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Sunny Sunny Ann

Un petit sourire malicieux, des yeux qui vous regardent constamment intéressés, Lise est curieuse.
C’est sa curiosité qui l’a amené à grapiller dans le grenier de la maison familiale. Là, elle tombe par
hasard sur un magasine aillant appartenu à ses parents, une couverture en noir et blanc, un nom,
« l’égoïste ». C’est en ouvrant ses pages qu’elle découvrit Lou Reed, après que sa sœur lui ai fait
écouter David Bowie. Benjamine d’un frère et d’une sœur, Lise a grandi en banlieue parisienne dans
une famille cultivé. Très vite elle se sensibilise à l’art, elle prend des cours de dessin à douze ans
encourager par sa mère. Une fois les outils en mains, elle a pu se construire.

Petite, c’était la gamine bizarre dans le coin de la pièce qui ne parle pas, préférant dessiner les gens
plutôt que de leur parler. Faut dire qu’elle était un peu spéciale la gosse avec sa perceuse en guise de
doudou. La période du collège n’est pas simple, elle avance balbutiante vers le lycée. Mais
contrairement à sa sœur, le lycée n’est pas le nouveau départ espéré. Néanmoins c’est lorsqu’elle
rentre en section littéraire qu’elle s’épanouis. Depuis son enfance elle sait que c’est la section qui lui
correspond et voilà, elle y est. Loin de la rigueur des formules et des calculs de masse, ce qu’elle aime
elle c’est l’humain, ses doutes, ses rencontres, ses joies, ses peines. Proche de ses amis, elles les
gardent avec elle le long de sa vie. Pourtant ils ne l’empêcheront pas de partir seul étudier en
Belgique, comme un saut dans l’inconnu, où une fuite camouflée. C’est sans regrets qu’elle dit y avoir
vécu des choses fortes et dont la bière belge revient de temps à autre lui chatouiller le ventre.

Elle aime la vie de bohème, sans contraintes, la plus proche expérience de liberté. Elle va la vivre
cette liberté, le temps d’une semaine sur les routes de Bretagne avec ses cousins. Une semaine
organisée à la rache, mais c’est le style qui veut ça. Vivre au jour le jour sans savoir où manger ni
dormir, pour vivre comme un Rimbaud.

Rien d’étonnant alors à ce que Bye Bye Blondie soit son livre préféré de Despentes. Autrice qu’elle
découvre à la fac, mais qui entre tout de suite en résonnance. Certes les propos lui paraissent
extrême mais avec King Kong Théorie elle comprend les modes de fonctionnement de la société dans
laquelle elle vit. Lise sait grâce à sa famille que la normalité est obsolète. Néanmoins elle n’a pas
échappé à ses ravages. En voulant emboiter le pas à ceux de son âge, pour tenter, elle se blesse. Mais
après cela elle est décidée à vivre, expérimenter, sans frein, elle sort du patriarcat. Aujourd’hui elle
est consciente que sa mère n’a fait que reproduire le rôle qu’on lui a appris. Lise se libère de cela et
se construit une culture féministe, social et non matériel. Son objet le plus précieux ? Une bague
qu’elle a perdue. Sa figure historique ? Parce qu’il en fallait choisir une, Joséphine Baker, une femme
pionnière dans l’émancipation de la femme racisée, aillant plusieurs fois divorcé et a des enfants
exclusivement adoptés. Un auteur qui l’a marqué ? Aragon pour ses personnages masculins et
féminins travaillés, ses considérations sociales forte et tout en nuance.

Elle est épanouie. Elle vit dans son appartement rarement silencieux, toujours quelques notes
diverses et variées en fond. Elle rit, pleur et dessine à toute les sauces, entouré de ceux qu’elle aime.
Elle aime les sentiments profonds du vivant, de l’Homme. Elle s’intéresse à lui comme une
humaniste. Lorsqu’elle dessine, ce sont les visages qui l’intriguent, les caractères, les émotions. Elle
capte l’humain encore une fois.

Lise je la vois marché sur un chemin qu’elle suit volontiers, pieds nus, sans savoir où il mène. Un
cahier de croquis à la main, posant sur celui-ci chaque visage qu’elle croise. Sa valise est dans sa tête
qu’elle laisse aller légère au grès des expériences de la bohème.

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