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QUATRIEME DIMANCHE DE CAREME

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PAR JÉSUS, ÊTRE DANS LA LUMIÈRE

LE TEMPS DE L'ACCUEIL
Introduction

Aujourd'hui comme hier, les hommes se débattent dans un tissu de contradictions. Ils aspirent à la
vérité et se heurtent au mensonge. Ils aspirent à la paix et sont en proie à la violence. Ils aspirent
au bonheur et rencontrent la mort. Dimanche après dimanche, au cours de ce carême, le Christ
nous redit qu'il est sensible à l'appel de ses frères les hommes. Il nous appelle à nous ouvrir à sa
parole, lumière pour l'homme d'aujourd'hui comme elle fut lumière pour nos pères.
Ou
La lumière est venue dans le monde. La lumière de Dieu, qui est celle de l’amour, celle de la
fraternité, celle de l’Evangile. La lumière est venue dans le monde et son nom est « Jésus-Christ »
Frères et sœurs, si notre route nous semble obscure, si nous nous débattons dans les ténèbres du
doute, du péché, d’une souffrance sans espérance, n’ayons pas peur. Allons avec une immense
confiance vers celui qui nous guérit et qui veut illuminer les yeux de notre cœur.
Ou
Nous voici déjà à la mi-carême, le dimanche du Laetere. « Réjouis-toi ». Nous sommes invités à
nous réjouir, non pas parce que la fin du carême approche ! Mais parce que notre entreprise
de conversion, de rafraichissement et de renouvellement de notre foi est bien en route. Pâque

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est proche. L’évangile d’aujourd’hui nous propose le superbe récit de la guérison de l’aveugle-
né. Un vieux récit, mais qui nous concerne : je suis l’aveugle sur le chemin. Guéris-moi.

Prière pénitentielle

- Quand nous fixons ce qui n'est qu'apparence et passons à côté de l'essentiel, donne-nous
des yeux nouveaux, Seigneur, prends pitié.

- Quand nous prenons part aux activités de la nuit ou quand nous cachons la lumière sous
un boisseau, donne-nous des yeux nouveaux, O Christ, prends pitié.

- Quand notre prétention de voir nous rend opaques à la lumière et que notre oeil est
mauvais, donne-nous des yeux nouveaux, Seigneur, prends pitié.
Ou
Seigneur Jésus, toi qui es bon, viens ouvrir nos cœurs à tout être humain et prends pitié de
nous.
O Christ, toi qui es juste, viens ouvrir nos mains pour que le monde soit plus fraternel et
prends pitié de nous.
Seigneur, toi qui es vrai, viens ouvrir nos yeux pour qu’ils voient ta lumière et prends pitié
de nous.

Prière d'ouverture

Dieu notre Père, tu as envoyé ton Fils pour nous ouvrir les yeux et nous apprendre à t'aimer et à
nous aimer. Fais grandir en nous la confiance pour que nous le reconnaissions comme la vraie
lumière et pour que nous marchions à sa suite sur la route qui mène à Pâques. Nous te le
demandons à toi, Père, par ton Fils Jésus, animés par son Esprit, Dieu vivant pour les siècles des
siècles. Amen!
Ou
Dieu notre Père, tu es celui qui donne joie et lumière à notre terre. Tu connais nos doutes et nos
aveuglements. Viens ouvrir nos yeux sur la beauté de notre monde, viens illuminer nos cœurs par
ton amour sans limites. Par la grâce de notre baptême, nous serons alors un peuple de lumière, en
Jésus, le Christ, notre Seigneur.
Ou
Dieu, notre Père, tu offres aux hommes la lumière dont ils ont besoin pour diriger leurs pas. Fais
pénétrer au plus profond de notre esprit cette autre lumière, ton Fils jésus. Avec lui nous
marcherons jusqu'à toi et nous découvrirons ton visage pour les siècles des siècles.

LE TEMPS DE LA PAROLE
Pour introduire les lectures
1ère lecture : 1 S. 16,1.6-7,1O-13a : David choisi comme roi
Cette première lecture, extraite du premier livre de Samuël, montre par le choix du jeune
berger David pour remplacer le roi Saül, que les vues de Dieu ne concordent pas
nécessairement avec celles des hommes

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2ème lecture : Ep. 5,8-14 : Vivre dans la lumière
Saint Paul invite ses correspondants, les Ephésiens, à renoncer aux ténèbres du mensonge et
de l’erreur pour vivre comme des fils de lumière, en s’inspirant dans leur conduite des
enseignements du Christ, la vraie Lumière.
3ème lecture : Jn. O,1-41 : La guérison de l’aveugle-né
Le récit de la guérison de l’aveugle-né fournit à Saint jean l’occasion de mettre en relief les
laborieux cheminements de la foi. Elle n’est pas facile ; elle ne va pas de soi, se heurtant à de
multiples obstacles.

Introduction générale à la lecture


Après l’eau vive (dimanche dernier) voici la lumière, pour le deuxième scrutin des
catéchumènes. Et la Parole dit les conséquences du choix de Dieu. David est choisi comme
roi, non pour son apparence mais selon son cœur, et l’Esprit du Seigneur vient sur lui (1 ère
lecture). Qui se laisse guider par le Seigneur reçoit grâce et bonheur (psaume), et devient
lumière (2ème lecture). Accueillir dans la foi le Christ lumière nous libère des ténèbres
(évangile) et change notre vie. En ce dimanche Laëtare, selon l’antienne d’ouverture de la
messe, rendons grâce pour « la lumière de la foi » (encyclique du pape François, 29/06/2013)

Lecture du premier livre de Samuel (16, 1.6-7.10-13a)


Le Seigneur dit à Samuel: «J'ai rejeté Saül. Il ne régnera plus sur Israël. Je t'envoie chez Jessé de Bethléem, car j'ai
découvert un roi parmi ses fils. Prends une corne que tu rempliras d'huile, et pars!»
En arrivant, Samuel aperçut Éliab, un des fils de Jessé, et il se dit: «Sûrement, c'est celui que le Seigneur a en vue pour
lui donner l'onction!» Mais le Seigneur dit à Samuel.- «Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l'ai
écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l'apparence, mais le Seigneur regarde le
coeur.»
Jessé présenta ainsi à Samuel ses sept fils, et Samuel lui dit: «Le Seigneur n'a choisi aucun de ceux-là. N'as-tu pas
d'autres garçons?» Jessé répondit: «Il reste encore le plus jeune, il est en train de garder le troupeau.» Alors Samuel dit
à Jessé: «Envoie-le chercher: nous ne nous mettrons pas à table tant qu'il ne sera pas arrivé.» Jessé l'envoya chercher: le
garçon était roux, il avait de beaux yeux, il était beau. Le Seigneur dit alors-. «C'est lui! donne-lui l'onction.» Samuel
prit la corne pleine d'huile et lui donna l'onction au milieu de ses frères. L'Esprit du Seigneur s'empara de David à
partir de ce jour-là.

Psaume 22: Le Seigneur est mon berger: rien ne saurait me manquer.


Le Seigneur est mon berger: je ne manque de rien.
Sur des prés d'herbe fraîche, il me fait reposer. »
Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre;
il me conduit par le juste chemin pour l'honneur de son nom.
Si je traverse les ravins de la mort. je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure.
Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis;
tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante. »
Grâce et bonheur m'accompagnent tous les jours de ma vie;
j'habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours. »

Le Seigneur est pour moi un berger,


et rien ne me manque.
Sur des prés d'herbe fraîche, Il me fait reposer.
Vers la fraîcheur des bords de l'eau, Il me mène.

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Il me renouvelle au plus profond.

Par le droit chemin Il me conduit.


Et ainsi j'honore son nom très saint.
Même si les ténèbres m'obscurcissent,
même si je frôle la mort,
je ne cède pas à l'angoisse.

Car tu es avec moi, Seigneur.


Je me sens rassuré près de ta force.
Devant moi, tu dresses une table abondante,
En me parfumant, tu m'accueilles avec joie
et ma coupe de vin est pleine à ras-bord !

Joie et bénédiction m'accompagnent


chaque jour de ma vie.
La maison de Dieu est ma demeure
pour toute mon existence.

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens (5, 8-14)


Frères, autrefois, vous n'étiez que ténèbres; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière; vivez comme des
fils de la lumière, - or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité - et sachez reconnaître ce qui est capable
de plaire au Seigneur. Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres, elles ne produisent rien de bon; démasquez-les
plutôt. Ce que ces gens-là font en cachette, on a honte d'en parler. Mais quand ces choses-là sont démasquées, leur
réalité apparaît grâce à la lumière, et tout ce qui apparaît ainsi devient lumière.
C'est pourquoi l'on chante: Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera.

Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. Je suis la lumière du monde. Celui qui marche à ma suite aura la lumière de
la vie, dit le Seigneur. Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus.

Évangile de Jésus Christ selon saint jean (9, 1.6-9.13-17.34-38)


En sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme qui était aveugle de naissance. Il cracha sur le
sol et avec la salive il fit de la boue qu'il appliqua sur les yeux de l'aveugle, et il lui dit: «Va te laver à la
piscine de Siloé» (ce nom signifie: «Envoyé»). L'aveugle y alla donc, et il se lava; quand il revint, il voyait.
Ses voisins, et ceux qui étaient habitués à le rencontrer - car il était mendiant - dirent alors: «N'est-ce pas
celui qui se tenait là pour mendier?» Les uns disaient: «C'est lui.» Les autres disaient: «Pas du tout, c'est
quelqu'un qui lui ressemble.» Mais lui affirmait: «C'est bien moi.»
On amène aux pharisiens cet homme qui avait été aveugle. Or, c'était un jour de sabbat que Jésus avait fait
de la boue et lui avait ouvert les yeux. À leur tour, les pharisiens lui demandèrent: «Comment se fait-il que
tu voies?» Il leur répondit: «Il m'a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et maintenant je vois.»
Certains pharisiens disaient: «Celui-là ne vient pas de Dieu, puisqu'il n'observe pas le repos du sabbat.»
D'autres répliquaient: «Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils?» Ainsi donc
ils étaient divisés. Alors ils s'adressent de nouveau à l'aveugle: «Et toi, que dis-tu de lui, puisqu'il t'a ouvert
les yeux?» Il dit: «C'est un prophète.» Ils répliquèrent: «Tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta
naissance, et tu nous fais la leçon?» Et ils le jetèrent dehors.
Jésus apprit qu'ils l'avaient expulsé. Alors il vint le trouver et lui dit: «Crois-tu au Fils de l'homme?» Il
répondit: «Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui?» Jésus lui dit: «Tu le vois, et c'est lui qui te
parle.» Il dit: «je crois, Seigneur», et il se prosterna devant lui.

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L'aveugle était debout, à la sortie du temple. Un de ces mendiants qui font partie du paysage. Qu'on ne remarque plus.
Mais Jésus, lui, l'a vu. II ne supporte pas que nous laissions un homme sur le bord de la route. II lui touche les yeux.
"Va te laver", dit-il. L'homme y va et il voit. II voit ceux et celles qui déposaient la piécette dans la main qu'il tendait.
II voit ceux et celles qui se détournaient de lui comme on fuit un pécheur. II découvre la lumière qui donne couleur et
vie. Mais aussi les ténèbres, les zones d'ombre où l'on meurt. II a des yeux maintenant. C'est à lui de choisir.
Et il en voit, l'aveugle. II y a les voisins. Ceux et celles qui se demandent si c'est encore bien lui : un aveugle qui voit,
est-ce que c'est bien normal, est-ce encore le même homme ? Et puis les pharisiens qui toujours et partout vous
attendent au tournant. Ceux et celles qui parlent au nom même de Dieu lui disent ce qu'il doit faire. Qui savent ce qui
est bien, surtout ce qui est mal. Qui séparent, qui jugent. Et qui ont le pouvoir de jeter à la porte ceux qui disent voir
clair. II n'y a de pires aveugles qui ceux qui ne veulent pas voir.
Aussi est-il grand temps de ne pas se laisser aveugler par ceux qui ont peur qu'on ne voie clair. De reconnaître celui
qui dit être venu pour une remise en question. Voir ceux et celles qui ne s'embarrassent pas des idées préconçues, des
jugements tout faits. Mais qui sont pour les autres des signes d'espérance. Qui luttent et qui se battent contre
l'obscurantisme, les ténèbres et la mort. Pour que la nuit recule et que la lumière soit. Pour que l'homme vive debout.
Pour que l'homme voie clair.

Quel miracle pour aujourd’hui ?

 Les miracles de Jésus me gênent plus qu’autre chose.


 Rien d’étonnant. Ils ne sont plus signes pour nous, pénétrés de culture scientifique mais la
place qu’ils occupent dans les évangiles montre bien pourtant quelle importance ils
avaient. C’étaient des signes parlants, qui renvoyaient à la venue du Règne de Dieu. Et
nous avons besoin de signes.
 Ce ne sont donc pas des preuves.
 Bien sûr que non ! Aujourd’hui, c’est plutôt dans des comportements d’hommes ou de
femmes que je verrai des miracles. Tout ce qui nous interpelle, tout ce qui nous fais voir
un peu de ce royaume de Dieu.
 Des comportements pas très « miraculeux » donc.
 Pas forcément, en effet. Mais des actes dans lesquels se manifeste très fortement la réalité
du message de la Bonne Nouvelle. Où nous voyons, à travers l’action des hommes,
l’action de Dieu.
 Si je suis croyant, peut-être. Mais quand on ne croit pas ?
 C’est comme à l’époque de Jésus : le signe ouvre une interrogation qui rend possible la
parole. Comment entendre la Bonne Nouvelle, s’il n’y a pas attente ?
 Donc, si l’église veut proclamer Jésus, elle doit donner des signes.
 Oui. Les chrétiens doivent être signes.

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Démarche

Notre carême avance, et aussi notre progression vers ce que le Père veut pour nous. Voici
aujourd’hui la lumière, celle offerte à l’aveugle et à chaque enfant de Dieu. Sommes-nous
prêts à l’accueillir davantage dans notre vie ?

Manifestons-le par une démarche personnelle : venons déposer le luminaire que nous
avons reçu au pied de l’autel, en disant :
Je crois en toi, Jésus, la lumière de ma vie

ou SYMBOLE DES APOTRES

Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre.


Et en Jésus Christ, son Fils unique, notre Seigneur,
qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce Pilate, a
été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers,
le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux. est assis à la droite de
Dieu le Père tout-puissant, d'où il viendra juger les vivants et les morts.
Je crois en l'Esprit Saint,
à la sainte Église catholique, à la communion des saints,
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à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair,
à la vie éternelle. Amen.

Je crois en Dieu Père,


qui ne veut pas nous voir captifs de nos ténèbres
mais nous faire entrer dans la lumière de la vie.

Je crois en Jésus Christ,


don que Dieu fait de lui-même,
accomplissement de la volonté du Père.
Il guérit les malades
et ouvre les yeux des aveugles.

Je crois en l’Esprit Saint,


qui bientôt en la nuit de Pâques
viendra illuminer le cœur des baptisés
et raffermir notre espérance.

Je crois à l’Eglise,
lorsque, au-delà des croyants,
elle ouvre son cœur à toute la famille humaine
pour hâter la venue du jour
où tous les hommes vivront dans une seule et même communion.

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Profession de foi

- Je crois en Dieu le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre; il a créé l'homme à


son image; Il ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l'apparence,
mais le Seigneur regarde le coeur, pour le combler de sa tendresse et sa bonté infinies.

- Je crois en Jésus-Christ, le Fils bien-aimé de Dieu; vrai Dieu né du vrai Dieu, lumière née
de la lumière, il est venu dans le monde pour ouvrir nos yeux aux merveilles de son Amour
et rendre espoir à tous ceux qui sont rejetés, méprisés et abandonnés.

- Je crois en l'Esprit-Saint, don du Père et du Fils, qui transfigure le peuple des croyants, le
corps du Christ. En lui, toute personne s'ouvre à la lumière. Par lui, nous percevons ce qui
est caché aux yeux du monde et toute chose prend un sens nouveau.

Prière universelle
Notre Dieu connaît notre coeur: il écoute toute vraie prière. Adressons-nous à lui.

- "L'homme regarde les apparences". Père, lorsque nous posons notre regard sur les
personnes, apprends-nous à dépasser ce qui en elles nous heurte ou nous déplaît, nous
t'en prions.

- "L'homme regarde les apparences". Père, lorsque les évènements nous bousculent et
blessent nos espoirs, apprends-nous à regarder plus loin que le moment présent, nous t'en
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prions.

- "Dieu regarde le coeur". Père, apprends-nous à admirer en nos frères et soeurs, l'étincelle
divine cachée en chacun d'eux, nous t'en prions.

- "Dieu regarde le coeur". Père, apprends-nous à nous réjouir de tout ce qui est beau et bon,
apprends-nous à reconnaître ton oeuvre et à te l'offrir, nous t'en prions.
ou

- « Vivez en enfant de lumière ». Pour toutes celles et ceux qui ont une responsabi-
lité importante sur notre planète. Qu’ils ne recherchent pas leur intérêt. Qu’ils
aient l’obsession de construire un monde où chacun et chacune a le pain quotidien,
un travail digne, éducation et santé.

- « Vivez en enfants de lumière ». Prions pour les responsables de nos Eglises, sou-
vent bien bousculés. Qu’animés par le souffle de l’évangile, ils engagent les chré-
tiens sur les chemins de la liberté, de la solidarité et du partage.

- « Vivez en enfants de lumière ». Dans le Sud, particulièrement au …, des femmes


et des hommes combattent et travaillent sans relâchent pour nourrir leur famille,
leur assurer un avenir meilleur. Ils partagent le rêve de Dieu : un monde juste et
fraternel. Qu’ils ne se découragent jamais.

- « Vivez en enfants de lumière ». Que Jésus ressuscité nous guérisse de notre cé-
cité. Que nous puissions le reconnaître partout où des femmes et des hommes re-
trouvent dignité. Mettons nos pas dans les siens.

Ou
Vois, Seigneur, ton Eglise, appelée à montrer ta lumière au monde. Qu’elle dise toujours la
vérité et annonce la Bonne Nouvelle partout, nous t’en prions.

Vois, Seigneur, tes amis qui doutent ou qui oublient la lumière reçue à leur baptême. Aide-
les à ne pas avoir peur et à oser parler de Jésus autour d’eux, nous t’en prions.

Vois, Seigneur, tes enfants qui vivent dans la pauvreté, à cause de toux ceux qui refusent
de voir leur misère. Réchauffe leur cœur et aide-nous à faire attention aux injustices, nous
t’en prions.

Vois, Seigneur, les personnes qui sont handicapées. Que ton amour soit toujours avec eux
et que nous sachions leur apporter un peu de bonheur et de joie, nous t’en prions.

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Vois, Seigneur, tous ceux qui nous entourent aujourd’hui. Que dans nos yeux et sur nos
visages, brille la lumière même de Jésus qui nous aime tant, nous t’en prions.

Dieu notre Père, que ton Esprit habite notre coeur et nous verrons toutes choses en ton regard,
comme Jésus, le Christ, notre Seigneur.

Ou
Prions, frères et soeurs, afin que la lumière du Christ devienne lumière pour le monde :

Aux hommes et aux femmes qui ont une responsabilité politique, donne ta lumière Seigneur :
qu’elle illumine et guide leurs prises de position.
 Aux hommes et aux femmes qui ont une responsabilité éducatrice, donne ta lumière Seigneur :
qu’elle leur façonne un coeur plein de sagesse et de persévérance.
 Aux hommes et aux femmes qui ont une responsabilité professionnelle, donne ta lumière
Seigneur : qu’elle leur donne le goût de participer à ton oeuvre créatrice au service de tous et
particulièrement des plus démunis.
 Aux hommes et aux femmes qui ont une responsabilité dans la recherche scientifique, donne ta
lumière Seigneur : qu’elle entretienne en eux la flamme et le désir d’un monde meilleur et plus
fraternel.
 Aux hommes et aux femmes qui ont une responsabilité ecclésiale, donne ta lumière Seigneur :
qu’elle leur permette de vivre la charge que tu leur confies dans la joie et l’humilité afin de
rassembler plutôt que de diviser, afin de construire plutôt que de détruire.
Ou (entraide et fraternité)
Seigneur tu as ouvert les yeux de l'aveugle. Aujourd'hui encore, par le cri des
affamés, par les appels de bonne volonté, ouvre les yeux des humains pour qu'en
chacun, se réveille un frère qui voit et qui aime. Seigneur, nous te prions.

Seigneur tu as ouvert les yeux de l'aveugle. Nous te prions pour ton Eglise, Ouvre
les yeux des chrétiens. Qu'ils s'émerveillent et rendent grâces. Qu'ils répondent aux
appels des déshérités et deviennent ainsi sel et lumière. Seigneur, nous te prions.

Seigneur tu as ouvert les yeux de l'aveugle. Donne à notre communauté de


progresser ensemble, cherchant les vraies causes des problèmes, cherchant les
justes nécessités, osant des gestes nouveaux de partage et de solidarité. Ouvre nos
yeux et nos cœurs à ton grand amour. Qu'il rayonne dans nos vies. Seigneur, nous
te prions.
Le monde, Seigneur, a besoin de te lumière ! Ouvre les yeux de notre cœur, fais connaître ton salut à ceux
qui cherchent en vain des raisons d’espérer et de vivre. Nous te le demandons, à toi qui nous aimes pour les
siècles des siècles.

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LE TEMPS DE L'EUCHARISTIE

Prière sur les offrandes


Regarde, Seigneur, les offrandes que nous déposons devant toi. Que ce pain et ce vin te disent
tout notre désir d'être à toi. Que notre vie trouve en toi sa source et son achèvement, aux siècles
des siècles. Amen!
Ou
Au moment où nous te présentons le pain et le vin reçus de toi, nous te prions, Dieu de vie : que
cette eucharistie ouvre en nous des chemins de justice et de paix, par Jésus, le Christ, notre
Seigneur.
Ou
Regarde avec bonté, Seigneur, les dons que nous te présentons; et, par ceux que nous recevrons
en échange, arrache-nous aux ténèbres du péché pour nous rendre libres en ta lumière. Par jésus,
le Christ, notre Seigneur.

Prière eucharistique

Vraiment, il est juste et bon de te rendre gloire, de t'offrir notre action de grâce,
toujours et en tout lieu, à toi, Père très saint, Dieu éternel et tout-puissant, par
le Christ, notre Seigneur.
En prenant la condition humaine, il a guidé vers la lumière de la foi l'humanité
qui s'en allait dans les ténèbres; et par le bain qui fait renaître, il a donné aux
hommes, nés dans le péché de devenir vraiment fils de Dieu.
Voilà pourquoi le ciel et la terre t'adorent; ils te chantent leur hymne toujours
nouvelle, et nous-mêmes, unissant notre voix à celle des anges, nous
t'acclamons:
SAINT...
Nous te bénissons, Dieu notre Père, pour Jésus, la lumière du monde, et pour
l’Esprit de lumière et de vérité !

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Tu ne veux pas que nous restions captifs de nos ténèbres. Un signe nous a été
donné qui nous soulève d’espérance : ton fils a ouvert les yeux de l’aveugle-
né. Et maintenant, pour toujours, il a confié à son Eglise les sacrements qui
ouvrent le cœur de l’homme à ta lumière. Oui, nous té bénissons, car l’Esprit-
Saint, dans la nuit de Pâques, surviendra pour illuminer le cœur des baptisés.
Au-delà des croyants, c’est toute la famille humaine que tu veux rassembler
sous l’éclat de ton jour. C’est pourquoi, d’avance émerveillés, et avec une
pleine confiance, nous proclamons d’une seule voix :
Dieu notre Père, Dieu des humbles et des petits, loué sois-tu de ne pas juger
comme les hommes qui regardent "l'apparence". Toi, Seigneur, tu regardes le
coeur et tu choisis pour confondre les forts celui qui paraît faible à nos
regards.
Nous étions assis au bord du chemin mendiant un sourire de joie, un regard
d'amour. Ton Fils Jésus est venu jusqu'à nous: il nous a transfiguré en fils de
lumière. Alors, l'étoile du matin a scintillé en notre coeur et nous sommes
devenus lumière du monde.
Sanctifie maintenant ces offrandes par la puissance de ton Esprit: qu'elles
deviennent pour nous le Corps et le Sang de Jésus, ton Fils bien-aimé, qui
resplendit de ta lumière.
La veille de sa mort, au cours du dernier repas qu'il partageait avec ses
disciples, il prit du pain sur la table, il te rendit grâce, il le rompit et leur
donna, en disant:
PRENEZ ET MANGEZ-EN TOUS, CECI EST MON CORPS LIVRE POUR VOUS.
A la fin de ce repas, sachant qu'il allait tout réconcilier en lui par le sang de sa
croix, il prit la coupe remplie de vin, il te rendit grâce encore, et la fit passer à
ses amis, en leur disant:
PRENEZ ET BUVEZ-EN TOUS, CAR CECI EST LA COUPE DE MON SANG, LE
SANG DE L'ALLIANCE NOUVELLE ET ETERNELLE QUI SERA VERSE POUR
VOUS ET POUR LA MULTITUDE EN REMISSION DES PECHES. VOUS FEREZ
CELA EN MEMOIRE DE MOI.

Béni sois-tu, Dieu notre Père. Nous étions nés dans les ténèbres, enfants de la
nuit et de la tristesse. Ton fils Jésus a touché nos yeux et l'aurore de ton
amour s'est levée sur nous. Nos yeux étaient rougis de larmes, et notre regard,
embué de tristesse. Il a baigné nos yeux dans la rosée du matin, alors nous
l'avons reconnu et nous l'avons suivi en chantant de joie.

Regarde, Seigneur, le sacrifice de ton Eglise, et daigne y reconnaître celui de


ton Fils qui nous a rétablis dans ton Alliance; quand nous serons nourris de
son corps et de son sang et remplis de l'Esprit-Saint, accorde-nous d'être un
seul corps et un seul esprit dans le Christ.
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Affermis la foi et la charité de ton Eglise au long de son chemin sur la terre:
veille sur ton serviteur le Pape Jean-Paul, notre évêque André-Mutien,
l'ensemble des évêques, les prêtres, les diacres et tout le peuple des rachetés.

Ouvre nos yeux, Seigneur, aux merveilles de ton amour; nous sommes des
aveugles sur le chemin: guéris-nous, afin que nous puissions te voir. Ouvre
nos mains qui se ferment pour tout garder; que de pauvres ont faim devant
notre maison: apprends-nous à partager. Donne-nous d'entendre tous nos
frères qui crient vers toi; que notre coeur ne soit pas sourd à leur souffrance et
à leurs appels.
Enfin, Père, nous te confions tous nos frères qui ont quitté ce monde et dont
tu connais le coeur (et en particulier...): donne-leur de contempler la lumière
éternelle de ton Amour, là où tu convies tes enfants, dans ton Royaume, en
compagnie de Marie et de tous les saints par Jésus, le Christ, par qui tu
donnes au monde toute grâce et tout bien.
PAR LUI, AVEC LUI ET EN LUI, A TOI DIEU LE PERE TOUT PUISSANT, DANS
L'UNITE DU SAINT-ESPRIT, TOUT HONNEUR ET TOUTE GLOIRE POUR LES
SIECLES DES SIECLES. AMEN!

Prière eucharistique: "Voir l'invisible" ('4 ème


car A)

Cél. C'est vraiment une joie de te bénir, Dieu de lumière et de sainteté.

Ts. Tu n'as pas voulu nous laisser captifs de l'obscurité.


Tu ouvres nos yeux pour nous faire goûter à la fraîcheur de ton amour.
Tu soulèves notre espérance et tu stimules notre désir de mieux te connaître
et de toujours apprécier tes gestes de bonté.

Cél. Au-delà des croyants, c'est toute la famille humaine que tu veux rassembler
afin qu'un jour nous puissions chanter ensemble tes merveilles et proclamer
ta gloire en disant:

Saint, Saint, Saint le Seigneur Dieu de l'univers …

Cél. De même que tu as guéri l'aveugle, fais grandir en nous la lumière de la foi
qui nous permettra de voir l'invisible.

Ts. Tu précèdes nos demandes et tu t'émeus devant ceux qui peinent.


Le malheur et la souffrance te sont insupportables,
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sans cesse tu viens à notre secours.
Aujourd'hui comme il y a deux mille ans, tu nous délivres et nous relèves.

Cél. Donne ton Esprit, Seigneur, à tes enfants rassemblés.


Qu'il vienne aussi sur ce pain et ce vin afin qu'ils soient le sacrement de ta
vie donnée pour tous en Jésus.

La veille de s'engager librement dans sa passion, Jésus rassemblant ses disciples,


prit le pain, le rompit et le partagea en disant: "Prenez et mangez-en tous, ceci est
mon corps livré pour vous".
De même à la fin du repas il prit la coupe, il rendit grâce et la fit passer à chacun
en disant: "Prenez et buvez-en tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de
l'alliance nouvelle et éternelle qui sera versé pour vous et pour la multitude en
rémission des péchés. Vous ferez cela en mémoire de moi."

Cél. C'est dans la joie reçue de ton Esprit que nous allons nous approcher de cette
table pour prendre part au repas de l'alliance.

Ts. Soutiens-nous, Seigneur, dans notre marche vers Pâques.


Donne-nous la même force que Jésus pour traverser nos épreuves
et porter nos croix, forts de l'espérance en un avenir nouveau.

Cél. Lorsque nous sommes l'objet de contestation ou d'opposition, aide-nous à


approfondir notre foi et à renforcer notre adhésion à ta Parole.

Ts. Souviens-toi, Seigneur, de tous ceux que nous aimons


et pour lesquels nous sommes prêts à donner le meilleur de nous-mêmes.
Nous te prions aussi pour toutes celles et ceux qui souffrent et dont personne
n'a le souci.

Cél. Que tous ceux qui nous ont précédés dans la mort puissent partager le
bonheur de ta présence.

Ts. Nous te prions, Seigneur, pour ton Eglise


et pour tous ceux qui détiennent une part de responsabilité.
Ouvre leurs yeux, pour qu'ils voient la réalité en toute lucidité
4ème dimanche de carême – Année A Page
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et qu'ils apportent remède aux vrais besoins de notre monde.

Cél. Réconfortés par la chaleur de ta présence et guidés par ta Parole qui rassure,
nous exultons de cette joie qui nous fait dire:

Par lui, avec lui et en lui, à Toi, Dieu le Père très aimant dans l'unité du Saint
Esprit tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles Amen.

LE TEMPS DE LA COMMUNION

Pour introduire le "Notre Père"

Fils de la lumière, nous sommes déjà proches, en Jésus, de ce Père qui nous veut heureux.
Adressons-lui la prière que Jésus lui-même nous a apprise: NOTRE PERE...

Action de grâce
Nous te bénissons, Dieu de lumière, Dieu saint notre Père! Nous te bénissons pour Jésus la
lumière du monde, et pour l'Esprit de lumière et de vérité!
Tu ne veux pas que nous restions captifs de nos ténèbres. Un signe nous a été donné quand ton
Fils a ouvert les yeux de l'aveugle-né. Et maintenant, pour toujours, le Christ confie à son Église
les sacrements qui ouvrent le coeur de l'homme à ta lumière.
Oui, nous te bénissons car l'Esprit Saint, dans la nuit de Pâques, surviendra pour illuminer le coeur
des baptisés.
Tu veux rassembler toute la famille humaine sous l'éclat de ton jour. C'est pourquoi, d'avance
émerveillés, et avec une pleine confiance, nous chantons (redisons) ensemble:
Notre Père...

Prière pour la paix

Seigneur Jésus, tu es là à nos côtés et bien souvent nous passons sans te voir; ouvre nos yeux
aux merveilles que tu fais pour nous. Que ton regard de paix, si pénétrant, nous garde de tout mal,
et nous fasse vivre en enfants de lumière, dès maintenant et pour les siècles des siècles. Amen!
ou
Délivre-nous Seigneur d’être des chrétiens vite satisfaits.
Délivre-nous, Seigneur de rester aveugles et de nous dérober devant les questions et les
oppositions. Mais aide-nous à affermir notre foi par la prière et la réflexion.
Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous…

Avant la communion

Heureux les invités au repas du Seigneur. Il est la lumière en nos ténèbres. Voici l'Agneau de Dieu
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qui enlève le péché du monde.

Prière après la communion

Nous étions ténèbres, Seigneur, et tu nous as fait lumière. Nous étions aveugles et tu nous donnes
des yeux qui voient. Nous étions morts et, par la résurrection de Jésus, tu nous éveilles à la vie.
Que ta lumière nous envahisse et notre regard sera tout entier dans la clarté par Jésus, Lumière
en notre nuit, qui règne pour les siècles des siècles. Amen!
Ou
Dieu notre Père, nous te rendons grâce car tu regardes le cœur de chaque homme, et non son
apparence. Toi qui nous appelles à vivre en fils de la lumière, ouvre nos yeux et fais-nous voir les
merveilles de ton amour. Illuminés par ton Christ, nous pourrons annoncer au monde qu’il est celui
qui nous sauve, dès aujourd’hui et pour les siècles des siècles. Amen !
Ou
Quelque part, Seigneur, nous sommes un peu aveugles, boiteux ou lépreux.
Nous portons tous la marque d’un monde imparfait, d’un monde qui n’est pas encore terminé
et qui aspire à connaître le vrai bonheur.
Donne-nous la force, Seigneur, d’approfondir notre foi face à tous les questionnements et
l’hostilité que nous rencontrons parfois et qu’ainsi nous nous attachions de plus en plus à toi
qui es le vivant pour les siècles des siècles. Amen.

Prolongement eucharistique
Dieu notre Père, source de toute lumière,
Nous te louons et te rendons grâce,
Car tu regardes le cœur de chaque personne,
Et non seulement les apparences.
Toi qui nous invites à vivre
En fils et filles de la lumière,
Ouvre grands nos yeux
Et fais-nous voir les merveilles de ton amour
En nos vies, dans l’Eglise et la société.
Illuminés par le Seigneur Jésus,
Nous pourrons annoncer,
Sur toutes les routes du monde,
Qu’il est la lumière dès aujourd’hui
Et pour les siècles des siècles.

Bénédiction :
Pâques est proche, vivons dans l’espérance et que le Seigneur nous bénisse au nom du Père et
du F et du St. E Amen.

Renvoi de l’assemblée
Après avoir célébré votre foi au Christ, lumière du monde, il vous faut la partager avec tous ceux et celles que
vous rencontrerez. Allez, dans la paix du Christ.
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Frères et soeurs en sortant, vous êtes invités à emporter une petite bougie sur laquelle il est écrit:
"Ouvre mes yeux, Seigneur, aux merveilles de ton amour;
Je suis l'aveugle sur le chemin; guéris-moi, je veux te voir".
Au cours de la semaine qui vient, je vous invite à allumer de temps en temps cette bougie; en
redisant cette prière, demandez au Seigneur de vous aider à sortir des ténèbres qui trop souvent,
envahissent notre coeur, et à grandir ainsi chaque jour un peu plus dans la lumière de son Amour.

PRIERES MEDITATIVES
Quatrième étape.
Les apparences sont trompeuses.
L'aveugle guéri par jésus
voit clair au fond des coeurs
et reconnaît son Seigneur.
Les pharisiens ont le regard voilé d'orgueil:
ils voient le péché
de préférence chez les autres.
Seigneur, si je te laisse ouvrir mes yeux,
je serai enfin ébloui,
non plus par les apparences,
mais par l'invisible amour
dont tu tisses nos jours.
Si j'accepte ta guérison,
enfin je verrai ce qui est vrai.

Eric JULIEN
Ou

Quelque part, chacun de nous est né aveugle ou boîteux ou lépreux…


Chacun porte en lui la marque d’un monde imparfait,
Un monde pas encore terminé qui attend la joie de Dieu.
Seigneur, fais que cette faille en moi
Devienne une belle ouverture pour l’amour.
Aide-moi à ne pas fuir ni vouloir cacher
Ce qui est pour toi une porte.
Une porte pour venir chez moi.
Viens habiter, Seigneur, de ta douce présence
Ce qui en moi reste infirme.
Ou

Jésus,
tu t'es heurté à des gens qui disaient:

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"Nous, nous savons!"
Le grand cri des fidélités forteresses,
des savoirs qui n'aiment pas être bousculés
par les faits, les événements,
et par des ignorants comme cet aveugle!
Il se met à leur faire la leçon,
à eux qui savent.
Jésus, je suis si frappé
par cette scène haletante
où les savants s'aveuglent
et l'aveugle te voit clairement.
Ne me laisse pas dresser entre toi et moi
la barricade de mes "Moi, je sais!"

Ou

Il te suffit de passer, Jésus,


Et tu remarques celui qui ne peut pas encore te voir.

Il te suffit de parler, Jésus,


Et tu donnes la force à celui qui n’ose pas t’appeler.

Il te suffit de voir, Jésus,


Et tu donnes la lumière à celui qui marche dans la nuit.

Il te suffit de bénir, Jésus,


Et tu révèles ta tendresse à celui qui est écrasé.
Il te suffit d’être là, Jésus,
Et nous devenons ce que Dieu veut : un peuple de frères. Amen !

Prière d’Evangile

Dieu fidèle et miséricordieux, nous te rendons grâce pour Jésus, ton Fils, qui s’est manifesté
comme la lumière du monde. En accomplissant sa mission terrestre, il nous a soustrait à
l’empire de la nuit et libérés du poids de nos fautes. Par le baptême d’eau et Esprit, il donne à
tous ceux accueillent sa parole de devenir tes enfants très chers. Hélas ! Nous choisissons
souvent de nous détourner de ton visage et de nous laisser berner par les apparences
contraires. Donne-nous une foi simple et forte, semblable à celle de l’aveugle-né. Ouvre nos
yeux à ta beauté !

Jésus, Fils de Dieu, tu es venu à nous


Comme un rayon de soleil perçant notre grisaille.
Avec toi, nous cessons d’être
Ces aveugles qui ne voient rien
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Parce qu’ils ne s’attachent qu’à l’apparence,
Et qu’ils ne savent pas lever les yeux vers l’horizon.
Avec toi en nous, nous ne sommes plus
Ces mendiants incapables
D’être responsables d’eux-mêmes.
Lorsque nous réalisons
Le don de ta Présence en nous,
Une clarté dissipe nos doutes.
Et nous vivons ! Debout, en marche, vers toi !

Au-delà des épreuves, au-delà des insatisfactions,


Nous découvrons que vivre, c’est te connaître,
Toi Jésus, Fils de Dieu, Fils de l’homme,
Et par toi, connaître le Père des Cieux.

Et que cessent nos ténèbres, devant toi,


Lumière du monde, qui vis avec le Père et l’Esprit
Pour les siècles sans fin.

Méditation

L’aveugle de naissance
Tu avais dit, Seigneur ; je suis la lumière du monde :
Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres (Jn 8,12).
Tu prolonges cet enseignement en rencontrant et en guérissant un aveugle.

Tu es venu apporter la lumière.


C’est toi qui prends l’initiative : tu vois cet homme et tu viens vers lui,
Ordinairement, ce sont les malades qui viennent vers toi… ou qu’on t’amène…
Cette démarche, tu l’as commencée par l’incarnation.
L’aveugle de naissance – il n’a pas de nom -, c’est toute l’humanité.
Elle est plongée dans les ténèbres de l’ignorance religieuse et du péché.
Tu as vu notre détresse et tu es venu pour nous en libérer.
C’est déjà le message adressé à Moïse : j’ai vu la misère de mon peuple…
Je suis descendu pour le délivrer. (Ex 3, 7-8-)
Continue, Seigneur, de regarder notre misère.

Viens nous délivrer de nos ténèbres.


Après la guérison physique, tu achèves ton œuvre : tu reviens vers cet homme.
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Les pharisiens l’ont jeté dehors parce qu’il avait pris ta défense.
Tu te révèles à lui.
La lumière de la foi brille alors pour lui : « Je crois, Seigneur ! »
Jésus, lumière du monde, illumine nos cœurs, brille dans notre nuit !

Pourquoi cet homme est-il né aveugle ?


Cette question des disciples est souvent la nôtre aussi.
C’est un signe des ténèbres qui obscurcissent notre foi.
On veut trouver une explication à tous nos malheurs.
On les attribue à Dieu qui punit nos fautes : qui a péché, lui ou ses parents ?
Merci, Seigneur pour la clarté de ta réponse : Ni lui, ni ses parents.

L’action de Dieu va se manifester en lui.


Cette action, ce n’est pas la punition d’un juge irrité…
C’est la présence d’un père qui aime, qui veut le bien de son enfant ;
Il vient l’aider à guérir, à grandir, à vivre en plénitude.
Telle a été ta mission, la mission que le Père t’a confiée :
Je suis venu pour que les hommes aient la vie en abondance (Jn 10,10).
Merci, Seigneur Jésus !
Et donne-nous, donne à tous, de le comprendre vraiment !

La source de la lumière

En sortant du temple…
Le temple était la maison de ton Père,
Un lieu que tu voulais réservé à la prière ( Jn 2,16).
Là dans ta rencontre avec le Père,
Tu recevais le message à transmettre au monde.
Cette sortie du Temple est l’image de ta mission, selon tes propres mots :
« Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde » (Jn 16,28).
Tu es sorti du Père par l’incarnation
Et tu es venu apporter la lumière à notre monde plongé dans les ténèbres.
Tu nous révèles en guérissant l’aveugle.
Un homme, aveugle de naissance…
Il n’a pas de nom… ce qui veut dire que c’est chacun de nous !
C’est toute l’humanité… dans la nuit spirituelle.
Tu es la vraie lumière,
Par ta venue, tu illumines tout homme (Jn. 1,9).
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Tu vois cet homme, tu t’approches de lui…
Comme tu t’es rapproché de nous en prenant notre nature humaine…
Jésus fit de la boue qu’il appliqua sur les yeux de l’aveugle…
Tu refais le geste du créateur façonnant l’homme avec de la terre (Gn. 2,7).
Tu restaures l’œuvre abîmée par le péché,
tu nous redonnes la beauté d’une créature faite à l’image de Dieu.
Mais pour cela, tu attends notre libre coopération :
Va te laver à la piscine de Siloé.
L’évangéliste note : « ce nom signifie « envoyé »
Le message est clair : l’Envoyé du Père, c’est toi.
C’est par toi que l’on va à la lumière, à la vie !
« Je suis la lumière du monde.
Celui qui vient à ma suite ne marchera pas dans les ténèbres :
Il aura la lumière qui conduit à la vie » (Jn 8,12).
Donne-nous la foi et l’obéissance de l’aveugle : « Il alla, se lava, il voyait… »
Tu es la piscine de Siloé, source de lumière et de vie toujours accessible.
Tu l’es par les sacrements …
Tu l’es surtout par l’Eucharistie : « Celui qui me mange vivra par moi. »
Béni sois-tu, Seigneur !
Fais-nous vivre dans ta lumière, en enfants de Dieu.

TEXTES DE MEDITATION
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Le geste de la création

C’est l’histoire de la rencontre de Jésus avec un aveugle de naissance. Cela se passe à Jérusalem, le jour
du sabbat au moment de la fête des Tentes, fête religieuse juive. L’aveugle ne demande rien à Jésus. Ce
sont les disciples qui s’interrogent : « Pourquoi cet homme est-il né aveugle ? » Jésus répond par un acte
de guérison en posant sur l’aveugle un geste de la création : « Il cracha sur le sol et, avec la salive, il fit de
la boue qu’il appliqua sur les yeux de l’aveugle. » Et il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé. »
L’aveugle ne connaît apparemment rien sur Jésus mais il obéit et, quand il revient, il voit. Le handicap de
cet homme et sa guérison deviennent un chemin de foi. Mais ce chemin de foi est un chemin d’épreuves.
Les voisins sont divisés à son sujet, les pharisiens le harcèlent de questions et, mettant en doute son infir -
mité, les Juifs enquêtent auprès de ses parents. Au cœur de ces difficultés, l’ex-aveugle progresse dans la
foi en Jésus. Il reconnaît en « l’homme qu’on appelle Jésus » un « prophète » et il ne manque pas d’hu-
mour vis-à-vis des pharisiens : « Serait-ce que vous aussi vous voulez devenir ses disciples ? » Finalement
il renvoie tout le monde à l’évidence : « Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. »
Et encore moins ce qu’il a fait : lui ouvrir les yeux à lui, aveugle de naissance. Allant jusqu’au bout de son
témoignage, il confesse sa foi en se prosternant : « Je crois, Seigneur ! » Se faisant, il entre dans la lu-
mière de Jésus. À coup sûr, le cheminement de cet homme est un exemple de foi et de fidélité malgré
l’adversité et l’incrédulité. À travers la disponibilité de son esprit et de son cœur, il nous invite à recevoir
la lumière de Dieu et à changer notre vie.

Ouvre mes yeux, Seigneur !


Cela aurait sans doute été une sortie du Temple tout à fait ordinaire s'il n'y avait eu
sur le passage de Jésus un aveugle pour attirer le regard et la curiosité des
disciples. C'est bien connu, aujourd'hui encore, les pauvres de nos parvis, les
paumés de nos couloirs de métro ou de nos galeries commerciales attirent toujours
le regard du passant et font de nous des indifférents, des voyeurs ou des
compatissants, quand nous sommes appelés à être des frères. Les disciples
interpellent Jésus au sujet de cet homme, et leur question est terrible : à qui la faute
? Cette question, ce cri des disciples ressemble à celui de tant d'hommes et de
femmes face à la pauvreté, la souffrance, la maladie, les catastrophes naturelles.
Face à la question de ses disciples, Jésus se tait. Et de fait, la question de la
souffrance est telle qu'il vaut souvent mieux s'abstenir d'explications et de paroles.
Jésus se tait, mais il voit dans le malheur qui touche cet homme une occasion offerte
à Dieu de manifester sa gloire. Le geste que pose Jésus est créateur, re-créateur !
D'un mélange de terre et de salive, Jésus façonne de la glaise dont il recouvre les
yeux de l'aveugle. Il faudra à celui-ci une démarche personnelle pour que la parole
de Jésus devienne efficace. Une démarche de foi. Le rite est d’ordre baptismal : une
onction et une plongée dans l'eau de la piscine de Siloé. L'aveugle avance pas à pas,
de la cécité totale à la vision claire, puis à la confiance et à la foi qui fait de lui un
témoin capable de nommer et de reconnaître en celui qui lui a redonné la vue le Fils
de Dieu venu illuminer sa vie tout entière. Un chemin pour tout un chacun : ouvre
mes yeux, Seigneur, que je voie!

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Le regard de Dieu
CE QUATRIÈME DIMANCHE DE CARÊME nous met en réflexion sur notre manière de
voir les personnes et les événements. Une invitation à réajuster notre vue sur les
projets de Dieu en nous et autour de nous. Dès la première lecture, il est frappant de
remarquer le regard de Dieu sur l’homme « qui ne regarde pas comme les hommes, car
les hommes regardent l’apparence mais le Seigneur, regarde le coeur ». Samuel, dans
une inlassable patience, cherche celui à qui il va donner l’onction de la part de Dieu.
Naturellement, personne ne pense à David, le plus jeune de la fratrie entrain de garder
les bêtes. Personne ne l’imagine roi d’Israël… D’ailleurs, à l’arrivée de Samuel, on ne
pense même pas à l’appeler. Pourtant, Dieu a d’autres vues.
Dans l’évangile, il en est de même quand les disciples interrogent le Christ sur
l’aveuglement de cet homme dont on ne connaît pas le nom. A-t-il une maladie de
naissance? Est-ce la conséquence de son péché que Dieu aurait punie ? Ou bien, la
faute serait-elle imputable à ses parents ? Nous sentons par-delà ces questions,
combien demeurent les traces d’anciennes croyances qui laissaient penser que la
maladie était le fruit du péché.
Jésus va laisser à leur enquête ceux qui se croient plus à même de comprendre la
maladie et la guérison miraculeuse qu’il vient d’opérer chez cet homme. Pour lui,
l’aveuglement de ce dernier et sa vue recouvrée doivent éclairer tous les
aveuglements, tous nos aveuglements. À quelques jours de Pâques, laissons-le, lui, la
lumière du monde, agir en nous. Qu’il vienne toucher les yeux de notre coeur et nous
aider, comme cet homme à proclamer : « Je crois, Seigneur » au-delà de toutes mes
peurs !

Il est lumière du monde


Vers Jésus, notre Sauveur, converge l’espérance des hommes.
Lui se confie au Père : « Le Seigneur est mon berger… Il me conduit par le
juste chemin pour l’honneur de son nom. » L’honneur de son nom ? Pour
Dieu, c’est mettre en son Fils tout son amour, révéler en lui sa gloire. Dieu le
conduit, et Jésus poursuit sa route. Jésus, source d’eau vive, se révèle aussi
dans l’évangile d’aujourd’hui, lumière du monde. Le Christ est à jamais
l’ouvrier de notre salut, le Serviteur des œuvres du Père ; il les accomplit
totalement et nous appelle à être de son côté à l’heure où l’affrontement avec
ses adversaires se fera inévitable. Alors, il faudra bien choisir : lumière ou
ténèbres ; aujourd’hui, en célébrant le Christ, lumière du monde, les
croyants sont appelés à un nouvel élan dans leur marche à la suite du
Seigneur.

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Connaissance de la foi La lumière
 Pour les civilisations orientales, comme pour la pensée juive et chrétienne, la lumière est
associée au bien, à la vie, tandis que la nuit, les ténèbres sont le royaume du mal, de la
mort, du néant.
 Dans la Bible, la lumière n’est qu’une créature de Dieu, même si on a pu rattacher
l’origine du mot Dieu à celui de « dies », le jour. Drapant de gloire « le vêtement » de
Yahvé, la lumière émane de Dieu, elle est comme son rayonnement.
 Vivre, c’est avoir la lumière. Toute guérison est présentée comme une victoire sur les
ténèbres de la mort. L’aveugle a comme un avant-goût du shéol, du pays de l’oubli
(Psaume 88,13). Tandis que l’obscurité facilite le crime, la lumière est gage de vérité, de
sagesse, si bien que l’envoyé de Dieu répand la lumière dont il est habité (Isaïe 42,6).
 Le Christ est la vraie lumière du monde. Son exemple, ses paroles éclairent à la fois notre
horizon, ses paroles éclairent à la fois notre horizon et notre route. À cet égard, les
guérisons d’aveugles sont des signes très importants. Jésus est venu pour arracher les
hommes à l’empire des ténèbres (celles du doute, de la déprime, du mal sous toute ses
formes…). Se convertir, c’est faire mouvement de l’obscurité vers la lumière, pour vivre
en « fils de lumière » (Jean 12,36). Les Esséniens de Qumrân insistaient sur ce « combat
des fils de la lumière contre les fils des ténèbres ».
 En réalité, nous sommes en marche vers la lumière, n’étant encore que partiellement
lumineux. La fin des temps sera le Jour du Seigneur. Et la lumière divine, alors, inondera
la Jérusalem d’en-haut (Apocalypse 21,23) Du moins pour les justes. Car les prophètes
présentent le Jour de Yahvé comme ténèbres pour les méchants. Il en sera comme au
temps de l’Exode où l’obscurité était le lot d’Egyptiens, et la lumière celui du Peuple Elu.
 La lumière est ainsi notre grande espérance. La liturgie des défunts répète la prière : «
Seigneur, fais briller sur eux la lumière sans fin. »

Les ténèbres n’arrêtent pas la lumière


Réalise-t-on qu’est la vie d’un malvoyant ? Avoir besoin d’une aide ou d ‘un chien
d’aveugle, pour se guider, pour pouvoir faire la cuisine, le ménage… Pouvons-nous
imaginer un monde noir ? L’aveugle ne peut percevoir les couleurs. Le plus dur, peut-
être, il ne perçoit qu’avec le toucher le visage de ceux, de celles qu’il aime. Il doit deviner
la qualité de leurs yeux, de leur sourire (certains, il est vrai, savent voir « autrement »).
Les ténèbres sont parfois en nous, en nos cœurs. Nous n’avons alors plus d’horizon,
nous ne savons plus où la vie nous mène. Cette vie « en noir », c’est celle qui peut
conduire au suicide. C’est souvent celle aussi des athées à la fin de leur vie, quand se
présente pour eux, croient-ils, le seul néant.
Plusieurs fois, Jésus s’est trouvé face à la situation de mal-voyance. Il a guéri des
aveugles, manifestant ainsi sa tendresse. Une tendresse qui, pour lui, passait avant la
rigueur inhumaine de la Loi.
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Bien plus, Jésus nous a été donné comme la lumière de notre monde. Il connaît notre
avenir qui est, en lui et pour nous, victoire sur la mort. Nous sommes en devenir de
résurrection. Et cette force peut éclairer les « malvoyants » et ceux qui doutent comme
ceux qui désespèrent.
Jésus est notre lumière, celle de toute l’humanité.

Méditation
Voir ou ne pas voir la lumière tel est le thème de ce dimanche.
Trop banal de dire que, si jésus guérit un aveugle, c'est pour qu'il voie ! Mais la vue dont il s'agit
dans l'évangile selon saint jean est celle de la foi. Te contentes-tu de croire au réel terre et ciel, à la
banalité du quotidien, ou crois-tu à l'invisible, à la présence de l'Esprit Saint au coeur du monde, au
coeur de ton coeur ? Jésus déclare qu'il est venu sur terre pour que ceux qui ne voient pas puissent
voir. Quel est celui d'entre nous qui n'a pas une zone d'ombre, là où la clarté de la vue de foi ne
pénètre pas ? «je suis l'aveugle sur le chemin, guéris-moi...»
Voir le monde, voir le Père des Cieux avec les yeux du Christ, c'est évidemment dépasser les
apparences. L'essentiel est invisible à nos yeux de chair. Tel est le message du livre de Samuel, qui
raconte le choix du jeune David «Ne considère pas l'apparence : le Seigneur regarde le coeur» Il nous
faut très longtemps pour regarder chacun dans la vérité de son être, et non selon l'image qu'il présente,
que ce soit sa beauté ou sa fortune !
Peut-on cependant remarquer qu'il existe comme un contre-message dans la Bible ? Le texte précise en
effet que le jeune David, roux aux yeux bleus, était beau. Il ne faut donc pas mépriser son apparence, il
convient même de la soigner pour être agréable aux autres. Et à tout âge !
Dans la lettre de Paul aux Ephésiens, il s'agit encore de ténèbres et de lumière. Là, le regard ne se porte
pas sur les autres, mais sur soi-même. Or, beaucoup d'apparences nous empêchent de nous voir dans la
profondeur de notre être. Nous pouvons nous diminuer nous-mêmes à cause de notre timidité ou à cause
de notre prétendue incapacité. Et nous n'apercevons que la surface ! Nous pouvons aussi en rester à
l'image sociale, ou plus souvent aux images sociales qui nous collent à la peau comme des pelures
d'oignon... Et nous ne sommes alors qu'un employé, un cadre, un artisan, un footballeur, ou la femme de
Monsieur X... Quand quelqu'un nous regarde, quelle couche superficielle de nous-mêmes perçoit-il ?
Chaque être humain peut n'être qu'une fonction, pour les autres et aussi pour lui-même.
Et voilà que saint Paul affirme que nous ne sommes plus ténèbres mais lumière. Nous sommes appelés à
sortir de notre propre obscurité qui nous enferme dans le sommeil de la nuit. «Réveille-toi, ô toi qui dors,
relève-toi d'entre les morts, et le Christ t'illuminera.» Tout chrétien porte en lui la lumière du Christ. Ce
qui devrait lui donner l'audace de s'avancer là où il y a des ténèbres, pour y mettre la lumière.

QUELQUES HOMELIES

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Pour l'homélie

Qu'il est difficile de voir ! Qu'il est difficile de percevoir la réalité profonde des
personnes et des choses ! Chaque jour, des images défilent sous notre regard: dans
les journaux... sur l'écran de notre télévision... images en deux ou trois dimensions
dans les salles spécialisées... On n'en finit pas d'affiner les images. Parfois elles
sont plus belles que la réalité et nous sommes invités à faire un voyage de rêve par
images interposées.
Mais, voir les personnes au-delà de leurs apparences, discerner ce qui les anime, ce
qui les motive, connaître leurs sentiments, leurs peines, leurs joies, percevoir leurs
espoirs, leurs projets, le désir de réussir leur vie, apprécier leur goût de vivre, le désir
de faire vivre et de donner du bonheur, déceler leurs relations avec Dieu... voilà une
approche des personnes, tout autre, qui suppose un autre regard.
Notre regard risque de rester superficiel, de réduire les visages à la surface
apparente d'une image publicitaire qui n'est pas là pour elle-même, mais seulement
afin de servir d'appât pour vendre un produit !
Saül ne faisant plus l'affaire, il sombrait dans la folie, Samuel était chargé de choisir
un nouveau roi. À ce moment, des ennemis pressaient les Israëlites de toutes parts,
les tribus d'Israël avaient de la peine à s'entendre. La tentation était donc grande de
choisir un homme fort. D'où le regard de Samuel posé sur les frères aînés de
David : c'étaient de jeunes gens de belle prestance, qui en imposaient.
Mais Samuel est amené à changer son regard : Dieu l'invite à aller plus loin que
l'apparence. C'est celui sur qui personne ne comptait qui est choisi : L'homme
considère les apparences, mais le Seigneur regarde le coeur. De même, le
prophète, habité par l'Esprit de Dieu, considère les événements et les hommes avec
le regard de Dieu.
Lors de notre baptême, nous avons reçu l'onction d'huile. Cette onction fait de nous
des membres du Christ prêtre, prophète et roi. Tout baptisé a donc une mission
prophétique : «Autrefois vous étiez ténèbres ; vivez désormais comme des fils de
lumière... sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur ... » Le
prophète, le chrétien, habité par l'Esprit de Dieu, devient capable de discerner.
Ce qui manquait aux pharisiens, c'était la capacité de discerner, de voir plus loin que
les apparences. Les voisins de l'aveugle ne le reconnaissent pas. Son qualificatif
d'aveugle, de mendiant, était devenu un masque que le regard des autres lui avait
appliqué. Il n'était plus pour eux que l'Aveugle, le mendiant. Jésus brise ce masque
et le libère de sa cécité.
Les pharisiens, gardiens de la Loi, ne comprennent rien à ce qui se passe. Ils ne
pensent pas que celui qui a guéri l'aveugle puisse être un homme de Dieu. Ils sont
loin de s'imaginer qu'ils sont aveugles eux aussi aux choses essentielles. L'aveugle
avait su percevoir, par-delà son regard défaillant, qui était ce Jésus. Les pharisiens,
enfermés dans leurs certitudes, n'ont pu le reconnaître.
Et pourtant ils auraient pu. Ils avaient à leur disposition tout ce qu'il fallait : les
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prophéties, la Loi et les miracles de Jésus. C'est pourquoi, à la fin du récit, Jésus
leur dit : «Si vous étiez aveugles vous n'auriez pas de péché, mais du moment que
vous dites: nous voyons, votre péché demeure».

La question nous est renvoyée : nous avons, nous aussi, tout ce qui est nécessaire
pour reconnaître l'action de Dieu en nous et autour de nous. Nous devrions rendre
grâce à Jésus qui, par les sacrements, poursuit en nous son oeuvre de guérison.
Nous devrions sans doute avoir davantage le désir d'en bénéficier. Que notre
participation à l'eucharistie fasse de nous des fils de lumière qui répandent la clarté
qu'ils ont reçue de Dieu. Amen!
Ou

La guérison d'un aveugle-né en Jean est un magnifique texte sur ces liens
entre voir, ne pas voir, et croire, dans leurs tensions et ambiguïtés. Qui voit,
qui est aveugle? Le récit de la guérison comme telle prend peu de place (v. 1-
7). L'événement sert de point de départ à une série de réactions et
d'interprétations contrastées, se croisant et s'affrontant, autour de l'identité de
Jésus (v. 8-41). L'aveugle en est le pivot, qui apparaît à chaque scène pour être
interrogé et donner son témoignage.
Sa façon de témoigner est remarquable d'authenticité. L'aveugle guéri ne dit
pas plus que ce qu'il saisit mais il ne dit pas moins. Il n'esquive pas les
questions et n'en rajoute pas au récit. Là où il est rendu, il affirme ce qu'il peut
affirmer, sans compromis ni rigidité. Cette intégrité n'est pas immobile. Elle
grandit à mesure du récit, qui présente ainsi un itinéraire de foi, depuis la
reconnaissance de l'action de l'homme Jésus jusqu'à la confession de foi en
Jésus Seigneur et Fils de l'Homme, en passant par des étapes intermédiaires,
identifiant Jésus comme prophète et homme de Dieu. À mesure, la parole
devient plus hardie et articulée. Non seulement elle rend compte de
l'événement, ainsi au début, mais elle en vient à réfléchir l'événement et à
questionner les autres dans le débat final avec les pharisiens. La vive droiture
de cet aveugle qui voit l'amène à affronter l'adversité et l'exclusion. Son
témoignage mené jusqu'au bout, dans une fidélité courageuse et réfléchie,
sans concession ni fuite, le conduit à risquer sa vie, comme Jésus lui-même.
Durant tout ce parcours, celui qui ne voyait pas est passé peu à peu du «je
vois» à «je crois». Il est pleinement devenu un témoin.
Autour de cet itinéraire croyant, fait non seulement de réception d'un don,
mais aussi de progression et de prise de parole, d'autres attitudes sont
présentées en contraste. Elles montrent la diversité conflictuelle des réactions
et interprétations face à un même événement, qui en lui-même ne suffit pas à
produire la foi. Les voisins sont curieux et s'interrogent sur le comment des
choses, sans plus. Les pharisiens vont plus loin, enquêtent, discutent, mais à
4ème dimanche de carême – Année A Page
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partir d'une vision religieuse très déterminée, qui ne s'ouvre pas ici à un autre
point de vue. C'est au nom même de leur position religieuse qu'ils vont refuser
le témoignage de l'aveugle guéri, car il met en cause leur approche dans sa
fixité. Leur propre assurance de voir les rend de plus en plus aveugles à ce qui
advient, alors même que l'aveugle fait la démarche inverse et voit de plus en
plus. Quant aux parents, ils reconnaissent l'événement mais refusent de
s'engager personnellement, par peur précise Jean, image des croyants qui ne
veulent pas se mouiller.
À travers ces réactions si diverses, et celle de l'aveugle lui-même dans ses
diverses étapes, une sorte de tableau vivant est présenté des réactions
possibles face à l'événement, qui est finalement Jésus lui-même. Nous
sommes quelque part dans ce récit. Si nous sommes attentifs à ces attitudes,
nous pouvons y reconnaître les nôtres, celles de notre passé ou de notre
présent, les passages que nous avons vécus de la peur à la prise de position
et au risque, ou de la curiosité à la reconnaissance de la présence de Dieu. Ou
nous pouvons voir aussi nos propres fixités, nos refus de faire place à la
nouveauté de l'Évangile à certains moments de notre vie. Cela vaut pour les
individus mais aussi pour les communautés et institutions, tant sociales
qu'ecclésiales. Il y a des façons de croire qui font voir et parler, de mieux en
mieux, mais d'autres peuvent rétrécir la vue, de plus en plus, jusqu'à
l'aveuglement.
Si nos yeux sont touchés et notre regard transformé, que dirons-nous de cette
lumière qui nous a ouvert les yeux et qui nous fait voir?

Pour l'homélie

Le Carême nous conduit à célébrer en la nuit de Pâques le mémorial de notre baptême. Il n'y a donc
pas lieu de s'étonner que notre liturgie nous fasse relire cette belle histoire d'un aveugle guéri par
Jésus avec de l'eau. Nous avons été baptisés une seule fois, pour la plupart dans notre enfance, mais
c'est chaque jour que la grâce de notre baptême nous convie à vivre selon la dignité des enfants de
Dieu et dans l'amour du Christ.

Cet aveugle de naissance était dans les ténèbres et il ignorait ce que pouvait être la lumière. Pour saint
Jean, qui nous a rapporté cette histoire, les ténèbres sont le symbole de l'ignorance, de l'erreur et
même du mal et du péché. Cependant Jésus a pris soin de dire que si l'aveugle est ainsi plongé dans le
noir, il n'est aucunement coupable. La maladie n'est pas la punition du péché. Le vrai mal consiste à
refuser la lumière alors qu'on pourrait la recevoir. Jésus le dit nettement aux notables pharisiens qui
l'écoutent, mais qui refusent de se rendre à l'évidence. Ils choisissent eux-mêmes de rester dans les
ténèbres.

Le pauvre aveugle, lui, est plein de bonne volonté. Il se laisse faire par Jésus, il va se laver à la piscine.
A travers les contradictions une certitude grandit en lui: cet homme qui l'a guéri est bien l'Envoyé de
Dieu, le Fils de l'homme annoncé par les prophètes, celui devant qui on peut humblement se prosterner

4ème dimanche de carême – Année A Page


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en lui disant: « Je crois en toi, Seigneur ».

La prise de conscience de notre baptême, c'est toujours cela: un passage de l'obscurité à la lumière, à
travers luttes et difficultés, et une affirmation majeure : "Je crois en toi, Seigneur!" avec une prière de
foi: "Conduis-moi vers la pleine lumière". L'eau qui a coulé sur notre front est le signe de la réponse
du Christ: "N'aie pas peur, je suis avec toi." Cette rencontre qui s'est effectuée sous la forme du
sacrement au jour unique du baptême, elle est à continuer tout au long de notre vie. Car le baptême est
un don de Dieu, une grâce, mais un don à faire fructifier sans jamais se lasser, une grâce à accueillir
aujourd'hui avec joie dans la foi et l'amour et comme un gage de vie pour l'éternité dans la lumière du
Christ Ressuscité.

Dans un hebdomadaire national(*) ont paru, voici quelques semaines, quelques


pages avec ce qu’on appelle des “violences ordinaires menaçant la sécurité
des citoyens”. On y relevait, pour chaque jour d’une semaine et à travers toute
la France, ce qui s’était passé dans ce domaine : vols par effraction,
agressions de toutes sortes, violences sexuelles sur des enfants, voitures
brûlées, vitrines brisées…
Après lecture, à condition d’avoir eu le courage d’aller jusqu’au bout, on se fait de
notre pays et du monde une vision tellement négative et pessimiste qu’il n’y a plus
qu’à circuler avec un gilet pare-balles et armé au minimum d’une bombe
lacrymogène ; ou, mieux encore, de rester chez-soi en se barricadant derrière ses
portes et ses murailles bardées de systèmes d’alarme sophistiqués et, si possible,
protégé par des chiens de garde dressés à l’attaque.

Mais n’y a-t-il vraiment rien d’autre chose à faire ?

Faut-il se contenter à ne voir dans notre pays et le monde que ce qui va mal ; à
n’entendre parler que de violence et d’insécurité, au point que tous les
candidats à la présidence doivent faire de ce sujet un thème obligé de leur
campagne ? N’y a-t-il pas d’autre façon de regarder le monde que celle qui nous est
proposée à travers les lunettes déformantes et les filtres des médias ? Ne sommes-
nous pas, d’une certaine façon, frappés de cécité comme l’aveugle né de l’évangile ?
Ne sommes-nous pas devenus comme aveugles à d’autres réalités, comme par
exemple à cette secrète, non tapageuse action souterraine mais permanente de
l’Esprit de Dieu dans notre monde ? Ne croyez-vous pas que l’action efficace de ce
même Esprit en nous-même puisse aussi guérir notre regard ?
Attention ! le croyant n’est pas un naïf, il ne croit pas que “tout le monde il est beau,
tout le monde il est gentil !” Il ne porte pas de lunettes roses. Il ne ferme pas les yeux
sur la misère du monde et des hommes, au contraire.

Croyants nous devenons lucides dans tous les sens de ce beau terme, c’est-à-
dire clairs, clairvoyants, éclairés, lumineux, perspicaces…
4ème dimanche de carême – Année A Page
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Notre regard porté sur le monde et les autres dépendra finalement de notre
être profond dont les dispositions vont purifier ou obscurcir notre regard.
Ainsi, lorsque nos cœurs s’ouvrent à Jésus-Christ, Fils de Dieu, c’est son regard que
nous portons sur toutes choses. Finalement il faudrait voir avec le regard de Dieu,
avec le cœur de Dieu. “On ne voit bien qu’avec le cœur” dit le renard au petit prince
de Saint Exupéry.
”Dieu ne voit pas à la manière des hommes, car les hommes regardent l’apparence
mais le Seigneur regarde le cœur” insuffle Dieu à Samuel pour guider son choix
dans l’élection de David.

Ce regard n’a-t-il pas déjà une sorte de force transformante ?


Il y a, dans ce sens, une phrase étrange dans la lettre de Paul aux Éphésiens : il
s’agit de s’arracher aux “activités ténèbres” mais “leur réalité apparaît grâce à la
lumière, et tout ce qui apparaît ainsi devient lumière …”

Jean nous donne peut-être une explication. Comme souvent il utilise un événement
de la vie de Jésus pour approcher son message et son mystère.
Ainsi le miracle de l’aveugle né guéri lui permet de redire que Jésus est lumière du
monde. Cela veut dire que Jésus nous permet de voir et de regarder ce monde dans
sa signification totale, d’en découvrir les sens cachés au premier regard, voir la
réalité profonde et ne pas se laisser avoir par les jugements et classements trop
rapides.
Un regard d’amour n’a-t-il pas souvent changé quelqu’un qu’on croyait
irrémédiablement mauvais et perdu ? De nuit et ténèbres qu’il était, il devient
alors lumière.
Quel hebdomadaire ou journal relèvera-t-il, pour chaque jour, les initiatives prises
par des hommes et des femmes pour faire grandir les autres, rendre le monde plus
humain ?
Bien sûr cela est beaucoup moins médiatique que des crimes et des délits.
Mais n’est-ce pas pour admirer et contempler cela, pour en rendre grâce que
nous sommes rassemblés maintenant et envoyés ensuite dans le monde ?

Une remise en question, un long chemin ...


Une remise en question tout d’abord. "Je suis venu en ce monde, dit Jésus,
pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir,
et que ceux qui voient deviennent aveugles." En fait de remise en question, ce
long récit de Jean ressemble curieusement à l’histoire de l’arroseur arrosé ! En
apparence, pourtant, il ne se passe rien, puisque le récit s’achève comme il
4ème dimanche de carême – Année A Page
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avait commencé, sur la question du péché. Mais il s’est produit entre-temps un
fameux retournement de situation : au début, en effet, lorsqu’on parlait de
péché, on n’envisageait que deux hypothèses : ou bien l’aveugle était pécheur,
ou bien c’était ses parents qui étaient pécheurs. Or, voilà qu’à la fin du récit, le
passage de Jésus fait apparaître une troisième éventualité : les vrais pécheurs,
ce ne sont ni l’aveugle ni ses parents, mais ceux-là mêmes qui les
soupçonnent de péché. Les soupçonneurs sont soupçonnés. Les accusateurs
sont accusés !
"Des pharisiens qui se trouvaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent :
"Serions-nous des aveugles, nous aussi ?" Jésus leur répondit : "Si vous étiez
des aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites :
"Nous voyons", votre péché demeure." Le comble de l’aveuglement, nous dit
Jésus, c’est de ne pas voir qu’on est aveugle ! Et en ce sens, le pire des
péchés, c’est peut-être de prétendre n’en jamais commettre ! Oui, cet évangile
est une remise en question.
Mais l’évangile d’aujourd’hui, c’est aussi un long chemin... _ le long chemin
que parcourt l’aveugle tout au long des interrogatoires qu’on lui inflige, celui
de la reconnaissance progressive de Jésus comme Seigneur, le long chemin
qui va de la peur au courage et même au défi de la part de celui qui se permet
à la fin de faire de l’ironie aux dépens des autorités en place : "Serait-ce que,
vous aussi, vous voudriez devenir ses disciples ?" Le vrai miracle n’est pas
celui qu’on croit. Le vrai miracle n’est pas toujours le plus visible. Ici le vrai
miracle n’est pas tant la guérison de cet aveugle que le changement radical de
son comportement. Un homme qui mendiait et qui répondait aussi poliment
que docilement aux interrogatoires méprisants des autorités en place se met à
leur tenir tête !
Cette histoire, on aurait pu lui donner comme sous-titre : une foi qui grandit
dans l’adversité. En effet, la foi de cet aveugle - mais n’est-ce pas aussi la
nôtre ? - grandit en proportion des risques qu’il prend. Au début du récit, on le
voit très réservé, ne voulant pas "se mouiller", se compromettre, et imitant en
cela la réaction de ses parents : "Nous savons que c’est bien notre fils, et qu’il
est né aveugle. Mais comment il peut voir à présent, nous ne le savons pas ; et
qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est
assez grand pour s’expliquer." Ses parents parlaient ainsi, précise
l’évangéliste, "parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet les Juifs s’étaient
mis d’accord pour exclure de la synagogue tous ceux qui déclareraient que
Jésus est le Messie." Et tant qu’il en reste là, l’ancien aveugle ne peut dire de
Celui qui l’a guéri que "l’homme qu’on appelle Jésus".
Pris à parti par les scribes et les pharisiens, l’aveugle guéri sort peu à peu de

4ème dimanche de carême – Année A Page


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sa réserve, prend de plus en plus de risques... au point qu’il finit par se faire
jeter dehors ! Mais dans le même temps il découvre de plus en plus qui est
Jésus : "l’homme qu’on appelle Jésus" ... "c’est un prophète" ... "si cet
homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire" ... "Je crois,
Seigneur."
Si la foi de l’aveugle est la figure de la nôtre, cela veut dire qu’il nous faut
prendre les risques de faire la lumière autour de nous et en nous pour
découvrir en vérité que Jésus est Lumière. Ceux qui peuvent dire en vérité qui
est Jésus-Christ, ce ne sont ni les historiens, ni les exégètes, ni les
théologiens... ce sont les disciples, ceux qui, effectivement, mettent leurs pas
dans les siens. Seuls ceux qui aiment peuvent bien parler de l’amour. Seuls
ceux qui prennent au sérieux et qui essaient de mettre en pratique l’Évangile
ont des chances de découvrir qui est en vérité Jésus. Seuls ceux qui agissent
effectivement pour la paix, seuls ceux qui font la paix, ont des chances de
découvrir en Jésus le Prince de la Paix. Seuls ceux qui prennent le risque de
faire la lumière ont des chances de découvrir la bonne nouvelle d’aujourd’hui :
Jésus lumière dans ma vie, Jésus lumière pour le monde !

Lorsqu'il fait nuit, la lumière est vitale car elle est un guide qui rassure. Quand
nous entrons à la maison, la lumière est un signe de présence. Parfois nous
disons à quelqu'un qui nous a bien écouté ou donné un bon conseil, je vois
plus clair maintenant, tu as éclairé ma lanterne. Bien plus, la vie a besoin de
lumière.
C'est vrai la lumière, c'est la vie, mais en fait, ce que l'évangile nous dit, c'est
que la lumière révèle Dieu graduellement. Quand Jésus a dit: «Je suis la
lumière du monde», il parlait de sa qualité d'envoyé de Dieu qui donne la vie.
Dans notre tradition chrétienne, la lumière occupe donc une place importante :
un lampion allumé devant le tabernacle nous parle de Dieu présent, tout
comme le cierge Pascal nous parlera de la présence de Dieu.
Dimanche dernier, la Samaritaine au puits de Jacob n'a découvert la véritable
identité de Jésus que progressivement. D'abord, elle l'a vu comme un
étranger, puis un Juif, par après comme un prophète, et finalement comme le
Messie. Et puis, laissant sa cruche, elle est partie annoncer aux siens la bonne
nouvelle. Aujourd'hui, les voisins de l'aveugle s'arrêtent au niveau de
l'événement merveilleux pour satisfaire leur curiosité. Ils s'arrêtent au miracle
et n'en tirent aucune conclusion. Pour les parents de l'aveugle, la religion est
leur appartenance à un groupe social et ils ne veulent pas contester parce
qu'ils risqueraient d'être chassés de la synagogue et de se retrouver seuls.
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Leur foi est bien fragile. Enfin, il y a le groupe des pharisiens. Au début, ils se
posent des questions sur Jésus. Mais peu à peu, ils se referment. Pourquoi?
Parce que pour eux, Dieu a agi dans le passé à travers Moïse, mais c'est fini.
Ils ne peuvent accepter qu'un nouveau Moïse les mette en question.
L'aveugle-né n'est pas tout à fait comme les autres. Il découvre graduellement
la lumière. L'aveugle-né prend du temps à saisir la véritable identité de Jésus.
Il n'avait jamais vu ni sourire ni larme. Il ne connaissait pas le bleu du ciel ou le
vert du printemps. Il était là, à la sortie du Temple, un exclus de la société qui
ne demandait rien d'autre qu'une offrande. Jésus l'a vu avec sa misère et il lui
a ouvert les yeux. Jésus fait de l'exclus un homme nouveau qui revit.
Avec les yeux de la foi, le croyant voit la vie, les événements, et le monde de
manière toute différente. Nous voyons parfois les gens autour de nous comme
des objets. Nous voyons des marginaux et des gens bien, des blancs ou des
noirs ou des asiatiques, des clients ou des patrrons, des occasions d'affaire
ou des problèmes. Mais lorsque Dieu touche nos yeux, lorsqu'il nous donne de
nouveaux yeux, alors nous commençons à voir les gens comme Dieu les voit:
des personnes qu'il aime, des personnes pour qui il a donné son Fils.
Il faut voir au-delà des apparences. C'est un peu comme un médecin qui fait
une échographie à une femme enceinte. Pour l'oeil non avisé il n'y a d'abord
que des tâches sombres ou claires sur le moniteur de l'ordinateur. Puis, en y
regardant de plus près, on découvre une jambe, un bras, une bouche qui suce
un doigt. Quelle expérience d'amour pour un couple qui découvre ainsi
graduellement son enfant et qui en garde une image inoubliable.
Jésus, c'est cette lumière dans nos vies qui inspire les gestes d'amour,
d'amitié et de paix. L'amitié, se sentir accueilli, accepté et aimé, ce n'est perçu
que par les «yeux du coeur». Parler d'amour, de coup de foudre, d'attirance
pour une autre personne sont des choses banales et connues pour la plupart,
pourtant ces choses n'appartiennent pas au visible. C'est la même chose pour
la présence de Dieu on ne peut le saisir que par les «yeux de la foi », une sorte
de regard plus qu'humain qui nous fait adopter le regard de Dieu. Un regard
qui fait revivre nos propres yeux d'humains.

Un aveugle qui nous aide à voir !

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Prolongeons un peu l’histoire ! L’aveugle de Les formes, ils les avaient plus ou moins imaginées
naissance n’avait aucune idée de ce qu’étaient la au-dedans de lui, parce qu’il pouvait les toucher avec
lumière, les formes, les couleurs. Tout d’un coup, il ses doigts. Mais les couleurs ! Il n’aurait jamais pu
avait senti que quelqu’un touchait ses yeux morts et penser qu ce pouvait être un tel enchantement, une
y déposait quelque chose d’humide. Il ne savait pas telle fête qui dansait devant lui et dans son cœur.
ce que c’était. Et voilà qu’une voix inconnue, qui était Les voyants se rendent-ils compte de la merveille
d’une infinie douceur, lui avait donné un ordre : « Va qu’est la lumière, avec toutes ces formes et ces
te laver à la piscine de Siloé. » C’était vite dit ! Mais couleurs ? En retournant vers le Temple, peut-être
comment s’y rendre ? Il ne connaissait pas les a-t-il pensé à la première parole que Dieu avait dite
ruelles tortueuses pour y aller ! Sûrement, un pour créer l’univers : « Que la lumière soit ! » Il
passant secourable a dû l’accompagner. Peut-être comprenait maintenant pourquoi c’était la toute
que cet ami de passage lui avait parlé en chemin, lui première parole de Dieu.
disant que celui avait mis de la boue sur ses yeux et C’était de nouveau Jésus qui était venu vers
lui avait donné l’ordre de venir à la fameuse piscine, lui pour lui demander : « Croix-tu au Fils de
c’était un certain Jésus de Nazareth, qu’on disait l’homme ? » Mais il ne savait pas qui c’était. Alors
prophète et qui avait la réputation de faire des Jésus lui dit : « Tu le VOIS, et c’est lui qui te
miracles. Mais l’aveugle restait incrédule. L’idée parle. »
même d’être délivré de son infirmité lui paraissait Jésus lui a donné la lumière extérieure pour
impossible, car « Jamais encore on avait entend dire le conduire vers la lumière de la foi. Alors l’aveugle a
qu’un homme ait ouvert les yeux à un aveugle de compris. Au commencement du monde, Dieu avait
naissance. » dit : « Que la lumière soit ! » Maintenant, Jésus
C’est en relevant son visage encore dit : « Je suis la lumière du monde. » Et nous ? Les
ruisselant d’eau, qu’il avait vu la lumière pour la yeux de notre corps ne sont pas fermés à la lumière
première fois de sa vie. Une avalanche de lumière. Il extérieure. Mais les yeux de notre cœur ? Sont-ils
avait titubé, ébloui. Surtout, il voyait les couleurs. ouverts à la lumière de Jésus ?

4 car A (pistes pour homélie)

Etre aveugle de naissance et en quelques secondes recevoir la vision, voir des formes, des
couleurs, des perspectives, passer de l’obscurité à la lumière… l’expérience doit être pour le
moins bouleversante, impressionnante. Il est tout à fait normal que notre gaillard tellement
étourdi en oublie de s’interroger sur la personne par qui ce phénomène est arrivé.
Mais son émotion sera de courte durée, son ravissement sera coupé court par le
questionnement des pharisiens. D’un seul coup il est ramené les deux pieds sur terre : « Qui
t’a guéri ? » Encore tout à son bouleversement, il ne sait que répondre sinon : « J’étais
aveugle et maintenant je vois ». On comprend que pour lui tout le reste est secondaire.
Les pharisiens ne désarment pas et le harcèlent de questions. Au fur et à mesure que celles-ci
se font agressives, nous voyons l’aveugle progresser dans la découverte de cet homme qui lui
a donné la vue. Il dira d’abord : « C’est l’homme que l’on appelle Jésus » ensuite « C’est un
prophète ». Puis il affirmera « Il vient de Dieu » et enfin « C’est le fils de l’homme ».
Si saint Jean raconte cette histoire aux premiers chrétiens c’est justement parce qu’à cette
époque, ils vivent une situation un peu semblable à celle de l’aveugle. Il existait en effet à ce
moment-là une très forte opposition aux premiers chrétiens.
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St. Jean veut donc montrer à ces 1ers chrétiens que tous les ressentiments, l’hostilité dont ils
sont l’objet, peuvent être vus aussi comme une chance parce qu’ils forcent à la réflexion et
permettent de grandir dans la foi.
Si l’aveugle de l’Evangile a pu progresser dans sa foi, c’est grâce à l’opposition, au
questionnement qui l’ont obligé à la préciser et la clarifier. Sans l’opposition des pharisiens,
jamais cet homme n’aurait pu exprimer sa foi avec autant de vigueur. Tout au long de
l’histoire du christianisme il en a été de même. C’est essentiellement dans les périodes où ils
ont connu un maximum d’opposition que les chrétiens ont pu au mieux raviver leur foi.
Aujourd’hui plus que jamais les chrétiens sont confrontés à de multiples oppositions voire de
persécutions dans certains pays. Chez nous il y a sans doute l’opposition du monde laïc, des
athées, dont certains manifestent de l’intolérance tandis que d’autres sont plus respectueux.
Cet athéisme est une chance pour la foi car il nous oblige à repenser nos raisons de croire et
surtout à les rendre crédibles par notre manière de vivre.
Mais aujourd’hui il y a surtout comme ce fut le cas pour Jésus, une opposition qui vient de
l’intérieur de la religion, des responsables religieux, des pharisiens.
Nos pharisiens aujourd’hui portent le nom de fondamentalistes, d’intégristes, de
conservateurs… des personnages plus soucieux de l’observance méticuleuse de la loi que
préoccupés par la vie ou la survie de leur prochain. Aucune religion ne semble y échapper.
Et en même temps – sans doute à cause de cela - nous constatons un intérêt nouveau : les
chrétiens sont de plus en plus soucieux de redécouvrir la Bible, de relire l’Evangile. Etre
observé, critiqué, questionné, interpellé… Tout cela n’est-il pas une occasion, comme pour
l’aveugle de l’Evangile, de renforcer, d’approfondir et de renouveler notre foi et notre
adhésion à Dieu qui a eu l’initiative de nous ouvrir les yeux à la vraie lumière, à la beauté et
la profondeur de notre mystère ? N’est-ce pas aussi l’occasion de guérir l’homme blessé car
l’humain est ce qui est le plus cher aux yeux de Dieu, un Dieu qui se révèle essentiellement
comme un Dieu proche, un Dieu Père.
Piste 2
L’Evangile nous raconte l’histoire d’une double guérison : une guérison corporelle : Jésus
rend la vue à un pauvre aveugle, il le guérit de sa cécité, et une seconde guérison spirituelle :
Jésus le fait accéder à une autre lumière : la lumière de la foi.
Mais l’Evangile nous raconte aussi une opposition : d’une part un pauvre homme sans
instruction devient malgré lui le témoin de Jésus, en sortant progressivement de son obscurité
il prend conscience de l’amour de Dieu au point finalement de proclamer sa foi : « Je crois
Seigneur ». Tandis qu’en face de lui les pharisiens, gens instruits, vont s’enfoncer dans
l’obscurité, ils deviennent de plus en plus aveugles.
En lisant cet Evangile, je n’ai pu m’empêcher de faire le parallèle avec sœur Hélène. Qui est
sœur Hélène ? C’est une religieuse qui, il y a quelques années, invitée par Entr’aide et
Fraternité était venue de Madagascar nous partager son expérience vécue dans une des
régions les plus pauvres de la planète. Et je me souviens qu’elle racontait comment à 22 ans,
sortant de sa brousse, sous la risée des enfants de 10-12 ans de sa classe, elle avait voulu
apprendre à lire et à écrire avec la volonté de pouvoir mieux aider les démunis de son pays.

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Mais pourquoi cet Evangile me fait-il penser à elle ? Parce qu’au cours de la soirée passée
ensemble, quelqu’un lui avait posé la question : « Qu’est ce qui vous a le plus frappé en
arrivant ici en Belgique ? » Tous nous étions sûrs de sa réponse : les autoroutes illuminées,
les magasins débordants, le confort ultra moderne… et bien non, rien de tout cela!
Sa réponse fut spontanée : « l’impression de tristesse sur tous les visages ». « Dès que je suis
sortie de l’avion, continua-elle, j’avais l’impression que tous les gens étaient écrasés, comme
si chacun avait un lourd fardeau sur le dos. C’est étrange, car vous avez tout pour sourire » !
Et de conclure : chez nous tout le monde est pauvre et tout le monde sourit. »
Comment expliquer cela ? C’est très simple, poursuivait notre sœur Hélène : « Chez nous
nous manquons de tout, personne ne peut se suffire à lui-même, tous nous avons besoin des
autres pour les choses essentielles et courantes de la vie, nous avons continuellement besoin
d’être dépannés, ce qui fait que tout naturellement notre vie est une entr’aide et un partage
permanent. C’est une condition de survie sinon c’est la mort. Chez nous il est impossible de
se refermer sur soi-même, ce qui fait que tout le monde se connaît et s’estime et je suis sûre
concluait-elle, que là est l’origine, la cause de notre joie. »
Ces femmes et ces hommes de Madagascar ne sont-ils pas les aveugles dont l’Evangile nous
parle aujourd’hui ? Ils ont découvert la lumière de la joie, la lumière de la foi. Tandis que
nous, comme les pharisiens, du haut de notre supériorité technique, économique, avec toute
notre science… nous nous enfonçons dans l’obscurité de l’individualisme, du matérialisme et
de l’égoïsme.
Quelle conclusion à tout cela ?
C’est que notre carême, que nous appelons « carême de partage », ne doit pas aller en sens
unique, de nous vers eux, car dans un partage il y a toujours réciprocité. Soyons assurés que
si nous pouvons les aider matériellement, en humanité nous avons probablement beaucoup
plus à recevoir d’eux.
Si nous leur apportons un peu, très peu, de notre superflu matériel, eux par contre nous
apportent un trésor bien plus précieux car ils nous disent comment retrouver le sourire, la joie
profonde, ils nous procurent le remède à notre aveuglement et nous apportent la lumière.

Nos yeux nous permettent de voir le monde, les personnes, les événements, mais
notre regard est fait de préjugés, de principes qui nous permettent de porter un juge-
ment sur ce que nous voyons. Notre regard est tantôt illuminé par la bienveillance ou
l’admiration, et tantôt obscurci par des poutres ou des pailles. Il passe les réalités que
nous voyons au crible de nos lunettes, avec ou sans œillères et de nos prismes défor-
mants. Au point qu’il nous arrive de les considérer comme bonnes ou mauvaises selon
nos préjugés. Il en est ainsi pour les acteurs du récit de saint Jean, et surtout pour les
pharisiens, convaincus qu’ils sont clairvoyants en considérant l’aveugle et ce Jésus qui
l’a guéri comme des pécheurs.

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Quand l’évangile de Jean fut rédigé, vers la fin du premier siècle, la jeune communau-
té chrétienne devait se défendre contre ceux qui prétendaient “voir”, en particulier
ceux que l’on appelait les gnostiques c’est-à-dire ceux qui pensaient atteindre la vérité
de Dieu par la seule gymnastique de la connaissance et du savoir, capable de décryp-
ter le sens caché des Écritures. Pour croire, il faut voir et c’est dans ce contexte que
Jésus prend l’initiative de guérir l’aveugle-né en effectuant un geste créateur : il prend
de la terre qu’il mélange avec sa propre salive à l’image de Dieu dans le livre de la Ge-
nèse qui pétrit du sol l’homme puis il l’applique sur les yeux de l’aveugle et lui de-
mande d’aller se laver à la piscine de Siloé. Voici qu’apparaît le signe du baptême, ce
premier sacrement de l’initiation chrétienne qui vient nous arracher de l’aveuglement
des péchés pour nous conduire vers la lumière du Seigneur.

Les disciples regardent l’aveugle-né comme puni pour ses péchés ou ceux de ses pa-
rents. C’est ce qu’on pense en Israël : toute maladie ou infirmité résulte d’un péché,
même s’il a été commis par les parents. Ces préjugés produisent en cet homme un re-
gard intérieur négatif sur lui-même. Jésus le regarde, quant à lui, comme un frère à
qui, en qui, par qui Dieu peut se manifester. Ce regard de Jésus transforme le regard
de l’aveugle sur lui-même, lui redonne confiance. Il va se laver les yeux, se laver le
regard et l’emplir de la lumière d’estime qu’il a perçue dans le regard de Jésus sur lui.
Jésus se présente comme celui qui vient recréer cet homme, restaurer en lui l’image
positive de Dieu dès sa naissance. Il dénonce l’erreur de croire qu’une faute pourrait
être à l’origine d’une infirmité humaine et dénonce le mauvais œil que tous posent sur
cet aveugle.

Un interrogatoire s’engage entre les pharisiens et l’aveugle puis avec ses parents qui
ne s’engagent pas dans une réponse par peur des Juifs. Les pharisiens se préoccupent
moins de la guérison de l’aveugle que du rapport à la Loi juive. Le formalisme des
pharisiens les empêche de reconnaître le bon sens de l’aveugle guéri. Ils refusent
d’entendre ce que Jésus pourtant n’avait cessé de leur dire : que le sabbat est fait
pour l’homme et que faire le bien le jour du sabbat, c’est vraiment rendre gloire à
Dieu. Jésus est bien l’Envoyé de Dieu. Tout le récit est orienté vers l’affirmation de la
véritable identité de Jésus, Messie. Il s’agit de croire en quelqu’un. Toute démarche
de recherche de foi porte sur cette question-là : qui est-il. Le récit de la guérison de
l’aveugle-né conduit à une profession de foi en Jésus, Messie, Envoyé de Dieu. Nous
avons la même réponse de Jésus dans le dialogue avec la Samaritaine : à la question
de l’aveugle guéri, Jésus répond : « Eh bien tu l’as vu, c’est celui qui te parle ».

Ce n’est pas l’aveugle-né qui est le personnage central de ce passage, mais la cécité
de ceux qui l’entourent, en particulier celle des prêtres et autres pharisiens. C’est
toute la différence entre ceux qui ne peuvent pas voir et ceux qui ne veulent pas voir.
Voir, c’est accepter le changement, c’est briser le statu quo, chose pas facile dans un
monde fait de confort rassurant. Voir : c’est finalement se convertir ! La vie chrétienne
suppose que nous regardions les personnes et les événements avec le regard même
de Dieu, avec les yeux de Dieu. Si nous pouvions en face de telle personne, de tel
événement nous demander : cette personne, cet événement, comment Dieu les voit-il
? Cela changerait radicalement nos attitudes et nous serions moins tentés de juge-
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ments a priori, hâtifs, de classer les gens dans des catégories, de chercher des boucs
émissaires lorsque les choses vont mal, mais, sans pour autant rester passifs, nous
aurions alors une vision différente et, comme Dieu remplie d’une espérance qui nous
dépasse. Retenons aussi une phrase de la première lecture de ce dimanche : ce que
déclare le Seigneur à Samuel qui s’apprête à choisir David, le plus jeune des fils
comme roi d’Israël pour remplacer Saül qui a sombré dans la folie : « Dieu ne regarde
pas comme les hommes, car les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur re-
garde le cœur. »

Tout est une question de regard. Il y a le regard qui fait confiance, qui reste dispo-
nible, qui respecte l’autre dans sa différence, qui reconnaît l’autre dans sa liberté ; et
il y a le regard qui s’approprie pour sa seule satisfaction égoïste; c’est un regard qui
nie l’autre dans sa réalité personnelle. C’est ce regard que Jésus condamne. Nous
sommes tous des aveugles nés pour que la lumière de Dieu descende dans nos vies et
nous guérisse de l’aveuglement de notre péché. N’est-ce pas ce que nous rappelle
saint Paul dans la deuxième lecture de ce jour. Être lumière renvoie à une transfor-
mation profonde et intérieure. Celui qui est rené de Dieu pour la lumière ne peut faire
autrement que de transmettre aux autres cette lumière de la foi qui lui a été donnée.

Il n’y a pas plus aveugle que celui qui rejette l’appel de notre Seigneur, son appel à
changer nos vies, son appel pour que nous apportions du réconfort à ceux autour de
nous qui en ont vraiment besoin, qu’ils soient ou non pécheurs. Quel est notre regard
sur Jésus?

Echappées poétiques

 On a vingt ans et des poussières. Les vingt ans, c’est pour le corps, la pous-
sière, c’est pour l’âme. L’âme, on n s’en occupe guère, on la laisse voltiger
dans le cœur, on lui fait une place à côté des amis, des jolies femmes, du
vin, du jeu et des chants. Une toute petite place, poussiéreuse. Une chambre
dans le cœur, la plus retirée, la moins fréquentée. On y entre quelques
heures dans l’année, à Noël et à Pâques.

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