Vous êtes sur la page 1sur 17

Psychologie clinique et projective

Troubles du comportement chez l'enfant et dépendance à


l'environnement : complémentarité des épreuves projectives
Aline Cohen de Lara
Citer ce document / Cite this document :

Cohen de Lara Aline. Troubles du comportement chez l'enfant et dépendance à l'environnement : complémentarité des
épreuves projectives. In: Psychologie clinique et projective, vol. 6, 2000. Organisation et désorganisation psychiques chez
l'enfant. pp. 101-114;

doi : https://doi.org/10.3406/clini.2000.1155

https://www.persee.fr/doc/clini_1265-5449_2000_num_6_1_1155

Fichier pdf généré le 04/04/2023


Resumen
Aline Cohen de Lara, Trastomos del comportamiento en el niño y dependencia al entorno.
Complementaridad de las pruebas proyectivas.
A pesar de la similitud de los síntomas y de la pertenencia común al registro de los funcionamientos limites,
los niños que presentan trastomos de la conducta y del comportamiento, relevan de organizaciones
psicopatológicas diversas. Esto incita a ofrecer tratamientos diferenciados, individualizados, que pueden
proponerse en un cuadro común de tomar a cargo. La noción de cuadro es fundamental en esta población
por la cual la investigación ha mostrado la extrema sensibilidad a las modificaciones del entomo, de allí la
necesidad de tener en cuenta en el tratamiento las interacciones con el medio. La aplicación de las
pruebas proyeetivas de Rorschach y de TAT, consideradas como dos tipos de entornos, ha permitido
constatar los modos de reac ción diferenciados en función del material y de los niños. Según la prueba
propuesta, se deja al sujeto situarse a un grado de libertad variable. Paradoxalmente, el material no
estructurado del Rorschach favorisó una mayor flexibilidad asociativa que las figuraciones impuestas del
TAT, que tienen un efecto intrusivo y a veces desorganizante, bloqueando las capacidades de
funcionamiento en un área transicional restricta. La distancia más o menos importante de tratamiento entre
las dos puebas señala el impacto diferenciado del entorno sobre el funcionamiento psíquico. Esto
constituye un indice de evaluación de la dependencia a los objetos externos, evaluación particularmente
importante en relación a esa población a riesgos evolutivos múltiples, la dimension pronóstica estando
íntimamente ligada, entre otras cosas, a los encuentros próximos y a la realidad del entomo en el cual los
niños van a evolucionar.

Palabras-clave : Niños agitados - Trastomos del comportamiento - Patologías del actuar - Representación
psíquica - Dependencia - Rorschach - TAT.

Résumé
Malgré la similarité des symptômes et l'appartenance commune au registre des fonctionnements limites, les
enfants ayant des troubles des conduites et du comportement relèvent d'organisations
psychopathologiques diverses. Cela incite à offrir des traitements différenciés, individualisés, qui peuvent
être proposés dans un cadre commun de prise en charge. La notion de cadre est fondamentale dans cette
population pour laquelle la recherche a montré l'extrême sensibilité aux modifications de l'environnement,
d'où la nécessité de tenir compte dans le traitement des interactions avec le milieu. L'application des
épreuves projectives de Rorschach et de T.A.T, considérées comme des types d'environnement, a permis
de constater des modes de réaction différenciés en fonction du matériel et des enfants. Selon l'épreuve
proposée, un degré de liberté variable est laissé au sujet de se situer. Paradoxalement, le matériel non
structuré du Rorschach a favorisé une plus grande souplesse associative que les figurations imposées du
T.A.T. qui ont eu un effet intrusif et parfois désorganisant, bloquant les capacités de fonctionnement dans
une aire transitionnelle restreinte. L'écart plus ou moins important de traitement entre les deux épreuves
signe l'impact différencié de l'environnement sur le fonctionnement psychique. Cela constitue un indice
d'évaluation de la dépendance aux objets externes, évaluation particulièrement importante par rapport à
cette population aux risques évolutifs multiples, la dimension pronostique étant intimement liée, entre autres
choses, aux rencontres à venir et donc à la réalité de l'environnement dans lequel les enfants vont évoluer.

Mots-clés : Enfants agités - Troubles du comportement - Pathologies de l'agir - Représentation psychique -


Dépendance - Rorschach - T.A.T.

Abstract
Aline Cohen de Lara, Behavioral problems in the child and dependency upon the environment:
Complementarity of projective tests.
In spite of the similarity of symptoms and the common affiliation to borderline functioning, children
demonstrating behavioral troubles and misconduct belong to different types of psychopathological
organizations. This brings us to offer different, individualized treatments which can be proposed in a
common framework of aid. The notion of framework is fundamental in this population for which research
has shown that there exists an extreme sensitivity to modifications in the environment, thus making it
necessary to be very observant of the interactions with the milieu during treatment. The use of Rorschach
and TAT projective tests, considered to be types of environment, has made it possible to note the
differentiated reaction modes as a function of the material and the children. Depending on the test used, a
variable degree of liberty is left to the subject to situate himself. Paradoxically, the non-structured material of
the Rorschach favors more flexible associative capacity than the imposed figures of the TAT which have an
intrusive and sometimes disorganizing effect, blocking the functioning capacities in a restricted, transitional
space. The more or less important disparity in the treatment of the two tests marks the differential impact of
the environment upon their psychic functioning. This constitutes an indication for the evaluation of
dependancy on external objects which is particularly important in this population presenting multiple
evolutive risks in that the prognosis is intimately linked, among other things, to future encounters and thus
to the reality of the environment in which the children will develop.

Key words : Agitated children - Behavioral troubles - Pathologies of acting out - Psychic representations -
Dependancy - Rorschach - TAT.
Dossier

Troubles du comportement chez l'enfant

et dépendance à l'environnement :
*
Complémentarité des épreuves projectives

Aline Cohen de Lara 2

Résumé - Malgré la similarité des symptômes et l'appartenance commune au


registre des fonctionnements limites, les enfants ayant des troubles des conduites et
du comportement relèvent d'organisations psychopathologiques diverses. Cela
incite à offrir des traitements différenciés, individualisés, qui peuvent être proposés
dans un cadre commun de prise en charge. La notion de cadre est fondamentale dans
cette population pour laquelle la recherche a montré l'extrême sensibilité aux
modifications de l'environnement, d'où la nécessité de tenir compte dans le traitement
des interactions avec le milieu. L'application des épreuves projectives de Rorschach
et de T.A.T, considérées comme des types d'environnement, a permis de constater
des modes de réaction différenciés en fonction du matériel et des enfants. Selon
l'épreuve proposée, un degré de liberté variable est laissé au sujet de se situer.
Paradoxalement, le matériel non structuré du Rorschach a favorisé une plus grande
souplesse associative que les figurations imposées du T.A.T. qui ont eu un effet
intrusif et parfois désorganisant, bloquant les capacités de fonctionnement dans une
aire transitionnelle restreinte. L'écart plus ou moins important de traitement entre
les deux épreuves signe l'impact différencié de l'environnement sur le
fonctionnement psychique. Cela constitue un indice d'évaluation de la dépendance aux objets

1. Article issu de la communication faite au XVI Congrès International du Rorschach et des


Méthodes projectives. Amsterdam, 19-24 Juillet 1999.
2. Maître de conférence à l'Université Paris V, Institut de Psychologie, Laboratoire de
Psychologie clinique et de Psychopathologie.

Psychologie clinique et projective, volume 6-2000, pp. 101-1 14. - 1265-5449/00/06 $ 7.00 ©
A. Cohen de Lara

externes, évaluation particulièrement importante par rapport à cette population aux


risques évolutifs multiples, la dimension pronostique étant intimement liée, entre
autres choses, aux rencontres à venir et donc à la réalité de l'environnement dans
lequel les enfants vont évoluer.

Mots-clés: Enfants agités - Troubles du comportement - Pathologies de l'agir -


Représentation psychique - Dépendance - Rorschach - T.A.T.

Abstract in English at the end of the text


Resumen en espanol al final del texto

Nous aimerions évoquer l'intérêt de proposer deux épreuves projectives,


le Rorschach et le T.A.T., à une population d'enfants que l'on peut qualifier
d'agités, et ce à des fins pronostiques. En effet, ces deux tests induisent des
stimulations et des modes d'adaptation spécifiques, et leur complémentarité
permet de saisir la variabilité du fonctionnement psychique. Nous avons
entrepris une recherche (1998) auprès d'enfants ayant entre 7 et 12 ans,
présentant des manifestations d'agitation multiples ainsi que d'importants
troubles des conduites et du comportement 3. Les résultats montrent que la
différence de traitement entre ces deux épreuves peut constituer un indice
d'évaluation de la dépendance à l'environnement. Cette dépendance est liée
aux capacités de mise en représentation psychique et de mentalisation des
conflits. Selon l'intensité de la dépendance, le rôle et la qualité de
l'environnement auront plus ou moins d'incidence sur l'évolution.
Les différents travaux autour des pathologies de l'agir mettent en évidence
les difficultés d'intériorisation, aussi bien chez l'adulte que chez l'enfant. Le
recours à l'acte va souvent de pair avec une pauvreté d'expression verbale,
en particulier en situation d'entretien en face à face. Chez les enfants agités,
il est très fréquent de constater la rareté des productions symboliques,
quelque soient les supports. Les dessins sont pauvres, défensifs, très peu
figuratifs, et souvent inexistants. On observe des difficultés à jouer aussi
bien avec d'autres enfants que seul ou en présence d'adultes. L'incapacité à
jouer renvoie aux défauts de la capacité de rêverie et aux activités et objets
transitionnels qui ne jouent pas leur rôle de soutien à la rêverie. Le
fonctionnement dans l'aire transitionnelle est entravé. Le peu d'espace laissé à la
dimension ludique ne permet pas toujours l'établissement d'une relation

3. Derrière les notions « d'enfants agités » ou « d'enfants présentant des troubles du


comportement et des conduites », se trouve regroupée une population d'enfants très disparate du point vue de
l'organisation psychique, regroupement essentiellement fondé sur une symptomatologie
comportementale perturbatrice, ce qui, selon nous, ne correspond pas à un diagnostic psychopathologique
précis.

102
Troubles du comportement chez l'enfant et dépendance à l'environnement

duelle, qui peut être ressentie de façon angoissante, mais aussi parfois
surinvestie avec des mouvements transférentiels massifs. Lors des entretiens, la
confrontation avec un monde interne, vécu comme « vide » ou trop
menaçant, réactive des sentiments d'impuissance et ravive la blessure narcissique.
Les épreuves projectives offrent une médiation qui peut tempérer les
effets de cette relation duelle et favorisent l'instauration d'un
fonctionnement transitionnel de par la consigne même d'imaginer à partir d'un percept,
de créer-trouver l'objet. Concernant la situation T.A.T., Shentoub et al.
écrivent que « la capacité montrée par le sujet d'accepter l' objet-test dans sa
double appartenance perceptive/objective et projective/subjective témoigne
de son aptitude à accepter le paradoxe de D.W. Winnicott, à savoir de penser
qu'un objet est susceptible de se situer dans le champ intermédiaire entre
réel et imaginaire que constitue l'espace transitionnel. » (1990, p 38). Les
épreuves projectives constituent, de plus, un support qui peut servir d'appel
à un travail de représentation, travail d'autant plus difficile que les troubles
psychiques sont en partie liés à des difficultés massives de représentation
mentale. Dans un ouvrage collectif sur la projection et la symbolisation chez
l'enfant, P. Roman parle des sollicitations du matériel projectif qui forcent
« les processus dans leurs potentialités figuratives » (1997, p 38). Ces
épreuves offrent des possibilités de figuration et d'objectivation des
représentations inconscientes qui ne parviennent pas toujours à être circonscrites,
ni dans les représentations de mots ni dans les représentations de choses. Ces
supports visuels peuvent favoriser la liaison entre ces deux types de
représentations et, de surcroît, permettre l'émergence d'affects. Elles soutiennent
et facilitent un travail de symbolisation par la liaison entre la figuration et le
traitement des modes d'excitations. Selon R. Roussillon, « la réponse d'un
sujet au stimulus perceptif d'une épreuve projective est le fruit de ce travail
intra-psychique de symbolisation » (1997, p 34).
En l'absence de configurations concrètes du matériel, l'épreuve
structurale du Rorschach peut être considérée à la fois comme un objet réel et
comme un « objet potentiel, imaginé » tel que le propose C. Chabert (1983,
p 12). Cette absence de figuration objective permet de mettre à l'épreuve la
question de la présence de l'objet dans la psyché. Chez ces enfants, l'objet
absent existe, mais il est souvent dénié, ce qui entraîne l'impossibilité de se
le représenter. Le support des images proposées peut en constituer une
préfiguration possible. Il s'agit de voir si les enfants peuvent se saisir de ce
matériel, en « jouer » et laisser advenir les réponses personnelles sous-tendues
par des représentations. Le T.A.T. quant à lui offre des figurations
objectives, des contenus manifestes imposés à la perception. Ces supports
distincts permettent d'examiner la façon dont ces enfants se situent face à
des environnements différents.

103
A. Cohen de Lara

Une des particularités des enfants agités est justement d'interpeller


l'environnement par le caractère bruyant et perturbateur de la symptomatologie,
les conflits internes étant projetés à l'extérieur. Il y a extemalisation de la
conflictualité psychique, ce qui suppose des repères flous entre le dedans et
le dehors, généralement sans perte de contact avec la réalité externe.
L'espace psychique propre est mal ou partiellement constitué. Nous avons
donc cherché à mettre en évidence cette localisation particulière du conflit
ainsi que les incidences de l'environnement sur le fonctionnement
psychique, à partir de l'examen de certains indices projectifs qui permettent
de déterminer : la qualité de l'insertion dans la réalité partagée, le flou des
limites, la sensibilité aux changements de stimulus et l' évitement du conflit
intrapsychique.

L'INSERTION DANS LA REALITE : PEU DE JEU POSSIBLE


ENTRE LE RÉEL ET L'IMAGINAIRE

L'insertion dans la réalité peut être abordée à partir de l'évaluation de la


conscience d'interpréter. Celle-ci peut se traduire par la présence d'éléments
tels que les précautions verbales et le conditionnel, dans les deux épreuves
projectives, éléments qui signent le maintien de la vigilance dans la
conscience d'interpréter. Par ailleurs, la qualité de l'insertion dans la réalité au
Rorschach est appréhendée à travers l'analyse des indices de socialisation :
l'adéquation formelle, les pourcentages de réponses animales et humaines,
le nombre de banalités et le pourcentage de réponses localisées dans des
détails communément isolés (F+% et F+% élargi, A%, H%, Ban, D%). Ces
indices permettent de saisir si les systèmes de communications intègrent les
repères socialisants de base.
Dans l'ensemble des protocoles, l'insertion dans la réalité est maintenue,
souvent de façon rigide avec néanmoins la présence de certaines fragilités en
lien avec des problématiques récurrentes autour de la représentation de soi
et des fantasmes d'abandon, problématiques très fréquentes dans cette
population. Cependant, on constate le peu de jeu possible entre le réel et
l'imaginaire. Le besoin de certitude est intense. Il va dans le sens d'un ancrage dans
la réalité qui est constamment recherché sous peine de perdre le contrôle et
de se voir entraîné dans un univers non fiable. Le doute n'est pas permis.
Lorsqu'il est présent, il est lié à l'absence de confiance en soi et à une image
très dévalorisée de soi-même. C'est pour lutter contre cette image que les
réponses et les récits sont affirmés comme des évidences perceptives, sous
forme de certitudes. Ainsi Anthony livre au Rorschach des réponses sous
forme d'assertion : planche IV, « une chauve souris. C'est tout. C'est bon »

104
Troubles du comportement chez l'enfant et dépendance à l'environnement

suivi planche V, « ça, c'est un papillon ça. (range la planche puis la reprend.) v >
< a ... Ben il vole, c'est tout ». Au T.A.T., ses récits débutent presque tous par
une phrase affirmative descriptive, sorte de constat perceptif sans ouverture
possible à la créativité comme à la planche 1 : « Un petit garçon qui regarde son
violon... Et c'est tout. (?) D a envie d'en jouer. (?) Il a envie d'en jouer. (Fin ?) Il en
joue du violon. Non il ne joue pas. Je sais pas. » Dans ces protocoles très rigides,
le maintien de la vigilance est très pregnant, le contrôle sur soi et sur l'objet
quasi constant.

FLOU DES LIMITES ET SENSIBILITE A L'ENVIRONNEMENT

L'analyse du traitement des planches en fonction des changements de


stimulus, en particulier au Rorschach, permet de saisir une éventuelle
effraction de l'environnement. L'examen porte sur les réponses données
planche I, première du protocole, planche II où la couleur rouge est
introduite, et surtout planches VIII et suivantes où les couleurs pastel
apparaissent. L'impact de ces planches et une éventuelle effraction peuvent se lire à
travers les dégradations perceptives et l'augmentation du nombre des
réponses. Ce dernier point, pour les planches pastel, peut se traduire dans le
RC%, pourcentage de réponses couleur aux trois dernières planches.
Au Rorschach et pour ce qui concerne la question des limites, on n'assiste
pas comme dans les fonctionnements narcissiques de l'adulte à une
centration sur les limites, ni à un surinvestissement des enveloppes contenantes.
Pourtant, le choix du bestiaire montre la présence régulière d'animaux à
carapace (crabe, scarabée, tortue) qui peut alterner avec des réponses
d'animaux que nous qualifions de « sans peau » (grenouille, limace). Betty,
planche II : « Une grenouille. Ça peut être un cafard. » Le poids de ces éléments
est à relativiser selon les enfants et, à eux seuls, ils ne sont pas significatifs.
Cependant, ils sont parfois associés à d'autres indices qui rendent compte de
l'effraction et de l'impact de l'environnement. Nous avons cherché à
visualiser ces effets par l'examen des réponses qui font suite à un changement de
stimulus, ce qui au Rorschach correspond à l'introduction de nouvelles
couleurs.
On note un très fort impact des changements de stimulus à travers, tout
d'abord, les nombreuses réactions comportementales, les exclamations ou
les silences prolongés. Ces modifications de l'environnement entraînent des
déstabilisations variées mettant en évidence les risques d'intrusion et
d'effraction. Elles suscitent des blocages défensifs importants, sous la forme
d'un contrôle perceptif pas toujours efficace, voire une sidération de la
pensée. Dans certains cas, on assiste à l'échec des défenses et à des désorga-

105
A. Cohen de Lara

nisations transitoires. John, planche VIII : « Une fleur. On dirait un petit corps
avec les intestins. » Ces réponses sont successivement cotées G CF Bot, puis
Dbl F- H/Anat. La globalisation défensive ne tient pas et l'intrusion dans le
corps est patente. Le risque d'effraction des limites peut aller jusqu'à la perte
des repères et des sentiments de vidange chez quelques enfants. Dans
certains cas, c'est l'expression d'une perte de substance qui se donne à voir
comme chez Yohan, toujours planche VIII : « Oh! > 10" Un tigre! Un lion. Une
panthère. Un jaguar. Un chat. Un chien... (?) ». La multiplication des réponses
possibles, que seule l'intervention de la clinicienne vient arrêter, signe la
désorganisation liée à l'introduction des couleurs pastel. Julien, lui, par
l'alternance de ses représentations à cette même planche VIII, montre bien
l'impact de l'environnement sur son fonctionnement et la recherche d'un
cadre contenant, solide et structurant face à des risques d'intrusion
désorganisante, menaçant l'intégrité corporelle : après un essai de refus, il reprend
la planche « un crocodile, j'ai dit non. Un monsieur. Un squelette. Une limace. Un
fantôme. Un château. » Ainsi, il existe une importante fragilité des limites
entre l'interne et l'externe, variable en fonction des cas et qui se situe le long
d'un continuum. L'extrême sensibilité aux modifications de
l'environnement nécessite de tenir compte des interactions avec le milieu dans les
traitements proposés.

EVITEMENT DU CONFLIT INTRA-PSYCHIQUE : EXTERNALI-


SATION ET RESTRICTION

Par ailleurs, la recherche confirme l'absence totale de déploiement du


conflit sur la scène psychique, avec expression des désirs et des défenses. Si
on en trouve des traces au Rorschach dans certaines suites associatives, rien
de similaire n'est présent au T.A.T. de façon souple et relativement
constante. C'est l' évitement du conflit qui prime et qui passe soit par l'
extemalisation dans la relation soit par la restriction massive de toute expression. La
majorité des enfants présente des protocoles assez restrictifs où aucun conflit
ne se déploie sur la scène psychique comme si la mentalisation elle-même
était évitée. La passation a entraîné de nombreuses interventions de notre
part à des fins de relance associative, et cet étayage a été différemment
utilisé. Pour certains, essentiellement des garçons, les défenses par
l'inhibition se sont maintenues, voire renforcées. La verbalisation est réprimée de
façon drastique et cela aboutit pour deux d'entre eux au refus du test de
T.A.T. durant la passation. L'opposition est souvent très agissante, forme
d' extemalisation mais non verbalisée. Certains enfants cherchent, par des
récits extrêmement restreints, à éviter de plonger dans leur vie fantasma-

106
Troubles du comportement chez l'enfant et dépendance à l'environnement

tique, tant celle-ci est inquiétante. Cependant, on n'assiste pas à un repli dans
le monde interne comme dans le cas de fonctionnements psychotiques. Chez
les filles par contre, les relances suscitent souvent un début de
conflictualisation, mais les mécanismes d'inhibition sont très actifs, bloquant la
dynamique associative. C'est alors l' extemalisation au sein de la relation avec
l' examinatrice qui prend le relais par l'intermédiaire de digressions sur le
contexte environnant ou sur la situation actuelle, comme le montre le récit
de Linda planche 7 GF : « On dirait une maman, une maman et sa fille. Tu n'en
as pas marre d'écrire ? C'est bientôt terminé ça ? » Sabrina propose, elle, cette
séquence planche 4 du T.A.T. : « Un monsieur qui danse avec une dame... Ben...
Il regarde quelque chose d'autre. (...) Je sais pas. Tu marques tout ce que je dis ?
C'est ton boulot de marquer tout ce que les enfants ils disent ? Elle essaye de lui
parler, mais il ne veut pas l'écouter ». Le conflit peut difficilement être élaboré
sur la scène psychique et Sabrina sollicite directement la clinicienne,
transposant le conflit dans la relation, comme s'il était mieux maîtrisable dans le
réel. Il ne s'agit pas dans ces cas de refoulement mais de répression, les
traces de retour de refoulé étant quasi inexistantes. C'est la survenue des
représentations qui est évitée, bloquée ou inhibée. De même que pour les
agirs, le recours au réel paraît nécessaire, comme s'il y avait un danger à se
laisser aller à imaginer et à verbaliser ses fantaisies. Cette extemalisation est
au service de V évitement de la mentalisation des mouvements pulsionnels et
des représentations. Elle permet cependant le maintien du lien objectai,
puisque jamais la communication n'est rompue.
Ainsi, l'examen des protocoles de Rorschach et de T.A.T. de ces enfants
agités confirme les difficultés de fonctionnement dans un espace
transitionnel à travers le constat du peu de jeu possible entre le réel et l'imaginaire
et la recherche quasi constante d'accrochage perceptif au matériel considéré
comme une forme d'environnement. Lorsque celui-ci change, lorsqu'il y a
modification du stimulus, on note une très grande sensibilité en lien avec
l'importante fragilité des limites entre soi et le monde extérieur. L'espace
psychique propre susceptible de contenir des représentations porteuses du
conflit intrapsychique est ainsi très mal constitué. Il y a alors évitement de la
conflictualité interne, répression des mouvements pulsionnels et des
représentations, et extemalisation dans l'environnement par le biais d'agirs.

TRAITEMENT DISTINCT ENTRE LES DEUX EPREUVES


PROJECTIVES

Le recours aux comportements constitue, entre autres choses, une voie


d'expression des problématiques sous-jacentes ainsi qu'un appel au milieu,

107
A. Cohen de Lara

afin de tenter de résoudre les tensions internes. Évoquer des défauts de


mentalisation des conflits ne sous-entend pas leur absence. L'intensité des
réactions face au matériel représente des indices de leur présence et confirme
les difficultés d'élaboration. Si ces réactions sont variées et différentes d'un
enfant à l'autre, il faut insister ici sur le traitement distinct entre les deux
épreuves projectives, élément pregnant qui se dégage des protocoles, lié à la
question de l'intériorisation de l'objet. Ce constat permet d'aborder un point
important concernant la clinique de ces enfants agités et les risques évolutifs,
à savoir l'évaluation de la dépendance aux objets externes, tel que
l'envisage P. Jeammet (1980). Selon l'importance de cette dépendance,
l'environnement et les rencontres à venir auront plus ou moins d'incidences
sur l'évolution. Les épreuves projectives, dans leur complémentarité
(C. Chabert, 1987), permettent cette évaluation dans la mesure où elles
peuvent être considérées comme des objets externes.
La différence de traitement entre les deux tests s'est avérée considérable
dans cette population et dans un sens qui n'était pas attendu, celui de
l'impact particulier du T.A.T. sur le fonctionnement psychique. Cela conduit
à s'interroger sur les capacités de représentation des objets internes au regard
de la figuration proposée par l'épreuve thématique et de l'absence de
figuration du Rorschach. Nous nous attendions initialement à ce que la régression,
suscitée généralement par le Rorschach, rende cette épreuve très difficile
pour ces enfants qui luttent souvent contre tout mouvement régressif. Nous
supposions que les planches de T.A.T. offriraient un support plus structuré
permettant un niveau de fonctionnement plus secondarisé. Tel n'a pas été le
constat pour la majorité des cas.
Le Rorschach favorise une plus grande souplesse de fonctionnement.
Aucun enfant n'a refusé l'épreuve et tous ont respecté la consigne de
l'association. Dans un premier mouvement souvent dépassé, on note un
accrochage perceptif important, une maîtrise du matériel sous forme de contre
investissement du percept. Cet accrochage au réel se traduit par la recherche
de réponses banales et par un substantiel pourcentage de réponses en bonne
forme. Cela vient pallier le vide interne angoissant lié aux difficultés de
représentation de l'objet absent. Par-delà cet accrochage et dans un second
temps, des représentations apparaissent parfois répétitives et pauvres, assez
floues bien qu'adaptées d'un point de vue formel. Pourtant, elles ont le
mérite d'être là, c'est-à-dire qu'un travail de représentation a eu lieu et
qu'un accès aux objets internes a été possible. Tout se passe comme si
l'absence de figuration permettait la mise en représentation et ne bloquait
pas l'expression, comme cela a été le cas au T.A.T.
À l'épreuve thématique, en effet, on constate de fréquents mouvements de
sidération et de blocage, de même que des refus de passation. La restriction

108
Troubles du comportement chez l'enfant et dépendance à l'environnement

et l' évitement de la verbalisation, mais aussi de la pensée, sont majeurs. Sur


les neuf planches qu'il a acceptées, John en a rejeté six en répétant qu'il ne
voyait rien, qu'il n'y avait rien à penser, qu'il ne savait pas et n'avait pas
d'imagination. Après un début d'emblée très projectif planche 1 : « Il saigne.
(...) Il jouait du pia... du violon et après... arrêta. Je sais pas. (?) Je sais pas. », il a
très rapidement refusé de poursuivre tout en recherchant d'autres formes
d'interactions. Il s'est mis à jouer aux avions avec la clinicienne, maîtrisant
alors la situation et maintenant le lien objectai par le biais d'agirs. Ce petit
garçon faisait partie des plus difficiles sur le plan du comportement. Les
images du T.A.T. prennent un caractère intrusif. L'épreuve suscite une
forme de collision entre certains aspects des représentations internes et les
figurations externes. Cette collision ne laisse pas d'espace intermédiaire, ni
aucune zone de jeu possible entre dedans et dehors, ce qui va bien dans le
sens d'une impossibilité à fonctionner dans la transitionnalité.
Voici plusieurs récits de Siegfried, livrés sans distance :

Planche 3 BM « C'est une dame qui est morte, qui s'est suicidée avec son pistolet,
(range la planche) Parce qu'elle en avait marre de vivre. Comme moi. »
Planche 4 « Bah ! Sale tête ! Ah ! Ça me fait penser à un film. Bah ! Sale tête. (?)
Indiana Jones. Il se passe que l'autre, la fille, elle veut l'embrasser. C'est tout. »
Planche 5 « Là, elle espionne. C'est tout. (?) Des personnes. (?) Parce que elle
est jalouse. (?) Elle, elle est amoureuse de quelqu'un, l'autre elle a gagné, pas celle
qui espionne. »
Planche 6 « Rien. (?) Ils pleurent, ils sont pas contents. Y'a un monsieur qui tient
son chapeau. (?) Parce qu'il y a quelqu'un qui est mort. »
Planche 7 « Ils parlent... (?) Ils se disent rien vu que je les vois pas parler... C'est
pas ma vie. J'ai envie d'arrêter là. »

CARACTERE FLOU DES REPRESENTATIONS INTERNES

Ce constat de l'impact différencié des épreuves conduit à s'interroger sur


les conditions de mise en forme des représentations internes. Nous émettons
l'hypothèse que, dans cette population, les représentations internes sont
floues, très mal circonscrites, comme si les enfants ne parvenaient pas, ou ne
s'autorisaient pas à former des images internes définies. Cela va de pair avec
les difficultés d'évocation des mots, la pauvreté du vocabulaire et les
nombreux retards de langage, les représentations de choses étant
secondairement figurables en mots. Nous appuyons cette hypothèse sur la fréquence
des représentations vagues, indifférenciées quant au sexe, constatée au
Rorschach, qui nous a conduite à évoquer une imago maternelle archaïque.

109
A. Cohen de Lara

Cette dernière semble rester, en quelque sorte, « interrogative », en suspens,


potentiellement transformable selon les événements extérieurs.
On note dans cette population un nombre important de représentations
para-humaines au caractère menaçant qui déstabilisent le fonctionnement.
Ces représentations appartiennent au domaine de l'irréel, à l'univers des
contes et des films, ce qui est fréquent chez l'enfant. Mais cet univers est ici
chargé de menaces et les personnages cités ont des pouvoirs maléfiques et
surnaturels. Ce sont des monstres, des sorcières, des « Dragons Ball Z »,
(personnage de dessin animé dont le corps se transforme pour atteindre un
pouvoir surhumain, capable de destruction et potentiellement plus fort que
son propre père). Ces représentations peuvent être immortelles,
immatérielles ou dévitalisées, comme les fantômes, les marionnettes, les anges ou
les fréquentes figures et masques de personnes. Ces réponses ont un
caractère flou quant à leur forme et ne permettent pas toujours de saisir le degré
d'intégration d'une enveloppe contenante. Les représentations « humaines »
sont vécues comme menaçantes, souvent toutes-puissantes, dans un registre
généralement archaïque. Elles appartiennent à un univers inquiétant, très
éloigné de la réalité, et ne sont quasiment jamais porteuses de mouvements
libidinaux.
Définir une imago, circonscrire une représentation dans des limites
précises, permet de les maîtriser, comme c'est le cas dans les « véritables »
phobies. Il semble que beaucoup d'enfants n'en sont pas à ce stade, malgré
leur recherche de maîtrise de l'objet. Il s'agit pour eux de la maîtrise de
l'objet externe dont ils sont dépendants, et non pas des objets internes.
L'hypervigilance anxieuse, fréquemment constatée à travers le contrôle
visuel sur les moindres gestes qui émanent de la clinicienne, va dans le sens
de ce besoin de maîtrise qui rend aussi compte de la nécessité de trouver,
dans l'objet externe, des indices afin de pouvoir se situer face à lui. Il paraît
possible de comprendre la différence de traitement entre les deux épreuves
du fait de la liberté plus ou moins offerte au sujet de se situer face à l'objet
externe, en lien avec la question de la mise en représentation.
En effet, si l'on admet l'idée que les représentations internes de ces
enfants sont floues, la perception d'un support lui-même non structuré
permet une concordance entre l'interne et l'externe. Cette concordance
maintient le caractère flou qui appartient en propre à l'enfant et ne fait pas
intrusion dans le psychisme, comme c'est le cas du T.A.T. Cette épreuve
suscite un intense désarroi, désarroi devant la réalité externe qui vient
confirmer une impression interne jusqu'alors vague et qui la rend rigide. Il
semble que la figuration imposée vient circonscrire un des aspects de l'objet
interne, souvent le plus menaçant, ce qui fige la représentation. Cela a des

110

\
Troubles du comportement chez l'enfant et dépendance à l'environnement

incidences sur l'élaboration de l'ambivalence, la perception venant


confirmer qu'un seul aspect de l'objet est, à un moment donné, accessible.
Le Rorschach, à la différence, favorise le fonctionnement dans l'espace
transitionnel, la zone de l'informe, selon les propositions de D.W. Winnicott
(1971, p 78). Cet auteur considère qu'il faut partir de la reconnaissance, par
l'observateur, du non-sens, du décousu, afin de donner une chance aux
expériences informes, motrices et sensorielles de se manifester. Ces expériences
constituent la trame du jeu. Nous faisons ici le rapprochement entre ces
propositions concernant le jeu et ce qui est constaté du fonctionnement des
enfants au Rorschach. Cette épreuve autorise la reconnaissance de l'informe,
ce qui rend alors possible l'accès aux objets internes, tels qu'ils sont inscrits
dans la psyché, c'est-à-dire en conservant leur aspect flou et indéterminé. Un
travail de mise en représentation peut advenir et les représentations internes
ne sont alors pas figées dans un sens univoque. C'est ainsi qu'une meilleure
intrication pulsionnelle est repérée à cette épreuve, signe d'un certain accès
à l'ambivalence. L'épreuve du Rorschach favorise la créativité du sujet et,
comme le souligne B. Golse, « c'est cette coopération entre la créativité
symbolique du sujet et la séparabilité de l'objet qui permet [...] l'instauration
progressive d'un gradient de différenciation entre l'objet et le sujet grâce à
la mise en place de l'objet interne » (1995, p 176).
Ce caractère flou des représentations ne paraît pas correspondre à une
forme de confusion psychotique, d'indifférenciation entre soi et l'autre, qui
existe il est vrai en filigrane chez certains enfants. Pour la plupart, la
distinction est établie même si les limites sont parfois fragiles. Nous rapprochons
le flou des objets internes, de l'imago maternelle archaïque et des images
parentales indifférenciées constamment retrouvées dans les protocoles. Ces
éléments doivent être reliés au vécu de discontinuité d'investissement de la
part des objets d'amour, qui a eu des conséquences sur l'élaboration de la
perte d'objet et de fait sur la représentation de l'objet absent. Cela a
contribué à la fragilisation des assises narcissiques et a entraîné des
répercussions sur le fonctionnement auto-érotique. Ce dernier apparaît
relativement défectueux, tout du moins problématique. C'est ainsi que nous
comprenons le difficile dialogue avec des objets internes mal constitués, de
même que le mode de relation aux objets externes établi par ces enfants,
relation d'évitement et de quête.

CONCLUSION

Pour conclure, la dépendance à la réalité extérieure semble être traduite


par les réactions différenciées face aux épreuves projectives, selon que

111
A. Cohen de Lara

l'objet externe favorise le fonctionnement dans un espace transitionnel ou


fait intrusion dans le psychisme. L'intensité de cette dépendance peut
s'évaluer à partir de l'écart de fonctionnement constaté entre les deux
épreuves projectives. Certains protocoles montrent des capacités de
fonctionnement plus autonome par rapport à la réalité externe, et la différence de
traitement entre les deux tests est peu sensible, indice d'une dépendance
relative qui peut constituer un élément favorable pour l'évolution. Mais la
majorité des enfants présente une forme de dépendance au réel, de l'ordre de
la nécessité de trouver une correspondance univoque avec l'objet, ce qui ne
permet pas le dialogue avec les objets internes. Pour ces enfants, les
pronostics et l'évolution vont, pour partie, être conditionnés par leur milieu
d'évolution et par les rencontres à venir dans la réalité. Les épreuves
projectives, dans leur complémentarité, constituent des outils privilégiés pour
apprécier cette articulation entre objets externes et objets internes et évaluer
l'intensité de cette dépendance à l'environnement.

REFERENCES

Balier C, Diatkine G. (1995) La psychopathie chez l'enfant et l'adolescent Nouveau Traité


de Psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, PUF, Tome II, 1363-1411.
Birraux A. (1994) Eloge de la phobie, Le fil rouge, PUF, Paris.
Boekholt M. (1993) Épreuves thématiques en clinique infantile, approche psychanalytique.
Paris, Dunod.
Chabert C. (1983) Le Rorschach en clinique adulte; interprétation psychanalytique. Paris,
Dunod. 2de édition corrigée, 1997.
Chabert C. (1987) Rorschach et T.A.T. : antinomie ou complémentarité. Psychologie
Française, numéro spécial « cinquantenaire du T.A.T. », 32 (3), 141-144.
Cohen de Lara A. (1998) Enfants agités : Diversité des organisations
psychopathologiques, Thèse de Doctorat, Université Paris V - René Descartes.
Golse B. (1995) La naissance des représentations. Conceptions psychanalytiques. Nouveau
Traité de Psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, PUF, Tome 1, 173-188.
Jeammet P. (1980) Réalité externe et réalité interne. Importance et spécificité de leur
articulation à l'adolescence. Revue Française de Psychanalyse, n°3-4, 481-521.
Kurts N. (1993) L'enfant qui ne savait pas jouer. Psychiatrie de l'enfant, XXXVI, 2,
537-554.
Rausch de Traubenberg N., Boizou M.F. (1984) Le Rorschach en clinique infantile. Paris,
Dunod.
Roman P. (1997) La méthode projective comme dispositif à symboliser : enjeux cliniques
et psychopathologiques. Projection et symbolisation chez l'enfant. Lyon, PUL, 37-51.
Roussillon R. (1997) Activité « projective » et symbolisation. Projection et symbolisation
chez l'enfant. Lyon, PUL, 27-35.

112
Troubles du comportement chez l'enfant et dépendance à l'environnement

Shentoub V. et al. (1990) Manuel d'utilisation du T.A.T. ; approche psychanalytique, Paris,


Dunod
Winnicott D.W. (1971). Jeu et réalité, tr. fr. Paris, Édition Gallimard, 1975.
Aline Cohen de Lara
Institut de Psychologie
71, Avenue Edouard Vaillant
92100 Boulogne-Billancourt

Abstract - Behavioral problems in the child and dependency upon the environment:
Complementarity of projective tests. In spite of the similarity of symptoms and the
common affiliation to borderline functioning, children demonstrating behavioral troubles
and misconduct belong to different types of psychopathological organizations. This brings
us to offer different, individualized treatments which can be proposed in a common
framework of aid. The notion of framework is fundamental in this population for which
research has shown that there exists an extreme sensitivity to modifications in the
environment, thus making it necessary to be very observant of the interactions with the milieu
during treatment. The use of Rorschach and TAT projective tests, considered to be types of
environment, has made it possible to note the differentiated reaction modes as a function of
the material and the children. Depending on the test used, a variable degree of liberty is left
to the subject to situate himself. Paradoxically, the non-structured material of the Rorschach
favors more flexible associative capacity than the imposed figures of the TAT which have
an intrusive and sometimes disorganizing effect, blocking the functioning capacities in a
restricted, transitional space. The more or less important disparity in the treatment of the
two tests marks the differential impact of the environment upon their psychic functioning.
This constitutes an indication for the evaluation of dependancy on external objects which
is particularly important in this population presenting multiple evolutive risks in that the
prognosis is intimately linked, among other things, to future encounters and thus to the
reality of the environment in which the children will develop.

Key words: Agitated children - Behavioral troubles - Pathologies of acting out - Psychic
representations - Dependancy - Rorschach - TAT.

Resumen - Trastomos del comportamiento en el nino y dependencia al entorno.


Complementaridad de las pruebas proyeetivas. A pesar de la similitud de los sintomas
y de la pertenencia comûn al registro de los funcionamientos limites, los ninos que
presentan trastomos de la conducta y del comportamiento, relevan de organizaciones psicopato-
lôgicas diversas . Esto incita a ofrecer tratamientos diferenciados, individualizados, que
pueden proponerse en un cuadro comûn de tomar a cargo. La nociôn de cuadro es
fundamental en esta poblaciôn por la cual la investigaciôn ha mostrado la extrema sensibilidad a
las modificaciones del entomo, de alli la necesidad de tener en cuenta en el tratamiento las
interacciones con el medio. La aplicaciôn de las pruebas proyeetivas de Rorschach y de
TAT, consideradas como dos tipos de entornos, ha permitido constatar los modos de reac-

113
A. Cohen de Lara

ciôn diferenciados en funciôn del material y de los ninos. Segûn la prueba propuesta, se deja
al sujeto situarse a un grado de libertad variable. Paradoxalmente, el material no estructu-
rado del Rorschach favorisé una mayor flexibilidad asociativa que las figuraciones impues-
tas del TAT, que tienen un efecto intrusivo y a veces desorganizante, bloqueando las
capacidades de funcionamiento en un area transicional restricta. La distancia mâs o menos
importante de tratamiento entre las dos puebas senala el impacto diferenciado del entorno
sobre el funcionamiento psiquico. Esto constituye un indice de evaluaciôn de la dependen-
cia a los objetos externos, evaluaciôn particularmente importante en relaciôn a esa
poblaciôn a riesgos evolutivos multiples, la dimension pronôstica estando intimamente ligada,
entre otras cosas, a los encuentros prôximos y a la realidad del entomo en el cual los ninos
van a evolucionar.
Palabras-clave : Nifios agitados - Trastomos del comportamiento - Patologias del
actuar - Representacion psiquica - Dependencia - Rorschach - TAT.

114

Vous aimerez peut-être aussi