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Méthodologie d’analyse et modélisation d’un Système

d’information à référence spatiale partagé : le SIREME


C. Martin

To cite this version:


C. Martin. Méthodologie d’analyse et modélisation d’un Système d’information à référence spatiale
partagé : le SIREME. Ingénieries eau-agriculture-territoires, 2001, 26, p. 37 - p. 48. �hal-00464546�

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Méthodologie d’analyse et modélisation
d’un Système d’information à référence spatiale
partagé : application au projet SIREME
Cécile Martin

L
e projet SIREME1, conduit par le Cemagref Cet article est consacré à la présentation de la mé- 1. Système d’informa-
et cofinancé par l’ADEME2, a pour ob- thodologie mise en œuvre et des principaux mo- tion à référence
jectif de contribuer à la mise en place de dèles réalisés dans le cadre de l’opération pilote. spatiale partagé pour
SIRS partagés capables de servir de sup- le management
port aux démarches qualité et environnement en environnemental de
développement au niveau de la production agri-
Méthode et outils de modélisation l’exploitation agricole.
cole. La dimension de « partage » est fondamen-
Démarche générale 2. Agence de l’environ-
tale pour ces systèmes, qui doivent contribuer à
la communication des informations entre les par- Le processus global d’analyse/conception adopté nement et de la
tenaires économiques et techniques de l’agricul- pour la mise en place de ce SIRS peut se décom- maîtrise de l’énergie.
teur, et plus globalement à la mise en place d’une poser en deux grands « niveaux » (approche
multi-niveaux (Bédard, 1999a) (figure 1, p. 40).
agriculture en réseau.
Le niveau « analyse» est destiné à comprendre
Nous avons, dans le cadre de ce projet, mené
et décrire les besoins des utilisateurs du système
une opération pilote portant sur la phase d’ana-
et fait une place importante à la modélisation
lyse d’un SIRS partagé, dédié au suivi de con-
conceptuelle (Bédard, 1999a). C’est cette phase
trats de production en grandes cultures
d’analyse qui a été conduite par le Cemagref et
sous assurance qualité et environnement
sera décrite ici plus particulièrement.
Agriconfiance.
Elle a débouché dans le cadre du projet sur
La présentation globale de cette opération pilote une phase de « conception » (deuxième niveau
a fait l’objet d’une première publication intitu- de la figure 1), menée par un maître d’œuvre
lée « La mise en place de systèmes d’information privé. Cette phase de conception, en cours à
à référence spatiale dédiés au management de l’heure actuelle, consiste à définir et décrire Contact
la qualité et de l’environnement de la produc-
Ingénieries N° 26 – p. 37 à 48

comment les résultats issus de l’analyse (les Cécile Martin,


tion agricole : une opération pilote appliquée au Cemagref, UR
modèles conceptuels) vont être implémentés
secteur des grandes cultures ». Technologies,
en fonction des choix technologiques réalisés,
systèmes d’informa-
Juin 2001

Réussir l’informatisation de tels SIRS partagés, et à développer le système.


tion et procédés
dédiés à des démarches en cours de définition pour l’agriculture
et évolutives, et s’appuyant sur des technolo- La méthode Merise enrichie par des et l’agro-alimentaire,
gies novatrices, nécessite la mise en œuvre éléments empruntés à UML Domaine des
d’une démarche d’analyse et de modélisation La méthodologie utilisée durant la phase d’ana- Palaquins,
adaptée. 03150 Montoldre
lyse est basée sur l’analyse systémique et la mise

37
3. Modélisation en œuvre d’une démarche structurante d’analyse – les modèles de traitements (organisationnel
utilisant des langages des systèmes d’information. au niveau de l’existant et conceptuel pour le
Ingénieries n° 26 – Juin 2001

orientés objet système futur) qui décrivent la partie dynami-


notamment le concept Pour ce faire, nous avons utilisé comme support
que du système et la façon dont son fonction-
d’encapsulation qui une méthode et des outils de modélisation classi-
nement est divisé en processus et en opérations
permet la réunion des ques : la méthode MERISE (Tardieu et al., 1998) que
utilisant les données.
données et des nous avons enrichie par des apports empruntés à la
procédures dans une modélisation orientée objet3 (Grzesiak, 2000). Un atelier de génie logiciel (POWER AMC 6.1) a
même entité appelée été utilisé pour réaliser ces modèles. Cet outil
« objet » et le concept En effet, la méthode MERISE basée sur la modé-
permet de vérifier automatiquement leur cohé-
d’héritage qui facilite lisation entité-relation et le formalisme associé
rence et de constituer et maintenir le diction-
la réutilisation du est bien adaptée à la construction de bases de
naire de données du système d’information.
code. données relationnelles (Van Bergeijk et al., 1998)
qui vont constituer le support de stockage des Cependant, le formalisme entité-relation com-
4. Héritage : concept informations de notre système. Les deux princi- porte certaines limites (Bédard, 1999a) et la
« objet » de générali- paux types de modèles utilisés, aussi bien au ni- modélisation « orientée objet », et notamment
sation-spécialisation, veau de l’analyse de l’existant que de la modéli- le formalisme UML, qui devient un standard,
permettant de sation du système à mettre en place, reposent propose des avancées intéressantes
généraliser certaines sur la distinction données/traitements. Ce sont : (Gabay, 1998), dont nous avons intégré certains
propriétés d’entités éléments :
spécialisées (sous- – le modèle conceptuel de données (MCD) qui
type) vers des entités structure les données du système et les relations – concept d’héritage 4 (intégré à la méthode
génériques (types). les liant (encadré 1) ; MERISE 2) (figures 4 et 6, p. 43 et 46) ;

Encadré 1
Présentation du modèl
Présentation modèlee cconc
oncept
oncept uel de donnée
eptuel s uti
données li
utili sé d
lisé an
dan s lla
ans a méthode MERISE : lle
MERISE e modèle entité-r
modèle el
entité-rel ation
elation
Le modèle conceptuel de données (MCD) constitue l’élément central, et le plus connu de la méthode MERISE car il permet d’établir
l’organisation des données nécessaires à la construction système d’information dans sa totalité.
Contrat
Tiers
Id contrat
Id tiers 0,n souscrit 1,1 N°_contrat
Date_creation_tiers Date_deb_contrat
Date_suppression_tiers Date_fin_contrat
Date_MAJ_tiers Quantite_apport_prevision
Rdt_obtenu

Extr ait d’u


Extrait n modèl
d’un modèle e cconc
onc ept
oncept uel de donnée
eptuel données,s, eex
xemp
emplle du fform
orm ali
ormali sme entité-r
alisme el
entité-relation
elation
Le schéma ci-dessus montre un exemp emplle du fform
orm ali
ormali sme utilisé dans la construction du modèle conceptuel des données. Chaque
alisme
rectangle représente une entité propre qui est décrite par ses pr opriétés
propriétés
opriétés.
Une entité représente une unité de base dans le système, que l’on a identifiée et définie précisément, et à laquelle on peut rattacher
un ensemble de car actéri
aractéri
actérissti que
tique
quess. Les « instances » de cette entité (correspondant aux futurs enregistrements dans la base de don-
nées) sont appelées des oc occcurr enc
urrenc
encees. La distinction entre différentes occurrences d’une entité se fait grâce à une caractéristique
particulière qui est appelée identifi ant de l’entité. Par exemple, un tiers (qui représente toute personne physique agissant dans le
identifiant
système) est identifié de ffaçon
açon u ni
uni que dans le système par son identifiant Id_tiers et il est décrit par un ensemble d’attrib
nique uts qui
d’attributs
dépendent directement de ce tiers (son nom, son adresse…).
Chaque entité est en rel ation avec une ou plusieurs autres entités du système. Chaque association est formalisée par un symbole
elation
( ) qui explicite la relation (dans l’exemple, la souscription du tiers à un contrat).
Cette relation porte des car din
ardin alités qui indiquent le nombre de relations qui peuvent exister, dans l’exemple, entre un tiers donné
dinalités
et un contrat identifié par son numéro. Le premier chiffre de la cardinalité indique le nombre minim minimalal de relations entre les deux
entités et le second chiffre indique le nombre max im
axim
imalal de ces relations. L’entité qui est du côté de la cardinalité est l’entité source
(celle que l’on nomme en premier dans la lecture de la relation).
Donc, le schéma ci-dessus se lit :
« Un tiers peut souscrire de zéro à n contrats (zéro si le tiers n’est pas adhérent par exemple) mais un contrat donné ne peut être
souscrit que par un et un seul tiers donné. »

38
Méthodologie d'analyse et modélisation d'un Système d'information à référence spatiale partagé... ●
Cécile Martin

– réalisation de « Cas d’utilisation » représentant Mise en œuvre d’une méthode


les fonctionnalités du système vis-à-vis de ses s’appuyant sur des études préliminaires
utilisateurs : les acteurs, ici l’agriculteur, la coo- et l’implication des acteurs
pérative, l’administrateur… mais aussi certains
Modéliser une telle application nécessite le ren-
outils logiciels collaborant avec le SIRS.
forcement des études préliminaires au niveau
Ces diagrammes de cas d’utilisation (encadré 2) de la phase d’analyse (Rouzet et Labbé, 1997).
constituent un moyen efficace de décrire et res- La phase d’étude préalable classique est notam-
tituer les besoins des acteurs du système et cons- ment scindée en deux étapes : un diagnostic stra-
titue un outil de validation ultérieur. tégique et une étude de faisabilité (figure 1,
p. 40). L’implication des acteurs concernés
– représentation des objets géographiques via une
(30 « agriculteurs pilotes », techniciens et respon-
extension du formalisme Objet (figure 5).
sables techniques des coopératives) s’avère éga-
Les limites du formalisme entité-relation sont lement fondamentale, ainsi que la mise en place
particulièrement sensibles lorsqu’il s’agit de de validations successives par un comité tech-
modéliser des objets géographiques (Bédard, nique représentatif. Des maquettes informati-
1999b) ; la modélisation objet, reposant sur sées ont été utilisées à différentes étapes de
l’encapsulation des données et des traitements l’analyse afin de faire valider aux acteurs les
dans des classes, est mieux à même de gérer le principales fonctionnalités du système d’infor-
comportement spécifiques de ces objets. mation envisagé.

Encadré 2
Exemp
emplle de cca
Exemp as d’utili
d’utili sation
lis

SIRS partagé
Pilotage
technique
Technicien
Saisie
"include"
préconisation "include"
Saisie
observation
Logiciel de "include"
préconisation

Saisie "include" MAJ. des


parcellaire interventions
Agriculteur
MAJ. des données
stockage agriculteur

La figure ci-dessus montre l’exemple d’un ensemble de cas d’utilisation (par abus de langage, cet ensemble
est également appelé « Cas d’utilisation »). Sur la gauche du schéma apparaissent les acteurs du cas d’uti-
lisation ; on remarque qu’il peut s’agir de personnes physiques (agriculteur, technicien…) ou encore de
logiciels ou autres applications informatiques ayant une relation avec le projet. Symbolisés par des ovales,
les cas d’utilisation eux-mêmes ; ils représentent une fonction qui doit être remplie par le système. De plus,
les cas d’utilisation peuvent avoir des relations entre eux telle que la relation « Inc lude » (parfois dénom-
Include
mée aussi « Uses ») qui indique une rel ation d’uti
elation li
d’utili sation entre les deux cas, c’est-à-dire que le cas d’utilisa-
lis
tion source contient aussi le comportement du cas d’utilisation destination. Dans l’exemple ci-dessus, la
fonction de pilotage technique comprend la saisie d’observation et la saisie de préconisation.
Enfin, on note qu’un cas d’utilisation peut se référer à plusieurs acteurs et qu’un acteur est généralement lié
à plusieurs cas d’utilisation.

39
La figure 1 représente dans le détail le processus définies les spécifications générales pour le dé-
d’analyse suivi. Les types de modèles réalisés à veloppement de l’application.
Ingénieries n° 26 – Juin 2001

chaque étape sont présentés. C’est sur la base de ce cahier des charges que
Le processus d’analyse a débouché sur la rédac- l’appel d’offre pour le choix du maître d’œuvre
tion d’un cahier des charges dans lequel sont a été réalisé.

Niveau Phase Objectifs Résultats Validation

– implication des
partenaires
Diagnostic
– délimitation du domaine
stratégique
d'application
– définition générale du Comité technique
Orientations (utilisateurs/Cemagref)
projet

– analyse de l'existant
Étude (enquêtes de terrain
de agriculteurs, techniciens) MCC*
Niveau
faisabilité MCD* (de l'existant)
– orientations pour le MCT*
Analyse Comité technique
système futur
(Modélisation
conceptuelle)
– modélisation Cas d'utilisation Comité technique
conceptuelle du SIRS à MCD
Étude mettre en place Maquette
MCT
détaillée

– spécifications générales

– choix d'architecture Cahier Comité technique


générale des
charges Maquette

Choix du maître d'œuvre


Appel d'offre
Choix techniques

Niveau Étude Spécifications Modèles


technique détaillées physiques
Conception Réunions
Comité technique
Développement Implémentation Développement Prototypes
et test itératif

MCC : Modèle conceptuel de communication (il permet d'analyser les flux d'informations existant entre acteurs).
MCD : Modèle conceptuel des données.
MCT : Modèle conceptuel des traitements.

 Figure 1 – Processus d’analyse/conception du système.

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Méthodologie d'analyse et modélisation d'un Système d'information à référence spatiale partagé... ●
Cécile Martin

Les traitements spécifiés – suivi du stockage des grains des parcelles sous
contrat chez l’agriculteur ;
Spécifier les traitements revient à décrire les ac-
tions à exécuter sur les données afin d’obtenir – opérations liées à la collecte à la coopérative;
les résultats attendus par les acteurs. C’est la vi-
sion dynamique du système d’information, qu’il – opérations de validations liées au contrat et
convient de ne pas laisser de côté si l’on veut d’évaluation globale sur la campagne ;
correctement décrire les fonctionnalités du sys- – opérations liées à l’administration du SIRS.
tème à mettre en place.
Chaque processus défini est ensuite détaillé en
Nous avons, conformément à la méthode ME- opérations. Chaque opération, provoquée par des
RISE, structuré les traitements réalisés dans le événements déclencheurs identifiés, donne lieu
cadre du fonctionnement usuel du SIRS, en à la description de la succession d’actions « uni-
grands « processus » qui s’enchaînent : taires » à réaliser, actions qui vont directement
– mise en place des contrats de production, en mettre en jeu les données (figure 2).
début de campagne ;
– mise à jour par les agriculteurs des données Les données
générales liées à leur exploitation (assolement, La structuration des données est fondamentale
notamment) ; dans ce type d’application.
– suivi cultural et pilotage technique sur Le champ des données traitées ici étant très large,
les parcelles culturales (effectué pour les par nous avons dû structurer les données en six sous-
celles sous contrat au minimum) ; modèles complémentaires (figure 3, p. 42).

Observation Préconisation Analyse


Intervention enregistrée enregistrée
Déclencheurs enregistrée
(I) (PE) (AE)
(OE)

Règle de
synchronisation I

Nom de Saisie
l'opération d'une intervention

Saisie du libellé de l'intervention


Saisie des valeurs caractéristiques de
l'intervention
Liste des Saisie du stade de culture
actions Saisie du tiers qui réalise l'intervention
Saisie du matériel d'intervention
Saisie du déclencheur d'intervention
Saisie de la zone d'intervention
(Facultatif)
Affectation de l'intervention à une ou
plusieurs parcelles

Émission Fiche de suivi


cultural

 Figure 2 – Extrait d’un Modèle Conceptuel des Traitements : description de l’opération « Saisie d’une interven-
tion » incluse dans le processus suivi cultural et pilotage technique.

41
Le modèle regroupe des entités de nature diffé- • La gestion de la généricité des modèles et de
rente, correspondant à différents « domaines » : l’évolutivité du système final, fondamentale dans
Ingénieries n° 26 – Juin 2001

un système partagé.
– exploitation en général ;
– contrat et pilotage technique de la parcelle ;
– interventions ;
Gestion des entités géographiques
– opérations sur lots de grains lors du stockage Choix d’objets spatiaux adaptés
chez l’agriculteur ; Afin de pouvoir gérer l’historique et les réper-
– analyses réalisées (sur sol, grains, effluents, cussions des activités agricoles (contrats) sur l’en-
plantes…) ; vironnement, il est nécessaire de lier les don-
– gestion des « tiers » interagissant avec le SIRS. nées se trouvant dans le système de bases de
Les entités de ces différents domaines sont liées données relationnelles à des entités (objets) géo-
par des relations, qui doivent permettre de réali- graphiques.
ser traitements et requêtes nécessaires à la ges- Cette notion est importante puisque certains pro-
tion des contrats dans une perspective de cessus liés au milieu durent plus longtemps que
traçabilité des données et d’agriculture raisonnée. la campagne culturale (par exemple, la dégra-
Les entités à caractères « géographiques » sont dation des différents composés chimiques, la
représentées avec un fond plus foncé dans la dégradation de la matière organique dans le sol).
figure 3. Or, parallèlement, la parcelle culturale n’a qu’une
durée de validité limitée dans le temps : d’une
Plutôt que de décrire de façon exhaustive ce campagne sur l’autre le découpage en parcelles
modèle, il nous semble important d’insister sur culturales peut se faire de façon aléatoire en fonc-
certains choix et principes fondamentaux tion des besoins de l’assolement (découpage ou
retenus en terme de modélisation, et plus regroupement de parcelles).
particulièrement :
Il n’existe donc pas une entité unique capable
• La gestion des entités géographiques, spécifi- de stocker l’ensemble des informations agrono-
que au SIRS. miques et techniques, mais une grande diversité

Exploitation Analyses

Zone Zones de Analyses :


supra-exploitation l'exploitation Matériel Analyses : – effluent
– sol – plante
Informations – eau – reliquat
exploitation – grain

Tiers
Opération lots de grains
Tiers :
– physique Opération
Lot de
– moral
production
Cellule

Parcelle
Intervention
Parcelle
culturale Contrat
Intervention

 Figure 3 – Intrant Zone


Observation Préconisation d'intervention
Structuration du MCD
en six « sous-
modèles ».

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Méthodologie d'analyse et modélisation d'un Système d'information à référence spatiale partagé... ●
Cécile Martin

d’entités plus ou moins pérennes (Barbe et De rer une gestion historique, relative à des unités
Laroche, 1998), entre lesquelles il existe des re- élémentaires homogènes en matière de conduite.
coupements ou chevauchements. Nous avons donc défini un certain nombre d’en-
Les potentialités d’un système d’information géo- tités, qui permettront d’assurer de façon cohé-
graphique vont permettre aux agriculteurs de réa- rente le stockage des données sémantiques dans
liser un suivi technique précis en sélectionnant le SIRS (figure 4 ci-dessous, et figure 5 p. 45).
les zones adaptées aux informations saisies. Le Notre application sera logiquement structurée
SIG, via ses potentialités d’analyse spatiale, sera autour de la notion de parcelle culturale au sens
à même de gérer la cohérence de l’information et de « portion de terrain semée puis conduite de
constitue une solution opérationnelle pour assu- façon homogène ».

géoréférencé par Station_météo


1,1
Id_station_meteo

appartient à 1,1
Zone météo 0,n
0,1
0,n

Point réfère à
Parcelle_cadastrale
Num_cadastre 1,1
appartient à
0,n
Ilot_cultural
héritage_géo 1,1
0,n
1,n
Entité géographique
Entité_géographique appartient à appartient à 1,n

Vigne 1,1
contient 1,n
Parcelle_culturale

correspond Exploitation
Entité_surfacique 1,1

appartient à 1,n
1,n appartient à
1,n
Ilot PAC 1,1
1,n
réfère à
0,n

Zone supra exploitation 0,n

Zone agronomique appartient à


1,1

1,n

est associé à Critère agronomique


1,n Libellé_critere

Bâtiment appartient à
1,1

 Figure 4 – Structuration des « entités géographiques » dans le MCD.

43
Encadré 3
Notions d’îlot ccu
Notions ultur
ltur al et d’îlot P
ural AC
PA
Ingénieries n° 26 – Juin 2001

Un îlot cultural est un « ensemble de parcelles culturales entières de la même exploitation, contiguës au
sens strict du terme, qui est délimité par des éléments de paysage naturel facilement identifiables (rivière,
forêt, fossés…) ou des routes ».
La définition de l’îlot cultural est proche de celle de l’îlot PAC ; nous avons tenu à les distinguer car dans
notre application l’îlot de culture est une entité ffonctionnel
onctionnel
onctionnellle en matière de gestion de l’espace et de l’ex-
ploitation, plus pérenne que la parcelle culturale, l’îlot PAC représente quant à lui l’objet permettant la
déclaration administrative (ces deux types d’îlots peuvent bien sûr être confondus).

Encadré 4
De nou
nouvveaux outi
outills pour modéli ser lle
modéliser es entités ssp
pati al
atial
alees et ssp
patio-tempor
atio-tempor el
ellles : lle
emporel es PVL
Yvan Bédard (Professeur à l’université de Laval (Canada)) propose un complément de langage au langage
UML afin de pouvoir prendre en compte les objets spatiaux et spatio-temporels. En effet, dans un double but
(qui se retrouve toujours être à la base d’UML) de simplifier la communication avec l’utilisateur et de faciliter
la conception, il propose d’intégrer deux « Plug-In for Visual Langage » (PVL) permettant de visualiser, au
sein des diagrammes de classes, la notion du spatial et du temporel. Cette approche est très facilement
compréhensible par un utilisateur grâce à l’utilisation de pictogrammes significatifs (plus faciles à com-
prendre que des attributs d’une classe, par exemple) et permet, de plus, de traduire ces propriétés particu-
lières dans des règles directes d’implémentation du système.
Un PVL pour ssignifier
ignifier lla
a notion de ssp
pati al
atial
Le PVL spatial offre toutes les composantes nécessaires pour définir la géométrie choisie pour les éléments
spatiaux d’un modèle de classes, c’est-à-dire ceux que l’on désire voir cartographiés.
L’utilisation de ce PVL se base sur l’emploi de trois pictogrammes principaux qui peuvent être associés
entre eux pour prendre en compte, suivant les cas, les différents modes de représentation d’un objet ou
encore les objets à la géométrie plus complexe :
indique que l’objet sera représenté par un point, c’est un objet à 0 dimension ;
indique que l’objet sera représenté par une ligne, c’est un objet à 1 dimension ;
indique que l’objet sera représenté par une surface, c’est un objet à 2 dimensions.
Voir schéma ci-dessous : Utilisation des PVL pour la représentation d’une classe spatiale.
Un PVL pour ssignifier
ignifier lla
a notion du ttempor
emporel
emporel
De même, deux pictogrammes ont été créés pour caractériser la notion de l’existence temporelle d’un objet
ou de l’un de ses attributs :
est le pictogramme indiquant une durée d’existence ponctuelle dans le temps, c’est-à-dire qu’il carac-
térise une classe ou un attribut qui a une existence instantanée (par exemple, un accident de voiture, on
repérera cet objet par une date ou un instant unique) ;
est le pictogramme indiquant une durée d’existence marquée par un début et une fin dans le temps,
c’est-à-dire qu’il caractérise une classe ou un attribut qui a une existence entre deux instants (par exemple,
une maison, on peut repérer son existence par sa date de construction et sa date de démolition).
Un eex
xemp
emplle d’uti li
d’utilisation de
lis s PVL
des
Le schéma ci-dessous montre un exemple de l’utilisation de ces deux PVL :

PVL de la classe

Zone d'observation

Surface de la zone
PVL de l'attribut
Nombre de ravageurs

Utilisation des PVL pour la représentation d’une classe spatiale


L’utilisation des pictogrammes nous montre donc que cette classe peut se représenter soit sous la forme
d’un point, soit sous la forme d’une sur
urfface (Pictogrammes, en haut, à gauche), que cette zone peut év
ace oluer
évo
dan
anss lle
e ttemp
emps, dans le cas de la propagation d’un ravageur, par exemple (pictogramme temporel de la
emps
durée, en haut à droite). Enfin, le pictogramme temporel associé à l’attribut « Nombre de ravageurs » indi-
que que le comptage a lieu et à une validité correspondant à un in stant tt.
ins
Source: (Grzesiak, 2000).

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Méthodologie d'analyse et modélisation d'un Système d'information à référence spatiale partagé... ●
Cécile Martin

Des entités plus « pérennes » : parcelles cadastra-


les, îlot PAC, îlot cultural (encadré 3) seront éga-
lement référencées. Zone météo
appartient à 1,n appartient à 0,n
contient 1,n Exploitation contient 1,n
* Zonage supra_exploitation

On pourra en outre définir, en fonction des


besoins, des entités à vocation agronomique, tech-
nique, environnementale… : *Éléments physiques Parcelle cadastrale

• Zones « supra-parcellaires » : « zone agronomi-


que » que l’agriculteur pourra définir au niveau Zones agronomiques Ilot PAC
de l’exploitation en fonction d’un ou plusieurs
critères (par exemple zones caractéristiques des
grands types de sol et systèmes de culture, de- Bâtiment Chemins Lot cultural

vant donner lieu à des analyses de sol représen-


tatives régulières) ou zone « supra exploitation »
définie à une échelle plus grande et ayant un Parcelle culturale

/ est issue de 1,n


/devient 1,n
impact sur la gestion de l’ exploitation (« zone Nom de la parcelle
vulnérable », par exemple). Culture
Analyse
Numéro de campagne
• Entités plus spécifiques, pouvant descendre à Surface
un niveau « infra-parcellaire » permettant d’ef- Nature du précédent 1,n
fectuer un réel suivi spatialisé : « zone de préco-

est incluse ou contient 0,n


nisation », « zone d’intervention », « zone d’ob-

est localisée sur 0,n

est

est
,n
,n
t0

inc
r0
servation » (permettant, par exemple, la délimi-

loc
en
su

lus

ali
nti
ée
tation d’une tâche de mauvaise herbe à l’inté-

eo

sée
co
lis

uc
ca

ou

sur
rieur d’une parcelle).
t lo

on
se

0,n
clu

tie
es

nt
t in

0,n
es

Représentation des objets spatiaux


dans le MCD
Zone d'intervention Zone de préconisation Zone d'observation
Ces entités à caractères géographiques sont iden-
tifiées au moyen de la relation d’héritage sur le
type « entité géographique » (figure 4). Certaines
 Figure 5 – Diagramme de classe des objets spatiaux utilisés dans l’applica-
relations d’inclusion particulières entre entités filles
tion, modélisé avec Perceptory.
(ex. : une parcelle culturale est par définition tou-
jours incluse dans un îlot) complètent le modèle.
Gestion de la généricité des modèles
Réalisation d’un diagramme de classe
et de l’évolutivité du système final
avec le logiciel « Perceptory »
Modéliser un système d’information de cette
Les limites des modèles entité relation réalisés
ampleur, partagé et dédié à des démarches de
pour notre application étaient particulièrement
management de la qualité et de l’environnement
sensibles pour la gestion de la topologie des ob-
en cours de définition, nécessite de conférer une
jets géographiques utilisés, notamment le parcel-
évolutivité et une généricité maximales au mo-
laire et les différentes entités liées (parcelles cul-
dèle (Steffe, 1999). Pour ce faire, nous avons eu
turales, îlots, parcelles cadastrales, zones spéci-
recours à différentes techniques.
fiques…), dont la représentation génère dans le
MCD une surabondance de liens. Pour modéli-
Définition de « métadonnées »
ser la dimension spatio-temporelle des objets
Elles sont destinées à conférer un haut degré de
géographiques du système et leurs relations to-
conceptualisation, et donc une flexibilité et une
pologiques, nous avons, en complément, utilisé
évolutivité aux modèles.
un outil de modélisation spécifique : Perceptory,
basé sur UML, étendu avec des stéréotypes spa- Plutôt que de décliner les caractéristiques d’une
tiaux et spatio-temporels (PVL) (Bédard, 1999b). entité comme des attributs, nous avons créé des
Ces PVL sont représentés dans le modèle sous la entités spécifiques : par exemple (figure 6, p. 46),
forme de pictogrammes intégrés dans les classes pour l’entité « préconisation », les entités « carac-
(figure 5 et encadré 4). téristique-préconisation » et « type-préconisation »,

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Produit_phyto
Ingénieries n° 26 – Juin 2001

conseiller_phyto
0,n Nom_produit
Preconisation_phyto 0,n

1,n apporter 1,1 Apport_hydrique_preconise


Preconisation_hydrique Id_apport_hydrique_preconise

préconisation
Type_préconisation Préconisation
Libellé_préconisation est de type Preconisation_fertilisant 1,n 1,1
concerner Apport_preco_ferti
0,n 1,1 Id_apport_preco_ferti
0,n

0,n caracteriser_preco

0,n Preconisation_operation_mecanique
préco_a_carac
1,n
Caracteristique_preconisation
Libellé_caracteristique_preco

 Figure 6 – Modélisation des « Métadonnées » dans le MCD.

permettant de gérer une liste évolutive de carac- SIREME a constitué un support pour la mise en
téristiques, et de les lier à chaque grand type de œuvre d’une méthodologie adaptée à l’analyse
préconisation. Ces caractéristiques et types cons- de ces SIRS.
tituent donc des « métadonnées », permettant un
Le suivi de la phase de développement va nous
paramétrage du système, dont les listes et mises à
permettre de valider les choix effectués durant
jour sont gérées par l’administrateur du système.
cette phase d’analyse, notamment concernant les
On voit sur l’exemple (figure 6) que l’utilisation aspects géographiques, et au-delà, de tirer les
conjointe de l’héritage et des métadonnées restreint enseignements de la mise en œuvre d’un SIRS
cependant la généricité du modèle, mais lui con- partagé sur un exemple concret.
fère une plus grande représentativité de l’existant.
Ce SIRS, reposant sur une analyse prospective,
Recours aux standards, normes un système et des choix technologiques ouverts
et codifications existants concernant et évolutifs, devrait permettre différents types de
les données développement complémentaires :

Nous avons, en particulier, valorisé les travaux – développement du volet « exploitation » du sys-
réalisés au niveau français dans le cadre de l’as- tème d’information en lien avec la mise en place
sociation Agro-EDI-Europe5 (Grenier et al., 2001), du dispositif réglementaire d’agriculture raison-
5. Notamment, les
afin de favoriser la généricité du modèle (Kamp, née (diagnostic environnemental de l’exploita-
travaux du groupe de
travail « Traçabilité 1999) et l’échange de données informatisé entre tion et logiciels liés, notamment) ;
des données grandes systèmes d’information agricole. – lien avec d’autres modules filières complémen-
cultures » co-animé taires pour d’autres productions ;
par le Cemagref.
Conclusion et perspectives – intégration d’une dimension territoriale en re-
lation avec des dispositifs et des acteurs interve-
Dans un contexte où l’on assiste au développe-
nant au niveau local.
ment d’une nouvelle génération de systèmes
d’information dans le monde agricole, l’opéra- De tels développements permettraient d’élargir
tion pilote conduite dans le cadre du projet les fonctionnalités du SIRS afin de répondre aux

46
Méthodologie d'analyse et modélisation d'un Système d'information à référence spatiale partagé... ●
Cécile Martin

besoins des agriculteurs et de renforcer sa dimen- culteur, et sur une réelle interopérabilité6 des sys-
sion en terme de management environnemental, tèmes d’information. C’est dans cette optique que
et de l’ouvrir sur d’autres systèmes et acteurs avec s’orientent à l’heure actuelle nos activités au sein
lesquels il doit s’inscrire en complémentarité. du thème de recherche « système d’information
et d’aide à la décision appliqués à l’agriculture
En effet la réussite, à terme, de ce type d’opéra-
propre et raisonnée » du Cemagref.
tions repose sur la mise en place d’un partage
des données entre acteurs partenaires de l’agri- ❒

6. Interopérabilité : faculté que possèdent des ensembles informatiques hétérogènes de fonctionner conjointement
et de donner accès à leurs ressources de façon réciproque.

Résumé
Le projet SIREME conduit par le Cemagref a pour objectif de contribuer à la mise en place de systè-
mes d’information à référence spatiale, capables de servir de support aux démarches qualité et envi-
ronnement en développement au niveau de la production agricole.
L’objet de cet article est de décrire la démarche employée pour l’analyse et la modélisation de tels
SIRS partagés. Cette méthodologie est basée sur l’analyse systémique et la mise en œuvre d’une
démarche structurante d’analyse des systèmes d’information. Pour ce faire, nous avons utilisé comme
support une méthode et des outils de modélisation classiques (MERISE), que nous avons enrichis par
des apports empruntés à la modélisation orientée objet :
• Démarche renforçant les études préliminaires et l’utilisation de prototypes.
• Utilisation de certains éléments empruntés au formalisme objet, et notamment UML : concept
d’héritage (intégré à la méthode MERISE 2), réalisation de Use Cases pour identifier les fonctionna-
lités du système et les acteurs, représentation des objets géographiques via une extension du forma-
lisme Objet.
• Recours à la définition de métadonnées favorisant la généricité des modèles et l’évolutivité du sys-
tème final.
Par ailleurs, un élément important de notre démarche est l’intégration dans nos modèles des stan-
dards et normes existants, dans l’objectif de développer l’échange de données informatisé entre
systèmes d’information agricoles.
L’exemple concret qui servira de support à notre exposé sera la phase d’analyse d’un SIRS partagé
dédié au suivi de contrats de production grandes cultures, sous assurance qualité et environnement
Agriconfiance liant des coopératives et leurs adhérents.
Abstract
SIREME project, lead by the research center Cemagref, aims to put in place geographic information
systems able to support environmental and quality processes at the production scale.
This paper describes the methodology used for GIS analysis and modeling and its testing on a pilot
project. This methodology is based on systemic analysis and on the implementation of an analytical
process of information systems. Classical method and modeling tools (MERISE) have been used,
improved by object-oriented approach like:
• An approach reinforcing preliminary studies and employing prototypes.
• Use of object-oriented tools as UML: inheritance relations, use cases, specialized design case tool
for spatial database.
• Metadata definition able to support generic models and future evolutions of the system.
An important point of the approach is to integrate modeling data standards in the purpose to develop
EDI (Electronic Data Interchange) between information systems used in agriculture.
An example will support the presentation: The conceptual modeling of a shared geographic informa-
tion system related to field crop productions under environmental and quality management system
(Agriconfiance) binding co-operatives and farmers.

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Ingénieries n° 26 – Juin 2001

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