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l'homme.
La lumière s'éteint.
Elle se rallume, la femme est assise dans le fauteuil et pleure. Lui est dans le canapé et se tient la tête
entre les mains. On sonne et l'homme va ouvrir la porte et dit.
— Commissaire Dupont.
— Oui, je comprends.
— Non, ma femme était chez sa mère et moi chez ma sœur. Quand je suis rentré, j'ai constaté le
coffre ouvert, alors j'ai compris la catastrophe. J'ai appelé mon épouse. Elle fait une
dépression. On a tout perdu. Les voleurs ont tout pris.
le commissaire regarde les peintures et les bijoux sur la table et regardant le mur, il dit :
— Oui, personne n'en voulait. Je devais le mettre dans le vestibule mais bon... C'est pas ce qui
nous préoccupe, commissaire.
— Et que vous a-t-on volé exactement ?
— Eh bien, ils ont pris toutes les choses qui ont vraiment de la valeur.
C'est-à-dire ?
— Eh bien, ils ont vidé le frigo, le congélateur, le coffre-fort et surtout, ils sont tombés sur notre
chambre forte et là, ils ont pris, toutes les pâtes et la purée mousseline...
— Combien de pâte ?
Le commissaire siffle.
— Là, c'est du lourd. Mais, il y en a pour une fortune. C'est imprudent de laisser ça chez soi en
plein mois d'août à Paris. Il faut être inconscient.
Ils ont pris aussi le gigot de pâque dernier qu'on voulait finir à Noël.
Le gigot !
Le commissaire effaré :
— Ouaah du gigot... C'est un mot que l'on entend plus de nos jours.
l'homme :
— BN ah, ça me rappelle mon enfance ... De la moutarde, ça n’existe plus de nos jours. Mais
vraiment, il y en a pour une fortune ?
— Et rien d'autre ?
— Si les bouteilles de whisky.
— un million, un million 2.
— Nouveau, commissaire.
le commissaire siffle
(en pleurant )
— Non, on n'a rien déclaré, sinon on aurait dû payer le nouvel impôt sur la fortune.
la femme en hurlant
Le gigot ! on avait dit à maman qu'on lui ferait une surprise au Noël prochain.
l'homme :
Il y a pire, commissaire.
— Quoi pire ? Déjà là, c'est démentiel. Les voleurs vont avoir du mal à écouler la marchandise. Ils
vont devoir faire appel à un gros receleur, quelqu'un qui aura les couilles de se lancer dans cette
affaire. Excusez mon jargon de flic.
— On a peut-être une chance de retrouver tout ça...Enfin, j'ai mon idée. C'est quoi le pire? Ne
me cachez rien!
La femme en pleurant
— Quoi encore ?
— Non, le personnel de maison, on n'a pas confiance. Les enfants, on a entamé une procédure
d'abandon.
— Ah ? Pourquoi ?
— Bah au début, on les nourrissait avec le substitut alimentaire que le gouvernement nous
donnait. Puis un jour, ils sont tombés sur la chambre forte et...
— Et ?
— Ils ont voulu leur héritage tout de suite. On n’a pas eu le choix. Soit on partageait, soit on se
débarrassait d’eux. Alors la décision a été vite prise.
— Justement, on va pouvoir les confondre. Qui a encore bien des caddys aujourd'hui ?
— Ouais, je tiens une piste. Et comment, vous avez amassé autant de richesse ? vous êtes
propriétaire d'usine, de terre agricole ?
— Non. Ma femme était caissière au super marché casino. Alors peu à peu…
— Ah, je vois.
— Allez-y commissaire.
L'homme se rapproche du commissaire et chuchote à son oreille pour que sa femme ne l'entende
pas.
Non, ça, j'avoue. C'est moi qui l'ai pris à ma femme. C'est pour compenser avec le whisky...
Le gigot !
L’homme reprend :
l’homme reprend
— Oui ?
— Oui ?
— Le Nutella. Ouaah, quand je vais dire ça à ma femme... Du Nutella ... Mais, il faudra ne rien dire
à nos enfants.
L'homme en chuchotant
Ne vous inquiétez pas commissaire, je connais un bon avocat pour la procédure d'abandon.
— Oh Merci ! Du Nutella....
Luc Godlak.