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encouragent la liberté d’expression et enrichissent la culture. Nous vous
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les droits d’auteur en vous engageant à ne pas reproduire, numériser ou
distribuer une partie du livre, peu importe la forme, sans permission. En
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Éditions de continuer à publier des livres pour tous les lecteurs.

Édition originale:
How to Starve Cancer… without Starving Yourself
Publié par Agenor Publishing W1F 7TG et Conscious Dreams Publishing
www.consciousdreamspublishing.com
Copyright © 2018: Jane McLelland

Traduction: Christelle Souriau


Mise en page: Frédéric Voisin
Couverture: © Jane McLelland
Photos et infographies: © Jane McLelland sauf p. 295 et 296 (@ Care Oncology
Clinic, UK)

ISBN: 978-2-36549-751-0
ISBN ebook: 978-2-36549-752-7

Dépôt légal: 4e trimestre 2023

© Thierry Souccar Éditions, 2023, Vergèze


www.thierrysouccar.com
Tous droits réservés

Imprimé et façonné en France par Dupliprint (Mayenne)

3
Pour mon mari Andrew, qui souffre depuis longtemps.
Et pour Jamie et Sam,
les magnifiques rayons de soleil de ma vie.

4
L’histoire de Jane est remarquable, mais ce qui est vraiment
unique, c’est la façon dont elle intègre ce récit intime et
sincère à son parcours clinique et scientifique tout au long de
son voyage édifiant vers la guérison du cancer.
Avec élégance et légèreté, et de manière humaine, Jane décrit
une approche scientifique rigoureuse, fondée sur des données
probantes. Le raisonnement clinique de Jane est rigoureux, son
expérience est convaincante et l’approche scientifique est
basée sur des preuves.
En combinant ces éléments, à l’instar du cocktail métabolique
anticancéreux dont elle se fait la championne, elle a élaboré
un récit destiné à améliorer la santé de très nombreuses
personnes.
Dr Ndaba Mazibuko,
chercheur au King’s College de Londres, médecin de la clinique
d’oncologie

En tant que scientifique retraité ayant travaillé dans le


domaine de la recherche sur le cancer, à la fois dans le milieu
universitaire et dans le secteur de la santé et l’industrie
pharmaceutique, je m’exprime en connaissance de cause. Ce
livre va apporter du changement dans le traitement de tous les
types de cancer.
Le monde de la recherche commence déjà à s’orienter vers le
métabolisme des cellules cancéreuses au lieu de se concentrer
uniquement sur la prolifération cellulaire. Dans son approche,
Jane recommande d’utiliser des médicaments qui existent déjà,
mais qui ne sont pas autorisés pour traiter le cancer, en
association avec d’autres médicaments. Comme les nouveaux
médicaments mettent des années à passer par les processus
réglementaires avant d’être disponibles, son approche devrait
être adoptée dès aujourd’hui, en particulier car le NHS
manque de moyens. Lisez ce livre et parlez-en autour de vous.
George F. Rowland

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Brillant. Un livre vraiment remarquable. Je n’ai pas pu le
lâcher. Je n’ai pas de cancer, mais j’ai travaillé pour une
célèbre association caritative de lutte contre le cancer. J’ai vu
les effets des traitements conventionnels et j’ai constaté que les
femmes sont obligées de les adopter sans aucun choix ni
discussion possible sur d’autres options ou alternatives.
J’attends quelques semaines pour relire ce récit afin de tout
assimiler! Ce livre est tout simplement incroyable.
Miriam Horstman

Je suis très impressionné. Je recommande ce livre aux patients


et à toute personne intéressée par la recherche sur le cancer.
En effet, cette approche pour lutter contre le cancer constitue
de fantastiques prémices qui méritent d’être approfondies.
Dr Stephen Bigelsen, survivant d’un cancer du pancréas de stade
IV (en rémission complète au moment de la rédaction de ce
témoignage grâce à l’utilisation de compléments alimentaires et
d’un cocktail de médicaments dont la chloroquine)

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Sommaire

Remerciements
Préface
Avant-propos
Introduction
Dix étapes pour éliminer le cancer

Partie 1 – La découverte de mon protocole métabolique


Chapitre 1 Surnom: Maracas
Chapitre 2 Le début des soucis
Chapitre 3 Dites-moi la vérité!
Chapitre 4 Des collaborateurs, pas des dictateurs
Chapitre 5 Une Sherlock Holmes du cancer
Chapitre 6 Explorer toutes les pistes
Chapitre 7 Faire appel à mon dragon intérieur
Chapitre 8 Garder le cap
Chapitre 9 Surmonter les obstacles
Chapitre 10 Marcher sur des œufs
Chapitre 11 Un arsenal de gros calibres
Chapitre 12 Une souris de laboratoire
Chapitre 13 Dans l’antre des Dragons
Chapitre 14 Le retour du danger
Chapitre 15 Ma théorie du triangle
Chapitre 16 Deux bombes à retardement
Chapitre 17 Trouver ma tribu
Chapitre 18 Mobiliser les troupes
Chapitre 19 La parentalité, enfin!
Chapitre 20 Envisager l’avenir

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Partie 2 – Le protocole métabolique
Chapitre 21 Votre cocktail contre le cancer
Chapitre 22 Comment affamer le cancer
Chapitre 23 Comment arrêter les métastases dangereuses
Chapitre 24 Comment relancer le système immunitaire
Chapitre 25 Comment détruire le cancer

Résumé
Références utiles et lectures complémentaires

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Remerciements

J
e ne serais pas ici aujourd’hui sans les «leaders» de cette révolution,
les nombreux «Otto Warburga» qui continuent de défendre les
théories métaboliques, épigénétiques et infectieuses du cancer. Tous
ont été harcelés, ridiculisés et persécutés pour leurs convictions, car ils se
sont opposés au dogme du cancer. La pensée dominante estime en effet
que le cancer n’est que le résultat de mutations génétiques aléatoires, que
la maladie n’est que de la «malchance» et qu’il n’y a pas grand-chose à
faire pour l’éviter.
Écrire ce livre n’a pas été un exercice facile. J’avais essayé à
plusieurs reprises auparavant et je n’avais jamais pu écrire plus de
quelques pages. L’émotion et la douleur m’avaient forcée à poser mon
stylo et à abandonner. Pourtant, je devais parler de mon histoire si je
souhaitais parler du traitement médical que j’ai découvert. J’ai donc dû
mettre mes sentiments de côté pour raconter mon histoire et décrire
comment j’ai découvert mon cocktail métabolique. Cette découverte
pourrait aider tant de gens à affamer leur cancer et à stopper sa
progression. Lorsque des essais cliniques seront menés sur mes
découvertes, leurs vertus thérapeutiques seront peut-être révélées.
Parfois, la réponse est là, toute proche. Il suffit d’ouvrir les yeux et de
regarder la situation sous un angle différent pour la voir.
Je n’aurais pas pu terminer ce manuscrit sans le soutien de l’«équipe»
de mon groupe Facebook qui n’a cessé de m’envoyer des messages
d’encouragement. Vous vous reconnaissez, merci à tous d’être à mes
côtés, de croire en moi et de me pousser à publier ce livre. Je remercie
tout particulièrement plusieurs membres de cette équipe: Jill Bishop,
Jennifer Steil, Jenny de Montfort, Matt Shoard et Gaynor Sheahan qui
m’ont fait part de leurs précieux commentaires sur mon texte. Votre
enthousiasme m’a permis de continuer à travailler alors que la tâche me
semblait souvent trop lourde et que j’étais occupée par la recherche.

9
Mon groupe Facebook n’existerait pas s’il n’y avait pas eu la Care
Oncology Clinic (clinique de soins oncologiques à Londres) et les
multiples informations sur les anciens médicaments, mis de côté et
oubliés, mais potentiellement si puissants lorsqu’ils sont utilisés
ensemble dans le bon cocktail.
Un grand merci à mes mentors, Gregory Stoloff et le Dr Robin
Bannister, fondateurs de la Care Oncology Clinic, et à tous les médecins
qui travaillent avec eux, non seulement pour avoir cru en moi, mais aussi
pour leur travail inlassable, malgré l’hostilité de nombreux membres de
la profession d’oncologue.
Je remercie aussi Dr Pan Pantziarka et toutes les personnes qui
travaillent sur le projet ReDo en vue de «re-proposer» d’anciens
médicaments contre le cancer afin de mettre ces médicaments négligés et
peu coûteux en première ligne dans la lutte contre le cancer. Sans oublier
les nombreux scientifiques et les chercheurs méconnus qui apportent les
preuves de l’efficacité des traitements. Ce sont nos munitions et notre
armement.
Je suis reconnaissante de votre travail, je vous dois la vie.
Je tiens à remercier feu Wayne Martin et le Dr Betty Rhodes, qui m’a
beaucoup aidée.
Tous deux m’ont fait prendre conscience du potentiel de ce vieux
médicament qu’est le dipyridamole. Un grand merci à mon gourou, le Dr
Etienne Callebout, qui m’a prescrit ce médicament et de nombreux
compléments alimentaires utiles. Vous êtes un vrai champion des
patients.
À mon oncologue, le professeur «T», qui m’a prescrit le cocktail
étodolac et lovastatine. Au Dr Julian Kenyon qui m’a prescrit de la
metformine et m’a administré de la vitamine C par voie intraveineuse et
des infusions d’ozone.
Et à feu le Dr Patrick Kingsley pour l’irradiation sanguine par
ultraviolets et la vitamine C par voie intraveineuse, il m’a aussi donné
une confiance inestimable en moi-même. Le Dr Wendy Denning qui
continue de garder un œil sur moi et qui me fournit des hormones
naturelles et de la vitamine C en intraveineuse quand j’en ai besoin.
À mon ami Travis Christofferson, auteur du brillant Tripping Over
The Truth, avec qui j’espère pouvoir changer les vieux dogmes bien

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ancrés, tant par les mots que par les actes.
À Robin Daly et à tous les membres de YesToLife, une extraordinaire
organisation caritative qui fournit des informations et collecte des fonds
par le biais d’un portail afin d’aider davantage de personnes à suivre le
programme de la clinique d’oncologie et les programmes intégratifs de
lutte contre le cancer, et à Chris Woollams pour son site Internet
informatif sur le cancer.
À tous ceux qui travaillent à la Fondation Life Extension, au
Townsend Letter Magazine for Doctors & Patients.
À tous les médecins intégratifs et fonctionnels qui changent
l’approche médicale actuelle dépassée. Vous apportez de l’espoir et de
l’aide à tant de personnes en traitant la source de la maladie plutôt que de
simplement traiter les symptômes. Vous êtes des pionniers. Je vous
remercie tous.
Merci à Daniella Blechner des éditions Conscious Dreams pour sa
patience et son aide, qui ont permis à ce livre de voir enfin le jour.
Merci également à Oksana Kosovan, ma correctrice.
Un merci spécial aux merveilleuses personnes qui m’ont soutenues
sans compter: Sarah Day, Sarah Youngman, Lisa Kuhwald, Vincent de
Jong, Arthur Wolf, Arthur Bruno, Jo Rhind, Karishma Patel, Anne Sofie
Bolden Salicath, Gary Quinn, Jessica Bourne, Samara Durhgham Ali-
Ahmed, Cheryse Skiles, Karen Fisher, Patricia Pesquera Menendez,
Alwena Edwards, Delphine et James Gilbey, Heather Holman et tous
mes fabuleux co-équipiers de voile. Vous m’avez tous encouragée et
vous m’avez aidée à donner naissance à ce livre. Merci à tous.
Mon parcours est très personnel et, parfois, intime, mais pour avoir
un impact et provoquer un véritable changement, j’ai réalisé que je
devais raconter la totalité de mon histoire: les hauts, les bas, la joie, la
douleur. Je ne pouvais pas me contenter de relater mes mémoires. Après
des années de recherche, ce n’était pas suffisant, je savais que j’avais mis
au point une stratégie pour affamer le cancer. Ainsi, après avoir décrit
mon parcours, j’ai révélé la formule que j’ai utilisée pour éliminer le
cancer. Pourtant, je ne suis pas médecin. Quel culot! Alors, avec une
bonne dose de courage et une grande inspiration, la voici.

11
a. Note de la Traductrice: Otto Heinrich Warburg était un médecin allemand
qui a étudié le métabolisme des cellules cancéreuses.

12
Préface

L
a lutte contre le cancer n’est pas qu’une affaire de médecins et de
scientifiques. Certes il faut comprendre la maladie. Ne pas avoir
peur de simplifier ce que beaucoup perçoivent comme un
adversaire intelligent pour le réduire à une simple erreur d’aiguillage
métabolique. Pas plus que les fléaux de jadis comme la tuberculose ou la
septicémie, le cancer n’est une maladie complexe et sans issue. Le
cancer, malgré son apparente diversité n’a qu’une cause unique: l’effet
Warburg si bien décrit par Jane McLelland. Le cancer n’est qu’une
banale maladie de la digestion du sucre.
Le scientifique doit avancer une étape à la fois pour prouver ses
hypothèses et démontrer un traitement efficace d’abord «in vitro» puis
sur l’animal et enfin chez l’Homme.
Le cancéreux veut sauver sa vie et pour cela prendre des raccourcis.
Le malade a souvent un choix impossible à faire, soit suivre les
protocoles de la médecine institutionnelle dont il sait les limites. L’autre
option consiste à trouver la martingale, améliorer ce qui peut l’être voire
inventer un nouveau traitement. Beaucoup se perdent dans cette
démarche à laquelle ils ne sont pas préparés et où ils se retrouvent
souvent seuls, abandonnés de tous. Jane McLelland a évidemment réduit
sa consommation de sucre. Elle a eu le courage d’utiliser des molécules
dont j’ai, avec mon équipe, découvert puis publié l’activité
anticancéreuse. Par un génie qui lui est propre, elle y a associé d’autres
traitements. Elle a survécu. Ce livre pourra peut-être servir de guide à
d’autres patients. Elle a réussi à survivre. Espérons là que ce ne soit pas
une exception, mais la règle.
Dr Laurent Schwartz
Assistance Publique des Hôpitaux de Paris

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Avant-propos

Il ne suffit pas de se souvenir de sa richesse, de ses


connaissances et de ses réalisations. On ne fait pas la
différence à moins que ce ne soit la différence dans la vie des
gens
– Peter Drucker, Le monde selon Peter Drucker

Plus encore, la marque de la véritable réussite et de la vérité


est de changer la vie de l’homme ordinaire qui ne saura jamais
qui vous êtes.
– George Yu, M.D.

J
’ai lu le livre de Jane en une journée et pris dix pages de notes. C’est
une véritable mine d’informations, mais il se lit comme un roman. Il
est bien organisé et contient de nombreuses références excellentes
pour placer le thème «affamer les cellules cancéreuses» au cœur du
changement de paradigme en cancérologie.
Affamer le cancer est un livre que les personnes atteintes de cancers
doivent lire absolument. C’est un livre pour les personnes courageuses
qui veulent autre chose qu’un mauvais ultimatum, pour les patients qui
tentent de naviguer en eaux inconnues avec plus d’espoir. Ce livre les
incitera à prendre leur destin en main. Il doit également être lu par les
médecins pour les aider à comprendre les patients qui cherchent
assidûment des réponses, de l’aide, des conseils, de la bienveillance et de
l’empathie de notre part, tout comme Jane l’a fait avec ses médecins.
Le livre de Jane est centré sur les «médicaments repositionnés»
(médicaments existants que l’on utilise pour traiter une autre maladie que
celle pour laquelle ils ont été approuvés) dont les résultats de la
recherche sur le cancer et les résultats cliniques sont impressionnants.

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En 1971, le père de l’oncologie américaine, Sidney Farber, expliquait
au Congrès des États-Unis: «Pour faire de grands progrès dans le
traitement du cancer, il n’est pas nécessaire d’avoir les réponses à tous
les problèmes de la recherche fondamentale. L’histoire de la médecine
regorge d’exemples de guérisons obtenues des années, des décennies et
même des siècles avant que le mécanisme d’action de ces guérisons ne
soit compris.»
Voici une bonne description des médicaments repositionnés et hors
autorisation de mise sur le marché (hors AMMb)!
Le métabolisme d’une cellule cancéreuse s’adapte en permanence.
Les cellules cancéreuses peuvent d’abord répondre à leurs besoins par la
fermentation des sucres, puis elles peuvent s’adapter pour utiliser la
glutamine et enfin elles peuvent utiliser des cétones pour leur croissance
et leur survie. La réussite du traitement repose sur une approche
«cocktail» multimodale, utilisée «de manière séquentielle et pulsée»,
comme les traitements efficaces contre le VIH et le SIDA. En tant
qu’oncologue et chirurgien spécialisé dans le cancer urologique depuis
trente-cinq ans, j’ai prescrit plusieurs de ces médicaments, ainsi qu’une
restriction calorique intermittente et une chimiothérapie «métaboli-
quement améliorée», et j’ai observé un succès progressif et croissant.
Jane est une femme courageuse, qui a souffert de deux cancers
agressifs avec propagation métastatique. Elle a utilisé sa grande passion
pour la recherche pour découvrir elle-même des traitements médicaux,
étape par étape, erreur après erreur, et finalement vaincre la maladie et
survivre aujourd’hui. Toutes les personnes qui développent un cancer
passeront par la plupart des étapes qu’elle a traversées. La réussite de
Jane doit être une source d’inspiration pour les aider à trouver des
solutions alors que les options classiques actuelles prédisent des issues
fatales.
Dr George W. Yu
Professeur clinique de chirurgie urologique et du cancer pelvien, centre
médical de l’université George Washington, Aegis Medical and Research
Associates et président de la Fondation George W. Yu pour la nutrition et
la santé

15
b. NdT: c’est-à-dire pour une utilisation autre que celle prévue.

16
Introduction

J
’étais censée mourir. C’est ce à quoi mes médecins s’attendaient en
1999 lorsqu’ils m’ont annoncé que mon cancer du col de l’utérus
s’était propagé dans mes poumons. J’étais au stade IV. Il n’y a pas
de stade V. Selon les statistiques, il me restait environ douze semaines à
vivre.
Peu de choses sont aussi impressionnantes que le spectre d’une mort
certaine et imminente. Je n’étais pas du tout prête à quitter cette planète.
J’étais jeune, j’avais seulement 35 ans. J’étais amoureuse. Je voulais
avoir des enfants. J’avais des projets professionnels. Je ne pouvais pas
accepter qu’il n’y ait pas d’autre traitement que la chimiothérapie et la
radiothérapie conventionnelles. Je refusais d’accepter de ne pas avoir
d’avenir.
Déterminée à trouver un remède, je me suis lancée dans la recherche.
J’étais persuadée que la profession médicale passait à côté de quelque
chose. En tant que kinésithérapeute agréée, ma formation scientifique me
permettait de débusquer des informations et de les assimiler rapidement.
J’ai compris que le cancer se comportait comme un parasite. Les cellules
cancéreuses dans mon corps me volaient des nutriments, du sang et de
l’immunité et les utilisaient comme armes contre moi. Les parasites se
développent et se reproduisent sans relâche jusqu’à ce qu’ils épuisent
leur source de nourriture ou tuent leur hôte. Dans le cas du cancer, en
général l’hôte meurt.
Mais comment pouvais-je affamer le cancer et le priver de ces
nutriments sans m’affamer moi-même?
C’est à cette question que j’ai voulu répondre, en me servant de moi-
même comme cobaye.
À ma connaissance, personne ne l’avait fait auparavant. Personne
n’avait encore mis au point une combinaison de traitements, qui
utilisaient des médicaments anciens et sûrs et des composés naturels,

17
pour s’attaquer au métabolisme anormal du cancer ainsi qu’à la maladie
en attaquant les cellules cancéreuses de toutes les directions.
J’ai découvert que le cancer a plusieurs sources de nourriture: le
glucose, la glutamine, les acides gras et les cétones. Il utilise également
les graisses saturées pour se déplacer dans le corps.
Je savais que je devrais priver mes cellules cancéreuses de tous ces
éléments pour pouvoir les tuer, surtout à un stade avancé de la maladie.
J’avais besoin de quantité de munitions. Mais il fallait qu’elles me
fassent le moins mal possible.
J’ai commencé à suivre un régime anti-cancer, en éliminant le sucre
et les autres aliments dont le cancer aime se nourrir. Quand cela n’a pas
suffi, j’ai ajouté des compléments alimentaires puissants. En fin de
compte, c’est une combinaison de vieux médicaments peu utilisés, de
régime et des compléments qui a fait disparaître mes cellules
cancéreuses.
Lorsque j’ai utilisé toutes ces armes ensemble, elles ont travaillé en
synergie et leurs effets anticancéreux ont été renforcés. Et voilà! Mon
cancer est en rémission. Depuis 2004, il n’est pas revenu.
Le concept qui propose d’«affamer le cancer» est enfin devenu le
nouveau défi de la recherche sur le cancer, validant mes théories de
longue date. Plusieurs études ont démontré l’efficacité des régimes
alimentaires qui affament le cancer. En 2015, j’ai été absolument ravie
de découvrir qu’une clinique de Londres avait commencé à étudier une
combinaison de médicaments presque identique au cocktail que j’ai
inventé. Et leurs résultats sont impressionnants. Une clinique d’Istanbul
utilise également une combinaison de méthodes pour vaincre le cancer,
encore une fois les résultats obtenus sont exceptionnels. Les entreprises
pharmaceutiques s’efforcent aujourd’hui de développer des médicaments
qui luttent contre le cancer en agissant sur le métabolisme.
Mais la solution existe déjà, et elle coûte seulement quelques
centimes par jour. Les médicaments que j’ai pris sont largement utilisés
pour d’autres problèmes de santé. Il s’agit notamment de la metformine,
couramment prescrite pour le diabète, des statines, souvent utilisées pour
traiter l’hypercholestérolémie, du dipyridamole, administré aux patients
victimes d’un accident vasculaire cérébral, et d’un anti-inflammatoire
(aspirine puis étodolac). En 2007, j’ai pris pendant trois mois un

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médicament appelé cimétidine, en vente libre dans de nombreux pays
pour traiter les ulcères d’estomac, mais je l’ai pris pour ses propriétés sur
le système immunitaire. Le fait de prendre mon cocktail de médicaments
pendant quelques mois seulement a suffi pour stopper la propagation du
cancer dans mon corps. Tous ces médicaments sont peu coûteux et leurs
brevets sont tombés dans le domaine public, ce qui explique qu’ils aient
été largement ignorés par l’industrie pharmaceutique, malgré les
recherches qui prouvent leur efficacité contre le cancer. Trop souvent, les
sociétés pharmaceutiques sont plus intéressées par l’argent que par la
guérison des gens. Souvenez-vous dans les années 1980, recevoir un
diagnostic de VIH était une sorte de condamnation à mort. Aujourd’hui,
la plupart des infections au VIH peuvent être contrôlées par un cocktail
de médicaments. Les personnes séropositives peuvent mener une vie
saine et leur espérance de vie est presque normale. Je pense qu’à
l’avenir, cela pourrait aussi être le cas du cancer.
Une transformation fondamentale de l’oncologie est attendue depuis
longtemps. En effet, il est prévu que le nombre de personnes atteintes de
cancer soit multiplié par 7 d’ici 2030. Une nouvelle approche est
vraiment nécessaire si nous voulons freiner cette augmentation.
Cette situation de plus en plus tragique sera une période faste pour
l’industrie pharmaceutique. Nous vivons généralement plus longtemps,
mais notre santé ne s’améliore pas. Cela doit changer. Nous devons
assumer la responsabilité de notre propre bien-être.
Plusieurs essais testant d’anciens médicaments oubliés sur toute une
série de cancers sont en cours. Malheureusement, la plupart de ces essais
ne testent qu’un seul médicament à la fois, en le comparant aux
traitements classiques, donc les progrès sont extrêmement lents.
Plusieurs de ces médicaments peuvent agir sur les cellules souches
cancéreuses (les cellules initiatrices du cancer qui ne sont pas touchées
par la chimiothérapie et la radiothérapie) et les anéantir. Cela signifie
que, associés avec d’autres traitements administrés alors à des doses
moins toxiques, ils pourraient transformer le cancer en une maladie
chronique à long terme ou même entraîner une rémission permanente
(ces médicaments pourraient devenir une solution efficace!).
Ce livre est l’histoire de la façon dont j’ai déjoué les statistiques et
ouvert une nouvelle voie entre la médecine complémentaire et la

19
médecine classique.
Je ne me suis pas seulement débarrassée du cancer, j’ai également
retrouvé une santé éclatante. Au cours de mon périple, j’ai découvert
quelques vérités simples qui ont finalement conduit à mon approche pour
lutter contre le cancer: l’affamer, l’empêcher de se propager, puis s’en
débarrasser.
Je me suis accrochée à la vie avec obstination et je veux vous montrer
comment vous pouvez faire de même. Si on vous a dit que vous ne
pouvez rien faire de plus, je suis là pour vous annoncer que c’est
probablement faux.
Je vous souhaite une vie saine, heureuse et «révoltante».

20
Dix étapes pour éliminer le cancer

Tout d’abord, le contexte…

E
n 1924, Otto Warburg a découvert que le métabolisme de toutes
les cellules cancéreuses était altéré. En 1931, il a reçu le prix
Nobel de physiologie pour cette découverte. La façon dont les
cellules cancéreuses utilisent les nutriments pour obtenir de l’énergie est
différente de celle des cellules saines. Il avait remarqué que les
mitochondries (les centrales énergétiques) des cellules malignes
cessaient de fonctionner correctement et que l’énergie était fabriquée
dans le cytoplasme des cellules, revenant ainsi au fonctionnement
cellulaire qui était utilisé lorsque l’atmosphère était anaérobie ou
manquait d’oxygène. En réalité, malgré la découverte d’un mécanisme
altéré, Warburg n’avait pas tout à fait raison. Les cellules cancéreuses
peuvent utiliser d’autres voies pour assurer leurs besoins énergétiques, y
compris la voie normale de la phosphorylation oxydative dans les
mitochondries.
Ce métabolisme anormal nécessite d’énormes quantités de glucose et
de glutamine (un acide aminé). En outre, le métabolisme des lipides (des
graisses) est également perturbé. Aussi incroyable que cela puisse
paraître, il a fallu attendre 2011 pour que les chercheurs reconnaissent
l’effet Warburg comme une caractéristique du cancer. Pire encore, la
théorie génétique est toujours acceptée par la profession médicale
comme la seule explication du cancer. Cependant, les médecins qui
pratiquent la médecine intégrative n’ont jamais oublié Warburg. Dans les
années 1950, le domaine de l’oncologie est apparu avec l’utilisation de la
chimiothérapie et de la radiothérapie qui ciblaient les gènes et le cycle
cellulaire. Cette approche génétique a été renforcée lorsque l’on a
découvert, dans les années 1960, que le gène p53 était impliqué dans de
nombreux cancers. Ce que l’on ignorait alors, c’est que le gène p53
modifiait le métabolisme, en augmentant la glycolyse (la dégradation du

21
sucre pour produire de l’énergie) et la glutaminolyse (la dégradation de
la glutamine pour produire de l’énergie), comme le font la plupart des
mutations génétiques (par exemple BRAF, c-MYC). Ces changements
métaboliques déclenchent d’autres changements mutagènes. Le cancer
comprend une composante génétique, une composante métabolique et
une signalisation cellulaire anormale. Actuellement, l’oncologie
traditionnelle ne traite que la composante génétique, elle se concentre
uniquement sur la division cellulaire anormale et les mutations
génétiques. Pourtant des médicaments approuvés récemment ciblent les
cellules immunitaires impliquées dans la reconnaissance et la destruction
des cellules tumorales (immunothérapie) et permettent d’obtenir une
légère amélioration à court terme.
Ce que l’oncologie traditionnelle ignore encore c’est qu’une approche
métabolique du cancer associée à ces approches génétiques permettra de
renforcer l’efficacité des traitements anticancéreux, et d’inverser la
«résistance aux médicaments», un phénomène courant lorsque les gènes
ont muté et sont devenus résistants à la chimiothérapie ou à
l’immunothérapie.
Les recherches sur le noyau cellulaire, la double hélice de l’ADN
(considérée comme le «code de la vie») et le séquençage du génome
grâce au projet international Human Genome Project étaient censés
apporter toutes les réponses. Au lieu de cela, on a découvert un désordre
aléatoire. Il n’y a pas de réponse génétique au cancer. En revanche,
l’altération du métabolisme, l’augmentation de l’absorption de glucose
et/ou de glutamine, s’est avérée commune à tous les cancers.
Affamer le cancer est aujourd’hui un sujet «en vogue» dans le
domaine de la recherche et de la découverte de médicaments, même si
des solutions peu coûteuses, non brevetées et très efficaces existent déjà.
Je les ai découvertes par moi-même entre 1999 et 2003, sans aucune aide
du milieu médical. On ne me les a simplement jamais proposées. Au
contraire, j’ai dû persuader plusieurs médecins de me les prescrire.
Comme les médicaments que j’ai découverts ne sont plus protégés
par un brevet, les grandes entreprises pharmaceutiques n’ont pas
d’intérêt financier à les exploiter et ces produits continuent d’être
ignorés. Il y a même actuellement une tentative de les retirer du marché

22
parce qu’ils représentent une menace financière pour les grands groupes
et organisations caritatives de lutte contre le cancer.
Avec l’avènement des techniques d’imagerie de pointe (IRM, TEP-
scan), on a pu voir que la chimiothérapie et la radiothérapie réduisaient
rapidement les tumeurs, et la pensée dominante en cancérologie continue
d’adhérer à la théorie génétique. C’est une approche irréfléchie,
alimentée par la panique et la soif de résultats rapides. Dans la course
folle pour se débarrasser d’une tumeur, le patient est surtraité avec des
niveaux élevés de chimiothérapie, de radiothérapie ou de thérapies
ciblées. Cette approche est vouée à l’échec: elle ne fait que rendre le
patient plus résistant aux traitements futurs. Se concentrer sur l’ADN
n’affecte pas la «cellule souche» du cancer. Le cancer revient plus fort et
plus agressif qu’avant. Le cancer mute et finit par devenir résistant à ces
traitements «ciblés».
En revanche, le traitement du métabolisme du cancer permet
d’atteindre les cellules souches cancéreuses et offre une réelle possibilité
de guérison. Mais ces traitements sont beaucoup plus lents et prennent de
nombreux mois. Les patients et les oncologues devront faire preuve de
patience.
Dans les années 1970, deux camps distincts sont apparus en
oncologie: le camp alternatif et le camp conventionnel. La guerre entre
les deux s’est progressivement intensifiée, chacun affirmant que l’autre
avait tort. Le débat atteint son paroxysme aujourd’hui, laissant le pauvre
patient au milieu. Qui écouter et que faire? Tous les patients veulent aller
mieux. C’est déroutant et effrayant.
En effet, aucune des deux approches n’est idéale. Les patients
reçoivent souvent des traitements excessifs et sont empoisonnés par une
chimiothérapie trop forte. De plus, lorsque les régimes alimentaires
recommandés sont utilisés sans traitement parallèle, ils fonctionnent
rarement, sauf les plus stricts, mais dans ce cas la plupart des patients ont
du mal à les suivre.
J’ai découvert que le tout est plus grand que la somme de ses parties.
En d’autres termes, combiner les approches métabolique et génétique fait
plus que doubler l’efficacité de chacune. Lorsqu’elles sont associées, ces
approches fonctionnent en synergie et leurs effets respectifs sont
amplifiés.

23
Alors, si vous ou un proche recevez un diagnostic de cancer, que
devez-vous faire? Avant toute chose, armez-vous de connaissances.
Cherchez des personnes bienveillantes qui vous apporteront la solidarité
dont vous avez besoinc, non seulement pour vaincre le cancer, mais aussi
pour vous épanouir. Et n’oubliez pas que, quoi qu’en dise la médecine
conventionnelle, il est possible de faire beaucoup plus.

1. Rejoignez ma révolution
Mon groupe Facebook «Jane McLelland Off Label Drugs For
Cancer» (les médicaments anti-cancer sans ordonnance de Jane
McLelland) est un espace (en anglais) propice aux nombreux débats et
discussions sur les différents médicaments hors AMM. J’encourage le
partage des articles scientifiques et évalués par les pairs et, bien sûr, les
récits d’expériences personnelles sont toujours inspirants!
www.facebook.com/groups/off.label.drugsforcancer
Consultez également le site www.howtostarvecancer.com et inscrivez-
vous pour recevoir des mises à jour par courrier électronique.
Les données personnelles ne seront jamais partagées.

2. Consultez la Care Oncology Clinic (Clinique de


soins oncologiques) à Londres
Cette clinique révolutionnaire a maintenant traité plus d’un millier de
patients atteints de cancer avec sa combinaison de médicaments utilisés
hors AMM: metformine, atorvastatin, doxyc et mebendazole. Tous ces
médicaments et leurs propriétés sont présentés à la fois dans ce livre et
sur les pages de mon site Internet.

3. Consultez un praticien de médecine intégrative ou


fonctionnelle
Vous devriez immédiatement ajouter un traitement complémentaire à
votre traitement classique. Choisissez un bon praticien qui pourra vérifier
votre statut en micronutriments, agir sur les problèmes intestinaux (fuites
intestinales, dysbiose), prescrire des compléments et de la vitamine C par
voie intraveineuse ou d’autres traitements si nécessaire.

24
4. Faites appel à un nutritionniste
Vous devriez consulter un nutritionniste expérimenté en matière de
jeûne intermittent, de régime cétogène, de régime hypoglycémique, de
régime macrobiotique ou de régime à teneur réduite en protéines (par
exemple, le régime paléo). Il doit adapter vos apports en nutriments à vos
besoins personnels, en veillant à ce que le régime ne soit pas trop
complexe ni trop strict. Bien qu’il n’existe pas, pour l’instant, de
nutritionnistes spécialisés en oncologie, vos propres connaissances sur ce
qui alimente le cancer (le rapport glutamine: glucose: lipides) guideront
les choix alimentaires et aideront à affamer le cancer. Par exemple,
pratiquement tous les cancers répondent à une réduction de l’apport en
glucose, les cancers alimentés par la glutamine nécessitent une réduction
de l’apport en protéines et les cancers alimentés par les graisses (par
exemple, le cancer de la prostate, le mélanome) doivent éviter les
régimes cétogènes. La réduction des graisses saturées est également
importante pour tous les types de cancer.

5. Informez votre oncologue


Consultez mon site Internet www.howtostarvecancer.com ou mon
groupe Facebook, téléchargez les articles pertinents et montrez-les à
votre oncologue. Il est essentiel de garder une bonne relation avec votre
oncologue. Insistez sur le fait que vous voulez combiner les approches
génétiques et les approches métaboliques. Vous avez besoin d’un
collaborateur, pas d’un dictateur! Malheureusement, la plupart des
oncologues ne sont pas d’accord avec une approche combinée, pour de
multiples raisons. Trouvez un oncologue qui accepte.

6. Faites de l’exercice physique


Des recherches récentes menées sur des personnes diabétiques
montrent que la pratique d’un exercice physique approprié peut
améliorer considérablement le traitement du cancer. Le secret n’est peut-
être pas la quantité, mais le moment où vous faites votre activité
physique. Une marche rapide de quinze à vingt minutes après le repas
extrait le glucose du sang et le redirige vers les muscles, ce qui réduit
efficacement le microenvironnement du cancer.

25
7. Surveillez votre glycémie et vos marqueurs sanguins
Vous devez suivre votre glycémie pour savoir si vous métabolisez
bien les glucides, comme il est demandé aux patients diabétiques de le
faire. Faites mesurer vos marqueurs antigéniques et assurez-vous de les
suivre.

8. Dormez et déstressez
La bonne quantité de sommeil au bon moment, ainsi que la réduction
de la consommation d’alcool amélioreront l’immunité tout en réduisant
également le cortisol et la résistance. Le yoga, la méditation, l’exercice
physique et même les bêtabloquants comme le propranolol (qui est un
inhibiteur de croissance cancéreuse très efficace) peuvent tous aider à
améliorer les chances de vaincre le cancer.

9. Restez hydraté
Une hydratation adéquate est importante pour réduire la concentration
de glucose dans le sang. Des taux élevés de sel modifient le potentiel
osmotique du sang, ce qui favorise la croissance des agents pathogènes.
Cela crée une inflammation autour de la cellule cancéreuse (le «terrain»)
et l’inflammation favorise la croissance du cancer.

10. N’abandonnez pas


Continuez à suivre un régime alimentaire qui élève peu la glycémie
(IG bas), à prendre des compléments et des médicaments hors AMM en
ajoutant beaucoup d’huile d’olive (une huile saine). Évitez l’alcool
jusqu’à ce que le cancer soit maîtrisé et que les marqueurs soient stables
et normaux. Par la suite, un verre de vin ou de liqueur (pas de bière) peut
être autorisé une fois par semaine avec vigilance. Évitez strictement le
tabagisme et les substances cancérigènes, en particulier celles qui
affectent l’équilibre hormonal. Il est impératif que vous surveilliez votre
glycémie et votre taux de triglycérides. Des compléments alimentaires,
de l’exercice et des médicaments spécifiques permettront de maintenir
les taux d’insuline et de glucose à un niveau bas. Il est possible de vivre

26
avec un cancer, et il peut être nécessaire de prendre un traitement à long
terme (comme pour le diabète).
Le principal obstacle des dix étapes ci-dessus est que le diagnostic de
votre cancer doit être posé par un oncologue et que la plupart d’entre eux
ne sont actuellement pas favorables à l’approche métabolique et
génétique combinée. J’ai vu certains oncologues saboter les résultats
lorsque le patient montrait une amélioration saine, en augmentant la dose
de chimiothérapie, ce qui a pour effet de tuer le patient. Certains refusent
carrément de prescrire le traitement traditionnel si le patient inclut dans
son protocole des médicaments hors AMM. Ou bien l’oncologue propose
un essai dont les critères d’inclusion impliquent que le patient arrête tous
les médicaments métaboliques. J’ai vu de nombreux patients atteints
d’une maladie généralisée se stabiliser avec les médicaments de la Care
Oncology Clinic, puis être contraints de les abandonner pour pouvoir
suivre un essai et voir ensuite leur état se détériorer rapidement. Les
traitements combinés fonctionnent. Lorsque les données de la Care
Oncology Clinic seront publiées, elles montreront un succès sans
précédent.
En attendant que l’approche métabolique soit reconnue comme la
norme de soins, armez-vous de connaissances et cherchez l’aide dont
vous avez besoin. Oui, c’est un chemin difficile, mais comme moi, vous
pouvez aussi y arriver.
Mon objectif est que mon histoire et mes découvertes inspirent les
patients. Je souhaite vous convaincre qu’il y a vraiment plus d’espoir que
vous ne le pensez.

Agissez. Ne soyez pas passif. Vous ne pouvez pas rester sans rien
faire.

Affamez votre cancer. Arrêtez sa propagation. Éliminez-le.

Croyez en vos propres ressources.

27
c. NdT: en France, l’association Cancer et métabolisme (cancer-et-
metabolisme.com) et la Fondation Guérir du cancer.

28
«Il est dans la nature de la révolution, le renversement d’un
ordre existant, qu’un très petit nombre de personnes soit
impliqué au début. En fait, le processus commence avec une
personne et une idée, une idée qui persuade une deuxième
personne, puis une troisième et une quatrième, et qui gagne en
force jusqu’à ce que l’idée soit contredite avec succès,
absorbée par la sagesse populaire, ou qu’elle bouleverse
réellement le monde.
Une révolution n’a pas seulement besoin de munitions, mais
aussi d’armes et d’hommes prêts à les utiliser et prêts à être
tués dans la bataille.
Dans une révolution intellectuelle, il doit y avoir des idées et
des défenseurs prêts à défier toute une profession,
l’establishment lui-même, prêts à consacrer leur réputation et
leur carrière à diffuser l’idée par des actes aussi bien que par
des mots.»
Jude Wanniski, The Way the World Works, 1978

Rejoignez ma révolution. Faites passer le mot.

Des articles de recherche, des podcasts, des interviews, des blogs


de survivants sont disponibles sur mon site Internet:
www.howtostarvecancer.com

Discussions animées, articles médicaux évalués par des pairs à


télécharger, récits de patients inspirants (ma famille sur
Facebook):
www.facebook.com/groups/off.label.drugsforcancer

29
30
Chapitre 1

Surnom: Maracas

«A
llez, réveille-toi!» J’essayais d’ouvrir les yeux, j’entendais
vaguement quelques mots. J’avais encore passé une nuit
agitée, rongée par les cauchemars. Je venais enfin de
sombrer dans un sommeil profond quand quelqu’un m’a réveillée.
«Il est 6 heures. Tu dois te lever. Nous devons être sur la côte à 8
heures.» Andrew, mon mari, m’a à nouveau poussée de manière
affectueuse.
«OK, je me lève!», ai-je répondu, sans conviction. Puis je me suis
rappelé pourquoi je devais me lever. J’allais participer à la course! J’ai
souri dans l’obscurité. J’étais encore somnolente, mais j’étais déjà
impatiente d’y être. J’ai soulevé les couvertures et je me suis dirigée vers
la salle de bain.
La dernière fois que j’avais navigué avec l’équipe, j’essayais
courageusement de mener une vie «normale». Je n’avais pas encore
terminé mes six mois de chimiothérapie et je n’étais pas en forme.
Pendant la première course, j’avais failli vomir sur le spinnaker et,
lorsque je l’avais rangé dans le sac à voile, j’avais eu l’impression que
mes bras pesaient du plomb. J’espérais vraiment que cela irait mieux
cette fois-ci.
On m’avait diagnostiqué un cancer de stade IV neuf mois plus tôt, à
l’été 1999. Le cancer du col de l’utérus que j’avais eu cinq ans
auparavant s’était propagé dans mes poumons. La maladie et les
multiples séances de chimiothérapie m’avaient contrainte à passer l’hiver
à hiberner, à lutter tous les jours pour m’en sortir. Alors que le printemps
arrivait, je faisais un réel effort pour combattre l’épuisement qui me
privait de toutes mes forces. J’avais décidé qu’un peu d’exercice pourrait
combattre la fatigue.

31
J’ai pris mes sachets de compléments alimentaires, mes extraits de
plantes et une aspirine à faible dose.
Je me suis dirigée vers la porte et j’ai enfoui mes extraits de plantes
dans une poche, à l’abri des regards. Andrew attendait au volant de la
voiture et je me suis glissée sur le siège passager avec soulagement. Il
faut une heure et demie pour aller à Lymington. Peut-être que je pourrais
prendre quelques comprimés de plus sur la route.
Pendant la chimiothérapie, j’avais du mal à avaler les compléments
alimentaires. Mon oncologue me recommandait de ne rien prendre du
tout, mais, après avoir fait mes propres recherches, je n’avais pas suivi
ses conseils. Certains compléments, comme l’EGCG du thé vert et la
curcumine du curcuma, renforçaient les effets de la chimiothérapie.
Maintenant que j’avais terminé ces terribles perfusions, je prenais tous
les compléments possibles. Je voulais avoir un maximum d’aide. Je
savais que cela pouvait faire une grande différence.
Lorsque nous sommes arrivés, l’équipage était rassemblé sur le quai.
Mon ami Louay portait une pile de tee-shirts. Il en a distribué un à
chaque membre de notre équipe, avec son surnom au dos. Celui de mon
mari portait l’inscription «SPOTTER». Il était tellement passionné par
les bateaux qu’il était capable de distinguer à distance la marque, le
modèle et la taille du moteur de n’importe quel bateau, ainsi que le nom
de son constructeur, la date et il pouvait dire s’il avait été bien construit.
Je me demandais nerveusement ce que Louay me réservait.
«Jane, voici le tien!», a-t-il dit avec un sourire. En retournant mon
tee-shirt, j’ai vu l’inscription: «MARACAS». Je me suis mise à rire.
«Bon sang! Je pensais que tu n’avais pas remarqué tous ces comprimés!»
Louay m’a regardée avec surprise. «Tu plaisantes! Nous avons tous
vu ces petits sachets que tu emportes partout. Et ce jus vert que tu bois?
Si tu essayais de le cacher, c’est raté.»
Dommage. Je n’avais pas été aussi discrète que je le pensais. Ces
comprimés et la boisson verte, que j’appelais mon «jus de base», c’était
ma bouée de sauvetage.
J’avais voulu garder ma maladie secrète, mon cauchemar privé. Ce
n’était pas juste d’y mêler quelqu’un d’autre. J’étais terrifiée par mon
avenir qui, si j’écoutais les médecins, serait extrêmement court. De là à
penser que je pouvais cacher quoi que ce soit aux douze membres de

32
l’équipage sur un bateau de 15 mètres! Quelle naïveté! Il n’y avait pas de
secret en dépit de tous mes efforts pour rester discrète.
La préparation de ma boisson quotidienne (spiruline, chlorelle et
toutes sortes de poudres de plantes pulvérisées) et l’organisation des
sachets quotidiens de compléments me prenaient un certain temps. Mais
c’était un petit prix à payer pour sortir de la maison et vivre un peu.
C’était survivre. J’ai prié en silence, s’il vous plaît, faites que ma vie ne
soit pas ainsi pour toujours. C’était si difficile de rester optimiste et
positive avec toutes ces incertitudes.
Je détestais attirer l’attention sur mes problèmes. Je ne pouvais pas
supporter l’idée que mes coéquipiers me traitent comme une invalide,
comme quelqu’un à plaindre. Je voulais continuer à être Jane, un
membre de l’équipage robuste et excentrique.
Je voulais qu’ils plaisantent avec moi comme ils le faisaient depuis
toujours. Je ne voulais pas qu’ils me demandent anxieusement comment
je me sentais. Je comprends que certaines personnes soient fières de leur
calvitie après une chimiothérapie et de leurs bas de contention, et je
comprends que leurs cicatrices chirurgicales puissent être des signes
d’honneur. Pas moi. Je ne pouvais tout simplement pas voir les choses de
cette façon. Je cachais mon léger lym-phœdème de la jambe droite, causé
par une lourde opération chirurgicale de mes ganglions lymphatiques,
sous des jupes et des pantalons longs.
Heureusement, si je ne disais rien, la plupart des gens ne le
remarquaient même pas. Et quand mes cheveux sont tombés avec la
chimio, je n’ai pas porté de foulard ou de chapeau. Ma maladie restait
trop évidente. Je voulais avoir l’air aussi normal que possible. Je portais
des perruques, pourtant elles me démangeaient. C’était insupportable. Je
les portais en partie parce que je voulais nier que quelque chose n’allait
pas, et en partie parce que j’ai été moi-même choquée lorsque j’ai vu ma
tête sans cheveux dans le miroir de la salle de bains. Même après
plusieurs mois, l’horreur que m’inspirait mon reflet ne s’était pas
atténuée.
Dès que mes cheveux ont commencé à tomber (par grosses poignées),
je me suis précipitée pour acheter des jolies perruques à Selfridgesd. J’en
ai acheté trois d’un coup, dans trois styles différents. Quand je voulais
me sentir glamour, je pouvais porter la perruque longue ondulée.

33
Sportive? Un carré court. Au quotidien? Les cheveux mi-longs et raides.
En m’habillant le matin, je demandais à Andrew: «Quelle femme veux-
tu aujourd’hui?» Cela déroutait certainement les ouvriers qui rénovaient
notre grenier à l’époque quand je descendais avec des cheveux courts un
jour et longs le lendemain.
Pour faire de la voile, je mettais la perruque la plus courte parce
qu’elle était plus facile à caler sous mon chapeau. J’étais passionnée de
voile. Cela m’aidait à tenir le coup lorsque j’étais démoralisée. Être ainsi
entourée d’une équipe d’amis proches, entendre les rires et les histoires
des uns et des autres et participer à des courses intenses. Tout cela m’a
aidée, même si ce n’était que pour une courte période. Cette activité et
ces amitiés m’ont permis de ne plus penser à la douleur, au défigurement
et à la perte de la personne que j’étais autrefois. Ni à la mort. Je voulais
vraiment croire que ce n’était pas ma dernière saison de course sur le
bateau.
J’étais épuisée par mes traitements, mais je voulais faire comme si
tout était normal. Je me suis forcée à continuer à naviguer, même si les
matins de course, je n’avais qu’une envie, c’était de rester sous les draps.
Une fois à bord avec l’équipe, j’insistais pour participer à la navigation,
malgré les inquiétudes de certains équipiers qui pensaient que je n’étais
pas à la hauteur. Avec le recul, je me rends compte que c’était peut-être
égoïste et que cela ralentissait l’équipe. Pendant les manœuvres, je
mettais beaucoup plus de temps que les autres à me remettre en position
et à maintenir le bateau à niveau.
Au vent, je me mettais à l’arrière du bateau et je pliais l’énorme
spinnaker, généralement toute seule. Il est parfois difficile de ranger une
voile de la taille d’un court de tennis dans un espace de quelques mètres,
surtout lorsque le bateau change constamment de direction et se retourne
à un angle de 45 degrés. C’est épuisant même lorsqu’on n’est pas malade
et surtout si la voile est mouillée. Lorsque nous faisions virer le bateau
pour naviguer au vent, j’étais le «régleur», je vérifiais constamment le
réglage du spinnaker, pour vérifier que nous naviguions aussi vite que
possible.
J’aimais la sensation d’effort, le vent sur mon visage, l’air, et la
piqûre des embruns lorsque le bateau fendait l’eau en se balançant
doucement. Cette partie d’échecs sur l’eau apaisait mes soucis. Il fallait

34
tenir compte des changements de direction du vent et des marées. La
tactique et la stratégie étaient davantage le domaine d’Andrew, mais à
bord nous devions tous être conscients de la situation et savoir quoi faire
pour prendre de l’avance et nous préparer à des manœuvres soudaines.
J’ai la voile dans le sang depuis des générations. Mon père possédait
plusieurs bateaux à Guernesey, où j’ai grandi. J’avais l’esprit de
compétition et je voulais faire des régates.
L’occasion s’est présentée sous la forme d’un joli voilier appelé
Assuage (affectueusement surnommé Sausage par nos concurrents).
J’ai eu beaucoup de plaisir à naviguer sur Assuage, comme équipière.
Pendant des années, j’ai passé mes week-ends et mes vacances à
participer à des régates sur la côte sud de l’Angleterre. J’ai également eu
la chance de naviguer à Antigua, à Majorque et en Sardaigne et de
participer à de nombreuses courses au large jusqu’en France, et même à
la célèbre Fastnet Race. C’était toujours un loisir et c’était un réel
contraste avec mon travail quotidien en tant que kinésithérapeute auprès
des personnes gravement malades.
J’ai d’abord travaillé en neurologie. Je passais une grande partie de
mon temps à la rééducation des personnes qui avaient subi des
traumatismes crâniens et des accidents vasculaires cérébraux. Je les
aidais à réapprendre à utiliser leur corps, à bouger leurs mains et leurs
jambes. C’était exigeant physiquement. Plus tard, je me suis spécialisée
dans l’orthopédie et les blessures sportives. De nombreux athlètes de
haut niveau sont devenus dépendants de mon expertise.
J’ai navigué avec Andrew pendant de nombreuses années sur
Assuage, mais il nous a fallu du temps pour nous rencontrer. Il n’aimait
pas mon ancien compagnon et je n’aimais pas son ancienne compagne,
alors nous nous voyions rarement. Nous avions fait de mauvais choix,
mais finalement nous avons tous les deux quitté nos partenaires. Un an
plus tard, nous nous sommes embrassés devant le Yacht Club de
Cherbourg après une journée bien arrosée, pour fêter une victoire après
une course au large difficile.
On pourrait penser que la voile est un passe-temps extrêmement sain,
mais c’est loin d’être le cas. Bien sûr, nous faisions de l’exercice et
prenions l’air. Mais nous consommions aussi beaucoup de barres
chocolatées et de glucides rapides pendant les courses, et nous avalions

35
de grandes quantités de rhumcoca en soirée. Les habitudes néfastes
l’emportaient sur les aspects sains de l’activité. Le mantra de notre
équipe était «manger c’est tricher». Il était mal vu de quitter le bar pour
aller prendre un véritable repas. Aujourd’hui, cela me fait de la peine d’y
repenser. J’ai vraiment fait des erreurs importantes dans mes choix de
style de vie. Lorsque je repense à l’époque où je faisais mes études de
kiné, au moment où j’imagine que le cancer a commencé, je constate que
j’avais vraiment un mauvais régime alimentaire. À cette époque, un bon
repas c’était une assiette de purée de pommes de terre, de fromage fondu
et de bacon. Des légumes verts? Quels légumes verts? L’idée me
semblait stupide.
Maintenant que j’avais un cancer en phase terminale, la peur de la
mort me hantait, mais s’estompait brièvement dans le feu de l’action.
Ensuite, de manière régulière et brutale, la réalité de mon diagnostic
revenait et me frappait de plein fouet. C’était comme si la grande
Faucheuse se tenait en permanence à côté de moi, et respirait dans mon
cou en attendant le bon moment pour frapper.
Lorsque l’équipe a commencé à planifier les événements de voile
pour la saison suivante, ma première pensée a été: est-ce que je serai
toujours vivante? Cela m’a rendue triste de penser à l’avenir, et
d’imaginer que le monde continuerait comme avant, sans moi.
J’ai pris mon régime alimentaire au sérieux. J’ai arrêté de consommer
des «barres d’énergie» et des boissons énergétiques sucrées. L’équipage
s’est habitué à ce que j’apporte des en-cas bizarres à bord et personne n’a
jamais remis en question mes choix d’aliments pauvres en glucides.
Naviguer était pour moi plus qu’un simple amusement. Je pouvais
facilement renoncer à tous ces aliments sucrés. Tout ce que je voulais,
c’était un petit retour à mon ancienne vie, et si cela impliquait de
modifier complètement mon régime alimentaire et de prendre une
poignée de compléments alimentaires, c’était un petit prix à payer.
J’étais donc là, en ce jour lumineux d’avril 2000, moins d’un an après
le diagnostic d’un cancer secondaire et terminal.
Je venais de terminer la chimiothérapie, mais j’avais encore un CCIP
(cathéter central inséré par voie périphérique) dans mon bras qui
remontait une veine jusqu’à ma poitrine. Je l’avais gardé pour les
intraveineuses de vitamine C. Il était totalement recouvert d’un bandage

36
pour ne pas être abîmé, mais ce n’était pas idéal pour une course de
voile! Vêtue de mon tee-shirt Maracas sous des couches de vêtements
imperméables, j’ai quitté le quai avec mes co-équipiers et me suis dirigée
vers la ligne de départ. Le soleil brillait et le vent soufflait régulièrement
à 15-18 nœuds. De la brise. C’était parfait.
Dès le premier bord, nous nous sommes retrouvés à remonter le vent
en faisant des virements de bord dans un duel serré avec un autre bateau.
Pendant une telle manœuvre, l’équipage doit se déplacer et traverser le
bateau aussi rapidement que possible, dans des conditions venteuses.
Cela signifiait que je devais passer la tête sous la bôme avant de me
précipiter à travers le pont pour m’asseoir au-dessus de la coque de
l’autre côté. Nous étions serrés les uns contre les autres, et j’avais du mal
à changer de position.
Lors d’un virement de bord rapide, nous avons été bousculés d’un
côté du bateau à l’autre. Dans la précipitation, j’ai mal évalué la distance
et j’ai senti que la bôme arrachait mon bonnet. Comme au ralenti, j’ai
tendu les mains pour l’attraper, mais il était déjà emporté par le vent,
toujours attaché à ma perruque. J’ai crié «Nooooon…», en les voyant
avec consternation flotter à la surface de l’eau. En regardant mes jolies
mèches disparaître sous les vagues, j’ai dit: «Merde!»
Andrew m’a regardée en me demandant si nous devions revenir en
arrière. Seulement pendant une milliseconde. Nous voulions tous gagner,
et faire demi-tour aurait été catastrophique. Ce n’était pas une option.
J’ai crié: «Laissez tomber!»
Ils m’ont tous regardée avec étonnement. C’était la première fois que
quelqu’un me voyait chauve. Le vent froid fouettait mes oreilles. Je me
suis soudain sentie vulnérable et exposée. J’ai mis mes mains sur mon
cuir chevelu, pour essayer de cacher sa nudité. J’étais mortifiée. Un
coéquipier a vu mon regard horrifié, il a enlevé son propre chapeau et me
l’a donné sans hésiter.
«Maintenant, retournez à vos postes! Nous avons une course à
gagner!», a-t-il crié en souriant. Comme je l’aimais, lui et toute l’équipe!
Aucun d’eux ne se souciait de ma calvitie ou de ma maladie. Ils allaient
continuer à m’apprécier pour qui j’étais. En effet, nous avions une course
à gagner. Ce n’était pas une partie de plaisir sur la rivière avec du gin

37
tonic! Quelques instants plus tard, nous étions tous de retour de l’autre
côté du bateau, à hurler de rire.
On m’a appelée de bien des façons, mais «Maracas» est le surnom qui
m’est resté pendant mes nombreuses années de course avec Assuage. Je
me suis battue avec mes comprimés, car je devais les prendre plusieurs
fois par jour. Cela nécessitait beaucoup de planification compliquée (et je
suis la première à admettre que l’organisation n’est pas mon point fort!),
mais j’ai réussi.
En regardant maintenant cette longue liste de compléments, je peux
voir qu’elle contenait plusieurs erreurs: des doublons, des éléments
inutiles, et parfois même des éléments favorisant le cancer. J’avais
commencé à me battre, mais j’avais encore beaucoup à apprendre. Les
vents violents et la mer démontée n’étaient rien comparés au voyage
turbulent qui m’attendait.

d. NdT: Selfridges est une chaîne de magasins haut de gamme au Royaume-


Uni.

38
Chapitre 2

Le début des soucis

L
e cancer m’a frappée pour la première fois en 1994. Cela semble
être un événement soudain, mais ça ne l’était pas. Aucun cancer
ne se déclare du jour au lendemain. Pendant des années, j’avais
consulté un thérapeute en raison d’anomalies du col de l’utérus.
Le cancer du col de l’utérus est totalement évitable et traitable s’il est
détecté à temps et fait l’objet d’une attention appropriée. J’avais fait
confiance au gynécologue et j’avais naturellement supposé qu’il faisait
son travail correctement. J’avais subi une colposcopiee plusieurs années
auparavant, en 1989, et quelques cellules légèrement anormales avaient
été détectées. Des années plus tard, après plusieurs visites à l’hôpital, on
m’avait assuré qu’il n’y avait plus d’anomalies. Je pensais donc que mes
soucis étaient terminés et que le problème avait été éradiqué pour de bon.
Mais j’avais tort. Un nouveau frottis effectué chez mon généraliste
avait montré que le problème était revenu sous la forme d’une
«dyskératose sévère», signe qu’un traitement supplémentaire était
nécessaire.
Pourtant, à la même période, j’avais fait une biopsie à l’hôpital et le
gynécologue m’avait dit que celle-ci n’avait révélé aucune anomalie de
ce type. Surprise par cette contradiction, je me suis demandé à qui je
devais faire confiance: aux résultats du généraliste ou à ceux de
l’hôpital? Mon instinct me disait de faire confiance à l’hôpital et au
spécialiste, car une biopsie était censée être plus fiable qu’un frottis.
Mon médecin généraliste m’avait dit qu’il arrivait parfois que des
tissus anormaux redeviennent normaux. Il avait ajouté: «Vous faites
peut-être partie de ces personnes chanceuses.» Peut-être. Il m’avait
demandé si je voulais être dirigée vers un autre hôpital. Mais l’hôpital du
sud de Londres était un hôpital universitaire reconnu. L’un de mes
proches avait suivi ses études de médecine là-bas. C’était sûrement l’un

39
des meilleurs hôpitaux. Je suis restée. J’ignorais le sort auquel je me
condamnais.
Comme toute personne ayant reçu un diagnostic de maladie
potentiellement grave, j’avais envie de croire que mon corps était
capable de se guérir lui-même. Je me demandais si je pouvais inverser
ces changements anormaux par moi-même sans aucune intervention
chirurgicale.
Je frissonne quand je repense à ces visites dans cet hôpital du sud de
Londres. C’est lors de ma dernière visite que j’ai commencé à me méfier
du comportement du spécialiste et de son attitude trop désinvolte et
indifférente. Chaque fois que je le voyais, il me prescrivait de la
progestérone pour mes symptômes de «saignements», mais à l’époque je
ne savais pas qu’il s’agissait d’une forme synthétique de progestérone
qui augmentait le risque de cancer du sein et qui pouvait aussi aggraver
le cancer du col de l’utérus1 De plus, cela augmentait mon risque de
caillots sanguins et de maladies cardio-vasculaires, donc le progestatif a
peut-être jeté de l’huile sur le feu. Le spécialiste me l’a donné comme si
c’était des bonbons.
En clair, il ne faisait pas son travail correctement. Ce fait allait être
confirmé quatre ans plus tard, en 1998, lorsque mille patientes ont
déposé une plainte nationale. Toutes les femmes présentaient déjà des
anomalies modérées ou graves qui avaient été détectées par un frottis
standard. Elles avaient toutes reçu une lettre indiquant que les résultats
du dépistage étaient «sérieusement préoccupants». Pourtant il avait dit à
ces femmes que tout allait bien et elles ont développé un cancer. Je ne
savais rien de tout cela à l’époque, mais j’ai commencé à m’inquiéter
lorsque mes symptômes s’aggravaient alors que j’avais des consultations
régulières depuis un an.
Lors de ma dernière consultation, je lui ai fermement demandé de me
faire passer une hystéroscopie, un examen de l’utérus qui pourrait me
dire pourquoi je continuais à avoir des saignements. Il m’a répondu sans
même me regarder: «Mon agenda est complet. Vous devrez attendre
après Noël.»
Vraiment? Nous étions en septembre. Je ne comprenais pas qu’il ne
puisse pas me caser entre septembre et janvier. Je trouvais ça bizarre.

40
«Mais je perds du poids. Croyez-moi, ça ne me dérange pas de perdre
des kilos, mais je perds du poids à des endroits où je n’en ai jamais perdu
auparavant. Je suis vraiment inquiète. Je dois absolument régler ce
problème. Ça ne s’arrange pas.»
Comme je venais juste de commencer à fréquenter Andrew, au départ
j’ai pensé que c’était l’ivresse de l’amour qui m’avait fait perdre des
kilos. Mais cette perte de poids était inhabituelle. Je n’avais jamais
perdu de poids à l’intérieur de mes cuisses. Je n’avais jamais eu des
cuisses de top model, en dépit de tous les exercices que je faisais. Et
pourtant, cette fois la graisse fondait à vue d’œil.
Sans lever les yeux, il a continué: «Vous vous inquiétez vraiment
pour rien. Je suis sûr qu’on peut régler ça avec plus de progestérone.»
J’ai protesté: «Mais la progestérone ne soulage pas mes
saignements!»
Le NHSf était-il en si mauvaise posture que je devais attendre l’année
suivante? Et si j’avais vraiment un cancer? J’avais déjà reçu un
traitement pour des anomalies de cellules cancéreuses et j’avais
maintenant d’autres symptômes classiques, non seulement des
saignements inhabituels qui empiraient, mais également une perte de
poids. C’était sûrement urgent.
Il m’a adressé un sourire pincé, sans la moindre compassion. «Les
saignements entre les règles sont très courants. Mais je vous fixerai un
autre rendezvous en consultation externe dans deux mois.»
Dans deux mois? À nouveau pour une simple discussion? C’était
totalement inacceptable.
Des années plus tard, à la suite de la plainte de ses patientes et de
l’enquête qui s’en est suivie, j’ai appris que ce médecin ne pratiquait
généralement une biopsie que sur 64% de ses patientes présentant des
modifications du col de l’utérus, alors que la directive nationale
minimale recommandait d’en faire dans 90% des cas. Ces femmes
s’étaient présentées à sa clinique avec des anomalies, qui nécessitaient
toutes des examens complémentaires pour exclure le cancer. Un examen
de ses colposcopies a également révélé qu’elles étaient inadéquates. Sur
les 64% de biopsies qu’il avait effectuées, la quantité de tissu excisée
était bien trop faible pour permettre un diagnostic valable. Pas étonnant
que mon problème soit revenu. L’enquête devait révéler que près de dix-

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neuf femmes atteintes d’un cancer avancé avaient été mal diagnostiquées
ou mal traitées, et que le taux de cancer chez ses patientes hospitalisées
était 34% supérieur à la moyenne.
Je ne savais rien de tout cela à l’époque, mais une pensée désagréable
m’a traversé l’esprit. Je me suis demandé si certains médecins laissaient
volontairement le cancer progresser. J’ai effacé cette pensée. C’était
impossible. Les médecins n’étaient-ils pas tous intéressés par la guérison
des patients? N’avaient-ils pas prêté le serment d’Hippocrate? Mais que
se passerait-il si un médecin avait fait une grave erreur en traitant un
patient et si au lieu de le reconnaître et d’assumer le risque d’être
poursuivi et de perdre son autorisation d’exercer, il se contentait
d’attendre la fin du traitement, la tête dans le sable en poursuivant avec
un traitement inadéquat? Les patients décédés ne font pas de procès. Se
pouvait-il qu’il existe des médecins qui ne donnent pas à leurs patients
l’attention médicale dont ils ont besoin, tout en sachant qu’ils ont une
maladie incurable? J’ai écarté cette idée. Cela me semblait ridicule.
Mais son indifférence vis-à-vis de mes demandes a suffi pour que je
me décide à changer d’établissement et à consulter dans le privé. J’en
avais assez. Je savais qu’il y avait un problème et qu’il ne le prenait pas
assez au sérieux. Ma santé était en jeu.
J’ai repris l’avion pour Guernesey avec ces pensées sinistres et ces
inquiétudes qui me tenaillaient, mais je me suis persuadée que ce
spécialiste avait probablement raison. Je suis de nature inquiète et je
paniquais pour rien. Les tests effectués à l’hôpital jusqu’à présent avaient
été clairs, n’est-ce pas? Mais pourquoi n’avait-il pas fait plus de
biopsies? Et s’il avait fait une biopsie sur la mauvaise zone? N’importe
quel gynécologue pouvait facilement dissimuler son incompétence. Qui
pourrait le savoir? C’était sa parole contre celle de la patiente. Les
tribunaux prennent toujours le parti des experts.
J’ai repris le travail et j’ai pris un rendez-vous avec un gynécologue
privé local. Il fallait régler ce problème, même si le gynécologue de
l’hôpital avait laissé entendre qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter.
En outre, j’avais un nouvel amoureux et le moins qu’on puisse dire, c’est
que les saignements n’étaient pas une partie de plaisir: ils étaient gênants
et inconfortables.

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Lorsque le spécialiste de Londres a appris que j’avais organisé une
consultation privée à Guernesey, il a totalement changé de discours.
Dans sa lettre de recommandation, il a insisté sur le fait que le traitement
était urgent et qu’une hystéroscopie devait être réalisée immédiatement.
C’était comme si sa lettre avait été écrite par une autre personne. Il
n’avait jamais rien dit de tel auparavant. Il ne m’avait même pas fait de
biopsie depuis près d’un an.
Pourquoi ce changement soudain? Bien que tout cela soit très suspect,
je n’avais d’autre choix que de faire confiance au système. Que pouvais-
je faire d’autre?
L’hystéroscopie a eu lieu un jeudi après-midi et je me souviens qu’à
mon réveil, de nombreuses personnes me regardaient, l’air inquiet. Je me
suis dit que c’était probablement normal après l’anesthésie.
Le lendemain, Andrew a pris l’avion pour me rendre visite. J’ai eu le
weekend pour oublier tout ça. J’étais sûre que, le lundi, les résultats de
l’opération ne révéleraient que des changements mineurs nécessitant tout
au plus une nouvelle colposcopie. Je n’avais aucune raison de croire le
contraire.
C’était une belle soirée d’automne et j’ai attendu Andrew dans le hall
des arrivées, avec un sourire radieux. J’étais sûre qu’il était la bonne
personne pour moi. J’avais tellement hâte de passer le week-end avec lui,
de marcher sur les falaises, de naviguer sur le bateau de mon père, de
sortir et de rendre visite à des amis. Les vols et les factures de téléphone
entre Guernesey et Londres nous coûtaient une petite fortune, mais nous
nous en fichions. C’était de l’argent bien dépensé.
Mon ancien partenaire était charismatique et charmant au début, mais
progressivement étaient venues les menaces verbales, puis physiques.
J’avais fini par le quitter: j’avais fait mes valises et j’avais couru me
mettre en sécurité dans mon île natale, auprès de ma famille. Andrew
était son opposé, exactement ce dont j’avais besoin. Il était calme et
fiable, gentil et attentionné, doté d’un physique agréable et en outre,
c’était un excellent marin. Je le trouvais irrésistible. Il avait déjà fait des
projets pour nous à long terme et m’avait fait comprendre qu’il souhaitait
que notre relation dure. Pas de disputes, pas de violence, les choses se
présentaient bien.

43
À Guernesey, j’avais trouvé un excellent emploi dans un cabinet privé
de kinésithérapeutes. C’était un établissement très fréquenté et je gagnais
bien ma vie. Guernesey était magnifique. Après le travail, j’avais
seulement 10 minutes de route à faire pour arriver au port. Je pouvais
alors sauter dans un bateau et faire de la voile.
Mais où me mènerait ma relation avec Andrew? Devrais-je renoncer
à mon paradis à Guernesey pour vivre à Londres? Si nous avions des
enfants, me faudrait-il les élever en Angleterre ou Andrew serait-il prêt à
vivre à Guernesey? J’y réfléchissais pendant que je faisais les cent pas
aux arrivées. Mes espoirs et mes rêves, nous deux, construisant un avenir
ensemble.
Puis il est arrivé, et m’a prise dans ses bras. «Bonjour, ma chérie»,
m’a-t-il dit alors que je prenais sa main et le dirigeais vers la voiture. Le
retour vers l’appartement que je partageais avec une autre fille fut rapide.
En chemin, il avait essayé de me poser des questions sur mon opération
de la veille.
«Je n’ai vraiment pas envie d’en parler. On peut oublier tout ça et
sortir dîner? Je ne peux rien faire pour modifier le résultat, alors n’y
pensons plus.»
Mais ça ne s’est pas passé comme ça. Nous sommes arrivés dans
l’allée et en levant les yeux sur la maison, j’ai vu ma colocataire Carol-
Ann dévaler les marches pour me rejoindre. Avant même que je sois
sortie de la voiture, elle m’a dit: «Jane, ton médecin te cherche! Il était là
il y a une demi-heure!»
Quoi? À 19 heures, un vendredi soir? J’ai regardé Andrew avec
stupeur. Nous savions tous deux que ce n’était pas bon signe. «Je dois
l’appeler», ai-je dit, la voix tremblante. Je suis montée en courant, j’ai
fermé la porte de ma chambre et j’ai composé le numéro. Mon médecin a
insisté sur le fait qu’il devait venir me voir. «Non, s’il vous plaît, dites-
moi maintenant», l’ai-je supplié. «Je sais que c’est une mauvaise
nouvelle, sinon vous ne seriez pas passé me voir. Je ne peux pas attendre,
j’ai besoin de l’entendre.» C’est donc à contrecœur qu’il me l’a annoncé.
Il avait discuté avec le gynécologue qui venait de m’opérer. J’avais
besoin d’une hystérectomie. C’était un cancer.
L’opération avait déjà été programmée pour le mardi suivant à
l’hôpital Hammersmith. Le chirurgien avait demandé une faveur à l’un

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de ses amis de Londres pour que l’opération puisse avoir lieu
rapidement. Je me demandais s’ils pensaient que le cancer devait être
assez agressif pour avoir progressé si vite sans que quelqu’un l’ait
remarqué. Ou s’ils étaient passés à côté? J’étais trop accablée par le
diagnostic pour poser la question. J’avais la tête qui tournait. J’essayais
de comprendre ses paroles, mais j’avais l’impression d’entendre une
conversation à propos de quelqu’un d’autre. Ce n’était pas possible.
J’ai reposé le téléphone, je l’ai fixé pendant une minute, puis je me
suis mise à sangloter de façon incontrôlable. Mon monde venait
d’imploser. J’avais 30 ans. J’avais un cancer. Je n’avais pas eu d’enfants
et il semblait maintenant que je n’en aurais jamais. J’ai dû rester dans ma
chambre pendant plus d’une heure. Lorsque je suis finalement
descendue, j’ai réussi à balbutier un seul mot: «cancer». Andrew et
Carol-Ann l’avaient déjà deviné. Mon maquillage barbouillé et mes yeux
rouges et gonflés en disaient long. Andrew m’a serrée dans ses bras et a
suggéré que nous allions prendre l’air.
Emmitouflés dans des vêtements chauds, nous avons roulé jusqu’à un
sentier côtier et nous sommes assis au clair de lune sur un banc
surplombant les falaises et la mer. J’étais en état de choc. Andrew aussi.
Cette nouvelle relation merveilleuse n’était soudainement plus aussi
merveilleuse. Nous étions ensemble depuis seulement deux mois. Notre
relation naissante survivrait-elle à ce défi inattendu? J’étais
profondément bouleversée par le diagnostic et par ce qu’il signifiait pour
nous deux.
J’étais jeune. Je survivrais. J’en étais certaine. On m’avait dit que le
cancer du col de l’utérus était parfaitement guérissable s’il était détecté
tôt. Je ne pouvais qu’espérer qu’il en soit encore ainsi à ce stade. Mais je
ne porterais jamais mes propres enfants. Peut-être que quelqu’un pourrait
les porter pour moi? J’avais entendu parler des mères porteuses. J’aurais
encore mes ovaires. Le sujet de la mort ne m’a effleurée que brièvement.
J’avais tellement d’autres soucis. Dans quelle mesure l’opération
affecterait-elle ma vie sexuelle? Serais-je encore capable d’avoir mes
propres enfants biologiques avec mes ovules? Je ne voulais même pas
parler de ces choses avec Andrew. J’avais trop peur qu’il renonce à notre
relation. J’avais déjà l’impression qu’un rideau invisible était tombé
entre nous. Ce diagnostic allait tout changer.

45
Andrew parlait très peu. Je ne pouvais pas deviner ses pensées, j’étais
déjà submergée par les miennes. Il n’avait rien vu venir. Il n’avait aucune
expérience de la gestion d’une telle situation et se sentait complètement
dépassé. Si nous avions été en train de naviguer et que le mât avait cassé
ou que le gouvernail était tombé, il aurait été le premier à savoir quoi
faire. Mais faire face à une trentenaire désemparée sur le point de perdre
son utérus à cause d’un cancer?
Alors que j’étais obsédée par mon infertilité, il s’inquiétait de la
gravité de la situation. C’était réconfortant qu’il ne veuille pas me
perdre. Mais je me demandais si un instinct d’autoprotection ne
l’empêchait pas de se rapprocher de moi. S’il m’abandonnait, ma
situation deviendrait pire. Un horrible sentiment d’isolement a
commencé à s’abattre sur moi.
Quelques heures seulement après mon diagnostic, je me suis rendu
compte que les effets du cancer vont bien au-delà de la maladie
physique. J’ai essayé de le rassurer en lui disant que je n’avais pas
l’impression que j’allais mourir, mais je voyais bien qu’il n’était pas
convaincu. Un diagnostic de cancer n’a pas la même signification pour
tout le monde. Certains le prennent beaucoup mieux que d’autres, mais
ce diagnostic avait des conséquences pour nous deux. Il allait ruiner
notre relation sexuelle, au moins à court terme, et je n’avais aucune idée
de ce qui allait se passer à long terme.
Le gynécologue de l’hôpital du sud de Londres m’avait dit quelques
semaines auparavant qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Il m’avait
toujours rassurée en me disant que le cancer du col de l’utérus se
développait très lentement. J’avais passé des examens, j’avais fait une
colposcopie et des contrôles. Je pensais donc l’avoir détecté
suffisamment tôt. J’ai ignoré le doute qui planait au fond de mon esprit, à
savoir que le cancer pouvait se développer depuis des années et que le
gynécologue n’avait peut-être pas fait son travail correctement pendant
tout ce temps.
Alors que nous étions là, assis à regarder la mer, je me suis
convaincue que tout allait s’arranger, que je finirais par retomber sur mes
pieds, même si mes plans devaient être modifiés. Je pourrais sauver mes
ovaires, peut-être les faire congeler. Et peut-être trouver une mère

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porteuse pour porter mon enfant. Je devais subir une énorme opération la
semaine suivante, mais j’étais jeune. J’allais survivre.
Le reste du week-end s’est déroulé dans une ambiance différente.
Nous avons annulé nos sorties entre amis, mais sommes quand même
allés faire de la voile. Avec Andrew, nous avions trouvé des solutions
pratiques, mais la passion de notre relation avait disparu et laissé place à
la peur et l’inquiétude. Mes sentiments allaient de l’incrédulité et la
colère à une grande tristesse, et au-delà. Tout semblait si injuste. Au
moment où je pensais avoir trouvé mon «bonheur pour toujours».

L’annonce aux proches


Je savais que je devais annoncer la nouvelle à mes parents. Ils seraient
dévastés, d’autant plus qu’ils s’étaient inquiétés de la façon dont j’avais
été traitée dans cet hôpital du sud de Londres. Je ne pouvais pas leur dire
en personne, alors j’ai choisi de le faire par téléphone. Je voyais bien que
maman était bouleversée, mais elle a immédiatement proposé de
m’accompagner à Londres le lundi, pour m’aider à préparer l’opération
du mardi. Notre relation avait parfois été difficile, comme peuvent l’être
les relations mère-fille, mais j’ai apprécié son soutien. Je ne voulais pas
refuser sa présence, même si je savais que ce serait extrêmement difficile
pour elle.
Quelques années auparavant, ma mère avait reçu un diagnostic de
cancer du sein à un stade précoce, mais elle avait gardé le secret pour
elle. Elle nous avait dit que ce n’était qu’un «petit souci». Nous n’étions
pas très douées pour partager nos sentiments, mais je savais qu’elle serait
profondément traumatisée par mon diagnostic et par la perte de ma
fertilité. Elle espérait vraiment devenir grand-mère et elle était déçue à
chaque fois que je me séparais d’un compagnon (deux fois pour être
précise).
J’avais des connaissances très basiques sur le cancer. Elles se
limitaient à ce que j’avais appris pendant mes études de kiné, mais il
semblait évident qu’il était crucial de prendre des décisions précoces.
J’avais déjà appris à grands frais que certains médecins et chirurgiens
étaient meilleurs que d’autres. Je m’inquiétais, car je savais que mes
choix pouvaient affecter mes chances de survie. Lorsque l’on reçoit un
diagnostic de cancer agressif et rapide, un cancer évolutif, il est

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important d’être capable de prendre des décisions éclairées rapidement,
mais on ne m’a donné aucune possibilité de prendre le temps de faire des
recherches sur l’intervention, les antécédents de mon chirurgien… Le
cancer était-il si agressif que je ne pouvais pas attendre une semaine de
plus? Au vu de cette urgence, j’ai imaginé que cela pouvait être grave.
En 1994, je n’avais qu’un ordinateur de base et pas d’accès à Internet.
Quand je suis arrivée à l’hôpital le lundi suivant, le médecin semblait
assez gentil. J’avais une longue liste de questions à lui poser, notamment
sur mes ovaires. Je voulais absolument qu’ils soient épargnés. Je voulais
savoir ce qui se passerait si le cancer était plus grave que ce que l’on
pensait. Il m’a précisé que si le cancer avait progressé vers des ganglions
lymphatiques, j’aurais besoin de chimiothérapie et de radiothérapie. Il
n’a pas fait de suggestions pour sauver mes ovaires, mais je savais que
ces traitements, en particulier la radiothérapie du bassin, risquaient de les
détruire. Je lui ai demandé s’il était possible de congeler un des ovaires
dans l’éventualité où j’aurais besoin d’autres traitements. Il m’a regardé
et a hoché la tête discrètement. J’ai supposé que c’était un oui. Il est
rapidement passé à l’opération et aux risques.
Le lendemain, au réveil après une opération de sept heures, j’étais
léthargique. Dès que j’ai vu le chirurgien, j’ai voulu savoir exactement ce
qu’il avait fait: «Avez-vous congelé mes ovaires?» J’avais besoin d’être
rassurée. J’ai eu un choc en apprenant qu’il ne l’avait pas fait. Peut-être
avait-il pensé que le cancer n’était pas trop grave? Mais quand les
résultats de l’histologie sont arrivés, ils ont montré que le cancer s’était
propagé dans plusieurs de mes ganglions lymphatiques. Pendant qu’il me
disait cela, je tremblais, j’étais envahie par la peur, la fureur et la
déception. Je savais que j’allais devoir suivre une chimiothérapie et une
radiothérapie et qu’elles allaient détruire mes ovaires pour toujours.
Pourquoi n’en avait-il pas congelé un comme je le lui avais demandé?
Comment avait-il pu balayer cette demande d’un revers de main?
Allongée dans mon lit, j’ai réalisé que tout n’était pas complètement
perdu. Il me restait quelques semaines avant le début de la
chimiothérapie. Je pouvais encore trouver un spécialiste de la fertilité,
n’importe qui pour m’aider à sauver ma chance de devenir mère. Le
temps était compté, il s’écoulait rapidement. J’avais subi une opération
importante et l’hospitalisation avait duré deux semaines. Durant celles-

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ci, mon chirurgien m’a proposé de consulter un spécialiste de la fertilité
réputé, sur place, au rez-de-chaussée de l’hôpital Hammersmith. J’ai
accepté. Mes espoirs ont aussitôt été anéantis. Ce dernier pensait qu’il
serait difficile de trouver mes ovaires et, de toute façon, il estimait que la
gestation pour autrui était trop cruelle et trop éprouvante sur le plan
émotionnel pour la mère porteuse. J’avais emmené ma sœur Suzie, et
malgré sa proposition généreuse d’utiliser son propre utérus, il m’a dit
brutalement qu’il n’y avait rien à faire. La dureté de son ton était
choquante. J’étais si désemparée que j’ai eu du mal à sortir de son
bureau. Je suis remontée en titubant, accablée par le chagrin et soutenue
par Andrew et Suzie. Mon projet d’enfants s’envolait à jamais.
L’infertilité m’a torturée. Partout où je regardais, dans la rue ou à la
télévision, je voyais des bébés, des enfants et des familles heureuses.
Toutes les publicités semblaient parler de couches ou de lait maternisé. À
moins de m’isoler de la civilisation, j’étais constamment confrontée à ma
perte. Il n’y avait pas d’échappatoire. La douleur de l’infertilité me
faisait l’effet d’un couteau planté dans la poitrine. Chaque jour, quand
Andrew partait au travail, je m’allongeais sur mon lit et sanglotais de
désespoir et de chagrin en pensant aux enfants que je n’aurais jamais.
Mes espoirs et mes rêves pour l’avenir étaient en lambeaux. Je me
sentais vide, détruite. J’avais l’impression d’être déjà morte.
J’étais pleine de colère. Je m’étais sentie agressée par le premier
gynécologue, puis réprimandée par le spécialiste de Hammersmith.
J’avais l’impression que l’on m’avait volé ma féminité, mon statut de
femme, ainsi que la famille que j’avais toujours désirée. Je voulais le
poursuivre en justice, mais c’était impossible si je voulais guérir. Cette
tâche m’aurait pris toute l’énergie qui me restait. Il était inutile de laisser
les émotions, la colère et ma profonde tristesse remonter à la surface. Je
savais que le stress ne ferait qu’empirer les choses.

La chimiothérapie
Mon oncologue m’avait dit: «La chimiothérapie ne dure que quelques
mois. Elle sert à sensibiliser les cellules cancéreuses à la radiothérapie.»
J’étais perplexe: «Si cela sensibilise au traitement de radiothérapie,
pourquoi y a-t-il un mois d’écart entre les deux traitements? Pourquoi les

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traitements ne sont-ils pas plus rapprochés?» Cela n’avait aucun sens
pour moi.
«Vous avez peut-être raison, me dit-il, mais pour l’instant nous
n’avons pas de preuves. Il n’y a pas eu d’essais sur leur utilisation
conjointe.» À mon avis, ce serait sûrement mieux de les combiner. Cela
ne me semblait pas logique.
Même si la chimiothérapie a été courte, j’ai perdu la plupart de mes
cheveux et j’ai été très malade. Je ne pouvais pas être sûre que la
chimiothérapie avait détruit mes ovaires, mais je savais sans aucun doute
que la radiothérapie intense qui allait suivre le ferait. Lorsque les
premiers rayons de la radiothérapie m’ont traversée, j’ai pleuré sur la
table de radiothérapie. Les radiothérapeutes s’agitaient, ne sachant pas
quoi dire pour m’aider, offrant des mouchoirs. Ils m’ont demandé: «Est-
ce que ça va?» Bien sûr que non. Je n’allais pas bien du tout. J’étais en
colère, j’avais envie de crier et de hurler: «Savez-vous ce que vous avez
fait? Assassins! Vous avez tué mes futurs enfants!» Ils ne faisaient que
leur travail, bien sûr. Ce n’était pas leur faute. Je suis restée là en silence,
les larmes coulant sur mes joues.
Mes taux d’hormones se sont effondrés. Je n’avais pas été prévenue.
J’ai été ménopausée instantanément. Peu de gens comprennent ce que
c’est. C’est déjà difficile pour de nombreuses femmes lorsque le taux
d’œstrogènes diminue naturellement avec l’âge, mais pour une jeune
femme pleine d’entrain et de charme, être privée de ses hormones du
jour au lendemain était tout simplement traumatisant. Des bouffées de
chaleur enflammaient mon corps aux moments les plus embarrassants,
sans aucun avertissement. Chaque nuit, j’étais tellement trempée de
sueur que je devais retirer les couvertures et prendre une douche.
Les ovaires produisent non seulement des hormones féminines, mais
aussi une petite quantité de testostérone. Comme j’étais très sportive, je
pense que j’en avais plus que la normale. Sans ce cocktail hormonal,
mon humeur était maussade, ma libido était nulle et ma peau était
blafarde et sèche. À plus long terme, mes cheveux risquaient de se
clairsemer et j’avais un risque accru d’ostéoporose et de maladies
cardiaques. Tristement, j’ai supposé que puisque personne ne m’avait
proposé de traitement hormonal, cela signifiait que je ne devais pas en
prendre. J’imaginais que les hormones pouvaient être à l’origine du

50
cancer. Le cancer du sein de ma mère avait été provoqué par les
œstrogènes.
Au moins, je n’avais plus de règles, mais c’était une maigre
compensation par rapport à tout ce que j’avais perdu. Maintenant, j’étais
toujours de mauvaise humeur. Je n’avais plus aucune joie de vivre. No
mojo. Rien.
Les hormones jouent un rôle important dans la définition de la
personne que vous êtes. Sans hormones, il ne restait pas grand-chose de
«moi». Quand je me regardais dans le miroir, je ne me reconnaissais
plus. Je ressemblais vaguement à l’ancienne Jane, mais la personne qui
me regardait en face était différente. Et je me sentais différente. J’étais
presque morte et j’avais pris du poids à cause des corticoïdes, de
plusieurs traitements antibiotiques, et d’une alimentation trop riche. Où
était la jeune fille optimiste et insouciante qui faisait de la voile et du
surf? Avait-elle disparu pour toujours?
Ma relation avec Andrew a été bouleversée. Nous nous sommes
retrouvés dans une situation totalement inattendue à laquelle aucun de
nous ne s’était préparé. Je savais qu’il avait du mal à s’autoriser à
s’approcher de moi. Bien que je comprenne, c’était très douloureux et je
n’arrivais pas à l’accepter. Il me disait des choses que je trouvais
antipathiques et blessantes, comme: «Seras-tu toujours rancunière et en
colère?» Eh bien, oui, si tu le dis comme ça, je le serai. J’étais contrariée
par le fait qu’il semblait incapable de comprendre ou de faire preuve
d’empathie, ou de me donner le temps dont j’avais besoin pour
surmonter ce diagnostic dévastateur. Rétrospectivement, je me rends
compte que je devais souffrir d’une forme de syndrome de stress post-
traumatique.
J’avais l’impression que ma mauvaise humeur était justifiée. J’avais
parfaitement le droit d’être bouleversée, furieuse, rongée par le chagrin.
Cela a eu un effet désastreux sur notre couple. Nous ne pouvions pas
parler de l’avenir, nous ne pouvions pas faire de projets. Nous n’avions
aucune idée de ce qui nous attendait. Nos conversations étaient froides et
superficielles. Après quelques mois, notre relation a commencé à
s’émousser et à se briser lentement. Nous avions de réelles difficultés.
Pour Andrew, le concept de paternité n’était pas primordial. Il n’était pas
tissé dans son être, comme la maternité l’était pour moi.

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Après l’opération, les relations sexuelles n’étaient plus ce qu’elles
avaient été. Quelques mois d’abstinence ont été nécessaires et quand
nous avons finalement pu reprendre c’était douloureux. Cela m’affectait
beaucoup, mais j’ai essayé de faire bonne figure. Je ne voulais pas qu’il
sache à quel point c’était douloureux. Heureusement, c’était un amant
gentil et attentionné, mais je ne savais pas si cela redeviendrait un jour
«normal», sans douleur et agréable. Les médecins m’avaient assuré que
les choses s’amélioreraient lentement, mais cet aspect de notre relation
me rendait vraiment anxieuse. Je me demandais pourquoi quelqu’un
pourrait avoir envie de rester avec moi.
Dans le passé, je n’avais jamais eu de problème pour avoir un
partenaire et le garder. J’en avais eu deux. Je n’avais jamais eu peur de
ne pas être aimée et désirée. Mais maintenant, tout semblait avoir
changé. Je n’étais plus séduisante. Au lieu de cela, j’étais un tas de
ferraille, rejetée par le sexe opposé. J’étais exaspérée de voir à quel point
le cancer s’imposait dans tous les aspects de ma vie. J’étais accablée, car
je devais non seulement gérer la maladie, mais également les
complications émotionnelles qui en découlaient.
J’ai menti sur mon état de santé pour ne pas inquiéter mes amis et ma
famille. J’ai écouté les conseils de mon entourage et je leur ai permis
d’avoir leur mot à dire sur mes traitements. J’étais constamment
préoccupée, car je m’efforçais de ne pas perdre le contrôle devant tout le
monde. Je mettais un masque et je prétendais que j’allais bien alors que
tout ce que je voulais, c’était pleurer. Et remonter le temps.

La séparation
Ma relation avec Andrew est devenue si difficile qu’avec beaucoup de
regret et le cœur lourd, j’ai décidé que nous avions besoin de nous
séparer quelque temps. Je me rendais compte que je devenais trop
exigeante et étouffante en parlant d’enfants et d’avenir. Il ne voyait pas à
quel point j’étais en quête d’espoir et il n’était pas prêt pour ces
discussions.
Malgré mon envie de rester avec lui, je savais que je devais trouver
mes marques, trouver un moyen d’être forte et montrer que je pouvais
me débrouiller seule. J’étais trop dépendante de lui. Il avait besoin de
temps pour décider s’il voulait toujours être avec moi. Cela m’a

52
profondément blessée, mais une fois de plus, je me suis retrouvée à
arrêter une relation, à m’enfuir, à réserver un vol pour Guernesey, pour
retourner sur mon île sanctuaire. Je lui ai dit que je rentrais chez mes
parents et que je reprenais le travail.
Comme je ne voulais pas non plus que mes parents voient l’intensité
de mon chagrin et de mon deuil, j’ai loué un chalet toute seule, refusant
leur aide, même si les traitements m’avaient affaiblie et fatiguée.
La solitude n’a fait qu’amplifier mon désespoir. Je me sentais très
isolée et incomprise. En outre, je m’étais blessée lors d’un accident de
ski, et j’avais tellement mal au genou que je pouvais à peine marcher.
Mon autre jambe montrait des signes de lymphœdème précoce, à cause
de tous les ganglions lymphatiques qui avaient été enlevés pendant
l’opération. Il s’agit d’une affection chronique qui provoque un
gonflement des tissus corporels. J’étais devenue un désastre
inflammatoire, un désastre hormonal et mon corps n’était plus qu’une
épave meurtrie.
Tout mon monde s’était écroulé. Je savais que je ne pourrais plus
jamais être complètement guérie. Je me sentais perdue, dans un corps
que je ne reconnaissais plus, avec des pensées que je n’avais jamais eues
auparavant. J’étais anéantie par le chagrin, non seulement pour la perte
douloureuse de mes futurs bébés, mais aussi pour la perte de moi-même.
Je voulais simplement mourir.
Dans le pire moment, je me suis retrouvée au téléphone avec les
Samaritainsg. Une fois le téléphone raccroché, j’ai eu honte. Comment en
étais-je arrivée là? Est-ce que j’étais vraiment suicidaire? Je ne pourrais
jamais faire subir une telle souffrance à ma famille et à mes amis.
Non. Je me suis alors donné une bonne leçon de morale.
L’apitoiement n’est pas un moyen de s’améliorer. Où était Jane la
battante? La femme que j’avais été avant le cancer? J’allais vraiment
laisser ce cancer me tuer? Ce spécialiste incompétent allait-il gagner?
J’avais besoin de trouver quelque chose dans ma vie qui me donne de la
joie. J’avais besoin de sens et d’épanouissement.
Pendant quelque temps, j’ai essayé de reprendre mon travail de
kinésithérapeute, car j’adorais ce métier. Mais les patients qui se
plaignaient de petits problèmes m’irritaient. Ma compassion avait
disparu. Stupidement j’avais imaginé que ce travail pourrait m’aider à

53
me distraire, mais comment compatir face à une cheville foulée pendant
que je m’occupais d’un cancer? C’était sans espoir.
J’ai préféré me concentrer sur la vente de BATHrobics, un livre que
j’avais publié avant de tomber malade. Le livre qui présentait des
exercices de relaxation s’était bien vendu jusqu’alors dans les librairies.
J’avais transformé le livre en un panneau qui se collait sur le côté d’une
baignoire à l’aide d’une ventouse en caoutchouc. Le concept a eu
beaucoup de succès. J’ai consacré mon énergie à sa promotion, puis j’ai
commencé à écrire un nouveau rituel d’exercices pour les femmes
enceintes. J’étais déterminée à trouver un moyen d’être maman et je me
suis promis qu’un jour je donnerais BATHrobics for Pregnancy à une
mère porteuse qui porterait mon bébé. Je ferais en sorte que cela arrive.
C’était le seul moyen pour moi de supporter la douleur.

Nouveau départ
Il y avait alors peu de joie dans ma vie. Heureusement, ma passion pour
la voile et la mer m’ont été d’un grand secours. Je sortais faire de la voile
le soir à Guernesey et je rentrais au Royaume-Uni le week-end pour
naviguer sur Assuage. Petit à petit, j’ai senti ma force intérieure revenir.
J’étais de plus en plus en forme. Enfin, un médecin m’a prescrit des
hormones pour remplacer celles que j’avais perdues. J’ai commencé à
retrouver mon ancien moi. Andrew a réalisé que j’étais toujours la même
personne malgré ma souffrance et il a compris que la créature meurtrie
qui se trouvait en face de lui était, au fond, toujours la femme qu’il
aimait. Un jour, après avoir navigué, il m’a emmenée dîner.
«Il va falloir un certain temps pour que tu te remettes sur pied, avec
tous les moteurs en marche. Mais je suis là, à tes côtés, pour t’aider à
traverser cette épreuve. Je crois en toi et je t’aime. Je veux vraiment que
tu reviennes vivre à Londres avec moi».
Dieu merci! J’ai pleuré de soulagement. Je voulais oublier le cancer,
pour avancer dans ma vie, rafistoler mon corps brisé et réparer ce que
j’avais perdu. Mais je ne pouvais pas réparer la perte de ma fertilité et le
sujet des enfants était toujours en suspens entre nous. J’ai continué à
pleurer tous les jours, toute seule, quand personne ne me voyait. Lorsque
je me rendais à des examens de contrôle, il était difficile de cacher mes
sentiments et mon chagrin. Naturellement, les médecins s’inquiétaient au

54
sujet de mon état mental. Ils m’ont proposé du Prozac, mais j’ai refusé.
Aucun antidépresseur n’allait me rendre ma fertilité ou guérir mon
lymphœdème. À la place, ils m’ont envoyée vers une psychologue. Je
doutais que cela puisse m’aider, mais j’étais prête à essayer.
La thérapeute a écouté mes problèmes, m’a répondu par des banalités,
mais son principal travail pendant ces séances consistait à fournir des
mouchoirs en papier à n’en plus finir alors que mes larmes coulaient à
flots. Elle était très gentille, mais elle ne m’a offert aucune solution
pratique. Andrew, qui m’a accompagnée plusieurs fois, a apporté une
grande partie de la solution. En fin de compte, la thérapie n’a fait
qu’aggraver mes problèmes, d’autant plus qu’Andrew ne changeait pas
d’idée au sujet des enfants. Je savais qu’il était inquiet à l’idée de finir en
papa solo. Pourtant je savais qu’il était à mes côtés, solide comme un
roc.
La gestation pour autrui exigeait que nous soyons mariés et il
semblait y être également opposé. Son manque d’engagement me tuait.
Était-il, au fond de lui, un romantique qui avait juste besoin de faire les
choses à son rythme? J’avais besoin de savoir. Je luttais contre ma voix
intérieure, qui me disait parfois de lâcher prise. Habituellement cela ne
m’aurait pas posé de problème, mais avec l’infertilité et le cancer, j’avais
de plus en plus de mal à prendre des décisions. Je voulais aller jusqu’au
bout, continuer et revenir là où nous étions au début, si c’était possible.
Ce que je n’avais pas réalisé, c’est que les médecins avaient été
beaucoup plus honnêtes avec lui qu’avec moi. Ils avaient été optimistes
et positifs avec moi. Ils me donnaient l’impression que j’allais survivre,
tout en donnant une version différente à Andrew et à ma famille. Il
s’avère que c’est assez fréquent pour les patients atteints de cancer.
Ils sont souvent les derniers à prendre conscience de la gravité de leur
situation.
Un tournant s’est produit un soir où Andrew et moi étions à la
maison. Nous venions de regarder un film, j’étais fatiguée et sur le point
de quitter le canapé pour aller me coucher quand il s’est tourné vers moi
et m’a retenue.
«J’ai beaucoup pensé aux enfants. Je suis désolé d’avoir eu tant de
mal à en parler avant, mais j’ai décidé que j’étais prêt», a-t-il déclaré.

55
«Quoi? Vraiment? Tu veux vraiment des enfants? Tu ne dis pas ça
juste pour me remonter le moral?»
«Crois-moi, j’y pense sans arrêt! J’ai toujours voulu avoir des
enfants. Je sais que tu n’es pas encore rétablie et je suis toujours inquiet
pour toi. Je suis obligé d’imaginer le pire des scénarios. Mais je pense
que je pourrais gérer le fait d’être un père seul si c’était nécessaire».
Je me suis jetée dans ses bras et je lui ai juré que je n’allais pas
mourir. Pas question. C’était exactement ce que j’espérais. Nous
pouvions planifier un futur ensemble! Mon soulagement était immense.
Nous nous sommes couchés tard pour discuter des différentes options.
Andrew pensait que l’adoption était la meilleure solution, mais j’étais
plutôt favorable à la gestation pour autrui (GPA). À ses yeux, nous
devions affronter le problème ensemble. Or si nous choisissions de faire
une GPA, notre enfant aurait ses gènes, mais pas les miens et il trouvait
que cette option n’était pas équitable.
Ce qu’Andrew ne réalisait pas, c’est que le choisir comme futur père
impliquait de choisir ses gènes, donc cela signifiait qu’il faisait
automatiquement partie de l’équation. Si je devais choisir une mère
biologique, alors cela signifiait-il que j’étais en train de choisir les deux
sets de gènes du bébé? L’enfant serait toujours ma création.
Pourtant, je savais que le processus de gestation pour autrui ne serait
pas facile. Qui pourrait accepter de porter un enfant pour une femme qui
a eu un cancer?

À la recherche d’une mère porteuse


C’est ainsi que j’ai commencé à chercher une mère porteuse et peut-être
aussi une donneuse d’ovules. L’agence COTS était installée depuis peu
et nous avons mis du temps à nous inscrire sur leurs fichiers.
Je savais que je devais être exempte de cancer pendant cinq ans avant
d’entamer ce processus, mais je pouvais tout de même me renseigner en
attendant. Discrètement, j’avais déjà rassemblé des informations sans en
parler à Andrew. J’avais tellement besoin de cette lueur d’espoir.
Le COTS a finalement envoyé une liste de mères porteuses possibles
avec leurs profils: lieu de résidence, âge, poids, formation, travail, loisirs,

56
etc. Un jeudi soir, alors que je parcourais certains des profils en lisant la
lettre d’information du COTS, mon téléphone a sonné.
C’était mon père. Il n’appelait jamais, c’était toujours maman qui
appelait. Je savais que quelque chose de grave avait dû se produire.
D’une voix cassée, il m’a dit que le cancer du sein de ma mère s’était
propagé et qu’il avait désormais atteint son foie. J’ai failli laisser tomber
le téléphone. Je savais qu’une fois que la maladie avait atteint le foie, les
poumons ou le cerveau, cela ne signifiait qu’une chose. Elle était au
stade IV, en phase terminale, et n’avait que 60 ans. Elle était bien trop
jeune pour mourir.

e. NdE: la colposcopie est un examen du col utérin.


f. NdT: le National Health Service est le système de la santé publique du
Royaume-Uni.
g. NdT: association de soutien aux personnes confrontées à un risque de
suicide.

57
Chapitre 3

Dites-moi la vérité!

J
’ai immédiatement ressenti un fort sentiment de solidarité avec ma
mère. Je savais à quel point on peut se sentir seul et isolé à
l’annonce d’un tel diagnostic. Pire encore, elle venait maintenant de
recevoir une condamnation à mort. Je pouvais imaginer l’effet de cette
terrible nouvelle. J’ai immédiatement commencé à chercher tout ce qui
pouvait l’aider. Je savais pertinemment que le temps ne jouait pas en sa
faveur et que la médecine conventionnelle serait vaine.
En 1996, on trouvait peu de choses sur Internet, mais il y avait
quelques témoignages de personnes qui avaient survécu à un cancer
après avoir modifié leur régime alimentaire de manière radicale. Plus je
regardais, plus je me demandais pourquoi il n’y avait pas plus de
personnes atteintes de cancer qui s’intéressaient à ces traitements et à ces
régimes alternatifs.
En me plongeant dans le monde des traitements alternatifs, j’ai
commencé à découvrir des informations sur le cancer dont personne ne
m’avait jamais parlé. Par exemple, j’ai appris que le glucose alimente la
plupart des cancers et que l’IGF-1 est impliqué dans leur croissance. Il
s’agit d’un facteur de croissance analogue à l’insuline que l’on trouve en
grande quantité dans les produits laitiers et la viande.
Cela me paraissait incroyable! Je me demandais pourquoi je n’en
avais jamais entendu parler. Les cellules cancéreuses possèdent à leur
surface de nombreux récepteurs de glucose qui les «alimentent» en
glucose et leur fournissent les énormes quantités d’énergie dont elles ont
besoin pour se reproduire. J’ai découvert qu’elles étaient en permanence
affamées. Leur appétit insatiable pour les nutriments les aide à proliférer
de manière incessante, en apportant à la fois les matériaux de
construction et l’énergie nécessaires pour continuer à grossir. Tous les
traitements conventionnels semblaient axés sur les mutations génétiques

58
et la division du noyau cellulaire. Et le métabolisme altéré? Pourquoi ne
pas le cibler?
J’ai appris que le cancer ne survit pas dans les environnements
oxygénés. Il préfère les conditions anaérobies. Il utilise un processus
appelé la glycolyse (la décomposition du glucose) pour «fermenter» et se
développer, un peu comme les levures. Ce processus de «fermentation»
est un moyen très inefficace de produire de l’énergie, comme si la cellule
était revenue à une époque primitive où le monde était dépourvu
d’oxygène.
J’ai découvert le processus de l’angiogenèse: le cancer envoie des
messages et des signaux pour construire de nouveaux vaisseaux sanguins
afin de se nourrir. Ainsi, il a besoin d’autres facteurs pour alimenter sa
croissance exponentielle.
Et j’ai découvert l’importance d’avoir un système immunitaire
fonctionnel. Ironiquement, l’immunité est souvent détruite par trop de
chimiothérapie.
Rien de tout cela ne m’avait été expliqué. Étant kinésithérapeute,
j’aurais dû savoir tout cela ou l’apprendre au moment du diagnostic.
J’avais l’impression d’avoir été très négligente, mais il semblait que les
médecins eux-mêmes ne comprenaient pas ces éléments ou du moins ils
n’en tenaient pas compte. Lorsque je les ai interrogés, ils m’ont dit qu’il
n’avait jamais été démontré que les régimes alimentaires étaient utiles et
qu’aucun essai n’avait été réalisé. Les essais qui portent sur les régimes
sont effectivement difficiles à mener. Mais ce n’est pas une preuve qu’ils
ne fonctionnent pas, n’est-ce pas? Et pourquoi ne pas cibler le système
immunitaire? Les médecins jugeaient que ce n’était pas utile. Selon eux,
le système immunitaire est tellement dépassé par le cancer qu’il ne le
considère pas comme une force envahissante. Il perçoit le cancer comme
une autre partie du corps, donc il ne l’attaque plus. Cet argument me
semblait défaitiste. Mais peut-être fallait-il «éteindre» la tumeur d’une
manière ou d’une autre pour permettre au système immunitaire de se
remettre en marche? Comment y parvenir? Peut-être en ralentissant ou
en désactivant le métabolisme altéré du cancer?
En tant que kinésithérapeute, l’oncologie n’était pas une spécialité qui
m’était familière. Par conséquent, j’avais placé toute ma confiance dans
mes confrères pour me guérir. À l’époque, je n’avais même pas remis en

59
question les traitements que l’on me donnait. Je n’ai pas cherché à savoir
s’ils étaient vraiment efficaces ou s’il existait des thérapies
complémentaires qui pouvaient m’aider. J’avais naturellement supposé
que je recevais le meilleur traitement possible. J’avais cru les médecins
qui me rassuraient en me disant que j’allais guérir.
Dans les semaines qui ont suivi, alors que je regardais ma mère
mourir et que mon chagrin augmentait de jour en jour, j’ai pris
conscience du fait que les oncologues attaquaient le cancer à un seul
niveau et non à plusieurs comme le bon sens le dictait. Mon état
émotionnel avait dû nuire considérablement à mon système immunitaire
et je me suis sentie coupable en prenant conscience que mon propre
diagnostic de cancer avait probablement profondément affecté ma mère.
Rien de ce que je pouvais dire ne l’aurait convaincue d’éliminer ou de
réduire le sucre et les glucides raffinés à fort indice glycémique de son
alimentation. Et elle n’était pas prête à prendre des compléments
alimentaires. De toute façon, je pense qu’il était probablement trop tard
pour la sauver. Comme beaucoup de personnes de sa génération, elle
vénérait son médecin. Elle faisait tout ce qu’il lui disait sans aucune
contestation, comme manger des gâteaux et des biscuits pour «la
nourrir» et «lui donner de l’énergie». J’étais la seule à lui dire d’essayer
quelque chose de différent, mais je suis seulement kinésithérapeute, alors
que d’autres membres de ma famille sont médecins. Ils n’étaient pas
ouvertement contre ce que je disais, mais j’ai senti qu’ils pensaient que
mes efforts étaient peu judicieux et sans intérêt.
C’était frustrant et douloureux de voir ma mère dépérir, mais à ce
moment-là, son corps avait subi trop de dommages dus au cancer et à la
chimiothérapie. Lentement, elle est devenue de plus en plus faible
jusqu’à ce qu’elle soit clouée au lit et, un soir de début octobre, elle est
finalement morte paisiblement à la maison. Mon père, mon frère et moi
la tenions dans nos bras dans ses derniers instants. Même si le moment
fut paisible, en être témoin était dévastateur. Je ne l’oublierai jamais. Je
me suis sentie si impuissante et sans défense. Une fois de plus, j’ai
touché le fond. La médecine moderne m’avait laissé tomber et avait aussi
laissé tomber ma mère. La mort m’a soudain semblé bien réelle. Ce
n’était plus quelque chose qui n’arrivait qu’aux autres. Je venais d’avoir

60
30 ans et je ne me sentais plus aussi invincible que lorsque j’avais eu
mon premier cancer.
Je savais que je devais approfondir mes recherches et me préparer au
cas où le cancer reviendrait. Du fait de la classification confuse et
trompeuse du cancer du col de l’utérus, j’ai commencé à réaliser que
mon cancer de «stade Ib» était en fait un cancer de stade III, car il avait
atteint plusieurs de mes ganglions lymphatiques. J’étais en réalité tout
près d’un diagnostic terminal de stade IV. Dans les mois qui ont suivi le
décès de ma mère, non seulement j’ai profondément pleuré sa perte, mais
j’étais hantée par des visions de moi-même sur ce lit de mort. C’était un
signal d’alarme fort. Je n’avais pas besoin d’autre chose. Après le choc et
le traumatisme de cette expérience, je voyais ma vie avec un nouveau
regard. J’avais tellement de raisons de vivre. Je ne le savais pas à
l’époque, mais la mort de ma mère allait me sauver la vie. Son décès a
entraîné un revirement de ma propre santé. J’ai commencé à modifier
mon régime alimentaire, à faire plus d’exercice, à me renseigner
davantage et à prêter plus attention au fait que mon corps avait souffert
d’un cancer. J’avais concentré toute mon énergie sur l’infertilité, mais je
n’essayais plus de cacher la maladie comme si elle n’avait jamais existé.
Je savais que ma santé exigeait toute mon attention, que le cancer était
une leçon que j’avais refusé d’écouter jusqu’alors.

Révision complète de mon alimentation


Je devais au moins réduire ma glycémie, j’ai donc supprimé de
nombreux glucides simples comme le pain et le sucre (bien qu’à ce
stade, je ne sois pas allée assez loin) et j’ai supprimé les produits laitiers
et la plupart des viandes, qui contiennent tous deux l’hormone IGF-1 qui
favorise la croissance du cancer. Je mangeais rarement de la viande
rouge, mais à partir de ce moment, j’ai supprimé les aliments que je
trouvais inflammatoires, comme les pommes de terre, les tomates, la
rhubarbe, le pamplemousse et les fraises. Je trouvais ces aliments trop
acides et ils semblaient déclencher une réaction inflammatoire dans mon
corps. Je le sentais. Je venais juste de subir une opération du genou à la
suite d’un accident de ski et si je commettais une erreur sur le plan
alimentaire mon articulation me faisait clairement mal le lendemain.
L’inflammation semble être une force motrice pour le cancer. Je me

61
demandais donc si les aliments déclencheurs de l’inflammation de mon
genou pouvaient redémarrer un autre cancer.
Pour suivre mon régime alimentaire de près, je surveillais si je me
sentais fatiguée après avoir consommé tel ou tel aliment, si j’étais
ballonnée ou si je souffrais de douleurs articulaires. Je faisais la liste de
tout ce que j’avais mangé pour essayer de déterminer quels aliments ne
me convenaient pas. J’ai éliminé des aliments en procédant par essais et
erreurs et il m’a fallu du temps pour déterminer lesquels me posaient
problème. Aujourd’hui, il existe des tests capables de détecter les
anticorps IgG, ce qui permet d’identifier facilement les aliments
incriminés. C’est beaucoup plus simple que cette approche par
tâtonnement, qui prenait du temps et qui était peu précise. Il est apparu
que le blé et les produits laitiers étaient les pires déclencheurs. J’ai
remplacé le thé noir par du thé vert et j’ai commencé à préparer des jus.
J’ai réduit ma consommation d’alcool et j’ai commencé à prendre des
compléments alimentaires. Si le cancer réapparaissait, j’étais sûre d’être
préparée. Je prenais déjà des compléments de glucosamine pour mon
genou, mais j’ai augmenté ma consommation de vitamine C et d’autres
vitamines.
Le sulfate de glucosamine s’est avéré être très utile. C’est un
excellent pro-biotique, il permet de garder un intestin sain, mais il est
peu connu. J’ai également découvert que c’était un inhibiteur des
métalloprotéases, les enzymes qui détruisent la matrice du cartilage. Il
permet aussi de freiner la progression des cellules cancéreuses. Plus
d’informations seront fournies dans les prochains chapitres.
Avec le recul, je me suis rendu compte que j’ai peut-être alimenté ma
maladie en prenant de la vitamine C et de la vitamine E par voie orale.
J’avais supposé qu’en les prenant j’empêchais les «métastases», les
petites cellules satellites envoyées dans une nouvelle zone du corps. Ce
que je n’avais pas encore appris, c’est que les compléments destinés à la
prévention du cancer sont totalement différents des compléments dont
on a besoin quand on a déjà un cancer. J’imaginais avoir vaincu le
cancer, mais c’était totalement faux.

Nouveau symptôme

62
Fin 1998, j’ai commencé à avoir une toux tenace. Je ne suis pas le genre
de patiente qui court chez le médecin au moindre chatouillement, mais
j’étais inquiète. J’avais suffisamment de connaissances sur le cancer pour
savoir que les poumons étaient l’endroit le plus probable pour sa
propagation. Naturellement j’ai été extrêmement stressée par ce nouveau
symptôme. J’étais en état d’alerte.
Le médecin m’a dit que j’avais une simple bronchite. Cependant les
antibiotiques n’ont pas réussi à l’enrayer. J’ai essayé un autre traitement,
qui a encore échoué, alors j’ai décidé d’attendre que la bronchite parte
toute seule. Mais l’infection ne s’est pas résorbée. Chaque fois que je
retournais chez le médecin, on me prescrivait de nouveaux antibiotiques
et un autre microbe apparaissait, comme si j’épluchais les couches d’un
oignon. Une infection en cache une autre. Deux mois plus tard, je
toussais toujours aussi fort. Je n’arrivais plus à croire qu’il s’agissait
d’une infection de plus, alors je suis retournée chez le médecin et j’ai
demandé une radiographie d’urgence. Mon généraliste a accepté et, cet
après-midi-là, je me suis rendue au service de radiologie de l’hôpital de
Chelsea and Westminster, ma demande de radiographie serrée dans ma
main, avec une certaine appréhension sur ce qu’elle allait révéler.
J’ai dit à la radiologue que j’avais déjà eu un cancer et que je
craignais qu’il se soit propagé. Je lui ai demandé de prendre également
une radiographie latérale, car le généraliste n’avait indiqué qu’une seule
vue sur le formulaire de demande. Une «vue latérale» permet de voir
d’un côté à l’autre ce qui permettrait d’écarter tout soupçon. Une
trentaine de minutes plus tard, elle est sortie en souriant, disant qu’on
l’avait examiné et qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter, que tout
semblait parfaitement clair et qu’une vue latérale n’était pas nécessaire.
Ouf! Je me suis dit que je devrais vraiment arrêter de m’inquiéter. Je
me comportais comme une malade typique du cancer, angoissant pour le
moindre détail et la moindre douleur. Mais j’avais déjà été déçue par des
tests auparavant.
Deux mois plus tard, la toux continuait d’aller et venir. Mon doute se
faisait de plus en plus tenace. J’avais entamé une procédure judiciaire
contre le premier gynécologue et le South London Hospital et ma
confiance dans la profession médicale était au plus bas. Je me demandais
pourquoi mes poumons présentaient soudainement tous ces problèmes, et

63
pourquoi cela ne pouvait pas être réglé avec des antibiotiques. Le cabinet
médical me disait souvent que j’étais une personne «inquiète».
Puis un dimanche après-midi d’août, après une quinte de toux, j’ai
senti du sang dans ma bouche. Beurk! Est-ce que c’était vraiment du
sang? Je n’ai rien dit à Andrew, mais je suis montée tranquillement à
l’étage pour tousser dans le lavabo de la salle de bains. Aucun doute, il y
avait une grande traînée de sang. Oh, mon Dieu! Qu’est-ce que cela
pouvait signifier? Je me suis assise au bord du lit, j’essayais de ne pas
paniquer. Réfléchis, Jane! Est-ce que j’avais mangé quelque chose qui
m’avait irrité la gorge? J’ai toussé à nouveau et il y avait encore plus de
sang. Merde. Merde. Merde.
J’ai appelé Andrew à l’étage. Il a regardé le sang, mais il est resté
calme. Peut-être n’avait-il pas tout à fait compris. Même après des
explications sur la gravité de ce qu’il regardait, son visage est resté sans
expression. Il serait un très bon joueur de poker. Souvent, j’ai été agacée
par son absence d’expression d’émotion, mais dans un moment de crise
comme celui-ci, son approche logique, calme et pratique était vraiment
utile.
Nous sommes restés assis à essayer de trouver la meilleure solution.
Où devions-nous aller? Je ne pouvais plus faire confiance à l’hôpital de
Chelsea et Westminster. Je soupçonnais que ma radiographie n’avait pas
été lue correctement. Nous avons décidé de retourner à l’hôpital
Hammersmith, où j’avais reçu tous mes traitements précédents en 1994
et 1995. Le trajet a été long et j’aurais fait n’importe quoi pour ne plus
jamais entrer dans cet hôpital. Les souvenirs et le traumatisme de mon
expérience précédente m’avaient laissé une peur profonde et un dégoût
de l’endroit. À contrecœur, nous sommes retournés dans le bâtiment
sinistre et délabré, la Hammer Househ de l’horreur.
Chaque fois que je toussais, j’avais du sang dans la bouche. Combien
de temps aurions-nous à attendre? Au bout d’une heure, un interne
stressé nous a conduits dans un box. Il nous a posé les questions
habituelles sur mes antécédents médicaux, puis il a essayé toutes les
veines de mes bras et mes mains pour prendre un échantillon de sang. Il
était sur le point d’essayer de me piquer les pieds quand j’ai suggéré
qu’une autre personne devrait peut-être essayer. Andrew n’a jamais été
très bon avec le sang et les aiguilles et il a dû quitter le box, car il ne se

64
sentait pas bien. Je l’ai taquiné à travers le rideau, «Sois un homme!».
J’avais l’impression d’être une pelote d’aiguilles.
On m’a ensuite envoyée passer une radio. Je pensais encore que mes
saignements étaient dus à ce que j’avais mangé au déjeuner. Mais cela
saignait toujours, sans s’arrêter et c’était de pire en pire. Mon coach
professionnel avait l’habitude de dire: «Il n’y a rien qui vaille la peine de
s’inquiéter, sauf si vous allez mourir. Et si vous êtes sur le point de
mourir, il n’y a pas de raison de s’inquiéter.» Ce mantra ne correspondait
pas vraiment au contexte de la maladie, où le risque de douleur et de
souffrance est réel, mais j’ai décidé qu’il avait raison, que je resterais
calme et positive jusqu’à ce que nous sachions exactement ce qui se
passait. Reste dans le présent, Jane. Respire profondément, lentement,
calmement.
J’ai vérifié que le radiologue prenait une vue postérieure antérieure
(arrière-avant) ainsi qu’une vue latérale. Puis Andrew et moi nous
sommes assis et avons attendu. Longtemps. Un interne est sorti pour
nous voir. Il avait l’air très inquiet. «Je dois demander à quelqu’un
d’autre de vérifier le résultat», a-t-il dit. Bien, de toute façon, je voulais
que ce soit vérifié correctement. Même s’il revenait en disant que c’était
clair, j’allais emporter une copie de la radio et demander au moins un
autre avis. Je voulais être sûre à 100% qu’il n’y avait rien. J’avais perdu
confiance et je ne pouvais plus me contenter de l’avis d’une seule
personne s’agissant du cancer.
Nous avons commencé à feuilleter des magazines en essayant de ne
pas trop penser à la radio. Pourtant, nous nous posions la question «Et
si?». Je m’étais préparée à toute mauvaise nouvelle et je pensais que,
quelle que soit l’issue, j’étais maintenant suffisamment informée sur le
cancer au stade IV pour au moins pouvoir tenter de le vaincre. Je savais
déjà où chercher des informations. J’avais une longueur d’avance.
Nous avons attendu et attendu. Il était environ 21 heures et Andrew
avait un petit creux. J’étais trop inquiète pour manger et je ne voulais pas
qu’il s’éloigne et me laisse seule au cas où nous serions appelés. Nous
sommes restés assis en essayant de rester optimistes. Mais le personnel
du bureau se comportait bizarrement. On aurait dit qu’ils parlaient de
nous à voix basse. Je me suis dit que mon imagination me jouait des
tours et j’ai essayé de les ignorer. Pourquoi était-ce si long? Où étaient-

65
ils? Je connaissais déjà la réponse, mais j’étais encore dans le déni.
Finalement, un médecin est arrivé et nous a demandé de venir dans une
autre pièce. Je tenais la main d’Andrew et je la pressais fort. Nous nous
sommes regardés et avons reconnu en silence que ce n’était pas bon
signe. Si les radios avaient été normales, nous aurions été renvoyés chez
nous depuis longtemps, sans être obligés d’attendre et d’arriver ici. J’ai
pris une grande inspiration et j’ai rassemblé tout mon courage. Une fois
dans le bureau, je me suis assise sur le bord du lit. Je faisais de mon
mieux pour me comporter normalement.
Le médecin a fermé la porte et est allé droit au but:
«Malheureusement, il semble qu’il y ait une tâche dans votre poumon
droit.» Je le savais déjà. Il a mis la radiographie sur l’écran et nous a
montré la masse ronde légèrement irrégulière dans mon poumon droit.
Oui, c’était bien ça, un cancer. Il était revenu et je savais sans qu’on me
le dise que j’étais maintenant au stade IV, c’est-à-dire en phase terminale
ou incurable. Essaie de rester calme, Jane. En baissant les yeux, j’ai vu
que mes mains tremblaient. Je lui ai demandé: «Combien de tumeurs
pouvez-vous voir?» Ma voix était assez calme malgré les émotions
turbulentes qui m’habitaient. «Eh bien, nous ne pouvons pas être sûrs
qu’il s’agit d’une tumeur. Nous avons besoin des résultats de l’analyse de
sang pour en être sûrs, et d’une biopsie bien sûr», a-t-il dit.
«Écoutez, je suis kinésithérapeute et je sais qu’il est presque certain
que c’est une tumeur. J’ai eu un cancer du col de l’utérus. Les poumons
constituent l’endroit le plus probable pour une tumeur secondaire.
Maintenant, je crache du sang et il y a une tâche, juste là. S’il vous plaît,
soyez honnête avec moi! La probabilité que ce soit autre chose est
extrêmement faible. Combien de tumeurs pouvez-vous voir?»
Le médecin m’a regardée en silence pendant quelques secondes et
s’est rendu compte qu’il était inutile d’essayer de maquiller l’information
comme ils le font habituellement, ou d’annoncer gentiment la nouvelle
par des demi-vérités, sans être complètement honnête sur la gravité de la
situation.
«Eh bien, oui, c’est très probablement une tumeur, mais la bonne
nouvelle, s’il y en a une, c’est qu’il semble qu’il n’y en ait qu’une, bien
qu’elle soit plus grosse qu’une balle de golf. La mauvaise nouvelle, c’est
que je pense que vous allez devoir rester à l’hôpital. Nous sommes

66
inquiets. Si un gros vaisseau éclate, vous pourriez avoir besoin d’une
intervention chirurgicale en urgence. Nous vous avons donc réservé un
lit dans l’un des services.»
J’étais frappée comme si je venais de recevoir un coup de poing sur le
nez. Ils pensaient donc que je pouvais mourir à tout moment! Merde.
Andrew m’a regardée et j’ai murmuré: «Ça va aller, ne t’inquiète pas. Je
suis sûre qu’ils sont juste trop prudents.» Pourtant, je n’en savais rien. Je
venais de recevoir un diagnostic de cancer en phase terminale et, de
manière étrange, je le prenais bien mieux que cinq ans plus tôt. Perdre
mon utérus, ma féminité et la famille que j’avais toujours désirée plus
que tout au monde avait été bien pire. Je me décrirais généralement
comme une grande émotionnelle (je pleure devant les pubs les plus
pathétiques à la télé), mais un calme étrange s’est installé en moi. J’ai
senti une grande force, un nouveau but et une intention me traverser.
L’instinct de survie coulait dans mes veines. Je renaissais.

Sonnée, mais pas K.-O.


Je savais ce que je devais faire. Je ne devais ni pleurer, ni jouer un
rôle passif ou m’en remettre uniquement au corps médical. On m’avait
trop souvent déçue. En tant que kinésithérapeute, j’avais eu une grande
confiance dans le système médical. J’avais été certaine qu’on allait
s’occuper de moi et me remettre sur pied. C’était une leçon blessante et
douloureuse, mais j’avais découvert que le système pouvait parfois être
totalement inefficace.
En fin de compte, j’ai réalisé que les traitements contre le cancer
étaient malheureusement loin d’être aussi efficaces que la presse le
prétendait. Les «retournements de situation» étaient rares. Le système
était défaillant, il avait été conçu pour profiter à l’industrie
pharmaceutique plutôt qu’au patient. Les patients étaient souvent déçus,
car il n’y avait pas de traitement efficace ni de prévention. Les médecins
attendaient le retour, le coup de hache, avant de se bouger pour traiter les
patients avec le dernier cocktail de produits chimiques toxiques.
Le médecin m’a demandé quel avait été mon dernier marqueur de
cellules squameuses. Il a dit que des marqueurs sanguins pouvaient
révéler une progression du cancer, mais on ne m’en avait jamais proposé
de tester ces marqueurs. Jamais. Je me demandais pourquoi. C’était si

67
simple et non invasif. Pourquoi personne ne m’en avait parlé? Où était la
prévention dans tous ces soi-disant soins?
Lorsque le médecin nous a laissés seuls pour réfléchir à ce que nous
voulions faire, j’ai pris Andrew dans mes bras et nous nous sommes
serrés l’un contre l’autre en silence pendant plusieurs minutes. Je n’avais
ni vêtements ni brosse à dents sur moi pour passer la nuit. «Allez, tu
devrais rentrer à la maison et prendre mes affaires», lui ai-je dit. Il m’a
répondu: «Je ne veux pas te quitter. Je ne peux pas rentrer à la maison ce
soir et te laisser toute seule après ce qu’il t’a dit. Ce n’est pas une bonne
idée. Je veux rester avec toi.»
«Écoute, je ne me sens pas si mal que ça. Je suis sûre qu’ils sont juste
un peu trop prudents au sujet du risque d’éclatement d’un vaisseau
sanguin.» J’essayais d’être rassurante. «On va s’en sortir. À chaque jour
suffit sa peine.»
J’ai été assez surprise de réussir à parler sans avoir l’air paniqué. Je
ressentais soudainement une force intérieure, dont je ne soupçonnais pas
l’existence. Je ne m’étais jamais sentie aussi forte. J’avais l’impression
de renaître de mes cendres. J’étais capable de surmonter cette épreuve.
J’en étais sûre. J’étais confrontée au plus grand défi de ma vie, et j’allais
le relever courageusement. Il était temps d’être un homme, comme je
l’avais dit à Andrew plus tôt.
Avec ce diagnostic en phase terminale, tout s’est soudainement
éclairci. Malgré tout le chagrin qui m’avait envahi auparavant, j’ai
compris que je ne pouvais plus gaspiller la moindre énergie avec une
émotion destructrice. Je devais canaliser mon énergie pour assurer ma
survie. Je n’avais pas envie de mourir. Cela peut paraître évident,
pourtant j’ai rencontré de nombreux patients qui acceptent leur sort avec
peu de résistance. Presque avec un haussement d’épaules d’acceptation.
«Eh bien, j’ai eu une bonne vie!», disent-ils. Ils acceptent que ce soit fini
sans même envisager de se battre. Ils estiment, d’une certaine manière,
que la malchance a joué sa carte et qu’ils ne peuvent pas faire grand-
chose.
Non, il me restait beaucoup de choses à vivre. Je n’avais que 35 ans
et j’ai décidé de mener des recherches sur tout ce qui pouvait m’aider à
combattre le cancer. On disait qu’il n’y avait pas de remède, mais j’étais
sûre que la réponse devait être là, peut-être enfouie dans de vieux papiers

68
ou dans une étude négligée. Je la trouverais d’une manière ou d’une
autre.
J’ai refusé de me considérer comme un soldat blessé boitant vers une
mort prématurée. J’étais une combattante, de retour sur la ligne de front.
Même si je portais de nombreuses cicatrices profondes physiques,
mentales et émotionnelles, elles n’étaient pas suffisantes pour
m’empêcher de me relever et de retourner dans la mêlée.
J’étais prête? Bien sûr que j’étais prête!

h. NdT: Hammer House of Horror est une série d’horreur britannique.

69
Chapitre 4

Des collaborateurs, pas des dictateurs

I
l m’a fallu longtemps pour persuader Andrew de me laisser à
l’hôpital cette nuit-là. Pour être honnête, j’ai failli refuser de rester. À
ce moment-là, la seule chose que je voulais, c’était la chaleur et le
réconfort de mon propre lit, la normalité d’être à la maison, l’assurance
de me réveiller à côté de lui. Mais, apparemment, la situation était
dangereuse. Alors, à contrecœur, Andrew est rentré à la maison, a
rassemblé quelques vêtements pour moi, et a filé à l’hôpital pour me
retrouver. C’était après les heures de visite, mais le personnel a fait
preuve de bon sens et l’a autorisé à rester une heure. Heureusement,
j’avais une chambre individuelle. La dernière chose que je voulais,
c’était le brouhaha d’une chambre partagée. J’avais besoin d’espace pour
réfléchir. Je crachais toujours du sang, un rappel désagréable de ce qui se
passait à l’intérieur de mon corps. Sinon, physiquement, je me sentais
plutôt bien. Mentalement, j’étais terrifiée, bien sûr. Et s’ils avaient raison
et qu’un vaisseau éclatait au milieu de la nuit et qu’il faille m’opérer en
urgence pour me sauver la vie? Andrew était également terrifié, mais
nous avons préféré penser à autre chose, à des choses pratiques, à nous
organiser pour faire face à cet énorme changement de situation.
Notre mariage était planifié depuis trois mois. L’église, la réception,
tout était réservé et les invitations avaient été envoyées. J’ai réalisé avec
une grande déception qu’il y avait de fortes chances que je subisse une
nouvelle chimiothérapie. Non seulement je me sentirais malade, mais je
serais chauve, ce qui, avouons-le, n’est pas le meilleur look pour une
mariée. Ce ne serait pas le mariage dont j’avais toujours rêvé,
magnifique, en bonne santé et… radieux. Au diable ce cancer! Il avait
ruiné mes chances d’avoir une famille et maintenant il ruinait mon
mariage aussi. Nous avons choisi d’attendre avant de prendre une
décision. Nous voulions connaître l’étendue du cancer avant d’annoncer
la nouvelle à qui que ce soit, à l’exception de ma sœur Suzie, qui était

70
médecin. Je voulais lui parler. Elle avait été formidable en m’apportant
son aide la première fois, même si je savais que je m’étais trop reposée
sur elle et que je n’avais pas fait assez de recherches pour moi-même.
Elle connaissait très peu les traitements alternatifs et je savais que, cette
fois, la médecine classique ne suffirait pas à me sauver.
À 23 heures ce soir-là, l’infirmière est entrée et a dit qu’elle était
vraiment désolée, mais qu’elle ne pouvait pas autoriser Andrew à rester
plus longtemps. Nous nous sommes longuement étreints. C’était si dur
de lâcher prise. Je te promets que ça va aller. J’ai un téléphone. Je
t’enverrai un message demain à la première heure. Il a lutté pour partir,
s’attardant à la porte. Les médecins avaient évoqué la possibilité de ma
mort imminente et il craignait que ce soit la dernière fois qu’il me voyait.
«Allez, rentre à la maison! Je vais très bien!» Il est parti lentement, en
m’envoyant un dernier baiser. Je suis restée seule avec mes pensées.
De retour à la maison, Andrew s’est directement connecté à Internet
et a cherché des statistiques et mes chances de survie. En 1999, on ne
pouvait pas obtenir des informations en un clic sur un portable. Pour
moi, coincée à l’hôpital cette nuit-là, c’était probablement une bonne
chose, mais pour Andrew, c’était une autre histoire. Je ne pense pas qu’il
ait réussi à dormir cette nuit-là.
Assise là, seule dans ma chambre d’hôpital, à huit kilomètres de chez
moi, sans statistiques déprimantes à méditer, je commençais déjà à me
sentir plus optimiste. J’ai décidé que je voulais voir la radiographie prise
quelques mois plus tôt à l’hôpital de Chelsea et Westminster. J’avais
besoin de savoir si le cancer était présent à ce moment-là, car je
soupçonnais fortement que le radiologue était passé à côté. À partir de là,
nous pourrions déterminer le «temps de doublement» de la tumeur, la
vitesse à laquelle elle s’était développée. J’avais beaucoup appris sur le
cancer lorsque je m’étais occupée de ma mère, mais pas suffisamment.
Pourquoi ne m’avait-on jamais parlé des tests sanguins?
Étonnamment, j’ai bien dormi. Lorsque les médecins sont arrivés
dans ma chambre à la première heure, j’étais souriante et de bonne
humeur. Honnêtement, ils devaient être dix, tous fascinés par cette
femme de 35 ans atteinte d’un cancer de stade IV. J’avais l’impression
d’être une pièce à conviction. Je pense qu’ils ont été très étonnés par
mon attitude optimiste. Ils ont peut-être pensé que je n’avais pas saisi la

71
gravité de la situation. En effet, j’étais encore en vie. Je n’avais pas
saigné à mort pendant la nuit. C’était un bon début. Ils ont examiné
attentivement la radiographie et ont décidé que les principaux vaisseaux
sanguins étaient suffisamment éloignés de la tumeur pour ne pas
constituer une menace immédiate pour ma vie. Je pouvais donc rentrer
chez moi, à condition de revenir plus tard dans la journée pour d’autres
examens. Hourra! Je n’ai pas perdu une minute pour quitter la Hammer
House of Horror. J’ai téléphoné à Andrew qui est immédiatement venu
me chercher en voiture.

Home sweet home


Le soulagement d’être de retour à la maison était extraordinaire. Après
avoir fait des câlins à mes deux grands chats, j’ai pleuré pour la première
fois du plus profond de mon être, ma tête dans les bras d’Andrew. Je
pleurais, mais je savais que je devais me mettre au travail. Je n’avais pas
le temps de m’apitoyer sur mon sort. J’avais besoin d’avoir le contrôle.
Moi aussi, je voulais savoir ce que disaient les statistiques. Andrew m’a
dit de ne pas regarder, mais j’avais besoin de savoir. Ce que j’ai vu m’a
bouleversée.
À partir de ce moment, tout ce que les médecins faisaient pouvait
affecter mes chances de survie, et trop d’erreurs avaient déjà été
commises. Cette fois, j’allais jouer un rôle important dans le choix de
mon traitement, que les médecins le veuillent ou non! Cette fois, ça allait
être différent. C’était mon corps qu’ils traitaient. J’allais diriger le
spectacle et les médecins allaient jouer des rôles importants, mais pas le
rôle principal. Ce rôle était le mien.
De nombreux médecins sont un peu effrayés lorsqu’un patient pose
une longue liste de questions, notamment sur les traitements alternatifs.
Et si le patient ose parler d’alimentation, il doit s’attendre à un rejet
rapide et méprisant (je déconseille d’aborder le sujet de la cétose
nutritionnelle; cela ressemble trop à l’acidocétose. Le médecin dira
immédiatement de l’éviter!). Ils pensent savoir ce qui est le mieux pour
les patients et estiment que «c’est ça ou rien». Malgré cette attitude
dogmatique, le plus souvent inculquée par des années de formation, je
savais qu’il y existait de super médecins, prêts à écouter les patients et à
respecter leurs souhaits. Les bons oncologues reconnaissent même que

72
les patients peuvent être leurs meilleurs professeurs. Mais j’en ai
rencontré trop d’arrogants, qui semblent prendre plaisir à dénigrer leurs
patients. Cela n’améliore pas la confiance des gens ordinaires, qui se
sentent ignorants et stupides face à la supériorité du savoir médical, ce
qui nourrit l’ego de l’oncologue.
Les mentalités évoluent lentement, mais aujourd’hui encore, je
connais un médecin dont la tasse à café porte la mention «Vous
confondez votre recherche rapide sur Google avec mes six années de
médecine». Il laisse stratégiquement sa tasse sur son bureau lorsqu’il
reçoit un hypocondriaque incurable. Grâce aux réseaux sociaux et à
Internet, de nombreux patients sont devenus des experts de leur propre
maladie.
Il ne fait aucun doute qu’il existe des médecins hautement qualifiés et
compétents, qui comprennent les maladies de leurs patients. Ils leur
exposent les interactions entre les médicaments, l’évolution du cancer,
les statistiques et les options conventionnelles. Ils sont là pour les guider
à travers le champ de mines médical, avec sa terminologie déroutante et
ses pièges cachés. J’ai beaucoup de respect pour leurs connaissances.
Malgré cela, j’avais l’impression que mon oncologue n’avait pas une
vision d’ensemble. J’allais devoir devenir ma propre experte. Je devais
apprendre tous les termes médicaux si je voulais comprendre la
recherche et être traitée d’égal à égal. Je souhaitais que les médecins
m’écoutent, plutôt que de me traiter comme une patiente avec une
grosseur à réduire. Et je devais apprendre rapidement. Les médecins
m’avaient rappelé que le temps n’était pas mon ami.

Mon plan d’attaque


Je n’avais pas l’intention d’abandonner totalement mon traitement
conventionnel, mais j’étais persuadée qu’il y avait d’autres options que
la chirurgie et la chimiothérapie. En effet, la recherche médicale avait
fait peu de progrès au cours des dernières années. J’avais l’impression
qu’il fallait dépasser les traitements classiques, y ajouter des éléments,
pour traiter non seulement les mutations génétiques, mais aussi les
problèmes métaboliques qui en découlent. Or ces aspects avaient été
ignorés par le courant dominant en cancérologie, malgré les recherches
d’Otto Warburg qui remontaient à 1924.

73
Pour battre mon ennemi, je devais le connaître. Je devais découvrir
ses moindres nuances, exploiter ses points faibles, ses talons d’Achille,
et les frapper tous ensemble. J’allais l’attaquer sous tous les angles
possibles, que ce soit avec des médicaments conventionnels, des
compléments ou des traitements alternatifs. Il devait y avoir d’autres
solutions que la chirurgie et la chimio.
En tant que kinésithérapeute, j’ai été formée à la science et à la
médecine fondée sur des preuves. Je savais que des combinaisons de
médicaments étaient testées pour certaines pathologies, par exemple pour
les infections par le VIH. Le cancer se caractérisait par une signalisation
cellulaire et des voies anormales très complexes, alors je m’interrogeais
sur les combinaisons qui pouvaient être utilisées pour le combattre. Il n’y
en avait pas.
Lorsque j’ai parlé à ma sœur le lendemain, elle a essayé de rester
optimiste malgré sa colère. «Oh non! Tu as encore des ennuis!», a-t-elle
dit, en utilisant l’expression de maman pour son cancer. Des ennuis. Je
me suis demandé si elle était dédaigneuse. Non, elle essayait de
minimiser l’impact émotionnel. «Oui, on peut le voir comme ça», un
petit problème irritant, un enfant déboussolé qui a besoin d’une pause.
Pas un ennemi invincible.
J’ai commencé à élaborer mon plan d’attaque. Je l’ai dessiné sur une
carte. Au centre, j’ai dessiné un petit cercle en dents de scie qui
représentait les ennuis, puis j’ai dessiné des flèches qui le frappaient de
toutes les directions. Au nord, la flèche de la chirurgie. Au sud, la
chimio. Mais ces deux flèches n’étaient pas suffisantes. Je savais que le
problème devait aussi être attaqué par des flèches venant de l’est, de
l’ouest et de toutes les autres directions. Je l’ai même visualisé en 3 D.
Une chose dont j’étais sûre, c’est que j’allais devoir adopter un
régime alimentaire encore plus strict. Le cancer voulait du glucose. En
grande quantité. Si je pouvais le réduire, cela affaiblirait au moins ses
défenses. C’était logique, non? J’ai ignoré les médecins qui me disaient
que l’alimentation ne ferait aucune différence. Je n’y croyais pas.
Au cours des trois premiers jours qui ont suivi le début de mes
crachats sanguins, j’ai subi des tomodensitométries et des échographies,
j’ai été auscultée et piquée à plusieurs reprises à l’hôpital. Le mercredi
de cette semaine-là, le stade de mon cancer a été confirmé. La recherche

74
d’autres tumeurs était terminée. À mon grand soulagement, il n’y en
avait pas d’autres, mais on m’a quand même diagnostiqué un stade IV.
Le fait que je n’aie qu’une seule «tache» m’a aidée à accepter le
diagnostic. Cela m’a rassurée, car je craignais que le cancer, resté tapi en
moi pendant tout ce temps, ne se soit propagé ailleurs.
Est-ce que j’avais eu de la chance ou est-ce que mon changement de
régime alimentaire depuis la mort de ma mère avait contribué à le
ralentir? À ce stade, la maladie était normalement évolutive et agressive.
Je savais que tout ce que j’avais fait avait eu un effet. Étrangement,
c’était assez rassurant au milieu de toute cette morosité. J’étais certaine
que mon alimentation pauvre en sucre et les compléments alimentaires
que je prenais m’avaient aidée. Le régime alimentaire ne fait aucune
différence? N’importe quoi. J’avais déjà prouvé que c’était faux.
L’oncologue voulait également faire une biopsie de ma tumeur. Il
était hors de question que je le laisse faire! Pour quoi faire? Juste pour
prouver que c’était une tumeur? C’était un examen inutile. Il était très
peu probable que ce soit autre chose et cela ne changerait rien à mon
suivi médical. Ils allaient de toute façon l’enlever chirurgicalement.
J’estimais qu’ils pouvaient attendre et procéder à l’histologie après avoir
découpé la tumeur correctement. Je ne voulais pas prendre le risque de
briser la capsule qui entoure le cancer, et augmenter ainsi la probabilité
qu’il se propage ailleurs. Il me semblait que c’était une question de bon
sens. À mon avis, les biopsies étaient risquées, car elles pouvaient
perturber la tentative du corps de contenir les dommages.
Les tumeurs ont une sorte de capsule fibreuse. Une tumeur de la taille
d’une pointe de crayon peut contenir des milliards de cellules
cancéreuses et les chirurgiens font tout leur possible pour ne pas les
répandre lors de l’opération, en particulier lors de la chirurgie
pulmonaire. Je savais que la propagation métastatique post-chirurgicale
était un phénomène répandu que les chirurgiens ne mentionnent jamais
au patient et qu’ils ne semblent même pas reconnaître. Quel était l’intérêt
de poignarder la tumeur avec un couteau à biopsie et de laisser la porte
ouverte? Je ne voulais pas que d’autres cellules tumorales errent dans
mon corps à la recherche d’un autre endroit confortable où vivre. Cette
divergence d’opinions a donné lieu à une «discussion» animée avec le
médecin pendant trente bonnes minutes. Je lui ai dit en termes très clairs

75
que je ne voulais pas qu’ils découpent la tumeur. Finalement, nous
sommes parvenus à un compromis. Je l’ai autorisé à prélever un
échantillon de crachat à proximité par bronchoscopie, mais en aucun cas
il ne devait pénétrer dans la tumeur. Il a compris le message. Je
commençais à avoir l’impression que je pouvais avoir un certain
contrôle, que j’allais peut-être pouvoir être entendue dans ce manège
médical, mais bon sang, cela n’allait pas être facile.

Choisir le bon partenaire


Je n’étais pas d’accord avec l’oncologue qui m’avait été envoyé à
l’hôpital Hammersmith. Je ne me souviens même pas de son nom, car je
ne l’ai vu que deux fois. Il avait été brusque, dédaigneux et méprisant.
Coincé dans son approche rigide et aveugle, il n’était pas en mesure de
répondre à mes questions et semblait m’en vouloir de les poser. Je l’ai
rapidement écarté de mon équipe. Je voulais retrouver la professeure qui
m’avait soignée la première fois. Elle avait quitté Londres pour
s’installer à Guildford, à une heure de route, mais je savais qu’elle valait
le déplacement. Je préférais faire des kilomètres pour trouver quelqu’un
qui me connaissait et qui était plus susceptible de tolérer mes difficultés
et mon comportement inhabituel. Elle m’a écoutée et m’a respectée.
J’avais besoin d’une collaboratrice, pas d’un dictateur.
J’ai découvert qu’entre le diagnostic primaire et le diagnostic
secondaire, lors de chacune de mes visites semestrielles de routine au
cours des cinq dernières années, une simple analyse de sang aurait pu
être effectuée pour détecter les changements. J’étais indignée de
constater que le système avait été défaillant à tous les niveaux. Les
résultats du test montraient que j’avais un taux élevé de l’antigène du
carcinome spinocellulaire (environ 190). Le taux normal est inférieur à
150. Plus le chiffre est élevé, plus la maladie est active. Donc un taux de
190 n’est pas optimal, mais n’est pas non plus catastrophique. J’étais
persuadée que mon régime alimentaire et mon mode de vie plus sain
avaient permis de maintenir ce chiffre plus bas qu’il n’aurait pu l’être.
Est-ce que j’avais privé le cancer de ce dont il avait besoin pour se
développer?
J’ai contacté l’hôpital de Chelsea et Westminster et j’ai obtenu leur
radiographie de mes poumons. Lorsque je l’ai montrée à mon oncologue,

76
elle a pu constater que l’on voyait clairement la tumeur. J’ai senti que je
ne pouvais pas laisser passer ça sans commentaire, et j’ai donc écrit au
directeur de l’hôpital. Étonnamment, j’ai reçu une lettre d’excuses
contrites, mais au moins ils avaient reconnu leur culpabilité. Mais je
n’avais pas récupéré la radiographie pour dire «je vous l’avais bien dit!»
(certes, c’était tentant): je voulais surtout montrer aux médecins que la
tumeur avait grossi au fil du temps. Elle était bien au même endroit,
même si elle était plus petite. Maintenant que je connaissais son
emplacement, je pouvais la repérer facilement. Cela aurait dû être
évident pour tout radiologue digne de ce nom. Or depuis la dernière
radio, la tumeur n’avait pas eu une croissance rapide, pas au rythme que
je craignais, ce qui signifiait aussi que mon mode de vie limitait sa
croissance. Sachant que je vivais avec depuis plusieurs mois, je n’étais
pas complètement paniquée. Je me demandais s’il était possible de la
contrôler avec un régime encore plus strict et avec des compléments
alimentaires. J’ai décidé de ne pas me précipiter vers un traitement ou
une opération. J’avais besoin de faire des recherches plus approfondies et
de prendre mon temps avant de confier à nouveau mon corps à la
profession médicale. J’ai pris la décision d’attendre quelques semaines
avant de me faire opérer, pour faire le point et me préparer à la bataille
qui m’attendait.
Naturellement, mes frères et ma sœur ont été choqués quand nous
leur avons appris la mauvaise nouvelle. J’ai deux frères cadets et une
sœur aînée. La maladie de maman nous avait tous rapprochés. Le
nouveau diagnostic que je venais de recevoir, si peu de temps après
l’enterrement de notre mère, a été un coup dur pour eux. Auraient-ils à
subir une fois de plus angoisse et chagrin? Nous étions unis dans la lutte
contre le cancer, mais la présence de médecins dans ma famille a
compliqué mon parcours de santé, car nous avions des points de vue
différents. Ils s’étaient montrés sceptiques face à mes suggestions pour
maman. J’ai donc décidé de ne pas discuter de mes projets «alternatifs»
avec eux, au cas où ils me décourageraient ou m’influenceraient d’une
manière ou d’une autre. Je voulais être entièrement responsable de mes
décisions si je décidais de prendre un autre chemin. J’étais ouverte à
leurs idées et réceptive à leurs suggestions, mais j’essayais de suivre ma
propre voie. Ils ont judicieusement décidé de me laisser agir à ma guise,
sans porter de jugement.

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J’ai appris plus tard que Suzie avait discrètement informé ma famille
qu’elle pensait que j’avais peu de chances de survivre un an. Je suis si
heureuse de ne pas l’avoir su! Heureusement, personne ne me l’a jamais
dit franchement, même si je l’avais lu sur Internet. La durée moyenne de
survie était de douze semaines. Les prédictions de ce genre peuvent
influencer la durée de survie, surtout lorsqu’elles viennent d’un membre
de la profession médicale. Cette satanée blouse blanche est vraiment trop
puissante.
Je me suis souvent demandé si les médecins devaient informer les
patients de la durée moyenne de vie d’une personne atteinte de la
maladie au même stade que le leur. D’un côté, c’est profondément
déprimant, mais chaque patient est différent, certains se réfugient dans
un cocon protecteur dont ils ne ressortent jamais. D’un autre côté, il est
important de connaître la profondeur du bourbier dans lequel vous vous
trouvez, afin de pouvoir agir de manière appropriée.
Armée de quelques connaissances, j’étais assez forte pour affronter
mes statistiques. Personne ne se battrait contre ça aussi fort que moi.
J’allais défier cette sentence de mort. J’ai appris que le cancer devenait
de plus en plus difficile à traiter et de plus en plus résistant aux
traitements classiques à mesure qu’il progressait. Au stade IV, la
profession médicale considère que la maladie est incontrôlable. Les
oncologues restent convaincus que le combat est vain, que les
traitements finiront par échouer, que nous ne faisons que «retarder
l’inévitable».
Je voulais essayer quelque chose de drastique. On ne peut pas
éteindre un incendie avec un simple seau d’eau. C’était une situation
urgente qui exigeait une réponse immédiate. Selon les définitions
classiques, dans la plupart des cas, le stade IV signifie qu’il vous reste
moins d’un an à vivre. Le stade III signifie que vous avez généralement
plus d’un an à vivre, avec la possibilité de vaincre complètement le
cancer si vous avez de la chance. Plus il est gros, plus il est agressif et
plus il s’est propagé, plus la réponse doit être importante, et, en ai-je
déduit, plus il doit être attaqué sous de multiples angles. Je ne
comprenais pas pourquoi les oncologues persistaient à adopter leur
approche de monothérapie, en s’attaquant uniquement à l’angle
génétique et non au métabolisme du cancer.

78
Il était clair que j’avais beaucoup de travail à faire. La monothérapie
revenait à traiter chaque patient cancéreux comme un cobaye dans une
grande expérience. Nous participons à ces essais parce que nous pensons
que c’est «pour le bien de tous». Mais une maladie aussi complexe que
celle-ci exige une solution tout aussi complexe. Une combinaison
d’approches métaboliques et génétiques. Et qu’en est-il du choix du
patient? Un patient de stade IV étant considéré comme un patient de
phase «terminale» ou en «phase finale», n’avons-nous pas le droit
d’intervenir dans les décisions relatives à notre traitement? D’avoir notre
mot à dire sur la manière dont nous mourrons? J’avais l’impression que
nous étions des pions dans un système au service de l’industrie
pharmaceutique.
Je n’allais pas laisser la peur guider mes décisions.

79
Chapitre 5

Une Sherlock Holmes du cancer

C
’est ainsi que j’ai commencé à chercher des réponses à mes
questions. Je n’ai pas limité mes recherches aux traitements
alternatifs, comme le font de nombreux patients. Je n’étais pas
contre les traitements conventionnels. En fait, j’ai découvert que de
nombreux domaines de l’oncologie conventionnelle n’avaient pas été
étudiés. J’ai exploré PubMedi de long en large et j’ai lu un très grand
nombre d’articles médicaux. Je suis devenue une «Sherlock Holmes» du
cancer. J’ai cherché des indices afin d’essayer de donner un sens à cette
image confuse et complexe.
Les recherches publiées portent surtout sur l’activité des gènes dans
le cancer. Je me suis interrogée sur les autres aspects des tumeurs,
comme les facteurs de croissance utilisés pour s’alimenter. Ces facteurs
de croissance, comme l’IGF-1 et le facteur de croissance endothélial
vasculaire (VEGF), étaient clairement liés à une inflammation et à des
changements métaboliques. Or la consommation de sucre, de viande et
de produits laitiers les aggrave. Il m’a semblé que les chercheurs en
oncologie avaient tellement mis l’accent sur les changements génétiques
qu’ils n’avaient plus une vision d’ensemble et ils ne tenaient pas compte
de la santé globale de leurs patients. Le cancer est une maladie
systémique. Ses marqueurs sont détectables dans le sang, il affecte donc
l’ensemble du corps. Il ne s’agit pas seulement d’une «grosseur» à
exciser.
Les patients disent souvent qu’ils étaient «en bonne santé» avant
d’avoir un cancer, mais quand on creuse un peu, on s’aperçoit que ce
n’est presque jamais le cas. Ils ont toujours souffert d’infections
antérieures ou de problèmes intestinaux, voire les deux. En parcourant la
littérature médicale, j’ai découvert que des inhibiteurs de la cyclo-
oxygénase (COX) pouvaient être utiles dans le traitement du cancer. Je

80
n’avais jamais entendu parler de ces molécules, mais j’ai eu envie d’en
savoir plus.
La COX est une enzyme liée à l’inflammation. Elle semblait
impliquée dans le processus du cancer en stimulant la croissance de
nouveaux vaisseaux sanguins autour du cancer et en stimulant le facteur
de croissance endothélial vasculaire (VEGF). Ces nouveaux vaisseaux
sanguins apportent des nutriments au cancer pour alimenter sa biomasse
croissante et lui permettre de se développer. Comme mon genou était
souvent douloureux et gonflé, je me suis demandé si je n’avais pas une
inflammation modérée dans l’ensemble de mon corps. Cela pouvait peut-
être expliquer pourquoi mon état de santé s’améliorait si lentement.
J’étais persuadée que la maladie dont je souffrais avait une composante
inflammatoire et instinctivement, il me paraissait important de réduire
cette inflammation.
Un simple anti-inflammatoire pouvait-il inhiber cette enzyme? En
effet, l’aspirine est un inhibiteur de la COX 2 et un inhibiteur du facteur
de croissance endothélial vasculaire. Cela me semblait être une bonne
idée. Je devais simplement me rendre à la pharmacie et acheter le
médicament en vente libre. Je me demandais pourquoi les médecins ne
m’en avaient jamais parlé et ne me l’avaient pas prescrit.

Conversations avec mon chirurgien


J’ai demandé au chirurgien qui allait bientôt m’opérer le poumon, si
ma tumeur exprimait la COX 2.
«Mon Dieu!» a-t-il dit d’un ton condescendant, «Vous avez vraiment
fait vos devoirs!»
«Oui, effectivement. Je voudrais savoir si vous pensez que je peux
prendre un inhibiteur de la cycloxygénase», ai-je répondu, un peu
contrariée par l’insinuation selon laquelle il était impossible à de simples
profanes (il avait oublié que j’étais kinésithérapeute) de mener des
recherches, d’essayer de les comprendre, puis d’avoir l’audace d’utiliser
ce langage secret spécial.
«Il n’y a pas assez de preuves montrant que c’est utile», a-t-il déclaré.
«Je pensais que la chirurgie provoquait une inflammation. Dans ce
cas, j’imagine que prendre un anti-inflammatoire avant et après

81
l’opération serait utile.» J’ai continué, sans être effrayée par son rejet.
J’avais lu que les marqueurs tumoraux augmentaient toujours après une
opération. Je me demandais si cette hausse pouvait être causée par une
inflammation ou par le passage de cellules cancéreuses dans le sang ou
bien encore par un affaiblissement du système immunitaire, voire par
tous ces éléments à la fois.
«Cela pourrait entraîner des saignements d’estomac, a-t-il ajouté. Je
ne vous conseille pas d’en prendre. À vous de voir si vous voulez courir
ce risque, mais dans ce cas, je vous demande de ne pas le prendre trop
près de l’opération, car cela augmente les saignements.»
Il avait raison sur ce point. Je me demandais si un autre anti-
inflammatoire non stéroïdien comme l’ibuprofène pourrait être
préférable et plus compatible avec une opération. En effet, contrairement
à l’aspirine, l’ibuprofène n’est pas un anticoagulant. Le chirurgien
pensait que c’était également risqué. Ça ne me paraissait pas logique.
Toutes mes idées lui paraissaient-elles donc futiles?
Je me suis interrogée sur le risque réel de prendre de l’aspirine. Les
autres anti-inflammatoires non stéroïdiens présentaient un risque plus
élevé d’ulcères d’estomac.
D’après ce que je savais, l’aspirine semblait être prescrite pour la
prévention des accidents vasculaires cérébraux et des maladies
cardiaques. Si c’était sans danger pour certains patients, cela devait l’être
aussi pour moi. J’avais l’intention de consulter les statistiques dès mon
retour à la maison. J’ai décidé de prendre de l’aspirine à faible dose
malgré son négativisme, mais ses paroles m’ont influencée et cela s’est
avéré catastrophique des années plus tard.En effet, si seulement j’avais
su que le risque lié à l’aspirine n’était que de 2% – contre 100% de
risque de mourir –, la décision aurait été facile à prendre. Tout ce qui
pouvait contribuer à améliorer mes chances de survie était assurément un
risque à prendre! En outre, il valait mieux empêcher les cellules
cancéreuses de circuler plutôt que de les laisser se fixer aux parois de
mes vaisseaux sanguins et s’installer ailleurs. J’ai poursuivi mes
recherches.
«Je suis d’accord pour subir cette opération. Je sais que, pour
l’instant, il n’y a qu’une seule tumeur, mais j’ai vraiment peur qu’elle

82
revienne dans le futur et que j’en aie d’autres la prochaine fois. Avez-
vous déjà opéré plus d’une tumeur?»
«Oh oui! Souvent!», a-t-il dit avec un sourire rassurant.
«Combien en avez-vous sorti en une seule fois?» J’étais animée par
une curiosité macabre.
«Environ une vingtaine!», m’a-t-il répondu avec une fierté évidente.
Vingt! Je me demandais s’il restait du tissu pulmonaire après ça. Je
voulais savoir s’il était compétent.
«Est-ce que le patient a survécu?» J’ai immédiatement regretté
d’avoir posé cette question. Je connaissais la réponse avant qu’il ne
secoue la tête.
Une fois de plus, la réalité de ma situation m’a frappée comme la
foudre. J’étais sur le point de mourir. Alors, autant profiter et essayer de
me sentir bien tant qu’il était encore temps. Mes crachats de sang
m’inquiétaient beaucoup, mais, sinon, je ne me sentais pas vraiment
malade. Fatiguée, mais pas malade. Je savais que les traitements barbares
que j’allais subir allaient me perturber et me faire souffrir, mais pas la
tumeur elle-même. J’ai continué mon interrogatoire, en affichant un
visage courageux, en essayant de ne pas buter sur les mots ni d’avoir
l’air ébranlée par cette révélation.
«Andrew et moi venons de nous marier. Serait-il possible de retarder
l’opération de quelques semaines pour que nous puissions profiter de
notre lune de miel?»
«Oui c’est une bonne idée. Allez-y et je programme votre opération
pour la fin du mois de septembre».
Waouh. C’était dans cinq semaines. Cela me semblait une éternité,
surtout en sachant que mon espérance de survie moyenne avait été
estimée à douze semaines. Soit le chirurgien ne me laissait pas beaucoup
d’espoir et voulait me laisser profiter de mes dernières vacances, soit il
pensait vraiment que je pouvais m’offrir un peu de temps pour me
détendre. J’ai opté, probablement à tort, pour la seconde version. Mon
cerveau refusait d’accepter qu’il pensait que je n’avais aucune chance.
C’était trop déprimant. Quoi qu’il en soit, j’ai estimé qu’il était important
de me préparer avant l’opération. J’allais profiter de ces cinq semaines.
Je n’étais pas du tout pressée.

83
En quittant l’hôpital, j’avais déjà décidé que l’approche
conventionnelle n’était pas pour moi. Il ne m’avait pas donné de réponse
claire à propos de l’aspirine et, comme tous les médecins peu enclins à
prendre des risques, il avait opté pour la prudence, mais tant pis. J’avais
un cancer en phase terminale au stade IV. Ma théorie était que tout ce qui
pouvait affaiblir la tumeur était forcément une bonne chose.
Attaquer sous tous les angles. C’était mon mantra. La guerre était
déclarée. J’allais prendre de l’aspirine, évidemment! Les médecins
prescrivaient des chimiothérapies à haute dose sans aucune hésitation! Je
ne comprenais pas pourquoi il était si difficile de prescrire de l’aspirine
alors que je n’avais aucun problème gastro-intestinal. Le chirurgien
acceptait-il aveuglément ce qu’il considérait comme un destin
prédéterminé? Estimait-il que toute intervention, même infime, était
finalement une perte de temps? Peut-être craignait-il que le puissant
General Medical Councilj ne le poursuive en raison de l’absence d’un
essai clinique randomisé? La référence absolue qui permet de s’assurer
qu’aucun médecin ne s’écarte de la ligne de conduite. L’autorité suprême
interdisait aux médecins tout acte innovant tel que la prescription
d’aspirine à faible dose pour aider un patient mourant!
Andrew et moi venions effectivement de nous marier. Quatre jours
après avoir découvert ma tumeur au poumon, j’avais compris qu’il était
inutile d’attendre que mes cheveux repoussent pour organiser notre
mariage. N’ayant aucune idée de la façon dont j’allais réagir à la chimio,
j’ai décidé de ne pas attendre. De plus, si j’étais vraiment honnête avec
moi-même, je ne savais pas combien de temps il me restait sur cette
planète. Je devais être à la fois réaliste et positive. Malgré tous mes
efforts, je ne serais peut-être plus là six mois plus tard. J’ai pensé que
c’était le moment d’aller de l’avant et de s’engager.

Mariage express
Après avoir vérifié qu’Andrew voulait toujours m’épouser malgré ce
nouveau diagnostic, j’ai enchaîné: «Pourquoi pas samedi prochain?» Je
désirais me marier, mais je ne voulais pas me soucier de l’organisation.
Mes rêves d’un mariage de conte de fées étaient déjà brisés et j’avais
besoin de m’en débarrasser. J’avais une tâche plus importante à
accomplir qui demandait toute mon attention. J’ai été ravie d’entendre

84
Andrew répondre: «Excellente idée!» C’était parti! J’ai donc annulé les
préparatifs du grand mariage prévu à Guernesey et j’ai pris l’initiative
d’organiser l’événement à la dernière minute. Pour être honnête, je pense
qu’Andrew était très soulagé. Il déteste les grandes fêtes (alors que
j’adore ça) et l’idée d’un énorme événement avec ma grande famille ne
le réjouissait pas. Il préférait une formalité civile rapide.
«Je vais donc faire la réservation,» ai-je dit, heureuse d’avoir quelque
chose de positif à faire au milieu de tant de nouvelles déprimantes. J’ai
téléphoné à la «mairie» de Chelsea, mais nous étions en août et leur
planning affichait complet pour cette date. Idem à Fulham. Finalement,
je me suis déplacée et j’ai eu une petite discussion en face à face avec
l’officier d’état civil. Sans hésiter, j’ai joué la carte de la «maladie
incurable», et il m’a trouvé un créneau disponible entre deux autres
futurs mariés.
Je n’avais confié, en tout et pour tout, que deux missions à Andrew:
être présent le jour J et apporter une alliance. Il a réussi à oublier
complètement la deuxième moitié de cette longue liste.
«Tu as la bague, n’est-ce pas?», lui ai-je demandé le matin. Je
supposais innocemment qu’il était allé faire du shopping comme nous en
avions discuté la veille pendant que je subissais la bronchoscopie.
L’expression de son visage ressemblait à celle d’un homme qui réalise
qu’une tarentule lui court le long de la jambe et qu’il risque de mourir
s’il fait un faux mouvement. «Hmmm… ah… oh…»
Sans un mot de plus, il a tourné les talons et s’est élancé vers la sortie.
Il m’a dit plus tard qu’il avait frappé si fort à la porte de la bijouterie
encore fermée que la femme de ménage qui passait l’aspirateur avait cru
à une tentative de vol. Heureusement, il avait apporté ma bague de
fiançailles pour connaître ma taille, et en un éclair, le bijoutier a réglé le
problème. Andrew est revenu l’air très penaud, mais je n’étais pas
fâchée. Nous avons ri! Il était naturellement un peu distrait par les
événements récents.
Le jour de notre mariage fut magnifique. Sous un soleil radieux,
entourés d’une vingtaine de proches, parents et amis, dont certains
avaient fait le voyage depuis Guernesey, nous avons bu du champagne et
des cocktails dans le jardin. Une caisse de champagne rosé est arrivée,
offerte par ma fabuleuse tante Jane, de Guernesey, puis nous avons tous

85
marché jusqu’à la mairie. Après la cérémonie, nous sommes allés
déjeuner dans un restaurant français de Pimlico. Nous avons oublié nos
soucis. Il y a eu des larmes de bonheur, beaucoup de joie et du bon vin
(mais pas pour moi).
Cette photo a été prise ce jour-là, en 1999. J’avais une tumeur au
poumon, mais je n’ai vraiment pas l’air d’être en mauvaise santé. Je me
sentais plutôt bien. J’avais acheté une robe en vitesse le jeudi après-midi
(la robe de mariée que j’avais commandée n’était pas terminée) et les
fleurs avaient été choisies la veille au soir. C’est incroyable tout ce que
l’on peut organiser en quelques jours, une semaine après le diagnostic
d’un cancer en phase terminale.

Le jour de mon mariage avec Andrew.

Est-ce que j’ai l’air faible et vaincue? Non. Sur cette photo, on voit
une Jane forte et déterminée. (Et un nouveau mari particulièrement fort
aussi).
La soirée s’est finalement terminée dans une fabuleuse et immense
suite art déco du Claridge. C’était une surprise totale, que nos amis
avaient organisée alors que nous pensions rentrer à la maison. Je me suis
sentie heureuse et bénie d’avoir un tel soutien et un tel amour. Ce fut une
sacrée fête. Nous avons dû pousser les gens dehors à 2 heures du matin.
Je me suis réveillée le lendemain en femme mariée. Je me sentais bien.
Tous les patients atteints d’un cancer réalisent rapidement que la
courbe des découvertes est exponentielle. J’étais convaincue que les

86
indices de survie étaient là, si seulement je pouvais les trouver. Je
refusais de croire qu’il n’existait pas de médicament ni de traitement
capable de détruire mon cancer, après toutes ces années de progrès
médicaux et scientifiques.
C’était en 1999. Nous avions envoyé des gens sur la Lune, fait atterrir
des sondes sur Mars, connecté le monde via Internet, construit la Station
spatiale internationale, et développé des aliments génétiquement
modifiés. Pourquoi n’avions-nous pas de remède contre le cancer?

i. NdT: PubMed est un moteur de recherche sur les articles scientifiques


publiés dans des ouvrages relus par des pairs ou à comité de lecture.
j. NdT: le General Medical Council est l’Ordre des médecins au Royaume-Uni.

87
Chapitre 6

Explorer toutes les pistes

«M
on Dieu!» Andrew venait de trouver par hasard un ticket
de caisse du magasin bio Health Foods. Je l’avais laissé
par inadvertance sur le plan de travail de la cuisine. «Je
me doutais bien que tu étais dépensière», a-t-il ajouté avec un sourire.
«Je sais. Je suis désolée», ai-je répondu d’un air penaud alors qu’il
regardait la facture. «Écoute, si tu en as vraiment besoin et que ça sert à
quelque chose, je peux comprendre», a-t-il dit en me regardant avaler
cinq compléments alimentaires d’un seul coup.
Il avait raison, bien sûr. Mais comment pouvais-je être sûre de l’utilité
des compléments alimentaires? Contenaient-ils autre chose qu’un simple
enrobage? Étaient-ils composés de la bonne quantité d’ingrédients actifs?
Quelle dose de plomb, de cadmium, d’arsenic et d’autres saletés
contenaient-ils? Est-ce que je jetais mon argent directement par la
fenêtre? C’était si difficile à dire. J’achetais des produits de marques de
qualité que je pensais pouvoir me permettre et je croisais les doigts.
Même si j’en consommais peu, j’espérais que cela pourrait m’aider à
retrouver la santé et à guérir.
Chaque fois que je lisais quelque chose sur un nouveau complément
pour lutter contre le cancer, je l’ajoutais à mon cocktail, et à mon
«tableau des soucis». Or à ce stade, je n’avais pas encore appris qu’il
existe une distinction claire entre les compléments qui préviennent le
cancer et ceux qui le traitent. Il y a un point de basculement dans le
développement du cancer, où certains antioxydants utiles pour la
prévention (faibles doses orales de vitamine C, E et N-Acétyl Cystéine
alias NAC, un précurseur du glutathion, un antioxydant essentiel)
changent de camp et soutiennent l’ennemi. Ils contribuent ainsi au
développement du cancer, alimentent sa résistance à l’apoptose (mort
cellulaire), et le rendent immortel. Je l’ai découvert plus tard. À

88
l’époque, je ne faisais pas de distinction entre la prévention et le
traitement.
Dans les mois qui ont suivi, lorsque je n’étais pas en consultation à
l’hôpital, je me plongeais dans tous les ouvrages de référence que je
pouvais trouver. Je découvrais, j’apprenais et j’essayais de démêler la
réalité de la fiction. Les témoignages, les rumeurs et les anecdotes ne
suffisaient pas à me convaincre d’essayer quelque chose. Je posais
tellement de questions à mon oncologue et à mon spécialiste de
l’approche intégrative à l’hôpital que je les rendais fous. Je lisais en
permanence des documents scientifiques. Je cherchais des preuves
scientifiques tangibles. Souvent il n’y avait pas de véritable «science»
derrière les histoires et les anecdotes de survie, mais elles étaient
également ma thérapie. J’ai acheté autant de livres que j’ai pu, à la
recherche d’un schéma récurrent qui les reliait. Je guettais des indices
montrant qu’il était possible de guérir.
Chaque guérison inhabituelle de la maladie était décrite comme une
«rémission spontanée» par les médecins, un terme dépréciatif au regard
des efforts herculéens nécessaires pour y parvenir.
Chaque rémission semblait liée à un changement radical de régime
alimentaire. La suppression du sucre était un thème récurrent et avait
fonctionné pour certains patients atteints de cancer. Cependant, parmi les
régimes anti-cancer que j’étudiais, peu semblaient aller suffisamment
loin dans la réduction de la glycémie. Le terme de régime «cétogène», un
régime plus strict, à très basse teneur en glucides n’avait même pas
encore été défini à l’époque. Bizarrement, certains régimes comprenaient
encore du miel et des pizzas. Le pain et les autres féculents libèrent
beaucoup de glucose. Ce sont des aliments que je classe dans la catégorie
des aliments à indice glycémique élevé. Cela signifie qu’ils augmentent
beaucoup le taux d’insuline. Ce qui est catastrophique pour les patients
atteints de cancer.
C’était le régime préconisé par la professeure Jane Plant dans son
livre à succès Your Life In Their Hands (Votre vie est entre vos mains).
Elle s’était concentrée sur la réduction de l’IGF-1 en diminuant les
apports en viande et les produits laitiers. Jane Plant proposait de
remplacer le sucre par du miel, ce qui ne me semblait pas logique.

89
Comment cela pouvait-il priver le cancer de glucose? Le sucre reste du
sucre, quelle que soit la forme, y compris le miel.
À l’époque, mon tableau des soucis ne contenait que des traitements
dont j’avais entendu parler en faisant des recherches pour ma mère.
C’était en 1999 et les informations étaient encore difficiles à trouver.
Aujourd’hui, Facebook est inondé de «remèdes» et les médecins
alternatifs sont prêts à partager les dernières tendances. En fait, il y a
aujourd’hui tellement d’informations disponibles et de confusion
possible qu’il est difficile de s’y retrouver.
À l’époque, en creusant un peu sur Internet, j’ai découvert le régime
Gerson, la macrobiotique, les enzymes protéolytiques, les amandes
amères et la vitamine C par voie intraveineuse. Je n’avais pas été assez
stricte dans mon alimentation, mais je n’étais pas non plus convaincue
que le régime Gerson poussait assez loin l’approche hypoglycémique.
Ainsi, les pommes de terre y étaient autorisées alors qu’elles figuraient
sur ma liste d’interdictions! Non seulement elles pouvaient augmenter
les taux d’insuline et de glucose, mais en outre, elles faisaient partie de la
famille des morelles noires et pouvaient provoquer des réactions
intestinales. Les pommes de terre sont des aliments alcalins. Elles
neutralisent les aliments acides, mais elles peuvent également provoquer
des inflammations. Or je savais que l’inflammation était un facteur
important de mon cancer. Aujourd’hui, vous pouvez acheter des kits pour
tester votre réaction inflammatoire à la nourriture à partir de seulement
quelques gouttes de sang. Il est intéressant de noter que l’approche de
Gerson semble mieux fonctionner pour les patients atteints de mélanome.
En quoi ce cancer est-il si différent des autres? Son métabolisme était-il
spécifique? Moins lié au glucose? Effectivement, il s’avère que les
mélanomes sont davantage liés à la consommation de graisses et de
glutamine. Les régimes cétogènes sont donc catastrophiques pour les
patients atteints de mélanome.
En 1999, les livres sur les régimes contre le cancer portaient surtout
sur la macrobiotique ou l’approche de Gerson. Je pensais que les deux
options avaient leurs mérites et leurs limites, mais l’approche
hypoglycémique de la macrobiotique, qui met l’accent sur les glucides
complexes complets et riches en fibres, me semblait plus logique. Les
algues, malgré leur aspect peu engageant, étaient probablement utiles. Je

90
me demandais si je n’avais pas une thyroïde inactive et je voulais
augmenter mon taux d’iode naturellement – exactement ce que les algues
étaient censées faire.
De manière instinctive, j’ai pensé que je devais essayer d’affamer le
cancer, mais très peu d’informations étaient disponibles sur les moyens
de maintenir une glycémie basse, en particulier dans le cadre d’un
cancer.

Face au dédale des régimes


L’un de mes amis diabétiques – et patient lorsque j’étais kiné – m’avait
parlé des régimes à indice glycémique bas. Je lui avais épargné une
grave opération du dos. À l’époque, je faisais des recherches pour ma
mère et, pour me remercier, il m’avait donné un livre écrit par Michel
Montignac. Ce Français a été le premier à promouvoir les vertus d’un
régime hypoglycémique auprès du grand public. Son ouvrage s’intitulait
Je mange donc je maigris. Peut-être que mon ami voulait simplement me
dire que j’étais grosse! Dans les années 1990, son régime est devenu très
populaire en Europe. Il n’avait pas été conçu pour lutter contre le cancer,
mais pour perdre du poids, éviter les maladies cardio-vasculaires et le
diabète. Montignac avait été en surpoids lorsqu’il était jeune puis il avait
travaillé dans l’industrie pharmaceutique. Il s’était rendu compte que les
aliments à indice glycémique élevé étaient responsables de prises de
poids et de problèmes de santé. Il avait été le premier à dénoncer la
supercherie du comptage des calories. La qualité et le choix de ce que
nous mangeons sont bien plus importants que le calcul de l’énergie
absorbée par rapport à l’énergie dépensée. Le livre Je mange donc je
maigris a eu beaucoup de succès. Adopter les principes d’une faible
glycémie me paraissait être une bonne idée.
J’ai découvert que la consommation de graisses n’était apparemment
pas un problème pour les taux d’insuline et de glucose. Ce n’était pas le
démon que l’on présentait comme l’ennemi de la santé cardio-vasculaire.
J’ai découvert l’indice glycémique de différents aliments et la quantité
d’insuline libérée par le pancréas pour faire face au pic de glucose libéré
après un repas. J’ai aussi appris comment la préparation des aliments et
les modes de cuisson pouvaient faire de grandes différences en matière
d’indice glycémique.

91
Mon principal objectif était de réduire la glycémie, mais je ne savais
pas quel type de graisses consommer. Il avait été montré qu’une
alimentation riche en graisses pouvait être liée à l’apparition de certains
cancers. D’ailleurs, j’ai découvert que Michel Montignac était mort d’un
cancer de la prostate à l’âge de 65 ans. Son cœur était en bonne santé et
son taux d’insuline était normal. J’ai appris plus tard que le cancer de la
prostate était lié aux graisses et aux protéines.
Il était tout à fait logique de suivre un régime à indice glycémique bas
pour réduire la glycémie. Mais je n’avais toujours pas d’informations
précises sur la manière de priver mon cancer des nutriments dont il avait
besoin. Il semblait essentiel de réduire le glucose et les graisses saturées,
mais je craignais que les régimes riches en graisses puissent nuire à mon
foie et à ma vésicule biliaire.
Le régime préconisé par Je mange donc je maigris était un précurseur
du plus célèbre régime Atkins et du récent Eat Fat, Get Thin (Mangez
des graisses pour maigrir) du Dr Mark Hyman, qui s’est intéressé de plus
près aux graisses plus saines: œufs, noix, avocats, huile d’olive et huile
de coco. Ces deux livres ont pour objectif la perte de poids. Ils n’ont pas
été écrits pour le cancer. Dans le cas d’un cancer, il est essentiel de porter
une attention particulière à la nutrition, au-delà de la perte de poids et des
maladies cardiaques.
Cependant les principes de base du régime ont été particulièrement
instructifs. Ils m’ont appris quels aliments augmentaient les taux de
glucose et d’insuline (les aliments à indice glycémique élevé) et
comment combiner au mieux les aliments. Ils m’ont également appris
comment les préparer et à privilégier une cuisson lente plutôt que rapide
et forte.
Les glucides simples, les céréales raffinées, les sucres, certains fruits,
déclenchent des pics de glucose et d’insuline. Le foie transforme alors
l’excès de glucides et de graisses en davantage de graisses, et c’est le
cœur du problème. En revanche, les glucides à indice glycémique bas
n’entraînent pas de pic d’insuline ou de glucose. Les graisses sans sucre
sont simplement éliminées du corps (par le système de transport inverse
du cholestérol, comme je l’ai appris plus tard).
Mais je ne savais toujours pas quoi faire en matière de graisses. Un
trop grand nombre d’huiles riches en oméga-6 (tournesol, maïs)

92
couramment utilisées pour la cuisson favorisent l’angiogenèse, la
croissance de nouveaux vaisseaux sanguins autour d’une tumeur pour
l’alimenter en nutriments. Ces huiles figuraient clairement sur ma liste
des produits à proscrire.
Je me suis demandé si notre alimentation était carencée en oméga-3.
Ces acides gras présents dans le poisson atténuent l’inflammation et
contribuent à freiner le cancer. Certaines graisses saturées pouvaient-
elles favoriser son développement? L’huile de noix de coco est saturée.
Pouvait-on la consommer en toute confiance? Désormais devenue une
huile phare, elle fait partie intégrante du régime cétogène et présente des
avantages. Bien que constituée de triglycérides à chaîne moyenne (TCM)
à hauteur de 13 à 15%, elle n’est pas totalement bénéfique. J’ai décidé de
m’en tenir à l’huile d’olive et à de petites quantités de beurre pour
cuisiner. Lorsqu’il est issu d’animaux nourris en pâturage, le beurre
contient un ingrédient important, l’ALC (acide linoléique conjugué), qui
a un effet bénéfique sur la santé et qui a été associé à des taux réduits de
cancer. J’ai également pris de l’ALC sous forme de compléments
alimentaires (l’huile d’argousier est peut-être une meilleure option).
La recherche sur les traitements contre le cancer était loin d’être
claire. En particulier lorsqu’il n’y avait pas eu d’essais appropriés ou
lorsque les données avaient été manipulées2. Je découvrais que la santé
intestinale était d’une importance cruciale pour le système immunitaire,
mais j’étais plus que dubitative face aux lavements au café recommandés
par le protocole Gerson. Ils prétendaient «nettoyer» le côlon, ce qui était
probablement une bonne chose, cependant si je suivais les préconisations
de ce régime (trois lavements par jour, apparemment!), je craignais qu’ils
n’entraînent la perte de nutriments ou d’électrolytes précieux, comme le
magnésium.
Selon le régime Gerson, les lavements pouvaient faciliter la libération
de glutathion par le foie, ce qui, je l’ai appris plus tard, pouvait en fait
faciliter la progression du cancer. J’ai commis l’erreur classique de
penser que le glutathion était bénéfique pour le cancer. Si je devais
essayer les lavements, je ferais d’abord des irrigations du côlon après ma
chimiothérapie et je n’utiliserais que de l’eau. Une grande partie de la
thérapie de Gerson repose sur les enzymes protéolytiques. À ma
connaissance, elle ne présentait aucun risque et, dans le meilleur des cas,

93
ces enzymes pourraient au moins m’aider à mieux absorber la nourriture.
Mais il était suggéré de les prendre entre les repas pour dissoudre la
protection extérieure de fibrine créée par le cancer. Je n’étais pas sûre
que ce soit la raison de leur efficacité. Il a souvent été montré que le
cancer est lié aux parasites. Il est possible que les enzymes
protéolytiques aident à se débarrasser des parasites dans l’intestin en
dissolvant leurs membranes protéiques. Mais, à cette époque, je pensais
ne pas en avoir3. Les amandes amères ou le laétrile semblaient
intéressants. Je me suis demandé si ces composés pouvaient aider à
éradiquer mon cancer de manière sélective. Chaque fois que je trouvais
une information qui semblait utile, un autre livre ou un site Internet
venait la contredire.
J’ai acheté de nombreux livres, je me suis abonnée à des revues sur le
cancer et la santé intégrative et j’ai passé des semaines à la bibliothèque,
à siroter du thé vert, à prendre de plus en plus de compléments
alimentaires et à boire (aussi vite que possible) mon insipide «jus de
base». J’ai parcouru les revues médicales, PubMed et Medline. J’ai lu de
nombreux livres de développement personnel et des ouvrages énormes
sur les thérapies alternatives du cancer. Je cherchais à tout prix des
indices. Le Dr Ralph Moss et Burton Goldberg m’ont apporté des
informations fascinantes sur les traitements complémentaires. Combien
de traitements alternatifs pouvaient m’aider? Un traitement à base de gui,
l’Iscador semblait intéressant. Les toxines de Coley? Les infusions de
type Essiac? Je voulais explorer toutes les pistes. Mais quelles étaient les
plus probantes? Des données sérieuses montraient que la vitamine C en
intraveineuse à haute dose pouvait augmenter l’oxygène autour d’une
tumeur. Ce qui aiderait à la tuer.

Combiner les approches


Je me suis demandé ce qui se passerait si je combinais chimiothérapie et
vitamine C par voie intraveineuse. Cela accroîtrait-il les effets de la
chimiothérapie et contribuerait-il à renforcer mon système immunitaire?
J’ai été tentée d’essayer d’alterner les deux, mais finalement, la peur de
l’inconnu a eu raison de moi. J’ai décidé d’attendre la fin de la chimio
pour prendre de la vitamine C, en espérant que les compléments
alimentaires soient suffisants pour préserver mon système immunitaire.

94
Après avoir rendu visite au Dr Étienne Callebout, un médecin
intégratif très compétent, mon tableau des soucis s’est bien rempli. J’ai
rassemblé toutes les informations récoltées et j’ai suivi mon intuition,
ainsi que mes recherches, pour choisir ce qui me semblait le plus efficace
pour moi. Le Dr Callebout voulait effectuer un examen complet, prélever
un échantillon de selles pour une analyse approfondie de mes bactéries
intestinales et faire une prise de sang pour évaluer mes taux de
vitamines, d’acides aminés et d’acides gras. Mais dès qu’il a appris que
je devais subir une chimiothérapie, il a jugé préférable de temporiser. J’ai
ajouté les analyses de sang et de selles à ma liste de choses à faire et j’ai
décidé d’attendre un mois après la chimiothérapie pour permettre à mon
pauvre corps de se remettre.
Le Dr Callebout a également émis l’hypothèse d’une carence en
folates, car j’avais subi une chimiothérapie au méthotrexate lors du
premier diagnostic. Les folates sont nécessaires à la formation de novo
des nucléosides, des éléments constitutifs de l’ADN, en particulier la
thymine. Le méthotrexate avait «privé» le cancer de cette vitamine B
vitale nécessaire à la création d’un nouvel ADN de cellule fille.
Intéressant. Est-ce que je pouvais à nouveau ajouter des folates à mon
régime? Le Dr Callebout m’a dit que si je ne prenais pas de méthotrexate
ou de 5FU, je devais prendre des vitamines B. Elles étaient essentielles
pour détoxifier mon corps de l’excès de «mauvais» œstrogène
(œstradiol), connu pour stimuler la croissance du cancer. Il m’a
également recommandé de prendre de la niacine, une vitamine B, même
si cela me donnait d’étranges bouffées de chaleur pendant quelques
minutes – une réaction courante, normale et qui n’est pas synonyme de
toxicité4. Je crois maintenant que la niacine devrait faire partie de la
plupart des protocoles de lutte contre le cancer. En effet, elle contribue à
l’affamer en réduisant les graisses.
J’ai pris des compléments en espérant qu’ils ciblent différentes voies
et divers facteurs de croissance du cancer et les bloquent. Ces aspects
avaient été ignorés par la médecine conventionnelle. Je n’ai pas tardé à
tutoyer les responsables de mon magasin de produits diététiques local. Je
suis persuadée de les avoir aidés à pérenniser leur activité grâce à tous
mes achats. Je jetais rapidement tous les tickets de caisse à la poubelle,
hors de la vue d’Andrew.

95
Au début, j’ai eu du mal à croire que des traitements potentiellement
utiles étaient restés dans l’ombre. Pourtant, plus je faisais des recherches,
plus il était clair que de nombreuses études étaient biaisées, que les
données étaient souvent cachées, et que la méthodologie était
fréquemment compliquée pour rendre les résultats peu lisibles. Au fur et
à mesure que mes connaissances se développaient, je me suis rendu
compte que le cancer était avant tout une affaire d’argent. Tout ce qui
n’avait pas de brevet était délaissé par l’industrie, en particulier par
certaines des grandes organisations caritatives de lutte contre le cancer.
Survivre grâce aux méthodes alternatives semblait un chemin semé
d’échecs, mais il en allait de même avec les méthodes conventionnelles.
Je soupçonnais que cela soit en partie dû au fait que les patients
commençaient souvent trop tard à chercher des thérapies
complémentaires. En général, plus le cancer est ancien, plus il est
difficile à traiter. J’ai donc gardé l’esprit ouvert. J’ai remarqué que les
gens avaient tendance à ne croire qu’en un seul traitement. Aujourd’hui,
non seulement les patients sont terrifiés par la chimiothérapie, et de plus
en plus nombreux à la refuser, mais il semble y avoir une obsession pour
l’huile de cannabis, quelle que soit la teneur en THC ou en CBD. Je vois
de nombreux patients qui utilisent uniquement le cannabis, le DCA ou le
régime cétogène. Il me semble évident que combiner les approches serait
bien plus efficace.
Mais associer les traitements demande une énorme dose de courage.
Quelles seront les interactions? Est-ce risqué? La solution consiste
probablement à cibler différentes voies du cancer en même temps, mais
les patients ont besoin des conseils d’un médecin qualifié et expérimenté
pour entreprendre des interventions nutritionnelles et médicales.
L’augmentation du nombre de praticiens de la médecine fonctionnelle est
un soulagement pour tous les patients atteints de cancer. Cependant, la
plupart n’y ont pas accès et, vu la pénurie d’oncologues intégratifs,
beaucoup se contentent d’un vœu et d’une prière.
En temps de guerre, la première règle est de connaître son ennemi. Ce
précepte a été la base de toutes mes démarches. J’ai dû surmonter ma
peur de l’inconnu. Comme ma sœur avait l’habitude de dire quand je me
sentais épuisée, ce n’était pas le moment de faire n’importe quoi. Elle
avait raison. C’était en grande partie dans ma tête. Reste forte, reste

96
positive, et continue de chercher des réponses. J’étais convaincue que les
réponses n’étaient pas loin, même si je n’avais pas trouvé de solution
miracle dans les traitements conventionnels ni dans les approches
complémentaires. Je me demandais ce qui manquait. À côté de quoi
étais-je passée? Je cherchais une réponse qu’aucun des deux camps
n’avait trouvée.
L’une des caractéristiques du cancer est que les globules blancs du
patient ne reconnaissent pas le cancer comme l’ennemi. Le cancer
semble les éteindre. Ils avaient besoin d’être réveillés pour fonctionner à
nouveau. Je me suis demandé s’il était possible de réactiver le système
immunitaire. Si chaque traitement que j’avais découvert avait affaibli et
«désactivé» une partie différente de l’armure du cancer, je me demandais
si la combinaison de tous les traitements pourrait permettre au système
immunitaire de prendre le dessus. Est-ce que cela pouvait être le coup de
grâce?
Alors que j’avais encore des doutes sur la chimiothérapie, je suis
tombée sur une nouvelle option appelée chimiothérapie renforcée par
l’insuline. Cette hormone rend les cellules cancéreuses plus perméables à
la chimiothérapie, et permet d’utiliser des doses plus faibles. Cette
méthode avait apparemment beaucoup de succès. Mais je n’aimais pas
l’idée de recevoir toute cette insuline supplémentaire. Je craignais que
cela ne rende les cellules plus perméables au glucose. J’ai décidé de
mettre cette option en sommeil au cas où tout le reste échouerait.
Andrew et moi avons discuté de la manière dont nous devions gérer
la multiplicité des options et l’absence de feuille de route claire. «Le seul
moyen est d’adopter une approche scientifique, ai-je dit. Nous devons
savoir comment toutes ces différentes options affectent réellement mon
cancer. Je vais faire une prise de sang. Les analyses nous indiqueront
peut-être ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.» Andrew a créé
une feuille de calcul Excel et nous avons commencé à reporter mes taux
de marqueurs d’antigènes sanguins sur un graphique. Nous voulions
suivre leur évolution. Les variations seraient probablement très faibles,
mais je pourrais éventuellement repérer une tendance lorsque je
commencerai un nouveau traitement. Je voulais fonder mes décisions sur
des preuves, et non sur des suppositions, même si je savais que je
pouvais commettre des erreurs. J’étais consciente que tout pouvait mal

97
tourner et que le temps pouvait passer vite avant que je n’aie découvert
quoi que ce soit.
Chercher des conseils fiables sur Internet est aussi déroutant que
naviguer dans un brouillard épais. Et potentiellement aussi dangereux. Je
me suis heurtée à des conseils contradictoires et alarmants, notamment
sur l’utilisation de compléments, de vitamines et de jus. Il est difficile
d’essayer d’extrapoler et de disséquer la vérité. Docteur Google peut être
votre ennemi. Lorsque vous passez une demi-heure sur le site Cancer
Research UK (dont l’objectif est de réduire le nombre de décès dus au
cancer), vous découvrez que l’objectif est de faire participer plus de
patients à des essais. C’est du «Big Pharma» à peine déguisé. Si vous
passez du temps sur Wikipédia, vous fuirez tout ce qui n’est pas
conventionnel (Jimmy Wales, le fondateur de Wikipédia est depuis
longtemps un critique acharné des thérapies alternatives et
complémentaires). Les sociétés pharmaceutiques ne veulent pas que l’on
essaie autre chose que leur trio de chimiothérapie, radiothérapie et
chirurgie ou les derniers médicaments ciblés et les immunothérapies. J’ai
dû creuser plus profondément. Beaucoup, beaucoup plus profondément.
Les grandes entreprises pharmaceutiques préféreraient que personne
ne connaisse l’existence d’une substance naturelle tant qu’elles n’ont pas
trouvé le moyen d’en copier les effets bénéfiques en produisant un
médicament breveté lucratif. À l’heure où j’écris ces lignes, si vous
cherchez «traitements contre le cancer non prouvés» sur Wikipédia, vous
verrez deux grandes organisations caritatives. L’une d’elles tente depuis
des années de faire breveter une formulation synthétique de resvératrol
tout en niant l’utilité de ce complément, malgré des recherches faciles à
trouver qui prouvent son utilité.
Il en va de même pour l’hydroxycitrate, un complément qui reproduit
les effets du jeûne et améliore l’efficacité de la chimiothérapie.
L’organisation caritative déjà mentionnée n’hésite pas à déclarer que la
diète ou le jeûne à court terme sont dangereux. Pourtant de plus en plus
de données prouvent le contraire. Et un cancer en phase terminale de
stade IV? Le risque encouru n’est-il pas supérieur? Tant qu’un bon
médicament breveté n’est pas mis sur le marché, on nous recommande
de n’essayer ni régime ni complément. Le débat et la controverse
n’étaient pas plus faciles en 1999 qu’aujourd’hui. Les résultats des

98
travaux de recherche ne m’apparaissaient pas en un clic de souris. Face-
book n’existait pas ni les groupes de soutien sur Internet. J’avais
seulement des articles, des livres et des sites médicaux comme PubMed
et Medline.
Quelques semaines seulement après mon diagnostic et mes
recherches intensives, j’avais énormément appris et j’étais prête pour une
pause bien méritée. Nous nous sommes envolés pour une lune de miel
tardive de quelques jours à Majorque. Nous en avons profité pour faire
une cure de vitamine D. J’avais emporté mes autres compléments
alimentaires dans leurs sachets zip. Je m’attendais à ce que les services
de sécurité m’arrêtent et me demandent d’expliquer pourquoi je
transportais ces réserves à l’apparence suspecte. Andrew avait réservé la
suite «lune de miel» d’un hôtel quatre étoiles. Notre chambre donnait sur
une piscine privée. Des pétales de roses avaient été disposés en forme de
cœur sur le lit. L’atmosphère était détendue et apaisante. Mon mari avait
bien choisi! Bravo! C’était exactement ce dont j’avais besoin. Pendant
cinq jours, j’ai médité et nagé quotidiennement, fait de longues
promenades et suivi un régime méditerranéen sain et pauvre en glucides,
avec beaucoup d’huile d’olive extra-vierge. C’était le paradis.
C’est une stratégie préopératoire que je recommande vivement à tous
ceux qui peuvent se le permettre. J’avais considéré que je n’étais pas sur
le point de mourir à cause de la tumeur, qu’elle ne se développait pas sur
des artères vitales ni sur d’autres structures essentielles à la vie. Ainsi
j’ai pris le temps de m’assurer que j’étais en état de subir l’opération,
mentalement et physiquement. Je savais que le traitement allait me
bouleverser.
Je ne regretterai jamais d’avoir pris la décision de retarder
l’opération. La réaction de presque tous les patients atteints de cancer est
de vouloir enlever une tumeur dès que possible. Ils imaginent que leur
corps abrite une créature extraterrestre parasite et pensent devoir prendre
rendez-vous pour une opération au plus vite. Beaucoup prennent des
décisions trop précipitées, dans la panique. Ils se sentent souvent
intimidés et contraints de subir des opérations rapidement. Après avoir
évalué les dangers de ma situation, j’ai décidé que j’avais besoin de
temps pour que l’aspirine, mon régime strict et les compléments fassent
leur effet. Je ne voulais pas être bousculée.

99
La chirurgie reproduit le processus inflammatoire d’une «apoptose»
massive et entraîne ensuite la production de fibrinogène (tissu
cicatriciel). Cela supprime d’importantes cellules T et cellules tueuses
naturelles, exactement celles dont on a besoin pour éliminer le cancer.
Cela déclenche une réaction inflammatoire dans l’organisme. C’est l’une
des raisons pour lesquelles j’ai estimé que les anti-inflammatoires non
stéroïdiens comme l’aspirine étaient si importants. S’attaquer au
problème de la propagation métastatique post-chirurgicale est un
domaine encore ignoré par les médecins conventionnels, malgré
l’énorme potentiel d’amélioration des résultats en matière de survie, à
peu de frais ou de toxicité.
La science a révélé que ma décision de prendre de l’aspirine en
périopératoire était la bonne. Il a été démontré que la prise d’anti-
inflammatoires pendant deux ou trois semaines avant l’opération, puis
jusqu’à un an après améliore considérablement les statistiques de survie.
Environ 90% des cancers ne sont pas immédiatement mortels, mais ce
sont les métastases qui provoquent le décès. Les patients atteints de
cancer vivent souvent avec de grosses tumeurs, et il est important
d’empêcher la formation de nouvelles métastases. L’aspirine à faible
dose (75 mg) empêche la formation d’environ 20% des métastases5. Des
anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) plus puissants utilisés à court
terme dans certains cancers inflammatoires permettent d’empêcher
jusqu’à 70% de la formation des métastases.
Les professionnels de santé continuent d’ignorer ces interventions
simples qui permettent des améliorations instantanées de la survie. Les
chirurgiens sont fiers de dire que la survie des patients atteints de cancer
est due aux opérations chirurgicales. Ils pourraient améliorer
considérablement les statistiques si seulement ils ajoutaient un anti-
inflammatoire avant et après leurs excellentes interventions
chirurgicales.

Faire les bons choix


Je savais que mes défenses naturelles devaient être optimales pendant
l’opération. Pourquoi donner à mon corps déjà stressé tout ce travail
supplémentaire? Après l’attitude négative de mon chirurgien, la question
des saignements gastriques me préoccupait toujours. J’ai donc demandé

100
à mon médecin généraliste ce qu’il en pensait: il s’est montré un peu plus
encourageant. Après un temps de réflexion, il m’a dit: «Beaucoup de
gens prennent de l’aspirine à faible dose pour prévenir les crises
cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux, donc ça devrait aller.»
Je lui ai demandé: «Est-ce qu’un antiacide pourrait protéger mon
estomac?» «Je n’en suis pas sûr. Je n’aime pas proposer de prendre plus
d’un médicament à la fois et je ne sais pas quel effet cela pourrait avoir
sur votre cancer, alors il est préférable de ne pas le faire», a-t-il ajouté.
Si seulement j’avais découvert la cimétidine (ou Tagamet) à cette
époque! Ce médicament était largement utilisé en médecine clinique
pour traiter les ulcères gastriques. C’était le premier antiacide sur le
marché. Il était en vente libre au Royaume-Uni et il a été démontré
depuis qu’il avait un énorme potentiel de lutte contre le cancer, en s’y
attaquant par le biais multiples voies. L’utilisation d’antiacides à long
terme a été employée dans le cadre de cancers gastriques, mais un coup
de pouce à court terme aurait pu être d’une grande aide.
Lorsque, bien des années plus tard, j’ai découvert la cimétidine en
2007 j’en ai pris pendant trois mois pour renforcer mon système
immunitaire – et j’en prends encore occasionnellement. Je me rends
compte aujourd’hui que la cimétidine aurait également pu protéger mon
estomac de l’aspirine et aurait peut-être même eu un effet anti-cancer
plus important si je les avais pris ensemble. L’inconvénient, c’est que cet
antihistaminique inhibe une enzyme hépatique détoxifiante (le
cytochrome P450), ce qui signifie qu’il augmente le dosage de tout autre
médicament pris simultanément. Mais il peut aussi être utilisé de
manière bénéfique, en augmentant le taux plasmatique d’un médicament
ou en retardant sa clairance pour prolonger les effets anti-cancer dans
l’organisme.
Ce composé peut notamment être utilisé en post-opératoire. Après
une opération, il y a une période critique de sept jours pendant laquelle
on assiste à une augmentation des cellules T suppressives. Ces cellules
réduisent les taux de lymphocytes infiltrant les tumeurs (TIL), qui sont
les bons éléments qui combattent les cellules tumorales. La suppression
de ces alliés après une intervention chirurgicale est l’une des raisons
pour lesquelles le cancer peut se développer dans un environnement
enflammé. Les effets apparaissent environ 10 mois après l’opération. La

101
cimétidine contribue à inhiber l’augmentation des cellules T
suppressives, ce qui permet alors de maintenir le taux des lymphocytes
infiltrant la tumeur. Si j’avais découvert cet élément crucial avant mon
opération du poumon, j’en aurais certainement pris après l’intervention6.
La cimétidine peut aussi être efficace contre le virus d’Epstein Barr,
même latent. Ce virus est impliqué dans l’activation de nombreux
cancers du sein (ainsi que le virus HPV et le virus MMTV). Lorsque le
brevet de la cimétidine est arrivé à terme, le composé est passé de mode
au Royaume-Uni et il est maintenant difficile de l’obtenir, sauf si vous
avez des amis au Canada, aux États-Unis ou en Allemagne, où la
cimétidine est encore en vente libre.
La ranitidine (Zantac, un inhibiteur H2) et la cétirizine (inhibiteur H1)
sont deux antihistaminiques faciles à se procurer, car ils sont en vente
libre. Ils peuvent être utiles pour leurs effets antiviraux et anti-cancer. Ils
stimulent les lymphocytes infiltrant la tumeur et aident à protéger les
cellules de l’intestin des saignements gastriques. Ils sont peut-être plus
efficaces lorsqu’ils sont associés. (Comme toujours, vérifiez avec de
votre médecin.)
J’aurais peut-être dû être plus confiante à propos de l’aspirine. J’en ai
pris pendant quelques semaines puis j’ai arrêté quelques semaines parce
que mon chirurgien m’en a dissuadée. Une étude7 menée par le
professeur Peter Elwood de l’école de médecine de l’université de
Cardiff et portant sur le risque global d’hémorragie gastrique lié à
l’utilisation de l’aspirine a montré qu’il n’y avait pas de risque accru de
décès par hémorragie gastrique chez les personnes prenant régulièrement
de l’aspirine à faible dose (75 mg). L’étude a également montré que les
hémorragies spontanées des non-utilisateurs étaient beaucoup plus
dangereuses. Elwood espère que son étude permettra aux médecins de
prescrire plus facilement de l’aspirine. D’autres recherches vont dans le
même sens. De faibles doses d’aspirine, administrées en même temps
que la chimiothérapie, renforcent les effets du traitement et augmentent
la survie sans progression à cinq ans (86,6% contre 67,1%), avec un
risque de métastases plus faible8. En général, il faut faire preuve de
prudence lorsque l’aspirine est prise simultanément à la chimiothérapie,
car cela peut augmenter le risque d’hémorragie. En outre, il est
intéressant de l’ajouter à la radiothérapie. Il me semblait que tous ces

102
petits ajouts n’étaient pas seulement cumulatifs, mais qu’ils agissaient en
synergie et multipliaient les effets de chacun. Si je ciblais le problème
dans toutes ces directions, serais-je capable de faire pencher la balance
en ma faveur et de recouvrer la santé?
L’utilisation précoce de médicaments anti-inflammatoires et de
bloqueurs de croissance, comme l’aspirine, me semblait tellement
logique! Pour quelle raison, les oncologues et les chirurgiens – qui
devaient connaître ces données – résistaient-ils encore? Face à des
risques conséquents d’échec, pourquoi n’était-il pas raisonnable
d’essayer une combinaison susceptible de produire une formule anti-
cancer synergique et puissante?
Si 90% des décès sont directement dus à la propagation du cancer,
j’imaginais que l’élimination de 20% des métastases pouvait largement
améliorer les statistiques de survie des patients atteints de cancer. Et ceci
seulement avec l’aspirine. Il est choquant de constater que ce n’est qu’en
2016 que le Cancer Research UK a lancé un essai clinique sur l’aspirine
(Add-Aspirin). Cependant, ils ont utilisé des dosages très élevés et donc
dangereux: 100 mg, 300 mg et même 600 mg! Il s’agissait d’un essai en
double aveugle, ce qui signifie que ni le patient ni l’infirmier ne
connaissent la dose administrée. Si des patients présentent des
saignements d’estomac à cause de ces doses élevées, les médecins vont-
ils alors prétendre que le risque est trop grand, et dissuader les patients
atteints de cancer de prendre ce médicament, ce qui maintiendra ainsi
l’industrie pharmaceutique en vie? Toutes les autres études suggèrent
qu’une demi-dose de 75 mg est suffisante et les données sont là pour le
prouver. Le professeur Peter Rothwell a mené de nombreux essais sur
l’aspirine. Ils ont tous été publiés dans The Lancet ou The Lancet
Oncology. Je crois simplement que les essais ne sont pas nécessaires et
représentent un gaspillage de l’argent public. Il serait plus productif pour
l’association de lutte contre le cancer de faire pression sur le NICEk pour
qu’il modifie ses directives et répertorie l’aspirine à faible dose comme
un médicament anti-cancer.
Si vous faites partie des 11 000 participants de l’essai Add-Aspirin, je
vous invite à consulter la littérature et à discuter avec un médecin
connaissant bien les problèmes gastro-intestinaux avant de prendre des
taux potentiellement dangereux d’anticoagulants. Envisagez de prendre

103
une plus petite quantité d’aspirine, sinon vous vous exposerez à des
risques inutiles. En attendant, des patients peuvent mourir inutilement
sans cette petite dose préventive. Comme l’a dit Benjamin Franklin, «une
once de prévention vaut une livre de guérison». Ah, mais la prévention
ne rapporte pas d’argent!
De nombreuses substances naturelles peuvent contribuer à réduire
l’inflammation. J’en avais pris dans mon régime pré-chirurgical:
gingembre, curcuma et bien sûr les huiles de poisson riches en oméga-3.
Il est prouvé cliniquement qu’elles réduisent l’inflammation et elles sont
de plus en plus utilisées à la place de médicaments pour des pathologies
telles que la polyarthrite rhumatoïde. Tous ces compléments présentent
des propriétés anti-cancer qui ont été bien étudiées. Même les
oncologues de la vieille école connaissent la curcumine! Mais ils ne la
proposent pas.
Au fur et à mesure que j’en apprenais plus sur le cancer, j’ai compris
qu’il fallait réduire le facteur de croissance endothélial vasculaire
(VEGF). Le VEGF est un stimulateur majeur de la croissance de la
tumeur. Il favorise l’angiogenèse, le développement de nouvelles cellules
sanguines. L’aspirine réduit l’inflammation, mais également
l’angiogenèse.
À ce stade, mon menu de compléments était le suivant:
• thé vert à forte teneur en catéchine ECGC;
• acide ellagique (présent dans les grenades, les framboises et les
noix, et très difficile à trouver sous forme de complément à
l’époque!);
• resvératrol;
• silibinine (chardon-Marie);
• pycnogénol;
• vitamines B (forme méthylée sublinguale de B12 et folate);
• sulfate de glucosamine;
• curcumine;
• CLAl.
Comme l’aspirine, le pycnogénol peut augmenter le risque
d’hémorragie et doit donc être pris avec précaution. Il s’agit d’un
mélange breveté de plusieurs extraits d’écorce (l’aspirine provient
également d’une écorce), également susceptible d’abaisser la glycémie.

104
Je l’ai pris en même temps que l’aspirine, même si je doublais leurs
risques, car les patients atteints de cancer ont un risque bien plus élevé de
caillots sanguins. Conformément aux instructions, j’ai arrêté tous les
anticoagulants plusieurs jours avant mon opération (certains chirurgiens
suggèrent une semaine d’arrêt). Je n’avais pas l’intention de me vider de
mon sang sur la table d’opération!
L’opération s’est bien passée, sans complications. Un tiers de mon
poumon a été enlevé. Après tout, je pouvais vivre sans. Avant l’opération
j’avais des volumes pulmonaires particulièrement bons, au-dessus de la
normale, donc je me retrouvais maintenant dans la moyenne. Mince. Je
n’aimais pas être dans la moyenne.

Des doutes au dilemme


Après l’opération, j’ai suivi mes marqueurs d’antigènes sanguins. Les
métastases post-chirurgicales sont un problème courant, et je savais que
le blocage du VEGF avec l’aspirine en péri-opératoire pouvait aider.
Mais j’étais rongée par l’inquiétude en attendant les résultats. Il m’a fallu
toute une journée pour trouver le courage d’appeler. D’un côté, je voulais
rester dans le déni. Mais, de l’autre, je savais que j’avais besoin de suivre
ces marqueurs et d’évaluer leur progression à l’aide de mon graphique.
J’ai fini par me raisonner. Le déni n’allait pas m’aider à guérir.
Andrew était à côté de moi lorsque j’ai eu la surprise d’apprendre que
mes marqueurs avaient atteint un nouveau sommet. Malgré tous mes
efforts, ils étaient montés à près de 600, par rapport à 190. La normale
est inférieure à 150. Cela signifiait que j’avais maintenant des cellules
tumorales qui se promenaient dans mon sang et dans mon corps. Cette
idée m’était insupportable. J’étais consternée. Je me suis dit qu’il fallait
s’y attendre, que la chirurgie faisait toujours ça, mais j’étais vraiment
déçue. J’avais l’impression d’avoir échoué. Mon optimisme a de
nouveau disparu. Je me demandais si je pourrais un jour reprendre le
contrôle de la situation ou si le cancer allait désormais me contrôler. Les
interventions médicales avaient aggravé mon état, mais j’espérais que ce
n’était qu’un problème temporaire. Je me demandais si j’avais fait
basculer le cancer au point de ne plus pouvoir le contrôler, si j’étais
impuissante pour le vaincre. Et, maintenant, je ne savais pas comment
faire baisser ces marqueurs. La chirurgie avait-elle été une erreur?

105
Andrew était beaucoup plus pragmatique. «Nous savions que ça allait
arriver. Tu m’as dit que les marqueurs allaient augmenter. Essaie de ne
pas trop t’en faire. Ça ne sert à rien. Tu as toujours dit qu’il y aurait un
afflux de cellules tumorales et une inflammation après l’opération.
Respectons le plan que nous avons défini et laissons ces cellules
tumorales se balader. Tu m’avais dit qu’elles peuvent se métastaser
uniquement lorsqu’elles se fixent à la paroi des vaisseaux sanguins.» Il
avait raison. J’avais décidé que la meilleure stratégie consistait à laisser
ces fichues cellules circuler et à ne pas leur donner la possibilité de se
fixer, de s’accrocher aux parois des vaisseaux sanguins (endothélium) et
de s’installer ailleurs dans mon corps. C’étaient les métastases, ou les
cancers secondaires, qui entraînaient le décès. Si je les empêchais de se
déplacer en prenant de l’aspirine, un anticoagulant, est-ce que mon
armée de globules blancs tueurs de cellules cancéreuses pourrait les
éliminer? L’aspirine est également un médicament anti-plaquettes. Si on
empêchait les plaquettes de former de petits amas qui cachent les cellules
tumorales, mon armée de globules blancs, les cellules naturellement
tueuses, auraient-elles plus de facilité à gagner?
J’avais désormais ajouté la nattokinase, un complément enzymatique
qui digère la fibrine pour réduire ma tendance à la cicatrisation
excessive. Associée à l’aspirine, elle pouvait empêcher mon sang de
devenir trop visqueux. Avec le recul, je me suis aperçue que j’aurais dû
faire certains tests de coagulation du sang. Les problèmes de coagulation
peuvent être très délicats et nécessiter l’avis d’un professionnel. Les
erreurs peuvent être dangereuses.
Après l’opération, j’avais adopté un rituel quotidien de jus verts et de
jus de pomme, de carotte, de céleri et de betterave, d’ingestion de pilules,
de méditation et d’exercices doux, par exemple une marche rapide ou
une promenade à vélo. Puis vint le dilemme de la chimiothérapie.
Je ne savais pas ce que je devais faire, mais comme les marqueurs du
cancer avaient énormément augmenté, la chimio semblait être le bon
choix. Elle aiderait à éliminer les «micro-métastases» potentielles, tous
les petits amas de cellules cancéreuses.
Cependant, elle ferait également chuter mon immunité. Et si j’avais
juste assez de chimio pour tuer le cancer, mais pas assez pour détruire les
cellules immunitaires de mon intestin? Peut-être que je pourrais avoir la

106
moitié de la dose normale pendant deux fois plus longtemps? Cela
pourrait être moins nocif. Pourquoi devoir prendre la «dose maximale
tolérée»? Est-ce que plus était vraiment mieux? Cela semblait si brutal.
Et unidimensionnel. Étant donné que j’attaquais déjà le cancer sous
plusieurs angles, est-ce que la chimiothérapie pouvait être aussi efficace
à des doses beaucoup plus faibles?
Je me suis également demandé s’il existait des médicaments ou des
compléments qui pouvaient agir en synergie avec la chimiothérapie.
J’avais découvert que le thé vert, le resvératrol et la curcumine rendaient
la chimiothérapie plus efficace et j’ai décidé de continuer à les prendre si
je ne souffrais pas trop de nausées9.
Lorsque j’ai abordé le sujet de la prise de compléments alimentaires
pendant la chimiothérapie avec mon oncologue, sa réponse a été
immédiatement négative: «Il faut essayer de rendre cela aussi efficace
que possible. Les antioxydants peuvent anéantir le pouvoir de la
chimiothérapie. C’est mieux si vous les évitez tous.» Mais le thé vert
était un antioxydant. Le resvératrol aussi. Tous deux ont des effets anti-
cancer bien connus lorsqu’ils sont associés à la chimiothérapie. J’en ai
déduit que certains antioxydants pouvaient agir en synergie avec la
chimiothérapie tandis que d’autres pouvaient interférer. Je n’étais pas
convaincue qu’elle avait raison. Les articles que j’avais lus disaient
clairement qu’il y avait des avantages.
Malgré toutes mes réticences, j’ai finalement décidé que je devais
probablement subir une chimio. J’étais soumise à une forte pression, non
seulement de la part de l’oncologue, mais aussi de ma famille. Je savais
que si je refusais cela leur causerait un énorme stress. Ils auraient été
terrifiés si j’avais refusé le traitement. Ils auraient imaginé que je ne
«faisais rien», et que j’attendais passivement que le cancer fasse son
retour. Mais pour moi, la chimio ressemblait à une acceptation passive.
Comme je m’en suis rendu compte, de nombreux patients meurent par
politesse envers leur oncologue et par peur de bouleverser leurs proches.
Cela arrive bien plus souvent que l’on imagine. Les parents et les amis
s’immiscent dans le débat avec leurs opinions sur ce qu’il faut faire, en
insistant sur les traitements toxiques à haute dose parce que ce sont ceux
que les hommes et les femmes en blouse blanche recommandent. À
l’inverse, certains proches bien intentionnés déconseillent fermement la

107
chimio aux patients, alors qu’elle pourrait être bien plus efficace si elle
était utilisée différemment. Les oncologues donnent soit la dose
maximale tolérée soit une dose palliative. Trop ou trop peu. Ni l’un ni
l’autre ne sera curatif. Quel est le juste milieu? La dose qui n’anéantit
pas le système immunitaire? Peut-être une faible dose de chimiothérapie
utilisée avec d’autres traitements?
Être malade est déjà bien assez difficile à supporter, sans avoir ce
bagage émotionnel supplémentaire. Il faut veiller à ce que tous les
souhaits et les désirs de chacun soient pris en compte. Heureusement
pour moi, mes proches n’ont pas interféré avec mes décisions, même si
je suis sûre qu’ils n’étaient pas toujours d’accord. Ils s’attendaient à ce
que la maladie revienne, à voir l’accident de voiture se produire au
ralenti. Parmi eux, ceux qui étaient médecins avaient appris qu’il n’y
avait aucun traitement et que le décès était inévitable. Ils m’observaient
en silence. Ils ne savaient pas trop quoi dire et se demandaient si je ne
me faisais pas du mal ou si je n’aggravais pas les choses.
Certes, la chimiothérapie réduisait la taille des tumeurs, difficile
d’argumenter contre. Mais permettait-elle de se débarrasser du cancer?
J’avais lu que, administrée aux patients au stade IV, elle favorisait un
retour plus rapide et plus agressif du cancer. En effet, la chimio et la
radiothérapie ne parviennent pas à atteindre les cellules souches du
cancer. Mon oncologue a reconnu qu’il s’agissait d’un outil grossier et
brutal qui causait beaucoup de dommages collatéraux, mais elle n’avait
pas grand-chose d’autre à me proposer. Comment s’attaquer à ces
fameuses cellules souches cancéreuses? Est-ce qu’elles réagiraient à la
privation de nourriture? Je cherchais un moyen de les atteindre, soit avec
des compléments anti-cancer soit avec un régime alimentaire particulier.
J’avais donc le choix entre une dose élevée ou rien. En 1999, la
chimiothérapie à faible dose n’était même pas envisagée (elle n’est
toujours pas proposée, malgré de bonnes preuves attestant de son
efficacité et de ses effets moins dommageables pour le système
immunitaire). J’avais l’impression que le cancer était un ennemi
invincible qui nécessitait les traitements les plus barbares. Un assaut
susceptible de générer une énorme souffrance personnelle. Comment le
vaincre autrement? Toute autre offensive moins brutale semblait vouée à
l’échec.

108
Pourtant en mon for intérieur, une autre voix me murmurait qu’il
existait d’autres possibilités. Je me suis demandé si je pouvais
commencer par une dose importante de chimio et la diminuer
progressivement. J’ai alors envisagé de persuader mon oncologue de la
diminuer progressivement après quelques mois, si je réagissais bien.
Cela me semblait un bon compromis. Mais pour la persuader, j’allais
peut-être devoir en rajouter, et me plaindre à grand bruit des effets
secondaires. Je savais que la clé de ma survie nécessitait de renforcer
mon immunité. Le système immunitaire est le contrôleur principal, la
dernière pièce du puzzle, et il avait un rôle essentiel à jouer en détruisant
les cellules cancéreuses de façon naturelle. À l’opposé, la chimio à haute
dose détruisait le système immunitaire et les statistiques montraient
clairement qu’il était toujours atteint à ce stade de la maladie. Je me suis
demandé si une réduction de la charge tumorale serait plus facile à
supporter pour mon corps. Même si j’envisageais cette possibilité, je
n’étais pas convaincue.
Je savais que la réduction du taux de cortisol, l’hormone du stress,
serait essentielle. En effet, des taux élevés de cortisol détruisent les
lymphocytes dans une zone de l’intestin appelée GALT, le centre des
cellules immunitaires. J’avais lu que le jeûne intermittent ou la réduction
des quantités de nourriture aidait également l’immunité. Sur les conseils
du Dr Callebout, j’ai considérablement réduit ma consommation de
nourriture. Je ne mangeais plus après 18 h (alors qu’il suggérait d’arrêter
à 15 h) et je prenais un petit déjeuner le lendemain, tard dans la matinée.
J’ai pris des champignons médicinaux, de la fraction D du maitake, des
bêta-glucanes, un extrait de son de riz appelé MGN3, de la DHEA et de
la mélatonine le soir. Tous ces éléments devaient contribuer à augmenter
le nombre de cellules tueuses naturelles (cellules NK) dans mon
organisme afin de compenser les effets de la chimiothérapie sur le
système immunitaire. En apparence, j’étais positive et optimiste, mais
j’avais vraiment besoin de lutter contre le stress qui montait en flèche.
Les recherches que je faisais en permanence prenaient le dessus sur ma
vie et, inévitablement, je tombais régulièrement sur des statistiques de
survie profondément déprimantes. Peu importe mes efforts, elles
m’assommaient pendant des jours.

109
Je savais que passer le cap des six mois serait un exploit. La mort
pouvait s’abattre à tout moment et m’étouffer, me terrasser au moment
où j’étais moins vigilante. Le cancer exigeait toute mon attention.
Quelqu’un m’avait dit que je devais traverser «180 jours sombres de
l’âme» avant de pouvoir commencer à accepter le diagnostic. Serais-je
capable de tenir jusque-là? Mon âme était déjà bien sombre lorsque j’ai
jeté un coup d’œil par-dessus le bord, dans cet abîme insondable. Je
savais que ces sentiments négatifs devaient être bannis, mais je me
tourmentais avec des pensées morbides. Le cancer était dévorant, il
laissait peu de temps pour la joie, le rire et l’amusement.
J’avais lu que l’hypnothérapie pouvait être utile, alors j’ai consulté un
hypnothérapeute à Putney. Il était merveilleux. Après chaque séance, il
me remettait un enregistrement personnalisé de son traitement que je
pouvais écouter chez moi. Lorsque j’ai commencé à le voir, je pensais
qu’il me restait seulement six mois à vivre. Finalement, il a réussi à me
faire croire que j’avais encore des années devant moi. Oui! Ses séances
m’ont aidée à améliorer mon régime alimentaire et m’ont encouragée à
boire davantage. En effet, j’étais très déshydratée. Il s’est également
concentré sur l’armée de globules blancs qui parcourait mon système.
Grâce à la visualisation, j’ai pu voir ces globules blancs comme des
soldats, éliminant les méchants intrus un par un.
En plus de l’hypnothérapie, j’ai aussi reçu des soins spirituels de la
part d’un guérisseur local, j’ai appris à méditer, je me suis promenée
dans le parc et j’ai passé du temps à me connecter à la nature. Quand tout
le monde se plaignait de la pluie et du vent, je m’emmitouflais
chaudement et je marchais dans le parc avec un grand sourire. J’étais
impressionnée par la puissance de mère Nature. Je voyais de la beauté là
où tous les autres voyaient la banalité. L’éclat des gouttes de rosée, le
vert des feuilles, la majesté des arbres et des collines, le scintillement des
embruns quand je naviguais. Pourquoi tout le monde se plaignait?
Pourquoi les gens ne se réjouissaient-ils pas chaque matin d’être vivants?
C’est comme si le reste du monde était trop occupé, absorbé par les
détails quotidiens, pour se rendre compte de l’incroyable bénédiction que
représente le fait de faire partie de la création. Je m’allongeais sur le sol,
je regardais le ciel et je me sentais connectée à l’univers infini. Comme
j’étais petite et insignifiante! Combien j’avais de la chance d’être en vie!

110
Je me suis sentie renaître, comme si je voyais l’existence à travers les
yeux d’un enfant.
Trois mois seulement après avoir découvert le souci dans mon
poumon, j’avais fait d’énormes progrès. Ma liste de compléments
alimentaires s’allongeait, même si elle semblait infinie. Je voulais que le
terrain, la zone autour du cancer, soit aussi inhospitalière que possible et
que le reste de mon corps fonctionne aussi bien que possible. Mon
régime devenait de plus en plus strict à mesure que j’ajoutais des
aliments à faible teneur en glycémie et que j’éliminais les glucides
simples et les aliments inflammatoires. À ma grande surprise, j’ai eu
moins faim avec ce régime et mon niveau d’énergie a grimpé en flèche.
Je me sentais vraiment vivante!
En 1999, acheter des aliments diététiques n’était pas une mince
affaire. Le choix était extrêmement limité. Même le thé vert était
pratiquement inconnu à l’époque. Lorsque j’en demandais dans un café,
les serveuses me regardaient, l’air incertain et répondaient: «Vous voulez
dire de la menthe poivrée?» J’avais donc pris l’habitude d’emporter des
sachets de thé partout où j’allais, ainsi que mes petits comprimés.
J’étais toujours à la recherche de compléments pour réduire la
glycémie. Il semblait de plus en plus clair que les médecins ignoraient ce
qui était évident. Les patients diabétiques avaient un risque élevé de
cancer. Ils avaient un taux d’insuline et de glucose plus élevé et ces deux
facteurs alimentaient la croissance du cancer. Est-ce que je simplifiais
trop le problème? Je n’étais pas de cet avis. Intuitivement, je me disais
que les médicaments contre le diabète pourraient peut-être également
aider à contrôler la glycémie chez les cancéreux.
À ce moment-là, je ne connaissais pas le médicament miracle qu’est
la metformine. Je n’associais le diabète qu’à la prise d’insuline. Mais
j’en avais déduit que l’insuline allait alimenter le feu et permettre à la
tumeur de recevoir encore plus glucose. Ce n’était pas la solution. Je
voulais suivre une voie naturelle, prendre des compléments ou suivre un
régime qui pourrait faire baisser ma glycémie sans augmenter l’insuline.
C’est alors que je suis tombée sur des recherches publiées dans une revue
et portant sur un ancien extrait de plantes traditionnelles chinoises qui
semblait n’avoir jamais été utilisé pour lutter contre le cancer en
Occident. Cette revue indiquait que cet extrait végétal pouvait contrôler

111
la glycémie et qu’il présentait plusieurs autres propriétés anticancéreuses
incroyables. En outre, il pouvait améliorer tous les aspects de mon
traitement.

k. NdT: NICE, National Institute for Health and Clinical Excellence. Au


Royaume-Uni, institut national de la santé et de l’excellence clinique,
organisation responsable d’établir les standards cliniques.
l. NdT: acide linoléique conjugué.

112
Chapitre 7

Faire appel à mon dragon intérieur

C
’est par hasard que j’ai découvert la berbérine, un extrait de
plantes utilisé depuis des siècles en Chine pour traiter la diarrhée
et d’autres infections, mais presque inconnu en Occident. J’avais
longuement interrogé mon oncologue sur ma tumeur. J’avais besoin de
connaître les bases de la biologie du cancer, mais aussi la composition de
ma tumeur, le comportement des cellules, la vitesse à laquelle elles se
divisaient, leur temps de doublement. Toutes ces informations m’ont
permis de déterminer que j’avais une tumeur kératinisante. La kératine
est une protéine présente dans les cheveux, les ongles et la peau. Il
s’agissait également d’un cancer épithélial, autrement dit une tumeur de
surface.
En écoutant mon oncologue, j’ai réalisé que ma tumeur présentait de
nombreux parallèles frappants avec le psoriasis. Constituées de cellules
épithéliales squameuses, les deux pathologies impliquaient une
inflammation, un renouvellement rapide des cellules et une
surproduction de kératine. C’était intéressant. Je me suis demandé si des
traitements contre le psoriasis pourraient être utiles contre le cancer. J’ai
décidé d’étudier la question.

Les bienfaits des plantes: le Mahonia aquifolium


Un après-midi, je feuilletais des revues médicales lorsque je suis tombée
sur un article publié en février 1999 dans le Journal of Herbal Medicine
par le Dr Maher Succar, formé en Ukraine et enseignant la phytothérapie
traditionnelle chinoise à l’université de Westminster. Il décrivait
comment un extrait particulier d’une plante s’était avéré efficace pour
traiter 80% des patients atteints de psoriasis. Il s’agit du Mahonia
aquifolium dont les principaux ingrédients sont la berbérine et la
berbamine. Il écrivait:

113
Les scientifiques ont découvert récemment que l’extrait de
l’écorce et la racine de Mahonia aquifolium contiennent des
alcaloïdes qui sont de puissants agents antimicrobiens et
antifongiques: berbérine, protoberbérine, berbamine et
oxycanthine.

Des études en culture cellulaire ont démontré que ces


alcaloïdes inhibent la croissance de diverses cellules
tumorales et cutanées, induisent une activité antioxydante, et
atténuent l’inflammation. La puissance de ces alcaloïdes
explique pourquoi l’extrait de Mahonia aquifolium a été
utilisé avec succès pour traiter divers troubles cutanés (par
exemple, le psoriasis, la dermatite, l’eczéma, les affections
fongiques) ainsi que des troubles digestifs et sanguins.

Encore plus intéressant! À tel point que j’ai dû m’asseoir un instant.


L’article ne se concentrait pas uniquement sur l’inhibition des cellules
tumorales. Toutes les personnes atteintes d’un cancer semblent souffrir
de troubles digestifs, donc tout ce qui pouvait les stopper me paraissait
être une bonne chose. Est-ce que ce composé pouvait aider à lutter contre
les champignons, les parasites et autres organismes? Le système
immunitaire fonctionne mieux lorsque le système intestinal est sain.
Le Dr Succar poursuivait ainsi:

Des tests effectués par des chercheurs américains et canadiens


ont révélé que le Mahonia aquifolium est l’un des cinq
agents antifongiques végétaux les plus puissants et qu’il
favorise un métabolisme sain des graisses. Des scientifiques
du National Cancer Institute, NIH, Bethesda, États-Unis, ont
démontré que le Mahonia aquifolium inhibe la lipoxygénase
et l’hydroperoxyde lipidique, et que cet effet pourrait expliquer
pourquoi il semble être si bénéfique pour les malades.

Waouh! Cela me semblait vraiment génial.


En poursuivant mes recherches sur la berbérine, j’ai découvert un
rapport datant de 1995. J’étais de plus en plus excitée. J’ai lu que, par
hasard, des chercheurs de Changchun, en Chine, avaient découvert que la

114
berbérine réduisait également la glycémie. Les recherches avaient été
conduites par Ni Yanxi, un scientifique qui traitait la diarrhée chez les
patients diabétiques. Ainsi, ce composé réduit la glycémie et
l’inflammation, favorise un métabolisme sain des graisses, combat les
microbes dans l’intestin et lutte contre le cancer. Incroyable! C’était
exactement ce dont j’avais besoin.
L’article indiquait qu’une réduction de la glycémie avait été obtenue
avec des doses de 300 à 500 mg, prises trois fois par jour. Aucun effet
indésirable n’avait été observé, même avec des doses allant jusqu’à 2 g!
C’était parfait. Et c’était bon pour la diarrhée, aussi. Le composé aidait à
lutter contre les infections intestinales et contre le diabète. Je savais que
ma santé intestinale était cruciale pour mon immunité et, même si je
n’avais pas de diarrhée, je voulais éliminer toute bactérie pathogène
susceptible de m’affecter. Je voulais que mon système immunitaire se
concentre sur le cancer.
Les propriétés du Mahonia aquifolium et de ses composants, la
berbérine et l’oxycanthine, sont assez impressionnantes:
• réduction des inflammations;
• réduction de la glycémie;
• action antimicrobienne et antifongique;
• forte activité anticancéreuse;
• amélioration du profil lipidique et du métabolisme des graisses;
• réduction des kératinocytes et amélioration du psoriasis;
• amélioration de la santé intestinale (et, ainsi, réduction des fuites
intestinales).
Comment ne pas apprécier ce complément? Si tout le monde en
prenait, les médecins n’auraient peut-être plus de travail! Je devais me le
procurer. Si la berbérine améliore la santé de l’intestin, l’inflammation et
les taux de glucose, il est possible qu’elle puisse également aider à lutter
contre de nombreux cancers. Je sautillais d’excitation en le racontant à
Andrew ce soir-là. Il était ravi que je sois si heureuse, mais il s’inquiétait
de savoir que personne d’autre ne l’utilise:
«Est-ce que tu en es sûre? Je suis surpris qu’il n’y ait pas eu d’essais
ou de recherches en Occident.
– Quels peuvent être les inconvénients? La berbérine est largement
utilisée dans la médecine chinoise depuis des siècles. En Occident, nous

115
sommes bien trop méprisants et peu familiers des concoctions orientales
et nous nous fions bien trop aux essais cliniques randomisés.
– Pourquoi ne pas effectuer des essais cliniques sur des extraits
végétaux naturels?
– Parce qu’il n’y a pas d’argent à en tirer. Pas de nouveaux
médicaments à commercialiser. Je ne doute pas que beaucoup de
médicaments soient très puissants et utiles. Les médicaments modernes
sont le plus souvent issus de découvertes de plantes, qui sont reproduites
synthétiquement, puis brevetées. Je vais chercher de la berbérine, en
prendre et voir ce que ça donne».
J’ai parlé du Mahonia aquifolium et de la berbérine au Dr Callebout,
mon excellent médecin intégratif. Lors de mon premier rendez-vous,
j’avais apporté une longue liste de compléments, et je pensais qu’il allait
en éliminer certains, mais à ma grande surprise, il m’a suggéré d’en
prendre beaucoup plus! Cette fois, il s’est frotté la barbe en réfléchissant
et a dit que la berbérine lui paraissait «très intéressante». Cela me
paraissait plus qu’intéressant. J’avais l’impression d’être Alice au pays
des merveilles, au fond du terrier du lapin, dans une petite pièce, en train
de regarder une bouteille portant la mention «Buvez-moi». J’avais un
cancer en phase terminale, je me sentais enfermée et la berbérine
semblait être une potion magique. Je ne voulais pas qu’elle me rétrécisse.
Par contre, si elle pouvait atteindre toutes les petites tumeurs qui se
cachaient dans mon corps, ce serait super, merci! J’ai trouvé un site
Internet destiné aux personnes souffrant de psoriasis. Ils m’ont envoyé
de la berbérine par courrier, et je l’ai ajoutée à mon régime.
Aujourd’hui, les chercheurs étudient l’étonnant potentiel de la
berbérine, non seulement contre le cancer, mais aussi comme agoniste du
PPAR gammam, antiviral, antimicrobien, antifongique et anti-
inflammatoire. De nombreux herboristes la décrivent aujourd’hui comme
le complément alimentaire le plus puissant du monde. Des initiatives
sont en cours pour que le produit soit vendu sur ordonnance, ce qui, bien
sûr, s’inscrit dans le cadre de la répression exercée par Big Pharma sur
nos choix.
J’ai commencé à prendre du Mahonia aquifolium juste avant
d’entamer la chimiothérapie, sans savoir à quel point il renforçait
l’efficacité du médicament. J’allais prendre des doses maximales de

116
gemcitabine, de cisplatine et de 5FU pendant six mois. Je me demandais
si j’allais être capable de les supporter. Non! Mon corps n’en voulait
plus. Je savais très bien comment j’allais me sentir. J’avais déjà subi une
chimio cinq ans auparavant et j’avais été malade comme un chien. Cette
fois-ci, la dose allait être beaucoup plus forte et le traitement allait durer
beaucoup plus longtemps.

Chimio et division cellulaire


Je ne savais pas que la berbérine est également un bloqueur de canaux
calcium (et pour être juste vis-à-vis du Sherlock Holmes qui sommeille
en moi, les scientifiques de l’époque l’ignoraient aussi). Cette capacité à
bloquer les canaux calcium signifiait que lorsque je recevais une
chimiothérapie, le médicament cytotoxique restait plus longtemps à
l’intérieur de mes cellules cancéreuses. Pour exercer son action, la
chimiothérapie doit attaquer une cellule cancéreuse lorsqu’elle est en
cours de division. La fenêtre thérapeutique entre toxicité et efficacité est
étroite, c’est pourquoi les médecins privilégient l’administration de la
dose maximale tolérée, même si cette dose élevée détruit le système
immunitaire.
Chaque cellule du corps passe par une période de repos avant de se
diviser. Les cocktails de chimiothérapie sont composés de différents
médicaments cytotoxiques qui agissent en attaquant le cancer à différents
stades de sa division. Ainsi, plus la chimio reste longtemps dans la
cellule, plus elle a de chances de l’attaquer pendant sa phase active de
division, et de la tuer. Les cellules cancéreuses ont beaucoup moins de
repos et sont beaucoup plus actives que les cellules saines. C’est
pourquoi les cellules saines de l’intestin (le centre de notre immunité) et
les cheveux s’en sortent moins bien, car ils subissent des dommages
collatéraux10.
La chimio à haute dose ne fait que réduire la taille d’une tumeur. Elle
n’attaque pas les cellules souches qui sont au cœur du cancer. Les
traitements conventionnels qui utilisent à la fois la radiothérapie et la
chimiothérapie laissent derrière eux ces cellules cancéreuses différentes,
celles qui agissent et se comportent différemment des cellules tumorales
plus connues qui se divisent rapidement. Dans la grande majorité des
cas, la chimiothérapie ne permet pas de guérir11 et au stade IV, il n’y a

117
pas de résultats positifs (je décris plus loin, dans la deuxième partie, la
véritable raison pour laquelle la chimio fonctionne en cas de leucémie
lymphoblastique aiguë). Apparemment il n’y avait aucun bénéfice.
Alors, cela en valait-il la peine? Comment pouvais-je rendre le
traitement plus efficace sans paralyser mon système immunitaire,
détruire mon intestin, développer une neuropathie, des problèmes
auditifs, des lésions cardiaques et d’autres effets secondaires horribles,
sans parler du risque de décès par syndrome de lyse tumorale?

Jeûner pour mieux lutter?


J’étais également préoccupée, car les professionnels de santé étaient
obsédés par la taille de la tumeur. Je me suis alors demandé si je pouvais
utiliser mon régime strict pour altérer la croissance future de la maladie
(en effet, on m’avait assuré que la tumeur allait croître et que le cancer
reviendrait, c’était inévitable). Le cancer finirait-il par disparaître de
toute façon, si je le privais de ce dont il avait besoin pour se développer,
sans me soumettre à la chimio? Pourquoi ne s’intéressait-on pas aux
autres aspects de ma santé, à l’exploration des origines de mon cancer?
Pourquoi personne n’avait-il pris la peine de mesurer les taux de
vitamines sériques, comme la vitamine D?
Il me paraissait tout à fait logique d’affamer les cellules cancéreuses.
Des recherches récentes prouvent que le jeûne avant une chimio pourrait
devenir une pratique courante. Mais le corps médical ne l’apprendra que
quand les Fondations sur le cancer auront réussi à faire breveter leurs
propres régimes (au moment où j’écris ces lignes, ils y travaillent, bien
qu’ils affirment aux patients que les régimes ne fonctionnent pas). Un
régime correct protège les cellules normales, laisse intactes les cellules
immunitaires plus actives et diminue les effets secondaires. Le
professeur Valter Longo, professeur de gérontologie en Californie du
Sud, avait étudié la réduction calorique pour ses effets anti-âge. Puis il a
commencé à étudier les effets d’un jeûne de trois jours avant une
chimiothérapie. Les résultats ont été si impressionnants qu’il préconise
désormais de suivre un régime qui imite les effets du jeûne12. Le
professeur Thomas Seyfried, l’un des principaux chercheurs dans le
domaine de la thérapie métabolique du cancer, recommande également
d’affamer le cancer avec le régime cétogène. En 1999, le Dr Callebout

118
m’a suggéré d’arrêter de manger à 15 heures, ce que j’ai fait pendant
quelques semaines. Son raisonnement était que le foie était plus efficace
le matin et que la digestion des aliments était plus difficile le soir. De
plus, s’affaler sur le canapé après le repas du soir, en regardant la
télévision et sans brûler les aliments, semblait être une mauvaise idée.

Frapper l’ennemi affaibli


En 1999, je n’avais jamais entendu parler du terme «cétogène», je ne
m’étais pas particulièrement intéressée à la production de cétones. Mon
régime était ce que l’on appelle aujourd’hui le régime «paléo», un
régime que nos ancêtres ont suivi et qui visait à éliminer les aliments
inflammatoires, à réduire les glucides simples et à diminuer l’IGF-1. Ma
principale priorité était de réduire le dangereux pic d’insuline qui
intervient après les repas et de limiter la glycémie afin de ne pas nourrir
les petites semences de cancer.
À ce stade, ma charge tumorale était faible. Contrairement à d’autres
qui attendent que le cancer revienne avant d’agir, j’étais très active. Je
m’y attaquais tant qu’il était faible et vulnérable. J’étais convaincue que
je pouvais faire beaucoup pour changer les statistiques désastreuses qui
annonçaient son retour. En changeant le type de chimiothérapie, peut-
être en optant pour un médicament moins agressif, en diminuant la dose
et en accordant à l’organisme des pauses plus longues entre les
perfusions, j’espérais avoir plus de temps pour affamer le cancer et
donner à mon système immunitaire une chance de se rétablir. Je
souhaitais vraiment que la dose de chimiothérapie soit plus faible. Cela
signifiait que j’aurais moins de nausées et, en théorie, qu’il serait plus
facile de combiner la chimiothérapie avec d’autres traitements, d’en
renforcer l’efficacité et d’attaquer dans différentes directions.
Malheureusement pour moi, cela ne fut pas possible.
Les propriétés du thé vert me semblaient presque magiques. Il
renforçait l’efficacité de la chimiothérapie, et c’est un inhibiteur de
croissance, car ses deux composants, l’épigallocatéchine gallate (EGCG)
et la catéchine gallate (CG), bloquent le VEGF vasculaire. Mais ses
effets semblent aller au-delà du simple blocage de la croissance des
nouveaux vaisseaux sanguins (angiogenèse). J’ai découvert par la suite
que l’EGCG et le CG sont des inhibiteurs de la glutamate

119
déshydrogénase (GHD), un précurseur de la glutamine (un acide aminé).
C’est un autre nutriment clé que le cancer utilise avec le glucose pour
alimenter sa croissance13.
Même si je ne connaissais pas les voies mTORn ni les autres voies
métaboliques anormales dans le cancer, je prenais de nombreux
compléments qui les inhibaient pendant la chimio: berbérine,
hydroxycitrate, Gymnema, et du pycnogénol. Mon oncologue
s’intéressait à ce que je faisais. Elle était intriguée parce que mon état ne
se détériorait pas comme elle s’y attendait. J’avais du mal à lui en parler,
craignant qu’elle ne réagisse de façon négative, comme l’auraient fait la
plupart de ses confrères. J’avais confiance dans mes choix et j’avais tout
revérifié auprès du Dr Callebout. Mais, avec l’oncologue, j’avançais
prudemment. Je n’avais pas envie de lui cacher des choses ni de lui
mentir. Cela me mettait très mal à l’aise.
Avec le recul (je me délecte à le dire, car je n’aurais jamais pensé
pouvoir un jour regarder en arrière), tant de recherches ont été publiées
au cours des trois ou quatre dernières années sur la berbérine,
l’équivalent naturel de la metformine, que je peux honnêtement dire que
les compléments ont sans doute eu un énorme effet sur la chimiothérapie.
Mais bien sûr, c’est probablement une combinaison de tout ce que je
prenais, un effet de synergie.
J’étais de plus en plus convaincue que le fait d’affamer le cancer, de
compliquer ou restreindre l’accès aux nutriments, puis de porter le coup
fatal avec la chimiothérapie, était la voie à suivre. Pourquoi gaspiller de
l’énergie et des ressources sur un ennemi sans commencer par couper
son système d’approvisionnement, l’affamer et affaiblir ses lourdes
défenses?
À l’époque, les médecins pensaient que les patients devaient recevoir
autant de chimiothérapie qu’ils pouvaient tolérer sans mourir. Les
experts estiment aujourd’hui qu’une réduction de 50 à 70% de la quantité
de chimiothérapie, prise sur une plus longue période, de façon
métronomique (avec des périodes de repos), peut être tout aussi efficace
et beaucoup moins toxique, surtout si elle est utilisée avec d’autres
traitements ou d’autres modalités14. Mais la chimio à haute dose est
tellement ancrée dans les mœurs qu’elle est considérée comme le seul

120
traitement possible. Les oncologues craignent de proposer une
alternative, même si les preuves sont là depuis un certain temps.
S’ils choisissaient une autre voie, ils risqueraient non seulement le
mépris et la dérision de leurs collègues, mais ils pourraient perdre leur
autorisation d’exercer si un patient leur intentait un procès ou si un
collègue oncologue dénonçait leur non-respect du protocole. C’est
exactement ce qui est arrivé à un médecin en Australie. Il n’est pas
étonnant que le traitement du cancer ait si peu évolué en 50 ans.
Si j’abandonnais la chimiothérapie, je désobéissais directement aux
ordres du médecin. J’avais l’impression d’abandonner mon corps en
acceptant cette chimiothérapie et je m’en voulais. Mais j’avais aussi
beaucoup de respect pour mon oncologue, qui était très convaincante.
Finalement, à contrecœur, j’ai cédé.
«Vous voyez c’est comme un traitement aux antibiotiques», m’a-t-elle
dit. Cet argument a été répété par mes proches et mon mari, visiblement
inquiets à chaque fois que je parlais d’y renoncer. Mais ça pourrait me
tuer! Et si ça détruisait mon système immunitaire et que je ne me
rétablissais jamais?» «Oui, moi aussi j’ai peur que cela vous détruise,
mais c’est la meilleure option que nous puissions vous offrir», a-t-elle dit
en essayant de conserver un ton léger. Effectivement, je le savais déjà.
Est-ce que c’était vraiment la seule option? Nous étions en l’an 2000 et
la chimiothérapie ressemblait à une torture de l’âge des ténèbres. Alors,
bien que réticente, je me suis lancée. Et malgré tous mes efforts pour
atténuer les effets secondaires, je me sentais mal. Je n’avais pas encore
pris connaissance des premières recherches qui suggéraient qu’un jeûne
de trois jours avant une chimiothérapie pouvait aider à préserver le
système immunitaire et à réduire les effets secondaires. Quand je ne me
sentais pas malade, j’essayais de continuer à prendre des compléments et
de garder la forme. Je faisais régulièrement des promenades et je sautais
sur un mini trampoline pour augmenter mon taux d’oxygène et me
donner de l’énergie. Si j’en avais envie, je faisais de la voile le week-end
et j’essayais de garder ma perruque!
La berbérine est également très utile pour guérir le syndrome de
l’intestin poreux, endommagé par la chimiothérapie, un effet secondaire
inévitable du traitement. La glutamine est aussi un complément
intéressant pendant la chimiothérapie, car elle est presque intégralement

121
absorbée dans la paroi intestinale. Certains cancers l’utilisent comme
carburant, mais ce composé ne «nourrit» pas le cancer de la même
manière que le glucose15. En aidant à préserver ma paroi intestinale et à
maintenir un meilleur microbiome, l’administration de glutamine
contribuerait à protéger mon précieux système immunitaire, vital pour
ma survie à long terme.
Les effets de mes compléments anti-cancer (berbérine, EGCG,
Gymnema sylvestre, hydroxycitrate, pycnogenol, silibinine) et d’un
régime à indice glycémique bas ont rendu la chimio beaucoup plus
efficace que ce que mon oncologue ou moi-même avions espéré. À ma
grande joie, après mon premier cycle de chimio, mes marqueurs sanguins
ont chuté de près de 600 à 130, soit en dessous de la fourchette normale
de 150. Le soulagement d’être à nouveau dans cette «normalité» était
énorme, même si je savais qu’il ne s’agissait probablement que d’un faux
espoir et d’un sursis.
La chimio à elle seule ne guérit jamais mon type de cancer, elle ne
fait que le mettre en veilleuse pendant un certain temps. Mais il était
temps de célébrer. J’avais gagné une petite bataille. Ce soir-là, Andrew et
moi avons profité d’un dîner tranquille au restaurant italien du coin.
Peut-être que la chimiothérapie à haute dose était OK, après tout.

Mes talents d’actrice


Malgré mon envie d’y croire, je savais qu’il était peu probable que j’aie
gagné la guerre. Après deux mois supplémentaires de perfusions
toxiques, je me sentais de plus en plus mal. À présent, j’étais
complètement chauve et les nausées étaient insupportables. Cette dose
maximale tolérée allait-elle me tuer comme mon oncologue et moi le
craignions? Trop, c’est trop. Je me laissais tirer vers le bas et je ne
contrôlais plus rien. Je me sentais fragile et faible. J’avais l’impression
de devenir une fois de plus une patiente passive et soumise. Je devais
trouver la force de défendre mes droits et de suivre une chimiothérapie
selon mes propres conditions. J’étais dans une situation difficile. J’ai
réalisé qu’une mauvaise décision pouvait faire la différence entre la
survie et des effets secondaires invalidants permanents ou pire, le décès.
Mais j’étais à l’aise avec mon choix. Je voulais une dose plus faible, car
cela pouvait être aussi efficace et moins toxique. D’une manière ou

122
d’une autre, je devais persuader mon oncologue de baisser la dose. Elle
avait tellement insisté que je savais que la partie serait difficile à gagner.
Épuisée, je ne savais pas comment la convaincre. Après une longue
discussion avec mon hypnothérapeute, j’ai décidé d’essayer la tactique
de la patiente butée. J’allais me montrer obstinée, difficile et intraitable.
Les patients passifs meurent. Les patients bruyants survivent. C’est bien
connu.
Mon oncologue m’avait pourtant dit: «C’est votre corps, ne l’oubliez
pas. Vous avez tout à fait le droit de refuser la chimiothérapie si vous le
souhaitez.» Je le savais, mais c’était si difficile de briser la mentalité
selon laquelle le «docteur a toujours raison». C’est ancré dans notre
inconscient. Nous sommes conditionnés dès notre plus jeune âge à suivre
toutes les suggestions des professionnels médicaux.
Les oncologues semblaient ignorer l’effet Warburg16. Ils
n’accordaient aucune importance au métabolisme particulier du cancer et
n’essayaient pas de le modifier. J’en savais tellement sur mon propre
cancer que j’avais l’impression d’être aussi experte que mon oncologue.
Je me suis demandé si les suggestions de ses confrères reposaient sur les
lignes directrices du NICE, sur les recommandations des entreprises
pharmaceutiques (toujours biaisées), ou si elles découlaient de la peur
d’être poursuivis en justice. Plutôt que de prendre un risque et d’essayer
un traitement alternatif, la plupart semblaient suivre le troupeau. J’ai
refusé d’être un mouton.
Je suis née en 1964, l’année chinoise du Dragon. Il était temps
d’invoquer le Dragon qui sommeille en moi et de cracher du feu. Mon
thérapeute m’a fait répéter la phrase suivante plusieurs fois par jour: «Je
contrôle la situation. Mon corps peut guérir». Plus je la répétais, plus je
commençais à y croire et à retrouver le sentiment d’être de nouveau aux
commandes. «Oui, je peux orienter la direction du traitement. Oui, je sais
que j’ai besoin d’une dose plus faible de chimiothérapie. Je peux
combattre la maladie.» Les affirmations positives m’ont aidée à
abandonner mon attitude défaitiste et m’ont donné énormément de force.
Lorsque j’ai revu mon oncologue, je l’ai suppliée d’arrêter
complètement la chimio. Je savais qu’il était peu probable qu’elle le
fasse, mais je lui ai dit que je me sentais très mal, que c’était intolérable.
J’en ai rajouté. J’ai décrit des douleurs terribles à l’estomac, lui disant

123
que j’étais malade depuis une semaine. Bien sûr, tout n’était pas vrai,
mais j’ai fait appel à mes meilleurs talents de comédienne, j’ai donné une
performance digne d’un Oscar et je ne lui ai pas laissé le choix. Ça a
marché. Elle a promis de diminuer la dose pour mes trois derniers mois
de chimio. «Comme vos marqueurs sanguins sont restés stables et en
dessous de la normale, je vais diminuer la dose. Et nous garderons le
reste en réserve, si jamais vous avez besoin de plus.» J’ai failli la serrer
dans mes bras! J’étais tellement soulagée. Je crois qu’elle m’a sauvé la
vie ce jour-là.
Malgré la dose réduite, les six autres mois de chimiothérapie ont
quand même été épuisants. Comme lors de la compétition nautique Volvo
Ocean Yacht Rac sans escale, j’ai dû faire preuve d’endurance. Je savais
aussi vaguement qu’en plus de la chimiothérapie et de la radiothérapie
que j’avais déjà reçues, cette deuxième chimio pourrait favoriser le
développement d’un cancer secondaire de la moelle osseuse, appelé
leucémie. J’ai haussé les épaules. Non, j’étais assez forte et en forme
pour ne pas succomber à ça, n’est-ce pas?

m. NdT: le PPARg (Peroxisome Proliferator-activated Receptor gamma) est un


récepteur nucléaire qui contrôle la transcription de nombreux gènes
impliqués dans la différenciation, la prolifération et l’apoptose de divers
types cellulaires. Source: https://www.em-consulte.com/article/112987/le-
ppar-gamma-une-nouvelle-cible-pharmacologique-c
n. NdT: la voie de signalisation mTOR est la voie de la kinase cible de la
rapamycine, elle est impliquée dans la cancérogenèse.

124
Chapitre 8

Garder le cap

À
l’été 2000, j’avais enfin terminé ma chimiothérapie. J’avais
survécu pendant neuf mois, bien plus longtemps que les
quelques semaines prévues, et mes marqueurs sanguins étaient
bons. Il ne me restait plus qu’à les maintenir ou, mieux encore, à les faire
baisser autant que possible. Jusqu’où pouvais-je descendre? J’étais
chauve, épuisée et encore pleine de déchets chimiques toxiques, mais
j’étais vivante. Je me méfiais, car je savais qu’après une chimiothérapie à
forte dose, le cancer a tendance à revenir en force, plus vivement et plus
rapidement que jamais, en raison de l’absence de tout contrôle
immunitaire. Le corps est détruit et fragilisé par le traitement, et la
chimiothérapie finit par être vouée à l’échec. C’est à ce moment que la
plupart des patients baissent la garde: observant qu’une tumeur a été
réduite ou qu’elle a disparu, ils lèvent le pied, passent en mode
régulateur de vitesse, poussent un soupir de soulagement et s’imaginent
guéris. Ils reprennent leurs anciennes habitudes. C’est une erreur
courante et fatale.
J’avais tant à faire! Je savais que j’avais réussi à priver le cancer de
glucose, mais je pensais que le régime et la berbérine ne suffiraient pas.
Je devais me désintoxiquer, me débarrasser de tous les restes de la
chimiothérapie. J’imaginais que mon intestin était gravement
endommagé, je devais le remettre en état. J’espérais que si ma moelle
osseuse avait été touchée, elle guérirait d’elle-même. Mes cheveux
finiraient par repousser. C’était le dernier de mes soucis. Je devais juste
croiser les doigts pour espérer éviter une leucémie. Comme les femmes
qui avaient eu un cancer à ce stade n’avaient pas survécu plus de
quelques semaines, je ne trouvais pas de statistiques sur ce point.
Apparemment j’étais déjà fichue.
Après la chimio, mon plan était le suivant:

125
1. me désintoxiquer en suivant un régime macrobiotique strict, à
indice glycémique bas, pescétarien, anti-inflammatoire et pauvre
en graisses saturées pendant trois mois (je cherche un nom pour
ce régime);
2. évaluer les micro-organismes intestinaux présents dans mon
intestin au Great Smokies Laboratory (devenu Genova
Diagnostics);
3. évaluer mes taux de micronutriments (minéraux, vitamines, profil
d’acides gras);
4. prendre de la vitamine C par voie intraveineuse et des UVBI
(irradiation sanguine par rayons ultraviolets) dès que possible;
5. faire plus d’exercice, de la voile et profiter de la vie;
6. lancer une nouvelle entreprise (hmmm… ce n’était peut-être pas
la meilleure idée).

À ce stade, j’étais devenue accro aux compléments. Je ne


m’autorisais aucun écart dans l’emploi du temps strict que je m’étais
imposé, ne serait-ce qu’une journée. Je considérais que c’était un luxe
que je ne pouvais pas me permettre. Je voulais contrôler la libération du
glucose à chaque repas. Si j’oubliais de prendre mes compléments,
j’étais stressée. Le cancer allait-il prendre le dessus? Chaque repas
semblait une question de vie ou de mort: allais-je nourrir le cancer ou
l’affamer, aider à guérir mon corps plus rapidement?
Jusqu’alors, j’avais l’impression de contrôler la situation. Les tests
sanguins que j’avais passés montraient que j’étais toujours en rémission.
Mais je me demandais combien de temps je pourrais maintenir ce style
de vie. Est-ce que j’avais vraiment besoin d’être aussi dure envers moi-
même? D’un autre côté, est-ce que j’en faisais assez? Est-ce que les
compléments et le régime alimentaire allaient vraiment me protéger? Le
cancer allait-il muter et revenir avec une rage et une force que je ne
pourrais pas contenir? La seule façon de suivre mes progrès était de
contrôler régulièrement mes paramètres sanguins, afin d’être
immédiatement sur le qui-vive en cas de retour intempestif.
Les patients diabétiques doivent contrôler la libération de glucose et
d’insuline à chaque repas (les taux atteignent alors un pic qui semble
propice aux contrôles). Alors, moi aussi, je pouvais le faire. Je ne

126
connaissais personne d’autre qui abordait le cancer de cette manière,
mais cela me semblait relever du bon sens. Je m’étais sentie si mal après
les séances de chimiothérapie, que je n’étais pas en mesure de prendre
quoi que ce soit, et encore moins des compléments alimentaires.
Cependant, les jours qui précédaient chaque séance, je prenais de
nombreux composés anti-cancer pour tenir le coup. Comme je me sentais
mieux, je me rattrapais.
Si la berbérine contrôlait la libération du glucose dans le sang, j’en ai
déduit que le meilleur moment pour la prendre serait probablement juste
avant un repas. Ce n’était pas facile, mais finalement c’est devenu une
habitude et je sortais religieusement mon pilulier au petit déjeuner, au
déjeuner et au dîner. L’inconvénient, c’est qu’en en prenant autant, avec
beaucoup de thé vert et même parfois de l’huile d’olive, je finissais par
avoir des nausées.
Le sommeil était un problème depuis des années, depuis le premier
diagnostic. Pour y remédier, je prenais de la mélatonine le soir, une heure
avant de me coucher. Elle a des effets stimulants sur le système
immunitaire. Elle agit sur l’IL2 et l’IL12 (de bonnes cytokines), qui sont
contrôlées par la glande pinéale. Mais je me demandais maintenant si je
devais en prendre autant. Je craignais d’avoir inhibé mon
approvisionnement endogène et devoir rester sous mélatonine à vie. La
peur et l’inquiétude étaient mes compagnons de lit. J’avais du mal à
mettre mes pensées de côté. Il me semblait impossible d’échapper à ce
cauchemar. Si j’arrêtais les compléments alimentaires, je craignais que le
cancer ne revienne. Je ne voulais pas prendre ce risque. Impossible de
nier ce cancer, de retrouver ma vie insouciante.

Entre rigueur et dépenses


L’organisation allait être primordiale. Rien ne devait être laissé au hasard
si je voulais que la bête reste dans sa boîte. J’ai fait un tableau de tout ce
que je prenais, listé mes fournisseurs pour chaque complément, et j’ai
noté les numéros de téléphone et les sites pour les commander à
nouveau. Le vendredi après-midi, je consacrais une heure à la
préparation de la semaine à venir, en remplissant les sachets et en
commandant les compléments qui manquaient. Les piluliers classiques
n’étaient tout simplement pas assez grands! Les miens étaient de

127
véritables «maracas»! Cela demandait beaucoup d’efforts, mais j’avais le
choix entre ça ou peut-être mourir. Je voulais vivre, je n’avais donc pas
le choix.
Puisque le cancer était supposé être lié au mode de vie, je suis
devenue extrêmement stricte envers moi-même. À en croire les médias,
je n’aurais jamais eu de cancer si j’avais mieux pris soin de moi. Mais
d’autres avaient un mode de vie bien pire que le mien. Je savais que la
culpabilité n’était pas constructive. Au lieu de cela, j’ai exploité la force
de mes sentiments, la colère, la mauvaise conscience, le chagrin, la
tristesse, la peur et l’inquiétude que m’inspirait mon diagnostic pour me
stimuler.
Ma liste croissante de compléments, les visites chez des médecins
spécialisés, les tests, et les aliments biologiques coûtaient une petite
fortune, mais j’avais besoin de cette bouée de sauvetage. Nous n’étions
pas pauvres, néanmoins, ce n’était pas évident. Comment tous les
patients atteints de cancer peuvent-ils se permettre tout ça? D’autant que
je venais de décider que j’avais besoin de vitamine C en intraveineuse.
Encore une dépense supplémentaire.
Andrew n’a plus jamais mentionné l’impact sur nos finances. Il me
soutenait à 100%. Malgré cela, je me sentais terriblement coupable de
nous priver tous les deux de vacances bien méritées et de puiser dans
notre épargne retraite et nos économies. Il peut y avoir tellement de
facteurs non exprimés qui pèsent sur les patients, de manière
inconsciente et sapent leur énergie précieuse, en accumulant encore plus
de stress sur leur esprit déjà surchargé. Mais si Andrew avait été atteint
d’un cancer, j’aurais agi de même, sans hésiter.
Lorsqu’un patient reçoit des soins dispensés par les professionnels
médicaux, il éprouve un sentiment de sécurité. Les soins donnent
l’impression que quelque chose est fait, comme si l’on tendait un filet de
sécurité auquel se rattraper. Lorsque je suis arrivée à la fin des six mois
de chimiothérapie, je me suis débrouillée toute seule. Comme beaucoup
de patients, je me suis alors sentie vulnérable. Mais j’avais déjà trouvé
des médecins intégratifs et des traitements alternatifs. J’avais également
confiance en moi, car j’avais acquis des connaissances. Je n’avais pas
attendu dans l’incertitude que le cancer revienne. Il y avait tellement de
choses que je pouvais faire! Je ne pouvais pas me reposer sur mes

128
lauriers, croiser les doigts, espérer que le temps effacerait le souvenir des
terribles traitements et du diagnostic, croire que tout irait bien. J’avais
déjà emprunté cette voie et cela m’avait conduite à un autre cancer. Cette
fois, j’avais décidé de ne pas être complaisante. Même si ma charge
tumorale était faible et que j’étais encore plutôt en forme, j’ai pensé que
c’était le moment d’agir, de prendre le contrôle, de ne pas attendre que le
couperet retombe, sachant que, chaque fois, le cancer deviendrait de plus
en plus difficile à traiter.

L’intuition d’un double prix Nobel


En haut de ma liste, il y avait un régime de désintoxication pour mon
intestin endommagé. Et une série de perfusions de vitamine C par voie
intraveineuse, administrées deux fois par semaine par le Dr Kingsley,
médecin spécialisé en médecine intégrative, dans le Leicestershire.
Mentionner la vitamine C à haute dose injectée par voie intraveineuse
faisait hurler de nombreux médecins qui proclamaient: «Cela a été
réfuté! Linus Pauling a été discrédité!». J’ai récemment participé à une
réunion avec plusieurs rédacteurs en chef spécialisés dans la santé et
c’est effectivement ce que j’ai entendu. La prochaine fois, je serai mieux
préparée. J’aurai à portée de main les publications médicales récentes,
qui prouvent sa véritable valeur. Des médecins mécontents dissuadent de
nombreux patients de suivre ce précieux traitement, convaincus qu’il ne
fera que précipiter leur décès. En réalité, ce traitement oublié et décrié
fait, à juste titre, un retour en force. Les grandes entreprises
pharmaceutiques ont, une fois de plus, tout fait pour étouffer cette
alternative moins coûteuse que la chimio, mais ses excellents résultats
sont difficiles à contrecarrer.
Linus Pauling a été lauréat du prix Nobel de chimie en 1954, puis
discrédité pour avoir émis une hypothèse sur l’action de la vitamine C
qui s’est avérée incorrecte.
Cependant, son hypothèse selon laquelle des doses plus élevées
pourraient être utiles dans la lutte contre le cancer était effectivement
correcte, mais pas de la manière dont il le pensait. Ce chimiste et le Dr
Ewan Cameron étaient tous deux convaincus du lien avec la réduction de
la hyaluronidase, une enzyme qui provoque la dissolution de la matrice
extracellulaire (la substance qui entoure les cellules cancéreuses) et

129
permet ainsi aux cellules de se diviser et au cancer de s’étendre. Pauling
défendait tellement la vitamine C que tout ce qui semblait réfuter ses
théories donnait lieu à un débat acharné. Il était furieux de la façon dont
les études étaient menées et s’est fait de nombreux ennemis en les
défendant, mais sa colère était surtout de la frustration. Les autres
chercheurs qui n’admettaient pas l’efficacité de la vitamine C ne
l’avaient pas étudiée par voie intraveineuse comme il le suggérait. Ce
double prix Nobel était un génie. Il a été traîné dans la boue, mais on lui
a donné raison bien des années plus tard17. Les essais récents portant sur
la vitamine C ascorbate administrée par voie intraveineuse montrent
qu’il avait vu juste. Donc, avant de jeter ce livre à la poubelle, il est
important de noter que les premiers essais ont échoué parce qu’ils ont été
réalisés avec de faibles doses de vitamine C administrées par voie orale.
Certains pensent que la vitamine C n’est pas utile, car par la suite, elle a
été administrée associée avec le glutathion, un antioxydant, ce qui a
totalement annulé son effet pro-oxydant.

Quelques rappels historiques


En 1978, Cameron et Pauling ont publié les résultats d’une étude
clinique qui a montré que la survie des personnes traitées à l’ascorbate
était 20 fois supérieure à celle des sujets non traités. Une autre étude
réalisée en 1991 a montré que la survie était de 343 jours, contre 180
jours chez les personnes qui n’avaient pas reçu d’ascorbate. Il est
important de noter que ces tests ont été réalisés avec de la vitamine C
administrée à la fois par voie intraveineuse et par voie orale, et non par
voie orale uniquement.
À la fin des années 1970 et au début des années 1980, deux essais
cliniques ont été menés par Moertel à la Mayo Clinic de Rochester, dans
le Minnesota. Il a montré que l’administration de la vitamine C par voie
orale ne donnait pas de bons résultats. Moertel et Mayo ont conclu à
l’absence de différence significative en termes de survie entre les
patients traités à l’ascorbate et ceux traités à la vitamine C par voie orale.
Or, Cameron avait administré l’ascorbate à la fois par voie intraveineuse
et par voie orale, tandis que Moertel l’avait administrée uniquement par
voie orale.

130
Bien doser la vitamine C
Tout bon oncologue vous dira que les radicaux libres, appelés «espèces
réactives de l’oxygène», détruisent le cancer. C’est exactement ainsi que
fonctionne la vitamine C administrée par voie intraveineuse. À fortes
doses, elle passe du statut d’antioxydant à celui de pro-oxydant. Elle
libère de l’oxygène libre dans la zone entourant la tumeur.
Dans ce cas, l’espèce réactive de l’oxygène (ROS) est le peroxyde
d’hydrogène (H2O2). L’oxygène produit à proximité de la cellule
provoque une sorte de «rouille» et permet à la cellule d’être attaquée et
tuée. Cet équilibre entre la production de ROS et le statut antioxydant
des cellules est crucial pour la survie ou la mort des cellules tumorales. Il
est judicieux d’utiliser des antioxydants, mais j’ai observé que de
nombreux patients ne le font pas correctement. Ils prennent d’énormes
quantités d’antioxydants qui inhibent les effets de la vitamine C
administrée par voie intraveineuse et sont ensuite déçus que cela ne
fonctionne pas.
Comme pour tout médicament ou complément alimentaire, le dosage
détermine l’efficacité, l’inefficacité ou la toxicité. Dans le cas de la
vitamine C, la meilleure façon d’exploiter ses propriétés anticancéreuses
est de l’utiliser à une dose élevée. Contrairement à ce qui se passe avec
la chimiothérapie, plus la quantité de vitamine C est importante (jusqu’à
75 g), plus elle devient sélectivement toxique pour les cellules
cancéreuses en produisant davantage de H2O2. L’utilisation de la bonne
combinaison est également essentielle. Souvent les patients ne
comprennent pas la nécessité d’éviter les compléments antioxydants
spécifiques comme la vitamine E, la cystéine et la N-Acétyl Cystéine (y
compris les protéines de lactosérum). Cependant, les compléments de
CoQ10 et d’ALA (acide gras alpha-linolénique) administrés pendant les
perfusions intraveineuses de vitamine C permettent de recycler cette
dernière. Ils peuvent ainsi augmenter son taux dans les tissus et accroître
son efficacité. Néanmoins, ces deux produits sont contre-indiqués en
chimiothérapie. Le CoQ10 annule également les effets bénéfiques des
statines dans le traitement du cancer (nous y reviendrons plus tard).
Le peroxyde d’hydrogène créé par l’administration intraveineuse de
vitamine C libère un de ses atomes d’oxygène dans le

131
microenvironnement du cancer. Les cellules cancéreuses doivent alors
faire face à ce radical libre supplémentaire. Comme les cellules
cancéreuses n’ont pas l’enzyme catalase, elles ne peuvent pas le
neutraliser, donc elles meurent. Ce traitement présente l’avantage de
laisser les cellules normales complètement indemnes, car les espaces
extracellulaires et les cellules saines voisines contiennent l’enzyme
catalase. Il a été démontré que la vitamine C administrée par voie
intraveineuse ciblait les mitochondries des cellules souches cancéreuses,
les cellules qui sont responsables de la résistance à la chimiothérapie et à
la radiothérapie. En effet, elle agit sur une étape clé du processus de
glycolyse, ce qui a pour effet d’affamer les cellules cancéreuses et de
déclencher l’apoptose (mort cellulaire). Cela permet ainsi de bloquer
l’une des principales voies d’approvisionnement en énergie du cancer.
Grâce à ces propriétés, ce traitement est beaucoup plus sûr que la
chimiothérapie. Après être entré en contact avec la tumeur, un atome
d’oxygène est libéré, il attaque les cellules cancéreuses, puis le H2O2
(peroxyde d’hydrogène) se transforme en eau ordinaire (H2O), qui est
ensuite excrétée en toute sécurité par les reins. C’est de la chimie simple
que même un enfant de 6 ans peut comprendre.
En revanche, les faibles doses de vitamine C et d’ALA sont à éviter.
À ces concentrations, ils aident le glutathion à neutraliser les effets de la
toxicité à l’intérieur des cellules et leur permettent de rester immortelles.
Pendant un temps, j’ai imaginé qu’il était possible d’en prendre par voie
orale jusqu’à la «tolérance intestinale», mais c’est une erreur et cette
stratégie est dangereuse. Il est impossible d’augmenter les taux sanguins
de vitamine C jusqu’aux taux nécessaires à la création de peroxyde
d’hydrogène par voie orale, à moins de consommer de grandes quantités
d’acides gras essentiels dans une version liposomale18.
Si l’on opte pour la méthode liposomale, il faut absolument prendre
de l’ascorbate et au moins 5 000 mg en une seule fois, voire un peu plus
pour être sûr de provoquer la production de H202. C’est un point
important, car il existe encore de nombreux défenseurs de la méthode de
la tolérance intestinale. Mais cela n’apportera pas la vitamine C aux
niveaux requis. Au contraire, cela contribuera à pérenniser le cancer et à
alimenter sa croissance.

132
La dose d’une perfusion est généralement comprise entre 25 g et 75 g,
en fonction de la taille de la tumeur et du poids du patient. Elle est
administrée trois fois par semaine ou même quotidiennement pendant
plusieurs semaines. L’administration de vitamine C par voie
intraveineuse augmente les taux sanguins jusqu’à ce qu’elle passe du
statut d’antioxydant (neutralisant l’oxygène) à celui de pro-oxydant. Elle
s’accumule alors et crée du peroxyde d’hydrogène (H2O2) dans les tissus
conjonctifs autour de la tumeur, mais pas dans le sang. C’est peut-être
pour cette raison que la vitamine C administrée par voie intraveineuse
s’est avérée plus efficace pour les tumeurs solides que pour les cancers
du sang ou de la lymphe. Des recherches plus récentes montrent toutefois
qu’elle est également utile pour ces cancers, probablement en raison de
son effet normalisant sur la glycolyse aérobie, le métabolisme inhabituel
du cancer.
Pendant ma chimiothérapie, j’avais sérieusement envisagé de prendre
de la vitamine C à haute dose par voie intraveineuse, mais je n’avais pas
suffisamment confiance pour le faire. Aujourd’hui, avec le recul et les
nouvelles recherches effectuées à l’université de l’Iowa, je pense que
j’aurais dû en prendre avec de faibles doses de chimiothérapie
«métronomiques» (régulièrement espacées)19.
Les médecins spécialisés dans les médecines alternatives et
intégratives ont assisté à la déformation et à la distorsion des premiers
résultats prometteurs. Les médecins intégratifs savaient que cela
fonctionnait et ils utilisaient la vitamine C par voie intraveineuse avec
succès dans le cadre des stratégies globales de traitement du cancer
depuis des décennies. Ils ont constaté ses effets bénéfiques de leurs
propres yeux. Certains médecins intégratifs ont également commis des
erreurs, en essayant d’ajouter du glutathion dans les perfusions. Il s’agit
de l’antioxydant le plus important de l’organisme. Il rend
l’administration de vitamine C par voie intraveineuse inutile en
neutralisant son effet pro-oxydant. Cela a pu aggraver l’état des patients
atteints de cancer en aidant les cellules malignes à résister aux
mécanismes normaux d’apoptose et à rester immortelles.
Le doute, l’incrédulité et le discrédit des médecins qui utilisent des
alternatives naturelles et moins coûteuses sont récurrents lorsqu’on
s’intéresse aux traitements complémentaires. Il faut faire preuve de

133
courage au sein de l’establishment médical pour sortir des sentiers
battus, mener des recherches sur un traitement publiquement discrédité et
affirmer qu’il est effectivement efficace. Récemment, un petit essai a été
mené sur neuf patients atteints de cancer du pancréas. Ils ont reçu entre
15 et 125 g d’ascorbate par intraveineuse, deux fois par semaine et une
certaine efficacité a été observée20.
Un autre essai mené sur le cancer de l’ovaire21 a montré que
l’association de la vitamine C par voie intraveineuse à la chimiothérapie
prolongeait la survie du cancer et réduisait la toxicité. Mark Levine, l’un
des auteurs de ce dernier essai, note que «l’atmosphère était tendue» à
cause des échecs précédents de la vitamine C administrée par voie orale.
Peu de médecins osent prendre le risque d’affronter le mépris et les
moqueries de leurs collègues, alors chapeau bas à Mark Levine. La
critique publique et l’humiliation sur des sites comme Quackwatch
constituent le meilleur moyen de dissuader les médecins d’essayer
quoique ce soit de nouveau ou d’innovant. Grâce au courage de Levine
et d’autres qui suivent maintenant son exemple, ce traitement est sur le
point d’être réhabilité, non pas comme un remède miracle, mais comme
un complément à d’autres traitements22.
Je voulais commencer à prendre de la vitamine C par voie
intraveineuse juste après la fin de la chimio. Une semaine plus tard, j’ai
donc pris le train pour aller voir le Dr Patrick Kingsley dans le
Leicestershire.

Du rire aux larmes


J’avais demandé aux médecins si je pouvais garder mon «PICC line», un
petit tube qui passait par une veine de mon bras et remontait dans ma
poitrine pour l’administration de la chimiothérapie. Je savais qu’il serait
également utile pour administrer la vitamine C lorsque je suis arrivée au
domicile du Dr Kingsley (qui était également son cabinet), j’ai compris
pourquoi les patients venaient de tout le pays pour le consulter. Il était si
rassurant que je me suis immédiatement sentie à l’aise. Mon amie Cathy
avait gentiment proposé de m’accompagner pour mon premier voyage. À
ma grande surprise, une fois dans la salle de consultation, les larmes ont
commencé à couler. Je ne pouvais pas m’empêcher de pleurer, c’était une
sorte de libération émotionnelle, je pense, et un soulagement de savoir

134
qu’il y avait bel et bien des médecins extraordinaires prêts à administrer
ces traitements et à garder l’espoir. Ils réfléchissaient et faisaient leurs
propres recherches plutôt que de suivre aveuglément les protocoles
établis par les entreprises du Big Pharma, le General Medical Council et
le NICE.
Après notre voyage en train ponctué de rires et de plaisanteries, Cathy
a été légèrement surprise par mes larmes, mais elle a été d’un grand
soutien. Quant au Dr Kingsley, il n’a pas essayé d’arrêter mes pleurs,
m’a tendu des mouchoirs et m’a réconfortée: «S’il reste des cellules
cancéreuses, nous devons nous assurer que nous avons arrêté leur
croissance, puis nous les détruirons. Enfin, nous éliminerons tout ce qui
reste dans votre corps. Ensuite, seulement, nous pourrons vous aider à
retrouver la santé. La vitamine C en intraveineuse vous aidera.» Le Dr
Kingsley ne m’a offert aucune garantie, mais il m’a assuré qu’il avait vu
de belles réussites. J’avais envie de m’y mettre le plus vite possible et
d’éradiquer les cellules tumorales restantes. Sachant qu’une tumeur peut
apparaître à partir de seulement quelques petites cellules et qu’une zone
de la taille d’un bout de crayon peut contenir des milliards de cellules
tumorales, je voulais commencer immédiatement. Il me restait peu de
temps pour lutter. Les efforts que je ferais maintenant pourraient
largement porter leurs fruits plus tard.
Je me suis installée dans l’un des fauteuils confortables de son salon
pour lire un journal pendant que la vitamine s’infiltrait lentement en moi
pendant quelques heures. Rien à voir avec l’atmosphère clinique et
stérile d’un établissement médical. À l’hôpital Hammersmith, c’était le
contraire, on me disait: «Vous êtes une patiente, vous êtes malade!» Au
début, j’appréhendais la sensation de léger picotement parfois éprouvée
par certains patients. Mais avec le cathéter PICC en place, je n’ai rien
senti.

L’irradiation sanguine par rayons ultraviolets


Après chaque perfusion intraveineuse, le médecin me faisait subir un
traitement appelé irradiation sanguine par ultraviolets (UBI ou UBVI)
pour tuer les bactéries et les virus. Le cancer du col de l’utérus (ainsi que
le cancer de la tête et du cou) est lié au virus HPV23. Peu à peu,
l’altération du «microbiome» (mélange de bactéries, de champignons et

135
de parasites qui entourent les tumeurs) est reconnue comme une cause de
la maladie. Ce microenvironnement ou terrain tumoral qui entoure les
cellules cancéreuses est désormais au centre des recherches.
L’irradiation UBI a été réalisée en prélevant du sang de mon bras et
en le dirigeant vers une voie de circulation qui passait ensuite sous une
lampe UV. Cette technique simple, mais efficace (la technique de Knott)
a été régulièrement utilisée dès le début des années 1940 pour lutter
contre les virus de la fièvre aphteuse et de la grippe aviaire. Après
l’introduction des programmes de vaccination de masse, elle a été
délaissée et n’est plus utilisée que par quelques médecins intégratifs. De
nos jours, cette méthode est toujours employée par la fameuse clinique
Riordan au Kansas, mais la plupart des personnes à qui j’en parle n’en
ont jamais entendu parler. Certaines cliniques proposent désormais un
traitement plus moderne24. L’UBI opère sa magie en agissant comme un
antibiotique naturel et en stimulant une réponse immunitaire. Il ne fait
aucun doute que les UV tuent les agents pathogènes. C’est ainsi que sont
stérilisés les réserves d’eau des villes, et certains spas ou piscines. Mais
comment cela peut-il fonctionner si l’on ne traite pas l’ensemble du
système sanguin, mais seulement quelques seringues de sang? À la
différence des piscines (bon, d’accord, ce n’est pas la seule différence),
nous bénéficions d’un système immunitaire, une armée qui fait le travail
de nettoyage des infections très efficacement. En cas de cancer, cette
armée immunitaire est supprimée, mais l’UBI déclenche une réponse de
type vaccinal, et la régule à nouveau. Lorsque les agents pathogènes
meurent, ils restent dans le sang à l’état décomposé. Les résidus peuvent
alors être reconnus par le système immunitaire. Ils deviennent des
antigènes qui stimulent ensuite les globules blancs pour qu’ils attaquent
plus efficacement les agents pathogènes (virus, bactéries, etc.) pouvant
être responsables du cancer.
Même lorsque les traitements utilisent une très petite quantité de
sang, l’UBI semble avoir un effet bénéfique. Est-ce une alternative
beaucoup moins chère, plus simple et plus efficace aux vaccins qui
fonctionnent en stimulant la réponse immunitaire du patient? Ou est-ce
que l’association de ce traitement aux vaccins les aide à mieux
fonctionner? Il a été démontré que l’irradiation du sang fournit une

136
réponse systémique (dans tout le corps) bénéfique et améliore le
microenvironnement anormal autour des cellules cancéreuses25, 26.

Comprendre les radicaux libres


Cela peut sembler contre-intuitif, mais les patients atteints de cancer ont
besoin de radicaux libres pour tuer les cellules tumorales. La production
de radicaux libres est exactement la méthode que la médecine classique
utilise pour détruire les cellules tumorales avec la chimiothérapie et les
rayonnements ionisants et c’est pour cette raison que la vitamine C par
voie intraveineuse fonctionne. Chacune de ces méthodes produit
tellement de radicaux libres que le cancer est contraint à s’autodétruire.
Oui, ces radicaux gênants sont les mêmes que ceux l’on nous
recommande vivement d’éviter, qui causeraient tant de dommages et qui,
soi-disant, nous vieillissent (je crains que ce ne soit surtout l’excès de
glucose et d’insuline, et pas seulement les radicaux libres, qui entraînent
le vieillissement). Pourtant c’est faux. Ces conseils ne sont pas valables
quand on veut se débarrasser des cellules cancéreuses. Les tumeurs se
défendent en neutralisant l’ammoniac (résultat du métabolisme anormal
du cancer) et en produisant davantage de glutathion, le principal
antioxydant, pour empêcher trop de dommages internes dus à
l’oxydation et à l’ammoniac. Si elles y parviennent, les cellules
cancéreuses deviennent immortelles et résistent à la destruction. Le
glutathion est à éviter, surtout pendant une phase d’élimination.
En donnant un excès de radicaux libres à ces cellules tumorales, on
neutralise leurs défenses et on entraîne leur destruction par un processus
normal activé dans les mitochondries lorsque les dommages sont trop
importants. La chimiothérapie et la radiothérapie agissent de la même
manière, en fournissant des radicaux libres, mais leur administration
endommage également les cellules saines au cours du processus. Ce que
l’on ignore généralement, c’est que l’on peut reproduire cet effet des
radicaux libres de manière efficace et plus sélective que la
chimiothérapie ou la radiothérapie en administrant de fortes doses de
vitamine C par voie intraveineuse.
Les radicaux libres (espèces réactives de l’oxygène ou ROS) sont des
molécules d’oxygène chimiquement réactives contenant de l’oxygène,
tels que le peroxyde d’hydrogène et le superoxyde. Elles sont

137
normalement produites en petite quantité au cours du métabolisme
cellulaire normal. On sait depuis près d’un siècle que l’oxygène tue
sélectivement les cellules tumorales. Pour éviter d’avoir trop d’oxygène,
les cellules cancéreuses utilisent un processus de fermentation pour
produire leur énergie, un processus anaérobie (sans oxygène). Cette voie
énergétique alternative (l’effet Warburg) réduit la production de ROS et
contribue ainsi à la survie de la tumeur. Lorsqu’une cellule normale est
lésée (par exemple dans les mitochondries) les ROS augmentent et
indiquent ainsi aux globules blancs qu’ils doivent venir résoudre le
problème, en réparant ou en détruisant la cellule. Le but de la
chimiothérapie, de la radiothérapie, et même de la vitamine C27 à haute
dose par voie intraveineuse est de créer un excès de radicaux libres
instables, les ROS. En effet, lorsque les cellules tumorales ne
parviennent plus à neutraliser les dommages causés par les radicaux
libres avec le glutathion, les cellules sont vouées à la destruction.
Pour résumer, voici ce qu’il faut retenir: en cas de cancer, les ROS
(radicaux libres d’oxygène) sont bons, car ils tuent les cellules
cancéreuses, le glutathion (antioxydant) est mauvais, car il maintient les
cellules cancéreuses en vie. Si vous êtes en bonne santé, c’est l’inverse.
Presque tout le monde semble confondre ce point.

Le cas de la N-acétyl-cystéine (NAC)


Les composés utiles pour la prévention du cancer ne sont pas toujours
bénéfiques sur les cancers avérés. Il s’agit de deux situations bien
distinctes. De nombreuses organisations de lutte contre le cancer veulent
bien faire, mais beaucoup n’ont pas encore pris conscience de cet aspect
essentiel lorsqu’elles recommandent aux patients de prendre de la N-
acétyl-cystéine (NAC), un précurseur du glutathion, pour les aider à
traiter leur maladie.
La NAC, la vitamine C administrée par voie orale à faible dose (une
dose antioxydante), la vitamine E et le CoQ10 recyclent tous le
glutathion, l’antioxydant principal. Tous ces composés doivent être
évités pendant une chimiothérapie. La NAC se trouve également dans les
protéines de lactosérum et le bouillon d’os. Le bouillon d’os est excellent
pour soigner l’intestin, mais il est important de le prendre au bon
moment afin que les traitements ne s’annulent pas mutuellement. Prendre

138
de la glutamine avec de la glucosamine est à mon avis une meilleure
stratégie pour guérir l’intestin pendant la chimiothérapie. Cependant, si à
un moment donné il est nécessaire de stimuler les globules blancs, de se
désintoxiquer des métaux nocifs (une autre propriété de la NAC) ou des
effets d’une chimiothérapie trop lourde, il est important de demander
conseil. Une petite dose de NAC peut être bénéfique. C’est une question
controversée et les avis seront partagés. En cas de doute, il est préférable
de ne pas en prendre.

Les rôles de la glutamine


J’ai également rencontré des opinions divergentes entre les thérapeutes
complémentaires et d’autres praticiens de la santé sur la question de
savoir s’il faut prendre de la glutamine pendant la chimiothérapie. Cet
acide aminé peut être utilisé pour fabriquer du glutathion, mais
uniquement en présence de cystéine. Réduire l’apport de cystéine est une
meilleure stratégie que de réduire la glutamine. La glutamine peut en
effet alimenter les cellules cancéreuses, mais elle est également cruciale
pour la défense de l’organisme. Elle guérit la paroi intestinale, la
préserve et est essentielle au bon fonctionnement du système
immunitaire. C’est l’acide aminé le plus abondant dans l’organisme. Si
les muscles fondent, c’est un signe que le corps exprime une forte
demande en glutamine. Il est préférable de l’éliminer indirectement, en
agissant sur les enzymes qui la digèrent pour en faire un carburant (par
exemple, la glutaminase ou la cétoglutarate déshydrogénase – voir mon
«plan de métro» au chapitre 22). Les cellules cancéreuses en ont besoin
et votre corps aussi28. Le cancer peut utiliser la glutamine issue de
n’importe quel tissu de votre corps, qu’il soit affamé ou non. Il est donc
inutile de réduire ou de supprimer l’apport en glutamine pendant une
chimiothérapie. Pour affaiblir les cellules cancéreuses il est préférable de
diminuer le taux de cystéine, car cela bloque la production de
l’antioxydant glutathion.
Au cours de mes recherches sur les traitements du diabète, j’ai
découvert qu’une concentration élevée en insuline dans la circulation
augmente également le facteur de croissance analogue à l’insuline (IGF-
1), qui stimule à son tour l’absorption de cystéine et d’autres acides
aminés. Ce dernier augmente à son tour les taux de glutathion, ce qui

139
rend les cellules cancéreuses immortelles et leur donne la capacité de
neutraliser les ROS29. C’est pour cette raison que les diabétiques ont des
taux de cancer beaucoup plus élevés et sont plus difficiles à traiter.

Les vertus de l’oxygène


Il est reconnu que l’oxygène attaque et tue les cellules cancéreuses. En
fait, les chercheurs l’utilisent pour détruire les cellules cancéreuses à la
fin des expériences. Les cellules normales sont aérobies, elles peuvent
vivre dans un environnement oxygéné alors que les cellules souches
d’une tumeur ne peuvent pas survivre en présence d’oxygène. Elles tirent
leur énergie d’un métabolisme anaérobie, comme le faisaient les cellules
primitives il y a plusieurs siècles, avant que l’oxygène apparaisse sur la
terre. Lorsque le taux de glutathion diminue, la cellule est beaucoup plus
vulnérable à une augmentation en substances oxydantes, ce qui facilite
considérablement sa destruction (par la «cascade des caspases»).
Quelques années plus tard, j’allais découvrir un moyen de déclencher
plus facilement ce processus apoptotique (de mort cellulaire) en utilisant
une meilleure combinaison.
Lorsque les patients atteints de cancer pensent à l’oxygénation du
corps, la plupart du temps, ils pensent immédiatement à
l’oxygénothérapie hyperbare (OHB), un caisson utilisé à l’origine par les
plongeurs en eaux profondes pour arrêter le mal des caissons et utilisé
aujourd’hui pour les personnes atteintes de sclérose en plaques. Ou bien
ils pensent à l’ozone ou au DMSO, deux autres composés également
utiles. Mais les patients devraient utiliser la vitamine C par voie
intraveineuse, car il s’agit d’une puissante méthode d’oxygénation pour
lutter contre le cancer, parallèlement à la chimiothérapie.
La chimiothérapie à haute dose détruit l’intestin. Cela ne fait aucun
doute. De nombreux patients sont si gravement affectés qu’ils ne peuvent
plus manger normalement. J’étais persuadée que mon intestin avait lui
aussi subi des dommages, mais comme j’avais insisté pour recevoir une
dose plus faible, j’espérais m’en sortir mieux que la moyenne. J’étais
sûre de pouvoir réparer mon intestin.

S’inspirer des requins

140
À ce moment-là, j’avais tellement d’informations à assimiler que mon
«cerveau chimio» avait des difficultés et j’avais l’impression d’avoir la
tête sous l’eau. Le corps médical ne se rendait pas compte que ce qu’il
prescrivait était loin d’être suffisant pour combattre la maladie. Par
ailleurs, il m’était difficile de prendre tout ce que je désirais pendant le
traitement. Inquiète pour mon estomac, j’avais abandonné l’aspirine au
profit du pycnogénol, une alternative naturelle, mais pas forcément
identique. J’avais essayé la curcumine pour ses bienfaits anti-
inflammatoires, mais elle me donnait souvent la nausée. J’avais préféré
prendre des huiles de poisson pour limiter l’inflammation. Après la fin
de ma chimiothérapie, j’ai découvert sur une autre huile de poisson,
l’huile de foie de requin, qui pouvait aider à contrôler l’inflammation
grâce à sa teneur élevée en oméga-3, et contenait également d’autres
substances à des taux élevés. Les requins sont rarement atteints de cancer
et, même si quelques tumeurs solides ont été observées, à ma
connaissance, aucun cancer du sang n’a été détecté. Une oncologue
scandinave, le Dr Astrid Brohult, a décidé d’étudier l’huile de foie de
requin après avoir constaté les effets bénéfiques de la moelle de veau sur
des enfants atteints de leucémie (un cancer du sang). Elle a découvert
que la moelle de veau avait des effets stimulants sur le système
immunitaire grâce à des composés appelés les alkylglycérols (AKG). Le
Dr Brohult s’est ensuite rendu compte que ces composés se trouvaient
dans l’huile de foie de requin à des taux largement supérieurs. Les AKG
sont présents chez l’homme dans la moelle osseuse et la rate (en très
petites quantités) et participent à la fabrication de nos globules blancs et
rouges. Ces composés sont également présents dans le lait maternel (il y
a dix fois plus d’AKG dans le lait maternel que dans le lait de vache) et
l’on pense qu’ils contribuent de manière significative au système
immunitaire du nourrisson.
Le Dr Brohult a découvert que l’huile de foie de requin stoppait la
prolifération du cancer et la maladie des rayons. Une étude sur des
patientes atteintes d’un cancer du col de l’utérus et prenant de l’huile de
foie de requin a été réalisée avant, pendant et après la radiothérapie a
permis de constater que la consommation d’huile réduisait les lésions
radio-induites de 50%30. Le Dr Brohult suggère de prendre une dose de
0,3 à 2,6 g afin de réduire la diminution des plaquettes et des globules
blancs qui accompagne la radiothérapie.

141
La résistance du requin au cancer a été attribuée à tort à son cartilage
après la publication du livre de William Lane, Sharks Don’t Get Cancer,
en 1992. Dans cet ouvrage, il affirmait que le cartilage était le secret de
la résistance du squale au cancer. Le corps médical a rapidement
condamné cette suggestion après que des expériences répétées avec du
cartilage de requin n’aient pas montré d’effets anti-cancer directs. Par la
suite, tout ce qui avait trait à cet animal a été discrédité et la découverte
de la commercialisation par le fils de William Lane de produits à base de
cartilage de requin a suscité un vif émoi.
L’huile de foie de requin contient quatre substances anticancéreuses:
les oméga-3, l’alkylglycérol, la squalamine et le squalène.
L’alkylglycérol est un composant de l’huile de foie de requin qui a un
effet stimulant sur le système immunitaire. Il améliore la production de
tous les composants du sang (lors de l’hématopoïèse), il réduit les effets
secondaires de la radiothérapie, et augmente le nombre de globules
blancs et de plaquettes pendant la chimiothérapie31. Il a été suggéré que
la consommation de foie de requin pendant plusieurs mois peut rendre le
sang trop «épais». Mais c’est un moindre mal, car la plupart des patients
souffrent des traitements traditionnels, comme ce fut mon cas. Je regrette
de ne pas l’avoir découvert plus tôt. En plus de leurs effets de
renforcement du système immunitaire, les alkylglycérols remplissent
également une autre fonction importante: ils réduisent un facteur de
croissance essentiel qui favorise l’angiogenèse, le facteur de croissance
des fibroblastes (FGF)32.
La squalamine a suscité l’intérêt des chercheurs pour ses effets
antiviraux. Les requins ont un système immunitaire rudimentaire, mais
ils résistent étonnamment bien aux infections virales. Il est reconnu que
les virus sont des cofacteurs associés à de nombreux cancers. Au lieu de
combattre directement le virus, la squalamine rend le sang et le foie
résistants à l’infection en «expulsant» les protéines qui adhèrent à
l’intérieur des vaisseaux sanguins. Ces protéines sont une source
d’alimentation pour le virus et sans elles, le sang et le foie ne résistent
pas à l’infection33.
Le squalène agit par le biais d’une boucle de rétroaction inhibitrice
partielle sur la voie du mévalonate. Cette voie est utilisée par les cellules
cancéreuses pour fabriquer le cholestérol. J’allais découvrir par la suite

142
qu’elle peut être inhibée par les médicaments de type statine (les statines
sont particulièrement efficaces pour lutter contre les cancers du sang). Le
squalène est également présent à des taux plus faibles dans l’huile
d’olive (à hauteur de 0,7% contre environ 40% dans l’huile de foie de
requin) et l’huile d’amarante (6 à 8%), qui sont, bien sûr, plus
respectueuses de l’environnement (je rougis de honte à l’idée d’avoir
utilisé de l’huile de foie de requin, mais c’était la seule option que je
connaissais). Le squalène pourrait expliquer pourquoi l’huile d’olive
extravierge est particulièrement efficace pour lutter contre le cancer, et
pas seulement l’acide oléique tant vanté. J’en consommais énormément.
J’en prends encore aujourd’hui deux cuillerées chaque matin ainsi que de
l’huile de foie de morue pour ses effets anti-inflammatoires dus aux
oméga-3 DHA et EPA. Les huiles de foie de poisson sont également une
source naturelle et équilibrée de vitamines A et D, toutes deux
essentielles à la voie PPAR gamma. J’espère qu’il est désormais possible
d’obtenir des alkylglycérols sans nuire aux populations d’animaux de la
faune sauvage. Si l’on décide de prendre de l’huile de foie de requin, en
prendre pendant trois mois seulement comme je l’ai fait, cela peut être
suffisant pour avoir un effet durable sur l’immunité.
Est-ce que j’étais en train de gagner la bataille? Je ne pouvais pas en
être absolument sûre, mais des analyses de sang régulières m’avaient
permis de confirmer que, pour l’instant, tout allait bien. Je restais dans
les limites de la «normale». Je devais garder une confiance aveugle dans
le fait que j’étais sur la bonne voie malgré la difficulté de ce régime. Je
n’avais plus envie d’aliments sucrés, mais je me demandais si j’allais
pouvoir alléger le régime un jour. Me faudrait-il constamment vivre sur
le fil du rasoir, être attentive au moindre aliment, sans pouvoir sortir ni
m’autoriser quelques verres? Se pouvait-il qu’il existe des solutions plus
simples?

143
Chapitre 9

Surmonter les obstacles

C
haque mois, je suivais mes marqueurs sanguins. Au cours de mes
études de kiné, on m’avait appris que le stade IV signifiait
l’absence de toute chance de survie. Le cancer reviendrait.
C’était inévitable. J’essayais de chasser les pensées négatives. Je ne
voulais pas y croire. Je savais qu’affamer le cancer et stopper sa
croissance était la clé pour éviter un retour de la maladie. Le régime était
difficile à suivre, mais j’ai appris à m’adapter, et j’ai vite réalisé que tous
les aliments malsains que j’avais l’habitude de manger ne me
manquaient pas vraiment. Sauf peut-être quand je voyais les autres
manger un sandwich au bacon le dimanche matin…
Comme mes marqueurs sanguins restaient dans les limites de la
normale, j’ai eu de plus en plus confiance en mes propres capacités. Et
au fur et à mesure que le doute s’est estompé, j’ai commencé à me sentir
si confiante que je me suis remise à travailler pour l’entreprise de
cosmétiques que j’avais lancée juste avant le diagnostic de cancer
secondaire dans mes poumons. Cela me changeait vraiment les idées et
j’en avais besoin pour surmonter les rendez-vous ennuyeux à l’hôpital,
l’attente épuisante des résultats et les regards tristes et désolés du
personnel médical. Je lisais dans leurs pensées. On leur avait enseigné le
même dogme: «Stade IV. Je me demande combien de temps il lui reste.»
À l’hôpital, je devais constamment lutter contre le pessimisme qui se
cachait derrière les bonnes apparences. Je n’étais pas à l’abri des
remarques déplacées du personnel. Mon équilibre intérieur pouvait être
ébranlé par le moindre soupçon de défaitisme. «Je suis très satisfaite de
mes progrès», ai-je confié un jour à une infirmière qui prenait ma
tension. «J’espère que je vais pouvoir tenir la maladie à distance
maintenant.» Elle m’a répondu: «Quand la maladie reviendra, je suis
sûre qu’il y aura de nouvelles thérapies à essayer.» Choquée par son
manque d’empathie, je lui ai répondu: «Je suppose que vous vouliez dire

144
SI la maladie revient?» Je savais mieux qu’elle comment contrôler mon
cancer. Comment pouvait-elle supposer que la progression était
inévitable? Cela a renforcé ma détermination.

Nourrir le corps et l’esprit


À la maison, je jonglais avec les réunions commerciales, les nouvelles
formules cosmétiques, la création du design des étiquettes, les boîtes-
cadeaux, et l’approvisionnement de la production dans le monde entier.
Créer une toute nouvelle gamme de produits était passionnant. C’était
aussi une sorte de chaos organisé, un antidote à mon régime médical
structuré et programmé. Je décrirais ces années comme une période de
«multitâches extrêmes», mais je me réservais toujours vingt minutes
pour méditer chaque matin après avoir pris mes compléments. Après le
déjeuner, je prenais le temps de faire une promenade à vélo ou une
marche rapide dans le parc. Cela renforçait sûrement mon immunité,
oxygénait mon sang et permettait à mon corps d’absorber tout le glucose
libéré par mes aliments.
Affamer le cancer. C’était devenu mon mantra. Je le répétais en
marchant d’un bon pas dans le quartier ou dans le parc. Je contractais les
muscles des fessiers à chaque pas, en espérant que personne ne remarque
ma démarche bizarre! Je m’arrêtais de temps en temps pour faire
quelques flexions près d’un banc. Je voulais m’assurer que mon grand
fessier, le plus grand muscle de notre corps, était bien sollicité. Il est
facile de comprendre que c’était le muscle idéal à cibler (avec les
quadriceps, dans les cuisses). En effet, les muscles représentent 40% de
notre masse corporelle et constituent un puits précieux pour absorber
l’excès de glucose. L’exercice augmente également la sensibilité à
l’insuline des tissus. Ainsi ils absorbent et utilisent plus facilement le
glucose.
J’étais très occupée par la création de l’entreprise, mais je continuais
à me documenter sur le cancer. J’essayais de formuler une nouvelle
stratégie anti-cancer. Je voulais anticiper. Si le cancer revenait, j’aurais
besoin d’un plan d’urgence. J’ai continué à acheter des récits de
survivants du cancer, des volumes énormes sur les médecines
alternatives et de nombreux autres livres et journaux. Dans ma
bibliothèque plusieurs étagères sont désormais consacrées au cancer.

145
Je restais persuadée d’avoir pu passer à côté d’autres moyens de lutter
contre le cancer. Le thé vert, et son ingrédient puissant,
l’épigallocatéchine gallate (EGCG), en faisait partie. Mais sa demi-vie
étant courte, je devais en boire constamment tout au long de la journée,
parfois jusqu’à dix tasses! Certains composés naturels sont des armes
très puissantes, comme la curcumine, qui cible les inflammations, tandis
que la génistéine, la silibinine (chardon-Marie), la quercétine et le
resvératrol semblaient arrêter la croissance et la propagation du cancer.
J’ai ajouté toutes ces substances à ma routine, en plus de mon cocktail de
compléments et de mon jus matinal de betterave, céleri, carotte et
pomme. Je n’avais pas encore découvert comment ces composés
pouvaient affamer le cancer, mais chacun d’entre eux semblait être très
efficace grâce à son activité anticancéreuse et anti-angiogenèse. J’en
prenais à chaque repas. Je n’avais pas identifié de régime alimentaire
unique. Chaque médecin complémentaire avait son propre style de
traitement, mais tous se concentraient sur la correction des carences en
vitamines et minéraux (par exemple, le magnésium et les vitamines A, B,
D et K) ou sur l’ajout de compléments susceptibles d’améliorer d’autres
traitements. Mais, surtout, ils étaient tous totalement opposés à la
consommation de sucre.
Préparer des jus de légumes, faire de l’exercice, cuisiner, trouver des
aliments sains, en tester de nouveaux, faire des recherches, méditer,
prendre des rendez-vous à l’hôpital, gérer mon entreprise, toutes ces
activités me prenaient beaucoup de temps, j’étais très occupée. Ce n’était
pas le genre de vie que je conseillerais à quelqu’un qui vient de recevoir
un diagnostic de phase terminale. C’était épuisant. Le soir, je me glissais
dans une salle de bain chaude et parfumée de fragrances naturelles.
J’allumais des bougies, je mettais de la musique et je me détendais
pendant une demi-heure. J’avais besoin d’oublier l’agitation de la
journée. J’ai fini par créer mon propre CD «Tranquility Spa», un rituel
de relaxation avec un peu de réflexologie, des affirmations positives et
des visualisations. Je l’avais conçu surtout pour moi-même, mais je l’ai
ensuite présenté sous forme de coffret cadeau avec des bougies, des sels
de bain riches en minéraux et un coussin de bain. Lors de son lancement,
le coffret a été sélectionné pour le prix du cadeau de l’année.

146
Le moment du bain était idéal pour réfléchir à la vie, à mon activité
professionnelle, à mon cancer et à ses complexités. Ce petit sanctuaire
m’aidait beaucoup à réfléchir – ou à ne plus penser à rien. C’était devenu
mon refuge du soir. Une fois que j’avais calmé le flux de mes pensées, je
pensais à l’évolution de mon cancer et j’essayais d’avoir une vue
d’ensemble. Je n’avais plus de cancer détectable dans mon corps, mais je
n’allais pas rester les bras croisés. Il pouvait revenir à tout moment.
«Quand il reviendra», voilà les mots qui me hantaient sans cesse. Les
cellules cancéreuses malignes avaient réussi à voler mes nutriments, mon
approvisionnement sanguin et mon immunité pour les utiliser contre moi.
Comment pouvais-je déjouer ce parasite?
Les parasites prospèrent et se reproduisent sans relâche jusqu’à ce
que leur source de nourriture vienne à manquer ou que leur hôte meure –
ce qui, malheureusement, se produit en général dans le cas du cancer.
Comment affamer ce dernier sans s’affamer et s’abîmer soi-même? De
l’extérieur, il semblait super puissant, capable de résister aux traitements
les plus toxiques, de muter au moment où l’on pensait avoir le dessus.
Une petite bête rusée. Mais était-il vraiment puissant, ou se réorientait-il
simplement vers n’importe quelle voie libre? Et si je bloquais toutes les
voies? Combien y en avait-il? Comment le savoir? Est-ce que c’était
juste l’IGF-1 et la glycolyse aérobie, l’effet Warburg? Si oui, alors
pourquoi était-ce si difficile à traiter? Il devait y avoir d’autres voies à
bloquer.
La recherche sur le cancer devenait plus réductrice, les scientifiques
examinaient des parties de plus en plus petites du génome du cancer.
Puis ils se tournaient vers le système immunitaire lorsque les traitements
génomiques échouaient. Comment l’immunité des patients avait-elle été
altérée pour permettre au cancer de se développer? Qu’est-ce qui était
arrivé en premier, l’altération de l’immunité ou le cancer? Et si cette
altération était le résultat d’une altération du métabolisme et d’une
inflammation? Il serait alors inutile de cibler le système immunitaire à
moins d’arrêter le métabolisme altéré et de désactiver l’inflammation. De
plus, comment le cancer avait-il commencé? Les chercheurs et les
médecins conventionnels avaient-ils perdu de vue l’ensemble du
problème?

147
Je m’allongeais et je réfléchissais longuement à la différence entre
une cellule cancéreuse et une cellule normale. Les premières ont été
reprogrammées pour se diviser sans fin et donner naissance à des cellules
«filles». Pour ce faire, elles utilisent d’énormes quantités de nutriments.
À la base, les cellules sont composées de diverses protéines qui
constituent les enzymes, les organites et les chromosomes. Ces protéines
sont encapsulées dans une membrane lipidique. Toutes les cellules
cancéreuses ont besoin à la fois de lipides pour construire de nouvelles
membranes cellulaires et de protéines pour construire de nouvelles
structures cellulaires internes. Comme pour bâtir une maison, il faut de la
main-d’œuvre (l’énergie pour la construire), des briques et du mortier.
Dans le cas du cancer, la principale source d’énergie semble être le
glucose, mais la cellule doit également avoir accès à des graisses et à des
protéines pour construire sa structure cellulaire.
Le processus est globalement le même, quel que soit le type de
cancer, que ce soit un cancer du pancréas, un lymphome ou un cancer du
sein. Il pourrait être utile de priver ces cellules des graisses et des
protéines dont elles ont besoin, ainsi que de bloquer le glucose, car il est
utilisé pour la division cellulaire. Cela signifiait-il qu’une diète pourrait
fonctionner?
Mais même lorsque les patients souffrent de cachexie, lorsque le
corps commence à dépérir, le cancer continue souvent à prospérer. Il vole
les nutriments des autres parties du corps. Le problème paraissait
systémique: il affectait la personne dans son ensemble, et pas seulement
une zone ou une région spécifique du corps.
J’ai glané des informations auprès de tous les médecins que j’ai
consultés et dans toutes les revues que j’ai pu trouver. J’ai continué à
modifier mon régime alimentaire. Mon approche ressemblait
probablement à un régime à faible indice glycémique, à faible taux
d’inflammation et à fort taux de cholestérol, un régime «paléo» à base de
fibres, essentiellement pescétarien, mais pauvre en graisses saturées. En
d’autres termes, c’était le régime de l’homme des cavernes. J’avais
supprimé les pommes de terre, les aubergines et les tomates, la rhubarbe,
les fraises et tous les agrumes. Le pamplemousse était le pire. Tout était
trop acide ou inflammatoire pour moi. Je ne mangeais aucun produit
laitier, à l’exception d’un peu de parmesan par gourmandise et, à

148
l’occasion, un petit yaourt bioactif. Je cherchais surtout à savoir
comment mon corps était capable de digérer les aliments en fonction de
l’indice glycémique et comment il réagissait aux différents types
d’aliments. Si je me sentais ballonnée après un repas, alors cela signifiait
que j’avais dû déclencher une réaction inflammatoire, ce qu’il me fallait
éviter à tout prix. Les repas n’étaient plus une source de réconfort,
cuisiner était devenu un fardeau supplémentaire dans mes journées déjà
bien remplies. Je me nourrissais donc de façon très basique: par exemple,
pour le déjeuner, une simple salade avec un peu de riz brun arrosé
d’huile d’olive. Je me demandais si un tel niveau d’engagement était
nécessaire, mais je n’avais vraiment aucun moyen de le savoir. Pourtant,
lorsque je repensais aux statistiques, je savais que je n’avais guère le
choix: jamais je ne pourrais revenir à mon régime alimentaire d’avant le
cancer.

Couper les vivres au cancer: les macronutriments


Si le cancer avait besoin à la fois de graisses et de protéines pour former
deux nouvelles progénitures identiques, et de glucose comme source
d’énergie pour les créer, alors affamer le cancer allait être délicat. Je
devais supprimer les trois sources d’aliments, les «macronutriments» de
mon régime: lipides, glucides et protéines. Or m’affamer pouvait tout
simplement me tuer. Cela ne semblait pas être une solution viable à long
terme. Je me suis demandé s’il y avait des aliments que je pouvais
manger sans danger et que le cancer n’aurait pas aimé.
J’ai d’abord imaginé réduire le volume de nourriture que j’ingérais.
Les avantages de la restriction calorique pour lutter contre le cancer ont
été rapportés dès 1914 par Pheoy Rous34. Ce chercheur a également
découvert que des virus pouvaient déclencher la maladie. Ses travaux sur
les origines virales du cancer n’ont été reconnus que bien plus tard. Il a
finalement reçu le prix Nobel en 1966. Personne n’a encore reconnu ses
observations sur la restriction alimentaire chez les souris ni ses
suggestions indiquant que son intérêt potentiel pour lutter contre de
nombreux cancers. Les effets de la sous-alimentation ont à nouveau
attiré l’attention en 194035, mais ils ont ensuite été délaissés au moment
de l’apparition de la chimiothérapie et de la ruée vers de nouvelles
«panacées». Les médicaments les plus récents étaient censés être des

149
potions magiques. Même sans avoir vu ces recherches, l’intérêt de la
réduction calorique me semblait évident. Progressivement, j’ai mangé
des portions de plus en plus petites. J’imaginais que cela suffirait peut-
être à faire pencher la balance, à affaiblir le cancer et à permettre à mon
système immunitaire de reprendre le dessus.
Réduire les protéines était relativement facile, mais est-ce que les
haricots et les lentilles étaient plus sains? Je ne pouvais pas en être
sûre36. Dans ma quête pour réduire les graisses et les glucides simples,
plusieurs compléments ont attiré mon attention. Le Gymnema sylvestre
est une herbe indienne ayurvédique. Un essai mené sur de patients
diabétiques (type 1 et 2) a montré qu’elle réduisait le glucose. Elle
semblait également augmenter les taux d’insuline, ce qui pouvait
représenter un risque. Est-ce que l’insuline devenait plus efficace? Je
prenais toujours de la teinture de Mahonia aquifolium, mais rien n’avait
été publié sur la berbérine, le principal constituant du Mahonia
aquifolium en lien avec le cancer. Il n’y en avait aucune trace dans les
publications.
Si personne n’utilisait la berbérine contre le cancer, peut-être avais-je
tort, peut-être n’était-elle pas aussi efficace que je le pensais. En 2002,
j’ai décidé de retirer la berbérine et d’essayer le Gymnema à la place. En
effet, face à la multitude d’informations que je découvrais, j’avais oublié
l’article sur le Mahonia publié dans le Journal of Herbal Medicine en
1999 (il décrivait les effets antitumoraux, antimicrobiens, anti-
inflammatoires et hypoglycémiants du Gymnema). Avec le recul, je me
suis aperçue que ce changement a été une erreur. J’aurais dû les prendre
ensemble. Leur combinaison aurait été plus efficace.
L’hydroxycitrate, issu d’une plante indienne appelée Garcinia
Cambogia, était capable de modifier et de réduire les graisses dans le
corps. Heureusement, mon intuition était correcte, car j’ai découvert par
la suite que ce composé pouvait bloquer l’ATP citrate lyase qui convertit
l’excès de pyruvate produit par les cellules cancéreuses en acides gras
pour fabriquer de nouvelles membranes cellulaires37. Mais je me
demandais si cela pousserait le cancer à utiliser davantage de voies
glycolytiques ou d’autres voies métaboliques axées sur les graisses.
Aucune recherche n’avait été menée sur le Gymnema et l’hydroxycitrate
en lien avec le cancer. Les études avaient seulement porté sur le lien avec

150
le diabète et la perte de poids. J’ai ajouté ce composé à mon régime anti-
cancer. Il était impératif de bloquer toutes les sources
d’approvisionnement en carburant du cancer. Mais combien y en avait-
il? Est-ce que je les bloquais suffisamment?
Il a été démontré que le picolinate de chrome améliore la sensibilité à
l’insuline et le contrôle de la glycémie. Je me suis demandé s’il pouvait
améliorer l’efficacité du Gymnema et réduire l’insuline. Leur prise
simultanée pourrait-elle avoir un effet synergique? Par la suite en 2009,
Richard Nahas, un médecin, a montré que le Gymnema et le picolinate de
chrome étaient efficaces pour contrôler la glycémie38.
La niacine-B3T est un précurseur du coenzyme NAD (nicotinamide
adénine dinucléotide) qui a des propriétés de réduction des graisses. Elle
a également un effet bénéfique sur l’insuline, bien que le mécanisme de
cet effet soit moins clair. Le NAD joue un rôle important non seulement
dans la dégradation des graisses, mais aussi dans la dégradation et le
stockage des glucides, des protéines et de l’alcool, ainsi que dans la
signalisation cellulaire et la réparation de l’ADN. Elle peut également
être très utile dans la période post-traitement, lorsque l’organisme a
besoin de reconstruire des cellules avec des mitochondries normales. Le
Dr Callebout, mon médecin intégratif, m’a prescrit une version «no-
flush», c’est-à-dire une version qui n’entraîne pas de bouffées de
chaleur39.
Un apport calorique élevé est associé à des taux de cancer plus
agressifs et à des taux de survie plus faibles, mais est-ce le résultat de
trop de sucre, de trop de graisse, de trop de protéines, ou simplement de
trop de tout? Les huiles oméga-6 favorisaient la croissance du cancer,
c’était très clair. J’ai banni l’huile de tournesol et les autres huiles
végétales transformées, car elles aggravaient l’inflammation. En
revanche, l’incidence du cancer était beaucoup plus faible dans le régime
méditerranéen. L’huile d’olive était peut-être une graisse «sûre», malgré
ses oméga-6. J’ai appris que sa forte teneur en oméga-9 neutralise les
oméga-6. Je consommais du beurre avec parcimonie, même s’il contient
des vitamines A, D et K et un composé appelé acide linoléique conjugué
(ALC).
Il a été rapporté que les effets de l’ALC sont extrêmement bénéfiques,
tant pour la prévention que pour le traitement du cancer. De nombreuses

151
substances naturelles contiennent cet acide gras (beurre, fromage,
graisses saturées de la viande rouge), mais je voulais éviter les graisses
saturées, aussi prendre un complément était l’option la plus sûre. J’ai
découvert depuis que la partie bénéfique de l’ALC est la partie oméga-7,
l’acide palmitoléique – à ne pas confondre avec l’acide palmitique, une
mauvaise huile (bien qu’elle puisse être neutralisée par les oméga-9).
L’acide palmitoléique se trouve à la fois dans l’huile d’olive et dans
l’huile d’argousier. La partie la plus bénéfique de cet acide palmitoléique
est l’acide vaccénique (ou ruménique). Un acide gras trans d’origine
naturelle! Il a des effets bénéfiques sur l’hyperglycémie, les taux élevés
de lipides, l’inflammation et la prise de graisse excessive, et il améliore
la sensibilité à l’insuline. C’est un super nutriment. À l’époque je prenais
de l’ALC sous forme de complément. Maintenant je prends une capsule
quotidienne d’huile d’argousier, qui contient des oméga-7. Mais ce
composé n’est efficace qu’en présence de bifidobactéries dans l’intestin.
Il est donc nécessaire de vérifier que votre intestin a des quantités
adéquates et qu’il ne présente pas de «dysbiose» ni des taux anormaux de
bactéries pathogènes. Pour la santé métabolique, je pense que tout le
monde devrait prendre des oméga-7 en plus des oméga-3 (huiles de
poisson) et oméga-9 en prévention des principales maladies
métaboliques: Alzheimer, cancer, accident vasculaire cérébral, syndrome
métabolique et maladies cardiaques. Je suis à la fois les tendances
médicales et les dernières tendances en matière de cosmétiques, et je
constate que l’industrie cosmétique adopte toujours ces nutriments
bénéfiques beaucoup plus rapidement que l’industrie alimentaire. L’huile
d’argousier a fait parler d’elle pendant un certain temps dans les
cosmétiques, mais elle est encore pratiquement inconnue comme
complément alimentaire. On devrait également vanter ses mérites dans le
traitement du cancer et des maladies cardio-vasculaires!
Le Dr Callebout examinait régulièrement la liste de mes compléments
et, à mon grand dépit, il m’en prescrivait encore plus. Il m’a prescrit de
la vitamine K3 et de la fraction D de maitake (un extrait de champignon).
En effet, il a été démontré qu’ils renforcent l’immunité ainsi que les
effets de la vitamine C administrée par voie intraveineuse. Il m’a
également prescrit de la DHEA (déconseillée pour les cancers liés aux
hormones), pour améliorer mon bien-être et mon immunité et «affamer

152
le cancer» en bloquant la voie du pentose phosphate, qui fait partie du
processus de construction de nouvelles molécules d’ADN.

En finir avec la culture de la culpabilité


Tous les patients atteints de cancer qui effectuent des recherches sur leur
maladie tombent sur des articles qui établissent un lien entre le cancer et
le sucre, les mauvais régimes alimentaires ou les habitudes de vie. Cela
entraîne inévitablement un sentiment tacite de culpabilité et de honte,
comme si le patient était responsable de l’apparition de sa maladie. Des
rapports indiquent que le mode de vie et les facteurs environnementaux
(comme les agents pathogènes et les agents cancérigènes) pourraient être
responsables des cancers à 90%; ce n’est peut-être pas le cas40. À moins
de vivre comme un ermite au pôle Nord, il est impossible d’éviter les
agents pathogènes. Les parasites, les bactéries et les champignons sont
tous liés au cancer, ainsi que les virus. Parmi ces derniers, citons le virus
d’Epstein-Barr, le HPV41, les virus de l’hépatite B et C, le CMV42, le
virus T-lymphotrope humain, le virus du sarcome de Kaposi (KSHV) et
le polyomavirus de Merkel. Des liens avec d’autres virus ont été
découverts. En 2015, le virus de la leucémie bovine a été ajouté à la liste
des risques de cancer du sein. C’est un virus très répandu dans le lait,
dans le monde entier. Je soupçonne que d’autres liens entre cancers et
virus restent encore à découvrir.
De nombreuses personnes ont un régime alimentaire épouvantable et
un mode de vie choquant, mais échappent au cancer, alors que des
végétaliens, fiers de leur mode de vie sain, peuvent eux aussi être
touchés. Mais les médias propagent cette culture de la culpabilité. Cette
victimisation du patient est malveillante et inutile. Les personnes
atteintes de la maladie se soumettent stoïquement à des tortures et des
traitements barbares sans se plaindre. Certains estiment qu’ils le
méritent, car ils n’ont pas été exemplaires en matière de santé
auparavant. En cas de cancer, il est admis que d’atroces souffrances sont
un passage obligé vers la guérison. Si un traitement médical ne rend pas
très malade et n’a pas d’effets secondaires terribles, alors on considère
qu’il ne peut pas tuer toutes ces satanées cellules cancéreuses, et les
contrôler. On nous dit que le seul moyen de se débarrasser du cancer est
de se gaver de produits chimiques toxiques à fortes doses. Après des

153
décennies passées à brûler et à empoisonner les patients avec ces
traitements destructeurs, qui constituent la «norme de soins», nous
sommes incités à croire ces absurdités.
Moi aussi, j’ai ressenti de la culpabilité. Toute ma vie, j’avais
malmené mon corps en avalant sans réfléchir des aliments et des
boissons qui ne me convenaient pas, me faisaient gonfler et me
fatiguaient. Moi aussi, j’ai eu l’impression de devoir être stricte et dure
avec moi-même en suivant un régime sévère et épuisant. Je me
demandais si j’avais, d’une manière ou d’une autre, fait preuve de
négligence et permis au cancer de se développer.

Ne jamais négliger son intestin


Le Dr Callebout a insisté sur la nécessité de traiter toute éventuelle
affection intestinale et de vérifier mes marqueurs sanguins
régulièrement. Maintenant que j’avais terminé ma chimiothérapie, je
savais qu’il était essentiel d’effectuer des tests appropriés, de faire
contrôler mes selles et d’examiner mon profil en micronutriments, en
acides gras, et en vitamines et minéraux. Dans ce domaine, ma formation
médicale ne m’avait pas rendu service. J’avais toujours relégué
l’alimentation et les intestins au second plan. Je ne m’en étais jamais
occupée et je ne les considérais pas comme le point central à l’origine de
la dégradation des autres systèmes du corps.
De nombreux patients atteints de cancer ont souffert d’une infection
au niveau du tube digestif ou de la zone où le cancer est apparu. Il est
vraiment étonnant que ces infections antérieures soient négligées et
qu’elles ne soient pas reconnues en oncologie. Les oncologues
considèrent le cancer comme une maladie totalement organique qui s’est
développée spontanément, et ils ne tiennent pas compte des infections
précédentes. Les causes du cancer sont nombreuses et variées, beaucoup
proviennent de maladies infectieuses, et la plupart des médecins
intégratifs vous diront que tous les patients atteints de cancer ont eu un
problème de santé intestinale à un moment ou à un autre.
Aujourd’hui, une grande partie de la recherche émergente porte sur le
«microbiome», l’ensemble des organismes qui vivent sur nous et en
nous, et sur la nature de notre relation symbiotique. Les scientifiques
tentent de comprendre pourquoi la correction du microbiome a un impact

154
aussi important sur la santé du patient, quel que soit l’endroit où le
cancer s’est développé43. Chaque petite crevasse à la surface de notre
corps abrite une multitude de micro-organismes minuscules et l’intestin
en compte de loin le plus grand nombre.
Je n’étais pas la seule à considérer que mes intestins pouvaient se
remettre de mes excès alimentaires ni à juger que la fatigue, les selles
irrégulières et les ballonnements étaient tout à fait normaux. Je n’avais
pas réalisé qu’il est très facile d’endommager la muqueuse intestinale, en
particulier au début de notre vie, avec l’administration d’antibiotiques ou
d’autres médicaments supposés «sûrs». On commence tout juste à
comprendre comment ces médicaments peuvent entraîner des dommages
ultérieurs et des effets systémiques et pathologiques à plus long terme.
Mes problèmes intestinaux ont peut-être commencé lors d’une
infection, alors que j’étais âgée d’une vingtaine d’années. J’étais en
vacances avec ma famille et je faisais de la planche à voile sur une plage
réputée de Turquie. J’ai avalé trop d’eau de mer et, après quelques jours,
j’ai développé une pneumonie lobaire. Le simple fait de respirer
provoquait une douleur fulgurante due à une pleurite (inflammation des
membranes pulmonaires) et, comme si cela ne suffisait pas, j’ai
également eu une péricardite (inflammation des membranes autour du
cœur). Celle-ci engendrait une douleur intense irradiant du cou et de
l’épaule vers le bras gauche. Incapable de m’allonger ou de dormir, je
passais mes nuits assise sur le pont à regarder les étoiles. J’aurais
vraiment dû être hospitalisée. Un médecin local m’a prescrit un
traitement d’antibiotiques, non enrobés et puissants, qui me faisait rendre
tout ce que j’ingérais, même l’eau. Je n’ai jamais été aussi mince! En une
semaine, j’avais perdu 6 kg, je n’en pesais plus que 47. Le tout sous une
chaleur de 40 °C et sur un bateau. J’étais complètement déshydratée. Je
me sentais si mal que je me rappelle avoir pensé que si je tombais par-
dessus bord, je n’avais pas l’intention d’essayer de m’en sortir. J’aurais
volontiers glissé sous les vagues pour ne jamais revenir. Ces
antibiotiques ont dû complètement détruire mon intestin et bouleverser
mon écosystème microbien. À l’époque, je n’avais jamais entendu parler
des probiotiques. Personne n’en parlait. Comme toutes les bactéries
avaient été éliminées, les bonnes et les mauvaises, mes défenses étaient
au plus bas. C’est peut-être à cette période que j’ai attrapé un parasite.

155
Des années plus tard, alors que je luttais contre le cancer, je savais
que l’intestin était le centre de l’immunité et que je n’irais pas mieux tant
que je ne l’aurais pas guéri. Rétablir un bon «équilibre intestinal» était
une pièce essentielle du puzzle. J’ai compris que des périodes de jeûne
intermittent pourraient permettre à mon intestin de se reposer, de guérir
et de réduire les inflammations. En tant que kiné, j’avais l’habitude de
conseiller du repos et l’application de traitements anti-inflammatoires
(comme la glace et les ultrasons) sur la partie du corps endommagée,
avant le processus de rééducation. Le Dr Calle-bout était favorable au
jeûne intermittent, afin de permettre aux intestins de se reposer de 15
heures au lendemain matin. Le principe est le suivant: le foie est plus
actif et plus à même de traiter les aliments le matin. Bien entendu, cela
permet également d’affamer le cancer. Il m’a expliqué la guerre de
territoire qui se déroule constamment dans nos intestins. L’équilibre
entre les bactéries bénéfiques (commensales) et les mauvaises bactéries
(pathogènes) est en constante évolution, notamment lorsque nous
prenons des antibiotiques ou que nous consommons des aliments
malsains. Les médecins recommandent rarement de prendre des
probiotiques après une antibiothérapie. Ils ne conseillent pas non plus de
ne pas consommer d’aliments sucrés pendant le traitement. Pourtant si
l’équilibre se rompt et que les bactéries pathogènes deviennent
dominantes, elles peuvent finir par sécréter suffisamment d’«exotoxines»
pour provoquer une rupture de la paroi intestinale. Celle-ci, constituée
d’une seule couche de cellules, protège des infections qui pénètrent dans
le corps depuis l’extérieur. Lorsque les cellules qui tapissent l’intestin
sont endommagées par des exotoxines, une inflammation se produit et
desserre les jonctions entre les cellules. Une fois ces jonctions
perturbées, cela déclenche une affection appelée «intestin poreux» ou
syndrome d’hyperperméabilité intestinale. Si vous l’évoquez, vous
verrez que cette affection suscite de nombreux froncements de sourcils
au sein de la communauté médicale, qui ne la prend pas toujours au
sérieux. Comme les écoles de médecine ne dispensent pas
d’enseignement à ce propos et que les entreprises pharmaceutiques n’ont
pas encore mis au point de médicament pour lutter contre, de nombreux
médecins considèrent que les fuites intestinales n’existent pas. Mais la
maladie est bel et bien réelle. Ce syndrome fragilise les patients, ouvre la
voie aux infections opportunistes et peut également déclencher des

156
maladies auto-immunes44. Par chance, dans le cadre de mon
autotraitement, je prenais déjà l’un des meilleurs composés pour soigner
l’intestin, mais je ne le savais pas à l’époque. Vive la berbérine!
Alors que les bonnes bactéries produisent des nutriments importants
comme les vitamines K et B, les taux élevés de bactéries pathogènes
créent des fuites intestinales, et permettent à d’autres agents pathogènes
et à leurs sous-produits toxiques de pénétrer facilement dans le corps.
Une fois à l’intérieur, le microenvironnement autour des cellules souches
normales est modifié. Cela crée une inflammation et entraîne la
formation de cellules souches anormales, qui sont au cœur de tout
cancer. C’est, à mon avis, la cause première du cancer. En association
avec d’autres virus, levures ou autres agents pathogènes résidents, cela
crée un environnement favorable aux cellules souches cancéreuses, qui
peuvent ainsi démarrer leur métabolisme anormal et se développer.

Des «Blasto» quoi?!


Durant l’été 2000, le Dr Callebout m’a annoncé: «J’ai vu les résultats de
vos tests. Vous avez de très bons niveaux de bifidobactéries et de
lactobacilles dans votre côlon, mais vous avez des parasites appelés
Blastocystis hominis.» «Blasto quoi?! Des parasites? C’est dégoûtant!
Comment puis-je m’en débarrasser?» «Les parasites sont beaucoup plus
fréquents que vous imaginez», a-t-il répondu. J’étais stupéfaite en
découvrant à quel point ils sont répandus chez les humains: jusqu’à
100% dans certains pays pauvres, avec des taux d’infection en hausse
ailleurs. Aux États-Unis, en l’an 2000, 23% de la population totale était
infectée par Blastocystis hominis. «Il est difficile de s’en débarrasser.
Vous allez devoir suivre un régime strict», a-t-il poursuivi. Bien. Je
suivais déjà un régime assez sévère, alors autant faire les choses à fond.
Je savais qu’une nouvelle liste de compléments serait ajoutée à ma
collection croissante. «Ce parasite protozoaire pourrait être la cause de la
baisse de vos résultats thyroïdiens. Les deux sont souvent liés», a-t-il
ajouté. Je présentais déjà certains des symptômes classiques associés à
l’infection par Blastocystis hominis, le principal étant une grande fatigue.
Je l’avais attribuée au cancer du col de l’utérus ou à mon mode de vie
trépidant, mais peut-être que ce «maudit» parasite en était la véritable
raison. Parmi les autres symptômes courants, on trouve des

157
ballonnements, des diarrhées, des nausées, des flatulences, des douleurs
abdominales, de l’urticaire et un transit intestinal irrégulier45. Les
parasites n’infectent plus seulement les voyageurs à l’étranger. Avec les
populations de plus en plus migrantes et urbaines, ces petites bestioles
peuvent être propagées par une mauvaise hygiène lors de la préparation
des aliments, par des mains non lavées, voire par nos chats et nos chiens,
en apparence inoffensifs. Il existe un lien étroit entre le cancer de la
prostate et la toxoplasmose gondii présente chez nos amis félins. Nous,
les humains, semblons nous croire immunisés contre les parasites,
comme si nous étions supérieurs et que les vermifuges étaient réservés
aux animaux de compagnie. Mais si nous n’adoptons pas de simples
mesures d’hygiène, nous sommes à la merci de ces minuscules créatures,
qu’il s’agisse de bactéries, de protozoaires, de mycoplasmes, de virus, de
parasites ou même de nanoparticules calcifiantes, les plus petites du lot.
Izabella Wentz, pharmacienne, atteinte de thyroïdite de Hashimoto et
autrice à succès de The Hashimoto’s Protocol, a également été atteinte de
Blastocystis hominis. Elle accuse cette infection d’être en partie
responsable de sa maladie thyroïdienne et dit qu’elle ne s’est sentie
complètement rétablie qu’après l’avoir éradiquée46. Wentz a découvert
que 35% de ses patients étaient porteurs de Blastocystis hominis. C’est
donc l’infection la plus courante associée au syndrome de Hashimoto.
Mais la plupart des médecins considèrent qu’il s’agit d’un banal
organisme commensal et ne voient pas la nécessité de le traiter, malgré
de nouvelles preuves de sa pathogénicité47. Wentz a effectué des
recherches approfondies sur ce micro-organisme. Elle écrit: «Il a été
montré que ce parasite entraîne de multiples sensibilités alimentaires.
Dans le cas d’une véritable sensibilité alimentaire, les symptômes sont
généralement résolus lorsque l’aliment est éliminé. Dans le cas des
personnes infectées par Blastocystis hominis, on observe l’inverse: les
personnes développent plusieurs sensibilités alimentaires, et lorsqu’elles
éliminent l’une d’entre elles, elles développeront une autre sensibilité.»
J’avais moi-même découvert ma sensibilité au blé et aux œufs, mais
également aux produits laitiers, aux tomates et aux agrumes. Je savais
qu’il était impératif d’éliminer les aliments inflammatoires dans le cadre
de mon programme de lutte contre le cancer. Je suis convaincue que

158
chaque patient atteint d’un cancer devrait être systématiquement testé et
traité pour éradiquer les parasites.
Il n’a pas été facile de retrouver un intestin sain et de me débarrasser
de cet intrus. Il m’a fallu beaucoup d’efforts et d’engagement, mais je
savais que c’était primordial. Un intestin sain était indispensable pour
espérer rétablir ma thyroïde ou mon système immunitaire. Si la
profession médicale conventionnelle avait pris l’infection parasitaire au
sérieux, j’aurais pu prendre un traitement aux antibiotiques à court terme
en plus de mes compléments alimentaires48. Mais je craignais que la
prise d’antibiotiques aggrave la dysbiose. Pourtant avec le recul, je
réalise qu’il s’agissait seulement d’un déséquilibre temporaire que
j’aurais pu corriger facilement avec de bons prébiotiques et probiotiques.
En fin de compte, ce qui a fonctionné pour moi, c’est la prise des
produits suivants pendant plusieurs mois:
• une formule antiparasitaire contenant de l’absinthe, du noyer noir,
des clous de girofle, des feuilles d’olivier, de l’ail, de l’extrait de
pamplemousse et des busseroles;
• du chlorhydrate de bétaïne pour augmenter l’acidité de mon
estomac;
– des enzymes protéolytiques qui digèrent les protéines,
notamment la bromélaïne (provenant des ananas) et la papaïne
(provenant des graines de papaye) prises entre les repas;
• des gousses d’ail crues écrasées dans un pesto à l’avocat;
• du zinc;
• Mahonia aquifolium (berbérine);
• des huiles de poisson;
• des graines de lin fraîchement moulues.

Les enzymes protéolytiques digèrent l’enveloppe protéique des


parasites et les rendent plus vulnérables aux traitements. Les enzymes
doivent être prises entre les repas, sinon elles sont utilisées pour digérer
la nourriture. Les graines de lin «balayaient» mon côlon et m’aidaient à
éliminer les parasites enfouis dans les parois de mon intestin (les cosses
de psyllium sont également utilisées à ces fins). Bien sûr, ces
compléments étaient associés à un régime d’exclusion qui ne contenait
plus de blé, de produits laitiers, de riz blanc, de maïs, de boissons

159
gazeuses, de thé noir, de café, d’alcool, ni de fruits à indice glycémique
élevé.

Mon régime macrobiotique


Lorsque j’ai découvert que ma thyroïde était défaillante (après avoir testé
la T3 et la T4), j’ai décidé d’essayer de suivre un régime macrobiotique
pendant trois mois pour faire le maximum et me désintoxiquer. Je
consommais du maquereau et des sardines au moins deux ou trois fois
par semaine pour leur apport en protéines, en oméga-3, et, bien sûr, des
algues. Les algues sont riches en iode, ce qui facilite la production
d’hormones thyroïdiennes, mais il est rare qu’une carence en iode
provoque un fonctionnement anormal de la thyroïde. La cause profonde
se trouve presque toujours dans l’intestin. Le Dr Callebout m’avait
également prescrit un demi-comprimé d’«Armour», une petite quantité
d’hormone thyroïdienne naturelle déshydratée.
Je dois avouer que la perspective de ce régime ne me réjouissait pas
vraiment. En 2000, les informations et les idées de recettes étaient rares,
et je n’aime pas particulièrement la soupe miso ni le wakamé. Mais j’ai
persévéré. Lorsque je faisais un écart, je m’en voulais. Je m’en voulais
de vouloir survivre sans avoir suffisamment confiance en moi pour faire
les efforts nécessaires. La colère m’a aidée à persévérer. J’ai appris à me
pardonner mes entorses au régime. Consciente de leur impact, j’espérais
que mes petites transgressions n’auraient pas de conséquences graves,
même si je n’avais aucune idée de la marge d’erreur dont je disposais. Je
ne savais pas non plus jusqu’où aller dans mon régime. Un glucomètre
m’aurait été très utile pour suivre la quantité de glucose présente dans
mon sang. Avec des données tangibles, j’aurais alors pu avoir un retour
et gagner en motivation. Je suis devenue plus stricte sur la suppression
des glucides raffinés, mais je mangeais des glucides à libération plus
lente et riches en fibres solubles comme les patates douces. Je prenais
aussi des compléments et mon «jus de base», un jus de légumes, du thé
vert ou de l’huile d’olive. Pfff. Pourtant, avoir le sentiment de reprendre
le contrôle d’une partie de ma vie était fondamental. J’étais immergée
dans un monde où j’aurais facilement pu me sentir impuissante, à la
merci des médecins et de ma maladie. J’avais besoin de reprendre le
contrôle.

160
Le Dr Callebout m’a également annoncé que mon taux de folates était
très bas. Le folate et la vitamine B12 sont tous deux essentiels au «cycle
de méthylation», une voie biologique qui contribue à presque toutes les
fonctions importantes de l’organisme, comme la détoxification du foie,
la réparation des cellules et la production d’énergie. Ces composés
contribuent également à détoxifier et à débarrasser l’organisme de
l’excès d’œstradiol, une hormone puissante associée à la stimulation de
la croissance des cellules cancéreuses. Ces faibles taux ne me
surprenaient pas. Pendant la chimiothérapie, j’avais pris du méthotrexate,
un composé qui agit en détruisant les folates pour que l’ADN ne puisse
pas se répliquer. Après la chimio, on ne m’a pas suggéré de prendre des
compléments alimentaires. Certains médecins sont convaincus que
l’appauvrissement en folates à long terme est une bonne stratégie. Mais
la carence en folates entraîne d’autres cancers, avec un lien
particulièrement fort avec le cancer du col de l’utérus49.
Les vitamines B sont également les victimes directes du cortisol,
l’hormone du stress, et bien sûr, tous les patients atteints de cancer sont
plus ou moins stressés. La consommation d’alcool est également liée à
de faibles taux de folates. Une étude a montré que les femmes qui
prennent des folates sous forme de compléments et consomment de
l’alcool de temps en temps avaient le même risque de cancer du sein que
les femmes qui ne buvaient pas50.
Sur la recommandation du Dr Callebout, j’ai pris 5 g de folate par
jour sous forme de complément sublingual pendant plusieurs mois, ainsi
que de la vitamine sublinguale B12. Le folate et la B12 sont
normalement fabriqués par les bactéries intestinales, donc si le
complément alimentaire était recommandé, il me paraissait essentiel de
m’attaquer à la cause initiale de la carence. Ce sont les colonies de
lactobacilles présentes dans notre côlon qui sont responsables de la
fabrication de ces vitamines, donc se contenter de prendre des
compléments n’allait pas suffire pour régler le problème à long terme.
J’ai découvert que les aliments fermentés pourraient m’aider à
augmenter mon taux de lactobacilles. Cependant, les patients atteints de
cancer commettent fréquemment l’erreur de se concentrer uniquement
sur l’augmentation des aliments fermentés, sans tenir compte de leurs
taux de bifidobactéries. Or ces bactéries intestinales ont également

161
besoin d’être rétablies. Elles pourraient même jouer un rôle encore plus
important dans la lutte contre la maladie.
On m’avait dit que mon cancer n’était pas d’origine hormonale,
pourtant j’estimais que le THS que l’on m’avait donné, qui contenait de
l’œstradiol, un œstrogène puissant, n’était pas bon pour moi. Je voulais
passer à la forme plus faible, l’œstriol. Il m’a fallu des années de
harcèlement et de discussions avec mes médecins avant de parvenir à
convaincre mon médecin généraliste de me prescrire des comprimés
d’Ovestin. Ils contiennent beaucoup moins d’œstrogènes que l’œstradiol,
mais permettent de réduire efficacement les symptômes avec une dose de
seulement 2 mg par jour. Les comprimés d’Ovestin ont ensuite été retirés
de la vente51, non pas parce qu’ils sont inefficaces, mais parce que
l’œstradiol, plus puissant, est beaucoup moins cher à fabriquer. Il est
donc difficile de se procurer des hormones biologiquement identiques52.
J’ai également pris de la progestérone naturelle pour me protéger du
cancer du sein, d’abord sous forme de crème, dont j’ai toujours pensé
qu’elle ne ferait pas de différence notable. J’ai passé six ans à me
disputer à nouveau avec mon médecin généraliste, qui insistait sur le fait
que je n’avais pas besoin de progestérone puisque je n’avais pas
d’utérus, pour finalement réussir à obtenir la prescription d’une forme
orale naturelle micronisée, bien différente du progestatif cancérigène
synthétique que mon gynécologue de l’hôpital du sud de Londres
m’avait indiqué. Je ne me doutais pas que la progestérone orale allait
exercer un tel effet. C’était extraordinaire. J’ai eu l’impression de sortir
d’un banc de brouillard! Je n’avais pas réalisé que je vivais dans un
monde obscur53. En outre, j’ai retrouvé un sommeil profond et
réparateur. Même en prenant de la mélatonine, je me réveillais et j’avais
du mal à me rendormir. Je pensais que je ne serais plus jamais capable de
dormir toute une nuit. La première nuit après avoir pris de la mélatonine
et la progestérone ensemble a donc été une très agréable surprise.

Affronter les regards


Je crois qu’il faut manger les aliments sous la forme la plus
biodisponible possible pour en tirer le maximum de bénéfices. Le brocoli
doit être cuit quatre minutes à la vapeur. J’ai mangé des épinards crus et
cuits. J’ai consommé peu de fruits, surtout des pommes et des petits

162
fruits à baies. Au cours des trois mois qui ont suivi la chimio, mon
régime de base comprenait une soupe miso ou du porridge chaud avec
quelques baies pour le petit déjeuner. Pour le déjeuner, je mangeais de
petites quantités de riz complet, de poisson, de salades, de brocoli et
d’autres légumes crucifères. Avec un peu d’imagination, j’aurais pu
rendre ce régime plus attractif, mais j’étais trop épuisée pour faire
beaucoup d’efforts et je n’avais aucune envie de cuisiner. Faire les
courses était déjà assez difficile. À l’époque, le choix était limité. Le soir,
Andrew devait régulièrement se contenter d’un repas fade et insipide,
sans sauce ni saveur exotique. Je l’encourageais à préparer ses propres
repas, mais il faisait preuve d’une solidarité admirable en mangeant mes
préparations peu appétissantes sans se plaindre. Il existe aujourd’hui des
livres de cuisine et des recettes qui auraient rendu mes premiers repas
macrobiotiques plus agréables. J’ai donc abordé ces repas comme
n’importe quel autre défi, une forme de test mental qui me révélerait si
j’étais un adversaire digne ce nom.
Manger à l’extérieur est devenu impossible. En effet, je trouvais
rarement de menu sans risque (ils sont désormais bien plus variés). Le
tabagisme me posait également problème: si je m’asseyais quelques
minutes dans un restaurant enfumé, j’avais mal à la gorge, et cela me
rendait stressée et anxieuse. Même sortir au pub avec des amis
m’angoissait à cause de la fumée54. Je sortais donc peu pendant la
semaine. J’attendais le week-end pour respirer l’air pur de la mer, et non
les fumées nauséabondes de Londres.
Je préparais des jus tous les jours. Avec le recul, j’ai peut-être exagéré
sur la betterave et la carotte! On me demandait souvent si j’étais partie
en vacances, à cause de mon joli bronzage… oups. Mon aliment de base
était un mélange de céleri, pomme, betterave et carotte. Je ne lavais pas
parfaitement les carottes ni les betteraves bio. J’avais lu que les
organismes du sol stimulaient le système immunitaire, si le sol avait été
correctement entretenu, s’il était biologique et s’il provenait d’une source
fiable (j’en profite pour remercier les livraisons de Riverford).
«Il y a un nom pour cette obsession», m’a dit une de mes amies en me
regardant préparer une salade. «L’orthorexie.» «Quoi?» Je ne pensais pas
avoir de trouble alimentaire. «J’ai lu des articles sur le sujet. C’est un
désir permanent de ne manger que des aliments sains.» «Eh bien, ce n’est

163
pas parce que je le veux, c’est parce que je suis obligée! Je ne pense pas
être devenue une hippie amoureuse des arbres.» J’étais contrariée qu’elle
ne comprenne pas que pour moi, ce n’était ni une mode ni une obsession
due à une psychose. J’étais très étonnée que quelqu’un puisse penser
qu’adopter une alimentation saine est un trouble, et encore plus étonnée
d’être considérée comme souffrant d’un tel trouble. Mon amie a
simplement haussé les sourcils. De toute évidence, elle ne comprenait
pas le lien entre les régimes à indice glycémique élevé et le cancer. Elle
ne pouvait pas se mettre à ma place, et elle n’avait pas mené autant de
recherches que moi. Si les gens pensaient que j’allais trop loin et me
voyaient comme une obsessionnelle à cause de mes choix alimentaires,
c’était leur problème. J’allais faire ce que je pensais être le mieux pour
moi. Après tout, je n’avais pas totalement supprimé les glucides et je
n’étais pas obsédée par chaque gramme que j’ingérais.
Lors de ma visite suivante chez le Dr Callebout, il a remis en question
la pertinence d’un régime principalement pescétarien, avec uniquement
du poisson, des noix et des légumineuses comme sources de protéines.
«Savez-vous que vous avez besoin de certains acides aminés pour
fabriquer vos globules blancs?», m’a-t-il demandé. «Par ailleurs les
résultats de vos tests montrent que vous avez des taux très faibles en
arginine. L’arginine vous aide à éliminer l’azote et à fabriquer des
globules blancs, en particulier des cellules tueuses naturelles.» «Est-ce
qu’il y a de l’arginine dans le poisson?» «On en trouve dans les viandes
de gibier comme le chevreuil et le lapin. Celles-ci présentent également
un bien meilleur profil lipidique, avec beaucoup plus d’oméga-3 que les
animaux d’élevage». C’est ainsi qu’un peu de viande d’animaux nourris
à l’herbe, riche en arginine et des compléments d’arginine sont apparus
au menu, juste à la fin de ma chasse aux parasites. Des recherches
récentes ont montré que des taux élevés d’arginine aident les cellules T à
combattre les tumeurs. Ils améliorent également l’efficacité des
médicaments utilisés en immunothérapie55.
Pendant cette période, mon oncologue était très satisfaite de mes
progrès. Elle m’a interrogée sur les compléments alimentaires que je
prenais, mais j’ai pensé qu’il valait mieux ne pas trop en dire. La liste
était trop longue! Il était hors de question que je lui parle de la vitamine
C administrée par voie intraveineuse, c’était une pratique bien trop

164
controversée. Et je ne sais pas ce qu’elle aurait pensé de l’irradiation
sanguine aux ultraviolets ou de mon régime à faible indice glycémique,
riche en iode, en fibres solubles et antiparasitaire. Je n’ai donc rien dit.
J’étais sûre qu’elle n’approuverait pas et je ne voyais aucune raison de
semer la discorde entre nous. Aujourd’hui, j’encouragerais un dialogue
sain, d’autant plus qu’Internet regorge d’études évaluées par des pairs
pour soutenir les choix des patients.
Mon oncologue a réussi à me faire participer à un essai de vaccin
dendritique. Aujourd’hui encore, je ne sais pas si cela m’a aidée (j’ai eu
une réponse faible, «partielle»), mais je suis certaine que la combinaison
des différentes stratégies m’a été utile. L’irradiation sanguine aux UV est
aussi bénéfique qu’un vaccin naturel. La vitamine C par voie
intraveineuse permet de combattre les agents pathogènes et relancer le
système immunitaire. Par ailleurs, j’améliorais la santé de mes intestins
grâce à un régime alimentaire qui renforçait mon immunité, grâce à des
plantes, des compléments, des probiotiques, du MGN3, des champignons
maitaké, et de la berbérine aux multiples propriétés. Tout cela a dû avoir
un effet direct sur ma réponse au vaccin dendritique. Pourtant, d’un point
de vue médical, ma survie continue d’être uniquement attribuée au
vaccin dendritique. Les professionnels médicaux étaient très
enthousiastes à ce sujet. J’ai eu du mal à leur dire que j’avais très
probablement amélioré mes chances de survie en prenant de la vitamine
C par voie intraveineuse et en améliorant ma santé intestinale. On
m’avait dit de ne pas m’attendre à un effet à long terme. Le vaccin était
censé agir uniquement sur la composante HPV de la maladie, considérée
comme un facteur déclenchant, et non sur la propagation de la maladie.
En fait, parmi les quatorze patientes ayant pris part à l’essai, j’ai
découvert que j’étais la seule à avoir survécu plus de quelques mois56.
J’étais triste d’apprendre que les autres femmes étaient décédées, et cela
m’a fait réaliser une fois de plus la chance que j’avais de me réveiller
chaque jour, de sentir la lumière du soleil sur mon visage, d’avoir suivi
une formation médicale. Sans cela, j’étais persuadée que moi aussi
j’aurais été sous terre.
Je survivais envers et contre tout. Je restais optimiste et positive.
J’ignorais totalement la bombe à retardement qui était en moi.

165
Chapitre 10

Marcher sur des œufs

«T
u vas te tuer si tu continues comme ça!», m’a dit Andrew
alors qu’il me regardait peiner en montant les escaliers. «Il
est 22 heures, tu devrais aller te coucher! Tu es censée
éviter le stress!» «C’est juste un email. Ça ne me prendra pas longtemps.
Je redescends dans une seconde.» Il pensait que j’étais folle de démarrer
une nouvelle activité. Il avait raison. M’occuper de ma santé était déjà un
travail à plein temps, gérer une entreprise en plus, c’était de la folie.
Mais je ne le voyais pas. J’avais besoin d’une activité prenante pour
détourner mon attention du cancer. Je voulais avoir quelque chose à
montrer pour laisser une trace de mon passage sur Terre. Je voulais créer
ces cosmétiques et ces rituels.

Une âme d’entrepreneure


Avant mon second cancer du poumon, j’avais déjà écrit et publié deux
livres entièrement à compte d’auteur. J’avais vendu 10 000 et 5 000
exemplaires de chacun (BATHrobics et BATHrobics for Pregnancy) par
le biais de WH Smith, d’autres librairies et du catalogue Innovations. Je
voulais à présent créer des cosmétiques pour accompagner chaque rituel
de spa. J’ai rencontré les directeurs de réseaux de distribution Boots, The
Body Shop et Virgin Vie et j’ai discuté de mes idées avec chacun d’entre
eux. Ils semblaient tous intéressés, mais aucun n’était prêt à s’engager et
à investir. Le problème avec les grandes entreprises, c’est que prendre de
telles décisions devient impossible, il y a trop de comités de réflexion,
trop d’obstacles à franchir. J’avais rencontré le même problème pour
trouver un éditeur pour mon livre imperméable, des années auparavant. Il
était fabriqué en polypropylène et comportait une ventouse en
caoutchouc. Grâce à son design unique, on pouvait le retourner pour

166
qu’il devienne un cadre à suspendre au-dessus de la baignoire. J’avais
fini par abandonner mes recherches et par le publier moi-même.
Après tout, j’avais publié un livre sans avoir aucune expérience en la
matière, je devais être capable de créer des cosmétiques! De toute façon,
parmi les entreprises que j’avais contactées, aucune ne fabriquait les
produits précis que je voulais pour mes rituels. Trouver un fabricant sous
contrat et un chimiste, puis des emballages et des designs, distribuer en
pharmacies et en grands magasins, ça ne devait pas être si difficile!
Waouh! C’était épuisant.
Avec ma maladie et ma prise de conscience de la toxicité de notre
environnement, j’ai réalisé que mes premières formulations étaient loin
d’être parfaites. Elles contenaient toutes des parabènes, des
conservateurs imitant les œstrogènes, et certaines contenaient des
sulfates et de la triéthanolamine. Je n’aurais jamais pu les vendre avec la
conscience tranquille! Je voulais être fière, 100% heureuse de proposer
des produits de qualité supérieure et non des produits toxiques. C’est
pourquoi, à grands frais, toute la gamme a été reformulée avec des
ingrédients propres, riches et naturels. Mes cosmétiques ne seraient pas
de simples gadgets marketing pour accompagner mes livres
imperméables, mais d’excellents produits à part entière.
Entre les visites à l’hôpital et les perfusions de vitamine C, j’avais
réussi à rencontrer les responsables achats de John Lewis, Debenhams et
House of Fraser et toutes ces grandes chaînes de magasins avaient passé
de grosses commandes. J’allais réussir ce projet, j’en étais sûre. Mais,
après quelques années de ce mode de vie trépidant, j’étais de plus en plus
fatiguée et mes marqueurs sanguins remontaient lentement vers la limite
supérieure de la normale. J’étais inquiète. J’avais continué à prendre tous
mes compléments alimentaires, à suivre mon régime et à faire mes
exercices. Pendant les premières années, je me sentais presque
invincible, et capable de résister à toutes les maladies. Quand tous mes
proches attrapaient des rhumes ou la grippe, je disais: «Aucun microbe
qui se respecte ne pourra m’attaquer!» Pourtant, je savais que quelque
chose clochait. Je disais que j’étais en forme, mais j’étais constamment
épuisée. Le genre de léthargie implacable qui vous tire vraiment vers le
bas. Monter quelques marches au réveil suffisait à m’essouffler. Mais les
ventes, les relations publiques et la préparation des commandes devaient

167
se faire en parallèle à la production, je ne pouvais donc pas me permettre
d’être fatiguée. Je savais que j’en faisais trop, mais je n’envisageais pas
d’échouer. Peu à peu, la fatigue s’est amplifiée. La nuit, je me réveillais
en sueur, complètement trempée. Était-ce un effet secondaire de la
chimio? Est-ce que je manquais d’hormones? Ou bien est-ce que la
fatigue et la transpiration nocturne étaient des réactions tout à fait
normales? Mon sixième sens m’a dit que je devais enquêter.

D’inquiétants rouleaux
J’avais vu le Dr Kingsley et le Dr Callebout. Deux avis c’était bien, mais
trois c’était encore mieux, alors j’ai décidé de consulter aussi le Dr
Kenyon. Il a notamment pratiqué une analyse de sang vivant, qui permet
de l’examiner avec un microscope à fond noir. Nombreux sont ceux qui
se moquent de ce test de base (comme d’habitude, il y a un bel article
désobligeant sur Quackwatch) et à juste titre parfois, car il a été utilisé
par des entraîneurs personnels et des salles de sport pour lire le sang.
Mais avec un interprète qualifié, c’est tout à fait fascinant: on peut voir
en un instant ce qui se passe dans le corps en temps réel. C’est aussi un
test assez facile à réaliser. On pique le doigt, puis le sang est recueilli sur
une série de lames et il est examiné. Le terme «fond noir» signifie
simplement que le sang est placé sur un fond sombre, ce qui permet de
mieux voir les cellules rouges et blanches et les éventuels champignons.
Avec le Dr Kenyon, nous avons regardé l’image en silence pendant
une minute environ pendant qu’il déplaçait le microscope.
«Hmmm… Les globules sont tous empilés et forment des rouleaux.
– C’est normal?
– Eh bien, il est courant d’observer ces rouleaux chez les patients
atteints de cancer. Le cancer provoque une libération anormale de
facteurs de coagulation inflammatoires, les cytokines, ce qui entraîne la
présence de fibrinogène collant dans le sang. Vous devriez veiller à
empêcher la formation de caillots.
– Mais il y a vraiment beaucoup de rouleaux, dans tout le sang! Et en
principe, je ne suis plus atteinte de cancer! Est-ce que ces rouleaux sont
dus à la chimio? Est-ce pire ou mieux que chez les autres patients?
– Nous allons devoir les surveiller.»

168
Je comprenais pourquoi j’étais épuisée! Ces «rouleaux» sont des piles
de globules rouges empilées les unes sur les autres. Ils sont recouverts de
fibrinogène collant à cause de l’inflammation. Comment diable
pourraient-ils traverser les capillaires, capter efficacement l’oxygène
dans les poumons et l’acheminer vers les tissus? Il n’est pas surprenant
que les caillots sanguins et les crises cardiaques soient fréquents après un
diagnostic de cancer. Et cela pouvait expliquer l’extrême fatigue et les
essoufflements que je ressentais. J’ai commencé à me demander si je
n’étais pas devenue anémique.
J’étais persuadée que mes résultats allaient s’améliorer. Je pensais
que plus le temps passerait, plus mon état de santé évoluerait
favorablement grâce à mon régime strict et à mon mode de vie
rigoureux. Pourtant, des symptômes évidents indiquaient le contraire,
mais j’étais dans le déni. Quelques semaines plus tard, une nouvelle
analyse de sang vivant a montré que mon état s’aggravait. J’ai appris par
la suite que les «rouleaux» sont une indication de maladie grave,
notamment de cancer. Je me suis demandé si je n’avais pas une autre
métastase qui se développait quelque part dans mon corps, mais mon
marqueur SCC (squamous cell carcinoma) était toujours dans la plage
normale, ce qui correspondait à une absence de métastase. J’étais
soulagée. Mais alors, que se passait-il? On sait que l’inflammation et
l’hypoxie (le manque d’oxygène) favorisent le cancer. Est-ce que j’avais
d’autres problèmes? Il me fallait améliorer ma stratégie. Or, j’avais
l’impression d’avoir été aussi rigoureuse et «orthorexique» que possible.
Pourtant, j’ai réalisé que j’avais oublié plusieurs compléments
alimentaires, notamment l’aspirine. Quoi qu’il en soit, ce que je faisais
n’était pas suffisant. C’était tellement décourageant!
Je n’avais pas le moral quand je suis rentrée à la maison. J’ai à peine
parlé à Andrew de ma consultation. Je ne voulais pas qu’il sache à quel
point j’étais inquiète. Je lui ai dit que tout allait bien. En même temps,
j’étais soulagée d’avoir au moins découvert une explication à ma fatigue.
Si je m’étais reposée uniquement sur le NHS, je n’en aurais pas eu la
moindre idée, car personne ne faisait le lien avec une éventuelle maladie
du sang.
J’ai commencé par prendre un peu d’aspirine. En 1999, le chirurgien
qui m’avait opérée avait semé le doute à ce sujet, mais j’aurais dû me

169
fier davantage à mon instinct. Maintenant, je me demandais si j’aurais pu
éviter cette situation si j’en avais pris tous les jours57. Après avoir pris de
l’aspirine pendant un mois, ainsi que des huiles de poisson, de la
nattokinase, du pycnogenol et des enzymes protéolytiques, les rouleaux
ont commencé à se désagréger un peu. Tous ces médicaments ont des
effets anticoagulants et l’aspirine contribue également à briser les
plaquettes qui se collent les unes aux autres. J’avais réussi à réduire le
fibrinogène collant et l’inflammation, mais le Dr Kenyon me regardait
toujours avec un œil inquiet. Il m’a demandé si les sueurs nocturnes
s’amélioraient. Non, j’en avais encore beaucoup. Pouvait-il s’agir d’une
réaction post-chimiothérapie tardive? Il a fait une pause, a levé les yeux
du champ noir et a dit: «On dirait que vos globules rouges ont une forme
bizarre.» Il m’a de nouveau interrogée sur les antécédents de mon
traitement, la quantité de chimio et de radiothérapie que j’avais reçue. Je
commençais à me sentir mal à l’aise. Il m’a montré la diapositive. En
regardant de près, on pouvait voir que les membranes de nombreux
globules rouges étaient déformées ou cassées. «Nous devons faire
d’autres tests», a-t-il déclaré. J’ai commencé à paniquer. «Pensez-vous
que je pourrais avoir une leucémie?» Je me suis souvenue que la chimio
et la radiothérapie pouvaient entraîner un risque de dommages au niveau
de la moelle osseuse. «Je ne peux vraiment pas en être sûr à ce stade.
Vous aurez besoin d’un diagnostic formel de votre oncologue. Voyons ce
que disent les analyses de sang.» La moelle osseuse est le lieu de
formation des globules rouges. Comme les globules blancs, ils se
renouvellent très rapidement ce qui les rend très vulnérables à la
chimiothérapie et à la radiothérapie. Les traitements peuvent provoquer
des dommages chromosomiques sur l’ADN, ce qui peut entraîner une
réduction du nombre de globules blancs et, dans certains cas une
malformation des globules rouges. Au lieu d’être des disques biconcaves
bien formés, mes globules rouges avaient maintenant des spicules
bizarres qui dépassaient. Je savais que la leucémie était plus souvent
observée chez les jeunes patients, et j’espérais vraiment que cela ne
m’arriverait pas à… 39 ans. Lorsque la leucémie est due à un traitement
antérieur, le cancer est rapide et fatal – quelques semaines, généralement.
Est-ce que j’allais pouvoir fêter mon quarantième anniversaire? J’ai
soupiré. Je savais que la moelle osseuse de mon bassin avait dû être
durement touchée par la chimio-radiothérapie. En 1994, mon oncologue

170
m’avait donné une énorme dose de chimio, puis une dose encore plus
importante en 1999. Après trois cycles, je l’avais persuadée de la réduire
pour me donner quelques mois de plus, alors même que le risque d’un
nouveau cancer importait peu. Mais au lieu de cela, j’avais survécu,
contre toute attente.

Retour à la case départ


C’était un coup dur. Quatre années s’étaient écoulées depuis mon
premier diagnostic et neuf depuis mon deuxième. Et maintenant, une
leucémie liée au traitement apparaissait. Je me sentais malade. Une fois
de plus, je manquais de temps pour trouver une réponse. J’ai décidé de
garder tout cela pour moi. Si j’inquiétais Andrew sans avoir plus
d’informations, nous paniquerions tous les deux. Il ne m’avait pas
accompagnée lors de ces consultations, car il voyageait beaucoup pour
son travail. Je ne voulais pas l’embêter. Il ne pouvait pas faire grand-
chose. Mais, moi, que pouvais-je faire? Quand je suis rentrée à la
maison, j’ai aussitôt repris mes recherches. J’ai lu que les rouleaux sont
présents dans les myélomes et les leucémies myéloïdes aiguës (LMA).
Les syndromes myélodysplasiques (globules rouges de forme anormale)
issus d’une chimio ou d’une radiothérapie évoluent rapidement vers une
leucémie myéloïde aiguë. Les cancers du sang liés au traitement ont un
mauvais pronostic (bien pire que les autres cancers de ce type) et
représentent moins de 10% des cancers leucémiques. Bon sang, bon
sang, bougre! Moi qui pensais avoir fait tout ce que je pouvais! J’avais
tout essayé. Est-ce que j’allais mourir, non pas à cause du premier
cancer, mais à cause de l’effet toxique du traitement que j’avais reçu?
Est-ce que j’avais été trop stressée par ma nouvelle entreprise et j’avais
laissé cette situation se développer? C’était très probable.
Quel était le traitement de la myélodysplasie ou de la LMA? Plus de
chimiothérapie. Un traitement à base de rétinoïde (une vitamine A très
puissante) était utilisé pour la leucémie myéloïde chronique. Ou une
greffe de moelle osseuse, mais elle n’était pas proposée aux patients qui
avaient déjà eu un cancer58.
La situation n’était peut-être pas si grave. Je me suis dit de ne pas
paniquer, de «rester dans le présent» jusqu’à ce que je reçoive les
résultats des tests, quelques semaines plus tard. Cette fois, Andrew m’a

171
accompagnée pour le rendez-vous. Le Dr Kenyon m’a tendu une feuille
avec les résultats.
«Qu’est-ce que cela signifie?» Je regardais les plages de valeurs
normales et chaque test montrait que mes résultats en étaient très
éloignés. Le marqueur tumoral TM2PK semblait particulièrement élevé.
Je savais ce que cela signifiait. Il m’a tendu une autre feuille. «Ce sont
les résultats de l’autre analyse de sang», a-t-il dit, imperturbable.
«L’absence de protéine p53, à laquelle s’ajoutent les autres résultats
sanguins, votre fatigue et vos sueurs nocturnes signifient qu’il va
vraiment falloir discuter de tout cela avec votre oncologue. Il est possible
qu’elle vous propose une autre chimiothérapie.» Encore de la chimio!
Pas question! Je ferais tout pour l’éviter.
Je me souvenais que le gène p53 était un suppresseur de tumeur. Et
mince! Si ce gène était supprimé, cela signifiait que le cancer pouvait se
déchaîner dans mon sang et ma moelle osseuse. J’ai regardé à nouveau
les résultats et j’ai essayé de rester calme. Je ne voulais pas effrayer
Andrew. Mais la panique s’emparait de moi.

Infographie 1: résultats des tests sanguins, mai 2003.

«Votre réponse immunitaire est anormale», a ajouté le médecin.


«Votre taux d’interleukine 5, qui mesure votre réponse allergique ou
humorale, est très élevé. Vos résultats montrent que votre interleukine 12

172
et votre facteur de nécrose tumorale bêta sont tous les deux supprimés.
Or ces deux facteurs contrôlent les anticorps. En d’autres termes, quand
il y a une réaction allergique élevée, les cellules tueuses naturelles sont
supprimées.»
Mon taux d’interleukine 5 (IL5) était de 26 000 alors que la normale
se situe entre 3 000 et 4 00059. Le Dr Kenyon pensait-il qu’une issue
tragique était inévitable? J’ai senti un grand frisson parcourir ma colonne
vertébrale. Après tout ce que j’avais fait pour rester en vie, j’allais peut-
être mourir.
«Je pense que nous devons vous administrer de la vitamine C par voie
intraveineuse pendant quelques semaines», a-t-il conclu. Je lui ai
répondu: «Est-ce que je peux commencer dès demain?». Il m’a dit qu’il
allait faire en sorte que cela soit possible. Heureusement, je m’étais
toujours préoccupée de ma santé et, de son côté, il disposait d’une équipe
prête à m’aider! J’aurais pu facilement passer à côté si j’avais suivi
uniquement les «protocoles de soins» habituels. D’après les statistiques,
je savais que les traitements conventionnels seraient totalement
inefficaces. Sur le parking, j’ai serré Andrew dans mes bras et je lui ai
assuré que ce n’était qu’un simple «incident», que je m’en sortirais avec
la vitamine C en intraveineuse puisque mes marqueurs de SCC étaient
toujours stables. Je n’ai pas osé mentionner qu’il s’agissait presque
certainement d’un autre cancer, alors il a simplement hoché la tête et
supposé que tout était sous contrôle.
En rentrant chez moi, j’ai appelé mon oncologue et lui ai parlé des
anticorps anti-p53. J’ai été choquée par sa réponse. Elle était folle de
rage. Vous ne pouvez pas faire un test sans conseils appropriés!
Envoyez-moi le résultat! Qui a fait ce test? J’étais tellement bouleversée
par sa réaction que je me suis tue et n’ai pas parlé de la myélodysplasie.
Elle ne pensait pas à un cancer du sang, elle s’inquiétait en pensant qu’il
s’agissait d’une récidive de mon cancer du col de l’utérus. Ces
marqueurs semblaient normaux. Si elle avait découvert qu’il s’agissait
d’un éventuel cancer du sang, elle aurait probablement voulu me faire
subir une chimiothérapie, ce qui aurait pu entraîner une récidive. Il valait
mieux me taire. J’avançais sur un terrain miné entre mes médecins, je
marchais sur des œufs. Je lui ai envoyé le résultat du test p53 et elle a
demandé à un immunologiste de l’examiner. Je n’ai pas mentionné

173
l’analyse de sang vivant, car je pensais qu’elle ne prendrait probablement
pas ce test au sérieux, mais je lui ai posé une question sur le test TM2PK.
Elle n’en avait jamais entendu parler60. En effet, le métabolisme anormal
du cancer n’est toujours pas considéré comme un élément important, que
ce soit pour les tests ou pour les activités de recherche. Les traitements
conventionnels sont entièrement axés sur les gènes pour lesquels des
médicaments brevetés et coûteux sont disponibles ou en cours de
développement. Il n’existait apparemment aucun médicament pour traiter
la glycolyse anormale (c’est-à-dire la dégradation anormale du glucose)
et on a donc jugé que ce test n’était pas pertinent. Malgré mon immense
respect pour mon oncologue, je réalisais que la voie conventionnelle
qu’elle suivait avait abouti à un échec et j’observais son refus de traiter
le métabolisme anormal du cancer. Je n’avais pas l’intention de suivre la
voie conventionnelle, encore moins si cela signifiait plus de
chimiothérapie. Je devais trouver un moyen d’y faire face sans son aide.

Quelle alternative à la chimio?


Cette nuit-là, je n’ai pas réussi à dormir, mes pensées fusaient. «Je
pourrais vous tuer avec ça»: voilà ce que m’avait dit mon oncologue au
moment où elle m’avait délivré les doses maximales de chimio et de
radiothérapie, au début du traitement. Les mots négatifs avaient tendance
à s’incruster dans mon esprit. J’étais tellement sûre d’avoir fait tout ce
qu’il fallait pour maintenir mon marqueur sanguin SCC le plus bas
possible. Que pouvais-je faire de plus? J’avais l’impression d’avoir reçu
un coup de pied dans l’estomac. J’avais avancé prudemment, consciente
du fait que la route serait peut-être cahoteuse, mais je ne m’attendais pas
à un tel choc. Je m’étais préparée à un retour du cancer du col de
l’utérus, mais pas à cela! J’avais anticipé, j’étais prête à lutter contre le
monstre s’il revenait. Mais un cancer du sang impliquait une toute
nouvelle approche, car il ne répondait manifestement ni au régime
alimentaire que je suivais ni à aucun des compléments que je prenais.
Il m’avait rattrapée malgré tous mes efforts. Le cœur triste, j’avais
l’impression d’être de retour à la case départ. C’était vraiment très dur.
J’avais envie de pleurer, mais je ne voulais pas laisser le désespoir
entraver mes efforts. Il fallait que je décide ce que j’allais faire. Traiter la
myélodysplasie et la leucémie myéloïde aiguë liée au traitement par une

174
autre chimiothérapie était une aberration! Non seulement la chimio était
toxique, mais, en plus, elle affaiblissait le système immunitaire et
entraînait un risque de thrombo-embolie veineuse, de caillot sanguin, ou
pire61. Peu importe les arguments avancés, je ne voulais plus de
chimiothérapie.
De nombreux patients atteints de cancer présentent des risques de
maladies cardiaques, d’accidents vasculaires cérébraux, de thrombose
veineuse profonde ou d’embolies pulmonaires à cause des effets du
cancer sur les plaquettes et le fibrinogène plasmatique. Le risque de
thrombose veineuse peut être multiplié par quatre à sept. C’est un effet
secondaire de la maladie dont on ne parle pas. Je savais que ce risque
était sous-estimé. Pourtant c’est l’une des principales causes de décès
chez les patients. Environ 25% de ceux atteints de cancer meurent d’un
événement cardio-vasculaire ultérieur, qui n’est jamais directement
attribué au cancer et n’est donc pas inclus dans les statistiques. Le simple
fait de prescrire une petite dose d’aspirine à tous les patients atteints d’un
cancer pourrait potentiellement sauver de nombreuses vies, ou au moins
prolonger leur survie.
J’ai fait une pause dans mon activité professionnelle pendant que je
cherchais une réponse. La solution devait être là, j’en étais sûre, si
seulement j’avais le temps de la trouver. J’étais désespérée et terrifiée.
Mais la terreur n’allait pas m’aider. J’avais dû passer à côté de quelque
chose, mais quoi? Concentre-toi, concentre-toi, concentre-toi, Jane!

Les pionniers du dipyridamole


J’étais abonnée à plusieurs revues, notamment la Townsend Letter for
Doctors & Patients. Un article portant sur un médicament pour lutter
contre les maladies cardio-vasculaires, le dipyridamole, avait attiré mon
attention. En poursuivant mes lectures, j’ai à nouveau remarqué que le
dipyridamole était mentionné. Un certain Wayne Martin avait écrit une
petite colonne dans la rubrique «Courrier». Son récit m’a fait bondir. Il
décrivait le dipyridamole (un médicament antiplaquettaire utilisé pour les
problèmes cardio-vasculaires) et expliquait que ses effets anti-cancer
avaient été ignorés. J’ai compris qu’il s’agissait d’un puissant
médicament anti-cancer qui avait des effets directs sur le sang. J’ai

175
ressenti un frisson d’excitation en poursuivant ma lecture. Le
dipyridamole allait-il m’aider à guérir? Je commençais à le croire.
Voici le courrier de Wayne Martin. J’ai choisi de le diffuser, car il
contient de nombreuses informations précieuses.

Effet anti-cancer du dipyridamole:


Le dipyridamole est un médicament inoffensif largement utilisé dans le
traitement des patients ayant survécu à un accident thrombotique ou à une
thrombose coronaire et qui a le potentiel d’être un médicament anti-cancer
sans danger.
Examinons d’abord le rapport publié dans le The Lancet, dans le numéro
du 23 mars 1985, p. 693, par E.H. Rhedes et al. de l’hôpital de St Helier et
Kingston dans le Surrey, en Angleterre. Ces médecins prescrivaient depuis
11 ans 300 mg par jour de dipyridamole à des patients atteints de
mélanome de niveau de Clark IV et III. Trente patients ont reçu cette dose
de dipyridamole. Parmi eux, vingt-six avaient une maladie de niveau IV et
quatre une maladie de niveau III. À cinq ans, la survie des patients de
niveau IV était de 74%. Celle de l’ensemble des trente patients atteints
d’une maladie de niveau IV et III était de 77%. Aucun des patients de
niveau III n’est décédé. Il a été mentionné que la survie attendue à cinq
ans pour un mélanome de niveau IV est de 32%. Dans le cas du
mélanome, 100% des décès sont causés par des métastases.
La formation des métastases de différentes formes a lieu à l’aide du réseau
vasculaire. Pour pouvoir se déplacer dans la circulation sanguine, les
cellules tumorales se fixent à l’endothélium vasculaire au début de la
formation des métastases.
On sait que le dipyridamole tend à empêcher cette fixation des cellules
cancéreuses à l’endothélium au sein de la circulation sanguine. Il permet
donc d’empêcher la formation de métastases. Comme l’aspirine, le
dipyridamole inhibe l’adhésion des plaquettes et tend ainsi à empêcher la
thrombose vasculaire, les crises cardiaques et les accidents vasculaires
cérébraux. Le rapport de l’étude européenne sur la prévention des
accidents vasculaires cérébraux a été publié dans The Lancet du 12
décembre 1987 (pp. 1371-1374). L’introduction de ce rapport indiquait
que l’aspirine ne présentait pas de bénéfice pour les patients qui avaient
survécu à un petit accident vasculaire cérébral, un AIT, une attaque
ischémique temporaire. Dans cet essai, le dipyridamole avait été ajouté au
traitement à l’aspirine et à l’AIT à raison de 300 mg par jour. Les résultats
étaient remarquables. Sur une période de deux ans, les décès dus à un
accident vasculaire cérébral avaient diminué de 50%, ceux dus à un

176
infarctus du myocarde de 38% et ceux dus au cancer de 25%. Le nombre
de patients impliqués était faible, mais nous avons ici une autre indication
d’un effet anti-cancer du dipyridamole.
J’ai longuement discuté avec le Dr Betty Rhodes, qui est à la retraite
depuis environ huit ans. Elle a traité le mélanome avec du dipyridamole
parce qu’elle est dermatologue et que c’est le type de cancer qu’elle
traitait. Elle a été déçue de l’absence de suivi de l’indication très
prometteuse qu’elle a démontrée pour le dipyridamole dans le traitement
du mélanome. Selon elle, le dipyridamole pourrait être tout aussi efficace
dans le traitement de nombreuses autres formes de tumeurs malignes
solides.
L’effet anti-cancer du dipyridamole indiqué ci-dessus pourrait n’être dû
qu’à sa prévention des métastases, mais Eva Bestida et al. de l’université
de Barcelone a publié dans Cancer Research, dans le numéro de
septembre 1985 (p. 4048-4062), un rapport montrant que le dipyridamole
inhibe la croissance de certaines cellules cancéreuses humaines. Le
composé a provoqué une inhibition de plus de 80% de l’adénosine, de la
thymidine et de l’uridine. Or les cellules cancéreuses ont besoin de ces
éléments pour prospérer. Ceci laisse supposer que le dipyridamole
pourrait avoir un autre effet anti-cancer en plus de la prévention des
métastases.
En 1958, le professeur R.A.Q. O’Meara du Trinity College de Dublin en
Irlande, a publié un rapport sur la coagulation et le cancer dans l’Irish
Journal of Medical Science, vol. 394, p. 474-479. Je l’ai rencontré
brièvement en 1965. À l’époque, il pensait qu’en cas de tumeur primaire
ou de métastase, des facteurs de coagulation sont libérés par les cellules
cancéreuses. Ces dernières sont alors recouvertes de fibrine. Il pensait que
les cellules immunitaires qui tuent les cellules cancéreuses pouvaient agir
plus efficacement si elles pouvaient entrer en contact avec les cellules
cancéreuses. Selon lui, cette couche de fibrine sur les cellules cancéreuses
agit comme une barrière protectrice qui les empêche d’être tuées par le
système immunitaire.
Je pense que L. Michaels a pu être l’un des étudiants de O’Meara. Quoi
qu’il en soit, Michaels a publié un rapport dans The Lancet, dans le
numéro du 17 octobre 1964 (p. 832-835), intitulé «Incidence du cancer et
mortalité» chez les patients sous traitement anticoagulant. À cette époque,
presque tous les patients qui avaient survécu à une crise cardiaque ou à un
accident vasculaire cérébral thrombotique prenaient de la warfarine
pendant des années. La warfarine devait empêcher la formation du
thrombus ou de fibrine. Michaels a mené une étude qui portait sur plus de

177
1 500 années-patients. Seul un décès était dû à un cancer primaire du
poumon alors que, dans ce groupe, on s’attendait à huit décès par cancer.
La warfarine a tendance à empêcher la partie rouge, ou fibrine, d’un
caillot sanguin. Le dipyridamole, empêche également la formation d’un
thrombus de fibrine, car il empêche l’accumulation des plaquettes, mais
sans entraîner de carence en vitamine K comme c’est le cas avec la
warfarine.
Les cellules cancéreuses émettent des facteurs de coagulation ce qui
expose les patients atteints de cancer à un risque beaucoup plus élevé de
décès par thrombose vasculaire, par crise cardiaque ou accident vasculaire
cérébral.
En 1958, au moment du premier rapport O’Meara, on pensait très peu au
rôle des plaquettes dans les attaques cardiaques et les accidents
vasculaires cérébraux.
En 1945, le traitement standard pour les survivants d’une attaque
cardiaque ou d’un accident vasculaire cérébral thrombotique était un
anticoagulant tel que la warfarine ou un produit similaire.
En 1970, cette pratique a presque totalement disparu. Il a été décidé que le
traitement anticoagulant n’augmentait pas la survie. Les médecins
pensaient qu’il n’y aurait jamais de formation d’un thrombus rouge ou de
fibrine sans qu’il n’y ait d’abord un thrombus blanc ou plaquettaire. La
découverte des facteurs de la cascade de l’arachidonique et de la
thromboxane A2, substance responsable de l’agrégation des plaquettes, a
été à l’origine du prix Nobel de médecine en 1982. On pensait alors qu’un
thrombus plaquettaire sans thrombus de fibrine pouvait suffire pour créer
une occlusion et provoquer un accident vasculaire cérébral thrombotique
ou une crise cardiaque. Grâce à cette théorie et au fait que l’aspirine tend à
réduire l’agrégation des plaquettes, l’ensemble du corps médical a
remplacé la warfarine par l’aspirine dans le traitement des crises
cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux thrombotiques. Depuis
lors, trois essais ont été menés en Angleterre sur l’utilisation de l’aspirine
dans la prévention des crises cardiaques, et deux aux États-Unis. Parmi
ces cinq essais, un seul, l’étude Physicians Health in the USA a montré un
bénéfice dans la prévention d’une crise cardiaque. Cet essai avait utilisé le
Bufferin; or ce composé contient de l’aspirine et du magnésium.
Il y a de nombreuses raisons de croire que le dipyridamole, à raison de
300 mg par jour, sera beaucoup plus efficace que l’aspirine pour prévenir
les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux. De plus, le
dipyridamole n’a aucun des effets secondaires nocifs de l’aspirine.

178
Depuis mars 1999, les méfaits de l’agrégation des plaquettes sont de
nouveau à l’étude, cette fois en lien avec le cancer. Dans Cancer Research
1999, p. 1295-3000, B. Nieswandt et al. de l’université de Regensburg, en
Allemagne, ont publié un rapport sur l’agrégation plaquettaire et le cancer.
En utilisant trois lignées de cellules tumorales différentes chez la souris,
ils ont démontré que les cellules tumorales peuvent activer l’agrégation
plaquettaire et que les agrégats plaquettaires désactivent les cellules NK
cytotoxiques, empêchent les cellules NK de tuer les cellules cancéreuses.
Cela suggère que le dipyridamole est un médicament inoffensif. Sa forme
générique coûte moins d’un dollar par jour. Dans un petit essai, il a été
démontré qu’il était efficace contre le mélanome. Tout laisse à penser
qu’il peut être efficace contre une large gamme de cancers.
S’il est admis que tous les patients atteints de cancer courent un plus
grand risque de crise cardiaque et d’accident vasculaire cérébral, on peut
espérer que de nombreux médecins traiteront les patients atteints de
cancer avec du dipyridamole. Ce faisant, on ne tardera pas à découvrir que
le dipyridamole a un effet anti-cancer puissant.

Wayne Martini
25 Orchard Drive
Fairhope, Alabama 36532 USA
334-928-3975
Fax 334-928-0150’

Je me sentais à nouveau comme Alice au pays des merveilles, face à


un autre flacon étiqueté «Buvez-moi». Ce médicament pouvait être la
bouée de sauvetage dont j’avais besoin.

D’après ce courrier, j’ai compris que le dipyridamole pouvait:


• empêcher la formation de caillots sanguins en décomposant la
fibrine;
• arrêter l’agrégation plaquettaire;
• empêcher la formation de métastases;
• fonctionner en synergie avec l’aspirine et le magnésium;
• permettre au système immunitaire de rester intact et de ne pas être
désactivé;
• permettre aux cellules tueuses naturelles d’accéder aux cellules
cancéreuses en circulation;

179
• priver le cancer de nucléosides nécessaires à la synthèse d’ADN
cellulaire (par exemple, l’adénosine et la thymidine) et empêcher
les protéines de circuler.

C’était ça ou une autre chimiothérapie. J’étais déterminée à en


prendre, sous réserve de réussir à m’en faire prescrire. C’était une
évidence. Mais avec tous ces effets anti-cancer, pourquoi personne ne
l’utilisait? Était seulement parce qu’il était hors brevet et peu coûteux,
donc ignoré, oublié et mis au rebut? Je connaissais suffisamment le
fonctionnement de Big Pharma pour savoir que c’était probablement le
cas.
Wayne Martin a écrit dans une autre lettre que les représentants
commerciaux de Boehringer Ingelheim avaient l’habitude de parler des
effets anti-cancer du dipyridamole, mais lorsque leur premier brevet a
expiré, il n’en a plus été question. Eli Lily a déposé un nouveau brevet
pour des troubles prolifératifs comme la polyarthrite rhumatoïde, puis
Boehringer Ingelheim a récupéré le brevet en 1998. Tous ces
comportements sont très suspects. Les brevets médicaux ne sont pas
censés être renouvelés de la sorte. Lorsqu’un brevet expire, les autres
entreprises peuvent produire des versions génériques moins chères.
Pourquoi ont-ils estimé qu’ils devaient à tout prix protéger ce
médicament peu coûteux?
Qui était Wayne Martin? Un oncologue averti ou un médecin adepte
des traitements complémentaires? J’ai découvert qu’il n’était ni l’un ni
l’autre. Et qu’il avait 91 ans lorsqu’il a écrit cette lettre!
Malheureusement, il est mort quatre ans plus tard, en 2006, avant que je
ne puisse le rencontrer et le remercier de m’avoir sauvé la vie. C’était
une personne remarquable, à l’esprit ouvert, curieux et scientifique, et un
contributeur régulier de la Townsend Letter. Son intérêt pour la médecine
s’est manifesté dès l’âge de 10 ans, en 1926. Sa mère, âgée de 40 ans à
l’époque, était mourante, car elle souffrait d’une anémie pernicieuse
contre laquelle il n’existait aucun remède. Un jeune pasteur baptiste
s’occupait d’elle et s’apprêtait à lui donner les derniers sacrements. Or il
est arrivé un jour en annonçant qu’il avait trouvé un «remède». Un
article paru dans son magazine baptiste citait des recherches menées à
Harvard où quarante-six patients en phase terminale d’anémie avaient été

180
guéris en mangeant un demi-kilo de foie par jour. Le jeune Wayne
Martin a donné du foie à sa mère trois fois par jour et trois semaines plus
tard, elle était guérie. Mais le médecin s’était moqué de lui: «C’est
ridicule, les médecins n’apprennent pas la médecine dans le magazine
baptiste.» Dix mille patients continuaient à mourir d’anémie pernicieuse
chaque année jusqu’à ce qu’en 1938, soit douze ans plus tard, les firmes
pharmaceutiques commencent à effectuer des injections de foie,
douloureuses. Une pratique qui a fonctionné pour certains patients, mais
pas pour tous. Il a fallu attendre 1948 et la découverte de la B12 pour
obtenir enfin un remède à l’anémie pernicieuse. Et, effectivement,
consommer quotidiennement 500 g de foie riche en B12 aurait pu
expliquer la guérison de la mère de Martin. Ce dernier a réalisé très tôt
qu’aux États-Unis les médecins ne s’intéressaient qu’aux traitements à
potentiel commercial, et qu’ils ne modifiaient leur pratique que lorsque
l’industrie pharmaceutique le leur demandait. On les encourageait à
ignorer les études, malgré les vérités évidentes qui sautaient aux yeux.
Les essais cliniques randomisés financés par les grandes entreprises
pharmaceutiques étaient les seules données «acceptables». Celles issues
des essais étaient considérées comme la référence absolue et toutes celles
provenant d’autres sources risquaient de faire l’objet d’une action en
justice.
Martin voulait étudier la biochimie, mais, après avoir perdu une
jambe dans un accident de moto pendant son adolescence, il s’est tourné
vers la métallurgie. Il a été l’auteur de nombreux brevets importants sur
les alliages d’aluminium. Mais il n’a jamais perdu son goût pour les
connaissances médicales et il a continué d’être un lecteur assidu de la
littérature médicale. Il s’intéressait avant tout au cancer et aux maladies
cardiaques. Il épluchait les faits, rassemblait toutes les données issues
des recherches et élaborait des théories en reconstituant le puzzle comme
un détective de la médecine. Un peu comme ce que j’essayais de faire
moi-même.
Martin a rassemblé un grand nombre de données issues d’études sur
les maladies cardiaques et le cholestérol. Dans les années 1970, il a été le
premier à dire que le cholestérol HDL était bénéfique et protecteur, et
non néfaste comme beaucoup avaient été amenés à le croire. Et ce, des
décennies avant que les docteurs Malcolm McKendrick et Kilmer

181
McCully ne critiquent l’industrie pour avoir utilisé le cholestérol comme
biomarqueur des maladies cardio-vasculaires. Plutôt que de tester les
taux de cholestérol, Martin a suggéré que l’adhésivité des plaquettes était
un indicateur bien plus important des maladies cardiaques, car il avait été
démontré que le fibrinogène plasmatique était le plus grand facteur de
risque. Le rôle des plaquettes a toujours été ignoré, aussi bien pour les
maladies cardiaques que pour le cancer. Pourtant, ces petites cellules
oubliées sont plus importantes que ce que la plupart des médecins
voudraient nous faire croire. Martin estimait que les anticoagulants
n’étaient pas assez efficaces pour prévenir les maladies cardiaques. Il
était un promoteur passionné du dipyridamole, tant pour la prévention
que pour le traitement, en raison de ses effets sur les plaquettes.
Dans les années 1970, deux points de vue opposés sur le cancer
étaient déjà fermement établis: l’approche classique et l’approche
alternative. Martin était désemparé en constatant que les grandes
entreprises abusaient impitoyablement des données, les utilisaient à leurs
propres fins, et étouffaient les innovations médicales. Ainsi en 1977, il a
décidé d’écrire un livre intitulé Medical Heroes and Heretics. L’ouvrage
est épuisé depuis longtemps, mais j’ai réussi à mettre la main sur un vieil
exemplaire abandonné par une bibliothèque – et devenu l’un de mes
biens les plus précieux. C’est un merveilleux récit de l’histoire des
géants de la médecine. Il parle de Max Gerson, John Beard, William
Kelly, William Coley, Ernst Krebs Jr, et Otto Warburg, le premier à avoir
remarqué le métabolisme anormal du cancer. Tous ces noms seront
familiers à quiconque s’intéresse aux traitements complémentaires contre
le cancer. Martin décrit l’acharnement contre les nouvelles découvertes
médicales, presque toujours rejetées par l’ordre médical établi – un sujet
qui lui tenait à cœur. Nous découvrons l’histoire d’Oliver Wendell
Holmes qui recommandait aux médecins de se laver les mains, Louis
Pasteur qui a fait le lien entre la maladie et les bactéries, Jonas Salk qui a
résolu le mystère de la polio. Il retrace le parcours de nombreux
scientifiques qui, au fil des siècles, ont été ostracisés, ridiculisés,
vilipendés et dont la vie a été détruite, avant que le monde médical ne
découvre finalement qu’ils avaient raison. Ils ont tous bravé la colère et
le mépris de l’ordre médical établi. Ils étaient des dissidents, ils sont
devenus des héros couronnés. Et il semble que peu de choses aient
changé depuis 1977.

182
Les découvertes médicales subissent à peu près le même sort
aujourd’hui. Il a fallu quatre-vingt-dix ans pour que les théories de
Warburg sur le métabolisme du cancer commencent à sortir de l’ombre.
Les médias sociaux et Internet ont joué un grand rôle pour permettre à un
nombre croissant de patients de se rendre compte de cette erreur
flagrante, une erreur alimentée par le dogme enseigné dans les écoles de
médecine. Martin a identifié quatre groupes distincts de personnes
impliquées dans la constitution de l’ordre médical établi:
1. des chercheurs sincères, honnêtes et compétents qui peuvent
suivre des théories révolutionnaires, et qui l’ont fait pour le
bénéfice éternel de l’humanité;
2. des hommes tout aussi honnêtes et sincères, mais qui sont ou ont
été charmés par des concepts erronés et qui susceptibles de
soutenir des approches inefficaces ou nuisibles;
3. des individus malhonnêtes, incompétents ou fourbes qui, en
cherchant à s’enrichir, risquent de nuire à l’humanité ou lui
causent réellement du tort;
4. les chercheurs qui travaillent pour de grandes entreprises très
profitables, qui n’ont souvent pas les moyens de s’opposer à ce
que leur travail soit critiqué ou abandonné pour des questions
d’ordre financier.

D’après mon expérience et ma connaissance des rouages de


l’industrie pharmaceutique, cela montre précisément les erreurs et les
échecs dans le traitement du cancer. Il s’agissait surtout de faire passer le
profit avant la santé. Un patient en bonne santé ne rapporte rien aux
entreprises pharmaceutiques, alors que les individus en mauvaise santé
offrent toutes sortes de possibilités lucratives. En effectuant des
recherches plus approfondies, j’ai découvert que, dans les années 1980,
le dipyridamole (DPM) avait été utilisé avec l’AZT chez les patients
atteints du SIDA en raison de ses propriétés antivirales. Je me suis
demandé s’il pourrait aider à lutter contre le HPV, Epstein-Barr, le CMV
et d’autres virus, car il est maintenant prouvé qu’ils sont liés au cancer.
En 2014, l’université de Pittsburgh a commencé à recruter pour un essai
visant à inclure à nouveau le dipyridamole pour l’activation immunitaire
contre le VIH en association avec les médicaments antirétroviraux.

183
Le dipyridamole m’est apparu comme un phare dans l’obscurité.
Mais qui pouvait me le prescrire? J’ai décidé de demander au Dr
Callebout. Mon exemplaire de la Townsend Letter en main, j’ai obtenu
un rendez-vous avec lui en urgence. J’étais sûre qu’il en aurait entendu
parler. Il s’est frotté la barbe en réfléchissant: «J’ai lu des articles à ce
sujet dans les années 1980. Je me suis demandé s’il serait un jour étudié
pour être utilisé dans le cancer. Je pensais qu’on n’en entendrait plus
jamais parler. Le dipyridamole était considéré comme inefficace pour les
maladies cardiaques jusqu’à ce qu’il soit utilisé avec l’aspirine, et à ce
moment-là, les médecins ont réalisé que les effets des deux médicaments
étaient largement amplifiés lorsqu’ils sont administrés simultanément.»
L’ensemble du corps médical semblait négliger le potentiel du
dipyridamole. Même dans le cadre des maladies cardiaques et des
accidents vasculaires cérébraux, il n’était utilisé qu’à un stade avancé.
Plutôt que des statines, pourquoi ne pas recourir à ce médicament en
prophylaxie avec de l’aspirine et du magnésium? Ou peut-être devait-on
l’utiliser avec les statines? Des études ultérieures ont suggéré que cela
permettrait en effet une amélioration majeure par rapport aux directives
actuelles, car ces composés agissent en synergie, et améliorent la
circulation cérébro-vasculaire de 50% après un accident vasculaire
cérébral62.
«Y a-t-il des effets secondaires que je dois connaître?», ai-je
demandé. «Votre tension artérielle peut baisser un peu, nous devons donc
la surveiller, et vous pourriez avoir des maux de tête au début.» Il a
vérifié ma tension artérielle et testé quelques paramètres. N’ayant
observé aucune contre-indication, il m’a immédiatement rédigé une
ordonnance. Je me suis précipitée à la pharmacie la plus proche! À partir
de ce moment-là, j’ai pris du dipyridamole, de l’aspirine et du
magnésium. Le dipyridamole pouvait me faire gagner du temps. Je ne
voulais plus prendre le risque de suivre une chimiothérapie. J’en
mourrais, je le savais. J’ai donc commencé par prendre prudemment un
comprimé de 100 mg de dipyridamole par jour pendant une semaine,
puis j’ai augmenté la dose à deux fois par jour, bien que l’article ait
suggéré 300 mg par jour. J’étais inquiète, car je savais que j’étais la
première à essayer ce traitement, mais qu’est-ce que j’avais à perdre?

184
Chapitre 11

Un arsenal de gros calibres

M
a découverte du dipyridamole était un miracle, mais je n’étais
pas sûre que cela suffise à arrêter la catastrophe imminente
due à ma leucémie. Mon état de santé m’inquiétait encore
beaucoup et je cherchais d’autres «gros calibres». Je me suis demandé si
je pouvais ajouter d’autres médicaments à mon association
aspirine/dipyridamole. Se pouvait-il que je sois passée à côté de quelque
chose d’autre dans la littérature médicale? D’autres médicaments,
ignorés ou oubliés, auraient-ils échappé à l’attention du secteur médical?

Une détective en herbe


Au fil des années, j’avais mis de côté plusieurs rapports de revues et je
les ai parcourus pour voir si j’avais oublié quelque chose. C’est alors que
je suis tombée sur un article sur la lovastatine publié dans l’American
Association of Cancer Research Journal en 2001. Parmi vingt patients de
l’université de Toronto (Ontario) atteints d’un cancer de la tête et du cou
ou du col de l’utérus, cinq avaient réussi à stabiliser leur maladie après
l’échec des autres traitements conventionnels, et ce en prenant une
simple statine. Celle-ci pouvait-elle également être utile pour la
leucémie? Moi aussi, je voulais empêcher un éventuel retour du cancer
du col de l’utérus. J’ai donc poursuivi mes recherches sur le sujet. Je
m’accrochais à la vie à tout prix, je m’intéressais donc de près à tout ce
qui pouvait stabiliser la maladie. Pour quels autres cancers la lovastatine
était-elle efficace? Constituait-elle la meilleure statine? J’ai trouvé
plusieurs études menées par la même équipe de Toronto, dirigée par
Linda Z. Penn, qui avaient exploré le potentiel de la lovastatine et son
utilisation dans les cancers qui répondaient aux traitements rétinoïdes63.
Les rétinoïdes sont des analogues de la vitamine A et le Dr Callebout
m’avait déjà prescrit une dose de vitamine A émulsifiée appelée A-

185
Mulsin Hochkonzentrat. Les recherches suggéraient que la lovastatine
était plus efficace et moins toxique. La statine avait provoqué une
apoptose prononcée dans les leucémies myéloïdes aiguës et les
neuroblastomes (excellent!) et elle était également efficace pour divers
cancers pédiatriques, ainsi que pour les cancers de la tête et du cou et du
col de l’utérus. Bingo. Je ressentis un nouveau frisson d’excitation64.
Mais j’ai fait une autre découverte. Je lisais régulièrement le mensuel
Life Extension Magazine, un titre important pour les détectives de la
santé dont je faisais partie. C’est là que j’ai lu un «courrier65» rédigé par
le rédacteur en chef à l’intention des patients qui voulaient s’adresser à
un oncologue pour proposer une combinaison de statine (la lovastatine
étant suggérée) et de médicament anti-inflammatoire non stéroïdien. Il
avait été montré que cette combinaison était plus efficace qu’un AINS
(anti-inflammatoire non stéroïdien) seul pour provoquer l’apoptose (mort
cellulaire), car elle permettait de déclencher ce que l’on appelle la
«cascade des caspases». J’ignorais qu’un AINS tel que l’ibuprofène,
l’indométacine ou le célécoxib (mais pas l’aspirine) pouvait provoquer
une apoptose. Comment avais-je pu passer à côté de cette information?
Je pensais que les inhibiteurs de l’enzyme COX-2 que j’avais étudiés en
1999 ne feraient que stopper la croissance du cancer. Peut-être l’aspirine,
qui avait été l’objet principal de mes recherches, n’était-elle pas un
inhibiteur de la COX-2 suffisamment puissant pour entraîner l’apoptose
et qu’il lui fallait un AINS plus puissant pour déclencher cette spirale
mortelle. Le magazine Life Extension suggérait d’utiliser une
combinaison de lovastatine et d’étodolac pour inhiber la COX-2, car ils
étaient plus sûrs et mieux tolérés que beaucoup d’autres. Ce traitement
était généralement prescrit pour l’arthrite. La revue a été publiée à la
suite d’un rapport du Wall Street Journal66 qui indiquait que les
inhibiteurs de la COX-2 pouvaient être utiles pour la prévention et le
traitement de nombreux cancers. En effet, la COX les alimente. Mais
l’information la plus intéressante est venue de la revue Gastroenterology
qui montrait qu’administrées avec un AINS, les statines augmentaient
jusqu’à cinq fois l’effet anti-cancer de l’AINS (dans ce cas, le sulindac)!
Il existait clairement une puissante synergie entre les AINS et les statines
pour déclencher ce processus normal de mort cellulaire67.

186
Cette combinaison de statines et d’étodolac me faisait de nouveau
signe, comme un nouvel68 élixir tombé dans le terrier du lapin. Je me
suis demandé si je pouvais prendre ces deux médicaments en même
temps que le dipyridamole. Cela pouvait-il déclencher une interaction
néfaste? Ou les composés pouvaient-ils agir en synergie et amplifier
leurs effets anti-cancer? Qui pourrait me prescrire des statines et
l’étodolac? Je savais que le Dr Callebout ne souhaitait pas me prescrire
davantage de médicaments, alors j’ai décidé de tenter ma chance auprès
de mon oncologue. Elle s’était montrée avant-gardiste et généralement
ouverte d’esprit. Je me sentais coupable de lui cacher tant de choses,
mais je n’ai pas osé lui parler du dipyridamole, car cela aurait pu la
dissuader de me prescrire l’étodolac et la statine. Après tout, c’était ma
vie qui était en jeu, donc c’était ma décision, mon choix. Si je
mentionnais la myélodysplasie, je craignais que cela ne prête à confusion
et ne retarde le processus. J’étais certaine de ne plus vouloir de
chimiothérapie, mais s’il existait des médicaments qui pouvaient
m’aider, je ne voulais pas attendre que le cancer progresse, je les voulais
maintenant.
Avec beaucoup d’appréhension, j’ai apporté les articles et la lettre de
Life Extension à mon rendez-vous suivant. Après sa réaction au sujet du
test de la protéine p53, je m’attendais à une vive discussion et à un refus.
Mais mon oncologue a été beaucoup plus réceptive que je ne l’imaginais.
En effet, par chance, elle avait étudié les statines. «Vous m’avez peut-
être fait gagner du temps dans mes recherches!», a-t-elle dit. Après avoir
mûrement réfléchi, elle a décidé que la prescription des deux
médicaments «hors AMM» (c’est-à-dire pour une utilisation autre que
celle prévue) était acceptable, compte tenu du diagnostic du cancer du
col de l’utérus au stade IV. Cependant, elle s’inquiétait encore de mon
statut en p53, ou plutôt de sa disparition. Elle m’a également avertie que
l’étodolac pouvait entraîner d’éventuels problèmes intestinaux et que la
lovastatine pouvait déclencher un effet secondaire rare: une faiblesse
musculaire. J’ai promis de faire attention. À l’issue de la consultation,
j’étais vraiment soulagée, j’ai pris Andrew dans mes bras et je lui ai dit
que j’allais m’en sortir. J’en étais sûre. Il a souri, heureux de la bonne
tournure prise par les événements. Il avait une confiance totale dans la
détective médicale que j’étais devenue.

187
Une guérilla sans merci
J’avais l’intention de vérifier auprès du Dr Callebout l’éventualité d’un
risque d’interactions médicamenteuses. La statine allait priver le cancer
de mévalonate et de cholestérol. L’étodolac ferait disparaître le COX, le
composant inflammatoire qui alimentait la croissance du cancer et il
entraînerait une spirale de mort (apoptose) en association avec la statine.
Le dipyridamole priverait le cancer d’adénosine, de thymidine et
d’uridine (composés indispensables à la fabrication de nouvel ADN).
J’avais l’intention de priver le cancer de glucose et d’autres graisses
grâce à mon régime alimentaire et à des compléments. J’avais appris au
fil de mes recherches que le cancer du col de l’utérus et la leucémie sont
tous deux dirigés par le gène Ras. Et ce dernier contrôle la voie du
mévalonate, qui produit du cholestérol. En d’autres termes, les deux
cancers se développaient d’une manière semblable, et ils étaient peut-être
dus à des cellules souches cancéreuses communes.
Néanmoins, je me demandais si le blocage du cholestérol pouvait
nuire à mon organisme. J’ai réalisé que de nombreuses personnes
prenaient des statines à long terme et que les inconvénients semblaient
peu nombreux, comparés à de la chimio. De plus, je prenais la statine
pour lutter contre le cancer, et non dans le cadre d’une maladie
cardiaque. La chimiothérapie peut réduire les tumeurs, mais en termes de
survie, elle n’apporte qu’une aide dérisoire de 2,7%. La statine seule
semblait stabiliser la maladie dans la leucémie et le cancer du col de
l’utérus avancé. Il s’agissait clairement d’un «gros calibre». Quel serait
l’effet de l’addition de tous ces médicaments?
J’ai décidé de remplacer l’aspirine par un AINS plus puissant pendant
quelques mois, puis de reprendre de l’aspirine si mon estomac le
supportait. Je prenais déjà du dipyridamole et de l’aspirine depuis
plusieurs mois. J’ai décidé d’interrompre l’aspirine pendant un mois, le
temps d’essayer la combinaison étodolac/statine. La statine et les AINS
semblent être les médicaments les plus importants pour la leucémie et le
dipyridamole pourrait éventuellement en renforcer l’effet. J’avais prévu
de suivre régulièrement les marqueurs pour le savoir.
Je n’avais rien à perdre et tout à gagner. J’avais perdu tout espoir de
trouver un «remède miracle», qui résoudrait facilement le problème, je
savais qu’un tel médicament n’existait pas. C’était évident. J’étais

188
certaine d’avoir besoin d’une combinaison de traitements qui attaquent
de tous les côtés et agissent en synergie. J’avais choisi une approche de
guérilla: frapper le cancer avec de nombreuses balles provenant de
différentes directions, plutôt qu’avec un gros coup très toxique provenant
d’une seule source, comme la chimio. Je voulais éviter la chimio qui
permettait au cancer de s’adapter et de devenir résistant.
La lovastatine, extraite du champignon Aspergillus terreus, a été le
premier médicament de la famille des statines à être mis sur le marché.
Ce composé représentait une nouvelle solution pharmaceutique
préconisée pour réduire le taux de cholestérol sanguin. Un nouveau
marché de médicaments avait été créé, nécessaire ou non. À l’époque, on
savait que les statines fonctionnaient, mais personne ne comprenait
vraiment comment69. Je m’en moquais aussi. Je ne me souciais pas non
plus de l’absence d’essais cliniques randomisés. Tout ce qui
m’intéressait, c’était l’existence de médicaments disponibles et la forte
probabilité qu’ils fonctionnent. Je ne voulais pas attendre quinze ans les
résultats d’un essai. Il ne me restait peut-être pas quinze semaines à
vivre.
J’ai pris du dipyridamole et de l’aspirine et, après seulement deux
mois, mes marqueurs SCC ont chuté. Je n’ai eu aucun effet secondaire,
pas même des maux de tête. Ensuite, j’ai changé mon traitement et j’ai
pris de l’étodolac et de la lovastatine pendant un mois. Après avoir
vérifié auprès du Dr Callebout que l’association de ces composés était
sans danger, j’ai ajouté le dipyridamole. Il m’avait donné son feu vert.
Les recherches suggéraient une grande synergie entre les composés et la
multiplication des effets de l’AINS et de la statine. Je me demandais si le
dipyridamole aurait aussi un effet synergique et s’il amplifierait les
effets. J’avais compris que tous les médicaments affamaient le cancer
d’une manière différente. Après avoir éliminé les principaux éléments
métaboliques dont le cancer avait besoin, la statine et l’étodolac allaient
porter un coup fatal, entraîner une apoptose une fois qu’il serait faible et
vulnérable. Du moins, c’est ce que j’espérais.
Mais cela serait-il efficace? J’étais sur le point de le découvrir.

189
Chapitre 12

Une souris de laboratoire

P
rendre ce cocktail de médicaments et de compléments alimentaires
était un énorme acte de foi. À ma connaissance, personne n’avait
testé cette combinaison de médicaments pour traiter le cancer, et
beaucoup la considéreraient comme trop risquée en raison de l’absence
d’essais cliniques randomisés. Grâce à mes recherches, j’étais persuadée
que, combinés à mon régime alimentaire, ces médicaments auraient de
puissants effets anticancer.
Cette auto-expérimentation était effrayante. C’était comme traverser
l’Atlantique à la voile dans un brouillard épais avec seulement une
boussole en main, sans carte et sans radar. Parviendrai-je à bon port sans
couler? J’ai navigué plusieurs fois dans des zones très fréquentées de la
Manche, dans de mauvaises conditions, et même équipée d’un GPS, d’un
radar et de tous les derniers gadgets, ce fut à chaque fois une expérience
effrayante. À présent, comme alors, je me refusais à envisager le pire.

Infographie 2: résultats des tests sanguins, décembre 2003.

J’ignorais si mon cocktail de médicaments allait permettre une


rémission ni combien de temps elle durerait. Avant tout, j’espérais
gagner un peu de temps. Mes marqueurs sanguins SCC avaient déjà
diminué avec le dipyridamole seul, et j’ignorais quels étaient les effets
du cocktail de médicaments sur le TM2PK sanguin. Sept mois plus tard,

190
je suis allée voir le Dr Kenyon pour faire un autre test. Il m’a remis le
résultat avec un grand sourire.
Boom! Mes marqueurs TM2PK étaient passés de 397 à 21,5!
Wouhou! J’avais envie de danser de joie! Stupéfaite, j’avais néanmoins
du mal à y croire. Cette petite combinaison de médicaments avait-elle eu
l’effet escompté? Avais-je réussi à stopper la progression de la leucémie
liée au traitement, une maladie censée être incurable? Le taux normal de
TM2PK était inférieur à 15, mais un taux de 21,5 me suffisait! J’avais
l’impression d’avoir découvert une combinaison magique pour affamer
et vaincre mon cancer.
Ce soir-là, j’ai célébré la nouvelle avec Andrew, tranquillement, sans
faste. Avec un cancer de stade avancé, rien n’est jamais acquis. J’étais
préoccupée par la durée du traitement. Je ne souhaitais pas prendre tous
ces médicaments pendant trop longtemps. Je savais qu’ils étaient tous
relativement peu toxiques (en tout cas comparés à la chimio), mais je
n’étais pas sûre de leurs effets à long terme. Si possible, je préférais une
solution plus naturelle. Le cancer reviendrait-il en force si j’arrêtais le
traitement, comme c’est le cas avec la chimio? J’avançais en terrain
inconnu, sans point de référence, traçant ma route au fur et à mesure. J’ai
décidé de poursuivre un peu le dipyridamole, mais j’ai arrêté la statine
après environ cinq mois. Je n’ai pris l’étodolac (cet AINS fort) que
pendant trois mois, car je m’inquiétais des effets possibles sur la
muqueuse de mon estomac. Je n’étais pas sûre de le tolérer si bien que
ça.
Tous les AINS sont associés à des effets secondaires importants et
doivent être pris avec prudence. Outre leurs effets sur le système digestif,
on sait qu’ils peuvent également augmenter le risque de crise cardiaque
et d’accident vasculaire cérébral (AVC) à long terme70, surtout en cas de
maladie cardio-vasculaire préexistante. Le célécoxib, initialement
présenté comme la solution parce qu’il s’agissait d’un inhibiteur sélectif
de la COX-2 avec moins d’effets secondaires (comme l’étodolac), a failli
être retiré du marché lorsque des risques cardio-vasculaires importants
ont été mis en évidence71.
Mais le dipyridamole a un effet inverse. Il détend les vaisseaux
sanguins et abaisse la pression artérielle, inhibe l’agrégation plaquettaire
et annule tous les effets secondaires négatifs des AINS. L’association

191
d’un AINS et du dipyridamole semblait donc être un mariage idéal. De
plus, la statine réduisait encore le risque cardio-vasculaire en agissant en
synergie avec le dipyridamole – mais, à l’époque, je l’ignorais. Les
statines libèrent de l’oxyde nitrique endothélial, et le dipyridamole se
comporte comme une sorte de Viagra léger (inhibiteur de la PDE) qui
détend et améliore le flux sanguin.
En 2011 et 2014, Linda Penn et Aleksandra Pandyra, de l’Institut
ontarien de recherche sur le cancer, ont publié d’autres résultats
concernant leurs travaux sur les statines. Elles ont montré que
l’association statine/dipyridamole exerçait des effets puissants sur la
leucémie, le myélome et le cancer du sein en provoquant l’apoptose dans
de multiples lignées cellulaires. J’avais eu raison en estimant que leurs
effets seraient synergiques:

A. Pandyra
Institut ontarien de recherche sur le cancer, Toronto, Ontario,
Canada

Les statines sont des médicaments utilisés depuis des années pour traiter
l’hyperlipidémie par l’inhibition de l’enzyme de la voie du mévalonate
(MVA), la 3-hydroxy -3-méthylglutaryl coenzyme A réductase (HMGCS).
Des preuves récentes ont démontré que les statines possèdent des
propriétés anti-cancer contre un large éventail de tumeurs sans être
toxiques pour les cellules normales. Le myélome multiple (MM) est en
grande partie incurable. Dans le cas de la leucémie myéloïde aiguë
(LMA), moins de 50% des patients atteints d’une maladie cytogénétique
ont une chance de survie à long terme. Il est donc urgent de trouver de
nouvelles stratégies thérapeutiques pour traiter ces hémopathies malignes,
dont certaines sont sensibles à l’apoptose induite par les statines.
Des bibliothèques de composés chimiques pourront être utilisées pour
sélectionner des composés capables d’amplifier les effets anti-cancer des
statines. Ainsi de nouvelles voies moléculaires pourront être identifiées et
utilisées en association avec la voie MVA pour amplifier l’élimination des
cellules tumorales dans le MM et la LMA.

Une bibliothèque pilote de 100 composés, contenant des médicaments


pharmacologiquement actifs hors brevet utilisés cliniquement pour un
large éventail de maladies, a été criblée sur la lignée cellulaire MM
KMS11. Ainsi il a été observé que le dipyridamole (DP), un agent

192
antiplaquettaire couramment prescrit est capable d’amplifier les effets
anti-cancer de l’atorvastatine. L’association de DP et de statine est
synergique et est capable d’induire l’apoptose dans une variété de lignées
cellulaires de LMA et de MM ainsi que dans des échantillons primaires
de patients atteints de LMA. Le DP est un agent à large spectre d’action,
connu pour provoquer de nombreux effets au niveau moléculaire et
physiologique global. D’autres études sont en cours afin d’évaluer le
mécanisme d’action et l’efficacité in vivo. Comme les statines et le DP
sont tous deux préapprouvés pour une utilisation chez l’homme, hors
brevet et facilement disponibles, ils pourraient avoir un impact direct sur
les soins aux patients72.
Au cours des mois suivants, j’ai réalisé de bons progrès. Après avoir
pris la combinaison d’étodolac-statine-dipyridamole, mes marqueurs
sanguins sont restés dans les limites de la normale, mais mon système
immunitaire était toujours déréglé. Je ne résistais plus aux rhumes ni à la
grippe qui m’anéantissaient pendant des semaines. «Au moins, votre
système immunitaire fonctionne», a déclaré le Dr Callebout.
«Généralement à un stade avancé de la maladie, il s’éteint et ne réagit
plus du tout aux bactéries et aux virus.»
Cela expliquait-il pourquoi j’avais été si «résistante» auparavant?
Cela n’aurait-il pas été dû à mon bon état de santé, mais au fait que je
souffrais d’une maladie de stade avancé et n’avais aucune réaction
immunitaire? Les nutriments supposés renforcer mon système
immunitaire avaient-ils été d’un quelconque secours, ou est-ce que
j’avais lutté contre le feu avec un pistolet à eau?

193
Chapitre 13

Dans l’antre des Dragons

M
es amis ignoraient tout de mes préoccupations concernant le
cancer. Même Andrew n’avait pas su à quel point j’avais frôlé
une autre crise. Je n’allais pas en faire une montagne, tout
était sous contrôle. Je ne m’étais même pas sentie malade ou stressée
lorsque j’avais pris mon cocktail de médicaments. Je n’avais pas éprouvé
de nausées. Rien. Cette apparente facilité m’avait donné la certitude que
d’autres patients pouvaient être guéris de leur cancer de la même
manière. Je débordais de confiance, car j’avais l’impression d’avoir
décrypté un «code». Ou au moins une partie. La solution me semblait
claire: il fallait affamer le cancer et prendre ce cocktail de médicaments à
l’efficacité spectaculaire. Je me demandais si cela fonctionnerait pour
d’autres cancers à des stades différents. Quand je pense au stress que
j’avais subi, il n’est pas étonnant que j’aie développé la myélodysplasie.
J’avais été prête à tout pour lancer mon entreprise, pour produire cette
nouvelle gamme cosmétique, mais ma santé en avait fait les frais.

Le parcours d’obstacle d’une entrepreneure


Ces cosmétiques et ces rituels de spa étaient mes bébés, ils comblaient
un vide dans ma vie et détournaient mon attention du cancer. J’étais fière
d’avoir réussi à les produire et à les vendre aussi largement. Avant même
le lancement de mon entreprise, mes premières commandes s’élevaient à
120 000 £, un très bon départ. Mais après avoir créé la marque, une étape
relativement facile, j’avais dû rassembler des fonds, fabriquer les
produits et organiser la vente puis les livraisons aux magasins. En tant
que femme entrepreneure, j’ai rencontré de nombreux obstacles. Les
banques ne voulaient pas me prêter un centime. Les grands magasins
avaient tellement tardé à passer commande que mon fabricant du
Lancashire avait mis un terme à notre collaboration. J’ai été

194
extrêmement déçue par leur manque de confiance. Mais, après avoir
trouvé un nouveau producteur dans les Midlands, j’étais très enthousiaste
et impatiente à l’idée du lancement prévu pour Noël.
Puis ce fut le désastre. En recevant mes produits, j’ai eu des doutes:
ils n’avaient ni l’aspect ni l’odeur des échantillons «approuvés». Mes
soupçons ont été confirmés lorsque j’ai effectué des tests
microbiologiques: confronté à des difficultés pour éliminer les parabènes
– j’ai découvert plus tard qu’il ne l’avait jamais fait auparavant –, le
fabricant avait raté la production. Mal conservés, les produits étaient
contaminés et le stock a dû être intégralement détruit. J’étais dévastée.
Désemparée, j’ai passé l’automne 2001 à me plaindre, car toutes mes
économies avaient disparu et je n’avais plus de fournisseur. Mais je
n’étais pas du style à accepter une défaite, quel que soit le domaine de
ma vie!
L’année suivante, en septembre 2002, j’ai enfin lancé une gamme
dont j’étais vraiment fière. Une gamme propre, naturelle et qui sentait
très bon. J’avais perdu une partie des commandes initiales, mais
quelques distributeurs croyaient encore en cette nouvelle ligne de
cosmétiques et m’en ont commandé des quantités acceptables. Lorsque
mon rituel de spa de trente minutes avec d’excellents produits de
thalassothérapie (Bathrobics Beauty Spa) est enfin arrivé dans les rayons,
la réaction du public et de la presse a été exceptionnelle. J’étais ravie!

Lors de la remise du prix du concours «Gift of the Year».

Sans conviction, j’ai inscrit mon pack Beauty Spa au très convoité
concours du Gift of the Year, récompensant le Cadeau de l’année. Lors
de la cérémonie de remise des prix, quelle ne fut pas ma surprise à

195
l’annonce de ma victoire! J’étais fière et comblée lorsque la comédienne
Ruby Wax m’a remis le prix à l’hôtel Savoy de Londres.

Entre les griffes des dragons


J’étais résolue à supprimer les ingrédients toxiques de mes produits. Un
acheteur m’a même fait remarquer que j’avais fait évoluer le marché des
cosmétiques au Royaume-Uni! Cependant, après des débuts tumultueux,
la gestion de l’entreprise devenait de plus en plus difficile. Je n’avais pas
les moyens de recruter, je me perdais dans la paperasse, je jonglais entre
la fabrication, les ventes et les relations commerciales. J’ai tout de même
créé deux autres gammes, deux rituels avec une gamme de produits pour
la grossesse, puis un coffret cadeau Tranquillity Spa. Je n’arrêtais pas,
abattant le travail de dix personnes. J’avais besoin d’un partenaire
commercial et d’investisseurs. Andrew était trop occupé par ses propres
projets pour m’aider. Tant que mon entreprise ne générait pas de profit, il
devait se concentrer sur son travail pour que nous ayons un revenu fixe.
La société Boots the Chemist était intéressée, mais, en pleine fusion
avec Lloyds Pharmacy, elle ne pouvait pas encore s’engager. Une grande
chaîne de télé-achat désirait acheter l’une de mes gammes, mais je savais
que je ne pourrais pas aller plus loin sans investir davantage. La
recherche de fonds occupait désormais la majeure partie de mon temps,
alors que j’aurais dû me consacrer à la vente, au marketing et aux
commandes. Puis, un matin de juin 2004, ma comptable m’a tendu
l’Evening Standard. Elle avait repéré une petite annonce: «Regardez! Sur
la BBC2, il y a un nouveau programme pour les entreprises qui
cherchent des fonds.» Effectivement, cela valait le coup d’essayer. J’ai
donc postulé pour cette nouvelle émission, intitulée Dragon’s Den73, o.
Une semaine plus tard, j’ai reçu une invitation à un entretien. Oups!
Dans quoi m’étais-je fourrée?

196
Mes débuts à The Den (l’émission de téléréalité Dragon’s Den).

Être atteinte d’une maladie en phase terminale lorsque l’on est


l’unique propriétaire de son entreprise n’est pas vraiment un bon
argument pour obtenir des investissements! Je n’en ai donc pas parlé.
Avec le recul, si j’avais su comment ces «dragons» allaient me traiter,
avec leurs commentaires inutiles, durs et cruels, je n’y serais jamais
allée. Je m’attendais à de véritables échanges avec des professionnels. Je
me trompais. Seul l’audimat importait, sans aucune considération pour
les entrepreneurs en recherche de fonds. Avant le tournage, je savais
seulement que je devais faire une présentation de quelques minutes
devant cinq «dragons», des hommes et des femmes d’affaires
«accomplis», et répondre à des questions relatives à mes chiffres, mes
projections, mes plans de marketing, etc. Avec l’aide de mon comptable,
j’avais tout préparé. Pourtant, la veille du tournage, la BBC a exigé que
je divise par plus de deux le montant de ma recherche de financement
(100 000 £ au maximum, contre les 250 000 £ prévus par mon
comptable). Furieuse face à ces chiffres irréalistes, j’ai hésité à me retirer
de la compétition. Une fois sur le plateau, j’ai ressenti un mélange
d’excitation et de malaise, accentué par l’accueil déplorable réservé aux
candidats.
Au dernier moment, on m’a annoncé que je ne pouvais pas présenter
tous mes produits aux jurés ni mes coupures de presse (OK magazine,
Cosmopolitan, The Sunday Times, Daily Mail, Daily Express…).
Comment pourraient-ils appréhender l’ensemble de ma gamme? Très
vite, j’ai compris que le programme était truqué, qu’on allait faire de moi

197
une cible et que les «dragons» qui me faisaient face n’investiraient
jamais dans mon projet.
Néanmoins, décidée à profiter de la visibilité que le programme
offrirait à mon entreprise, j’ai déroulé mon pitch à la perfection (mais il
n’a jamais été diffusé). Malgré mes explications, les jurés n’ont
absolument pas compris que les cosmétiques non toxiques, sans
parabènes, faux œstrogènes, sulfates, ni autres ingrédients toxiques,
représentaient l’avenir de ce marché. Ils m’ont rétorqué d’un ton
narquois: «The Body Shop a déjà fait du naturel. Ce marché est déjà
saturé74.» Arrogants, ils n’avaient, de toute évidence, aucune
connaissance en matière de cosmétiques. Depuis 2003, le taux de cancers
dus aux œstrogènes a augmenté au-delà de toutes les prévisions. Les
cancers de l’ovaire, du sein et du poumon non à petites cellules (CPNPC)
sont tous induits par les œstrogènes. Les taux de ce dernier sont passés
de 12% à 40% de l’ensemble des cancers au cours des quinze dernières
années. Cette hausse est probablement due à la présence de plastiques et
de mimétiques d’œstrogènes dans notre environnement. Ces maladies
touchent les jeunes femmes trentenaires et quarantenaires. On ignore
souvent que le CPNPC est dû aux œstrogènes, et non aux cigarettes. Les
parabènes présents dans les cosmétiques représentent une partie de cette
charge d’œstrogènes, et la cuisson des aliments au microondes dans des
récipients en plastique (devenue la norme pour de nombreuses familles)
est une pratique qui me paraît très dangereuse. Les jurés ont ensuite
tourné en dérision mes projets d’expansion et mon ambition. La tension
s’est amplifiée. Je ne voulais pas de leur argent. Ce dont j’avais besoin,
c’était un partenaire commercial pour m’aider et travailler à mes côtés, et
non un riche investisseur condescendant qui ne m’apporterait rien et ne
ferait qu’exiger encore davantage de moi.
Plusieurs mois se sont écoulés entre le tournage (octobre 2004) et la
diffusion de l’émission (février 2005). Bien sûr, la BBC (que je
soupçonne d’avoir encouragé l’attitude odieuse du jury) n’a montré
qu’une version partiale et partielle de notre échange. Après deux heures
et demie passées en studio, mon apparition s’est résumée à une
intervention de cinq minutes (encore raccourcie pour la version DVD).
Les jurés avaient presque réussi à me pousser aux larmes, davantage par
frustration que du fait de leur attitude agressive. Ils ont indiqué avoir

198
refusé mon projet, car j’étais obsédée par mon sujet (mais, l’obsession
n’est-elle pas une bonne chose pour une entrepreneure?) et ils ont mis en
doute mon sens des affaires. Franchement… Je suis sortie furieuse
d’avoir été à ce point maltraitée par la BBC – bien que je m’en sois bien
tirée par rapport à beaucoup d’autres participants. Lorsque j’ai appris que
la société de l’une des jurées avait fait faillite quelques mois seulement
après la diffusion de l’émission (rachetée pour une livre sterling par deux
de ses collègues «dragons»), j’ai honte d’avouer que j’ai ri et ressenti
une certaine justice.
Ma stratégie de guérison n’était probablement pas la meilleure. Je
voulais en faire le plus possible (création des cosmétiques, marketing,
relations publiques, approvisionnement, vente dans les magasins, les
librairies, les thalassos et les pharmacies, sans compter tout l’aspect
administratif) en un laps de temps aussi court que possible. Au fond de
moi, j’étais convaincue que j’allais mourir. Avec le recul, je me demande
comment j’ai pu faire face. D’autant que je subissais toujours les effets
abrutissants de la chimiothérapie. Le stress énorme causé par mes
problèmes de santé permanents, les difficultés financières, commerciales
et, pour couronner le tout, le choc émotionnel et psychologique procuré
par cette émission auraient vraiment dû m’achever.
Tous ceux qui pensent que le cancer est trop difficile à combattre et
qui ne se sentent pas assez forts pour y faire face devraient se rassurer.
Malgré cette activité frénétique, j’ai survécu. Assumer autant de choses à
la fois était de la folie, mais à l’époque, je n’en avais pas conscience. Il
m’était déjà assez difficile de garder le moral, alors que je sentais le
souffle du cancer dans mon dos, surveillant chacun de mes mouvements.
Pourtant, j’ai continué. Mon refus obstiné, inébranlable, d’accepter la
défaite signifiait que je n’avais pas conscience des dommages que le
stress m’avait causés. Cela démontre à quel point mon cocktail de
médicaments devait être adapté. Et cela prouve aussi que malgré la
tension, le stress et la pression, il est possible de se rétablir dans les
circonstances les plus difficiles. Le corps humain peut être très résistant,
il y a toujours de l’espoir.

199
o. NdT: Dragon’s Den (littéralement «Dans la tanière du dragon») est une
émission de télé-réalité dans laquelle des entrepreneurs viennent présenter
leur projet à des millionnaires afin de les convaincre d’investir.

200
Chapitre 14

Le retour du danger

S
ans surprise, j’étais épuisée. Je n’avais jamais vraiment voulu
admettre l’impact du cancer. J’avais continué comme avant,
refusant de céder, croyant que je pouvais m’en sortir, presque au
point de nier que j’avais été malade. Je cachais les compléments et les
médicaments que je prenais. Je les avalais furtivement, à l’abri des
regards. J’essayais de convaincre tout le monde que j’allais bien. Si
quelqu’un apprenait mon diagnostic, je voulais qu’il pense que je m’en
étais sortie indemne. Que le cancer ne m’avait pas privée de «moi». Que
ce que j’avais traversé n’avait pas été l’expérience la plus dévastatrice de
ma vie. Avec le recul, je suis presque sûre que j’ai souffert d’un trouble
de stress post-traumatique tardif. J’ai continué à avancer, en endossant de
plus en plus de responsabilités. Jusqu’à ce que mes activités
professionnelles m’assènent un autre coup de poing. Un de trop. J’étais
consciente du lien entre le stress et le cancer et j’ai fini par reconnaître
que la vie comptait plus que tout. J’ai pris la décision déchirante de
mettre un terme aux activités de mon entreprise. Mais celle-ci était mon
bébé. Toutes ces créations que j’adorais et que j’avais produites nuit et
jour, j’allais les mettre de côté. Je détenais encore les formulations, les
marques et les droits d’auteur sur les rituels et les CD, alors j’envisageais
de relancer l’activité plus tard, une fois remise sur pied, après avoir
retrouvé mon calme et m’être retrouvée moi-même. Le cœur lourd, j’ai
informé mes clients que l’entreprise fermait.
Mon quarantième anniversaire approchait à grands pas et j’avais
besoin d’une pause. Mes marqueurs étaient restés stables, dans les
limites normales. C’était le bon moment pour me retirer et respirer un
peu. Je naviguais encore régulièrement, et mon anniversaire a eu lieu
pendant la semaine festive de Cork, en Irlande, un grand rassemblement
nautique. L’ambiance y est bonne, la navigation est fantastique et les
«afters» qui suivent sont encore meilleurs. C’était le moment de me

201
détendre! J’ai commencé à croire que je pouvais battre le cancer. Il
n’aurait pas le dessus. Je continuais à faire très attention à mon
alimentation. Je ne pouvais pas me détendre complètement à ce sujet,
mais je ne prenais plus aucun médicament, même plus d’aspirine, sauf
une fois de temps en temps, car je craignais que l’étodolac (AINS) ait pu
causer des dégâts. À l’époque, je n’avais pas vraiment compris à quel
point il était important de continuer à en prendre.
Au cours de cet été-là, j’ai un peu déraillé. Il y avait presque cinq ans
(!!) que mon état de santé était redevenu normal et je voulais célébrer à
la fois cette date et mon anniversaire. À Cork, je me suis retrouvée à
plusieurs reprises au bar à siroter des cocktails Black Velvet, un mélange
de champagne et de Murphys (une bière irlandaise brune comme la
Guinness, pleine de fer, un désastre pour les patients atteints de cancer).
Oui, je me suis laissé aller! Mais c’était une erreur.

Une brève frayeur


Après mon retour, ma jambe droite a enflé à cause d’un lymphœdème et,
quelques semaines plus tard, j’ai commencé à tousser et à sentir un goût
de sang. Les sueurs nocturnes sont revenues en force. La leucémie était-
elle de retour? J’ai paniqué. À mon grand désarroi, mes marqueurs SCC
étaient passés à 200, soit un niveau supérieur à celui que j’avais lorsque
ma tumeur du poumon avait été diagnostiquée. Je n’avais pas besoin
d’attendre, c’était un signal clair de danger. J’ai immédiatement ressorti
mon cocktail de médicaments. J’en avais une petite réserve en stock. J’ai
commencé par prendre davantage de vitamine C par voie intraveineuse
en plus de mon cocktail de dipyridamole et de statine. J’ai aussi pris de
l’étodolac, mais seulement de temps en temps, car j’étais préoccupée par
l’état de santé de mon estomac. Le cancer semblait être revenu vite et
fort. Je me suis replongée dans mes recherches et j’ai trouvé l’article du
Journal of Herbal Medicine de 1999. J’ai compris que j’avais besoin du
Mahonia aquifolium et de sa puissante berbérine. Ce gros calibre avait
été négligé. Je me suis empressée de l’ajouter à nouveau à mon cocktail
anti-cancer.
Deux mois plus tard, et à mon grand soulagement, mes marqueurs
étaient redescendus en dessous de la normale. J’ai passé un scanner, mais
il n’y avait rien. J’avais peut-être réagi de manière excessive – ou évité

202
une autre catastrophe –, je ne le saurai jamais. Mais j’ai réalisé que je ne
pouvais pas me permettre d’être aussi insouciante. Le cancer était un
problème à long terme qui nécessitait une prise en charge, comme le
diabète ou le VIH. Finirait-il par disparaître complètement? Ou serait-il
toujours, en arrière-plan, pour le reste de ma vie? Je devais peut-être
prendre des médicaments plus régulièrement. Si cela signifiait en prendre
quelques-uns par jour, alors ce n’était pas un problème. C’était tout à fait
gérable.
Quoi qu’il en soit, j’ai traversé une autre crise qui a confirmé la
puissance de mon cocktail. C’était la démonstration qu’il avait agi contre
le cancer du col de l’utérus et contre la leucémie – mais peut-être l’ajout
de la berbérine avait-il contribué à renforcer cette synergie. Je me suis
demandé si le cancer du col de l’utérus pouvait être davantage alimenté
par le glucose et les graisses que la leucémie75 (c’est en effet le cas, cette
dernière étant davantage alimentée par la glutamine). Ma petite
transgression n’avait pas été fatale. J’avais repris le contrôle, Dieu merci!
C’était une précieuse leçon. Je ne me laisserai plus jamais aller ainsi. J’ai
décidé de continuer à prendre la statine et j’ai obtenu une autre
ordonnance de mon oncologue qui a convenu que cela valait la peine de
la prendre à plus long terme.

L’espoir d’un incroyable cadeau


Avec la fermeture de mon entreprise, j’ai ressenti un grand vide. Je
voulais vraiment essayer d’avoir d’un bébé. Je me sentais à présent
confiante, capable de vaincre à nouveau le cancer s’il se présentait. Je
n’en avais plus peur. Je ne me souciais plus de savoir si les autres
jugeaient mes actions imprudentes, si je pouvais mourir et laisser un
orphelin. Avec toutes les connaissances que j’avais acquises au cours des
dix dernières années, je n’avais pas l’impression d’être égoïste en
mettant une autre personne au monde.
Après de longues discussions, Andrew et moi avons décidé que faire
appel à une donneuse d’ovules et une mère porteuse serait l’option la
plus facile émotionnellement, même si au niveau logistique, c’était
beaucoup plus difficile. Nous avons fait savoir à notre entourage que
nous cherchions une donneuse et, à ma grande joie, l’une de mes amies
s’est proposée. Ce n’était pas un acte anodin et sa générosité m’a

203
impressionnée. Nous avons eu de longues discussions, elle était vraiment
heureuse de s’impliquer, prête à supporter des injections d’hormones et à
vivre tout cela pour nous. C’était un cadeau incroyable. Nous avons
également trouvé une mère porteuse, une ancienne amie d’école, mais
faire en sorte que les deux femmes synchronisent leurs cycles était plus
facile à dire qu’à faire! Forts de grands espoirs, nous avons commencé
un traitement dans une clinique de fertilité réputée de Harley Street.
Il n’y avait aucune raison pour que cela échoue: les deux femmes
avaient déjà eu des enfants, avec des grossesses sans problème et ma
donneuse était âgée de moins de 35 ans. Cependant, le premier cycle ne
nous a permis d’obtenir que huit embryons viables. Parmi eux, seuls
deux étaient de bonne qualité. Je me souviens les avoir regardés au
microscope, pensant qu’il était incroyable que ces paquets de cellules
puissent un jour transformer nos vies. Après plusieurs longues semaines
d’attente, nous avons appris que leur implantation avait échoué. Je
n’oublierai jamais le choc de cette annonce ni le sentiment
d’incompréhension qui m’a envahie. Pourquoi était-ce si difficile? La
clinique avait-elle commis une erreur? J’ai appris plus tard que le
transfert aurait dû avoir lieu dans l’obscurité.
J’avais franchi tant d’obstacles pour en arriver là que je me suis dit
que ce n’était qu’une simple halte dans notre voyage vers la parentalité.
Après tout, c’était seulement notre première tentative! Pourtant, très
déçue, la mère porteuse l’a vécu comme un échec personnel. Malgré mes
tentatives pour la rassurer et dissimuler ma déception, elle a décidé de ne
pas poursuivre, trop épuisée émotionnellement. J’étais désolée qu’elle
veuille arrêter, mais je comprenais son choix. Mon autre amie a accepté
de donner à nouveau des ovules et une agence a trouvé une mère
porteuse, vivant près de la frontière écossaise. Nous étions à Londres,
mais la distance n’avait pas d’importance. Après plusieurs mois de
procédures administratives, alors que nous étions sur le point de
commencer, cette femme a découvert qu’elle était enceinte de son mari.
Nouvelle déception.
Une nouvelle tentative avec une troisième mère porteuse a également
échoué. Quelques mois plus tard, après avoir donné naissance à son
septième enfant, la femme qui vivait près de la frontière écossaise s’est
de nouveau proposée, les deux embryons restants ont été décongelés et la

204
transplantation a eu lieu. Je me souviens avoir répondu à son appel alors
que j’étais dans la cabine d’essayage d’un magasin, à moitié habillée.
J’ai pris une profonde inspiration. Allions-nous enfin être parents? Mais
non, pas cette fois, en tout cas.
Je n’oublierai jamais la générosité de toutes ces femmes: c’était la
sororité dans ce qu’elle a de meilleur. Le monde est peuplé de personnes
incroyables.
À présent, Andrew et moi nous étions de retour à la case départ. Nous
n’avions plus d’embryons, plus d’économies pour financer d’autres
tentatives dans une clinique. Même si j’étais très déçue, je me suis
accrochée à la conviction que quelque part, vivait une personne spéciale
en mesure de nous aider. Un jour, je tiendrais mon propre petit bébé dans
mes bras, je le regarderais dans les yeux, je sentirais l’amour et le lien
qui nous unirait. Telle était ma prière.

205
Chapitre 15

Ma théorie du triangle

M
on système immunitaire avait été anéanti par la chimiothérapie
et, quelques années plus tard, je n’avais, semble-t-il, toujours
pas récupéré. En 2002, j’ai remplacé la berbérine (qui renforce
le système immunitaire et réduit la glycémie) par le Gymnema, car
j’avais oublié la longue liste des raisons pour lesquelles j’avais choisi la
berbérine (un antimicrobien si efficace que l’armée étudie la possibilité
d’en faire un supplément anti-anthrax). Je l’ai réintroduite dans mon
régime en 2004, lorsque mes marqueurs avaient à nouveau augmenté,
mais je n’ai pas trouvé d’autres recherches sur le sujet et, avec le recul, je
réalise que n’en prenais pas encore aussi régulièrement que nécessaire.
J’ai alors cherché d’autres moyens de renforcer mon système
immunitaire.

Rétablir mon équilibre immunitaire


C’est en 2007, lorsqu’une épidémie de grippe aviaire au Royaume-
Uni a provoqué une panique et une hystérie collectives, que j’ai
découvert que la cimétidine était un stimulant immunitaire et un puissant
médicament anti-cancer. Je craignais d’attraper un virus potentiellement
mortel comme la grippe aviaire, de m’en sortir moins bien que les autres
du fait de ma difficulté à lutter contre toutes les infections. J’attrapais
microbe après microbe et je restais épuisée pendant des semaines. J’avais
vaincu le cancer, mais je ne m’épanouissais pas, je ne faisais que
survivre.
Il me fallait peut-être redémarrer mon système immunitaire. Peut-être
devait-il réapprendre à réagir aux rhumes et aux grippes. L’astuce
consistait peut-être à le reconstruire lentement, en lui permettant de
réapprendre à reconnaître les agents pathogènes. Mais cette approche ne
fonctionnait pas. Chaque rhume était aussi mauvais que le précédent. Je

206
ne renforçais pas du tout mon immunité. J’ai découvert que ma réponse
immunitaire Th2, la réponse humorale aux allergènes, était élevée en
permanence (c’est ce que le Dr Kenyon avait testé, mon taux de IL5), ce
qui empêchait l’augmentation de ma réponse Th1, la réponse aux
infections opportunistes pathogènes. Quand l’une augmente, l’autre
diminue. Les médicaments antihistaminiques pouvaient inverser ce
problème: en atténuant la réponse Th2, ils permettent à la réponse Th1
de remonter. Les recherches ont montré que la cimétidine avait cet effet.
Ce vieux médicament n’est plus en vente libre au Royaume-Uni, bien
qu’il ait été prescrit dans les années 1980 pour les ulcères gastriques. Il
était encore disponible dans d’autres pays, par exemple en Allemagne et
aux États-Unis. J’aurais dû demander à l’un de mes amis américains de
l’acheter et de me l’envoyer, mais j’ai préféré passer par une pharmacie
en ligne, située au Canada. Comme il s’agissait d’un anti-acide, je ne l’ai
utilisé que pendant trois mois, car je craignais qu’il ne perturbe mon
système digestif à long terme (un estomac acide est important pour une
bonne digestion). J’ai dû jongler pour tenter de rétablir l’équilibre de
mon corps, mais cela a fonctionné! Après avoir été continuellement
assaillie par les microbes, j’étais soudainement redevenue comme avant.
Surtout après avoir réintégré la berbérine dans mon régime. Hourra!

Berbérine et metformine
C’est également en 2007, alors que je cherchais des médicaments pour
d’autres patients atteints de cancer, que je suis arrivée à la conclusion
que la metformine, un médicament couramment utilisé pour le diabète,
pouvait aider à priver le cancer de glucose. Depuis, j’ai découvert que ce
composé avait également de nombreux autres effets contre le cancer,
comme le blocage de l’IGF-1 et de la mTOR (une enzyme clé de la
division cellulaire), et la stimulation des bonnes bactéries dans l’intestin.
Il améliorait l’immunité en bloquant l’hexokinase 2, l’une des étapes de
la voie de la phosphorylation oxydative, en réduisant la conversion du
lactate en glucose76 et en augmentant la sensibilité à l’insuline. J’ai
réalisé que la metformine était un une arme puissante, car elle pouvait
aider à stimuler tout régime anti-cancer.
Au lieu de la prendre après les repas, comme le font de nombreux
diabétiques, j’ai pensé que les patients atteints de cancer, dont la

207
glycémie est «normale», devraient plutôt l’ingérer avant, c’est-à-dire
avant l’augmentation de glucose, afin d’affamer le cancer77. Le choix du
moment de la prise, tout comme celui de l’exercice physique, est d’une
importance capitale (j’ai décidé de faire de l’exercice au moins quinze
minutes après les repas pour réduire l’insuline et le glucose). Comme la
berbérine, la metformine exerce une grande partie de ses effets sur
l’intestin. Elle agit sur le «microbiome», qui peut être altéré par une forte
teneur en graisses saturées ainsi que par une trop grande quantité de
sucres simples. La metformine et la berbérine augmentent toutes deux le
nombre d’acides gras à chaîne courte qui sont bénéfiques pour la santé
de l’intestin, car ils réduisent l’inflammation et maintiennent la barrière
intestinale intacte78.
La berbérine et la metformine faisaient partie de mon régime
quotidien, j’alternais les prises, mais il m’arrivait de les ingérer
ensemble. Je n’aurais peut-être pas dû le faire sans un glucomètre pour
vérifier mon taux de glucose, mais je n’ai souffert d’aucun effet
indésirable. Je n’étais pas diabétique et la metformine est
«normoglycémique», cela signifie qu’elle ne fait pas baisser la glycémie
en dessous des valeurs normales. Elle est plus sûre que ne le croient de
nombreux médecins. Pendant des années, ses effets ont été entachés par
son homologue plus dangereux, la phenformine.
Le bruit courait désormais que j’étais une survivante du cancer de
stade IV et que je savais peut-être comment parvenir à une rémission
dans des circonstances impossibles. J’étais de de plus en plus sollicitée
par des amis et des amis d’amis. Je voulais vraiment laisser le cancer
derrière moi et ne plus en entendre parler, mais je savais aussi que je
possédais désormais des informations précieuses qui pourraient servir à
d’autres. À contrecœur, j’ai accepté de me pencher sur quelques cas de
cancer colorectal, mammaire, du rein, de la vessie et du pancréas. J’ai
essayé de rester à distance, car mener ces recherches me rappelait toutes
les mauvaises expériences que je m’efforçais d’oublier. Je rencontrais
rarement les patients et je ne communiquais que par email.

Pas de demi-mesure
En plus des thérapies naturelles et alternatives, j’ai identifié de nombreux
médicaments hors AMM qui auraient pu être bénéfiques à ces patients.

208
Le propranolol est un bêtabloquant qui aide à réduire le taux de VEGF,
un facteur de croissance qui stimule la croissance de nouveaux vaisseaux
sanguins pour alimenter le cancer. Il bloque également les
métalloprotéinases matricielles 2 et 9 (MMP-2 et MMP-9), et empêche
ainsi la dégradation de la structure tissulaire présente autour des cellules
tumorales pour permettre la formation de métastases. Mais il peut
également interagir avec le dipyridamole, car tous deux peuvent abaisser
la pression artérielle. Or, j’ai découvert que le dipyridamole bloquait
également la MMP-9 et la voie Wnt, cette dernière étant souvent altérée
en cas de cancer. Le sulindac était un AINS qui semblait très utile pour le
cancer colorectal, mais très difficile à obtenir.
J’encourageais chacun à créer son propre «tableau des ennuis». Mais
il était clair qu’après quelques années, cette approche simple ne
fonctionnait pas, car la liste des compléments semblait trop longue et
confuse. Quels étaient les principaux, quels médicaments et quels
compléments étaient les plus efficaces et pourquoi? Les patients
continuaient à mourir et personne ne parvenait à se faire prescrire ces
médicaments hors AMM par les oncologues. J’ai cependant été témoin
de quelques succès spectaculaires: deux patients au stade IV sont en
pleine forme à l’heure où j’écris, tous deux au moins quatorze ans après
leur diagnostic de phase terminale et uniquement avec des traitements
naturels. J’avais rencontré ces personnes et ce n’est qu’à ce moment-là
qu’ils avaient pleinement saisi l’importance du régime hypoglycémique,
la nécessité d’une approche globale et de la prise régulière de
compléments. Sans ce niveau de soutien supplémentaire, j’ai réalisé que
les patients pouvaient s’écarter de leur régime et s’en remettre
simplement à leur oncologue pour aller mieux. Une approche vouée à
l’échec face à une maladie de stade IV. Plus je lisais, plus je déduisais
que, pour obtenir les meilleurs résultats, un patient devait arrêter de
consommer en même temps des aliments parmi les trois «macros»
alimentaires: les mauvaises graisses, les glucides simples (en particulier
le glucose) et certaines protéines (par exemple la glutamine).
Malgré de longues explications au téléphone et l’envoi d’articles de
Pub-Med et Medline, j’avais l’impression de perdre mon temps. La
plupart des patients ne comprenaient pas à quel point il était important de
moduler leur régime alimentaire ou d’ajouter d’autres éléments à leur

209
arsenal pour renforcer la «norme de soins», malheureusement
inadéquate. Les combinaisons de médicaments sont essentielles. Le livre
Your Life in their Hands de la professeure Jane Plant était très bien pour
réduire l’IGF-1 en supprimant la viande et les produits laitiers, mais je
trouvais qu’il n’allait pas assez loin. J’avais été impitoyable envers le
sucre: pas de miel, pas de bananes, pas de raisins, pas d’alcool. Il fallait
vraiment affamer ce cancer. Pas de demi-mesure. Jane Plant pensait
encore que les pizzas et le miel étaient acceptables, alors qu’ils
appartenaient indéniablement à ma liste d’aliments interdits. Il était
important de réduire la «charge glycémique» et le dangereux pic
d’insuline post-prandial. La suppression de l’IGF-1 n’était qu’un angle
d’attaque. La suppression du glucose et la diminution de l’insuline, la
réduction des graisses saturées et des protéines en même temps que la
réduction de l’IGF-1 étaient sûrement des meilleures approches.
En observant le comportement des autres patients, j’ai pu constater
que la plupart d’entre eux mangeaient encore des pommes de terre, du riz
blanc, des bananes, du pain, du miel, des raisins et consommaient des jus
de fruits. Je savais qu’ils ne s’en sortiraient pas sans l’aide des
médicaments et sans une meilleure compréhension de la façon dont le
cancer se nourrissait.

Mon triangle d’or


Je me suis résignée à jouer un rôle plus actif. Je me suis donc retrouvée à
aider les patients à concevoir leur propre tableau des soucis, à m’asseoir
à leurs côtés pour discuter des changements à opérer et des personnes à
consulter. Je suis devenue une «facilitatrice». Je les orientais dans la
bonne direction pour identifier les médicaments, les médecins et les
compléments dont ils avaient besoin. Pour expliquer en termes simples
ce qui avait fonctionné pour moi, j’ai conçu un diagramme triangulaire
simple qui montrait l’action de chacun des médicaments que j’avais pris
pour réduire chaque «macro» dont le cancer avait besoin. Ma théorie
était la suivante: pour obtenir un effet maximal, il fallait affamer les trois
côtés du triangle – les graisses, les protéines et les glucides simples.
Lorsque le cancer devient plus résistant, il passe du glucose à la
glutamine. Si l’on ne bloque qu’une seule voie, il en utilise tout
simplement une autre, car les voies pour obtenir du carburant sont

210
multiples. Le cancer est capable d’utiliser non seulement le glucose et la
glutamine, mais aussi les acides gras, l’acétate et l’hydroxybutyrate
(cétones) et le lactate. Il était important de déterminer quel carburant
était utilisé par le cancer, mais, à l’époque, les recherches à ce sujet
étaient difficiles à trouver. Le métabolisme n’était pas considéré comme
important, l’accent étant mis sur les changements génétiques.

Infographie 3: ma théorie du triangle pour priver le cancer des trois


macronutriments,

Cette «théorie du triangle» pour vaincre le cancer consistait en un


diagramme basique, mais qui expliquait ma théorie de manière simple et
visuelle, à partir des maigres connaissances que je possédais il y a dix
ans.
• Le dipyridamol privait le cancer des nucléotides et des protéines.
• La metformine et la berbérine éliminaient le glucose.
• La lovastatine privait le cancer de graisse (cholestérol).

211
Après l’avoir affamé, j’avais porté le coup fatal au cancer avec la
vitamine C par voie intraveineuse, avec de l’ozone, et avec l’association
d’étodolac (AINS) et de lovastatine, qui avaient tous déclenché
l’apoptose. En fait, ce que j’avais fait pour «affamer» mon cancer était
beaucoup plus détaillé que le dessin ci-dessus et ce n’est que ces
dernières années que j’ai pu reconstituer exactement l’efficacité de mon
cocktail de médicaments. Ce simple diagramme en triangle est devenu
un modèle que j’ai pu compléter avec d’autres éléments que j’avais
bloqués, du glucose et de la glutamine. Puis, mes connaissances sur les
voies de carburant s’étant enrichies, ce triangle a fini par devenir mon
«plan de métro» (voir chapitre 22), une combinaison complète pour
lutter contre le cancer, qui peut être utilisée et adaptée pour chaque type
de cancer.

L’importance de l’approche intégrative


Auprès des patients nouvellement diagnostiqués, j’insistais sur
l’importance de prendre plus d’un traitement à la fois, de ne pas s’en
remettre à la norme de soins, actuellement inadéquate pour traiter une
maladie aussi complexe. Prendre juste un peu de metformine en même
temps qu’une chimiothérapie, par exemple, ne suffirait pas. Pas plus que
la prise d’un médicament seul. Pas plus que d’ignorer les nombreuses
voies métaboliques spécifiques du cancer. Mais c’est ainsi que les
oncologues abordent le traitement: ils utilisent un médicament à la fois
et, en cas d’échec (parce que le cancer mute), ils en utilisent un autre. Ils
n’ont pas admis l’importance des cellules souches du cancer. En effet,
c’est la modification du métabolisme des cellules souches qui est la
véritable raison pour laquelle le cancer devient résistant. Il change de
source de carburant pour continuer à se nourrir d’une nouvelle manière.
Je l’ai compris après avoir effectué de nombreuses recherches. La
recherche constante d’un nouveau médicament «génétique» ne profite
qu’à l’industrie pharmaceutique, pas aux patients.
Je rappelais à mes amis qu’ils ne participaient pas à un essai clinique.
Ils vivaient dans le monde réel et les combinaisons de médicaments
étaient essentielles, en particulier lorsque ceux que je leur suggérais de
tester présentaient une toxicité faible ou nulle, comme l’attestaient des
années de recherche et de développement. Le traitement devait

212
absolument reposer sur une approche intégrative. Ma théorie (bloquer
simultanément toutes les principales sources de carburant pour affamer
la maladie) visait à ne laisser aucun répit au cancer. Malgré tous mes
efforts, il était frustrant de voir les patients commettre des erreurs à
maintes reprises. La plupart ne réalisaient pas l’ampleur des efforts à
fournir pour se rétablir. Certains préféraient mourir plutôt que de
modifier leur régime alimentaire ou de prendre beaucoup de
compléments et de comprimés (et il y en avait beaucoup!). Les patients
sont naturellement réfractaires à l’idée de prendre beaucoup de
médicaments. Et certains ne veulent pas froisser leur oncologue (la
majorité de la profession reste résolument opposée à tout ce qui est
complémentaire et considère les régimes alimentaires comme inutiles).
Les patients préfèrent obéir docilement, faisant aveuglément confiance
aux blouses blanches et au «système».
Avec eux, je perdais mon temps. Je ne pouvais aider que ceux qui
étaient prêts et qui souhaitaient affronter la maladie, les patients qui
reconnaissaient les défaillances du système médical actuel et étaient
capables de prendre les mesures supplémentaires nécessaires. Plus la
maladie était avancée, plus ils avaient à faire. Quant à moi, je ne pouvais
leur offrir que mes suggestions et mon soutien.

213
Chapitre 16

Deux bombes à retardement

U
n jour de 2012, mon amie Louise m’a téléphoné. «Rachel vient
de m’appeler de Dubaï, m’a-t-elle dit, la voix cassée. Son cancer
du sein triple négatif s’est propagé. Est-ce que tu peux l’aider?»
Rachel était une amie commune de Guernesey. Elle avait déménagé à
Dubaï avec son mari et leurs deux enfants âgés de moins de 5 ans. J’ai
frémi. Le triple négatif a le pire pronostic de tous les cancers du sein. Il
ne répond ni aux traitements hormonaux ni à l’herceptine. Le traitement
consiste en général en une série épuisante de chirurgie, de radiothérapie
et de chimiothérapie. Si on ne l’élimine pas du premier coup, il progresse
rapidement. La survie en cas de récidive se mesure en mois.
Plus tard dans la semaine, j’ai eu Rachel au téléphone. Elle était en
larmes. «L’oncologue m’a carrément dit que tout le monde devait mourir
un jour, comme si c’était normal, a-t-elle sangloté. Mais je n’ai que 40
ans. J’ai de jeunes enfants. Clairement, le cancer n’est pas la normalité.
Je ne veux pas mourir. Je veux voir mes enfants grandir et fonder leur
propre famille. Ce n’est pas juste!» Le commentaire sans cœur de son
médecin m’a horrifiée. Ce n’était pas la première fois que je me
demandais si certains oncologues ne prennent pas un malin plaisir à dire
aux patients qu’ils vont mourir. Ils ont tellement de pouvoir qu’ils
brandissent le couperet soit par un traitement palliatif trop faible soit,
inversement par un traitement excessif de la maladie avec trop de
chimiothérapie et d’immunothérapie.
Plusieurs mois auparavant, on avait diagnostiqué à Rachel un cancer
secondaire dans le médiastin (la partie située entre les poumons), mais on
venait seulement de le lui annoncer. De nombreux oncologues pensent
qu’ils protègent le patient et sa famille en ne disant rien dès le début, et
je peux comprendre qu’ils hésitent à révéler la vérité. Mais c’est de la
cruauté. Si les patients sont tenus dans l’ignorance jusqu’à ce qu’ils
soient presque sur leur lit de mort, cela ne leur laisse pas le temps

214
d’accepter le diagnostic, d’élaborer une stratégie et de trouver d’autres
traitements. À ce stade final, la recherche d’alternatives est souvent
désespérée. Je le constate à chaque fois. Les oncologues sont souvent
fatalistes et considèrent que la fin de vie est inévitable, imparable et
confuse, comme si le patient était destiné à subir deux bombes à
retardement. Leur travail consiste simplement à amortir le choc avec des
traitements palliatifs et à laisser la famille ramasser les morceaux. Il n’est
pas étonnant que l’oncologie n’attire que les personnalités les plus dures.
Souvent, on remet au patient un morceau de papier portant un code
cryptique tel que T3N2M1, dans l’espoir qu’il s’en aille et découvre par
lui-même ce que cela signifie en consultant le Dr Google. Ce code peut
facilement tromper les patients en leur faisant croire qu’ils ne sont qu’au
stade III, alors qu’en réalité «M1» signifie une métastase à distance, le
stade IV. Les patients se laissent bercer par un faux sentiment de sécurité.
Puis ils sont confrontés à la dure réalité de leur situation lorsque le temps
a passé et que la possibilité d’utiliser efficacement d’autres modalités de
traitement devient plus difficile.

Onde de choc en consultation


«Je pense que tu devrais revenir au Royaume-Uni pour avoir un
deuxième avis», ai-je conseillé à Rachel. Elle a donc pris rendez-vous
avec l’un des meilleurs oncologues du Royaume-Uni, le professeur
Justin Stebbing, à Londres. Lorsqu’elle est arrivée, nous nous sommes
assises autour de la table de la cuisine, Rachel, Louise et moi et nous
avons passé l’après-midi à examiner les éléments de recherche que
j’avais rassemblés pour elle. J’ai dressé son tableau des ennuis – j’y
avais inclus la metformine, la lovastatine et l’étodolac – et je lui ai
expliqué mon raisonnement. Je lui ai suggéré d’apporter son dossier à
son rendez-vous avec le professeur Stebbing, mais elle était réticente,
trop bouleversée par son diagnostic pour savoir que faire. Elle s’est donc
rendue à la consultation avec Louise, armée d’une liste de questions à
poser pour savoir si l’on pouvait lui prescrire de la metformine et de la
lovastatine. Elle devait également demander si sa tumeur était
inflammatoire et solliciter une prescription d’AINS. J’avais tenté de lui
expliquer comment l’inflammation conduit au cancer. À l’époque, je
n’avais pas trouvé suffisamment de données pour justifier l’ajout du

215
dipyridamole dans le traitement du cancer triple négatif79. J’espérais
cependant que le professeur Stebbing estimerait que les trois autres
médicaments valaient la peine d’être prescrits, étant donné qu’elle était
au stade IV, le stade «terminal». Les patients devraient être autorisés à
chercher des traitements susceptibles de les aider à sauver leur vie, un
comportement typiquement humain.
Durant la consultation, Rachel a oublié de demander quoi que ce soit
sur les médicaments hors AMM. Louise m’a rapporté qu’elle n’avait
parlé au professeur Stebbing qu’en se cachant derrière son écharpe,
probablement pour dissimuler ses larmes. J’ai insisté pour
l’accompagner lors de sa prochaine visite. Elle a accepté. Un mois plus
tard, je suis entrée dans la salle de consultation du professeur Stebbing
avec Louise et Rachel. Cela devait être un spectacle étrange de nous voir
ainsi arriver toutes les trois. Après les présentations, j’ai expliqué que
j’étais là pour aider Rachel à prendre des décisions. Avec son
autorisation, j’ai étalé sur le bureau le tableau des ennuis présenté sur
une feuille A3. Le médecin a paru très surpris! Je voyais qu’il n’avait
jamais rien vu de tel auparavant et qu’il se demandait qui donc était cette
femme audacieuse. Le tableau contenait de nombreuses suggestions
différentes, allant de la vitamine C par voie intraveineuse à la
radiothérapie stéréotaxique, en passant par la sonothérapie, la thérapie
photodynamique, les ultrasons focalisés de haute intensité et les
inhibiteurs PARP plus conventionnels (qu’il étudiait déjà). Il comportait
également la liste des compléments alimentaires, le régime et les
suggestions de détoxification. Et, bien sûr, la metformine, la lovastatine
et un AINS comme l’étodolac. Ignorant complètement la réaction du
spécialiste, j’ai énuméré les potentiels de la metformine et d’une statine.
En avait-il déjà prescrit? La tumeur exprimait-elle la COX2? Que
pensait-il d’un anti-inflammatoire non stéroïdien? Une fois remis de son
choc initial, nous avons eu une longue discussion sur l’utilisation des
traitements complémentaires. Il n’était pas sûr de l’intérêt de la vitamine
C par voie intraveineuse, mais il a accepté de l’essayer, ainsi que la
thérapie photodynamique. Après mûre réflexion, mais non un rejet pur et
simple, il a conclu ne pas pouvoir prescrire ces médicaments: «Ils ne
sont pas considérés comme des traitements standards pour le cancer et je
ne veux pas les prescrire en l’absence d’essais cliniques randomisés.»
Peu importe, j’avais anticipé cette réponse et j’avais déjà pris un autre

216
rendez-vous pour mon amie avec le Dr Kenyon qui, je l’espérais,
pourrait lui prescrire certains des médicaments. Rachel souffrait
désormais d’une tumeur assez importante dans le médiastin. Le
professeur Stebbing et moi-même savions que les traitements médicaux
standards n’allaient pas contrôler sa maladie pendant très longtemps.
Même si nous ne l’avons pas dit en sa présence, nous savions qu’ils ne
lui permettraient de gagner que quelques mois.
Une heure plus tard, le Dr Kenyon a réalisé quelques tests. Rachel
semblait avoir une bonne fonction hépatique et, à ce stade, la
chimiothérapie ne l’avait pas encore affectée. Tout semblait indiquer
qu’elle pouvait commencer la thérapie photodynamique. Mais mon amie
avait une autre vision des traitements alternatifs. Elle a accepté de
prendre de la metformine, mais elle voulait s’en tenir aux traitements
conventionnels, alors avec un peu d’encouragement de ma part, le Dr
Kenyon, lui a rédigé une ordonnance.
J’ai rencontré le professeur Stebbing plusieurs fois avec Rachel et il
m’a donné son adresse électronique. Nous avons discuté ensemble des
traitements qu’elle a finalement décidé de suivre, comme la radiothérapie
stéréotaxique. Et, malgré l’énorme tumeur reposant entre ses poumons,
Rachel est restée en vie pendant encore vingt-deux mois. Un temps
précieux passé auprès de sa jeune famille.
Lorsqu’elle est morte, j’ai ressenti son décès comme un échec
personnel, malgré mes efforts. Je regrettais de ne pas avoir réussi à lui
procurer tous les médicaments dont elle avait besoin. Un bon cocktail qui
ciblait plusieurs voies d’approvisionnement en carburant. Le cancer du
sein triple négatif était délicat. Quel carburant le TNBC utilisait-il que
les autres n’utilisaient pas? C’était l’un des cancers les plus difficiles à
guérir. En son honneur, je me suis donné pour mission de le découvrir. Si
je pouvais comprendre comment le bloquer, cela contribuerait peut-être à
faire reculer cette terrible maladie qui affligeait trop de jeunes mamans.

La violence des proches


Quelques mois plus tard, on m’a de nouveau demandé de l’aide pour une
dame à qui l’on avait diagnostiqué un mélanome malin. J’ai donc
rencontré Beth et ses deux fils, tous deux âgés d’une vingtaine d’années.
Nous nous sommes tous assis dans ma cuisine et avons fait un plan de

217
traitement ensemble. J’ai dessiné le tableau des ennuis et je leur ai
montré le triangle de base du cancer. Nous avons étudié beaucoup
d’approches naturelles différentes qu’elle pouvait éventuellement
essayer, en plus des anciens médicaments. Tout le monde était heureux
de la voie choisie par Beth. Il était important que ce soit elle qui prenne
les décisions. Elle pensait que ma présence serait utile lors de son
prochain rendez-vous avec son médecin spécialiste à l’hôpital Royal
Marsden de Londres, connu pour le traitement du cancer au Royaume-
Uni.
Grâce aux recherches menées par le Dr Betty Rhodes à l’hôpital de St
Helier sur des patients atteints de mélanome dans les années 1980, je
savais que le dipyridamole serait utile à Beth. J’ai même réussi à me
procurer l’article original du Lancet. Mais je savais qu’il serait
particulièrement difficile de convaincre les oncologues de ce bastion des
traitements traditionnels de prescrire un médicament hors AMM.
Néanmoins, nous avons convenu que cela valait la peine d’essayer. Nous
avons ajouté une statine et un AINS à sa liste, car j’avais trouvé de bons
articles sur ces deux médicaments en lien avec le mélanome. À l’époque,
je n’avais pas récolté beaucoup de données sur la metformine et je me
suis contentée de trois médicaments: le dipyridamole, une statine et un
AINS. La semaine suivante, j’ai retrouvé Beth à l’hôpital. Elle m’a
saluée lorsque je suis entrée dans la salle d’attente du Royal Marsden,
remplie de patients et de familles, moroses et silencieux. Il n’y avait
nulle part où s’asseoir. Ses fils ne pouvaient pas venir ce jour-là et Beth
m’a présenté son frère et sa sœur. Tous deux m’ont regardée avec
méfiance: manifestement ils n’approuvaient pas ma présence. Lorsque
nous sommes entrés dans le cabinet de l’oncologue, j’ai réalisé avec une
certaine consternation qu’il était «de la vieille école». Il nous a regardés
par-dessus ses lunettes lorsque nous nous sommes assis. Encouragée par
son nouveau plan de traitement et se sentant davantage capable de
contrôler sa maladie, Beth, s’est lancée dans un discours rapide sur le fait
qu’elle se sentait mieux depuis qu’elle avait supprimé le sucre de son
alimentation. Malheureusement, cela a donné le ton pour le reste de la
consultation. Le régime alimentaire était la dernière chose dont le
médecin voulait discuter. «Je vous ai déjà expliqué que changer votre
régime alimentaire est une perte de temps», a-t-il déclaré, comme s’il
grondait une enfant désobéissante. «Il n’a jamais été démontré que cela

218
aide les patients atteints de cancer et tout ce que vous faites, c’est vous
priver à un stade critique où vous devriez vous détendre et manger ce
que vous aimez le plus», a-t-il ajouté. Autant se gaver de chocolats parce
qu’elle allait mourir de toute façon? Pas étonnant que les patients
surnomment cet endroit la «Royal Mars Bar».
«Je me demandais si vous pensiez qu’elle pourrait essayer une
thérapie photodynamique», ai-je demandé, regrettant aussi ma question.
Je voyais notre interlocuteur passer de la tolérance à l’irritation. Il m’a
regardée droit dans les yeux, d’un air glacial, et m’a répondu sèchement:
«Il n’y a aucune preuve montrant que cela peut aider. Elle ne fera que
gaspiller son argent80.» Si ce sujet était déjà difficile à aborder, alors
celui des médicaments hors AMM allait être vraiment difficile. Pour le
bien de Beth, je devais essayer de lui trouver quelque chose. S’en tenir à
la norme de soins serait un échec. «D’accord. Oublions cette idée», ai-je
dit, juste pour l’amadouer, avant d’ajouter nerveusement: «J’ai aussi
cherché des médicaments hors AMM qui pourraient nous aider. Un
article paru dans The Lancet montre que le dipyridamole, un médicament
antiplaquettaire, pourrait contribuer à arrêter les métastases. Il a arrêté la
progression chez plusieurs patients atteints de la maladie au stade IV.» Je
lui ai tendu l’article. Il a pris le journal, n’a rien dit et l’a fixée. J’ai
poursuivi: «Le dipyridamole a également des propriétés antivirales et
l’article suggère que le mélanome pourrait avoir une composante virale.»
«Ce n’est pas une preuve! Ce n’est pas un essai clinique randomisé!
C’est une étude sur quelques patients réalisée en 1985!» Il a fait un bruit
sourd et m’a rendu mon article. Beth m’a regardée, m’a lancé un clin
d’œil et a levé les yeux au ciel, l’air de dire: «C’est exactement la
réaction à laquelle nous nous attendions!» «Je sais que l’article date un
peu, mais on a pu passer à côté.» J’ai ajouté que le fait que ce ne soit pas
nouveau ne signifiait pas que cela ne marcherait pas. C’était comme de
dire que les Beatles étaient nuls parce qu’ils se sont séparés en 1970.
J’ai demandé: «Pourquoi ne pas envisager de prendre une statine?»
J’ai sorti l’article suivant, consciente que je perdais rapidement du
terrain.
«Et de quand date cette recherche?
– Hmmm… 2005, elle a été publiée dans Melanoma Research.

219
– On est en 2013! Si c’était efficace, on l’utiliserait probablement
déjà, non?
– Vous ne pensez donc pas que cela pourrait nous aider? Voulez-
vous lire l’article? ai-je dit d’une petite voix.
Manifestement, non. L’oncologue s’est tourné vers Beth: «Je souhaite
vous parler. Seul à seul». Mince. Ça ne s’était pas bien passé. Je
m’attendais à rencontrer une certaine résistance, mais c’était pire que ce
que Beth ou moi avions prévu. Le spécialiste s’est levé, a ouvert la porte
et nous a fait signe de quitter la pièce. Je suis sortie avec le frère et la
sœur de Beth et une fois de plus, le médecin m’a jeté un regard noir. Je
me suis retournée pour voir si Beth allait bien et il m’a claqué la porte au
nez. Je pouvais l’entendre s’exprimer sur un ton enflammé. Je me sentais
mal. J’avais essayé d’aider Beth et ce n’était pas juste qu’elle soit prise
entre deux feux. J’étais également contrariée qu’il se soit montré si
dédaigneux, sans même prendre la peine d’examiner toutes les données.
Comment laissait-il le choix au patient?
Mais ce qui m’est arrivé ensuite était vraiment choquant. À peine
arrivés dans le couloir, le frère et la sœur s’en sont pris à moi. Penché
vers moi, Dave m’a plaquée contre le mur, martelant ses mots sur ma
poitrine tandis qu’ils me criaient dessus: «Pour qui vous prenez-vous?
Vous êtes médecin? Comment osez-vous faire des suggestions à
l’oncologue? Vous n’avez pas le droit d’interférer avec son traitement!»
Je suis restée là à essayer de respirer calmement. «Je… j’essaie juste de
l’aider», ai-je bégayé. Je n’avais jamais vécu une telle situation. Je
voulais m’enfuir. Entamer une discussion avec eux n’aurait servi à rien
puisqu’ils n’étaient pas d’humeur à m’écouter. J’ai réussi à me dégager
de leur emprise et à me diriger rapidement vers la sortie. «Ne la contacte
plus jamais!», a crié la sœur de Beth.
Le cancer est une expérience déroutante et effrayante pour toute la
famille et je savais qu’ils agissaient uniquement dans ce qu’ils pensaient
être les meilleurs intérêts de leur sœur. J’avais beau me dire qu’ils étaient
seulement trop protecteurs, j’ai été très secouée par cette violence
physique et verbale. Une fois en sécurité à l’extérieur de l’hôpital, j’ai
envoyé un SMS à Beth en lui disant que je devais rentrer chez moi de
toute urgence. Elle a probablement deviné qu’ils s’étaient mal comportés

220
avec moi, mais je ne lui ai jamais raconté la scène. Beth et ses fils
auraient été mortifiés s’ils l’avaient découvert. Elle avait assez à faire.
Aider un patient désespéré était une chose, mais faire face à des
proches protecteurs et en colère en était une autre! Je me suis juré de ne
plus jamais accompagner qui que ce soit en consultation. Ce n’était pas
bon pour ma propre santé! Mais comment les patients pouvaient-ils se
procurer ces médicaments? Cela semblait impossible. Les oncologues
étaient liés aux protocoles rigides. Ils ne devaient surtout pas prescrire
quelque chose d’aussi novateur que de l’aspirine à faible dose pour aider
un patient mourant!
Plus tard, j’ai envoyé Beth voir le Dr Callebout, mais elle n’a jamais
demandé de dipyridamole ni aucun autre médicament. Je crois que son
oncologue du Royal Marsden l’en avait découragée. Pourquoi s’était-il
montré si fermé et en colère? Et pourquoi ne pas la laisser essayer de
s’en sortir par tous les moyens possibles? L’oncologue s’était-il senti
menacé par le fait que je remette en question son autorité? Cela ne
témoignait pas de soins centrés sur le patient! À mon grand désarroi, j’ai
appris le décès de Beth six mois plus tard. J’ai eu l’impression d’avoir
encore échoué. Je ne pouvais pas m’empêcher de me demander comment
elle s’en serait sortie si elle avait pris un cocktail de médicaments.

Un jeu sans pitié


Quand la profession des oncologues va-t-elle se réveiller? Ne voient-ils
donc pas à quel point ils sont rigides et inflexibles, fermés à toute
suggestion, sans raison valable? Comment cette arrogance s’est-elle
ancrée dans les pratiques? Que s’est-il passé pour qu’ils se comportent
comme des tueurs aguerris, refusant d’autoriser les patients à se sauver
eux-mêmes? «C’est ça ou rien! C’est moi qui décide comment vous allez
mourir!» L’oncologie est un grand bazar et les patients en sont les
victimes.
Lorsque vous recevez un diagnostic de stade IV, vous n’avez guère
d’autre choix que de prendre une série de médicaments approuvés, dont
aucun n’a jamais guéri personne atteint d’une maladie avancée. Les
nouveaux médicaments et les essais font tellement la une des journaux
que les gens leur accordent une confiance démesurée. L’industrie
pharmaceutique a trompé les médecins et surtout les patients vulnérables

221
en leur faisant croire que la médecine moderne et ses médicaments
brevetés détiennent toutes les réponses. Il est tout à fait naturel
d’imaginer que le dernier médicament en date sera meilleur que le
précédent. Mais si vous examinez les statistiques, vous découvrirez que
ce n’est malheureusement pas le cas.
Le budget du NHS est si serré qu’il compte sur le fait que la plupart
des patients au stade IV meurent avec la première option de traitement,
dans tous les cas une chimiothérapie à haute dose, le traitement le moins
cher, mais le moins efficace. Un patient mort représente une économie
considérable! Il est bien moins coûteux pour le NHS de vous faire mourir
le plus tôt possible que de vous maintenir en vie, car cela nécessite de
nombreux soins infirmiers et des médicaments onéreux. Et, juste pour
vous anéantir au moment où vous êtes déjà affaibli, la chimiothérapie à
haute dose a pour effet secondaire de ruiner ou de réduire
considérablement vos chances de guérison en détruisant votre système
immunitaire, un élément essentiel à votre survie à long terme. Si, contre
toute attente, vous avez prouvé que vous étiez un «bon» candidat en
survivant à la chimiothérapie à forte dose, le NHS réserve les nouvelles
immunothérapies, souvent très coûteuses, aux personnes qui ont réussi à
survivre jusque-là. Ces traitements sont alors, bien sûr, moins efficaces,
car le système immunitaire est affaibli par la chimiothérapie. Et dire que
certains se demandent pourquoi le Royaume-Uni a les pires taux de
survie en Europe…
Si vous survivez à la chimiothérapie, lorsque le cancer réapparaît (ce
qui arrivera, car la chimiothérapie seule ne parvient pas à tuer les cellules
souches cancéreuses), on peut vous offrir une bouée de sauvetage, sous
la forme d’un médicament ciblé pour remonter la pente. S’il est
disponible, vous vous en saisissez, reconnaissant, mais fatigué et épuisé
par le traitement précédent. Si vous avez de la chance, ce nouveau
médicament fonctionne pendant un certain temps, mais ses effets ne sont
que de courte durée. À ce stade, le prolongement moyen de la durée de
vie avec les médicaments ciblés est d’environ deux ou trois mois. Boom!
Vous atterrissez sur un autre toboggan et redescendez en glissant. Si vous
avez encore de la chance, ils vous «sauvent» une fois de plus avec un
autre traitement, peut-être un médicament d’immunothérapie plus récent.
Vous êtes désormais extrêmement reconnaissant vis-à-vis des merveilles

222
de la médecine moderne! Vos espoirs s’accroissent une fois de plus, mais
ils sont déçus lorsque le battage médiatique n’est pas à la hauteur des
attentes. Il n’y a plus de bouée.
Tout le paradigme du traitement du cancer est faux. Le cancer
comporte deux types de cellules: les cellules souches et les cellules à
division rapide. Les cellules ciblées par les oncologues sont celles à
division rapide. Ils ne font rien pour traiter les cellules souches
cancéreuses. Or, ces dernières sont celles qui entraînent la propagation
du cancer. Elles sont situées au cœur de chaque tumeur et ne sont pas
touchées par les traitements conventionnels. La chimiothérapie, la
radiothérapie et les nouveaux médicaments ciblés sont des solutions à
court terme, car elles ne touchent pas les cellules souches qui repoussent
et deviennent plus résistantes.
C’est un jeu cruel, mais cela pourrait être différent si la profession
médicale envisageait d’utiliser des cocktails de médicaments, qui ciblent
non seulement les gènes et les cellules à division rapide, mais aussi ceux
qui attaquent les cellules souches. Nous, les patients nous devons être
conscients du jeu méprisable auquel les compagnies pharmaceutiques se
livrent avec nous, alors même que nous nous accrochons à la vie. Nos
corps sont en effet utilisés impitoyablement, comme des souris de
laboratoire. Quand les oncologues prescriront-ils des médicaments hors
AMM en plus des soins conventionnels? Il est indispensable que cela se
produise bientôt. Comme le médecin du Royal Marsden l’a souligné,
nous étions en 2013. Quand la profession se réveillerait-elle?

223
Chapitre 17

Trouver ma tribu

E
n février 2015, un matin, je lisais tranquillement le journal en
buvant une tasse de thé (vert, bien sûr) quand j’ai remarqué un
article dans le Telegraph81. À ma grande surprise, j’ai réalisé qu’il
s’agissait d’un papier sur le cancer et sur l’utilisation de vieux
médicaments hors AMM! Enfin! Un professeur de psychologie, Ben
Williams, avait reçu un diagnostic de tumeur cérébrale incurable vingt
ans plus tôt. Il avait été traité de manière conventionnelle par chirurgie,
chimiothérapie et radiothérapie. Mais il avait également ajouté à son
traitement quelques médicaments qu’il avait découverts en effectuant des
recherches. Depuis, il était complètement guéri. Je n’étais donc pas la
seule à avoir été guérie en utilisant un cocktail de vieux médicaments!
Incroyable! Pendant sa chimiothérapie, Williams avait pris du vérapamil,
un inhibiteur des canaux calciques (j’avais pris de la berbérine qui inhibe
également les canaux calciques). Il avait pris de l’Accutane, un
antibiotique normalement utilisé pour l’acné, un analogue de la vitamine
A qui bloque très partiellement le mévalonate (j’avais pris une statine
pour bloquer le mévalonate). Il avait dû traverser la frontière mexicaine
pour l’obtenir. Il avait également utilisé du tamoxifène qui, outre son
effet de blocage des œstrogènes, est un inhibiteur de l’IGF-1 (j’avais pris
de la metformine quotidiennement pour bloquer l’IGF-1, et pour ses
effets anti-cancer et anti-vieillissement).
En poursuivant ma lecture, j’ai failli tomber de ma chaise. Une
nouvelle clinique située à Harley Street, ici même, à Londres, étudiait
une combinaison de médicaments presque identique à la mienne:
metformine, une statine et deux autres médicaments. Incroyable! Ce
nouvel établissement, la Care Oncology Clinic, utilisait ces médicaments
en complément d’un traitement conventionnel, comme je l’avais toujours
suggéré. Parmi, ces médicaments, il y en avait deux dont je n’avais
jamais entendu parler auparavant: la doxycycline (un antibiotique) et le

224
mébendazole (un antiparasitaire). En revanche, pas de trace de
dipyridamole. Mais ils envisageaient d’ajouter un AINS à certains
programmes de traitement à l’avenir. Peut-être pourraient-ils aussi
ajouter le dipyridamole à leur programme!
Plus incroyable encore, l’oncologue en chef n’était autre que le
professeur Justin Stebbing! D’après l’article, il supervisait la Care
Oncology Clinic et prescrivait les médicaments hors AMM que je l’avais
supplié de prescrire à Rachel! J’ai alors ressenti une étrange sensation,
une sorte de frénésie métaphysique. Appelez ça la chair de poule ou peu
importe, c’était une sensation extraordinaire. Mes pieds et mes jambes
ont commencé à fourmiller et une sensation de picotement et de chaleur
m’a parcouru le dos et les bras. On dit qu’il y a deux grands moments
dans la vie: notre naissance et celui où l’on réalise pourquoi on est né.
C’était ce moment. Aussitôt après avoir lu l’article, j’ai été convaincue
que quelqu’un avait enfin déchiffré le code du cancer, que la solution
pour vaincre la maladie consistait, comme je l’avais toujours pensé, à
utiliser des combinaisons de médicaments. Je devais rencontrer ces
personnes. Je voulais en savoir plus sur les médicaments qu’ils avaient
choisis et sur les raisons de leur efficacité.
La doxycycline est un antibiotique, le mébendazole est un
antihelminthique ou un vermifuge, couramment utilisé pour les enfants
atteints d’oxyures. Je me suis toujours demandé si au lieu d’être dû à des
«mutations génétiques aléatoires», le cancer pouvait être déclenché par
quelque chose d’aussi simple qu’une co-infection de divers microbes. Il
ne fait aucun doute que ces médicaments exercent d’autres effets en plus
de leurs actions antimicrobiennes. Les microbes affectaient-ils les
mitochondries? La doxycycline fonctionnait-elle parce qu’elle agissait
sur les mitochondries donc sur le métabolisme, comme c’était le cas pour
les bactéries anciennes? Si les virus pouvaient entraîner un cancer, était-
il absurde de penser que d’autres microbes, comme les bactéries, les
levures et les parasites, pouvaient aussi avoir un effet sur le cancer? Quel
était leur mode de fonctionnement? Les altérations du microbiome, de
l’environnement ou du terrain autour du cancer pouvaient-elles aussi
avoir un impact?
L’article présentait plusieurs médicaments étudiés par la campagne
ReDo (Repurposing Drugs for Cancer) pour leur potentiel anti-cancer. Il

225
mentionnait la cimétidine que j’avais également prise pendant quelques
mois quelques années auparavant pour ses effets immunostimulants et
anti-cancer, mais le dipyridamole n’était pas mentionné. Peu importe, la
clinique d’oncologie était sur le coup avec les autres médicaments! Aussi
ravie qu’excitée, j’ai dansé dans la cuisine comme une folle, puis j’ai
éclaté en sanglots, envahie par une grande émotion. J’ai compris que cela
allait tout changer. Quelle joie de penser qu’il pourrait enfin y avoir un
véritable changement dans le traitement du cancer! Cet essai allait me
donner raison, je le savais! J’étais tellement heureuse d’avoir enfin un
endroit où envoyer les nombreux patients qui me demandaient de l’aide.
Avec cette clinique, je n’aurais plus à me battre seule contre le corps
médical, à me faire fermer des portes au nez, à subir des ricanements, des
moqueries, des humiliations, des coups de poing dans la poitrine. Tout ce
que j’avais dit et pensé sur le cancer et qui avait été jugé ridicule était
validé ici. Comment une modeste kinésithérapeute, bien qu’ayant
survécu à un cancer de stade IV, avait-elle pu vivre alors que tant
d’éminents cancérologues étaient morts? Aux yeux des médecins, j’étais
une rémission spontanée, une anecdote, une anomalie médicale. J’avais
trouvé mon armée, qui se battait contre ces doctrines bien ancrées, non
pas à l’autre bout du monde, mais ici même à Londres! Je pouvais à
peine y croire!

Écrire pour témoigner


J’ai réalisé avec consternation que cela signifiait que j’allais finalement
devoir écrire un livre, et que l’écriture ferait resurgir de nombreux
souvenirs douloureux. Mais sans mon aide, je craignais que cette
clinique ne soit en difficulté. Je connaissais la loi de 1939 sur le cancer.
Elle interdisait la publicité. J’étais le patient zéro dont la clinique allait
avoir besoin pour défendre sa cause. Je ne voulais pas que le cancer joue
à nouveau un rôle central dans ma vie. Je voulais vraiment l’effacer,
oublier mes luttes et que personne ne sache ce que j’avais traversé. Mais
il me fallait raconter mon histoire. Les patients avaient besoin de savoir
que je m’étais battue avant eux, que j’avais moi aussi ressenti du chagrin,
de la tristesse, du désespoir. J’avais besoin qu’ils sachent qu’il y avait de
l’espoir et qu’ils pouvaient faire beaucoup plus que ce qu’on leur disait.

226
Mais cela signifierait révéler des détails intimes sur ma maladie, mes
relations et mes luttes. Je serais démasquée. Mince, mince, mince.
Cette fois, je ne me battrais pas pour obtenir de meilleurs traitements
pour moi-même, je me battrais pour toutes les mères, tous les pères,
toutes les filles et tous les fils touchés par cette terrible maladie, pour
toutes les personnes déçues par les normes de soins actuelles
inadéquates. Les patients méritaient mieux, ils étaient trop malades pour
se battre eux-mêmes ou pour se rendre compte à quel point ils étaient
malmenés par les entreprises pharmaceutiques. J’étais convaincue qu’en
choisissant le cocktail approprié, nous avions déjà tous les médicaments
nécessaires pour guérir le cancer.

Changement de cap pour le Pr Stebbing


Qui avait lancé la clinique? Dans quel but? Qui la finançait? Cela ne
pouvait pas être une grande société pharmaceutique, car il s’agissait de
médicaments peu onéreux dont les brevets étaient expirés et qui ne
présentaient aucun intérêt financier. J’étais ravie, mais aussi
décontenancée! Nul doute que Big Pharma verrait d’un mauvais œil cette
clinique capable bouleverser la profession médicale. Si elle rencontrait le
succès que j’imaginais, elle ferait trembler les géants de l’industrie
pharmaceutique. Elle aurait besoin de toute l’aide possible pour vaincre
les résistances et les tentatives de fermeture. J’ai immédiatement
téléphoné à mon amie Louise et nous avons convenu de nous retrouver
dans un café pour déjeuner.
«C’est incroyable! s’est-elle écriée quand je lui ai montré l’article.
Quel revirement de la part de Stebbing! Il prescrit les mêmes
médicaments qu’il ne voulait pas que Rachel prenne il y a seulement
quelques années!» «À sa décharge, je ne pense pas qu’il aurait pu lui
prescrire de la metformine puisqu’elle n’était pas diabétique, et la statine
est destinée à réduire le cholestérol et non pas, normalement, le risque de
cancer du sein. Il se trouvait donc dans une position très difficile. Les
oncologues sont soumis à des protocoles stricts. Il leur est difficile de
prescrire ces médicaments.
À bien des égards, cela semble plus difficile aujourd’hui qu’il y a dix-
sept ans, lorsque j’ai découvert ces médicaments, même si la recherche
est plus solide.»

227
Le serveur m’a tendu ma tasse de thé vert, que j’aurais volontiers
échangée contre un verre de rouge pour fêter l’événement. «Il n’est pas
facile pour les médecins de s’écarter des protocoles étroits définis par le
NICE. Ils doivent être très courageux et s’assurer que le patient ou ses
proches ne vont pas les poursuivre en justice après coup. Les gens sont
tellement procéduriers de nos jours…» «Oui, mais le médecin sait que le
patient est en train de mourir. Si quelque chose fonctionne, alors il faut
l’essayer, non?» «Je suis d’accord avec toi, Lou. Les procédures
administratives, c’est fou!» «Tu vas encore faire ce truc gênant avec le
sachet de thé, n’est-ce pas?!» Elle m’a regardée presser les dernières
gouttes du sachet dans mes mains et les étaler sur mon visage. «Voilà,
pour rester jeune et belle!» Elle a ri: «Je dois reconnaître que tu n’as pas
l’air très vieille, malgré ton grand âge!»
Pour mes gammes de cosmétiques, je me suis beaucoup documentée
sur les ingrédients hydratants et les anti-âge et j’ai trouvé de nombreux
points communs avec les produits nutraceutiques. Le thé vert est toujours
très efficace, par voie interne comme externe. Je me fichais donc
complètement de ce que pensaient les clients du café – c’est l’avantage
d’avoir passé la quarantaine, on ne se soucie plus du regard des autres.
«Je me souviens très bien que Stebbing t’a dit de t’asseoir lorsque tu
as étalé le tableau de Rachel. Je crois que tu lui avais fait peur!» C’était
peut-être vrai. La plupart des patients et des proches sont tellement
terrifiés et dociles qu’ils sont prêts à faire tout ce que l’oncologue leur
propose. Ils sauteraient par la fenêtre s’il leur disait que cela les aiderait à
aller mieux. Cela donne à certains oncologues un sentiment de pouvoir
teinté d’arrogance et de supériorité. Le professeur Stebbing était
différent, il donnait son numéro de téléphone aux patients et il était prêt à
les aider jour et nuit. Il était leur héros. Il avait dû être très étonné de me
voir débouler dans son cabinet, avec ma détermination et mes exigences.
Je ne cherchais pas le conflit, j’essayais simplement de préparer la liste
des médicaments de Rachel et d’améliorer les traitements standards82.
J’ai discuté avec Louise et j’ai décidé de contacter le professeur
Stebbing. «Je vais lui écrire aujourd’hui, ai-je dit. Cette clinique est en
difficulté. Ces traitements vont rencontrer une forte résistance de la part
de Big Pharma et probablement d’un grand nombre d’oncologues.
Stebbing prend vraiment des risques. En coulisses, je lui ai envoyé de

228
nombreux courriers électroniques et nous avons discuté de beaucoup de
choses dont je ne vous ai jamais parlé pendant les soins de Rachel, et pas
seulement au sujet de ces médicaments. Peut-être que j’ai fini par le
convaincre!» «Oui tu l’as peut-être convaincu! Tu es persévérante, c’est
sûr! Écris-lui et je te soutiendrai quoiqu’il arrive!», a-t-elle ajouté en
riant.

Voici ce que je lui ai envoyé plus tard ce jour-là:

Cher Professeur Stebbing,


Vous vous souvenez probablement de la première fois que je vous ai
rencontré il y a quelques années avec Rachel T-C. Je vous ai alors
demandé de lui administrer de la metformine et une combinaison de
lovastatine et d’étodolac! Je m’en excuse. J’étais très frustrée à l’époque,
je pense. Je ne peux pas vous dire à quel point je suis ravie de voir qu’une
réflexion commune est menée sur le traitement du cancer, désormais
abordé comme une maladie systémique et non seulement comme un
problème local. De nos jours, on met trop l’accent sur les thérapies
microciblées et on ne se préoccupe guère de l’ensemble. Je suis ravie de
voir qu’une clinique de cancérologie propose d’utiliser ces médicaments
peu coûteux, car j’ai moi-même utilisé nombre d’entre eux pour vaincre le
cancer en 1999, en parallèle à des changements alimentaires et à une cure
de détoxification.
Vous avez peut-être oublié, ou je ne vous l’ai peut-être pas dit, il y a seize
ans j’ai eu un cancer du col de l’utérus de stade IV qui s’était propagé à
mes poumons. J’ai persuadé deux médecins intégratifs de me prescrire du
dipyridamole (Persantin) et plus tard de la metformine. Je prends toujours
ce dernier médicament. J’ai également pris de la cimétidine pendant une
courte période, mais j’ai honte d’admettre que je l’ai achetée en ligne,
directement auprès d’une pharmacie canadienne.
J’ai également pris de la lovastatine et de l’étodolac, une association de
médicaments que mon oncologue (aujourd’hui à la retraite) a jugée
suffisamment sûre pour me la prescrire à une dose élevée pendant trois
mois. À l’époque, elle étudiait les statines et elle était ravie quand je lui ai
montré les articles que j’avais trouvés au cours de mes recherches! Je sais
que vous êtes président du Congrès mondial sur les vaccins et je me
demandais si vous aviez lu l’article suivant sur les probiotiques et les
vaccins, paru dans The Scientist:
http://www.the-scientist.com/?
articles.view%2FarticleNo%2F40973%2Ftitle%2FBacteria-Boost-Viral-

229
Vaccine-Response%2F
Je ne doute pas que vous le sachiez déjà et je sais que cet article concerne
la grippe, mais je crois fermement que l’intestin et le système immunitaire
sont inextricablement liés. Pour renforcer l’efficacité d’un vaccin, je suis
persuadée que le patient devrait prendre un très bon probiotique quelques
semaines avant l’injection. La vitamine C par voie intraveineuse
permettrait également de préparer le système immunitaire aux vaccins
contre le cancer.
Avez-vous fait des recherches sur le 2-méthoxyoestradiol? Et je suis sûre
que vous êtes au courant des recherches passionnantes qui sont menées
sur la vitamine D. Le sulindac/lovastatine pour le cancer du côlon, la
gemcitabine/curcumine pour le cancer du pancréas, la naltrexone à faible
dose et l’acide alpha lipoïque,
Je pourrais continuer… J’aimerais vous aider, y aurait-il quelque chose
que je pourrais faire pour être utile? En tout cas, je suis ravie de savoir
que cette clinique a vu le jour! Je vous enverrai des patients! Et je cherche
vraiment un emploi, car je veux faire quelque chose d’utile!
Meilleures salutations,
Jane McLelland

J’ai cliqué sur Envoyer et je me suis demandé quelle serait la réponse


du professeur Stebbing et de la clinique.

230
Chapitre 18

Mobiliser les troupes

P
lus j’y réfléchissais, plus je me disais que la Care Oncology Clinic
tentait de réaliser un exploit et je savais que je devais l’aider. Si la
clinique réussissait, cela menacerait non seulement Big Pharma,
mais aussi les grandes organisations caritatives de lutte contre le cancer
comme Cancer Research UK (CRUK). Ces structures survivent, car le
cancer est incurable et l’industrie pharmaceutique leur fournit
régulièrement des cobayes pour leurs essais et leurs nouveaux brevets.
La mission du CRUK consiste à faire participer davantage de patients
aux essais cliniques, à «empêcher que d’autres patients meurent» (tout en
prenant beaucoup de médicaments très chers), et non à trouver un
remède. Les entreprises pharmaceutiques visent une rentabilité à trente
ans pour les nouveaux médicaments qu’elles lancent. Ceux-ci sont
développés pour encourager les prescriptions répétées pendant de
nombreuses années plutôt que les cures ponctuelles. Les anciens
médicaments hors brevet leur rapportent très peu.
Qui étaient donc les personnes courageuses derrière cette clinique,
osant défier le statu quo? En creusant un peu, j’ai découvert que
l’établissement appartient à Seek, une entreprise privée de
biotechnologie constituée de scientifiques brillants. Ils redéveloppent la
metformine et d’autres anciens médicaments, ainsi que l’ibuprofène, afin
qu’ils puissent être administrés plus efficacement et avec moins d’effets
secondaires, ce qui est génial. Ils n’espèrent pas gagner beaucoup
d’argent avec cette clinique dont l’objectif est surtout d’étudier les
combinaisons de médicaments, de mettre en pratique une approche
métabolique et de permettre aux médecins de faire le travail pour lequel
ils ont signé lorsqu’ils étaient étudiants en médecine. Améliorer les vies
et faire en sorte que les patients aillent mieux, au lieu de les empoisonner
avec des médicaments toujours plus toxiques et rendre leurs derniers
mois sur terre misérables.

231
Enfin comprise!
Peu après l’envoi de mon message, j’ai reçu un email de Gregory Stoloff,
de la clinique d’oncologie. Il souhaitait me rencontrer dès que possible
avec le Dr Robin Bannister pour échanger nos idées! Eux aussi
semblaient heureux d’avoir découvert mon existence! Impressionnant. Il
m’est impossible de décrire le choc ressenti. Pendant des années, j’avais
contesté la façon dont les oncologues prescrivaient les traitements.
J’avais mené discrètement une petite guerre, toute seule. J’avais défendu
les anciens médicaments sans aucun soutien. Et à présent on me
demandait mon avis? On me proposait de partager mes idées? Pour moi,
ces concepts étaient étrangers à la plupart des membres de la profession
médicale, la plupart des oncologues étant fermés à toute discussion.
Lorsque j’ai rencontré Gregory et Robin, j’ai été époustouflée par leur
enthousiasme et leur engagement. Nous étions tellement sur la même
longueur d’onde que j’ai eu envie de pleurer. Nous avions parcouru des
routes complètement différentes pour arriver au même carrefour, et nous
roulions à présent dans la même direction! Même si leur cocktail est
actuellement rejeté par l’ensemble du corps médical, je n’ai rien trouvé
de controversé dans leur approche. Elle correspondait exactement à la
mienne. Combiner les anciens médicaments et attaquer les différents
acteurs du métabolisme. Stresser le cancer, l’affamer, l’affaiblir, puis
déclencher l’apoptose. Gregory avait travaillé sur des fusions entre de
grosses entreprises pharmaceutiques. Il avait vu comment de vieux
médicaments tombaient dans l’oubli. Il se livrait peu, mais j’ai compris
qu’il avait d’abord étudié la médecine avant de se tourner vers la finance,
et qu’il avait conservé une vision plus large et un intérêt pour les grands
problèmes de la médecine. Il avait créé sa propre entreprise
pharmaceutique pour explorer ses idées, mais il s’était toujours senti
étranger à ce monde. Son approche latérale des problèmes est
exactement ce dont l’industrie a besoin, mais ses qualités ne sont pas les
bienvenues dans un monde dominé par les grandes entreprises qui ont
tout intérêt à maintenir des prix élevés et à faire passer les profits avant
les personnes. Lui ne correspond pas à ce profil. Cette rencontre a été
incroyablement émouvante pour moi. Je ne pense pas que mes
interlocuteurs aient compris ce que cela signifiait d’être enfin reconnue
après tout le temps et les efforts que j’avais consacrés à chercher des

232
informations, non seulement pour moi, mais aussi pour mes amis et ma
famille. Ils n’avaient aucune idée des obstacles que j’avais rencontrés.
Continuer malgré le rejet et le mépris. J’ai réalisé que j’aurais pu sauver
certains de mes proches si seulement je leur avais fait prendre plus de
médicaments réhabilités. Utilisés de manière appropriée, au bon
moment, dans la bonne combinaison, aux bons dosages, je savais qu’ils
disposaient d’un véritable potentiel pour sauver des vies. Il y aura
toujours des patients pour lesquels le traitement arrive trop tard. Aucun
traitement, aussi extraordinaire soit-il, ne fonctionnera si les organes sont
trop gravement endommagés par d’autres traitements ou par le cancer
lui-même. Les rémissions à long terme seront l’objectif de la clinique
même chez les patients les plus âgés, et je suis convaincue qu’ils y
parviendront. Il est difficile de parler de guérison. Je n’ai pas eu
d’«épisode» de cancer depuis des années, mais je ne pourrai jamais dire
que je suis guérie. Je suis sûre que ma maladie est contrôlée, mais
«guérie» n’est pas le terme adéquat. Plus je vis sans la maladie, plus je
reprends confiance.
Lorsque je leur ai confié que j’avais l’impression d’avoir reçu des
traitements de chimiothérapie trop forts, Gregory et Robin ont partagé
mon avis. J’ai dû me pincer pour vérifier que je ne rêvais pas. En effet,
ils avaient l’intention, autant que possible, de traiter les patients avec une
chimiothérapie à faible dose, avec l’accord de leur oncologue. À l’issue
de cette réunion, j’étais plus motivée et passionnée que jamais. Je savais
que je ferais tout mon possible pour que cette thérapie soit acceptée par
les médecins conventionnels. Les patients avaient assez souffert.

Vaincre la peur de l’inconnu


Comment allais-je faire passer le message? Quand j’ai expliqué dans
quelques groupes Facebook que j’avais traité mon cancer avec de vieux
médicaments et qu’une nouvelle clinique proposait un cocktail similaire,
je n’ai pas obtenu la réponse enthousiaste que j’attendais. Les patients
étaient réticents à l’idée d’utiliser des médicaments, même si la toxicité
était minime. La plupart voulaient des remèdes naturels. Il fallait
informer les patients. Il était temps de faire mon «coming out» et
d’admettre publiquement que j’étais en phase terminale. J’ai créé un
groupe Facebook fermé, dédié aux médicaments hors étiquette ayant des

233
effets anti-cancer. La promotion directe de la clinique d’oncologie n’était
pas autorisée par la loi. Celle de 1939 sur le cancer est un texte désuet
qui empêche la publicité pour les traitements de cette maladie. Je
comprends que cela contribue à empêcher les vendeurs corrompus de
proposer de faux remèdes, mais cela empêche également les gens de
découvrir une aide efficace. En fin de compte, cela permet à Big Pharma
de garder le contrôle. J’ai dû faire preuve de prudence, ne mentionnant le
nom de l’établissement que lorsqu’on me le demandait. La clinique avait
besoin de patients. Sans données statistiques prouvant que le traitement
combiné fonctionne, elle risquait de fermer – et c’est toujours le cas. Au
cours des prochaines années, l’équipe espère recruter environ 5 000
patients pour l’étude. Je me suis donc donné pour mission de transmettre
l’information. Du fait de la loi sur le cancer, cela s’est avéré plus difficile
que je le pensais. J’ai également rencontré une résistance tout à fait
inattendue de la part d’amis et de médecins. Ainsi, je parlais récemment
de la clinique à une amie lors d’un dîner lorsqu’elle m’a annoncé que son
père était atteint d’un cancer avancé. Je m’attendais à ce qu’elle soit
aussi enthousiaste que moi. Je lui avais expliqué les traitements et
comment ils aideraient son père à vaincre son cancer. Sa réponse m’a
décontenancée: «Je n’y crois pas. Si c’est si efficace, comment se fait-il
que l’oncologue de mon père ne le lui donne pas déjà?». Elle m’a dit
n’être pas du tout convaincue. J’aurais dû savoir qu’elle pouvait réagir
ainsi. C’est une question assez instinctive et qui revient régulièrement.
En tant que novice, vous ne réalisez les défaillances du système médical
que quand vous en avez besoin et qu’il vous déçoit. La plupart des gens
ont une foi inébranlable dans le système médical et imaginent que tout a
été fait pour sauver leur proche. Mais est-ce le cas?
Il n’est pas inhabituel, ni même inattendu que les proches d’un
patient, bien intentionnés, restent sourds aux suggestions qui sortent de la
voie conventionnelle. Sans le vouloir, ils peuvent être le pire obstacle à
la survie d’un patient. À leurs yeux, adopter une approche alternative est
trop risqué. Ils peuvent penser que les traitements complémentaires ne
feront qu’aggraver la maladie. Les nouveaux médicaments
d’immunothérapie ou les vaccins prometteurs sont très séduisants, mais
il ne faut pas mettre tous ses œufs dans le même panier. L’ajout de
médicaments métaboliques qui affament le cancer permet d’affaiblir
l’ennemi et de mettre fin à la résistance aux médicaments. En ajoutant

234
des armes supplémentaires à l’arsenal anti-cancer, il est possible
d’augmenter le pouvoir de destruction des traitements classiques. Les
combinaisons de médicaments sont la solution face à cette «maladie
suprême». Le cancer n’est pas immortel.
La peur de l’inconnu et une foi inébranlable dans le système sont les
moteurs de l’oncologie pharmaceutique. S’engager dans une voie
alternative peut provoquer de terribles disputes, des dépressions, de
l’anxiété et des ruptures familiales à un moment où tout le monde devrait
se serrer les coudes. Souvent, le patient est tiré dans tellement de
directions qu’il est plus simple de ne pas faire de vagues et de se
contenter de faire ce qu’on lui dit. Même mon médecin généraliste est
réticent à l’idée d’utiliser une combinaison de vieux médicaments.
Lorsque j’ai mentionné que j’allais faire du bénévolat dans une clinique
de cancérologie, il m’a dit: «C’est le dernier endroit où vous devriez
être.» J’avais emporté un article de presse du journal The Independent
sur la clinique, le Dr Bannister et la diminution des tumeurs de sa femme
grâce au traitement. J’espérais que le cabinet médical de mon quartier ne
verrait pas d’inconvénient à ce que je le punaise à son tableau
d’affichage. J’avais montré le papier à la réceptionniste qui l’avait trouvé
étonnant, surtout à la lumière de ma propre expérience, et m’avait
autorisée à l’afficher. Avant de le faire, j’ai préféré en parler à mon
médecin. Il a jeté un coup d’œil à l’article, l’a lu rapidement, et a
déclaré: «Tout cela est très bien, mais il n’y a pas de science derrière. Où
sont les preuves?» Quoi? Il y avait une tonne de science. Je n’en croyais
pas mes oreilles. Outre l’abondance de données scientifiques dans
l’article, la preuve était assise juste devant lui, vivante et en pleine
forme, malgré un antécédent de diagnostic en phase terminale. Il
s’occupait de moi depuis si longtemps qu’il avait oublié que j’étais au
stade IV. «Les résultats vont être publiés dans un journal à comité de
lecture comme le BMJ, mais en attendant, vous savez que j’ai pris des
statines, de l’étodolac et d’autres médicaments. Vous m’avez même
prescrit la statine après la suggestion de mon oncologue de continuer à la
prendre. Vous voyez que ça a marché pour moi. Mes marqueurs ont
chuté pendant cette période.» «Si c’est si bon que ça, ajoutez-en à votre
eau!»: réaction spontanée typique d’un médecin. Oui, cette idée a été
évoquée il y a des années, lorsque les statines sont apparues sur le
marché, au milieu du battage médiatique sur leurs effets miracles. La

235
lovastatine, la première statine, celle que je prenais, était bien moins
forte que les statines plus récentes et avait beaucoup moins d’effets
secondaires. Depuis, les statines sont devenues plus fortes et les effets
secondaires plus fréquents. Les recherches contradictoires sur la
nécessité de réduire le taux de cholestérol pour lutter contre les maladies
cardiaques continuent de s’accumuler tandis que d’autres avantages des
statines, comme leurs effets anti-inflammatoires, sont passés sous
silence. Le dipyridamole est le premier médicament qui a été
couramment prescrit pour lutter contre les maladies cardiaques. Lorsque
les statines ont été découvertes, on a cessé de prescrire le dipyridamole.
Personne n’a pensé à associer les deux médicaments, alors qu’ils
agissent en synergie et renforcent leurs effets respectifs83. En revanche,
les effets bénéfiques des statines sur le cancer sont tout à fait clairs. Il
existe un nombre croissant de données sur la simvastatine, l’atorvastatine
et la lovastatine (les statines lipophiles) montrant leurs avantages
évidents dans presque tous les cancers.
«Oui, il est tout à fait justifié que tout le monde prenne de la
metformine, ai-je rétorqué. Notre régime alimentaire est beaucoup trop
riche en glucides. Nous n’avons pas été conçus pour manger comme
nous le faisons. Notre régime occidental est un désastre pour le
métabolisme. L’administration régulière de metformine empêcherait
l’apparition de nombreux problèmes de santé et diminuerait
considérablement votre charge de travail!» S’il voulait des données
scientifiques, j’en avais à revendre. J’ai commencé à parler de la
metformine et de la voie mTOR, des statines, du récepteur Glut et de la
voie du mévalonate. Je voyais bien qu’il n’écoutait pas vraiment. Il fixait
toujours l’article, les yeux dans le vague. Après avoir fait semblant de
s’intéresser à ce que je disais pendant une minute, il a repris en souriant:
«Voilà le problème! Ils veulent juste l’argent des patients!», s’est-il
exclamé. Quoi? Le coût total du traitement comprenant quatre
consultations et les médicaments pour une année entière s’élevait à
seulement 1 250 £, soit environ 100 £ par mois, incluant le coût des
médicaments! Pourquoi considérer que cette somme est élevée pour une
clinique de Harley Street, alors que le coût moyen total des soins du
cancer était estimé à environ 100 000 £ par an? Comment voulait-il que
la clinique paie son personnel et ses frais généraux? Et comment
exactement les patients allaient-ils se procurer ces médicaments? Ils ne

236
pouvaient pas les obtenir du NHS. «Eh bien, je vous souhaite bonne
chance, mais je parie que ça ne marchera pas», a-t-il ajouté. Ah bon? ai-
je pensé. «Combien vous pariez? Un million?» Nous avons parié un
misérable euro, et je vais l’obliger à tenir son pari, mais il ne m’a pas
autorisée à afficher mon article. En sortant de son cabinet, j’ai fait part de
sa réaction à la réceptionniste. Elle a relu l’article. «Je peux le
photocopier et le prendre quand même?», a-t-elle demandé. «Bien sûr!
ai-je répondu. Prenez-le!» Mon médecin n’avait peut-être pas tort. Être
impliqué dans une clinique d’oncologie peut être un choix
psychologiquement désastreux pour tout patient atteint d’un cancer, et
même pour un patient en bonne santé. La perte, le chagrin et le
traumatisme m’ont laissé des cicatrices émotionnelles profondes. Mais
au fil des années, j’ai trouvé la force et le courage de mettre mes
sentiments de côté et d’aider de nombreux amis et parents à faire face à
leur diagnostic. J’ai ainsi contribué à largement prolonger la durée de vie
de nombreuses personnes.

Fédérer le plus grand nombre


La plupart des cliniques de cancérologie sont des endroits profondément
déprimants qui me glacent le sang. Leur rituel consiste à couper, brûler et
empoisonner le cancer, pendant que l’on vous sert de la pizza, des frites
et de la glace, avec un muffin et une bouteille de Coca pour faire passer
le tout. Avec la clinique d’oncologie, je n’ai plus à me battre contre un
système obsolète. Si un patient me demande des conseils, je lui
recommande d’élaborer un tableau des ennuis, puis de déterminer les
facteurs métaboliques de son cancer (est-il alimenté principalement par
le glucose, la glutamine, les graisses ou les corps cétoniques?), d’utiliser
mon plan de métro (voir chapitre 22). Puis je lui propose des options de
traitement et je l’oriente vers la clinique pour consulter un médecin.
Ensuite, je m’assieds et je pousse un soupir de soulagement! Finies les
réunions tendues avec des oncologues arrogants et aveugles! Ouf!
En l’espace de quelques mois, j’ai contribué à la publication de deux
articles importants dans le Sunday Times et le Daily Mail, j’ai pris la
parole lors d’une importante conférence sur le métabolisme du cancer,
j’ai rendu plusieurs fois visite au député Adam Afriye à Westminster84.
J’ai rencontré l’ancien vice-premier ministre et j’ai contribué à faire

237
adopter quelques petits changements dans la législation relative aux
médicaments non brevetés. J’ai enfin l’impression d’avancer, même
lentement.
Avec le professeur Stebbing, nous avons développé une relation de
travail inhabituelle en oncologie. Dans d’autres domaines de la
médecine, par exemple en neurologie, les médecins travaillent avec des
équipes multidisciplinaires qui peuvent regrouper un kinésithérapeute,
des ergothérapeutes et une équipe d’infirmières. En oncologie, les
équipes intégratives sont totalement inadéquates. Pour moi, elles
devraient inclure un praticien de médecine complémentaire ou
fonctionnelle, un nutritionniste, un coach de style de vie, un dentiste et
un kinésithérapeute. Pas seulement un oncologue, un chirurgien, un
radiologue et des infirmières. J’ai collaboré avec le professeur Stebbing
et élaboré une stratégie intégrative. Nous avons orienté les choix
thérapeutiques de Rachel en travaillant ensemble. C’était un véritable
groupe de travail collaboratif. Elle a donc pris de la metformine. Elle a
reçu une thérapie photodynamique. Elle a pris de la vitamine C par voie
intraveineuse. Elle a suivi une radiothérapie stéréotaxique (cyberknife)
ainsi que des traitements traditionnels. Elle a également pris plusieurs
compléments et elle a modifié son régime alimentaire. Cela faisait
tellement de bien de recevoir des encouragements et une confirmation
plutôt que de la dérision et du mépris. Il ne fait aucun doute que nos
efforts conjoints l’ont aidée à survivre beaucoup plus longtemps que ce
que l’on aurait cru possible.
Le professeur Stebbing est un homme véritablement attentionné et ce
n’est pas une surprise qu’il se soit associé à la Care Oncology Clinic.
Voici ce qu’en dit l’un de ses collègues sur sa page Internet: «Le
professeur Stebbing est un acteur infatigable et créatif de la lutte contre
le cancer. Ouvert d’esprit et toujours réceptif aux nouvelles idées, il a le
courage et l’endurance nécessaires pour mener le combat contre
l’ennemi. C’est un preneur de risques, et nous avons vraiment besoin de
plus de gens comme lui.» En effet. Nous en avons vraiment besoin.
Ce qui fait la particularité de la Care Oncology Clinic, c’est qu’elle
rassemble des informations non seulement sur ces médicaments (ce qui
est déjà formidable en soi), mais aussi sur les autres compléments et
traitements du patient. Pendant la consultation, on note si ce dernier

238
reçoit de la vitamine C par voie intraveineuse, de l’oxygène hyperbare,
de la vitamine D, du laetrile, de l’huile de cannabis ou tout autre
médicament hors AMM, et l’avantage, c’est que tout cela s’opère sans
jugement. Plus de mensonges ni de cachotteries. Les données sont
croisées, et la vérité quant à ce qui fonctionne vraiment pour chaque type
de cancer finira par émerger. Les économies réalisées grâce à ces
cocktails de médicaments peu coûteux, utilisés en parallèle à des
traitements conventionnels appropriés et associés à des conseils
nutritionnels adéquats, pourraient être si importantes qu’elles sont
difficiles à appréhender. Est-ce que cela pourrait sauver le NHS? Le prix
du traitement de la plupart des patients atteints de cancer est d’environ 5
000 £ par semaine, alors que la metformine ne coûte que cinq centimes
par jour! Même la metformine prise seule est un médicament miracle
efficace dans de nombreuses maladies du vieillissement. Elle a le
potentiel d’améliorer la santé d’une nation de plus en plus obèse et
menacée par le syndrome métabolique, le diabète, le cancer, les maladies
cardiaques et la maladie d’Alzheimer.
J’espère que la prescription de médicaments hors AMM pour lutter
contre le cancer deviendra prochainement la nouvelle norme et que les
compléments naturels puissants auront une place légitime dans nos
armoires à pharmacie. L’heure est venue de changer radicalement de
paradigme médical, et ce, le plus tôt possible. Mais l’élan du changement
doit venir des patients. Les médecins sont trop limités par leurs
protocoles et trop gouvernés par la peur et l’intimidation des
bureaucrates du NHS. Pour convaincre les médecins de sortir des rangs,
il faut une vague de pression de la part du public et des patients.
Cette semaine, quelqu’un m’a traitée d’activiste! Qui, moi?
Effectivement je suppose que je suis une activiste. Qui l’aurait cru? Oui,
je suis maintenant engagée dans une sorte de mission. Je sens que je dois
la mener, quel que soit le nom que l’on donne à cette mission. Je
souhaite avant tout informer le plus grand nombre de personnes possible
sur ce cocktail et diffuser le message. Je ne peux plus rester les bras
croisés. Mais que dois-je faire ensuite? Peut-être organiser une marche
contre la corruption de Big Pharma? Ou simplement traiter ces
entreprises avec le dédain qu’elles méritent. La meilleure punition
consiste peut-être à les «affamer» elles aussi en supprimant leurs profits

239
indécents et en les laissant mourir tranquillement – même s’il est tentant
de leur donner un bon coup de pied pendant qu’elles sont à terre. Peut-
être que nous, les patients, devrions lancer une action collective et les
poursuivre pour souffrance inutile. À moins que le meilleur moyen ne
consiste à continuer à faire passer le message sur ces vieux médicaments
peu coûteux et à obtenir l’adhésion des patients. Ma page Facebook leur
apporte les connaissances, la force, l’espoir et la solidarité. Si elle les
encourage à tenir tête à leur oncologue, comme l’homme devant les
chars qui avançaient sur la place Tiananmen, je pense que la force du
nombre fera progressivement évoluer les mentalités. Nous devons
absolument agir. La santé de la nation l’exige, au sens propre comme au
sens figuré.
Ce qui m’importe aujourd’hui, c’est de veiller à ce que d’autres
patients n’aient pas à souffrir des traitements anti-cancer terriblement
inadéquats qui sont fournis aujourd’hui. Des gens meurent et souffrent
inutilement, des familles sont déchirées et la profession médicale met
beaucoup de temps à changer. Mais tout cela va évoluer grâce à
l’introduction de médicaments et de compléments peu coûteux. Les
traitements barbares et dépassés contre le cancer finiront par être
abandonnés. Les réseaux sociaux sont désormais trop puissants pour que
les grandes sociétés pharmaceutiques puissent tout contrôler. Les
connaissances acquises ne peuvent être désapprises. Mon groupe
Facebook s’agrandit de jour en jour.

Ma voie médiane
Je fais des efforts colossaux pour éduquer et responsabiliser mes patients
en les informant quotidiennement des dernières recherches. Mais cela
signifie que je me trouve dans une situation délicate. Je me situe quelque
part au milieu, entre la médecine conventionnelle et l’approche
complémentaire, sans être reconnue ni par l’une, ni par l’autre. Le fossé
qui sépare ces deux approches est toujours aussi béant. On a souvent
l’impression qu’il y a une guerre ouverte entre les deux. Le camp
alternatif est aujourd’hui si développé que de nombreux patients hésitent
à suivre un traitement médical conventionnel. Certains patients
pourraient bénéficier d’une chimiothérapie, mais ils ont maintenant trop
de craintes. Les patients se retrouvent en plein milieu, complètement

240
désorientés et ne sachant plus vers qui s’orienter. Les médecins
conventionnels peuvent se montrer hostiles à la simple évocation de
conseils complémentaires, tandis que de l’autre côté, des défenseurs
acharnés de tout ce qui est naturel n’acceptent aucun médicament. Leur
argument habituel: «Tous les médicaments présentent des effets
secondaires.» Alors que je me tiens là, au milieu, je peux entendre les
mots qui volent au-dessus de ma tête. Toute tentative d’attirer l’attention
sur ces vieux médicaments est noyée dans le vacarme. Les médecins
conventionnels décrivent les médecins intégratifs comme des
«charlatans» et en retour, ils sont qualifiés d’«empoisonneurs».
Comment changer ces opinions bien ancrées, dogmatiques et
unilatérales? Plutôt que de cibler la profession médicale ou les médecins
intégratifs, j’ai décidé que la solution serait d’atteindre les patients. Étant
donné que les deux camps ne parviennent toujours pas à trouver un
remède, de plus en plus de patients se tournent vers ma voie médiane et
rejoignent ma révolution en ligne. Cette combinaison de traitement a des
implications mondiales sur le plan éthique, social et financier et la
révolte des patients a lieu en ce moment même. Nous, les patients, avons
beaucoup plus de pouvoir que ce que l’on veut nous faire croire et nous
devons apprendre à l’exercer. De plus en plus de patients rejoignent ma
voix solitaire. La plupart ne sont pas intéressés par les querelles. Tout ce
qu’ils veulent, c’est aller mieux.
Gregory Stoloff, Robin Bannister, Justin Stebbing et leur équipe de
médecins, de scientifiques et de chercheurs risquent leur réputation avec
ces vieux médicaments peu coûteux, et je prends aussi des risques. Ce
sont des pionniers. Ils sont incroyables.

241
Chapitre 19

La parentalité, enfin!

N
ous sommes en mars 2015, et je suis assise dans un studio, juste
à côté de Carnaby Street. Dans ce quartier de Londres,
nombreux sont ceux qui travaillent dans la communication,
portent des vêtements branchés (ailleurs, ils pourraient facilement être
pris pour des sans-abri) et utilisent un langage marketing à peine
compréhensible. Je jette un coup d’œil dans la salle et j’observe les
autres parents pleins d’espoir et leur progéniture talentueuse. Je me
demande combien d’entre eux ont également lutté contre l’infertilité,
combien sont divorcés ou séparés, combien s’occupent de beaux-enfants
ou de demi-frères et sœurs? Les familles sont si complexes de nos jours.
Contre toute attente, Andrew et moi avons finalement réussi à devenir
parents. Après dix ans d’échecs douloureux, nous sommes devenus les
fiers parents de deux magnifiques garçons. Plus personne ne considère la
gestation pour autrui comme un procédé bizarre ou inhabituel. Je ne l’ai
pas dit à grand monde. Dans l’école de Jamie, seules quelques autres
mamans étaient au courant.
À ce moment-là, Jamie sort de la salle d’audition, le visage
rayonnant. Je lui demande: «Comment ça s’est passé?» Je ne suis jamais
autorisée à assister aux auditions avec lui, donc je n’ai aucune idée de ce
qu’ils lui ont demandé de faire. «Je leur ai dit que j’avais mangé un Big
Value Bucket chez KCF hier soir et que c’était le meilleur repas que
j’avais jamais mangé!» Les autres mamans rient, car il s’est trompé dans
le nom de l’enseigne, mais intérieurement, je blêmis. La veille, je l’ai
emmené chez KFC pour qu’il se «documente» avant son audition pour
une publicité pour la marque. J’étais curieuse de connaître sa réaction,
car il n’avait jamais avalé un seul aliment de fast-food (un exploit, pour
un enfant de 8 ans!).
En 2006, KFC s’était retrouvé sur le banc des accusés à cause des
graisses hydrogénées. Et après avoir passé autant de temps à éduquer

242
mon fils sur la nourriture saine, voilà qu’il devenait accro après un seul
repas avec des exhausteurs de goût chimiques et de la volaille insipide
élevée aux hormones et aux antibiotiques. C’était rapide!
J’imaginais déjà Jamie en colocation avec des comédiens au
chômage, un tas de carton gras dans la poubelle et l’évier débordant de
vaisselle sale. «Bien joué! On va voir si on te rappelle, chéri!», lui dis-je
en partant. S’il était rappelé, je devrais décliner par principe et cela
déplairait à son agent. Il n’était venu que pour s’entraîner. La dernière
chose que je souhaitais, c’était qu’il décroche ce contrat et j’espérais que
le jury serait découragé par sa confusion. Comment diable un enfant de 8
ans pouvait-il ne pas connaître cette marque à notre époque?
Jamie avait commencé à jouer l’année précédente. Oui, je sais ce que
vous vous dites, mais non, je ne suis pas le genre de mère qui pousse ses
enfants. Je vous assure. Jamie est naturellement doué sur scène et nous
souhaitions juste renforcer sa confiance en lui en suivant son inclination.
Tous les vendredis soir, il répétait des tours de magie avec son petit frère
Sam (un assistant fidèle), nous proposait une démonstration de danse ou
un spectacle amusant. Il avait déjà joué dans plusieurs publicités
télévisées, dans quelques courts-métrages et il était sur le point de
décrocher un rôle dans Call The Midwife pour la BBC. Nous attendions
également une proposition pour un long métrage.
Jamie peut se tenir devant une foule et parler, de n’importe quoi, sans
trac, apparemment. Je suis vraiment impressionnée par la facilité avec
laquelle il apprend son texte, puis reste détendu jusqu’à ce que le mot
«Action!» soit prononcé. Ensuite, il passe à l’interprétation avec une
conviction totale, en adoptant même un accent cockneyp si nécessaire –
ce qui n’est pas évident pour un enfant élevé dans le sud-ouest de
Londres.
J’ai toujours eu peur de me ridiculiser en public et adolescente, j’étais
très timide. Aujourd’hui, j’ai une approche plus désinvolte. Vaincre un
cancer en phase terminale donne l’impression de pouvoir affronter la
plupart des choses. Mais je suis toujours stressée lorsque l’on me
demande de parler de mon expérience du cancer, ce qui semble se
produire de plus en plus fréquemment. J’espère gagner en aisance avec le
temps, même si rien ne peut être pire que mon expérience éreintante avec
l’émission Dragon’s Den. C’était peut-être un bon entraînement, car il

243
arrive que l’accueil soit hostile lorsque je dois parler en public. De
nombreuses personnes ont encore des difficultés à accepter de prendre
des médicaments, même s’ils sont sans danger.
En quittant l’audition, je regarde ma montre. Nous devrions être à la
maison pour le câlin du soir de Sam. Le petit frère de Jamie est arrivé
trois ans et demi après lui, grâce à la même merveilleuse mère porteuse,
un autre bonheur total. Sam est très sportif et ne s’intéresse pas du tout
au cinéma. Je ne pense pas que je pourrais supporter d’avoir deux acteurs
dans la famille – la rivalité entre eux est suffisamment intense! Sur le
chemin du retour, comme souvent lorsque nous sommes seuls avec lui,
Jamie pose des questions sur sa naissance, en particulier lorsque nous
prenons le bus n° 14 qui passe devant l’hôpital de Chelsea et
Westminster. Là où il est entré dans nos vies dans un raz-de-marée de
joie. Après les premières interrogations («Comment on fait les bébés?»),
il pose maintenant des questions plus profondes, mais ce sont toujours
des discussions intéressantes et divertissantes pour les autres passagers.
«Quand Tabatha m’a donné naissance, est-ce que tu m’as ramené à la
maison tout de suite?» L’homme assis devant nous fait semblant de lire,
la tête légèrement tournée vers nous. Je n’hésite pas à raconter à Jamie
comment nous l’avons créé et je lui dis à quel point sa «maman du
ventre», Tabatha, est formidable. Une jolie jeune fille blonde, assise en
face, attire l’attention de Jamie et il lui sourit sans hésiter. Heureusement,
il ne tire plus la langue au moindre sourire. Quand il avait 2 ans, il avait
fait le tour du bus en montrant du doigt les passagers: «Il a un zizi. Elle
n’a pas de zizi. Il a un zizi…» tandis que je rougissais furieusement et
que j’essayais de l’arrêter. Gênant! Mais très drôle. La timidité est un
mot qui ne fait pas partie de son vocabulaire. «Est-ce que ça fait mal
d’avoir un bébé?» demande-t-il. Il a probablement vu quelque chose à la
télévision récemment. J’essaie de le préparer pour son rôle dans Call The
Midwife, alors je suis assez détendue. Au cours de notre conversation,
j’explique que l’accouchement est différent pour chaque femme. Je
décris le fonctionnement d’un appareil TENq pour soulager la douleur de
l’accouchement. L’homme assis devant nous lit la même page depuis un
certain temps.

«Bonjour, Maman!»

244
La gestation pour autrui est un sujet que j’ai toujours abordé ouvertement
avec mes fils. Jamie aime entendre l’histoire de sa naissance, la course
vers l’hôpital de Kent et la joie intense ressentie lorsque j’ai pu le tenir
pour la première fois dans mes bras. Andrew et moi avions attendu ce
moment si longtemps, je ne l’oublierai jamais.
Je n’ai pas raconté les détails de sa naissance à Jamie. L’hôpital
n’avait eu qu’une seule naissance par mère porteuse auparavant et les
infirmières n’avaient malheureusement pas compris qu’il s’agissait d’une
GPA. L’homme qui nous a accueillis, très souriant au début, a
immédiatement changé d’attitude lorsqu’il a découvert qu’il s’agissait
d’un arrangement hétérosexuel. Sa désapprobation était évidente et je
suis convaincue qu’il a ensuite raconté à l’ensemble du personnel à quel
point Andrew et moi étions épouvantables. Sous prétexte de manque de
place, on nous a d’abord refusé l’accès à la salle d’accouchement. Mais
nous avons désobéi pour rejoindre Tabatha. À la naissance de Jamie,
mon monde a changé, en un instant. Un petit garçon. Notre garçon. Mon
Jamie. Je l’ai tout de suite aimé. Tabatha était allongée à nos côtés,
souriante, épuisée et soulagée.
«Il est parfait, ai-je dit en le lui amenant. Nous ne pourrons jamais te
remercier assez.» «Eh bien, il est tout à toi maintenant! a-t-elle souri. J’ai
fait le plus facile, à toi de jouer!»
Je l’ai embrassée et j’ai tendu Jamie à Andrew. Bouleversé, il a
éprouvé son premier moment de fierté en tant que père.
Quant aux membres du personnel, contrairement à ce que j’avais
imaginé, ils n’ont pas manifesté la moindre joie. Ils n’avaient aucune
idée de la réaction à adopter. Est-ce que je volais un enfant? Devaient-ils
être heureux pour moi? Tristes pour Tabatha? Je n’ai eu droit qu’à un
silence de pierre, à des regards glacés, des reproches ou des attitudes
indifférentes et grossières. Tabatha, qui était une infirmière du service
néonatal, a elle aussi été choquée par ces réactions. Je les ai ignorées et,
dès le premier soir, je me suis battue pour rester avec mon fils alors
même que l’on me l’interdisait (il restait pourtant des lits disponibles).
Ni les infirmières ni leur responsable ne comprenaient à quel point ce
moment était crucial en matière d’attachement avec mon enfant. Une fois
encore, j’ai désobéi pour m’installer dans une chambre avec mon beau
bébé dans les bras. «Bonjour, Jamie!», ai-je dit aux petits yeux bleus qui

245
me regardaient. «Bonjour, Maman!», m’a répondu son petit visage plissé
et froissé. Quelle joie! C’était le meilleur sentiment du monde. Au diable
le personnel impoli! Mon univers était juste ici, dans mes bras. Personne
n’allait gâcher le plus beau jour de ma vie! Plus tard, alors que Jamie
dormait sur mes genoux, une infirmière de nuit plus âgée est venue me
voir et m’a expliqué l’attitude de ses collègues, convaincues que j’avais
forcé Tabatha à abandonner Jamie. En réalité, elle était absolument ravie
de son «travail» et gérait très bien cette situation. Quant à moi, malgré
ces mésaventures, je savourais chaque instant en compagnie de mon petit
bonhomme. J’étais enfin maman!
Trois ans plus tard, Sam est né, toujours grâce à la même personne
extraordinaire, Tabatha. Pour son arrivée, nous n’avions pas l’intention
de renouveler l’expérience précédente. Nous avons alors choisi l’hôpital
de Kingston. Nous avions beaucoup appris et compris que le personnel
avait besoin d’être encadré. Nous leur avons donc remis une liste
complète de ce qu’il faut faire si quelque chose ne va pas pendant
l’accouchement, ainsi qu’un résumé de la façon dont nous nous
attendions à être traités. Nous avons clairement indiqué que si notre fils
devait rester à l’hôpital et que Tabatha était en mesure de rentrer à la
maison, je devais rester à sa place. Ainsi, Sam a été accueilli avec joie et
bonheur par les sages-femmes, et non avec des regards de dédain – j’ai
même pu le mettre au monde, une expérience incroyable. Un autre petit
garçon parfait. Notre famille était complète! La famille à laquelle j’avais
toujours aspiré et que je pensais ne jamais avoir. Je me suis sentie si
heureuse et si chanceuse! J’étais submergé par l’amour.

Notre bonne fée


La lutte pour construire cette famille a été longue, douloureuse, difficile
et coûteuse. Après avoir renoncé au don d’ovules, nous avions repris
contact avec l’agence COTS pour savoir si des mères porteuses étaient
prêtes à proposer une maternité de substitution «directe», où elles s’auto-
inséminent. On nous a présenté Tabatha quelques mois plus tard et j’ai
tout de suite su qu’elle était faite pour nous. Elle était chaleureuse,
ouverte d’esprit et le faisait pour toutes les bonnes raisons. Elle-même
sage-femme et mère d’un enfant, elle nous a clairement fait comprendre
qu’elle voulait le faire pour nous parce qu’elle avait perdu des amis à

246
cause du cancer. Elle a expliqué que l’expérience était facile à vivre pour
elle, car elle était entourée de bébés tous les jours. Je dois dire que je
n’étais pas entièrement convaincue, mais en apprenant à mieux la
connaître, nous avons développé un fort sentiment de fraternité. C’est
vraiment une personne merveilleuse et désintéressée.
Par la suite, j’ai fait livrer des produits biologiques chez Tabatha
chaque semaine, je lui ai fourni des multivitamines, des folates, des
probiotiques, des massages et de la réflexologie. Je voulais qu’elle se
sente aussi spéciale qu’elle l’était. Pourtant, avant de parvenir à mener
cette grossesse à terme, nous avons connu trois fausses couches et deux
ans d’essais. À chaque échec, je m’attendais à ce que Tabatha change
d’avis. Mais, comme moi, elle n’abandonnait pas. J’aime énormément
cette femme.
Lorsque nous sommes rentrés de l’audition, Sam s’était assoupi dans
son lit, mais dès qu’il a entendu la porte d’entrée, il a dévalé les escaliers
pour accueillir et serrer son grand frère dans ses bras. Il l’adore vraiment.
Aussi bon et sain que soit cet amour fraternel, je me suis secrètement
sentie un peu vexée de ne pas avoir été la première pour ses câlins. Je me
suis rattrapée plus tard, en lui massant le dos et en lui chantant une
berceuse. À 5 ans, Jamie m’a demandé d’arrêter, car il n’était plus un
bébé. J’ai compris, mais j’étais triste et je redoute le jour où Sam me dira
la même chose. Je me vais me sentir de moins en moins utile à mesure
qu’ils gagneront en indépendance.
En les embrassant pour leur souhaiter bonne nuit, j’ai formulé en
silence ma prière quotidienne de remerciement à Tabatha, sans qui la vie
folle que nous menons serait si différente. Elle a transformé notre univers
au-delà de toute mesure. La joie que je vois sur le visage des garçons
lorsque nous jouons et leurs câlins me font exploser de bonheur. Leur
arrivée n’a pas été facile, mais ils sont notre plus beau cadeau.

p. NdT: accent de la classe ouvrière de l’est de Londres.

247
q. NdT: TEN pour transcutaneous electrical neurostimulation en anglais. C’est
un appareil de neurostimulation électrique cutanée qui est utilisé pour
soulager la douleur.

248
Chapitre 20

Envisager l’avenir

À ce jour, nous ne sommes pas limités par la science; nous


sommes limités par notre capacité à faire bon usage des
informations et des traitements dont nous disposons déjà. Trop
souvent, ce n’est pas le cancer qui met tragiquement fin à des
vies, mais la bureaucratie qui a accompagné l’investissement
de la nation dans la guerre contre le cancer, les commissions
d’examen, la FDA et les médecins qui ne soutiennent pas leurs
patients ou qui ont peur de prendre un risque.
– Dr Vincent DeVita, ancien directeur du NCI (National Cancer
Institute), rédacteur en chef de The Cancer Journal et auteur de The
Death of Cancer

Il est de plus en plus évident que la génétique ne joue qu’un rôle mineur
dans l’équation du cancer. Même James Watson, pionnier de l’ADN
(avec Francis Crick et Rosalind Franklin) est profondément frustré par la
lenteur des progrès dans le domaine du cancer. Bien qu’initialement
optimiste quant au projet de l’Atlas du génome du cancer qui a permis de
cartographier la totalité du génome, il a reconnu que le séquençage de
l’ADN n’allait pas apporter les réponses tant attendues. Et, récemment,
son hypothèse a été confirmée. En effet, il a été montré que Stat3, un
facteur de transcription qui contrôle les gènes, est impliqué dans la
plupart des cancers. Il est important de noter que Stat3 est reconnu
comme un modulateur essentiel de la «respiration» mitochondriale,
responsable de la production d’énergie. Cette découverte soutient la
théorie métabolique, plutôt que la théorie génétique ou «somatique» de
l’oncogenèse (la formation du cancer).
Il a été démontré que le facteur de transcription Stat3 est d’abord
altéré (à la suite d’une inflammation), ce qui entraîne des mutations qui

249
incitent les cellules cancéreuses à rechercher davantage de nutriments.
La prolifération cellulaire est de plus en plus rapide. De plus en plus de
preuves montrent que la metformine (médicament habituellement utilisé
pour le diabète) bloque cette voie anormale – et ce, suffisamment pour
que James Watson en prenne quotidiennement à titre préventif. Mais ce
dernier regrette que cette intervention simple ne soit pas proposée plus
rapidement à tous les patients atteints de cancer. Il a récemment déclaré:
«Ce qui est déprimant avec la “chasse au trésor” sur le cancer, c’est que
ce sont les mêmes personnes qui se réunissent, qui forment des comités,
et qui ont les mêmes vieilles idées, et c’est de la merde…» En effet. Il
reste cependant persuadé que, d’ici cinq ans, 80% des cancers pourront
être soignés. Si ma révolution prend son essor, je pense que c’est
possible.

Je crois que presque tous les cancers de stade IV qui sont incurables
peuvent être inversés pour devenir traitables, à condition d’utiliser la
bonne combinaison de médicaments, de les administrer au bon moment
et dans le bon ordre – sauf si les lésions organiques sont trop graves.
Trop souvent, les décès sont dus à une chimiothérapie, une radiothérapie
voire une chirurgie trop agressive ou aux effets secondaires des

250
traitements toxiques actuellement proposés, comme cela a failli
m’arriver.
J’ai failli mourir d’une leucémie liée aux traitements (ce que je n’ai
pas particulièrement apprécié). Nous devons adopter une approche plus
globale, en associant des médicaments à faible toxicité déjà disponibles
et des traitements naturels, afin de parvenir à une rémission «douce», qui
améliore la santé des patients sans les tuer. Je suis convaincue que la
réponse au cancer existe depuis toujours, que de nombreuses solutions
sont enterrées et perdues dans des piles de vieilles revues scientifiques et
qu’elles n’attendent qu’à être découvertes. Et, pour ce faire, je suis
persuadée qu’il suffit de rassembler de vieilles informations, de réunir
les pièces du puzzle du métabolisme, tant naturelles que
pharmaceutiques, pour former des combinaisons qui affament le cancer.
J’ai l’impression d’avoir enfin trouvé un remède.

La «chasse au trésor McLelland»


Au lieu de l’approche actuelle très imparfaite qui porte uniquement
sur les modifications génétiques, la réponse devrait traiter ensemble les
aspects génétiques, métaboliques et l’altération de la signalisation
cellulaire. Voici ma version de la «chasse au trésor»:
1. DESSINER LE CANCER (mon «plan de métro»);
2. STOPPER LES VOIES DE SIGNALISATIONS
CELLULAIRES ANORMALES (Hedgehog, Wnt, Notch, PPAR
gamma, inflammation);
3. STOPPER LA PROPAGATION (bloquer les facteurs de
croissance et les MMP);
4. ÉTOUFFER (déclencher l’apoptose d’une manière plus douce et
plus naturelle par la cascade de caspases et l’oxygénation, utiliser
une chimiothérapie et une radiothérapie à faible dose);
5. RÉCUPÉRER! Cela comprend la désintoxication, la récupération
du système immunitaire et la perte des mitochondries.

En suivant cet ordre, l’apoptose est déclenchée afin que toutes les
cellules mortes puissent être éliminées en toute sécurité sans accumuler
trop de substances toxiques. Le Dr Chi Van Dang, directeur de

251
l’Abramson Cancer Center en Pennsylvanie, pense également que la
solution consiste à priver le cancer de son carburant. Il reconnaît ainsi
l’appétit insatiable des cellules cancéreuses. Il admet que les cellules
sont «dépendantes» des nutriments et qu’en l’absence de carburant, elles
«dépérissent et meurent». Sans un apport constant de nourriture, le
cancer ne peut pas survivre.

Imaginer l’avenir
Se pourrait-il que la prise en charge du cancer, voire sa guérison, puisse
être aussi simple que l’administration de quelques vieux médicaments
peu coûteux, avec peu d’effets secondaires, en parallèle à un mode de vie
modifié et un régime anti-cancer? Imaginez qu’à l’avenir les patients qui
reçoivent un diagnostic de cancer au stade I ou II puissent se soigner
simplement en allant à la pharmacie pour acheter quelques médicaments
prescrits sur ordonnance et recevoir des conseils liés à leur régime
alimentaire et leur mode de vie.
Dans le cas des cancers avancés, cette approche devrait être adoptée à
plus long terme. Cela pourrait-il permettre une rémission durable, de
façon un peu similaire à la manière dont le VIH est contrôlé aujourd’hui?
Dans ma vision de l’avenir, je vois les oncologues et les patients
collaborer avec de nombreux autres professionnels de la santé. Mais ils
devront être des spécialistes. Chaque patient atteint d’un cancer a besoin
d’un régime alimentaire et d’un programme d’exercices adaptés. Chaque
cancer est le résultat de changements métaboliques et génétiques
différents, c’est pourquoi il n’existe pas de recommandation unique.
Si la maladie est davantage axée sur la glutamine (par exemple, les
cancers avec un gène MYC surexprimé), il peut être important de suivre
un régime plus végétalien, en supprimant les protéines. Les patients
atteints de mélanomes, de cancers de la prostate et de cancers liés à Braf
qui dépendent davantage des graisses et de la glutamine doivent éviter
les régimes cétogènes. J’ai renoncé depuis longtemps à essayer de faire
évoluer les attitudes au sein de la profession médicale.
Au lieu de cela, ce sont les patients qui rejoignent ma révolution, des
individus qui ont essayé toutes les autres solutions, à la fois
conventionnelles et complémentaires et qui ont toujours un cancer. Ils se
joignent à moi pour utiliser ces anciens médicaments et d’autres

252
traitements naturels contre le cancer. Lentement et sûrement, à mesure
que d’autres patients obtiennent des résultats et que des rémissions
incroyables se produisent, l’information se propage. Encouragées par les
succès obtenus auprès d’autres patients, de plus en plus de personnes se
tournent vers cette approche multimédicamenteuse. Pourtant, malgré les
résultats qu’ils constatent, de nombreux oncologues continuent d’ignorer
l’approche métabolique, car ils craignent que la prescription d’un
traitement différent n’entraîne des mesures disciplinaires. Même lorsque
le diagnostic est posé, la nécessité de contrôler les voies de signalisation
anormales de la tumeur, sa demande en nutriments, l’influence du stress
et le besoin urgent de juguler l’inflammation restent mal compris. Après
un diagnostic de cancer, le patient est généralement renvoyé chez lui
sans rien. Pas de pilules, pas de traitement immédiat, juste des
informations qui déclenchent toutes sortes de scénarios effrayants. On ne
peut s’empêcher d’imaginer que la tumeur continue de croître lorsque
rien n’est fait pour lutter contre. On se demande pourquoi les médecins
ne prescrivent aucun traitement au moment du diagnostic et si le
problème est tel que toute prise de médicament serait vaine. C’est
pourtant à ce stade, dès le diagnostic, que se trouve la meilleure occasion
de commencer à contrôler la croissance de la maladie. La prescription
d’un médicament aussi simple qu’un anti-inflammatoire, d’autres
médicaments contre le cancer et une visite immédiate chez un praticien
de médecine intégrative et un nutritionniste compétents pourraient avoir
un impact énorme sur les statistiques de survie actuellement
désastreuses.
Dans quelques années, lorsque les pratiques des oncologues auront
enfin changé – comme il se doit –, je suis persuadée que nous
regarderons avec tristesse le nombre de patients qui sont morts et ont
souffert inutilement. Nous nous étonnerons que le corps médical ait
persisté pendant si longtemps à utiliser des traitements cruels et
destructeurs, dupés par le battage médiatique et les fausses promesses
des nouveaux médicaments pharmaceutiques.
Depuis ma découverte, en 2003, de nouvelles possibilités excitantes,
j’ai vu impuissante, des amis et des personnes proches suivre des
approches toxiques désastreuses, alors que je savais qu’ils allaient
certainement en mourir. Je me sentais si seule pour défendre les vieux

253
cocktails de médicaments! J’étais consternée de constater que les
nouveaux traitements ciblés, supposés changer la donne, échouent dans
tous les cas. À cette époque, peu glorieuse, l’approche médicamenteuse
ressemblait au «jeu du chat et de la souris», on faisait la chasse aux
mutations génétiques. Je ne pouvais qu’attendre patiemment que la
science me soutienne. Aujourd’hui, les articles sur les anciens
médicaments métaboliques s’accumulent. Il existe des preuves
indéniables de leur efficacité. Mais il y a peu d’essais cliniques
randomisés et, pour cette raison, les médecins continuent de les rejeter.
Malgré l’incroyable potentiel des cocktails de médicaments peu
coûteux, hors brevet et peu toxiques que je décris dans ce livre, une
approche globale reste indispensable. Si les médicaments sont
administrés sans tenir compte du système immunitaire, de l’alimentation,
de la santé intestinale, du mode de vie et du stress, il ne sera pas possible
d’obtenir les meilleurs résultats. Une approche totalement intégrée, de
préférence avec un oncologue qui guide les choix, tant orthodoxes que
complémentaires, et qui comprend la nature métabolique du cancer, sera
la clé de l’avenir de la profession. La chimiothérapie à haute dose finira
par disparaître, et de nouveaux cocktails de médicaments seront utilisés,
parmi lesquels des doses de chimiothérapie beaucoup plus faibles.

Parier sur l’ancien


La recherche sur le «repositionnementr» des médicaments en est encore à
ses débuts et reste considérée comme expérimentale. Mais ces
médicaments fonctionnent. Les patients devront-ils attendre la fin des
essais cliniques randomisés, dans dix ou quinze ans? Les médecins
devront-ils continuer à faire ce qu’on leur dit et à ignorer ces
alternatives? Même le British Medical Journal a rapporté, en octobre
2015, qu’une analyse rétrospective des immunothérapies récemment
approuvées avait révélé que seuls cinq des trente-six nouveaux
médicaments avaient eu un effet significatif sur la survie globale des
patients85. Il est d’ailleurs très inquiétant d’observer la façon dont
certains médicaments sont approuvés. Les enjeux sont tels qu’il n’est pas
étonnant que des entreprises pharmaceutiques soient tentées de fournir
des données trompeuses pour obtenir l’approbation des nouveaux
médicaments.

254
Faire accepter aux médecins et au grand public que de vieux
médicaments dont les brevets sont arrivés à expiration peuvent changer
la donne peut s’avérer difficile. Et ce, simplement parce qu’ils sont
devenus très ordinaires, connus et peu coûteux.
Parce qu’ils sont dépourvus d’emballage clinquant et ne font l’objet
d’aucune médiatisation en fanfare pour dévoiler de nouvelles
découvertes. Parce qu’ils ne sont pas présentés dans le cadre des
destinations exotiques où se déroule la conférence annuelle des
oncologues, payée par la société pharmaceutique. Personne ne peut se
permettre ce genre de budget marketing pour des médicaments qui
coûtent moins de cinq centimes par jour.
Les médecins et les patients ont naturellement tendance à croire que
plus le traitement est récent et plus le médicament est cher, plus ils sont
efficaces. Mais ce n’est pas le cas. Ce qui est nouveau n’est pas toujours
meilleur, l’âge et l’expérience l’emportent souvent sur la jeunesse et la
beauté. Ces médicaments changent vraiment la donne, pour reprendre les
termes de Big Pharma. Les récits de patients qui utilisent des
médicaments hors AMM avec d’autres approches métaboliques
abondent. Je sais que mon récit a déjà fait une grande différence pour
beaucoup, mais il reste encore beaucoup à faire. L’approche métabolique
demeure considérée comme très expérimentale, mais le taux de réussite
semble particulièrement prometteur.
Lorsque la Care Oncology Clinic publiera les résultats de ses études,
l’efficacité de ces médicaments éclatera au grand jour. Pourtant, bien
qu’ils aient les résultats sous leurs yeux, de nombreux oncologues
continuent de les ignorer. Pire, ils continuent de traiter ces approches
avec dérision et mépris et montrent beaucoup de résistance, ce qui rend
la vie est difficile non seulement aux patients qui luttent pour se procurer
les médicaments dont ils ont besoin, mais aussi aux médecins qui
travaillent dans ce domaine. Il est difficile de faire prendre conscience de
l’importance de ces médicaments métaboliques. Donc, oubliez le
nouveau et adoptez les anciens!

La puissance des réseaux sociaux


La plupart des patients qui rejoignent mon groupe Facebook ont reçu un
diagnostic de cancer en phase terminale. Beaucoup ont compris que la

255
médecine conventionnelle ne pouvait rien leur offrir. Alors, en 2015,
n’ayant rien à perdre et tout à gagner, quelques patients courageux ont
commencé à utiliser les anciens médicaments et, malgré des pronostics
sombres, beaucoup d’entre eux sont encore en vie aujourd’hui.
Un par un, d’autres ont suivi. Ma page se développe maintenant
rapidement, uniquement grâce au bouche-à-oreille, et j’assiste
aujourd’hui à d’incroyables rémissions! Ces personnes sont pour moi
comme une famille. Des patients atteints de tumeurs cérébrales
incurables à qui il ne reste que quelques semaines à vivre font l’école à la
maison à leurs enfants parce qu’ils veulent passer chaque seconde avec
eux, ils donnent tous leurs biens matériels à leurs proches et se préparent
à leurs funérailles imminentes, puis ils découvrent soudain qu’ils vont
rester en vie! Les tumeurs cérébrales, les métastases pulmonaires
disparaissent… C’est impressionnant! Les réseaux sociaux font naître un
esprit de rébellion chez les patients mécontents de souffrir inutilement. Il
n’est pas nécessaire d’être un révolutionnaire bruyant: il suffit peut-être
de changer d’oncologue ou de s’inscrire à l’étude Care Oncology, qui
démontre la valeur de ces médicaments. Et même si le changement prend
du temps, il aura bel et bien lieu. Hourra! Pour moi, la route a été longue
et difficile pour revenir à la «normalité» et remettre ma vie sur les rails.
Parfois, les obstacles me semblaient trop élevés pour être franchis.
Quand j’étais dépassée, j’essayais juste de mettre un pied devant l’autre.
Et très lentement, pas après pas, je me rapprochais de plus en plus du
sommet. Je contemple le chemin difficile que j’ai emprunté pour arriver
ici. Le soleil a percé les nuages. La vue est tout simplement
époustouflante.

Post publié sur Facebook, avril 2016


Aujourd’hui est un jour très spécial. Il y a bien des années, on m’avait dit
que je n’aurais jamais d’enfants, mais grâce à un ange incroyable, il y a 10
ans, cette sombre prédiction a été renversée. En nous frayant un chemin
dans les embouteillages pour aller chercher notre merveilleuse mère
porteuse chez elle, nous nous sommes précipités sur l’A2, du Kent à
jusqu’à l’hôpital de Chelsea et Westminster. Futurs parents anxieux, nous
avons crié aux piétons de s’écarter, tandis que nous appuyions sur
l’accélérateur. Nous avons dépassé les limites de vitesse, grillé les feux
rouges et foncé dans les couloirs de bus pour arriver à l’hôpital à temps!
Jamie a failli naître dans la voiture! Nous avons réussi et le plus étonnant

256
des bébés est né. Il continue de me ravir, de me surprendre, de m’amuser
et de me remplir de joie absolue. Puis, trois ans plus tard, nous avons
encore eu de la chance d’accueillir mon merveilleux Sam! Tous les deux
sont tellement adorables! Drôles, attachants et doués.
Alors, pour fêter l’anniversaire de Jamie, je l’ai emmené passer un week-
end spécial, juste lui et moi, pour une visite culturelle de Paris. Vous vous
demandez quel musée nous avons visité? Le Louvre? Orsay? Non! Nous
avons fait une soirée fantômes, nous avons sauté dans les fontaines et
nous nous sommes roulés sur les pelouses au pied de la tour Eiffel, nous
avons sauté au-dessus des grandes grilles d’aération près de l’Arc de
Triomphe. Nous avons regardé les artistes de rue, fait dessiner nos deux
caricatures (: – o!), nous avons fait un grand tour de la ville à vélo et nous
avons soufflé des bulles devant le Centre Pompidou! La partie la plus
artistique du séjour était l’exposition Lego aux Halles…
Joyeux 10e anniversaire à mon magnifique garçon!! Quel merveilleux
week-end! J’ai hâte de le faire avec Sam.

Je vous aime tellement tous les deux.


Maman XXXX
Maman. Ce mot me remplit toujours d’une joie intense.
J’ai survécu au cancer, mais toi Tabatha, tu m’as redonné la vie.
Je te suis redevable à jamais.

r. NdT: le repositionnement de médicament consiste à utiliser des molécules


déjà présentes sur le marché pour les appliquer à d’autres maladies qui ne
relèvent pas de l’indication médicale d’origine. Source:
https://doi.org/10.1051/medsci/2019108

257
258
Chapitre 21

Votre cocktail contre le cancer

D
ans cette section, je décris les médicaments qui me semblent
actuellement les meilleurs, les moins toxiques pour affamer et
éliminer le cancer. Comme pour toute science, il s’agit d’un
domaine qui évolue rapidement et j’enverrai des mises à jour par courrier
électronique sur mon site Internet.

L’analogie avec «Piccadilly Circus»


Il y a quinze ans, peu de chercheurs en cancérologie comprenaient la
notion de cellules souches. Ces cellules, qui sont au cœur de chaque
cancer, sont responsables de la résistance aux médicaments et des
métastases. On ne comprenait pas non plus à quel point les cellules
souches cancéreuses étaient «flexibles métaboliquement», capables de
passer d’une source de carburant à une autre et de se réorienter pour
maintenir leur approvisionnement constant. Sans un cocktail complet
bloquant chaque voie d’approvisionnement, le cancer devient
«résistant». Mais n’imaginez pas que la résistance soit simplement une
«adaptation génétique». Oubliez cette idée et pensez «adaptation
métabolique». Ce changement de perspective permet souvent de prendre
conscience de l’endroit où une mauvaise approche du traitement a été
adoptée pendant des décennies. Au lieu de traiter uniquement les gènes,
nous devrions traiter les modifications du métabolisme qui les
accompagnent.
Pour une meilleure compréhension, je compare les voies
métaboliques du cancer avec Piccadilly Circus, une célèbre intersection
de Londres, toujours très fréquentée.
Londres, Piccadilly Circus, de nuit. L’effervescence règne et les
nombreux piétons côtoient les bus, taxis et voitures s’engageant sur
Regent Street, Shaftesbury Avenue, St James’s et Piccadilly. Nous

259
sommes au cœur de l’action! Ces déplacements sont similaires, à certains
égards, à ceux des cellules cancéreuses. On sait que celles-ci possèdent
des propriétés bioélectriques distinctes, car elles utilisent des canaux de
transport ionique différents (par exemple, les canaux transporteurs de
calcium). On sait également que certaines modifications génétiques sont
communes à de nombreux cancers, comme le p53, le gène suppresseur
de tumeurs. Les différentes directions empruntées par les véhicules et les
itinéraires variables des piétons représentent les changements génétiques.
Ils peuvent se déplacer dans de nombreuses directions, et modifier ainsi
leur sens de circulation. De la même manière, une tumeur peut contenir
jusqu’à 2 000 mutations différentes, ce qui lui permet d’échapper aux
traitements génétiquement ciblés.
Ce qui est moins visible, c’est ce qui se passe sous la surface, ou au
cœur du cancer. Là, trouve le système souterrain, le «métro» dont le
nombre de voies est limité. Ces dernières sont comme les voies
d’alimentation des cellules souches cancéreuses. Pour se rendre à
Piccadilly Circus, si une route est bloquée, on peut prendre le métro et
atteindre sa destination par un autre chemin. De même, les cellules
cancéreuses sont capables de changer de route et de se nourrir avec une
autre source de carburant. Contrairement aux changements génétiques où
les possibilités de mutation sont infinies, sous terre, les options de
détournement sont limitées. Il est donc plus facile de bloquer la
croissance. Les cellules souches sont le véritable talon d’Achille du
cancer et pourtant, elles sont actuellement ignorées par le courant
dominant, qui ne traite que les cellules à division rapide.
Il est difficile d’expliquer la complexité du cancer à un patient qui n’a
pas de connaissances médicales. Mon tableau des ennuis et mon triangle
de base du cancer, bien qu’utiles, n’expliquaient pas vraiment les
nombreuses voies métaboliques et la nécessité d’utiliser un cocktail de
médicaments plus large. J’avais découvert comment affamer mon propre
cancer, en inversant le métabolisme altéré en bloquant chaque côté du
triangle. La même combinaison pourrait aussi aider les autres patients.
L’association de mon cocktail de médicaments avec de celui de la Care
Oncology Clinic pourrait, selon moi, agir très efficacement sur un grand
nombre de cancers en bloquant simultanément un grand nombre de
voies. D’autres médicaments ou d’autres compléments pourraient être

260
nécessaires pour traiter les cancers plus agressifs ou ceux qui se
comportent différemment. J’ai décidé de rechercher les autres carburants
utilisés par ces derniers et les médicaments hors AMM à ajouter à mon
triangle pour affamer les cancers tels que le cancer du sein triple négatif
et les cancers du pancréas. Après de nombreuses réflexions, des bains
contemplatifs et après avoir lu des centaines d’articles de recherche, j’ai
rassemblé un cocktail de médicaments complets et appropriés. Je me suis
basée sur les découvertes des meilleurs chercheurs qui travaillent sur le
métabolisme du cancer (par exemple, le professeur Thomas Seyfried, la
Care Oncology Clinic, le Dr Laurent Schwartz, le professeur Gregory
Riggins, le professeur Michael Lisanti, le Dr George Yu, le Dr Michael
Retsky, le Dr Pan Pantziarka, le Dr Ahmed Alsekka, le Dr Abdul Slocum
et bien d’autres). Plus on ajoute de médicaments qui ciblent des voies
différentes, moins on a besoin de chacun d’entre eux. En théorie, cela
signifie que les médicaments toxiques administrés en chimiothérapie et
en immunothérapie pourraient être largement réduits.

Les caractéristiques majeures du cancer


J’ai identifié cinq processus anormaux qui se produisent lorsqu’une
cellule devient cancéreuse.

Infographie 4: Les cinq caractéristiques majeures du cancer.

261
Je pense que les caractéristiques majeures du cancer identifiées en
200086 par Hanahan et Weinberg étaient un peu confuses: «maintenir la
signalisation proliférative, éviter les suppresseurs de croissance, résister
à la mort cellulaire, assurer une immortalité réplicative, induire
l’angiogenèse et activer l’invasion et les métastases». Tous ces éléments
étaient liés à l’instabilité génomique et à l’inflammation des tissus et ce
n’est qu’en 201187 qu’Hanahan et Weinberg ont réalisé qu’ils avaient
oublié la reprogrammation du métabolisme énergétique (découverte par
Otto Warburg en 1924) et l’évasion du système immunitaire. Oups, une
omission gênante!
Chaque étape doit être traitée, mais d’après les recherches publiées, il
me semble essentiel de s’attaquer à la modification du métabolisme et
d’affamer la tumeur pour obtenir une rémission durable.

Signalisation cellulaire anormale

Certains de ces signaux sont des «causes» et d’autres des «effets». Les
symboles ne sont que des représentations, uniquement utilisées à des fins
d’illustration. Ils représentent les récepteurs membranaires des cellules
qui reçoivent ces signaux.
De nouvelles données suggèrent que le cancer est dû soit à une
exposition prolongée à des cytokines inflammatoires (par exemple, la
cytokine IL6 libérée par la graisse viscérale profonde, une infection
chronique ou une exposition prolongée à un agent cancérigène), soit à
une stimulation prolongée des «récepteurs de type Toll – TLR-», soit à
une stimulation des facteurs de croissance et des hormones comme
l’IGF-1 et l’insuline. Les récepteurs Toll sont d’anciens détecteurs de
motifs pathogènes – TLR1 à 9, mais ce sont surtout les récepteurs 4 et 9
qui sont activés dans le cancer88.

262
Comme les signaux IGF-1 et insuline stimulent la croissance en
augmentant la disponibilité des nutriments, ils sont inclus dans la section
suivante sur le métabolisme anormal. Il est possible que le cancer soit le
résultat de la combinaison de tous ces facteurs. La recherche n’a pas
encore permis de l’établir avec certitude.

Comment traiter une voie de signalisation cellulaire


anormale
Cela dépend des cancers. Les patients doivent mener leurs propres
recherches en ligne et interroger leur médecin pour savoir si le cancer
«exprime» l’un des éléments suivants afin de déterminer ce dont ils ont
besoin:
La voie de signalisation Hedgehog – Elle est impliquée dans la
majorité des cancers. La berbérine, la metformine et en particulier le
mébendazole (un anti-helminthique vermifuge) sont des traitements
efficaces qui ciblent cette voie89.

Wnt/bêta-caténine – La voie de signalisation Wnt est contrôlée par


un micro ARN contrôlé de manière épigénétique (le miR-34a) et doté
d’une activité antivirale. Il est impliqué dans de nombreuses tumeurs
d’origine virale90. La dérégulation de la signalisation Wnt est
responsable de l’invasion et de la progression du virus de l’herpès (par
exemple CMV, Epstein Barr, HPV). Ces virus manipulent et contrôlent
cette voie vitale pour favoriser la propagation virale, échapper à la
reconnaissance immunitaire de l’hôte et maintenir la latence. La voie
Wnt semble également jouer un rôle dans le développement des
métastases osseuses en interférant avec l’activité normale des
ostéoblastes et des ostéoclastes. En outre, elle affecte le gène c-Myc et la
cycline D1. Le gène de la cycline D1 est amplifié et la protéine est
surexprimée dans de nombreux cancers et dans environ un tiers des
cancers du sein. Parmi les autres cancers induits par Wnt, on trouve les
cancers colorectaux, ovariens et rénaux, les cancers du col de l’utérus,
les cancers hépatocellulaires et les sarcomes.
Traitement: l’aspirine et le dipyridamole aident à lutter contre cette voie
de signalisation cellulaire anormale. Tous deux ont également des effets
bénéfiques sur le remodelage osseux, et des effets antiviraux. Le

263
niclosamide, les AINS et la vitamine D3 améliorent également cette voie
de signalisation anormale.

Notch – Je n’ai jamais fait de test pour évaluer ces signaux cellulaires
anormaux, mais on sait maintenant que Notch est associé au cancer du
col de l’utérus. La lutéoline, un flavonoïde naturel, est utile pour lutter
contre cette voie anormale93. J’en avais pris naturellement sans le savoir,
en buvant chaque jour mon jus de légumes riche en céleri. Maintenant, je
triche et je prends un complément alimentaire qui en contient, car la
lutéoline est également un inhibiteur de SREBP-2 (voir plus loin). Le
sulforaphane et la quercétine sont des compléments qui ciblent
également cette voie de signalisation cellulaire anormale. Notch est
associé à une altération des fibroblastes environnants et du gène c-MYC,
deux événements qui peuvent rendre le cancer particulièrement agressif.
Le niclosamide, un ancien médicament antiparasitaire, pourrait être utile
pour lutter contre les cancers dans lesquels Notch est impliqué (par
exemple, le cancer de l’estomac, de la tête et du cou, le cancer squameux
du col de l’utérus, certains cancers du sein, le colon, la leucémie, le
gliome, le médulloblastome).
Il est prouvé que la niclosamide cible plusieurs voies de signalisation
– Notch, OxPhos, NF-κB, Wnt/β-caténine, ROS, mTOR et Stat394.
Traitements: lutéoline, sulforaphane, quercétine, niclosamide. Toutes ces
substances ont des cibles multiples dans le cancer, mais la consommation
de sulforaphane et lutéoline devra être arrêtée temporairement au moment
de déclencher la «phase d’éradication» du traitement (voir plus loin).

TLR-4 – Le rôle de ce «récepteur de type Toll» dans le cancer n’a été


étudié que récemment, mais il est impliqué dans les cancers de la tête et
du cou, de l’œsophage, de l’estomac, du colorectal, du foie, du pancréas,
de la peau, du sein, de l’ovaire et du col de l’utérus.
Traitement: Berbérine95. Naltrexone à faible dose (LDN).

TLR-9 – Il est lié aux virus oncogènes96.


Traitement: la naltrexone à faible dose. Le professeur Angus Dalgleish,
oncologue à l’hôpital St George de Londres, a été tellement impressionné
après avoir assisté à la disparition de certaines tumeurs avancées
exprimant TLR-9 grâce à la naltrexone à faible dose (LDN) qu’il a

264
poursuivi ses recherches et déposé une demande de brevet pour réorienter
le médicament vers le traitement du cancer97. J’en avais entendu parler en
2001, mais ce n’est que récemment que j’ai décidé de commencer à
prendre du LDN. Depuis, j’ai constaté une amélioration de mon
lymphœdème.
Il est également possible de prendre de la chloroquine
(hydroxychloroquine ou sulfate de chloroquine), un médicament
antipaludique, pour traiter TLR-9. Ce composé prévient également la
macropinocytose (voir plus loin la section sur les anomalies du
métabolisme).

Intégrines – Les intégrines sont des protéines situées à la surface des


cellules. Elles traversent les membranes cellulaires phospholipidiques
(graisses). Normalement, elles «maintiennent» les cellules saines en
place pour former les tissus et les organes. Une mutation du gène p53
entraîne le retrait des intégrines à l’intérieur des cellules, ce qui permet
aux cellules cancéreuses de se détacher et de se déplacer dans la
circulation sanguine98. Les traitements sont peu nombreux, mais je pense
que le dipyridamole pourrait avoir un certain effet, car il a une affinité
pour les protéines. Il pourrait donc empêcher les intégrines de se retirer
et les maintenir à la surface des cellules pour qu’elles jouent leur rôle de
velcro.

Récepteurs d’œstrogènes – Ces récepteurs se trouvent à l’intérieur


des cellules. Ils sont surexprimés dans les cancers du sein, des ovaires et
de l’endomètre, mais également dans d’autres cancers, comme les
cancers de l’estomac et les CBNPC, voire les cancers du côlon et du foie.
L’indole -3 – carbinol (I3C ou DIM)99 et la mélatonine contribuent100 à
bloquer les récepteurs d’œstrogènes, tout comme la metformine101.
Des recherches menées à Adélaïde, en Australie, ont montré que les
cancers doublement positifs, c’est-à-dire positifs pour les œstrogènes et
la progestérone, obtiennent de meilleurs résultats que les cancers positifs
seulement pour les œstrogènes (ER). La progestérone administrée à des
patientes ayant ce cancer doublement positif a ralenti la croissance
tumorale102.

265
EGFR (Récepteur du facteur de croissance épidermique) – J’ignore
quel était le statut en EGFR de mon cancer, mais la berbérine, l’EGCG
(thé vert) et la curcumine sont des antagonistes naturels, donc j’étais déjà
couverte, ou du moins en partie. Contrairement au géfitinib, à l’erlotinib
et au lapatinibs, ces alternatives naturelles n’ont pas d’effets secondaires
graves. La chloroquine pourrait être essentielle pour la prévention de la
résistance aux traitements ciblés sur l’EGFR et l’HER2 (voir
macropinocytose) et de nombreux cancers agressifs.

Interleukine 1 et 6 (PGE2) – Ces cytokines inflammatoires libèrent


la COX (cyclo-oxygénase), une enzyme qui alimente la croissance, mais
qui peut être neutralisée par un anti-inflammatoire non stéroïdien
(AINS).
Traitement: soit de l’aspirine, soit un composé plus fort. Au début, j’ai
pris de l’aspirine, puis je suis passée à l’étodolac pendant trois mois. Je
n’ai jamais pris les deux ensemble, car le composé non stéroïdien plus fort
aurait annulé les effets antiplaquettaires de l’aspirine et augmenté
considérablement le risque de saignements d’estomac. Aujourd’hui, je
continue à prendre une dose quotidienne de 75 mg d’aspirine dans le
cadre de ma stratégie de prévention et je prends un AINS puissant
uniquement de manière occasionnelle et toujours au cours d’un repas.

PPAR gamma (récepteur nucléaire activé par les proliférateurs de


peroxysomes) – Il s’agit d’un récepteur présent dans le noyau qui
contrôle le stockage des acides gras et du métabolisme du glucose.
Lorsque la voie de signalisation Wnt est amplifiée, le PPAR gamma est
réduit. Cela se produit dans de nombreux cancers. Le PPAR gamma
contrôle également l’inflammation et l’insuline, d’où l’importance de sa
régulation dans tous les troubles métaboliques, y compris le cancer. Il est
la cible de plusieurs médicaments contre le diabète, les glitazonest, qui
réduisent la résistance à l’insuline et augmentent la sensibilité à cette
dernière, mais ils ont d’importants effets secondaires. Les statines103, la
berbérine104 et un autre extrait naturel appelé honokiol activent le PPAR
gamma. De plus, il est en partie activé par l’ibuprofène. Bien qu’ils
soient efficaces, ces produits s’apparentent un peu à des pansements de
fortune que l’on utiliserait pour activer ce récepteur. Le problème de
fond est lié à une flore intestinale défectueuse (bifidobactéries en

266
particulier) et à une carence en oméga-3 (huiles de poisson), en
vitamines A et D et en oméga-7.

Connaître les signaux cellulaires anormaux qui s’appliquent à un


certain cancer permet de savoir comment l’affamer et de démarrer le
traitement.

s. NdT: ce sont des anticorps synthétiques utilisés en immunothérapie.


t. Interdites en raison des effets secondaires? Source:
https://www.vidal.fr/medicaments/substances/pioglitazone-21855.html

267
Chapitre 22

Comment affamer le cancer

Infographie 5: mes quatre piliers pour affamer le cancer.

Traitements du métabolisme cellulaire anormal


J’aimerais pouvoir dire qu’il est possible d’arrêter le métabolisme
anormal d’une tumeur avec quelques médicaments et compléments, sans
se donner la peine de faire de l’exercice et de suivre un régime, mais
d’après ce que j’ai vu, ce n’est tout simplement pas possible ni
raisonnable. Ceux qui font l’effort de supprimer la source de carburant
appropriée (principalement le glucose) de leur régime alimentaire sont
ceux qui s’en sortent le mieux. Affamer le cancer est indéniablement
l’étape la plus importante pour traiter le cancer. Une fois affamé, il est
affaibli et vulnérable. Ensuite, il faut le tuer. Boom.
Cette approche pour vaincre le cancer est très récente, mais les
preuves de l’efficacité de cette idée sont de plus en plus nombreuses. Il
ne s’agit pas d’affamer le corps, bien que le jeûne intermittent soit utile.
Il s’agit de cibler la tumeur avec des médicaments tels que la metformine
pour réduire le glucose, et les statines pour réduire sa capacité à
fabriquer du cholestérol. J’entends souvent dire: «J’ai un taux de

268
cholestérol normal. Je n’ai pas besoin d’une statine», mais c’est passer à
côté de l’essentiel. Ces patients rejettent les statines pour de mauvaises
raisons. Les statines fonctionnent, elles affament le cancer, nous en
avons de multiples preuves. Si vous en doutez, faites une recherche
Google à partir du nom d’un cancer, par exemple «mélanome + statine +
PubMed».

Le plan de métro
Il m’a fallu beaucoup de temps pour trouver les traitements et les voies
les plus adaptés, mais le voici, le plan de route qui guidera les patients
vers les médicaments, les compléments et les traitements dont ils ont
besoin pour vaincre leur propre cancer, quel que soit le type ou le stade
de la maladie. Mon «plan de métro» représente les cellules souches
cancéreuses flexibles sur le plan métabolique. Présentes dans chaque
cancer, elles sont capables de modifier leurs différentes voies
d’approvisionnement en nutriments, certaines étant plus faciles à bloquer
que d’autres.
À l’image des tunnels souterrains du métro et des rues de Piccadilly
Circus, il existe deux systèmes distincts dans une tumeur. Les deux types
de cellules cancéreuses (cellules à division rapide et cellules souches
cancéreuses) n’ont pas du tout le même comportement. Elles nécessitent
donc deux approches de traitement complètement différentes. Mon plan
de métro m’a aidée à comprendre comment les cellules cancéreuses se
nourrissent, mais il permet aussi aux patients de visualiser ce qui se
passe. Petit à petit, au fil de mes recherches et de l’ajout de nouvelles
voies d’approvisionnement, j’ai compris comment le cancer réorganise
son métabolisme. Au-delà de la complexité de la maladie, j’ai pu percer
une grande partie de son mystère. Je ne considère plus le cancer comme
impossible à guérir. Je crois qu’il suffit d’attaquer les cellules souches
avec le bon cocktail de médicaments, en plus du traitement des cellules à
division rapide.
Cela diffère légèrement selon le type de cancer, en fonction de la
«spécialisation» de son métabolisme. Au fur et à mesure de son
développement, le cancer adapte son mode d’alimentation au carburant
disponible dans la zone de la tumeur primaire105. Pour savoir comment
l’affamer et le vaincre, il est donc essentiel d’identifier le carburant qu’il

269
utilise, c’est-à-dire déterminer le «phénotype métabolique» du cancer.
On peut y parvenir à l’aide des articles de PubMed et d’un oncologue
compétent. Pour mener vos recherches, tapez les termes associés à
chaque voie d’approvisionnement indiquée sur le plan de métro (par
exemple, cancer du sein HER2 + chloroquine ou macropinocytose) en
passant successivement par chaque voie d’alimentation. Comptez
environ une demi-heure. Par exemple, la recherche sur PubMed indique
que l’administration de chloroquine fonctionne pour les patients atteints
de cancer du sein HER2. Ce type de cancer utilise donc la
macropinocytose pour éliminer les protéines et les graisses
extracellulaires106.

Cependant, cette démarche pose deux problèmes:


1. les chercheurs commencent tout juste à définir le phénotype
métabolique de chaque cancer, de sorte que toutes les
informations ne sont pas encore disponibles. Cependant, il est
déjà possible d’avoir une bonne idée des principales voies
d’approvisionnement et de savoir si elles sont alimentées par le
glucose, la glutamine ou les lipides;
2. après avoir déterminé les voies d’approvisionnement à bloquer se
pose la question de l’obtention des médicaments nécessaires.

Les patients qui ne peuvent pas obtenir les médicaments auprès d’un
oncologue ou d’un médecin généraliste créeront probablement des
«clubs d’acheteurs», comme l’ont fait les patients atteints du VIH dans
les années 1980 (vous souvenez-vous du film Dallas Buyers Club?). Les
professionnels du secteur médical n’approuveront pas cette démarche,
mais pourquoi un malade ne devrait-il pas essayer de sauver sa peau? Si
on lui a dit qu’il n’y avait plus rien à faire, pourquoi devrait-il rentrer
docilement chez lui pour mourir?
Voici donc, mon plan de métro qui montre comment les patients
peuvent eux aussi affamer leur cancer. Chaque côté du triangle
représente une voie différente: la voie du glucose, celle de la glutamine,
et celle des acides gras.
Certains médicaments ciblent plusieurs voies dans les deux sens.

270
Infographie 6: Mon «plan de métro» des cellules souches.

VOIES MÉTABOLIQUES

Voies du glucose
Glut 1 = transporteur de glucose 1, insuline
Voie PP = voie des pentoses phosphates
OXPHOS = phosphorylation oxydative, glycolyse aérobie

Voies de la glutamine et des acides aminés


IGF-1 = facteur de croissance analogue à l’insuline
Gln OXPHOS = phosphorylation oxydative de la glutamine
mTOR = cible de la rapamycine chez les mammifères, macropinocyctose
(autophagie), recyclage des nucléosides (autophagie), glutaminolyse, voie
des acétates

Voies des acides gras


SREBP-1 = facteurs de transcription SREBP-1

271
SREBP-2 = facteurs de transcription SREBP-2
ACLY = ATP Citrate Lyase
F.A.S. = synthèse des acides gras
F.A.O. = oxydation des acides gras, voie du mévalonate

TRAITEMENTS (cf. infographie 6)


MET = metformine TAM = tamoxifène
BERB = berbérine
DOXY = doxycycline
NICL = niclosamide
CHLQ = chloroquine
LRTD = loratadine
DPM = dipyridamole
EGCG = gallate d’épigallocatéchine
URS = acide ursolique
CUR = curcumine
RES = resvératrol
L-ASP = asparaginase
BPTES = sulfure de bis-2 – (5-phénylacétamido - 1, 2, 4-thiadiazol-2-yl)
éthyl sulfure
MIL = mildronate
IVC = vitamine C intraveineuse
2DG = 2-désoxyglucose
DCA = dichloroacétate
3BP = 3-bromopyruvate
IG bas = régime à faible indice glycémique
CHR = picolinate de chrome
QUERC = quercétine

Ces termes sont peut-être du jargon médical technique pour vous,


mais cela n’a pas d’importance si vous ne comprenez pas parfaitement
chaque voie ou son fonctionnement. Malheureusement, les oncologues
ne les connaissent pas non plus. Ce que vous devez comprendre, c’est
que pour affamer le cancer et détruire les cellules souches cancéreuses, il
est essentiel de bloquer ces voies. Et l’on peut le faire avec des
médicaments et des compléments peu toxiques qui ne tueront pas les
patients pendant le processus.

272
Dans un cancer, le métabolisme est modifié et bien plus complexe
qu’une simple glycolyse aérobie! Comme le montre ce schéma, Otto
Warburg avait en partie raison avec sa découverte de 1924. Bien que ces
voies soient présentées comme distinctes, elles interagissent entre elles et
chacune ne bloque pas qu’un seul macronutriment. Par exemple, le
mévalonate n’arrête pas seulement la production de cholestérol, il arrête
également la prénylation des protéinesu. Mais, pour simplifier, il s’agit
d’un guide de référence pratique pour déterminer les médicaments et les
compléments nécessaires en fonction du phénotype métabolique de
chaque cancer.
Presque tous les médicaments et compléments naturels que j’ai
choisis ont des effets «pléiotropes», c’est-à-dire qu’ils agissent sur
plusieurs cibles en même temps. Tous les processus métaboliques
cellulaires sont soit des dégradations (lyse), comme la glycolyse, la
glutaminolyse (réactions cataboliques), soit des processus de
reconstruction (réactions anaboliques) pour fabriquer de nouveaux
composants cellulaires.
Par où commencer?

L’effet Warburg (glycolyse) et l’effet Warburg inverse


(OXPHOS)
L’augmentation de la glycolyse aérobie est l’une des caractéristiques les
plus courantes des cellules cancéreuses. Elle est détectée par PET-scan
(avec glucose) dans environ 80 à 90% des tumeurs, ce qui signifie
qu’elle est la cible privilégiée de la plupart des traitements. Mais dans
quelques cancers, la glycolyse est en fait très faible107. Par exemple, dans
le cancer de la prostate, l’effet Warburg n’est présent qu’à des stades
tardifs, après de nombreuses mutations. Dans ce cas, l’énergie ne vient
pas du glucose, mais elle est tirée des graisses (lipogenèse) et de la
glutamine (glutaminolyse).
Dans d’autres cancers, ce n’est pas la glycolyse qui est augmentée,
mais plutôt la phosphorylation oxydative (OXPHOS). Elle est amplifiée
dès le début dans les mitochondries, par exemple dans certains
mélanomes108. Au fur et à mesure qu’il progresse, le cancer devient
résistant. Le nombre de mitochondries augmente, ce qui lui permet de

273
résister à l’inhibition de la glycolyse et aux radicaux libres (ou espèces
réactives de l’oxygène ROS)109. C’est pourquoi il est impératif de
connaître le carburant de chaque cancer afin de le cibler en priorité. En
effet, une erreur de ciblage pourrait aggraver la situation et rendre la
maladie encore plus résistante. En général, la majorité des cancers
utilisent d’abord la glycolyse, puis passent aux voies de la glutamine et
des graisses à mesure de la progression. Dans les cancers plus agressifs
comme celui de l’ovaire, ce changement a lieu plus tôt dans sa
progression. Plus le cancer est agressif, plus il faut bloquer de voies.
L’effet Warburg est le passage d’une production efficace d’ATP dans
les mitochondries par la glycolyse aérobie à une production inefficace
d’ATP par fermentation, dans le cytoplasme. Le processus intervient
même en présence d’oxygène (c’est pourquoi on utilise le terme
«aérobie» même s’il s’agit d’un processus anaérobie – c’est déroutant).
Cette caractéristique métabolique inhabituelle du cancer a été bien
documentée. C’est la voie métabolique anormale qui est la mieux
comprise. C’est pour cette raison que la glycolyse est la cible privilégiée
de la plupart des types de cancer.
Le processus de la glycolyse comporte plusieurs étapes. On peut donc
envisager de bloquer chacune avec des médicaments ou des composés
naturels. Les sous-produits de la glycolyse sont utilisés pour produire les
graisses (lipogenèse) afin de satisfaire la demande accrue en énergie et
pour synthétiser des macromolécules (nucléotides, membranes
cellulaires, enzymes, etc.) nécessaires à la croissance et à la prolifération.
Ainsi, en bloquant la glycolyse, on peut également commencer à bloquer
les voies de synthèse des graisses. L’accent est largement mis sur la
glycolyse, car elle est souvent considérée comme la voie la plus
importante, tandis que les autres sont souvent négligées alors qu’elles ont
aussi un rôle à jouer. Par exemple, l’administration d’une combinaison
de DCA, de 2-désoxyglucose, de 3BP et l’adoption d’un régime cétogène
permettent d’obtenir des rémissions remarquables, mais cette méthode
extrême présente l’inconvénient de s’attaquer seulement à la glycolyse et
non à d’autres voies. Dr Nasha Winters, une naturopathe spécialisée dans
le métabolisme du cancer, a constaté que les patients qui avaient suivi
cette approche finissaient par souffrir d’un effet rebond, très
probablement dû au fait que le cancer apprend à s’alimenter en

274
récupérant des nutriments extracellulaires et à utiliser les voies de la
glutamine. Il revient alors, plus agressif que jamais. Parvenir à une
rémission est une bonne chose, mais elle doit être durable. À mon avis,
cibler uniquement la glycolyse n’est pas une bonne stratégie à long
terme. Je suis convaincue qu’il faut éviter les extrêmes et qu’il serait
préférable d’obtenir une réduction plus lente et plus sûre de la taille de la
tumeur et de l’activité métabolique.
Grâce à l’effet «Warburg inversev», le lactate (un sous-produit de la
glycolyse) peut devenir un carburant et entraîner une augmentation de la
voie de la phosphorylation oxydative (OXPHOS). Le lactate n’est pas
uniquement produit par les cellules cancéreuses, il peut être fabriqué par
les fibroblastes présents dans le tissu conjonctif autour des cellules
cancéreuses. Ces dernières peuvent profiter des cellules voisines: elles
induisent une destruction des mitochondries dans les fibroblastes qui les
entourent (mitophagie). En l’absence de mitochondries, les fibroblastes
voisins réalisent une fermentation et produisent ainsi du lactate. Le
lactate est ensuite converti en pyruvate, lequel réintègre alors le cycle de
Kerbs (OXPHOS) dans les mitochondries des cellules cancéreuses.
Il est couramment admis que ces centrales énergétiques des cellules
sont toutes «éteintes» ou endommagées dans les cellules cancéreuses. En
réalité, de nombreuses mitochondries présentent une activité accrue dans
les cellules cancéreuses. Ainsi, contrairement à ce qui est souvent
suggéré, à un stade plus avancé de la maladie, il n’est pas impératif de
réactiver les mitochondries, car cela pourrait aggraver la situation.
Il est impératif de tarir chaque source de carburant dont le cancer a
besoin. Ainsi, alors que de nombreuses mitochondries peuvent être
endommagées, d’autres ont une activité très intense et se multiplient
pour assurer l’approvisionnement en carburant. Comment cibler ces
mitochondries très actives? J’ai appris que la doxycycline est un
antibiotique très efficace qui détruit les mitochondries110 dans les cellules
cancoxycycline est un an. La berbérine, avec son effet antibiotique, peut
également réduire la voie OXPHOS, tout comme la niclosamide, un
ancien médicament contre les ténias.
Les cellules cancéreuses s’adaptent à l’évolution de leurs besoins en
nutriments, et elles peuvent utiliser presque tous ceux présents dans
l’organisme. Dans le cas du cancer du pancréas, même dans des

275
conditions pauvres en nutriments, elles s’adaptent grâce à un processus
appelé «macropinocytose». Elles remanient la membrane cellulaire afin
de se nourrir en engloutissant des protéines et des graisses
extracellulaires111. Les contraintes environnementales qui pèsent sur le
cancer du pancréas, notamment l’hypoxie (manque d’oxygène), ne font
que renforcer l’agressivité de la tumeur. Les sarcomes, les mélanomes,
les lymphomes, les carcinomes mésothéliaux et hépatocellulaires
fonctionnent un peu différemment. Ils utilisent l’arginine (un acide
aminé) comme carburant. C’est pourquoi dans ces cancers spécifiques, la
privation d’arginine peut être utile si l’arrêt des autres voies n’est pas
suffisant.
Dans mon schéma, j’ai inclus des voies que je n’ai pas ciblées
personnellement, comme la macropinocytose (amplifiée dans le cancer
du pancréas, le cancer du sein HER2, le cancer du sein triple négatif) et
l’oxydation des acides gras (augmentée dans le cancer du sein triple
négatif surexprimant Myc, le cancer de la prostate PC3 et le lymphome
diffus à grandes cellules B, le lymphome de Burkitts ). En effet, il est
inutile de copier ce que j’ai fait pour traiter un cancer dont le
métabolisme est différent du mien. S’il s’agit d’un cancer plus agressif,
l’arsenal nécessaire pour l’affamer devra être étoffé, en ajoutant
éventuellement des médicaments inhibiteurs de la glutaminase. En
bloquant ou en réduisant plusieurs sources de carburant en même temps,
j’avais affaibli le cancer et je l’avais rendu plus vulnérable à l’apoptose,
le processus normal de suicide cellulaire. Une fois les cellules affamées,
il suffit d’un petit changement, soit une diminution du glutathion
(antioxydant), soit une augmentation des radicaux libres (ROS), pour les
rendre vulnérables à l’apoptose.
Le professeur Michael Lisanti, à Salford (Manchester, Royaume-
Uni), partage cette approche multiple. En 2017, il a publié un article dans
la revue Oncotarget, qui montre que l’augmentation progressive des taux
de doxycycline (un antibiotique courant) pendant plusieurs semaines
bloque l’OXPHOS (alimentée par la glutamine, le lactate ou le glucose)
et l’oxydation des acides gras. Cela crée une résistance à la doxycycline
(par redirection métabolique) et oblige les cellules souches à convertir
leur métabolisme et à modifier leur phénotype. Ensuite de la vitamine C
a été administrée par voie intraveineuse afin de bloquer l’étape 6 de la

276
glycolyse et réduire le taux de glutathion. Cela a entraîné la mort des
cellules restantes. Cette double approche qui consiste à attaquer deux
voies ensemble s’est avérée efficace pour différents types de cellules
cancéreuses113. Lisanti a également découvert que l’ajout de berbérine
améliorait ses résultats. Cette capacité des cellules souches cancéreuses à
modifier leur métabolisme et à s’adapter à un nouvel environnement
s’applique à tous les types de cellules souches cancéreuses.
Lorsque l’on est informé, il est facile de repérer cette flexibilité qui
permet de changer de carburant. Il suffit de parcourir la littérature
médicale récente – ce que vous allez faire bien sûr! C’est la raison pour
laquelle le cancer développe une résistance aux médicaments, et non à
cause des «gènes». Le métabolisme altéré est le principal responsable,
car le cancer échappe au traitement et emprunte une autre ligne de métro.
En lisant les études publiées, j’ai découvert les éléments suivants:
• si vous bloquez mTOR, les cellules cancéreuses augmentent un
processus appelé «autophagie» (autodégradation)114;
• si vous bloquez la glycolyse (dans le cytoplasme), les cellules
cancéreuses augmentent la phosphorylation oxydative (OXPHOS)
dans les mitochondries115;
• si le mévalonate est bloqué avec une statine, les cellules peuvent
augmenter la voie du cholestérol via SREBP-2116;
• certains cancers, par exemple les sarcomes et les lymphomes,
utilisent l’arginine comme carburant. Lorsqu’elle fait défaut, les
cellules cancéreuses utilisent une autre voie (autophagie) pour
obtenir de la glutamine117. La privation simultanée d’arginine et
l’inhibition de la glutaminase (qui réduit la glutamine) ont
provoqué la mort des cellules cancéreuses;
• si la synthèse des acides gras est bloquée, les cellules cancéreuses
peuvent augmenter le métabolisme des cétones et la
glutaminolyse118;
• si l’oxydation des acides gras est bloquée, les cellules cancéreuses
augmentent la glycolyse aérobie119;
• si la glutaminolyse est bloquée, le cancer peut augmenter la
macropinocytose120;
• si l’ATP citrate lyase (ACLY) est bloquée, les cellules souches
augmentent la voie SREBP-1, la voie SREBP-2 et la voie de

277
l’acétate121.

Si vous observez la façon dont ces voies sont détournées en les


repérant sur le plan de métro, vous verrez que le cancer se redirige
généralement en empruntant une voie située sur le même côté du
triangle. En d’autres termes, s’il ne peut obtenir des graisses d’une façon,
il utilisera une autre voie d’approvisionnement. Le fait de connaître cette
modification du métabolisme a d’énormes implications sur le traitement.
Il est essentiel de prendre un cocktail complet de médicaments et de
compléments, et il est préférable de les prendre ensemble plutôt qu’un à
la fois afin d’éviter toute déviation d’une voie vers une autre. Prendre un
peu de metformine ne va pas marcher! Pourtant c’est un médicament
miracle. Le moment de la prise et le dosage de chaque médicament sont
également importants et doivent être déterminés par un médecin qui
comprend la nature métabolique de la maladie et qui a de l’expérience
dans ce domaine.
Au minimum, je recommande de cibler les voies suivantes pour tous
les cancers: Glut 1, glycolyse aérobie (utiliser 2 modalités), réduction de
l’insuline, mTOR, mévalonate, SREBP-2, synthèse des acides gras,
glutaminolyse (2).

Comment priver le cancer de glucose?


L’insuline – C’est l’hormone la plus dangereuse (non, ce ne sont pas
les œstrogènes!). Il est possible de réduire le taux d’insuline en adoptant
un régime à indice glycémique bas, en prenant de la metformine et de la
berbérine, en pratiquant une activité physique adaptée à des moments
choisis, et en prenant du picolinate de chrome et du Gymnema sylvestre.

Glut 1 – Transporteur de glucose trans-membranaire, le glut 1 le plus


important est situé à la surface de la membrane cellulaire, il a une forte
affinité pour le glucose et lui permet de traverser la membrane. Le glut 4
(à forte affinité lui aussi), situé dans le cytosole, se déplace vers la
surface lorsque le taux d’insuline sécrété par le pancréas lors d’une
élévation de la glycémie. Le glut 1 est inhibé par les statines et par la
quercétine122.

278
Voie des pentoses phosphates – DHEA (pas pour les cancers
hormonaux dépendants)123.

Phosphorylation oxydative – Berbérine, Doxycycline, Metformine,


Niclosamide.
• La metformine empêche la fonction du Complexe I des
mitochondries124.

• La berbérine provoque une fragmentation et une dépolarisation des


mitochondries125 et modifie la perméabilité de la membrane
mitochondriale126.

• La doxycycline inhibe la fonction mitochondriale127.

• Le niclosamide affecte le potentiel de la membrane interne des


mitochondries, ce qui entraîne un découplage entre la phosphorylation
oxydative et le transport des électrons, et inhibe la production d’ATP.

Il existe une peur infondée de stopper la production excessive d’ATP, par


crainte que cela entraîne une mort instantanée. Pourtant, c’est ce qui se
produit lorsque les malades prennent des antibiotiques et la sécurité des
antibiotiques a été démontrée depuis longtemps.

Glycolyse aérobie – Elle peut être bloquée à plusieurs niveaux:


• La Vit. C intraveineuse arrête l’étape 6 de la voie glycolytique
G6PDH128.

• Le jeûne à court terme129, 130 va ralentir la glycolyse. Il est souvent


considéré comme «dangereux» pour les patients atteints de cancer,
mais qu’est-ce qui est le plus risqué? Un cancer en phase terminale ou
une journée de jeûne deux fois par mois? Ou s’arrêter de manger à 15
heures et ne pas manger jusqu’au lendemain? L’huile d’olive possède
de nombreuses propriétés bénéfiques. Elle permet notamment un
apport calorique important. Elle peut être consommée sans danger,
même pendant un «jeûne».

• Le 2 déoxy-d-glucose (2-DG) a une structure similaire au glucose. Il


empêche donc la cellule d’absorber les molécules de glucose normales,
un peu comme si l’on mettait de l’eau dans le réservoir d’une voiture.
Il a été démontré qu’il fonctionne en synergie avec la metformine. Le

279
2-DG est utilisé par le professeur Thomas Seyfried et la clinique
ChemoThermia d’Istanbul131.

• Le dichloroacétate (DCA) est un inhibiteur de la pyruvate


déshydrogénase kinase (PDK). Il augmente l’activité oxydative des
cellules en activant la pyruvate déshydrogénase (PDH), l’enzyme qui
assure l’oxydation du glucose dans les mitochondries. À fortes doses,
il provoque une neuropathie et une inflammation. Comme il favorise la
conversion du pyruvate en acétyl-CoA et active la phosphorylation
oxydative OXPHOS dans les mitochondries, il vaut mieux éviter d’en
prendre, surtout dans les cancers avancés qui utilisent la respiration
mitochondriale.

• La metformine abolit la fonction du Complexe I132 et inhibe


l’hexokinase 2133.

• 3 Bromopyruvate (3BP) est un inhibiteur puissant de la glycolyse qui


peut être trop fort. Les droits relatifs à son brevet font actuellement
l’objet de nombreux débats et il n’est pas sans effets secondaires. Je
pense que des cocktails moins agressifs sont tout aussi efficaces.

Il est important de rappeler qu’une inhibition glycolytique extrême (y


compris les régimes cétogènes) effectuée seule sans bloquer
simultanément d’autres voies peut provoquer un effet rebond par une
voie différente et entraîner l’apparition d’un phénotype tumoral plus
agressif à l’avenir.

Comment priver le cancer de graisses?


Dans le domaine du cancer, nombreux sont ceux qui ne se
préoccupent pas des graisses134. Généralement considérées comme des
aliments «sûrs», elles n’ont pas été reconnues comme une source de
carburant pour le cancer, en particulier les lipoprotéines de basse densité
(LDL). Les cellules cancéreuses augmentent le nombre de récepteurs
LDL présents à la surface afin d’obtenir davantage de lipoprotéines de
faible densité (LDL – mauvais cholestérol) à partir de la circulation. En
réduisant la quantité de LDL dans la circulation, les statines contribuent
à empêcher cette absorption de nutriments. Plus on peut bloquer de
voies, avec le moins de toxicité possible, mieux c’est. Cela permet de
limiter le recours aux médicaments vraiment toxiques utilisés en

280
chimiothérapie ou en immunothérapie. Toutes les cellules cancéreuses
augmentent le métabolisme des graisses pour pouvoir fabriquer de
nouvelles membranes cellulaires par la synthèse des acides gras
(SREBP-1 et FAS) et les voies du cholestérol (mévalonate et SREBP-2).
En bloquant toutes ces voies, les cellules cancéreuses auront du mal à
fabriquer de nouvelles membranes cellulaires. On peut ainsi ralentir
nettement la croissance du cancer.

Traitements
SREBP-1 (facteur de transcription SREBP-1) – Le principal
régulateur de la lipogenèse – Berbérine135.

SREBP-2 (facteur de transcription SREBP-2) – Une autre voie de


production du cholestérol – Dipyridamole136 Lutéoline.

ACLY (ATP citrate lyase) – L’hydroxycitrate du Garcinia


Cambogia est très efficace pour bloquer cette voie137.

F.A.S. (Synthèse des acides gras)138 – Metformine/berbérine +


aspirine139.
• La metformine ou la berbérine réduit la disponibilité du glucose.

La partie «acétyle» de l’aspirine (acide acétylsalicylique) se lie à l’acide


aminé sérine.

• La synthèse des acides gras est augmentée dans de nombreux cancers


et elle est fortement associée aux métastases dans les cancers du sein,
de la prostate et du poumon. C’est en partie pour cette raison que
l’aspirine est associée à des taux de récidive plus faibles. L’ajout de
metformine ou de berbérine à une faible dose d’aspirine améliorerait la
survie de manière significative, car il est important de bloquer à la fois
l’absorption du glucose et de la sérine. L’aspirine ne doit pas être
utilisée en même temps qu’un AINS plus puissant, car cela augmente
considérablement le risque de problèmes gastriques. C’est l’activation
excessive de cette voie FAS qui entraîne l’activation des récepteurs
tyrosine kinase HER1/HER2 dans le cancer du sein140.

281
Mévalonate – les statines lipophiles (qui aiment les graisses) –
lovastatine, atorvastatine et simvastatine bloquent la capacité des
cellules à fabriquer le cholestérol dont elles ont besoin pour fabriquer de
nouvelles parois cellulaires. Les statines hydrophiles (qui aiment l’eau)
peuvent aggraver le cancer, car elles ciblent le foie, et déclenchent une
augmentation du mévalonate dans d’autres tissus de l’organisme pour
compenser. Il a été démontré que la pravastatine (hydrophile) aggrave le
cancer du poumon141, alors que la simvastatine (lipophile) a des effets
bénéfiques puissants142.

Oxydation des acides gras – Elle est augmentée dans de nombreux


cancers résistants comme le cancer de la prostate143, le cancer du sein
(TNBC) induit par MYC144 le mélanome, le glioblastome multiforme,
elle joue un rôle essentiel dans le renouvellement des cellules souches et
la résistance aux chimiothérapies145.
• La doxycycline146 modifie l’oxydation des acides gras.

• Mildronate – Un médicament utilisé par de nombreux sportifs pour


«tricher» et améliorer leur métabolisme (Maria Sharapova avait été
temporairement bannie des compétitions de tennis en raison de
l’utilisation de ce médicament). Il est également utilisé dans la Silicon
Valley comme «nootropique» pour améliorer les capacités cognitives.
Il s’agit d’un vieil inhibiteur de l’oxydation des acides gras, tombé
dans l’oubli. Il n’existe pas de recherche sur ses effets bénéfiques, son
utilisation est donc très expérimentale – mais, à ma connaissance, il a
peu ou n’a pas d’effets secondaires. Il a été démontré que l’étomoxir,
un inhibiteur plus toxique de l’oxydation des acides gras, réduit l’ATP,
réduit le glutathion, augmente les ROS dans les cellules de
glioblastome et provoque la mort des cellules cancéreuses147.

Priver la tumeur de glutamine et d’autres acides


aminés
Les inhibiteurs directs de la glutamine provoquent rapidement une
nécrose (mort cellulaire) de la muqueuse intestinale et des problèmes
dans le système nerveux. C’est pourquoi l’inhibition des glutamines doit
être abordée de manière indirecte, en évitant les inhibiteurs puissants
comme l’acivicine ou le DONw.

282
Toutes les cellules cancéreuses ont besoin de glutamine pour se
développer et celles qui présentent une mutation MYC semblent
particulièrement accros à la glutamine. La glutamine est l’acide aminé le
plus abondant dans la circulation sanguine humaine. Elle est obtenue à la
fois par la consommation alimentaire, la synthèse de novo et la
dégradation des protéines musculaires (catabolisme). Elle est nécessaire
pour fabriquer l’ADN, des organites, des acides gras, des enzymes et
pour produire du glutathion.
Une fois que la glutamine a pénétré dans les cellules cancéreuses, elle
est décomposée par la glutaminase pour former du glutamate. Ce dernier
est ensuite soit converti en glutathion, soit décomposé en alpha-
cétoglutarate, qui est ensuite introduit dans le cycle de Krebs pour
effectuer l’OXPHOS et produire du lactate. En fabriquant simultanément
du glutathion (l’antioxydant principal), la tumeur peut neutraliser le
lactate produit en excès.

IGF-1 (facteur de croissance apparenté à l’insuline) – Il est


essentiel de l’inhiber. Si vous avez le moindre doute à ce sujet,
renseignez-vous sur le syndrome de Laron. Ce syndrome touche une
fraction de population en Équateur. Ces personnes présentent un défaut
génétique dans le foie qui les empêche de fixer l’IGF-1. Cela signifie
qu’elles ne grandissent pas au-delà de 1,50 m, mais, en contrepartie, elles
sont protégées contre les effets de l’IGF-1, c’est-à-dire le cancer, le
diabète et la maladie d’Alzheimer. Les méthodes pour réduire l’IGF-1
sont:
• Metformine148

• Restriction des protéines et des produits laitiers149

• Tamoxifène et raloxifène

mTOR (cible de la rapamycine)


• La metformine et la berbérine, quant à elles, stimulent l’AMPK, une
enzyme régulatrice du métabolisme, ce qui a pour effet de réduire le
taux de mTOR150.

283
L’AMPK est une enzyme anti-âge présente dans toutes les cellules.
mTOR est une enzyme qui rassemble les protéines juste avant que la
cellule ne se divise. La réduction du nombre de divisions cellulaires
ralentit à la fois le cancer et le vieillissement. D’où les effets anti-âge de la
metformine et de la berbérine.

La sérine – Un acide aminé utilisé comme carburant par certains


cancers du sein, également utilisé pour fabriquer des acides gras avec du
glucose et de la sérine.
• Aspirine151

Récupération des nucléosides (autophagie)


• Dipyridamole

Les cellules cancéreuses vont utiliser les nucléosides (qui sont difficiles à
fabriquer), les acides gras et les autres protéines du microenvironnement
environnant au lieu de les fabriquer à partir de rien (de novo). Après une
chimiothérapie, lorsqu’il reste beaucoup de fragments de cellules mortes
dans le microenvironnement de la tumeur, les cellules cancéreuses
apprennent rapidement à les recycler et à les réutiliser. Ainsi, elles
deviennent plus agressives. La chimiothérapie est plus efficace
(cytotoxique) en association152 avec le dipyridamole. Ceci est
probablement dû à la capacité du dipyridamole à empêcher la récupération
des nucléosides153.

Macropinocytose (autophagie)
• Chloroquine ou loratadine

Le mécanisme de la macropinocytose permet aux cellules cancéreuses de


récupérer les nutriments extracellulaires s’ils sont rares ou si la demande
est importante. Au cours de ce processus, la membrane cellulaire engloutit
le liquide extracellulaire et utilise les protéines et les graisses provenant de
l’extérieur de la cellule pour s’alimenter. La chloroquine, un antipaludéen
et la loratadine (Claritin), un antihistaminique agissent toutes deux en
perturbant le pH des lysosomes qui décomposent les graisses et les
protéines extracellulaires englouties154. À un stade plus avancé, le cancer
est capable d’induire une libération des graisses stockées dans la
circulation par les adipocytes voisins (ce qui est une cause de cachexie),

284
ce qui permet aux lysosomes présents à la surface des cellules cancéreuses
de les engloutir. Heureusement, les lysosomes du cancer sont fragiles, ce
qui en fait une cible attrayante. Ils sont impliqués dans les métastases et la
progression de la plupart des tumeurs, par exemple celles du sein, du
poumon, du cerveau, de la tête et du cou, de l’ovaire, du mélanome, de
l’utérus, du côlon et de la prostate. Les lysosomes sont les parties les plus
acides d’une cellule et les enzymes à l’intérieur de ces organites
deviennent encore plus acides à mesure que le cancer progresse, ce qui
favorise de nouvelles modifications. La perturbation des lysosomes est le
talon d’Achille du métabolisme anormal du cancer. Il a été démontré que
la loratadine et la chloroquine modifient le pH et les fonctions des
lysosomes du cancer, ce qui a pour effet de mettre des bâtons dans les
roues de la machinerie des métastases. La loratadine peut augmenter le
taux de survie des cancers du poumon non à petites cellules et des cancers
du sein ER positifs, en particulier en association avec la chimiothérapie155,
tout en renforçant le système immunitaire en ciblant les cellules
myéloïdes suppressives. Cependant, la loratadine ne parvient pas à
franchir la barrière hémato-encéphalique. Ainsi lorsque le cerveau est
concerné, la chloroquine sera un meilleur choix.
La macropinocytose se produit lorsque les niveaux de glutamine et de
cholestérol sont insuffisants pour répondre à la demande, elle survient tôt
dans certains cancers Ras-dépendants156 comme le cancer du pancréas157,
les mélanomes158, le cancer de la vessie, le cancer du côlon, les leucémies,
et près d’un tiers des adénocarcinomes pulmonaires. Environ 30% des
cancers contiennent une mutation des gènes de la famille Ras. Commisso
et al. ont démontré que le fait de priver une tumeur de glutamine stimule
la macropinocytose. Ce processus d’élimination pourrait être utilisé dans
un grand nombre de cancers Ras-dépendants, cette voie pourrait être
augmentée au fur et à mesure de la progression de la tumeur. Le
professeur Thomas Seyfried, Ahmed Alsekka et d’autres ont utilisé avec
succès le sulfate de chloroquine dans une combinaison anticancéreuse
pour traiter un glioblastome multiforme159. À mon avis, la chloroquine (ou
l’hydroxychloroquine, plus sûre) devrait faire partie du traitement de
nombreux cancers dès le diagnostic. On a également découvert que le
blocage de la macropinocytose par la chloroquine permettait de surmonter
la résistance aux médicaments suivants: les inhibiteurs de l’EGFR160
(Erlotinib) et inhibiteurs de HER2161 (Herceptin), ce qui rend
l’administration de chloroquine essentielle pour tous les cancers qui les
expriment. L’inconvénient de la chloroquine est qu’elle inhibe les gènes
Bcl-xl et caspase3. Or ils sont tous deux importants pour déclencher
l’apoptose. Il est donc préférable de l’utiliser de manière temporaire et de

285
l’arrêter juste avant (24 heures) une «phase de destruction» si la seule
privation de la tumeur est insuffisante. La loratadine administrée avec une
statine peut également augmenter la possibilité de douleurs musculaires. Il
convient d’en discuter avec le médecin, qui pourra adapter les doses.

L’association de la chloroquine et du dipyridamole n’a pas encore été


étudiée, mais j’ai le pressentiment qu’ils se renforceraient mutuellement
de manière synergique. Si c’est le cas, cette combinaison pourrait être
extrêmement utile pour les cancers plus agressifs dépendants de Ras,
comme le cancer du pancréas, où il a été démontré que le dipyridamole
inhibe 70 à 90% des métastases hépatiques s’il est utilisé avec un
cocktail de médicaments multimodaux162.

Glutaminolyse
Cette voie importante décompose la glutamine, un acide aminé, afin qu’il
puisse être utilisé pour fabriquer de nouvelles protéines et des enzymes.
Comme la glycolyse, la voie de la glutaminolyse comporte plusieurs
étapes qui peuvent être ciblées. La glutaminolyse est très active dans de
nombreux cancers agressifs, y compris les cancers à triple négatif
(TNBC), le cancer du pancréas, le cancer du poumon, le lymphome, le
glioblastome et c’est également une caractéristique du cancer de la
prostate. Il s’agit d’une caractéristique générale des cancers
métastatiques, car ils sont plus agressifs que les cancers primaires.
• Glutamate déshydrogénase/Kétoglutarate déshydrogénase – EGCG
(thé vert)

• Transport de la glutamine – Une combinaison d’acide ursolique et de


resvératrol ou d’acide ursolique et de curcumine empêche la
récupération de la glutamine par les cellules163.

• Inhibiteur de glutaminase – Plus un cancer est difficile à traiter, plus


ces inhibiteurs devront être ajoutés. Les cancers particulièrement
agressifs peuvent nécessiter les inhibiteurs de la glutaminase suivants:

• BPTES – Cliniquement, il ne s’est pas avéré très efficace jusqu’à ce


qu’une nouvelle version soit développée, dans laquelle le médicament
a été émulsionné dans des nanoparticules pour faciliter l’absorption.
Cela a amélioré son efficacité et, fait important, cela n’a eu aucun effet
sur la toxicitéx. Comme il carence en glutamine, il encourage la

286
glycolyse. C’est pourquoi il est encore plus efficace lorsqu’il est
administré en combinaison avec un inhibiteur de la glycolyse et du
glycogène. Il a été testé sur des patients atteints de cancer du pancréas
en association avec la metformine et cette combinaison a donné des
résultats nettement supérieurs aux autres traitements seuls. Plus le
nombre de voies bloquées est élevé, plus l’association est efficace.
• L-asparaginase – Ce médicament est utilisé dans le traitement de la
leucémie infantile (LAL). Il est décrit dans les manuels comme une
«chimiothérapie» anti-métabolite, mais c’est faux! Il s’agit en fait
d’une enzyme métabolique qui détruit non seulement l’asparagine,
mais aussi la glutamine. La leucémie aiguë lymphoblastique de
l’enfant est l’un des cancers les plus répandus dans le monde et la
profession médicale prétend pouvoir guérir le complètement. Donc, si
vous avez besoin d’une preuve pour démontrer qu’affamer le cancer
est la solution, la voici! Voilà la vérité! Le taux de guérison de la
leucémie lymphoblastique aiguë est passé de 5% dans les années 1950
à 90% actuellement, car les médecins ont commencé à utiliser des
chimiothérapies multimodales associées avec de la L-asparaginase. Il
n’est donc pas surprenant que ce médicament soit «redécouvert» alors
qu’il existe depuis près de soixante ans. Il est utilisé comme traitement
pour d’autres cancers dus à la glutamine, comme le cancer du sein
triple négatif et le cancer du pancréas. Il est également reformulé pour
être moins toxique (les effets secondaires comprennent l’hépatite, la
pancréatite, la coagulopathie et la neurotoxicité qui peut survenir à
forte dose). La nouvelle version est encapsulée dans des globules
rouges afin d’éviter les réactions allergiques et d’empêcher sa
dégradation par les enzymes pour prolonger son action.

• Restriction de l’apport en asparagine – En cas de cancer agressif, il est


recommandé d’éliminer l’asparagine de l’alimentation. On la trouve
dans de nombreux aliments, notamment les asperges, le bœuf, la
volaille et les pommes de terre. Les asperges contiennent également
des taux élevés de glutathion, il faut donc éviter ce légume
d’apparence inoffensive. Il a été démontré que la suppression de ces
aliments réduit les métastases164.

287
u. NdT: modification d’une protéine par addition d’un groupement farnesyl
pour qu’elle vienne se fixer sur la face interne de la membrane plasmatique
cellulaire.
v. NdT: voir https://hal-amu.archives-ouvertes.fr/IMAG/tel-03937196v1
w. NdT: DON = 6 diazo 5 oxo L norleucine, antagoniste de la glutamine.
x. NdT: ces enzymes mesurent la toxicité.

288
Chapitre 23

Comment arrêter les métastases


dangereuses

A
ffamer le cancer, c’est bien, mais empêcher sa propagation, c’est
encore mieux, car c’est la propagation du cancer qui tue presque
toujours, pas le cancer primaire. Voici d’autres composés à
ajouter pour agir sur les facteurs de croissance. Heureusement, certains
d’entre eux sont déjà inhibés grâce au cocktail de médicaments.

Traitement des facteurs de croissance et des MMP


(métalloprotéinases de la matrice)

Les changements métaboliques qui ont lieu dans les cellules déclenchent
des changements dans le micro environnement tumoral environnant. La
division cellulaire rapide crée beaucoup d’acide lactique, un sous-produit
acide de la glycolyse, qui endommage les tissus environnants.
Pour se protéger, l’organisme tente d’éliminer l’acide lactique en
fabriquant de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogenèse via leVEGF),
et le nombre de facteurs de croissance vasculaires augmente. Ceci
présente également l’inconvénient de fournir davantage de nutriments à
la tumeur et entraîne une cascade continue de croissance. D’autres
facteurs de croissance essentiels sont sécrétés: le facteur de croissance
dérivé des plaquettes (PDGF), le facteur de croissance transformant bêta
(TGF-β) et le facteur de croissance des fibroblastes (FGF).

289
On observe également une augmentation des enzymes appelées
métalloprotéinases matricielles (MMP). Elles dégradent le tissu
environnant, et permettent ainsi aux cellules cancéreuses de se détacher
et de se propager. La propagation vers des organes distants et la
formation de métastases peuvent survenir très tôt dans le cancer,
contrairement à ce qui était généralement admis. Le blocage des MMP et
des autres facteurs de croissance constitue une partie essentielle du
traitement, en parallèle à la privation de nutriments du cancer, et il
devrait être mis en œuvre dès le diagnostic.

Traitements pour freiner les facteurs de croissance


anormaux (FGF, VEGF, PDGF, MMP2, 3, 9)
Pour expliquer l’importance du blocage de ces facteurs de croissance, en
particulier des MMP, je décris ma théorie du «Grand incendie de
Londres» aux patients atteints de cancer.
Le cancer de stade I est comparable à l’incendie d’une maison. Au
stade IV, il s’apparente au grand incendie qui a ravagé Londres à l’été
1666: il dévore tout sur son passage et il est pratiquement impossible à
arrêter. Jeter des seaux d’eau de la Tamise n’avait alors pas suffi à
éteindre les flammes.
Finalement, ce qui avait fonctionné avait été la destruction des
maisons situées sur le passage du feu, l’utilisation d’explosifs et le
défrichage afin de créer des zones «coupe-feu», de bloquer la capacité de
l’incendie à sauter d’une maison à une autre et de le priver de son
combustible. De la même manière, il faut empêcher le cancer de se
propager en créant des «coupe-feu». Les métastases (cancers
secondaires) sont la cause de plus de 80% des décès.
Pour soutenir leur croissance, les cellules cancéreuses envoient des
signaux dans les zones environnantes (microenvironnement). Ces
signaux modifient les trois structures principales:
• Les fibroblastes dans le tissu conjonctif. Les fibroblastes ingèrent
leurs propres mitochondries (mitophagie) et utilisent la glycolyse (effet
Warburg) pour produire du lactate. On observe que les métastases se
comportent différemment de la tumeur primaire, peut-être parce
qu’elles peuvent utiliser plus facilement le lactate et les cétones.

290
• Cellules immunitaires (macrophages). Les cellules immunitaires se
transforment en macrophages associés aux tumeurs (TAM).
• Vaisseaux sanguins (angiogenèse). L’hypoxie, un manque d’oxygène,
induit la synthèse d’une protéine appelée HIF (facteur induit par
l’hypoxie) qui stimule ensuite la libération du facteur de croissance
endothélial vasculaire (VEGF), et entraîne la prolifération des
vaisseaux sanguins.

La libération de facteurs de croissance par les fibroblastes déclenche


une dégradation de la matrice extracellulaire par des enzymes appelées
métalloprotéinases matricielles (MMP), ce qui permet au cancer de se
propager. Les MMP sont actuellement complètement négligées par
l’oncologie. Elles ont fait fureur dans la recherche il y a quelques
décennies. Cependant, n’ayant pas réussi à trouver des médicaments
brevetables, Big Pharma a décidé d’essayer de nouvelles approches
comme le ciblage du facteur de croissance endothélial vasculaire
(VEGF), le signal de croissance qui permet au cancer de former de
nouvelles cellules. L’Avastin (Bevacizumab), un médicament qui bloque
le VEGF, a été encensé et considéré comme une véritable «innovation»
lors de son lancement en 2004, mais, seul, il n’a pas donné les résultats
escomptés et s’est accompagné d’effets secondaires désagréables.
Cependant, en combinaison avec d’autres modalités, il pourrait être plus
bénéfique.
Sans le savoir, j’avais inhibé le facteur de croissance endothélial
vasculaire (VEGF), le facteur de croissance dérivé des plaquettes
(PDGF) et le facteur de croissance transformant (TFGβ) avec mon
association d’aspirine et de dipyridamole. J’avais aussi arrêté les
modifications de la matrice extracellulaire. Mon cocktail avait ciblé tous
les facteurs de croissance et les MMP. D’autres médicaments agissent
également sur ces facteurs de croissance: le mébendazole, le propranolol
et la doxycycline.
• MMP-2 chito-oligosaccharides (chitine)165 Mebendazole166
Propranolol167 THC168
• MMP-3 – sulfate de glucosamine169
• MMP-9 – dipyridamole170 Doxycycline171 Propranolol172
• VEGF – aspirine173 Propranolol
• PDGF – dipyridamole174

291
• TGF β – dipyridamole175

La chitine se trouve dans l’exosquelette des crustacés (j’adore les


crevettes et je m’oblige à manger un peu de leur carapace) et elle est
également présente en abondance dans les champignons. Justement, je
mangeais des champignons tous les jours. Je pense qu’ils sont bénéfiques
pour la prévention et le traitement du cancer, en partie car ils
maintiennent la matrice extracellulaire intacte et empêchent la
transformation des macrophages.
J’ai pris du sulfate de glucosamine, non pas pour le cancer, mais pour
soigner mon genou endommagé. Je n’avais pas réalisé que cela
contribuerait à empêcher la propagation de mon cancer, mais cela peut
expliquer en partie pourquoi j’ai eu la «chance» d’avoir seulement une
métastase pulmonaire. Pendant les deux années qui ont suivi mon
premier diagnostic, j’avais pourtant un très mauvais régime alimentaire.
Le dipyridamole est un puissant inhibiteur de la MMP-9, ce qui explique
pourquoi il est si efficace pour empêcher la propagation du cancer vers
d’autres parties du corps. Je prends parfois du propranolol, un
bêtabloquant, qui est un puissant inhibiteur des MMP-2 et des MMP-9,
mais il ne peut pas être utilisé en même temps que le dipyridamole, car
leur association peut faire baisser la tension artérielle. Le propranolol
exerce également un effet sur la maladie de Raynaud (mauvaise
circulation dans les doigts et les orteils, dont je souffre), donc j’évite
d’en prendre par temps froid, alors que l’association du dipyridamole et
d’une statine améliore son efficacité. La doxycycline n’est pas seulement
utile pour affamer le cancer. C’est également un inhibiteur puissant de la
MMP-9.

292
Chapitre 24

Comment relancer le système


immunitaire

L
e cancer est le résultat de modifications de certains globules
blancs (les macrophages). Comme ils appartiennent au «soi»y,
l’organisme ne les reconnaît pas comme des ennemis, ce qui
permet au cancer de se propager sans contrôle.
Les macrophages se transforment en macrophages associés aux
tumeurs (TAM) en raison d’une combinaison de conditions hypoxiques
(manque d’oxygène), de la présence d’un facteur de croissance anormal,
le «transforming growth factor-β» (TGF-β), de cytokines inflammatoires
immunosuppressives (IL-1 et IL-10), de PGE2 (mauvaise
prostaglandine) et d’une exposition au Th2 (réponse immunitaire
humorale)176. Tous ces éléments transforment les macrophages ordinaires
en macrophages associés à la tumeur et ce sont ces petits monstres qui
permettent au cancer de se développer sans contrôle du système
immunitaire. Ces macrophages se détachent de la tumeur d’origine avec
l’aide des métalloprotéinases matricielles (MMP) et peuvent se déplacer
dans la circulation pour implanter de nouvelles tumeurs ailleurs.
Lorsque les facteurs de croissance et les MMP sont inhibés, que
l’inflammation est maîtrisée et que l’hypoxie est améliorée, il est
possible de réduire la transformation des macrophages associés aux
tumeurs. Dans mon corps, ces horribles TAM ont essayé d’échapper à la
détection et à l’éradication du reste de mon système immunitaire en se

293
déplaçant dans le sang, cachés dans un amas de plaquettes et de graisses
saturées (une autre raison d’éviter les graisses saturées si vous avez un
cancer métastatique). L’aspirine et le dipyridamole, deux
antiplaquettaires, agissent en synergie pour briser les amas de plaquettes
et exposer les macrophages anormaux au reste du système immunitaire.
Les statines contribuent à réduire la quantité de graisse disponible pour
ces amas métastatiques dans la circulation, ce qui les rend plus
vulnérables à l’éradication. La berbérine réduit également les
triglycérides.
Mon cocktail magique a été très efficace pour vaincre le cancer, mais
il restait un problème: je souffrais toujours d’une suppression de ma
réponse Th1 (réponse aux agents pathogènes, qui comprend les cellules
tueuses naturelles) et d’une augmentation de ma réponse Th2 (réponse
immunitaire). En d’autres termes, les quelques cellules tueuses naturelles
que j’avais dans mon système ont été supprimées, ce qui m’a empêché
d’organiser l’attaque nécessaire.
Il m’a fallu attendre 2007 pour découvrir comment corriger cette
situation grâce à la cimétidine, un antihistaminique qui a permis
d’inverser le déséquilibre Th1:Th2. Je pense que c’est ce qui a le plus
aidé mon système immunitaire, mais d’autres éléments non négligeables
y ont également contribué: l’huile de foie de requin (alkylglycérols), les
champignons d’origine asiatique (shiitake, maitake et Coriolus
versicolor ou Queue de Dinde), la réparation de mon microbiome
intestinal, l’élimination de tous les parasites, la prise de prébiotiques et
de probiotiques, en particulier de bifidobactéries, ainsi que la berbérine
et la metformine, qui agissent toutes deux sur la flore intestinale. Tous
ces éléments ont joué un rôle clé dans l’amélioration de mon système
immunitaire pendant cette «phase de récupération» de l’attaque du
cancer ainsi que des effets de tous les traitements. Il ne fait aucun doute
que la vitamine C administrée par voie intraveineuse a donné un coup de
fouet à mon système immunitaire, tout comme l’irradiation sanguine aux
ultraviolets. J’ai également reçu un vaccin dendritique, mais en réalité il
a probablement eu peu d’effets. Je ne le saurai jamais. Les vaccins
étaient considérés comme le Graal des traitements du cancer. Cependant,
malgré toutes ces promesses, ils ont connu un échec spectaculaire.
C’était avant que l’on réalise que la signalisation cellulaire anormale, les

294
facteurs de croissance anormaux et le métabolisme anormal étaient
impliqués et que les vaccins ne fonctionneraient pas si ces
dysfonctionnements n’étaient pas d’abord résolus. Et, même dans ce
contexte, je suis convaincue qu’il est nécessaire de préparer et de
renforcer le système immunitaire avant d’administrer un vaccin. Je me
demande si j’aurais eu une meilleure réponse si j’avais utilisé de la
cimétidine avant de recevoir le vaccin dendritique. Peut-être qu’à
l’avenir, une approche plus globale sera utilisée pour tester les vaccins.
Je suis également sceptique à l’égard des nouveaux médicaments
d’immunothérapie, et ce, pour les mêmes raisons. J’ai vaincu un cancer
de stade IV bien avant l’invention des nouveaux anticorps monoclonaux
(«mabs» ou «nibs»), ou de toute autre nouvelle immunothérapie
inhibitrice du PDL-1. Si l’on ne s’attaque pas à l’une des raisons du
dysfonctionnement du système immunitaire mentionnées ci-dessus,
l’utilisation de ces nouveaux médicaments est, à mon avis, vaine177. Il
n’est pas surprenant que l’utilisation de plusieurs des médicaments de
mon cocktail métabolique et l’amélioration de l’intestin permettent de
surmonter la résistance aux médicaments d’immunothérapie. La
reconnexion métabolique des cellules souches cancéreuses est à la fois
un problème et une solution. Affamez le cancer!

y. NdT: Le soi est l’ensemble des constituants d’un organisme. Le non soi est
l’ensemble des constituants qui n’appartiennent pas à l’organisme. Dans des
conditions normales, en l’absence de maladie, le soi n’est pas reconnu par le
système immunitaire, contrairement au non soi qui déclenche des réactions
de défense.

295
Chapitre 25

Comment détruire le cancer

L
es voies de signalisation anormales ont été stoppées. Le cancer a
été privé de nutriments. Les facteurs de croissance ont été
supprimés. Les problèmes intestinaux ont été résolus. Cela peut
suffire à faire disparaître de nombreux cancers précoces ou peu agressifs,
mais cette approche peut prendre du temps (il faut parfois jusqu’à 7 ou 8
mois pour que les médicaments métaboliques montrent leurs effets).
Mais que faire en cas de cancer agressif, de stade III ou IV, et non
maîtrisé? Il faut détruire à la fois les cellules qui se divisent rapidement
et les cellules souches en déclenchant l’apoptose.
Nous l’avons vu, les tumeurs contiennent deux types de cellules
cancéreuses: celles à division rapide et les cellules souches. Ce livre
traite des cellules souches. La médecine conventionnelle s’intéresse aux
cellules qui se divisent rapidement.
En combinant les deux, vous pouvez plus que doubler les résultats
(voir mes graphiques dans les pages suivantes).
La division rapide est la dernière étape qui mène à la transformation.
Ces cellules à division rapide sont issues des cellules souches, mais n’en
sont pas.

296
Infographie 7: les cellules souches survivent à la chimiothérapie.

Alors quels médicaments moins toxiques arrêtent la division


cellulaire rapide?
Nombre des médicaments et compléments que j’utilise ciblent
plusieurs processus en même temps, ils sont qualifiés de «pléiotropes».
Plus un médicament ou un complément est pléiotrope, plus il est utile – à
mon sens. Le mébendazole, le médicament antihelminthique
(vermifuge), a de multiples cibles et son avantage le plus reconnu dans le
domaine du cancer est le ralentissement de la progression rapide de la
maladie. Il s’agit d’un médicament fantastique, à faible toxicité, qui
fonctionne de la même manière que la vincristine, un médicament utilisé
en chimiothérapie, mais sans la toxicité, ce qui le rend idéal pour un
usage pédiatrique. Comme la vincristine, il agit sur les cellules
cancéreuses en empêchant la formation des microtubules, un processus
qui a lieu lors de la division cellulaire178. Cependant, le mébendazole
contribue également à réduire la voie de signalisation cellulaire anormale
(Sonic Hedgehog). C’est un inhibiteur de la MMP-2 et il est reconnu
qu’il aide à détruire les macrophages associés aux tumeurs lorsqu’il est
combiné à une chimiothérapie à faible dose179. Le mébendazole active
également les caspases et favorise l’apoptose par la «cascade des
caspases». C’est un médicament miracle! Il est peu absorbé dans
l’intestin, mais je recommande de le prendre avec un peu de graisse. La
pipérine du poivre noir, que vous pouvez acheter sous forme de
complément, peut également contribuer à augmenter les taux de ce
composé.

297
La plupart des médicaments utilisés en chimiothérapie sont acides (ce
qui favorise la croissance des tumeurs). Ils entraînent la formation de
nombreux petits fragments de cellules brisées que les cellules souches
cancéreuses peuvent récupérer et réutiliser, car elles sont très flexibles
sur le plan métabolique (autophagie). Pour déjouer les cellules
cancéreuses, il est essentiel de cibler à la fois les cellules à division
rapide et les cellules souches. Si vous détruisez une trop grande partie de
la tumeur à l’aide d’une forte dose de chimiothérapie, les cellules
souches restantes disposent de nombreux éléments nutritifs potentiels.
Réduire les deux de manière contrôlée est probablement la meilleure
approche. Je vois trop souvent des patients qui décèdent à la suite d’une
chimiothérapie trop forte.
Pour illustrer cette double approche, ce graphique montre le taux de
destruction du cancer par la metformine (qui cible les cellules souches)
et le témozolide (un médicament utilisé en chimiothérapie pour cibler les
cellules à division rapide) lorsqu’ils sont utilisés individuellement et
ensemble:

Infographie 8: comparaison du témozolide (TMZ) et de la metformine


(MET) dans la lutte contre le cancer du cerveau. (Données issues de la Care

298
Oncology Clinic, Royaume-Uni.)

La metformine – un médicament peu coûteux et sans brevet, qui


présente peu d’effets secondaires – élimine davantage le cancer que le
témozolide (40% contre 35%)! L’addition des deux composés a un effet
de synergie et l’on observe alors un taux d’élimination du cancer de
94%. Ce résultat est largement supérieur à la somme des résultats
individuels, on constate une puissante synergie180. Imaginez le potentiel
si l’on ajoutait d’autres médicaments métaboliques synergiques à faible
toxicité et capables de percer la barrière hématoencéphalique! Qui a dit
que le cancer du cerveau ne pouvait pas être guéri?
Le graphique suivant compare la berbérine à un autre médicament
utilisé en chimiothérapie contre le cancer du cerveau (la carmustine ou
BCNU), qui agit sur les cellules à division rapide:

Infographie 9: comparaison entre la carmustine (BCNU) et la berbérine


dans la lutte contre le cancer du cerveau.

Cette étude de 1990 a testé la capacité de destruction des tumeurs de


la berbérine et du BCNU (carmustine) in vitro et in vivo (culture

299
cellulaire et chez les rongeurs). La berbérine seule a produit un taux de
destruction stupéfiant de 91% dans les cultures de cellules de gliome,
soit plus du double de l’effet de la metformine! Stupéfiant. Avec un tel
taux, la berbérine pourrait être capable cibler les deux types de cellules,
celles à division rapide et les cellules souches. Malheureusement, ce
graphique ne s’applique pas à tous les cancers, car chacun présente un
profil métabolique différent. La combinaison de la berbérine avec le
BCNU a donné un taux d’élimination massif de 97% 181!
Comme la metformine et la berbérine ont toutes deux des cibles
différentes en lien avec les cellules souches (par exemple, la metformine
réduit l’IGF-1, mais pas la berbérine, qui cible SREBP-1), il serait
prudent de ne pas se fier à la berbérine et la chimiothérapie seules.
L’utilisation de doses plus faibles de chimiothérapie pourrait permettre
d’éviter les terribles effets secondaires de ces traitements lourds si les
cocktails adéquats étaient utilisés. Par exemple, le mébendazole pourrait
être administré pour amplifier l’effet d’une chimiothérapie. Il pourrait
être particulièrement utile pour lutter contre les cancers du cerveau chez
l’enfant, car il ne présente pratiquement aucune toxicité182. La vitamine
C administrée par voie intraveineuse, à une dose suffisamment élevée et
régulièrement, a un effet comparable à une chimiothérapie, et peut
également traverser la barrière hémato-encéphalique.

Combinaison de la chimiothérapie avec des anti-


inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
Les AINS sont de puissants médicaments anti-cancer. On sait qu’ils
exercent des effets importants sur les cellules cancéreuses, en plus de
l’inhibition de l’enzyme COX2, mais leur mode d’action exact a échappé
aux chercheurs pendant des années. Ils n’affament pas le cancer, mais ils
déclenchent l’apoptose lorsqu’ils sont utilisés à des doses suffisamment
élevées. Les AINS sans aspirine perturbent la phase «S» de la division
cellulaire, c’est-à-dire le moment où les cellules fabriquent un nouvel
ADN et répliquent leur matériel génétique. Il s’agit de la phase de
division cellulaire la plus réceptive aux médicaments de chimiothérapie
conventionnels et de la phase où les cellules cancéreuses sont les plus
résistantes à la radiothérapie183. Il serait donc logique de sensibiliser ces
cellules résistantes en combinant les deux traitements, mais ce n’est pas

300
la pratique clinique actuelle – bien que des études aient montré que
l’irradiation accompagnée d’une forte dose d’AINS n’entraînait pas
d’effets secondaires supplémentaires184.
Douglas Trask (médecin titulaire d’un doctorat et professeur associé
d’otorhino-laryngologie à l’université de l’Iowa) déclare dans un rapport
de Science Daily disponible en ligne: «Le véritable débat se résume à
l’utilisation de ces composés dans deux contextes: la prévention du
cancer, qui implique l’utilisation à long terme d’un médicament, et le
traitement du cancer, qui implique un médicament ciblé administré à
court terme. Les études montrent que des problèmes cardiaques et rénaux
surviennent lorsque les AINS sont administrés à long terme, surtout au-
delà d’un an. Les AINS semblent avoir des effets cardio-rénaux même en
cas d’utilisation à court terme, pourtant ces risques peuvent être mineurs
par rapport aux avantages potentiels d’un traitement plus efficace du
cancer.»
L’utilisation simultanée d’une statine et de dipyridamole permettrait
également d’atténuer les effets cardiaques et d’améliorer l’efficacité du
traitement. Si ces médicaments et la vitamine C par voie intraveineuse, la
berbérine, le mébendazole, un AINS sans aspirine (utilisé à court terme)
étaient utilisés dans un cocktail en même temps que la chimiothérapie, la
dose maximale tolérée de chimiothérapie pourrait-elle être
considérablement réduite? La chimiothérapie est utile, cela ne fait aucun
doute, mais la dose maximale tolérée est beaucoup trop élevée, en
particulier pour les patients au stade IV. Dans ce cas, la toxicité et le
niveau d’immunodépression tuent souvent le patient plus rapidement que
s’il n’avait pas eu de chimiothérapie du tout. J’insiste sur l’importance
d’administrer une dose plus faible. En effet la chimiothérapie a fait
chuter mes marqueurs dans la plage normale en très peu de temps, car je
prenais également de la berbérine et d’autres médicaments pour vaincre
le cancer, mais j’ai dû déployer de nombreux efforts pour y parvenir. À
faible dose, administrée judicieusement, la chimiothérapie peut stimuler
le système immunitaire. Pourtant, de nombreux protagonistes des
traitements naturels et alternatifs le nieront. Il est normal de vouloir
l’exclure complètement en raison de son inefficacité rapportée chez les
patients au stade IV, mais je recommande de ne pas l’écarter
automatiquement si l’oncologue est prêt à administrer une faible dose.

301
Avec la norme actuelle de soins, seuls 50 à 60% des patients
survivront plus de cinq ans (et encore moins dix ans), et ces statistiques
sont les mêmes depuis des décennies. Pour de nombreux patients, l’idée
de mener une longue «bataille» ou une «guerre» avec les armes barbares
actuellement proposées n’est tout simplement pas envisageable.
Nombreux sont ceux qui commencent à brandir le drapeau blanc et à
accepter la défaite sans grande résistance, presque dès le départ. De nos
jours, utiliser les mots «guerre» ou «bataille» dans un livre sur le cancer
relève du suicide littéraire. Les conseillers ont pour consigne de ne
jamais employer ces termes ou d’autres formulations à connotation
belliqueuse lorsqu’ils s’adressent à des patients atteints de cancer. À
juste titre, ces derniers, réalisant l’énormité de ce qui les attend, évitent
ce vocabulaire. De nombreux livres insistent aujourd’hui sur la nécessité
de «faire la paix» et d’«apprendre» de son cancer. Bien sûr, il faut le
faire si cela peut vous aider, mais cela ne suffira pas à guérir. Je vais
donc aller à l’encontre de la tendance. Oui, il faut mener une guerre,
mais d’un genre différent. Il faut être intelligent, sournois et surtout plus
malin que le cancer. Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de souffrir pour
éliminer le cancer.
Nous avons beaucoup à apprendre des Grecs anciens et de la façon
dont ils ont mené un grand nombre de guerres. Leur technique, très
simple et très efficace, faisait peu de victimes. Si nous adoptions une
approche similaire, nous épargnerions à notre corps les hautes doses
extrêmement toxiques de la chimiothérapie et ce traitement terriblement
nocif serait relégué dans les poubelles de l’Histoire, comme il se doit. Il
serait plus facile de «faire la paix» avec son cancer (tout en le
détruisant). Est-ce que j’ai «fait la paix» avec mon cancer? Est-ce que
j’en ai tiré des «leçons» ou ai-je senti que c’était un «cadeau»? Je
suppose que je n’en ai pas peur, si c’est ce que l’on entend par «faire la
paix». J’ai appris à vivre avec. J’ai appris à connaître le corps humain, en
particulier le mien, et les différents aspects de la maladie. Mais de là à
devenir son amie, à être reconnaissante? Non. Jamais. Le cancer a
toujours été mon ennemi. Mais chaque patient choisit d’aborder la
maladie à sa façon.
Si on laisse un instant de côté l’aspect psychologiquement terrifiant
de la maladie, au niveau cellulaire, il s’agit bel et bien d’une bataille,

302
quelle que soit la façon dont le patient choisisse de l’envisager. Pendant
qu’il fait la paix avec la maladie, une véritable lutte de pouvoir a lieu,
une guerre entre les cellules saines et les cellules cancéreuses, non
seulement pour le territoire, mais aussi pour les nutriments. Le cancer se
comporte comme un parasite qui s’approprie les ressources du corps et
de l’immunité et se développe progressivement jusqu’à empiéter sur les
fonctions vitales. Aussi effrayant que cela puisse paraître, je pense qu’il
existe une solution facile et une approche bien moins dommageable pour
le vaincre. Pour illustrer mes propos, je vais vous conduire dans la Grèce
antique, en 431 av. J.-C.
La ville de Platées (située au sud de Thèbes) était l’un des derniers
bastions à refuser de prêter allégeance aux Spartiates qui dominaient la
région, leur préférant Athènes, allié de longue date. Anticipant une
attaque, les Platéens avaient construit de solides défenses, constitué et
équipé une armée. Les citoyens de Thèbes, sous contrôle de Sparte,
décidèrent de s’emparer de Platées par la ruse, avec l’aide d’un traître
platéen. Une nuit, ce dernier laissa entrer dans Platées un détachement
d’environ 300 soldats de l’armée thébaine qui, ne rencontrant pas la
moindre résistance, prirent la ville par surprise en attendant l’arrivée des
renforts. Leur plan aurait pu fonctionner si les Platéens, rassemblant
hommes, femmes et même esclaves, n’avaient pas riposté, reprenant le
contrôle de leur ville et s’emparant de 180 prisonniers. Le matin à leur
arrivée, les renforts thébains acceptèrent de renoncer à soumettre Platées
en échange de la libération des otages. Pourtant, dès le départ de l’armée
ennemie, les Platéens manquèrent à leur parole et exécutèrent tous les
prisonniers. Furieux, les Thébains attaquèrent de nouveau Platées et le
conflit s’enlisa durant deux ans. Venus en soutien, les Spartiates
multiplièrent, les tentatives pour faire plier les rebelles. Ils construisirent
un nouveau mur d’enceinte pour empêcher l’approche de l’armée
athénienne alliée des Platéens, érigèrent un gigantesque mont de terre
pour attaquer par en haut, utilisèrent de puissants béliers et tentèrent
d’incendier la ville. En vain. Les habitants de Platées semblaient déjouer
toutes leurs tactiques.
Épuisés et à bout de munitions, les Thébains et les Spartiates
décidèrent alors de ne plus rien faire, d’attendre, et d’affamer les
Platéens en interdisant toute entrée de nourriture dans la ville assiégée, et

303
toute sortie des habitants désormais captifs. Deux ans plus tard, en 427
av. J.-C., après quatre années de conflit, les Platéens, affaiblis, affamés et
réduits en nombre, acceptèrent de se rendre en échange de la tenue d’un
procès équitable. Pourtant, à leur tour, les Spartiates ne tinrent pas
parole: les soldats platéens furent exécutés et les femmes vendues
comme esclaves. Platées, autrefois si forte et indestructible, fut rasée.

Leçons

1. Affaiblir l’ennemi
Attaquer un ennemi lorsqu’il est en position de force est un gaspillage
de ressources et d’efforts. Vous risquez de perdre des troupes et des alliés
dans le combat et il y aura beaucoup de dommages collatéraux. Un
ennemi puissant, apparemment invincible et qui s’adapte rapidement est
plus facile à tuer lorsqu’il est faible et sans défense.

2. Affamer l’ennemi
Il s’agit d’une tactique simple et efficace, encore utilisée aujourd’hui
par les factions en guerre. Les cellules cancéreuses ont en permanence
besoin d’énergie, en particulier du glucose, des protéines et des graisses
pour continuer à se multiplier.
Prenez l’image d’une nouvelle maison: vous ne pouvez pas la
construire en utilisant uniquement des outils et de la main-d’œuvre. Il
faut des briques et du mortier. De même, le cancer a besoin de protéines
et de graisses pour sa biomasse, et de glucose pour avoir l’énergie
nécessaire à la construction de nouvelles cellules. Si vous privez les
cellules cancéreuses de l’énergie qu’elles tirent du glucose, elles se
tournent vers d’autres sources d’énergie, comme la glutamine et les
graisses. L’astuce consiste à les priver de leurs voies
d’approvisionnement en carburant essentiel.

3. Faire preuve de patience


L’affaiblissement et la privation de nourriture ne font pas forcément
régresser les tumeurs du jour au lendemain. Cette méthode peut prendre
plusieurs mois, mais une fois le cancer affaibli, d’autres traitements
comme la chimiothérapie, la radiothérapie, la vitamine C par voie

304
intraveineuse et d’autres médicaments comme les AINS et les statines
peuvent être utilisés de manière beaucoup plus efficace et, surtout, à des
doses moins toxiques pour éliminer les cellules cancéreuses restantes en
déclenchant l’apoptose.

4. Combiner les forces


Affamer le cancer en adoptant un régime alimentaire très strict n’est
pas une option réalisable ou réaliste pour la plupart des patients. C’est
pourquoi la combinaison d’autres approches fonctionnera en synergie.
Citons par exemple les médicaments hors AMM à faible toxicité, un
régime alimentaire personnalisé (mais pas extrême), des compléments
spécifiques et de l’exercice physique au moment opportun.
Une fois le cancer privé de nutriments, le déclenchement de
l’apoptose par des méthodes moins toxiques, la cascade des caspases et
la chimiothérapie à faible dose seront beaucoup plus efficaces, car le
cancer sera faible et vulnérable. Si l’on ne cible que les cellules qui se
divisent rapidement, comme l’imposent les protocoles conventionnels
actuels de lutte contre le cancer, tout en ignorant les cellules souches, il
pourra continuer à se développer et à devenir plus agressif.
Il a été démontré que la chimiothérapie métronomique
(administration continue et à faible dose) administrée tous les 4 à 8 jours
(par rapport à la dose maximale tolérée tous les 21 jours) renforçait
l’immunité des lymphocytes T antitumoraux185.

Déclencher l’apoptose des cellules cancéreuses au-delà


de la chimiothérapie
Voici, en résumé, mon protocole pour affamer et vaincre le cancer:

305
L’apoptose désigne la mort active et programmée d’une seule cellule,
contrairement à la nécrose, qui est un processus passif. Dans le cancer, le
processus apoptotique est régulé par:
1. Les caspases (protéases dépendantes de la cystéine et dirigées
vers l’aspartate), qui assurent la mort des cellules avec un effet
minimal sur les tissus environnants. Elles sont activées dans les
mitochondries.
2. Bcl-2/bax régulent l’apoptose et peuvent soit la favoriser soit
sauver la fonction métabolique de la mitochondrie et empêcher
l’apoptose.
3. Fas (premier récepteur de signal d’apoptose) est un récepteur
létal situé à la surface des cellules. Il conduit à la mort cellulaire
programmée (apoptose) en entraînant un déclenchement de la
caspase 8. La metformine utilise cette voie pour provoquer
l’apoptose186.

La mort par les caspases


L’activation des caspases est une option sous-utilisée et sûre pour
favoriser la mort des cellules cancéreuses, bien qu’elle puisse être plus
longue à réaliser. La «cascade de caspases» naturelle est activée lorsque
le potentiel antioxydant des cellules cancéreuses est altéré dans la

306
membrane mitochondriale (glutathion: équilibre oxydant). L’activation
des «caspases» apoptotiques entraîne la génération d’une cascade de
signalisation et la destruction contrôlée des composants cellulaires.
Cette approche est moins dommageable que la chimiothérapie seule, qui
endommage l’ADN et provoque la libération de radicaux libres. Le
mébendazole, qui agit comme la vincristine, un médicament utilisé en
chimiothérapie (mais de façon beaucoup plus sûre), détruit les cellules à
division rapide en perturbant l’alignement des fuseaux lors de la division
des cellules cancéreuses. Il déclenche également la cascade des caspases
par inactivation de Bcl-2 et libération de cytochrome C. Tous ces
processus vont favoriser l’apoptose des cellules cancéreuses187.
Au début de la transformation cellulaire, une augmentation des
niveaux d’ammoniaque et d’acide lactique alimente d’abord la
croissance, mais, le cancer doit ensuite contrôler étroitement son statut
redox, ou la régulation homéostatique de son taux d’oxydants, pour
assurer son immortalité. Les cellules cancéreuses survivent en
maintenant un taux de glutathion, le principal antioxydant, suffisamment
élevé pour empêcher les cellules cancéreuses de s’autodétruire. La
réduction des taux de glutathion rend ces cellules à division rapide sans
défense. Si le taux de glutathion diminue et que le taux de ROS (espèces
réactives de l’oxygène) augmente, les cellules cancéreuses deviennent
instables et incapables de vivre, ce qui entraîne l’apoptose.

Comment augmenter les ROS – espèces réactives de


l’oxygène
1. Vitamine C par voie intraveineuse (IV)
J’ai entendu des personnes se plaindre que la vitamine C
intraveineuse aggravait leur état. Cela risque en effet d’être vrai pour
certains cancers, car elle bloque la glycolyse, ce qui pousse les cancers
alimentés par la glutamine à être encore plus agressifs si les autres voies
d’alimentation en glutamine n’ont pas été bloquées188. C’est ce qu’a
démontré le professeur Michael Lisanti de Salford, à Manchester. Il a
bloqué les voies de la glutamine (OXPHOS alimentée par la glutamine et
oxydation des acides gras) avec de la doxycycline avant d’administrer la
vitamine C par voie intraveineuse avec de la berbérine. Ce traitement

307
s’est avéré être une «combinaison synthétique mortelle» efficace sur de
nombreuses lignées cellulaires. À elle seule, la vitamine C intraveineuse
est dix fois plus létale pour les cellules souches cancéreuses que la
chimiothérapie. Lorsqu’elle est associée à la doxycycline, la synergie est
multipliée et devient cent fois plus efficace!
Traiter un cancer uniquement par administration de vitamine C par
voie intraveineuse est une stratégie risquée, sauf dans les cas de tumeur à
fort taux de glycémie, comme le cancer de l’endomètre. J’ai pris de
l’aspirine, de la berbérine et de la vitamine C par voie intraveineuse, ce
qui a bloqué de nombreuses voies (vous pouvez maintenant savoir
lesquelles en consultant mon plan de métro). C’est au cours de cette
période que mes marqueurs antigéniques sont tombés à seulement 40,
mon taux le plus bas jamais atteint. Il serait prudent d’utiliser de la
doxycycline ou de la niclosamide en plus de la vitamine C intraveineuse
pour éviter que l’OXPHOS induite par la glutamine augmente.
Parfois la vitamine C intraveineuse n’est pas administrée à une dose
suffisamment élevée ni assez souvent pour produire du peroxyde
d’hydrogène et réduire la glycolyse. C’est une erreur. De nombreux
praticiens complémentaires l’administrent au moins trois fois par
semaine. Comme le montre l’étude danoise sur le cancer de la
prostate189, une fois par semaine ne suffit pas. Dans cette étude, la
vitamine C par intraveineuse a été administrée seulement une fois par
semaine sous forme d’une monothérapie à 60 g, ce qui a probablement
entraîné le développement d’un phénotype plus agressif de cancer
dépendant de glutamine/graisses. Étant donné que cancer de la prostate
utilise peu la glycolyse, il n’est pas surprenant que cette étude n’ait pas
réussi à montrer un quelconque avantage.

2. Autres méthodes d’oxygénation


Il peut être utile de se renseigner sur l’ozone. J’en ai reçu par le biais de
chambres d’oxygénothérapie hyperbare (OHB) et de DMSO en parallèle
à mes perfusions de vitamine C par voie intraveineuse. Certaines
personnes font même de l’exercice avec des réservoirs d’oxygène
portables. L’OHB peut être utile pour aider à prévenir les neuropathies
susceptibles de se produire pendant certaines perfusions de
chimiothérapie.

308
3. Artémésinine
Bien que «naturel», ce produit peut être assez toxique et ne doit être
utilisé que sous la supervision d’un médecin qualifié.

4. Niclosamide
Le prétraitement par la niclosamide rend les cellules sensibles à
l’apoptose déclenchée par le peroxyde d’hydrogène (produit par la
vitamine C intraveineuse)190. Compte tenu de ses nombreuses autres
cibles (Stat3, Notch, OXPHOS, NF-κB, Wnt/β-caténine, mTOR), cet
ancien médicament vermifuge est devenu l’un des médicaments que je
recommande particulièrement, notamment pour les cancers plus agressifs
liés à la glutamine. Il peut être difficile de s’en procurer.

Comment réduire le taux de glutathion


Le glutathion est fabriqué à partir de glutamate (issu de la glutamine), de
glycine et de cystéine. L’astuce consiste à réduire la cystéine, car
l’organisme a facilement accès à la glycine et au glutamate. Pour réduire
la cystéine, je recommande d’éviter de prendre de la L-cystéine et du
NAC sous forme de compléments, et d’éviter les protéines de lactosérum
et les asperges. De même, il est recommandé d’éviter le bouillon d’os
pendant la «phase de destruction». Certains antioxydants doivent
également être évités. C’est le cas du CoQ10, de la vitamine C à faible
dose et de la vitamine E, car ils risquent de neutraliser les radicaux libres
nécessaires.
Malgré ses autres effets bénéfiques sur le cancer, le sulforaphane,
réduit l’activité de la caspase-3 tout en augmentant la Bcl-2, ce qui freine
l’apoptose. L’administration de sulforaphane doit donc être interrompue
pendant la phase de «destruction»191, tout comme l’administration de
lutéoline.
Cependant, un prétraitement à la chloroquine (arrêté 12 à 24 heures
avant la chimiothérapie) a montré qu’il sensibilisait les cellules à
l’apoptose par l’intermédiaire des caspases mitochondriales192. Le
sulforaphane et la lutéoline pourraient également sensibiliser les cellules
aux caspases.

309
1. Les statines ont mauvaise réputation, car elles induisent une
réduction du taux de glutathion dans d’autres maladies (par
exemple dans les maladies cardio-vasculaires). Cependant,
comme je l’ai découvert en 2003, elles présentent un avantage
considérable pour les patients atteints de cancer193: les statines
multiplient par cinq le pouvoir cancérigène des anti-
inflammatoires non stéroïdiens. Malheureusement, les
traitements à base de statines sont présentés partout comme
«dangereux» et des prédictions sinistres de démence, de douleurs
musculaires et d’augmentation du diabète de type 2 sont
annoncées. Ces effets ne se produisent pas toujours (je n’en ai eu
aucun) et ils mettent généralement des années à se développer.
En outre, ces effets secondaires peuvent être stoppés ou réduits
par l’ajout de resvératrol, de metformine, de berbérine et de
quelques compléments comme les huiles oméga-3, le squalène
(huile de foie de requin ou huile d’olive) et la vitamine D (évitez
le CoQ10, car il aide les cellules cancéreuses à recycler le
glutathion – ce qui n’est pas bon si vous voulez provoquer
l’apoptose par la cascade des caspases). Aujourd’hui, de
nombreux patients atteints de cancer refusent de prendre des
statines en raison des effets secondaires annoncés, mais ils
acceptent de subir une chimiothérapie à haute dose dont la
toxicité est largement supérieure. Le traitement du cancer est
complètement différent du traitement des maladies cardio-
vasculaires. Les médias sont si alarmistes que j’observe les
craintes disproportionnées de nombreux patients à propos des
statines, sans rapport avec la nature et le pronostic de leur
maladie.
2. La grande camomille (parthelonide)194. Cette plante diminue le
taux de glutathion, génère des espèces réactives de l’oxygène et
active les caspases-7, -8 et -9.
3. Sulfasalazine. Certains cancers comme celui du pancréas sont
très difficiles à traiter par chimiothérapie. Les cellules sont
extrêmement résistantes et leur métabolisme est adapté. Le
sulfalazine permet de réduire le taux de glutathion et de rendre
les cellules sensibles à la chimiothérapie195, ce qui pourrait être le

310
coup de pouce supplémentaire dont le cancer a besoin pour entrer
dans une spirale fatale.

L’approche de pression-impulsion
Le professeur Thomas Seyfried, auteur de l’ouvrage Cancer as a
Metabolic Disease, est un partisan de l’approche de pression-impulsion.
Il pense qu’il faut stresser l’environnement du cancer en réduisant la
disponibilité des nutriments, par le régime cétogène et par un inhibiteur
de la glycolyse (2-désoxyglucose) associé à de l’EGCG,
l’oxygénothérapie hyperbare (OHB) et le sulfate de chloroquine, un
inhibiteur de la macropinocytose196. Il a obtenu de bons résultats grâce à
ce cocktail, chez les patients atteints de glioblastome ce qui prouve
l’efficacité de ce concept de privation à plusieurs volets. En regardant
mon plan de métro, vous pouvez voir quelles voies sont bloquées par
cette combinaison. Il a essayé d’administrer du DON (un puissant
inhibiteur de la glutamine) à des animaux, mais il a constaté que cette
méthode était trop toxique et qu’elle risquait de provoquer de graves
lésions intestinales et cérébrales. Il est un fervent défenseur des régimes
cétogènes qui semblent donner de meilleurs résultats pour les tumeurs
cérébrales, ce qui est un mystère pour moi, car ces tumeurs semblent
avoir un appétit pour les cétones197, mais peut-être que le cocktail est la
réponse. Ce régime est bénéfique pour certains patients, mais, à mon
avis, il est prudent d’y ajouter d’autres modalités de privation (comme la
berbérine qui cible la voie acétate/cétone en bloquant SREBP-1), et
d’adopter également une stratégie de blocage de la glutamine,
notamment des agents lysosomiaux comme la loratadine ou la
chloroquine198) pour éviter que le cancer ne devienne plus agressif et
plus difficile à traiter à long terme. D’après mon expérience, de
nombreux patients qui essaient ce régime pour traiter leur cancer ont du
mal à atteindre la cétose pendant de longues périodes, mais le régime
encourage au moins la consommation d’aliments à faible indice
glycémique. Si ce régime est adopté, il est peut-être préférable de faire
une cure de cétose pendant un ou deux jours plutôt que de le suivre
strictement pendant de longues périodes. Toutefois, en cas d’épilepsie à
la suite d’une tumeur cérébrale, le régime cétogène peut être très

311
bénéfique pour réduire les crises, mais la berbérine pourrait peut-être
avoir le même effet199.
Valter Longo, gérontologue à l’université de Californie du Sud et
auteur du régime de longévité, a également prouvé l’efficacité de la
privation de nutriments du cancer. Il a démontré que la destruction du
cancer était renforcée par un «régime imitant le jeûne» de cinq jours, au
cours duquel certains aliments spécifiques sont supprimés, suivi d’une
chimiothérapie à faible dose. Il a montré qu’il obtenait ainsi une
meilleure régression du cancer, ainsi qu’une augmentation des
lymphocytes infiltrant la tumeur (des globules blancs capables de
détruire les cellules cancéreuses), donc une augmentation de la réponse
immunitaire200. Malheureusement, Longo semble avoir l’impression que
les statines réduisent la durée de vie et il déconseille d’en prendre. Je
suppose qu’il a examiné les effets cardio-vasculaires rapportés, sans tenir
compte de la synergie et du potentiel de l’association statine et
dipyridamole ou des avantages des statines pour les patients atteints de
cancer. Les statines augmentent le temps de survie de manière
spectaculaire201.

312
Résumé

Voici un résumé de mon protocole: affamer le cancer, empêcher sa


propagation, l’éteindre.

1. Affamer le cancer en utilisant les quatre modalités suivantes:


l’exercice physique, l’alimentation, les compléments et les
médicaments hors AMM. Les modifications du mode de vie sont
aussi importantes que les médicaments.
a) Adopter en permanence un régime à faible indice
glycémique. Sans tricher! Éviter tous les sucres simples.
Consulter la méthode Montignac pour connaître les grandes
lignes de ce régime et les indices glycémiques des aliments,
mais ne pas oublier qu’il s’agit d’un régime conçu pour
perdre du poids et améliorer la santé cardio-vasculaire et non
pour lutter contre le cancer. Montignac est mort à 63 ans
d’un cancer de la prostate, qui se nourrit de graisses et de
protéines. Le régime Montignac ne suffit pas à lui seul, mais
l’on peut envisager les changements alimentaires comme un
traitement qui facilite le processus. Avec un peu de chance,
les aliments proscrits pourront être réintroduits de temps en
temps par la suite. Si le cancer est lié à la glutamine, il est
nécessaire de supprimer la viande rouge et la volaille (source
d’asparagine), de réduire les autres protéines (même les
haricots contiennent du glutamate) et d’adopter un régime
principalement pescétarienz. Tous les cancers ont besoin de
graisses. Il est donc conseillé de supprimer les graisses
saturées. Je recommande de consommer de l’huile
d’argousier et de compléter avec des huiles oméga-3 pour
leurs effets anti-inflammatoires et leurs effets de régulation
des lipides. Je recommande d’être raisonnable et d’éviter de
suivre un régime vraiment «extrême».

313
b) Intégrer le jeûne intermittent (alimentation restreinte dans le
temps) au régime, mais pas pour des périodes prolongées
pendant la durée du cancer. Jeûner un ou deux jours par
semaine ou ne plus manger après 18 h, jusqu’à 11 h ou midi
le lendemain. Réduire les portions, en particulier le soir. Se
fixer des objectifs réalisables, mais rester ferme et faire le
maximum pendant trois mois.
c) Faire de l’exercice. Au minimum, une marche rapide de
quinze minutes après chaque repas, en serrant les fessiers! Et
davantage si possible. Éviter les sports extrêmes qui risquent
d’affaiblir l’immunité. Faire une promenade de 15 minutes
après le dîner plutôt que de regarder la télévision sur le
canapé portera ses fruits. En l’absence d’activité physique
après le repas, les mauvais éléments restent dans le système
et sont disponibles comme carburant du cancer pendant la
nuit.
d) Se renseigner sur les médicaments hors AMM dans mon
groupe Face-book. Les médicaments que je recommande le
plus pour éliminer le cancer sont: l’aspirine, la metformine,
les statines lipophiles, le dipyridamole, le mébendazole, la
doxycycline, le niclosamide Faire des choix. Tous ces
médicaments ont des «effets pléiotropes» (plusieurs cibles).
Je conseille de privilégier ceux qui présentent un faible
risque d’effets secondaires. Associer des médicaments et des
compléments qui ciblent des voies différentes plutôt que la
même voie, sinon il n’y aura pas de synergie. Ne pas
s’automédicamenter ni s’auto-prescrire un traitement, car les
doses doivent être augmentées avec précaution et
progressivement. Prendre garde aux interactions
médicamenteuses et toujours consulter un professionnel de la
santé avant de prendre l’un de ces produits.

2. Ajouter des compléments comme la berbérine, le Gymnema


sylvestre, le picolinate de chrome, l’hydroxycitrate, la lutéoline,
les vitamines A, B, D, K, le magnésium, l’acide ursolique, la
curcumine, l’EGCG, le resvératrol, le sulfate de glucosamine, la
niacine, les oméga-3 et les oméga-7. Ne pas oublier de surveiller

314
la glycémie à l’aide d’un glucomètre. Pour la plupart des
personnes en bonne santé, la glycémie normale se situe entre 4,0
et 5,4 mmol/l (72 à 99 mg/dl) à jeun. Une glycémie allant jusqu’à
7,8 mmol/l (140 mg/dl) deux heures après le repas est considérée
comme normale, mais pas idéale en cas de cancer. Ce taux doit
être plus bas. Les taux postprandiaux ne doivent pas descendre en
dessous d’une valeur de 4. Ce type de régime est dangereux pour
les diabétiques de type 1.

3. Prendre un AINS plus puissant (étodolac, célécoxib, diclofénac


ou la version liposomale de l’ibuprofène) avec une statine pour
déclencher l’apoptose. Pour un effet anti-cancer optimal, je pense
que cette stratégie devrait également être associée à une
chimiothérapie métronomique à faible dose et à de la vitamine C
par voie intraveineuse. Si cela ne suffit pas pour réduire (tuer) les
tumeurs, on pourra ajouter d’autres médicaments qui abaissent le
taux de glutathion et des traitements par oxygène.

4. Adopter une attitude proactive. Ne pas attendre pas que le


cancer progresse pour agir. Cela ne fera qu’alourdir la tâche et la
rendre plus difficile. Malheureusement, je vois régulièrement des
personnes attendre que le cancer réapparaisse avant de faire quoi
que ce soit. La prévention est cruciale.

5. Découvrir les facteurs métaboliques individuels du cancer en


recherchant des indices dans PubMed. Dans Google, taper
«phénotype métabolique» puis le nom d’un cancer (par exemple,
un mélanome). Rechercher dans les articles les mots qui
correspondent aux termes du plan de métro que j’ai conçu pour
déterminer s’il s’agit de glucose, de glutamine, de lactate, de
cétone (SREBP-1), de lipides ou de tous ces éléments. Le cancer
de la prostate, par exemple, utilise la glutaminolyse, l’arginine et
la lipogenèse (synthèse des acides gras), mais pas la glycolyse
avant les derniers stades. La vitamine C par voie intraveineuse et
le 2-DG ou le DCA, par exemple, ne sont donc pas une priorité
dans ce type de cancer. Il est toujours utile de bloquer la voie de
la glycolyse (avec la vitamine C par voie intraveineuse) pour

315
éviter qu’elle soit utilisée lorsque la voie de l’OXPHOS est
bloquée. Les médicaments qui ciblent plus un côté du triangle
devraient être inclus dans chaque programme.

6. Chercher quelles sont les modifications génétiques de la


tumeur (l’histologie). Les mutations et les gènes surexprimés
rendent les cellules cancéreuses plus avides que jamais de
certains nutriments et affectent le métabolisme de différentes
manières. Les oncogènes activent les cellules cancéreuses et les
gènes suppresseurs les désactivent. Lorsque les oncogènes sont
activés dans un cancer, c’est comme si l’on appuyait
constamment sur une pédale d’accélérateur pour permettre au
cancer de progresser. Si les gènes suppresseurs sont désactivés,
c’est comme si l’on retirait les freins de la voiture, ce qui permet
au cancer de progresser de manière incontrôlée. Les oncogènes et
les gènes suppresseurs peuvent être modifiés «de manière
épigénétique», c’est-à-dire en modifiant les stimuli
environnementaux autour des cellules. De petits brins de
«microARN» transportent des informations de l’extérieur vers
l’intérieur de la cellule pour contrôler les gènes et leur
expression. Le régime alimentaire, les compléments alimentaires,
l’exercice physique et les médicaments exercent tous une
influence sur l’activité des gènes et peuvent les désactiver ou les
activer. Le fait d’avoir une mutation du gène BRCA ne signifie
pas que vous devez automatiquement subir une intervention
chirurgicale. Tous les cancers partagent certaines propriétés
métaboliques communes, mais ils présentent également des
sensibilités distinctes en fonction de leur profil de mutation
oncogène. Ces informations sont importantes pour personnaliser
le régime alimentaire et le traitement:
• P13K/Akt augmente le transport du glucose (récepteurs Glut),
la glycolyse et la lipogenèse;
• Le gène p53, suppresseur de tumeurs, participe à la
phosphorylation oxydative normale des mitochondries.
Lorsqu’il est supprimé ou muté, ce qui est fréquent dans un
grand nombre de cancers, il favorise le passage à la
fermentation du glucose dans le cytoplasme;

316
• MYC stimule la glutaminolyse mitochondriale et la
dépendance à la glutamine ainsi que la glycolyse et
l’oxydation des acides gras202;
• Le gène Src régule la glycolyse. Src-3 augmente le
métabolisme des œstrogènes203;
• HER2 et EGFR augmentent la glycolyse, la glutaminolyse et
le métabolisme des graisses;
• Les mutations de Braf aiment les cétones204;
• Ras induit une plus grande consommation de glucose, une
accumulation de lactate et une réduction de l’activité
mitochondriale (moins d’OXPHOS)205;
• Kras, un oncogène Ras plus agressif, rend les cellules plus
dépendantes du glucose et de la glutamine dans la majorité
des cancers du pancréas.

Ces cancers utilisent un processus appelé la «macropinocytose», qui


permet de récupérer des nutriments de leur environnement
extracellulaire. Ce processus est probablement amplifié dans de
nombreux cancers avancés (stade IV), car ils deviennent plus agressifs.
(Voir l’action du dipyridamole et de la chloroquine qui contribuent tous
deux à bloquer ce processus.)

7. Demander une évaluation régulière des marqueurs


métaboliques afin de pouvoir suivre l’évolution de la maladie.
• Marqueurs antigéniques (CA15-3 est un marqueur du cancer
du sein. Le taux d’antigène CA19-9 peut être élevé dans le
sang de certains patients atteints de tumeurs gastro-
intestinales. Le CA-125 est un marqueur pour la surveillance
du cancer de l’ovaire, ACE, le SCC, etc.);
• Test TM2PK (également connu sous le nom de PKM2);
• Taux de lactate déshydrogénase (LDH);
• La tomographie par émission de positons montre l’absorption
de glucose. D’autres traceurs permettent de suivre
l’absorption de la glutamine (protéine), de la phosphocholine
(graisse) et des cétones sur les scanners TEP, mais

317
malheureusement, ils viennent juste d’être introduits. Un jour,
ces tests deviendront la norme;
• La mesure du rapport entre le lactate produit et le glucose
consommé (mol/mol) permet de déterminer l’efficacité
glycolytique de votre tumeur;
• Les examens qui détectent la consommation d’oxygène
révèlent l’«effet Warburg inverse», une augmentation de la
phosphorylation oxydative (mitochondries super chargées) et
une augmentation de lactate. Elle est visible sur des IRM
particulières qui suivent le taux de consommation d’oxygène
sensible à l’oligomycine (mitoOCR);
• La présence des éléments suivants dans une tumeur suggère
que des cétones sont utilisées (le régime cétogène doit donc
être évité):
- Succinyl CoA: 3 Oxoacide CoA Transférase (OXCT1);
- 3-hydroxybutyrate déshydrogénase 1 et 2 (BDH1 et
BDH2);
- Acétyl-CoA acétyltransférase 1 (ACAT1).
À ce jour, aucun de ces tests, à l’exception du TEP glucose, de la
LDH et des marqueurs antigéniques, n’est régulièrement utilisé.
Il revient aux patients de les exiger et de faire pression pour
obtenir de meilleurs traitements et services.

8. Consulter un praticien en médecine fonctionnelle. Effectuer


des tests pour connaître le statut en micronutriments, contrôler la
thyroïde, les taux de DHEA et faire des analyses de selles (pour
détecter les parasites) ainsi que des tests génétiques. Il est
essentiel d’avoir une bonne compréhension du corps et du cancer,
et de savoir ce dont le corps a besoin ou non. Chaque personne
est différente.

9. Associer les traitements.


• Prendre des médicaments qui ciblent les anomalies
génétiques, s’ils sont disponibles, pour affaiblir et réduire les
cellules qui se divisent rapidement.

318
• Prendre des médicaments d’immunothérapie avec précaution,
sachant qu’ils ne sont efficaces que lorsque le microbiome est
sain206 (notamment avec suffisamment de bifidobactéries) et
lorsque les facteurs de croissance et le métabolisme anormal
ont été traités. Sinon, il sera nécessaire prendre des quantités
de plus en plus importantes, avec de plus en plus de toxicité.
Le risque est d’arriver à un point où le système immunitaire
s’effondre, tout simplement. Les médicaments
d’immunothérapie entraînent une inflammation et une auto-
immunité importantes.

10. D’autres traitements peuvent être ajoutés au protocole pour


augmenter les chances de se débarrasser du cancer (par exemple,
la thérapie photodynamique, les ultrasons à haute fréquence
d’intensité, la radiothérapie stéréotaxique, le cyberknife ou
Proton Beam, l’hyperthermie).

11. Cibler les facteurs de croissance et les MMP avec des


compléments et des médicaments. La matrice extracellulaire
joue un rôle essentiel et le blocage des métalloprotéinases
matricielles (MMP) ainsi que du FGF, du VEGF et du PDGF doit
être envisagé pour arrêter la croissance. En effet, c’est
généralement la propagation métastatique qui entraîne le décès
du patient.

12. Bloquer les œstrogènes qui sont à l’origine de certains


cancers, notamment dans les cancers du col de l’utérus, du sein,
de la prostate, du poumon et du cerveau. L’indole-3-carbinol ou
DIM, la mélatonine, la métformine et, bien sûr, le tamoxifène.
Ces deux derniers composés bloquent également l’IGF-1208.

13. Rechercher des médicaments/compléments pour cibler les


voies de signalisation anormales spécifiques de la tumeur
(Sonic Hedgehog, Wnt, Notch). Ces informations peuvent être
obtenues auprès d’un oncologue ou en consultant des revues
médicales en ligne.

319
14. Renforcer l’immunité. Envisager de prendre de la cimétidine
pendant trois mois après le traitement si la réponse immunitaire
est davantage une réponse Th2, comme dans mon cas (tester les
réponses IL5 et IL12 et TNF bêta). Divers champignons chinois
(ex.: maitake, Coriolus versicolor ou Queue de Dinde) aideront à
obtenir une meilleure réponse immunitaire. La mélatonine
fonctionne particulièrement bien avec l’IL2 (interleukine 2) pour
le traitement de certains cancers, par exemple celui du rein.

15. Oxygéner en utilisant de la vitamine C ou de la vitamine C


liposomale (ascorbate) par voie intraveineuse à haute dose, au
moins 3 fois par semaine, en s’assurant que les voies des lipides
et de la glutamine sont également bloquées. Seul, ou utilisé
uniquement avec des inhibiteurs de la glycolyse, ce traitement est
voué à l’échec. Inclure une OHB (oxygénothérapie hyperbare) ou
des infusions d’ozone.

16. Éviter le stress, autant que possible. Méditation, visualisations,


yoga, Pilates, bains relaxants! En cas de stress important, le
propranolol peut être un bon choix pour aider à bloquer la
propagation du cancer (inhibiteur des MMP-2 et 9, inhibiteur du
VEGF) et pour calmer (attention, il ne peut pas être pris avec le
dipyridamole). Le taux de cortisol est le plus élevé le matin
(parfois, je prends du propranolol le matin, du dypridamole le
soir – toujours vérifier auprès d’un médecin).

17. Analyser le stade de la maladie et faire ses propres


recherches. Les oncologues prennent des décisions au nom des
patients. S’attendent-ils à ce que ceux-ci se rétablissent ou
proposent-ils des soins palliatifs sous couvert d’un traitement
curatif? Il est important de tenir la barre et de savoir ce que les
médecins pensent vraiment. Pour prendre les meilleures
décisions, les patients ont besoin qu’on leur dise la vérité, et non
des platitudes rassurantes. Les statistiques ne s’appliquent pas à
tous les patients. Il faut poser des questions, au risque d’agacer!
Demander ce que l’oncologue attend véritablement du traitement.
Est-ce qu’il travaille en vue d’une guérison ou est-ce qu’il assiste

320
simplement d’observer une bombe à retardement, en essayant
juste de minimiser l’impact? Si le patient est courageux, il peut
demander une idée approximative de pronostic (surtout pour
évaluer les attentes de l’oncologue, pas celles du patient), mais il
est important de se rappeler que ce pronostic est 100% périmé et
faux! Il ne faut pas se décourager, mais le pronostic peut guider
les actions à accomplir. Plus le pronostic est mauvais, plus il est
important d’agir.

18. S’organiser. Consulter mon site Internet


(www.howtostarvecancer.com) pour télécharger un tableau ou,
pour un bon suivi, utiliser une application de prise de
médicaments. Faire une liste des médicaments à prendre avec les
heures de prise. Conserver les adresses des sites et les numéros
de téléphone des fournisseurs pour les commandes ultérieures.
Consacrer une heure par semaine à la préparation des comprimés
pour la semaine suivante.

19. Écouter son intuition, mais ne pas toujours suivre son


instinct. On peut avoir envie de manger du sucre (depuis
l’intestin, de vilaines créatures envoient des messages de
supplication au cerveau), en particulier si un régime pauvre en
sucre est adopté soudainement et si des médicaments et des
compléments alimentaires sont ajoutés pour lutter contre le
cancer.

20. Garder l’esprit ouvert! De nombreuses personnes


recommandent d’éviter la chimiothérapie à tout prix ou les
médicaments, ou les deux. Éviter les opinions tranchées sur ce
sujet, car on peut facilement passer à côté de quelque chose
d’important. Ne pas oublier que la chimiothérapie métronomique
à faible dose est complètement différente de la chimiothérapie
classique qui administre habituellement la dose maximale tolérée.

Notre révolution

321
Le cancer est compliqué. Mais pas aussi compliqué que l’industrie
pharmaceutique voudrait le faire croire. Il faut lire beaucoup pour se
faire une idée de l’ampleur de la contribution requise et je suis
consciente qu’il y a énormément d’informations à assimiler lorsque l’on
vient de recevoir un diagnostic. J’invite les patients à consulter un
praticien de médecine intégrative, il y en a de plus en plus. J’invite aussi
les patients à rejoindre mon groupe Facebook
(www.facebook.com/groups/off.label.drugsforcancer) et à consulter mon
site Internet pour obtenir de l’aide si ces informations sont accablantes
(www.howtostarvecancer.com).
Vaincre le cancer demande du dévouement et de l’engagement. Je
crois fermement que presque tous les cancers, même ceux de stade IV,
peuvent être inversés (à moins que les organes ne soient trop
endommagés) et qu’il est possible d’obtenir une rémission à long terme
(une «guérison») sans les énormes doses toxiques de chimiothérapie et
de radiothérapie qui constituent la norme actuelle en matière de soins.
Les systèmes immunitaires seront moins endommagés et il sera
beaucoup plus facile de retrouver la pleine santé si cette approche est
adoptée, ce qui est sûrement le but ultime pour chaque patient.
Les oncologues sont obligés de ne prescrire que des médicaments
«approuvés», mais imaginez ce qui se passerait s’ils étaient autorisés à
utiliser leur formation, leur expérience et leur expertise pour guider et
personnaliser les traitements en ayant également recours à des
médicaments sûrs hors AMM? L’objectif est bien de sauver des vies,
n’est-ce pas? Pourtant, les patients continuent de mourir en masse, car
les oncologues sont obligés de prescrire des posologies dépassées et
d’attendre que le General Medical Council et le NICE approuvent
l’utilisation de médicaments hors AMM et les combinaisons de
médicaments. Se sentiront-ils enfin plus libres un jour? Plus que jamais,
le monde a besoin de davantage de médecins «révoltés» prêts à traiter le
corps de manière holistique et de plus de praticiens intégratifs capables
de fournir de la vitamine C par voie intraveineuse, de l’ozone, une
irradiation sanguine par ultraviolets, de l’hyperthermie, de l’oxygène
hyperbare et même de proposer des transplantations fécales aux
personnes gravement malades. Je rêve de diriger un jour ma propre

322
clinique et d’offrir tout ce dont un patient atteint d’un cancer a besoin
pour retrouver la santé.
Aujourd’hui, je continue à prendre de la berbérine et/ou de la
metformine et une demi-aspirine par jour, et je prends toujours une
quinzaine de compléments essentiels. Je prends soin de mon intestin
avec une bonne alimentation, je prends parfois des probiotiques et des
prébiotiques pour que mon système immunitaire fonctionne de manière
optimale. J’ai régulièrement recours au jeûne intermittent en m’abstenant
de manger pendant seize ou dix-huit heures entre les repas. Plusieurs fois
par an, je jeûne pendant quelques jours pour régénérer les cellules
souches immunitaires. Si mon immunité baisse, je prends une dose
supplémentaire de cimétidine à court terme (pendant quelques semaines)
et je prends rendez-vous pour recevoir de la vitamine C par voie
intraveineuse. Si je panique à l’idée que le cancer puisse revenir – ce qui
arrive, car je ne suis qu’un être humain, mais, touchons du bois, je n’ai
eu que de fausses alertes, jusqu’à présent –, je prends mon cocktail
composé de dipyridamole, de statine, d’un AINS puissant, de
metformine et de berbérine pendant quelques semaines. Je suis en bonne
santé.
J’espère que la lecture de ce livre ne découragera pas les patients face
à la tâche qui les attend. Mon protocole comporte beaucoup de
médicaments et de compléments, mais l’on s’habitue à les prendre.
Toujours, bien sûr, sous la direction d’un médecin. Il est crucial de ne pas
abandonner, car prendre un ou deux médicaments à faible toxicité
pourrait faire pencher la balance et protéger du cancer au lieu de subir la
maladie. Je fais des efforts et les récompenses sont immenses. Mon corps
est rajeuni. Je me sens mieux, plus en forme, plus forte que jamais et
plus jeune qu’il y a quinze ans! Les patients doivent croire en leurs
capacités. Tout le monde peut y arriver. Allez-y! Faites-le. Les patients
trouveront force et solidarité dans mon groupe Facebook et, ensemble,
nous pouvons déclencher une révolution mondiale. Elle n’a que trop
tardé.

323
z. NdT: régime à base de poissons et légumes.

324
Références utiles et lectures
complémentaires

D
es experts du métabolisme du cancer issus du monde entier se
sont réunis à Baltimore pour la retraite Tripping Over the Truth,
organisée en 2017 par la George Yu Foundation for Nutrition
and Health et la famille Reichhart. Leurs interventions sont désormais
disponibles en ligne. Parmi les intervenants figuraient le Dr George Yu,
Jane McLelland, Travis Christofferson, le professeur Thomas Seyfried,
Young Hee Ko Ph.D., le Dr Gregory Riggins, le Dr Akbar Khan, le Dr
Nasha Winters, Miriam Kalamian, le Dr Laurent Schwartz et bien
d’autres encore. Pour plus d’informations, consultez le site
www.howtostarvecancer.com ou YuFoundation.org. Vous trouverez des
discussions et des interprétations d’articles de recherche sur les
médicaments et les compléments mentionnés dans mon livre sur mon
groupe Facebook et sur mon site www.howtostarvecancer.com.
Les références suivantes sont issues du site Internet de la Care
Oncology Clinic.

1. Fournier A., Berrino F., Clavel-Chapelon F. Unequal risks for breast cancer
associated with different hormone replacement therapies: results from the
E3N cohort study. Breast Cancer Research and Treatment. 2008;
107(1):103-111.
2. Voir Doctored Results de Ralph Moss.
3. J’ai découvert par la suite que j’étais atteinte de Blastocycstis hominis, un
parasite intestinal courant.
4. Les marques de Niacine No-Flush sont maintenant disponibles.
5. Elwood Peter C. et al. Aspirin in the Treatment of Cancer: Reductions in
Metastatic Spread and in Mortality: A Systematic Review and Meta-
Analyses of Published Studies. PLOS ONE. 2016; 11(4):e0152402 DOI:
10.1371/journal.pone.0152402.

325
6. L’utilisation à long terme de la cimétidine (pendant des années) a été
associée à des cas de gynécomastie (augmentation du volume des seins) et
d’hyperprolactinémie, ce qui signifie qu’elle a peut-être une composante
hormonale que certains cancers devraient éviter. Mais à court terme, les
avantages, à mon avis, peuvent l’emporter sur ces inconvénients.
7. Benefits of daily aspirin outweigh risk to stomach, study suggests. Science
Daily, 30 novembre 2016.
8. Restivo A., Cocco IMF., Casula G., Scintu F., Cabras F., Scartozzi M.,
Zorcolo L. Aspirin as a neoadjuvant agent during preoperative
chemoradiation for rectal cancer. Br J Cancer. 2015; 113 (8) 1133–1139.
9. L’hydroxycitrate, le jeûne, les statines et la metformine auraient pu aider,
mais n’ont pas encore fait l’objet d’un article.
10. Dans notre corps, l’intestin, les follicules pileux et les cellules de la moelle
osseuse qui fabriquent les globules rouges se divisent beaucoup plus
rapidement que les autres cellules de l’organisme. Les cellules
immunitaires de l’intestin se renouvellent rapidement, tous les quatre ou
cinq jours, d’où les dommages collatéraux causés à la paroi de l’intestin. Il
en va de même pour la perte de cheveux et l’altération de la moelle
osseuse. Donc la rétention du médicament de chimio dans les cellules
jusqu’à ce qu’elles commencent à se diviser augmente considérablement
son efficacité. Le professeur Ben Williams, un survivant à long terme d’un
glioblastome (cancer du cerveau) a utilisé le vérapamil, un inhibiteur des
canaux calciques pendant la chimiothérapie, en tant que médicament hors
AMM.
11. Une étude publiée en 2016 dans le British Medical Journal a analysé la
survie des patients à cinq ans: «Un effet important [de la chimiothérapie]
sur la survie à cinq ans n’a été démontré que pour le cancer des testicules
(40%), la maladie de Hodgkin (37%), le cancer du col de l’utérus (12%), le
lymphome (10,5%) et le cancer des ovaires (8,8%). Ensemble, ils
représentaient moins de 10% de tous les cas. Chez les 90% de patients
restants, y compris ceux atteints des tumeurs fréquentes du poumon, de la
prostate, du côlon-rectum et du sein, la chimiothérapie a augmenté la survie
à cinq ans de moins de 2,5%, ce qui représente un bénéfice de survie
globale d’environ trois mois.» Dr Peter Wise. Le chiffre de 12% de survie
pour le cancer du col de l’utérus concernait le cancer primaire avec
propagation lymphatique. http://www.bmj.com/content/355/bmj.i6027
12. Il a également participé à la formulation d’un produit appelé Chemolieve,
qui sera lancé prochainement, dans lequel il n’a apparemment aucun intérêt
commercial.

326
13. De nombreux cancers utilisent la glutamine et le glucose. Certains utilisent
plus de glutamine que de glucose, notamment le cancer du sein triple
négatif, le cancer des ovaires ou du pancréas, les glioblastomes et les
cancers de la prostate les plus agressifs. Les cellules malignes créent
beaucoup d’ammoniac, un sous-produit de leur métabolisme excessif et
elles ont besoin de glutathion (un antioxydant) pour le neutraliser. Sans
cela, elles sont très vulnérables à la mort cellulaire à cause de la présence
de radicaux libres.
14. Nars, M. S. et Kaneno, R., Immunomodulatory effects of low dose
chemotherapy and perspectives of its combination with immunotherapy.
Int. J. Cancer. 2013;132:2471-2478. DOI:10.1002/ijc.27801.
15. La glutamine peut être fabriquée de toutes pièces dans l’organisme ou elle
peut circuler d’un endroit à un autre pour fournir les nutriments dont le
cancer a besoin.
16. Le scientifique allemand Otto Warburg, lauréat du prix Nobel, a remarqué
la fermentation anormale du glucose (glycolyse) dans les cellules
cancéreuses dans les années 1920.
17. Malheureusement, Pauling a maintenant une page sur Quackwatch, un site
écrit par des individus endoctrinés par la Pharma. L’ignominie persiste,
perpétuant l’idée que la vitamine C est inutile.
18. Une formulation «liposomale» signifie que la molécule est encapsulée dans
des lipides afin de pouvoir traverser le tube digestif dans l’intestin grêle et
passer directement dans le sang.
19. https://now.uiowa.edu/2017/01/why-high-dose-vitamin-c-kills-cancer-cells
20. Cieslak JA., Cullen JJ. Treatment of Pancreatic Cancer with
Pharmacological Ascorbate. Current pharmaceutical biotechnology.
2015;16(9): 759-770.
21. Levine M. et al. Ascorbate in pharmacologic concentrations selectively
generates ascorbate radical and hydrogen peroxide in extracellular fluid in
vivo. Proceedings of the National Academy of Sciences. Mai 2007; 104 (21)
8749-8754.
22. Le professeur Michael Lisanti, de l’université de Salford, à Manchester, a
étudié les effets de la doxycycline, de la vitamine C par voie intraveineuse
et de la berbérine, avec des résultats stupéfiants. De Francesco EM.,
Bonuccelli G., Maggiolini M., Sotgia F., Lisanti MP. Vitamin C and
Doxycycline: A synthetic lethal combination therapy targeting metabolic
flexibility in cancer stem cells (CSCs). Oncotarget. 2017; 8(40): 67269-
67286. DOI: 10.18632/ oncotarget.18428.

327
23. En fait, les scientifiques ont découvert au moins sept virus cancérigènes et
je pense que d’autres restent à découvrir. Le microenvironnement tumoral
peut également héberger de nombreux agents pathogènes, qu’il s’agisse de
parasites, de bactéries, de protozoaires ou de champignons.
24. Voir les ressources en ligne sur www.howtostarvecancer.com
25. Compte tenu des implications considérables des superbactéries, une crise
imminente pour laquelle nous n’avons actuellement aucune solution
pharmaceutique, l’utilisation de l’UBI pourrait être facile et peu coûteuse.
Comme l’indique le site Internet de la clinique Riordan: «Cela entraîne
l’induction d’une destruction secondaire de ces agents infectieux dans
l’ensemble du corps. Le traitement de seulement 35 cc de sang avec l’UBI
induit une réponse systémique bénéfique.»
26. La tendance actuelle en ce qui concerne les bactéries résistantes – comme
le SARM ou le clostridium difficile – est le transfert de microbiote fécal
(oui, les transplantations de caca – ne vomissez pas). Le SARM tue
aujourd’hui plus de personnes que le SIDA, et la tuberculose a désormais
une souche résistante. Peut-être qu’à l’avenir, il y aura des cliniques UBI
dans chaque cabinet médical, où les patients pourront se présenter pour un
traitement semestriel. L’UBI sera-t-elle efficace contre ces superbactéries,
seule ou en complément des antibiotiques et de la FMT? La phagothérapie
(virus qui tuent les bactéries) est une autre option, des phages spécifiques
étant élevés pour combattre des infections spécifiques, une thérapie contre
les bactéries utilisée depuis des décennies en Russie.
27. Les vitamines C et E administrées par voie orale à faible dose peuvent aider
à recycler le glutathion, ce qui n’aura pas l’effet anticancéreux recherché.
Au contraire, il aura l’effet inverse et maintiendra une cellule maligne
immortelle.
28. La glutamine est excellente pour guérir un intestin qui fuit et pour aider à
armer les globules blancs, en particulier les cellules tueuses naturelles. Elle
est également vitale pour les plaques de Peyers, où se trouve une grande
partie du système immunitaire. Je recommande de l’utiliser en même temps
que l’arginine (à moins d’avoir un cancer alimenté par l’arginine). Les deux
sont essentiels dans cette bataille.
29. J’ai découvert plus tard que c’est l’une des raisons pour lesquelles la
metformine est utile dans le traitement du cancer – elle réduit l’IGF-1, qui à
son tour réduit l’absorption de cystéine et donc le glutathion.
30. Iannitti T., Palmieri B. An Update on the Therapeutic Role of
Alkylglycerols. Marine Drugs. 2010; 8 (8): 2267-2300. DOI:
10.3390/md8082267.

328
31. Mitre R., Etienne M., Martinais S., Salmon H., Allaume P., Legrand P. &
Legrand A. Humoral defence improvement and haematopoiesis stimulation
in sows and offspring by oral supply of shark-liver oil to mothers during
gestation and lactation. British Journal of Nutrition. 2005; 94(5), 753-762.
32. Pédrono F. et al. -O-Alkylglycerols reduce the stimulating effects of bFGF
on endothelial cellproliferation in vitro. Cancer Letters. Volume 251, N°
2,317-32.
33. Zasloff M. et al. Squalamine as a broad-spectrum systemic anti viralagent
with therapeutic potential. Proceedings of the National Academy of
Sciences. 2011; DOI: 10.1073/pnas.1108558108.
34. Peyton Rous, M.D. The Influence of Diet on Transplanted and Spontaneous
Mouse Tumours. J Exp Med. 1914 Nov 1;20(5):433-51. doi:
10.1084/jem.20.5.433.
35. Tannenbaum A. and Silverstone. The initiation and growth of tumors.
Introduction. I. Effects of underfeeding. American Journal of Cancer.
1940; 38:335-350
36. Certains haricots sont en effet très riches en glutamate, un carburant pour le
cancer.
37. Hatzivassiliou G., Zhao F., Bauer D.E., Andreadis C., Shaw A.N., Dhanak
D., Hingorani S.R.,Thompson C.B. ATP citrate lyase inhibition can
suppress tumor cell growth. Cancer Cell. 2005; 8 (4), p. 311-321.
38. Nahas R., Moher M. Complementary and alternative medicine for the
treatment of type 2 diabetes. Canadian Family Physician. 2009;55(6): 591-
596.
39. L’acide nicotinique est parfois utilisé en association avec des statines pour
réduire le cholestérol LDL, mais cela peut augmenter le risque de
problèmes musculaires. Une version à libération lente peut être plus sûre.
40. La génétique n’est responsable que de 5 à 10% des cancers.
41. L’infection par le HPV est considérée comme l’infection sexuellement
transmissible la plus courante, mais comme tous les virus, elle n’est
«contagieuse» que pendant une courte période lorsqu’elle est active. Ces
rétrovirus accèdent à l’ADN humain et lorsque l’ADN est «relâché» (les
histones perdent leur polarité) et muté, ils déclenchent d’autres
changements mutagènes, ce qui accélère la division cellulaire. C’est
pourquoi ils sont souvent considérés comme la «cause» (un autre dogme
erroné) bien qu’ils soient «en aval» des changements métaboliques
(acétylation des histones/de l’ADN).

329
42. 40 à 100% de la population mondiale présentent des anticorps CMV dans le
sang. Ces anticorps sont la preuve qu’il y a eu une infection, la prévalence
la plus élevée étant observée dans les pays en voie de développement.
43. Ils doivent se pencher sur la voie PPAR gamma. C’est, à mon sens, la voie
la plus importante pour la régulation de notre métabolisme. Elle commence
dans l’intestin, est nécessaire pour la prévention et également critique pour
le traitement.
44. Qinghui M. et al. Leaky Gut As a Danger Signal for Autoimmune
Diseases. Front Immunol. 2017; May 23;8:598. doi:
10.3389/fimmu.2017.00598.
45. Certains chercheurs ont rapporté avoir pu cultiver B. hominis chez 46% des
patients souffrant du syndrome du côlon irritable.
46. Il est intéressant de noter que les autres co-infections qu’elle accuse d’être à
l’origine d’une baisse de la fonction thyroïdienne sont H. pylori, SIBO
(prolifération de bactéries dans l’intestin grêle), la prolifération de levures
et la réactivation du virus d’Epstein-Barr. Autant d’éléments que je
considère également comme d’éventuelles conditions sous-jacentes de
nombreux cancers.
47. Le médicament est généralement le métronidazole, mais son efficacité peut
être améliorée par l’utilisation d’un cocktail de médicaments. L’ajout de
doxycycline et du mébendazole pourrait être approprié, car ces composés
ont tous deux des effets anticancéreux. Le probiotique Saccharomyces
boulardii s’est révélé efficace, voire meilleur. Il s’agit d’une levure non
pathogène qui empêche les agents pathogènes de coloniser la muqueuse de
l’intestin. Elle améliore également la réponse immunitaire et stabilise la
barrière gastrointestinale.
48. Lors d’un essai clinique randomisé mené auprès d’enfants symptomatiques
dont les selles étaient positives à Blastocystis, les taux de guérison clinique
et parasitologique ont été de 94,4% avec S. boulardii, contre 73,3% dans le
groupe traité au métronidazole. Ces résultats remettent en question les
directives de traitement existantes.
49. Les vitamines B favorisent la méthylation, qui est essentielle pour la
stabilité de l’ADN, la régulation épigénétique de l’IGF-2 et pour empêcher
les carcinogènes de provoquer d’autres mutations. De nombreux patients
ont des carences en cette vitamine, et une supplémentation en acide folique
plutôt qu’en folate peut aggraver la situation si vous êtes porteur d’une
mutation génétique courante appelée MTHFR. Près de 25% de la
population présente des mutations du MTHFR, ce qui signifie que ces
personnes sont incapables de traiter l’acide folique à moins de recevoir la

330
forme activée sous forme de 5-méthyltétrahydofolate. Sous une forme
inadéquate, l’acide folique peut même être toxique (c’est malheureusement
la forme utilisée dans les céréales et le pain enrichis).
50. «Tout effet négatif de la consommation d’alcool [sur le risque de cancer du
sein] peut être réduit par un apport alimentaire suffisant en folate», Laura
Baglietto, senior researcher au Cancer Council Victoria, Australie.
Baglietto L., English D., Gertig D., Hopper J. & Graham G. Does dietary
folate intake modify effect of alcohol consumption on breast cancer risk?
Prospective cohort study. BMJ. 2005;
331.807.10.1136/bmj.38551.446470.06.
51. On le trouve encore dans des crèmes vaginales. J’en utilise sur mon visage.
L’oestriol est un excellent anti-rides!
52. Il a été suggéré que la forme oestriol (E3) de l’œstrogène pourrait même
avoir un effet protecteur contre le cancer, mais il n’existe pas de données à
long terme à ce sujet, car l’œstradiol (E1), plus puissant, a été utilisé à la
place. Il existe même un œstrogène anticancéreux, le 2-méthoxyoestradiol.
Mais il n’a pas fait l’objet de recherches en laboratoire et je doute qu’il soit
un jour utilisé chez des patients.
53. La progestérone est un neurostéroïde. Il a été suggéré qu’elle pourrait être
utile pour le cerveau chimio.
54. http://www.dailymail.co.uk/health/article-377742/Passive-smoking-killed-
twice.html
55. Les sarcomes, les carcinomes hépatocellulaires et les lymphomes peuvent
constituer une exception dans la phase de «restriction alimentaire» du
traitement, lorsque l’arginine doit être évitée. Phillips M., Michael T.
Sheaff M., Szlosarek P. Targeting Arginine-Dependent Cancers with
Arginine-Degrading Enzymes: Opportunities and Challenges. Cancer Res
Treat. Déc. 2013; 45(4): 251-262.
56. C’est la raison pour laquelle le vaccin a été abandonné pour le traitement
des cancers avancés. On s’accorde aujourd’hui à dire qu’il ne fait guère de
différence en termes de survie, mais aucun essai n’a été entrepris pour
traiter l’intestin et le système immunitaire avant la vaccination. J’ai
l’impression que le corps médical est en train de passer à côté d’une
amélioration possible.
57. Une étude menée à Hong Kong a montré que la prise d’aspirine à faible
dose pendant sept ans peut réduire de moitié le risque de certains cancers.
L’utilisation à long terme a montré une réduction significative de 24 à 47%
des cancers majeurs du tractus gastro-intestinal (GI), y compris le cancer

331
colorectal, les cancers du foie, de l’œsophage, du pancréas et de l’estomac.
L’administration d’aspirine à long terme réduit le risque de cancer de la
prostate de 14%, de leucémie de 24% et du cancer du poumon de 35% a
déclaré le professeur Kelvin Tsoi. https://www.express.co.uk/life-
style/health/873318/Aspirin-cancer-risk-study
58. La leucémie myéloïde aiguë (LMA) liée au traitement est en quelque sorte
le sale petit secret de l’oncologie. 10% des diagnostics de LMA sont le
résultat direct d’un traitement antérieur, qu’il s’agisse d’une chimiothérapie
ou d’une radiothérapie. Mais c’est cette minorité de 10% qui s’en sort le
plus mal, probablement en raison de la toxicité accumulée des traitements
antérieurs, qui se répercute sur un système immunitaire déjà affaibli.
59. La cimétidine aide à inverser le rapport anormal Th1/Th2, mais je ne l’ai
découvert qu’en 2007.
60. TM2-PK est l’abréviation de Tumour Marker 2 – Pyruvate Kinase (ou
PKM2), une enzyme qui, à l’instar de l’enzyme de l’ADN, est responsable
de l’apparition de la maladie. Les cellules cancéreuses l’utilisent pour
produire leur énergie, et elle n’est présente dans aucune cellule normale.
Elle utilise la pyruvate kinase, un sous-produit de la «glycolyse aérobie», le
processus anormal par lequel les cellules cancéreuses produisent leur
énergie, le métabolisme ou «l’effet Warburg» dans les cellules cancéreuses.
Des taux élevés de cette enzyme sont associés à la présence d’un cancer.
Haiyan Zhu, Hui Luo, Xuejie Zhu, Xiaoli Hu, Lihong Zheng, Xueqiong
Zhu. Pyruvate kinase M2 (PKM2) expression correlates with prognosis in
solid cancers: a meta-analysis. Oncotarget. 3 jan. 2017; 8(1):1628-1640.
61. Kirwan, 2003.
62. Une revue Cochrane a également suggéré que le dipyridamole devrait être
utilisé en prévention à la place des statines. L’étude européenne sur la
prévention des accidents vasculaires cérébraux (European Stroke
Prevention Study), publiée en 1985 dans The Lancet, a montré que l’ajout
du dipyridamole à l’aspirine réduisait de 50% le risque de décès par
accident vasculaire cérébral. De plus, les décès dus à des crises cardiaques
ont été réduits de 38% et ceux dus à des cancers de 30%! Et ce, sans l’ajout
de magnésium qui aurait sans doute permis d’améliorer davantage les
résultats.
63. Il a été démontré que les rétinoïdes exercent leur effet anti-cancer en ciblant
la même enzyme (HMGCoA réductase) que les statines. Ils bloquent le
mévalonate et exercent ainsi un effet anti-cancer.
64. Dimitroulakos J., Ye L., Benzaquen M., Moore M., Kamel-Reid S.,
Freedman M., Yeger H. et Penn L. Differential Sensitivity of Various

332
Pediatric Cancers and Squamous Cell Carcinomas to Lovastatin-induced
Apoptosis: Therapeutic Implications. Clin Cancer Res. 1er janv. 2001; (7)
(1) 158-167
65. Vous pouvez télécharger la lettre sur mon site Internet:
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68. http://clincancerres.aacrjournals.org/content/7/1/158.abstract
69. En 2003, on pensait que les statines agissaient sur le gène Ras, mais ce
n’était qu’une théorie. À l’époque, les traitements contre le cancer étaient
axés sur les gènes, et non sur le métabolisme, mais Linda Penn avait
montré qu’elles inhibaient également le mévalonate, un substrat qui est
produit en excès par les cancers impliquant le gène Ras.
70. Sauf dans le cas de l’aspirine.
71. Ce risque cardio-vasculaire est dû au fait qu’en plus d’inhiber les
mauvaises prostaglandines qui provoquent l’inflammation et la douleur, ils
inhibent également les bonnes prostaglandines qui dilatent les vaisseaux
sanguins et augmentent le flux sanguin, dont vous avez besoin pour
maintenir l’oxygénation des tissus. Il en résulte une augmentation de la
pression artérielle due au rétrécissement des artères et un risque accru de
formation de caillots sanguins.
72. Pandyra A., Penn L. et al. Immediate Utility of Two Approved Agents to
Target Both the Metabolic Mevalonate Pathway and Its Restorative
Feedback Loop: Cancer Research. Juillet 2014. «L’association statine-
dipyridamole était synergique et a induit l’apoptose dans les lignées
cellulaires du myélome multiple et de la LAM ainsi que dans les
échantillons primaires de patients, alors que les cellules mononucléaires
normales du sang périphérique n’ont pas été affectées. Cette nouvelle
association a également réduit la croissance tumorale in vivo.» Alexandra
Pandrya, responsable de l’étude, affirme que «l’association de
l’atorvastatine et du dipyridamole a entraîné une induction spectaculaire de
l’apoptose, alors qu’aucun des deux médicaments pris isolément n’a eu
d’effet.» C’est la combinaison des deux, la synergie qui a été importante.
73. Aux États-Unis, il existe une émission équivalente intitulée Shark Tank.
74. Vingt ans plus tard, Body Shop n’a toujours pas supprimé les parabènes de
tous ses produits. https://support-ca.thebodyshop.com/hc/fr-
ca/articles/4408818611729-Vos-produits-contiennent-ils-des-
parab%C3%A8nes-

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75. Rashmi R., DeSelm C., Helms C., Bowcock A., Rogers B.E., Rader J.L.,
Grigsby P.W., Schwarz J.K. AKT Inhibitors Promote Cell Death in Cervical
Cancer through Disruption of mTOR Signaling and Glucose Uptake. PLOS
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for selective killing of Pten-null cells. Cell Reports, 3 avril 2018.
78. Xu Zhang, Yufeng Zhao, Jia Xu, Zhengsheng Xue, Menghui Zhang et al.
Modulation of gut microbiota by berberine and metformin during the
treatment of high-fat diet induced obesity in rats. Scientific Reports. 23
sept. 2015.
79. Depuis, j’ai découvert un article publié dans Clinical Experimental
Metastasis en janvier 2013. Des chercheurs de Naples, en Italie, ont
découvert que le dipyridamole arrête la progression du cancer triple négatif
chez les souris.
80. J’avais lu un rapport qui montrait clairement que la thérapie
photodynamique pouvait être bénéfique aux mélanomes de stade III et IV.
81. http://www.telegraph.co.uk/lifestyle/wellbeing/healthadvice/11424747/The-
professor-who-cured-hisancer-with-a-cocktail-of-everyday-pills-and-20-
years-on-remains-disease-free.html
82. N.B. La confrontation n’est pas la meilleure façon d’aborder votre
médecin! La meilleure façon de procéder? Des preuves, des preuves et
encore des preuves. Renseignez-vous le plus possible sur le traitement.
83. Kim, Hyung-Hwan et al. Additive Effects of Statin and Dipyridamole on
Cerebral Blood Flow and Stroke Protection. Journal of cerebral blood flow
and metabolism: official journal of the International Society of Cerebral
Blood Flow and Metabolism 28.7 (2008): 1285-1293. PMC. Web. 25 janv.
2018.
84. Principalement pour parler du projet de loi sur les brevets et du projet de loi
Saatchi, qui ont maintenant fusionné pour former le projet de loi sur les
innovations médicales.
85. Doshi P., Jefferson T. The evidence base for new drugs. BMJ. 2015; 350:
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PPARγ pathway. Endocrine. 2008; 33: 331. https://doi.org/10.1007/s12020-
008-9089-3.
105. Matt Vander Heiden, professeur associé au Koch Institute for Integrative
Cancer Research, Massachusetts Institute of Technology, étudie cette
théorie et, bien qu’elle soit difficile à prouver, il reconnaît que de
nombreuses données soutiennent cette hypothèse. (Confirmé par email
personnel.) Mais les cancers du sein métabolisent les nutriments de manière
différemment, de sorte que d’autres facteurs doivent entrer en jeu, comme
une éventuelle influence pathogène.
106. Cufí S., Vazquez-Martin A., Oliveras-Ferraros C. et al. The anti-malarial
chloroquine overcomes Primary resistance and restores sensitivity to
Trastuzumab in HER2-positive breast cancer. Scientific Reports. 2013;3:
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your metabolism! This is a pretty blunt tool in my opinion. Prendre de
l’orlistat, une pilule amaigrissante, pour bloquer le FASN perturbe le
métabolisme! À mon avis, c’est une solution trop radicale.

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177. Les articles suivants soulignent tous l’importance d’un bon équilibre
bactérien dans l’intestin. Alors que de nombreux patients se concentrent sur
l’augmentation des lactobacilles avec des aliments fermentés,
l’augmentation des taux de bifidobactéries pourrait être plus importante.
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182. Gregory Riggins, à Johns Hopkins, effectue un travail remarquable sur
l’utilisation du mébendazole dans les cancers pédiatriques. Il reçoit peu de
financement et de soutien, ce qui est tragique compte tenu du potentiel.
Gregory est l’un de mes héros.
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208. Le professeur Ben Williams a guéri son cancer du cerveau en utilisant du
tamoxifène dans son mélange (c’est aussi un inhibiteur de l’IGF-1). Le
tamoxifène peut éventuellement provoquer un cancer de l’endomètre en
augmentant les voies glycolytiques, mais le professeur Williams n’a pas
d’endomètre. Ces voies glycolytiques peuvent être bloquées par d’autres
moyens pour éviter ce changement, par exemple en utilisant la berbérine et
la metformine.

346
347
348
349
Inhoudsopgave
Couverture 1
Droit d’auteur 3
Sommaire 7
Remerciements 9
Préface 13
Avant-propos 14
Introduction 17
Dix étapes pour éliminer le cancer 21
Partie 1 – La découverte de mon protocole métabolique 30
Chapitre 1: Surnom: Maracas 31
Chapitre 2: Le début des soucis 39
Chapitre 3: Dites-moi la vérité! 58
Chapitre 4: Des collaborateurs, pas des dictateurs 70
Chapitre 5: Une Sherlock Holmes du cancer 80
Chapitre 6: Explorer toutes les pistes 88
Chapitre 7: Faire appel à mon dragon intérieur 113
Chapitre 8: Garder le cap 125
Chapitre 9: Surmonter les obstacles 144
Chapitre 10: Marcher sur des œufs 166
Chapitre 11: Un arsenal de gros calibres 185
Chapitre 12: Une souris de laboratoire 190
Chapitre 13: Dans l’antre des Dragons 194
Chapitre 14: Le retour du danger 201
Chapitre 15: Ma théorie du triangle 206
Chapitre 16: Deux bombes à retardement 214
Chapitre 17: Trouver ma tribu 224
Chapitre 18: Mobiliser les troupes 231
Chapitre 19: La parentalité, enfin! 242
Chapitre 20: Envisager l’avenir 249

350
Partie 2 – Le protocole métabolique 258
Chapitre 21: Votre cocktail contre le cancer 259
Chapitre 22: Comment affamer le cancer 268
Chapitre 23: Comment arrêter les métastases dangereuses 289
Chapitre 24: Comment relancer le système immunitaire 293
Chapitre 25: Comment détruire le cancer 296
Résumé 313
Références utiles et lectures complémentaires 325

351

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