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Méditations

Lawahn Shiva

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Copyright © 2021 Philippe Lawahn Zanotti


Code ISBN : 9798531213358
Tous droits réservés

Version : 001-2021.07.03

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Ces poèmes pavent le chemin vers la découverte de l'Être


éternel, cette part de nous qui nous échappe et que nous ne
pouvons décrire. Cette Être éternel est ce qui en nous est
absolu, libre et non-conditionné. Certains l'appellent l'âme
ou l'esprit, mais ces termes ne peuvent satisfaire la nature
profonde de ce que nous sommes réellement.

Ni notre corps, ni notre esprit ne nous appartiennent


véritablement, car ce ne sont que des productions
conditionnées. Nous héritons de notre génétique, comme
des schémas de nos pensées. Et pourtant, nous sommes
persuadés de faire des choix et d'avoir une identité. Est-ce
une illusion ?

L'Être éternel est ce qui est le plus susceptible d'être notre


véritable nature, hors de tout conditionnement. S'il existe
et si ces intentions influencent nos choix et nos actions, il
est alors absolu, libre et non-conditionné. Et s'il est absolu,
libre et non-conditionné, il n'est ni Un, ni Tout, ni Un et
ni Tout. Il ici et maintenant, il est partout et tout le temps.

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Sommaire

CONTES SPIRITUELS ................................................7


L’ALCHIMISTE............................................................. 8
LE BATELEUR ............................................................ 12
LE CHARIOT ............................................................. 14
L’ADVERSAIRE .......................................................... 16
MEDITATIONS PSYCHEDELIQUES .......................... 19
LE DENI................................................................... 20
LA PEUR .................................................................. 22
DUKKHA .................................................................. 24
ANAMORPHOSE ........................................................ 28
ESPRIT LIBERE........................................................... 30
LA SOURCE DU DESIR ................................................. 34
VALEURS VERITABLES ET NOBLES CHEMINS .......... 39
LIBERTE ................................................................... 40
LA FOLIE.................................................................. 42
LE PARDON DE L’ETOILE ............................................. 44
LA REUSSITE ............................................................. 46
SOLITUDE LIBERATRICE ............................................... 48
LIBERE-TOI .............................................................. 52

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Contes Spirituels

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L!Alchimiste

Il est de ces gens d’une intelligence infinie


Comme celui-là qui excellait dans l’art
Dans la technique, la compétence et le savoir
Et qui choisit de suivre la voie de l’alchimie

Rêvant un jour de réaliser le grand œuvre


Il accumula maintes ressources et trésors
Découvrant les recettes et manœuvres
Qui mènent à la transmutation du plomb en or

« Si je réussis mes manipulations, il pensait


Je serais le plus riche et le plus influent ! »
Il choisit un endroit préparant en secret
D’installer équipements, outils, et instruments

Dans une coupelle faite de cendres et d’os


Il dépose un liquide à base de vils métaux
D’ingrédients occultes préparés minutieusement
Et place l’appareil sur un charbon ardent

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Il est bien évident que toute recette quelle qu’elle soit


N’a que peu de chance d’aboutir au succès
la première fois
Cette initiale tentative bien entendu échoua
Bien que fort prometteur en fut le résultat

De l’or il n'en eut point mais une matière jaunie


Ni brillance ni valeur une insipide bouillie
Et pourtant l’alchimiste vit en cela un bien
Motivé par l’idée d’être sur le bon chemin

La seconde tentative fut un échec complet


La suivante quant à elle manqua de le tuer
Plusieurs années passèrent par son acharnement
De sa quête il n’y eut aucun avancement

Sauf peut-être ce jour-là observant son humeur


Au constat des protocoles qu’il suivait avec rigueur
Le liquide alchimique avait des réactions
Liées à ses pensées et à ses émotions

S’en suivit une quête qu’il lui donnait espoir


Il fit un long travail de connaissance de soi
Il chercha en son être ses peurs et ses tracas
Il comprit qu’en son cœur était le vrai pouvoir

Puis à la fin de sa vie il atteint son but


Il réussit alors la noble mutation
D’un métal sans éclat il en fit une vertu
Le pouvoir de Midas, divine transmutation

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Le bonheur qu’il obtint était incommensurable


Mais il ne venait pas des perspectives de l’or
Mais plutôt d’un trésor d’une valeur inestimable
Qu’il trouva en son âme dans son for intérieur

Même si au départ son rêve était vulgaire


Poussé par l’illusion de buts bien ordinaires
Il vit qu’en vérité une noble intention
Avait depuis toujours guidé son cœur de plomb

Voyons nous aussi qu’aux sources des pulsions


D’ambitions égoïstes et de penchants infâmes
Qu’il est possible qu’il soit présent en filigrane
L’aspiration divine d’une digne ascension

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Le Bateleur

Que faire quand l’ennui s’installe


Lorsque je n’ai ni envie ni besoin
Nulle corvée, nulle tâche, nul travail
Qu’il ne me serait possible de remettre à demain

Alors qu’une énergie palpable s’agite en mon sein


Une pulsion profonde d’animer le destin
Je ne sais décider ce qu’il me faut agir
Je n’ai aucun moyen d’activer mon désir

Je suis seul auprès d’un établi bancal


Outils et bibelots disposés devant moi
D’une main je saisis un bâtonnet banal
De l’autre un denier sans valeur ni éclat

Il me semble que ces objets d’apparence ordinaire


Soient les clés de la porte contenant le mystère
Je réfléchis un instant, je cherche mais ne trouve rien
Mes pensées sont-elles claires, mon esprit est-il vain ?

J’ai pourtant tout en tête, je connais l’Univers


Je l’ai plus d’une fois observé dans mon imaginaire
J’ai maintes fois exploré les recoins du savoir
Conservé à l’abri d’une coiffe ostentatoire

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Et pourtant c’est un fait je regarde en arrière


De nouveau se bousculent les démons du passé
Toujours à m’attacher à ce terrible anniversaire
Mon attention accaparée d’une illusoire identité

Et si j’osais un premier geste


Qu’est-ce que cela m’en coûterait
Moins d’un écu, une petite pièce
Je pourrais bien y laisser un denier

Faisons tourner cette baguette


Apprenons-lui à virevolter
Chantons ensemble et à tue-tête
Et perdons nous dans nos pensées

Jouons ensemble dans ce monde merveilleux


Car ici rien n’a de sens, rien n’est important
Ni bien, ni mal, ni salut, ni châtiment
L’Univers tout entier est un terrain de jeu

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Le Chariot

Le Chariot s'élance au combat


Détaché de tout résultat
Nulle victoire, nulle défaite, nulle conséquence
Nulle issue n'est acquise par avance

Si au cœur de l'action ton cœur se balance


Que les choix ne présentent aucune fin satisfaisante
Qu'indécis, à l'arrêt, tu ne sais qu'entreprendre
Les étoiles sont tes guides et te montrent la voie

Si le doute te submerge dans un cycle incessant


Que l'appel du néant afflige ton mouvement
Que ton esprit se fige dans un triste moment
Fais en sorte que tes valeurs se rappellent à toi

Un espoir trop intense peut être source de tracas


Et dans l'acte et le geste limiter l'attention
L'énergie dispersée entre la peur et l'action
T'éloigne assurément du meilleur résultat

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L'abandon par ailleurs n'est pas une solution


Refuser la souffrance que suggèrent tes projections
Est un sort que tu jettes à ton esprit tiraillé
L'enfermant plus encore dans les limbes du passé

C'est ainsi que Krishna parle à son prince désemparé


Lui rappelle ce qu'est l'être et le sens du vivant
Que son âme lui indique la posture à adopter
Que son corps attend de lui qu'il soit digne de son rang

C'est ainsi qu'Arjuna écoute son divin cocher


Accepte le présent et le feu du mouvement
Se lève avec la force du courage retrouvé
Et pour seule intention d'être ici et maintenant

C'est alors que le Chariot s'élance au combat


Que ses rênes sont guidées par son Être éternel
Que l'Esprit détaché de toute forme de résultat
Fait que son véhicule chemine sur la voie de l'Éveil

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L!Adversaire

Il est un adversaire qui toujours me défie


Et pour qui le mensonge est une arme acceptable
Qui se présente à moi en meilleur ennemi
Connaissant mes points faibles, me sachant vulnérable

Chaque fois qu’une douleur me semble insoutenable


C’est bien lui que je vois me narguer en coulisse
Ricanant de mon sort, d’une souffrance ineffable
Que je tombe à nouveaux dans ses vils artifices

Je l’entends chuchoter à l’oreille de mon âme


Et je sens qu’il me pousse au bord du précipice
Je ressens dans mon corps le verrou de l'infâme
Me liant à jamais à ses pires maléfices

Et je lutte pour enfin libérer mon essence


Trouver le moyen de franchir cette porte
Cette lumière qui au loin me remplit d’espérance
Mais encore il est là refusant que je sorte

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C’est alors que me vient une pensée inédite


Une idée si triviale que l’on ne saurait douter
Que la porte est ouverte à celui qui mérite
Simplement pour cela il doit avoir la clé

Je comprends à présent que mon cher ennemi


N’a jamais été là pour enfermer mon cœur
C’est mon ombre éternelle qui cachait dans l’oubli
Les secrets de mon être, la clé de mon bonheur

Il est moi, je suis lui, nous formons de la sorte


L’éternelle alchimie des facettes de notre esprit
L’évidente harmonie de nos jours et de nos nuits
Que l’envers est à l’endroit, comme la clé est la porte

Observant la nature de mon adversité


Je distingue à présent l’apparence erronée
D’un espace insécable entre chaque élément
De ce monde de nous même nous semble séparé

Acceptant maintenant d’être uni à mes peurs


Accueillant les errances des fragments de mon cœur
L’infini est un point qui n’a ni lieu ni temps
Et le Monde y demeure, ici-même, à cet instant

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Méditations
Psychédéliques

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Le D"ni

Le déni est l’ennemi


Le déni de la mort, le déni de la vie
Le déni empoisonne la source des ressources de l’Esprit

Le déni de ce qui est, en vérité


Le déni d’une ineffable réalité
Le déni est le voile qui masque le chemin
Vers l’étincelante étoile à portée de nos mains

Le déni nous empêche d’accepter l’évidence


En dissimulant les portes de notre conscience
En cachant sous nos pieds les clés de la liberté
Verrouillée sans procès par notre identité

Le déni apparaît lorsque l’ego menacé


Par tout ce qui peut son jugement altérer
Il masque l’ignorance d’une illusion grossière
D’artifice des sens, de croyances délétères

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Le déni est le fruit du miroir déformant


Qui à nos yeux s’impose comme une lucidité
Construit par l’autre dans notre esprit inconscient
Transmis à d’autres par notre servilité

Le déni c’est de croire que notre perception


Pas plus que nos rêves et notre réflexion
Ne soit qu’une construction de paroles et d’images
Qui ne sont tout au plus qu’un sinistre héritage

Le déni est puissant car il est indéniable


Infiltrant sans un bruit notre subjectivité
Grandissant lentement au sein de nos idées
Il connaît nos faiblesses, il nous sait vulnérables

Le déni est en nous, pauvres fous que nous sommes


Sous couvert d’un bon sens qui nous semble évident
Il réduit nos défenses en biaisant nos jugements
Nous fait croire qu’il nous aide alors qu’il nous
assomme

Pour guérir du déni il n’y a guère de remède


À part savoir douter de ses propres pensées
Repérer quand elles sont figées dans un modèle
Et remettre en question sa propre identité

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La Peur

Latente ou saisissante, la peur nous accompagne


Du plus profond de notre être, au cœur de nos
entrailles
Tantôt bonne conseillère, tantôt elle nous assaille
Souvent elle nous empêche de gravir les montagnes

C’est la peur de la mort, celle qui glace le sang


L’idée de ne plus être, plonger dans le néant
Apportant la tristesse et la désolation
Contre elle un seul remède, une pleine acceptation

C’est la peur de souffrir, celle qui chauffe le sang


Elle contrôle notre corps et altère nos jugements
Une source intarissable de haine et de rancœur
Qu’une seule chose peut taire, le dialogue intérieur

C’est la peur de l’esprit, celle qui coupe le sang


Refusant la critique de notre raisonnement
Elle use de mauvaise foi, de folie, de déni
Modérée par la voie de l’ouverture d’esprit

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C’est la peur du mépris, celle qui perce le cœur


La honte qui nous tire dans d’atroces profondeurs
Creusant jour après jour un peu plus notre tombe
Il faut un grand courage pour émerger de l’ombre

La peur est un fardeau autant qu’un bouclier


Faite d’intentions pures, sensée nous protéger
Bien souvent maladroite à notre grand malheur
Il nous faudrait pourtant ne pas en avoir peur

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Dukkha

Tout est Dukkha

Dukkha est euphorie autant que souffrance


Flottant sur les vagues d'un océan sans fin
Au gré des crêtes culminantes et des creux incertains
Dukkha est le navire de la désespérance

Dukkha est la matière, et l'irrésistible désir d'être


Dukkha est le feu, et le profond désir de naître
Dukkha est conscience, et le besoin de reconnaître
Dukkha est l'expérience, le rêve et le paraître

Je est Dukkha, Dukkha est un jeu


C'est parce que Dukkha est que je crois être Je

Dukkha est le Monde tel que je le perçois


C'est parce que Dukkha est que je crois être Moi

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Dukkha est matière

Quand mon corps est fait de feu, d'eau, de terre et d'air


Quand se crée l'émotion quand il crie sa colère
Quand il fige l'instant quand s'agitent ses viscères
C'est Dukkha qui m'inscrit dans une vie éphémère

Dukkha est sensation

Quand j'éprouve le désir ou bien la répulsion


Quand l'excès de plaisir m'amène à l'addiction
Quand l'excès de douleur m'amène à l'affliction
C'est Dukkha qui m'attache à ma grande illusion

Dukkha est perception

Quand mes sens sont voilés par mes intentions


Mes peurs exarcerbées par mes spéculations
Quand je croise un objet quand je lui donne un nom
C'est Dukkha qui construit la grande usurpation

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Dukkha est volonté

Quand je pense faire un choix en pleine liberté


Quand je pense être moi dans mes activités
Quand je pense avoir le sens de mon identité
C'est Dukkha qui contrôle mon agentivité

Dukkha est conscience

Quand mon esprit s'égare dans le plaisir des sens


Que mon inattention définit mon errance
Que ma concentration se fissure d'impatience
C'est Dukkha qui bâtit les murs de l'ignorance

Tout est Dukkha

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Tout est Dukkha et Dukkha a une cause


Car ceci est cela parce que cela est
Car Dukkha est le fruit de l'esprit limité
En tant qu'unique réponse aux questions qu'il se pose

C'est parce que je désire être moi


Que je n'admets pas de ne pas être
Que je m'identifie à ce que je ne suis pas
Que chaque instant voit Dukkha apparaître

C'est en refusant l'évidente réalité


Que je ne sois qu'une production conditionnée
Un amas ponctuel de mouvements hasardeux
Que je m'attache incessamment à être Je

C'est en niant de mauvaise foi ma dépendance


La non-substance de ce qui fait mon existence
Que je m'éloigne de qui je suis en vérité
L'émanation de l'absolue infinité

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Anamorphose

La foudre s’abattant sur la cime forestière


D’un vacarme assourdissant faisant trembler la terre
D’un éclat flamboyant et illuminant le ciel
Vibrant d’une énergie mille fois éternelle

Mon esprit soudainement se remplit de lumière


Et s’étend à l’infini, aux confins de l’univers
En mon cœur est le centre d’une conscience divine
L’impression d’unité qui en moi se dessine

Cet instant où je suis, un désert de pensées


Dénué de nuisance, le néant des idées
Nulle image je ne vois, seul un son est présent
Un sifflement aigu, continu et perçant

Je n’ai rien à y faire et nulle part où aller


Je n’ai qu’une intention : y rester à jamais
L’inaction est totale en cet instant figé
Immobile que je suis sans attente ni souhait

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Je vis l’expérience de ma disparition


De mon être dépouillé de toute distraction
Constatant que pourtant il reste quelque chose
Qui subsiste à l’effet de cette anamorphose

Une partie de moi-même qui observe l’expérience


Qui dit Je, qui entend, qui commente sans outrance
Qui recueille patiemment les phénomènes vécus
Qui traduit naïvement ce qui semble apparu

Et puis il y a cette autre chose qui est indéfinissable


Un endroit sans espace, un esprit sans objet
Percevoir sans les sens la nature véritable
Le sentiment sincère de l’union et la paix

Quel bonheur que de vivre cet état merveilleux


Où enfin prend la place de président du Je
L’être inné que je suis hors du monde et du temps
Que l’ego pour une fois ne soit qu’en second plan

Et ainsi s’offre à moi une vision subtile


D’avoir vécu l’instant de la liberté totale
Qui à présent en moi d’une encre indélébile
Est inscrite à jamais en lettres capitales

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Esprit Lib"r"

Il y a en nous une force invisible et éternelle


Quelque chose d’intangible qui échappe à nos sens
Une source intarissable d’énergie immatérielle
Une indicible idée hors de portée de la conscience

Et pourtant immobile explorant mon esprit


Attentif à l’ensemble des parties de mon corps
Je perçois sans entendre qu’en mon être infini
L’univers est ici et qu’il n’a pas de bord

Situé solidement au milieu de moi-même


Le plexus du soleil de mon feu éternel
J’observe en chaque membre de la chose que je suis
L’immanence perceptible de l’essence de la vie

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C’est comme si je sentais l’intérieur de mes mains


Des mouvements vibratoires dans mes bras dans mon
cœur
Dans ma tête ondulant des serpents intérieurs
De mes jambes une vague s’élevant en mon sein

Puis le son du silence sifflant continuellement


Doucement s’amplifie et déploie sa puissance
Apportant à l’instant son intense présence
Qui vide les pensées et arrête le temps

C’est alors que la porte d’un espace invisible


Se présente devant moi et devient accessible
Qu’il suffit pour passer comprendre que la clé
Est ce moment merveilleux de l’esprit libéré

Conservant le désir d’explorer l’autre monde


Et pourtant ne vouloir contrôler le destin
D’un total abandon de l’ego qui en vain
S’accroche à l’illusion sur laquelle il se fonde

Simplement je relâche la saisie du mental


Acceptant qu’il n’est rien qui en fin ne subsiste
Les portes de l’esprit de ce saint sacrifice
S’ouvrent grand me laissant traverser le portail

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D’un mouvement ascendant de la terre vers le ciel


De la plante des pieds au sommet de mon crâne
Une vague d’énergie se déploie en mon âme
Je jouis un instant de l’extase éternelle

L’ineffable expérience de l’ultime vacuité


Un esprit sans limite sans attache sans besoin
Effleurant une idée éphémère de la paix
D’être tout l’univers réuni en un point

Puis aussi étrange que cela paraît


Cet instant hors du temps ne persiste à jamais
Cet endroit sans espace n’est ouvert sans limite
De ce monde fabuleux s’interrompt la visite

De retour en ces lieux en ces temps illusoires


Sans pouvoir pour autant perdurer dans l’espoir
De sentir à jamais cette liberté intime
Me voici apaisé de ce souvenir infime

D’observer, de sentir, de toucher cet instant


Dans mon être une clé pour toujours est ancrée
Désormais sont ouvertes et pour moi dévoilées
Les portes éternelles de l’esprit libéré

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La Source du D"sir

Si l’on admet que toute chose à une cause


Quelle est la cause de toutes les causes ?

M’interrogeant sur la source de mes pensées


De mes intentions, de ce qui me fait avancer
Je vois que nombre de mes désirs sont factices
Ancrés en moi par un obscur mécanisme

Ces faux désirs m’amènent à de fausses intentions


Celles-ci m’amenant à de fausses pensées
Celles-ci m’amenant à de fausses paroles
Celles-ci m’amenant à de fausses actions

Et pourtant quelque chose de plus profond semble


exister
À la source du mouvement qui entraîne mes pensées
Des désirs sincères de mon être véritable
Par le monde où je vis enterrés sous le sable

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Un sable noir composé de langages et d’idées


D’interdits, de contraintes, de fausses nécessités
Irrigués par les flots de promesses et de menaces
Se cultive dans mon champ un chiendent fort tenace

Défrichant le terrain d’un labeur continu


Je découvre peu à peu les indices dissimulés
Sous les adventices néfastes solidement enchevêtrées
Quatre pousses apparaissent discrètes et menues

Celui de l’arbre cosmique


Qui porte l’univers depuis la nuit des temps

Celui de l’arbre de vie


Bien ancré dans la terre
Orienté vers le ciel

Celui de l’arbre de l’esprit


Qui aspire à l’expansion éternelle

Celui de l’arbre divin


N’existant qu’en un point
Ici et maintenant

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Ainsi, l’être de matière, fruit de l’univers


Est mû par le désir d’existence, le refus du néant
Une manifestation en ce monde à part entière
Sous quelque forme que ce soit
Dans l’espace et le temps

Ainsi, l’être de vie, fruit de la matière


Est mû par le désir de vivre éternellement
Naître, croître, mourir, fuyant et combattant
Dompter les éléments d’un passage éphémère

Ainsi, l’être pensant, fruit du vivant


Est mû par le désir de conscience
Par le rêve pas à pas trouver la délivrance
Être libre au-delà des limites du sang

Ainsi, l’être divin, fruit de la pensée


Est mû par le désir d’unité
Accepter l’extérieur comme reflet de lui-même
Retrouver en son cœur l’absolution suprême

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Alors, l’arbre cosmique


Se nourrit d’existence sans jugement sans raison

Alors, l’arbre de vie


Se nourrit d’expériences et de récréations

Alors, l’arbre de l’esprit


Se nourrit d’espace et de libres pensées

Alors, l’arbre divin


Se nourrit d’union et de non-dualité

Je comprends à présent la raison de mon être


Cette force infinie qui me tire et me pousse
Qu’il existe une cause qu’il importe de connaître
La source du désir est le désir de la source

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Valeurs Véritables et
Nobles Chemins

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Libert"

Liberté ! Liberté de l’être


D’aller et de venir
Dans l’espace et dans le temps
D’exister sans condition

Liberté ! Liberté de vivre


De faire battre son coeur
De respirer et de créer
D’aimer et d’être aimé

Liberté ! Liberté de penser


D’avoir mes propres désirs
D’avoir mes propres peurs
D’avoir mes propres valeurs

Liberté ! Liberté d’esprit


De mes propres émotions
De mes propres perceptions
De mes propres intuitions

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Liberté ! Liberté ! Liberté !


De ma spiritualité
D’être pour être
Et ne pas être jugé

Liberté ! Liberté ! Liberté !


De choisir ma destinée
De ne pas être ton objet
Une juste colère insensée

Liberté ! Liberté ! Liberté !


De me respecter et de me pardonner
De te respecter et de te pardonner
Sans pour autant cesser de lutter

Liberté ! Liberté ! Liberté !


Toi qui me la refuses
Sans savoir ou de ton plein gré
Saches que tu en as été privé

Liberté ! Liberté ! Liberté !


La seule valeur qui soit
La seule raison d’être soi
Vaut bien le don soi

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La Folie

La folie, douce ou délétère, discrète ou ostentatoire


La folie, une chimère, entité réelle ou illusoire
La folie, un beau rêve ou un horrible cauchemar
La folie, éternelle compagnie jubilatoire

Je te vénère, chère amie de toujours


Ta beauté n’a d’égal que la peur que tu inspires
Quel péril que d’éprouver un tel amour
Et quelle erreur de ne pas te chérir

Le mépris de l’indigne quand il croit te connaître


Et pouvoir d’un simple mot te désigner
Niant d’un air vil ton éternelle divinité
M’inflige terrible souffrance au plus profond de mon
être

De sa vie d’ignorant tu en es l’étincelle


Qu’il refuse, l’impudent, de reconnaître comme telle
Et préfère la tristesse d’une vision ordinaire
À l’infinie liberté d’un esprit sans ornière

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C’est lui le fou ! Il ne voit rien du tout !


Ce trésor éternel qui se trouve à ses pieds
Cette fortune sans limite qui implore à genoux
De cette chance inouïe il n’a même pas idée

Il dit de toi que tu es une maladie


Que celui qui t’attrape est un mort en sursis
Si cela est un fait qui pourrait s’avérer
Il en serait alors un des plus affectés

Car l’ivresse est en nous, c’est notre être


Seul le Sage est capable de l’admettre
Car il sait bien que ce que l’Homme nomme folie
Est en somme une de plus belles facettes de la vie

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Le Pardon de l!Etoile

Ô cieux obscurs et sombres nuages


Me voici devant vous délivrant ce message
Un présent de lumière rayonne à l’horizon
Car l’étoile que je suis s’élève dans le pardon

Je pardonne à mes pairs leurs terribles sévices


Les malheurs que la Terre supporte en ces temps tristes
La violence des peuples qui sombrent dans l’erreur
L’arrogance des maîtres qui s’érigent en sauveurs

Je pardonne à mon père de passer le témoin


Du retour incessant de l’angoisse ancestrale
Des fantômes du passé qui hantent mon destin
Des jugements fallacieux du divin tribunal

Je pardonne à ma mère d’enfanter la souffrance


D’établir à ma vie les termes de son existence
D’inviter en ce monde une âme non consentante
Sans armure et sans arme, vulnérable et mourante

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!

Je pardonne à la vie de créer ce désir


Qui au fond de mon cœur me blesse et me déchire
De la peur de manquer à celui de mourir
Du besoin d’affection à celui de haïr

Je pardonne au néant de produire l’existant


Des plus belles floraisons aux pires égarements
Des esprits les plus clairs aux corps les plus vulgaires
Du repos éternel opposant la lumière

Je pardonne à l’ego mon terrible geôlier


Qui m’enferme en silence dans une cage dorée
Qui m’inflige la sentence si je cherche à m’enfuir
Qui transforme en souffrance le moindre de mes désirs

Je pardonne à quiconque se croyant innocent


Et à ceux convaincus qu’ils sont libres de choix
Aux légions d’enchaînés aux boulets inconscients
Prisonniers à jamais refusant le combat

Un pardon sincère et franc, je n’ai plus de rancœur


Acceptant ce qui est, le fardeau disparaît
Découvrant qu’un trésor en moi était caché
Une profonde liberté, la clé de mon bonheur

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!

La R"ussite

Il est un rituel parmi les plus efficaces


Qui d’un éclair instantané révolutionne l’esprit
Qui dans le corps fait naître une fertile énergie
Qui transforme la vie et qui ouvre l’espace

Conséquence d’un chemin traversant une épreuve


D’une douleur, d’un effort, et d’un moment de grâce
En mon for intérieur, la source nouvelle d’un fleuve
Ce mouvement qui m’entraîne et jamais ne s’efface

Cet instant où l’esprit réalise l’évidence


Que l’objet d’un dessein se présente comme une fin
Réussir un projet amplifie l’espérance
Dépasser un échec remanie le destin

Plus le gain est intense, plus le sort est certain


Plus le risque est immense, plus l’élan se maintient
La victoire est l’outil d’un changement permanent
Qui des échecs surpasse tous les enseignements

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Est-ce à dire qu’il s’agisse du mouvement de la vie


Le Graal qui de nos rêves est le seul but qui soit
Il ne faut se méprendre de ce qui forme nos pas
Réussir n’est pas un but, c’est une main qui agit

Plus encore il n’est dit si d’un bon résultat


Soit porté au vainqueur un réel bénéfice
Il est plus que probable que bien nombre de cas
Constituent à long terme la formation d’un vice

Ainsi donc il n’est pas conseillé d’adopter


La poursuite effrénée de la seule réussite
Mais ne pas négliger son pouvoir aiguisé
De créer dans l’esprit une croyance inédite

Ton chemin est jonché de possibles victoires


C’est à toi de choisir la meilleure trajectoire
Car c’est là que tes choix mèneront tôt ou tard
Ton voyage vers la ruine ou un heureux hasard

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!

Solitude Lib"ratrice

Seul dans ce monde, seul à jamais


Tout ce que tu perçois n'est qu'un reflet de toi même
Et quoi que tu fasses en vérité
Ne soulage un instant ce terrible anathème

Les autres sont dans tes pensées


Le monde est dans tes pensées
Tes actions sont dans tes pensées
Leurs conséquences t'apparaissent en pensées

Les perturbations extérieures sont intérieures


Les gratifications extérieures sont intérieures
Les objets extérieurs sont intérieurs
Les personnes qui t'entourent sont dans ton cœur

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!

Certains disent que tout est illusion


D'autres que tout est un rêve
Il faut comprendre que tout est perception
Que l'univers tout entier se dissout quand elle s'achève

Quand tu as accepté que la réalité


N'apparaît jamais nue à travers la pensée
Qu'elle n'est pas accessible à ton esprit conditionné
Tu ne peux qu'admettre l'impérieuse vérité

Si tu ne peux accéder au monde qu'à travers des idées


Des mots, des concepts, des constructions mentales
Des symboles hérités d'un patrimoine ancestral
Il ne reste plus que toi, seul dans cette immensité

Toutefois la douleur que tu sembles éprouver


À l'idée toute simple de perdre toute identité
Par l'absence d'autres âmes auxquelles tu te serais lié
Elle aussi est un leurre, une croyance inculquée

Car en explorant ce monde qui se trouve dans ton coeur


Cet espace infini dans ton for intérieur
Il se peut qu'au hasard d'un voyage sans retour
Tu y trouves ce que tu cherches depuis toujours

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!

L'être qui t'es le plus cher


Celui qui ne veut que ton bien

La personne qui te voue son amour


Sans condition et sans fin

Compagnie éternelle de tes rêves et de tes pensées


C'est toi même qu'enfin tu retrouves à jamais

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!

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!

Lib#re-Toi

Prend conscience
Que ce qui est n'est pas ce que tu perçois
Que ce qui dit « Je » n'est pas ce que tu crois
Que ton raisonnement
Est constamment altéré
Que le corps par l'émotion
Voile ta lucidité

Accepte sans condition


Que tout désir de contrôle est un réflexe conditionné
Que les mots et les concepts structurent ta pensée
Que ton identité est artifice
Qu'elle n'est qu'une illusion
Que l'espace et le temps
Ne sont que conventions

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!

Abandonne l'idée d'une accessible réalité


De posséder ton corps ou même ton esprit
De savoir ce qui est bon ou ce qui est mauvais
De trouver un sens à ta vie

Affronte sans relâche les obstacles quotidiens


Le chant des sirènes d'hier et d'aujourd’hui
Les peurs que tu as héritées de tes vies du passé
La douleur des chaînes qui entravent ta liberté

Je ne peux te promettre l'ultime félicité


Le bonheur permanent ou l'amour du divin
Seulement c'est ainsi que se pave le chemin
De celui qui aspire à pouvoir se libérer

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