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C’était un beau jardin du tout début des âges

Le temps y était doux : ni typhons ni orages


Pour en ternir l’éclat. Un endroit enchanté
Où l’été fleurissait sans être exagéré :
Pays des oliviers et terre d’abondance
Abreuvée d’un soleil qui pleuvait sans outrance
En paillettes d’argent. L’eau y courait partout
En ruisseaux cascadant au creux de vallons roux.
Vêtus de leurs cheveux, une femme et un homme
Vivaient dans ce jardin, Ils en étaient en somme
Les deux seuls souverains, ce royaume parfait
Offrant à profusion tout ce qu’ils désiraient…
Des fruits délicieux, du repos, la lumière,
Et pas bien loin de là la beauté de la mer
Qui chuintait doucement sur des plages de sable ;
Cocagne merveilleux, parfait, inoubliable…

Il y a peine quelques jours, j'étais là bas, dans ce jardin, chez moi. Et puis d'un coup, je suis ici, sur
Terre. Et je ne sais même pas pourquoi. Ici rien n'est beau, la Grande Vague vient de passer. Ici, rien n'est
doux, il y a des typhons et des orages. Ici rien n'est enchanté, tout est terne. Mais c'est ici qu'ont été exilés
Père et Mère. Et Cain aussi, pour avoir tué notre frère Abel. Il ne restait plus que moi, la petite dernière.
Pourquoi est ce que je suis ici ? Qu'est ce que j'ai fais ? Quelle a été ma faute ? J'ai beau regarder le ciel, je
n'ai aucune réponse. Et ce n'est pas Ezekiel qui va m'en donner...
Il dit qu'il est mon gardien, mais ça veut dire quoi ça ?
Zeke il est... C'est un être sûr de ses capacités, parfois un peu trop d'ailleurs. Il est loyal, envers moi en tout
cas, et franc. Même si il est toujours poli, il dit toujours ce qu'il pense, sans détours. Il a un humour bien à lui
et n'est chaleureux qu'avec moi, mais se montre relativement sociable, là où de mon coté, je cherche surtout à
passer innaperçue. En fait, je le trouve bizarre. Il est joyeux, même si on est ici, et ça me dépasse. Il dit même
des choses étranges, des sortes de citations. C'est lui qui m'a conseillé de commencé un journal. Alors autant
l'entamer avec une de ses citations:
Il est loin, le jardin de l'Eden, encore plus loin qu'aucune étoile, même la plus
lointaine et même celle qui n'existe plus. C'est pourquoi si tu veux le retrouver,
le jardin de l'Eden, cherche-le dans ton cœur. Cherche dans ta mémoire. Il
est là. Comme un parfum de fruits dans la voix de l'oiseau, la couleur des
cerises. Il est là dans ton sang ; dans ta chair, il est là ! Aux saveurs des
rosées de la terre, il est là. Il est dans la mémoire de la terre. Les arbres le
boivent à longs traits de sève. Il est la mémoire des herbes. Et dans ton cœur
la nostalgie.
Si je devais le qualifier en 3 mots je dirais: puissant, rancunier et
impartial. Et de bons conseils. Il sait toujours quoi dire pour me faire
aller mieux. Il dit que je finirais par comprendre mon rôle mais qu'il ne
pouvait pas m'en dire plus. Moi, moi je suis perdue dans ce monde
inconnu. Je n'ai pas la résistence de mes frères. Par contre, j'ai les
connaissances. Et une mémoire sans défauts.
Je sais des choses, beaucoup de choses, tellement que parfois ce savoir
semble m'assaillir de toute part et que j'ai peur que ça finisse par me
submerger. Avant que j'attérisse ici, ça ne me faisait pas ça. Mais bon,
avant que j'attérisse ici, je n'étais jamais morte. Cratère plus petit que
celui de Cain, mais mortel pour moi. Heureusement, Zeke était là et j'ai
pu m'accrocher à lui étant donné que je suis manifestement un cycle.
J'ai essayé de comprendre et j'ai fais plusieurs tests, mais il s'avère que
ces quelques existences que je viens de vivre me confirme une chose:
si je meurs, je redeviens un bébé et je recommence à grandir. Mon
vieillissement s'arrête vers 28 ans et si je ne meurs pas de maladie, je
meurs généralement de maladresse ou d'intempéries.
Ca fait mal la mort. Mourir est douloureux. C'est une expérience sensorielle et émotionnelle fortement
désagréable.
La première fois, je me suis simplement eveillée avec le sentiment de ne pas être au même endroit. J'étais
dans un lieu très vert et une image s'est imposée à moi: le Jardin ! Et tout à pris feu, d'un coup, et j'ai senti
mon coeur se serrer si fort que j'ai eu l'impression qu'il pouvait tenir dans la paume de ma main. Et puis plus
rien.
La deuxième fois, J'ai eu une sensation de flottement, comme dans un trou d'air. Je suis passé dans un tunnel,
noir, voûté. Après, j'ai éprouvé une immense sensation de bien-être, baigné dans une grande lumière. J'avais
l'impression qu'un enfant me prenait la main et j'éprouvais presque de l'allégresse.
La troisième fois, J'étais dans une maison, au sein d'une immense famille, plus loin il y avait une vieille dame
et une rivière. Pas loin il y avait la mort, la Grande faucheuse. A chaque fois que je lui disais non, la vieille
dame me souriait. J'expliquais que j'en avais marre de mourir, que je savais même pas ce que je fichais ici et
que quitte à y passer, autant retourner de là d'où je venais plutôt que de me renvoyer toujours sur cette foutue
planète ! Mais elle ne m'a pas écouté, et d'un coup de faux, elle à tranché ma gorge.

Après la mort, ce que je deteste le plus au monde c'est le fait de devoir faire mes besoins. Pourquoi est
ce que ce besoin physionomique se fait ressentir ici alors qu'avant ça ne m'était jamais arrivé ? Je trouve ça
sale, dégradant et génant. Surtout quand je suis bébé. Parce que j'ai beau savoir comment faire, mon corps ne
réponds pas à l'ordre de se retenir tant qu'il n'est pas formé pour le faire. Et c'est extrêmement frustrant. Ca et
être sale aussi. Avant je pouvais me baigner tous les jours au Jardin, mais ici, y a jamais de rivière ou de
tranquilité, et ici, les gens ont un problème avec la nudité. Sois disant que ça fait pas civilisé. Ici les gens sont
vraiment bizarres.

Et enfin, en troisièmement, ce que je hais le plus, c'est de voir les gens amoureux. Non seulement je
ne comprends pas leur béatitude, mais en plus, j'ai l'impression que je n'y aurais jamais le droit.

Enfin bref.

Un jour, j'ai demandé à Zeke ce qu'il faisait là, et pourquoi il était mon gardien, et il me récita ceci,
issue de la Bible:
La marche des vertueux est semée d’obstacles qui sont les entreprises
égoïstes que fait sans fin surgir l’œuvre du Malin. Béni soit-il l’homme de
bonne volonté qui, au nom de la charité, se fait le berger des faibles qu’il
guide dans la vallée d’ombre de la mort et des larmes… Car il est le gardien
de son frère et la providence des enfants égarés. J’abattrai alors le bras
d’une terrible colère, d’une vengeance furieuse et effrayante sur les hordes
impies qui pourchassent et réduisent à néant les brebis de Dieu. Et tu
connaîtras pourquoi mon nom est l’Éternel quand sur toi s’abattra la
vengeance du Tout-Puissant !
Il n'est pas mon frère. Etais-je alors une enfant égarée ? Si j'avais été dans le Jardin, la réponse serait venue
d'elle même, mais ici, les réponses ne viennent qu'après les expériences. C'est dans un sens plus agréable, car
je les mérite, et dans un autre frustrant, car parfois je n'ai pas de réponses. C'est quoi ce principe à la noix de
ne pas avoir directement les réponses à ses questions ? Zeke dit que je suis une miss je sais tout. Mais j'y
peux rien moi ! J'ai toujours tout su ! Ca venait tout seul à moi, c'était... inné. Peut être que c'est pour ça que
j'ai été punie. Parce que je savais trop de choses. Sur mon frère par exemple, Cain.
Adam eut des relations conjugales avec sa femme Eve. Elle tomba enceinte et
mit au monde Caïn. Elle dit:
-J'ai donné vie à un homme avec l'aide de l'Eternel.
Elle mit encore au monde le frère de Caïn, Abel. Abel fut berger et Caïn fut
cultivateur.
Au bout de quelque temps, Caïn fit une offrande des produits de la terre à
l'Eternel. De son côté, Abel en fit une des premiers-nés de son troupeau et de
leur graisse. L'Eternel porta un regard favorable sur Abel et sur son offrande,
mais pas sur Caïn et sur son offrande. Caïn fut très irrité et il arbora un air
sombre.
L'Eternel dit à Caïn:
-Pourquoi es-tu irrité et pourquoi arbores-tu un air sombre? Certainement,
si tu agis bien, tu te relèveras. Si en revanche tu agis mal, le péché est
couché à la porte et ses désirs se portent vers toi, mais c'est à toi de
dominer sur lui.
Cependant, Caïn dit à son frère Abel:
-Allons dans les champs
et, alors qu'ils étaient dans les champs, il se jeta sur lui et le tua.
L'Eternel dit à Caïn:
-Où est ton frère Abel?
Il répondit:
-Je ne sais pas. Suis-je le gardien de mon frère?
Dieu dit alors:
-Qu'as-tu fait? Le sang de ton frère crie de la terre jusqu'à
moi.Désormais, tu es maudit, chassé loin du sol qui s'est entrouvert pour
boire le sang de ton frère versé par ta main.Quand tu cultiveras le sol, il
ne te donnera plus toutes ses ressources. Tu seras errant et vagabond sur
la terre.

Ou encore sur Lilith:


Alors, il créa une femme pour Adam, à partir de la terre comme il avait
créé Adam lui-même et il l'appelle Lilith. Adam et Lilith commencèrent à
se battre.
Elle dit:
-Je ne me coucherai pas
et il dit
-Je ne me coucherai pas en dessous de toi, mais seulement au-
dessus. Car tu es fait uniquement pour être dans la position soumise,
car je suis ton supérieur
Lilith répondit
-Nous sommes égaux car nous avons été créés de la même terre.
Mais ils ne s'écoutaient pas. Quand Lilith s'en rendit compte, elle
prononça le Nom Ineffable et s'enfuit dans les airs. Adam se mis à prier
devant son créateur
-Souverain de l'univers, la femme que tu m'as donné est partie.
Dieu envoya alors trois anges pour la ramener. Dieu dit à Adam que s'il
elle acceptait de revenir tout serait bien mais autrement elle devrait
accepter de voir mourir 100 de ses enfants chaque jour. Les anges
partirent à la poursuite de Lilith. Ils la retrouvèrent mais elle ne voulu
point revenir. Alors Lilith fut maudite: jamais elle ne pourrait porter la
vie en elle.

Je ne pourrais pas dire si elle a eu raison ou tord, mais je la comprends. Pourquoi aurait-elle dû se
retrouver dans une position d'inferiorité, pourquoi aurait elle dû accepter de se soumettre ? Aurait-elle été
punie si elle n'avait pas prononcé le Nom Interdit, celui de Dieu. Aurait-elle dû se laisser violer et accepter
cela ? Etrangement, je pense qu'elle a bien fait de se battre, de ne pas se laisser faire, même si la méthode est
peut être à revoir.
Est-ce que je devrais avoir honte de penser cela alors que c'est mon père qu'elle a abandonné ? Est-ce que je
devrais forcement me ranger du coté de ma famille et la flageler avec les autres ? Elle a abandonné mon père,
mon frère et elle se sont trahis mutuellement, et pourtant, je ne vois là que des personnes qui ne cherchent la
même chose: trouver les réponses à leurs questions dans un monde impitoyable.
Adam et Eve sont mes parents. Je suis leur dernière née. Celle qui a été conçue après la Pomme, et avant que
Dieu ne s'en apperçoive. Autant vous dire que je ne les ai pas beaucoup connu puisqu'ils se sont fait banir un
peu après ma naissance. Mais je me souviens d'eux. Je me souviens de la voix de ma mère, de celle de mon
père, de leur odeur, de leur visage.
Au tout début, lorsque Dieu créa le monde, la terre était dépourvue de
végétation, car la pluie n'existait pas encore et il n'y avait personne
pour labourer les champs. Voyant cela, Dieu façonna un homme avec un
peu de terre et souffla sur son visage pour lui donner vie.
Il le plaça dans un jardin de délices baptisé Éden, où il avait planté de
beaux arbres portant des fruits bons à manger, avec, en son centre,
l'arbre de Vie et l'arbre de la Connaissance du Bien et du Mal. Dans le
jardin coulaient quatre fleuves, dont le Tigre et l'Euphrate.
Dieu commanda à l'homme de veiller sur le jardin. Il l'autorisa à en
manger les fruits, à l'exception de celui de l'arbre de la Connaissance
du Bien et du Mal, sous peine de mort.

Comprenant qu'il n'est pas bon pour l'homme d'être seul, Dieu lui
adjoignit une compagne. Il réunit tous les animaux et demanda à
l'homme de les nommer, puis il laissa l'homme sombrer dans un profond
sommeil et modela une femme à partir de l'une de ses côtes. Il
présenta sa nouvelle créature à l'homme et lui expliqua qu'elle était
faite de sa chair.

L'homme et la femme étaient nus mais ils n'en rougissaient pas.


Le serpent, le plus rusé de tous les animaux, demanda à la femme
pourquoi Dieu avait défendu de goûter aux fruits du jardin. La femme lui
répondit que seul le fruit de l'arbre situé au centre du jardin leur était
interdit. Le serpent insinua alors que Dieu cherchait seulement à les
empêcher de devenir son égal, capables de discerner entre le bien et le
mal. Alors, la femme croqua dans le Fruit défendu et le fit manger à
son compagnon. Aussitôt, les deux créatures prirent conscience de leur
nudité et se couvrirent d'une ceinture de feuilles de figuier.

Voilà à quoi est résumé l'existence officielle de Lilith. Voilà à quoi est résumé l'amour que se portait mes
parents. La question est: pourquoi n'y suis-je pas mentionné ? Pourquoi est ce que mon existence n'apparait
pas dans les Textes Sacrés ? Je trouve cette question intéréssante.
Je ne sais pas ce qu'est devenue ma mère, enfin je n'ai pas compris. Quand à mon père, il est le Gardien de
mon frère Cain. Est ce qu'il lui a parlé de moi ? Est ce qu'il sait qu'il a une petite soeur ? Je me pose un tas de
question sur mon frère maudit, mais il est parfaitement hors de question que je me laisse mordre par
quelqu'un de son sang. Aussi étrange que cela puisse paraitre, je respecte les Dix Commandements:

1. Tu n'auras pas d'autres Dieu que moi

2. Tu ne te feras pas d'idole représentant quoi que ce soit de ce qui se


trouve en haut dans le ciel, en bas sur la terre ou dans les eaux plus bas
que la terre. Tu ne te prosterneras pas devant de telles idoles et tu ne
leur rendras pas de culte, car moi, l'Eternel, je suis un Dieu qui ne tolère
aucun rival: je punis les fils pour la faute de leur père jusqu'à la
troisième et même la quatrième génération de ceux qui me haïssent, mais
j'agis avec amour jusqu'à la millième génération, envers eux qui m'aiment
et qui obéissent à mes commandements

3. Tu n'utiliseras pas le nom de l'Eternel ton Dieu pour tromper, car


l'Eternel ne laisse pas impuni celui qui utilise son nom pour tromper
4. Observe le jour du sabbat et fais-en un jour consacré à l'Eternel, comme
l'Eternet ton Dieu te l'a commandé. Tu travailleras pendant six jours et
tu feras tout ce que tu as à faire.

5. Honore ton père et ta mère, comme l’Eternel ton Dieu te l’a ordonné, afin
de jouir d’une longue vie et de vivre heureux dans le pays que l’Eternel
ton Dieu te donne

6. Tu ne commettras pas de meurtre.

7. Tu ne commettras pas d’adultère.

8. Tu ne commettras pas de vol.

9. Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain.

10. Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain. Tu ne convoiteras pas la


maison de ton prochain, ni son champ, ni son serviteur, ni sa servante, ni
son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui lui appartient.

Ces Lois Divines sont difficiles à appliquer au quotidien. Et je dois admettre que celle qui me pose le plus de
problèmes, c'est la dernière. Comment ne pas envier quelque chose à quelqu'un ? Même sans penser à mal. La
limite entre l'envie et l'admiration est si mince que je m'y perds souvent.
Je crois qu'il est impossible d'être complètement vertueux, mais que les efforts que l'on fait pour l'être et pour
faire le bien autour de soit comptent beaucoup. Encore faut-il qu'autour de soit ne soit pas composé que
d'ignare et d'abrutis.
Ou que je ne me meurs pas d'à peut près n'importe quoi à cause d'à peut près n'importe quelle raison. En fait,
je crois que ce qui rends la mort attroce, c'est ce qu'il y a après.
Les bébés, ils n'ont pas conscience de ce qui arrivent, mais moi, moi si. Je sens mon corps se fragmenter
encore et encore, je sens mes os s'allonger, la douleur, car ça fait mal de grandir, d'être créé. C'est
inexpliquable. La bénédiction de l'existence ce fait dans une souffrance attroce. Je suppose que c'est ce qu'on
appel un mal pour un bien. Et puis pendant quelque chose qui semble n'être qu'une seconde, on se sent flotter,
on se sent bien, en paix. Et en un éclair on nait. Et on recommence les mêmes apprentissages encore et
encore. Enfin, c'est ce qui m'arrive à moi. La honte de faire sur soi, l'impossibilité de communiqué autrement
que part des cris et des pleurs. C'est humiliant à chaque fois. Mais le pire, et c'est là que le bas blesse et que le
dixième commandement me pose problème, c'est de voir que les personnes autour de moi prennent en force
et en vigueur, alors que moi, je reste aussi faible. Et je ne comprends pas pourquoi. Mes parents sont forts,
mon défunt frère l'était, mon frère maudit l'est, alors pourquoi cette faiblesse de corps pour moi ? A quoi
pensait Dieu quand il m'a envoyé ici dans ces conditions ? Je ne sais pas. Et c'est insupportable de ne pas
savoir.

Mais au moins, je ne suis plus seule, Ezekiel est avec moi. Et je ne suis plus assailli par tout ce savoir
qui me privait dans un sens d'exister. Et pourtant, je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à vivre autrement que dans
les souvenirs de tout ce que je sais. Mon présent n'est qu'un flux de tout ce que je sais, et même en écrivant, il
pulule dans mon esprit comme une gangrène que je ne sais pas comment endiguer. Il n'y a que le regard bleu
de Zeke qui arrive à me maintenir hors de ce flot, comme si je reprenais ma respiration pour ne pas finir
noyée par tout cela. Il ne garde pas seulement mon corps, il garde aussi mon esprit, m'empéchant de sombrer
dans la folie. Zeke ne comprenait pas, et moi je n'avais pas les mots pour lui expliquer. Alors j'ai dessiné. J'ai
beaucoup dessiné pour qu'il comprenne ce que je ressentais, pour donner une explication à tout ce qui se
passait dans ma tête, à tout ce qui n'avait pas de mot pour être descriptible.
Le Savoir Le Passé et Le Présent Questionnements

Zeke Par Ma Faute La Censure de Lilith I La Malediction de Cain

Lutte Vertueuse La Censure de Lilith II Le Bien et Le Mal

Empoisonnement Par Connaissance Le Pecher Autoportrait


Est ce que cela rendait les choses plus simples pour Zeke ? Est ce qu'il comprenait mieux ? Je ne sais
pas. Tout ce qu'il faisait c'est "hmmm". Et je ne comprenais pas la signification de ce son à ses yeux.
Rapidement, nous nous retrouvâmes à Jerico. Les aléas de ma drole de réincarnation.
Elle était surnommée "La Ville de la Lune" et je suppose que c'est en raison du nombre de Ferae qui s'y
trouvaient. C'était une magnifique cité, un peu primitive mais au fonctionnement rodé. Humains et Ferae,
chacun avait sa tâche. En ces lieux, tout semblait relativement paisible si ce n'est les quelques bagarre de ça
ou de là, souvent relativent à la façon d'être de ceux qui détestaient être appelés "Bêtes" ou "Garous". Je
faisais attention à ne pas être trop souvent près d'eux, car je savais que je ne pourrais pas resister une seule
seconde à la violence qui se prélassait en eux.
Le pire à gérer, ça restait les interrogations quand à ma relation avec Ezekiel. Je ne pouvais pas dire que
c'était mon gardien, mais je ne savais pas comment expliquer ce que nous faisions ensemble sans eveiller les
soupçons. Zeke, lui, il sut. Et j'en fus rouge de honte ! Ce goujat a osé dire devant témoins mot pour mot:

- Bah c'est pas compliqué à comprendre ! Un homme et une femme seuls dans la même maison...

Si j'avais pu le bruler sur place pour ce sous entendu, je l'aurais fais. Mes joues atteignirent en un temps
records la température de l'Enfer mais au moins, les rumeurs de notre bizarreries laissèrent place à celles sur
nos nuités pseudos-agitées. Dommage que cela m'obligea à avoir ces discussions à propos du fait de porter la
vie. L'ironie étant que j'étais et que je suis toujours vierge, alors à moi que cela soit par le Saint Esprit...
Mais il faut toujours voir le bon coté des choses, et le bon coté de ces discussions était que je pouvais avoir
des nouvelles de ce qui se passait à la Seconde Cité, celle des Cainites. Ils me fascinaient autant qu'ils
m'effrayaient. Peut être parce qu'ils découlaient de la Malédiction de mon frère qu'ils m'interessaient autant,
mais je connaissais les mises en garde, et je savais qu'il y avait au fond d'eux quelque chose de profondément
dangereux.
Parmis eux, il y en avait un qui était plus surprenant que les autres à mes yeux, il s'appelle Drakian, et moi, je
le surnomme l'Etoile du Soir, même si il préfère La Grande Ourse pour des raisons obcènes. Non pas que j'ai
un problème avec la sexualité, je sais tout ce qu'il y a a savoir dessus ou presque, mais les choses sont
tellement étranges depuis que je ne suis plus dans le Jardin... Il me manque... J'aurais aimé voir celui fait par
Malkav, afin de savoir si il était aussi beau que celui où je suis née. Peut être qu'en admirer les vestiges me
ferait me sentir chez moi. Est ce que Père et mon frère arpentait souvent ce dernier ensemble ? Peut être que
ça ressemblait à quelque chose comme ça:

Mais je me trompe surement. Un fou doit avoir plus d'imagination et de gout que ça. Quand à moi,
généralement je ne dessine que des choses maccabres. Alors imaginer du beau m'est compliqué. Peut être
qu'il y a quelque chose qui ne va pas chez moi. Après tout ne dit on pas:
On dit que les fous ne comprennent rien
Mais je pense qu'ils sont devenus fous parce qu'ils ont tout compris

Je comprends pourquoi mon frère les gardes près de lui, là encore une citation explique les choses bien mieux
que moi:

Aux échecs comme dans la vie, il faut savoir compter sur les fous

Ah les échecs... Si ils savaient tous... Si ils savaient ce qui se jouait... Ce qu'il se passe plus haut...
Toutes les parties d'échecs qui se cumulent... C'est facile à visualiser pour moi, mais pour les autres...
Si je devais résumer les choses, je dirais:
Sachant que ceux au dessus peuvent intéragir avec les parties se jouant par les
joueurs en dessous d'eux:

- Dieu combat Le Néant -

- Cain, Lilith et Lucifer jouent entre eux -

- Les Cainites, les Lilins, les Démons, les Mages et les Ferae sont adversaires -

- Mais les Cainites, les Lilins, les Démons, les Mages et les Ferae jouent aussi
les un contre les autres lors de batailles internes -

Etc etc

C'est difficile d'être clair mais j'espère que je l'aurais été... Enfin, a quoi ça sert de l'espérer. Moi je comprends
et ce journal n'est adressé qu'à moi. C'est pas comme si mon histoire allait interesser quelqu'un. J'ai
l'impression d'être une sorte de secret. Je ne sais pas trop pourquoi d'ailleurs. Pourquoi je ne suis mentionnée
nul part, pourquoi est ce que je suis d'une telle faiblesse là où aucun membre de ma famille n'est ainsi ?
Pourquoi est ce que je m'interroge sur le fait que mon frère connaisse ou non mon existence ? J'ai si peur que
cela de disparaitre ? Oui. J'ai peur que mon Père et ma Mère m'aient oublié. Ils ne savent même pas que je
suis ici, alors même si ils se souviennent, pourquoi me chercheraient-ils ? Et pourtant, je dois me cacher,
parce que si je suis découverte, cela peut être très dangereux. Je sais trop de choses, et je ne sais pas quel est
mon but, ma mission.
Je suis remplie de connaissance, mais ma vie est vide de sens. Quelle ironie.
Au final, Jerico est ennuyeuse, mais la bonne nouvelle c'est que la 4ème ère glacière de la terre de que je
foule est enfin en train de se terminer.
La comparaison interessante, c'est juste celle entre la Seconde Cité et Jerico, où l'on remarque que les races
qui guident les humains influent sur l'architecture:

Jerico Seconde Cité


Je trouve ces différences interessantes. Mais ce qui m'intrigue, c'est de savoir si à la Seconde Cité, la
population est aussi heureuse qu'ici. Comme si le bonheur des personnes autour de moi comblait un peu ce
vide que je ressens parfois. C'est étrange comme sentiment. Le vide, être comblé. A croire que tout chez moi
s'amuse à mes dépends en faisant des sous entendus.
Je commençais enfin à m'y faire, à ces morts et à ces renaissances,
quand tout à coup, les Guerres Baaliques éclatèrent.
Ni une ni deux, Zeke m'a emmené, le plus vite et le plus loin possible. A
peine les rumeurs avaient elles atteintes la ville que nous avions disparus.
J'ai toujours eux les yeux luminescents, et ce seul détail aurait attiré
l'attention de ces suceurs de sang démoniaques.
La volonté divine est parfois étrange, assez pour que ce soit précisément
à ce moment là que j'expérimente le fait de devenir comme ceux que
j'avais tant cotoyés.
La transformation.
Elle rappelle la naissance.
On sent les os changer et s'allonger, la peau qui fait des sortent de vagues
comme pour s'étendre, comme si elle était mue par la volonter de se taner
pour devenir autre chose. Et cette sensation... Comme si c'était desormais
la Liberté elle même qui coulait dans mes veines, faisait flotter dans mon
esprit une harmonie divine encore jamais ressentie jusque là. Intinctivement, mes pattes bougèrent sous moi,
me faisant m'élancer sur cette plaine à la vue dégagée. La sensation de la terre et de l'herbe sous mes pas, l'air
sifflant contre mon corps et rapportant à mes narines milles et un fumé inconnus qui ne demandaient qu'à être
découverts. Les sons que je produisais et ceux qui m'entouraient formant une mélodie délicate et puissante, et
ce cri, ce cri qui déchira mes entrailles pour sortir par ma gorge, glorifiant tout ce que je n'ai jamai exprimé
jusque là. La peur de ce monde, l'envie de détruire ces interdits qui régissaient ma vie, et cette solitude,
encore et toujours cette solitude malgré la présence de Zeke. Parce que si je hurlais, c'est aussi parce que je
savais. Je savais que j'étais tombée amoureuse de mon gardien, mais qu'il était impossible qu'il se passe
quelque chose entre nous. Et je ne pouvais pas lui dire, quelque chose me disait que je n'en avais pas le droit.
Et là, là je pouvais le hurler à la terre entière, il ne comprendrait pas. Ma famille me manquait, je voulais voir
mon père, rencontrer mon frère, mais c'était là aussi interdit. Alors mon cri se transforma en sanglot, et je
sentis une main se poser sur moi. Zeke, mon Zeke.

– Qu'est ce que je vais faire de toi maintenant ? C'était pas prévu ça ma belle.

Il disait cela en flattant mes flans. Le sourire aux lèvres comme d'habitude. Parlait-il de ma transformation ou
d'aboyer ? Difficile à dire. C'était toujours comme ça avec lui, un possible double sens dans ces propos dans
ce genre de situations. Il y avait quelque chose de mystérieux chez lui que je ne comprenais pas. Et
maintenant que mes sens étaient aiguisés, je constatais qu'il y avait aussi quelque chose d'étrange dans son
odeur. Quelque chose de presque mystique.

Je suis émerveillé par la capacité que la vie a d’être interrompue, puis de


renaître à travers d’autres êtres. Tu ressembles étonnamment à ta mère.
Mais tu me fais aussi penser à ton frère disparu. Il avait cette lumière
pleine de bonté en lui, et tu en as hérité. Ton corps change Eden, mais ton
âme, elle, reste la même.

Etrangement, ces mots furent réconfortants. Mais pas autant que la caresse de sa paume sur mon pelage d'or.
Un instant je me sentis calme, puis le passé ressurgis. Combien de temps ? Difficile à dire. Ce qui me tira de
ma torpeur, ce fut cette miriade d'esprit autour de moi. J'eus cette impression d'être transportée ailleurs et puis
je découvris ce lieu. On aurait dit une foret enchantée mais lugubre. J'observais les ombres se mouvoirs les
unes après les autres, c'était aussi fascinant qu'effrayant. J'avais la peur au ventre, et mon poil se herissait sous
un vent froid qui se fondait jusque dans mes os. Il y avait comme quelque chose d'éffroyable, mais pour la
première fois, je constatais que j'étais parfaitement ancrée dans ce qui se passait autour de moi. Je ne vivais
pas un souvenir, je vivais le présent depuis plusieurs minutes, plusieurs heures peut être. Et je n'étais ni
envahis ni noyée de tout ce qui s'était passé avant.
A peine avais-je fais cette constatation dans mon esprit que je constatais que l'odeur autour de moi avait
légèrement changée, que l'air semblait plus doux, et que les ombres me paraissaient beaucoup moins
effrayantes. Quelque chose avait changé, mais quoi ? Un bruissement attira mon attention, et je la vis, juchée
sur une branche, cette étrange chouette humaine, semblant impalpable, entourée d'une nuée d'autres chouettes
-Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être
changé et le courage de changer ce qui peut l'être mais aussi la
sagesse de distinguer l'un de l'autre. Dit elle. Tu me semble
perdue mon enfant, les esprits m'ont rapporté ton désarroi.

Elle marqua une pause et poursuivit:

-Heureux ceux qui n'ont jamais rien fait et qui n'ont pas
d'avenir, ils ne risquent pas d'être rattrapés par leur passé. Toi
tu as une multitudes de passé. Mais lequel te reflète ? Lequel est
le tien ? Lequel t'appartient ? Le sais tu seulement ?

Et je répondis non en secouant ma tête de droite à gauche

- Tous. Ils t'appartiennent tous, dit elle en posant sa main sur ma


joue. Ma pauvre enfant... On dirait une noyée qui se débat. On
ne regarde pas le passé quand le présent nous suffit. Qu'est ce
qui est si insuffisant dans ton présent ? La plupart des hommes
et des femmes consacrent peu d'instants à réfléchir sur le passé,
par conséquent il est rare que de salutaires douleurs les rendent
plus sages. Mais toi, toi tu es constament plongée dedans. Alors
mon enfant, que t'as appris le passé ?
Ce fut la première leçon, et bien d'autres suivirent. Grâce à elle, j'appris à ne plus me débattre entre les
différentes temporalités, et mon esprit se calma. A force de passer du temps avec ce drole d'esprit, je me
rappelais la signification antique de la chouette:

Elle est connue pour son pouvoir de vision nocturne. Si mes


souvenirs étaient bons, elle aiderait à voir au-delà du voile de la
tromperie et de l'illusion, permettant de voir ce qui serait
cachée. Elle symboliserait également la capacité à parcourir les
illusions et à observer le sens réel des actions des états d'esprit.
Elle apporterait des leçons qui aiguiseraient l'intuition et
permettrant d'apprendre d'un flux d'information une certaine
sagesse habituellement cachées au commun des mortels. Il est dit
que c'est un animal qui encourage à regarder au-delà des
apparences trompeuses de la réalité, d'une situation ou encore
d'une personne.
Elle guiderait vers le discernement et la prise de décisions
fondées sur des bases solides. Et pour finir, elle guiderait
l'esprit quand il traverse des moments de confusions.
C'est en sommes le guide et le gardien des esprits.

Elle m'aida à aller mieux, comme une présence maternelle me


conseillant et me guidant à travers mon propre esprit, m'apprenant même à le protéger en laissant tout
m'assaillir comme avant afin de brouiller mon esprit si besoin. Petit rempart mais rempart tout de même. Elle
m'apprit aussi ce que j'étais dans cette vie, une Ferae, et ce que cela signifiait.
Elle me parla des transformations, de leur signification, de ma désormais vulnérabilité à l'argent, ou encore
du danger mais du besoin vicéral que j'avais de faire parti d'une meute.

La force de la meute est dans le loup, la force du loup est dans la meute.
Jettes-toi dans la gueule du loup, et deviens la cheffe de la meute.

Tel fut son dernier conseil, et je ne la revis plus jamais.


Avant d'en parler à Ezekiel, je pesais le pour et le contre: j'avais un secret à cacher, je guérissais lentement,
j'étais paranoiaque par la force des choses, j'avais du mal à voir les gens souffrir, j'étais tétue, allergique à l'ail
et à l'argent comme si c'était une moquerie ironique divine, j'avais à coeur la place des cainites dans les
projets de Dieu et mes yeux brillants de jour comme de nuit ne me permettaient pas de passer inaperçue.
Cependant, j'avais aussi de grandes qualités: j'avais un savoir incommensurable comme on en voyait peu, je
connaissais de multiples cultures et de nombreuses langues, je savais ce que c'était que de voyager et j'avais
Zeke à mes cotés. Zeke qui me connaissais par coeur et qui finis par me questionner sur ce qui me
préoccupais. Aussi lui parlais-je de mon projet de rejoindre les autres Ferae, de combattre à leur coté la
menace baalique. Mais il était résolument contre. Alors je récitais par coeur:

Désormais la couronne de justice m'est réservée; le


Seigneur, le juste juge, me la donnera dans ce jour-
là, et non seulement à moi, mais encore à tous ceux
qui auront aimé son avènement, à tout ceux qui
combattront le Mal.
Je sanctifierai son grand nom, qui a été profané
parmi les nations, et les nations sauront qu'il est
l'Éternel. L'Éternel, qui nous aidera à sanctifier les
nécessiteux.
Je rassemblerais les nations, je rassemblerais tous
les pays s'il le faut, et je combattrais le Mal.
Je répandrai sur les infames une eau pure, et ils
seront purifiés; je purifierai toutes les souillures et
toutes leurs infames idoles.
Un jour j'ai demandé à Dieu: Pourquoi m'oublies-tu?
Pourquoi dois-je marcher dans la tristesse, sous
l'oppression de l'ennemi? Mes os se brisent quand mes
persécuteurs m'outragent, En me disant sans cesse:
Où est ton Dieu?
Pourquoi t'abats-tu, mon âme, et gémis-tu au dedans
de moi? J'espère en Dieu, et je le louerai encore. Il
est mon salut et mon seul Dieu.
Entre le portique et l'autel pleureront les
Sacrificateurs, Serviteurs du Mal. Ils riront et ils
demanderont où est notre Dieu, mais quoi qu'ils
disent, si quelqu'un combat en son nom, alors
l'Eternel épargne son peuple! Je ne livrerais pas mon
héritage à l'opprobre ou aux railleries des démons !

Il m'a alors regardé avec des yeux ronds

– C'est vraiment là ce que tu veux Eden ? Questionna-t-il surpris


– Oui.
– Tu es sûre de ce que tu fais ?
– Je ne suis pas sûre de ce que je fais, mais je suis sûre que c'est la bonne chose à faire Zeke.
– Bien, si c'est ce que tu souhaite alors.

Et il m'embrassa sur le front. Avant de me sourire et de dire en secouant la tête:


J'étais sur la Sainte Montagne de Dieu. Je t'ai vu marcher au milieu du Jardin quand la voix de l'Eternel me
parvint et me dit:
– Tu seras son Protecteur car je la laisse subsister. Tu seras sa Puissance quand elle sera lâché
contre une nation impie, car je la ferais marcher contre ceux qui m'offensent, envoyé par Satan
pour qu'ils se livrent au pillage et fassent du butin, pour qu'ils foulent aux pieds comme la boue
des rues ce qu'il y a de sacré. Alors sa foi sera mise à l'épreuve, et un choix s'imposera à elle.
Quand son choix sera fait et sa décision prise, tu te rappeleras alors les Paroles de l'Eternel.
Nous décidames donc de faire route jusqu'à Jerico, tandis que sur le chemin je me familiarisais avec la Bête
en moi et que les esprits me parlaient des Litanies que je devais désormais suivre, me les expliquant point par
point:
Les garous ne s'accoupleront pas avec les garous
Cette partie de notre litanie est parfois la moins aisée à respecter, car elle fait intervenir les sentiments profonds, que
la raison ne peut pas toujours contrôler. L'accouplement entre garous donne naissance aux Métis, ces garous
dégénérescents et difformes, qui affaiblissent notre société. De nombreuses ballades des danseurs de la lune portent
sur l'histoire tragique de deux garous qui s'aimaient d'un amour impossible et interdit...

Combats le Ver où qu'il soit et quelle que soit sa forme


Le but primordial de notre société était de combattre le Ver, entité corruptrice, et nous nous devons toujours à présent,
alors que les derniers jours approchent, de continuer ce combat, répétant les exploits de nos héros d'antan.

Respecte le territoire de l'autre


Autrefois, nous avions habitude d'uriner pour marques notre territoire, et il en fut ainsi jusqu'à ce que l'homidé ne
prenne trop d'importance, marquant par sa présence son territoire. Nous devons à présent hurler pour nous présenter en
fournissant notre nom, tribu et lignée.

Accepte une reddition honorable


Nous sommes prêts à mourir pour Gaïa, mais est-il vraiment utile de mourir de manière stupide, privant ainsi l'armée de la
terre mère de valeureux guerriers ? Les duels à mort sont chose courante dans notre société, mais un combattant se
rendant compte qu'il a d'ores et déjà perdu peut demander la clémence à son adversaire, en lui présentant sa gorge. Le
combattant respectable et honorable est tenu de lui laisser la vie sauve.

Sois soumis à tes supérieurs


Nous sommes une société construite sur la mentalité de meute. Si une demande d'un supérieur t'est fournie, et qu'elle
ne gêne en rien ton honneur ni ton intégrité, tu devras accomplir ce qu'il te demande, car s'il t'est supérieur, c'est qu'il
possède plus de mérite que toi à ce moment. Prouve-lui ce que tu vaux et à ton tour, un jour, tu donneras les ordres.

La première part du gibier est pour ceux dont le rang est le plus élevé
Cette partie de la litanie arrive directement de notre nature profonde, celle du loup. Ce décret favorise évidemment la
haute hiérarchie dans notre société. Il faut savoir que le gibier s'applique à toute possession, y compris les fétiches

Tu ne mangeras point de la chair humaine


Manger de la chair humaine est un acte qui peut exposer un Garou à la corruption du Grand Ver.

Tu respecteras ceux qui sont en dessous de toi, nous sommes tous enfants de Gaïa
Les garous sont les protecteurs du monde, noble tâche s'il en est, et nous apportons de la valeur à tout ce qui provient de
notre terre mère. Ainsi, tout garou, même s'il t'est inférieur en renom, doit être respecté.

N'admets pas que d'autres soignent ta maladie


En temps de guerre les Garous n'ont pas toujours les moyens de s'occuper des infirmes. Par le passé, les Garous
mortellement blessés, trop âgés ou infirmes étaient tués par leurs Septs pour qu'ils ne souffrent pas. De nos jours on
laisse aux anciens le droit de choisir comment finir leur vie

Le chef peut-être défié n'importe quand en temps de paix


Nous sommes une meute, et comme dans toute meute, chacun, en temps de paix, peut défier le chef pour imposer son
point de vue, révélant ainsi la loi du plus fort

Tu ne défieras pas le chef en temps de guerre


Notre nation, société guerrière s'il en est, a mis au point des tactiques de combat de meute pour combattre contre les
puissantes créatures du Ver. Ces tactiques nous donnent l'avantage la plupart du temps, mais peuvent s'avérer
dangereuses si la meute est désorganisée par des conflits internes. C'est la raison pour laquelle ce décret est important.
En temps de guerre, la parole du chef est immuable.

Tu ne feras aucun acte qui occasionne la violation d'un Caern


Les Caerns sont nos derniers espaces de pouvoir, et l'âme de Gaïa. Même ramener involontairement un ennemi de la terre
mère au sein de l'un de nos lieux saints est sévèrement puni.
Et puis, il fallait aussi que je choisisse ma tribu. Il y avait tellement de choix
et il me fut difficile d'évaluer là où serait ma place. Mais je finis par choisir
les Astrolatres.
Comme beaucoup de tribus moins engagées dans le combat, ils privilégient
la sagesse par-dessus tout. Dans l'ensemble, ils sont extrêmement centrés et
moins sujets à la rage que les autres Garou, et puis ils maîtrisent les énigmes
et la résolution de problèmes. Cependant, ils sont aussi extrêmement solitaires.
Ils sont peu nombreux ce qui les rends précieux pour les autres lupins.
De plus, ils ont inventé une sorte d'art martial appelé le Kailindo et qui est basé
sur la participation des esprits du vent, permettant de facilité l'esquive et d'avoir
une excellente défense. Elle établie un lien très fort entre l'association du vent et
celui des différentes formes des Feraes. Alors c'était décidé, je serais une
Astrolatre, pour le meilleur et pour le pire. Enfin, si je survis jusque là.

Entre le froid, ma glissade inopiné sur de la glace ou encore le fait que j'ai failli terminé dans un lac,
ce fut pour le moins une aventure de quelques semaines que de réussir à retrouver les Ferae.
Jerico avait été deserté et était désormais aux mains de migrants fuyants la guerre, il ne nous restait plus qu'à
remonter le flot de fuyard pour enfin finir par les retrouver, non loin des lignes de bataille.
La situation aidant, je fus rapidement acceptée parmis les Astrolatres, et Ezekiel fut facilement accepté en
tant que mon protecteur après évaluation de ma faiblesse physique. Ezekiel, il avait tant changé au fil de mes
vies. Lui qui était androgyne, il était désormais viril. Et magnifique.
Ma naissance ayant été un nuit de lune croissante, j'étais une Théurge, ce qui expliquait mon lien avec les
esprit et mes entretiens avec l'Esprit Chouette. A présent, je devais passer mon épreuve, pour finaliser mon
adoption par ma tribu: trouver mon Totem.
Cela ne surpris personne que je finisse par choisir la Chimère.
Il était le Totem fétiche de ma tribu et était aussi appelé
"La Dame Aux Miroirs" au vu de sa sagacité et de sa particularité
à laisser ses enfants se déguiser en quelque chose ou quelqu'un
d'autre, jouant d'illusions indécelable pour cela.
Mais si je l'avais choisi, ce n'était pas seulement tant pour cela que
pour sa réprésentation contadictoire:
Des cornes démoniaques mais des ailes d'anges
Le regard d'or mais le serpent
A moitié proie à moitié pédateur
Une crinière rappelant la couronne de justice
mais des griffes de bourreau
Un faciès considéré royal et divin chez les animaux
mais des pattes de bouc qui symbolisent le Mal
Ce Totem rappelle que tout est une question de choix.

Le temps passa avant que je puisse m'engager sur le champ de


bataille, car avant tout, je devais apprendre.

Etrangement, ma liste de dons se résuma à cela:


• Purification de l'eau, permettant même de purifier les eaux contaminées par le Ver si la concentration
est assez bonne
• Amie des Esprits, facilitant les interractions avec les esprits
• Parole de l'Alpha, qui permet de savoir quelle est la meilleure décision à prendre
• Repousser le serpent, qui permet de tenir à distance les mauvais esprit et les créatures venimeuses (ce
qui n'est pas un mal quand on me connait)
• J'ai adapté le Murmure du Vent pour préférer deviner le prochain coup du stratège en face plutot que
le prochain coup de l'adversaire cherchant à me tuer
• Sentir le Ver pour des raisons assez évidentes
• Invoquer les Esprits de Tempête, qui permet d'invoquer le phénomène météorologique de son choix
Vivre avec les Ferae devait être une expérience extraodinaire,
malheureusement, elle était ternie par ces attaques incéssantes et
constantes. Sans compter que le chef, Priam, un Hurleur Blanc,
refusait catégoriquement de prendre en compte les conseils qui
lui étaient donné: il était borné et refusait d'écouter les nons
combattants comme moi. Alors dans ces cas là, il n'y avait qu'une
chose à faire: prouver que j'avais raison. Mais ça signifiait aussi
désobéir puisqu'il l'avait interdit. J'étais donc allé le voir et lui
avait proposé de me laisser une petite faction sous mes ordres,
seulement des volontaires, afin d'essayer ce que je disais sans
risquer trop de pertes. Mais il refusa de nouveau, arguant qu'il
était le seul à savoir ce qui était bon ou non pour nous. Il ne me
restait qu'une solution: prendre ma forme louve, me soumettre, et
supplié de nouveau. L'avantage de Priam, c'était qu'il était de
parole, et il avait promis de ne jamais me prendre tant que je
serais vierge, conformément à ma demande. Il finit par me
prendre à part et me proposa un marché: la vérité sur le secret que
je cachais, contre le fait qu'il accepte ma requête.
Je jetais un coup d'oeil rapide à Zeke, qui fit un signe de tête
de haut en bas. Ca valait donc le coup que je prenne le risque.
Je lui fis donc juré sur ses ancêtres de garder la vérité pour lui, et
je débutais mon récit. Plus je parlais, plus il s'enfonçait dans son
siège, comme si mon flot de parole l'assomait petit à petit.

– Tu viens de dire quoi ? Demanda-t-il éberlué


– Je suis une Immortelle, répondis-je calmement
– Tu te fous de ma gueule Eden ? S'exclama-t-il alors
– Non Roi Priam, c'est bel et bien la vérité. Et depuis que je suis sur Gaia, Ezekiel est mon gardien

Il marqua alors un temps de pause

– Bien... Jure sur Mère Gaia que ce que tu dis est vrai, exigea-t-il
– Je n'ai pas le droit de jurer Roi Priam, mais je peux vous apporter la preuve que ce que je dis est
vrai
– Montres moi cette preuve, imposa-t-il une fois de plus

Alors je lui tandis mon bien le plus précieux

– Je vous demanderais de bien vouloir garder pour vous ce qui est écrit à l'intérieur de ce journal,
s'il vous plait

Il lut rapidement, entre les lignes, à peine quelque minutes et dit enfin:

– Bien. J'accepte ta requête.

Lacha-t-il avant de me faire signe de partir.

Je pouvais donc faire mes preuves. Enfin. Et je priais le ciel pour qu'il tienne bel et bien sa langue.

Après quelques temps, j'ai fini par grimper les échelons grâce à une stratégie de mieux en mieux rodée. Je
finis même par réussir à m'élever aux cotés du Roi Priam. Les choses étaient de pire en pire, les attaques se
faisaient de plus en plus fréquentes et nous avions à peine le temps de nous remettre de nos pertes qu'il fallait
de nouveau être sur le front. Nous finimes par devoir évacuer une grande partie de notre communauté, des
parents et des humains. Impossible de dialoguer avec les Cainites qui combattaient aussi de leur coté, aussi
nous contentions nous d'espionner leurs faits et gestes afin de manoeuvrer en fonction d'eux sans que l'on se
fasse prendre au piège les uns contre les autres.
Arriva ce qui devait arriver, quand nous apperçumes au loin un gigantesque démon. Nous étions
encerclés, peu de portes de sorties, que nous mettions à disposition pour ceux qui en avait besoin. Nous
allions perdre cette bataille, mais nous ne pouvions pas nous permettre d'accuser trop de pertes. Ezekiel
voulait que je prenne la fuite avec d'autres, mais je refusais catégoriquement: j'avais un plan. Un plan
suicidaire, certes, mais un plan. Et ce plan requiérait ma présence ainsi que la sienne et celle d'autres
théurges. Il me fallait aussi un messager: nous savions qu'une troupe cainite arrivait près de notre position,
mais si ils arrivaient maintenant, ils se retrouveraient dans une situation inextriquable au vu de ce que je
prévoyais, sans compter que ce serait à eux d'achever l'immense démon qui déboulait sur nous. Je priais le
ciel pour que les vampires écoutent mes consignent et ne pressent pas le pas, trouvais un messager et fit
parvenir la missive suivante:
Cher Commandant des Armées
Cainites qui arrivent sur nous,

Une immense créature


démoniaque arrive sur la position vers
laquelle vous vous rendez, ci joint un
croquis de cette dernière.
Nous allons tenté de l'affaiblir du
mieux possible mais le plan d'action
inclus une pluie qui serait bénite et donc
mortelle pour les votres.
Je vous serais gréés de bien vouloir
faire une halte et de vous tenir près à
abbatre le couperet fatal sur cet
impure créature.

Je vous prie de bien vouloir mettre de


coté les divergeances d'opinions qui
divisent nos races au vu de la situation
infernale actuelle.
Merci de ne pas faire le moindre mal à
mon messager.

La Louve d'Or
Nous attendimes donc fébriles, faisant nos préparatifs, tandis que je priais le ciel pour que mon message
arrive à bon port et soit entendu.
Puis il fut temps de se placer, j'invoquais les Esprits de la Tempêtes afin de faire apparaitre un immense
orage. Les autres théurges purifièrent l'eau qui tombait tandis que Ezekiel solicita le Tout Puissant et que mes
mots se joignirent aux siens.
Dieu Eternel et Tout Puissant, tu as donné aux hommes l'eau qui les
fait vivre et les purifie.
Tu veux aussi qu'elle puisse laver nos âmes et purifier le Mal.
Daigne bénir cette eau pour que nous en recevions des forces en ce
jour.
Juge, Seigneur, ceux qui nous nuisent ; combats ceux qui nous
combattent !
Qu'ils aient honte et soient confus, ceux qui en veulent à nos vies !
Qu'ils reculent et soient confondus, ceux qui méditent notre malheur
!
Qu'ils soient comme la poussière face au vent ! et que l'Ange du
Seigneur les pourchasse !
Que leur chemin soit ténèbres et glissade ! et que l'Ange du
Seigneur les poursuive !
Car sans raison ils ont caché contre nous leur filet de mort ; ils ont
fait à nos âmes des reproches inconsistants.
Que la perte les surprenne ; que les filets qu'ils ont caché les
prennent ; et qu'ils tombent dans leurs propres pièges !
Démon !
Humilie-toi sous la Puissante main de Dieu. Tremble et fuis, à
l'invocation faite par nous du Saint et Terrible Nom de l'Eternel, qui
fait trembler les enfers ; à qui les Vertus des Cieux, les Puissances
et les Dominations sont soumises ; que les Chérubins et les Séraphins
louent dans un concert inlassable, disant : Saint, Saint, Saint est le
Seigneur, le Dieu des Armées.
Avec humilité, nous supplions Votre Glorieuse Majesté de daigner
nous garder sains et saufs de tout pouvoir, piège, mensonge et
méchanceté des esprits infernaux.

Nous nous fimes balayer sous les cris de douleur de l'être infernal: notre pluie était bénite et
purificatrice, nous avions réussis ! D'un tour de bras, il envoya valser Ezekiel qui se tenait à mes cotés, tandis
que je prenais ma forme lupine pour passer entre les jambes du géant démoniaque.
Je courrais à toute hate en esquivant ce que je pouvais
avant de tomber et de reprendre ma forme humaine. En
levant les yeux, j'apperçue au loin un Cainite se tenant à
distance de notre orage destructeur. Nos regard se
croisèrent, je jetais un coup d'oeil derrière moi, le démon
allait arriver à ma hauteur, j'étais perdu. Je regardais de
nouveau l'homme damné qui arma son arc, je lui dis un
signe de tête affirmatif, et il tira en plein coeur.
J'entendis le hurlement de Zeke, appelant mon nom, sa
voix déchirant le ciel. Je souris au Cainite, articulant un
merci, et je disparue dans un nuage de poussière d'or,
comme à chaque fois que je mourrais. J'eus à peine le
temps d'entre appercevoir les pupilles du tireur s'arrondir
de surprise, que ma conscience s'éffaça et que le cycle
repris. Je ne sais pas qui étais cet homme, mais il m'avait
surement évité un sort pire que la mort, et je lui en étais
reconnaissante.
La femme qui me porte cours. Je sens chacune de ses foulées.
Est-ce qu'elle fuit quelque chose ? Son coeur bat à rompre, je le sens
raisonner toujours plus fort, pulsation par pulsation. Quelque chose
m'indique qu'elle est inquiète, confirmant le fait qu'elle soit en fuite.
Je ne pense pas que ce soit mon Ezekiel qu'elle cherche à tenir hors de
portée. Alors qui ? Ou quoi ? Et surtout: pourquoi ? Quel monstre
prendrait plaisir à traquer une femme portant la vie ?
Elle est affamée.
Ca n'augure rien de bon pour ma survie dans ce cycle, mais c'est surtout
pour elle que je m'inquiète. Quelle est son histoire ? Pourquoi est elle
dans cette situation ? Qu'est il arrivé pour qu'elle en vienne à prendre ses
jambes à son cou de la sorte ?
Les rares moments où elle s'arrête, elle me parle, elle me dit qu'elle est
désolée, mais désolée de quoi au juste ? Elle dit aussi que je suis née
d'amour qu'il ne faut pas que je l'oublie. Mais pourquoi est ce que je
l'oublierais ?
Elle dit des choses étranges, comme si la folie commençait à gangrainer
son esprit, surement à cause de la faim qui résonne dans son ventre.

– Je suis désolée Eden. Je te demande pardon. Ta mère ne pouvait


pas elle même investir ce corps. Mais il fallait te sortir de là bas.
Saches qu'elle reste ta mère dans cette vie comme dans les
autres. Elle te demande pardon. Elle aurait aimé que les choses
soient différentes et elle espère que tu comprends et que tu ne
leur en veux pas. Ton père et elle t'aiment. Ne l'oublie jamais.
Malheureusement, pour le moment tu dois te débrouiller seule. Ta
mère est très occupée, quand à ton père, je suppose que tu
connais déjà sa fonction. Je doute qu'il sache.

De quoi parlait-elle ? Je ne comprenais rien, et plus les jours passaient, plus son esprit semblait s'embrumer.
Elle disait qu'elle ne tiendrait plus longtemps, que sa conscience allait de nouveau s'évaporer et qu'il devait
vite nous retrouver, avant l'autre. De qui parlait elle ? Il ? Etait-ce de Zeke qu'elle parlait ? Et qui était
l'autre ? Je ne comprenais rien à rien, et il était impossible en l'état actuelle des choses que je pose la moindre
questions.
Je sentis sa vie s'éffiler de plus en plus. Elle allait mourir. Pourtant, elle avancait, continuant à mettre de la
distance entre notre poursuivant et nous. Mais un matin, je sentis que le corps était froid. Je n'entendais plus
le coeur battre. Moi-même, je commençais à défaillir. Un corps mort ne peut pas garder en vie un bébé en son
sein. Je sentais mes forces s'amenuiser, et puis j'entendis sa voix. Zeke m'avait retrouvée. Ou peut être était-ce
une halucination voulant que je parte paisiblement.
Poutant, un couteau déchira la chaire sans vie dans laquelle je flottais, et des mains m'extirpèrent du corps
mort qui m'envellopait.

– Ne me refais plus jamais ça Eden ! Tu es complètement folle !


Et si ce démon t'avais eu ? Tu te rends compte des
concéquences que ça aurait pu avoir ?! Hurla-t-il

Mais bon, très franchement, je me fichais de ses cris. Moi j'étais fatiguée
et j'avais faim. Il croyait quoi après tout, c'est usant d'être un nouveau né.
Et puis le connaissant, je savais que j'en entendrais encore parlé dans
dix ans. Quand il s'inquiétait, c'était toujours la même rengaine, et là, je
lui avais apparament fait la peur de sa vie. Mon pauvre Zeke. Je ne suis
pas désolée de ça, j'ai assumé ce choix jusqu'au bout, et je ne le regrette
pas. Pour la première fois, j'ai agis. Jusqu'au bout. Et j'ai porté mes
convictions. Ca peut paraitre étrange, mais j'en étais très fière. Pour une
fois, je ne m'étais pas cachée, je n'avais pas fuis. Et ça faisait du bien.
De la route, encore de la route. Voyager, voyager et toujours voyager, autrement dit, Zeke ne voulait pas que
je joue de nouveau les héroines. Autrement dit, il allait me faire payer très cher mon acte de bravoure. Oh
non... Ca veut dire que je vais passer un cycle tout pourris à être surprotégée... Mais bon, ça valait le coup.
Reste encore à savoir comment je vais réussir à échapper à sa vigilance avant qu'il ait réussi à me trouver une
cage dorée...

– Je ne sais à quoi tu pense Eden, mais chasses tout de suite ces idées saugrenues de ta tête. Je
réussis à te trouver à chaque réincarnation, autrement dit, jamais tu ne réussiras à échapper à ma
vigilance et oui tu vas payer pendant cette vie. Et même pendant la suivante d'ailleurs. Et rien que
pour avoir osé envisager ça, tu le paieras peut être même une deuxième vie, dit il en touchant le
bout de mon nez et en souriant

Bon bah, c'était foutu pour l'échappatoire.

Comme d'habitude, je grandis, et j'eus la chance de m'installer dans une belle ville, loin de tous les tracas
baaliques. Pourtant, cela m'obsédait. J'avais l'impression de faillir à ma tâche. Zeke avait beau m'expliquer
que j'avais déjà fait ce que j'avais à faire, je savais que je pouvais faire plus. Alors je me suis lancée dans le
commerce, exclusivement des vivres. J'avais étudié les routes commerciales les plus sures, pour faire parvenir
tout cela sur les fronts connus. Zeke ne voulait pas que j'y aille, mais il ne pouvait pas m'empêcher d'aider au
mieux tant que je restais loin des lignes de combat n'est ce pas ? Il avait son regard réprobateur mais me
laissa faire à ma guise. Je crois qu'il comprenait, et je pense que c'est pour ça qu'il me laissa faire. Je doute
que là bas ils savaient pourquoi ou comment, mais au moins, ils avaient de quoi ce sustenter. Une
contribution qui était je le pense, appréciée à sa juste valeur.
Le contraiste devait être saisissant entre les forets d'ici et celle de là bas. Et je perdais un investissement fou
dans ces envois. Aussi dus-je me diversifier et je choisis la couture. Création de vêtements signifie souvent
profits et bénéfices, et ce fut le cas. Les choses commençaient à avancer, assez pour que je puisse me
permettre de déléguer un peu, ce qui me laissa un peu de temps
J'avais assez été sur les champs de bataille dans ma dernière vie pour savoir que non seulement els vivre
importait, mais aussi le moral des troupes. Autrement dit, je décidais que désormais, dans les vivres envoyés,
il y aurait de petits mots d'encouragements:
Il ne faut pas attendre d’être parfait pour commencer quelque chose de bien

On peut perdre ses clefs, son temps ou ses illusions, tant que l'on garde espoir, rien
n'est impossible

Même quand tout semble perdu, la lutte est encore un espoir.

Où le combat est grand, la gloire l’est aussi.

En te levant le matin, rappelle-toi combien précieux est le privilège de vivre, de


respirer, d’être heureux. N'oublies pas ceux pour qui tu combat, ceux que tu
sauves. Eux n'oublieront pas.

Je tenais aussi à remercier celui qui m'avait abbatu d'une flèche, me sauvant d'un bien triste destin. Et je ne
savais pas comment faire. Aussi finis-je par engager quelqu'un pour faire livrer un simple portrait à la
personne à qui il était destiné:
Accompagné d'un simple mot. C'était risqué, mais mérité.
Merci pour ce sombre destin auquel vous m'avez fait
échapper d'une flèche.
E.

Bien sur, Zeke a hurlé quand il a su. Bien sur il m'a fait sursauter
alors que je tenais une aiguille dans la main. Et bien sur, je suis
morte du téthanos.
Et c'était reparti pour un nouveau cycle ! Jamais je ne saurais si il
a reçu mes remerciements. Dommage. Parfois les choses sont
ainsi.
Pendant 400 ans, les Guerres ont continuées, et à chaque fois, j'ai
soutenue la cause comme je le pouvais, pas une seule fois mes
convictions ont défaillies. Je finis de nouveau par attérir à Jerico, et la
ville avait bien changée sous l'influence des migrants. Mais au moins,
les Guerres Baaliques étaient terminées. Et c'était une bonne chose.
Malheureusement, cela signa aussi le début de l'Impergium.
L'Impergium. L'abbatage par les Ferae, essentiellement les loups, de ce
qui était à leurs yeux un surplus de population humaine.
Ils avaient été mes frères, mes soeurs, mes amis, mes compagnons de
bataille. Aujourd'hui, ils me tueraient sans hériter si ils considéraient
cela comme nécessaire.
Il fallait baisser les yeux, ne pas faire de faux pas, restait dans leurs
limites, et à la moindre incartade, s'en était terminé d'un coup de griffe.
Les Griffes Rouges étaient les plus virulents, mais rien d'étonnant quand
on les connaissait et quand on connaissait leurs principes.
Et comme j'étais humaine, impossible pour moi de les reconnaitre
puisque certains se fondaient dans la population, surtout les pro lupus,
dans le but de fabriquer des coupables bons à être exécutés.
Et c'est ce qui m'est arrivé: j'ai glissé et j'ai bousculé un homme. En une
fraction de seconde, mon sang se deversait de ma gorge telle une
cascade pourpre. Je mourrais. Encore.
Heureux qui voit la mort et qui peut l'oublier !
Heureux qui n'a jamais senti son cœur plier,
En voulant pénétrer le déchirant mystère,
Que le cercueil dérobe aux enfants de la terre
Moi, je ne cherche plus l'énigme du tombeau,
Elle fit trop de fois vaciller mon flambeau
Je vois avec envie, le vécu de mes aînés,
Ces immortels qui ne sont pas condamnés
A vivre la mort indéfiniment, sans repos
A une faiblesse attirant tous les maux
Quand, dans l'isolement, l'heure fuyait trop lente,
Que trop de fois sur les prés je m'assis, indolente,
Endormant mes douleurs, vivant pour admirer,
Sur un jour de printemps laissant mon œil errer,
Alors, restant pensive, enivrée, et sans voix,
L'espoir fuyait mon cœur, difficile de garder la foi
Car la vérité c'est que lorsque l'âme est saisie.
Trop faibles sont les mots, vide est la poésie
Le temps file entre mes doigts, et avec mon destin
Car plus je regarde autour de moi, plus je perds mon chemin
La guerre a fait de tous, non seulement des cadavres, des impotents, des aveugles. Elle a aussi, au milieu de
belles actions, de sacrifice et d’abnégation, réveillé en nous tous, et parfois porté au paroxysme, d’antiques
instincts de cruauté et de barbarie. Voilà comment est né l'Impergium. Ceux qui n'avait jamais levé le poing
contre un frère, ceux qui avaient horreur du désordre et de la brutalité, prenaient plaisir à tuer.
Ils avaient rampé vers l’ennemi, l'arme au poing, les griffes sorties, les babines retroussées, la peur nous
tenant aux entrailles. Et pourtant une force inéluctable nous poussait en avant. Surprendre l’ennemi dans sa
tranchée, sauter sur lui, jouir de l’effarement de la créature qui ne croit qu'au Diable et qui pourtant, avec
surprise, voit la mort frappé à son épaule ! Cette minute barbare, cette minute atroce, avait pour tous une
saveur unique, un attrait morbide, comme chez ces malheureux qui, usant de drogue, mesurent l’étendue du
risque mais ne peuvent se retenir de reprendre du poison que cela peut devenir si mal dosé.
Le mal avait effleuré les esprits, allumant le feu au poudre de la dégénérescence et de l'infamie la plus totale
envers son voisin si par malheur ce dernier était différent, et surtout, plus faible. C'est cette défloraison de
l'âme que je pardonne le moins facilement à ces guerre démoniaque. Car j'avais sous les yeux la haine qu'elle
avait engendrée.

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