Note de veille

Conception et simulation produits, procédé

AU CŒUR DE LA SIMULATION NUMÉRIQUE :

ÉTAT DE L’ART ET PERSPECTIVES
Novembre 2013

Le congrès mondial NAFEMS biannuel, qui s’est tenu du 9 au 12 juin 2013 à

Salzbourg, a dépassé toutes les prévisions avec près de 600 participants, dont une
bonne trentaine de français, et plus de 260 présentations : une occasion unique de se
placer au cœur des problématiques de simulation numérique et de faire un point
précis sur l’état de l’art et les perspectives dans ce domaine.

« Des progrès considérables ont été faits innovants ; Analyse stochastique et

dans l’industrie dans l’utilisation au quotidien
de la simulation numérique, même si on
regrette encore le retard constaté chez les
petites et moyennes entreprises
industrielles » déclarait Tim Morris, Directeur
Général de NAFEMS, dans ses conclusions
« l’exceptionnelle participation de cette
année, en dépit des difficultés économiques,
en témoigne ». En témoigne également la
variété et l’excellence des présentations, que
ce soit lors des sessions plénières où se sont
exprimés quelques ténors internationaux
(voir Thales Alenia Space ci-dessous) ou lors
des multiples sessions parallèles qui ont
permis de faire le point sur les nombreux
aspects couverts par la simulation et les
meilleurs sujets du moment, en vrac :
Méthodes, Design process ; Non linéaire ;
Mécanique des fluides et couplages fluide
structure ; NVH, acoustique ; Analyse
Multiphysique ; Optimisation topologique,
multi disciplinaire et multi objectifs ;
Composites, polymères, matériaux
sensibilité ; Dynamique et tests ; HPC ;
Vérification et Validation, Essais physiques /
essais virtuels ; Assemblage, soudure ;
Contacts et frottements ; Fatigue,
endommagement, rupture ; Thermique ;
Simulation multi-corps (MBS) ; Simulation de
process, plasturgie ; Intégration CAO-calcul,
post-processeurs, visualisation ; Simulation
systèmes ; Simulation du vivant ; Génie civil ;
… en tout plus de 62 sessions et 260
présentations à découvrir ou revoir sur le site
NAFEMS*!
Signe également d’un élargissement des
préoccupations industrielles, le Congrès
accueillait en sessions dédiées la première
Conférence Internationale pour la Gestion
des Données et Process de simulation
(SPDM International Conference) ainsi que le
lancement de l’initiative NAFEMS pour la
gestion et la certification des compétences
de simulation (PSE) faisant suite au projet
européen EASIT2.

Centre technique des industries mécaniques www.cetim.fr

Notons enfin que pas moins de 13 sessions
courtes de formation ont été conduites durant
le Congrès, démontrant s’il le fallait l’énorme
besoin et appétit de connaissances dont font
preuve les ingénieurs calcul, quel que soit le
niveau qu’ils aient déjà atteint.
COUP DE PROJECTEUR
Le Congrès, c’est aussi l’occasion de mettre
en avant certains travaux et il est tout à fait
remarquable que ce soit Hervé Rouch,
fondateur et PDG d’INOPRO, petite société
française d’études spécialisées dans la
compréhension et la simulation des
phénomènes physiques, qui se soit vu
décerner « the Best Practicale Use of
Simulation Technology Award » pour son
exposé sur le développement et la validation
d’un modèle de mélangeur industriel à bulles
par injection de gaz dans un réservoir. Sujet
spécifique certes mais qui montre que la
maîtrise des technologies de simulation (CFD
multiphase, analyse de sensibilité, corrélation
essais-calcul…) sert l’innovation industrielle
et est à portée d’entreprises de toutes tailles
et de tous secteurs.
Source : En savoir plus
Le « Most Innovative Use of Simulation
Technology Award » est quant à lui allé au
CAPS Research Group (Allemagne) pour ses
travaux sur la caractérisation et la
modélisation du comportement hyper
élastique des tissus humains, étape clé pour
la pénétration de la simulation en
biomédecine, chirurgie et plus généralement
dans les sciences du vivant. Le « Greatest
Business Impact of Simulation Technology
Award » est allé à AIRBUS pour son
utilisation des tests virtuels dans les
processus de validation système et de
certification, le « Best Paper Award » allant à
DIAMOND Aircraft Industries (Canada) pour
son exposé sur la simulation dynamique des
manœuvres en vols, problème reposant sur
la simulation des subtils couplages fluides-
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structures et la réponse dynamique des
structures.
LES TENORS ONT LA PAROLE
La plupart de ces présentations sont
consultables en ligne sur le site NAFEMS,
mais, résumons ci-dessous quelques
moments forts du Congrès.
Jérôme Buffe, directeur du Département
Mécanique du Centre de Compétence
Plateforme et Intégration de Thales Alenia
Space a présenté de façon très didactique et
convaincante le point de vue industriel sur
l’optimisation des plans de validation relatifs
au comportement des satellites, en mettant
en avant la nécessaire cohérence entre les
justifications analytiques et les tests
physiques. L’impossibilité physique
(apesanteur, etc…) ou économique de faire
certains tests renvoie nécessairement à la
simulation numérique et à une combinaison
des justifications prises en compte dans
l’analyse des risques et la qualification des
satellites. La démarche repose sur la
construction d’une matrice de validation qui,
pour chaque élément sensible du satellite,
consigne le type de justification du
comportement requise (physique ou
analytique ou combinée).
Source : En savoir plus
Le principal avantage de cette démarche est
une meilleure visibilité pour optimiser le plan
de validation avec un choix plus judicieux de
la nature des tests et de leur configuration,
de la répartition tests élémentaires et tests
systèmes, et une meilleure intégration des
retours d’expériences dans les plans
d’analyse numérique. S’appuyant sur une
boutade bien connue « Les calculs, il n’y a
que celui qui les a faits qui y croit, les essais,
tout le monde y croit sauf celui qui les a
faits ! », il a mis en lumière certains aspects
auxquels il convient d’apporter toute son
attention :
 La complexité de l’environnement
mécanique [satellitaire] s’opposant à
l’optimisation des conceptions et à leur
validation,
 Les contraintes industrielles qui doivent
être prises en compte dans le processus
afin de permettre des choix et prises de
décision réalistes,
 Des plans de validation essais-calcul
satisfaisant à l’objectif zéro impasse et
meilleure combinaison possible,
 Les choix raisonnés à faire pour chaque
design entre optimisation et robustesse
(les deux s’opposent souvent),
 Pour finir en conclusion sur une
question : Une approche probabiliste
n’est-elle pas dans certains cas
envisageable, même si cela s’oppose à
la standardisation des processus et à la
règle habituelle de validation par calcul
déterministe ou par essais.
Harald Hasselblad, Advance Engineering
Leader au Département Caisse et Extérieurs
de VOLVO a fait partager son expérience de
l’optimisation de structures en avant-projet et
dès les premières phases de la conception
en mettant l’accent sur les challenges qu’il
faut ici relever : complexité des modèles,
temps disponible très court, grande variabilité
de l’environnement (multiples adaptations en
cours de calcul), nécessité d’une approche
multidisciplinaire, absence de nombreuses
données à ce stade, importante puissance
calcul nécessaire. Les connaissances et les
moyens disponibles à ce jour permettent
d’assurer sans trop de souci l’optimisation
topologique, l’optimisation de certains
paramètres (rigidité…) et l’analyse de
sensibilité, mais il pense réaliste de pouvoir
prochainement combler quelques lacunes de
l’optimisation sur des aspects crash,
conception robuste, structures composites et
l’optimisation multi disciplines tout
particulièrement.
Ralph Sundermeier, expert méthodes chez
VOLKSWAGEN a quant à lui résolument
positionné la simulation le plus en amont
possible : il ne s’agit plus de remplacer des
essais (coûteux) par des simulations (moins
couteuses) mais d’utiliser la simulation avant
même que tout projet de véhicule ne soit
étudié, et a fortiori testé et construit, en se
fondant sur les seules données partielles
disponibles à ce stade. Le rôle de la
simulation est dès lors en phase concept de
permettre la prise de décisions stratégiques
tout comme elle permet l’optimisation en
phase conception et la réduction des tests et
prototypes en phase de qualification. Cet
usage « amont » repose cependant sur
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quelques critères clés : grande ouverture
dans les sources de données qui par
définition ne vont arriver qu’au fur et à
mesure (exploration et réutilisation de
programmes existants, méta données,
retours d’expérience); grande flexibilité des
données vis-à-vis des codes (idéalement
n’importe quelle donnée pouvant servir à
n’importe quel solveur) ; usage avancé de la
co-simulation (pour couvrir rapidement tous
les aspects d’un concept ou d’un design) ; le
tout encadré par une grande rigueur côté
méthodes (afin d’éviter la dispersion liée au
flou des données). Avec enthousiasme,
Ralph Sundermeier n’hésite pas à parler de
révolution plus que de simple évolution !
Source : En savoir plus
Frank Popielas, Directeur Simulation de
Dana Holding Corporation, société
américaine leader dans le domaine des
convoyeurs et systèmes de gestion de
l’énergie, brosse une vision globale du rôle
moteur de la simulation dans l’engineering de
produits virtuels. Il part du constat que les
sociétés qui faisaient un large usage de la
simulation avant la crise, et continuent dans
cette voie, sont justement celles qui résistent
le mieux. Condition presque nécessaire
donc, mais pas suffisante, dit-il. Aujourd’hui,
si la simulation est effectivement un moteur,
elle reste bien souvent le fait de spécialistes,
manipulant en expert des produits
compliqués, échangeant peu avec d’autres
disciplines et d’autres services, partageant
peu en équipe. Tableau un peu noir ? A
voir… Il propose comme modèle une vision
beaucoup plus globale et dynamique fondée
sur une approche du type SLM (Simulation
Lifecycle Management, gestion du cycle de
vie de la simulation) qui devrait permettre :
 De capter et gérer les workflows et
cycles de simulation dans une
organisation structurée mais flexible,
 D’automatiser les tâches répétitives,
 D’intégrer plus facilement les outils
logiciels existants et ceux à venir,
 De créer une gestion centralisée des
données de simulation (coffre-fort),
 De tracer les données et les
modifications successives,
 De partager et rationaliser les moyens
hardware et software,
 De rechercher et analyser des
informations à travers toutes les données
de simulation,
 De faciliter le travail collaboratif 7 jours
sur 7 et 24 heures sur 24 de tous les
acteurs et toutes les disciplines
impliquées dans un projet,
 Avec au bout du compte une meilleure
allocation des ressources, une réduction
des coûts et des délais.
Pas de doute, pour Frank Popielas l’avenir
repose sur une collaboration pleine et entière
de tous les acteurs (conception- calcul-
management) autour de scenarios (l’input),
de modèles (numériques) et de résultats
(l’output) pour de meilleures décisions et de
meilleurs produits.
TENDANCES, GRANDES ET MOINS
GRANDES
Voilà pour les ténors. De manière plus
synthétique, résumons quelques tendances
glanées au long des exposés :
Modélisation et Simulation (M&S)
Beaucoup de nouveautés pour une
simulation plus proche de la physique, plus
multi physiques, plus co-simulation :
 Montée rapide de la Simulation multi
niveaux, du système au sous-système
au composant le tout en boucle, avec
encore de gros progrès attendus pour
son intégration dans la chaîne de
simulation (domaine quasi à part
actuellement),
 Simulation plus précise des structures
composites et en particulier des
endommagements,
 Beaucoup de modélisation multi
échelles, microscopique (voire
nanoscopique), pièce, assemblages,
sous-ensembles, ensembles complets,
avec un bon développement des
modèles de modèles, des super
éléments, des techniques de réduction
des modèles,
 Convergence forte entre le modèle
géométrique (CAO) et le modèle
simulation (CAE),
 Nouvelles possibilités de maillage
paramétrique,
 Mais aussi encore beaucoup de progrès
attendus en matière de précision (pas
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dans l’absolu mais celles nécessaire à la
bonne tenue du modèle), de gestion des
incertitudes, de suivi du process de
simulation,
 Nombreuses avancées en CFD
multiphasique et dans les solutions CFD
open source.
SPDM
 La simulation se trouve maintenant dans
l’ensemble du cycle de vie produit, du
concept au produit fini, du process de
fabrication au vieillissement,
 La simulation s’intègre dans les
processus de gestion : du besoin
exprimé à la gestion des modifications,
en passant par la gestion des workflows,
etc…
 Encore beaucoup d’efforts à faire pour
intégrer l’ensemble des données
produits, qu’elles soient mécaniques,
électriques, électroniques, logiciels, sans
oublier les documents, feuilles de calcul
Excel etc…
 Émergence des bases de connaissances
et de leur utilisation dans des
applications métiers,
 Malgré tout, le SPDM reste pour une
bonne part l’apanage des grandes
entreprises et son ROI reste à consolider
avant que les PMI ne le mettent hélas
sérieusement en œuvre.
Quantification des incertitudes
 La gestion et la quantification des
incertitudes restent un problème délicat
en rapport direct avec la robustesse de
conception (variabilité des paramètres)
et de fabrication des produits (variabilité
des process),
 Montée des méthodes stochastiques et
probabilistes en lien direct avec
l’évaluation et la gestion des risques,
 Les tests virtuels et la certification de
produits virtuels nécessitent des
simulations de plus en plus proches du
réel, donc des modèles de plus en plus
gourmands, avec les conséquences que
l’on imagine sur les moyens nécessaires.
Un obstacle tant idéologique que
pratique au tout numérique.
Multiphysique
 Si la simulation multi physique a fait de
grands progrès au service des
problématiques classiques de la
mécanique (couplages structure-fluide-
électromagnétisme-thermique…) elle
reste un énorme challenge pour des
couplages forts avec certaines
disciplines, notamment : nanophysique,
biophysique, cinématique, sciences de la
 vie et de la connaissance, High Performance & Cloud Computing
physicochimie…,  Les hautes performances sont là, mais
 Le multi-physique peut aussi se encore beaucoup de travail chez les
comprendre comme le moyen d’adresser éditeurs (structuration du code) et les
la physique des produits aux divers utilisateurs (structuration des données)
stades de développement : autrement dit pour en tirer le meilleur,
quels modèles pour quelle physique et  Le cloud réduit considérablement le coût
quelles interactions entre modèles d’accès… mais laisse le problème
numériques aux stades besoins clients, méthodologique entier : la compétence
spécifications produits, fonctionnel, se construit pas à pas,
logique et physique…  Nombreuses initiatives (nationales,
 L’intégration souhaitée de la simulation régionales…) pour mutualiser les
et de la CAO dans un modèle virtuel moyens et partager les charges.
unique représentant l’ensemble de la
conception-validations reste un objectif… Au total, un Congrès largement plébiscité par
et une future révolution. les participants et la communauté simulation.
Rendez-vous est pris pour un Congrès
Interaction Homme machine France en Juin 2014 et un futur Congrès
 Gros efforts des éditeurs et Mondial à mi 2015.
professionnels pour développer des
environnements de travail plus
collaboratifs,
 Convergence des mondes virtuels et
réels au travers de solutions immersives,
 La démocratisation de la simulation à
travers des outils logiciels packagés
directement accessibles aux projeteurs
et concepteurs sur les postes de CAO se
heurte à des lacunes importantes qu’il
faut absolument combler par des
programmes de formation spécifiques :
on ne s’improvise pas compétent en
calcul éléments finis ni CFD !

* Les présentations du Congrès sont d’ores et déjà disponibles aux membres NAFEMS à
l’adresse : http://www.nafems.org/congress/ et seront rendues publiques à fin 2013
- Contact : Francois Costes
- Tel: +33 (02) 97 33 18 72
- Email : francois.costes@nafems.org

Note réalisée par François Costes, NAFEMS pour le CETIM

Malgré le soin apporté à la réalisation de cette note, certains liens hypertextes peuvent ne pas fonctionner
correctement, notamment en raison de modifications des sites internet ciblés (ex : « page not found ») ou
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Ensemble pour les entreprises de la mécanique

Contact
Mario Picco
Département Cetim - B.P. 80067
Veille Technologique et Stratégique 60304 Senlis Cedex
Tél. : 03 44 67 34 21
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