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LE JOURNAL D’INFORMATION DES SOLUTIONS ALTERNATIVES DE SANTÉ JANVIER 2020

HOMME ou FEMME,
nous ne sommes pas égaux face 
aux maladies et aux médicaments
Dépression, Alzheimer, asthme, crise cardiaque…
Notre sexe prédit non seulement notre risque face à ces maux,
mais aussi leur gravité et le moment auquel nous pouvons y être
confrontés ! Le biologiste belge Jacques Balthazart fait le point sur
cette révolution encore confidentielle de la médecine et vous alerte
sur tous les éléments auxquels, homme ou femme, vous devez être
vigilant. Car si le diagnostic varie énormément d’un sexe à l’autre,
sa prise en charge également. Vous comprendrez ainsi
pourquoi les femmes sont, à l’heure actuelle, plus susceptibles
de souffrir des effets secondaires des médicaments !

L ’invention du sexe, c’est‑à‑dire la distinction entre

mâle et femelle chez les animaux, entre homme et
femme chez nous, est l’une des innovations les plus mar‑
quantes de l’histoire de la vie. Alors que les organismes
unicellulaires, mais aussi la plupart des plantes et même
certains animaux, peuvent se reproduire par simple divi‑
sion – tout jardinier sait qu’il pourra obtenir un nouveau
fraisier à partir d’une simple bouture –, la « spécialisation »
reproductive des êtres complexes que nous sommes a
non seulement permis notre survie, mais a aussi assu‑
ré une plus grande diversité génétique. C’est la fusion
de deux gamètes provenant d’individus différents (les
spermatozoïdes de l’homme, les ovules de la femme) qui
produit les individus de la génération suivante.
Cette « spécialisation » explique que, chez certaines
espèces, est apparu au fil de l’évolution un dimorphisme
plus ou moins prononcé entre les sexes : si c’est le paon
qui fait la roue et pas la paonne, c’est parce que le mâle
fait face à plus de concurrence pour se reproduire, tan‑
dis que la paonne, elle, se « contente » de choisir.
Chez les mammifères, la fécondation interne et le déve‑
loppement du jeune à l’intérieur du corps de la femelle,
ainsi que l’allaitement, font que celle-ci s’investit bien
plus que le mâle dans la reproduction. Il en résulte des
différences biologiques très importantes entre hommes
et femmes… Mais ces différences dépassent largement
le cadre de la reproduction.
Des différences évidentes…
et d’autres plus discrètes
L e nombre élevé de différences entre hommes et
femmes n’aura échappé à personne.
(suite page 2)

Homme ou femme, nous ne sommes pas égaux Ce nutriment est capital pour votre santé cardiovasculaire���14
face aux maladies et aux médicaments���������������������������������1 Les pouvoirs thérapeutiques du son ���������������������������������������21
Ce qui se cache sous votre éponge ��������������������������������������������9 Stop à la fatigue avec l’énergisante guarana ����������������������24
Le reiki : une voie d’accès au bien-être�����������������������������������12 J’ai testé ATB : l’éveil de la conscience par le corps�������������26
 ÉDITORIAL À LA UNE

Les issues
de secours sont Certaines sont évidentes, d’autres maladies qui concernent le cer‑
devant vous plus discrètes, tant pour : veau et le système nerveux central
Bienvenue à bord des (voir encadré). La probabilité que
• la morphologie : structures gé‑
années 2020. Notre tra‑ vous soyez bègue, dyslexique,
versée de cette nouvelle nitales, mais aussi pilosité, taille
décennie sera marquée par : l’augmentation du bassin, longueurs relatives des que vous développiez la maladie
des maladies pulmonaires, des crises car‑ os, musculature… et aussi de nom‑ d’Alzheimer ou des maux de tête
diaques, des AVC ; la recrudescence de la breuses structures du cerveau ; nocturnes dépend donc de façon
diarrhée, du choléra ; la progression spec‑ importante de votre sexe.
taculaire des infections propagées par les • la physiologie  : réaction aux
moustiques et les tiques. odeurs, en particulier les odeurs Les différences ne se limitent
Telles sont les conclusions du rapport pu‑ sexuelles, physiologie de l’oreille cependant pas aux maladies du
blié par la revue scientifique The Lancet, interne, acuité visuelle ; système nerveux. Elles concernent
impliquant 35 institutions académiques et • que le comportement  : apti‑ également des pathologies qui af‑
agences onusiennes des cinq continents1.
tudes verbales, motricité dirigée, fectent le cœur, les os, les muscles,
Ce tableau apocalyptique serait dû à une
agressivité, latéralisation, aptitu‑ la peau, les poumons, les systèmes
seule et même cause : l’émission des gaz à
effets de serre et le changement climatique de aux rotations mentales et à la circulatoire, digestif, respiratoire,
qu’il provoque. Le phénomène va affecter systématisation, empathie. immunitaire et enfin les mala‑
la santé de toute la population mondiale, dies infectieuses. Les lecteurs
à tous les âges : les enfants, qui respirent Certains pensent que la descrip‑
tion et l’analyse des mécanismes intéressés par ce sujet pourront
aujourd’hui un air de plus en plus saturé de
toxiques, connaîtront de plus en plus de pro‑ à l’origine de ces différences font retrouver la liste quasi exhaustive
blèmes respiratoires chroniques. Les plus le lit du sexisme. Cependant, ces de ces différences dans un livre
âgés seront mis chaque année à plus rude dernières ne justifient pas de ju‑ passionnant : Le Sexe des maladies,
épreuve par des canicules plus nombreuses de Peggy Sastre (Éditions Favre,
et plus fortes. Notre santé cardiaque à tous,
gements de valeur  : différent
n’implique en rien supérieur ou 2014). Pour ne citer que quelques
affaiblie par les particules fines, sera rendue
plus fragile encore par la hausse des tempé‑ inférieur ! exemples, le cœur des femmes
ratures qui multiplient les pics de pollution. n’est pas seulement plus petit que
Ces disparités ont, en revanche, celui des hommes (indépendam‑
Le réchauffement climatique agrandit un
autre terrain de jeu : celui des moustiques des conséquences qui méritent ment de la masse corporelle), mais
et des tiques porteurs de maladies infec‑ d’être prises en compte. En effet, il fonctionne aussi de façon dif‑
tieuses. Déjà, la dengue progresse. Lyme de façon surprenante, ces diffé- férente. Ainsi, l’hypertension est
progresse2. Zika s’installe en métropole3. rences entre sexes concernent plus fréquente chez les femmes,
Pourtant, nous ne sommes pas totalement également la santé. en particulier après la ménopause.
démunis face à ces fléaux. L’adoption d’un
mode de vie plus écologique est néces‑ On a démontré de façon absolument De plus, une forme d’hypertension
saire, mais pas suffisant. Il faut surtout une incontestable que la probabilité particulière qui dépend spécifi‑
meilleure prévention des maladies à titre qu’une maladie donnée affecte un in‑ quement du rétrécissement de
individuel. C’est notre mission à la rédaction l’artère rénale est huit fois plus
dividu est différente selon que l’on
d’Alternatif Bien-Être : lever le voile sur la
façon dont chacun d’entre VOUS pouvez soit homme ou femme. De plus, fréquente chez les femmes.
utiliser, dès aujourd’hui, les progrès de la l’âge auquel cette maladie appa‑
Les maladies auto-immunes
recherche pour votre santé. raîtra potentiellement et la gravité
touchent plus fréquemment les
C’est pourquoi les révélations que fait le des symptômes qui se développe‑
femmes que les hommes, à l’ex‑
biologiste Jacques Balthazart sur les diffé‑ ront sont également différenciés
rences entre hommes et femmes face aux ception du diabète de type 1, où
sexuellement. Ces différences,
maladies et aux médicaments (cf. ci-contre) le sex-ratio est légèrement défa‑
souvent mal connues du grand pu‑
sont précieuses. D’abord parce qu’aucun vorable aux hommes. Le système
grand média n’en parle. Ensuite, parce que blic, méritent d’être décrites plus
en détail. immunitaire ne fonctionne en effet
vous pourriez en tirer profit dès votre pro‑
chaine visite chez le médecin.
pas de la même façon dans les
deux sexes : les femmes résistent
Bonne année 2020 à tous.
Oui, il y a des maladies en moyenne mieux aux infections,
Rodolphe Bacquet, Rédacteur en chef
www.alternatif-bien-etre.com d’hommes et des mais elles ont un risque accru de
développer des maladies auto-im‑
maladies de femmes munes. Ainsi, le lupus, une maladie
1. Le « rapport 2019 du Compte à rebours du Lancet sur la santé et le
changement climatique », résumé en français disponible ici : https://
els-jbs-prod-cdn.literatumonline.com/pb/assets/raw/Lancet/
L ’incidence de très nom‑
breuses maladies est en
chronique qui résulte de la produc‑
tion de différents autoanticorps,
Hubs/climate-change/TL_Countdown_ExecutiveSummary_

2.
French-1573659911007.pdf
https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/medecine-
effet sexuellement différenciée. touche 9 fois plus de femmes que
maladie-lyme-son-incidence-va-augmenter-rechauffement-cli‑
matique-73581/
C’est le cas de presque toutes les d’hommes.
3. http://sante.lefigaro.fr/article/dengue-et-de-zika-de-plus-en-plus-
de-cas-contractes-en-metropole/

2 janvi e r 2020 • n°1 6 0

Quelques maladies du système nerveux dont l’incidence
est sexuellement différenciée (Les chiffres dans la colonne de droite indiquent
les pourcentages de femmes (F) et d’hommes (H) présents parmi les individus affectés)
À PRÉVALENCE FÉMININE
Syndrome de Rett (déficience
100 :00
intellectuelle et infirmité motrice)
Encéphalopathie hyponatrémique
postopératoire
Anorexie nerveuse
Puberté précoce d’origine centrale
Maux de tête nocturnes
Boulimie
Démence sénile de type Alzheimer
Stress post-traumatique
Sclérose multiple
Anxiété
Anencéphalie
Dépression unipolaire
D’après Swaab D.F et collaborateurs (2003). Neurobiology of Aging 24 :S1-S16
Des points forts et des
points faibles différents
dès la conception !
C ela étant, ces différences ne
pénalisent pas systématique‑
ment l’espérance de vie des femmes.
Il est en effet bien connu que leur
longévité est plus élevée que celle
des hommes, et ce dans toutes les
sociétés. Mais ce n’est pas tout.
Dès la conception, la biologie des
garçons et des filles est distincte. Il
existe une mortalité différentielle
des embryons des deux sexes, qui re‑
flète directement leurs différences
génétiques. Bien que le sex-ratio soit
de un pour un à la conception, sur
base des analyses de fécondations
in vitro, il y a, pendant la première
semaine après la conception, une
mortalité accrue chez les garçons.
Ce phénomène s’inverse ensuite et
l’on observe une mortalité accrue
F:H À PRÉVALENCE MASCULINE
Troubles de l’apprentissage
96 :40 Abus de drogues
Sclérose latérale amyotrophique
97 :30
(maladie de Charcot)
90 :10 Bégaiement
84 :16 Schizophrénie
75 :25 Dyslexie
Trouble de déficit de l’attention avec
74 :26
ou sans hyperactivité
70 :30 Autisme
67 :33 Apnée du sommeil
67 :33 Syndrome de Kallmann (hypogonadisme)
67 :33 Maladie de Gilles de la Tourette (tics involontaires)
Syndrome Kleine-Levin
63 :37
(hypersomnies récurrentes)
des filles pendant tout le reste de
la gestation. Le résultat : 107 gar‑
çons pour 100 filles à la naissance.
Ensuite, les femmes vivant plus long‑
temps que les hommes, un nouveau
renversement du sex-ratio sera ob‑
servé chez les seniors. La différence
d’espérance de vie peut paraître mo‑
deste (4 à 8 ans selon l’âge auquel
la statistique est réalisée), mais elle
conduit tout de même à un déséqui‑
libre important dans les populations
les plus âgées : il y a trois à quatre
fois plus de femmes que d’hommes
chez les centenaires, et vingt fois
plus au-delà de 110 ans.
Certaines maladies affectent aussi
les hommes de façon préférentielle
à l’âge adulte, comme la mort car‑
diaque subite. Le cancer du pancréas
est trois fois plus fréquent chez
l’homme que chez la femme et il y a
plus d’hommes que de femmes qui
souffrent d’une dépendance aux
À LA UNE
F:H
38 :62
34 :66
33 :67
29 :71
27 :73
23 :77
20 :80
20 :80
18 :82
17 :83
10 :90
00 :10
drogues illicites (25  % de risque
supplémentaire). Sans parler, bien
entendu, des maladies du système
nerveux déjà mentionnées dans l’en‑
cadré ci-dessus…
Homme ou femme :
des risques à des âges
différents
N ous avons jusqu’à présent
analysé l’incidence globale de
diverses maladies, mais il faut éga‑
lement considérer que même si une
maladie est présente dans les deux
sexes avec des fréquences à peu près
identiques, elle peut apparaître de
façon différentielle au cours de la vie
des sujets et présenter une gravité
différente. Par exemple, la prévalence
de l’asthme varie de façon majeure
en fonction de l’âge. Avant la puber‑
té, ce sont les garçons qui sont les
plus fréquemment affectés (risque
ja n v i e r 2 0 2 0 •  n°1 6 0 3
 À LA UNE

double d’hospitalisation), en partie Cependant, les cancers de la peau été déterminées par des facteurs
parce que leurs voies respiratoires qui débutent chez des individus plus biologiques intrinsèques.
sont trop petites par rapport à la jeunes sont associés à un meilleur
Dans la majorité, voire dans tous
taille de leurs poumons. Ces risques pronostic de survie chez la femme.
les cas, les différences sexuelles
relatifs s’équilibrent à la puberté et,
Les hommes atteints de la maladie résultent de l’action combinée de
ensuite, ce sont les femmes qui sont
d’Alzheimer ont davantage de pro‑ mécanismes sociologiques, édu‑
les plus touchées. Ces différences
blèmes liés à leur agressivité, tandis cationnels et biologiques, mais
liées à l’âge ont été retrouvées dans
que les femmes sont plutôt affectées l’importance de l’une ou de l’autre
chacun des 16 pays européens étu‑
par de la dépression ou de l’anxiété. influence varie en fonction de la
diés sur base d’un échantillon de plus
La maladie se développe aussi de différence considérée. Concernant
de 18 500 patients. De même, l’acné
façon plus rapide chez les femmes, les différences entre hommes et
infantile est plus fréquente chez les
de sorte que leur espérance de vie femmes vis-à-vis de la maladie, les
garçons que chez les filles en début
après un diagnostic positif est ré‑ facteurs biologiques sont de toute
de vie, mais cette tendance s’inverse
duite par rapport à celle des hommes. évidence primordiaux, même si l’in‑
ensuite et touche davantage les
fluence de l’environnement ne doit
femmes adultes.
pas être négligée – nous y revien‑
L’apparition de nombreuses mala‑ À l’origine drons. Ces deux causes ne sont donc
dies est également liée à des stades de ces différences : pas mutuellement exclusives.
spécifiques de la vie, en particulier les hormones… Certains traits morphologiques ou
chez les femmes qui sont exposées
à des variations importantes de leur
mais pas seulement réponses comportementales sexuel‑
lement différenciés résultent ainsi
situation hormonale. Certaines sont
présentes pendant la petite enfance O n peut dès lors se demander
quelle est l’origine de toutes
d’actions précoces des stéroïdes
et ont tendance à disparaître à la pu‑ sexuels (testostérone, œstradiol,
ces différences sexuelles dans le do‑
berté ; d’autres n’apparaissent qu’à etc.), qui, au cours du développe‑
maine de la santé. Pour répondre à
ce moment. Certains problèmes de ment, induisent dans des organes
cette question de façon structurée,
santé fluctuent avec les variations initialement non différenciés (cer‑
il est nécessaire de prendre un peu
hormonales liées au cycle ovarien veau compris) un phénotype1 plus
de recul et de considérer de façon
(hypertension, maux de tête, ma‑ marqué, plus fréquemment retrouvé
plus globale l’origine des différences
ladies auto-immunes), d’autres entre hommes et femmes. ou plus développé dans l’un des deux
sont renforcés, apparaissent ou ré‑ sexes. Ces effets différenciateurs,
Deux types de phénomènes sont qui se produisent très tôt dans la vie,
gressent à l’occasion de grossesses
impliqués à ce niveau : pendant la période fœtale ou juste
(nausées, maladies auto-immunes) ;
il existe des pathologies dont les • d’une part, des facteurs externes à après la naissance, sont souvent ir‑
femmes sont protégées jusqu’à la l’individu, qui consistent notamment réversibles. Commençons donc par
ménopause par leurs hormones en une exposition à une éducation et décrire ces facteurs biologiques.
ovariennes, mais cette protection à un environnement social systéma‑
tiquement différenciés ;
disparaît ensuite (hypertension, Chromosome X ou Y :
calculs biliaires, ostéoporose et • d’autre part, des facteurs intrin‑
risque de fracture). sèques de nature biologique, parmi une réaction en chaîne
Enfin, à partir du moment où une per‑
lesquels les gènes et les hormones valable toute la vie
jouent sans aucun doute un rôle clé.
sonne est atteinte d’une pathologie,
celle-ci n’aura pas nécessairement On a tendance, en langue française,
D ans l’espèce humaine comme
chez tous les mammifères, le
les mêmes conséquences néfastes. à regrouper les premiers sous le sexe est déterminé par un mécanisme
Par exemple, les reflux d’acide nom de «  facteurs acquis  » et les génétique. Les 23 paires de chromo‑
gastrique dans l’œsophage sont un seconds sous le terme d’« innés », somes incluent 22 paires qui sont
peu plus fréquents chez les femmes, mais cette distinction n’est que par‑ identiques chez mâles et femelles
mais leurs conséquences sont plus tiellement correcte, car les facteurs et une paire qui est différenciée : les
importantes chez les hommes, car biologiques de type hormonal ne chromosomes sexuels, XX chez les
leur estomac sécrète plus d’acide. sont pas nécessairement innés et femelles et XY chez les mâles. Les
Les mélanomes présentent aussi peuvent être influencés par l’envi‑ ovules contiennent tous un chro‑
une croissance plus rapide chez les ronnement. À l’inverse, les facteurs mosome X chez les femelles, tandis
hommes de plus de 70 ans, ce qui externes ne font souvent que ren‑ que les spermatozoïdes contien-
induit une mortalité plus importante. forcer des tendances qui avaient nent soit un chromosome X, soit un
1. Le phénotype décrit l’ensemble des caractères observables d’un individu. Il dépend de l’expression des gènes (génotype) et de l’environnement. https://www.futura-sciences.com

4 janvi e r 2020 • n°1 6 0

chromosome Y. Selon que l’ovule X
est fécondé par un spermatozoïde
contenant soit un chromosome X,
soit un chromosome Y, nous aurons
respectivement soit un individu fe‑
melle, soit un individu mâle.
Le chromosome Y renferme un gène
appelé SRY, qui détermine la forma‑
tion de testicules à partir de tissu
embryonnaire indifférencié. En l’ab‑
sence de SRY, ce tissu se développera
en ovaires. Pendant la seconde moitié
de la vie fœtale (le 2e trimestre de la
grossesse dans l’espèce humaine),
les testicules produisent de grandes
quantités de testostérone qui, en
agissant soit par elle-même, soit
après transformation en œstradiol,
va organiser de façon irréversible de
nombreuses différences sexuelles.
Chez tous les mammifères, y com‑
pris l’espèce humaine, l’exposition
précoce à la testostérone et ses dé‑
rivés produit un phénotype masculin :
autrement dit, les caractéristiques
comportementales masculines sont
renforcées (masculinisation). Le
phénotype féminin, lui, se développe
essentiellement en l’absence d’ac‑
tion de ces hormones au cours de
XY
SRY SEXE CHROMOSOMIQUE
SEXE GONADIQUE
Testicules
Arom?
SEXE HORMONAL
T E2
Mâle
Environnement social, éducation
Homme GENRE
MALADIES SEXUELLEMENT DIFFÉRENCIÉES
Les différentes étapes de la différenciation sexuelle dans l’espèce humaine.
T = testostérone, E2 = œstradiol, Arom = aromatisation
la vie embryonnaire. La testosté‑
rone est donc indispensable pour
le développement des caractères
masculins.
La différenciation sexuelle repose
ainsi sur une cascade d’événements
qui a été décrite pour l’essentiel vers
le milieu du XXe siècle, bien avant que
les mécanismes moléculaires sous-
jacents n’en aient été identifiés (voir
figure ci-dessous). Schématiquement,
le sexe chromosomique induit, via
la présence ou l’absence du gène
SRY porté par le chromosome Y, la
formation de testicules ou d’ovaires ;
cette formation établit le sexe des
gonades – c’est‑à‑dire des organes
reproducteurs.
Ces organes déterminent, par leurs
sécrétions, le sexe hormonal de
l’individu. Les différentes concen‑
trations hormonales dans les deux
sexes conditionnent la plupart des
différences morphologiques, physio‑
logiques et comportementales entre
mâles et femelles. Soit ces actions
organisatrices des hormones ont lieu
pendant les premières phases du
développement (embryon, fœtus,
XY
SRY
Ovaires
T2
Femelle
Femme
À LA UNE
enfance) et sont immédiatement
visibles (e.g. organisation des struc‑
tures génitales externes), soit elles ne
se révèlent définitivement qu’à l’âge
adulte (e.g. orientation sexuelle).
Mais il n’y a pas
que les hormones !
D
epuis le début de ce siècle,
notre connaissance des mé‑
canismes de différenciation sexuelle
a franchi un pas supplémentaire : un
large corpus de recherches a démon-
tré que nos gènes peuvent influencer
l’expression du sexe, indépendam‑
ment des hormones. Dans le domaine
de la santé en particulier, on a ainsi
pu démontrer que la susceptibilité
à certaines maladies neurologiques
auto-immunes telles que :
• l’encéphalomyélite expérimentale,
• certains aspects de la sensibilité à
la douleur,
• et la prise de poids après castration/
ovariectomie,
dépendent de l’action directe de
gènes localisés sur les chromosomes
sexuels, indépendamment de l’ac‑
tion hormonale.
Par ailleurs, la recherche a, au cours
des dix dernières années, démontré
que l’expression de ces gènes peut
être influencée par des facteurs de
l’environnement, et ce parfois de
façon permanente et irréversible.
Des facteurs tels qu’un stress chro‑
nique ou une alimentation trop
grasse peuvent ajouter des marques
dites épigénétiques sur l’ADN et les
protéines qui l’entourent, marques
qui vont soit augmenter, soit inhiber
l’expression de gènes spécifiques. Il
existe ainsi des marques épigénétiques
spécifiques à chaque sexe sur certains
gènes, qui vont tout au long de la vie
modifier l’expression de gènes précis
en fonction du sexe. On a même pu
montrer dans un petit nombre de cas
que ces marques se transmettent
aux générations suivantes par des
mécanismes encore mal compris.
ja n v i e r 2 0 2 0 •  n°1 6 0 5
 À LA UNE
Comment ces mécanismes
affectent notre santé
T ous ces mécanismes entrent
en jeu dans la mise en place
des différences sexuelles identifiées
dans le domaine de la santé. Leur im‑
portance relative varie cependant en
fonction de la différence considérée.
De façon générale, il est intéressant
de remarquer que :
• une large partie des maladies qui
affectent préférentiellement les
garçons ou les hommes sont des
maladies liées au développement :
autisme, dyslexie, troubles de l’at‑
tention et de l’apprentissage ;
• tandis que les maladies de femmes
apparaissent plus tard et sont da‑
vantage liées au vieillissement  :
Alzheimer, scléroses multiples et
autres maladies neurodégénératives.
On pourrait donc s’attendre à ce
que les influences biologiques soient
plus fortes dans le premier cas et
que les interactions avec l’environ‑
nement jouent un plus grand rôle
dans le second. Les maladies dont
les causes sont les plus simples, mais
qui ne sont pas nécessairement les
plus faciles à traiter, ont un contrôle
génétique direct très important.
Ainsi, le syndrome Kallmann est lié
à diverses anomalies génétiques
dont une affectant le gène ANOS1
porté par le chromosome X. Les gar‑
çons porteurs seront tous malades,
mais les filles pourront transmettre
la mutation via l’un de leurs deux
chromosomes X sans en être af‑
fectées, grâce au gène sain porté
par l’autre X. Certaines maladies se
transmettent ainsi de génération en
génération et ont donc une base géné‑
tique évidente, mais complexe (car
de nombreux gènes sont impliqués),
et l’expression de la maladie dépend
de l’environnement.
6 janvi e r 2020 • n°1 6 0
La crise cardiaque chez les femmes
L’infarctus résulte principale-
ment de l’obstruction d’une ou
de plusieurs des artères coro-
naires qui irriguent le cœur par
des plaques constituées de cho-
lestérol, de caillots sanguins et
de divers débris circulants. Il est
classiquement considéré comme
une maladie affectant surtout
les hommes, alors que les mala-
dies coronariennes tuent plus de
femmes que l’ensemble des can-
cers, y compris les cancers du sein
et du poumon ! Depuis 1984, la
mortalité liée aux attaques car-
diaques est même plus élevée chez
les femmes que chez les hommes.
L’une des raisons sous-jacentes à
cette représentation erronée est
que les symptômes de l’infarc-
tus sont différents dans les deux
sexes. Chez l’homme, on le sait
être annoncé par une douleur
dans la poitrine et des douleurs
irradiantes dans le bras gauche.
Ces signaux d’alerte sont sou-
vent absents chez la femme, où
les premiers signes consisteront
en des nausées, une sensation de
fatigue ou des douleurs dans le
ventre, ce qui conduira souvent
à diagnostiquer une indigestion.
Ces symptômes atypiques condui-
sant à un diagnostic erroné feront
Gènes et hormones : des
interactions explosives !
D
’autres maladies sexuelle‑
ment différenciées résultent
d’une interaction entre gènes et
hormones, comme les pubertés pré‑
coces chez les filles. C’est aussi le
cas de l’alopécie masculine (perte
de cheveux menant à la calvitie),
qui résulte d’une interaction entre
la testostérone et un terrain géné‑
tique spécifique. Les femmes en sont
protégées par leurs hormones ova‑
riennes jusqu’à la ménopause, mais
une alopécie féminine peut alors se
développer dans certains cas.
Dans d’autres cas encore, une base
biologique (gènes, hormones) est
aussi que, même après hospitali-
sation, les femmes meurent plus
souvent que les hommes de crise
cardiaque.
Il faut noter que l’hypertension et
le diabète augmentent fortement
le risque d’infarctus et ce, de façon
beaucoup plus marquée chez les
femmes que chez les hommes.
Cependant, comme les femmes
sont protégées de l’hypertension
par leurs hormones ovariennes
jusqu’à la ménopause, l’infarctus
apparaît en moyenne plus tard
chez les femmes, mais il sera par
conséquent plus dangereux. Cette
différence liée aux hormones est
probablement en partie à l’ori-
gine de la croyance selon laquelle
les femmes seraient protégées de
cette maladie.
D’autre part, la longévité plus
grande des femmes les rend
plus susceptibles de développer
des maladies liées à la vieillesse,
comme les maladies neurodégé-
nératives. Une correction devrait
donc être apportée aux mesures
concernant la fréquence d’appa-
rition de ce type de maladies pour
tenir compte de l’âge des patients,
mais ce n’est pas toujours fait.
L’interprétation des résultats peut
donc se révéler complexe !
probable, mais l’effet de l’environ‑
nement pourrait être prépondérant.
Les femmes sont par exemple plus
affectées par les diktats de la mode
qui les induisent à s’astreindre à
des régimes alimentaires parfois
drastiques pour conserver un poids
faible, voire pathologiquement bas.
Ces restrictions alimentaires ini‑
tialement volontaires pourraient
être à la base, en partie, de la plus
grande incidence d’anorexie ner‑
veuse observée chez les femmes,
même si un terrain biologique
prédisposant semble devoir être
présent. La plus grande incidence
de crises d’anxiété ou de dépres‑
sions multipolaires chez les femmes
pourrait aussi avoir ses origines en

partie dans des différences de style
de vie entre les sexes.
Notons enfin que deux facteurs
perturbent potentiellement les sta‑
tistiques concernant l’incidence
relative des maladies dans les deux
sexes. Il peut d’une part exister un
biais de détection de certaines ma‑
ladies dans un sexe donné. Ainsi, la
crise cardiaque est souvent considé‑
rée comme une maladie d’hommes et
tend à être ignorée chez les femmes
(voir encadré page 6).
D’autre part, la longévité plus grande
des femmes les rend plus susceptibles
de développer des maladies liées à la
vieillesse, comme les maladies neuro‑
dégénératives. Une correction devrait
donc être apportée aux mesures con-
cernant la fréquence d’apparition de ce
type de maladies pour tenir compte de
l’âge des patients, et ce n’est pas tou‑
jours fait. L’interprétation des résultats
peut donc s’avérer complexe !
Médicaments : pourquoi
ils n’ont pas les mêmes
effets chez les hommes
et chez les femmes
I l existe des différences
sexuelles importantes dans
l’ensemble du métabolisme, qui ont
un impact direct sur l’action des
médicaments utilisés pour soigner
diverses maladies. Divers méca‑
nismes et enzymes modulent l’action
des médicaments et autres drogues,
sédatifs, alcools ou opiacées. Or, ces
mécanismes et enzymes agissent
différemment entre les hommes et
les femmes. Tout ceci a pour consé‑
quence que les femmes ont un risque
accru de souffrir d’effets secondaires
néfastes suite à la prise d’un médica-
ment. À titre d’exemple, 8 des 10
médicaments qui ont été retirés du
marché aux États-Unis entre 1997
et 2000 l’ont été à cause d’effets se‑
condaires présents spécifiquement
chez les femmes.
Historiquement, la recherche précli‑
nique et tous les essais cliniques qui
ont défini les posologies utilisables
et leurs limites ont en effet été très
majoritairement réalisés sur des
animaux mâles et sur des hommes.
Or, l’aspirine est éliminée plus ra‑
pidement chez les femmes (et donc
moins active à dose égale) ; il en va de
même pour la méthylprednisolone,
un anti-inflammatoire dérivé de la
cortisone. À l’inverse, la fluoxétine,
un antidépresseur commercialisé
sous le nom de Prozac™, induit des
taux circulants plus élevés chez la
femme après absorption d’une dose
égale, et un bêta-bloquant antihy‑
pertenseur, l’acébutolol, a des effets
thérapeutiques plus importants
chez la femme, mais a aussi des effets
secondaires néfastes plus marqués.
Ces différences de métabolisme
et d’action des médicaments com‑
mencent à être reconnues. Ainsi,
le zolpidem (Stilnox™), un puissant
somnifère largement utilisé, est
maintenant prescrit à des doses plus
faibles chez les femmes que chez
les hommes. Il a en effet été montré
qu’après absorption le soir d’une
dose identique, 3 % des hommes ont
encore pendant la journée suivante
des concentrations circulantes sus‑
ceptibles d’affecter leur état de
vigilance, mais que ce pourcentage
s’élève à 15 % chez les femmes, d’où
évidemment un risque important
d’accidents.
Réformons les pratiques
de recherche !
D eux conclusions importantes
se dégagent de toutes ces
données. D’une part, il est à présent
urgent d’adapter le diagnostic et
le traitement de diverses maladies
en fonction du sexe des patients.
D’autre part, pour atteindre ce but
de façon optimale, des recherches
précliniques et cliniques devront être
entreprises en utilisant comparative‑
ment les deux sexes pour déterminer
dans quelle mesure des différences
À LA UNE
existent, quelle est leur importance
et comment adapter les traitements
en tenant compte de ces différences.
Historiquement, la recherche fonda‑
mentale en biologie a été largement
réalisée sur des rongeurs mâles (rats
et souris). La raison plus ou moins
tacite de ce choix était que les varia‑
tions hormonales chez les femelles
rendraient les recherches et conclu‑
sions plus complexes. Plusieurs
publications récentes ont contes‑
té ce raisonnement, arguant que,
chez les rongeurs mâles également,
de grandes différences interindivi‑
duelles de statut hormonal pouvaient
exister, notamment en fonction de
leur position dans une hiérarchie so‑
ciale. Quant aux essais cliniques, ils
étaient également réalisés essentiel‑
lement sur des hommes pour la même
raison et aussi pour éviter de tester
un médicament neuf ou une nouvelle
procédure ayant potentiellement des
effets néfastes sur des femmes qui au‑
raient pu être enceintes à leur insu. Au
vu des différences sexuelles mainte‑
nant identifiées, ce choix ne se justifie
évidemment plus et il est urgent de
réformer ces pratiques de recherche !
Cet état de fait a d’ailleurs été of‑
ficiellement reconnu en 2014 par
le National Institutes of Health aux
États-Unis (NIH), le plus grand or‑
ganisme de recherche au monde, qui
dépense chaque année un budget de
plus de 39 milliards de dollars pour la
recherche biomédicale fondamen‑
tale et appliquée. Depuis cette date,
les NIH ont en effet adopté un règle‑
ment qui exige que toute demande
de crédit de recherche inclue l’étude
des deux sexes, sauf exception dû‑
ment justifiée (par exemple, une
analyse du cancer de la prostate).
Cette injonction est valable tant
pour la recherche fondamentale sur
animaux ou sur cultures primaires
de cellules (les animaux donneurs de
cellules doivent être des deux sexes
et il faut étudier s’il y a une diffé‑
rence sexuelle) que pour les essais
cliniques. Des initiatives similaires
ont vu le jour en Europe, mais ne se
ja n v i e r 2 0 2 0 •  n°1 6 0 7
 À LA UNE
sont pas encore traduites, à ma connaissance, en des
décisions contraignantes.
Trois types d’action sont donc à présent urgentes.
Il faudrait premièrement reconnaître de façon plus
large l’existence de ces différences sexuelles dans le
domaine de la santé et abandonner l’idée qu’il n’existe
pas de différence biologique entre hommes et femmes.
Deuxièmement, il serait nécessaire de conduire des
recherches fondamentales pour mieux définir les as‑
pects des maladies qui sont sexuellement différenciées
et déterminer les traitements qui sont les plus ap‑
propriés à chaque sexe. Enfin, il serait très important
d’informer plus en détail tous les professionnels de
la santé de l’existence de tous ces biais sexuels et du
danger inhérent à l’application, à des femmes, d’un
traitement établi sur base d’essais cliniques réalisés
chez des hommes. Ignorer ces différences sexuelles
sous prétexte de défendre l’égalité femme-homme a
essentiellement pour résultat de fournir aux femmes
une médecine inadaptée.
Jacques Balthazart
Jacques Balthazart est
biologiste, spécialisé dans
l’étude des mécanismes
hormonaux de contrôle
du comportement. Il est
le fondateur et direc‑
teur émérite du Groupe
de Recherches en Neuroendocrinologie du
Comportement au sein du GIGA neurosciences à
l’université de Liège. Il compte à son actif plus de
450 articles publiés dans les plus grandes revues
scientifiques. Il a organisé de nombreuses confé‑
rences internationales et fait partie du comité
de rédaction de plusieurs journaux scientifiques
publiés aux États-Unis et en Europe.
Pour en savoir plus
Quand le cerveau devient masculin,
Jacques Balthazart (2019),
HumenSciences, Paris
Le Sexe des maladies,
Peggy Sastre (2014),
Éditions Favre, Lausanne
8 janvi e r 2020 • n°1 6 0
NEWS
L’exposition à
la lumière permet de
renforcer le microbiote
En cas de déficit en vitamine D
seulement !
N ous vous parlions des bienfaits de la lumino‑
thérapie dans le n° 159 d’Alternatif Bien-Être :
des chercheurs canadiens viennent d’en mettre un
de plus en évidence. Ils ont étudié l’impact de trois
sessions d’exposition aux UVB d’une minute au
cours d’une semaine hivernale sur la composition
du microbiote, cet ensemble de microbes béné‑
fiques pour notre santé qui vit au cœur de notre
système digestif. Sur les 21 femmes recrutées
pour l’étude1, 9 suivaient une supplémentation
en vitamine D au cours de l’hiver, évitant ainsi la
carence inévitablement provoquée par le manque
de lumière solaire. Chez celles-ci, l’intervention
est restée sans effet sur le microbiote  ; chez
les 12 autres participantes, en revanche, elle a
permis d’équilibrer les populations et d’en aug‑
menter la diversité. Cette différence de réaction
montre bien que ce bienfait passe par l’action de la
vitamine D. L’impact des UVB sur le microbiote ex‑
pliquerait pourquoi ils sont si efficaces pour lutter
contre les maladies inflammatoires de l’intestin ou
la sclérose en plaques.
L’usage abondant de talc
favorise l’apparition
d’un cancer rare
L
e talc fait-il partie des produits cosmétiques
que vous utilisez régulièrement ? Si oui, il est
temps de modifier cette routine, suspectée de
favoriser le développement du mésothéliome,
un type de cancer qui affecte les membranes
protectrices de certains organes : la plèvre qui
entoure les poumons, le péritoine – qui contient
les organes de la cavité abdominale – ou le pé‑
ricarde du cœur. En cause, la présence de fibres
d’amiante, qui contaminent le talc exploité dans
certaines mines. L’analyse2 du cas de 33 femmes
atteintes de mésothéliome a révélé que la seule
source d’exposition à l’amiante chez ces patientes
était l’usage de ce produit cosmétique ; l’analyse
de tissus prélevés chez 6 d’entre elles a montré la
similitude entre les fibres d’amiante qui s’y trou‑
vaient et celles présentes dans le talc.
1. Else S. Bosman et al. « Skin Exposure to Narrow Band Ultraviolet (UVB) Light Modulates the
Human Intestinal Microbiome. » Front. Microbiol., 24 October 2019
2. Moline J et al. « Mesothelioma Associated with the Use of Cosmetic Talc. » J Occup Environ
Med. 2019 Oct 10
 DÉCRYPTAGE

Ce qui se cache sous

votre éponge
Auparavant naturelles, les éponges sont désormais de fabrication industrielle.
Après quelques semaines d’utilisation, elles finissent rapidement à la poubelle, dans
la plus grande indifférence. Or, face à cet objet de la vie courante, on peut adopter
une attitude plus écologique, voire zéro déchet. Voici quelques conseils et astuces !

L’éponge, voilà un objet du

quotidien qui rend bien des
services, du sol au plafond. Mais sa
durée de vie est limitée : de quelques
semaines d’utilisation pour les plus
hygiénistes à quelques mois pour les
plus économes… Or, savez-vous que
l’on peut recycler ou fabriquer soi-
même ses éponges ? Après un petit
tour dans les rayons du commerce,
où je vous détaillerai les différents
types d’éponge, je vais vous expli‑
quer comment vous en passer.

Les éponges
du commerce
• Les éponges animales La spongia est une éponge marine qui provient du squelette de la démosponge
Ayant des propriétés d’absorption
exceptionnelles, elles sont plus (blanchiment au chlore). C’est le À partir de la pâte à bois, on ajoute
chères et moins résistantes que les principal point à vérifier avant d’en des colorants, des fibres et du sulfate
éponges industrielles. Leur usage acheter 1. Personnellement, je ré‑ de sodium, produit qui va permettre
remonte à l’Antiquité, mais mainte‑ serve ces éponges animales au soin de créer les trous. Après cuisson,
nant, elles sont surtout réservées du visage. Il existe aussi une utilisa‑ lavage et découpage, on ajoute
à la cosmétique. L’éponge provient tion plus confidentielle, en guise de parfois à l’éponge des traitements
d’un squelette animal, la démos‑ tampons hygiéniques, grâce à leur antibactériens ou du plastifiant (par
ponge, qui vit en majorité dans remarquable capacité d’absorption. exemple, dans les éponges «  tous
les mers tempérées et chaudes, Côté entretien, on peut passer ces travaux », légèrement humides, qu’il
comme en Méditerranée. Apparue éponges en machine ou leur don‑ est conseillé de rincer plusieurs fois
avant les dinosaures, cette espèce ner un bain d’eau tiède salée, avec avant usage, ou celles qui résistent à
très répandue vit fixée aux rochers, quelques gouttes d’huile essentielle l’eau de Javel). En fait, il est impos‑
comme les coraux. Cependant,
(lavande, tea tree). sible de savoir quel type de produits
seules quelques espèces possèdent
• Les éponges végétales chimiques a pu être ajouté, même
une forme ou structure commer‑
Comparées aux éponges naturelles, dans les éponges dites « recyclées » !
cialisable (la spongia, par exemple).
C’est une culture rentable, très leur capacité d’absorption est trois C’est pourquoi je vous conseille de
productive, avec un impact environ‑ fois moins bonne, mais elles résistent vous orienter vers des fournisseurs
nemental nul (voire positif, puisqu’il mieux dans le temps. On les appelle écologiques. On peut ainsi s’assurer
s’agit d’animaux filtreurs capables végétales car elles sont issues de la de leur véritable biodégradabilité,
de dépolluer les eaux). Si les éponges cellulose, mais elles ne sont pas pour sans impact sur l’environnement. À
sont naturelles, elles ne sont pas autant naturelles et le processus de condition qu’elles ne soient pas cou‑
toujours traitées écologiquement fabrication consomme de l’énergie. plées avec un revêtement abrasif, on
1. À défaut d’habiter au bord de mer, ce site de vente en ligne me paraît digne de confiance : www.comme-avant.bio/pages/eponge-naturelle-de-mer

ja n v i e r 2 0 2 0 •  n°1 6 0 9
 DÉCRYPTAGE

peut alors les composter ! Les grandes

marques commencent à développer
des parties abrasives végétales en
fibres recyclées ; c’est un progrès,
mais cela reste encore rare et n’amé‑
liore pas la durée de vie de l’éponge.
• Les éponges synthétiques
Ici, pas de compostage possible.
Ces éponges sont issues de la pé‑
trochimie et leur impact écologique
est plus lourd. Issues d’une réaction
chimique entre du benzoate poly‑
mérique et un aluminium fin, ces
éponges sont certes plus résistantes
et moins chères, mais leur pouvoir
d’absorption est assez médiocre.

Comment les choisir ?

I
l est préférable d’acheter
des éponges végétales sans
traitement, mais également sans re‑
vêtement abrasif.
Première raison  : lorsque l’on uti‑
lise une éponge seule et un abrasif
seul, ils durent plus longtemps, car
on peut utiliser les deux faces.
Deuxième raison  : outre le fait
que le revêtement est collé avec
un produit chimique, sa fabrication
n’est pas écologique (il est compo‑
sé de fibres synthétiques en nylon
et polyester). On trouve aussi des
éponges « écologiques », où l’abrasif
est fabriqué en matière recyclée, à
partir de bouteilles plastiques, par
exemple. C’est un progrès, mais cela
reste incompostable… Elles finiront
probablement avec les déchets non
recyclables plutôt que dans le bac
papier/plastique.
Je vous conseille à la place d’acheter
un grattoir à récurer en maille de
cuivre, car il ne raye et ne rouille pas.
C’est aussi un produit lavable (en
machine, par exemple) et recyclable.
Et si vous cultiviez
vos éponges ?
M ais on peut aller plus loin dans
la démarche en supprimant
2. https://www.youtube.com/watch?v=cyU6OUhbx_Q
La courge grimpante, appelée luffa, une fois séchée, permet de faire des éponges végétales
complètement ses achats d’éponge
au supermarché ! Les adeptes de la
permaculture cultivent ainsi leurs
éponges au potager. Le luffa (ou loofah)
est une courge grimpante que vous
pouvez, vous aussi, semer au prin‑
temps. Une fois arrivées à maturité,
on fait sécher les fruits à la forme
allongée. Puis, on les trempe dans
l’eau pour les réhydrater en surface,
en vue de décoller la peau. On récu‑
père ensuite l’intérieur fibreux (et les
graines pour l’année prochaine). On
découpe enfin des éponges à la taille
souhaitée dans le squelette cylin‑
drique. La texture est plus grossière
que les éponges végétales indus‑
trielles, mais elle convient très bien à
la toilette (c’est notamment un exfo‑
liant doux) et, bien sûr, à la vaisselle.
Le luffa peut être lavé en machine et
même passer au lave-vaisselle !
Je vous encourage à regarder la
vidéo « Éponge végétale (la luffa) »2 sur
la chaîne YouTube « Permaculture
agroécologie, etc. » pour ne pas rater
votre culture d’éponges.
L’éponge Do-It-Yourself
D ans la série recyclage/zéro dé‑
chet, vous pouvez également
fabriquer vos propres « lavettes » avec
de vieux vêtements : c’est la fameuse
éponge japonaise tawashi. Elle n’est
certes pas aussi absorbante qu’une
éponge, mais elle est suffisante pour
faire la vaisselle ou essuyer les sur‑
faces. À l’aide d’un carré de bois
serti de clous, on tisse soi-même son
tawashi à partir de divers textiles
(selon les propriétés recherchées) :
un legging, une manche de pull, un
collant épais, des chaussettes dé‑
pareillées, etc. Le morceau de tissu
doit faire au moins 8 cm de large et
il doit être suffisamment long pour
découper 14 bandeaux d’environ
2 à 3 cm de large. Ces bandelettes
seront ensuite entrelacées sur le
métier à tisser.
Il existe de nombreux tutoriels sur
Internet pour pratiquer cette ac‑
tivité ludique et écologique. Pour
entretenir son tawashi, on peut opter

10 janvi e r 2020 • n°1 6 0
 INFOS SUR LA SANTÉ NATURELLE
DÉCRYPTAGE

pour des bains de vi‑ La surcharge

naigre ou les passer à pondérale avant
la machine à laver (si
possible à 60°). 40 ans augmente
Vous pouvez aussi le risque de cancer
confectionner une
version grattoir du
tawashi, en utilisant
une ficelle en sisal. Un tawashi en train d’être confectionné
L ’excès de poids favorise certaines
formes de cancer, et l’âge auquel il
s’installe semble avoir un impact crucial
sur le risque de développer ces maladies,
comme vient de le montrer une étude1
Konjac, l’éponge cosmétique japonaise menée auprès de 220  000 Européens
suivis pendant près de vingt ans. Chez
Très à la mode en cosmétique, 100 % biodégradable et
naturelle, l’éponge konjac est issue d’une plante dont
l’homme, être en surpoids (IMC supé‑
rieur ou égal à 25) avant 40 ans augmente
le rhizome fait partie du régime alimentaire quotidien des le risque de développer la forme la plus
Japonais. Le konjac est aussi un trésor de la pharmacopée courante de cancer du rein de 58 % et de
traditionnelle asiatique, utile contre le diabète et le cancer. cancer du côlon de 29 % ; chez la femme, le
Mais la pâte ou la poudre, facile à se procurer dans les épiceries risque de cancer de l’endomètre (la partie
asiatiques, peut aussi servir à fabriquer ses propres éponges interne de l’utérus) bondit de 70 %. De
cosmétiques, aux vertus nettoyantes. Il existe plusieurs tech‑ manière globale, le surpoids avant 40 ans
niques, dont la plus simple consiste à faire sécher au soleil, augmente le risque de développer un cancer
pendant une dizaine de jours, des morceaux de pâte. La nuit, associé à l’obésité de 16 % chez l’homme et
on les range cependant au congélateur3. Une fois arrivé au de 15 % chez la femme ; la situation empire
stade parfaitement sec, le konjac ressemble à de la pierre avec l’obésité (IMC supérieur ou égal à 30)
ponce. Pour l’utiliser, on le réhydrate, tout simplement. Après survenue avant 40 ans : le risque grimpe
emploi, on rince l’éponge au savon, on la presse délicatement respectivement à 64 % et 48 %.
et on la suspend dans une pièce bien ventilée. La durée de vie
d’une telle éponge, sans conservateur, ni additif, est d’environ
trois mois. Il faut penser à la stériliser de temps en temps par
un passage de quelques minutes dans l’eau bouillante, accom‑ Votre téléphone
pagnée d’une goutte d’huile essentielle (tea tree, lavande, etc.).
portable a plus
Attention au choix de votre éponge konjac si vous ne la faites
pas vous-même : certaines sont vendues humides dans des de trois ans ?
sachets en plastique, mais cela n’est possible qu’avec ajouts de
conservateurs chimiques.
Ne le rangez pas
dans votre poche !
Recyclez vos éponges industrielles !
Maintenant que vous savez comment vous passer des P orter un smartphone acheté avant
avril  2016 près de son corps n’est
pas recommandé : l’Anses met en garde
éponges du commerce, que faire de ses vieilles éponges
contre l’excès d’ondes qu’ils émettent.
végétales ou synthétiques ? On peut bien sûr en faire des outils
L’agence sanitaire a compilé les résultats2
de peinture et de bricolage, mais aussi s’en servir comme régu‑
de 57 études menées chez l’animal, pour
lateur d’humidité dans les pots de fleurs. Votre éponge finira conclure à l’existence d’un effet biologique
dignement sa vie au fond du trou ! C’est beaucoup plus efficace sur l’activité cérébrale lors de l’exposi‑
qu’une poignée de cailloux pour drainer et réguler l’humidité. tion à des modèles de téléphones dont
Les éponges synthétiques peuvent aussi convenir pour les la quantité d’ondes émises dépasse les
jardinières d’ornement, mais je vous avoue ne pas savoir en 2 watts par kilo – seuil réglementaire pour
combien de temps elles finiront par partir en lambeaux. À tes‑ les nouveaux appareils commercialisés
ter… L’idéal reste de les bannir définitivement du caddie et de après cette date. Tenir son appareil à dis‑
préférer les éponges végétales, entièrement biodégradables. tance, à défaut de le changer, s’impose
Pryska Ducœurjoly donc comme un principe de précaution.

1. Bjørge T et al. « BMI and Weight Changes and Risk of Obesity-Related

3. Tout est expliqué dans cet article « Comment fabriquer son éponge konjac avec un ingrédient » sur https://bijin.fr/
comment-fabriquer-son-eponge-konjac-avec-1-ingredient ; voir aussi https://www.yamamotofarm.co.jp/fr/process
Cancers: a Pooled European Cohort Study. » Int J Epidemiol. 2019 Sep 30. pii:
dyz188
2. Avis et rapport de l’Anses relatif aux effets sanitaires éventuels liés aux va‑
leurs élevées de débit d’absorption spécifique de téléphones mobiles portés
près du corps

ja n v i e r 2 0 2 0 •  n°1 6 0 11
 BIEN DANS SON CORPS
Le reiki : une voie d’accès
au bien-être
Technique de transfert d’énergie par les mains et méthode psychocorporelle,
le reiki fait de plus en plus d’adeptes en Occident. Cette thérapie viserait à
reconnecter notre esprit à l’énergie universelle pour retrouver la pleine santé.
Pourquoi ? Comment ? Est-ce à la portée de tous ?
L’histoire du reiki
a commencé il y a
près d’une cen‑
taine d’années au
Japon, avec Mikao
Usui Sensei, né en
1865. Issu d’une
famille samouraï, il a commencé dès
sa jeunesse à s’intéresser à l’utili‑
sation des énergies d’une façon
générale et à leur lien avec la spi‑
ritualité. Mikao Usui utilisa ses
recherches méditatives et fonda
le reiki en 1922, pratique visant à
transformer durablement son mal-
être en mieux-vivre en apprenant à
aller chercher en soi ses potentiels
naturels pour les développer et les
pérenniser. C’est en partie grâce à
ce sensei (« enseignant » en japonais)
que le reiki s’est introduit dans le
monde occidental, aux États-Unis
d’abord (Hawaï), puis en Europe.
Le terme « reiki » est une combinai‑
son des mots japonais «  Rei  », qui
signifie esprit divin ou mystérieux,
et « Ki », représentant l’énergie vi‑
tale, la conscience ou, comme disent
les Japonais, le « souffle de vie ». Le
reiki est relativement nouveau sur la
scène du bien-être.
En 2017, j’ai souhaité, par curiosi‑
té, participer à un stage initiatique
de reiki de premier degré pour
découvrir la pratique et m’aider à
apporter l’énergie là où il le faut. J’y
ai découvert une dimension spiri‑
tuelle grâce, notamment, aux cinq
idéaux du reiki que nous allons voir
ci-après. Cette méthode pourrait se
comparer au magnétisme, à la diffé‑
rence que l’énergie utilisée dans le
12 janvi e r 2020 • n°1 6 0
soin provient de l’extérieur et non du
thérapeute lui-même, grâce à l’ou‑
verture de son canal énergétique.
Cela évite d’assécher ses propres ré‑
serves énergétiques et de prendre la
« mauvaise » énergie de son patient.
Le canal reiki est un canal énergé‑
tique subtil qui ne fait pas partie de la
structure énergétique connue dans
la tradition chinoise ou indienne et
n’appartient pas non plus au sys‑
tème des chakras  : c’est un canal
complètement à part. Il démarre au
sommet de la tête, passe par le cœur,
par les bras et s’ouvre au milieu des
paumes, au bout des doigts, ainsi que
sur toute la surface de la main.
Les 5 idéaux du reiki
Q uand on fait référence aux
5  idéaux que Mikao Usui
Sensei a inclus dans le reiki, on a
l’habitude de les appeler « les 5 prin‑
cipes » ou « les 5 règles de vie » du
reiki, tout comme «  les 4 accords
toltèques  ». Ces 5 idéaux partent
du principe que, si nous souhaitons
voir se manifester des changements
positifs dans notre vie, nous devons
agir nous-même, car personne ne le
fera pour nous. L’objectif est de vivre
ces 5 idéaux de notre mieux.
1. Juste pour aujourd’hui, je me
libère de toute préoccupation.
Ne plus penser à ce qui nous préoc‑
cupe, quel défi pour nombre d’entre
nous  ! L’idée est d’essayer de se
recentrer pour revenir à l’instant
présent, afin de trouver la confiance
en la vie et en nous.
2. Juste pour aujourd’hui, je me
libère de la colère.
Pour libérer la colère, deux solutions
s’offrent à nous. Si elle est trop forte,
nous pouvons l’exprimer « ailleurs »,
en criant dehors, en pratiquant un
sport intensif et en utilisant nos
talents artistiques. Ou bien, nous
pouvons prendre du recul, être spec‑
tateur de nos émotions et les laisser
exister sans nous envahir.
3. Juste pour aujourd’hui, je rends
grâce pour mes nombreuses bé-
nédictions, j’honore mes parents,
mes professeurs et mes aïeux.
En Asie, le respect pour l’enseignant et
pour l’enseignement est indiscutable
et spontané. L’idée est donc de savoir
apprécier chaque expérience avec
un regard neuf et chaque personne
comme porteuse de l’étincelle de vie.
4. Juste pour aujourd’hui, je vis ma
vie honnêtement.
Le désir de reconnaissance et la peur
d’être rejeté nous poussent à jouer
des rôles et à renier certains aspects
de notre personnalité. Vivre sa vie
honnêtement, c’est être honnête
vis-à-vis des autres, mais aussi vis-
à-vis de soi.
5. Juste pour aujourd’hui, je res-
pecte la vie autour de moi sous
toutes ses formes.
Cet idéal nous incite à vivre en har‑
monie sur notre planète avec les
quatre règnes (humain, animal, végé‑
tal, minéral) et les quatre éléments
vitaux (terre, eau, feu, air).
Dans les années 1980, les Drs Robert
Becker et John Zimmerman déci‑
dèrent d’observer les praticiens et
 BIEN DANS SON CORPS

les patients avec des instruments Timone à Marseille, que s’est intro‑ rare pouvant causer la mort subite.
de mesure scientifiques. Ils décou‑ duite la pratique, grâce notamment Confiné dans un lit en soins intensifs
vrirent que les cerveaux des sujets à un médecin qui était maître reiki. à vingt-cinq ans, il pensait devoir
se synchronisaient sur une même mettre fin à sa carrière. Cependant,
Les États-Unis semblent bien en
onde (ondes alpha), ce qui n’est pas grâce à un ami et à une belle rencontre
avance dans ce domaine puisqu’en
étonnant en matière de relaxation avec un praticien, il a découvert la
2002, déjà, 60  % des hôpitaux puissance du reiki et a repris espoir.
(je vous renvoie à mon article sur
contactés utilisaient le reiki en tant Un traitement lui a permis de reve‑
les sons binauraux dans le no 156
que thérapie complémentaire. Le nir avec succès au cyclisme de haut
d’Alternatif Bien-Être, pour mieux
comprendre). D’un point de vue Hartford Hospital (Connecticut) uti‑ niveau. Depuis, il n’a plus jamais eu
scientifique, le reiki produit des ré‑ lisait des thérapies complémentaires de problème cardiaque.
sultats au niveau électromagnétique. comme le qi gong, les massages,
l’acupuncture et également le reiki Personnellement, je fais des auto‑
D’après des recherches récentes, il pour soigner les patients qui le sou‑ traitements une fois par semaine
apparaît que le reiki agit pour « re‑ haitaient. Un programme portant sur pour réduire le stress et le risque de
lancer  » le processus de guérison 1 480 soins donnés sur une période blessure dû à mon activité sportive.
du corps en produisant des chan‑ de trois ans a obtenu les résultats Et depuis que je pratique régulière‑
gements de fréquence vibratoire suivants : ment, je suis plus à l’écoute de mon
qui, à leur tour, stimulent les chan‑ corps et de ses réactions.
• réduction du stress et de l’anxiété
gements physiques dans le corps.
de 94 % ;
Pour faire simple, le reiki permet au
corps de vivre dans un état vraiment • réduction des nausées de 80 % ; Comment se déroule
reposant. La respiration devient plus • réduction de la douleur de 78 % ; une séance ?
lente et plus profonde, ce qui permet • augmentation du sommeil de
à l’oxygène d’atteindre tous les or‑ 86 %. L e reiki est une pratique ho‑
listique à la portée de tous et
ganes et cellules vitaux. utilisable librement, dans le simple
Force est de constater qu’il se passe
Dans cette expérience, la fréquence bien quelque chose lors d’un soin ! souci de donner une énergie d’amour
du champ généré par le soin entre le et de bienveillance. Il n’existe pas de
Si vous souhaitez en savoir plus la
praticien et le patient a été enregis‑ contre-indication à cette thérapie.
pratique du reiki dans les hôpitaux,
trée et s’est alors révélée identique je vous recommande un dossier très Durant la séance, vous êtes allon‑
à celle du champ magnétique ter‑ complet sur www.reikiforum.com. gé, habillé  ; vous fermez les yeux
restre. Les mesures des deux et n’avez rien à faire. Pendant ce
scientifiques ont également montré Pour les athlètes et sportifs de tous
temps, le reikiologue pose les mains
que le champ généré par eux était niveaux, le reiki est une aide à l’entraî‑
sur des points précis du corps avec
1 000 fois supérieur à la moyenne nement. C’est un outil qui peut être
un toucher léger et effectue un tra‑
lors d’échanges normaux entre deux utilisé à tout moment, n’importe où,
vail de méditation. Il déclenche une
humains. Une telle augmentation est pour se libérer rapidement du stress, résonance méditative d’union chez
impossible à provoquer avec l’éner‑ soulager la douleur et augmenter la personne, libérant les crispations
gie naturelle de nos corps. Pourtant, le niveau d’énergie. C’est aussi une du corps et de l’esprit. Une séance
les corps n’étaient reliés à aucune excellente aide pour les blessures dure environ une heure et coûte
source électrique ou champ élec‑ sportives. La relaxation intense at‑ entre 50 et 80 euros.
tromagnétique particulier. D’autres teinte lors d’un soin reiki, ainsi que la
études cliniques sont en cours, chaleur ressentie, apaisent et ont un Vous pouvez vous rendre sur le
tandis que le reiki fait doucement effet profondément réparateur sur site de la Fédération française de
son entrée dans les établissements les zones ciblées, permettant ainsi reiki traditionnel www.ffrt.fr pour
médicaux, dont les centres de soins un taux de récupération plus rapide. contacter un reikiologue.
palliatifs, les salles d’urgence, les
De nombreux sportifs profession‑ Thomas Mahieu
environnements psychiatriques, les Coach sportif/santé
nels intègrent le reiki à leur style de
salles d’opération…
vie ; c’est le cas du double médail‑ www.actif-coaching.com
Depuis 2007, en France, c’est à lé olympique de cyclisme Hayden
l’USRE (Unité de soins et de la re‑ Roulston, auquel, en 2006, on a dia‑
cherche sur l’esprit) à l’hôpital de la gnostiqué une maladie cardiaque

Études :
Drs Becker et Zimmerman : http://www.reikiteaching.co.uk/page10.html
Guérison par le reiki : https://www.uclahealth.org/rehab/workfiles/urban%20zen/research%20articles/reiki_really_works-a_groundbreaking_scientific_study.pdf
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5628565/

ja n v i e r 2 0 2 0 •  n°1 6 0 13
 Y AVEZ-VOUS PENSÉ ?

Ce nutriment est capital pour

votre santé cardiovasculaire
Nutriment abondant dans la viande rouge, la L-carnitine est plébiscitée par
les sportifs désireux d’améliorer leurs performances sportives. Mais ses
bienfaits ne se résument pas à cette action : elle est garante de notre santé
cardiovasculaire, aussi bien pour prévenir l’installation des maladies que pour
en atténuer l’impact.

À l’âge où les autres bambins ga‑

lopent en toute insouciance,
un petit garçon de 3 ans vivant au
Togo est hospitalisé ; il souffre de
difficultés respiratoires quand il
s’active et d’un manque de tonus
musculaire1. L’équipe médicale qui le
reçoit l’examine et détecte un bruit
anormal au niveau de son cœur.
En menant de plus amples inves‑
tigations, les médecins constatent
que l’organe ne fonctionne pas Un plat riche en L-carnitine : un steak de bœuf accompagné d’asperges
de manière optimale et posent le
diagnostic : l’enfant souffre d’une La carnitine, composé liés à la fabrication autonome par
notre organisme2. La carnitine joue
cardiomyopathie dilatée. Son muscle essentiel de l’organisme le rôle de transporteur : elle permet
cardiaque est affaibli et les ventri‑
cules, les cavités inférieures du cœur C e cas extrême et heureu‑
sement rare – ce déficit
le passage des acides gras à longue
chaîne à travers la membrane des
se sont élargies, l’empêchant d’assu‑
en carnitine d’origine génétique mitochondries, les usines à énergie
rer efficacement son rôle de pompe.
concerne entre 1  naissance sur des cellules. Arrivés à destination,
Mais pourquoi cet organe est-il dans 20 000 et 1 naissance sur 70 000 ils servent à produire l’énergie né‑
un tel état chez un si jeune enfant ? – montre bien l’importance de ce cessaire à leur fonctionnement. Ce
La piste infectieuse, qui est parfois composé pour l’organisme, et tout phénomène a notamment lieu au ni-
en cause dans ce type de problèmes, particulièrement pour le cœur. La veau des cardiomyocytes, les cellules
est rapidement écartée. Le bilan san‑ carnitine est fabriquée à partir de qui composent le muscle cardiaque
guin met rapidement l’équipe sur la deux acides aminés essentiels four‑ et qui assurent sa contraction.
piste : le taux de carnitine du petit nis par notre alimentation, la lysine Rien d’étonnant, donc, à ce qu’une
garçon est anormalement bas. Un déficience en carnitine entrave le
et la méthionine. La production
examen génétique est alors mené fonctionnement du cœur.
s’opère au niveau du foie et des reins,
et l’existence d’une mutation bien en présence de vitamine C, puis se
connue des spécialistes est rapide‑ répartit dans les tissus qui en ont Les bienfaits de
ment mise en évidence. L’enfant est
porteur d’un gène défectueux, qui
besoin. À cette production interne
s’ajoutent les apports alimentaires
la carnitine pour la santé
le prive de la carnitine nécessaire à liés essentiellement à la consom‑ cardiovasculaire
A
son équilibre. Le composé déficitaire mation de produits animaux, qui en insi, de nombreuses études
lui est administré par voie orale ; en sont riches. On estime que 75 % de la ont testé les bienfaits de la
trois semaines seulement, l’enfant quantité de carnitine présents dans L-carnitine sur la santé cardiaque.
est remis sur pied. Il devra observer l’organisme proviennent de l’alimen‑ Chez des personnes présentant
toute sa vie cette supplémentation. tation et que seulement 25 % sont un risque cardiovasculaire élevé 3,
1. Baragou S et al. « A cause of dilated cardiomyopathy in a child: primary carnitine deficiency ». Ann Cardiol Angeiol (Paris). 2014 Apr;63(2):107-10
2. Rebouche, C. J. (1992) « Carnitine function and requirements during thelife cycle ». FASEB J.6, 3379–3386
3. Ruggenenti P et al. « Ameliorating hypertension and insulin resistance in subjects at increased cardiovascular risk: effects of acetyl-L-carnitine therapy ». Hypertension. 2009 Sep;54(3):567-74

14 janvi e r 2020 • n°1 6 0
 Y AVEZ-VOUS PENSÉ ?

une supplémentation orale pendant de l’angine de poitrine (douleurs peuvent également provoquer une
24 semaines à base d’acétyl-L-car‑ dans le thorax, sensation d’oppres‑ déficience en carnitine.
nitine (une autre forme de ce sion, etc.)8. En cas de crise cardiaque,
nutriment) à raison d’un gramme les niveaux de carnitine du cœur, qui
deux fois par jour, permet de lutter est normalement l’un des organes Où trouver la carnitine ?
contre l’hypertension et améliore
la sensibilité à l’insuline, l’hormone
qui en contient le plus, baissent dan‑
gereusement, et les restaurer grâce V eiller à recevoir de bons ap‑
ports en carnitine est donc
qui régule le taux de sucre sanguin. à la supplémentation est crucial pour capital pour maintenir sa santé
Son action sur la pression artérielle les malades. cardiovasculaire. Dans notre ali‑
est liée à sa capacité à enrayer les mentation, la principale source de
phénomènes inflammatoires 4. La La carnitine pourrait également
ce nutriment est fournie par les pro‑
L-carnitine fait par ailleurs partie s’avérer utile chez les personnes
duits animaux. La viande en présente
des rares composés en mesure diabétiques. En cas de diabète, l’ex‑ les plus fortes teneurs (85 g de steak
d’abaisser le taux de lipoprotéine cès de sucre sanguin augmente le de bœuf apportent 81 mg de carni‑
(a), une molécule proche du choles‑ stress oxydatif et engendre des tine, la même quantité de porc en
térol LDL associée à un risque accru dysfonctionnements au niveau des fournit 24  mg 12). Le lait entier en
de maladie cardiovasculaire lorsque mitochondries, conduisant à la des‑ contient 8  mg pour 230  ml (équi‑
sa concentration sanguine dépasse truction des cellules cardiaques et à valant environ à une tasse de petit
les 50 mg/dL5. Les résultats d’une des complications cardiovasculaires. déjeuner) ; le poisson 5 mg pour une
analyse ayant compilé les résultats Des chercheurs ont testé les effets portion de 85 g ; les végétaux qui
d’essais cliniques menés auprès de de la L-carnitine sur des cultures de en sont les plus riches sont l’avocat
plus de 3 000 personnes révèlent ces cellules, constatant que le pro‑ (2 mg/fruit) et les asperges (0,2 mg
l’efficacité de doses de 2 à 3 g au duit exerce un effet protecteur en pour 6 asperges de taille moyenne).
quotidien pour y parvenir6. empêchant la formation de radicaux
Pour contrer la baisse de carnitine
À côté de cette action préventive, libres et en stimulant les mécanismes
qui s’opère dans l’organisme à me‑
la L-carnitine est utile chez les ma‑ cellulaires antioxydants9.
sure que nous avançons en âge13, une
lades ayant été victimes d’une crise supplémentation en L-carnitine peut
cardiaque. Une supplémentation de
12 mois (9 g par jour par voie intra‑
Une carence en carnitine être envisagée en parallèle. La biodis‑
ponibilité de ces deux sources n’est
veineuse pendant 5 jours, puis 6 g provoquée par certains cependant pas la même : la carnitine
par jour par voie orale) administrée médicaments d’origine alimentaire est assimilée
à ces patients permet d’atténuer un à hauteur de 57 à 84 %, tandis que
phénomène pathologique courant, C ertains médicaments utilisés
pour combattre le cancer al‑
celle des compléments alimentaires
la dilatation d’une des cavités du ne l’est qu’entre 14 et 18 %14. Pour se
cœur (le ventricule gauche), qui al‑ tèrent l’absorption et la production
supplémenter, il convient de se tour‑
tère le fonctionnement de l’organe. de carnitine, ce qui entraîne une dé‑
ner vers les produits ne contenant
En conséquence, le risque de défail‑ ficience. Une situation renforcée par
que de la L-carnitine. La D-carnitine,
lance cardiaque et de décès diminue la baisse des apports alimentaires
image dans le miroir de la L-carnitine,
grâce au traitement7. Une équipe de en carnitine chez les malades qui la court-circuite et peut entraîner
chercheurs a analysé les résultats de perdent souvent l’appétit pendant une déficience.
13 de ces études consacrées à l’im‑ ces traitements 10. Ce mécanisme
pact de la prise de L-carnitine après pourrait donc être impliqué dans PRODUITS CONSEILLÉS
une crise cardiaque, ayant porté sur la toxicité pour le cœur de cer‑ L-carnitine-L-tartrate de qualité
3  629  patients. Ils ont découvert taines molécules anticancéreuses ultra-pure (Dynveo) : www.dynveo.fr
qu’elle permettait une réduction de et l’usage de carnitine pourrait ainsi L-carnitine 250 mg (Vitall+) :
37 % de la mortalité toutes causes permettre de réduire ces effets in‑ www.onatera.com
confondues, de 65 % des anomalies désirables 11 . Un antiépileptique,
du rythme cardiaque au niveau des l’acide valproïque, des médicaments
ventricules, de 40 % des symptômes anti-VIH et certains antibiotiques Céline Sivault

4. Miguel-Carrasco JL et al. « The role of inflammatory markers in the cardioprotective effect of L-carnitine in L-NAME-induced hypertension ». Am J Hypertens. 2008 Nov;21(11):1231-7
5. Nordestgaard BG et al. « Lipoprotein(a) as a cardiovascular risk factor: current status ». Eur Heart J. 2010 Dec;31(23):2844-53
6. Shang R, Sun Z, Li H. « Effective dosing of L-carnitine in the secondary prevention of cardiovascular disease: a systematic review and meta-analysis ». BMC Cardiovasc Disord. 2014 ;14 : 88
7. Iliceto S et al. « Effects of L-carnitine administration on left ventricular remodeling after acute anterior myocardial infarction: the L-Carnitine Ecocardiografia Digitalizzata Infarto Miocardico (CEDIM) Trial ». J Am Coll Cardiol. 1995 Aug; 26(2):380-7
8. James J. DiNicolantonio et al. « L-Carnitine in the Secondary Prevention of Cardiovascular Disease: Systematic Review and Meta-analysis ». Mayo Clinic Proceedings, June 2013; Volume 88, Issue 6
9. Vacante F et al. « L-Carnitine: An Antioxidant Remedy for the Survival of Cardiomyocytes under Hyperglycemic Condition ». J Diabetes Res. 2018 Dec 9;2018:4028297
10. Sayed-Ahmed MM et al. « Role of carnitine in cancer chemotherapy-induced multiple organ toxicity ». Saudi Pharm J. 2010 Oct;18(4):195-206
11. Arrigoni-Martelli E, Caso V. « Carnitine protects mitochondria and removes toxic acyls from xenobiotics ». Drugs Exp Clin Res. 2001;27(1):27-49
12. Rebouche CJ. « Carnitine ». In: Shils ME, Olson JA, Shike M, Ross AC, eds. « Modern Nutrition in Health and Disease ». 9th ed. Philadelphia: Lippincott, Williams & Wilkins; 1999:505-512
13. Costell M, O’Connor JE, Grisolia S. « Age-dependent decrease of carnitine content in muscle of mice and humans ». Biochem Biophys Res Commun. 1989;161(3):1135-1143
14. Rebouche CJ et al. « Kinetics, pharmacokinetics, and regulation of L-carnitine and acetyl-L-carnitine metabolism ». Ann N Y Acad Sci. 2004 Nov;1033:30-41

ja n v i e r 2 0 2 0 •  n°1 6 0 15
 LE DOSSIER DU MOIS

Comment prémunir vos jambes

des dangers d’une phlébite
Dans le réseau veineux qui part des orteils pour revenir jusqu’au cœur, les défail-
lances ne sont pas rares : lourdeurs dans les jambes, varices, etc. Elles ne devraient
jamais être banalisées, au risque de laisser se former un caillot de sang qui bouche
la circulation. Voici ce qu’il faut savoir pour éviter l’apparition d’une phlébite.

O ctobre 2000, aéroport d’Hea‑

throw  : Emma, une jeune
Selon l’Institut de veille sanitaire,
on déplore chaque année en France
Au niveau des jambes, on dis-
tingue deux réseaux veineux :
britannique de 28 ans, commence à 10 000 à 20 000 décès qui font suite
● Les veines profondes qui
se sentir mal quelques minutes après aux complications d’une phlébite. sont entourées de toute la
être descendue de l’avion en prove‑ Outre les vols long-courriers, n’im‑ masse musculaire des mollets
nance de Sydney (Australie). Elle fait porte quel long trajet, que ce soit et des cuisses. Le travail mus-
un malaise dans le hall des arrivées culaire est indispensable à la
en classe affaires, en train ou en
et, malgré les soins, elle meurt dans circulation du sang veineux.
voiture 2 , augmente le risque de Ces veines ont le plus gros débit,
l’ambulance qui la transporte à l’hô‑ phlébite. Néanmoins, la situation la ce qui leur permet de drainer
pital. La jeune femme a été victime du plus fréquente qui favorise la forma‑ 90 % du sang.
« syndrome de la classe économique » : tion d’un caillot sanguin concerne ● Les veines superficielles si-
elle a subi une embolie pulmonaire, des millions de personnes : c’est le tuées juste sous la peau, qui
la plus redoutée des complications fait d’avoir une mauvaise circulation représentent un axe secondaire
d’une phlébite1. veineuse. Sans dramatiser, chacun et véhiculent environ 10 % de la
devrait connaître les conseils essen‑ circulation de retour. Les prin-
Emma venait de parcourir 20 000 km cipales veines superficielles
tiels à l’amélioration de son capital
en vingt heures de vol et elle est sont les saphènes et c’est géné-
veineux ainsi que tous les éléments ralement à leurs dépens que se
morte d’être restée assise les jambes
permettant de prévenir une phlébite. développent les varices.
coincées dans un espace restreint.
Grande sportive, elle était en pleine Les deux réseaux sont reliés par
santé et n’avait aucun antécédent de Profonde ou superficielle : des veines dites « perforantes »
et la direction du flux est vers
phlébite, ni même de problème de deux types de phlébite les veines profondes.
retour veineux. Pourtant, avec le re‑
bord du siège comprimant les veines
poplitées dans le creux du genou,
U ne phlébite, ou thrombose
veineuse, se caractérise par la
formation d’un caillot (le thrombus) se décrocher de la paroi veineuse
la circulation dans ses jambes a dû
dans une veine. N’importe quelle et se déplacer plus facilement dans
considérablement ralentir, la chaleur
partie du système veineux peut être le système veineux pour rejoindre
a aggravé la situation, tout comme la
affectée  ; cependant, elle touche la circulation générale, ce qui aug‑
déshydratation si fréquente en vol et
principalement les jambes, le plus mente considérablement le risque
la pressurisation de la cabine. Cette
souvent une veine du mollet ou de d’embolie pulmonaire.
situation a favorisé la formation d’un
la cuisse. ●● Si les petites veines sous la peau
caillot dans les vaisseaux profonds
des jambes. À l’arrivée à l’aéroport, Selon le réseau où la phlébite prend sont touchées, on parle de throm‑
Emma a marché dans le hall, sa cir‑ naissance, le danger n’est pas le même : bose veineuse superficielle  ou de
culation s’est rétablie, emportant du ●● Quand le caillot prend naissance paraphlébite. Il s’agit de la forme
même coup des fragments du caillot. dans une veine profonde, on parle la plus fréquente et qui présente
Une partie est remontée au cœur et de thrombose veineuse profonde un risque quasi nul d’embolie. Une
s’est introduite dans l’artère pulmo‑ et le danger est important. Ce sont paraphlébite entraîne principale‑
naire, ce qui a bloqué brutalement le des veines de gros calibre, avec un ment une douleur et des anomalies
flux sanguin, provoquant une embo‑ débit important ; le caillot de sang locales dermatologiques, comme
lie fatale. peut être de grande taille, il peut une dermite ocre (une pigmentation
1. Dusse LMS, Silva MVF, Freitas LG, Marcolino MS, Carvalho MDG. « Economy class syndrome: what is it and who are the individuals at risk? ». Rev Bras Hematol Hemoter. 2017;39(4):349–353. doi:10.1016/j.bjhh.2017.05.001
2. MacCallum P.K., Ashby D., Hennessy E.M., Letley L., Martin J., Mt-Isa S. « Cumulative flying time and risk of venous thromboembolism. » Br J Haematol. 2011;155(5):613–619

16 janvi e r 2020 • n°1 6 0
 LE DOSSIER DU MOIS

de la peau) ou un ulcère variqueux Comment un Ces deux facteurs principaux

peuvent interagir : un thrombus qui
(une plaie). Elle se traite essentielle‑
ment avec le port d’une compression
caillot se forme-t-il se forme pour réparer une paroi
élastique médicale, éventuellement dans les veines ? lésée entraîne un ralentissement et
des turbulences du flux sanguin et,
N
avec des anti-inflammatoires et des ormalement, le sang fabrique
anticoagulants. des caillots pour éviter l’hé‑ inversement, une modification de
morragie en cas de blessure. Toute la circulation peut être responsable
Autant les phlébites profondes d’une altération de la paroi.
constituent des urgences médi‑ une cascade de réactions physio‑
cales à cause de leurs complications logiques permet l’agrégation des
potentielles, autant les phlébites su‑ cellules sanguines en bouchon, puis
leur dissolution une fois la brèche
Pilule amère
perficielles sont considérées comme
des événements mineurs et bé‑
réparée. Ce système de coagulation
est basé sur des relations complexes
A près une phlébite, il est es‑
sentiel pour les femmes de
nins, qui sont avant tout des signes
qui doivent s’équilibrer, mais deux faire le point si elles prennent des
d’insuffisance veineuse avancée.
situations peuvent fréquemment le traitements hormonaux. Tout ce qui
L’insuffisance veineuse est la grande
perturber. augmente la capacité de coagulation
responsable des phlébites superfi‑
est susceptible de provoquer la for‑
cielles et concerne 22 millions de L’altération de la paroi interne d’une
mation d’un thrombus, ce qui est le
personnes, dont les deux tiers sont veine, qu’elle fasse suite à un trau‑
cas des pilules contraceptives com‑
des femmes. Elle se manifeste par matisme ou à une chirurgie, met en
binées (œstrogène + progestatif) et
des lourdeurs dans les jambes, des marche le processus de coagulation
des traitements hormonaux substitu‑
varices ou des varicosités et est sou‑ pour colmater les brèches ouvertes
tifs qui perturbent le fonctionnement
vent banalisée ; pourtant il existe un qui laissent s’échapper le sang. Des
du foie ; cela se traduit par une aug‑
certain nombre de traitements natu‑ plaquettes sont recrutées et s’ac‑
mentation des risques cardiaques et
rels qui ont fait leurs preuves pour y cumulent sur la paroi en activant
vasculaires.
remédier (voir ci-dessous). les facteurs de la coagulation, qui
vont englober les globules rouges et Si les pilules microprogestatives
Même si elle semble peu inquiétante, consolider le tout grâce à une sorte n’entraînent pas de conséquence né‑
l’apparition d’une phlébite superfi‑ de colle spongieuse, la fibrine. C’est faste pour la majorité des femmes, en
cielle doit être considérée comme le le thrombus. Ce système de coagu‑ revanche, les pilules combinées aug‑
signal d’alarme d’une prédisposition, lation devient également excessif mentent de manière plus ou moins
car les récidives sont fréquentes. lorsqu’il y a une stase, c’est‑à‑dire grande les risques de thrombose4. Le
De plus, une équipe française a ob‑ un ralentissement du flux sanguin. risque est 3 fois plus élevé avec une pi‑
servé qu’elle s’associait chez un Un sang qui n’est pas bien brassé lule de 2e génération, 4 à 6 fois plus élevé
quart des personnes à une throm‑ est très propice à la formation d’un avec les pilules de 3e génération (la plus
bose veineuse profonde3. Il est donc thrombus ; cela concerne toutes les connue est Cerazette) et de 4e généra‑
indispensable de réaliser un écho situations où la jambe est immobi‑ tion (comme Jasmine)5. Selon l’Agence
doppler, l’examen de référence qui lisée, durant les trajets ou au cours nationale de sécurité du médicament
permet de visualiser le réseau vei‑ d’un alitement, par exemple, mais et des produits de santé (ANSM), la
neux et les flux qui le parcourent. surtout tous les insuffisants veineux. pilule provoque chaque année en
moyenne 2 529 accidents thrombo‑
tiques veineux et 20 décès prématurés,
Veine normale Thrombose veineuse profonde dont 14 sont attribuables aux pilules
de 3e et 4e générations. Les risques
sont identiques avec les autres modes
de contraception hormonale, comme
l’anneau vaginal ou le patch trans‑
dermique, dès lors qu’ils combinent
des œstrogènes et un progestatif.
Le traitement hormonal substitutif de la
ménopause accroît également le risque
de thrombose, plus fortement durant la
première année de traitement.

3. Decousus H. et al., « Superficial venous thrombosis and venous thromboembolism: a large, prospective epidemiologic study in Ann Intern Med. », février 2010
4. Lidegaard Ø, Løkkegaard E, Jensen A, Skovlund CW, Keiding N. « Thrombotic stroke and myocardial infarction with hormonal contraception. » N Engl J Med. 2012 Jun 14;366(24):2257-66. doi: 10.1056/NEJMoa1111840
5. Lidegaard O, et al. « Hormonal contraception and risk of venous thromboembolism: National follow-up study. » BMJ 2009;339:b2890

ja n v i e r 2 0 2 0 •  n°1 6 0 17
 LE DOSSIER DU MOIS

Le danger est particulièrement élevé augmentation du risque de throm‑ la poitrine, crachats de sang, toux
lorsque les œstrogènes sont pres‑ bose 5 à 6 fois plus élevé10. inexpliquée.
crits par voie orale : ils multiplient ●● Les maladies génétiques présen‑
par 4 le risque de phlébite et d’embo‑ tant des anomalies de la coagulation
lie6, alors que ce n’est pas le cas par sanguine, comme le déficit en fac‑
Les recommandations
voie transdermique. Il est préférable teur de la coagulation. pour les longs voyages 
d’éviter de recourir aux traitements ●● Les maladies du sang : leucémies,
hormonaux si l’on présente par ail‑ maladie de Vaquez, etc. Q uel que soit le mode de trans‑
port, les trajets de plus de
leurs d’autres facteurs de risque.
●● Le cancer : une phlébite sur 5 est 4 heures qui immobilisent les jambes
associée à un cancer et représen‑ augmentent le risque de phlébite.
Quelques autres terait la 2e cause de décès chez les L’avion majore encore ce risque,
patients cancéreux, soit parce que la du fait de la déshydratation et de
facteurs prédisposant à maladie modifie les facteurs de coa‑ la pressurisation. La prévention est
une phlébite profonde gulation, soit à cause du traitement indispensable :
●● Les situations d’immobilisation (chimiothérapie, hormonothérapie, ●● Évitez les vêtements serrés et les
prolongée : port d’un plâtre, alite‑ etc.), soit parce que la tumeur com‑ chaussures étroites ;
prime les veines11.
ment de plus de 72 heures suite à ●● Étirez les jambes toutes les 30
un accident ou à une intervention minutes et évitez de les croiser,
chirurgicale, voyage de plusieurs Les signes avant- mobilisez souvent les pieds et les
heures, etc.
coureurs d’une phlébite chevilles ;
●● Le surpoids et l’obésité induisent ●● Marchez autant que possible,
un déséquilibre de la capacité de G énéralement, dans une phlé‑
bite superficielle du mollet, les
idéalement 5 minutes toutes les
coagulation7. 2 heures, évitez de rester assis plus
symptômes dépendent de l’impor‑ de 3 heures ;
●● L’avancée en âge : après 45 ans, le
tance de la réaction inflammatoire
risque commence à s’élever et il est causée par le caillot et de la taille du ●● Buvez abondamment : en avion,
multiplié par 6 dès l’âge de 80 ans8. caillot. La zone de peau située au­ il est recommandé de boire 1 litre
●● Le tabagisme favorise l’hyper‑ dessus de la veine atteinte est rouge, toutes les 4 heures ;
coagulabilité du sang, surtout s’il est chaude ; le muscle est rigide avec, ●● Évitez l’alcool et les somnifères,
associé à la pilule contraceptive9. éventuellement, un gonflement. La qui favorisent un sommeil trop
●● La grossesse, en raison des varia‑ douleur n’est pas systématique et on lourd ;
tions hormonales, se traduit par une perçoit parfois un cordon variqueux ●● Portez une contention élastique :
à l’endroit où la veine est bloquée. il n’y a pas de différence d’efficacité
En revanche, Il faut être particuliè‑ démontrée entre les chaussettes ou
rement prudent face aux situations les bas ; il faut choisir le plus confor‑
à risque, car une majorité des throm‑ table à porter. Les recommandations
boses profondes apparaissent de la Société française d’angéiolo‑
brutalement, sans occasionner gie sont en faveur du port d’une
aucun symptôme. S’il y a des symp‑ contention de classe 2 (15 à 20 mm
tômes, il s’agit d’une douleur vive de Hg de pression à la cheville) pour
dans la jambe, qui augmente en mar‑ les voyages de plus de 4 heures, en
chant, ou du gonflement de la jambe. accord avec les études qui ont mon‑
Il faut alors consulter sans attendre, tré un risque de phlébite profonde
car si le caillot migre, l’embolie pul‑ diminué de 95 %, même chez les per‑
monaire est aussi fréquemment sonnes qui ne présentent par ailleurs
Un début de phlébite se manifeste par un sans signe annonciateur ou avec aucun symptôme12. C’est un disposi‑
rougissement de la zone, qui devient chaude, se durcit des symptômes peu spécifiques : es‑ tif sûr, sans effets secondaires, mais
et gonfle parfois
soufflement inhabituel, douleur à il faut s’abstenir en cas d’artérite

6. Canonico M, et al. « Hormone therapy and venous thromboembolism among postmenopausal women. Impact of the route of estrogen administration and progestogens: the ESTHER study. » Circulation. 2007;115:840-845
7. Yang G, De Staercke C, Hooper WC. « The effects of obesity on venous thromboembolism: A review. » Open J Prev Med. 2012;2(4):499–509. doi:10.4236/ojpm.2012.24069
8. Stefano Barco , Frederikus A. Klok, Isabelle Mahé, Pablo Javier Marchena, Aitor Ballaz, Carmen Mª. Rubio, Mª. Dolores Adarraga, Daniela Mastroiacovo, Stavros V. Konstantinides, « Manuel Monreal on behalf of the RIETE
Investigators – Impact of sex, age, and risk factors for venous thromboembolism on the initial presentation of first isolated symptomatic acute deep vein thrombosis » – Thrombosis Research January 2019Volume 173, Pages 166–171
9. Cheng YJ, Liu ZH, Yao FJ, Zeng WT, Zheng DD, Dong YG, Wu SH. « Current and former smoking and risk for venous thromboembolism: a systematic review and meta-analysis. » PLoS Med. 2013;10(9):e1001515. doi: 10.1371/
journal.pmed.1001515. Epub 2013 Sep 17
10. Tosetto A, Frezzato M, Rodeghiero F. Prevalence and risk factors of non-fatal venous thromboembolism in the active population of the VITA Project. J Thromb Haemost 2003;1:1724-9. 10.1046/j.1538-7836.2003.00313.x pmid:12911584
11. Abdol Razak NB, Jones G, Bhandari M, Berndt MC, Metharom P. « Cancer-Associated Thrombosis: An Overview of Mechanisms, Risk Factors, and Treatment. » Cancers (Basel). 2018;10(10):380. Published 2018 Oct 11.
doi:10.3390/cancers10100380
12. Clarke MJ, Broderick C, Hopewell S, et al. « Compression stockings for preventing deep vein thrombosis in airline passengers. » Cochrane Database Syst Rev. 2016; (9):CD004002. doi: 10.1002/14651858.CD004002.pub3

18 janvi e r 2020 • n°1 6 0
 LE DOSSIER DU MOIS

Tous ces éléments permettent de

soulager et de ralentir l’altération
du réseau veineux, mais en aucun
cas de guérir une veine malade.
C’est pourquoi la prise en charge
de l’insuffisance veineuse doit éga‑
lement comprendre des plantes
veinotoniques capables de renfor‑
cer l’ensemble des parois veineuses
des jambes. Avec l’exercice physique
et la contention, la phytothérapie est
Compression l’option la plus importante pour agir
Varices sur les veines profondes.
veineuse
Les valeurs sûres
Porter des bas de contention élastiques lors d’un voyage de plus de quatre heures diminue le risque de phlébite et naturelles
profonde de 95 %
●● La vigne rouge – Vitis vinifera
Il s’agit de la plante phare de l’in‑
des membres inférieurs, la contre­ en permanence, en formant des va‑ suffisance veineuse et celle qui
indication principale13. rices ou des varicosités. bénéficie du plus grand nombre
Un certain nombre de règles d’hygiène d’études scientifiques. Ses prin‑
Le traitement de de vie doivent être adoptées, elles cipes actifs anti-inflammatoires et
antioxydants protègent le réseau
l’insuffisance veineuse sont aussi simples qu’indispensables :
veineux en augmentant la résistance
est indispensable ●● Évitez de rester immobile debout des parois des veines et en dimi‑
ou assis, évitez de piétiner ; nuant leur perméabilité14. Elle réduit
A fin d’éviter des complications
graves, il est primordial de ●● Évitez les sources de chaleur, les les œdèmes, stimule la circulation
traiter dès l’apparition d’une insuf‑ bains trop chauds, le chauffage par le sanguine et réduit la sensation de
fisance veineuse, même si les signes sol, l’exposition au soleil, etc. ; jambes lourdes et les douleurs15.
au départ semblent bénins : jambes ●● Évitez l’excès d’alcool et de café, ●● Le marronnier d’Inde – Aesculus
lourdes, gonflement des pieds et des ainsi que le tabac ; hippocastanum
chevilles, démangeaisons, crampes, C’est l’autre grande plante de l’insuf‑
●● Évitez les vêtements trop serrés,
etc., car les dégâts vont évoluer fisance veineuse, qui agit comme un
progressivement. les talons trop hauts et trop bas ;
vasoconstricteur avec des proprié‑
●● Restez hydraté en buvant au mini‑ tés anti-inflammatoires. Elle réduit
Quand les parois des veines fragi‑
mum 1 à 1,5 litre d’eau par jour ; les œdèmes, agit contre la douleur
lisées perdent en tonicité, elles
s’écartent. Les valvules, des sortes de ●● Perdez du poids si nécessaire. et les crampes, tout en améliorant
godets disposés tous les 4 ou 5 cm le la tonicité des parois veineuses et
À l’inverse, favorisez le froid en fai‑ en stimulant le flux sanguin 16. Ses
long des parois – qui, normalement,
sant remonter le jet d’eau froide effets bénéfiques sont comparables
retiennent le sang veineux quand
sous la douche du bas des jambes au port d’une contention17.
il remonte des pieds vers le cœur –
vers le haut  ; à l’occasion, suréle‑
ne fonctionnent plus correctement. ●● Le fragon épineux – Ruscus
La maladie se propage en général vez les jambes au-dessus du cœur
aculeatus
du haut vers le bas, le long d’un tra‑ quand vous êtes allongé. Pratiquez C’est un vasoconstricteur puissant
jet veineux : le sang veineux monte, une activité physique régulière et et un excellent tonique veineux,
puis il stagne ou reflue vers le bas, portez des bas ou des chaussettes également anti-inflammatoire,
ce qui aggrave la pression sur tous de contention, à voir avec votre mé‑ diurétique et anti-œdémateux. Il
les vaisseaux situés en dessous. Les decin pour choisir, selon vos besoins, augmente la résistance des veines
veines finissent par rester dilatées le niveau de compression. et des capillaires.
13. HAS Haute autorité de santé. « Dispositifs de compression médicale, utilisation en médecine vasculaire. » Evaluations des dispositifs 2010
14. Drugs R D. 2004;5(2):63-71. « Improvement of cutaneous microcirculation and oxygen supply in patients with chronic venous insufficiency by orally administered extract of red vine leaves AS 195: a randomised, double-blind,
placebo-controlled, crossover study. »
15. Arzneimittelforschung. 2000 Feb;50(2):109-17. « Efficacy of orally administered extract of red vine leaf AS 195 (folia vitis viniferae) in chronic venous insufficiency (stages I-II). A randomized, double-blind, placebo-controlled trial. »
16. Dudek-Makuch M, Studzińska-Sroka E. « Horse chestnut - efficacy and safety in chronic venous insufficiency: an overview. » Brazilian Journal of Pharmacognosy. 2015;25:533-541
17. Minerva Cardioangiol. 2008 Oct;56(5 Suppl):55-61. « LINFAVENIX: improvement of signs and symptoms of chronic venous insufficiency and microangiopathy. »

ja n v i e r 2 0 2 0 •  n°1 6 0 19
 LE DOSSIER DU MOIS NEWS

Citons également le mélilot, l’hamamélis et le ginkgo. Il est Toxiques dans

toujours préférable d’utiliser les plantes en synergie plutôt que le curcuma !
seules, soit sous forme de tisane (en herboristerie), d’extrait
de plantes standardisé (EPS, en pharmacie) ou de gélules (ma‑
gasins diététiques). Ces plantes sont sans danger ; cependant,
il y a des précautions d’emploi pour les femmes enceintes et
L e curcuma, cette épice d’une belle
couleur dorée qui donne une note
orientale à nos plats, pourrait-elle
allaitantes, ainsi que pour les personnes sous traitement anticoa‑ nuire à notre santé  ? Une étude 1
gulant, qui doivent prendre l’avis de leur médecin avant une cure. menée par l’université Stanford a de
Les cures peuvent se faire par périodes de 3 à 5 semaines, plusieurs quoi inquiéter : elle révèle que cer‑
fois par an. tains producteurs d’épices bangladais
y ajoutent du chromate de plomb, un
INFOS PRODUITS pigment utilisé pour renforcer sa cou‑
Roy-Eau Circulation ampoules (La Royale) : www.la-royale.com leur… aux effets neurotoxiques  ! Si
Quantacircu Plus (PhytoQuant) : www.phytoquant.net l’épice contaminée représente sur‑
tout une menace pour les habitants
du pays, il convient d’être particu‑
lièrement vigilant lors de l’achat de
La marche est un traitement produits d’exportation. Depuis 2011,
plus d’une douzaine de marques ex‑
L a stase veineuse se chasse aussi par une activité physique
régulière et lorsque la masse musculaire diminue à la suite
portées depuis l’Inde ou le Bangladesh
ont été rappelées en raison d’un excès
d’un alitement, par exemple, cela s’accompagne toujours d’une di‑ de plomb présent dans leur curcuma.
latation des veines intramusculaires18. Les muscles forment donc
une compression naturelle des veines19.
Il n’est pas nécessaire d’être un sportif de haut niveau pour obtenir
des résultats et la marche est sans conteste la meilleure activi‑
té pour stimuler le retour veineux. En effet, la plante des pieds
contient tout un réseau de vaisseaux sanguins et en posant le pied
Faire trop de sport
au sol, la pression exercée amorce la remontée du sang. En outre, nous rendrait
la marche fait travailler le mollet et, à chaque pas, les contractions
musculaires compriment les principales veines et prennent le relais impulsif
pour propulser le sang un peu plus haut. Dès lors que l’on souffre
des jambes, il est nécessaire de pratiquer au moins 30 minutes
à une heure de marche rapide, plusieurs fois par semaine 20. I l nous maintient en forme et per‑
met de repousser les risques de
nombreuses maladies chroniques  :
Si vous êtes au bord de la mer, marcher pieds nus sur le sable est
parfait pour masser la voûte plantaire, et marcher dans l’eau à le sport est bon pour notre santé, à
condition toutefois de le pratiquer
mi-mollet est excellent pour stimuler la circulation sanguine. Les
avec mesure. Des chercheurs fran‑
sports de fond peuvent aussi être bénéfiques : le vélo, l’aquabiking,
çais viennent en effet de publier les
la natation, par exemple, ainsi que les activités qui activent les muscles
résultats 2 d’un travail mettant en
posturaux, comme le qi gong, le tai chi ou le yoga.
évidence l’impact négatif d’un suren‑
À l’inverse, tous les sports qui occasionnent des à-coups ne sont pas traînement sur le cerveau. Une région
recommandés : tennis, équitation, etc. impliquée notamment dans la prise de
décision, le cortex préfrontal latéral,
Au terme du processus de détérioration du système veineux, la devient moins active. En conséquence,
pression dans les veines augmente surtout au niveau de la cheville les sportifs surmenés ont tendance à
et l’accumulation de déchets non éliminés aboutit à une inflam‑ devenir impulsifs et à privilégier les ré‑
mation de la peau, appelée dermite, qui peut dégénérer en ulcère compenses immédiates au détriment
variqueux, c’est‑à‑dire une plaie ouverte, qui peut être très longue des objectifs à long terme.
à guérir.
Annie Casamayou
Naturopathe
www.mon-naturopathe

18. Blanchemaison Ph, Guell A. « Angiologie et espace. » Angiologie, 2003 ; 55, 2, 64-67 1. Forsyth JE et al. «  Turmeric Means “Yellow” in Bengali: Lead
19. Bergan JJ, Schmid-Schonbein GW, Smith PD, Nicolaides AN, Boisseau MR, Eklof B. « Chronic venous disease. » The New England Chromate Pigments Added to Turmeric Threaten Public Health
journal of medicine. Aug 3 2006;355(5):488-498 Across Bangladesh. » Environ Res. 2019 Sep 6;179(Pt A):108722
20. Heinen M, Borm G, van der Vleuten C, Evers A, Oostendorp R, van Achterberg T. « The Lively Legs self-management pro‑ 2. Blain B et al. « Neuro-Computational Impact of Physical Training
gramme increased physical activity and reduced wound days in leg ulcer patients: Results from a randomized controlled Overload on Economic Decision-Making:  » Cure Biol. 2019 Oct
trial. » International journal of nursing studies. Feb 2012;49(2):151-161 7;29(19):3289-3297.e4

20 janvi e r 2020 • n°1 6 0

Les pouvoirs thérapeutiques
du son
Très courantes en Asie, les thérapies par le son recourent aux bols tibétains,
carillons et autres gongs pour soulager maux et douleurs. Un bienfait
émotionnel, mais pas seulement. En Occident, patients et thérapeutes d’avant-
garde n’ont pas attendu les résultats d’études scientifiques, encore trop rares,
pour explorer et éprouver les possibilités de la « sonothérapie ».
A ssis sur son tapis de yoga,
Rodolphe, 45 ans, s’apprête
à recevoir son premier «  gong
bath » (bain sonore de gongs aux‑
quels peuvent s’ajouter des bols
tibétains, carillons, etc.) Il écoute
religieusement Swann Gong, co‑
fondateur avec Ely Goa du centre
Zen and Sounds à Paris, donner des
informations sur ces instruments
vibratoires employés depuis l’époque
pré-bouddhique par les chamanes de
peuples himalayens.
« Les vibrations sonores se propagent
par l’intermédiaire de l’eau de notre
corps et envoient des signaux aux
niveaux biologique, énergétique et
émotionnel, indiquant aux cellules de
se développer de manière homéosta-
tique et non plus déséquilibrée. Les
bains de gongs apportent une sensation
intense de relaxation, de bien-être et
rééquilibrent les trajets énergétiques »,
Sounds. L’Harmonie universelle, bientôt
au cinéma
À la suite d’une opération du dos,
Stéphane Haskell s’est retrou-
vé dans un fauteuil roulant. La
pratique du yoga l’a progressi-
vement aidé à remarcher. Cette
guérison inattendue l’a incité à
réaliser Debout , un documen-
taire sorti le 24 avril au cinéma.
Depuis, ce photojournaliste et
écrivain travaille sur un second
film, Sounds. L’Harmonie univer-
selle, qui explore les mystères de
l’harmonie musicale des ondes et
des fréquences. « C’est le yoga qui
explique ce sonothérapeute. Lorsque
ses instructions prennent fin, les lu‑
mières s’éteignent. Rodolphe et la
trentaine de participants s’allongent
confortablement sous leurs couver‑
tures ; le voyage peut commencer.
Une heure plus tard, notre quadra
émerge tranquillement. Tout semble
indiquer qu’il a fait un « gros dodo »
réparateur... Que nenni ! « Je me sens
m’a amené à m’y intéresser, justi-
fie-t-il. À la fin de chaque cours, on
chantait des mantras et le profes-
seur faisait tinter des bols tibétains
qui me plongeaient dans un état
méditatif. » Converti à la sonothé-
rapie, Stéphane Haskell effectue
régulièrement des massages so-
nores au diapason pour apaiser
ses douleurs et récupérer des sen-
sations dans la jambe droite. « Les
vibrations aident à faire recircu-
ler l’énergie, c’est très efficace »,
assure-t-il.
L’ENQUÊTE DU MOIS
totalement relaxé  », témoigne ce
Parisien, ravi de son expérience.
Un antalgique habituel
en Asie
L oin de s’en étonner, le Pr Gilbert
Deray, néphrologue à l’hôpital
de la Pitié-Salpêtrière, rappelle que
le son est un merveilleux antalgique
dont le milieu médical ferait bien de
s’emparer pour améliorer la prise en
charge des maladies. Seul hic : il inté‑
resse encore trop peu le monde de la
recherche scientifique. Résultat : les
médecins ne mesurent pas encore
toute l’importance de cet outil. « Il
suffit de se promener sur PubMed (site
répertoriant les publications scien‑
tifiques médicales, NDLR) pour se
rendre compte du très faible nombre de
recherches scientifiquement validées
ou portant sur des cohortes vraiment
significatives, déplore le Pr  Frédéric
Dutheil. C’est d’autant plus étonnant
que la sonothérapie est une pratique
très courante en Asie. » La base de re‑
cherches mentionnée par ce praticien
ja n v i e r 2 0 2 0 •  n°1 6 0 21
 L’ENQUÊTE DU MOIS

4 questions à Philippe Garnier, sonothérapeute, fondateur de la Sage Academy

of Sound Energy (New York) et de l’Académie française de sonothérapie
ààA l t e r n a t i f B i e n - Ê t r e   : corps est atteint, infecté ou malade, thérapie contribue à harmoniser
Quelle est votre définition de la la résonance des cellules concer‑ les corps physique et psychique,
sonothérapie ? nées baisse. La bonne nouvelle, à améliorer la concentration et la
Philippe Garnier : La sonothérapie c’est qu’il est possible de se « ré‑ créativité, à normaliser la tension
est une discipline qui se pratique accorder » grâce aux instruments artérielle, à soulager l’insomnie, à
à l’aide d’instruments vibratoires de sonothérapie. Leurs fréquences restaurer l’équilibre du système
comme les diapasons thérapeu‑ vibratoires vont en effet permettre immunitaire, synchroniser les
tiques du Dr John Beaulieu, les bols d’activer l’eau du corps puis, par effet hémisphères gauche et droit du
chantants d’Himalaya, certains ou‑ de ricochet, amener les cellules at‑ cerveau…
tils cristallins, etc. Chacun possède teintes à reconnaître leur propre
ààABE  : Comment se déroule
des caractéristiques propres et fréquence et, in fine, à se mettre en
une séance de soin individuelle ?
précises. Il est important de rap‑ résonance avec celles-ci pour re‑
peler que le son est utilisé depuis trouver leur fréquence innée. P. G. : Je commence par des fréquen-
la nuit des temps ! Actuellement, ces audibles, pour que le patient
ààABE : Quels sont les bienfaits entre dans un état de relaxation
il est en train de reprendre sa
de la sonothérapie ? profonde. Cet état de conscience
place en tant que modalité de soin
prééminente. P. G.  : La sonothérapie booste modifiée, propice au relâchement
l’énergie vitale, les plexus neuro- des tensions, douleurs et stress, me
ààABE  : Comment ces instru- glandulaires, que certains ap‑ permet de situer les congestions
ments agissent-ils sur le corps ? pellent les chakras, et apporte au énergétiques et d’intervenir sur
P. G.  : Les cellules de l’organis- patient un recentrage : il se sent des points précis à l’aide de diapa‑
me possèdent une fréquence enveloppé et caressé, comme sons, positionnés directement sur le
propre à chaque individu. Mal- massé par les fréquences sonores. corps. Comme les acupuncteurs, je
heureusement, le stress, la fatigue, Les soins vibratoires l’invitent à fais partie des sonothérapeutes qui
la maladie, les douleurs, la pollution adopter un état de relaxation pro‑ travaillent sur les circuits énergé‑
sonore, les troubles émotionnels, fonde et immédiate, pour voyager tiques du corps, sauf que j’utilise les
etc. désaccordent cette fréquence en images et lâcher prise. Sur vibrations des instruments à la place
innée. Si un organe ou une partie du un plan plus « médical », la sono- des aiguilles !

hospitalier clermontois mentionne en sous anesthésie régionale. Soucieux à des éléments objectifs et non plus
effet très peu de références en la ma‑ d’apporter sa pierre à l’édifice scien‑ seulement à un ressenti subjectif
tière. On y trouve pêle-mêle une étude tifique, ce médecin, également (mieux-être, détente, etc.).
slovène publiée dans une revue non directeur de l’unité Stress physiolo‑
scientifique en 2016 montrant que gique et psychosocial, bien-être au
129 participants ont ressenti une paix CNRS, vient de terminer une étude Les sons au chevet
intérieure ainsi qu’une amélioration observationnelle en partenariat avec de patients à bout
de leur bien-être physique et men‑ le centre Zen and Sounds. L’objectif :
tal après une séance de gong. Même observer l’impact de la sonothéra‑ L e Dr Yves Gabriel Heynen n’a
pas attendu que des cher‑
constat avec, cette fois-ci, des bols pie sur la variabilité de la fréquence cheurs se penchent sur les bienfaits
tibétains dans une étude de 20171. cardiaque (VFC), autrement dit, la de cette discipline vieille comme le
Plus récente, une étude de 20192 in‑ variation dans le temps entre deux monde pour l’intégrer à sa pratique.
dique que la thérapie sonique est une battements cardiaques. «  La VFC « L’expérience empirique prouve que le
nouvelle stratégie réduisant consi‑ est un facteur de risque cardiométa- son induit un état de relaxation très inté-
dérablement la pression artérielle bolique. Elle est à ce titre directement ressant, proche de l’état hypnotique »,
systolique – considérée comme un liée à l’espérance de vie », détaille-t-il, assure ce chirurgien vasculaire à
indicateur de la diminution de l’anxié‑ avant de préciser que les résultats de l’hôpital de Vichy en connaissance de
té – chez des patients subissant une cette recherche permettront peut- cause. Après s’être formé à l’hypnose
chirurgie orthopédique ambulatoire être de corréler la thérapie sonique (qu’il pratique en parallèle, en libéral),

1. Effects of Singing Bowl Sound Meditation on Mood, Tension, and Well-being: An Observational Study, Goldsby T.L., Goldsby M.E., McWalters M., Mills P.J., J Evid Based Complementary Altern Med. 2017 Jul; 22(3): 401–406
2. Sonotherapy in the reduction of anxiety and postoperative pain in patients with regional anesthesia as a sole technique: randomized, controlled clinical trial. Arango-Gutiérrez AS, Buitrago-Cifuentes LJ, Medina-Hinestroza AM,
Molina-Paniagua SA, Moreno E, Rivera-Díaz JS, Vásquez-Trespalacios EM, Arcila-Lotero MA, González-Obregón MP. Cir Cir. 2019;87(5):545-553

22 janvi e r 2020 • n°1 6 0

sa rencontre avec Emmanuel Comte3,
un sonothérapeute intervenu dans Les sons de la voix
différents services hospitaliers en
«  Les vibrations de la voix n’ont
France, puis au Canada, l’a amené à
pas besoin de passer les barrières
se passionner pour cette forme de de la peau, des fascias ou des
thérapie. Depuis, il utilise des bols muscles avant d’arriver jusqu’aux
chantants de Peter Hess dans son organes, puisqu’elle vient de l’in-
cabinet d’hypnothérapeute. «  C’est térieur du corps ! La voix est donc
très efficace sur les personnes subissant le premier instrument de sono-
un stress important ou en situation de thérapie », introduit Ely Goa, qui
anime des ateliers de yoga du son
burn-out », assure ce spécialiste. Le
au centre Zen and Sounds. Dans
CHU de Saint-Étienne ne possède pas cette discipline, chaque voyelle
davantage d’arguments scientifiques est liée à une zone de résonance
permettant d’expliquer pourquoi les spécifique du corps. « Lorsqu’on
instruments vibrants amènent les pa‑ les prononce, on vient masser
les organes et faire circuler les
tients à se détendre. Son service de
fluides sanguins et lymphatiques.
soins palliatifs propose pourtant de‑
À la fin de la séance, on ressent
puis 2011 des séances à base de bols
un bien-être intérieur, un regain
tibétains, carillons, bâtons de pluie et d’énergie et d’estime de soi », pré-
autres tambours de la mer aux usa‑ cise-t-elle. Cette sonothérapeute
gers qui le souhaitent. « Nous recevons propose également du chant thé-
des patients en fin de vie ou très ma- rapeutique pour traiter des zones
lades et fatigués, qui n’ont pas forcément précises. « Si une personne vient
envie de parler. La sonothérapie consti- me voir pour des maux de ventre,
je vais insister davantage sur les
tue une bulle protectrice où certaines
émotions peuvent s’exprimer sans que
la thérapeute ne cherche à les identifier,
ni à les analyser », justifie le Dr Pascale plus homéostatique ; calme l’esprit et,
Vassal. À ce jour, cette cheffe de ser‑ par conséquent, le corps (et) a également
vice n’a procédé à aucune évaluation des effets émotionnels, ce qui influence
scientifique sur ses patients. « Nous les neurotransmetteurs et les neuropep-
sommes sur une dynamique sans objec- tides qui, à leur tour, vont aider à réguler
tif thérapeutique. Il ne nous revient pas le système immunitaire – notre guéris-
d’interpréter le bénéfice, car cela reste de seur intérieur ». Pas étonnant, donc,
l’ordre du vécu interne », justifie-t-elle. que la plupart des sonothérapeutes
pratiquent des « massages sonores »
sur des zones douloureuses. «  La
« De l’acupuncture sonothérapie, c’est finalement de l’acu-
avec des sons » puncture avec des sons, résume Swann
Gong. Nous faisons vibrer nos instruments
S i certains praticiens com‑
mencent tout doucement à
au-dessus des organes et sur les points
des pieds et des mains respectant des
intégrer le son pour réduire l’anxié‑ protocoles très rigoureux, calqués sur
té, le milieu médical, en revanche, ne la médecine chinoise. » Dans son ou‑
semble pas prêt à l’utiliser dans le vrage, Le Tao du son (Guy Trédaniel
cadre du soin. L’oncologue américain Éditeur, 2016), Fabien Maman ex‑
Mitchell L. Gaynor, affirme pourtant plique même que les 12 méridiens
dans son livre Sons de guérison, un mé- d’acupuncture (qui correspondent
decin révèle le pouvoir thérapeutique du chacun à un organe ou un viscère du
son, de la voix et de la musique (Éditions corps humain) correspondent à une
de l’Aigle, 2007) que cette vibration note de musique particulière. Lorsqu’il
mécanique « crée des altérations dans applique un diapason sur l’endroit à
les fonctions cellulaires à travers des traiter, sa « vibration est captée par les
effets énergétiques ; aide les systèmes récepteurs de la peau, puis conduit au
biologiques à fonctionner de manière cortex. Ce dernier en informe le reste
3. Emmanuel Comte est également le fondateur du centre de recherche en sonologie Medson
L’ENQUÊTE DU MOIS
sons graves, comme le “Om”, qui
résonne dans les viscères et l’ab-
domen », illustre-t-elle.
L’écrivaine et biographe du dalaï­
lama Sofia Stril-Rever, propose de
son côté des mantras, ces «  for-
mules qui protègent l’esprit », aux
personnes qui la consultent. « La
mantrathérapie est la première
médecine de l’humanité. Elle
allie tradition médicale tibétaine
et spiritualité bouddhiste pour
restaurer la santé, appréhendée
comme un réseau de vibrations et
d’harmoniques des constituants
psychophysiques du corps et de
l’univers. Quand la vibration d’un
organe malade entre en phase avec
la vibration d’un mantra de soin
approprié (il en existe 100 000), il
peut être soigné », conclut-elle, en
connaissance de cause. Ces der-
niers l’ont guérie d’une maladie
neurologique invalidante.
du corps, et transmet l’information au
méridien et à l’organe où se situe la zone
sensible à cette vibration ». La bonne
nouvelle, c’est que la fréquence émise
agit 10 fois plus rapidement que celle
de l’aiguille (3 minutes versus 30 mi‑
nutes)… Et bien sûr, sans douleur.
« C’est même tout le contraire, conclut
Fabien Maman. Ça chante dans les
cellules ! »
Sandra Franrenet
Pour aller + loin :
Le Tao du son, Fabien Maman,
2016, Guy Trédaniel Éditeur
Le Son des vibrations. Comment
les sons et la musique nous in-
fluencent, Emmanuel Comte,
2016, Québec-Livres
La Guérison par le son pour dé-
butants. Utiliser la vibration pour
harmoniser votre santé et votre
bien-être, Joshua Goldman et
Alec W. Sims, 2017, ADA
ja n v i e r 2 0 2 0 •  n°1 6 0 23
 LA RUBRIQUE PHYTO

Stop à la fatigue
avec l’énergisante guarana
Au cœur de l’Amazonie et de sa flore luxuriante, dont mille remèdes
restent encore à découvrir, poussent les lianes de guarana.
Elles donnent des graines qui renferment un incontestable
pouvoir contre la fatigue. C’est ce produit brésilien,
utilisé depuis des siècles par les populations autochtones,
que je vous invite à découvrir. Terreuse pour certains,
la guarana est pourtant, selon des œnologues, empreinte
de l’amertume du pissenlit avec la texture de la châtaigne
et des arômes de fumée. Plusieurs marques en commercialisent,
mais c’est probablement l’essor de Guayapi, une entreprise
française créée il y a vingt-cinq ans, qui a contribué à faire connaître
cette graine utile à notre tonus comme à notre ligne.

car elle pousse rapidement, elle est directement issu de la communau‑

Nom latin : Paullinia cupana pérenne et peut même pousser sur té des Indiens Satéré-Mawé. Cette
Famille : Sapindacées des sols appauvris, comme ceux qui marque s’évertue depuis 1990 à
ont servi à la culture du manioc1. Les faire connaître les produits d’Ama‑
Noms communs : Guarana
Indiens Satéré-Mawé ont réussi de zonie, avec une qualité originelle liée
Partie utilisée : graine longue date, grâce à leurs techniques au savoir-faire ancestral de popula‑
Principes actifs majeurs : à la fois mystiques et respectueuses tions locales, justement rétribuées
caféine, saponosides, tanins du vivant, à apprivoiser ce végétal dé‑ et en accord avec les rendements
Forme d’usage : poudre et sormais qualifié de « superaliment ». permis par Mère  Nature. Ce type
gélule Ils vouent un culte à cette plante qui d’entreprise, qui permet aux savoirs
Propriétés majeures : améliore leur humeur, leur mémoire, centenaires de perdurer, mérite
tonique physique, dynamisant atténue le stress psychologique et d’être mise en avant.
psychique, régulateur de physique. Et pour cause, la guara‑
na fait partie des plantes riches en
l’appétit et du métabolisme
certains types d’alcaloïdes actifs sur La guarana
le système nerveux central, notam‑ en herboristerie
ment la fameuse caféine, contenue
L a guarana est domestiquée
par les Indiens Satéré-Mawé
dans le café, le maté et le thé2. La gua‑ L
a guarana est peu demandée
en boutique. C’est en gélule
rana en contient près de 6 %, ce qui
depuis plus de cinq cents ans. et en poudre que je la vends, prin‑
en fait une des plantes les plus riches
Originaire du Brésil et du Venezuela, cipalement sur notre conseil ou
en caféine. Celle-ci augmente la vi‑
il s’agit d’une longue tige ligneuse prescription de thérapeute.
gilance mentale, les performances
de 3 à 10 mètres de haut qui porte
physiques et réduit la fatigue ; en Les deux cas classiques où je l’in‑
des feuilles et des fleurs en grappe.
outre, sa libération est plus progres‑ dique sont le manque d’énergie et la
Celles-ci donnent des fruits rouges
sive que celle du café3. perte de poids.
qui renferment chacun une à trois
précieuses graines de guarana. Ce Je voudrais souligner ici le travail En cas de fatigue physique malgré
sont de grosses graines rondes blanc exceptionnel mené par la marque un sommeil suffisant et de qualité,
cassé, avec un cercle brun foncé sur française Guayapi qui a contribué, s’il n’y a pas de problème cardiaque,
le dessus, semblable à un œil. Cette avec éthique et solidarité, à démo‑ c’est une plante tonifiante à laquelle
liane est d’une culture intéressante, cratiser un «  warana  » de qualité, il est aisé de recourir. Elle fonctionne

1. J Ethnopharmacol. 1982 Nov;6(3):311-38. « Guaraná (Paullinia cupana var. sorbilis): ecological and social perspectives on an economic plant of the central Amazon basin. » Henman AR
2. Medicines (Basel). 2017 Sep; 4(3): 61. « Anti-Aging and Antioxidant Potential of Paullinia cupana var. sorbilis: Findings in Caenorhabditis elegans Indicate a New Utilization for Roasted Seeds of Guarana. » Herbenya Peixoto,1 Mariana
Roxo, 1 Teresa Röhrig, 2 Elke Richling, 2 Xiaojuan Wang, 1 and Michael Wink1,*
3. « Le Petit Larousse des Plantes qui Guérissent », Éditions Larousse, 2016. Fiche Guarana p. 456

24 janvi e r 2020 • n°1 6 0
 LA RUBRIQUE PHYTO

vite et bien, puisque dès les premiers nécessite avant tout votre entière corporelle diminuer sensiblement
jours, les clients ressentent son effet coopération et la stricte observance durant les 3 mois de prises.
tonique. D’ailleurs, dans certaines d’une prise de gélule ne suffit géné‑ Des chercheurs britanniques ont
recherches, l’effet sur l’amélioration ralement pas. fait consommer une gélule à base
de l’humeur et les performances co‑
de damiana, maté et guarana avant
gnitives s’évaluent à 1 h, 2 h 30, 4 h
et 6 h post-ingestion4, c’est dire la Ce qu’en dit la un repas à 58 femmes en surpoids.
Elles ont réduit de 17 % leur apport
quasi-immédiateté de son action ! recherche scientifique alimentaire9.
Elle peut constituer une alternance
ou un relais avec l’éleuthérocoque B eaucoup d’études scienti‑
fiques existent à propos de la
Enfin, la consommation régulière de
boisson à base de guarana chez près
ou le ginseng. Bien que n’étant pas
adaptogène comme ces deux der‑ guarana, chez l’homme comme chez de 640 Brésiliens de plus de 60 ans
nières plantes, elle fera tout de l’animal. À propos de l’amélioration permet d’avoir un tour de taille, une
même son œuvre pour le gain de des performances cognitives, une tension artérielle et un taux de cho‑
tonus escompté. étude anglo-saxonne de 2007 5 en lestérol moindres 10 que chez des
double aveugle a testé, sur un petit personnes du même âge n’ayant pas
Je m’adresse à tous ceux qui piquent échantillon de 26 sujets, plusieurs cette habitude. Ainsi, la guarana s’in‑
du nez après le repas et souffrent de dosages d’extraits standardisés de tègre en boisson santé préventive
cette fatigue soudaine qui assomme, guarana : 37,5 mg ; 75 mg ; 100 mg des troubles métaboliques survenant
alors qu’un après-midi de travail les ou 300 mg. Ce sont les dosages les avec l’âge (surpoids, hypercholesté‑
attend : pensez donc à la guarana ! plus faibles qui ont donné le plus rolémie, hypertension artérielle,
Prenez-la juste avant votre déjeu‑ de résultats. L’étude concluait que notamment).
ner et terminez le repas avec des
la caféine était bien évidemment
enzymes digestives  : cela devrait
grandement vous aider à tenir le
liée à ces résultats, mais elle ne peut
être seule responsable de tous ses
Comment l’utiliser ?
coup !
Dans le milieu artistique, la guara‑
bienfaits : une véritable synergie de
molécules semble opérer. Preuve s’il
La guarana peut se prendre en
cure de 3 semaines par mois
na reste une plante connue, avec le en est de l’importance du totum de la ou s’utiliser ponctuellement compte
ginseng, pour assurer des perfor‑ plante. La même équipe avait montré tenu de sa rapidité d’action.
mances exigeantes. en 20046 que les effets de la guara‑ • En gélule dosée à 200 mg : 2 le
Enfin, celles et ceux qui souhaitent na se potentialisent quand elle est matin, voire 2 le midi en début de
combinée au ginseng, ce qui donne repas.
entamer une perte de poids y ont
recours pour ses effets sur l’aug‑ raison à nos artistes de les utiliser • En poudre : 1 petite cuillère à café
mentation du métabolisme de base ensemble ! de poudre le matin dans de l’eau, un
et la combustion des graisses. Je yaourt, une compote ou un jus.
Quant à son rôle dans la perte de
peux la vendre dans un complexe en poids, il a été montré que la guaranine • En EPS en pharmacie : 1 cuillère
gélule ou liquide qui l’intègre, avec inhibe l’adipogenèse, c’est‑à‑dire la à café dans un verre d’eau le matin.
les cétones de framboise, le pissenlit formation des cellules graisseuses,
et les queues de cerise, ou encore
l’associer à d’autres actifs minceurs
ce qui semble intéressant, à l’heure Précaution d’emploi
où 13 % de la population mondiale
comme le fucus, le garcinia ou le mé‑
lange minceur de l’Herboristerie du
souffre d’obésité7. M ieux vaut éviter la guarana en
cas de troubles cardiaques,
Palais Royal. Je rappelle en bonne Dans un complexe en gélules 8 in‑ chez la femme enceinte, allaitante et
diététicienne que revoir ses habitu‑ cluant la guarana avec le thé noir, le l’enfant de moins de douze ans.
des alimentaires et son hygiène de thé blanc, les cosses de haricots, le
vie sont évidemment à envisager, chrome et le garcinia, 105 Polonais Caroline Gayet
puisqu’il n’y a pas de plante miracle en surpoids ont vu leur indice de Diététicienne-phytothérapeute
www.caroline-gayet.com
pour la minceur. Perdre du poids masse corporelle et leur graisse
4. Pharmacol Biochem Behav. 2004 Nov;79(3):401-11. « Improved cognitive performance in human volunteers following administration of guarana (Paullinia cupana) extract: comparison and interaction with Panax ginseng. » Kennedy
DO1, Haskell CF, Wesnes KA, Scholey AB. Royaume-Uni.
5. J Psychopharmacol. 2007 Jan;21(1):65-70. Epub 2006 Mar 13. « A double-blind, placebo-controlled, multi-dose evaluation of the acute behavioural effects of guaraná in humans. » Haskell CF1, Kennedy DO, Wesnes KA, Milne
AL, Scholey AB. Royaume Uni
6. Pharmacol Biochem Behav. 2004 Nov;79(3):401-11. « Improved cognitive performance in human volunteers following administration of guarana (Paullinia cupana) extract: comparison and interaction with Panax ginseng. » Kennedy
DO1, Haskell CF, Wesnes KA, Scholey AB. Royaume-Uni
7. Nutrients. 2017 Jun; 9(6): 635. Modulatory Effects of Guarana (Paullinia cupana) on Adipogenesis. Natália da Silva Lima & al. Brésil
8. Eur J Med Res. 2006 Aug 30;11(8):343-50. « Efficacy of 12 weeks supplementation of a botanical extract-based weight loss formula on body weight, body composition and blood chemistry in healthy, overweight subjects--a
randomised double-blind placebo-controlled clinical trial. » Opala T1, Rzymski P, Pischel I, Wilczak M, Wozniak J, Pologne
9. Appetite. 2013 Mar;62:84-90. doi: 10.1016/j.appet.2012.11.018. Epub 2012 Dec 1. « Acute effects of a herb extract formulation and inulin fibre on appetite, energy intake and food choice. » Harrold JA1, Hughes GM, O’Shiel
K, Quinn E, Boyland EJ, Williams NJ, Halford JC, UK
10. Phytother Res. 2011 Sep;25(9):1367-74. doi: 10.1002/ptr.3437. Epub 2011 Feb 22. « Habitual intake of guaraná and metabolic morbidities: an epidemiological study of an elderly Amazonian population. » Krewer Cda C & al. Brésil

ja n v i e r 2 0 2 0 •  n°1 6 0 25
 LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC
J’ai testé ATB : l’éveil
de la conscience par le corps
Venue d’Auroville, la fameuse cité spirituelle du Sud de l’Inde, la pratique
ATB vise à éveiller la conscience par des jeux et des exercices fondés sur
la présence au corps. Un chemin à la fois collectif et individuel pour mieux
se connaître, découvrir de nouvelles dimensions de soi et gagner en cohérence
et en sagesse. Invité à une initiation, j’ai joué le jeu.
L orsqu’au printemps 2019, on
m’a proposé pour la première
fois de participer à un atelier ATB –
acronyme d’Awareness Through the
Body, ou « Éveil de la conscience par le
corps » –, mes oreilles se sont dres‑
sées de curiosité. Jouer avec son
corps pour grandir en conscience ? La
proposition m’intriguait… Et ce d’au‑
tant plus qu’elle venait d’un ailleurs
au parfum d’utopie : Auroville, cette
cité expérimentale voulue par Mirra
Richard, alias la Mère, compagne
spirituelle du philosophe indien
Sri Aurobindo. Créée sous l’égide de
l’Unesco, Auroville rassemble depuis
1968 les ressortissants de plus de
cinquante pays, désireux d’initier
la société du futur  : un monde de
paix, de santé et d’harmonie, placé
sous le signe d’une spiritualité sans
dogme, le tout appuyé sur les éner‑
gies renouvelables, l’agriculture
biologique, la construction écolo‑
gique et des structures éducatives
propices au déploiement du poten‑
tiel humain. Le rêve, quoi  ! Sortie
d’un désert, la cité est aujourd’hui
entourée d’une vaste forêt patiem‑
ment plantée par les Aurovilliens.
C’est dans ce contexte multicultu‑
rel, influencé par l’innovation sociale
et les thérapies alternatives, qu’est
né ATB, une pratique fondée par
deux Catalans, Joan, physiothéra‑
peute et pratiquant d’arts martiaux,
et Aloka, danseuse, qui s’est déve‑
loppée dans les écoles d’Auroville à
raison de deux heures par semaine,
avant d’élargir ses propositions au
public adulte.
26 janvi e r 2020 • n°1 6 0
Rendez-vous est pris, donc, pour
une journée de découverte, dans le
sud de la France, fin août… La veille
du jour dit, après quelques détours
parmi les paysages majestueux de la
Montagne Noire, dans le Sud-Ouest
de la France, je parviens au parc du
château où se déroulera l’initiation.
Quelques participants ont planté
leur tente sous les ombrages du
parc, d’autres viendront le lende‑
main. Autour de la table en tréteaux
posée dans la cour, les discussions
vont bon train. Les convives, du pra‑
tiquant régulier au simple curieux,
partagent un dîner préparé en com‑
mun. L’ambiance est joyeuse, mais
l’alcool ne coule pas à flots. Il faudra
être pleinement disponible demain…
Jonglage collectif  apparemment sans conséquence…
L e lendemain arrive, après
une bonne nuit sous la tente.
J’entre dans la salle du château où
va se dérouler l’atelier. Elle est sans
confort, ouverte à tous les vents.
Pas grave, puisqu’il n’y a pas de vent.
Tapis de sol et coussins de méditation
sont à notre disposition dans un coin.
Nous sommes une dizaine d’hommes
et de femmes d’âges divers, debout
en cercle autour de Nicolas – l’un
des deux seuls formateurs ATB en
France – et de Marion, le couple de
trentenaires qui va nous guider dans
notre exploration. Les grands yeux
bleus de Nicolas pétillent de malice
quand il nous annonce : « Je vous pro-
pose un jonglage collectif ! » À la main,
il tient un petit sac de 15 cm de long
en tissu bleu turquoise, rempli de
graines de céréales.
Première étape du jeu  : créer un
circuit. Notre facilitateur prononce
son propre nom à voix haute, lance
le sac à une personne en face de
lui, puis l’invite à faire de même en
direction de quelqu’un qui n’a pas
encore eu le sac entre les mains. Et
ainsi de suite, jusqu’au retour du sac
au point de départ. Le sachet saute
de main en main, revient entre celles
de Nicolas, puis repart, bientôt suivi
d’autres petits sacs bleus.
En un instant, ce ne sont pas moins
de quinze sacs qui volent à travers la
pièce, tandis que les noms des uns et
des autres fusent.
Amusement de cours de récréation
Au bout d’un moment, Nicolas in‑
terrompt le jeu. Cette fois, il nous
montre un sac rose. «  Avec ce sac,
nous créons le même circuit, mais à
l’envers. Vous prononcez le nom de
la personne à qui vous le lancez ». Le
jeu reprend dans l’autre sens avec
jusqu’à une quinzaine de sacs roses.
Puis arrivent de nouveau les sacs
bleus ! Chacun se trouve tour à tour à
recevoir et à lancer des sacs roses ou
bleus. L’attention devient soutenue.
Des sourires enfantins entrouvrent
les visages… Parfois, deux sacs se
heurtent en plein vol, désorganisant
notre jonglage pendant un instant.
C’est alors que surgit un sac mul‑
ticolore. Celui-là peut être lancé à
n’importe qui sans prévenir.

Connexion au corps, concentration, jeux individuels ou en groupe sont les clés d’ATB
Cette fois, j’ai l’impression de devoir
regarder partout en même temps !
Soudain, un sac m’atterrit sur la
tête. Je le renvoie du mieux que je
peux avant d’en recevoir un autre
sur l’épaule. Je ne suis pas le seul à
être en perdition. J’entends des rires
étouffés. Le jonglage se poursuit
quelques minutes, se désorganise,
puis reprend… Fin de partie. Je vois
des sourires grands comme des
bananes sur la bouche des autres
participants. L’esprit d’enfance, ça
revient vite.
Sans transition, nous rompons le
cercle et passons à la deuxième ac‑
tivité, le jeu des directions. Cette fois,
notre formateur définit les points
cardinaux de la salle. À son comman‑
dement, nous devrons nous placer
en sautant face au nord, au sud, à
l’est, puis à l’ouest. Le jeu commence :
« Nord !… Sud !… Est !… Ouest !… »
Facile, ce truc  ! «  Nord-Est  ! Sud-
Est ! Sud-Ouest ! Nord-Est ! » Ouille,
il accélère, le bougre ! J’hésite, me
retrouve à l’envers du groupe, me
reprends. Ouf ! « Maintenant, pareil,
les yeux fermés ! » Cette fois, je sens
que j’y arrive… « C’est fini. Ouvrez les
yeux ! » Je me retrouve dans la bonne
direction, pas peu fier…
LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC
Prendre le temps
de goûter à
nos perceptions
À présent, place à l’intériorité.
Titre de l’activité : « Déplacer
l’attention. » Le but  : percevoir
l’attention en tant que sensation.
Confortablement assis par terre en
face d’un mur, nous sommes invités
à fermer les yeux. Nicolas nous sug‑
gère d’observer où se trouve notre
attention. La mienne s’est placée
spontanément dans une perception
globale de mon corps. Une habitude
que j’ai acquise pour désactiver mes
stress ou me recentrer. Depuis cette
première perception, Nicolas nous
incite à déplacer notre attention
tour à tour à l’extérieur, puis à l’inté‑
rieur de notre corps. Ensuite, depuis
l’intérieur, nous sommes invités à
focaliser notre attention sur un point
précis, puis à percevoir notre corps
de manière globale tout en obser‑
vant la sensation induite. Tout cela
en prenant le temps de goûter à nos
perceptions. Ce jeu m’est familier.
En revanche, totalement nouvelle
pour moi est l’incitation qui va suivre
de déplacer notre attention depuis
notre centre jusqu’au mur en face de
nous. De manière surprenante, cette
focalisation sur l’extérieur se traduit
par une nouvelle sensation. Je ne
saurais la traduire en mots. Cette
première direction ressentie, retour
au centre, puis déplacements suc‑
cessifs vers le mur derrière nous, le
mur gauche, le mur droit, le plafond,
puis l’étage en dessous ! À chaque
fois, ce sont des perceptions inédites
pour moi. Curieuse impression d’en‑
trevoir des dimensions nouvelles de
mon propre corps… Or, ce voyage en
perceptions inconnues ne s’arrête
pas là. Après avoir fait « sauter » l’at‑
tention de notre centre à l’extérieur,
il s’agit à présent de la faire glisser
progressivement à travers l’espace.
Imagination ou perception réelle ?
L’exercice se termine par la sugges‑
tion de « gonfler » notre attention,
de la « dilater » depuis notre centre
jusqu’à l’ensemble du corps, puis,
au-delà, de laisser se manifester en
douceur une bulle d’attention… Là
s’arrête ma première initiation. La
suite est réservée aux personnes
inscrites au stage. C’est détendant,
certes, mais à quoi cela peut-il bien
servir  ? En quoi consiste au juste
cette pratique et jusqu’où va-t-elle ?
Il me faut en savoir plus. Je décide
ja n v i e r 2 0 2 0 •  n°1 6 0 27
 LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC

d’aller plus loin et m’inscris au pro‑ Au cours de ce cheminement, nous occidentaux. Cela fait tant de géné‑
chain module ATB 1 de deux jours, allons prendre contact avec nos dif‑ rations que l’on nous a dit que « le
qui se tient en octobre à Montpellier. férents corps : corps est une prison pour l’âme », que
• Le corps physique ; « je pense donc je suis », que « l’esprit
est prompt, mais la chair est faible »
Prendre contact avec • Le corps subtil ou énergétique ;
et autres joyeusetés platoniciennes
nos différents corps • Le corps vital ou émotionnel ; ou cartésiennes. Avec de telles va‑
• Le corps mental. lises philosophico-religieuses, pas
Cette fois, le stage se déroule
dans un vaste dojo dédié aux Ces corps, nous explique Marion,
étonnant que l’idée que nous pour‑
rions devenir plus conscients, plus
arts taoïstes, tai chi, qi gong, médi‑ sont identifiables au travers de
efficients et plus sages grâce à notre
tation. Quinze personnes sont de sensations spécifiques qu’il nous ap‑
corps vienne d’ailleurs. Mais les es‑
nouveau réunies en cercle autour partiendra de découvrir au fil des
prits sont mûrs.
de Nicolas et de Marion. Après les exercices. Sentir son corps mental ?
présentations d’usage, Marion nous L’idée me laisse perplexe. Comment En 1990, le professeur António
expose enfin les principes d’ATB. pourrais-je avoir la sensation de mes R. Damásio a proclamé L’Erreur de
Plus qu’une méthode, il s’agit d’un pensées ? Et à quoi cela peut-il bien Descartes1. Imagerie cérébrale à l’ap‑
servir ? Comme s’il m’avait enten‑ pui, le neuropsychologue a répandu
chemin que chacun tracera pour lui-
du, Nicolas complète le propos de l’idée selon laquelle le néocortex
même au travers des exercices et
sa compagne. « Quand on a appris à (siège de la pensée) est une ramifi‑
des jeux proposés. À tout moment,
identifier ses différents corps, on peut cation du cerveau limbique (centre
rappelle Marion, nous serons incités
savoir où l’on en est dans telle ou telle émotionnel), lequel s’enracine dans
à faire un arrêt, dans une attitude
situation. Par exemple, vous pouvez le cerveau reptilien (siège des fonc‑
d’observation de ce qui se passe savoir si c’est votre corps mental ou tions physiologiques). Autrement
en nous. Le moyen pour accomplir votre corps émotionnel qui s’active dit, que ce sont les réactions de notre
ce processus ? Je l’avais compris : il au cours d’un échange avec autrui… corps qui provoquent nos émotions,
s’agit de nos propres sensations. Et en changer si c’est approprié, pour lesquelles précèdent nos pensées
Voilà qui me rappelle nombre de thé‑ rendre plus efficace la relation. » Cette et non l’inverse. Pour Damásio, si
rapies psychocorporelles, sauf qu’ici, ressource permettrait de «  mieux « l’émotion se passe sur le théâtre du
il n’y a pas d’objectif thérapeutique s’utiliser ». Voilà qui satisfait mes ten‑ corps », alors en toute logique, « la
affiché. Le but est dans le processus dances utilitaristes. J’entrevois enfin capacité à ressentir des émotions
lui-même : utiliser notre attention la portée pratique de cette voie. est nécessaire à la mise en œuvre
pour développer « l’observateur in- Éveiller sa conscience par le d’un comportement rationnel ». Dès
térieur », amener l’« être conscient » à corps… Je suppose que l’idée sem‑ lors, une attitude censée, raison‑
tout ce que l’on fait. blera incongrue à bien des esprits nable ne peut venir que d’un corps
conscient. Le corps, vecteur de sa‑
gesse  : vertigineux renversement
de paradigme ! Mais pour extraire le
Auroville, cité spirituelle expérimentale potentiel de cette découverte scien‑
Auroville est une cité expérimen- quante pays, les 2 500 Aurovilliens tifique et induire plus d’intelligence
tale située au nord de Pondichéry, – 50 000 étaient prévus dans le relationnelle, plus de paix et plus de
dans le Sud de l’Inde. Créée en 1968 projet initial – sont organisés en
santé dans nos vies, encore faut-il
à l’initiative de Mirra Richard – unités de travail incluant agri-
passer aux travaux pratiques ! C’est
plus connue sous le nom de la précisément l’objet des arts mar‑
culture, artisanat, informatique,
Mère –, compagne spirituelle du tiaux traditionnels, quand ils ne sont
santé, etc. Plusieurs initiatives
philosophe indien Sri Aurobindo, pas occidentalisés par l’olympisme,
dans les domaines de l’écologie –
Auroville se veut « le lieu d’une vie que d’opérer ce retournement.
construction, recyclage de l’eau
communautaire universelle, où Awareness Through the Body serait
– ou de l’éducation – Awareness
hommes et femmes apprendraient finalement une approche non mar‑
Through the Body – ont émergé de tiale de cette nouvelle conscience,
à vivre en paix, dans une par-
faite harmonie, au-delà de toutes la cité spirituelle d’Auroville. décrite par nombre de sages orien‑
croyances, opinions politiques https://eveildelaconsciencepar- taux, parmi lesquels le philosophe
et nationalités  ». Venus de cin- lecorps.wordpress.com Sri Aurobindo et sa compagne spiri‑
tuelle, la Mère de Pondichéry.
1. L’erreur de Descartes, Antonio R. Damasio, Éditions Odile Jacob, 1995

28 janvi e r 2020 • n°1 6 0

L’attention plongée
dans mon geste, mes
pensées s’arrêtent
P lace au corps, donc, sous la gui‑
dance souriante de Nicolas.
Pour commencer, nous réalisons les
mêmes exercices ludiques que ceux
que j’ai découverts cet été. Les cinq
modules d’ATB suivent toujours la
même progression. Nous sommes
invités à retraverser les propositions
que nous connaissons avec l’esprit
du débutant, prêts à découvrir de
nouvelles dimensions de nous-
mêmes dans leur répétition… Après
la pause, Marion prend le relais et
nous incite à nous asseoir suffisam‑
ment confortablement pour pouvoir
rester immobiles quarante-cinq
minutes. Le but : activer notre pou‑
voir de concentration et prendre
conscience de notre corps subtil.
Les mains posées à plat sur les ge‑
noux, nous devrons les lever jusqu’à
hauteur des épaules puis les tourner
l’une vers l’autre pour les rapprocher
jusqu’à ce qu’elles se touchent avant
de parcourir le chemin inverse, le
tout en musique et en quarante-cinq
minutes maximum… Un geste simple,
mais extrêmement lent, donc.
Un air de musique baroque se dé‑
ploie. L’attention focalisée sur mes
mains, j’entreprends le geste en m’ef‑
forçant à la lenteur, tout en restant
dans un mouvement continu. Cette
concentration a sur moi un effet hyp‑
notique. L’attention plongée dans
mon geste, mes pensées s’arrêtent.
Difficile de décrire la suite… J’accède
à un niveau de sensations auparavant
inconnu. Mes bras ne se meuvent
plus de manière volontaire. Ils sont
animés d’une succession ininterrom‑
pue de micromouvements, comme
s’ils obéissaient à l’intention de dé‑
part, sauf que celle-ci a été oubliée,
au profit d’une attention totale aux
sensations. Dans un temps que je ne
saurais estimer, au moment où mes
paumes se font face, j’ai l’impression
d’une pression entre elles, comme si
je pressais un ballon. Petit à petit, ce
LES EXPÉRIMENTATIONS D’EMMANUEL DUQUOC
ballon s’aplatit, jusqu’à ce que mes
mains se touchent. J’ai pris contact
avec mon corps subtil, cette bulle
d’énergie qui est en moi et autour
de moi. Sa perception me sera utile,
lorsque demain, les yeux bandés,
je devrai marcher parmi les autres,
sans les heurter. J’amorce le geste
de retour. C’est alors que le son de
la musique baisse, signal de la fin
de l’exercice. Ceux qui, comme moi,
ne l’ont pas terminé, sont invités à
achever leur geste en accélérant le
mouvement. Je réalise que j’avais
perdu toute notion du temps. Et que
l’éternité ne dure pas… J’éprouve un
profond silence intérieur.
C’est le moment de la récréation.
Installé pour l’exercice qui s’achève
sur un canapé de l’espace de pause,
je n’ai pas à changer de position
pour prendre ma tisane. Nous voici
réunis en ovale, tous assis autour
d’une table basse où sont disposés
café, boissons, chocolat et bocaux
de fruits secs. Nul ne dit mot. Un
silence de haute densité est installé
entre nous, tandis que nous buvons
nos boissons. De longues minutes
passent ainsi. Au fur et à mesure que
ma conscience passe de l’intérieur à
la périphérie, j’ai le sentiment que ce
silence n’est pas totalement confor‑
table. Sans que je sache si je perçois
mon propre ressenti ou capte celui
d’autres personnes, j’éprouve le plai‑
sir ambigu de goûter au vide lorsqu’il
est assorti du sentiment de l’incon‑
gruité d’être réunis sans rien se
dire. N’y tenant plus, je brise la glace
et sors une blague à l’adresse du
groupe. J’entends le ouf de soulage‑
ment de certains, tandis que d’autres
disent avoir goûté ce moment avec
délice. En tout cas, les conversations
vont aussitôt bon train.
Sentir la bulle
énergétique des autres
L e stage se poursuit entre jeux
collectifs dynamiques et pra‑
tiques intérieures silencieuses, à la
découverte de ces différents corps
qui nous composent. Les interactions,
bien plus que par l’échange verbal
collectif, se font de manière tactiles,
par l’entremise du toucher direct
bien sûr, mais aussi par le contact à
distance. Ayant pris conscience de
nos corps subtils, nous sommes in‑
vités à circuler dans la salle, les yeux
bandés ou fermés, et à sentir la bulle
énergétique des autres pour nous
déplacer sans nous heurter, ou bien
à la recherche d’une main déjà ren‑
contrée précédemment, qu’il nous
est demandé de reconnaître.
À la fin de ces deux jours d’initiation,
je ressens un état particulier de tran‑
quillité intérieure. Mais Marion met
en garde ceux qui doivent prendre
la route. Cette pratique peut nous
plonger dans un état si intériorisé
que nos réflexes en seraient ralen‑
tis. Aussi, il est conseillé de différer
notre départ, le temps de nous re‑
connecter au monde extérieur, ou
bien d’être extrêmement prudents
sur la route du retour.
Cet avis me remplit d’interrogation.
Je repense à cette mise en garde
de Denis Emonet, instructeur de
Mouvement Régénérateur, qui
insiste sur les méfaits possibles
de pratiques méditatives qui, pra‑
tiquées à haute dose, seraient
capables de nous faire perdre notre
spontanéité et nos réflexes vitaux.
Alors, lâcher-prise ou contrôle ex‑
cessif de soi-même ? « Ce peut être
un écueil rencontré sur le chemin, me
confirme une pratiquante. Mais dans
la durée, les activités sont suffisam-
ment diversifiées pour ne pas nous figer
dans une posture. Chacun est progres-
sivement guidé à explorer les multiples
dimensions de lui-même, y compris les
plus vivifiantes. » Finalement, il s’agit
bien de laisser la vie faire son œuvre
en nous…
Emmanuel Duquoc
ja n v i e r 2 0 2 0 •  n°1 6 0 29
 LIVRES
Nunchi : travaillez votre intelligence émotionnelle
Faire du tort involontairement est parfois aussi grave
que le faire volontairement, car cela montre une absence
de « nunchi ». Le nunchi, c’est la capacité à s’adapter à son
entourage pour ne pas blesser, vexer ou gêner qui que ce
soit. Au-delà d’aider à vivre en communauté, il permet de
se faire une place dans la société, en sachant comment
s’adapter à son interlocuteur. Le maîtriser peut faire la
différence dans les sphères de la vie privée comme pro‑
fessionnelle. C’est donc aussi un outil pour être heureux.
L’auteure, née aux États-Unis, a déménagé en Corée
du Sud quand elle était jeune et a dû développer cette
compétence pour s’adapter à la culture du pays et s’y
faire une place. Selon elle, si la Corée a réussi à passer
de pays du tiers-monde à une puissance industrielle en
un demi-siècle, c’est en partie grâce au nunchi. Elle ex‑
plique dans ce livre en quoi consiste ce « superpouvoir des
Coréens » et donne les clés pour nous aider à le développer.
Retourner au travail après un cancer
Le retour à la vie active après un cancer est une étape
difficile, car en plus d’être un sujet encore tabou, le cancer
a des effets secondaires sur le long terme (fatigue, pertes
cognitives, douleurs, etc.). C’est pourquoi la réintégration
d’une personne ayant eu un cancer doit être un proces‑
sus collectif : collègues et managers peuvent s’impliquer
pour faciliter son retour et ce guide s’adresse aussi à eux.
Magali Mertens de Wilmars a vécu cette douloureuse
expérience et l’a transformée en un nouvel objectif. Elle
est à présent coach professionnelle, formée au Disability
Management, et accompagne les patients dans leur re‑
tour au travail. Dans ce guide, l’auteure questionne les
valeurs essentielles qui nous réunissent en société et
nous permettent d’avoir une bonne communication. Elle
encourage en particulier à remettre l’humain au centre
des entreprises et à faire preuve de bienveillance.
Voulez-vous vraiment connaître vos prédispositions génétiques ?
Cancer du sein, rétinoblastome, mucoviscidose ou
trisomie 21 font partie des quelque 8 000 maladies gé‑
nétiques. Or, la génétique a progressé et permet d’offrir
des traitements « personnalisés », transformant des
chances de rémission faibles en guérison pour plusieurs
de ces maladies. Mais aujourd’hui, elle est également
capable de les dépister avant la naissance. Le dépistage
préconceptionnel consiste en effet à détecter un risque
de donner naissance à un enfant malade grave et incu‑
rable, avant même le début de la grossesse. Quand le
risque est particulièrement fort, la génomique cherche à
agir pour l’éviter. Faut-il pour autant parler d’eugénisme
– ce courant de pensée qui vise à améliorer le patrimoine
génétique de l’espèce humaine ?
L’auteur, généticien, en réfute l’idée. Après un panorama
sur la génétique pour nous familiariser avec cette science,
il met en avant l’influence de nos gènes – notamment sur
notre santé. Il nous invite au débat sur la pratique du
30 janvi e r 2020 • n°1 6 0
Sherlock Holmes est par exemple un personnage avec un
nunchi développé. Il observe, analyse et réagit en fonction
de son interlocuteur. Sa capacité de déduction et d’adap‑
tation à la situation est la raison de son succès. Euny Hong
expose dans ce livre tout ce qui bloque notre nunchi (le
bruit, le collectivisme, etc.) et incite à écouter, observer,
pour savoir comment agir et s’adapter.
Le Pouvoir du nunchi
Prix : 14,95 euros
Auteur : Euny Hong
Éditeur : Hugo New Life
ISBN : 9782755641578
Ses conseils visent à aider la personne revenant au tra‑
vail à définir ses besoins, ses envies et ses limites, et
s’adressent aussi à son entourage professionnel. Le but
de cet ouvrage est d’aider les personnes à valoriser cette
expérience de vie qu’est le combat contre un cancer et
de montrer comment il peut devenir un tremplin vers de
nouvelles opportunités de vie.
Retourner au travail après un cancer
Prix : 8,90 euros
Auteur : Magali Mertens de
Wilmars
Éditeur : Jouvence
ISBN : 9782889532315
diagnostic préconceptionnel, dont il interroge les risques
et les enjeux sur les plans éthique, social et législatif.
Aujourd’hui, ces tests génétiques sont réalisés au cas par
cas. Pour alimenter le débat, Pascal Pujol partage des
cas concrets rencontrés au fil de son expérience : une
femme porteuse d’un gène héréditaire de cancer du sein,
un couple de non-voyants qui souhaitent avoir un enfant
qui voit… La génétique est une véritable révolution dans
le domaine de la médecine, mais elle implique de nom‑
breuses problématiques à prendre en compte.
Voulez-vous savoir ? Ce que nos gènes
disent de notre santé
Prix : 20 euros
Auteur : Pr Pascal Pujol
Éditeur : Humensciences
ISBN : 9782379311185
 AGENDA
Les Thermalies, salon de l’eau
et du bien-être
PARIS, du 23 au 26 janvier 2020
Droits d’entrée : 10 € sur place, entrée gratuite en ligne
Lieu : Carrousel du Louvre, 99, rue de Rivoli, 75001 Paris
Renseignements : www.thermalies.com/paris
Les Thermalies sont le rendez-vous à ne pas manquer pour découvrir les
vertus de l’eau et les dernières tendances en matière de bien-être : tha‑
lassothérapie, thermalisme, balnéothérapie, spa, etc. Des spécialistes du
domaine vous reçoivent au sein de six pavillons thématiques. Vous pourrez
participer à des ateliers d’initiation au yoga, à la méditation, au Pilates, à la
sophrologie ou à l’automassage, et tester sur les stands des massages et des
cosmétiques. Vous pourrez profiter des offres spéciales durant le salon pour
choisir et organiser vos prochaines cures et soins. Enfin, ne manquez pas les
trois nouveautés de 2020 : un espace dédié à l’esprit et aux voyages (lieux de
ressourcement, retraites sportives et bien-être, cures ayurvédiques, etc.),
un autre aux services santé (prévention santé, conseils, dépistages, etc.) et
un troisième aux soins anti-âge (cosmétiques, nutri-cosmétiques, etc.).
Salon Vivez nature
PARIS, du 24 au 27 janvier 2020
Droits d’entrée : Entrée gratuite en ligne
Lieu : 211, avenue Jean-Jaurès, 75019 Paris, France
Renseignements : www.vivez-nature.com/paris
Pour la 49e édition de ce salon, la grande halle de la Villette se transforme
pour vous permettre de rencontrer pendant quatre jours 150 experts et
passionnés du bio et du bien-être. Cette année, l’écologie urbaine sera le
thème central, avec des produits, services et initiatives pour vivre en ville
de manière plus saine et durable. Jardins partagés, agriculture urbaine, éco‑
nomie solidaire, qualité de l’air, alternatives au jetable et bien plus ! Parmi
les secteurs représentés, vous retrouverez notamment l’alimentation bio,
le bien-être, la maison écologique, la mode éthique et la mobilité urbaine.
Vous aurez également la possibilité d’assister à des conférences d’experts
ou de participer à des ateliers découverte (cuisine, cosmétique, bienfaits
des plantes, recyclage, Do-It-Yourself, etc.).
Bulletin d’abonnement à Alternatif Bien-Être
Alternatif Bien-Être est le mensuel des solutions alternatives de santé : tous
les mois vous recevez dans votre boîte aux lettres ou par e-mail un nouveau
numéro de 32 pages rempli des meilleures informations de santé naturelle.
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+ un numéro gratuit + votre Grand Dossier Anti-cancer en cadeau + votre
garantie satisfait ou remboursé à 100 % pendant 3  mois en version papier
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soit 54 € ou 39 € en version électronique (n’oubliez pas votre adresse e-mail
pour la version électronique !).
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ment en ligne ou hors de France métropolitaine, rendez-vous sur :
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Revue mensuelle
Numéro 160 - Janvier 2020
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Société éditrice : SNI Editions AG, société
anonyme au capital de 100.000,00 CHF, dont le
siège social se situe Am Bach 3, 6072 Sachseln,
Suisse, inscrite dans le Canton d’Obwald et dont
l’IDE est CHE-140.739.081, représentée par
M. Vincent Laarman, en sa qualité d’administrateur
Directeur de la publication : Sébastien de Dianous
Rédacteur en chef : Rodolphe Bacquet
Éditrice : Elsa Dupuis
Maquettiste : Isabelle Pillet
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métropolitaine
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ja n v i e r 2 0 2 0 •  n°1 6 0 31
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Nous attendons vos témoignages à l’adresse : redactionabe@snieditions.com ou par courrier
RÉDACTION ALTERNATIF BIEN-ÊTRE - CS 70074 - 59963 CROIX Cedex France
La vitamine C m’a aidée à surmonter
la maladie de Lyme
J’ai contracté la maladie de Lyme il y a six ans. J’ai souffert de
différents symptômes et pris toutes sortes de compléments
(de manière un peu anarchique, je dois l’avouer !) qui m’ont
bien aidée : argent colloïdal, Cardère sauvage, extraits de pé‑
pins de pamplemousse (Citronat 800 mg), huiles essentielles,
etc. Mais ce qui m’a fait le plus de bien et me permet d’être en
forme aujourd’hui, c’est la vitamine C : j’en prends 3 ou 4 g
par jour depuis des années et je ne pourrais pas m’en passer.
Quelle vitamine extraordinaire !
Marie-Noëlle T.
L’argent colloïdal a sauvé mon mari
d’une amputation
Mon mari est atteint d’une maladie nosocomiale depuis de
nombreuses années. Il a subi des traitements lourds (mor‑
phine, antibiotiques à fortes doses) et devait se faire amputer
(infection dans la malléole). Un médecin homéopathe l’a pris
en charge et lui a prescrit des traitements naturels Weleda
(poudre, solution, etc.) et de l’argent colloïdal. Mon mari
pulvérisait directement du produit sur sa plaie et avalait 2 à
3 cuillères à café par jour de ce même produit. En quelques
jours, sa plaie ne suintait plus et son état général s’était amé‑
lioré. En plus de cela, ce médecin pratiquait le rééquilibrage
énergétique par la circulation du sang. Depuis, mon mari ne
fréquente plus l’hôpital et anticipe les changements de saison
(surtout au printemps et à l’automne) en allant chez son os‑
téopathe qui, lui aussi, rééquilibre les énergies et booste ses
défenses immunitaires avec des produits naturels.
Sa maladie s’est « stabilisée », mais lors de passages difficiles
sur le plan moral ou physique, le staphylocoque doré fait sa
réapparition en lui envoyant comme des décharges élec‑
triques dans la cheville. C’est en général annonciateur que
l’infection est toujours là, mais il faut apprendre à vivre avec.
Voilà, ne jamais désespérer et, surtout, ne pas se fier qu’à une
seule personne, surtout en milieu hospitalier…
Sophie T.
so.thaunay@orange.fr
PROCHAINEMENT DANS ALTERNATIF BIEN-ÊTRE
∙∙ Êtes-vous hyperballonné ? C’est peut-être un SIBO !
∙∙ Zinc et cuivre : la piste des centenaires chinois
∙∙ Réalité virtuelle mais bienfaits réels contre la douleur
∙∙ Décryptage : les pâtes à tartiner
∙∙ Nos exercices pour soulager les douleurs d’épaule
Alimentation, Jin Shin Jyutsu, soutien
de mes proches : comment j’ai guéri
d’une tumeur au cerveau
En juillet 2007, j’ai été diagnostiquée d’un glioblastome de
stade 4, une tumeur maligne du cerveau. Opération, chimio,
radiothérapie. Pronostic de vie : 1 an. Six mois plus tard, je fais
mon premier contrôle : plus de trace de cancer. Il faut dire que
j’avais fait un régime « anticancer », en supprimant la viande,
le sucre, le gras animal, le blé. Et en buvant beaucoup de thé
vert, en mangeant régulièrement du chou, des oignons, de
l’ail. Bref, tout ce que les cellules cancéreuses détestent. Bien
sûr, tout bio.
Parallèlement, j’ai suivi un traitement alternatif, le Jin Shin
Jyutsu. C’est une méthode de guérison japonaise qui utilise
l’apposition des mains sur les points méridiens du corps pour
rééquilibrer et harmoniser l’énergie. J’ai enfin pris des médi‑
caments homéopathiques en soutien de tout cela.
Malgré la démission de ma famille proche (en particulier de
mon mari), j’ai eu le soutien de ma famille vivant à plus de
1 000 kilomètres de chez moi, par des appels réguliers et des
marques de soutien en tout genre. Du coup, j’ai gardé le moral
et je ne me suis jamais considérée comme malade. Je me disais
que c’était une phase de ma vie. Mon mari m’a fait lire tout
ce qui concerne cette maladie, voulant que je sache ce qui
m’attendait. J’ai lu en diagonale : me sachant en danger, cela
me suffisait. Je ne voulais pas m’enfoncer. Je me disais : « Si
les gens meurent de cette maladie, pas moi. » Cela peut paraître
exagéré, mais c’était ma protection. Je suis restée positive et
j’ai beaucoup prié, la vie spirituelle étant le moteur de ma vie.
Aujourd’hui, je suis divorcée, en pleine forme et totalement
guérie. Je considère ce glioblastome comme un cadeau.
Je dois dire que j’avais un peu d’expérience en matière de
situations menaçantes : je suis née avec une malformation du
cœur et, après deux opérations à cœur ouvert, j’ai eu dix ar‑
rêts cardiaques.
J’espère que ce témoignage pourra donner du courage à des
personnes qui sont en danger. L’espoir peut guérir.
Claire D.
claire.dunst@hotmail.de
∙∙ Rubrique phyto : les clous de girofle
∙∙ J’ai testé un repas par jour
∙∙ Et… une toute nouvelle rubrique :
une histoire cachée de la médecine !