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Pendant longtemps je n'ai fais qu'entendre le bruit du clapotis de l'eau, le bruit de combats et de

formules récités. Pendant longtemps je n'ai fait que sentir l'eau, la moisissure et le sang. Pendant longtemps je
suis restée immobile. Mais jamais je n'ai eu froid. J'étais à l'abri dans mon œuf.
Puis un jour, le bruit des combats à cessé d'un coup et j'ai entendu des pas. Je sentais l'odeur de l'hémoglobine
bien plus qu'à l'accoutumé, et sous cette odeur, celle d'un autre dragon. Je crois qu'il m'a soulevé et qu'il
rechignait a cette tâche autant qu'il était allègre du combat qu'il venait de mener, quoi qu'un peu déçu. Je
sentais que c'était un Ancien, même si ses jurons et son humeur digne des plus jeunes auraient pu indiquer le
contraire. Et il m'emmena. A la sensation que je ressentais, je savais qu'il volait, et je l'enviais pour cela. Mais
je savais aussi qu'une Sombre Présence était à ses côtés. Pourtant, je me fichais de cette présence, tout ce que
je voyais, c'était qu'un jour, moi aussi je pourrais étendre mes ailes comme il le faisait.

Je sentis ensuite l'atterrissage, et si l'Ancien paraissait brusque, son retour sur la terre ferme fut
néanmoins parfaitement maîtrisé. Puis il marcha, mais pourquoi marchait il comme un bipède ? Et quels
étaient tous ces sons que je percevais ? Quelles étaient donc toutes ces odeurs qui me mettaient en appétit ?
D'ailleurs, que faisions nous ici ? Qu'est ce que l'Ancien allait faire de mon œuf ?
Il semblait s'adresser à un être appelé Roi, et je sentais derrière ce dernier une présence dangereuse, celle d'une
Wyvern. Je n'aimais pas du tout cela. Encore heureux qu'elle se casserait les crocs sur ma coquille ! Le jour où
j’éclorais, j'aurais tout intérêt à me tenir éloigné de cette chose ainsi que du Roi. Lui aussi était suivie par la
Sombre Présence.
J'étais ensuite passée de mains en mains. Apparemment je serais sous la responsabilité de "Prince Aerys". Quel
drôle de sobriquet ! Mais j'avais l'impression que ses mains étaient douces sur mon cocon ovale, et il me
semblait précautionneux. Pourquoi "il" ? Parce qu'il sentait le mâle.

Cela fait quelques temps que je suis avec Aerys. Il me parle beaucoup. Sa voix est douce, calme et
apaisante. Il me raconte tout ce qu'il fait. Ses déboires en magie pu encore les remontrances de son père. Il dit
qu'il n'aime pas les mondanités à cause de ses trop nombreuses prétendantes.
Ça l'ennuie d'y aller parce qu'il trouve que c'est trop dangereux pour moi et qu'il qu'il a mieux à faire. Il préfère
étudier et il se passionne pour l'art de la magie, même si je ne comprends pas pourquoi cela semble si
compliqué pour lui. Mais j'aime bien quand il me parle, et quand il sert mon œuf contre lui quand il dort,
même si il me bave parfois dessus.
Aerys était un humain intéressant mais très seul. Il semblait ne se confier qu'à moi, et depuis le premier
jour il ne s'en privait pas.
La première nuit, il m'avait parlé jusqu'à tomber d'épuisement. J'appris que c'était un mâle extrêmement timide,
maladivement quand il s'agissait des femelles. Il n'arrivait pas à leur parler pour bien des raisons. La première
était qu'il avait peur de bafouiller à cause du stress et de dire des âneries qui auraient de graves conséquences
diplomatiques. La seconde était qu'il n'avait encore connu aucun faits d'armes, ce qui le dévalorisait aux yeux
de son père. Et la dernière, si ce n'est la plus importante: il ne voulait pas qu'on s'intéresse à lui seulement à
cause de son statut de Prince. Il était assez autarcisé pour ne pas en plus subir cela.

Chaque jour il me transportait pour se rendre la la table de son père et déjeuner ou souper avec lui, et
chaque jour ces repas s'avéraient être une épreuve. Aerys m'avait confié que les relations entre lui et le Roi
étaient compliquées. En même temps, de ce que j'avais pu en comprendre, le Roi était un conquérant et un
guerrier ainsi qu'un stratège hors paire, alors que de son côté, mon protecteur était bien loin de ce genre de
distractions. Sans compter que je ne comprenais pas le rapport entre "être un homme" et la reproduction. De ce
que m'avait expliquer Aerys, ça avait un rapport avec la virilité, mais je ne comprenais pas le sens de ce mot.
Généralement, quand le Roi l'utilisait, Aerys disait toujours la même phrase quand il retournait dans sa
chambre: "Et étrangler sa femme c'est être viril connard ?!". C'était d'ailleurs les seuls moments où je
l'entendais jurer. La première fois que c'était arrivé, Aerys m'avait expliqué que le Roi avait assassiné la Reine
dans un accès de colère que son fils unique pensait du à son lien avec la Wyvern.
"Fils unique". C'était la des mots très effrayants pour le jeune Prince qui rêvait secrètement que son père se
remarie et ait d'autres descendants afin d'échapper à la corvée de devenir roi un jour. Le rêve d'Aerys, c'était de
pouvoir échapper au trône pour entrer à la Guilde des Mages ou devenir Historien. De mon côté, je ne savais
pas si j'avais des frères et sœurs. J'avais simplement entendu les histoires sur mon peuple ainsi que le surnom
que l'on m'avait attribué "Celui qui n'a jamais éclot". Et l'Ancien, quand il m'avait récupéré, avait dit qu'il
espérait que ça reste le cas et qu'il s'était fait chier à venir me chercher pour cette raison afin que, je cite, "y'ait
pas un autre poulet cracheur de feu pour l'emmerder"
D'ailleurs, en parlant de l'Ancien, il s'appelait Mormegil, et Aerys avait du mal à croire qu'il était possible qu'il
soit utilisateur de magie, et qu'est ce qu'il avait tord de croire ça ! C'était pas parce que c'était ce que le Prince
appelait "un bourrin" qu'il ne le pouvait pas, loin de là.
Au fur et à mesure du temps, les liens qu'Aerys tissait avec moi sans le savoir me réchauffaient le cœur.

Arriva alors le jour où cela faisait une année complète que l'on m'avait confié à lui, et c'était de loin
l'année la plus excitante que j'avais vécue dans mon œuf ! D'ailleurs, ce soir là, il y avait, malheureusement
pour mon protecteur, une réception. J'étais triste pour lui. Surtout qu'une courtisane à la voix de crécelle l'avait
coincé et qu'il n'arrivait pas à s'en défaire. Ce qui était aussi agaçant pour lui que pour moi. Premièrement à
cause du lien qui nous unissait et se solidifiait jour après jour. Deuxièmement parce que sa voix stridente
violait mes vierges tympans. Et troisièmement parce qu'elle mettait Aerys mal à l'aise en sous entendant la
reproduction. Du coup au vu de ces faits alarmants ainsi que du fait que pour une raison étrange les humains
adoraient les anniversaires, j'avais décidé qu'il était temps pour moi d'éclore et de découvrir le visage d'Aerys
tout en lui fournissant la meilleure des excuses pour s'éclipser. Je commençais donc à m’étirer puis j'entendis
le craquement émis par mon cocon protecteur.

Aerys avait une odeur reconnaissable entre toutes, et c'est à cette dernière ainsi qu'au son cristallin quoi
qu'un peu stressé de sa voix que je le reconnu.
Il m'avait enveloppé d'un linge doux, celui d'une de ses chemises couleur pureté. Il suivait à la lettre les
conseils de son père tandis que je me questionnais: pourquoi du blanc quand on savait à quel point il pouvait se
montrer maladroit ?
Ma vue étant encore trouble, je lui permis de me toucher sans craindre de représailles de ma part. Son contact
sur les écailles était bien différent de ce que je pouvais ressentir au travers de mon coffret ellipsoïde. Je sentais
chaque parcelles de sa peau, la douceur de cette dernière et la précaution qui caractérisait chacun de ses gestes
à mon encontre. Le fait qu'il m'effleure pour la première fois hors de mon œuf était une sensation délectable. Je
m'étais donc risqué à le chercher le revers de cette main si familière. Si humainement dire que le goûtais
pouvait paraître insultant, ce n'était pas le cas pour mes pairs. Pour les dragons, chercher à goûter sans croquer
symbolise le fait de vouloir faire connaissance, et je dois admettre que le Prince avait une saveur fine et
délectable.
Après quelques longues minutes, le voile se leva, et
je pus l'observer pour la première fois. Ses yeux étaient
semblables à deux topazes, ils illuminaient son regard d'une
intelligence certaine, mais je pouvais aussi y déceler une
réelle bonté. Alors qu'il m'aidait à étendre mes fragiles
membres célestes, je détaillais sa bouche. Ses lèvres étaient
pleines, charnues et en un sens qui m’échappait encore,
appétissantes sans que j'ai envie de les dévorer au sens
draconique du terme. Puis je la remarquais, sa crinière
mordoré semblable à une couronne naturelle auréolant son
visage fin. L'être pour qui j'étais sorti de mon écrin était
d'une beauté à couper le souffle, j'en étais certaine. Je
trouvais son enveloppe à l'image de son âme: d'une élégance
aussi pure que rarissime. Je risquerais même à dire qu'il
dégageait une réelle souveraineté latente.
Sa voix avait la fragilité, la délicatesse et la candeur d'un
flocon de neige quand il m'annonça le nom qu'il m'avait
trouvé: Althéa. Il s'agissait du nom d'une fleur azuré
signifiant "Oiseau Bleu". Si ça n'avait pas été lui, je l'aurais
pris comme une insulte. Mais la poésie qui se dégageait de
ce baptême lui ressemblait trop pour que ce soit le cas.
Sa prunelle était si agrandie par la stupéfaction de ce
qui pourrait être appelé ma naissance que je m'y reflétais.
J'étais incontestablement une magnifique représentante de
l'Ancienne Race Symbolisant l'Air. Mes écailles étaient un
amoncellement de bleus savamment assemblés: saphir, aigue-marine, topaze, agate, azurite ou encore
turquoise, tandis que mes yeux étaient indubitablement du plus royal des bleus.
A nous deux, nous représentions le ciel. Aerys, aérien, Althéa, altitude. Il n'aurait pas pu mieux choisir.

Une nouvelle année s'écoula, et celle ci fut riche de nouvelles expériences. La première fut le port d'un
nouveau bracelet chaîné pour pouvoir être aux côtés d'Aerys sans effrayer les sombres crétins peuplant le
château. La seconde fut d'apprendre que mon nom était aussi celui d'une grande guerrière humaine. Elle avait
été la femme d'Izgramor Targaryen, le fondateur du Royaume Humain. Et la dernière fut ma rencontre avec le
Roi accompagné de son "Poulet cracheur de feu". Le Roi
Aegon était à l'opposé de son fils: guerrier, autoritaire et
dictateur sous couvert de conquérant. Quand à la Wyvern,
car il n'était plus un dragon pour des pairs, il se
prénommait Drogon et il semblait être la sombre
incarnation de la volonté du Souverain qu'il servait. Noir
comme la nuit, impressionnant et aussi inquiétant par sa
présence qu'effrayant par sa carrure. Tout deux étaient
malaisants.
Un peu plus tard ce jour là, je m'étais essayée au mime
pour faire comprendre à Aerys qu'un dragon ne pouvait pas
avoir de forme humaine, seulement elfique, mais il ne
comprit malheureusement pas. Soit j'étais très nulle à ce
jeu, soit j'étais trop drôle pour qu'il réussisse à se
concentrer sur ce que j'essayais de lui expliquer. Alors
comment aurais je pu agrémenter mon mime pour
continuer en lui narrant le fait que cette forme elfique que
l'on peut prendre est due à un très vieux pacte entre nous et
les ancêtres des elfes ? Je ne pouvais clairement pas. Du
coup, il s'était remis à ses études, interrompues par ma
première gerbe de flammes: autant vous dire que je n'étais
pas peu fière !
Je crois que ce dernier fait était la cause de notre promenade imprévue. Je pus ainsi découvrir la Capitale.
J'étais surprise autant pour l'architecture des lieux que par le nombre d'individus faisant les louanges d'Aerys
alors qu'ils ne savaient absolument rien sur lui. L'espèce humaine était un vrai mystère pour moi.
Nous avions ensuite visite les Tombeaux Royaux, dont mon Prince me narrait les histoires. Et Lorkhan savait à
quel point j'adorais en entendre ! Nos visitâmes ensuite la salle d'entraînement, où nous eûmes le déplaisir de
rencontrer l'Ancien Injurieux. Il avait beau être l'un de mes comparses et être éclot depuis une éternité, il ne me
faisait ni chaud ni froid, et même en l'état, si il avait mis en danger Aerys, j'aurais combattu, et ce, malgré le
bottage de cul qu'il venait d'assener aux gardes sous couvert d'entraînement. J'avais compris que c'était là une
menace qu'il m'adressait, mais je n'en avais que faire. Si il avait l'avantage physique, j'avais quand à moi
l'avantage de la connaissance: je connaissais toute son histoire, et si je ne la racontais pas par respect, je
n'aurais pas hésité à m'en servir si le besoin s'en faisait sentir. Je le laisserais donc en paix tant qu'il ferait de
même avec le Prince et moi.

Les mois s'écoulèrent, puis les ailes furent prêtes et j'avais alors entamé mon premier vol. Le baptême
de l'air était une étape très importante chez les dragons, car elle marquait le passage vers notre taille adulte. A
chaque battement d'ailes, je grandissais un peu plus, jusqu'à atteindre en quelques minutes une taille
respectable pour un être tel que moi. Oh je pourrais encore grandir, mais cela prendrait beaucoup de temps.
Quand au fait de s'élever dans les cieux, c'était la un moment incroyable, inoubliable et indescriptible si ce
n'est par le mot liberté. Apprendre à chasser avec le Roi et Drogon tandis qu'Aerys était perché sur mon dos
avait été grisant, mais pas autant que cet instant la. D'ailleurs, en parlant de cela, je savais déjà que ça ferait
jaser les autres dragons que je permette à un être de me chevaucher de la sorte, mais ce n'était pas un aveux de
faiblesse de ma part, loin de là. C'était une preuve de la grande confiance que je lui accordais et du lien fort qui
nous unissait.

La veille de l'anniversaire de nos 2 années partagées ensemble, nous nous étions rendu dans un bosquet
au moins aussi ancien que ma mémoire. Au delà de son incomparable beauté sauvage, ou plutôt la grotte
cachées derrière la cascade dont il jouissait, avait été le théâtre d'une réunion hors norme: celle des 4
Anciennes Races. Mais avant de vous parler des termes de la réunion, laissez moi vous parler des dites races.
Celui qui nous a créé est le Dieu Père, Lorkhan. Il commença par les Ents, symbole de la terre sur laquelle
nous marchions. Ils sont la réflexion de l'infaillibilité de sa présence et de son engagement envers tout ce qu'il
créait. Après tout, qui a déjà doute de la terre sur laquelle il marchait ? Personne. Mais la Terre était triste avec
seulement des êtres aussi sérieux que ces arbres pensants, alors Lorkhan décida de créer les Zorah. Leur
caractère est à l'image de ce qu'ils symbolisent: l'eau, les larmes qui peuvent être de joie, mais surtout
d'amertume et de colère: celle d'avoir engendré sans le vouloir le Mal et de savoir que l'on va finir par se
résigner à faire le nécessaire pour le mettre hors d'état de nuire, pour un temps du moins. Cela explique leur
rancœur et leur autarcisme voulu: inconsciemment ils sont tous en deuil. Ils ont passé l'étape du choc et du
débit de leur création, et au moment de l'alliance, seul la douleur et surtout la culpabilité d'exister les avaient
poussés à accepter le traité. Était ensuite arrivé là colère, et fonctionnel leur fracture avec les autres races, puis
le marchandage, quand ils s'était unis aux créatures de Malacass pour finir par participer à la création des elfes,
et de nos jours ils étaient à l'étape et la dépression et de la douleur, ce qui expliquait partiellement ce qui était
arrivé aux elfes des neiges, dont le cœur avait fini littéralement gelé par la souffrance et l'affliction que
ressentaient leurs aînés aquatiques desquels ils étaient très proches malgré les apparences. Un jour, ils se
reconstruiront et accepteront, tout comme Lorkhan.
Le Père des Dieux ressenti ensuite le besoin d'exprimer la force de ses émotions, l'ardeur de ce qui l'animait,
mais aussi l'amour qu'il portait à la Mère des Dieux, Mara. Alors il créa les Géants, qu'il fit naître des flammes.
Ils étaient forts, intelligents, impétueux, et ils n'aimaient qu'une seule et unique fois. Certains passaient leur vie
à rechercher leur âme sœur, car c'était là la condition sinequanone pour eux si ils voulaient à la fois se sentir
complets et pouvoir fonder une famille.
Mais Lorkhan trouva qu'il avait été trop restrictif et que ces êtres manquaient de liberté, alors il créa les
Dragons, symbolisant l'audace et l'émancipation. Mais c'était malheureusement là tout ce que je savais sur ma
propre race, puisque pour le reste, Glaurung garda le secret jusque dans sa tombe.
En revanche, une chose que tout le monde semble avoir oublié, c'est le véritable nom des Anciennes Races.
Les Ents s'appelaient Thalion, ce qui signifiait «Inébranlable et fort» Les Zorah étaient nommés Elros, définit
par «Écume d’Étoiles» ou encore «Larmes des Cieux». Les Géants étaient eux prénommés Feanor, ce qui
voulait dire «Esprit de Feu». Et enfin, les Dragons étaient eux appelés Elgewith, «Libre dans les Cieux»
Une goutte d'eau tomba sur mon crane et me sorti de ma torpeur.
J'observais de nouveau les lieux. Je m'étais trompée. Leur magnificence n'était
pas sauvage, elle était légendaire. Les 4 Anciennes Races avaient reçu le même
appel, la même présence divine les avait attiré en ces lieux: Mara.
Aucune description des faits n'avait été vu le jour, de cette Alliance, seuls les
mots de la Mère des Dieux c'étaient transmis:
«Création de mon bien-aimé, je viens vous mettre en garde. Je ne suis
pas dans la capacité de prédire l'avenir, mais comme toute mère, je connais mes
enfants mieux que quiconque. Un jour viendra, dans un futur proche ou lointain,
où mon fils Melkor fera ce pourquoi il existe. Ce jour là, un voile de ténèbres
s'abattra sur le monde, et les Dieux eux-même ne pourront pas vous venir en
aide. Ce sera à vous et à vous seul de rétablir l'équilibre et de combattre le Mal,
son incarnation et son essence même. Melkor se montrera rusé, perfide et il
vous fera sombrer un à un. C'est pour cette raison que vous devez rester uni et
avoir foi en vous même. De votre Alliance naîtra l'être qui vous sauvera tous, et
grâce à qui mon fils pourra prendre sa place dans le cycle de l’existence.
Surtout, ne perdez jamais espoir, car le jour où cela arrivera, s'en sera fini à
tout jamais. Préparez vous dès à présent, car le moment venu, vous serez seuls
dans l'obscurité. Trouvez votre propre lumière et affrontez vos peurs. Telle est
la mise en garde que je vous offre en ce jour sacré.»
La goutte d'eau glissa sur ma joue et arriva sous mon œil gauche, telle une
larme versée par la Déesse Mère en personne.
La voix d'Aerys raisonna, me sortant de mon quasi recueillement. Il me
contait les aventures de la Désastreuse Compagnie Menée par Gandelf. Un jour,
je devrais les remercier pour avoir réparé l'erreur des miens, celle d'avoir laissé
un Roi Fou tenter d'accéder à un désir aussi égoïste que fantaisiste, un désir au
combien dangereux. Pourtant, je ne pouvais que penser que le danger était loin
d'être écarté, car un mal encore plus grand encore nous guettait, et tout le monde
semblait l'avoir oublié.
C'est le cœur serré que je repris mon envol, et fort heureusement, la présence
d'Aerys était la chose la plus réconfortante qui puisse exister à mes yeux. Et je
pense qu'au dîner, mon être de consolation aurait préféré ne pas apprendre qu'un
bal serait donné pour célébrer sa naissance et que sa présence y était obligatoire.
Je ne comprenais pas: si nous fêtions son anniversaire, pourquoi le punir avec
cette corvée et le menacer de lui faire parvenir une prostituée ? Ça n'avait aucun
sens. Pour un anniversaire, on offrait des cadeaux non ? Et j'avais ma petite idée
de celui que j'allais offrir à Aerys... Mais j'avais décider de m'y atteler plus tard,
car en cet instant, je prenais un risque: celui d'oser demander aux êtres en face
de nous comment le Roi avait obtenu un fragment du Dieu Déchu. A mon grand
étonnement, ce ne fut pas un élan de colère que j'eus en retour, mais une
véritable réponse: Aegon avait trouvé la Couronne contenant le fragment
maléfique dans l'une des très vieilles ruines gardées par le désormais Drogon.
Quand avait-il cessé d'être le fier Glorfindor, le dragon à tête d'or ? Quand avait
il sombré dans les ténèbres qui l'entouraient et qui avaient à ce point noircies
son aura ? Il était recouvert d'écailles d'or, et pourtant ces dernières me
paraissaient ternes et sombres, comme si elles avalaient toute la lumière. Quand
as-tu perdu espoir ? Quand as-tu succombé ô Glorfindor ? Mes lamentations
intérieures cessèrent quand nous retournâmes dans la chambre, après que le Roi
ait de nouveau parlé à son fils de sa perte de virginité qui se faisait attendre. Je
savais que la durée de vie humaine était très courte, mais il n'était tout de même
pas pressé à la seconde. Surtout que c'était quelque chose d'important pour
Aerys, pour qui se premier passage à l'acte devait être fait avec une personne à
qui il tenait, une personne avec qui il avait une certaine intimité qui n'était due
ni à son titre de Prince, ni à son apparence pour le moins flatteuse. Il ne voulait
pas pratiquer sa reproduction avec un être avec qui il ne partageait rien. Ce qui
signifiait que le passage à l'acte ne serait pas pour si tôt.
Je passais la nuit suivante à réfléchir: je voulais
faire une surprise à Aerys pour son anniversaire, celle de
lui montrer mon aspect terrestre, mais malheureusement, je
n'avais entendu aucune histoire racontant comment cela
était possible, et au final, je ne réussis mon entreprise qu'au
petit matin. J'étais tout sourire quand je l'avais secouée
pour le réveiller. Je pensais qu'il allait sauter de joie ! Mais
à ma grande déconvenue, il hurla à de nombreuses reprises
avant de tomber inconscient. J'entrepris donc de le
réanimer tout en pensant que les gardes étaient sacrément
nuls pour ne pas être intervenu alors que tout laisser croire
que le Prince était en danger ! Mon protecteur finit par
retrouver ses esprits, et je ne compris pas pourquoi il était
si rouge lorsqu'il me regardait, jusqu'à ce qu'il m'explique
que c'était du au fait que je sois entièrement nue. Alors là,
quelque chose m'échappait: je suis techniquement
constamment nue, et jusqu'alors, ça ne l'avait dérouté, alors
pourquoi était-ce le cas à présent ? Je subodorais que cela
avait un lien avec le fait qu'il paraissait manifestement très
excité par ma nouvelle allure. Mais quand j'avais tenté
d'aborder le sujet, il avait disparu pour partir en quête
d'une servante qui pourrait m'aider à me vêtir, avant de lui
même sortir de la pièce pour aller s'habiller. C'était pour
moi une attitude consternante: sous ma forme draconique,
il ne s'était jamais inquiété que je l’aperçoive dans le plus
simple appareil, alors il n'y avait aucune raison pour qu'il en soit d'un coup embarrassé. Au final, ce fut le
nombreux nœuds dans ma chevelure bleuté qui firent s'arrêter ma réflexion sur le sujet: cela faisait un mal de
chien de se faire coiffer ! Une fois que je fus présentable d'après les royales conventions de ces lieux, Aerys fit
venir son père, qui s'exclama mot pour mot «Pas mal la dragonne !» non sans se départir d'un sourire en coin
se voulant séducteur mais qui s'avéra plutôt carnassier.
L'après midi qui suivis, je dus le passer loin de mon Prince puisqu'il était occupé et que le Roi avait
requis ma présence à ses cotés. Je pense que cette journée avait plusieurs but. Premièrement, vérifier si je
serais dégoûtée à l'idée de manger de la viande humaine, ce à quoi je peux désormais répondre qu'elle est
succulente. Deuxièmement, il fut question de me faire observer et comprendre comment se passait la
reproduction chez les humains, et c'est ainsi que j'eus le plaisir de voir venir des personnes qui finirent par
dégager une odeur de luxure pour le moins alléchante. Et de ce que m'en expliqua Aegon, ce qu'ils faisaient
était loin d'être chaste. Et comme je ne savais pas ce que signifiait ce mot et que je rechignais à l'admettre,
j'avais simplement hoché la tête. Néanmoins, je devais concéder que cette leçon fut riche de nouveauté pour
moi et qu'elle s'avéra bien plus intéressante que je ne l'aurais cru. Pour
conclure, je dirais que le troisième et dernier but de cet après midi était de
permettre au Roi de m'observer plus en avant : je n'étais pas une Wyvern,
j'étais une Dragonne, et ça, ni lui ni Drogon ne s'y étaient attendu. Ce qui
signifiait qu'ils devaient tout deux m'évaluer afin de savoir si oui ou non
je représentais un danger pour eux. Et comme à la fin de la journée j'étais
toujours en vie, ils avaient dus penser que je ne représentais pas une
menace.
Certains dragons auraient pris cela pour une insulte, mais moi non. Je
n'étais pas assez orgueilleuse pour penser que je sortirais indemne d'un
affrontement avec ne serait-ce que l'un d'eux, alors les deux ensemble, je
savais que je courrais à ma propre perte. Sans compter que je connaissais
la lueur dans le regard du Roi, et surtout, la sensation qu'elle procurait : il
n'aurait pas hésité et n'hésiterait d'ailleurs jamais à utiliser son fils comme
moyen de pression pour me tenir en laisse. Ça, je l'avais compris. Et pour
le moment, je n'avais aucune solution pour qu'Aerys puisse disparaître et
ne jamais être retrouvé tout en lui permettant de réaliser l'un de ses rêves,
et peut être même, les deux.
Quand je m'étais rendu dans la chambre de mon Prince, il était en pleine étude avec son Mestre, un
certain Mithrandir dont la présence n'était pas celle d'un demi-elfe contrairement à ce qu'il prétendait. Quand je
passais outre sa puanteur monstrueuse, je pouvais sentir une odeur qui m'était inconnue, et pourtant, même
dans mon cocon ovale, j'avais pu sentir bien des choses. Qui était-il réellement ? Je ne le savais pas encore, car
lorsqu'Aerys s'absenta, tout ce que j'obtins de cet étrange mage furent ces quelques mots «Parfois, il faut avoir
la foi». Je savais que ces mots faisaient référence à quelque chose que je connaissais, mais avec l'agitation du à
la préparation puis à la réception en question, je n'avais guère eu le temps de réfléchir plus en amont à ces
quelques mots. Mais quand je pus enfin m'absenter quelques instants dans la chambre de mon Prince, le demi-
elfe apparu sans que je ne le sente ni ne l'entende. Je crois que quand il finit par me faire deviner pourquoi il
avait réussi un tel tour de force, je devais être choqué. Car je ne lui avait posé aucune questions qui en vaille
réellement la peine. Il était Mithrandir, il était Gandelf de la Désastreuse Compagnie Menée par Gandelf, et il
était avant tout Lorkhan, le Père des Dieux. Et moi, je m'étais contenté de lui poser des questions insignifiante
plutôt que de lui demander de me narrer l'histoire de la création des dragon ou encore ce qu'il s'était passé
exactement lors de l'Alliance entre les 4 Anciennes Races. Mais j'appris une chose importante: les Fragments
du Dieu Déchu allaient finir par être rassemblés, et alors Melkor renaîtrait. Le Père des Dieux m'expliqua que
son enfant voulait avant tout faire s'abattre le véritable mal sur le monde terrestre. Il voulait le dominer et le
corrompre, et comme il était plus fort que tous ses frères et sœurs réunis, ces derniers ne pourraient pas le
contrer. Il raconta d'autres choses encore, mais je ne les compris pas sur le moment, et quand j'avais tenté de
me les remémorer après son départ, c'était comme si ces derniers étaient flous. J'étais donc retourné auprès
d'Aerys pour le sauver d'une prétendante un peu trop entreprenante, puis j'avais assisté à la cérémonie de
passage à l'âge adulte de mon protecteur. Malgré son état somme toute aviné, il restait resplendissant.
Peut être était-ce cette dernière pensée et son état d'ivresse flagrant qui jouèrent un rôle important dans
ce qui se déroula ensuite : le passage à l'acte.
Le sexe d'Aerys était d'une taille fort respectable pour un humain. Il avait bon goût, quand à sa semence, elle
me mettait littéralement en appétit : elle avait un goût un peu ferreux et salé, et je ne me privais pas pour m'en
délecter. Ce fut ensuite à son tour d'embrasser mes parties génitales, et je devais bien admettre que pour un
débutant, il s'y prenait fort bien. Il embrassait ce que les humains appelleraient mon intimité comme il avait
embrassé mes lèvres : avec passion, sensualité et précaution. C'était un acte que je trouvais extrêmement
plaisant, et pour la première fois de mon existence, je sentis une vague de jouissance me submerger. Il avait
ensuite prit ma main pour m'aider à me redresser, avant de m'attirer contre lui pour que sa bouche épouse de
nouveau la mienne. Il flattait mes flans avec délicatesse tandis que j'appréciais le contact de ses mains me
caressant tout autant que le mélange de nos goûts intimes respectifs. Après coup, j'avais glissé ma tête contre
son cou pour le mordiller affectueusement tandis qu'il me soulevait pour ensuite me poser sur son lit. A
posteriori, il me fit découvrir la grande différence qu'il y avait entre ce que j'avais vu le jour précédent sur la
reproduction humaine, et faire l'amour. J'avais autrefois lu
cette expression dans un livre, et en cet instant, elle prenait
tout son sens. Pour la première fois, nous nous étions
endormi dans les bras l'un de l'autre, comme l'auraient fait
deux amants, et je m'endormis en écoutant son cœur battre.
C'était un son apaisant, qui soulageait un peu mes craintes
concernant le Dieu Déchu. Je crois que pour moi, Aerys
faisait parti de ces êtres très rares à qui il ne fallait pas
parler. Il fallait le laisser nous prendre dans ses bras, nous
caresser le visage, les paupières, les joues, les lèvres, les
effleurer d'un doigts, lentement d'abord, puis d'un baiser
passionné. Il faisait parti de ces être avec qui les mots
venait plus tard et qui confirmer ce que les corps avaient su
dès les premiers instant. Peut être était-ce pour cela qu'il
avait su réchauffer mon cœur avant même que je n'ai pu lui
adresser ne serait-ce qu'un mot.

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