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Il fait sombre.

Je suis dans les ténèbres et pourtant j'ai la


certitude que je dors. J'ai froid jusque dans mes os. Mais je sens une
légère pression sur ma poitrine, et mon cœur se réchauffe doucement.
J'entends une voix qui m'appelle:
– Eden, ne laisse pas la vengeance et la haine obscurcir ton
coeur. Tu ne dois pas laisser cette étincelle qui t'anime
s'éteindre.
– Mere ? J'ai la sensation qu'un doigt se pose sur mes levres
– Chut Eden. Écoutes moi. Je n'ai pas beaucoup de temps point
les ténèbres vont te pourchasser, elles ne vont jamais
s'arrêter. Mais tu as ce qu'il faut dans le cœur, dans l'esprit
et dans l'âme pour réussir à toujours les repousser. Tu vas
devoir affronter des épreuves et dans ton malheur,tu ne peux
malheureusement pas trouvé le repos comme le peu ton frère
Cain. Mais tu as chance inouïe, une chance dans tous tes
frères et soeur ont été privée: quelqu'un t'attend. Un moment,
dans ton parcours, tu vas rencontrer une personne aussi spécial
que ton père l'est pour moi. Un jour, tu trouveras la personne
capable de te rendre l'amour que tu peux donner. Mais en
attendant, ma fille, ne perds pas espoir. Combat tes démons et tes ennemis comme tu l'as toujours
fait. Je suis sûr que s'il le savait ton père serait aussi fier de toi que je le suis. Ne te sens pas
abandonné ma petite fille, nous veillons sur toi comme nous le pouvons. Mais nous avons bien des
responsabilités déjà, et je sais que là, elle passe la main sur mon cœur, tu le comprends et que tu
sais que nous t'aimons.

Les ténèbres ont disparues, je n'entends plus la voix de ma mère. Tout est blanc autour de moi.
J'ai l'impression de marcher longuement et vers nul part. Puis je fais face à un grand miroir dans lequel je me
reflète d'une drôle de façon. Je suis comme translucide. Comme si c'était... Mon âme qui se reflétait. Elle a
une drôle d'aura, un peu lumineuse, comme le soleil peut-être. J'y vois des fissures, des craquelures, des
raccommodage plus ou moins bien fait, comme pour une robe reprisée. Certaines semblent plus anciennes
que d'autres. Mais pourquoi est-ce que je vois cela ? J'effleure ce qui semble être l'entaille la plus vieille, un
léger picotement se fait ressentir, mais rien de réellement dérangeant. Quand mes doigts passent sur ce qui
semble être la plus récente, je me recule vivement, repoussant le miroir tandis que je me rends compte que
mes doigts ont laissé une légère traînée de sang sur ce dernier. Je ne comprends pas, qu'est-ce qu'il se passe ?
J'essuie les traînées de rougeatres, prenant instinctivement ce qui aurait dû être ma manche, essuyant ainsi un
bout de moi avec un bout de moi. Le reflet change d'un coup ce n'est plus le mien mais celui d'un autre. Une
autre âme peut-être ? Elle me semble plus nocturne, plus lunaire, mais tout aussi meurtrie que la mienne.
Quelle est ton histoire âme inconnue ? Je suis en train de la détailler quand tout à coup je me sens projetée au
sol.
Je suis allongée sur une sorte de table. Je sens une vive blessure puis une pression extrêmement
douloureuse . Quand je tourne la tête, j'aperçois un être sans visage incruster un diamant dans ma chaire. Je
sens un autre regard sur mon corps nu et frèle. Un homme est assis sur un trône à l'allure autoritaire, les
mains jointes. Je perçois ses pensées comme si c'était les miennes:
– L'or le plus pur pour parer mes joyaux les plus précieux

Je hoquete de surprise et quand je regarde de nouveau, un dragon remplace l'homme aux mains jointes sur un
trône austère. Quel est donc ce rêve étrange que je fais ?

Le sol tremble sous mes pieds, il s'éffrite et je tombe. Ah non. Je ne tombe pas. Je reste comme en
lévitation au dessus de ce trou immense. Mon coeur bats a rompre. Enfin il devrait. Pourquoi est-ce qu'il reste
muet de la sorte ? Je pose ma main dessus: rien. Pas un battement. Ma cage thauracique ne se soulève plus. Je
ne respire pas. Pourquoi est-ce que je ne respire pas ? Je suis en train de trembler et une idée des plus
saugrenue me vient à l'esprit: ai-je été transformée ? Mon index se pose sur l'une de mes canines. J'ai bel et
bien été transformée. Par qui ? Quand ? Pourquoi ? L'interêt m'échappe. Que l'on me vide de mon sang m'est
déjà venu à l'esprit, mais être transformée ? Je ne vois pas qui ferait ça et pour quelle raison.
Je suis saisie d'une peur panique: qui a eu
l'audace de me faire cet affront ? Qui est
mon Sire ? Pourquoi m'avoir privée de la
possibilité de voir le soleil ? De le sentir
sur ma peau ? De dormir d'un sommeil
normal et non d'un sommeil de mort ? QUI
A FAIT CA ?
J'entends alors:
– Nous sommes une famille. Une famille
se doit rester ensemble.

Etait-ce celle de Cain ? Non ce n'était pas
sa voix. Enfin je ne crois pas...

– Retires cette idée de ton esprit.


La suite de mot fut incompréhensible
– Qui êtes vous ?
Un rire et de nouveau une réponse incompréhensible
– Que... Qu'avez vous fait ?
– Ce que j'ai fais ? C'est simple. J'ai fais de toi une Baali. Tu es trop parfaite, dit il d'un air de
dégout, pour qu'un démon te contraigne. Mais la transformation restait possible...
– Pour... Pourquoi ? Répondis-je alors stupéfaite
– POURQUOI ?!! Hurla-t-il en prenant mon menton dans sa main. Pourquoi est ce que je me suis fait
tuer ? Pourquoi est-ce que j'ai fini aux Enfers ? Pourquoi ai-je fini par accepter la damnation ?!!
Tout le monde veille sur quelqu'un. Et moi ? Qui veille sur moi ma douce Eden ? Dis moi, QUI
VEILLE SUR MOI ?! Il soupire et pose ses lèvres mon front. Et qui veille sur toi... ? La fin de la
phrase est de nouveau inaudible, Grande oubliée de l'histoire. Je suis martyr mais toi tu es quoi ?
Rien. Du vent. Alors vois-tu, j'ai fais ce qu'on appelle d'une pierre deux coups: j'ai fais de toi ma
contractante, et je les emmerdes tous. Tu es une Cainite mais Cain va te detester. Tu es une
Cainite mais ... cherchera à te tuer si tu le retrouve. Tu es un Cainite donc terminé les anges pour
te garder, terminé les amis aux dents pointues. Tu es un Cainite alors DIEU LUI MEME ne voudra
plus jamais posé ses yeux sur sa pomme adorée. Tu es une Cainite... Mais tout le monde te
tournera le dos. Désormais, tu es... A MOI. Murmura-t-il dans le creux de mon oreille

De nouveau je me sens partir. Ma vue se trouble. Que se passe-t-il cette fois ci ? J'entrouvre les yeux et tout
ce que je vois c'est le plafond de la petite chambre que j'occupe.
Qu'est ce qui m'arrive ? J'ai traversé tant d'épreuves... Tant de choses... J'ai ironiquement survécu à la mort,
j'ai vécu les guerres, les poursuites, j'ai suivis les lois divines, j'ai aidé mon prochain. J'ai rencontré des
personnes horribles et des individus formidables. Quand en suis-je arrivée là ? Je ne sais pas. Je ne sais plus.
J'ai juste envie de pleurer.
Il parait qu'il arrive qu'un individu devienne le centre de notre vie, sans qu'on soit lié à lui par le sang ou par
l'amour, mais simplement parce que cette personne nous tiens la main et nous aide à marcher sur le fil de
l'espoir, sur la ligne tremblante de l'existence... Mais je suis seule, et il n'y a personne pour me tendre la main.
Finalement, peut être que je suis la seule personne capable de donner un sens au vide qui m'entoure. Peut être
que personne ne peut déchiffrer à ma place les énignes de ma vie, ni ouvrir les cadenas de mes chaines.
Parfois, je comprends pourquoi l'Eternel à dit que nous devions vivre pauvrement. Je pense qu'on devrait se
dépouiller de tout ou de presque tout. Qu'on devrait savoir se suffire de peu. On devrait s'elléger de nos poids
accumulés, les mauvais souvenirs, les faux amis, les bibelots inutiles, vestiges des vies écoulées, d'espoirs
anéantis encore si blessants... On devrait revenir à l'essentiel, rien qu'à ça. Peut être qu'on ne laisse pas assez
de place à ce qui vient, à ceux qui arriveront, à ceux qui arrivent. Peut être ne viennent-ils pas parce que sinon
ils se sentiraient cernés par nos vieux démons, nos fantomes, nos rancoeurs hostiles. Oui. Il faudrait savoir se
dépouiller et savoir ne garder que les vrais désirs, les souvenirs qui font tressaillirs le coeur et nous rendent
lumineux, légers, et ouverts. Je devrais apprendre comment être heureuse même quand je suis triste.
C'est stupide tout ce que je suis en train de me dire, ce monologue interne que je me fais. Je n'ai pas besoin
d'être tout le temps positive. C'est tout à fait normal d'être triste, agacée, frustrée, effrayée ou anxieuse. Avoir
des émotions ne fait pas de moi quelqu'un de négatif. Ca ne fait de moi qu'un simple être humain.
Si je ne laisse rien obsurcir mon coeur, Mère Illusoire, comment pourrais-je retrouver cette lumière dont vous
parlez ?
Au cours de mon voyage, j'ai fini par me perdre. J'ai appris que je pouvais marcher très loin, quelque soit la
route. Peut être que le monde dont je rêve existe quelque part. Ou peut être que je dois le construire. J'ai vu
des aurores gelées, des midis désséches et de sombres nuits comme celle-ci, frissonnantes. Je connais la
solutide, quand je regarde dans le miroir je me rends compte qu'elle se perds dans mon regard. Je me sens
brisée au point que j'ai l'impression que mes pleurs eux mêmes sont des fragments de larmes. Fragments. En
morceaux.
C'est comme si je disparaissais dès que je ferme les yeux. Je me sens comme si je me transformais en
quelqu'un que même moi je ne reconnais pas. Tristement, je suis devenue si petite. Je veux être secourue,
mais au lieu de soupirer, j'ai vomi ma solitude, et je me tiens simplement là, évaluant tout ça.
Non. Personne ne doit me secourir. Je ne dois pas me reposer sur ça. Plus maintenant. Même si je pleure.
Parmi ces gouttes d'eau qui s'assèchent, mon cœur se noit et se contorsionne. Ces cauchemars qui
m'étourdissent, je les prends et les déchire. Même si avec ça, je m'égare dans un monde de ténèbres diluée.
Mon esprit s'est enfermé dans une cage, il s'est cadenassé tout seul. Et c'est à moi d'en trouver l'issue. Il est
temps que je trouve les raisons de ma fragilité, de ma peur des lendements, sans que je tremble ou que je
m'éffondre. Il est tant que je combatte cette voix qui me murmure des choses que je ne comprends pas mais
qui tant à me mener vers l'obscurité.
Je ferme les yeux, essayant une introspection, surement stupide d'ailleurs.
Peut être qu'il y a un rideau qui se lève sur le théatre des destinées. Mais moi, qu'est ce qui m'attends vraiment
? Des lamentations ont brisé mon silence via des élégies qui ont voulues déchirer mon coeur. Des émotions
comme la haine bouillonnent dans mon sang, semblent se déchéner et me dire de ne pas les laisser mourir.
Peut être y a t il un moyen de les utiliser afin de franchir les obsctacles sur ma route.
Je suis seule et silencieuse, et pourtant, dans mon esprit c'est comme si je me préparais à affronter une
tempête. Il faut que j'apprenne à me pardonner. A aller de l'avant. Même si la rancoeur ne cesse pas pour
autant. Il faut que j'arrête de porter des fautes qui ne sont pas les miennes. Il faut que j'apprenne à oublier ce
qui me retiens. J'ai tout à gagner à vivre honnêtement, ça je peux le dire dans mes pensées, mais l'admettre à
voix haute ce serait mentir. Je dois arrêter de croire que je suis un cas desespéré. Je dois apprendre à me faire
confiance. Et a accepter que moi aussi j'ai un coté obscur, une tristesse inéfaçable dans mon passé. Pourquoi
est ce que je continu de me cacher ? Pourquoi est ce que je n'affirme pas mon existence plus fort ? Pourquoi
est ce que je me laisse oublier ? Depuis quand est ce que mon chemin m'a échappé de la sorte ? Depuis quand
est ce que j'ai accepté ce fait ? Parce que c'est mon destin ? MAIS J'EMMERDE CE PUTAIN DE DESTIN !
J'ai trop pleuré, s'en est devenu insupportable. Ce monde est déformé et je vois peu à peu s'éffondrer mes
idéaux; Comme si depuis toujours, ma présence ne servait à rien. Et pourquoi est ce que ce nuage noir au
fond de mon être ne pourrait pas illuminer ma nouvelle voie ? Pourquoi est ce que je devrais me cacher plutot
que de me battre ? Et si j'essayais d'être pour une fois fière de moi ? Sans que ce soit pour être apprécié de
ceux qui ne se soucient pas de ce que je fais ? C'est décidé. Je vais redessiner mon avenir. Blessé de partout
ou non, je resterais debout. Pas besoin d'attendre qu'un miracle se produise une dernière fois. Je suis la seule a
pouvoir exhauser mes prières. Alors sous la lumière de cette lune, commençant à se vétir de nuages sombre et
rougis par mes propos, je ferme les yeux et je me rendors. Personne ne peut rien pour moi. Si ce n'est moi.
Etrangement je souris. Et je pense a tous ces fous. Les temps changent, l'inquiétude est sans fin. L'avenir est
éphémère. Mais il n'y a qu'eux qui savent profiter de chaques instants comme le dernier. Comme nous
devrions tous le faire.
Bénis soient les fous.
Ca me rappelle un poeme que j'avais lu sur les fous, malheureusement brulé dans l'incendie de la bibliothèque
d'Alexandrie:
Que je sois un fou, qu'on le dise, Songez donc ! si j'étais un sage,
Je trouve ça tout naturel, Je fuirais les joyeux dîners ;
Ayant eu ma part de bêtise Je n'oserais voir ton corsage ;
Et commis plus d'une sottise, J'aurais un triste et long visage
Depuis que je suis... temporel. Et des lunettes sur le nez ;

Je suis un fou, quel avantage, Je vais même plus loin, personne


Madame ! un fou, songez-y bien, Ne pourra jamais me guérir,
Peut crier... se tromper d'étage, Ni la sagesse qui sermonne,
Vous proposer... le mariage, Ni le bon Dieu, ni la nonne,
On ne lui dira jamais rien, Et c'est fou que je veux mourir.

C'est un fou ; mais lui peut tout dire, C'est fou que je mourrai du reste,
Lâcher parfois un terme vil, Mais oui, Madame, j'en suis sûr,
Dans ce cas le mieux c'est d'en rire, Et d'abord... de ton moindre geste,
Se fâcher serait du délire, Fou... de ton passage céleste
À quoi cela servirait-il ? Qui laisse un parfum de fruit mûr,

C'est un fou. Si c'est un bonhomme De ton allure alerte et franche,


Laissant les gens à leurs métiers, Oui, fou d'amour, oui, fou d'amour,
Peu contrariant, calme... en somme, Fou de ton sacré... coup de hanche,
Distinguant un nez d'une pomme, Qui vous fiche au cœur la peur... blanche,
On lui pardonne volontiers. Mieux... qu'un roulement de tambour ;

Donc, je suis fou, je le révèle. Fou de ton petit pied qui vole
Nous l'avons, Madame, en dormant, Et que je suivrais n'importe où,
Comme dit l'autre, échappé belle ; Je veux dire... au Ciel ;... ma parole !
J'aime mieux être un sans cervelle J'admire qu'on ne soit pas folle,
Que d'être un sage, assurément. Je plains celui qui n'est pas fou.

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