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Le Cambriolage

Nous sommes dans le seizième arrondissement de Paris


dans le salon d'un hôtel particulier. Un homme téléphone.
Le salon est orné de tableaux de maître, de vases chinois et d'œufs Fabergé.

l'homme.

Chérie, il faut que tu rentres tout de suite ! on a été cambriolé.

l'homme pleure et ajoute :

Ils ont tout pris. tout !

La lumière s'éteint.

Elle se rallume, la femme est assise dans le fauteuil et pleure. Lui est dans le canapé et se tient la tête
entre les mains. On sonne et l'homme va ouvrir la porte et dit.

C’est pourquoi, monsieur.

— Commissaire Dupont.

— Ah Bonjour. On vous attendait, commissaire. C'est une catastrophe !

— Oui, je comprends.

L'homme entre et regarde les tableaux.

— Un cambriolage au mois d'août, c'est courant. Vous étiez en voyage ?

— Non, ma femme était chez sa mère et moi chez ma sœur. Quand je suis rentré, j'ai constaté le
coffre ouvert, alors j'ai compris la catastrophe. J'ai appelé mon épouse. Elle fait une
dépression. On a tout perdu. Les voleurs ont tout pris.

le commissaire regarde les peintures et les bijoux sur la table et regardant le mur, il dit :

Mais c'est un Rambrant celui-là ?

— Oui, je l'ai eu à la brocante du quartier.

— Et celui-là, c'est un Picasso ma parole ?

— Oui, personne n'en voulait. Je devais le mettre dans le vestibule mais bon... C'est pas ce qui
nous préoccupe, commissaire.
— Et que vous a-t-on volé exactement ?

— Eh bien, ils ont pris toutes les choses qui ont vraiment de la valeur.

le commissaire soupèse les bijoux sur la table.

C'est-à-dire ?

— Eh bien, ils ont vidé le frigo, le congélateur, le coffre-fort et surtout, ils sont tombés sur notre
chambre forte et là, ils ont pris, toutes les pâtes et la purée mousseline...

— Ah oui, je vois. Il y en a pour de l'argent, en faite.

— Oui commissaire. (en pleurant)

— Combien de pâte ?

— 450 kilogrammes et 150 kilos de purée mousseline.

Le commissaire siffle.

— Là, c'est du lourd. Mais, il y en a pour une fortune. C'est imprudent de laisser ça chez soi en
plein mois d'août à Paris. Il faut être inconscient.

—Oui, je sais . On a été imprudent commissaire.

La femme dit en pleurant :

Ils ont pris aussi le gigot de pâque dernier qu'on voulait finir à Noël.

Puis la femme hurle en pleurant et pietinant.

Le gigot !

Le commissaire effaré :

— Ouaah du gigot... C'est un mot que l'on entend plus de nos jours.

l'homme :

ils ont pris les 10 kilos de biscuits BN et 50 gros pots de moutarde.

— BN ah, ça me rappelle mon enfance ... De la moutarde, ça n’existe plus de nos jours. Mais
vraiment, il y en a pour une fortune ?

— Oui commissaire, nous sommes ruinés.

— Et rien d'autre ?
— Si les bouteilles de whisky.

la femme toujours en pleurant.

Une bouteille de 2L de Cocochanel.

— Ouaah, du whisky... y en a pour combien en tout ?

— un million, un million 2.

— D'euros ? Nouveaux ou anciens euros ?

— Nouveau, commissaire.

le commissaire siffle

Ouaah, le casse du siècle ! vous êtes assuré ?

(en pleurant )

— Non, on n'a rien déclaré, sinon on aurait dû payer le nouvel impôt sur la fortune.

la femme en hurlant

Le gigot ! on avait dit à maman qu'on lui ferait une surprise au Noël prochain.

l'homme :

Il y a pire, commissaire.

— Quoi pire ? Déjà là, c'est démentiel. Les voleurs vont avoir du mal à écouler la marchandise. Ils
vont devoir faire appel à un gros receleur, quelqu'un qui aura les couilles de se lancer dans cette
affaire. Excusez mon jargon de flic.

— Oh , ce n'est rien, commissaire.

— On a peut-être une chance de retrouver tout ça...Enfin, j'ai mon idée. C'est quoi le pire? Ne
me cachez rien!

— Eh bien, Il y avait deux Bouteilles de butane et

Le commissaire ne laisse pas finir et lui coupa la parole.

— du butannnnne……. Mais alors, en plus vous mangez chaud !

La femme en pleurant

Oui, jusque ce soir, commissaire.

L’homme en pleurant aussi.


Oui, c’est impensable comment on a été bête de laisser ça sans surveillance.
Mais il y a aussi le plus important commissaire

— Quoi encore ?

— Il y avait 5 kilos de Nutella.

—Nutelle, du Nutella ! mais c'est si rare ! du Nutella.


Rien que d’entendre ce mot là, j’ai mon ventre qui gargouille.

le commissaire sort son calepin et mouille son crayon.

Bon ! Vous avez des enfants ? Du personnel de maison ?

— Non, le personnel de maison, on n'a pas confiance. Les enfants, on a entamé une procédure
d'abandon.

— Ah ? Pourquoi ?

— Bah au début, on les nourrissait avec le substitut alimentaire que le gouvernement nous
donnait. Puis un jour, ils sont tombés sur la chambre forte et...

— Et ?

— Ils ont voulu leur héritage tout de suite. On n’a pas eu le choix. Soit on partageait, soit on se
débarrassait d’eux. Alors la décision a été vite prise.

— Ah, je comprends, j'aurai certainement fait la même chose.


Je pense que l'on a affaire à des pros.
Déjà pour déplacer des quantités pareilles, il fallait qu'ils soient équipés de caddys pratiquement.

— De caddys, commissaire, mais ça n'existe plus aujourd'hui, des caddys.

— Justement, on va pouvoir les confondre. Qui a encore bien des caddys aujourd'hui ?

— Je ne vois pas. Même les SDF en ont plus.

— Ouais, je tiens une piste. Et comment, vous avez amassé autant de richesse ? vous êtes
propriétaire d'usine, de terre agricole ?

— Non. Ma femme était caissière au super marché casino. Alors peu à peu…

— Ah, je vois.

— Commissaire, a-t-on une chance de retrouver tout ça ? Soyez franc.


— Bah, je pense que oui mais le problème, c'est que vous n'avez pas déclaré votre fortune. Et puis,
il y a quelque chose qui me chiffonne . Vous êtes sûr que vous n'êtes pas assurés et que vous
n’êtes pas en train de faire une escroquerie à l’assurance car ce qui m'intrigue, je vais être franc
avec vous.

— Allez-y commissaire.

— Eh bien, le Cocochanel, ça, ce n'est pas logique.

L'homme se rapproche du commissaire et chuchote à son oreille pour que sa femme ne l'entende
pas.

Non, ça, j'avoue. C'est moi qui l'ai pris à ma femme. C'est pour compenser avec le whisky...

— Ah, je comprends, je me disais aussi.

— Commissaire. Si vous nous retrouvez tout, le gigot,

Aussitot quand elle entend le mot gigot, La femme hurle en pietinant

Le gigot !

L’homme reprend :

les pâtes, la purée, la moutarde, le gaz,

le gigot, je l’ai déjà dit ou pas ?

la femme hurle à nouveau


le gigot !

l’homme reprend

Oui, je l’ai dit, enfin, si on récupèrait tout…

— Oui ?

— Eh bien, nous vous laisserons …

— Oui ?

— Nous vous laisserons le Nutella !

— Le Nutella. Ouaah, quand je vais dire ça à ma femme... Du Nutella ... Mais, il faudra ne rien dire
à nos enfants.

L'homme en chuchotant
Ne vous inquiétez pas commissaire, je connais un bon avocat pour la procédure d'abandon.

— Oh Merci ! Du Nutella....

Luc Godlak.

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