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le ksar de Timimoun, Typologie architecturale des édifices majeurs (kasbas) et

mineurs (habitations)

Article · January 2009

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Samira Haoui
Saad Dahlab University
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 Haoui Bensaada Samira
REPORTAGES
Typologie architecturale
des edificies majeurs (kasbas)
et mineurs (habitations)
Introduction
Géographiquement, le Sahara algérien
désigne la partie méridionale du pays
limité au nord par l’atlas saharien. Il
se divise en des unités géographiques
immenses qui se distinguent par leurs
caractéristiques physiques, leurs histoires
propres et leurs anciennes villes.
Le Touat Gourara est la région formée
par la partie occidentale du Sahara
algérien. Le Gourara, avec sa capitale
Timimoun est une région où se succèdent
d’innombrables ksour à oasis qui
apparaissent sur leurs pitons rocheux et
surplombent leurs palmeraies
Ce qu’on entend par les ksour (singulier
ksar) se sont les centres antiques du
Sahara algérien situé le long des voies
de communication, qui, depuis des
millénaires, ont permis les échanges entre
l’Afrique du nord et la subsaharienne.
Le ksar et la palmerai sont indissociables
et forment l’essence même du processus
de formation de l’espace et de l’habitat
ksourien.
2009 numero | due
M editerranea
La città storica The historical city
Les ksour (établissements) du
Gourara
L’implantation des Ksour et des oasis du
Gourara est le résultat de la présence
de conditions géomorphologiques
nécessaires1. En effet la plaine de m’guiden,
au contrebas du plateau de Tadmaît,
et grâce à la nappe phréatique et la
perméabilité des ses terrains gréso-argileux,
assure une fonction aussi importante qu’un
réservoir à eaux pour toute la région. Cette
plaine est le siège des palmeraies et des
ksour à sebkha dans le Gourara. Un des
plus originaux modes d’implantation dans
le sud algérien. L’irrigation des palmeraies
est assurée par des galeries souterraines
millénaires : “les foggaras”. Une des
principales caractéristiques de la région du
Gourara. Ce procédé ramassant l’eau par
capillarité et l’amenant par gravité a permis
l’établissement du Ksar et de la palmeraie
au point d’éclatement de la foggara. L’eau
précieuse jaillissante de la bouche de la
foggara est répartie selon un procédé
ingénieux de partage et de distribution
42
de l’eau. Ainsi à différents niveaux de la
palmeraie, l’eau est répartie par des peignes
répartiteurs et canaux qui l’amènent vers
un bassin collecteur avant d’arriver aux
parcelles agricoles appelées Gamouns dont
les dimensions avoisinent 1,40 m x 3 m.
La part de chacun déterminée, tout sera
inscrit soigneusement et clairement dans
le «Zmam El Foggara» un manuscrit sur
lequel son rapportées toutes les opérations
et informations concernant la gestion de
l’eau.
La ville de Timimoun: trois
periodes, trois modes de
production
Sur le plan morphologique, la ville de
Timimoun se présente selon trois formes
urbaines juxtaposées mais identifiables
par leurs organisations, structures et
architectures propres. Cette stratification
horizontale des trois entités urbaines est
l’expression d’une évolution historique où
chacune illustre une période historique
déterminée6.
Logique d’implantation de
l’établissement ksar et palmeraie
L’implantation dans le territoire (kasbas, foggara et palmeraie)
On y distingue:
- Le Ksar, noyau ancien et centre
historique. C’est un tissu à haut degré de
permanence morphologique, supportant
les éléments morphologiques originels:
forteresses, organisé par un système de
rues et ruelles sinueuses, Il surplombe la
palmeraie.
- Le village, (début du 20e siècle) correspond
à la période coloniale. En trame
orthogonale, le village se positionne
carrément en face du Ksar, avec une
façade urbaine supportant les édifices de
représentation du nouveau pouvoir avec
une architecture du style néo soudanais.
- La périphérie, résultat des différents
plans d’aménagement des périodes
poste indépendance et contemporaine,
sous forme de cités logements
standards et équipements.
elles forment un tissu périphérique qui est
“quelconque” suite à des implantations
n’ayant aucune liaison de dépendance et
Enceinte de kasba de forme curviligne
de correspondance avec l’environnement
immédiat.
Le ksar de Timimoun
Le ksar de Timimoun, est le produit d’une
histoire lente de la région du Gourara.
C’est le résultat de la croissance et de la
fusion des noyaux qui sont les forteresses,
éléments de permanence historique
majeurs. On résume la croissance du ksar
en deux principales phases :
Phase 1: L’implantation dans le territoire:
L’habitat intra-muros
La kasba (forteresse) est la première
forme d’implantation dans le territoire.
le paysage crée est celui des forteresses
qui se dressent sur des pitons et élèvent
haut leurs murs de rempart. La kasba se
présente comme une unité clairement
définie par ses murs de remparts, ses tours
de guet, son seuil unique et entourée d’un
fossé creusé dan la roche.
Kasba-grenier: greniers étagés. Beni Mehlal, Timimoun
43
reportages
 Haoui Bensaada Samira

Kasba-grenier. Beni Mehlal, Timimoun

Rue intérieure couverte avec jeux d’ombre et de lumière

Etudes Typologiques
Plusieurs études typologiques sur les kasbas
ont été réalisées dans la région du Gourara.
Les critères de classification sont variants.
La classification de Jean Claude Echalier3
est basée sur leurs configurations, les
matériaux utilisés. Il en décèle deux types :
constructions en argile et celles en pierre.
Ces dernières, considérées comme le type
le plus ancien présentent deux formes :
forteresses à enceinte curviligne, et celles
à enceinte quadrangulaires.
Une autre typologie a été émise par
R.Capot-Rey, en se basant sur le principe
de conservation des récoltes2. La forteresse
est une Kasba-grenier, construite dans
un souci de mettre à l’abri les récoltes.
Elle renferme presque exclusivement
des greniers. En effet, les greniers,
sont creusés dans la partie inférieure
de la roche et construits de manière
étagée au dessus, cette disposition est
particulièrement claire dans la kasba de
Beni Mehlal où les greniers sont encore
utilisés de nos jours.
capot- REY considère qu’au Gourara, le
type de kasba et Ksar confondus (greniers
fortifiés contenant aussi des maisons, une
mosquée et un puits) est le type primitif,
ayant subit des évolutions selon les besoins.
A Timimoun, et selon le critère
d’organisation interne de la kasba on a
deux types:
- Forteresse à organisation centralisée: Les
habitations s’organisent autour d’une
place centrale appelée Rahba, c’est

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M
editerranea 44
La città storica The historical city
Émergence de la structure ksourienne
un espace à ciel ouvert permettant la
concentration de la vie communautaire.
- Forteresse à organisation linéaire: Les
habitations sont distribuées à partir
d’une ruelle principale intérieure se
développant en fourche et se terminant
par des impasses. C’est un espace
long et couvert, dont la forme et
ses ramifications évoluent en
fonction des changements
des accessibilités et la
transformation du
parcellaire.
Le dôme à forme
ogivale, un
des éléments
caractéristiques des
édifices cultuels
du ksar
La kasba habitée subi, dans l’étape intra-
muros, une croissance par extension,
avec la construction d’un nouveau mur
de rempart du coté du prolongement
ou par reproduction avec l’édification
d’une deuxième kasba sur un piton
rocheux à proximité, le fossé sépare
les deux unités. La nouvelle
forteresse est semblable à
la Kasba initiale, dans son
organisation, sa forme et
son orientation7.
Lisibilité des forteresses et de leurs extensions dans la structure
ksourienne (kasba Tazeguerth)
Phase 2: L’habitat extra-muros, formation
et évolution du ksar
en temps de sécurité et de paix, les
conflits sont substitués par des valeurs
idéologiques nouvelles, ramenées par
le mouvement des Walis (saints) qui se
sont succédés au Gourara à partir du
15ème4. La fusion sociale et l’organisation
en communauté produit l’établissement
commun «le Ksar».il réalise sa forme
urbaine par la fusion des noyaux et sera
structuré par des parcours, des places et
des édifices cultuels dont la blancheur
de leurs dômes ogivaux contrastent avec
la couleur rouge des édifices mineurs
(habitations).
Processus typologique de
l’habitation traditionnelle
En se basant sur les paramètres de
localisation et d’organisation spatiale de
l’habitation, une lecture du processus
typologique de l’habitation permet
de définir et d’arrêter ses dernières
acquisitions6.
Type1: L’habitation à
organisation centralisée
Chronologiquement,
c’est l’organisation
la plus ancienne
et correspond à la
période intra muros 45
du Ksar, l’habitation
se caractérise par la
présence d’un espace
reportages
 Haoui Bensaada Samira
organisateur et distributeur (la Rahba), qui
domine par ses dimensions et sa position
Plusieurs activités s’y déroulent, on peut
y trouver le coin feu où sont pratiquées
les activités culinaires. Elle est entourée
de pièces qui ont le rôle de chambres
d’enfants et de parents, ainsi que celui du
stockage des vivres. L’unique escalier donne
accés à la terrasse, espace découvert et
entouré de murs plus hauts que la hauteur
d’un homme debout. C’est un espace
utilisé la journée en hiver et la nuit, pour
dormir, en été. Il contient Le knif qui sont
des toilettes fonctionnant à partir de trous
réservés dans le plancher et une fosse au
rez-de-chaussée.Ce système de rejet à sec
permet la récupération des immondices
comme engrais naturels pour les cultures.
Cette organisation est régulée ,sur le
plan dimenssionnel par la portée du
quart du tronc de palmier ne pouvant
excéder 2.5Om.
Introduction des
matériaux nouveaux
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M editerranea
La città storica The historical city
Type2 : l’habitation à organisation
composite (organisation centrale et
linéaire)
C’est une variation diachronique du type,
dans laquelle l’espace est organisé par
le couple couloir-Rahba. Elle est due à
l’apparition d’un nouveau espace réservé
à l’invité situé à l’entrée. Cette entité est
totalement autonome et possède son
propre escalier menant à la partie de la
terrasse réservée à l’invité, séparée de
la partie privé par un muret. Un couloir
met en relation l’entrée avec le centre
de l’habitation: la rahba qui garde ses
fonctions d’origine. Cette organisation
tend à se stabiliser et à être celle qui
s’adapte le plus aux dernières tendances
de l’habitation traditionnelle. elle
présente des variantes synchroniques
où les trois entités : espace invité,espace
famille et espace rejet s’accomodent aux
dimenssions et dispositions de la parcelle6.
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Timimoun aujourd’hui:
continuité ... et rupture
Entre l’ancien et le nouveau, Timimoun
présente une problématique de ruptures
dans la morphologie, dans la fonction et
dans le langage architectural :
la rupture morphologique se manifeste à
l’échelle de la ville par des discontinuités
formelles et spatiales, vides urbains,
espaces non définis.
la rupture fonctionnelle relève du
déséquilibre existant entre les différentes
parties ; D’une part le Ksar, espace chargé
de symboles et de mémoire, et d’autre
part, le village et les cités logements,
espace chargé de services. Chacun de ces
deux espaces tend à garder cet état en
subissant les problèmes qui en découlent
En synthèse, on peut dire que la ville
subit un désordre et une baisse de qualité
des formes urbaines et architecturales,
 Repérage des deux typologies d’habitations à l’intérieur de la kasba Tazeguerth,
plan au sol d’habitation à rahba
engendrés par la pratique actuelle de
l’urbanisme à la périphérie d’une part,
et à la marginalisation du Ksar, et sa
dégradation d’autre part.
Le ksar de Timimoun: une dévalorisation
d’une cité patrimoine
le Ksar présente un état de dégradation
avancée, caractérisé par un habitat
manquant d’hygiène et des conditions
sanitaires favorables. Conditions qui ont
encouragé son abandon par sa population,
désormais attirée par un meilleur confort
dans les cités périphériques.
Les éléments à haut degré de permanence
histoirique de Timimoun et du Gourara se
trouvent menacés de disparition tels que
les forteresses (kasbates).
Le Ksar est délaissé aux différents facteurs
causant sa dégradation:
les facteurs classiques : le vieillissement
des constructions, la perte des fonctions
des espaces mènent à l’abandon des
édifices, en dépit de leur valeur historique,
architecturale et spatiale(murs de rempart,
tours, mosquées intra-muros).
l’action de l’homme aspirant à un espace
plus confortable et «moderne» remplace
sa maison en terre, demandant beaucoup
d’entretien, et surtout, synonyme de
pauvreté par une nouvelle maison
construite en ciment.Ces conditions
mettent en relief la dégradation et la
View publication stats
Exemple du système constructif traditionnel
discontinuité du bâti dans ses gabarits,
ses volumes, ses matériaux, sa couleur et
sa texture.
Les bouleversements des conditions de vie
de nouvelles typologies d’habitat
apparaissent dans le ksar. Le mode de
vie changeant, de nouveaux besoins en
espaces et en activités se manifestent
par des habitations à modèle importé,
Les nouveaux matériaux utilisés et les
traitements des façades ont transformé
énormément le paysage urbain ksourien7.
Conclusion -
recommandations
Les conditions que nous venons de voir
ne sont pas propres au Ksar de Timimoun
mais concernent tous les ksour des
régions touât, Gourara et Tidikelt
la préservation de ce site ne peut se faire,
que si la vie s’y organise pleinement. Ce
qui impose une amélioration du degré
d’habitabilité et donc une politique de
réhabilitation du Ksar de Timimoun.
La conservation de cet ensemble
historique demande principalement des
actions d’intégration, car ce n’est pas
seulement le maintien physique qui est
nécessaire, mais celui du fonctionnement
du lieu habité. Par conséquence, les
instruments d’action sont plus ceux
de la conservation intégrée et de la
réhabilitation que ceux de la restauration
La reconnaissance de la valeur
patrimoniale de ces établissement et
la connaissance de leurs principales
composantes humaines, matérieles et
naturelles doit mener à leurs mise en
valeur integrée et la protection de leurs
environnement oasien .
Renvois et References bibliographiques
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phie humaine. d.e.s, Institut de recherches saha-
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6
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l’aghem entre l’habité et l’urbanité,Aghem Taze-
guerth, E.P.A.U. Alger.
7
haoui s. (2002), Pour la preservation des archi-
tectures ksouriennes, cas de timimoun, thèse de
magistère, EPAU, alger
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reportages