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La fête d’Antoine Watteau, ou l’émergence de la question du bonheur au

18ème siècle
Au 18ème, la France règne d’un point de vue culturel, économique et social  Moteur de l’Europe
jusqu’au début du 20ème siècle.

Antoine Watteau : Peintre né à Valencienne en 1684 et mort assez jeune en 1720 au début du 18ème
 il va marquer tout le 18ème siècle.

La question du bonheur va être très importante et se déroule premièrement dans les arts.

Ce mouvement autour de Watteau et d’autres peintres porte un nom « Rococo » mot péjoratif en
1797, c’était pour se moquer de cet art qui manquait de force  Petits tableaux avec un art du
raffinement et du divertissement, vers les sentiments. D’un point de vue politique, on va basculer
du siècle de Louis 14 avec un art politique, très intellectuel et froid vers un art des sentiments.

I. La querelle du coloris : Poussin contre Lafosse

Nicolas Poussin, Paysage avec les funérailles de Phocion 1648

Art du 17ème siècle, début du règne de Louis 14 : 


paysage très artificiel, art très dessiné. Poussin va
puiser dans l’histoire romaine. Ici, il va utiliser un
auteur romain Plutarque : il va traiter un sujet
extrêmement rare. Phocion est un général
athénien condamné pour une fausse trahison. Il fut
contraint au suicide : Ses ennemis qui décidèrent
en outre qu’il ne pouvait être enterré dans la Cité.
Ici, on voit qu’il est sur un tancars, il est mort et on
le transporte hors d’Athènes jusqu’à la ville de
Mégare pour le brûler au bucher. Les couleurs sont
froides, la nature est ample : Conception très
intellectuelle du monde et pour comprendre, il faut de la culture. Tableau qui a une morale et qui
n’est pas dans un ordre d’émotion même s’il y a un mort : il souligne les vertus du condamné. Ici, on
est loin du baroque, l’époque est lointaine et sans interaction avec le spectateur, le monde est
idéalisé.

A la fin du 17ème, il y a une querelle : Les gens ne veulent plus de ces peintures aux couleurs froides,
on entre dans un temps difficile. Roger de pille pense que pour évoquer la vie, il faut libérer la
touche de couleur comme des couleurs joyeuses, de la légèreté. Il ne parle plus de religion, mais
s’installe dans une autre société.
Charles de la fosse, Acisis de Galatée, 1699-1704

Charles de la fosse peint des tableaux qui n’ont plus rien à voir : Tableau très petit
avec des couleurs très chaleureuses avec des sujets différents . Ici c’est plutôt
mythologique et cela parle de l’amour. La technique devient moelleuse avec
beaucoup de matières, beaucoup de textures comme les vêtements bien garnis. Le
contexte est que Acisis est amoureux de Galatée, c’est un jeune berger mais
galatée est la convoitise de Polyphème. Quand Polyphème surprend les deux et
prends un rocher, et l’envoi sur Acisis qui meurt sur le coup. Le temps est
suspendu sur la peinture.

Les caractéristiques de l’art est décoratif, séduisant à l’œil : Un beau ciel bleu, un
paysage : l’art répond à l’art. Il faut que les gens puissent installer cela dans leur
maison/châteaux. Il y a des couleurs pastel, des couleurs pures. Le dessin et la ligne devient
importante, le sujet principal est sur périphérie. Il y a de la fantaisie l’imagination et de l’exotisme.
On veut montrer que tout change et qu’on peut se moquer de tout.

II. La figure d’Antoine Watteau (1684-1721), un monde de rêves fragiles

 Louis 14 meurt très vieux en 1715 et le dauphin de France meurt en 1711 : Il n’y a personne
sur le trône de France. Louis 15 est trop petit. C’est donc son cousin Philippe d’Orléans qui va
aller sur le trône en France entre 1715 et 1723  Régence du Duc d’Orleans. C’était un
militaire et un roi de substitution, il adorait les femmes, manger, le jeu. Pendant la régence
du duc, la France souffle, se relâche de 80 ans de monarchie absolue. Le duc d’orléans
invente pleins de café, on développe des restaurants, il va chez les prostitués car il aime la
vie  Ces 8 années vont tourner le dos au roi de Louis 14, ces années sont essentielles. C’est
pendant que cette période que Watteau va naître et est l’artiste le plus important du 18 ème.

Adam Frans Van der Meulen, prise de valenciennes par louis 14, le 16 mars 1677

C’est une ville flamande, c’était un héritage de l’Espagne Louis 14 va la


conquérir : louis 14 se tient au centre sur son cheval avec la ville derrière.
C’est la ville où est né Watteau. Son père est ouvrier.

Rosalba Carriera, portait d’Antoine Watteau, 1721

Autoportrait de Watteau : . Fils de couvreur, il est né à Valenciennes en


1684. C’était alors une place forte que Louis XIV avait reconquise en 1677. En
1678, le traité de Nimègue l’avait définitivement rattachée à la France. Son
lieu de naissance était donc plutôt de tradition et de culture flamande
(Rubens) plus que française. Il était quelqu’un de très sensible et va placer
l’amour et les sentiments au centre. Il n’est pas marié, il vivait chez des amis
et était mélancolique. On le perçoit triste. Il vivait une vie modeste et n’aime
pas les modestes. Au 18ème c’est le peintre le plus connu car il sera l’oreille du
18ème siècle car il va placer l’amour au centre de nos têtes. Alors qu’on est en pleine difficulté
économique, et pleins de famines, il est conscient du drame. L’art rococo se définit comme :
 L’importance de la peinture décorative. L’art répond à l’art. Le décor se veut sans
prétention.
 Les couleurs claires remplacent les tons lourds set sourds du XVII. On va préférer les couleurs
pastel (les roses, les bleus pales, …)
 Le dessin et la ligne deviennent plus importants que les volumes - On décentre les sujets et
les compositions suivent une ligne sinusoïdale.
 L’esprit, l’imagination, la fantaisie, le goût pour l’exotisme remplacent la recherche de la
splendeur et du pathétique. On aime se moquer et montrer que tout change.

François de Troy, Portrait de jean de julienne, 1722

Watteau va se former à Paris et aura 2 maitres. Il va pourtant dès 1728 créer un


propre genre, une nouvelle image. Il est aussi connu est due à Jean de julienne
qui est un personnage raffiné : il tient un porte mine et tiens dans a main un
dessin de Watteau. Ils étaient amis et très impressionné de Watteau. Il va
décider de son vivant de faire graver l’œuvre de Watteau. Il va vouloir éditer le
catalogue général de Watteau qui sera diffusé après sa mort et tous les riches
vont acheter cette œuvre. Jean de julienne avait une famille riche, il va passer
toute sa vie à partager le recueil de Watteau. Ça va se diffuser partout en
Europe.

Watteau est un excellent dessinateur, il a inventé une technique : la technique


des 3 crayons.

La savoyarde de la boite à marmotte, 1715

Veille femme toute fripée avec sa boite à marmotte  Faire un spectacle et avoir de la
monnaie

L’enjôleur, 1707

Une porte d’armoire : côté décoratif. C’est une gravure. On voit la légèreté : allégorie
du printemps. Deux amoureux qui prennent bateau. Il y a le vent qui soulève les
jupes des femmes qui sont très bien habillées, avec des fleurs dans les cheveux, on
voit leurs poitrines. Les couleurs sont pastel et il y a beaucoup de légèreté. L’amour
est quelque chose comme de la porcelaine  ça casse.
III. Un manifeste esthétique, l’enseigne du Gersaint
L’enseigne de Gersaint, 1720
On retrouve ces petits
personnages : Mr Gersaint
avait une boutique de
peinture sur le pont de Notre
Dame (boutique ouverte). Les
pavés sont les pavés du pont.
Mr Gersaint demande à
Watteau une enseigne, un
tableau publicitaire. Gersaint
va la mettre et l’enlever car
Watteau a fait beaucoup de
critiques de la société dans
cette représentation de la boutique.
 On y voit une ligne sinusoïdale. C’est un tableau rococo. Ils sont plutôt fragiles, d’attentions,
très soucieux de leurs habits.
 Il y a trois personnages à gauche : On emballe dans une sorte de caisse un tableau de louis
14 C’est un cercueil et on est en train de passer à un autre monde (monarchie absolue à
une société beaucoup plus difficile à gérer). Le personnage sécurité regarde le tableau avec
dédain. On voit derrière des tableaux de l’ancien temps : fraises… et une pendule boule. 
Les tableaux au-dessus sont des commentaires de ce qui se passe en dessous.

 Le deuxième groupe a le même rang que le premier : l’idée de liberté et d’égalité qui
commence à apparaître. La femme regarde le tableau pour la dernière fois, le passé pour se
diriger vers l’amour, une nouvelle époque.

 Le 3ème groupe : Ces deux personnages de vieux couple marié  Elle regarde avec des
lunettes une composition de femmes nues, mais elle ne regarde que les feuillages. Elle est
encore loin de ça, tandis que son homme ne regarde que ça, on voit qu’ils ne se parlent plus.

 Le 4ème groupe à droite : Ils regardent un miroir et l’image qu’ils ont d’eux même  Ils ne
regardent plus le monde qui les entoure et ni les œuvres du magasin. Ce sont des vaniteux
et n’ont pas de moral.

 C’est une critique de la société qui est en train de se détourner : Les gens préfèrent
se regarder plutôt que de regarder la beauté de l’art.
Watteau est très intéressé par la mode : il sent que la valeur du présent est toujours
en discussion et être capable de changer à tout moment et régulièrement.
Le petit chien est en train de se gratter : il n’est pas innocent Il l’a prit du
couronnement de marie de Médicis, il était dans la royauté : il l’a mis dans le
caniveau, il ne veut plus construire le monde par la monarchie .
IV. Watteau ou la peinture du rêve

La partie carrée 1713

 On voit quatre comédiens qui portent des costumes


italiens francisés et pierrot vient d’arriver en retard
au rendez-vous galant. Il n’y a plus de place sur le
banc et ils se moquent de pierrot. L’amour ne
semble pas possible mais pourtant, une partie
carrée était une scène d’amour à 4 (Deux couples).
Les lieux sont des lieux rêveurs : Cupidon sur la
fontaine qui enfourche un dauphin. Alors que
Watteau invite à l’amour, ici l’amour est triste car il
n’y a pas de place pour Pierrot. On s’interroge sur
ce que va être notre société : le centre du tableau
ne nous aide pas et va construire son paysage en V : il y a du mystère, et celui qui est
de dos nous en introduit encore plus car on ne sait pas ce qu’il pense (Pierro).

Les deux cousines, 1717

Petit tableau de 30x23 cm qui est une pure poésie: Un jeune homme
offre une coupe remplie de fleurs à une femme qui vient d’en
accrocher une à son corsage. Elle répond par un sourire à son regard
attentif. La deuxième femme de dos est énigmatique (Belle nuque).
Elle regarde l’amour des deux se dérouler sans elle. Il y a un autre
couple tout au fond.  C’est un échange visuel et sentimental.
 Monde de l’intimité, de la pensée avec soi-même. Les couleurs
sont très pastel, il y a beaucoup de pâtes.

L’embarquement pour Cythère, 1717

C’est son morceau pour intégrer l’académie et il a choisi son


sujet et il va proposer un sujet de la mythologie. A l’époque, pour
devenir un peintre reconnu il fallait d’abord être agrée (il le sera
en 1712) à la suite d’un concours puis on recevait une commande
qu’il fallait honorer pour être reçu à l’académie (morceau de
réception).

 Cythère est une ile au nord de la Grèce où on


célébrait l’amour. Watteau montre que c’est un
monde où les différences sociales se sont
effacées. Il y a déjà l’idée d’égalité parmi tous les membres, et ils sont égaux face à
l’amour. Le cortège n’obéit pas à un règlement, c’est la volonté libre, guidé par
l’amour qui incite les pèlerins à prendre le départ.  Ils vont quitter l’ile en prenant
un bateau.
 . Au premier plan, il y a une énorme écorce d’arbre qui nous rappelle la mort 
« Jouissons de l’amour car après, il y a la mort » : l’amour est ce qu’il nous reste.
Le mouvement commence à droite par une large branche de végétation touffue. On
y voit au premier plan les nobles très bien habillés, et les accessoires de Cupidon qui
sont attachés au bas de la statue. Il est à côté et lève les yeux vers une jolie femme
qu’un prétendant cherche à faire partir. Elle ouvre un éventail qui est signe de
l’amour. Trois couples illustrent les phases du départ : Le bâton de pèlerin relie et
articule tous les personnages. L’amour aplanit les différences sociales. Sur la gauche,
deux paysans qui sont mal habillés mais eux aussi vont partir vers l’amour mais cela
montre que l’amour peut être à n’importe qui. L’amour nous met au même pied
d’égalité. Il y a une ligne très sensuelle de sinusoïdale  la peinture devient
mouvement.

V. Vers une esthétique du plaisir, Fragonard

1732-1806 Jean honoré Fragonard qui est un peintre qui poursuivra la voie tracée par Watteau
mais dans un style plus grivois et libertin. Il restera célèbre pour le verrou.

Les heureux hasards de l’escarpolette, 1767

Icone du monde de l’amour : On est chez Watteau mais Fragonard va plus loin : on a
l’impression de l’air rococo et d’être dans un coquillage. L’arrière-plan est très vert
ardoise. On voit un baron de St julien = collecteur d’impôt et va commander ce
tableau à Fragonard et de peindre madame sur une escarpolette (balançoire) avec
l’idée qu’il puisse voir ses jambes. Dans le tableau, on a un ami qui tire la balançoire
sur laquelle il y a la dame et sa pantoufle s’en est allé, elle est en lévitation.  On
va tomber dans l’instant, le temps devient important, et la pantoufle risque de
chuter (morale), on voit cette femme s’abandonner : cette femme est comme une
rose avec ses vêtements avec pleins de couches : Caractère amour et caractère
sexuel. Il y a la sculpture du dieu du silence Harpocrate. On sait que l’homme aura la
pantoufle mais jamais le pied de la belle.

Perette et le pot au lait, 1770

Illustration de Jean de la fontaine du 17ème : Perette va en ville avec les produits de la


ferme et est en train de rêver à tout ce qu’elle est en train d’acheter avec tous ses
produits. Elle va buter sur un terrain boueux et fait tomber tout son lait. On est
spectateur du tableau. Il exagère la chute de Perette et l’important est de voir les
pieds de Perette et ses jambes  sexuel. Le lait qui s’éverse est une métaphore
sexuelle, érotique. La fumée montre qu’elle perd ses rêves mais aussi sa virginité.
Les curieuses, 1775

 A travers un rideau, on aperçoit deux femmes qui sont des prostitués.


On aperçoit aussi un sein à travers le trou du rideau. On assiste à un
intense jeu de regards et de désirs. La peinture est très généreuses,
très laiteuse. On a commencé à peindre les prostitués car on veut des
sujets nouveaux.

Les rideaux évoquent eux même aussi le sexe d’une femme.

VI. Le plaisir fracassé : La mélancolie des Guardi

Antonio Guardi, la guérison du père de Tobias, 1750

Il n’a pas de contour, rien n’est dessiné. Il y a des arbres


morts qui représentent la mort. Si on va plus loin dans la
disparition des contours, on va ne plus rien voir.

 Venise va aller vers des tableaux

Francesco Guardi, vue de la lagune de venise avec la tour Maghera, 1770

Ce n’est plus venise du moyen âge en économie


centrale : les personnages sont tout petits, il n’y a
plus de voile aux bateaux = le monde est à l’arrêt à
Venise.

Ici siècle de la lumière : siècle du fanatisme et de la contradiction

Pierre Subleyras, charron passant les ombres, 1735-1744

 Comme chez Watteau, le personnage est de dos.


 Ici, il s’agit de Charon : Il fait passer les âmes pour ceux qui vont
au paradis ou l’enfer. On sent que les être de Watteau sont
perdus. Le 18ème siècle va être aussi le siècle de la peur, de
l’effroi, on va vers le surnaturel. Ce qui anime le 18ème est le feu
qui traduit l’énergie.

Il y a une ligne de partage entre l’angoisse, le partage et le monde de l’économie


qui va gagner progressivement car l’amour n’est pas un moyen de fonder une
société.
Charon est en train de prendre en main sa vie au 18ème siècle : il peut choisir entre les silhouettes
démoniaques ou le monde de l’industrie.

Adolphe von Menzel, La forge, 1875

L’amour c’est terminé. Le monde de ‘l’industrie, de l’économie va faire surface.

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