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GAREL Florence

AU DELA DE LA PEUR
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Dédicaces

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Citations

« Les hommes ne feignent ni les convulsions ni ne simulent l’angoisse… »

Emily Dichansson

« Je me sentis envahis par la terreur en tremblant… »

Le livre de Job, 4, XIV

« Les gens qui n’ont pas la frousse meurent souvent à la fleur de l’âge »

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PARTIE 1

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Chapitre 1

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Stamford, Connecticut, dans un petit quartier. Il

était deux heures du matin. Ludovic Hidlle dormait dans sa chambre,

allongé la bouche ouverte. Vaguement, il entendit une voix étrange.

Hébété, il ouvrit les yeux. Dans la semi obscurité dans laquelle il

voguait encore, lui parvint une complainte douce et triste. C’était une

voix de femme. Ludovic reste couché sur le dos et écouta. Dans le

noir, ce chant avait quelque chose d’irréel et d’onirique. Ludovic

essaya de deviner si cela parvenait de l’intérieur ou de l’extérieur du

bâtiment. Il ne percevait que la mélodie car les mots lui restaient

inaudibles.

Il se redressa. A vingt-huit ans, ses angoisses

enfantines s’étaient évaporées depuis belle lurette. Plusieurs

années déjà qu’il ne croyait plus aux sorciers, loup garous et autres

êtres mythiques. Mais à cette heure de la nuit, dans la solitude de sa

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chambre, Ludovic sentit soudain une sourde angoisse l’étreindre.

Une fièvre étrange le fit soudain frissonner comme s’il avait pris un

coup de froid. Il resta immobile et dressa l’oreille. La musique devint

soudain plus forte. D’autres voix se mêlèrent à la première. Des

enfants, d’après ce que perçut Ludovic. Qui faisait une chorale au

beau milieu de la nuit ?

Ludovic lutta contre l’envie de se lever et d’aller voir ce

qui se passait. Son cœur battait la chamade. Il se sentit soudain

nerveux et angoissé. De la sueur commença à perler sur son front.

« Taisez-vous » ; murmura-t-il. Les voix semblaient se déplacer à

travers les murs. Des fantômes ? Ludovic secoua la tête. Ridicule. Il

baissa les yeux et vit que ses mains tremblaient. Sans s’en rendre

compte, il était déjà debout. Lentement, il se déplaça dans la

chambre. Il essaya encore une fois de faire appel à sa raison. « C‘est

un voisin. C’est sans doute un voisin qui écoute de la musique ».

Mais cette pensée ne le réconforta pas. Il avait toujours aussi peur.

Ludovic se demanda ce qu’il faisait debout à deux

heures du matin. Mais il cessa vite de s’interroger sur quoi que ce

fut. « Bon sang, je suis ensorcelé ». Ce furent ses dernières pensées

cohérentes. Quelques secondes après, il plongea dans

l’inconscience. Lorsqu’il rouvrit les yeux, Ludovic s’aperçut qu’il était

allongé sur la moquette de sa chambre à deux pas de la porte. Des

voix confuses lui parvinrent. Les autres locataires avaient dû

entendre aussi la musique. Il se demanda s’il n’avait pas rêvé. Des

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cris et des bruits emplirent tout l’immeuble. Les gens parurent

soudain pris de folie. Ludovic sentit qu’il y avait quelque chose de

pas normal.

Au moins, il n’était pas le seul à avoir entendu le chant

étrange. Il se remit debout tant bien que mal et préféra retourner

dans son lit. Mais un râle affreux venant de quelque part dans

l’immeuble perça les murs. Ludovic s’arrêta. C’était une femme. Une

deuxième voix suivit la première. Un homme, cette fois. Vaguement,

Ludovic les reconnut. Les deux voisins du dessus : les Kipling. Ils

devaient être en train de se disputer. Un bruit attira son attention. A

croire que Monsieur Kipling voulait défoncer les murs.

Ludovic se sentit soudain en colère. Ils ne pouvaient pas se

disputer à un autre moment. Dans la journée, par exemple. Jetant un

œil vers son réveil, Ludovic vit qu’il était trois heures vingt. « Je vais

aller leur dire ma façon de penser, moi ». Il ouvrit la porte et la

poussa à toute volée. Il traversa le salon et alla jusqu’à la porte

d’entrée. D’un pas déterminé, il sortit sans se préoccuper de la tenue

qu’il portait. Il n’était vêtu que d’un simple caleçon. Il grelottait. S’en

voulant de son étourderie, il retourna mettre des vêtements plus

chauds.

Puis il sortit. Ludovic venait à peine de sortir que la porte en

face de la sienne s’ouvrit brutalement. Un homme corpulent âgé de

cinquante ans à peu près apparut sur le seuil. Il toisa Ludovic. Ce

dernier eut soudain envie de rentrer dans sa coquille. Une lueur

mauvaise étincelait dans ses yeux. Son regard froid et haineux

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paralysa Ludovic. L’homme l’observa avec mépris puis s’éloigna.

Rouge de honte, Ludovic s’aperçut qu’il venait de pisser dans son

froc. « Il fout vraiment les jetons, ce type. » ; dit-il à haute voix. Les

Kipling semblaient avoir mis fin à leur querelle. Ludovic se dit qu’il

valait mieux retourner se coucher. La rage sourde qui l’avait envahi

tout à l‘heure était tombée.

Anxieusement, Ludovic tendit l’oreille. Tout était redevenu

calme. Finalement, il retourna dans son lit et dormit jusqu’au matin.

Son réveil le tira de son sommeil. Ludovic ouvrit les yeux. Il repensa

au rêve étrange qu’il avait fait. Se redressant, il se força à l’oublier. Il

prit son petit-déjeuner, se doucha, s’habilla et partit au travail.

Ludovic aimait son job. D’accord, il l’avait surtout pris pour le salaire.

Mais il y avait sans doute pire. II n’avait que lui à nourrir, c’était vrai.

Cela ne l’empêchait pas d’avoir un revenu confortable. Il ne s’était

jamais marié.

Sa dernière aventure remontait à deux ans. Elle s’appelait

Marion. Ludovic avait cru l’aimer. Mais elle avait préféré le quitter et il

l’avait laissée partir. Depuis, il était resté un célibataire endurci. Il

n’avait besoin de personne. Il voyait sa famille de temps en temps. Il

supportait avec énervement les jérémiades de sa mère. « Pourquoi

est-ce que tu es toujours tout seul. Tu devrais te trouver une femme

et te marier. Tu ferais un très bon époux ». Sa mère lui serinait ce

discours à chaque fois qu’il allait la voir. Ludovic lui répondait qu’il

était assez grand pour savoir ce qu’il voulait. Il voyait sa sœur assez

souvent. Aux dernières nouvelles, elle allait bientôt se marier.

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Julia avait deux ans de moins que lui. Elle était avec un

certain Jérôme depuis trois ans déjà. Elle avait eu une foule de petits

copains dont Ludovic ne connaissait ni le nom, ni le visage. Elle

disait à chaque fois que c’était le bon et un mois après, c’était un

nouveau, venu dont ne sait où. Ludovic avait eu trois, quatre

histoires sérieuses. Le reste c’étaient juste quelques rencontres

d’une nuit. Des filles sans valeur, superficielles et inintéressantes. Il

se fichait de leur vie la plupart du temps.

Bref, tout allait très bien dans sa vie. Sauf que Marion l’avait

plaqué en le traitant de sale con et qu’une de ses ex n’avait pas

compris que c’était fini entre eux. Il ne se souvenait même pas de

son nom. Il l’avait rencontré six mois après avoir commencé sa

relation avec Marion. Cela avait duré une à deux semaines. Puis il

l‘avait laissée. Mais elle le rappelait souvent. « Salut Ludo. Mon

chéri. Que fais-tu ? Pourquoi est-ce que tu ne viens plus me voir ?

Tout marchait bien entre nous. Tu sais pourtant que je tiens à toi. Je

t’en prie, réponds ». Ludovic ne prenait même plus le temps de

l’écouter.

Tout ça n’avait plus d’importance depuis. Plus de flirt, plus

d’aventure, rien. Il se concentrait sur son job. Il voulait changer de

boite. Son patron le saoulait. Je vaux mieux que ce que pense ce

pauvre type , pensait Ludovic. Il allait quitter l’entreprise. Peut-être

qu’il pourrait monter sa propre boite. Il ne voulait plus être sous les

ordres de quelqu’un. Si c’était au moins un mec méritant et qu’il

pouvait respecter. Mais c’était rare. Les hommes qui ont le pouvoir

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sont tous des salopards. Ludovic le savait bien. Il n’avait d’ordre à

recevoir de personnes.

Marc, son patron, s’était moqué de lui lorsque Ludovic lui avait

parlé de son prochain objectif. « Toi, Ludovic ? Tu crois que t’en es

capable ? Tu rêves, mon gars. Redescends sur terre. Tu n’as pas la

carrure pour ça. Tu vas te faire aplatir par la concurrence alors laisse

tomber. ». Ludovic ne répondait pas à ces moqueries. Il appréciait

certains de ses collègues, mais très peu faisait partie de ses amis.

Le seul avec qui il avait de vraies affinités était un certain Tony

Erwan. Ils se connaissaient bien avant d’avoir travaillé ensemble.

C’était à l’université où Ludovic était allé étudier lorsqu’il avait

dix-huit ans. Il s’était croisé à la fin d’un cours dans les couloirs.

Tony tenait un sac en bandoulière. Par mégarde, il avait heurté

Ludovic à l’épaule. Surpris, ce dernier s’était retourné. Tony s’était

empressé de s’excuser. Ludovic avait souri, pas fâché du tout. Puis

ils s’étaient présentés. Ils s’étaient serrés la main. Puis ils avaient fait

un bout de chemin ensemble. Ils avaient discutés et s’étaient

trouvés des points communs.

Il surgissait cependant une différence. Tony était un grand

sportif, amateur de football et de baseball, pas Ludovic. Tony avait

plusieurs fois proposé à Ludovic de venir assister à un match.

Ludovic avait d’abord décliné l’offre. Finalement, il avait accepté. Ils

se retrouvaient après les entraînements et entre les cours. Tony

avait essayé de faire sympathiser Ludovic avec sa bande de

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copains. Mais si Ludovic appréciait leur compagnie, il préférait être

seul avec Tony.

Les deux garçons avaient passés trois années d’une belle

amitié. Juste après avoir eu leur diplôme, ils s’étaient promis

mutuellement qu’ils se reverraient. Un an plus tard, Ludovic entrait

dans la vie active. Et c’était là qu’à sa plus grande joie, il avait

retrouvé Tony. Une chance inouïe à laquelle, il ne s’attendait pas.

C’était aussi le seul d’ailleurs qui ne s’était pas moqué de

lui lorsque Ludovic lui avait fait part de son projet. Ils dînaient

ensemble dans un petit restaurant où Tony allait souvent.

Tony avait invité Ludovic. Ce dernier lui avait dit qu’il voulait

démissionner. Tony l’avait soutenu. Il savait que Ludovic aimait faire

bande à part et qu’il voulait aller voir ailleurs. Tony lui avait souhaité

bonne chance. « On reste en contact. Appelle-moi si tu as besoin

d’aide ». Ils s’étaient serrés la main et étaient rentrés chacun de leur

coté. Ludovic allait bientôt donner sa démission. Il l’avait dit à Tony.

Ce dernier avait approuvé. Ludovic y pensa ce matin en se rendant à

la boite. C’étaient ses derniers jours de boulot dans ce bureau

minable.

Après, bye, bye ! Il pliait baguage et s’en allait ailleurs.

Soudain, il se cogna contre quelqu’un. Cela le fit revenir brutalement

au présent. « Pardon » ; murmura-t-il distraitement. « Tu peux pas

regarder où tu vas, Ducon ? » ; lui cria celui qu’il venait de

bousculer. C’était un adolescent, le genre macho et arrogant.

Ludovic préféra ne pas lui répondre. « Eh, connard. Regarde-moi

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quand je te parle. Tu vas où comme ça ? » Ludovic ne se retourna

pas. Il entendit des pas derrière lui. « Je te parles, putain ». La colère

l’envahit. L’ado continuait de le suivre. Ignore-le. Ignore-le, bon

sang. « T’as les jetons ou quoi ? T’as perdu ta langue ? T’es

muet ? ».

Soudain, Ludovic se retourna. Surpris l’ado s’arrêta. Le poing

de Ludovic le cueillit au menton. L’ado recula et vacilla. Ludovic le

frappa une deuxième fois et visa le ventre. L’ado se plia en deux et

s’écroula. « Ok, ok. Je suis désolé. » Mais Ludovic ignora ses

paroles et leva le poing à nouveau. Il avait envie de faire mal. Il

voulait rouer de coup ce sale petit frimeur et en faire de la bouillie. Et

la colère disparut. Ludovic baissa sa main. Ses yeux tombèrent sur

le gosse à genoux devant lui qui gémissait de douleur.

Qu’est-ce qui lui arrivait ? Il n’avait jamais frappé personne. Et

il n’avait pas que ça à faire. Laissant le gamin planté là où il était,

Ludovic reprit son chemin. Il jeta un coup d’œil à sa montre. Il était

en retard. Tout ça à cause de ce petit abruti. Ludovic dû courir pour

avoir le bus. Il l’eut in extremis. Il sortit un ticket et le poinçonna. Le

bus était plein à craquer. Ludovic se fraya un passage tant bien que

mal. Le trajet fut tranquille. Tout dérapa une station avant qu’il ne

descende. Une vieille dame, mécontente, s’en prenait au chauffeur

qui ne s’en formalisa pas. Elle le traita de pauvre type et menaça

d’aller le faire virer. « Vous pourrez plus travailler nulle part. Vous

vous retrouverez là où vous méritez d’être, à la rue. »

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Colérique, elle tourna les talons continuant ses cris et ses

menaces. Ludovic la regarda s’éloigner. Il connaissait cette colère.

C’était la même qu’il avait ressentie tout à l’heure contre l’adolescent

boutonneux. Etrange. Il descendit dés que le bus s’arrêta à la

Station Honoré de Balzac. Deux personnes se bousculèrent à deux

mètres de lui et commencèrent à s’insulter copieusement. Ludovic

s’éloigna. Il n’avait pas de temps à perdre. Il se rendit rapidement à

la gare. Il jeta un œil vers l’heure indiquée sur le mur au-dessus des

caisses. Huit heures trente cinq. Il avait déjà dix minutes de retard.

A quoi bon se presser ? Il ne rattraperait pas le temps perdu.

Les gens semblaient bien agités le matin. D’abord, cet adolescent,

ensuite la vieille dame, puis les deux types. Pourquoi se sentait-il

aussi énervé ? Il avait envie d’étrangler les deux guichetières,

attendant que des gens veuillent bien se renseigner. Les gens qui

attendaient le tramway lui semblaient exaspérants d’inanité. De vrais

zombies. Comment pouvaient-ils rester bêtement plantés là les yeux

dans le vague à attendre un train ?

Ludovic sentit la colère remonter à l‘idée de devoir attendre,

même pour quelques minutes. Il commença à faire les cents pas. Il

n’avait pas envie d’être là. Pourquoi retournait-il dans cette boîte

pourrie ? Pourquoi ne profiterait-il pas des quelques jours qui lui

restaient pour prendre des vacances improvisées. Jetant un œil vers

le panneau d’affichage, il vit que le train allait arriver. Exaspéré,

Ludovic poussa un soupir et manqua de taper du pied. Le tramway

arriva dans un bruit infernal. Il était bondé. Ludovic crut devenir fou

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de rage à l’idée de monter là-dedans. C’était une cage pour animaux.

C’étaient les vaux qu’on enfermait comme ça.

Alors Ludovic se détourna et s’en alla. Il ne monterait pas là-

dedans. Il refit le chemin en sens inverse et sortit de la gare. Il n’irait

pas travailler aujourd’hui. Il prit son portable et appela Tony. Puis, il

reprit le bus et rentra chez lui. Ce fut avec joie qu’il posa son sac et

referma la porte derrière lui. Il irait demain chercher son papier de

démission. Il avait tout le temps. Il enleva son manteau et le posa sur

une patère. Cette journée lui appartenait. Ludovic alla dans la

cuisine. Il ouvrit le frigo et prit une canette de bière. Il fit sauter la

capsule et but une gorgée. Puis il alla jusqu’à la fenêtre et l’ouvrit. Le

soleil entra à flot laissant des traces sur le carrelage.

Ludovic aimait bien le quartier dans lequel il habitait. C’était

calme. Des pavillons s’étalaient. Les jardins étaient bien entretenus.

Les rues étaient propres. C’était agréable de s’y promener le soir au

moment où les lampadaires s’allumaient. Le quartier prenait alors un

autre visage et une atmosphère différente s’installait alors. Des

boutiques poussaient comme des champignons en face de

l’immeuble.

Ce n’était pas un quartier de riche mais c’était toujours mieux

que certains quartiers du Bronx. Ludovic y avait emménagé juste

après s’être séparé de Marion. Il cherchait un studio, un appartement

pas très cher. Il comptait rester là, même s’il quittait la boite. Au loin,

il aperçut les immenses buildings qui se dressaient, cachant une

partie du ciel. Ludovic s’était toujours demandé qui pouvait habiter

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dans ces immenses monstruosités en verre. L’idée de devoir monter

ou descendre autant d’étages avait de quoi donner le vertige, même

aux plus aguerris. Certains devaient bien faire plus d’une vingtaine

de mètres.

Ludovic quitta la fenêtre et la referma. Il sentait à nouveau une

bouffée de colère l’envahir. Il se demanda si on ne lui avait pas jeté

un sort. Le chant étrange qu’il avait entendu lui revint à l’esprit. Il

n’avait peut-être pas rêvé finalement. Qui avait chanté ? Est-ce que

cela avait eu un rapport avec la dispute des Kipling et son étrange

rencontre avec son voisin de palier ? Ludovic le connaissait bien

pourtant. Ils se croisaient presque tous les jours. Mais cette fois, il

avait cru voir un autre homme.

C’était le regard surtout : implacable, froid et dur : celui d’un

tueur. Ludovic eut soudain la certitude qu’il y avait un rapport entre

cet homme et le comportement des Kipling. Pourquoi s’étaient-ils

tous les deux disputés vers trois heures du matin ? Ca il ne l’avait

certainement pas rêvé. Ce n’était pas exceptionnel mais la dispute

avait semblé plus violente que d’habitude. Peut-être qu’il ferait

mieux de s’assurer que tout allait bien chez eux ? Ludovic fronça les

sourcils et se gratta la tête. Pourquoi est-ce qu’il pensait à tout ça

maintenant ?

L’idée d’aller voir ce que fabriquaient les Kipling le tenaillait. Il

monta jusqu’à leur appartement. Il frappa jusqu’à la porte et attendit.

Il entendit des chuchotements à l’intérieur. « Il y a quelqu’un ? C’est

Ludovic Hidlle, votre voisin d’au dessus ». Pas de réponse. Ludovic

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colla son oreille contre la porte. Il entendit un bruit léger comme si

on se déplaçait sur la pointe des pieds. « Je veux juste savoir si tout

va bien ». En quoi est-ce que ça le regardait ? Soudain, il entendit

des pas. Il recula et la porte s’ouvrit. Une femme apparut sur le seuil.

Ludovic ne put masquer sa surprise. La femme semblait épuisée.

Ses traits étaient tirés et des poches pendaient sous ses yeux.

Visiblement, elle avait passé une nuit blanche.

Mais ce qui était le plus inquiétant, c’était le cocard qui

entourait son œil droit, le sang sur ses lèvres et le gonflement de sa

joue gauche. Elle avait été battue par son mari. « Qu’est-ce que

vous voulez ? », demanda-t-elle. « Pourquoi est-ce que vous venez

nous embêter ? ». Au son de sa voix, il n’était pas difficile de

comprendre que cette malheureuse était morte de trouille. « Je

voulais voir si tout allait bien. » ; lui dit Ludovic. Elle eut un pauvre

sourire. « C’est très gentil à vous ». Ludovic se sentit soudain très

mal-à-l’aise. Il n’avait rien à dire à cette femme.

Soudain une voix coléreuse résonna de l’intérieur.

« Elisabeth ! Qu’est-ce que tu fous, salope. Je t’entends parler avec

un type. Sale garce, tu flirte avec lui, hein ? Dis-lui de partir ou je lui

casse la gueule ». Terrifiée, la pauvre femme supplia Ludovic de s’en

aller. Il ne se le fit pas dire deux fois et décampa. Il entendit du bruit

et des cris. Monsieur Kipling battait sa femme. Ludovic sut ce qu’il

fallait faire. Il rentra dans son appartement et décrocha son

téléphone pour appeler la police.

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Une réceptionniste prit son appel. « Police départementale.

Allô.». Ludovic prit une grande inspiration. « Bonjour, j’ai été témoin

de violences conjugales ». La réceptionniste lui demanda son nom

et de lui expliquer les faits. C’est ce qu’il fit. Puis il lui donna le nom

du couple et raccrocha. Soudain, il entendit quelqu’un marteler

violement la porte. « Ouvre-moi, salopard. C’est toi qui es venu flirter

avec ma femme. Je vais te faire la peau. « C’était Kipling. Ludovic

se força à garder son sang froid. « Ce n’est pas ce que vous croyez,

Monsieur Kipling ». L’autre continua à se défouler sur la porte.

Ludovic n’avait pas du tout envie de s’expliquer avec Kipling.

« Ouvre salopard, si t’es un homme ! ».

Ludovic s’approcha de la porte. Il devait réparer son erreur.

« Monsieur Kipling, vous vous trompez. Je voulais m’assurer que

tout allait bien pour vous et votre épouse ». L’autre ricana. « Vas

dire ça à d’autre, connard ! Tu crois me tromper aussi bêtement ? »

Kipling continua de s’acharner sur la porte. « Allez, espèce de lâche,

ouvre cette putain de porte ! ». Ludovic comprit que c’était

impossible de le raisonner. « Monsieur Kipling, j’ai appelé la police.

Ils seront bientôt là. Je sais que vous battez votre femme. Je vais

témoigner contre vous ».

L’autre rit mais Ludovic perçut de la peur dans sa voix. « Et

qu’est-ce que vous allez leur dire ? Vous n’avez même pas de

preuve ». Ludovic comprit vite à quel genre d’homme il avait affaire :

un lâche. Le genre à s’attaquer à un être plus faible mais qui pliait et

se soumettait à toute autorité. Ludovic sentit la colère revenir. De

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l’autre coté de la porte les martèlements avaient cessé. Ludovic crut

que Kipling était parti. « Ne leur dites rien ». Ludovic sursauta. « Je

vous en prie ne leur dite rien. On s’est juste un peu accroché. C’était

une simple dispute, un malentendu ». Ludovic serra les poings. Il

détestait les lâches. Soudain, l’idée d’aller s’expliquer avec Kipling

n’était plus aussi déplaisante.

Il fit un effort surhumain pour résister à cette tentation. Surtout

que l’autre avait l’air vraiment effrayé. « Je vous en prie. Rappelez-

les et dites leur que c’était une méprise. Je vous donnerai tout ce

que vous voudrez ». Ludovic ferma les yeux Du chantage,

maintenant. Décidément, il devait attirer tous les minables du coin.

Ce n’était pas son jour de chance. « Ecoutez, Monsieur Kipling. Vous

pouvez partir. Je veux bien leur dire que je me suis trompé si vous

arrêtez de battre votre femme ». Cette phrase lui parut ridicule.

Comment faire faire à un type comme ça une telle promesse?

Mieux vaut se tirer une balle dans la tête que d’espérer

quelque chose d’un tel homme. L’autre accepta au plus grand

étonnement de Ludovic. Puis il s’écarta et Ludovic l’entendit

s’éloigner. Il prit son téléphone et annonça qu’il avait fait une

confusion. Soudain, il entendit un cri et un bruit épouvantable. Il

raccrocha le téléphone et alla voir ce qui se passait. Ce qu’il vit le

laissa pétrifié devant les escaliers. Kipling gisait, inerte contre le

mur. Les voisins sortirent sur le palier, attirés par le bruit comme des

guêpes par le miel.

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Ils regardèrent le corps de Kipling. Il n’y avait aucune

blessure sur son corps, aucune trace de coup. Ludovic monta les

escaliers et vint se pencher au-dessus de lui. Kipling ouvrit les yeux.

Il devait avoir eu un étourdissement. Il leva dess yeux hagards sur

Ludovic mais sembla le reconnaître. Il paraissait lucide en tout cas. .

« Ca va ? » ; lui demanda Ludovic. Kipling hocha la tête. Ludovic lui

tendit sa main. SI Kipling avait été menaçant tout à l’heure, il

semblait maintenant inoffensif. « Vous avez eu un malaise. Vous

voulez que j’appelle un docteur ? »

Kipling fit un immense effort pour secouer la tête. Au bout de

quelques secondes, il fut capable de se lever. Ludovic lui proposa de

le ramener jusqu’à chez lui mais Kipling refusa. Ludovic se demanda

si cet événement avait un rapport avec l’altercation précédente qui

avait eu lieu entre eux. Il se passait quelque chose de bizarre en tout

cas. Voyant que le spectacle était fini, les gens rentrèrent dans

leurs appartements.

Ludovic s’interrogea sur ce qui lui avait pris d’aller chez les

Kipling. Il faisait n’importe quoi en ce moment. Peut-être qu’il avait

besoin de vacances. Il devrait sans doute partir quelque part ; Un

endroit tranquille où Il pourrait se détendre et se reposer. Une

atmosphère électrique régnait dans l’immeuble. La tension était

élevée entre les locataires. Mais le reste de la journée se passa

sans incidents notables. Ludovic partit se coucher vers vingt deux

heures trente. A la même heure que la nuit précédente, il entendit à

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nouveau le chant étrange. Il essaya d’abord de l’ignorer mais n’y

parvint pas.

Alors, il se leva. Cette mélodie lui faisait froid dans le dos.

Ludovic resta debout et l’écouta. Il se laissa porter par le chœur des

voix d’enfants. Cette harmonie ne lui disait rien. Ludovic n‘y

connaissait quasiment rien en musique. Est-ce que c’était du Bach,

du Mozart. Beethoven ? Il reconnaissait le piano. Du Chopin, peut-

être. Qui était la chanteuse ? Sa voix lui semblait familière Et les

enfants ? De quelle chorale venaient-ils ? Pourquoi ce chant

résonnait-il comme cela ? Avait-il un sens ? Quel rapport y avait-il

entre lui et l’agressivité palpable qui régnait depuis la nuit dernière

dans l’immeuble ?

Ludovic sortit. Dehors, sur le palier, il ferma les yeux et

écouta. La musique sembla lointaine et proche en même temps. Elle

venait de nulle part et de partout en même temps. Sans savoir

pourquoi, Ludovic en avait peur. Il sentait confusément qu’il y avait à

l’intérieur quelque chose de dangereux qu’il fallait impérativement

détruire. Mais il était captivé par la mélodie et par ses voix douces et

enivrantes. Non, il devait se tromper il ne pouvait rien y avoir de

dangereux là-dedans. Puis, la musique disparut instantanément

comme si quelqu’un avait appuyé sur le bouton « stop ». Le silence

qui lui fit place était plus angoissant. Ludovic frissonna.

Il ne saurait sans doute jamais d’où provenait cette chorale

mais il savait qu’elle avait un lien avec sa colère. Ludovic croyait que

c’était elle le déclencheur. C’était la nuit dernière que tout avait

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basculé. Ludovic retourna se coucher. Mais le sommeil ne vint pas.

Ludovic resta sur le dos à l’attendre. Une idée courrait dans sa tête à

en être obsédante. Il allait étudier cette mélodie. Pour cela, il

prendrait des cours de musique. Finalement vers quatre heures du

matin, il s’endormit. Lorsque que Ludovic ouvrit les yeux, il était

onze heures passées.

Ludovic s’était rarement levé aussi tard, Il n’aimait pas

paresser le matin. Repoussant les couvertures, il sauta de son lit. Il

s’attendait encore à des disputes, des cris, des bruits. Mais tout était

calme. Trop silencieux. Ils devaient tous être partis travailler.

Ludovic s’habilla. Il était trop tard pour qu’il prenne son petit-

déjeuner. Tant pis. Ludovic jeta un œil au calendrier. C’était le week-

end. A moins qu’ils n’aient tous décidé de faire une grâce matinée le

même jour. Mais ça en général, c’était plutôt le dimanche.

Encore un élément qui n’était pas normal. Ludovic aurait dû

entendre un de ses voisins en train de faire de la maçonnerie. Il en

faisait tous les samedis. Les enfants jouaient dans les couloirs. Il

n’entendait même pas le bébé pleurer. Une journée de silence. Il n’y

avait pourtant rien de spéciale le samedi. Rien qui inciterait à ce que

tout le monde soit absent. Ludovic alla frapper chez le voisin d’en

face. Il attendit. Personne ne lui répondit. Il frappa encore. Rien.

Ludovic essaya de ne pas s’affoler. Il alla frapper à coté. Rien non

plus.

Ludovic prit la poignée et la tourna. La porte s’ouvrit.

« Monsieur Hannoff ? ». Rien. Le locataire était absent. Ludovic

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aurait dit R.A.S ; s’il était flic. Il préféra ne pas s’attarder et ressortit

puis ferma la porte. Bizarre. Le type était sorti en laissant la porte

ouverte. Ludovic tendit l’oreille. Seul le silence lui répondit. Il

descendit. Soudain, une odeur âcre lui piqua les narines. Ludovic

s’arrêta au milieu de l’escalier. En bas se répandait une immense

mare rouge. Ce n’était ni de la confiture, ni de la peinture. Ludovic vit

qu’il y en avait plein les escaliers. Du sang.

La panique lui déchira les entrailles. Il rentra précipitamment

chez lui. Non, il ferait mieux de se rendre directement au

commissariat. Mais qu’est-ce qu’il allait dire ? Qu’il s’était réveillé et

qu’il avait trouvé du sang partout ? S’il y avait eu meurtre c’était lui

qu’on accuserait. Il n’avait aucun fait, rien. Il était arrivé après

l’action. Il n’avait aucune idée de ce qui s’était passé. Soudain, il se

rendit compte que son téléphone sonnait. Il décrocha. Il regarda qui

ça pouvait être. Peut-être sa mère. Elle l’appelait parfois le samedi.

Non, c’était un numéro inconnu.

Ludovic mit le téléphone contre son oreille. Ce fut une voix

masculine qui lui répondit. « Allô, Monsieur. Il faut que vous veniez

tout de suite au commissariat ». Ludovic comprit que c’était un

policier qui l’appelait. « Quoi ? Mais pourquoi ? » Un long silence

suivit à l’autre bout du fil. Ludovic résista à l’envie de raccrocher.

« Monsieur, avez-vous vu quelqu’un ce matin dans l’immeuble ? »

Ludovic se demanda en quoi cela le regardait. Quelque chose n’allait

pas mais Ludovic ne voyait pas où était la cassure. « Non » ;

répondit-il finalement. « Non, je n’ai croisé personne ce matin. Tout

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était silencieux. Comme s’ils étaient tous sortis. » Deuxième temps

mort. Ludovic lutta pour ne pas s’énerver.

Le flic répondit après une petite éternité. « Non, ils ne sont pas

sortis. N’avez–vous rien remarqué de singulier ? » Ludovic essaya

de ne pas penser au sang dans les escaliers. Tout ce sang. Il n’en

avait jamais vu autant. « Dites-moi ce qui se passe, à la fin? ». Cette

fois, le flic répondit directement. « Ils sont morts, Monsieur ». Ludovic

resta bouche bée. Après quelques secondes, il récupéra tant bien

que mal ses esprits ». « Quoi ? Qu’est-ce que vous avez dit ? » Sa

voix lui parut étrangement rauque. Sa gorge était aussi sèche que du

papier. « Ils sont morts » ; répéta l’autre. « Ne me dites pas que

vous n’avez rien entendu ». Ludovic rougit. « Je dormais. Je me suis

levé tard ».

L’autre ne le crut pas. « Vous devez avoir le sommeil lourd ».

Ludovic ne répondit pas. « Ils sont tous entretués. Un vrai carnage.

C’est un voisin d’un autre immeuble qui nous a appelé. Il nous a dit

qu’il entendait des cris étranges comme si on égorgeait des porc ».

Ludovic ne sut pas quoi dire. Pourquoi n’avait-il rien entendu ? Il

avait dormi comme une souche. Avait-il été drogué ? Il ne prenait

pas de somnifère. « Monsieur, il faut que vous veniez faire une

déposition. »

Ludovic se gratta la tête. « C’est que je n’ai rien vu. Je n’ai

aucune idée de ce qui s’est passé. Il faut demander à l’autre voisin.

C’est lui qui devrait témoigner. » Troisième silence. Ludovic écarta

le téléphone dans le but de l’éteindre. « Il est mort. Il s’est suicidé. ».

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Ces mots parvinrent de loin à Ludovic. « Quoi ? » ; demanda-t-il en

criant. « Il s’est pendu » ; continua le jeune flic. « On l’a retrouvé

dans son grenier ».

Ludovic déglutit péniblement Il tremblait de la tête aux pieds.

« Mais qu’est-ce qui leur est arrivé ? » ; demanda-t-il à haute voix.

Un soupir lui répondit à l’autre bout du fil. « Si je le savais je ne vous

aurais pas appelé. » Ludovic sentit que quelque chose d’autre

clochait. Mais il n’arrivait pas à mettre le doit dessus. Qu’est-ce que

c’était ? Soudain, il sut. « Les corps ! » ; aboya-t-il. »Où sont les

corps ? ». L’autre ne sembla pas comprendre. « Vous m’avez dit qu’il

y avait eu un massacre. On devrait retrouver tous leurs cadavres.

Mais il n’y en a aucun ici. Il n’y a que du sang ! » Le jeune flic sembla

soudain nerveux. « On a dû les transporter ailleurs ». Ludovic

s’énerva, croyant que l’autre se moquait de lui.

Il cria, pris par la rage. « Abruti ! Vous vous foutez de moi, ou

quoi ? C’est tout ce que vous trouvez à répondre ! C’est débile ! S’ils

se sont tous tués, Personne n’a pu transporter personne ! C’est

absurde ! Crétin ! ». Mais le flic ne se laissa pas impressionner. « Je

vous rappellerai plus tard, Monsieur. On va envoyer une équipe ici,

pour enquêter. » Ludovic, la bave aux lèvres avaient envie de

l’insulter. Quel incompétent ! Il manqua de balancer le téléphone.

Une déposition, voyez-vous ça. Soudain, la peur le repris. Il allait

devoir descendre les escaliers. Il devait y avoir du sang. Les corps

avaient été traînés. Il se prit la tête à deux mains très abattu.

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Qu’est-ce qu’il en savait ? Pourquoi ne s’était-il pas réveillé ?

Comment avait-il pu ne rien entendre ? Et pourquoi le seul témoin

s’était-il suicidé ? Ludovic fit les cent pas. Il n’y comprenait rien. Tout

était absurde. C’était un véritable cauchemar. Il devait être encore en

train de dormir. Tout ça n’était pas réel. Non, ça ne pouvait pas être

vrai. Ludovic sentit qu’il allait devenir fou s’il restait là. Il sortit. Se

collant dos contre la porte, il essaya de se calmer. Puis il commença

à s’endormir. Il somnola doucement. L’émotion l’avait épuisé. Il partit

au pays des rêves.

Soudain, il sentit que quelqu’un qui pressait l’épaule. « Eh,

réveillez-vous ». Ludovic pensa qu’il devait être au commissariat et

que c’était un flic qui le secouait. « Réveillez-vous, mon vieux ».

Ludovic cligna des yeux. Il faillit crier en voyant le visage de celui qui

lui parlait. C’était le voisin d’en face. « Vous n’êtes pas mort ? », lui

demanda bêtement Ludovic. L’autre ne sourit même pas. « Non.

Vous par contre, vous avez une sale mine. Vous vous êtes

évanoui ». Ludovic regarda autour de lui, un peu hagard. « Les

autres sont morts, hein ? Ils se sont tous tués. » L’autre secoua la

tête. « Vous avez reçu un choc. Restez tranquille. On va prendre

soin de vous ». Ludovic se sentait à bout de forces.

Il s’aperçut qu’il était allongé sur le sol de son salon. Une voix

résonna à l’extérieur. Ludovic crut défaillir en la reconnaissant.

C’était Monsieur Hannoff. « Comment va-t-il ? ». Le voisin d’en face

tourna la tête. « Mieux, il est encore un peu choqué mais il a repris

connaissance. » Ludovic se redressa brutalement. Il sentit une

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douleur transpercer son dos. Il avait dû se faire mal en tombant.

L’autre revint avec un verre d’eau. « Le sang ! Le sang ! » ; Cria

Ludovic. Les deux hommes sourirent avec indulgence. « Calmez-

vous. Ne vous agitez pas comme ça. Vous avez besoin de repos ».

Mais Ludovic les ignora. Il essaya de se lever. Son corps était

complètement ankylosé. Il parvint tant bien que mal à se remettre

debout. Les deux autres voulurent l’aider. Il leur fit signe que ça irait.

Il se redressa lentement. Péniblement, il se dirigea vers la porte. Les

deux autres le regardèrent en secouant la tête. Ludovic ouvrit la

porte. Il alla droit vers les escaliers. La surprise manqua le faire

chanceler. Il se tourna vers les deux hommes qui l’avaient rejoint sur

le palier. « Où est le sang ? » ; demanda-t-il. « Il n’y a pas de

sang » ; répondit Hannoff. Ludovic ne le crut pas. Ils avaient dû le

nettoyer pendant son sommeil. S’il regardait bien, il en retrouverait

certaines traces.

Rien. Tout était parfaitement nickel. Ils avaient dû en passer

du temps à tout laver. C’était sans doute eux les assassins. Alors

pourquoi ne l’avaient-ils pas tué ? Comment avaient-ils bien pu le

droguer ? Et pourquoi tuer les autres ? Avait-il vraiment rêvé tout ce

qui s’était passé ? Détends-toi Ne leur montre pas que tu sais

quelque chose. Joue le jeu. Il se parlait trop à lui-même. Ce n’était

pas normal. Il se força à sourire et regarda vers les deux autres.

« Vous devez avoir raison. Excusez-moi ». C’était sans doute un

cauchemar. ». Les deux autres lui rendirent son sourire. Laisses-les

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croire ce qu’ils veulent. Il avait peur mais il ne devait pas le montrer.

Il trouverait la vérité.

Ludovic remonta, faisant mine que tout allait bien et qu’il avait

renoncé à cette histoire de sang. Les deux autres semblaient le

croire. Ludovic les salua et rentra dans son appartement. Il ne devait

surtout pas éveiller leur attention. , faire comme si tout était ok. Dés

qu’il le pourrait, il sortirait. Il devait aller voir le voisin de l’autre

immeuble. Il savait de qui il s’agissait. Le jeune flic lui avait donné

son nom. Il devait aller le voir pour savoir ce qui s’était vraiment

passé. Quelque chose lui disait qu’il n’avait pas rêvé. Les deux

autres avaient dû le droguer pour être tranquille. Puis dés qu’ils

avaient tué tout le monde, ils avaient tout nettoyé et ils avaient joué

cette mise en scène.

Il resta dans le salon. Il alla se prendre une bière puis

s’installa sur le canapé. Il alluma la télévision. Il zappa sans vraiment

s’intéresser à ce qui était diffusé. Une heure plus tard, il sortit.

Personne ne l’attendait dehors avec un revolver. Les deux hommes

avaient dû penser qu’après tout ça, il resterait enfermé chez lui. Ils

se trompaient lourdement. Ludovic descendit les marches. Il se

rendit dans la maison d’à côté. Il n’y avait définitivement plus de sang

nulle part. Mais tout restait anormalement calme. Il connaîtrait

bientôt toute la vérité et saurait s’il avait rêvé. Il alla frapper à la

porte. Personne ne lui répondit. Il frappa une deuxième fois. Rien.

Ludovic n’hésita pas et tourna la poignée. La porte s’ouvrit.

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Ludovic entra prudemment. Il ne savait pas ce qu’il trouverait

après tout. Il devenait peut-être complètement paranoïaque. Il

essaya de ne pas perdre son sang-froid. « Est-ce qu’il y a

quelqu’un ? » ; cria-t-il. Encore le silence. Décidément, il devait y être

abonné. Ludovic continua d’avancer. Il leva les yeux et vit ce qui

pouvait l’intéresser : le grenier. Ce pouvait-il que… ? Ludovic tenta

de repousser cette éventualité de son esprit. Mais en vain. Il devait

savoir. Alors, il monta et ouvrit la porte du grenier. Une marche

craqua sous ses pieds. Ludovic sentit un frisson courir le long de sa

colonne vertébrale. Il continua de monter. D’une main qu’il voulait

ferme, il ouvrit la porte.

Prenant une grande inspiration, Ludovic entra. Sa bouche

s’ouvrit toute grande mais aucun son n’en sortit. Un corps pendait

mollement un mètre au-dessus du sol. Les yeux exorbités, la bouche

pendante, le visage légèrement penché vers le bas, attaché tel un

pantin désarticulé, un homme se tenait devant Ludovic. Ce dernier

resta stupéfait face à cette découverte macabre. Regardant devant

lui, il remarqua qu’il n’y avait pas de chaise. Il fallait monter sur une

chaise normalement lorsqu’on voulait se suicider de cette manière.

Ludovic n’osa pas s’approcher. Il était sur la scène d’un crime. Peut-

être que la chaise était tombée. Dans la pénombre, dans laquelle, il

se trouvait, il ne distinguait pas grand-chose. C’était peut-être un

simple mannequin.

Fasciné, Ludovic commença à s’approcher. Il ne pouvait

détacher ses yeux de ce corps inerte qui ressemblait à une poupée.

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Il ne l’entrevoyait qu’à peine mais il apercevait bien la corde qui allait

jusqu’à son cou. Il trébucha soudain sur un objet et manqua s’affaler

sur le ventre. Baissant les yeux, il vit devant lui une forme

rectangulaire. C’était un pied de chaise.

Ludovic releva la tête. Alors, il avait bien devant lui un

cadavre mais il n’avait pas affaire à un meurtre. Cet homme s’était

bien supprimé. Ludovic se demanda ce qu’il devait faire maintenant.

Si c’était un suicide, il n’avait pas à le signaler à la police, il ne lui

restait plus qu’à partir.

Ludovic recula. Il heurta une petite table derrière lui. Se

retournant, il jeta un œil. Ce qu’il avait pris pour une table était en

faite un vieux piano. Ses yeux s’habituaient peu à peu à l’obscurité et

il identifiait presque parfaitement tous les objets. Ludovic s’en alla. Il

n’avait plus rien à faire là. Il avait trouvé une des réponses à ses

questions. Il n’avait pas rêvé. Mais cela ne lui disait pas comment les

deux assassins avaient effacé toutes les traces du carnage en aussi

peu de temps. Il aurait fallu au moins une journée pour tout nettoyer.

Le sang n’était pas une matière qui s’en allait aussi facilement.

Ludovic ne savait trop quoi penser. Il jeta un œil à sa montre

et vit qu’il ne l’avait pas. Les deux autres avaient dû la lui enlever. Il

n’avait plus aucune notion de la durée. Il ne savait pas si c’était le

matin ou l’après-midi, ni quel jour s’était. Combien de temps était-il

resté inconscient ? Quelques minutes ? Une ou deux heures ? Ou

plusieurs jours, voir plusieurs mois ? Il rentra chez lui. Il regarda à la

fenêtre de sa garçonnière qui donnait sur la rue et se dit que ce

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n’était certainement pas une bonne idée. Les deux hommes devaient

le surveiller. Il ne pouvait plus retourner dans son appartement. Ils le

tueraient. Il le sentait au fond de lui.

Le gars s’était peut-être suicidé mais cela ne voulait pas dire

que les deux types qui avaient été à son chevet à son réveil étaient

blancs comme neige. Il décida d’aller dans un bar. Au moins, il se

sentirait moins seul et il y retrouverait un semblant de vie normale. Il

alla chez Julien. Il prit un café et demanda le journal. Il regarda la

date. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Impossible. Ca ne

pouvait pas être vrai. Il secoua la tête et regarda à nouveau. Il fit un

rapide calcul dans sa tête. Ce n’était pas logique. Cela voulait dire

qu’il était resté inconscient deux jours. Il était tombé dans le coma ?

Qu’est-ce que ces deux salauds lui avaient fait avaler ?

Ludovic serra les poings. Il ne se laisserait pas faire comme

ça. Ces deux ordures allaient payer pour ça. Ils ne s’en sortiraient

pas aussi facilement. Ludovic termina de boire son café. Il reposa le

journal et paya l’addition. Il laissa vingt cents de pourboire. Il prit son

portable et appela Tony. Il lui dit qu’il allait devoir déménager et lui

demanda s’il pouvait l’héberger pour quelques jours. « Le temps de

trouver autre chose ». Tony accepta sans hésitation. Ludovic le

remercia et éteignit son portable. Il ne lui avait pas dit pourquoi

exactement. Tony ne l’aurait certainement pas cru.

Il remit son portable dans sa poche et s’arrêta pour réfléchir. Il

devait trouver un moyen de mettre un terme aux agissements de ces

deux salauds. Il ne savait pas encore comment mais il comptait faire

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tout ce qu’il pourrait pour les envoyer tous les deux sous les verroux.

Il reviendrait ce soir pour préparer et il partirait ensuite sans être vu.

Il avait dit à Tony qu’il arriverait sans doute très tard. Ce dernier lui

avait répondu qu’il laissait la porte ouverte. « Viens quand tu veux,

Ludo. Tu es toujours le bienvenu ».

Ludovic ne put s’empêcher de sourire. Si Tony savait pourquoi

son ami déménageait, il lui claquerait certainement la porte au nez

après lui avoir crié qu’il était dingue. « Je lui expliquerai tout ça plus

tard. » Ludovic passa les heures qui suivirent à se promener à

travers la ville. Il n’arrivait pas croire que cela lui arrivait. Il se

demanda s’il n’était pas en train d’imaginer tout ça. Il repensa

soudain à la musique étrange et sans savoir pourquoi commença à

frissonner. Il l’avait déjà entendue avant Il y avait bien longtemps.

Peut-être que quand, il était petit, sa mère la lui avait chantée le soir.

Il se souvenait très peu de son enfance. Il se rappelait

vaguement du moment quand il jouait avec sa soeur. Il se rappelait

plus de sa mère à cette époque que de son père. Une image flotta

dans son cerveau. Sa mère était penchée à son chevet. Il devait

avoir quatre ans. C’était un petit garçon à la peau mate, brun aux

yeux verts. Il souriait. Sa mère caressait ses cheveux et chantonnait

doucement. L’image s’estompa. Ludovic se demanda pourquoi il y

repensait maintenant. Il n’avait gardé aucune photo. Encore faudrait-

il qu’ils en aient faites. Il ne se souvenait pas de son père tenant un

appareil photo.

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Il en avait certainement prises. Ludovic savait que Julia avait

un classeur entier, composé de photos de famille Ludovic dût bien

admettre que la famille ce n’était pas son truc. Il ne s’était jamais

imaginé en père de famille. Il n’avait jamais rêvé de fonder un foyer.

Il ne se voyait pas avec une femme à son bras et deux ou trois

gosses autour de lui. Même avec Marion il n’en avait pas eu envie.

C’était pourtant la relation la plus sérieuse qu’il avait eue. Marion le

lui avait demandé un jour. « Toi et moi, nous pourrions avoir un

enfant, Ludovic. » Il n’avait pas répondu tout de suite. Ils avaient été

assis en face l’un de l’autre.

Tout d’abord, il avait pensé qu’elle lui demandait autre chose.

Puis lorsqu’il avait compris que c’était bien ça, il s’était senti mal à

l’aise. Il ne savait pas pourquoi l’idée d’être père le rendait anxieux. Il

avait répondu qu’il y réfléchirait. Puis, il avait sorti toutes les banalités

qui lui passaient par la tête. Qu’ils avaient tout le temps, que pleins

de couples étaient biens sans enfants, qu’ils n’avaient pas besoin de

former une famille pour être heureux. Il avait cru que Marion le

prendrait très mal. Mais elle avait sourit et avait répondu qu’ils

avaient bien le temps. Deux mois plus tard, elle le quittait.

Ludovic n’avait pas vu le piège qu’elle lui tendait. C’était un

test. Et il avait lamentablement échoué. Il n’avait pas vu venir le coup

et l’avait pris en pleine tête. Il n’avait éprouvé aucun chagrin. Il avait

senti que leur relation allait se briser. Ils se disputaient de plus en

plus souvent pour des broutilles. Marion lui avait reproché d’être

égoïste et de penser plus à son nombril qu’à son bien-être à elle.

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Ludovic haussait les épaules devant ces jérémiades futiles qui

l’exaspéraient et le fatiguaient. Il se demanda si ce n’est pas lui qui

aurait dû partir.

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Chapitre 2

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Ludovic entra à pas de loup. Il était dix-neuf heures. Il

venait de rappeler Tony pour lui dire qu’il arrivait dans une heure. Il

avança lentement, regardant autour de lui avec inquiétude. Peut-être

qu’un des deux, Hannoff ou l’autre, était tapi dans un coin obscur

près à lui sauter dessus. Il ne vit personne. Ils devaient être partis.

Son cœur tambourinait à deux cents kilomètres heure, dans sa

poitrine. Il mourait de peur. Il hésita devant les escaliers. C’était trop

dangereux. Il ferait mieux de laisser tomber ses affaires et de se

rendre directement à l’appartement de Tony.

L’un d’eux allait peut-être lui tomber dessus à l’improviste. Le

sang battait dans ses tempes. Il se força à garder son calme. Il ne

devait pas craquer. Il ne pouvait pas se le permettre. Sur la pointe

des pieds, il monta les escaliers. Il devait se tromper. La mort du

voisin n’avait rien à voir. Il s’était monté la tête trop vite. Ludovic

essaya de se raisonner encore. Si les deux autres étaient vraiment

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des criminels, ils n’avaient pas à faire de coup d’éclat. Ils ne

s’attaqueraient pas à lui en plein jour. Ludovic soupira. Il avait encore

une heure à tenir devant lui avant que la nuit ne commence à

tomber. Ca lui faisait bien plus de temps qu’il n’avait besoin.

Pour une fois, il regretta de ne pas habiter au rez-de-

chaussée. Il pria pour que le voisin d’en face ne sorte pas au

moment où il arriverait sur le perron. Il n’y avait personne. Tant

mieux. Ludovic se demanda ce qu’il ferait si cet homme au regard de

glace l’attaquait. Il n’était certainement pas de taille à pouvoir lutter

contre lui. Il prit ses clés et ouvrit la porte. Ses doigts tremblaient. Il

eut du mal à enfoncer la clé dans la serrure. Il dû s’y prendre à deux

fois avant que la porte ne s’ouvre. Il se précipita à l’intérieur.

Mais il ne s’y sentait pas plus en sécurité. Il regarda autour de

lui dans ce lieu familier où il avait vécu ces dernières années. Il s’y

était senti bien et avait toujours été heureux d’y rentrer après une

dure journée de travail. Les voisins étaient plutôt tranquilles en

général. Un sourire se forma sur ses lèvres. Etrange phrase dans les

circonstances actuelles. Mais comment aurait-il pu penser que tous

les habitants de l’immeuble se transformeraient en bêtes sauvages

et s’entr’égorgeraient en une seule nuit ?

Ludovic balança son poing contre un mur. Ce n’était pas vrai.

Ils ne s’étaient pas entretués. C’étaient les deux assassins

monstrueux qui les avaient tous tués. Ludovic se rappela soudain

qu’il n’avait pas de temps à perde. Il devait se dépêcher. Il prit une

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valise et enfourna dedans les vêtements. Il repasserait sans doute

par ici. Il n’avait pas le temps d’organiser un vrai déménagement. Il

prit l’essentiel. Puis il referma d’un coup sec sa valise. Il prit ses clés

et ouvrit la porte. Il ne put s’empêcher de jeter un dernier coup d’œil

dans son dos. Puis il referma la porte à double tours et s’en alla.

Dans quelques secondes, il serait libre. La peur qui le tenaillait

pourrait s’en aller. Il avait envie de courir. Avait-il vraiment quelque

chose à craindre ? Ce n’étaient que des hommes. Ils n’avaient aucun

pouvoir surnaturel. Rien ne lui disait qu’ils avaient des armes. Avait-

il vraiment une raison d’avoir peur ? Ludovic sortit. Il verrait cela plus

tard. Ils ne l’espionnaient pas en tout cas. Ils ne se tenaient pas à

chaque coin de l’immeuble, prêts à le suivre ou à lui poser la moindre

question.

Il ouvrit la porte d’entrée et sortit dehors. L’air frais le frappa

en plein visage. C’était bientôt l’hiver. La température commençait à

baisser sérieusement. Il faisait froid le soir. Ludovic était vêtu d’un

simple sweater et d’un jean. Il n’avait pas pensé à ce genre de détail.

Le froid entrait à travers ses vêtements le faisant frissonner. Ludovic

regretta soudain d’être seul. Il était un peu isolé. Il s’aperçut qu’au

moment où il avait vraiment besoin d’aide, il n’avait personne vers

qui se tourner. Il se rendit directement chez Tony. Il pouvait épiloguer

sur les moments vides de sa vie mais cela ne changerait rien.

Ludovic fut devant la maison de Tony quelques minutes plus

tard. Il sonna et attendit. La porte s’ouvrit. Tony ne posa aucune

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question. Il s’écarta pour le laisser entrer. Ludovic regarda autours

de lui. Il n’était allé qu’une ou deux fois chez Tony. Il avait regretté de

ne pas vivre dans un pavillon. Mais il n’avait pas assez d’argent pour

s’en offrir un. Il posa son sac dans l’entrée. Tony lui dit de l’attendre

dans le salon. Ludovic hocha la tête. Il se demanda ce qu’il allait bien

lui dire. La situation lui parut absurde. Il sentit un fou rire monter en

lui. Il eut toutes les peines du monde à se retenir.

La situation n’avait vraiment rien de drôle. Mais l’idée de

devoir l’expliquer était grotesque. « Eh, Tony. Tu sais quoi ? Tous les

gens de l’appartement sont morts. Et le plus marrant c’est qu’il y a

deux zigues. C’est sans doute eux les criminels. Figure-toi que l’un

d’eux habite juste en face de chez moi. Je crois que c’est à cause

d’une drôle de musique que j’ai entendue hier. Et tu sais j’ai oublié

de te dire que l’autre jour j’ai tabassé un adolescent. Ce doit être

cette maudite musique. Qu’est-ce que tu en penses ? Elle doit avoir

des pouvoirs magiques. »

Ludovic en était là dans ses réflexions, quand Tony vint le

rejoindre Il ne parla pas. Ludovic ne sut non plus que dire. La

situation n’était pas habituelle. Les deux hommes allèrent dans la

cuisine. Ils s’assirent face-à-face. Tony fut le premier à prendre la

parole. « Ecoute vieux. Je me moque de la nature de tes problèmes

T’as aucun compte à me rendre. Je vois que t’as pas vraiment envie

d’en parler. Mais si tu as besoin de mon aide, hésite pas à en parler.

Je répondrai présent sans hésiter ». Ludovic sourit. Il ne connaissait

pas très bien Tony mais il voulait lui faire confiance.

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Ludovic laissa passer quelques secondes. Il voulait être

honnête avec son ami. Ce dernier ne le quitta pas des yeux. « Je n’ai

pas été viré », lui dit Ludovic. Pas de commentaire. « Je suis parti de

mon plein gré. Mais je n’avais pas le choix. Enfin…je crois ». Ludovic

but une gorgée de bière. « Il s’est passé quelque chose de très

grave. Beaucoup de violence ». Ludovic se dit qu’il n’avait pas

besoin de tout révéler, juste l’essentiel. Le reste, il pourrait l’avouer

plus tard, en d’autres circonstances. Il hésita.

Tony continua de le regarder. Au moins, il était attentif. Tony

était un sceptique. Il ne croyait pas au surnaturel. S’il le prenait pour

un fou, Ludovic était bon pour l’asile. Il se retrouverait tout seul. Il

voulait à tout prix éviter cette possibilité. Il lui fallait des alliés.

L’unique adjuvant qu’il avait pour le moment était Tony. Ludovic ne

voulait pas mêler sa famille. Comment réagiraient-ils s’il leur disait

qu’il y avait peut-être deux tueurs sanguinaires à ses trousses ? Sa

mère n’en dormirait pas pendant plusieurs nuits. Tony ne pouvait

peut-être rien faire pour lui mais il ne le laisserait pas tomber.

Ludovic se laissa aller sur sa chaise. Il voulait sortir de ce

nœud de vipère. « Je crois qu’il y a eu des meurtres. » Tony fronça

les sourcils. J’ai été mis dans le coma. » Silence radio. Tony le fixa

sans ciller. On aurait pu entendre voler une mouche. L’expression de

son visage changea. Il semblait à la fois perplexe et en colère.

Comme s’il se révoltait contre ce qu’il venait d’entendre, mais

l’acceptait et était prêt à lutter de toutes ses forces. « Je crois que

deux des locataires ont tué tous les autres et qu’ils veulent ma

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peau ». Pourquoi se sentait-il si mal ? Il avait des nausées. Il prenait

compte seulement maintenant de l’étendue du danger qui le

menaçait.

Ludovic s’était accroché à l’idée que tout ça n’était qu’un

cauchemar. Il avait rejeté l’idée que ce soit réel. Il réalisa tout à coup

qu’il pourrait crever. Ni Tony, ni personne d’autre ne pourrait l’aider.

Les deux hommes étaient guidés par une force maléfique qui avait

radicalement modifiée leur personnalité et en avait fait des monstres.

Mais Ludovic n'acceptait pas encore cette éventualité. Il ne dirait pas

cela à Tony. C’était trop tôt. Il attendrait. Des forces occultes étaient

à l’œuvre. Ils avaient tous succombé parce qu’ils avaient été trop

faibles.

Tout cela défila dans l’esprit de Ludovic Il espéra que ça ne

se voyait pas. Comment deux hommes pouvaient-ils tuer quinze

personnes en une nuit et avoir le temps de tout nettoyer en moins

d’une journée ? Tony l’écouta jusqu’au bout.

Puis le silence s’installa. Tony secoua la tête. Ludovic crut

qu’il ne le croyait pas. La colère remonta. Quel crétin ! Qu’est-ce qui

lui avait pris de se confier au premier imbécile venu ? Ce sceptique

de Tony allait se foutre de sa gueule. Mais il se trompa. « Tu es dans

un sale pétrin, mon vieux. Il te faudrait l’aide de professionnels. Je

pense qu’il faudrait commencer par appeler la police ». Ludovic n’osa

pas lui dire qu’il l’avait déjà fait.

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Il se sentait fatigué. Il se demanda pourquoi tout d’un seul

coup allait si mal. Ludovic n’était pas croyant mais il aurait bien aimé

qu’un dieu puisse lui venir en aide et envoyer un ange pour le

protéger. Il se souvint soudain de sa rupture avec Marion. Il était

rentré dans l’appartement qu’ils avaient partagé tous les deux. Il

s’était alors saoulé. Il avait bu une dizaine de bières. Il avait manqué

se laissé couler. Finalement dans un sursaut, il avait refait surface.

Pourquoi ne ferait-il pas pareil cette fois-ci ? « On va leur

donner le signalement de ces deux hommes » ; lui dit Tony. Ludovic

leva les yeux vers lui. Il n’avait pas compris tout de suite ce que Tony

était en train de lui dire. « Tu les appelleras demain. Pour l’instant tu

vas dormir ici ». L’horloge annonça dix-neuf heures trente. » On

mange dans une demi-heure », lui dit Tony. Ludovic hocha la tête. Il

voulut le remercier mais Tony tourna les talons sans lui en laisser le

temps. Tant pis. Il le ferait plus tard. Lorsque tout serait fini. Ludovic

alla prendre une douche. Puis ils mangèrent, jouèrent aux cartes. Ils

allèrent se coucher vers vingt trois heures.

Ludovic eut du mal à trouver le sommeil. Il était anxieux.

Entendrait-il encore le chant mystérieux ? Il resta éveillé, allongé sur

le dos, les mains derrière la nuque. Au moment où ses yeux

commencèrent à se fermer, il l’entendit. Il jeta un œil sur le réveil

posé sur la petite table près de son lit. Il était deux heures quinze.

C’était la même voix de femme, les mêmes notes et la même

mélodie. Il y eut encore le chœur des enfants. Ludovic se demanda

si Tony l’entendait. Il savait qu’il n’était pas fou. Les autres aussi

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l’avaient entendu. Et c’état ce chant un peu lugubre qui devait être la

cause de toute cette vague de violence.

Soudain, Ludovic se redressa. Cela voulait dire que Tony allait

l’entendre. Ludovic connaissait trop bien les conséquences. Ici non

plus ils n’étaient pas en sécurité. Il se retourna sur le ventre et se

boucha les oreilles. S’il continuait de veiller, il mourait de fatigue.

Mais il devait être sûr. Il fallait qu’il aille voir. Il se leva et marcha sur

la pointe des pieds. La musique dura quelques minutes. Encore et

prit fin. Ludovic sortit de la chambre. Il alla vers celle de Tony. S’il

risquait de se faire assassiner le lendemain matin, il avait le droit à

une certitude.

Doucement, il ouvrit la porte. Tony dormait paisiblement

couché sur le dos. Ludovic prit son courage à deux mains. Il

s’approcha et le secoua doucement. « Tony, Tony ! ». Celui-ci cligna

des yeux puis les ouvrit. Il regarda Ludovic. Il se redressa et enleva

deux boules blanches de ses oreilles. Ludovic eut envie d’éclater de

rire. Des boules de coton. Tony n’avait donc rien entendu. Ludovic se

sentit soulagé. « Ce n’est rien » ; dit-il. « J’ai fait un cauchemar.

Rendors-toi ».

Avant que Tony n’ait pu répondre, Ludovic s’écarta et partit. Il

referma la porte et laissa éclater son soulagement. Tony n’avait pas

entendu la musique. Ludovic ne savait pas si cette musique avait un

rapport direct avec lui. Serein, il retourna dans son lit et dormit

jusqu’au matin. Il se réveilla vers dix heures. Tony était déjà parti. Il

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lui avait laissé un mot lui disant qu’il reviendrait ce soir vers dix-huit

heures.

Ludovic se demanda ce qu’il allait pouvoir faire en attendant.

Un post-scriptum était marqué en dessous ». Ludo, appelle la police.

Eux ils pourraient aider. » Ludovic se sentit un peu agacé. Il n’avait

pas besoin qu’on lui dise ce qu’il devait faire. La colère. Il la sentait

encore brûler au fond de lui. Tel un lion elle était prête à sortir de lui.

Il la réprima du mieux qu’il pouvait. Il demanderait à Tony de lui

prêter des boules de coton. Il appellerait la police plus tard. Il n’avait

pas assez de preuves pour l’instant. Il ne pouvait pas faire grand-

chose. Il espérait que les deux autres ne le trouveraient pas. Ils

devaient savoir qu’il était parti.

Ludovic essaya de s’occuper. Il regretta soudain d’avoir

abandonné son travail. Finalement, il prit le téléphone et appela la

police. Il leur expliqua au mieux la situation. Tout en parlant, il se

demanda en quoi ils lui seraient utiles. S’il s’agissait de meurtriers,

c’était la meilleure des solutions. Mais dans l’autre cas…S’il y avait

bien une cause surnaturelle… Ludovic donna son nom et l’adresse

de Tony. A tout hasard, il leur fit part aussi de son ancienne adresse.

Au moins le gars à l’autre bout de la ligne ne se moquait pas de lui. Il

ne manquerait plus qu’on le traite de paranoïaque et qu’on l’envoie

chez les fous.

Une heure plus tard, on frappa à la porte. Ludovic alla ouvrir.

Deux flics se tenaient debout. Ils lui montrèrent leur badge. Ludovic

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n’était pas idiot et il se doutait à la veste qu’ils portaient que c’étaient

des représentants de la loi. Ils étaient tous les deux inspecteurs. Il

leur annonça que deux tueurs sévissaient et qu’ils avaient commis

quelques meurtres. Il s’insurgea contre le fait qu’on lui avait envoyé

ces deux idiots. Ludovic comprit qu’ils ne voyaient pas la gravité de

la situation. Ils ne pouvaient rien faire puisque toutes les traces du

crime avaient été effacées. C’était la police scientifique qu’il aurait dû

contacter.

Les deux flics entrèrent. Ludovic du à nouveau tout expliquer.

Ils lui demandèrent s’il y avait eu des témoins, s’il avait entendu

quelque chose de suspect où il se trouvait alors, etc. Ils tiquèrent

lorsqu’ils entendirent qu’il dormait au moment des faits. Les deux

flics se regardèrent. Ludovic comprit trop bien le sens de cet

échange. « Il y avait du sang dans les escaliers. Tout était calme.

C’était comme s’ils s’étaient tous volatilisés d’un seul coup. » Un des

deux flics prit la parole. « Etes-vous sûr que vous n’avez pas

rêvé ? » Ludovic eut envie de lui sauter à la gorge.

Quel abruti, celui-là ! « Monsieur, vous portez des accusations

très graves. Nous avons besoin de preuves tangibles pour pouvoir

mener une enquête et arrêter les présumer suspects. » Bon sang, il

n’était pas demeuré. Il le savait bien tout ça. « Ce que mon collègue

essaie de vous dire » ; expliqua l’autre inspecteur. « C’est que vous

n’avez pas de faits assez concrets pour que nous inculpions

quelqu’un ». Ludovic voulut lui répondre d’aller se faire voir. Mais

l’autre poursuivit.

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« Vous nous dites qu’il y a eu plusieurs meurtres la nuit

dernière. Vous vous êtes levé à onze heures. Vous avez vu qu’il n’y

avait personne. Vous nous dites avoir vu du sang puis ensuite qu’il

aurait été nettoyé. Puis, vous continuez en nous affirmant que vous

êtes resté deux jours dans le coma. Vous ne croyez pas qu’il y a un

problème dans votre histoire ? Ca ne tient vraiment pas debout.

Les faits ne collent pas ». Ludovic se sentit

désemparé. Mais pourquoi avait-il écouté les conseils de cet

imbécile de Tony ? Comment avait-il pu espérer être cru ? Les deux

flics se levèrent. « Et bien, Il ne nous reste plus qu’à vous laisser.

Vous nous avez fait perdre notre temps. Mais nous ne vous en

gardons pas rancune. Bonne journée, Monsieur ». Qu’est-ce qu’ils

croyaient ces deux-là ? Il n’allait quand même pas s’excuser ! Les

deux flics le saluèrent et s’en allèrent.

Ludovic résista à l’envie de claquer la porte derrière eux. Il

rumina et fit les cents pas dans le but de se calmer. Puis, il s’assit

sur le canapé. Il mit sa tête entre ses mains. Il n’y arriverait pas. Il ne

pourrait pas lutter seul. La musique n’était qu’un élément parmi

d’autres. Les chaînes de sa vie ne lui appartenaient pas. Il n’était

qu’une marionnette dont une force inconnue et maléfique tirait les

fils. Il se sentit misérable et impuissant. Il ne pourrait pas lutter.

Comment combattre contre un adversaire qu’il ne connaissait pas

Qu’il ne pouvait pas voir ? Il étai mis en échec et il serait bientôt mat.

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Il allait repartir. Il devait s’en aller d’ici. Il dirait à Tony ce soir

qu’il ne pouvait pas rester. Il ne voulait pas mettre ses proches en

danger. Il ne devait compter que sur lui-même pour affronter cette

force mystérieuse. Il ne savait pas où aller mais il fallait qu’Il parte. Il

se leva et commença à marcher. Il ne devait pas partir. Il ne devait

pas fuir. Il allait se battre. Il resterait. Il affronterait cette satanée

musique. Et il la vaincrait. Il n’allait pas se laisser impressionner

aussi facilement. Ludovic n’était pas un lâche. Non, il n’allait pas

rester cacher à attendre que ça se passe. Mais il lui fallait de l’aide.

Soudain, le téléphone sonna. Ludovic, sans réfléchir décrocha.

C’était Tony.

Il semblait ravi. « Je crois que j’ai trouvé quelqu’un qui pourrait

t’aider. » Quoi, un détective ? Ludovic allait répondre qu’il n’en avait

pas besoin. Mais Tony ne lui en laissa pas le temps. « C’est un

spécialiste en surnaturel. Il saura sans doute ce qu’il faut faire. »

Ludovic en resta comme deux ronds de flan. Sentant son

étonnement, Tony lui expliqua : « C’est en suivant ce que tu m‘a

raconté hier soir. Je veux dire…c’était glauque. Il y avait quelque

chose d’anormal, quoi. En plus du…des meurtres ». Parce que ça,

c’était sensé être normal ?

Ludovic voulut lui en demander davantage. Mais Tony

commença à lui décrire le spécialiste. « Il s’appelle Fernandez

Wixplan. Il a soixante-cinq ans. Il connaît tout en phénomènes

paranormaux. Il a découvert pleins de remèdes contre la magie

noire. Il sait comment affronter les esprits démoniaques. Il a même

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pratiqué des exorcismes. C’est sans doute l’homme qu’il nous faut ».

Ludovic n’en crut pas ses oreilles. Etait-ce bien Tony Erwan le

Sceptique, qui parlait ainsi ?

« C’est un charlatan, Tony Il en veut à l’argent de ses

victimes. Ces gars-là cherchent des pigeons, des crétins à plumer.

Tout ça, c’est du vent ». Mais Tony n’en démordait pas. « Ecoute, je

t’assure. Il est génial Je l’ai vu à l‘œuvre une fois. » Tony sembla tout

à coup exalté. « Ca vaut le coup d’œil, mon vieux. Il saura quoi

faire ». Ludovic chercha ses mots. Il ne savait pas quoi dire. Il ne

ressentit même pas de colère. Il en resta de marbre. En totale

indifférence. « Hum, Tony. Je ne sais pas trop. Il est vraiment fiable,

ce type ?». Tony acquiesça.

Ludovic se gratta la tête. Après tout, pourquoi pas. Il ne pouvait

pas rester les bras croisés à attendre que la solution lui tombe du

ciel. Il avait besoin d’un allié. Peut-être que se soit disant expert

pouvait bien en être un. Tony lui demanda ce qu’il en pensait.

« D’accord » ; s’entendit répondre Ludovic. « Je veux bien essayé. ».

Tony lui répondit qu’il allait le joindre. « Il donne une démonstration

demain après-midi. Nous pourrions y aller. Comme ça, tu pourras te

faire une idée toi-même de ses capacités. » .

Ludovic plissa les yeux. Il s’en fichait éperdument. Mais s’il

devait passer par là, il le ferait. « Ok, c’est à quelle heure ? » Il avait

envie de reposer le téléphone. C’était une arnaque, il le sentait. Ce

mec était un charlatan. Tony était tombé dans le panneau. Ce n’était

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pourtant pas dans son style de se faire avoir aussi bêtement. «

C’est à quatorze heure quarante dans l’amphithéâtre. » Ludovic n’y

était jamais allé. C’était un lieu d’exposition et de spectacle. Ludovic

eut envie de répondre qu’il n’en avait rien à faire et de raccrocher.

« Je n’ai pas le temps d’aller m’amuser. » ; pensa-t-il.

Mais c’était trop tard. Il avait répondu oui. « Je passerai te

chercher vers quatorze heures en sortant du travail. En voiture, on y

sera en moins d’une demi-heure ». Ludovic accepta. Puis, il

raccrocha après avoir dit au revoir. Très bien, il irait voir ce faiseur de

tour. C’était toujours mieux que rien après tout. Qu’avait-il à y perdre

de toute façon ? Au pire, ce n’était qu’un simple divertissement. Il

pourrait repartir avant d’avoir payer pour rien. Il verrait bien. Allons, il

devait bien y avoir des informations qui traînaient sur ce Wixplan.

Ludovic alluma l’ordinateur de Tony. Il commença une

recherche sur Google. Il y avait en effet pas mal de renseignements.

Fernandez Wixplan était reconnu en tant que spécialiste du

surnaturel et sembla même rencontré pas mal de succès Il avait un

site web et l’article sur Wikipédia était bien fourni. Ludovic visita

rapidement le site web. Il y trouva une fiche descriptive, les

compétences, une description de la magie noire, une biographie, etc.

Après tout, ce n’était peut-être pas un charlatan. Le site web était mis

à jour en mai 2008.

Cela voulait dire que c’était un site web de bonne facture.

Fernandez Wixplan avait l’air sérieux et compétent. Il décrivait dans

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un dossier ce qu’était l’exorcisme. On pouvait le joindre selon ses

horaires et il avait même une adresse mail. Ludovic décida de la

mettre dans ses contacts et d’inscrire le numéro de téléphone dans

son répertoire personnel. Il ne savait pas s’il en tirerait profit. Mais il

aurait quelqu’un de professionnel en la matière à qui s’adresser.

Ludovic se sentit soudain plus rassuré. Au moins, il n’était plus tout

seul. C’était toujours ça.

Tony avait peut-être eu besoin de lui. Il l’avait peut-être appelé

après avoir entendu le chant étrange. Il l’avait peut-être appelé après

avoir entendu le chant étrange. Quelqu’avaient été les

conséquences. Tony ne semblait pas avoir été affecté par le chant.

Cela n’avait rien à voir avec les boules-kisses. Le chant était

magique.

Il avait cru que le fait d’en parler à quelqu’un l’aiderait à

mieux comprendre mais il s’aperçut que ce n’était pas le cas. Il avait

peur de se sentir toujours aussi perdu. Peut-être que Fernandez

Wixplan était le seul à pouvoir vraiment l’aider. Si celui-ci ne pouvait

rien, Ludovic n’avait aucune idée de ce qu’il devrait faire. Fernandez

Wixplan était sa seule bouée de sauvetage. Alors, il prit sa décision.

Il prit le numéro et le composa. Une sonnerie résonna. Un déclic puis

une voix masculine.

Ludovic ferma les yeux et se jeta en avant. « Bonjour,

Monsieur. J’ai besoin de votre aide. Je m’appelle Ludovic Hidlle. Je

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suis dans une situation très délicate ». L’autre l’écoutait. « Ah, oui.

Vous êtes un ami de Tony Erwan. Il m’a parlé de vous. Il m’a appelé

tout à l’heure pour me dire qu’il sollicitait mon aide en votre faveur. ».

Ludovic commença à lui expliquer ce qui lui arrivait mais son

interlocuteur l’interrompit. « Inutile, Monsieur Hidlle. Je sais déjà tout

sur vous. Et je vous aiderais bien sûr. Ne vous inquiétez pas pour les

frais. Ils reviendront à Tony. Tout ce que vous avez à faire est de

venir me voir et de ma faire confiance. Nous sommes d’accord ? ».

Ludovic se demanda s’il sortait la même diatribe à tous ses

clients. Mais il s’abstint de poser la question. « Je vous sens

perplexe, Monsieur Hidlle. J’imagine, cependant, que vous vous êtes

renseigné sur moi. Le paranormal est une science que je maîtrise

parfaitement. Croyez-le ou non. J’ai eu affaire à de nombreux cas

dont certains exceptionnels. Loin de vouloir me vanter. Un

professionnel n’en a pas besoin. J’ai déjà pratiqué des cas

d’exorcisme ».

Ludovic rougit et bafouilla quelques excuses. Mais Fernandez

Wixplan ne fut pas vexé. « Ne vous en faites pas, Monsieur Hidlle.

Vous n’êtes pas le premier à avoir réagi ainsi. Je ne vous jugerai

pas. Ce n’est pas le but. » Ludovic acquiesça. « Ecoutez, je ne sais

pas si ce que j’ai vécu est vrai. On dirait plutôt que c’est du ressort

de la police. Je me monte sans doute la tête. ». Fernandez Wixplan

lui coupa l’herbe sous le pied. « Désolé de devoir vous interrompre

mais vous vous trompez. Il est clair qu’il y a quelque chose de

surnaturel là-dedans. Prenons la musique par exemple. D’après ce

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que j’ai compris, elle rend les gens agressifs au point qu’ils puissent

tuer de sang froid ».

Ludovic fut soulagé. Enfin quelqu’un qui ne le prenait pas pour

un dément et qui acceptait de l’aider en connaissance de cause. Ca

faisait un bien étonnant. Il acquiesça. « Oui, c’est tout à fait exact ».

Fernandez Wixplan lui demanda ses coordonnées. « Bien, Monsieur

Hidlle. Je vous rappellerai sans doute plus tard pour que nous fixions

un rendez-vous. Passez une bonne journée. Au revoir ». Ludovic le

salua aussi et raccrocha. Puis il resta debout et fixa un point vague. Il

se sentit plus léger. Il eut l’impression qu’un fardeau immense venait

de s’enlever de ses épaules. Il se sentait plus calme L’angoisse

commença à diminuer.

Il décida de dormir un peu en attendant que Tony revienne. Il

alla dans la chambre et s’endormit. Il ne fit aucun cauchemar cette

fois. Il se réveilla deux heures plus tard. Ludovic jeta un œil vers

l’horloge. Et vit qu’il était seize heures trente. Il avait bien dormi. Le

téléphone sonna. C’était Tony qui lui annonçait qu’il reviendrait dans

deux heures. « Tu devrais te trouver une activité » ; lui conseilla

Tony. « Tu vas crever d’ennui avant d’avoir ta nouvelle boîte ».

Ludovic sourit. Il aimait bien Tony. C’était un type bien. C’était une

des rares personnes dont il pouvait avoir cette opinion.

Sauf peut-être sur son père. Mais ce dernier était mort il y avait

très longtemps. Ludovic n’était alors encore qu’un petit garçon. Tel

père, tel fils. Vraiment ? Ludovic avait eut beaucoup d’admiration

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pour son père. Mais il n’avait pas eut le temps de vraiment le

connaître. A cause de son métier de flic, Jack Hidlle avait passé une

bonne partie de sa vie loin de sa famille. Ludovic avait imaginé qu’il

ressemblerait à son père. Autrefois. Lorsqu’il était petit. Alors qu’il

croyait encore au père Noël et aux contes de fées.

C’était loin tout ça. Il avait du mal à se souvenir de son

enfance. Il faisait des blocages. Il ne savait pas pourquoi. On aurait

dit que sa mémoire se faisait la malle à chaque fois qu’il voulait

évoquer des scènes de son enfance. Il ne s’aimait pas, petit. Il était

en froid avec l’enfant qu’il avait été. Il se trouvait médiocre. Il avait

été moche. Il se souvenait qu’il souriait très peu. Il avait toujours été

un grand solitaire. La présence constante des autres gosses qui

criaient et riaient le fatiguait. Il fuyait les bagarres et les jeux violents.

Il avait trouvé les filles idiotes et arrogantes. Elles étaient

toutes nunuches. Il les avait fuies comme la peste. Il n’avait peut-être

pas été heureux. Il ne se souvenait pas de lui riant aux éclats et

souriant d’une joie sincère. Ses sourires sur les photos de classe

étaient faux. Il s’asseyait souvent seul en classe ou à la cantine.

Ludovic repensa à cette période de sa vie. Elle n’avait pas été

aussi heureuse qu’elle le devait. Il chassa ces pensées nostalgiques

de son esprit. Il n’aimait pas s’appesantir sur le passé. Il décida de

prendre un livre. Tony avait raison. Il devrait se trouver une activité. Il

commençait dans la nouvelle boîte dans une semaine. Il avait avant

du temps à tuer. Il fallait qu’il se replonge dans le boulot. Faire des

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recherches. Il devait être capable de pouvoir tout gérer tout seul. Ce

sera lui le patron.

Il aurait toutes les responsabilités sur les épaules. C’était ce

qu’il voulait. Ca ne lui faisait pas peur. Il ne se défilerait pas. Il leur

montrerait à tous et surtout à cet imbécile de Marc qu’il pouvait y

arriver. Plus personne ne se moquerait de lui. « Je serai le meilleur.

Je vais pulvériser toute la concurrence. Je vais tous les laisser en

bas. ». Il se sentit mieux. Tout allait bientôt s’arranger. Lorsque Tony

revint, Ludovic lui dit qu’il avait téléphoné à Fernandez Wixplan et

qu’il était d’accord pour prendre rendez-vous.

« Nous n’avons pas encore décidé d’une date. Je lui en

parlerai peut-être demain lorsque nous le verrons. » Un grand sourire

étira les lèvres de Tony. « Tu ne vas pas le regretter. Je te le

promets. Ce gars-là fait des miracles ». Ca, Ludovic commençait

aussi à le croire. Il le fallait. Il ne pouvait faire autrement. C’était la

seule carte valable qu’il avait dans son jeu. Sinon, il était cuit. Il

demanda à Tony comment il avait rencontré Fernandez Wixplan. Ce

dernier lui révéla qu’il avait eu besoin de ses services.

Une vieille connaissance qui lui avait conseillé de le joindre. Il

ne l’avait pas regretté. Il l’avait revu peu près et ils avaient

sympathisé. Ludovic se demanda si ce Wixplan se liait d’amitié avec

tous ses clients. Cela ne lui parut pas être une attitude très

professionnelle. Mais il ne fit aucun commentaire là-dessus. Il état

trop tôt pour se faire une idée de personnage. Il en saurait plus

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lorsqu’il le verrait. Je t’assure. Il est très bien. » Tony fronça les

sourcils. « Tu dois te dire que j’en fait trop sur lui. C’est sans doute

vrai ».

Ludovic secoua la tête. « J’en sais rien. Je ne le connais pas

ce type. » Tony haussa les épaules. « Je l’ai eu une fois au

téléphone » ; poursuivit Ludovic. « J’ai consulté son site web. Tu

savais qu’il avait une adresse e-mail ? » Tony hocha la tête. « Bien

sûr, je l’ai dans mes contacts. » Ludovic fronça les sourcils. Il ne le

savait pas. Mais il aurait dû s’en douter. Tony le lui avait indiqué sans

hésiter. « Je crois que tu vas avoir sacrément besoin de lui ».

Ludovic n’eut aucune objection. « Je le pense aussi » ; répondit-il.

Tout se passera bien. Ils dormirent sans problème, cette nuit. Le

lendemain ; ils se rendirent ensemble à la représentation. Ils

arrivèrent un peu en avance devant l’amphithéâtre. Il y avait déjà du

monde. « C’est donc lui. » ; Remarqua Ludovic. « Fernandez

Wixplan ». Il regardait une affiche. Tony vint se placer à coté de lui.

« Exact. Sans exagérer, je peux te dire que c’est le meilleur. »

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CHAPITRE 3

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Il était quatorze heures. Ludovic était devant

l’amphithéâtre avec Tony. Il espérait qu’il n’était pas en train de

commettre une erreur. Levant la tête, il regarda l’affiche une seconde

fois. Tony avait appelé Fernandez Wixplan pour lui dire que Ludovic

et lui assisteraient à sa démonstration. Ils prirent leurs billets et

entrèrent. Ils en seraient pour leur argent si ça ne servait à rien. Ils

tendirent leurs billets à la réceptionniste. Puis ils entrèrent. Ils prirent

chacun un siège, au milieu de la salle près du couloir. Lorsque les

lumières s’éteignirent, Ludovic eut l’impression d’être dans une salle

de cinéma. Un homme grand et mince, habillé tout en noir, apparut

au milieu de la scène.

Ludovic essaya de masquer son étonnement. Il n’avait pas

imaginé Fernandez Wixplan ainsi. Cet homme était plus

impressionnant que l’image dont Ludovic s’en était fait. Il y avait

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quelque chose de solennel dans l’attitude de cet homme. La séance

se révéla très intéressante et stupéfiante. Ludovic essaya de lutter

contre l’admiration qui commençait à poindre. Ce n’étaient pas de

vulgaires tours de passe-passe. Il n’y avait rien de factice. C’était de

la magie ou ça n’en était pas.

Mais Ludovic était sûr d’au moins une chose : ce n’était pas

truqué. L’homme sur la scène devant eux possédait vraiment un

pouvoir surnaturel. Ce n’était pas un charlatan. Wixplan fit une

démonstration de ses pouvoirs de guérison. Ludovic tenta de voir s’il

n’y avait pas d’effets spéciaux. Le gars qui s’était porté volontaire

pour servir de cobaye pouvait très bien être un comédien. Mais tout

semblait réaliste. C’était parfaitement bien pratiqué. Il n’y avait pas

d’élément de rajout utilisé habituellement pour impressionner le

public.

Pas de lumière éclatante, pas d’effet spécial, pas de trucage

ni d’effet électrique. C’était sobre. Fernandez Wixplan fit ensuite sous

leurs yeux ébahis une démonstration d’exorcisme. Ludovic frissonna.

Il n’avait jamais assisté à ce genre de scène. C’était assez troublant

à regarder. Ludovic jeta un œil vers Tony et s’aperçut que celui-ci

était tombé dans une fascination sans borne. Ludovic en fut un peu

énervé. D’accord, c’était très impressionnant mais ce n’était pas

aussi exceptionnel que cela.

Ludovic s’était attendu à être complètement retourné par ce

qu’il verrait. Ce n’était pas le cas. Il était impressionné par les talents

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de ce Fernandez Wixplan. Mais il relativisait tout de même et se

disait que Tony exagérait un peu son admiration. Ludovic se dit qu’il

devenait blasé. C’était sans doute à cause de ce qu’il avait traverser

ces derniers jours. La démonstration se termina par un petit speech

dans lequel Wixplan les exhorta à ne pas rester trop sceptiques face

aux pouvoirs de la magie noire.

Ludovic regarda autour de lui. La salle de l’Amphithéâtre était

presque bondée. Il se demanda pourquoi tous ces gens venaient là.

Peut-être pour se divertir. Ou parce qu’ils croyaient vraiment au

surnaturel. Peut-être que comme lui, ils avaient un problème un peu

inhabituel à régler et qu’ils avaient besoin d’une aide extérieure.

Ludovic remarqua que des familles entières s’étaient déplacées. Si

certains avaient pu être incrédules, ça ne se voyait pas. Un regard

de pure extase brillait sur tous les visages.

Ludovic commença à se sentir très mal à l’aise. Il devait être

tombé dans une sorte de secte. Le mec en face de lui qui continuait

de parler était en fait un gourou. Fernandez Wixplan s’inclina et

remercia le public d’être venu le voir si nombreux. Tony se leva.

« Viens, il va dans sa loge. Nous aurons peut-être une chance de lui

parler avant qu’il ne s’en aille. » Ludovic acquiesça. Il le suivit. Même

s’il aurait préféré partir et qu’il avait une désagréable sensation au

creux de l’estomac.

Il rattrapa Tony par la manche. Ce dernier s’arrêta un peu

surpris. « Et bien, quoi ? Dépêche-toi ! Nous allons le rater ».

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Ludovic prit son ami par les épaules. « Ecoutes, je ne remets pas en

cause ses talents. Mais je ne crois pas que ce type puisse nous aider

en quoi que ce soit. ». Tony fut perplexe. Puis il sourit. Il tapota

Ludovic sur l’épaule avec indulgence. Ce dernier se sentit soudain

très en colère. « Je comprends » ; lui dit Tony. « Tu as peur que cela

soit trop beau et tu refuse de croire que quelqu’un soit en mesure de

t’aider ».

Ludovic ne comprit pas soudain ce qui se passa. Une rage

aiguë et terrible le déchira de l’intérieur. Il se jeta sur Tony. Surpris et

effrayé, ce dernier voulut reculer. Mais il trébucha. Ludovic passa ses

mains autour de son cou. Un cri sauvage sortit de sa bouche. Il

plaqua Tony par terre en enfonçant un genou sur sa poitrine et serra

ses mains autour de la gorge de sa victime. Tony voulut se dégager

et essaya de les enlever de son cou. Un gargouillis inaudible sortit à

travers ses lèvres. Ludovic continua de resserrer son étreinte.

Une lueur de démence étincelait dans ses yeux. Tony ouvrit la

bouche pour essayer de respirer. Un gémissement lugubre sortit de

sa bouche « A…à…l’ai…de… Ludovic continua de serrer. Soudain

des bras s’emparèrent et l’éloignèrent de Tony. Le malheureux

s’effondra par terre comme un pantin désarticulé. « Vite, il faut le

conduire à Fernandez Wixplan. Le spécialiste saura le guérir. »

Ludovic poussa un hurlement de rage et se débattit comme un

forcené.

Les deux gardiens eurent toutes les peines du monde à le

retenir de se jeter à nouveau sur le pauvre Tony. Ludovic essaya de

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mordre un de ceux qui le retenait. Celui-ci eut le bon réflexe de

retirer sa main. « Faites attention. Il essaie de nous attaquer ! »; Cria

quelqu‘un. Ludovic essaya de se retourner pour sauter à la gorge

d’un de ceux qui essayaient de l’immobiliser. Soudain, une voix

puissante figea tout le monde. « Ca suffit ! ». Un silence de plomb

tomba dans l ‘amphithéâtre presque vide.

C’était Fernandez Wixplan. Tout le monde tourna la tête vers

lui. Ludovic commençait doucement à se calmer et à reprendre ses

esprits. Fernandez Wixplan s’approcha de lui et fit signe aux deux

autres de le lâcher. Les autres, trois hommes, qui devaient être des

employés, obéirent et s’écartèrent. « Faites attention, Monsieur. Il est

peut-être dangereux. » Fernandez Wixplan ne sembla pas tenir

compte de cette remarque. Ludovic leva la tête vers lui. Puis ses

yeux tombèrent sur Tony, assis à quelques mètres, un peu hébété.

Semblant manquer d’air.

Ce qui venait de ce passer traversa la mémoire de Ludovic.

Une rougeur de honte empourpra ses joues. Il se sentit un peu

hagard. Pourquoi se sentait-il si faible ? Que s’était-il passé ? Il

entendait la voix de Fernandez Wixplan mais n’arrivait pas à en

comprendre les mots. Qu’avait-il fait à Tony ? Il ne se souvenait que

de la colère qui avait annihilé tous ses sens et son cerveau. Cette

terrible rage l’avait métamorphosé, faisant de lui un forcené. Il aurait

dû résister.

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Mais il n’avait rien vu venir. Elle l’avait vidé. Il n’avait plus de

force. La rage folle était partie aussi vite qu’elle était venue, le

laissant dans un état presque atonique. Wixplan se pencha vers lui.

« Monsieur Hidlle. Est-ce que vous m’entendez ? » Ludovic dû faire

un effort surhumain pour hocher la tête. Il voulut parler. Il devait

savoir. Il avait peur de connaître la réponse. Il ouvrit la bouche.

Parler lui parut presque impossible. Réunissant ses dernières forces,

il parvint à former une phrase.

« Qu’est-il…arrivé….à…Tony ? ». Wixplan soupira. Du moins,

ce qu’en cru Ludovic. Dans le brouillard dans lequel baignait son

esprit, il n’était plus sûr de rien. Il se demanda s’il était éveillé ou s’il

rêvait. Le corps du magicien lui parut étrangement disproportionné.

Pourquoi avait-il autant de mal à garder les yeux ouverts ? Les

formes et les objets lui semblaient flous et il crut être devenu myope.

Sa vue devait être en train de baisser. Il voulait dormir. Qu’ils aillent

tous au diable.

Que disait Wixplan ? Pourquoi est-ce qu’il lui parlait ? Ne

voyait-il donc pas qu’il était faible et fatigué et qu’il avait besoin de se

reposer ? « Monsieur Hidlle. Il ne faut pas que vous perdiez

connaissance. Je sais que vous êtes épuisé mais il est très important

que vous restiez éveillé. » De quoi parlait ce type ? Ludovic chercha

une pique à lui envoyer mais sa langue sembla fonctionner au

ralenti. Quand à son cerveau, il paraissait avoir pris des vacances.

Ludovic eut la sensation que des bras l’empoignaient, puis d’être

transporté.

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Il entendit vaguement Wixplan lui parler de Tony. Une grande

tristesse le fit chavirer. Tony avait voulu l’aider. C’était pour cela qu’il

li avait parlé de Fernandez Wixplan. Tony avait toujours été là

lorsque Ludovic avait eu des problèmes. Il avait toujours pu lui faire

confiance. Il aurait voulu demander comment allait son ami, mais il

était trop fatigué. Il avait toujours pu se tourner vers lui. Sans s’en

rendre compte, il bascula dans l’inconscience. Il rêvait, il en était sûr.

Ce qui se passait là n’était pas réel.

Il se trouvait à nouveau dans l’Amphithéâtre. Mais c’était

différent. Il faisait nuit. Tout était désert. Ludovic marcha à travers les

chaises. Il fit attention à ne pas tomber. La scène était plongée dans

le noir. Si Ludovic n’avait pas été aussi sûr qu’elle était dans

l’obscurité, il aurait dit que c’était vide. Car comment distinguer du

vide le reste quand tout est sombre. Il n’était peut-être pas seul. Tout

était calme, pourtant. Rien ne signalait une autre présence.

Il eut soudain très peur. Il entendit un bruit. Une sorte de

feulement. Quelqu’un ou quelque chose se déplaçait dans

l’obscurité. Ami ou ennemi, ça Ludovic aurait aimé le savoir. Il

trembla comme une feuille. C’était malsain. Soudain, il l’entendit. Là,

dans l’amphithéâtre, la musique résonna plus forte et lugubre que

jamais. Ludovic se sentit soudain paralysé par la peur. Derrière lui, la

chose était là. La musique emplit alors toute la salle. S’il avait pu,

Ludovic se serait bouché les oreilles. Mais son corps sembla avoir

échappé totalement à son contrôle.

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Soudain, des bras le happèrent. Il se débattit. Seul son esprit

lutta. Son corps resta figé, comme enfermé dans la glace. Ludovic

voulut crier. Mais aucun son ne sortit de sa gorge. Il fut emporté dans

l’obscurité. Il eut l’impression de tomber et de s’enfermer dans un

gouffre sans fin.

Il se réveilla en hurlant. « Du calme, Monsieur Hidlle. C’était

juste un cauchemar ». Ludovic regarda autour de lui, complètement

ahuri. Fernandez Wixplan se tenait juste au-dessus de lui. Ludovic

l’entendit parler. « Qu’est-ce qui m’est arrivé ? » ; demanda-t-il d’une

voix pâteuse. « Vous vous êtes encore endormi. Et à cause de cela,

vous avez libéré la force démoniaque qui s’était installée au fond de

vous ». Ludovic s’assit et se frotta machinalement les yeux. Il n’avait

rien compris à ce que venait de lui dire ce Wixplan.

Mais il y avait un point positif, c’était qu’il ne ressentait plus

aucune colère. Une ombre recouvrit le sol. Ludovic leva la tête et vit

le visage de Tony au-dessus de lui. « Alors comment te sens-tu ? »

Ludovic fut mal à l’aise. C’était lui qui devrait poser la question. Tony

sourit et fit un signe de la main pour montrer que ce n’était pas

grave. « Tu n’y était pour rien. Fernandez m’a soigné et m’a tout

expliqué. » Ludovic retint le soupire de soulagement de ses lèvres.

Heureusement qu’ils étaient tombés sur un guérisseur.

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Tony ne semblait pas lui en vouloir. Ludovic n’en fut pas

étonné. Tony avait été un garçon puis un homme généreux, gentil et,

qualité rare, il savait pardonner. Ludovic savait qu’il pourrait toujours

retourner vers lui. Il lui en était reconnaissant. Tony n’avait pas

beaucoup changé depuis l’université. Même si la vie n’avait pas

toujours été douce pour lui. Tony avait eu deux frères. L’un était mort

de la mucoviscidose. L’autre s’était suicidé à vingt-et-un ans. Tony

s’était donc retrouvé enfant unique à dix-neuf ans.

Fernandez Wixplan le fixait d’un regard pénétrant. Un pli

soucieux barrait son front. « Pouvez-vous me dire se qui s’est passé

lorsque vous étiez inconscient? » Ludovic hocha la tête. « Oui, je

vais essayer. J’ai fait un rêve très étrange. J’étais seul dans

l’amphithéâtre, plongé dans l’obscurité. Il y avait quelqu’un d’autre.

Je ne pouvais pas le voir mais je sentais sa présence ». Tony le

regardait avec inquiétude. Il se tourna soudain vers le magicien.

« Est-ce que tu peux l’aider ? »

Fernandez Wixplan ferma les yeux comme s’il méditait.

« J’aurais besoin d’un peu plus de détail ». Ludovic se leva. Sa

faiblesse commençait à s’atténuer. « Je ne sais pas quoi vous en

dire exactement » ; répondit-il. Fernandez Wixplan hocha la tête

avec ce qui pouvait être pris pour de la compassion. « Je crois que

vous avez bien besoin de mon aide. Je pense qu’il vaudrait mieux

commencer au plus vite. » Ludovic vit de l’inquiétude dans ses yeux.

Cela ne fut pas pour le rassurer.

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Si le magicien avait peur, qu’est-ce que lui devrait ressentir ?

« Est-ce que c’est si grave que ça ? »Demanda-t-il. Fernandez

Wixplan fronça les sourcils. Il semblait contrarié. Ludovic se dit qu’il

aurait du se taire. « Monsieur Hidlle, il semble que nous soyons

devant un cas assez complexe de possession ». Dans un autre cas,

Ludovic aurait éclaté de rire. Il se tourna vers Tony pour lui

demander si c’était une blague. Mais les mots se figèrent sur ses

lèvres. Une expression de pure terreur se peignait sur le visage de

Tony. « Possession » ; murmura-t-il.

Fernandez Wixplan renchérit. « Attendez » ; s’écria Ludovic. Il

voulait garder son sang-froid. Il ne devait pas laisser la colère le

gagner à nouveau. Fernandez Wixplan le regarda. Ludovic s’assit

sur une chaise. Ses jambes flageolaient. « Vous voulez dire que

quelque chose ou quelqu’un est entré dans mon corps? ».

Fernandez Wixplan secoua la tête. « C’est un peu plus compliqué

que cela. Venez ce soir me retrouver chez moi. Je vous expliquerai

ce qu’est réellement la possession. ». Il sortit une carte de sa poche

et la tendit à Ludovic.

Ce dernier ne fit aucun geste pour la prendre. « Je comprends

votre réaction, Monsieur Hidlle », lui dit le magicien. « Je suis

possédé par quoi ? Le diable ? » ; Manqua crier Ludovic. Il s’était

levé. Comment réagir quand on apprend qu’on est possédé par une

chose invisible ? Fernandez Wixplan s’approcha de lui. « Je vous

expliquerai tout ce soir. Ludovic fut tétanisé. Son corps n’était plus le

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sien. Est-ce que c’était à cause de cette maudite musique ? Est-ce

que c’était elle qui possédait les gens ?

D’où venait-elle donc ? Ludovic ne l’avait pourtant pas

entendu lorsqu’il s’était transformé en monstre près à tuer son

meilleur ami. Il n’avait rien senti. Comme si ce n’était pas lui qui

agissait. Et il y avait ses rêves étranges qu’il faisait. Etait-ce

réellement à lui que ça arrivait ou à cette chose ? Peut-être que

Fernandez Wilaya pourrait l’aider. C’était un spécialiste en

exorcisme.

Tony vint à lui et l’aida à marcher jusqu’à la porte. Ils devaient

sortir et attendre le soir. Ludovic chercha les mots pour remercier

Tony. Mais il ne savait pas quoi lui dire. Il avait failli le tuer tout à

l’heure. Tony aurait pu partir. Et le laisser se débrouiller tout seul. Ils

s’en allèrent et retournèrent chez Tony. Ludovic s’écarta soudain de

lui. « Ecoutes, je suis dangereux. Il vaudrait mieux que je m’en aille

et que je parte ailleurs. » Tony ne fut pas d’accord. « Tu as vu ce qui

s’est passé, non ? » ; Protesta Ludovic.

« J’ai failli te tuer ». Tony secoua la tête. Il croisa les bras.

« Ce n’est pas toi qui m’a attaqué, Ludo. C’est cette chose à

l’intérieur de toi ». La chose. Comment l’appeler autrement. Qu’est-

ce que ça pouvait être ?

Les deux hommes restèrent chez Tony. Ludovic essaya

pendant tout le reste de la journée de ne pas sombrer dans

l’angoisse. A huit heure trente, il retourna chez Fernandez Wixplan,

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seul cette fois. Wixplan l’attendait. Ce n’était pas à l’Amphithéâtre

qu’il avait dû se rendre cette fois. Wixplan l’attendait. C’était au 3, rue

des Grands hommes. Ludovic connaissait vaguement cette adresse.

Fernandez Wixplan lui avait donné rendez-vous chez lui. A moins

que ce ne fut son cabinet personnel. Ludovic y arriva au bout d’une

demi-heure.

Il devait prendre le bus mais il semblait que les transports

étaient de plus en plus rares et il n’avait pas envie de rester

bêtement à attendre. Ludovic détestait prendre le bus. Il se rendit

donc à pied jusqu’à l’adresse de Fernandez Wixplan. Une fois arrivé,

il regarda autour de lui. Et se demanda s’il ne s’était pas trompé. Ce

n’était pas vraiment ce qu’il aurait imaginé comme habitation pour un

homme comme lui. Peu importait. Il était là et c’était tout ce qui

comptait.

La porte s’ouvrit soudain. Fernandez Wixplan apparut sur le

seuil. Un sourire étira ses lèvres. Ludovic ne se sentit pas mal à

l’aise. Il allait se retrouver seul avec cet homme et cela ne

l’enchantait pas. Il s’inquiétait peut-être pour rien. Cette histoire de

possession devait être du flan. Avait-il au moins une preuve que ce

Wixplan lui ait dit la vérité. ? Au pire, il n’aurait qu’à partir. Ce

Wixplan n’allait pas le retenir prisonnier. « Monsieur Hidlle, quel

plaisir de vous revoir. Je ne pensais pas que vous viendriez. »

Plaisir non partagé. Fernandez Wixplan n’avait rien

d’antipathique Mais il y avait quelque chose chez lui qui éveillait en

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Ludovic de mauvaises sensations. Fernandez Wixplan vint jusqu’à

son hôte et lui tendit la main. Ludovic la prit. Une décharge électrique

le traversa. Il retira sa main. Fernandez Wixplan le regarda comme

s’il lisait à l’intérieur de lui. « Pourquoi pensiez vous que je ne

viendrais pas ?"; lui demanda Ludovic. C’était vrai. Il avait hésité et

bien failli ne pas venir. Mais cela Fernandez Wixplan ne pouvait

certainement pas le savoir.

Le magicien lui fit signe de le suivre. Ludovic se demanda s’il

se comportait toujours de cette manière ou s’il jouait un rôle

constant. Il le suivit. Malgré l’envie de faire demi-tour. S’enfuir loin

d’ici. Voilà ce qui le tenaillait. Si c’était bien lui, bien sûr, qui voulait

cela. Même de ça, il ne pouvait pas être sûr. Il précéda Wixplan à

l’intérieur de chez lui. Il s’obligea à avoir confiance. La porte se

referma d’elle-même derrière lui. Fernandez Wixplan se tourna vers

son hôte. « Désirez-vous boire quelque chose avant que nous ne

commencions ? » Ludovic secoua la tête. Il se sentit soudain très

nerveux. Wixplan eut un sourire amusé.

Ludovic ne sut comment l’interpréter. « Vous n’avez rien à

craindre. » ; lui dit Wixplan. « Dites-moi ce qui m’arrive » ; lui

demanda Ludovic. « Comme je vous l’ai dit la dernière fois, vous

avez été possédé ». Ludovic hésita à poser la question qui tournait

dans sa tête depuis les dernières heures. « Est-ce que je le suis

encore ? ». Fernandez Wixplan tourna les talons et enjoignit Ludovic

à le suivre. Il lui présenta un siège et lui fit signe de s’asseoir.

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Ce que fit Ludovic. « Monsieur Hidlle. _ Ludovic, s’il vous

plaît_ Ludovic . Vous devriez essayer de vous détendre. La

possession est un cas plus fréquent qu’on ne le croit. Mais elle n’est

pas facile à mettre à jour. » Son regard ne quitta pas Ludovic. Ce

dernier sentit un frisson courir le long de sa colonne vertébrale. Il prit

une grande inspiration. « Ecoutez, je veux bien vous croire mais ce

n’est pas facile à avaler ». Fernandez Wixplan hocha la tête avec

compréhension.

« C’est pour cela que j’ai douté de votre venue ». Ludovic se

força à sourire. Il essaya de se décontracter. Avez-vous une idée de

ce qui aurait pu me posséder ? » Wixplan lui fit signe que oui. « Vous

avez évoqué l’autre jour une étrange musique. Vous avez dit que

vous vous sentiez en colère. Vous avez dit ensuite que vous l’aviez

entendu une seconde fois. Et que, le lendemain, tous les gens

vivants dans le même immeuble que vous se sont entretués, c’est

bien cela ? »

Ludovic renchérit. « Oui, j’ai vu du sang dans les escaliers.

Tout était calme. C’était comme s’ils étaient tous partis en même

temps. Ils étaient tous morts en fait. Sauf deux individus. Mes voisins

de palier. Ils m’ont fait croire que je rêvais. Ils m’ont endormis Je me

suis retrouvé dans le coma pendant deux jours. Ils m’ont fait croire

que ce n’était pas réel. Mais c’était faux. Il y a eu un carnage. Ces

deux hommes ont survécu. Je ne sais pas s’il y a un rapport entre

eux et la musique mais je pense que se sont des criminels ».

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Fernandez Wixplan hocha la tête. « Continuez. Expliquez-moi

ce qui vous fait croire que tous les habitants ont été tués. » Ludovic

eut l’impression d’être dans un interrogatoire. Il réunit ses esprits et

essaya de se souvenir. « Il y avait tout ce sang. Et ce silence,

surtout. Un silence de fin du monde. Comme si la maison avait été

abandonnée ». Délaissée ou habitée par quelqu’un d’autre. Cette

idée traversa le cerveau de Ludovic en un éclair. Il frissonna.

Wixplan sembla n’avoir rien remarqué.

« C’était comme s’ils étaient tous partis. Je l’ai déjà dit. Mas je

pense que c’est important. Il n’y avait rien de spécial ce jour-là.

C’était un samedi. Les gens sortent, bien sûr. Certains en profitent

pour partir en week-end ». Ludovic s’arrêta. Quelque chose ne collait

pas dans ce qu’il racontait. Mais quoi ? Il n’en savait rien du tout.

« C’est rarement calme, le samedi. Les enfants jouent dans les

couloirs. Les gens rient, parlent fort. Là, il n’y avait rien. Je m’étais

levé tard ».

Ludovic sentit sa gorge se serrer. L’émotion commençait à le

gagner. Il avait été tellement heureux de rencontrer quelqu’un pour

l’aider. Il en avait laissé ses sentiments de coté. La tristesse emplit

son cœur. Il avait quitté un endroit qui li était cher et où il avait passé

les dernières années de sa vie. Fernandez Wixplan le regarda sans

rien dire. Ludovic prit une grande inspiration. Il n’allait quand même

pas pleurer devant lui. Il n’avait pas envie d’avoir honte. « Dites-moi

comment détruire cette entité ».

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Il avait employé ce mot sans savoir exactement ce que cela

pouvait signifier. Fernandez Wixplan sourit. Ce n’est pas aussi

simple que cela, Ludovic. Si j’avais vraiment la possibilité de le faire.

Croyez-moi, je l’aurais déjà fat ». Ludovic fut déçu. « Vous pensez

que cette chose est en rapport avec la musique. »

Fernandez Wixplan hocha la tête. « Oui, et je pense aussi qu’il

y a bien eu un massacre. Les gens sont morts, en effet. Sauf ces

deux voisins, qui d’après ce que vous me dites, auraient tués tous

les autres. Deux être humains ordinaires auraient été incapables de

tuer ainsi une quinzaine de personnes. A moins bien sûr de posséder

une force extraordinaire, voir surhumaine. Soit se sont deux êtres

aux pouvoirs surnaturels, qui pour une raison quelconque se sont

cachés sous une apparence humaine.

Soit il y a bien une entité qui a pris possession de leur corps.

Mais cela réglé, il y a quand même un problème majeur. » Ludovic

retint son souffle. « Lequel ? », osa-t-il demander. Il regarda

Fernandez Wixplan droit dans les yeux. « Mais de savoir quel rôle

vous avez joué là-dedans, Ludovic. » Ce dernier crut à une mauvaise

plaisanterie. « Mais j’étais en train de dormir à ce moment-là ».

Fernandez Wixplan sourit. « Dans votre notion du temps à vous,

Ludovic. » Ludovic le regarda en ouvrant deux yeux ronds comme

des billes.

Wixplan lui expliqua : « Voyez-vous, la notion du temps qui

passe n’est pas la même pour tout le monde. Cette chose qui vous a

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possédé n’a pas la même notion du temps que vous. Ce qui revient à

dire que le temps a été plus long ou plus court que vous ne le

croyez. Vous avez dormi longtemps. Mais cette chose au fond de

vous était sans doute éveillée. Elle a peut-être besoin de dormir

aussi. Mais je pense que sa notion du temps est différente de la

vôtre.

Surtout si cette entité est éternelle. » Ludovic déglutit. « Alors

comment la détruire ? C’est sans espoir ». Fernandez Wixplan ne

sembla pas de cet avis. « Vous ne la sentez pas mais elle est encore

là. Je sais que c’est effrayant mais vous devez absolument contrôler

votre peur. Elle peut s’en nourrir. Comme elle peut le faire de votre

colère ou de votre souffrance. L’être humain est une proie facile à

cause de ses sentiments. C’est pour cela que des forces maléfiques

peuvent facilement le posséder ».

Ludovic se demanda à quoi servait tout ce charabia. « Est-ce

que je lui ait permis inconsciemment d’entrer ? Ou est-ce qu’elle est

entrée en forçant mes défenses ? » Fernandez Wixplan croisa ses

mains sur la table. « Ludovic, lorsqu’une entité vous possède, ce

n’est jamais avec votre consentement. Bien sûr qu’elle est entrée de

force en vous ». Ludovic se sentit stupide d’avoir poser cette

question. Mais il avait besoin de tout savoir sur la possession. « Est-

ce que c’est vraiment moi qui parle ? Comment être sûr de mon

identité ? »

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Ludovic refusa de se l’avouer. Il était perdu. Et pire encore, il

était mort de trouille. Est-ce que je peux disparaître au profit de cette

entité ? Est-ce qu’elle peut devenir moi et tout me prendre ? »

Fernandez Wixplan acquiesça. « Mais vous n’avez pas à vous faire

de soucis pour le moment. L’entité est comme un parasite. Elle prend

possession peu à peu de votre corps et de votre esprit. Mais vous

êtes venu me voir assez tôt. Nous allons pouvoir la contrecarrer. »

Ludovic fut étonné. Qu’est-ce que ce nous venait faire là ?

« Ludovic, il est très important que s’établisse entre nous

deux une confiance mutuelle. Si vous avez le moindre doute alors, je

ne pourrais absolument rien faire pour vous aider. Vous ne devez

absolument rien me cacher. ». Ce type lisait dans ses pensées ou

quoi ? Mais il se rangea de son côté. Il n’avait pas le choix. Il avait

besoin d’un allié. Ce magicien était le seul qui pouvait endosser ce

rôle. « C’est entendu ». Fernandez Wixplan hocha la tête. « Bien. Je

sais que vous avez peur.

Je vous aurais traité d’imbécile, sinon. Vous auriez pris cela à

la légère. C’est une situation délicate mais le temps joue pour nous.

Pour l’instant l’entité s’est à peine installée. Les dégâts sont mineurs.

Il me suffit de vous regardez et de vous écoutez pour savoir que

vous êtes vous-même. » Ludovic l’écoutait. Il se gratta la tête. Il ne

comprenait pas bien ce que lui racontait ce type. Il avait l’impression

qu’il se servait de lui. Il me force à le croire et à lui faire confiance. Il

doit être bon dans le style je vous endors, vous n’y voyez que du feu.

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« Mais l’entité va progresser. Et plus en plus, elle va tenter de

s’exprimer à votre place ». Ludovic essaya tant bien que mal de le

croire. Et sans savoir pourquoi, il le voulait. Et il le crut. Vraiment Il

comprenait. Il était entré dans un autre monde. « Vous voulez dire

que je vais être atteint de schizophrénie? » La double personnalité.

Ludovic se raccrochait à des termes qu’il connaissait. Un sourire

étira les lèvres de Fernandez Wixplan. Ludovic ne l’aima pas.

Wixplan se moquait de lui.

« C’est une habitude très humaine de se réfugier vers des

mots que l’on connaît pour masquer la vérité ». Ludovic ne répondit

rien. Sans commentaire. Face à cet homme, il était désarmé. La

schizophrénie. Le sujet choisi de démultiplier sa personnalité. Il

regretta soudain d’être venu là. Il voulait partir. Il n’y avait portant

rien d’effrayant. A première vue. Le fauteuil dans lequel, il était

installé était agréable. La pièce était bien meublée. Il faisait bon. Et

pourtant, Ludovic sentit instinctivement qu’il devait fuir. S’était-il jeté

dans la gueule du loup ?

Ludovic n’aima pas la tournure que prenait la conversation.

C’était son interlocuteur qui la maîtrisait. Ce dernier continua son

discours. Ludovic se sentit soulagé. Au moins, il n’était pas bon pour

l’asile. « Vous êtes tout à fait sain de corps et d’esprit Ludovic. Le

seul problème est que quelque chose cherche à s’emparer de vous.

Il ou elle s’est emparé des autres habitants et aussi, je pense de

l’immeuble en général. » Mais une question planait toujours. Ludovic

la vit dans les yeux du magicien. « Ce n’est pas vous qui l’avez

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créée » ; lui expliqua ce dernier. Cette entité a surgit d’elle-même.

Quand ? Où ? Comment ? Je n’en sais rien. Mais nos pouvons

encore la neutraliser ».

Ludovic n’en doutait pas. Il commença à se dire qu’il avait bien

fait de venir. « Mais pourquoi ai-je attaqué Tony ? La musique ne

jouait pas à ce moment-là ». Wixplan décroisa les bras. « C’est très

simple Ludovic. La musique n’a été que le déclencheur. L’entité

Qu’elle quelle soit a besoin d’un outil, de quelque chose pour pouvoir

entrer dans le corps d’un individu. » Ludovic s’arrêta sur un détail. Un

élément le titillait. « Mais pourquoi est-ce que je n’ai pas été tué

aussi ? S’il y a vraiment eut un massacre, j’aurais dû mourir aussi.

Vous m’avez dit tout à l’heure que je dormais et que l’entité était

éveillée. D’après ce que vous me dites, elle aurait assez de force

pour rendre tous les habitants fous ».

« Ce qui veut dire que cette chose s’est emparée de tous les

habitants en même temps ». Ludovic sentit le sang se glacer dans

ses veines. Une telle chose pouvait être possible. ? » Alors ça veut

dire qu’elle et très puissante et que son pouvoir est très étendu ».

Wixplan hocha la tête. « Est-ce que vous allez faire sur moi un

exorcisme ? » ; demanda Ludovic. Fernandez Wixplan médita cette

hypothèse. « Sans doute. Mais pas maintenant. J’ai besoin d’un peu

plus d’informations avant de commencer le moindre acte de magie. »

Ludovic fronça les sourcils. « Comment avez-vous acquis tous

ces pouvoirs ? » ; lui demanda Ludovic. « Comment avez-vous

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appris à guérir et à faire des incantations ? » Fernandez Wixplan

sourit. « Vous avez lu ma biographie, non ? » Je vous assure que

tous ce qui y est écrit dedans est vrai. Vous pouvez me faire

confiance, Ludovic. Je n’en veux pas à votre argent. Mon but est

vraiment de vous aider. » Ludovic le crut. « Pourquoi auriez-vous

envie de lutter contre cette chose ? Qu’est-ce que vous y

gagnerez ? »

Wixplan soupira. Il parla avec indulgence. Ludovic en fut irrité.

Il n’était pas un gamin. « J’ai beaucoup voyagé, rencontré beaucoup

de gens. J’ai vu des choses que vous ne pourriez même pas

imaginer, bien pire que les plus horribles des cauchemars. » Ludovic

l’écouta parler. Il voulait en savoir plus sur les motivations de

Fernandez Wixplan.

« La nature humaine est étrange. Nous agissons parfois en

commettant le pire en parfaite connaissance de cause. J’ai vu des

parents assassiner leurs enfants. Avez-vous déjà entendu les cris de

douleur d’un bébé ? Je sais que ce n’est pas forcément eux qui

agissent à ce moment-là. J’ai vu un des hommes le plus pacifiques

du monde se transformer en un meurtrier assoiffé de sang. J’ai vu

une femme se jeter sur son mari et l’égorger sans aucune raison.

L’être humain agit parfois sans réfléchir. Mais il agit rarement sous

l’effet de la pulsion. »

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Ludovic s’en fichait. C’était quoi tout se baratin ? Qu’est-ce

qu’il en avait à faire. Il savait bien que la nature humaine n’état qu’un

fruit pourri. En quoi ça l’aidait ? Il se serait ben passé de ces cours

de psychologie. « L’être humain avant même de commettre le pire

des forfaits, établit une stratégie. A moins d’être emporté trop loin par

ses sentiments. Mais ceux-là, il les a refoulés pendant longtemps en

lui. Ils peuvent surgir dans une situation seulement provoquée par un

mot ou un geste. Un acte ou une parole qui aurait déplu et amené

ces sentiments enfouis très loin dans le cœur de l’individu. » Ludovic

se détourna. « Merci pour cette petite leçon sur la nature humaine.

Mais ça ne m’intéresse vraiment pas.

Fernandez Wixplan le regarda tranquillement. « Vous vous

trompez, Ludovic. Vous m’avez demandé pourquoi vous n’aviez pas

été possédé. Il me semble que j'étais en train de répondre à votre

question. » Ludovic prit sa tête entre ses mains. « Cela ne me dit

pas ce que je dois faire ni comment en venir à bout. » Fernandez le

regarda sans rien dire. « Il n’y a que vous qui puissiez y parvenir ».

Ludovic se tourna vers lui avec surprise. « Comment voulez-vous

que je fasse un exploit pareil ? Cette chose peut me contrôler

totalement. Je n’ai absolument aucun pouvoir sur elle. »

Ludovic s’approcha du magicien. Ce dernier ne broncha pas.

« Venez avec moi jusqu’à l’immeuble. Venez vous rendre compte par

vous-même. » Fernandez Wixplan secoua la tête. « Je n’ai pas

besoin de me rendre là-bas. Je sais que vous êtes possédé, Ludovic.

Cette chose est présente au fond de vous ». Ludovic se laissa

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tomber dans le fauteuil. « Mais cette chose n’est pas invincible. Les

entités ont toutes un point faible ». Ludovic leva la tête vers lui. Il se

sentait abattu. Il aurait souhaité se réveiller. Que se ne soit qu’un

cauchemar.

Fernandez Wixplan se leva. « Je crois que c’est une bonne

idée, en fait. Nous ferions bien d’y aller maintenant. Ludovic se leva

aussi. « Et si ça ne sert à rien. Je risque ma peau en entrant là-

dedans. Il y a deux fous furieux qui n’attendent que cela. Ils se

jetteront sur moi et me tuerons ». Fernandez Wixplan croisa les bras.

Il le transperça du regard. « Ludovic. J’ai comme l’impression que

vous n’avez pas envie de tenter quoi que ce soit. Je crois que vous

préférer rester assis là à attendre que ça se passe ».

Ludovic voulut protester. Mais le magicien ne lui en laissa

pas le temps. « Vous êtes venu jusqu’à moi et je vous ai écouté. J’ai

cru que vous étiez plus courageux que les autres. Et que vous iriez

jusqu’au bout. Vous ne vous êtes pas dégonflé. Vous êtes venu ce

soir. Allez-vous commencer maintenant ? Alors que nous

commençons enfin à percer l’ennemi à jour, allez-vous laisser la peur

triompher ? Allez-vous attendre tranquillement que le soleil se lève

en continuant à espérer que tout cela n’est qu’un rêve ? Vous

pensez vraiment que vous en avez le droit ? ».

Cette tirade mit Ludovic hors de lui. « Vous n’avez pas à me

parler comme ça ! Vous ne savez pas ! C’est facile pour vous de me

juger. Ce n’est pas vous… » Le magicien fronça les sourcils « Ce

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n’est pas moi qui suis posséder, hein ? C’est cela que vous êtes en

train de me dire ? Vous croyez que votre cas est unique ? Vous

pensez que je ne suis pas autant impliqué que vous ? Que je reste là

simplement à vous regardez. Vous n’avez rien compris. » Ludovic

laissa exploser sa colère. « Qu’est-ce que j’en ai à foutre de ce que

vous faites. Bon sang ! Comment pouvez-vous être impliqué ? Je n’ai

rien me disant que je peux vous offrir ma confiance ».

Fernandez Wixplan sembla contrarié. Un pli barra son front.

« Alors pourquoi êtes-vous venu à ce rendez-vous ? Vous auriez pu

l’ignorer et rester avec Tony ». Ludovic sentit sa colère s’envoler. Il

n’y avait pas pensé. Il se grata la tête avec perplexité. « Je n’en sais

rien. Je ne sais pas pourquoi je suis venu ». Fernandez hocha la

tête. Le pli disparut de son front. « Je crois que vous êtes désespéré.

Dés le début vous saviez que vous étiez possédé. Je crois que vous

l’avez refoulé ». Ludovic baissa les yeux. Oui, il l’avait su. Même

avant de rencontrer ce magicien.

Dés qu’il avait entendu cette maudite musique. Il avait compris

ce qui était en train de se passer. Dés les premières notes. Et puis

lorsqu’il s’était rendormi il avait cessé d’y penser ». « D’accord » ;

admit-il à contrecœur. « Vous avez raison. Je le savais. J’ai

simplement cherché à ne plus y penser. J’ai mis ça de coté. Quand

Tony m’a parlé d’un spécialiste, je n’y croyais pas. J’ai fait comme si

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de rien n’était. C’était juste pour voir. En fait, j’ai presque failli ne pas

venir assister à votre démonstration. Soudain un détail lui sauta au

visage. Ce fût littéralement la sensation qu’il eut.

Il jeta vers le magicien un coup d’œil suspicieux. Ce dernier ne

détourna pas le regard. « On dirait que vous m’accuser de quelque

chose, Ludovic. Et cela concerne, Tony. Vous croyez que c’est à

cause de moi que Tony y a vu une cause surnaturelle dans votre

cas ». Ludovic secoua la tête. Comment est-ce que ce type pouvait

savoir ça ? « J’aimerais surtout savoir depuis combien de temps

vous le connaissez. Il ne m’a jamais parlé de vous auparavant. Et

tout à coup, il n’arrête pas de me chanter vos louanges. » Fernandez

Wixplan comprit ou était le problème. Il soupira et affronta le regard

de Ludovic.

Ce dernier croisa aussi les bras. « Vous voulez que je vous

dise tout. Mais vous devez en faire de même aussi. Alors, j’attends ».

Fernandez Wixplan sembla agacé. « Je crains que cela ne vous

regarde pas, Ludovic. Si vous voulez plus de renseignement là-

dessous, il faudra demandez à Tony ». Ludovic en eut assez. La

colère reprit le dessus. Mais l’autre ne lui laissa pas le temps de

l’exprimer. « Je pense que nous devrions y aller ». Ludovic en resta

bouche bée.

Fernandez Wixplan enfila son manteau. Il se tourna vers son

hôte. « Et bien, qu’attendez-vous ? Venez. Nous n’avons pas une

seconde à perdre ». Ludovic sourit. Au diable la colère ! Elle ne lui

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servirait à rien de toute façon. Il la laisserait au placard dorénavant. Il

suivit Fernandez Wixplan. Ils traversèrent le couloir. Ils arrivèrent

jusqu’à la porte d’entrée. « Si cela peut vous rassurer, Ludovic. Vous

n’êtes pas le seul à avoir peur. » Et sans laisser à son client le soin

de répondre, Fernandez Wixplan ouvrit la porte et sortit dans la nuit.

« Couvrez-vous bien » ; dit-il sans se retourner. « Il ne fait pas très

chaud ce soir. Ludovic ne répondit rien.

Mais il se sentait rassuré. Avec ce magicien à ses cotés, il

avait moins peur. « Et si jamais je fais une crise ? » ; demanda-t-il

soudain avec inquiétude. Fernandez Wixplan le regarda. Ses yeux

éteiants francs. Il ne biaisait pas. « Vous n’avez pas à vous en

préoccuper, je serais là. Souvenez-vous simplement de cela,

d’accord ». Ludovic acquiesça. Il voulut lui dire où il habitait. Mais

Fernandez Wixplan se tourna vers lui et rit. Ce son déplut

franchement à Ludovic. Il y avait quelque chose de lugubre dans ce

rire. A vous faire dresser les poils sur la nuque.

Ludovic sentit sa peur augmenter. « Je connais votre

ancienne adresse », lui répondit le magicien. « Vous me l’avez

donnée lorsque vous m’avez téléphoné la première fois. » Ludovic se

sentit mieux. Il devait essayer de garder la tête froide. Quelque soit

ce qu’il allait affronter, il ne devait pas laisser ses émotions le

submerger. Fernandez Wixplan partit en avant sans se préoccuper

de lui. Ludovic se dit que si cet homme avait peur, ça ne se voyait

pas.

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Il n’avait jamais vu quelqu’un agir avec autant de

détermination. Au moins, il n’avait pas affaire à un lâche. Et ça,

c’était un bon point. Il le suivit. Arrivé à sa hauteur, Ludovic fut

essoufflé. Malgré son âge, cet homme avait une forme athlétique. « Il

a la pêche d’un adolescent » ; se dit Ludovic, pris d’un point de coté.

« Ma voiture n’est plus qu’à quelques mètres » ; lui dit Fernandez

Wixplan d’un air amusé. Ludovic s’abstint de tout commentaire. Il

allait de surprise en surprise.

Ce Fernandez Wixplan était un drôle de personnage. Un sacré

phénomène ; songea Ludovic. Le magicien tenait des clés de voiture

dans sa main droite. Ludovic n’en crut pas ses pupilles. Ce n’était

pas une banale petite voiture. C‘était une Mercedes. Ludovic se

demanda comment un mec comme ce magicien avait pu se payer

cette petite merveille. « Venez vite » : l’enjoignit Fernandez Wixplan.

« L’heure tourne. Vous aurez tout le temps plus tard de vous extasier

en regardant des voitures. ».

S’il y a un plus tard ; pensa Ludovic. Fernandez Wixplan sourit

comme pour le rassurer. « Je ne voudrais pas être trop optimiste,

Ludovic. Mais je vous assure qu’il y en aura un ».

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Chapitre 4

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Ludovic ne trouva rien à répondre. Il

s’installa coté passager Et les voilà tous les deux partis dans la nuit.

Pour aller…aller faire quoi ? Ludovic ne le savait pas exactement.

Tout paraissait tellement étrange. Et surtout, il ne se sentait pas dans

son assiette. Il avait envie de dormir. « C’est normal que vous soyez

fatigué. Votre corps et votre esprit doivent utiliser beaucoup

d’énergie pour lutter contre le parasite qui a pris possession de

vous ».

Ludovic se rendit compte qu’il avait démarré. « Je me sens

vidé. Je n’ai plus de force. J’ai l’impression d’avoir couru un

marathon ». « Et bien, reposez-vous, Ludovic. Je vous réveillerai

quand nous serons arrivés ». Ludovic ne se le fit pas dire deux fois. Il

plongea dans le sommeil plus qu’il ne s’endormit. Il ne fit aucun rêve.

Il eut l’impression de tomber. Il s’enfonçait dans un gouffre, happé

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par l’obscurité. Ce n’était pas un cauchemar. Mais plutôt une

sensation que lui procuraient les différentes phases du sommeil.

Il se perdait dans cette obscurité et était incapable de s’en

dépêtrer. C’était une espèce de brume noire. Comme si le néant

devenait vivant pour l’engloutir. L’obscurité, devenue un énorme

monstre, tentait de le dévorer. Tout était sombre. Il tombait, tombait.

Son corps disparaissait petit à petit. Un peu comme s’il se noyait

dans une eau noire. Une eau sale et boueuse, épaisse comme celle

des marais. Elle l’étouffait et le paralysait. Pire que des sables

mouvants.

Il voyait, il sentait mais il ne pouvait rien faire. Il s’enfonçait

encore et encore. Jusqu’à ce que son corps disparaisse et qu’il

n’existe plus. Ludovic se réveilla en sursaut. Il sentit que quelqu’un

lui tapotait l’épaule « Ce n’est rien, Ludovic. Vous venez juste de

faire un cauchemar. » ; le rassura Fernandez Wixplan. « D’ailleurs » ;

poursuivit-il. « Nous sommes presque arrivés ». Ludovic se frotta les

yeux. « Ce n’était pas un cauchemar » ; Murmura-t-il.

Le magicien l’enjoignit à continuer. « C’était le sommeil lui-

même. J’avais l’impression de tomber et de m’enfoncer. C’était

comme des sables mouvants. Du sable noir. J’étais conscient. Je ne

pouvais pas bouger. J’essayais mais cette…cette masse gluante

m’en empêchait. Comme si j’étais en pleine nuit dans des

marécages ». Fernandez Wixplan comprit de quoi parlait Ludovic.

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« Je pense que c’est une image de ce que la possession provoque

dans votre esprit. Une espèce de signal, en quelque sorte ».

Ludovic se sentait épuisé. « Je crois que cette chose va me tuer

sous l’effet de l’épuisement ». Sans le regarder, Fernandez Wixplan

répondit : « Ne vous en faites pas. Je connais un remède contre

cela. Et je vous jure qu’après, vous pourrez dormir comme un bébé.

Mais pour l’instant, c’est le cadet de nos soucis. » Ludovic voulut

faire une remarque. Il ne lui ne lui servirait à rien. Il était bien trop

fatigué. Mais le magicien ne l’écouta pas. Il s’arrêta. Ludovic dû faire

un effort pour ne pas partir en avant. « Nous sommes arrivés » ;

remarqua l’autre.

Ludovic voulut ajouter quelque chose. Mais Fernandez

Wixplan avait déjà ouvert la portière. Il se défit de sa ceinture et

descendit. Une fois de plus, Ludovic fut étonné par la souplesse dont

il faisait preuve. « Quel âge avez-vous exactement ? » ; Lui

demanda-t-il. Fernandez Wixplan se tourna vers lui. « Au moins une

dizaine de fois votre âge, Ludovic ». Ce dernier ouvrit la bouche et

fut incapable de la refermer. Une dizaine de fois son âge, ça faisait…

Il regarda Fernandez Wixplan avec des yeux ronds.

« Et bien » ; Lui demanda celui-ci. « Qu’attendez-vous pour

descendre, Ludovic ? ». Il ne se le fit pas dire deux fois. Mais lorsqu’il

se retrouva devant l’immeuble, il n’eut plus qu’une envie : S’enfuir le

plus loin possible. Fernandez Wixplan vint se poster à coté de lui.

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« Je sais que ce n’est pas une épreuve facile. Mais vous avez besoin

de tout votre courage. Ludovic se mit à maudire la créature qui

essayait de s’emparer de son corps. « Elle est là » ; dit Fernandez

Wixplan.

Ludovic se demanda comment il pouvait en être aussi sûr.

« Vous dites ça comme si vous pouviez sentir sa présence,

Fernandez ». C’était la première fois qu’il l’appelait par son prénom.

« A vous l’honneur » ; Lui dit le magicien. Ludovic fut incapable de

savoir s’il plaisantait. Il prit une grande inspiration et entra. Il avait

gardé ses clés. Il monta jusqu’au troisième étage. Fernandez

Wxiplan le suivit.

Lorsqu’ils arrivèrent, celui-ci ne sembla même pas essoufflé. Il

doit suivre une cure de jouvence ou une potion qui doit lui permettre

de vivre plus longtemps que le commun des mortels. Ludovic jeta un

œil vers la porte du voisin. « C’est donc là qu’habite un des deux

criminels potentiels » ; Remarqua Fernandez Wixplan. Ludovic se

tourna vers lui pour lui dire d’arrêter son humour vaseux. Mais le

regard sur le visage du magicien l’obligea à se taire.

Fernandez Wixplan ne prenait pas ça à la rigolade. Il semblait

même nerveux. Il alla sonner à la porte. Ludovic fut pris de sueurs

froides. Temps mort. La porte ne s’ouvrit pas. Le magicien sonna

une seconde fois. Des pas résonnèrent. Ludovic crut que son cœur

allait s’arrêter. La porte s’ouvrit. Ludovic manqua s’évanouir.

L’homme était le même que l’autre fois. Il aperçut Ludovic. Ce

dernier aurait voulu disparaître sous terre. « Ah, Monsieur Hidlle.

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Que devenez-vous ? Ca fait un moment que nous ne vous avons pas

vu. Nous commencions tous à nous demander si vous n’aviez pas

déménagé sans prévenir ».

Ludovic se força à sourire. Pour ne pas avoir l’air impoli. Mais

l’homme n’attendit pas sa réponse. Son attention se reporta sur

Fernandez Wixplan. Le magicien se tenait immobile. Il le dévisagea

de la tête aux pieds. Ludovic le jura. Il vit du mépris dans ses yeux.

Cet homme est un assassin en puissance. Peu importe qu’il les ait

tués ou pas. Il le fera un jour de toute façon. Ludovic eut cette

pensée tout en le regardant. « Vous venez nous présenter votre

nouvel ami ? »

Ludovic garda un sourire figé sur ses lèvres. « Ah, oui. Bien

sûr. Je vous présente…. »

« Fernandez Wixplan » ; répondit celui-ci, d’un ton un peu cassant.

_ Bon, et que voulez-vous, Monsieur Wixplan ? »

Le type commençait à perdre son affabilité.

« Et bien. Rien. Je compte simplement emménager ici bientôt. Et je

voulais m’assurer que tout y était bien. Je saluais donc mes futurs

voisins ».

Ludovic le regarda d’un air ahuri. C’était du bluff. Sans doute.

Fernandez Wixplan menait ce type en bateau. Mais l’autre ne se

laisserait pas prendre aussi facilement. Ses yeux rétrécirent. Ludovic

admira ce phénomène optique avec intérêt. Le criminel présumé

regarda Wixplan avec méfiance. Ce dernier ne détourna pas le

regard. Ludovic faillit se trouver mal. A deux doigts de la syncope.

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Mais pourquoi s’était-il embarqué dans cette galère ? Cette armoire à

glace ne ferait qu’une bouchée de Fernandez Wixplan. Si l’envie lui

en prenait. Le magicien avait du souci à se faire.

Mais la réponse le surpris. Pas du tout ce qu’il redoutait. Au

contraire. « Bien, bien. Un nouveau locataire. Et bien, Monsieur

Wixplan. Je suis sûr que vous vous plairez ici ». Ce dernier hocha la

tête. « Mais je n’en doutais pas, Monsieur… »

« Maxens » ; Bougonna l’autre. « Terry Maxens ». Fernandez

Wixplan sembla mentalement prendre en note cette information

« Vous vivez ici depuis longtemps ? » ; demanda-t-il. A quoi rimait

cette question ?

L’homme en face d’eux sembla se demander la même

chose. Mais aucun muscle ne bougea sur son visage. Il n’est pas du

genre à perdre son sang froid celui-là ; pensa Ludovic. Fernandez

Wixplan souriait tranquillement. Il doit avoir l’habitude de faire cela.

Mais l’échange n’en fut pas plus engageant. Son angoisse ne se

calma pas. Son estomac se nouait. Au point d’être une boule dure et

compacte. « Je vais sans doute m’installer par ici, à cet étage sur le

palier, à coté ».

Le type sembla mécontent. Cette idée lui déplaisait. « Vous

serez donc mon nouveau voisin ». Ses yeux se reportèrent sur

Ludovic. Ce dernier aurait bien voulu se retrouver ailleurs. « Puisque

Monsieur Hidlle semble avoir envie de jouer les filles de l’air… »

Fernandez Wilaya resta de marbre. « Monsieur Hidlle fait ce qu’il

veut d’accord ? Cela n’a pas l’air de vous plaire. J’ai comme

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l’impression que m’a venue vous dérange ». L’homme sourit. Mais

son regard trahissait la colère. Il mourait d’envie d’étrangler cet

étranger qui venait le déranger.

Il le ferait sans hésiter s’il n’avait pas peur de se trahir.

Ludovic eut une étrange sensation. Fernandez Wixplan lui avait

soufflé cette phrase à l’oreille. Il regarda cet homme de dos. Il

risquait peut-être sa vie. « Et bien, Monsieur. J’ai été ravi de faire

votre connaissance » ; lui dit Fernandez Wixplan. Il lui tendit la main.

L’autre la regarda presque avec dégoût. Finalement, il la serra dans

la sienne. Un autre témoin n’aurait pas vu l’éclat de haine dans ses

yeux. Mais il n’échappa pas à Ludovic.

Et soudain, il réalisa qu’il ne s’était pas trompé. Cette

histoire de possession était peut-être vraie. Peu importe. Il y avait eu

un meurtre. Ils avaient tous été tués. Et cet homme avait quelque

chose à y voir. Fernandez Wixplan retira sa main. Ce dernier dit un

signe de tête vers Ludovic. Terry Maxens referma la porte sur eux.

« Et bien » ; remarqua Fernandez Wixplan. « Voici une rencontre

intéressante ». Ludovic sentit peu à peu la peur le quitter. Il était

pressé de redescendre. Puis de sortir.

« Oui, en effet », répondit-il. Ludovic n’en fit pas attention.

Des paroles en l’air. Il se détourna de Fernandez Wixplan. « Vous ne

voulez pas rentrer chez vous ? » lui demanda le magicien. Ludovic

s’arrêta au milieu des escaliers. Il leva la tête vers Fernandez

Wixplan. Le magicien n’avait pas bougé. « Ce n’est plus chez moi » ;

répondit-il. Fernandez Wixplan le regarda avec intérêt. A quoi est-ce

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qu’il pensait ? Ludovic aurait aimé le savoir. « Comme vous voudrez,

Ludovic ».

Ce dernier hocha la tête. « Il est tard. Je ferais mieux de

retourner chez Tony. Il doit se demander où je suis passé » Son

portable sonna. C’était Tony. Quand on parlait du loup…

« Ludovic, qu’est-ce que tu fous ? Ca fait dix minutes que j’essaie

de t’appeler ». Tony avait l’air énervé. « Je suis avec Fernandez

Wixplan à mon ancien appartement » ; répondit-il. « Hein ? De quoi

tu parles là ? Tu es allé voir Fernandez ? Pourquoi tu ne me l’as pas

dit ? » Ludovic réfréna un élan d’humeur.

Il n’avait vraiment pas envie d’en parler pour le moment. « Je

t’expliquerais tout demain matin. Nous avions terminé. Je rentre. A

tout à l’heure » Il raccrocha. Fernandez Wixplan descendait les

escaliers et venait le rejoindre. Ludovic rangea son portable dans sa

poche. « Je vous ramène » ; lui dit Fernandez Wixplan. « Vous ne

trouverez plus aucun transport à cette heure-ci. Il est une heure du

matin. Nous avons pris plus de temps que je ne l’aurais cru »

Ludovic hocha la tête. Il se sentait fatigué.

Il avait hâte de s’allonger dans un bon lit. Ils sortirent tous les

deux. « Je vous conseille de vous reposer. » ; dit le magicien sans le

regarder. « Vous avez besoin de dormir. Le sommeil est la meilleure

arme que vous ayez pour l’instant. » Ludovic se demanda à quoi tout

cela allait servir. « Vous allez vraiment emménager ici ? » ;

demanda-t-il naïvement. « Bien sûr. Cela vous pose-t-il un

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problème ? » Ludovic secoua la tête. Il n’avait plus la force de

réfléchir. Ils regagnèrent la voiture.

Le trajet du retour fut silencieux. Fernandez Wixplan ramena

Ludovic chez Tony. Ce dernier sortit juste à ce moment-là. Son

visage s’éclaira. Il connaissait cette voiture. Donc le propriétaire

aussi. Les portes s’ouvrirent et deux silhouettes apparurent.

« Fernandez, Ludovic ! », s’exclama Tony. « Qu’est-ce que vous

faites là ? » Fernand Wixplan sourit. « Fernandez !» ; s’écria Tony

en s’approchant de lui. « Je suis ravi de te voir. Qu’est-il arrivé à

Ludovic ? Où avez-vous été tous les deux ? » Le magicien lui serra

la main.

Ludovic s’approcha de Tony. « Bon sang, Ludo. Tu as l’air

complètement épuisé ». Ludovic hocha la tête. « Oui, en effet. ».

Tony se tourna vers le magicien. « Qu’est-ce que tu fais ici ? Je ne

savais pas que toi et Ludo deviez vous voir. » Fernandez Wixplan

prit Tony par l’épaule. « Je t’expliquerais tout ça plus tard. » ; lui dit-il

simplement. Tony sembla satisfait de cette réponse. Fernandez se

tourna vers Ludovic. Il l’aida à marcher.

Ludovic sentit un brouillard s’épaissir devant ses yeux. Il allait

tomber dans les vapes. Il ne comprit pas ce que lui disait Fernandez.

Ses yeux commençaient déjà à se fermer. Tony le regarda avec

inquiétude. « Qu’est-ce qui s’est passé ? Je croyais que vous deviez

seulement en parler. Qu’est-il arrivé à Ludovic ? » Fernandez s’assit

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sur un sofa. Lui aussi était fatigué. « Je sais que ce n’est pas facile à

entendre. J’imagine que Ludovic ne t’a rien dit. »

Tony secoua l tête. « J’ai compris qu’il avait des ennuis et qu’il

avait besoin de l’aide d’un expert en surnaturel. Mais je ne savais

pas exactement à quel point c’était grave. Alors de quoi s’agit-il au

juste ? » Fernandez le regarda dans les yeux. « Tony ». Il prit une

grande inspiration « Ludovic a été possédé ». Tony resta la bouche

ouverte. On aurait dit qu’il venait de recevoir un coup en pleine tête.

Un coup de bambou. Il regarda Fernandez.

Avait-il bien entendu ? « Possédé ? » ; Répéta-t-il. « Tu veux

dire que… » Il lui était difficile de formuler ce que cela voulait dire.

Fernandez comprit. « Ludovic le savait. Mais il refusait de le

concevoir. Lorsqu’il m’a a appelé, il en a pris conscience. Et puis, il

l’a vraiment compris lorsqu’on s’est vu. C’est cela qui pourrait

expliquer l’état de colère dans lequel il était » Tony hocha la tête.

« Et il est venu te voir ce soir, hein ? Qu’est-ce que vous avez fait ? »

Fernandez étendit ses longue jambes.

Tony était installé dans le fauteuil. « J’ai essayé de lui

expliqué la signification de ce qu’était la possession. Je crois qu’il a

compris. Ensuite nous sommes allés jusqu’à son appartement. C’est

de là qu’il t’a appelé. J’ai d’ailleurs rencontré un de ses voisins ».

Tony était complètement paumé. « Désolé, Fernandez. Mais je n’y

connais pas grand-chose en possession. Alors je ne comprends pas.

Pourquoi es-tu allé dans l’ancien appartement de Ludovic ? »

Fernandez soupira.

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Il n’avait ni le temps, ni l’envie de développer un

cours. Pendant ce temps, Ludovic était parti se coucher. Il tomba

dans son lit. Et cette fois-ci, il rêva. Il était seul au milieu de la route.

En pleine nuit. Il portait un jean et un t-shirt. Soudain, il entendit un

bruit. C’était le moteur d’une voiture. Ludovic regarda autour de lui. Il

ne voyait rien. Soudain les lumières de deux phares surgirent dans la

nuit Ils l’éblouirent. Ludovic mit ses mains sur ses yeux. Il eut le

temps de s’écarter. Mais il trébucha. Il tomba à la renverse.

La voiture s’arrêta juste à coté de lui. Ludovic se releva tant

bien que mal. Le sol était humide sous ses mains. Ses vêtements et

ses cheveux étaient mouillés. Il pleuvait. L’eau ruisselait sur son

visage et son cou. Que faisait-il seul sous la pluie au milieu de la

nuit ? Il ne portait pas de manteau. Il fut bientôt trempé jusqu’aux os.

La portière avant s’ouvrit. « Qu’est-ce que vous faites là dehors tout

seul par ce temps » ; lui cria le conducteur.

Ludovic chercha quelque chose à lui répondre. » Je…je crois

que je me suis perdu » ; balbutia-t-il en claquant des dents. L’homme

hocha la tête. « Montez, je vous dépose. Vous n’allez pas rester

dehors par un temps pareil. Je vais vous ramenez chez vous. »

Ludovic sentit son cœur se serrer. Chez lui ? Où était-ce ? Il ne s’en

souvenait pas. « Alors où est-ce que vous devez vous rendre ? » lui

demanda le taxi.

Ludovic chercha une réponse appropriée. Mais son cerveau

sembla rouillé par la flotte. Depuis combien de temps était-il dehors

tout seul ? Qu’est-ce qu’il faisait là ? Il devait s’en aller. Il le sentait. Il

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devait partir. « Vas-t’en. Ne reste pas là. Ne monte pas dans ce taxi.

Cours ». Il frissonna. Mais pas de froid. Il était terrorisé. « Vite, fuis ».

D’où venaient ces avertissements ? L’homme le regardait. Il attendait

la décision de Ludovic. Ce dernier se força à se raisonner. C’était un

taxi. Il n’avait rien à craindre.

Au pire, il pourrait toujours sauter en marche. Soudain il

sentit une sorte d’électricité dans l’air. Elle était là. La chose. Sans

hésiter, Ludovic monta dans le taxi. Il ferma la porte derrière lui.

« Vite ! » ; hurla-t-il. « Démarrez ! » Le gars sembla hésiter. « A

Stamford ! » ; hurla Ludovic. L’entité l’avait sentit. Et elle en avait

après lui. « Démarrez, bon sang ! Elle arrive ! » Le conducteur

démarra en trombe. « Plus vite ! Plus vite ! » ; Hurla Ludovic. Ils

commencèrent à s’éloigner.

Mais cela ne rassura pas Ludovic. « Vous êtes complètement

trempé » ; lui fit remarqué le bonhomme. « Peu importe » ; lui

répondit Ludovic. « Je vous en prie. Ne laissez pas cette chose nous

rattraper. » L’homme jeta un œil dans son rétroviseur. Derrière eux, il

n’y avait que l’obscurité. Il jeta un œil vers son passager. Ludovic

savait bien ce que voulait dire ce regard. « Vous avez de quoi me

payer, au moins ? » Ludovic fouilla ses poches. « Oui » ; mentit-il. Il

n’avait plus ses papiers, ni son porte-monnaie.

Le conducteur sembla le croire. Le gars mit la radio. Ludovic

essaya de se détendre. Il commença à somnoler. Soudain, son cœur

fit un saut périlleux dans sa poitrine. De la sueur dégoulina sur son

front. Ses cheveux se hérissèrent. Non, ça ne pouvait pas être vrai.

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C’était la musique. Cette maudite musique qui était la cause de tout

son malheur. Elle résonnait dans cette radio. Elle emplit bientôt tout

l’habitacle. Ludovic se figea sur son siège. Sa gorge était sèche. Ses

doigts se tendirent comme des cordes de violons.

Il eut soudain envie de hurler. A nouveau, la voix lui vrilla la

tête. « SORS, SORS, SORS ! VITE ! » Ludovic sentit l’urgence dans

cette voix. Il ne comprit pas tout de suite ce qui se passait. Un rire

effroyable résonna. Ludovic tourna la tête. Il fut capable de réagir. Le

visage du conducteur n’était plus qu’un masque de haine et de

cruauté. Une lueur rouge et meurtrière brûlait dangereusement dans

ses yeux. Ludovic n’hésita pas. Il dégrafa rapidement sa ceinture. Il

essaya de sortir.

J’ai oublié de vous dire un truc important. Les portes se

referment automatiquement une fois que la voiture a démarré. »

Ludovic crut à une mauvaise plaisanterie. Mais les portes ne

s’ouvraient pas. Le conducteur riait toujours à gorge déployée. La

musique continuait de résonner encore. Ludovic se boucha les

oreilles. Elle le rendait fou. « Bon voyage en enfer, mon pote » ; lui

cria le conducteur. Ludovic secoua la tête. Il devait faire quelque

chose. « Laissez-moi sortir » ; cria-t-il au type.

L‘autre rit de plus belle. Il semblait trouver la situation très

amusante. Ludovic regarda devant lui. S’il l’avait pu, il se serait

arraché les cheveux. Une forme démoniaque et monstrueuse se

tenait devant. « C’est la chose » ; pensa Ludovic. « C’est donc toi qui

vient de prendre possession de mon corps, hein ? » La musique

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continuait comme interminable. Soudain Ludovic sut ce qu’il devait

faire. Il appuya sur le bouton stop de la radio. L’homme se figea dans

un dernier éclat de rire.

La forme horrible et monstrueuse disparut. Ludovic se

réveilla. Il était seul dans la chambre d’amis chez Tony. Il reprit sa

respiration. Il l’avait vu. Il savait maintenant à quoi elle ressemblait.

C’était l’entité qui avait pris le pouvoir sur son immeuble. Il avait eu

peur. Mais il lui avait fait face. Il l’avait affrontée. Il avait juste à

éteindre la radio. Il ne comprenait pas. Que signifiait ce rêve ? Mais

l’endroit lui était familier. C’était là qu’il s’était arrêté un jour avec son

père. La voiture était en panne.

Ludovic avait huit ans. Son père avait voulu l’emmener

pêcher. Au lieu de ça, ils avaient dû attendre trois heures avant que

les secours n’arrivent. Pour se faire pardonner son père l’avait

emmené au Mac Donald. Il avait promis de l’emmener le dimanche

prochain. Mais son père n’avait jamais pu tenir sa promesse. Il était

mort deux jours plus tard. Ludovic n’avait jamais oublié le jour où il

avait appris la mort de son père. Le plus horrible de sa vie.

Il était dehors en train de jouer au football. Il faisait beau. Ils

étaient cinq. De bons copains. Ludovic jouait souvent avec eux

lorsqu’il était gosse. Finalement, ils étaient partis. Peu après, le

téléphone avait sonné. Ludovic avait senti une boule se former dans

sa gorge. Il avait commencé à se sentir nerveux. Sans savoir

pourquoi. Sa mère était sortie. Elle lui avait dit de monter dans sa

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chambre. Ses yeux étaient baissés. Mais Ludovic avait eu le temps

de le voir. Sa mère avait pleuré.

C’était anormal. Deux heures plus tard, sa mère était montée et

avait frappée à la porte de sa chambre. Ludovic pleurait allongé sur

le lit, la tête dans l’oreiller. Sa mère s’était approchée dans le but

sans doute de la réconforter. Mais Ludovic l’avait soudain repoussée.

Il s’était lancé hors de la pièce. Il avait entendu un bruit. Sa mère

avait dû tomber assise sur la moquette de sa chambre. Ludovic avait

dévalé les escaliers. Il avait couru dehors. A ce moment, il aurait

voulu ne plus rien voir, ne plus rien entendre. Ne plus rien sentir. Il

avait couru dehors.

Sans savoir où il allait. Puis, il avait entendu un bruit étrange.

Une voiture arrivait, tous phares allumés. Ludovic ne s’était pas

arrêté. La voiture n’avait pas été loin de l’écraser. Il avait continué de

courir pendant des heures. Il avait eu peur de tomber. Et de ne plus

jamais se relever. Il avait continué jusqu’à ce que son cœur manquât

d’exploser. Malgré l’âge qu’il avait à ce moment-là. Ce fut sa seule et

dernière fugue. Deux heures plus tard, il rentrait à la maison.

Sa mère l’attendait. Elle n’avait pas été en colère. Elle avait

pleuré. Il avait eu honte de s’être enfui comme ça. Mais sa mère ne

lui avait fait aucun reproche. Cela aurait été inutile. Ludovic avait

secrètement espéré que lorsqu’il reviendrait son père serait là. Mais

non. Il avait dû se faire à l’idée. Son père ne rentrerait plus jamais. Il

était mort. Ludovic voyait ce souvenir imprimé dans son esprit.

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Comme s’il était très récent. En fait, il n’avait pas repensé à a mort

de son père depuis des années. Cela lui fit un choc.

Pourquoi s’était-il retrouvé dans le dernier endroit où il était

allé avec son père ? Devait-il en parler à Tony et à Fernandez

Wixplan ? C’était un évènement de sa vie dont Ludovic prenait soin

de cacher. Il avait rarement évoqué son père avec Tony. A chaque

fois, il avait essayé d’écarter la conversation de ce sujet. Tony avait

compris que c’était un souvenir douloureux. Ludovic secoua la tête.

Cela n’avait aucun rapport avec ce qui lui arrivait actuellement. En

es-tu bien sûr ? Lui demanda une voix dans sa tête.

Ludovic retint un soupir d’exaspération. Il n’en savait rien. Mais

il essayait de s’appuyer sur n’importe quoi. N’importe quel détail qui

aurait pu l’éclairer. Ludovic se dit que l’entité qui essayait de le

posséder, tapie dans les méandres de son cœur, ne pourrait jamais

lui enlever ses souvenirs. C’était sa vie. Ce qui faisait qu’il était lui-

même aujourd’hui. Ludovic se dit qu’il devait peut-être retourner à ce

lieu-là. Le taxi. Le taxi était un piège. Il aurait dû rester dehors. Allons

de quoi parles-tu ? Ce n’est qu’un rêve. Ca n’a aucune emprise sur

la réalité.

Ludovic ferma les yeux. Mais si, c’était réel. Il y avait un sens

là-dedans. Peut-être que ton père pourrait t’aider ? Ludovic faillit

éclater de rire. Son paternel ne s’était déjà pas beaucoup soucié de

lui lorsqu’il était gosse. Alors maintenant que son fils était adulte… Et

même si son père était vivant…. Il n’y avait pas vraiment de raison

de compter sur lui. Tu n’as même pas essayé, Ludo. Tu renonces

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quand même un peu vite, non ? Ludovic se passa une main sur le

front. Il se gratta la tête.

Il ne manquait plus que ça. Voilà qu’il entendait des voix

maintenant. Son père avait été flic. Il n’avait pas souvent été là. Il

avait passé plus de temps dehors qu’à la maison. Ludovic savait qu’il

ne devait pas l’en blâmer. Son père travaillait à la Crime. Il arrêtait

des assassins. Il avait mis des méchants en prison. Mais Ludovic

aurait aimé qu’il les laisse courir. Pour s’occuper un peu de lui.

Parfois plusieurs semaines s‘étaient écoulées avant que son père ne

passe un jour entier à la maison.

Il revenait tard le soir. Parfois il devait repartir dans la nuit. Ce

qui voulait dire que Ludovic n’avait pas eu beaucoup de chances de

le voir le matin. Son père n’avait pratiquement pas été là le week-

end. Sa mère ne disait pas grand-chose. Mais elle supportait de plus

en plus mal cette situation. Ludovic l’avait remarqué. De violentes

disputes avaient éclatés entre ses parents. Surtout le soir. Quand

son père rentrait à deux heures ou à trois heures du matin. Au

moins, sa mère pouvait espérer une chose. Il ne la trompait pas.

Il avait dit plusieurs fois qu’il n’avait pas le temps pour ça. La

seule chose qu’il désirait, en dehors de son travail était de retrouver

sa famille. Parfois Ludovic était descendu dans le prétexte de boire

un verre d’eau. En réalité, c’était pour voir si son père était rentré.

Mais la plupart du temps il était déçu. Il remontait dans sa chambre.

Il savait qu’il ne le reverrait pas non plus le lendemain matin. Pour

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Ludovic, son père avait été un héros. C’était mieux que s’il travaillait

dans une entreprise.

Mais souvent il aurait préféré avoir un père ordinaire. Un père

qui se soucie plus de sa famille Que des criminelles qu’il devait

attraper. Ludovic repensa à tout ça. Il n’avait pas entendu ce que les

deux officiers avaient dit ce jour-là à sa mère. Mais ce n’était pas

difficile à deviner. Une affaire avait dérapé. Son père en avait payé le

prix fort. Ludovic ne comprenait pas pourquoi il avait rêvé du dernier

endroit où il s’était retrouvé avec son père. Il avait assez de soucis

comme ça. Sans avoir à ce souvenir ce qui était arrivé à cette

période de sa vie.

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PARTIE 2

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Chapitre 5

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Ludovic descendit les escaliers. Il était épuisé. Mais il

n’avait plus envie de dormir. Il aperçut Tony et Fernandez Wixplan

en grande conversation dans le salon. Les deux hommes le virent. Ils

se turent. Un regard de connivence passa entre eux. Ludovic ne

l’apprécia pas. Ils avaient l’air de savoir quelque chose. Et lui

l’ignorait. Ils ne voulaient pas qu’il le sache. Ils ne lui diraient pas de

quoi il retournait. Ludovic s’en sentit mortifié. Il n’avait aucune raison

de leur parler du cauchemar. Il ne demanderait pas de conseil à

Fernandez Wixplan.

Mais il avait oublié que ce dernier était télépathe. « Monsieur

Hidlle. Je crois qu’il y a quelque chose d’important que vous devriez

me dire ». Ludovic posa son regard sur lui. Je voudrais surtout que tu

fiches le camp d’ici. C’état une des deux voix qui venait de parler.

Dans la tête de Ludovic. Ce dernier préféra ne pas l’écouter. Mais ça

ne le regardait pas. Il n’avait aucune raison de parler de son père à

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Fernandez Wixplan. Il n’en parlait quasiment jamais. Pourquoi le

ferait-il avec ce magicien ? « Non » ; s’entendit-il répondre. « Il ne

s’est rien passé. Absolument rien de spécial. J’ai très bien dormi ».

Il mentait. Il n’avait jamais excellé dan cette catégorie. Mais il espéra

avoir été assez convaincant. Fernandez Wixplan fixa son regard

perçant sur lui. Tu peux crever pour que je te dise quoi que ce soit.

Ludovic savait ce qu’il avait à faire. Le lendemain, il se rendit au

lieu où il avait été pour la dernière fois avec son père. « Il a peut-être

sauvé des gens mais il n’a jamais été là pour moi ». Encore cette

voix. Est-ce que c’était l’entité qui parlait à l’intérieur de lui ? Ludovic

n’en savait rien. Son père n’avait pas eu assez de temps pour lui. Ce

temps si précieux, il l’avait consacré à des victimes. Des gens qui

avaient souffert. Et aussi à leurs proches. Ludovic se trompait peut-

être. Et s’il tombait sur l’entité comme dans son cauchemar ? Mais

ce ne serait pas pareil. Il serait en plein jour.

Fernandez Wixplan continuait de le regarder. Il lisait en lui.

Ludovic en était sûr. Il voyait défiler le cours de ses pensées. Cet

homme ne doit rien savoir de ton père. Tu dois te débarrasser de lui.

Un sourire étira les lèvres de Ludovic. Il ne put qu’acquiescer. Ce

n’était pas une mauvaise idée. Et il pourrait en profiter pour laisser

Tony avec lui. Cette histoire ne regardait que lui. Et cette histoire de

possession était en rapport avec son père. Une histoire de famille.

Ca ne concernait personne d’autre. Il devrait essayer de contacter

les autres membres.

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Mais pas tout de suite. Il devait d’abord mener une petite

enquête, en solitaire. Il jeta un œil sur la pendule et vit qu’il était

quatre heures du soir. Ludovic décida de retourner se coucher

Demain, il aviserait. D’abord, il mettrait Fernandez Wixplan à la

porte. Ensuite, il trouverait un prétexte pour éloigner Tony. Il sera en

train de bosser demain. Tu seras tranquille. Ludovic le savait. Il

attendrait que Tony soit parti. Puis, il s’en irait. C’est sur ce projet

qu’il se rendormit.

Lorsqu’il se réveilla, il était huit heures trente. Ludovic

descendit. Il n’y avait personne. Tony devait être parti à son travail.

Fernandez Wixplan devait sans doute être occupé. Ludovic se

prépara rapidement un petit déjeuner. Il mangea vite fait. Puis, il se

doucha et s’habilla. Il avait du pain sur la planche aujourd’hui. Il

devait retrouver l’endroit où il s’était arrêté avec son père. C’était

près d’une route. Elle étai goudronnée mais avait semblée vieille. Ce

n’était pas une route en bon état.

Ils avaient été sur l’autoroute. Ludovic était à l’arrière. Son

père lui avait dit qu’il devait aller à une station. Il n’avait plus

d’essence. Ludovic n’avait pas tiqué sur le coup. Son père avait

quitté l’autoroute. Il avait emprunté une petite route. Ludovic avait

commencé à se sentir inquiet. Mais son père avait semblé connaître

le coin. Son père se rendait toujours n’importe où en prenant

l’autoroute. Ludovic n’avait pas cru à cette histoire d’essence. Mais il

avait fait comme si de rien n’était.

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Son père avait arrêté la voiture. Il s’était tourné vers lui. Il avait

souri. « Tout va bien se passer, Ludo. Reste là. Je vais chercher de

l’essence. » Ludovic avait regardé autour de lui. En effet, Il avait

aperçu une station à quelques mètres d’eux. Son père avait garé la

voiture. Puis, il était sorti. Ludovic avait senti que quelque chose

d’anormal était en train de se produire. Il aurait voulu supplier son

père de ne pas le laisser tout seul. Mais il n’étai plus un bébé. De

toute façon, son père ne l’aurait pas écouté.

Ludovic était donc resté bien sagement assis sur son siège à

attendre. Il avait mis les écouteurs de son walkman sur ses oreilles

dans le but de se déconnecter de la réalité. Soudain, il avait senti

que l’atmosphère se rafraîchissait. L’obscurité tomba d’un coup. On

aurait dit que quelqu’un venait d’éteindre la lumière. Ludovic avait

oublié la musique de son baladeur. La peur avait lentement repris le

dessus. Ludovic avait soudain senti une présence. Il n’aurait pas su

dire si elle se trouvait dans la voiture ou à ‘extérieur.

Il avait supplié pour que son père revienne très vite. Il avait

senti comme un feulement. Comme si une bête se déplaçait juste à

coté de la voiture. Ludovic n’avait pas osé bouger. Ses yeux étaient

tombés sur la portière. Faites qu’elle soit bien fermée. Ludovic ne

voyait rien. Ses yeux s’habituaient pourtant à l’obscurité. Mais tout

restait noir. Ce n’était pas une nuit naturelle. Soudain, il entendit un

autre bruit. La chose dehors essayait d’entrer. Il avait fermé les yeux.

Soudain, il avait entendu un autre bruit. Paniqué, il avait tourné

la tête. Il avait rouvert les yeux. Son père s’était tenu devant la

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fenêtre. Il frappait au carreau. Ludovic avait descendu la vitre. « Ca

va ? » ; lui avait demandé son père. « Tu es tout blanc. On dirait que

tu as vu un fantôme. » Ludovic avait préféré ne rien répondre.

Regardant autour de lui, il s‘était aperçu qu’il faisait grand jour.

Comme s’il ne s’était rien passé. Ludovic avait secoué la tête. Il avait

dit à son père qu’il se sentait un peu barbouillé.

Ludovic avait fini par oublier. Un simple accident. Mais

maintenant il y repensait. Il se disait qu’il devait y avoir un lien entre

cet évènement étrange et la mort de son père deux jours plus tard.

Cette entité lui en voulait-elle personnellement ? Ou alors choisissait-

elle longtemps à l‘avance ses victimes ? Etait-ce une entité

intelligente ? En tout cas, elle n’avait sans doute rien à voir avec le

diable. Ludovic était un laïque. Ses grands parents maternels et sa

mère étaient chrétiens.

Son père avait été un croyant. Il disait souvent que la religion

détruisait ce que l’être humain avait de plus beau. D‘après lui, la

religion n’avait été qu’un prétexte pour certains d’assurer leur

autorité sur d’autres. La Foi était un choix personnel. La religion

pouvait se transmettre de manière héréditaire. Elle n’avait provoqué

que guerre et catastrophe. L’inquisition n’avait été qu’un moyen pour

l’homme de satisfaire son plaisir de faire souffrir. Il citait alors

Hobbes. « L’homme est un loup pour l‘homme ».

La religion nourrissait la haine et la peur de tous les peuples

depuis le début de l’Histoire. Et la présence de cette créature

maléfique appelée le diable était un leurre. C’était juste un moyen de

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personnifier le mal. Le diable était aussi un moyen d’excuser les

méfaits des hommes. Il était la cause de tous les maux et de toutes

les souffrances des hommes. Son père disait que tous cela n’étaient

que des conneries. Il fallait être idiot pour y croire. Ce qui déclenchait

des querelles entre Jack Hidlle et son épouse. Au grand déplaisir de

Ludovic qui ne comprenait pas toujours.

Il lui était arrivé de se poser des questions. Comment ses

parents s’étaient rencontrés ? S’ils s’aimaient ? S’ils s’étaient

rencontrés par amour. « Ton père ira en enfer » ; lui disait sa mère

en claquant la porte derrière elle. Ce dernier haussait les épaules.

« L’enfer n’existe pas. La seule chose qui nous attend après la mort

c’est le néant » Son père était un scientifique, un matheux. Tout le

contraire de sa mère. Ludovic s’était donc retrouvé déchiré entre le

scepticisme de son père et la foi presque fanatique de sa mère.

Finalement, il s’était rangé du coté de son père. Le diable.

C’était ridicule. Une telle créature ne pouvait certainement pas

exister. Mais aujourd’hui, vingt ans plus tard, il commençait à en

douter. Pourtant quelque chose lui disait qu’il était sur la bonne voie.

Cette entité n’avait rien à voir avec le diable. Elle était beaucoup plus

maléfique. Bien plus implacable. Elle était douée d’une intelligence

surhumaine. Son père aurait sans doute ri. « Ludovic ; mon fils, tu te

fais des idées. Comment peux-tu croire de choses pareilles ? Ce ne

sont que des conneries. »

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De cela Ludovic aurait bien aimé être sûr. Mais il se

surprit soudain à douter de tout. Il essaya avec la carte de retrouver

le chemin qu’il avait utilisé avec son père. Il saurait alors s’il avait

raison d’y croire.

Ludovic prit sa voiture. Il avait dû pour cela retourner jusqu’au

parking de son ancien immeuble. Il espérait qu’il n’y avait pas de

piège. Il n’y avait certainement pas le diable. Il n’avait pas à en avoir

peur. Là se trouvaient sans doute les deux criminels. Il arriva devant

l’immeuble. Son portable sonna. Ludovic décrocha. C’était

Fernandez Wixplan. « Monsieur Hidlle. Je vois que vous prenez des

initiatives personnelles ». Ludovic soupira. Il avait envie de l’envoyer

promener.

Il répondit :

« En effet.

_ Vous devez m’avertir lorsque vu prenez une décision. »

Ludovic vit rouge. Et puis quoi encore ? Il n’était plus un petit

garçon.

Fernandez Wixplan continua de le sermonner.

« Il s’agit d’une affaire personnelle » ; Le coupa Ludovic. Il

raccrocha. Dix minutes plus tard, il eut un deuxième coup de fil.

C’était Tony.

Il venait d’avoir un appel de son ami Fernandez. Il voulait

savoir ce que faisait Ludovic. « Fernandez m’a dit que tu l’avais

envoyé balader ». Il ne semblait pas très content. « Je crois que j’ai

trouvé la cause de ma possession. Je dois me rende quelque part.

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Je ne peux pas t’en dire plus ». Silence. Tony devait réfléchir.

« Ludovic… » Ce dernier sentit un certain agacement. Il a bien été

influencé par ce magicien. « Je te rappellerais plus tard, bye ».

Ludovic raccrocha. Il avait rendez-vous ave son père.

Ludovic était arrivé. Sa voiture était là. Il n’hésita pas. Cela

pouvait être dangereux. Il n’y pensa pas. Il ouvrit la portière et monta

à l’intérieur. La voiture à coté de la sienne explosa. Ludovic fut

terrorisé. Il baissa instinctivement la tête. La fenêtre vola en éclat.

Heureusement c’était celle du passager. Ludovic attendit quelques

minutes. Puis il se redressa. Il venait d’assister à un meurtre. Il

tourna lentement la tête. La voiture n’était plus qu’un débris. Une

vieille carcasse en lambeaux dans les flammes.

La scène parut irréelle. Il devait être en train de rêver. Personne

n’était monté dans cette voiture. Elle avait explosée toute seule.

Ludovic trembla de la tête au pied. C’tait un cauchemar. Ce n’était

pas normal. Ludovic plissa les yeux. Il n’y avait personne au volant. Il

aurait aperçu au moins une silhouette. Mais il n’y avait pas de corps.

Quelque chose avait fait exploser la voiture de l’intérieur. Ludovic

sortit. L’entité avait fait exploser la voiture. Elle essayait de lui faire

peur. Elle jouait avec lui.

Il décida d’y aller autrement. Il prendrait les transports en

communs. Là il y aurait moins de risques. La clé se trouvait peut-être

dans ce lieu. Il n’en savait rien. Ludovic ne l’aurait pas avoué. Il se

sentait complètement perdu. Ca pouvait être aussi un piège que lui

tendait cette saloperie. Tant pis. Il verrait bien. Ludovic ferma la

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potière derrière lui. Il jeta un regrad vers la carcasse en flamme. Au

moins, il ne finirait pas comme ça. Sans perdre une minute, il

s’éloigna du parking.

Soudain, il eut l’impression que quelqu’un le regardait. Jetant un

œil aux alentours, il ne vit d’abord personne. Puis, il leva la tête. Il vit

les deux voisins à la fenêtre. Ils le regardaient. Un frisson courut

dans son dos. Ces deux là étaient sans doute déjà possédés. Ce

sont des pions. « De vulgaires pantins ». Là où ils étaient, ils ne

pouvaient pas lui faire du mal. Ca devait être l’un des d’eux qui avait

mis le feu. Ludovic détourna les yeux. Il partit.

Il sentit la peur s’éloigner un peu. Il se rendit jusqu’à la station

de bus la plus proche. S‘il avait pu, il serait monté jusqu’à son

appartement. Il aurait fit une rapide recherche sur le web. Mais il ne

pouvait pas se permettre de prendre un tel risque. Il reviendrait plus

tard. Il monta dans le bus. Il se rendit à la station de la gare. Il

s’aperçut qu’il n’avait pas de ticket. Il se rendit jusqu’au guichet. Il

demanda un ticket aller-retour. Il se rendit presque jusqu’en en

courant à la station.

Il ne ressentait plus aucune colère. Il se sentait bien. Si ce

n’était l’anxiété. Il monta dans le métro. Il descendit deux stations

plus loin. Il se demanda comment les compartiments pouvaient être

aussi bondés ? Regardant vers sa montre, il vit qu’il était presque dix

heure. Il avait le temps. Il prit ensuite le train. Ludovic savait qu’il

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passerait toute la journée. Il repensa à Tony. Il regretta de ne pas

être parti avec lui. Il aurait dû lui demander son aide.

Ludovic aurait bien besoin d’un peu de soutien. « Ce sont des

histoires de famille. Ca ne regarde pas les autres. Ludo, c’est entre

toi et moi ». Depuis combien de temps est-ce qu'il entendait la voix

de son père ? Il ferait bien de consulter un psy.

Mais il n’était pas malade. Il suivait un chemin. Pour une fois, il

avait l’impression d’aller dans le bon sens. Pas s’il allait au bon

endroit. Un état des lieux serait une bonne idée. Avant de

commencer les recherches. Que ferait-il une fois l’endroit trouvé ?

Ludovic se sentit soudain très fatigué. Il avait foncé tête baissée. Ce

n’était qu’un rêve. Il avait juste fait un rêve C’était le dernier lieu où il

s’était trouvé avec son père.

Il repensa à ce que lui avait dit Fernandez Wixplan. Il allait être

faible. Soudain, il entendit quelqu’un l’appeler. « Ludovic ! Ludovic ! »

Mais c’était justement lui qu’il entendait. Etait-ce encore une

hallucination ? Ludovic perdait pied. Il n’arrivait plus à retrouver la

réalité. Il vit Fernandez Wixplan marcher vers lui. Ce dernier vint se

planter devant lui. Il était furieux. « Bon sang. Vous pouvez

m’expliquer ce qui vous a pris ? » Ludovic ne sut pas quoi répondre.

« Vous croyez vraiment que vous êtes en état de partir comme cela.

Ludovic voulut lui expliquer. C’était à cause de son père.

« Vous n’avez pas pensez une seconde que ça pouvait être l’entité

qui se servait de vous ? Elle se nourrit de votre esprit et donc de vos

souvenirs. Elle a pu piocher dedans pour y prendre ce qu’elle voulait.

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Ce qui peut vous affaiblir. » Ludovic jeta autour de lui un œil

embarrassé. Un hall de gare n’était pas l’endroit idéal pour ce genre

de sujet. Mais les gens ne semblaient pas s’en inquièter. Ils ne

s‘occupaient pas d’eux. « Ludovic ! Vous êtes vraiment le roi des

imbéciles ! ».

A cela, Ludovic ne trouva rien à réfuter. « Vous vous êtes

gravement exposé, Ludovic. Ne prenez plus ce genre d’initiative. La

prochaine fois, vous pourriez bien y laisser votre vie ». A quoi faisait-

il allusion ? Mais il n’eut pas le temps de réfléchir. Fernandez

Wixplan le traînait vers la sortie. Lorsqu’ils furent dehors, Fernandez

Wixplan s’arrêta. Il se tourna vers Ludovic. » Je n’arrive pas à croire

que vous ayez fait quelque chose d’aussi idiot. Est-ce que vous vous

rendez compte dans quel pétrin vous vous êtes fourré ? »

Ludovic sentit la colère revenir. « Qu’est-ce que vous

croyez ? » ; cria-t-il. « Que je vais rester là à me tourner les pouces

en attendant que vous fassiez quelque chose ? Je n’ai pas de temps

à perdre. Cette chose à l’intérieur de moi est en train de me tuer à

petit feu. » Fernandez Wixplan soupira. Lui aussi sembla soudain

très fatigué. « Ludovic. C’est justement pour cela que je suis venu

vous chercher. Je crois aussi que vous n’avez aucune idée à quoi

vous venez d’échapper ». Ludovic lui parla alors de ses deux

anciens voisins.

Mais Fernandez Wixplan ne sembla pas l’écouter. « D’ailleurs,

il y a une chose que je devais vous demandez. » ; poursuivit Ludovic.

« A quoi a servi cette petite ballade dans l’ancien immeuble ? ».

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Fernandez Wixplan sembla méditer pendant quelques secondes.

Ludovic n’arrivait pas à le cerner. Il se demanda à quoi il pensait.

« Et bien, Ludovic, avant toute chose. J’avais besoin de me faire une

idée claire et précise de ce qu’il en était. Et en effet, il s’agit d’un cas

très grave de possession. Mais l’entité a besoin encore et encore

d’étendre son pouvoir. Et elle a besoin d’une enveloppe charnelle.

Une vraie. C’est pour cela qu’elle veut à tout prix votre corps,

Ludovic.

Ce dernier essaya de comprendre ce que Fernandez Wixplan

venait de lui expliquer. Il devrait faire un tour à la bibliothèque un de

ses quatre. Pour se renseigner un peu mieux. Il n’en avait pas pris le

temps ! Il s’était complètement perdu dans une histoire où il ne

connaissait rien. « Et si je vous disais que j’étais désolé ».

Fernandez Wixplan secoua la tête d’un air triste. « Vous croyez que

c’est vraiment le moment d’être désolé ».

Ludovic sentit la rage l’étouffer. Il lutta intérieurement. « Ca va.

N’en faites pas un drame. Pas de problème. Je ne suis pas mort. »

Fernandez Wixplan ne put retenir un sourire. Il ne devait pas lui en

vouloir tant que ça. Fernandez Wixplan lui lâcha le bras. Il avait dû

croire qu’il allait s’échapper. « Je suis très lucide et très maître de

moi-même. Je pense que vous exagérez avec cette histoire de

possession. C’est moi qui parle. Je suis conscient. C’est moi ».

Fernandez Wixplan hocha la tête.

« Ludovic, ça ne va pas durer longtemps. Ce n’est qu’une

accalmie. Les choses vont empirer. Vous vous croyez fort et que

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l’entité s’affaiblit. Mais c’est faux. Elle va devenir plus puissante ».

Ludovic sut que pour l’instant, il n’avait pas le choix. Il devait suivre

Fernandez Wixplan. « Est-ce que Tony sait que vous êtes venu ? »

Le magicien le regarda, choqué par cette question. Ludovic s’en

rendit compte alors. Il avait agi comme un parfait crétin.

Pour un peu, il aurait baissé la tête.

Une voix familière résonna. « Ah, vous êtes là ». C’était Tony.

Ludovic tourna la tête. Tony courrait vers eux. « Ludovic, ça va ? Où

es-tu allé ? » Ludovic se sentit irrité. Bon sang, il n’était pas un bébé.

Il n’avait pas besoin qu’on le suive sans cesse ou qu’on s’occupe de

lui. « Ludovic, je me demandais où tu étais. J’ai appelé Fernandez

après ton coup de téléphone. Il m’a dit que tu l’avais viré. Mais qu’il

te pardonnait et qu’il était prêt à aller te chercher ». Fernandez

Wixplan acquiesça. « Ludovic, vous avez ici deux amis qui sont prêts

à tout pour vous aider. Croyez-vous que tous ceux qui ont été dans

votre cas ont eu cette chance ? ». Ludovic s’en fichait éperdument.

Tony le regarda avec tristesse. Ludovic retint un soupir

d’exaspération. Il n’avait pas besoin de sa pitié. Que Tony retourne

travailler et qu’il lui fiche la paix ! « Et si vous nous racontiez ce que

c’était que cette histoire d’affaire personnelle ? » ; Demanda le

magicien en croisant les bras. Ludovic n’en avait pas envie. Ca ne le

regardait pas. De quoi se mêlait-il ? Mais les deux hommes

semblèrent attendre une réponse. Il se résigna. D’accord, d’accord.

Très bien » ; dit-il en levant les mains.

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Fernandez Wixplan sourit. Tony lui jeta un regard. Ces deux-là

mijotent quelque chose dans mon dos. Il en était sûr. Il détestait ces

regards de connivence. Cela l'énervait. « Très bien. Rentrons ».

Soudain, Ludovic refusa. C’était sa vie, son destin. Ce magicien était

en train de le manipuler. Il essayait d’avoir un ascendant sur lui.

« Monsieur Wixplan » ; l’appela-t-il. Ce dernier se retourna. « Vous

êtes viré ». ; lui dit Ludovic. « A partir de maintenant, je n’ai plus

besoin de vous ». Tony sembla estomaqué. Ludovic le regarda dans

les yeux. « Au revoir, Tony ».

Là-dessus, il les laissa tous les deux plantés là. Il s’en alla. Il

avait l’impression que le magicien savait tout. Il était au courant de

ses agissements. Il l’avait empêché d’ agir. Ludovic n’avait pas

confiance en lui. Il irait là où il avait prévu d’aller. Tony était

complètement sous l’emprise de Wixplan. A croire qu’il lui avait jeté

un sort. C’était ridicule. Mais cet homme était dangereux. Ludovic

avait beaucoup à craindre de lui. Dorénavant ; il ferait cavalier seul.

Cette histoire de possession était peu être un leurre.

Il ne devait compter que sur lui-même. Il le sentit. Il s’était fait

avoir. Il en avait la désagréable impression. Ce magicien était peut-

être un ennemi. Il regarda derrière lui. Personne ne le suivait. Mais

aucun des deux n’avait bougé. On dirait des statues de cire. Il était à

quelques rues de la gare, déjà. Il commençait à pleuvoir. Ludovic alla

se réfugier dans la gare. Mais il n’entra pas. Il resta devant la gare. Il

marcha en rond pendant quelques minutes. Il était un peu désœuvré.

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Il ferait bien d’oublier. Il devait reprendre une vie normale. Il

s’était laissé entraîner malgré lui. C’est à toi de savoir ce que tu dois

faire, Ludo. La voix de son père. Encore. Ludovic en eut soudain la

certitude. Il n’était pas fou. Tu sais très bien ce que tu dois faire.

Arrête de tourner autour du pot. Oui, il le savait. Mais cela lui

paraissait beaucoup trop dangereux. Retourne dans l’ancien

immeuble et affrontes-les. Ce sont les seuls que tu as à craindre. La

pluie dégoulinait le long de ses cheveux et de son visage.

Il fut bientôt trempé. Il regarda autour de lui. Fernandez et Tony

n’étaient plus là. Ils avaient dû se lasser de lui. C’était dommage et

ce n’était pas grave. Il n’avait pas besoin d’eux. Il savait où il devait

aller. Et surtout il n’était pas seul. Il avait un allié. Il repensa à Tony.

Tout à coup, ce dernier s’était très intéressé à lui. Il s’était même

inquiété de ne pas le voir revenir. A près tout, ils n’étaient que

collègues. Ils ne se voyaient pas si souvent que ça. Ils ne se

reverraient sans doute pas. Ludovic le savait.

Tony allait partir bientôt. L’entreprise l’avait transféré ailleurs.

Ludovic trouva tout cela dérisoire et sans le moindre intérêt. « Ne te

préoccupe pas de ça, Ludo. Ce n’est pas le plus important. Tu dois

te concentrer sur le lieu où tu dois aller. » Ludovic alla dans un hôtel.

Il loua une chambre. Il s’installerait dans les environs. Il savait ce

qu’il avait à faire. Se rendre là-bas. Après, il improviserait. Mais hors

de question que quelqu’un se mêle de ça. Encore moins Tony ou

Fernandez Wixplan.

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Ludovic trouva une carte en allant surfer sur Internet. Il la fit

imprimer. Il passa une heure à l’étudier. Il n'avait aucune idée de ce

qu’il trouverait là-bas. Ce lieu avait quelque chose de symbolique. Il

était cher aux yeux de Ludovic. Pourtant, il ne l’avait jamais vu dans

ses rêves. Jusqu’à aujourd’hui, il l’avait complètement oublié. Il en

éprouva un léger regret. Pendant longtemps, il s’était contenté de

savoir que son père était mort dans un accident de voiture. Peut-être

qu’il découvrirait enfin la vérité. Ce qui s’était réellement passé.

Il partit vers huit heures du soir. Il avait appelé un taxi. Il lui

avait demandé de le conduire à cet endroit. Il se souvint soudain du

rêve qu’il avait fait. Il essaya de se raisonner. Il se dit que cela n’avait

rien à voir avec la réalité. Le taxi arriva vers dix-neuf heures. Ludovic

était devant l’ancien immeuble. Il se raisonna. Il avait une bonne

raison de faire ça. Son estomac était noué. Il se sentait nauséeux.

Son esprit retournait sans cesse vers le cauchemar qu’il avait fait.

Le taxi arriva. Ludovic résista à l’envie de partir en courant. Il

n’avait plus nulle part où aller. Il avait laissé tomber tout le reste. Le

taxi s’arrêta à quelques mètres de lui. Ludovic retint un soupir de

soulagement. Ce n’était pas celui qu’il avait vu dans son cauchemar.

L’homme qui descendit était différent. Ludovic s’approcha. Le type le

salua et pris ses bagages. Ludovic monta à l’avant. Il espéra que

l’autre ne lui poserait pas de questions.

Mais ce dernier ne sembla pas bavard. Ludovic trouva très vite

le silence oppressant. Si au moins, il pouvait entendre la voix de son

père. Mais celui-ci semblait avoir décidé de se taire. La nuit

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commença à tomber. Il était vingt heures trente. Ludovic regretta

d’être parti si tard. Les lumières des villes qu’ils traversèrent ne le

rassurèrent pas. Ludovic arriva à l’hôtel à neuf heures. Il essaya de

se détendre.

Le voyage l’avait fatigué. Il était épuisé. Ludovic s’installa.

Il prit une bonne douche. Puis, il alla manger. Pour la première fois

depuis plusieurs années, il regretta d’être seul. La solitude lui glaça

le sang. Il avait l’habitude pourtant. Depuis le temps qu’il était

célibataire. Mais il se sentait très nerveux. L’hôtel avait un coté

lugubre. Ce n’était pas un quatre étoiles. Mais la chambre restait

confortable.

Ce n’était pas une vieille demeure qui tombait en ruine.

L’électricité fonctionnait. Les locaux étaient propres. Les draps

blancs et frais. Pourtant Ludovic sentit une angoisse sourde à

l’intérieure de lui. C’était sans doute dû à la fatigue. Il allait se

reposer. Demain matin, il irait visiter cet endroit étrange. Une

première visite. Juste pour s’imprégner des lieux. Il rangea ses

affaires dans l’armoire. Soudain, il entendit la musique. De surprise, il

lâcha ses vêtements. Ils se répandirent par terre.

C’était la même voix de femme. Mais elle lui avait paru plus

triste et plus douce. Il s’assit sur le lit pour écouter. Quel rapport avec

l’entité qui le poursuivait ? Les voix d’enfants résonnèrent, se mêlant

une fois de plus à celle de la femme. Ludovic écouta. Le chant

ressembla soudain à un appel au secours. Les paroles étaient dans

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une autre langue. Ludovic ne pouvait pas les comprendre. Mais il y

percevait une grande détresse. Les êtres qui chantaient étaient des

innocents qui avaient souffert.

Il ne ressentit pas la rage qui l’habitait auparavant. Il avait la

sensation qu’elle ne lui voulait aucun mal. C’était la chose qui

provoquait sa colère, et non les voix de la musique. Soudain, il sentit

une présence maléfique proche dans la pièce. Elle était là, tapie

quelque part. Ludovic ne pouvait pas la voir. Elle était invisible aux

yeux des êtres humains. La terreur le rendit soudain misérable. Il se

recroquevilla et se roula en boule près du lit. Il sentit soudain une

douleur fulgurante. La chose essayait de le dominer de l’intérieur.

Ludovic se sentit soudain broyé par une force inconnue. Il ne

savait pas comment lutter. Il s’agita, pris de convulsions. Bon sang !

Cette chose allait le tuer ! Il entendît à nouveau la musique. Il sentit

que quelque chose se déchirait à l’intérieur de lui. Ludovic resta

allongé sur le dos, tremblant. Il transpirait abondement. La musique

emplit bientôt toute la pièce. Elle était douce et bienfaisante. Ludovic

eut l’impression soudaine d’être entouré par des esprits bénéfiques.

Tournant la tête, Ludovic regarda vers la fenêtre. Dehors, il faisait

nuit.

Il se sentit seul et impuissant. Après bien des efforts, il se

remit debout. Il avait l’impression d’être malade. Il se sentait groggy

et fiévreux. Son corps pesait lourd. Il était épuisé. Ludovic

s’approcha de la fenêtre et regarda au dehors. Un frisson le parcouru

tout entier. La nuit avait l’air lugubre. Pas une étoile ne brillait ce soir-

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là. Ludovic n’était pas superstitieux. Mais il y vit un mauvais présage.

Il n’y avait pas une seule brise de vent. L’air était épais, comme

chargé d’électricité.

La température avait monté en peu de temps. Cette hausse

n’était pas normale. Mais Ludovic était trop fatigué pour s’en

préoccuper. Il eut à peine la force de se déshabiller et d’enfiler son

pyjama. Il s’effondra sur le lit et tomba dans un sommeil sans rêve.

Le lendemain, il se réveilla assez tard. Il se sentait faible et avait mal

à la tête. Il se traîna jusqu’à la salle de bain. Il se doucha, espérant

que ça le réveillerait un peu. Mais lorsqu’il sortit de la salle de bain, il

se sentait toujours aussi fatigué.

Ses tempes battaient comme un tambour. Son crâne lui faisait

un mal de chien. Ludovic décida de dormir encore. Il irait le

lendemain sur les lieux. Aucun rêve ne vint troubler son repos. Son

esprit était trop exténué pour s’avancer dans le monde onirique. Il

émergea vers sept heures du soir. Il se sentit mieux. Et surtout, il

avait faim. Il n’avait rien avalé depuis hier midi. Heureusement qu’il

avait apporté de quoi manger. Il se prépara un petit casse-croûte.

Il s’installa sur le lit et mangea en regardant la télé. Il zappa

pendant quelques minutes. Puis, il éteignit. Il se sentait en forme. Sa

fatigue de la veille était enfin partie. Il mangea de bon appétit. Puis, il

rangea et alla s’habiller. Puis, il prit son manteau. Il savait où il devait

se rendre et ce n’était pas très loin. A pied, il n’en eut que pour une

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demi-heure. La température avait baissé depuis la veille et un vent

léger soufflait. Ludovic s’était muni d’une carte pour ne pas se

perdre.

Il regarda autour de lui. Il ne devait plus être très loin. Mais il n’y

avait pas de lumière. L’endroit où il allait était un peu reculé de toute

civilisation. Le souvenir très net du jour où il était venu avec son père

lui revint à l’esprit. Il regretta soudain de se trouver là. Il faisait peut-

être une erreur. Il ne se sentait pas prêt à en subir les

conséquences. Le pire serait qu’il se perde. Il n’y avait aucun

lampadaire. Il ferait peut-être mieux de retourner à l’hôtel. Il

reviendrait demain.

Il arriva en vue. Ses yeux s’étaient peu à peu habitués à

l’obscurité. Ludovic distingua des formes devant lui. Son cœur cogna

dans sa poitrine. C’était une route. Il reconnut aussi des arbres.

C’étaient des chênes. Il s’approcha. Il était anxieux. Il avait peur.

Qu’allait-il donc découvrir ? La route s’étendait devant lui à perte de

vue, telle un long serpent noir. Ludovic tendit l’oreille. Il n’entendit

aucun moteur de voiture. Ca ne devait pas être très accidenté par ici.

Un silence oppressant régnait des deux cotés.

Les nuages recouvraient le ciel. Ludovic espéra qu’il n’allait

pas pleuvoir. Il regarda devant lui. Il essaya de distinguer ce qu’il y

avait de l’autre coté de la route. A l’époque, il y avait des champs de

maïs et des champs de blé qui s’étalaient au loin à l’horizon. Ludovic

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ne pouvait pas les voir. Il se demanda encore une fois ce qu’il faisait

là. Il regarda autour de lui. Il chercha un endroit où s’asseoir.

Soudain, il sentit un changement dans l’air. Une présence près de

lui.

Il tourna la tête dans toutes les directions. Mais il ne vit

aucune silhouette humaine. « Ludovic ». Ce dernier sursauta. Il faillit

laisser tomber la carte. Il la plia et la mit dans sa poche. « Ludovic ».

Il connaissait cette voix. « Papa…Papa. Où es-tu ? » Soudain, une

lumière éclaira la route. Ludovic posa ses mains devant son visage

pour se protéger de l’éclat de la lumière. Il cligna des yeux et écarta

ses mains. Il ouvrit la bouche et resta ébahi. Son père se tenait

devant lui.

Etait-ce un fantôme ? « Papa ! C’est vraiment toi ? » Ce

dernier sourit. Il était comme dans les souvenirs de Ludovic, pas une

ride. Même son regard n’avait pas changé. Ludovic sentit l’émotion

reprendre le dessus.

« Tu me manques, Papa

_ Tu me manques toi aussi.

_ Il y a tant de chose que j’aimerais te dire.

- Moi aussi. Mais on n’aura pas le temps »

Ludovic se demanda de quoi parlait son père. « Pourquoi ai-je

dû revenir ici ? » Son père sembla triste. Son sourire s’était effacé.

« Quelque chose de terrible se prépare, Ludo. Une force maléfique

va entrer en action. Il faut l’arrêter ». Ludovic se demanda si c’était

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bien son père qui parlait ainsi. Il l’avait toujours connu comme étant

un homme pragmatique. « De quoi est-ce que tu parles, Papa ? »

Ce dernier secoua la tête. Ludovic vit quelque chose dans ses yeux

qui ne lui plut pas.

De la peur. « Tu as dû te rendre compte qu’une force

maléfique était entrée dans l’immeuble où tu habitais. Il faut l’arrêter

à tout prix ». Ludovic comprit de quoi son père voulait parler. Il se

demanda comment il pouvait être au courant. Son père lui

demanda combien de gens avaient survécu dans l’immeuble. « Ils

sont tous morts à part moi et deux voisins. » Son père secoua la

tête une fois de plus. « Tu te trompes, mon fils. J’ai le regret de te

dire que tu es le seul survivant ».

Ludovic sentit sa gorge se serrer. Son estomac se noua.

« Quoi ? » ; parvint-il à articuler dans un hoquet. « J’ai le regret de

te dire qu’ils sont morts tous les deux après avoir été torturés. »

Ludovic y vit un rapport avec le sommeil dans lequel il était tombé.

Il y avait une ressemblance frappante. Cette scène n’était pas très

différente de ce qui s’était passé quelques jours plus tôt dans

l’immeuble. L’entité le faisait tomber dans un profond sommeil. Elle

en profitait ensuite pour commettre des actes meurtriers.

Il comprit la cause de la souffrance qu’il avait ressentie. Cela

le dégoûta. La chose était heureuse à l’idée de tuer. Elle en

jouissait. Elle laissât éclater sa joie et c’était ça qui l’avait tant fait

souffrir. Elle prenait du plaisir à répandre du sang. « Comment sont-

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ils morts ? » ; demanda Ludovic. « Qui est-ce qui les a torturé ? »

Son père sembla songeur. Il essayait de cacher le malaise que

Ludovic devinait dans ses yeux. « Il vaut mieux que tu ne le saches

pas, Ludo. »

Ludovic préféra ne pas insister. Il savait par expérience que

son père refuserait de lui en parler. Il n’obtiendrait rien du tout. Il

l’apprendrait bien assez tôt. « Que peux-tu me dire sur la

musique ? » Demanda Ludovic. « Qui est la femme qui chante ? Et

les enfants, ce sont les siens ? Pourquoi est-ce qu’ils chantent ainsi

tout le temps ? Pourquoi est-ce que je les ai entendus dans mon

appartement ? »

Le sourire revint sur le visage de son père. « Tu n’as rien à

craindre d’eux, mon fils. Tu peux avoir confiance. Écoute-les

chanter tant que tu veux. Ce sont des amis. Ils sont là pour t’aider

et te soutenir ». Ludovic fut content de savoir qu’il avait de

nouveaux alliés. Des ennemis en moins à affronter. » Alors

pourquoi ai-je senti de la colère après l’avoir entendu ? » Son père

soupira. « Parce que l’entité a repris le dessus, Ludo ». Cette

nouvelle le terrassa.

Ludovic se dit que ce n’était pas bon signe. Il se sentit très

abattu. Mais il essaya de ne pas le montrer. Les choses ne se

présentaient pas très bien. D’après ce qu’il commençait à

comprendre, l’entité était contrôlée par un individu. Mais puissant et

très malfaisant. Pourquoi son père ne voulait pas donner son

identité ? Mystère et boule de gomme. « Donc il est moins puissant

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que cette entité maléfique ? » Jack fronça les sourcils. « Oui,

malheureusement »

Ludovic secoua la tête à son tour. Il se sentit soudain en

colère. « Ils n’ont rien fait pour empêcher cette maudite entité de

me posséder. » Jack sembla contrarié. « Ludovic, tu ne sais pas de

quoi tu parles. Tu n’as pas idée de l’énergie que ça prend à cette

femme et à ces enfants pour que tu puisses les entendre ». Cela

sonna comme un reproche aux oreilles de Ludovic. Mais cela ne

calma pas sa colère. Bien au contraire. « Et moi ? Tu as pensé à

l’énergie qu’il me faut pour me battre contre cette chose ? »

Il venait de crier. Sa voix résonna étrangement autour de lui.

Il eut la chaire de poule. « Je suis désolé que tu ai eu à subir tout

ça, Ludo. Estime-toi heureux de n’être pas resté dans l’immeuble.

Sinon, tu aurais subi le même sort que tes deux anciens voisins ».

Son père semblait bien renseigner sur sa vie. Que savait-il encore

que Ludovic ignorait ? « Qu’est-ce que tu sais encore que tu aurais

oublié de me dire ? » Jack ne sembla pas fâché. Il sembla plutôt

fatigué.

« La seule chose que je peux te conseiller est de te méfier du

magicien. » Ludovic devina tout de suite à quoi son père faisait

allusion. Fernandez Wixplan. Quel rôle jouait-il, celui-là ? Ludovic

vit la peur se transformer en horreur dans les yeux de son père.

Ludovic le rassura. « Ne t’inquiète pas. Je l’ ai viré. Je n’ai plus rien

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à faire avec cet homme. Je ne lui ai pas dit que je venais ici. » Jack

fut extrêmement soulagé d’entendre ça ». « Ne te mets plus en

contacte avec lui. Fuis-le comme la peste Ne le laisse plus

t’approcher ».

Ludovic fut choqué. Son père, Jack Hidlle, était terrorisé par

Wixplan. « Il est venu m’aider. Il m‘a soigné et s’est occupé de moi.

Je crois que tu te trompe sur son compte ». Son père fut en colère.

« Quoi ? Tu l’as laissé te toucher ? Ludovic, bon sang, mais à quoi

est-ce que tu pensais ? » Son père connaissait Fernandez Wixplan.

Ludovic trouva cela bizarre. Mais il ne semblait pas en avoir une

très haute estime. Il sembla en avoir peur. Une pensée affreuse

traversa le cerveau de Ludovic. Fernandez Wixplan était-il

responsable de la mort de son père ?

Cela expliquerait en partie son attitude. Mais il y avait autre

chose qui turlupinait Ludovic. Qu’est-ce que Tony venait faire là-

dedans ? Fugitivement, Ludovic se rappela le discours d’éloge

qu’avait fait Tony sur Wixplan. Un pressentiment le frappa. Tony

était en danger. « Tony ne risque rien pour le moment. » ; lui dit son

père. « Wixplan ne lui fera rien. Comment son père pouvait-il en

être aussi sûr ?

Pour la première fois, Ludovic se mit à douter de lui. « Ma

rencontre avec Wixplan n’est pas quelque chose dont j’aime parler,

Ludo. » ; lui dit son père. « Et oui, tu as deviné que Wixplan a joué

un rôle dans ma mort. Mais il faudrait revenir très loin en arrière. Le

jour où mon chemin a malheureusement croisé le sien. Je ne

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savais pas ce dont il était capable, Ludo. Sinon, je me serais

éloigné de lui pour toujours. Je ne me suis pas laissé faire, je

t’assure. Mais il a de très grands pouvoirs.

J’étais encore jeune et naïf à l’époque. Il m’avait promis de

m’aider. J’ai eu de très gros problèmes de dettes. Alors je me suis

tourné vers lui. Il m’a dit qu’il nous rendrait heureux moi et ta mère.

Que nous serions le couple le plus heureux du monde. Et que nous

n’aurions plus peur de la mort et de vieillir ». Ludovic se demanda

s’il avait bien entendu. « Exact, Ludo. Il nous promettait

l’immortalité. Comment refuser une telle offre ? Ca vaut plus que

tous les millions d’euros du monde. Aucun être humain ne pourrait

refuser. Et ça, Wixplan le savait très bien. »

Ludovic se sentit fou de rage. Il ne pouvait le croire.

Fernandez Wixplan était le plus grand salopard. Si Ludovic l’avait

eu en face de lui, il l’aurait étranglé sans aucune pitié. « Et alors,

Papa. Ca ne justifie pas le fait qu’il t’a tué. » Son père eut un

sourire indulgent. « Tu laisses trop tes sentiments prendre le

dessus sur toi, mon fils ». Mais un pli barra son front. « Je pense

que tu l’apprendras bien assez tôt. Sache seulement qu’il n’avait

pas autant de pouvoirs qu’aujourd’hui. Je sais de quoi ce monstre

est capable. Je t’assure que tant que Wixplan est vivant, le monde

entier est condamné. »

Ludovic croisa les bras. « Beau discours, Papa. Mais je ne

vois pas ce que je dois faire. » Son père le regarda fixement,

comme pour garder gravé chacun des traits de son visage. Il

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regarda soudainement autour de lui. Lorsque ses yeux se posèrent

à nouveau sur Ludovic, ce dernier y vit une grande tristesse. « Je

dois partir, Ludovic. N’oublie pas que les voix sont là pour t’aider.

Ecoute la musique, elle t’aidera dans l’obscurité. Elle est ta

meilleure arme contre Wixplan. »

« Papa ! Attends ! » ; Cria Ludovic « Il y a plein de choses que

je n’ai pas encore comprises. Est-ce que c’est Wixplan qui contrôle

l’entité. Ca veut dire que… En allant le voir, je me suis jeté dans la

gueule du loup. ? « Jack Hidlle ne répondit pas. Il disparut devant

les yeux de Ludovic. Il ne resta plus que l’obscurité. Ludovic était à

nouveau seul prêt de la route. Il regarda de l’autre coté. Demain, il

irait voir ce qu’il y avait dans ces champs. Après il repartirait à

Stamford.

Retour à la ville. Levant, la tête, Ludovic ferma les yeux. Il

devait être capable seul d’entendre les voix. Finalement, il laissa

tomber. La musique se manifesterait, lorsqu’il s’y attendrait le

moins. Il frissonna. Il commençait à avoir froid. La température avait

baissé de quelques degrés. Ludovic referma son manteau. Il n’avait

aucune idée du temps qu’il avait passé là. Il n’arriverait pas à

trouver le lien avec ce lieu. Il devait se souvenir. Il devait se

rappeler ce qui s’était passé.

Ludovic bailla. Il tombait de sommeil. Il y repenserait demain

matin. Il prit sa carte et essaya de ne pas se perdre. Heureusement

que sa lampe de poche fonctionnait. Il revint à l’hôtel complètement

fourbu. Il jeta un coup d’œil dans l’horloge à l’intérieur de l’hôtel. Il

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annonçait vingt trois heures. Il dormit jusqu’à neuf heures. Il

regarda vers la fenêtre. Le soleil entrait à flot, jetant des éclats

brillants.

Ludovic se leva et se prépara rapidement. En plein, jour le

paysage avait une autre atmosphère. Mais lorsqu’il arriva devant la

route, Ludovic ne put se défaire de la mauvaise sensation qu’il avait

eue. Tout était aussi silencieux et désertique. Même le soleil qui

étincelait joyeusement n’atténuait pas la sensation de solitude.

Ludovic eut soudain l’impression d’être dans un cimetière. Il n’eut

tout d’un coup plus très envie de voir ce qu’il y avait de l’autre coté.

Il hésitait. Ce n’étaient que des champs qui s’étendaient.

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Chapitre 6

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Il n’y avait pas de raison d’avoir peur. Que pouvait-il y

avoir d’effrayant ? Et pourquoi faisait-il tout à coup si chaud ? Il y

avait quelque chose d’anormal dans ces changements climatiques.

Ludovic essuya son front couvert de sueur. Il n’avait pas prévu qu’il

ferait si chaud. Ludovic rebroussa chemin. Il tourna le dos à la route

et aux champs de mais. Mais soudain, il sentit que tout son corps se

gelait. L’entité était là, autour de lui. Ludovic se retourna. Ses jambes

tremblaient.

Il tourna la tête. Il ne vit rien mais il savait qu’elle était là. Elle le

fixait de ses yeux voraces. Un sourire carnassier étirait ses lèvres de

prédateur. Ludovic sut que ce lieu était le sien. Il était un intrus.

Effrayé Ludovic se retourna. Il s’imagina presque voir un individu

surgir derrière lui. Mais tout était calme. Il n’y avait pas un seul être

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humain en vue. A supposer que Fernandez Wixplan était bien un

être humain. Ludovic se demanda quel était le but d’un tel homme.

Pourquoi avait-il tué son père ? Etait-il le vrai responsable du

carnage dans l’immeuble ? Avait-il tué les deux derniers voisins ?

Et Tony ? C’était peut-être trop tard. Mais il y avait plus grave.

Où allait-il s’installer le reste du temps. Il ne pouvait pas retourner

dans son ancien immeuble. Il devait éviter d’aller cher lui. Il risquait

de tomber sur Fernandez Wixplan. Mais il devait d‘abord s’assurer

qu’il n’arriverait rien à Tony. Tous ceux qui s’approchaient de

Fernand Wixplan étaient en danger. Ludovic retourna à hôtel. Il prit

son portable pour appeler Tony. Mais ça sonnait occupé. Il attendit

quelques minutes. Finalement, il tomba sur le répondeur de Tony.

Cela l’agaça. Il essaya de ne pas paniquer. Il l’appela au

boulot. Soudain, son portable sonna. Ludovic décrocha. Il eut la

surprise de tomber sur son ancien patron. Marc semblait furieux.

« Qu’est-ce que tu fais, Ludovic ? Ca fait plusieurs jours déjà que tu

ne viens plus. Ca ne te ressemble pas. Je sais que tu avais prévu de

démissionner. Mais ça n’empêche pas de donner de tes nouvelles.

Tu pouvais me dire que tu prenais des vacances anticipées. »

Ludovic regretta soudain de ne pas l’avoir prévenu. « Tu viendras

quand même au pot de départ ? Je te signale, au cas où tu l’aurais

oubliée que tu n’es pas venu signer le contrat de démission ».

Ludovic avait complètement oublié. Il s’était déconnecté de la

vie réelle. Il n’en faisait plus partie. Il ne se voyait pas l’expliquer à

son ancien patron. « Eh, Marc t’en fais pas. Je n’ai pas pu venir

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parce que j’étais occupé. Un problème à régler. Figures-toi qu’une

entité maléfique vient de me posséder. C’est fou, hein ? ». Marc

semblait s’inquiéter pour lui. Ludovic ne voulait pas être pris pour un

dingue. « J’avais des problèmes familiaux à régler. Désolé de ne pas

t’avoir prévenu, Marc. J’ai été submergé. Tu sais qu’un décès dans

la famille, c’est toujours très douloureux ».

Le ton de Marc changea. « Désolé, je ne savais pas. Toutes

mes condoléances, vieux ». Ludovic le remercia. « Ecoute, Marc. Je

passerais signer ma démission dés que je pourrais » Ludovic

regretta de mentir. Mais il ne pouvait pas lui dire la vérité. Marc lui dit

de passer d’ici la fin de la semaine. « Et bonnes vacances » Ludovic

aurait voulu le lui dire. Il pouvait se passer de ces soi disantes

vacances. Soudain, il se sentit bizarre. Le téléphone tomba de sa

main. Il toucha le sol dans un bruit mat.

Ludovic se sentit glisser. Il eut l’impression de partir ailleurs.

Il ouvrit les yeux. Il n’était plus au même endroit. Ce lieu lui était

inconnu. Il vit un homme devant lui. Il était assez âgé. Il devait être

chez lui. Qu’est-ce qu’il faisait là ? Soudain un sourire hideux étira

ses lèvres. Un frisson courut dans son corps. Il se sentit très excité.

Sans savoir pourquoi. Son cerveau eut envie de quelque chose.

Ludovic n’identifia pas ce que c’était. Soudain sa bouche forma un

mot. Du sang. Sa voix était rauque. Ce n’était pas la sienne. Ludovic

comprit. La chose agissait en lui. Elle allait commettre un meurtre.

« Du sang. Du sang. Je veux tuer. Du sang. Je veux faire couler du

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sang ». Ludovic sentit le sien se glacer. L’homme ne sembla pas

remarquer sa présence.

Ludovic comprit pourquoi il était là. La chose allait le forcer à

tuer. Il voulu résister. Mais il perdait du terrain. Une voix forte déchira

son cerveau. « Du sang ! Du sang ! » Ces mots semblaient tracer

comme sur un mur. Son esprit ne lui appartenait plus. Il n’était plus

que témoin. Son visage était déformé par la haine. La joie de tuer

déformait ses traits. Il était en train de se transformer en monstre. La

chose savourait ce moment. Elle était en train de prendre son temps.

L’homme n’avait aucune chance. Il vivait ses derniers instants.

Et il ne le savait pas. Ludovic, où ce qu’il était devenu, s’approcha de

lui. Ca allait être un jeu d’enfants. « TUER ! TUER ! JE VEUX DU

SANG ! DU SANG ! » Ludovic sentit qu’il tombait dans l’obscurité.

Son corps et son esprit étaient devenus ceux d’une créature cruelle

et avide de sang. Il devenait un vampire. Puis, il s’évanouit. L’odeur

du sang monta. Un liquide chand coula. Un bruit et une sorte de

gargouillement lui parvinrent.

Il se vit en train de passer ses mains autour du cou de

l’homme. Son pouls battait sous son doigt. Il serra. Du sang tâcha

ses mains. Il ne savait pas. Etait-il vraiment là ? C’était comme s’il

dormait. Il rêvait. L’autre Ludovic lâcha soudain l’homme. Il

commença à le frapper. Ludovic regarda. Il se sentait prisonnier.

Pourquoi ne faisait-il rien ? L’homme criait et se débattait. Ludovic

l’entendait de la prison où il était. Les larmes roulaient sur ses joues.

Il ne savait pas où il était ni ce qui se passait.

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La chose semblait avoir triomphé. Elle agissait à sa place.

L’homme suppliait. L’autre Ludovic continuait de le frapper. Il lui brisa

la mâchoire d’un coup de poing. D’une pression rapide, il lui broya

l’épaule. L’homme s’effondra en gémissant. Ludovic aurait voulu

sortir. C’était lui maintenant qui était tapi dans l’obscurité. Les rôles

avaient été inversés. L’autre Ludovic écrasa la figure de sa victime

sous son pied. Il lui ratatina le nez. Un bruit mou résonna. Du sang

coula.

Ludovic se sentait impuissant. Il était là sans être présent. Il

n’avait rien vu venir. La chose n’agissait normalement que pendant

son sommeil. Mais cette fois c’était en plein jour. Il était éveillé.

Ludovic comprit. Il sut. La chose s’était nourrie de son énergie. Elle

l’avait vidée. L’autre Ludovic continuait son carnage. Il venait

d’empoigner sa victime par le col de sa chemise. Il réduisit son

visage en sang à coups de tête. Puis l’autre Ludovic prit un couteau.

Le regard de terreur de l’homme sembla le rendre fou de

plaisir. Il taillada son corps. Ludovic aurait voulu hurler. Il devait

reprendre le contrôle de son corps. Il devait arrêter ce massacre. Les

voix. S’il pouvait les entendre. L’autre Ludovic était en train d’ouvrir la

poitrine de sa victime. Les cris de douleur étaient insoutenables.

Soudain, la musique emplit toute la pièce. Ludovic en aurait pleuré

de soulagement. L’autre Ludovic sembla soudain énervé. Il rangea

son couteau.

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La voix de la femme résonnait plus belle et puissante que

jamais. Ludovic ne l’avait jamais trouvée aussi réconfortante. L’autre

Ludovic se tourna vers un miroir. Ludovic était le reflet. « Tu as

gagné pour cette fois. Mais tu n’auras pas toujours autant de

chance ». Ludovic sourit malgré l’horreur qu’il ressentait au fond de

lui. « Attends, je voudrais te demander quelque chose. » L’autre

Ludovic s’arrêta. « Pourquoi laisses-tu Fernandez Wixplan te

contrôler ? Si tu es si puissant, tu n’as pas besoin de lui ».

L’autre éclata de rire. « Tu te trompes. C’est moi qui le

contrôle. Cet homme est entièrement à ma merci ». La chose se

dématérialisa. Ludovic réintégra son corps. Il ne s’était jamais senti

aussi heureux d’être lui-même. Il était revenu dans la chambre

d’hôtel. Ludovic reposa son portable. Marc était toujours à l’autre

bout de la ligne. « Ludovic ! Ludovic ! Tu es là ?» Ce dernier se

demanda quoi répondre. « Marc désolé. Un moment d’absence. Je

te rappellerai plus tard, Bye ». Ludovic éteignit son portable.

Il commença à faire les cents pas. La situation devenait

critique. Et le nombre de ses alliés était mince. Surtout il avait

compris une chose. Mais il aurait préféré s’en passer. Il devait se

tromper. Il l’espéra. Que ce n’était que ça. Il savait que Fernandez

Wixplan avait presque tué tous les habitants de l’immeuble. Il aurait

préféré ne jamais le savoir.

Alors c’était la chose qui contrôlait Fernandez Wixplan et non

l’inverse. C’était sans doute elle qui avait donné au magicien tous

ses pouvoirs. Elle avait tué les deux derniers survivants. Mais les

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flics ne savaient pas tout cela. C’est lui qu’on arrêterait et pas cette

chose. II laissait la tête dans ses mains Au moins, il n’avait dit à

personne qu’il venait là. Il pouvait espérer que les flics ne viendraient

pas. Il s’était laissé faire. Il était vraiment dans de sales draps. Il en

voulu à Tony de l’avoir conduit vers Fernandez Wixplan.

Ludovic alla jusqu’à la salle de bain. Il regarda dans la glace

ce n’était qu’un reflet. La colère bouillonnait au fond e lui Il frappa du

poing contre le lavabo. « Montre-toi, saleté. C’est facile pour toi de te

cacher. Ce n’est pas toi qui vas payer. C’est moi qui vais me

retrouver en prison ! ». Le reflet ne broncha pas. Ludovic ferma les

yeux. Il ne devait pas s’énerver. Son père l’avait mis en garde. Il

devenait faible. « Si tu touches à un seul cheveu de Tony, tu me le

paieras. Tu regretteras pour la mort de mon père ».

Il avait l’impression de parler dans le vide. Mais il savait que la

chose était là. Elle l’entendait. La musique résonna à nouveau.

Ludovic aurait voulu remercier ces choristes invisibles pour leur aide.

Mais il ne savait pas s’ils étaient vraiment là. Il regarda autour de lui.

Il aurait voulu sentir leur présence. A quoi ressemblait la femme qui

chantait ? Ludovic se dit qu’il ferait mieux de quitter cet hôtel au plus

vite. Il n’avait plus rien à faire là. Il appela Tony. Mais il tomba sur la

boite vocale.

Il appela chez lui. Il tomba sur le répondeur. Où était Tony.

Soudain le téléphone sonna. Ludovic pensa que c’était Tony.

« Bonjour, Monsieur Hidlle. Comment se passe votre séjour ? »

Ludovic sentit la colère le reprendre. « Wixplan ». Ce dernier sembla

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beaucoup s’amuser de la situation. Ludovic posa la question qui lui

brûlait les lèvres. « Où est Tony ? » Wixplan rit. Ludovic le détesta

encore plus. « Pourquoi vous le dirais-je ? Si vous voulez tant le

savoir, vous n’avez qu’à revenir à Stamford ».

Ludovic serra les poings. « Si vous lui faites du mal, je… »

Wixplan éclata de faire une nouvelle fois. « Vous m’amusez

beaucoup, Ludovic » Mais ce dernier savait quelque chose sur

Wixplan que celui-ci ignorait Le magicien cessa de rire. Ludovic ne

put cacher son plaisir. Il avait l’avantage sur lui.

Wixplan sourit. Il ne sembla pas impressionné. « Ainsi donc,

vous avez compris. Bravo, Hidlle. Vous êtes beaucoup moins bête

que je ne le croyais. Mais cela ne vous servira absolument à rien. » Il

se moquait de lui. « Vous n’avez pas répondu à ma question. Où est

Tony ? ». Wixplan sembla agacé. « Chaque chose en son temps,

Hidlle. Quittez d’abord votre hôtel. Je vous donnerai ensuite d’autres

indications ». Une prise d’otage. Ludovic se demanda ce qui avait pu

se passer. « C’est de votre faute. Vous avez manipulé Tony. »

Il entendit un éclat de rire. « Bravo, Ludovic. En effet C’est

tellement facile avec cet imbécile. C’est plutôt vous qui risquez de

me posez des problèmes. » Ludovic avait des choses à demander à

Wixplan. Mais il oublia que le magicien pouvait lire dans ses

pensées. « Je vous dirai peut-être un jour ce qui s’est passé entre

moi et votre père C’est moi qui l’ai tué. Pourquoi ? Me demanderez

vous Je n’ai pas de compte à vous rendre ; Hidlle. » Ludovic le haït.

Il lui ferait payer tout le mal qu’il avait fait.

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Wixplan raccrocha. Ce dernier resta le téléphone à la

main. Mais il ne prit pas longtemps à se décider. Il fit son sac. Il alla

rendre ses clés de l’hôtel. Il refit le chemin en sens inverse. Il arriva

vers huit heures à Stamford. Il se sentit piégé. Il n’avait pas coutume

de cela. Il espéra bientôt retrouver Tony. Il regretta soudain d’être

parti. S’il était resté, il aurait pu peut-être sauver Tony. Mais c’était

grâce à son père qu’il avait pu savoir. L’angoisse lui tenaillait

l’estomac. Il avait peur de ce qu’il allait trouver.

Ludovic alla directement chez Tony. Il se jetait dans la gueule

du loup. Il le savait. A moins que Wixplan ne l’ait emmené ailleurs.

Ludovic se rappela soudain l’étrange conciliabule qui avait eu lieu

entre Tony et Wixplan. Il arriva chez Tony en quelques minutes par

le bus. Il frappa à la porte. Personne ne lui répondit. Ludovic poussa

la porte. Elle était ouverte. Ludovic la referma derrière lui. Soudain,

son portable sonna. « Je vois que vous êtes arrivé à Stamford,

Monsieur Hidlle. »

Ludovic se demanda comment Wixplan pouvait le savoir. Il

regarda autour de lui. Wixplan l’espionnait peut-être. « En effet »,

répondit Ludovic. « Qu’avez-vous fait à Tony ? » Wixplan répondit

tranquillement. « Rien pour le moment. Tant que vous vous tenez

tranquille et lui aussi, il ne lui arrivera rien de fâcheux. Alors évitez de

jouer au plus malin, Hidlle ». Ludovic n’aima pas ce ton. « Vous me

menacez, Wixplan Je trouve que vous ne manquez vraiment pas de

culot. Vous êtes à la même enseigne que moi. »

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Wixplan ricana. « Vous ne savez pas de quoi vous parlez,

imbécile. Je pourrais vous réduire en miettes en quelques secondes

si je le voulais » Ludovic secoua le têt. « Je souhaiterais voir Tony. »

Wixplan ne répondit pas tout de suite. Puis il ricana encore. Vous me

décevez beaucoup, mon cher. A moins que vous ne l’ignoriez

vraiment. C’était pourtant évident. Mais nous en reparlerons Venez,

je vous attends. Vous connaissez l’adresse après tout. » Il

raccrocha. Ludovic fit de même. Ludovic décida de se rendre chez le

magicien.

Il ne savait toujours pas ce que son père venait faire là-dedans.

Mais il savait que le lien se trouvait chez le magicien. C’était sans

doute là-bas que Tony était retenu prisonnier. Ludovic espéra que la

chose ne se manifesterait pas. Sinon, il pouvait faire une croix sur

Tony. Si seulement il pouvait contrôler la chose. Il pourrait s’en servir

contre Wixplan. Tout était calme lorsqu’il arriva. Il se souvint de la

dernière fois où il était venu.

Soudain, il entendit la musique. Il fut rassuré. Au moins, il

n’était pas seul. Il se demanda s’il devait sonner. Le portail noir

l’intimidait. A coté sur le mur était gravé sur une plaque « Fernandez

Wixpan : spécialiste en surnaturel et guérisseur ». Ludovic eut envie

de prendre cette plaque, puis de la jeter par terre pour la piétiner.

Mais il entendit la musique. Cela le calma. Il sentit une main

apaisante se poser sur son épaule. Il prit une grande inspiration et

sonna. La grande baptise l’impressionna une fois de plus.

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Ce Wixplan était à l’abri du besoin. Il devait exploiter ses

clients. Ludovic attendit. Personne ne vint ouvrir. La porte s’ouvrit

soudain. Un coup de vent. Mais il n’y avait pas un souffle de brise.

Intrigué, Ludovic entra. S’il s’était attendu à un comité d’accueil, il fut

bien déçu. Personne. Pas de magicien en vue. Ludovic traversa le

jardin. Il se sentit nerveux. Soudain, il trébucha et chancela.

« Non » ; gémit-il. « Pas maintenant ». La chose se manifesta

encore. Ludovic se plia en deux et s’effondra dans l’allée.

Il eut le réflexe de mettre ses mains en avant. Il eut l’impression

d’avoir été assommé. Ses yeux se fermèrent tous seuls. La chose

était en train de se nourrir. Un nouveau meurtre allait être commis.

Ludovic vit une ombre sur le sol. Une silhouette se dressait au-

dessus de lui. Ludovic entendit au loin un ricanement. Non, il ne

voulait pas revivre ça. Il devait trouver un moyen d’empêcher la

chose d’agir. Il devait se battre et triompher. Il n’allait pas la laisser

faire cette fois. Mais il perdit à nouveau connaissance.

Ludovic se retrouva dans un lieu inconnu. Enfin…il ne savait

plus si c’était lui qui était là. Une femme était assise sur un canapé

en train de lire un roman. Elle ne semblait pas avoir conscience de

sa présence. Ludovic sentit qu’il perdait le contrôle. L’autre Ludovic

reprit le dessus. Ludovic se sentit désespéré. Il était impuissant à

réagir. Si seulement, il avait pu retenir la chose à l‘intérieur de lui.

Pourquoi avait-il fait confiance à ce Wixplan ? Ludovic avait eu peur.

Ludovic savait que s’était lui qui se ferait arrêté.

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Il se maudit de ne pas avoir été assez prudent. Il en voulait

aussi à ceux qui chantaient. Ils étaient là pour le protéger. Il avait

entendu la musique pourtant. Leur puissance ne devait pas être très

grande. C’étaient ses seuls alliés. Mais ils n’avaient rien pu faire. La

chose ne se servit pas d’un corps pour être plus forte. Elle voulait

faire le mal. L’autre Ludovic souriait. Il regarda la femme. Tel un

prédateur qui observe sa proie. Ludovic voulut lui crier de s’enfuir. Si

seulement, il le pouvait.

Il avait une idée mais c’était de la folie. Le plan était simple :

Entrer dans le cerveau de la femme puis la prévenir qu’elle courrait

un grand danger. L’autre Ludovic alla vers la cuisine. Je dois

essayer. Je dois essayer. L’autre Ludovic trouva un couteau.

Ludovic savait ce qu’il avait l’intention de faire. Il devait se

concentrer. Je dois viser son esprit. Il se concentra et prononça :

« Vite ! Sauvez-vous ! » Il n’y croyait pas. Mais il n’avait pas le choix.

« Sauvez-vous ! Sauvez-vous ! »

Il pria pour que ça ait marché. Pour que l‘autre ne l’ait pas

entendu. L’autre Ludovic alla jusqu’à la glace. Un sourire amusé étira

les lèvres de son double maléfique. « Tu crois que tu peux l’avertir

comme ça ? Crétin ! Il faut beaucoup d’expérience pour maîtriser la

télépathie ». Ludovic, dans le miroir, se sentit désemparé. « Ca m’est

égal. Je ne vais pas rester à ne rien faire pendant que vous tuez

cette femme. » L’autre Ludovic ricana. « Et tu crois que tu peux

entrer dans son esprit ? » Ludovic le détesta. Il voyait son double

maléfique.

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L’autre Ludovic regarda avec délectation le couteau long et effilé

qu’il tenait dans sa main. Ludovic ne put retenir ses larmes. Est-ce

qu’il y avait tant de haine et de cruauté au fond de lui ? Il secoua la

tête. Ce n’était pas lui. Il ne tuerait jamais personne. Cet être

immonde n’avait rien à voir avec lui. Elle lui était totalement

étrangère. « Tu sais ce que j’ai l’intention de lui faire ? » Demanda

l’autre Ludovic. Il sentit la larme rouler sur ses joues. « Je vais la

lacérer à coups de couteaux et je la violerais ensuite ».

Ludovic se sentit fou de rage. « Ordure ! Sale créature ignoble !

Je te hais ! » L’autre Ludovic éclata d’un rire cruel. « Regarde bien.

Tu vas assister à une œuvre de destruction magnifique. » Ludovic

n’arrivait pas à croire que c’était lui qui parlait. L’autre Ludovic sortit

de la cuisine. Ludovic pria que ce qu’il avait fait avait fonctionné.

L’autre Ludovic jura. Il revint vers la glace. Dans son reflet, Ludovic

vit une colère folle faire rougeoyer ses yeux et transformer son

visage en un masque de haine.

« Salopard » l’insulta L’autre Ludovic. « Elle s’est enfuie.

Ludovic ne put retenir un sourire. Mais sa joie s’effaça. L’autre

Ludovic pointait le couteau vers lui-même. « Arrête ! » ; cria Ludovic.

« Tu n’as pas le droit » L’autre le regarda méchamment. « Erreur, j’ai

tous les droits sur ton corps ». Ludovic sentit soudain une douleur

cuisante. L’autre Ludovic venait de se taillader le bras. L’autre

Ludovic le regarda avec haine. Il cracha sur le reflet. Mais Ludovic

devina qu’il venait de marquer un point.

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L’autre Ludovic se détourna du miroir. Ce fut là qu’eu lieu la

séparation. Ludovic repris connaissance. Il s’était endormi dans

l’allée. Tony ; pensa-t-il soudain. Il se releva précipitamment. Il sentit

une douleur violente dans son bras gauche. Il y posa sa main droite.

Un liquide chand dégoulina. Ludovic baissa les yeux vers son bras. Il

vit du sang qui coulait. Il retira sa main et regarda la blessure. La

coupure était assez profonde. Il ne pouvait cependant pas s’attarder.

Ludovic avança vers la porte d’entrée.

Au moins la chose ne l’avait pas touché aux jambes. Ludovic

courut. Il frappa contre la porte. « Wixplan ! Wixplan ! Je sais que

vous êtes là ! Ouvrez ! » Ludovic fit le tour de la maison. Il regarda à

l‘intérieur par les fenêtres. Il essaya de les ouvrir. Mais elles étaient

fermées. Ludovic regarda autour de lui. Il devait trouver un moyen

d’entrer. Il aperçut soudain une vieille chaise toute rouillée. Ludovic

la prit et s’en servit pour défoncer la fenêtre. Les éclats de verre

volèrent. Il en reçut un dans un doigt de sa main droite.

Sans s’en préoccuper, il entra. Il enjamba le rebord de la

fenêtre. Tout était plongé dans l’obscurité. Ludovic dû attendre que

ses yeux s’habituent. La lumière du jour jetait des reflets dans la

pièce. « Il y a quelqu’un ? » ; cria Ludovic. « Tony ! Tu es là ? Tony ?

Réponds. C’est moi, Ludovic ». Il ouvrit la porte et arriva dans un

long couloir. Il était sombre. Ludovic alla ouvrir la porte à coté. Il

actionna la poignée et poussa puis entra. Il faisait encore plus

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sombre que dans les autres pièces. Le vautour s’était envolé. RAS ;

pensa Ludovic.

Il alla voir dans une autre pièce. Il arriva au pied d’un escalier.

Ludovic monta. Il avança lentement. L’escalier était presque plongé

dans le noir. Il frappa. La porte n’était pas fermée. Lorsqu’il entra, il

vit une silhouette. « Tony, c’est toi ? » Ludovic avança. La silhouette

était immobile. Ludovic trouva cela étrange. Il avança encore. Il

comprit soudain. C’était un homme. Il était mort. Ludovic ne put

détacher ses yeux, à la fois fasciné et horrifié par ce corps inerte et

mort. Une corde était enroulée auteur de son cou. Sa tête pendit

mollement en avant.

Ludovic mit quelques secondes à réaliser que ce visage lui

était familier. Il comprit ce qu’était le bruit étrange qu’il avait entendu

tout à l’heure. C’était le feulement rouillé de la corde. Le corps se

balançait. . Mais ce n’était pas ça le pire. Ludovic savait qui avait été

cette personne. C’était Tony. Ludovic tomba à genoux et pleura.

Wixplan avait dit la vérité. Tony était mort. Il avait été pendu. Ce

n’était pas lui qui avait pu se donner des coups. Ludovic frappa de

ses deux poings par terre.

Il resta dans cette position, continuant de pleurer. Soudain,

une lumière éclaira la pièce. Ludovic sentit une main se poser sur

son épaule. Il releva la tête et se retourna. Une voix chantait. Ludovic

la reconnut. Il vit une femme très belle devant lui. Ludovic se sentit

soudain apaisé. Il vit derrière elle un groupe d’enfants. Une dizaine à

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peu près. Ils ressemblaient à des chérubins. Et pourtant, Ludovic vit

en eux une terrible souffrance. C’étaient des êtres damnés. Ils

n’étaient pas en paix.

Une profonde douleur brillait dans les yeux de chacun d’eux.

Ludovic les regarda. Les voilà donc les fameux chanteurs invisibles.

Ses mystérieux alliés. Ludovic se sentit soudain moins seul et

désemparé. Il n’avait pas compris que la musique était là pour l’aider.

C’était en fait un message d’espoir que lui envoyaient ces êtres de

l’au-delà. Il y avait vu quelque chose de dangereux. Il avait cru que

c’était la musique son ennemi. Et pourtant, ils étaient là le moment

où il avait le plus besoin d’eux.

La femme arrêta de chanter. Elle sourit. Ludovic sut qu’il

pouvait lui faire confiance. Mais tous ceux qui faisaient parti de son

univers disparaissaient peu à peu. D’abord, son père puis ses

voisins, ensuite son meilleur ami. Qui est-ce qu’il perdrait ensuite ?

« Ludovic ». La voix de la femme était douce. « Ne reste pas là.

Fernandez Wixplan t’a tendu un piège ». Ludovic fut intrigué.

« Sauve-toi vite. Ils arrivent ». Ludovic avait d’autres choses à leur

demander. « Attendez. Je ne sais même pas votre nom Dites-moi qui

vous êtes. Mon père m’a parlé de vous ».

La femme sourit. « Je m’appelle Cécilia. J’a connu ton père,

Ludovic ». Ce dernier fronça les sourcils. « Ce n’est pas ce que tu

crois » Ludovic n’insista pas sur ce fait. « Et ces enfants ? Qui sont-

ils » Cécilia secoua la tête. « Nous aurons le temps d’en parler plus

tard, Ludovic. Pour l’instant, tu dois quitter cette maison. Ludovic

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n’eut pas le temps de répondre. Il venait d’entendre un bruit. Il se

précipita vers une fenêtre pour regarder. Plusieurs voitures de police

étaient en train de se garer devant le portail. Ludovic commença à

paniquer.

S’lis le trouvaient là, les flics lui poseraient des questions.

Ludovic comprit ce qui avait dû se passer. Fernandez Wixplan avait

dû appeler la police pour leur dire qu’un dangereux criminel se

trouvait chez lui. Et avec le cadavre de Tony, Ludovic savait qu’il

était fait comme un rat. Ils l’accuseraient tout de suite, même sans

preuve. Ludovic était tombé dans un piège. Il devait partir. « Aidez-

moi » ; demanda-t-il à Cécilia. « Il faut que je sorte d’ici. « Cécilia lui

prit la main. Viens, Ludovic ».

Ce dernier la regarda. Il hésita pendant quelques secondes.

Elle lui sourit pour le rassurer. Les enfants, derrière elle, les

regardaient tous les deux. Puis, ils disparurent. Ils étaient dehors.

Enfin, Ludovic était dehors. Cécilia et les enfants avaient disparu.

Mais Ludovic sentit qu’il les reverrait. Ils ne l’avaient pas abandonné.

Quelques mètres plus loin, il vit la maison de Fernandez Wixplan.

Les flics descendaient de voiture et défonçaient la porte. Ils

entrèrent, armés jusqu’aux dents.

Ludovic fut soulagé de ne plus être à l’intérieur. Il ne put

s’empêcher de sourire. Cette fois, c’était Wixplan qui aurait des

ennuis et pas lui. Ludovic remercia silencieusement ses sauveurs. Il

espérait seulement en apprendre un peu plus Il essaierait de trouver

tout seul. C’était la fin d’après-midi. Ludovic sentit son ventre

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gargouiller. Il n’avait rien avalé depuis plusieurs heures. Il s’en voulu

de penser à cela juste après avoir vu le cadavre de Tony. Mais il

avait faim et il ne pouvait rien contre ça.

A quelques maisons plus loin, il vit une pizzeria. Il décida d’y

entrer. Il y avait du monde et s’était animé. Ludovic se rendit compte

à quel point, depuis quelques jours, il s’était déconnecté de la réalité.

Il alla s’installer seul à une table. Il s’assit et regarda par la fenêtre. Il

faisait beau. Ludovic repensa soudain à Marion. La tristesse et la

nostalgie commencèrent à poindre leur nez. Ludovic se souvint de la

dernière fois où lis étaient allé au restaurant ensemble. Maintenant, il

était seul.

Ludovic commanda une orientale et un coca light. Il mangea.

Mais la nourriture n’avait aucune saveur. A la table à coté de la

sienne, un couple parlait en se tenant la main. Ludovic sentit son

cœur se serrer. Peut-être que dés que tout serait terminé, il devrait

rappeler Marion. Oui, c’est ce qu’il ferait. Il mangea sans plaisir et but

son coca. Il commanda un café. Il demanda l’addition, paya puis

partit. La tristesse et les regrets commencèrent à se dissiper.

Ludovic s’en voulait d’être tombé aussi facilement dans le

piège de Fernandez Wixplan Mais il n’avait pu se douter de ce qui

l’attendait. Les flics en seraient pour leurs frais. L’oiseau s’était

envolé avant qu’ils n’aient pu l’attraper. Le problème pour lui était de

savoir comment échapper à Fernandez Wixplan. Trop de sang avait

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été versé. Ludovic se demanda comment il pourrait empêcher le

magicien d’agir. La chose, l’autre Ludovic entrait en communication

avec lui.

Soudain, une voix déchira son cerveau. « Qu’est-ce que vous

pensez de ma petite farce, Hidlle ? » Ludovic connaissait cette voix.

Fernandez Wixplan. Ce dernier pouvait donc communiquer avec son

esprit. « Je tenais à vous féliciter. Je ne pensais pas que vous vous

en sortiez ». Ludovic sentit une douleur affreuse Comme si un nerf

avait éclaté. Wixplan rit. Cela énerva Ludovic. Mais il ne voulait pas

lui répondre. « Ce n’était pas mal votre petite astuce ». Ludovic en

profita pour se renseigner. « Qui est cette chose ? Avez-vous une

idée sur son nom ? »

Wixplan ne répondit pas. Ludovic pensa qu’il avait quitté son

esprit. « A quoi cela vous servirait, Hidlle ? » Ludovic en avait bien

une petite idée. « Quand je pense que je vous avais pris pour un

allié » Wixplan ricana. « Je peux lire dans vos pensées, Hidlle ».

Mais Ludovic ne fut as impressionné. « Quel naïf, vous êtes, Hidlle.

Que c’était facile de vous avoir ». Ludovic se retint de lui crier d’aller

se faire voir. Il ne devait pas s’emporter. A l’état actuel des choses,

Wixplan pouvait encore l’aider. « Alors, cette réponse. Ca vient ? »

Wixplan resta silencieux. « Bon sang, Hidlle. Vous croyez

vraiment que j’ai le droit de vous devoir ça. » Ludovic se moqua bien

de ses états d’âme. « De quoi avez-vous peur, Wixplan ? » Il avait

vu juste. Ludovic n’avait plus aucun doute là-dessus. « Alors, c’est

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vrai, cette chose vous possède entièrement, hein, Wixplan ? »

Silence. Ludovic crut que Wixplan s’était déconnecté, vexé qu’il ait

découvert son point faible. « Oui, c’est vrai ». Ludovic sursauta.

Wixplan n’avait pourtant pas crié. « De quoi ? » ; Demanda

bêtement Ludovic ».

Wixplan ricana. « Bien sûr qu’il peut me tuer. Ludovic enregistra

cette information, perplexe. « Il ? »

«_ Oui, on peut dire que cette chose est vivante. Si j’étais vous, je

ferais attention. Ce qui pourrais vous arriver, pourrait être pire que

tout ».

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Ludovic ne put s’empêcher de sourire. Vous vous inquiétez de

ma santé, Wixplan? C’est très gentil à vous ». Je ne m’en serais

jamais douté. Le contact fut coupé Il attendit que sa migraine passe.

« Fais attention, Ludo. Ne le laisse pas faire ça trop souvent » La

voix de son père. « Pourquoi ? » ; demanda-t-il à haute voix. Des

passants se retournèrent, intrigués. Ludovic regarda autour de lui. Il

avait oublié qu’il se trouvait dans la rue. « Tu laisses Wixplan avoir

trop de prises sur toi, Ludo. C’est dangereux ». Au point où j’en suis,

ça ne changerait pas grand-chose.

Il aurait voulu arrêter ces voix dans sa tête. Ca l’épuisait. Il

n’avait pas beaucoup de cartes en main. La situation lui échappait

presque complètement. « Je suis dans un sale pétrin ». Ludovic

continua de marcher. Il n’avait nul part où aller. Il était un fugitif. Il

devait trouver un moyen de faire accuser Fernandez Wixplan à sa

place. Mais il ne savait pas encore comment. Ludovic s’arrêta. Il se

prit la tête entre les mains. La situation était inextricable. Même s’il

se faisait accuser, le magicien avait de quoi se payer tous les

avocats de Stamford.

Ludovic y risquait bien plus que son porte-monnaie. « Ce

salopard m’a eu jusqu’au trognon ». Soudain, il entendit une voix

l’appeler. Et ce n’était pas dans sa tête. « Monsieur Hidlle ». Il

tourna la tête et se retint de crier. Deux inspecteurs de polices

arrivaient dans sa direction. Ludovic n’hésita pas. Il tourna les talons

et se mit à courir. Si ces deux flics le rattrapaient, c’était la perpétuité

assurée.

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Les deux autres se jetèrent à ses trousses. Ces deux bougres

courraient vite. Bien plus vite que lui. « Monsieur Hiddle, arrêtez-

vous ! » Ludovic courut à perdre haleine. Son cœur battait la

chamade. La sueur perlait sur son front. Des larmes roulèrent sur

ses joues. « Je suis maudit, je suis maudit. Je suis maudit» Ludovic

comprit. Quel crétin ! Il avait dû laisser des indices traîner. Il aurait dû

savoir qu’un individu laisse toujours des traces sur son passage. Il

était cuit.

L’autre Ludovic ricana. Il se tourna vers les flics. « Monsieur,

Hidlle. Vous êtes en état d’arrestation. L’autre Ludovic les regarda

avec mépris. Il leur fit un signe de la main. Puis, il disparut. Il se

téléporta vers un endroit que Ludovic ne connaissait pas. Ludovic fut

soulagé. Il avait échappé aux flics. Il se sentit fatigué. Il n’avait pas

peur. Pour un peu, il se serait cru dans un épisode d’ X files. En

fermant les yeux, il aurait pu croire que les agents Mulder et Scully

allaient entrer dans la pièce.

Ludovic se sentit impuissant. Ludovic savait qu’il y avait pleins

d’éléments de sa vie qu’il avait oubliés. Il les avait laissés dans de

recoins cachés de on esprit. On faisait tous ça. Mais Ludovic savait

qu’il n’avait aucune prise sur son inconscient. Mais cela n’appartenait

qu’à lui. « Tu te trompes, Ludo. Je sais déjà tout ce que tu as vécu.

Il ne voulait pas y croire. « Où sommes-nous ? », demanda Ludovic.

Il préférait changer de sujet.

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Mais il n’en eut pas le temps, il se retrouva dans son corps.

Soudain, il se sentit propulser par terre. Il se retrouva allongé, le nez

sur le bitume. Deux mains mirent ses bras dans son dos. « Ludovic

Hidlle, je vous arrête pour les meurtres de quinze personnes, plus

ceux d’un homme et d’une femme ». D’un geste brutal, il l’obligea à

se relever. « Vous êtes fou. Vous croyez vraiment qu’une seule

personne aurait pu faire tout ça ? »

Les deux inspecteurs s’arrêtèrent, un peu désarçonnés. « Vous

n’avez aucune preuve que c’est moi. Vous cherchez juste un

meurtrier ». Et c’était vrai. Il n’y avait aucun témoin. « Vous vous

rappelez ? C’est moi qui suis venu faire une déposition. » Les deux

inspecteurs hochèrent la tête. « Parce que j’ai eu peur que vous

m’accusiez. Et j’ai eu raison. » Les deux inspecteurs le regardèrent

un peu indécis. « Je vous jure que je ne suis pas coupable ».

L’inspecteur qui le tenait, le lâcha.

Ludovic s’écarta de quelques pas. Puis, il se tourna vers eux.

Peut-être que ces ceux-là pourraient devenir des alliés. Il en aurait

bien besoin. Encore faudrait-il qu’il ne passe pas pour un fou. «

Alors » ; dit l’un. « Vous pourriez peut-être nous dire ce que vous

faisiez lorsqu’on eu lieu les meurtres. » Ludovic baissa les yeux. «

Je…je ne sais pas ». Mauvaise réponse. « Vous pouvez trouver

mieux que ça » Ludovic recula. « Suivez nous au poste, vous nous

expliquerez ça ». Ludovic déglutit. « C’est à cause de Fernandez

Wixplan que vous êtes là. Lui, vous l’avez écoutez. Mais pas moi ».

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Les deux inspecteurs n’apprécièrent pas d’être pris de haut. «

Vous devriez parler sur un autre ton, monsieur Hidlle ». C’était mal

parti. « Ecoutez, je vous jure que ce n’est pas moi qui ait tué tous

ces gens ». Les deux flics s’esclaffèrent. « Oui, c’est ça. Et moi, je

suis la reine d’Angleterre et lui c’est Michael Jackson. Au poste, mon

vieux. Tu nous expliqueras tout ça ». Ludovic se sentit désemparé. Il

n’avait aucun moyen de prouver qu’il disait la vérité. « Je vous

assure que vous vous trompez ».

Les deux inspecteurs secouèrent la tête. « Tu ferais mieux de

te taire. Tu es en train de t’enfoncer tout seul. » Ludovic serra les

dents. Il avait envie de leur cracher au visage, de se jeter sur eux et

… Mais il devait se contenir. Ne laisse pas tes émotions prendre le

dessus. « Et voilà, je vais me retrouver à l’asile » où plutôt derrière

les barreaux. Ces deux-là ne voudraient certainement jamais le

croire. « Regardez au moins ce qu’à fait Fernandez Wixplan ces

derniers jours ».

Ludovic regarda autour de lui. « Pourquoi parlez-vous de ce

type ? » Lui demanda un des deux inspecteurs. C’était l’inspecteur

Warren. Il avait travaillé longtemps dans la police. Mais il était

rarement tombé sur un tel cas. Ce gars, en face d’eux, devait être

barjo. Il était venu quelques jours plutôt raconte une histoire à dormir

debout. Les gens de son immeuble se seraient tous massacrés les

uns les autres. Lui serait en train de roupiller à ce moment-là. Et il

était là à leur sortir que ce n’était pas lui qui avait tué tous ces gens.

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L’inspecteur Jaudris prit une clope et l’alluma. Il semblait aussi

sceptique que son co-équipier. Ludovic les regarda tour à tour. Il

devait se mettre ces deux là dans la poche. « Tenez si vous voulez

vous n’avez qu’à faire une enquête dans l’immeuble ». Les deux

inspecteurs rirent de plus belle. Ludovic regrette de ne pas leur avoir

échappé. « Vous pensez aussi, j’imagine. Que j’ai tué Tony

Erwan ». Ils ne cherchèrent même pas à le nier. « Et bien, allez voir

et vous verrez qu’il n’y a pas que mes empreintes. Fernandez

Wixplan a dû laisser les siennes ».

Ludovic savait qu’il risquait gros. Mais il avait peut-être une

chance de les convaincre. Ludovic haussa les épaules. Il tourna la

tête vers la maison de Fernandez Wixplan. Son ami gisait là. Son

cœur se serra. Il comprit qu’il faisait fausse route. Il n’arriverait pas à

convaincre ces deux flics. Ils l’enverraient croupir en prison sans

remord. Je dois leur échapper. Ces deux-là ne peuvent rien pour

moi. « Bon assez ri. Vous allez venir avec nous et gentiment nous

expliquez out ça.

Ludovic ne vit pas ce qu’il pouvait faire d’autres. Soudain, il

aperçut Cécilia qui le regardait. Elle se tenait debout derrière les

deux policiers. Elle souriait, l’air de lui dire : « Ne t’inquiète pas. Tout

ira bien. Mais le deux flics l’emmenèrent avec eux. Cécilia

s’approcha des deux inspecteurs. Ludovic comprit que lui seul

pouvait la voir. Elle murmura quelque chose à l’oreille des deux flics.

Aucun des deux n’eut conscience de sa présence. C’était un

fantôme. Il ne comprenait pas pourquoi elle l’aidait.

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Les deux inspecteurs le regardèrent en souriant. « Excusez-

nous, mon vieux » ; lui dit l’inspecteur Warren « Je crois que nous

nous sommes trompés. Nous allons retourner fouiller la maison de

Fernandez Wixplan ». Cécilia sourit à Ludovic. « Toutes nos

excuses et bonnes journées ». Avant que Ludovic n’ait pu répondre

Jaudris et Warren s’éloignèrent. Cécilia était toujours là. Ludovic lui

sourit. « Vous m‘avez aidé, merci ». Mas il vit une ombre sur le

visage de Cécilia. « Tu n’es pas encore tiré d’affaire. Wixplan va

frapper à nouveau. Il tuera tous ceux que tu aimes ».

Ludovic pensa à sa mère et à sa sœur. Il allait aussi s’en

prendre à elles. « Qu’est-ce que je dois faire ? Est-ce que je dois

leur dire la vérité ? » Il se sentait épuisé. Il avait failli se faire arrêter

pour de bon. Il ne voulait pas perdre sa liberté. Si Wixplan veut tuer,

je ne vois vraiment pas comment lui échapper.

Ludovic ne voulut pas se laisser abattre. Il va s’en prendre à ta

mère. Ludovic sursauta. « Quoi ? » ; s’exclama-t-il. Ludovic regarda

Cécilia. « Aidez-moi. Si ce monstre veut s’attaquer à ma mère, je

dois à tout prix l’en empêcher. Sa mère avait toujours fat preuve de

courage lorsque son père annonçait qu’il ne pourrait pas revenir le

soir. Ludovic avait cru pendant longtemps qu’elle se résignait. Elle

aurait pu empêcher son père de partir et insister pour qu’il reste à la

maison.

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Ils s’étaient souvent disputés. Sa mère avait toujours été

courageuse. Elle avait fait de son mieux pour élever ses enfants. Et

pour accepter de vivre avec un policier qui passait plus de temps

dans les rues qu’à la maison. Ludovic repensa à son insistance pour

qu’il se marie. Il ne voulait pas se retrouver orphelin. Mais qu’est-ce

qu’il pouvait lui dire ? « Oh, Salut Maman, c’est Ludo. Je ne voulais

pas te déranger. Tu ne vas pas le croire. Il y a un magicien fou qui

veut ma peau. »

Ludovic prit son portable. Il appuya sur le petit téléphone rouge.

Il imagina la tête des deux inspecteurs s’il leur avait dit que son père

avait été policier. Il imagina celle de Wixplan si les flics débarquaient

pour l’arrêter. Ludovic ne lui pardonnerait pas s’il touchait à un seul

cheveu de sa mère. Ludovic regarda dans son annuaire personnel. Il

fixa le nom de sa mère. Il s’aperçut qu’il avait un message. C’était

Julia. Ils ne s’étaient pas vus depuis plusieurs semaines.

Ils n’étaient pas fâchés. Ils n’avaient simplement pas le temps

de se voir. Son portable sonna. Un appel. Shattered, de Trading

yesterday. C’était un ami qui l’a lui avait envoyée. La tristesse de la

mélodie allait bien avec son état d’esprit actuel. Il décrocha. Il se

félicita d’avoir eu le réflexe d’emmener toujours son portable. A sa

voix, il sut que Julie était complètement paniquée. « Ludo, il est

arrivé quelque chose d’affreux » Ludovic prit sur lui-même. Le ton

geignard qu’il entendait dans la voix de sa sœur avait toujours eu le

don de l’exaspérer.

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Elle faisait exprès de le prendre, rien que pour l’agacer. « Qu’est-

ce qu’il y a, Julia ? ». Il le devina mais préféra le refouler dans un

coin de sa tête.

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Chapitre 7

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Julia sembla chercher ses mots. Ludovic

entendit ses sanglots. Il chercha d’abord à la calmer. « Julia, respire

un bon coup et essaie de te détendre. » Ludovic crut être un psy en

train de réconforter un patient. « Ludo,… Je ne sais pas ce qui s’est

passé… je l’ai appelé… Elle ne répondait pas… J’ai pensé qu’elle

devait être occupée. Je l’ai rappelée plus tard. Elle ne répondait

pas… Alors, je me suis inquiétée. Je me suis rendue ensuite chez

elle… » Ludovic se sentit soudain très mal.

Il ne voulait pas savoir ce que sa sœur avait vu en arrivant

chez leur mère. Mais il posa la question qui lui brûlait les lèvres. «

Comment va-t-elle. ? Est-ce qu’elle est blessée ? » Silence gêné.

Ludovic pouvait sentir le malaise de sa sœur. « Julia, s’il lui ait arrivé

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quelque chose de grave, tu dois me le dire. » Bruit de déglutition.

« Tu as raison, Ludo. Tu as bien le droit de savoir ». Ludovic se

gratta le sommet du crâne. Il ne sut pas comment interpréter cette

phrase. Il se demanda pourquoi sa sœur ne l’avait pas appelé avant.

Ils auraient pu aller la voir ensemble. Il aurait été là pour la

soutenir. Au lieu de quoi, Julia s’y était rendue toute seule. Mais Julia

semblait aller bien. Elle n’avait pas été blessée. « Où es-tu ? » ; lui

demanda Ludovic. « Chez Maman, dans le salon." ; Lui dit Julia.

Puis d’une voix implorante. « Viens, s’il te plait, Ludo. Je ne veux

pas rester là toute seule ». Ludovic lui répondit qu’il arrivait. Il éteignit

son portable. Il se sentit frustré. Trop tard. Fernandez Wixplan s’en

était pris à sa mère.

Mais ce n’était pas terminé. Elle était vivante. Il prit le bus. Il

descendit au bout de quatre stations. Puis il tourna à droite. Il

marcha une dizaine de minutes. Son ventre commença à se serrer

au fur et à mesure qu’il approchait. Il n’y avait aucun bruit. Ludovic

détesta ce silence. Il lui rappelait trop le matin où il s’était réveillé

dans l’immeuble complètement désert. Un frisson courut dans son

dos. Il ne voulait pas se rappeler cette terrible journée même si le

présent ne valait pas mieux.

Alors, quel effet, ça fait de se sentir désespéré au point de

vouloir mourir. Il serra les poings, furieux. La rage bouillonnait en lui,

plus forte que jamais. « Qu’est-ce qui te fait le plus peur, hein ? De

te retrouver tout seul ? De t’apercevoir qu’en fait tu n’es rien ? »

Ludovic aurait voulu faire taire cette maudite voix. « Je n’ai as peur.

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Que sais-tu de moi ? Tu ne me connais pas » La voix reprit, cruelle.

« C’est ce que tu crois. Mais je te connais

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Ludovic se plia en deux. Il sentit soudain une terrible douleur

lui arracher le ventre. « Il s’effondra sur le sol « Et toi qu’est-ce que

tu crois connaître. Tu vis dans un monde d’illusion ». Ludovic se

tordait de douleur. Les larmes brouillèrent sa vue. « Pitié…si ma

mère est… et qu’elle me voit comme ça ». La souffrance cessa d’un

coup. Ludovic releva la tête. Il s’était roulé en boule pour échapper à

la douleur. Ludovic respira un bon coup. De la sueur dégoulina sur

son visage.

Il tremblait comme une feuille. Ludovic eut la sensation

que quelqu’un se penchait sur lui. Il ouvrit les yeux. Il n’y avait

personne. Ludovic se releva. « Si tu veux en finir avec Wixplan, tu

dois être capable de vaincre ta peur ». La voix de son père. Ludovic

hocha la tête. Soudain, il entendit un bruit. Il n’arriva pas à définir

quelle était la cause. Etait-il trop tard ? Il fonça. Faites que je n’arrive

pas trop tard. Soudain, il bouscula quelqu’un. Il vacilla et recula.

C’était Julia.

Elle avait l’air complètement hagard. Ludovic sentit son

cœur se serrer. Des larmes brillaient dans les yeux de sa sœur. Elle

était défaite. Ludovic voyait les sillons laissés par la douleur. Il la prit

dans ses bras. « Que se passe-t-il ? Où est Maman ? » ; Lui

demanda-t-il lorsqu’ils s’écartèrent l’un de l’autre. Julia secoua la

tête. Elle désigna du doigt la pièce à l’extérieur. Ludovic ne posa pas

plus de questions. Il se précipita. Il s’arrêta sur le seuil. Une femme

déjà âgée se tenait assise sur une chaise. Ludovic n’y vit rien

d’effrayant. Il s’approcha.

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Il ne vit aucune blessure sur le corps de sa mère Il

regarda autour de lui. Pas de trace de sang. Elle se tenait de profil,

les yeux perdus dans le vague. Sans douta à cause du choc. Elle

devait avoir subi un traumatisme. Ludovic s’approcha. Il la contourna

pour se trouver en face delle. Il ouvrit la bouche. Mais aucun son

n’en sortit. Cela le frappa. Il n’avait plus devant lui qu’un corps sans

vie. Une coquille vide. Une sorte d’Alzheimer. Il regarda dans les

yeux de sa mère. Il n’y vit rien.

Fernandez Wixplan avait transformé sa mère en légume.

Julia arriva. Ludovic ne l’entendit pas entrer.

« Qui a fait ça, bon sang ? Pourquoi est-ce qu’on a fait ça à notre

mère ? Pourquoi ? Regarde-là. Elle ne ressemble plus à rien. Ce

n’est plus un être humain. C’est…c’est… ». Julia s’effondra en

larmes. Ludovic la releva et la prit dans ses bras. Il l’enlaça et ils

pleurèrent ensemble. Il emmena Julia. Elle tomba sur un fauteuil.

Ludovic s’assit coté d’elle. « Qu’est-ce qui se passe, bon sang ? » ;

demanda-t-elle. « Un type habillé bizarrement est entré ici. Il a parlé

de toi. Puis il s’est jeté sur Maman ».

Ludovic passa un bras autour de ses épaules. « Je

t’expliquerais tout ça plus tard. » Julia s’écarta de lui et planta ses

yeux dans les siens. « Non. Dis-moi, maintenant. Si ce type a un

rapport avec toi, j’ai le droit de savoir ». Ludovic soupira. Il n’avait

plus vraiment le choix. S’il ne lui disait pas, il risquait de perdre sa

confiance. « Très bien. Je vais tout t’expliquer. Mais je pense que

nous devrions aller ailleurs ».

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Julia cria soudain. Ludovic sursauta. La porte d’entrée venait

de s’ouvrir violement. « Mais, qu’est-ce que c’est ? » ; cria Julia. Elle

serra le bras de Ludovic. Il sentit les ongles de sa sœur s’enfoncer

dans sa peau. Ludovic serra les dents. « Ce n’est rien » ; dit-il, se

voulant rassurant. « Il essaie juste de nous faire peur ». Julia

tremblait contre lui. Il passa un bras autour de ses épaules. Elle se

blottit contre lui. « Mais qu’est-ce que nous veut ce type ? ». Ludovic

se sentit gêné.

Il aurait dû se douter qu’il ne pourrait pas garder tout ça

pour lui. Julia leva les yeux vers son frère. « Il en a après toi ».

Ludovic eut peur. Il ne voulait pas que sa sœur le rejette. « Oui,

c’est vrai » ; répondit-il. « Ecoute, ce serait long à expliquer. » Julia

ne l’écoutait plus. Elle se leva et alla dans la chambre. Sa mère

n’avait pas bougé. Ludovic arriva derrière Julia et la regarda. Il avait

l’impression d’avoir en face de lui une statue. Il se demanda

comment Wixplan avait fait.

Julia prit la main de sa mère dans la sienne. « Qu’est-ce

qu’on attend, Ludo ? » ; cria–t-elle. « Il faut l’emmener à l’hôpital. »

Ludovic secoua la tête. Il ne sentit pas encore la douleur. Elle devait

être anesthésiée pour le moment. Il secoua la tête. Julia se précipita

vers lui. Il recula. « Qu’est-ce que tu crois, Ludo. Tu es fou ! On ne

peut pas la laisser comme ça ! ». Ludovic garda son sang froid. Sa

voix fut étrangement calme. Comme s’il ne ressentait plus rien. Il

avait refoulé ses émotions. « Elle est morte, Julia. Regarde-là. Il n’y

a plus une seule once de vie en elle. C’est fini. » Julia s’énerva.

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Ludovic eut peur qu’elle ne fasse une crise d’hystérie. «

Non, non. C’est faux ! Personne ne peut transformer un individu en

légume ! ». Ludovic savait qu’elle avait tort. « Pour un magicien ou

un sorcier, ce ne doit pas être très compliqué » ; pensa-t-il.

Fernandez Wxplan s’y connaissait en magie noire. Ca devait être un

jeu d’enfant pour lui de transformer quelqu’un en coquille vide. «

Elle se tient assise mais elle est inconsciente. Il lui a enlevé toutes

ses facultés. Elle est pire qu’un bébé de quelques mois. Elle ne nous

voit sans doute même pas. »

Il pouvait passer une main devant ses yeux. Sa mère ne

réagirait pas. Elle n’était nulle part. Elle était morte. Pourquoi ?

Pourquoi faites-vous ça, Wixplan ? Il aurait bien voulu le savoir.

Pour pouvoir rassurer sa sœur. C’était un véritable cauchemar. Des

années plus tard, Ludovic se demanderait encore ce qu’il aurait pu

faire. Il repenserait à Tony. Il s’en voudrait encore de n’avoir pas été

là. Les amis devraient toujours se soutenir. Tony avait voulu l’aider.

Et lui, Ludovic, l’avait repoussé.

Ludovic se décida à dire la vérité à sa sœur. « Tu ne me

croiras pas. Et je ne sais pas par où commencer. Je ne suis même

pas sûr que tout cela me soit arrivé. Il y a de quoi devenir dingue, je

t’assure. Mais je peux te dire qui est ce type. D’ailleurs, si tu veux le

savoir, ce n’est pas difficile. Tu trouveras tout sur Internet. » Ludovic

et Julia étaient assis face à face autour de la petite table dans la

cuisine. Ludovic s’était couché tôt. Ils avaient laissés leur mère à la

place où elle était assise.

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Ludovic s’était finalement décidé à tout révéler à sa sœur. Ils

étaient en train de prendre leur petit-déjeuner. Ils faisaient tout pour

maintenir l’illusion d’un matin comme les autres. Ludovic regrettait

que sa sœur soit entraînée là-dedans. Il s’était évertué à protéger

ceux qu’il aimait. Mais la vie continuait pour les autres. « J‘ai

cherché plusieurs fois de t’appeler et tu ne répondais pas » ; lui fit

remarqué Julia. Si tu me disais ce qui s’est passé ».

Ludovic déglutit. C’était un reproche. « Je n’étais pas chez

moi. Je n’habite plus à cette adresse ». Julia fronça les sourcils. «

Tu a été viré ? » Ludovic serra les dents. Sa sœur le faisait-elle

exprès ? Elle n’avait rien compris. Il n’y avait rien de normal dans

tout ça. Ludovic but une gorge de café. Julia mordit dans une

biscotte puis fixa ses yeux sur son frère. « Il s’est passé un

évènement horrible » ; lui dit Ludovic Julia ouvrit la bouche. Mais

Ludovic fit un signe pour la faire taire.

« Laisse-moi parler, s’il te paît. Ce n’est pas évident à

expliquer ». Julia se tut et attendit qu’il parle. « Les habitants ont

tous été tués. » ; Lui dit Ludovic. Julia resta bouche bée. Ludovic

poursuivit, craignant de ne pas pouvoir aller jusqu’au bout. « Ca

s’est passé pendant la nuit. Je me suis réveillé vers dix heures.

C’était un samedi. Tout était paisible. Normalement, c’est assez

bruyant, le week-end. Mais là, c’étai vraiment le calme plat. » Julia

avait arrêté de manger et le fixait avec des yeux grands comme des

bulles. Elle le regarda, ébahi. Ludovic ravala sa salive et poursuivit.

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« Je suis sorti de mon appartement. Je suis allé voir ce qui se

passait Tu ne vas pas le croire. J’ai vu du sang. Il y en avait plein

dans les escaliers. »

_ Du sang ?"; répéta Julia en écho.

_ Oui ; répondit Ludovic. Beaucoup de sang ». Il ne savait pas s’il

pouvait parler à sa sœur de la musique et de Cécilia. L’histoire était

déjà assez incroyable. Ce serait pire s’il parlait de fantômes. « Mais

deux d’entre eux étaient vivants. J’ai cru que c’étaient eux les

coupables. Et je me suis enfui. »

Julia semblait retenir sa respiration. « Je suis allé ensuite

voir Tony ». Julia n’en revint pas. « Pourquoi est-ce que tu n’es pas

venu chez moi. Jérôme et moi, nous aurions été heureux de

t’accueillir. » Ludovic fut médusé. Sa sœur l’énervait parfois. « Je ne

voulais pas que tu soit impliquée. Mais ça n’a servi à rien puisqu’il

s’en est pris à Maman ». Julia haussa les épaules. « Ludo, je suis

moins stupide que tu ne le crois. J’ai bien compris que tu avais

affaire à des forces surnaturelles. Si ça peut t’aider tu n’es pas le

seul à avoir dû affronter la magie noire. » Ludovic regarda sa sœur,

interloqué.

Mais Julia ne sembla pas avoir envie d’évoquer plus son

expérience du paranormal. Ludovic n’insista donc pas. Julia le

pressa de continuer son histoire. « Bon, tu as vu Tony et

ensuite ? ». Ludovic poursuivit. « Il a accepté de m’héberger. Il m’a

présenté ensuite à Fernandez Wixplan ». Julia bondit. « Quoi ?

Fernandez Wixplan ? » Julia fronça les sourcils. « Tu le

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connais ? » ; demanda Ludovic. « Oui, tu m’en as parlé, hier ».

Ludovic sourit.

Il se souvint. « Tony m’a chanté ses louanges. J’étais

sceptique. Je suis allé faire un tour sur Internet pour trouver des

informations sur lui. » . Julia le regarda avec des yeux ronds. « On

dirait qu’il a trouvé tous les moyens nécessaires pour appâter tous

les pigeons qui passent. »

_ Merci pour les gogos » ; répondit Ludovic. Son essai pour faire de

l’humour tomba comme un coup d’épée dans l’eau.

Julie eut un sourire qui ressemblait plus à une grimace. «

Et après, je parie que tu l’as contacté. » Ludovic acquiesça. » En

effet ». C’était tout ce qu’il avait à dire. Il se sentait mal à l’aise.

Comme s’il s’était fait avoir. Il n’était qu’un gogo comme disait sa

sœur. « Bon, et que pouvait-il faire ? Je n’ai rien vu de surnaturel

dans ton histoire. » Ludovic se mordit la lèvre. « Et bien en fait… »

Julia allait se moquer de lui ou le prendre pour un fou. Ludovic avait

plus besoin que jamais qu’elle lui fasse confiance.

Il n’y avait jamais eu vraiment de problème être eux. Ils

s’étaient toujours bien entendu. « Jérôme va bientôt arriver. Il devait

sortir hier. Il devrait être de retour dans l’après-midi. » Ludovic sentit

que sa sœur avait besoin de se rattacher à un élément habituel,

n’importe quoi qui la ferait retourner à sa vie de tous les jours.

Ludovic se moquait bien de se que pouvait faire Jérôme. Mais c’était

important pour Julia. « D’accord ». Julia parut enchantée. Ludovic

n’avait vu Jérôme qu’une ou deux fois.

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Il lui avait parut antipathique. « Je suis allé avec Tony voir

Wixplan à une de ses représentations. Pour moi, c’était juste un

divertissement. Je n’y croyais pas. Mas j’avoue que j’ai été

impressionné. » Plus il continua son récit, plus l’effroi grandissait sur

le visage de Julia. Elle le regarda fixement lorsqu’il eut terminé. Le

reste de son café refroidissait dans sa tasse. Le temps passait mais

pour elle tout semblait s’arrêter. Ce n’était pas difficile pour Ludovic

d’imaginer ce qui se passait dans sa tête.

Elle essayait de digérer tout ce qu’il lui avait raconté. « Tu as

été possédé ? ». Ludovic savait que c’était l’élément le plus difficile à

croire. « Tu as entendu Papa te parler ? ». Ludovic ne s’était pas

attendu à cette question. « Je ne savais pas que vous aviez passé

un moment avant qu’il ne meure ». Ludovic perçut un sentiment

étrange dans la voix de sa sœur. De la jalousie ? Au moins, elle ne

rejetait pas tout en bloc. Elle ne paraissait pas croire que son frère

était tombé sur la tête.

Pendant un moment, elle le regarda sans rien dire. « Je

t’avais prévenu que tu aurais du mal à me croire. Mai je t’assure que

je n’ai rien inventé. » Julia semblait avoir un os de poulet coincé dans

la gorge. Elle se passa une main dans les cheveux. Ils étaient longs

et descendaient en cascade sur ses épaules. « Ecoute Ludo, ce

n’est pas que je ne veuille pas te croire, c’est juste… » Ludovic posa

sa main sur la sienne. « Je comprends » ; dit-il simplement. Julia se

leva. « Je dois aller travailler. Nous reparlerons de tout ça, ce soir ».

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Ludovic essaya de masquer sa déception. « Et toi ? » ;

demanda-t-elle en le regardant. « Tu ne vas pas travailler ? Je

croyais que tu avais pleins de projets. Tu ne vas pas créer ta propre

boite ? ». C’était il y a quelques jours. Avant tout ça. A une autre

époque. Quand tout allait bien, qu’il vivait une vie ordinaire. Quand il

était comme les autres. Et que son seul souci était de payer ses

factures et le loyer de son studio. Il était passé dans un autre monde.

Sa vie était devenue un enfer.

C’était un miracle si Julia ne le jetait pas dehors. Il se

souvint de Tony. Son cœur se serra. Il se leva soudainement. « Il

vaudrait mieux que je parte ». Julia le regarda avec surprise. «

Qu’est-ce que tu racontes ? ». Ludovic prit sa sœur par les épaules.

« Je suis devenu un danger pour la société. Je ferais mieux de

partir. Si je reste, il s’en prendra à toi. » Julia secoua la tête. « C’est

hors de question. Maintenant que tu m’as tout raconté, on partage le

même secret. On va vaincre cette chose et Fernandez Wixplan

ensemble, d’accord ? ».

Ludovic sourit. Julia avait toujours été une fille, puis une femme

courageuse. Mais il ne voulait pas. Il avait tout fait pour arrêter cette

situation. « Mais tu ne comprends pas. Ce n’est pas Wixplan le plus

dangereux. C’est moi. Imagine que j’essaie de te tuer dans ton

sommeil. On ne peut pas courir de tels risques. » Julia sourit « Ca

n’arrivera pas. Tu n’as pas tué Tony, après tout ». Mas il y avait plus

important. « Ecoute, annule ton travail. Nous devons nous occuper

de Maman ».

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Julia le regarda d’un air éberlué. « Oui et bien, plus tard. Je dois

y aller, bye. » Ludovic se passa une main sur les yeux. Le courage

avait ses limites. Julia se pencha et l’embrassa sur la joue. « On se

revoit ce soir » ; lui dit-elle. « Je t’appellerai vers midi ». Génial. Il se

sentait abandonné et perdu. Il ne voyait pas comment se sortir de ce

guêpier. Il était heureux que sa sœur accepte de l’aider. Mais il s’en

voulait. Il était arrivé trop tard pour sauver sa mère. Ta mère n’avait

aucune chance de toute façon. Qu’est-ce que tu aurais pu faire à

part la regarder mourir ?

Ludovic se gratta la tête. « Je n’en sais rien. Je n’en sais

rien. Bon sang. Je ne sais pas ». Il se précipita à la fenêtre et

regarda sa sœur partir. Au moins, elle était plus en sécurité dehors

qu’à l’intérieur. Sauf si Fernandez Wixplan la trouvait. Mais où était-il,

celui-là ? Que mijotait-il ? Il avait de quoi s’inquiéter. Ludovic n’avait

pas le temps d’agir. Mais peut-être… Ludovic retourna dans sa

chambre. Sa mère n’avait pas bougé. Elle était assise comme une

statue.

Ludovic ne savait pas ce qu’il attendait où se qu’il espérait. Il

vint s’asseoir devant sa mère. « Maman, c’est moi, Ludovic. Ton

fils ». Elle ne réagit pas. Pas même un battement de cils. Il prit ses

mains. Il devait savoir où Wixplan était allé. Peut-être qu’elle l’avait

entendu le mentionner. « Maman, regarde-moi ». Aucune réaction.

« Je vais te poser une question. Réponds-moi, si tu peux ». Elle ne

fit aucun signe qu’elle avait compris. Ludovic avait l’impression de se

tenir devant un être inanimé.

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Il baissa la tête. Les larmes roulèrent sur ses joues. Il lâcha

les mains glacées de sa mère et frappa le sol de ses deux poings. Il

pleura, impuissant et brisé. Tu n’y es pour rien, Ludovic. Ce dernier

n’avait jamais été aussi heureux d’entendre son père. Tu ne pouvais

rien faire. Ludovic releva la tête. « Je me sens tellement faible.

Qu’est-ce que je peux faire contre Fernandez Wixplan ? » Il regarda

sa mère. « Dis-moi la vérité. Pourquoi est-ce que Fernandez

Wixplan s’acharne autant sur moi ».

Ce type prend plaisir à faire le mal. Il n’en a pas

spécialement après moi. « Qu’à-t-il fait à Maman ? On dirait qu’il l’a

vidée entièrement de sa vie. » C’est à peu près ça. « « Ca m’est

égal. On n’est pas là pour jouer aux devinettes. Julia vient de partir

travailler. Le plus urgent est de savoir si elle court un danger ou

pas. » Il ne lui fera rien, Ludo. « Comment peux-tu en être sûr ? »

Ce n’est pas compliqué, Cecilia veille sur elle. « Est-ce que Julia

peut l’entendre chanter ?

Non, mais Cécilia sera présente à ses cotés. « Comment est-

ce que je peux vaincre Fernandez Wixplan ? » Je ne détiens pas

toutes les réponses, Ludo. C’est à toi de trouver. Tu dois trouver toi-

même. « C’est une blague. Papa, je ne détiens aucun moyen de… »

Bien sûr que si. « Je pensais que Maman pourrait me dire où est

Fernandez Wixplan. » Et si tu essayais d’entrer dans son

esprit. Ludovic ne compris pas ce que voulais dire son père. Il ne

maîtrisait pas le don de télépathie.

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Il devait trouver Fernandez Wixplan. Il en avait la certitude. Il

ne savait pas pourquoi mais il sentait que c’était ce qu’il devait faire.

« Si c’est le seul moyen, alors je n’hésiterais pas une seconde. Je

pars à la rencontre du magicien » Il entendit soudain une voix qui le

fit frissonner. « Ce ne sera pas nécessaire, Hidlle ». Fernandez

Wixplan. Il était là. Ludovic quitta la chambre et descendit les

escaliers. Il arriva dans le couloir. Tout était plongé dans l’obscurité.

Ludovic chercha l’interrupteur.

Mais la lumière ne s’alluma pas. C’était un tour de Wixplan.

Ludovic le sentit. Il avança dans le noir. Il arriva dans le salon. Son

sang se glaça. Il vit une silhouette assise dans un fauteuil. Les volets

avaient été tirés. La pièce était sombre. Une bougie était posée sur

la table et commençait à fondre. Ludovic s’approcha. Il n’eut pas

besoin de voir pour deviner qui était dans le fauteuil. Il le voyait de

dos. Une main squelettique surgit, éclairée par la lumière de a

bougie.

Ludovic sentit un frisson courir dans sa nuque. La main était

maigre et tous les os ressortaient sous une peau presque verdâtre.

Soudain, la flamme s’agrandit et éclaira toute la pièce. Ludovic

entendit une voix rauque et feutrée, venant d’outre-tombe. «

Monsieur Hiddle, approchez. Je crois que nous avons beaucoup de

choses à nous dire ». Ludovic sentit le dégoût le faire frémir. Il n’avait

pas envie d’être là. Des yeux rouges se posèrent sur lui. «

Wixplan ». L’être le dévisagea.

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Un sourire s’étira sur ce visage ignoble, faisant apparaître des

dents grandes et pointues. « Et oui, c’est bien moi, Monsieur Hidlle ».

Son sourire s’étira encore plus, devenant inhumain. « Vous me

voyez tel que je suis vraiment. » Ludovic comprit pourquoi Wixplan

avait tué tous ses gens. Il se dématérialisa. Puis Ludovic eut soudain

devant lui un jeune homme plein de vie. « Regardez-moi, Hidlle. J’ai

vécu bien plus longtemps que vous. Et pourtant à coté de moi, vous

n’êtes qu’un vieux débris. Vous voulez savoir comment j’ai pu faire

tuer des gens en si peu de temps ? »

Ludovic ne compris pas le sens de ses paroles. De quoi

parlez-vous ? De Tony et de ma mère ? » Wixplan éclata de rire. «

Vous n’avez donc pas compris. Il n’y a pas de chose. Personne ne

vous possède. Je vous ai bien eu. C’est moi qui vous manipulais. Je

suis entré dans votre esprit et dans votre corps. La chose c’était

moi ». Tout devenait clair. Fernandez Wixplan l’avait berné depuis le

début. Il n’y avait pas d’autre Ludovic. C’était du flan. Il aurait dû le

deviner.

Mais l’angoisse avait été la plus forte. Wixplan était un

adepte des sortilèges. Mettre un individu sous sa coupe devait être

très facile. « Vous allez me tuer » C’était un constat. « Oui, comme

je viens de tuer Julia. Il ne reste plus que vous ». Ludovic ne réagit

pas. Mais il voulait savoir quelque chose. « Pourquoi avoir tué tous

les gens du studio. « Wixplan ricana. Ludovic reconnut ce son.

L’autre Ludovic. Alors c’était vrai. « Mais qui vous dit qu’ils sont

morts, Hidlle ? ».

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Ludovic sentit la colère gonfler à l’intérieur de lui. Wixplan

prenait un malin plaisir à se moquer de lui. « Et vous m’avez laissé

croire pendant tout ce temps qu’ils étaient morts ? Et s’ils sont

vivants où sont-ils ? Ne me dites pas que vous les avez fait

disparaître ? Et tout ce sang. Je n’ai quand même pas rêvé »

Wixplan se leva. Il ne quitta pas Ludovic des yeux. « Je ne vais

certainement pas vous le dire. Si vous saviez comme c’est simple de

manipulez les gens. Dés qu’ils ont peur, on peut leur faire faire

absolument n’importe quoi ».

Ludovic s’avança jusqu’à n’être plus qu’à quelques mètres

de Fernandez Wixplan. « Je ne comprends rien à ce que vous

racontez. Mais je suis sûr d’une chose. Julia est toujours vivante. »

Wixplan le regarda dans les yeux. « Ce n’est qu’une question de

temps. Ce soir, elle sera dans la tombe ». Ludovic se pencha vers

lui. « Sauf si je vous en empêche. » Wixplan le regarda avec mépris.

« Et comment comptez-vous vous y prendre, Hidlle ? ».

En une fraction de secondes, Ludovic se retrouva par terre,

le pied de Wixplan sur sa poitrine. « Je pourrais entrer dans votre

corps et vous tuer, Hidlle ». Ludovic sentit le souffle lui manquer. Il

ne doutait pas que Wixplan le ferait. Il leva les mains en signe de

résignation. « L’autre Ludovic…amusant comme nom. » Wixplan

sourit. « Comment avez-vous ne pas pu vous rendre compte que

c’était moi ? ». Ludovic ne le savait pas. « Pourquoi avez-vous tué

Tony ? Il chantait vos louanges ».

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Wixplan haussa les épaules. « C’est vrai qu’il m’a bien aidé.

Mais je n’en avais plus besoin. Puis, il devenait trop collant. »

Ludovic se sentit écœuré. Wixplan s’écarta et le laissa se remettre

de bout. « Vous avez voulu me mettre de faux meurtres sur le dos »

Wixplan se détourna. « En effet. J’aurais pris beaucoup de plaisir à

vous voir croupir en prison, Hidlle ». Wixplan retourna s’asseoir dans

le fauteuil. « Vous pouvez essayer de vous échappez Hidlle. Je vous

retrouverai et vous tuerai ».

Ludovic n’en doutait pas. Il était à la merci de ce monstre. «

Je les ai tous manipulés. Mais certains ont fait preuve de trop de

résistance. Il a fallut les tuer. C’est pour ça que vous avez vu du

sang. Surtout les deux individus qui restaient. Mais il ne fallait surtout

pas que vous interveniez. Alors vous avez été plongé dans un

profond sommeil. Mais vous vous êtes réveillé trop tôt. Le travail n’a

pas pu être terminé. Aucun n’aurait dû nous échapper. »

Ludovic se leva. « Faites attention » ; l’avertit Wixplan. Mais

Ludovic n’en tint pas compte. Il était très en colère. Wixplan le

foudroya du regard. « Je pourrais faire de vous une marionnette,

une vulgaire poupée que je pourrais contrôler à ma guise ». Ludovic

le regarda les yeux dans les yeux sans faiblir. Il comptait bien se

défendre. « Que comptez-vous faire maintenant que vous savez que

vous n’êtes pas possédé. J’imagine que vous avez toujours envie de

monter votre propre entreprise ».

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Ludovic avait surtout envie de lui crier d’aller se faire voir.

Wixplan sourit. « Vous ne manquez pas d’ambition ni de courage et

ce sont les seules qualités que j’apprécie chez vous. » Ludovic

haussa les épaules. Il devait trouver un moyen de se sortir de cette

situation pour le moins éprouvante. Wixplan le fixait des yeux,

tranquillement installé dans son fauteuil. Ludovic le regarda. Il ne

semblait pas si dangereux. Dans la rue, personne ne se serait méfié

en le voyant. Wixplan pouvait paraître comme l’homme le plus

ordinaire.

Sauf qu’il n’avait rien, d’ordinaire. Ludovic se dit qu’avec une

arme il pourrait peut-être se défendre. Il n’était pas obligé de rester

dans cette pièce. Soudain, une sonnerie retentit. C’était la sonnette

de la porte. Ludovic sursauta. Wixplan n’avait pas bougé. Ludovic se

demanda s’il ne pourrait pas en profiter pour s’échapper. « Tentez

quoi que se soit, Hidlle. Et vous êtes un homme mort ». Ludovic

déglutit. La sonnette retentit une deuxième fois. Ludovic ferma les

yeux et serra les poings.

Il ne pouvait pas laisser passer une telle chance. Tant pis.

Une occasion pareille ne se reproduirait pas. Wixplan le fixait des

yeux, épiant tous ses mouvements. « N’oubliez pas que je peux

entrer dans votre esprit. J’ai réussi à vous faire croire que vous étiez

possédé. Alors, vous empêcher de vous enfuir, rien de plus facile ».

Ludovic savait que c’était vrai. La sonnerie résonna une troisième

fois. Tu ne peux pas t’enfuir comme ça, Ludo. Son père. Tu dois

affronter Fernandez Wixplan.

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Son père était tombé sur la tête. Que pouvait-il faire face à un

être aussi puissant. Mais il devait le faire pour sa famille. Soudain, il

entendit une voix. Réelle, celle-là. « Ohé, il y a quelqu’un ? ». Ca

devait être un vendeur quelconque. Sa mère donnait à des œuvres

de charité. Le visiteur finirait bien par s’impatienter. « Non » ; pensa

Ludovic. Sans réfléchir, il tourna les talons et quitta la pièce. Il courut

vers la porte. Il l’ouvrit et regarda le visiteur s’éloigner.

C’était un jeune homme, la vingtaine tout au plus, il marchait

d’un pas nonchalant. « Attends » ; cria Ludovic. Mais qu’allait-il

pouvoir lui dire ? Qu’un magicien psychopathe l’avait pris en otage

dans la maison de sa mère ? Le gars allait croire qu’il était fou.

L’autre se tourna. Soudain, Ludovic se dit que ça ne valait pas le

coup de gâcher la vie de cet innocent. Son père avait raison. Il

devait arrêter de fuir. Il n’arriverait à rien ainsi. La seule chose qu’il

avait à faire étai d’affronter Fernandez Wixplan.

Ne crains rien. Ludovic tourna la tête. Il eut la joie et la

surprise de voir. « Cécilia ». La femme était là avec les enfants

autours d’elle. Ludovic s’approcha. Cécilia le prit par la main. Ils se

retrouvèrent ensuite dans l’entrée. « Je voulais vous remercier.

Vous m’avez sauvé » ; lui dit Ludovic. Cecilia lui sourit. « Ludovic, je

suis ici pour veiller sur toi ». Il hocha la tête. Une nouvelle

détermination brillait dans son regard. Ludovic comprit. Il ne pouvait

plus reculer.

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Quelqu’un devait arrêter ce monstre. Le seul qui pouvait le

faire, c’était lui. Même s’il devait se sacrifier et y laisser sa vie.

Fernandez Wixplan avait tué sans scrupule des êtres innocents.

Ludovic se rappela ce que lui avait dit son père. « L’univers entier

est en danger tant que Fernandez Wixplan est en vie ». Ludovic

savait que c’était vrai. Il s’était servi de sa peur et de sa colère. Et si

Ludovic ne le lui pardonnerait pas.

Ce fut donc d’un pas déterminé qu’il retourna dans le salon. Il

se rendit compte soudain d’un fait curieux. Il n’avait pas peur. Il ne

ressentait plus d’angoisse. « A nous deux, Wixplan » ; dit-il à haute

voix. Une main se posa sur son épaule. Il se retourna. Il vit le visage

de Cécilia. « Oui, Ludovic. Tu as enfin compris. Tu dois affronter

Wixplan. Tu le dois pour tes parents et tous ceux qui comme toi, ont

eu le malheur de croiser son chemin ». Il n’avait peut-être pas les

moyens mais il se battrait jusqu’au bout.

Ludovic entra. Fernandez Wixplan s’était levé. Il lui tournait

le dos. « Alors » ; dit-il sans regarder Ludovic. « Vous avez décidé

de vous mesurer à moi ».

_ En effet » répondit simplement Ludovic.

Wixplan se retourna et planta ses yeux dans les siens. Ce dernier

frissonna. Le magicien savait comment faire plier quelqu’un sous sa

volonté. Mais il devait avoir un point faible. En tout cas, Ludovic

l’espérait. « Pour quelqu’un qui se dit mépriser la lâcheté, vous

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n’avez pas vraiment brillé par votre courage. La seule chose que

vous avez fait jusque là, c’est fuir ».

Mais maintenant, ce serait différent. Il ne fuirait plus. Il allait

faire payer à Wixplan ce qu’il s’était permis de lui faire. « J’aurais

pourtant juré que vous alliez vous enfuir encore une fois tout à

l’heure ». Ludovic se sentit honteux. Il en avait bien eu l’intention.

Mais il ne l’avait pas fait. Il ne pouvait plus se le permettre. Les deux

hommes s’affrontèrent du regard. Ludovic serra les poings. « Je vais

vous tuer Wixplan ». Ce dernier le regarda presque avec dégoût. «

Vous n’avez pas ce courage là, Hidlle. C’est moi qui vais vous tuer ».

Ludovic sentit soudain une terrible douleur lui déchirer la

tête. Il s’effondra sur le sol en criant de douleur. « C’est trop

facile » ; Commenta Wixplan. « Vous êtes faible, Hidlle. Très faible.

Mais ce n’est pas de votre faute ». Ludovic le regarda dans les

yeux. « Arrêtez d’essayer tout le temps de me rabaisser ». Il voyait

Wixplan telle une ombre floue. Comme si un brouillard était tombé

devant ses yeux. Wixplan l’empoigna par la peau du cou « Qu’est-ce

que vous espériez ? » Ludovic sentit soudain la rage le reprendre.

Et cette fois, il sentit qu’il devait la laisser sortir et éclater. La

colère pouvait le sauver. Il lança son poing en avant. Il atteignit

Wixplan dans le nez. Du sang coula sur sa main. Wixplan le lâcha en

poussant un glapissement de surprise. Ludovic regarda le sang sur

ses mains. Un sourire de triomphe éclaira son visage. Alors il se jeta

sur lui. Mais un direct au menton l’envoya au tapis. Wixplan se releva

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et le toisa. « C’est plus simple face à un adolescent boutonneux, pas

vrai ? » ; lança-t-il à Ludovic avec sarcasme.

Ludovic se redressa et essuya le sang qui coulait sur sa

bouche. « Si vous saviez à quel point je meure d’envie de vous filer

une bonne raclée. » Wixplan fronça les sourcils. « Je ne crois pas

que vous en aurez le temps. Vous serez mort avant ». Ludovic lui fit

face. « Ce n’est pas encore écrit. Et vous vous trompez sur mon

compte ». Wixplan ne broncha pas. « Je vais… » ; Commença

Ludovic. Il se sentit soudain très excité.

» Je ne crois pas que le salon de votre mère soit idéal pour un

affrontement, Hidlle ». Ludovic se demanda comment un type pareil

pouvait faire preuve de tant de délicatesse. Il est encore en train de

se moquer de moi. « Bon sang » ; aboya Ludovic. « C’est vous qui

êtes venu là pour me narguer ! ». Wixplan resta de marbre face à cet

éclat. « J’étais simplement venu voir où vous en étiez et si vous

aviez enfin découvert la vérité. Vous savez, je ne vous imaginais pas

aussi crédule ».

Ludovic voulut réponde. Mais un bruit attira son attention. Le

téléphone. Et Ludovic devina de qui. Il alla décrocher. C’était bien

Julia. Midi, déjà. La matinée était vite passée. Ludovic répondit. Un

nœud dans son ventre se desserra. Il se rendit compte qu’il avait eu

très peur pour sa sœur. Il n’avait jamais été aussi heureux de pouvoir

entendre sa voix. « Ludo, ça va ? » Il se retint d’éclater de rire. «

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Oui, oui. Ca va. Je ne peux pas te parler, là. Je suis occupé. Je te

rappellerais plus tard.

Julia sembla étonnée. « Qu’est-ce qui se passe, Ludo ? Je

pensais que tu serais peut-être parti. Ecoute, j’ai reçu un étrange

appel tout à l’heure. Je crois que ça devait être Fernandez

Wixplan ».

_ Je ne sais pas si c’était lui mais je peux te dire qu’il est ici ».

Julia poussa une exclamation. « Mais pourquoi ? C’est lui qui a mis

Maman ans cet état. Est-ce que tu disais pourquoi il en veut autant à

notre famille ? » Ludovic poussa un soupir.

Il était arrivé trop tard pour sa mère mais il pouvait la sauver

elle. « Ecoute, on parlera plus tard. La seule chose que je peux te

dire, est que je suis prêt tout pour empêcher Wixplan d’agir. » Julia

resta silencieuse. Quand elle répondit, sa voix était vide. « Tu vas

sans doute avoir besoin d’aide. J’arrive. » Ludovic ferma les yeux.

Non, c’était à lui de s’en occuper. « Je suis autant concernée que

toi, Ludo » ; lui dit Julia. « Il a tué nos parents. Je ne vois pas

pourquoi c’est toi qui devrais avoir le rôle du héros ».

Ludovic ne put s’empêcher de rire. Il n’avait rien d’un héros.

Mais il ne voulait pas laisser à sa sœur l’impression qu’il se défilait.

« A deux, on sera plus forts ». Que fait Wixplan ? » Ludovic s’écarta

et alla jeter un œil dans le salon. « Zut. J’ai l’impression qu’il est

parti ». Un sentiment de frustration l’envahit. « Ce n’est pas grave. Il

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n’a pas put aller bien loin. » Ludovic se gratta la tête. Elle sembla

tout à coup très sûre d’elle. Sa petite sœur était peut-être plus

courageuse qu’il ne le pensait.

Un sourire étira ses lèvres. « Très bien. Je n’arriverais pas à

te faire changer d’avis. Pas vrai ? »

_ Bien deviné, Ludo.

_ Ok, viens dés que tu peux. Mais promets-moi une chose.

_ Tout ce que tu veux.

_ Tu pars dés que c’est trop dangereux.

_ D’accord. Mais j’aimerais savoir une chose.

_ Laquelle ?

_ Qui te sauvera toi ?

_ Papa, c’est Papa qui me sauvera. Il y a aussi Cécilia et les

enfants.

_ Qui est Cécilia ?

_ Une amie, un ange gardien. Elle m’a déjà sauvé la vie.

_ Je vois que tu es bien protégé ».

Ludovic sentit que sa sœur le taquinait. « J’ai l’impression

que tu es jalouse. Fais attention. Wixplan peut manipuler nos

sentiments. » Il regarda derrière lui. Il avait l’impression d’être épié.

« Au fait, tu es vraiment possédé ? » Le calme avec lequel elle posa

cette question le laissa sidéré. « Je te rappelle, Julia. Ne viens que

si tu le sens. Je t’aime. Ne risque pas ta vie inutilement. » Soudain,

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une main se plaqua sur sa bouche. « Ta petite sœur ne te trouveras

jamais. Car quand elle arriveras tu seras mort ».

Fernandez Wixplan lui avait tendu un piège. Il avait sauté à

pied joint dedans. « Je ferais tout ce que vous voudrez mais ne

touchez pas à ma sœur ». Wixplan éclata de rire. Ludovic trouva ce

son écœurant. Il se libéra d’un coup de coude. Celui-ci se plia en

deux. Ludovic s’éloigna de lui et se retourna. Mais le coup avait

porté. « Saleté, je te tuerais. Je violerai ta petite sœur et je la

viderai de son sang ». Ludovic l’empoigna par le col de sa veste. «

Tentez quoi que ce soit et je vous tuerai ».

Un rictus étira les lèvres de Wixplan « Vas en enfer ». Ludovic

le frappa au visage de son poing gauche « Tu iras avec moi,

pourriture ». Wixplan lui cracha au visage. « Ton pire ennemi, c’est

toi même. Je n’ai fait que ressortir ta part d’obscurité ». Ludovic se

débattit face à cette idée. Il essaie encore de me manipuler. « Vous

pouvez croire ce que vous voulez, Hidlle ». Mais je peux vous

assurer qu’il y a beaucoup de choses de vous-même que vous ne

connaissez pas ».

Ludovic le regarda avec hargne. « Cet éclat haineux dans les

yeux, est-ce que vous pouviez l’avoir auparavant ? ». Ludovic

secoua la tête. Il se passa une main sur le front. Il devait se

contrôler. N’entre pas dans son jeu. Un sourire cruel étira les lèvres

de Fernandez Wixplan. Ludovic se tint sur ses gardes. « Je me

demande ce qui se passerait si elle croyait que c’est vous qui l’avez

tuée ». Ludovic ne comprit pas tout de suite.

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Soudain, il comprit.

« Non, je ne vous laisserai pas faire. »

Wixlan éclata de rire.

_ Et comment comptez-vous m’en empêchez, Hidlle ?

Un tel plaisir brilla dans les yeux de Wixplan. Ludovic détourna le

regard, dégoûté. Il se sentit soudain très fatigué. Son esprit lutta.

Mais il perdit vite prise. L’autre Ludovic reprit le dessus. « Je dois

dire que je commence à m‘attacher à ce corps. Je me demande si je

ne devrais pas vous tuer maintenant, Hidlle ».

Ludovic souhaita que Julia ait changé d’avis. Si elle pouvait ne

pas venir. « Je t’en prie » ; pensa-t-il. » Ne viens pas Julia. Si tu es

encore au travail, reste-y ». Il ne pouvait pas rester là et assister à la

mort de sa petite sœur dans rien faire.

Même s’il haïssait Wixplan, il n’arrivait pas à le croire capable

d’un tel acte barbare. Il se souvint d’un homme élégant au maintien

noble. Rien à voir avec l’être avide de sang qu’il avait devant lui.

L’image du magicien bon qui utilisait sa profession pour aider les

gens n’avait été qu’une apparence. C’était une façade qui avait

caché un démon bien pire que le diable. Un ennemi de l’humanité et

de tout ce qui respirait sur terre. Il tuait sans pitié. Les individus

n’étaient pour lui que des jouets.

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L’autre Ludovic vint se poster devant la porte. Ludovic le

regarda. Il se demanda où Fernandez Wixplan avait appris tout ça.

« Tu as vu juste. » ; dit l’autre Ludovic sans se retourner. « Je les ai

tous tués. Ces crétins croyaient que j’étais un charlatan. Ils ont

pensé que je voulais leur soutirer de l’argent ». Soudain, il sembla

contrarié. « Je déteste quand on me met des bâtons dans les roues.

Et pourtant, c’est ce que quelqu’un a essayé de faire. Votre père a

eu l’audace de se mettre sur mon chemin. Jack Hidlle. Il avait deviné

mon identité. Je n’aurais jamais cru cela possible. Je l’ai supprimé.

Mais je l’admets. Il m’avais donné du fil à retordre ».

Ludovic sentit un élan de fierté. Son père était mort en héros.

« Le misérable a tenté de m’arrêter. Je ne sais pas comment il a

deviné. Il était sur une enquête. Je ne le voyais pas comme un

danger au début. Après tout ce n’était qu’un simple flic comme les

autres. Il n’avait aucune chance contre moi. Ils ont cru que c’étaient

de simples cas de disparitions. Jack Hidlle pensait la même chose.

Soudain il a trouvé un indice. Un simple élément qui a remis en

cause toutes les théories élaborées jusque là ».

Ludovic se souvint. Il avait six ans à l’époque. Son père rentrait

tard le soir. Il avait dit qu’il était sur une affaire très importante. Ils

avaient vite trouvé un suspect. C’était un récidiviste âgé de trente

cinq ans. Il détroussait des hommes et des femmes. Il les séquestrait

ensuite pendant plusieurs jours. Puis il les tuait de manière atroce.

Mais Jack Hidlle avait très vite eu des doutes sur son implication. Il

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était parti alors à la chasse aux indices. Finalement il avait trouvé.

Cela aurait dû sauter aux yeux des autres enquêteurs

Rien n’avait été volé. Les victimes avaient encore leur

portefeuille sur eux lorsqu’on avait retrouvé les corps. On avait

essayé de boucler cette affaire au plus vite. On l’avait classée dés le

premier suspect trouvé. Mais son père avait fini par trouver l’identité

du vrai coupable. Et dés lors, il n’avait quasiment plus remis les

pieds à la maison. Ludovic n’avait plus compté les nuits blanches

que son père avait passées à travailler sur cette enquête. Julia avait

dit un jour que c’était son boulot qui l’avait tué.

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Chapitre 8

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Ludovic ne savait pas alors ce qui s’était vraiment passé.

« Rien de bien compliqué, Hidlle. Je lui aie tendu un piège. Je lui aie

fait croire que je me rendais. Je lui ai donné rendez-vous. Il m’a dit

de me rendre au commissariat. Mais je lui ai dit que je ne voulais

avoir affaire qu’à lui. Je lui ai proposé de venir chez moi, le soir vers

dix heures trente. Il était arrivé seul. Je l’attendais devant la porte.

Nous sommes entrés ensembles. Je l’ai tué à coups de couteaux. »

Ludovic resta silencieux.

Des larmes coulaient sur ses joues. Son père était mort

en voulant arrêter un criminel. Ce n’était pas un accident,

contrairement à ce qu’on avait voulu lui faire croire depuis

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longtemps. « Il est mort en héros » ; murmura Ludovic. « Mon père

était un héros ». L’autre Ludovic eut un regard haineux. « Tu as tué

mon père, sale ordure. Je vais le venger ». L’autre Ludovic sourit. «

Tiens, regarde qui arrive ». Oh non ! Julia sortait de sa voiture.

Ludovic espérait qu’elle aurait peur. Elle s’enfuirait et retournerait à

son bureau.

Peut-être qu’en utilisant la télépathie, il avait une

chance de l’atteindre. Elle était en danger. Il se concentra de toutes

ses forces. « Julia, Julia. Vas-t-en. C’est un piège. Sauve-toi ». Il

ferma les yeux. Mais lorsqu’il les rouvrit, il faillit crier de dépit. Julia

se dirigeait vers la porte. Elle ne l’avait sans doute pas entendu. Il

recommença. Il devait y arriver. Il entendit le rire de Wixplan dans sa

tête. « C’est inutile, Hidlle. Elle ne peut pas vous entendre. Son

esprit est complètement fermé ».

Ludovic l’ignora et concentra toutes ses pensées vers

sa sœur. « Julia. N’entre pas. Ce n’est pas moi Ce n’est pas moi.

Julia, je t’en prie ». Trop tard. Julia poussait déjà la porte. Elle entra

Ludovic eut envie de hurler. L’autre Ludovic vint vers elle. Ludovic se

mordit les joues. Il ne pouvait pas y croire. Ce n’était pas en train

d’arriver. Un sourire étira les lèvres de Julia. L’homme qui s’avançait

vers elle ne pouvait être que son frère. Soudain, elle s’arrêta.

Ludovic la regarda.

Il pouvait sentir son désespoir. « Eh, salut » ; Lui dit

l’autre. « Je ne pensais pas que tu viendrais ». Julia haussa les

épaules. « Je suis une grande fille. Je fais ce que je veux. » Elle

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sembla sur la défensive. Ludovic espéra qu’elle allait s’en aller. Il ne

supporterait pas de la voir mourir. Ludovic vit dans ses yeux de la

perplexité. L’autre s’approcha. Elle parut soudain effrayée. « Tu n’es

pas Ludovic ! » ; S’exclama-t-elle. Ce dernier crut qu’il allait pleurer

de soulagement.

L’autre s’approcha. Il l’empoigna par le bras. Elle cria de

douleur. Ludovic comprit ce qui se passait. « Julia ne reste pas là !

Sauve-toi ! ». Elle parut l’avoir entendu. Elle parvint à se détacher de

la prise. Ensuite, elle s’enfuit. Mais il fut plus rapide. Elle lutta et

résista. S’ensuivit alors une lutte entre Julia et lui. Elle perdit vite le

dessus. Elle sentit les mains de l’autre autour de son cou. Ludovic se

concentra et lui envoya ses pensés. Julia acquiesça. Mais elle était

prise au piège.

L’autre essayait de l’étrangler. Soudain quelque chose

d’extraordinaire arriva. « Lâchez-la ! » ; Intervint une voix. Ludovic

n’en crut pas ses oreilles. L’autre se figea. Il tourna la tête. Il enleva

ses mains du cou de Julia. « Maman ! » ; Cria Ludovic. « Maman » ;

s’exclama Julia en écho. Maria Hidlle se tenait debout devant eux.

L’autre Ludovic était surpris. Maria brandit un doigt accusateur vers

lui. « Quittez le corps de mon fils. » ; Lui ordonna-t-elle. Il la regarda

avec mépris. « Wixplan. J’aurais dû me douter que c’était vous. Je

savais que vous reviendriez ».

Elle semblait déterminée. Ludovic la regarda avec

étonnement. Il n’avait plus vu une telle force jaillir de sa mère depuis

des années. Elle parut soudain avoir rajeunie. « Je sentais que

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d’étranges choses se produisaient. Mais je refusais de croire à votre

retour. Vous avez pris l’homme que j’aimais. Vous avez même pris

ma vie. Mais je ne vous laisserais pas vous en prendre à mes

enfants. » L’autre ne sembla pas impressionné. Mais il ferma les

yeux. Ludovic réintégra son corps.

Wixplan s’éveilla. Ses yeux sombres brillaient de haine.

Maria le regarda sans ciller. Ludovic admira son courage. « Partez

Wixplan. Vous êtes dans ma maison ici. Et vous n’êtes pas le

bienvenu. Votre âme est damnée ». Wixplan sourit. « Je n’ai pas

d’ordre à recevoir de vous. Je n’ai pas besoin de votre permission

pour être ici ou ailleurs ». Maria le fixa sans broncher. « Cette

maison est la mienne. Je suis en droit d’y chasser qui je veux. »

Wixplan s’arrêta.

Il ne pouvait rien redire à ça. « J’aurais dû tuer vote fils dés

que je le pouvais. » Maria s’approcha de lui. Elle flottait à quelques

mètres du sol. « Vous avez tué mon corps, Wixplan. Vous avez fait

de moi un légume. Mais je ne suis pas morte. Et même si je n’ai plus

de contact avec le monde extérieur, je peux toujours exister ».

Wixplan la fixa avec dégoût. Ludovic était abasourdi. Il regardait ce

qui se passait sous ses yeux avec fascination. Fernandez Wixplan

regarda vers sa mère une dernière fois.

Puis, il tourna les talons. « Vous n’oubliez pas que Ludovic et

moi avons un combat à mener. Si votre fils gagne, je vous laisserais

tranquille. Sinon, je le tuerai puis je reviendrai. » Maria haussa les

épaules. « Vous vous êtes toujours cru supérieur aux autres,

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Wixplan. Vous avez tort. C’est votre orgueil qui vous fera faire un

faux pas puis tomber ». Wixplan s’éloigna sans répondre. Il était bien

trop vieux pour écouter des leçons de moral. Surtout de la part d’une

vieille femme qu’il avait tuée récemment.

Fernandez Wixplan se retourna une dernière fois. Il défia

Ludovic. « Rendez-vous ce soir chez moi, Hidlle. Cette fois-ci, ce

sera juste vous et moi ». Ludovic hocha la tête. Wixplan ne l’effrayait

plus. « J’y serai Et cette fois, je vous aurai. Le magicien sourit avec

dédain. Puis, il disparut. Le silence retomba. « Je n’ai pas le droit à

l’erreur » ; Dit Ludovic à haute voix. Julia ne dit rien. Elle essayait de

comprendre ce qui venait de se passer. « Je dois retourner au

travail » ; Annonça-elle.

Ludovic opina. Il comprenait. Maria regarda ses deux enfants.

Julia et Ludovic semblaient avoir leur vie bien en main. « Est-ce que

tu comptes vraiment aller le voir ce soir ? » ; Lui demanda soudain

Julia. « Oui, et cette fois, je dois y aller tout seul ». Julia ne répondit

pas. Ludovic lui était reconnaissant d’être venu à son secours. Il était

surtout heureux qu’il ne lui soit rien arrivé. Il s’approcha d’elle et

l’étreignit. Il prenait conscience à quel point il avait eu peur de la

perdre.

Julia s’écarta de lui et le regarda dans les yeux. Sa question

prit Ludovic par surprise. Il ne s’était pas attendu ce que le sujet soit

mis sur le tapis. « Quand est-ce que tu vas te remettre avec

Marion ? ». Ludovic fut interloqué. Le moment était mal choisi pour

parler de sa vie amoureuse. Jamais. C’est ce qu’il aurait voulu lui

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répondre. « Elle m’a téléphoné. Elle voulait avoir de tes nouvelles.

Elle se demandait si tu allais bien. Elle veut que je l’aide à reprendre

contact avec toi ».

Dans d’autres circonstances, Ludovic aurait été agacé. Il

aurait accusé Julia de comploter dans son dos. Mais cette fois, il se

sentit bien. Il éprouva une sensation qu’il n’avait plus connue depuis

quelques jours : l’espoir. Ce serait bien lorsqu’il en aurait fini avec

Fernandez Wixplan. Ce serait sans doute la meilleure chose qui

pourrait lui arriver. Il repensa à Marion. Il lui restait une chance de se

remettre avec elle. Julia le regarda et sourit. Ludovic le lui rendit. Il

avait maintenant une bonne raison de vaincre Fernandez Wixplan.

Il était vingt deux heures. Il faisait froid. La température avait

baissé. Un vent léger soufflait. Tous les lampadaires étaient allumés.

Tout était relativement calme à cette heure. Un adolescent paumé,

cigarette aux lèvres passa dans la rue. Beaucoup de voitures

circulaient encore à cette heure. Les fenêtres des maisons

commençaient au fur et à mesure à s’éteindre. Les gens partaient se

coucher, pensant à la journée qui les attendait le lendemain.

Quelque part résonnèrent les pleurs d’un bébé.

Ludovic était arrivé devant la maison de Wixplan. « On peut

dire au moins que celui-là n’a pas de problèmes d’argent ». Il se

souvint de la superbe voiture dans laquelle celui-ci l’avait conduit. Il

se demanda pourquoi le magicien ne l’avait pas tué lorsqu’il le

pouvait. C’est parce que je ne suis qu’un jouet pour lui. Il s’amuse. Je

ne suis qu’une poupée. Dés qu’il se lassera de moi, il me tuera. Ce

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n’était pas très encourageant. Ludovic serrait entre ses doigts un

revolver.

C’était une idée de Julia. Elle le lui avait tendu, juste au

moment où il quittait la maison. Elle ne lui avait pas dit où elle l’avait

trouvé. Mas Ludovic devina qu’il n’était pas récent. N’importe quel

être vivant devenait faible face à une arme. Ludovic ne l’ignorait pas.

Il savait à quel point ce serait tentant d’appuyer sur la gâchette. Le

risque était de devenir un criminel. Mais ce n’était pas un innocent

que Ludovic allait affronter. Il n’allait utiliser cette arme de toute façon

que pour se défendre.

Ludovic jeta un œil derrière lui. Il n’y avait personne. Il regretta

soudain que Tony ne fût pas avec lui. Ce bon vieux Tony. Ludovic se

jura d’aller sur sa tombe. « Alors, Ludo ? Est-ce que tu es prêt ? ».

C’était son père. « J’ai peur » ; Dit simplement Ludovic. Il se sentait

terrorisé. Ses doigts tremblaient. Il faisait un effort pour ne pas

s’enfuir à toute jambe. « Je sais, Ludo. Mais tu vas y arriver, mon fils.

Je sais que tu peux le faire ». Ludovic se sentit un peu rassuré. S’il

avait la confiance de son père alors tout allait bien.

Ludovic poussa une grande inspiration. Il poussa la porte. Il

regarda autour de lui. Il se souvint de la dernière fois où il était venu.

Soudain, il sut qu’il n’y avait plus à hésiter. Une silhouette surgit

devant lui. Ludovic sans hésiter sortit son arme et tira. Contrairement

à ce qu’il avait cru, ce fut facile. Ca ne dura que quelques secondes.

Il n’eut même pas le temps de fermer les yeux. Un corps tomba

devant ses yeux et s’effondra sur le carrelage dans un bruit mou.

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Ludovic tremblait comme une feuille. Ses doigts étaient

crispés sur le revolver. Il transpirait à grosses gouttes. Il savait que

s’il avait attendu, il n’aurait pas pu tirer. Pendant un moment, Ludovic

ne bougea pas. Il venait de tuer un homme mais la terre continuait

de tourner. Puis, lentement, il s’approcha et regarda. Fernandez

Wixplan était mort. Ludovic frissonna en voyant ses yeux grands

ouverts. Ses yeux qui ne pouvaient plus rien voir. Ludovic sourit. Il

sentit un poids immense quitter ses épaules.

Il rangea son arme et sortit dans la nuit. Fernandez Wixplan

n’était qu’un être humain qui avait cru que la maîtrise de la magie

noire le rendrait invincible et surpuissant. Ludovic se sentit soulagé. Il

referma la porte derrière lui. Il pouvait revivre sa vie. Il pouvait oublier

les derniers jours de cauchemars qu’il venait de vivre. Ludovic sortit,

radieux. Tous les projets qu’il avait eus lui revinrent à l’esprit. Il sentit

une présence à quelques mètres de lui. Il la regarda et lui sourit. Il

savait que c’était grâce à elle. Sinon, la peur aurait gagné. Il l’avait

entendu chanter. Elle était son ange gardien.

C’était grâce à elle qu’il n’était pas devenu fou. Combien de

fois avait-il eu envie de tout laisser tomber ? Il la remercia d’un signe

de tête. »Bravo, Ludo. Je savais que tu réussirais. » Ludovic sourit

en entendant la voix de son père. « Merci Ludovic ». Il se retourna.

C’était Cécilia. Il la voyait comme en plein jour. Elle avait été là dés le

début pour le protéger. Il se sentit soudain embarrassé. « J’ai cru

que c’étai à cause de votre musique. Je ne savais pas que vous

étiez là pour m’aider. J’avais faux sur toute la ligne. Je suis désolé.

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J’ai cru ce que m’a dit Fernandez Wixplan. Je me suis trompé sur

vous ».

Cécilia secoua a tête. Elle ne sembla pas lui en vouloir de

cette méprise. « Peu importe. C’est du passé. L’important est que tu

ais réussi. Fernandez Wixplan est mort. Tu peux être fier de toi,

Ludovic ». Il savait que c’était vrai. « Tu viens sans le savoir de

sauver la vie de plusieurs personnes. Ludovic posa la question qui lui

brûlait les lèvres. « Et si vous me disiez la vérité, Cécilia ? Qui êtes-

vous vraiment ? » Elle s’approcha de lui. « Ludovic, peu importe mon

identité. Mais je pense que tu as mieux à faire ».

Ludovic pensa à Julia. Sa petite sœur devait se faire du sang

d’encre. Les rôles étaient inversés Il se sentit heureux en pensant

qu’elle l’attendait. Dans la maison de leur mère. Ludovic lui avait dit

qu’ils feraient mieux de la laisser seule. Elle devait rentrer chez elle.

Mais Julia avait refusé. Ludovic n’avait pas insisté. Julia état revenue

vers dix-neuf heures de son travail. Elle lui avait demandé comment

il comptait vaincre Fernandez Wixplan. Il n’en savait rien. Elle lui

avait proposé de prendre son arme.

Mais lorsqu’elle lui avait tendu son arme, il s’était sentit en

colère. « Tu es folle ? Depuis combien de temps est-ce que tu

possèdes ça ? Tu as un port d’arme au moins ?». Julia avait ri. Elle

lui avait demandé comment il pouvait s’occuper de détails aussi

futiles en de telles circonstances. Ludovic s’était sentit un peu

stupide. Il était parti vers vingt et une heure quinze. Il repensa aux

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vieux films de Western que regardait son père. Il éclata de rire. Pour

un peu, il se serait pris pour Jerry Springs.

Levant la tête, il vit des étoiles qui brillaient à des kilomètres

au dessus de sa tête. Il laissa la brise lui caresser le visage. Puis, il

prit le chemin du retour. Il était presque vingt trois heure lorsqu’il

arriva. La maison de sa mère. Elle avait emménagé là après que ses

enfants aient quitté la maison. Elle l’avait alors vendue. Elle ne

pouvait plus y rester. C’était là où elle avait vécu pendant si

longtemps. Elle avait retrouvé du travail peu de temps après. Elle

s’était occupée après différentes activités.

Aujourd’hui, elle avait pu mourir chez elle. Elle n’avait pas

souffert. Ludovic avait toujours apprécié de venir lui rendre vite. Elle

avait toujours essayé de faire bonne figure. Comme si tout allait bien.

Même dans les moments difficiles. Malgré les apparences, elle en

avait bavé. Un jour ’il revenait pour une visite surprise. Il l’avait trouvé

assise devant la table, dans la cuisine. « Je n’y arrive plus, Ludo » ;

Lui avait-elle avoué. Il avait eu l’impression qu’on lui enfonçait un

couteau dans la poitrine.

Alors qu’il arrivait dans le jardin, il se dit que sa mère devait

être enfin en paix. C’était un peu éculé comme expression. Mais

c’était le seul réconfort qu’il pouvait avoir pour le moment. Il préférait

penser qu’aujourd’hui, elle ne souffrait plus. La porte s’ouvrit

soudain. Il eut la joie de voir Julia. Avant qu’il ne l’ait su, elle

l’entourait de ses bras. Ludovic la serra contre lui. « Tu peux venir

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habiter chez moi » ; Lui dit-elle. Ludovic lui en fut reconnaissant. « Je

ne crois pas que Jérôme sera d’accord. »

Julia haussa les épaules. « Je ne vois pas pourquoi il

refuserait. Tu es mon frère ». Cette phrase sembla lui suffire. Julia

conduisit Ludovic à l’intérieur et referma la porte. Il vit que sa sœur

avait installé un matelas par terre. « Je me suis dit que tu serais trop

fatigué pour que nous parlions ce soir. Nous rentrerons demain ».

Julia portait une robe de chambre et une chemise de nuit. « Tu

n’étais pas obligé de m’attendre » ; Lui dit Ludovic. « Tu plaisantes ?

Je n’allais quand même pas dormir alors que tu risquais ta peau ».

Ludovic haussa les épaules.

Il se sentait fatigué et n’avait plus qu’une envie : aller se

glisser sous la couette. Ludovic alla dans la salle de bain. Il se

brossa les dents. Puis, il s’habilla pour la nuit. Lorsqu’il revint, il vit

que Julia s’était endormie dans le fauteuil. Il la regarda avec

tendresse. Elle avait l’air tellement tranquille. « Bonne nuit, Julia ».

Puis, il éteignit la lumière du salon et alla se coucher. Mais le

sommeil fut long à venir. Ludovic resta sur le dos à regarder le

plafond.

Il ne pouvait croire que c’était fini. Il pouvait vraiment laisser

tout cela derrière lui ? Ludovic savait que la mort de Fernandez

Wixplan ne ferait pas revenir son père. Le mal était fait. Ceux qui

étaient tombé sous sa coupe étaient vengés. Ludovic ne leur rendait

pas la vie. Mais il pouvait se dire que tous n’étaient pas morts pour

rien. Il se leva et alla ouvrir la fenêtre. Il regarda dehors. Tout était

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sombre. Tout semblait en paix. Ludovic sentit une sensation quitter

son estomac : la peur.

Il avait vécu avec elle ces derniers jours. Soudain un détail lui

revint. Il y avait une boite de nuit pas très loin de l’immeuble. Ludovic

avait pris l’habitude de l’entendre dans la nuit. Il se souvint des

sorties au parc qu’il faisait de temps en temps. Il pensa au petit

théâtre où il allait parfois le vendredi soir. Il se souvint aussi du bar

où il allait parfois lorsqu’il avait un coup de blues. Il y restait parfois

jusqu’à trois heures du matin. Il eut soudain très envie d’y aller.

Après tout ce qui lui était arrivé, il avait bien le droit d’aller se saouler.

« En avant » ; Pensa-t-il. Ludovic jeta un œil vers sa sœur.

Elle dormait profondément d’un sommeil paisible. Ludovic ferma les

yeux et se massa les tempes. Il ne fallait plus y penser. Il devait se

concentrer sur le présent. Fernandez Wixplan était maintenant en

enfer et faisait partie du passé. Ludovic referma la fenêtre. Il

s’habilla, mit son manteau et sortit. Il prit soin de laisser un mot à

Julia au cas où elle se réveillerait. Ensuite, il s’en alla. « Tu devrais

rester ici pour protéger ta sœur.

Ludovic sursauta. Il venait de l’entende comme si elle était

juste à coté de lui. Il regarda autour de lui et vit qu’il était seul. « Ta

mère a raison. Tu ne devrais pas laisser Julia. Ludovic poussa un

soupir. Il avait envie de se prendre un peu de bon temps. « Bon

sang ! J’ai tué Fernandez Wixplan ! Mais qu’est-ce que vous voulez

de plus à la fin ? ». Il ne reçut pas de réponse. Il haussa les épaules.

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Que Julia se débrouille. Elle était assez grande pour prendre soin

d’elle-même. Julia n’avait besoin de personne pour la défendre.

D’ailleurs, elle n’avait jamais aimé être protéger. C’était une

qualité qu’ils partageaient tous les deux. Ils étaient fiers. Ludovic se

rendit jusque chez David. Il s’y sentit nostalgique. Il eut envie de

retourner dans son studio et de reprendre son train quotidien. Il se

surprit à hésiter. Ce n’était peut-être pas une bonne idée. Tant pis. Il

avait bien le droit de se faire plaisir. Il entra. Il fut accueillit par le

patron qui lui demanda ce qu’il voulait. Ludovic lui sourit. Il fut

heureux d’être revenu dans un lieu qui lui était familier.

Ludovic s’assit à une table. Il se souvint de la dernière fois où

il était entré dans un restaurant. Il avait repensé à Marion. Leur

histoire s’était terminée d’un coup. Il n’avait rien fait pour la retenir. Il

s’était cherché des prétextes. Il essayait de penser à autre chose.

Pour l’heure tardive le bar brasserie était encore plein. Deux

hommes buvaient un café à deux tables de la sienne. Un peu plus

loin, une jeune fille mangeait un gâteau au chocolat. Ludovic devina

quel destin l’attendait. Elle risquait sans doute de se faire droguer et

violer.

A moins qu’elle ne se serve de son portable et qu’un proche

puise venir la chercher. Ludovic se demanda pourquoi il avait ce

genre de pensée. Il regarda la fille. Elle ne devait pas avoir plus de

dix-sept ans. Elle semblait bien seule. Où étaient ses copines ? Elles

l’avaient peut-être laissé tombée. Elle devait être au lycée. Elle allait

sans doute bientôt passer son bac.

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Soudain, il eut un flash. Dans une allée sombre et glauque. Là

où le soleil n’arrivait pas. Près des poubelles. Un chat surgit et

s’enfuit. Près d’un container. Une ruelle étroite sombre, malfamée.

Un corps près des sacs qui se déversent sur le sol. C’est une

femme. Ses cheveux blonds et sales flottent et s’étalent. Son visage

pâle et sans vie sort. Ses yeux grands ouverte prouvant sa mort. Ses

vêtements étaient déchirés. Une chemise flottait autours de son

corps. Elle était à demi nue.

Son jean et son chemisier ont été tailladés. Du sang coule sur

sa joue. Des marques apparaissent sur son bras et sa taille. Une

large coupure traverse sa poitrine. Ses tétons ont été coupés. Une

brûlure apparaît sur sa joue gauche et sur ses mains. Elle gît

inanimée, telle une poupée de chiffon. Sa bouche légèrement

entrouverte laisse s’échapper le dernier souffle de vie. Ludovic

poussa un cri. Les dernières images s’estompèrent. Il regarda autour

de lui, éberlué.

Ses yeux se posèrent sur la jeune fille. C’était elle qu’il avait

vue. C’était son cadavre qu’on retrouverait le lendemain. Ludovic

sentit les larmes rouler sur ses joues. Ce n’était pas un rêve, ni une

illusion. Cette fille allait mourir bientôt. Ludovic entendit vaguement le

bruit des flippers. Un type était en train de s’énerver sur les boutons,

enfouissant jetons sur jetons. Ludovic se leva. Peut-être que s’il

parlait avec la jeune fille, il pourrait la convaincre de rentrer chez elle.

La jeune fille se leva soudain.

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Ludovic décida de la suivre. Il se dirigea vers le bar. Puis il la

précéda. Elle se rendait aux toilettes. Il fit mine de s’y rendre aussi. Il

attendit qu’elle sorte des toilettes pour dames. Il attendit. Soudain, il

sentit des mains l’empoigner puis un couteau être placé sur sa

gorge. « Qui est-ce qui vous envoie ? Qui êtes-vous ? ». Ludovic

ferma les yeux. Sans se retourner, il savait qui s’était. La jeune fille

était en train de le menacer. Il essaya de rester calme. « Ecoute, je

ne sais pas de quoi tu parles. Je ne te ferai aucun mal ».

Le couteau se resserra sur sa gorge. « Je t’assure que

personne ne m’envoie. Lâche cette arme. Tu vas te blesser ». Lui-

même entre autre. Pendant les deux secondes les plus longues de

sa vie, il ne se passa rien. Finalement, le couteau s’écarta de sa

gorge. « Pourquoi est-ce que vous m’observiez ? Pourquoi est-ce

que vous m’avez suivie ? » Il n’avait pas pensé q’elle en serait

consciente. La méfiance de la jeune fille était toute à fait légitime.

Ludovic tendit ses mains pour montrer qu’il ‘était pas armé.

La jeune fille s’écarta. « Disons que j’ai eu une vision » ; lui

répondit Ludovic. « Tu étais dedans ». La jeune fille fronça les

sourcils. « Qu’est-ce que vous racontez ? Et puis, qui êtes-vous ? ».

Ludovic lui tendit la main. « Je m’appelle Ludovic Hidlle ». Elle prit un

soupir exaspéré. « Mélanie ». Une tristesse étrange pour son âge

assombrissait ses yeux bleus. Sa peau pâle produisait en elle une

certaine fragilité.

Mélanie le regarda. Puis elle baissa la tête. « Tu ne me crois

pas Mais c’est vrai. Je voulais t’avertir que tu étais en danger ».

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Mélanie le regarda bizarrement. Ludovic crut y lire du mépris. « Vous

êtes quoi ? Une sorte de médium ? Vous pouvez dire le futur ? »

Ludovic secoua la tête. Il posa sa main sur son bras. La jeune fille

secoua la tête. Elle retira son bras d’un geste busque. « Ecoute, je

ne sais pas comment expliquer ça. Tu cours un grand danger. »

Mélanie ne sembla pas avoir envie de l’écouter. « Tu attendais

quelqu’un, c’est ça ? Et tu as cru que c’était moi ».

Mélanie sembla soudain vraiment en colère. Mais Ludovic

comprit aussi qu’elle avait peur. Avant qu’il n’ait pu réagir, elle tourna

les talons puis partit. Elle traversa la salle en courant. Ludovic la

suivit. « Mélanie ! Attends ! » Ludovic voulut la rattraper. Mais elle

s’enfuit et disparut dans la nuit. Ludovic préféra rentrer chez lui. A

trois heures du matin, il n’avait pas envie de courir après les jeunes

filles en détresse. Il n’était pas un héros. Il n’avait pas l’âme d’un

Lucky Luke ou d’un Batman.

Il préféra rentrer. Sauver les gens lui parut trop compliqué. A

cette heure de la nuit il préféra aller retrouver son lit. Il haussa les

épaules. Tant pis pour elle. Le quart d’heure nostalgique était

terminé. Au moins, l’intervention de la jeune fille lui aurait fait oublier

Marion. Et aussi Fernandez Wixplan. Ludovic eut la surprise de voir

que sa sœur dormait toujours. L’horloge dans l’entrée annonçait

quatre heures. Il entendit au loin sonner celle de l’église. Il se

déshabilla et alla s’allonger sur le matelas.

Il remonta les couvertures et s’endormit. Il n’entendit pas Julia

se lever. Elle se rendit jusqu’à la chambre de leur mère. Il n’eut pas

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conscience qu’elle le regardait. Il ne sut pas que Julia avait vu son

mot. Elle le déchira en mille morceaux. Ludovic sentit une main qui le

secouait. « Debout marmotte. On peut dire que tu dors bien, Ludo ».

Ludovic se frotta le yeux. Il se gratta la tête. « On déménage

aujourd’hui », lui annonça Julia. Ludovic s’assit sur son matelas. La

couverture avait glissé et s’étalait sur le sol.

Ludovic manqua se prendre les pieds dedans. Il avait froid. Il

n’était vêtu que d’un t-shirt et d’un caleçon. « Eh, t’as vu ça ? » ;

s’exclama Julia. Ludovic se demanda de qui elle parlait. Il avait

l’impression de nager en plein brouillard. Il avait la tête dans le

cirage. Julia lui brandit le journal sous le nez. Ludovic fronça les

sourcils. Il ne savait pas que sa sœur lisait le journal. Il regarda

vaguement ce qu’elle lui montrait. Il ne put rien déchiffrer. Il s’aperçut

que Julia parlait et s’agitait.

Elle ne sembla pas s’adresser particulièrement à lui.

« Regarde ça. Ce n’est pas malheureux. Tu imagines ? Une mineure

assassinée, bon sang. Elle devait être au lycée. Ils ont retrouvé son

corps. C’est un vieil homme qui l’a aperçue en promenant son chien.

D’après ce qui est écrit le chien aurait sentit l’odeur et aurait aboyé ».

Ludovic se sentit soudain parfaitement réveillé. Mélanie était morte.

S’il avait pu la sauver ou pas, Ludovic l’ignorait. La mort de

Fernandez Wixplan n’était qu’une accalmie.

D’autres dangers se présentaient à l’horizon. « Ludovic ! Tu

n’as rien écouté de ce que je viens de te dire ». Ludovic regarda sa

sœur comme s’il la voyait pour la première fois. Il se sentait épuisé.

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« Tu devras te dépêcher de prendre ton petit-déjeuner. On part dans

une heure ». Ludovic crut percevoir de la contrariété dans la voix de

sa sœur. Est-ce qu’elle lui en voulait d’être sorti hier soir ? Il prépara

du café. Il but une tasse en regardant par la fenêtre de la cuisine.

« Tu aurais dû faire quelque chose pour la sauver ».

Ludovic sursauta. Il se tourna vers Julia. Sa sœur le fixait d’un

regard étrange. « J’ai vu ton mot. Je sais que tu es sorti hier ». Elle

parut embarrassée. Ludovic devina ce qui la dérangeait. « Ecoute.

Je ne sais pas pourquoi. Tu vas sans doute rire mais j’ai eu un flash.

Enfin plutôt une sensation. J’ai sentit tout à l’heure en lisant le journal

que tu étais peut être concerné. C’est dingue. J’ai même regardé s’il

y avait ton nom. Mais il ne parlait pas de toi ». Julia était sortie de la

salle de bain.

Elle était en peignoir. Ses cheveux étaient encore humides.

Elle sourit avec un air d’excuse. « Tout cela n’est sans doute pas

important. ». Ludovic aurait bien voulu lui dire qu’elle se trompait.

C’était le plus grave de leur souci. Julia ne l’aurait pas écouté. Elle

voulait juste retrouvé une vie normale. Ludovic ne pouvait pas lui en

vouloir. Julia lui parla de Jérôme. Ludovic repensa à Marion et perdit

le fil. « Jérôme doit revenir cette après-midi. Ludovic hocha la tête. Il

mangea quelques biscottes.

Il mit sa tasse et ses couvets dans l’évier. Il alla ensuite se

doucher. Il essaya de se calmer. Il fit de son mieux pour se détendre.

Tout s’était passé trop bien. Il ne s’attendait pas à ce que tu viennes

armé. Tu l’as eu par surprise. C’était vrai. Mais Fernandez Wixplan

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devait connaître d’autres spécialistes. La douche ne parvint pas à

éteindre complètement le mauvais pressentiment qui l’avait assailli.

C’était le calme avant la tempête. Il repensa soudain à son studio.

Son coeur se serra. Il détestait avoir du vague à l’âme.

Il passa une serviette autour de sa taille. Il voulut prendre de

nouveaux vêtements. Mais il s’aperçut qu’il avait tout laissé chez

Tony. « Je dois aller prendre mes baguages ». Julia comprit. Ils

avaient dû chercher des indices qui expliqueraient pourquoi Tony

aurait voulu se suicider. « Heureusement pour eux les policiers

avaient laissé le champs libre. Les flics n’avaient pas touché à ses

affaires. Tony était un fonctionnaire plutôt bien payé.

Il avait divorcé. Il en avait discuté autour d’une bière un soir

avec Ludovic. Deux jours avant, ce dernier s’était fait plaqué par

Marion. Les flics avaient supposé qu’il en avait eu marre et qu’il avait

décidé d’en finir. Il était interdit d’enterrer dignement les suicidés.

Mais Ludovic se disait que Tony méritait bien ça. Ludovic voulait lui

offrir une cérémonie. Il repensa alors à l‘enterrement de son père.

C’était un samedi après-midi. Il se souvenait du vent qui avait soufflé.

Il portait un jean et un t-shirt.

Sa mère lui avait dit qu’ils n’avaient pas assez d’argent. Maria

Hidlle éleva seule ses deux enfants. Elle avait toujours fait de son

mieux. Même à l’époque où son père était encore vivant. Maria

Hidlle n’aurait jamais accepté d’être une femme au foyer. Elle avait

repris très vite son travail. Ludovic se souvenait d’elle lors de

l’enterrement. Elle n’avait pas eu honte de pleurer. Jack Hidlle avait

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eu l’enterrement qu’il méritait, entouré de sa famille, de ses amis et

de tous ses officiers. Tout avait été un peu trop grave et solennel à

ses yeux d’enfants. Il n’avait pas eu encore conscience de toute

l’ampleur du drame qui s’était abattu sur leur famille.

Jack Hidlle avait été un bon flic. Il avait enquêté sur le terrain.

Il n’avait pas été du genre à rester derrière un bureau. La paperasse

et l’administration, ce n’était pas pour lui. Il était toujours fier lorsqu’il

parvenait à faire arrêter un criminel. Mais il ne s’en vantait pas. Il

avait fait son boulot. Et c’était tout. Jack Hidlle se fiait à son instinct. Il

sentait lorsqu’un suspect n’était pas le coupable recherché. Jack

Hidlle avait été aussi un bon père. Mais il n’avait pas eu le temps de

le prouver.

Il était mort un soir quand une enquête qu’il suivait avait mal

tournée. Il laissait derrière lui une famille et toute une troupe de

collègues. Ceux-ci étaient tous venus à son enterrement. Ils avaient

pris le temps chacun de dire un mot pour lui. Sauf un. Lorsqu’il s’était

approché de la tombe, l’animosité avait presque été palpable. Le

petit Ludovic l’avait sentie. Cet homme éprouvait de la haine envers

son père. Tous les regards avaient été rivés sur lui. Heureusement, il

ne s’était rien passé. Ludovic s’était demandé pourquoi.

L’homme était du même grade que son père. Il était sans

doute jaloux. Les autres l’avaient regardé avec mépris. Il était

retourné à sa place sans regarder personne. Ludovic l’avait suivit

des yeux, intrigué. Qu’est-ce que cet homme reprochait à son père ?

Le lieutenant avait prononcé un éloge envers l’officier Jack Hidlle.

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Ludovic avait baissé les yeux. Sa mère avait pressé sa main. Sa

sœur s’était rapprochée de lui. Puis les collègues s’étaient écartés,

laissant Maria Hidlle traverser la place. Elle avait déposé un bouquet

de fleur sur la tombe. Ludovic l’avait regardé. Il l’avait trouvé très

belle. En repensant à ce jour funèbre, Ludovic se dit que sa mère

n’avait pas mérité de se retrouver toute seule.

Ludovic partit chercher ses affaires chez Tony. Les flics

avaient quitté les lieux. Il reçut alors un appel. C’était un coup de fil

de l’inspecteur Hannon. « Désolé de vous déranger, Monsieur

Hidlle. » Ludovic n’aima pas ce ton de fausse condescendance.

« Votre copain a été amené à la morgue. Vous pourrez venir pour le

reconnaître. Vous nous direz si c’est bien lui ». Ludovic se sentit

soulagé. Ainsi, les policiers n’avaient pas vu la mort de Tony Erwan

comme un suicide.

Il ne sut pas pourquoi mais cela lui fit plaisir. Il n’aurait pas

aimé que l’on pense ça de Tony. Ludovic éteignit son portable et se

rendit à la morgue. Il se sentit nerveux. Il avait l’impression qu’une

éternité s’était écoulée depuis qu’il avait trouvé Tony. Il aurait voulu

lui annoncer la bonne nouvelle. Il avait gagné. Fernandez Wixplan

était mort. Mais c’était trop tard. Ludovic fut frappé par l’odeur qui

régnait. C’était un mélange de désinfectant, de sueur et d’autre

chose de très désagréable.

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L’inspecteur Hannon était là qui l’attendait. « Je sais que c’est

Tony. Pourquoi me faire venir ici ? » ; Lui demanda Ludovic. Il aurait

bien voulu ne pas se retrouver dans cet endroit. N’importe qui aurait

le bourdon rien qu’à l’idée de mettre un orteil dans un tel lieu.

Ludovic frissonna. « Ecoutez, je voudrais qu’on enterre Tony ».

Hanon planta ses yeux dans les siens. « Vous êtes pas le seul, mon

vieux. Sa famille fait un foin de tous les diables. Ils ne veulent pas de

cette autopsie. A croire qu’on va le disséquer, hein ? ».

Ludovic prit un air faussement étonné. « C’est un peu la

même chose, non ? » Hannon eut un rire sans joie. « Vous êtes un

marrant vous ». Ludovic haussa les épaules. « Vous savez que c’est

pas l’envie qui me manquerait de vous coller ce crime sur le dos.

Vous étiez là. Ce serait facile. On bouclerait cette affaire en moins de

deux. » Ludovic ne fit aucun commentaire. « Heureusement pour

vous, Jaudris a de bons yeux. Il a vu un indice. Je sais pas ce qui lui

a fait dire que c’était Wixplan. Et vous savez quoi, on a trouvé de

l’ADN de ce magicien de pacotille ».

Ludovic fit signe qu’il comprenait. « Normalement, je ne

devrais pas vous dire tout ça, pas vrai ? A cause du secret

professionnel et tout ça. Mais je me suis dit que vous aimeriez savoir

ça ». Que de sollicitude. « Ca va » ; Lui dit Hanon. On n’a pas

besoin de cette autopsie de toute façon. » Ludovic se retint de rire.

Ils imaginaient leur tête s’ils savaient la vérité. « On va envoyer un

formulaire à ses parents pour qu’ils le signent. Il n’y aura pas

d’autopsie. Ca vous va ? ».

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Ludovic acquiesça. Il alla chercher ses affaires chez Tony. Il

se souvint du soir lorsqu’il était allé chez lui. Tony avait accepté de

l’héberger. Il ne s’était pas moqué de lui. Il ne lui avait pas dit non

plus qu’il était fou. Il prit tout ce qu’il avait laissé chez son ami. Il

revint les prendre dans l ‘après-midi. Il commença à respirer et à se

sentir mieux. Il ne s’était pas rendu compte à quel point tous les

évènements récents l’avaient affecté. Lorsqu’il sortit, Ludovic vit que

sa sœur l’attendait dans la voiture.

Une petite Twingo rouge. Ludovic la trouva cool. Il mit ses

affaires dans le coffre. « Tony va être enterré dans une semaine. » ;

Lui dit-il. Julia hacha la tête. « Je suppose que tu vas y aller. Ludovic

lui répondit que oui. Il monta sur le siège passager. « Ca se passe

bien entre Jérôme et toi ? » ; Lui demanda-t-il soudain. Il n’était pas

particulièrement intéressé. Il lui demandait ça comme ça. Pour

savoir. Julia sourit. « Tout va bien entre Jérôme et moi ». Cette

phrase sonna affreusement creuse.

Aucun des deux n’étaient dupe. Ludovic sentit qu’il y avait

anguille sous roche. Mais Julia ne dit rien de plus. Le trajet se

poursuivit dans un silence confortable. Ils arrivèrent une heure plus

tard à la maison de Julia. « Il faudrait trouver un moyen pour

enterrer Maman. » ; dit soudain Julia. Quelque chose se brisa dans

son regard. « Si elle est vraiment morte. » Ludovic lui répondit

comme si c’était une évidence. Julia secoua la tête. « Je suis

désolée. Mais j’ai beaucoup de mal à le croire.

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Ludovic comprenait. Lui aussi avait beaucoup de mal à

réaliser. Julia eu un petit sourire contrit. « Je suppose que ça doit

être normal. Je suis encore sous le choc ». Etrangement, Ludovic se

sentait heureux. Il avait vécu les moments les plus étranges de sa

vie. Julia regarda son frère. Elle sembla soudain perplexe. « Qu’est-

ce que je vais dire à Jérôme ? ». Ludovic ne comprit pas tout de

suite. Il était un peu ahuri, presque étourdi. Sa vie avait pris un

tournant étrange. Il se gratta la tête.

Si quelqu’un avait besoin d’un éléctro-choc pour se remettre

les idées en place, c’était bien lui. Il se sentait complètement

déconnecté de la réalité. Son esprit flottait quelque part entre deux

mondes, essayant d’échapper à l’un pour retourner dans l’autre.

Mais il resterait prisonnier d’une bulle qui bloquait sa capacité

d’action et de réaction. Il sortit de la voiture. Julia le fixa d’un œil

critique. « On ne croirait pas en te regardant que tu as eu un

magicien. On croirait plutôt que tu as subi un lavage de cerveau.

Sans vouloir te vexer, Ludo, tu as l’air complètement à l’ouest. »

Julia fronça les sourcils. « J’imagine que je ne dois pas être

mieux moi non plus. Enfin, je n’ai pas vu un de mes meilleurs amis

mourir. » Ludovic secoua la tête. Il eut la vision d’une figurine faisant

le même geste. Il se demanda si ce n’était pas ce qu’il était devenu.

Il ferma les yeux. Ses mains tremblaient. Il repensa au pressentiment

qu’il avait eu ce matin. « On lui dit simplement que notre mère est

morte ou on ne lui dit rien ». Julia le regarda comme s’il avait deux

têtes au lieu d’une. « Mais il faut le lui dire. »

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Ludovic se gratta de nouveau la tête. Jérôme ne faisait pas

parti de la famille. Il n’avait pas à savoir ça. Il regarda la maison de

sa sœur. Julia passa un bras autour de ses épaules. « Ca va te faire

du bien. Ca va te permettre de renouer avec la réalité ». Ludovic se

força à sourire à sa sœur. Elle avait vécu un évènement

traumatisant. Mais elle était forte. Elle finirait par se remettre de sa

souffrance. Elle prenait sur elle. Il se dit qu’elle ressemblait de plus

en plus à leur mère.

Ludovic ouvrit le coffre de la voiture. Il s’aperçut qu’il avait

oublié sa brosse à dent. Il se sentit désespéré. Soudain, il eut envie

de pleurer. Julia vint voir ce qu’il faisait. « Ce n’est pas grave » ; lui

dit-elle. Ludovic leva la tête vers elle. Il se sentit aussi triste qu’un

enfant à qui on viendrait de confisquer un jouet. Il avait besoin de se

raccrocher à des objet réels. N’importe quoi qui lui ferait oublier

l’épouvante de ce qui lui était arrivé. Tout ce qui lui rappelait que la

vie normale existait encore.

Il chercha à se rappeler ses projets. Chaque objet sembla

avoir soudain une importance vitale. C’était stupide. Il le savait bien.

Le monde n’allait pas s’arrêter parc qu’il avait oublié sa brosse à

dents. Une main de posa sur son bras. Ludovic tourna la tête. Ses

yeux rencontrèrent ceux de Julia. « Ca va aller, Ludo. Ca va aller ».

Elle essayait de se convaincre elle-même. « C’est moi qui devrait

être en train de te consoler ». Julia éclata de rire. « Arrête, Ludo.

C’’est ridicule ». Ludovic se sentit réconforter par le rire de sa sœur.

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Si elle pouvait encore le faire, c’étaient que les choses

n’allaient pas si mal. Julia le mena jusqu’à sa maison. Elle poussa le

portail. Elle avait la chance de pouvoir vivre dans un pavillon avec

Jérôme. Ludovic regretta de n’être pas venu lui rendre visite plus

souvent. La dernière fois qu’il était venu, c’était lors de la réunion

familiale. Une idée de leur mère, Maria Hidlle. Elle avait insisté pour

qu’ils se réunissent une fois par ans tous ensemble. « Ce n’est pas

parce que votre père est mort que nous devons nous éloigner les

uns des autres. Nous formons toujours une famille ».

Pour lui faire plaisir, Ludovic s’obligeait à venir. Même si ce

jour-là, il avait d’autres projets. « Pourquoi est-ce que vous ne vous

voyez plus souvent » ; Lui avait demandé leur mère. « Je suis

occupé, Maman ». C’était à cause de son travail. Il se faisait un point

d’honneur à le faire bien. Il n’aurait jamais voulu qu’on dise de lui

qu’il était incompétent. D’accord, il admettait que ce n’était u’un

prétexte. Mais sa mère avait dû le deviner. « Tu travaille trop, Ludo.

Repose-toi un peu. Tu devrais prendre des vacances ».

Ludovic y repensa. Cela lui fit du bien. « C’est vrai. Je devrais

peut-être prendre des vacances. Julia le regarda, intriguée. « Voila

maintenant que tu parles tout seul ». Ludovic la précéda à l‘intérieur.

Ill ne répondit rien. « Mais c’est vrai que tu devrais prendre des jours

des congé. Tu devrais partir quelque part. Ca te changerait les idées.

Ca te remettrait aussi les neurones en place ». Ludovic fit une

grimace. « J’ai l’impression d’entendre Maman quand tu parles

comme ça ». Julia détourna les yeux.

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Elle écrasa une larme. « Bon sang. Quand, je pense à ce qui

lui est arrivé ». Ludovic posa ses affaires. Il s’approcha de sa sœur. Il

la prit dans ses bras. « Je ferais mieux de faire un peu de ménage

avant que Jérôme n’arrive. » La perspective de l’arrivée du mari

prodigue n’enchantait pas Ludovic. Mais il ne pouvait rien y faire.

« Tu comptes toujours monter ta propre entreprise ? » ; Lui demanda

Julia. Ludovic ne comprit pas tout de suite de quoi parlait sa sœur.

« Ah, euh oui… Bien sûr ». Il avait oublié.

Il se sentit idiot. Comment pouvait-il ne pas se souvenir de

quelque chose comme ça ? C’était sa vie, son avenir. « Tu vas y

arriver, Ludovic. Tu es le meilleur ». Ludovic sursauta. C’était la voix

de son père. Il devait sans doute en parler à Julia. « Tu peux

prendre la chambre d’amis » ; lui dit-elle. Il prit ses affaires et monta

à l’étage. Il n’était pas venu depuis un bon moment. Mais il

connaissait les lieux comme sa poche. Il s’en souvenait comme s’il

était venu hier.

Jérôme arriva en fin d’après-midi. Il fut très surpris de

rencontrer son beau-frère chez lui. Ludovic le trouva toujours aussi

peu sympa. Jérôme portait une veste complètement repassée. Pas

une mèche ne se dressait sur sa tête. Les deux hommes se

regardèrent presque avec méfiance. Je ne peux pas croire que je

vais vivre sous le même toit que lui ; pensa Ludovic. Il soupçonnait

Jérôme de ne pas être aussi parfait qu’il en avait l’air. Il verrait après

tout. « J’imagine que tu es déjà installé » ; Remarqua Jérôme.

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Finalement, il s’approcha et serra la main de Ludovic.

« Bienvenue » ; Lui dit-il. « J’espère que tu vas te plaire ici ». D’après

ce que lui avait dit Julia, Jérôme travaillait dans le commerce. IL a

de la poigne. ; remarqua-t-il pour lui-même. Ludovic sentit la

pression ferme de sa main. « Tu n’as pas bonne mine » ; Lui dit

Jérôme. C’est normal, je suis passé dans une lessiveuse. « Ce n’est

rien. Je suis un peu fatigué. J’ai eu beaucoup de problèmes ces

derniers temps ». Cela lui répugnait de raconter à Jérôme les

expériences qu’il avait eues avec le surnaturel.

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Chapitre 9

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Il imagina soudain une publicité avec Jérôme comme

présentateur. « Et je vous promets qu’après ça vous ne serez plus

jamais le même ». Ludovic se retint de rire. Jérôme n’aurait pas

comprit. Il aurait cru que son beau-frère se moquait de lui. « Je vois

que vous avez l’air déjà occupés » ; Remarqua Julia. Jérôme sourit.

« Je ne t’ai pas prévenu que Ludovic venait. Je n’ai pas pensé que

ça pouvait te dérangé. C’est mon frère. Il peut rester chez moi autant

qu’il veut. » Jérôme planta ses yeux dans les siens.

Ludovic le regarda. Tout va bien entre Jérôme et moi. Il n’en

était pas sûr. Il scruta le visage de Jérôme et vit qu’il était contrarié.

« Je t’en prie. Ne t’énerve pas. Ludovic a eu de sérieux ennuis. C’est

la moindre des choses que je puisse faire. » Jérôme sembla faire un

effort pour garder le sourire. « Très bien ». Il s’approcha de Julia. Il

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l’embrassa. « Excuse-moi, ma chérie. Ca ne me gène pas que ton

frère vienne chez nous. » Ludovic sentit qu’il mentait. Mais il eut

d’autres soucis à régler que les problèmes entre Julia et son mari.

Le mauvais pressentiment qu’il avait dés le matin ne s’en était

pas allé. Il dormit très mal cette nuit-là. Il sentait que quelque chose

de terrible allait arriver. Il ne pourrait rien faire pour l’en empêcher.

« Tout va bien. Tout va bien. Fernandez Wixplan est mort. Il brûle en

enfer à l’heure qu’il est. » Il essaya de se convaincre en changeant

de position pour la vingtième fois. Il jeta un œil sur le réveil. Il était

deux heure trente du matin. Ludovic se redressa sur son lit. Il avait

soif. Sa gorge était sèche comme du papier de verre.

Il se leva sans bruit. Il dormait dans un lit assez large aux

draps bleus. Il alluma la veilleuse. Des ombres étranges dansaient

sur les murs. Le papier peint aux couleurs criardes prenait une autre

tournure à cette heure de la nuit. Ludovic se souvint qu’il était chez

sa sœur. Il se leva. Il enfila les chaussons de Jérôme. Il descendit les

escaliers. Il essaya dans les brumes du sommeil où il flottait encore

de retrouver la cuisine. Il avança doucement. Il arriva en bas sans

encombre. Il alla jusqu’à la cuisine.

Soudain, il entendit un bruit étrange. Il sursauta. Il tendit

l’oreille. Un coup de marteau. Pendant quelques secondes, il

n’entendit plus rien. Puis le bruit résonna encore. Comme si

quelqu’un tapait dans un mur. A cette heure-ci, c’était plutôt étrange.

Ludovic prit un verre d’eau. Il fit couler le robinet et se servit. Le bruit

résonna une troisième fois. Ludovic se rendit jusqu’au salon. Le bruit

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provenait de là. Tout était plongé dans l’obscurité. Ludovic voulut

allumer l’interrupteur.

Celui-ci sembla être tombé en panne. Ludovic réessaya

plusieurs fois. Finalement, il finit par renoncer. Il fit quelques pas.

Soudain toute la pièce fut éclairée. En une fraction de seconde le

salon de Julia s’agrandit. Il devint une salle immense. Une table très

large se dressa. Elle fut recouverte d’une immense nappe noire. De

grands candélabres trônèrent. Ils éclairèrent la pièce pour le moins

lugubre. Plusieurs chaises entourèrent la table. Des assiettes et des

couverts en argents apparurent.

Des silhouettes entrèrent soudain par une grande porte.

Ludovic ne l’avait pas remarqué tout de suite. Ils étaient tous

richement habillés. Ludovic resta éberlué, comme paralysé. Qui

étaient tous ses gens ? Ils prirent tous place autour de la table. Les

femmes portaient de longues robes. Les hommes étaient vêtus de

chapeaux, de veste et de pantalons. Certains portaient des

redingotes. Les hommes s’assirent à droite. Les femmes à gauche.

Tous avaient l’air grave et solennel.

Un homme qui devait être le chef, s’assit au bout de la table. Il

se leva. Tous les regards se tournèrent vers lui. Il parla dans une

langue incompréhensible et qui n’avait rien d’humain. Ludovic le

regarda, fasciné. Cet homme ressemblait étrangement à Fernandez

Wixplan. Ludovic frissonna. Il ferait bien de ne pas rester là. Mais il

ne pouvait plus bouger. Un des candélabres brûla. Personne ne

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broncha. Une porte s’ouvrit. Ludovic regarda et crut qu’il allait être

malade. Un homme assez jeune arrivait.

Il tenait une assiette entre ses mains. Dessus trônaient des

têtes. Parmi elles, Ludovic reconnut celle de Mélanie. Terrorisé, il

hurla à s’en briser les poumons. Les larmes roulèrent sur ses joues.

Il cria jusqu’à s’en rendre dingue. L’homme continuait de parler

tranquillement. Les autres l’écoutaient. Ludovic ferma les yeux. Il ne

voulait pas voir ce festin affreux. Soudain, il sentit ses yeux qui le

transperçaient. Il vit que l’homme le regardait. Ludovic comprit alors

à qui il avait affaire.

C’était le frère de Fernandez Wixplan. Il voulait le venger. Il

était prêt à tout pour avoir la peau de son meurtrier. Ludovic se sentit

écrasé par la haine qui brûlait dans ses yeux. Tous les regards

conspirèrent vers lui. Un couteau apparut dans les mains du

serviteur. Il s’approcha du chef et le lui tendit. Ce dernier le prit dans

sa main gauche. Il se matérialisa devant Ludovic. Celui-ci fut

incapable de bouger. Il aurait voulu s’enfuir. Mais son corps ne

sembla pas pouvoir obéir à cette injonction.

Une main prit ses cheveux. Ludovic sentit ses genoux vaciller.

Il serra les dents. Il résista aux supplications qui montaient jusqu’à sa

bouche. Une douleur fulgurante traversa son épaule droite. Il hurla

de douleur. Du sang gicla et tâcha le sol. Une large entaille apparut

sur son épaule. Le sang coula sur sa peau et sur ses vêtements. Un

ricanement inhumain frappa ses oreilles. Ce fut la dernière chose

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qu’il entendit. La douleur physique occupa toutes ses pensées. Le

couteau déchira sa peau.

Ludovic n’aurait jamais cru que la douleur pouvait atteindre de

tels degrés. Il se roula en boule. Il sentit le sang – son propre sang-

qui se répandait et tâchait le carrelage. Ses forces le quittaient. Il

n’était plus qu’une chose fragile. Sa vue se brouillait totalement. La

seule chose qui continua fut cette douleur atroce. Il n’eut pas la force

de se débattre. Il était réduit à néant sous la poigne qu’exerçait son

bourreau. Il pressait con crâne violement. Il continua de le labourer

de coups de couteaux. Ludovic hurla encore et encore.

S’il pouvait s’évanouir, ne plus rien sentir. Une voix résonnait.

C’était la sienne. C’était vraiment la sienne, cette voix de petit

garçon ? Il suppliait. C’état la seule chose qui lui restait. Sa gorge

était entrecoupée de sanglots. Des rires lui parvinrent. Les autres se

moquaient de lui. Ils riaient de sa souffrance. Pour eux c’était un

loisir. Un moment de plaisir qui occupait leur repas. Ludovic saigna

du nez. Il crut que son cerveau allait éclater. « Pas les yeux. Pas les

yeux » ; Supplia-t-il.

Puis il s’évanouit. Son sang se déversa à flot. Des silhouettes

l’entourèrent. « Voilà un plat de premier choix. » ; Dit une voix

masculine. « J’espère qu’il n’est pas trop coriace » ; remarqua une

voix féminine. « C’est ce que nous allons voir « ; Dit le chef.

« Apportez-moi un couteau plus grand ». Deux minutes s’écoulèrent.

Puis une main prit le couteau et le dirigea vers la poitrine de Ludovic.

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Les visages se transformèrent en masque hideux. Leurs ricanements

devinrent des cris sauvages et monstrueux.

Ludovic se réveille en hurlant. Il se dressa comme un ressort.

Reprenant sa respiration, Ludovic regarda autour de lui. Se prenant

la tête à deux mains, il se dit que ce n’était pas possible. Ce n’était

qu’un stupide cauchemar. Mais il savait que c’était faux. La limite

était fine entre la réalité et le paranormal. « Mon dieu, faites que ce

n’était pas prémonitoire ». Il avait vu la tête de Mélanie. Il entendit

des pas qui s’approchaient. La porte s’ouvrit sur Julia. Son visage

était empli d’inquiétude.

Ludovic devina qu’il avait dû crier. Julia l’avait entendu. Il la

rassura. « Qu’est-ce qui se passe ? » ; demanda une voix derrière

elle. « Ce n’est rien » ; Lui dit Julia. « Ludovic a fait un cauchemar ».

Jérôme haussa les épaules. Il repartit se coucher sans ajouter un

mot. « Tu veux peut-être en parler ? » ; Demanda Julia. Ludovic

refusa. « Non pas maintenant. Plus tard, peut-être. » Julia n’en fut

pas contrariée. « A demain, alors ». Elle embrassa son frère sur la

joue puis s’éloigna.

Ludovic la regarda fermer la porte. Il se demanda comment il

allait se rendormir. Il passa donc le reste de la nuit éveillé. Son

mauvais pressentiment semblait être vrai. Ludovic se leva et sortit de

sa chambre. Il en aurait le coeur net. Il descendit sur la pointe des

pieds et alla jusqu’à la cuisine. Puis, il resta là et attendit. Rien. Tout

était silencieux. Ludovic se rendit jusqu’au salon. Il regarda autour de

lui. La petite table était là. Le fauteuil trônait bien à sa place. Le

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parquet était nickel. La télévision éteinte restait bien sagement posée

sur le dressoir.

Tout était à sa place. Ludovic alluma la lumière. Rien. Tout

était normal. Ludovic en éprouva un immense soulagement. Mais il

fut de courte durée. Ludovic savait qu’il avait un nouvel ennemi à

affronter. Un ennemi qui voulait sa mort. Un ennemi qui le haïssait.

Ludovic alla s’asseoir dans le fauteuil. Il sentit le sommeil le gagner.

Somnolant, il retourna dans la chambre d’amis. Les marches lui

parurent étonnement raide. Il ne les entendit pas craquer sous ses

pieds. Il s’effondra sur le lit et s’endormit.

Il sentit une main le secouer. Julia le réveilla. « Debout,

paresseux. C’est l’heure. Je pars au boulot ». Ludovic la regarda. Il

se demanda quand il s’occuperait du sien. Hier, il pensait pouvoir

reprendre sa vie normale. Il croyait pouvoir se pencher à nouveau

sur ses projets professionnels. Et aussi personnels. Il devait

admettre que…peut-être avec Marion… Mais ce matin, il devait y

renoncer. Il avait affaire avec le jumeau de Fernandez Wixplan. Et

celui-ci voulait sa peau. Il viendra lui-même jusqu’à moi. Si ce type

est aussi puissant que Fernandez Wixplan, je n’ai aucune chance.

En plus, ce gars avait l’air d’avoir une armée à ses pieds.

« Ce doit être une secte. Des adeptes du cannibalisme. » Il se dit

qu’il devait en finir au plus vite. Il ne voulait pas passer sa vie aux

crochets des autres. Il voulait se concentrer sur sa vie. Il voulait sa

propre entreprise. Il n’avait aucune preuve de l’existence de ce soi-

disant sosie. Il se leva et alla prendre sa douche. Puis il prit des

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vêtements. Il les avait laissé dans la valise. Il les rangerait dans

l’armoire plus tard.

Il se demandait s’il arriverait à reprendre sa vie après.

Lorsque enfin tout serait fini. Est-ce qu’il aurait encore l’envie qu’il

avait eu avant ? Deux heures plus tard, Ludovic sortit. Il alla se

promener. Il n’avait pas l’intention de rester enfermé toute la journée.

Il venait de descendre les trois marches. Il allait traverser le jardin.

Soudain, ses yeux se reportèrent sur quelque chose. Des fleurs

coupées se répandaient. Et sur le sol était inscrite une écriture

dégoulinante et sanglante « Tu es mort, Hidlle ».

Ludovic sentit ses cheveux se dresser sur son crâne. Il se

passa une main nerveuse sur la nuque. Son cœur s’accéléra. Il

déglutit péniblement. Est-ce que c’était un de ses sbires qui avaient

écrits ça ? Un des personnages qu’il avait vu lors de l’étrange

festin ? Il eut soudain la sensation que l’air se refroidissait. Il se

demanda s’il sortirait vivant de cette histoire. Il l’espérait. Bon sang,

mais pourquoi avait-il écouté Tony ? Pourquoi était-il allé voir

Fernandez Wixplan ? Il regarda autour de lui.

Il entendit un claquement. C’était ses dents qui

s’entrechoquaient. Il avait une frousse épouvantable. Et soudain, il

éclata de rire. Il se tint le ventre et rit à gorge déployée. Ludovic rit à

n’en plus finir. Il tomba par terre. Il riait, riait. A en pleurer. A en être

malade. A s’en péter la ventrière. A en pisser dans son froc. Il rit

comme il ne l’avait jamais fait. Si ses anciens collègues l’avaient vu

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à ce moment-là… Ludovic rit encore plus fort en y pensant. Ils ne

l’auraient pas reconnu.

Mon pauvre veux. Tu es bon pour être enfermé. Ludovic

continua de rire, se roulant dans l’herbe. Il rit, sans se préoccuper de

savoir si quelqu’un l’entendait. Ce fut la chose la plus étrange qui lui

arriva. La situation n’avait rien de drôle. Un nouveau danger se

profilait. Son rire n’avait rien de sain. C’était bien plutôt de l’hystérie

qui y transparaissait. Et en plus, ce type savait où il créchait. Ludovic

crut qu’il ne s’arrêterait jamais. Se tenant, les côte, il en pleurait. Son

ventre lui faisait un mal de chien.

Il devenait certainement dingue. C’était l’idée la plus probable.

Il avait cru pouvoir revivre. C’était faux. Il allait devoir maintenant

faire face à une bande de cinglés. Se redressant, il essaya de

reprendre son souffle. Il commençait à se calmer. Ce rire lui avait fait

du bien. L’angoisse avait moins de prise sur lui. Il resta assis là,

immobile. Il tremblait comme une feuille. Il se sentait épuisé. Il en

avait assez. Le surnaturel, ce n’était pas sa tasse de thé. Il n’avait

toujours cru qu’en ce qu’il voyait.

Il ne savait pas ce qui l’avait poussé à croire Tony. Il était allé

voir un magicien. Soudain elle ne paraissait plus aussi absurde. Il

avait eu besoin d’aide. Il avait saisi la première occasion.

Aujourd’hui, il s’en mordait les doigts. Il se sentait seul et désemparé.

Il aurait bien aimé que sa sœur soit là pour partager sa peine. Il

devait peut-être lui parler de son rêve. Mais il ne voulait pas troubler

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sa vie. Si les choses ne risquaient pas d’être pire, ça ne s’arrangerait

pas.

Il essaya de se calmer et de se dire qu’il ne risquait rien. Il se

rongea les ongles. Il commençait sérieusement à paniquer. Tu vas

t’en sortir, Ludo. La voix de son père. Ludovic ne s’était jamais senti

aussi heureux de l’entendre. C’était bon de ne plus se sentir seul.

« Papa, je n’y arriverai pas. Combien sont-ils encore ? Regarde la

difficulté que j’ai eue contre Fernandez Wixplan. » Tu n’es pas tout

seul, Ludo. Cela ne le rassura pas. « Personne ne peut rien pour

moi ». Soudain, il sentit une présence juste à coté de lui.

Cécilia se tenait là, lui souriant. Elle posa une main sur son

épaule. Ludovic s’était demandé si elle était un ange. C‘était grâce à

elle qu’il n’avait pas été tué lors du massacre. Et c’était sans doute

grâce à elle s’il vivait encore aujourd’hui. Elle lui insufflait de la force.

Et puis, il y avait son père. Jack Hidlle était là pour protéger et

conseiller son fils. Il n’avait pas été là en son vivant. Mais il se

rattrapait maintenant. Il entendit Cécilia chanter. Bouleversé, il

pleura. Son corps était secoué par les sanglots.

Le chœur des enfants le rendit à la sérénité. Il se sentit mieux.

Il essuya ses larmes. Levant la tête, il regarda ses gardiens. Alors il

regretta de ne pas croire en Dieu. Ses parents n’étaient pas très

portés sur la religion. Son grand père paternel descendait d’une

longue famille de puritains. Mais son père avait rejeté cet héritage. Il

ne voulait pas de tous ses dogmes. « La religion est juste une autre

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moyen d’asservir les hommes. » La foi n’avait rien à voir avec la

religion.

Dieu est Dieu quel que soit le nom qu’on lui donne. La foi est

une histoire personnelle. Jack Hidlle l’avait dénigré. Il ne croyait

qu’en la justice des hommes. « S’il y a une justice divine, elle est

inefficace ». Jack Hidlle s’était mis en conflit avec tous les autres

membres de la famille. Son père lui avait coupé les vivres quand il

n’avait que dix-sept ans. Un flic, voyez-vous ça. « Tu ne croyais pas

que j’allais devenir pasteur » ; lui cria Jack en claquant la porte de la

maison. Il n’y avait plus jamais mis les pieds.

Religion ou pas, Jack avait rejeté le joug que son père

imposait. « J’en veux pas de cette religion. Les Chrétiens sont tous

des hypocrites », Avait-il crié un jour à quinze ans. A partir de là, le

père et le fils étaient entrés en conflits de plus en plus souvent.

« Dans notre famille, on est chrétiens de générations en générations

depuis des décennies. Tu crois que je vais accepter un fils

hérétique ? » ; Cria le père. « C’est du flan. Ca m’est égal ! » ; Avait

crié Jack. Il avait regardé avec colère sa mère soumise aux lois de

son père.

Quand il était petit, il ne comprenait pas. Cela lui paraissait

naturel. Mais alors qu’il grandissait, une révolte sourde s’était formée

en lui. « Vas te faire foutre ! » ; Avait-il crié à son père. « Je serais

policier. Que tu le veuilles ou non. Je deviendrai inspecteur ». Son

père avait froncé les sourcils. « Et tu comptes gagner ta vie avec

ça ? » Jack avait haussé les épaules. « Très bien. Alors débrouille-

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toi. Ne compte pas sur moi pour te payer tes études ». Jack Hidlle

n’était pas un dégonflé.

Il avait le mérite d’être persévérant. A force d’effort, il obtint

une bourse qui lui permit de vivre chichement. Il entra à l’école de

police de San Francisco. Il gravit les échelons. Il devint inspecteur de

police. Un an après avoir obtenu son diplôme, il rencontra Maria

Grenworth. Il l’épousa deux ans après. Ils eurent deux enfants. Ils

restèrent à San Francisco. Ludovic n’eut pas la chance de connaître

son grand-père paternel. Jack Hidlle s’étai brouillé pour toujours avec

lui. Il n’avait jamais pardonné à sa mère d’être une femme

entièrement soumise à son mari.

Il avait détesté les privilèges qu’on lui offrait par rapport à ses

deux sœurs. Malgré ses querelles avec son père, il avait été

favorisé. Il avait refusé de faire la même erreur avec ses enfants. Il

avait essayé de les éduquer dans l’égalité. C’était dans cette idée,

qu’il les avait regardé grandir. Ludovic avait échappé au puritanisme

et au fanatisme. Il pouvait s’en estimer heureux. Il n’avait pas connu

une société étroite refermée sur ses règles et ses nomes. Une

société basée sur la soumission et la crainte.

Ca avait été un choc pour le reste de la famille lorsque Jack

avait exprimé son désir d’être policier. « Pas de ça chez nous. Tu

seras fonctionnaire. Comme les autres ». Jack avait avoué à son fils

qu’il était heureux de quitter la maison familiale. « J’avais

l’impression d’étouffer. C’était comme s’il m’avait mis en cage. J’ai

hait mon père de me brimer. Lui, il disait que c’était pour mon bien.

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Tu es encore trop jeune pour comprendre, Ludo. Mais un jour, tu

sauras. Ludovic y repensa. Tout le ressentiment qu’il avait eu pour

son père disparut.

Ludovic passa le reste de la matinée à regarder sur Internet si

Fernandez Wixplan n’avait pas un frère jumeau. Il chercha même

dans les annuaires. Mais il ne trouva rien qui put le mettre sur la

voie. Il se trouva idiot. Ce n’était pas sur Internet qu’il allait trouver

des informations. Si ce soi-disant jumeau faisait parti d’une secte… Il

avançait à visage masqué. Ludovic tapa secte. Il tomba sur les

Témoins de Jéhovah. Il trouva aussi un article sur la scientologie. Et

un autre sur Tom Cruise. Rien d’intéressant. Il tapa Wixplan. Mais il

ne trouva que le magicien mort.

Un article le fit tressaillir. Il était intitulé : Mort d’un magicien.

Un suspect : Ludovic Hidlle. « Je n’avait pas le choix. Il m’aurait tué,

sinon. Vous devriez plutôt me remercier. J’ai sauvé l’humanité ». Un

sourire cynique étira ses lèvres. Voila maintenant qu’il se prenait

pour un super héros. On avait retrouvé le corps de Fernandez

Wixplan. Mais pour eux, ce n’était pas un exploit. C’était un meurtre.

Ludovic cogna son poing contre la table. Il fut furieux. C’était lui qui

aurait pu être le cadavre.

L’ingratitude humaine n’avait pas de limites. Il chercha

d’autres outils. Mais près deux heures, il ne trouva rien. « Et bien, il

ne fait pas beaucoup de publicité ». Soudain, une autre envie le prit.

Il tapa « entreprise : bureautique ». Puis, ce fut le choc. Il ne

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caressait plus le rêve de monter sa propre entreprise. Enfin, il le

croyait. Parce que, soudain, cela lui parut dérisoire. Il s’était attaché

à une illusion. Il avait cru qu’il pourrait tout seul réussir un tel projet.

Son boulot l’avait dégoûté.

Mais ce qu’il avait toujours détesté, c’était le système

hiérarchique. Et tout ce qui allait avec. Il s’aperçut soudain qu’il ne

pouvait plus devenir l’un d’eux. Il serait comme son ancien patron. Il

serait un autre Marc. Il n’avait pas pensé à ses subalternes. Il voulait

du pouvoir. Lui aussi avait envie de dominer, de donner des ordres et

d’être quelqu’un d’important. C’état parce qu’il n’y arriverait jamais.

Alors, il avait détesté son patron. Il avait simplement été jaloux. Le

Ludovic qui voulait avoir sa propre entreprise était mort.

Il ne comprit pas ce qui provoquait ce changement. Il ne

savait pas ce qu’il allait faire de sa vie. Il s’y était accroché jusqu’au

bout. Il avait cru faire ainsi un pas en avant. Mais il se serait

amoindri. Au final, il aurait été comme Fernandez Wixplan. Un être

avide, près à se servir de son pouvoir pour mettre sous son joug tous

ceux qu’il rencontrait. C’était bien ce qu’il serait devenu. Un sourire

étira ses lèvres. Il avait au moins gardé un lien avec son père. Tout

comme Jack Hidlle, il détestait être brimé.

Il le réalisa. Il ne vaudrait pas mieux que son grand-père

paternel. Il s’adossa contre sa chaise roulante. Il se leva. Son dos

était endolori. Il était assis sur cette chaise trop longtemps. Il se

demanda combien pensait que leur vie était terminée avant d’avoir

trente ans. Ludovic n’était pas un adepte d’Internet. Il faisait des

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recherches sur Google. Il regardait des vidéos sur Youtube ou

Dailymotion. Mais, il n’utilisait pas MSN ou très rarement. Il n’allait

pas sur Myspace ou Facebook.

Soudain, un bruit le fit sursauter. C’était la sonnerie de la porte

d’entrée. Ludovic reprit son souffle. Il n’y avait rien à craindre. La

sonnerie se fit plus insistante. Ludovic prit son courage à deux

mains. S’il ne faisait pas de bruit, le visiteur s’en irait. Il sait que je

suis là. Ludovic en était sûr. Il sentit une goutte glacée couler le long

de sa colonne vertébrale. Il se passa la main sur les yeux. Il avança

doucement. La sonnerie reprit. Allez-vous. Allez vous-en. Son cœur

battait à en exploser.

Ludovic posa sa main sur la poignée. Il eut un flash. Un large

trou très sombre apparut. Il tomba dedans. Puis, le trou se refermait.

Il disparaissait de la surface de la terre. Ludovic claqua des dents. Il

eut soudain très froid. Il venait de voir ce qui l’attendait. Soudain, il

sentit une présence dans son dos. Il se retourna. Rien. Ludovic resta

sur ses gardes. Il s’éloigna de la porte. Tous ses sens restaient en

alerte. Il était sur des chardons ardents. « Qui es là ? » ; demanda-t-

il.

Un mouvement d’air lui fit signe que quelqu’un ou quelque

chose se déplaçait. Mais Ludovic ne vit personne. L’individu se

déplaçait très vite. « Qui êtes-vous ? » ; Demanda Ludovic. Un

tintement parvint à ses oreilles. « Bravo Hidlle. Je vois que vous

maîtrisez le don de prémonition ». Ludovic ne comprit pas. Mas il fut

surpris d’entendre une voix si jeune. Celle d’un adolescent. Et il la

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reconnaissait. Son pouls s’accéléra. A ce rythme là, il mourrait

bientôt d’une crise cardiaque prématurée. C’était celle de

l’adolescent qu’il avait pris pour un punching-ball.

Ludovic recula. Mais qu’est-ce que cela voulait dire ? Ce

n’était pas possible. « Bon sang ! Mais qu’est-ce que… ? » ; Balbutia

Ludovic. Une silhouette apparut. Ludovic le reconnut. Mais il y avait

quelque chose de différent. Ludovic ne compris pas d’abord.

L’adolescent s’approcha de lui. Ludovic faillit bondir. Il recula et

manqua trébucher. Un rictus étira les lèvres du garçon. Une marque

étrange apparaissait sur son front. Elle partait de la racine des

cheveux.

Ludovic n’avait pas perdu la mémoire. Il risquait bien de

perdre sa tête. Et la vie sans doute. L’adolescent ne portait pas cette

marque la première fois qu’il l’avait vu. Ludovic devina ce qui avait dû

se passer. Il s’est laissé embobiner. Il était en colère. Des gens

étaient venus le voir. Il lui avait demandé s’il voulait se venger. Ils lui

avaient offert un marché. Il avait accepté. Il était tombé dans leur

piège. La haine qui brûlait dans ses pupilles stupéfia Ludovic. Ce

gosse était devenu une machine à détruire. « Alors ? » ; lui demanda

Ludovic. « Tu es venu pour me tuer ? »

L’autre ne répondit pas. Son visage n’avait plus rien d’humain.

Ludovic vit avec horreur qu’il avait un couteau. Ce gosse allait le

tuer. Et personne ne pourrait l’aider. Pourquoi n’avait-il pas eu une

prémonition ? A y réfléchir, il préférait encore tomber dans un trou.

Le garçon se déplaça à une vitesse étonnante. Avant que Ludovic ne

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reculât, ce fut trop tard. La douleur le paralysa presque. Le sang

coula. Le couteau transperça son abdomen. Ludovic n’eut pas la

force de crier. Ce n’était pas un cauchemar.

Ludovic sentit ses jambes le lâcher. Il tomba à genoux. « Je

vais mourir ». Sa respiration devint sifflante. Il eut une pensée pour

tous ses proches qui étaient morts. Des visages apparurent dans son

esprit. Des larmes embuèrent ses yeux. Il tomba sur le sol. Il pensa à

Julia. Quelle tête ferait-elle ? Soudain, il l’entendit. Cécilia chantait. Il

la vit devant lui. « Cécilia » ; Marmonna-t-il. « Je…je

vais…m…mourir ». Son agresseur recula. La présence de Cécilia

sembla l’effrayer.

Ludovic sentit qu’il expirait. Doucement, la vie le quittait. S’il

avait pu, il aurait enlevé le couteau de sa poitrine. Il se sentait léger.

Il vit une femme juste à coté de lui. Ludovic s’accrocha à la vie qui le

quittait. Puis tout devint noir. Il se sentit partir. « Ne t’approche pas ».

Une voix résonnait. « Ne t’approche pas ». Il reconnut vaguement

celle de Cécilia. « Eloigne-toi de la lumière ». Ludovic fut ébloui. Il se

sentait attiré par cet éclat de blancheur qui l‘aveuglait. Il marchait

dans un couloir. Tout autours de lui l’obscurité.

Il ne voyait que cette lumière devant lui. « Ludovic ». Il

s’immobilisa. Puis il tourna la tête. Cécilia était là. « Ne vas pas vers

la lumière ». Ludovic la regarda. Elle lui tendit la main. Il se tourna

une dernière fois vers la lumière. Une pointe de regret l’assaillit. Il prit

ensuite la main de Cécilia dans la sienne. Il s’éloigna de la lumière. Il

marcha en sens inverse dans le tunnel. L’obscurité parut moins

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épaisse. Comme si une chape de plomb venait d’être enlevé.

Ludovic ouvrit les yeux. Il était dans le salon.

Il se tâta machinalement le torse. Plus de blessure à

l‘abdomen. Il se releva, un peu hébété. Son corps tremblait. Il se

sentit fiévreux. Il fut pris de nausée. Il ferma les yeux et attendit. Tout

était flou. Il cligna des yeux. Puis, les contours des objets

réapparurent. Ludovic sourit bêtement. Il se sentit soulagé. Cécilia

l’avait sauvé. Il regarda autour de lui. Son agresseur était parti. Il

avait préféré abandonner la partie. Ludovic espéra qu’il ne se

trompait pas.

Les larmes coulèrent sur ses joues. Il se sentit misérable.

Quand en aurait-il enfin terminé avec tout ça ? Il avait l’impression

qu’il n’y arriverait pas. Combien de gens étaient encore à ses

trousses ? Ludovic ne connaissait rien aux sectes. Ce n’était pas un

sujet qui l’avait passionné. Mais il aurait dû se douter que Wixplan

n’agissait pas seul. Il avait des alliés. Son frère semblait être fait de

la même écorce. Il aimait manipuler les gens. Il s’en prenait aux plus

faibles.

La preuve avec l’adolescent hargneux. Ludovic s’aperçut qu’il

ne connaissait même pas son nom. Il ne savait rien non plus de sa

vie. « Je ne voulais pas le frapper. C’était à cause de la colère. Si

j’avais su qu’il essaierait ensuite de me tuer, je ne l’aurais pas

toucher ». C’était trop tard pour avoir des regrets. Ludovic ne

l’ignorait pas. Soudain, le téléphone du salon sonna. Ludovic sauta

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au plafond. Il avait les nerfs à fleur de peau. Faites que ce ne soit

pas encore une mauvaise nouvelle.

« Ludovic. Ludovic, tu es là ? » Il sentit son estomac se

contracter douloureusement. « Julia. Julia. Qu’est-ce qui se

passe ? » Un silence. « C’est…c’est Jérôme » Elle éclata en

sanglots. Ludovic ne lui dit rien de se qui venait de se passer. Sa

sœur semblait assez secouée comme cela. « Bon sang, Ludo.

Qu’est-ce qui se passe ? On dirait qu’un sort s’acharne sur notre

famille. Tous nos proches se font tuer ». Ludovic ne trouva rien à lui

répondre.

C’était tellement vrai. « Qu’est ce que c’est ? Qu’est-ce qu’on

a fait ? Il y a quelque chose de pourri dans le royaume des Hidlle ? »

Ludovic fronça les sourcils. Il n’avait jamais entendu Julia parler avec

autant de véhémence. Mais il était d’accord avec elle. « Un de nos

ancêtres a dû faire une connerie. On est maudits. Quel putain de

secret de famille se cache derrière tout ça ? » Ludovic repensa

soudain aux champs de blé qu’il avait vu. La moisson a été mauvaise

cette année. Il secoua la tête. Il se sentait à deux doigts de craquer.

Ludovic ne croyait pas à cette histoire d’héritage maléfique.

C’était une légende. Aucune famille n’était maudite. « Alors comment

expliques-tu tous les malheurs qui nous tombent dessus ? Ludovic

fut vexé. Celui qui a le plus souffert ici, c’est moi. Il se retint de

soupirer. Il ne souhaitait à personne de vivre ce qui lui était arrivé.

« Qu’est-ce qu’il nous voulait ce type ? Il a tué notre père. Ca ne lui

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suffit pas ? Pourquoi s’en est-il pris à nous ? » Ludovic eut soudain

l’image d’un Fernandez Wixplan vengeur tenant une épée à la main.

Il étouffa le rire qui lui montait à la gorge. Il remercia sa sœur

pour le coup de téléphone salutaire. Si elle n’avait pas appelé, il se

serait effondré en larmes. Mais il ne comprenait pas tout. Pourquoi

s’en prenait-il à Jérôme ? C’était après lui qu’il en avait. Parce qu’il

sait que ta sœur va t’appeler. Il sait que tu vas aller le rejoindre. Ils

n’attendent que ça. Soudain, la porte d’entrée s‘ouvrit violement.

« Quoi encore ? » ; Eut le temps de dire Ludovic. Il alla jeter un œil. Il

eut la surprise de trouver Jérôme debout devant la porte.

Il semblait épuisé. Ses vêtements étaient déchirés. Son visage

était pale. Ses cheveux en bataille auraient bien besoin d’un coup de

peigne. Sa lèvre était ouverte et du sang dégoulinait sur son menton.

Ludovic remarqua qu’il boitait. Mais Jérôme était vivant. Ludovic

s’aperçut qu’il en était soulagé. Il n’aurait jamais cru être heureux de

revoir ce mec. Mais c’était bien le cas. Ludovic résista à l’envie de le

prendre dans ses bras. Julia continuait de parler à l’autre bout du fil.

Ludovic s’en voulut soudain de tout le ressentiment idiot qu’il avait eu

pour Jérôme.

Peut-être que c’était un chic type. Ca lui ferait un problème de

moins sur les bras. « Julia, tu peux arrêter de t’inquiéter ». Du coin

de l’œil, il vit Jérôme entrer dans le salon et s’effondrer littéralement

sur le canapé. « Jérôme est là. Il va bien. Il est juste très fatigué ». Il

entendit Julia hurler à ‘autre bout de la ligne. « Passe-le moi ! Passe-

le moi ! » Ludovic s’approcha de jérôme. Ce dernier dormait à point

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fermé. Ludovic répondit à Julia qu’il avait besoin de repos. « Et toi,

comment ça va ? » ; lui demanda Julia. « Ca ne doit pas être facile

pour toi de rester à te tourner les pouces. Tu n’as jamais aimé rester

sans rien faire. Tu te sentais toujours inutile ».

Ludovic acquiesça. « C’est toujours le cas » ; répondit-il.

« Qu’est-ce que tu vas faire après tout cela ? »; lui demanda Julia.

Vivre du mieux que je le pourrais. Mais ce ne fut pas ce qu’il lui

répondit. « As-tu une idée de ce qui est arrivé à Jérôme ? » Ludovic

s’en doutait bien. Il avait dû se faire agresser. Mais par qui ? Ce fut

ce que lui demanda Julia. Il lui répondit qu’il n’en savait rien. « Tu es

sûr que Jérôme va bien ? » Ludovic sourit. « Oui, ne t’en fais pas ».

Julia lui répondit qu’elle était soulagée. « Tu te trompes sur lui, tu

sais. C’est vraiment quelqu’un de bien. »

Ludovic lui répondit qu’il la croyait. « Alors à ce soir, bye ».

Ludovic lui dit à ce soir et raccrocha. Le soulagement et la joie qu’il

avait ressentis étaient retombés. Ludovic regarda Jérôme en train de

dormir. Il n’arrivait pas à comprendre pourquoi il s’en était pris à lui.

Ludovic dû avouer qu’il n’avait pas beaucoup de scrupules. Il ne se

serait pas déplacer. Il n’avait pas eu l’intention de le sauver. Ils

n’étaient pas proches. Ludovic ne se sentait rien de commun avec

lui.

Pendant longtemps il avait vu Jérôme comme une foutue

ordure. Il avait attendu le moment où cet homme blesserait sa sœur.

Il n’avait pas cru qu’il put y avoir quelque chose. Ce type n’avait pu

être qu’un flirt. Il avait été bien surpris lorsqu’ils avaient emménagés

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ensemble. Plus encore lorsque Julia avait annoncé qu’ils allaient se

marier. Etait-il jaloux ? Jaloux ? Pourquoi ? Parce que ça sœur était

heureuse avec lui. Qu’il avait été plaqué par Marion ? Qu’elle lui

manquait ? Et qu’il n’osait pas se l’avouer ?

Qu’il ne supportait plus d’être seul ? Mais qu’il avait peur ?

Soudain, un craquement le fit sursauter. Ludovic déglutit. Il y avait du

monde dehors. Combien étaient-ils ? Ils étaient plusieurs. Ludovic

sentit des vibrations haineuses lui parvenir. Ceux qui étaient dehors

voulaient le tuer. Ils étaient avides de sang. Ludovic eut l’impression

d’entendre le tonnerre. Un autre craquement. On dirait qu’ils

cherchaient à faire sauter la porte de ses gonds. « Merde, ils

viennent pour nous tuer ».

Et Jérôme n’était certainement pas en état de se défendre.

« Ils ont fait vite » ; pensa Ludovic. Ils ne lui laissaient aucun répit.

Ils avaient pour but de le tuer. Ils feraient tout pour ça. « Je ne fuirai

pas cette fois ». Ludovic chercha des yeux une arme pour se

défendre. Il entendit un bruit. Ils allaient faire sauter la porte. Il se

décida. Il sortit du salon. Il se dirigea vers l’entrée. Il traversa le

couloir. Il se crut dans un mauvais film de série B. Ces types là

devaient avoir un point faible.

Ludovic prit une grande inspiration. Il ouvrit la porte. Il faillit

crier de surprise. Il n’y avait personne. Ludovic jeta un œil à gauche

puis à droite. Il fit le tour de la maison. Il vérifia si la porte de la cave

était bien fermée. Il vérifia aussi la porte de derrière. Entrée clean.

Personne ne pouvait passer par là. Ils essayaient de lui faire peur. Et

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bien, c’est réussi. Ludovic réfléchit. Ils devaient savoir que la

première attaque avait échoué. Ils cherchaient à l’intimider. Et bien, il

ne se laisserait pas faire.

Les « Hidlle » n’étaient pas des trouillards. Ils feraient bien de

se renseigner. Mais pour l’instant, il devait prendre soin de Jérôme.

Cela ne l’enchantait pas. Mais il n’avait pas le choix. Il eut soudain

une désagréable sensation. Il y avait quelqu’un dans la pièce.

Ludovic détesta le sentiment d’impuissance qu’il ressentit. Ludovic

retourna dans la maison. Il s’installa dans le salon. Il espéra qu’il

n’était rien arrivé à Julia. Quelque chose était là et se tenait tapi

quelque part dans la maison. Ludovic essaya de se calmer.

C’était un effet de sa peur. Il s’imaginait des choses. Il n’y

avait que lui et Jérôme dans cette maison. Il entendit soudain un

bruit étrange. Son estomac se serra. Ca venait de la cave. Ludovic

répugna à y descendre. Il n’avait jamais aimé ce genre d’endroit.

Quand, il était petit, il s’imaginait que c’était là qu’habitaient les

monstres et les croque-mitaines. Il y avait eu une cave dans leur

maison. Ludovic n’y était jamais descendu. Il avait toujours eu peur

de ce qui pouvait s’y cacher.

Adulte, il avait ri de ses peurs d’enfants. Mais à ce moment là,

l’homme de vingt-huit ans n’y trouva rien de drôle. Il se tenait devant

la porte. Essayant d’ignorer les battements de son cœur, il avança. Il

entendit soudain un feulement. Se détournant de la cave, il n’en cru

pas ses yeux. Deux individus étaient en train d’emporter Jérôme. En

une fraction de seconde, ils ouvrirent la porte. Ils quittèrent la maison

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avec leur fardeau. Ludovic comprit qu’il avait été joué. Le bruit n’avait

été qu’une diversion.

Ils avaient voulu l’entraîner là pour agir. « Eh » ; Cria-t-il. Les

deux individus ouvrirent la porte d’entrée et traversèrent le jardin.

Ludovic fut stupéfait par leur vitesse. Reprenant ses esprits, il leur

courut après. Il les perdit de vue après avoir dévaler les marches du

perron. « Laissez-le. C’est après moi que vous en avez. Cet homme

n’y est pour rien ». Mais il était trop tard. Ses paroles ne furent

entendues que par le vent. « J’ai l’air malin à parler tout seul ». Il

n’avait pas rêvé.

Des gens avaient bien essayé d’entrer. Et ils venaient de lui

jouer un sale tour. « Et en plus, ils sont rusés. » ; Se dit

Ludovic. « J’ai affaire à bien plus fort parti que je ne le croyais. « Il se

demanda ce qu’il devait faire. La solution la plus logique était

d’essayer de retrouver leur trace. Mais Ludovic ne savait pas par où

commencer. Où étaient-ils allés ? Et surtout où cette poursuite le

conduirait ? Il n’avait pas envie de se lancer dans de nouvelles

catastrophes. Ludovic préféra attendre le retour de Julia.

Ils avaient dû suivre Jérôme. Celui-ci leur avait échappé une

fois. Ils n’avaient pas l’intention de le laisser filer une seconde fois.

Ludovic commença à faire les cent pas devant la porte. Ses yeux se

portèrent sur un arbre à quelques mètres de lui. Un oiseau vint se

poser sur une branche. C’était un corbeau. Ludovic le regarda.

« Oiseau de mauvais augure » ; Pensa-t-il. L’oiseau au plumage noir

croassa. Ludovic se boucha les oreilles. Il détesta ce son.

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Il repensa à ce qu’avait dit Julia. « Nous sommes maudits ».

C’était peut-être vrai. Il se sentit soudain fou de colère. « Arrêtez de

jouer avec moi ! » ; hurla-t-il. « Tas de lâches. Amenez-vous. ! Vous

ne me faites as peur ! ». Le silence. Ludovic frissonna. Il ne faisait

pas chaud. Il se demanda ce qu’il allait dire à Julia. Son mari avait

été enlevé à son nez et à sa barbe. Il n’avait rien pu faire pour les

arrêter. « Qu’est-ce que j’aurais pu faire de toute façon ? » Il se sentit

bien démuni.

Toutes les connaissances qu’il avait acquises ne lui étaient

d’aucune utilité. Et bien, il était beau, l‘informaticien. A quoi ça lui

servait de savoir comment fonctionnait un ordinateur ? Ce n’était pas

ça qui l’aiderait à retrouver Jérôme. Ludovic continua de faire les

cents pas. Il se sentait nerveux. Il n’arrivait pas à comprendre ce qui

s’était passé. Comment faisaient-il pour se déplacer aussi vite ? Qui

leur avait appris à faire cela ? On avait modifié leur organisme. Sauf

que ces gens oeuvraient pour le mal.

Quelqu’un avait trouvé le moyen de rendre des humains

surpuissants. Encore un qui devait chercher à conquérir le monde.

Ludovic sentit qu’il s’embrouillait. Qu’allaient-ils faire à Jérôme ? S’ils

avaient voulu le tuer, ils l’auraient déjà fait. Mais pourquoi ? Un

sacrifice ? Ludovic espéra qu’il se trompait. On ne pratiquait pas ce

genre de rites aux Etats-Unis. Une société secrète qui pratiquait les

sacrifices humains ? Ca en avait tout l’air. Ludovic se maudit de

n’avoir rien pu faire. Il avait subi.

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Comment étaient-ils entrés ? La porte était fermée. Ludovic

avait dû l’ouvrit pour les voir s’enfuir avec leur victime. Ludovic se

sentit désolé pour Jérôme. Il était surtout triste pour Julia. Il venait de

lui annoncer que tout allait bien. Dans les minutes qui suivirent, son

époux était enlevé. Comment les retrouver ? Il se sentait fatigué,

anéanti. Il luttait contre des pouvoirs qui lui étaient cents fois

supérieurs. « Tu ne vas pas baisser les bras comme ça, Ludo. » La

voix de son père. « C’est dans les moments difficiles qu’un homme

sait ce qu’il vaut vraiment ».

Ludovic retint un soupir. Il n’avait pas besoin qu’on lui fasse la

moral. Il avait failli se faire tuer par l’un d’eux. Un adolescent, en

plus. Que ferait-il s’ils lui tombaient tous sur le dos ? Ludovic

soupira. Il n’avait pas vraiment le choix. Il prit le téléphone. Il

composa le numéro du bureau de Julia. Il se gratta la tête. Il se

passa une main nerveuse dans les cheveux. Il pria pour qu’elle ne

réponde pas. Si elle pouvait être occupée, avoir une réunion. « Ca va

aller. Ca va aller ».

C’était ce qu’on disait dans ces moments-là, non ? Ludovic

réfléchit à ce qu’il allait lui dire. « Eh, salut Ju. Excuse-moi de te

déranger. Je voulais te dire que Jérôme s’était fait enlevé. Ouais, il

était là. Mais figure-toi que… ». Un déclic puis une voix familière

coupèrent le fil de ses pensées. Ludovic serra le combiné dans sa

main. Il résista à l’envie de taper sur la petite table. « Ludo ? Ca va ?

Qu’est-ce qui se passe ? » C’était grave. « Hum… et bien… » Il

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déglutit. « Il est arrivé quelque chose à Jérôme. » Ludovic secoua la

tête de dépit. Comment avait-elle deviné ?

Une boule se fit dans sa gorge. « Julia. » Il prit une inspiration.

« Il a été enlevé ». Silence. Ludovic entendit le souffle de sa sœur à

l’autre bout du fil. Il se gratta la nuque. « Parle. Dis quelque chose.

N’importe quoi ». Finalement, Julia reprit la parole. Elle avait l’air

sonnée. Ludovic devina que ce genre de nouvelle retournait les

neurones. Il aurait été fou de colère si quelqu’un avait fait du mal à

Marion. « Ne bouge pas. J’arrive. On va le retrouver ». Julia sembla

soudain paniquée.

Ces choses-là n’arrivaient pas habituellement. Mais ça faisait

un moment qu’il n’y avait plus rien d’habituel dans sa vie. Ludovic

commença à faire les cents pas. Ca se corsait. Il repensa au

cauchemar qu’il avait fait. Il chercha à se rassurer. Et tout à coup, la

logique lui parut absurde. Il avait vu Mélanie mourir. Elle était morte.

Il se pouvait que le cauchemar qu’il avait fait fût réel. Ludovic n’avait

jamais cru aux rêves prémonitoires. Il repensa à tout ce dont il ne

croyait pas.

Et pourtant, tout cela ne lui paraissait plus aussi absurde. Mais

il aurait préféré que le surnaturel fût moins effrayant. Julia continua

de parler. « Il faut aller l’aider, Ludovic. » Il fallait comprendre. Tu

dois aller le sauver, Ludovic. Il secoua la tête. Il en voulut à Tony. Au

fait, ça allait bientôt être le jour de son enterrement. Pourquoi Tony

lui avait-il parlé de ce Fernandez Wixplan ? Et pourquoi l’avait-il

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gobé ? Il n’était pas si crédule. Il n’était pas du genre à faire

confiance à des voyants. Ca c’était ce qu’il était avant.

Ce Ludovic là était mort. Ce Ludovic là avait plié bagage. Il

s’en était allé ailleurs. Dans une autre dimension. Celle où les

Ludovic Hidlle sympathisait encore avec la logique. Le Ludovic de

maintenant faisait tout pour ne pas tomber dans la démence. Il se

demanda comment il faisait pour rester si calme. Il devait être

anesthésié. S’il ne se retrouvait pas par terre à se rouler en

s’arrachant les cheveux, il avait de la chance. C’était déjà un miracle

qu’il n’est pas complètement perdu la boule.

« J’arrive, Ludo. Je viens avec toi ». Ludovic bondit. Il fronça

les sourcils. Il n’en était pas question. Mais Julia lui coupa l’herbe

sous le pied. « Je ne vais pas rester là à me morfondre, Ludo. Mon

mari a été enlevé. Je dois aller à son secours. » Ludovic ne put

s’empêcher de sourire. Le courage de sa sœur l’avait toujours

étonné. Elle devait tenir ça de leur mère. Ludovic finit par céder.

« Par où est-ce qu’on commence ? »; lui demanda Julia. « Si on a

une chance de le retrouver… ». Vivant, pensa Ludovic pour lui.

Après le nombre de fois où il avait croisé la mort. A chaque

fois, elle emportait quelqu’un avec elle. Ce ne serait pas pareil, cette

fois. Il devait rester optimiste. Pas de cynisme ou de pessimisme.

Ca ne l’aiderait pas. Ludovic se souvint du message qui était écrit. Il

devait trouver un groupe de magie occulte. Ca pouvait bien se

trouver. Ludovic décida de retourner sur Internet. Il fit une recherche

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sur le satanisme et la magie noire. Et il trouva un élément qui

l’intéressait. Soudain, le téléphone sonna.

Il se demanda qui ça pouvait être. Julia avait peut être décidé

de le rappeler. Sans se méfier il décrocha. Il fut très surpris. Ludovic

ne reconnut pas la voix. C’était une voix masculine. « Monsieur

Hidlle ? » Ludovic se demanda comment cet individu pouvait

connaître son identité. Il pensa qu’il valait mieux raccrocher. Il n’était

plus un enfant. Mais on ne savait jamais. « Non ! Attendez ! Ne

raccrochez pas ! ». Le type sembla lire dans ses pensés. Encore un

télépathe. Je les attire. Comme les emmerde. Et ils sont tout aussi

collants.

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Chapitre 10

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Mais le ton était urgent. Ludovic essaya de garder son

calme. Il avait assez d’ennuis comme ça. Il n’avait pas besoin de

ceux des autres. Il n’avait qu’à se débrouiller tout seul. « Je sais que

vous avez tué Fernandez Wixplan ». Formidable. Ludovic n’avait pas

pensé que ça le rendrait célèbre. Il devait être devenu une sorte de

star dans le monde de la magie. « Monsieur Hidlle, je sais de quoi ils

sont capables. » Bonne nouvelle. Ce type allait pouvoir le renseigner.

« Et comment savez-vous tout ça ? »

Ludovic eut l’impression d’avoir poser la mauvaise question. Il

aurait dû se taire. « Parce que j’ai été leur victime ». Ludovic se dit

que c’était le moment de raccrocher. Mais il ne le fit pas. L’homme

avait attiré son attention. « Très bien. Que pouvez-vous me dire sur

eux, Monsieur ? »

_Clayton. Jeff Clayton.

_ Monsieur Clayton.

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_ Ecoutez, Hidlle. Ce sont des fous. Vous ne savez

pas… ce qu’ils m’ont fait. On était une dizaine. Tous morts.

_Je n’ai pas le temps. On reparlera de tout ça plus tard.

Le copain de ma sœur a été enlevé par eux et….

_Vous devez m’écoutez, Monsieur Hidlle. Mais je ne

peux pas vous en dire plus. Pas au téléphone. Seriez-vous d’accord

pour prendre rendez-vous ? Ce soir à dix-huit heures. Près de la

treizième rue. »

Il ne laissa pas à Ludovic le temps de raccrocher. , » Et

comment vais-je reconnaître ce type ? ». Comme s’il avait le temps

d’aller à un rendez-vous. Ludovic se demanda à quoi il devait

s’attendre. Dans quel guêpier est-ce qu’il allait encore se fourrer ? A

voir. Il fut au rendez-vous. Il espéra qu’il ne s’était pas fait avoir. Il

faisait frais. Ludovic pensa à Julia. Elle devait être rentrée. Il lui avait

laissé un mot pour lui dire qu’il ne serait pas là. Il regarda autours de

lui. Soudain, son portable sonna.

Ludovic fut ravi d’avoir cet objet familier avec lui. Ce petit

bijou de la technologie lui rappelait que la vie continuait. Le

quotidien. Ludovic le serra dans sa main. Il se sentit mieux. Il l’ouvrit

et l’alluma. Il vit qui était la personne qui l’appelait. Ca ne lui disait

rien de répondre. Alors il ne le fit pas. Il ne regarda même pas ses

messages. Il l’éteignit et le remit dans sa poche. Il lui tardait que le

mystérieux inconnu montre le bout de son nez. Ludovic se surprit à

espérer que ce n’était pas un piège.

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Soudain, il entendit une voix. Ca devait être ce Jeff Clay ton. Il

pouvait peut être lui fournir de précieuses informations. Ludovic

savait qu’il n’y arriverait pas tout seul. D’abord, il ne savait pas ou

chercher. Il avait besoin d’un allié. Il se jetait sans doute dans la

gueule du loup. C’était sûr. Trop d’innocents avaient péri à cause

d’eux. Ludovic vit un homme se diriger vers lui. Ludovic fut surpris. Il

avait pensé trouver un homme assez vieux, dans la force de l’âge. Il

avait un individu de son âge.

Il était un peu corpulent. Cheveux châtains. Yeux noisette. Un

visage triste. Ses traits étaient creusés. Il devait en avoir fait des

nuits blanches. Ludovic vit de larges cicatrices sur son visage. Il se

demanda qui les lui avait faites. L’homme gardait ses mains dans

ses poches. Il avançait lentement. Il portait un long imperméable

marron. Il sortait tout droit d’un vieux roman policier. Ludovic regarda

autour de lui. Personne ne faisait attention à cet étrange individu. Les

gens marchaient, se rendant d’un point à un autre.

Ils devaient penser que c’était un original ou un clochard.

Ludovic aurait bien voulu se trouver à des milles de là. Il commençait

à regretter cet étrange rendez-vous. Non, il ne se préoccuperait pas

des qu’en dira t’on. C’était bon pour les petits vieux. Ludovic jeta un

œil vers le restaurant juste à coté. C’était une vieille brasserie. Elle

devait être ouverte toute la nuit. Il y avait du monde à l’intérieur.

Toutes les tables étaient occupées. Ludovic sursauta soudain. Une

main venait de se poser sur son épaule.

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Ludovic regarda celui qui l’avait touché. « Ne vous inquiétez

pas. C’est moi ». Ludovic reconnut la voix rauque. La même que

celle du téléphone. « Vous m’avez fait peur ». Une phrase banale.

Ce qu’on devait dire dans de telles situations. Ludovic se sentit idiot.

Il tendit la main. Mais l’autre ne la prit pas. Ludovic la laissa

retomber. Il sourit pour être poli. L’autre ne le lui rendit pas. Aucun

muscle de son visage ne bougea. Son visage resta fermé.

« Monsieur Hidlle ? »

Ludovic acquiesça. « Et vous devez être Jeff Clayton ».

L’autre se contenta d’un clignement des yeux. Et bien, elle va être

géniale, cette soirée ; pensa Ludovic. « Merci d’avoir répondu à mon

appel ». Il sembla angoissé. Un de ses yeux sautait sans cesse.

Ludovic fut gêné par ce détail. Il venait de voir un autre détail peu

ragoûtant. Il ne s’en était pas aperçu tout de suite. Jeff Clayton

semblait normal. A première vue. Sauf qu’il lui manquait une main.

Son bras droit se finissait en un moignon avec rien au bout.

Ludovic comprit pourquoi Clayton n’avait pas pu lui serrer la

main. Les doigts de sa main gauche manquaient aussi. Trois doigts

pour être précis. Son souffle sifflant faisait penser à celui d’un

asthmatique. Clayton paraissait épuisé. Le reste de son corps était

en bon état. Sauf qu’il boitait. Il tenait dans sa main gauche une

canne et s’appuyait dessus. Ludovic fut choqué. « Vous devriez aller

à l’hôpital » ; Lui dit-il. Clayton éclata de rire Cela résonna comme un

feulement. Il toussa. Ludovic crut qu’il allait recracher ses poumons.

Il recula instinctivement.

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Clayton prit un mouchoir. Il toussa encore. Du sang tâcha le

mouchoir. « Vous saignez » ; Cria Ludovic. Bravo, mon vieux. Quel

sens de l’observation. L’autre eut une grimace. Ludovic vit une

profonde tristesse dans ses yeux. Ce type foutait le blues. Clayton

dévisagea Ludovic. « Ouais. Je suis foutu. Ils ont eu ma carcasse.

Putain. J’ai pris cent ans d’un coup. J’ai eu votre âge. Il y a plusieurs

jours. Il y a longtemps ». Il soupira. « Tout ça, c’est du passé ».

Quelque chose s’était cassé.

Ludovic eut du mal à croire que cet homme avait vingt huit

ans. Il semblait en avoir plus de soixante. Il avait souffert plus que

n’importe qui. Ludovic sentit une curiosité malsaine l’envahir. Tout à

coup, il eut très envie de savoir. D’écouter cet homme raconter, lui

révélé ce qu’il avait enduré. Les supplices qu’il avait subis. Pendant

combien de temps. Combien étaient-ils ? Cet homme ne semblait

pas avoir passé une bonne nuit depuis des lustres. Des cernes

immenses entouraient ses yeux.

Ce n’était pas seulement une fatigue physique. Ce

malheureux était à bout. Ludovic se demanda comment il pouvait

encore tenir sur ses jambes. Comment pouvait-il être encore

debout ? Clayton lui dit de le suivre. Ludovic s’était attendu à ce qu’il

entre dans le restaurant. « Vous plaisantez ? Vous voulez que des

gens nous voient ? Je n’ai pas de quoi payer ». Ludovic haussa les

épaules. « Je paierais. » ; Lui offrit-il. L’autre secoua a tête. « Vous

ne doutez de rien, Hidlle ». Ludovic se senti irrité.

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Mais il n’y avait rien d’ironique sur le visage de son

interlocuteur. Il le regarda plutôt avec une sorte de fébrilité. Comme

si…oui… Comme s’il attendit une aide quelconque de sa part.

Ludovic se gratta le cuir chevelu. « C’est un de vos tiques le plus

récurrent » ; Remarqua l’autre. Ludovic resta figé dans cette position.

Comment cet inconnu savait-il ? Puis il haussa les épaules. Il devait

avoir l’habitude. Mais il n’arrivait pas à être blasé. Ludovic s’entêtait à

garder une attitude générale.

Jeff Clayton l’invita chez lui. « Venez chez moi. J’habite à

quelques pas ». Ce fut dingue. Mais il le fit. Ludovic le suivit sans

protester. Il ne connaissait pas ce mec. Il le voyait débarquer comme

ça. Mais comme si c’était le plus naturel, il lui fit confiance. Ludovic

n’avait pas peur de cet homme. Il se demandait juste qui était Jeff

Clayton. Pourquoi ne s’était-il pas manifester avant ? « Très bien.

Vous dites que vous connaissez ceux qui en ont après moi ». Ils

étaient assis dans la demeure de Jeff Clayton.

« Bienvenue dans mon petit pieds à terre » ; Avait dit Jeff en

guise de salutation. Ludovic était entré. C’était moins sale et délabré

qu’il ne l’aurait cru « Vous habitez là depuis longtemps ? ». Cette

question parut incongrue. Mas Ludovic devait prendre vite le contact.

Ce type était peut-être le lien qui lui manquait. Clayton lui sourit

tristement. Ludovic eut peur d’avoir été indiscret. D’un signe de la

main, Jeff lui dit que ce n’était rien. « Depuis qu’ils ont détruit ma

vie ». Le coté tragique de cette phrase frappa Ludovic.

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« Vous croyez que je suis fou, hein ? » Ludovic ne sut que

répondre. « Pourtant vous avez vécu assez d’évènements qui

pourraient vous dire que rien n’est assez étrange. » Ludovic entendit

ces phrases dans sa tête. Il ne savait pas si elles venaient de

l’homme devant lui. « Quand est-ce que vous vous êtes regardé

dans un miroir pour la dernière, Ludovic ? ». Ce dernier frissonna.

Cette question éveilla des souvenirs désagréables. Ludovic sut qu’il

ne se regarderait plus jamais dans un miroir.

Il n’eut aucune idée de la cause, mais il le sentit. Là, tout au

fond de lui. C’était limpide comme de l’eau de roche. Il se rappela

des moments où il n’était plus dans son corps. Son esprit était

ailleurs. Une partie de lui _ son inconscient _ était ailleurs. Quelque

part où l’enfermait Wixplan après avoir pris son corps. Ludovic sentit

une boule dans sa gorge. Des larmes emplirent ses yeux. Il eut envie

de hurler. Il toucha son visage de manière fébrile. C’était lui.

Vraiment lui.

Il s’arrêta. Clayton le regardait. Ludovic abaissa ses mains. Il

déglutit et se gratta la tête. « On dirait que j’ai éveillé des souvenirs

douloureux. Si tel est le cas, j’en suis désolé ». Ludovic fronça les

sourcils. Pourquoi ce langage pompeux ? Ce langage ne convenait

pas à l’attitude et à la manière de vivre d’un Jeff Clayton. Jeff le

regarda. « Nous avons été tous les deux pris par un monstre. »

Ludovic hocha la tête. Et tout à coup, il décida de faire confiance à

Jeff Clayton.

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Ce dernier se détourna de lui. « Vous désirez peut-être boire

quelque chose ? » Ludovic se demanda si Jeff n’avait pas vécu chez

des bourgeois. Ou s’il ne descendait pas d’une famille d’aristocrates.

Jeff le conduisit vers une table et des chaises. « J’imagine que vous

vous demandez ce qui va arriver à votre ami, pas vrai ? ». Ludovic

éructa. Il se frappa mentalement le front. Il avait oublié Jérôme.

Ludovic s’assit. Il essaya de se détendre. Mais il sentit soudain une

terrible angoisse l’envahir.

Et puis surtout la colère. Pourquoi perdait-il son temps avec ce

Jeff Clayton ? Ludovic aurait voulu ne plus être en colère. Il aurait

voulu retrouver le tempérament plus doux qu’il avait. Etre à nouveau

le même. Il n’aurait jamais fait de mal à une mouche. Maintenant, il

se mettait en colère dés que quelque chose n’allait pas Contre sa

sœur qui travaillait tout le temps. Contre cet abruti de gosse qui avait

essayé de le tuer. Contre Fernandez Wixplan. Son père qui était

mort. Sa mère transformée en légume.

Et surtout en colère contre lui. Il avait perdu le contrôle. « Un

homme ne doit jamais perdre le contrôle » ; Lui disait son père. Il

avait raison. Mais c’était facile de dire ça pour un flic. Ludovic se prit

la tête à deux mains. Il ne devait pas penser à ça. Surtout pas. Pas

maintenant. Jeff se leva. Vers une kitchenette. Ludovic resta dans la

même position. Il ne voulait plus se débattre. Laissez-moi. Laissez-

moi tranquille. Il étouffait. Il transpirait. Il eut peur. Et s’il pétait les

plombs. Là, chez Jeff Clayton. Devant lui.

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S’il se mettait à se rouler par terre. « Tenez. Buvez ça. Ca

vous fera du bien. » Ludovic leva les yeux vers lui. Il fut frappé par

les cicatrices qui apparaissaient sur son visage. Soudain, Ludovic se

leva brusquement. « Calmez-vous » ; Lui dit Jeff. Mais Ludovic ne

l’entendit pas de cette oreille. « Non. Il me fera la même chose. Je

vais finir comme vous. Bon sang. Je n’ai aucune chance ». Ludovic

eut soudain envie de s’enfuir. Il recula. Il se sentit perdu, désespéré.

Il s’effondra.

Ses genoux heurtèrent violement le sol. Ses nerfs lâchaient. Il

n’en pouvait plus. Sa colère s’envolait. Il ne restait plus que le

désespoir et la peur. « Venez-vous asseoir » ; lui dit doucement Jeff.

Ludovic ne bougea pas. Il sourit sans joie, du bout des lèvres. Ce

type a besoin d’aide. C’est à moi qu’il le demande. Et je m’étale

devant lui comme une mauviette. Un peu de nerfs, bon dieu.

Ludovic releva la tête. Il tremblait. Mais ce n’était pas la peur. C’était

d’épuisement. Il était à bout.

« Vous avez besoin de repos. « Ludovic se demanda si

c’était juste une remarque. Ludovic se remit debout. Mais il n’allait

pas le rester. Bienvenue au pays des merveilles, Ludo. Il chancela et

manqua partir à la renverse. Il ne lui restait plus beaucoup de force.

Un épais brouillard tomba sur ses yeux. Il s’effondra. Son corps

réagissait à deux à l’heure. Ses réflexes étaient épuisés. Il ne devait

pas s’évanouir. Mais il ne put résister. Ses jambes le lâchèrent

encore. Il tomba dans le noir.

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Ludovic se releva. Il eut l’impression d’avoir pris une cuite. Il

ressemblait à un vieillard. Jeff Clayton avait l’air plus alerte que lui. Il

l’aida à se relever en passant un bras autour de lui. Ludovic

s’appuya mollement contre lui. « Je pense que vous allez dormir

ici ». Ludovic eut à peine la force de répondre. « Je…je dois appeler

ma sœur. » Jeff secoua la tête « Je suis désolé, Ludovic ». Mais je

crains que ce ne soit trop tard ». Ludovic se moqua de savoir

comment Jeff pouvait savoir ça.

« Que voulez-vous dire, Jeff ? » Ce dernier secoua la tête.

« Je crois qu’ils l’on enlevée ». Ludovic crut que son cœur allait

s’arrêter. Non, pas elle. Pas Julia. La colère reprit le dessus. Il

s’écarta de Jeff Clayton. Il avait envie de tout casser. « Dans l’état où

vous êtes… » ; Commença Jeff Clayton. Ludovic faillit lui répondre

d’aller se faire voir. Mais il se rappela à la dernière seconde qu’il était

là pour l’aider. « Bon, alors. Que pouvez-vous me dire que je ne

sache pas déjà ».

Il marcha difficilement jusqu’à une chaise sur laquelle il

s’étala, comme Jérôme peu de temps auparavant. Ludovic aurait

bien voulu faire comme les enfants. Se faire croire que tout ça

n’arrivait pas. Que c’était un rêve. Juste fermer les yeux. Compter

jusqu’à dix, puis les rouvrir et…rien. Rien n’aurait changé. Ludovic le

savait. Il était dans la réalité. La vie qu’il menait maintenant.

Machinalement, il prit la tasse posée devant lui. Il la porta à ses

lèvres et but une gorgée.

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Il avait cru que c’était du café. Pas du tout. Ni du thé. Ni rien

de tout ça. Et tout à coup, Ludovic se sentit beaucoup mieux.

Délicieusement bien. Toute colère, tout ressentiment disparurent.

Une douce fraîcheur lui emplit la bouche Il se sentit léger. Un poids

s’enleva de ses épaules. Il respira mieux. L’angoisse s’évanouit. Il

plana. Il eut la sensation physique de s’envoler. Il s’adossa contre la

chaise. Levant la tête, il se sentit parfaitement serein. Il but le

breuvage jusqu’au bout.

Et il tomba dans une douce félicité. Il reposa sa tasse. Jeff

Clayton le regardait. Il ne souriait pas, mais ses yeux pétillaient. Il

était ravi de voir son hôte heureux. « Les effets vont bientôt

s’estomper. Mais je pense que vous en aviez vraiment besoin ».

Ludovic lui sourit. « Et vous n’avez pas tort, Jeff ». Ludovic posa ses

bras croisés sur le rebord de la table. « Alors, racontez-moi,

maintenant. Qu’avez-vous à me dire, Jeff ? ». Ce dernier se leva. Il

prit une cigarette.

Il en proposa une à Ludovic. Mais celui-ci refusa. Jeff Clayton

se rassit. Ce qu’il raconta fit frissonner Ludovic. Ce dernier sut que

c’était vrai. Et il s’aperçut aussi qu’il ne s’était pas trompé. Il laissa

Jeff parler jusqu’au bout. Lorsqu’il eut terminé, il faisait nuit noire.

Une vieille pendule annonça minuit et demi. Ludovic se sentit fatigué.

Ses yeux se fermaient. Il bailla. Ses yeux se fermaient tout seul. «

Je pense qu’il est l’heure de dormir ». Ludovic hocha la tête. Il n’avait

qu’une envie. S’allonger et dormir jusqu’au matin.

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« Et ne vous en faites pas. Jérôme et votre sœur ne risquent

rien pour le moment ». Mais Ludovic était trop fatigué pour lui

répondre. Il alla se coucher. Il dormit d’un sommeil de plomb. Pas de

rêves. Ni de cauchemars. Son cerveau était trop épuisé pour en

créer. Cela lui rappelait les coups de fatigue qu’il avait eu. Il n’y avait

pas si longtemps encore. Lorsque Wixplan le manipulait. Il n’y eut

aucun incident cette nuit-là. Rien de contraignant. Ludovic put

profiter pleinement de ce moment de grâce.

Lorsqu’il se réveilla, son portable lui annonça qu’il était neuf

heures trente. Ludovic sauta du lit. Il se sentit frais et dispos. Ce qui

ne lui était pas arrivé depuis plusieurs jours. Il n’y avait pas de

fenêtre. Il dormait dans une petite chambre. Jeff Clayton dormait

dans la pièce principale. Ludovic réalisa soudain qu’il venait de se

faire un nouvel ami. Ses pensées le conduisirent vers Tony. Ses

obsèques auraient lieu bientôt. Ludovic prit un petit-déjeuner léger en

compagnie de son hôte.

Il ne savait pas que c’était son dernier moment de joie et de

douceur. Dans moins de deux heures, il plongerait dans le plus

terrible des enfers. Jeff sembla exactement savoir où il allait. Ils

prirent le bus. Puis ils marchèrent pendant quelques minutes. Ils

reprirent le bus. Ludovic essaya de prendre des repères. Il aurait

peut-être à revenir seul. Ce qu’il ne souhaitait pas. Cette idée ne

l’enchanta pas. « Ca doit être là » ; Marmona Jeff Clayton. Ludovic

le suivit de très près.

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Ils étaient arrivés près d’une décharge. Ils traversèrent

quelques rues. C’était lugubre. Les rues étaient sales et

poussiéreuses. Ludovic se sentit mal à l’aise. Des lieux rêvés pour

un guet-apens. Ludovic secoua la tête. Voila ce que c’était de trop

regarder la télévision. Le trajet dura quelques minutes. Ludovic

aperçut une poubelle ouverte sur la droite. « C’es dans le coin » ; Lui

dit Jeff sans le regarder. « Si vous le dites, Jeff » ; Répondit Ludovic.

Ils tournèrent en rond un petit peu.

Soudain, Clayton poussa une exclamation. Aucune joie n’en

sortit. « Nous y sommes Ludovic ». Ce dernier n’avait jamais

entendu autant de peur dans la voix d’un homme. Ce fut la dernière

pensée claire qu’il eut. Ensuite, il plongea dans l’enfer absolu.

Ludovic n’en croyait pas ses yeux. Ce qu’il voyait ne pouvait

pas être réel. Des milliers d’individus étaient présents. Ils portaient

tous de grandes robes noires. Leurs visages étaient à découverts.

D’où il était, Ludovic ne pouvait être repéré. Enfin, il l’espérait. Il

n’état plus sûr de rien. Il ne pouvait même pas être venu de sa

propre volonté. Une force l’avait attiré là. Ludovic chercha Jérôme

des yeux. Il entendit tous les adeptes parler dans une langue

étrange. Ce n’était pas un langage humain.

Des cierges furent allumés. Une flamme rouge en sortit.

Ludovic regarda, ébahi. Dans la pénombre, Ludovic distingua un

objet long et étrange. Il se demanda ce que c’était. Lorsqu’il le vit

plus clairement, il en resta bouche bée. C’était une longue table

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montée sur un socle. Ludovic regarda tous les individus présents. Il

ne pouvait voir leur visage. Il vit soudain des silhouettes placées en

rang. Ludovic s’approcha pour mieux voir. Il essaya de ne pas faire

de bruit.

Si quelqu’un l’avait repéré, rien ne le signalait. Ludovic se

demanda si Julia était là. Pourquoi avait-il cédé ? Il aurait dû lui dire

de rester là où elle était. Pourquoi l’avait-elle suivi ? Il n’aurait pas dû

lui dire ce qui était arrivé. Il n’avait pas pensé qu’elle le suivrait. Ils

l’avaient enlevée. Ludovic continua de s’approcher jusqu’à ce qu’il

put voir tout ce qui se passait. La salle était immense. Ludovic

regarda les individus alignés. Ils étaient nus. Certains semblaient en

piteux état. Ils étaient attachés.

Un collier en bois était mis autour de leur cou. Ils semblaient

perdus, presque résignés à leur sort. Ludovic se demanda pourquoi.

Leur sort était inacceptable. « Que faites-vous, bon sang ? Battez-

vous ! »; Cria Ludovic dans sa tête. Soudain, un regard se tourna

vers lui. Ludovic frémit. Il se tapit contre le mur pour ne pas être vu.

Il passerait longtemps plus tard à ce demander ce qui l’avait entraîné

dans une telle horreur. S’il avait pu, il aurait refusé de se souvenir. Il

aurait été près à n’importe quoi pour effacer ces horreurs de sa

mémoire.

Il y avait des choses dont il valait mieux ne pas se souvenir.

Des atrocités qui étaient mieux dans le passé. Ludovic reconnut

soudain le frère de Fernandez Wixplan. C’était le leader. Il parla à

nouveau dans cette langue étrange. Il parut soudain immense. Il

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tendait les bras. C’était comme s’il implorait une effrayante divinité.

Tous les adeptes levèrent les bras et crièrent. Ludovic vit un bûcher.

Il ne l’avait pas remarqué tout de suite. C’était un long bâton avec du

bois mort tout autours.

Ludovic se demanda ce qu’il pouvait faire pour les arrêter. Le

bûcher fut pris par les flammes. Mais le feu ne se répandit pas dans

la salle. Il resta figé. Ludovic vit un des prisonniers être ligoté sur la

table. Il n’y crut pas. Ce n’était pas possible. Qu’allait-ils lui faire ?

Ludovic se dit qu’il devait intervenir. Le prisonnier était un homme. Il

était robuste et plutôt grand. Ludovic lui donna une quarantaine

d’année. Ludovic ne pouvait pas croire que cet homme se laissait

faire. L’homme n’avait pas l’air conscient de ce qui se passait.

Comme s’il avait été drogué. Il ne bougeait pas, ne parlait pas.

Il semblait mort. Une marionnette. Un des individus encapuchonnés

s’approcha de lui. L’homme cria. Ludovic sursauta. Il mit sa main

devant sa bouche pour retenir le cri qui montait. L’homme avait repris

conscience. Ludovic se souvint alors de Fernandez Wixplan. Ce type

pouvait manipuler n’importe qui comme il le voulait. C’était sans

doute ce qui arrivait à cet homme. Il hurla. Il avait l’air de souffrir le

martyr.

Il essaya de se débattre. Mais il semblait paralysé. Il pouvait

s’enfuir. Il pouvait se défendre. Mais il paraissait impuissant. Ludovic

l’entendit supplier. Il s’en voulut de ne rien faire pour le sauver.

L’homme hurlait toujours. Ludovic ne voyait pourtant aucune

blessure sur son corps. C’était comme si la douleur était intérieure. «

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Pitié ! Pitié ! Arrêtez ça ! » L’homme émit une espèce de gargouillis.

Mais qu’est-ce qu’ils lui font ? Mais qu’est-ce qu’ils lui font ? ». Des

éclairs bleus sortirent du corps de l’homme.

D’où venaient-ils ? Ludovic ne vit rien qui ait pu les provoquer.

L’homme continua de hurler. Ludovic comprit que c’était la silhouette

à côté de lui qui les provoquait. Ludovic vit des éclairs sortirent de

ses doigts. Ludovic repensa soudain à la peine de mort. C’était ainsi

qu’étaient mis à mort des criminels. Sauf que la douleur était directe.

Le cas était différent là. Ludovic se demanda comment des gens

pouvaient assisté à ce genre de spectacle. Il aurait bien voulu

pouvoir penser à autre chose.

Des pensées plus joyeuses. Mais c’était difficile. Les

hurlements lui vrillaient le cerveau. Ludovic aurait voulu détourner les

yeux. Une partie de son esprit voulait le faire. L’autre était fascinée

par la scène de torture qui se déroulait sous ses yeux. Il état captivé,

comme s’il regardait un film. Il n’était plus qu’un spectateur. Ludovic

entendit soudain quelque chose de déchirer. Il ne comprit pas tout de

suite ce que c’était. Son cerveau était engourdi par le choc. Ce fut

alors qu’il eut vraiment peur.

Les hurlements lui transpercèrent les tympans. Il voulait s’en

aller. Ne plus être là. N’importe où. Sauf ici à entendre ces horrible

hurlements. Avant qu’il n’ait compris, le corps d’une des victimes

explosa. Son corps se décomposa d’un seul coup. Des morceaux de

chaire volèrent comme s’il venait d’être découpé par dix milles scies

électriques. Ce fut rapide et atroce. Pourquoi faisaient-ils ça ? Le

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sang étalé disparu d’un coup. Ludovic resta abasourdi. Des

psychopathes.

C’étaient des dingues. Ainsi des pouvoirs de déments. Ils

pouvaient détruire un être humain en une fraction de secondes.

Ludovic se demanda ce qu’il pouvait faire contre eux. Combien

d’hommes, de femmes et d’enfants avaient-ils tué ? Ludovic savait

qu’il devait faire quelque chose. C’était une vraie boucherie qui se

préparait. Et ce n’étaient pas des porcs ou des chevaux qui allaient à

l’abattoir. Non c’était des hommes. Un immense sacrifice humain.

En hommage à Fernandez Wixplan. Un des chefs de leur

bande de malades. Ludovic se demanda soudain où était passé Jeff

Clayton. « Jeff, où êtes-vous ? ». Soudain, Ludovic sentit que

quelque chose clochait. « Je suis là, Ludovic. Juste derrière vous ».

Ludovic se retourna. Il ouvrit la bouche. Mais aucun son n’en sortit.

Jeff Clayton se tenait debout et pointait un révolver sur lui. « Vous

comprendrez, Ludovic. J’en suis sûr. Je n’ai pas vraiment le choix ».

Ludovic sentit la colère prendre le dessus.

Et curieusement, oui, il comprenait. Clayton cherchait juste à

défendre sa peau. Son but était clair. Ludovic devina tout de suite.

Ce salaud allait le vendre. Il allait le proposer en guise de monnaie

d’échange. Ludovic Hidlle et vous me laisser en vie. Ludovic s’en

voulut de s’être fait avoir. Encore une fois. « Vous êtes fou. Qu’est-ce

qui vous prend ? ». Clayton le menaçait de son révolver. « Taisez-

vous, Hidlle. Vous allez faire exactement ce que je vous dis ». «

Vous ne pouvez pas faire ça. Tous ces malheureux vont mourir. »

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Ludovic cherchait à gagner du temps. Clayton continua de le

menacer. « Silence. Marchez devant ». Ludovic regarda l’arme

pointée sur lui. Il savait que Clayton n’hésiterait pas à s’en servir.

« Vous n’obtiendrez rien à faire ça, Jeff » ; Lui dit Ludovic. « Ils en

ont après vous, aussi. Dés qu’ils vous verrons, ils essaieront de

vous tuer ». Jeff Clayton regarda sa victime en souriant. « Pas si je

leur donne sur un plateau l’assassin de Fernandez Wixplan. ».

Ludovic sut qu’il était pris au piège.

Il sentit du dégoût l’envahir. Quel salaud ! Il lui avait fait

confiance. Comment avait-il pu être aussi naïf ? Ludovic se demanda

ce qu’il pouvait faire. Il devait essayer de le raisonner. Mais il savait

qu’il risquait de ne pas y arriver. Il était foutu. Jeff Clayton l’avait eu. Il

allait mourir. Comme Jérôme et Julia. Ludovic tourna la tête vers

eux. Ils se tenaient tous les deux avec les hommes et les femmes.

Les suppliciés. Ceux qui allaient être sacrifiés sur l’autel. Pour

honorer un monstre.

Ludovic les regarda. Il ne pouvait pas les laisser être tuer.

Soudain, il entendit Jeff Clayton murmurer à son oreille. « Ne vous

en faites pas. Je ne vous tirerais pas dessus. Mais il va falloir y

aller ». Ludovic le regarda, intrigué. Jeff Clayton lui fit un clin d’œil. «

Vous comprenez, maintenant ? ». Ludovic sourit. Oui, il comprenait.

C’était du bluff. Il hocha la tête. « Vous savez ce que vous devez

faire, hein ? ». Ludovic acquiesça. Une pointe d’inquiétude revint. «

Vous croyez que ça va marcher ? »

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Clayton se força à sourire. « Qui ne tente rien, n’a rien, mon

vieux. Non ? » Il chuchotait. Ludovic devait se concentrer pour

l’entendre. Et comprendre ce qu’il disait. « Très bien. Ca vaut le

coup d’essayer. »; Répondit-il. Ludovic se sentit nerveux. Ces types

étaient des sadiques et des fous dangereux. Ludovic sentit une

présence à quelques pas de lui. Sur sa droite. Il tourna la tête. C’était

son père. Jack Hidlle. « Mais qu’est-ce que… ? » ; S’exclama Jeff

Clay ton.

Et soudain, Ludovic comprit tout. « Tu étais sur leur piste.

C’était ta dernière enquête. Tu avais flairé quelque chose de louche

chez Fernandez Wixplan. Tu as enquêté. Tu as fini par remonter

jusqu’ici. Mais ils l’ont appris. Fernandez Wixplan t’a suivi. Et il t’a

tué. » Jack Hidlle sourit. « Oui, mon fils. Bravo. Tu as tout compris.

Ludovic sourit. « Tu me manques, Papa ». Jack hocha la tête. « Tu

me manques aussi, Ludo ». Ludovic savait maintenant pourquoi il

était ici.

« Fais-moi confiance, Papa. Je vais les empêcher de nuire .Je

vais sauver Julia. Ainsi que tous les autres. » Une autre voix

résonna. « Ne crains rien, Ludovic. Nous sommes avec toi ». C’était

Cécilia. Ludovic sourit. « Je sais ». Il sentit sa peur s’envoler. «

Courage, mon fils. Tu peux le faire. Tu vas y arriver, Ludo ». Il

acquiesça. « Oui, parce que je sais que tu seras là ». Jack Hiddle

sourit. Il semblait serein. Il avait pleinement confiance en son fils.

Ludovic le sentit.

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Jack Hidlle disparut avec Cécilia. Mais Ludovic savait qu’il

serait là. Une détermination qu’il n’avait jamais ressentie encore

l’envahit. « Allez ! On y va ! « ; Cria-t-il en se retournant. Jeff Clayton

avait l’air ahuri. Ludovic vit soudain quelque chose briller. Là où

s’était tenu son père. Enfin, son fantôme. Ludovic s’approcha. Son

cœur faillit s’arrêter. Des larmes emplirent ses eux. Un tambour battit

sous son crâne. Un révolver traînait par terre. Ludovic le ramassa et

le serra dans sa main. C’était celui de son père.

Son vieux révolver. Son arme d’inspecteur. Jack Hidlle le

rangeait toujours dans une petite boite. Ludovic l’avait toujours vu de

loin. Un jour, il l’avait observé. Là, dans sa petite boite. A ses yeux

d’enfants, cette arme avait été une espèce de relique. Après la mort

de son père, cette arme ainsi que son badge avaient été remis à la

police. Ludovic ne les avait plus jamais revu. Et aujourd’hui, il le

tenait dans ses mains. Il allait venger son père. Et surtout il allait

peut-être sauver tous ces innocents.

Ludovic serra le révolver entre ses doigts. Jeff Clayton s’était

approché. Un peu hébété. « Cet homme… »; Commença-t-il.

« C’était mon père », répondit Ludovic avec fierté. « Votre père était

flic ? ». Ludovic le regarda, intrigué. « Je dis ça à cause du badge

qu’il avait accroché à sa ceinture ». Son badge ? Ludovic ne l’avait

même pas remarqué. Son père avait eu son badge sur lui. Une autre

relique. Ludovic l’avait tenu entre ses doigts une fois. Il n’en avait pas

compris la valeur.

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C’était un objet. Mais il appartenait à son père. Ludovic,

enfant, c’était plus à imaginer ce que représentait cet objet. Jeff Clay-

ton haussa les épaules. « En tout cas, Ludovic, votre père ne vous a

pas oublié ». Ludovic lui jeta un coup d’œil. Jeff Clayton ne semblait

pas plus étonné que ça. Il venait de croiser deux fantômes. Mais il en

parlait comme si c’était une des choses les plus naturelles du

monde. Il ne semblait pas surpris, ni effrayé. Ludovic se gratta la

tête. Peu importe.

Il aurait le temps de réfléchir à ça plus tard. « On y va, mon

gars ! » ; Cria Jeff. Ludovic vit la même détermination que la sienne

dans ses yeux. Ludovic serra le révolver de son père dans sa main.

Il n’avait jamais ressenti une telle force. Une vraie puissance

l’envahissait. Une lueur brillait dan les yeux de Jeff. La même devait

être dans les seins. Il le devina. Ludovic prit une grande inspiration.

Puis, il avança. Il cacha le révolver dans son pantalon. Il espéra

qu’on ne le remarquerait pas.

Puis, il leva les mains. « Dés que je tirerai en l’air, go. » ; Lui

dit Jeff. Ludovic avait compris. Ludovic mit les mains sur sa tête. Il

partit devant. Jeff pointa l’arme dans son dos. « Allez. N’échouez

pas. Il n’y a pas que votre sœur et son petit ami à sauver. » Ludovic

hocha la tête. Les deux hommes avancèrent. Un groupe d’adepte

tournèrent leurs regards vers lui. Ludovic déglutit. Il ralentit. Une

main se posa sur son épaule. « Ne vous arrêtez pas, Ludovic » ;

Murmura Jeff.

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Puis à haute voix, vers les silhouettes crépusculaires.

« Bonjour à vous, mes frères ». Il leva la main en signe de salut.

Ludovic serra les lèvres. Il devait se contrôler. Ce n’était pas le

moment d’avoir peur. Il risquait de tout faire rater. Mais il ne pouvait

rien faire pour l’instant. Il devait rester calme et attendre. Il sentit

l’arme contre sa cuisse. Cela le rassura. Qu’à moitié, cependant. Il

continua d’avancer. Une aura haineuse plongea vers lui. Elle venait

de tous les êtres qui étaient présents.

Tous ceux qui portaient une longue robe. On ne voyait pas

leur visage. On aurait cru voir des morts-vivants. Ludovic frissonna. Il

se demanda si l’arme de son père lui serait prise. Il sentait sa

présence juste à coté de lui. Son père marchait à ses cotés. Ludovic

eut la certitude que son père était venu là. Il avait plongé dans cet

enfer. Il s’était tenu là, à sa place. Il leur avait tenu tête. Puis il était

mort. Ludovic espéra lui faire honneur. S’il devait mourir lui aussi, ce

ne serait pas sans résister. Il en était sûr. Il n’abdiquerait pas.

Ludovic les dévisagea tous. Puis ses yeux rencontrèrent ceux

de leur chef. Ils ressemblaient comme deux gouttes d’eau à ceux de

Fernandez Wixplan. « Voici l’assassin » ; Remarqua-t-il. Jeff pris un

air crâne. « Et c’est moi qui l’ai trouvé » ; Dit-il. Il bomba le torse.

Ludovic n’y fit pas attention. Il se sentait mal à l’aise. L’atmosphère

était chargée d’électricité. Une aura malsaine se déversait tout

autour de lui et emplissait l’air. Ludovic avait chaud. Une odeur âcre

et pénible régnait et lui attaquait le nez.

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Ludovic essaya de voir d’où elle provenait. La tension était

palpable. Ludovic ne put retenir une inquiétude. Et si Jeff Clayton le

trahissait ? Ludovic regarda le frère de Fernandez Wixplan. Il se

dirigea vers lui. « Maintenant » ; Murmura Jeff. Il brandit son

révolver. Il tira un coup de feu. Ludovic sortit son arme. Jeff tira à

droite. Il visa vers une silhouette. Dans la poitrine. La silhouette

s’effondra. « Ce sont des êtres inhumains. Des monstres. Des non

vivants. N’ayez pas peur. » Ludovic brandit son arme devant lui.

S’il tuait leur chef, ils seraient tous déstabilisés. Soudain, un

autre coup partit. Ludovic tourna la tête. Il vit Jérôme avec un

révolver dans la main. Julia en tenait un aussi. Ludovic se demanda

où ils les avaient trouvés. Ludovic tira sur ceux qui étaient devant lui.

Il les tua les uns après les autres. Il comprit alors un élément très

important. Ils se servaient de la faiblesse des individus. Dés qu’ils

leur résistaient, ils perdaient pieds. Ils ne pouvaient plus leur faire de

mal. Ils étaient vulnérables.

Face au courage, ils étaient impuissants. Ils s’étaient servis de

la peur. Ils s’étaient concentrés sur les faiblesses de leurs victimes.

Et c’était ainsi qu’ils avaient toujours triomphé. Cela avait toujours

fonctionné pour eux. Jusqu’à maintenant. Jusqu’à aujourd’hui.

Comme avec Jack Hidlle. Il leur avait donné du fil à retordre. Il avait

été un adversaire coriace. Ils avaient failli perdre contre lui. Les

Hidlle n’étaient pas des froussards. Et ça, ils s’en souviendraient.

Ils tombaient comme des mouches. L’effet de surprise avait

été plus que fructueux. Ils étaient sidérés, désarmés. Ils avaient cru

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comme des idiots qu’une autre victoire leur était offerte. Ludovic

jubilait. Il n’avait pas cru que ça marcherait aussi facilement. Il

continua de tirer. Il entendait Jeff Clayton tirer lui aussi. « Qu’est-ce

qui s’est passé ? »; Demanda Jérôme. Il semblait un peu

désemparé. Les autres victimes reprenaient peu à eu leurs esprits.

Ils semblaient désemparés, traumatisés.

Comme s’ils sortaient d’un cauchemar. Ludovic pensa soudain

à tous ceux qui étaient morts. Il s’était senti coupable. Mais il n’était

pas responsable. Ludovic leur devait quelque chose. Comme pour

Cécilia et son père. Julia et Jérôme lui prêtèrent main forte. Jeff tirait

encore. Il était doué. Ludovic fut étonné. Malgré son handicap, il se

déplaçait avec agilité. Il maniait l’arme avec une dextérité

surprenante. Ludovic se doutait que cet homme avait besoin de se

venger.

Il avait souffert à cause d’eux. Si ce qu’il lui avait dit était vrai,

Ludovic comprenait tout à fait son acharnement. C’était ce qu’il

ressentait aussi. Il n’avait jamais eu autant envie de faire mal et de

détruire. Ils devaient tous payer. Ludovic tira encore et encore. Ils

tombaient tous les uns après les autres. Pour ses anciens

colocataires. Pour le pauvre témoin suicidaire. Pour son père.

Ludovic se moqua du sang qui coulait. Ce n’en était pas. Une espèce

de liquide bleuâtre sortait et dégoulinait.

Ludovic se demanda ce que c’était. Peut-être un effet dû à

quelques produits chimiques. Il n’y connaissait rien en chimie. Ces

êtres n’étaient plus humains. Il n’y avait plus rien en eux qui s’en

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rapprochait. Ludovic n’éprouva aucune pitié. Les cris ignobles qu’il

entendait le laissaient de glace. L’être humain n’était pour eux que

de la chair à tuer. Ils se délectaient de la souffrance qu’ils voyaient

sur les visages de leur victime. Ils se nourrissaient de leur sang.

Puis, ils les réduisaient en lambeaux.

Et c’étaient là qu’avaient lieu de monstrueux festins

cannibales. Ludovic continua de les détruire. C’était un vrai

massacre. Mais il s’en fichait. « Ca suffit ! », cria une voix tonitruante.

« Ce que vous faites ne sert à rien. » Ludovic regarda vers l’autre

Wixplan. Il s’avança vers lui. En effet, tous ceux qui étaient tombés

se relevèrent. Ludovic fulmina. Il aurait dû se douter que ce ne serait

pas aussi facile. Ils n’avaient aucune égratignure. Ils se relevaient

comme s’ils venaient juste de faire un somme. Ludovic recula.

Une main invisible se posa sur son épaule. « Vous croyez

pouvoir nous résister. Vous avez tort. Vous allez tous mourir ». Il

ricana. Ludovic crut alors qu’ils étaient perdus. Ils étaient entourés

par toutes ces silhouettes inhumaines. Ludovic chercha sa soeur du

regard. Elle n’était plus là. Il aperçut Jérôme au loin. Pour une fois, il

ne ressentit aucune inimité. Jérôme avait fait preuve de courage. Le

rire atroce du maître des lieux résonna encore. Ludovic soupira.

Avoir fait tout ce chemin pour en finir comme ça.

C’était bien trop frustrant. Il ne le voulait pas. Il devait réussir à

s’en sortir. Il le devait à son père et à Cécilia. « Vous pourrez tirer sur

nous autant que vous voudrez, ça ne servira à rien ». Ludovic haït

cette voix. Ce ton triomphant l’horripilait. Il n’allait quand même pas

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rendre les armes. Pas maintenant. Pas après tout ces combats, tout

ce chemin parcouru. Son père ne l’aurait pas voulu. Si quelqu’un

devait échouer, ça ne devait pas être lui. Ludovic chercha comment

ils pourraient s’en sortir.

Soudain, un hurlement de douleur immonde retentit. Ludovic

leva les yeux. Il ne put y croire. Il eut envie d’éclater de rire. Le coup

de théâtre. Le retournement de situation. Le geste auquel personne

ne s’attendait. Wixplan bis se tenait debout. Une large tâche bleue

foncée apparut sur sa robe au niveau de la poitrine. Un

gargouillement inintelligible sorti de sa gorge. Il s’effondra. Derrière

lui, Julia Hidlle se tenait debout, un couteau à la main. Ludovic la

regarda, admiratif.

Il avait toujours pensé que sa sœur était une battante.

Ludovic sut alors qu’il avait réussi. C’était gagné. Ils avaient remporté

la victoire. Ludovic savait qu’ils pouvaient tous être fier. Julia le

regarda, une détermination farouche dans les yeux. Elle avait fait ce

qu’il fallait. Ils disparurent tous. Bientôt, il ne resta plus que Julia,

Jérôme, Jeff Clayton et les autres humains. Julia lâcha son couteau.

Elle semblait un peu choquée. Ludovic marcha vers elle. Ils se

jetèrent dans les bras l’un de l’autre.

Ludovic n’avait jamais été aussi heureux de la revoir. Il se

rendit compte à quel point il avait eu peur de la perdre. C’était enfin

fini. Le cauchemar était terminé. Jérôme trottina vers eux. Il semblait

hésiter. Ludovic s’écarta de sa sœur. Il s’approcha de lui. Les deux

hommes se serrèrent la main. Ludovic avait compris à quel point il

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s’était trompé sur son compte. Jeff Clayton s’approcha. «

Alléluia ! » ; cria-t-il. « Wouhou ! ». Il sourit et fit un clin d’œil à

Ludovic. « Vous vous êtes débrouillé comme un chef »

Il lui envoya une grande claque dans le dos. Puis il se tourna

vers Julia. « L’intervention de la fin, wow ! Bon sang, c’était génial !

Vous avez été superbe ! Eh, Ludovic, vous devez être fier. Votre

sœur est une championne ! ». Julia rougit à ce compliment. Ludovic

sourit. Il avait envie de sortir. Il se sentait mieux. Il allait revive, enfin.

C’était magique. Il se sentait heureux.

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Epilogue

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Dimanche. Un jour bien triste. Le jour de

l’enterrement de Tony. Ludovic se tenait devant. Julia était là. Leur

mère aussi. Quelques anciens collègues étaient venus. Ludovic les

regarda. Ils avaient l’air de pantins dans leurs costumes noirs. Tous

leurs visages étaient fermés. Ludovic étaient sûr qu’ils s’en

moquaient. Et il le sentit. Son père était là. Cécilia et les enfants

étaient présents aussi. Mais Ludovic eut une autre surprise. Une

autre personne qu’il ne s’attendait pas à voir.

Ce fut en sortant du cimetière. Ludovic se dit alors qu’il devait

rêver. Marion était là. Ludovic avait cru pendant un moment qu’il ne

l’aimait pas. Et il s’aperçut qu’il s’était trompé. Elle était la seule

femme qu’il avait aimée dans sa vie. Le sourire de Marion le rendit

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fou de joie. Il oublia le chagrin qu’il avait ressenti quelques minutes

auparavant. Il était trop heureux à ce moment–là. Mais il aurait

préféré la revoir en d’autres circonstances. « Ludovic ! Ca faisait

longtemps ! » ; Lui dit Marion. « Trop longtemps » ; Répondit-il. « J’ai

essayé de te joindre » ; expliqua Marion. « Mais je tombais toujours

sur le répondeur. Que se passe-t-il ? Tu as déménagé ? ». Ludovic

sourit. Il pourrait tout lui raconter. Plus tard.

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