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Voyages de

l’Esprit

Lawahn Shiva

—1—
Copyright © 2020 Philippe Lawahn Zanotti

Tous droits réservés

—2—
Voyager sans se déplacer, voici ce que propose ce recueil de
poèmes à la fois philosophiques et fantasmagoriques. Par
l’intermédiaire de la poésie, la pensée et les symboles
s’entremêlent pour transporter notre esprit dans des états
de conscience situés au-delà des mots et des concepts.

Chacun pourra se retrouver dans l’un ou l’autre des


exercices de pensée qui nous sont suggérés. De cette
manière, nous pouvons explorer les mécanismes qui sont à
l’œuvre dans notre for intérieur.

Il n’est pas question ici de proposer une quelconque vérité,


à part peut-être celle de l’impossibilité pour l’esprit
humain d’accéder pleinement à la nature véritable de la
réalité. En effet, nos sens physiques et mentaux nous
transmettent une image altérée de ce qui est réellement et
la seule chose dont nous pouvons être sûrs est que nous
voyons notre monde avec notre propre perception.

Ainsi, nous sommes invités à expérimenter d’autres voies


de connaissance, en commençant par prendre conscience
de notre propre conscience. Puis en acceptant que les objets
physiques et mentaux qui nous entourent sont des surfaces
de projection pour notre esprit. Nous pouvons alors nous y
refléter comme dans un miroir et en apprendre plus sur
nous-même et sur la réalité de notre être.

Prenons ensemble le train de la conscience et


expérimentons les limites infiniment étendues de l’esprit et
de la pensée. Et peut-être, oui peut-être, arriverons-nous à
découvrir la véritable nature de qui nous sommes en
vérité.

—3—
Sommaire

EXPERIENCE DE SOI ...........................................7


ESPRIT .....................................................................8
CONSCIENCE ........................................................10
DESESPOIR ............................................................12
EPREUVE ...............................................................14
MEPRISE LIMINAIRE .............................................16
PROJECTIONS MENTALES .............................19
DESIR ....................................................................20
LE MIROIR ............................................................22
LE SOUVENIR ........................................................24
LES ANGES............................................................26
LIBERATION ..........................................................28
CULPABILITE .........................................................30
RECHERCHE INTERIEURE ..............................33
VIPASSANA ...........................................................34
MEDITATION ........................................................36
MULADHARA .......................................................38
RENAISSANCE .......................................................40
IMAGINATION CREATRICE ..........................43
LE RITUEL .............................................................44
LE PENDU .............................................................46
LE CAVALIER ........................................................48
L’IMPERATRICE.....................................................50
LE CORBEAU .........................................................52
LE NAVIRE ÉGARE................................................54

—4—
DETACHEMENT ................................................. 57
BRUMES DE PENSEES ............................................ 58
POSSESSION .......................................................... 60
SAMSARA .............................................................. 62
NATURE VERITABLE ........................................ 65
ÊTRE ÉTERNEL ...................................................... 66
ILLUSION DE L’ESPRIT .......................................... 68
JE ........................................................................... 70

—5—
—6—
Expérience de Soi

—7—
Esprit

Au centre se trouve un point


Infiniment petit
Le plus simple des points
Le plus complexe aussi

Il est si petit qu'il existe sans exister


Un point qui n'a de centre que lui-même
On a beau se rapprocher à l'extrême
Il ne devient pas plus épais

Il ne peut l'être car si cela était


Il pourrait avoir un centre où on y trouverait un point
Qui lui-même aurait un centre avec un autre point
Et ainsi sans discontinuer

Je parle du point conceptuel


Inconcevable mais si réel
Semblable à un instant
Semblable à un croisement

—8—
Au centre se trouve un point
Et là réside l'Esprit
Il ne peut être que là
Juste à ce point précis

Au centre se trouve un point


C'est là qu'est mon Esprit
Qui autour de ce point
S'étend à l'infini

—9—
Conscience

Conscience, qui es-tu ? Es-tu moi ? Suis-je toi ?

Si le sens de la vie est ton expansion infinie


Par-delà la matière, au-delà du temps qui fuit
Telle la lumière d'une étoile, la vérité n'est-elle pas
Comme l'espace, comme le temps, que tu n'existes pas ?

Pour autant je te ressens en moi, réellement


Mais si je sais que tu existes,
est-ce que j'existe pour autant ?
Immensité de l'Univers, petitesse de l'instant
J'explore ton essence, je médite sur ton existence

Quel est ton secret ?


Comment le dévoiler ?

Est-ce que tout ce que je vois,


tout ce que je sens, tout ce que j'entends
Tout cela n'est-il qu'un songe,
un rêve fugace, un égarement ?

— 10 —
Je recherche sans cesse un sens à ma vie
C'est en toi que j'ai trouvé le sens de la vie
Mais ma vie, qu'elle est-elle ?
De quel type, de quelle sorte ?
Guide mes pas dans ce monde, donne-moi la clé,
ouvre moi la porte

Pourquoi devrais-je avancer sans savoir, sans indice ?


Pourquoi devrais-je souffrir et m'offrir en sacrifice ?
Pourquoi l'éprouver, n'ai-je donc pas la preuve
de mon existence ?
Pourquoi y penser, toutes ces questions
ont-elles un sens ?

Peut-être qu'elles n'en ont pas


Que seul importe l'instant
L'instant présent, l'instant du choix
L'instant magique, juste l'instant

Cet instant qui à la fois


Instant passé... et à venir,
Ce seul espace, ce seul soupir,
Ce seul claquement de doigt !

Le seul chemin, le seul moment, indubitablement


Le seul endroit où je puisse être, ici et maintenant

— 11 —
Désespoir

Solitude ! Tu es seul au centre de ton univers


Ne percevant qu'une infime partie de la réalité
Sans la moindre idée de comment faire
Perdu sur un chemin dont tu ne sais s'il est tracé

L'espoir est fait d'attentes et mène à la déception


Plus tu l'expérimentes plus tu vis l'insatisfaction
Le désespoir s'installe en toi et t'accable
Ouvrant la porte de tes démons insatiables

Comment trouver un équilibre stable


Oscillant entre confiance et désarroi
Quelle force obscure te maintient dans cet état
De désir sans vouloir, de tristesse inexorable

Le désespoir se transforme en angoisse


Qui elle-même se meut en colère
Anges et démons qui s'entrelacent
Apportent en toi ce goût amer

— 12 —
Ces deux extrêmes qui te harcèlent
Ces opposés qui t'écartèlent
Pour que sans cesse tu te rappelles
Du seul destin qui t'appelle

Un seul chemin de délivrance


Ni celui de la fausse espérance
Ni celui du désespoir incessant
Celui de vivre ici et maintenant

— 13 —
Epreuve

Sur le chemin serpentant les collines dans la nuit étoilée


Je m'avance pas à pas à la lueur d'une lanterne
Sûr d'être en marche vers ma réelle destinée
Je m'avance pas à pas à la lueur d'une lanterne

Des ombres démoniaques m'accompagnent en silence


Et murmurent que le malheur est le lot de l'errance

Alors que j'avance à reculons dans la pénombre


Elles tentent de me faire trébucher
Elles essayent de m'agripper
Elles voudraient que je tombe

Elles veulent me faire du mal sans même me toucher


Elles veulent que je m'effondre
presque de mon plein gré

Par l'angoisse et l'effroi


Par la mort et le froid
Elles me harcèlent sans relâche
Elles m'entraînent vers le bas

— 14 —
Mais c'est sans compter ma combativité
Mon intention intacte de les affronter

Je les ai surprises en les accueillant à bras ouverts


Elles ne comprenaient pas que je leur pardonne
Elles ne s'attendaient pas à ce que je leur donne
Toute ma compassion et toute ma lumière

Et si je tombe ce sera avec bonheur


Remerciant l'Univers de m'adresser cette épreuve

Perdu j'étais dans ce désert vicié


Sacrifiant mes désirs et mes réalités
Je découvre les secrets du bonheur éternel
Heureux dans mon malheur de trouver l'étincelle

— 15 —
Méprise Liminaire

Quel calme, quelle sérénité


Quelle douceur, et quelle volupté
Lentement, assurément, je descends
Dans la profondeur infinie de l’océan

Autour de moi tout de bleu se nuance


D’une lumière à la fois feutrée et intense
Et malgré ce lent mouvement que je ressens
L’univers tout entier se fige en cet instant

Seul au milieu de l’immensité


Avec lequel je me sens unifié
Il n’y a rien à faire, rien à penser
D’autre que la joie intérieure et la paix

Je ne sais d’où je viens, je ne sais où je vais


Je n’ai pas de mémoire, je n’ai pas de direction
Comme si je n’avais ni futur ni passé
Comme si le temps et l’espace n’étaient qu’une illusion

— 16 —
Quand au loin un remous attire mon attention
J’aperçois une forme, quelque chose, s’approcher
Je l’observe sereinement sans juger sans passion
Je l’accueille quelle qu’elle soit,
je l’accepte telle qu’elle est

C’est un homme qui tel un ange vient me rencontrer


Sa barbe soyeuse ondule à travers les eaux
Son regard à la fois apaisant et concentré
Il me saisit délicatement et m’élève hors des flots

Quittant les ondes pour la terre ferme


Mon corps perçoit le monde sensible
Et par le souffle jusqu’à son terme
Un désir d’Être irrésistible

Et me voici dans ce monde bien apparu


De l’unité universelle hors de portée
Conscient dès lors d’en avoir été séparé
Cherchant alors une cause à cette issue

Si je ne mérite pas de faire partie de l’unité


C’est assurément que je n’existe pas
Puisque ce qui est Un ne peut être que cela
Il me faut donc exister afin de la retrouver

Et toujours depuis je poursuis cette chimère


De prouver que j’existe, aux autres et à moi-même
Qu’à chaque fois que la vie me démontre le contraire
Se renforce ma croyance de ne pas valoir la peine

— 17 —
C’est mon péché originel qui a guidé nombre de pas
Une simple erreur de jugement, une inconscience
Qui dissimule ma vraie nature, mon existence
Car l’unité en vérité est toujours là

Si seulement je pouvais me rendre compte aujourd’hui


Que d’une méprise liminaire mon égo s’est construit
L’essence éternelle de mon être je pourrais libérer
Et par là même à tout jamais m’autoriser à exister

— 18 —
Projections Mentales

— 19 —
Désir

Quel est mon désir profond


Au-delà de mon conditionnement
Ce que je désire, ce qui construit mon attention
Ce qui fait vibrer mon cœur véritablement ?

C'est en moi que le désir apparaît


Même si son objet est en dehors
S'il semble que je désire ton corps
C'est pour mieux me voir et m'observer

C'est pour comprendre mon intention


Qui est enfouie, dissimulée
Voilée par les perturbations
Dans mon esprit conditionné

Ce que je veux, maintenant, vraiment


Je dois apprendre à l'écouter
Je dois apprendre à l'accepter
Et pour moi-même reconnaissant

— 20 —
Dans mes pensées, apparaît le conflit
Entre mon coeur et mes illusions
Entre mon âme et mon éducation
Je dois d'abord éclairer mon esprit

C'est alors que la bataille


M'apparaît claire et observable
Je peux alors être impartial
Dans mon jugement véritable

Voir ce qui est en vérité


Ce qui pour moi, bon ou mauvais
Cher à mon coeur, à mes pensées
Fait que je puisse me libérer

— 21 —
Le Miroir

Observant mon reflet j’aperçois mon image


Ce n’est qu’une image mais elle me semble si réelle
A travers ce miroir ce n’est pas que ma forme que je
vois
C’est l’univers tout entier qui s’y projette et s’inverse

C’est ainsi que j’explore le monde extérieur


comme une image que je perçois

C’est ainsi que j’explore le monde intérieur


comme une image que je perçois

C’est ainsi que je m’observe moi-même


explorant une image que je perçois

C’est ainsi que je découvre que moi-même


bien que nul autre que moi

— 22 —
Je perçois la réalité par des sens altérés
J’entends la réalité par des concepts altérés
Je comprends que la réalité m’est sans cesse dissimulée
Mais qu’est-ce donc que cette chose
qui obstrue mes pensées ?

C’est le monstre qui en moi transforme ma vision


C’est ce moi tout puissant qui impose sa raison
C’est l’idée illusoire que je suis ce que je ressens
C’est l’Ego péremptoire qui m’extrait du présent

Faisant vivre dans ma chair les instants d’avant


Faisant naître dans mon corps le désir de demain
La méprise éternelle d’un esprit permanent
Une prison sans barreau, un cycle sans fin

— 23 —
Le Souvenir

Tels de vieilles photos oubliées


dans une malle au grenier
Les souvenirs semblent à jamais conservés
Pour un jour redécouvrir ces moments du passé
Qui questionnent ce qui à présent est

Quelles sont-elles ces images ? D'où viennent-elles ?


Sont-elles vraiment des vestiges d'une réalité passée ?
Ne pourraient-elles pas être le fruit
de mon imagination ?
Tout du moins du temps d’avant une version altérée ?

Les souvenirs restent à venir tant que


nous les laissons de côté
Des souvenirs en devenir qui représentent le présent
Que ces images qui viennent à moi
sont un message de l'instant
Que ce qui construit ma conscience
est la mémoire instantanée

— 24 —
Se pourrait-il que nos moments oubliés
sont en fait inconscients ?
Que ce qui est et nous paraît
ne dépend que du souvenir ?
Que quand je me souviens de l'instant passé
Cela structure mon expérience de l'instant présent ?

Le souvenir ne vient pas du passé


Il est maintenant
Le souvenir est ce qui nous permet
D'appréhender le temps
D'expérimenter le devenir
De contempler notre changement

Prenez bien soin du souvenir


Il est précieux
Qu'il mène aux larmes ou un sourire
Il est vos yeux
Sur ce projet qu'est votre vie
Et de vos vœux
Le souvenir est à venir
Au bienheureux

— 25 —
Les Anges

Les anges sont nos messagers protecteurs


Les entends-tu quand ils te parlent ?
Quand ils t'alertent ou quand ils pleurent ?
Les écoutes-tu quand ils te narguent ?

Les anges sont nos messagers protecteurs


L'ange de l'angoisse et ses frissons
Qu'est-ce qui en toi te fait si peur ?
Recherche en toi la vraie raison

Les anges sont nos messagers protecteurs


De la colère, cet ange est dur
Envers toi-même une douleur
D'où provient-elle ? En es-tu sûr ?

Les anges sont nos messagers protecteurs


Celui qu'on aime, l'ange du bonheur
Tu le recherches, le connais-tu ?
Es-tu heureux, l'as-tu voulu ?

— 26 —
Les anges sont nos messagers protecteurs
Bons ou mauvais, ils nous rappellent
Nos émotions, nos sentinelles
La vraie raison de notre humeur
Ils nous questionnent sur nos valeurs

Quels sont nos rêves, nos intentions


Au plus profond de notre cœur
Ils nous apprennent à observer
A nous poser les bonnes questions
Sur nos désirs enfouis, cachés

— 27 —
Libération

Colères, tristesses, peurs et ténèbres


Obscurcissent mon jugement
Pervertissent ma pensée
Et flétrissent mon cœur

Amours, joies, courages et lumières


Illuminent mes instants
Éclaircissent mes idées
Et nourrissent mon bonheur

Comment ai-je pu être aussi aveugle tout ce temps ?


Comment ai-je pu être si ignorant ?

Désormais s'invitent à ma table les anges de l'espoir


Laissant à la porte démons et cauchemars

— 28 —
C'est le bonheur d'un baiser qui m'a montré la voie
Que le désir vertueux apporte un résultat

Sans attente, sans calcul, sans raison, sans vouloir


Que la vie sourit en retour à celui qui veut croire

Que l'esprit du bienheureux se trouve dans son cœur


Que le sort est la cause, que tout plan est un leurre

Gratitude infinie aux étoiles scintillantes


Elles me guident chaque nuit, mes amies bienveillantes
Elles m'apprennent que la clé est en nous, et toujours
Que l'amour est un don qui se donne en retour

— 29 —
Culpabilité

Quand je me sens coupable


Je me punis d'avoir fait du mal
Je me punis en me faisant mal
Me sentant de fait d'autant plus coupable

Ces erreurs, ces mauvaises intentions


Elles ont été, c'est indiscutable
Et dans le passé resteront
Les conséquences inévitables

Pourquoi ajouter du mal au mal ?


Pourquoi faire durer la faute plus longtemps ?
Qu'y a-t-il de bon à se ronger les sangs ?
Et à entrer dans ce cercle infernal ?

Le courage est le remède à cette situation


Il permet de faire face à nos émotions
Calmement, paisiblement, sans perturbation
Accepter ce qui est, et demander pardon

— 30 —
Énoncer sa faute à la victime s'il en est
Ou bien à soi-même autrement
Regarder ce qui ne peut être réparé
Et faire le deuil des égarements

Faire le choix de tourner la page


D'une vie à l'autre continuer le voyage
Interrompre le cycle de la repentance
Qui nous enferme dans l'ignorance

La douleur est individuelle et intérieure


Elle naît en nous de notre propre défaillance
Libre à chacun de rester dans le malheur
Libre à chacun de nourrir sa souffrance

Insensé est-il de croire en vérité


Qu’en l’autre la douleur soit à notre portée
Que notre culpabilité puisse l'apaiser
Que nous pourrions la compenser

Peut-être pourrions-nous nourrir l’espoir


De soigner quelques blessures illusoires
De panser quelques légères plaies
Mais pas défaire ce qui est fait

Regarde bien tes intentions


Sont-elles justes et bienveillantes ?
S'il se trouve qu'elles le sont
Fais en sorte qu'elles restent présentes

— 31 —
N'ajoute pas ta douleur à celle de l'autre
Aide le juste à accepter
De son bonheur il est seul hôte
Et au tien nullement lié

— 32 —
Recherche Intérieure

— 33 —
Vipassana

Assis, les jambes croisées, le corps droit


Le méditant concentre son attention devant sa poitrine
Il observe sa respiration
Il prend conscience de l’ensemble

Il observe le corps dans le corps


Intérieurement, extérieurement,
intérieurement et extérieurement
Ce qui apparaît, ce qui disparaît,
ce qui apparaît et disparaît
Il y a un corps qui naît et qui meurt
Il l’observe sans attache, attentif il demeure

Il observe les sensations dans les sensations


La souffrance de la chair, la souffrance du mental
Le plaisir de la chair, le plaisir du mental
L'équanimité de la chair, l’équanimité du mental
Il y a des sensations qui naissent et qui meurent
Il les observe sans attache, attentif il demeure

— 34 —
Il observe l’esprit dans l’esprit
L’esprit qui désire et l’esprit qui repousse
L’esprit éparpillé et l’esprit focalisé
L’esprit limité et l’esprit étendu
L’esprit dépassé et l’esprit insurpassé
L’esprit distrait et l’esprit concentré
L’esprit conditionné et l’esprit libéré
Il y a un esprit qui naît et qui meurt
Il l’observe sans attache, attentif il demeure

Il observe l’intention dans l’intention


Désir sensuel, abandon, torpeur, doute et anxiété
Matière, sensation, concepts, attention et volonté
Les sens entravés et biaisés
Les qualités de l’Être éveillé
Les sages révélations de la réalité
Il y a une intention qui naît et qui meurt
Il l’observe sans attache, attentif il demeure

— 35 —
Méditation

Je médite pour purifier mon esprit


Et me libérer de mes perturbations mentales

Lorsque la colère s'éveille en moi


Elle pervertit mon intention
Elle obstrue mon esprit
Elle contrôle mon corps

Si mon intention reste intacte, mon esprit la suit


Quand mon esprit suit mon intention,
mon corps lui obéit

Je médite pour purifier mon esprit


Et me libérer de mes perturbations mentales

Lorsque l'angoisse s'éveille en moi


Elle pervertit mon intention
Elle obstrue mon esprit
Elle contrôle mon corps

— 36 —
Si mon intention reste intacte, mon esprit la suit,
Quand mon esprit suit mon intention,
mon corps lui obéit

Je médite pour purifier mon esprit


Et me libérer de mes perturbations mentales

Lorsque la honte s'éveille en moi


Elle pervertit mon intention
Elle obstrue mon esprit
Elle contrôle mon corps

Si mon intention reste intacte, mon esprit la suit


Quand mon esprit suit mon intention,
mon corps lui obéit

— 37 —
Muladhara

Je médite et je purifie mon esprit


en me libérant de mes perturbations mentales
Je suis calme et apaisé
alors que je place mon attention au niveau de mon cœur

Mon esprit est ici et maintenant


il n'a ni forme ni frontière ni son ni odeur

Il est semblable au temps et à l'espace


il est intellectuellement indéfinissable

La réalité qui m'entoure est le fruit de mon esprit


Mon esprit est Je, Je est mon esprit
Mon esprit et mon intention sont inextricablement unis
Tant que mon intention est intacte mon esprit suit

C'est alors que je ressens


les mouvements de lumière dans mon corps
La source partant du cœur
éclairant chaque parcelle intérieure

— 38 —
Certains points singuliers doivent trouver un accord
L'énergie entre chaque circulant sans relâche ni ardeur

Avant toute autre chose il est un lieu à soigner


Tout en bas sous le ventre au niveau du périnée
C'est la racine de mon être que je dois visualiser
En ce point précis se trouve une roue, je la vois, je le sais
Dans quel sens tourne-t-elle d'un mouvement régulier ?
C'est l'énergie provenant du cœur qu'il me faut réguler

Il n'est pas nécessaire que ma tête soit conviée


Je laisse faire mon esprit et mon cœur opérer
Cette roue doit tourner, lentement, apaisée
Elle doit pour autant ne pas se précipiter

L'énergie qui la meut est douce et calme


Elle tourne sereinement c'est alors que je perçois
Quand elle est en harmonie et
qu'elle tourne sans vacarme
Elle entraîne l'énergie et la fait circuler en moi

Ce miracle qui se produit


pour un temps je le contemple
La joie qu'il m'inspire de voir
ce qui se produit en mon temple
Je comprends aujourd'hui l'importance
de mes racines ancrées
Que c'est d'elles que je tire
mes ressources et ma sérénité

— 39 —
Renaissance

Chaque jour je vis, chaque nuit je meurs


Renaissant chaque matin, comme venu de nulle part
Émergeant du néant pour un nouveau départ
Conscient de l'instant et de sa valeur

En quittant ce monde, je plonge


dans un sommeil profond
Peut-être me réveillerai-je,
peut-être ne reviendrai-je pas
À mon réveil, je vis chaque moment comme si, au fond,
Il était le dernier avant l'ultime trépas

Demain n'existe pas, hier n'existe plus


Sans avenir, il n'y a plus d'attente
Sans attente, pas de déception non plus
Les choses passées ne sont plus présentes

— 40 —
Mais alors pourquoi ne pas céder à ses pulsions
Et faire de sa vie un monde sans conséquence
Ne faire que ce qui nous apporte satisfaction
Agir sans se soucier de toute incidence ?

C'est ignorer l'équilibre du karma


Qui n'est point une simple ardoise d'une vie passée
Qui n'est pas qu'une dette qu'on ne peut effacer
C'est le poids de notre existence que l'on porte en soi

Jour après jour, vie après vie


Notre intention laisse une empreinte sur notre chemin
Ce que nous faisons aujourd'hui
Altère l'héritage que l'on transmet le lendemain

Qu'il s'agisse de croire ou non


Que notre bagage voyage de vie en vie
Que nos gènes portent des instructions
On ne peut nier que notre vie est ainsi

Mes actes passés influencent le présent


Selon que je les ai pensés avec bienveillance
Ou que je sois poussé par un esprit malveillant
Je définis les conditions de mon errance

— 41 —
Ainsi entendu il m'importe qu'à ma mort
Mes renaissances futures naissent
dans un monde meilleur
Que celui dans lequel j'y ai fait les efforts
Permettant à ma conscience de trouver le bonheur

C'est ainsi que chaque nuit je m'endors et je meurs


Ayant vécu chaque instant du jour à sa juste valeur
Mû par l'envie d'assouvir mes désirs les plus profonds
Autant que par ma quête de purifier mes intentions

— 42 —
Imagination Créatrice

— 43 —
Le Rituel

Autour de moi un cercle


Au-dessus le zénith
Au-dessous le nadir
Autour de moi un cercle

Au Nord le souffle, la fumée de l’encens


Au Sud la matière, un petit tas de terre
A l’Ouest l’émotion, une simple goutte d’eau
A l’Est la vie, la lueur d’une bougie

Autour de moi un cercle


Au-dessus le zénith
Au-dessous le nadir
Autour de moi un cercle

Entre l’Air et l’Eau, la coupe est le cœur


Entre l’Air et le Feu, la plume est le verbe
Entre la Terre et l’Eau, l’écu est le corps
Entre la Terre et le Feu, le bâton est l’effort

— 44 —
Autour de moi un cercle
Au-dessus le zénith
Au-dessous le nadir
Autour de moi un cercle

Au centre de mon attention


Est mon for intérieur
Et ma concentration
Provenant de mon cœur

S’ouvre à moi cet espace mystérieux


Qui caché dans l’instant apparaît à mes yeux
Qui toujours présent est prêt à accueillir mes vœux
J’accomplis sans douter ce rite merveilleux

— 45 —
Le Pendu

Errant sans but dans un bois paisible


Un beau jour de printemps
Le soleil illumine le ciel avec douceur
Le chemin que je suis longe une colline

Au sommet un grand arbre aux branches solides


Attaché par les pieds un étrange personnage
La tête en bas les mains croisées
Se balance lentement les yeux fermés

Je m'approche sans bruit et je reste discret


Intrigué pour le moins de cette scène surréaliste
Que fait-il pendu par les pieds sur cet arbre ?
Que cherche-t-il ? Est-il raisonnable ?

Son visage souriant quelque peu bouffi


M'inspire une sérénité profonde et intense
Ses vêtements colorés quelque peu fantaisistes
M'inspire une joie de vivre rarement rencontrée

— 46 —
Il attend quelque chose sans vraiment patienter
Il est plongé dans un monde intérieur
Comme s'il tombait au plus profond de son cœur
Pour retrouver je ne sais quel objet égaré

Puis je remarque qu'il perçoit le monde autrement


La terre en haut le ciel en bas une réalité inversée
Pour voir les choses qui ne sont pas évidentes
Pour ceux qui ne regardent que ce qui se présente

Nous gagnerons tous à changer notre regard


Sur la vie percevoir autrement l'ordinaire
Découvrir par cela que la réalité est autre
Que la vie ne peut être qu'une chose extraordinaire

— 47 —
Le Cavalier

Fier et droit sur son fabuleux destrier


Il parcourt le chemin un bâton à la main
La tête haute les yeux fermés il scrute sa destinée
Assuré il avance sans peur du lendemain

Un disque de lumière éclatant dans le ciel


Il contemple son esprit en son sein éternel
Il ne fait qu'un avec sa monture il est le cavalier
Ne tenant aucune bride de son animalité

Son voyage intérieur est plus intense qu'il n'y paraît


On le voit d'apparence plein de sérénité
Alors que son esprit est en proie aux démons
Il combat avec courage les voiles de l'illusion

Il ne lui sert à rien de changer son allure


Il avance toujours serein et vit son aventure
Pas à pas les sabots impriment leurs traces
Incessamment il chemine le temps et l'espace

— 48 —
Le cavalier maîtrise sa route sans pour autant
la connaître
Tant qu'il suit son étoile il sait où il va
Dans un pays fort lointain que l'on nomme
Shambhalla
Visible seulement de ceux qui
de leur véhicule sont maîtres

Le cavalier avance et jamais ne recule


Attentif dans sa transe et jamais ne fabule
Conscient que c'est en lui que se trouve le chemin
Parcourant l'Univers pour en fin ne faire qu'un

— 49 —
L’Impératrice

Elle chemine à mes côtés vers la lumière exquise


Une marche nocturne en suivant les étoiles
Les rêves insensés qu'elle seule sans surprise
Peut en lire le sens altéré par les voiles

Je ne sais si j'ai une âme et ce qui dans mon cœur


Me transporte à ses mots dans un monde merveilleux
S'il est vrai que mon âme existe dans mon for intérieur
Indiscutablement c'est la sienne qui m'émeut

Quand deux âmes se rencontrent


elles dévoilent un mystère
Était-ce un hasard ou un choix en conscience ?
Quand la réalité des deux réponses
semble une évidence
L'Amour apparaît comme extraordinaire

— 50 —
Hors du temps et du monde et des sentiers battus
Sans service sans attente sans barrière sans non-dit
Un échange naturel d'énergie de vertu
Vers une franche sensation d'atteindre l'harmonie

La beauté de son corps de son verbe de son chant


Chaque jour m'inspire et m'apporte le bonheur
De savoir que c'est elle que je porte en mon cœur
Et pour elle je donnerai ma vie et mon sang

Il n'est de reine que celle qui est elle-même et je crois


Que c'est elle que j'honore en voulant être roi
Suis-je sot ? Elle n'a cure de ces effets d'artifices
Elle m'accueille comme je suis elle est mon impératrice

— 51 —
Le Corbeau

Dans la nuit illusoire il est un esprit insaisissable


Un ange sombre qui se fond dans l'obscurité
Il passe d'un arbre à l'autre, il apporte un message
Si tu l'entends sois certain que c'est à toi qu'il parle

Tout de noir vêtu le Corbeau est une force obscure


Tel un des démons qui en toi te tourmentent
Qui d'apparence te révèle à tes propres peurs
Qui t'appellent à te regarder en face
et affronter ton propre malheur

Tel Hermès il accompagne le deuil


et dévoile les illusions
Dans son cri le message est sans équivoque
C'est une incantation qui déchire les voiles
Pour enfin apercevoir la réalité de ta vie

— 52 —
La magie est en nous c'est cela qu'il t'enseigne
L'illusion qui t'entoure est l'épreuve de conscience
Qui ne cesse de te prendre ce qui t'es le plus cher
Tes rêves et tes désirs que tu caches
au fond de ton cœur

Il t'incite à ouvrir ton regard intérieur


Pour qu'enfin tu perçoives qu'au-delà des ténèbres
Se trouve un immense feu, une étoile, un soleil
C'est ton désir profond qui depuis toujours sommeille

Ouvre grand ton esprit à ton monde intérieur


Que la force de ton être se dévoile à toi-même
Que le soleil enfoui dans la nuit de ton corps
S'éveille intensément pour créer ton bonheur

— 53 —
Le Navire Égaré

Perdu dans une nuit de brumes


Une nuit sans étoile, une nuit sans lune
Pas le moindre signe, pas d’indication
Pas de phare, pas d’horizon

Le voilier est à la peine


Au milieu d’un océan de doute
Ne sachant quelle est sa route
Il flotte sans capitaine

Il était pourtant bien parti


Savait-il pourquoi, dans quel but ?
L’objet de son voyage, s’il le sut
Dorénavant s’est évanoui

C’est alors que par fortune


Se lève une brise légère
Caressant de manière opportune
La voilure du navire solitaire

— 54 —
Mais il n’avance guère, il reste immobile
Il n’a pas levé l’ancre, à quoi bon, se dit-il
Nul ne sait vers où soufflent les dieux
Il n’y a rien de plus qu’en ces lieux

Et la brise se fait alors grand frais


Et les voiles se font alors tendues
Mais encore il persiste, rien n’y fait
Il reste là, apathique, le regard perdu

Et le grand frais devient tempête


Le mât menace de se briser
N’ayant plus le choix se doit-il de l’admettre
Accepter le mouvement ou se perdre à jamais

C’est alors qu’il partit


Poussé par des vents incertains
Sans vraiment savoir quels desseins
La Providence avait pour lui

Mais assurément il avance, il navigue


Il se fraye un passage à travers les embruns
Qu’il n’y ait en vue aucune terre, aucune digue
Il sait qu’après tout se poursuit son chemin

— 55 —
Et qu’à choisir entre deux souffrances
L’une, un instant, de l’effort contraint
L’autre, éternel, d’un sommeil sans fin
Il préfère sans retour l’errance à la désespérance.

— 56 —
Détachement

— 57 —
Brumes de Pensées

Quel est le sens de la vie


Quand celle-ci est un tel fardeau
Que l’on se maudit d’être ce que l’on est
Que l’on n’a pour soi que du mépris ?

Perdu dans les brumes de mes pensées


Je cherche en vain ma destinée
Je souffre de ne pas la trouver
Et ne peux plus le supporter

Et je tourne en rond ressassant le passé


Blâmant tout ce qui m’entoure
Blâmant surtout ce que je suis
Sans même savoir ce que je suis

Mais il n’y a rien à suivre


Rien d’autre qui ne soit déjà ici
Je suis là où j’ai choisi d’être
Je suis le chemin de ma vie

— 58 —
Chaque instant de douleur, chaque instant de bonheur
Chaque espoir chéri qui se voit anéanti
Chaque peur insensée qui se voit soulagée
Sont les preuves irréfutables que je suis
bel et bien en vie

Chaque épreuve difficile est un moment béni


Car chaque échec que j’accepte comme une leçon de vie
Chaque succès que je porte comme un arbre ses fruits
S’ajoutent à mon être et renforcent mon esprit

Chaque rancœur, chaque regret


Chaque démon du passé
Je les mets de côté
Me voici libéré

— 59 —
Possession

Je n’ai rien
Je ne possède rien
Ni cet objet que je tiens dans cette main
Ni ce corps dans lequel je parcours ce chemin

Mes pensées ne sont pas miennes


Mes sensations ne sont pas miennes
Mes perceptions ne sont pas miennes
Mes convictions ne sont pas miennes

Et pourtant j’agis comme si


ce corps était le mien
ce mental était le mien
ce sentiment était le mien

Plus encore je crois


que ce corps m’appartient
que cet objet m’appartient
que cette personne m’appartient

— 60 —
Et plus je possède
Plus je suis possédé
Par l’obsession d’avoir
Et de n’être que l’Avoir

Je n’ai rien
Je ne possède rien
A part peut-être
Cette étrange impression d’être
En cet instant
Un éternel recommencement

— 61 —
Samsara

Tout commence par l’ignorance


Une fausse idée, une illusion
Ne sachant pas que Je n’existe pas
En cherchant l’expérience j’initie mon karma

Ainsi, l’intention apparaît


L’identité et la continuité
Ne sachant pas que Je n’existe pas
En cherchant l’expérience j’initie mon karma

Ainsi, l’attention apparaît


La conscience de la conscience
Ne sachant pas que Je n’existe pas
En cherchant l’expérience j’initie mon karma

Ainsi, l’abstraction apparaît


Les noms, les formes, les concepts
Ne sachant pas que Je n’existe pas
En cherchant l’expérience j’initie mon karma

— 62 —
Ainsi, la matière apparaît
Les corps et les objets
Ne sachant pas que Je n’existe pas
En cherchant l’expérience j’initie mon karma

Ainsi, le contact est créé


Conscience du corps et de l’objet
Ne sachant pas que Je n’existe pas
En créant l’expérience je nourris mon karma

Ainsi, la sensation apparaît


Ceci me plaît, cela me déplaît
Ne sachant pas que Je n’existe pas
En créant l’expérience je nourris mon karma

Ainsi, la soif et l’aversion apparaissent


Je veux ceci, je refuse cela
Ne sachant pas que Je n’existe pas
En créant l’expérience je nourris mon karma

Ainsi, l’attachement apparaît


Ceci est moi, je veux détruire cela
Ne sachant pas que Je n’existe pas
En créant l’expérience je nourris mon karma

Ainsi, le devenir apparaît


Ceci et cela sont ma réalité
Ne sachant pas que Je n’existe pas
En créant l’expérience je nourris mon karma

Ainsi, un nouvel esprit naît et fleurit


Ceci et cela existent en moi

— 63 —
Ne sachant pas que Je n’existe pas
En vivant l’expérience je cultive mon karma

Ainsi, cet esprit décrépit et s’éteint


Ceci et cela meurent en moi

Ne sachant pas que Je n’existe pas


J’ai cherché l’expérience et initié mon karma
J’ai créé l’expérience et nourri mon karma
J’ai vécu l’expérience et cultivé mon karma

C’est ainsi que s’est ancré


Ce désir ardent d’être moi
Cette illusion d’existence
Dans l’espace et le temps

Cherchant incessamment et en vain


Mon identité dans un cycle sans fin
Saisissant sans relâche cette méprise délétère
D’être un être séparé du reste de l’Univers

— 64 —
Nature Véritable

— 65 —
Être Éternel

Je suis le vent qui façonne les dunes ensablées


Je suis la lune qui active les marées
Je suis l’étoile qui indique la direction
Je suis le printemps qui déclenche le bourgeon

Je suis la vague qui érode le rivage


Je suis la source qui engendre le torrent
Je suis la pluie qui inonde le village
Je suis la tempête qui déchaîne les éléments

Je suis la lucarne qui éclaire la pièce


Je suis la pierre qui soutient l’édifice
Je suis le sou qui induit la richesse
Je suis le rouage qui produit le service

Je suis le pas qui enclenche le mouvement


Je suis le silence qui ajuste l’ardeur
Je suis le temps qui permet le changement
Je suis le pouls qui fait battre mon coeur

— 66 —
Je suis l’idée d’où provient une image
Je suis l’intention initiant mes actions
Je suis la foi d’où je puise mon courage
Je suis la force qui modère l’émotion

Je suis le confident qui prodigue ses conseils


Je suis le gardien qui sur moi toujours veille
Je suis cette indicible flamme qui en moi étincelle
La nature véritable de mon être éternel

— 67 —
Illusion de l’Esprit

La conscience est une illusion de l’esprit


C’est un leurre, une paréidolie
Car nos gestes, nos paroles, nos envies, nos pensées
Ne sont que des réflexes et actes conditionnés.

Je crois prendre mes propres décisions


Il me semble être capable d’une profonde introspection
Mais c’est là que je sombre dans le piège dans l’erreur
De croire que je sois de mes choix directeur.

Nous ne sommes, néanmoins, des machines asservies


Nous suivons avant tout le désir de la vie
Tout le reste en revanche n’est qu’invention factice
De l’esprit entravé par l’ego et ses vices.

« Tu te trompes ! » diras-tu, « Je ne suis un pantin »


Le crois-tu réellement, en es-tu si certain ?
Chaque fois que tu penses agir par ta conscience
Cette action, de ton corps n’en n’est
qu’une conséquence.

— 68 —
L’illusion est parfaite, nous tous nous faisons prendre
C’est le diable dont la force est d’être insoupçonnable
Convaincus sommes-nous de ne pas nous méprendre
Nous ne concevons pas d’être non-responsables.

« Je suis moi ! Je suis moi ! » c’est l’ego qui le dit


« C’est mon corps ! C’est mon corps ! »
à nouveau il s’écrie
Ni l’esprit ni le corps ne t’appartiennent vraiment
Tout au plus leur donnes-tu un subtil commandement.

Car c’est là que se trouve le salut de ton être


Retrouver ta nature dans le monde incarnée
Ta monture, telle qu’elle est, savoir la reconnaître
Le respect et l’amour, tu dois lui accorder.

Traite-la, tel un père qui élève son enfant


Traite-la, telle une mère qui protège, qui comprend
Aide-la sans forcer, apprends-lui sans brider
Pour ainsi lui donner une réelle liberté.

— 69 —
Je

Qui est Je ?

Quelle est cette chose source de mes intentions ?


Quelle est cette force initiant mes actions ?

Est-il mon esprit, est-il mon corps ? Qui est ce Je,


Sujet de ma conscience et objet de ma question ?

Lorsque j’observe cet être, cet agrégat de choses


et de pensées,
Cette enveloppe corporelle, cet assemblage élaboré,
Cette machine douée d’intelligence et d’agentivité,
Je est un autre, le temps d’une idée.

C’est néanmoins à cet instant que j’éprouve cette


impression étrange.
Celle d’être une forme dotée d’une âme,
issue d’un bien curieux mélange.

— 70 —
Être un seul et unique, et tout à la fois.
Être ce corps qui n’est pas moi.
Être celui qui produit ces pensées.
Vivre le paradoxe de mon identité.

Conscience, volonté, intention,


tout ceci n’est-il que l’écume de mes élucubrations ?

Souffrance, émotion, sensation,


tout cela n’est-il qu’une pure et simple illusion ?

C’est alors qu’il me semble que


ni mon corps ni mon esprit
ne m’appartiennent absolument.

Et, dès lors, j’admet que cette idée d’être moi


ne m’apparaît plus aussi clairement.

À la source de mes intentions, tirant les ficelles de ma


conscience,
Une fausse identité est à la manœuvre.
Considérant cette hypothèse,
j’observe ses gestes avec patience,
À la recherche d’indices, à l’affût d’une preuve.

Si elle agit je dois pouvoir le constater,


et pour cela que je sois bien positionné.

Si mon corps et mon esprit ne sont pas ce que je suis,


je dois l’entendre et l’accepter.

— 71 —
Cette matière n’étant pas mienne,
je ne veux plus la posséder.
Je cesse dès lors de me mouvoir.

Ces émotions et ces pensées, elles sont issues


d’un moi factice.
Je cesse dès lors de les avoir.

C’est quand toute la volonté s’affaisse


Lorsque les attentes disparaissent
Quand le désir et la répulsion s’effacent
Quand il n’y a plus ni temps ni espace
Que m’apparaît ce qui semble être ma nature
Ce qui serait à l’origine d’intentions pures
Hors de toute influence, hors de tout entendement
Une entité affranchie de tout conditionnement
Ce qui est Je, ce que je suis, réellement libre
L’ultime source de mon désir profond de vivre.

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