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Méthode des éléments finis

Chapitre IV, élément fini iso-paramétriques

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4.1 Introduction
La mécanique linéaire des solides obéit à une forme forte dont l'ordre des dérivées vaut 2, ordre qui
est réduit à 1 dans la forme faible (principe des déplacements virtuels). Dans un tel cas, la
convergence demande une interpolation C1 dans l'élément, une continuité C0 aux frontières et un
polynôme complet au degré 1 au moins (donc linéaire).
Construire des fonctions d'interpolation remplissant ces conditions est généralement aisé. Les plus
classiques d'entre elles sont données dans ce chapitre.
En fait, outre l'élasticité, beaucoup de problèmes physiques ont une forme différentielle d'ordre
deux : conduction thermique, écoulement souterrain, torsion de Saint-Venant, potentiel électrique,
fluide parfait, certaines théories de structures, etc.
Il en résulte que les éléments finis à continuité C0 aux frontières ont été (et sont encore) les plus
étudiés et les plus employés. D'où l'appellation simplifiée d'élément C0, d'interpolation C0, de
continuité C0, etc.

4.2 Interpolation ID
L'élément fini est un segment de droite de longueur 2a au centre duquel on choisit l'origine des
abscisses x (fig. 4.1a). Il est souvent avantageux d'utiliser la coordonnée naturelle (fig. 4.1b)

= (−1 ≤ ≤ 1) (4.1)

Dans l'interpolation paramétrique, l'approximation polynomiale est

( )= + + +⋯+ = = ( ) (4.2)

Pour un élément fini à (≡ ) nœuds, on retient les premiers termes ( ≥ 2; = ="+


1 ). Les nœuds sont choisis équidistants.

Fig. 4.1 Elément 1D : (a) coordonnée cartésienne x (-a≤x≤a) ; (b) coordonnée naturelle ξ (-1≤ ξ≤1). (La position des
nœuds dépend de l'interpolation choisie ; cf. fig. 4.2.)

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Les fonctions d'interpolation sont très simples à construire: ce sont les polynômes de degré " =
+ 1, successivement unités en un nœud et nuls aux − 1 autres nœuds. La figure 4.2 montre
ces fonctions pour des éléments à 2, 3 et 4 nœuds, conduisant à des interpolations linéaire,
quadratique et cubique.
On recourt rarement à une interpolation supérieure au degré p = 3, car la matrice de rigidité croît en
complexité ; de plus, elle est pleine et augmente la largeur de bande lors de l'assemblage.

Remarque
Les fonctions de la figure 4.2 sont des polynômes d'interpolation de Lagrange, dont l'expression
générale est

− % ( − )( − ) ⋯ ( − )( − ) ⋯ ( − )( − )
# ( )=$ =
− % ( − )( − ) ⋯ ( − )( − ) ⋯ ( − )( − ) (4.3)
%
%&

#' ( ) est un polynôme de degré p, qui passe par p points xj (j≠ i) et vaut 1 au point restant xi, soit,
avec (4.10),
#' ( % ) = * % (4.4)

Avec (4.1) ξ=x/a, il est clair que # ( ) = # ( ). Enfin, la somme des fonctions d'interpolation doit
être égale à l'unité
-
,

#' = + =1 (4.5)

Afin de représenter le mode rigide (u =cste).

4.3 Interpolation 2D
4.3.1 Continuité aux frontières
On doit, rappelons-le, assurer la continuité tout le long d'une frontière séparant deux éléments, à
l'aide des seules valeurs nodales communes.

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Fig. 4.2 Fonctions d'interpolation lagrangiennes : (a) linéaires ; (b) paraboliques ; (c) cubiques.

Pour une interpolation polynomiale, le champ inconnu est aussi un polynôme le long d'une
frontière. Par conséquent, avec des polynômes complets, on assure la continuité C° si, pour un
polynôme de degré p sur une frontière, on place p + 1 nœuds le long de cette frontière.

4.3.2 Eléments finis triangulaires


On construit quasi spontanément des éléments triangulaires à =(p + l)(p + 2)/2 nœuds (fig.
(f 4.3),
correspondant à un polynôme complet de degré p en les variables indépendantes x et y, du même
degré sur chacune des trois frontières.

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(a) (b) (c)

Fig. 4.3 Eléments finis triangulaires : (a) linéaire ; (b) quadratique ; (c) cubique.

Le polynôme d'interpolation s'écrit (composante u par exemple)


( , /) =
+ + /
+ 0 + 1 /+ 2/

+ 3 + 4 /+ 5 / + 6/ (4.6)
0
+ +⋯
+⋯+ ( )( )/ /
= ( , /)

Et ses termes apparaissent naturellement grâce au triangle de Pascal (fig. 4.4).

Fig. 4.4 Triangle de Pascal.

Dans les éléments finis destinés aux calculs basés sur la convergence h, on ne dépasse pratiquement
jamais le degré 3. La matrice C peut toujours être inversée sans difficulté.
On peut aussi dessiner aisément les fonctions d'interpolation (fig. 4.5) et par suite en chercher les
équations. On vérifie que leur somme vaut 1

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-
,

+ =1 (4.7)

Fig. 4.5 Fonctions d'interpolation du triangle quadratique

4.3.3 Eléments finis rectangulaires


Plaçant l'origine des coordonnées au centre de l'élément rectangulaire, de dimension 2a x 2b, on
définit avantageusement les coordonnées naturelles
/
= 8= (4.8)

qui valent ±1 sur les frontières du rectangle (fig. 4.6).

En partant de l'interpolation de Lagrange à une variable indépendante, on peut, pour les domaines
rectangulaires, construire deux familles de fonctions d'interpolation.

Fig. 4.6 Elément rectangulaire et ses coordonnées cartésiennes (x, y) et naturelles (ξ,η).

Famille de Lagrange
Les nœuds sont placés aux intersections des lignes d'un quadrillage régulier (fig. 4.7) et les
fonctions d'interpolation peuvent s'obtenir par le produit des polynômes de Lagrange (4.3) de
chacune des coordonnées x et y, ou ξ et η. L'élément cubique est, déjà, rarement utilisé.

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Fig 4.7 Famille des rectangles de Lagrange et quelques fonctions d'interpolation : (a) élément bilinéaire ; (b) élément
biquadratique ; (c) élément bicubique

La figure 4.8 montre les fonctions d'interpolation typiques de l'élément quadratique. La fonction du
nœud central s'appelle une fonction bulle,. En tout point, la somme des fonctions vaut 1.

Fig. 4.8 Fonctions d'interpolation typiques de l'élément biquadratique

L'interpolation paramétrique u=Pp comprend les termes contenus dans un losange issu du triangle
de Pascal, comme l'indique la figure 4.9

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Fig 4.9 : termes de l’interpolation polynomiale des rectangles de Lagrange

4.4 Transformation isoparamétriqiie


4.4.1 Coordonnées naturelles
Ces coordonnées (ξ = x/a en 1D (4.1); ξ = x/a et η = y/b en 2D (4.6) ; ξ, η, ζ en 3D) permettent
d'écrire les fonctions d'interpolation du rectangle à quatre nœuds par exemple (figs 4.7a et 4.10),
sous la forme
1
+ ( , 8) = (1 − − 8 + ) + ( , 8) = ⋯ :;<
4 (4.9)

Fig. 4.10 Elément quadrilatéral en coordonnées naturelles.

et par suite F interpolation du champ des déplacements également


- -
, ,

( , 8) = + ( , 8) =( , 8) = + ( , 8)= (4.10)

De façon générale, en 1D, 2D ou 3D, et quel que soit le nombre de nœuds, l'interpolation peut
s'écrire

>( ) = ?( )@ (4.11)

On généralise donc l'interpolation en se rendant indépendant des dimensions réelles de l'élément fini
; mais il y a un avantage encore supérieur que l'on explicite ci-après (§ 4.5.2 et 4.5.5).

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Remarque
Bien que les notions de cette section soient expliquées sur la base des éléments rectangulaires, elles
se généralisent sans difficulté aux autres formes géométriques.

4.4.2 Transformation de coordonnées


Considérons l'application
= A( , 8) / = A( , 8) (4.12)

du plan ( , 8) sur le plan (x,y). Puisque, d'une façon générale, les coordonnées ( , 8) peuvent être
curvilignes, l'idée est d'examiner si l'application (4.9) permet de générer un élément fini à. frontière
courbe.
La manière la plus habile de définir cette géométrie curviligne est d'écrire (4.9) à l'aide de fonctions
d'interpolation (du champ de déplacement) sous la forme
- -
, ,

= + ( , 8) /= + ( , 8)/ (4.13)

c'est-à-dire de définir la géométrie courbe à l'image de la configuration déformée (fig. 4.11a) : en


un point ( , 8) quelconque, on décrit la géométrie (x,y), via les coordonnées (xi,yi) des nœuds, de la
même manière que le champ inconnu (u,v) (4.7), à partir des degrés de liberté (ui,vi). Une
conséquence directe est que, si l'interpolation des déplacements assure la conformité, deux éléments
curvilignes adjacents sont exactement
• contigus en configuration initiale (le maillage curviligne est sans discontinuité) ;
• conformes en configuration déformée (le critère 1 de convergence est satisfait).

On appelle élément origine l'élément à bords rectilignes (fig. 4.11b) qui a fourni les fonctions
d'interpolation Ni permettant de générer l'élément à frontières courbes.

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Fige 4.11 Application du plan ( , 8 ) sur le plan (x, y) : (a) élément à frontières courbes ; (b) élément origine.

4.4.3 Elément fini isoparamétrique


Si, pour définir
• la géométrie,
• le champ des déplacements,

on utilise les mêmes fonctions et les mêmes nœuds, l'élément obtenu est dit isoparamétrique. En
coordonnées naturelles, on a donc (fig. 4.12)
- -
, ,

= + ( , 8) /= + ( , 8)/ (4.14)

- -
, ,

( , 8) = + ( , 8) =( , 8) = + ( , 8)= (4.15)

Ce choix naturel, mais non obligatoire, est le plus fréquent et le plus efficace (au niveau de la
programmation, il fait intervenir le moins d'opérations arithmétiques pour définir les divers
champs), il caractérise la transformation isoparamétrique

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Fig. 4,12 Elément isoparamétrique plan bicubique

Remarque
Lorsque l'interpolation est linéaire sur une frontière (2 nœuds), la transformation isoparamétrique
rend les coordonnées ( , 8) obliques seulement (fig. 4.13a), mais non courbes.

Fig 4.13 Eléments isoparamétrique plans : a) linéaire ; b) quadratique ; c) cubique

4.4.4 Convergence
On démontre sans peine que les critères de convergence sont satisfaits pour les éléments
isoparamétriques si la condition
-
,

+ =1 (4.16)

est vérifiée (la somme des fonctions d'interpolation en tout point de l'élément doit être unité). En
fait, si les critères sont remplis pour les éléments origines, ils le sont aussi pour les éléments
isoparamétriques.

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4.4.5 Emploi des éléments isoparamétriques


La transformation isoparamétrique offre l'avantage essentiel de définir des éléments à frontières
courbes. Les éléments origines se transforment en éléments curvilignes 1D, 2D ou 3D. Les
éléments plans peuvent avoir des bords courbes (2D) ou devenir des éléments de surface (3D). Les
éléments de volume acquièrent des arêtes et faces courbes. La transformation isoparamétrique
s'applique aux formes triangulaires, pyramidales, prismatiques ... ainsi qu'à d'autres grandeurs
importantes, par exemple l'épaisseur (élément à épaisseur variable), la charge répartie (charge
variable), la température, etc. L'extension est même possible aux éléments structuraux (poutres,
plaques et coques). Les éléments obtenus peuvent aisément être combinés entre eux pour discrétiser
des problèmes complexes.

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