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François Cayphas
É COLE DE M ATHÉMATIQUE
2022–2023
Table des matières
Introduction 1
Conclusion 25
1. Pour aller plus loin 25
2. Compte rendu du travail 26
Bibliographie 27
iii
Introduction
pliquée, et, à première vue, on ne voit pas trop ce qu’on pourrait en dire. Elle
cache pourtant de nombreux problèmes très variés, allant de la géométrie à
la théorie des nombres, en passant par la théorie de la mesure et celle des
groupes. Bien que les travaux d’Apollonius, à la base de la construction de
la baderne éponyme, remonte au IIIe siècle av. J-C, il s’agit toujours d’un su-
jet de recherche actuelle, avec de nombreuses questions et conjectures non
résolues aujourd’hui. Par exemple, on ne connait toujours pas sa dimension
fractale !
1
2 INTRODUCTION
1. Transformations de Möbius
Avant de rentrer dans le vif du sujet, nous avons besoin de certains outils
géométriques : les transformations de Möbius et les inversions. Il s’agit de
transformations du plan qui, grâce à leurs propriétés, nous seront très utiles
par la suite. Commençons par introduire notre cadre de travail.
Ces définitions semblent naturelles et font sens avec notre intuition géomé-
triques de ces opérations. Nous pouvons maintenant définir les transforma-
tions de Möbius.
ad − bc = 1 × 1 − 0 × 0 = 1 ̸= 0.
az+ b
Soient maintenant f et g deux transformations de Möbius, avec f : z 7→ cz+ d
ez+ f
et g : z 7→ gz+ h . Alors :
¶ a ez+ f + b
ez + f aez + a f + b gz + bh
µ
gz+ h
f ◦ g(z) = f (g(z)) = f = ez+ f =
gx + h c gz+h + d cez + c f + d gz + dh
(ae + b g)z + (a f + bh)
= .
(ce + d g)z + (c f + dh)
De plus, (ae + b g)(c f + dh) − (a f + bh)(ce + d g) = (ad − bc)(eh − f g) ̸= 0. f ◦ g est
donc bien une transformation de Möbius. Considérons finalement la fonction
dz− b
h : z 7→ − cz+a , qui satisfait bien da − bc ̸= 0. On calcule
a −dz −b
cz+a + b adz − ab − bcz + ab (ad − bc)z
f ◦ h(z) = f (g(z)) = = = = z.
c −dz −b
cz+a +d cdz − bc − cdz + ad ad − bc
(T1) z 7→ az a ∈ C,
(T2) z 7→ z + b b ∈ C,
(T3) z 7→ 1/z.
az+ b
D ÉMONSTRATION. Soit une transformation de Möbius f : z 7→ cz+ d .
Si c = 0, comme ad − bc ̸= 0, il faut que a et d soient différents de 0, et alors
1. TRANSFORMATIONS DE MÖBIUS 5
f (z) = da z + db . En notant
a b
f 1 : z 7→ z et f 2 : z 7→ z + ,
d d
a
az + b (cz + d) − ad
c +b a b− c
ad
f (z) = = c = + .
cz + d cz + d c cz + d
En notant
1 ad a
f 1 : z 7→ cz, f 2 : z 7→ z + d, f 3 : z 7→ , f 4 : z 7→ (b − )z et f 5 : z 7→ z + ,
z c c
f = f5 ◦ f4 ◦ f3 ◦ f2 ◦ f1.
Grâce à ce théorème, si nous voulons prouver une propriété sur les trans-
formations de Möbius, il nous suffit de montrer qu’elle est vraie pour toute
application de type (T1), (T2) et (T3). C’est ce que nous allons faire par la
suite. Introduisons juste avant une nouvelle appellation.
La définition précédente vient du fait qu’on peut voir une droite comme
un cercle avec un rayon infini. Désormais, lorsque nous parlerons d’une droite
dans C
b , nous sous-entendrons une droite union le point ∞. Remarquons que
si un cercle généralisé contient le point ∞, il s’agit d’une droite, et s’il ne le
contient pas, il s’agit d’un cercle. Plus tard, nous parlerons de cercle généra-
lisé tangent à un autre cercle généralisé. Cela voudra simplement dire que
les deux objets n’ont qu’un seul point d’intersection. Dans le cas où ces deux
cercles généralisés seraient des droites, leur seule intersection serait alors le
point ∞, et les deux droites seraient "parallèles".
D(a2 + b2 ) + Ba − Cb + A = 0.
2. Inversions
F IGURE 1. Inversion
¯: C
b →C
b,
définie par
z = x− iy ∀z = x + i y ∈ C
et
∞=∞
r2 O p + (r 2 − OO)
ι(p) = O + = .
p−O p−O
Oz+( r 2 −OO )
Si l’on note f : z 7→ , qui est une transformation de Möbius, car
z−O
2 2
O(−O) − (r − OO) = r ̸= 0, on a bien ι(p) = f (p). □
1. Théorème d’apollonius
théorème d’Apollonius pour construire les deux cercles tangents à ces trois
cercles-là. On avait en fait déjà un de ces deux cercles, chaque triplet permet
donc de construire un nouveau cercle (figure 3). La baderne d’Apollonius est
F IGURE 3. Etape 2
la figure obtenue après une infinité d’étapes. Elle peut être symétrique ou
non, selon que les trois cercles initiaux ont le même rayon ou non (figure 4).
3. Théorème de Descartes
Le prochain théorème nous donne une formule reliant les rayons de quatre
cercles tangents deux à deux, ou plutôt reliant leurs courbures, c’est-à-dire
l’inverse de leurs rayons. Il a énormément d’applications, et il est à la base
de la plupart des travaux concernant la baderne d’Apollonius. Cette formule
14 2. THÉORÈMES PRINCIPAUX ET CONSTRUCTION DE LA BADERNE D’APOLLONIUS
a été découverte par René Descartes (1596-1650), qui l’a transmise à la prin-
cesse Elisabeth de Bohême dans leur célèbre correspondance. Cette dernière
a d’ailleurs reprouvé la relation d’une manière indépendante. Cette formule
a été redécouverte plus tard par Frederick Soddy, un britannique ayant reçu
le prix Nobel de chimie en 1921. Il publia sa découverte dans la revue scien-
tifique Nature sous forme de poème (figure 5).
(2.1) k 4 + k 5 = 2k 1 + 2k 2 + 2k 3 .
p
Si jamais k 4 est entier, alors ∆ = k 1 + k 2 + k 3 ± k 4 l’est aussi. Par consé-
quent k 5 l’est également. Par induction, cette propriété est également vraie
pour tout le reste de la baderne. Pour résumer, si quatre cercles mutuelle-
ment tangents de la baderne ont des courbures entières, toutes les autres
courbures seront également entières. En voici un exemple, les valeurs dans
les cercles représentent évidemment leurs courbures.
4. Groupe d’Apollonius
a j = aA j j = 1, 2, 3, 4,
avec
−1 0 0 0 1 2 0 0 1 0 02
2 1 0 0 0 −1 0 0 0 1 2 0
A1 = A2 = A3 = .
2 0 1 0 0 2 1 0 0 0 −1 0
2 0 0 1 0 2 0 1 0 0 2 1
intéressant qu’on peut faire entre les deux objets. Si on note E l’ensemble des
quadruplets des courbures de 4 cercles tangents de la baderne d’Apollonius,
on peut définir une action du groupe d’Apollonius sur E comme
A × E → E : (A, a) 7→ aA.
Λ=D\
[
Dk.
D k ∈P
S3 i
D i+1,3k−2 , D i+1,3k−1 et D i+1,3k . Si on note T i = k=1
T i,k , on a alors
∞
Σ=
\
Ti.
i =1
Soit x ∈ Σ, qui n’est sur le bord d’aucun disque D i,k , avec i, k ∈ N∗ . Pour
chaque i ∈ N∗ , le point x appartient alors à un seul triangle curviligne T i+1,l ,
avec 1 ≤ l ≤ 3(i + 1), que nous notons T xi . Notons également D ′xi le disque cir-
conscrit à T xi . Comme les disques D ′i,k sont deux à deux disjoints (sauf éven-
tuellement un point de contact), et tous compris dans le disque D 0′ ,1 , leurs
rayons tendent vers 0. Par conséquent, les rayons des disques D ′xi tendent
vers 0 quand i tend vers 0. Ainsi, leur intersection est réduit à x :
∞ ∞
D ′xi = T xi .
\ \
{ x} =
i= 1 i =1
24 3. MESURE DU COMPLÉMENTAIRE DE LA BADERNE
S3 i
Si l’on note D ′i = k=1
D ′i,k , on a alors que
∞ ∞
Σ= D ′i .
\ \
(3.1) Ti =
i =1 i =1
25
26 CONCLUSION
1
cercles ayant une courbure plus petite que T. Comment évolue N(T) quand
T → ∞ ? En 2009, Kontorovich et la mathéticienne sud-coréenne Hee Oh ont
montré qu’il existait δ > 0 et C > 0 tel que N(T) est asymptotiquement équi-
valent à CT δ quand T → ∞.
[1] F Apéry, La baderne d’Apollonius, La Gazette des mathématiciens 19 (1982), 57–86. ↑2,
22, 26
[3] J. Bourgain and A. Kontorovich, On the local-global conjecture for integral Apollonian
gaskets, Inventiones mathematicae 196 (2014), no. 3, 589–650. ↑25
[5] E. Kasner and F. Supnick, The Apollonian packing of circles, Proceedings of the National
Academy of Sciences 29 (1943), no. 11, 378–384. ↑21, 22
[6] J. Olsen, The geometry of möbius transformations, University of Rochester (2010). [Trouvé
sur son site personnel johno.dk/mathematics/moebius.pdf]. ↑2, 26
[7] M. Pollicott, Apollonian Circle Packings, Fractal Geometry and Stochastics 5 (2015), 121–
142. ↑2
[8] P. Sarnak, Integral apollonian packings, The American Mathematical Monthly 118 (2011),
no. 4, 291–306. ↑2, 26
[9] Möbius transformations, Second Year Essays, warwick maths society. [disponible sur
www.warwickmaths.com/wp-content/uploads/2020/07/80_-Möbius-Transformations.pdf,
consulté le 10 avril 2023]. ↑2, 26
27