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Nul ne peut contester que le Maroc se soit engagé durant les dernières
décennies, dans un processus de développement tous azimuts. Les
manifestations de ce développement sont particulièrement visibles sur le
plan de l’urbanisation rapide que le pays ne cesse de connaître, ayant
entraîné la croissance des villes existantes et la naissance de nouvelles
agglomérations urbaines.
En dépit des efforts importants faits, ici et là, pour restructurer les ensembles
urbains et améliorer leur gestion, les difficultés de maîtrise du double
phénomène d’exode rural et d’évolution incontrôlée persistent avec leur
corollaire, l’apparition et la faible appréhension des risques urbains.
Ces risques, qui font l’objet de cette étude, constituent désormais une source
de préoccupation aussi bien pour les acteurs de la promotion de l’espace
urbain que pour ceux chargés d’en assurer la gestion.
A : La notion de « risque »
1
Dans ce sens, il existe de nombreuses définitions du mot « risque ». Dans le
vocabulaire courant, ce terme est souvent confondu avec la notion de
« danger », « péril » et « hasard ».
1
) Le danger est la situation ou l’état qui menace l’intégrité physique des personnes.
2) C’est à l’occasion de la tenue d’une conférence sur la gestion des risques au siège de l’UNESCO à Paris en 1987,
que les participants ont montré le réel intérêt pour ce que l’on commence à appeler « les sciences du danger ». Lors de
la séance de clôture, ils ont décidé de donner le nom « cyndinique » à cette discipline nouvelle et promouvoir son
enseignement dans tous les Etats de l’Europe.
2
A partir de cette définition, il est possible d’établir une classification
préliminaire et globale des risques. Ainsi on peut distinguer :
-les risques liés à la nature ou à l’environnement. C’est le cas de toutes les
catastrophes dites « naturelles » : Tremblement de terre, inondation, incendie,
tempête, ouragan, tornade, cyclone, typhon, grêles, raz de marée, tsunami,
orage, foudre, avalanche, éboulement, mouvements de terrain, éruption
volcanique, pollution, phénomènes climatiques, changements climatiques,
effet de serre ;
Quelle que soit leur nature, qu’ils soient élevés ou négligeables, acceptables
ou intolérables, les risques ne sont pas perçus de la même manière par tout le
monde.
Des enquêtes récentes conduites en France auprès du grand public (3), par
exemple, ont permis de dégager essentiellement deux constats :
3
) étude réalisée en 2007 par l’IRSN sous le contrôle de « l’observatoire de l’opinion sur les risques et la sécurité ».
3
- le public s’exprime plus sévèrement : il est plus pessimiste pour juger les
risques, plus réticent à accorder sa confiance aux autorités et plus critique à
l’égard de la vérité des informations communiquées sur les risques ;
Cette enquête et les résultats auxquels elle a abouti, reflètent les divergences
au sujet de la perception des risques de la part des différentes catégories de
la société. Ces divergences apparaissent aussi quand il s’agit de définir et de
cerner les risques urbains.
4
A l’inverse, ce critère de localisation en ville reviendrait à considérer que
tous les risques peuvent à un moment ou à un autre, être urbains, sans pour
autant les caractériser ( 4).
Elle peut être également un facteur d’aggravation de risques qui ne sont pas
urbains en eux-mêmes (séismes, glissements de terrain, catastrophes
technologiques, accidents liés au transport de matières dangereuses..).
4
) ANSIDEI (M) : "les risques urbains : acteurs, systèmes de prévention", collectif s/dir ANSIDEI (M), DUBOIS (D),
FLEURY (D) et MUNIER (B), éd. Anthropos, 1998, p.3
5
) Cette classification est établie par le professeur Jean VIRET, voir "Fondements juridiques et principes de gestion des
risques urbains" in « actes du séminaire franco-marocain sur la lutte contre les inondations » tenu à Rabat, octobre
2004.. Nous nous excuserons à l’avance auprès du professeur VIRET pour la reprise intégrale d’une partie de la
communication que nous avons réalisé conjointement à l’occasion de ce séminaire.
5
non spécifiquement urbains (séismes, glissements de terrain ou catastrophes
technologiques).
Le principal intérêt d’une telle classification est de mettre l’accent sur les
moyens mobilisables dans un dispositif de secours planifié. En revanche, elle
occulte très largement la dimension préventive, étant indifférente au régime
juridique applicable à chaque type de risques.
6
Elle est des plus classiques et repose sur la distinction traditionnelle entre
risques naturels et technologiques.
La classification par la nature des risques, qui s’inscrit dans une logique
totalement étrangère à la problématique des risques urbains, demande à être
complétée.
Il peut enfin être envisagé de classer les risques urbains à partir du domaine
juridique et institutionnel auquel ils se rattachent. Dans ce cadre, trois
catégories de risques peuvent être identifiées : les risques urbains de sécurité
civile ; les risques urbains de sécurité publique ; les risques urbains mixtes
qui relèvent des deux domaines à la fois.
La seule qui ait véritablement un intérêt juridique est celle relative à l’objet
des risques dans ses trois composantes : risques de sécurité civile ou de
protection civile ; risques de sécurité publique ; risques mixtes.
7
Les risques de sécurité civile relèvent d’un régime juridique de police
administrative qu’il est d’usage de définir comme l’activité de service public
tendant à assurer le maintien de l’ordre public c'est-à-dire de la tranquillité,
de la sécurité ou de la salubrité publiques, pour reprendre la trilogie
traditionnelle en la matière.
Le fait que les risques de sécurité civile relèvent le plus souvent de polices
administratives spéciales, fréquemment confiées au représentant de l’Etat,
plus rarement à l’autorité élue ne signifie pas qu’une autorité de police
générale ne puisse pas ou ne doive pas agir. Le « concours des polices » est
souvent possible, sous la seule condition que l’autorité de police
administrative générale intervienne pour aggraver , en raison des
circonstances locales, la mesure prise par l’autorité de police spéciale.
8
de sécurité civile, de polices administratives spéciales mais se rattachent à la
compétence des autorités de police administrative générale en charge du
maintien de l’ordre public.
Les risques mixtes, quant à eux, posent à la fois des problèmes de sécurité
publique et de sécurité civile. Les grands rassemblements en sont l’exemple
le plus évident. Ils associent, les organisateurs de la manifestation qui
peuvent être tenus d’organiser un service d’ordre interne, les responsables
des forces de l’ordre chargés d’assurer la sécurité à l’extérieur de l’enceinte et
enfin les autorités compétentes pour faire respecter la réglementation en
vigueur. La gestion des risques d’attentat s’inscrit elle aussi dans une logique
de sécurité civile et de sécurité publique, de même que les politiques de
sécurisation des transports en commun ou de gestion du risque automobile
en zone urbaine ( accidents de la circulation, lutte contre la pollution).
9
A partir de cette typologie, on voit bien que la problématique des risques
urbains est très complexe et beaucoup plus vaste que nul ne peut cerner de
façon complète sauf à y consacrer plus de recherches et de réflexions. C’est
la raison pour laquelle, la présente étude portera principalement sur les
risques de protection civile et limitativement sur certains risques mixtes dont
la ville peut être la scène et l’acteur.
Sous cet angle, l’importance des risques urbains concernés prend donc une
dimension assez particulière en raison de l’évolution, sans cesse croissante,
des zones urbanisées et de la recrudescence des activités à haut risque en
particulier les activités industrielles.
En effet, en plus des risques naturels qui sont par hypothèse inévitables mais
dont les conséquences peuvent être limitées, la ville produit elle-même des
risques, en perturbant les équilibres écologiques, en générant des aléas par la
conception même de l’espace public ou par l’incohérence des traitements
successifs de cet espace.
10
- le déséquilibre écologique qui résulte de la modification des écosystèmes.
Il est admis aujourd’hui que certains phénomènes naturels prennent des
dimensions catastrophiques à cause de l’utilisation inappropriée de l’espace.
L’on sait que les crues soudaines trouvent souvent leur origine dans
l’insuffisance de systèmes de drainage appropriés, de l’empiètement sur les
cours d’eau et de l’utilisation du béton armé qui modifie la
capacité
d’absorption de l’eau par les sols. L’on sait également que les activités
anarchiques de déboisement entraînent l’érosion du sol par les eaux,
augmentant ainsi la vulnérabilité des habitations aux glissements de terrain
déclenchés par les fortes pluies. Nous savons également que l’exploitation
excessive des nappes souterraines provoque l’affaissement des terrains,
exposant ainsi le bâti aux inondations et aux effets des tremblements de
terre ;
11
- l’inadéquation des constructions et les risques d’effondrement qu’elle
peut générer. Une part élevée des victimes des catastrophes périt suite à des
effondrements, surtout lorsqu’un tremblement de terre touche une zone
urbanisée.
La ville marocaine, elle non plus, n’échappe pas à cette règle et tout ce qui
vient d’être évoqué est valable pour les grandes agglomérations qui ont
12
connu un essor considérable depuis l’avènement de l’indépendance. La
population urbaine marocaine « a été multipliée par 5 en 44 ans, passant de
3.4 millions de personnes en 1960 à 16.5 millions en 2004. En pourcentage,
elle représente 55% de l’ensemble de la population (estimée à 29.89 millions
d’habitants), contre 29%. Et la tendance va s’amplifier : à en croire le Centre
d’études et de recherches démographiques (Cered), les urbains seront 65%
en 2014. Mal maîtrisée, cette croissance s’est traduite par une carence en
infrastructures et une prolifération de l’habitat insalubre et informel à la
périphérie des grandes villes… »(7).
Si nos ancêtres ont été, à certains égards, plus prudents, en construisant les
villes impériales dans des zones accidentées, facilitant ainsi l’écoulement des
eaux pluviales à travers des canalisations aménagées à cet effet, et en édifiant
des locaux à usage d’habitation avec des mûrs suffisamment épais et en
toiture légère pour réduire les conséquences d’un effondrement, il n’en est
pas de même aujourd’hui pour nos concitoyens.
Certes, les enjeux ne sont plus les mêmes ; la course à la recherche d’un
habitat et à la réalisation de l’infrastructure de base l’a emporté sur les
considérations de sécurité et d’esthétique. L’essentiel est de construire, peu
importe la manière et l’endroit.
Il est inutile de s’attarder sur les raisons qui ont poussé certaines de nos
villes à devenir des métropoles et certains de nos centres ruraux à devenir de
grandes agglomérations, car elles sont suffisamment connues. Mais ce qui
est plutôt utile, c’est de savoir si les hommes politiques, les autorités
administratives et les populations agissent en connaissance de cause.
7) GHORBAL (S) : « Maroc : le coût de l’urbanisation », JEUNE AFRIQUE n°2398-2399 du 24 décembre 2006 au 6 janvier
2007.
13
La réponse affirmative à cette question n’est pas certaine. Plusieurs
indicateurs laissent penser qu’un effort de sensibilisation reste à fournir.
Au regard des risques naturels, nombreuses sont les villes qui sont édifiées
dans des zones réputées à risque sismique ; beaucoup d’agglomérations sont
construites sur des sites inondables et plusieurs quartiers sont réalisés sur
des sites géologiquement instables (10).
Au regard des risques technologiques, toutes les villes du Maroc sont, à des
degrés différents, vulnérables. Outre les risques présentés par l’industrie, les
accidents du trafic routier sont patents, les accidents de transport de
matières dangereuses imminents et les incendies très courants.
8) Voir EL YAAGOUBI (A) : "La gestion des risques urbains au Maroc", mémoire DESA, 1998, pp : 15 et ss.
9) Il faut savoir en plus que près d’un million et demi de Marocains représentant 264 000 ménages vivant en milieu
urbain résident dans un habitat sommaire (source : le quotidien « LIBERATION » du 1/2/2002 rapportant les
résultats de l’enquête nationale sur le niveau de vie des ménages 1998/1999.
10) Il en est ainsi par exemple des villes d’Agadir et d’Al Hoceima qui sont édifiées dans des zones réputées pour leur
forte sismicité, des villes de Mohammedia, Settat, Berrechid, El Jadida implantées sur des aires vulnérables aux
inondations ou encore les villes de Fès et Taounate dont plusieurs quartiers sont bâtis sur des terrains
géologiquement instables.
14
Plus nos villes se développent, plus elles sont fragilisées et confrontées à
des menaces nombreuses et diversifiées et par conséquent, elles sont plus
vulnérables que par le passé.
Face à cette situation, les pouvoirs publics ont-ils défini la conduite à tenir
pour encadrer le développement des villes sur le plan sécuritaire ou, plus
exactement, existe-t-il une politique publique de gestion des risques
urbains ?
Ce qui est sûr, c’est que le thème de la ville en général a fait l’objet au cours
des dernières années d’une attention particulière de la part des pouvoirs
publics, chercheurs et spécialistes. « Le débat actuel sur l’aménagement du
territoire […] accorde une place prioritaire à la ville, puisque l’urbanisation
rapide qu’a connue le Maroc depuis une quarantaine d’années a entraîné des
difficultés multiples et oriente ce débat vers la mise en place d’une politique
urbaine rénovée autour d’un schéma de cohérence territoriale » (11).
Il semble ainsi que le thème de la sécurité des populations et des biens n’ait
pas occupé une place privilégiée dans ce débat. La question de la gestion des
risques urbains commence à peine à faire l’objet de réflexions, de
monographies et d’échanges d’informations entre les acteurs concernés. Il a
fallu donc attendre que des sinistres majeurs se produisent pour que l’on
commence à initier des réflexions sur cette problématique.
15
C’est donc un travail qui se propose dans une première phase de dresser
l’état des lieux, aussi objectif que possible, de la manière dont la gestion des
risques urbains est organisée, pour pouvoir réfléchir dans une seconde phase
sur les mécanismes à même d’améliorer le dispositif actuel.
16
- Quelles sont les voies à emprunter pour poser les premiers jalons d’un
système de prévention et de lutte contre les risques urbains ?
Pour apporter des éléments de réponse à ces deux questions, il est proposé
de mener la réflexion dans deux directions :
17
Première partie :
18
Introduction :
Autrement dit, l’objectif est d’évaluer toute la chaîne de gestion des risques.
Celle-ci inclut le développement des connaissances, l’expression
cartographique, la diffusion de l’information, la formation à la culture du
risque, la préparation à la gestion des crises, aux secours et à la remise en
état. Pour cela, il est nécessaire de croiser les approches techniques,
économiques et sociologiques dans une analyse des moyens structurels,
législatifs et financiers mis en œuvre.
19
appréciation de sa cohérence, de son efficacité, de son efficience, de sa
capacité à honorer les objectifs qu’elle s’est fixés, de son impact et de sa
pertinence » (12).
Prise sous cet angle, l’évaluation dont il est question s’inspire directement
des techniques managériales en partant d’une définition précise des objectifs
de chaque service, puis en les confrontant aux résultats obtenus.
Pour ce faire, il est proposé dans une première étape d’évaluer les
dispositions d’ordre public prises, quelles que soient leurs origines
(nationale, locale) à travers ce qui est appelé les modes de gestion des
risques urbains (13) (chapitre 1). Dans une seconde étape, il sera procédé à
l’évaluation des structures chargées de les mettre en œuvre (administrations,
collectivités, entreprises, individus,..) qu’elles soient anciennes, récentes ou
même virtuelles (chapitre 2).
12) Ecole Nationale d’Administration : Séminaire d’administration comparée de la promotion « NELSON MANDELA »
(1999-2001): L’interministérialité au niveau local : analyse comparée du rôle des préfets et des représentants
territoriaux de l’Etat en Europe en matière de sécurité des citoyens et risques naturels, p : 19.
13) On entend par modes de gestion des risques urbains les mécanismes mis en œuvre pour prévenir les risques et
atténuer leurs effets ainsi que les procédures suivies pour atteindre ces objectifs.
20
Chapitre 1: Des modes de gestion des risques urbains à améliorer
Ce n’est que vers les années soixante que les Etats se préoccupèrent des
problèmes de gestion des risques naturels et technologiques en engageant
des politiques sectorielles de prévention. La demande des citadins en termes
de sécurité s’est traduite par l’intégration progressive de la prévention des
risques dans la conception des espaces publics urbains.
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L’autre caractéristique des récentes évolutions est l’implication d’une
multiplicité d’intervenants, dont de nombreux représentants d’intérêts
privés, dans la gestion des risques urbains : administrations centrales ou
territoriales, élus locaux, milieux associatifs, aménageurs, gestionnaires
d’équipements collectifs, assureurs, promoteurs de systèmes de surveillance,
victimes potentielles.
22
Section 1 : Des actions anticipatrices limitées
Anticiper sur les risques, c’est les prévenir et les prévoir. La prévention est
évidemment fondamentale, mais elle ne permet pas d’atteindre le risque
zéro, et c’est pour cette raison, que la prévision n’en présente pas moins
d’intérêt.
L’analyse des actions anticipatrices des risques dans le cadre des politiques
publiques met en évidence la nature élémentaire des mesures de
prévention(14) entreprises jusqu’à présent mais aussi le caractère peu
développé des mesures de prévision(15).
Près de dix ans après, le bilan peut être dressé sur chacune des composantes
de la prévention des risques et des instruments de prévention utilisés à cette
fin, à savoir le développement des connaissances, l’information des
populations et des acteurs économiques, la prise en compte du risque dans
l’aménagement du territoire ainsi que les travaux de réduction de la
vulnérabilité.
14) La signification étymologique du mot prévention désigne le fait d’agir avant le phénomène, l’incident ou l’accident.
Le critère est donc le temps. On peut alors distinguer :
- des mesures prises à long terme, permanentes : action sur l’enchaînement du phénomène, réduction des
conséquences,
- des mesures prises devant une menace immédiate : alerte, évacuation des personnes ou des biens.
15) La prévision d’un événement est le plus souvent limitée à une évaluation probabiliste. Lorsque la prévention est
mise à défaut, il est nécessaire de prévoir la mise en place de moyens humains et matériels de nature à permettre la
lutte dans les meilleures conditions contre les effets de l’événement. La prévision ne doit pas être confondue avec la
prédiction des événements qui est utilisée aux cas où on connaît le moment où ceux-ci se produiront.
23
Avant d’examiner en détail les différentes activités réalisées pour la mise en
œuvre de ces instruments techniques, il conviendrait de se pencher sur le
cadre juridique régissant ces activités. A ce titre, le premier constat que l’on
peut dégager est l’insuffisance de l’encadrement juridique de la prévention
des risques (A), assorti de pratiques mal fixées (B).
Pour réduire les manifestations du risque urbain, le droit peut être considéré
comme une parade; il définit le tolérable et l’intolérable, et constitue donc un
moyen qui pourrait contribuer à cerner le risque lui-même.
La réflexion juridique sur le risque urbain repose à l’origine pour une large
part sur la notion d’insalubrité. Le texte fondateur en est sans doute le dahir
du 25 août 1914 organisant la police des établissements industriels
insalubres, incommodes ou dangereux (16).
16) Dahir du 25 août 1914 (BO 1914, p : 703), tel qu’il a été modifié et complété. Ce dahir confère des pouvoirs non
seulement au Premier ministre et à certains ministres, mais aussi aux autorités locales, pachas et caïds. Le Premier
ministre établit la liste de ces établissements tandis que le ministre de l’Equipement intervient pour autoriser
l’ouverture des plus nocifs (1ère classe) et les autorités locales, pachas et caïds, pour l’ouverture des établissements
moins nocifs rangés dans la 2ème classe.
17
) Il s’agit notamment de l’intégration des impératifs de prévention des risques dans les domaines de l’aménagement
du territoire, de l’urbanisme, de l’exercice des activités industrielles et commerciales, des activités de loisirs.
24
royaume que les pouvoirs publics commencèrent à sentir la nécessité de
mettre en place une assise juridique de réduction des risques.
Dans ce cadre, quelques textes ont été promulgués, d’autres n’ont pas encore
vu le jour.
Le regard sur les normes régissant le risque naturel en milieu urbain permet
de constater que le législateur a commencé à appréhender le risque quoique
de façon encore timide.
25
Ainsi, pour atténuer les effets d’un séisme, la meilleure réponse demeure
aujourd’hui le développement de la construction parasismique, sachant
qu’une application stricte des règles générales de la construction lors de la
conception des projets, ainsi qu’une bonne exécution des travaux,
permettent aux bâtiments de résister.
Bien que le Maroc soit situé dans une zone considérée de sismicité modérée,
le risque sismique demeure très important, en raison de la nature plus ou
moins fragile des constructions. L’habitat de type traditionnel (18), qui est le
plus répandu dans notre pays, n’est pas conçu pour résister à des séismes
mêmes très modérés. Les statistiques révèlent que 90% des victimes des
tremblements de terre sont constituées des occupants de ce type d’habitat
comme dans le cas du séisme d’Agadir de 1960 ou celui d’Al Hoceima de
2004. Ce qui s’est produit à Fès et à Casablanca ces dernières années, où des
immeubles se sont effondrés en l’absence même de séismes, met en évidence
la gravité de la situation.
18
) Il s’agit principalement de bâtiments conçus selon les techniques traditionnelles et dont la structure portante utilise
essentiellement la terre, la paille, le bois, le palmier, les roseaux ou des matériaux similaires. A cela s’ajoutent ceux
construits avec d’autres matériaux mais sans plan architectural et sans le moindre respect des règles d’utilisation
du béton.
19) Décret n° : 2-02-177 du 9 hija 1422 (22 février 2002) approuvant le règlement de construction parasismique (RPS
2000) applicable aux bâtiments, fixant les règles parasismiques et instituant le Comité national du génie
parasismique.
20) Le territoire national est subdivisé en trois zones sismiques. Pour chacune, le législateur a fixé une intensité
différente tenant compte des dégâts probables qui peuvent être causés par un éventuel séisme. L’intensité
nominale, qu’on appelle aussi l’accélération nominale, est définie par référence à l’intensité maximale d’un séisme
enregistré dans le passé dans une région donnée.
26
Cette conception est basée essentiellement sur la prise en compte des
paramètres suivants :
21) Toute une panoplie de textes a été adoptée après le tremblement de terre d’Agadir parmi lesquels :
- Décret du 20 juillet 1960 créant une commission d’indemnisation pour la reconstruction de la ville d’Agadir.
- Dahir du 21 juillet 1960 portant institution d’un haut commissariat à la reconstruction d’Agadir.
- Décret du 21 décembre 1960 rendant applicables au périmètre municipal d’Agadir et à l’îlot d’aménagement de la
partie sud-est de la zone périphérique de cette ville, certaines dispositions antisismiques en matières de
construction.
- Dahir du 17 janvier 1961 relatif aux conditions dans lesquelles seront secourues les victimes du séisme d’Agadir.
- Arrêté ministériel du 17 janvier 1961 relatif à l’octroi des secours prévu par le dahir du 17/01/61
- Dahir du 17/01/61 relatif aux conditions dans lesquelles seront secourus les sinistrés des agglomérations de la
montagne atteintes par le séisme d’Agadir.
- Arrêté interministériel du 17 janvier 1961 fixant les modalités d’application du titre II du dahir du 17 janvier 1961
relatif aux conditions dans lesquelles seront secourues les victimes du séisme d’Agadir en ce qui concerne le
concours financier de l’Etat et l’instruction des déclarations du sinistre.
27
terre d’Agadir, se soit estompée, au moment où notre pays s’est engagé
dans un processus d’urbanisation très important (22).
- Arrêté Ministériel du 06 mars 1961 modifiant l’arrêté du 17 janvier 1961 relatif à l’octroi du secours prévu par le
dahir du 17/01/61.
- Arrêté du Haut commissariat à la reconstruction d’Agadir du 12 avril 1962 modifiant l’arrêté conjoint du ministre
de l’Economie et du ministre des Travaux Publics du 17 janvier 1961 fixant les modalités d’application du titre II du
dahir du 17 janvier 1961 relatif aux conditions dans lesquelles seront secourues les victimes du séisme d’Agadir.
- Dahir du 05 août 1963 complétant et modifiant le Dahir du 17 janvier 1961 relatif aux conditions dans lesquelles
seront secourues les victimes du séisme d’Agadir.
- Décret royal portant loi du 22 octobre 1965 complétant le dahir du 17 janvier 1961 relatif aux conditions dans
lesquelles seront secourues les victimes du séisme d’Agadir.
- Dahir portant loi du 20 février 1973 relatif à la suppression du Haut commissariat à la reconstruction d’Agadir.
- Dahir portant loi du 19 septembre 1977 modifiant et complétant le dahir portant loi du 20 février 1973 relatif à la
suppression du Haut commissariat à la reconstruction d’Agadir.
22) Il est à souligner que les normes édictées en 1960 sont aujourd’hui dépassées en raison de l’évolution des
connaissances sur la sismicité et des progrès enregistrés dans les domaines des études géologiques, techniques et
instrumentales.
23) Projet de loi : 04-04 édictant diverses dispositions en matière d’habitat et d’urbanisme et complétant le RPS (2000).
Ce projet comporte :
- Des dispositions modifiant et complétant la loi n° : 12-90 relative à l’urbanisme par :
* La responsabilisation des architectes
* L’instauration des mesures de sanctions pour toutes les constructions non conformes au RPS
- Des dispositions modifiant et complétant la loi n° : 52-90 relative aux lotissements, groupes d’habitations et
morcellements. L’article 9, chapitre II, prévoit en matière d’affectation du sol, des schémas d’orientation et de
développement et des zones interdites à l’urbanisation en indiquant les motifs de cette interdiction ; ou celles
frappées de servitudes d’utilité publique prévues par la législation en vigueur. Il prévoit également des zones
protégées pour des raisons environnementales, historiques ou esthétiques.
- Des dispositions particulières applicables aux communes dont le nombre d’habitants est inférieur ou égal à 2500 ou
constituées principalement d’habitats dispersés.
28
les futures constructions puissent être édifiées selon les règles
parasismiques.
La notion d’inondation est apparue d’une manière succincte dans des textes
très anciens (24) avant qu’elle ne soit reprise assez récemment dans un texte
législatif avec la loi sur l’eau (25).
Cette loi constitue la base légale de la politique de l’eau dans notre pays. Elle
a permis d’élaborer et de mettre en œuvre la stratégie et la politique
nationales en matière de gestion et de développement des ressources en eau
de manière à accompagner et soutenir le développement économique et
social du pays, où la prévention des inondations et des sécheresses constitue
l’enjeu majeur. Elle prend en considération les exigences de la protection des
populations et des biens contre les aléas climatiques et météorologiques (26).
En ce qui concerne la problématique des risques urbains, cette loi prévoit des
dispositions explicites concernant le risque d’inondation et portant
généralement sur l’interdiction sans autorisation préalable d’aménagement,
plantation, construction ou dépôt gênant les écoulements des eaux. Elle
prévoit aussi des dispositions complémentaires de prévention contre les
24
) Le Dahir du 1er août 1925 sur le régime des eaux et notamment les articles 20 et suivants sur la police des eaux parle
des inondations. Dans le même sens, le Dahir du 11 mars 1931 (BO du 29 mai 1931) sur les réquisitions à effectuer
pour le maintien de la sécurité, de la tranquillité et de la salubrité publiques, évoque les inondations en tant que
circonstances permettant le droit de réquisition. De même pour le décret n° 2-69-37 du 25 juillet 1969 sur les
conditions de distribution de l’eau dans le périmètre urbain.
25) Loi n° : 10-95 sur l’eau, promulguée par le dahir n° : 1-95-154 du 16 août 1995.
26) Rapport national sur la prévention des désastres, préparé par un comité interministériel et présenté à la conférence
de Kobe-Hyogo (Japon) tenue en janvier 2005, p : 10.
29
inondations dans le cadre de la gestion du Domaine Public Hydraulique
par le contrôle de l’espace hydraulique (27).
Toutefois, les dispositions prévues par cette loi, portant directement sur la
protection contre les inondations (29), ne pourront avoir d’effets que si des
textes d’application qui en précisent les modalités sont adoptés sur «les
terrains submersibles», les « digues et levées faites à l’initiative des
riverains », « les obstacles à l’écoulement des eaux », le mode de financement
des travaux imposés aux riverains (30).
Par ailleurs, pour les agglomérations urbaines, il est certain que les
instruments légaux applicables dans le domaine de l’urbanisme ne réservent
27) Idem, p: 10
28) Agence instituée par la loi sur l’eau.
29) Art. 94 : Il est interdit de faire sans autorisation, dans les terrains submersibles, des digues, levées et autres
aménagements susceptibles de gêner l’écoulement des eaux d’inondations, sauf pour la protection des
habitations et propriétés privées attenantes.
Art. 95 : les digues, remblais, constructions ou autres ouvrages, quel qu’en soit le statut juridique, et qui sont
reconnus faire obstacle à l’écoulement des eaux ou étendre de manière nuisible le champ des inondations
peuvent, sur décision de l’agence de bassin, faire l’objet de modification ou suppression moyennant le
paiement d’indemnité à titre de dédommagement.
Art.96 : Si l’intérêt public l’exige, l’agence de bassin peut exiger des propriétaires riverains des cours d’eau de
procéder à la construction de digues destinées à la protection de leurs biens contre les débordements des
cours d’eau.
Art.97 : Il est interdit d’effectuer des plantations, constructions ou dépôts sur les terrains compris entre le cours
d’eau et les digues de protection construites en bordure immédiate de ce cours d’eau.
30) AKRAJAI (L) : « problématique des inondations au Maroc », in « actes du séminaire Franco-marocain sur la lutte
contre les inondations au Maroc », tenu à Rabat les 04 et 05/10/2005.
30
pas de place spécifique à la protection contre les inondations. Pour l’instant,
rien dans les textes législatifs et réglementaires régissant le domaine de
l’urbanisme n’interdit explicitement la construction dans une zone
inondable, et encore moins ne prescrit de restrictions pour l’édification de
ces constructions. Il existe à peine des circulaires, élaborées récemment,
invitant les gouverneurs et les services techniques préfectoraux ou
provinciaux à entreprendre les mesures nécessaires pour la prévention des
crues, le curage des égouts pour éviter la montée des eaux dans les
agglomérations et surtout à interdire l’octroi d’autorisation de construire
dans les zones ostentatoirement exposées aux risques d’inondations.
Néanmoins, l’application des dispositions contenues dans ces circulaires ne
peut être assurée sans soulever des problèmes d’ordre juridique et
technique notamment le risque d’atteinte au droit de la propriété garanti par
la Constitution (31).
31) En attendant l’aboutissement du projet de loi n° : 04-04, une circulaire conjointe des ministères chargés
de l’Intérieur et de l’Aménagement du Territoire, de l’Eau et de l’Environnement, ainsi que du ministre
délégué auprès du Premier ministre chargé de l’Habitat et de l’Urbanisme a été diffusée en janvier 2005
(Note circulaire n°: 8 du 7 janvier 2005 sur la prévention des risques d’inondation). Cette circulaire
invite les gouverneurs à créer des commissions préfectorales et provinciales de prévention des risques
d’inondations et précise les mesures à prendre dans ce cadre, notamment l’intégration du risque
inondation dans les documents d’urbanisme en cours ou projetés et la prévention des risques
d’inondation induits par les projets d’infrastructure.
31
conséquences sont alors parfois comparables à celles des calamités
naturelles.
Cette réglementation concerne notamment les usines, les ateliers, les dépôts,
les chantiers et, d’une manière générale, les installations exploitées
ou détenues par toute personne physique ou morale, publique ou privée, qui
peuvent présenter des dangers ou des inconvénients soit pour la commodité
du voisinage, soit pour la santé, la sécurité, la salubrité publiques, soit pour
l’agriculture, soit pour la protection de la nature et de l’environnement.
32
Le Dahir de 1914 présente deux intérêts à l’égard de la prévention des
risques : Le premier concerne l’atténuation des effets des incendies et
explosions, sachant qu’il y est prévu un certain nombre de restrictions
concernant le lieu d’implantation des unités industrielles classées, en
imposant en particulier l’isolement de ces établissements des zones habitées
(32). Le second intérêt concerne la classification même de ces établissements
et leur soumission à une procédure d’autorisation ou de déclaration selon la
catégorie. L’occasion est ainsi offerte aux services compétents de prescrire les
mesures de sécurité réglementaires nécessaires.
Toutefois, il faut reconnaître que les normes de sécurité prévues dans cette
réglementation de base, modifiée ou complétée par des textes datés des
années 1930 et 1970 (33) ne sont plus adaptées à notre contexte urbanistique
et industriel actuel et encore moins à la structure juridico – administrative de
notre pays.
32)Cf. supra
33)Arrêté Viziriel du 13 octobre 1933, fixant la nomenclature des établissements classés, B.O, 1933, p : 1187 et Décret n°
2-72-643 du 16 safar 1394 (11 mars 1974) complétant l'arrêté du 22 joumada II 1352 (13 octobre 1933) portant classement
des établissements insalubres, incommodes ou dangereux.
33
danger. Aussi le texte sur ce genre d’établissements devrait-il prendre
directement en considération le problème de la sécurité (34) puisque l’accent
est plutôt mis sur la salubrité (35). De plus, la réglementation de 1914 limite
les intérêts protégés dans la mesure où elle vise le voisinage, en négligeant la
nature et l’environnement.
34
) La sécurité est l’état d’esprit d’une personne qui se sent tranquille et confiante. C’est le sentiment, bien ou mal
fondé, que l’on est à l’abri de tout danger ou risque ; il associe calme, confiance, quiétude, sérénité, tranquillité,
assurance, sûreté.
35
) La salubrité est un élément de l’ordre public, correspondant à l’absence de maladies et de risque de maladie, assuré
est maintenu grâce à des prescriptions administratives relatives à l’hygiène des personnes, des animaux et des
choses.
36) Voir arrêté du ministre de l’Equipement n° 36902 du 05 mars 2002 relatif à la délégation du pouvoir au wali de
région (BO n° : 4984 du 07 mars 2002).
37) Voir notamment la loi française du 19 juillet 1976, relative aux installations classées pour la protection de l’environnement.
34
En l’état actuel du droit marocain, rien n’interdit de construire sur une zone
exposée à un risque de glissement de terrain, sur des terrains susceptibles de
se trouver sur le parcours d’un incendie de forêt, sur l’axe des pistes
principales des aéroports ou encore sur les lignes de faille. De plus, le droit
marocain ne prévoit pas de restrictions ou d’exigences particulières quant à
l’édification des constructions sur ces sites (38).
Dans bien des pays, la prise en compte des risques dans le droit des sols s’est
opérée dans les documents d’urbanisme (Schéma Directeur d’Aménagement
38) La question de la maîtrise de l’urbanisation autour des sites industriels dangereux sera traitée ultérieurement.
39) Voir rapport de mission effectuée au Maroc, en octobre 2002 par des représentants de l’Institut d’Aménagement et
d’Urbanisme de la Région d’Ile-de-France, concernant la problématique d’usage des sols dans les zones sensibles
périurbaines au Maroc : Evaluation de la prise en compte des zones sensibles dans les documents d’urbanisme.
35
et d’Urbanisme et Plan d’Occupation du Sol) sans passer nécessairement
par des documents réglementaires spécifiques de prévention. C’est dire que
même en l’absence de fondement juridique dans le droit marocain, il aurait
été possible pour les pouvoirs publics d’entamer l’intégration des impératifs
de prévention des risques dans l’urbanisme.
40) A titre d’exemple, à la suite du tremblement de terre d’Al Hoceima, les pouvoirs publics ont veillé sur le respect des
normes antisismiques pour la reconstruction des édifices publics atteints, en particulier les écoles. De même, trois
centres de secours ont été construits pour une meilleure couverture de la région mais aussi pour servir d’alternative
à toute défaillance du centre de secours principal dont la pérennité n’est pas garantie.
41) GASTAUD (A) : « Maîtrise de l’Urbanisation autour des sites industriels dangereux : Des outils pour évaluer les
distances d’isolement ».Revue générale de sécurité, n°16, août/septembre 1991, p : 71.
36
car si un accident grave survient, la sécurité des populations avoisinantes
peut être compromise à partir du moment où les mesures de protection et
d’intervention mises en place par l’industriel se sont révélées insuffisantes
pour maîtriser l’extension du sinistre (42).
Au Maroc, les pouvoirs publics n’ont pas encore mis en place une
réglementation imposant de pareilles contraintes aux différents acteurs
intéressés (entreprises, administrations, élus locaux, associations et
populations).
42) Guide sur la maîtrise de l’urbanisation autour des sites industriels à haut risque, édité par le Secrétariat d’Etat
auprès du Premier ministre chargé de l’Environnement français, octobre 1990.
37
être autorisés qu’à l’intérieur des secteurs industriels créés à cet effet. A côté
de cette mesure générale, il est également prévu que certaines industries
limitativement désignées par décret sont interdites à l’intérieur des
périmètres des municipalités, des centres délimités et de leurs zones
périphériques. Leur autorisation n’est tolérable qu’en dehors de ce périmètre
à une distance d’au moins cinq cents mètres. Pour les établissements déjà
existants dans les zones précitées, seules peuvent être autorisées les
transformations qui n’aggraveraient pas la gêne résultant de leur voisinage.
43) Plusieurs facteurs facilitent cette transgression notamment l’autorisation de l’aménagement de certaines zones
censées être interdites à l’urbanisation, les facilités dans l’octroi des permis de construire et les difficultés de saisine
de justice.
38
2-2 : Normes liées au transport de produits dangereux
39
produits, à la classification, à l’emballage et à sa nature, au véhicule et à son
type, à l’organisation du transport et aux mesures préventives de sécurité.
Ainsi, il est devenu indispensable d’abroger et de remplacer les textes
réglementant la manutention et le transport routier des marchandises qui
remontent à 1938 par une réglementation actualisée et rénovée transcrivant
les dispositions et recommandations adoptées par la communauté
internationale»(46).
46) HILI (M) : « le projet de loi sur le transport des matières dangereuses au Maroc : état des lieux et perspectives
d’avenir », in journal du séminaire organisé à Casablanca le 11 juin 2002 sur le TMD.
47) Voir arrêté conjoint du ministre de l’Energie et des Mines, du ministre des Travaux Publics et du ministre des
Transports n° : 1263-91 du 1er avril 1993 approuvant le règlement général relatif aux normes de sécurité applicables
aux centres emplisseurs, aux dépôts en vrac ou en bouteille et aux stockages fixes à usage industriel ou domestique
de gaz de pétrole liquéfié ainsi qu’au conditionnement, la manutention, le transport et l’utilisation de ces produits.
Cet arrêté a prévu quelques mesures de sécurité au niveau du transport, mais celles-ci restent insuffisantes.
48
) Voir notamment les circulaires du ministre de l’Intérieur n° 15525 DGAI/DAG du 20 novembre 2001 et n°
5519/DGAI/DAG du 16 avril 2002, la circulaire du ministre chargé des mines n° 25/DM/S/SAP du 22 mai 2002
ainsi que la circulaire conjointe des ministres de l’Intérieur et de l’Energie n° 2367 du 12 avril 2004.
40
2-3 : Normes de prévention des risques d’incendie et de panique
Le feu constitue sans doute l’un des fléaux aux effets dévastateurs les plus
craints par l’homme. Ce phénomène n’a fait que s’amplifier au fil des
évolutions et du progrès technique, causant des dégâts de plus en plus
considérables aux biens matériels et à l’origine d’un nombre croissant de
mort d’hommes.
Certains pays ont adopté des textes dès le début du XXème siècle,
essentiellement dans la deuxième moitié de celui-ci, pour imposer des règles
de prévention contre les risques d’incendie applicables aux constructions,
visant à la fois les habitations et les établissements recevant du public.
41
de lutte contre l’incendie, les actions entreprises pour la mise en sécurité des
bâtiments à usage public sont embryonnaires. Cela se vérifie en particulier
par l’absence de tout texte à caractère réglementaire prescrivant des mesures
à édicter pour la sécurisation de ce type de bâtiments.
La définition de la notion d’établissement recevant du public n’est pas
introduite par le droit positif marocain, ce qui pousse les services concernés
à recourir (49) souvent à la définition retenue par la réglementation française,
selon laquelle « constituent des établissements recevant du public tous bâtiments,
locaux ou enceintes dans lesquels des personnes sont admises soit librement, soit
moyennant une rétribution ou une participation quelconque, ou dans lesquels sont
tenues des réunions ouvertes à tout venant ou sur invitation, payantes ou non» (50).
49
) Le recours à cette définition étant nécessaire pour la classification des établissements afin d’identifier les mesures de
prévention contre les risques d’incendie et de panique à exiger en fonction des dangers qui pèsent sur le public qui
les fréquente.
50) Article R.123-2 du code français de la construction et de l’habitation.
42
En matière de construction du bâtiment, les établissements recevant du
public sont soumis aux règles générales applicables à toute construction.
Cependant, compte tenu de leur spécificité, les établissements recevant du
public sont soumis à des dispositions particulières relatives à la protection
contre les risques d’incendie et de panique sachant que ces établissements
sont très divers et que les règles de sécurité qui doivent y être appliquées
relèvent à la fois d’une doctrine générale et d’une réflexion particulière à
chaque type d’activité (51).
51) Le risque de panique est particulièrement important dans les établissements recevant du public, du fait de la densité
souvent élevée du public dans un même local et de sa mauvaise connaissance des lieux.
52) STREBLER (JP) et WENDLING (M) : « Le maire et la police des établissements recevant du public », dossier
d’experts / la lettre du Cadre Territorial. France.
43
Direction de la protection civile, relevant du ministère de l’Intérieur,
d’établir une réglementation appropriée, aucune norme moderne n’a été
adoptée. A part quelques instructions ministérielles, les établissements
recevant du public ne sont organisés par aucun texte législatif ou
réglementaire, exception faite de quelques règles générales qui sont
incorporées dans quelques textes obsolètes (53) datant de l’époque du
protectorat. Il en est ainsi, à titre d’exemple, de l’article 130 de l’Arrêté
Viziriel régissant les établissements cinématographiques (54), qui exige qu’un
service de surveillance soit assuré par les sapeurs-pompiers dans ces
établissements. Ce service doit obligatoirement faire l’objet d’un contrôle
moyennant des rondes assurées par un officier ou un sous-officier des
sapeurs-pompiers afin de s’assurer de la bonne exécution des consignes de
sécurité. De même, des visites de contrôle programmées ou inopinées
doivent être périodiquement organisées dans le but de vérifier si les
dispositions de l’arrêté sont respectées notamment en ce qui concerne le
fonctionnement normal des dispositifs de secours contre l’incendie et
l’éclairage de sécurité.
De même, l’Arrêté Viziriel (55) relatif aux établissements dans lesquels est
exercée une profession commerciale, industrielle ou libérale prévoit dans son
chapitre 3 portant sur la « prévention des incendies », des normes
concernant l’entreposage et la manipulation des matières inflammables, des
mesures relatives à l’éclairage et au chauffage, des mesures destinées à
permettre l’évacuation rapide du personnel et du public (aménagement des
53) Les textes cités ci-dessous ne comportent que des règles générales, parfois dépassées, et dont la mise en application
est, soit difficile à mettre en œuvre, soit ne présente aucun intérêt sur le plan préventif. Ils sont parfois considérés
comme caducs.
54 ) A.V du 26 janvier 1939 ; B.O n° : 1377 du 17.3.1959.
55 ) A.V. du 4 novembre 1952 ; B.O n° : 2099 du 16 janvier 1953.
44
escaliers, des passages et des couloirs) et enfin des mesures destinées à
combattre tout début d’incendie.
Le second aspect des constructions qui fait l’objet d’une attention privilégiée
dans beaucoup de pays est celui des immeubles de grande hauteur (IGH)
dont la définition peut être extraite de la réglementation française (56), qui
précise que « constitue un immeuble de grande hauteur, tout corps de bâtiment
dont le plancher bas du dernier niveau est situé, par rapport au niveau du sol le plus
haut utilisable par les engins des services publics de secours et de lutte contre
l’incendie :
La législation qui les régit repose sur 3 grands principes : vaincre le feu
avant qu’il n’ait atteint une dangereuse extension, assurer la mise en sécurité
des occupants des compartiments atteints ou menacés et permettre la
continuation de la vie normale dans le reste de l’immeuble de grande
hauteur.
Le phénomène des immeubles de grande hauteur n’a pas épargné les villes
marocaines, en témoigne le nombre sans cesse croissant d’immeubles édifiés.
Leur construction pose des problèmes à la fois nouveaux, originaux et
complexes.
45
- Nouveaux d’abord, car ces toutes dernières années l’accroissement
dimensionnel des constructions s’est orienté vers le sens vertical de sorte
que les hauteurs déjà atteintes ne sont pas accessibles aux échelles des
services d’incendie et de secours ;
- Originaux ensuite car, dans leur conception, dans leur réalisation et dans
leur équipement, ces structures sont totalement différentes des constructions
classiques ;
- Complexes enfin du fait des considérations sociales et humaines,
économiques et financières, administratives et techniques qui doivent être
simultanément abordées (57).
Les bâtiments à usage d’habitation ne sont pas non plus assujettis à une
réglementation de prévention contre les risques d’incendie et de panique.
Au total, en dépit des efforts fournis par les services de la protection civile
pour intégrer les impératifs de prévention des incendies dans le processus de
construction du bâtiment, les prescriptions recommandées sont souvent
transgressées ou perdues de vue par les responsables qui, et à défaut de
textes réglementaires contraignants, d’une jurisprudence spécifique et d’une
57) ALAOUI YAZIDI (M) : « La mission de l’inspection générale de la protection civile » mise à jour du mémoire du
cycle supérieur de l’ENAP, 1990, p : 85.
46
éducation sensibilisant aux problèmes de sécurité, ne réalisent pas l’intérêt
de ces prescriptions.
58
) Dans de nombreux pays, les lois relatives à l’urbanisme prévoient des articles qui offrent la possibilité d’établir des
règlements spécifiques à la prévention des risques d’incendie et de panique , tout en précisant généralement le
ministère ou l’administration devant élaborer cette réglementation et veiller à son application.
47
2-4 : Normes de prévention des accidents de la circulation
59) Actes du 4ème colloque sur la sécurité routière, organisé à Rabat en mars 2002, sous le thème « sécurité routière :
réalités et perspectives pour une meilleure stratégie », p : 11.
60) Dahir du 19 janvier 1953 et arrêté Viziriel du 24 janvier 1953.
61) Les amendements aux textes de base n’ont concerné que certaines dispositions de ce code (décret n° : 283-568 du 18
juillet 1986, décret n° : 93-27 du 27 juillet 1994 et décret n° 2-04-748 du 17 janvier 2005).
48
actions que mène le Comité National de Prévention des Accidents de la
Circulation (CNPAC) (62), notamment en matière de sensibilisation, n’ont
pas donné les résultats escomptés.
Il faut toutefois noter qu’à la suite de graves accidents survenus en 2004, les
pouvoirs publics semblent décidés à mettre fin au laxisme qui a prévalu
pendant des années. Un décret modifiant et complétant l’arrêté du 24
janvier 1953 sur la police de la circulation et du roulage a vu le jour
récemment. Ce décret interdit aux usagers de la route certaines pratiques
dangereuses comme le fait de téléphoner au volant ou de placer un enfant au
siège avant. Conformément aux dispositions du nouveau décret, le
conducteur et l’occupant de la place avant devront impérativement porter la
ceinture de sécurité à l’intérieur du périmètre urbain. Les dispositions du
nouveau décret interdisent également les places avant aux enfants âgés de
moins de 10 ans quand le véhicule est en marche.
62) Le CNPAC est un établissement d’utilité publique créé par le décret n° : 2-77-275 en date du 27 Rajeb 1397 (15 juillet
1977) dans le but d’améliorer la sécurité routière.
49
approche globale concernant le traitement des risques (1) et ensuite un
déséquilibre dans la manière d’appréhender tel ou tel risque (2).
L’un des faits majeurs dans le domaine de la prévention des risques est
l’éclatement de cette activité entre les mains de nombreux acteurs. Il résulte
de cette situation un manque de cohérence dans les pratiques quotidiennes
de réduction des risques. Les raisons de ce cloisonnement sont variées et
peuvent être d’ordre juridique, administratif ou culturel.
En effet, dans l’état actuel du droit marocain, les textes qui peuvent servir de
fondement juridique à la prévention des risques sont de deux sortes :
- les premiers sont des textes d’ordre général qui fixent en particulier les
attributions des autorités de police administrative. Cette catégorie de textes
se limite à l’énoncé, en termes généraux, des prérogatives des autorités
titulaires du pouvoir de police administrative générale dans le domaine du
maintien de l’ordre public. En d’autres termes, ils ne donnent aucun détail
sur la nature des mesures de prévention à entreprendre et encore moins sur
les modalités de leur mise en œuvre. Aussi, en cas d’inexistence de
dispositions juridiques spécifiques ou de normes techniques propres à un
50
risque donné (63), la voie reste-elle ouverte pour ces autorités d’adopter à
leur gré les mesures de prévention qui leur conviennent sans que cela
constitue une transgression à la loi.
- les seconds sont des textes à caractère spécial qui ont pour principale
vocation de proposer des normes de prévention sous forme de mesures de
police administrative spéciale portant sur un risque particulier. Si les
autorités de police administrative générale sont connues et leur nombre est
limité (premier ministre, gouverneur, président du conseil municipal) il n’en
est pas de même des autorités possédant des pouvoirs de police
administrative spéciale dont le nombre peut être plus élevé dans la mesure
où plusieurs ministres en sont dépositaires, sans omettre les autorités de
police générale qui peuvent avoir aussi la qualité d’autorité de police
spéciale. On se retrouve ainsi avec plusieurs autorités susceptibles
d’intervenir dans le domaine de la prévention, au risque d’être confronté à
une diversité de propositions et une multitude d’actions (64).
63)Le juge, quant à lui, ne s’est jamais prononcé sur ce genre de questions. Contrairement aux pays occidentaux dans
lesquels la jurisprudence joue un rôle très important de régulation, le juge marocain est encore loin de s’intéresser à
ce genre de problèmes.
64) A ces autorités qui ont pour vocation de concevoir les mesures de prévention, il convient d’ajouter les autorités et les
services chargés de les mettre en œuvre et dont le nombre varie en fonction de la nature du risque.
51
Enfin, sur le plan culturel, l’origine et la nature du cursus de formation des
décideurs et des techniciens préventionnistes ont toujours joué un rôle
déterminant, direct ou indirect, dans le cloisonnement des activités de
prévention. En effet, les mesures proposées dépendent généralement du
profil de la personne qui les a édictées : un préventionniste des services
d’incendie et de secours aura tendance à privilégier les mesures de
prévention contre les risques d’incendie et de panique ; un urbaniste
donnera la priorité à celles concernant l’occupation de l’espace ; un
ingénieur des ponts et chaussées favorisera la construction d’ouvrages de
protection ; un environnementaliste appuiera les propositions à même
d’améliorer le cadre de vie ; un chercheur appréhendera la prévention sous
l’angle de la recherche pour améliorer les instruments de la prévision, etc.
Le défaut de stratégie globale de gestion des risques ainsi que la carence des
textes réglementaires de prévention ont eu également pour corollaire le
développement de pratiques variables d’une région à une autre et même
parfois au sein d’une même localité, selon les convenances des décideurs
locaux et des services qui leur sont rattachés.
52
encourageant les personnes de mauvaise foi à recourir à des activités peu
limpides afin de détourner les normes les plus contraignantes en choisissant
la localité la moins exigeante en termes de sécurité. A titre d’exemple, un
investisseur choisirait de construire des immeubles ou une usine dans une
agglomération où la protection civile est moins exigeante en ce qui concerne
les mesures de prévention contre les risques d’incendie et de panique.
Evidemment, quand il s’agit d’un grand projet, les enjeux financiers
consécutifs à cette pratique sont considérables.
D’ailleurs, il ne faut pas non plus oublier l’impact de cette variété sur le
rendement des fonctionnaires et des acteurs privés appelés à les mettre en
œuvre, aussi bien ceux qui, pour des raisons de nécessité administrative,
sont contraints d’émigrer d’une région à une autre, que ceux qui, par
nécessité de service, sont dans l’obligation de se déplacer périodiquement
dans telle ou telle ville. En effet, un fonctionnaire employé dans une
agglomération, habitué à appliquer des normes déterminées, aura du mal à
s’accommoder à d’autres dans son nouveau lieu d’affectation. De même, un
technicien de la profession libérale, ingénieur ou autre, dont les intérêts
affairistes s’étendent sur une grande partie du territoire, trouvera
énormément de difficultés à maîtriser des règles aussi multiples et parfois
même contradictoires.
Les choses sont plus délicates lorsque par bonne volonté on décide de mettre
en place des cursus de formation au profit des futurs praticiens dans le
domaine de la prévention. A cette occasion, on se trouve en face d’un
53
dilemme : faut-il inculquer aux apprentis les normes juridiques en vigueur
dans d’autres pays ou faut-il se contenter de leur présenter les « règles
coutumières » utilisées dans les différentes localités (65).
65 ) A titre d’exemple, en dépit de l’absence d’une réglementation nationale spécifique aux établissements recevant du
public, les services chargés de la protection civile exigent les escaliers de secours à partir du 4ème étage en se basant sur
un règlement municipal. Cette pratique s’est par la suite étendue à d’autres villes du Royaume.
54
de Mohammedia en est le témoignage. En effet, à la suite des inondations
successives qu’a connues cette agglomération à la fin des années 90 et au
début du 2ème millénaire, les décideurs se sont enfin penchés sérieusement
sur la problématique des crues au niveau de cette ville en vue de trouver des
solutions durables et définitives. C’est ainsi qu’il a été décidé de rompre
avec les solutions provisoires en faveur de solutions structurelles à travers
notamment la construction d’un second barrage sur l’oued Maleh dans le
but d’alléger la pression sur le premier barrage. Un autre exemple nous vient
de la ville d’El Hajeb qui, à la suite de la catastrophe de 1997, s’est trouvée
dans l’obligation de rechercher une solution au problème de l’écoulement
des eaux provenant du bassin versant en cas de fortes précipitations. Des
canalisations de drainage des eaux excessives sont en phase d’être
aménagées sur la partie haute de la ville.
55
2-2 : Importance des enjeux en cause
C – Un budget inconsistant
L’insuffisance des moyens est sans doute l’une sinon la principale cause du
sous-développement des actions des différents organismes et services dont la
mission est vouée à la gestion des risques urbains.
56
En termes de moyens financiers, le secteur de la gestion des risques a
toujours été négligé ; ce secteur ne constitue pas encore une priorité pour les
pouvoirs publics. Aussi les crédits réservés à la prévention et à la gestion des
catastrophes sont-ils assez dérisoires par rapport à l’importance quantitative
des actions à réaliser. On pourrait être convaincu de cette affirmation à
l’issue de l’examen des budgets dédiés à ce secteur dans ses différents volets.
66) A titre d’exemple, à la suite des inondations qu’a connues la ville de Mohammedia, le Secrétariat d’Etat chargé de
l’Eau a été contraint d’édifier,en collaboration avec les collectivités locales , des ouvrages de protection de cette
ville. Les budgets destinés à cette opération sont programmés exclusivement et de façon exceptionnelle par ce
département ministériel aux fins de la prévention des inondations.
57
il n’y a pas vraisemblablement d’effectifs ayant pour mission exclusive la
prévention des risques (67).
Les seules données dont on dispose à l’heure actuelle sont celles contenues
dans le rapport national sur la prévention des catastrophes présenté par le
Royaume du Maroc lors de la conférence mondiale tenue à Kobé (Japon) en
janvier 2005. Il ressort de ce rapport que la plupart des fonds mobilisés porte
essentiellement sur la prévention des risques naturels dans le monde rural.
Certes, certaines actions ont un impact qui dépasse ce cadre puisqu’elles
visent, entre autre, à prévenir en amont la survenance d’une catastrophe
dans le milieu urbain, néanmoins, ce n’est pas leur principal objectif. De
toutes les façons, les données fournies par ce rapport restent très ambiguës et
nécessitent de toutes les manières d’être vérifiées. Il y est spécifié que «chaque
département ministériel réserve un budget pour les études et projets concernant la
prévention et la gestion des risques de catastrophes » sans précision sur ces
départements et le montant des budgets prévus. Les seules données
chiffrées fournies par ce rapport concernent la contribution du ministère
chargé de l’Environnement qui, semble-t-il, réserve « un budget de près de 4
millions de dirhams pour la réalisation des études concernant la prévention, la
gestion et l’amélioration des connaissances des risques de catastrophes aussi bien
naturelles que technologiques ». Il en est de même pour le budget réservé au
secteur des chemins de fer qui est de l’ordre de 100 millions de dirhams pour
la réalisation des ouvrages d’assainissement qui s’avéreraient nécessaires ;
encore faut-il savoir de quels ouvrages il s’agit et le lieu géographique dans
lequel ils sont réalisés. Il est précisé aussi dans ce rapport que le Fonds
Hassan II a contribué au financement de la première tranche du projet
67 ) Généralement, les fonctionnaires affectés aux différents départements ministériels n’ont pas pour fonction
principale la prévention des risques et leur profil ne correspond pas toujours à la nature des missions qui leurs sont
confiées.
58
d’aménagement de l’Oued Ourika. Enfin, des informations sont données sur
le projet d’aménagement du bassin de l’oued El Maleh en vue de protéger la
ville de Mohammedia contre les inondations. Le coût du projet est évalué à
977,3 millions de Dirhams dont un programme d’urgence qui est estimé à
233,2 millions de Dirhams. Le coût est estimé à plus de 600 millions de
Dirhams pour la première tranche des travaux de protection en cours de
réalisation par le département ministériel chargé de l’Eau et qui concerne les
villes de Mohammedia, Settat et Berrechid, qui ont connu des inondations
destructives et répétitives entre 2001 et 2003.
A la lumière de ce qui vient d’être dit, il est évident que même lorsque des
crédits sont affectés à la réalisation d’une action de prévention, ils sont
souvent dilués dans d’autres rubriques et il devient très difficile d’en évaluer
la consistance.
Ceci démontre que la prévention des risques n’est pas encore considérée
comme un des facteurs de développement humain susceptible de constituer
un volet à part dans les politiques sectorielles des différents départements
ministériels.
Tout ceci pour dire que la prévention des risques urbains est une activité
complexe et un processus inachevé. La fédération des efforts est le garant de
la continuité dans la démarche d’anticipation qui doit non seulement
s’appuyer sur la promotion de la prévention mais aussi sur le
développement de la prévision.
59
importance particulière dans la mesure où elle contribue à en atténuer les
effets sur l’Homme et son environnement.
Dans notre pays, les défaillances qui entachent le système de prévision des
risques sont particulièrement apparentes au niveau des instruments
techniques de prévision (A) et sur le plan de la recherche spécialisée (B).
Il est communément reconnu qu’il est indispensable, pour sauver des vies
humaines et éviter des dommages matériels, de disposer d’un système fiable
de surveillance des risques et de moyens adéquats d’annonce de
phénomènes dangereux. Or, l’expérience a révélé que sur ce plan, d’énormes
efforts restent à faire tant les instruments de surveillance des risques et les
moyens d’annonce accusent des insuffisances criantes.
60
gestionnaires du risque toute une panoplie de méthodes et d’instruments
techniques de plus en plus développés.
Toutefois, cette évolution n’a pas été totalement mise à profit dans notre
pays qui n’a pu exploiter que partiellement et de façon limitée les avancées
technologiques et le progrès de la recherche réalisés dans ce domaine. Des
insuffisances se manifestent à cet égard tant au niveau des risques naturels
(risques hydrométéorologiques et géologiques) que technologiques.
61
permettent de procéder à la prévision et à l’alerte météorologique aux fortes
précipitations.
68) BELHOUJI (A) : « les outils et moyens d’intervention : le rôle de la prévision hydrométéorologique dans la gestion
des crues ». Intervention lors du séminaire franco-marocain sur la lutte contre les inondations, Rabat, octobre 2004.
69) Ibid.
70) La chaîne de production pour la prévision et l’alerte météorologiques est composé de ce qui suit :
- le réseau d’observation et de télédétection ;
- l’infrastructure de télécommunication et de traitement des données ;
- la modélisation des phénomènes locaux ;
- l’expertise des prévisionnistes ;
- les relations avec les différents intervenants nationaux et régionaux ;
- les relations avec les médias et la sensibilisation du grand public.
62
Néanmoins, un effort plus important doit être consenti par cette Direction
pour améliorer la détection et le suivi des phénomènes orageux qui se sont
révélés être les plus dangereux au Maroc, en témoignent les catastrophes de
l‘Ourika (1995) et d’El Hajeb (1997) attribuées à des orages d’été et qui ont
été particulièrement meurtrières.
Une surveillance rigoureuse de la montée des eaux doit donc être assurée
d’une façon permanente et s’appuyer sur un réseau d’observation
hydrologique fiable et performant. L’objectif principal d’un tel réseau est la
surveillance et la prévision de l’occurrence des événements météorologiques
extrêmes et de leurs effets au sol. En effet, ces phénomènes, compte tenu de
leur rapidité d’apparition, de leur ampleur et de leur violence, ont parfois
des conséquences catastrophiques pour les hommes et les biens installés
dans les vallées et les plaines côtières notamment celles abritant des
concentrations urbaines .
63
Ces modèles « ont joué un rôle important dans la gestion des crues, ils ont
permis la définition des creux servant à l’écrêtement des crues afin de
protéger les zones situées à l’aval des barrages » (71).
71) AKRAJAI (L) : « problématiques des inondations au Maroc». Intervention lors du séminaire franco-marocain sur la
lutte contre les inondations, Rabat, octobre 2004.
64
1-2 : Surveillance des risques géologiques
Les risques géologiques auxquels notre pays est le plus exposé sont les
glissements de terrains et les séismes ; ces derniers demeurent sans conteste
la principale source de préoccupation pour les pouvoirs publics compte tenu
de l’ampleur des pertes et des dégâts qu’ils sont susceptibles d’engendrer en
cas d’occurrence.
72) Voir Rapport d’activités du Laboratoire de Géophysique au titre de l’année 1995, page 9.
65
L’ensemble de ces instruments est mis à la disposition du personnel du
Laboratoire de Géophysique contraint à une astreinte visant à suivre
continuellement les opérations de surveillance sismique 24 heures /24 .
73) Voir Rapport d’activités du Laboratoire de Géophysique au titre des années 1996-97-98.
66
Pour ce qui est des glissements de terrains, l’effort s’est concentré jusqu’à
présent sur le recensement des instabilités, sur l’élaboration de certains
documents cartographiques concernant surtout certaines localités qui se sont
avérées être les plus vulnérables à ce type de risques (74) et sur la réparation
des dommages causés au réseau routier qui demeure incontestablement le
secteur le plus touché et où sont enregistrés le plus de dégâts et de dépenses
directes.
74) La cartographie liée aux mouvements de terrain réalisée jusqu’à 2004 concerne les villes de Taounate, Al Hoceima,
Chefchaouen, Tétouan et la péninsule de Tanger.
67
évaluer et quantifier les risques d’incommodité, d’insalubrité et de
dangerosité qui peuvent émaner de ces installations.
Cette entreprise est d’autant plus complexe qu’il n’existe pas de registre de
commerce, ni de banque de données permettant d’identifier de la manière la
plus précise possible la nature et le lieu de l’ensemble des installations
industrielles. Cette carence est due principalement à la caducité de la
nomenclature relative à la typologie des activités ainsi qu’à l’absence d’un
organisme institutionnalisé habilité à procéder au recensement des unités et
à la réalisation d’une banque de données appropriée.
68
elle-même, elle est plutôt un moyen permettant de mesurer l’impact
éventuel sur le voisinage d’un incident qui arriverait à survenir à l’intérieur
d’une installation donnée.
69
permanence leurs déplacements. Si, en principe, le transport par
canalisations et par voie ferrée ne pose pas de problème majeur au regard de
l’aspect de surveillance qui nous concerne dans la mesure où l’itinéraire est
fixe, le moment de l’alimentation et la nature des cargaisons étant également
connus d’avance, tel n’est pas le cas du transport opéré par route.
Pour ce qui est des risques d’incendie et d’explosion dans les établissements
recevant du public, qui constituent des aléas à dominante urbaine, ils
78) Voir Dahir du 02 mars 1938 sur le transport des matières dangereuses précité .
79) Il faut reconnaître que les véhicules transportant des matières dangereuses portent toujours des plaques
signalétiques sur la nature des dangers liés aux produits transportés. Ces plaques sont définies par l’arrêté du
ministre du Transport n° 2119-93 du 29 chaabane 1415 (31 janvier 1995). Les engins concernés portent souvent les
plaques comportant le code du produit et le numéro du danger. Cependant, le port de ces étiquettes n’est pas
obligatoire selon la réglementation marocaine.
70
présentent des similitudes avec les risques industriels du point de vue de
leur surveillance. Celle-ci exige en effet une localisation précise des
établissements concernés, l’évaluation des risques qu’ils présentent et le
suivi de l’évolution des activités qui y sont exercées.
Certes, les sources de danger et la nature des produits mis en cause ne sont
pas nécessairement identiques, mais les pertes, surtout humaines,
consécutives à un éventuel accident, peuvent être beaucoup plus
importantes étant donné que ces établissements, comme leur nom l’indique,
accueillent un grand nombre de personnes dans un espace et un temps
donnés. C’est justement cette importance quantitative qui explique le grand
intérêt devant être accordé à la surveillance du risque au sein de ce genre
d’établissements.
80) A titre d’exemple, les services chargés de la protection civile, par manque de préventionnistes confirmés en nombre
suffisant, ne sont pas en mesure d’effectuer des visites de prévention et de prévision à l’ensemble des établissements
recevant du public existant dans une localité donnée, étant entendu que c’est à partir de ces visites qu’il est possible
d’évaluer le niveau du risque et de répertorier ces établissements.
71
En dépit des efforts consentis par les services chargés de la protection civile
pour faire observer les normes appropriées à l’occasion de l’instruction
initiale des dossiers de construction (81), rien ne garantit que de telles normes
seront respectées par la suite, compte tenu de l’évolution de l’activité de tel
ou tel établissement ou en raison de la transformation dissimulée de cette
activité en une autre.
A côté des risques liés aux activités industrielles, au transport des matières
dangereuses et aux établissements recevant du public, les autres risques
d’origine humaine qui planent sur les résidents urbains notamment les
risques de loisirs, les feux de bidonvilles, les accidents de la voie publique ou
encore les incendies dans les habitations, ne sont pas non plus dénués
d’importance mais n’exigent pas une activité de surveillance au même degré
dans la mesure où, à la différence des risques cités plus haut, ils sont, en
quelque sorte, acceptés par l’individu ou le groupe d’individus qui les
subissent en étant considérés comme des risques résiduels (82).
En fait, la surveillance des risques ne peut être fructueuse que si elle est
complétée par des outils d’annonce des phénomènes dangereux. Or, force
est de constater que les outils utilisés jusqu’à présent sont considérés comme
étant insuffisants par rapport aux besoins réels.
81 ) Il convient de mentionner que l’avis des services chargés de la protection civile n’est qu’un avis consultatif et les
autorités qui accordent l’autorisation de construction peuvent ne pas en tenir compte
82) Un individu qui prend le volant de sa voiture sait en principe qu’il n’est nullement à l’abri d’un accident qui peut
survenir à tout moment, contrairement à un autre qui se déplace dans une salle de spectacle, ne pense pas pouvoir
être pris dans une vague de panique. De même, un accident de la voie publique est devenu , par la force des choses,
un incident de la vie courante et donc banalisé, alors qu’un incendie par exemple dans un théâtre, par son caractère
exceptionnel, constituera dans la plupart des cas un accident majeur.
72
système suffisamment fiable pour permettre d’annoncer à l’avance les
secousses, les progrès technologiques et l’évolution des techniques ont mis
au service de l’Homme toute une panoplie de moyens très variables d’un
aléa à un autre.
Un système global d’alerte précoce aux inondations est basé sur plusieurs
éléments qui constitueront un cadre de référence pour l’évaluation de
l’efficacité du système et de son amélioration parmi lesquels figurent la
détection et le suivi des phénomènes orageux, le suivi des lâchers des
barrages, l’annonce des crues, etc..
Le dispositif d’alerte précoce pour les crues comprend les prévisions et les
alertes météorologiques et hydrologiques qui sont à la charge d’organismes
différents comme les agences de bassins, les services de la protection civile,
l’administration à différents échelons, les collectivités locales et enfin la
population autochtone.
73
Il y a lieu de souligner par exemple que le réseau d’annonce des crues, qui
doit transmettre régulièrement des informations sur la situation
hydrologique à 11 postes directeurs situés dans les agences de bassins et à
un poste directeur implanté à Rabat, n’est constitué que de près de 160
postes radio émetteurs ne couvrant ainsi que partiellement l’ensemble des
bassins versants.
L’action la plus importante qui mérite d’être retenue est celle réalisée avec
l’appui du gouvernement japonais à la suite de la catastrophe de l’Ourika,
qui a été le siège de crues dévastatrices au cours de l’été 1995. Un effort
louable a été consenti dans ce sens dans le domaine du renforcement du
dispositif d’annonce des crues dans le Bassin de cette rivière. Le système,
mis en place, comprend des mesures et la transmission de données via un
réseau de télécommunication VHF, des équipements de diffusion et de
radiotéléphonie ainsi que des outils informatiques de traitement des
données.
Pour pallier les carences des stations d’annonce des crues, le Département
ministériel chargé de l’Eau a acquis dernièrement des unités mobiles de
mesure des ressources en eau qui permettront d’améliorer la prévision des
crues dans des endroits non couverts par le réseau de stations fixes.
Il semblerait que les services compétents sont conscients de l’importance de
moderniser les instruments de prévision et d’alerte. Un programme visant à
remettre en état l’infrastructure technique et à renforcer le système de l’alerte
précoce pour réduire les risques d’inondations a été élaboré. Ce programme
porte sur toutes les composantes de la chaîne de production à savoir le
réseau d’observation et de télédétection, l’infrastructure de
télécommunication et de traitement des données, la modélisation des
phénomènes locaux, l’expertise des prévisionnistes, les relations avec les
74
différents intervenants nationaux et régionaux, les relations avec les médias
et la sensibilisation du grand public.
75
barrages, la rédaction d’un Plan Particulier d’Intervention est nécessaire.
Les zones menacées par l’onde de submersion font l’objet d’une carte du
risque. Obligatoire pour les grands barrages, cette carte est réalisée par
l’exploitant à partir de simulations sur ordinateur. Elle détermine à l’avance,
dès le projet de construction, quelles seront les caractéristiques de l’onde de
submersion : hauteur de l’eau, vitesse, temps de progression de l’onde,
amortissement, etc. , en tous points de la vallée, en y faisant figurer les
enjeux et les points sensibles, ainsi que les renseignements indispensables à
l’établissement du plan de secours et d’alerte.
A côté des risques d’inondations, qui n’ont pas un impact exclusif sur le
milieu urbain puisque même le milieu rural est souvent concerné, les risques
d’incendie et d’explosion constituent une source de danger imminent pour
les concentrations urbaines.
2-2 : Dispositif d’alerte contre les incendies et les explosions
76
un faible intérêt à la mise en place de dispositifs d’alerte contre les incendies
et les explosions, au demeurant essentiels à la réduction des dégâts et des
délais d’intervention des services de secours. Selon l’enquête précédemment
invoquée, diligentée par la Direction de la Protection Civile, plus de 80% des
échantillons retenus parmi les entreprises et les ménages, ignorent même le
numéro d’appel des services de la protection civile. Un pourcentage du
même ordre de grandeur parmi le focus-groupe s’est déclaré démuni de tout
dispositif élémentaire de prévention parmi lequel doivent figurer les
instruments de l’alerte.
77
L’histoire récente nous renseigne que de nombreux accidents survenus un
peu partout sur la planète ont été à l’origine de décès ou de blessures de
milliers de personnes. L’accident survenu par exemple en Inde dans la ville
de Bhopal en 1984 a causé la mort de plus de 2000 personnes par inhalation
de substances toxiques. Le retour d’expérience sur cet incident précis a
permis de constater l’inexistence d’un dispositif efficace d’alerte des
populations limitrophes de l’usine de produits chimiques, lieu du sinistre ;
ce qui a aggravé les conséquences de l’événement, qui auraient pu être
moindres si les populations avaient été soigneusement avisées dès le
déclenchement de l’accident.
Il semblerait que dans notre pays, on n’a pas tiré les enseignements qu’il
fallait des fâcheux accidents qui se sont produits partout, y compris dans les
pays voisins tels que les accidents de Feyzin et de l’usine La Grande Paroisse
de Toulouse en France, de Bâle en Suisse ou encore de Seveso en Italie (83).
En effet, aucune action particulière n’a été entreprise pour l’incitation des
entreprises à risques en vue de développer des dispositifs adéquats d’alerte,
d’autant plus que nombreuses sont les installations qui sont implantées à
proximité d’agglomérations urbaines à forte densité de population.
83) L’accident de Seveso, survenu le 10 juillet 1976, a d’ailleurs été à l’origine de l’adoption par la Communauté
européenne de la Directive du même nom dont l’objet porte sur la gestion des risques technologiques majeurs en
particulier ceux générés par les installations classées .
78
A défaut de ce genre de dispositifs, certains établissements se sont limités à
la réalisation de lignes spécialisées avec les services de secours et de lutte
contre l’incendie, considérées comme outil pouvant accélérer le processus de
mise en œuvre des secours et éventuellement d’évacuation des populations
menacées. Mais, même dans ce cas, il serait nécessaire que les services
concernés aient pris au préalable connaissance des produits manipulés par
les installations concernées et évalué les dangers potentiels et virtuels que
ces produits peuvent présenter pour l’entreprise elle-même et pour le
voisinage. Or, comme il a été souligné précédemment, l’obtention
d’informations détaillées sur les activités de telle ou telle entreprise n’est pas
un simple exercice (84).
84 ) Les commissions de sécurité qui s’intéressent parfois à l’obtention de ces informations ne disposent pas d’un
pouvoir de pression qui permettrait d’aller, par exemple, jusqu’à la suspension de l’exploitation.
79
A cette panoplie de risques qui concernent directement le milieu urbain
vient se greffer le risque des feux de forêts auxquels sont exposées certaines
agglomérations implantées à proximité d’un massif forestier.
80
moyens appropriés de transmissions, l’importance des délais entre la
détection de l’incendie et l’alerte des populations, etc..
85) C’est une technique qui permet, à partir d’indices d’ordre météorologique en particulier, d’élaborer des procédures
d’alerte dont le degré varie en fonction des données météorologiques fournies et de la configuration réelle du
massif forestier concerné.
81
communication pour accroître la connaissance probabiliste et prédictive des
risques, et rendre les outils de la prévention plus efficaces (86).
Compte tenu de l’intérêt que celle-ci présente, les pouvoirs publics devraient
en principe lui consacrer plus de considération. Or, jusqu’à présent, elle ne
fait pas partie des priorités dans le domaine global de la recherche. Il en
résulte une carence en matière de réalisation d’études thématiques
approfondies.
Il est communément admis que la prévision des risques est une science et de
ce fait elle mérite d’être pilotée par un établissement public de recherche
disposant des moyens aussi bien humains que matériels adéquats. Il
semblerait que l’existence de ce genre d’établissement est la meilleure
garantie pour l’identification et le développement des besoins de la
recherche. De plus, et compte tenu du caractère transversal de la recherche
dans le domaine des risques, cet établissement s’impose de facto comme un
outil qui permettrait le transfert de connaissances et l’association des
86) Voir Rapport d’évaluation établi par le Comité Interministériel de l’Evaluation des Politiques Publiques en France
sous la présidence de Paul Henri Bourrelier au sujet de la prévention des risques naturels ; La Documentation
Française, septembre 1997.
82
diverses disciplines scientifiques pour réaliser des expérimentations
démonstratives et méthodologiquement reproductibles.
87) Par exemple l’Institut National de l'Environnement Industriel et des Risques (INERIS) en France: l'Institut a pour
mission d'évaluer et de prévenir les risques accidentels ou chroniques pour l'homme et l'environnement liés aux
installations industrielles, aux substances chimiques et aux exploitations souterraines. Créé en 1990, l’INERIS est un
établissement public à caractère industriel et commercial, placé sous la tutelle du Ministère de l’Écologie et du
Développement Durable. Implanté à Verneuil-en-Halatte, dans l’Oise, l’INERIS est doté de laboratoires d’analyses
physico-chimiques et de moyens d’essais parmi les plus importants en France.
88) Le CEPRIS est un établissement spécialisé, associé à l’Accord Eur Opa Risques Majeurs du Conseil de l’Europe créé
à Rabat en Décembre 1995. Son objectif principal est d'établir une stratégie unifiée et un cadre commun pour la
coordination et la corrélation des activités visant la réalisation d'une zonation sismotectonique régionale et
l'évaluation de l'aléa et du risque sismique dans la région méditerranéenne. Cet Objectif sera atteint par :
La coordination des activités visant la réalisation de zonation et d'évaluation du risque sismique dans la région
méditerranéenne: formation, séminaires, workshops et réunions régionales.
L’intégration des connaissances géosciences pour les besoins de l'évaluation de l'aléa et du risque sismique: données
géologiques, (géomorphologie, déformations de la croûte à partir de la géodésie terrestre et spatiale, géotectonique
et modélisation géodynamique), de paléosismicité et de la sismicité historique,
Dans une première phase de cinq années, les activités de ce Centre intéressent l'Algérie, l'Espagne, l'Italie, le Maroc,
le Portugal et la Tunisie. Ces pays appartiennent à une région à caractère géodynamique commun et particulier.
83
Il s’ensuit un bilan scientifique assez nuancé sur le niveau de connaissance
des phénomènes naturels dangereux, nettement plus critique sur les données
de base disponibles et sur le zonage des aléas, très insuffisants en ce qui
concerne les études de vulnérabilité et l’évaluation des risques.
On ne peut non plus ignorer que notre pays n’a pas connu une suite
systématique de sinistres puisque les catastrophes majeures enregistrées se
sont produites dans des intervalles de temps assez espacées acculant ainsi
les pouvoirs publics à les considérer comme des événements exceptionnels,
ne méritant pas de bénéficier d’une politique publique appropriée. Dans ce
contexte, l’université s’est alignée sur la vision générale qui prédominait au
sein de la société et dans l’univers politique. Ce n’est évidemment qu’à la
seconde moitié des années 1990, après une succession d’événements
84
catastrophiques, suivis d’un débat médiatique et sociétal, que l’université a
été interpellée.
89) A titre d’exemple, la faculté des sciences de Béni Mellal a souvent engagé ses étudiants, en coordination avec la
Direction de la Protection Civile, dans des recherches finalisées, de même, la faculté de Droit de Rabat a encouragé
ses étudiants à entreprendre des recherches notamment sur l’aspect institutionnel de la chose.
85
En définitive, l’absence d’établissement spécialisé dans la prévision des
risques, notamment urbains, et l’implication tardive des établissements
universitaires, a eu un impact sur la maîtrise des risques au Maroc
notamment au niveau de l’identification des zones vulnérables.
L’identification des zones exposées aux risques est le premier pas dans le
processus d’observation des mesures de prévention dans la gestion de
l’espace. C’est à partir de cette identification qu’il est possible de dégager les
mesures de prévention les plus appropriées qui peuvent être soit des
mesures d’interdiction d’exploitation de la zone concernée, soit des mesures
de restriction grevées de conditions imposées en matière de construction.
Or, à ce sujet, le constat que l’on peut établir est que les études vouées à la
détermination des zones dangereuses au regard des risques naturels et
technologiques sont à un stade embryonnaire.
Plus concrètement, cela suppose que les pouvoirs publics expriment leur
souci de limiter les conséquences d’un sinistre à travers des mesures
juridiques qui identifient à la fois les services devant s’acquitter de cette
86
tâche et les instruments de prévention à appliquer lorsque ces sites sont
identifiés.
Au-delà des divergences des points de vue sur la délimitation des zones se
posent d’autres problèmes d’ordre juridique qui n’ont pas été résolus. A ce
titre, il est important de souligner qu’un certain nombre de moyens
juridiques traditionnels permettent de faire face aux problèmes
d’environnement posés par des phénomènes naturels. L’instrument
juridique le plus radical réside bien entendu dans le pouvoir de l’Etat
d’acquérir un bien à des fins publiques quelconques moyennant
90 ) En France, par exemple, le Plan de Prévention des Risques Naturels Prévisibles (PPR), institué par le décret du 5
octobre 1995, substitue aux documents antérieurs tels que PER (Plans d’exposition aux Risques), PSS (Plans de
Surfaces Submersibles) et PSZIF (Plans de Zones Sensibles aux Incendies de Forêt), ce qui simplifie et clarifie la
réglementation en la matière. En outre, le PPR présente l’avantage d’être « modulable » ; il peut en effet prendre en
compte un seul ou plusieurs risques et ne comporter (dans un premier temps) que des mesures relatives aux
nouvelles constructions, quitte à être complété par des mesures applicables au bâti existant (dans un second temps)
pour réduire leur vulnérabilité. Le PPR peut aussi réglementer les diverses exploitations existantes (agricoles,
industrielles, artisanales, forestières, commerciales, …) et prévoir des mesures de prévention collectives (pour la
protection et le secours des populations). Le PPR approuvé - dont la procédure déconcentrée est simple – vaut
servitude d’utilité publique et est annexé au Plan d’Occupation des Sols (POS).
87
indemnisation. Cependant, l’Etat peut aussi réglementer l’affectation d’un
bien; les restrictions ainsi imposées à la simple affectation ou utilisation des
biens n’exigent pas le versement d’une indemnité. Le pouvoir de
réglementer, sans compensation, la destination donnée à un bien relève du
droit souverain de l’Etat de légiférer dans l’intérêt de la santé, de la sécurité
et du bien-être publics (91).
91) Bureau du Coordonnateur des Nations Unies pour les Secours en cas de Catastrophe (UNDRO) : « Prévention et
atténuation des catastrophes : le point des connaissances actuelles », vol. 9 Aspects juridiques, éd. 1980, p : 3
88
diligenté par le Secrétariat d’Etat chargé de l’Eau. Le volet le plus important
de ce plan concerne l’identification des zones sujettes à des inondations,
recensées sur l’ensemble des bassins versants du Royaume en combinant les
études sur le terrain et les enseignements historiques.
Certes, c’est un pas très important qui vient d’être franchi mais l’œuvre n’est
pas encore terminée car il ne s’agit pas uniquement d’identifier ces zones, il
importe plus de délimiter d’une façon plus ou moins exacte leur étendue.
C’est là un travail colossal qui nécessite non seulement la convergence de
plusieurs disciplines (géologues, météorologues, hydrologues, etc.) mais
aussi le développement au niveau local de certaines techniques de
modélisation dont le coût n’est pas négligeable.
89
Deux grandes questions d’ordre juridique sont à poser au sujet du zonage
imposé en vue de la protection contre les inondations : la loi a-t-elle habilité
les autorités à prendre des règlements en la matière et lesdits règlements
sont-ils conformes à la Constitution, à supposer qu’une autorité
réglementaire existe ?
Bien que notre pays ait légalement autorisé le zonage, les dispositions
relatives à l’urbanisme telles qu’elles sont rédigées ne permettent pas de dire
que leur contenu est précis pour englober le zonage à des fins de lutte contre
les inondations. Même si c’est le cas, la question la plus délicate qui
risquerait de se poser est sans nul doute celle de la validité constitutionnelle
de la réglementation de zone même, car on peut s’interroger si le règlement
particulier aux fins de la protection contre les inondations n’équivaut pas à
une sorte d’« expropriation » sans compensation et, par conséquent, ne
porte-t-il pas atteinte au droit de propriété garanti par la Constitution, du
moins pour l’espace submersible directement concerné.
Des enjeux presque similaires surgissent chaque fois que l’identification des
zones exposées aux séismes est évoquée.
92) Bureau du Coordonnateur des Nations Unies pour les Secours en cas de Catastrophe (UNDRO) : op. cit : p : 39.
90
2-2 : Réalisation timide d’études de micro-zonage sismique
91
d’une vie humaine pouvant être sauvée en cas de respect des
recommandations qui en découleraient.
92
sont pas prises, les secousses sismiques provoquent les plus grandes pertes
aux emplacements où des bâtiments élevés sont construits sur les couches
sédimentaires saturées épaisses et relativement meubles (93).
Un certain nombre de conséquences d’ordre juridique peuvent être tirées de
ces constatations.
93) Ibid, p : 24
93
entendu, réparé, soit dans le cadre d’une opération de relogement, soit par
des compensations financières.
de forêts.
94) On soulignera à cet égard, une très bonne initiative prise à l’issue du tremblement de terre d’Al Hoceima qui
consiste à établir une « carte d’aptitude à l’urbanisation » de cette ville, conçue à l’issue d’études géologiques et
géomorphologiques de la région.
94
dominantes. Certes, ces données existent en ce qui concerne la plupart des
massifs forestiers mais elles sont peu appropriées en termes d’évaluation de
l’impact sur la sécurité urbaine. Autrement dit, les études disponibles visent
à quantifier les conséquences probables d’un incendie sur tel ou tel massif
forestier sans tenir compte de l’existence ou non d’agglomérations.
95
ou moins vastes mettant en danger la santé des populations
particulièrement celles souffrant de problèmes respiratoires.
96
besoin de recherche a permis le développement sans cesse croissant des
instruments techniques de mesure et d’analyse.
Cette évolution qui a été enregistrée dans de nombreux pays n’a pas encore
trouvé d’écho auprès de la communauté des chercheurs et des gestionnaires
des risques au Maroc et encore moins auprès du législateur qui n’a pas
encore imposé ce genre d’études par voie réglementaire. On ne peut donc
être étonné de constater que plusieurs industries à hauts risques sont
immédiatement entourées soit d’habitations soit d’autres entreprises sans
que la moindre servitude ne soit observée, sachant que dans ce cas précis, le
rapprochement entre les installations industrielles et les établissements
humains ou manufacturiers peut être une source d’aggravation de la menace
par le cumul des dangers des uns et des autres.
95 ) Pour l’instant, toute initiative ne peut relever que d’un registre d’actions volontaristes, car ces services ne sont pas
habilités à imposer quoi que ce soit. A la limite, ils peuvent tirer la sonnette d’alarme et éventuellement donner un
avis consultatif.
97
permettant notamment aux acteurs concernés de préparer convenablement
les actions réactives.
Partant de ce constat général, valable pour tous les pays et pour n’importe
quel risque, on peut noter que la réaction aux risques urbains présente des
similitudes avec les actions de prévention en ce qui concerne leur degré de
développement puisque la lutte contre ces fléaux souffre encore de
vicissitudes et d’incertitudes.
Cet état de précarité qui entache et fragilise les activités de réponse réside
particulièrement dans le défaut d’optimisation des moyens disponibles (§1)
et dans l’imperfection des engagements opérationnels (§2).
98
Or, dans le domaine de la gestion des risques urbains comme dans d’autres
d’ailleurs, il existe encore des problèmes qui s’opposent à l’émergence de
pratiques cohérentes, prenant pour objectif ultime la rationalisation aussi
bien des efforts que des exigences en termes de moyens humains, matériels
et financiers. Parmi ces problèmes figurent en bonne place l’absence de
stratégie intégrée de réponse aux risques (A) et la prééminence d’actions
sectorielles (B).
Il est permis de dire que la réponse aux risques urbains obéit encore à la
règle du « cavalier seul » dans la mesure où chaque acteur intervenant agit à
sa guise en fonction des perceptions qu’il se fait de la question de la lutte
contre les risques urbains et des priorités qu’il considère être les plus
importantes sans que cela s’intègre dans une approche globale et
intersectorielle.
99
l’ensemble des résidents contre les dangers en relation avec la vie en milieu
urbain.
100
respecté par les différents protagonistes, dans lequel viendrait s’inscrire
l’action de chaque acteur, les décideurs, qu’ils soient des responsables
administratifs locaux ou des élus ou encore des services déconcentrés de
l’Etat, agissent en fonction de la perception qu’ils ont de la manière de gérer
les problèmes urbains. Il n’est donc pas étonnant de constater soit des
négligences, soit au contraire des actions réalisées sans grande utilité ou
celles présentant parfois des effets pervers. A titre d’exemple, pour la ville de
Casablanca, malgré la grande évolution qu’elle a connue depuis les années
1930 et en dépit de tous les programmes d’assainissement réalisés tout au
cours de cette évolution, ce n’est que très récemment, après l’introduction de
la gestion déléguée, qu’une solution a été trouvée au problème de la montée
répétitive des eaux dans cette agglomération, à savoir l’édification de canaux
d’évacuation des eaux pluviales judicieusement dimensionnés.
La réaction n’a pas été faite dès le départ en bloc ; le traitement des risques a
été effectué par paliers aboutissant ainsi à une ségrégation au niveau des
structures appelées à les confronter et au niveau des méthodes et procédures
suivies pour les combattre. Si la communauté des populations urbaines a été
par exemple, au début du siècle dernier, exposée à des risques courants
auxquels il a été relativement facile de faire face par les seuls moyens des
services de secours et de lutte contre l’incendie, il n’en est pas de même à
partir des années 1930, période qui annonce le début d’une complexité des
risques avec l’apparition de dangers nouveaux conjugués à ceux de la guerre
101
sous sa nouvelle forme (aérienne) et la forte urbanisation qui est à l’origine
d’effets induits et d’aggravation des incidences. Cette ère annonce également
le début d’une prise de conscience de la part des pouvoirs publics appelés à
les combattre.
Bien évidemment, ni les risques qui se sont manifestés dans le passé, ni les
réactions qu’ils ont engendrées, n’ont obéi à une logique de simultanéité ;
autrement dit, la riposte aux différents aléas a subi les effets des
catastrophes qui se sont produites ; à l’occasion de chaque situation
calamiteuse et souvent sous la pression des populations et des médias, les
pouvoirs publics finissent par réagir en prenant les mesures d’urgence que la
situation requiert. Il arrive parfois que cette occasion soit présentée comme le
leitmotiv d’un long processus de réhabilitation et de prise en compte des
mesures de prévention dans les phases de reconstruction. Il est rare que deux
ou plusieurs catastrophes surviennent simultanément ; c’est la raison pour
laquelle le traitement des risques obéit à la logique monorisque, d’autant
plus que sur le plan technique, les exigences en termes de prévention et de
prévision ne sont pas nécessairement identiques pour tel ou tel risque.
102
simultané et rationnel des moyens relevant d’acteurs de multiples origines
et l’implication des moyens de communication.
97 ) Le débat sur la portée juridique de ce type de conventions sur le plan du droit interne a abouti à déceler une
similitude de celles-ci avec les règles du droit international connues sous le nom générique de « soft law »
puisqu’elles cherchent à contourner la lourdeur de la procédure réglementaire tout en créant des règles
imposables aux parties contractantes sans pour autant reposer sur un fondement juridique irréprochable.
103
une seconde étape vers les collectivités territoriales ainsi que d’autres
acteurs.
Par ailleurs, une autre catégorie de conventions a été contractée avec les
Conseils Régionaux, Préfectoraux et Provinciaux ; elle porte sur deux volets
essentiels à savoir : la construction ou l’aménagement de centres de secours
supplémentaires et sur l’acquisition des équipements et matériels de secours
et de sauvetage. En général, ces conventions prévoient la réalisation des
infrastructures de secours par la région bénéficiaire et la mise en place du
personnel par la Direction de la Protection Civile ; quant à l’équipement de
ces centres, il est assuré conjointement par les deux parties.
104
par les unités de la protection civile. Avec le Croissant Rouge, il s’agit plutôt
d’une coopération tendant à faciliter l’intervention commune lors des
situations de catastrophe.
Il est à noter que d’autres initiatives sont lancées pour la promotion de cette
forme de coopération avec d’autres partenaires notamment avec l’Agence
pour le Développement des Préfectures et Provinces du Nord.
105
plusieurs acteurs permettra sans nul doute d’aboutir à terme à l’atténuation
de la logique « monorisque » en phase de domination à l’heure actuelle et
conduira inéluctablement à l’abolition de la concurrence institutionnelle qui
demeure en constante progression.
Dans la tradition administrative, l’une des tares dont souffre la plupart des
services publics au Maroc et qui a été souvent soulevée par les acteurs réside
dans l’incapacité ou la difficulté pour ces services à œuvrer ensemble sur un
ou des aspects donnés.
Cette coutume trouve ses origines dans des considérations tant juridiques
qu’extra juridiques. On notera d’abord l’imprécision des textes d’attribution
des compétences aux différents acteurs concernés, aboutissant à un certain
nombre de zones d’ombre pour les activités rapprochées qui conduisent soit
à une inaction de la part des services concernés, soit à un conflit de
compétences qui nuit amplement aux relations fonctionnelles entre les
protagonistes, sinon à des résultats peu probants (98).
98 ) Il en est ainsi des divergences entre la Direction de la Protection Civile relevant du ministère de l’Intérieur et la
Direction de la Surveillance et de la Prévention des Risques relevant du ministère de l’Aménagement du Territoire,
de l’Eau et de l’Environnement. A défaut de précision dans les textes organisant les deux entités, chacune s’estime
106
Le second facteur découle du fort attachement des différentes
administrations à leurs attributions qui refusent toute immixtion dans leur
domaine de compétence, même lorsqu’il s’agit de traiter un sujet ayant un
caractère transversal comme celui de la gestion des risques urbains. Le
dernier facteur est d’ordre plutôt culturel ; à cause des intérêts en jeu et des
avantages que peut procurer l’exercice d’un travail ou la conduite d’un
projet, l’acteur concerné, personne physique ou morale, refusera de
s’engager collégialement avec un ou plusieurs autres acteurs.
être la mieux indiquée pour exercer un rôle de pilotage et de coordination des activités intersectorielles de
réduction des risques. Ces divergences ont anéanti les efforts des deux Directions aboutissant en fin de compte à
une inaction de leur part dans le sens voulu.
107
d’optimisation des actions. Cette optimisation pourrait se révéler un vœu
pieu par la mise en place de programmes d’action sectoriels.
108
d’une formation similaire. Il en résulte que chaque acteur intervient selon sa
propre tactique et suivant une démarche qui peut se révéler parfois en
contradiction avec celle de l’autre. Ceci apparaît d’une manière visible
lorsqu’il s’agit d’un grand sinistre où on assiste souvent à des situations de
désordre et de perte de repère auxquelles contribue ce manque d’aptitude et
d’éducation à la gestion des crises.
109
l’arrivée massive de moyens de renfort, nombreux et diversifiés, qui
requièrent une mobilisation rapide et coordonnée.
La plupart de ces objectifs est loin d’être atteinte non seulement sur le plan
national mais aussi et surtout dans la plupart de nos agglomérations
urbaines. A titre d’exemple, lorsque les sapeurs pompiers professionnels
interviennent pour un incident dans un aéroport, rien ne garantit que leurs
propres équipements seront adaptés aux équipements dont dispose le
service de sécurité et d’incendie dudit aéroport. Il arrive parfois que ces
équipements obéissent à des normes différentes et leur utilisation sera par
conséquent beaucoup plus aléatoire, c’est le cas lorsque des raccords des
tuyaux sont de dimension différente, selon qu’ils soient de fabrication
française, espagnole, anglaise ou américaine.
110
foi de leur part. Il est plutôt le résultat de l’organisation du système de
gestion des risques dans sa globalité.
111
des secours est toujours jugé insuffisant par rapport à l’évolution que
connaît même la technique de la programmation à l’avance des actions à
entreprendre.
112
pour l’alerte des acteurs et prévoit le recensement des moyens de secours
mobilisables
113
par rapport aux besoins réels et, inévitablement, la saturation des services et
réseaux de secours.
114
- assurer et contrôler la transmission des messages tant à l’intérieur de la
zone sinistrée que vers l’extérieur.
99
) Les réquisitions s’opèrent en vertu des dispositions du dahir du 11 mai 1931 sur les réquisitions à effectuer pour le
maintien de la sécurité, de la tranquillité et de la salubrité publiques
115
Croissant Rouge, l’entraide nationale, la jeunesse et les sports, les
organisations bénévoles ; etc..
En cas de catastrophe, le service de secours et de sauvetage s’occupe des
actions suivantes :
- reconnaissance des lieux et de la nature du sinistre ;
- engagement des moyens pour réduire ou neutraliser la source du danger ;
- extinction des incendies ;
- sauvetage des personnes et des biens ;
- dégagement des ensevelis ;
- secours d’urgence aux blessés, noyés et asphyxiés ;
- organisation logistique dans le cadre des opérations de sauvetage tels que
les manœuvres de force, le découpage de métaux, les opérations de
relevage, l’éclairage de fortune, la protection contre les matières
dangereuses, etc.
116
- installation près des lieux de postes sanitaires disposant de personnels
qualifiés notamment dans les domaines de la médecine de catastrophe , du
traitement d’urgence des blessés, etc..
- réception des victimes amenées par le service de secours et de sauvetage ;
- tri des blessés (blessés légers, blessés à traiter sur place, blessés à évacuer
vers les hôpitaux) ;
- premiers soins médicaux et transports sanitaires ;
- mesures d’hygiène et de salubrité dans le secteur sinistré, les centres
d’accueil et les camps d’hébergement ;
- mesures d’hygiène et de prévention des épidémies : enfouissement des
cadavres d’animaux, etc..
De même pour les médecins qui, pour parer aux difficultés qui peuvent
surgir sur le plan de la santé lors des situations de catastrophe, doivent
recevoir une formation appropriée dans le domaine de la médecine
d’urgence et des catastrophes.
100) On notera toutefois un décalage entre la volonté des rédacteurs du Plan ORSEC et la réalité sur le terrain
concernant particulièrement cet aspect de formation en matière de secourisme, dans la mesure où les personnels
ayant subi une instruction performante sont peu nombreux. Pire encore, aucun département n’est juridiquement
habilité à octroyer un diplôme attestant de la qualification d’une personne à exercer un acte de secourisme.
117
susceptible d’apporter sa contribution dans l’accomplissement notamment
des tâches suivantes :
118
a-2 : Procédure d’alerte des intervenants
b : Raisons de l’inapplicabilité
101) Les coordonnées complètes tant des responsables que des différents autres intervenants, avec l'indication des
différents moyens d'alerte de ces personnels, de jour comme de nuit (adresse, téléphone, fax, télex, etc.. );
- Les permanences à assurer aux différents échelons administratifs et techniques;
- Le schéma de transmission de l'alerte aussi bien à l'intérieur de la collectivité concernée que vers les échelons
supérieurs;
- L'état et la localisation exacte des équipements et moyens matériels (lieux de stationnement des véhicules et des
engins, lieux d'entreposage des denrées alimentaires, de produits pharmaceutiques, etc..).
119
Deux arguments peuvent être avancés pour expliquer le défaut
d’application intégrale du plan ORSEC. Il s’agit de la méconnaissance de la
philosophie de ce plan, de sa forme juridique et de l’absence de test mettant
à l’épreuve les mécanismes de coordination qu’il prévoit.
Pour les personnes bien averties, le plan ORSEC est un outil d’organisation
qui permet de gérer une catastrophe sans désordre et sans confusion
puisqu’il définit à l’avance les actions que chaque intervenant est appelé à
entreprendre et trace une conduite à tenir pour juguler les effets du sinistre
quelqu’en soit la nature. De ce fait, ce plan n’est pas un plan d’intervention,
ni encore moins une baguette magique permettant de résoudre tous les
aspects liés à la survenue de la catastrophe. Son objectif consiste seulement à
définir un cadre de travail pour les acteurs chargés de la gestion tout en leur
laissant la latitude de définir la stratégie à adopter pour faire face à toutes les
éventualités, sachant pertinemment qu’aucune catastrophe ne ressemble à
l’autre et qu’aucun plan de secours ne peut définir à l’avance et en détail les
actions à entreprendre pour protéger et secourir les personnes. C’est peut-
être pour cette raison qu’on n’hésite pas à invoquer souvent le dicton selon
lequel « l’imprévisible ne peut être codifié ».
C’est justement cette façon de voir qui fait souvent défaut aux personnes non
averties qui, tout en faisant la fausse similitude entre un plan d’organisation
des secours et un plan d’intervention, continuent à soutenir la thèse de
l’inefficacité du Plan ORSEC. Ils croient que ce plan, pour être efficient, doit
constituer une clé toute prête pour ouvrir toutes les serrures aux
combinaisons les plus complexes et de ce fait ils négligent l’apport ponctuel
de l’être humain et son génie qui sont au demeurant indispensables au
120
regard de la gestion de l’imprévisible dont les catastrophes constituent le
domaine de prédilection par excellence.
102) En l’absence d’une jurisprudence nationale sur la question de la portée juridique d’une circulaire, son
« imposabilité » est souvent invoquée pour échapper à l’application de son contenu.
121
Concernant cette question, on peut dire qu’il existe deux courants. Le
premier, composé généralement des détracteurs à la position du ministère de
l’intérieur, estime que le plan ORSEC est dénué de toute force juridique
pouvant être imposée à tous les départements ; ils considèrent qu’il s’agit
tout simplement d’un document interne à ce ministère et n’engage par
conséquent que les services relevant de ce département.
Le second, tout en mettant l’accent sur la nécessité d’un tel instrument pour
la gestion des catastrophes, fait la différence entre le plan ORSEC lui-même
et le document par le canal duquel il est diffusé à savoir la circulaire du
ministre de l’Intérieur. Il s’appuie ainsi sur l’argumentation développée à ce
sujet en France pour justifier l’obligation de son applicabilité par tous les
acteurs impliqués dans le domaine des secours. En effet, à la suite de
l’élaboration du plan ORSEC français en 1952 sous forme d’instruction s’est
posée la question de la forme juridique de cette instruction. Celle-ci a
« conduit, non pas à faire différemment quelque chose que l’on faisait déjà dans les
préfectures, mais à faire quelque chose là où l’on ne faisait pratiquement rien,
simplement en édictant quelques obligations fonctionnelles supplémentaires pour les
agents en place sans incidence sur leur situation statutaire. Faut-il pour cela aller
encore plus loin et jusqu’à admettre que cette instruction dispose, par elle-même,
d’une véritable force juridique en dehors de l’administration ? Plus précisément,
présente-t-elle, en tout ou partie, un caractère réglementaire entraînant des
obligations pour les personnes qui n’appartiennent pas à l’appareil administratif de
l’Etat et qui ne sont pas, de ce fait, soumises au pouvoir hiérarchique s’exerçant en
son sein ? » (103).
103) Voir MARION (J) et PRETOT (X) : « la sécurité civile du temps de paix et le droit », éd. Néret 1986, pp 82 et 83.
122
sur la nécessité de donner à cet outil d’organisation des secours une forme
juridique plus élevée sur la hiérarchie normative.
A notre avis, il serait préférable de dépasser ce dilemme et de s’atteler à sa
mise à l’épreuve à travers des exercices de simulation.
Avant que le plan ORSEC ait vu le jour, les textes juridiques avaient prévu la
nécessité d’organiser des exercices de simulation pour tester les capacités de
réaction des formations de secours(104). Ce principe a été réitéré par les
dispositions de la circulaire n°34/ IPC/I du 25 janvier 1983 précitée par le
biais desquelles le ministre de l’Intérieur avait précisé que « l’organisation des
secours que je vous fais parvenir […], étant susceptible d’amélioration, je vous
demanderais de bien vouloir la tester périodiquement par l’organisation d’exercices
théoriques en salle et pratiques sur le terrain ».
Or, dans les faits, peu d’exercices ont été organisés depuis l’institution de ce
plan. Les raisons invoquées partout sont presque identiques. C’est toujours
des arguments liés au calendrier, la question de la prise en charge des
dépenses résultant de l’engagement des moyens humains et matériels, la
crainte de susciter des inquiétudes chez la population suite au déploiement
massif des moyens de secours, etc. En réalité, ces arguments peuvent être
104) Voir article 9 du Dahir du 30 avril 1955 précité relatif à la protection civile.
123
qualifiés de faux prétextes car l’une des véritables raisons de cette léthargie
trouve ses explications dans la carence d’une culture du risque, la
méconnaissance du contenu de ce plan, voire l’ignorance même de son
existence.
Ces plans sont dans la plupart du temps, comme c’était le cas en France,
répartis en trois catégories : le Plan Rouge, le Plan Particulier d’Intervention
(PPI) et le Plan de Secours Spécialisé (PSS).
124
s’ajoutent de nombreux témoins impliqués, ou choqués qui paralysent en
quelques secondes les dispositifs de secours normaux.
Le Plan Particulier d’Intervention, quant à lui, est établi pour faire face aux
risques particuliers liés à l’existence ou au fonctionnement d’ouvrages ou
d’installations dont l’emprise est localisée ou fixe. Le Plan Particulier
d’Intervention est mis en œuvre lorsque l’accident, par sa nature, sa durée,
ses premières manifestations, est susceptible d’entraîner des dangers à court
terme à l’extérieur de l’établissement. Il vise donc à assurer la sauvegarde et
la protection des populations et de l’environnement.
Enfin, le Plan de Secours Spécialisé est établi pour faire face aux risques
technologiques n’ayant pas fait l’objet d’un Plan Particulier d’Intervention ou
aux risques liés à un accident ou sinistre pouvant porter atteinte aux
populations ou à l’environnement.
125
Ce genre de plans d’urgence, réputés pour être modernes et plus élaborés,
ne trouve pas ses semblables au Maroc. Il n’existe que certains documents
qu’on appelle parfois des plans annexes par rapport au plan ORSEC qui sont
pour la plupart des documents très anciens puisqu’ils ont été élaborés vers la
fin des années 1950 et début 1960. Ces plans prescrivent les conduites à tenir
pour la prévention de certains risques et organisent en détail l’intervention,
en cas d’accident grave ou de catastrophe, des services chargés des secours
(105).
105) Il y a lieu de constater que la France a tenté de simplifier la planification des secours, considérée comme étant trop
lourde en raison du nombre très élevé des plans prévus par la réglementation. En effet, la loi du 13 août 2004 a
prévu de réduire ce nombre en imposant uniquement des plans ORSEC à trois niveaux national, zonal et
préfectoral avec la possibilité de leur adjoindre des annexes relatives aux mesures à prendre pour les risques
spécifiques. De ce fait, la France a adopté en fin de compte une démarche raisonnable qui rejoint en quelque sorte
l’approche suivie par le Maroc au début des années 1960.
106) SINON : Plan de secours en cas d’inondation : Circulaire n° 2890 INT/DA/T3 du 14/2/1957, annulée. Circulaire
n° :285 INT/CL5 du 13/12/1963
SECBI : Plan de secours en cas d’incendie dans les bidonvilles : Circulaire n° 12.741 INT/DA/T3 du 14/8/1958.
Circulaire n° 13.840 INT/DA/T2 du 5/9/1958.
SECOL : Plan de secours en cas d’incendie dans les établissements scolaires : Circulaire n° 19968 INT/DA/T3 du
19/12/1958. Annulée par Circulaire n° 321 INT/SG/PCS/2 du 8/1/1963.
SEFER : Plan de secours en cas d’accident de chemin de fer : Circulaire n° 2.400 INT/DA/T3 du 25/8/1960
SECBU : Plan de secours en cas d’accident imputable à l’emploi du gaz butane et propane : Circulaire n° 14.538
INT/DA/T3 du 25/8/1960.
SATER : Plan de secours air-terre en cas de feux d’avions : Circulaire n° 181 SG/PCS/2 du 19/2/1962.
HOSTO : Plan de secours en cas d’incendie dans les établissements hospitaliers : Circulaire n° 25 du 8/4/1964.
SECHY : Plan de secours en cas d’incendie dans les dépôts d’hydrocarbures : Circulaire n° 39 du 24/2/1965.
SETROU : Plan de secours en cas de troubles sur la voie publique : Circulaire n° 65 du 9/4/1965.
SECBO : Plan de secours en cas d’incendie dans les bâtiments officiels : Circulaire n° 240 CL/5 du 27/12/1965.
SEISME : Plan de secours en cas de tremblement de terre : Circulaire n° 33 CL/5 du 4/2/1966.
SEBAR : Plan de secours en cas de rupture de barrage : Circulaire n° 171 CL/5 du 7/9/1966.
107
) Ces plans ont le mérite d’exister sans pourtant qu’ils soient appliqués en raison de leur contenu qui n’est plus
adapté au contexte administratif, juridique et matériel de notre pays.
108
) Logiquement, il appartient à la Direction de la Protection Civile de mettre à jour ces plans d’intervention.
Cependant, sa volonté est confrontée à l’opposition des autres acteurs qui tendent à parrainer l’opération de
conception de nouveaux plans de secours.
126
répondent aux exigences du moment et qui reçoivent l’adhésion de tous les
partenaires impliqués dans le domaine des secours, tout en veillant à ce
qu’ils aient un fondement juridique incontestable (109).
109
) Il convient de souligner que le ministère de l’Intérieur a élaboré et soumis à la procédure d’approbation un projet
de décret relatif aux Schémas Directeurs de gestion des risques, aux Plans d’organisation des secours et aux Plans
d’urgence en matière de protection civile. Les Plans d’organisation des secours comprennent un plan national, des
plans régionaux et des plans préfectoraux et provinciaux. Quant aux Plans d’urgence, ils sont répartis en trois
catégories : des plans particuliers d’intervention, des plans destinés à porter secours à de nombreuses victimes et
des plans spécialisés liés à un risque défini.
127
B : Manque de coordination entre les acteurs
Par le passé, on pouvait faire face aux différents sinistres, dont la portée était
relativement limitée, par les simples moyens des services de secours et de
lutte contre l’incendie qui arrivaient à circonscrire les effets de ces sinistres.
Aujourd’hui, avec la forte concentration des populations, la variété et la
complexité des risques, un simple accident peut facilement se transformer en
une véritable catastrophe difficilement gérable. Cette situation exige
l’intervention d’une diversité d’acteurs dont la cohérence des actions impose
un rapprochement des points de vue et des démarches nécessaires pour
affronter un événement exceptionnel dans les meilleures conditions. Tel n’est
pas le cas à l’état actuel dominé par le défaut d’une approche consensuelle
d’engagement des moyens (A) et par l’absence de procédures préalables
d’engagement de renforts (B).
128
a : Engagement des services normaux de secours
A l’exception des risques courants pour lesquels il est fait appel uniquement
aux sapeurs pompiers, dès qu’un sinistre d’une grande importance survient,
on assiste à une intervention plus ou moins massive de plusieurs services
dépendant de départements ministériels et d’organismes différents qui
disposent de compétences et de matériels susceptibles d’être mis à
contribution dans la gestion globale de l’événement. On constate ainsi
l’intervention des différents services de l’ordre (sûreté nationale,
gendarmerie royale, forces auxiliaires), les services opérationnels de la
protection civile, les services de la santé, le Croissant Rouge, etc.
Il arrive parfois que le cumul des moyens dépasse largement les besoins
réels ; cette inadéquation, loin de constituer un atout pour les responsables
de la gestion des sinistres, peut devenir une source de désordre et une
véritable entrave pour le déroulement des opérations de secours. Sous l’effet
de la panique et de la pression des sinistrés et des badauds, les personnels de
secours intervenant ont souvent tendance à transgresser leur domaine de
compétence sans que le savoir-faire nécessaire pour accomplir tel ou tel acte
leur soit reconnu. Il n’est pas surprenant de voir un agent de police participer
au sauvetage des victimes et un pompier contribuer au maintien de l’ordre
public.
129
La situation se complique davantage lorsque, pour une raison ou pour une
autre, il est fait appel à des intervenants inhabituels.
110) Par exemple, à la suite des inondations qui ont touché Mohammedia en 2002, et l’incendie de la raffinerie la
SAMIR qui s’en est suivi, le besoin s’est fait sentir de mesurer le degré de toxicité et d’explosivité de l’air par suite
de dégagement de gaz et de fumée dans l’atmosphère.
130
Ce sont ces problèmes, parmi d’autres, qui justifient la mise en place
préalable d’une approche réfléchie, discutée et entérinée de façon
consensuelle par tous les partenaires réels et potentiels, auxquels il pourrait
être fait appel pour les sinistres selon les différents scénarios d’accidents
envisageables et probables, en dehors des incidents des risques courants.
Parallèlement à cette action de réflexion probabiliste, il convient d’établir des
procédures pour l’engagement des renforts non disponibles dans la ville
concernée et ce pour faire face à une catastrophe de grande ampleur.
Dans un pays comme le notre, où la plupart des villes ne sont pas dotées de
moyens suffisants pour affronter un sinistre majeur, les services publics de
secours ont souvent recours à des moyens de renfort sollicités dans les villes
limitrophes ou au niveau central. Ceux-ci peuvent être constitués des
moyens organiques de ces services ou provenir de l’armée ou encore du
secteur privé. Dans tous les cas, certaines difficultés apparaissent.
Outre le fait que dans une ville où existent deux ou plusieurs unités de
secours se pose le problème de l’engagement ou non de tous les moyens
disponibles dans ces unités au risque de vider le centre de secours
pourvoyeur de ses moyens et partant, de pénaliser la collectivité au cas où
un accident surviendrait sur son territoire, se pose également, presque dans
les mêmes termes, le problème de la demande de moyens de renforts
exogènes. En effet, en l’absence de procédures préétablies, deux cas de figure
se présentent souvent :
- soit la situation est surévaluée et dans ce cas les différents intervenants se
précipitent pour demander des moyens de renforts à leur administration
131
supérieure respective, qui donne généralement une suite favorable à leurs
requêtes selon les besoins exprimés. On se trouve alors face à un surplus de
moyens inutiles qui poseront des problèmes de saturation et de prise en
charge des dépenses y afférentes.
Pour éviter de tels scénarios, les spécialistes des secours établissent souvent
des procédures de montée en puissance des moyens. Ces procédures se
basent principalement sur l’évaluation progressive de l’évolution du
sinistre ; à chaque étape correspond un listing des équipements et des
moyens à solliciter en renfort, leur origine et leur consistance. Dans ce listing,
la priorité est donnée aux moyens publics de secours par rapport aux
moyens appartenant à l’armée ou au secteur privé et ce pour des raisons de
facilité de mobilisation et d’engagement sans difficultés procédurales
administratives majeures. Cette action d’anticipation est souvent le fruit d’un
travail collégial entre les différents partenaires.
Dans notre pays, dans les meilleurs des cas, ce genre de travail se fait de
façon sectorielle (111) ; ce manque de coordination offre parfois l’occasion à
l’amplification des demandes de renfort battant ainsi en brèche les impératifs
de rationalisation et d’économie qui n’ont pas à être justifiés pour un pays
comme le notre.
111 ) Chaque intervenant prévoit la montée en puissance de ses propres moyens sans tenir compte des moyens
susceptibles d’être engagés par les autres acteurs.
132
b: Difficultés de mobilisation des moyens de l’armée
Depuis longtemps, l’armée a fait ses preuves dans l’intervention pour des
situations de catastrophes à côté des organismes civils de secours ; la
consistance des moyens dont les Forces Armées Royales (FAR) disposent, la
rigueur et la discipline qui caractérisent le fonctionnement de leur personnel
sont des atouts pour l’efficacité de leur engagement dans des situations
particulièrement dangereuses. Néanmoins, l’organisation hiérarchisée des
FAR fait que le recours à leur assistance pose parfois des problèmes de
procédures.
133
conditions, en attendant les instructions particulières des autorités
supérieures.
Cette difficulté à mobiliser des moyens autres que ceux dédiés intégralement
aux secours concerne non seulement les militaires mais aussi les moyens
privés.
L’activation des moyens appartenant à des acteurs privés pose souvent des
problèmes de prise en charge des coûts de cette mobilisation et la partie qui
aura à les supporter. Du moment où l’on considère que le secours est une
mission de service public, devant être assurée principalement par les services
de l’Etat, l’intervention du secteur privé n’est pas obligatoire et au cas où elle
est effectuée, elle donne droit à indemnisation (112). Ce principe est atténué en
raison du recours, dans la majorité des cas, à des entreprises publiques. Les
services de secours ont parfois obtenu, non sans difficulté, l’assistance de
certains acteurs privés mais des demandes répétitives finissent par être
rejetées. A défaut de mécanismes institutionnalisés de rémunération des
services rendus en matière de secours, les acteurs privés hésitent à apporter
un soutien conséquent d’autant plus que dans ce domaine, on sait quand est–
ce qu’on intervient mais on ne sait jamais quand les opérations prendront fin
et quel sera leur coût.
112) Le fondement juridique pour l’indemnisation pourrait être trouvé dans les dispositions du Dahir du 11 mai 1931
sur les réquisitions à effecteur pour le maintien de la sécurité, de la tranquillité et de la salubrité publiques. Ce texte
prévoit le droit à indemnisation lors d’une réquisition ; toutefois, il ne se réfère qu’à des personnes physiques, la
réquisition des personnes morales n’y étant pas expressément prévue.
134
Par ailleurs, il est évident qu’on ne peut compter en permanence sur les
entreprises car il est bien connu que les sinistres et les catastrophes ne
surviennent pas souvent dans les jours et les heures ouvrables. Aussi
l’obtention des moyens peut-elle être contrecarrée par l’indisponibilité de
l’entreprise ou par le manque du personnel qualifié pour les faire
fonctionner. De plus on ne peut négliger le risque qui pourrait résulter d’une
situation de grève (113).
De toutes les façons, il est très difficile de fixer des procédures rigides de
mobilisation des moyens de secours privés.
A : Ressources financières
Les ressources financières dont il est question ici sont celles destinées à la
préparation des infrastructures d’alerte, d’alarme, aux centres de secours,
aux équipements d’intervention et autres matériels de secours et de
sauvetage ainsi qu’à la formation des personnels et à leur rémunération.
113 ) Les dispositions sur les réquisitions prévues par le dahir précité précisent qu’il est possible de procéder à la
réquisition des personnels des entreprises sans toutefois énoncer explicitement s’il est possible de disposer aussi
des équipements de secours en leur possession.
135
spécifiques pour certaines administrations ou organismes ayant une double
vocation, tels que les matériels destinés à la surveillance des phénomènes
atmosphériques susceptibles d’être utilisés à d’autres fins en plus de la
prévision des risques, l’essentiel du budget relatif à la préparation en
prévision des catastrophes pouvant toucher exclusivement le milieu urbain
se rapporte aux crédits inscrits dans le budget de la Direction de la protection
civile. C’est la raison pour laquelle l’évaluation de ce budget portera
uniquement sur les fonds habituellement mis à la disposition de cette
Direction.
114) Fonds consacré par le dahir n° : 1-97-153 du 24 safar 1418(30 juin 1997) portant promulgation de la loi de finances
n° : 14-97 pour l’année budgétaire 1997-1998.
115) Loi promulguée par le dahir n° :1-82-210 du 9 moharrem 1405 (5 octobre 1984) relative au transfert à l’Etat des
services de secours et de lutte contre l’incendie relevant des communes et de la communauté urbaine de
Casablanca.
136
personnel que pour les achats des équipements nécessaires à l’exercice de
leurs missions (116).
116) Certes, il y avait des décalages entre les communes puisque l’importance de la logistique mise à la disposition des
sapeurs pompiers dépendait largement de l’importance des communes sur le plan financier ; néanmoins, sur le
plan global, ces services étaient relativement mieux équipés au cours de la phase 1981-1997.
117) Aux termes de l’article 3 de ladite loi, les communes et la communauté urbaine de Casablanca participent , dans
les conditions fixées par voie réglementaire, aux dépenses de fonctionnement et d’équipement des services de
secours et de lutte contre l’incendie à raison de 50% de ces dépenses.
137
ainsi que par les dons, legs et toute autre recette118 . Il y a lieu de souligner
que la contribution des communes s’opère d’une manière indirecte puisque «
le montant global de la participation (…) est prélevé par le ministre de l’Intérieur sur
les crédits du compte d’affectation spéciale intitulé « part des collectivités locales
dans le produit de la taxe sur la valeur ajoutée » et versé au compte d’affectation
spéciale intitulé « fonds spécial pour la promotion et le soutien de la protection
civile » conformément aux dispositions de l’article 49 de la loi de finances n° :14-97
susvisée » (119).
Ces crédits sont répartis sur les différentes rubriques suivantes : achat de
terrain, construction de casernes et d’abris, travaux d’aménagement et
d’installation, achat de matériel technique, achat de véhicules et engins de
secours, achat de matériel naval, achat de matériel informatique et
études(120).
118) Voir Dahir n° :1-97-153 du 24 safar 1418 (30 juin 1997) portant promulgation de la loi de finances n° 14-97 pour
l’année budgétaire 1997-1998.
119) Voir art. 3 du décret n° 2-97-343 du 24 safar 1418 (30 juin 1997) pris pour l’application de l’article 3 de la loi n° 3-81
relative au transfert à l’Etat des services de secours et de lutte contre l’incendie relevant des communes et des
communautés urbaines, B.O n° 4495 bis du 24 safar 1418( 30 juin 1997).
120) Faute de crédits suffisants, certaines de ces rubriques sont rarement alimentées.
138
Ce qu’il y a lieu de retenir de l’analyse de ces chiffres est que les crédits
affectés à la direction de la protection civile sont infimes à partir du moment
où l’on a une idée sur le coûts des engins de secours et de sauvetage puisque
le prix d’une échelle mécanique avoisine les 3 MDH, celui d’un engin de lutte
contre l’incendie 2 MDH ou encore celui d’une ambulance médicalisée qui
est de l’ordre de 1,2 MDH.
139
solidarité n’a pas de fondement institutionnalisé; le principe constitutionnel
énoncé par l’article 18 selon lequel « tous supportent solidairement les charges
résultant des calamités nationales » n’a pas encore bénéficié d’une application
concrète sur le plan juridique. Il y a lieu de souligner que les soutiens de
solidarité consistent souvent en des aides en nature (tentes, couvertures,
produits de subsistance,…) ; il est rare que ces aides portent sur des fonds
susceptibles d’être mis à la disposition d’organismes d’intervention pour
couvrir les frais résultant de l’engagement des moyens humains et matériels.
Il ne faut pas omettre de préciser que l’organisation des secours ne s’achève
pas dès la fin de la situation d’urgence puisque généralement les actions
continuent dans le temps pour garantir la prise en charge des victimes
blessées ou celles restées sans abris, assurer la réparation des dommages
subis par l’infrastructure et les équipements de base, bref assurer la
réhabilitation et la remise en état de tout ce qui a été anéanti par la
catastrophe. Evidemment toutes ces opérations ont un coût dont la prise en
charge n’est pas prévue sachant qu’il n’existe ni fonds de solidarité ni
mécanismes d’indemnisation des victimes des sinistres.
140
Un regard sur les équipements de la Direction de la protection civile montre
qu’en dépit des efforts accomplis au cours des dix dernières années pour le
renforcement des moyens opérationnels d’intervention, des déficits notoires
peuvent encore être relevés pour certaines catégories d’engins et de
structures.
Ainsi, pour les moyens mobiles d’intervention, on peut constater que les
centaines d’engins, acquis depuis 1997, n’arrivent pas encore à couvrir
l’intégralité des agglomérations compte tenu de l’importance des besoins, de
la difficulté à suivre la cadence du développement des villes marocaines et
de la demande croissante des populations en matière de secours.
141
urbains. Sur les 1572 communes que compte notre pays, 120 à peine sont
desservies par des centres de secours. Cette carence atténue les efforts
d’équipement entrepris par la Direction de la protection civile et pénalise les
populations qui ne peuvent pas bénéficier équitablement des prestations de
secours étant donné que les délais d’intervention sont tributaires du lieu de
résidence des demandeurs des prestations. Ces délais sont également
variables selon la disponibilité ou non des moyens efficaces de transmissions.
Ces derniers ont bénéficié d’un intérêt particulier de la part des responsables
de la protection civile mais une couverture totale du territoire exige encore
beaucoup de sacrifices.
Les lacunes qui viennent d’être évoquées sont davantage aggravées par
l’insuffisance du personnel dans la mesure où le Maroc est l’un des pays où
le ratio des agents de la protection par tête d’habitant est très faible puisqu’il
est d’un agent pour 7000 habitants contre un agent pour 700 personnes en
Algérie, un agent pour 2500 habitants en Tunisie, 1 agent pour 250 habitants
en France, 1 pour 70 en Allemagne, 1 pour 42 au Luxembourg et 1 pour 29
habitants en Suisse.
Aussi la mise à niveau de la sécurité des populations est–elle conditionnée
également par le renforcement des moyens humains, matériels et
infrastructurels destinés aux services de la protection civile et ce afin de
garantir leur autonomie en matière de lutte contre les sinistres courants,
d’autant plus que pour faire face aux catastrophes majeures, le problème de
l’interopérabilité des moyens constitue parfois un handicap à leur gestion
collégiale.
En fin de compte, il est possible de dire que malgré certaines initiatives prises
au cours des dernières années pour améliorer la gestion des risques urbains,
certains obstacles continuent d’entraver cette activité. La principale raison est
142
sans nul doute le fonctionnement encore primitif des structures appelées à
en assurer la gestion et dont l’organisation est à parfaire.
Pour pouvoir examiner et évaluer les actions que chaque structure accomplit
ou doit accomplir, il est possible de faire la distinction entre les acteurs qui
ont une vocation à décider, ceux qui ont un rôle consultatif et enfin ceux qui
sont appelés à assumer le gros du travail, en assurant l’exécution des
décisions prises.
143
chargés de mettre en œuvre les mesures arrêtées devraient être
suffisamment rodés et dotés de moyens adéquats.
La question de la gestion des risques urbains n’a pas encore atteint un degré
suffisant de prise en charge de la part des pouvoirs publics aussi bien au
niveau central qu’au niveau local. Les structures dédiées parfois à cette
problématique ne sont pas suffisamment précises du point de vue de la
définition de leurs compétences, ni cohérentes dans leur organisation et
encore moins dans leur fonctionnement. Ceci peut clairement apparaître à la
suite de l’examen des différents organes de gestion des risques urbains, en
particulier les autorités décisionnelles et consultatives.
144
§1 : Pluralité des centres de décision à l’échelon central
121) La frontière est parfois très difficile à tracer entre les risques de sécurité publique d’une part, et les risques de
protection civile d’autre part. Pour la délimitation des autorités compétentes en matière de gestion de l’une ou
de l’autre catégorie de risques, le problème devient parfois complexe.
145
essentielles des pouvoirs publics ; ainsi l’exercice de cette responsabilité
implique d’autres acteurs dont la diversité est devenue une caractéristique
de la protection civile contemporaine, cette diversité étant nécessaire pour
faire face à la pluralité des risques pesant sur la population avec des
conséquences plus lourdes des phénomènes naturels, vulnérabilité aux
risques liée à la moindre efficacité des solidarités familiales et de voisinage.
Dans le but d’améliorer la sécurité des personnes et des biens contre les
sinistres de toute nature, les pouvoirs publics ont été contraints d’engager un
certain nombre d’actions pour renforcer les mesures de prévention et la
maîtrise de la gestion des risques. Ainsi, la police administrative se voit
attribuer le rôle de garant de la sécurité, de la tranquillité et de la salubrité
publiques. C’est la raison pour laquelle une certaine corrélation, très étroite, a
été toujours établie entre les organes de décision et les autorités qui
détiennent le pouvoir de police administrative à l’échelon central.
A l’échelon national, nul doute que c’est le Premier ministre qui est le
titulaire du pouvoir de police administrative générale ; ce pouvoir ne lui est
146
cependant pas attribué par la Constitution. Mais en raison de la mission
confiée au gouvernement qu’il dirige et le pouvoir réglementaire dont il
dispose, il doit être considéré comme le responsable de la police. Il peut
prendre par décret les mesures nécessaires pour préserver l’ordre public(122).
122) Voir BENJELLOUN (A) : « Droit Administratif », Ed. AL MAARIF, Rabat, 1984 .
123) Etant le ministère qui exerce la tutelle sur les collectivités locales, la réalisation des projets initiés par les communes
est subordonnée à l’avis préalable de l’agent d’autorité. Il en est ainsi des plans d’aménagement, des grands projets
d’infrastructure, etc. Certains projets structurants sont examinés en amont par la Direction Générale des
Collectivités Locales.
147
Le ministre de l’Intérieur, à l’instar de tous les ministres, n’est pas une
autorité de police générale au nom de l’Etat, mais en raison des missions
confiées au département qu’il dirige, il joue un rôle assez consistant en
matière de maintien de l’ordre public et par ricochet dans le domaine de la
gestion des risques en général et des risques urbains en particulier. Pour
accomplir les missions qui lui incombent, le ministre de l’Intérieur dispose
de la direction de la protection civile, entité chargée exclusivement de la
gestion des risques et de la protection des personnes et des biens contre les
fléaux calamiteux.
Sur le plan pratique, plusieurs acteurs ignorent cette donne d’ordre juridique
et se permettent parfois d’outrepasser leurs missions en prétendant être dans
une situation de droit d’agir notamment sur le plan de la prévention des
risques qui connaît l’intervention de plusieurs acteurs. Cette confusion
résulte en fait de la globalité de la terminologie utilisée puisqu’on parle en
général de la prévention des risques au pluriel, qui ne peut être assurée que
par la conjugaison des efforts de nombreux acteurs, ce qui incite certains
d’entre eux à croire qu’ils peuvent intervenir ou s’intéresser à tous les
risques.
148
Toutefois, il convient de souligner qu’un ou plusieurs de ces acteurs
peuvent posséder des compétences juridiques dans le domaine de la
prévention des risques ou de la lutte contre tel ou tel type de sinistre ;
néanmoins ils ne peuvent le faire qu’au titre de pouvoirs de police
administrative spéciale.
124 ) Selon l’article 64 de la Constitution « le Premier ministre peut déléguer certains de ses pouvoirs aux ministres ».
125) Voir ROUSSET(M) et autres : « droit administratif marocain », éd. Imprimerie royale,1984, pp :247 et 248.
149
Dans le domaine spécifique des risques, plusieurs polices spéciales existent ;
elles touchent certaines activités productrices de risques dont elles se
proposent d’atténuer les effets. Il en est ainsi, par exemple, de la police des
établissements industriels insalubres, incommodes ou dangereux, dont
l’objet est d’assurer la sûreté, la salubrité et la tranquillité, mais qui obéit à
un régime juridique spécial et qui a notamment été, dans un passé très
récent, entre les mains à la fois de certaines autorités gouvernementales et
des représentants de l’autorité locale. En effet, cette police confère, comme
dit précédemment, des pouvoirs non seulement au Premier ministre et à
certains ministres, mais aussi aux autorités locales, pachas et caïds. Selon la
réglementation régissant ces établissements, le Premier ministre en établit la
liste tandis que le ministre de l’équipement intervient pour autoriser
l’ouverture des plus nocifs (1ère classe) et les autorités locales, pachas et caïds,
pour l’ouverture des établissements moins nocifs rangés dans la 2ème classe
(126).
En tout état de cause, les autorités de police spéciale peuvent être les mêmes
que celles de police générale. Il en est ainsi du Premier ministre qui, tout en
étant titulaire du pouvoir réglementaire et responsable de la détermination
des établissement classés de première catégorie, agit en sa qualité à la fois
d’autorité de police administrative générale et d’autorité de police
administrative spéciale.
Ceci dit, sous l’angle de la gestion des risques urbains, il peut y avoir une
intervention simultanée de plusieurs autorités ; c’est la raison pour laquelle
on ne peut que s’attendre à ce que cette situation génère une diversité de
126) Comme dit précédemment, des changements sont intervenus récemment dans la procédure administrative
d’autorisation des établissements classés puisque les walis de région sont désormais investis du pouvoir
d’autorisation des installations de 1ère classe.
150
centres de décision ; laquelle diversité est réputée être une source de
divergences, d’incertitudes et d’incompatibilités.
Ce même constat est particulièrement vrai dans notre pays à l’exception près
que, pour certaines structures, les pouvoirs publics n’ont pas encore attribué
de compétences, même de façon très large. C’est ce qui peut être retenu au
terme de l’analyse de l’arsenal juridique dédié à chacune des principales
instances de décision à l’échelon local.
151
A : Compétences de l’agent d’autorité
Il lui appartient donc de prendre toutes les mesures conformément aux textes
en vigueur pour préparer et mettre en œuvre la politique étatique de gestion
152
des risques. Il est à ce titre le responsable de toutes les missions de
protection civile envisageables au niveau de la préfecture ou de la province.
Il est aidé dans l’accomplissement de ses tâches par le commandement local
de la protection civile et par les délégués des différents ministères dans leurs
domaines d’action respectifs (130).
130 ) Selon l’article 102 de la Constitution, les gouverneurs « sont responsables de l’application des décisions du
Gouvernement et, à cette fin, de la gestion des services locaux des administrations centrales »
153
dangereux, il semblerait que l’apparition de certaines polices
administratives spéciales, qui accordent des compétences larges à certains
départements ministériels ou organismes, augmente le nombre
d’intervenants et atténue par là même le droit de décision exclusif du
gouverneur sur l’ensemble des activités ayant pour vocation la prévention
des risques. Certes, les principales décisions sont prises soit de concert avec
lui, soit par le biais d’organismes ou instances agissant sous sa tutelle, mais il
est très difficile pour lui de maîtriser tous les aspects de la prévention des
nombreux risques qui peuvent menacer les populations vivant dans l’espace
urbain.
154
maintien de l’ordre et de la sécurité publique sur le territoire de la commune »(131).
Il ressort de ce nouveau texte qu’il existe désormais deux autorités de police
administrative dans la commune : l’autorité locale, gouverneur, pacha ou
caïd, suivant le cas, est responsable en matière d’ordre et de sécurité
publique ; le président du conseil communal reçoit compétence en ce qui
concerne la salubrité et la tranquillité publiques.
131) Il existe toutefois une exception limitée à ce transfert qui concerne la municipalité de Rabat puisque l’article 67 du
même dahir dispose que les attributions, qui partout ailleurs sont transférées aux présidents des conseils
communaux, relèvent du gouverneur de la préfecture.
132) Dahir n° 1-02-297 du 25 rejeb 1423 ( 03 octobre 2002) portant promulgation de la loi n° 78-00 portant charte
communale.
155
Il délivre les autorisations de construction, de lotissement et de morcellement, les
permis d’habiter, les certificats de conformité… » ;
Il délivre les autorisations d’exploitation des établissements insalubres, incommodes
ou dangereux relevant de ses attributions et en assure le contrôle conformément à la
législation et à la réglementation en vigueur » ;
« Il prend les mesures nécessaires à la prévention des incendies, des sinistres, des
inondations et autres calamités publiques » ;
156
Section 2 : Inadéquation des instances consultatives et organes exécutifs
Cette inadéquation trouve ses origines dans la multiplicité des instances
consultatives et dans le fonctionnement défectueux des organes exécutifs.
157
conjoncturels et sans qu’elles fassent l’objet d’une étude d’ensemble
permettant de les inscrire dans une logique de cohérence et dans un esprit de
complémentarité de manière à couvrir l’ensemble des rouages de la
problématique qui nous préoccupe.
Cette attitude a une triple explication : soit que les pouvoirs publics
n’arrivent pas à développer une vision globale sur la problématique des
risques urbains et par conséquent, ils tentent de régler au coup par coup les
problèmes qui surviennent de temps à autre ; soit que les instances créées
n’ont pas de fondement juridique et l’exercice des missions qui leur sont
dévolues bute sur des difficultés insurmontables ; ou encore que les services
qui y sont impliqués ne donnent pas d’importance à leurs travaux, ce qui
explique leur disparition totale au bout d’un certain temps ou leur
dysfonctionnement.
158
Dans un domaine aussi vaste et complexe que celui de la gestion des risques
urbains, marqué par la diversité des structures, il est tout à fait normal que se
pose le problème de la délimitation des attributions de ces différentes
structures. Le principe général selon lequel l’Etat est le premier responsable
de la sauvegarde de la vie des personnes, des biens et de l’environnement est
toujours admis ; néanmoins, le pilotage des activités, en lien avec cette
mission fondamentale, repose sur une répartition judicieuse des
responsabilités entre les différentes structures de décision et de consultation
concernées par la gestion des risques.
159
la plupart du temps à l’apparition de vices de sécurité au niveau desdits
projets.
160
devra prévoir les mesures qui s’imposent dans le domaine qui le concerne
pour prévenir les risques des activités qu’il régit en concertation avec les
autorités chargées de la protection civile.
Suite aux graves inondations qui ont touché la région du Gharb pendant les
premières années de la décennie 1960, et en raison des difficultés qu’ont
connues les pouvoirs publics pour gérer les catastrophes qui les ont suivies,
133) Cette loi devra contenir les grands principes de la prévention des risques, l’identification des acteurs qui en ont la
charge ainsi que la définition de leurs responsabilités, les dispositifs de prévision nécessaires et les mécanismes de
gestion des catastrophes en termes de planification des secours, d’organisation des opérations et de remise en état
des zones sinistrées.
161
notamment dans le domaine de la mise en œuvre et de la coordination des
secours, il a été décidé de mettre en place une structure intersectorielle
permanente. En effet, une commission dite « commission supérieure de la
protection civile » a été instituée auprès du Premier ministre et ses
attributions ont été sommairement arrêtées (134). Elle est présidée par un
représentant du Haut Comité de la Défense Nationale (135) et comprend les
représentants des principaux départements concernés par les catastrophes
(136). Sa mission est définie d’une manière générale ; elle consiste à préparer,
organiser et mettre en œuvre la protection civile. A ce titre, elle doit, en
principe, fixer les grandes orientations pour la préparation du pays à
affronter les catastrophes majeures étant entendu que la gestion des grands
sinistres fait appel à plusieurs acteurs dont la mise en œuvre simultanée
nécessite une préparation préalable et une coordination permanente.
D’abord, les circonstances dans lesquelles est née cette commission. Créée
juste avant le déclenchement de l’état d’exception, le contexte politique et
administratif n’était pas favorable à l’exercice effectif de ses attributions
d’autant plus que sa présidence est confiée au Haut Comité de la Défense
Nationale.
162
la mise en œuvre des mesures de protection des personnes et des biens,
aidée en cela par les changements périodiques au niveau des mécanismes
administratifs relatifs à la protection civile.
137) Lors de la 1ère réunion de ce comité, il a été décidé d’instituer 5 sous commissions : sous-commission liaisons et
transmissions, sous-commission police et maintien de l’ordre, sous-commission sauvetage-déblaiement et lutte
contre le feu, sous-commission santé et soins médicaux et sous-commission transports et travaux..
163
suivi des recommandations émises par lui ainsi que par les sous-
commissions spécialisées et stimuler leurs travaux.
Ce comité est créé par le décret du 22 février 2002 (138). Il est chargé, selon
l’article 4 de ce décret :
- de proposer et donner son avis sur le classement des constructions et des
cartes de répartition des communes dans les zones de sismicité, prévues à
l’article 2 et sur leurs modifications.
138) Décret n° 2-02-177 du 9 hijja 1422 (22 février 2002) approuvant le règlement de construction parasismique (RPS
2000) précité.
164
- les représentants des départements universitaires, des instituts
scientifiques et techniques, des écoles supérieures de formation et des
organisations professionnelles concernées dont la liste est fixée par l’arrêté de
l’autorité gouvernementale chargée de l’habitat (139).
Cette Commission est créée par décret et présidée par le ministre de l'énergie
et des mines (140). Son rôle consiste à donner un avis sur les demandes
d'autorisations de construction de toute installation nucléaire, des rejets
d’effluents radioactifs liquides ou gazeux de ladite installation, de ses essais
de mise en service, de son exploitation et de sa mise à l’arrêt définitif. Elle est
composée des représentants des ministères chargés de l'intérieur, de la
santé, de l'enseignement supérieur, de l’équipement, des transports, de
l'agriculture, de l'emploi, de l'énergie, de la protection de l'environnement,
139) Voir Arrêté du secrétaire d'Etat auprès du ministre chargé de l'Aménagement du Territoire, de l'Urbanisme, de
l'Habitat et de l'Environnement, chargé de l'habitat, n° 1549-02 du 23 rejeb 1423 (1er octobre 2002) fixant la liste des
départements universitaires, des instituts scientifiques et techniques, des écoles supérieures de formation et des
organisations professionnelles devant être représentés au Comité national de génie parasismique, BO n° 5058 du 21
novembre 2002.
140) Décret n° 2-94-666 du 4 rejeb 1415 (7 décembre 1994) relatif à l'autorisation et au contrôle des installations
nucléaires B.O n° 4290 du 18 janvier 1995. .
165
ainsi que de l'administration de la défense nationale et du Centre national
de l'énergie, des sciences et des techniques nucléaires (141).
166
A : Organes rattachés aux centres de décision
167
- d'organiser, animer et coordonner la mise en oeuvre des mesures de
protection et de secours des personnes et des biens lors d'événements
calamiteux et de catastrophes;
- d'assurer la protection et la sauvegarde de la population et du patrimoine
national lors de circonstances ressortissant de la défense civile ;
- de promouvoir la prévention des risques et combattre tous sinistres, en
particulier les incendies ;
- d'organiser et assurer la gestion administrative et technique des services de
secours et de lutte contre l'incendie ;
- de préparer et entreprendre toute action de lutte anti-acridienne.
143) Décret n° 2-99 – 922 du 06 chaoual 14 – (13 janvier 2000) – BO 4770 du 17 février 2000, pp : 90-92 .
168
et de la Prévention des Risques a une mission interne au département de
l’aménagement du territoire, de l’eau et de l’environnement auquel elle est
rattachée puisque son rôle se limite à proposer des éléments de définition de
la stratégie du département en la matière.
144) On peut d’ailleurs s’étonner de voir une structure administrative ne devant en principe s’occuper que des aspects
préventifs, disposer de prérogatives dans le domaine opérationnel.
145) Voir article 10 du décret n°: 2-04 504 du 21 hijja 1425 (1er février 2005) fixant les attributions et l’organisation du
ministère de l’énergie et des mines.
146) Voir article 9 du décret n°2-94-285 du 17 joumada II (21 novembre 1994).
147) Il ne s’agit pas, bien entendu, d’une mission exclusive puisque cette direction est appelée à contribuer seulement
au ramassage médicalisé des victimes des accidents et catastrophes.
169
En cinquième lieu, la direction de la sécurité des transports routiers
relevant du ministère de l’équipement et du transport est chargée entre
autres de l’élaboration de la politique de prévention routière, de l'élaboration
de la réglementation relative à la sécurité des transports routiers et de son
application ainsi que de la coopération technique, dans le domaine de la
sécurité des transports routiers, y compris ceux liés au transport des produits
dangereux. (148).
148) Voir Décret n° 2-96-35 du 16 rejeb 1417 (28 novembre 1996) modifiant et complétant le décret n° 2-82-36 du 20
joumada II 1403 (4 avril 1983) fixant les attributions et l'organisation du ministère des transports.
149) Voir article 11 du Décret n° 2-94-830 du 18 chaâbane 1415 (20 janvier 1995) fixant l'organisation et les attributions
du ministère de l'habitat.
170
l’arsenal public voué à la prévention des risques. Il en est ainsi du service
des établissements insalubres, incommodes ou dangereux, relevant du
ministère de l’équipement et du transport.
150) Exception faite des attributions dévolues au Centre d’Aït Melloul qui relève désormais de la Direction de la
protection civile depuis l’apparition du décret du 16 novembre 1987 relatif au transfert au ministère de l’intérieur
des attributions dévolues au ministère de l’agriculture et de la réforme agraire en matière de lutte antiacridienne
(BO du 18 novembre 1987).
171
principes généraux pouvant d’être d’une grande importance en matière de
prévention.
Cette liste de structures n’est donnée qu’à titre indicatif puisque d’autres
services ou organismes relevant de divers ministères peuvent avoir leur part
de responsabilité dans le processus de prévention (sûreté nationale, service
de radioprotection, inspection du travail, etc.).
151
) Il y a lieu de rappeler que les gouverneurs sont chargés en application de l’article 102 de la Constitution « … de la
gestion des services locaux des administrations centrales »
172
directement concernés par la problématique des risques urbains à un degré
plus ou moins important.
152
) Arrêté du ministre de l’Intérieur du 23 octobre 2002 relatif à la création, à l'organisation et aux attributions des
services extérieurs de la Direction de la protection civile et leurs compétences territoriales.
173
de transposer, au niveau local, les missions reconnues au niveau central à
l’autorité délégataire respective. Cependant, ces missions ne spécifient guère
la nature des actions à entreprendre pour la réduction des risques de
catastrophes en milieu urbain. De ce fait, il est très difficile d’identifier, parmi
toutes les actions diligentées par ces services extérieurs, celles qui ont une
vocation véritablement préventive.
L’une des conséquences de cet état de fait est qu’on observe que certains
risques subissent les faits d’une intervention massive de la part de nombreux
acteurs tandis que d’autres souffrent d’une négligence caractérisée.
174
L’examen des missions des principaux acteurs permet de constater que les
règles juridiques présidant à leur intervention constituent la première cause
de cette situation.
153) Voir article 9 du décret du 13 janvier 2000 relatif à l'organisation et aux attributions et du secrétariat d'Etat auprès
du ministre de l'Aménagement du Territoire, de l'Environnement, de l'Urbanisme et l'Habitat, chargé de
l'environnement ; BO n° 4770 du 17 février 2000.
175
sont très vagues, puisqu’aucune précision n’a été donnée concernant aussi
bien les risques concernés que la nature des mesures de prévention à mettre
en œuvre, se pose le problème de la mission incombant juridiquement à ce
département. En effet, conformément au libellé qui confie à cette Direction le
rôle de « proposer les éléments de définition de la stratégie du département en
matière de prévention des risques », il n’est pas de son rôle, contrairement à ce
qu’elle prétend, de définir la stratégie du Maroc dans le domaine de la
prévention des risques. En principe, compte tenu de la vocation
environnementaliste de ce département, ses attributions doivent se limiter
aux aléas à dominante écologique. Dans la pratique, le ministère en question
se considère illégalement comme étant la structure pilote dans le domaine de
la réduction du risque au niveau national et le représentant du Royaume du
Maroc auprès des instances internationales ayant pour vocation l’élaboration
et la mise en œuvre de stratégies régionale et internationale de réduction des
risques. Aussi, en outrepassant ses prérogatives, ce département empiète
nécessairement sur celles des autres, ou, du moins, adopte une attitude
contestée par d’autres départements ou organismes.
176
protection civile à la prévention des risques d’incendie et de panique. Cette
interprétation se révèle tout à fait fausse parce que d’une part, les textes
parlent de la prévention des risques en général et d’autre part, il est
inapproprié d’assimiler intégralement la protection civile au corps des
sapeurs pompiers. On pourrait à la limite considérer le rôle de cette
institution comme étant limité à la promotion et donc à l’incitation des autres
acteurs impliqués dans la réduction des risques à envisager et à entreprendre
les mesures qui s’imposent dans les secteurs sous leur contrôle et
éventuellement à réaliser elles-mêmes des actions générales et communes
comme la sensibilisation du public et l’éducation de la population.
Il est donc très difficile de cerner avec précision le champ d’action de cette
Direction et celui de ses services territoriaux. Le même problème se pose
mais avec moins d’acuité en ce qui concerne les attributions de la Direction
du contrôle et de la prévention relevant du ministère de l’énergie et des
mines. Celle-ci « veille, en collaboration avec les organismes concernés, à la mise en
œuvre des dispositions requises en matière de contrôle technique afin d’assurer la
sécurité des installations et des personnes, de maîtrise des risques industriels et
d’adoption de spécifications et de normes afin d’assurer la qualité des produits et les
meilleurs standards pour les infrastructures et les équipements énergétiques et
miniers… ». Du moment qu’elle est censée exercer ses missions en
collaboration, on est en droit de s’interroger quelle serait la part réservée à
cette Direction dans le domaine de la prévention des risques ; de plus, la
notion de risque industriel figurant dans cette disposition dépasse le cadre
des installations énergétiques pour englober tous les risques susceptibles
d’être générés par les établissements de production, de manipulation, de
stockage et de transport des produits.
177
Cet exercice pourrait s’étendre à d’autres structures et c’est souvent le même
constat qui se dégage. Dans d’autres situations caractérisées par une sous
réglementation, les chevauchements des missions apparaissent dans la
pratique.
178
s’enquérir et de veiller au respect des mesures de prévention dans ces
établissements. De ce fait, toute intervention des services de secours et de
lutte contre l’incendie est en principe illicite et considérée comme non
réglementaire alors que ceux-ci sont réputés être les mieux outillés pour
évaluer le risque d’incendie ou d’explosion dans ces installations. De même,
les services relevant de l’industrie comme ceux du département de
l’environnement estiment être encore plus concernés par la prévention des
risques dans ces lieux en l’absence de toute précision textuelle adaptée. On
mesure donc toute la complexité à admettre ou à rejeter les points de vue des
uns et des autres.
Ce n’est pas tout à fait le cas lorsqu’il s’agit de la gestion d’un sinistre où
deux situations se présentent : soit un problème surgit au moment même où
les opérations se déroulent et les acteurs intervenant sont en désaccord sur la
réalisation d’une quelconque prestation de secours alors que le moment ne se
prête pas à un conflit ni à une perte de temps dans la mesure où l'urgence
impose la prise de dispositions immédiates pour atténuer les effets du
sinistre; dans ce cas, ce sont les victimes qui risquent de payer les
conséquences d’une telle divergence; soit que les points de vue des
protagonistes se révèlent très éloignés à l’occasion de l’examen d’un
problème qui s’est déjà manifesté dans le passé et auquel on cherche à
trouver des solutions.
Les deux situations, qui sont le résultat direct d’une attribution défectueuse
des compétences, sont parfois difficilement gérables et posent des difficultés
pour les instances qui auraient à opérer des arbitrages. Cependant, il arrive
parfois que des conflits soient attribués à une négligence involontaire de la
part d’un acteur institué pour assurer l’exécution d’une mission faute de
moyens suffisants.
179
C - Interopérabilité insuffisante des moyens
154
) L’Ecole de la protection civile pour les sapeurs pompiers, l’Ecole forestière pour les agents forestiers, l’Institut
Royal de police pour les agents de police, le Détachement des Catastrophes pour le Génie militaire, l’Ecole de la
gendarmerie Royale, etc..
180
concertation préalable sur les options à retenir en matière d’investissement
logistique corroboré par l’élaboration séparée soit des programmes
d’équipement, soit des cahiers de charges correspondants, il est rare que les
matériels des uns et des autres soient en parfaite homogénéité (155). Dans
certains cas, la mise en action de certains moyens se trouve impossible en
raison d’un simple problème technique, par exemple la différence dans les
dimensions des raccords et des tuyaux d’alimentation en eau par engins ou
bouches d’incendies (156). Le problème est encore plus accru lorsqu’il s’agit
de l’utilisation de moyens de transmissions à fréquences multiples.
155 ) On peut toutefois noter certaines initiatives enregistrées récemment en particulier l’assistance accordée par la
Direction de la protection civile pour la réalisation des cahiers de charge en faveur du Haut Commissariat aux Eaux
et forêts et la Lutte contre la Désertification ainsi qu’à l’Administration Pénitentiaire.
156
) Le problème surgit en particulier lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre des moyens reçus sous forme de dons ou
d’assistance étrangers émanant de pays qui adoptent des dimensions différentes.
181
2 : Absence de pratiques et d’exercices en commun
Les services concernés par la gestion des risques n’ont pu tirer tous les
bienfaits de ces exercices de simulation en particulier pour réajuster leurs
dispositifs respectifs et renforcer leurs capacités à gérer en commun les
événements exceptionnels dont l’un des éléments essentiels de réussite est
justement l’interopérabilité des moyens.
Il faut souligner au passage que la crise est, dans la plupart des cas, porteuse
d’imprévus et par conséquent, les services qui seront appelés à la juguler
gagneraient en efficacité s’ils arrivaient en temps normal à résoudre les
difficultés connues à l’avance telles que l’interopérabilité des moyens. C’est
la raison pour laquelle la plupart des documents de planification des secours
incitent les autorités chargées de leur mise en application à organiser
périodiquement des exercices de simulation en vue d’évaluer le niveau
d’opérationnalité des moyens.
Les textes de base de la protection civile datant des années 1950, n’ont pas
omis de faire appel à ce genre de test puisqu’il est précisé, comme dit
précédemment, dans le Dahir de 1955 (157) que « dans le but de vérifier
l’efficacité des mesures de protection civile, le Commissaire résidant général pourra
157) Dahir du 30 Avril 1955 relatif à l’organisation de la protection civile (article 9).
182
ordonner des exercices à toute époque de l’année ou à l’occasion de manœuvres
aériennes. Quiconque refusera de se conformer à ces ordres ou s’opposera à leur
exécution sera passible des sanctions.. ».
Conclusion :
La remarque que l’on peut faire au sujet des actions entreprises ces dernières
années porte sur la méthodologie suivie par les pouvoirs publics pour
rehausser le niveau de protection qui, malheureusement, n’obéit pas à une
158) Circulaire n° : 34/ IPC /I du 25 janvier 1983 relative à l’organisation des secours en cas de catastrophe.
183
logique de cohérence. Faute d’une stratégie globale et harmonisée, on assiste
au développement d’actions sectorielles disparates et à l’émergence d’une
concurrence inutile entre certains acteurs. Cette attitude met en péril la
construction tant souhaitée d’un système efficace de gestion des risques
urbains.
Dans ce cadre, il est nécessaire que notre pays soit doté d’une stratégie
appropriée pour perfectionner le secteur de la gestion des risques urbains,
selon des modalités qui tiennent compte de sa structure socio-économique et
de son organisation juridico- administrative.
184
Partie 2 : Modalités de perfectionnement de la gestion des
risques urbains
Cet objectif ne peut être atteint que si les pouvoirs publics procèdent dès à
présent à l’identification des mesures à prendre et à leur hiérarchisation
(Chap.I). Cette opération préliminaire étant nécessaire avant d’examiner les
procédures de leur mise en œuvre et leur suivi permanent (Chap. II).
185
Chapitre 1 : Identification des actions prioritaires
C’est, sans aucun doute, le moyen le plus efficace pour les pouvoirs publics
de tracer les objectifs à atteindre selon les court, moyen et long termes,
d’autant plus que les villes sont encore en pleine expansion et qu’il n’est pas
encore trop tard pour préparer un terrain propice à cette évolution.
Cela étant, les pouvoirs publics doivent mener une réflexion assez
approfondie pour assurer de manière concomitante un développement des
mesures de prévention et une amélioration des techniques de protection et
d’optimisation de secours. Il n’est pas intéressant de favoriser l’aspect
préventif sur l’aspect secours, les deux ont besoin d’une revalorisation et
ceci n’est possible que si les autorités publiques en général et les
gestionnaires des risques urbains en particulier arrivent à identifier
l’ensemble des actions prioritaires dont la réalisation est nécessaire pour
l’atténuation des effets des risques que ce soit par la prévention (section 1) ou
par la protection et le secours (section 2).
186
Section 1 : Renforcement des mesures de prévention
Aussi est-il temps de développer les mesures de réduction des risques que
ceux-ci soient « fixes » ou « localisés » ou encore qu’ils soient mobiles.
Les risques en question sont liés à l’existence même de la ville puisqu’ils sont
générés, soit par le choix des espaces urbanisés, soit par les types de
constructions édifiées ou encore par l’exercice de certaines activités
dangereuses telles que les activités industrielles.
187
A : Prise en compte des risques dans les documents d’urbanisme
La meilleure solution pour prévenir les risques serait donc de les prendre
en considération lors de l’élaboration des documents d’urbanisme.
188
La question se pose donc de savoir s’il est possible d’assurer cette prise en
charge, en l’absence dans le droit positif relatif à l’aménagement du territoire
et à l’urbanisme, de dispositions explicites imposant des interdictions ou des
restrictions urbanistiques eu égard aux impératifs de la réduction des
désastres. Le passage en revue des différents documents prévus par la
législation et la réglementation marocaine en vigueur notamment la loi
n°:12-90 (159) laisse constater que l’interprétation extensive de certaines
dispositions permet de dégager un fondement juridique pour l’interdiction
de l’exploitation à des fins d’urbanisation ou autres de zones réputées être
vulnérables à l’égard des risques.
159 ) Loi relative à l’urbanisme promulguée par le Dahir n° : 92-31 du 15 hijja 1412 (17 juin 1992).
160 ) Art 2 de la loi 12-90.
161 ) Art 3 de la loi 12-90.
189
du schéma directeur d’aménagement urbain » (162). A cette fin, le plan de
zonage définit notamment l’affectation des différentes zones suivant l’usage
principal qui doit en être fait telles que les zones d’habitat, industrielles,
commerciales, touristiques, agricoles ou forestières. Il délimite, entre autres,
les zones dans lesquelles toute construction est interdite (163). Dans ce cadre,
il semble possible sur la base de ce plan, d’interdire l’édification de
bâtiments dans des zones où un risque quelconque est avéré.
Quoi qu’il en soit, ces documents doivent être conçus pour répondre, en
termes de sécurité, notamment aux préoccupations suivantes :
190
dangereuses. Il s’agit alors du choix de l’implantation des sites de manière à
éviter les zones qualifiées de dangereuses d’après les études de vulnérabilité
effectuées et où le degré du risque est donc élevé ;
- Proscrire la concentration des activités et des établissements humains
dans une même zone de façon à éviter qu’une catastrophe isolée ne porte de
graves préjudices à l’économie toute entière de la localité concernée ;
- Eviter le rapprochement les unes des autres des installations
dangereuses, qui en cas d’accident, pourraient créer un effet de réaction en
chaîne et dégénérer en catastrophe ;
- Assurer une protection raisonnable de la population, des biens et de
l’environnement vis-à-vis des catastrophes ;
- Faciliter les opérations de secours en cas de sinistre : voies de passage
des engins de la protection civile, implantation de points d’eau pour la lutte
contre l’incendie, etc.
191
1 : Application stricte et obligatoire des normes antisismiques
Notre pays est certes doté depuis 2002 d’un règlement de construction
parasismique (164), ayant pour but de limiter les pertes en vies humaines et
les dégâts matériels susceptibles de résulter d’éventuels tremblements de
terre (165).
Or, force est de constater que, quatre ans après son entrée en vigueur, ce
règlement n’est pas entièrement applicable. Des arguments peu convaincants
sont souvent invoqués pour retarder son application.
192
l’impact financier des mesures techniques qu’il préconise. Les maîtres
d’ouvrage et les promoteurs immobiliers versés dans la construction de
l’habitat social ne sont pas suffisamment disposés à supporter les charges
financières résultant des techniques de génie civil au risque de voir leur
marge de bénéfice sensiblement réduite.
193
Il n’est donc plus toléré d’attendre encore davantage pour l’application de
ce règlement parasismique. Dans ce sens, il est nécessaire que les pouvoirs
publics veillent scrupuleusement à l’application stricte de ce règlement pour
toutes les nouvelles constructions et s’assurent de la consolidation des
édifices publics par le recours à la protection raisonnable des bâtiments et de
leurs éléments structuraux.
Les pouvoirs publics doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour
que les immeubles d’habitation, les établissements recevant du public et
autres constructions ne soient pas exposés à des dommages graves sous
l’effet des divers phénomènes générateurs de catastrophe tels que les
194
incendies, les inondations ou encore les glissements de terrain. Ces édifices
doivent obéir à des normes et à des règles particulières qui doivent fixer les
prescriptions minimales applicables à la conception, à la construction et aux
matériaux afin de leur permettre de résister aux effets des catastrophes qui,
dans le cas contraire, entraîneraient des pertes en vies humaines ou tout au
moins des dégâts matériels.
a : Immeubles d’habitation
195
glissements de terrain) ou météorologique (telles que les pluies diluviennes,
les inondations, les tempêtes de vent, les tempêtes de neige, etc.).
a-1 : Incendie
Pour le risque « incendie », il sera traité avec plus de détails dans les
paragraphes ultérieurs consacrés aux Etablissements Recevant du Public et
aux immeubles de grande hauteur.
a-2 : Inondations
Pour les régions sujettes aux inondations dues à de fortes pluies, les
bâtiments doivent être construits de manière à ce que leur sol soit situé à un
niveau supérieur à celui des inondations, conformément aux études
effectuées dans ce domaine.
168) Certains pays sont allés plus loin sur le plan prévention des incendies, comme la France, par exemple, qui tend
vers une obligation du système de détection individuelle de fumée.
196
proscrire l’utilisation des matériaux de construction qui perdent leur
résistance lorsqu’ils sont immergés dans l’eau. Pour éviter l’infiltration des
eaux dans les caves et sous-sols, des écrans de protection résistant à la
pression des eaux doivent être prévus pour toutes formes d’ouvertures :
portes coulissantes, fenêtres fixes, etc.
Pour les régions sujettes aux inondations par raz de marée (tsunami), les
bâtiments, pour pouvoir résister aux charges des vagues en cas de tsunami,
doivent être construits en matériaux solides, notamment le béton et les
briques. Il est également possible, dans la mesure du possible et selon les cas,
de recourir au procédé de la construction sur pilotis.
197
Les établissements recevant du public comprennent plusieurs types à savoir :
En plus des risques naturels auxquels ils peuvent être confrontés tels que les
inondations, les séismes, les glissements de terrain, etc., ces établissements
retiennent l’attention au regard des risques particuliers d’incendie,
d’explosion et de panique ; le nombre d’accidents et le volume des dégâts y
afférents, annuellement recensés, étant révélateurs à ce propos.
198
l’établissement, de la nature de l’exploitation, des dimensions des locaux et
du mode de construction. Parmi ces règles, on peut citer:
Les établissements recevant du public doivent être implantés dans des aires
ne présentant pas de risques d’inflammation rapide. Ils doivent être
suffisamment éloignés des voisinages dangereux notamment des
établissements industriels et commerciaux dangereux.
Ils doivent avoir une ou plusieurs façades donnant sur des voies ou des
espaces libres permettant l’évacuation du public, l’accès et la mise en service
des moyens de secours et de lutte contre l’incendie.
Les matériaux et les éléments de construction utilisés tant pour les bâtiments
et les locaux que pour les aménagements intérieurs doivent présenter, en ce
qui concerne leur comportement au feu, des qualités de réaction et de
résistance appropriées aux risques courus. Dans ce cadre, il serait plus
prudent de proscrire l’utilisation, pour la construction et la décoration des
parties de l’établissement réservées au public, de matériaux particulièrement
inflammables (papiers asphaltés, tissus légers, etc.).
199
b-2 : Mesures de prévention et de protection
200
Lorsque l’établissement est important, il doit être doté de dispositifs
d’alarme et d’avertissement. De même, un service de surveillance doit être
mis en place avec du personnel qualifié et des moyens de secours et
d’intervention appropriés aux risques. Ce service doit en outre veiller sur les
installations de détection et d’extinction.
169) OIPC: Projet d’instruction sur la sécurité des immeubles de grande hauteur , DT/214.
201
risque de l’incendie et de la panique retient foncièrement l’attention pour
les raisons suivantes (170) :
202
impérativement disposer d’équipements spéciaux pour la lutte contre le feu
dans les immeubles de grande hauteur.
Par ailleurs, des voies d’accès réservées uniquement aux services de secours
de la Protection Civile doivent être aménagées au niveau de l’espace libre
situé devant l’immeuble et doivent être interdites à tout autre usage arrêts
de bus, stationnement de véhicules, entreposage de marchandises, etc. Les
routes menant à l’immeuble doivent être prévues avec des espaces
permettant la réalisation sans encombres des manœuvres des engins de
secours : mouvements sur pivots, virages complets, marche arrière.
Tout bâtiment de grande hauteur doit être conçu de manière à maintenir son
intégrité de structure face au feu pendant un délai déterminé tout en
protégeant ses occupants et en leur offrant des possibilités de refuge sûr.
203
- prévenir la panique et garantir la continuité de la vie normale dans les
étages non touchés par le sinistre ;
- réunir les conditions favorables à l’intervention rapide des services de
la protection civile.
204
Les parures et embellissements extérieurs des façades doivent être
incombustibles et ne doivent ni se rompre, ni se détacher de la paroi sous
l’effet du feu.
En second lieu, les escaliers doivent être isolés des couloirs et dotés de parois
résistant au feu pour une période donnée et ce pour empêcher les flammes et
la fumée d’y pénétrer rapidement.
Les escaliers doivent ainsi pouvoir être utilisés pour l’évacuation des
occupants de l’étage en feu soit vers le rez-de-chaussée, soit vers les étages
mitoyens, puis, selon les circonstances, par ascenseur ; les occupants des
niveaux contigus à l’étage en feu et directement menacés par l’incendie
seront évacués par ascenseurs si nécessaire ; les occupants des autres étages
doivent se sentir en sécurité.
Tous les escaliers de l’immeuble doivent déboucher sur le toit qui doit être
aménagé de manière à servir de moyen d’évacuation des occupants en cas
d’urgence et si possible de piste d’atterrissage aux moyens aériens de
sauvetage (hélicoptères).
Dans tous les cas, les escaliers doivent être considérés comme les principales
voies de secours.
En troisième lieu, les ascenseurs et tous les appareils élévateurs doivent être
conçus de manière à continuer à assurer leur fonction en cas d’incendie à
205
savoir la desserte des autres étages de l’immeuble de grande hauteur et
l’évacuation de leurs occupants sauf l’étage sinistré. Leurs portes doivent
être à fermeture automatique avec une résistance au feu suffisante pour
empêcher la propagation du feu et de la fumée dans les gaines. Les
ascenseurs doivent être utilisés en priorité par les services de secours.
En cinquième lieu, l’eau, destinée à la lutte contre les incendies dans les
immeubles de grande hauteur, doit être contenue dans des réservoirs situés
dans les dépendances de chaque immeuble en quantités suffisantes pour
permettre de maîtriser les éventuels incendies naissants (colonnes humides).
206
L’aménagement d’ouvertures dans les murs extérieurs de l’immeuble peut
également constituer une possibilité de désenfumage des salles.
207
Ce service, doté de moyens de première intervention et de personnel
spécialisé, devrait s’occuper de toutes les questions de sécurité ayant trait à
l’immeuble : prévention de l’incendie et de la panique, surveillance et
contrôle des installations de lutte contre l’incendie, lutte contre les débuts
d’incendie et conseils aux occupants et visiteurs.
208
que « la sécurité interne à l’usine soit reconnue par tous comme la clé de l’action de
prévention urbaine» (171).
Aussi, l’idée force qui se dégage de cette réflexion est-elle basée sur le
concept de protection des personnes exposées au risque. La première
solution tend à instaurer une distance suffisante entre les équipements et le
risque en question, ce qui offre un haut degré de protection contre les
événements à faible probabilité, en même temps qu’une protection
significative contre les accidents majeurs tout à fait improbables mais
raisonnablement prévisibles. Appliquer ce concept implique en pratique
l’identification des accidents raisonnablement prévisibles les plus graves, à
la suite de quoi une distance de séparation est définie en fonction
respectivement de l’intensité de la radiation thermique, de la surpression
explosive et du seuil d’exposition toxique. Cette approche repose sur une
appréciation quantitative des conséquences, mais avec une prise en compte
uniquement quantitative des taux de probabilité.
Des études sur la gestion des installations à risque ont conclu ces dernières
années qu’il est nécessaire de prendre en compte l’exposition spécifique du
public ainsi que l’extension des effets possibles sur sa santé. Le concept de
protection prend en compte cette probabilité d’une façon qualitative, mais il
semblerait souhaitable de pouvoir la quantifier, dans les limites du possible
(172).
171 ) COURTEUX (M) : « Industrie et ville ; cohabitation ? », Revue Sécurité- Revue de préventique , n°:1, Janvier
Février 1993, p : 24.
172 ) Voir notamment « la maîtrise de l’urbanisation autour des sites industriels à haut risque : Gestion des sols en
Angleterre », revue « Préventique » n° : 29, octobre 1989, p : 22.
209
voisinage. Cet impératif impose que la dimension sécuritaire soit reconnue
et rehaussée à un niveau acceptable. Cela suppose une prise de conscience
de la part des gestionnaires des entreprises qui doivent donner à l’aspect
sécuritaire toute l’importance qu’il mérite. Un tel intérêt pourrait se
manifester par la mise en place de mesures de prévention au sein de
l’entreprise durant tout le processus de fabrication des produits, du stockage
des matières premières jusqu’à l’entreposage des produits finis.
Toutefois, il faut reconnaître que les industriels qui sont imprégnés de cette
culture ne sont pas nombreux et qu’un effort de sensibilisation reste à
entreprendre particulièrement par le ministère de tutelle (173). L’idéal serait
d’aboutir à ce que tout industriel soit capable d’identifier les sources de
dangers, de connaître les mesures de prévention prévues pour éviter les
risques d’accident ou pour en limiter les effets, d’analyser l’ensemble des
scénarios d’accidents possibles, y compris les plus pénalisants et d’en étudier
les conséquences.
173 ) Selon une enquête effectuée en 2000 par la Direction de la Protection Civile auprès des unités industrielles
- 75% des établissements ne disposent pas d’une équipe de sécurité interne ;
- 90% n’ont aucune notion en matière de protection et de secours ;
- 50% n’ont aucun dispositif de protection et de secours ;
- 95% n’ont pas de plan d’opération interne de secours ;
- 70% avouent ne pas être préparées à affronter les accidents qui peuvent survenir .
210
Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire que des brochures de
sensibilisation soient diffusées aux industriels et que des séminaires ou des
formations soient organisés périodiquement, en attendant qu’une
réglementation marocaine rénovée voie le jour.
211
La question de ces installations existantes a connu un débat très approfondi
et des évolutions juridiques dans les pays industrialisés.
176
) Suite à l’accident du 10 juillet 1976 à Seveso (Italie), les gouvernements des Etats membres de la Communauté
Européenne sont tombés d’accord, sur proposition de la Commission pour renforcer le contrôle qu’exerçait la
puissance publique sur les activités industrielles. C’est ainsi qu’après de longues discussions est née la « Directive
du Conseil du 24 juin 1982 concernant les risques d’accidents majeurs de certaines activités industrielles »,
autrement appelée Directive « SEVESO I » (82/501/CEE). Celle-ci a été remplacée par la seconde en 1996.
212
dépasseraient le cadre de l’entreprise et menaceraient les populations
avoisinantes ;
- l’anticipation par l’information du public et la communication avec le
voisinage immédiat de ces zones d’actions ;
- la délimitation des zones industrielles par une urbanisation et une
réglementation contrôlées.
Ainsi, en France par exemple, la loi de 1976 (177) prévoit à son article 3 que les
dangers que présente une installation peuvent justifier que la délivrance de
l’autorisation de fonctionnement soit subordonnée à un éloignement
177) Loi française du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l’environnement.
213
suffisant des zones réservées à l’habitat. En application de cette disposition,
le préfet peut subordonner la délivrance de l’autorisation initiale
d’exploitation à la mise en place par l’exploitant de mesures offrant quelques
garanties. Le préfet serait fondé à refuser l’autorisation de l’installation
nouvelle.
Sur cette base, des arrêtés ministériels ou des circulaires ont prôné, pour
certaines catégories d’installations, de subordonner l’action de l’autorisation
à l’existence de garanties pouvant consister soit en l’acquisition des terrains
environnants, soit en servitudes non aédificandi de droit privé, conclues
entre l’exploitation et les propriétaires riverains (178).
178 ) ABAUZIT (F) : « la maîtrise de l’urbanisation autour des sites industriels à haut risque ; outils juridiques », revue
« Préventique » n°28 Juillet / Août 1989.
179 ) Loi n° 87-565 relative à l'organisation de la sécurité civile, à la protection de la forêt contre l'incendie et à la
prévention des risques majeurs.
.
214
- et, plus originalement, la limitation des effectifs employés dans les
installations industrielles et commerciales voisines.
Il est prévu une indemnité payée par l’industriel au profit des propriétaires
et titulaires de droits réels, lorsque l’institution des servitudes entraînera à
leur détriment un préjudice direct, matériel et certain.
Ces restrictions font que, pour simplifier, en pratique, ce sont surtout les
propriétaires de terrains à bâtir, au sens du code de l’expropriation, qui
devraient être indemnisés d’un préjudice reconnu.
On peut donc imaginer des cas où, en raison du choix du site, la mise en
place de ces servitudes ne s’accompagnera que de très faibles indemnités.
180
) On pourrait, à ce titre, s’inspirer de l’expérience française initiée par la loi BACHELOT-NARQUIN du 30 juillet 2003
relative à la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages qui a modifié la
manière de gérer les sols, sites industriels, pollués ou potentiellement pollués. Elle a tenté de proposer des remèdes.
L’adoption des Plans de Prévention des Risques Technologiques (P.P.R.T.) et l’édiction des zonages les
accompagnant devraient permettre d’éviter un certain nombre d’erreurs en imposant l’inconstructibilité des
secteurs les plus dangereux. Par ailleurs, l’intervention des collectivités concernées devrait être facilitée en ce qui
concerne l’exercice du droit de préemption sur les terrains à la vente dans le périmètre frappé de servitude mais
aussi avec la création d’un droit de délaissement pour les habitants touchés et une possibilité d’expropriation pour
cause d’utilité publique.
215
Ainsi, cette pratique française donne une idée sommaire de l’importance
accordée à l’implantation des nouvelles installations industrielles
dangereuses dans le but de les isoler des zones d’habitation.
Dans notre pays, il est temps de se pencher sérieusement sur cette question
avant qu’il ne soit trop tard car le rythme de l’urbanisation connaît une
cadence impressionnante et le processus de développement des industries
est en constante évolution. Il est donc urgent de poser les règles appropriées
pour éviter les erreurs passées commises aussi bien au Maroc qu’à l’étranger.
216
Bref, l’atténuation des dangers des établissements insalubres, incommodes
ou dangereux tient à la refonte des textes réglementaires, à la limitation des
conflits de compétence et à l’instauration d’une profonde coordination entre
les départements chargés de l’urbanisme, de l’industrie, de l’environnement
et de la protection civile.
Comparativement avec les risques localisés, les risques mobiles sont moins
importants, néanmoins, ils ne sont pas négligeables, en particulier les
dangers liés à la circulation des matières dangereuses.
Les statistiques établies par la Direction de la protection civile pour les cinq
dernières années démontrent que les accidents en rapport avec le transport
de produits dangereux sont rares (182). Cependant, les dangers liés à cette
activité sont très importants et suscitent beaucoup d’inquiétude auprès des
services de secours, car il n’est pas écarté qu’un camion transportant des
produits dangereux explose dans un quartier très peuplé ou dans un endroit
très fréquenté. C’est une probabilité qui ne doit en aucun cas être négligée.
De même, il n’est pas écarté que lors d’un rassemblement public, les
infrastructures d’accueil ne subissent un sinistre compte tenu de l’afflux
massif des participants. A plusieurs reprises des tribunes se sont effondrées
soit à cause des vices de construction, soit à cause du dépassement de leur
capacité.
Ces éventualités doivent être prises au sérieux en agissant bien en amont par
le renforcement des mesures de réduction des effets des risques mobiles.
182
) En effet, lors des cinq dernières années (2002-2006), sur un total de 78 accidents mettant en cause des produits
chimiques, seuls 7 accidents sont survenus à l’intérieur d’agglomérations urbaines.
217
A : Organisation du transport des matières dangereuses
218
1: Modernisation de la réglementation
Le transport des matières dangereuses est toujours régi par le dahir de 1938.
Ce texte apparaît aujourd’hui dépassé et anachronique. La modernisation de
la réglementation consiste donc à l’adapter aux progrès techniques
enregistrés dans ce domaine.
219
Le reproche que l’on peut faire à ce projet c’est qu’il renvoie à des textes
d’application qui ne sont pas encore préparés. Aussi, les mesures techniques
de prévention des risques ne sont pas encore précisées, d’où l’impossibilité
de se prononcer sur l’adéquation ou non de ce texte.
2 : Renforcement du contrôle
Jusqu’à présent le contrôle effectué sur les engins transportant des matières
dangereuses ne concerne que le respect du code de la route.
En fait, les véhicules de TMD doivent être soumis à deux types de contrôle :
- Les contrôles effectués au niveau des entreprises par des contrôleurs des
transports routiers dont les compétences doivent être redéfinies pour tenir
compte des tâches spécifiques adaptées à la nouvelle réglementation ;
Dans certains pays qui ont une expérience confirmée dans ce domaine, les
services de police exercent en milieu urbain deux modes de contrôle. D’une
220
part, les contrôles ponctuels qui sont laissés à l’initiative des fonctionnaires
et s’exercent de façon sporadique dans le cadre des missions générales de
surveillance de la circulation routière. D’autre part, les opérations de
surveillance organisées conjointement avec les contrôleurs des transports
routiers suivant un tableau prévisionnel établi d’un commun accord. Ces
opérations permettent d’effectuer des contrôles plus approfondis auxquels
s’associent souvent les agents des douanes.
C’est un aspect qui apparaît comme étant le plus important par ses
incidences profondes car la connaissance exacte de la nature des risques et la
maîtrise théorique et pratique des méthodes d’actions appropriées sont
fondamentales.
221
selon des règles de sécurité totale par le respect des mesures de prévention
et, le cas échéant, venir en aide aux services d’intervention par des conseils
pratiques qui peuvent se révéler décisifs en cas d’accident dont le risque ne
peut être écarté.
183
) Un exemple intéressant pour ce genre de coopération existe en France avec le « Protocole Transaid ». Il s’agit d’une
convention d’assistance conclue et signée le 4 décembre 1987 entre l’Union de l’Industrie Chimique (UIC) et le
ministère de l’Intérieur (Direction de la Défense et de la Sécurité Civiles). Cette convention prévoit une assistance
technique de l’industrie chimique aux services opérationnels de la Sécurité Civile en cas d’accident mettant en
cause des produits chimiques. Ce dispositif permet aux services de secours de gagner en temps et en efficacité
puisqu’il leur permet d’avoir des avis par téléphone sur le produit et une aide en personnel et en matériel pour
conseil et intervention sur le terrain.
222
vue une attention particulière eu égard aux dangers souvent liés à l’afflux
massif des personnes qui y participent.
Les rassemblements publics sont réglementés par le Dahir de 1958 (184). Les
principales dispositions à retenir de cette réglementation sont les suivantes :
184 ) Dahir n°1- 58-377 du 3 joumada I 1378 (18 novembre 1958) relatif aux rassemblements publics tel qu’il a été
modifié et complété notamment par le Dahir portant loi n° 1-73-284 du 6 rabia I 1393 (10 août 1973) et le Dahir
n° 1-02-200 du 12 joumada I 1423 (23 juillet 2002) portant promulgation de la loi n° 76-00
223
associations et des œuvres d’assistance ou de bienfaisance qui sont
dispensés de cette déclaration (articles 2 et 3 du dahir du 18 novembre 1958).
ii) Les manifestations sur la voie publique (cortèges, défilés) sont soumises
à déclaration préalable, excepté pour les sorties sur la voie publique
conformes aux usages locaux, qui sont dispensées de cette déclaration.
iii) Les attroupements sont classés par le dahir de 1958 en deux catégories :
les attroupements armés et les attroupements non armés.
Ce texte dispose que tout attroupement armé, formé sur la voie publique, est
interdit. Est également interdit sur la voie publique tout attroupement non
armé qui pourrait troubler la tranquillité publique (art.17).
224
d’habitations, ne sont pas prises en considération. C’est également le cas de
compétitions sportives non récréatives avec la présence d’un nombre
important de personnes. Dans de telles situations, la panique peut s’avérer
un facteur d’aggravation très important dans la mesure où la foule, sous
l’effet de la panique, peut adopter un comportement irrationnel dont les
conséquences risquent parfois d’être, du point de vue dégâts et pertes en vies
humaines, sans commune mesure avec les effets de la catastrophe
proprement dite.
225
Ces documents doivent comporter, entre autres, les informations suivantes :
- la nature de la manifestation ;
- le jour, l’heure et le lieu de sa tenue;
- la configuration et la capacité d’accueil de la salle ou de l’installation où
elle aura lieu ;
- le nombre de personnes ou de participants prévu ;
- les mesures que les organisateurs vont prendre pour assurer la sécurité
des participants ;
- le dispositif de sécurité mis en place ;
- les mesures destinées à prévenir les désordres susceptibles de porter
atteinte à la sécurité et à la tranquillité publique;
- les procédures d’alerte des services de secours en cas de nécessité.
A ces informations doivent s’ajouter, pour des cas particuliers, des certificats
de conformité des installations destinées à accueillir le public attestant de la
capacité de l’édifice à recevoir en toute sécurité le nombre prévisible de
participants en particulier sur le plan de la solidité des éléments structuraux
et de la disponibilité on non des dégagements en nombre suffisant.
Par ailleurs, sur le plan de la planification, il est nécessaire que les pouvoirs
publics mettent en place un plan de secours moderne en prévision d’une
catastrophe résultant d’un événement survenant à l’occasion de telles
manifestations.
226
l’ordre public. Certes, l’interdiction constitue en elle-même une prévention
de tous les risques qui pourraient émaner des rassemblements. Toutefois,
cette mesure reste aléatoire tant les situations de crise, y compris celles
pouvant résulter des réactions de fuite, sont, de par leur nature, soudaines et
imprévisibles avec des conséquences graves dépassant parfois les possibilités
de réaction des services de secours, notamment ceux de la protection civile.
En cas de crise, une collaboration doit être opérée entre les services de la
protection civile et ceux de la police et de la gendarmerie royale.
227
pour les personnels de secours qui doivent bénéficier de la protection des
forces de l’ordre pour l’accomplissement en toute quiétude des opérations de
secours et d’extinction d’éventuels incendies.
Les mesures de prévention préconisées pour atténuer les effets des risques
sont certes importantes mais elles ne présentent pas une totale certitude pour
l’éradication définitive des aléas. C’est pourquoi il est primordial
228
d’entreprendre toutes les mesures nécessaires pour améliorer les mesures
de protection en procédant en particulier au renforcement des mesures de
prévision parmi lesquelles figurent les activités de vigilance.
La mise en place d’un dispositif efficace de vigilance doit être basé sur le
renforcement des structures de surveillance et d’alerte et sur la coordination
des actions des organismes impliqués.
Il existe aujourd’hui dans notre pays plusieurs structures dont la vocation est
d’assurer la surveillance des phénomènes naturels, en particulier les
tremblements de terre et les inondations. Il est certain que pour ces deux
risques majeurs, on ne part pas de rien; les structures habilitées à les suivre
en permanence disposent d’équipements et de compétences non
négligeables.
229
Cependant, cette structure a encore besoin d’un soutien en équipements
pour perfectionner davantage ses prévisions et assurer une couverture totale
du territoire national en radars de nouvelle génération.
Pour les séismes, on ne peut ignorer le progrès qui a été enregistré depuis la
mise en place du Laboratoire de Géophysique (L.G.G). Toutefois, la
complexité du phénomène de tremblement de terre impose un travail
colossal et exige des instruments techniques de plus en plus perfectionnés.
La compréhension des séismes et la localisation précise des zones
vulnérables exigent des moyens importants qui, jusqu’à présent, font encore
défaut. Ces moyens modernes et consistants doivent être mis à la disposition
du L.G.G pour assurer un maillage total du territoire en « stations radars »
et partant d’améliorer la surveillance sismique sur l’ensemble du territoire
dans l’attente de la découverte d’une méthode fiable de prédiction des
séismes qui n’est pas encore à la portée des spécialistes.
230
météorologiques et géologiques dangereux car la technologie spatiale
présente aujourd’hui des atouts indéniables qu’il faudrait mettre à profit
dans le domaine de la protection des personnes et des biens.
L’autre aspect qui mérite d’être développé est celui de la surveillance des
tsunamis, car jusqu’à une date récente, ce phénomène était quasiment
inconnu. Ce n’est qu’à la suite de la tragédie de l’océan pacifique qu’une
prise de conscience s’est dégagée. On commence à peine à discuter et à
examiner les actions qu’il faudrait entreprendre pour surveiller ce
phénomène particulier dont les conséquences peuvent être dramatiques
puisque l’essentiel du potentiel économique de notre pays est situé dans les
villes côtières particulièrement vulnérables à ce phénomène.
C’est dire que la protection des populations urbaines impose de faire des
sacrifices matériels et intellectuels pour pouvoir alerter convenablement les
populations à travers des dispositifs d’alarme performants et
rationnellement utilisés.
Les différents risques qui pèsent sur les populations urbaines ne sont pas
indépendants les uns des autres. Des liens existent entre certaines catégories
de risques telle la relation entre les conditions météorologiques et les feux de
forêts et les glissements de terrain, ou encore le tremblement de terre, les
glissements de terrain et les tsunamis. C’est la raison pour laquelle les
231
organismes impliqués dans les domaines de la surveillance et de l’alerte
doivent conjuguer leurs efforts pour mieux les appréhender.
Par ailleurs, il existe des instruments de recherche qui peuvent être exploités
par de nombreux organismes pour la surveillance des risques sans avoir
recours à l’acquisition d’instruments similaires par deux ou plusieurs acteurs
impliqués. Outre le caractère économique de ce rapprochement entre les
différents acteurs, il aurait le mérite de permettre l’utilisation et
l’exploitation de tels équipements par les spécialistes de différents horizons
et disciplines. Il en est ainsi des matériels de surveillance disponibles au
niveau du CRTS qui peuvent servir à la fois pour surveiller les feux de
forêts, la pollution marine, les séismes, les glissements, l’érosion et autres
risques.
En l’état actuel des choses, les différents acteurs ont tendance à jouer cavalier
seul, attitude qui ne favorise pas l’efficience des activités de surveillance et
de développement rapide des recherches. Dans notre ère de partenariat et de
232
rapprochement de plus en plus accéléré entre les acteurs considérés jadis
comme étant des antagonistes ou des adversaires dans des domaines
concurrentiels, il est intolérable que certains organismes restent attachés à
leur domaine de compétence et refusent de partager leur savoir avec
d’autres acteurs, d’autant plus que dans ce domaine, il n’y a pas vraiment de
contraintes incontournables ni d’intérêt matériel à protéger. L’objectif est
particulièrement de protéger la vie humaine et les biens, activité pour
laquelle chacun doit apporter son concours.
233
a : Liaisons de communication
186) Article 36 (alinéa 2) du Décret n° 2.97.176 du 14 Chaabane 1418 (15 décembre 1997) relatif aux attributions et à
l'organisation du ministère de l'intérieur, BO n° 4558 - 7 chaoual 1418 (5 février 1998)
234
- pour les risques hydrologiques, les services de la Direction de
l’Hydraulique relevant du Secrétariat d’Etat chargé de l’Eau;
- pour les risques nucléaires, les services du ministère chargé de
l’Energie et ceux du Centre National de l'Energie, des Sciences et Techniques
Nucléaires.
187) Circulaire n° 34/IPC/I du 25 janvier 1983 relative à l'Organisation des Secours en cas de Catastrophe (plan
ORSEC).
235
gagner la population en cas de répétition d’alertes gratuites et immotivées
(188) .
c : Alerte de la population
En outre, ces avis d’alerte doivent être clairs, intelligibles et donner sur le
danger des informations et des indications spécifiques faciles à comprendre
et à retenir. Ils doivent par ailleurs être accessibles à toutes les catégories de
la population. A ce niveau, il y a lieu notamment de prendre en
188) UNDRO : « Prévention et atténuation des catastrophes, le point des connaissances actuelles », volume 2, aspects
hydrologiques.
236
considération la nécessité de diffuser ces avis dans les dialectes propres aux
populations concernées.
237
importance car pour ces dernières les autorités disposent de délais
raisonnables pour alerter la population.
L’alerte est un procédé qui était intimement lié à la guerre et qui avait donné
des résultats probants lorsque les populations civiles étaient appelées à se
protéger notamment contre les attaques au gaz et contre les raids aériens (189).
1 : La sirène
189) Revue « PC, Liaisons » de la Fédération Nationale de la Protection Civile (France), n° 21, Décembre 1989.
238
emplacement, des obstacles naturels, des vents. C’est un moyen «civil» et
administratif (190) permettant d’alerter la population en cas de danger.
239
Dans tous les cas, il faut éviter qu’il y ait des confusions d’audition entre les
différents signaux d’alarme, ce qui pourrait avoir des conséquences
catastrophiques. Par exemple, dans le cas d’une alarme pour crues
torrentielles, les personnes qui se rendent dans un abri pour se confiner au
lieu de rejoindre les hauteurs plus sûres courent un danger réel ; de même
pour ceux qui, en cas d’émanations chimiques, restent à l'extérieur au lieu
de s’enfermer très rapidement dans le bâtiment le plus proche pour ne pas
respirer les produits toxiques.
Un des moyens les meilleurs pour s’assurer une réaction positive du public
en cas de besoin, notamment dans les zones urbaines fortement peuplées,
est de constituer et d’entretenir un service d’information à charge pour lui
d’inculquer à ce public les consignes visées par le biais des sirènes d’alerte
pour qu’il puisse savoir ce qu’il faut faire ou ne pas faire le moment
opportun.
2 : Le haut parleur
240
sur véhicules (192). De même en cas de crues soudaines ou d’incendie, ce
moyen peut être efficacement utilisé pour appeler à l’évacuation immédiate.
3 : La radio et la télévision
192) Il faudrait toutefois se mettre en garde contre toute perte de temps qui résulterait d’un éventuel retard dans la mise
en action de ces instruments.
193) UNDRO : « Prévention et atténuation des catastrophes, le point des connaissances actuelles », volume 10, aspects
relatifs à l’information.
194) Selon l’article 8 de la loi française N° 2004-811 du 13 août 2004 de modernisation de la sécurité civile, les
« obligations auxquelles sont assujettis les détenteurs de moyens de communication et de diffusion sont fixées
dans le code d’alerte national défini par décret». Ces dispositions ne font pas de distinction entre les moyens
publics et les moyens privés, ce qui laisse supposer que le recours aux moyens privés n’est pas écarté.
241
réelles ou des indications visuelles (situation des zones dangereuses, tracé
des voies d’évacuation, messages visuels pour le comportement à adopter
face à un danger quelconque, ce qu’il convient de faire ou de ne pas
faire, etc.).
Ces deux moyens audio-visuels peuvent être utilisés pour l’alerte à tous
genres de risques, naturels, technologiques et de loisirs. Ils ont également
l’avantage de pouvoir donner des explications et des précisions sur le
danger qui menace la population, sur les mesures à entreprendre pour se
protéger, sur les voies d’évacuation, si celle-ci est nécessaire.
Compte tenu donc de leur importance dans l’alerte, il est nécessaire de les
associer davantage dans ce processus par l’établissement de contacts directs
entre eux et les autorités chargées de la décision de diffusion de l’alerte de
telle manière à pouvoir collaborer efficacement lors des situations de crise et
tirer le meilleur bénéfice du coefficient « temps » combien important en
termes d’urgence.
242
d’une part, la mise en place des aménagements et ouvrages de protection
manquants et, d’autre part, l’entretien et la maintenance de ceux existants.
Il faut reconnaître que les catastrophes que notre pays a connues récemment,
en particulier celles résultant des inondations, ont démontré l’insuffisance
criarde des infrastructures de protection. Les aménagements et les ouvrages
réalisés jusqu’à présent pour se prémunir contre les effets des phénomènes
naturels se sont révélés fort insuffisants. Les feux de forêt, les glissements de
terrain et les inondations peuvent, mieux que d’autres aléas, donner lieu à
des mesures de prévention et de sécurisation par des ouvrages et
aménagements qui y sont dédiés.
243
utilités et leur coût pourrait être amorti au bout de quelques années. De
plus, dans certains cas, on pourrait faire des économies uniquement en
procédant à l’entretien et à la maintenance des ouvrages artificiels ou
naturels existants.
Dans le même sens, il ne faut pas oublier toutes les constructions édifiées sur
les oueds et qui constituent des obstacles à l’écoulement ordinaire des eaux
des pluies abondantes, ni omettre le manque d’entretien des canalisations
obstruées en milieu urbain et qui sont souvent la principale cause de la
montée des eaux dans les agglomérations.
244
On peut dire que le patrimoine des ouvrages et aménagements de
protection, certes minime, souffre globalement d’un défaut d’entretien et de
renouvellement, qu’il relève du génie civil ou du génie biologique. Ceci
engage la responsabilité de l’Etat et des collectivités locales qui sont les
dépositaires de la sécurité publique.
Sur le plan financier, il est évident que notre pays ne dispose pas de
ressources abondantes pour se doter d’équipements importants et
quantitativement suffisants. La situation la mieux indiquée est celle qui
consiste à utiliser au mieux le peu de ressources disponibles. Sur le plan de
l’efficacité, il est également évident que l’utilisation des équipements de
secours, quelle que soit leur importance, ne peut donner les résultats
escomptés en dehors d’une utilisation optimale reposant sur des mécanismes
adéquats de gestion.
245
§ 1 : Adaptation de la planification d’urgence
Les plans de secours existants ont atteint leurs limites, d’où la nécessité
d’assurer leur renouvellement en prenant en considération l’évolution qu’a
connue la planification des secours dans d’autres pays et en veillant à leur
adaptation au contexte marocain. Jusqu’à une date récente, la pratique suivie
par certains pays consistait à établir un plan d’organisation de secours
général, appuyé par des plans d’urgence particuliers conçus pour faire face à
chaque type de sinistre.
Notre pays doit tirer profit de cette évolution dans toute action visant à
mettre en place un dispositif rénové de planification des secours. Ce
dispositif repose sur la classification réglementaire des plans et sur la
procédure de leur agencement de manière à faciliter leur mise en
application.
246
1 : Classification réglementaire des plans de secours
195) Le défaut d’organisation de test du plan ORSEC est toujours argumenté par les craintes de dommages que
peuvent subir les équipements et le personnel intervenant et l’épineuse question de la détermination des
responsabilités dans ce cas. Il est question également des ressources financières pour l’organisation de ce test et la
problématique de la détermination de la partie devant les prendre en charge.
247
catastrophe majeure. Deux possibilités sont offertes : soit avoir un plan de
procédures pour chaque catégorie de catastrophe (c’est la procédure
classique), soit définir ces procédures et les incorporer dans l’annexe du plan
général d’organisation de secours « ORSEC » (c’est la nouvelle procédure
utilisée par certains pays notamment la France). Il semble que cette dernière
option est la mieux indiquée compte tenu de sa souplesse et de son
efficacité.
Par ailleurs, notre pays ne possède pas de plans d’intervention devant être
mis en application au sein de certaines entreprises génératrices de risque.
Cette question trouve des réponses dans les plans d’opérations internes
établis par les pays européens. Ce plan a pour objet de prévoir, à partir des
dangers potentiels présentés par l’établissement, les méthodes d’intervention
et les moyens nécessaires pour assurer la protection simultanée du
personnel, des populations avoisinantes et de l’environnement. Il vise en
particulier à :
- définir les mesures d’organisation propres à l’établissement ;
- mettre au point des méthodes d’intervention internes et externes ;
- prévoir les moyens de secours de première, deuxième et troisième
intervention, ceci afin d’assurer en cas d’accident, incendie ou explosion, la
sécurité du personnel, du voisinage, des populations et de l’environnement.
L’objectif visé est de :
248
actions à entreprendre face à une situation accidentelle. Il est établi par le
chef d’établissement en liaison avec les pouvoirs publics (en particulier les
services de la Protection Civile). La responsabilité du Plan d’Opération
Interne incombe au chef de l’établissement.
249
- poste de commandement et de la logistique ;
- service de surveillance et de permanence.
Des moyens de première intervention (extincteurs portatifs et sur roues) sont
pris en compte pour tout début de sinistre. D’autres moyens tels que robinets
d’incendie armés, installations ponctuelles d’extinction automatique, doivent
compléter les moyens de première intervention et protéger des risques
particuliers.
Lorsque les moyens internes s’avèrent insuffisants par rapport aux besoins,
du renfort pourra être demandé auprès des services publics notamment la
protection civile ou encore auprès d’établissements ou d’entreprises
exerçant une activité similaire ; il est possible, en prévision de ce genre de
situation, d’établir des conventions de partenariat pour l’assistance mutuelle
en cas de sinistre.
250
a) les installations nucléaires telles que définies par le Décret de 1994 (196), à
savoir : les accélérateurs de particules dont l’énergie est égale ou supérieure
à 300 millions électrons-volts, les irradiateurs au cobalt 60 dont l’activité de
la source est égale ou supérieure à 100.000 curies, les assemblages critiques et
les réacteurs nucléaires, à l’exception de ceux utilisés à des fins de transport,
toute installation du cycle du combustible nucléaire c'est-à-dire les
établissements destinés à la préparation, au traitement, à la fabrication où à
la transformation de substances radioactives, à la fabrication ou au
retraitement du combustible nucléaire, au stockage, au conditionnement ou
au traitement des déchets radioactifs ;
196 ) Décret n° 2-94-666 du 4 rajeb 1415 (7 décembre 1994) relatif à l’autorisation et au contrôle des installations
nucléaires.
251
- les mesures d’information et de protection prévues au profit des
populations et, le cas échéant, les schémas d’évacuation éventuelle de celles-
ci avec l’indication des lieux d’hébergement ;
252
2 : Agencement des plans de secours
Malgré son existence depuis 1966, le plan ORSEC est demeuré inconnu par
une grande partie des décideurs et sa mise en application n’a été que très
rarement assurée lors de situations de catastrophes.
Partant du constat que tous les textes publiés ne sont pas connus ou du
moins ne sont pas compris par tout le monde, il s’avère nécessaire d’assurer
une vaste opération de sensibilisation de tous les acteurs impliqués dans la
gestion des catastrophes.
253
A ce titre, les services de la protection civile, premiers responsables de la
tenue de ces plans, ont le devoir de les faire connaître à tous les intervenants
potentiels. A cet effet, les services centraux, régionaux, préfectoraux et
provinciaux de la protection civile, doivent entreprendre une vaste opération
de vulgarisation de ces plans à travers tous les canaux possibles. Outre, les
réunions organisées périodiquement au sein des sièges de région, de
préfecture ou de province, qui constituent l’occasion idéale pour discuter de
ces plans, les responsables locaux de la protection civile devraient saisir
toutes les opportunités qui se présentent, telles que les manifestations
scientifiques et culturelles, pour développer la culture de la planification des
secours et mettre en exergue ses bienfaits. Il ne faut pas non plus laisser
passer l’occasion de la journée mondiale de la protection civile, célébrée le
premier mars de chaque année, sans assurer une large diffusion des
documents de planification disponibles notamment ceux qui prétendent
régir les catastrophes dominantes dans la région, la préfecture ou la province
concernée.
254
administratives et opérationnelles qu’ils comportent de façon à les
familiariser avec la gestion collégiale d’une catastrophe, à tester leur capacité
de réponse et surtout à évaluer les mécanismes de coordination entre les
différents intervenants. D’autre part, dégager les points positifs et négatifs
des plans établis dans une perspective d’amélioration de leur contenu.
Il ne faut non plus oublier que c’est ce genre d’exercice qui permet de réunir
certains acteurs qui n’ont pas fréquemment l’occasion de travailler ensemble
en particulier ceux qui ont des champs d’action assez distincts et
périodiques. Souvent, à l’occasion de ces exercices, les différents acteurs
saisissent l’opportunité de débattre et de discuter des différentes questions
en lien avec la gestion des risques et des catastrophes ainsi que des différents
problèmes qu’ils rencontrent dans l’exercice de leurs missions notamment à
l’occasion des réunions de débriefing qui clôturent les exercices.
Quoi qu’il en soit, la planification des secours demeure l’outil le plus indiqué
pour une gestion rationnelle des catastrophes puisqu’elle cherche à créer des
synergies et utiliser de façon optimale les moyens disponibles sans
gaspillage d’énergies et de moyens. Dans la même optique, il est possible
d’assurer cette économie de moyens à travers la rationalisation des
programmes d’équipement et de formation.
255
Il faut reconnaître que l’équation n’est pas facile à résoudre car il s’agit
d’assurer des programmes d’équipement et de formation dans le but de
garantir leur adéquation avec les risques réels des différentes localités.
Dans cette perspective, il est préconisé de recourir à une méthode, dont les
origines se trouvent en France, consistant à réaliser le Schéma Directeur
d’Analyse et de Couverture des Risques (SDACR).
Les SDACR ont pour objectif d’une part d’inventorier et de mesurer dans
chaque agglomération les risques qui doivent être couverts par les services
de secours notamment les services opérationnels chargés de la protection
civile et, d’autre part, de standardiser les réponses à y apporter sur le
territoire national (197).
L’établissement de ces Schémas répond à une double préoccupation :
- fournir des règles d’analyse permettant d’évaluer l’adéquation des moyens
de secours par rapport à la réalité des risques ;
- permettre aux décideurs de faire le choix d’acquisition et d’implantation
des centres de secours et des moyens les plus pertinents possibles, pour
197 ) Le Schéma Directeur d’Analyse et de Couverture des Risques est une notion qui a été importée de la France qui
fait usage du schéma départemental d’analyse et de couverture des risques pour l’équipement et la formation des
sapeurs-pompiers. Le recours à cette technique a été rendu nécessaire pour mettre fin à la course à l’équipement
entreprise par les maires pour des raisons électorales. Le SDACR ne se conçoit pas au niveau d’une localité mais au
niveau d’un département avec pour but une meilleure répartition des moyens en fonction des risques,
indépendamment de toute considération politique.
256
répondre le plus rapidement et le plus efficacement possible aux
situations de crise.
257
Elle servira également à l’identification des conditions particulières
d’intervention et du choix du matériel et des équipements spécifiques pour
les personnels d’intervention.
- Le réseau et les infrastructures de transport.
L’analyse des risques urbains ne doit pas omettre les risques courants, ou
ordinaires qui, malgré leur caractère isolé, constituent un véritable fléau au
258
vu de la somme globale des pertes en vies humaines et des dégâts qu’ils
causent annuellement.
L’analyse des risques urbains, qu’il s’agisse des risques majeurs, naturels ou
technologiques, de risques courants ou ordinaires, pourra ainsi être opérée à
partir d’informations, de données et de statistiques qu’il est possible de
collecter au niveau local auprès des sources d’information concernées que
sont, en plus de la protection civile, les administrations et établissements
publics qui gèrent, réglementent ou étudient le risque donné.
Les sources d’information pourront également être les organismes privés, les
chambres de commerce, d’industrie et d’artisanat, les associations, les
organisations non gouvernementales, bref, tous les partenaires concernés par
la connaissance du risque et sa gestion.
259
A partir des informations recueillies, un inventaire des risques particuliers
à la collectivité concernée ou des sites qui présentent un danger pour la
population ou l’environnement devra être établi.
L’inventaire, une fois dressé, devra par la suite donner lieu à une évaluation
de la nature et de la gravité du risque, en d’autres termes, permettre de
procéder à la mesure du risque en prenant en considération :
- la probabilité de survenance de l’événement générateur de l’accident ou
de la catastrophe ; à ce propos, on se basera pour ce faire sur l’historique des
accidents et catastrophes survenus dans la localité considérée en termes de
retour d’expérience ou de référence d’accidents ; il est nécessaire à ce niveau
de spécifier les accidents et catastrophes qui sont le plus souvent survenus
dans la localité et de déterminer les causes ou « facteurs du risque » ; ceux-ci
peuvent en effet être multiples, complexes et interdépendants : concentration
de la population et nature de ses activités, occupation du sol, géologie des
terrains (nature du sol et du sous-sol, activité sismique), topographie
(altitude, pentes, bassins versants), pluviométrie, vent, hydrographie et
nature des infrastructures.
260
2 : Détermination des objectifs de couverture des risques.
261
a-2 : Rapport moyens matériels d’intervention / risques
262
(incendies, feux d’hydrocarbures, feux électriques), les secours aux
personnes, la dépollution, l'évacuation et l'hébergement des sans-abri.
b : Adéquation de la formation
198) Les statistiques d’intervention des services chargés de la Protection Civile démontrent que la lutte contre l’incendie
ne constitue en moyenne que 4 à 6 % de la totalité des interventions annuelles. Ainsi, en 2006, la part des
interventions pour l’extinction des incendies a été de l’ordre de 4.6 %.
263
Pour une meilleure couverture des risques, ces personnels doivent recevoir
une formation conséquente et adéquate, de nature à leur permettre de gérer
les différentes composantes du sinistre et éviter ainsi l’improvisation et la
dispersion inutile des efforts.
264
Il en va de même pour les risques technologiques, les intervenants doivent
être formés en matière de lutte contre les feux spéciaux, contre les risques
industriels, les risques chimiques ou radioactifs, la pollution, etc.
Par ailleurs, sur le plan de la santé, des difficultés immenses peuvent surgir
avec la survenance d'une catastrophe notamment celles relatives au
traitement d'un nombre considérable de blessés dans les temps les plus
courts possibles.
Pour que les agglomérations considérées puissent faire face à ces difficultés
dans les meilleures conditions possibles, il est nécessaire de préparer les
médecins, qui y sont en fonction, à agir dans de telles situations de crise où
l'improvisation n'a pas lieu d'être, en les initiant à la médecine des
265
catastrophes. Cette discipline tend à former les médecins et à les préparer à
agir dans les situations de crise de manière à leur permettre le traitement en
masse d'un nombre considérable de blessés, ce qui impose une notion de
choix des indications thérapeutiques fondées sur l'urgence des blessures, la
simplification et la standardisation des gestes et des techniques.
Une fois les SDACR réalisées, les pouvoirs publics doivent veiller
scrupuleusement à leur mise en application. Les objectifs à atteindre sont
d’une part, de veiller à la couverture rationnelle de toutes les agglomérations
en équipements de secours nécessaires tout en évitant un suréquipement et
d’autre part, d’exploiter les ressources humaines disponibles dont les
connaissances professionnelles ont été améliorées dans le domaine de la
gestion des risques.
266
Par ailleurs, un effort doit être fourni pour la coordination des actions de
formation de façon à couvrir l’ensemble des disciplines mais aussi à disposer
d’une banque de données sur les compétences disponibles au niveau de
chaque agglomération, ce qui permettra de tenir un registre de spécialités et
partant de déceler les lacunes à combler en matière de formation. Cette
coordination doit prendre également la forme d’organisation de cours
conjoints d’instruction, d’unification des instruments pédagogiques et
d’économie des moyens par l’échange de formateurs et d’infrastructures.
C’est ainsi que prend fin l’opération d’identification des actions prioritaires
qui constituent, à notre avis, l’arsenal de mesures nécessaires à la
revalorisation de la gestion des risques urbains. Il reste à présent à définir les
mécanismes appropriés pour leur mise en œuvre et au suivi de leur
exécution.
267
Chapitre 2 : Conditions de mise en œuvre des actions prioritaires
Ce sont les deux conditions sine qua non pour la mise en place d’un
dispositif institutionnel capable de veiller à la bonne exécution et à la parfaite
coordination des mesures de prévention, de protection et de secours. En
matière de gestion des risques, la responsabilité de chaque partenaire n’est
pas toujours clairement établie, ce qui nécessite un éclaircissement des
attributions pour mieux cerner les obligations et les devoirs de chacun, à
commencer par ceux des autorités décisionnelles.
268
§ 1 : Clarification des compétences des autorités décisionnelles
Une gestion efficace des risques urbains nécessite de lutter contre la pratique
qui conduit dans la plupart des cas au chevauchement d’attributions de
plusieurs autorités et organismes. L’état des textes favorise ce
chevauchement et conduit soit à des inactions de la part des autorités et
organismes, soit à des doublons ou encore à des positions conflictuelles.
Pour mettre fin à cette situation, il est nécessaire de désigner clairement les
autorités compétentes en la matière. Dans ce sens, il est préférable de
dissocier les autorités chargées de la prévention des risques et
celles habilitées à gérer les situations de sinistre et de catastrophe. La
prévention des risques et la gestion des sinistres sont deux opérations
complémentaires mais non assimilables, compte tenu de la nature différente
des actions à entreprendre et de la diversité des acteurs appelés à intervenir.
Par ailleurs, il convient de distinguer les autorités chargées de tracer et de
décider des grandes lignes de la politique de l’Etat au niveau central, celles
devant adapter cette politique au plan régional selon les bassins de risques et
celles tenues d’en assurer l’application concrète sur le terrain au niveau local.
La gestion des risques est une question qui concerne l’ensemble des
agglomérations implantées sur le territoire national. De ce fait, et à l’instar de
tous les domaines socio-économiques et culturels, elle mérite de faire l’objet
d’une politique publique dont les lignes directrices devraient être définies
par le gouvernement. A ce titre, une question pourrait se poser pour savoir
exactement quelles sont les autorités gouvernementales auxquelles il
faudrait attribuer la charge d’arrêter le contenu de cette politique publique.
269
Logiquement, il appartient au Premier ministre et à certains ministres de
définir les orientations et à veiller à l’exécution de la politique de l’Etat en
matière de prévention et de lutte contre les risques et les sinistres
susceptibles de toucher les populations urbaines. Evidemment, les
responsabilités de chacune de ces autorités ne sont pas identiques.
270
a : Définition de la politique de l’Etat en matière de gestion des risques
271
organiser la communauté des individus et pourvoir à un certain nombre de
leurs besoins vitaux parmi lesquels figure en première place la sauvegarde
de la vie, des biens et de l’Environnement (199).
Pour faire face aux différents risques de catastrophe, notamment les risques
urbains, plusieurs ministères doivent intervenir sous une forme ou une
autre, particulièrement dans le domaine de la prévention.
199 ) Revue de l’Organisation Internationale de Protection Civile (OIPC) , n°1, JUIN 2001.
200) L’idéal serait d’initier une politique publique sous forme d’un projet de loi-cadre à soumettre au parlement pour
approbation.
272
La mise en application convenable de la politique générale tracée par le
Premier ministre repose sur l’intervention adéquate et coordonnée de
certains ministères « techniques ».
273
c : Responsabilité de l’organisation des secours en cas de catastrophe
Lors des catastrophes que notre pays a connues dans le passé, l’action du
Premier ministre n’a pas été suffisamment perceptible. Ce sont
particulièrement les ministres chargés de l’intérieur et d’autres ministères à
vocation technique qui ont été les plus en vue.
De plus, cette autorité apparaît comme étant la plus compétente pour inciter
les différents départements à appliquer les grandes lignes de la politique
générale en matière de gestion des risques notamment en :
- incitant les instances concernées à préparer les études relatives à la
prévention et à la préparation aux sinistres et encourager la mise en place de
mesures pratiques en vue de faire face aux différents risques ;
274
- contribuant aux efforts visant à assurer la sécurité et la protection des
personnes et la sauvegarde des biens en cas de conflit armé ;
- assurant l’organisation et la gestion administrative et technique des
services de secours et de lutte contre l’incendie.
275
Ainsi, en matière de prévention des risques, il est possible de dissocier deux
types d’activités selon le moment de leur réalisation et leur déroulement
dans le temps. Dans ce sens, on distingue les mesures de prévention
présentant un caractère structurel qui visent à éviter la survenue d’un risque
à la source, en prenant toutes les mesures appropriées pour éviter que le
risque ne se manifeste ou, du moins, ne conduise pas à une situation de
catastrophe. Il peut s’agir, par exemple, d’édifier une agglomération dans
une zone exposée à un aléa naturel ou technologique, de construire des
ouvrages de protection pour protéger les villes contre certains risques
naturels telles que les inondations, d’édifier des voies d’évacuations d’eaux
pour éviter la montée des eaux en ville, d’organiser la circulation des engins
transportant des matières ou produits dangereux à l’intérieur des
agglomérations, d’appliquer les normes préventives dans les constructions
ou encore de faire observer les mesures de prévention contre les risques
d’explosion ou d’incendie dans les établissements industriels et
commerciaux et dans les établissements recevant du public ainsi que dans les
habitations. Ces mesures diverses sont considérées comme des mesures de
prévention structurelles.
276
alerte les services de secours et préparer les moyens pour faire face à toute
éventualité.
Cela étant, c’est surtout dans le domaine de la lutte contre les sinistres et
catastrophes que le rôle du ministère de l’Intérieur est prépondérant. Il est
incontestable que ce département est le mieux placé pour décider des
mesures à prendre en cas de situation de sinistre et de gérer les catastrophes
qui touchent le milieu urbain. Ses attributions, son organisation territoriale,
277
l’affiliation de l’ensemble des organismes de sécurité à lui (Direction
Générale de la Sûreté Nationale, Forces Auxiliaires), sa large couverture du
territoire et surtout le rattachement à ce ministère de la Direction de la
protection civile, font de lui le ministère le plus apte à mener les opérations
et secours qu’exige la situation et de coordonner les moyens relevant de
divers départements et organismes publics et privés.
Sur cet aspect, il est à souligner que dans presque tous les pays du monde,
c’est ce ministère qui a la pleine autorité et qui constitue le principal centre
de décision en la matière.
Il est donc nécessaire que des précisions soient introduites dans les textes
réglementaires fixant ses attributions de manière à clarifier son rôle en
matière de prévention et de confirmer son rôle d’autorité gouvernementale
chargée de la mise en œuvre et de la coordination des moyens de secours en
cas de catastrophe.
202 ) Décret n° 2-94-285 du 17 Joumada II (21 novembre 1994) relatif aux attributions et à l’organisation du ministère de
la Santé.
278
Compte tenu des expériences vécues dans le passé, il semblerait nécessaire
d’élargir les attributions de ce ministère pour prendre en considération
l’ensemble des exigences imposées par la spécificité des risques urbains. En
effet, ce ministère devrait être impliqué davantage en matière de prévention
des risques sanitaires susceptibles d’être générés par une catastrophe et de
faire appliquer les normes de réduction des risques dans les établissements
de soins eu égard à la vulnérabilité et à la particularité des personnes qui y
séjournent.
279
sinistres et catastrophes, en application du principe de solidarité posé par la
Constitution (203), les ministères techniques ont particulièrement un pouvoir
de décision dans les domaines de la prévention structurelle ou stratégique.
203 ) Article 18 de la Constitution : « Tous supportent solidairement les charges résultant des calamités nationales ».
204) Ce genre d’actions est déjà prévu par certains pays.
280
facteur d’aggravation de certains phénomènes. Dans ce cadre, il est
impérieux d’inscrire dans le projet de code de l’urbanisme, faisant l’objet du
projet de loi 04-04, des dispositions à même d’instaurer l’obligation pour les
promoteurs des documents d’urbanisme de s’appuyer systématiquement
sur des études approfondies de danger des futures zones à aménager et
d’intégrer la cartographie des risques dans les règlements locaux
d’urbanisme.
Jusqu’à présent la région n’a pas encore un rôle clair à jouer en matière de
gestion des risques. Sa mission en matière de développement régional et
d’intégration des activités des différentes provinces et préfectures commence
visiblement à se dessiner. Son rôle en matière de promotion de la prévention
205 ) Il s’agit des centres créés pour favoriser l’investissement au niveau local. Ils constituent de ce fait des guichets
uniques où sont examinés en commission les différents projets d’investissement projetés au niveau régional.
281
des risques et de la planification des actions de gestion des catastrophes
mérite d’être précisé, ou du moins être clarifié.
Les compétences du wali de région ne sont pas définies par un texte législatif
et réglementaire à l’exception des délégations de pouvoir qui lui sont
octroyées par certains ministères pour des questions bien déterminées.
Même la Constitution s’est limitée à fixer les attributions des gouverneurs
qui « représentent l’Etat et veillent à l’exécution des lois. Ils sont
responsables de l’application des décisions du Gouvernement et, à cette fin,
de la gestion des services locaux des administrations centrales» (206).
Cependant, le fait que les walis aient également la qualité de gouverneur
pourrait servir de solution pour résoudre ce déficit juridique.
282
Deux options se présentent alors: soit arrêter les attributions que doit
assurer le wali de région et proposer leur intégration dans un texte, soit lui
reconnaître le droit d’exercer des compétences particulières qui s’accordent
avec sa compétence générale actuelle énoncée par le texte suprême.
207) Cette prise en compte sera réalisée lors de la soumission des documents d’urbanisme à l’approbation du
représentant de l’Etat dans la région.
283
comprendra des annexes sur la méthodologie à adopter pour faire face aux
risques spécifiques de la région.
284
de prévention dont peuvent bénéficier plusieurs communes, notamment les
projets dont le coût financier est très important. Il en est ainsi par exemple de
la prévention des inondations dans certaines villes qui pourrait être obtenue
grâce à la construction en amont d’un ouvrage de protection pour réguler le
débit d’eau arrivant dans certaines agglomérations. C’est le cas également de
l’aménagement d’un bassin versant dans le but de protéger des
agglomérations contre les crues. Le Président du conseil pourrait ainsi
favoriser la mobilisation des moyens financiers nécessaires et fédérer les
synergies entre de nombreuses communes.
Par ailleurs, le Président du conseil régional doit aussi encourager toutes les
initiatives visant à renforcer les équipements de secours et d’assistance aux
sinistrés. La constitution ou la contribution à l’équipement de dépôts de
prépositionnement des matériels d’assistance et d’entraide aux victimes des
sinistres et catastrophes peuvent se faire sous la responsabilité de cette
autorité, de concert avec le wali de la région concernée (209).
209) La contribution à l’équipement de ces dépôts à vocation régionale se fera moyennant des ressources financières du
conseil régional, auxquelles contribuent toutes les communes de la région.
285
se poser entre les autorités locales désignées et les élus concernant les
mesures à prendre.
Il ne paraît pas nécessaire de fixer de manière détaillée toutes les actions que
le gouverneur est susceptible d’entreprendre ; il suffit de préciser son rôle en
matière de mise en œuvre et de contrôle de la politique gouvernementale en
matière de gestion des risques urbains, notamment au niveau de leur
réduction car c’est là où des problèmes se posent.
286
devrait exercer le rôle de contrôle de l’intégration des mesures de réduction
des risques dans les projets autorisés par les communes relevant de sa
compétente, en application de ses pouvoirs de tutelle qu’il exerce sur les
communes (210), lesquelles communes disposent de larges pouvoirs
notamment en matière d’urbanisme et de construction.
210) Selon les alinéas 1 et 2 de l’article 50 de la charte communale, le président du conseil communal « veille à
l’application des lois et règlements d’urbanisme et au respect des prescriptions des schémas d’aménagement du
territoire et des documents d’urbanisme » et « il délivre les autorisations de construction, de lotissement et de
morcellement, les permis d’habiter, les certificats de conformité et les autorisations d’occupation du domaine
public pour un usage lié à la construction, dans les conditions et les modalités fixées par les lois et les règlements en
vigueur ». Cependant, pour être exécutoires, les arrêtés à caractère réglementaire, pris par le président du conseil
communal en vertu des dispositions de l’article 50 précité, doivent être revêtus du visa du ministre de l’Intérieur ou
son délégué pour les communes urbaines et du wali ou du gouverneur pour les communes rurales (article 76 de la
charte).
287
gouverneur doit veiller à la préparation des moyens de secours et sur
l’assimilation par l’ensemble des intervenants des plans de secours établis et
de tester périodiquement leur mise en œuvre notamment à travers des
exercices de simulation. Dans le cadre de cette préparation seraient
également envisagés les mécanismes de surveillance des risques et les
procédures d’alerte des services compétents et des populations.
Dans cet exercice d’attribution et de clarification des compétences, il est
absolument nécessaire que les textes fassent clairement la différence entre
les compétences propres au gouverneur en matière de gestion des
catastrophes et les compétences partagées avec les collectivités locales en
matière de prévention des risques.
Il ne faut pas non plus omettre de préciser les attributions qui incombent aux
pachas, chefs de cercle ou caïds, en leur qualité d’exécutif au niveau des
agglomérations siège de leur commandement.
288
En matière de préparation en prévision des catastrophes, ils devraient être
considérés comme l’outil incontournable entre les mains du gouverneur
pour assurer une préparation de proximité et pour servir de relais pour
l’alerte des populations lorsque cela s’avère nécessaire.
Contrairement à ces autorités locales dont les attributions ne sont pas encore
juridiquement définies, les élus voient leurs compétences sommairement
énoncées par la charte communale.
289
interprétations variées en l’absence de dispositions réglementaires précisant
la nature des mesures techniques que ces autorités sont appelées à
entreprendre pour prévenir les risques.
211) Le PLU succède au plan d’occupation du sol (POS) depuis la loi 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la
solidarité et au renouvellement urbains, modifiée par la loi Urbanisme et Habitat du 2 juillet 2003. Comme l’ancien
POS, le PLU est un document réglementaire d’urbanisme. Ainsi, il définit et réglemente l’usage des sols sur
l’ensemble du territoire communal. Il détermine les droits à construire de chaque parcelle publique ou privée. C’est
un document juridique de portée régionale. Il s’impose à tous : particuliers et administrations. Il sert de référence à
l’instruction des diverses demandes d’occupation et d’utilisation du sol (certificat d’urbanisme, déclarations de
travaux, permis de lotir…).
290
- information préventive des administrés. L’information doit se faire par
l’affichage du risque (212) ;
212 ) En application des dispositions de la loi française du 18 juillet 1987 précitée, l’affichage doit se faire par le biais du
dossier départemental des risques majeurs. Elle résulte en même temps des dispositions du POS et de toute autre
information ou initiative.
291
paraît important de préciser, au moins sommairement, les types ou les
catégories d’actions que le président est chargé d’entreprendre. Cette
entreprise pourrait se faire soit par le biais d’une seule loi ou éventuellement
par des textes spécifiques qui concernent tel ou tel risque que le président a
pour fonction de prévenir.
292
Aussi le système marocain de gestion des risques gagnerait-il en efficacité
par l’unification et la précision des compétences des instances consultatives
tant à l’échelon central que local. On pense que l’ensemble des comités et
commissions, qu’ils soient institués par des textes réglementaires ou
simplement par circulaires, doivent être unifiés dans le cadre de la
commission nationale de la protection civile prolongée au plan local par des
comités régionaux, préfectoraux ou provinciaux de la protection civile.
Ceci dit, outre sa composition qui doit être élargie à d’autres acteurs, son
champ d’action mérite d’être soigneusement précisé. Il faudrait en premier
lieu que ses compétences soient définies en ce qui concerne la prévention des
293
risques, étant entendu qu’il n’existe aujourd’hui aucune instance
consultative interministérielle qui pourrait se prononcer et éventuellement
proposer aux autorités gouvernementales les grandes lignes d’une stratégie
nationale de prévention des risques urbains. Cette commission supérieure
pourrait parfaitement jouer ce rôle à condition que tous les départements
ministériels et organismes impliqués dans cette problématique participent à
ses travaux, sachant que des cellules spécialisées par type de risque
pourraient être instituées en son sein. On pourrait ainsi avoir une vision
unifiée et consensuelle et par là même mettre définitivement un terme aux
activités sectorielles difficilement conciliables dans les circonstances
actuelles.
Les travaux de réflexion et d’analyse qui seraient entrepris par cette instance
permettraient au gouvernement de définir et de développer, en connaissance
de cause, une véritable pratique de prévention des risques.
D’un côté, cette instance doit définir la nature des mesures qui doivent être
prises par les acteurs urbains avant la catastrophe telles que la planification
des secours, la définition des procédures d’alerte, la constitution des réserves
de matériels et les procédures de prise en charge des sinistrés.
294
l’autorité gouvernementale chargée de la direction des opérations de
secours et, après l’événement, son rôle pourrait être déterminant au niveau
du retour d’expérience.
Notre pays disposera ainsi d’une unique instance nationale, fédérant les
actions des différents acteurs sur les plans à la fois de la prévention des
risques et de la gestion des catastrophes.
Ces comités auront des compétences aussi bien en termes de prévention que
de préparation face aux catastrophes. Les fondements d’attribution des
295
compétences à ces comités doivent répondre à un besoin d’encadrement du
bassin de risque.
296
compétences des deux organes pour assurer la complémentarité de leurs
fonctions.
Ces comités auront une vocation générale afin de remplacer les différentes
commissions et comités mis en place au niveau local. Cependant, rien
n’empêcherait de créer au sein de ces comités des cellules spécialisées par
type de risque de manière à recentrer leurs travaux et les approfondir.
297
En définitive, ces comités permettent de compléter et de boucler le dispositif
institutionnel qui paraît être nécessaire pour le perfectionnement de la
gestion des risques urbains.
298
A : Sur le plan quantitatif
Ceux qui n’en disposent pas jusqu’à présent doivent procéder à l’affectation
du personnel nécessaire dont le nombre doit être proportionnel à la nature
des missions qui leur incombe. En cas d’insuffisance du personnel, les
acteurs concernés peuvent soit en recruter, soit formuler des demandes pour
le redéploiement des effectifs dans le cadre du projet de mobilité des
fonctionnaires prôné par le gouvernement.
299
proposer les mesures de prévention du risque technologique et de veiller à
leur parfaite réalisation. Un personnel d’exécution doit être prévu en cas de
besoin.
300
En attendant l’émergence de pratiques cohérentes de réduction des risques
et le renforcement du personnel chargé d’en assurer l’exécution, il est
absolument nécessaire de renforcer le personnel chargé d’assurer le secours.
Avec un effectif ne dépassant guère les 4500 agents, soit un ratio de 1 agent
pour 7000 habitants, le corps national de la protection civile, chargé de
protéger les personnes et les biens en toutes circonstances, est loin de
satisfaire à tous les besoins des populations en matière de secours, selon les
normes en vigueur sur le plan international.
Pour respecter les normes en vigueur dans les pays à économie comparable,
notre pays est tenu de renforcer les effectifs spécialisés en matière de secours.
Reste à savoir quel serait le chemin à emprunter pour atteindre cet objectif.
A notre avis, trois voies sont envisageables pour renforcer les effectifs de
secours : le recrutement, le redéploiement du personnel et le recours au
volontariat.
a : Recrutement du personnel
301
supplémentaires, soit un taux de recrutement de 680 agents par an sur une
durée de 7 ans à compter de 1997.
302
Au total, si on prend en considération l’ensemble de ces données, on se
rend compte qu’il est nécessaire au moins de doubler les effectifs préconisés
par le bureau d’études ERNST & YOUNG. Il n’est pas exagéré de dire que
les besoins en effectifs dépassent les 20.000 personnes.
303
plus d’importance à celles qui sont parfois négligées jusqu’à présent. A titre
d’exemple, si la DPC pouvait avoir des ingénieurs, des architectes ou des
techniciens en génie de bâtiment, elle pourrait accorder une grande
importance à l’activité de prévention au même titre que celle des secours.
Il est à noter que la DPC s’est déjà engagée dans ce processus puisqu’elle
tente de récupérer les fonctionnaires territoriaux relevant des collectivités
locales qui souhaitent exercer dans les services de la Protection Civile.
L’autre voie à explorer pour renforcer les effectifs de secours est celle du
recours au volontariat, en prévision d’une catastrophe qui dépasse les
capacités du Corps national de la protection civile.
c : Promotion du volontariat
304
Pour ce qui est du monde musulman, le volontariat est avant tout une
obligation dictée par l’appartenance à l’Islam.
305
Pour la protection civile, le volontariat constitue un élément positif non
seulement lors des catastrophes majeures - l’ampleur d’un sinistre étant
souvent perçue par l’importance des pertes en vies humaines et en biens
matériels qu’il engendre - mais il est également un élément
fondamentalement utile lors des différentes phases de la gestion des
catastrophes (213).
213
) Pour plus de détails sur la question du volontariat et sur le projet de charte y afférente, il y a lieu de se référer aux
travaux de la conférence internationale sur le volontariat et la formation en matière de protection civile au
XXIème siècle organisé par l’OIPC à Tunis du 14 au 16 septembre 1999.
306
Comme il a été dit précédemment, le potentiel humain est largement
disponible, grâce à Dieu, et en plus, il est imbu d’un esprit ardent et
inconditionnel de solidarité et de sacrifice, en particulier à l’occasion des
tragédies qui endeuillent la société à l’occasion de catastrophes et d’accidents
de différentes origines. Seulement, la mobilisation de ce potentiel ne peut
être pleinement profitable que s’il a été préparé et formé en conséquence, de
manière et lui assurer un comportement positif avant, pendant et après la
catastrophe ou l’accident.
307
des les protéger eux-mêmes des aléas que suppose toute opération de
secours, quelle qu’elle soit (214).
La formation est sans conteste le moyen le plus efficace pour améliorer les
performances des personnels. Cependant, dans le domaine qui nous
concerne, l’essentiel reste à faire puisque les conditions nécessaires pour la
conduite de cette formation ne sont pas toutes réunies.
214
) Il existe dans le droit marocain des dispositions juridiques qui permettent le recours au volontariat dans les activités
de secours, notamment l’arrêté résidentiel du 24 octobre 1955 relatif au statut du personnel de la protection civile
qui fait du volontaire, masculin ou féminin, une catégorie importante sur laquelle reposait le système de la
protection civile à l’époque. Depuis, ce texte est tombé en désuétude mais le volontariat connaît aujourd’hui un
regain d’intérêt dans la mesure où le nouvel organigramme de la Direction de la protection civile prévoit un service
qui vise à assurer la promotion du volontariat dans les domaines de la prévention et du secours.
308
est l’école de la protection civile. Malheureusement, cette école n’est pas
aujourd’hui en mesure d’assurer toutes les formations nécessaires. Faute
d’infrastructures suffisantes, de moyens financiers adéquats et d’un
personnel d’encadrement approprié, cette école arrive à peine à assurer la
formation de base et continue au profit du personnel du corps national de la
protection civile particulièrement dans les domaines de la prévention des
risques d’incendie et de sauvetage. Il est rare que des formations soient
organisées en faveur des autres acteurs intervenant dans le domaine de la
gestion des risques.
Aussi est-il important que les pouvoirs publics expriment leur fort
engagement pour améliorer les connaissances des personnels relevant des
communes, des départements ministériels et organismes impliqués dans la
prévention des risques urbains. Cet engagement doit se manifester dans
l’amélioration des capacités de l’école de la protection civile, dans l’incitation
des différents acteurs à organiser des formations approfondies en faveur de
leur personnel et dans l’encouragement des différents établissements
universitaires, facultés et grandes écoles, à créer davantage de modules
spécialisés de manière à produire sur le marché du travail un personnel
309
suffisamment compétent pour conduire à terme des projets notamment à
caractère préventifs.
Par conséquent, l’un des axes majeurs à privilégier dans une première étape
serait la constitution d’équipes de formateurs dans les diverses disciplines et
l’établissement de réseaux nationaux et locaux entre ces formateurs.
Les mesures de protection des personnes et des biens contre les risques de
catastrophes, faut-il le répéter, ne sont pas l’apanage du seul département de
la protection civile relevant du ministère de l’Intérieur. Certaines autres
entités sont concernées à des degrés divers, soit au niveau de la prévention
des risques ou de la réduction des effets des catastrophes, soit au niveau de
l’intervention pour y faire face ou de la remise en état. De ce fait, la bonne
gestion des situations de crises sous entend la préparation de tous les acteurs
310
concernés en vue d’éviter toutes formes d'improvisation, de confusion et de
désordre et ce par le biais d’une formation adaptée, qui tienne en compte des
différents paramètres susceptibles d'avoir un impact favorable sur la
résolution des problèmes et difficultés qui surgissent suite à un accident ou à
une catastrophe. Les acteurs visés sont les services de la protection civile et
les autres acteurs publics et privés qui contribuent à la gestion des risques de
catastrophes.
215) Article 36 du décret n° 2-97-176 du 14 chaabane 1418 (15 décembre 1997) relatif aux attributions et à l'organisation
du ministère de l'intérieur : La direction de la protection civile est chargée de la protection et de la défense de la
population civile et des biens en toutes circonstances.
A cet effet, elle a pour mission :
- d'organiser, animer et coordonner la mise en oeuvre des mesures de protection et de secours des personnes et des
biens lors d'événements calamiteux et de catastrophes ;
- d'assurer la protection et la sauvegarde de la population et du patrimoine national lors de circonstances ressortissant
de la défense civile ;
- de promouvoir la prévention des risques et combattre tous sinistres, en particulier les incendies.
216) Les incendies ne représentent plus qu’une infime portion, environ 6%, dans la moyenne globale de leurs
interventions.
217) Décret n° 2.83.288 du 9 Joumada 1 1405 (31 janvier 1985) relatif à la création et à l'organisation de l'Ecole de la
protection civile (en langue arabe).
311
Elle est également chargée de la formation des sauveteurs bénévoles
collaborant avec la Protection Civile ainsi que du perfectionnement des
responsables de la prévention et de la lutte contre les incendies dans les
administrations et établissements publics, semi-publics et privés. Les
modalités de cette formation seront déterminées par arrêté du ministre de
l'Intérieur visé par l'autorité gouvernementale chargée des affaires
administratives » (218). Par la suite, les personnels de la protection civile
reçoivent une formation régulière de base dans les unités où ils sont affectés,
doublée d’une formation spécialisée dans ces mêmes unités ou, parfois à
l’étranger en application des accords de coopération avec certains
pays, principalement la France, ou d’organismes internationaux : OIPC,
EUROMED, Conseil des Ministres Arabes de l’Intérieur et l’Académie Naïf
pour les sciences de la sécurité.
312
- Formation au monitorat de secourisme
- Formation en matière de secours routier
- Formation de chefs de groupe en sauvetage-déblaiement
- Formation de maîtres-chiens (cynophiles)
- Formation de formateurs d'ambulanciers
- Formation en matière d'intervention en milieux périlleux 'GRIMP"
- Formation en matière de plongée subaquatique.
Ces formations tiennent en compte les risques dominants au Maroc tels que
les tremblements de terre et les inondations et crues torrentielles ainsi que
les risques technologiques notamment industriels, radiologiques, chimiques
ou encore relatifs à la pollution ou aux accidents de la circulation.
Toutefois, cette formation bute encore sur des obstacles qui limitent sa
portée, en particulier l’insuffisance des infrastructures de l’école de la
protection civile, la pénurie des formateurs, la carence des moyens
budgétaires et l’absence d’une stratégie cohérente de formation qui tiendrait
compte de l’ensemble des besoins en matière de formation.
313
royale, les forces auxiliaires et parfois l’armée en cas de nécessité. En plus
des missions propres à chacun de ces services publics, leur présence sur les
lieux d’un accident ou d’une catastrophe impliquent qu’il est souhaitable
qu’il reçoivent régulièrement une formation appropriée en la matière afin
qu’ils puissent faire face à des situations exigeant des mesures de protection
civile. Dans cette perspective, et à la demande de ces services, des
contingents délégués par eux sont formés à l’Ecole de la Protection Civile
surtout dans le domaine de l’extinction des incendies ou du sauvetage. De
plus, dans la mesure où ils font partie des services du Plan ORSEC, ils sont
généralement soumis, au niveau des préfectures et provinces concernées, à
des formes d’initiation à la problématique des risques par le biais de
réunions, de séminaires, d’exercices théoriques ou pratiques sur le terrain.
314
renforcés par des médecins du secteur privé. La formation destinée à ces
médecins s’est surtout matérialisée par l’organisation, à leur intention, par la
Protection Civile, de cours sur la médecine des catastrophes.
315
d’être élargie et d’être soutenue pour couvrir le maximum d’entreprises
d’une part pour développer la culture du risque au sein de ces
établissements et, d’autre part, pour disposer en cas de besoin d’un soutien
opérationnel. Elle doit même être élargie à la société civile qui peut être
d’une grande utilité aussi bien en temps de crise qu’en temps normal en ce
sens que la société civile pourrait être un vecteur inestimable pour le
développement de la culture de prévention des risques et d’épanouissement
de la solidarité dans le domaine de la lutte contre les effets des désastres.
Concernant les bureaux d’études privés, il est à noter qu’ils ont connu un
essor considérable au cours des dernières années surtout dans les grandes
villes. Ils commencent à se démarquer par rapport aux organismes publics
par la rapidité dans l’exécution des travaux sollicités et par la pertinence de
leur expertise de plus en plus développée dans les divers domaines. Ils
interviennent dans presque tous les aspects de la gestion des risques
urbains : protection contre les inondations, génie parasismique, lutte contre
la pollution, sécurité contre les risques d’incendie et de panique, etc..
316
Par ailleurs, la coopération internationale offre des opportunités
considérables en ce sens qu’elle peut être considérée comme un vecteur de
promotion de la formation des cadres, mais aussi d’assistance technique
pour certains projets qui nécessitent une expertise assez poussée.
317
L’application de ce principe dicte que les différentes catégories d’actions
qu’exige la réduction des risques naturels et technologiques seraient réalisées
par l’acteur ou les acteurs les plus impliqués selon la nature de l’action
envisagée. Ce principe général peut toutefois connaître des exceptions.
En effet, selon cette hypothèse, les mesures de prévention contre les risques
industriels sont du ressort des entreprises génératrices de risques elles-
mêmes; la maîtrise de l’urbanisation autour des sites industriels dangereux
incombe aux communes et au département ministériel chargé de
l’urbanisme; la réduction des risques liés au transport des matières
dangereuses relève des entreprises assurant ce genre de transport, du
département de tutelle et éventuellement des communes qui assurent
l’infrastructure de transport nécessaire à l’intérieur des agglomérations ;
l’atténuation des effets des risques au sein des établissements recevant du
public et immeubles de grande hauteur incombe, quant à elle, aux
exploitants.
On ne peut non plus écarter les particuliers qui sont eux aussi tenus de
veiller à leur propre sécurité en observant les mesures de précaution
nécessaires dans leur lieu de travail et en garantissant le minimum de règles
de prévention dans leur domicile et au cours de leurs déplacements sur la
voie publique.
318
les plus impliqués et ceux à coût élevé, ne pouvant être réalisés que par la
conjugaison des efforts entre plusieurs acteurs ou encore par le recours à des
outils de financement exogènes.
En l’état actuel des choses, les budgets réservés aussi bien à la première qu’à
la deuxième catégorie sont infimes par rapport à ce qu’ils doivent être.
Concernant la première catégorie, il convient de souligner qu’il n’y a
pratiquement pas de ministère ou d’organisme qui a prévu une rubrique
budgétaire réservée exclusivement à la prévention des risques. Ce n’est
qu’en cas de besoin extrême que les acteurs concernés essaient de trouver
des échappatoires ou des issues pour pouvoir agir, d’où l’importance pour
certains départements et organismes de prévoir à l’avenir des rubriques
budgétaires qui peuvent leur permettre d’initier certains chantiers de
prévention, conformément à leur mission. S’agissant de la deuxième
catégorie, il est absolument nécessaire de trouver des mécanismes de
financement appropriés permettant de supporter les charges induites par le
projet. Dans ce sens, il est possible, soit de prévoir des mécanismes de
financement conjoints par deux ou plusieurs acteurs dans un cadre
partenarial, soit de trouver des sources de financement externes.
319
2 : Financement des opérations de secours
Il convient de faire la différence entre les secours contre les sinistres courants
et les secours en cas de catastrophe majeure.
Toutefois, au cours des deux dernières décennies, il s’est avéré que l’Etat est
incapable d’assurer la prise en charge intégrale de ce corps, d’où la solution
trouvée consistant en la création du fonds spécial pour le soutien et la
promotion de la protection civile. Les recettes réalisées dans le cadre de ce
fonds se révèlent encore insuffisantes. Il faut donc trouver d’autres sources
de financement. Les démarches partenariales diligentées par la Direction de
la Protection Civile se sont avérées infructueuses.
320
la TVA ; soit de revoir de fond en comble le système de fonctionnement du
corps national de la protection civile, en cherchant notamment une solution
médiane entre l’«étatisation» complète de ce corps et sa « décentralisation »
intégrale. Il faudrait étudier la possibilité de faire jouer un rôle important aux
communes sans anéantir totalement le rôle prééminent de l’Etat. Ce qui
revient en fait à responsabiliser les communes dans les domaines de
l’édification et de l’équipement des centres de secours sans avoir la main
mise sur son fonctionnement et son déploiement opérationnel.
Cette équation n’est pas impossible à mettre en exploitation, il suffit que la
volonté politique soit exprimée dans ce sens.
Il est donc temps de poser les principes d’exercice de la solidarité dans les
circonstances exceptionnelles, ce qui permettra d’éviter les pratiques
aléatoires et, surtout, de donner une idée préliminaire aux gestionnaires de
la catastrophe sur les moyens dont ils peuvent disposer en cas de nécessité
impérieuse.
321
Cette opération revêt la même importance que celle relative à
l’indemnisation des victimes.
322
solution possible pour les catastrophes naturelles soit le recours à la
solidarité nationale conformément à l’article 18 de la Constitution.
220) SMETS (H) : « Indemnisation des victimes de catastrophes industrielles », les cahiers de la sécurité intérieure, n° 6,
Août / Octobre 1991, p : 165.
323
Section 3 : Des décideurs et des citoyens avisés
En matière de gestion des risques, il a surtout été question, jusqu'à une date
récente, d’engager les moyens d’intervention lors d’une situation d’urgence
et d’organiser l’assistance et l’aide aux victimes et ce par le biais des services
de secours. Aujourd’hui, les leçons ont, semble-il, été tirées des expériences
passées et l’on s’oriente de plus en plus vers l’instauration d’une culture du
risque, qui, certes, n’est pas une entreprise aisée, mais qui aura le mérite de
sensibiliser et, partant, d’associer à la fois les autorités et les administrés à
l’effort consenti dans le domaine de la réduction du risque urbain.
324
La sensibilisation constitue aussi un élément décisif dans la réalisation des
objectifs préventifs souhaités et elle conditionne nécessairement l’attitude
des autorités comme celle des citoyens.
325
On peut dire qu’actuellement, on assiste avec de plus en plus d’optimisme à
l’émergence d’une prise de conscience des décideurs à propos de la
problématique des risques à travers l’apparition de quelques normes et de
mesures pratiques destinés à réduire le risque tout en essayant d’assurer une
certaine harmonie entre les impératifs de sécurité et le exigences du
développement : rationalisation de l’occupation du sol, interdiction de
construction dans les zones dangereuses, construction de barrages pour la
prévention du risque d’inondations, etc. Bref, on sent de plus en plus une
volonté politique de faire de la problématique des risques une des priorités
pour le développement durable d’autant plus que les décideurs sont de plus
en plus conscients de l’importance de l’investissement en matière de sécurité
et les avantages énormes que les mesures de prévention permettent de
réaliser tant en termes de préservation de vies humaines qu’en termes de
diminution des coûts économiques et sociaux. On doit ici saluer les efforts
déployés dans le domaine de la sensibilisation des décideurs et des autorités
par certains Départements comme la Protection Civile, l’environnement, le
CNR, l’Habitat, le CNESTEN, etc.. qui organisent à leur intention des
conférences, des séminaires, des tables rondes, sans omettre le rôle que
jouent les autres moyens de communication tels que la télévision, la radio, la
presse, en matière de sensibilisation et de responsabilisation des autorités.
326
« enquête Comportement, Attitude, Pratique des usagers de la protection
civile » sur un échantillon de 900 ménages dans des agglomérations
représentatives du Royaume à savoir Casablanca, Oujda, Marrakech.
327
Concernant les risques urbains, la stratégie initiée par la Protection Civile
entend amener la population, par des campagnes de sensibilisation ciblées, à
acquérir de bons réflexes face aux situations d’urgence, fussent-elles la
conséquence des forces naturelles omniprésentes et imprévisibles, ou
d’accidents impliquant l’action de l’Homme tels que les accidents de la
circulation qui constituent une véritable hécatombe au Maroc(221), ou encore
les accidents qui surviennent à la maison ou sur les lieux de loisirs. La
stratégie préconisée par la Protection Civile se veut être globale et toucher
toutes les catégories de la population en commençant par les enfants qui
sont considérés comme les meilleurs récepteurs et transmetteurs des
messages de sensibilisation, les femmes au foyer, les adultes, le corps
enseignant, les industriels, les commerçants, les assureurs, les associations
diverses, etc.. Dans cette perspective, tous les moyens seront, dans la mesure
des possibilités offertes, utilisés tels que les affiches, les dépliants, les spots
publicitaires (radio - T.V.)
Dans tous les cas, les messages de sensibilisation devront revêtir une forme
générale lorsqu'ils sont consacrés à un risque urbain commun tel que les
incendies, les inondations de grande envergure, les séismes ou encore les
nuages toxiques ou radioactifs. Dans ce cas, il doit être fait recours à des
moyens à large couverture, comme la radio ou la télévision.
221) Au titre de l’année 2006, les accidents de la circulation, au nombre de 54492, ont fait 86405 victimes dont 3754 tués,
12134 blessés graves et 70517 blessés légers.
328
L’effort ainsi consenti en matière de sensibilisation des populations devra
être complété par un travail constant de formation des acteurs qui seraient
appelés à apporter leur contribution, bénévolement ou en vertu de textes
législatifs et réglementaires.
L’esprit de partenariat s’est surtout développé ces dix dernières années, suite
à une prise de conscience de la part des entités concernées (223), de
l’importance d’un rapprochement entre elles, de nature à favoriser
notamment la qualité des actions et consolider davantage la collaboration
dans les secteurs de la préparation et l’intervention face aux risques de
toutes natures.
222) Voir à ce titre L.Shipley (E) : « Protection civile et partenariat » revue « protection civile du Canada »,
juillet/septembre 1996.
223) Il s’agit d’entités dont les activités ou certaines activités sont vouées à la sécurité ou entre lesquelles existent des
affinités dans le domaine des secours aux populations menacées ou victimes d’accidents ou de catastrophes.
329
Compte tenu de la réussite de l’expérience entamée par la Direction de la
protection civile qui s’est engagée dans un processus de conclusion de
conventions de partenariat avec certains offices, générateurs potentiels de
risques, et certaines collectivités locales, il semblerait très important de
continuer sur cette voie en encourageant davantage les différents acteurs à
conclure des conventions similaires de partenariat, qui sont de nature à
combler certaines lacunes notamment en matière de couverture territoriale
par des centres de secours et d’équipements d’intervention.
L’un des exemples que l’on peut citer à cet effet est celui des relations entre
la Protection Civile et la Météorologie Nationale. En effet, compte tenu des
330
informations fournies par cette dernière au sujet la situation
météorologique, surtout au niveau des prévisions à court et à moyen termes
(notamment en cas de perturbations atmosphériques plus ou moins graves),
il est possible pour les autorités en charge de la protection de la population,
des biens et de l’environnement, de prendre des mesures adaptées à l’avance
pour préparer ses propres moyens pour l’éventualité d’une situation
d’urgence, mais aussi pour informer les populations menacées sur le
comportement à adopter. C’est dans cette perspective que la Protection
Civile et la Météorologie Nationale ont tenu des réunions de coordination
qui ont abouti à ce qui suit :
- établissement à la Direction de la Protection Civile d’une liaison spécialisée
et du modem pour la réception en temps voulu d’images satellitaires à
travers les terminaux informatiques de la Météorologie Nationale ;
- établissement en commun, d’une carte de vigilance destinée a alerter la
population en cas de menace de sinistre d’origine météorologique :
tempêtes, inondations brutales, neige abondante, sécheresse, etc.
De même, des relations similaires ont été développées depuis environ une
dizaine d’années entre la Direction de la Protection Civile et le Centre
national pour la Recherche Scientifique et Technique (CNR), principalement
pour ce qui est du risque sismique et du risque de tsunami au Maroc ; des
informations sur les oscillations et mouvements sismiques enregistrés par les
différentes stations de mesure implantées à travers le territoire national sont
envoyées régulièrement par ce Centre à la Protection Civile et aux autorités
concernées pour qu’elles puissent prendre les dispositions qui s’imposent en
cas d’urgence. On peut dès lors mesurer l’importance de telles informations
surtout pour le phénomène des tsunamis dont la survenance et le délai pour
atteindre les côtes peuvent parfois laisser un laps de temps inestimable pour
331
la diffusion de l’alerte et l’évacuation des zones menacées. Il en est de
même du cas des tremblements de terre où le facteur temps a tout son poids
dans le processus de sauvetage des personnes ensevelies sous les décombres
ou prises au piège de matériaux divers.
332
Conclusion Générale :
Aux échelons les plus élevés des gouvernements, de nombreux appels ont
été lancés concernant les catastrophes, qui entravent le développement
durable et accroissent la pauvreté parmi les nations et les secteurs de la
société les plus vulnérables.
Ces appels ont été repris lors des conférences internationales récentes, et
notamment au cours du sommet mondial pour le développement durable
(Johannesburg, Afrique du sud, 2002), de la conférence des nations sur les
petits Etats insulaires en développement (Mania, 2005), de la conférence
mondiale sur la prévention des catastrophes (Hyogo, Japan, 2005) et du
sommet mondial de l’ONU (New York, 2005).
Ces sonnettes d’alarme sont d’autant plus justifiées que les catastrophes,
particulièrement d’origine naturelle, exercent une pression considérable sur
le développement. Selon les experts du programme des Nations Unies pour
le Développement (PNUD), les pertes économiques annuelles associées aux
catastrophes naturelles se sont élevées en moyenne à 75,5 milliards de
dollars dans les années 1960, à 213,9 milliards de dollars dans les années 1980
et à 659,9 milliards dans les années 1990 (224). Les pertes sont beaucoup plus
importantes si on y ajoute l’impact des catastrophes dues à l’homme.
Face à cet accroissement spectaculaire des dommages subis par les différents
pays, en particulier ceux en voie de développement, la communauté
internationale s’est fortement mobilisée pour tenter de réduire les effets des
catastrophes. Dans ce cadre, les années 1990 ont été désignées comme
Décennie Internationale pour la Prévention des catastrophes naturelles
(DIPCN) sous les auspices de l’Organisation des Nations Unies. Cette
224 ) Voir « rapport mondial sur la réduction des risques de catastrophes : un défi pour le développement », édité par
le PNUD, 2004.
333
décennie avait pour objectif la prévention et la réduction des conséquences
des catastrophes naturelles d’origine hydro- climatique ou biologique. C’est
dans ce cadre que la première Conférence Mondiale sur les Catastrophes
Naturelles a été tenue à Yokohama (Japon) en 1994 et a adopté « la stratégie
et le plan d’action en tant que revue à moyen terme des progrès réalisés au
cours de la décennie pour la prévention des catastrophes naturelles (DIPCN,
1990-1999)».
Dix ans plus tard, la 2ème conférence mondiale sur la réduction des désastres
a été tenue à Kobé HYOGO (Japon). Celle-ci a établi une cadre pour un plan
d’action 2005-2015 qui décline la stratégie de Yokohama (1994) « pour
un monde plus sûr » et qui consiste à construire la « résilience des nations et
des communautés contre les désastres par la promotion d’une approche
stratégique et systématique pour réduire les vulnérabilités et les risques de
catastrophes ».
225) Déclaration issue du Sommet Mondial sur le développement durable, tenue à Johannesburg en 2002. La nécessité
de réduire la vulnérabilité, d’évaluer les risques et de gérer les catastrophes a été reconnue dans le Plan de mise en
œuvre des recommandations de ce Sommet (Plan de Mise en Œuvre de Johannesburg).
226 ) Projet de document sur la gouvernance pour la réduction des risques de désastres au Maroc (Projet PNUD /
CLS/2005/052).
334
la gestion des risques est une composante essentielle du développement
durable.
A ce titre, le Maroc, au même titre que les autres pays du monde, est tenu de
faire de la gestion des risques une priorité de son programme de
développement, étant entendu que les risques de catastrophes sont le
résultat de choix inappropriés pris dans le passé en matière de
développement et qui représentent une menace pour les futurs acquis de
227
) OIPC : « la protection civile, instrument de développement durable », revue de l’OIPC, n°1, juin 2001, volume
XIII, p : 16.
228
) Voir Rapport mondial sur la réduction des risques de catastrophes : un défi pour le développement », précité, p :
17.
335
développement. L’accent doit donc être mis sur l’urgence et la nécessité
d’améliorer les politiques de développement et les instruments d’évaluation
des risques de catastrophes pour renforcer la réduction des risques liés à ces
phénomènes extrêmes.
C’est dire que des progrès notables doivent être réalisés en matière de
gestion des risques urbains dans le proche avenir, d’autant plus que les
prémices du décollage économique que notre pays est entrain de vivre au
cours de ces dernières années apparaissent ostensiblement, entre autres,
dans l’extension effrénée des villes existantes et le lancement de projets de
villes nouvelles.
Ce n’est qu’à cette condition qu’il est possible de protéger la vie des
citoyens, de préserver l’économie et partant de rendre les villes marocaines
sûres aussi bien pour les populations actuelles que pour les générations
futures.
336
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″ Etude des mesures de protection contre les inondations".rapport
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NEDECO, Maroc,1975.
18-MINISTERE DES TRAVAUX PUBLICS (direction de
l’hydrauliques) :″ Étude des mesures de protection contre les
inondations″ : Rapport de fin de mission 2 schéma de protection III,
Vol, 8 études économiques, NEDECO, Maroc, 1975.
19-MINISTERE DES TRAVAUX PUBLICS (direction de l’hydrauliques):
″ Étude des mesures de protection contre les inondations″ .Rapport
de fin de mission 2 schéma de protection III vol 7, exploitation des
retenues, NEDECO, Maroc ,1975.
20-MINISTERE DES TRAVAUX PUBLICS (direction de l’hydrauliques) :
″Étude des mesures de protection contre les inondations. Rapport
de fin de mission 2 schémas de protection″ III vol 6 C annexes,
NEDECO, Maroc, 1975.
21-MINISTERE DE L’INTERIEUR (direction de la sécurité civile) : ″
Prévenir les crises de sécurité civile : Apprentissage et partenariat″,
France, 1994, 56 p.
22-MINISTERE DE L’INTERIEUR ET DE L’AMENAGEMENT DU
TERRITOIRE(Direction de la sécurité civile) : ″Le Schéma National
de Formation des Sapeurs Pompiers : Lexique″, France.
23-MINISTERE DE L’INTERIEUR ET DE L’AMENAGEMENT DU
TERRITOIRE (Inspection générale de l’administration) : ″le préfet et
la gestion de crise ″ (tome I), Service de l’information et des relation
publiques (SIRP), F rance 1994.
345
24-MINISTERE DE L’INTERIEUR ET DE LA SECURITE CIVILE : ″La
réponse des acteurs de la sécurité″, France, 1992, 368 p.
25- MINISTERE DE L’INTERIEUR : ″La Sécurité Civile en France″,
APG, France, 103 p.
26- MINISTERE DE L’INTERIEUR (direction de la Sécurité Civile) :
"Mémento pour l’élaboration d’un plan particulier d’intervention
relatif a une installation ou à un site industriel", France, 1988, 18 p.
27- MINISTERE DE L’INTERIEUR(direction de la Sécurité Civile) : ″
Plans types ORSECRAD : En vue de l’établissement des plans
ORSEC radiologiques départementaux″, France,1979, 58 p.
28- MINISTERE DE L’INTERIEUR (direction de la Sécurité Civile) : ″
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29- MINISTERE DE L’INTERIEUR (direction de la sécurité civile) :
″Guide d’élaboration d’un plan d’opération interne″, RGS, 1987,
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30- MINISTERE DE L’INTERIEUR (direction de la Sécurité Civile) :″
Plan ORSEC : Risques technologiques″, France, 1985, 26 p,
+Annexes.
31- MINISTERE DU TRANSPORT : ″Règlement pour le transport par
chemin de fer par voies de terre et par voie de navigation intérieure
des matières dangereuses″, Imprimerie Nationale, Paris, 1982, 601
p.
32- MINISTERE INTERIEUR(direction de la Sécurité civile) : ″ Les
structures nationales de protection civile en Europe″, Commission
des communautés européennes / DG XI,France, 41 p.
33- NATIONS UNIES : ″Rapport d’habitat : conférence des Nations
Unies sur les établissements humains″, New York, 1976 ,220 p.
34- NATIONS UNIES : ″Rapport sur la conférence international sur la
prévention des catastrophes naturelles″, IDNDR, Japon, 1990, 137 p.
35- OIPC : "Étude de l’organisation d’un système National de protection
civile″, Genève, 1977, 288p.
36- OIPC :″Protection et assistance pour tous face aux catastrophes au
XXI e siècle : plan d’action mondial pour le développement de la
protection civile″, Genève OIPC,1998,60 p.
37- OIPC : ″Catastrophes naturelles et sinistres majeurs″, Genève,
1999 ,38p.
346
38- OIPC : ″Maîtrise de situation de catastrophes à l’intention des cadres
de la Protection Civile″, PCVG, Genève, 1996 ,40p.
39- ORGANISATION METEOROLOGIQUE MONDIALE :″La
météorologie et les moyens d’information″, Suisse, 1987, 59 p.
40- ORGANISATION PANAMERICAINE DE LA SANTE : ″ Lutte
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41- ORGANISATION PANAMERICAINE DE LA SANTE : ″ Manuel des
opérations de secours sanitaires après une catastrophe naturelle″,
USA, 1981,104 p.
42- ORGANISATION PANAMERICAINE DE LA SANTE :
″Organisation des services de soins de santé en cas de désastre″,
USA, 1983,103 p.
43- OIPC : ″Rapport de la réunion d’experts de la Protection Civile :
Civile Défense 1977-1997″, Stephane, Jeannet Legal division of the
ICRC, 1977-1997, 89 p.
44- ONU : ″Décennie internationale pour la prévention des catastrophes
naturelles, Pour une culture de prévention″, NU, 1998, 41 p.
45- PREFECTURE DE LA GIRONDE (Cabinet de la Défense Civile) :
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46- PREFECTURE DE LA GIRONDE, Protection Civile Gironde :
″Mémento ORSEC″, France, 1986, 77 p.
47- PREFECTURE DU NORD : ″Plans particuliers d’intervention
centrale électronucléaire de Gravelines, PPI Gravelines″, France,
1980, 98 p,
48- ROYAUME DU MAROC (direction Collectivités Locales) : ″La
nouvelle politique d’assainissement des villes″, Rabat, 1992, 32p,
49- ROYAUME DU MAROC (inspection de la Protection Civile) :
"Organisation des secours en cas de catastrophes : plan orsec",
Rabat, 1983, 32p.
50- SAPEURS POMPIERS : ″organisation des corps de sapeurs-pompiers
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983, 349 p.
51- SECRETARIAT D’ETAT AUPRES DU PREMIER MINISTRE
CHARGE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE LA PREVENTION DES
RISQUES TECHNOLOGIQUES ET NATURELS MAJEURS,
347
″Maîtrise de l’urbanisation autour des sites industriels à haut risque″,
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52- SECRETARIAT D’ETAT CHARGE DE L’ENVIRONNEMENT ET DE
LA PREVENTION DES RISQUES TECHNOLOGIQUES ET
NATURELS MAJEURS, ″Guide d’application de la directive
SEVESO″, RGS, Grenoble, 1989, 40p.
53- SECRETARIAT GENERAL DE LA DEFENSE NATIONALE ET
MINISTERE DE L’INTERIEUR :"La protection des populations face
aux risques majeurs» France Sélection, Paris, 1995, 246 p.
54- TADILI, (B), RAMDANI, (M), AIT BRAHIM (L): ″Etude de l’activité
sismique de la région de missour : du 26/02/85 au 15/03/85″,
centre national de coordination et de planification et la recherche
scientifique et technique, 1985.
55- UISC7 : ″Projet de réactualisation du détachement intervention
catastrophe aéromobile″, France.
56- UISC7 :″Détachement d’intervention catastrophe aéromobile″, UISC,
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57- UISC7 : ″Mémento Opérationnel″, France ,134 p.
58- UISC7 :″Sauvetage déblaiement : tests opérationnels″, SIO, France, 87
p.
59- UNDRO : "Prévention et atténuation des catastrophes : le point des
connaissances actuelles : aspects sismologiques" Vol 3, New York :
Nations unies, 1977, 91p.
60- UNDRO : "Prévention et atténuation des catastrophes : le point des
connaissances actuelles aspects météorologiques", (Vol 4) ,New
York : Nations Unies, 1979, 74p.
61- UNDRO : "Prévention et atténuation des catastrophes : le point des
connaissances actuelles aspects relatifs à l’occupation du sol", (Vol
5), Nations Unies, New York : 1978 ,104 p.
62- UNDRO :"Prévention et atténuation des catastrophes : le point des
connaissances actuelles aspects relatifs à la construction et génie
civil", (Vol 6), New York : Nations Unies, 1981, 98 p.
63- UNDRO, "Prévention et atténuation des catastrophes : le point des
connaissances actuelles aspects économiques "(vol 7), New York :
Nations Unies, 1979 ,78 p.
348
64- UNDRO : "Prévention et atténuation des catastrophes : le point des
connaissances actuelles aspects relatifs à l’information" (vol 10),
New York : Nations Unies, 1980, 127 p.
65- UNDRO : "Prévention et atténuation des catastrophes : les point des
connaissances actuelles aspects juridiques" Vol 9, NU, 1980, 54p.
66- UNDRO : " les unités mobiles de secours", NU, Genève, 1984, 68 p.
67- UNDRO : "Risques naturels en Afrique : document de travail pour la
réunion sur la prévention des catastrophes naturelles et la
planification en précision des catastrophes dans les pays d’Afrique",
Genève, 1984.
68- UNDRO: ″ Floods Jamaica″, NU, 1979, 17 p.
69- UNDRO, ″Atelier international sur la recherche et le sauvetage 1991″,
New York : Nations unies, 1991, 52 p.
70- UNDRO: ″Cyclone and torrential rains: OMAN″, NU, 1977, 15 p,
71- UNDRO : ″La protection des établissements humains contre les
catastrophes naturelles″, NU, 17 p,
72- UNDRO : ″Répertoire d’écoles, Institutions et Agences Nationales
dispensant un enseignement dans la gestion des catastrophes″,
Genève, 1986,147 p,
73- UNDRO : ″Répertoire des équipes internationales de recherche et de
sauvetage″, New York : Nations unies, 1991, 63p,
74- UNDRO : ″Prévention et atténuation des catastrophes : le point des
connaissances actuelles, Aspects sociaux et sociologiques" Vol12,
NEW York : UNDRO/PNUE/nu, 1987, 56p,
75- UNDRO (UNESCO): ″Proceedings of the seminar on earthquake
prediction case histories″, UNESCO, Genève, 1983,
349
Table des matières
Introduction générale 01
350
2: Identification limitée des zones vulnérables 86
2-1: Délimitation partielle des zones inondables 88
2-2: Réalisation timide d’études de micro-zonage sismique 91
2-3: Détermination incomplète des agglomérations urbanisées vulnérables
aux feux de forêts 94
2-4: Identification insatisfaisante des zones exposées aux risques industriels 96
Sect. 2 : Des actions réactives insatisfaisantes 98
§1: Difficulté d’optimisation des moyens disponibles 98
A : Absence de stratégie intégrée de réponse aux risques urbains 99
1: Inexistence d’une politique publique de gestion des risques urbains 99
2: Prééminence de la logique monorisque 101
3: Apparition tardive de la logique de partenariat 103
B: Prééminence d’actions sectorielles 106
1: Défaut d’une culture de travail en commun 106
2: Formation séparée des personnels 108
3: Acquisition non concertée des équipements d’intervention 109
351
§3 : Insuffisance des moyens 135
A : Ressources financières 135
1 : Budget dédié à la préparation en prévision des catastrophes 135
2 : Budget relatif à l’organisation des secours 139
B : Modestie des équipements et infrastructures de secours 140
Chap. 2 : Une organisation à parfaire 143
Sect.1 : Identification complexe des autorités décisionnelles 144
§1: Pluralité des centres de décision à l’échelon central 145
A : Autorités de police administrative générale 146
B : Autorités de polices administratives spéciales 149
§ 2 : Imprécision des missions des autorités à l’échelon local 151
A : Compétences de l’agent d’autorité 152
B : Compétences des Présidents des conseils municipal et communal 154
352
P2 : Modalités de perfectionnement de la gestion des risques urbains 185
Chap.1 : Identification des actions prioritaires 186
Sect.1: Renforcement des mesures de prévention 187
§1 : Réduction des risques localisés 187
A : Prise en compte des risques dans les documents d’urbanisme 188
B : Sécurisation des constructions 191
1 : Application stricte et obligatoire des normes antisismiques 192
2 : Elaboration et mise en application des normes de prévention contre
les risques d’incendie, d’explosion et risques divers 194
a : Immeubles d’habitation 195
a-1 : Incendie 196
a-2 : Inondations 196
a-3 : Tempêtes de vents et de neige 197
b : Etablissements recevant du public( ERP) 197
b-1 : Implantation et structure des ERP 199
b-2 : Mesures de prévention et de protection 200
c: Immeubles de grande hauteur (IGH) 201
c-1 : Risques inhérents aux IGH 201
c-2 : Normes de construction 202
c-3 : Sécurité des occupants 203
C : Atténuation des dangers des établissements insalubres,
Incommodes ou dangereux 208
1 : Protection des personnes exposées aux risques industriels 208
a : Mesures de sécurité et contrôle effectif des sites existants 208
b : Modernisation de la réglementation pour la sécurité interne 211
2 : Sécurisation des installations nouvelles 213
§2 : Réduction des effets des risques mobiles 217
A : Organisation du transport des matières dangereuses 218
1 : Modernisation de la réglementation 219
2 : Renforcement du contrôle 220
3 : Formation et sensibilisation des opérateurs 221
B : Gestion sécurisée des rassemblements publics 223
1 : Amélioration du régime juridique relatif aux rassemblements publics 223
2 : Incorporation des mesures techniques de prévention et de planification 225
Section 2 : Valorisation des mesures de prévision et de protection 228
§1 : Amélioration des dispositifs de prévision 229
A : Renforcement de la surveillance des risques 229
1 : Soutien matériel aux structures de surveillance des risques 229
2 : Amélioration des liaisons entre les structures 231
a : Liaisons de communication 234
b : Diffusion de l’avis d’alerte 235
353
c : Alerte de la population 236
B : Rénovation des dispositifs et procédures d’alerte 237
1 : La sirène 238
2 : Le haut parleur 240
3 : La radio et la télévision 241
§ 2 : Protection des villes contre les risques majeurs 242
A : Mise en place des aménagements et ouvrages de protection 243
B : Entretien et maintenance des ouvrages existants 244
Sect. 3 : Modernisation des secours 245
§ 1 : Adaptation de la planification d’urgence 246
A : Conception et agencement de nouveaux plans de secours 246
1 : Classification réglementaire des plans de secours 247
a : Connaissance et évaluation des risques 249
b : Recensement et création des moyens de secours 249
2 : Agencement des plans de secours 253
B : Vulgarisation et mise en action des plans de secours 253
1 : Vulgarisation des plans de secours 253
2 : Organisation périodique d’exercices de simulation 254
§ 2 : Rationalisation des moyens 255
A : Réalisation des SDACR 256
1 : Analyse des risques urbains 257
a : Inventaire des risques 257
b : Evaluation des risques 260
2 : Détermination des objectifs de couverture des risques 261
a : Adéquation des moyens matériels 261
a-1 : Disponibilité des moyens de secours 261
a-2: Rapport moyens matériels d’intervention / risques 262
b : Adéquation de la formation 263
B : Coordination des programmes d’acquisition du matériel et de formation des
personnels 266
Chap. 2 : Conditions de mise en œuvre des actions prioritaires 268
Sect. 1 : Un dispositif institutionnel solide 268
§ 1 : Clarification des compétences des autorités décisionnelles 269
A : Compétences des autorités à l’échelon central 269
1 : Précision du rôle du Premier ministre 270
a: Définition de la politique de l’Etat en matière de gestion des risques 271
b: Coordination interministérielle dans la mise en œuvre de la politique de l’Etat 272
c: Responsabilité de l’organisation des secours en cas de catastrophe 274
2 : Attribution de compétences claires aux ministres 275
a. Pouvoirs du ministre de l’Intérieur 275
b. Pouvoirs du ministre de la Santé 278
c. Pouvoirs des ministres à « vocation technique» 279
B : Compétences des autorités à l’échelon régional 281
354
1 : Définition des compétences du Wali de région 282
2 : Définition des compétences du Président du Conseil Régional 284
C : Compétences des autorités à l’échelon local 285
1 : Délimitation des pouvoirs des autorités locales 286
a : Clarification des attributions du Gouverneur 286
b : Précision des compétences de l’Agent d’autorité 288
2 : Précision des compétences des Présidents du conseil municipal et communal 289
§ 2 : Intégration des instances consultatives 292
A : Redynamisation de la Commission supérieure de la protection civile 293
B : Mise en place des Comités régionaux, préfectoraux
et provinciaux de la protection civile 295
1 : Rôle et organisation des comités régionaux de la protection civile 295
2 : Rôle et organisation des comités préfectoraux ou provinciaux de
la protection civile 297
355