Mai 2009
2 Quelques outils. 3
2.1 Une intégration par parties. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2.2 Polynômes symétriques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.2.1 Définition et théorème fondamental. . . . . . . . . . . . . 4
2.2.2 Familles d’entiers algébriques. . . . . . . . . . . . . . . . . 5
2.3 Un lemme sur la dérivation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
3 Transcendance de e. 7
3.1 Une égalité qui s’avèrera impossible. . . . . . . . . . . . . . . . . 7
3.2 Une question d’intégralité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3.3 Une majoration. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
4 Transcendance de π. 9
4.1 Préliminaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
4.2 Intervention de la formule d’Euler 1 + eiπ = 0. . . . . . . . . . . 11
4.3 Un polynôme canonique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4.4 Une égalité qui s’avèrera impossible. . . . . . . . . . . . . . . . . 11
4.5 Une question d’intégralité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
4.6 Une majoration. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1
1 Introduction.
2
qx − p, et est un entier algébrique si et seulement si il est entier.
L’objet de ce texte est de montrer que e et π sont transcendants.
2 Quelques outils.
3
qui est aussi le membre de droite, puisque QP (x) = a. Supposons maintenant
k > 0. Par hypothèse de récurrence on a :
Z 1
1
αe−αx P ′ (αx)dx = −e−αx QP ′ (αx) 0
0
Z 1 Z 1
1
αe−αx P (αx)dx = −e−αx P (αx) 0 + e−αx αP ′ (αx)dx
0 0
1 1
= −e−αx P (αx) 0 + −e−αx QP ′ (αx) 0
1
= −e−αx QP (αx) 0
Si on développe l’expression :
(x + β1 ) . . . (x + βp )
bi = σi (β1 , . . . , βp )
4
Théorème 1 Soit A un anneau commutatif unitaire,(1 ) et soit P (x1 , . . . , xp )
un polynôme symétrique à coefficients dans A. Alors il existe un polynôme
S(u1 , . . . , up )
(x − β1 ) . . . (x − βn )
0,
β , . . . , β ,
1 n
β1 + β2 , . . . , βn−1 + βn ,
S=
β 1 + β2 + β3 , . . .
. . .
β 1 + · · · + βn
(x − α1 ) . . . (x − αs )
5
élémentaires des αj . Ces coefficients sont donc invariants par permutation des
αj . Toute permutation des βi , c’est-à-dire toute bijection de {1, . . . , n} vers
lui-même induit une bijection de l’ensemble des parties P({1, . . . , n}) vers lui-
même. Il en résulte que toute permutation des βi induit une permutation des
αj . Les coefficients de notre polynôme, que l’on peut voir comme des polynômes
à coefficients entiers en β1 , . . . , βn sont donc invariants par permutation des βi .
Ces coefficients sont donc des polynômes à coefficients entiers en les fonctions
symétriques élémentaires des β1 , . . . , βn , et sont donc des entiers.
xp−1
P (x) = (Q(x))p
(p − 1)!
Alors pour tout entier r ≥ p, le polynôme P (r) (x) est à coefficients entiers et
ses coefficients sont divisibles par p. De plus :
et cette égalité reste vraie pour r > n, puisqu’on a alors (xn )(r) = 0 et Cnr = 0.
Elle est donc vraie pour tous entiers naturels n et r. (xn )(r) est donc le produit
de r! par un monôme dont le coefficient est entier. Il en résulte que si on dérive
r fois un polynôme à coefficients entiers, on obtient le produit de r! par un
polynôme à coefficients entiers.
Posons R(x) = Q(x)p . On a R′ (x) = pQ′ (x)Q(x)p−1 . On voit donc que pour
i > 0, R(x)(i) = p(Q′ (x)Q(x)p−1 )(i−1) , et donc que R(x)(i) est le produit de
6
p(i − 1)! par un polynôme à coefficients entiers. Par ailleurs, la formule de
dérivation de Leibniz donne :
xp−1
P (r) (x) = Cr0 R(r) (x)+
(p − 1)! (1)
xp−2
Cr1 R(r−1) (x) + · · · + Crp−1 R(r−p+1) (x)
(p − 2)!
puisqu’on obtient 0 quand on dérive p fois le monôme xp−1 . L’équation (1) s’écrit
encore :
xp−1
P (r) (x) = Cr0 p(r − 1)!Sr (x)+
(p − 1)!
xp−2
Cr1 p(r − 2)!Sr−1 (x) + · · · + Crp−1 p(r − p)!Sr−p+1 (x)
(p − 2)!
où les Si (x) sont des polynômes à coefficients entiers. Par ailleurs, comme r ≥ p,
(p − 1)! divise (r − 1)!, (p − 2)! divise (r − 2)! etc. . ., ce qui prouve la première
assertion du lemme. La seconde assertion du lemme résulte immédiatement de
l’équation (1).
3 Transcendance de e.
Supposons que e soit algébrique, et donc racine d’un polynôme à coefficients
entiers :
ϕ(x) = a0 + a1 x + · · · + an xn
avec n ≥ 1 et an 6= 0.
xp−1
P (x) = (x − 1)p . . . (x − n)p
(p − 1)!
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En multipliant par eα , on obtient :
Z 1
QP (α) + eα αe−αx P (αx)dx = QP (0)eα
0
Z 1
On pose enfin RP (α) = αeα e−αx P (αx)dx, et on a finalement :
0
QP (α) + RP (α) = QP (0)eα (3)
c’est-à-dire : n n
X X
a0 QP (0) + aj QP (j) = − aj RP (j) (4)
j=1 j=1
On va montrer que pour p assez grand le membre de gauche de (4) est un entier
non nul et que le membre de droite a un module strictement plus petit que 1.
Comme les entiers 1, . . . , n sont tous racine d’ordre p de P (x), ils sont tous racine
P (r) (x) pour r < p. De même, P (r) (0) = 0, mais seulement pour r < p − 1. Il
en résulte que pour j = 1, . . . , n, on a :
QP (j) = P (p) (j) + · · · + P (np+p−1) (j)
et donc d’après le lemme 4 que QP (j) est un entier multiple de p.
Par ailleurs, en ce qui concerne QP (0), on a :
QP (0) = P (p−1) (0) + P (p) (0) + · · · + P (np+p−1) (0)
c’est-à-dire toujours par le lemme 4 :
QP (0) = (−1)pn (n!)p + multiple de p
Il suffit que p soit premier et supérieur à |a0 | et à n pour que a0 QP (0) ne soit
pas multiple de p, donc pour que le premier membre de (4) soit un entier non
nul.
8
3.3 Une majoration.
donc :
|RP (j)| ≤ jej sup |P (t)|
0≤t≤j
np−1
|P (t)| ≤ (n!)p
(p − 1)
Ainsi, on obtient (pour j = 1, . . . , n) :
np en (n!)p
|RP (j)| ≤
(p − 1)!
D’autre part, posons :
M= sup |aj |
j=1,...,n
On a alors :
n M np+1 en (n!)p (nn!)p−1
X
a R
j P (j)≤ = M n2 en (n!)
j=1
(p − 1)! (p − 1)!
(nn!)p−1
(p − 1)!
aussi petit qu’on veut (puisque le terme général de la série définissant l’expo-
nentielle tend vers 0).
On a donc prouvé la transcendance de e.
4 Transcendance de π.
4.1 Préliminaires.
Soit γ un nombre algébrique, qui est donc racine d’un polynome à coefficients
entiers :
ϕ(z) = an z n + an−1 z n−1 + · · · + a0
tel que an 6= 0 et n ≥ 1. On a : ϕ(γ) = 0.
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Lemme 5 Si γ est algébrique, iγ est lui aussi algébrique.
ϕ(−iγ ′ ) = 0
d’où :
ϕ(−iγ ′ ).ϕ(iγ ′ ) = 0
On pose Q(x) = ϕ(−ix).ϕ(ix) et on va démontrer que Q(x) = Q(x) pour x réel.
Q(x) = ϕ(−ix).ϕ(ix)
= ϕ(ix).ϕ(−ix)
= Q(x)
car ϕ est à coefficients entiers donc réels. Ceci prouve que les coefficients de Q
sont réels. Par ailleurs, les coefficents de Q sont des sommes de produits d’entiers
et de nombres parmi 1, −1, i et −i. Les coefficients de Q sont donc entiers. De
plus :
Q(iγ) = ϕ(−iiγ)ϕ(iiγ) = ϕ(γ)ϕ(−γ) = 0
On a ainsi démontré que si γ est algébrique iγ l’est aussi.
On a :
ϕ(z) = an z n + an−1 z n−1 + · · · + a0 = 0
avec n ≥ 1 et an 6= 0. On définit ψ(z) par :
z
ψ(z) = ann−1 ϕ( )
an
On a :
z n z z
ψ(z) = ann−1 an ( ) + ann−1 an−1 ( )n−1 + · · · + ann−1 a1 ( ) + ann−1 a0
an an an
Ce polynôme est à coefficients entiers et normalisé. Par ailleurs,
an z
ψ(an z) = ann−1 ϕ( ) = ann−1 ϕ(z) = 0
an
an z est donc un entier algébrique, ce qui prouve le lemme avec c = an .
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4.2 Intervention de la formule d’Euler 1 + eiπ = 0.
Donc, si π est algébrique, iπ est lui aussi algébrique et ciπ est un entier algé-
brique pour un certain entier c. On a donc ϕ(ciπ) = 0, où ϕ(z) est un polynôme
canonique :
ϕ(z) = z n + an−1 z n−1 + · · · + a1 z + a0
On appelle cβ1 , cβ2 , . . . , cβn les racines du polynôme ϕ(z). Il existe un entier q
tel que 1 ≤ q ≤ n et βq = iπ, donc tel que (formule d’Euler) :
1 + eβq = 0
On a donc :
n
Y
(1 + eβi ) = 0
i=1
Quand on développe ce produit, on obtient la somme de 1 et de produits d’ex-
ponentielles, c’est-à-dire des exponentielles de sommes de nombres pris parmi
les βi . Certaines de ces sommes sont nulles et ont donc des exponentielles égales
à 1. On regoupe tous ces 1 sous la forme d’un entier k > 0, et on a :
k + eα1 + eα2 + · · · + eαs = 0 (5)
où les α1 , . . . , αs sont toutes les sommes non nulles de nombres pris parmi les
βi . Il y a juste à montrer que l’équation (5) est impossible.
Lemme 7 Le polynôme :
s
Y
Λ(x) = (x − cα1 ) . . . (x − cαs ) = (x − cαj )
j=1
Il s’agit de montrer que cα1 , . . . , cαs sont les racines d’un polynôme canonique.
On sait que cβ1 , . . . , cβn sont les racines du polynôme canonique ϕ(z). Les
lemmes 2 et 3 montrent qu’il en est de même de la famille cα1 , . . . , cαs .
Remarque : Comme c est entier, Λ(cx) est encore à coefficients entiers, mais
n’est plus nécessairement normalisé.
Pour démontrer que l’équation (5) est impossible, on considère le polynôme P (x)
suivant :
xp−1
P (x) = Λ(cx)p (6)
(p − 1)!
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où p est un nombre premier quelconque. Ce polynôme est de degré ps + p − 1.
On pose comme précédemment :
QP (x) = P (x) + P ′ (x) + · · · + P (ps+p−1) (x)
Si on multiplie (5) par QP (0) on obtient :
s
X
kQP (0) + eαj QP (0) = 0
j=1
Ou encore, d’après l’équation (3) (qui est valable pour tout polynôme P (x),
donc pour celui qui nous occupe ici) :
s
X s
X
kQP (0) + QP (αj ) = − RP (αj ) (7)
j=1 j=1
On va montrer que pour p premier assez grand le membre de gauche de (7) est
un entier non nul et que le membre de droite de (7) peut être rendu aussi petit
qu’on veut.
On a :
P (r) (0) = 0 si r < p − 1
P (r) (αj ) = 0 si r < p
pour j = 1, . . . , s, puisque 0 est racine d’ordre p − 1 de P (x) et αj racine d’ordre
p de P (x).
D’après le lemme 4, P (r) (x) est le produit de p par un polynôme à coefficients
entiers dès que r ≥ p. On voit donc que :
s
X
QP (αj )
j=1
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d’après le lemme 4. On choisit donc p premier strictement plus grand que tous
les facteurs de kP (p−1) (0), c’est-à-dire strictement plus grand que k et |Λ(0)|
(qui sont des entiers indépendants de p).
On a, pour j = 1, . . . , s :
Z 1
RP (αj ) = αj e αj
e−αj x P (αj x)dx
0
(HK)p−1
M <K
(p − 1)!
Références
[1] Georges Valiron Théorie des Fonctions. (Troisième édition) Masson 1966.
[2] Serge Lang Algebra. (Second edition) Addison-Wesley 1970.
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