des aventures dans lesquelles les personnages sont déjà
membres d’un culte pour que l’action puisse se concentrer sur
l’essentiel, mais nous pensons que le mieux est de faire vivre à
de nouveaux joueurs l’expérience qui va les amener à passer
de simple citoyen à cultiste. C’est pour cette raison qu’il existe
différents types d’histoires en fonction du type de joueurs et de
l’implication qu’ont vos personnages vis-à-vis des cultes.
Tout d’abord, il y a les parties tournées vers les nouveaux
joueurs, c’est-à-dire ceux qui vont vivre des aventures de
Cultes Innommables pour la première fois ou qui, même
s’ils connaissent déjà le jeu, ont un nouveau personnage. Ces
histoires servent également d’introduction à la majorité des
campagnes. Les personnages sont de simples individus qui font
toujours partie de la société. Ils n’ont pas ou peu de conscience
du Mythe. Ils se retrouveront sur le seuil du chemin qui va
les amener à découvrir la Vérité et s’y engageront pendant
l’aventure. La fin de ces histoires conduit généralement les
personnages joueurs à appartenir à un groupe qui voue un
culte au Mythe, qu’ils le sachent ou non.
235
 D’autres parties sont pensées pour des joueurs qui connaissent
bien Cultes Innommables et dont les personnages
appartiennent déjà à un culte. Dans ces aventures, les
personnages commencent en revanche par n’être que de
simples pions. Il est possible qu’ils ne connaissent même pas
le véritable objectif du culte ou qu’ils aient été introduits si
récemment qu’ils soient toujours à l’épreuve. Peut-être ne le
savent-ils même pas. Peu à peu, leur appartenance à leur culte va
les séparer de la société. Ils garderont leur travail et leur famille,
mais au fil de ce genre d’aventure cette situation va évoluer. En
outre, connaître la Vérité devient de plus en plus important.
Le Mythe finira par devenir une partie prépondérante de leur
existence et c’est là que surgira le dilemme consistant à savoir
comment utiliser ces connaissances.
Enfin, d’autres aventures sont destinées à des joueurs qui
connaissent parfaitement Cultes Innommables et dont les
personnages appartiennent déjà à un culte. Leur connaissance
du Mythe doit être approfondie. Tous les liens qui les unissaient
à la société ont été brisés. Ils se sont éloignés de leur famille,
se retrouvent sans emploi et leur unique objectif est de servir
la cause de leur culte. Ce sont les histoires les plus difficiles à
maîtriser, car les personnages sont capables d’utiliser la magie,
leur dégénérescence est avancée et les créatures du Mythe sont
assez présentes. Ce sont également les parties recommandées
pour le bouquet final d’une campagne, lorsque les objectifs
du culte peuvent être atteints, aussi ambitieux semblaient-ils
être au début. Peut-être qu’à présent, réveiller Cthulhu de sa
léthargie ne serait pas si improbable.
Lorsque vous avez l’idée de l’aventure, réfléchissez à vos joueurs
et au type de personnage que vous souhaitez (et pouvez)
mener. N’ayez pas peur de commencer par une aventure
apparemment innocente. La dégénérescence tombera sur les
personnages bien plus tôt que vous ne l’envisagiez.
Aventures de type « bac à sable »
et aventures sur rails
Il est probable que la première chose que vous vous demandiez
au moment de créer une aventure est de savoir si votre histoire
sera très définie et fermée, ce qui empêchera vos joueurs de
beaucoup s’en éloigner, ou si elle est au contraire un monde
ouvert dans lequel les actions des personnages les mènent à
différentes histoires.
Le premier cas est ce que nous appelons une aventure sur
rails. Une fois que les personnages montent dans le train, ils
ne peuvent plus descendre avant d’être arrivés à destination.
Dans ce genre d’histoire, toutes les pistes sont liées entre
elles et tous les personnages joueurs ont un rôle à jouer
dans le récit. Comme il existe peu de marge pour la liberté
des personnages, l’histoire doit être bien définie et absorber
toute leur attention, afin que vous arriviez à les guider pour
qu’ils n’éprouvent pas le besoin ou le désir de faire quoi que
ce soit qui n’a pas de rapport avec la trame.
Le second cas s’appelle une aventure en bac à sable, car à l’instar
d’un parc, la liberté d’exploration et d’interaction avec son
environnement est totale. Les aventures de ce type n’ont pas
vraiment de début et de fin, mais sont plutôt construites pour
avoir plusieurs graines que le maître du jeu peut faire germer
une fois que les joueurs ont fait preuve d’intérêt pour l’une
d’elles. Ces aventures s’accommodent aux personnages, mais
nécessitent que l’univers de jeu soit bien défini.
236
Le mieux est probablement de faire un mélange des deux types
d’aventure pour que les joueurs ne se sentent pas contraints
ou obligés de suivre un cours d’actions déterminé, mais que
certains personnages ne soient pas non plus perdus dans un
vaste univers sans aucune motivation. Une aventure avec une
fin prévue sera certes plus dirigiste, mais un univers étendu
comportant de nombreux personnages non-joueurs et lieux,
ainsi que quelques éléments prédéfinis se rapprochera du bac
à sable. Comme nous l’avons vu pour les aventures préconçues
(voir page 233), il est possible d’intercaler des aventures
prédéfinies dans votre monde ludique pour l’enrichir.
Histoire
Les histoires du Mythe de Cthulhu abondent en récits sur
les mystères de l’univers, la curiosité des Hommes (et ses
conséquences) et les recoins les plus obscurs de la Terre
et de notre esprit. Mais ces contes évoquent une époque à
présent révolue. Cultes Innommables joue avec l’idée que
l’ère de l’information a mis à disposition de nombreuses
personnes des bribes d’information qui leur permettent
de contrôler certains pouvoirs, de s’élever dans l’échelle
sociale, d’obtenir de scandaleuses sommes d’argent ou de
bénéficier d’une vie exceptionnellement longue et prospère.
Mais ces réussites ont un prix : cette faim est inextinguible.
Les protagonistes de ces histoires finissent tôt ou tard par se
retrouver face à d’autres groupes de personnes aux pouvoirs
similaires (d’autres cultes) pour s’approprier de nouvelles
sources de connaissances et de pouvoir.
Une aventure classique de Cultes Innommables doit contenir
des éléments propres aux histoires de Lovecraft et de son
cercle (monstruosités extraterrestres, cadre lugubre, autres
plans d’existence…) et une poignée de scènes trépidantes qui
montrent que les cultistes ne se limitent pas à des méthodes
traditionnelles pour atteindre leurs objectifs. La plupart de ces
situations se produiront de manière naturelle ; votre travail
consiste à faire en sorte qu’elles surviennent.
Pour construire une histoire bien élaborée, réfléchissez à
certaines questions essentielles : qu’est-ce qui est en train de
se produire, pour quelle raison, qui est impliqué, où et quand
les événements ont-ils lieu et de quelle manière. L’histoire peut
être aussi complexe que vous le souhaitez, mais vous devez être
capable de répondre à toutes ces questions avant de poursuivre.
L’étape suivante consiste à fournir une « carotte » aux
personnages (ou aux joueurs, en jouant sur leurs préférences
personnelles) pour les motiver à entrer dans l’histoire.
À mesure que vous jouez, prenez des notes concernant les
détails que vous estimez utiles pour développer la trame,
car même si vous ne les utilisez pas ils pourront servir à des
aventures ultérieures. En outre, comme nous l’expliquerons
plus loin, une fois qu’une personne entre en contact avec le
Mythe, elle commence à devenir intéressante pour les créatures
et les événements qui en découlent (voir page 242), et vous
n’aurez pas besoin de faire beaucoup d’efforts pour plonger les
personnages joueurs dans un imbroglio qu’ils ont eux-mêmes
provoqué au cours d’une aventure précédente.
Cette démarche constitue l’une des méthodes pour créer des
campagnes : relier plusieurs aventures par un fil conducteur.
Bien qu’une nouvelle campagne implique de nouveaux
personnages, si vous jouez avec le même groupe de joueurs,
vous apprécierez sûrement de voir évoluer un personnage qui
passe de jeune ingénu à leader dégénéré. Vous pouvez utiliser
certains personnages non-joueurs intéressants des aventures
précédentes pour créer une campagne dérivée, comme un
spin off. De cette manière, vous créerez un univers toujours
plus complet et il vous sera plus simple de construire des
aventures qui s’y emboîtent.
Personnages
L’une des caractéristiques clefs de Cultes Innommables est le
type de personnages de vos histoires. Si les protagonistes des
récits du Mythe sont des « investigateurs » (personnes au départ
éloignées de la Vérité qui la découvrent et doivent en subir les
conséquences, soit généralement la folie, la mort ou les deux),
ceux de Cultes Innommables sont leurs principaux ennemis :
les cultistes. Bien que les cultistes puissent être des personnes
tout à fait banales qui ont une famille, un travail et des passions,
et qui se servent du pouvoir du Mythe pour atteindre leurs
objectifs, ils appartiennent également à un culte. C’est-à-dire
qu’ils ont un lien avec d’autres personnes qui ont autant ou
plus de connaissances qu’eux-mêmes. Ainsi, bon nombre des
personnages que vous créez seront vraisemblablement aussi
des cultistes, qu’ils soient compagnons, mentors, contacts ou
ennemis des personnages joueurs.
Cela sera d’autant plus le cas lorsque le groupe des personnages
joueurs devient une organisation de grande taille. Tôt ou
tard, les personnages devront faire appel à leurs supérieurs et
subalternes, ce qui n’est pas plus mal, car il faut voir le culte
comme une seconde famille (qui ne sera parfois pas même
une « seconde famille » pour certains cultistes), et vous
devrez réfléchir à certains personnages, leur personnalité et
leurs objectifs personnels pour qu’ils soient prêts à interagir
avec les personnages joueurs.
Dans le cas d’un culte de petite taille, les ressources dont vous
disposez sont plus limitées, mais il vous faudra au moins définir
certains personnages pour remplir certains rôles élémentaires,
comme des informateurs ou des alliés de chaque type.
Tirez parti des idées de vos joueurs et faites attention aux
histoires qu’ils créent pour leur personnage : elles introduisent
sûrement des personnes de leur passé et de leur présent dont
vous pouvez vous servir ultérieurement. Finalement, s’ils les
mentionnent, c’est parce qu’ils ont une valeur d’une manière
ou d’une autre. Vous pouvez élaborer avec le joueur concerné
certaines caractéristiques des personnages de son histoire,
mais prenez garde à rester subtil si vous souhaitez que leur
apparition soit une surprise (surtout pour le joueur lui-même).
Au moment de créer les ennemis ou les antagonistes,
réfléchissez aux tenants et aboutissants de votre histoire et
concevez-les en fonction de ces notions (qui, pourquoi, etc.).
Plus que quiconque, ce sont eux qui auront un lien avec le
conflit auquel les personnages joueurs doivent faire face, et ils
en constituent une part très importante.
Structure
Si improviser est toujours agréable, mener une partie
sans aucune organisation préalable aboutit généralement
à une mauvaise expérience. La structure d’une histoire
constitue l’une des questions élémentaires qu’un maître
du jeu doit préparer. La structure traditionnelle repose sur
une situation de départ, un nœud, puis un dénouement,
qui dégagent plusieurs retournements de situation qui
changeront radicalement la trame.
La situation de départ est la situation au début de l’aventure.
C’est l’état de normalité dans lequel se présente un fait de la
vie des personnages protagonistes. Par exemple, un petit
culte acquiert un mystérieux objet arcanique au cours d’une
vente aux enchères.
Un premier élément déclencheur interrompra cette
situation (par exemple, un groupe de personnes masquées
les attaquent et leur volent leur objet) pour donner lieu à
la phase suivante de la structure.
Le nœud est la partie centrale de l’histoire, dans lequel
est développé le gros de la trame. Il comprend toutes les
actions que réalisent les personnages en conséquence du
premier élément déclencheur, et il est normal qu’il dure
une longue période de temps. Par exemple, le culte suit
une série de pistes pour rattraper les voleurs, récupérer
l’objet et découvrir quel était leur intérêt.
Au fil de ce nœud, plusieurs éléments déclencheurs peuvent
avoir lieu, mais veillez à ce que leur abondance ne perturbe pas
l’histoire. L’élément déclencheur le plus important constituera
la clef pour résoudre le conflit et précédera le dénouement. Par
exemple, ils découvrent que l’un de leurs membres avait vendu
l’information à un culte rival et avait contribué au vol.
La dernière phase est le dénouement, qui consiste en l’apogée
de l’histoire, le point culminant dans lequel les personnages
atteignent le point d’orgue du conflit pour le résoudre. Le
dénouement doit être une scène pleine de tension et d’émotion,
même si elle ne comporte pas de confrontation physique. Par
exemple, grâce aux informations qu’ils ont obtenues du traître,
ils retrouvent le culte ennemi et l’affrontent.
Comme vous pouvez le constater, bien que la structure soit
très simple, elle reste très efficace. Vous pourrez bien entendu
modifier cette structure pour doter l’aventure d’émotions ou de
surprise. Par exemple, vous pouvez utiliser des flash-back et
flash-forward pour dynamiser l’aventure, commencer avec une
scène finale, puis remonter le temps pour découvrir comment
les événements en sont arrivés là, ou développer différents
aspects pour que la trame réelle ne soit pas claire du tout.
LE CAS DU JOUR
De la même manière qu’une aventure complète permet
d’allonger la durée d’une campagne, vous pouvez injecter des
affaires courtes et légères pour animer le quotidien des cultistes.
Ce sont des histoires qui n’ont aucun lien avec la campagne,
mais servent simplement d’intermédiaire entre deux épisodes.
Cela vous permet de rallonger la campagne et de montrer que
la vie des cultistes ne tourne pas forcément exclusivement
autour d’un même leitmotiv.
En revanche, essayez de mettre en scène ces cas du jour aux
moments les moins dynamiques de l’histoire. Si les joueurs
cherchent à découvrir quelque chose sur un sujet, il vaut
mieux ne pas briser l’atmosphère. En outre, tentez de faire en
sorte que ces « cas du jour » soient intégrés d’une manière ou
d’une autre à la campagne. Par exemple, vous pouvez faire en
sorte que les personnages soient impliqués dans l’un de ces
cas après avoir suivi une fausse piste de la trame principale
ou que ce soit un personnage non-joueur qui les plonge dans
cette aventure secondaire.
237
 Certaines de ces ressources sont relativement dangereuses,
d’une part parce qu’elles peuvent ne pas provoquer l’effet
attendu chez les joueurs, mais elles constitueront toujours
une manière originale de jouer à Cultes Innommables.
L’objectif et le moteur de l’histoire
Parfois, lorsque vous créez et maîtrisez une aventure,
l’objectif que vous souhaitez faire atteindre à vos joueurs
n’est pas ce qui va les motiver, que ce soit parce que vous
souhaitez que ce but reste caché ou pour une autre raison.
Qu’il soit toujours bien clair dans votre esprit quel est
l’objectif et quel est le moteur de l’histoire.
D’une part, l’objectif est le but que vous souhaitez faire
atteindre à vos joueurs, ce qu’ils doivent obtenir ou
découvrir. Les actions qu’ils entreprennent au cours de la
partie doivent les conduire à ce but, même si eux-mêmes
n’en sont pas conscients. Une partie de votre travail en tant
que maître du jeu est de faire en sorte que les personnages
aillent dans cette direction du récit sans pour autant leur
ôter la sensation de liberté.
D’autre part, le moteur est ce qui pousse les joueurs à
agir, ce qui garde l’histoire en mouvement. Il peut être
leurs motivations personnelles, qui d’ailleurs n’ont pas à
nécessairement coïncider avec l’objectif de l’histoire, ou être
une force étrangère à leur volonté qui fait avancer l’histoire.
Une manière efficace de motiver les personnages (et
par extension les joueurs) consiste à imbriquer leur
histoire personnelle dans la trame principale. S’il arrive
que quelqu’un soit séquestré et que la victime est une
connaissance d’un personnage joueur, ce dernier aura
sûrement toutes les raisons du monde de s’impliquer dans
l’histoire. Si les objets arcaniques que les personnages
doivent localiser s’avèrent faire partie de l’héritage de la
grand-mère de l’un d’entre eux, son joueur aura sûrement
envie de découvrir quels sont ces objets. Comme nous
l’avons dit lorsque nous avons parlé de la création de
personnages joueurs (page 235), tirez le meilleur parti de
l’ingéniosité de vos joueurs. Ainsi, vous vous assurerez qu’il
y a toujours un moteur qui fait avancer l’histoire là où vous
souhaitez qu’elle aille.
Techniques narratives
Une fois que votre maîtrise a gagné en expérience, vous aurez
sûrement envie d’explorer la narration. Les techniques sont
nombreuses et vous pouvez en déduire certaines en lisant ce
chapitre (comme les changements de l’ordre de la structure
ou les flash-back et flash-forward). En voici quelques-unes.
Plusieurs maîtres du jeu : Cette technique est une manière
de mener l’aventure en laissant les autres joueurs devenir
maîtres. Au cours de la session, un joueur peut endosser
le rôle de maître du jeu, avec tous les avantages que cela lui
apporte, et les autres interpréter son propre personnage. Au
cours de la suivante, celui qui était maître du jeu reprend
son personnage en mains et c’est un autre joueur, dont
le personnage sera absent pour une raison ou une autre,
qui sera le maître du jeu. Pour que le plus grand nombre
de joueurs puisse jouir de l’incertitude et du mystère de
l’histoire, nous vous recommandons de ne pas faire tourner
les rôles entre trop de joueurs ou pendant trop longtemps.
Si vous êtes tous d’accord, vous pouvez vous charger
238
chacun d’une aventure distincte. En outre, si cette situation
est destinée à devenir récurrente, mettez tout de suite au
clair certains détails pour ne pas maîtriser d’aventures qui
n’ont pas de sens avec le style de jeu pour lequel vous avez
créé vos propres personnages.
Prélude narratif : Afin d’éviter les longues séances de
préparation de personnages et de présentation du monde,
vous pouvez recourir au prélude narratif. Cette technique
consiste à commencer à jouer directement, sans création
de personnage ni explications préalables. Commencez la
première session en introduisant les joueurs dans différentes
scènes, et commencez à créer leur personnage en fonction
de leurs décisions. Elles doivent servir à définir les traits
élémentaires des personnages (Volonté, Force, compétences
d’interaction, de perception, etc.), puis à passer ensuite aux
plus complexes et spécifiques (les compétences d’arcanes,
par exemple). Cette méthode surprendra certainement
les joueurs, mais assurez-vous d’abord qu’ils ne sont pas
rebutés par cette méthode de création de personnage.
L’histoire à tiroirs : Lorsque les personnages découvrent un
journal ou les mémoires qu’a écrites un personnage joueur
par le passé, le plus habituel est de le raconter, voire fournir
un document écrit tel que les joueurs le trouveraient. Si
vous souhaitez aller plus loin, vous pouvez faire en sorte
que les joueurs interprètent les protagonistes de l’histoire
qu’ils viennent de trouver, comme dans un film. Ce qu’ils
jouent (sous votre direction, car l’histoire aura une fin
prédéterminée) sera ce que les joueurs apprennent après
avoir « lu » le récit. Créez les valeurs de jeu et une brève
trame de fond des nouveaux personnages et fournissez-
la aux joueurs ou, si vous souhaitez que ce soient eux qui
lui fassent prendre forme, profitez-en pour introduire un
prélude narratif.
Musique et accessoires : Utiliser de la musique et des
accessoires pour étoffer les parties est un procédé déjà bien
connu, mais qui reste très efficace. Cherchez de la musique
à utiliser pour renforcer l’ambiance de certaines scènes.
Par exemple, les effets sonores marchent très bien dans les
aventures qui ont une forte composante de terreur. Jouez
avec la luminosité et utilisez tous les types d’objets qui
permettront aux joueurs de s’imprégner le plus possible de
l’ambiance (un courrier électronique qui leur arrive depuis
une adresse inconnue, un montage photo…). Tout cela
nécessite un peu de préparation, mais l’effet est spectaculaire.
La dernière étape : le débriefing
Une fois la séance de jeu terminée, vous pouvez consacrer
un peu de temps à l’histoire. Essayez de mettre en place
une session d’une dizaine de minutes pour discuter de l’avis
des joueurs sur l’évolution de l’histoire et de la partie que
vous venez de faire. C’est ce que l’on appelle le débriefing,
et il permet d’analyser le comportement des joueurs (mais
aussi du maître du jeu) et de tirer les conclusions des bons
et mauvais éléments.
Grâce au débriefing, vous pourrez savoir quels aspects de
la partie ont le plus plu à vos joueurs et quels sont ceux qui
peuvent être améliorés. En outre, cela n’est pas seulement
utile pour vous en tant que maître du jeu, car eux aussi
auront l’occasion de mettre en ordre leurs impressions et de
prendre du recul sur toute l’histoire jusqu’à présent.
Enfin, n’oubliez pas que le but de cette session n’est pas de mettre
l’accent sur les erreurs de maîtrise ou les décisions qu’ont prises
les joueurs, mais de faire des critiques constructives et de faire
ressortir autant le négatif que le positif : c’est la recherche de
consensus dont nous avons déjà parlé. Le plus important est
qu’il y ait une communication suffisante pour que la partie
prenne le chemin que tout le monde souhaite.
Le culte
L’une des tâches les plus compliquées pour maîtriser une
aventure consiste à trouver un lien suffisamment fort entre
les personnages pour créer une relation entre eux. Cultes
Innommables a l’avantage que tous les personnages joueurs
appartiendront tôt ou tard à un culte, une association qui
maintiendra ses membres unis pour quelque raison que ce soit
(professionnelles, familiales, ludiques…).
Lorsqu’un personnage appartient à un culte, c’est parce
qu’il lui fournit quelque chose dont le personnage a besoin :
connaissances, pouvoirs magiques, diffusion médiatique…
Si le personnage se joint à un culte qui existe déjà, ce
qu’il en obtient sera ce qui lui assure son adhésion, car sa
dégénérescence deviendra de plus en plus addictive. Si le
personnage est l’un des fondateurs du culte, il aura encore
plus de raisons de lutter pour conserver son intérêt. Quoi qu’il
en soit, le culte sera un lien fort entre les personnages joueurs
et c’est l’une des raisons pour laquelle il est si important.
À l’instar d’un métapersonnage, le culte aussi est un
protagoniste des aventures que vous jouez. Maintenir
l’organisation vivante même si les personnages joueurs
disparaissent de l’histoire peut constituer la colonne vertébrale
de la campagne et permettre sa continuité malgré les évolutions
ou les baisses de régime du groupe. Pour ces raisons, il ne faut
jamais la laisser de côté. Que les personnages agissent au nom
du culte ou pour leur propre intérêt (et l’intérêt des cultistes
est toujours… très développé), réfléchissez à la manière dont
leurs actions affectent l’organisation. Cela dépendra en grande
partie du niveau de pouvoir qu’ont les personnages au sein du
culte. Les actions des personnages d’un petit groupe auront
des conséquences de manière bien plus rapide et directe, mais
un grand culte aussi se trouvera concerné dans une certaine
mesure par les réussites et échecs de chacun de ses membres.
Après tout, un culte ne serait rien sans ses cultistes.
Éléments des histoires
des cultes
En tant que maître du jeu, vous pouvez essayer n’importe quel
thème qui vous intéresse dans vos aventures, mais nous vous
recommandons de ne pas passer outre les exemples suivants.
HORREUR
L’horreur est le principal ingrédient des histoires de Cultes
Innommables. L’horreur lovecraftienne repose pour beaucoup
sur la découverte, la compréhension de l’incompréhensible,
la révélation, mais également la destruction de sa propre
identité : folie, transformation, perte de volonté…
LE CYCLE DE VIE D’UN CULTISTE
Le culte est un élément sujet à évolutions, à l’instar des
personnages. Comme détaillé à la page 167, le cycle de
vie naturel d’un culte passe par quatre phases : création,
apogée, stabilisation et déclin. Lorsque vous démarrez une
campagne, vous pouvez aspirer à développer un culte au
fil de cette dernière : les premiers personnages joueurs
peuvent être les fondateurs et la fin du culte peut signer la
fin de la campagne. La manière d’illustrer cette évolution
en termes de jeu se fait par le biais des aspects et des faits
marquants. Si comme fait marquant vous choisissez les
événements auxquels les personnages joueurs ont participé,
votre campagne deviendra mémorable.
Afin d’entretenir l’horreur, ne perdez jamais de vue que
les connaissances du Mythe sont vastes et terribles. Peu
importe que les personnages soient de studieux occultistes
ou des investigateurs ignorants : même le très cultivé
Necronomicon ne fait qu’effleurer la surface de la réalité
inconcevable. Gardez à l’esprit que ce livre est un guide sur
les créatures, objets et dieux tirés de l’imagination d’Howard
P. Lovecraft, et que tout cela ne constitue qu’un échantillon
de tout ce qu’il est possible (et impossible) d’introduire
dans vos parties.
En outre, bien que l’horreur cosmique apparaisse souvent sous
les traits de forces extérieures, une partie de leur manifestation
dans ce jeu est comme une horreur intérieure. La transformation
du personnage représentée par la dégénérescence qui le change
peu à peu en monstre inhumain ne peut être le simple chemin
de la croissance du pouvoir personnel. Il faut y ajouter une
dégradation vitale, la perte de tout ce qui a été important pour
le personnage et qui était sûrement ce qui l’a poussé à chercher
l’aide des pouvoirs du Mythe.
Cette horreur intérieure (personnelle, comme elle a été
décrite parfois) représente la lutte contre soi-même. À
l’instar de quelqu’un accro à une drogue (car le pouvoir
est une vraie drogue), le cultiste commence par utiliser les
pouvoirs du Mythe pour atteindre ses propres objectifs,
mais rapidement l’acquisition de pouvoir devient une fin
en soi qui éclipse et rend superflu tout le reste. Cette lutte
contre ses propres démons et les efforts déployés pour
trouver une solution aux problèmes en se servant du Mythe
doivent être un thème central des sous-trames personnelles
des campagnes de Cultes Innommables : une descente
dans la spirale de l’autodestruction qui finit par sacrifier le
dernier vestige de l’humanité du cultiste dans sa quête de
connaissances interdites.
ACTION
Cultes Innommables est également un jeu d’action. La
majorité des cultistes ne se cachent pas et ne cherchent pas
une approche indirecte pour résoudre un problème : ils
prennent par la force ce dont ils ont besoin, éliminent leurs
ennemis, luttent avec tous les moyens à disposition pour
atteindre leurs objectifs. Parfois prêts à mourir et presque
systématiquement prêts à tuer, les membres de Cultes
Innommables sont, dans une certaine mesure, embourbés
dans une guerre de guérilla qui les oppose à d’autres cultes,
à la société et aux propres créatures du Mythe.
239
 Armés de leurs compétences d’arcanes, mais également
d’armes conventionnelles, les personnages de Cultes
Innommables vont recourir à la violence ou vont être
confrontés à la violence des autres cultes et des créatures
extraterrestres. Et contrairement aux personnages d’autres
histoires d’inspiration lovecraftienne, nos personnages
savent (ou croient savoir) à quoi ils font face, et ils auront
peu de scrupules à ôter de leur chemin toute personne qui
les empêche de mener leur plan à bien.
Ne lésinez pas sur les scènes d’action, mais en même temps
ne banalisez pas ce que cela implique d’être confronté au
Mythe : certaines créatures peuvent être virtuellement
indestructibles, tandis que d’autres détruisent purement et
simplement l’esprit humain par leur simple présence. Il ne
s’agit pas de changer vos histoires en chasse aux insectes,
mais de faire aboutir les scènes clefs avec des explosions de
violence. La meilleure manière d’accomplir ces objectifs a
priori contradictoires est de ne pas oublier que les principaux
ennemis du Mythe ne sont pas des créatures extraterrestres,
mais d’autres humains, c’est-à-dire des membres de cultes et
ces fouineurs d’investigateurs (notamment, dans ce dernier
groupe, les forces de l’ordre).
Pour autant, inutile de lancer des hordes de goules sur votre
groupe de personnages ou de le forcer à devoir détruire un
Shoggoth. Vous pouvez faire entrer en scène ces éléments,
mais ces confrontations doivent être le point d’orgue de
l’histoire, tandis que dans les scènes précédentes le groupe
n’aura eu qu’à affronter un autre culte, la police ou une
poignée de truands qui se sont retrouvés d’une manière
ou d’une autre impliqués dans l’histoire et dont il faut se
débarrasser de manière expéditive.
ENQUÊTE
La partie enquête ne pouvait pas manquer aux histoires de
Cultes Innommables. Le Mythe garde de nombreux secrets,
et les mettre au jour constituera le quotidien de n’importe
quel groupe de cultistes. Déchiffrer des documents étranges,
réussir à faire fonctionner des objets magiques, rencontrer
des espèces extraterrestres ou interroger des cultistes rivaux
constitue les éléments classiques d’une partie.
Malgré tout cela, n’oubliez jamais que les personnages de
Cultes Innommables ne sont pas des investigateurs comme
dans d’autres jeux lovecraftiens. Ils n’ont pas été confrontés
au Mythe par accident, mais le recherchent de manière active
et cela implique une importante différence de focalisation.
Dans une histoire classique du Mythe, les investigateurs
tentent de percer à jour un mystère qu’ils pensent banal,
mais qui va progressivement se révéler surnaturel. Les
investigateurs eux-mêmes refusent de croire à cette
révélation qui va finalement devenir incontestable lorsque
se produit l’exposition finale à l’horreur cosmique.
Dans une histoire de Cultes Innommables, les cultistes savent
dès le départ que l’explication qu’ils cherchent appartient au
Mythe et ils seront tout à fait ouverts à des idées extravagantes
et neuves. Cela trace un chemin plus droit entre l’origine
du mystère et sa résolution. En outre, les investigateurs
chercheront souvent à éviter les obstacles, notamment ceux
de nature surnaturelle. Comme nous l’avons vu dans le
paragraphe précédent, les cultistes auront moins de scrupules
pour éliminer ce qui se tient sur leur chemin.
240
AUTRES ÉLÉMENTS
D’autres éléments sont présents dans les histoires de Cultes
Innommables dans une mesure moindre ou supérieure :
humour noir, drame, romance, intrigue… Trouver la juste
dose de ces ingrédients supplémentaires vous aidera à
donner un ton différent à votre campagne. Découvrez ce
que cherchent les autres joueurs et vous obtiendrez le ton
dans lequel tout le monde trouvera son compte.
Antagonistes
Toute partie de jeu de rôle comprend son lot d’ennemis,
et d’autant plus s’il s’agit de Cultes Innommables, où les
personnages joueurs devront mener des activités pour
le moins maléfiques. Nous vous présentons ici en détail
les principaux antagonistes à mettre en scène dans vos
aventures.
INVESTIGATEURS
Si dans les jeux classiques qui mettent le Mythe en scène
les cultistes constituent l’ennemi le plus courant, la symétrie
exige que dans Cultes Innommables cette situation se
retrouve envers les investigateurs. Par investigateurs,
nous entendons toute personne confrontée à des pouvoirs
cosmiques d’une manière ou d’une autre qui y fait face
avec tous les outils dont elle dispose parce qu’elle les
rejette. Malgré tout, comme ils se contentent de moyens
conventionnels et que ce à quoi ils font face leur est
entièrement étranger, les investigateurs ne sont finalement
qu’une note dans la marge d’un rapport et sont rarement
un obstacle significatif pour un groupe de cultistes un tant
soit peu réactif qui les élimine à la racine. Du moins, c’est ce
que l’on pourrait imaginer, car dans les faits l’élimination de
quelques investigateurs engendre généralement la création
d’un autre groupe qui va s’intéresser de près aux raisons de
la disparation du groupe précédent.
D’un autre côté, la frontière entre investigateur et cultiste
peut être plus floue que ce que l’on pourrait penser : si
les investigateurs commencent à utiliser les pouvoirs du
Mythe pour combattre les cultistes, il suffira d’un pas pour
qu’ils deviennent ce qu’ils combattent… et c’est là qu’ils
deviennent vraiment dangereux.
Lorsque vous concevez des investigateurs pour vos
histoires, essayez de ne pas verser dans les clichés des jeux
d’ambiance d’autres décennies : les investigateurs privés, les
journalistes et dilettantes ne sont pas très représentatifs de
notre époque. Les blogueurs, théoriciens des conspirations
et twittstars sont au contraire les clichés de notre époque
pour des investigateurs du Mythe.
Nos vaillants agents des forces de l’ordre méritent d’ailleurs
une mention spéciale. Il sera difficile pour les personnages
joueurs de toujours agir dans les limites de la loi ou d’éviter de
se retrouver mêlés à des activités louches (décès inexplicables,
assassinats flagrants). Ainsi, un nuage de suspicion va très
vite entourer le groupe de cultistes, et tôt ou tard la police ou
un autre organe de la loi s’intéressera à leurs activités. Il va
sans dire qu’il est fondamental pour la survie à long terme
d’un culte de disposer de personnes occupant des postes clefs
dans différents départements policiers.
CULTES RIVAUX
La rivalité entre les cultes est l’un des thèmes centraux du jeu,
et cela ne devrait surprendre personne que les principaux
antagonistes soient fréquemment d’autres cultes. La raison
en est simple : ce que traquent les personnages a sûrement
déjà attiré l’attention d’autres cultes intéressés, ce qui va
inévitablement aboutir à un conflit.
Le fragile écosystème des relations entre les cultes doit être
l’un des thèmes récurrents de la campagne : ceux qui sont
les rivaux dans un scénario peuvent tenter de détruire les
personnages joueurs dans l’histoire suivante, tandis que
ceux qui les ont attaqués par le passé peuvent maintenant
chercher à s’allier avec eux face à un ennemi commun.
Bien que vous puissiez concevoir un culte concret pour que
l’opposition soit permanente avec les personnages et qu’ils
se croisent tout au long de la campagne, dévoiler la toile
d’araignée complexe des liens entre les organisations du
Mythe impliquera de disséminer des cultes secondaires au
fil des scénarios.
Bien qu’il soit parfaitement cohérent de tomber
inévitablement sur des groupes aux intérêts similaires
(ou opposés) lorsqu’on évolue dans les cercles du Mythe,
tâchez de ne pas donner l’impression que tout a un lien
avec le Mythe. Vous pouvez avoir recours à la bonne vieille
paranoïa pour faire croire cela, mais cette impression
ne doit être confirmée que de temps en temps. Sinon, les
joueurs finiront par penser que ne rien savoir du Mythe est
l’exception au lieu d’être la règle.
AUTRES MEMBRES DU CULTE
L’ennemi qui se trouve chez soi est souvent plus dangereux
que l’ennemi extérieur. Par exemple, une scission au sein
du culte peut le diviser en deux camps, voire le détruire
entièrement, ou un traître infiltré dans le culte peut voler
ses secrets et possessions les plus précieuses et le laisser à la
merci d’autres cultes.
Vous n’aurez probablement pas envie de semer la zizanie
au sein du groupe dès les premiers moments et vous auriez
raison : la discorde se produira sûrement quoi qu’il arrive,
sans que le maître du jeu ait besoin de faire quoi que ce soit.
Mais dans la plupart des cas, le culte comportera d’autres
membres (personnages non-joueurs) qui ne partagent pas
forcément la vision du groupe de personnages.
Une lutte de pouvoir peut être motivée par une vision
différente sur les objectifs du culte ou sur les moyens
utilisés pour les atteindre, mais peut également aboutir à
un affrontement dont l’issue est le pouvoir lui-même. Si
le groupe de personnages est l’élite à la tête d’un culte, il
est fort probable que des membres mécontents souhaitent
prendre le pouvoir et prévoient de mettre les leaders actuels
sur la touche, voire recourir à la force si nécessaire. Si au
contraire les personnages se trouvent dans la partie basse de
la hiérarchie, ils peuvent découvrir que pour leurs chefs ils
ne sont que des pions qui peuvent être sacrifiés, et décider
d’agir pour échapper à ce funeste destin.
Quant aux traîtres, de nombreuses raisons peuvent pousser
des personnes à agir secrètement contre les intérêts de la
communauté du culte. Un membre d’un groupe ennemi
241
 peut jouer double jeu pour découvrir les secrets du culte et
le détruire de l’intérieur, par exemple. Il se peut également
qu’un membre considère que le culte s’est éloigné de sa
vision et de ses objectifs et agisse pour le remettre dans
le droit chemin. Encore plus banal : un membre peut ne
voir le groupe que comme un simple moyen d’atteindre ses
propres objectifs et être disposé à aller contre les idéaux et
objectifs du culte pour satisfaire les siens.
CRÉATURES DU MYTHE
Certaines créatures du Mythe sont des créatures
monstrueuses qui chercheront à dévorer les personnages ou
les détruire tandis que d’autres seront des êtres intelligents
qui souhaiteront les manipuler, les aider… avant de les
dévorer ou les détruire également. Quoi qu’il en soit, les
entités extraterrestres du Mythe font partie des histoires de
Cultes Innommables et apparaîtront la plupart du temps
comme des antagonistes des personnages joueurs, tandis
que d’autres peuvent devenir leurs alliés ou rester neutres
et étudier leur comportement ou s’amuser de leurs actions.
En tant qu’antagonistes, les créatures du Mythe ont
l’avantage d’être inconnues des humains. Même pour
des cultistes chevronnés qui se considèrent comme des
connaisseurs, les esprits et les philosophies extraterrestres
de ces créatures impliquent un défi perturbant.
Une créature du Mythe peut devenir l’ennemi à abattre pour
plusieurs raisons. La plus courante est l’incompréhension
mutuelle : incapable de se comprendre ou de se faire
comprendre des humains, la seule réponse est la violence.
La curiosité a également un rôle important, car ces créatures
peuvent voir les humains comme des sujets d’étude, des rats de
laboratoire à capturer pour leur faire endurer des expériences.
La situation peut également être contraire, et ce sont les
personnages joueurs qui peuvent souhaiter augmenter
leurs connaissances en capturant puis étudiant une créature
donnée. Il est même possible qu’une entité particulière (ou
une partie de son corps) soit nécessaire à l’accomplissement
d’un pouvoir supérieur ou d’un rituel d’un autre type.
Localiser et capturer cette créature peut être l’objectif de
l’histoire à partir de laquelle ils engendreront une aversion
de la part de ces êtres.
Autre possibilité : l’affrontement peut provenir d’un conflit
d’intérêts entre la créature et les personnages. En revanche,
contrairement à la situation dans laquelle l’antagoniste est
un autre culte, lorsque ce sont des créatures du Mythe qui
s’interposent sur le chemin des personnages, leur nature
inhumaine peut aboutir à des résultats imprévisibles, ce qui
ajoute une couche d’incertitude à l’histoire.
Certains objets (voire des lieux) sont imprégnés du pouvoir
du Mythe et ont développé leur propre forme d’intelligence.
Ils peuvent également servir d’antagonistes pour les
personnages. Ce type d’opposant aura tendance à affecter
l’esprit des humains pour agir à travers eux, afin de pouvoir
manipuler directement les personnages joueurs ou les
personnes de leur entourage pour leur propre fin.
Grands Anciens et Dieux Extérieurs
Grands Anciens et Dieux Extérieurs seront très souvent
derrière les actions des antagonistes, mais également
des personnages eux-mêmes. Souvent, ces êtres auront
242
distillé leurs intentions chez leurs suivants humains ou
extraterrestres et s’opposeront aux personnages pour les
accomplir. En revanche, il n’est pas rare que les servants de
ces créatures croient agir selon les desseins de leur déité,
alors que leurs intentions ne sont que le fruit de leur propre
interprétation.
Finalement, on peut difficilement dire que des Grands
Anciens ou des dieux puissent être des antagonistes :
leurs motivations et leur échelle de pouvoir les rendent
incomparables aux humains. Même au niveau de la
communication, les personnages ne sont que des fourmis
primitives et insignifiantes en comparaison avec ces entités.
Seul Nyarlathotep peut être amené à employer un moyen de
communication suffisamment humain pour que les autres
puissent le comprendre, mais ses motivations resteront
énigmatiques, et son pouvoir incommensurable.
Cela n’empêche pas que les entreprises de ces entités soient
l’un des moteurs des campagnes de Cultes Innommables,
mais cette confrontation se produira la majorité des fois
par le biais du conflit avec leurs suivants humains ou
extraterrestres : pour éviter de réveiller le Grand Cthulhu,
il suffit de trouver assez de C4 pour faire sauter R’lyeh,
n’est-ce pas ?
Le surnaturel
Pour créer leur atmosphère, les histoires du Mythe partent
du principe que notre environnement est contaminé par les
manifestations surnaturelles, qu’elles soient des créatures
extraterrestres, des portails vers des mondes lointains
ou des objets qui octroient des pouvoirs magiques : le
surnaturel est, pour le dire ainsi, la clef des histoires
de Cultes Innommables (et les protagonistes sont des
personnes qui ont des contacts avec ces manifestations).
TOUCHÉS PAR LE MYTHE
Lorsqu’une personne pratique un type de magie en lien avec
le Mythe, il se rapproche un peu plus de la dégénérescence
totale. Cela se produit parce que le pouvoir du Mythe est
corrupteur, et c’est pourquoi tout objet, lieu ou personnage
qui s’y retrouve exposé acquerra inévitablement certaines
propriétés extraordinaires.
Par exemple, un objet qui appartenait à un sorcier il y a des
centaines d’années peut développer une sorte de conscience
qui lui permet de duper ceux qui y sont confrontés pour
leur faire accomplir certaines actions en son nom. Le
smartphone d’une victime que les Mi-Go ont capturé
peut permettre d’accéder à une sorte de connexion que
ces mêmes Mi-Go vont utiliser. Le même phénomène
concerne les lieux. Il y a probablement des régions de
l’océan dont l’exploration n’est pas encore sûre parce qu’elles
sont comprises dans la zone d’influence d’un Grand Ancien
et que les lois de la physique telles que nous les connaissons
ne s’appliquent pas.
Les humains sont particulièrement sensibles à l’influence
du Mythe. Pour cette raison, une personne peut posséder
une compétence d’arcanes sans qu’elle ne l’ait jamais
apprise de manière consciente. Ces personnes (ou même
des animaux, comme certains chats de gouttière capables
 L’attrait de l’étran
ge
de communiquer avec certains humains) touchées par Lorsque vous êtes
en train de concev
vous pouvez trouv oir ou mener une
le Mythe « par-devers elles » peuvent ne pas même être er cela un peu tir aventure,
les événements qu é par les cheveux qu
conscientes du pouvoir qu’elles possèdent. Cela fait peut-être i ont quelque ch e tous
aient un lien entre ose à voir avec le
longtemps qu’elles disposent de ces capacités, mais comme eux et avec les pe Mythe
ne devrait pas êt rsonnages joueur
elles ne savent rien de leur origine, elles leur paraissent si re le cas, car plus s. Cela
ont lieu, plus un de s événements étra
normales qu’elles ne leur accordent aucune importance. e aventure sera nges
apprécieront s’y re amusante, et les
Peut-être ne les ont elles même jamais utilisées (jusqu’à trouver mêlés. joueurs
ce qu’elles croisent le chemin des personnages joueurs). Dans Cultes Inno
mmables, une raiso
Quoi qu’il en soit, gardez à l’esprit que vous pouvez utiliser état : l’influence du n de poids vient va
Mythe génère dava lider cet
ces personnages particuliers. Par exemple, si certains Si une personne ntage d’activité du
commence à péné Mythe.
mendiants commencent à se comporter étrangement, cela quelconque manièr trer dans ce mon
e (que ce soit parc de d’une
peut indiquer que quelque chose d’étrange a lieu dans le les lieux peuvent êt e que les objets au
re imprégnés de l’in tant que
bâtiment abandonné où ils ont élu domicile. capables d’interagi fluence du Mythe
r avec leur entour et sont
cascade de « coïn age de leur propre
cidences » va l’y pl fait), une
aura obscure en ém onger complètem
LES CONTRÉES DU RÊVE ergera de manière
que les créatures du
ent. Une
et probablement d’a Mythe
ET AUTRES DIMENSIONS utres cultistes sero
nt attirés par elle.
Il peut être très amusant de commencer une campagne
sans que les personnages joueurs disposent de la moindre
information sur les Contrées du Rêve et qu’ils n’y accèdent ne souhaitez pas que l’aventure tourne autour de ce pays
pour la première fois et commencent à le comprendre que ou qu’il n’ait pas de rôle majeur, nous vous recommandons
lorsque le maître du jeu l’a décidé (sous la forme qu’il désire).
d’utiliser d’autres dimensions que vous pouvez créer (ou
Si vous souhaitez plonger les joueurs dans les Contrées du
présentes dans d’autres récits) si les personnages ne doivent
Rêve, vous pouvez essayer de les introduire en douceur, en
s’y rendre qu’une fois ou lorsqu’il n’est pas nécessaire de
distillant des références subtiles, par exemple sous la forme
détailler cette réalité parce que vous ne la mettrez en scène
d’un objet portail ou d’une note dans la marge d’un journal.
qu’une seule fois dans une aventure particulière. Faites des
En outre, bien que nous ayons déjà décrit les Contrées du
Contrées du Rêve un lieu plus étoffé où les personnages,
Rêve dans les grandes lignes, ainsi que certaines de ses
malgré l’incertitude de traverser une autre réalité, savent
caractéristiques, n’hésitez pas à les inventer vous-même.
plus ou moins ce qui les attend lorsqu’ils s’y rendent. C’est
Cette dimension n’est pas sujette au concret et elle peut
un lieu qui pourra être exploré progressivement et qu’ils
évoluer selon vos besoins pour votre campagne.
pourront apprendre à connaître, y découvrir les lieux, ses
Quant à la manière de raconter cet univers onirique, gardez caractéristiques, ses habitants, etc. Faites-en un lieu plus
simplement à l’esprit qu’un songe n’est rien de plus qu’un concret et riche en détail.
songe et que, bien que vous n’ayez vous-même jamais visité
Si nous vous conseillons de ne pas abuser des voyages dans
ces contrées, vous avez très souvent rêvé et vous pouvez
d’autres dimensions ou réalité, car ils en perdraient leur
en tirer une certaine inspiration. Tirez profit des éléments
aspect d’étrangeté et de singularité, une aventure qui traite
communs des rêves, de l’impression de reconnaître un
de ces mondes alternatifs ne s’éloignera pas de l’esprit des
inconnu dans la foule, de l’absence de chaussures à ses pieds
histoires du Mythe. Souvenez-vous que certaines créatures
et de s’en inquiéter, du fait que personne ne sache comment
aller d’un point à un autre, etc. N’oubliez pas non plus que existent en des lieux inconcevables et que là-bas, ce sont les
les cauchemars sont également des rêves et servez-vous-en humains qui sont étranges…
pour décrire les zones et les rencontres les plus saisissantes.
Entrer et sortir des Contrées du Rêve n’est pas une CRÉATURES
expérience triviale, et nous avons souhaité refléter cela en Intégrer des créatures du Mythe à sa campagne nécessite
imposant les tests d’Intellect pour se souvenir de tout ce un équilibre entre leur présence effective dans l’histoire
qui y a été vécu (voir l’encart page 77). En tant que maître et le halo de mystère et d’inconnu qui l’entoure. Ne vous
du jeu, vous pouvez encore plus accentuer cette idée en servez pas des créatures du Mythe comme des monstres
exigeant qu’un test soit réalisé avant de jouer les scènes de seconde zone qui apparaissent continuellement et
des Contrées du Rêve. Si le test est réussi, jouez la partie tombent comme des mouches. Les rencontres avec des
normalement (sans refaire de test, évidemment). Si le test entités ont une importance clef dans les histoires de Cultes
est un échec, vous pouvez inventer ce que vous voulez, Innommables, parce qu’elles sont l’expression même de la
car les personnages ne se souviendront pas de ce qu’ils Vérité du Mythe. En tant que telle, soignez leur apparition
ont vécu, ni même qu’ils sont entrés dans les Contrées du et donnez-leur un rôle important.
Rêve. Ainsi, la sensation d’incertitude affectera également
Lorsqu’une créature du Mythe doit faire son apparition dans
les joueurs et ils auront encore plus intérêt à ce que leurs
l’histoire, assurez-vous de l’interpréter de manière à ce que
personnages en reviennent.
cette étrangeté soit propre à une entité extraterrestre. Pour
N’oubliez pas que dans l’atmosphère du Mythe, il existe y arriver, il est indispensable d’avoir compris la théorie de la
une infinité de dimensions parallèles et que les Contrées pyramide à degrés expliquée dans le chapitre « Atmosphère »
du Rêve n’en sont qu’une seule. Il existe autant d’univers (page 69) : les créatures du Mythe se trouvent à des niveaux
différents et de réalités alternatives à explorer et visiter que de compréhension différents des humains. Nous autres,
vous le souhaitez. Le portail que traversent les personnages êtres vivants, partageons certaines motivations biologiques
ne donne pas forcément sur les Contrées du Rêve. Si vous comme l’alimentation, la reproduction ou la recherche
243
 d’un environnement adéquat, mais outre les motivations comme responsables de certains événements ou certaines
incompréhensibles aux humains, l’existence même d’une circonstances, mais qu’elles accordent rarement la moindre
créature du Mythe peut être différente. Sa composition attention aux humains. Effectivement, il est possible que
chimique, son métabolisme ou ses caractéristiques nous paraissions si insignifiants qu’elles ne soient même pas
physiques peuvent être si mystérieux que des concepts que capables de nous comprendre, ce qui expliquerait que leurs
nous considérons comme acquis (comme le mouvement, actions nous paraissent illogiques et absurdes.
la nutrition ou la perception) peuvent ne rien avoir à voir
Malgré tout cela et le fait que nous avons insisté sur le fait
chez ces créatures.
que l’apparition de créatures du Mythe doit rester étrange
En tant que maître du jeu, il est indispensable que vous à la compréhension humaine, ne saturez pas vos aventures
ayez cela en tête. Ce que les personnages vont rencontrer d’événements absurdes. Laissez un angle d’attaque que les
se déplace-t-il dans l’espace ? Se nourrit-il ? Perçoit-il la personnages pourront utiliser pour comprendre ce qu’il
présence physique de son environnement ou ne détecte- se passe et qui aboutisse à un dénouement. La dernière
t-il que les flux de pensées qui circulent dans les réseaux chose dont vous avez besoin est une table de jeu autour de
neuronaux ? Si une quelconque créature apparaît dans laquelle les joueurs sont frustrés et ne s’amusent pas.
votre récit, gardez certaines de ces questions en tête,
surtout si ce sont des entités de votre création (voir « Créer
des créatures » ci-après). Par exemple, le concept d’espace-
temps est un thème récurrent de l’œuvre de Lovecraft. Pour
Créer des créatures
les créatures dotées d’une longévité exceptionnellement
longue comme les Grands Anciens, un bref instant peut L’imagination de Lovecraft lui a permis de créer quantité de
être une centaine d’années : une confrontation contre une créatures de cauchemar : des dieux au-delà de notre espace et
formidable créature serait l’équivalent pour nous de l’effort notre temps et des races extraterrestres qui adorent ces dieux
que nous mettons à écraser un moustique qui s’est posé sur ou d’autres intérêts obscurs. Toutes ces notions sont horribles
notre bras. Pour d’autres entités parmi les plus complexes, et, dans la plupart des cas, impliquent des tentacules. Mais le
comme les Dieux Extérieurs, il est possible que le temps Mythe au sens large recense bien plus de créatures que ce que
s’écoule de manière directement différente. Peut-être que vous trouverez dans ce manuel, car il ne prétend pas proposer
une liste exhaustive de dieux et de monstres. Bien d’autres
ce que nous vivons actuellement est la conséquence d’un
créatures pourraient s’insérer parfaitement dans vos parties
événement futur, contrairement à ce que nous pousserait
de Cultes Innommables, des entités qui peuvent être tirées de
notre logique à penser. Le plus important est que lorsqu’il se
produit un contact entre les personnages et une créature du
Mythe, ils sentent qu’ils ont effectivement affaire à quelque
chose d’insolite, d’exceptionnel et d’incompréhensible.
N’oubliez pas que la pyramide à degrés ne s’arrête pas
à l’échelon situé au-dessus de l’Homme. Si les créatures
extraterrestres comme les Anciens, les Shoggoths ou les
Lloigors se trouvent un cran au-dessus de nous, les Grands
Anciens sont encore au-dessus. Et ces derniers, bien qu’ils L’OCÉAN
disposent d’un pouvoir extraordinaire, ont une présence
plus ou moins définie dans l’univers. Un degré plus haut Qui conn
aît
(ou deux, trois ou une infinité), se trouvent les Dieux et ce qui la fin ? Ce qui a ém
a erg
Extérieurs, que nous appelons « dieux » uniquement en satanique sombré peut émerg é peut sombrer
attend au er à nou
villes hum fon vea
raison de la sensation d’impuissance et d’insignifiance que aines mou d de l’océan et, au-d u. Le
vantes, pla essus des
nous éprouvons en ne faisant ne serait-ce que penser à eux. Howard P ne l’apoca
hil lypse.
Mais ils ne sont peut-être que des forces élémentaires et traumatis lips Lovecraft sou
mes, ma ffrait de n
is l’un d o
primitives de l’univers. sa phobie
de la m es plus g mbreux
de l’océa ra ves était
Ces forces destructrices ne sont pas maléfiques ou n l’inquié er. L’obscurité in
plus préc tait terrib sondable
corruptrices parce que leurs motivations échappent à isé lement,
pouvaien ment les horreur et même
notre compréhension et le chaos subséquent met à bas t peupler s insond
telle qu’il c e fond im a bles qui
l’ordre et la structure que les humains s’efforcent de ne mang pie. Sa ph
poisson, eait pas d o b
maintenir. En revanche, la méchanceté repose dans ni q e fruits d ie était
et la simp uoi que ce soit qu e mer, de
le odeur d i
le fait que ces entités ne voient aucun inconvénient à u poisson venait de la mer,
mettre un terme aux vies insignifiantes des créatures Ainsi, des le rendait
cré malade.
inférieures pour atteindre leurs objectifs. ou Cthulh atures comme Da
u lui-mêm gon et les
dans le pa eo Pro
Un final particulièrement épique pour Cultes nthéon de ccupent une place fonds
Lovecraft de choix
Innommables peut mettre en scène l’apparition de Et il est .
indéniable
l’une de ces créatures colossales, mais nous vous infinie d’i que l’océa
dée n
recommandons ne pas en faire une habitude de peur dans la fo s. Qu’est-ce qui p est une source
sse des M ourrait b
que l’hum aria ien
de perdre la sensation d’exceptionnel dont nous anité conn nnes, où même le rôder
avons déjà parlé au début de cette partie. Le plus aît semble s espèces
nt extrate
rrestres ?
normal serait que ces créatures apparaissent dans
les références de la société cultiste qui les considère
244
 récits d’autres auteurs du cercle de Lovecraft ou de votre propre d’une manière ou d’une autre. C’est le cas des Gugs ou des
imagination en tant que maître du jeu. Shantaks (si l’on considère que les Contrées du Rêve sont
une autre dimension, évidemment).
Lorsque vous créez une nouvelle créature du Mythe, réfléchissez
à son origine. Bien qu’il puisse y avoir autant d’origines que de Certaines créatures peuvent également être la semence des
créatures, voici un classement rapide des types de créatures qui dieux et peuvent tout à fait être le produit de blasphèmes,
peuplent le Mythe de Cthulhu. comme c’est le cas pour Wilbur Whateley (L’Abomination
de Dunwich) ou le fruit direct des Autres Dieux ou Grands
Certaines sont originaires de la Terre et bien
Anciens, comme les sombres rejetons de Shub-Niggurath.
antérieures à l’arrivée de l’Homme. Ce ne sont pas
des visiteurs, elles ont toujours été là. Pour elles, nous Enfin, elles peuvent être d’origine humaine. Cette catégorie
sommes les nouveaux arrivants. Les Profonds ou les regroupe les descendants dégénérés des humains, comme les
Hommes-Serpents en sont une parfaite illustration. Hommes de Leng, qui sont le résultat d’un croisement entre
des humains et d’autres espèces, les hybrides de Profonds ou
D’autres en revanche viennent d’autres planètes. Certaines les créatures qui ont été modifiées par un effet quelconque,
sont venues pour s’établir tandis que d’autres ne sont que de comme ce pourrait être le cas pour des personnages joueurs
passage ou souhaitent peut-être parasiter cette planète. Les submergés par leur Dégénérescence.
Anciens et les Mi-Go appartiennent à cette catégorie.
Outre l’origine de la créature, décidez du rôle qu’elle jouera
Certaines créatures ont été créées, que ce soit par magie dans le Mythe (et surtout ce qu’elle peut apporter à l’histoire
ou par une technologie que les humains sont incapables que n’apportent pas les autres créatures) : est-elle une créature
de comprendre (ce qui en fait de la magie, en pratique). indépendante ou est-elle au service d’une déité ou d’un Grand
Ce sont des créatures qui ont été créées dans un but précis, Ancien ? Si elle appartient à une race indépendante, quelles
généralement pour servir leur maître, comme les Shoggoths. sont ses motivations ? Le pouvoir, la connaissance, la survie ? Si
Elles peuvent également provenir d’une autre dimension c’est une race de servants, qui sert-elle et pourquoi ? Comment
qui dépasse notre entendement. Ce sont des créatures s’organise-t-elle ? Comment se comporte-t-elle envers d’autres
qui existent dans des réalités différentes de la nôtre, mais créatures et déités (notamment l’Homme) ?
qui peuvent se manifester dans notre plan d’existence Il est également important, quoique difficile, de déterminer
si une race est intelligente ou si elle est plus proche des
animaux et se comporte par instinct. Si elle est intelligente,
il est plus que probable qu’elle ait développé un langage
et qu’elle ait constitué une sorte de société, en plus de
AUTRES CRÉATURES
disposer de sa propre magie et technologie (plus ou moins
nt le Mythe de avancée par rapport à celle des humains, mais certainement
les jeux qui exploite
Traditionnellement, pour compléter
s monstres classiques différente). N’oubliez pas que la nature des créatures du
Cthulhu utilisent de nibles. Vampires, Mythe est généralement radicalement différente de celle
res terrifiantes dispo
leur palette de créatu nels se mêlent
s monstres tradition que nous connaissons, au point que ce que nous pouvons
loups-garous et autre créant ainsi des
iennes dans ces jeux, estimer primitif ou sauvage peut s’avérer constituer une
aux horreurs lovecraft possible.
dans lesquelles tout est forme de développement mental qui échappe à notre
histoires hétérogènes compréhension humaine. Si nous revenons à la pyramide à
opté pour une
lte s In no m m ables, nous avons degrés de L. Edtown (page 69), les êtres d’un niveau ne sont
Pour Cu r les horreurs
e plu s pu ris te centrée uniquement su pas capables de comprendre ceux des niveaux supérieurs.
persp ec tiv ssés de côté
Le s mo ns tre s classiques sont lai Par exemple, une fourmi ne sait pas que les êtres humains se
cosm iqu es. correspondent
e no us av on s considéré qu’ils ne comportent en fonction de motivations déterminées. Pour
pa rce qu jeu est libre de
en t à l’am biance. Le maître du elles, nous sommes simplement des créatures monstrueuses
pa s vr aim mais nous vous
no n ou de l’ignorer entièrement, et destructrices. Le même schéma peut être appliqué à une
su ivr e ce ca cohérence avant
om ma nd on s de réfl échir aux effets sur la race extraterrestre. Lorsque vous déterminez si elle sera
rec aventures.
de créature dans vos
d’introduire ce genre intelligente ou non, décidez à quel point elle est semblable
de intermédiaire
uvez adopter une attitu à l’intelligence humaine, car plus elle l’est, plus il sera facile
Malgré tout, vous po Mythe qui rap pellent ou ont de communiquer avec elle.
de s cré atu res du
et concev oir Finalement,
tér ist iqu es d’u n monstre classique. Choisissez également où résident ces créatures, dans quels
les carac ressuscités du
dans les canons : les
il y a des précédents pe uv ent très bien lieux et à quels moments. Vivent-elles dans d’obscures grottes
He rb ert W est (vo ir page 201) de la face cachée de Deimos ? Au fond de l’Atlantique ?
docteur vie d’une
zo mb ies . Ai ns i, vo us aurez peut-être en Résidaient-elles depuis des milliards d’années dans un
être des sang, sont
ain s dé gé né rés qui s’alimentent de autre monde du Système solaire qui n’existe plus ? Dans les
race d’h um force et
ibl es à la lum ièr e du soleil et jouissent d’une
hypersens rement des Contrées du Rêve ? L’habitat des créatures affectera leur
ess e su rh um ain es. Vous y reconnaîtrez sû physionomie, et une créature des abysses pourrait avoir une
d’une vit s, mais en
et ils ser on t pe ut- être source de légende
vampire s en brume. apparence humide, tandis qu’une espèce qui vivrait dans
de cru cifi x, d’a il et de transformations
se passa nt moments les nuages de feu de Vénus pourrait être écarlate et sentir
s pe uv en t êtr e de s échos psychiques de
Les spec tre nelle qui se le soufre. Outre leur lieu de vie, pensez à leur capacité à
an de vio len ce et à forte teneur émotion
d’une gr avec notre voyager. Certaines races ont la capacité de se déplacer dans
en bo uc le et int era gissent violemment
répètent t trouver l’espace extérieur (ou à travers le temps) pour atteindre
ten ce . D’ au tre s mo nstres encore peuven
plan d’e xis x légendes notre planète. Cela peut également permettre d’emmener
ca tio n et de s pa rticu larités alternatives au
une expli quelqu’un avec elles.
cadre du Mythe. 245
qui les rapprochent du
 Si cette race vit ou visite la Terre ou les Contrées du Rêve, il est
possible qu’elle interagisse avec les humains d’une manière ou
d’une autre, même si leur relation avec eux se limitera presque
toujours à l’esclavage ou les expériences, sans parler de la
possibilité que ces créatures considèrent les humains comme
une source de nourriture. À partir de ces facteurs et de si ces
créatures se laissent (ou se sont laissées) observer, vous pourrez
définir si des légendes les entourent ou si un culte les sert ou
les adore. Qu’elles soient hostiles ou non, déterminez leur
comportement et leurs motivations. Cherchent-elles à envahir
des territoires ? À échapper à l’extinction ? À accumuler des
connaissances ? À offrir des sacrifices à leur divinité ?
Enfin, il est important de préparer une description même
sommaire de la créature. Elle peut être vague ou bien détaillée,
mais veillez à insister sur les détails les plus perturbants et
inquiétants tout en conservant une aura de mystère.
ATTRIBUER DES VALEURS À L’HORREUR
Dans le Mythe, la majorité des créatures sont des
entités horribles qui dépassent l’entendement et qui
se laissent rarement apercevoir, et elles apparaissent
presque systématiquement dans des légendes étranges
et oubliées, des journaux à la fiabilité toute relative ou
des récits écrits par des déments. En outre, lorsqu’elles
apparaissent, elles sont souvent confondues avec
ces ombres et ces bruits qui semblent être le fruit de
l’imagination ou de la folie. Certes, cette touche de
mystère disparaît dès lors que l’on donne des attributs
aux créatures, car ce n’est pas du tout la même chose
que d’éprouver une sensation d’impuissance au
moment d’être attaqué par une créature féroce à la
peau caoutchouteuse qui ressemble vaguement à une
caricature d’humain, qui avance la gueule grande ouverte
couverte de crocs baveux, de longues griffes tendues vers
soi, que de dire simplement « un Profond t’attaque avec
246
une Force de 5 ». Mais quoi qu’il en soit, nous sommes
dans un jeu de rôles, et il est nécessaire que beaucoup
de ces créatures aient des attributs numériques, même si
nous recommandons chaudement au maître du jeu de se
concentrer sur les aspects descriptifs au moment de les
présenter aux joueurs.
À l’instar des personnages, les créatures du Mythe aussi
ont des caractéristiques et des compétences. Les attributs
sont les mêmes que pour les personnages : Force,
Réflexes, Intellect et Volonté. Quant aux compétences,
chaque créature doit avoir les siennes propres et, si la
créature possède une capacité ou faiblesse surnaturelle,
elle doit apparaître dans les traits de ses caractéristiques
(« Amphibie », « Éthéré », « Se nourrit de sang »…) ou
dans ses compétences (« Voler », « Souffle enflammé »,
« Ressusciter les morts »…). Gardez à l’esprit que toutes
les créatures doivent savoir se déplacer , se battre ,
percevoir leur environnement , être capables de passer
inaperçues et, si elles sont intelligentes, elles doivent
avoir un moyen d’interaction et de connaissances sur
les arcanes (si elles ont eu des contacts avec les humains,
elles peuvent même connaître des caractéristiques de leur
civilisation ). Beaucoup d’entre elles sauront également
manier la magie et des pouvoirs spéciaux .
Au moment de répartir des points, vous êtes entièrement
libre de rendre votre créature aussi puissante que vous
le souhaitez pour les besoins de l’histoire. Cultes
Innommables n’est pas un jeu conçu pour que les
personnages se déplacent dans un couloir rectiligne
en liquidant des monstres à la pelle, et il n’y a aucune
raison que les rencontres avec ce genre de créatures
soient équilibrées. Évidemment, cela peut arriver, mais
en général les récits de Lovecraft cherchaient à rendre
chacun de ces êtres suffisamment menaçants pour qu’ils
terrorisent n’importe qui.
À titre de référence, pour savoir quelle est la valeur qui
convient à une compétence ou une caractéristique, vous
pouvez consulter les pages 18 et 20. N’hésitez pas à utiliser
des valeurs qui dépassent le maximum humain, mais,
surtout, utilisez les traits descriptifs.
Outre les compétences et caractéristiques, les créatures ont
leurs propres armes (naturelles ou non) qui infligeront un
dégât déterminé. En général, considérez que les attaques
naturelles à coups de serres, griffes ou crocs infligent des
dégâts C, mais si les griffes ou crocs en question sont très
grands, ils infligent plutôt des dégâts M, tandis que s’ils
sont petits, ils infligent des dégâts m.
Les créatures ont également une valeur de Résistance
aux Dégâts en fonction de leur physionomie, comme un
pelage épais, un exosquelette, etc. En outre, les créatures
dont les particularités physiques ou mystiques les rendent
plus difficiles à blesser peuvent également bénéficier d’une
réduction de dégâts (RD). Et bien entendu, certaines
créatures n’ont même pas de corps physique et peuvent
être immunisées à tous les types de dégâts… à l’exception
de la magie ou des technologies extraterrestres.
Naturellement, toute créature a un coût de santé mentale
lorsqu’elle est vue, ce qui nécessitera un test de Sang-Froid
qui dépend de sa nature. Cela veut dire que la présence de
l’une de ces créatures provoquera la stupeur, la peur ou
la panique (voir page 56), selon si elle est plus ou moins
horrible et antinaturelle. En général, celles qui sont plus ou
moins humanoïdes provoqueront la stupeur. Celles qui sont
des monstres « normaux » (horribles et dangereux, mais qui
se conforment plus ou moins aux lois de la physique telles
que nous les connaissons) provoquent la peur, tandis que
celles qui s’éloignent trop de l’intuition ou de l’imagination
humaine provoqueront la panique. Le niveau de terreur est
réservé aux Dieux Extérieurs. y primigenios.
Un exemple de créature : les Chiens de Tindalos
Créés par Lovecraft et développés par Frank Belknap
Long, les Chiens de Tindalos sont des créatures qui
viennent d’une époque au cours de laquelle n’existaient
que des formes de vie unicellulaires. Contrairement à
ces dernières qui résidaient dans les courbes du temps,
les Chiens en hantaient les angles, ce qui leur permet de
se déplacer à travers le temps avec autant de facilité que
d’autres entités se déplacent dans l’espace.
Les Chiens de Tindalos chassent férocement toute
créature qu’ils voient pour se nourrir de son essence
vitale, et ils peuvent voir toute personne qui les voit en
retour. Ainsi, un individu suffisamment imprudent pour
s’aventurer dans le temps court le risque de devenir la
proie de l’une de ces créatures. Si quelqu’un aperçoit
l’un d’entre eux, le Chien le voit en retour et le poursuit.
Peu importe où et « quand » il se cache, cette créature
traverse le temps et n’aura de cesse de le pourchasser
jusqu’à la mort de l’un des deux. Étant donné que les
Chiens de Tindalos sont immortels, l’issue est évidente.
Ces créatures sont capables de se déplacer par les angles
du temps, ce qui signifie que pour se matérialiser, il
leur faut une surface anguleuse, ce qui rend très facile
pour eux d’apparaître dans les recoins d’une maison.
Par exemple, ils ne peuvent apparaître dans une pièce
entièrement sphérique, bien que, comme certains
imprudents ont pu avoir le malheur de le découvrir,
une faille ou une fente même minime dans cette sphère
parfaite suffit pour que le chasseur apparaisse.
Pour générer les statistiques du Chien de Tindalos,
commençons par ses caractéristiques. Bien qu’ils soient
décrits comme « efflanqués et affamés », ils sont également
décrits comme de terribles prédateurs, ce qui pousse à
penser qu’ils sont particulièrement résistants, et nous
leur octroierons une Force de 7 en utilisant l’aspect
descriptif « Efflanqués et affamés ». Comme ce sont des
chasseurs, même si rien ne précise qu’ils sont rapides,
il serait peu probable qu’ils soient lents, et leur valeur
de Réflexe est donc fixée à 3 avec l’aspect « Se déplace
dans les angles du temps », qui représente sa capacité. Sa
Volonté aussi est élevée, car une fois qu’ils se lancent dans
une chasse, ils ne renoncent jamais. Cette caractéristique
sera donc de 9 « Implacable ». Nous savons également
que ce sont des créatures astucieuses et cruelles, ce
qui leur donne un Intellect de 6 avec l’inquiétant aspect
« Quintessence du mal ». Cela donne une valeur de 11
pour l’Endurance et de 6 pour l’Initiative.
En ce qui concerne les compétences, nous avons besoin
qu’il ait une compétence pour se déplacer et faire des
actions physiques générales. Il n’est pas soumis à la
gravité et vole certainement, mais si un Chien de Tindalos
se déplace, ce sera dans le but de traquer quelqu’un, ce
qui nous donne une compétence de mouvement évidente :
« Persécution implacable » 8. Au combat, un Chien de
Tindalos absorbe l’essence vitale de la victime avec sa
langue purulente, ce qui donne le nom de la compétence :
« Langue purulente » 8. Sa perception dépend de la
personne qui le voit, et nous appellerons sa compétence
« Si tu le vois, il te voit en retour » 9. Quant à son moyen
de communication, il est peu connu, bien que pour faire
honneur à son nom nous puissions supposer qu’ils
communiquent en émettent des aboiements, ce qui donne
peu d’informations à un humain, mais lui instillera une
terreur. Nous nommerons donc cette compétence
« Aboiement glaçant » 6. Le moins que l’on puisse dire,
c’est que ce ne sont pas des créatures particulièrement
subtiles : ils ne se cachent pas et sont partisans de l’action
directe. Si le Chien souhaite être discret, il utilisera sa
compétence « Ne se cache pas » 3 (on ne peut pas être
bon partout). En tant que créatures éloignées du temps,
les Chiens de Tindalos en savent beaucoup sur l’origine
de la Création, et ils peuvent disposer de la compétence
« Secrets sur l’origine de la Création » 5. Évidemment,
il disposera également de connaissances d’arcanes,
ce qui nous amène à son mystérieux nom, « Tindalos ».
Tindalos était-il un dieu ? Un lieu ? Un prêtre puissant ?
Ce mystère permet de créer une compétence d’arcanes
qui s’appelle « Le pouvoir de Tindalos » 6.
On dit des Chiens de Tindalos qu’ils sont immortels.
Bien que cela n’ait pas été prouvé, ils sont effectivement
terriblement résistants et leur cuir leur permet de
bénéficier d’une réduction des dégâts (RD) de 5 points.
En outre, ils régénèrent 5 points de Résistance par tour.
Reste à déterminer le coût en Stabilité Mentale à la vue
d’un Chien de Tindalos et, étant donné que c’est une
créature qui brise clairement toutes les lois de la réalité
que nous connaissons dans une ampleur incroyable,
on peut estimer qu’ils provoquent la Panique.
247
 FORCE 7 Efflanqué et affamé
RÉFLEXES 3 Se déplace par les angles du temps
VOLONTÉ 9 Implacable
INTELLECT 6 Quintessence du mal
COMPÉTENCES
8 Persécution implacable
9 Langue purulente
9 Si tu le vois, il te voit en retour
9 Aboiement glaçant
3 Ne se cache pas
5 Secrets sur l’origine de la Création
6 Le pouvoir de Tindalos
Langue purulente : Si le Chien de Tindalos touche sa
cible et lui inflige des dégâts, chaque tour qui suit
le premier il fait un test en opposition de Force plus
sa compétence de combat contre sa proie. Si le Chien
remporte le duel, la victime perd autant de points de
Résistance que la valeur du dé M (sans RD possible)
et elle ne peut rien faire d’autre que se débattre tandis
que son énergie est consommée. L’essence vitale
perdue est transmise au Chien. Si c’est la victime qui
réussit le test, elle arrive à se défaire de son emprise.
En cas d’égalité, elle ne subit pas de dégâts, mais les
deux joueurs devront refaire le test au tour suivant.
Le pouvoir de Tindalos : Le Chien de Tindalos ne
suit pas les mêmes règles de la physique que nous
connaissons, et son pouvoir de se transporter dans
les angles du temps lui permet de voyager par ce
biais avec la même facilité qu’à travers l’espace à une
vitesse de 500 000 ans par heure. Il peut également
faire en sorte que d’autres l’accompagnent, en partie
ou entièrement, et il n’est pas rare que les restes d’une
victime malheureuse soient retrouvés éparpillés à
travers l’espace et le temps.
Endurance: 11
Résistance : 33 (RD 5 Cuir très dur. Régénère 5 points
de Résistance à chaque tour).
Défense : 17
Initiative: 6
Bonus de dégâts au corps-à-corps: +4
Armes : Langue purulente +12 (C+4, consulter la
description).
Exposition à la folie : Panique (difficile, C/CM).
Adapter les créatures du système d100 à Hitos
Cultes Innommables n’est pas le premier jeu à traiter le
Mythe de Cthulhu. Il en existe de nombreux autres à ce
sujet, et le plus célèbre est sûrement L’appel de Cthulhu,
publié à l’origine par Chaosium Inc. et qui bénéficie
d’une infinité de documents publiés qui peuvent servir
d’inspiration pour Cultes Innommables. Nous vous
proposons quelques conseils pour adapter les créatures du
système d100 (utilisé par ce jeu) au système Hitos.
Il n’existe pas de correspondance linéaire entre les
caractéristiques du système d100 et Hitos, car ce dernier
est un système asymétrique : la moyenne humaine est de 3,
mais un humain peut avoir une valeur comprise entre 1
et 10 (bien que les valeurs 9 et 10 sont exceptionnelles).
Comparativement, la moyenne humaine du système d100
est de 10 et 11 (parce qu’en dépit du nom du système, les
caractéristiques vont de 3 à 18) et le maximum humain
est de 18 (bien qu’il puisse atteindre 20 dans certaines
248
circonstances). Cela nécessite une règle de conversion de
deux colonnes qui donne le tableau suivant :
Système d100 Hitos
1-2 0
3-5 1
6-8 2
9-12 3
13-14 4
15-16 5
17-18 6
19-20 7
21-22 8
23-24 9
25-26 10
27-28 11
29-30 12
Par tranche de deux points +1
Pour reprendre ce qui a été dit précédemment, ne vous servez
pas de ce tableau tel quel : la description d’une créature ou
l’utilisation de traits peut servir à affiner les valeurs dans un
sens ou un autre. Il n’existe pas de règle de conversion unique
pour les aspects descriptifs, et nous vous conseillons de vous
appuyer sur la description de la créature. Si vous avez besoin
d’un nivellement, vous pouvez utiliser des aspects « négatifs »
lorsque la caractéristique est plus élevée qu’elle ne le devrait
dans le tableau et « positifs » dans le cas contraire.
Exemple : Une créature a une Dextérité de 15 dans le
système d100 et le manuel la décrit comme une créature
possédant des griffes puissantes et de longues pattes qui
lui permettent de réaliser de grands sauts. Comme c’est
la caractéristique Réflexes qui représente la dextérité
manuelle et l’agilité, vous pouvez « arrondir » Réflexes
à 6 et utiliser comme description « Griffes à la place des
mains » ou la fixer à 4, mais en notant « Pattes puissantes ».
Lorsque vous convertissez les caractéristiques, la Force doit
être la moyenne de FOR, CON et TAI (mais vous pouvez
donner plus d’importance à la FOR en la multipliant par
deux et en divisant le total par quatre) ou directement choisir
la plus élevée des trois : les Réflexes correspondent à la DEX,
l’Intellect à l’INT (ou ÉDU si elle est plus élevée et qu’il s’agit
d’un personnage et non d’une créature) et la Volonté au POU.
Le cas des compétences est plus sensible, car dans la
plupart des documents, seules les compétences de combat
des créatures sont indiquées. En revanche, pour les cas qui
mentionnent effectivement des compétences, la manière
la plus simple de les convertir consiste à attribuer 1 point
Hitos par tranche de 10 points de pourcentage. Ainsi, 30 %
devient 3, 57 % devient 6, etc. (cette méthode fonctionne
également pour convertir des personnages).
Pour les autres valeurs (Endurance, points de Résistance,
Défense), utilisez les règles de création de personnage
Hitos. Gardez à l’esprit que les monstres n’ont ni Sang-
Froid ni points de Stabilité Mentale. L’exposition à la terreur
qu’implique la vue d’un monstre peut être déduite de ce qui
est expliqué à la page 56.
Quant aux dégâts des attaques ou des armes, ce qui cause
1d4 ou moins provoque un dégât m, ce qui cause 1d6
provoque un dégât C et ce qui cause 1d8 ou plus provoque
un dégât M. Pour des sources de dégâts plus spécifiques,
vous pouvez monter à mM ou au-delà, mais n’oubliez
pas que les créatures particulièrement grandes et fortes
bénéficient de bonus aux dégâts élevés qui augmentent
leurs dommages. En cas de doute, utilisez le tableau de
dégâts qui apparaît à la page 47 de ce manuel.
Enfin, si le monstre bénéficie d’une immunité à un type
de dégât, vous pouvez la transposer telle quelle dans
Hitos. S’il a une armure ou autre, utilisez cette valeur
comme réduction de dégât.
Dans tous les cas, n’oubliez pas que ces conseils de conversion ne
sont pas immuables. Nous vous recommandons de vous reposer
principalement sur la description de chaque créature plutôt
que sur leurs valeurs numériques, car finalement les créatures
telles qu’elles apparaissent dans le système d100 n’ont pas à être
identiques en tous points dans le système Hitos et vous pouvez
appliquer toutes les modifications que vous estimez s’appliquer
au mieux à la créature. Vous êtes entièrement libre d’ignorer la
présente section si vous considérez qu’elle ne s’applique pas au
monstre que vous cherchez à adapter.
CRÉER DES DIEUX
ET DES GRANDS ANCIENS
La majorité des créatures du Mythe, aussi puissantes soient-
elles aux yeux des humains, ne sont que des insectes pour
les Grands Anciens et les Dieux Extérieurs, et ce sont eux
qui sont les plus proéminents sur la scène du jeu. Aucune
règle n’est fournie pour eux, car ils n’en ont pas besoin. Ce
sont des entités au pouvoir incroyable, omniscients aux
yeux des cultistes et sont, à tous effets de jeu, un élément
de la trame plus qu’un personnage. C’est pourquoi ils n’ont
pas d’attributs, mais plutôt quatre aspects associés qui
définissent ce qu’ils sont et représentent :
Histoire : Cet aspect détermine le concept du dieu ou du Grand
Ancien, ainsi que le rôle qu’il joue dans le Mythe. C’est l’aspect
qui le définit véritablement.
Cultes : Ce dieu a-t-il des acolytes sur Terre ? Cet aspect
répond à cette question et décrit les cultes et les cultistes dont
il dispose au sein de l’humanité. Sont-ce de petits groupuscules
disséminés dans des zones rurales ou des institutions craintes
et respectées ? Ont-ils des ressources économiques ?
Suivants : La Terre n’est pas le seul lieu où des cultes sont
rendus à ces êtres, dont les suivants existent aux quatre coins de
l’univers et de l’histoire, et qui peuvent appartenir à n’importe
quelle race. Cet aspect fait allusion aux suivants non humains
que peut avoir le dieu ou le Grand Ancien.
Influence dans le monde : Les aspects précédents expliquent
comment leur entourage perçoit chaque dieu ou Grand
Ancien. Celui-ci décrit comment il voit le monde et quelle est
sa relation avec lui. Il peut vouloir le corrompre ou chercher
à le détruire. Mais il est plus probable que ses plans (s’il en a)
soient bien plus complexes.
Ces aspects sont pertinents au moment d’établir une relation
avec ces dieux et Grands Anciens, et ils seront utilisés en cas
d’interaction directe (et nous espérons pour le bien des cultistes
que cela ne se produise pas régulièrement) ou indirecte avec eux.
Un exemple de Grand Ancien : Cthugha
Cthugha est un Grand Ancien qui est mentionné
pour la première fois dans l’histoire « Le trou des
sorcières » par H.P. Lovecraft et August Derleth,
bien que ce soit ce dernier qui a développé sa trame
dans des récits ultérieurs.
Cthugha est décrit comme une gigantesque boule de feu
qui réside sur l’étoile Fomalhaut. Le seul moyen qu’ont
trouvé les humains de le « contacter » et de le voir a
été trouvé par le biais de rituels d’invocation, car il
ne communique pas activement avec l’humanité. Avec
lui se trouvent ceux que l’on appelle les Vampires de
feu, décrits par Derleth dans « L’habitant de l’ombre »
comme des « points de lumière ».
En premier lieu, il convient de réfléchir à un aspect
de son histoire pour décrire la nature de Cthugha.
Étant donné le peu d’informations que nous avons
de lui, nous pouvons lui attribuer l’aspect « L’étoile
la plus brillante », qui fait référence autant à ses
propriétés ignées qu’au fait qu’il réside sur l’étoile
lointaine de Fomalhaut.
Quant à ses cultes, il est probable qu’il en existe
peu étant donné la difficulté pour communiquer
avec lui. On peut estimer que la majeure partie des
connaissances qui le concernent est assez récente (les
sources anciennes, comme nous le verrons plus tard,
ne font que de simples références à des éloges au feu),
et ses cultes, loin de suivre des entités bien connues du
Mythe, estiment que suivre Cthugha leur ouvrira un
chemin vers des connaissances et un pouvoir jamais
vus auparavant. Un aspect qui peut illustrer cela
pourrait être « Cthugha illumine la nouvelle voie ».
En ce qui concerne ses suivants, il faut réfléchir aux
créatures du Mythe associées à Cthugha : les Vampires
de feu qui apparaissent autour de lui lorsqu’il est
invoqué. Normalement, on ne les trouve que sous
forme plasmatique, mais ils explosent en flammes
en pénétrant dans l’atmosphère terrestre, et c’est
pourquoi ils ressemblent à de petits points de feu. On
peut donc en déduire l’aspect « Le feu engendre le feu »,
qui reflète bien ces deux concepts.
Enfin, le dernier aspect fait référence à l’influence
qu’a eue Cthugha dans le monde. Comme nous l’avons
vu, ce dieu est presque un inconnu, même pour les
érudits du Mythe, mais son essence correspond
à un concept très élémentaire : le feu. Il est donc
possible que des croyances ou des propriétés qui ont
traditionnellement été attribuées au feu (purification
de l’âme, renouvellement…) trouvent leur origine
en Cthugha. Un bon aspect serait donc « Une simple
étincelle peut provoquer un incendie », qui implique
qu’un objet aussi élémentaire qu’une allumette peut
avoir de grandes conséquences et que toutes ces choses
contiennent un peu de Cthugha.
Nous avons enfin tous les aspects du Grand Ancien,
mais il ne faut pas oublier que si nous souhaitons
l’introduire dans notre aventure, nous aurons sûrement
besoin des valeurs de jeu des créatures qui ont un lien
avec lui, comme les Vampires de feu ou des cultes qui
l’adorent (pour cela, nous vous recommandons de
suivre les conseils de création d’un culte au chapitre
« Cultes » page 166).
249
Coda

L’été à Sydney était chaque année plus chaud. Ou alors était-ce mon impression.
Les Aspirants n’étaient pas encore arrivés au forum et les Majeurs parlaient et discutaient avec
insouciance. On aurait dit qu’une fête se préparait. Ils allumaient les feux un par un, tout autour du
monolithe, et les ravivaient avec de l’essence. Ils répartissaient les instruments cérémoniels entre
les Majeurs qui aideraient les aspirants à s’habiller, attribuant chaque paquet comme on distribue un
amuse-gueule à un travailleur journalier et, en se peignant mutuellement sur le visage les idéogrammes
sacrés, ils trouvaient même l’occasion de faire des plaisanteries : l’un d’eux avait peint sur le front de
son frère quelque chose que je ne pus distinguer de là où j’étais, mais qui déclencha une cascade de
rires. Ils riaient comme des gamins ! Pourtant, ce qui me fit vraiment exploser fut de voir un type qui,
s’il n’avait pas passé le rite de maturité l’année dernière l’aurait fait il y a deux ans, était adossé au
monolithe comme s’il s’agissait d’une vulgaire clôture.
Mais mes cris n’avaient plus d’effet. Dans le meilleur des cas, ils servaient à ce que les plus âgés sortent
un moment de leur apathie pour donner raison au cinglé : « Allez, écoutez-le », dirent-ils avec ennui.
Ceux-là étaient bien plus dangereux que les jeunes inconscients, car bien qu’ils aient grandi entourés
de magie, ils avaient fait le choix de l’oublier.
Le silence se fit enfin et les aspirants arrivèrent dans le cercle. Chacun choisit un foyer. Les Majeurs
coupèrent leurs vêtements, les badigeonnèrent et les couvrirent d’une tunique blanche. Sur le monolithe
apparurent alors les officiants dans leurs tuniques noires qui les couvraient entièrement, criant à
l’unisson les mêmes phrases que j’avais entendues tant de fois : « Cette nuit, vous avez été choisis pour
alimenter les dieux ». Leurs voix faibles arrivaient à peine à se faire entendre par-dessus le vent.
Avant, il n’était pas nécessaire de parler autant. Mais, par crainte que quelqu’un n’arrive pas à
comprendre ce qu’il se passait dans les derniers moments, on avait ajouté dans le texte qui ouvre le
rituel une description de ce qu’ils allaient voir : « Une porte s’ouvrira dans les entrailles de la Terre,
où vivent nos maîtres, et vous verrez surgir la marque de ceux qui marchent dans le vent, une colonne
de fumée si dense qu’elle vous semblera être un lambeau de nuit ». Pour ma part, j’avais évidemment
été contre. Si quelqu’un, après avoir écouté des milliers de fois les contes et légendes dans la nuit des
foyers, ne savait pas ce qu’il allait se passer, il valait mieux le soumettre à la justice des poignards.
Pourtant, mes plaintes étaient systématiquement ignorées.
Je me souvins de l’Orbe de Lûm tournoyant lentement dans les airs, projetant ses jeux de lumière
trompeurs, les cris déchirants, la fumée noire qui me faisait penser à de l’encre se propageant dans
l’eau… Cet artefact mystique, semblable au complexe projecteur d’un planétarium, était capable
de projeter la terrifiante anatomie de nos dieux en donnant aux images une qualité plastique
effrayante. Il pouvait aussi montrer d’autres créatures, toutes plus horribles les unes que les autres.
Mais plus personne ne savait comment imprégner l’Orbe de vie, et il fallait se reposer sur une
illusion vulgaire : un feu dans lequel étaient brûlés des pneus donnait corps au faux dieu, et sa voix
était une vieille sirène antiaérienne. Rien, au final, sans la petite scène que faisaient les officiants,
le vacarme de paroles vénéneuses qui se glissent subrepticement dans les fissures des jeunes
cervelles, mêlées de paroles banales.
Je frissonnais en pensant à la gloire perdue. Ou peut-être était-ce le froid.
La magie avait disparu. Je ne saurais dire quand, exactement. Ceux qui connaissaient les nombres
et leur lien avec l’univers s’étaient sacrifiés de manière désordonnée et il était difficile de dire
qui était le dernier à avoir disparu. Il restait peu de témoins ou de participants aux prodiges qu’ils
avaient accomplis, et presque tous les survivants étaient réduits à des reliques vivantes, sans
- 250 -
autre utilité que celle d’inspirer en cas d’extrême nécessité : « Souvenez-vous du sacrifice de nos
Anciens », suivi de « sacrifiez-vous ».
Mais ce n’était pas des sacrifices comme ceux que j’avais connus. L’aimable mensonge que
nous proférions ouvrait les portes d’un univers colossal, offrait la dignité de choisir son
propre destin, que ce soit dans une direction ou dans une autre. De cela, il ne restait qu’une
représentation machinale, un vulgaire transfert.
De loin, je pus voir qu’ils disposaient les échelles le long du monolithe et qu’y grimpaient ceux qui se
livraient à un grossier nuage de fumée. Certains se lançaient, décidés, la majorité était réticente, mais
tous y allèrent. Cela faisait longtemps que personne ne restait derrière. Les années précédentes, il avait
fallu être témoin des Majeurs qui poussaient les élus vers les échelles, leur montrant même les couteaux
qui auraient dû rester dissimulés pour qu’ils se fassent une idée de ce qui les attendait s’ils refusaient
d’avancer. Tous montaient. Apparemment, ils étaient tous dignes.
J’étais arrivé dans ma chambre lorsque j’entendis éclater une cacophonie effrayante, quelque
chose que l’on aurait pu très difficilement qualifier de musique. Je me dis que de mon temps, une
telle célébration aurait été considérée comme un sacrilège. À mon époque, le sol aurait été couvert
du sang des lâches et des incroyants.
Non. Mieux valait chercher l’inconscience, bien que je n’aimasse pas dormir, car l’ennemi rôde dans
les songes. Mais au moins, dans mes rêves le monde avait encore un sens.
Ainsi, une fois de plus j’ouvre les yeux sur cet espace qui ressemble à mon foyer, mais où je me
trouve seul. Un univers muet, vide. À l’extérieur souffle un vent violent qui me pousse vers l’entrée du
complexe, vers les hautes portes métalliques qui m’empêchent de voir la mer. Un coup terrible résonne
sur l’une d’elles : quelqu’un cherche à entrer.
Je me retourne vers le monolithe, cet énorme tronc d’arbre minéral, et vois que ses parois tremblent.
Quelque chose d’organique coule tout le long. Une marée de scarabées s’en échappe de l’intérieur. Il
y en a tant ! Les uns sur les autres, ils avancent irrémédiablement vers moi. Et moi, je suis paralysé.
Un géant appelle à la porte, et dans le forum une vague de scarabées se forme très lentement. Je
regarde le pistolet dans ma main.
Mais la vague est déjà là, une masse vivante qui avance inexorablement à ma rencontre. Plus qu’une
vague, elle ressemble à de la lave qui s’écoule sur le flanc d’un volcan. Le monolithe est enseveli sous
un bouillonnement de vie. Oui, les coups sur la porte sont maintenant si forts qu’on dirait qu’à tout
moment ses montants métalliques peuvent céder.
Lorsque la vague m’atteint, infiniment lente, et que les premiers scarabées grimpent sur mes jambes et
mordent ma chair, les portes du complexe cèdent enfin et, les piétinant, traversant l’arche de l’entrée,
surgit un colossal scarabée rhinocéros.
Je regarde à nouveau le pistolet. Un milliard de gueules me dévorent enfin.
À mon réveil, je pouvais encore sentir leurs mandibules dans ma peau. Trempé de sueur, pris de vertiges,
je descendis rapidement dans le forum, peut-être en espérant voir un désastre quelconque. Mais je ne
trouvais que des frères qui me regardèrent étrangement, voire avec dédain, des frères paresseux.
Pendant des années, après mon retour des îles Salomon, mes rêves avaient prophétisé chaque tragédie
qui allait frapper notre communauté. Mais les messages avaient toujours été nébuleux, avec une infinité
d’interprétations possibles, et ce n’est qu’après la catastrophe que je réussissais à assembler les pièces
du puzzle. Cette fois, je ne me laisserai pas devancer.
Je convoquai donc en urgence une assemblée de Majeurs, mais aucun ne se trouvait dans le complexe,
il fallait les localiser par leur téléphone mobile, appeler ces lieux où ils se rendaient lorsque leurs
obligations hors de leur foyer s’éloignaient. Avec un peu de chance, il ne faudrait que quelques heures.
Par contre, les fidèles, ceux qui au cours des dernières années avaient été méticuleusement choisis et
soumis à des épreuves secrètes pour s’assurer qu’ils étaient dignes, eux me rejoignirent en un instant.
« Le jour est venu, leur dis-je, notre heure de vérité est venue. »
Cela suffit.
Aux autres, par contre, je dus fournir des explications détaillées sur mon rêve. Je savais que le plus
efficace aurait été de tout raconter comme une nuit de feu de camp, comme si je m’adressais à une
poignée de jeunes qui, perdus, demandent à croire en quelque chose. Mais ils n’étaient pas dignes de
gentils mensonges. Je me bornais à souligner la constante qui s’était répétée pendant des années dans
mes rêves et qui à chaque fois précédait des succès de nos ennemis.
La gestuelle des auditeurs trahissait leur lassitude et leur incrédulité. Le discours des gens est tellement
hypertrophié que les mots simples passent à travers eux sans provoquer le moindre effet.
- 251 -
« Tu sais, ici on t’apprécie », dit Ronald lorsque j’eus terminé ma description.
Un soir, mon père était arrivé à la maison et avait raconté à la famille à grands cris, complètement
saoul, ce que lui avait dit son chef avant de le jeter à la rue. Je me souviens, malgré la distorsion
causée par la raillerie théâtrale que faisait mon père de cet homme, que certains mots avaient eu une
résonnance majeure dans la réalité : « Tu sais, ici on t’apprécie », avait été sa première phrase.
Ronald continua, me rappelant comment les dieux avaient décidé de pardonner ma vie, qu’ils
auraient consumé n’importe qui d’autre, mais que moi ils m’avaient pardonné, peut-être parce que
vivant, je leur étais plus utile, peut-être parce qu’en revenant à la maison je pourrais raconter les
merveilles dont j’avais été témoin et que les frères connaîtraient ainsi le pouvoir de nos dieux.
Ronald me rappela ma seule responsabilité.
Et à chacun de ses mots, mon cœur battait plus vite. Je regardai mes mains, espérant y
trouver un pistolet.
Parce que j’avais cru avoir réussi à réécrire mon histoire, mais en écoutant Ronald, je ne pouvais
m’empêcher de penser à mon père. Depuis que je m’étais échappé de chez moi, si jeune, j’avais à peine
pensé au vieux. En passant les portes de ce foyer, j’étais né dans un nouveau monde et le précédent
n’avait plus eu d’importance. Mais chaque fois que Ronald ouvrait la bouche…
Je ne parvins pas à me retenir. Je hurlais de toutes mes forces. Je dénonçai la corruption ambiante, la
perte des traditions, la perte de foi.
« Ils étaient dignes, ceux qui ont passé le rite de maturité, hier ? Et tous ceux qui l’ont passé au cours des
dernières années ? Depuis que tu es arrivé, Ronald, la congrégation fourmille de gens sans conviction.
Tu crois vraiment que n’importe lequel d’entre eux serait capable de faire le sacrifice final ? »
Puis, épuisé, je me rassis. La respiration agitée, le cœur emballé.
« Je n’en crois pas mes oreilles », répondit-il, essayant de feindre de la peine, mais sous la surface
je pus sentir sa colère. « Je pensais que tu comprenais. » Il essayait de miner ma confiance. « Nous
ne laissons se livrer que ceux qui sont réellement prêts, nous ne pouvons pas nous permettre de
gaspiller tant de sang neuf. »
Il accusa alors les anciens chefs d’avoir été imprudents, de ne pas avoir suffisamment pensé à l’avenir,
d’avoir trop attiré l’attention sur nous.
« Combien de cadavres ont été brûlés dans les fours de cette maison ? Combien d’ossements ont été
broyés pour disperser ensuite les cendres au vent ?
— Ce n’est pas à toi de priver le vent de son tribut, murmurai-je.
— Il est chaque jour plus difficile d’éloigner les familles de ceux qui cherchent quelqu’un à qui
ils tiennent et qui a été vu pour la dernière fois entrant dans notre communauté », dit-il en se
levant, essayant de feindre le calme, essayant de passer pour une personne froide et raisonnable,
s’adressant non seulement à moi, mais également aux autres. « Tuer des dizaines de personnes
tous les ans, ce n’était pas durable. Et même en ayant renoncé à ces absurdités, éloigner les
autorités est devenu un travail à temps complet. »
Il se plaça derrière mon dos et posa ses mains sur mes épaules.
« Tous ici, nous attendons avec impatience le jour du sacrifice final », conclut-il.
Mais je n’avais pas survécu pour raconter des paraboles moralisantes, j’étais là pour parler de la Vérité.
Et souvent, la Vérité passe dans les songes, des rêves comme ceux que j’avais faits, dans lesquels les
ennemis envahissaient tranquillement notre foyer.
« Vous pensez que les prodiges dont je parle n’ont qu’une valeur symbolique ? C’est parce que vous
n’avez jamais vu surgir des profondeurs de l’océan une tour de basalte infinie qui traverse les
nuages, parce que vous n’avez jamais entendu leurs voix déchirer le vent, leurs cris de rage, prêts
à tout dévorer sur leur passage. »
Le conseil tout entier resta prudemment silencieux.
« Tu as vécu des expériences terribles, mon vieil ami, dit enfin Ronald en serrant mes épaules. Et il est
de notoriété commune que dans les moments de grand besoin il est normal de se raccrocher à ce que
l’on croit. N’est-ce pas une réaction humaine ? »
Je pensais qu’au moins ils allaient me tuer, mais c’était bien pire que cela : ils n’avaient même plus
besoin de me supprimer.
« Si vous ne voulez pas m’écouter, alors d’autres le feront », menaçai-je, désespéré.
À une époque, lorsqu’un nouveau membre passait nos portes, il était envoyé là où on avait
le plus besoin d’aide. Mais depuis que Ronald était arrivé, la communication avec d’autres
congrégations avait cessé.
- 252 -
« Sommes-nous même toujours en contact avec les Hautes Tours ? accusais-je.
— Bien entendu, répondit-il gravement, revenant à sa place. Mais ne t’attends pas à ce qu’ils se
préoccupent des affaires courantes, ils vivent sur un plan plus spirituel. »
Apparemment, nous n’avions plus besoin que l’on vienne de l’extérieur nous dire quoi faire. Il n’était
plus nécessaire de communiquer avec les autres, parce qu’il était préférable que chacun reste chez soi,
parce que c’était plus simple et rapide. Ce n’était qu’une question pratique.
« Nous avons réussi à atteindre un équilibre, ici, continua Ronald. Nous avons des accords avec les
autorités locales qui nous protègent, qui nous permettent d’alimenter financièrement notre cause.
— Et pourquoi les travaux sont-ils à l’arrêt si tout va si bien ?
— Nous manquons de membres et nous n’avons pas besoin de plus d’espace que ce que nous avons
déjà, dit-il en haussant les épaules, comme s’il n’y avait pas d’autre réponse possible.
— Nous construisons et nous nous construisons. Tu as oublié ? L’objectif des travaux n’est pas de créer
plus de logements. De mon temps, nous abattions des immeubles entiers pour continuer à construire.
— C’était une autre époque.
— J’aimerais te voir les mains dans la boue. » Je pense que j’essayais de lui offrir une dernière chance.
« À construire avec nous, chaque jour, avec tes frères, dans notre foyer. Mais tu n’es jamais là.
— Je suis dehors à lutter chaque jour pour que ce paradis reste intact.
— Un jour viendra où les hurlements de nos maîtres pourront être entendus jusqu’ici », priai-je en
fermant les yeux, « et aucune de tes excuses n’aura d’effet. Parce qu’ils ne se soucient pas du monde
que tu décris. Tu crois qu’ils seront miséricordieux ? Pour eux, tu n’es qu’un hors-d’œuvre dans un
banquet qui a lieu depuis la nuit des temps. »
Nouveau silence. Ronald se leva et se dirigea vers la porte.
« C’est ce que nous verrons, dit-il avant de quitter la salle. Pour le moment, on dirait bien que leur
libération n’est pas pour demain. »
Tout cela s’était déroulé juste avant le dîner, à un moment où nous aurions pu faire machine arrière.
Mais les paroles de Ronald avaient dissipé la brume, et pour la première fois l’un de mes rêves avait un
sens avant qu’il soit accompli.
Je me souviens des paroles de Ronald cette nuit, je me souviens qu’il avait voulu attirer la sympathie
de ses frères, sans doute en se disant que j’avais œuvré derrière son dos pour les monter contre lui. Il
avait été si éloquent en parlant de fraternité !
Notre dernière nuit des feux de camp, autour du monolithe.
Et effectivement, le matin même, un tumulte se fit entendre à la porte principale : un véhicule blindé,
sorte de petit char d’assaut équipé d’un bélier, la mit à bas, écrasant les montants métalliques sur
son passage. Derrière lui entra une horde de soldats ou de policiers armés jusqu’aux dents, avançant
comme s’ils s’attendaient à trouver une armée. Mais ils ne trouvèrent que des cadavres.
Des cadavres étranglés qui s’enlaçaient, des cadavres d’hommes et d’enfants, repliés sur eux-mêmes,
dont la gorge expulsait encore une sorte d’effervescence obscure.
J’aurais aimé avoir avec moi ce pistolet.

La chaleur est insupportable, je la supporte de moins en moins bien, surtout la nuit.

Le jeune qui dort dans le lit du haut ronfle, profondément endormi. Je ne voudrais pas le déranger.
J’arrive à me hisser sur la cuvette des toilettes au prix de beaucoup d’efforts. Il n’y a que comme cela
que j’arrive à mettre la main et l’avant-bras dehors, à travers les barreaux. Je sens dans ma main la
caresse du vent.
Il reste du temps.

- 253 -
 AVENTUReS
C
CHAPITRE IX
C
e chapitre propose deux aventures préconçues et
prêtes à jouer. La première est La Conspiration Luveh-
Kerapf, une histoire introductive pensée pour des
personnages qui n’ont pas encore de culte. Elle peut servir
d’aventure pouvant ouvrir une campagne et va confronter
les personnages pour la première fois au Mythe. Les joueurs
interprètent des membres d’un forum sur des conspirations
qui va fêter sa première rencontre en personne après plusieurs
années de communication sur Internet. Au cours de la fête,
quelque chose d’étrange va se produire : sur le forum, un
message apparaît et deviendra le premier événement d’un
enchaînement qui va mettre les membres du forum dans une
situation de vie ou de mort.
Cette histoire a pour but de servir de point de départ d’une
campagne dans laquelle les personnages joueurs débutent
sans appartenir à aucun culte et avec très peu, voire aucune
connaissance du Mythe. Au fil de l’histoire, les personnages
joueurs se retrouveront pris entre les intérêts de plusieurs
cultes qui s’opposent. Ce sera un voyage initiatique dans le
Mythe qui va les pousser sans espoir de retour dans le monde
254
trouble des cultes. En outre, les personnages n’ont pas besoin
de se connaître avant le début du scénario. La seule condition
est qu’ils aient un intérêt pour les conspirations. Les noms et
les lieux suggèrent que l’histoire se déroule aux États-Unis,
mais elle peut facilement être adaptée à un autre pays.
Le second récit, Ta Douleur est son Offrande, sert aussi de
scénario d’introduction, mais il est conçu pour être joué par
des personnages qui ont déjà des connaissances du Mythe
et constituent leur propre culte. Cette aventure nécessite
que les personnages appartiennent à un culte au moins un
minimum intéressé pour suivre des pistes pour accumuler
de nouvelles connaissances et artefacts. Le récit requiert
un groupe équilibré, capable d’affronter des situations très
diverses et disposé à se salir les mains.
Les événements se déroulent à New York, mais peuvent être
facilement adaptés à n’importe quelle autre grande métropole
qui dispose d’un réseau de métro. En général, les lieux ne sont
pas trop détaillés pour que l’histoire puisse facilement être
transposée à une autre ville.
LA CONSPIRATION LUVEH-KERAPF
Synopsis
Le forum que les personnages fréquentent compile, analyse
et discute de diverses théories de conspiration, mais avec
un intérêt qui dépasse largement le divertissement pour
beaucoup de ses membres. La plupart des mystères qui y sont
abordés ne sont que des supercheries engendrées par Internet,
mais à certaines occasions, des membres sont tombés sur
des événements en lien avec le Mythe, sans avoir pu les relier
ensemble ou en démêler le fil correctement… pour l’instant.
L’administrateur du forum, Lewis Anders, alias Frohike,
appartient en réalité à un culte. Pour lui, le forum est
un moyen de compiler et d’analyser les informations
simplement et, bien que généralement ce qu’il trouve n’a
aucune valeur, il a pu parfois tomber sur quelques pistes du
Mythe utiles à son culte.
Malheureusement, les activités de certains membres du
forum ont attiré l’attention d’un autre culte particulièrement
dangereux : la Société de la Résurgence. Jusqu’à présent,
l’organisation s’est limitée à surveiller le forum, car ses
cultistes ne sont pas encore sûrs qu’il représente une
menace. Cette responsabilité a échu à une cellule d’une
poignée de membres localisés dans la même ville que la
majorité des membres du forum.
En revanche, les choses vont changer lorsque l’un des
membres du forum, Michael Rutskin, alias Kain, un
brillant étudiant en informatique, comprend que le forum
est surveillé par « quelqu’un ». Kain piste l’espion et finit
par accéder à un réseau « sécurisé » sur lequel il vole des
informations pour découvrir de qui il s’agit. Sa curiosité
n’est pas déçue lorsqu’il s’aperçoit du contenu de son
butin : des rapports sur des contacts, des lignes directrices
à suivre et, plus déconcertant, un volumineux charabia
en lien avec le Mythe qu’il ne parvient pas à comprendre.
De peur que l’on puisse remonter à lui s’il expose ses
découvertes sur Internet, Kain décide de ne rien révéler. La
Société ne semble pas s’être aperçu du vol d’informations,
et Kain s’enhardit et, emporté par la curiosité, tente à
nouveau de s’infiltrer. La situation se prolonge pendant
plusieurs semaines, jusqu’à ce que finalement la Société se
rende compte de ce qu’il se passe.
Incapable de retrouver le pirate sur Internet, le groupe de la
Société décide de recourir à des moyens moins orthodoxes
(en lien avec le Mythe) pour le localiser. Ils envoient alors
deux membres du groupe pour suivre et surveiller Kain afin
de le faire disparaître et de récupérer les informations volées.
La soirée
Pour les personnages joueurs, l’histoire commence dans
une fête privée pour les membres du forum qu’organise
l’administrateur, Frohike. La rencontre a lieu dans une
discrète salle de la ville dans laquelle vivent les personnages
joueurs et qui a été louée par tous les participants.
Les joueurs peuvent choisir leur nom d’utilisateur, car
personne ne donne d’informations personnelles sur le
forum. Cette fête est l’occasion pour les personnages
joueurs qui ne se connaissaient pas de se présenter et de
parler de ce qu’ils veulent.
Ils ne sont en revanche pas les seuls à assister à la fête : cinq
autres membres et l’administrateur du forum, Frohike,
sont présents. En plus de parler entre eux, les personnages
joueurs peuvent en profiter pour lancer la conversation avec
d’autres membres. Tous sont timides, mais s’ils sont venus,
c’est parce qu’ils sont disposés à se rencontrer. Voici quelques
informations sur eux :
Larry Holstein, alias Firefly92 : C’est l’un des membres
du forum qui parle le plus souvent d’ovnis et des
conspirations de la NASA pour occulter des informations
sur les formes de vie extraterrestre. Il est jeune, à
peine sorti de l’adolescence, et a la tête remplie d’idées
extravagantes sur l’univers. Puéril, il est persuadé qu’il en
sait plus que n’importe qui.
Marie Smith, alias Doc_alma : Cette femme d’une
quarantaine d’années est une agente de police
régulièrement affectée à la circulation. Elle est convaincue
que des forces mystérieuses, notamment extraterrestres,
contrôlent secrètement le gouvernement. Elle est très
active sur le forum et publie à longueur de journée les
cas étranges dont elle entend parler à son travail comme
si ses nouvelles étaient importantes.
LA SOCIÉTÉ DE LA RÉSURGENCE
DANS CETTE HISTOIRE
La Société de la Résurgence est un culte puissant qui étend
son influence dans les agences de renseignement et de sécurité
des pays les plus puissants du monde. Pourtant, dans cette
aventure, elle n’emploiera qu’une fraction de ses ressources.
La raison en est simple : Kain a piraté l’ordinateur d’un chef
local de la Société. Lorsque ce dernier s’est rendu compte de
la situation, il a préféré régler la question le plus rapidement
et discrètement possible au lieu d’en informer ses supérieurs,
en éliminant tous ceux qui pourraient savoir quoi que ce soit
et en récupérant les informations volées. Les ressources qu’il
peut utiliser sans attirer l’attention de ses supérieurs sont très
limitées et il ne veut pas prendre le risque que la situation
éclate au grand jour. Si la hiérarchie de la Société apprend que
des informations ont été volées, il ne fait aucun doute qu’un
destin funeste l’attend.
Le nom de code de ce groupe de la Société est « Luveh-
Kerapf », que Kain pense être le véritable nom du culte,
ignorant qu’il s’agit uniquement d’une portion d’une
organisation bien plus grande.
255
 Peter Rusman, alias RIP_er : Un avocat spécialisé
dans le droit matrimonial. Son contact avec les
théories conspirationnistes a commencé après l’étrange
disparition de son frère, un week-end où il était parti
camper. Il est persuadé qu’il a été kidnappé, et pense
que le gouvernement occulte des preuves d’incursions
extraterrestres. Il a tellement enquêté sur les disparitions
que c’est un expert sur le sujet.
Mia Morris, alias Mixi : Elle est vendeuse dans une
petite boutique de guitares électriques et d’accessoires
en tous genres pour groupes de rock. Elle a commencé
par participer à plusieurs forums sur le yoga et l’écologie
qui dénonçaient les complots de grandes corporations
pour nous contrôler par le biais de substances chimiques
présentes dans l’air et l’eau. La curiosité l’a conduite jusqu’à
ce forum. C’est elle qui avait le plus de contacts avec Kain,
car il y avait une certaine attirance entre les deux qui les a
amenés à échanger plusieurs détails personnels.
Paul Jones, alias Fry_Two_Fingers : C’est un paramédical
expérimenté qui travaille dans un service ambulancier.
Son attirance pour les mystères a commencé lorsqu’il
a dû intervenir sur une urgence particulièrement
spectaculaire : une personne devenue complètement
folle de terreur a été retrouvée dans une ruelle couverte
de sang et de tronçons humains. Même assommée par
les calmants pendant son transfert à l’hôpital, elle ne
cessait de répéter des divagations dans ses rêves à propos
« d’eux », qu’ils étaient arrivés « par les angles droits et
des angles impossibles » et qu’ils « servent Iogsotote ». À
force d’enquêter sur ce genre de divagation, il a fini par se
retrouver sur ce forum.
Pour des informations sur Lewis « Frohike » Anders,
l’administrateur du forum, consultez l’encart page 255.
À un moment de la fête, plusieurs personnes reçoivent sur
leur téléphone mobile un message d’alerte qui indique que
quelqu’un a ouvert un nouveau fil sur le forum. L’auteur est
l’utilisateur Kain, l’un des membres les plus actifs du forum
qui n’est pourtant pas présent à la fête. Quelques minutes après
l’apparition du message, celui-ci disparaît mystérieusement,
et peu de personnes auront donc eu le temps de le lire. La
page du forum est actualisée régulièrement et le message
restera inaccessible. Pour illustrer cela, vous pouvez fournir
le message aux joueurs dont les personnages souhaitent
lire le nouveau fil et leur retirer dès qu’ils commencent à
le lire. En revanche, le message peut être récupéré par un
personnage joueur qui dispose des connaissances suffisantes
en informatique pour entreprendre cette démarche. Le test
est difficile (19) et doit être réalisé sous Intellect plus la

MESSAGE DE KAIN SUR LE FORUM

Objet : La secte de Luveh-Kerapf
Auteur : Kain
Message : Mes chers amis du forum, il est difficile d’expliquer tout ce que je
suis sur le point de vous dévoiler.
Malgré toutes les années passées à remonter des pistes pour apporter des informa
tions sur ce forum, je n’avais
jamais trouvé quoi que ce soit d’aussi réel.
Je ne sais pas si certains de vous ont éprouvé la même chose que moi,
mais j’avais l’impression d’être
constamment suivi. Je sais que des gens surveillent ce forum et cherchent
à savoir qui nous sommes. C’est
pourquoi j’avais décidé de transférer toutes les preuves que j’ai collectées
au fil des années sur les ovnis, les
agences gouvernementales secrètes, etc. dans un lieu plus sécurisé que mon
domicile. J’ai commencé à faire
attention. Jusqu’à aujourd’hui, où je me suis rendu compte que des gens apparem
ment normaux étaient en
train de me suivre. Pendant toute la journée !
Je pense qu’ils sont à la recherche des preuves que j’ai cachées. Elles contienn
ent entre autres des secrets et des
informations importantes sur la secte de Luveh-Kerapf. Ils ont des contacts partout
: le gouvernement, la police,
voire les services secrets… Mais ce n’est pas le plus effrayant. C’est un groupe
du genre Illuminati, ils ont plein
de symboles cabalistiques ou style magie noire, comme des sortilèges médiéva
ux. Non seulement ils parlent de
sacrifices humains, mais aussi de créatures inhumaines… super chelou.
Vous comprendrez que je suis en train de me faire dessus. C’est pour cela que
je ne suis pas venu à la fête, et dès
que j’aurais chopé quelques affaires, je me casse quelque temps. Je ne veux pas
dire où je vais, mais j’espère que
je pourrai vous écrire à nouveau très bientôt. Je voudrais pas faire mon pessimi
ste, mais si je n’écris rien au bout
de plusieurs jours, c’est que quelque chose m’est arrivé. Ces types ont l’air bien
graves, et ils ne font pas semblant.
Je n’ai pas le temps d’uploader les documents que j’ai et je ne veux pas prendre
le risque de les laisser postés là,
mais vraiment, croyez-moi, c’est un très gros truc.
256
compétence appropriée. Quoi qu’il en soit et quelle que
soit la réaction des personnages joueurs, presque personne
n’y accordera beaucoup d’importance à ce moment et la fête
se poursuivra jusqu’aux premières heures du matin.
LEWIS « FROHIKE » ANDERS
ET ARCANE ANTISYSTÈME
Kain est connu pour beaucoup écrire sur les conspirations
Frohike, l’administrateur du
gouvernementales. Récemment, il a assuré qu’il possédait forum, appartient en réalité
Arcane Antisystème (voir pag à
des preuves irréfutables de ses théories, mais il n’a jamais e 177), un petit culte dont la bas
d’opérations se trouve en Eur e
montré ni même dit de quoi il s’agissait. Aucun des ope, ce qui rend son influen
aux États-Unis très limitée. Si ce
membres présents ne connaît Kain en personne et, bien l’aventure se déroule en Europe
c’est la taille réduite du groupe ,
qu’il ait dit qu’il viendrait à la fête et payé sa part pour la qui sera invoquée pour justifie
sa faible influence. r
location de la salle, il n’est pas venu.
Frohike n’est qu’un membre min
eur du culte, le seul (qu’il sache)
de sa ville et il tente d’obtenir des
informations utiles pour évoluer
Le destin de kain dans l’organisation. S’il se retrouv
fort probable que le culte se dét
e confronté à des problèmes, il
ache de lui, mais s’il peut démont
est
qu’il poursuit quelque chose rer
de vraiment important, il pou
Lorsque Kain a publié le message, un membre de Luveh- obtenir l’assistance de son culte rrait
par le biais des Contrées du Rêv
Kerapf qui surveillait le forum a donné l’alerte. Les membres e.
Pour Frohike, le forum a été une
du groupe qui suivaient le pirate sont entrés en action et sont source d’informations irrégulière
dont la principale utilité est de
entrés discrètement dans son domicile. Après une brève compiler et d’analyser de grande
quantités d’informations et d’é s
confrontation, Kain est tombé accidentellement et s’est vénements. Frohike n’a pas d’in
particulier pour les membres térê t
tué, contrariant les plans de ses agresseurs qui souhaitaient du forum, car il les voit comme
simples outils anonymes, de de
l’enlever pour l’interroger. Ces derniers fouillent entièrement vulgaires engrenages de la soc
dont il se sert à son profit. iété
son domicile à la recherche de preuves qui puissent les Malgré tout, il décide d’orga
une fête pour rencontrer en per nis er
compromettre et finissent par emporter plusieurs dossiers sonne les principaux membres,
évaluer s’il y a des personnes
contenant des documents et des disques durs de Kain, ainsi en qui il peut avoir confiance
surtout s’il peut obtenir des et
que quelques objets de valeur pour simuler un cambriolage. informations personnelles sur
pour mieux les surveiller ultérieu eux
rement.
Face aux problèmes que vont
rencontrer les membres du foru
Les jours suivants le comportement de Frohike
protéger de ceux qui commence
va osciller entre son besoin de
nt à harceler les membres du foru
m,
se
et sa curiosité pour savoir ce qu’ m
il est arrivé à Kain. C’est pourqu
Après avoir éliminé Kain, volé toutes les informations qu’il il va se servir des personnages jou oi
eurs comme intermédiaires pou
avait chez lui et effacé le message sur le forum, la Société se qu’ils fassent le sale boulot à sa r
place, mais il les aidera s’ils son
calme. Elle se doute que des membres pourraient avoir des difficulté, tant que cela ne le me t en
t pas en danger.
copies de certains dossiers de Kain, mais avant sa prochaine
Concept : Membre mineur du
action elle souhaite examiner les membres de près. culte à la recherche de sa grande
opportunité.
Pour les personnages joueurs, la vie revient à la normale Devise : Si tu veux trouver le ma
après la fête. Évidemment, ils pourront accéder au forum et rionnettiste, suis ses fils.
rédiger ce qu’ils souhaitent. Les sujets sont les mêmes que FORCE 3 Ne néglige pas son physiqu
RÉFLEXES e
d’habitude, même si certains parlent de temps en temps 3 Toujours en alerte
du fil ouvert par Kain pendant une courte période. Le fait VOLONTÉ 6 Sait convaincre
que Kain ne soit pas réapparu provoque de l’inquiétude et INTELLECT 8 Trouve des
liens peu évidents
une paranoïa, mais presque personne n’a eu l’occasion de COMPÉTENCES
lire le message en entier.
3 Jogging régulier
Pendant cette période, une série d’événements va aboutir 3 Notions d’autodéfense
sur une nouvelle rencontre entre les personnages 5 Inspire confiance
joueurs. Vous pouvez les faire vivre à qui vous voulez 6 Aucun détail ne lui échappe
dans le sens que vous le souhaitez. S’ils ne font pas preuve 5 N’aime pas attirer l’attention
de beaucoup d’intérêt ou s’ils accordent peu d’attention 5 Autodidacte talentueux
aux événements, le maître du jeu peut utiliser les autres 5 Magouilles sur Internet
membres du forum pour ajouter des informations ou 3 Son culte lui dévoile des secrets
par les rêves
développer les événements en parallèle aux actions des Endurance : 6
personnages joueurs. Voici les événements, ainsi que Résistance : 18
certaines données que les personnages non-joueurs Défense : 11
peuvent ajouter sur le forum. Initiative : 7
Journal d’information sur Internet : Quatre jours Bonus de dégâts : +1/+0
après la mort de Kain, la nouvelle d’un jeune assassiné Sang-Froid : 10
chez lui pendant un cambriolage est diffusée au journal Stabilité Mentale : 30
d’information. Il est simplement décrit comme un Dégénérescence : 0
étudiant en informatique reclus, selon ses voisins. La Attaques : Pistolet 9 mm +6 (mM
).
257
 nouvelle pourrait passer inaperçue sans le fait que son décès
soit survenu le jour même de la fête.
Frohike sera au courant de la nouvelle dès qu’elle est diffusée,
car il soupçonne qu’il peut s’agir de Kain et que si c’est le
cas, son assassinat est probablement bien plus louche que ce
que pense la police. Il ne dira rien à ce sujet pour n’alerter
personne, mais il peut donner son avis si quelqu’un lui parle
directement et partage son opinion.
Quelques jours après le dernier message de Kain, lorsque
sa disparition devient évidente, RIP_er commencera
à s’inquiéter et à enquêter sur sa disparition. Ainsi,
si personne ne l’a fait avant, quatre jours après la fête
il publiera le bulletin d’informations sur le forum et
révélera qu’il pense qu’il s’agit de Kain. Mixi pourra
confirmer que Kain est étudiant en informatique et
qu’il vivait seul.

ÉTÉ DE LA RÉSURGENCE
LES AGENTS DE LA SOCI son t pas très qui utilisent des pouvoirs arcaniques
et de les arrêter.
upe Luveh-Kerapf ne
Les agents de terrain du gro Kain.
à pei ne une dem i-do uzaine, et ils se concentrent don
c Ce sont eux qui ont suivi et tué
nom bre ux,
de surveillance. Cela impliqu
e qu’il organisation, mais les agents ne
sur des missions de filature et me per son ne Kai n volait des informations sur l’
facilement que la mê ies.
est possible de se rendre compte bea ucoup trop savent pas s’il en existe des cop
bre de fois
se trouve à différents end roit s un nom se trouve dans la ville :
t. La loc alisation de leur base d’opérations
élevé par jour pour ne pas être sus pec iment assez central.
r le c’est un imm euble de bureaux dans un bât
prochent d’eux, ils tentent d’é vite rs
Si les personnages joueurs s’ap sur la nature de leurs pouvoi
toc ole de com por tem ent ne leur permet de briser Si on lui pose des questions pro pos incohé rents
contact. Leu r pro que stion il commence à déblatérer des
des arm es que dan s une arc ani que s, Terre
leur couverture et d’employer joueurs les harcèlent, ils et décousus sur des entités
extraterrestres infiltrées sur
mo rt et si les per son nag es ext raterres tres capables
de vie ou de
rès de la pol ice. Éta nt don né qui ado ren t des divinités primitives et ne
e aup qui est sûr, c’est que lui-même
opteront pour un appel à l’aid s le corps policier, cette d’annihiler toute la planète. Ce
a de nom bre ux con tac ts dan
que la Société connaît pas beaucoup de détails
.
situation joue en leur faveur. qui suivent les personnages
gén éra lem ent par bin ôm e, voire en trinôme. Voici les caractéristiques des agents
Les agents travaillent agent joueurs et qu’ils pourraient rencontrer.
y a fort à parier qu’un autre
Si l’un d’eux semble seul, il isent
veille son coéquipier. Ils util Concept : Agent de terrain sou
s couverture.
se trouve à proximité et sur à ond es cou rtes pou r
ée à une radio
généralement une oreillette reli Devise : Je ne fais que passer.
rester en contact.
t- FORCE 5 Robuste
ragissent avec eux voudront peu
Les personnages joueurs qui inte retr ouv ent RÉFLEX ES 4 Entraîné à réagir rapideme
nt
cap tur er un pou r l’in terr oge r. Si les agents se iste r à la dou leu r
être en
e et essaieront de s’enfuir. Ils
se VOLONTÉ 4 Entraîné à rés
mu r, ils sor tiro nt leu r arm obj ect if sup érie ur
dos au pour INTELLECT 3 Œuvre à un
se frayer un passage plutôt que
serviront de leur arme pour cap tur és,
r priorité est d’éviter d’être COMPÉTENCES
éliminer une menace, car leu . Si mê me
de en ple in milieu de la rue
pas de déc len che r une fus illa
il 5 Entraînement habituel
jou eur s réu ssissent à en capturer un,
ainsi les per son nag es e. 6 Arts martiaux divers
ide r s’il ne voi t pas de possibilité d’échappatoir
essaiera de se suic 3 Interrogatoire
ns néc essite un test d’action prolongée
Lui sou tire r des info rm atio ) 4 Remarquer et fouiller
é plu s la com pétence de subterfuge de l’agent
(oppos ée à la Vol ont 5 Filature incognito
r cha que essai, la tentative dure au total irs
donnan t tro is réu ssit es. Pou 2 Pas le temps pour des lois
se de plus grand
trois heures de pression. 1 Je sais qu’il y a quelque cho
e age nt
era pas les bras croisés. Chaqu
Évidemment, la Société ne rest sou s la pea u pou r être Endurance : 7
ation glissée
dispose d’une puce de localis s terre. Résistance : 21
il se retrouve quelque part sou
retrouvé par GPS, à moins qu’ ttra Défense : 15
forces de l’ordre et le culte me
Le sauvetage n’implique pas les t la Initiative : 5
tir du moment où ils apprennen
trois heures à le localiser, à par Bonus de dégâts : +2/+1
disparition de l’ag ent . Sang-Froid : 5
se me t à tab le, il peu t rac ont er plusieurs Stabilité Mentale : 15
Au cas où l’agent capturé sur la
appartient, mais rien d’essentiel Dégénérescence : 0
détails sur le groupe auquel il it pistolet +10 (mM+1), couteau
iété de la Rés urg enc e : Att aques : Taser +10 (M+1), pet
Soc
(C+2).
ne organisation majeure non +10
Son groupe fait partie d’u son nes
est d’enquêter sur des per
gouvernementale dont l’objectif

258
Les personnages joueurs peuvent tenter de convaincre Fry_
Two_Fingers ou Doc_alma d’activer leurs contacts pour
tenter de trouver l’identité de Kain. Ils accepteront, mais
mettront plusieurs jours à trouver. D’ici là, Frohike les aura
retrouvés (voir « Rencontre avec Frohike »). Convaincre
chacun d’eux nécessite que le personnage réussisse un test
de Volonté plus de difficulté moyenne (17).
Filature : Certains ou plusieurs des personnages joueurs
pourront voir deux hommes plusieurs fois dans des lieux
différents au fil de leur journée. Ils ne pourront déterminer
s’il s’agit d’une coïncidence ou de leur imagination, mais ils
devraient finir par penser qu’ils les suivent. À la discrétion
du maître du jeu, cela peut être le cas ou non. D’autres
membres du forum auront la même impression.
Effectivement, la Société de la Résurgence surveille
certains membres du forum. Ils peuvent surveiller
différents personnages à différents moments, notamment
Mixi, étant donné que c’est elle qui avait des contacts avec
Kain. Elle se rend compte de la surveillance et signale sur
le forum que deux types traînent dans ou à proximité de
sa boutique toute la journée. Si les personnages joueurs
se rendent sur les lieux, ils pourront les repérer sans
difficulté. Ce sont des individus à l’aspect assez banal
qui passent leur journée à faire le guet à proximité de la
boutique, généralement assis à un café situé en face.
Vol de compte de messagerie : L’un des personnages
joueurs (vraisemblablement celui qui est le plus actif sur
le forum ou qui a la valeur la plus élevée en occultisme)
n’arrive plus à accéder à son compte de messagerie
personnel. Il semblerait que quelqu’un lui ait volé ses codes.
Bien qu’il soit possible de les récupérer, tout le contenu de
sa boîte aura disparu. En plus des personnages joueurs,
Fry_Two_Fingers subira le même sort.
Séquestration : Près d’une semaine après la fête, RIP_er
arrêtera d’envoyer des messages sur le forum. Cette
absence passera probablement inaperçue, car beaucoup de
membres sont moins impliqués ou ont carrément arrêté
de se connecter. Frohike s’est mis à accéder au matériel
de plusieurs membres, et il se rendra compte que RIP_er
a disparu soudainement : il n’a envoyé aucun message
électronique pour prévenir sa famille ou ses amis d’un
voyage quelconque, il n’a pas assisté aux rendez-vous
mentionnés sur son bureau sans fournir d’explications,
etc. C’est cet événement qui poussera Frohike à agir et à
proposer aux personnages joueurs de se rencontrer.
La rencontre
avec frohike
Un peu plus d’une semaine après la fête, l’atmosphère sur le
forum deviendra bizarrement calme, et les commentaires
qui y seront publiés démontrent de la peur et de la
tension. Beaucoup de ses membres, effrayés par certaines
circonstances douteuses, ont réduit ou interrompu leur
activité sur le forum et n’auront donc pas forcément remarqué
l’absence de RIP_er au cours des derniers jours.
Entre-temps, Frohike a attendu que la Société se calme
et baisse sa garde tout en s’intéressant aux membres pour
259
 savoir lesquels pourraient lui être utiles. Sa conclusion :
sans nul doute possible, les personnages joueurs sont ceux
qui répondent le plus à ses critères et ceux qui ont le plus
de chances d’obtenir ce qu’il désire. C’est pourquoi il leur
envoie un message privé pour les inviter à le rencontrer
dans un lieu nommé le Cat Sire, le lendemain. Il leur
conseille de s’assurer qu’ils ne sont pas suivis… et que si
c’est le cas qu’ils essaient de semer leurs poursuivants.
Pour vérifier si un agent les suit, les personnages joueurs
devront réaliser un test en opposition d’Intellect plus la
compétence de perception du joueur contre les Réflexes
plus la compétence de subterfuge des agents. Pour fausser
compagnie aux agents, les personnages joueurs peuvent
recourir à toute une gamme de techniques. Par exemple, s’ils
tentent de les semer en courant, ils devront réaliser un test
en opposition de Réflexes plus la compétence de condition
physique appropriée, tandis que s’ils tentent de se cacher ou
de se fondre dans la foule, ils devront utiliser Intellect plus
une compétence de subterfuge en opposition avec l’Intellect
plus la compétence de perception des agents.
Le Cat Sire est un bar dissimulé dans une ruelle de la ville. La
porte d’entrée est en métal et l’affiche à l’entrée témoigne du
passage du temps. À l’intérieur, tout est calme. Un long bar
accueille les consommateurs, tandis que plusieurs tables et
chaises permettent de s’asseoir. Pour se divertir, des fléchettes
électroniques et un billard. Les tables les plus proches du mur
sont les plus accueillantes, car elles sont entourées de canapés
organisés en demi-cercle.
Vu l’heure à laquelle les personnages joueurs arrivent, seuls
le barman et deux piliers de comptoir en train de boire des
bières sont présents. Le barman leur sert à boire, tandis que
les deux hommes ne bougeront pas du zinc, même si de
temps en temps ils jetteront un œil en direction de là où sont
assis les joueurs. Aucune trace de Frohike ; il n’arrivera que
lorsque tout le monde sera là.
Lorsqu’il arrive enfin, il a l’air nerveux : il souffle bruyamment
et de la sueur perle sur son front. Il a un ordinateur portable
avec lui, qu’il ouvre sur la table avant même de saluer les
personnages. Il les observe un à un et leur demande de
l’écouter, car il a peu de temps.
Voici toutes les informations qu’il donnera :
Tous les membres du forum sont en danger. RIP_er a
disparu il y a deux jours après avoir mené des recherches,
et Frohike craint que tout cela ne fasse que commencer.
Il pense qu’un groupe dangereux est en train de suivre
plusieurs membres, dont lui-même. En réalité, il s’est
débrouillé pour ne pas être localisé jusqu’à présent, mais
il souhaite donner l’impression d’être vulnérable.
Il pense que tout est lié à ce que Kain a écrit sur le forum
le jour de la fête. Frohike a récupéré le message sur le
serveur et pourra le fournir en entier aux personnages
joueurs s’ils n’y étaient pas arrivés eux-mêmes.
Il leur racontera qu’après la fête, il a décidé d’enquêter
sur le message de Kain et la raison de son absence. Il
leur expliquera que la nouvelle publiée par RIP_er sur la
mort d’un jeune fait effectivement référence à Kain. Si les
personnages joueurs ont convaincu Fry_Two_Fingers ou
Doc_alma d’obtenir ces informations, ils la recevront le
soir même par message privé et pourront confirmer ce
260
que Frohike leur a dit. Quoi qu’il en soit, Frohike ne dira
pas comment il a obtenu l’information.
Il les convaincra que l’organisation qui les suit ne s’arrêtera
pas avant d’avoir trouvé ce qu’ils cherchent. Si personne
sur le forum ne l’a, alors c’est que Kain a dû le cacher. S’ils
récupèrent ces informations, ils pourraient découvrir qui
ils sont et ce qu’ils veulent, voire trouver des preuves pour
attirer l’attention des forces de l’ordre sur l’organisation.
Pour les convaincre de tout cela, Frohike répondra aux
personnages joueurs les plus curieux, à la peur des plus
craintifs et à la perspective de mettre au jour une véritable
conspiration pour les plus audacieux.
Frohike ne souhaite pas s’impliquer directement dans
la recherche des informations cachées par Kain, mais il
ne peut pas présenter les choses ainsi aux personnages
joueurs. Il leur dira des demi-vérités pour éviter de se
mouiller. Il craint d’être suivi et, en tant qu’administrateur
du forum, il constitue évidemment une cible de choix.
Ainsi, pendant que les personnages joueurs enquêtent, il
mettra en place une distraction : il fera comprendre par le
biais de plusieurs messages qu’il détient des informations
vitales en lien avec la disparition de Kain et qu’il va les
porter à la connaissance des médias et des autorités. En
outre, il s’arrangera pour multiplier ses traces et maintenir
l’attention de ses ennemis focalisée sur lui. En réalité, il ne
fera rien de tout cela parce qu’il ne souhaite pas attirer
l’attention sur lui-même.
Si les personnages joueurs lui demandent pourquoi
c’est eux qu’il a choisis, il leur confiera qu’ils lui
semblent être les personnes les mieux préparées tout
en semblant être des cibles moins prioritaires pour
la mystérieuse organisation. En outre, tant qu’ils
restent ensemble, ils ont la possibilité de réussir. Si
les personnages joueurs ont affronté un agent à un
moment donné, Frohike mentionnera le fait et dira
qu’ils sont les seuls à avoir réussi cet exploit.
Enfin, Frohike leur donnera un petit localisateur
de la taille d’une clef USB et son numéro de mobile.
Ainsi, il saura où ils se trouvent à tout moment, s’ils
ont besoin d’aide.
La police
Il est probable que les personnages, qui n’ont rien à
cacher, mais beaucoup à perdre, aillent voir la police.
S’ils évoquent des éléments qui restent dans les limites
de la réalité, comme le fait qu’ils sont suivis ou qu’ils
pensent que Kain a été assassiné parce qu’il possédait
certaines informations, on les écoutera, mais on leur
fera comprendre que pour l’instant aucune aide ne peut
leur être apportée.
En revanche, s’ils mentionnent quelque chose d’anormal,
comme une secte, de la magie ou des conspirations, la
police ne les écoutera plus et leur fera comprendre très
clairement que s’ils n’ont aucune preuve tangible pour
étayer leur récit, ils n’ont rien à faire là. On les renverra
chez eux et, s’ils insistent, on pourra même leur faire
passer une nuit au poste.
Le domicile de kain
À ce stade de l’enquête, il leur reste deux pistes : trouver où
Kain a caché les informations qu’il possédait ou, s’ils ont
réussi à capturer un agent et à lui faire cracher ce qu’il sait,
se rendre au bureau qui sert de quartier général au culte.
La seconde option est presque suicidaire, car la Société de
la Résurgence, outre ses propres ressources, peut compter
sur l’aide de la police et dispose de contacts dans les hautes
sphères de la société. Il est plus raisonnable qu’ils explorent
la première option, mais s’ils optent pour la deuxième le
maître du jeu devrait les frapper rapidement et directement,
là où cela fait le plus mal. Le mieux qu’il peut leur arriver est
qu’ils soient arrêtés par la police.
Lorsqu’ils se rendent au domicile de Kain pour tenter de
trouver où sont cachées les preuves, la Société sera sûrement
au courant, étant donné qu’elle surveille les lieux. Malgré
tout, elle les laissera faire ce qu’ils veulent en les surveillant
de loin. En effet, le fait que d’autres membres du forum
mettent la main sur les informations qu’ils cherchent les
arrange, car elle pense que des personnes qui connaissaient
Kain comme les personnages joueurs pourront plus
facilement retrouver ce qu’elle cherche.
Un cordon de la police barre la porte d’entrée. Des signes
évidents montrent que l’appartement a été fouillé de fond en
comble, probablement par les hommes qui l’ont cambriolé.
Les ordinateurs sont brisés et les disques durs ont été volés.
Tous les tiroirs ont été tirés et leur contenu éparpillé par
terre. Il ne reste rien des informations que possédait Kain.
En revanche, deux indices peuvent servir aux personnages
joueurs. Pour trouver chacun d’eux, les personnages doivent
réussir un test d’Intellect plus de difficulté moyenne.
D’une part, ils pourront trouver dans la poubelle une
facture de près de 200 dollars en achats que Kain a
passé récemment dans une grande surface du coin, qui
vend principalement du bois, des outils et tous types de
matériaux utilisés généralement dans des travaux. La
facture n’indique pas les noms des produits, mais leur code.
Une simple visite dans le magasin permet de comprendre
à quoi ils correspondent : de simples planches et une
cloueuse électrique. En revanche, il ne semblait pas y avoir
eu de travaux récents au domicile de Kain.
L’autre indice est une photo qui pourrait passer inaperçue,
si ce n’est que c’est la seule qui comprend des personnes :
un enfant et sa famille. C’est Kain, lorsqu’il était jeune,
ainsi que sa famille dans une maison de vacances, mais cet
indice ne sera pas forcément évident pour les personnages
joueurs.
S’ils demandent des renseignements sur la photo à
quelqu’un du forum, Mixi pourra leur confirmer que Kain
lui a raconté que lorsqu’il était enfant, son père emmenait
toute la famille en vacances dans une maison au bord d’un
lac. Cette information peut leur être parvenue avant, s’ils
ont déjà posé les bonnes questions à Mixi.
Pour trouver la maison sur le lac, il faudra trouver des
informations personnelles sur Kain, maintenant qu’ils
connaissent son identité. Voici quelques détails :
Kain était orphelin depuis ses 15 ans, après que ses
parents sont décédés dans un accident de voiture. S’ils
font des recherches dans ses papiers personnels (factures,
photocopies de diplôme, etc.), un test d’Intellect plus
de difficulté moyenne leur permettra de se rendre
compte que certains papiers qui datent un peu ont été
signés par son tuteur légal : Henry P. Loon, du cabinet
d’avocats Lewis & Loon.
C’était un étudiant en informatique brillant. En effet, il
étudiait dans l’une des meilleures universités de la ville
grâce à une bourse. En revanche, ses professeurs et ses
compagnons de classe ne pourront donner beaucoup
d’informations à son sujet en raison de sa nature
réservée. Si l’on pose des questions sur sa famille avec une
bonne excuse au secrétariat de l’université, ils pourront
confirmer qu’il était bien orphelin et qu’il n’avait pas
de famille. On leur donnera également le numéro de
téléphone de la seule personne qui semble être son
contact dans son dossier personnel : son ancien tuteur
légal, Henry P. Loon.
Ils peuvent parler à Fry_Two_Fingers ou Doc_alma pour
vérifier quel funérarium a pris en charge ses obsèques.
C’est une information qu’ils peuvent aussi récupérer en
posant des questions à la morgue où se trouve le corps.
Ils découvriront ainsi que l’enterrement est prévu le
lendemain. La seule personne à y assister sera Henry
P. Loon.
Henry est un homme qui approche de la retraite et il
semble frappé par le chagrin. Il était plus que l’avocat
de Kain ; c’était un ami proche de ses parents qui a pris
en charge le garçon après l’accident. Il n’a aucune raison
de dissimuler des informations, mais des questions très
directes sur Kain peuvent le mettre sur la défensive. Avec
un peu d’amabilité, il sera enclin à dire où se trouve la
maison du lac, mais il ajoutera que Kain n’y était plus allé
depuis la mort de ses parents.
Si les personnages traînent trop, Frohike peut intervenir
pour leur fournir des informations sur Kain qu’il a obtenues
après avoir inspecté son compte ou pour leur fournir des
pistes que le maître du jeu considère comme appropriées.
La cabane sur le lac
Le lac ne se trouve pas très loin de la ville, mais pour y
arriver ils doivent quitter la route principale et traverser un
chemin de terre qui semble avoir été peu utilisé au cours
des dernières années.
Avant d’emprunter le chemin, ils pourront se rendre compte
qu’une fourgonnette les suit en réussissant un test difficile
de Réflexes plus une compétence de perception. Elle cache
trois agents spéciaux de la Société de la Résurgence. Lorsque
les personnages joueurs s’engagent sur le chemin de terre,
la fourgonnette ne les y suivra pas. Les agents peuvent
effectivement vérifier avec leur GPS que le chemin ne va
pas très loin et que c’est une impasse, et ils iront garer leur
véhicule un peu plus loin, dans une station-service, avant
de se rendre à pied vers la maison.
Le lac n’a jamais été très grand et cela fait maintenant bien
longtemps qu’il est presque asséché, ce qui indique que
la photographie a effectivement été prise il y a plusieurs
261
 années. Dans la zone, presque plus rien n’est encore
debout, à peine la maison qu’ils cherchent, un vieux quai
à moitié écroulé, les restes d’une table et de bancs de bois,
LES AGENTS SPÉCIAUX ainsi qu’un barbecue en brique situé non loin.
dans un sens très particulier :
Les quatre agents spéciaux le sont Lorsqu’ils arrivent au lac, le ciel est couvert de nuages
pents sous couverture. Au
ce sont en réalité des Hommes-Ser annonçant une tempête. L’obscurité est totale et il leur
humaine, mais ils pourront
départ, ils auront une apparence faudra utiliser des lampes-torches pour explorer les
estiment que cela peut
montrer leur véritable forme s’ils lieux.
onnages joueurs. En outre,
impressionner ou terroriser les pers
urront à leur véritable forme La maison est une construction de bois dévorée par
s’ils perdent leur pistolet, ils reco
vénéneuse. S’ils meurent, ils le temps. Elle est clairement abandonnée et la porte
pour se servir de leur morsure
originelle. s’ouvre sans même avoir besoin de clef. Presque tous les
reprennent rapidement leur forme
carreaux des fenêtres sont brisés.
les personnages joueurs, mais
La mission des agents est de suivre
vent les informations qu’a À l’intérieur, en revanche, il reste trop d’affaires : il est
maintenant qu’ils savent où se trou
iner les témoins et récupérer clair que des sans-abri y ont dormi et que des groupes
volées Kain, il ne leur reste qu’à élim
les détruire. S’ils s’estiment
le butin, ou dans le pire des cas d’adolescents s’y sont réunis pour boire, et l’odeur de
ps de demander des renforts.
dépassés, ils tenteront de fuir, le tem l’abri est assez désagréable.
où ils se trouvent, plusieurs
Comme le reste de la Société sait Fouiller la maison permet aux personnages joueurs de
e demi-heure à arriver.
agents humains mettront moins d’un trouver ce qu’ils cherchent : dans la cuisine, sous un
ent à la Société de la
Ces Hommes-Serpents appartienn vieux tapis et un tas de feuilles sèches, des planches de
nt de la première ligne
Résurgence parce que l’événeme bois sont d’une autre couleur et bien plus neuves. Les
ruction de la Terre est tout
temporelle qui a conduit à la dest joueurs identifient immédiatement le bois vendu dans
aborer avec les humains leur
aussi préjudiciable pour eux, et coll le grand magasin où Kain a fait ses achats (s’ils ont
pour le moment.
semble la bonne démarche à adopter trouvé l’indice). Trouver les planches nécessite un test
s caractéristiques sont d’Intellect plus une compétence de perception sous
Par souci de simplicité, leur
une difficulté difficile (19).
reproduites ici :
service de la Société de la Une fois les planches écartées, les joueurs pourront
Concept : Homme-Serpent au
Résurgence trouver divers dossiers dont la couverture mentionne
l’année des documents qu’ils contiennent, soit les
FORCE 3 Caoutchouteux
quatre années précédentes. Chaque dossier contient
RÉFLEXES 4 Rapide et silencieux
des coupures de journaux, des documents et images
VOLONTÉ 3 Sans empathie
imprimés, des CD et un disque dur portable. Une
INTELLECT 4 Astucieux inspection rapide des documents ne permet pas de
COMPÉTENCES trouver un sens à tout cela, car beaucoup de données
3 Agilité reptilienne ne sont guère plus que des événements sans liens
3 Cracher du venin entre eux compilés selon une logique propre à Kain.
5 Tromper Les informations que la Société de la Résurgence
6 Nyctalope souhaite tant récupérer sont stockées sur le disque
6 Ondulation silencieuse dur portable. S’ils cherchent dans les coupures de
5 Technologie journaux et les documents, le maître du jeu peut leur
Mythe
4 Connaissances du proposer certains détails extraits des événements ou
6 Dissimulation de Yig de la chronologie du chapitre « Atmosphère », page
nce humaine des Hommes- 81.
Dissimulation de Yig : L’appare
façade, un masque qu’ils
Serpents dissimulés n’est qu’une Tandis qu’ils inspectent les documents, des
forme normale lorsqu’ils le
peuvent quitter pour retrouver leur grondements de tonnerre se font entendre et en
ct humain à un autre. Cette
souhaitent ou pour changer d’un aspe quelques minutes la pluie tombe à verse. C’est à ce
de passer pour un humain,
compétence leur permet également moment, que les joueurs aient trouvé la cachette
lacer comme un humain, de
d’imiter la voix humaine, de se dép ou non, mais avant qu’ils aient pu examiner en
manger comme un humain, etc. détail les dossiers, que deux des agents de la Société
Endurance : 4 pénétreront dans la cabane. À cause de la tempête,
se)
Résistance : 12 (RD 2 Peau écailleu se rendre compte que l’agent s’approche nécessite
Défense : 12 un test difficile (20). L’autre agent reste dehors pour
Initiative : 6 surveiller que personne n’essaie de fuir, mais si son
Bonus de dégâts : +1/+0 collègue est en danger il se précipitera à son aide.
r (M), Cracher du venin +7 (0
Attaque : Pistolet +7 (mM), tase En outre, avant d’entrer dans la cabane, ils auront
et poison, difficulté 15, m/mM). temporairement saboté le moteur du véhicule des
(moyenne, 1/m)
Exposition à la terreur : Stupeur personnages joueurs pour les empêcher de fuir.

262
L’intervention
de frohike
Frohike sait où se trouvent les personnages joueurs
pour l’une des raisons suivantes : s’ils l’ont prévenu de la
progression de leur enquête, des pistes qu’ils comptaient
suivre et où ils se rendaient, grâce au dispositif de
localisation qu’il leur a donné lorsqu’ils se sont rencontrés
ou, si rien de tout cela n’est applicable, parce qu’il a réussi à
accéder au GPS du mobile de l’un des personnages joueurs.
Il les aura donc suivis à distance prudente et, maintenant
qu’ils semblent s’approcher de quelque chose d’important,
Frohike prendra la décision d’intervenir directement.
Si les personnages joueurs ont du mal à se débarrasser des
agents spéciaux, Frohike viendra les aider armé de son
pistolet. Au contraire, s’il voit que la situation est bien en
main, il apparaîtra après que les personnages joueurs ont
achevé les Hommes-Serpents.
Si les personnages joueurs n’ont pas réussi à trouver la
cachette, c’est Frohike qui la trouvera.
Il a deux objectifs à ce moment : mettre la main sur
les informations de Kain et tenter de recruter les
personnages joueurs pour de futures tâches avec son
culte. Il commencera par les féliciter pour leur travail et
leur expliquer qu’il appartient à un groupe qui s’oppose à
certaines organisations qui contrôlent les gouvernements
dans l’ombre… et que les personnes qui les ont suivis font
partie de la plus puissante d’entre elles. Il leur demandera
s’ils souhaitent se joindre à lui ou s’ils préfèrent rester à
leur compte, bien que, assure-t-il, sans son aide, ils ne
pourront pas survivre longtemps. Quoi qu’il en soit, il leur
demandera de lui remettre les informations de Kain, ou au
moins une copie.
Les joueurs peuvent décider de dire non à tout. Si cela se
produit, Frohike leur expliquera que dans ce cas, tout ce
qu’ils gagneront à faire cela est de se retrouver entre deux
feux, entre deux organisations qui sont en guerre… et qu’ils
ne survivront jamais sans son aide. Malgré ses menaces,
Frohike n’entreprendra aucune action hostile envers les
personnages joueurs. Il préférera agir plus tard, avec l’aide
de son culte depuis les Contrées du Rêve.
Épilogue
En fonction de ce qu’ils répondent à Frohike et de ce qu’ils
font des informations qu’ils possèdent, les résultats seront
très différents. Voici comment leur entourage réagira :
S’ils donnent les informations à Frohike, il sera disposé à
les présenter à son culte en tant qu’initié et leur fera part
de quelques réponses sur ce qui se trouve au-delà du
monde qu’ils croient réel. Les personnages joueurs peuvent
accepter ou décliner son offre, mais s’ils ne se joignent pas
à lui maintenant, il leur sera presque impossible de le faire
plus tard, car Frohike prévoit de disparaître de la surface
du globe pendant un certain temps pour éviter d’être
poursuivi par la Société de la Résurgence. S’ils rejoignent
Frohike, l’étape suivante consistera à disparaître de la ville
en laissant le moins de traces possible. Maintenant, ils
savent que leur vie est sérieusement en danger, mais cela
signifie rompre le lien avec leur vie telle qu’il la connaissait
jusqu’à maintenant.
Décider de ne pas rejoindre le groupe laisse Frohike
complètement froid : il sait que la Société se chargera de
se débarrasser d’eux, et lui-même a obtenu ce qu’il voulait.
En outre, les personnages joueurs se rendront très vite
compte que plus rien n’est pareil. Le groupe Luveh-Kerapf
continuera de les poursuivre dans la mesure de ses moyens,
bien qu’ils seront à peu près en sécurité s’ils s’éloignent
suffisamment de la ville. Le groupe n’avertira toujours pas
ses supérieurs à la Société de la Résurgence de son échec.
Autre option, quoique difficile à exploiter : rendre les
informations à la Société. Ce geste aura de quoi surprendre
et le groupe pourrait envisager de faire des personnages
joueurs des collaborateurs tant qu’ils respectent certaines
règles. Il va de soi que leur première mission consistera à
retrouver Frohike et à le faire disparaître.
Dans tous les cas, les personnages joueurs ont de bonnes
raisons de rester unis au moment de dire adieu à la vie qu’ils
connaissaient jusqu’à maintenant. Mais ce n’est pas suffisant
pour être considéré comme un culte : il faut avoir accès aux
pouvoirs qu’apporte le Mythe… et c’est là qu’entrent en jeu
les informations découvertes par Kain et que les membres
de la Société souhaitaient tant récupérer. Sur le disque dur,
en plus de données sur le réseau de contacts du groupe
Luveh-Kerapf en ville, des preuves qu’ils appartiennent à
quelque chose de plus grand et de leur lien avec certains
événements étranges qui se sont produits en ville au cours
des dernières années, il y a aussi un exemplaire numérique
de la traduction complète en anglais d’Unaussprechlichen
Kulten (Cultes Innommables) et une copie numérisée
de l’original en allemand. Les caractéristiques de chaque
ouvrage sont détaillées au chapitre « Magie », page 220.
À mesure que les personnages joueurs assimilent les
contenus de ces ouvrages, leur perception du monde et des
conspirations qu’ils croyaient exister changera du tout au
tout, et ils finiront sûrement par découvrir deux choses : la
première est que pour survivre il faut se servir des mêmes
armes que l’adversaire ; la seconde est qu’il n’y a pas de
chemin de retour.
Si les joueurs décident que leurs personnages continuent
par eux-mêmes, ils devront décider quelle forme prend
le culte qu’ils viennent de constituer, avec l’aide du maître
du jeu. Suivez pour cela les règles de création de culte. En
revanche, il peut être intéressant qu’ils n’aient pas tous les
points normalement disponibles et qu’ils ne puissent pas
remplir toutes les informations d’un coup. Ce culte est en
effet toujours à l’état embryonnaire et il ne pourra atteindre
tout son potentiel que bien plus tard. Nous vous suggérons
de commencer avec seulement 5 points pour les attributs
du culte et avec un ou deux faits marquants maximum. À
mesure que le temps passe et que leurs actions deviennent
plus claires, le maître du jeu pourra leur fournir plus de
points jusqu’à atteindre la valeur de 15. Ils pourront en
outre compléter les autres faits marquants.
263
 TA DOULEUR EST SON OFFRANDE
Une série de disparitions se produisent dans le métro de New
York, à chaque fois dans le premier train du matin. L’absence de
piste, de mobile ou de points communs entre les disparitions a
empêché les autorités d’établir un lien entre elles, notamment
que toutes ont eu lieu dans la même rame.
Pourtant, une jeune femme qui tient un blog sur des légendes
urbaines est parvenue à trouver quelques pistes déconcertantes
dans le métro : une série de symboles magiques ou cabalistiques
dans l’une des rames où a eu lieu l’une des disparitions. Elle est
en train de poser des questions sur ces symboles… et a attiré
l’attention des personnages joueurs ou de leur culte.
Mais le culte des personnages joueurs n’est pas le seul
impliqué. Les Faucheurs Écarlates sont à la recherche du
mystérieux kidnappeur, car plusieurs des disparus faisaient
partie de leur culte.
Et tout cela va se produire quelques jours avant un alignement
d’étoiles qui va coïncider avec une éclipse au cours de laquelle
la lune deviendra couleur de sang.
Contexte
Pour comprendre la situation actuelle, il est nécessaire
de d’abord connaître l’histoire des Faucheurs Écarlates,
expliquée page 175.
Tout commence avec une série de coups de force entrepris
par la police et le FBI contre les membres des Faucheurs
Écarlates il y a environ six mois. L’opération est un
immense succès pour les forces de l’ordre qui parviennent
à démanteler une grande partie du groupe, bien qu’elles
n’arrivent pas à mettre la main sur le noyau dur du culte
ou sur l’Idole Écarlate. Pour autant, le culte est affaibli et
un certain nombre de ses membres les moins impliqués
décide de changer d’air ou de se faire discret jusqu’à ce
que les choses se calment. En conséquence, la violence et
les sacrifices au nom de l’Idole Écarlate commencent à se
raréfier, et son appétit et sa colère commencent à monter.
C’est à ce moment que John O’Donovan, alors en prison,
commence à avoir des rêves toujours plus réalistes et
intenses dans lesquels l’Idole Écarlate l’appelle.
Trois mois plus tard, O’Donovan parvient à s’échapper de la
prison qui le retenait depuis quarante ans. Il réussit à disparaître
dans la nature et se cache à New York. Concrètement, il se
réfugie dans les couloirs du réseau de métro. Peu de temps
après, il commence à séquestrer des voyageurs innocents qui
prenaient le métro au petit matin. Le destin de ces malheureux
est d’être traînés jusqu’à son repaire, dans une portion de
tunnels abandonnés, et d’être sacrifiés de manière abominable
et sanglante au nom de l’Idole Écarlate. Avec chacune de ces
morts, la force et la soif de sang d’O’Donovan augmentent, et
la fréquence des disparitions augmente avec le temps.
L’ÉCLIPSE DE LUNE
La troisième nuit après que les personnages joueurs ont
commencé l’histoire, une éclipse de Lune a lieu. Au cours
264
de cet événement, le satellite n’est pas occulté, mais se
teinte de pourpre. Lors de cet événement, associé à un
alignement des étoiles particulier, l’influence de l’Idole
Écarlate deviendra maximale.
Cette nuit-là, l’Idole convoquera tous ses suivants (tous ceux
ayant commis un assassinat en son nom au moins une fois)
dans une rage meurtrière aveugle, sauf O’Donovan, car elle
souhaite que ce dernier aille trouver et sacrifie Michael Lloyd,
le chef des Faucheurs Écarlates, ainsi que ses lieutenants.
Pour les personnages joueurs, ces événements devraient
marquer la fin de l’histoire, car si leurs actions ne changent
pas le cours des événements, O’Donovan obtiendra l’Idole
Écarlate et s’enfuira avec elle, tuant sur son passage tous
les Faucheurs qui se trouvent sur son chemin. Les autres
commenceront à tuer tous ceux qui passent à leur portée sans
distinction, notamment les autres membres des Faucheurs, et
dans le chaos que cela entraîne le bâtiment qui cache le QG de
leur culte prendra feu, et tout ce qu’ils ont pu voler aux autres
cultes au cours des trente dernières années sera perdu.
Les personnages qui ont des connaissances en astronomie
peuvent être alertés de l’événement dès le début du scénario. En
outre, à partir d’un certain moment, les personnages joueurs
commenceront à vivre des rêves étranges envoyés par l’Idole
Écarlate, et ils pourront y voir une lune pourpre, ce qui devrait
leur mettre la puce à l’oreille. Quoi qu’il en soit, s’ils ne se sont
rendu compte de rien, le jour qui précède la nuit de l’éclipse les
médias pourront les informer de ce qu’il va se passer. Un test
facile (12) d’Intellect plus une compétence d’occultisme réussi
leur permettra de savoir que cet alignement stellaire associé
à une éclipse de lune est un événement de mauvais augure.
Les nuits comme celle-ci sont non seulement parfaites pour
conduire des rituels sacrificiels, mais elles ont déjà provoqué
des éruptions de folie qui ont abouti en de terribles assassinats.
LES DISPARITIONS
Le modus operandi d’O’Donovan est toujours le même pour ses
séquestrations. Il profite des trains qui circulent tôt le matin et se
fait passer pour un mendiant inoffensif qui dort sur un siège au
bout de la rame. Il attend qu’il n’y ait qu’un seul passager en plus
de lui-même et que le train soit en marche. C’est là qu’il l’attaque
et qu’il le domine rapidement grâce à sa force. En général, il le
frappe ou l’étrangle pour le faire sombrer dans l’inconscience.
Avant que le train n’arrive en station, O’Donovan abandonne la
rame en marche au moment où elle avance à vitesse réduite (à un
virage ou juste avant d’entrer dans une station). Il trace un signe
de Koth inversé sur l’une des portes pour l’ouvrir facilement.
Une fois dans les tunnels, il traîne sa victime jusqu’à son repaire,
un vieux tunnel de maintenance désaffecté depuis le milieu du
XXe siècle. C’est là qu’il sacrifie sa victime de manière sanguinaire
au nom de l’Idole Écarlate et qu’il consomme la chair et le sang
du malheureux.
Au total, huit personnes ont disparu au cours des trois derniers
mois. La police n’a pas encore été alertée pour différentes
raisons. Tout d’abord, comme ces personnes voyageaient
seules et très tôt le matin, rien n’indique que c’est dans le métro
 INFORMATIONS SUR INTERNET O’Donovan ou les
tôt ou tard les pers onn ages joueurs cherchent des informations sur
Il est probable que qui peut être trouvée
lates. Le texte suivant est un extrait d’une nouvelle parmi les plus récentes
Faucheurs Écar
y a six mois.
sur des blogs et pages Web. Elle date d’il
inelle violente
La police démantèle une bande crim démantèlement d’une dangereuse
Washington D.C. a annoncé ce matin le
L’attaché de presse du central du FBI à e ont été arrêtés
inelle. Au cours des dern iers jour s, près d’une centaine de membres de la band
organisation crim ts et de liquidités a été saisi.
nombre considérable d’armes, de stupéfian
dans plusieurs villes de la côte Est, et un
une dizaine d’années et s’était
rlates, était active depuis au moins
La bande, nommée les Faucheurs Éca ue, extorsions, séquestration
es violents, braquages, trafics de drog
rendue tristement célèbre pour ses crim justice, tandis que d’autres
étaient évidemment recherchés par la
et assassinats. Plusieurs de ses membres
étaient suspectés de divers délits.
antelée », a déclaré le
un succ ès com plet et nou s pouv ons considérer que l’organisation est dém
« L’opération a été a été lancée au bout de
tion , a
l’ gent spéc ial cont re le crime organisé Morris. « Cette opération
superviseur de o
l’ péra États de la côte Est. »
enqu ête inten se qui a mob ilisé la polic e et les bureaux locaux du FBI dans sept
deux ans d’un e

qu’elles ont disparu. En outre, trois des disparus étaient des
membres des Faucheurs Écarlates et leur disparition n’a pas
été signalée et rien ne permet d’établir un véritable lien entre
eux et les cinq autres disparus. Ensuite, O’Donovan a peint à
la bombe des graffitis qui représentent l’Idole Écarlate dans
les rames où il séquestre ses victimes et les stations du Bronx
qu’il sait fréquentées par les Faucheurs. Il cherche en effet à
attirer les membres de la bande dans les tunnels du métro pour
s’occuper d’eux et les châtier pour avoir failli à l’Idole, avant
d’offrir à cette dernière leur mort en sacrifice.
LA BLOGUEUSE
Si la police n’est pas sur le coup, une blogueuse, Hayley
Moore, suit les pistes. Elle a eu son premier contact avec
les légendes urbaines pendant son adolescence, lorsqu’un
groupe de garçons avec lequel elle commençait à sortir
l’a incitée à passer des habits du dimanche aux vêtements
sombres, piercings et amulettes. Quelques années plus tard,
elle a commencé un blog où elle évoque les événements que
personne n’arrive à expliquer, les histoires de fantômes et les
légendes d’horreur. Bien qu’elle soit très impliquée et qu’elle
fasse des recherches de fond sur les sujets abordés dans son
blog, la majorité de ce qu’elle écrit n’est que des hypothèses,
voire carrément des inventions de son cru.
Hayley était en train de faire des tâches administratives
dans le métro lorsque son collègue de travail lui a parlé
des disparitions. La police avait sollicité l’accès aux
enregistrements du métro pour vérifier les allées et venues
des victimes. Le collègue de Hayley, qui suit assidûment son
blog et est fan de son travail (ou de Hayley), s’était rendu
compte que la victime montait dans une rame à une station,
pour ne jamais en sortir. Il partagea cette information avec la
blogueuse parce qu’il savait qu’elle s’en servirait pour son blog
et, effectivement, cela lui permit d’étudier les enregistrements
elle-même. Hayley a passé des heures devant son écran
et a réussi à se rendre compte que ce que lui avait dit son
informateur n’était pas la seule occasion au cours de laquelle
une personne entrait dans un wagon sans en sortir.
Elle comprit tout de suite que cette histoire serait un véritable
scoop et décida d’aller fouiller la rame. Aussi tiré par les cheveux
que cela puisse paraître, l’individu sur l’enregistrement avait
disparu de la voiture ou était descendu en marche. Elle prit
plusieurs photos avec son téléphone mobile de tout ce qui lui
parut suspect ou inhabituel, notamment les étranges symboles
sur l’une des portes de la rame et un graffiti inhabituel de
couleur rouge peint juste à côté. Elle retrouva et interrogea le
conducteur qui conduisait la nuit de la disparition. Au début,
il nia fermement la possibilité que les portes de la voiture
aient pu être ouvertes en marche. Mais au bout d’une longue
discussion ponctuée de nombreux verres, il avoua qu’il avait
reçu au moins trois alertes signalant que les portes avaient
été ouvertes. Le wagon avait été inspecté plusieurs fois par les
gars de la maintenance, mais ils ne trouvèrent pas le moindre
dysfonctionnement du mécanisme d’ouverture des portes, et
tout le monde conclut à un court-circuit du système d’alerte.
Même ainsi, les responsables semblaient inquiets, et on leur
avait intimé l’ordre de rester discrets, car personne ne veut que
les usagers aient peur que les portes puissent s’ouvrir seules en
pleine marche au beau milieu des tunnels.
Cette piste menant dans une impasse, obligée de progresser
à l’aveugle, Hayley décida d’enquêter sur la signification de
l’étrange symbole gravé et du graffiti, ce qui l’a conduit à la petite
265
 boutique d’antiquités de madame Girardon. C’est là qu’elle a
obtenu des réponses utiles, et elle en est sortie déterminée à ne
pas s’arrêter là. Grâce à ce qu’elle avait pu trouver sur Internet,
elle réussit à découvrir que le graffiti rouge était un symbole
utilisé par une bande dangereuse, actuellement considérée
comme démantelée.
L’ÉTAT ACTUEL
DES FAUCHEURS ÉCARLATES
Après le coup de force des autorités, le culte s’est retrouvé
exsangue. La plupart de ses lieutenants et membres les plus
expérimentés ont été arrêtés, et le groupe a perdu ses armes,
ses résidences protégées et ses contacts au cours de l’opération
du FBI. Malgré tout, les membres du noyau dur du culte,
constitué de Michael « Cutter » Lloyd et de ses trois lieutenants
de confiance, sont toujours en vie, bien que chaque jour plus
déments. Ils ne se séparent presque jamais de l’Idole Écarlate,
qu’ils gardent et surveillent de manière obsessionnelle, mais
ses suivants ne sont presque plus capables de lui apporter des
victimes pour des sacrifices.
Lloyd continue de donner les ordres, mais sa folie s’est tant
accentuée au cours des derniers mois qu’il est de plus en plus
enclin à délirer complètement, et le contrôle effectif de la
bande criminelle liée au culte est exercé par Larry Martines.
Bien qu’il ait été initié aux secrets du culte et qu’il ait sacrifié
son comptant de victime à l’Idole Écarlate, sa position
actuelle est une conséquence des arrestations du FBI, et il n’a
pas été formé à mener les affaires de la bande à cette échelle.
En outre, Lloyd et le noyau dur ne sont pas d’une grande
aide, car ils se bornent à demander toujours plus de sang,
sans donner de directives sensées.
La disparition de trois de leurs membres dans le métro et
l’apparition de symboles de l’Idole Écarlate ont rendu la tâche
encore plus problématique. Martines a ordonné que certains
membres des groupes les moins indispensables patrouillent
dans le métro et tentent de découvrir qui réalise ces graffitis et
d’identifier toute personne qui pourrait leur en dire plus.
Les symboles de l’Idole Écarlate semblent conduire dans
les profondeurs des tunnels du métro, mais ils ressemblent
beaucoup trop à un piège grossier, et Martines préfère
débusquer les responsables depuis un lieu bien plus accessible.
Il a également remarqué les symboles de Koth gravés sur
les portes de certains trains, mais il ne connaît pas leur
signification : il sait simplement que leur origine est arcanique.
Malgré tout, la situation a changé il y a quelques jours lorsque
l’un de ses groupes a vu Hayley faire des photos et qu’elle
commençait à s’intéresser aux symboles de l’Idole Écarlate.
En conséquence, plusieurs membres de la bande sont en train
de suivre Hayley partout. Ils veulent découvrir ce qu’elle sait, à
qui elle parle et pourquoi.

LES FAUCHEUR
S ÉCAR LATES
Nous vous propos
ons ici les caractér
le maître du jeu ait istiques du culte po
ces informations à ur que
jeu. Le chapitre « portée de main pe
Cultes » détaille de nd ant le
comment utiliser manière plus appr
ces valeurs et aspe ofon die ARLATE ET LE
meilleur conseil à
donner à un maît
cts (voir page 175)
, mais le UTILISER LE DON ÉC
UDE’MELL
SIGNE ROUGE DE SH
considère ce culte re du jeu novice
comme un métap est qu’il
présent tant que l’u ersonnage qui re
stera l’histoire ont les
non-joueurs de
n de ses membres
l’est aussi. Plusieurs personnages « Signe
s « Don écarlate » et
La description com
plète du culte et so compétences d’arcane e de ma gie est
n histoire sont disp Comme le systèm
à la page 176. onibles rouge de Shude’Mell ». le au x ma îtres
aide peut être uti
Concept : Crimin plutôt souple, cette petite ciellem en t.
els qui vouent un t le jeu que superfi
culte à la violence du jeu qui ne connaissen
Motivation : La vi . à chaque
olence et la destru i peuvent être associés
ction. Voici certains effets qu bles.
Ressources on trois utilisations possi
3 Se renflouent compétence d’arcanes sel
grâce à plusieurs érêt de
activités e’Mell : Le principal int
Influence
clandestines. Signe rouge de Shud vo qu er de s dégâts
3 Leur nom fait nes est de pro
Connaissances 5 trembler. cette compétence d’arca ntre une
dans sa ligne de vue. Co
Taille
L’Idole Écarlate le
s guide et les prot à distance à quelqu’un culté
3 Le nombre fait ège. tion est mineure. La diffi
la force. seule victime, son utilisa victim e et cau sera
Volonté de la
Faits marquants du test est de 10 plus la pas
tte utilisation n’engendre
m points de dégâts. Ce risquée,
Ils réalisent des sa is c’est une attaque peu
crifices humains beaucoup de dégâts, ma .
très peu de leurs tous les 13 jours, de sa difficulté
membres sont au mais étant donné la faiblesse
Ils ont massacr courant. aquer un
é trois petits cu gâts à une victime ou att
des États-Unis. ltes de la côte Pour infliger plus de dé , l’utilisation
Est rsonnes maximum
La plupart de le groupe composé de 10 pe la Vo lonté de
urs membres on culté est de 15 plus
actes criminels. t été arrêtés pour est intermédiaire. La diffi e, dé finissez
leurs que contre un group
Récemment, John la victime (en cas d’atta ction de sa
O’Donovan s’est aque victime en fon
s’est mis en quête enfui de la priso une difficulté pour ch dé gât s à une
de l’Idole Écarlate n et se mM points de
. Volonté) et l’attaque cau e d’u n gro upe
C à chaque personn
victime individuelle ou
qu’elle parvient à toucher.

266
 RS ÉCARLATES
LES MEMBRES DES FAUCHEU l’influence de l’Idole déforme leur
esprit et leur volonté par le biais
s sont des marginaux habitués à la leur envoie.
Les truands des Faucheurs Écarlate des songes et des murmures qu’elle
de ne peut pas adhérer au groupe,
violence. En revanche, tout le mon initié, mais avec un point de plus
violents. Considérez que Martines est un
car la bande n’accepte que les plus
dans toutes ses compétences.
Faucheurs Écarlates.
Concept : Criminel au service des le Écarlate.
Concept : Initié aux sacrifices de l’Ido
de, on va te le faire regretter.
Devise : Mec, si tu cherches la mer gagner ses faveurs.
Devise : Je te déchiquetterai pour
FORCE 3 Habitué à la violence
FORCE 4 La colère alimente sa force
RÉFLEXES 3 Agir avant de réfléchir pe deux fois
RÉFLEXES 3 Celui qui frappe le premier frap
VOLONTÉ 2 Facilement provoqué Écarlate
uter les ordres VOLONTÉ 3 Je n’obéis qu’à l’Idole
INTELLECT 2 Agit sans disc la bonne réponse
INTELLECT 2 La violence est
3 Fuir la police
Passage à tabac 5 La force, c’est le pouvoir
3
2 File-moi ce que je veux ou je te per
ce un deuxième trou 5 Déchiqueter à mains nues
Je fais ce que je veux 2 Rien ne sert de crier
1 t du danger
Dissimulation 3 Les murmures me préviennen
1
2 Formé à l’école de la rue 1 Suivre sa victime
ses
Criminel de petite envergure 2 L’Idole m’a montré bien des cho
2 j’ai vu d’au tres mondes et créatures
Don écarlate 2 Dans mes rêves,
3
1 Séquestrations et assassinats
Endurance : 4
Endurance : 5
Résistance : 12
Résistance : 15
Défense : 11
Défense : 13
Initiative : 4
Initiative : 4
Bonus de dégâts : +1/+0
Bonus de dégâts : +2/+1
Sang-Froid : 3
Sang-Froid : 4
Stabilité Mentale : 9
pour la violenc e Stabilité Mentale : 12
Dégénérescence : 1 Goût excessif e : 3 Leurs dents se sont changées
en crocs et leurs
+6 (C+ 1), cou teau +6 (mM ). Dég éné resc enc
Attaque : Pistolet
ongles en griffes
t pour la violence est remarquable +8 (C+2), Batte en aluminium +8
(M+2), pistolet
Les membres de la bande dont le goû de con fiance Attaqu e : Gri ffes
se révèlent dignes
aux yeux de l’Idole Écarlate et qui (mM+1).
cult e. Il leur est donné la possibilité d’offrir +8
sont initiés aux secrets du
et, dès lors, quoi qu’ils fassent,
leur premier sacrifice à l’Idole Écarlate

ect temporaire
et d’a jou ter pe ndant une scène un asp
dégâts, l’utilisation doit
être pe rm es du personnage
en cor e plu s de dé crit co mm en t les capacités physiqu
Pour infl ige r
s la Volonté de la victim
e et qu i intermédiaire
cu lté est de 20 plu été au gm en tée s. Avec une utilisation
majeure. La diffi upe on t une prouesse
un e vic tim e ou M à chaque victime d’un gro ult é de 13 à 18 ), il est possible de réaliser
causera CM à (di ffic sauter d’une
10 pe rso nn es. qu e im po ssible au corps humain, comme
pouvant att ein dre ph ysi de pied une
Éc arl ate se ma nif est e e de mé tro en ma rch e ou abattre d’un coup
oir de l’Idole ram
Don écarlate : Le pouv ment la porte en métal résistante.
br ièv em ent, mais spectaculaire
en augmentant voque ou en r à l’esprit qu’utiliser des com
pétences
ysique de celui qui l’in Le maître du jeu doit garde
force et la capacité ph e perte de Stabilité Me nta le chez les
destructeur. d’arcanes engendre un
canalisant son pouvoir on du niv eau d’u tilisation
cau ser de s dé gât s à une personne personnes qui l’utilisent, en foncti e int erm éd iaire
ur ure, C pour un
Il peut être employé po ué pré céd emment, le type (dé m pour une utilisation mine ati on de
e exp liq tre, assiste r à l’utilis
par le toucher. Comm gât s qu i souhaitent être ou M pour une majeure). En ou vér ifier
de s dé roi d po ur
d’utilisation dépendra es à att aq ue r. Si l’utilisation ces compétences engendre un test
de Sang-F
nta le. La
de vic tim Stabil ité Me
provoqués et du nombre la victime s’il se produit une perte de points de
ne ure , la difficu lté est de 9 plus la Volonté de e utilisa tion mi neure, 12 pour une
est mi ati on est intermédiaire, difficulté est de 10 pour un te,
et cause M points de dé
gât s. Si l’ut ilis jeure. En cas de réussi
s la Vo lon té de la vic time et cause intermédiaire ou 15 pour une ma mi ne ure , 1 po int
la difficulté est de 14 plu n
e allant aucun point n’est perdu pour une utilisatio
int s de dé gât s à un e victime ou C à un group m po ur un e ma jeu re. En cas d’échec,
CM po n sup éri eu re nécessite de pour une intermédiaire et pour
jusqu’à 10 personnes. Un
e uti lisa tio tion mineure, m points
de 19 plu s Vo lon té de la victime et 1 point est perdu pour une utilisa
dépasser une difficulté M à un une intermédiaire ou C pour une majeure.
po int s de dégâts à une victime ou
provo qu e mC M Stabilité Mentale
qu ’à 10 pe rso nnes. lie z pa s qu e la perte de points de
group e all an t jus N’o ub ne compétence
oir po ur am éliorer sa due à l’obser vation d’une utilisation d’u
d’utiliser ce po uv utives aux effets
Il est également possible co urt e pé rio de de tem ps ou d’arcanes n’inclut pas les pertes conséc
ant un e
condition physique pend n mineure d’un pouvoir utilisé.
de s pro ue sse s physiques. Une utilisatio
pour réaliser
7 à 11 (en fonction de
l’ t désiré)
e ffe 267
avec une difficulté de
 Le début de l’histoire
Madame Girardon est le point de contact initial des
personnages joueurs avec la trame. Selon la nature de leur
culte, la mise en place de ce personnage non-joueur sera
différente. Madame Girardon est censée être un contact du
culte auquel appartiennent les personnages. Elle-même ne
fait pas partie de l’organisation et n’est pas initiée au Mythe,
mais elle se sert de sa profession d’antiquaire et de son trafic
d’antiquités pour localiser des objets ou manuscrits que le
culte lui achète à prix d’or, que ce soit avec de l’argent ou
des services. Elle informe donc le culte de tout objet ou
événement qui à son sens a une chance d’avoir un lien avec
les arcanes. Par le passé, ses informations ont permis au culte
des personnages d’obtenir quelques ressources, et elle peut
être considérée comme un contact fiable.
Les détails peuvent varier en fonction des personnages
joueurs et de la nature de son culte. S’ils appartiennent
à un culte de grande taille, il est probable que Madame
Girardon ne soit rien de plus qu’un contact parmi
tant d’autres. Dans ce cas, ce seront les supérieurs des
personnages joueurs qui leur demanderont (ou leur
ordonneront) qu’ils se mettent en contact avec elle et
enquêtent sur la situation. Si le culte des personnages
joueurs n’est constitué que d’eux-mêmes et qu’il n’est pas
probable qu’ils la connaissent directement, elle peut être le
contact d’un autre culte qui les informe qu’une antiquaire
leur a proposé de leur vendre des informations d’intérêt.
268
Quoi qu’il en soit l’histoire commence pour les personnages
joueurs lorsqu’ils entrent en contact avec Mme Girardon.
Sa boutique se trouve dans une rue assez calme de Staten
Island. C’est un magasin discret dont la vitrine montre
des antiquités sans intérêt ; en effet, la propriétaire ne
souhaite pas attirer les clients habituels, car sa principale
source de revenus provient du marché noir et de l’échange
d’informations. En effet, dans l’arrière-boutique, derrière
une trappe dissimulée, sa cave contient une petite fortune
en marchandises. Madame Girardon est une femme d’un
certain âge qui fait beaucoup d’efforts pour cacher le
passage du temps sur son visage et son corps, mais elle
a un style élégant. Elle parle calmement avec un accent
français assez prononcé, son ton est affable, bien que
derrière cette première impression se cache une femme
rusée très douée pour les affaires. Lorsque les personnages
joueurs s’entretiendront avec elle, elle leur donnera les
informations suivantes :
Une fille nommée Hayley Moore est venue il y a quelques
jours pour poser des questions sur deux symboles dessinés
sur une feuille. Ils avaient un aspect arcanique, du genre qui
peut intéresser les personnages joueurs.
Madame Girardon n’a pas pu reconnaître les symboles
avec certitude, mais elle a proposé à la jeune fille
de contacter quelqu’un qui serait en mesure de les
identifier. La blogueuse lui a donc donné son numéro de
téléphone et l’adresse de son blog (histoire d’augmenter
le nombre de visites). Madame Girardon donnera aux
personnages joueurs la feuille contenant toutes ces
 informations, mais après paiement pour ses services
(une somme élevée, mais pas excessive).
Elle décrira le signe de Koth inversé comme « un carré,
ou plutôt un trapézoïde duquel partent quatre lignes
divergentes vers le bas qui se terminent par des points,
tandis qu’une ligne part du bord vers le centre. Dans
le centre du carré, un œil est incrusté dans une étoile à
trois branches ».
Elle décrira le symbole de l’Idole Écarlate de la manière
suivante : « une sorte de flamme enroulée sur elle-même,
plus large à sa base qu’à sa pointe, constellée de taches
obscures qui pourraient être des mâchoires dentées. En
son centre se trouve une spirale dentelée, comme les dents
d’une scie enroulée sur elle-même. Quelle qu’en soit la
raison, le dessin avait été tracé en rouge ».
Effectivement, Hayley a croqué les deux dessins qu’elle a
vus. Même inexacts, ses croquis pourraient être utiles aux
personnages joueurs.
Elle n’est pas entrée dans les détails quant aux raisons de son
enquête, mais elle a dit qu’il s’agissait de la disparition d’une
personne qui pouvait avoir un lien avec ces signes. Madame
Girardon n’a pas réussi à lui soutirer les circonstances de la
disparition ou l’emplacement de ces symboles.
Les personnages joueurs pourront reconnaître le signe de
Koth inversé en réussissant un test difficile (20) d’Intellect
plus , mais si l’un deux connaît le signe de Koth
particulièrement la difficulté devient moyenne (13) pour
lui. S’ils parviennent à l’identifier, ils sauront que c’est
une variante inversée et inhabituelle qui fait exactement
l’opposé de la version « conventionnelle » : il ouvre les
lieux et les portes fermés.
D’autre part, reconnaître le symbole de l’Idole Écarlate comme
un symbole identifiant la bande des Faucheurs Écarlates
nécessite un test d’Intellect plus la compétence qui semble la
plus adéquate pour le cas, d’une difficulté très difficile (25).
Pour les personnages qui ont des contacts avec le monde de
la criminalité de New York ou de la côte Est, la difficulté passe
à difficile (21). En cas de réussite et s’ils font des recherches
sur eux sur Internet ou dans la presse, la première information
qu’ils trouveront concernera l’intervention du FBI et les
arrestations. Il est possible qu’ils trouvent ou qu’ils aient déjà
plus d’informations sur la bande, à la discrétion du maître du
jeu, mais ses liens avec le Mythe ne doivent pas être évidents.
LES SONGES ÉCARLATES
Une fois qu’ils ont vu le symbole de l’Idole Écarlate sous
quelque forme que ce soit, l’un des personnages joueurs
commencera à faire des rêves perturbants, voire entendre
des murmures. Les personnages joueurs à qui cela arrive
doivent être ceux qui ont déjà commis un assassinat de
sang-froid et qui ont au moins 1 point de Dégénérescence.
Si aucun d’eux ne remplit ces conditions ou si plusieurs
d’entre eux les remplissent, c’est le personnage avec la plus
haute valeur de Dégénérescence qui subira cet effet. À la
discrétion du maître du jeu, les songes écarlates peuvent
affecter plus d’un personnage joueur du moment qu’ils
ont commis un assassinat de sang-froid.
Avant la seconde nuit, le rêve deviendra sanglant et
macabre et, bien qu’il puisse apporter quelques pistes
subtiles, il doit être particulièrement inquiétant. Voici
quelques conseils que le maître du jeu peut utiliser comme
bon lui semble, par exemple en mélangeant plusieurs
éléments dans le même rêve :
Le personnage joueur se retrouve allongé au beau milieu de
l’obscurité et il sent une douleur dans sa poitrine. Déchirant
sa peau, sa chair et ses os, l’Idole Écarlate en sort.
Il entend des chuchotements vermeils qui lui murmurent
des promesses de pouvoir, de lui offrir ce qu’il désire le plus
ardemment, mais en échange il doit verser le sang.
L’Idole Écarlate se retrouve suspendue dans l’obscurité,
baignée d’une lueur rougeâtre qui provient d’une lune
carmine. Autour de l’objet, quatre silhouettes déformées
(Lloyd et ses lieutenants) désirent s’approcher de l’Idole sans y
parvenir. Sous la frustration, ils commencent à s’automutiler.
Le personnage joueur se retrouve devant un innocent
attaché face à l’Idole Écarlate avec un couteau dans la main.
Il peut choisir d’assassiner la victime.
Le personnage joueur avance dans un tunnel obscur
jonché de cadavres (le repaire d’O’Donovan) et un
homme avec une étincelle rouge dans le regard et les
mains couvertes de sang (O’Donovan lui-même) est en
train de dévorer l’un des morts. Il lève soudain les yeux et
son regard croise celui du personnage joueur.
Après qu’Hayley a été séquestrée (page 270), l’un des songes
montre comment elle a été sacrifiée en l’honneur de l’Idole
Écarlate ou son cadavre mutilé au beau milieu de nombreux
autres macchabées, aux pieds de l’Idole Écarlate.
La deuxième nuit, s’ils n’ont toujours pas trouvé O’Donovan,
ils feront un rêve bien plus direct dans lequel ils avancent dans
un tunnel couvert de sang et illuminé faiblement par une lueur
rougeâtre dont l’origine n’est pas claire. Au bout de ce tunnel
se trouve O’Donovan, qui s’adressera à eux pour leur fournir
certaines informations. Surtout, il tentera de les convaincre de
le rejoindre le lendemain (le troisième jour). Cet événement
est détaillé au paragraphe « Le réseau de métro et la rencontre
avec O’Donovan » (page 271).
Les rêves ne sont pas exactement des songes, car ils surviennent
à la frontière des Contrées du Rêve, dans une petite fraction
dont l’Idole Écarlate est la maîtresse et la propriétaire. Il est
probable que si les personnages ont accès aux Contrées du
Rêve, ils tentent de découvrir d’où proviennent ces événements.
Par exemple, ils peuvent provoquer une rencontre avec
la projection de l’Idole Écarlate dans l’espoir d’obtenir des
informations. L’Idole Écarlate ne dialogue pas, elle ne fait
qu’exiger du sang et fait des promesses de pouvoir. Même ainsi,
son environnement ou les éléments qui l’entourent peuvent
fournir des informations importantes aux personnages
joueurs. Au maître du jeu de décider si les informations sont
plus ou moins explicites, et il peut se servir de cette situation
pour donner un coup de pouce aux joueurs qui sont en train
de s’égarer dans d’autres pistes pour relancer l’histoire. Cette
méthode nécessitera à coup sûr plusieurs tests de Sang-Froid.
Il est possible que les personnages joueurs souhaitent
détruire l’Idole Écarlate dans les Contrées du Rêve. En
principe, le pouvoir de l’Idole en ce lieu est trop important
pour qu’ils soient capables de l’endommager avec autre chose
qu’un pouvoir supérieur. S’ils se montrent agressifs, l’Idole
les expulsera de son territoire, ce qui peut signifier qu’ils
269
 « chutent » dans une autre région des Contrées du Rêve difficulté facile (entre 7 et 12). En cas de réussite, il ne
ou qu’ils se réveillent. perd aucun point de Stabilité Mentale, tandis qu’il perdra
m points en cas d’échec.
L’influence de l’Idole Écarlate est tellement perturbante
que tout personnage joueur qui reçoit ses rêves doit faire
un test de Sang-Froid en raison de son exposition à la
peur : difficulté moyenne (de 13 à 18 selon la gravité de la
situation). En cas de réussite, il perd m points de Stabilité
Premières pistes :
Mentale, contre M points en cas d’échec. la blogueuse
Mis à part les rêves, si un personnage joueur qui remplit et son appartement
les conditions pour avoir des Rêves Écarlates se retrouve
dans une situation violente au cours de laquelle il peut À partir de ce point, les personnages joueurs ont plusieurs pistes
en arriver à tuer quelqu’un, une série de murmures d’exploration. La première est la plus évidente : contacter Hayley
insistants lui réclamera du sang et la mort. S’il cède à pour lui parler. Ils peuvent utiliser le numéro de téléphone noté
ses supplications, il récupère immédiatement 1 point de sur le papier que leur a donné madame Girardon. En revanche,
Résistance pour chaque personnage qu’il assassine (2 s’il il est possible qu’ils n’aient pas envie d’entrer directement en
y arrive de manière particulièrement sanglante). contact avec elle, mais plutôt de la surveiller pour découvrir ce
Au cas où il entend les murmures en étant éveillé, il doit qu’elle sait ou pour pénétrer dans son appartement et mettre la
réussir un test de Sang-Froid en raison de son inquiétude : main sur les données de son « enquête ».
S’ils décident de la contacter, Hayley voudra savoir qui ils
sont et ce qu’ils désirent. Une fois qu’ils lui assurent qu’ils
peuvent lui donner des informations sur les signes qu’elle a
découverts, elle acceptera avec enthousiasme de rencontrer les
personnages joueurs où ils le souhaitent. Lorsque la rencontre
US E
HAYLEY MOORE, BLOGUE s les
a lieu, Hayley est directe : en premier lieu, elle veut savoir qui
rante habituée à observer tou sont les personnages joueurs et ce qu’ils savent sur le sujet. Si le
Hayley est une jeune fille atti Yor k, don t3 groupe parvient à se comporter de manière naturelle, Hayley
passé ses 27 ans à New
détails à ses alentours. Elle a bien la ville
qui fait qu’elle connaît leur montrera les dessins qu’elle a réalisés des signes pour leur
à travailler dans le métro, ce demander ce qu’ils en savent.
et s’y déplace avec aisance.
des
stérieux des détails du cas Elle pense que les personnages joueurs l’ont rencontrée pour
En raison du caractère my ire et
ment obsédée par cette affa lui fournir des informations, et elle ne révélera a priori aucun
disparitions, elle est légère est
les pour découvrir tout ce qui
fournit tous les efforts possib he,
ur billet de son blog. En revanc
possible pour publier le meille ces
roman, et si les circonstan
ce n’est pas une héroïne de
ttra les bouts.
deviennent difficiles, elle me
ion
Concept : Blogeuse à sensat
de mystères.
CONCIERGE
Devise : Le monde regorge Concept : Concierge d’âge mûr
FORCE 3 Pas une femme d’action
3 Se jeter de côté FORCE 4 Corpulent
RÉFLEXES RÉFLEXES
VOLONTÉ 4 Habituée à marchander 3 Dire bonjour aux voisins
mémoire VOLONTÉ 2 Désabusé
INTELLECT 5 Bonne INTELLECT 2 Trop d’heures passées devant la TV
ging
3 Fait régulièrement du jog
mo rd pas 3 C’est pas pour ça qu’on me paie
3 Le chien qui aboie ne
1 Cours élémentaire d’autodéfense
5 Sait soudoyer
2 Parler de sport
6 Remarque les détails
uée 4 Ma responsabilité, c’est de surveiller
6 Filature sans être remarq
me sa poche 1 Faire semblant de travailler
4 Connaît New York com
tro 2 Connaît le bâtiment dans lequel il travaille
5 Administratrice du mé
3 Garde
Endurance : 5 Endurance : 5
Résistance : 15 Résistance : 15
Défense : 11 Défense : 12
Initiative : 5 Initiative : 4
Bonus de dégâts : +1/+0 Bonus de dégâts : +1/+0
Sang-Froid : 6 Sang-Froid : 3
Stabilité Mentale : 18 Stabilité Mentale : 9
Dégénérescence : 0
ne +6 (C), taser +6 (M). Dégénérescence : 0
Attaques : Bombe lacrymogè Attaque : Autodéfense +4 (m+1).

270
indice qu’elle a découvert sur l’affaire. Elle dira qu’il s’agit d’une
disparition et qu’elle a trouvé les deux symboles sur la scène
du crime. Réussir à la convaincre ou la tromper pour obtenir
plus d’informations nécessite de réussir un test en opposition
(les compétences employées dépendent de la manière dont
les joueurs abordent la situation). Si le test est réussi, elle leur
montrera les photos qu’elle a prises avec son téléphone mobile et
où elle les a faites. Elle peut même leur dire la ligne et le numéro
de la rame s’ils sont particulièrement convaincants.
Lorsqu’Hayley se rend compte que le signe rouge est celui
des Faucheurs Écarlates, elle se comportera de manière
plus nerveuse et commencera à croire qu’on la suit. Tout
comportement suspect de la part des personnages joueurs la
mettra immédiatement sur la défensive et la fera douter d’eux.
Autre élément à prendre en compte lors de la rencontre :
s’ils se trouvent dans un lieu un minimum public, deux
jeunes ressemblant à des délinquants observeront la
scène à distance respectable. Ce sont deux des Faucheurs
qui suivent Hayley. Dès que la rencontre s’achève, ils
appelleront Martines pour l’informer de ce qu’il s’est
passé et ce dernier leur ordonnera de suivre également les
personnages joueurs. Pour remarquer qu’ils sont observés
avec un intérêt plus que banal, il faut réussir un test très
difficile sous la compétence de perception plus Intellect.
Si les personnages décident à un moment de rendre visite
à Hayley ou d’entrer chez elle par effraction, il faudra être
ingénieux pour trouver son domicile. Ils peuvent se servir de
son blog, dont l’adresse est notée avec le numéro de téléphone
sur le papier de Mme Girardon. En analysant minutieusement
son contenu, ils pourront se rendre compte que toutes les
photos chargées par Hayley (c’est-à-dire celles prises avec son
mobile) montrent des lieux situés dans une zone définie de la
ville, ce qui leur permettra de réduire leur champ de recherche.
Si en outre ils ont des compétences en informatique et sont
capables de retracer l’adresse IP du blog, ils pourront retrouver
la localisation du serveur avec un test très difficile (23)
d’Intellect plus : l’appartement de Hayley.
L’appartement se trouve au 7e étage d’un immeuble
résidentiel un peu excentré de Manhattan. N’importe
qui peut pénétrer dans le bâtiment pendant les heures
d’ouverture habituelles, mais la nuit le concierge surveille
l’entrée et ne laissera entrer que les voisins qui habitent sur
place. Les personnages joueurs devront s’assurer qu’Hayley
ne se trouve pas chez elle lorsqu’ils voudront pénétrer
dans son appartement. La porte est équipée d’une serrure
normale, mais elle est reliée à une alarme. Si au bout de
15 secondes après l’ouverture de la porte le bon code à cinq
chiffres n’est pas saisi sur le tableau de commande situé
à l’intérieur de l’appartement, l’alarme est déclenchée et
alertera une société de surveillance.
Hayley vit dans un studio un peu vétuste, mais accueillant.
Outre un canapé couvert de vêtements et une petite
table sur laquelle se trouve encore de la vaisselle sale, il
comprend un bureau à trois tiroirs dont le premier est
fermé à clef, ainsi qu’un fauteuil. À côté du bureau se trouve
une étagère remplie de romans noirs et policiers, ainsi que
les derniers best-sellers. Les informations intéressantes
concernant l’affaire se trouvent sur son ordinateur portable,
dans le premier tiroir de son bureau. Évidemment, l’accès à
l’ordinateur nécessite un mot de passe.
Pour forcer une serrure, il faut réussir un test de Réflexes
plus la compétence de adéquate du personnage
joueur et utiliser un outil. La difficulté de la serrure de la
porte est moyenne (17), tandis que celle du tiroir est plus
accessible (15). Forcer la porte ou le tiroir nécessite un test
de Force plus une compétence de condition physique. Le test
est difficile (20) dans le cas de la porte et moyen (18) dans
celui du tiroir. Réussir à accéder au portable leur prendra
du temps et nécessite un test difficile (22) d’Intellect plus la
compétence de ou appropriée.
S’ils réussissent à pirater l’ordinateur, ils pourront accéder
à toutes les informations dont Hayley dispose : les photos
qu’elle a prises dans la rame de métro, quelques vidéos
du service de sécurité le jour de la disparition, des notes
personnelles où elle décrit tout ce qu’elle sait, dans quel
métro la disparition a eu lieu et le numéro de la rame, le
nom du conducteur qu’elle a interrogé, etc.
Suivre les pistes
À partir de là, les personnages joueurs peuvent emprunter
des chemins très différents selon les pistes qu’ils ont
découvertes. Voici quelques développements logiques que
le maître du jeu peut utiliser à sa convenance en fonction
des décisions du groupe.
S’ils ont découvert que les symboles se trouvaient dans le métro,
ils voudront sûrement aller les voir par eux-mêmes ; le métro
de New York ne ferme jamais. Ils souhaiteront peut-être aussi
interroger le conducteur avec lequel Hayley a parlé. Cette nuit,
il se trouve au dépôt de sa ligne où il se rend pour travailler.
En discutant avec lui, ils pourront apprendre que l’ouverture
« spontanée » des portes s’est systématiquement produite tôt
le matin, alors qu’il y a « heureusement » peu d’usagers dans
les wagons. S’ils pensent à lui montrer le symbole de l’Idole
Écarlate, il leur répondra que c’est un graffiti qu’il a déjà vu sur
les quais de plusieurs stations du Bronx, mais il se souvient qu’il
y en ait eu un de peint dans un tunnel.
En outre, s’ils ont pu visionner la vidéo de la sécurité sur
l’ordinateur de Hayley ou s’ils y accèdent par d’autres moyens
(pourquoi pas en activant leurs contacts ou en soudoyant des
personnes compétentes), après avoir passé plusieurs heures
devant des enregistrements particulièrement soporifiques ils
pourront remarquer qu’un étrange SDF entre dans la voiture
quelques heures avant que l’homme qui a disparu y entre
également, et que lui non plus n’en sort pas. Le vagabond qu’ils
peuvent voir n’est ni plus ni moins qu’O’Donovan lui-même, et
si l’un des personnages joueurs l’a vu en rêve il le reconnaîtra tout
de suite. Si les joueurs décident de faire le compte des personnes
qui sont montées et descendues, ils remarqueront également
ce détail. Si au contraire ils ne savent pas ce qu’ils cherchent,
ils peuvent tout de même le remarquer en réussissant un test
d’Intellect plus de difficulté difficile (20). En revanche,
cette activité peut leur prendre jusqu’à dix heures, et il est peu
probable qu’ils aient suffisamment de patience.
Il est possible qu’ils veuillent surveiller le réseau de métro,
surtout la ligne sur laquelle la disparition a eu lieu, ainsi
qu’explorer les différentes stations à la recherche des symboles
de l’Idole Écarlate ou d’autres signes arcaniques. Étant donnée
l’immensité du réseau de métro de New York, ce plan revient
271
 à chercher une aiguille dans une botte de foin, sauf s’ils savent
par où commencer. Quoi qu’il en soit, ce qui peut leur arriver
pendant cette expédition est indiqué un peu plus loin.
Depuis la rencontre avec Hayley, un groupe de cinq
Faucheurs, quatre truands et un initié, les suit pour découvrir
où ils résident. Logiquement, ils ne les suivent pas en même
temps, mais font plutôt des quarts. Par contre, si l’un d’eux
est menacé, ses compagnons arriveront sur place en quelques
minutes pour l’aider. Une confrontation avec eux et un
interrogatoire ultérieur peuvent permettre de faire la lumière
sur certains points : les Faucheurs Écarlates s’intéressent à
eux parce qu’ils les ont vu parler avec la blogueuse, ce ne sont
pas eux qui ont peint les symboles dans le métro, même s’il
s’agit de leur signe de reconnaissance et, si les personnages
joueurs sont habiles, ils pourront même leur lâcher que
certains des leurs aussi ont disparu dans le métro. Aucun des
truands qui les suivent ne connaît le QG de Martines ou du
culte où se trouve l’Idole Écarlate.
Enfin, il est possible qu’ils décident d’enquêter ou qu’ils activent
leurs contacts pour tenter de trouver des informations sur les
Faucheurs Écarlates. S’ils ne sont pas très discrets, c’est-à-dire
s’ils se baladent le nez en l’air en posant des questions à des
personnes qui ne sont pas d’une confiance absolue, Martines
finira par se rendre compte de ce qu’il se passe. Voici les indices
qu’ils peuvent collecter :
Une poignée de Faucheurs a échappé au coup de filet de la
police et, bien que très faible, le groupe est toujours actif.
C’est un certain Martines qui les commande, mais la
rumeur veut que lui-même ne suive qu’à peine les ordres
de ses supérieurs, les têtes pensantes de la bande que le
FBI n’est pas parvenu à arrêter et qui se cachent dans les
ombres depuis des années.
Les membres s’identifient entre eux grâce à des symboles
tatoués sur une partie du corps (le symbole de l’Idole Écarlate).
Quelqu’un est en train de traquer plusieurs de leurs membres.
Il les capture avant d’envoyer les morceaux de leur corps sur
lesquels était tatoué le symbole.
Certains graffitis avec le symbole de la bande sont apparus
dans plusieurs stations du Bronx que les membres des
Faucheurs avaient l’habitude de fréquenter.
Première nuit
À moins que les actions des personnages joueurs altèrent
suffisamment le cours des événements, cette nuit-là un
groupe de cinq truands et un initié des Faucheurs Écarlates
séquestrera Hayley dans une grande violence alors qu’elle
dort chez elle. Leur plan est simple : entrer discrètement
chez elle, la réduire au silence et l’emmener en fourgonnette
le plus rapidement possible.
Si les personnages joueurs parviennent à sauver Hayley de cet
événement, ils auront brièvement obtenu un allié. Elle partagera
avec eux tous les détails de son enquête, mais ne voudra plus rien
savoir sur l’affaire. En effet, elle partira en vacances prolongées et
restera loin de la ville pendant toute une saison.
Si les Faucheurs parviennent à l’emmener, ils prendront
également avec eux son téléphone mobile, et si les personnages
272
joueurs tentent de communiquer avec elle ils n’obtiendront
pas de réponse. S’ils se rendent à son domicile, ils trouveront
la police en train d’enquêter sur la séquestration. L’inspectrice
Bellini, chargée de l’affaire, voudra savoir qui ils sont et quelle
était leur relation avec Hayley si elle les voit dans les environs.
Le rôle de la police ne sera que ponctuel, mais il peut avoir
des conséquences sur l’avenir des personnages joueurs,
surtout s’ils avaient cambriolé l’appartement d’Hayley ou eu
une dispute avec elle.
Cette même nuit, O’Donovan sera à l’affût dans le métro. À
l’aurore, il séquestrera une nouvelle victime qu’il sacrifiera
quelques heures plus tard.
Deuxième jour : embuscade
Il est possible que les personnages joueurs se sentent un peu
perdus arrivés à ce point, surtout s’ils se sont retrouvés dans
plusieurs impasses. En outre, la disparition d’Hayley devrait
les inquiéter quelque peu.
En revanche, passé ce délai les Faucheurs seront au
courant de l’existence des personnages joueurs. Ils ont pu
les remarquer de trois manières différentes : en les voyant
rencontrer Hayley, s’ils ont posé des questions sensibles qui
sont remontées aux oreilles d’informateurs des Faucheurs
ou si les Faucheurs sont parvenus à séquestrer Hayley.
Dans ce dernier cas, ils auront passé la nuit à la torturer
pour lui soutirer des informations, et ils savent que les
personnages joueurs se sont intéressés aux symboles qu’elle
a découverts dans le métro. Martines n’est pas sûr du rôle
des personnages joueurs dans toute cette affaire, mais il
préfère prendre les devants et séquestrer les personnages
joueurs pour leur poser quelques questions. En revanche,
si aucune de ces conditions n’est remplie, le plus probable
est que Martines ne soit même pas au courant de leur
existence, et cette scène n’aura pas lieu.
À un moment de la journée, ils recevront un appel d’un
individu nommé Larry Freeman. S’ils lui demandent
comment il a obtenu leur numéro de téléphone, il restera
très vague pour ne pas citer sa véritable source (qui qu’elle
soit selon les circonstances) et il tentera de focaliser leur
attention sur les informations qu’ils connaissent et qu’ils sont
disposés à partager avec lui. Il assurera connaître plusieurs
secrets sur les Faucheurs, notamment où se trouve leur base
d’opérations. Si cela ne convainc pas les personnages joueurs,
il fera monter les enchères et affirmera qu’il sait où les
criminels ont trouvé le signe de Koth inversé : dans certains
vieux papiers qu’ils gardent jalousement. Une fois qu’il aura
obtenu l’attention des personnages joueurs, il proposera une
rencontre en milieu d’après-midi « chez un ami » dans le
Bronx, mais ne leur donnera aucune autre information. En
revanche, il les sondera pour estimer ce qu’ils savent. Pour se
rendre compte qu’il ment, il faut réussir un test de difficulté
moyenne (14) d’Intellect plus .
Les personnages joueurs peuvent décider de ne pas se rendre
au rendez-vous. Dans ce cas, Martines commencera à prévoir
une autre manière de les aborder, mais ne pourra rien mettre
en place avant l’éclipse. Après qu’elle a eu lieu, comme nous
le verrons plus loin, le plus probable est que les Faucheurs ne
soient pas en état de menacer qui que ce soit.
Bien que la proposition empeste le piège, ce rendez-vous
peut être tentant pour accéder aux membres des Faucheurs
et leur tirer des informations.
Le lieu de la rencontre est un immeuble résidentiel assez
banal dans une zone un peu éloignée du Bronx. L’édifice de
six étages a connu des temps meilleurs. À première vue, on
n’y voit rien de suspect, il y a des gens dans la rue, notamment
des enfants qui jouent. S’ils inspectent la ruelle qui borde
l’immeuble, ils pourront voir une échelle de secours.
L’intérieur de l’immeuble est couvert de graffitis et l’odeur
de détritus humains est presque palpable. Les bruits
abondants et colorés du voisinage résonnent dans tout
l’escalier du bâtiment. La rencontre doit avoir lieu dans un
appartement du dernier étage. À mesure qu’ils gravissent
les marches, ils ne verront rien de suspect dans les couloirs.
Évidemment l’ascenseur est hors service. Les deux seuls
moyens pour rejoindre l’étage sont par l’escalier central ou
l’échelle de secours à l’extérieur.
Si certains personnages joueurs sont restés dans l’entrée
ou à l’extérieur de l’immeuble, ils ne remarqueront
également rien de suspect. Chaque étage permet d’accéder
à deux appartements. Au dernier, la porte de l’un des
appartements est défoncée. S’ils entrent, ils constateront
que l’appartement est inoccupé et qu’il est clair qu’il a été
abandonné il y a des années : graffitis aux murs, absence de
meubles, seringues usagées, etc. Freeman les attend dans
l’autre appartement, dont la porte n’est pas en bien meilleur
état et dont l’intérieur est relativement identique.
Lorsqu’ils arrivent à l’appartement, Freeman leur ouvrira.
C’est un jeune afro-américain vêtu à la mode banlieusarde
avec T-shirt et pantalon trop larges. Un test de difficulté
moyenne (14) sous Intellect plus révèle qu’il porte un gilet
pare-balle sous son T-shirt et un pistolet dans son pantalon.
Au premier abord, il se montrera amical et discutera de
sujets sans importance avec les personnages joueurs. Il
pourra même leur révéler certaines informations mineures
si cela peut lui permettre de leur soutirer des informations
utiles. En revanche, tout cela n’est qu’une distraction.
Pendant qu’ils discutent, un groupe de Faucheurs se tient à
l’affût depuis deux heures dans l’appartement du dessous. Le
groupe est composé d’autant d’initiés que de personnages
joueurs. Lorsqu’ils entendent le bruit de la conversation au-
dessus, ils sortiront de leur cachette et graviront les escaliers
discrètement pour faire irruption dans l’appartement et
menacer les personnages joueurs avec leurs armes. Ils
veulent les maîtriser et les interroger, et ils n’ouvriront donc
pas le feu tout de suite, mais s’ils se sentent dominés ils
n’hésiteront pas à faire usage de leur arme.
Le plan des Faucheurs est simple : menotter les personnages
joueurs et les faire descendre discrètement par l’escalier
de secours jusque dans la ruelle. Avant de descendre, ils
appelleront par téléphone deux complices qui les attendent
dans une fourgonnette deux pâtés de maisons plus loin,
pour qu’ils viennent les chercher. En cas de fusillade, les
Faucheurs essaieront d’abattre les personnages joueurs et
de fuir grâce à ce véhicule avant l’arrivée de la police. Le
seul qui n’est pas disposé à fuir est Freeman, qui luttera
jusqu’à la fin avec une rage aveugle.
Des criminels présents, seuls Freeman et le conducteur
de la fourgonnette connaissent l’emplacement de la base
des Faucheurs et s’ils parviennent à leur arracher cette
information d’une manière ou d’une autre, ils sauront où
se rendre. Autre possibilité : suivre la fourgonnette, car elle
rentrera directement à la base centrale du culte.
Freeman connaît aussi l’existence de l’Idole Écarlate, mais
c’est un fanatique qui ne se laissera jamais capturer vivant,
s’il en a la possibilité. En termes de jeu, considérez Freeman
comme un initié, mais qui porte en plus un gilet pare-balle
(qui lui octroie une Résistance aux dégâts de 8) et qui a deux
points de Dégénérescence.
Si cette situation se produit, l’apparition de la police doit
servir à pousser les personnages joueurs à fuir rapidement.
En aucun cas la situation ne doit déboucher sur une
confrontation avec les forces de l’ordre, car cela entraînerait
un problème d’envergure pour les personnages joueurs,
sûrement trop important pour pouvoir l’affronter en même
temps que les événements de cette histoire.
Seconde nuit
et troisième jour
Après l’embuscade, il est fort probable que les personnages
joueurs aient besoin de repos et de soins. Les Faucheurs les
laisseront en paix pour l’instant si l’embuscade n’a pas fonctionné,
car la fusillade a attiré beaucoup d’attention et ils souhaiteront
laisser les choses se décanter avant leur prochain coup.
Il est possible que les personnages joueurs souhaitent se préparer
à la troisième nuit, car ils devraient se douter qu’il va se produire
quelque chose de terrible.
À part cela, c’est au cours de cette période de temps qu’ils
pourront rencontrer O’Donovan dans le métro, comme
décrit ci-après.
LE RÉSEAU DE MÉTRO
ET LA RENCONTRE AVEC O’DONOVAN
Tôt ou tard, les personnages joueurs voudront savoir ce qui
se passe dans le métro. Ils peuvent échafauder plusieurs
plans. S’ils connaissent le visage d’O’Donovan, ils peuvent
tenter de le localiser en surveillant la ligne sur laquelle se sont
produites les disparitions connues. Dans ce cas, la rencontre
avec O’Donovan ne se produira qu’au cours de la seconde
nuit. En effet, il sera au courant que certains ou tous les
personnages joueurs ont vécu des songes écarlates (voir page
267), car lui aussi les aura vus dans ses rêves. O’Donovan
voudra dialoguer avec eux parce qu’il considère que ces
personnages sont des « élus » de l’Idole Écarlate.
Il s’arrangera pour se trouver dans la même rame qu’eux
et qu’il n’y ait personne d’autre. Il n’aura d’intérêt pour une
conversation qu’avec ceux qui ont vécu des songes écarlates
et ignorera purement et simplement les autres, comme
s’ils n’existaient pas. Essentiellement, il veut savoir si les
personnages joueurs « élus » sont disposés à suivre l’Idole
Écarlate et à faire des sacrifices en son nom. Les personnages
joueurs peuvent tenter de lui tirer les vers du nez, ce qui
l’amènera à expliquer comment il est tombé sur l’Idole,
comment il s’est enfui avec ou pourquoi il pense que l’Idole
l’appelle depuis tant d’années. En revanche, il n’est pas très
273
 patient et exigera une réponse à la question de savoir s’ils vers son repaire. S’il le peut, il emmènera un personnage joueur
sont prêts à réaliser des sacrifices au nom de l’Idole Écarlate. inconscient pour le sacrifier.
Si la réponse est affirmative, une femme montera dans la Si au cours de la seconde nuit ils n’ont pas trouvé
voiture à la station suivante et il voudra qu’ils la sacrifient O’Donovan, il est encore possible qu’ils le trouvent. Au
immédiatement. Après qu’ils l’ont maîtrisée, il conduira les cours du troisième jour, les murmures qu’entendent les
personnages joueurs à travers les tunnels jusqu’à son repaire. personnages joueurs qui reçoivent des songes écarlates
Une fois là-bas, si certains des personnages joueurs tentent se feront plus insistants. Ils tenteront de les guider vers le
d’éviter le sacrifice, il exigera que les élus les sacrifient également, repaire d’O’Donovan dans les tunnels du métro.
et il sera le premier à se jeter à l’attaque. En dernier recours, il est possible de le localiser en suivant
Si leur réponse est négative, il les attaquera immédiatement et la piste qu’a donnée le conducteur du métro à Hayley : la
les traitera de traîtres ; ce seront eux le sacrifice de ce soir. Le présence d’un symbole de l’Idole Écarlate peint dans l’un des
combat doit être rapide, car avant d’arriver à la station suivante tunnels les plus vieux du réseau. Quelques mètres plus loin,
O’Donovan utilisera le signe de Koth inversé gravé sur l’une des et à environ une centaine de l’arrêt le plus proche se trouve la
portes de la rame pour sortir par un tunnel et s’échapper porte du repaire d’O’Donovan, qui cherche à être trouvé par les
Faucheurs Écarlates pour les tuer et ainsi prouver qu’il est
plus digne des faveurs de l’Idole Écarlate.
L’accès à la cachette d’O’Donovan se fait en poussant
JOHN O’DONOVAN une lourde porte de fer. Cet accès donne sur un large
ans et l’apparence d’un et obscur passage de maintenance qui empeste la mort
John O’Donovan a dans ce scénario plus de soixante
déformations évidentes et la décomposition. L’odeur s’accentue à mesure que
SDF, bien que son visage soit assez effrayant : des
ect, il semble fragile, les personnages progressent. Au bout de quelques
lui donnent un aspect cadavérique et maladif. D’asp
graves déformations, des mètres, le passage se change en un escalier qui descend
mais ses vêtements sales et rapiécés cachent de
culièrement résistant et dans un vieil entrepôt dont le sol et les murs sont
« dons » de l’Idole Écarlate qui l’ont rendu parti
ement solide. couverts de sang séché. Là, dans un recoin, les victimes
fort, et il peut se révéler être un adversaire étonn
d’O’Donovan se décomposent.
e Écarlate. Tout ce qu’il
Son esprit est entièrement sous l’influence de l’Idol
De fait, mêm e ses souvenirs ont Pénétrer dans le repaire entraîne un test de Sang-
dit ou fait a peu ou prou un lien avec elle.
un lien avec l’Idole Écarlate. Froid de difficulté facile (11). En cas de réussite,
été affectés et il ne garde que ceux qui ont
aucun point de Stabilité Mentale n’est perdu, contre
Concept : Prophète de l’Idole Écarlate 1 point dans le cas contraire.
Devise : Ta douleur est son offrande. Si les personnages joueurs parviennent à obtenir le respect
FORCE 6 Les déformations le rendent plus fort d’O’Donovan par leurs actions, il les invitera à participer
RÉFLEXES 5 Plus rapide que ce que l’on pourrait croire au massacre lors de la nuit de l’éclipse. Cette possibilité
VOLONTÉ 5 J’ai été choisi pour accomplir sa volonté joue évidemment en faveur des personnages joueurs, car
O’Donovan est mortel au combat, il sait où se trouve la
INTELLECT 3 Ruse du chasseur
base des Faucheurs et comment y accéder. En outre, il
5 Force monstrueuse n’a aucun intérêt pour les connaissances arcaniques du
8 Mortel à mains nues culte : tout ce qu’il veut, c’est l’Idole Écarlate.
2 Peu causant
4 Je peux sentir ta peur
6
2
Semble inoffensif
Ancien détenu La base des faucheurs
L’idole Écarlate me murmure ses connaissances
6
7 Don écarlate
écarlates
5 Signe rouge de Shude’Mell
6 Signe de Koth inversé À mesure que l’histoire s’approche de la fin, le
plus probable est que les personnages joueurs
Endurance : 8 souhaitent découvrir ce que les Faucheurs
lui confère une certaine
Résistance : 24 (RD 3 La déformation de ses os Écarlates dissimulent dans leur base. Finalement,
protection). la promesse de ce qui s’y trouve est sûrement ce
Défense : 18 qui a poussé les joueurs à enquêter.
Initiative : 6
Leur QG se trouve dans une vieille usine désaffectée au
Bonus de dégâts : +3/+2
début du XXe siècle, située à la périphérie de New York,
Sang-Froid : 6
dans une zone industrielle dans un état de décrépitude
Stabilité Mentale : 18
més qu’ils sortent de la évident. Le bâtiment est entouré d’une clôture en métal
Dégénérescence : 6 Ses os sont tellement défor
couronnée de fil barbelé, mais un accès est ouvert dans
peau par endroits.
létales et sont considérés la façade avant. Le bâtiment est sur deux niveaux, et
Attaque : Ses poings et ses os sont des armes
comme des armes blanches +13 (M+3). des fenêtres ne sont percées qu’au deuxième. L’intérieur
Exposition à la terreur : Inquiétude (Facile, 0/1). est presque entièrement vide, car les machines ont été
retirées lorsque l’usine a fermé. Il ne reste que l’escalier
métallique qui mène à une passerelle située à environ
trois mètres du sol et permet d’accéder aux fenêtres.
274
L’usine dispose de quatre accès : la porte avant, qui est
suffisamment grande pour faire entrer un camion, mais il y
a aussi une porte normale toujours verrouillée, puis la porte L’IDOLE ÉCARLATE
arrière, robuste, métallique et également toujours verrouillée, Toute cette aventure tourne autour de ce myst
érieux artefact. En effet,
ensuite les quatre fenêtres, suffisamment grandes pour laisser c’est lui qui a provoqué la situation en prévision
de l’éclipse lunaire.
passer un homme, et enfin les égouts. Un vieux couloir de L’Idole Écarlate possède une intelligence
maintenance relie les égouts au premier sous-sol de l’usine. extraterrestre rusée et
impitoyable, mais d’une certaine manière
Il est actuellement muré avec des briques et du ciment, mais prévisible, car son unique
motivation est sa soif de sacrifices. Pour cette
l’abattre n’est pas très compliqué. En revanche, le bruit mettra entité, ses adorateurs ne
sont guère plus que des outils lui permettan
sûrement les bandits en alerte. Les personnages joueurs t d’obtenir du sang, mais
également une réserve « d’aliments ».
pourront découvrir l’existence de cet accès au prix de recherches
minutieuses. De son côté, O’Donovan connaît cet accès grâce Il y a quelques mois, en conséquence
des arrestations du FBI,
aux songes que lui envoie l’Idole Écarlate. les sacrifices ont commencé à s’espacer,
ce qui l’a conduite à se
demander si ses adorateurs actuels étaie
Les Faucheurs ont disposé des caméras de sécurité tout autour nt viables. C’est cela que
pressentent d’une certaine manière Lloyd et
de l’édifice et sauront qui s’en approche (discrètement ou non). les siens, mais également
O’Donovan. Mais il y a plus. L’éclipse conj
uguée à l’alignement
À l’intérieur de l’usine se terrent au moins douze initiés, stellaire marquera un moment au cours
duquel la puissance et
Martines et, au plus profond sous-sol, Lloyd et ses trois l’influence de l’Idole croîtront énormément,
de même que sa faim.
lieutenants. C’est le noyau dur du culte et l’accès est interdit Pour l’assouvir, elle entend propager une folie
meurtrière chez tous
à toute personne autre qu’une poignée d’initiés en qui ils ses suivants cette nuit-là pour qu’ils massacren
t tout ce qui passe à
peuvent avoir pleinement confiance. Ce lieu n’est utilisé pour leur portée, se tuant même entre eux.
aucune activité criminelle qui n’est pas directement liée aux Après les événements de l’éclipse, il lui faudra
sacrifices à l’Idole Écarlate, ce qui permet de minimiser le fonder un nouveau culte
qui lui apportera sa nourriture, et c’est pour
nombre d’entrées et de sorties de ses membres. L’imminence cela qu’elle a convoqué
O’Donovan, le seul humain en marge des Fauc
de l’éclipse a fait augmenter l’activité, et plusieurs personnes heurs avec lequel elle a
entretenu le contact et sur lequel elle exerce une
ont été séquestrées pour être sacrifiées la nuit de l’éclipse. influence puissante, au
point de vouloir s’emparer de lui la nuit de l’
éclipse.
Le rez-de-chaussée du bâtiment est utilisé comme une salle En revanche, l’arrivée des personnages joue
urs à New York attire
commune. Deux camionnettes sont garées à l’intérieur, près de son attention en raison de leur affinité
avec les arcanes (leur
la porte principale. Dans un recoin, plusieurs lits permettent Dégénérescence), surtout s’ils ont les main
s tachées de sang. Malgré
aux initiés de se reposer. Plusieurs tables et chaises sont ce qu’ils peuvent en penser, l’Idole tentera
de les attirer pour qu’ils
réparties dans toute la pièce. Des étagères sont également rejoignent O’Donovan dans son nouveau
culte, voire qu’eux-mêmes
garnies d’effets personnels, de conserves alimentaires et de en forment un nouveau en tuant l’ancien
détenu. Pour ce faire, elle
bouteilles de diverses boissons. Dans un coin de la pièce, deux compte tester les personnages joueurs pour
s’assurer qu’ils font des
petites pièces ont été assemblées avec des murs en briques suivants adéquats. Le test principal aura lieu
lors de la rencontre avec
et une porte en bois pour accueillir les toilettes. Un escalier O’Donovan, mais les murmures et les rêves
y contribuent également.
métallique permet de descendre au premier sous-sol.
En tant qu’objet, l’Idole Écarlate a les caractérist
iques suivantes :
Ce dernier est composé d’un couloir donnant sur quatre
Compétences d’arcanes
portes de quatre pièces différentes. Derrière l’escalier se trouve
un mur en brique qui comble l’accès aux égouts. Don écarlate 10
Derrière la première porte à droite se trouvent les moniteurs Complications :
des caméras de sécurité. Dans des conditions normales, deux
Murmure ses ordres à toute personne proche.
initiés sont toujours présents dans la pièce, quelle que soit Dotée d’une intelligence impitoyable et de ses
l’heure du jour ou de la nuit. propres objectifs.
Sa soif de sang est insatiable.
La salle suivante, c’est-à-dire la seconde à droite, a une porte En revanche, au cours de la nuit de l’éclips
verrouillée. À l’intérieur, plusieurs tables sont garnies de e, son pouvoir et son
influence auront augmenté bien au-delà de
bijoux et de billets assemblés en tas, plusieurs étagères sont ce qui est habituel, ce qui
lui confère les compétences d’arcanes suivantes
remplies de papiers et livres, voire de deux ordinateurs à :
l’aspect désuet qui ne semblent pas avoir servi depuis bien Murmures 12
longtemps. C’est là qu’ont été accumulés les objets et les Signe rouge de Shude’Mell 12
connaissances volés à d’autres cultes au cours des dernières Comme elle n’a pas de valeur associée à son Intel
années, ainsi qu’une « petite » réserve de liquidités pour les lect, utilisez les valeurs
des compétences au moment de les employer
situations d’urgence. Pour la plupart, les documents et les .
livres ne traitent que de supercheries et d’occultisme bon L’Idole Écarlate est immunisée à toutes les
sources de dégâts non
marché, mais les membres du culte ne s’en sont pas rendu magiques. Malgré tout, même en l’attaquan
t avec des pouvoirs
compte. À vrai dire, ils ne prêtent guère attention à leur arcaniques ou des objets magiques, elle reste
extrêmement résistante :
recel. Ils conservent ces effets uniquement parce qu’ils les Endurance : 10
considèrent comme une source de pouvoir, mais n’ont pas Résistance : 30 (RD 6)
les connaissances nécessaires pour les étudier correctement. Pour résister aux effets magiques, vous pouv
ez considérer qu’elle a
Après tout, leur source de connaissance absolue est l’Idole une Volonté de 8.
Écarlate, et ils n’ont pas besoin de plus. L’objet qui a le plus
de valeur dans tout cela est un exemplaire en bon état de
275
 qui conduit au second sous-sol. L’obscurité y est
MICHAEL « CUTTER » LLOYD presque totale, hormis pour une faible ampoule rouge
ET SES LIEUTENANTS qui semble périodiquement croître et diminuer en
intensité, comme si elle palpitait. Au centre de la salle,
Cela fait plus de quinze ans que Michael Lloyd
s’est séparé de l’Idole juchée sur un autel composé d’ossements humains
Écarlate. Son corps et son esprit ont été corrompus
et modelés par l’Idole teintés de carmin en raison des innombrables
Écarlate et il est maintenant difficile de considérer
qu’il est humain. sacrifices qui y ont été réalisés, attend l’Idole Écarlate.
Son apparence est effrayante : une figure sque Dans cette salle se tiennent non seulement Lloyd,
lettique de plus de
deux mètres de haut, avec des griffes d’os à mais également ses trois lieutenants, qui gardent
la place des doigts et
des crocs proéminents. Ses yeux brillent, roug l’Idole. Sans oublier le cadavre de Hayley, dont le corps
es et avides de sang,
débordant de haine. a clairement servi à nourrir Lloyd et ses bras droits.
Son esprit garde assez d’emprise sur le monde Seuls deux exemplaires de clefs permettent d’ouvrir
réel pour diriger dans
l’ombre ce qui reste du culte, mais avec la proximité toutes les portes de ce lieu. Martines en a une et
de l’éclipse, la folie
s’empare de lui à grands pas. Lloyd la seconde, et il ne sera pas facile d’entrer. La
Ses lieutenants ne sont pas très différents. Ils sont difficulté pour forcer n’importe laquelle des portes
un peu plus petits que du lieu est moyenne (17), sauf dans le cas de la porte
lui, mais ils ont encore moins conscience d’avoir été
un jour des humains. de l’Idole Écarlate, qui est difficile (20). Ce sont des
En termes de jeu, utilisez les mêmes caractérist portes métalliques pesantes et résistantes, et il sera très
iques pour Lloyd et
ses lieutenants. difficile (24) de les abattre par la force.
Concept : Engeance protectrice de l’Idole Écarlate Contempler la salle de l’Idole Écarlate est terriblement
Devise : Crève ! perturbant, non seulement en raison de l’autel d’os et
de sang, mais également à cause de l’atmosphère de
FORCE 10 Peau dure comme le métal démence et de malveillance presque palpable et la
RÉFLEXES 2 Mouvements lents lueur démoniaque qui pulse au cœur de l’artefact.
VOLONTÉ 6 N’est plus humain Entrer dans la salle implique un test de Sang-Froid
INTELLECT 2 J’ai faim… contre la peur de difficulté moyenne (18). Une réussite
4 Ne sort jamais de son repaire fait perdre m points de Stabilité Mentale, tandis qu’un
6 Trancher un homme en deux échec fait perdre M points.
1 Je veux t’entendre crier
3 Peut voir dans l’obscurité L’ASSAUT
0 Je n’ai pas besoin de me cacher de toi
2 L’Idole est la seule chose qui compte En fonction du moment au cours duquel les personnages
5 Nous avons maintes fois contemplé l’abîme écarl joueurs se rendent à la base des Faucheurs Écarlates, ils se
ate retrouveront dans des situations très différentes.
10 Don écarlate
Endurance : 13 S’ils s’y rendent après la nuit de l’éclipse, ils ne
Résistance : 39 (RD 4 Peau dure). trouveront que les restes calcinés de l’usine entourés
Défense : 13 par un cordon de police.
Initiative : 3 S’ils s’y rendent avant la nuit de l’éclipse, les initiés qui
Bonus de dégâts : +4/+1 se trouvent dans la vieille usine les attendront, car ils
Sang-Froid: 7 les auront vus arriver par les caméras de sécurité. Si les
Stabilité Mentale : 21 personnages évitent d’être vus et parviennent à entrer
Dégénérescence : 9 La mort et la colère incarnées sans attirer l’attention, ils découvriront la moitié des initiés
Attaques : Griffes +8 (M+4). endormis, tandis que deux d’entre eux se trouveront au
Exposition à la terreur : Stupeur (Moyenne, 1/m) sous-sol dans la salle des caméras. Il faudra deux ou trois
.
assauts pour qu’ils se joignent au combat.
N’oubliez pas que pour Martines, la priorité est de ne pas
l’édition allemande d’Unaussprechlichen Kulten (voir page 220 attirer l’attention sur le lieu, et s’il est prévenu de l’arrivée
pour plus de détails sur cet ouvrage). En outre, sur les tables, des personnages joueurs, sa stratégie consistera à laisser
enveloppées dans des torchons, se trouvent une dague de Leng un ou deux initiés surveiller les caméras et à rassembler les
et une aiguille magique (voir pages 205 et 202). À la discrétion autres dans la salle principale. Ils attendront de voir si les
du maître du jeu, il peut y avoir d’autres objets magiques et personnages joueurs sont capables de se frayer un chemin
autres ouvrages présents. Cette salle est en outre idéale pour à l’intérieur ou s’ils abandonnent et repartent. S’ils voient
placer des pistes pour les aventures suivantes. La salle située en qu’ils comptent avoir recours à une méthode qui va trop
face des deux sert de prison. Une grille en métal, une chaîne attirer l’attention pour entrer (des explosifs, par exemple), ils
et des sangles en plastique permettent de retenir jusqu’à décideront d’ouvrir la porte et de les laisser venir.
une douzaine de personnes. En effet, le jour avant l’éclipse,
Les initiés combattent de préférence au corps-à-corps pour
dix personnes attendront ici d’être sacrifiées. Toutes sont
éviter les bruits d’une fusillade, mais s’ils voient qu’ils sont
bâillonnées et liées par les poings et les mains.
débordés ou si les personnages joueurs commencent à tirer,
Au fond du couloir, une autre lourde porte en métal est fermée ils n’hésiteront pas à utiliser leur arme à feu. Ils se battront
à clef. De l’autre côté de la porte se trouve un escalier en métal tous jusqu’à la mort, mais si la situation prend une mauvaise
276
tournure, Martines et un ou deux des siens essaieront de
rejoindre l’Idole Écarlate pour qu’elle les protège avec l’aide de
Lloyd. Dans le pire des cas, si Lloyd et ses lieutenants meurent,
Martines et tout initié survivant tenteront d’emporter l’Idole
avec eux et de s’enfuir en camionnette.
La nuit de l’éclipse, les événements vont prendre une tournure
très différente. Lorsque l’éclipse commence à 23 heures, tous
les initiés, quels qu’ils soient, commenceront à sentir la rage
et la colère monter en eux, ce qui entraînera une bagarre
générale entre eux ou avec n’importe qui d’autre au moindre
prétexte. En moins d’une heure, l’aliénation mentale sera
si forte qu’ils tueront à mains nues tous ceux qui passent à
leur portée. Lorsque des individus commenceront à mourir,
l’Idole appellera O’Donovan pour qu’il entre la chercher. Il
sera en train d’attendre au niveau de l’accès par les égouts et
lorsqu’il recevra son signal il abattra le mur de briques à coup
de barre à mine et viendra chercher l’Idole.
Si les personnages joueurs sont avec lui la nuit de l’éclipse,
ils entreront dans le chaos le plus total. Au rez-de-
chaussée, le combat est acharné et l’on peut entendre de
nombreux coups de feu.
Au sous-sol, ils pourront trouver les deux initiés de la salle de
sécurité en train de s’entretuer. Lorsqu’ils voient les personnages
joueurs, ils se jettent sur eux sans hésiter. Ce sera le cas également
de n’importe quel autre initié.
Dans cette situation, O’Donovan se rendra directement dans
la salle de l’Idole et tentera d’ouvrir la porte. Si ni lui ni les
personnages n’y arrivent, ils devront chercher la clef de Martines,
ce qui implique de se jeter dans le combat de l’étage supérieur.
Quelques minutes avant d’entrer au sous-sol, ils pourront
entendre une explosion retentissante provenant du rez-de-
chaussée : l’un des tirs a fait sauter une camionnette (rappelons
que cette histoire se déroule aux États-Unis et donc que tout
véhicule à moteur est susceptible d’exploser de la manière la plus
violente possible). À partir de ce moment, il reste dix minutes
avant que les pompiers et la police arrivent sur les lieux. Dans ce
cas, si l’un des initiés est encore en vie, une fusillade éclatera avec
la police, ce qui va sans doute compliquer la situation.
Une fois qu’ils ont réussi à pénétrer dans la salle de l’Idole
Écarlate, O’Donovan ira directement la chercher. Lloyd et les
deux autres lieutenants sont en train de s’entretuer, mais s’ils
voient que quelqu’un essaye d’emporter l’Idole, ils tenteront de
tuer les intrus pour la protéger. Le dernier lieutenant est déjà
mort et Lloyd et les autres sont dans l’état de santé « blessés ».
Enfin, n’oubliez que cette nuit-là, dix personnes sont enfermées
dans la cellule du sous-sol. Que faire d’eux relève d’un dilemme
moral pour les personnages joueurs, surtout s’ils doivent choisir
entre les secourir ou fouiller la pièce où se trouvent les objets
magiques et les textes arcaniques. N’oubliez pas que la plupart
de ces personnes ont été sévèrement battues et peuvent à peine
marcher, tandis que d’autres sont en état de choc ou terrorisées.
Si à un moment la situation ne vous semble pas
suffisamment stressante, multipliez les problèmes :
d’autres sirènes de police ou de pompiers peuvent se faire
entendre, le feu peut s’étendre, etc.
Conclusion
Si les personnages joueurs ne changent pas le cours des
événements, Lloyd, Martines, tous les initiés et la plupart
des Faucheurs mourront au cours de la nuit de l’éclipse, mais
le monde ne s’en portera que mieux. En revanche, la rage
assassine des membres du culte aura également emporté
avec elle un certain nombre d’innocents. Le lendemain,
des douzaines de journaux d’information parleront de la
flambée de violence qui a explosé sur la côte Est au cours
de la nuit : assassinats, agressions, fusillades et même
mutineries dans certaines prisons et asiles psychiatriques.
D’autre part, O’Donovan se sera enfui avec l’Idole pour
organiser un nouveau culte. Ce que cela peut impliquer
reste à la discrétion du maître du jeu, en fonction de
l’orientation de la campagne.
L’usine qui servait de base d’opérations aux Faucheurs Écarlates
brûlera entièrement, mais cela n’empêchera pas la police de
retrouver les ossements calcinés des morts, que ce soient ceux
des criminels ou de leurs victimes. La nouvelle fera sensation
dans les médias locaux, mais elle aura une moindre importance
que les nouvelles des meurtres et de la folie qui s’est emparée de
la population la nuit de l’éclipse. En revanche, aucune mention
ne sera faite des ossements de Lloyd et de ses lieutenants, qui
sont clairement inhumains.
Si les joueurs sont intervenus, la conclusion peut être
radicalement différente. S’ils ont rejoint O’Donovan pour
récupérer l’Idole Écarlate, ils peuvent décider de former
ensemble un nouveau culte ou, encore plus probable, le tuer
pour récupérer l’artefact pour leur propre culte.
Autre possibilité : ils peuvent réussir à mettre la main
sur l’Idole avant la nuit de l’éclipse et parvenir à la
détruire ou contenir son influence au cours de cette
nuit par des moyens arcaniques. Cela empêchera que la
vague de violence ne déferle en folie homicide, mais un
certain nombre de Faucheurs survivra également, et ils
commenceront immédiatement à rechercher qui leur a
volé l’Idole Écarlate.
Demandez également aux joueurs comment ils souhaitent
réagir vis-à-vis de la loi. L’enquête sur les disparitions
suivra son cours et ils n’y prêteront probablement pas
attention, sauf s’ils sont entrés chez Hayley par effraction et
qu’ils ont donné des raisons à la police de les soupçonner.
En outre, s’ils ont été vus pendant l’embuscade ou l’assaut
contre l’usine désaffectée, la police les recherchera pour les
arrêter ou au moins les interroger. Il ne fait aucun doute
qu’avoir la police sur ses traces est très problématique
pour des cultistes.
Enfin, nous invitons également le maître du jeu à réfléchir
à la manière dont il peut planter les graines de futures
aventures avant de commencer l’histoire, notamment d’une
campagne, non seulement par le biais d’éléments fournis
dans cette histoire, mais également de ce qu’il compte
mettre en travers du chemin des personnages joueurs.
277
DOCUMENT CLASSIFIÉ
CATÉGORIE : CONFIDENTIALITÉ ÉLEVÉE
TYPE DE MANIPULATION : NODIS GOBEXT
NUMÉRO DE DOCUMENT : 2014ETAT9892272
DATE : 13/03/2014

CONTEXTE :
nce américaine d’observation océanique
Le navire USS Ronald H. Brown appartenant à l’Age
h 59 (Zulu) la disparition de son véhicule
et atmosphérique a signalé le 12 juin 1997 à 13
onné es. Le bathyscaphe était piloté au
d’immersion profonde THULE à ces mêmes coord
Eliza beth Brigman, océanographe adjointe à
moment de la perte de contact par la doctoresse
e par un échec.
ladite opération. L’opération de recherche s’est soldé

OBJET :
n de classe Los Angeles USS Charlotte a
Le 21 janvier 2014 à 17 h 45 (Zulu), le sous-mari
onnées 50° sud 100° ouest (à 886 milles
détecté un signal de détresse en provenance des coord
it à un véhicule de l’Agence américaine
des eaux territoriales du Chili). Le signal appartena
d’observation océanique et atmosphérique.
rne aux coordonnées de la disparition du
Le 27 février 2014, l’USS Ronald H. Brown retou
nde ALVIN, découvre à 13 000 pieds de
THULE et, avec l’aide du véhicule d’immersion profo
qui avait été vraisemblablement séparé du
profondeur l’habitacle du bathyscaphe disparu,
ence. Bien que la cabine ait été toujours
reste du véhicule, conformément au protocole d’urg
ler.
pressurisée, aucune trace de son pilote n’est à signa
internes qu’externes, se sont révélés avoir
Les instruments d’enregistrement du THULE, tant
de l’habitacle. En revanche, le docteur
été endommagés pendant l’opération de séparation
vidéo avec une caméra de type personnel,
Brigman avait tenu un journal de bord au format
érée. La doctoresse avait enregistré des
qui a été retrouvé à l’intérieur de la cabine récup
par jour, ainsi que des commentaires en lien
observations de teneur personnelle plusieurs fois
egistrement récupéré et retranscrit ci-après
avec l’expédition à laquelle elle participait. L’enr
ts qui se sont produits le 12 juin 1997.
permet d’établir un récit parcellaire des événemen
 TRANSCRIPTION DU FRAGMENT No 1
Maman, tu ne pourras jamais imaginer à quel point c’est
beau, ici. S’immerger dans
une bulle et voir la lumière disparaître progressivement…
J’ai souvent imaginé que la
sensation devait être semblable à celle que pouvait éprouv
er un astronaute qui voit la
Terre s’éloigner alors qu’il pénètre dans le vide spatial.
J’ai fait de la plongée sous-marine dans des récifs coralliens
et je connais aussi la faune
qui vit dans les eaux profondes comme celles-ci : la sensation
n’est pas différente de celle
que l’on éprouve en traversant la jungle et en découvrant à chaqu
e pas la faune et la flore
que l’on n’avait vues jusque-là que sur National Geographic.
Mais se laisser tomber dans
l’abîme, c’est voyager dans un autre monde, traverser une porte
intérieure.
Tout d’abord, ce sont les colonnes de soleil et les bancs de poisso
ns qui évoluent tels des
nuages mouvants, puis vient le crépuscule et ses fantômes distan
ts, et enfin la nuit noire,
où les seuls éléments que l’on peut voir est la neige marine devan
t les phares du véhicule.
J’ai l’impression de t’entendre, maman. Je te parle de poésie
, mais toi, ce que tu veux
entendre, c’est un indice qui te rassurerait sur le fait que je
n’ai pas tourné le dos aux
études que tu m’as payées. Je t’imagine en train de me deman
der les noms que nous
utilisons en biologie marine, comme s’ils étaient importants
pour toi depuis toujours et,
sans pouvoir t’en empêcher, faire la moue à chaque nom tiré
du grec : zone épipélagique,
mésopélagique, bathypélagique…
Mais aujourd’hui, je suis Nemo et ce bathyscaphe est le Nautil
us. Non, je suis Darwin
sur son Beagle, et le navire sombre et abandonne le monde
connu à la recherche
d’une nouvelle espèce.

TRANSCRIPTION DU FRAGMENT No 2
Désolé de t’avoir coupée, je devais faire quelques réglages et inform
er le poste de contrôle.
Ne t’inquiète pas, car la descente est longue, plus d’une heure,
alors j’aurais une foule de
temps morts pour continuer à te parler de poésie et de monst
res.
Ta fille est maintenant à 3000 pieds de profondeur et abandonne
les nuances de gris pour
se perdre dans la nuit. Car, comme je te l’avais déjà dit, j’espèr
e découvrir une nouvelle
espèce, ou au moins un spécimen extraordinaire d’une espèce
déjà répertoriée : je cherche
l’un de ces lents géants qui se laissent attirer par l’abîme.
Mais je suppose que tu demandes pourquoi ici et maintenant.
Je ne pense pas que ce soit
révéler un secret d’État que te dire ce qui suit, car c’est de
notoriété publique : pendant
la guerre froide, oncle Sam a mis en place un vaste réseau de
microphones dans les fonds
marins pour détecter le passage de sous-marins soviétiques. Et
c’est précisément au début
de cette année que la Marine nous a permis de les utiliser.
Lorsque nous avons réalisé des opérations d’entretien de
ces microphones, nous en
avons profité pour analyser certains des derniers enregistreme
nts qu’ils avaient réalisés.
La majorité contenait des sons parfaitement identifiables :
moteurs de grands navires,
baleines, voire activité volcanique sous-marine. En revanc
he, nous sommes également
tombés sur certains sons étranges, inexplicables.
Je sais que tout ce que je te raconte n’a aucun intérêt pour toi,
mais je t’assure que du point
de vue d’un scientifique, c’est un mystère fascinant.
Quelle pourrait être l’origine de ces sons ? Mon supérieur, le
docteur Christopher Fox (je
crois que je t’ai déjà parlé de lui) estime qu’il ne fait aucun doute
que ce son suit un schéma
qui prouve qu’il a été émis par un animal, mais qui n’est pas connu
, comme je te le disais. Le
bruit a été capté par des microphones qui se trouvaient à des
milliers de milles de distance
l’un de l’autre, ce qui veut dire que si cela se révèle véridique il s’agira
it d’un animal immense.
Pour que tu te fasses une idée, il serait beaucoup plus grand que la plus grosse baleine
bleue jamais répertoriée, et dis-toi qu’elle peut mesurer jusqu’à presque cent pieds de long
et peser jusqu’à 170 tonnes. Comprends-tu à présent notre intérêt ? Cet animal inconnu
serait un véritable Léviathan de plus de 500 tonnes.
C’est pour cela que je ne peux m’empêcher de me sentir comme dans ces films adaptés des
romans de Jules Verne où un calamar géant est capable d’avaler un navire.
Nous savons que les cachalots sont capables d’atteindre une profondeur de 8000 pieds et
de tenir longtemps sans respirer, mais il leur faut remonter à la surface pour survivre.
Penses-tu qu’un animal comme celui que nous cherchons ait pu atteindre la surface sans
jamais avoir été aperçu ? Nous ne parlons donc sûrement pas d’un mammifère.

TRANSCRIPTION DU FRAGMENT No 3
Maman, je me trouve à présent à pas moins de 13 000 pieds de profondeur. C’est environ
à cette distance que nous pensons disposer de nouveaux capteurs. Ils sont très modernes,
conçus avec une technologie très avancée, voire trop : je doute qu’ils tiennent aussi
longtemps que les microphones de la guerre froide dont je t’ai parlé. Dans tous les cas, si
notre géant inconnu passe dans les environs, nous aurons une lecture bien plus détaillée
que ce que l’on peut obtenir avec un simple micro.
J’ai déjà disposé deux capteurs et je dois en placer trois de plus. Chaque fois que je suis
aussi bas, j’imagine à quoi ressemblerait le fond marin sans eau.

TRANSCRIPTION DU FRAGMENT No 4
Parfois, on oublie à quel point on peut se retrouver sans défense. Je sais que ce n’est
qu’une question de temps. Je ne suis pas inquiète. Ce n’est pas la première fois que les
instruments tombent en panne lors d’une immersion.
Je n’ai pas réussi à voir ce qui s’est cogné contre le bathyscaphe, mais c’était très grand.
J’ai la tête tellement remplie de rêves que j’ai cru un moment que cela pouvait être notre
géant inconnu. Je sais, c’est absurde. On dirait bien que l’impact ou le courant m’a poussé
assez loin de ma position initiale d’immersion. Pour le moment, je n’ai pas de contact avec
le navire, mais ce n’est pas alarmant : mon véhicule est totalement indépendant, je n’ai
pas besoin de communication avec le poste de contrôle.
Je suis dans une position problématique, mais je dispose de plusieurs solutions. Dans le
pire des cas, je peux éjecter le module de sauvetage, mais avant j’aimerais essayer autre
chose. Je pense que les turbines fonctionnent encore.
Je ne vais pas te mentir, j’ai eu bien peur. Il faut que je me détende, que je sois rationnelle :
je sais bien que lorsque l’on visionnera cette vidéo, on la verra comme une aventure. Je
ne vais pas dire que l’on va en rire, mais il est clair que l’anecdote va passer à la postérité.

TRANSCRIPTION DU FRAGMENT No 5
J’ai essayé plusieurs choses et je ne parviens pas à faire fonctionner les turbines. Elles
sont bloquées. Je suis en train de chuter, et je ne sais même pas clairement à quelle vitesse
ni à quelle profondeur je me trouve, car les instruments ne fonctionnent plus. Si seulement
je pouvais déterminer ma position…
Je ne peux pas être bien loin. Dans la zone dans laquelle j’ai plongé, le fond se trouvait à
13 000 pieds, mais je ne le vois pas. Je ne peux pas être dans une fosse, celle du Chili est
bien trop éloignée. Je me trouvais dans le bassin du Pacifique sud-est, je ne peux pas être
arrivée ne serait-ce que jusqu’à la plaque de Nazca.
Je ne peux pas nier que je suis en danger. Ce véhicule n’est pas conçu pour atteindre une
profondeur supérieure à 15 000 pieds, et je crains que les fixations de la cabine aient pu
être endommagées. J’ai réalisé un raccordement électrique et j’essaye d’utiliser la batterie
d’urgence pour remettre les systèmes en marche. Je pourrais éjecter l’habitacle sans me
poser d’autres questions, mais je ne sais pas où je me trouve et je sortirai à la surface au
beau milieu du Pacifique. Je dois attendre que le système se charge ; j’ai encore du temps
devant moi. Je dois savoir où je me trouve pour définir la marche à suivre, pour maximiser
mes chances de sauvetage.
Tu sais que j’ai du mal à attendre. Ta fille est très impatiente. Tu te souviens quand j’ai piqué
une crise à propos de Seaworld ? On avait commencé à y aller parce que tu t’étais rendu
compte que j’aimais bien cela et que ça pourrait être un bon moyen pour que je m’applique
dans mes études. Mais plus on y allait, plus j’avais envie d’y aller, et j’insistais tellement
que ça en était fatigant. J’étais tellement concentrée là-dessus que j’ai commencé à me
servir de l’école pour faire du chantage : « Si l’on ne va pas à Seaworld samedi, je ne ferai
pas mes devoirs. » Maintenant, je te comprends, tu ne pouvais pas me laisser te faire du
chantage. Si tu acceptais, tu créais un précédent très dangereux. Tommy commence à avoir
l’âge où je me rends compte à quel point ça peut être difficile parfois. La réponse parfaite
n’existe pas. Je dis toujours à Matt que le but, ce n’est pas de gagner le prix du meilleur
parent de l’année, que c’est normal de commettre des erreurs. En vérité, j’ai souvent piqué
des crises avec toi, je ne comprenais rien, aller à Seaworld était tout ce qui comptait au
monde. Mais, comme d’habitude lorsque l’on avait une discussion toutes les deux, aussi
houleuse soit-elle, on finissait toujours par tout oublier : je suppose que c’est normal entre
une mère et sa fille. Finalement, j’ai recommencé à travailler. J’ai commencé à dévorer
des encyclopédies, à aller à la bibliothèque, à emprunter des livres sur les baleines. Il est
clair que c’est ce qui m’a donné envie d’étudier. Je me souviens qu’un jour, tu m’as dit que
j’avais été très sage et que nous pourrions aller à Seaworld.
C’est vraiment ironique : maintenant je déteste Seaworld. Tu sais comment ils traitent les
animaux, là-bas ? C’est un lieu horrible. Les parcs d’attractions sont pleins de mensonges,
c’est le dernier mensonge qu’il faut percer avant de devenir adulte. D’abord, tu arrêtes de
croire au père Noël, mais tu continues de croire à Disneyland et Seaworld jusqu’à tard,
jusqu’à…
Merde ! Putain, je sais où je suis, j’ai relancé le courant, je sais où je suis.
TRANSCRIPTION DU FRAGMENT No 6
n’a pas
e. J’ai essayé d’éjecter la cabine, mais ça
Maman, j’ai très peur, je me sens très seul lest, mais le sas est bloq ué. Je
lâché un peu de
fonctionné et je continue de tomber. J’ai j’arrive
d même. Les instruments indiquent que
chute plus lentement, mais je chute quan , ça n’a
très loin. Ça ne peut pas être une fosse
à 15 000 pieds, le fond ne doit pas être ndre
la neige qui tombe doucement. Je peux attei
aucun sens. Je ne peux rien voir, à part fonc tionn e depu is l’imp act, et si
al de détresse
le fond à n’importe quel moment. Le sign es si
retrouver. J’ai une autonomie de 72 heur
j’atteins le sol on pourra quand même me le
peut me retrouver. Un Alvin peut atteindre
aucun réservoir n’a été endommagé. On dois me
me paralyse. J’ai encore des options. Je
fond. Il faut que je me reprenne, la peur sort ir de ce pétr in.
adopter pour me
concentrer sur la meilleure démarche à

TRANSCRIPTION DU FRAGMENT No 7
s de
stopher Fox. Je me trouve à 17 000 pied
Ceci est un message pour le docteur Chri atur e du véhi cule qui se
e, les bruits de l’arm
profondeur. Comme vous pouvez l’entendr au-d elà de l’hor izon et je ne
hypnotiques. Je suis
comprime sous la pression sont presque
rest e avan t que le véhicule soit écrasé.
sais pas combien de temps il me
de
que je mets cette catastrophe sur le compte
Je voudrais que vous sachiez, docteur Fox, rtun isme ,
années, j’ai pu constater votre oppo
votre extrême incompétence. Pendant des Cett e théo rie
lauriers que d’autres méritaient.
votre arrivisme, je vous ai vu récolter des rieurs
mienne. Vous l’avez vendue à vos supé
du géant, vous savez bien que c’était la
ne.
comme étant la vôtre, mais c’était la mien
arée
que cette expédition devait être prép
Je vous avais également prévenu té mes cons eils. Si nous avio ns
vous avez écar
minutieusement, mais comme d’habitude sion profonde de plus gran de
cule d’immer
utilisé un autre type de véhicule, un véhi là. Le fond océa niqu e à cette
n’en serais pas
taille, comme ceux de la série Alvin, je s
à 26 000 pied s, vous le saviez très bien. Les Alvin ont été testé
latitude peut se trouver peut
pieds. Le calcul n’est pas dur à faire. Il
de manière satisfaisante à plus de 21 000 tien s à ce que vous sach iez que
Docteur Fox, je
faire la différence entre la vie et la mort.
c’est vous qui m’avez tuée.
vous
THULE à 20 000 pieds, je veux que vous
Lorsque vous retrouverez les restes du vous étiez trop
un véhicule plus grand. Mais
disiez que j’aurais peut-être survécu dans sir à vivr e avec
pas que vous allez très bien réus
pressé, comme d’habitude. Je ne doute u.
que vous l’entendiez de ma propre bouche. Adie
ça sur la conscience, mais je tenais à ce
TRANSCRIPTION DU FRAGMENT No 8
cette vidéo. Ni lui ni Tommy.
Maman, s’il te plaît, je ne veux pas que Matt voie
te. Quelqu’un de l’armée verra cette
Je sais que je te demande quelque chose de très égoïs
je veux que tu sois la seule à visionner
vidéo et saura que c’est ma dernière volonté, que
me brise rait le cœur de voir une vidéo
ceci. Je sais que ce sera très dur, que moi-même ça
parle r qu’à toi, c’est toi qui devras dire
dans laquelle Tommy me dit adieu. Mais je ne peux
ra un jour où tu pourras lui dire la
à Matt à quel point je l’aimais. Quant à Tommy viend
tu inven tes une histoire. Il croit encore
vérité, mais il est encore petit et j’aimerais que
Naut ilus. Je lui ai lu plusieurs fois Vingt
à la magie, alors dis-lui que j’ai embarqué sur le urs caché sa fin.
Nemo : je lui ai toujo
mille lieues sous les mers, et il adore le capitaine
convaincre Matt. Laissez-le grandir au
S’il te plaît, ne lui raconte pas la mienne, essaye de
de comprendre. Même si je ne pense pas
moins un peu plus, jusqu’à ce qu’il soit en mesure
pu mourir à cause de l’ambition d’un
qu’il ne puisse jamais comprendre que sa mère ait
que cette amertume me fasse passer
petit fonctionnaire. Non, excuse-moi, je ne veux pas
ici à la poursuite d’une chimère, je suis
pour quelqu’un que je ne suis pas : je suis venue
suis arrivée ici parce que j’avais une foi
une chasseresse de légendes, rien de moins. Je
vie à la poursuite de la connaissance.
aveugle en la science et parce que j’ai consacré ma
u’il sera un peu plus grand, lorsqu’il
C’est ce que je veux que tu racontes à Tommy lorsq
sera capable de comprendre qui était sa mère.
Je t’aime. Je vous aime.

TRANSCRIPTION DU FRAGMENT No 9
visible sur la caméra. C’est magnifique !
Je ne sais pas si tu peux voir ce que je vois, si c’est
ionnait : les lumières, les instruments…
Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Plus rien ne fonct
à l’autre. Et tout d’un coup, le bruit
Je croyais que j’allais être écrasée d’un moment
é dans les ténèbres, mais je vois de la
ensorcelant du métal a cessé. L’habitacle est plong
jour. Je ne sais pas si cela se voit sur
lumière dehors, je peux voir presque comme en plein
la vidéo. Je vais essayer de décrire ce que je vois.
à l’aspect capricieux, clairement des
Il y a des bâtiments devant moi. Pas de la roche
une architecture qui rappelle l’Égypte
bâtiments. Je vois des arches, des colonnes,
la même pierre noire soigneusement
antique, le temple de Louxor. Tout est édifié dans
d’êtr e dans un rêve ! Il y a une cité
polie, sûrement du basalte. J’ai l’impression
gigantesque au fond de l’océan.
e géologique qui a provoqué cela ?
Est-ce que ça pour rait être une sorte de catastroph
ne plus jamais réapparaître ? Je me
Est-ce une Atlantide noyée dans l’océan pour
sais pas d’où vient cette lumière, elle
trouve devant ses portes, tout est calme. Je ne
vient de partout à la fois.
tion, j’entends une rumeur lointaine
Qu’est-ce qui se passe ? Je sens maintenant une vibra
s à la surface, comme si toute l’eau
qui résonne dans la cité, je la perçois comme si j’étai
qui fait vibrer mon corps comme s’il
de la mer avait disparu d’un coup. C’est un son grave
était entré en résonance avec lui.

Il m’appelle.
 NOM

CONCEPT CULTE

DEVISE
-
Caracteristiques

FOR 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 DRAME
POINTS DE DRAME
REF 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

VOL 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

INT 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

-
COMPeTENCES COMBAT INITIATIVE
C/C DIS.
DÉFENSE DES.
DÉGÂT
ARME OU ATTAQUE DÉGÂT

-
SANTE ENDURANCE
RÉSISTANCE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 BLESSÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 HANDICAPÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 MOURANT
SÉQUELLES
-
-

COMPETENCES D’ARCANES

-
SANTE MENTALE SANG-FROID
STABILITÉ MENTALE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 TROUBLÉ
FAITS MARQUANTS 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 DÉRANGÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 FOU
DÉRANGEMENT MENTAUX

DÉGÉNÉRESCENCE 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

ÉTAT ACTUEL

-N
COMPLICATIO

284
 NOM DU CULTE

CONCEPT

MOTIVATION

ATTRIBUTS

Ressources 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Influence 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Connaissances 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Taille 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

FAITS MARQUANTS

-
-

MEMBRES D’IMPORTANCE ALLIES

ENNEMIS

NOTES

285
 NOM

CONCEPT CULTE

DEVISE
-
Caracteristiques

FOR 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 DRAME
POINTS DE DRAME
REF 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

VOL 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

INT 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

-
COMPETENCES COMBAT INITIATIVE
DES. C/C DIS.

DÉFENSE DÉGÂT
ARME OU ATTAQUE DÉGÂT

-
SANTE ENDURANCE
RÉSISTANCE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 BLESSÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 HANDICAPÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 MOURANT
SÉQUELLES

-
-

COMPETENCES D’ARCANES

-
SANTE MENTALE SANG-FROID
STABILITÉ MENTALE
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 TROUBLÉ
FAITS MARQUANTS 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 DÉRANGÉ
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 FOU
DÉRANGEMENT MENTAUX

DÉGÉNÉRESCENCE 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

ÉTAT ACTUEL

-N
COMPLICATIO
 NOM DU CULTE

CONCEPT

MOTIVATION

ATTRIBUTS

Ressources 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Influence 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Connaissances 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Taille 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

FAITS MARQUANTS

-
-

MEMBRES D’IMPORTANCE ALLIES

ENNEMIS

NOTES
 POSTFACE
La partie la plus difficile d’un projet m’a toujours semblé être celle-ci : le moment d’écrire la
postface et mettre un point final. Je ne dis pas qu’il est plus difficile de finir un jeu que de le
commencer, c’est tellement évident que je n’ai même pas à montrer le disque dur qui déborde
de dossiers de projets non terminés de n’importe quel concepteur de jeu : les limbes des projets
inachevés. Non, je parle du moment où, après tout ce travail si difficile, il faut bien admettre
que le jeu est terminé, que le travail est fini et que le moment est venu d’y mettre un point final.
Vous serez d’accord pour dire que déterminer qu’un jeu de rôle est terminé est particulièrement
difficile. Il y a toujours quelque chose à ajouter au livre de base pour le rendre plus complet, il y
a toujours quelque chose à corriger, d’autres aventures, règles ou idées à ajouter. Si l’on ne fait pas
attention, on court le risque de faire de la dernière ligne droite un processus interminable. En tant
qu’éditeur, une partie de mon travail consiste souvent à mettre des limites à cette croissance sans fin
et dire à l’auteur que ça suffit, que le jeu est fini. Mais en tant qu’auteur, j’ai du mal à ne pas tomber
moi-même dans cette spirale obsessionnelle de l’amélioration sans fin. Plus de personnages, plus
d’atmosphère, plus de sorts, plus d’objets, plus d’exemples, plus, plus, toujours plus…
Mais il est aussi difficile pour moi d’écrire les derniers mots. Ils constituent la reconnaissance
finale que le livre de base de Cultes Innommables est terminé, qu’il n’y a plus rien à ajouter.
Cela aide un peu à penser que toutes les idées qui restent ne vont pas dans les limbes des
projets inachevés : certaines parmi les plus voyageuses finiront dans la revue Nivel 9. Les
autres, les plus développées, deviendront des suppléments qui étoffent le jeu. Cela aide un
peu, certes, mais un peu seulement.
Cultes Innommables a demandé trois ans de travail intermittent, des heures et des heures de
jeu à fignoler les détails, des débats, de bons moments, beaucoup de rêves et un effort immense.
Avant ces trois ans, il y a eu une période de gestation avec une équipe de gens différente qui
est finalement partie. Peut-être qu’à ce moment les étoiles n’étaient pas correctement alignées.
Alors pour moi, cela fait déjà de nombreuses années à attendre ce moment, à le désirer et à le
redouter. Et c’est peut-être ce conflit entre le désir de voir le projet finalisé et la crainte que le
résultat ne soit pas à la hauteur qui est l’un des obstacles, voire le principal, qui empêche de
considérer que le jeu est terminé, aussi difficile cela soit-il. Mais nous y voilà.
Maintenant, ce jeu est à vous, et moi je n’ai plus qu’à espérer que vous ayez autant apprécié la lecture
de Cultes Innommables que nous avons apprécié l’écrire. Et de vous souhaiter que ses pages vous
inspirent des histoires sans fin qui se traduisent par de nombreuses et plaisantes heures de jeu.

Manuel J. Sueiro
Madrid, le 15 octobre 2014

288
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Publishing Limited; Author Gareth Hanrahan.
El Tesoro de la Desesperanza, Copyright
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Pedro J. Ramos.
NSd20, Copyright 2008, NOSOLOROL
Ediciones; Authors: Pedro J. Ramos, Manuel
J. Sueiro and Ignacio López Echeverría.
Fudge 10th Anniversary Edition Copyright
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O’Sullivan and Ann Dupuis, with additional
material by Jonathan Benn, Peter Bonney,
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Hammond, Ed Heil, Bernard Hsiung, J.M.
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Peter Mikelsons, Robb Neumann, Anthony
Roberson, Andy Skinner, William Stoddard,
Stephan Szabo, John Ughrin, Alex Weldon,
Duke York, Dmitri Zagidulin
Fate (Fantastic Adventures in Tabletop
Entertainment) Copyright 2003 by Evil Hat
Productions, LLC. Authors Robert Donoghue
and Fred Hicks.
Spirit of the Century Copyright 2006 by
Evil Hat Productions, LLC. Authors Robert
Donoghue, Fred Hicks, and Leonard Balsera.
La Mirada del Centinela, Copyright 2012,
NOSOLOROL Ediciones; Authors: Manuel J.
Sueiro y Pedro J. Ramos.
El Judío Errante, Copyright 2013, NOSOLOROL
Ediciones; Authors: Diego López.
CULTEs Innombrables, Copyright 2014,
NOSOLOROL Ediciones; Authors: Manuel
J. Sueiro, Ricardo Dorda, Luis Barbero and
Jokin García.
289
Qui sait comment tout cela finira ? Ce
qui a surgi peut disparaître, et ce qui a
disparu peut surgir de nouveau. Dans
les profondeurs de l’océan attend et
rêve une abomination sans nom, et le
déclin se répand sur les chancelantes
cités des Hommes.
L’appel de Cthulhu
H. P. Lovecraft