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<< LE PÈRE QUE JE N’AURAI JAMAIS… >>

Nouvelle
Par Aristote le Sage-fou

Alors que sa mère rendit l’âme en donnant naissance à sa sœur ; le sacrifice suprême.
Un chagrin éternel dont la femme est la seule créature sur terre capable d’encaisser une telle
souffrance de l’âme par-delà le monde des vivants. Déborah, âgée de treize ans, devint seule
face à sa blessure de l’âme. Car Perdre une mère, c’est perdre la moitié de son âme. Ainsi,
l’amour de sa sœur était devenu son seul remède, l’unique devoir qui apaisait son chagrin.
Mais pour veiller sur sa sœur et garantir son bien-être, Déborah fut contrainte de quitter la
ville montagneuse de MATADI, où elles habitaient avec leur mère, qui était devenue la clé de
voûte empêchant l’effondrement de leur modeste petite famille. Car elle n’a jamais connu un
père.

*
Carine, mère de Déborah, était une fille pleine d’ambition et de rêves. Belle de taille
et de figure, sa beauté était la racine de tous ses maux, tel le miel qui attire les abeilles. Mais
tout son rêve s’était effronté d’un jour à l’autre. Elle n’avait alors que quatorze ans quand
l’incident s’était produit.
C’était vers 17h 40, alors que Carine et Sofia, sa meilleure amie, étaient en route vers
la maison. Sous un ciel menaçant. Puis soudain, la pluie s’était abattue sur leurs têtes.
Comme elles étaient encore loin de leurs maisons, elles furent obligées de trouver un abri
pour se cacher. Mais une heure plus tard, la pluie était loin de se terminer. C’est alors que
deux jeunes garçons, réputés turbulents dans le quartier, virent leurs silhouettes et vinrent les
rejoindre. Profitant de la forte pluie torrentielle et à la rue déserte, les deux garçons
profitèrent pour en abuser de Carine et Sofia. Chacun avec sa proie. Quelques minutes après,
le violeur de Sofia avait déjà fini son acte qu’il s’est éloigné dix mettre plus loin, laissant sa
victime se morfondre à même le sol. Quant au violeur de Carine, il n’avait toujours pas vidé
son réservoir que le premier violeur ne cessait de l’appeler pour qu’ils s’en aillent : << Roro !
Roro ! Il faut qu’on s’en aille ! >> criait-il sans cesse. Avant que le concerné rejoigne son
complice et fuirent tous les deux, laissant les victimes sous leurs sorts. Malgré la douleur
atroce qu’elles ressentaient, le nom de Roro résonnait dans l’esprit de Sofia, car c’était le nom
du garçon le plus turbulent du quartier.
Le lendemain matin, Carine et Sofia, accompagnées de leurs parents, quelques policiers
et quelques habitants du quartier étaient chez le Roro pour expliquer à ses parents ce que leur
fils et son complice avaient commissent comme abomination. Malheureusement, ils étaient
retournés mains vides. Le père de Roro était un homme influent dans la ville. Il avait assez
d’argent et des connaissances qu’il lui a fallu quelques coup de fil pour enterrer

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complètement le problème et envoyer son fils en Europe pour poursuivre ses études là-bas :
chose normale de l’injustice de la justice dans un pays en cas d’urgence !
Un mois plus tard, Carine était tombée enceinte. Son amie, elle, était indemne. C’est
alors que le destin de Carine s’était emballé. Et elle fut chassée de chez eux. Elle sera logée
dans un orphelinat où elle accouchera sa fille. C’est ainsi que Déborah fut venue au monde.
Contre vent et marée, elle a élevée sa fille seule, parfois en dormant dans la rue, se prostituant
pour prendre soin de sa fille, et ce, durant dix longues années, avant de tomber de nouveau
enceinte de Marie. Cette fois-ci, non pas par viol, mais c’était un accident du métier. C’est
alors qu’elle perdra sa vie quelques mois plus tard, après la naissance de sa seconde fille.
Deux jours après sa mort, sa propre famille qui l’avait chassé et qu’elle n’avait plus revue
après onze ans, venirent récupérer les enfants et l’enterrer, elle, quelques jours plus tard.

Au lendemain de l’enterrement de leur mère, Déborah n’était pas d’accord avec l’idée
de sa tante Lili de les rejoindre, elle et son tendre mari, à KINSHASA : << Ma fille, c’est vrai
que la dernière fois que j’ai vue ta mère, ont étaient encore très petites. Ont devraient avoir
cinq à six ans. C’était lorsque moi et ma famille étaient venus leur rendre visite. Depuis lors,
on ne s’était plus revue. Mais je garde toujours de bons souvenirs d’elle. Et après avoir su
aujourd’hui tout ce que ta mère et toi avez traversé, je ne saurais vous laisser encore dans
cette famille. Raison pour laquelle, je veux vous ramener à Kinshasa avec moi pour s’occuper
de toi et ta sœur. >>, disait sa tante, Lili.
D’abord, Déborah ne voulait pas les rejoindre. Car elle estimait que MATADI, sa ville
natale, était toute sa vie. C’est après avoir écouté les conseils de tous les membres de la
famille qu’elle comprit que l’idée de déménager à KINSHASA semblait la meilleure parmi
toutes. D’ailleurs, sa tante n’avait pas encore enfantée. Et cela lui donnait plus d’espoir pour
un avenir meilleur. C’est alors qu’elle donna son accord. Puisque là-bas : << Marie pourrait
grandir avec l’amour de deux tuteurs ; masculin et féminin >>, estimait-elle.
À KINSHASA, les deux premières années ont confirmé à Déborah le bon choix qu’elle
avait fait en acceptant l’idée de sa tante. D’abord, sa tante et son mari élevaient sa sœur
comme si elle était leur propre fille biologique. Et toutes les deux, se sentaient assez
heureuses et en sécurité dans leur nouvelle famille que Déborah avait l’habitude de les
remercier : << Vous nous montrez chaque jour l’amour inconditionnel d’un père et d’une
mère. Cette famille est la famille idéale que je n’aurais jamais imaginée. Merci tantine ! Et
merci à l’oncle Jules ! Tu es le meilleur père que je n’aurais jamais eu ! >>, disait-elle
souvent. Car l’affection de ces deux personnes à leur égard ravivait et apaisait son cœur, bien
que le souvenir de son chagrin ne fût pas interrompu. Mais au moins, son cœur était allégé de
ses lourds fardeaux. Car de toute façon, vivante ou morte, une mère ne s’oublie jamais !
Ensuite, après sa joie de voir grandir sa sœur dans un océan d’amour et d’affection,
elle était aussi heureuse de commencer les études. Cette année-là, elle était inscrite
directement en troisième année des humanités. C’était sans doute la meilleure année de toute
sa vie. Et cela lui donnait l’espoir d’un avenir plus somptueux. Mais elle ignorait à quel point
l’espoir peut être illusoire et infidèle.

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Un après-midi, alors qu’elle revenait de l’école, Déborah arriva à la maison exténuée.
À peine arrivée à la maison, elle se déchargea de son sac, se déshabilla de ses uniformes et
alla prendre son bain. Puis, elle se laissa caresser par les bras de Morphée, sans se soucier de
sa petite sœur. Car ce jour-là, il n’y avait personne à la maison. Du moins, c’est ce qu’elle
pensait.
Alors qu’elle s’endormait paisiblement allongée sur son lit, elle sentit de légères
caresses sur sa cuisse. Mais elle n’y prêta pas attention. Mais après un moment, même le
sommeil le plus profond ne put l'empêcher de ressentir cette tendresse et cette douceur sur ses
cuisses. Elle se libéra alors des bras de Morphée et sursauta comme si elle venait de faire un
cauchemar. Et là, contre tout entente, elle se retrouva nez à nez avec Jules, le mari de sa tante,
complètement nu.
<< Euh, oncle Jules ! Que faites-vous ici ? En plus, complètement nu ! S’étonna-t-elle,
tremblante.
__ Relaxe ! Dit-il ; je ne te veux aucun mal. Je suis juste venu voir comment tu dors.
Et laisse-moi te dire que tu dors paisiblement comme un ange.
__ Mais vous êtes nu, mon oncle ? Ce n’est pas convenable que je vous voie ainsi,
expliqua-t-elle, en se couvrant le visage de ses mains.
Son oncle Jules, quant à lui, laissa échapper un sourire malicieux pendant quelques secondes,
puis dit :
__ C’est donc ça qui te fait trembler à ce point, vraiment ? Relaxe ma puce, dit-il ;
j’étais de passage pour aller prendre mon bain. Et je ne savais pas qu’il y avait quelqu’un à la
maison. Dès que j’ai remarqué que votre porte était ouverte, j’ai voulu savoir qui était à
l’intérieur. C’est alors que je t’ai vu allongé délicatement sur ce lit avec finesse. Et je ne
pouvais m’empêcher de te regarder dormir comme un ange, ma fille …>>.
À cet instant, Déborah s’était engouffrée dans un silence froid. Toujours avec ses mains
couvrant son visage, car elle n’avait pas le courage de regarder son oncle dans ces conditions.
Et ne cessait de trembler…
Puis soudain, son oncle se leva de son lit. En voulant sortir de sa chambre, il retourna
et glissa délicatement sa main sur la joue de Déborah, tout en lui disant : << Rendors-toi,
petite ange ! Tu as l’air épuisée ! >>, puis il est sorti de la chambre en refermant la porte
derrière lui.
Déborah n’en croyait pas ses yeux ! Tout ce qui venait de se passer devant elle lui
semblait comme un cauchemar. Jules était devenu comme un père pour elle et sa petite sœur.
Et le simple fait de le voir nu lui semblait être une malédiction. De plus, le fait que cela se
passait dans sa chambre lui donnait l’impression de vivre un cauchemar. À cet instant, mille
et une questions tourbillonnaient dans sa petite tête. Alors, elle se leva de son lit et se
précipita pour fermer la porte de sa chambre à clé, avant de retourner sur son lit pour réfléchir
un moment : << Est-ce c’est ce que je pense où est-ce que je me fais des idées ? Pourquoi
l’oncle Jules peut-il se permettre de rentrer dans ma chambre dans ces conditions, alors que
j’étais endormi…? >>, se questionnait-elle, avant de conclure naïvement : << … je crois que
je me fais des illusions. Car il m’a bien expliqué qu’il était de passage… d’ailleurs, comment
pourrais-je imaginer que l’oncle Jules puisse me vouloir quelque chose de mal, après tout
l’amour que lui et tante nous montrent dans cette maison, vraiment ! Que Dieu m’en garde !
Ce n’est pas ce que je pense. Je crois qu’il voulait juste vérifier s'il y avait quelqu’un dans ma

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chambre. Il est très protecteur, l’oncle Jules. C’est vraiment le père que je n’aurais jamais…
>>, conclut-elle, puis un sourire timide enveloppa son visage, alors froid.

Les jours suivants, son oncle Jules s’était complètement métamorphosé en Père Noël
avant Noël. Il ne cessait de leur offrir à elle et à sa petite sœur des cadeaux, et de leur
montrer encore plus d'affection et d’amour, jusqu’au jour où l’hôpital se moqua de la charité.
Et un soir, sous la forte pluie torrentielle qui ne cessait de gronder dans les sombres
nuages, alors qu’endormie, Déborah se libéra des bras de Morphée par un mauvais
pressentiment ! Puis soudain, elle se retrouva de nouveau nez à nez avec son oncle…
<< Mon Oncle… !
__ Calme-toi ! lui dit-il, alors qu’il était à moitié nu, assis sur son lit, vêtu seulement
d’un débardeur et d’une petite culotte.
__ Mais Oncle… >>, voulait-elle en savoir plus, avant que Jules ne couvre sa petite
bouche avec sa main droite, tandis que l’autre main était posée sur la cuisse de Déborah.
Pendant qu’elle essayait d’enlever la main de fer de son Oncle, ce dernier lui lança un
regard abyssal, puis lui dit : << Surtout, ne fais aucune bêtise... Sinon, je vais te trancher la
tête de mes propres mains comme une poule. SILENCE ! >>, lui ordonna-t-il d’un ton
sérieux et intimidant. Déborah, cependant, se calma soudainement, bien que son cœur palpitât
encore. Puis Jules lui fit savoir de nouveau : << Si j’enlève ma main de ta bouche et que tu
oses ne serait-ce que tousser un tout petit peu, crois-moi, je vais t’étrangler, te découper
morceau par morceau, te jeter dans l’acide et te brûler. N’ose surtout pas crier, sinon tu
regretteras ce qui adviendra >>, lui prévient-t-il froidement.Terrifiée, elle essaya tout de
même de se libérer des bras de son oncle. Elle mordit alors la main de son oncle qui couvrait
sa bouche. Puis essaya désespérément de s’enfuir… un geste héroïque mais qui, hélas !
Ouvrira la boîte de Pandore… énervé d’être mordu, Jules saisit Déborah par sa hanche, puis
la jeta brutalement sur le lit. Et là, elle commença à crier à tue-tête, espérant attirer l’attention
de sa tante, alors endormie. Et surtout, celui de son oncle pour qu’il ait pitié d’elle, car tout
son corps brûlait de douleur atroce. Elle était si jeune, si petite et si fragile pour subir une
telle atrocité, surtout venant de celui qu’elle pensait être :<< Le père qu’elle n’aurait jamais !
>>.
Mais hélas, car ce soir-là, il pleuvait abondamment que ses cris de SOS s’assourdissaient
face aux raisonnements torrentiels de la pluie. Elle était si fragile face à Jules, tel un gibier
vulnérable face à un prédateur féroce. Ensuite, Jules la saisit et commença à la déshabiller
avec une brutalité sans commune mesure. Malgré les faibles efforts fournis par Déborah,
Jules réussit à la maîtriser et déchira sa longue robe moulante. Gênée de rester à la peau
adamique devant son oncle et terrifiée, Déborah ne cessa de crier à tue-tête dans les oreilles
sourdes de son oncle, brûlé par un vif feu excitation.
C’est alors que la pauvre fille sera déflorer et dépouiller de la fraîcheur de son âme et
de sa dignité de femme par son oncle ! Et croire que c’est le même père idéalisé qui venait
d’abuser d’elle, comme dirait Voltaire : << Mieux vaut un démon qu’on connaît qu’un ange
qu’on ne connaît pas ! >>. Et son oncle était la personnification parfaite de cet adage.

Quelques minutes plus tard, après avoir fini de blasphémer et de souiller farouchement
le corps immaculé de Déborah sans état d’âme, Jules lui glissa quelques mots menaçants,

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alors qu’il s’habillait : << Tout ce qui vient de se passer ici ne s'est jamais passé. Et si par
malheur cela venait à être su de quiconque, je te jure sur la tombe de ta mère je vais te tuer
sans hésitation. Surtout, Lili ne doit jamais, en aucun cas, être mise au courant de tout ça.
Sinon, je vais te renvoyer à Matadi, NON ! Ce serait trop gentil… je vais te tuer d’abord en te
coupant morceau par morceau et envoyer tes restes à Matadi pour qu’on puisse être enterrée
là-bas, près de ta mère. J’espère juste que je me suis parfaitement fait comprendre ? >>, lui
prévint-il, alors que Déborah, effrayée qu’elle était, ne cessait de bouger la tête pour donner
son accord… Puis Jules se sépara d’elle et s’en alla à la hâte…
Déborah resta cependant seule, inondée de dégoût et de honte envers sa propre
personne. Tout son corps lui semblait insupportable, tel un magma prêt à sortir du volcan.
Jamais elle n’aurait imaginé une scène aussi affreuse dans sa nouvelle maison, où tous les
murs semblaient briller d’or et des pierres précieuses. Pourtant, comme disaient les anciens :
<< Tout ce qui brille n’est pas de l’or >>. Et cette vérité, issue d’une sagesse millénaire, n'a
pas perdu de sa véracité. Elle avait beau croire vivre au paradis, le diable lui avait fait revenir
les pieds sur terre. Et elle était dégoûtée d'elle-même et de la vie.
De son côté, après avoir fini d’abuser de la pauvre fille, Jules, sans remords ni gêne,
rejoignit sa femme et la petite Marie et s’étala paisiblement sur le lit, caressant le dos de sa
tendre femme et lui donnant quelques bisous, avant de reprendre ses esprits et de se laisser
délicatement caresser par les bras de Morphée, comme si de rien n’était.

Le lendemain matin, comme à son habitude, après s’être réveillé et douché, Jules prit
son petit déjeuner et partit au travail comme si de rien n’était. De son côté, depuis la nuit
cauchemardesque précédente, Déborah restait enfermée dans sa chambre, se morfondant en
silence. Et ce jour-là, elle passa toute la journée enfermée dans sa chambre sans boire ni
manger quoi que ce soit. Malgré les efforts de sa tante qui faisait tout de son possible pour
comprendre ce qui lui arrivait et pourquoi elle refusait de sortir de sa chambre, la porte
restera fermée jusqu’à l’arrivée de Jules, le soir.
Une fois à la maison, après que sa femme lui ait réexpliqué ce qui se passait, car elle
l’avait déjà expliqué au téléphone et Jules lui aurait fait comprendre qu’il était assez
surchargé au travail pour ça. Et que le soir, une fois à la maison, ils en parleront. C’est alors
que le soir, Jules, faisant semblant et inquiet de ce qui se passait, se donna toute la peine du
monde pour détruire la porte de la chambre de Déborah et s’introduire avec sa femme. Une
fois à l’intérieur, Lili n’en croyait pas ses yeux. Les habits jetés ça et là, les valises détournées
à même le sol, le lit défait en désordre et les draps étaient peints du sang.
<< Du sang ! Du sang ! Mais qu’est-ce qui se passe, Déborah ? s'exclama Lili,
effrayée de voir du sang sur le lit.
__ Calme-toi, chérie, ne panique pas. Calme-toi. Ne vois-tu pas qu’elle est en vie ?
C’est l’essentiel. Gloire à Dieu ! Surtout pas de panique. On va chercher à savoir ce qu’elle a,
mais calmement, lui rassura Jules, au tempérament posé.
__ Mais de quoi parles-tu, Jules ? Ne vois-tu pas qu’elle saigne ? S'inquiéta-t-elle.
__ Je vois qu’elle saigne, mais ressaisis-toi. Ce n’est pas comme ça qu’une mère doit
gérer une situation de telle ampleur. Calme-toi ! >>, et elle se calma.
C’est alors que Lili commença à questionner Déborah sous le regard perçant de Jules :
Déborah qu’est-ce qui se passe ? Voulait-elle en savoir davantage, mais Déborah ne dit mot.

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__ Et si elle avait ses règles ? Je crois que c’est ça. Elle est maintenant une grande
fille. Donc c’est normal, estima Jules, confiant.
__ C’est la première fois que tu as tes périodes, ma fille ? Parle-moi, je t’en prie,
continua Lili.
Subitement, Jules se mit à rire durant quelques secondes avant que sa femme ne lui fasse
la remarque :
__ Qu’est-ce qui est marrant dans tout ça ? Ne vois-tu pas qu’elle souffre, et cela te
fait rire, vraiment ?
__ Désolé. Au fait, c’est juste que tu lui reproches de pleurnicher comme une gamine
à cause de ses règles, or je me souviens encore que toi-même tu pleurnichais à chaque fois
que tu avais tes règles, juste au début de notre mariage. Pourtant tu avais le triple de son âge,
je crois.
__ Tu ne comprendras jamais ce que ça fait d’être une femme. Crois-moi, chéri, une
femme vaut quatre hommes, lui confia-t-elle. >>
Sur ces mots, Lili exhorta Déborah à ne plus s’enfermer dans la chambre à cause de ses
règles. Que cela était quelque chose de normal. Ce n’est pas une chose à laquelle elle devrait
avoir honte. C’est plutôt une identité féminine. Puis, Lili fera savoir à Déborah d’aller se
doucher et arranger sa chambre.
Seule, Déborah ne savait pas quoi dire à ces instants là. Elle aurait bien voulu tout
expliquer à sa tante, mais les menaces de son oncle hantaient son esprit. Elle avait si peur
d’expliquer à quiconque ce que son oncle venait de lui faire. Aussi, elle était dégoûtée
d’elle-même et s’en voulait au point de se culpabiliser, comme si tout était de sa faute.
Pourtant, c’est au violeur de se culpabiliser de son acte abominable et irrationnel. Hélas que
les violeurs n’ont ni les cœurs ni les cerveaux. Ils n’ont que les couilles.

Quelques jours plus tard, Déborah ne s’était pas encore remise de l’abîme de ses
tourments. Elle était devenue si introvertie qu’elle ne parlait presque à personne à la maison.
Et à l’école, c’était encore pire, car elle ne se donnait plus à fond et devenait de plus en plus
perdue.
Les jours passèrent, les semaines s’enchaînèrent, mais son cauchemar ne semblait pas
prêt de la lâcher d’une semelle. Pire encore, son corps altéré était devenu un terrain de jeux
où Jules réalisait ses pires fantasmes sexuels. Jour après jour, semaine après semaine, son
corps autrefois fleuri et immaculé s’était rapidement métamorphosé en un corps fané et
impropre. On aurait dit qu’elle avait gravi les échelons de la vieillesse à un clin d’œil,
jusqu’au jour où la pire des situations s’était invitée au festin de ses tourments. Un soir, Lili
avait surpris Déborah en train de vomir et la soupçonnait d’être enceinte. Et le lendemain
matin, les résultats médicaux confirment ses soupçons ; Déborah était bel et bien enceinte. En
plus, de deux mois. Et ce jour-là, tout le monde était présent à la maison.
Après l’annonce de la mauvaise nouvelle, elle fut complètement submergée par un
sentiment de dégoût indescriptible. Elle n’avait même pas eu le temps de digérer la situation
embarrassante que les condamnations venant de la bouche de sa tante scellaient déjà son
destin : << Tu as complètement détruit ta vie ! Que dirais- je au monde, maintenant ?
Pourquoi Déborah ? POURQUOI ? Tu es finie ! FINIE ! >>, professait Lili, enveloppée

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d’une honte et d’un sentiment d’irresponsabilité à l’égard de sa nièce qui, à cet instant-là,
restait silencieuse. Mais Lili continua. Cette fois, pour connaître l’auteur de la grossesse :
<< Et qui est cet idiot qui t’a mise enceinte ? Dites-le moi ! exigea-t-elle.
__ Calme-toi, Lili. Arrête de la brutaliser. Ce n’est pas comme ça qu’on doit gérer
la situation. Tu risques de la traumatiser si tu agis de cette manière. Elle est encore une petite
fille, estimait Jules de tempérament penard.
__ Et comment veux-tu qu'on procède ? Comprends-tu la honte que cette fille m’a
infligée en plein visage ? Que vais-je dire à la famille, mes proches et au monde entier ?
S’inquiétait-elle.
__ Arrête d’être pathétique. Tu risques de la traumatiser avec tes inquiétudes. Viens
ma fille…, disait Jules, alors qu’il prenait Déborah sous ses bras pour la rassurer. Une fois
qu’elle était près de lui, il lui glissa ces mots : << Si jamais tu oses dire que c’est moi, je te
jure sur la tombe de ta mère que je vais te tuer à l'instant même. Ferme ta petite bouche ! >>,
lui menaçait-il avec un léger sourire sur les lèvres.
Déborah était alors noyée dans l’embarras : dire la vérité à sa tante sinon elle quitterait
la maison ; ou bien n’est rien dire comme l’obligait son oncle. Et elle finira par n’est rien dire
à sa tante, de peur que son oncle la châtie. Elle restera à la maison avec la protection de son
oncle.
Dans les semaines qui suivaient, malgré sa grossesse, son oncle continuait toujours à
abuser d’elle durant un long moment, sans la moindre pitié de sa condition.
Neuf mois plus tard, Déborah était amenée aux urgences à un hôpital de la place, pour
accoucher. Mais il eut des complications : son bassin n’était pas à la dimension adaptée pour
faire sortir le bébé. Car le bébé était trop gros. C’est alors qu’elle accoucha par césarienne.
Mais après l’accouchement, il eut un accident obstétrical grave : une rupture utérine. Et
Déborah subissait une hémorragie post-partum, ce qui entraînera une opération pour enlever
l’utérus ( hystérectomie ), qui par la suite, nécessitera une transfusion sanguine en urgence.
À ce moment, Lili était à la maison pour s’occuper de Marie, avant de revenir à l’hôpital. Car
elle avait passé toute la nuit. Jules était le seul responsable de Déborah dans cet hôpital. Il
appela sa femme pour l’informer que sa présence était primordiale pour prélever son sang et
commencer la transfusion. À la seconde qui suivait, elle était déjà en route vers l’hôpital.
Mais ce jour-là, on aurait dit que tout l’univers conspirait pour leur malheur. Car quelques
minutes après, Déborah appela Jules pour l’informer qu’elle était engloutie dans les
embouteillages monstrueux et insoucieux de la ville de Kinshasa. L’heure était grave !
Puisque la vie de Déborah ne tenait qu’à un fil.
Constatant le retard de Lili qui préjudiciait sur la vie de Déborah, la doctoresse
responsable décida alors de trouver d’autres solutions pour sauver la vie de la pauvre fille.
C’est alors qu’elle demanda aux infirmières d’interpeller le seul responsable de Déborah qui
était présent à cet instant-là, c’est-à-dire Jules, pour lui proposer d’autres solutions en
urgence. Puis, Jules suivit les deux infirmières qui venirent l’appeler, et se dirigea avec eux
au bureau de la doctoresse… Dès qu’il s’introduisît au bureau de la doctoresse, l’improbable
se produisit…
La Doctoresse était alors assise sur la chaise, tête courbée, entrain de lire un ouvrage
qu’elle tenait par la main, puis, releva soudainement sa tête et là, contre toute attente, son
visage devint crispé, comme si elle venait de voir un revenant. Elle resta figée, dévisagea

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Jules au point où ce dernier le remarqua : << Qui a-t-il, Docteur ? >> questionna-t-il, avec un
air craintif. La doctoresse, cependant, ne dit mot. Puis l’une des infirmières ajouta : <<
Docteur ! Le temps nous est compté. >>, mais la doctoresse demeura figée telle une buste.
Puis, cria : << Mon Dieu ! >>, et s’évanouit instantanément. Les deux infirmières venirent à
son secours pour essayer de la réveiller au plus vite. Jules, quant à lui, était resté immobile et
essayait de comprendre ce qui se passait. C’est alors que Lili fera son entrée dans le bureau
avec précipitation et sera submergée par la situation.
__ Chéri, que se passe-t-il ? S’étonna-elle de voir la doctoresse tomber à même le sol.
__ Moi non plus je ne sais rien. Elle s’est évanouie juste comme ça, dira Jules.
Puis, la doctoresse reprit ses esprits. Et l’une des infirmières l’apporta de l’eau à boire. Et
dans un laps de temps, elle se releva et dit :
__ Monsieur ! Tu te souviens de moi ? Questionna-elle.
__ Comment ça me souvenir de toi, Docteur ! S’etonna Jules.
__ Mais Docteur, que se passe-t-il ? Vous m’avez appelé urgemment pour le prélèvement
sanguin, mais je ne comprends pas ce qui se passe par ici.., s’inquiéta Lili de la situation.
Puis la doctoresse questionna de nouveau Jules.
__ N’est-ce pas toi Roro, à Matadi ? Questionna-t-elle.
__ Oui. J’ai vécu à Matadi à mon enfance, on se connaît ? Y a t-il un problème, Docteur
? Voulait-il savoir.
__ Ce n’est pas toi Roro ? persista la doctoresse.
__ Oui, c’est moi. Que dis-je, c’était mon surnom d’enfance à Matadi, confirmait-il.
__ Donc c’est toi Roro ! Seigneur ! S’exclama la doctoresse..
À cet instant là, tout le monde cogitait et essayait de comprendre ce qui se passait. Jules non
plus ne comprenait ce que la doctoresse voulait lui faire comprendre. Mais le suspense ne
demeura pas éternel, et la doctoresse cracha le morceau :
__ Donc comme ça tu ne te souviens plus de moi ? C’est moi Sofia, l’amie de Carine, les
petites filles que vous et votre ami avez violé il y a seize ans. Et c’est toi qui avait violé mon
ami Carine, qui quelques mois plus tard était tombée enceinte de toi et toi et votre père
l’aviez nier. C’est alors que ton père t’avait envoyé en Europe sous prétexte que tu ailes
poursuivre tes études. Jamais je pourrais oublier le cicatrise que tu as sur ton front…
__ Quoi ? Mais de quoi parle-tu Docteur ? Attends, de quelle Carine vous faites allusion ?
Carine Nzazi ? Voulait savoir Lili.
__ Oui. Carine Nzazi, mon amie d’enfance. J’ai appris qu’elle avait perdu la vie en
donnant naissance à sa deuxième fille, trois ans auparavant. Vous la connaissez ? Demanda
Dr Sofia.
__ Oui. C’est ma cousine. Et c’est moi et mon mari ici présent qui s’occupent maintenant
de ses deux filles. Et celle qui vient d’accoucher et sa fille aînée, Déborah. Elle n’a que seize
ans, confiait-elle.
__ Quoi ? s'exclama Dr Sofia. C’est sa première fille ?
__ Oui, Docteur, confirmait Lili.
__ Jésus ! Donc c’est lui son père. Car c’est lui qui avait enceinté mon amie, conclut Dr
Sofia.
Et là, un silence des morts s’était abattu dans le bureau. Tout le monde était choqué par
les révélations de la Dr Sofia. Les infirmières croisèrent les bras, ébahis par la situation. Jules

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était restait figé, inclina sa tête vers le sol et rembobina toute l’histoire. Lili, quant à elle
s’était évanouie, emportée par l’émotion. Puis soudain, une autre infirmière s’était introduite
dans le bureau :
__ Docteur ! Docteur ! Venez vite ! La patiente est entrain de perdre la vie… cria-elle tout
agitée.
Et tout le monde se dispersa et ils se dirigèrent dans la salle d’accouchement. Une fois
là-bas, c’était déjà trop tard. La pauvre Déborah avait perdu la vie. Comme sa mère, elle ne
laissa que son enfant. Il y eut comme une charge électrique qui s’abattra dans la salle ; Jules,
Lili et Dr Sofia seront tous les trois succombaient et s’évanouissent instantanément, l’une
après l’autre…
Le choc était gravissime ! Jules, ne pouvait jamais s’imaginer que la fille qu’il abusait
d’elle passionnément depuis tout ce temps et qui était tombée enceinte de lui ne pouvait être
que sa propre fille, conçue par le même processus qu’il avait fait subir à sa mère. Et croire
que l’enfant de Déborah sera à la fois son fils et son petit-fils était une abomination aux yeux
du monde. Et croire que celui que Déborah considérait auparavant comme le Père qu’elle
n’aura jamais, était son père biologique qui détruira sa vie plus tard comme il l’aurait fait à
sa mère. Comme si les femmes étaient les seules candidates préétablies pour subir toutes
sortes d’atrocités. Pourtant, comme dirait Jean Ferrat : << La femme est l’avenir de l’homme
>>. Et si tel est le cas, alors tout homme qui abuse ou porte une main à une femme,
assombrit son avenir !

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