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SPORTS POUR TOUS


Collection dirigée par Daniel Mermet
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D U MÊME AUTEUR
Chez « Solar », Presses de la Cité.

Déjà parus :
Karaté invincible et sportif
Karaté en trois jours
Self-défense en trois jours
Trois jours avec les arts martiaux
Judo (Solarama)
Karaté (Solarama)
Aikido, Kendo, Kobudo (Solarama)

A paraître :
Karaté moderne.
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Frank Morvan-Denègre
Guy Sauvin

la technique
l'entraînement
la tactique

ÉDITIONS ROBERT L A F F O N T
PARIS
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Si vous désirez être tenu au courant des publications de l'éditeur de cet ouvrage, il vous
suffit d'adresser votre carte de visite aux Éditions Robert Laffont, Service « Bulletin », 6, place
Saint-Sulpice 75279 Paris Cedex 06. Vous recevrez régulièrement, et sans aucun engagement
de votre part, leur bulletin illustré, où, chaque mois, se trouvent présentées toutes les nou-
veautés que vous trouverez chez votre libraire.

© Éditions Robert Laffont, S.A., 1 9 7 7


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DU CINÉMA AU SPORT

A près le judo, le karaté constitue le deuxième art martial qui


intéresse véritablement un public occidental sportif.
Malheureusement règne autour de lui, outre une am-
biance de légende quelquefois inconsidérée, un climat mal-
sain, à la limite de la mythomanie et de la malhonnêteté,
qui l'éclabousse injustement.
La dénomination d'art martial fait intervenir un état d'es-
prit qui doit sublimer la discipline considérée sans tomber
dans l'excès, on peut donc parler de sport traditionnel ce
qui nous éloigne un peu d'un simple exercice physique.
Avec 80 000 licenciés, une augmentation constante et
importante des pratiquants et enfin une compétition qui a
permis jusqu'à maintenant à nos tricolores de fréquentes
victoires, le karaté a fait son entrée dans les grandes disci-
plines sportives.
Cet ouvrage aura donc pour but de décrire une méthode
indubitablement efficace, de définir une technique de salle
et de compétition et enfin de conseiller un type d'entraîne-
ment qui permette de progresser sérieusement.
« Karaté », ce sera pour vous un ouvrage d'initiation et
d'information honnête sur une merveilleuse discipline qui,
après vous avoir fourni des « jambes », vous procurera la
« tête » à condition de le mériter.

F.M.D.
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HISTORIQUE DU KARATÉ
« Des îles Ryukyu en 1609 à Los Angeles 1976 »

L e karaté emporte dans le sillon de son histoire toutes les disciplines


qui permettaient à l'homme de se battre, car n'oublions pas que de tout
temps ce fut une préoccupation majeure de nos ancêtres : ils travail-
laient la terre, ou étaient religieux, ou bien faisaient la guerre.
Au VII siècle avant J.-C., lors des premières Olympiades, apparut
le pancrace qui sous l'influence des Romains se divisera en deux disci-
plines sportives toujours pratiquées de nos jours : la lutte gréco-ro-
maine et la boxe.
Nous retrouvons ces méthodes de combat en Asie, après les conquê-
tes d'Alexandre le Grand en 336 av. J.-C. Le combat aux poings
commença donc à se répandre sur cet immense continent et les moines
bouddhistes furent les principaux instigateurs de cette vulgarisation. Il
faut dire que ces derniers trouvaient dans cette méthode de combat un
bon moyen de répondre aux agressions, car le sens religieux leur inter-
disait le port et l'usage des armes.
Après l'Inde, ce sera la Chine qui s'intéressera à cette forme de
défense, les moines n'y voyaient plus seulement un sport de combat
mais aussi un exercice physique salutaire qui libérait le corps favori-
sant ainsi une méditation plus sincère. Le tai chi chuan ou « art de
combat aux poings » intéressa bientôt le fondateur du bouddhisme zen,
le sage Bodhi Dharma, qui d'ailleurs le modifia un peu pour en faire
le véritable art de combat chinois, connu sous le nom de shigo ti shu,
que l'on retrouvera au Japon sous l'appellation de kakuteijitsu.
Puis à la fin de la dynastie Ming, apparut le taikyoken qui consti-
tuait lui aussi une méthode de combat aux poings, il existe d'ailleurs
encore aujourd'hui comme traitement médical et système d'éducation
physique recommandé par le gouvernement chinois en fonction de ses
vertus thérapeutiques.
Cependant l'art martial qui se rapproche le plus du karaté contem-
porain est celui qui se pratiquait au XVII siècle dans les îles Ryukyu
et notamment à Okinawa.
En effet en 1609, les Japonais font la conquête de ces îles et impo-
sent aux indigènes une dictature qui leur interdit l'usage des armes. La
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classe militaire disparaissant par la même occasion, il ne reste plus que


les paysans qui n'ont pour moyen de défense que leurs instruments de
travail et leur force physique. Cette précision concernant les instru-
ments aratoires est importante, car ils seront utilisés rapidement par
les habitants d'Okinawa qui complétaient ainsi l'efficacité de leur
méthode de combat à mains nues. Nous retrouvons aujourd'hui ces
armes rudimentaires à l'utilisation judicieuse sous l'appellation globale
d'armes du kobudo, c'est-à-dire « armes de l'ancienne voie du
combat ». Sous le joug de cette occupation militaire, les insulaires
créent donc l'Okinawa-te (la main d'Okinawa) qui deviendra dans
l'interprétation japonaise le karaté-do (kara : vide, te : main, do : voie;
la voie de la main vide) sous l'impulsion de Gishin Funakoshi au début
du XX siècle.
Pendant près de trois siècles, l'ancêtre du karaté subira de nombreu-
ses transformations qui permettront par la suite des variations de style
intéressantes.
Ces variations obéissaient à des données topographiques précises :
ainsi dans les régions marécageuses travaillait-on plus facilement avec
les poings en fonction des difficultés de déplacement au sol. Par contre
dans les sites montagneux, la primauté était accordée aux techniques
de pied, qui pouvaient s'appliquer avec une totale efficacité.
En fait c'est en 1912, que des officiers japonais qui avaient séjourné
à Okinawa introduisirent le karaté au pays du Soleil Levant mais sans
grand succès; la véritable implantation se fera par l'action de Funa-
koshi qui fonda le style Shotokan.

Les premières écoles de karaté sont au nombre de trois et possèdent


chacune leur particularité, que ce soit dans l'emploi des techniques ou
dans la manière de travailler.
On distingue donc l'école Shito de maître Mabuni, l'école Goju fon-
dée par le maître Myagusuku, dont l'origine est identique à celle de
l'école Shito. Son nom provient des deux termes japonais goken et
juken qui signifient respectivement « poing fort » et « poing faible ». On
imagine donc cette harmonie entre la force et la souplesse que le fonda-
teur de cette méthode a voulu établir.
Enfin nous reparlerons du Shotokan de Gishin Funakoshi qui encore
aujourd'hui apparaît comme le style principal du karaté japonais.
Il est curieux de noter que contrairement à la méthode chinoise qui
est rapidement devenue une gymnastique, le karaté-do s'est transformé
en art martial redoutable, qui devait permettre à son adepte d'anéantir
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un adversaire d'une seule attaque. Une telle affirmation peut paraître


ridicule, mais lorsqu'on s'attache aux récits relatifs aux Samouraïs, on
comprend le caractère dramatique du combat que pouvaient se livrer
deux ennemis à l'époque.
En fait, il faudra attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour
que le karaté perde son aspect martial et devienne un sport, mais un
sport qui demeurera tout de même fortement offensif.
Son introduction en France a lieu autour des années 60 sous l'in-
fluence de Henry Plée qui le premier prit contact avec des Japonais
et par la même occasion s'initia aux premiers rudiments de karaté. Il
eut l'idée ensuite de faire venir de jeunes universitaires et des maîtres
qui purent ainsi directement transmettre leur savoir. C'était l'époque
des pionniers du karaté et l'on commença à organiser des champion-
nats où concouraient des gens comme Desnoes, Barroux, Doudou,
Sauvin, Valera. Les Français commencèrent alors à prendre une
sérieuse avance sur les pays européens et tous les championnats de
1963 à 1973 virent une suprématie totale des tricolores. En 1972, les
championnats du Monde se déroulèrent à Paris au stade Pierre de Cou-
bertin et c'est notre formation qui les remporta malgré certaines protes-
tations américaines et nippones invoquant des irrégularités d'arbitrage.
N'exagérons rien car il serait tout de même étonnant que, sur cinq arbi-
tres jugeant un combat, tous fassent preuve de partialité.
Quatre ans ne suffirent pas à calmer les esprits et en 1976 à Long
Beach, les contestataires purent tout à loisir exercer une revanche sans
rapport aucun avec l'esprit budo. On s'attendait à une attitude dure
des arbitres japonais et américains, ils firent mieux en ignorant toutes
les techniques françaises et l'incident éclata. Il aurait été certainement
préférable que Valera ne crée pas de scandale et que l'affaire soit trai-
tée au niveau de la fédération mondiale avec objectivité; mais en fait
il est difficile de reprocher à un grand champion, qui considérait cette
manifestation comme l'apothéose et la fin de sa carrière sportive, de
se voir lésé pour satisfaire des querelles politico-sportives.
Le mal était accompli et l'on entendit cette fois-ci parler sérieuse-
ment d'un nouveau venu dans les sports de combat : le « Full-
Contact ». C'était, paraît-il, un karaté de compétition amélioré, mais
en fait le résultat en fut décevant car nous étions devant une affaire
d'argent et non de sport. Pourtant, il ne faut pas douter qu'une formule
proche du « Full-Contact » pourrait permettre à certains compétiteurs
de haut niveau de s'exprimer pleinement.
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Des îles Ryukyu au dernier championnat de France à Coubertin, le


karaté a subi l'épreuve du temps sans perdre sa tradition et en s'adap-
tant à des générations de pratiquants; c'est sans aucun doute la preuve
de sa richesse et nous vous invitons après ce bref historique à découvrir
les bases et la technique de cette extraordinaire discipline.

DÉFINITION DE LA TECHNIQUE
Il est toujours délicat lorsque l'on aborde l'étude d'un art martial de
parler de sport, car les puristes et défenseurs farouches de l'esprit budo
- façon tout à fait intégriste de considérer l'éthique des arts martiaux
- n'acceptent pas que l'on dissocie activité physique et portée philoso-
phique. Et pourtant, il semble difficile d'accepter un tel jésuitisme intel-
lectuel qui en fait nous éloigne de la véritable attitude de sagesse des
maîtres de karaté. Il ne s'agit pas de nier la valeur morale des arts mar-
tiaux, mais de lui rendre sa place, c'est-à-dire l'aboutissement d'un cer-
tain nombre d'années de pratique.
En fait, l'évolution physique et morale s'effectue sur deux voies
parallèles qui, selon les individus, finissent un jour par trouver un point
de convergence; dans l'attente d'un tel moment, nous voudrions que
les pratiquants comprennent l'intérêt d'un travail soutenu et régulier,
seul gage de réussite.
Nous voici donc revenu au sport avec la noblesse que celui-ci doit
tout de même conserver, la tradition du karaté ne permettant pas d'y
échapper.
Mais alors « karaté pour tuer », « mythe de l'invincibilité » devien-
nent-ils tout d'un coup des fredaines pour mythomanes de salon ou de
bidonville? Nous le pensons et il serait temps que tout le monde en
soit convaincu car le karaté n'a guère besoin d'une telle publicité pour
intéresser les futurs pratiquants.
D'ailleurs précisons immédiatement que le karaté rejette rapidement
ceux qui veulent apprendre en une semaine à assommer leurs petits
camarades et qu'il faut faire preuve d'un peu plus d'opiniâtreté pour
obtenir déjà une ceinture noire 1 dan.
Ce qui, précisons-le, ne constitue pas une fin en soi; malheureuse-
ment, la valeur de cette fameuse ceinture noire est trop sublimée par
les néophytes; en définitif un karatéka sérieux n'accorde à ce morceau
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de tissu qu'une signification tout à fait relative. Il ne faudrait d'ailleurs


pas y voir une marque de fausse modestie hypocrite, mais le signe
d'une recherche gratuite du progrès. Précisons que le grade demeure
tout de même indispensable par son action psychologique sur le prati-
quant et permet de situer chaque élève en tenant compte de son niveau.
Le karaté gagne à être débarrassé d'un fatras intellectuel pour nous
apparaître d'une manière beaucoup plus réelle, c'est-à-dire comme une
discipline sportive qui se protège derrière une certaine tradition tout
en restant une épreuve physique sans concession pour celui qui
l'endure.
Après avoir situé l'état d'esprit dans lequel il faut aborder cet art
martial pour ne pas être déçu et y trouver un véritable enrichissement,
nous aimerions le placer dans le contexte du budo japonais.
Tout le monde connaît le judo ou, tout du moins, en a entendu par-
ler; son implantation remonte à 1935 avec l'installation à Paris de
Kawaishi. C'est un art martial beaucoup plus défensif que le karaté
et nécessitant un contact physique avec l'adversaire. Les mouvements
sont essentiellement constitués de projections et de balayages qui per-
mettent de profiter du moindre déséquilibre de l'adversaire. Ce sport
nécessite tout de même de la force pour être efficace et constitue par
sa valeur formatrice une très bonne discipline pour les enfants qui
prennent conscience de leur corps, des contacts avec autrui et enfin du
rôle de la violence.
Un art martial connaît depuis peu un essor important dans notre
pays; il s'agit de l' aïkido dont l'esthétique remarquable et la sérénité
contribuent certainement à l'engouement d'un public à majorité fémi-
nine. Il se rapproche un peu du judo par l'emploi de la force adverse
et un sens défensif poussé; cependant les contacts avec le partenaire
sont beaucoup moins fréquents, l'intérêt de cet art martial résidant
dans l'emploi de l'esquive ou taï sabaki. On laisse donc toujours
l'adversaire attaquer pour esquiver son mouvement au dernier moment
et lui porter une arm-lock ou un atémi au sol. Pour être efficace cette
technique demande de longues années de pratique afin d'aboutir à la
quasi-perfection du mouvement.
Il est évident qu'au royaume des arts martiaux, l'aïkido porte un
sceptre qu'il doit à la synthèse de la technique et de l'esprit.
Nous n'évoquerons pas ici le kendo, le iai et les différentes armes
du kobudo dont le but est totalement différent, car ils nécessitent déjà
l'emploi d'un armement.
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Le karaté apparaît donc par rapport au judo et à l'aïkido comme


une discipline violente, à l'aspect offensif plus marqué et ne demandant
pas un contact physique avec l'adversaire. Sa technique se résume en
fait à des coups portés qui entraînent pour y répondre des mouvements
d'esquive, de blocage et de contre-attaque directe.
On se rend compte qu'en l'absence de contact, qui permet de déceler
le moment de l'attaque, l'importance du « timing » est indéniable pour
assurer une riposte efficace sur une technique de pied ou de poing qui,
au préalable, aura déjà fait l'objet d'une feinte.
Nous aurons l'occasion, au cours de cet ouvrage, de vous familiari-
ser avec certains mouvements typiques qui trahissent quelque peu les
intentions de leur exécutant.
En effet il ne faut pas oublier qu'en dehors de l'apprentissage d'une
technique, le karaté doit vous familiariser avec le combat, cette forme
dramatique du comportement humain qui à l'époque des sociétés in-
dustrielles n'est que le fait d'une minorité. Minorité de jeunes délin-
quants ayant compris que la violence était payante à l'égard d'indivi-
dus dont l'instinct était endormi par une société confortable tout du
moins en apparence.
Il faut donc essayer de se confronter artificiellement à ce genre de
situation qui bien souvent paralyse celui qui est attaqué, c'est alors la
peur qui domine empêchant toute réaction saine de défense.
Le karaté permet donc d'ajouter à l'aspect sportif un côté pratique
qui n'est pas inutile dans notre époque de violence; mais avant de par-
venir à l'efficacité, un long travail sera nécessaire, et nous vous propo-
sons de le commencer ensemble.
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CHAPITRE I

L'ENTRAÎNEMENT
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L'entraînement dans le dojo.


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B eaucoup s'imaginent encore que le karaté est réservé à une élite, ce qui
n'est pas totalement faux dans la mesure où l'entraînement demande
de la persévérance et de la régularité dans l'assiduité aux cours.
Il ne faut pas non plus être un grand malade cardiaque ou être vic-
time d'une contre-indication médicale sérieuse; mais, en dehors de ces
cas, chacun de vous est capable de s'adonner à la pratique du karaté.
Il est évident que certaines précautions élémentaires sont à respec-
ter : on imagine mal quelqu'un sachant moyennement nager se lancer
dans la traversée de la Manche sans un entraînement préalable. Il en
est de même ici et nous vous conseillons de doser votre effort si vous
voulez aborder avec succès la pratique du karaté.

La salle d'entraînement
ou le dojo

Nous essaierons dans cette rubrique de définir aussi bien la salle


d'entraînement que son proche environnement; il est très important de
travailler dans un cadre qui soit à la fois agréable et qui corresponde
aussi à certaines données élémentaires d'hygiène et de sécurité.
Nous vous conseillons d'abord de choisir une salle qui ne soit pas
trop loin de votre domicile; car les premiers temps vous trouverez tou-
jours le courage d'aller vous entraîner, mais il n'est pas dit que l'avenir
vous dotera toujours du même courage, et l'on sait fort bien ce qui
se passe lorsqu'on arrête quelque temps : c'est bien souvent un arrêt
définitif. D'autre part la salle (dojo) dans laquelle vous travaillerez doit
vous plaire; vous devez vous y sentir à l'aise et apprécier la compagnie
des autres élèves; ce ne sera pas dès la première leçon, mais au bout
de quelques-unes. Si vous ne ressentez pas l'ambiance que vous désirez,
n'hésitez pas à aller voir comment on travaille dans d'autres salles et
avec d'autres professeurs car n'oubliez pas que c'est du professeur que
dépend la qualité de cette ambiance et de ses élèves.
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La salle ne sera pas obligatoirement très grande, mais par contre


bien aérée et propre, elle ne devra pas présenter de dangers, comme
un radiateur sans protection sur lequel on risque de chuter lourdement
ou bien encore un angle de mur qui ne serait pas protégé par un molle-
ton. Vous devez pouvoir après chaque cours prendre une douche et
bénéficier d'un vestiaire suffisamment vaste. Une glace dans le dojo
vous permettra d'étudier vos mouvements et de visualiser quelque peu
votre technique, un sac améliorera la frappe de vos coups de pied ou
de poing et enfin un makiwara fortifiera comme il convient les kentos
de vos poings (phalanges des doigts servant à frapper).
Le sol de la surface de travail est constitué soit d'un parquet totale-
ment lisse afin d'éviter des blessures aux pieds, soit d'un tatami, tapis
de sol plus dur qu'en judo afin de permettre des déplacements corrects.
Le karaté traditionnellement se pratique sur un parquet, du moins dans
les universités japonaises, mais l'habitude s'est répandue en France de
travailler sur un tatami qui par sa dureté ne ralentit pas trop les dépla-
cements et cependant procure un confort indéniable sur des chutes dues
à des balayages.
En fait un dojo de karaté ne demande pas des aménagements parti-
culiers et nombre de salles de gymnastique permettent une pratique
sérieuse, et procurent en outre des équipements de musculation qui
sont fort utiles à l'entraînement.

Le professeur

Voilà un sujet épineux à aborder, car il est nécessaire de se livrer


à quelques critiques qui peuvent froisser certains enseignants actuels
dont les méthodes sont parfois étonnantes.
On parle bien souvent des maîtres japonais de différents styles et l'on
peut affirmer que quelques-uns sont de véritables techniciens qui for-
ment des élèves hors pair grâce à leur maîtrise totale du karaté.
Mais peut-être est-ce un signe des temps et qu'un monde occidental
trop virulent déteint sur eux : les experts japonais n'ont plus le crédit
d'antan auprès des pratiquants, car leur fantaisie n'amuse plus per-
sonne. Il est indispensable d'apporter quelques éclaircissements à une
affirmation aussi grave et cependant empreinte de vérité.
Il ne s'agit pas de remettre en cause le karaté nippon car nous ne
serions rien sans lui; cependant depuis quelques années nous assistons
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à une baisse notoire de qualité dans l'enseignement des Japonais. Ce


n'est certainement pas leur valeur technique qu'il faut remettre en
cause mais leur manière de l'appliquer. En effet, pendant les premiers
mois de leur séjour les choses se déroulent fort bien et le kime (vitalité
dans la manière de travailler) de ces experts époustoufle véritablement
tout ceux qui ont l'occasion de les approcher. Hélas ce plaisir finit par
disparaître quand les Japonais s'intègrent dans la société française ou
tout du moins en donnent l'apparence.

Le confort de l'Occident fait disparaître leur spontanéité et ne leur


conserve même pas la conscience professionnelle qui anime un bon
nombre de nos professeurs. Seuls les professeurs japonais qui travail-
lent en collaboration avec la fédération parviennent à tenir leur rôle
en acceptant un encadrement. Et malheureusement lorsque ce n'est pas
ou plus le cas, l'anarchie commence à régner d'une manière pratique-
ment inévitable.
On voit donc certains de ces experts créer des méthodes et donc for-
mer des élèves; et puis du jour au lendemain les experts partent et leurs
élèves sont privés de leur source d'enseignement et condamnés à se
retrancher sur d'autres méthodes pour continuer leur progression, ce
qui n'est pas toujours aisé. Des stages sont aussi organisés et les kara-
tékas ont la désagréable surprise de ne pas voir le maître arriver pour
assurer son enseignement c'est totalement malhonnête car certains élè-
ves parcourent des milliers de kilomètres pour suivre ces stages de per-
fectionnement et d'information. On a vu aussi des championnats de
styles s'organiser pendant toute une année, et, à la date de la compéti-
tion, l'expert décider purement et simplement d'aller faire la compéti-
tion ailleurs. On peut comprendre aisément la désillusion et l'amertume
des pratiquants qui s'entraînent longuement pour une manifestation
fantôme qui était destinée à regrouper soi-disant des élèves de plusieurs
nations. Que diriez-vous d'un déplacement inutile du Brésil jusqu'en
France pour ce genre de plaisanterie?
Telles sont en quelques mots les mésaventures qu'il faut tâcher
d'éviter pour ne pas décourager les passionnés de karaté.
Les propos que nous venons de tenir concernent les professeurs japo-
nais; mais certaines mises en garde doivent aussi être adressées à
l'égard de certains français dont l'attitude ne correspond guère au
modèle-type d'enseignant du karaté.
Une mesure récente a permis de clarifier un peu les choses, il s'agit
du diplôme d'État que doit posséder tout professeur exerçant son acti-
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vité dans une salle de karaté. Hélas, les détenteurs de ce diplôme ne


sont guère récompensés, car trop de personnes peuvent encore donner
des cours sans être titulaires de ce fameux brevet d'État. Des efforts
sont faits pour régulariser la situation de certains enseignants compé-
tents et fermer les salles ne correspondant pas à cette réglementation.
Nous conseillons donc aux futurs pratiquants de se renseigner sur la
légalité de l'enseignement dans certains dojos.
Il faut aussi préciser que l'ambiance du club demeure très importante
et qu'elle tient à la personnalité du professeur; sachez que vos progrès
seront tributaires de cette atmosphère et n'hésitez pas à vous rendre
dans différents clubs afin de faire un choix objectif. Il existe en effet
encore beaucoup trop de professeurs qui confondent leurs élèves avec
de futurs légionnaires et, si la discipline reste indispensable pour
accomplir de véritables progrès, personne ne vous demande de grossir
les effectifs d'un camp de concentration.
La première chose à laquelle vous devez être sensible, c'est la façon
d'enseigner : vous devez pouvoir, en tant que simple spectateur,
comprendre à quoi correspond un mouvement, même si son exécution
vous semble mystérieuse. Cependant, ne portez pas un jugement de
valeur sur un professeur tant que vous manquez de bases techniques,
car certaines méthodes pédagogiques pour faire comprendre un mouve-
ment peuvent échapper à un néophyte.
En fait, vous devez vous sentir en confiance avec votre futur profes-
seur et, une fois ce point acquis, travailler sans arrière-pensée et surtout
sans esprit critique, car certains mouvements demandent une longue
approche avant leur exécution définitive. N'oubliez pas que la pratique
du karaté exige du temps et de la persévérance afin de parvenir à de
véritable résultats.

L'équipement

Contrairement à d'autres disciplines sportives, vous n'aurez point


besoin ici de tout un équipement compliqué puisque c'est votre corps
qui vous sert de moyen de défense et d'attaque. Il vous faut une tenue
vous permettant de vous sentir à l'aise et d'avoir une parfaite percep-
tion du mouvement. Vous porterez donc un keiko-gi ou karate-gi qui
se compose d'une veste et d'un pantalon en toile relativement rigide
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afin de percevoir parfaitement l'intensité du mouvement qui bien réalisé


doit provoquer le claquement sec de la toile. Les pratiquants masculins
porteront une coquille enveloppe suffisamment rigide en plastique ou
en métal destinée à protéger les testicules d'une attaque basse notam-
ment avec le pied. Précisons immédiatement que cette coquille joue
rarement son rôle, car les attaques à ce niveau sont interdites en
compétition.
Les pieds et les mains sont utilisés sans aucun accessoire et doivent
être fortifiés au makiwara et au sac afin d'obtenir une bonne frappe
sans risque de blessures.
Le karate-gi devra toujours être propre et assez long pour ne pas
trahir les mouvements du corps avant l'attaque, assez ample aussi pour
que l'on ne perçoive pas les mouvements respiratoires qui sont aussi
significatifs de l'action. En effet, juste avant un mouvement le karatéka
a tendance à arrêter sa respiration pour expirer complètement en fin
de mouvement. Vous pourrez porter l'emblème de votre méthode ou
de votre club sur la manche ou sur le devant de votre karate-gi mais
sachez que la discrétion est préférable, évitez donc de transformer
votre tenue en équipement d'homme-sandwich.

De nombreux karate-gi sont équipés de cordons qui permettent de


fermer les pans de la veste, nous vous déconseillons fortement de céder
à la tentation de les nouer, c'est en fait le meilleur moyen de déchirer
le tissu qui ne résistera pas aux nombreuses tractions que vous exerce-
rez lors des mouvements. La ceinture suffira amplement pour fermer
votre veste à condition qu'elle soit correctement nouée, aucun gradé
dans un club ne refusera de vous montrer comment vous devez faire.
Si l'habillement compte énormément dans votre tenue, vous ne
devrez pas négliger votre présentation personnelle : prenez la précau-
tion d'avoir des ongles toujours bien coupés, d'avoir les mains et les
pieds propres et d'éviter toute odeur corporelle qui pourrait incommo-
der les autres élèves. Nous ne voulons pas insinuer que les karatékas
sont sales, mais l'on ne se rend pas toujours compte que le keiko-gi,
recueillant votre sueur à chaque cours, finit par dégager une odeur peu
agréable même si votre hygiène est irréprochable. C'est donc un point
important à surveiller et nous ne saurions trop vous recommander de
faire l'acquisition de deux karate-gi, ce qui vous permettra ainsi de
ménager votre tenue d'entraînement et d'autre part de toujours disposer
d'un équipement propre.
Considérez que le début de l'étiquette en karaté commence dans
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votre manière d'être et se prolonge dans votre comportement en salle


vis-à-vis du professeur et des élèves; une négligence dans votre tenue
indiquera un irrespect notoire à l'égard de votre maître et un manque
de sincérité dans la pratique de la discipline; c'est une des premières
règles du budo : être exigeant avec soi-même afin d'aboutir à une véri-
table progression.
Le karaté ne doit pas simplement apparaître comme un moyen de
se battre et d'exploiter au maximum ses capacités physiques, c'est aussi
une école de courage, de discipline, en fait une manière de vivre.

Les grades

Nous n'essaierons pas ici de dire hypocritement que les grades n'ont
aucune signification; car quand on peut l'affirmer, c'est que l'on a fran-
chi un certain nombre d'étapes en karaté qui se situent bien au-delà
de la simple ceinture noire.
Les grades sont nécessaires dans la mesure où ils créent une émula-
tion à laquelle chaque être humain sait être sensible, et il est utopique
de vouloir se lancer dans l'apprentissage d'une discipline pendant un
certain nombre d'années si on ne peut progressivement évaluer les sta-
des d'une évolution.
C'est donc en fonction de ce simple rôle que nous nous intéresserons
aux grades car ils constituent tout de même un facteur pédagogique
essentiel.
Il existe deux systèmes pour distinguer la valeur technique des kara-
tékas : le français qui reprend l'échelle des couleurs un peu comme en
judo, et le japonais qui passe du blanc au noir par l'intermédiaire du
marron.
Au Japon donc du 9 au 3e kyu (classe), vous portez une ceinture
blanche barrée dans le sens de la longueur d'un trait rouge, ensuite du
3e kyu au 1 votre ceinture sera marron avec toujours cette barre
rouge, enfin parvenu au 1 dan vous pourrez arborer une ceinture noire
qui sera pourvue ou non d'un trait rouge.
En France, la notation est quelque peu différente : certains profes-
seurs ayant pensé que la variété des couleurs permettrait de franchir
les premiers temps de pratique du karaté avec plus de dynamisme. Par
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conséquent les élèves du 9 au 4e kyu portent successivement une cein-


ture blanche, jaune et orange, et du 3e au 1 kyu une ceinture verte,
bleue et marron.
Pour la notation des ceintures noires, le système est identique, un
premier dan portera donc sa couleur avec une barre blanche dans le
sens de la largeur et successivement chaque grade supérieur lui permet-
tra d'augmenter proportionnellement le nombre de ces barres.
Il est considéré en Occident que la valeur technique s'arrête au qua-
trième dan et qu'ensuite les dans supplémentaires sont destinés à
récompenser un champion s'étant particulièrement bien comporté ou
ayant contribué à l'essor de sa discipline. Il existe aussi des grades
honorifiques récompensant certains sponsors ou mécènes du karaté
(cette pratique existe d'ailleurs dans les autres arts martiaux) qui ont
œuvré financièrement à l'élaboration d'une méthode en assurant la sub-
sistance et les progrès des maîtres qui les dirigeaient. Une politique
tend à se faire jour et consiste à dégager la base des gradés, c'est-à-dire
que de temps en temps les plus hauts gradés montent d'un dan pour
permettre à la masse de gravir un échelon dans la hiérarchie des
« Black Belts ».
Une question rituelle revient pratiquement sur les lèvres de tous les
néophytes; à savoir en combien de temps peut-on devenir « ceinture
noire »; précisons immédiatement que tout dépend des aptitudes de
l'élève et de la régularité de son travail. On peut cependant prétendre
qu'un élève assidu (huit heures de pratique par semaine) obtienne sa
ceinture noire au bout de deux ans.

L'étiquette

Vous n'arriverez pas dans un dojo de karaté comme dans un hall


de gare et il est important de connaître certains usages qui vous per-
mettront de vous faire apprécier de vos condisciples et de votre profes-
seur.
Les premières règles relèvent de la simple politesse, c'est-à-dire arri-
ver un peu avant l'heure du cours pour ne pas en perturber le déroule-
ment, ne pas fumer dans le dojo, ne pas élever la voix ou interpeller
un élève pendant le cours, ne pas parler sans qu'on vous y ait invité.
Sachez aussi éviter toute grossièreté ou attitude de mauvaise humeur,
astreignez-vous à la même discipline que les autres et effectuez tous
les mouvements en même temps que vos partenaires; vous avez choisi
de faire du karaté et vous devez en accepter la discipline.
Certaines attitudes sont spécifiques au karaté pendant le déroule-
ment du cours : en entrant dans le dojo, effectuer un petit salut en incli-
nant simplement la tête pour marquer votre déférence pour cet endroit
quasi sacré qui va vous voir travailler selon une certaine tradition, il
est d'usage de saluer en direction de l'effigie du maître qui orne la plu-
part des salles de karaté. Nous vous rassurons tout de suite, il ne s'agit
pas de développer un culte malsain de la personnalité puisque cette effi-
gie représente le plus souvent le fondateur du karaté, Gishin Funa-
koshi, et rarement un expert contemporain.
Vous devrez aussi saluer avec un petit hochement de la tête votre
professeur qui en dehors de sa propre personne représente le prolonge-
ment de la tradition du budo.
Respectez toujours les pratiquants plus gradés que vous afin de
gagner leur estime et de pouvoir profiter de leur expérience. De même
manière ne méprisez pas les élèves qui auront moins de temps de prati-
que que vous, c'est la valeur de l'enseignement du karaté que vous res-
pecterez par cette attitude.

Vous voici en possession d'éléments de base qui vous permettront


de vous présenter dans une salle de karaté sans commettre d'impardon-
nables erreurs; essayons donc maintenant d'entrer dans le vif du sujet
en établissant les premiers fondements techniques d'une extraordinaire
discipline que nous vous souhaitons de connaître.

Les principes de base

Il nous paraît important d'expliquer pourquoi le karaté peut revêtir


une telle efficacité en tant que méthode de combat et de défense.
Nous savons que, à quelques exceptions près, nous possédons tous
la même force et que son emploi n'obéit pas la plupart du temps à une
utilisation rationnelle et donc parfaite.
Les raisons en sont multiples, l'habitude du confort et notre mode
de vie ne nous prédisposent pas à une activité physique intense et régu-
lière, d'autre part le rôle du sport dans l'existence de nos contempo-

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