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Transmission de l’information neuronale & Transmission synaptique Pr A.

TAHIAT

TRANSMISSION DE L’INFORMATION NEURONALE


&TRANSMISSION SYNAPTIQUE

Plan du cours

I. ORGANISATION DU TISSUS NERVEUX


I.1. Système nerveux central (SNC)
I.2. Système nerveux périphérique (SNP)
I.3. La névroglie ou cellules gliales

II. STRUCTURE DU NEURONE


II.1. Corps cellulaire
II.2. Dendrites
II.3. Axone
II.4. Classification des neurones

III. TRANSMISSION DE L’INFORMATION NEURONALE


III.1. Flux d’ions à travers la membrane neuronale
III.2. Le potentiel de repos
III.3. Le potentiel d’action
III.4. Propriétés du potentiel d’action

IV. TRANSMISSION SYNAPTIQUE


IV.1. Définition
IV.2. Fonctionnement de la synapse chimique
IV.3. Neurotransmetteurs

Dr Azzeddine Tahiat, MCA en Immunologie


azzedinetahiat@gmail.com

Faculté de médecine d’Alger, Département de Pharmacie, 1ère Année Module de Physiologie 1


Transmission de l’information neuronale & Transmission synaptique Pr A. TAHIAT

OBJECTIFS PEDAGOGIQUES

A l’issue du cours " Transmission de l’information neuronale & Transmission


synaptique", l’étudiant doit être capable de :

1- Rappeler l’organisation du tissu nerveux ;


2- Décrire la structure du neurone ;
3- Lister les différents types de neurones ;
4- Définir le potentiel du repos ;
5- Interpréter les différentes phases du potentiel d’action ;
6- Reconnaître les propriétés du potentiel d’action ;
7- Distinguer les différents types de synapses interneuronales ;
8- Expliquer le fonctionnement de la synapse chimique ;
9- Donner des exemples de neurotransmetteurs.

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I. ORGANISATION DU TISSUS NERVEUX

Sur le plan anatomique, le système nerveux est organisé en (1) système nerveux central
(le névraxe) et (2) système nerveux périphérique (les nerfs et leurs ganglions).

I.1. Système nerveux central (SNC) :

Le SNC est constitué de l’encéphale et de la moelle épinière. L’encéphale, constitué par le


cerveau, le tronc cérébral et le cervelet est contenu à l’intérieur de la boite crânienne. La
moelle épinière est située dans le canal rachidien de la colonne vertébrale. Tous les deux sont
enveloppés par les méninges (la dure-mère, l’arachnoïde et la pie-mère) qui délimitent un
espace rempli du liquide cérébro-rachidien (LCR).

L'encéphale regroupe la totalité des centres de perception, de commande et d'association


du névraxe. Il comprend trois parties.

§ Le cerveau, renfermant la majorité des neurones du système nerveux qui se


répartissent en deux grands ensembles : le cortex (ou écorce cérébrale) à la périphérie
et les noyaux gris à l'intérieur. Il est le siège des fonctions sensorielles, des fonctions
motrices, des fonctions supérieures et produit un certain nombre d'hormones.

§ Le tronc cérébral, d'aspect lisse, assure la liaison entre le cerveau et la moelle


épinière. Il comprend trois étages : les pédoncules cérébraux vers l'avant, la
protubérance annulaire au centre et le bulbe rachidien vers l'arrière.

§ Le cervelet, branché en dérivation sur le névraxe, il participe aux fonctions motrices


et assure l'équilibration, la régulation du tonus musculaire et la coordination des
mouvements volontaires.

La moelle épinière fait suite au tronc cérébral et se présente comme un long cordon blanc
qui se termine en pointe au niveau de la deuxième vertèbre lombaire.

L'ensemble présente ainsi une dualité de structure qu'il est possible de différencier par la
couleur :

§ La substance grise regroupe l'ensemble des territoires (cortex, noyaux gris, cornes
grises) où sont localisés les corps cellulaires des cellules nerveuses. Elle comprend donc
des somas neuroniques, leurs prolongements (axones et dendrites) et de nombreuses
synapses.
§ La substance blanche, en revanche, ne renferme aucun corps cellulaire de cellule
nerveuse. Elle assure la liaison entre les différentes structures grises et ne présente
donc que des fibres nerveuses (principalement des axones) dont une grande partie est
recouverte de myéline ce qui lui donne une couleur blanc nacré.

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Figure 1 : Organisation du SNC.

I.2. Système nerveux périphérique (SNP) :

Le SNC ne serait d'aucune utilité s'il n'était relié à la périphérie de l'organisme par
l'intermédiaire des nerfs qui regroupent deux contingents de fibres nerveuses.

§ D'une part des afférences (par convention représentées en bleu) qui sont issues des
récepteurs sensoriels et qui renseignent en permanence le SNC sur l'état des organes
et des conditions physicochimiques du milieu.

§ D'autre part des efférences qui sont connectées aux différents effecteurs (glandes,
muscles, viscères) et qui permettent à l'organisme de s'adapter aux conditions du
milieu, de se mouvoir et d'assurer les fonctions végétatives indispensables à sa survie
telles que la nutrition ou la respiration.

Selon leur composition en fibres, on distingue :

§ Les nerfs sensitifs qui ne renferment que des afférences ;


§ Les nerfs moteurs qui ne renferment que des efférences ;
§ Les nerfs mixtes qui contiennent les deux types de fibre.

Par ailleurs, en fonction de leur lieu de rattachement au SNC, on distingue :

§ Les nerfs crâniens (12 paires) qui peuvent être exclusivement sensitifs (I,
§ II, VIII), exclusivement moteurs (III, IV, VI, XI, XII) ou mixtes (V, VII, IX, X) ;
§ Les nerfs rachidiens (31 paires) tous mixtes.

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Tous présentent la même structure. À l'intérieur, les fibres nerveuses, entourées de leurs
cellules de Schwann (voir plus loin), y sont groupées en faisceaux entourés d'une gaine
conjonctive (le périnèvre) et cloisonnés par un tissu conjonctif riche en collagène
(l'endonèvre). L'ensemble est entouré par du tissu conjonctif lâche richement vascularisé qui
s'épaissit vers l'extérieur et qui forme l'épinèvre.

I.3. La névroglie ou cellules gliales :

Neuf fois plus nombreuses que les cellules nerveuses, les cellules gliales constituent la névroglie
et comprennent plusieurs types cellulaires aux multiples fonctions dont certaines commencent
à peine à être connues.

Au niveau central, on en distingue trois types principaux :

§ Les oligodendrocytes assurent la myélinisation des fibres nerveuses et leur


permettent ainsi d'augmenter la vitesse de conduction des signaux électriques qu'elles
véhiculent.
§ Les astrocytes régulent la composition du liquide extracellulaire qui baigne les
neurones et jouent également un rôle de soutien en participant à leur migration et à
leur croissance au cours de leur développement. Très récemment, on a découvert
qu'ils étaient aussi impliqués dans des mécanismes immunitaires.
§ Les cellules microgliales qui sont en fait des macrophages chargés de nettoyer le
tissu nerveux et de le débarrasser d'éventuels intrus.

Au niveau périphérique, on en connaît un seul type représenté par les cellules de


Schwann (du nom du physiologiste allemand Théodor Schwann qui les a observées à la fin
du dix-neuvième siècle). Elles assurent la myélinisation à l'intérieur des nerfs et servent de
support aux fibres dépourvues de myéline.

II. STRUCTURE DU NEURONE

La cellule nerveuse, ou neurone, est formée d’un corps cellulaire (soma ou perikaryon) et de
prolongements. Ces prolongements sont de deux types : les dendrites et l’axone.

II.1. Corps cellulaire :

Le corps cellulaire, appelé soma, de taille très variable suivant le type de neurone. Comme
toutes les cellules, ces corps cellulaires des neurones contiennent un noyau et du cytoplasme.

Ce dernier présente, dans son cytosol, les organites habituels réticulum et mitochondries.
Le noyau contient dans ses chromosomes le code génétique nécessaire à la synthèse de toutes
les protéines neuronales. Le réticulum endoplasmique rugueux est nommé ainsi à cause des
nombreux ribosomes qui lui sont associés.

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Les neurones se caractérisent, en particulier, par l’importance des éléments appartenant au


cytosquelette. Ces filaments du cytosquelette sont constitués de polymères de protéines
regroupés pour former des microtubules, des microfilaments et des neurofilaments.

II.2. Dendrites :

Les dendrites (dendrite signifie arbre en grec) sont des prolongements de longueurs variables,
de diamètre généralement plus gros que celui de l’axone. Mais qui diminue en allant corps
cellulaire vers l’extrémité distale.

Les dendrites reçoivent les connexions provenant d’autres neurones. Ces connexions
s’établissent par l’intermédiaire de structures membranaires spécialisées appelées synapses.

II.3. Axone :

L’axone a son origine au niveau d’une zone renflée du corps cellulaire appelée cône axonal. A
un diamètre régulier (reste constant) allant de 1 à 20 μm. Sa longueur est variable selon le
type de neurone, par exemple les axones des neurones pyramidaux du cortex moteur peuvent
atteindre jusqu'à un mètre de longueur.

Le long de son trajet l’axone donne des collatérales plus ou moins nombreuses dont certaines
viennent ré-innerver le corps cellulaire duquel il émerge.

La partie terminale de l’axone est en général arborisée et chaque arborisation se termine par
une région spécialisée nommé bouton synaptique, grâce à ces derniers l’axone établit des
connexions avec les autres neurones.

Figure 2 : Structure du neurone.

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L’axone, conduit l’information sous forme de potentiel d’action, le potentiel d’action


représente la traduction électrique de l’influx nerveux est, produite au niveau du cône axonal
et se propage le long de l’axone vers la terminaison axonale ou il déclenche la libération de
neurotransmetteur (ou médiateur) au niveau de la synapse.

Certains axones sont entourés d’une gaine lipidique : la gaine de myéline. Celle-ci est
constituée de feuillets concentriques. Ces feuillets sont créés par l’enroulement périodique de
la membrane de cellules gliales particulières autour de l’axone. Il s’agit de l’oligodendrocyte
(dans le système nerveux central) ou de la cellule de Schwann (dans système
périphérique).

La présence de la gaine lipidique protège l’axone et permet une accélération de la


conduction qui se fait de façon saltatoire (de «nœud en nœud de Ranvier»). D’autres axones
sont non myélinisés (amyéliniques), et leur vitesse de conduction est nettement plus faible.

II.4. Classification des neurones :

On distingue différents types de neurones selon :

a. La morphologie du corps cellulaire :

La forme du soma et du rameau dendritique permettent par ailleurs de distinguer


quatre grands types morphologiques (fig. n°3) :

§ Les neurones multipolaires (a), qui présentent de nombreuses dendrites


très ramifiées.
§ Les neurones pyramidaux (b), qui présentent également de nombreuses
dendrites, en particulier une dendrite apicale (au sommet du soma) opposée à
l'axone, extrêmement ramifiée.
§ Les neurones bipolaires (c), qui ne possèdent qu'une seule dendrite opposée
à l'axone
§ Les neurones unipolaires (d) ou neurones en T : que l'on rencontre dans
les ganglions sensitifs.

b. La fonction :

§ Neurones moteurs, qui acheminent l'influx nerveux du SNC aux muscles ;


§ Neurones sensitifs, qui permettent le passage de l'influx des organes des sens
vers la moelle épinière ou l'encéphale ;
§ Interneurones.

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Figure 3 : Différents types de neurones.

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III. TRANSMISSION DE L’INFORMATION NEURONALE

Comme toutes les cellules de l'organisme, le neurone possède une composition chimique
intracellulaire différente de celle du milieu extracellulaire. En particulier, les concentrations
des ions (K+, Na+, Cl-…) ne sont pas identiques à l’intérieur et à l’extérieur de la cellule ce qui
provoque une différence de potentiel (ddp) transmembranaire que l'on appelle potentiel de
membrane (fig. n°4).

Figure 4 : Potentiel de membrane.

La particularité du neurone est que ce potentiel de membrane peut varier au cours du temps
et passer d'un état de repos caractérisé par un potentiel de repos (PR) à un état d'activité
caractérisé par un potentiel d'action en un temps extrêmement bref, avant de retrouver
son potentiel d'équilibre.

III.1. Flux d’ions à travers la membrane neuronale :

Le flux d’ions à travers la membrane neuronale se fait grâce à des :

§ Pores ou canaux ioniques,


§ Transporteurs actifs ou pompes.

Les canaux ioniques sont des protéines membranaires qui forment des pores à travers la
membrane. Ils sont sélectifs pour un ion donné et peuvent être, selon le cas, ouverts ou fermés
(fig. n°5). Un canal ouvert (ex. canal à K+ ou à Na+) permet le passage des ions par diffusion
selon le gradient de concentration (c’est-à-dire du compartiment à haute concentration
à celui à basse concentration) et sans utilisation d’énergie. Il s’agit donc d’un phénomène
passif.

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L’ouverture de ces canaux peut être contrôlée par :

§ Un ligand : canaux chimio-dépendants, dont la liaison d'une substance chimique :


hormone, neuromédiateur provoque l'ouverture du canal ;
§ Le voltage : canaux voltage-dépendants, qui sont fermés dans la cellule au
repos, et s’ouvrent lors de courants électriques.

Les transporteurs actifs ou pompes, permettent un transport actif des ions contre le
gradient de concentration. Il nécessite donc de l’énergie (ATP). L’exemple est donné ici par la
pompe Na+/K+ à activité ATPasique, découverte en 1955 et qui transporte activement, contre
leurs gradients, trois (03) ions Na+ du milieu intracellulaire vers le milieu extracellulaire en
échange de deux (02) ions K+ du milieu extracellulaire vers le milieu intracellulaire.

Figure 5 : Canaux ioniques, pompe Na+/K+

III.2. Le potentiel de repos :

On le met très facilement en évidence en descendant une microélectrode à l'intérieur d'une


fibre nerveuse à l'aide d'un micromanipulateur. Tant que les deux électrodes se trouvent dans
le milieu extracellulaire, leur différence de potentiel est nulle mais dès que la microélectrode
perfore la membrane et pénètre à l'intérieur de la fibre, on observe une chute du potentiel
qui se stabilise aux alentours de –70 mV.

Figure 6 : Potentiel de repos du neurone (-70 mV).

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Le potentiel de repos résulte de la combinaison des différents flux ioniques générés par leurs
gradients de concentration et leurs gradients électriques. On obtient ainsi un flux entrant de
Na+ et du Ca++ et un flux sortant du K+. Or, il se trouve qu'au repos, très peu de canaux au
Na+ et au Ca++ sont ouverts. Il en résulte que le potentiel de repos est principalement dû à
une sortie de potassium de la cellule. La pompe Na+/K- permet de maintenir ce flux du K+ et
par conséquent le potentiel de repos en faisant entrer du K+ à l'intérieur de la cellule contre
son gradient de concentration (fig. n°7).

Figure 7 : Flux d’ions Na+ et K+ et potentiel de repos.

III.3. Le potentiel d’action :

Le potentiel d’action correspond à une modification temporaire de la polarité membranaire


en réponse à différents stimuli (lumière, son, pression, neurotransmetteur (synapse)…). Il
comprend trois phases (fig. n°8) :

§ Une première phase de dépolarisation extrêmement brève puisqu'elle ne dure


qu'une fraction de milliseconde et qui se traduit par une brusque inversion du potentiel
de membrane (on passe en moyenne de – 70 mV à +40 mV) ;
§ Une seconde phase de repolarisation un peu plus lente qui permet au potentiel
de membrane de revenir à son niveau de repos ;
§ Une troisième phase de post-hyperpolarisation encore plus lente (plusieurs
millisecondes) et de très faible amplitude pendant laquelle les concentrations ioniques
intracellulaires retrouvent leurs valeurs initiales.

Figure 8 : différentes phases du potentiel de d’action.

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Ce sont en effet des mouvements de Na+ et de K+ qui sont à l'origine des différentes phases
du potentiel d'action (fig. n°9) :

§ Au repos, la perméabilité membranaire au sodium est très faible car la plupart des
canaux au sodium sont fermés. Or, ces canaux étant sensibles au potentiel de
membrane (on dit qu'ils sont voltage-dépendants), une légère dépolarisation suffit à
provoquer leur ouverture. Les ions sodium rentrent alors massivement dans la cellule
en raison de leur gradient de concentration et de leur gradient électrique ce qui
augmente la dépolarisation et finit par inverser le potentiel de membrane qui atteint
une valeur d'environ + 40 mV.

§ Cette forte dépolarisation finit par inactiver les canaux au sodium mais induit
l'ouverture de canaux au potassium, également électrodépendants, ce qui a pour effet
d'augmenter la perméabilité au potassium. Les ions potassium, beaucoup plus
nombreux à l'intérieur qu'à l'extérieur, quittent alors la cellule en masse et permettent
au potentiel de membrane de retrouver sa valeur initiale.

§ Toutefois les canaux au potassium n'étant pas immédiatement inactivés au moment où


la fibre retrouve son potentiel de repos, les ions potassium continuent à quitter la
cellule et provoquent ainsi une légère hyperpolarisation, le temps que la perméabilité
au potassium au potassium retrouve sa valeur de repos. Dans le même temps, la pompe
Na+/K+ s'active et expulse le sodium entré pendant la phase de dépolarisation.

Figure 9 : flux d’ions Na+ et K+ lors du potentiel de d’action.

III.4. Propriétés du potentiel d’action :

III.3.1. Notion du « seuil » du potentiel d’action :

L’intensité du stimulus va produire une dépolarisation plus ou moins forte (nombre de canaux
Na+ stimulés). Si la dépolarisation ne dépasse pas le seuil d’excitation : la membrane reprend
sa polarisation normale et il n ’y de potentiel d’action c’est la loi du tout ou rien. Ce seuil
est évalué à environ - 50 mV (fig. n°10).

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Figure 10 : seuil du potentiel de d’action.

III.3.2. Période réfractaire du potentiel d’action :

Le potentiel d’action est suivi d’une période réfractaire de 1-2 ms au cours de laquelle aucun
nouveau potentiel d’action ne peut être déclenché. Cette période réfractaire correspond à la
phase de repolarisation.

III.3.3. Propagation du potentiel d’action :

Le potentiel d’action se propage de long de l’axone depuis le soma à la terminaison axonale


(propagation unidirectionnelle) à une vitesse variable estimée entre 50cm/sec à 120 m/sec.

La propagation peut s'effectuer de deux manières selon l’état de myélinisation du neurone :

§ Dans le cas d'une fibre amyélinique, la dépolarisation se propage de proche en proche


par l'intermédiaire de courants locaux qui s'établissent de part et d'autre de la
membrane (fig. n°11).

Figure 11 : propagation du potentiel de d’action dans une fibre amyélinique.

§ Dans le cas d'une fibre myélinisée, la myéline jouant le rôle d'isolant, la dépolarisation
ne peut se déplacer que de nœud de Ranvier en nœud de Ranvier, seules régions où
l'axone est à nu. La dépolarisation « saute » ainsi de nœud en nœud – on dit que la
conduction est saltatoire – ce qui permet au potentiel d'action d'avancer plus
rapidement. En effet, plus la myéline est épaisse, plus les nœuds de Ranvier sont
éloignés les uns des autres. Il existe ainsi une corrélation entre diamètre et vitesse de
conduction (fig. n°12).

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Figure 12 : propagation du potentiel de d’action dans une fibre amyélinique.

IV. TRANSMISSION SYNAPTIQUE

IV.1. Définition :

L'avènement du microscope électronique dans les années 1950 a montré que les neurones
sont des cellules indépendantes et qu'elles communiquent entre elles au niveau de régions
particulières dénommées synapses. Toutes les synapses interneuronales (on dit également
neuro-neuroniques) présentent invariablement la même organisation de base :

§ Un élément présynaptique appartenant à un premier neurone,


§ Un ne fente synaptique séparant les deux neurones,
§ Un élément post-synaptique appartenant à un deuxième neurone.

Toutefois, en fonction de critères morphologiques et fonctionnels, on est amené à opérer


plusieurs distinctions.

Sur un plan morphologique, on distingue :

§ Des synapses axo-dendritiques (entre l'axone de l'un et la dendrite de l'autre),


§ Des synapses axo-somatiques (entre l'axone de l'un et le soma de l'autre),
§ Des synapses axo-axoniques (entre deux axones),
§ Beaucoup plus rarement des synapses somato-somatiques, somato-dendritiques
et dendro-dendritiques.

Sur un plan physiologique, on distingue :

§ Des synapses électriques au fonctionnement très simple,


§ Des synapses chimiques au fonctionnement beaucoup plus complexe.

Les synapses électriques, assez rares chez les Vertébrés supérieurs, sont en fait
constituées par des canaux jonctionnels (gap junctions) que deux neurones contigus
établissent après avoir accolé leurs membranes et qui leur permettent d'échanger des ions et
des petites molécules. Elles assurent également le couplage électrique entre les deux cellules

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de sorte que les potentiels d'action puissent passer rapidement de l'une à l'autre sans
intermédiaire.

Les synapses chimiques nécessitent en revanche l'intervention de médiateurs chimiques


(ce qui implique un délai de transmission de l'ordre de 0,5 ms), présentent une polarité (la
transmission se faisant toujours de l'élément présynaptique vers l'élément postsynaptique) et
peuvent être excitatrices ou inhibitrices.

Figure 13 : Structure d’une synapse neurologique

IV.2. Fonctionnement de la synapse chimique :

Les synapses chimiques étant toujours polarisées et fonctionnant à l'aide d'un


neurotransmetteur, elles présentent à la fois une asymétrie de structure et une asymétrie
fonctionnelle.
[Nous nous limiterons ici à décrire celles où l'élément présynaptique est un axone et qui sont les plus
répandues]

Schématiquement, la transmission synaptique comprend cinq étapes :

§ La synthèse du neurotransmetteur dans l'élément présynaptique,


§ Le stockage du neurotransmetteur dans la terminaison présynaptique,
§ La libération du neurotransmetteur dans la fente synaptique,
§ La combinaison du neurotransmetteur avec les récepteurs postsynaptiques,
§ L'inactivation du neurotransmetteur après dissociation du complexe récepteur-
neurotransmetteur.

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L'arrivée d'un potentiel d'action dans la terminaison présynaptique va déclencher plusieurs


phénomènes qui aboutiront à la libération du neurotransmetteur, à sa fixation sur les
récepteurs post-synaptiques et à leur activation.

§ En premier lieu, la dépolarisation membranaire provoque l'ouverture de canaux


électrodépendants au calcium. Celui-ci rentre alors dans la cellule en raison du gradient
électrique et de son gradient de concentration de sorte que la dépolarisation se traduit
par une augmentation de la concentration de calcium intracellulaire (il ressortira,
comme le sodium, par un mécanisme de transport actif).

§ La présence de calcium à l'intérieur de la cellule permet alors d'activer la


phosphorylation de certaines protéines assurant la liaison entre le cytosquelette et les
vésicules synaptiques, ce qui provoque leur migration jusque la membrane. Une fois en
contact avec la membrane, elles libèrent leur contenu par exocytose de sorte que la
dépolarisation aboutit à la libération du neurotransmetteur dans la fente synaptique.

§ Le neurotransmetteur présentant une forte affinité avec les récepteurs de la membrane


post-synaptique, il s'y fixe par complémentarité stérique. Or ces récepteurs sont des
protéines-canaux chimiodépendantes, c'est-à-dire que leur ouverture dépend de la
présence d'une substance chimique, en l'occurrence ici le neurotransmetteur. La
combinaison d'une (souvent deux) molécule(s) de neurotransmetteur avec le
récepteur ouvre donc le canal et permet à l'espèce ionique correspondante (Na+,
Ca2+, Cl- ou K+ selon les cas) de diffuser selon son gradient de concentration ce qui
a pour effet de modifier localement le potentiel de membrane de l'élément post-
synaptique.

Selon le type de synapse considéré, la combinaison neurotransmetteur-récepteur se traduit


par une dépolarisation ou une hyperpolarisation de la membrane postsynaptique.

§ Dans le cas d'une synapse excitatrice, le neurotransmetteur ouvre une protéine-


canal au sodium ou au calcium. Il s'ensuit une augmentation de cations intracellulaires
ce qui a pour effet de provoquer une dépolarisation locale qu'on qualifie de potentiel
post-synaptique excitateur (PPSE).

§ Dans le cas d'une synapse inhibitrice, le neurotransmetteur ouvre une protéine-


canal au chlore ou au potassium ce qui a pour effet de provoquer une hyperpolarisation
locale (par entrée de chlore ou sortie de potassium) qu'on qualifie de potentiel
post-synaptique inhibiteur (PPSI).

Il reste ensuite à inactiver le neurotransmetteur pour éviter que la dépolarisation ou


l'hyperpolarisation qu'il a provoqué en se combinant avec les récepteurs postsynaptiques ne
se prolonge et empêche la synapse de fonctionner normalement.

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Selon le type de neurotransmetteur, deux mécanismes sont responsables de cette inactivation


:
§ Soit il est dégradé par une enzyme spécifique dans la fente synaptique ;
§ Soit il est recapté (cas le plus courant) par la terminaison présynaptique et peut ainsi
être réutilisé.

IV.3. Neurotransmetteurs :

On connaît aujourd'hui plus d'une centaine de neurotransmetteurs et que la liste ne cesse de


s'allonger (tableau n°1).

Tableau n°1 : Neurotransmetteurs.

Neurotransmetteur Nature chimique Excitateur/Inhibiteur


L'acétylcholine Une amine quaternaire Excitateur
Aspartate Un acide aminé (aa) Excitateur
Glutamine Un acide aminé Excitateur
GABA (acide γ amino-butyrique) Un acide γ aminé Inhibiteur
Glycine Un acide aminé Inhibiteur
Adrénaline Catécholamine* Excitateur/Inhibiteur
Noradrénaline Catécholamine Excitateur/Inhibiteur
Dopamine Catécholamine Excitateur/Inhibiteur
Sérotonine Indolamine** Excitateur/Inhibiteur
La substance P Peptide de 11 aa Excitateur
* : dérive de la Tyrosine – ** : dérivé du Tryptophane

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