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❦ M

AGNIFICAT

LE COMPAGNON DE CARÊME
Carême 
Du 14 février au 31 mars

Cheminons vers la lumière


Chaque année, le temps du Carême invite à avancer
vers la source de toute la vie chrétienne : Pâques.
Pour accompagner cette marche, Magnificat vous
propose son « compagnon de Carême ».

◆ Chaque jour du Carême :


– les commentaires originaux de Marie-Noëlle
Thabut, du P. Hervé Guillez, du P. Philippe
Lefebvre, de S. Jean Thomas, du P. Étienne
Roche, de Christelle Javary, de dom Jean-Charles
Nault éclairent pour vous l’actualité de la parole
de Dieu.

◆ Chaque dimanche :
– une prière simple inspirée de la tradition de
l’Église ;
– une méditation de l’Évangile puisée dans
l’enseignement des papes ;
– Blanche Streb nous invitera, ancrés
dans le quotidien, à redécouvrir le don de
l’émerveillement pour aimer et habiter le monde
et notre vie avec espérance et grâce.

Hors-série No 89
3,90 € Hors-série
Éd itorial
Marie-Laure Martin Saint-Léon
Rédactrice en chef adjointe

Laissons-nous émerveiller

L
e Carême est un chemin de conversion qui invite
à laisser Dieu nous ressusciter de nos cendres, si,
en choisissant de renoncer au mal et d’adhérer
pleinement au Christ, en abandonnant nos distractions
et en nous détachant des préoccupations matérielles,
nous laisserons nos yeux et notre cœur s’ouvrir aux
miracles de l’amour divin. Aiguisons notre capacité à
nous émerveiller de sa présence et de ses œuvres en
nous laissant surprendre par sa parole et en déployant
notre ingéniosité à répondre, par des actes de charité,
à l’amour qui nous tend la main. Faisons mémoire de la
grandeur de Dieu et du don gratuit de sa grâce qui nous
précède. Devenons des chercheurs de Dieu !
Durant ces quarante jours, renouvelons notre foi
et laissons-nous illuminer par celui qui ne cesse
d’accompagner notre chemin en nous appelant
à vivre de sa vie. Que ce temps soit une période
d’émerveillement devant le mystère du Christ mort et
ressuscité pour nous. Mettons à profit ces jours pour
nourrir « l’émerveillement devant le fait que le dessein
salvifique de Dieu nous a été révélé dans la Pâque de
Jésus (cf. Ep 1, 3-14) dont l’efficacité continue à nous
atteindre dans la célébration des « mystères », c’est-à-
dire des sacrements » (Desiderio desideravi, no 25).
Puisse ce Compagnon vous soutenir durant ce
Carême, et nous aider à nous émerveiller devant la
vérité que célèbre la beauté de la liturgie qui trouve
son sommet dans la nuit de Pâques. ■
–1–
MERCREDI 18
14 FÉVRIER
Mercredi des Cendres

Parole de Dieu 2 Co 6, 1-2


Mercredi des Cendres

E
n tant que coopérateurs de Dieu, nous vous
exhortons encore à ne pas laisser sans effet la
grâce reçue de lui. Car il dit dans l’Écriture :
Au moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut je t’ai
secouru. Le voici maintenant le moment favorable, le
voici maintenant le jour du salut.

On dit volontiers : « L’homme propose, Dieu dispose. »


Erreur, c’est l’inverse qu’il faut entendre : « Dieu
propose, l’homme dispose. » Dieu, éternellement,
propose son alliance ; l’homme, au long des jours, y
entre ou s’y refuse ; et Dieu, inlassablement, réitère sa
proposition. À l’époque de l’exil à Babylone, le prophète
Isaïe rappelait à ses contemporains cette fidélité de
Dieu : non, Dieu ne les avait pas abandonnés, il n’avait
pas renié l’Alliance conclue au Sinaï ; bien au contraire,
il confiait une mission au petit noyau des croyants :
Ainsi parle le Seigneur : au temps de la faveur, je t’ai
répondu, au jour du salut, je te suis venu en aide ; je
t’ai mis en réserve et destiné à être l’alliance du peuple,
en relevant le pays […] en disant aux prisonniers :
« Sortez ! » (Is 49, 8-9, TOB). C’était à la fois une annonce
du retour (la sortie de la captivité babylonienne) et
une mission de restauration de la communauté. Saint
Paul, à son tour, rappelle aux chrétiens leur mission
d’annoncer aux hommes la fidélité de Dieu : chacun
de nos jours est celui du salut offert, de l’Alliance
renouvelée, de la réconciliation offerte.
Marie-Noëlle Thabut
–2–
J eûner
Le temps du Carême est un rendez-vous d’amour, celui d’un
cœur à cœur qui, dans le silence de la solitude, fortifie notre
intimité avec Dieu. Il est aussi le moment favorable pour
proclamer par toute notre vie les merveilles de celui qui
[n]ous a appelés des ténèbres à son admirable lumière (1 P 2,
9). Dans la tradition chrétienne, le jeûne signifie l’abstinence
de nourriture, mais cette privation peut aussi manifester le
choix d’un dépouillement qui est le signe extérieur de notre
engagement à vivre de l’Évangile. Saint Grégoire le Grand
rappelait, dans sa Règle pastorale, que le jeûne est rendu
saint par les vertus qui l’accompagnent, en particulier par la
charité, par chaque geste de générosité, qui donne aux plus
démunis le fruit d’une privation.

Prier
Dans les cendres que nous recevons aujourd’hui,
Tu vois, Seigneur, la poussière de nos routes
et la boue qui alourdit si souvent nos pas.
Tu veux y voir aussi la trace de l’amour que
Tu nous communiques comme un feu.
De ces cendres, fais jaillir une vie nouvelle !
Que ton Esprit nous guide sur le chemin
de l’Évangile,
En suivant Jésus, nous ferons de ce Carême
une patiente montée vers la lumière de Pâques.
 Charles Wackenheim

Accorde-nous, Seigneur, de savoir commencer


saintement ce Carême.
Que notre jeûne et nos privations nous rendent
plus forts pour lutter contre l’esprit du mal.
–3–
JEUDI 15 FÉVRIER
Jeudi après les Cendres

Parole de Dieu Dt 30, 15-16a.19b.d


Jeudi après les Cendres

M
oïse disait au peuple : « Vois ! Je mets
aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le
bonheur, ou bien la mort et le malheur.
Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer
le Seigneur ton Dieu. Je mets devant toi la vie ou
la mort. Choisis donc la vie. »

C ’est l’un des thèmes favoris de la prédication de


Moïse d’après le livre du Deutéronome : l’observance
des commandements de Dieu est le seul moyen
d’instaurer une vie heureuse et fraternelle dans la
communauté humaine, tout comme l’observance du
code de la route est une garantie de sécurité dans
nos déplacements. C’est une affaire de vie ou de
mort (spirituelle). Dans ces quelques lignes, le seul
commandement prescrit est celui de l’amour : car c’est
de lui que découlent tous les autres. L’amour dont il
est question ici n’est pas affaire de sentiment : il s’agit
de l’adhésion de tout notre être au Dieu qui nous veut
libres et nous l’a prouvé en nous délivrant de la captivité
en Égypte : Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est le
Seigneur Un. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout
ton cœur, tout ton être, de toute ta force (Dt 6, 4-5, TOB).
Cette profession de foi prononcée encore de nos jours
par nos frères juifs traduit l’abandon résolu de toute
idolâtrie : un choix à refaire en ce début de Carême.
Car les idoles modernes ne sont plus des statues mais,
plus gravement, tous ces liens ou ces habitudes qui
nous tiennent prisonniers et nous détournent de Dieu.
M.-N.T.
–4–
Partager
Dans l’Évangile de saint Jean, le Seigneur nous dit : « La vie
éternelle, c’est qu’ils te connaissent » (17, 3). Choisir la vie et
choisir Dieu semble aller de pair. Ce temps nous est donné
pour tourner nos yeux et notre cœur vers le Seigneur, mais
aussi pour contempler son œuvre de création. Ouvrir nos
yeux et déployer notre capacité à nous émerveiller, à nous
sensibiliser à la beauté, à la souffrance, à la pauvreté, à
la vulnérabilité. Seigneur, tu nous invites à faire tomber
nos masques, donne-nous de vivre des relations simples.
Permets que nos « oui » nous engagent, sans autre sécurité
que la certitude de savoir que nous sommes porteurs d’une
promesse divine.

Prier
Béni sois-tu de nous donner ce temps pour agir
en secret, pour prendre le temps de demeurer
à tes côtés dans le silence de la prière.
 Seigneur, fortifie-nous par ton amour.
– Pour ceux qui ont été rejetés par leur famille,
leur communauté, prions.
– Pour ceux brisés par la médisance, les jugements,
prions.
– Pour ceux qui ne peuvent plus exprimer
librement leur foi, prions.
– Pour ceux qui ne reconnaissent pas ta présence
dans l’eucharistie, prions.
– Pour ceux qui accompagnent et entourent
les catéchumènes, prions.

Que ta grâce inspire notre action, Seigneur,


et la soutienne jusqu’au bout,
pour que toutes nos activités prennent leur source
en toi et se déploient en ta présence.
–5–
VENDREDI 16 FÉVRIER
Vendredi après les Cendres

Parole de Dieu Is 58, 6-8a


Vendredi après les Cendres

L
e jeûne qui me plaît, n’est-ce pas ceci : faire
tomber les chaînes injustes, délier les attaches
du joug, rendre la liberté aux opprimés,
briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton
pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les
pauvres sans abri, couvrir celui que tu verras sans
vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? Alors
ta lumière jaillira comme l’aurore.

C ette prédication d’Isaïe est le couronnement de la


réflexion de tous les prophètes au long des siècles. De
bonne foi, de tout temps, les croyants ont cherché à
plaire à Dieu ; ce souci est honorable : encore faut-il ne
pas se tromper. Or, ici, tout se passe comme si Isaïe
nous disait : « Le culte qui plaît à Dieu n’est pas ce
que vous croyez. » Il ne part pas en guerre contre les
pratiques religieuses et le jeûne. Il part en guerre contre
l’incohérence qui consiste à accomplir des gestes
religieux, comme le jeûne, tout en restant insensible
aux besoins élémentaires de nos frères. Quelques
lignes plus haut, il a protesté : Le jour de votre jeûne,
vous savez tomber sur une bonne affaire, et tous vos
gens de peine, vous les brutalisez (Is 58, 3, TOB).
Si l’on en croit Isaïe, la meilleure manière de plaire à
Dieu consiste à nous mettre au service des besoins de
nos frères. Pour le dire autrement, le chemin qui mène
à Dieu passe par nos frères.
M.-N.T.
–6–
J eûner
Décidons aujourd’hui de commencer cette journée par
un temps de louange : « Seigneur, nous te louons, nous
te rendons grâce pour ton immense gloire. » Madeleine
Delbrêl disait : « Dieu nous donne une journée préparée
pour nous, par Lui. Il n’y a rien de trop et rien de « pas
assez », rien d’indifférent et rien d’inutile. » Le Seigneur
nous l’offre, alors donnons-lui de l’épaisseur. Jeûnons de
tout ce que nous recevons comme un dû et goûtons les
bienfaits de notre donateur. Soyons lucides et vrais en ce
début de Carême, laissons le Seigneur nous conduire pas
à pas, nous libérer de nos propres chaînes pour goûter la
joie du dessein salvifique de Dieu qui est venu nous sauver.

Prier
Seigneur, aide-nous à entrer dans la pureté
du jeûne, à verser sur nos têtes l’huile de ta bonté,
et à laver nos visages à l’eau de la chasteté.
Nous qui jeûnons dans le corps,
apprends-nous à jeûner aussi dans l’esprit,
à délier tout lien d’injustice, à briser les violences.
Permets que nous donnions du pain
à ceux qui ont faim, que nous ouvrions nos maisons
aux pauvres, qui n’ont pas de toit,
afin de recevoir du Christ le grand amour.
Amen.

Que ta bienveillance nous accompagne,


Seigneur, durant ces jours de privation,
pour que la discipline imposée à nos corps
soit vraiment pratiquée avec amour.
–7–
SAMEDI 17 FÉVRIER
Les Sept Saints fondateurs de l’ordre des Servites de Marie

Parole de Dieu Lc 5, 30-31


Samedi après les Cendres

L
es pharisiens et les scribes de leur parti
récriminaient en disant à ses disciples :
« Pourquoi mangez-vous et buvez-vous
avec les publicains et les pécheurs ? » Jésus leur
répondit : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé
qui ont besoin du médecin, mais les malades. »

L es pharisiens étaient connus pour leur ferveur et


leur désir de pureté : pas question de frayer avec
des pécheurs ; rappelons-nous que le nom même de
pharisiens (en hébreu « séparés ») traduit leur désir
de se protéger des mauvaises fréquentations. Car
« qui se ressemble s’assemble », dit-on. Oui, mais si
le médecin fuit les malades pour éviter la contagion,
est-il encore médecin ?
Encore une fois, c’est une affaire de cohérence : si le
projet de Dieu est un avenir de fraternité universelle,
peut-on rêver de se réfugier dans une tour d’ivoire ?
Jésus pensait tout autrement, visiblement : il venait de
choisir comme disciple un publicain du nom de « Lévi »
(nommé Matthieu dans l’Évangile de Matthieu, cf. 9, 9).
Ce simple appel était déjà le franchissement d’une
barrière sociale et religieuse au scandale de la bien-
pensance. Puis Lévi, tout content, fit un grand festin
dans sa maison et y invita Jésus qui ne refusa pas,
convaincu que le mépris n’a jamais converti personne.
M.-N.T.
–8–
Partager
S’ils nous rassurent quelquefois, il se peut que certains
entre-soi nous étouffent. À force de rencontrer des
personnes qui vivent ou pensent toujours comme nous,
nous risquons de récriminer. Et si nous utilisions cette
énergie négative pour nous ouvrir à l’inconnu de l’autre ?
Un Carême est en effet un exode, une sortie, a fortiori une
sortie de soi, pour aller vers la Terre promise, celle de la
Vie que Dieu veut nous donner. Comment ouvrir les yeux
du cœur sur ceux qui sont différents ? Serais-je moi-même
un étranger pour d’autres qui ne me comprennent pas
toujours ? Dieu est-il ce tout Autre qui m’appelle ?

Prier
L’invitation à la conversion est un encouragement à
revenir, comme le fils de la parabole, entre les bras
de Dieu, Père tendre et miséricordieux.
Verbe de Dieu, tu nous conduis vers la lumière,
chantons tes merveilles dès aujourd’hui :
 Fils de David, sauve-nous !
– Prions pour ceux dont le cœur s’est endurci.
– Prions pour ceux que la tristesse meurtrit.
– Prions pour ceux qui portent
des jugements hâtifs.
– Prions pour les malades qui attendent une visite.
– Prions pour les mourants et pour ceux
qui les accompagnent.

Regarde, Seigneur, notre faiblesse,


et viens toi-même purifier nos cœurs
dans la louange et la prière afin que notre amour
réponde joyeusement à ta miséricorde.
–9–
Laissons-nous émerveiller

Au commencement, l’émerveillement
Nous avons tous, déjà, poussé la porte de
l’émerveillement. Cet instant inattendu où d’un seul
coup, il nous envahit, semble nous remplir tout entier.
Il nous attendait, là, en guet-apens, dans ce chant,
le rire de cet enfant, le murmure du vent. Il nous
saisit, en un clin d’œil, dans ce visage, ce paysage,
cet éclairage. Dans cette pensée, cette idée, ce coup
de crayon, ce flocon… Et cette expérience compte
parmi les plus belles de nos existences. Notre roue de
hamster s’arrête. Pause image. Pendant un instant, le
voile se lève. S’enlève. Et puis, on se relève. D’un élan
qui, secrètement, n’est plus tout à fait le même. Notre
trajectoire, furtivement, s’est laissé dévier.

L’émerveillement, don du Saint-Esprit


L’époque que nous vivons est anxiogène. Crises en
tous genres, climat, paupérisation, insécurité, perte
de sens et d’espérance… Le poids de ce temps est le
nôtre, nous n’en aurons aucun autre à vivre que celui-ci.
Le Carême, qui nous appelle à la conversion et à nous
tourner vers l’« essenCiel », est propice pour « penser
l’émerveillement ». Pour (re)prendre conscience de
la force puissante de cette science de la vie, véritable
don du Saint-Esprit. Mais d’abord, qu’est-ce que
l’émerveillement ? Pour Socrate, « la sagesse commence
dans l’émerveillement ». L’émerveillement est au
commencement de tout. Il n’est pas qu’une simple
émotion, niaise ou enfantine. Ni une fuite du monde
réel. Mais une clé vers une porte qui nous ouvre vers
l’essentiel. C’est un antidote souverain contre le
– 10 –
désenchantement et le cynisme qui gangrènent notre
temps. L’émerveillement n’est pas tonitruant. Il n’a
pas besoin de grand écran. Du son Dolby. D’enceintes
ou d’amplis. C’est une brume légère. Une pensée. Une
prière. Une lueur. Une note. Un froissement. Une fleur,
une odeur, une libellule. La grâce d’un instant. Un regard.
Un parfum dans le vent. Une alchimie de l’instant.

L’émerveillement,
une qualité de présence

L’émerveillement, tout en nous transportant ailleurs,


intensifie notre présence au monde. Il améliore
notre réalité en nous faisant tout simplement
mieux apprécier ce qui est. Il ne rend pas l’ordinaire
merveilleux mais donne de voir le merveilleux dans
l’ordinaire, le nouveau dans le familier, le possible
dans l’existant. Il préserve nos yeux de perdre cette
grâce de s’ouvrir à chaque fois sur le monde comme
si c’était la première fois. S’émerveiller, ce n’est
pas parcourir sa vie avec des œillères ni se réjouir
béatement de tout comme si rien n’était grave.
Bien au contraire. C’est une conscience aiguisée, un
œil ouvert, un cœur à l’écoute, qui loin de nier la
souffrance, sent vibrer l’atome de beauté là où il est.
Au fond, l’émerveillement est un acte de résistance
intérieure. Aussi furtif ou éphémère soit-il parfois,
il plante une graine d’enthousiasme, laisse une petite
fêlure en nous qui ne se refermera jamais totalement.
Toutes les vies, même les plus douloureuses, portent
en elles l’empreinte de l’émerveillement. Personne
n’y échappe. C’est une expérience universelle.
Comme l’amour…

 Blanche Streb
– 11 –
DIMANCHE 18 FÉVRIER
1er dimanche du Carême

Parole de Dieu Mc 1, 13.14b.15

D
ans le désert, Jésus resta quarante jours,
tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes
sauvages, et les anges le servaient. Jésus
partit pour la Galilée ; il disait : « Les temps sont
accomplis : le règne de Dieu est tout proche.
Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »

L
« e règne de Dieu est tout proche » : la présence
paisible des bêtes sauvages et celle des anges
qui servent Jésus montrent l’harmonie du monde
réconcilié. C’est là une espérance, une proposition de
grâce… « Les temps sont accomplis », et la perspective
du jugement induit l’urgence de notre réponse…
Promesse et urgence qualifient l’instant présent.
Remettre à demain, c’est prendre le risque de laisser
passer l’heure favorable… En météo, on verrait là un
système de haute et basse pression (jugement/appel),
générateur du vent. De fait, l’Esprit souffle. Sans lui,
nous ne pourrions nous convertir, mais il attend notre
consentement. Jean Chrysostome répétait : « Est-ce
qu’on se détourne sans se retourner ? » (cf. Jr 8, 4). La
conversion, c’est se détourner de ce qui s’oppose à
la vie de disciple mais sans le retournement, c’est-à-
dire un choix positif et concret de croire à l’Évangile,
elle est illusoire. L’habitude nous ramènerait au point
de départ !
 Père Hervé Guillez
– 12 –
Prière
Pour nous aider à prier, nous pouvons placer devant nous
une croix ou une image du Christ en croix.

Les yeux fixés sur Jésus Christ,


entrons dans le combat de Dieu.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit,
au Dieu qui est, qui était, et qui vient,
pour les siècles des siècles. Amen.
Chanter
Sois fort, sois fidèle, Israël,
Dieu te mène au désert ;
C’est lui dont le bras souverain
Ouvrit dans la mer
Un chemin sous tes pas.
Oublie les soutiens du passé,
En lui seul ton appui !
C’est lui comme un feu dévorant
Qui veut aujourd’hui
Ce creuset pour ta foi.
Poursuis ton exode, Israël,
Marche encor vers ta joie !
La vie jaillira de la mort,
Dieu passe avec toi
Et t’arrache à la nuit.
(CFC - S. Marie-Pierre - © CNPL)

Prier avec le psaume 24


 Tes chemins, Seigneur, sont amour et vérité
pour qui garde ton alliance.
Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
– 13 –
CARÊME 2024

Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,


car tu es le Dieu qui me sauve.
Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Dans ton amour, ne m’oublie pas.
en raison de ta bonté, Seigneur.
Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.
Ps 24, 4-5ab.6-7b.5d.8-9

R endre gr âce
En ce premier dimanche de Carême, nous te
bénissons et nous te rendons grâce pour ta
miséricorde qui, de toute éternité, nous relève. Tu
viens à notre rencontre et tu nous invites à revenir
vers toi pour retrouver la joie d’être aimés.
 (Intentions personnelles)
Unis en Jésus Christ, nous disons : Notre Père…

Prions :
Dieu tout-puissant, toi qui nous invites chaque année
à vivre le Carême en vérité, donne-nous de progresser
dans l’intelligence du mystère du Christ et d’en
rechercher la réalisation par une vie qui lui
corresponde. Lui qui vit et règne avec toi dans l’unité
du Saint-Esprit, Dieu, pour les siècles des siècles.

– 14 –
U n pape commente l’É vangile

Les quarante ans au cours desquels le peuple


d’Israël a effectué son pèlerinage dans le désert :
une longue période de formation pour devenir le
peuple de Dieu, mais également une longue période
au cours de laquelle la tentation d’être infidèles à
l’alliance avec le Seigneur était toujours présente.
Quarante furent également les jours de chemin du
prophète Élie pour atteindre le Mont de Dieu,
l’Horeb ; ainsi que la période que Jésus passa dans
le désert avant de commencer sa vie publique et où
il fut tenté par le diable. Avant tout, le désert, où
Jésus se retire, est le lieu du silence, de la pauvreté,
où l’homme est privé des appuis matériels et se
trouve face aux interrogations fondamentales de
l’existence, il est poussé à aller à l’essentiel et
précisément pour cela, il lui est plus facile de
rencontrer Dieu. Mais le désert est également le
lieu de la mort, car là où il n’y a pas d’eau, il n’y a
pas non plus de vie, et c’est le lieu de la solitude,
dans lequel l’homme sent la tentation de façon plus
intense. Jésus va dans le désert, et là, il subit la
tentation de quitter la voie indiquée par le Père
pour suivre d’autres voies plus faciles et qui
appartiennent au monde (cf. Lc 4, 1-13). Ainsi, il se
charge de nos tentations, porte avec Lui notre
pauvreté, pour vaincre le malin et nous ouvrir la
voie vers Dieu, le chemin de la conversion.
Réfléchir sur les tentations auxquelles est soumis
Jésus dans le désert est une invitation pour chacun
de nous à répondre à une question fondamentale :
qu’est-ce qui compte véritablement dans ma vie ?

 Benoît XVI, 13 f é vr ie r 2018

– 15 –
La pénitence
et la réconciliation,
un sacrement
pour grandir dans la foi

Dès le premier jour du Carême, l’Église lance cette invitation


pressante : Laissez-vous réconcilier avec Dieu (2 Co 5, 20). Il y a là un
fort appel à se laisser faire, à abandonner toute résistance pour
entrer dans ce jour du salut (2 Co 6, 2) qui renouvelle nos vies et
fait de nous des témoins du pardon de Dieu.

Croire pour vivre


Celui qui recourt au sacrement est invité à se tourner résolument
vers Dieu, dont il connaît le cœur de miséricorde. La conversion
intérieure fait naître le sentiment de la contrition qui conduit à
désirer mener une vie en accord avec la vie nouvelle reçue au
baptême. Ce mouvement intérieur entraîne à la confession des
péchés devant un prêtre qui, au nom de Dieu, accorde le pardon.
Un signe de conversion et de pénitence manifestera, ensuite, la
volonté de vivre du mystère du salut en s’ouvrant, sans regarder
en arrière, à l’avenir que Dieu offre.

Ce qui, souvent, nous arrête sur le chemin du sacrement, c’est


la confession de nos péchés. Qu’avons-nous fait ? Faut-il faire
une liste exhaustive de tous nos manquements ou seulement
des quelques points saillants dont nous nous souvenons ? Entre
laxisme et scrupule, nous peinons à discerner ce qu’il faut dire.
Or, ce que Dieu attend de notre démarche, plus qu’une liste
impossiblement exhaustive, c’est une conversion sincère, une
volonté ferme de discerner ce qui tient éloigné de lui afin de
reprendre force en lui et d’avancer dans sa lumière.
– 125 –
RÉCONCILIATION

S’examiner en conscience
Avant d’aller recevoir ce sacrement de vie nouvelle, il ne faut
jamais oublier que confesser ses péchés, c’est reconnaître dans
un même et unique mouvement :
◗ que Dieu aime d’un amour infini,
◗ que nous ne savons pas aimer comme lui.
Finalement, c’est fuir les ténèbres pour venir vers la lumière.
Il peut être bon de relire la parabole de l’enfant prodigue (cf. Lc 15,
11-32) où Jésus annonce l’amour infini du Père en même temps
qu’il invite à la conversion. Avec confiance, il conviendra alors
de nous préparer en demandant à l’Esprit Saint de nous éclairer.
Pour guider notre préparation à la lumière de l’Écriture, nous
pouvons nous interroger sur :
◗ ce que l’amour de Dieu nous conseille de faire,
◗ ce qui, dans nos comportements, nos actions, nos pensées, mais
aussi nos oublis, n’était pas juste par rapport à Dieu, aux autres et
à nous-mêmes.

« Vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux »
(Mt 23, 9).
Quelle place Dieu tient-il dans notre vie ? Savons-nous l’écouter
et suivre son Évangile de vie ou mettons-nous, entre lui et nous,
d’autres « pères », dont nous écoutons plus facilement la voix
parce qu’elle nous rattache à nous-mêmes plutôt qu’à Dieu ?
Vivons-nous en fils de ce Père qui nous donne la vie éternelle ?

« Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à
moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).
Quel est notre comportement vis-à-vis de ceux qui nous
entourent ? Savons-nous les accueillir comme Dieu nous accueille
nous-mêmes ? Jusqu’où va notre capacité de recevoir l’autre tel
qu’il est et comme un don de Dieu ? Mettons-nous des limites
à l’amour des autres ? Dressons-nous des murs entre les autres
et nous ? Avons-nous conscience que tout ce qui blesse l’amour
fraternel atteint notre relation avec Dieu ?
– 126 –
CARÊME 2015

« Dieu créa l’homme à son image » (Gn 1, 27).


Reconnaissons-nous en Jésus défiguré par le vouloir des
hommes le Bien-Aimé de Dieu ? Cet homme, c’est aussi chacun
d’entre nous, bien-aimé de Dieu blessé par le péché. Croyons-
nous que nous sommes objets d’amour infini ? C’est en regardant
nos faiblesses à la lumière de l’amour que Dieu nous porte, que
nous pouvons les reconnaître et les nommer. Que faisons-nous
de notre personne ? Quel regard avons-nous sur nous-mêmes ?
À quoi nous servent nos sens, notre intelligence, notre cœur ? Au
service de qui ou de quoi les mettons-nous ?
La confession s’insère au cœur d’un processus de purification
intérieure. Elle peut être désignée par quatre mots
indissociables : conversion, pénitence, pardon, réconciliation.
Aucun, à lui seul, ne peut exprimer de manière adéquate
la réalité du sacrement. Au terme, le repentir de l’homme
et le pardon de Dieu sont appelés à se rejoindre pour que la
conversion devienne effective et que grandissent la joie du
salut et l’action de grâce. « Mangeons et festoyons, car mon fils
que voilà était mort, et il est revenu à la vie » (Lc 15, 23-24).

Remarque
Lorsque nous allons nous confesser, nous prenons le temps de
préparer notre cœur à ce sacrement qui nous donne la paix et
la joie. Mais parfois, il est un peu difficile de se souvenir de tout,
surtout si nous n’allons pas souvent voir un prêtre.
Pendant ce Carême, pour nous aider et faire des progrès, nous
pouvons prendre un petit moment chaque soir avant de nous
coucher pour repenser à notre journée et ainsi :
◗ nous rappeler ce qui n’a pas été très juste et en demander
pardon à Dieu ;
◗ nous souvenir de ce qui a été beau et bon, et lui en rendre grâce. ■

Couverture : La Transfiguration du Christ, enluminure tirée du Psautier d’Ingeburge de Danemark


(xiiie s.), musée Condé, Chantilly, France. © akg-images / Album / Prisma.
Pages 12, 30, 48, 66, 84, 102 et 122 : La Transfiguration du Christ (détail de la couverture).
© akg-images / Album / Prisma.
Pour les hymnes, autorisation SECLI n° 2023001.

– 127 –
COMPAGNON DE CARÊME 2024

Directeur de la rédaction : Pierre-Marie Varennes


Directeur adjoint de la rédaction : Romain Lizé
Rédacteur en chef : David Gabillet
Rédactrice en chef adjointe : Marie-Laure Martin Saint-Léon
1re rédactrice graphiste & secrétaire de rédaction : Solange Bosdevesy
1re secrétaire de rédaction & iconographe : Isabelle Mascaras
Rédactrice-réviseuse : Catherine Mas-Mézéran
Conception & mise en page : Solange Bosdevesy
Ont collaboré à ce numéro : Marie-Noëlle Thabut, P. Hervé Guillez, P. Philippe
Lefebvre, S. Jean Thomas, P. Étienne Roche, Christelle Javary, Dom Jean-Charles
Nault, Blanche Streb, auteure de Grâce à l’émerveillement, Paris, Salvator, 2023.
Magnificat est publié par Magnificat SAS au capital de 789 230 �. Président, directeur
de la publication : Vincent Montagne. Principal actionnaire : Média-Participations
Paris au capital de 50 494 416 �. N° CPPAP : 0924 K 85377. N° ISSN : 1240-0971.
Dépôt légal : janvier 2024. © AELF Paris, 2015, pour les textes liturgiques. © Magnificat
SAS, 2024, pour l’ensemble de l’ouvrage. Tous droits réservés pour tous pays. Achevé
d’imprimer en décembre 2023 par L.E.G.O. SpA, Italie. N° d’édition : 23L0391.
« Imprimé sur du papier PEFCTM ». « Cet ouvrage est imprimé grâce à des encres à base
d’huile végétale, garantissant la démarche de développement durable de l’éditeur et de
l’imprimeur. »
ISBN : 3760283222564 – Code MDS : MT22564

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❦ M
AGNIFICAT

LE COMPAGNON DE CARÊME
Carême 
Du 14 février au 31 mars

Cheminons vers la lumière


Chaque année, le temps du Carême invite à avancer
vers la source de toute la vie chrétienne : Pâques.
Pour accompagner cette marche, Magnificat vous
propose son « compagnon de Carême ».

◆ Chaque jour du Carême :


– les commentaires originaux de Marie-Noëlle
Thabut, du P. Hervé Guillez, du P. Philippe
Lefebvre, de S. Jean Thomas, du P. Étienne
Roche, de Christelle Javary, de dom Jean-Charles
Nault éclairent pour vous l’actualité de la parole
de Dieu.

◆ Chaque dimanche :
– une prière simple inspirée de la tradition de
l’Église ;
– une méditation de l’Évangile puisée dans
l’enseignement des papes ;
– Blanche Streb nous invitera, ancrés
dans le quotidien, à redécouvrir le don de
l’émerveillement pour aimer et habiter le monde
et notre vie avec espérance et grâce.

Hors-série No 89
3,90 € Hors-série

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