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CE QUE NOUS APPREND L’ANTHROPOLOGIE

Entretien avec Abderrahmane Bakchich

Enregistré à Marrakech en avril 2012


par Jacques Willemont et Mohamed Boussacsou

Sous-titres ou résumé en français

Production
UNIVERSITE DE STRASBOURG (DUN) / ESPACES
00 00 00 SÉQUENCE 01
Introduction.
Ce que nous apprend l’anthropologie
Entretien avec Abderrahmane Bakchich
facteur de guembri à Marrakech,

enregistré dans son atelier en avril 2012.

00 00 10 SÉQUENCE 02
La fabrication de la caisse
[Si Belhaj, quel est le
nom de cet instrument ?]
Au Maroc, on lui donne deux noms :

Les marsaoui l’appellent le sintîr

et nous les marrakchi,


on l’appelle le guembri.

[Certains l’appellent aussi le hajhouj.]

Oui, hajhouj.

Le sintîr et le guembri.

[Combien de noms en tout ?]

Trois.

Sans oublier gougou …

son nom africain …

Ce sont les Africains du


Soudan qui l'appellent ainsi.

Cet instrument est fait de bois.

Il peut soit être en listoun


[fines lamelles assemblées et collées]

soit creusé dans le bois


comme celui-ci.
00 :01 :07 [Comment ça, … creusé ?]
[Montre moi.]
Pour faire le guembri,
j’achète un billot au marché.

Un tronc, quoi.

Le menuisier me le taille
en billots de bois.

Ensuite, je le récupère et je le creuse.

Tu peux le décorer
ou le laisser comme tel.

Tu le façonnes avec
le ghounjab et la guadouma.

Pour ça, il y a des outils bien spécifiques.


Celui-ci, il est fait
en listoun avec de la colle.

C’est la technique dite « d’assemblage », …

On l’assemble pièce par pièce.

Il est fait de plusieurs pièces de noyer, …

assemblées les unes après les autres.

Et voilà l’intérieur une fois assemblé.

Il est assemblé comme celui-là.

Et celui-ci, creusé
à partir d'un billot de bois,

avec des outils spécifiques.

Voilà un guembri creusé une fois terminé.

Ces deux-là sont assemblés

et ces deux-là sont creusés.

Tu as là un billot entamé et
un autre terminé avec la peau.

Celui-ci est en saule.

Tu peux le faire en noyer, …


ou dans tout autre bois.
00 02 51 SÉQUENCE 03
Quels bois pour les guembri ?
[Quel est le bois le plus
utilisé pour le guembri ?]
C’est le saule.

Il est utilisé depuis toujours.

[Quoi d’autre ?]

Le noyer donne
une belle couleur naturelle.

Ça, c'est du noyer.

Il a été décoré
« par la volonté de Dieu ».

Certains le veulent en noyer, …

[Et ce bois-ci ?]

Celui-là est fait


de cèdre greffé de thuya,

d’où la couleur rouge.

[Le cèdre donne


la couleur rouge …]
Seulement s’il est greffé de thuya !
Comme celui-ci.

En voilà un autre en saule.

C'est dans ce bois qu’autrefois


on creusait les guembri.

Le manche est en laurier rose.

[Pourquoi en laurier rose ?]

Pour sa légèreté …

et sa résistance.

00 04 01 SÉQUENCE 04
Chaque bois aurait sa propre sonorité
[La sonorité du guembri
varie-t-elle selon le bois ?]
Tout dépend de
la manière de faire.

On ne peut pas fabriquer


un tel instrument sans expérience.

Connaitre la sonorité
qu'on peut tirer de chaque bois.

[Ces deux bois n'ont pas


la même sonorité ...]

Oui.

[À chaque bois, sa résonance ?]

Le noyer a sa propre sonorité,

le cèdre a la sienne, …

ils produisent des sons spécifiques.

On reconnait un guembri
en cèdre quand on le teste :

il sonne mieux et
plus fort que celui en saule.

[Donc, à chaque bois sa résonance.]

Le cèdre,

le noyer, …

[Comment faire la différence ?]

[Le saule donne une sonorité plus puissante?]

Non.

Le cèdre et le noyer
sont plus puissants.
La sonorité du saule est
un peu plus faible.

Finalement, revenons à l'essentiel.

Pour choisir un bois, il faut "l'écouter".

Qu'importe l’instrument,
et pas seulement le guembri !

Le violon aussi,

et le luth, ...

Le noyer et le cèdre sonnent bien.

Le dos de l'instrument peut être


en noyer, en fraké, ...

et la face en cèdre.

Un luth ne peut pas


se faire sans cèdre.

Ce bois donne un son plus


doux que celui du saule.
00 05 58 [Quel type de bois facilite
le travail du maâlem ?]
Le travail du maâlem ?

À chaque maâlem,
sa manière de jouer.

[Y a-t-il un bois qui facilite son travail ?


Le noyer, le cèdre, ...]

Tous les guembri se valent.

Le maâlem "s’accorde" avec son guembri,

il obtient le son qu’il veut.

Un même instrument,

dans des mains différentes,

ne va jamais sonner
de la même manière.

Certains le trouveront
trop fort ou trop dur à jouer,

mais certains maâlem font sonner


tous les instruments !

00 06 39 SÉQUENCE 05
La peau du guembri
[La peau maintenant ...]

[Quels types de peau


met-on sur un guembri ?]
La peau du garrot du dromadaire.
[Et là ?]

Oui, s’en est.

[Seule la peau du garrot convient ?


Une autre partie ... ?]

Non, non.

Le reste de la peau est trop fin.

[Donc, seulement le garrot …]

Obligatoirement.

L'encolure du chameau
est mise en place

en fonction du manche.

Lorsque tu montes
la peau sur le guembri

la ligne-là doit-être au milieu

juste au dessus du manche.

Les parties fines de la peau retombent

et la partie épaisse reste devant.

En séchant, la peau s’affine.

Elle évolue avec le temps,

même les très épaisses s’affinent.

La peau est tannée bien entendu.

Naturellement, sans produit.

Sans sel, sans rien.

Une fois prélevée de la bête,


tu l'enfermes dans un sac

et tu la laisses pourrir.

Le jour où tu veux l’utiliser,

tu la sors, tu la trempes et tu
la met en place mouillée sur le guembri.

[Que peux-tu me dire de plus sur le manche ?]

C’est en laurier rose, qui est un bois léger.

[Seulement ce bois ?]

Aujourd’hui, certains utilisent


du noyer, de l’hêtre,

du fraké, le l’iroko ...


toutes sortes de bois …

Enfin, on peut le décorer.

[Voilà pour le manche ...]

Voilà une peau séchée.

On voit très bien la crinière.

Lorsqu'on me l'a amenée,


elle n’était pas aussi fine.

Elle était mguenfra.

[Ah, le mot me plait.]

C'est comme ça qu'on la décrit ...

Pour bien faire, elle doit être mguenfra


[boursoufflée].

Bien préparée,
elle s’affine avec le temps …
00 09 04 SÉQUENCE 06
Les cordes du guembri
[Les cordes du guembri maintenant.]

Elles sont faites de boyaux


de mouton et de chèvre.

Cette corde s’appelle le dîr.

Celle-ci westiya et
celle-là tahtiya

Dîr, ...
la westiya et la tahtiya ...

Le maâlem joue des trois.

La dîr, la grosse corde, peut se


faire avec du boyau de mouton

parce qu'il est épais.

Du boyau de chèvre,
pour les deux autres.

[Pas en boyau de dromadaire ?]

Non.

Le boyau de dromadaire
est trop épais.

[On utilise donc des


boyaux de vache ... ]

Non.

Que du mouton et de la chèvre.


Du boyau de mouton
pour la première corde.

Si le boyau de chèvre était épais

tu pourrais l’utiliser aussi.

Mais le boyau de chèvre est fin,

d’où son utilisation pour


la westiya et la tahtiya.

Pour le dîr, il faut


un boyau épais.

On le fait à partir d'un mouton


ou d'un bouc robuste,

dont le boyau est assez gros.

Voilà comment on fait les cordes ...

00 10 38 [Combien mesurent-elles ?]
Du jbeh
[base du manche]

jusqu’au milieu,
où on fixe la westiya,

il y a un chber
[une main]

[Et en cm ?]

Le manche ?

En tout, il mesure 1,12 mètre.

On laisse 3 cm en bas

et on le fait passer par


un trou découpé dans le guembri ...

Les cordes mesurent


donc au moins 1,20 m.

[Et la westiya doit être


attachée à un chber de …]

Du jbeh.

Un autre chber
pour la tahitiya …

et quatre doigts
pour placer le dîr.

[Le dîr c'est bien celle du dessus ?]

[Quelle corde le maâlem


utilise-t-il le plus ?]

Il joue autant des trois !


Avec son doigt, il fait
vibrer les trois cordes.

Et il place ceux-là ...

[Avec quoi les attache-t-on ?]

Des lacets de cuir.

Celui du milieu est en tissu.

Il est en tissu parce que plus fin.

Ainsi on place les doigts sans


appuyer sur une autre corde,

ce qui la ferait "friser".

Quand on place les cordes,


on commence par la wastiya.

Ensuite le dîr,
enfin la tahtiya.

La wastiya permet de mesurer


l’emplacement des autres cordes.

Ensuite, on compte un chber et


quatre doigts pour placer le dîr.

Après le dîr,
la tahtiya.

Le lacet de la tahtiya
enserre également le dîr

et le soulève pour qu'il ne soit


pas au contact du manche.

[Et ça ?]

C’est ce qu’on
appelle le hommar.

Autrefois, on le
faisait en oranger,

un bois très résistant qui


peut durer très longtemps.

Aujourd’hui, on emploi du noyer,


de l'acajou ou du saule ...

Avant, que de l’oranger


parce qu’il est résistant.

Et le manche en laurier rose.

[Une sersara [petite percussion métallique]


était parfois placée au bout …]

Oui.
En vibrant, elle rythmait le jeu du maâlem.
Mais plus personne n'en met.

Ceux qui jouent de la fusion


montent des clefs mécaniques.

Comme pour une guitare.

On ne met plus de sersara.


00 14 10 SÉQUENCE 07
L’aouicha
[J’ai remarqué ce petit
guembri derrière …]
C’est aouicha.

Il est fabriqué de la même manière.

[Avec les maâlem apprennent


à jouer du guembri ?]

Oui, lorsqu’ils passent


du temps entre eux,

lors de soirées …

Il a des similitudes avec le


souisen dans le malhoune,

Avec, on peut jouer du hassania,

qui vient du Sahara.

De la musique chleuha, comme le roudani.

Avec aouicha, tu peux aussi


obtenir des sonorités gnawi.
00 15 01 SÉQUENCE 08
Bakchich reprend pour ceux qui n’ont pas suivi
[Revenons au guembri.

Voyons les étapes de fabrication :


on commence par un billot … ]
Oui, un tronc d’arbre, …

qu’on fait couper aux


bonnes dimensions.

Une fois récupéré, on le taille

on dessine les contours


et on le creuse.

On prépare le manche …

on le tourne nous-mêmes.

On reçoit le pied de laurier rose


et on le travaille nous-même.

On fait le manche aussi.

Ensuite, tu tannes la peau,


tu la nettoies
et tu lui fais prendre
la forme du jbeh.

Tu la places en
fonction du manche.

Une fois la peau mise,


il ne reste plus qu’à …

glisser le manche à sa place pour


qu’il soit fixé en même temps que la peau.

[À ce moment-là,
ton travail est terminé …]

Il reste les finitions …

on peut le vernir ou pas …

00 16 19 SÉQUENCE 09
Autrefois …
[Autrefois les guembri
se faisaient aussi en figuier ?]
En figuier, oui.

Certains le faisaient en figuier.

Certains maâlem.

Aujourd’hui, les gens n’osent


plus toucher au figuier :

on prétend qu’il est hanté.

On préfère donc
ne pas le travailler.

Combien de personnes, comme Larbi Batma


m’ont demandé de le faire.

[Et les guembri


en carapace de tortue …]

Oui, il y en a bien.

Des petites guitares.

Non, c’est des guembri !

De grandes carapaces alors.

Oui, qui sont d’abord restés


dans la maison de Ba Ayouch

puis chez Ba Mekki.

[Il y en a chez Hamed Bakbou.]

Des guembri en carapace en tortue.

Il y en a même en slaouia
[sorte de courge marocaine]
Il a raison : il y a des
guembri en slaouia.

Une grande, bien sèche,


fait un bon guembri.

Les anciens …

Aujourd’hui, on cloue la peau.

Les anciens la fixaient avec un filet.

Ils mettaient en place la peau,

ils retournaient l’instrument :

la peau restait en place ...

Ils rabattaient les coins

et ils perçaient la peau


pour enfiler des lacets.

Comme ceux-ci.

Avec les lacets, ils faisaient


un filet, des rosaces ...

une petite ici, une grande là ...

Une sorte de filet.

On aurait pu penser
que c'était fait de boyau

mais c'était simplement


de longs morceaux de peau.

C'était simplement de
longs morceaux de peau.

Ça décorait le guembri.

À l'époque, ils faisaient comme ça.

[Ensuite, des clous ont été utilisés …]

Et de la colle ...

Et pour certains
rien que la colle.

Après avoir mis la colle,


ils tirent la peau

et ils la laissent sécher


un jour ou deux.

Enfin, ils enlèvent


l’excédent de peau

et ça tient très bien comme ça.


00 19 09 SÉQUENCE 10
Les dimensions des guembri évoluent
[Concernant les dimensions des guembri,

il en existe de plus ou moins grands …]


Les guembri des anciens
ne dépassaient pas les 56 cm.

50, 55, 56 cm.

[Comme Mansoum …]

Ba Ayouch, Bakbou, Abdennebi


ou Abdellatif sidi Amara …

[Le fils de Fadela …]

Lui aussi, paix à son âme.

Et tous ceux qui les ont précédés …

les guembri ne dépassaient pas 56 cm.

[Et à partir de quand a changé ?]

À partir des années 90.

On a commencé à me demander
des guembri de 60 cm.

4 cm de plus …

Pour la largeur la
dimension idéale est 20 cm.

De là, … à là.

20 cm maximum.

Aussi bien pour un guembri


de 56 ou de 60 cm.

20 cm de là à là.

À l’intérieur, ça fait 17 ou 18 cm.

C’est comme ça qu’il sonne bien.

On adapte le guembri au maâlem.

Ce qu’on appelle l’hessour mesure une main.

Certains maâlem ont des mains de 22 cm,

d’autres, de 20 ou 21 cm.

Le chber de certains arrive là.

Il faut donc adapter le manche.

Le chber n'est pas le même pour tous.

C’est l’hessour qui le détermine.


00 21 07 SÉQUENCE 11
Le climat agit sur la sonorité du guembri
[Le climat a-t-il une influence …

Un guembri sonne-t-il différemment


à Marrakech et à Essaouira ?]
Oui, à Essaouira comme dans
toute ville en bord de mer.

Oui, le climat a de l’influence.

Ici, à Marrakech, on place


toujours la peau en janvier,

lorsqu’il fait froid et humide.

Comme ça, plus tard, près de


la mer, elle ne se rétracte pas.

Par exemple, si tu achètes un de mes guembri,


pour l’emmener dans une ville côtière, …

comme celui-ci auquel


j’ai mis une peau dernièrement

il faut que, dès ton arrivée,


tu humidifies la peau.

Tu lui mets un peu d’eau


et elle se détend.

Tu laisses le guembri,

comme ça il sèchera
dans le climat de ta ville

et la peau ne se détachera pas.

Beaucoup ont vu la peau


se détacher une fois sur place.

Personne ne pense à mettre de l’eau

sur tout instrument avec une peau.

Au bord de la mer,
il faut humidifier la peau,

seulement les instruments neufs,

pas s’il a déjà un an ou deux …

Si j’ai mis une peau, il y a quatre jours


et que tu l’emmènes en bord de mer,

il faut que tu l’humidifies pour


qu’il sèche dans le climat où il demeurera.

00 23 02 SÉQUENCE 12
La transmission du savoir-faire
[Qui t’a transmit ce savoir-faire ?]
Ce savoir-faire ...
Je me suis trouvé …
Petit, j’adorais déjà les gnawa.

Je n’ai atteint ce savoir


qu’une fois adulte.

[Mais qui te l’a transmis ?]

Ba Bilal.
Que Dieu ait son âme.

[Il était très grand et avait …]

Oui. Bilal.

C’était mon ami.

Il était installé à côté


de ma menuiserie,

dans le quartier Moukef


Moulay El Hassan Sessar.

Un jour, un ami gnawi …

[Il était installé dans le quartier ... ]

Non.

Ba Bilali vivait ailleurs.

En fait, on l’appelait Ba Bilali


mais il s’appelait Sidi Mohamed ...

… Sidi Mohamed.

Bilal était un surnom.


00 24 03 SÉQUENCE 13
Le rôle des Kimakhiïn

RESUMÉ

Il explique qui sont les Kimakhïïn, et quel était leur rôle


autrefois : ils étaient les seuls autorisés à creuser les
guembri. Il évoque les grands noms qui ont marqué la
profession et revient sur ses débuts auprès de Ba Bilali.

00 27 47 SÉQUENCE 14
Les outils.

RESUMÉ

Il présente les principaux outils nécessaires à la fabrication


d’un guembri : le gounjab et la guadouma et montre
comment les manipuler.

00 31 37 SÉQUENCE 15
Le guembri a une « âme ».

RESUMÉ

Il revient sur les éléments qui pourraient influencer la


sonorité du guembri notamment la présence d’une « âme »
derrière la peau.

00 38 13 SÉQUENCE 16
À chaque instrument son « genre »
[Pourquoi dit-on que le guembri est un homme

et les qarqabou sont des femmes ?]


Non, non…

C’est masculin parce


qu’on dit : "le" guembri

et "la" qarqaba c’est féminin.

Le luth s’appelle "le"luth …

et pourquoi pas "la" violon …

La question ne se pose pas.

À chaque instrument son "genre".

[Les anciens semblaient


dire que le guembri …]

Non, non …

On t'a déjà donné


ses autres noms :

guembri, hajhouj,
sintir et gougou.

ll n’y a pas d’explication scientifique …

Qarqaba désigne
seulement l’instrument …

00 39 05 SÉQUENCE 17
La place du guembri dans le rituel gnawi

Il revient sur le déroulement d’une lîla et indique le


moment où le maâlem se sépare de son instrument.

00 42 55 SÉQUENCE 18
La fabrication du tbel

RESUMÉ

Il explique la fabrication du tbel et évoque son rôle et ses


ornements.

00 54 00 SÉQUENCE 19
Abderrahmane Bakchich se présente

[Comment t’appelles-tu ?]

Je m’appelle Abderrahmane Bakchich.

[Quel âge as-tu ?]

J’ai 58 ans.
[Où es-tu né ?]

Je suis né à Marrakech.

J’y ai vécu et j’y mourrai.

J’y vivrai jusqu’à y mourir.

Même si j’allais ailleurs


un temps, je reviendrai au Maroc.

Il n’existe pas d’autre pays


où je me sente aussi bien.
00 :54 :33 [Que ressens-tu quand
tu travailles le guembri ?

Quand tu touches la peau ?

Quelle relation as-tu


avec l’instrument ?]

Elle est presque intime.

Ce métier est dans mon sang.

Je ne peux plus m’en détacher.

Au point que même la menuiserie


ne m’est plus aussi importante.

Je fais des meubles pour un ami


dans le besoin avec plaisir,

mais les guembri sont devenus


ma raison d'être.

Je leur ai consacré tout mon temps,

en ne le faisant pas à la légère.

[Peut-on moderniser l’instrument ?]

Oui, on peut faire un guembri électrique,

mais il ne sera plus traditionnel comme celui-ci.

Mais sans amplificateur, aucun son n’en sort.

00 55 41 SÉQUENCE 20
Le guembri aujourd’hui

RESUMÉ

Il explique les changements qui ont opéré dans la


conception des guembri actuels. Il précise que les
modifications n’altèrent en rien l’authenticité de
l’instrument tant que le maâlem qui le travail en préserve
l’essence.

01 01 00 SÉQUENCE 21
Salamalec
Merci (en français sur la bande).

Il n’y a pas de quoi.

Ce fut vraiment un grand moment


que de vous accueillir.

Réalisation
Jacques Willemont et Mohamed Boussacsou

Assistante
Arielle Estrada

Traduction
Taquoi Ahmedi

Adaptation
Célia Bchir

Copyright Espaces - 2014

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