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Une Rencontre Inattendue

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Résumé
Ils viennent de deux mondes différents et rien ne semblait
pouvoir les réunir.
Lui, fils d’un mécanicien, dont la vie a forgé son image sur le
monde, n’aurait jamais dû poser les yeux sur elle.
Elle, fille de sénateur, n’aurait jamais pensé qu’aimer pouvait
faire aussi mal.
Aussi novice l’un que l’autre dans ce sentiment si profond
qu’est l’amour, Samantha et Nick vont devoir se battre contre les
autres mais surtout contre eux-mêmes.
Quand deux mondes différents se rencontrent…

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Titre 2
Résumé 3
Tables des Matières 4
Existentielle 6
Mentions Légales 7
Dédicace 8
Chapitre 1 9
Chapitre 2 10
Chapitre 3 12
Chapitre 4 13
Chapitre 5 16
Chapitre 6 18
Chapitre 7 21
Chapitre 8 25
Chapitre 9 26
Chapitre 10 27
Chapitre 11 29
Chapitre 12 31
Chapitre 13 32
Chapitre 14 34
Chapitre 15 36
Chapitre 16 38
Chapitre 17 40
Chapitre 18 42
Chapitre 19 44
Chapitre 20 46
Chapitre 21 48
Chapitre 22 50
Chapitre 23 52
Chapitre 24 54
Chapitre 25 56
Chapitre 26 58
Chapitre 27 60
Chapitre 28 62
Chapitre 29 63
Chapitre 30 65
Chapitre 31 66
Chapitre 32 67

5
Chapitre 33 69
Chapitre 34 70
Chapitre 35 72
Chapitre 36 74
Chapitre 37 76
Chapitre 38 78
Chapitre 39 80
Chapitre 40 82
Chapitre 41 84
Chapitre 42 86
Chapitre 43 87
Chapitre 44 89
Chapitre 45 91
Chapitre 46 93
Chapitre 47 95
Chapitre 48 97
Chapitre 49 98
Épilogue 100
Remerciements 102
Anyway Éditions 103

6
Existentielle

7
Mentions Légales
© 2016 Mallika R. / Anyway Éditions
Illustration : Feather Wenlock
Édition : Anyway Éditions
http://www.anywayeditions.com
ISBN : 978-2-3748-005-1
Version Papier
ISBN : 978-2-37488-004-4
Dépôt légal : Mars 2016

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suivants du code la propriété intellectuelle. »

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« Pour tous les amoureux »

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Chapitre 1
Nick
Je regardais les bandes-annonces défiler. Elle m’avait posé un
lapin. Encore une fois ? Cela faisait deux semaines qu’on ne
faisait que se croiser sans se toucher ni même se parler. Cette
situation commençait à me peser. Je jetais un dernier regard vers
la porte avant de me retourner vers l’écran quand toutes les
lumières s’éteignirent.
Je me demandais combien de temps cette condition allait
encore durer. Je maudissais ce jour où j’avais posé mes yeux sur
Samantha Mitchell, que tout le monde appelait Sam, sauf moi.
Mais je chérissais cette rencontre comme si c’était hier.
Un an et six mois plus tôt.
Je courais pour me rendre à la bibliothèque qui se trouvait à
l’autre bout de la fac. Je devais absolument finir cette
dissertation pour le cours de français, sinon adieu mon été
tranquille. Qui avait bien pu créer cette langue ? Molière ?
Heureusement pour lui qu’il était mort, je me serais donné pour
mission de le tuer. Aussi pourquoi avais-je accepté de la prendre
en option ? J’avais assez de cours, ainsi que des notes
satisfaisantes, pour l’ajouter à mes points faibles. Bien sûr, je
voulais faire plaisir à ma mère qui avait de lointaines origines -
elle ne sait même plus de quel côté - françaises.
Je poussais la porte et bousculais quelqu’un. Je criais un
pardon, mais ce furent les feuilles qui volèrent partout qui me
stoppèrent dans ma progression.
Une jeune femme rousse pestait sur le manque de galanterie et
le fait que je sois aveugle. Cela m’amusa. Rares étaient ceux qui
me parlaient de la sorte. Je me baissais pour l’aider à récupérer
ses documents tout en essayant de me faire petit. Elle posa une
main chaude sur mon avant-bras.
— Merci, tu as fait assez de dégâts comme ça, dit-elle
sèchement.
Je ne savais que dire. Il avait suffi que je plonge mes yeux
dans les siens pour perdre l’usage de la parole. Malgré leur
couleur émeraude, je distinguai parfaitement la colère briller
dedans, ils semblaient foncer de seconde en seconde.

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— Je suis désolé, je ne t’ai pas vu, dis-je en essayant de la
dérider.
— C’est ce que j’ai dit, tu es aveugle !
— Pas que je sache, dis-je avec un sourire en coin. J’ai vingt
centimètres de plus que toi et mes yeux ne t’ont pas vu, de leur
hauteur.
Elle m’arracha la pile des mains et se leva sans manquer de
me détailler de la tête au pied. Elle me gratifia d’un regard
méprisant avant de s’en aller avec mon cœur.
Cela m’avait pris plus de six mois pour la retrouver. Quand on
étudie sur un campus aussi grand qu’un continent, autant chercher
une aiguille dans une botte de foin. Et pourtant, j’avais fini par
apprendre que ses cours étaient à des heures différentes des
miennes.
L’été était arrivé et, là encore, j’avais dû patienter trois mois
avant de la revoir. Ce fut quelques jours avant la rentrée que je la
vis attablée à un café à deux rues du campus.

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Chapitre 2
Samantha
J’avais décidé de venir une semaine avant le début des cours.
J’en avais marre du même cycle avec ma mère. « Tu as tous tes
accessoires de maquillage ? Tu n’as pas oublié tes sous-
vêtements Victoria Secret’s, tu sais les filles entre elles comment
elles sont… » Comme ma génitrice était partie à Hawaï avec ses
amies les plus intimes comme elle le disait si bien, j’avais profité
que mon père avait la tête ailleurs pour lui arracher son accord.
Être la fille unique d’un futur sénateur a de quoi rendre folle
n’importe quelle fille qui rêve de liberté. Il y avait trop de règles
éthiques à suivre. « Fais attention à ce que tu vas porter. Tu ne
peux pas mettre ça, si un ami de ton père te voit ! Surveille ton
langage. Ne marche pas de la sorte… » Et j’en passe. Personne
dans cette famille ne s’intéressait à ce que je voulais de temps en
temps ! Même si je n’avais jamais été contre le fait de suivre la
même carrière que mon père.
On ne pouvait vivre tranquille dans la famille Mitchell, où la
politique allait de père en fils. Cela avait pris des années à mes
parents pour m’avoir, alors mon père avait fini par perdre tout
espoir d’avoir un fils. Il avait tout mis en œuvre pour que je
reprenne le flambeau, afin que ma mère puisse le suivre comme
son ombre. C’est comme cela dans ce milieu, les femmes doivent
sourire et être la soi-disant carte de réussite des hommes. Ce qui
était faux en voyant ma mère, blonde, petite, seins refaits, ongles
manucurés, qu’est-ce qu’elle savait sur la prochaine loi qui allait
être votée au Congrès ? J’étais contente de ne pas ressembler à
Madame Elizabeth Mitchell.
J’étais rousse avec des yeux verts qui pouvaient être autant
foncés que clairs - comme ceux de mon père - selon mon humeur,
et je mesurais un mètre soixante-quinze. Certaines de mes amies
au lycée étaient jalouses de mes jambes, moi, elles me servaient à
marcher et à passer les vitesses, c’était tout ce qui comptait.
J’étais attablée au café avec un chocolat au lait et un moka
au café. Cela faisait longtemps que je rêvais de ce petit gâteau,
mais entourée de filles qui calculaient à longueur de journée le
nombre de calories qu’elles mangeaient, impossible de faire un

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sacrilège pareil devant elles. C’est alors qu’une ombre coupa les
rayons de soleil qui faisaient du bien à ma peau, ainsi qu’à mon
humeur.
Je levais la tête et le vis. Non, en fait, mes yeux tombèrent sur
son torse. J’avais dû faire encore un petit effort pour voir son
visage et la première chose que je remarquai fut la tempête de
son regard, gris, très pâle.
— Tu me caches le soleil, dis-je, irritée par son apparition.
Il me fit un sourire en coin comme si j’avais fait une blague.
J’aimais à croire que si j’étais intelligente tout le monde devait
l’être aussi, mais c’était avant de voir certains garçons des
confréries pour comprendre que c’était dû aux gènes de mon père.
— Je peux ?
— Si cela me permet de profiter des vitamines D que me
procurent les rayons du soleil, je t’en prie.
Je poussais la chaise près de moi et lui fis signe de s’asseoir.
J’avais l’impression de l’avoir déjà croisé quelque part. Mais où ?
Ce n’était pas donné de croiser des géants partout, il devait
mesurer pratiquement deux mètres.
— Que lis-tu ?
J’hésitais à lui monter mon livre une fraction de seconde avant
de le faire, Carrie de Stephen King. J’avais lu et relu ce livre, et vu
toutes les versions cinématographiques des milliers de fois. Je ne
saurais dire pourquoi cette histoire m’attirait autant, je n’avais
pas eu les mêmes soucis qu’elle. J’avais été dans les meilleures
écoles, eu des amies qui me suivaient parce que j’étais la fille d’un
homme - influent et des petits amis qui rêvaient de m’ajouter à leur
longue liste de chasse et, pourtant, à la veille de mes vingt ans,
j’étais encore vierge. Quelle honte ! Mais chut, n’en parlez surtout
pas aux blondes manucurées de ma confrérie, elles se feraient
une joie de me pourrir la vie. Et les gars, n’en parlons pas, la
chasse serait ouverte et sans règles.
— Oh ! Toi aussi, tu aimes King ?
— Cela dépend de ses œuvres, mais oui, j’aime bien cet auteur.
— Hum.
Hum ? Je le regardais, perplexe, avant de soulever les épaules
et de manger une part de mon précieux gâteau.
— Tu ne te souviens vraiment pas de moi ? me demanda-t-il

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après quelques minutes de silence.
— Pourquoi ? Je devrais ? lui demandais-je tout en glissant
mon assiette vers lui. Tu en veux ?
Il semblait épouvanté. Je pensais, pendant une seconde, qu’il
faisait attention à sa ligne avant de voir ses bras, très musclés,
prendre appui sur la table.
— Ne me dis pas que tu es comme ces filles qui se font plaisir
en mangeant plein de cochonneries avant d’aller vomir ?
— Mais… Non… Mais !
J’étais scandalisée. J’osais lui proposer de partager mon
péché mignon avec lui et qu’est-ce qu’il faisait ? Il me critiquait !
Je commençais à tirer l’assiette vers moi quand il me stoppa en
posant sa main sur la mienne.
— Je ne voulais pas te blesser.
— Tu t’en sors comme un grand.
— Vraiment ? Je m’excuse.
— Peu importe, t’en veux ou pas ? dis-je avec irritation.
Il prit la fourchette et coupa un morceau. Je suivis la scène
avec fascination. La manière dont ses muscles se contractèrent.
Son polo s’arrêtait bien avant son biceps, cela réveilla une partie
de mon corps qui ne s’était pas manifestée depuis des mois, voire
des années.
— Nick, me dit-il en me rendant ma fourchette.
— Samantha, mes amis m’appellent Sam.
— Je ne veux pas être ton ami.
— Je ne te l’ai pas proposé ! Qu’est-ce que tu peux être
désagréable !
Non vraiment, il était magnifique, sa chevelure était noire
comme un corbeau ce qui faisait ressortir le gris de ses yeux. Il
avait une peau bronzée dûe plus à un métissage qu’à un
bronzage. Mais dès qu’il ouvrait la bouche, sa beauté perdait des
points. Il tourna sa tête vers moi, plongea son regarda dans le
mien, et les mots qui sortirent de sa bouche me troublèrent.
— Ce que je veux dire, c’est que je veux être plus que ton ami.
Je le regardais un peu perdue, avant de rassembler mes
affaires, laissant la moitié de mon moka adoré sur la table et de
me lever.
— Je te laisse à tes rêveries. Je ne fréquente pas les fous !

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— On se reverra, l’entendis-je répliquer pendant que je tournais
les talons.
Il n’aurait pas pu dire cela sur un autre ton ?! Cela sonnait trop
comme une menace ou était-ce moi qui l’avais interprété de la
sorte ?

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Chapitre 3
Samantha
Cela faisait deux jours que j’étais enfermée dans ma chambre
à la confrérie. Ma mère avait fait son possible pour que j’intègre «
Kappa Kappa Gamma », que tout le monde appelait Kappa. Elle
avait voulu que j’en devienne la présidente, j’avais dû me battre
pour refuser, mais cette année, je savais que j’allais avoir le poste
et je ne pouvais pas le refuser, quelle plaie !
Le mur était d’une nuance de rose-crème. Mon père avait fait
don d’une fortune à l’université et il se vantait que sa très chère
fille avait intégré l’une des huit universités de la Ivy League. Je me
retournais sur le ventre en soupirant. Encore quatre jours et tout
ce beau monde serait de retour. Mon téléphone sonna ce qui
coupa court à ma déprime.
— Allo, dis-je sans avoir regardé le nom.
— Tu es où, ma rousse adorée ?
— Kate, grondais-je. Je t’ai déjà dit d’arrêter de m’appeler
comme ça.
— OK, OK, madame ronchonne. Mais où es-tu ?
— Dans ma chambre.
— Sur le campus ?
— Oui.
— Oh super, cria-t-elle dans mes oreilles.
Kate Sheridan et moi, nous nous étions rencontrées le premier
jour de notre entrée à Harvard. Elle semblait perdue et essayait
de demander son chemin, mais tout le monde courait vers sa salle
et en gentille fille que j’étais, je lui avais demandé ce qu’elle
cherchait, le hasard avait voulu qu’on ait le même cours pour la
première heure. Depuis on était inséparables, son caractère
comblait le mien. C’était une tête en l’air et moi, je suis une
maniaque de l’ordre. Elle voulait devenir juriste et moi sénatrice.
On avait, au moins, la loi en commun.
— Tu peux venir me chercher, s’il te plaît ?
— Où ?
— Au garage près du campus. Tu sais celui dans lequel les
gars de la Delta passent leur temps à peindre leur carrosserie.
— OK, j’arrive.

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Je poussais un long soupir. Tête en l’air et miss catastrophe,
elle pouvait enchaîner les gaffes les unes à la suite des autres
sans que cela ne lui enlève le sourire, mais je l’aimais bien. Je
récupérais les clés de ma Mercedes classe E , j’allais conduire la
bête et cela me mettait en joie. Je sortis de ma chambre, au moins
une bonne chose dans cette journée ennuyeuse.

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Chapitre 4
Nick
Je travaillais sur ma Mustang décapotable datant de 1965 que
mon père m’avait offert le jour où j’avais obtenu mon permis, deux
ans plus tôt. J’y tenais comme à la prunelle de mes yeux. Soudain
Rico mon grand cousin siffla. Deux problèmes pouvaient se poser
à lui. Soit il avait affaire à une voiture qui lui donnait du fil à
retordre, soit un des élèves de la fac lui cherchait des noises.
Comme je n’entendais pas de cris, il devait s’agir de la première
option.
J’essuyai mes mains sur mon bout de tissu et refermai le capot
de ma belle avant de me diriger vers lui. Je le vis debout près
d’une BMW Z2, gris métallisé, en train de sourire à une jeune
femme haute comme trois pommes. Je m’approchai en traînant les
pieds.
— Que se passe-t-il, Rico ?
— Le moteur de la BM semble avoir pris l’eau.
— Pardon ? demandais-je perplexe.
— Tu sais bien que moi et les luxueuses, nous ne sommes pas
amis alors regarde ce qu’elle a.
Depuis le jour où Rico m’avait parlé de son projet et que mon
père m’avait dit de lui donner un coup de main, je savais que
j’allais le regretter. Ce garçon n’avait rien dans la tête. Je lui
donnais un coup de main au garage parce que j’avais besoin du
salaire pour pouvoir payer mon appartement en ville ; sinon je lui
aurais dit le fond de mes pensées. Tout en soupirant je plongeais
ma tête sous la voiture. Je me devais de tout vérifier, et grand
bien m’en avait pris car l’amortisseur avant gauche avait lâché.
Sa conductrice ne devait pas faire attention aux dos-d’âne.
— Tu vas devoir commander la pièce, on n’a pas ce modèle en
stock, lui dis-je en me relevant.
Il regardait la jeune femme qui parlait au téléphone au lieu de
m’écouter. J’avais une sérieuse envie de lui donner un coup de clé
à molette sur la tête. Âgé seulement de 25 ans, on aurait dit qu’il
en avait encore 16. Je pouvais le comprendre ; sa mère - ma
tante, la grande sœur de mon père - l’avait couvé après la mort
de son grand frère Francisco, quatre ans auparavant. Mais moi,

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je n’étais pas sa mère !
— Rico, tu m’entends ?
— On parie 10 dollars qu’elle me donne son numéro ?
Je poussai un profond soupir avant de me diriger vers le
bureau du fond pour commander la pièce. Le téléphone sonna au
moment où je m’apprêtai à retourner finir le nettoyage de ma
voiture.
— Rico et Bolide, annonçais-je d’une voix ennuyée.
— Nick ? Comment vas-tu mon fils ?
— Ça va et toi, papa ?
Marco Sanchez était mon héros, je l’aimais tellement que je
pourrai tuer pour lui ; j’avais manqué le faire, il y a quelques
années, un moment pour lequel je n’étais pas fier de ma colère,
mais ainsi, j’avais su jusqu’où j’étais prêt à aller pour ma famille.
Sa voix rocailleuse sonnait comme une mélodie à mes oreilles,
c’était ma berceuse préférée quand j’étais enfant.
— Je vais bien. Tu viens ce week-end ?
— Oui, c’est l’anniversaire de maman, je ne peux pas le rater.
— Elle est rentrée ce matin de mauvais poil, disant qu’elle avait
dû aller se réconcilier avec sa folle de mère et n’avait pas pu voir
son fils pendant deux longs mois.
— Dis-lui d’arrêter de me couver de la sorte, on finira par se
faire de mauvaises idées à son sujet.
— Tu es mon seul et unique fils, j’ai le droit de faire ce que je
veux, entendis-je ma mère répliquer.
Jess Sanchez, Sullivan de son nom de jeune fille, avait épousé
mon père quand elle était enceinte de moi. Elle était venue à
Harvard faire des études de management quand elle l’avait
rencontré dans un bar. Ce fut le coup de foudre, comme ils
aimaient me le dire l’un et l’autre. De fil en aiguille, ma mère fut
répudiée par sa famille parce qu’elle avait osé fricoter avec la
racaille alors que son père avait de grandes espérances pour elle.
Bref, elle n’avait eu aucun regret à tout claquer pour suivre mon
père, qui était sans un sou, dans les bas- fonds de Boston.
— OK, OK, ma princesse, on se voit samedi, d’accord ? Je dois
aller rejoindre Rico avant qu’il ne se fasse embarquer pour
harcèlement.
— Je suis désolé.

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— Ne t’en fais pas papa, c’est la famille et puis j’ai besoin de
cet argent.
— Si tu rentrais tous les soirs…
— Tu sais bien que je voulais cette indépendance. Je vous aime
tous les deux, tu le sais ça, au moins ?
— Je suis si fier de toi, dit-il d’une voix tout émue.
Malgré que je sois le fruit d’un amour intense, ma mère n’avait
jamais pu faire d’autre enfant ; elle avait eu un placenta prævia
lors de sa grossesse et mon père avait tellement eu peur de la
perdre qu’il avait dit au médecin de faire en sorte qu’elle ne puisse
plus en avoir d’autres. Cela ne m’avait pas dérangé d’être enfant
unique. Et puis, j’avais eu une tripotée de cousins avec lesquels
jouer.
— Je vous aime, prenez soin de vous, à samedi.
Après avoir raccroché, je me rendis à l’atelier et c’est là que je
la vis. Appuyée contre sa Mercedes E V12, elle portait un mini
short blanc qui mettait en valeur ses longues jambes bronzées,
ses boucles partaient dans tous les sens à cause du vent. Elle
avait mis une paire de Ray-Ban qui masquait son regard, mais je
sus exactement à quel moment elle le posa sur moi. Mon corps se
tendit. Elle tira son amie près d’elle.
Je remerciai le ciel d’avoir envoyé mon soleil éclairer ma
journée.
Rico se retourna vers moi en me faisant son fameux sourire -
que j’aimerais effacer d’un coup de poing de temps en temps. Bon,
cette fille, soit elle lui avait donné un faux numéro, soit elle voulait
s’amuser avant de trouver un fils à papa à épouser.
— Samantha, la saluai-je quand j’arrivai face à elle.
Elle prit son temps pour retirer ses lunettes. Ce devait être ses
bonnes manières qui parlaient parce que je ne voyais pas trop
l’utilité - pas que je m’en plaigne loin de là - qu’elle les retire.
— Nick, dit-elle d’une voix troublée.
Elle regarda le garage, puis moi et encore le garage, avant de
se tourner vers son amie. Je fus déçu et le pincement de mon cœur
me fit plus mal qu’autre chose, mais je ne laissais rien paraître.
— Tu as fini Kate ? demanda-t-elle à son acolyte.
— Je n’ai pas réglé.
— Vous devez régler la moitié de la commande et remplir cette

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feuille, comme ça, on vous contactera quand votre voiture sera
prête.
— Bien sûr.
Rico lui fit signe de le suivre ; cette partie, il voulait bien s’en
charger, pensai-je avec aigreur. Il l’avait dans la poche. Je les
regardai s’éloigner avant de faire de même vers ma voiture.
Jentendis Samantha se racler la gorge, mais je fis comme si de
rien n’était.
J’ouvris ma portière pour sortir le tapis de sol. Au moment où je
me retournai pour le secouer, je me retrouvai nez à nez avec elle.
Je me mis à la détailler de haut en bas ; possible que si je retirais
ce qui m’avait attirée chez elle, j’arriverais à me dire que ce
n’était qu’une fille à papa comme toutes les autres qui peuplent
cette université.
— Tu travailles ici ? me demanda-t-elle.
La colère monta en moi. Pour quelle raison y avait-il autant de
préjugés dans ce monde ? J’avais des origines mexicaines, cela
voulait dire que je devais faire tous les travaux que les « autres »
trouvaient trop dégradants à faire ?
— Oui, répondis-je sèchement avant de m’éloigner.
Je me mis à ranger les outils que j’avais utilisés pour faire la
révision de mon véhicule. J’avais refait la peinture de la
carrosserie il y a une semaine, en ce moment, elle était noire avec
des vagues blanches. Je la changeais à peu près tous les six mois.
Je sentais son regard suivre le moindre de mes gestes. Je me
retournai vers elle, le corps tendu à bloc.
— Quoi ?
Elle se mit à se mordre les lèvres. Je me fis violence pour ne
pas suivre son geste.
— Rien.
Son amie l’appela au moment où je m’apprêtais à laisser libre
cours à ma colère. Elle sembla hésiter une seconde avant de faire
demi-tour pour s’en aller. Je suivis le balancement de ses hanches,
après tout, je suis un mec, je ne pouvais pas faire l’indifférent
jusqu’au bout.
Elle avait remis ses lunettes de soleil quand je la vis se mettre
derrière le volant de son bolide. Un coup de clé et elle le fit rugir.
Elle semblait le maîtriser, ce qui était une bonne chose. Je lui jetai

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un dernier regard avant de retourner à mes occupations. Quand
elle quitta le garage, je me sentis vide.

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Chapitre 5
Nick
La rentrée fut éprouvante, j’étais content que cette journée
touche à sa fin. J’avais prévu de rentrer demain matin chez mes
parents, mais tout compte fait, autant leur faire la surprise. Je
voyais déjà leur grand sourire.
Je venais d’ouvrir ma portière quand une tape sur l’épaule me
fit sursauter. Je me retournai prêt à en découdre avant de voir
que ce n’était que Matthew. Ce blond aux yeux marron-vert avait
le penchant pour me surprendre quand je m’y attendais le moins.
Je me rappelais encore le jour de notre rencontre, c’était à la
séance de recrutement du club de basket. Je faisais rebondir la
balle sur le sol en le regardant faire le même va-et-vient sans
m’en lasser. J’avais été désigné capitaine, il faut dire qu’avec le
palmarès que j’avais à mon actif, cela ne m’avait pas surpris,
mais c’était une première pour un nouveau d’avoir ce poste. Il
m’avait chipé la balle des mains sans que je m’en rende compte.
— Tu es notre nouveau capitaine ?
Je l’avais regardé faire tourner le ballon sur son index, puis
son majeur, avant de le faire rouler sur ses épaules. Je continuais
à le fixer et lui affichait un sourire arrogeant, mais après avoir
fixé ses yeux, j’avais vite compris qu’il essayait de communiquer à
sa manière avec moi. Depuis, il est ce qui ressemble le plus à un
meilleur ami. Ah oui, il avait un an de plus que moi et il était dans la
section commerce. Il était l’héritier d’un promoteur immobilier. Mais
sinon, la vie était belle…
— Alors tu fais quoi ce week-end ? me demanda-t-il, me
sortant de mes souvenirs.
— Je rentre. C’est l’anniversaire de ma mère.
— Oh ! Dommage, la confrérie Delta fait sa première fête.
— Non merci.
— Oh ! Allez.
— L’anniversaire de ma mère est plus important que ta fête.
Matt faisait partie de la confrérie Delta Upsilon, il en était l’un
des piliers ; je me demandais comment il arrivait encore à avoir du
temps pour jouer au basket, avec toutes les activités qu’ils
avaient. J’avais été une fois à une de leur grande fiesta, j’avais

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passé une soirée désagréable, alors depuis, j’essayais d’esquiver
comme je le pouvais.
— Bien, mais tu sais, ce n’est pas comme ça que tu vas te
faire des amis.
Je ne pris même pas la peine de lui répondre et montai dans
ma voiture. Je quittai le parking en songeant que, malgré nos
différences, j’en étais venu à apprécier sa présence. Il faisait ce
qu’il avait à faire, il avait toujours du temps pour traîner avec moi
et ne laissait jamais ses imbéciles de frères de confrérie
m’embêter. Pas que je n’étais pas capable me défendre, mais il
savait que ça pouvait toujours finir mal pour l’un comme pour
l’autre.
Je fis un saut à mon appartement, que je louais à une vieille et
adorable grand-mère. Elle me préparait souvent des gâteaux, ou
un plat fait au four, quand elle savait que c’était la période des
partiels. J’avais appris à l’aimer comme un membre de ma famille.
Il faut dire que pour nous, les Mexicains, tout le monde fait partie
de notre famille dès qu’on est gentil avec nous. C’est ce que mon
père répétait quand j’étais petit et ça m’était resté.
Elle m’attendait devant ma porte, un plat sur les bras. Je la
gratifiai d’un sourire et le lui pris des mains.
— Ma très chère Georgette, que fais-tu ici ?
— Tu crois que j’ai oublié l’anniversaire de ta mère ?
— Elle sera contente de te voir.
— Je ne pourrais pas venir cette fois-ci, j’ai promis à la vieille
folle du 35 de l’accompagner à son club de bridge.
— D’où le plat. Tu essaies d’acheter ma mère ?
Elle fit mine d’essayer de me tirer les oreilles et en bon garçon
que j’étais, je me baissais pour le lui permettre.
— Petit malin que tu es. J’ai déjà prévenu ta mère, donc ne
garde pas les macaronis au fromage pour toi.
— Hum, je vais me régaler. Profite de ton club.
Elle marmonna quelque chose à propos de vieux pervers avant
de s’en aller. J’ouvris ma porte et posai mon sac près de celle-ci.
L’appartement n’était pas grand, mais je me sentais chez moi. Il
était composé d’une petite cuisine qui donnait sur le salon qui me
servait aussi de salle à manger. La porte dans le fond donnait sur
les toilettes. Juste à côté, se trouvait la douche et la dernière

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pièce était ma chambre.
Ma mère avait pris un week-end pour l’aménager comme elle le
voulait. Autant ne pas essayer de la dissuader quand elle est en
mode fée du logis. Je posai le plat sur la table basse qui faisait
face à un écran plat, offert par ma tante, sa façon à elle de
m’acheter pour la mission de surveillance de Rico.
Je me rendis dans ma chambre pour chercher le cadeau.
J’avais économisé des mois pour leur offrir, à elle et à mon père,
un voyage. J’avais toujours rêvé de faire quelque chose pour eux,
il était temps que je m’y mette.
Je sortis l’enveloppe de dessous mes jeans et regardais les
billets, à destination d’Hawaï. La femme de l’agence de voyages
m’avait fait tout un discours sur le climat et tout ce qui entoure
l’île. J’avais été séduit en deux secondes. Je pris deux jeans et t-
shirts, ainsi que des sous-vêtements, avant de retourner dans le
salon vider mon sac de sport afin de les mettre dedans. Je pris le
plat et m’en allai, direction la banlieue de Boston.

25
Chapitre 6
Samantha
L’avoir revu dans ce garage avait mis mes nerfs à vif, je ne
savais pas ce qui m’attirait chez ce garçon. J’avais l’impression
qu’un fil invisible me tirait vers lui, mais son attitude n’était pas la
même que celle du café. Je m’étais posé la question, avais-je fait
quelque chose de travers ? À force d’y réfléchir, ça avait fini par
m’énerver.
La rentrée était vite arrivée et j’y pensais moins.
Kate avait fait une demande pour être dans la même chambre
que moi, sauf que ma nomination en tant que présidente des
Kappa Kappa Gamma avait mis ses projets à rude épreuve. La
seule chose que la doyenne accepta, c’est qu’elle soit dans une
chambre près de la mienne.
Je posai mon sac sur mon bureau. J’avais un début de migraine
et ça n’allait pas s’arranger. Je devais faire un discours, puis
accompagner les blondes manucurées à cette maudite fête chez
les Delta. Ces garçons avaient la réputation la plus exécrable du
campus.
Kate déboula dans ma chambre en short rose pale, les
cheveux à moitié mouillés, relevés en chignon et son odeur « Dior,
J’adore ». Cela me faisait rire quand elle essayait de parler
français. Je le parlais parce que ma grand-mère maternelle était
française. Cette année, j’avais prévu de faire du tutorat en
français.
Elle se laissa tomber sur mon lit en soupirant.
— Ce Rico est un vrai pot de colle. J’aurais dû lui donner un
faux numéro.
J’essayais de me rappeler qui était ce Rico avant que le
visage de Nick ne s’impose à mon cerveau. Je secouai la tête tout
en me dirigeant vers ma penderie. Je l’ouvris et faillis faire une
crise cardiaque.
Ma mère avait encore fait des siennes, elle avait profité que je
sois débordée toute la journée pour faire livrer un magasin entier.
J’aurais dû m’en douter. Kate siffla à mon oreille.
— J’ai beau être la fille d’un Juge très renommé, ma garde de
robe ne pourra jamais égaler la tienne.

26
Parfois, j’aurais aimé être la fille d’une famille modeste. Toute
cette richesse ne m’avait pas rendue arrogante comme certaines
filles que j’avais fréquentées, mais elle me pesait. Mon père
m’avait appris la modestie, pendant que ma mère m’avait appris à
profiter de mon statut, mais ce sont les valeurs de mon père qui
sont restées et non celles de ma mère.
Je fis glisser chaque cintre, un à un, tout en essayant de ne
pas m’énerver contre ma génitrice. J’avais appris depuis
longtemps à ne pas le faire. Chaque fois, je lui faisais part de mon
mécontentement, mais elle s’assurait de faire pire après, alors je
faisais ce qu’elle attendait, je lui téléphonais pour la remercier,
mais pas cette fois.
Je poussai Kate pour prendre mon téléphone dans la poche de
mon sac quand celui-ci se mit à sonner.
— Tu tombes bien, dis-je en guise de salutation. J’aurais pensé
que maintenant que je suis la présidente, comme tu le désirais, tu
aurais arrêté tout ce cirque.
— Mais Samantha, tu sais très bien que c’est pour cela que je
l’ai fait. Je n’allais quand même pas te laisser mettre les
vêtements de la dernière collection, avec toutes ses
responsabilités qui sont les tiennes maintenant.
— Maman, j’en ai assez. Je suis assez grande pour m’habiller
toute seule et sans te faire honte, dis-je entre les dents.
Ce fut le silence qui me répondit. Elle devait essayer de se
maîtriser. Une femme de bonne famille ne haussait jamais la voix
et Elizabeth Mitchell venait d’une très bonne famille, alors on
pouvait compter sur elle pour qu’elle n’affiche jamais ses
sentiments. Pire iceberg qu’elle, on ne trouve nulle part.
— Samantha ! dit-elle d’une voix neutre.
— Je n’ai pas le temps de me disputer avec toi, je dois faire
mon discours et aller à une fête. Embrasse papa pour moi, dis-je
avant de raccrocher.
Kate, qui était restée devant ma penderie, faisait semblant de
ne pas avoir écouté ma conversation. À Noël dernier, elle avait
rencontré ma mère, elles s’étaient bien entendues. Elle ne
comprenait pas pourquoi je n’y arrivais pas avec ma génitrice et
je n’avais pas pris la peine de lui expliquer.
Brandissant une robe blanche avec une ceinture couleur or,

27
elle se retourna vers moi.
— Tiens, mets ça.
Je n’avais même plus la force d’argumenter. Je la lui pris des
mains et me dirigeai vers ma salle de bain. Je réglai l’eau chaude
au maximum en faisant le vide dans ma tête, tout en me
déshabillant. Je rentrai sous les jets et mes muscles crispés se
détendirent immédiatement. Je laissai l’eau laver ma mauvaise
humeur parce que si je restais comme ça, J’aurais pu tuer
quelqu’un ce soir-là et vu le nombre d’arriérés que j’allais croiser,
autant éviter. Je fis un shampoing pour démêler mes boucles,
j’adorais ma chevelure, il n’y avait nul pareil, le vent, la pluie,
qu’importe le temps, elle ne faisait jamais de nœud.
— Dépêche-toi, sinon on sera en retard. Et tu sais que ça sera
mal vu pour la présidente.
Je fis comme si je ne l’avais pas entendue et continuai ma
douche. Après m’être savonnée et rincée, je coupais l’eau. Je
décrochai mon peignoir et l’enfilai. Je fis face au miroir et
regardai le visage de la jeune femme qu’il me montrait. Elle avait
des yeux émeraude qui semblaient fatigués, son nez était
parsemé de tâches de rousseur. Kate ouvrit la porte au moment
où j’allais le faire.
— Tu le fais exprès ?
— Kate, s’il te plaît, pour une fois, sois juste spectatrice, je ne
suis pas d’humeur.
N’importe qui se serait offusqué, mais avec Mademoiselle
Sheridan, on culpabilise dès que les mots franchissent nos lèvres.
Elle me tendit ma robe avec un grand sourire. Je la pris et me
rendis devant ma coiffeuse. Je devais me sécher les cheveux et
me maquiller avant d’endosser le rôle qu’on m’avait assigné.
Après m’être préparée, on quitta ma chambre. Kate tenait mon
bloc-note, elle s’était autoproclamée secrétaire et je l’avais
grandement remercié de l’avoir fait. On longea le couloir pour se
rendre dans la salle de bal.
— Je ne t’ai pas dit, dit subitement Kate.
— Quoi ?
— J’ai entendu dire que Lucia avait été se plaindre parce que
le poste aurait dû lui revenir.
Cette fille me donnait des boutons déjà l’année dernière, Kate

28
l’avait sauvée de mes griffes. Elle était tout ce que je détestais
chez une fille. Blonde, yeux bleus, un rire qui donnait envie de se
crever les tympans.
— Si elle le veut, je le lui donne avec joie.
— Arrête un peu Sam, ce n’est pas si difficile que ça, il n’y a
pas grand-chose. J’ai regardé le programme. Tu dois juste faire
quatre discours, ouvrir chaque fête, superviser chaque événement,
comme le lever de fonds pour les enfants démunis de Boston.
Après, ta vice-présidente fait les plus petits boulots.
— Et tu dis qu’il n’y a pas grand-chose ?
Elle n’eut pas le temps de me répondre parce qu’on venait
d’arriver dans la salle de bal. Tout le monde était réuni et
m’attendait. Ce n’était pas la première fois que je prenais la
parole devant une foule. Il n’y avait qu’une centaine de jeunes
femmes, j’avais déjà fait un discours devant plus de mille
personnes, et ça, à l’âge de 13 ans seulement.
Je m’approchai près du micro, Kate à mes côtés. Elle souriait
pour nous deux et c’était déjà assez bien. Mes yeux tombèrent
dans ceux de mon fléau personnel. Ma meilleure amie me fit du
coude en me tendant mon bloc-note. J’ignorais ce dernier et
essayai de capter le regard de chacune des filles présentes.
— Bonjour à tous. Je m’appelle Samantha Mitchell, pour celles
qui ne me connaissent pas encore. J’ai été élue présidente cette
année et je vous remercie de votre vote de confiance.
Je me tus quelques secondes pour que ma gratitude puisse
faire son effet avant de les assommer.
— Les fraternités ont une fâcheuse tendance à faire des
bizutages aux nouvelles arrivées. Je n’ai pas eu cette « chance »
parce que la doyenne avait fait passer le mot juste avant, alors
l’une des raisons qui m’a poussée à accepter ce poste est que je
vais abolir ce système.
Un brouhaha commença à s’élever et Lucia afficha un sourire
moqueur, si elle pensait qu’elle allait arriver à me renverser, je lui
souhaitais bonne chance.
— Les hauts dirigeants sont contre ce système, mais ils n’ont
pas le temps de gérer cela, alors c’est à nous, président, d’avoir
assez d’intelligence pour arrêter cela. Alors, si j’apprends ou je
vois des bizutages dans notre confrérie à partir d’aujourd’hui, je

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ferais renvoyer le coupable.
Je me tournais vers Kate et lui pris le bloc-note des mains. Elle
semblait troublée. Je ne lui avais pas parlé de mes projets pour la
bonne raison qu’elle aurait essayé de m’en dissuader.
— À partir de maintenant, et ce, jusqu’à nouvel ordre, on fera
passer des tests aux nouvelles, des petits défis qui se révèleront
être du bénévolat. Chaque chef de section choisira entre une
banque alimentaire, un dispensaire, une école, une église, un
refuge de personnes sans-abris ou une maison de retraite pour
envoyer leurs recrues. Cela se fera sur trois mois, deux fois par
semaine. Ils devront me retourner les noms ainsi que le lieu choisi.
Je contrôlerai cela de très près.
Je restai silencieuse le temps que l’information fasse son petit
bout de chemin.
— Ah oui, pour celles qui rêvent de lever une révolte ou d’aller
voir la doyenne, je vous invite à lire le courrier qui vous a été livré
dans vos chambres, au moment où je vous parle. À l’intérieur, se
trouve le nouveau règlement de la fraternité et tout ce que vous
avez besoin de savoir. Sur ce, je vous invite à vous préparer pour
la fête que donne Delta Upsilon et je me ferais une joie de
répondre à vos questions demain après-midi.
Je leur fis un sourire des plus sadiques avant de sortir de la
salle, Kate sur mes talons. Ma robe était parfaite pour la fête et
mes sandales à lacets tout aussi bien, mais cette dernière, qui
n’était pas à son avantage, parce qu’elle ne s’était pas encore
habiller, me stoppa dans ma progression vers la sortie.
— Pourquoi as-tu fait ça ?
— Tu me demandes pourquoi alors que tu veux être juriste ?
— Sam, tu sais bien ce que je veux dire. Je n’ai jamais été pour
ce système. L’année dernière, j’ai dû filer droit pour échapper aux
vautours, mais…
— Kate ouvre les yeux. L’année dernière, il y a eu deux morts
chez les Sigma Chi, quatre qui ont essayé de se suicider chez les
Pi Kappa Alpha et les pires de tous, les Delta Upsilon, ces fous
des sports extrêmes, en ont tué quatre et envoyé six en prison !
— Je sais tout ça, mais tu aurais dû m’en parler.
— Et ça aurait changé quoi ?
Elle me dévisagea un moment avant de soupirer.

30
— Je sais que tu veux bien faire, mais ce n’est pas en faisant
le kamikaze que ça passera bien.
— Au contraire, avec eux faut y aller franco.
— Je pensais que tu ne voulais pas être présidente.
Comment lui faire comprendre les choses sans la blesser ?
— J’ai fait contre mauvaise fortune bon cœur. Je n’aime pas
quand ma mère me pousse à faire quelque chose que je ne veux
pas, mais mon père m’a appris à jouer de mon intelligence quand
je me sens coincée. Comme ce sujet me tenait à cœur, j’en ai
profité, tout simplement.
— Je ne comprendrais jamais comment tu fonctionnes, mais je
te suis.
Elle me regarda un moment avant de soupirer.
— Je vais aller me préparer, on se voit à la fête ?
Elle n’attendit pas ma réponse et fila vers les escaliers. Au
même moment, Lucia sortit de la salle de bal entouré de deux de
ses acolytes. Elles marchèrent vers moi, j’étais déjà fatiguée de
tout ce cinéma et fallait que je participe à un crêpage de chignon
en plus ?
— Mitchell !
— Fitzpatrick !
— Je ne t’aime pas.
— Et tu penses que moi je t’aime ? Je n’ai pas le temps pour
tes petites crises, OK ? Va chercher un mec avec qui coucher, ça
baissera un peu tes chaleurs.
Je ne pris pas la peine d’écouter sa réponse et fit demi-tour
pour me mettre en route pour le domaine des fous furieux, les
Delta.

31
Chapitre 7
Nick
Je me garai devant ma maison. Cette maison qui avait été mon
refuge pendant toute mon enfance. Malgré notre rang social, je
n’avais jamais manqué de rien. Mon père travaillait pour qu’on
puisse toujours avoir quelque chose à manger. Il réparait des
voitures dans un garage dont le propriétaire détestait les
Mexicains, il passait son temps à rabaisser mon père. Petit, je ne
comprenais pas ce qui se passait, mais en grandissant, la colère
et la haine avaient pris racine en moi. Et c’étaient, aussi, eux qui
avaient détruit la vie de ma tante Carlotta.
Je secouai la tête pour ne pas penser à ce jour. J’ouvris ma
portière et remontai l’allée. J’entrai en faisant bien attention. La
première femme de ma vie dansait tout en pliant des vêtements,
elle me tournait le dos. Quand elle fit un tour sur elle-même, elle me
vit. Elle lâcha un cri perçant avant de venir vers moi. Jess
Sanchez sauta dans mes bras et me sera très fort. Je fermai les
yeux et respirai son odeur. C’était bien d’être à la maison.
— Quelle bonne surprise, mon petit cœur.
— Maman, je n’ai plus 6 ans.
— Pour moi, tu seras toujours mon bébé.
— Oui, oui.
— Qu’est-ce qui se passe ?
Elle plongea son regard dans le mien. Chaque fois que je la
regardais, j’avais l’impression de voir mes yeux. J’avais pris ça
d’elle, mais tout le reste était de mon père, taille, couleur de peau,
cheveux… Elle me connaissait très bien. Je n’avais jamais eu de
secret pour mes parents. Ils m’avaient aimé de tout leur cœur,
m’avaient appris les bonnes valeurs de la vie, je n’avais pas été
exempt de tout reproche pendant mon adolescence, mais ils
avaient toujours été indulgents.
— Rien, juste un peu de fatigue.
— Tu ne devais pas venir demain matin ?
— Oui, mais je voulais quitter la ville.
— Oh.
Elle ne me demanda pas plus d’explications. Elle savait que je
lui dirais quand je serais prêt. Elle me fit un baiser sur la joue

32
avant de retourner à ses tâches.
— Ton père ne devrait pas tarder. Lave-toi et repose-toi un
peu. Je viendrais te chercher pour le dîner.
— J’ai oublié le plat dans la voiture.
— Ne t’inquiète pas, j’irais le prendre. Fais ce que je te dis mon
lapin.
Je me dirigeais vers mon ancienne chambre. Elle n’avait pas
changé depuis mon départ. Mes posters de basketteurs préférés
étaient encore accrochés, mon lit simple était dans un coin, en
face de mon bureau. Je laissais tomber mon sac dessus avant de
m’allonger sur le lit.
Quelqu’un me secoua légèrement. Je ne m’étais même pas
rendu compte que je m’étais endormi. J’ouvris les yeux en
grondant. Mon père me sourit tout en me donnant une petite tape
sur le dos.
— Aller, debout marmotte.
— Il est quelle heure ?
— L’heure de dîner. Ta mère m’a chargé de te dire de filer à
la douche et tu as quinze minutes pour le faire.
— Toujours aussi tyrannique.
— Tu la connais.
Nous nous sourîmes. Ma mère aimait dire à tout le monde qu’on
lui rendait la vie difficile, mais finissait par dire qu’on était toute
son existence.
— OK, je file prendre ma douche, essaie de la retenir au moins
cinq minutes de plus.
— Je vais voir ce que je peux faire.
J’attrapai une serviette sur la pile qui était sur le bureau et
filai dans la salle de bains. Elle était un peu plus grande que celle
de mon appartement, mais elle avait le même agencement. Ma
mère l’avait peint en bleu ciel, le miroir couvrait une bonne partie
du mur de gauche au-dessus du lavabo. Je mis ma serviette
dessus avant d’ouvrir le robinet de la douche, j’entrepris de me
déshabiller avant de me glisser sous les jets d’eau. Je devais
toujours faire attention avec mon mètre quatre-vingt-dix, je
risquais de me prendre le pommeau dans la tête.
Ma douche fut rapide, mais salvatrice. Je courus dans ma
chambre pour m’habiller, avant de rejoindre mes parents pour

33
dîner. Ma mère posa le plat de Georgette sur la table. Elle me fit
un sourire.
— Cela fait du bien de te voir à la maison.
— J’étais là pendant un mois avant que papa ne me dise de
partir.
— Je n’ai pas dit ça.
— « Fiston, tu n’as rien de prévu ? On est tous les deux et je
n’ai même pas un moment à te consacrer. »
— Je pensais à toi.
— Mouais.
Mon père plia La Jornada - un journal mexicain - et leva ses
yeux marrons foncé vers moi.
— Et moi qui pensais t’aider.
— Marco, tu as osé mettre mon fils dehors ?
— Maman, j’ai faim.
Elle oublia mon père et entreprit de remplir mon assiette.
Parfois, j’avais l’impression qu’elle était tout aussi mexicaine que
ma tante. Il faut dire que cela faisait 22 ans qu’elle était entourée
d’eux. Elle parlait Espagnol sans un brin d’accent et c’était la plus
grande fierté de mon père.
On mangea en silence. À la fin du repas, je commençais par
débarrasser la table et de faire la vaisselle après une lutte de
cinq minutes avec ma mère. En sortant de la cuisine, mes parents
étaient dans les bras de l’un et l’autre. Cela me faisait toujours du
bien de voir qu’ils s’aimaient comme au premier jour.
Le lendemain, je me levais tôt pour préparer le petit-déjeuner.
C’était la journée de ma mère, j’avais bien l’intention de la gâter.
Quand elle arriva dans la cuisine, elle trouva la table déjà remplie
d’œufs brouillés, de bacon, pain perdu et toute une fiesta. Elle me
regarda avec tendresse.
— Ses moments me manqueront quand tu te marieras.
— Ne t’inquiète pas, tu seras toujours ma première princesse.
— Je n’en doute pas, mais trouve une femme que tu aimeras de
toutes tes forces comme j’aime ton père et qui te rendra heureux,
c’est tout ce que je veux.
Je la pris dans mes bras en pensant à Samantha. J’avais rêvé
d’elle quelques soirs, avant d’abandonner l’idée que notre
rencontre n’était pas dûe au destin, mais à la fatalité.

34
— Ne me vole pas ma femme, dit mon père en rigolant.
— Elle est à moi, répliquais-je avec nos plaisanteries de
toujours.
— Non, je te l’ai prêté.
— Maman, qui aimes-tu le plus de nous deux ?
— Ne me mêlez pas à vos histoires. J’ai faim.
Elle prit un pain perdu et le mit dans sa bouche. Je regardai
mon père en souriant. Il s’approcha de moi et me donna une petite
tape sur l’épaule avant de s’attabler.
— Hum, c’est bon.
À la fin du repas, mon père se leva pour aller se préparer pour
le travail et moi, j’aidai ma mère à ranger
— Tu restes jusqu’à ce soir ?
— Je partirais demain après-midi.
— OK, tu vas m’accompagner pour faire les courses alors.
— Comme tu voudras.
Après les courses, j’aidais ma mère dans ses tâches, je
repeignis même la barrière, mon père étant trop fatigué pour le
faire après avoir passé une semaine à réparer des voitures. Au
moment où je m’apprêtais à rentrer, j’entendis quelqu’un crier mon
nom. Je me retournai et vis Sylvia qui venait vers moi.
J’aurais préféré plonger dans l’eau de l’antarctique et finir en
glaçon que de la revoir. Elle avait été ma première petite amie
pendant trois ans au lycée. C’est avec elle que j’avais eu mon
premier baiser et mon premier tout. Avec ses cheveux noirs comme
le corbeau et son regard marron foncé, souligné d’eye-liner, elle
avait été le fantasme de tous les mecs. Je ne sais pas ce qui
l’avait attiré chez moi pour qu’elle ne me lâche pas d’une semelle.
J’avais dû embrasser une pom-pom girl pour qu’elle puisse se
séparer de moi.
— Oh Nick, c’est bien toi ?
Non, c’est mon frère jumeau. Elle en avait des bonnes parfois,
vraiment.
— Oui.
— Que fais-tu là ?
— Aux dernières nouvelles, c’est là que vivent mes parents.
— Tu sais bien ce que je veux dire, dit-elle en poussant un
soupir agacé.

35
— C’est l’anniversaire de ma mère.
— Ah OK.
Elle me regarda de la tête aux pieds avant de faire un geste
vers moi. Je fis un pas en arrière, je n’avais aucune envie que nos
épidermes ne se touchent.
— Tu sais que tu me manques ?
— Ah bon ?
Elle pensait que je ne savais pas qu’elle avait couché avec
Rico même pas deux jours après qu’elle m’ait largué. Pas que cela
me chagrine, mais elle aurait pu aller hors de ma famille. J’avais
dû entendre le récit de leurs ébats du début à la fin. C’était la
colère qui avait pris le dessus et j’avais traité mon cousin de tous
les noms, c’était le dernier des derniers. Son excuse encore plus
bidon « oh, je ne savais pas », mais oui, à d’autres !
— Oui, j’ai toujours regretté de t’avoir quitté. Ce n’était qu’un
baiser après tout.
— Sauf que ça faisait des mois que je ne ressentais plus rien
pour toi. Alors pour moi, c’est zéro regret.
Son regard se durcit. Ah la voilà, la vraie Sylvia, la
manipulatrice, la menteuse.
— Tu te crois trop bien pour moi ?
— Je n’ai jamais pensé ça. Sauf que tu ne pensais pas que
j’aurais su que tu avais couché avec la moitié des mecs de mon
équipe pendant que tu faisais semblant de pleurer pour me
récupérer ? Et en plus, tu as même couché avec Rico, mon cousin !
Elle fit un pas en arrière. Vraiment, elle était aussi bête que ça
? Elle ne savait pas que les mecs racontaient leurs parties de
jambes en l’air dans les vestiaires ? J’avais dû faire semblant que
cela ne me touchait pas, qu’après tout, j’étais passé le premier
donc zéro souci. En fait, j’avais envie de leur casser la gueule à
chaque fois.
— Tu…Tu savais ?
— Oui et crois moi, je n’ai nulle envie de passer après eux !
Après cette réplique, j’entrepris de rentrer chez moi. Ma mère
se tenait devant la porte. Je poussais un soupir.
— Nick, tu as fini la peinture ?
— Oui à l’instant.
Elle se mit sur la pointe des pieds et me caressa la joue.

36
— Ne te laisse pas miner par cette histoire. Elle n’était
simplement pas faite pour toi.
Je lui fis un pâle sourire avant de m’éloigner vers ma chambre.
Ce qu’elle ne savait pas, c’était qu’après cette histoire, je n’avais
pas posé les yeux sur une seule fille jusqu’à Samantha !
Le soir, ma mère avait fait un festin. On se régala, blagua et
rit de bon cœur. Ma mère souffla ses bougies. Mon père la
taquina en disant qu’elle avait franchi le cap de la quarantaine,
elle lui rétorqua qu’il l’avait fait bien avant elle. Je me levai sans
me faire remarquer et allai chercher l’enveloppe dans mon sac de
sport. De retour dans le salon, je la tendis à ma mère.
— Tu n’aurais pas dû mon poussin, t’avoir est déjà un énorme
cadeau.
Ses yeux se remplirent de larmes. Je me tournai vers mon père
pour qu’il puisse intervenir. Il lui chipa l’enveloppe des mains.
— Eh ! C’est à moi.
— Mais tu viens de lui dire qu’il n’aurait pas dû.
— Marco Sanchez, si tu ne me donnes pas cette enveloppe
tout de suite, je ne réponds de rien.
— Quelle tigresse ! dit-il en lui la rendant.
Ma mère l’ouvrit et resta bouche bée.
— Nick ?
Elle me regarda, puis l’enveloppe, et ce, pendant une bonne
minute, avant de sauter dans mes bras. Elle sanglota et mon père
se leva d’un coup pour savoir ce qui se passait. Je caressai le dos
de ma mère pour la calmer.
— J’avais prévu de vous le donner pour votre anniversaire de
mariage, mais le temps n’aurait pas été au rendez-vous, alors j’ai
préféré le faire pour cette période.
— Mais tu n’aurais pas dû.
— Ne t’inquiète pas pour si peu, Mama. Fais-moi plaisir et
accepte mon cadeau.
— Marco, notre fils a bien grandi.
Elle lui tendit l’enveloppe, il regarda ce qu’elle contenait avant
de lever la tête vers moi.
— Nick…
— Je sais ce que tu penses, j’économise depuis un an pour
cela. J’avais prévu le coup et fais mes calculs, tu me connais.

37
— Je sais fiston. Simplement…
— Vous avez tout fait pour moi, alors rendez-moi ce service,
acceptez ce cadeau et prenez des vacances.
Mon père cligna des yeux et sourit.
— Merci.
Après ses mots, la soirée fut remplie de rires et de petites
anecdotes. Le lendemain, j’embrassais mes parents et leur promis
de venir les voir avant leur voyage qui aurait lieu dans un mois, ce
qui donnait largement le temps à mon père de gérer son fou de
patron.
Arrivé à mon appartement, je me préparai pour une semaine
intense de cours.

38
Chapitre 8
Samantha
La fête fut un désastre, j’avais dû repousser je ne sais
combien de gars aussi bêtes les uns que les autres. Le pire fut un
dénommé Dean, le président de la fraternité. Je ne sais pas qui
avait eu l’idée de voter pour lui. Ce mec ne savait même pas
compter. J’avais perdu Kate de vue à peine entrées dans la salle
de bal des Delta. Avant minuit, j’étais de retour dans ma chambre.
Je pris une douche pour retirer toute cette odeur de mes
cheveux, enfilais mon pyjama et pris ma liseuse. Mon passe-temps
favori était la lecture. En ce moment, je lisais une romance
contemporaine. L’héroïne avait le don de mettre mes nerfs à flot,
mais le héros, ah… ne parlons pas de lui, je risquais de mouiller ma
culotte.
Après avoir essayé de lire trois lignes, j’abandonnai et me
couchai. Au cours de la nuit, je sentis une chaleur près de moi, je
me levai d’un bon en allumant ma lampe de chevet. Kate était
allongée sur mon lit, tout habillée. Je poussai un profond soupir.
Qu’avais-je fait pour mériter tout cela ? Je lui retirais ses
chaussures et la couvrais. Demain, elle aurait la gueule de bois,
mais je pendrais un malin plaisir à en rajouter pour qu’elle
comprenne bien que ce n’était pas digne d’elle.
Après m’être couchée, je me tournais et retournais dans mon lit
à maintes reprises, je me mis à penser à ce garçon. J’espérais le
revoir. Je devais mettre des mots sur ce que je ressentais en sa
présence. Possible que c’était le fait que je n’avais pas été dans
les bras de quelqu’un depuis un moment, mais son regard. Quel
regard !
Cette fois-ci, ce fut une plainte qui me réveilla et là, je n’étais
pas de bonne humeur.
— Sérieux Kate, tu ne peux pas faire moins de bruit.
— Soleil, lumière, mal à la tête. Arf.
— Tu n’avais qu’à pas boire, répliquai-je sèchement.
— Plus tard, Sam, je t’en prie. J’ai l’impression d’avoir un
chantier dans la tête.
Je me levai pour tirer le rideau d’un coup sec en la fusillant du
regard. Elle me fit un sourire crispé.

39
— Je peux savoir pourquoi tu es venue dormir dans ma
chambre ?
— J’ai fui un mec de la fraternité. Il m’a suivie, alors j’ai dû le
semer en entrant dans ta chambre.
Je levai un sourcil dubitatif. À d’autres.
— Mais bien sûr.
— Je ne te mens pas, je n’ai pas bu autant.
— Bref, dis-je en me rendant dans ma penderie.
C’était dimanche, et bien que je n’eusse rien de prévu, je
pensais que courir un peu me ferait du bien. J’aurais le campus
pour moi seule. La moitié des étudiants seraient en train de cuver
leur alcool au fond de leur lit, ce qui n’était pas plus mal.
Après une bonne douche, j’enfilai ma tenue et je quittai la
chambre en disant à Kate qu’elle avait intérêt à ne plus être là
quand je serais de retour.
En arrivant dehors, je pris une bonne bouffée d’air avant de
m’échauffer et de me lancer.

40
Chapitre 9
Nick
La première semaine du semestre venait de commencer et
j’entamais avec le français. Je me laissai tomber sur ma chaise et
retirai cahier et stylo de mon sac. J’avais déjà un début de
migraine et celle-ci augmenta quand Monsieur De Savoie entra
dans l’amphithéâtre. Ce Français, qui avait décidé de venir
enseigner sa langue maternelle aux USA, avait tout du français
guindé.
Il avait un port royal, quand il prenait la parole, on avait
l’impression qu’il pesait ses mots et le pire, c’est qu’on avançait au
ralenti. Il vantait le mérite de sa très belle langue. Moi, j’avais juste
l’impression d’entendre des abeilles dans ma tête.
Il nous présenta son programme pour cette année ainsi que les
devoirs qu’on allait devoir lui remettre et la fameuse dissertation
pour la fin de l’année. Il nous prévint qu’une nouvelle élève venait
d’être nommée tuteur pour les cours de français et qu’il nous
enverrait un mail avec ses coordonnées.
La suite de l’heure se passa dans un brouillard total. C’est
quand je vis tout le monde se lever que je sus que c’était la fin du
cours. Cette année allait encore être rude, mais bon, je comptais
bien relever le défi. Je devrais me rendre à la bibliothèque pour
faire son maudit devoir, mais je comptais bien tenir le coup.
Je me rendis à mon cours de droit. Cette année, on commençait
le droit pénal, la partie que j’aimais le plus. Je marchai dans le
couloir quand je sentis un bras me serrer le cou. Je lâchai un
soupir en repoussant Matt.
— Je pensais que tu serais encore au lit.
— Impossible de rater mon premier cours de management, tu
veux que mon père me tue ?
— Hum.
— Comment a été ton week-end ?
— Meilleur que le tien en tout cas.
— Je ne crois pas, je me suis réveillé dimanche matin avec une
blonde et une brune dans mon lit. Je ne me souviens pas trop
comment elles sont arrivées là, mais le réveil a été très
spectaculaire.

41
Il continua de parler, mais je ne l’écoutai plus. L’alcool et les
filles, j’avais abandonné après la mort de mon cousin. Il avait
perdu la vie sur ce même campus, par la faute d’un chauffeur
saoul, le fils d’un homme d’affaires influent qui avait joué des
pieds et des mains pour enterrer l’affaire. Je serrais les dents. Je
ne dirais pas que c’était dû à cette histoire que j’avais voulu
devenir procureur, mais ça avait renforcé ma conviction.
Matt se mit en face de moi et marcha en reculant. Vraiment,
ce garçon, parfois, je me demandais quel âge il avait.
— Quoi ?
— Tu ne m’écoutes pas.
— Ce que tu me racontes n’a pas vraiment un grand intérêt
d’écoute…
— Vraiment Nick, tu es irrécupérable.
Je m’arrêtai devant ma porte quand l’alarme retentit.
— Mince, j’ai cours à l’autre bout du couloir.
Je le regardai se mettre à courir avant de rentrer dans ma
salle.

42
Chapitre 10
Nick
Jeudi soir, c’était le jour où tout le monde allait regarder
l’équipe de football américain s’entraîner au stade. Je venais de
pousser la porte de la bibliothèque, j’avais carrément oublié mon
devoir de français jusqu’à ce que je rencontre un élève du même
cours que moi, qui me demanda si je m’en étais bien tiré. Au vu de
ma tête, il avait compris que je n’avais même pas regardé le
polycopié.
Vous vous demandez pourquoi j’allais là pour faire mon devoir
au lieu de rester chez moi. C’était le seul moyen que j’avais trouvé
pour me concentrer. Si je restais à l’appartement, je trouverais
toujours quelque chose d’autre à faire.
Je cherchai un coin où il n’y avait personne, avant de
m’installer à une table pour deux et de sortir mon dictionnaire
français-anglais et mes cahier, stylo et polycopié. Après avoir
lâché un gros soupir, je m’y collais.
Une heure plus tard, je n’avais pas fait 15% du devoir et je
voyais les lettres danser devant mes yeux. J’entendis des
murmures de l’autre côté, mais ne fis pas attention. Je m’apprêtai
à écrire quand je sentis une présence derrière moi.
— Ce n’est pas le bon A ici.
— Pardon, dis-je en me retournant pour me trouver nez à nez
avec celle que j’avais tout fait pour oublier.
— Ici, c’est le A du verbe avoir et non le À de la préposition.
Je mis une seconde à comprendre qu’elle me parlait de mon
devoir. Je corrigeai ce qu’elle m’avait dit. Pendant ce temps, elle
s’installa devant moi, sans même me demander la permission.
Devrais-je être étonné ? Ces gens ne demandaient jamais, ils
prenaient.
— Je t’en prie, dis-je entre les dents.
Elle me regarda fixement et je compris qu’elle ne s’était même
pas rendue compte de s’être assise devant moi.
— Tu veux quelque chose ?
Elle se mordit la lèvre, à croire qu’elle le faisait exprès. Je
retournai à mon devoir et décidai de l’ignorer, peut-être qu’elle
comprendrait que sa présence ne me faisait ni chaud ni froid.

43
— Tu es étudiant ?
— Tu as cru que je n’étais qu’un pauvre mécanicien ? répliquai-
je, mauvais.
Je la fusillai du regard. Elle rougit d’embarras, mais cela ne
changeait rien à la situation.
— C’est que… que… tu étais dans le garage.
— Donc tu as fait une déduction digne d’un grand détective. Je
n’ai pas trop le temps pour combler ta curiosité, comme tu le vois,
j’ai un devoir à finir.
— Si tu veux, je peux t’aider, me proposa-t-elle vivement.
— Non merci !
Elle poussa un soupir avant de se lever et de s’en aller. Une
partie de moi voulait la retenir, mais une autre partie, celle qui
avait une grande fierté, lui disait bon débarras. Deux heures plus
tard, je bouclais mon devoir. Je m’étirai, j’avais mal partout et ma
tête, n’en parlons pas. J’avais l’impression qu’on m’avait torturé.
Je rangeai mes affaires et sortis de la bibliothèque, ce qui était
bien, c’était qu’elle était ouverte toute la nuit, mais toujours vide.
Je sortis dans l’air chaud. Ce qui m’avait toujours fasciné avec
Cambridge, c’était qu’elle avait des étés très chauds et des hivers
très froids. Pas de juste milieu avec cette ville. Je m’apprêtai à
descendre les marches quand j’entendis mon nom, je tournais la
tête et la vit accroupie près de la porte d’entrée. Je venais de
remarquer qu’elle portait une mini-jupe et des sandales à lacets
qui remontaient jusqu’à ses mollets.
— Qu’est-ce que tu veux ?
— Je voulais juste te parler.
— Ça, je l’avais compris, figure-toi, râlai-je.
Elle se releva et vint se placer en face de moi.
— Pourquoi es-tu si désagréable ?
— Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, fis-je de mauvaise
foi.
— Tu as été le premier à venir me parler à ce café et depuis,
tu te comportes comme un homme inaccessible.
— Parce que je le suis.
Elle croisa ses bras sous sa poitrine ce qui releva celle-ci et
combla son décolleté. Je dus me faire violence pour que mon corps
ne puisse pas réagir.

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— Si tu n’as rien à me dire de plus, je dois rentrer chez moi.
Je descendis les escaliers, Samantha sur mes talons. Je me
dirigeai vers ma voiture, jetai mon sac sur le siège passager,
j’avais laissé la capote baissée, avec cette chaleur, autant ne
pas fermer la voiture. J’ouvris ma portière et m’installai derrière le
volant. Elle mit sa main sur la mienne quand je voulus la fermer.
— Quoi encore ? fis-je, irrité. Je m’excuse de t’avoir ennuyé ce
jour-là, je pensais que tu te serais rappelé que je t’avais bousculé,
il y a un an, dans cette bibliothèque. Mais je n’avais aucune
intention de rester dans les parages. Donc si tu veux bien me
lâcher, je t’en serais reconnaissant.
Je retirai sa main de la mienne et fermai ma portière avec
toute la frustration que j’avais en moi, puis quittai ce maudit
parking, avec cette sirène qui lançait ses chants de détresse à
mes oreilles. Je la regardai dans le rétroviseur, elle n’avait pas
quitté l’emplacement où je l’avais laissée. Je tournai au coin de la
rue et la perdis de vue.

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Chapitre 11
Samantha
Les premiers cours furent fidèles à ce à quoi je m’attendais.
Ce que j’aimai le plus, ce fut le recrutement pour le tutorat de
Français, lundi matin. Monsieur De Savoie maccueillis en me
parlant français pour me déstabiliser, il fut ébahi par ma facilité
à lui répondre et à tenir une conversation tout du long avec lui.
Il me prit d’office et s’excusa auprès des autres qui
patientaient pour l’entretien. Il nota mes coordonnées, me donna
mes mots de passe pour les corrigés des devoirs, ainsi que son
programme pour toutes les classes.
Le soir même, j’avais déjà quinze demandes d’aide. Je vis très
peu Kate jusqu’au mercredi soir où elle rentra en larmes dans ma
chambre pendant que je révisais mon cours de science-politique.
Je lui demandai ce qu’elle avait, mais je me heurtais à un mur. La
dernière fois où c’était arrivé, c’était l’année dernière et, cette
fois-là, je n’avais pas su ce qui avait bien pu causer ses pleurs.
Je la consolais toute la nuit et le jeudi matin, je me réveillais,
toute seule, avec un mot collé sur le miroir de ma coiffeuse, me
disant qu’elle m’aimait et qu’elle avait de la chance de m’avoir.
Elle me promettait de venir me voir le vendredi soir.
Jeudi en fin de soirée, j’avais rendez-vous avec des élèves à
la bibliothèque pour les aider à faire leur devoir de Français. Je
venais de sortir des toilettes quand je le vis monter l’allée, je
n’avais pas repensé à lui, trop occupée avec mes obligations de
présidente et les cours.
Je le suivis de loin et le vit s’installer à une table isolée juste
derrière celle où j’étais installée. Je m’apprêtai à aller le voir
quand l’un des étudiants me fit signe. J’étais à moitié concentrée
sur eux, mais quand ils réclamèrent une pause, je l’acceptai avec
joie.
Je m’approchai de sa table par-derrière. Sur le coup, je ne sus
pas pourquoi je réagissais de la sorte, mais son accueil fut si
glacial que je dus m’asseoir pour reprendre mes esprits, et cela
l’avait énervé. Je fus désorientée, ne sachant pas ce qui m’avait
valu cette réaction de sa part. Je le laissais seul comme il le
demandait.

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Je finis le cours dans un état second. Je restai encore une
heure avant de sortir de la bibliothèque. Mais arrivée dehors, je ne
pouvais me résoudre à m’en aller sans lui parler. Je me trouvai un
coin tranquille près de l’entrée et m’installais.
Quand il se décida enfin à sortir et que je l’abordais, cela fut
pire. Je ne savais pas trop quoi faire de cette situation. Après qu’il
m’eut laissé sur ce parking, je ressentis un grand vide. Au bout
d’une dizaine de minutes, je me décidai à rentrer au dortoir.
J’évitai les filles qui s’étaient rassemblées dans la salle
commune et filais dans ma chambre. Je me laissai tomber sur mon
lit en soupirant. Mais aussi, pourquoi voulais-je lui parler ? Je
n’avais pas eu de coup de foudre, loin de là, il m’intriguait, mais
cela ne voulait pas dire que je devais supporter son attitude.
C’était décidé la prochaine fois que je le verrai, je lui dirais le
fond de mes pensées.
Cela n’arriva qu’une semaine plus tard, un vendredi après-midi.
Je le vis sortir du bâtiment de droit au moment où j’allais y entrer.
Il bouscula une fille, s’excusa, mais ne s’arrêta pas pour l’aider.
Celle-ci ne s’offusqua pas et c’était tant mieux. J’attendis qu’il
soit près de moi avant de me mettre en travers de sa route.
Nous nous rentrâmes littéralement dedans. On allait basculer,
mais il arriva à nous stabiliser in extremis. Il me garda contre son
torse quelques minutes, en essayant de reprendre son souffle. Je
sentais son torse frotter sur ma poitrine, ce n’était pas
désagréable, mais pas du tout. Nick me repoussa lentement
comme si cela lui demandait un effort considérable.
— Mais tu es folle ou quoi ? me cria-t-il dessus.
Je voyais son regard gris me lancer des éclairs. Je me noyais
dedans sans m’en rendre compte et tout ce qu’il disait, entrait
simplement d’une oreille pour ressortir de l’autre.
— Qu’est-ce que tu veux bon sang ?
— Parler.
Il me dévisagea de la tête aux pieds et j’eus la chair de poule.
Son regard me caressait le corps et j’en redemandais.
— Je n’ai pas le temps pour jouer avec toi. Je dois me rendre à
mon entraînement et par ta faute, je suis en retard.
Il me contourna, mais je l’arrêtai. Ses muscles se contractèrent
sous mes doigts.

47
— Attends ! On ne pourrait pas se voir ?
— Pour faire quoi ?
— Quand on se verra, tu le sauras.
— Et après ça, tu arrêteras de me courir après ?
— Retrouve-moi demain à midi au même café où on s’est
rencontré la dernière fois.
Je lui fis un sourire avant de me diriger vers mon cours de
droit. Comme ça, lui aussi étudiait le droit. Le dicton disait vrai, il
ne faut pas se fier aux apparences.

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Chapitre 12
Nick
Je ne savais pas si je devais rire ou simplement m’apitoyer sur
mon sort. Avais-je posé mes yeux sur une folle ?
Après une semaine où je ne l’avais croisée nulle part, il avait
fallu qu’elle se mette en travers de mon chemin, littéralement, la
collision avait été brutale. Ses seins s’étaient appuyés sur mon
torse, on avait failli finir par terre et cela aurait été
embarrassant. J’avais eu une érection instantanée, je n’étais pas
préparé à pareille situation. J’étais resté collé à elle jusqu’à ce
que je retrouve visage humain. Je m’étais décollé d’elle lentement,
mais j’avais l’impression que je tirais sur un élastique qui pouvait
se rompre à tout moment.
Je ne savais pas ce qu’elle me voulait, mais le lendemain,
j’allais avoir la réponse.
L’entraînement fut une épreuve, même le coach Rendall me dit
de m’asseoir une minute pour reprendre mes esprits. On avait un
match important dans deux semaines, et je ne pensais qu’aux
seins de Samantha. Après avoir fait le tour du terrain pour me
vider la tête, je rejoignis les autres sur le terrain.
On fit un petit match entre nous et Matt fut mon adversaire, il
me fit un sourire ironique, j’eus l’impression qu’il avait deviné ce qui
se passait dans ma tête et c’était la dernière chose que je
voulais. Je n’aurais pas fini de l’entendre. À la fin de notre séance,
je filai sans demander mon reste.
La nuit fut agitée, je rêvais de ses yeux émeraude, de ses
lèvres pulpeuses, de ses longues jambes et surtout de ses maudits
seins.
Je me réveillai avec une érection matinale d’enfer. Après une
bonne douche froide, je m’habillai avec un jean noir taille basse et
une chemise bleue ouverte sur un t-shirt blanc. Je regardai l’heure
et filai. Le café était à une dizaine de minutes de mon
appartement, je fus accueilli par la chaleur estivale, je poussais
un soupir et me mis en route.
Elle se trouvait déjà assise à la même table que la dernière
fois où je l’avais vu. Elle leva la tête avant que je ne m’arrête
devant elle, comme si elle savait que j’étais déjà là. Elle me fit un

49
sourire hésitant. Ne me dites pas qu’après une poursuite si
assidue, elle se sentait intimidée ?
— Tu veux boire quelque chose ?
— Un latté glacé, dis-je en m’installant devant elle.
Elle fit signe à la serveuse et commanda ma boisson. Pendant
ce temps, on se fixa en chiens de faïence.
— Tenez votre boisson, dit la serveuse.
Je lui fis un sourire sans couper notre échange visuel. Elle se
mit à mordiller sa lèvre inférieure.
— Que voulais-tu me dire ?
Elle but son moka. C’était une manière de se donner du
courage, alors je pris une gorgée de mon latté, sa fraîcheur me fit
un bien fou.
— Je ne sais pas trop pourquoi je t’ai donné rendez-vous. Je
t’avoue que je n’ai jamais fait le premier pas vers un garçon,
mais…
Je fronçai les sourcils ne voyant pas trop où elle voulait en
venir.
— Et ?
Elle se mit à gigoter sur sa chaise. La situation devenait un peu
trop compliquée à mon goût.
— Écoute, commençai-je. Je n’ai pas trop le temps pour tes
mystères. Si tu n’as rien de plus à dire, je vais rentrer chez moi.
— Attends, dit-elle d’une voix haut perchée. Je sais que c’est
bizarre, mais tu m’intrigues. Cela ne te dirait pas qu’on sorte
ensemble ?
J’aurais carrément dit oui il y a quelque temps de ça, mais
après avoir vu son regard dans le garage, qui continuait de me
hanter, il n’y avait aucun moyen pour que je dise oui.
— Je ne suis pas intéressé, dis-je en me levant. Merci pour le
café. Un jour, je t’en offrirais un. Je n’aime pas être redevable.
Je tournai les talons et m’en allai. J’avais la sensation que je
venais de faire la plus grosse erreur de ma vie.

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Chapitre 13
Samantha
Rester concentrée sur mon cours de droit me demanda plus
d’énergie que je n’en possédais, mais je ne devais pas me dissiper.
Quand la cloche sonna, j’émis un grand soupir. C’était la fin de la
semaine et ce fut aussi à ce moment que je me rendis compte que
je lui avais donné rendez-vous.
Moi ? Samantha Mitchell ? Celle qui n’avait jamais fait le
premier pas vers un garçon, qui les jugeait avant d’accepter ne
serait-ce que de marcher avec eux, main dans la main.
Je pensais à cela quand j’arrivais devant la fraternité. Une
foule de filles était devant la porte m’empêchant de passer, je vis
une tête blonde qui racontait une histoire. Pour quelle raison ces
filles étaient attirées par ce gars ? Rien qu’en voyant sa face,
j’avais la chair de poule, quelque chose de malsain se dégageait
de lui.
J’essayais de me frayer un chemin dans cette mer de
personnes sans qu’il ne me remarque, mais je sus exactement
quand il me vit, les petits cheveux derrière ma tête s’étaient
dressés.
— Oh ce n’est pas Sam, notre présidente ?
Je retins ma respiration, tout en fermant les yeux, pour ne pas
répliquer quelque chose de méchant. Je me retournai vers lui, un
sourire hypocrite aux lèvres.
— Dean, quelle bonne surprise, je ne t’avais pas vu, mentis-je
avec aplomb.
Il me retourna un tout ironique. J’avais peut-être forcé un peu
trop sur ce coup-là.
— Je suis venu m’entretenir avec toi.
— À quel sujet ?
— Et si on allait parler à ton bureau.
Il regarda la foule. Puis moi. Je n’avais aucune envie de me
retrouver enfermée avec lui entre quatre murs.
— Cela ne peut pas attendre ? J’ai des choses à faire et mes
horaires sont le matin et le début d’après-midi.
— Je le sais, mais je n’ai pas pu avoir ta secrétaire et c’est
assez urgent.

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Qu’est-ce que faisait Kate ?! Par sa faute, j’allais devoir
gérer cet énergumène sans m’être préparée à l’avance.
— OK, allons-y. Je te donne dix minutes, pas une de plus.
Je fis signe aux filles de se pousser et me mis en chemin,
direction mon bureau. Celui-ci aussi avait vu passer ma mère. Je
me rappelais que la décoration de l’ancienne présidente avait un
air de princesse Disney, pour une fois, je ne lui en voulais pas.
J’ouvris la porte et comme toujours, une odeur de senteur
florale s’en dégagea. Le mur était de couleur crème, un bureau en
chaîne massif digne du PDG d’une multinationale. Elle avait même
poussé le vice en m’offrant une collection de stylos à plume or-
noir. Chacun avait sa propre couleur et fonction.
Je m’assis sur ma chaise de cuir noir pour mettre une certaine
distance entre Dean et moi. Il referma la porte derrière lui et
regarda mes étagères qui étaient remplies de livres de droit de
toute sorte et de livres que je lisais pendant les permanences
quand j’avais fini mes obligations.
— Alors si tu en venais au fait. Tu as dix minutes, tu t’en
rappelles ?
Il se tourna vers moi le visage grave et je compris que j’avais
commis une erreur en acceptant cet entretien.
— Sors avec moi.
Je poussai un profond soupir tout en me laissant aller sur ma
chaise. Je sentais que j’aurais une migraine avant la fin du temps
imparti.
— L’offre ne m’intéresse pas. Tu as l’embarras du choix. Je
sais que Lucia n’attend qu’un mot de ta part.
— Je ne veux personne d’autre que toi.
— Eh bien désolée de te décevoir, mais non, merci. Si c’est tout
ce que tu avais à me dire, je t’invite à t’en aller.
Je me levai et lui montrai la porte. Je n’avais pas l’intention
d’abandonner le refuge que le bureau m’offrait. J’avais pris des
cours d’autodéfense et j’avais même fait du krav-maga, mais je
préférai garder cela pour les grandes occasions. Il me fixa
pendant quelques secondes et je lus le message dans ses yeux,
mais j’en avais cure. Il tourna les talons et quitta la pièce.
Je me laissais tomber sur ma chaise et attendis au moins une
heure avant de rejoindre ma chambre.

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La nuit fut agitée et le matin tout autant. J’avais pris deux
douches et tant changé de vêtements qu’à la fin, une crise de fou
rire me pris pendant de longues minutes. Je me regardais dans le
miroir, mes yeux étaient soulignés par de l’eye-liner, du fard à
paupières bleu ciel qui se mariait avec mon habillement, j’avais mis
un gloss transparent. Ma tenue était composée d’une robe d’été et
de sandales à talons que ma mère m’avait offert avant de partir
en croisière, tout ça signé d’une grande marque française.
Il était onze heures quand je m’installais à la table du café. La
serveuse me demanda ce que je voulais, je lui commandais un
verre d’eau ainsi qu’un moka qu’elle devrait me servir d’ici une
cinquantaine de minutes. Elle ne devait pas être trop habituée à ce
genre de situation parce qu’elle me regarda bizarrement avant de
me dire « comme vous voudrez ».
Quand le moka arriva, je savais qu’il ne me restait que
quelques minutes avant qu’il ne pointe le bout de son nez. J’avais
senti sa présence bien avant qu’il ne soit dans mon champ de
vision et je levai la tête. Il sembla surpris, mais ne dit rien.
La rencontre ne dura pas longtemps et quand il me quitta,
j’étais à la fois blessée et secouée. Je ne savais toujours pas ce
qui avait bien pu changer entre notre première et notre seconde
rencontre. Mais je n’allais pas me laisser déprimer pour cela.
J’avais bien l’intention de sortir avec Nick qu’il le veuille ou non.

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Chapitre 14
Nick
Les deux semaines suivantes furent mouvementées, je n’eus
pas une seconde pour repenser à cette drôle de rencontre avec
elle.
Le premier dimanche, mon père me téléphona pour me dire que
ma mère avait attrapé un rhume, je voulus faire l’aller-retour,
mais il me dissuada donc j’essayais de travailler mon français ce
qui fut difficile parce que je ne voulais pas aller à la bibliothèque.
Dans la même soirée, Matt se pointa avec un paquet de bière
sans alcool, deux DVD, une ancienne version de Dracula et le
dernier sorti. Je le prévins, s’il osait mettre cela sur ma télé, je le
ferais passer par la fenêtre, alors nous passâmes la soirée à
jouer à des jeux vidéo. Vers 23 heures, il partit parce qu’il avait un
rencard avec une fille et moi, avec mon lit.
Le samedi qui suivit, je travaillais au garage. Rico avait laissé
une pile de factures s’entasser au point que j’eus du mal à ne pas
le frapper. Il me fit un sourire arrogant, et je me jurais qu’un jour,
je lui dirais ce que je pensais réellement de sa personne.
On était vendredi, le jour de mon match. J’avais eu
entraînement du lundi au mercredi, on s’était reposés la veille. Je
m’étais fait masser pour détendre mes muscles. J’étais dans les
vestiaires, les écouteurs dans mes oreilles, j’écoutais Eminem.
J’étais un fan inconsidéré, on pouvait le critiquer de toutes parts,
mais il restait fidèle à lui-même.
La chanson « Not Afraid » commençait et je fermais les yeux
pour me concentrer. J’effaçais les blagues de mes coéquipiers sur
le discours de motivation du coach.
Le couplet qui me parlait le plus arriva et le calme que je
cherchais m’envahit.
And I just can’t keep living this way
Et je ne peux pas continuer à vivre ainsi
So starting today, I’m breaking out of this cage
Donc à partir d’aujourd’hui, je vais quitter cette cage
I’m standing up, Imma face my demons
Je me tiens debout face à mes démons
I’m manning up, Imma hold my ground

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Je ne lâche rien, j’y vais à fond
I’ve had enough, now I’m so fed up
J’en ai eu assez, maintenant j’en ai tellement marre
Time to put my life back together right now
Il est temps de remettre ma vie en ordre
Matt me secoua pour me faire signe que c’était le moment d’y
aller. On allait gagner ce match. Cela ne serait pas facile parce
que nos adversaires étaient parmi les favoris du championnat,
mais j’avais confiance.
On fit notre entrée sous les applaudissements de nos
supporters, nos pom-pom girls sautaient sur la ligne et criaient le
nom de notre équipe. Je ne faisais pas trop attention à ce qui se
déroulait autour de moi, l’important était le ballon.
On prit position sur le terrain et le match commença. Il fut
intense, on me marquait de toute part, mais j’arrivais à feinter et
Matt me suivait comme mon ombre. Avec lui, on inscrivit une
vingtaine de points. À la mi-temps, l’entraîneur nous dit de
continuer comme cela.
Au retour sur le terrain, le capitaine de l’équipe adverse
essaya de m’énerver, mais j’avais appris à ne pas faire attention
à ce genre de provocations. Quand il comprit que cela ne
fonctionnerait pas avec moi, il essaya de me blesser plusieurs
fois. Il me rentra notamment dedans lorsque j’essayais de
marquer Si je n’avais pas fait attention, j’aurais pu me fouler le
poignet en tombant. Matt voulut intervenir, mais je le retins.
Après plusieurs temps morts, le sifflet final retentit, nous
avions gagné 41 à 25. La salle s’enflamma. Nous restâmes sur le
terrain encore quelques minutes pour saluer et remercier les
supporters de leur fidélité avant de retourner dans nos vestiaires.
On se laissa tomber sur les bancs et le coach nous fit face.
— Je suis fier de vous les gars. Je n’ai jamais entraîné une si
bonne équipe. Cette année, nous allons remporter le championnat.
Je ne vais pas vous retenir, je sais que vous avez prévu d’aller
faire la fête, mais ne forcez pas et ne conduisez pas si vous
avez bu. On se revoit à l’entraînement.
Quand il sortit des vestiaires, une partie de mes coéquipiers
partit sous la douche pendant que Matt retirait son maillot en
poussant un grondement.

55
— Nick, rien ne t’énerve ?
Je me tournais vers lui pour le dévisager.
— En un an que je te connais, je ne t’ai jamais vu te battre
contre qui que ce soit, pas même perdre ton calme.
Si tu savais, avais-je envie de lui répondre, mais à quoi bon ?
J’avais eu ma période de violence au collège et au lycée, comme
n’importe quel adolescent en pleine crise. J’avais toujours eu de la
chance de ne pas m’être fait arrêté. Je me rappelais de ma
dernière bagarre, un petit malin m’avait traité de tacos. Je lui
avais fait sa fête et l’avais menacé que si mon nom filtrait, il
vivrait un enfer.
Je m’étais fait percer l’oreille gauche malgré le désaccord de
mes parents, mais je n’avais jamais été tenté par les tatouages
jusqu’à la mort de mon cousin. Je m’étais fait un phénix entouré de
flammes qui couvrait toute mon omoplate. J’étais en colère contre
le monde entier, mais cela ne regardait que moi.
— Pourquoi je devrais m’énerver ?
— Ce joueur te pousse, tu savais bien ce qu’il cherchait à faire
et ça ne t’a pas énervé ? Même pas une seconde ?
— Je ne suis pas blessé, pas vrai ?
— Laisse tomber mec !
Il soupira et ouvrit son casier en marmonnant contre mon air de
Maître Yoda. Je souris, pris ma serviette et me rendis dans la
douche. Je me dirigeais vers l’une du fond. Je n’avais rien contre
les testostérones qu’on dégageait, mais certains prenaient un
plaisir à se mesurer et tenir des paris pour savoir lequel était le
plus long en pleine érection. Quand l’adrénaline et la pression
descendaient, le cerveau était carrément déconnecté.
L’eau fit du bien à mes muscles, je posais mon front sur les
carreaux en fermant les yeux. Après quelques minutes, je quittais
la douche. J’entendais encore le rire de quelques gars, l’un fit une
blague salace sur sa copine, je ne comprenais pas comment il
arrivait à parler de son intimité de la sorte. Je reconnus Marvin,
celui qui sortait avec la capitaine des pom-pom girls.
Je m’habillai en vitesse et saluai tout le monde avant de me
diriger vers le parking. Je cherchai mes clés dans mon sac quand
je remarquai une silhouette près de ma voiture.
Je compris que c’était elle avant même de l’apercevoir. Elle

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était appuyée sur mon capot. Le vent me ramenait son parfum.
Elle se releva en me voyant approcher et me fit un large sourire.
Mon cœur manqua un battement et je sus que j’étais dans de
beaux draps.

57
Chapitre 15
Samantha
Durant deux semaines, je ne fis que l’observer de loin. Grâce
au professeur de Français, je pus savoir qui il était, dans quelle
section il étudiait et quel sport il pratiquait.
Nick Sanchez avait le même âge que moi, il était en droit dans
le même département aussi. Il était le capitaine de l’équipe de
basket. J’avais été sur leur site et su qu’il avait un match,
j’achetai une place sans m’en rendre compte et les choses
s’enchainèrent.
Je fis mes devoirs de présidente, programmai une fête après
les partiels et avant les vacances de Noël. Dean commença à me
harceler, je tentai de le remettre à sa place, mais laissai tomber.
Kate m’évitait, elle remplissait mon agenda de rendez-vous, me
laissait des notes, mais à chaque fois que je passais dans sa
chambre, elle était vide.
Je me fis plusieurs scénarios et chacun était pire que l’autre.
Alors je décidai de la laisser tranquille, quand elle serait prête à
me voir et me raconter ce qui se passait, elle le ferait.
Le jour du match, j’enfilais un mini short noir, un top vert et des
ballerines de la même couleur que mes bas. Je mis un peu de fond
de teint pour cacher mes taches de rousseur et un peu de gloss.
Je fus légère sur le maquillage, décidée à être moi-même, juste
avec le peu d’artifice qui passerait pour « naturel ».
Avant le match, je cherchai sa voiture sur le parking puis
j’assistai pour la première fois à un match de basket et, en plus,
toute seule. Je criai comme une folle à chaque fois que Nick avait
le ballon en main. Je sautai de joie avec les autres supporters
quand ils gagnèrent et cela me mis en bonne condition pour la suite
de mon plan.
Je m’installai sur le capot de sa voiture et surveillai la porte de
sortie qui donnait sur les vestiaires. Je regardais le ciel avec ses
étoiles quand j’entendis des bruits de pas, je me redressai et le vis
marcher vers moi.
Je lui fis un large sourire avant de me mettre debout. Il
s’arrêta devant moi, ses cheveux étaient encore humides et ses
yeux semblaient m’engloutir. Qu’importe le nom que cela porte,

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j’avais envie de plonger, de me noyer dedans, sans retenue.
— Bravo pour votre victoire.
Il continua à me fixer et cela ne me mit pas mal à l’aise, au
contraire, j’adorais son regard. Je compris enfin qu’il était
expressif et à l’heure actuelle, il était troublé.
— Cela te dirait de boire un verre avec moi ?
— Je ne bois pas d’alcool.
— Bien, moi non plus. Un soda ? Au mieux, une glace chez le
glacier du coin.
— Et si je refuse ?
— Je reviendrai te voir et referai la même proposition.
Il pencha la tête comme s’il cherchait un moyen de fuir cette
situation, mais je l’entendis pousser un léger soupir.
— Va pour la glace.
Je me dirigeai vers le côté passager et ouvris la portière. Il me
regarda avec étonnement avant de partir côté conducteur. Il
démarra sa Mustang et mit le cap vers le glacier.
Je regardai le paysage en me demandant comment j’allais
amener le sujet qui me tenait à cœur sur le tapis. Il était assez
réticent , je devais faire en sorte de ne pas le braquer. Mais ce
soir, je n’avais pas l’intention de le laisser partir tant que je
n’avais pas son accord.
Il se gara pile devant le magasin et coupa le contact. Je sortis
et l’attendis. Nous nous dirigeâmes vers l’entrée d’un même pas. Il
ouvrit la porte, me fit signe de passer devant lui. Nous prîmes
place dans le fond et regardâmes la carte.
La serveuse arriva vers nous, une étudiante, au vu de sa tête,
qui regarda Nick en souriant. J’eus un pincement au cœur, mais je
constatais qu’il ne l’avait même pas remarqué. Je fis un sourire
avant de l’interpeller.
— Je pendrais une double gaufre vanille-fraise avec un peu de
crème chantilly.
Elle nota ma commande et se tourna vers Nick.
— Vous avez choisi ?
— Pour moi, ça sera un Banana split.
— Quelle crème ?
Elle le faisait exprès ou quoi ?!
— Chocolat.

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Elle s’éloigna. Je décidai d’attendre notre commande avant de
parler. Il regarda le lieu en évitant de poser son regard sur moi. Je
ne m’offusquai pas pour le moment parce que j’avais besoin de
temps, mais j’espérai qu’il bientôt d’attitude.
La serveuse apporta notre commande, mais ne resta pas
longtemps parce qu’un autre couple arrivait, mais j’étais sûre
qu’elle trouverait un moyen de laisser son numéro à Nick.
Je pris un bout de ma gaufre, c’était mon dessert favori. Il
coupa un morceau de sa banane et le mit dans sa bouche. Je me
fis violence pour ne pas suivre le mouvement du regard. Je profitai
pour lancer l’offensive.
— Nick ? Et si on repartait de zéro ?
Il leva un sourcil.
— Je veux dire, on oublie qu’on s’est déjà rencontré et on
imagine que là, en ce moment, c’est notre première rencontre.
— Pourquoi ?
— Parce que je veux sortir avec toi. Je ne sais pas comment
faire ma demande, t’imagine bien que c’est plutôt au garçon de
faire ça, mais voilà, si je ne le fais pas, je ne pense pas…
Il me fit un sourire en coin. Hum, c’était mal parti. Il coupa
encore un bout de sa banane et je décidai de manger ma gaufre.
— Je ne comprenais pas pourquoi tu voudrais sortir avec moi,
dit-il au bout d’un moment. Je ne suis pas riche, comme tu l’as vu,
je travaille dans un garage alors je ne suis pas un bon parti.
— Je ne vois pas ce en quoi ton boulot pourrait avoir affaire
avec le fait que je veuille sortir avec toi.
— Le moindre centime est précieux pour moi. Je ne jette pas
l’argent par les fenêtres.
Il commençait à m’énerver avec ses insinuations.
— Je ne te demande pas de m’offrir un château à ce que je
sache, mais de sortir avec moi ! Arrête tes préjugés.
Je le vis serrer les dents et l’orage remplir ses yeux gris.
— Non, mais tu auras honte de marcher auprès de moi. Rien
que le fait de m’avoir vu couvert de cambouis, ce jour-là au
garage, t’a révulsé.
— N’importe quoi ! J’étais surprise, c’est tout. Peu m’importe
que tu sois mécanicien ou banquier, l’important c’est la personne
que tu es.

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Il allait répliquer, pourtant mes mots semblaient l’avoir atteint,
une bonne chose, enfin ! Mais il n’avait pas tort sur un sujet,
maintenant que j’y pensais. Pas parce que j’avais peur que tout le
monde sache, cela avait de l’importance pour lui.
— Une chose est sûre, c’est vrai, pour le moment, je voudrais
qu’on se voie rien que pour nous, dans des endroits isolés et non
parce que j’aurais honte que mon petit ami soit d’une classe
sociale différente, mais j’ai des obligations. Je suis présidente de
la fraternité Kappa Kappa Gamma. Je ne sais pas comment
t’expliquer cela, tu as réagi avec violence, pensant que je t’avais
jugé, mais mon cercle le fera. On va se donner du temps, qu’en
penses-tu ? Faire mûrir notre relation et quand on sera assez
forts, on fera notre coming out.
Je le vis réfléchir à ma proposition. Je ne savais pas qui je
cherchais à le protéger lui ou moi. J’avais déjà assez d’ennemis à
affronter, je ne pensais pas que j’aurais assez d’énergie pour
affronter en plus leurs mauvais regards. Pour ce qui était de mes
parents, mon père ferait tout pour moi puisqu’après tout, j’étais
son rêve, mais ma mère ferait une crise. qu’importe c’était ma vie,
je ferais ce que je voudrais.

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Chapitre 16
Nick
Je m’étais trompé sur son compte. Voilà ce que j’avais pensé
avant qu’elle ne me parle de cacher notre relation. Je m’apprêtais
à lui dire le fond de ma pensée quand je finis par comprendre
qu’elle ne cherchait pas à se protéger elle, mais moi.
— Faisons ça, lui dis-je.
— Au fait, je m’appelle Samantha Mitchell, dit-elle en souriant.
De nos jours.
Moi qui aimais bien les films de guerre, cette fois-ci, je n’avais
rien compris au film. Pourtant, j’attendais sa sortie avec
impatience, mais toute ma concentration était focalisée sur
l’absence de Samantha. Les lumières se rallumèrent, deux heures
de sombres pensées plus tard.
Je quittai le cinéma morose et me dirigeai vers mon
appartement. Je jetai mes clés sur la table basse avec mon
téléphone. Il n’y avait pas non plus de messages et elle ne
répondait pas. Ma phase de colère laissa place à de l’inquiétude.
L’estomac noué, je pris une douche et me couchai.
Au cours de la nuit, je sentis une chaleur dans mon dos et des
mains sur ma taille. Je me retournai et la vis qui dormait
paisiblement. Non vraiment ? Je m’étais tant inquiété que j’en
avais fait des cauchemars et la fatigue avait fini par avoir raison
de moi. Et la voilà, qui dormait comme si de rien était.
Elle dut sentir que j’avais bougé parce qu’elle ouvrit ses yeux
ensommeillés pour les poser sur moi.
— Je t’ai réveillé ?
— Où étais-tu et que faisais-tu ?
— On en parle demain matin ? Je suis fatiguée.
— Tu n’as pas pensé que je pouvais m’inquiéter ? Tu ne
répondais même pas à ton téléphone.
— S’il te plaît.
Je ne sais pas si c’est sa voix qui m’arrêta ou ses yeux qui se
remplirent de larmes. Je me rallongeai et la pris dans mes bras.
Elle eut un frisson et moi avec. C’était de plus en plus compliqué de
dormir de la sorte sans franchir le cap, mais parce que je l’aimais,
j’avais décidé de l’attendre.

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Je regardai le plafond et me dis qu’un an était vite passé. On
s’était vu de temps en temps au début. On sortait manger après
mes matchs ou on faisait le trajet ensemble si on était en
déplacement. L’entraîneur râlait un peu, mais comme elle me
menaçait de s’y rendre toute seule, je ne pouvais décemment pas
accepter cela.
Pour nos quatre mois, on avait fait un petit road trip. Cette
semaine-là, je n’avais pas d’entraînement, on avait quitté la
faculté après ses cours. Elle avait décidé de la destination, nous
nous étions rendus à Salem. J’avais calculé l’itinéraire, Samantha
s’était occupé de réserver les chambres.
Nous avions pris des chambres séparées. Après nous être
rafraîchis, on s’était retrouvés pour manger. Je l’avais retrouvé
en train de regarder le guide touristique avec un bloc note près
d’elle. J’avais compris que c’était une maniaque. Elle organisait
tout, mais au moins, si un imprévu surgissait, elle ne stressait pas,
elle ne faisait que rebondir sur la situation.
Nous avions dîné en parlant de tout et de rien. Elle m’avait dit
que son père était un sénateur et qu’elle rêvait de le devenir aussi,
et qu’elle ne s’entendait pas bien avec sa mère. Je lui avais dit
que mes parents étaient tout pour moi, que je n’avais aucun souci
avec eux.
Elle avait lancé sur en rigolant qu’elle aimerait bien les
rencontrer. J’avais prévu de le faire. Mais à ce moment-là, mes
parents étaient en voyage et je n’avais pas repensé à cela.
Le lendemain, habillée d’un jean taille basse et d’une tunique,
Samantha m’avait attendu devant la voiture, elle avait mis ses
Ray-Ban et m’vait gratifié d’un large sourire. Nous avions visité
tous les lieux que le guide nous avait conseillé. À midi, nous avions
fait un pique-nique à Salem Willows, plusieurs couples et familles
étaient déjà sur place, on s’était trouvé de la place sous un arbre
et nous nous étions installées.
Ce fut un bon week-end. Au retour sur le campus, je venais à
regretter cette situation, mais je ne voulais pas lui mettre la
pression alors j’avais gardé cela pour moi. Puis les partiels étaient
arrivés et les vacances avec. On était resté en contact par
message, on se téléphonait le soir, juste pour entendre la voix de
l’autre. C’était bizarre, mais plus le temps passait et plus je

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l’aimais. On ne s’était pas fait de grandes déclarations et j’avais
un peu peur de m’exprimer alors j’avais gardé le silence.
Encore une fois, c’était elle qui m’avait surpris. Je lui avais
donné le double de mes clés à Noël parce que je voulais que ça ait
une signification. Elle m’avait remercié d’un grand sourire et moi,
c’était un moyen de me dire que notre relation prenait un cap en
plus.
Le jour de la Saint-Valentin, elle m’avait envoyé un message
me disant qu’on ne pouvait pas se voir parce qu’un imprévu avait
surgi. Notre toute première Saint-Valentin. Sauf qu’en ouvrant la
porte de mon appartement, des bougies étaient allumées partout
dans la pièce et une musique douce sortait de ma chaîne hi-fi.
Mais ce qui m’avait le plus ému fut le montage des photos que
nous avions accumulé pendant ces mois-là qui était projeté sur le
mur avec un message pour illustrer l’événement. Je restais jusqu’à
la fin du film et le dernier mot fit battre mon cœur.
Elle avait rallumé la lumière et s’était approchée de moi. Je
l’avais attrapée par les hanches et l’avais embrassée à en
perdre le souffle. Elle s’était accrochée à mon cou, répondant à
mon baiser ivre de passion autant que moi.
On s’était séparés à bout de souffle. J’avais posé mon front
sur le sien en essayant de reprendre ma respiration.
— C’est la plus belle déclaration que je n’ai jamais eue, lui dis-
je, mais j’aimerais l’entendre.
— Je t’aime Nick Sanchez, tu es ce qui m’est arrivé de mieux
dans la vie. C’est peut-être prématuré de dire que tu es l’homme
que je cherchais parce que je ne sais pas ce que signifie vraiment
l’amour, mais…
Je l’avais embrassé encore en la soulevant. Elle avait passé
ses jambes autour de mes hanches. On a l’habitude de voir
l’homme se déclarer et voir la fille finir en larmes, mais les temps
ont changé. Les filles aussi ont le cran de faire le premier pas.
— Samantha Mitchell, je t’aime et si ce n’est plus que toi. Tu
me remplis de bonheur. On est novices, mais on s’en sort très bien.
Elle m’avait fait un sourire avant de se détacher. Je l’avais
regardée se rendre dans la cuisine. Je venais de me rendre
compte qu’une bonne odeur se dégageait d’elle.
— Va te rafraîchir, on dîne dans un quart d’heure.

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Était-ce fou de ma part de me dire que j’aimerais l’avoir tous
les jours près de moi ? Que chaque fois que je rentrerais, elle
serait là à me demander comment avait été ma journée.De me
dire le programme de la soirée ? Je l’avais regardé goûter la
sauce avant de me diriger vers ma chambre.
Mais malgré tous ses mots de tendresse, d’amour et ses
grandes déclarations, je n’avais pas l’impression qu’elle était
prête à vivre notre histoire au grand jour.
Je m’endormis en pensant qu’il était temps que je fasse quelque
chose pour qu’elle puisse comprendre que j’étais prêt, moi.

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Chapitre 17
Samantha
Je me réveillai au son de l’eau qui coulait. Je me tournai sur le
lit de Nick. Je poussai un soupir, l’appréhension au ventre. Je
savais bien que je devrais lui expliquer ce qui s’était passé, mais
j’avais peur qu’il réagisse mal alors je devais déformer la vérité.
Dean ne perdait rien pour attendre. Je commençais à ne plus
supporter son attitude. Je pensais que comme il était avec Lucia,
il me laisserait en paix, mais non, il avait une fascination malsaine
pour ma personne.
Je fermai les yeux pour ne pas repenser à ce qui m’était arrivé
hier soir, mais les images revenaient par flash.
Je venais de quitter mon bureau de tutorat quand j’étais
tombée sur lui dans le couloir. J’avais fait mine de ne pas le voir et
avais continué mon chemin, mais il m’avait agrippé. Je lui avais
demandé gentiment de me lâcher, mais il ne l’avait pas fait et
m’avait traîné dans une salle vide dont il avait fermé la porte.
J’avais rapidement compris qu’il avait bu.
— J’en ai assez de tes manières de bonne fille, m’avait-il lancé
l’haleine infecte.
J’avais mis ma main devant mon nez tout en reculant.
— Je supporte Lucia avec son rire de dinde parce que tu
refuses de sortir avec moi, mais aujourd’hui, je t’aurai.
Je m’étais mise à trembler de peur. Pendant mes
entraînements de krav-maga, on avait simulé cette situation,
même pendant les cours d’auto défense, mais y être confrontée
en vrai était autre chose. J’avais beau me dire, calme-toi Sam,
calme-toi, impossible. Il s’était rapproché de moi, je l’avais
repoussé, mais l’alcool décuplait la force d’un homme, surtout lui,
un joueur de football américain.
Il m’avait lancé un regard de pure haine et j’avais compris que
s’il posait la main sur moi, c’était fini. Alors j’avais repris mon
calme petit à petit et je l’avais affronté. Lorsqu’il faisait un pas à
gauche et je l’avais suivi pour ne pas le perdre des yeux.
Quand il avait fait un pas vers moi, j’avais lancé le plat de ma
main sous son menton. Il m’avait insulté de tous les noms et
m’avait foncé dessus, j’en avais perdu l’équilibre. Le choc m’avait

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donné le tournis, il en avait profité pour me donner une gifle, je
m’étais mordu la langue et ma bouche s’était emplie de sang.
J’avais tourné la tête pour le recracher et en avais profité pour lui
donner un coup de pied entre les jambes. Il avait roulé sur le côté
pour reprendre son souffle et moi, je n’avais pas attendu, je
m’étais relevée et avais couru comme si les chiens de l’enfer
avaient été à mes trousses. Je m’étais arrêtée seulement quand je
fus enfermée à double tour dans ma chambre.
Je m’étais mise sous ma couette et avais pleuré pendant des
heures. Quand j’étais revenue à moi, j’avais vu que le soleil s’était
déjà couché et qu’il était minuit. J’avais pensé à Nick puis avais
cherché mon téléphone. Plusieurs messages, textes comme
vocaux, et tout autant d’appels manqués s’étaient affichés, mais
je n’avais pas la force de lui parler. Il aurait su que quelque chose
m’était arrivé.
J’avais pris une douche, m’étais massé la joue sous les jets et
avais filé à son appartement. Il était mon tout. Je l’aimais
tellement que je trouvais cela irréel, surtout que je n’avais toujours
pas compris comment c’était arrivé.
L’eau s’arrêta, je me préparai à la confrontation. Il entra dans
la chambre une serviette autour des hanches, les cheveux encore
humides. Il me tourna le dos pour prendre ses vêtements. Je
regardai son tatouage et me demandai encore une fois qu’elle
était sa signification. Qui sait un jour, il se sentira assez en
confiance pour me raconter son histoire.
— Bon, tu me racontes ce qui se passe ?
Il me fixa durement. Je me demandai s’il savait quelque chose
et je me rassurai en me disant que non.
— Ce n’est rien de grave…
— Avant que tu ne me racontes un bobard, me coupa-t-il d’une
voix sèche, et que je fasse semblant de te croire, sache que la
confiance est la base d’un couple.
Je le fixai pendant de longues minutes avant de fermer les
yeux.
— Tu peux me faire confiance sur ce coup ?
— Comment le faire ? me hurla-t-il presque dessus. J’ai
accepté qu’on se voie en cachette parce que oui, au début, je
n’étais pas prêt à le faire au grand jour, mais ça fait un an déjà

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et l’idée ne t’est pas venue que c’est bon, on est assez fort ?
— J’y pense et j’y travaille, Nick. Bientôt.
Il quitta la pièce et quelque temps plus tard, la machine à café
se mit en marche. Je me levai et allai le rejoindre.
— Je suis désolée, lui dis-je.
— Je le suis aussi figure-toi. J’aurais dû insister quand j’ai
pensé que c’était le bon moment, mais encore une fois, tu as été
élue Présidente de ta fraternité alors j’ai laissé tomber pour ne
pas ajouter à ton stress.
Il me servit une tasse de café avec un sucre comme je l’aimais.
Il retourna dans la chambre pour s’habiller. Je ne savais que faire.
Lui dire ? Ça risquait de mal finir. Ne pas lui dire ? C’est notre
couple qui en souffrirait.
Il revint habillé d’un jean bleu et d’un pull blanc. L’hiver
s’accrochait encore un peu, mais le soleil perçait de temps en
temps. Je devais rentrer avant le début des cours.
— Tu fais quoi ce week-end ? me demanda-t-il, tout d’un coup.
— Rien normalement, pourquoi ?
— Vendredi soir, on va quelque part, prépare ton sac pour le
week-end.
Je mourrais d’envie de lui demander où on allait, mais je décidai
de ne pas le faire pour le remercier de ne pas avoir posé de
questions sur l’incident d’hier.

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Chapitre 18
Nick
Quand je me réveillai, je constatai qu’elle avait un bleu sur la
joue. Mon sang ne fit qu’un tour. Je ne savais pas ce qui lui était
arrivé, mais le fait qu’elle ne me fasse pas assez confiance pour
me le dire, me fit mal. C’était mon rôle de la protéger, cela
pourrait être sexiste, mais on m’avait élevé de la sorte, l’homme
était le protecteur de la maison.
Je pris ma décision, j’allais la présenter à mes parents !
On quitta mon appartement ensemble, mais chacun pris sa
voiture pour se diriger vers l’université. Moi devant. Elle me fit un
appel de phares quand elle tourna vers sa fraternité et je
continuai vers le parking de mon premier cours.
Le français était ma bête noire, mais aujourd’hui, ce fut pire,
la voix du professeur m’était insupportable. Il lisait un poème d’un
certain Victor Hugo, une histoire « Aimons toujours ! Aimons
encore… ». Avant la sonnerie, il nous demanda de faire une
analyse de ce texte, de lui dire ce que l’auteur essayait de nous
transcrire, de nous faire ressentir et son message.
Je quittai le bâtiment avec une migraine et cela ne se calma
pas quand je me rendis à mon cours de droit. J’essayai de
découvrir ce qu’elle me cachait, mais n’ayant aucune piste, cela
n’était pas évident.
Comme j’avais un trou de 3h aujourd’hui, je décidai d’aller au
garage de mon cousin. Arrivé sur place, il était sous le capot d’une
veille Ford. Du rap à fond, d’un chanteur que je n’aimais pas. Je
me dirigeai vers le bureau et coupai la musique.
— ¿ Quién hijo de su madre el que sacò mi mùsica ?
— Attention, je dirais à mon père que tu as insulté sa femme,
dis-je en me plantant près de lui.
Il sortit de sous la voiture et sauta sur ses jambes. Il fit mine de
me serrer dans ses bras, mais je l’esquivai.
— Nick, c’est toi ? Oh mon frère, tu avais disparu où ?
— L’université, tu connais ?
Il s’essuya les mains et me détailla de la tête aux pieds.
— C’est quoi cette mine ? Tu viens me donner un coup de main
?

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— Non, je vais bientôt avoir mes partiels, mais je te verrai le
week-end prochain.
— Pourquoi pas ce week-end ?
— Je rentre à la maison.
Il me fixa et je me demandai si c’était une bonne idée d’être
venu le voir.
— Qu’est-ce que tu veux ?
— Tu as encore le numéro de cette Kate ?
— Kate ?
— BMW grise, étudiante, petite brune.
— À celle-là. Je ne sais pas, faut que j’aille voir.
Il l’avait tellement harcelé qu’ils ne s’étaient même pas vu pour
un café. Elle avait bloqué son numéro, ce n’est pas peu dire que je
ne l’avais pas prévenu. Il chercha dans son portable pendant un
bon moment. Il gardait le numéro de toutes les filles qu’il avait ou
non fréquenté. Docteur est-ce normal ?
— Le voici. Pourquoi tu en as besoin ?
— J’en ai besoin. Donne.
Je lui pris son téléphone des mains et notai le numéro sur le
mien. Je le lui rendis et m’en allai. Je rentrai à l’appartement, le
parfum de Samantha embaumait encore les pièces.
Je me laissai tomber sur le canapé, la tête retournée.
Reprends-toi Nick, personne ne sait pour vous, comment vas-tu te
présenter ? « Bonjour, tu ne me connais pas, mais j’ai entendu
parler de toi. Je suis le petit-ami caché de Samantha… » Ouais
bien sûr.
Je me passai les doigts dans les cheveux avec un sentiment de
frustration. Je quittai la maison, je n’en avais même pas pour 20
minutes pour arriver chez mes parents. J’entrai et trouvai ma
mère assise devant la télé. Elle leva la tête surprise.
— Nick ? Tout va bien ?
Je me dirigeai vers elle, me laissai tomber sur le canapé à ses
côtés et posai ma tête sur ses genoux. Elle se mit à caresser mes
cheveux. Cela calma un peu la tempête qui faisait rage en moi.
— Qu’est-ce qui se passe mon bébé ?
Je poussai un soupir avant de me lancer.
— Tu m’as toujours que dit dans un couple que s’il n’y a pas de
confiance cela ne fonctionnait pas, non ? Que l’homme est celui

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qui doit protéger son foyer aussi.
— Oui.
— Que faire quand l’autre ne nous dit rien ?
— Possible qu’elle cherche à te protéger.
— Mais cela n’a pas de sens !
— Tu sais, il y a plein de choses que ton père ne sait pas. Au
début de notre histoire, sa famille ne m’a pas accepté, surtout ta
tante. Elle pensait que je jouais avec lui. Vous êtes les protecteurs,
mais vous puisez votre force en nous. La femme est le cœur du
foyer. On gère le plus gros du conflit et vous venez le finir.
Elle me releva la tête et me regarda dans les yeux.
— Nick de qui parles-tu ?
Je rougis. Je n’étais pas fier de moi sur ce coup. Même si les
autres ne le savaient pas, j’aurais pu, au moins, en parler à ma
mère.
— Avant tout, pardon de ne pas te l’avoir dit avant.
— Ce n’est pas grave Nick, les enfants ont toujours des
secrets pour leurs parents. Je ne t’en veux pas. Tu as tes raisons,
je ne te juge pas. Maintenant, dis-moi ce qui te bouleverse tant.
— Tu sais, depuis le meurtre de Francisco, je n’aime pas les
enfants de riches. Pourtant, je suis tombé amoureux d’une d’entre
eux, mais elle a su rester modeste. Elle n’étale pas sa richesse.
C’est une fille merveilleuse, elle me comprend, dis-je en soupirant.
Elle m’a proposé de vivre notre relation en secret pendant un
temps, un an est déjà passé, je me sens assez fort pour affronter
le regard de tous, mais je sens qu’il y a quelque chose qu’elle ne
me dit pas.
Ma mère me regarda avec tendresse en souriant.
— Tu souffres de cette situation ? Tu veux la protéger, mais tu
es pieds et poings liés parce que vous n’êtes un couple qu’à vos
yeux et pas à ceux des autres.
— Au début, on se voyait de temps en temps pour apprendre à
se connaître. Je ne lui faisais pas confiance, puis six mois plus
tard et j’ai commencé à m’attacher à elle. Les vacances sont
arrivées. À la rentrée, les huit mois et dans quelques jours, cela va
faire un an. J’ai prévu de vous la présenter ce week-end. J’ai peur
de sa réaction, parce que je ne lui ai pas dit que j’allais le faire.
— Je ne la connais pas, et le peu que tu m’as dit ne m’aide

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pas. Si tu penses que c’est le bon moment, fais-le. Mais sache
qu’une femme a droit à ses secrets, cela ne veut pas dire que
votre relation n’est pas solide pour autant.
— Merci maman, je me sens mieux.
— Donne-lui le temps de faire les choses, quand tout sera
normal, elle t’en parlera. Et ramène-moi ma future belle-fille.
Nous nous sourîmes. Elle insista pour que je déjeune avec elle,
je le fis avec plaisir, ses moments rien qu’à nous, cela faisait un
moment qu’on n’en avait pas eu. Je rentrai à l’appartement et pus
assister à mes derniers cours l’esprit et le cœur plus légers.

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Chapitre 19
Samantha
Arrivée devant la fraternité, je regardai dans toutes les
directions pour être sûre que Dean ne me tendait pas un guet-
apens. Rassurée, je me rendis dans ma chambre et tombai sur
Kate. Elle était assise sur mon lit et regardait dans tous les sens.
— Tu n’as pas dormi dans ta chambre ? me demanda-t-elle
quand elle me vit.
— Tu étais passée où ?
— Ici et là.
— Tu as un petit-ami ?
Je ne l’avais pas dit à Kate, entre son absence et le peu de
moments où on se voyait, mais sans mentir, même elle, je ne savais
pas ce qu’elle en aurait pensé. Elle avait bloqué le numéro du
cousin de Nick disant qu’il l’avait harcelée. J’avais un doute sur ce
sujet alors je ne lui avais rien dit et je ne comptais pas le lui dire
aujourd’hui.
— Non.
— Alors tu sors d’où, habillée comme ça ?
Je portais un jogging en laine, celui que je mettais pour rester
dans ma chambre quand je ne voulais rien faire.
— Parlons de toi plutôt. Tu étais où ? Qu’est-ce qui se passe,
Kate ?
Elle tourna la tête et encore une fois, je sus qu’elle ne me dirait
rien. Je poussai un soupir et me dirigeai vers ma douche. C’est à
ce moment-là que je vis le bleu qui ornait ma joue. Je compris
pourquoi Nick avait été si en colère. Je ne savais plus quoi faire.
Dans une demi-heure, je devais faire la médiatrice entre deux
sous-chefs. J’avais l’impression d’être la directrice d’une
maternelle. Je pris une douche rapide et enfilai les premiers
vêtements qui me tombèrent sous la main et tentai de masquer ce
bleu du mieux que je pouvais.
Kate n’avait pas bougé de mon lit et je n’allais pas lui arracher
les mots de la bouche si elle ne voulait pas parler. Au moment où je
m’apprêtais à quitter la chambre, ses paroles me glacèrent.
— J’ai été violée.
Je me retournai vers elle lentement. Elle avait les yeux rouges.

73
Cette fille qui souriait toujours, qui avait une gaîté contagieuse,
était tout simplement anéantie. Pourquoi ne l’avais-je pas vu en
entrant ? J’aurais dû le remarquer ! Quelle piètre amie je faisais !
— Oh Kate, fis-je en courant pour la prendre dans mes bras.
Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ?
Elle sanglota dans mes bras en silence pendant de longues
minutes.
— Au début, je n’ai pas cru que cela m’était arrivé. Je suis
allée à la fête que les Delta avaient organisée pour Noël, tu étais
rentrée, mes parents avaient prévu une croisière. Je n’ai pas bu
tant que ça pour être saoule, j’en suis sûre. On m’a donné un verre
de soda, j’ai bu quelques gorgées et je ne sais pas ce qui est
arrivé. Je me suis réveillée dans une chambre vide, nue. Je suis
restée pendant des heures le regard dans le vide. Une fille qui
avait été payée pour nettoyer est arrivée et m’a trouvé. Elle m’a
conduite à l’hôpital où ils m’ont gardée en observation. Oh Sam,
j’ai eu si honte. Je repensais à ce que tu me disais sur l’alcool et je
m’en suis voulu. Si je n’avais pas été à l’hôpital, je n’aurais pas su
ce qui était arrivé. En rentrant, j’ai donné une ordonnance à la
doyenne, j’ai suivi mes cours dans une chambre loin de la
fraternité. Je venais quand j’étais sûre de ne croiser personne
pour te laisser tes rendez-vous. Je n’avais pas la force de te voir.
Ma thérapeute m’a dit que j’étais en phase de guérison et que je
devais te raconter tout ça.
Je pleurais de rage et d’impuissance. J’avais été dans ma bulle
et je n’avais pas vu ce qui se passait autour de moi. Ma mère
tenait tant à ses dîners de Noël et Kate n’aimait pas ses repas
alors je ne lui avais pas proposé de m’accompagner.
— Tu n’as vraiment aucune idée de qui a fait ça ?
— Non, il a utilisé un préservatif.
— Il doit y avoir des cas similaires, on doit pouvoir retrouver le
coupable.
— A quoi bon ?
— On ne doit pas laisser ton agresseur s’en prendre à d’autres
filles. Et puis, pour quelqu’un qui étudie le droit, tu n’as pas les bons
mots.
Elle me regarda et fronça les sourcils.
— Tu t’es bagarré ?

74
— On parle de toi là !
— J’en ai assez de parler de moi depuis des mois. Qui t’a fait
ça ?
— Dean.
— Dean ? Le président des Delta ?
— Lui en personne.
— Pourquoi ? Lucia l’a quitté ?
— Non, pas à ma connaissance. Il a voulu prendre ce que je ne
voulais pas lui donner.
— Mais ils ont quoi, ces gars des Delta ?!
Ses joues rougirent de colère, je la préférais comme ça.
— On doit agir. Je ne sais pas encore comment on va
procéder. Donne-moi quelques jours, mais on va trouver le
coupable, celui qui s’amuse à droguer les filles pour son plaisir.
Elle me fit un petit sourire. J’espérais qu’un jour, elle
retrouverait sa joie de vivre, c’était tout ce que j’espérais. J’avais
des choses à faire. Entre gérer comment révéler mon histoire
avec Nick, Dean et maintenant, Kate. Je devais faire mon possible
pour que tous les gens qui comptent pour moi soient heureux.

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Chapitre 20
Nick
Samantha m’envoya un message pour me dire qu’elle n’aurait
pas de temps libre cette semaine, mais qu’elle ferait son possible
pour qu’on fasse ce que j’avais prévu ce week-end. Avec ma
mère, on s’était mis d’accord pour qu’elle fasse un dîner vendredi
soir, mais rien de grandiose. Elle m’avait ri au nez, me disant que
j’agissais déjà comme un époux et je lui avais rétorqué d’arrêter
de rêver à mon mariage.
J’arrivai à l’appartement et pris une douche pour retirer la
sueur de l’entraînement. En sortant de la salle de bain, je vis
Samantha ouvrir la porte d’entrée.
— Salut beau gosse.
Elle me fit un sourire, je regardai sa joue et remarquai que son
bleu avait disparu. Elle se dirigea vers moi et me fit un baiser sur
la joue.
— Salut, dis-je en la retenant pour l’embrasser.
Elle m’avait manqué. C’était ce qui me dérangeait le plus dans
notre relation, de ne pas se voir quand on le voulait, dans un coin
de la bibliothèque, dans le couloir ou sur le parking. Je la lâchai et
partis m’habiller, elle m’attendait dans le salon. J’envoyai un
message à ma mère pour la prévenir qu’on était en chemin, elle me
répondit qu’elle essayait de préparer mon père. Je ne me faisais
pas de souci de ce côté. Je la rejoignis et nous nous mîmes en
chemin. Elle ne me posa pas de question jusqu’à ce qu’on entre
dans Boston.
— Boston ?
Je continuai jusqu’à la banlieue et m’arrêtai devant ma maison.
Je la laissai regarder le quartier éclairé par les poteaux
électriques. Elle ne fit aucun commentaire et sortit de la voiture. Je
récupérai nos sacs et remontai l’allée. J’ouvris la porte et lui fis
signer d’entrer. Elle me regarda avec appréhension.
— Entre.
— Nick ?
— Fais-moi confiance.
Elle entra et s’arrêta quand elle les vit. Mes parents étaient
assis sur le canapé, mon père se leva d’un bond pendant que ma

76
mère me sourit.
— Mi niño, me dit mon père.
Il devait vraiment être surpris pour m’appeler par mon petit
surnom affectueux.
— Samantha, je te présente mes parents, Jess et Marco
Sanchez. Papa, maman, je vous présente Samantha Mitchell, ma
petite amie.
Ma mère prit Samantha dans ses bras. Cette dernière me
regarda par-dessus ses épaules. Je sais, c’était un petit coup
bas. Mon père s’avança vers moi et mit une main sur mon épaule
me regardant droit dans les yeux. On allait avoir une conversation
que seuls les hommes peuvent comprendre.
Il me demanda pourquoi je ne lui avais rien dit. Mon regard
répliqua que je n’avais pas eu le temps d’y penser. Mais il me
reprocha que ma mère le savait. Je lui fis un sourire et il me le
rendit. C’est ce que j’aimais chez lui.
Samantha revint près de moi et me prit la main, celle-ci
tremblait légèrement. Ma mère me prit dans ses bras et
m’embrassa sur les deux joues.
— Samantha, bienvenue chez nous. Tu fais partie de la famille
alors n’aie pas peur de nous traiter comme tel.
— Oui, madame Sanchez.
— Appelle-moi Jess, voyons.
Mon père se dirigea vers elle et lui prit les deux mains.
— Bienvenidos nuera.
— Arrêtez ! Vous allez lui faire peur.
— Merci, Monsieur Sanchez.
— Marco.
— Jess et Marco, merci de votre accueil, répondit-elle d’une
voix tout émue. Vous pouvez m’appeler Sam.
Mes parents lui sourirent avant de nous laisser seuls. Ma mère
se dirigea vers la cuisine pendant que mon père s’installait devant
la télé. Je pris la main de Samantha et la guidai vers ma chambre.
Je refermai la porte derrière nous. Elle se mit à détailler la pièce
avant de se retourner vers moi.
— Je ne sais pas si je dois être en colère ou ravie.
— Je ne vais pas m’excuser. Quand je me suis levé et ai vu ce
bleu, j’ai eu envie de détruire quelque chose et le pire, c’est que tu

77
refuses de me dire ce qui s’est passé.
Je levai la main pour l’empêcher de m’interrompre et je
m’avançai vers elle tout en la regardant droit dans les yeux.
— Bien que j’aie envie de savoir, j’ai décidé de te faire
confiance, mais en échange promets-moi de ne pas attendre la
dernière minute pour me dire les choses si ça devient trop
dangereux.
Elle m’enlaça et je la serrai contre moi. Je ne le savais pas
encore, mais elle venait d’être ajoutée à la liste des personnes
pour lesquelles je pouvais tuer.

78
Chapitre 21
Samantha
Je fermai les yeux et me laissai emporter par la situation. Je
ne dirais pas que je ne lui en voulais pas de m’avoir mise au pied
du mur, mais je compris qu’il voulait me dire à sa manière qu’il était
prêt à ce qu’on vivre notre amour au grand jour.
Sa mère nous appela pour dîner. L’ambiance était différente
de chez moi. Ici, les plats étaient des plus appétissants, on n’avait
pas l’impression de faire une grève de la faim, on avait des
grosses portions dans nos assiettes. On s’intéressait à l’un et à
l’autre. Ses parents firent en sorte de m’intégrer à leur
conversation. Au bout de quelques minutes, je me sentis vraiment à
l’aise. Nick le remarqua parce qu’il me fit un grand sourire.
J’avais promis à Kate de veiller sur elle maintenant et c’est ce
que j’avais fait toute la semaine, cela avait été dur de ne pas le
voir, mais je me sentais un peu coupable envers Kate. Elle était
venue au seul cours qu’on avait en commun puis était restée dans
mon bureau à la fraternité pendant que je m’occupais du tutorat.
Le repas toucha à sa fin, on s’installa dans le salon pour le
café, Nick me prit sur ses genoux. J’étais gênée de faire cela
devant ses parents, mais mes scrupules furent vite oubliés parce
que ses parents étaient dans les bras l’un de l’autre. Sa mère me
fit un clin d’œil. Chacune de nous aimait l’un de ses Sanchez.
Bien que Nick ressemblât à son père physiquement, hormis ses
yeux, il avait les mêmes gestes que sa mère. On regarda le film du
soir, je me mis à somnoler et finis par m’endormir.
Je me réveillai quand je me sentis bouger. Nick me posa sur son
lit.
— Rendors-toi.
— Je suis désolée, je n’ai même pas souhaité bonne nuit à tes
parents.
— Ne t’inquiète pas, demain tu auras tout le temps de faire
plus ample connaissance avec eux.
Je lui souris et retirai mes chaussures. Il disparut quelques
minutes et revint avec des couvertures qu’il étala sur le sol.
— Que fais-tu ?
— Je te laisse le lit.

79
— Pourquoi ? Il n’y a pas assez de place ?
Il me fit un sourire énigmatique et continua sa préparation. On
dormait sur le même lit depuis quelque temps. C’est vrai que j’avais
pensé à plusieurs reprises à lui confier ce que j’avais de plus cher,
mais il ne faisait jamais un geste dans ce sens, alors je ne savais
pas quoi faire.
— Nick ?
— Oui ?
— Tu n’as pas envie de moi ? lui demandé-je avant de me
défiler.
Il me contemplait comme si une seconde tête m’avait poussé.
Je m’allongeai et fixait le plafond. Je n’avais pas la force de le
regarder dans les yeux.
— Tu n’as jamais essayé de me toucher ou quoi que ce soit. Je
sais qu’on avait décidé d’y aller doucement, cela va bientôt faire
un an. Ce n’est pas que je veuille le faire maintenant, mais je me
posais la question.
Je sentis le matelas bouger et vis sa tête dans mon champ de
vision. Il me caressa la joue et continua jusqu’à mon décolleté.
— Samantha, tu ne sais pas à quel point j’ai envie de toi. Tu ne
te souviens pas lors de notre voyage à Salem ? Tu m’as dit que tu
étais vierge.
Je me mordis la lèvre. Je ne voulais pas qu’il me prenne pour
une fille facile. Cela m’avait coûté de faire cet aveu, mais il
m’avait assuré qu’on le ferait uniquement si je le voulais.
— Oui, je m’en souviens.
— Tu n’as pas non plus fait un signe quelconque. Ce n’est pas
facile pour la fille la première fois, tu risques d’être anxieuse,
stressée. Il ne faut pas se précipiter.
— Je sais bien, mais on pourrait au moins se caresser de
temps en temps ?
— C’est tenter le diable. Je me fais violence chaque fois qu’on
dort ensemble.
Il avait une mine dépitée. Je me relevai et l’embrassai. Je
savais que c’était le bon, mais ce n’était pas ce soir qu’on allait le
faire. Surtout pas chez ses parents.
— Restons sages ce week-end d’accord ? dit-il à bout de
souffle.

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Je lui fis un sourire avant de m’allonger et de me rendormir.
Le lendemain, c’est l’odeur des œufs et du bacon qui me
réveilla. Je regardai la couchette de Nick, elle était vide.
J’entendis un rire. Je me levai et suivis les voix. Je découvris Nick
en train de retourner un pancake dans une poêle dans la cuisine et
sa mère, qui lui disait quelque chose, avait la tête dans le frigo.
La scène me fit monter les larmes aux yeux. Avec ma mère,
nous n’avions jamais eu de moment de complicité. Elle voulait
donner un enfant à mon père surtout pour garder son titre de
Madame Mitchell et non par instinct maternel. Jess me remarqua
et me fit un sourire.
— Bonjour Samantha. Joins-toi à nous.
— Les toilettes ? dis-je piteusement.
Elle regarda Nick puis moi. Ce dernier donna sa spatule à sa
mère et se dirigea vers moi. Il mit un doigt sur mon menton pour me
forcer à le regarder dans les yeux.
— Qu’est-ce qui se passe ?
— Rien, rien. La salle de bains s’il te plaît.
— Viens, je te montre.
Il me guida en silence en serrant ma main pour me faire
comprendre qu’il était avec moi. Je lui fus reconnaissante de ne
pas insister. Après une toilette, on s’attabla pour le petit-déjeuner.
Son père manquait à l’appel.
— Mon père est parti aider ma tante pour monter un meuble. Je
vais devoir le rejoindre. Cela ne te dérange pas de rester avec ma
mère ?
— Voyons, je ne vais pas la manger. Je ne te fais pas peur,
j’espère.
— Non, non, Jess.
Je leur fis un sourire pour les rassurer. Nick mangea tout en
racontant à sa mère les dernières bêtises de Rico et comment il
n’arrivait toujours pas à supporter les cours de français. Cette
dernière rigola et lui dit qu’il était un fils adorable. Je me mordis la
lèvre. Je ne me rappelai même pas la dernière fois que ma mère
m’avait fait un compliment. Mon père le faisait quand j’avais
atteint un objectif qu’il m’avait fixé, il me motivait, mais cela
s’arrêtait là. J’avais appris à ne plus attendre de signe
d’affection de leur part.

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Quand Nick partit, j’aidai sa mère à ranger la cuisine. Au
début, le silence était un bien, mais au bout d’un moment, il me mit
mal à l’aise.
— Nick ne nous a jamais présenté ses petites amies, me dit-
elle au bout d’un moment. Je devinais de temps en temps avec qui
il sortait, mais je ne lui posais jamais de question.
Je la regardai, troublée, ne voyant pas où elle voulait en venir.
— Cela n’a pas été facile de l’avoir, c’est pour cela que son
père et moi le protégeons tant. Tant qu’il est heureux, je le suis.
Elle me fixa droit dans les yeux. Je lus un avertissement que
seule une mère était capable de faire.
— Nous, les femmes, nous avons notre jardin secret, ce qui est
très bien, mais il faut faire attention qu’il ne soit pas visible, d’où le
mot « secret ». Si tu veux protéger Nick, il ne faut pas qu’il
s’inquiète. Si aujourd’hui, tu es ici, c’est parce que tu comptes à
ses yeux. Il a souffert par le passé, je ne voudrais pas que cela lui
arrive à nouveau, je n’ai que lui.
— Je comprends.
— Bien. Je t’aime bien. Tu as su prendre ta place au sein de
cette famille facilement. La porte te sera toujours ouverte à
n’importe quelle heure. N’hésite pas à me téléphoner aussi. Dis-toi
que je suis ta seconde mère.
Je me retins de courir dans ses bras, ce n’était pas l’envie qui
m’en manquait. Les seules personnes qui avaient cet accès sur
moi étaient Kate et Nick. Après cela, on passa un bon moment à
discuter de tout et de rien. Elle me raconta comment elle avait
connu le père de Nick et su à quel moment il était l’homme de sa
vie. C’était digne d’un conte de fées, bien qu’il ait été semé
d’embûches avec sa famille et la sœur de son mari.
Le temps passa sans qu’on ne le remarque, je l’aidai même à
préparer le dîner, je ne lui fus pas d’une grande aide, mais
j’épluchai les oignons. Sur le moment, je ne compris pas à quel
point cette femme allait être un pilier dans notre relation, à Nick et
moi.

82
Chapitre 22
Nick
Je ne m’inquiétai pas pour Samantha, ma mère saurait la
mettre à l’aise. Bon, j’imaginais qu’elle lui donnerait quelques
avertissements. Je connaissais Jess Sanchez comme ma poche
et j’avais hâte d’entendre ce qu’elles s’étaient racontées.
J’arrivai chez ma tante et fus accueilli par un chantier. Mon
père hurlait des injures en espagnol et ma tante lui répliqua d’être
poli dans sa maison, il rétorqua qu’il faisait ce qu’il voulait sinon
elle n’avait qu’à appeler son fils.
— Oh Nick, tu es là ?
Mère et fils avaient la même phrase chaque fois qu’ils me
voyaient. Si j’étais là. Parfois, je me retenais de leur dire non,
j’étais ailleurs.
— Je suis venu voir si je ne pouvais pas aider.
— Tu tombes bien, ton père n’arrive pas à lire une notice.
— Je t’ai dit qu’il manquait une pièce.
— Laisse la place à ton intelligent de fils au lieu de râler.
Je m’installai près de mon père et regardai la notice ainsi que
les pièces. Il attendit que j’inspecte tout.
— Il manque en effet une pièce, dis-je à ma tante.
— Tu vois, chica ! Tu aimes avoir raison, mais cette fois-ci, tu
as perdu.
Ils continuèrent à se chamailler, je me levai et me dirigeai vers
une des chambres du fond. Je posai ma main sur la porte et
fermai les yeux. Cela me faisait toujours aussi mal de savoir qu’il
ne serait pas là quand je l’ouvrirais. Il avait été mon meilleur ami
malgré nos années de différence. Je sursautai en sentant une
main sur mon épaule.
— Il te manque toujours autant ?
— Je rêve encore de son sourire. Dans quelques années, ça
sera moins douloureux, qui sait ?
— Sobrino, le temps guérit les blessures.
— Pas si sûr, lui dis-je sombrement.
Je me détournai et allai rejoindre mon père. Pendant les heures
qui passèrent, nous montâmes les nouveaux meubles de ma tante.
Elle nous fit ses fameux gâteaux. Avant la tombée de la nuit, nous

83
mîmes la touche finale.
Sur le chemin du retour, mon père sifflota avant de s’arrêter à
deux pâtés de la maison.
— J’aime bien Sam. Elle me fait penser à ta mère, à notre
rencontre. Tu l’aimes ? Te donne-t-elle le sentiment d’être complet
?
— Je l’aime oui, pour ça, je l’aime. Quand elle est près de moi,
je sens qu’elle comble un vide. Mais papá…
— Pas de mais, mon niño. Tu as la réponse à toutes tes
questions. Je ne suis pas doué pour donner des conseils. Ta mère
a toujours été la plus forte de nous deux. Comme tu le sais, ça n’a
pas été facile pour t’avoir, mais quand elle a réussi à me
convaincre que tout irait bien, je lui ai fait confiance et c’est ce
que je continue à faire 22 ans plus tard. Ce n’est pas facile de
comprendre les femmes. Je ne dirais pas que tout ira pour le
mieux, mais apprends à l’écouter avant de t’énerver. Ne vous
couchez jamais fâchés, qu’importe la raison qui vous a poussé à
vous quereller, cela ne fera que creuser des fossés entre vous.
Il me serra l’épaule et nous nous remîmes en chemin. En
arrivant devant la maison, nous entendîmes le rire de ma mère
ainsi que celui de Samantha.
— Elles sont devenues meilleures amies à ce que je vois. Ta
mère l’aime bien, tu le sais ?
— Oui.
Nous entrâmes et les trouvâmes en train de danser dans la
cuisine sur une chanson de Shakira « Whenever Wherever ». Elles
s’étaient mises à chanter le refrain.
Whenever, wherever
N’importe quand, n’importe où
We’re meant to be together
Nous sommes faits pour être ensemble
I’ll be there and you’ll be near
Je serai là et tu seras à mes côtés
And that’s the deal my dear
Et ce sera notre marché mon chéri
Et elles éclatèrent de rire. Je regardai mon père, celui-ci
haussa les épaules en souriant. Nous nous grattâmes la gorge
pour leur faire savoir qu’on était là. Ma mère se retourna

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naturellement, mais Samantha sursauta.
— Deux magnifiques femmes dans ma cuisine, que demander
au peuple ?
— Mes deux amours sont rentrés ! Aller vous nettoyer, on
passe à table dans une demi-heure.
— Bien chef, répondit mon père avant de s’en aller.
Moi, je restai un moment à regarder la scène que formait ma
mère et Samantha avant de me diriger vers ma chambre.
Samantha vint me rejoindre quelques minutes plus tard. Elle sauta
dans mes bras.
— J’adore ta mère. J’ai pu faire tout ce que je n’ai pas pu
effectuer avec la mienne.
Je la serrai fort contre moi.
— Je suis content que les deux femmes les plus importantes de
ma vie s’entendent.
— Ta mère est une perle. Je te laisse aller te laver, je retourne
la voir.
Elle sortit comme elle était entrée, en mode tempête. Je souris
et me préparai pour le repas.
Le lendemain, ma mère se retint de pleurer quand l’heure fut
venue pour nous de s’en aller. Elle répéta sans cesse à Samantha
de passer la voir avec ou sans moi, mais surtout sans moi. Elle lui
arracha la promesse de l’appeler au moins une fois par semaine.
Elle m’embrassa et me dit de bien m’occuper d’elle. Quand je vous
disais que ma mère était devenue une vraie mamá mexicaine.
Le retour se fit aussi vite que l’aller. Mais je remarquai que
plus on approchait de mon appartement, plus elle semblait
préoccupée. J’arrêtai la voiture en face de l’immeuble et me
tournai vers elle.
— Tu dors avec moi ce soir.
Elle se mordilla la lèvre, ennuyée. J’étais bien décidé à mettre
en pratique les petits conseils de mon père.
— Si tu as quelque chose à faire, on a qu’à s’envoyer des
messages. Après tout, je t’ai gardé tout le week-end pour moi.
— Non, ce n’est pas ça.
— Ah non ?
— Kate a des problèmes, je lui ai envoyé un message avant
qu’on s’en aille. Elle ne va pas bien.

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— Si elle a besoin de toi, va la rejoindre.
Elle me fit un petit sourire. Nous sortîmes de ma voiture et je la
raccompagnai à la sienne. Je lui fis un baiser avant qu’elle ne
démarre. Plus je regardais ses phares s’éloigner, plus le vide en
moi grandissait.

86
Chapitre 23
Samantha
Ce week-end fut une bulle de pur bonheur. Plus j’avançais vers
la fraternité, plus mon envie de faire demi-tour était grande, mais
Kate avait besoin de moi. J’accélérai, il n’y avait que la vitesse qui
pouvait me vider la tête. Je pris un virage serré, pas très
responsable pour une future Sénatrice, mais j’avais besoin d’un
peu d’adrénaline. Je me garai sur le parking et descendis de la
voiture.
Tout était calme, ce qui était normal pour un dimanche. Les
fêtards décuvaient, les intellectuels faisaient leurs dernières
révisions à la bibliothèque ou dans leur chambre. Je montai dans
la mienne et trouvai une enveloppe scotchée à ma porte. Je
l’arrachai et eus un mauvais pressentiment.
Quelques minutes après que je me sois laissée tomber sur mon
lit, Kate entra.
— Tu as, tu as…
Elle était agitée et j’avais la sensation que c’était dû à la
même enveloppe que celle que j’avais trouvée.
— Sam, je vais faire quoi ?
— Calme-toi, explique-moi ce qui se passe ?
— Des photos de moi circulent sur le net.
— Comment l’as-tu su ?
— J’ai reçu un lien par message. Le numéro m’était inconnu,
quand j’ai essayé de le rappeler, il était indisponible.
Que pouvais-je faire ? Je n’étais pas détective !! J’étais
frustrée qu’on jouait avec nous de la sorte.
— On doit se rendre à la police.
— Mais que vont-ils faire ?
— Tracer l’IP de celui qui a posté les photos, que sais-je ?!
— Tu penses vraiment qu’on va le retrouver ?
— Faut qu’on essaye.
On se rendit au poste et fit notre déposition. L’inspecteur ne
voulait pas nous écouter pensant que c’était encore une mauvaise
blague d’un ex. Quand il tapa le nom de Kate et vit qu’elle avait
déposé une plainte pour viol, il nous écouta. Il nous promit de nous
téléphoner quand il aurait du nouveau.

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La semaine démarrait fort, j’avais eu plusieurs requêtes des
filles qui demandaient le renvoi de Kate de la confrérie. Je dus les
écouter parler pendant des heures, le matin, le midi et le soir.
J’envoyai des messages à Nick pour lui expliquer la situation, il
avait eu le même message et ça l’avait inquiété, pensant que mon
bleu était lié à cet incident.
Je n’avais pas revu Dean depuis notre tête-à-tête musclé
alors je commençai à relâcher mon attention. Le vendredi quand je
sortis, une belle surprise m’attendait sur le parking. Ma Mercedes
EV12, que mon père avait payé une fortune, était détruite. Mon
pare-brise avait volé en éclats, des graffitis avec des gentils
mots étaient écrits sur toutes les surfaces visibles. Je grinçai des
dents, celui ou celle qui avait fait ça ne perdait rien pour attendre.
Je composai le numéro de Nick, il répondit à la première
sonnerie.
— Salut toi.
— Tu es au garage de ton cousin ? lui demandais-je en oubliant
mes bonnes manières.
— Oui, que se passe-t-il ? Ta voiture te donne des soucis ?
— Tu peux venir avec la remorque, s’il te plaît.
— Où ?
— Sur le parking en face de la fraternité.
— OK, je serais là dans cinq minutes.
Je raccrochai et me mis à faire des photos du chef d’œuvre
qu’était devenu mon bolide. Chaque mot me rendait folle de rage.
Lucia Fitzpatrick, je n’allais pas te rater, sache-le !
Nick arriva quelques minutes plus tard et resta abasourdi,
j’aurais aimé qu’il me prenne dans ses bras le temps de quelques
secondes. Je fis un pas vers lui, mais il secoua imperceptiblement
sa tête.
— Je vais remorquer ta voiture. Tu m’accompagnes au garage
?
À l’heure actuelle, je devais déjà être à mon cours de science
politique. Pour une fois dans ma vie, j’allais sécher les cours.
— Oui.
— Monte dans la voiture.
Le temps qui suivit passa dans un brouillard. C’est quand Nick
posa sa main sur ma cuisse que je remarquai qu’on était arrivés

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au garage. Je tournai ma tête vers lui, son regard était orageux. Il
était en colère, mais elle n’était pas dirigée vers moi,
heureusement.
— Attends-moi dans ma voiture. Je déchaîne ta voiture et on
va à mon appartement.
Je fis ce qu’il me dit et puis nous nous mîmes en route.

89
Chapitre 24
Nick
Chaque mot qui couvrait la carrosserie de sa voiture fit bouillir
mon sang. Je ne savais pas ce qui se passait parce qu’elle ne me
disait rien. Je me montrais patient, mais je voulais aussi des
réponses. On rentra à mon appartement après un court trajet en
silence.
— Je vais me nettoyer, j’arrive.
J’étais couvert de cambouis. Je pris une douche sommaire et
fis mon possible pour retirer tout ce noir sous mes ongles. En
sortant, je trouvai le salon vide, je me dirigeai vers ma chambre et
la vis allongée sur mon lit.
— Samantha ?
— Viens t’allonger. Je n’ai pas la force de me lever.
Je fis ce qu’elle me demandait et me couchai près d’elle. Elle
posa sa tête sur mon torse et je refermai mes bras autour d’elle.
— Que se passe-t-il ?
— Je ne suis pas sûre de savoir qui a fait ça à ma voiture, si
c’est ce que tu veux savoir.
— C’est bien ça.
— J’ai un petit doute. Je n’ai qu’une personne en tête. Tu te
souviens de Lucia ?
— Hum.
— Je trouvais qu’elle était trop calme dernièrement.
Je me mis à lui caresser le dos en réfléchissant. Il fallait une
certaine force pour casser un pare-brise surtout en frappant au
milieu. Une fille, surtout cette blonde, n’en avait pas assez pour
cela. Mais je ne lui fis pas la remarque de peur de l’inquiéter.
— Je pense qu’il serait temps qu’on sorte ouvertement. Je ne
peux pas te protéger de la sorte.
— OK.
Je l’allongeai sur le dos et me mis à l’embrasser. Elle passa
ses bras autour de mon cou. Je voulais lui faire oublier ce mauvais
souvenir. Je la regardai et touchai son pull. Elle comprit ma
question muette et le retira, ainsi que les autres vêtements, ne
laissant que sa culotte et son soutien-gorge.
C’était la première fois que je voyais autant de peau de

90
Samantha Mitchell et ce qui se trouvait sous mes yeux était la
8ème merveille du monde. Je fis glisser mon doigt de son cou à son
nombril. Elle eut un frisson et cela me grisa.
— On ne va rien faire aujourd’hui, si ce n’est découvrir le corps
de l’autre. Ça te va ?
Elle hocha la tête, le visage tout rouge. Je ne saurais dire si
c’était d’excitation ou de timidité, possible les deux à la fois. Je
reculai pour retirer mon t-shirt ainsi que mon jean. Je portai un
boxer noir et elle pouvait constater l’étendue de mon désir pour
elle. Je me rallongeai et me mis à caresser son buste avant de
m’arrêter en haut de ses seins.
— Ta peau est si douce. As-tu déjà fait cela avec un autre ?
Elle se mordit la lèvre inférieure. Je ne voulais pas connaitre la
réponse, mais c’était plus fort que moi.
— Oui, à ma deuxième année de lycée. Une très mauvaise
expérience si tu veux mon avis.
— Je vais te la faire oublier.
Elle me fit un petit sourire. Je me penchai et me mis à
l’embrasser sur le front, sur chaque œil, sur son nez, sur sa
bouche, avant de parsemer des baisers de son cou à ses seins, je
descendis les deux bonnets et fit de même sur leur bout avec la
pointe de ma langue avant de souffler dessus. Ils pointèrent, ces
petits boutons tout roses me faisaient des appels de phares, mais
je devais me retenir. Pendant ce temps, avec ma main droite, je
caressais chacune de ses cuisses. L’odeur de sa peau m’enivrait,
je n’avais qu’une envie, ne pas décoller ma bouche d’elle.
Elle posa une main sur mon dos et me caressa au début avec
hésitation puis avec affirmation. Je continuai à faire le contour de
la pointe de ses seins avec ma langue. J’avais décidé de me
concentrer sur le haut de son corps. Si j’avais le malheur de me
risquer en bas, cela serait plus difficile de s’arrêter.
La température avait grimpé dans la pièce, on haletait l’un et
l’autre. Mais ce moment de tendresse rien d’à nous, nous fit du
bien. Bien sûr, les problèmes étaient toujours là, mais ils pouvaient
encore attendre, je n’étais pas pressé de les voir.
On mangea en tête à tête, parla de tout et de rien, mais
surtout du comment on allait commencer à s’afficher devant tout
le monde. S’il fallait attendre un soir de match et qu’elle me

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rejoindrait sur le terrain, ou plutôt à mon entraînement ou encore
mieux devant sa classe et que je l’embrasserais devant tout le
monde. Aucune de ses propositions ne nous allait alors on décida
que quand le bon moment arriverait, on saisirait l’occasion.

92
Chapitre 25
Samantha
Quand Nick posa ses mains sur moi, c’était comme si un volcan
avait fait une éruption en moi. La chaleur grimpa d’un coup.
J’avais eu une expérience similaire, je pensais que pour être une «
fille cool », il fallait absolument perdre sa virginité au lycée, alors
le petit copain du moment semblait être le bon choix. Simplement, il
était aussi sensible qu’un cobra. Peut-être qu’il n’avait pas
d’expérience, mais mon sens du sacrifice n’était pas aussi grand
pour que je supporte cela longtemps. On s’était quitté avec gêne,
mais c’était le mieux pour nous.
Les années avaient filé et j’avais appris à chérir ce que les
autres filles perdaient pour être « tendance ». Mais ce soir, la
manière dont Nick me caressa me mis en confiance. Si c’était
pour moi, on aurait pu aller au bout, mais je le respectais encore
plus pour m’avoir dit les limites du jour.
Je posai mes mains sur son dos et l’emprisonnai entre mes
bras. Je sentais chacun de ses muscles danser sur ma peau. Il
nous fit tourner à un moment donné et me permit de caresser son
torse. Je ne me risquai pas plus bas. Je pouvais largement le
sentir appuyer sur mon ventre. Au bout d’un moment, il m’arrêta et
m’embrassa sensuellement, je compris que le cours du jour avait
pris fin.
Il fit son possible pour que les heures qui suivirent me fassent
oublier ma voiture et les soucis de Kate. Mais je savais que cette
méthode ne fonctionnerait pas éternellement. À la tombée de la
nuit, il me proposa de me raccompagner. Il faisait sombre,
personne ne nous remarquerait, alors j’acceptai.
Arrivés sur le campus, il regarda de tous les côtés, guettant un
danger. Il descendit et attendit du côté conducteur que je vienne
vers lui.
— Rentre directement, si tu as le moindre souci appelle-moi.
D’accord ?
Au moment où je m’apprêtais à lui répondre, j’entendis mon
nom. Je me retournai vers l’entrée de la fraternité et restai
pétrifiée.
Mon père, Phillip Mitchell, venait à ma rencontre, il semblait

93
inquiet, ce qui était assez rare de sa part. On ne lisait
pratiquement jamais ses émotions sur son visage, peut-être qu’il
avait eu vent de quelque chose.
Il s’arrêta à quelques pas de moi, je m’avançai vers lui, toute
raide. J’évitai de regarder Nick, je ne sais pas pourquoi, mais sur
le moment, j’étais juste abasourdie que mon père ait pu venir sans
me prévenir.
— Samantha.
— Papa ! Que fais-tu là ?
— J’étais dans le coin, j’ai décidé de te faire une surprise. Mais
où étais-tu ?
— J’étais au garage, mentis-je sans trop réfléchir. Ma voiture
a eu quelques petits problèmes.
Il me regarda un moment avant de lever les yeux vers Nick.
— C’est un étudiant qui travaille dans le garage, il a remorqué
la Mercedes et a proposé de me raccompagner.
Je n’avais pas besoin de me retourner pour savoir qu’il n’avait
pas aimé ma réponse. Dire que j’avais rencontré ses parents et
qu’il n’y a même pas quelques heures, on avait décidé de sortir
aux vues de tous et voilà ce que je faisais. Comprenez-moi, j’étais
surprise. Jurez que vous n’auriez pas fait la même chose ?!
— Merci d’avoir raccompagné ma fille, jeune homme.
— Ce n’est rien Monsieur. Si vous voulez bien m’excuser.
Je me retournai pour le regarder monter dans sa voiture, au
moment où il mit le contact et me regarda, ce que j’y vis n’était
pas de l’amour. Il avait la mâchoire serrée et j’avais bien
l’impression que les jours à venir n’allaient pas être de tout repos.
Après avoir regardé sa voiture ainsi que lui s’éloigner, je me
retournai vers mon père.
— Qu’est-ce qui t’amène vraiment papa ?
— Et si on allait dans ta chambre ?
Nous nous mîmes en route. J’avais juste l’impression que les
problèmes ne voulaient pas me laisser tranquille une minute et il
fallait que mon père vienne ce soir ! Quand je refermai la porte
derrière nous et que je me laissai tomber sur l’une des chaises
présentes dans la pièce, il regarda autour de lui avant de prendre
celle en face de moi.
— Comment se passent tes cours ?

94
Je soupirai. Je n’avais pas eu de ses nouvelles depuis Noël et
on avait eu la même conversation dans son bureau, me répétant
encore et encore le même discours.
— Bien. Je pense que tu reçois mes notes par mail, non ?
— Oui.
— Et si tu me disais ce qui se passe ?!
— J’ai vu que tu faisais du tutorat de français.
— Oui, et ?
— Je pensais t’avoir dit d’arrêter.
— Mes notes n’en souffrent pas, je ne vois pas pourquoi
j’arrêterais !
Je me retenais de m’énerver contre lui. Pour lui, le seul moyen
que je me rappelle l’objectif qu’il avait fixé pour moi était d’être
sur mon dos la plupart du temps.
— Tu vas bientôt entamer une phase importante dans tes
cours, tu n’auras plus le temps pour cela !
— Je suis à même de savoir ça, non ? Et pourquoi ne me
demandes-tu pas de quitter le poste de présidente de la
fraternité, cela prend plus mon temps qu’autre chose. Donner des
cours de temps en temps à des élèves qui ne comprennent pas est
largement plus important que de supporter des filles pourries
gâtées qui râlent pour des bricoles.
Bien que mes parents affichent une indifférence devant moi et
fassent le couple soudé devant les autres, mon père ne
contredisait jamais sa femme. Lui comme moi, savions pourquoi,
ma mère avait des tendances bipolaires.
— Samantha ! me réprimanda mon père.
— Je ne sais pas pourquoi tu as fait tout ce trajet ! Tu aurais
pu m’envoyer un mail, cela aurait eu le même effet ! Mince alors
papa. Je t’ai dit que je voulais autant que toi être Sénatrice. Je ne
t’ai jamais déçue, je pensais que tu me ferais un peu plus
confiance.
Et je me retrouvais encore devant ce visage sans expression.
Je me demandai si je le piquai, si son sang était aussi rouge que le
mien. Je poussai un long soupir.
— On s’était mis d’accord non ? Je suivrais toutes les étapes
que tu voulais, mais il faudrait que tu lâches la bride. Et puis papa,
j’ai quelque chose à t’avouer.

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— Quoi donc ?
— Le garçon de tout à l’heure n’est pas simplement un étudiant
travaillant dans un garage.
— Mais encore ?
Je ne savais pas quelle réaction aurait mon père et cela me
mettait mal à l’aise. J’étais prête à me battre pour notre relation
même si je ne l’avais pas démontré tout à l’heure devant Nick.
— C’est aussi mon petit ami.
Mon père leva un sourcil comme il aimait le faire de temps en
temps quand les mots avaient du mal à faire un schéma dans sa
tête.
— C’est un chouette garçon. J’ai rencontré ses parents. Ils
sont modestes certes, mais je l’aime.
— Moi tout ce qui m’intéresse, ce sont tes études. Je suis ton
père, c’est mon devoir de m’inquiéter pour tes fréquentations. Tu
es encore jeune, tu dois vivre certaines expériences, mais fais
attention à toi.
Et la palme d’or revenait à Phillip Mitchell. Il pouvait être rude,
froid, manipulateur, mais s’il y avait bien une chose que j’aimais en
lui, c’était qu’il savait m’écouter et me laisser le bénéfice du doute
de temps en temps, au contraire de ma génitrice.
Il se leva et je fis de même. Il s’approcha de moi et posa une
main sur ma tête.
— Je sais que je peux être invivable, mais comme tu le sais, tu
es mon seul enfant.
— Oui papa, dis-je, la gorge nouée.
Il s’en alla sur ses mots et moi, je venais réellement de me
rendre compte que j’avais fait une grosse boulette. Qu’allais-je
faire maintenant pour me rattraper ? J’allais laisser passer
quelques jours, le temps de trouver une solution.

96
Chapitre 26
Nick
Elle avait de grands mots. Même pas une heure qu’on s’était
décidés à vivre notre soi-disant amour au grand jour et elle
n’avait pas eu le courage de me présenter à son père.
Je donnai un coup de pied à la poubelle qui se trouvait près de
mon bureau. La colère chantait dans mes veines. J’avais envie de
tout casser. Vraiment ! Non, mais vraiment ! Elle avait rencontré
mes parents, peut-être que pour elle, c’était facile d’entrer dans
ma modeste famille, mais je n’étais pas assez bien pour la sienne
!
Je donnai un coup de poing sur mon meuble. Cela faisait mal,
très mal. J’étais prêt à tout. On avait vécu cette relation - oui, je
l’avais approuvé - cachée pendant 1 an et pourquoi ? Pour me
réveiller et constater que c’était un mauvais rêve ?!
Je ne fermai pas les yeux de la nuit, la journée allait être
longue. Je travaillai toute la journée au garage et sur sa voiture
en plus. Arrivé au garage, Rico discutait avec une jeune femme, je
fis comme si je ne l’avais pas vu et me dirigeai vers les vestiaires.
Le temps de revenir, il m’attendait près de la Mercedes de
Samantha.
— À qui est cette bagnole ? Hier après l’avoir déposé, tu es
parti. Tu ne l’as pas volé au moins.
Je fis comme si je ne l’avais pas entendu, et pris un bloc note
afin de noter les pièces que je devrais commander. La peinture
devait être une spéciale, il me faudrait pas mal de couches pour
cacher ses graffitis. Je me dirigeai vers le bureau pour voir sur
leur site les dimensions du pare-brise.
— Nick ! Tu ne me réponds pas ?
— Tu n’as pas une femme à aller draguer ? Je ne suis pas
d’humeur, ça ne se voit pas ? Et puis, tu as des questions idiotes,
tu penses que je suis assez bête pour gâcher mon avenir à voler
une voiture ?
— Je… Tu…
— Arrête de penser, ça ne te va pas.
Je me remis au travail sur la vieille Cadillac de Madame
Navarro, sur laquelle elle passait son temps à tuer les plaquettes

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de frein. Cette fois-ci, elle avait même trouvé le moyen de tuer la
batterie. Je me mis au travail comme si ma vie en dépendait. Je ne
fis aucune pause jusqu’au coucher du soleil.
Quand je me rendis au vestiaire pour me changer, Rico
m’attendait. J’avais envie de frapper sa tête contre le casier.
J’avais appris à contrôler ma colère, cela n’avait pas été facile,
mais je savais ce que je devenais quand elle prenait le dessus.
— Nick, on doit parler.
— Va trouver quelqu’un d’autre à qui faire la conversation.
Je me nettoyai comme je pus dans le petit lavabo et retirai mon
bleu de travail. Je récupérai mes effets personnels et regardai
mon téléphone. Pas d’appel ni de message. Je ne sais pas ce qui
me retint de le lancer contre le mur, peut-être que cela aurait été
une dépense que j’aurais regretté plus tard.
Au moment où je m’apprêtais à sortir de la pièce, Rico
m’attrapa le bras. Je réagis sans m’en rendre compte et le
plaquai contre le mur, le choc fut brutal, vu sa grimace.
— Non, c’est non. Même ça, tu n’es pas capable de le
comprendre ? Le monde ne tourne pas autour de ce que tu
voudrais bon sang !
Je le repoussai encore une fois. Tout ce que je gardais pour
moi depuis des années, fit surface.
— Tu vois ce garage ? Si je n’étais pas là, il aurait déjà coulé.
Tu penses que je vais rester éternellement ici ? Je le fais parce
que j’ai besoin d’argent, mais rien ne m’empêche d’aller chercher
du travail autre part ! Ne la ramène pas et continue de draguer
tout ce qui passe. Le jour où l’une de ses femmes prendra tes
dragues de travers ne vient pas pleurer auprès de mon père pour
qu’il te sauve. Parce que je lui dirais de ne pas le faire !
Il me fixa bouche bée. Je le lâchai et quittai la pièce. Je me mis
à errer dans la ville comme une âme en peine. Pourquoi n’avait-
elle pas appelé pour au moins me dire ce qu’elle avait dans la tête
? Je ne dis pas que je lui aurais pardonné tout de suite, mais mon
père ne m’avait pas dit d’apprendre à écouter ?
Je rentrai chez moi au bout de deux heures d’errance et me
laissai tomber sur mon lit. Je ne savais pas ce que les jours à
venir me réservaient, mais si j’avais cru avoir mal quand elle ne
m’avait pas reconnu comme étant son petit-ami, la scène que

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j’allais bientôt voir allait me détruire plus qu’autre chose.

99
Chapitre 27
Samantha
Deux semaines avaient passé et je n’avais toujours pas trouvé
le courage de l’appeler. Appelez-moi lâche si vous le voulez, je ne
vous dirai rien. Chaque fois que je composais son numéro, je
m’arrêtais avant d’appuyer sur « appeler ».
J’aurai aimé avoir quelqu’un à qui demander conseil, mais
personne ne pouvait m’aider. Kate avait ses problèmes à gérer, je
n’allais quand même pas lui ajouter les miens. Et voilà que c’était à
notre tour d’organiser une fête. Les filles étaient surexcitées. Je
devais superviser le moindre détail comme si c’était le bal du
couronnement d’un roi.
J’avais reçu un appel de Rico me disant que ma voiture était
prête et que je pouvais venir la récupérer. Comme une lâche,
j’avais demandé quand Nick ne travaillait pas. Il ne me posa pas
de questions, mais j’étais sûre qu’il ferait passer le message et ça
m’avait encore poussé à ne pas entrer en contact avec lui.
Lâcheté quand tu nous tiens.
On était vendredi soir, la fête allait bientôt commencer et moi,
j’étais terrée dans ma chambre. Sur conseil de sa psy, Kate allait
participer, j’avais promis de ne pas la lâcher d’une semelle. Elle
m’avait dit qu’elle prendrait une bouteille d’eau du distributeur et
que je pouvais m’amuser si je le voulais. J’avais failli lui dire, si tu
savais.
Vêtue d’une robe noire comme mon humeur ainsi que de
sandales à talons, je quittai ma chambre pour ma séance de
torture. Je m’arrêtai à l’entrée de la salle de bal. La décoration
était digne d’une boîte de nuit. Le DJ était sur l’estrade, il passait
une musique qui agressait mes oreilles, c’était le seul sujet pour
lequel je n’avais pas eu mon mot à dire. Je fis un tour de la salle
pour être sûre que tout allait pour le mieux. Kate était debout dans
le fond. Elle me fit un petit signe et me montra sa bouteille. Je lui
fis un sourire.
Je ne me sentais pas bien dans ma peau. Je n’avais jamais
aimé ses fêtes et la musique me donnait la migraine. Je me
dirigeai vers mon bureau - parce que je devais rester dans les
parages en cas de problème - quand on me tira le bras. Je me

100
retournai d’un coup et tombai nez à nez avec mon cauchemar
vivant. Je pensais vraiment qu’il avait abandonné, mais il faut dire
que chaque fois que l’alcool entrait en scène, il devenait plus bête
qu’il ne l’était déjà. Et dire qu’il n’était que vingt-deux heures.
— Lâche-moi, dis-je entre les dents.
Il fit un pas vers moi, je reculai, mais butai contre le mur, j’étais
coincée encore une fois. Mon bureau était au fond du couloir et
toutes les autres portes étaient verrouillées. Quelles étaient mes
chances aujourd’hui ?
— Tu m’as manqué, souffla-t-il à mes oreilles.
Son odeur souleva mon cœur. Un mélange de sueur, d’eau de
Cologne, d’after-shave et d’alcool. Ne prenait-il pas de douche ?
— Lâche-moi, tu es sourd ou quoi ?
J’essayai de le repousser, mais dans notre lutte, il se déplaça
et m’embrassa. Le temps d’une seconde, je restai pétrifiée avant
de le repousser de toutes mes forces. Je m’apprêtai à le frapper
quand mes yeux tombèrent dans ceux que je rêvais de revoir
depuis des jours, mais à l’heure actuelle, ils affichaient tristesse et
colère.
Cet imbécile de Dean profita encore de sa chance et
m’embrassa, je le repoussai cette fois au point qu’il perdit
l’équilibre et tomba. Je fis un pas vers Nick, mais il recula et
regarda le fléau de ma vie par terre puis me regarda avant de
me lancer un regard rempli de haine ? De colère ? De tristesse ?
Un regard chargé de sentiments avant de tourner les talons.
À chaque pas qu’il faisait, c’était une part de mon cœur qu’il
prenait. Voilà ce qui arrivait quand on cachait quelque chose à
l’être qu’on disait aimer. À la personne qui avait le plus confiance
en vous.
Dans ce couloir vide, je perdis une partie de moi.

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Chapitre 28
Nick
Matt, je le maudissais pour tout cela. C’était sa faute ! Il
m’avait convaincu de le suivre à cette maudite fête. Je ne voulais
pas, mais l’idée de la voir, même de loin, m’avait traversé l’esprit,
alors je m’étais retrouvé dans ce bâtiment sans m’en rendre
compte.
Au moment où elle avait quitté la salle d’où sortait ce que ces
jeunes riches appelaient musique, je m’apprêtais à l’appeler, mais
un mec était sorti de la salle. Je le regardai prendre le même
chemin. Je ne m’attendais vraiment pas à cette scène. Mon cœur,
mon esprit, mon être, et surtout mes yeux, ne croyaient pas à ce
qu’ils voyaient. Une tristesse profonde prit place en moi avant que
la colère ne la remplace quand elle afficha son air coupable.
Je regardai cette merde par terre et il me rappela celui qui
passait son temps à venir au garage pour des brouilles et faisait
un cinéma pour ne pas payer. Dean quelque chose.
Je ne voulais plus la voir, plus respirer le même air qu’elle.
J’avais cru qu’elle était celle que tout homme cherche un moment
dans sa vie - ma moitié, celle qui comblait le vide qui était en moi.
Je m’étais trompé !
Je me dirigeai sans m’en rendre compte vers la salle de sport.
Trouvant ce que je cherchai, je me remis en route vers le parking
des Delta. Le 4X4 refait de ce Dean me faisait face. Il en était
tellement fier. Au premier coup de batte de base-ball, un plaisir
immense me prit. Je détruisis sa voiture et pourtant, ma colère ne
se calmait pas.
Je rentrai chez moi, je ne passais jamais autant de temps
dans mon appartement que depuis ces derniers jours. L’impression
que les quatre murs se refermaient sur moi se faisait de plus en
plus sentir.
Je fis mon possible pour ne pas penser à elle, mais être sur ce
campus, passer devant la bibliothèque, tout cela ne faisait
qu’augmenter ma colère, autant que ma peine. On disait qu’il
vallait mieux ressentir les émotions que pas du tout, mais moi,
j’aurais préféré ne rien éprouver. Je savais que j’étais sur le bout
du fil et celui qui allait tomber sous ma main n’allait pas bien s’en

102
sortir.
Il fallut qu’il débarque dans notre garage pour faire l’arrogant,
le vendredi. J’entendis Rico lui dire qu’il devait payer d’avance et
lui, répliquer qu’il n’était qu’un parasite, qu’il lui faisait une fleur en
venant dans son taudis. Mon sang ne fis qu’un tour, je me dirigeai
vers eux et lui mis un coup de poing. Il recula de quelques pas
avant de foncer sur moi.
La colère avait décuplé ma force. Il avait osé poser ses mains
sur Samantha, juste pour ce fait, je le haïssais. Je l’esquivai et lui
fauchai les pieds. Il tomba tête la première, j’en profitai pour le
retourner et me mettre à califourchon sur lui. Je le frappai encore
et encore. Ce fut Rico qui me fit une prise à la gorge et m’éloigna
du corps de Dean.
— Arrête-toi Nick ! Tu fous quoi, bon sang ?!
— Lâche-moi !
— Il n’en vaut pas la peine. D’habitude, c’est toi qui me retiens.
— Lâche-moi, je te dis ou je te fais passer par-dessus.
Il desserra sa prise, et me traîna loin de Dean. Celui-ci se
releva et pointa un doigt sur moi.
— Je ne risque pas d’oublier ce qui s’est passé. Nick, tu
t’appelles ? Je vais m’en souvenir.
Je fis un pas vers lui, mais Rico me ceintura.
— Sors d’ici avant que je ne t’amoche plus que tu ne l’es déjà
et ne mets plus un pied ici.
— Tu me le payeras, cria-t-il avant de filer.
Je repoussai Rico et me dirigeai vers les vestiaires. Et dire que
dans quelques heures, j’avais un match ! Mon entraîneur allait me
tuer, mais je n’en avais cure. Je pris mes clés et rentrai chez moi
pour me mettre de la glace sur la main.

103
Chapitre 29
Samantha
Encore une fois, je ne savais pas comment aller vers lui. Alors
je proposai à Kate de venir avec moi assister à son match. Elle ne
m’avait pas posé de questions sur ma nouvelle lubie, mais je
savais que ça l’avait surprise.
Lundi matin, il y avait eu une foule sur le parking des Delta, la
voiture de Dean avait été détruite et je n’avais pas eu besoin de
savoir qui en était la cause. J’avais essayé de l’appeler, mais
encore une fois, le courage m’avait fait défaut. Ne vous inquiétez
pas, moi-même, je commençais à ne pas me supporter.
On prit place sur les gradins. Les pom-pom girls dansaient,
mais j’attendais le moment où il rentrerait sur le terrain. Je
bougeai sur ma chaise et Kate finit par me lancer un drôle de
regard.
— Sam, tu ne me caches rien ?
— Je ne vois pas de quoi tu parles.
— Je ne te savais pas fan de basket.
— J’ai assisté à un match par hasard et j’ai bien aimé. Rien de
plus.
Je n’étais pas fière de mentir, mais tant que je n’aurais pas
parlé à Nick, je ne pouvais pas lui avouer.
Les joueurs entrèrent sur le terrain, je le cherchai du regard et
le vis à côté de Matt, son meilleur ami. Celui-ci semblait lui dire
quelque chose, mais il ne l’écoutait pas. De là où j’étais, je pouvais
sentir la tension qui se dégageait de son corps. Je me mordis la
lèvre, je n’aurais pas dû laisser autant de temps sans lui parler.
L’arbitre siffla le début de la rencontre, celle-ci se passa bien
pendant le premier quart-temps, mais un joueur de l’équipe
adverse bouscula Nick au point de le faire tomber. Celui-ci se
releva en colère et fonça sur lui. Je fermai les yeux pour ne pas
voir la suite. Toute cette autodestruction était de ma faute. Je
n’avais plus la force d’assister à cette scène. L’arbitre siffla ce
qui mit fin à la partie.
Je vis Matt tirer Nick vers les vestiaires. Je me levai et pris la
main de Kate.
— Rentrons.

104
— Il se passe quoi ?
— Le match est arrêté, ça ne sert à rien de rester.
On sortit de la salle, l’avancée fut difficile, les spectateurs
étaient en colère, leur joueur vedette qui se battait, une grande
première. Cela allait faire le tour du campus. On remonta le
sentier jusqu’à la fraternité. Je voulais aller le voir, mais je
préférai qu’il se calme.
J’abandonnai Kate devant sa chambre et lui souhaitai bonne
nuit, j’entrai dans la mienne et fermai la porte. Je me laissai
tomber sur mon lit avec un grand soupir. Je regardai l’heure
passer et en attendis trois bonnes avant de lui téléphoner. Les
sonneries se succédèrent les unes après les autres sans aucune
réponse. Je m’endormis le cœur serré.
Le lendemain, la première chose que je fis fut de lui téléphoner,
cette fois-ci, c’était la messagerie. Je pris une douche et me
dirigeai vers son appartement. Je me servis de mes clés et entrai.
Ce fut le silence qui m’accueillit. Mais où pouvait-il être ?
Je rentrai au campus étant encore plus perturbée.
Une semaine, un mois, je continuai de le supplier de me
téléphoner, mais il ne le fit pas. Un soir, je surfai sur YouTube, je
me rappelai ce samedi où j’étais avec Jess, la mère de Nick. Elle
m’avait fait écouter quelques musiques de l’Amérique latine bien
qu’elle soit une fan inconsidérée de Shakira. Je tombai sur un
chanteur portoricain du nom de Tito, « El Bambino », sa chanson
Te pido perdon où il demande pardon. Je me mis à pleurer alors je
la laissai sur son répondeur, espérant qu’il comprenne mon
message.
El amor se ase fuerte cuando uno perdona
L’amour devient fort quand on pardonne
Porque ama y quiere ven favor te lo pido
Par amour; je t’en prie, je te le demande
Pues me muero por regresar contigo
Car je meurs d’envie de revenir à tes côtés
La soledad me tormenta en las noches
La solitude me tourmente toutes les nuits
La vida sin ti no es igual
La vie sans toi n’est pas pareille
De mi que sera hoy te estiendo yo mis manos pidiendote una

105
oportunidad
Que deviendrai-je ? Aujourd’hui je te tends la main et te
demande une chance.
Un mois en avait ramené deux et nous étions au quatrième
mois. Je ne savais pas comment interpréter ce silence.

106
Chapitre 30
Nick
J’avais touché le fond. J’avais écopé de quatre matches de
suspension et un plâtre à la main droite. Le soir même de la
bagarre, mon père m’attendait à l’appartement. J’appris que Rico
avait cafté auprès de sa mère qui l’avait répété à mon père.
Je m’installais à ses côtés sur le canapé. Il me prit la main
droite et me regarda. Ce que j’y vis me fit culpabiliser. Il était mon
héros, mon pilier, s’il était mal, je ne serais pas mieux.
— Nick, pourquoi ne m’as-tu pas appelé ? Ou ta mère ? Tu
sais qu’on sera toujours là pour toi.
Je le pris dans mes bras et pleurai. La dernière fois que je
l’avais fait, c’était à la mort de Francisco.
— Pardon papa. Pardon.
— Le temps guérit les blessures, Niño. Allons à l’hôpital te faire
une radio. C’est bizarre que ton coach ne t’ait pas accompagné.
— Je lui ai faussé compagnie.
— On rentre à la maison après. Tu pourras toujours reprendre
les cours après.
Je fis tout ce qu’il me demanda. Lors de la radio on découvrit
que je m’étais foulé le poignet. Une attelle et une immobilisation
complète étaient nécessaires pour la guérir. En arrivant à la
maison, mon père prit ma mère à part pour que je puisse me
reposer. Les médicaments firent effet instantanément.
Le lendemain, je découvris des appels de Samantha, de Matt
et de mon coach. Jéteignis mon téléphone et restais couché.
Une semaine, puis deux, puis un mois passèrent jusqu’à ce que
le médecin me dise que tout allait bien pour ma main. Je ne
retournai pas au campus pour la peine. Je risquai de refaire mon
année si je ratai encore les cours, mais je pouvais me rattraper.
Ses appels passaient directement sur ma messagerie. Au
début, c’était trop difficile d’entendre sa voix alors je les
archivais, puis un soir, j’étais tombé sur la chanson qu’elle avait
laissée. Je ne savais pas pourquoi elle était désolée et pour
l’instant, cela ne m’intéressait pas.
À mon retour en cours, je dus bosser deux fois plus pour ne pas
avoir à faire des rattrapages pendant les vacances d’été, ce fut

107
dur. Le retour à l’entraînement fut le plus difficile. Le capitaine,
celui qui était censé montrer l’exemple, avait été sanctionné. J’eus
droit à un savon de mon coach, mais il me demanda de gagner le
championnat si je rêvais de continuer dans l’équipe.
Matt me suivait partout en silence de peur que je ne perde
encore mon calme, il ne me taquinait plus avec les sujets où j’étais
un maître Yoda et ça m’allait très bien.
Après quatre mois les choses s’étaient tassées. Mais un jour, je
tombai sur une enveloppe. À l’intérieur se trouvait une coupure de
journal sur la mort de Francisco, je sentis la terre sous mes pieds
s’ouvrir et je sus que les ennuis allaient vraiment commencer.

108
Chapitre 31
Samantha
Je perdais mon calme facilement ce qui n’était pas dans mes
habitudes. La diplomatie, c’était le mot clé pour toute dispute.
Mais il fallut que deux bimbos de la fraternité viennent me voir
pour des broutilles. Je les mis à la porte avec un avertissement
des plus sévères, c’était injuste, mais je n’avais plus la force de
faire semblant.
Kate assista à la scène sans rien dire. Ce qui me faisait
encore plus mal, c’était que j’avais appris que non seulement Nick
ne s’était pas contenté de se battre lors du match ce soir-là, mais
avant cela, il avait battu Dean qui avait dû être hospitalisé quatre
jours.
J’entendais par-ci par-là que Dean n’était pas près d’oublier
cet affront et cela me faisait peur. Je savais que c’était de ma
faute. Si j’avais parlé du premier incident à Nick, il aurait compris
que ce baiser n’était pas partagé, mais forcé.
Je poussai un soupir et regardai Kate. Elle allait mieux et
j’étais contente pour elle. Je la voyais sortir toute seule de plus en
plus. Bien sûr, elle n’allait plus dans les fêtes des fraternités et je
ne lui donnais pas tort.
— Cela te dit de sortir ce soir ? me demanda-t-elle.
— Tu sais, l’alcool et moi…
— On a tout prévu, il y aura un taxi mis à notre disposition et
l’une d’entre nous veillera qu’on rentre tous dans notre chambre
sans croiser un violeur.
Je regrettai que l’enquête sur l’adresse IP n’ait rien donné.
J’aurais fait un cas à ce type, mais ce n’est pas toujours notre
jour de chance.
Je me laissai tomber sur ma chaise en gémissant.
— Pourquoi pas, après tout, ça me fera du bien de sortir un
peu. C’est quand ?
— Vendredi soir.
Je me mordis la lèvre, il avait son match retour. Cela me ferait
plus de mal de le voir de loin en sachant que je ne pourrais même
pas le voir après.
— OK.

109
Elle me sourit et retourna à son livre de droit. Et moi dans mes
pensées. Je me rappelai ma conversation avec la mère de Nick.
Elle n’était pas fière de moi, mais elle avait décidé de m’écouter.
— Sam, je ne sais même pas si je dois t’écouter, m’avait-elle
dit. Je sais que tu aimes Nick, si je n’avais pas vu cet amour dans
tes yeux, je lui aurais déjà dit de t’oublier.
Elle avait poussé un soupir et je m’étais mise à pleurer comme
si on m’avait dit que j’avais perdu quelqu’un de cher, mais c’était le
cas, non ?
— Tu peux encore te rattraper, mais ne soit pas lâche ! Plus le
temps passera et plus les blessures seront plus difficiles à
refermer. Je ne peux pas te dire qu’il va bien et c’est ce qui me
rend si fâchée contre toi. Je t’avais prévenu et tu m’as déçue.
— Je ne voulais pas.
— Je sais qu’à cet âge-là ce n’est pas facile de tout gérer et
surtout quand on sait que c’est le bon, c’est encore pire.
— Le véritable amour ? avais-je répliqué surprise.
— Oui. C’était pareil pour son père et moi sauf que je n’ai pas
attendu pour aller me traîner à ses pieds. La peur de le perdre
m’avait tétanisé. Je ne sais pas ce qui se passe dans ta tête,
mais il faut te ressaisir et vite. Je ne serai pas très patiente, c’est
mon fils unique, je ne peux pas le regarder détruire sa vie pour une
fille qui n’a pas le courage d’affronter ses erreurs.
Je n’avais pas eu le temps de lui répondre qu’elle avait
raccroché. Ses paroles m’avaient rendu plus misérable que je ne
me sentais déjà et pourtant, je n’avais rien encore fait.
J’irais le voir samedi soir. D’ici-là, j’aurais trouvé un moyen de
remettre toutes mes peurs dans un coffre et de me gonfler en
courage.

110
Chapitre 32
Nick
Je ne savais pas qui s’amusait à m’envoyer des coupures,
mais chaque semaine j’avais droit à une nouvelle. Ma colère ne
faisait qu’augmenter de savoir que ce lâche se cachait quelque
part près de moi et de ne pas connaitre de qui il s’agissait.
J’avais décidé de les entasser sans les ouvrir, mais je n’aimais
pas ce jeu du chat et de la souris. J’étais au garage avec Rico qui
était devenu un petit ange ses derniers mois, même sa mère,
après m’avoir grondé, m’avait remercié.
En ce moment, il sortait avec une fille que sa mère lui avait
présentée, une Mexicaine prénommée Marta, elle était si petite de
taille que chaque fois que je la voyais, j’avais peur de marcher sur
elle. Rico avait râlé pendant quelque temps, mais le charme de la
jeune femme avait su dompter ses réticences. Elle s’occupait de la
paperasse que je faisais avant alors je l’appréciais encore plus
quand elle hurlait sur Rico pour son manque d’attention.
Le garage allait pour le mieux et même un nouveau membre
nous avait rejoint. Je ne l’appréciais pas trop, alors tant qu’il ne
me parlait pas, ça m’allait parfaitement.
Je me battais contre un boulon d’un vieux tacot. Je serrai les
dents pour m’empêcher de dire des gros mots quand une ombre me
cacha la lumière. Je me retournai et tombai nez à nez avec ma
mère. Je lui souris avant de lui faire un baiser sur les deux joues.
— Que fait la femme de ma vie ici ?
— J’étais dans les parages, j’ai décidé de venir te faire un
petit coucou.
Je lui jetai un regard dubitatif. Je ne la croyais pas, mais je fis
comme si.
— Donne-moi une minute, le temps que je me nettoie et on va au
café du coin.
— Prends ton temps, je vais aller m’installer.
Elle tourna les talons et je me mis à la regarder pensivement.
Quelque chose la tracassait et je savais que j’y étais lié. Je la
trouvai attablée à une table du fond avec un cappuccino devant
elle et une tasse de café posée en face, pour moi.
— Mama, qu’est-ce qui se passe ?

111
Elle me caressa la joue en souriant.
— Comment vas-tu ?
— Je vais bien merci et toi ?
— J’ai connu mieux.
Pour qu’elle réponde pour elle et non pour mon père et elle, me
mit la puce à l’oreille et mon inquiétude grimpa en flèche.
— Maman ? Tu es malade ? C’est papa ?
— Non, non. Nous sommes en bonne santé.
— Alors qu’est-ce que tu as ?
— As-tu parlé avec Samantha ?
Je tournai la tête pour qu’elle ne puisse pas lire dans mes yeux.
Elle prit mes mains dans les siennes et les serra doucement.
— Je ne sais pas ce qui s’est passé entre vous. Mais si aucun
de vous ne décide de faire le premier pas…
— Maman, la coupai-je. Je ne veux pas en parler. J’ai cru à un
moment qu’elle était ce qu’on aime dire quand on voit le monde en
rose, « la femme de ma vie », mais je me suis trompé.
— Non, tu ne t’es pas trompé, Nick ! Je t’ai vu avec elle, je sais
distinguer un amour de passage de ce qu’on appelle le « véritable
amour ». C’est ton soleil et toi, tu es le tournesol qui a besoin de lui
pour qu’il puisse éclore.
— Maman je ne te savais pas si fleur bleue.
— Cesse un peu de faire l’enfant.
— Je ne fais pas l’enfant, voyons. Je suis content de te voir,
mais laisse-nous gérer cela, veux-tu ?!
Je regrettai le ton que j’avais employé. Je savais qu’elle voulait
mon bonheur et moi, je voulais qu’elle soit heureuse, mais c’était
juste un mauvais essai. Qui sait la prochaine sera la bonne, s’il y a
une prochaine.
— Je viendrai ce week-end à la maison, d’accord ?
— D’accord, mon bébé.
Je lui fis un sourire et l’embrassai sur les deux joues avant de
m’en aller. J’espérai qu’un jour, je n’aurais plus jamais à la rendre
aussi triste. Mes parents étaient mes piliers et sans eux, je me
sentais perdu et en ce moment, je l’étais complètement.

112
Chapitre 33
Samantha
Je me demandai pourquoi j’avais décidé de suivre ces folles.
Kate m’avait prévenue qu’elles pouvaient faire des scènes
mémorables quand elles avaient un coup dans le nez. J’avais dû
en empêcher une de faire un striptease sur la table, et une autre
de se battre contre une femme qui avait eu le malheur de lui dire
de baisser le ton.
Après les avoir mises dans un taxi, je me retrouvai avec Kate
devant une tequila orange. J’avais besoin de décompresser et quoi
de mieux qu’un peu d’alcool pour vous faire oublier ? Je ne tiens
pas bien l’alcool alors ce petit verre suffit à faire tourner ma tête.
Je me remis donc à l’eau et écoutai Kate parler.
— J’ai rencontré un garçon gentil pendant ma thérapie.
— Ah bon ?
— Oui, il étudie au MIT¹dans la section biotechnologie.
— Intéressant, lui dis-je en souriant.
Elle continuait à parler, mais je ne l’écoutai plus. Il faut dire que
mon cerveau était dirigé vers un jeune homme dont les yeux me
faisaient penser au ciel avant l’orage. Je repensai au peu de
temps que j’avais passé avec lui et les larmes remplirent mes
yeux. Je regardai Kate avec une mine piteuse.
— Tu sais, je peux être très lâche quand je m’y mets ?
Elle me regarda bizarrement. Je dois avouer que peu de
personnes savaient que je me contrôlais pour que mon caractère
de rousse ne prenne pas le dessus. Je pouvais être une vraie
garce à mes heures perdues. La lâcheté, ce ne fut que cette
année que je découvris qu’elle était dans mes gênes.
— Sam ? Tu es sûre que ça va ?
— Je te promets de tout te raconter… un jour.
Je me levai et lui fis un baiser sur la joue.
— J’ai quelque chose d’important à faire. Désolée de
t’abandonner.
Je me dirigeai vers la porte et m’arrêtai pour la regarder.
— Si cet homme remplit le vide qui est en toi, bats-toi pour lui
jusqu’au bout.
Elle me gratifia d’un sourire, je pense qu’elle m’avait comprise

113
et ne me jugeait pas. C’est ce qui m’avait toujours plu en elle.
J’arrêtai le premier taxi que je croisai et lui donnai l’adresse de
Nick. J’aurais dû faire cela depuis des mois déjà et j’espérai juste
ne pas le regretter.
Je descendis de la voiture en disant au chauffeur de garder la
monnaie et me dirigeai vers son immeuble. La montée fut difficile,
mais frapper fut pire.
1 : Massachusetts Institute of Technology

114
Chapitre 34
Nick
Les coups à ma porte me réveillèrent en sursaut. Je regardai
mon réveil et vis qu’il était deux heures du matin. Qui pouvait bien
débarquer chez moi à cette heure-ci ? Je me traînai vers la porte
et l’ouvris. Je restai figé et la regardai. La voir me fit mal. Et le
manque que j’avais essayé à tout prix d’oublier, refit surface.
— Qu’est-ce…
Elle ne me laissa pas le temps de finir ma phrase et me sauta
au cou tout en me repoussant dans l’appartement. Je ne savais
pas si on avait refermé la porte, mais une chose était sûre, c’était
qu’on ne pouvait plus me séparer d’elle à ce moment-là. Je la
serrai dans mes bras et lui rendis son baiser. On se sépara le
temps de mieux reprendre notre souffle avant de recommencer où
on s’était arrêté. Je portai un t-shirt sur un boxer, elle tira dessus.
Je ne m’étais même pas demandé pourquoi je sentais le goût de
l’alcool dans ma bouche ?
— Samantha, lui dis-je en la repoussant un peu. Tu es saoule ?
— Non, j’ai bu qu’un verre pour me donner du courage alors, s’il
te plaît, ne me repousse pas.
Je caressai sa joue en soupirant.
— Tu me tues, tu sais ça ?
Je retirai son gilet avant de m’attaquer à la fermeture éclair
de sa robe, tout ça en la regardant dans les yeux.
— Tu es sûre de toi ? lui demandais-je.
— S’il y a bien quelque chose dont je suis sûre depuis le début,
c’est que tu es le bon.
Je n’eus pas besoin de plus d’encouragement et la pris dans
mes bras pour nous diriger vers la chambre. Je la posai au pied du
lit et lui dégrafai son soutien-gorge. Elle posa sa main sur mon
torse et je fus parcouru de frissons.
— Tu m’as tant manqué, me dit-elle les yeux emplis de larmes.
Elles se mirent à couler le long de ses joues, je les embrassai.
Je la pris dans mes bras et la serrai fort contre moi.
— Je vois, j’aurais dû te stopper, ce n’est pas le bon moyen de
se réconcilier, mais je ne veux pas me moquer de ton courage
alors on ferra comme tu voudras.

115
Elle se dégagea de mes bras pour s’allonger sur le lit. Elle
portait un string noir, sur sa peau couleur lait. J’avais la gorge
sèche, les mains qui tremblaient comme si c’était la première fois
que j’allais faire ça. En tout cas, c’était la première fois où ça
comptait vraiment.
Je m’allongeai près d’elle et fis glisser mes doigts de son cou à
ses seins avant de m’arrêter au-dessus de sa féminité.
— Que tu es belle !
J’embrassai son ventre et la sentis frissonner sous mes lèvres.
Je me mis à descendre son sous-vêtement tout en surveillant sa
nervosité. Son calme me perturbait, mais je pensais que c’était
plutôt à moi de me calmer. Après l’avoir retiré, je la regardai de la
tête aux pieds. Ses cheveux roux me faisaient penser à des
flammes qui couvraient son dos, ses yeux un puits rempli
d’émeraudes, ses lèvres pulpeuses, gonflées par nos baisers, m’en
réclamaient d’autres. Son long cou, je rêvais d’y poser ma
signature avec un ou deux suçons. Ses seins, j’allais me faire un
plaisir de les honorer, son ventre plat… mais le plus important, cet
endroit où personne n’avait posé sa marque allait être à moi à
partir d’aujourd’hui.
— Nick, me dit-elle en ouvrant les bras.
Je remontai son corps en me frottant à elle. Elle les referma
sur moi et m’embrassa avec douceur.
— Cela risque de te faire mal.
— Je sais, je suis préparée.
Je regardai la pointe de ses seins qui m’appelait. Il n’y avait
pas à dire, elle était vraiment prête. Je pris celui de gauche dans
ma bouche pendant que je caressai celui de droite. Je l’entendis
haleter et cela me grisa. Les dix minutes qui suivirent, je vénérai
sa poitrine. Ce fut elle qui finit par crier grâce.
— Je t’en prie, Nick.
Elle souleva ses hanches pour me faire comprendre ce qu’elle
voulait réellement. J’ouvris ses jambes et passai un doigt sur son
intimité et constatai qu’elle était bien mouillée. Je fis entrer un de
mes doigts en elle, entamant un lent va-et-vient. Je levai la tête
pour la regarder et remarquai qu’elle avait les yeux fermés et
qu’elle se mordait la lèvre inférieure.
Je me relevai et me positionnai au-dessus d’elle.

116
— Regarde-moi, Samantha.
Elle ouvrit lentement les yeux, ses joues étaient rouges de
plaisir et cela fit battre mon cœur. Je me positionnai entre ses
jambes.
— Je vais y aller doucement, n’hésite pas à me dire si tu as
mal.
Je glissai ma main entre nous et mis mon sexe à l’entrée du
sien. Je me penchai pour l’embrasser et poussai millimètre par
millimètre. Elle s’agrippa à moi et serra ses muscles vaginaux.
— Détends-toi, lui dis-je à la fin de notre baiser. Regarde-moi
dans les yeux.
Je progressai lentement, la sueur me coulait dans les yeux. Je
butai contre son hymen puis poussai un coup avant de
m’immobiliser.
— La douleur va se calmer dans quelques secondes, dis-je les
dents serrées. Le temps que tu t’y habitues, embrasse-moi.
Ce n’était pas agréable pour la fille, mais pour l’homme non
plus. Bien qu’elle souffrait plus que moi. Je devais lui occuper
l’esprit pour qu’elle ne puisse plus y penser. Elle passa ses bras
autour de mon cou et me serra contre elle tout en m’embrassant.
Quelques secondes passèrent avant que j’amorce un mouvement.
Je me retirai doucement pour revenir tout aussi lentement. Elle
gémissait et c’était tout ce qu’il me fallait. Je savais que demain,
elle aurait mal partout, mais qu’elle serait comblée.
Nos soupirs remplirent la chambre et la température grimpa
très vite. Je lançai mes hanches dans une danse sensuelle pour
nous amener tous les deux au paradis. Mon plaisir remonta le long
de ma colonne vertébrale avant que je jouisse. Je grondai avant
de m’immobiliser, déposai un baiser sur son front et sortis
lentement d’elle. Je m’allongeai derrière elle et la pris dans mes
bras.
— Dors, ma belle Samantha.
Elle se retourna dans mes bras et me fit un baiser timide avant
de nicher sa tête sous mon cou. J’attendis que sa respiration soit
régulière pour prendre pleinement conscience de ce qui venait de
se passer. Je m’endormis le sourire aux lèvres.

117
Chapitre 35
Samantha
Je me retournai sur le lit de Nick avant qu’une douleur entre
mes jambes ne me fasse gémir. La nuit avait été plus que
parfaite. Si j’avais dû rêver de ce moment, je ne pense pas que
j’aurais pu faire mieux.
J’ouvris les yeux et trouvai la place à mes côtés vide. Je tendis
les oreilles et entendis l’eau de la douche couler. Je poussai un
soupir. C’était beau tout ça, mais il fallait qu’on parle maintenant.
La passion, c’était une chose, mais la suite s’en était une autre.
Quelques minutes plus tard, Nick entra dans la pièce. Je me
relevai doucement et lui fis un petit sourire.
— Tu ferais mieux d’aller prendre une douche.
Je n’arrivai pas à interpréter son ton.
— OK.
Je me levai lentement, cherchai ma robe et la vit nulle part
alors je m’enroulai dans les draps et me rendis sous la douche.
L’eau fit du bien à mon corps, mais mon esprit était encore tout
flou. Je pris la serviette qu’il avait mise à ma disposition et sortis.
Il était dans la cuisine, j’en profitai pour retourner dans la
chambre afin de trouver quelque chose à me mettre sur le dos.
Sur le lit se trouvaient un t-shirt et un caleçon, je les enfilais et
allai le rejoindre. Il avait posé ma tasse sur la table basse et
m’attendait. Il me fit signe de prendre place près de lui et me la
tendit. On but en silence, mais je savais qu’on ne faisait que
reculer pour mieux sauter.
— Samantha.
— Je sais. Je suis désolée, lui dis-je.
— Tu sais que tu m’as fait du mal ?
— Oui.
— Oui ? C’est tout ? Tu n’as rien de mieux à me dire ? On
prévoit de sortir ensemble devant tout le monde et le soir même, tu
n’es pas capable de me présenter à ton père ?
— Mais…
— Quoi mais ? Je t’ai présentée à mes parents. Je voulais
qu’on vive comme un couple normal.
— J’ai dit à mon père qui tu étais après que tu sois parti.

118
— Mais toi, tu… Qu’as-tu dit ?
— Mon père sait pour nous. Il ne m’a rien dit. Il m’a juste
demandé de ne pas oublier mon objectif.
Il me dévisagea un moment avant de soupirer.
— Ce n’est pas tout, dit-il au bout d’un moment.
— Dean ! Ce n’est pas ce que tu crois. Il me court après depuis
des mois. Le soir où j’avais le bleu sur la joue, c’était de sa faute.
Il serra la mâchoire.
— Je vais le détruire.
— Non ! Il n’en vaut pas la peine. Je sais ce que tu as fait,
mais Nick, tu ne le connais pas…
— Je n’ai pas peur de lui. J’en ai vu des pires.
Je pris sa main dans les miennes et la serrai.
— Promets-moi de ne pas répondre à ses provocations. En
retour, je te promets de tout te raconter, mais laisse-moi gérer ça.
— S’il pose ne serait-ce que le petit doigt sur toi, je le tuerais,
sache-le !
Il me prit dans ses bras, je posai ma tête sur son torse en
fermant les yeux.
— Je veux que lundi, tu viennes me rejoindre à la fin de mon
cours, ça sera la meilleure solution pour que tout le monde sache
qu’on est ensemble.
— Si tu savais depuis combien de temps j’attends ce moment.
— Moi aussi, on a mis trop de temps, par peur, par lâcheté.
Mais on va y arriver, lui dis-je.
Il me caressa le dos.
— Samantha ?
— Hum ?
— Prends-tu la pilule ?
— Non, pourquoi ?
— Hier, j’ai oublié de mettre un préservatif.
Je relevai la tête d’un coup et le dévisageai.
— Je n’ai pas de maladie, je te jure, je suis clean, mais ce
n’était pas trop prudent de l’avoir fait sans.
— Je ne pense pas que ce soit ma période.
— Je n’en ai pas à la maison parce que je n’ai pas eu de petite
amie depuis longtemps.
— Je pense que ça ira.

119
J’essayai de le rassurer autant que moi. Sur le coup, si j’avais
su ce qui allait arriver, j’aurais fait une prière pour que tout aille
pour le mieux pour nous deux.

120
Chapitre 36
Nick
Le lendemain de notre belle nuit d’amour fut un pur bonheur
avant que je ne remarque qu’on ne s’était pas protégés. Je
n’avais rien contre les enfants, mais je n’étais pas prêt pour m’en
occuper et puis, j’avais un rêve et Samantha aussi. Je ne voulais
pas qu’elle se sacrifie pour moi. Malgré le fait qu’elle m’ait dit de
ne pas m’inquiéter, même si je ne doutais pas de ses paroles, je
voulais la protéger. Je rêvais de voir son ventre s’arrondir au fil
des mois, mais ce rêve pouvait encore attendre.
Je fus soulagé quand elle proposa qu’on se rencontre lundi à la
fin de son cours. Ce qu’elle m’avait dit sur Dean avait failli me
rendre fou. Ce garçon, s’il retombait sous mes mains, qu’il prie
pour finir en un seul morceau.
On passa le week-end dans les bras l’un de l’autre. On
regarda des films, cuisina ensemble. J’aimais la voir comme ça,
près de moi, dans la même pièce. Elle se déplaçait comme si
c’était notre chez nous et je faillis lui demander d’emménager
avec moi. On dormit sagement, elle avait encore mal et n’était pas
très excitée pour tester la douleur et je n’en avais pas trop envie
non plus.
Le lundi matin, elle prit un taxi pour la ramener à la fraternité
très tôt pour qu’on ne remarque pas qu’elle avait découché et
rentrait avec ses vêtements de samedi. Elle m’avait rappelé notre
rendez-vous de ce midi. J’étais plus que prêt, mais avant tout,
quelqu’un d’autre méritait de le savoir avant tout le monde. Les
tonalités résonnaient dans le vide, je réessayai avant qu’une voix
essoufflée ne me réponde. Je préférai ne pas savoir à quoi c’était
dû.
— Allo ?
— Je te rappelle plus tard, maman.
— Nick ?
— Tu ne reconnais pas ma voix, fis-je, amusé. Et moi qui
pensais que j’étais ton amour.
— Oh mon poussin, maman était occupée.
— Je peux le deviner, oui.
Je pensais que les vieux couples ne le faisaient que la nuit, il

121
faut dire que mes parents n’étaient pas comme tout le monde.
— Je t’appelai pour t’informer que Samantha et moi, nous nous
sommes remis ensemble.
— Oh, je suis super contente pour vous. Amène-la à la maison
ce week-end.
— OK, je te laisse retourner à ce que tu faisais.
Elle fit un petit rire et me dit qu’elle m’aimait avant de
raccrocher.
Arrivé sur le campus, je ne m’étais jamais senti aussi heureux,
même le cours de français ne m’était plus aussi désagréable.
J’attendis midi avec impatience à la bibliothèque. Quand l’heure
approcha, je quittai les lieux, courus vers son département et
attendis devant la porte de sa classe. Les battements de mon
cœur résonnaient dans mes oreilles, ce fut pire quand la cloche
retentit. La porte s’ouvrit. Je remarquai aussitôt Samantha grâce
à sa chevelure. Elle se dirigea lentement vers moi. Elle passa les
bras autour de mon cou et m’embrassa. Le message était
amplement clair. Je fermai les yeux pour approfondir notre baiser.
— Tu m’as manqué, me souffla-t-elle sur les lèvres.
— Toi aussi.
Je caressai sa joue et lui pris la main. Elle nous tourna vers son
amie.
— Kate, je te présente Nick. Nick voici ma meilleure amie, Kate.
— Enchanté Kate, lui dis-je en souriant.
Elle nous regarda l’un et l’autre pendant un moment avant de
sourire.
— Enchantée. Désolée, j’étais un peu surprise, voire choquée.
Bon, je vous laisse les tourtereaux, j’ai un rendez-vous.
Elle nous fit un petit signe et s’en alla. Samantha me regarda
avec un large sourire.
— Ce n’est pas si compliqué que ça tout compte fait, me dit-
elle les yeux brillants.
— Non pas du tout. Aller, on va manger ?
— Oui.
On sortit main dans la main, heureux de pouvoir enfin vivre
notre amour au grand jour. Ce qu’on ne savait pas, c’était qu’une
personne avait vu cette scène et ne l’avait pas du tout aimée.

122
Chapitre 37
Samantha
L’embrasser devant tout le monde m’avait retiré un énorme
poids des épaules. Maintenant, rien ni personne ne pourrait nous
séparer. C’était ce que je pensais sur le moment, mais le destin
avait d’autres projets pour nous.
Nous marchions main dans la main, le sourire aux lèvres. Au
bout d’un moment, Nick passa son bras autour de mes épaules et
me serra contre lui et tout naturellement, je l’enlaçai. Nous
continuâmes jusqu’au restaurant de l’autre côté du campus.
— Samantha Mitchell, me dit-il les yeux brillants, n’aie jamais le
malheur de me quitter, je ne pense pas être en mesure de te
laisser faire.
Je ne savais pas ce qu’était l’amour avant de le connaître et
je n’étais pas sûre de le savoir aujourd’hui non plus. Mais les
sensations, les sentiments et tout ce que je ressentais ne
laissaient aucun doute, je l’aimais plus que tout.
— Je ne compte pas partir. Tu vas devoir me supporter encore
très longtemps…
Il ne me laissa pas finir ce que j’allais lui dire avant de
m’attirer à lui et de m’embrasser à en perdre notre souffle. Un
frisson prit naissance du bout de mes orteils pour remonter le long
de ma colonne vertébrale et dressait mes cheveux sur ma tête.
Mon sang était du liquide en fusion. Ma première expérience
m’avait ouvert le chemin vers ce que je recherchais depuis si
longtemps. Avec Nick, j’avais trouvé la pièce qui me manquait.
Cela semblait niais, mais n’avez-vous jamais aimé comme je
l’aimais en ce moment ?
Nous commandâmes et mangeâmes en silence, mais nos
regards disaient ce qu’on voulait réellement. Nous devions rester
sages, les partiels allaient bientôt commencer, la déprime m’avait
fait perdre quelques pointscet mon père m’avait fait un sermon,
mais cela ne changeait pas ma moyenne globale.
— Que vas-tu faire cet été ? me demanda-t-il.
— Je ne sais pas encore. Je pense rester près de toi si tu le
veux bien.
— Trois mois non-stop, je ne vais jamais refuser ça.

123
Mon téléphone coupa ma réponse. Je vis le numéro de ma mère
s’afficher. Je n’avais aucune envie de répondre, mais la
connaissant, elle ne laisserait pas les choses se faire comme je le
voulais. Madame Mitchell était parfois pire qu’un harceleur.
— Désolée, c’est ma mère, je dois répondre.
— Je t’en prie.
Il me sourit. Je décrochai avant la dernière sonnerie.
— Allô.
— Samantha, je nous ai préparé des vacances d’été rien qu’à
nous.
Je fermai les yeux et me mis à compter jusqu’à 10 pour ne pas
lui raccrocher au nez.
— C’est bien, mais je ne compte pas rentrer…
— Nous allons aller à New York. Madame Richardson m’a
parlé d’un nouveau salon qui a ouvert ses portes. Une seconde,
qu’as-tu dit ?
Elle n’écoutait jamais ce que je disais. Quand je vous disais
qu’elle n’avait aucune fibre maternelle, je ne mentais pas. Le
comportement de mes parents aurait pu me rendre difficile, mais
mon père, malgré le fait qu’il ne savait pas trop comment se
comporter avec moi, savait me dire qu’il m’aimait dans les bons
moments. Je ne me rappelais pas quand ma mère m’avait dit ses
mots et je ne les attendais plus. J’avais fini par me faire à l’idée
que ma mère n’avait fait que combler le désir d’enfant de mon
père.
— J’ai dit que je ne rentrai pas cet été.
— Et je peux savoir pourquoi.
— Parce que je l’ai décidé ainsi !
— Samantha Mitchell, parle-moi sur un autre ton. Tu rentres à
la maison, point final.
Je poussai un long soupir.
— Je te rappelle plus tard, je dois me dépêcher de finir de
manger pour aller à mes cours.
C’était la seule chose qui faisait effet sur elle parce que
j’avais un objectif à atteindre et si mon père savait que c’était par
sa faute que j’avais raté… Même la reine des neiges savait avoir
peur.
— J’attends ton appel alors.

124
— Au revoir, maman.
Je posai mon téléphone avec une certaine force, j’eus peur
d’avoir abîmé l’écran, mais ma colère avait atteint des sommets.
— Tout va bien ? me demanda Nick.
— Non, dis-je les dents serrées. Ma mère fait encore des
siennes.
— Que se passe-t-il ?
— Je pense que cet été, je ne pourrais pas rester ici parce
qu’elle l’aura décidé ainsi.
— Quel mal y a-t-il à cela ?
— Tu ne connais pas ma mère. C’est un fléau vivant.
Il me regarda bizarrement. Oui, tout le monde ne comprenait
pas pourquoi j’étais aussi hostile envers ma génitrice, mais elle
jouait toujours un rôle. La parfaire épouse et la parfaite mère. Ce
que personne ne savait, c’est qu’elle le faisait juste pour le qu’en-
dira-t-on.
— Je ne sais rien de tes parents, mis à part que ton père est
sénateur. Cela me fait bizarre de découvrir au bout d’un an que tu
ne t’entends pas avec ta mère.
Je me mordis la lèvre inférieure en poussant un soupir. C’était
bizarre en effet, mais parler de chez moi, c’était comme
m’arracher une dent à vif. Parce que tout le monde enviait ma
famille, mais il fallait y vivre pour savoir ce que le dessous de
table cachait.
— Ma mère, c’est un nid de serpents à sonnettes.
— Tu n’es pas un peu dure ?
— Non Nick, non, dis-je la gorge serrée. Ma mère m’a fait vivre
un enfer pour les apparences envers les autres. « Regarde
comment la fille de Clarkson est gracieuse. Regarde ses cheveux.
Les tiens me désespèrent » « Ne porte pas ce genre de choses,
que penseront les amis de ton père ? » Et j’en passe. Mon père est
roux comme tu l’as vu, mais moins que moi. Est-ce ma faute si j’ai
hérité de ses gênes ? En quoi porter un jean avec un t-shirt simple
fait que je ne suis pas présentable ?
Il prit mes mains dans les siennes et les serra.
— Mes parents sont aussi les tiens maintenant. Si tu veux
savoir ce qu’est la chaleur d’une mère, appelle Jess. Si tu as
besoin de l’épaule d’un homme costaud qui sait écouter, j’aimerais

125
que tu utilises la mienne, mais si c’est trop dur à me dire, parle-en
avec Marco.
J’avais les larmes aux yeux. Jess et Marco Sanchez étaient
des personnes en or qui avaient fait un diamant pur. Le reste du
repas se passa doucement, on se sépara devant le restaurant.
On se promit de se voir comme on pouvait pendant les révisions.

126
Chapitre 38
Nick
La voir si malheureuse parce que sa mère n’était pas proche
d’elle me fit mal. Ce mal était resté avec moi tout l’après-midi. Je
voulais qu’elle soit heureuse, qu’aucune ombre ne puisse voiler ses
magnifiques yeux. Avions-nous la main sur notre vie ? Le destin
décidait de qui allait souffrir plus que l’autre, c’était ainsi et ça le
serait toujours.
Les semaines de révision débutèrent, le match final du
championnat avec. On avait tout pour gagner cette finale, mais il
fallut qu’un soir d’entraînement, en ouvrant la porte de mon casier,
je tombai sur une enveloppe blanche. Je la retournai dans tous les
sens et un mauvais pressentiment me saisit.
Je l’ouvris et trouvai la même coupure de journal
« Justice. Luc Moore jugé non coupable.
Le verdict est tombé aujourd’hui. Luc Moore, cet étudiant de
Harvard accusé d’avoir renversé un autre étudiant sur le parking
de l’Université, a été jugé non coupable des charges retenues
contre lui. Les faits s’étaient déroulés il y a deux ans, et la
victime, Francisco Sanchez était décédée sur le coup. L’accusé
avait été contrôlé positif à l’alcool, à un taux supérieur à deux
grammes. C’est pourtant libre qu’il est ressorti du tribunal, les
juges ayant estimé que son état mental était contraire à une
incarcération. La mère de la victime a fait un malaise à l’énoncé
du verdict et a été évacuée vers l’hôpital. Aucune des parties n’a
souhaité s’exprimer. »
Je froissai le papier dans mon poing. Quand j’aurai trouvé celui
qui s’amusait à ce jeu, il allait regretter d’être venu sur Terre. Je
rentrai chez moi la rage au ventre. La mort de Francisco avait
été une grande perte pour notre famille. Tout le monde avait placé
ses espoirs en lui. Ce n’était pas facile d’être un enfant d’immigrés
parmi tous ses natifs. Je me laissai tomber sur mon canapé, trop
agité pour reprendre mes révisions. Je ne voulais pas me rappeler
de ce jour où le policer était venu frapper à notre porte. Ni me
souvenir de tous ces allers-retours au tribunal et voir ce que
l’argent permettait à certains de faire. La colère s’était
transformée en rage, mais mon père, avec tous ses bons conseils,

127
était parvenu à me faire comprendre les choses. J’avais un but et
je comptais bien l’atteindre, il était peut-être trop tard pour punir
le coupable de la mort de mon cousin, mais je m’étais fait le
serment que plus aucune famille n’aurait à souffrir comme on
avait souffert.
Mon téléphone bipa. Un message de Samantha qui me
souhaitait bon courage pour les révisions. Je ne voulais pas
l’inquiéter, alors je lui répondis, mais le cœur n’y était pas.
Qui ? Qui pouvait bien être derrière tout ça ? Je devais trouver
cette personne et le plus vite serait le mieux. J’ouvris mon
ordinateur et lançai une recherche sur le meurtrier, Luc Moore. Je
ne pourrais jamais oublier ce nom. Une idée me frappa et je
composai le numéro de Samantha.
— Hello mon cœur.
— Samantha, tu connais le nom de famille de Dean ?
— Non, pourquoi ?
— Tu pourrais le rechercher pour moi, s’il te plaît ?
— Que ce passe-t-il, Nick ?
— Je t’expliquerai après, rends-moi juste ce service, je te prie.
Je l’entendis prendre une inspiration. Elle devait se mordre la
lèvre inférieure et se battre avec son envie de me poser des
questions.
— OK, mais jure-moi que tu ne vas pas le frapper ou autre.
Comment promettre une chose pareille ?
— Samantha…
— Nick, je t’aime, tu le sais, n’est-ce pas ?
— Oui, mon amour, je le sais.
— Donc je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose.
— Rien ne va m’arriver, je te le promets. Trouve-moi son nom.
— OK, je vais me débrouiller pour l’avoir, ça ne sera pas
compliqué vu que je suis présidente de ma fraternité et lui aussi.
— Bien. Désolé de t’avoir dérangé.
— Tu ne me déranges pas. Je voulais t’appeler, mais j’ai
préféré t’envoyer un message.
Je souris, mon cœur qui était serré se relâcha un peu. Il n’y
avait qu’elle, ainsi que mes parents pour avoir un effet positif sur
mon moral.
— A demain mon amour.

128
Je raccrochai et allai prendre une douche.

129
Chapitre 39
Samantha
Les révisions prenaient tout mon temps et le peu qui me restait,
je le consacrais aux réunions à la fraternité et au tutorat. Deux
semaines venaient de s’écouler et je n’avais vu Nick que deux ou
trois fois et à chaque fois, au détour d’un couloir.
Les partiels avaient lieu dans moins de trois semaines et la
pression montait déjà dans toute la fac.
Je venais de refermer mon cahier d’économie quand mon
portable se mit à vibrer.
Numéro inconnu. Cela faisait maintenant une semaine que je
recevais des appels anonymes. Je poussai un soupir et pris mon
cahier de droit commercial. Pour celui-ci, je devais tout reprendre.
Quelle idée d’avoir raté les deux cours les plus importants ?
Mon téléphone se remit à vibrer, je le pris dans l’intention de
l’éteindre quand je vis le nom de celui qui ne quittait jamais mes
pensées.
— Coucou.
— Comment va ma rousse adorée ?
Je n’aimais pas quand Kate m’appelait comme ça, mais quand
cela sortait de la bouche de Nick, cela me donnait des frissons.
— Comment va mon beau brun ?
— Pas si bien que ça.
Le son de sa voix m’inquiéta. Je refermai mon cahier, pris mes
clés de voiture et courus dans le couloir.
— Je serais là dans cinq minutes, lui dis-je avant de
raccrocher.
Le trajet se fit rapidement. Trouver une place fut un jeu
d’enfant. Je claquai la portière et appuyai sur le bouton de
fermeture automatique avant de courir à son immeuble. Je grimpai
les marches deux par deux et frappai à sa porte le souffle court.
Dès qu’il l’ouvrit, je me jetai dans ses bras. Il me serra très fort
contre lui. Je refermai la porte du pied et me laissai entraîner par
lui. Où ? Je ne savais pas vu qu’il avait pris mes lèvres d’assaut.
Je m’accrochai à son cou, il me souleva et j’entourai sa taille de
mes jambes. Je voulais revivre ces sensations depuis déjà un
moment, mais entre la première fois et les révisions, le temps nous

130
manquait. Je ne sais pas ce qui l’avait rendu mélancolique, mais si
je pouvais l’aider de n’importe qu’elle manière, j’étais prête à le
faire corps et âme. Il nous fit basculer doucement sur son lit, nos
lèvres toujours soudées. Nous nous mîmes à retirer nos vêtements
avec une impatience commune. Je mis fin à notre baiser pour
reprendre mon souffle. Je plongeai mon regard dans le sien, ce
que j’y vis me serra le cœur, mais j’avais peur d’ouvrir la bouche
et de gâcher ce moment, alors je guidai, sans aucune pudeur, sa
tête vers mes seins. Il ne se priva pas, prenant les bouts dans sa
bouche l’un après l’autre, les mordillant, soufflant dessus jusqu’à
ce qu’ils pointent. Je fermai les yeux et me laissai plonger dans le
désir. Il fit descendre l’une de ses mains sur mon ventre, lentement,
avant d’écarter doucement mes jambes. Je les ouvris aussi grand
que je pus en lui laissant champ libre. Il fit glisser l’un de ses doigts
à l’intérieur de moi et le courba légèrement. J’avais lu un article un
jour sur le point G et l’homme de ma vie savait ce qu’il faisait
parce que ma température grimpa en flèche et j’en voulais plus.
J’attrapai sa tête et l’embrassai au point où j’avais peur de nous
couper les lèvres, mais qu’importe, je le voulais tout entier.
— Doucement, ma belle, me dit-il après avoir ralenti notre
baiser. On a toute la nuit devant nous.
Je n’avais pas le souffle ou même la force de lui répondre. Je
tremblai de partout. Il me caressa la joue tout en gardant son
doigt en moi. Il en ajouta un et me fit un sourire plus que charmant.
— Nick, soufflais-je.
Il devait être aussi impatient que moi parce qu’il retira ses
doigts et vint se positionner au-dessus de moi. Il frotta sa verge à
mon entrée. Au moment où j’allais me plaindre, il commença à se
glisser lentement en moi. Je gémis. Je ne saurais dire où je
commençais et où il finissait. Je l’agrippai de toutes mes forces, le
griffai tellement les sensations étaient fortes. Il grogna dans ma
bouche et accéléra le rythme. Nos corps étaient couverts de
transpiration. Je ne savais pas combien de temps s’était écoulé,
mais ni lui ni moi ne voulions que cela prenne fin. Je ne regrettai
pas de l’avoir attendu. Nick était mon âme sœur, je n’en doutais
pas une seconde. Je le mordis à l’épaule au moment où mes
muscles intérieurs se contractèrent et que mon orgasme me
terrassa. Quelques secondes après, je l’entendis gronder, mais

131
pour ma part, j’étais coupée en deux.

132
Chapitre 40
Nick
Je restai en elle quelques secondes avant de me laisser tomber
à côté et de la prendre dans mes bras. Nous essayions de
reprendre notre souffle lentement. Je gémis quand j’essayai de
bouger. Elle m’avait griffée jusqu’au sang. Je souris. Cela allait
faire parler les garçons dans les vestiaires.
— Ça va ? me demanda-t-elle au bout d’un moment.
Je lui frottai le dos en regardant le mur.
— Et toi, ça va ?
— Je ne pense pas pouvoir marcher avant quelques jours, mais
ça va.
Je souris. Je n’étais pas quelqu’un qui faisait le paon, mais
entendre dans la bouche de la personne qu’on aime qu’on ait pu la
satisfaire, il n’y avait rien de mieux pour l’ego d’un homme.
— Tant mieux, je vais pouvoir te garder près de moi alors.
— Je ne crois pas non. Montre-moi ton dos.
Je la serrai plus dans mes bras ne voulant pas qu’elle
culpabilise pour si peu.
— Je vais bien.
— Nick !
Je ne pensais pas gagner la bataille alors je m’allongeai sur le
ventre et le lui montrai.
— Désolée Nick, je ne voulais pas.
Elle essaya de se lever du lit, mais je la retins et la fis se
recoucher.
— Laisse-moi aller chercher une serviette pour nettoyer tes
plaies.
— Je vais prendre une douche, ça ira.
— Nick…
Je l’embrassai pour couper court à la discussion. Chaque fois
que je la regardais dans les yeux, j’avais l’impression d’être en
apesanteur, de ne faire que monter encore et encore. Elle était
devenue la 3ème personne la plus importante pour moi, après mes
parents. Je donnerai ma vie pour elle, mais ce n’était pas le
moment de le lui dire. Sachant que j’avais absolument besoin de ce
nom.

133
— Tu m’as trouvé le nom de Dean ?
— Oui, ça n’a pas été facile, à croire qu’ils le font exprès.
Je m’en doutais un peu. Et cela ne faisait que renforcer mes
doutes.
— Alors ?
— Moore. Dean Moore. C’est le neveu du maire de la ville. Son
père est le magnat du pétrole. Ils ont des sociétés un peu partout.
Je ne l’écoutai plus. La colère commençait à prendre vie en
moi.
— Nick ? Qu’est-ce qui se passe ? Pourquoi me serres-tu
autant ?
Je la relâchai et m’assis. Elle se plaça devant moi et me prit la
main.
— Dis-moi, s’il te plaît. Je vais finir par me tuer à force de
m’inquiéter.
Devais-je lui dire ? Ce n’était pas un si grand secret, mais en
parler me ferait mal et ma colère ne se calmerait pas d’aussitôt.
— Nick ?
Je plongeai mes yeux dans les siens et lui racontai.
Quatre ans plus tôt.
La terminale était un fléau. Des révisions par-ci, par-là. Mais
je voulais faire quelque chose de ma vie et surtout, je ne craignais
de décevoir mes parents. Je refermais mon livre de maths quand
j’entendis ma mère crier. Je me levai en vitesse et me rendis au
salon. Deux policiers étaient debout devant la porte. Ils parlaient à
mon père qui tenait ma mère dans ses bras. Que se passait-il ? Je
m’avançai et entendis la fin.
— … Il est mort sur le coup.
Mort ? De qui parlait-il ?
— Papa qui est mort ?
— Mon bébé, fit ma mère en venant me prendre dans ses bras.
Je la repoussai doucement et regardai mon père.
— Qui papa ?
— Francisco.
— Qui ?
J’avais l’impression d’avoir un nid d’abeilles qui s’amusait à
voler près de mes oreilles. Je regardais les lèvres de mon père
bouger, mais je n’entendais rien. Francisco ? Mon cousin qui

134
n’avait jamais tué une mouche de sa vie, mort ?
— Comment papa ? Comment ?
— Un chauffeur ivre l’a renversé sur le parking du campus.
— Vous l’avez arrêté ?
Je me tournai vers les policiers qui nous regardaient sans
aucune compassion dans les yeux. À croire que la vie les blasait.
— Oui. Il est à l’hôpital, il a une légère commotion.
— Légère ? Il sera arrêté et jugé ?
— Oui, notre rôle s’arrête à là, gamin. On prendra contact
avec vous pour la suite. Monsieur Sanchez, encore une fois,
toutes nos condoléances.
Ils s’en allèrent en laissant une famille brisée derrière eux.
Ma tante qui était partie au Mexique rentra aussi vite qu’elle le
pût. Nous enterrâmes Francisco quelques jours plus tard. Et l’enfer
commença à ce moment-là. Le meurtrier était le fils d’un homme
influent, il passa six mois à l’hôpital, parce que sa commotion
avait soi-disant empiré, puis il déprimait et je ne sais encore
quelles excuses. Puis vint le début du procès. Le médecin déclara
que cet homme ne pouvait être emprisonné parce qu’il avait une
certaine phobie de l’enfermement. On lui ordonna de ne pas quitter
la villeet de rester chez lui. Mais dans quel monde vivions-nous ?
La rage faisait des ravages en moi. Voir tout ce monde corrompu.
On demanda à rencontrer le procureur. Il attendit plus de deux
semaines avant de nous recevoir et pour finalement nous dire qu’il
ne pouvait rien faire. Après tant de souffrances, ma tante dut
entendre que Luc Moore n’était pas reconnu coupable pour les
faits retenus contre lui. Ce jour-là, j’allais détruire une voiture de
police, mais mon père me fit comprendre que cela ne servait à
rien. Il me conseilla d’utiliser ma colère et mon intelligence pour
combattre l’injustice. Moi qui voulais devenir basketteur
professionnel, j’avais fini par noter sur ma feuille de souhait
devenir « procureur ». L’argent ne pourrait jamais me corrompre.
Ayant vécu l’injustice, je ne l’accepterais pour personne.
De nos jours
— C’est en son hommage que j’ai fait le tatouage dans mon
dos.
Samantha me regarda, les yeux remplis de larmes. Pendant
que la blessure de mon cœur se rouvrait.

135
Chapitre 41
Samantha
Je comprenais mieux pourquoi il avait réagi de la sorte quand
je l’avais regardé dans le garage. Il devait vraiment m’aimer pour
ne pas penser à tout l’argent que mon compte en banque
possédait. Je le pris dans mes bras et lui frottai le dos en évitant
mes marques de griffure. Il pleura en silence. Je ne pensais pas
que c’était de tristesse, mais plus de colère. Maintenant que j’y
pensais, le nom de famille du meurtrier de son cousin était le même
que Dean, mais je ne comprenais pas pourquoi il en avait besoin.
— Pourquoi voulais-tu savoir pour Dean ?
Il me repoussa doucement en essuyant ses yeux. On pouvait
dire ce qu’on voulait, personne n’est jamais beau après avoir
pleuré, mais je m’égarais.
— Je reçois des copies de journaux de l’affaire. Au début, je ne
comprenais pas pourquoi et surtout, qui pouvait bien s’amuser à le
faire ? Et puis, je me suis dit, il n’y a qu’une personne qu’on connaît
qui avait une haine contre moi.
— Dean. Mais Nick, ne fais rien, je t’en prie. Ils sont bêtes
comme leurs pieds, les Delta.
— Mon meilleur ami est dans leur groupe, cela ne change pas
que je m’entends bien avec lui.
— Je le sais, mais Dean…
Je secouai la tête.
— Ne fais rien.
Il ne me répondit pas et j’avais un très mauvais pressentiment.
Lucia qui avait détruit ma voiture, Dean qui harcelait Nick. Ce
n’était pas bon, mais pas du tout. Il se leva et alla dans les
toilettes. Je me recouchai en me recouvrant tout en réfléchissant
à un moyen de faire que Dean arrête ses bêtises. Rien ne me vint
à l’esprit, mais la nuit porte conseil. Je trouverai une solution d’une
manière ou d’une autre. J’entendis la douche couler, je me levai et
allai le rejoindre. Nous prîmes notre douche ensemble avant de
nous coucher pour dormir.
Le lendemain matin, je me levai courbaturée. Le sexe, c’était
bien, mais mon corps ne semblait pas aimer ça. Nick était debout
sur le pas de la porte et me regardait. Je rougis de la tête aux

136
pieds en pensant au spectacle que je venais de lui donner. Moi,
m’étirant la poitrine à l’air.
— Le rouge te va très bien, me dit-il avec un grand sourire.
Je lui lançais l’oreiller à la tête. Il le rattrapa sans peine et
avança vers moi lentement. Le gris de ses yeux fonça et je savais
ce qu’il avait en tête.
— Nick, on n’a pas le temps et j’ai mal partout.
Il ne m’écouta pas. J’essayai de me lever, mais il fut sur moi en
deux secondes. Je ne portai rien alors il n’y avait aucun obstacle
entre nous.
— On fera vite, je te le promets.
Comment refuser une telle promesse ? Je passai mes bras
autour de son cou et le laissai faire.
Deux heures plus tard, je courrais comme une folle dans le
couloir de la fraternité pour rejoindre ma chambre. Je ferais vite ?
Mon œil, oui ! Si je ne l’avais pas repoussé, je serais encore dans
son lit. Mes jambes tremblaient et je me demandais si j’allais tenir
la journée. J’arrivai en retard à mon premier cours. Le professeur
me regarda, mais étant la première et toujours à l’heure, il me
laissa prendre place. Me concentrer fut une épreuve. Midi sonna,
Kate m’informa qu’elle ne pouvait pas déjeuner avec moi, elle
devait voir sa psy. Je lui répondis que je comprenais. Je me
dirigeai vers le département de Nick. Je connaissais son emploi du
temps par cœur. Si je me dépêchais, je parviendrais à le rattraper
avant qu’il ne s’en aille. Au moment où j’allais tourner, quelqu’un me
coupa le chemin. Je m’apprêtai à lui dire le fond de mes pensées
quand je reconnus Dean. Il me fit un sourire et mon sang se glaça.
Je me rappelais encore ce jour où il avait failli me violer. J’essayai
de le contourner, mais il me bloqua encore le chemin.
— Où veux-tu aller ma belle ?
— Laisse-moi passer, dis-je les dents serrées. Je ne suis pas
d’humeur à jouer avec toi.
— Qui a dit que je voulais jouer ?
— Pousse-toi, je te dis.
Il prit une mèche de mes cheveux entre ses doigts et la frotta.
De la bile monta dans ma gorge. J’avais besoin d’une douche.
J’essayai de la reprendre, mais il la maintint dans son poing. Soit
je la coupais, soit je me l’arrachais. Je n’eus pas le temps de

137
prendre ma décision qu’il le fit tout seul. Au même moment, je vis
Nick derrière lui. Au vu de l’angle, il devait tenir le bras de Dean
dans son dos.
— Qui est-ce ? Lâche-moi !
— Ton pire cauchemar, dit Nick en remontant un peu le bras de
Dean dans son dos. Celui-ci grimaça et se mit sur la pointe des
pieds. Oh non, mon Dieu, tout sauf ça.
— Nick, lâche-le, s’il te plaît.
Il me regarda et me fit signe de reculer. Je secouai la tête,
mais il insista. Que faire ? Il ne devait surtout pas le frapper
parce que ça n’en finirait jamais. Je me mis de côté et il poussa
Dean sur le sol. Il le retourna du pied et le posa sur sa gorge puis
plongea son regard dans le sien.
— Cela t’amuse de m’envoyer des lettres ? Tu ne penses pas
que j’aurais fini par savoir que c’était toi ? Je te conseille
d’arrêter. Aujourd’hui, il y a Samantha pour te sauver, mais elle ne
sera pas toujours là.
Il appuya sur son pied plus fort et le visage de Dean
commença à devenir rouge. Je lui agrippai le bras et il finit par le
lâcher.
— Je vais passer l’éponge pour cette fois. Juste cette fois.
Il me prit la main et on s’éloigna. On n’avait pas fait quatre
pas que Dean commença son cirque.
— Nick Sanchez, je vais te détruire. Je ne risque pas d’oublier
ce que tu viens de faire sache-le !
— Ignore-le, s’il te plaît Nick.
Il me regarda, je voyais ses veines battre à son cou, mais je
voulais surtout le protéger. Il finit par reprendre sa marche. On se
dirigea vers sa voiture.
— Où va-t-on ?
— Chez mes parents.
— On a cours cet après-midi.
— On aura le temps de revenir.
— Ce matin tu m’as dit, on fera vite et je suis arrivée en
retard.
Il me fit un sourire en coin. Et cela me suffit.
Le repas chez ses parents se passa vite, mais bien. Sa mère
était contente de me voir. Elle voulait qu’on aille faire les magasins

138
un jour, je lui promis de lui téléphoner pour fixer un rendez-vous.
J’aimais Jess comme si c’était la mienne. Elle avait toujours les
bons mots, au bon moment. Elle avait compris que son fils n’allait
pas bien à la seconde où elle l’avait vu. Les miens ne savaient
même pas distinguer quand j’étais de bonne ou mauvaise humeur.
Au retour sur le campus, Nick m’embrassa sur le parking et quel
baiser ! Tout le reste de la journée, j’eus son goût dans la bouche
et la sensation que ses lèvres étaient encore sur les miennes. Mon
corps vibrait encore de plaisir.

139
Chapitre 42
Nick
Ne pas frapper Dean fut un supplice, mais je ne voulais pas
montrer mon côté violent à Samantha. Je voulais la protéger de
cette part de moi. J’avais besoin de forces, alors manger avec
ma mère fut la meilleure idée que j’avais eue. Les deux femmes de
ma vie près de moi dans la même pièce, que demander de plus ?
Après les cours, l’entraînement m’aida à me calmer. Et les
garçons ne me ratèrent pas pour mon dos. La transpiration
n’avait pas aidé, mais cela m’était égal. Samantha avait laissé
ses marques sur moi, il n’y avait rien de mieux pour mettre mon
cœur en joie.
Le match final aurait lieu dans une semaine. Les partiels
commenceraient juste après. Les entraînements allaient se
succéder, je n’aurais pas le temps pour la voir, mais elle l’avait
compris. C’est ce que j’aimais chez elle. Simple et belle. Je n’avais
plus reçu de lettre et c’était tant mieux, je n’avais pas le temps
pour cela. Révision, cours, entraînement, etc., j’avais à peine le
temps de manger, mais qu’importe, j’avais un but à atteindre.
Le soir de la finale, je trouvai Samantha habillée aux couleurs
de l’équipe qui m’attendait devant la porte des vestiaires. Je ne
sais pas comment elle était arrivée là, mais je remerciai le ciel
pour son apparition.
— Mon cœur.
Je la soulevai dans mes bras et l’embrassai à pleine bouche. Il
y eut des bruits dégoûtants derrière moi, mais j’étais connecté sur
cette magnifique rousse.
— Je suis venue te souhaiter bonne chance.
— Merci. J’en ai besoin.
— Si tu gagnes, j’aurai une récompense pour toi.
— Samantha.
Elle rit doucement avant de me donner un bisou sur la joue et
de me pousser vers mes camarades.
— À plus tard, champion.
Je la regardai s’en aller. Un de mes coéquipiers siffla, je me
retournai et lui donnai une tape derrière la tête.
— On ne regarde pas. C’est chasse gardée.

140
— Oui, oui, dit Matt avant de m’entraîner vers le terrain.
Comme on l’avait prévu, ça ne fut pas facile de gagner, mais
j’avais encore les mots de Samantha aux oreilles, impossible de
perdre. Cela faisait une semaine que je ne l’avais pas touchée, ce
soir, j’en avais bien l’intention. En plus, c’était le week-end rien de
mieux que de le passer au lit. Je pris mon envol vers le panier et
marquai les derniers points qui nous accordèrent la victoire. Les
cris fusèrent de partout, mes coéquipiers me sautèrent dessus,
mais moi, je cherchai ma pierre précieuse dans la foule. Je la
trouvai en train de sauter et parler à son voisin. Je pense qu’elle
devait dire que j’étais son copain et j’étais fier de l’être.
Après avoir serré la main de nos adversaires et des arbitres,
je brandis la coupe. Notre entraîneur avait les larmes aux yeux,
depuis le temps qu’il l’attendait. Il me donna une grosse accolade
puis me dit que je pouvais m’en aller. Je le remerciai et filai dans
les vestiaires. Je pris une douche éclair et courus pour aller la
rejoindre. Samantha m’attendait déjà sur le capot de ma voiture.
De la voir toute souriante, les joues rouges, ma température
grimpa en flèche. Elle sauta dans mes bras quand j’arrivai près
d’elle. Elle faillit nous faire tomber.
— Je suis si fière de toi, dit-elle avant de m’embrasser.
Dépêche-toi de nous amener en un seul morceau à ton
appartement.
— C’est comme si c’était fait, mademoiselle.
Nous montâmes en voiture et je mis le cap vers mon
appartement. Je sentais son regard sur moi. J’avais de plus en
plus de mal à me retenir. Je trouvai une place devant la porte de
l’immeuble. Je me garai et coupai le moteur. Samantha sortit
comme une flèche. Je la regardais courir vers la porte l’ouvrir et
entrer. Je me demandais bien ce qu’elle avait en tête. Je verrouillai
les portières et me mis à la suivre. Elle était déjà entrée. Je ne la
trouvai ni dans le salon ni dans la cuisine. Elle ne pouvait être que
dans la chambre. J’avançais quand je remarquai son minishort sur
le sol. Je souris. Je sentais que ma surprise allait dépasser mes
espérances.

141
Chapitre 43
Samantha
Vraiment, quelle idée avais-je eu ? Je voulais lui faire un
cadeau, mais j’aurais dû rester dans ce que je pouvais faire. Mes
joues me brûlaient et pas qu’un peu. Je l’entendis marcher vers la
chambre et j’étais prête à aller me cacher sous les draps, mais je
lui avais promis une surprise, alors je devais le faire. Il ouvrit la
porte lentement. Il entra et la referma dernière lui. J’avais allumé
la lampe de chevet. Il s’arrêta subitement quand il me vit. Je dus
me faire violence pour ne pas croiser mes mains sur ma poitrine.
Hier, en regardant le magazine Cosmo de Kate, j’avais vu un
mannequin qui portait de la lingerie fine. J’avais quitté la chambre
et filé chez Victoria Secret. C’était une grande première, alors
j’avais laissé la vendeuse me guider pour trouver l’ensemble
parfait. Celui-ci était rouge écarlate. La vendeuse l’avait aimé
avant même que je ne me regarde dans le miroir. Ma peau était
d’un blanc laiteux alors je ne vous dis pas le résultat. Mais rien que
le regard de Nick me fit comprendre que j’avais fait le bon choix.
— Tu aimes ce que tu vois ?
Mon Dieu, ma voix était rauque. J’avais la gorge sèche et le
souffle court.
— Si j’aime ? Il n’y a pas de mot pour décrire ce que je ressens
actuellement, ma belle. Retourne-toi lentement pour que je puisse
profiter du spectacle.
Je tournais sur moi, pas par pas, avec l’impression qu’à
chaque endroit où ses yeux se posaient, j’étais marquée au fer.
Quand je lui montrai mon dos, je l’entendis prendre une vive
inspiration avant qu’il ne me prenne dans ses bras.
— Samantha Mitchell, tu veux ma mort ?
Il me retourna d’un coup et captura mes lèvres avec une telle
force que j’eus peur qu’il nous casse une dent. Ses mains ne
savaient où me toucher, mes fesses, mes seins, mon dos, ma taille.
Il les posait partout à la fois.
— Que je t’aime.
Je souris en lui caressant la joue. Nick était vraiment tout pour
moi. Je ne pouvais voir mon futur sans lui. On disait qu’on avait
une âme sœur quelque part sur terre et que les chances de le

142
trouver étaient proches de zéro, je venais de faire mentir les
statiques à moi toute seule.
La soirée fut chaude. Il me montra le monde du plaisir. À
chaque fois, il me fit découvrir de nouvelles choses, de nouveaux
horizons et il était fier de lui. On s’endormit tard dans la nuit.
J’avais les jambes qui tremblaient au point qu’il dut me porter à la
douche, le lendemain matin. Comme on n’allait pas se voir pendant
une semaine, il nous avait donné une bonne dose pour patienter. Je
lui avais fait remarquer que c’était une dose d’un mois pour ma
part. Le retour à la réalité fut dur. J’avais plein de choses à faire
et il y avait ma mère qui continuait à me harceler pour les
vacances. J’avais envie de lui dire d’aller voir ailleurs si j’y étais.
Mais sachant que je passerais encore et toujours pour la fille
désobéissante, j’avais accepté à contrecœur ce voyage entre
filles. Kate sortait un peu plus de sa chambre, elle poussa un cri
au milieu du couloir pendant que les autres révisaient. Cela fut la
bagarre, mais j’étais contente de la retrouver. Un viol, cela
marque, mais elle avait toujours été une battante et je savais que
sa nouvelle rencontre y était pour quelque chose. On ne saurait
peut-être jamais qui lui avait fait cela, mais cette blessure l’avait
rendue plus forte.
La dernière semaine de révision, je dormis peu. Je mangeai sur
le pouce. J’avais beau avoir des points d’avance, cela ne voulait
pas dire que je ne devais pas travailler d’arrache-pied. Je devais
avoir les éloges à la fin de mon cursus. Deux jours avant les
examens, mon père m’envoya un mail me souhaitant bonne chance
et me demandant si je voulais quelque chose pour me
récompenser. J’eus envie de lui dire de prendre maman avec lui
pour les vacances, mais elle aurait tout fait pour que je les suive
alors je lui dis que je lui demanderais en temps voulu.
Le matin des premiers examens, je me réveillais groggy. Une
nausée me pris aux tripes. Je dus passer une bonne demi-heure à
vénérer la déesse de la porcelaine. L’heure tournait et j’avais
peur d’arriver en retard. Je pris une douche en serrant les dents
et me rendis à mes épreuves. Je ne savais pas ce qui m’arrivait et
en y repensant, une part de moi avait un doute, mais refusait de
mettre des mots dessus. La première journée fut éreintante, mais
malgré cela, je réussis à passer au-delà de la fatigue, vertige,

143
nausée et compagnie. Nick m’envoya un message
d’encouragement, je fis de même. J’ignorai son appel de peur qu’il
entende à ma voix ma fatigue et qu’il ne débarque à la fraternité.
Je voulais qu’il reste concentré sur ses dernières révisions.
Quelle que soit la nourriture que je prenais, elle restait une
minute dans mon estomac avant de faire demi-tour. J’étais tentée
d’aller voir l’infirmière, mais je ne voulais surtout pas qu’elle me
donne une ordonnance de dispense. Je voulais être en vacances
en même temps que tout le monde. J’avais testé toute sorte de
nourriture pour voir laquelle mon estomac acceptait et les biscuits
salés semblaient passer avec du jus de pamplemousse. Même les
nausées étaient moins fortes. Je reprenais un peu de couleurs et
les derniers jours furent gérables.
La dernière épreuve de l’année arriva et après elle enfin les
vacances. Nick m’avait donné rendez-vous au café. J’étais
arrivée en avance, cela m’avait permis de demander à la
serveuse si elle avait du jus aux agrumes, si ce n’était pas le cas,
je n’aurais rien bu et il se serait inquiété. Il arriva trente minutes
après moi, tout essoufflé.
— Désolé, me dit-il en déposant un baiser sur mon front.
Il fronça les sourcils en me regardant. Je savais à quoi je
ressemblais. J’étais rousse avec la peau blanche. Être malade me
faisait ressembler à un zombie à condition qu’on sache à quoi ils
ressemblaient bien sûr. Il prit place devant moi et je poussai un
soupir.
— Tu es malade ?
— Je dois couver quelque chose. Comme les examens sont finis
et que demain, je prends l’avion, j’irai voir le médecin de la famille.
— Tu aurais dû m’appeler.
— Je ne voulais pas te déranger.
Il me lança un regard irrité et je fis signe à la serveuse, je
n’avais pas la force de me disputer avec lui. Je commandai ma
boisson et Nick fit de même. Il relança le sujet, mais je lui dis que je
lui avouerais ce que le médecin conclurait. Pour le moment, j’allais
mieux. Il laissa tomber de mauvaise grâce, mais il me donna tout
une liste de recommandations. Je ne savais pas qu’il était
médecin.
— Que vas-tu faire de ton été ? lui demandai-je.

144
— Je vais travailler au garage. Passer du temps avec mes
parents. Que sais-je d’autre ?
J’aurais tellement voulu être avec lui, mais à quoi bon
ressasser ma colère contre ma mère ?
— Je vais essayer de venir pour le mois prochain.
— Ne te bats pas avec ta mère, on se verra toute l’année
après. Profite de voir tes parents.
— J’ai envie de passer du temps avec toi, sans les cours.
— OK, OK, ma belle. Si tu peux revenir plus tôt, j’en serai ravi.
Il me fit un sourire et me dit qu’il viendrait me chercher demain
pour m’amener à l’aéroport. Je voulais passer la nuit avec lui,
mais je n’avais pas fait mes bagages et, malade comme j’étais, je
devais demander de l’aide à Kate qui partait demain aussi. Il me
raccompagna à la fraternité en allant doucement, comme si
j’étais en sucre. Je lui fis la remarque, il sourit avec indulgence en
me disant que j’étais du cristal très précieux donc il se devait de
faire très attention.

145
Chapitre 44
Nick
Savoir que Samantha était malade et qu’elle ne m’avait rien
dit m’avait un peu énervé. Je voulais être l’épaule solide sur
laquelle elle pouvait s’appuyer à tout moment, mais comme il était
impossible de se battre avec elle, avec ses idées logiques, j’avais
fini par lui faire promettre de faire attention à elle.
Les partiels étaient finis, on était enfin en vacances. Je jouais
l’homme fort en lui disant que si elle ne pouvait pas revenir le mois
prochain, ce n’était pas grave sauf qu’à l’intérieur de moi, je criais
non reste avec moi. La nuit fut agitée, je me réveillai en sursaut
suite à vilain cauchemar. Je préférais ne pas y penser. Je pris une
douche froide pour me rafraîchir les idées. Dans moins de six
heures, elle allait me quitter. J’aurais tout donné pour qu’elle ne le
fasse pas, même pour une seconde. J’attendis son message pour
me dire à quelle heure je devais venir la chercher. J’avais déjà bu
deux cafés. Mon subconscient s’amusait à me rappeler mon rêve
et j’avais de plus en plus de mal à ne pas céder à mon caprice. À
dix heures, je l’attendais sur le parking de sa fraternité. J’étais au
téléphone avec Rico quand elle me héla. Impossible de mettre fin à
mon appel, je lui fis signe d’attendre. Je comptai ses valises et
malgré tous les dires de ma belle, elle restait une femme.
J’eus l’impression de voir un film au ralenti. Je lâchai mon
téléphone, mais c’était déjà trop tard. Un 4X4 tout noir qui venait
de l’allée fonça sur elle à pleine vitesse. Ne m’ayant pas écouté,
elle traversait en traînant son plus petit bagage derrière elle. Le
côté droit de la voiture la frappa avec force, elle fit un tour sur
elle-même avant d’être projetée sur le côté. Le bruit du choc
résonna en moi comme un verre qui se brisait en mille morceaux.
J’arrivai près d’elle quand la voiture prit le virage avec un
crissement de pneus. Je regardai Samantha le cœur battant, je
n’osais la toucher. Je me mis à crier à l’aide. Mon cerveau ne
comprenait plus rien, un grand froid m’avait envahi. Kate fut la
première à arriver près de moi. Elle me regarda les larmes plein
les yeux.
— L’ambulance arrive dans deux minutes.
Ce fut les deux plus longues minutes de ma vie. Du sang, il y en

146
avait partout. Je ne savais pas où elle était blessée. Je touchai
son visage, une simple caresse, elle papillonna des yeux et souffla
un nom. J’étais partagé entre la rage et l’impuissance. La bataille
avec l’ambulancier fut terrible. Il ne voulait pas que je monte avec
eux, mais un regard de ma part lui fit comprendre que ce n’était
pas négociable. À peine arrivés aux urgences, on me dit de
patienter. Je me mis à tourner en rond. Kate arriva quelques
minutes plus tard. Elle posa une main sur mon épaule. Je la
regardai, certes, elle connaissait Samantha depuis longtemps,
mais cette femme, enfermée derrière ses portes battantes, c’était
ma vie, mon repère, mon âme, la pièce manquante de mon être.
— J’ai prévenu ses parents, ils ne devraient pas tarder.
Je hochai la tête et cherchai mon téléphone et ne le trouvai
nulle part. Elle me tendit le sien. Mes doigts tremblaient tellement
que je dus m’y reprendre à plusieurs fois pour faire le numéro de
chez moi.
— Maman.
Ma voix se brisa. Je ne devais pas craquer. Je me devais
d’être fort pour nous deux.
— Mon bébé, que se passe-t-il ?
— Samantha a eu un accident.
Ma mère eut un hochet. Elle me promit d’arriver aussi vite
qu’elle le pouvait. Kate me frottait le dos. Elle pleurait en silence,
j’aurai aimé lui rendre la pareille, mais tout ce que j’avais, je le
réservai pour Samantha.
Deux heures passèrent durant lesquelles mes parents
arrivèrent. On n’avait toujours pas de nouvelles de ce qui se
passait. Mon père me prit dans ses bras et me dit d’être
courageux, qu’il comprenait mon impuissance, l’ayant vécu, on
avait l’impression qu’on perdait des années de vies, mais que tout
irait bien si on ne se laissait pas guider par la peur. Le bruit de la
porte qui s’ouvrit m’empêcha de lui répondre. Un médecin s’avança
vers nous.
— Vous êtes de la famille ?
— Oui, répondis-je, la gorge serrée. Ses parents ne devraient
pas tarder.
— Elle va bien. Nous l’avons transféré en salle de réveil.
Je n’écoutai pas la suite de ses recommandations, juste le « va

147
bien » m’avait retiré la grosse boule que j’avais dans la gorge. Je
me mis à trembler, pleurer de soulagement avant de demander au
médecin de la voir. Il n’était pas d’accord, mais après mille
supplications, il me fit promettre de rester calme près de
Samantha. Je lui promis tout ce qu’il voulait, j’avais besoin de la
voir pour constater qu’elle était en vie.
Je pris une grande inspiration devant la porte avant d’entrer.
La voir allongée sur ce lit d’hôpital me fit mal. Les couleurs
avaient déserté son visage. Je pris place près d’elle et caressai
sa joue.
— Hey, ma beauté, ce n’était pas le programme qu’on avait
prévu.
J’essuyai mes larmes. Elle ne devait surtout pas me voir en
train de pleurer alors qu’elle souffrait. Je la fixai depuis un
moment quand elle lâcha un gémissement. Je me levai et
m’approchai d’elle.
— Ma belle ?
Elle papillonna des yeux avant de les ouvrir. Ses yeux verts
étaient ternes. La souffrance déformait ses traits.
— De l’eau.
Je ne m’attardai pas sur sa voix qui n’était qu’un murmure
avant de lui présenter le verre avec une paille. Elle but par petites
gorgées avant de soupirer.
— Tu veux que j’appelle une infirmière ?
Je n’avais pas encore fini ma phrase que le médecin entra
dans la chambre. Il nous regarda une seconde avant de s’avancer
vers le lit.
— Mademoiselle Mitchell, comment vous vous sentez ?
— Comme quelqu’un qui s’est fait renverser par une voiture.
Au moins, je n’avais pas à m’inquiéter pour sa répartie. Le
médecin vérifia ses pupilles avant de me regarder.
— Si vous voulez bien nous laisser.
— Il reste. C’est mon fiancé, vous pouvez dire ce que vous
avez à dire devant lui.
Fiancé ? Ce n’était pas le moment de s’arrêter sur des détails.
— Vous avez deux côtes cassées. Avec du repos, elles vont se
ressouder, mais malheureusement, on n’a pas pu sauver votre
enfant.

148
— Enfant ?
— Oui, vous étiez enceinte de six semaines.
Samantha tourna la tête vers moi. Elle avait les larmes aux
yeux en posant ses mains sur son ventre. Notre première fois. Elle
disait qu’elle n’était pas dans sa période. Le destin jouait un drôle
de jeu avec nous. Je ne savais que dire, que faire pour alléger
notre souffrance. On ne savait même pas qu’un petit être
poussait en elle qu’on l’avait déjà perdu.
— Nick ?
— Ne dis rien. Repose-toi.
— Je vais envoyer une infirmière pour qu’elle puisse vous
administrer des calmants.
Il sortit de la salle, mais ni Samantha ni moi ne l’avions écouté.
Que dire à la femme de sa vie dans un moment pareil ? Je ne
pensais pas que des mots pourraient effacer notre peine. Je pris
sa main dans la mienne. Les larmes refusaient de s’arrêter.
— J’aurais dû le savoir. Les symptômes étaient pourtant clairs.
— Ne te reproche rien. Ce n’est pas ta faute.
— J’aurais dû… Nick, notre bébé, dit-elle dans un hochet. Dean
nous a volé notre bébé.
Je la pris dans mes bras et la berçai du mieux que je pus avant
qu’une infirmière ne vienne lui administrer des calmants. Je quittai
la chambre après l’avoir regardé une dernière fois. J’avais
quelque chose à régler et si tout se passait bien, ça serait
définitif.

149
Chapitre 45
Samantha
Je me réveillais aux sons des voix de mes parents qui se
disputaient dans un coin de ma chambre.
— Tu t’en rends compte ? Enceinte ? Philip, enceinte ?
Qu’auraient dit nos amis si la nouvelle avait éclaté ?
— Elizabeth, il n’y a vraiment que ça qui t’intéresse ? On a failli
perdre notre fille.
— Maman sort de ma chambre, criai-je. Je ne veux pas te voir.
Je me disais qu’il était possible qu’elle tienne à moi à sa
manière, mais ça serait toujours les apparences qui passeraient
avant toute chose. Mon père arriva dans mon champ de vision,
elle n’avait pas quitté la pièce et je ne changerais pas d’avis.
— Fais-la sortir papa. Je ne veux pas la voir. Cela fait trop
longtemps que j’essaie de la satisfaire. Je n’ai plus la force.
— Samantha, dit-elle.
— Pour moi, tu es comme morte ! Sors, hurlai-je.
Mon père la regarda, elle poussa un soupir et sortit. Je fermai
les yeux. J’avais mal aux côtes, respirer me demandait des
efforts. Je cherchai Nick du regard. Où avait-il bien pu passer ?
— Papa ?
— Ne parle pas autant. Le médecin a dit que tu devais te
ménager.
— Où est Nick ?
— Le garçon de la dernière fois ?
— Oui.
— Je ne l’ai pas vu dans la salle d’attente. Il y avait Kate et
ses parents. Il ne doit pas être loin.
Un mauvais pressentiment me saisit. J’agrippai la main de mon
père.
— Trouve-le papa, je t’en prie.
— Samantha, calme-toi, voyons. Il ne doit pas être loin.
— Non, tu n’as pas compris. Celui qui m’a renversée fait partie
de l’université et a une dent contre Nick. Je suis sûre qu’il est parti
le rejoindre. Cela va mal finir. Va voir Kate, demande-lui de
téléphoner à quelqu’un de Delta.
Il me regardait comme-ci une deuxième tête m’avait poussée.

150
J’avais envie de le secouer, mais l’effort que je faisais était ma
limite.
— Papa. Tu m’aimes ?
— Quelle question !
— Alors trouve Nick, je t’en prie. Si quelque chose lui arrivait, je
ne pense pas que je pourrais m’en sortir.
Je posai une main sur mon ventre, il suivit mon geste. Ma gorge
se serra.
— Tu m’as toujours dit de trouver quelqu’un sur qui m’appuyer,
je l’ai trouvé papa. Nick est cette personne. Je ne…
Il posa un baiser sur mon front et sortit de la chambre. Je
fermai les yeux en essayant de me calmer. Je revoyais encore le
4X4 de Dean foncer sur moi. Si je n’avais pas vu sa tête au
moment où il m’avait foncé dessus, qui sait si on aurait pu prouver
sa culpabilité.
Enceinte ? Je le savais. Une part de moi le savait, mais
refusait d’y croire. Je ne savais pas ce que j’aurais fait si je
l’avais su avant, mais je lui aurais donné la vie. C’était une part de
Nick.
Nick. Je me demandais ce qu’il vivait à ce moment-là.
J’aimerais tant qu’il soit près de moi. J’avais dû m’assoupir, ce
furent les chuchotements dans la pièce qui me réveillèrent en
sursaut.
— Nick ?
Je regardai mon père refermer la porte derrière lui et me
contempler. Je secouai la tête. Je n’avais plus la force pour les
mauvaises nouvelles.
— Où est-il papa ?
Il s’avança vers moi doucement comme s’il avait peur que je
craque à tous moment. J’essayai de refouler mes larmes.
— Papa, je t’en prie dis-moi qu’il va bien.
Il pinça les lèvres. Je m’agrippai au drap avec force.
— Il va bien, mais je ne dirais pas la même chose de sa victime.
Je fermai les yeux. C’était un mauvais rêve, un cauchemar.
— Raconte-moi.
— Kate l’a trouvé avant moi. Un dénommé Matt l’a eu au
téléphone et lui a expliqué qu’il s’est fait arrêter. À ce que j’ai
compris, il a frappé celui qui t’a renversé.

151
Je me mordis la lèvre inférieure avec force, je sentis le goût du
sang dans ma bouche et lâchai un gémissement.
— Papa, fais quelque chose.
— Que veux-tu que je fasse, Samantha ? Ce n’est pas juste
une petite bagarre. Il a failli le tuer.
— On peut plaider la légitime défense, que sais-je. Dean l’a
menacé devant tout notre département de lui faire payer. Il a
essayé de me violer, j’ai des photos pour attester qu’il m’a frappé.
— Qu’est-ce que tu racontes ?
— Tu m’as promis quelque chose parce que j’avais validé mon
année. C’est ce que je te demande, papa, ramène-moi Nick.
— Je vais voir ce que je peux faire. Si ce jeune homme qui t’a
renversé a vraiment fait ce que tu as dit, le jour où il ouvrira les
yeux, il ne sera pas content de se sentir en vie.
Je regardai mon père sortir de ma chambre. Je savais qu’il
ferait ce qu’il avait à faire. Mais combien de temps n’allais-je pas
voir Nick ? Allait-il bien ?

152
Chapitre 46
Nick
Trouver Dean ne fut pas compliqué. Il rangeait quelque chose
dans sa voiture, il s’apprêtait à monter quand je l’agrippai par
l’épaule et le retournai. La première chose qu’il vit fut mon poing.
Du sang gicla. Toute la colère, l’impuissance qui bouillonnaient en
moi, remontaient par grandes vagues. Il tenta de bloquer mon coup
suivant, mais je ne le laissai pas faire. Mon poing le frappa encore
et encore. Je ne saurais dire depuis combien de temps je
m’acharnais sur lui quand on me ceintura.
— Lâche-le, Nick, tu vas le tuer.
Je retenais Dean de toutes mes forces. Un policier cria :
— Plus un geste !
Ce qui me décida à le lâcher. Matt poussa un soupir de
soulagement. Mes yeux restaient sur Dean qui s’effondra à mes
pieds. J’aurais aimé lui donner un coup de pied, mais Matt me
faisait reculer.
— Mais qu’est-ce qui t’a pris bon sang ? Tu aurais pu le tuer.
— Et alors ?
Mon meilleur ami me regardait comme si j’avais perdu la tête. Il
regarda Dean puis moi.
— Il s’est passé quelque chose ?
— Il méritait une leçon.
— Jeune homme, vous allez devoir nous suivre au poste de
police.
Je regardai le policier puis Matt.
— Matt cherche une dénommée Kate dans la fraternité de
Kappa, c’est la meilleure amie de Samantha, explique-lui la
situation, qu’elle dise à mes parents de ne pas s’inquiéter.
— Mais qu’est-ce que tu racontes, bon sang ?
— Rends-moi ce service, veux-tu ?
Je laissai le policier m’amener à sa voiture pendant que des
ambulanciers conduisait « la victime » à l’hôpital. Ma colère
commençait à se calmer. Je me sentais coupable pour mes
parents qui allaient voir leur fils unique derrière les barreaux, mais
rien ne pourrait me faire regretter ce que j’avais fait.
Arrivé au poste, on m’enferma dans une pièce en attendant

153
qu’on m’interroge. Je fermai les yeux et revis la scène de
l’accident puis Samantha allongée, toute blanche, sur son lit
d’hôpital et les mots du médecin nous disant qu’on avait perdu
notre enfant. Y avait-il un moyen de remonter le temps ? Les
minutes puis les heures passèrent avant qu’on ne vienne me
chercher. Le policier me fit asseoir dans une pièce comme on en
voit dans les séries télé. Il me détailla avant de pousser un soupir.
— Pourquoi avez-vous fait cela ?
— Que feriez-vous à la personne qui s’en prend à votre famille
?
— La justice…
— Quelle justice ? le coupai-je sèchement. Cette justice qui
promet de nous protéger, mais que l’argent peut acheter
facilement ? Je ne lui fais plus confiance.
— Bizarre pour quelqu’un qui suit des cours de droit.
— C’est aussi cette raison qui me pousse à le faire. Il faut
bien, de temps en temps, des gens intègres dans la fosse aux
serpents.
Il se laissa aller sur sa chaise et me regarda. Il ne semblait
pas me juger.
— Votre victime est dans un état critique. S’il porte plainte, ça
finira mal pour vous.
— Je compte bien porter plainte, moi aussi. Il m’a harcelé. Il a
failli violer ma fiancée. Il m’a même menacé.
Il poussa un soupir. On frappa à la porte. Il se leva et quitta la
pièce. Je voulais savoir comment allait Samantha. Mes parents
devaient aussi s’inquiéter, mais j’avais juste l’impression d’être
anesthésié. Quelques minutes plus tard, le policier revint dans la
pièce.
— Vous pouvez sortir.
Je le regardai sans comprendre.
— L’argent peut acheter la justice. Je ne sais pas qui vous
connaissez, mais cette personne a su faire ce qu’il fallait pour
vous sortir de là.
— Je ne pense pas que l’argent ait quelque chose à voir avec
cela. Quel est votre nom ?
— Inspecteur Ramirez.
— Mexicain ?

154
— Oui. Et ton père l’est aussi. Ils t’attendent, ne les fais pas
patienter trop longtemps. Mais la prochaine fois, quels que soient
les ressentiments que tu as contre la justice, ne la fait pas seul.
— Je saurai garder ça en tête.
Je sortis de la pièce et longeai le couloir. Mes parents
m’attendaient de l’autre côté. Ma mère avait la tête sur les
épaules de mon père, celui-ci la serrait contre lui. Je leur avais
fait de la peine. J’aurai du mal à les regarder dans les yeux
pendant quelque temps, mais ils me pardonnent toujours. Je
m’arrêtai devant eux.
— Niño.
— Mon bébé.
Ma mère me prit dans ses bras et pleura. Je frottai son dos et
regardai mon père. Il me fit un faible sourire avant de tirer ma
mère vers lui.
— J’ai entendu les policiers parler de ce Dean.
— Désolé papa.
— Ce n’est pas grave Niño, je comprends ta réaction. Monsieur
Mitchell a fait ce qu’il a pu pour te sortir de là. Peut-être que
cette fois-ci, une personne de cette famille aura la peine qu’il
mérite.
Je l’espérai moi aussi de tout cœur. Ils ne devaient pas s’en
sortir facilement.
— Va à l’hôpital, elle t’attend, dit mon père au bout d’un
moment.
— Vous ne venez pas ?
— Le temps que ta mère se calme, on te rejoint.
— OK.
Je sortis du commissariat et hélai un taxi. Pendant le trajet
jusqu’à Samantha, je regardai les immeubles défiler. Malgré le fait
que je ne culpabilisais pas, j’avais quand même fait une belle
connerie, j’aurais pu tout perdre. Je comprenais pourquoi mon père
me disait souvent de ne pas laisser parler la colère. Mais que
faire quand on se sentait si impuissant devant l’injustice ?

155
Chapitre 47
Samantha
Je refusai le repas que l’infirmière m’avait amené. Qui pouvait
bien manger quand l’homme de sa vie était en danger ? Mon père
essaya de me calmer en me disant qu’il avait fait ce qu’il fallait,
mais moi, je voulais le voir. Quand il franchit la porte, j’éclatai en
sanglots. Je le voyais avancer vers moi à travers mes larmes.
Mon père se poussa pour lui laisser la place. Il me prit dans ses
bras. Je le serrai avec autant de force que je le pouvais.
— Je suis là. Tout ira bien.
J’entendis la porte se fermer. Il n’y avait personne qui me
connaissait mieux que mon géniteur. Il nous laissa le temps de nous
retrouver avant de dire ce qu’il avait à dire.
— Pourquoi ? dis-je entre deux sanglots. Nick, je n’aurais pas
survécu s’il t’était arrivé quelque chose.
— C’est fini.
Il prit place près de moi en faisant attention à mes côtes. Il me
raconta ce qui s’était passé au commissariat. Je lui expliquai que
mon père avait fait pression sur ses avocats pour que Dean soit
mis en état d’arrestation pour tentative de meurtre. Nous ne
savions pas encore comment la suite allait se passer, mais on
essayerait de ne pas laisser de traces sur le dossier de Nick.
— Kate et ta mère attendent pour te voir. Je vais rentrer
prendre une douche, manger quelque chose et revenir.
— Tu peux dire à Kate de rentrer, mais pas ma mère.
— Tu dois manger, toi aussi. Reprendre des forces.
Je trouvais bizarre qu’il ne dise rien sur ma mère, mais j’appris
plus tard qu’il avait entendu une dispute entre mes parents sur le
fait que j’avais dit à ma génitrice de ne pas s’approcher de moi.
Après un baiser sur le front, il s’en alla.
Kate resta avec moi le temps que je mange la nourriture
infecte de l’hôpital. Mon père passa me voir et sortit quand les
parents de Nick entrèrent. Jess avait les yeux gonflés.
— Jess, je vais bien.
— Ma fille.
Elle prit ma main dans les siennes. Je ne saurais dire si
c’étaient les calmants qui me rendaient si émotive, mais malgré

156
toutes les larmes que j’avais déjà versées, j’en avais encore. « Ma
fille », un simple mot et pourtant.
— Le temps guérit les blessures. Je sais que ça sera dur. Mais
vous avez la vie devant vous, me dit-elle au bout d’un moment.
— Oui, je sais, mais c’était notre enfant.
— Il y en aura d’autres.
Elle regarda son mari qui avait posé une main sur son épaule.
Nick m’avait expliqué pour la maladie de sa mère, ce qui l’avait
contraint à être fils unique. J’espérais lui donner autant de petits
enfants que je pourrais.
— Tout ira bien, dit le père de Nick.
Il me fit un petit sourire et aida sa femme à se lever.
— Dis à Nick qu’on l’appellera. Ma femme a besoin de se
reposer. Et toi aussi, prends soin de toi. Pour lui.
Jess m’avait dit qu’on devait être la force des hommes
Sanchez. Je serais celle de Nick. Nous serions leur pilier.
Qu’importaient les épreuves qu’on aurait, nous ne baisserions
jamais les bras. Après leur départ, je me rendormis en attendant
son retour. Une main se posa sur la mienne, je me réveillai pensant
que c’était lui, mais c’était ma mère.
— Que fais-tu là ?
— Samantha…
— Je ne veux pas te parler. Je suis fatiguée, attends que j’aille
mieux pour dire ce que tu as à dire.
— Je voulais m’excuser.
— Vraiment ? Papa a menacé de divorcer ?
— Non.
— Alors je ne vois pas ce que tu fais là.
— Écoute ta mère, dit mon père entrant dans la chambre. Elle
se sent coupable.
Je lui lançai un regard irrité.
— Coupable ? Après toutes ces années, c’est maintenant
qu’elle se rend compte de son comportement.
— C’est un peu de ma faute aussi, me dit-il. J’aurais dû voir et
comprendre la situation. Je n’ai jamais compris que tu souffrais
autant.
Je n’avais plus de force pour argumenter. Je fermai
simplement les yeux.

157
— Dis ce que tu as à dire. Je ne pense pas pouvoir te
pardonner, mais je pourrais te laisser encore une place dans ma
vie.
— Je ne demande pas plus, plaida-t-elle. Je demanderai ton
avis à partir de maintenant. Je ne laisserais plus le regard des
autres obscurcir mon jugement.
— Si tu penses réellement ça, on arrivera peut-être à quelque
chose.
— Je peux entrer ? dit la voix de Nick.
— Entre, lui dis-je.
Je le regardai avancer vers nous et prendre place à ma
gauche.
— Madame et Monsieur Mitchell, désolé que notre rencontre se
fasse de cette façon.
— J’aurai en effet préféré la faire dans un restaurant, mais il
n’est jamais trop tard, fit son père.
— Maman, papa, je vous présente Nick Sanchez, l’homme de
ma vie.
Mon père serra la main que Nick lui présenta. Ma mère fit de
même. Je la regardai pour voir si elle allait faire une remarque
quelconque, mais elle ne fit que serrer sa main avec un faible
sourire. Madame Mitchell, pas de commentaire ? Je devais bien le
reconnaître, elle faisait son possible pour se racheter. Ils
quittèrent la pièce et nous laissèrent. Nick prit place sur la chaise.
On se regarda un moment. Des malentendus, des larmes, du sang
et une perte, tout cela n’avait fait que nous rendre plus forts, j’en
étais sûre. Qu’importaient les obstacles, Nick Sanchez serait
toujours celui qui serait à mes côtés.

158
Chapitre 48
Nick - deux ans plus tard.
Cela ne fut pas facile après l’accident de Samantha. Elle
resta hospitalisée un mois puis emménagea chez moi avec l’ordre
du médecin de ne pas forcer. Bien entendu, Samantha Mitchell ne
serait pas la femme que j’aimais si elle ne s’amusait pas à se
balader dans l’appartement simplement vêtue d’un de mes t-shirts
ou d’un minishort. Les douches froides, j’ai pu les compter et cette
diablesse riait de mon malheur. On eut des soucis avec les
parents de Dean, même son oncle mis son nez dans l’histoire ce
qui fit que le dossier sur la mort de mon cousin fut ré-ouvert. Tous
les deux furent condamnés. J’eus de la chance que le juge fut
clément avec moi quand je lui expliquai mon histoire. Bien entendu,
il n’y aurait pas de traces sur mon dossier. Ainsi, je pus reprendre
mes cours de droit à la rentrée, mais avec des cours de contrôle
de soi en prime. Samantha démissionna du poste de présidente,
abandonna même la fraternité et ne quitta plus mon appartement.
On vivait ensemble, on se voyait tous les jours comme un vrai
couple. Cela nous semblait tout naturel. Le jour où je récupérais
mon diplôme, je souris à la foule où ma mère était en larmes. Jess
Sanchez, cette femme qui était le pilier de notre famille. Elle nous
soutint pendant la convalescence de Samantha, passant
pratiquement tous les jours pour nous amener de quoi manger.
Après le discours de fin d’année, on lança tous notre toque en l’air.
Samantha sauta dans mes bras et m’embrassa en même temps.
— Enfin diplômée. Je vais prendre une année sabbatique avant
de reprendre. Mais toi, mon cœur, tu vas continuer.
Je ne comprenais pas trop ce qu’elle voulait dire. Avant que je
ne puisse la questionner, nos parents arrivèrent vers nous.
— Félicitations, nous dirent mes parents.
— J’ai faim, dit Samantha.
— J’ai réservé le restaurant, on a qu’à y aller maintenant, dit
sa mère.
Elles se regardèrent. Leur relation avait évolué dans le temps.
Elizabeth demandait plus qu’elle n’exigeait ce qui permit à ma belle
d’oublier le passé. On monta dans ma voiture pour se rendre au
restaurant. Je commençais à avoir les mains moites. J’avais prévu

159
de lui faire une surprise. Cela n’avait pas été facile de convaincre
son père, mais à force d’arguments, il avait fini par dire oui. Je ne
doutais pas de sa réponse à ELLE, mais faite-le comprendre à
mon cerveau.
Je me garai sur le parking vide. Un sénateur ne pouvait dîner
dans un lieu trop public. Au moins, cela avait du bien, on était
protégés. Nous entrâmes et les félicitations fusèrent. Ma famille
était au complet, ma tante, Rico et sa femme ainsi que Matt qui
avait préféré venir avec nous plutôt que de rester avec ses
parents. L’ambiance était parfaite. Mon père me fit signe et je
frappai mon couteau sur ma flûte de champagne. Tout le monde
se tut et mon trac augmenta. Je me tournai vers la lumière de mon
âme et posai un genou par terre. Elle ouvrit grand les yeux, mais
sourit.
— Samantha Mitchell, j’ai eu l’accord de ton père, qui m’a
menacé de me faire enfermer à Guantanamo si je te rendais
malheureuse. Tu sais que tu es la plus belle chose qui me soit
arrivée dans la vie ? Mon père m’a toujours dit qu’un jour, je
trouverai celle qui me complétera comme ma mère le complète. Je
m’étais dit ça risque d’être compliqué et puis j’ai croisé ton chemin.
Cela n’a pas été facile. Ma rousse préférée avec son caractère
de feu a laissé sa marque au fer rouge sur moi. Je pourrai dire
toutes tes qualités, tout ce que je ressens, qu’il n’y aurait plus
assez de mots pour tout te dire. Voudrais-tu me faire l’honneur
d’être la femme de ma vie ? Devenir Samantha Mitchell Sanchez
?
— Oui, Nick. Oui.
Je glissai la bague que j’avais mis deux ans à payer. Je l’avais
récupéré une semaine avant la remise des diplômes. C’était un
simple solitaire, mais je savais qu’elle l’aimerait autant que moi.
Je me relevai et la pris dans mes bras. Elle m’embrassa sous
les applaudissements et félicitations de nos familles et amis. Que
pouvais-je demander de plus ? J’avais celle que j’aimais près de
moi.

160
Chapitre 49
Samantha
Cela ne fut pas facile après l’accident, mais Nick fut plus que
parfait. Chaque jour qui passait, je l’aimais un peu plus. Je ne
pensais pas que c’était possible et pourtant.
Ma mère, après toutes ces années, eut le comportement que
j’attendais d’elle. Cela ne fut pas facile d’oublier tout ce temps de
souffrance, mais je pus lui pardonner. Deux années avaient passé
et nous voilà diplômés. Je ne vis rien venir. Je m’étais dit qu’un jour
ou l’autre, il me ferait sa demande, mais quand ? C’était la
question à un milliard.
Après avoir remercié nos parents et amis pour leurs
félicitations, je lui pris la main et l’entraînai loin d’eux. Je longeai un
couloir et entrai dans la pièce du gérant. Nick me regarda avec
surprise.
— Ma belle, ne me dit pas que ?
— Gros pervers.
— J’avoue que quand il s’agit de toi, je ne réfléchis pas comme
tout le monde.
Je me mis à rigoler tout en le poussant vers le bureau. Celui-ci
était vide et heureusement. Il m’agrippa les hanches et me
souleva. J’entourai sa taille de mes jambes et l’embrassai. La
température monta. J’avais mis une robe noire assez évasée. Il
trouva le chemin très vite. Il nous changea de position et
m’allongea sur le bois. Il parsema mon cou de baisers et fit
descendre mon string.
— Tu vas me rendre folle.
— Je saurai te guérir.
Il détacha sa ceinture, fit descendre sa fermeture éclair et son
pantalon. J’ouvris les jambes pour le recevoir. Nous gémîmes
ensemble avant qu’il ne se fige.
— Mince, je n’ai pas de préservatif.
— Pas besoin, dis-je en le serrant contre moi.
Je ne lui laissai pas le temps de répliquer et le forçai à
m’embrasser. Il laissa tomber la bataille et me fit l’amour.
L’orgasme nous terrassa, il avala mon cri dans un long baiser.
J’aurais dû avoir honte, nos familles et amis n’étaient pas loin,

161
mais que faire ? Nick me faisait toujours cet effet. Quelques
minutes plus tard, il m’aida à arranger mes cheveux et mes
vêtements.
— Tu sais que tu es folle ?
— Et cette folle, tu vas l’épouser.
Il me sourit et m’embrassa. Je le repoussai gentiment. Une fois
ça passe, mais deux fois ? Je ne pense pas que ça aurait été
raisonnable.
— J’ai quelque chose pour toi.
Je pris la boite que j’avais posée près de nous avant que le
plaisir ne nous submerge. Il la regarda, intrigué, avant de l’ouvrir.
J’avais appris la nouvelle encore avant les examens finaux. Cette
fois-ci, je n’avais pas attendu d’être malade pour courir chez le
médecin. J’avais sauté de joie. Je voulus le lui dire de suite, mais
après réflexion j’avais préféré attendre aujourd’hui.
— Mais, mais…
Il me regarda puis mon ventre ensuite la boite dans sa main.
Nous nous étions toujours protégés. Mais un soir trop perdus dans
l’action, il l’avait oublié. J’avais fait un calcul, normalement, je
n’aurais pas dû ovuler, mais mon corps faisait ce qu’il voulait.
— Nous allons avoir un bébé ?
— Oui, mon cœur. Un mariage, un bébé.
Il me sourit avant de me prendre dans ses bras. Je l’entendis
renifler. On avait évité de parler de celui qu’on avait perdu. On
n’avait pas vraiment fait sa connaissance, mais c’était quand
même une perte. Je retirai l’image que je cachais dans mon
soutien-gorge et lui tendis.
— Il ressemble encore à un petit pois, mais c’est notre enfant.
Sa main tremblait quand il me la prit. Je souris. Je me rappelai
avoir pleuré au point que la gynécologue avait dû vider sa boite de
mouchoirs.
— C’est pour cela que tu disais que tu prenais une année
sabbatique ?
— Oui, je vais en discuter avec mon père, qui sait, il trouvera
une solution pour que je fasse au moins six mois par
correspondance.
— Il va me tuer.
— Pourquoi ?

162
— Je lui ai promis de ne pas te faire interrompre tes études, de
faire mon possible pour te soutenir.
— Je m’occupe de mon père. On va attendre les trois mois pour
en parler à tout le monde.
Il posa une main sur mon ventre et sourit.
— Tu fais de moi l’homme le plus heureux du monde. J’aimerai
le crier partout, mais profitons de cet instant à nous avant que je
commence à me cacher de ton père.
Je ris doucement. Nous quittâmes la pièce le cœur léger. On
n’était pas du même monde, mais cela n’avait pas empêché qu’on
se rencontre.

163
Épilogue
Nick - dix ans plus tard
Les années ont défilé à toute vitesse. J’ai encore l’impression
d’être à mes 24 ans. Je regarde Samantha aider notre fils à finir
ses devoirs d’algèbre. Cela n’a pas été facile avec son père à
l’annonce de sa grossesse, mais ma femme a su prouver qu’une
femme peut tout faire, se marier, porter notre enfant à terme,
suivre des cours par correspondance, tenir la maison, s’occuper
de notre fils pendant que je continuais les miens. À ses deux ans,
elle accepta de retourner au campus et passa les deux dernières
années de droit à la fac avec moi.
Nous avons emménagé dans un appartement plus grand à la
naissance de Francisco. Encore une fois, elle n’a cessé de
m’étonner. Elle a décidé de donner à notre fils le prénom de mon
cousin décédé, en hommage. Notre fils me ressemble, elle en est
tout contente parce qu’elle ne voulait pas qu’il soit roux. Cela me
fait sourire en tournant ma tête vers Rita, notre petite dernière de
5 ans qui elle est le portrait de sa mère. Les gênes ne l’ont pas
épargnée, mais étonnamment, après avoir vu notre fille, elle avait
ri, disant que c’était une malédiction chez les filles Mitchell.
Elle se tourne vers moi en souriant. Elle a pris des vacances
pour être avec moi. Je viens de finir de boucler un procès, le
dossier a été lourd. Être l’assistant du procureur de Washington a
été la meilleure chose qui me soit arrivée, mais aussi la plus dure.
On voit défiler des familles détruites et toutes ces personnes
perdues ne sachant que faire après un drame. Chaque jour a un
cas spécial.
Je me retourne pour me diriger vers mon bureau. Je suis
content de ce que j’ai. Je ne finirai jamais de remercier les cieux.
Mais à 35 ans, je sens déjà l’usure du temps. Samantha me
rattrape au moment où je referme la porte.
— Tout va bien, mon amour ?
— Oui, parce que vous êtes là.
Elle me sourit et m’embrasse. On prend place sur le canapé qui
se trouve dans la pièce. Elle se blottit dans mes bras.
— Ta mère m’a téléphoné pour nous inviter, les petits et nous,
pour Noël. Je me disais qu’on pourrait fêter nos 10 ans de mariage

164
avec eux.
— Et tes parents ?
— Mon père sera à un séminaire. J’ai dû me disputer avec lui
pour ne pas l’accompagner. J’aurai dû partir travailler chez le
concurrent.
Je ris doucement. Après son diplôme, son père l’a embauché.
Comme tout le monde, elle a commencé en bas de l’échelle avant
de grimper en flèche. Je suis si fier d’elle.
— Tu l’aimes trop pour ça.
— Heureusement. Parce qu’en ce moment, va savoir pourquoi, il
est de pire en pire.
— Peut-être la crise de la soixantaine.
— Possible.
Elle se mure dans le silence. Je me mets à regarder les cadres
photo qui décorent les murs de mon bureau. J’ai les mêmes à mon
travail, le sourire de Samantha et ceux de nos enfants.
— Nick ?
— Oui ?
— Je t’aime.
— Moi aussi.
— Tu penses qu’on a encore de la force pour un troisième
enfant ?
Je la regarde bizarrement quand elle lève la tête. Pour
chacune de ses grossesses, elle m’a sorti une phrase symbolique.
La première, « je prends une année sabbatique », la seconde, «
j’ai besoin d’un petit congé, mais ne t’inquiète pas mon cœur, je
peux tout faire les jambes en l’air » et cette fois-ci, « si on a de la
force » ?
— Tu es enceinte ?
— Oui, de dix semaines. Le surmenage ne m’a pas fait
remarquer que j’avais du retard. Il faut croire que même la pilule
ne fonctionne pas avec moi.
Je ris doucement avant de l’embrasser.
— Trois, quatre, tant que tu as de la force mon amour, je veux.
Ce sont nos enfants, une part de toi, une part de moi.
— Je t’avoue que j’aurais aimé m’arrêter à Rita, mais quand
j’ai vu encore une fois le petit pois j’ai craquée.
Je pose ma main sur son ventre et la regarde dans les yeux.

165
— C’est toi qui vois, mon cœur. Je suivrai ta décision.
— C’est parti pour un troisième alors.
La vie peut être compliquée, semée d’embûches et d’épreuves,
mais tout arrive à point à qui sait attendre. J’ai su être patient,
j’ai su pardonner, j’ai su avancer et la vie a mis Samantha sur
mon chemin et cela a suffi à faire mon monde.
FIN

166
Remerciements
Ce roman a vu le jour, mais comme plusieurs de mes
manuscrits, il n’était nullement certain qu’il ait son point final. Je
tiens à remercier spécialement ma « moitié », Sylvie. Je ne saurais
dire depuis combien d’années on se connaît parce que le temps
est devenu illimité pour nous deux.
Un petit pari parce qu’elle sait que je ne peux pas y résister et
voilà, vous avez entre vos mains mon tout premier livre.
Sylvie merci, vraiment. Au point final, j’ai eu l’impression d’avoir
accompli quelque chose. Qui sait, c’est vraiment le cas ?
Merci à toutes mes bêta-lectrices qui ont lu mes chapitres
remplis de fautes et qui n’ont pas lâché l’affaire en route.
Et merci à vous, lecteurs, d’avoir acheté mon livre. J’espère
que Samantha et Nick auront su vous faire rêver.
Mallika R.

167
Anyway Éditions
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168
Couverture
Titre
Résumé
Table des Matières
Existentielle
Mentions Légales
Dédicace
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26

169
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50 - Épilogue
Remerciement
Anyway Éditions

170
Table des Matières
Couverture 2
Titre 3
Résumé 4
Table des Matières 5
Existentielle 7
Mentions Légales 8
Dédicace 9
Chapitre 1 10
Chapitre 2 12
Chapitre 3 16
Chapitre 4 18
Chapitre 5 23
Chapitre 6 26
Chapitre 7 32
Chapitre 8 39
Chapitre 9 41
Chapitre 10 43
Chapitre 11 46
Chapitre 12 49
Chapitre 13 51
Chapitre 14 54
Chapitre 15 58
Chapitre 16 62
Chapitre 17 66
Chapitre 18 69
Chapitre 19 73
Chapitre 20 76

171
Chapitre 21 79
Chapitre 22 83
Chapitre 23 87
Chapitre 24 90
Chapitre 25 93
Chapitre 26 97
Chapitre 27 100
Chapitre 28 102
Chapitre 29 104
Chapitre 30 107
Chapitre 31 109
Chapitre 32 111
Chapitre 33 113
Chapitre 34 115
Chapitre 35 118
Chapitre 36 121
Chapitre 37 123
Chapitre 38 127
Chapitre 39 130
Chapitre 40 133
Chapitre 41 136
Chapitre 42 140
Chapitre 43 142
Chapitre 44 146
Chapitre 45 150
Chapitre 46 153
Chapitre 47 156
Chapitre 48 159
Chapitre 49 161

172
Chapitre 50 - Épilogue 164
Remerciement 167
Anyway Éditions 168

173

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