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Géométrie Analytique Automne 2021, CMS, EPFL

Dovi, Huruguen, Maatouk 3 décembre 2021

Série 9

Exercice 1. Le plan est muni d’un repère. Dans chacun des cas suivants déterminer la nature de la transformation géométrique
décrite par l’expression analytique donnée ainsi que ses éléments caractéristiques :
( ( (
x0 = x x0 = 2x − 21 y x0 = 3x − 4y
a. b. c.
y 0 = 7x y 0 = 4x − y y 0 = 2x − 3y.

Solution:
a. La matrice :
P = ( 17 00 )
est de trace 1 et de déterminant nul : c’est donc une matrice de projection. Par conséquent, la transformation proposée ici
est une projection dont les axes d et g passent par l’origine (on projette sur d parallèlement à g). Rappelons alors différentes
méthodes pour identifier les axes d et g.

Une première méthode consiste à observer que, par définition même d’une projection, pour tout point M du plan, on a :
−−−→0
M0 ∈ d et M M est directeur de g.

Appliquons par exemple ceci avec M de coordonnées (1, 0). Le point M 0 (1, 7) appartient donc à d : comme cette droite passe
−−−→
par l’origine, elle admet pour équation y = 7x. Par ailleurs, le vecteur M M 0 ( 07 ) est directeur de g : comme cette droite passe
par l’origine elle admet donc pour équation x = 0.

Une autre méthode consiste à décomposer P en un produit colonne-ligne, comme par exemple :

P = ( 17 ) ( 1 0 ) .

La colonne correspond à un vecteur directeur de d, qui a donc pour équation y = 7x, et la ligne donne directement une
équation de g, à savoir 1 · x + 0 · y = x = 0.

Enfin, une dernière méthode consiste à utiliser d’une part le fait que d est formé des points fixes de la projection :
 0 
x =x x=x
0 ⇔ ⇔ 7x = y
y =y 7x = y

et, d’autre part, que g est formé des points envoyés sur l’origine par la projection :
 0 
x =0 x=0
0 ⇔ ⇔ x = 0.
y =0 7x = 0

b. Ecrivons la matrice P sous la forme :


1
 
2 −2 1

P = = ( 12 ) 2 −2 .
4 −1

Elle est de trace 1 et de déterminant nul : c’est donc une matrice de projection. Par conséquent, la transformation proposée
est une projection dont les axes d et g passent par l’origine (on projette sur d parallèlement à g). La droite d a pour équation
y = 2x (elle passe par l’origine et est dirigée par le vecteur de coordonnées ( 12 )). La droite g a quant à elle pour équation
2x − 21 y = 0 (directement donnée par la ligne 2 − 12 ci-dessus), ou encore y = 4x.


c. La matrice :
3 −4

S= 2 −3

est de trace nulle et de déterminant −1 : c’est donc une matrice de symétrie. Par conséquent, la transformation proposée ici
est une symétrie dont les axes d et g passent par l’origine (on projette sur d parallèlement à g). Rappelons alors différentes
méthodes pour identifier les axes d et g.
Une première méthode consiste à observer que, par définition même d’une symétrie, pour tout point M du plan, on a :
−−−→
le milieu de M M 0 ∈ d et M M 0 est directeur de g.

Appliquons par exemple ceci avec M de coordonnées (1, 0). Le point M 0 a alors pour coordonnées (3, 2). Le milieu de M M 0 ,
qui a pour coordonnées ( 1+3 0+2
2 , 2 ) = (2, 1) appartient donc à d : comme cette droite passe par l’origine, elle admet pour
−−−→
équation x = 2y. Par ailleurs, le vecteur M M 0 ( 22 ) est directeur de g : comme cette droite passe par l’origine elle admet donc
pour équation x = y.
Une autre méthode consiste à calculer la matrice de projection P associée à S et à la décomposer en un produit colonne-ligne :

P = 21 (S + I2 ) = 12 42 −4 2 −2
  2
−2 = 1 −1 = ( 1 ) ( 1 −1 ) .

La colonne correspond à un vecteur directeur de d, qui a donc pour équation x = 2y, et la ligne donne directement une
équation de g, à savoir x − y = 0.
Enfin, une dernière méthode consiste à utiliser d’une part le fait que d est formé des points fixes de la symétrie :
 0 
x =x 3x − 4y = x
0 ⇔ ⇔ x = 2y
y =y 2x − 3y = y

et, d’autre part, que g est formé des points ”renversés autour de l’origine” par la symétrie :
 0 
x = −x 3x − 4y = −x
0 ⇔ ⇔ x = y.
y = −y 2x − 3y = −y

Exercice 2. Dans le plan muni d’un repère, on donne les droites :

d : y = 5x, g : 3x + 2y = 0.

a. Déterminer l’expression analytique de la projection sur d parallèlement à g.


b. Même question pour la symétrie par rapport à g parallèlement à d.
c. En supposant que le repère utilisé est orthonormé direct, déterminer l’expression analytique de la réflexion d’axe d.

Solution:
a. D’après le cours, on sait alors que la projection sur d parallèlement à g a pour expression analytique :
 0
x
y0 = P ( xy ) , où P = 13
1 1 1
( 5 ) ( 3 2 ) = 13 3 2 ).
( 15 10

Rappelons que la colonne ( 15 ) correspond à un vecteur directeur de d, la ligne ( 3 2 ) correspond à une équation de g, et le
1
facteur 13 est là pour assurer que la trace de P soit égale à 1. Remarquons pour vérifier notre résultat que la matrice P
obtenue est bien une matrice de projection (elle est de déterminant nul et de trace 1) et qu’on a par ailleurs :
2

P ( 15 ) = ( 15 ) et P −3 = ( 00 )

(la première égalité traduisant le fait que les points de d sont fixes par la projection et la deuxième que les points de g sont
tous projetés sur l’origine).
b. L’expression analytique de la projection sur g parallèlement à d peut se calculer de la même manière qu’au a. :
 0
x
= Q ( xy ) , où Q = 13
1 2 1 10 −2
 
y0 −3 ( 5 −1 ) = 13 −15 3

ou plus simplement en utilisant le fait que Q = I2 − P . On sait alors que la symétrie par rapport à g parallèlement à d a pour
expression analytique :
 0
x
= S ( xy ) , où S = 2Q − I2 = 13
2 10 −2 1 7 −4
 
y0 −15 3 − ( 10 01 ) = 13 −30 −7 .

Remarquons pour vérifier notre résultat que la matrice S obtenue est bien une matrice de symétrie (elle est de déterminant
−1 et de trace nulle) et qu’on a par ailleurs :
2 2
et S ( 15 ) = −1
  
S −3 = −3 −5

(la première égalité traduisant le fait que les points de g sont fixes par la symétrie et la deuxième que les points de d sont
tous ”renversés” autour de l’origine lors de la symétrie).
c. La réflexion d’axe d : y = 5x est la symétrie par rapport à d parallèlement à la droite perpendiculaire à d passant par l’origine,
qui a pour équation x + 5y = 0. Par conséquent, elle a pour expression analytique :
 0
x
= T ( xy ) , où T = 2( 1 1 1 1 5 1 −12 5

y0 26 ( 5 ) (
1 5) ) − I2 = 13 ( 5 25 ) − I2 = 13 5 12 .
| {z }
projection orthogonale sur d

Pour déterminer cette matrice on peut aussi utiliser l’angle d’inclinaison θ que fait d avec l’horizontale. On sait en effet que :
 
T = cos(2θ) sin(2θ)
sin(2θ) − cos(2θ)
.

Comme d est de pente 5, on sait que :


cos θ = √1 et sin θ = √5 .
26 26

D’après les formules de duplication en trigonométrie, on obtient alors :

cos(2θ) = cos2 θ − sin2 θ = − 12


13 et sin(2θ) = 2 cos θ sin θ = 5
13 ,

ce qui redonne la matrice ci-dessus.

Exercice 3. Dans le plan muni d’un repère, on donne :

A(−1, 3) et B(2, 0).

Trouver l’expression analytique d’une symétrie s dont les axes passent par l’origine sachant que s(A) = B. Indication : on
commencera par faire un dessin.

Solution: Appelons d et g les axes de la symétrie p (on fait la symétrie par rapport à d parallèlement à g). Figure d’étude :

Le milieu I de (AB), qui a pour coordonnées ( −1+2 3+0 1 3


2 , 2 ) = ( 2 , 2 ) se trouve sur l’axe d, puisque c’est le milieu d’un segment
joignant un point à son image par la symétrie. Comme l’origine se trouve aussi sur la droite d, on voit qu’elle admet pour équation :

d : y = 3x.
−−→ 3 
Ensuite, observons que le vecteur AB −3 est directeur de g : en effet, quand on se déplace de A à B = s(A), on le fait parallèlement
à g, par définition même d’une symétrie. Comme la droite g passe aussi par l’origine, on voit qu’elle admet pour équation :

g : x + y = 0.
On obtient donc finalement que s admet pour expression analytique :
 0
s : xy0 = S ( xy ) , avec S = 2 ( 14 ( 13 ) ( 1 1 )) −I2 = 1 1 −1 1

2 ( 13 13 ) − ( 10 01 ) = 2 3 1
| {z }
P

(la matrice P est la matrice de projection sur d parallèlement à g). Pour terminer, vérifions notre résultat (cette étape n’est pas
nécessaire pour la résolution, mais fortement recommandée en pratique !). La matrice S que l’on a trouvée est de trace 0 et de
déterminant −1 : c’est donc une matrice de symétrie. Par un calcul direct, on trouve alors bien que s(A) = B. On a donc bien
trouvé une solution au problème posé (et notre raisonnement montre que c’est la seule).

Exercice 4. Dans le plan muni d’un repère, on donne :

A(2, 5), B(3, 2), l : 3x + 4y = 8,

Trouver l’expression analytique d’une projection p dont les axes passent par l’origine sachant que p(A) = p(B) appartient à l.
Indication : on commencera par faire un dessin.

Solution: Appelons d et g les axes de la projection p (on projette sur d parallèlement à g). Figure d’étude :

−−→ 1

La droite (AB) est dirigée par le vecteur AB −3 , si bien qu’elle admet pour équation :
(AB) : 3x + y = 3 · 2 + 5 = 11.
La condition p(A) = p(B) impose que la droite g est parallèle à (AB). Comme elle passe par l’origine, elle a donc pour équation :
g : 3x + y = 0.
Par ailleurs, le point p(A) = p(B) se trouvant sur (AB) et sur l, ses coordonnées sont données par le système :
  
3x + y = 11 3x + y = 11 x=4
⇔ ⇔
3x + 4y = 8 3y = −3 y = −1

Ce point se trouvant également sur la droite d (qui passe aussi par l’origine), on trouve qu’elle a pour équation :
d : x + 4y = 0.
On obtient alors finalement que p admet pour expression analytique :
 0
p : xy0 = P ( xy ) , avec P = 11
1 4 1 12 4
 
−1 ( 3 1 ) = 11 −3 −1 .

Pour terminer, vérifions notre résultat (cette étape n’est pas nécessaire pour la résolution, mais fortement recommandée en pra-
tique !). La matrice que l’on a trouvée est de trace 1 et de déterminant 0 : c’est donc une matrice de projection. Par un calcul direct,
on trouve alors bien que A et B ont la même image par p, à savoir le point de coordonnées (4, −1). Comme celui-ci appartient à l,
on a bien trouvé une solution au problème posé (et notre raisonnement montre que c’est la seule).
Exercice 5. Dans le plan muni d’un repère orthonormé direct, on donne :

d:x=2 et g : 4x + 3y = 10.

Existe-t-il une réflexion s dont l’axe passe par l’origine et qui vérifie s(d) = g ? Si oui, en donner l’expression analytique.
Indication : que peut-on dire du point d’intersection de d et g ?

Solution: Figure d’étude :

Partons du principe qu’une telle réflexion s existe et cherchons à la déterminer via son axe. Par hypothèse, les droites d et g
sont échangées par s (rappelons que s ◦ s est l’identité : quand on applique deux fois une réflexion on revient au point de départ).
Observons alors que le point I d’intersection de d et g est fixé par s. En effet le point image s(I) se trouve à la fois sur d (car I
se trouve sur g) et g (car I se trouve sur d), et est donc égal à I. Par conséquent, l’axe de s est nécessairement la droite joignant
l’origine à I, qui a pour coordonnées (2, 23 ). Il s’agit de la droite d’équation x = 3y.
Il nous reste donc maintenant à vérifier que la réflexion d’axe l : x = 3y envoie bien d sur g. Pour cela, commençons par identifier
son expression analytique
 0
) − I2 ) ( xy ) = 51 43 −4
x 1 3
 x 4x+3y 
y0 = (2( 10 ( 1 ) (
3 1) 3
( y ) = 15 3x−4y .
| {z }
projection orthogonale sur l

La droite d passe par le point de coordonnées (2, 0) et est dirigée par le vecteur de coordonnées ( 01 ). Son image par la réflexion d’axe l
4·0+3·1
passe donc par le point de coordonnées ( 4·2+3·0 , 3·2−4·0 ) = ( 85 , 65 ) et est dirigée par le vecteur de coordonnées : 15 3·0−4·1
 1 3 
5 5 = 5 −4 .
Elle admet donc pour équation cartésienne :
4x + 3y = 4 · 58 + 3 · 65 = 10
si bien que c’est la droite g.
Résolvons maintenant le problème posé par une autre méthode, plus analytique. Recherchons s directement via son expression
analytique, dont on sait qu’elle est du type :
 0  
x
x
y0 = α β 2 2
β −α ( y ) avec α + β = 1

(la matrice est symétrique, de trace nulle et de déterminant −1). La droite d passe par le point (2, 0) et est dirigée par le vecteur
de coordonnées ( 01 ). Par conséquent, la droite image s(d) passe par le point de coordonnées (2α, 2β) et est dirigée par le vecteur
β

de coordonnées −α . Elle est donc égale à g si et seulement si :
  
4 · (2α) + 3 · (2β) = 10 8α + 6( 43 α) = 10 α= 4
5
⇔ 3 ⇔ 3
4 · β + 3 · (−α) = 0 β= 4α β= 5
Comme les valeurs de α et β trouvée vérifient que α2 + β 2 = 1, on a donc trouvé qu’il y a une unique solution au problème posé,
à savoir la réflexion d’expression analytique :
 0  x
x 4x+3y 
y0 = 15 43 −4
3
( y ) = 15 3x−4y .

Exercice 6. Soit M ∈ M2 (R) une matrice carrée de taille 2 à coefficients réels.


a. Si M est une matrice de projection, montrer que M 2 = M .
b. Déterminer toutes les matrices M vérifiant M 2 = M . Indication : discuter selon le rang de M .
c. Quelles sont les matrices M vérifiant M 2 = I2 ? Indication : utiliser le résultat du b.

Solution:
a. Si M est une matrice de projection, on sait que M s’écrit sous la forme :
λ

M= µ ( ρ σ ) avec λρ + µσ = 1.

Par un calcul direct, on trouve alors :


M2 = λ λ
 
µ (ρ σ) µ (ρ σ) = M
| {z }
λρ+µσ=1

(ceci peut aussi se comprendre géométriquement : appliquer deux fois de suite une projection a le même effet que de ne
l’appliquer qu’une fois).
b. Discutons selon le rang de M . La seule matrice de rang 0 est la matrice nulle M = ( 00 00 ), qui vérifie bien que M 2 = M .
Supposons maintenant que M est de rang 1. Nous allons montrer que c’est une matrice de projection. On sait déjà qu’elle est
de déterminant nul, il suffit donc de prouver que sa trace est égale à 1. Pour cela, commençons par écrire M sous la forme
d’un produit ligne-colonne :
M = µλ ( ρ σ ) .


Il vient alors :
M2 = λ λ
 
µ (ρ σ) µ ( ρ σ ) = tr(M )M.
| {z }
λρ+µσ

Comme M est non nulle, on voit alors que la condition M 2 = M impose que la trace de M est égale à 1. Supposons alors
pour finir que M est de rang 2, ou autrement dit qu’elle est inversible. On obtient :

M 2 = M ⇔ M −1 M 2 = M −1 M ⇔ M = I2 .

Autrement dit, la seule matrice inversible qui vérifie la condition est la matrice identité. En résumé, nous avons établi que
dans M2 (R) les solutions de l’équation M 2 = M sont la matrice nulle, la matrice identité et les matrices de projection.
c. La relation M 2 = I2 nous fait penser aux matrices de symétries (géométriquement : quand on applique deux fois de suite une
symétrie on revient au point de départ). Ceci nous invite à chercher un lien entre la condition M 2 = M étudiée au b. (qui
caractérise essentiellement les matrices de projection) et celle que l’on cherche à comprendre maintenant. Or on sait d’après
un résultat vu au cours que M est une matrice de symétrie si et seulement si 12 (I2 + M ) est une matrice de projection. Ceci
nous fournit le lien que l’on recherche :

( 21 (I2 + M ))2 = 12 (I2 + M ) ⇔ 1


4 (I2 + 2M + M 2 ) = 12 (I2 + M ) ⇔ I2 + 2M + M 2 = 2I2 + 2M ⇔ M 2 = I2 .

Par conséquent, M est solution de M 2 = I2 si et seulement si 21 (I2 + M ) est solution de l’équation étudiée au b. : c’est-à-dire
si et seulement si elle est nulle (correspond à M = −I2 ), égale à I2 (correspond à M = I2 ) ou est une matrice de projection
(correspond à M matrice de symétrie).

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