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MASTER 1 Psychologie clinique et psychopathologie, Université Felix Houphouët-


Boigny, UFR SHJS, Département de psychologie
UE PSYCHOPATHOLOGIE INTEGRATIVE DE L'ADULTE ET DE LA PERSONNE
AGEE
ECUE Psychopathologie intégrative de l'adulte
Enseignant : Denis DAGOU
Le cas Thomas
Thomas est l’un des trois fondateurs de l’agence et je travaille directement pour lui. À
première vue, c’est un homme plein de charme, brillant, drôle, séduisant. Il m’a fallu plusieurs
semaines pour comprendre que c’était une personnalité très difficile. Pourtant, lorsque je l’ai
rencontré la première fois, il m’a impressionnée. Bien sûr, il m’a fait attendre au moins une
heure, mais comme c’était mon entretien d’embauche, je n’ai pas protesté. Il a un bureau
immense, avec une très belle vue. J’ai appris plus tard que cette pièce devait être à l’origine
une grande salle de réunion, mais Thomas avait bataillé contre ses autres associés pour se
l’approprier.
Il m’a fait un grand numéro de charme, du genre « nous croyons aux jeunes comme vous ».
Très cordial et direct, me demandant de le tutoyer, il est arrivé à me faire sentir que je devais
être reconnaissante à un homme aussi important de s’intéresser à une petite jeune comme moi.
Il ne pouvait pas s’empêcher de glisser des anecdotes sur sa brillante carrière et ses succès.
J’ai joué le jeu de la débutante respectueuse et admirative ; il en a été ravi. Derrière son
bureau, bien en évidence, plusieurs photographies le montraient en compagnie d’artistes
célèbres. Il y avait aussi l’ensemble des trophées que l’agence avait gagnés dans des festivals
internationaux (je sais aujourd’hui que ce n’est pas lui qui s’était occupé de certaines des
campagnes primées).
Travailler avec Thomas n’est pas chose facile. Bien sûr, il sait charmer, enthousiasmer une
équipe, surtout les nouveaux arrivants, qui mettent du temps à découvrir l’aspect moins
plaisant de sa personnalité. En fait, il n’arrête pas de souffler le chaud et le froid. Un jour, il
vous félicite, vous croyez qu’il vous soutient à fond, mais le lendemain il critique
ironiquement votre travail en public. Du coup, tous les membres de l’équipe guettent son
approbation et sont mortifiés au moindre signe de rejet. Il arrive à créer une relation de
dépendance, presque passionnelle, avec certains de ses collaborateurs, et c’est ce qu’il veut
puisqu’il aime se sentir respecté et admiré. En tout cas, sous des dehors très « copain-copain
», il supporte très mal qu’on ne lui manifeste pas une certaine déférence. Et malheur à ceux
qui s’opposent !
L’année dernière, un créatif déjà connu, Jean, qui arrivait d’une autre agence, lui a tenu
tête en réunion, lui expliquant assez vertement ce qu’il pensait de son style de management.
Blanc de colère, Thomas a quitté brusquement la réunion en claquant la porte. Le lendemain,
Jean a trouvé ses affaires dans un carton à la réception, et l’annonce d’une procédure de
licenciement pour faute grave. Les autres associés de l’agence, craignant que cela n’en
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ternisse l’image, ont voulu tempérer ce conflit. Finalement, le créatif a quand même dû partir,
mais avec une belle indemnité.
Inutile de dire qu’avec un exemple pareil, personne ne se rebelle ouvertement. D’ailleurs, tant
qu’on le flatte et ne le contredit pas, l’ambiance est plutôt bonne. Ce qui me déplaît le plus,
c’est qu’il s’arrange toujours pour s’approprier les idées de l’équipe, pour s’attribuer tout le
succès. Il fait écran entre nous et les autres associés, il ne supporte pas que nous ayons des
contacts avec eux.
Pourquoi est-ce que je reste ? Parce que c’est dur de trouver ailleurs en ce moment. Et puis, il
faut reconnaître que c’est quand même une star dans le métier, et que ça fera bien sur mon
CV. Partout où il va, il fait forte impression, avec son air sûr de lui, son élégance ; il a toujours
l’air très en forme, hâlé juste ce qu’il faut, tiré à quatre épingles.
Une consolation mesquine : on sait par sa secrétaire qu’il a des ennuis avec ses impôts. Il a un
salaire astronomique, mais en plus, il s’arrangeait depuis des années pour financer son mode
de vie sur des notes de frais et avantages en nature. Et là, ils viennent de lui faire un très gros
redressement. Du coup, il n’arrête pas de faire des sorties contre cette « société de m… où on
empêche les créateurs de créer ». Pour se consoler ;il se fait inviter dans des week-ends de
rêve par des gros clients dont il est devenu l’ami. Au retour, il n’hésite pas à en parler aux
jeunes créatifs qui sont payés dix fois moins que lui et qui, eux, sont restés à travailler comme
des fous pour boucler un projet.
Questions
1. Que pensez-vous de Thomas ?
2. Comment Thomas se voit-il ?
3. Faites une analyse sémiologique du cas thomas e
4. Donnez votre diagnostic du cas Thomas

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