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net/publication/281689822
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Aimé J Nianogo
Université polytechnique de Bobo-Dioulasso
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RESUME
L’étude avait pour but d’évaluer les effets de l’incorporation des graines torréfiées de niébé dans
l’alimentation de la poule locale en ponte, sur ses performances zootechniques et économique. Six coqs et
soixante poules de race locale de 7,5 mois d’âge ont été répartis en six lots, par tirage aléatoire. Deux régimes
alimentaires aux mêmes contraintes nutritionnelles dont un témoin et un régime expérimental comportant 8%
de graines torréfiées de niébé ont été préparés. La ponte, les caractéristiques des œufs, les consommations et les
mortalités sont suivies hebdomadairement pendant 24 semaines. L’éclosion des œufs a été suivie durant 03
semaines. La marge brute induite par chaque régime a été évaluée à la fin de l’essai. Au terme de l’étude, les
taux de ponte, d’éclosions et l’indice de consommation ont été respectivement de 30,52%, 58,70% et 8,37%
pour le régime expérimental, contre 29,67%, 53,81% et 8,52% pour le témoin. Les marges brutes ont été de
4807,82 FCFA pour le régime expérimental et de 4818,89 FCFA pour le témoin. Cependant, aucune différence
significative n’est observée entre les paramètres mesurés (P>0,05). Ceci suggère que les graines torréfiées de
niébé peuvent être incorporées dans l’alimentation des poules locales en ponte, comme source de protéines.
© 2014 International Formulae Group. All rights reserved.
Mots clés : Poule locale en ponte, graines de Vigna unguiculata, source de protéines, performances
zootechniques, rentabilité économique.
l’élevage des races locales de volailles qui jours), avec des besoins en pluviosité
représentent plus de 98% des effectifs inférieurs à 500 mm/an, peu exigeante sur le
nationaux de volailles (MRAH, 2013). La plan pédologique et dont le Burkina Faso est
poule locale qui constitue une importante 4ème producteur africain et mondial (Cissé et
source de revenu pour les paysans (Fasina et Hall., 2003). Le niébé est cultivé dans toutes
al., 2007 ; Sharmar, 2007), intervient aussi les régions du pays et bien connu des
dans plusieurs sacrifices rituels et cérémonies populations. La consommation nationale
religieuses comme les mariages et les n’absorbe que 42% de la production, dont
baptêmes (Hofman, 2000 ; Sonaiya et Swan, 36% pour les zones de production et 6% pour
2004 ; Kondombo, 2005). En dépit de ces les centres urbains. Le reste (58%) est exporté
fortes contributions apparentes, force est de vers les pays voisins, tels que le Ghana, le
constater que les volailles de race locale Bénin et le Togo (Lançon et al., 2009). La
connaissent une faible productivité. Cette production nationale pour la campagne
situation s’explique par les nombreuses 2013/2014 est de 599 804 tonnes (MASA,
contraintes auxquelles l’aviculture 2014). Le niébé est consommé sous plusieurs
traditionnelle fait face : mauvais suivi formes : bouilli à l’eau, cuit en mélange avec
sanitaire, logement précaire, faible le riz, sous forme de beignets, couscous, etc.
spécialisation génétique, mauvaise conduite (Bengaly, 2010)
alimentaire. Les actions d’amélioration se sont Les graines de niébé contiennent 20,37
plus concentrées ces dernières années sur la à 25,28% de protéines (Cissé et Hall,
lutte contre la maladie de Newcastle 2003 ;Tshovote et al., 2003 ; Mgom, 2004 ;
considérée comme la principale cause de Asare et al., 2013 ). Leur utilisation en
mortalité, l’amélioration de l’habitat, alimentation avicole est de plus en plus
l’amélioration génétique ; l’alimentation étant fréquente (Maliboungou et al., 1998 ; Henry et
presque ignorée (MRAH, 2014). En effet, très al., 2008 ; Akanji et al, 2012 ; Kana et al.,
peu d’actions ont été menées en vue de faire 2012 ; Abdon et al., 2013). Elles contiennent
adopter ou de rendre disponibles les aliments des facteurs antinutritionnels tels que les
complets pour volailles locales. Les volailles tanins, les antitrypsiques, les phytates, les
s’alimentent généralement de déchets composés phénoliques etc. (Tshovote et
ménagers (Kondombo, 2005 ; Pousga et al., al. 2003; Rivas Vegas et al., 2006), contre
2005) et dans le meilleur des cas, de graines lesquels plusieurs techniques tels que la
de céréales jetées à la volée. Les rares cuisson, la torréfaction et l’enlèvement des
producteurs qui ont pu prendre conscience de téguments ou la supplémentation de charbon
l’importance de cette alimentation, devront se végétal sont utilisées (Akanji et al., 2012 ;
contenter des aliments destinés aux volailles Kana et al., 2012). Ainsi, dans le cadre de la
de races exotiques (disponibles en zones présente étude, les graines de niébé ont été
urbaines) ou les fabriquer d’eux-mêmes. Cette torréfiées, du fait de la relative facilité de cette
dernière entreprise semble aussi inaccessible opération.
aux aviculteurs ruraux qui devront parfois
parcourir des centaines de km pour disposer MATÉRIEL ET MÉTHODES
des matières premières, notamment les Site expérimental
sources de protéines. L'étude a été conduite au Centre de
La présente étude a pour objectif de Promotion de l'Aviculture Villageoise
proposer une formule alimentaire intégrant les (CPAVI) à Ouagadougou pendant la période
graines torréfiées de Vigna unguiculata de mai à décembre 2013. Ce centre qui est
(Niébé), comme source de protéines, pour la assez boisé a eu une température oscillant
poule locale en ponte. C’est une légumineuse entre 17 et 41°C pendant la période de
locale riche en protéines et fortement cultivée conduite de l’expérience. Un bâtiment en
au Burkina Faso. Elle est à cycle court (60 matériaux définitifs d’environ 180 m2, à
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effectifs de poules présentes chaque jour du effectuée séparément pour chaque paramètre
jour 1 au jour k. en suivant le modèle linéaire général (GLM).
La masse moyenne des œufs (MME) par lot
est calculée selon la formule RÉSULTATS
MME=∑m/N, avec : m=masse de Paramètres zootechniques
l’œuf et N=Nombre d’œufs ; Les effets de l’incorporation des
L’indice de forme (IF) a été calculé graines torréfiées de Vigna unguiculata sur les
selon l’expression : paramètres zootechniques évalués, sont
IF : (D/L) x100, avec : D = grand résumés dans le Tableau 2.
diamètre et L= longueur de l’œuf mesurée à L’incorporation des graines torréfiées
l’équateur (Figure 2). de niébé dans la ration des poules locales n’a
L’incubation des œufs a été évaluée pas eu d’effets dépressifs sur leurs
selon les expressions : performances de ponte. Bien au contraire, elle
Taux de fertilité des œufs (%) = a contribué à améliorer légèrement leur taux
(nombre d’œufs fertiles / nombre total d’œufs de ponte et la masse moyenne de leurs œufs.
mis à incuber) x100; Toutefois, aucune différence significative n’a
Taux d’éclosion (%) = (nombre été observée pour ces paramètres.
d’œufs éclos/nombre total d’œufs mis à L’indice de forme des œufs a été
incuber) x 100; amélioré par l’incorporation des graines
torréfiées de niébé dans les rations des poules.
Analyse économique de l’essai Aucune différence significative n’est
L’analyse économique de l’essai a été cependant observée.
faite sur la base du nombre d’œufs pondus et La consommation alimentaire et
le coût unitaire des aliments pendant la l’indice de consommation ont également été
période de l’étude. Le coût des rations est améliorés par l’incorporation des graines
calculé sur la base des prix des matières torréfiées de niébé dans la ration des poules
premières sur le marché. locales. Ainsi, les poules alimentées avec le
La production (Y) a été estimée par la régime expérimental ont eu une
formule : Y = N x Po. N est le nombre total consommation journalière légèrement
d’œufs produits et Po représente le prix d’un supérieure (78,34 g) à celle des poules du
œuf (150 F CFA pour l’œuf fécondé de poule régime témoin (76,20 g), avec un indice de
locale). consommation toutefois meilleur. Aucune
Le coût de production (CY) a été différence significative n’est cependant
estimé par l’équation : CY = PA x QA observée entre les deux régimes, pour ces
Avec PA = prix de l’aliment et QA = quantité deux paramètres.
totale d’aliment consommée. En ce qui concerne les œufs mis en
La marge bénéficiaire brute (MBB) a couvaison, les taux de fertilité et d’éclosion
été évaluée en faisant la différence entre la obtenus ont été meilleurs avec les poules
production et le coût de production (MBB = alimentées avec le régime comportant les
Y- CY). graines torréfiées de niébé. Aucune différence
significative (P>0,05) n’a cependant été
Analyse statistique des données observée.
Les données collectées ont été Les mortalités ont été plus fortes chez les
soumises à des analyses de variance ANOVA poules du régime témoin (15,15%) par rapport
à l’aide du logiciel SPSS version 20.1 suivant à celles du régime expérimental (6,67%).
la méthode des mesures répétées (Davis, Toutefois, la différence entre ces deux taux
2002). La séparation des moyennes a été faite n’a pas été significative (P>0,05). Les
par le test de Tukey (P<0,05). L'analyse est autopsies effectuées après ces mortalités ont
révélé qu’elles étaient dues à des casses
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d’œufs ou à des infections bactériennes et non avec l’aliment expérimental par rapport à
à des intoxications alimentaires. l’aliment témoin. Le prix de vente des œufs
du régime expérimental est également
Evaluation économique supérieur à celui obtenu avec le régime
Le coût du kg de l’aliment témoin. Toutefois, les différences entre les
expérimental est plus élevé par rapport à celui résultats obtenus pour ces différents
de l’aliment témoin, selon l’évaluation paramètres ne sont pas significatives (P ≥
économique (Tableau 3). En ce qui concerne 0,05).
les consommations d’aliments et les coûts de
production, ils ont également été plus élevés
1994
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1995
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fortement supérieurs à ceux obtenus par Fotsa expérimental n’a donc pas eu une forte
(2008) qui ont été de 2,97 à 5,90 entre la 32ème incidence sur la marge bénéficiaire du régime
et la 36ème semaine d’âge avec différents à base de niébé.
écotypes de poules locales. Comparés au prix des aliments de
Les taux de mortalité enregistrés dans volailles rencontrés sur le marché Burkinabè,
les deux lots sont relativement élevés (15,15% les régimes utilisés dans cette expérience sont
avec le régime témoin et 6,67% pour le moins chers et donc mieux à la porté des
régime expérimental). Ces taux sont producteurs. En effet, les prix pratiqués sur le
supérieurs à celui préconisé par MRAH marché national pour les aliments de volailles
(2013) qui est de 5% au-delà de six (6) mois destinés à la ponte, varient entre 240 et 300 F
d’âge. Toutefois, ces mortalités pourraient CFA (CPAVI ; Faso Grain, Kono Aliment ;
s’expliquer par le confinement des poules qui Société de Fabrique d’Aliments pour Bétail).
a entraîné des cas d’agression. En effet,
certains cas de mortalités ont été le fait des Conclusion
picages, tandis que les autopsies réalisées sur Il ressort de cette étude que le niébé
les autres cadavres ont révélé la présence peut être incorporé dans l’alimentation des
d’œufs cassés dans l’appareil reproducteur. poules locales en ponte, en substitution aux
Les taux de fertilités moyens des œufs graines de soja. Son utilisation n’a pas d’effets
mis en incubation artificielle ont été de 64,73± dépressifs sur les performances zootechniques
14,18% pour le régime expérimental et de de la poule locale en ponte. Bien au contraire,
63,40 ± 9,61% pour le régime témoin. Cette il tend à les améliorer. Du point de vue de la
légère amélioration du taux de fertilité des rentabilité économique, il tend cependant à
œufs issus de la ration comportant du niébé réduire les marges bénéficiaires (de l’ordre de
pourrait s’expliquer par le fort poids des œufs 0,23%).
des poules alimentées avec ce régime. Au vu de ces résultats et du fait de
Les taux d’éclosion des œufs mis en l’inaccessibilité des autres matières premières
incubation artificielle ont été de 53,81% pour sources de protéines en milieu rural, la
le régime témoin et de 58,70% pour le régime valorisation des graines torréfiées de niébé
à base de graines de niébé. Il a été légèrement dans l’alimentation des poulets locaux en
amélioré par l’utilisation des graines de niébé. ponte constitue une réelle opportunité pour les
Toutefois, la différence est non significative aviculteurs traditionnels dans le but
au seuil de 5%. Ces taux d’éclosions sont d’améliorer l’état nutritionnel et la
inférieurs à ceux obtenus au Kenya et au productivité de leurs volailles à un moindre
Burkina Faso qui sont de 65,6 à 72,9% coût, et donc leurs revenus.
(Kingori et al., 2010 ; MRAH, 2013). Par
contre, ils sont supérieurs à ceux obtenus au REMERCIEMENTS
Cameroun (34,52% à 53,26%), avec les œufs Nous remercions très sincèrement le
de quatre écotypes de poules locales (Fotsa, Centre de Promotion de l’Aviculture
2008). La différence d’efficacité des Villageoise (CPAVI) du Burkina Faso qui a
incubateurs pourraient expliquer en partie ces financé la réalisation de ce travail.
écarts.
L’incorporation des graines torréfiées REFERENCES
de niébé a engendré une augmentation du coût Abdon TYK, Khadig AA, Bakheit MD, Hind
du kg d’aliment de l’ordre de 5,48% (207,66 AAE, Hawaida EEM, Khalid ME. 2013.
FCFA pour le témoin contre 219,05 FCFA Effect of treated Cowpea Seeds on
pour le régime expérimental). Toutefois, Broiler Chicken. Global Journal of
l’écart entre les marges brutes des deux Animal Scientific Research, 1(1): 53-60.
régimes, quoique en faveur du témoin, a été Akanji AM, Adebiyi AO, Adebowale OS,
réduit à 0,23%. Le coût élevé de l’aliment Fasina O, Ogungbesan AM. 2012.
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S. OUATTARA et al. / Int. J. Biol. Chem. Sci. 8(5): 1990-1999, 2014
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