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ELISABETH BLYTHE
© ELISABETH BLYTHE 2017
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ayants-droit est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes des articles L.335-2 et suivants du code de
la propriété intellectuelle.
Je hais cet homme à un point inimaginable ! Je le déteste plus que tout ! Plus
que les cloportes, les araignées … et même plus que les égorgeurs !
s’afficha sur son visage, presque complaisante. S’il est une espèce d’humains
sûr !!
Je ne le connais pourtant que depuis quelques toutes petites minutes, mais j’en
sais déjà suffisamment sur lui pour savoir que je ne supporterai pas bien
Bon, ce n’est pas comme si là, tout de suite, je pouvais me le permettre, mais
ce qui est sûr, c’est que je ne ferai pas long feu dans cette boite ! Je m’en fais la
promesse.
En attendant, j’imagine déjà à quoi vont ressembler mes prochaines semaines –
mes prochains mois ? – ici. Je vais vivre un véritable enfer, parce que de nos
le peu de temps que je viens de passer dans les locaux de cette horrible société,
que mes journées de travail vont virer en véritables cauchemars !
La secrétaire qui a replongé son nez dans ses papiers a eu un léger sourire
suppose qu’elle a dû en voir des vertes et des pas mûres avant de lâcher
l’affaire. Pas sûr que je tienne autant qu’elle ! Et alors que je devrais, en toute
Sitôt mon entretien d’embauche terminé, je lui avais promis de lui faire un
avoisinant la folie. Folle de rage en fait, c’est bien le terme qui me définit pour
l’instant.
Alors, patientons encore un peu … et direction les toilettes pour me passer un
peu d’eau froide sur le visage afin de reprendre un peu mes esprits.
Et Abby, qui pensait sincèrement me rendre service ! Si elle savait à quel point
c’est raté !
Ce qui devait s’avérer être un super bon plan pour moi, se révèle n’être, en
fait, qu’une énorme farce de mauvais goût. Mais comment aurait-elle pu s’en
douter ?
A la vérité, l’emploi proposé par Doherty Press, qui devait selon les dires
d’Abby être une méga-super opportunité pour moi, n’est en fait qu’une
grossière galéjade. Evidemment, elle ne pouvait pas le deviner ! Mais il
droit, compétent, sûr et efficace qu’il désire recruter. Non. Loin de toutes ces
un pur macho comme l’on n’en fait plus, entre nous soit dit ! – est tout
mes aptitudes pour le poste. Seules lui importaient pendant notre entrevue mes
mensurations et mon style vestimentaire, histoire de le rendre encore plus
lumineux sans doute !?
Pfff, Quelle poisse ! Moi qui étais à la recherche d’un véritable emploi ! Pour
une fois, j’y croyais presque. J’espérais tellement de cet entretien … à tort
apparemment !
une séquence de caméra cachée, comme on voit à la télé. Des gens que l’on met
dans une situation incroyablement désagréable, et que l’on fait marcher un
moment avant de leur apprendre que tout cela n’était en fait qu’une blague. Eh
bien, c’est exactement ce que je viens de vivre, sauf que malheureusement pour
moi, ce n’était pas une plaisanterie destinée à amuser les spectateurs du samedi
soir. Pour en être sûre, j’ai même regardé partout. Mais il n’y avait point de
caméra, hélas !
Mon futur patron a réussi à me plonger dans une situation si indélicate que je
d’accepter son offre, bien que ce soit la dernière chose que j’aurais faite, si
seulement j’avais pu me le permettre. J’en suis malade d’avance !
meilleure offre pour l’heure. Mes études onéreuses m’ont laissé un crédit
colossal sur le dos et il va bien falloir le rembourser maintenant. Donc
équation à la portée de tous : ne pas faire la difficile et ratifier le contrat qui
m’est proposé, pour un temps qui sera, je l’espère, le plus court possible.
Enfin, bref ! Dans ces conditions et sans même comprendre comment j’ai pu
société de presse de notre pays. Et alors que cette dernière jouit d’une
passe sans qu’il fasse la une scandaleuse des tabloïds. L’héritier de cet empire a
en effet, une vie médiatique très intense, dirons-nous. Il est coutumier qu’il
parade lors de galas ou de festivités privées, toujours en très belle compagnie :
Par son mode de vie légèrement débauché aussi, il fait alors tout aussi bien le
bonheur des paparazzi que celui des lectrices friandes de son actualité. Si je
parle de lectrices plus que de lecteurs, c’est parce que Monsieur Doherty a
effectivement une plastique de rêve qui en fait rêver plus d’une.
Cet homme au physique flatteur – je confirme - se joue si habilement des
médias qu’il a dans ses filets tout un tas de groupies qui bavent d’envie devant
le séducteur millionnaire.
C’est tout de même une attitude surprenante pour un dirigeant de société d’une
telle envergure que celle de Doherty Press ! D’ailleurs, je ne suis pas certaine
que ses dévergondages sentimentaux aux manières délirantes de jet setters
n’aient que des retombées positives sur la compagnie. Mais je suppose que son
Enfin bref, tout ceci pour préciser que tout le monde aux Etats-Unis connait le
parvient à mener avec sérieux ses affaires ! Car il peut bien tromper son
monde en s’affichant tout sourire devant les caméras, les flashs, les
journalistes ou bien même devant son fan club ; une seule rencontre en privé a
Cet homme tant adulé – par les femmes - est à la vérité un égocentrique, un
personnage hautain, qui plus est, méprisant envers son personnel. Et c’est
malheureusement ce que je viens de constater … Et de près !
Invitée ce matin à me présenter devant lui pour un entretien d’embauche, il n’a
cessé de s’amuser avec moi comme le font les chats avec une souris. C’est-à-
dire cruellement. Sauf que dans l’histoire, c’était moi la souris. Pendant les
gênée. Puis, dévoilant peu à peu son côté le plus vil, il a eu cette moue
dédaigneuse, comme un rictus de dégoût qui m’a fait me sentir si moche et si
nulle que d’instinct j’en ai rentré ma tête dans mes épaules et prié pour que mes
souffrances s’arrêtent ! Tout ça pour quoi ? Pour obtenir un poste pour lequel
Seulement voilà, la dure réalité : j’ai, comme tout à chacun ma part de loyer à
payer, ainsi que les deux mois de retard qu’Abby m’a avancés ! Alors, à mon
grand regret, j’ai étouffé mes indignations et fini par accepter tacitement son
offre. Autant dire, que là, outre la colère qui m’anime face à l’homme le plus
odieux qui m’ait été donné de rencontrer, je fulmine. J’enrage contre moi
d’avoir ressenti une attirance physique pour cet être aussi abject et de m’être
fourvoyée à accepter de travailler auprès de lui, reniant ainsi tous mes
principes.
Mais que faire d’autre quand on se retrouve dans une situation où l’on est
Quand Abby m’a refilé le tuyau hier matin, en m’envoyant dès qu’elle l’a
appris un texto rapide de son lieu de travail, c’était une primeur. Le poste
n’avait pas encore été enregistré sur les sites officiels des offres d’emplois, il
fallait foncer. Alors, comme elle me le conseillait, j’ai sauté sur l’occasion et
lendemain matin et m’a précisé que j’étais la première postulante inscrite. Une
véritable aubaine quoi ! Bien sûr, il avait pris le temps auparavant de me poser
tordue ?
si chère …
négligeable !
Alors pourquoi dans ce cas-là, n’ai-je donc pas le sourire, puisque voilà des
Après cette traversée du désert, j’aurais dû sauter au plafond, et même dans ses
bras pour lui montrer ma reconnaissance, mais j’en ai été bien incapable, vu
nature de mon diplôme dont j’étais pourtant si fière le jour de mon obtention.
Car en effet, depuis ma sortie d’université, non seulement, je n’ai pas croulé
sous les propositions d’emploi. C’est le moins qu’on puisse dire ! Mais en
plus, il semblerait que tous les étudiants des Etats-Unis le possèdent également,
le rendant du coup très peu recherché. Dieu sait pourtant, combien j’ai pu
courir après les offres. Mais au final, jamais rien de positif. Rien, Nada,
Nothing ! Essuyant les habituels discours de refus, que connaissent déjà tous
les guerriers de la chasse à l’emploi : soit la place venait tout juste d’être
Alors, qu’après tous les efforts et sacrifices que j’avais pu concéder pour
qui se sont taries ici, aussi rapidement d’une flaque d’eau en plein désert.
diplôme que des milliers d’étudiants ont obtenu tout comme moi et qui s’avère
être d’une totale inutilité ici ! Génial quoi !
Donc, tout ça, pour en revenir à ma présence, ce matin, dans les locaux de
Doherty Press, où contre toute attente, je viens d’obtenir le poste d’assistante
de Monsieur Doug Doherty. Le titre est certes ronflant mais j’ai dans l’idée que
difficiles. De toute manière, si cela n’avait pas marché pour moi ce matin,
j’aurais très certainement fini par me rabattre sur un petit job de serveuse ou de
vendeuse à tiers temps, ce qui aurait quand même été comique, me connaissant.
sautiller de joie, et même faire des pirouettes dans le couloir. Mais non. Ma
joie est totalement altérée par la nature même du type aux côtés duquel je vais
désormais devoir collaborer. Un sale type. Extrêmement beau mais
Quand j’ai enfin été autorisée à pénétrer dans le bureau de Doherty avec plus
d’une demi-heure de retard sur l’heure de rendez-vous, une jeune femme
juchée sur de hauts talons aiguilles m’a enfin introduit dans la pièce et je me
suis avancée vers l’homme qui siégeait à quelques mètres devant moi. Mais à
peine étais-je rentrée qu’elle s’en retournait, me lâchant seule dans l’arène.
Aussi, la porte immédiatement refermée derrière elle, je me retournais vers
cette dernière, comme paniquée à l’idée de me retrouver seule avec cet homme
qui de loin me semblait très impressionnant.
Doherty a fini par lever les yeux de son ordinateur affichant un air on ne peut
que c’était le cas. Ses pupilles sombres ont scanné ma personne, m’examinant
de haut en bas, si bien que gênée, je ne savais plus quoi faire. Devais-je
continuer à me diriger vers lui ou attendre qu’il m’y invite ? Pour le coup, son
mode tant il semblait parfait. En revanche, la dureté de son regard brun peu
adressais un sourire timide complètement niais, qui ne pouvait que trahir mon
inconfort.
N’importe quelle personne civilisée ayant un minimum d’éducation et de
savoir vivre, aurait cessé ce jeu sadique et m’aurait invitée à prendre place sur
l’un des fauteuils disposés face à son bureau, mais lui non !
détail de ma personne !
Et bien que mon apparence ne soit pas rebutante, - enfin on ne me l’a jamais
fait remarquer en tout cas – manifestement déçu par ce qu’il voyait, sa lèvre
supérieure s’est alors relevée d’un seul côté formant un rictus sur son visage,
qui criait haut et fort son « dégoût ». J’étais abasourdie par cet accueil des plus
grossiers, me recevant en plus, en pleine figure l’expression de son mépris.
Par fierté, il était absolument hors de question que je baisse le regard devant
lui. Je me renfrognais, le toisant à mon tour. Et nos deux regards s’affrontèrent
ainsi pendant un laps de temps plus ou moins long. Les yeux dans les yeux, une
drôle de sensation me saisit, créant un nœud dans mon ventre. Pourtant son
regard était si froid et tant inamical, que jamais je n’aurais pensé pouvoir
ressentir quoi que ce soit d’autre, pour cet homme, que du dédain ! Mais
que son air désabusé. Plus que de lire en lui son écœurement.
Alors que nos regards étaient ancrés l’un à l’autre hostilement et malgré son
incorrection totale, mon corps, lui, réagissait à la beauté de cet homme. Il est
vrai que Doug Doherty est très certainement le plus bel homme que je n’ai
jamais rencontré. Grand, bien bâti, les traits fins de son visage plus que
parfaits, je ne pouvais nier qu’il avait un charme fou. Jusqu’à ses cheveux
brun-foncé qui semblaient si doux que j’avais envie d’y passer mes doigts à
l’intérieur.
Comment était-il possible que mon enveloppe corporelle face bande à part
l’abri de mon chemisier. Mais étais-je vraiment à blâmer pour cette réaction
purement physique ? Aucune femme, j’en suis sûre, ne saurait rester insensible
au charme d’un tel homme. Mais comme je le disais, un homme très beau,
certes, mais aussi désagréable que splendide. Quel gâchis quand même !
clichés de lui que j’avais pu voir dans la presse ou sur internet jusqu’alors, ne
lui rendaient vraiment pas hommage. Il était encore plus beau « en vrai » !
Mais là, s’arrêtait tout ce qu’il pouvait y avoir de plaisant en lui.
suffisamment lucide pour comprendre que mon admiration pour lui, n’avait
d’égale que l’aversion qu’il semblait ressentir pour moi. Car en effet, nos
sentiments n’étaient absolument pas partagés. J’aurais pu, ou sans doute dû,
Pourtant, après tout, je n’étais présente que pour l’emploi qu’il proposait et
non pour sortir avec lui. Mais j’étais tout bonnement incapable de prendre
suffisamment de recul. J’étais à la vérité vexée qu’il puisse ressentir une telle
répugnance à mon égard. C’est d’ailleurs, à ce moment-là, qu’en toute sagesse
Cela dit, si j’avais fui avant même que l’entretien n’ait véritablement
commencé, Abby m’aurait très certainement trucidée dès mon retour. Et elle
aurait eu raison ! Après tout, ce qu’il pouvait ressentir à mon égard n’avait pas
à interférer avec le poste que je convoitais. Pas plus, que ce que moi je pouvais
ressentir.
société aussi importante que la sienne, il aurait dû baser ses attentes sur des
Doherty finit par m’indiquer d’un geste le fauteuil face à son bureau et je m’y
assis.
Il était temps !
C’est là que je devais mettre le paquet pour vendre mes aptitudes si je voulais
remporter le poste.
Il ne sait pas lire un C.V ? Le mien est pourtant, justement sous ses yeux.
Quoi Humm ?
Qu’est-ce que c’était censé vouloir dire ? Que j’étais trop jeune ou trop
vieille ?
fixant.
ça -.
veille au soir, d’où ma réponse peut-être un peu trop académique. Mais mon
but était de l’impressionner afin d’éviter la sempiternelle réponse « on vous
rappellera ». Alors, disposée comme jamais à obtenir le job, je ne me
dégonflais pas et répondais avec aplomb à chacune de ses questions. Mon amie
m’avait d’ailleurs apporté nombre d’éléments de connaissance utiles sur la
odieuse voir insultante. Il est bien évidemment connu que certains recruteurs
petto.
Voilà ce que j’aurais dû faire, et ce que j’aurais d’ailleurs fait, dans des
circonstances différentes ! Mais au lieu de ça - car on n’a pas toujours le choix
que j’étais absolument l’assistante qui lui fallait. Je débitais alors avec
conviction, tous les arguments que j’avais listés la veille, et ce, sans baisser les
yeux suggérant ainsi mon assurance dans le domaine.
plus. Evidemment.
trop. Comment était-il possible d’être aussi beau et aussi blessant à la fois ? Je
m’en voulais d’être ainsi sensible à ses charmes.
Alors qu’il se dressa à nouveau et se plaça face à moi, appuyé contre son
fièvre les boutons de son vêtement afin de dévoiler ce buste qui me faisait
Oh non, pitié pas ça ! Il n’en fallait pas plus pour que mon visage se couvre
davantage de plaques rouges. J’avais soudain les pommettes en feu. Me sentant
complètement honteuse, je préférais encore baisser le regard. Comment avait-il
Stop, stop, STOP !!! Je suis en train de me saborder toute seule. Concentre-toi,
Allait-il m’embrasser ?
contraire, il me fixait sans rien dire. Un étrange silence s’était installé entre
nous et je sentais le poste s’éloigner de moi. J’avais foiré. Merde !
nez sur mon curriculum. Son visage changea d’expression, redevenant plus
sérieux, voire plus sombre. Il ne semblait pas satisfait par ce qu’il lisait en
complètement déconcentrée. Mes sens avaient pris le dessus sur mon esprit et
son parfum enivrait encore mes méninges. Je n’avais jamais été troublée à ce
point par un homme. Mais lui était tellement supérieur en beauté comparé aux
qu’il me faisait – et qu’il devait d’ailleurs avoir sur toutes les femmes –.
seule chose dont j’étais vraiment sûre, c’était qu’il s’était amusé de moi, avec
un plaisir sadique.
Au fond de moi, je le soupçonnais même d’avoir déjà porté son choix sur une
proie avec laquelle s’amuser. Mon curriculum parlait pour moi ! Une jeune
fille de la campagne, tout nouvellement arrivée à New-York, sans doute un peu
dans son bureau : se payer un peu de bon temps à mes frais ! J’avais dû
Pour moi, Doug Doherty n’était qu’un sale sadique bourré de fric qui ne savait
plus comment se distraire !!! Et moi, comme l’imbécile que j’étais, je n’avais
pas vu le truc arriver. Mieux j’avais sauté des deux pieds dans le piège qu’il
m’avait posé !
— Et vous pensez sincèrement pouvoir gérer toutes ces tâches malgré le peu
brite », qui veillait à véhiculer une image sympa de lui dans les médias, alors
qu’il n’était finalement qu’un sale con arrogant derrière son bureau.
— Oui, ai-je répondu d’une voix chevrotante, bien trop perturbée qu’il
Sur mes genoux, je triturais mes doigts à m’en faire mal. Je voulais que cet
entretien s’arrête et rentrer chez moi. Car j’avais trop envie de pleurer et il
était hors de question que je lui offre ce plaisir.
riche, puissant et beau comme un dieu que cela lui donnait tous les droits. Abby
n’avait de cesse d’être élogieuse à son encontre, eh bien j’étais loin de penser
comme elle !
Bref, je jetais l’éponge, bien décidée à rester muette jusqu’à ce que le chat ait
fini de jouer avec sa souris.
— Bien, je suppose que je n’ai guère le choix, à vrai dire, finit-il par souffler.
Le temps de passer par une agence me laissera sans aucun doute encore
— Vous vous présenterez ici demain à 8 heures. Ne comptez pas sur des
horaires fixes, ce ne sera pas votre cas. Vous êtes présente au bureau jusqu’à ce
que je vous donne l’autorisation de partir car je peux avoir besoin de vos
services à n’importe quel moment de la journée. Quand je suis en déplacement,
vous l’êtes également, cela va de soi. Pour le reste, Mary Donner, notre
rigueur et de la discrétion.
J’ai hoché, par pur réflexe, la tête pour acquiescer, tout en blêmissant.
Qu’allait donc devenir ma vie durant ces prochains jours, … ces prochaines
En fin d’entretien, que je courais littéralement vers la porte après qu’il m’ait
invitée à disposer – et oui, certaines personnes parlent vraiment ainsi dans la
vraie vie ! – quand il m’a interpellée une dernière fois.
Zut !
— Mademoiselle Johns ?
A regret, je stoppais net ma fuite et me retournais.
Je l’ai regardé avec hébètement. Une styliste ? Vraiment ? Enfin, une chose
cool dans cette entreprise ! Mais je n’eus pas vraiment eu le temps de me
— Qu’elle voie ce qu’elle peut faire de vous. Vous comprendrez qu’en tant que
qui ne semble pas vraiment inné chez vous. Enfin, à voir par la suite.
Connard ! pensais-je si fort que j’eus peur de l’avoir prononcé à voix haute. Et
inversement proportionnelle.
Pour toutes les personnes qui liraient et ne comprendraient pas son allusion,
j’expliquerais simplement que certains New-Yorkais ont la fâcheuse tendance à
En attendant, hier soir donc, elle me confiait à quel point ce genre de poste était
convoité et combien nombre de personnes, y compris certaines travaillant déjà
au sein de la société auraient été prêtes à tout pour avoir l’honneur d’assister
Doug Doherty. Forcément, je m’étais esclaffée en délirant justement sur ce que
pourrait comprendre le « tout » et j’étais certaine que son admiration pour son
beau patron altérait son jugement. Elle abusait d’après moi. Abby en fait
toujours trop quand il s’agit de Doherty ! Evidemment, elle fait partie de son
fan club ! C’est la parfaite amoureuse … platonique.
Enfermée dans les toilettes de l’étage je reste un moment les mains appuyées
totalement vidée de mon sang. Moi qui rougis habituellement pour un rien, je
pince mes joues entre mon pouce et mon index afin de faire ré-affluer le sang.
couleurs. Mon souffle est encore irrégulier de m’être tant contenue mais je
m’applique alors à faire quelques exercices de respiration afin de retrouver
mon calme. Mes larmes ne sont pas loin mais je tente de les réprimer encore
un peu. Je ne veux pas pleurer ici. Il est hors de question que quelqu’un
Un peu plus tard, de retour chez moi, quand je enfin rejoins l’appartement
qu’Abby et moi partageons, je me sens réellement perdue. Mon état de colère
s’est peu à peu estompé au profit d’un sentiment beaucoup plus mitigé. Entre
surchauffaient déjà.
seule chose et c’est là, le vrai côté positif de cette journée : je vais enfin
pouvoir rembourser Abby, payer de nouveau ma quote-part de loyer et peut-
être, avec un peu de chance, retrouver un petit pouvoir d’achat. Enfin, pas
maintenant. Mais si mes calculs sont bons et à la condition expresse de résister
aux différents affronts que mon amour de patron n’hésitera pas à provoquer,
financièrement parlant, très bientôt. Et c’est, somme toute, une sacrée bonne
nouvelle ! Je prends alors seulement le temps de répondre au texto d’Abby qui
J’en profite pour reléguer au fond de mon cerveau toutes mes digressions.
Inutile de me projeter dans les semaines à venir car je sais déjà qu’il me faudra
survivre à cette première journée qui ne manquera pas, j’en suis sûre, d’être
aucun état d’âme, pour incompétence ou n’importe quel autre motif qui lui
Je suis toujours perdue dans mes insolubles pensées quand j’entends la clé
tourner dans la serrure de la porte d’entrée. L’après-midi a filé à la vitesse de
l’éclair, entre mes nombreux doutes, mes recherches plus poussées sur
« l’animal », allant de pages en pages sur les chroniques mondaines de New-
York city. C’est déjà le début de soirée quand Abby entre dans l’appartement,
un sourire radieux aux lèvres et agite devant mes yeux une bouteille de
champagne français, boisson qui n’est pas usuelle entre nous, compte tenu du
prix élevé de ce pur délice.
— Félicitations Scarlett ! Je. Le. Savais ! s’exclame-t-elle en détachant chaque
syllabe. J’étais sûre que ce poste était pour toi ! Tu vas voir, tu vas te régaler !
Je n’ai même pas le temps d’en placer une tant elle s’excite, heureuse pour moi
et tire mille plans sur la comète. Ce qui n’est pas plus mal, finalement ! Son
de me faire rire, alors que, franchement, c’était pas gagné. Mais honnêtement,
voir Abby entamer une danse qu’elle annonce, d’ores et déjà, sensuelle sur la
table basse, vaut tous les spectacles comiques du monde ! Et de bonne grâce, je
Une fois installées sur notre vieux canapé, verres en main, - nous n’avons ni
flûtes, ni coupes - Abby porte très cérémonieusement un toast en mon honneur.
— A toi, ma chère colocataire et très chère amie qui vient de décrocher le gros
lot !
Pouah !!!! Je manque de m’étouffer ! Alors, là non ! Vraiment non, Abby !
pensé-je. J’étais décidée à taire mes frustrations, mais là, quand même, elle
pousse le bouchon un peu trop loin, faisant ressurgir aussitôt en moi tous mes
griefs du début de journée. Ses grands yeux ronds ne réalisent pas encore la
tempête qu’elle vient de déclencher en moi. Malgré tous les efforts que j’étais
prête à consentir pour ne pas gâcher la soirée, c’en est tout de même un petit
peu trop pour moi après une telle journée. Et malgré toute la sympathie que je
lui voue, je me sens dans l’obligation – pour son propre intérêt - de l’informer
sur la véritable nature, plus que désagréable de son super héros, le beau Doug
Doherty.
Je lui relate aussitôt toutes les réflexions et mimiques désobligeantes qui ont
rythmé mon entretien. Je lui raconte également, son arrogance, son mépris, sa
lui parler de la petite faiblesse que j’ai ressentie face à cet Adonis. Inutile de
l’en informer. A quoi bon d’ailleurs ? Elle et moi savons que n’importe quelle
femme craquerait devant un tel homme et je ne suis tout simplement pas si
différente des autres. A la nuance majeure quand même, qu’il est tellement
odieux, que pour moi, ça gâche résolument tout !
Alors que je rentre dans les détails, m’énervant presque en lui relatant ce que
cet idiot m’a fait subir, j’observe Abby qui me regarde d’un drôle d’air : elle
est sceptique, je le vois bien. Je dois avouer que son attitude me déconcerte et
me déçoit aussi. Je n’aime pas contrarier mon amie car elle est la gentillesse
même, mais je ne peux pas non plus la laisser croire des conneries. D’ailleurs,
j’en profite, sans vouloir gâcher sa joie, pour l’informer sur la nature sans
Je vois alors son joli sourire quitter peu à peu son visage et le regard stupéfait
qu’elle m’adresse, me conforte dans l’idée, qu’elle ne m’a pas du tout prise au
sérieux.
de lui raconter avec plus de détails l’attitude abjecte qu’a adoptée son idole
pour me contrer pendant l’entretien le plus horrible qui n’ait jamais existé dans
l’histoire des rendez-vous d’embauche. Et même s’il est exact que je n’ai pas
non plus, une grande expérience en la matière, je suppose quand même, que
Mais alors que je m’agite en lui contant mes péripéties, n’omettant aucune de
ses railleries ni de ses moues si désagréables, je décèle une fois encore dans
son regard, cette lueur négative qui m’indique aussitôt, qu’elle ne croit pas un
traitre mot de tout ce que je viens de lui relater, et là, franchement : ça
m’énerve.
Son visage retrouve rapidement les couleurs qu’il avait perdues l’espace de
quelques secondes, vraisemblablement rassurée par la version des faits qu’elle
préfère adopter.
charisme ! roucoule-t-elle les yeux énamourés, tandis que je lève les miens au
narcissique …
— Abby. Loin de moi l’idée de vouloir ternir l’image que tu te fais de lui,
vraiment. Mais je peux t’assurer que contrairement à ce que tu peux croire ou
lire dans les magazines, ton Doug Doherty n’est absolument pas comme tu
l’imagines ! rétorqué-je, indignée qu’elle préfère croire son idole plutôt que sa
meilleure amie.
ses illusions ! En tout cas, mine de rien, ce que je lui relate doit tout de même
faire, à un moment donné écho en elle, puisque le temps d’un bref instant, son
sourire pâlit de nouveau et son visage affiche fugacement une mine déçue, la
même que celui des enfants qui surprennent leurs parents au pied du sapin la
nuit de noël.
son court laps de trouble, tout le monde n’en dit que du bien. Il est exigeant,
c’est vrai, mais qui peut lui reprocher ? Il a un empire à gérer !! Je te jure que
c’est un patron qui s’assure que ses salariés travaillent dans de bonnes
conditions, nous bénéficions des meilleures assurances qui soient et en prime,
montre intransigeant, quoi qu’il arrive, il reste toujours juste dans toutes ses
décisions. C’est un excellent patron, tu verras…
Bla-bla-bla, bla-bla-bla …
charmant du vingt et unième siècle et je crois bien que, quoi que je puisse dire,
imagines, nous allons travailler dans la même société et toi, en plus de ça, tu
Oh que si !! Je vois ça !!
Alors même qu’elle peut lire sur mon visage tout l’inverse de son engouement,
cela ne l’empêche pas de soupirer de béatitude, faisant totalement abstraction
Doug Doherty est vraiment très beau, c’est un fait sur lequel je ne reviendrai
Somerhalder, c’est pour dire ! Seuls ses yeux diffèrent en fait de ceux de
l’acteur, car ceux de Doherty sont d’un brun si foncé qu’on pourrait même les
croire noirs Son corps n’est pas en reste non plus. Puisque grand et athlétique,
est si pourrie en fait, que jamais je ne pourrais m’extasier sur lui comme le fait
continuellement Abby.
font état que d’un businessman beau, à qui tout sourit, sympathique, souriant,
puissant, et ce qui ne gâche rien : toujours entouré de belles plantes, bien
évidemment ! Il vend du rêve quoi ! Un éternel célibataire qui charme toutes les
femmes et que toutes les mères souhaiteraient avoir pour gendre. C’est une
bien belle image !
Mais dans le cas présent, je peux assurer avec certitude que sous cette image
d’Épinal de séducteur à deux balles, se terre, et pas très loin, un véritable
tyrannique aussi !
Alors, bon ! Mon dieu que sa belle renommée sur papier glacé est écornée ! Si
seulement, les gens savaient !
Je profite qu’Abby semble avoir buggé sur notre cher patron, pour rejoindre
Avant de refermer ma porte, je jette un dernier coup d’œil sur Abby qui,
corbeille de linge sale, une tenue qui pourrait faire l’affaire pour demain. En
effet, compte tenu des critiques non dissimulées que j’ai reçues sur mon allure,
dernière minute serait peut-être encore possible si je me levais un peu plus tôt
prend déjà la tête ! Tout ça pour quoi ? Pour une tenue qui de toute façon ne
répondra pas à ses exigences. Car à y réfléchir, je n’ai rien dans ma garde-robe
ne vais quand même pas répéter ce cirque chaque veille de travail ! Sinon, il est
clair que ce job finira par avoir ma peau ! Et en peu de temps à ce rythme !
Enfin bref, c’est dire à quel point je suis anxieuse, et ce bien malgré moi !
tête pour des foutaises, rien n’y fait. Je me lève à deux reprises, histoire
dorme !
Épuisée nerveusement, je ne sais plus si mon esprit est obsédé par son
non avouable.
souviens des frissons qui ont alors parcouru mon corps et il ne faut pas
longtemps à mon imaginaire pour prendre le relais, rêvant secrètement des
est-il que c’est en pensant à Doug Doherty que ma main droite se dirige
lascivement vers le bas de mon corps. Je ressens simplement un instinct
Mes doigts se fraient un passage lent entre mes cuisses, écartant avec
délicatesse la fine dentelle de mon string. Un besoin purement sexuel contracte
picotements. Il est bien évidemment impossible que cet homme aussi beau que
con ait pu me séduire, Doherty est juste présent dans mes pensées érotiques
pour alimenter mon fantasme, le temps de mon plaisir solitaire. Voilà tout.
Sans hâte mais avec des gestes mesurés, mes cuisses s’écartent peu à peu,
facilitant le passage de mes doigts vers les chairs tendres de mon intimité. De
tendres lèvres et très vite, mon désir se matérialise par un délicat nectar qui
masser et à prendre la mesure de son poids, tandis que mon téton sensible se
dresse, dardant son plaisir. La rapidité avec laquelle mon corps réagit me
révèle très clairement le besoin urgent qu’il avait de se satisfaire. Je suis prête.
Je n’ai qu’à faire rouler ce délicat téton entre mes doigts, tandis que mon index
et mon majeur s’évertuent à tracer de doux cercles avec une fine pression sur
sur le verre froid. Ma jupe a été remontée par son geste vif et mes bas semble
attirer le regard concupiscent de mon patron. Mon corps crie le besoin qu’il a
de se faire malmener par les gestes brusques de mon amant, mon entre-jambe
est trempé. Je ne pense pas qu’il l’ait jamais été à ce point. Mon bassin se tend
avec impatience vers mes doigts alors que mon souffle se fait de plus en plus
erratique. Je ne suis plus très loin de jouir, tous mes sens s’affolent. Mes doigts
s’agitent avec plus de frénésie encore, pinçant désormais mon téton turgescent
mien. Mes doigts s’affolent et le sang pulse dans mon bouton de plaisir excitant
mon corps encore et encore. Mon téton est pressé jusqu’à m’en faire mal, mes
doigts se raidissent par cette montée du plaisir. Et alors que Doherty m’assène
ainsi au plaisir que Doug me donne, les muscles de mes parois internes se
contractent tandis que mon désir urgent d’un sexe masculin me pénétrant guide
Essoufflée, je ferme les yeux pour garder quelques secondes encore l’image
de mon bel étalon m’ayant culbutée, puis dans un dernier sursaut d’énergie, je
jette un dernier coup d’œil au réveil : 4 h 56. Je m’endors enfin.
Chapitre 4
miroir de la salle de bain n’est pas plus sympa. J’ai une tête de zombie et je me
demande bien comment je vais parvenir à faire dégonfler mes yeux et masquer
tous ces cernes. Si je m’étais levée plus tôt, j’aurais pu tenter quelque masque
maison avec des cotons imbibés d’eau fraiche, mais voilà ce qui se passe
Seul luxe de cette matinée : mon café. Et devant mon troisième café, je parviens
enfin à émerger … enfin un peu. Je suis toujours partagée entre les deux
choses.
J’ai clos le chapitre des vêtements puisque, comme nous le savons tous : rien
ne conviendra. Digne citoyenne de l’Oregon, je m’habillerai comme bon me
semble et ce, même si mon style « made in Oregon » lui déplait. Affaire réglée
donc !
D’ailleurs, cela me fait penser que j’ai oublié de raconter cette anecdote
cocasse à Abby. Cela dit, je suis sûre qu’elle n’aurait pas pour autant changé
d’opinion. Donc inutile de lui en faire part.
Quand les grandes portes vitrées de la tour Doherty s’ouvrent devant moi, mon
pour rester correcte – et que d’autre part, je ne lui inspire que du dégoût. Et je
Chassant au plus vite toute pensée qui pourrait conduire mon imagination à
Dieu merci, pour y être déjà venue plusieurs fois, je connais un peu les lieux et
m’approche avec hâte vers mon seul point de repère en cette terre hostile :
Abby.
volontiers échangé mon poste avec le sien. Et ce, pour différentes raisons. Si
Sur le dos ? Hum …Non, non, non !! Reste concentrée Scarlett et étouffe dans
Je me reprends. Oui, un échange de poste aurait été l’idéal. Sans compter que
cela aurait fait deux heureuses d’un coup, en plus : Abby auprès de son prince
charmant et moi, toute seule à l’accueil, tranquille. Cette situation aurait été tout
jauge avec attention et je devine que mon maigre sourire ne la convainc pas.
Elle me connait parfaitement et elle sait très bien ce que cache cette grimace de
— Ça va ? Prête ?
— Oui, c’est vrai que j’ai eu une nuit agitée. Le stress sans doute.
Courage !
arrivée. Mon stress monte d’un cran. C’est un peu comme une rentrée des
J’avoue que ma rencontre de la veille avec Doherty m’a laissé un goût amer et
sans doute serais-je plus à l’aise aujourd’hui si l’accueil qu’il m’avait réservé
Mais bon … Prenant mon courage à deux mains, j’adresse un signe de main à
Abby et me dirige vers l’ascenseur trainant les pieds comme une condamnée à
mort.
cou à l’imbécile qui ne cesse de retarder notre montée. Dieu merci, quand
pressés comme des citrons, plus personne ne peut s’introduire dans la cabine,
nous montons enfin. Tant pis pour les retardataires ! Ils prendront le prochain.
Nous sommes tellement collés les uns aux autres, que tous les parfums, eaux de
mon petit déjeuner ce matin ; car nul doute qu’entre le manque d’air frais, le
mélange puant de tous ces relents et la compression de mon estomac lors de la
brutalement aux yeux. Toutes les personnes de cet ascenseur sont habillées de
manière semblable, horriblement classique, horriblement austère ! Et
rigueur, mais c’est tellement plus « adulte » par rapport à ce que je porte, que
soudain, je ne sais plus si dois rentrer me changer ou oser me présenter ainsi.
C’est vrai, je l’admets, je détonne.
Même pour sortir, je n’ai pas de vêtements aussi habillés dans ma garde-robe !
Doherty la veille, même si je ne lui pardonne pas pour autant son manque de
classe !
vivement de n’avoir pas emprunté un tailleur à Abby. Et moi, qui pensais avoir,
malgré tout, obtenu un résultat satisfaisant, en quittant mon appartement ce
matin ! Je me suis littéralement plantée ! Et je suppose que mon employeur ne se
Pourtant, pour ce premier jour, j’avais choisi de jouer la sobriété : une petite
jupe noire un peu fantaisie mais point trop et un chemisier -imitation- soie de
couleur crème. Je trouvais l’ensemble assez réussi devant mon miroir. Mais
j’ai de sérieux doutes à présent. Je reconnais qu’une petite veste noire aurait
parfait l’ensemble, mais je n’en avais pas, alors j’ai fait comme je pouvais,
c’est-à-dire que je m’en suis passé. Je verrai à la fin du mois, quand ma paye
sera créditée si je peux me permettre quelques petits achats afin de mieux me
Mais pour l’heure, oublions. Il faudra bien faire aller. J’imagine déjà les
En ce qui concerne les chaussures que je porte ce matin, je suis loin du cliché
comment tenir une journée entière sur des échasses, d’autant plus que je ne sais
même pas quand s’achèvera cette foutue journée ? Alors, du coup, j’ai mis mes
petits escarpins noirs de bonne facture, achetés l’hiver dernier en solde. Ils ne
sont pas bien hauts, mais ils sont confortables et ils s’accordent parfaitement à
sans doute être charmeur, présumant sans doute que mon rictus lui était destiné.
Malheureusement, je ne veux pas me montrer désobligeante, mais son allure
débraillée de bon matin, montre qu’il a dû courir pour ne pas être en retard. Un
pan de sa chemise sort de son pantalon et son visage luit déjà de transpiration.
pauvre, il n’est pas gâté. Mais parce que j’ai de l’éducation – moi - je me
Je peux enfin respirer, l’air devient plus sain. J’en profite pour faire un petit
point contrôle sur mon allure et je suis finalement moins défaitiste qu’à peine.
Mes longs cheveux blonds attachés en un chignon souple sont toujours bien
maintenus par les épingles et les deux mèches, que j’ai volontairement laissé
tomber sur les côtés, adoucissent plutôt l’ovale de mon visage. Je passe juste
mes doigts dans ma frange pour la réajuster, puis contrôle ensuite mon
maquillage en approchant mon visage du miroir de la cabine. Dieu merci, rien
n’a bougé, mon khôl noir n’a pas bavé, cernant toujours parfaitement mes
yeux bleus, en revanche, il semblerait que j’ai quelque peu mangé mon gloss
Seule dans la cabine, examinant le tableau des étages qui défilent maintenant, je
réalise avec ironie que je touche quasiment le ciel et donc Dieu, quand la
cabine s’ouvre sur le 31ème étage, Doherty siégeant en maitre des lieux sur tout
Mary Donner m’accueille avec un sourire pincé et une seule parole, prononcée
— Bienvenue.
politesses d’usage.
appeler, - je présume - une belle femme, compte tenu de son âge, mais son air
austère ainsi que ses cheveux noirs tirés en un chignon - si serré que ses yeux
en sont étirés - lui donnent une allure non avenante. Vêtue d’un tailleur
pantalon noir, elle est certes élégante, mais carrément lugubre.
Ok, c’est clair, ce n’est pas avec elle, non plus, que je vais m’éclater au
quotidien !
Je n’en reviens pas qu’il s’agisse d’un bureau ! Celui-ci est plus grand qu’un
constate que le peu de meubles présents dans la pièce est de style moderne. Un
peu froid à mon goût mais en parfaite cohérence avec le personnage. Vitre et
Et comme j’aurais dû m’y attendre, ce que je lis sur son visage à ce moment-là,
reflète la même aversion que celle que j’ai pu lire hier sur celui de Doherty.
Ils commencent à me fatiguer tous ! Qu’ils sortent un peu de leur tour d’ivoire
et qu’ils observent comment les gens s’habillent et se coiffent de nos jours !
pensées négatives. Vous passerez voir le DRH pour votre enregistrement dans
la journée. Vous vous renseignerez auprès de Betty, votre seconde, pour toute
je suis votre seule et unique interlocutrice ! Mais bon, autant vous avouer dès
ennuis ou désagréments. J’ai d’ailleurs, une conviction bien établie sur les
complications ou contretemps de nos employés. Souhaitez-vous entendre mon
point de vue ?
J’ose à peine faire un oui de la tête. J’imagine sa tête si j’avais dit non !
Mademoiselle Johns.
suffisamment à faire, sans avoir à subir en plus les humeurs d’une secrétaire.
Au lieu de ça, je m’entends lui répondre, comme une jeune écolière attentive et
disciplinée :
— Oui, Madame.
— Bien, je vois que nous sommes d’accord. C’est donc un sujet sur lequel
dois de vous rappeler et j’espère que vous en avez conscience, à quel point
vous êtes chanceuse de pouvoir accéder à un tel poste malgré votre faible
bagage et votre manque d’expérience. Alors, sachez saisir cette opportunité. Ce
sera sans doute la seule fois où vous aurez une telle occasion.
Je vais pour rappeler à la sorcière qui se tient devant moi, que je suis tout de
même titulaire d’un M.B.A marketing, et qu’en tant que telle, j’ai certaines
fermer.
Message reçu 5/5.
— Je vois que vous êtes d’accord avec moi, conclut-elle. Parfait ! D’ailleurs,
ajoute-t-elle à voix chuchotée en me scrutant, pour être tout à fait honnête avec
suppose qu’il doit avoir ses raisons, murmure-t-elle des regrets dans la voix.
Bon ! se reprend-elle en claquant des mains, chassant ses doutes à mon sujet, eh
bien, à présent, filez voir mademoiselle Stuart avant de prendre vos fonctions.
Je suppose qu’elle pourra faire quelque chose de vous, encore que cela ne me
paraisse plus relever du miracle que du talent ... Enfin, souffle-t-elle … avez-
Elle semble me le demander plus par formalité que par une véritable envie de
satisfaire ma curiosité ; et ce n’est pas pour m’encourager. Mais néanmoins,
embarrassante avec votre dégaine. Enfin, j’espère au moins que vous serez
Doherty ne durent jamais très longtemps en poste, vous savez. C’est un homme
exigeant, vous devez donc vous y attendre. Il va de soi qu’il n’est pas là pour
entendre, lui non plus, vos pleurnicheries, ni même pour vous tendre un
mouchoir à la moindre contrariété, souvenez-vous en ! Et juste pour
longueur de temps. Par pitié, évitez-moi cet écueil ! Enfin, encore une fois, je
Sorcière va !!
Le ton de ma voix sonne un peu insolent, même si ce n’est pas mon intention. Il
me semblait juste, que la première chose à faire en étant embauchée était
Non ?
Bon, c’est vrai qu’en la matière, là encore, je manque plutôt d’expérience mais
c’est pourtant l’une des premières règles que nous avions apprises en cours, il
me semble …
La vieille chouette assise en face de moi, plisse de nouveau ses yeux en une
minuscule fente et d’un simple regard noir, elle parvient à me remettre en
place.
Comment fait-elle ça ??
— Si Monsieur Doherty n’a pas besoin de vos services sur votre pause
nous même pas besoin de cette formalité, ajoute-t-elle tout en ricanant tout bas.
Sorcière va !! Enfin bref, je m’éloigne ... Sachez sinon que le bureau de
Monsieur Peel, notre D.R.H, reste ouvert sur une large amplitude horaire.
Quand je rejoins le 20 ème étage, après que la directrice adjointe ait pris congé
de moi, je dois avouer que mon enthousiasme – qui n’était déjà pas très criant
Le 20 ème étage est « the étage » de Mademoiselle Stuart. Hallucinant ! Quand les
dans la galerie marchande du Macy’s qui se trouve un plus haut sur la sixième
avenue. L’étage entier est consacré à la styliste qui officie en maitresse des
lieux pour Doherty Press Company.
gauche un espace beauté semble même avoir été spécialement aménagé, tandis
que des salons que je devine privés occupent une partie de la surface sur ma
Comme pour asseoir son règne, hautaine, elle donne des instructions aux
femmes qui se présentent devant elle avec autorité et impatience. A croire que
c’est une spécialité chez Doherty Press ! Les pauvres ouvrières totalement
stressées s’agitent et s’éparpillent pour revenir quelques instants plus tard en
D’autres se hâtent pour exécuter je ne sais quelle mission. Bref, tout le monde
me repérer et à scanner mon image de son regard acéré. Ok, comme je l’ai
déjà dit, je détonne ici, mais peut-être encore plus sous son œil.
souveraineté. Et je dois reconnaitre que malgré son air peu aimable, c’est une
très belle femme. Brune aux cheveux longs, elle doit avoir la trentaine et sa
d’ailleurs. Elle porte une robe qui ressemble énormément à celles portés dans
— Je …, je ….
Vais -je porter ce stupide sobriquet tout le temps où je resterai dans cette
société ?
Les bras m’en tombent et je la suis, comme une potiche, sans savoir quoi lui
Elle s’arrête soudainement et je manque de lui rentrer dedans, perdue dans les
pensées de tortures qu’elle m’inspire. Après un claquement de doigts, deux
était désespéré.
Je n’ai peut-être pas une taille mannequin mais quand même ! Une fois de plus
je suis furieuse et la folle envie de fuir cette société d’un autre monde me tente
patience.
Elle semble en colère contre moi alors que je n’ai même pas eu le temps
d’échanger deux mots avec elle. Pourtant, encore une fois, sans me rebiffer, je
la suis, comme l’idiote que je suis depuis que j’ai franchi ces murs.
Les deux abeilles ouvrières partent avec hâte munies des informations métrées
et ô combien sacrées, tandis que la reine mère des lieux me dirige vers une
est tellement bizarre ici, que j’en viens à ne plus trop me poser de questions.
Alors que Mademoiselle Stuart converse avec cette femme, sans même me
regarder, ni prêter attention à moi, elle lui retransmet les mesures et l’air
poche et commence à barrer quasiment tous les mots inscrits sur la feuille. Je
ne réussis pas à lire ce qu’il y a dessus car les deux femmes sont tournées de
Mais enfin, au bout d’un moment assez long, elles se retournent toutes les deux
vous, finalement ce sera très simple. Voici la liste de tout ce que vous avez le
Tandis que je jette un œil rapide sur sa fameuse liste que j’ai en main, une rage
profonde et sans nom me saisit. Je suis outrée. Non ! Plus qu’outrée en fait ! Je
suis furieuse, furibarde, furibonde, dans une colère absolue encore jamais
Voilà à présent ce que je suis censée avoir le droit de manger ! Cette histoire de
boulot commence sérieusement à me prendre la tête et mes petits nerfs eux
Il est de moins en moins sûr que je revienne demain. J’ai vraiment fait de gros
efforts de contenance depuis hier, mais là, je bous quasiment et la cocotte n’est
va de soi -, cette même personne ne miserait pas un seul miséreux cent sur la
marque d’une société qui souhaite que tous ses employés soient des esthètes !
gagner en plus !
consternée.
A la vérité, j’ignorais même que de telles choses pouvaient exister ! Enfin dans
la vraie vie, j’entends ! Il faudra, sans faute, que j’en reparle avec Abby ! A-t-
elle eu à subir le même traitement ?
que Mademoiselle Stuart me dirige par les épaules vers ce que je qualifierais le
coin beauté de l’étage. Compte tenu de mon état d’énervement, j’aurais sans
petite pause beauté. Mais là, je suis tellement contrariée que rien ne pourra me
ça me jette quelques regards affolés. Je sens bien que je fatigue car je n’ai
devine avec certitude, qu’elle est en train de leur donner des instructions
qu’elle dit, ses mains tournent rapidement et sèchement autour de son visage,
suivre.
Mais à peine ai-je posé mes fesses sur le siège, dans un dernier sursaut
d’énergie et de révolte, je me redresse d’un bond.
Alors, là, non ! Non ! et … NON !! C’est ma tête, mon corps et mon physique à
la fin !!
Je n’ai jamais lu nulle part que pour occuper un emploi, un salarié devait se
grands malades ici, c’est avéré ! Et mon idée première de foutre le camp d’ici
ressurgit brutalement, reprenant enfin le contrôle de mon corps !
J’arrache la blouse de coiffure que Peter m’a passée et me saisis de mon sac
que j’avais posé sur l’une des tablettes face aux miroirs. Surpris, mon coiffeur
reste hagard, tandis qu’une jeune coiffeuse, sans doute apprentie, me regarde,
Côté énervement, je suis au maximum, après avoir subi tous leurs simagrées.
Alors, mieux vaut ne pas trop me chatouiller sous risque que je commette un
homicide là, tout de suite ! Et peut-être même un génocide dans la foulée ! Pour
ma part, j’estime avoir fait preuve d’une patience plus que raisonnable, déjà
loin, si loin de mon caractère habituel.
nom est Scar-lett ! Scarlett Johns pour être exacte ! Ce ne doit pas être trop
difficile à retenir pour une personne aussi intelligente que vous ! Non ?
— Que vous arrive-t-il ? soupire-t-elle d’une voix lasse. Genre « allez, videz
êtes à la hauteur de ce que l’on m’avait dit de vous. Aucune réserve, du brut,
cent pour cent zéro raffinage. Va y avoir du travail avec vous, souffle-t-elle à
nouveau. Enfin bref, là n’est pas votre problème, c’est le mien. Donc, vous
disiez ? Qu’est-ce qui vous dérange alors ? On s’apprête à vous
métamorphoser, laisser paraitre l’éclat qui est en vous … pour peu qu’il y en
ait un, alors quel est le problème exactement Ore … euh … Mademoiselle
Johns ?
— Sérieusement ? Oui, vous êtes grave atteinte ! Elle est atteinte ! je crie à la
dix heures, je n’ai pas encore foutu les pieds sous mon bureau, et au lieu de ça,
Face à mon accès de colère, Mademoiselle Stuart ne prend même pas la peine
de me regarder, ses yeux se portent aussitôt vers ses pieds, où l’avant de sa
chaussure bat la mesure dans l’attente que cesse ma crise. Elle a croisé ses bras
Mais je ne lui laisse pas le temps de déclamer une fois encore la merveilleuse
chance que j’ai d’être prise en main par cette merveilleuse société et file en
perds peu à peu tout courage de renoncer, me sermonnant encore une énième
fois. Je vis quasiment à ses crochets depuis plusieurs mois, je ne peux
décemment pas fuir sans avoir essayé. Pour elle, je renonce à prendre la
poudre d’escampette et m’oblige à persévérer une dernière fois. La journée ne
fait que commencer après tout, peut-être aurais-je de meilleurs moments sur le
reste du temps ? Je m’exhorte à me montrer adulte, retardant à ce soir ma
décision définitive. Je suppose que je peux quand même tenir une journée
entière à l’essai.
qui reste affiché en permanence sur son visage a pour effet d’atténuer
progressivement cette rage qui me submergeait quelques minutes encore
auparavant. Mon rythme cardiaque se calme peu à peu et pour ne rien laisser
paraitre de mon énervement, je tente d’adopter un ton de voix qui soit le plus
posé possible afin de lui demander de bien vouloir prévenir Betty de mon
balle ! J’ai une assistante !! Comme je n’ai pas envie de faire ressurgir tout le
stress que je m’efforce de contenir pour tenir bon, je préfère ne pas me confier
à mon amie, ce qui aurait à coup sûr pour effet de me replonger illico dedans.
Donc, mieux vaut tenter d’en faire abstraction pour l’instant. Ce soir, en
revanche …
— Hein ? quoi ?
Agrrrrrr !!
comble pour une personne qui n’a pas encore mis les pieds dans son bureau !
Et ce n’est pas, non plus, ma vie personnelle qui pourrait en être la cause. Car
dans le genre mer calme, on ne peut pas trouver mieux. Si peut-être … lac très
très calme.
Quoi qu’il en soit, ce coup de gueule hurlant à la mort n’arrangerait certes rien
à mon cas, mais il me soulagerait tellement, là, de suite ! Une façon simple et
peu couteuse pour moi de pouvoir évacuer tout ce stress !
— Ah ?
Sans insister, Abby appuie sur une touche de son téléphone et informe ma
seconde de mon arrivée puis repose le combiné, toujours en souriant.
un ?!
— Voilà, c’est fait. Tu es sûre que ça va toi ? Je te trouve bizarre. Tout se passe
bien ? me demande-t-elle gentiment.
Il est évident qu’elle a remarqué que quelque chose clochait en moi, mais je ne
— Oui oui, tout va bien, je lui réponds en souriant, c’est seulement le trac.
— Bon super alors ! Ne te mets dans un état pareil, Scarlett. Tu vas voir, tout va
t’attend.
d’accord ?
Un sourire aimable égaie toujours son doux visage tandis que je commence à
me diriger vers l’ascenseur qui va de nouveau me mener vers l’antre de
l’enfer. Abby est vraiment une chic fille et elle mérite vraiment que je fasse
quelques efforts dans cette histoire de travail. Je ne peux oublier que lorsque
mes misères financières ont commencé, elle n’a pas hésité une seule seconde à
Nous nous sommes rencontrées toute deux à l’université et depuis, cette jolie
brunette joviale aux grands yeux bruns est ma meilleure amie. Il faut dire
qu’elle a un pouvoir extraordinaire sur les gens, un peu comme les fées. Non,
faire voir la vie en tellement plus jolie … que je ne pourrais plus me passer
d’elle, je l’avoue. J’aurais incontestablement aimé être dotée d’une nature aussi
agréable à vivre qu’elle. Résolument optimiste et dynamique. Elle a en plus ce
petit côté bienveillant qui fait, qu’être son amie s’avère finalement être un
véritable privilège. Et c’est ainsi que cette petite fée du bonheur est non
seulement devenue ma meilleure amie au fil des ans, mais également la sœur
que j’aurais aimée avoir si cela avait dû se faire.
Tandis que la cabine rejoint à la vitesse de l’éclair le 32ème étage, mon
rien que pour mon estime, ça me fera du bien, après avoir tant subi. En
revanche, un point sur lequel je ne transigerai pas, hors de question que je les
laisse intervenir sur « tout le reste », à savoir : ma silhouette et mes cheveux.
l’éclairage blafard est d’ailleurs très peu avantageux - le reflet qui m’est
Etant seule dans l’ascenseur, j’en profite pour m’examiner vraiment sous
gravité de mon cas. Ok, je n’ai pas des mensurations de rêve – je le savais déjà
– mais je n’ai pas pour autant le sentiment d’être devenue un monstre. Est-ce le
cas ?
A moins que je me sois habituée à me voir ainsi … Mais depuis quand alors ?
rondeurs certes, mais je suis une femme après tout. Pas une gamine.
A moins que j’aie inconsciemment adopté cet argument pour excuser mes petits
bourrelets ?
mes décolletés suffisamment attractifs, mes hanches, certes rondes, aident mes
tiens pas, non plus, à ressembler à planche à pain ! Et de toute façon, même si
je le désirais, morphologiquement cela me serait impossible. Un trait
En tout cas, malgré l’examen critique que je m’inflige, coincée dans cet espace
confiné, il me semble que mon corps est, somme toute, bien équilibré, rien de
aujourd’hui, c’est toujours le cas, aussi je réfute l’idée qu’une styliste inconnue
– de moi, en tout cas – puisse décider de mon corps. De toute manière, ce n’est
pas comme si je m’apprêtais à rompre une belle amitié. Car je sais d’avance
que nous n’aurons jamais d’affinités ensemble. Ça c’est sûr ! Aussi, pour ma
Les portes s’ouvrent, et je lisse une dernière fois, par réflexe, ma jupe. J’ai un
peu le trac, je l’avoue. Mais quand je redresse la tête pour sortir de la cabine,
mes yeux croisent ceux d’une jolie jeune femme brune au sourire accueillant et
ce visage amène me rassérène quelque peu après avoir vécu l’enfer du 20 ème
étage.
tâche afin que vous puissiez assister Monsieur Doherty dans les meilleures
conditions, débite-t-elle à une allure extraordinaire.
Elle semble au moins aussi stressée que moi ! Ça nous fait au moins un point
commun ! Son sourire à la fois timide et franc me réconforte un peu quant à
ma présence à cet étage et je réponds à son salut me présentant à mon tour.
travailler. Cela vous permettra de vous y retrouver plus facilement par la suite.
Qu’en pensez-vous ?
Betty me fait donc visiter le 32ème étage, comme convenu. Elle commence par
mon bureau, le sien, adjacent au mien, la salle de réunion, le salon, les toilettes
m’indiquant qu’il est en train de travailler. Ce qui m’arrange bien, car dans le
Sans doute, serai-je plus détendue si je cernais davantage les tâches qui seront
les miennes, mais jusqu’ici, personne n’a pris le temps de m’expliquer la
nature exacte de mon poste, bien que je sois arrivée déjà, depuis plus de deux
heures. J’espère que Betty sera à même de m’éclairer sur le sujet.
associer à des services variés, il va falloir que je prenne des notes si je veux
me souvenir de tout.
matin plus tôt dans l’ascenseur, celui qui dégoulinait de sueur dès 8.00 heures.
retourner le voir un peu plus tard dans la journée … si tant est que je ne sois
La visite effectuée, nous rejoignons ensuite notre étage et j’ai à peine le temps
de déposer mon sac dans un compartiment de mon bureau que mon interphone
sonne. Je regarde tour à tour le petit voyant rouge et Betty, embarrassée, car
Inutile de préciser que je reconnais aussitôt le ton non mélodieux de cette voix.
suis certaine que nous pourrons nous entendre. A contrario, je doute que cela
Une erreur, une simple erreur due au stress, je lui réponds du tac au tac, lui
C’est une question très simple mais pragmatique, et qui a son importance face
doit, tout à fait, être le genre d’homme à faire tout un tas d’histoires pour de
simples peccadilles.
— Merci Betty.
afficher l’image d’une assistante sûre d’elle. Mais comment ne pas être
Pourtant, moi, à des lieux de son exaspération, ce qui me marque, c’est l’image
de cet homme – sublime, grand et fort – assis derrière son bureau. Ses cheveux
presque noirs bouclés sont savamment coiffés en bataille et quand il lève son
regard vers moi : c’est Waouh !! Mon cœur saute un battement et un nœud tord
nuit, ressurgit. Je sens mes joues rosir et je prie le ciel pour qu’il ne s’en
aperçoive pas. Si jamais, je dois me justifier, j’allèguerai le trac.
Mais non seulement, il ne le remarque pas, mais en plus il me fait très vite
redescendre sur terre !
Dieu mais il est tellement détestable ! Comment mon cerveau peut-il faire
abstraction de ce dernier élément pourtant si capital ? Deviendrais-je
maso ???
— Il est onze heures passées Johns, puis-je enfin compter sur vos services ou
Quoi ? A peine trente secondes dans son bureau et déjà il éprouve mes nerfs.
J’ai bien envie de lui répondre qu’il s’agit de ma première matinée et que du
reste, je ne serais arrivée si tard si je n’avais pas dû me présenter à sa styliste,
mais j’y renonce. Si j’ai perdu un temps infini au 20 ème, c’est justement parce
Quand bien même je lui expliquerais que cela ne changerait rien, il ne semble
— A la bonne heure ! Bon et bien cette demi-journée n’aura guère été très
rentable pour vous, je compte sur vous pour rétablir le tir. Et n’oubliez plus, je
vous veux présente à cet étage chaque jour dès 8 heures très précises. Suis-je
clair ?
— Oui, Monsieur.
— Bien. Passons au reste maintenant. Je dois me rendre à Atlanta la semaine
prochaine afin de rencontrer le dirigeant des éditions Folding dans le but
d’effectuer le rachat de leur presse. Vous trouverez la date dans mon agenda
qui figure dans votre ordinateur. Prévoyez donc le vol et le séjour à l’hôtel
pour 2 nuits sur place.
Il n’en fait jamais trop ! Est-il toujours ainsi ? Ce trait de caractère est
horripilant.
Ce n’est que mon premier jour, ai-je envie de lui faire remarquer !
— Betty vous indiquera les coordonnées des établissements avec lesquels nous
— Oui. Quand vous en aurez fini avec les réservations, revenez avec le dossier
Folding justement, je souhaiterais que nous y travaillions dessus. Disons dans
dix minutes ?
— Dix minutes ?
— Mademoiselle Johns ?
Grrrrr !!!
Si Doherty continue de me taper sur les nerfs ainsi, je crois bien que je vais
finir par lui sauter à la gorge ! Et pour info, rien que le fait d’évoquer le nom
de sa styliste fétiche me fait enrager. C’est bien la première fois que j’entends
parler d’un tel service dans une entreprise et le boss semble bien faire une
Rien que le rappel de cette femme me renvoie l’image de son visage affolé
suivi de près par celui de sa diététicienne à l’annonce de mes mensurations.
Mais ayant réglé avec moi-même mes doutes concernant mon obésité latente,
Cachant ce qui pourrait vite dégénérer en fou rire, tant je suis stressée, je
décide de ne faire aucune allusion à ma visite. Mieux vaut éviter de contrarier
ce patron si lunatique et taire le fait que je me sois enfuie de cet étage de fous.
— Oui Monsieur.
ne vois vraiment pas pourquoi je laisserais passer une telle muflerie. Après
tout, je ne suis pas payée pour encaisser des insultes, même si celles-ci sont
viens à supposer que ce n’est peut-être pas une si bonne idée que ça de le
mon offensive. Mais ce n’est que partie remise. Pour l’heure, je me contente
juste de le toiser quelques secondes, lui adressant l’un de mes plus mauvais
regards. S’il est intelligent, il comprendra.
Aussitôt sortie de son bureau, je rejoins Betty, lui annonce les désidératas de
Monsieur, et sans que cette dernière ne m’interroge sur mon air renfrogné, elle
— Vous trouverez dans ce classeur, toutes les entreprises avec lesquelles nous
toujours passer par la société Airfly, et insister pour obtenir le jet « Miracle ».
Voyez-vous ça !!
alors forcément, je suis surprise. Mais j’imagine déjà que je ne suis pas au bout
de mes étonnements.
Bah voyons !
— Hein ? Quoi ? je lui demande. Non ! Evidemment Non ! Il ne m’en a rien dit.
— Je suis quasiment certaine que la réponse est positive, mais je pense plus sûr
habitue. D’ailleurs, cette fois, je suis déjà beaucoup moins surprise, je m’y
attendais presque.
pas ?
parvenais à conserver mon poste jusque-là, ces trois jours de tête à tête
Malgré tout, bien décidée à faire des efforts – surtout pour Abby - j’effectue
donc les réservations et le rejoins avec le dossier en question quelques minutes
fait une pause et me fixe, un sourcil relevé. Gênée, je baisse les yeux sur les
documents et m’excuse rapidement d’un simple « pardon » murmuré.
Petite note à moi-même : penser à déjeuner le matin !
Aujourd’hui, j’avais l’estomac tellement noué dès le réveil, que j’ai zappé mon
petit-déj, mais je m’aperçois maintenant que ce n’était pas une si bonne idée
que de jeuner. Dieu merci, l’incident est vite oublié et nous poursuivons notre
pour racheter les presses Folding à bas prix. A sa demande, je prends note de
chaque donnée, quand soudain, au milieu d’un silence studieux, mon abdomen
horrible qu’on pourrait le croire sorti d’un outre-tombe. Très peu classieux,
autant vous dire !
En temps habituel j’aurais probablement éclaté de rire, mais le regard brun qui
me sonde m’incite aussitôt à m’abstenir de toute plaisanterie. Cependant, ce
n’est pas pour intimider mon ventre qui semble avoir bien peu de
considération pour mon interlocuteur. Il se lance alors dans une longue plainte,
digne d’un véritable concert symphonique de tuyauteries. Je suis tétanisée, ne
sachant plus comment réagir cette fois. C’est sûr, il va me le reprocher cette
fois. Je suis si embarrassée que je n’ose même lever mon regard vers lui.
Mais à ma grande surprise, c’est Doherty lui-même qui met fin à ma gêne,
remarquer davantage ?
homme très très beau, certes, mais surtout un homme dont le regard s’illumine
quand il rit. Et ça, c’est une vraie nouveauté pour moi ! Je me décrispe alors un
J’ai envie de lui dire qu’Abby m’attend et que d’ailleurs je préfèrerais mille
fois aller déjeuner avec elle, mais pour une fois que je le vois de bonne
Et puis, comme je l’ai constaté plus tôt, même si je n’apprécie évidemment pas
sa goujaterie, je suis bien obligée de reconnaitre qu’il n’a pas tout à fait tort. Je
suis mal sapée, c’est un fait. J’ai au moins réalisé ça, ce matin. Cependant, si
j’accepte à présent la critique, nul n’est besoin qu’il me le fasse remarquer à
Là encore, une nouveauté pour moi, d’autant que si j’ai bien compris, il va
réellement falloir que je dévalise les magasins, tant la tâche est grande !
Mais je ne suis pas inquiète ma meilleure amie est une véritable fashionista.
Quand nous quittons l’ascenseur et passons devant l’accueil, Abby est, elle-
aussi, en train de fermer son bureau, prête à rejoindre le restaurant de la
société. Les yeux souriants, elle me regarde suivre Doherty en retrait, deux pas
derrière lui. Encourageante, elle m’adresse un clin d’œil peu discret ainsi
qu’un pouce levé pour me rassurer. Sans doute a-t-elle remarqué mon air
morose. Je sais combien elle aurait aimé être à me place et c’est bien
volontiers que je la lui aurais cédée si seulement j’avais pu. Ne tenant pas à me
faire remarquer, je lui réponds par un simple sourire crispé et accélère le pas
car il ne m’attend décidément pas, traversant le hall à grandes enjambées.
Chapitre 6
manière de faire peu respectueuse mais je n’en suis pas vraiment surprise. Le
temps de leur pause déjeuner. Je ne suis pas dans mon élément et mon stress
croît d’autant plus à l’idée de me retrouver en tête à tête avec mon patron.
Alors que nous contournons plusieurs tables pour nous enfoncer vers le fond
de la salle, nous essuyons les regards furtifs de certains clients déjà attablés et
mon malaise s’accentue, ne me sentant réellement pas à ma place dans cet
ailleurs en ce moment.
Doug Doherty s’arrête enfin devant une table libre que je suppose lui être
Comment est-il possible que cet homme me trouble par sa simple odeur alors
que m’inspire cette fragrance, je constate avec surprise que j’apprécie cette
coutumière dans son monde. En tout cas, c’est la première fois que quelqu’un a
pour moi ce geste délicat et je rosis de plaisir, même si j’ai conscience qu’il ne
s’agisse, pour lui, que d’une simple habitude. Il est né dans ce monde de
manières.
Enfin en public, je suppose … parce que dans l’intimité de son bureau, c’est
une toute autre histoire !
figure sur l’ardoise. Je ne suis même pas sûre que ma carte bancaire passe
encore et je dois disposer en tout et pour tout d’une petite vingtaine de dollars
sur moi. Aurais-je seulement assez ?
matérielles.
Je n’apprécie pas plus le surnom dont Doug Doherty m’affuble que l’idée qu’il
véhicule. Il aurait tout autant pu dire « qu’est-ce qui vous a fait quitter votre
campagne bouseuse ? » que cela aurait eu le même effet sur moi. Ce type est
d’une arrogance incroyable. Que pense-t-il ? Que tous les américains qui
vivent hors de New-York sont des ploucs ? Je me pince la cuisse pour ne pas
ruer aussitôt dans les brancards. Comment peut-il être aussi beau qu’odieux ?
— J’en déduis qu’il n’a pas dû être simple de quitter vos attaches ?
— Non.
est hors de question de lui donner la moindre information sur ma vie privée.
de tout connaitre sur tout le monde pour mieux régner, mais c’est un point sur
lequel je ne cèderai pas, non plus. Ce qui m’est personnel reste privé. Qu’il
Si j’avais papillonné des cils, j’aurais ressemblé trait pour trait à l’une de ses
nombreuses groupies. Mais point trop n’en faut, non plus. D’ailleurs, Doug
Doherty esquisse un sourire narquois, me révélant ainsi qu’il n’est pas dupe de
ma stratégie d’évitement.
Je veux bien faire des efforts, mais comment ose-t-il même me poser la
Son regard sombre me sonde un instant, plissant les yeux, comme s’il évaluait
questions quant à signification. Etre dévisagée ainsi est gênant. Qui plus est
lorsqu’il s’agit de son patron. Il n’est pas censé me regarder ainsi ! Il est
supposé faire preuve de bonnes manières, or là, son attitude est limite
embarrassante.
Non, résolument impossible !! Arrête de rêver Scarlett ! me crie une petite voix
insolente.
Mais c’est quoi toutes ces pensées désordonnées qui s’imposent dans ma tête
depuis que je le connais ? Il doit tout simplement estimer que je ne suis pas
digne de toutes ces civilités et se comporter, du coup, comme bon lui semble.
Voilà tout !
Ignorant l’étiquette due à son rang, Doug ne baisse pourtant pas les yeux. Et
nos deux regards se trouvent rivés l’un à l’autre. Son regard sombre est si
chose qui se répercute dans mon ventre et au niveau de mon cœur qui se serre
A lui seul, il incarne à peu près tout ce que je peux détester chez un homme !
gueule – ça, on ne peut pas lui lever – jamais, je dis bien, jamais, je ne pourrais
m’intéresser à un homme tel que lui. J’ai passé l’âge des simples coups de
cœur, qui grâce à une belle gueule m’amenaient irréversiblement vers des
coups d’un soir ! Aujourd’hui, Dieu merci, j’en ai un peu plus dans la caboche
Même s’il est vrai qu’il émane de sa personne un certain charisme voire
même, un certain mystère qui aurait pu piquer ma curiosité en d’autres
circonstances, mais à être aussi désagréable : aucun risque que cela m’arrive !
Mais ce n’est pas là mon problème. Je suis juste là pour travailler, alors il peut
bien continuer à se montrer hermétique, ce n’est pas moi que cela gênera !
Quand hier déjà, face à lui, j’avais ressenti ce même nœud au ventre, je l’avais
d’office mis sur le compte du stress. Il faut dire que Doherty me dévisageait,
Le peut-il d’ailleurs ? Toujours est-il qu’il n’est pas gêné quand même. On ne
lui a jamais appris que cela ne se faisait pas de dévisager ainsi les gens ?
En tout cas, j’espère ne pas être aussi transparente que ça car mes pensées ne
le regardent en aucun cas ! Surtout certaines en particulier qui traversent
parfois mon esprit volage. Celles qui ne sont pas avouables et qui feraient
depuis que j’ai rencontré ce type et sans doute m’impressionne-t-il aussi un peu
d’homme comme lui. C’est un dominant, ou en tout cas, l’idée que je m’en fais.
Mais bon ! En quoi tout ceci m’intéresse-t-il ? A bien y réfléchir, tout ce que
là !
— Que désirez-vous boire Mademoiselle Johns ?
Pendant que Doherty dicte le reste de notre commande, j’en profite pour me
l’avantage. Et ça, c’est hors de question, je ne lui donnerai pas ce plaisir. Donc,
— Bien à nous, reprend Doherty, une fois le serveur parti. Je suis content que
travailler sur le dossier Folding. C’est une transaction importante pour nous.
industries de la presse dans notre pays. Voilà, pourquoi, nous ne pouvons nous
équipements obsolètes et ce qui ne gâche rien pour nous, ils sont accablés de
dettes. Le rachat devrait donc se faire dans des conditions favorables. Mais
bon, ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. N’est-ce pas ?
Je pensais que nous étions là pour déjeuner, mais visiblement, il n’y a pas de
coupure pour le boss. Et le sourire carnassier qu’il affiche à l’idée de conclure
cette belle prise l’excite manifestement. Par pur réflexe, j’ai de la peine pour
cette société familiale qui a mal su gérer ses affaires depuis le départ de son
fondateur. Ses deux fils aux commandes depuis huit ans n’ont su faire évoluer
la société et cette dernière se retrouve actuellement en faillite à la limite de la
liquidation judiciaire. Il est évident que Doherty ne va faire qu’une bouchée des
deux jeunes dirigeants. J’ai sincèrement une triste pensée pour leur père qui
voit le travail de toute une vie se faire engloutir par un consortium tel que celui
Cassie aura déjà fait une première sélection de vêtements pour vous.
Pfff ! C’est pas vrai ! Il revient là-dessus ! Il veut vraiment aborder le sujet
dire ce que j’ai sur le cœur sans m’énerver. Et nous ne sommes qu’à la mi-
journée, c’est tout dire ! Mais je ne m’appellerais pas Scarlett Johns si j’en
encaissais davantage sans rien dire !
Donc, Doherty souhaite aborder le sujet épineux de la belle styliste … J’ai beau
réfléchir rapidement à la manière de dire les choses avec tact, mais je ne vois
pas comment faire autrement que de lui dire franchement ma position sur le
pas transiger sur ses exigences esthétiques, ce qui va suivre risque fort de
froisser « Monsieur ». C’est un fait. Mais voyons le bon côté des choses, peut-
être que cette petite mise au point nous permettra de repartir sur de bonnes
Mais comme cet homme ne semble pas avoir de limites, il faut bien que
poste stratégique dans une entreprise n’entre pas dans leurs attributions ?
En tout cas, et quelles que soient ses convictions, ce n’est pas moi qui lui
servirai d’apparat ! Nous sommes au 21ème siècle grand Dieu ! Il est plus que
Un silence pesant s’est instauré entre nous tandis que mes réflexions
s’entrechoquent dans ma tête et je constate amèrement que depuis que j’ai fait
d’emploi – était d’un calme monastique. Toutes ces prises de tête, tous ces
doutes et tout ce stress me montrent à quel point, il est pour moi totalement
Dans ce cas, si tout semble si simple dans mon esprit, pourquoi avoir peur
alors de lui dire le fond de ma pensée ? Ce n’est pas comme si je prévoyais de
faire carrière dans sa société. Trop de choses nous séparent pour qu’une
alliance professionnelle puisse fonctionner efficacement. Doherty ne
m’apprécie pas – c’est un fait avéré - et c’est peut-être là, le seul et unique point
que nous ayons d’ailleurs en commun, car la réciproque est vraie.
La sorcière, elle-même, s’est bien empressée avec une certaine jubilation dans
la voix que les assistantes de Doherty ne restaient jamais très longtemps ...
Alors perdu pour perdu, autant que quelqu’un se dévoue pour lui faire
comprendre qu’il serait peut-être temps pour lui, de se remettre un peu en
— Concernant votre styliste, comment vous dire, Monsieur, sans vous vexer ?
s’ancrent à mon regard mais je ne baisse pas le regard. Il a déjà compris que ce
que je m’apprête à lui dire ne va pas lui plaire. Il n’est probablement pas
habitué à être contrarié. Mais tant pis, il faut bien une première fois et bien
qu’il n’en ait pas encore conscience, quelque part, je lui rends service. Et à ce
Seule précaution : y aller en douceur pour ne pas le braquer dès le début sinon
une garde-robe de luxe, or les habits qui m’ont été présentés, étaient réellement
uniquement pour cette raison que je décline votre offre – ouah, je n’ai jamais
parlé aussi bien ! - je préfère être franche avec vous. Je ne désire pas participer
à ce programme, même si je vous en remercie. A la vérité, je ne tiens pas à ce
que l’on m’impose quoi que ce soit concernant mon physique. Pour être claire,
tâcherai de ne pas vous faire honte, mais pour le reste, cela relève de ma vie
privée et je tiens à en garder le contrôle.
Voilà, c’est dit ! Ouf ! Et en douceur qui plus est ! ça ne s’est pas trop mal
passé finalement.
Je suis super fière de moi. Et d’une, j’ai osé lui donner mon point de vue, et de
deux, je l’ai fait sans sortir de mes gonds alors que je bouillonnais carrément à
l’intérieur. C’est un exploit me concernant, et rien que pour cette raison,
j’exulte ! Pour peu, je m’applaudirais !
Ses yeux se sont étrécis et ses mâchoires se sont contractées davantage : c’est
qui a obscurci ses pupilles. Son regard est menaçant, mais il doit déployer des
efforts surhumains pour se contenir car il ne me hurle pas dessus. Pas encore,
du moins. Pourtant, ses mains qui étaient jusqu’alors simplement posées sur la
table se sont refermées et ses poings sont si serrés qu’apparaissent les marques
cette fois-ci, à ce que la foudre tombe sur moi … Mais … encore une fois,
contre toute attente …toujours rien. Pour une raison que j’ignore, il n’explose
pas !!
Nous sommes dans un restaurant et Doug Doherty est bien trop attentif aux
regards des autres pour laisser éclater sa rage en public. J’en déduis par
conséquent que celle-ci éclatera sitôt à l’intérieur de ses murs et cela
m’inquiète davantage, je l’avoue. Car j’ai peur qu’en privé, l’orage ne gronde
que plus fort dans l’intimité de son bureau. On ne m’a plus hurlé dessus depuis
un moment, et franchement j’appréhende.
rien signé !
est si fermé que je n’ai qu’une envie : détaler ! Je pourrais peut-être rattraper
rabattrais la nappe par-dessus moi en plus. J’ose un regard alentour, pour voir
si quelqu’un a remarqué ce qui se passe à notre table mais tous les clients sont
occupés à déjeuner et personne ne semble avoir constaté le malaise qu’est le
mien.
Doherty prend alors une profonde inspiration et expire lentement comme pour
se contrôler. Ses yeux couleur charbon ne m’ont pas quitté une seconde et la
voix dure et froide, qu’il prend pour m’adresser enfin la parole me fait
tressaillir.
— Mademoiselle Johns, je pense qu’une petite mise au point entre nous va être
bien d’un ordre. Que ceci soit tout à fait clair entre nous. Ensuite, concernant la
partie financière vous n’avez pas à vous en faire, puisque tous les frais seront
expresse. Ceci doit vous rassurer. En revanche, ce n’est certes pas, comme si
vous aviez vraiment le choix, me comprenez-vous ? J’entends bien maîtriser et
tort, d’une manière ou d’une autre aux intérêts de l’entreprise, que ce soit par
vos tenues, votre style ou quoi que ce soit d’autre, j’entends, qu’en tant
Super boss marque un temps d’arrêt, sans doute pour jubiler, mais sûrement
pour s’assurer également que je prenne bien la mesure de ses propos. Son
regard froid et perçant me tétanise. Sans doute espère-t-il lire en moi ma peur
et ma soumission. Et c’est probablement ce qu’il doit constater. Car ses yeux
sont si sombres et si durs qu’une suée froide parcourt toute ma colonne
évident de ma défaite.
mais vous m’y contraignez, dans la mesure où vous ne semblez pas bien saisir
l’importance de la situation. Dans une firme aussi réputée que l’est Doherty
Press, vous vous devez d’avoir une certaine classe dans le cadre professionnel,
pointe-t-il son index vers moi pour m’incriminer. Et ce, d’autant plus, que vous
visons. DONC ! Si je dois être plus explicite, sachez qu’aux yeux de tous nos
il n’est absolument pas question que j’alimente tous les potins de couloirs à
cause de votre manque de goût évident. Je suis désolé de constater que tout ceci
vous dépasse. Enfin, s’il faut conclure, je tiens également à vous faire
remarquer que nombre de femmes seraient plus que ravies de pouvoir
Sans ce service, je ne vous cache pas, que toute opportunité pour vous
d’obtenir ce poste, aurait été résolument inenvisageable. En bref, je
traduis, pour que tout soit bien clair pour vous : vous n’auriez pas été retenue.
Je vous dis les choses telles qu’elles sont de manière un peu abrupte, certes,
de base vous échappent. J’espère que cette petite clarification vous aura été
utile et que nous pourrons désormais commencer notre collaboration sans
qu’il n’y ait plus la moindre ambiguïté. Enfin et je finirai là-dessus, permettez-
moi de vous donner un conseil. Un conseil d’ordre personnel, si j’ose. Et
prenez un moment plus tard pour y réfléchir. Vous n’êtes plus une étudiante,
Mademoiselle Johns. Vous n’avez plus à user vos jeans sur les bancs de
l’amphi ! Alors rien que pour vous-même, apprenez à vous respecter en tant
que femme. Comprenez-vous ce que je veux vous faire comprendre cette fois-
ci ?
L’air me manque soudain comme bloqué dans ma poitrine. Mais pour qui se
prend-il à la fin ?
Je ne crois pas avoir jamais été autant abaissée et offensée par le passé !
Son agression frontale, passé le choc, crée une furieuse colère qui enfle en
agir dans une apparence de calme. Enfin, c’est l’impression que j’en ai.
commissures des lèvres en tapotant très lentement ma serviette sur mes coins
Bien qu’exécutés avec maitrise, mes gestes sont lourds, mes bras me semblent
peser une tonne, mais je veux absolument résister à l’envie de lui jeter mon
verre d’eau en pleine figure, juste avant de l’étrangler ensuite de mes propres
mains.
Inutile d’attirer davantage l’attention sur moi, mes vêtements s’en sont déjà
chargés. M’éclaircissant la voix, je tente de reprendre la parole chassant au
maximum tout chevrotement de mes cordes vocales. Il est hors de question
bloquée au niveau de ma gorge, mais les dents serrées par tant de retenue. Cette
petite mise au point s’avérait effectivement nécessaire. Vous aviez raison sur ce
point Monsieur.
Doug Doherty me fixe sans doute surpris par ma capitulation aussi rapide et je
peux lire dans son regard, le temps d’une fraction de seconde, l’arrogance de
sa réussite de m’avoir ainsi cloué le bec. Cependant, très vite, alors que je me
suis levée, son visage exprime son incertitude quant à la suite des événements.
Je vois à quel point il déteste ne pas tout maitriser dans sa globalité et son
inconfort est perceptible.
Probablement par habitude, sa bonne éducation - qui reste quand même très
toilettes « pour dames ». Mais alors que je souhaiterais fuir en courant le plus
vite possible, une dernière chose m’en retient ; je n’en ai pas tout à fait fini
avec lui. Ce serait trop facile de le laisser débiter ses méchancetés, blesser qui
bon lui semble et le laisser en paix par la suite. Il est absolument hors de
question qu’il ait le dernier mot sur cette histoire. Question de fierté !
Alors, s’il faut vraiment lui énoncer ses quatre vérités, et vu que je viens de me
griller complètement, autant en profiter pour finir le travail. Et c’est même
avec un plaisir presque délectable que je poursuis. Nous sommes debout face à
vous désirez qu’un mannequin officie à vos côtés, je vous suggère de recruter
une toute autre personne. Je suppose que des agences spécialisées en la matière
sauront vous dépanner ou bien encore, en désespoir de cause, il vous restera
féminines, qui je suis sûre se prêtera volontiers à l’exercice. Je vais donc sur
— Vous comprendrez, j’en suis sûre, continué-je ironiquement, que toute faim
me soit passée. Sur ce, bon appétit, Monsieur.
Le regard de Doug est à présent noir et menaçant. J’ai même l’impression que
des jets de fumée sortent par ses narines. J’hésite vraiment à détaler le plus vite
possible, craignant presque pour ma propre vie. Mais le fait que nous soyons
en public suffit à apaiser un peu mes craintes. Aussi et sans traîner, le buste
alors que mon corps tout entier est secoué de tremblements. Je me fraie un
d’accueil.
Sitôt la porte passée, je relâche enfin tout l’air que j’avais comprimé dans mes
poumons. Encore choquée par cette impensable joute verbale, les seules
paroles qui me viennent alors que je me retrouve sur le trottoir au milieu des
passants, sont :
salariés. La voir m’aurait mis un peu de baume au cœur, et Dieu sait si j’en ai
De toute façon, je ne suis pas certaine qu’elle puisse me comprendre. Tout est
si spécial entre Doherty et moi, enfin était, devrais-je dire. Car cette fois-ci,
c’est bel et bien fini. Je récupère mes affaires et rentre directement à la maison.
l’occurrence, rien de tout ce qui s’est passé ne peut m’être imputable. Abby en
Il est vrai que mon caractère entier et impétueux m’a parfois joué des tours
dans les années passées, et j’ai bien peur que ma meilleure amie pense, une fois
encore, que je n’ai pas su m’adapter à la situation. Mais c’est faux ! Je n’ai au
m’affectera très certainement. Mais elle m’a tellement surprise hier en prenant
systématiquement le parti de notre « si incroyable PDG » qu’à la vérité, je
redoute un peu sa réaction. Comment a-t-il fait pour lui retourner le cerveau
ainsi ? Je ne suis pas une handicapée sociale, c’est lui qui est tordu. Pas moi.
sélectionner l’étage, je me rends compte que je suis bloquée comme une idiote.
possession du saint code ? Avec impatience, je fouille mon sac, le mettant sens
dessus-dessous. Betty, m’a, un peu plus tôt ce matin, griffonné sur une petite
feuille mémo, son numéro de portable au cas où. J’espère juste ne pas l’avoir
laissé sur mon bureau. Après avoir tout retourné, par chance, je parviens à
Quoi qu’en y réfléchissant, le temps que ce dernier prenne son repas, je serai
déjà probablement rentrée chez moi. Je ne compte pas m’attarder non plus.
Dieu merci Betty me répond immédiatement. Elle avait dû, elle-même, rentrer
J’ai envie de lui dire de m’appeler par mon prénom, mais je me rends bien vite
compte, que cela n’a plus vraiment d’intérêt, puisque quittant mon poste nous
n’aurons que peu de chances de nous croiser à l’avenir. Pour l’heure, tout ce
que je souhaite c’est juste récupérer mes affaires en vitesse et partir. Quitter au
plus vite cette drôle de boite où tous les cadres ont l’air plus tordus les uns que
les autres. Encore que « drôle » n’est vraiment pas le terme adéquat.
J’essaie d’adopter une voix neutre, inutile non plus qu’elle s’aperçoive que
mes nerfs ont pris le dessus ces dernières minutes. Que dis-je : ces dernières
heures !
davantage. C’est une fille gentille. Mais hélas, cela ne se produira pas. Pas plus
que le café que nous prendrons d’ici quelques minutes. Je compte filer le plus
les fourgue dans mon sac et remballe à la hâte les quelques deux-trois objets
personnels que j’avais déposés afin d‘agrémenter mon bureau.
Malgré tout, je ne peux pas partir comme une voleuse, aussi, je passe la tête
dans la tisanerie. Betty écarquille aussitôt ses grands yeux quand elle aperçoit
— Betty, je viens vous dire au revoir. Je suis sûre que nous aurions pu faire du
bon travail ensemble mais il ne va pas m’être possible de rester ici. En tout cas,
je vous remercie sincèrement pour votre accueil chaleureux et je vous souhaite
— Je pense juste que c’était une erreur pour moi de postuler ici. Vous êtes
quelqu’un de très agréable et je suis sûre que la personne qui me remplacera
vous appréciera à votre juste valeur. Je n’ai pas le moindre doute là-dessus,
ajouté-je sincèrement.
Je vois à son visage non seulement sa déception, mais aussi son
incompréhension. Je lui souris timidement et me dirige à nouveau vers
Alors que les portes de la cabine d’ascenseur s’ouvrent rapidement après mon
s’explique.
Comment n’ai-je pas pensé plus tôt que Doherty n’était pas le genre d’homme
histoire, une manière pour lui d’avoir le sentiment de ne pas perdre la face !
Alors, puisque je n’ai pas vraiment le choix, donnons-lui cet ultime plaisir ! En
espérant qu’il ne mette pas trois plombes à finir son repas, non plus !! Son
calme que je donne, je suis très, mais alors très en colère, car moi aussi, j’ai
ma fierté !
Tout en marchant, suivie de près par le mastodonte, qui doit faire un mètre de
carrure et presque un mètre de plus que moi en hauteur, je tente de me rassurer.
Doherty ne peut aucunement m’empêcher de partir si c’est tel est mon souhait.
Donc, c’est juste l’affaire de quelques minutes et ensuite, je serai libre. Et ces
assurément !
n’y a rien à fouiner vu que la surface de son bureau est totalement déserte. Pas
m’assieds sur le fauteuil réservé aux visiteurs, face à son assise et attends que
son seigneur et maitre des lieux daigne enfin faire son apparition. Le gorille
est en faction devant la porte et je n’ai guère d’autre alternative que d’attendre
pourrais profiter de cette attente pour rappeler mon père, mais j’ai juste peur
« Coucou Papa, j’ai bien reçu ton message, je t’appelle dès que possible »
J’essaie de cloisonner mon esprit afin de ne pas me perdre dans ce qui semble
si important. Je dois d’abord régler le problème Doherty. Les minutes à
l’attendre sont longues et seule dans ce bureau vide, je replace mon téléphone
dans mon sac et commence à réfléchir aux arguments que je pourrai alléguer
pour que mon ex-patron me fiche enfin la paix et me laisse sortir au plus vite.
maintenant de l’avoir en ligne. S’il s’avérait que Doherty me mette des bâtons
dans les roues, je pourrais toujours, lui rappeler toutes les occasions où il a
usé d’abus de pouvoir manifeste depuis hier.
Car entre le relooking et son gorille, maintenant, je pense que non seulement,
il a dépassé les bornes, mais qu’en plus, je pourrais réussir à le trainer devant
les tribunaux, si tant est qu’un avocat accepte – gratuitement et c’est bien là
mon problème majeur - de s’affronter à l’un des plus puissants hommes
d’affaires de la city. Cette menace est utopique, je le sais, mais bon, ce petit
exercice me permet au moins de contribuer à faire passer le temps.
Cela doit bien faire une demi-heure que je patiente, quand enfin, la porte
s’ouvre. J’entends la voix de Doherty qui remercie mon geôlier puis il pénètre
choix !
Si moi, je suis excédée d’avoir été retenue aussi longtemps, puisqu’en plus
Monsieur a bien pris son temps pour finir son déjeuner, lui, affiche au
contraire un air plutôt amusé, voire nargueur, qui m’agace encore bien plus. Je
le savez très bien. Et c’est d’ailleurs, bien contre mon gré, que je me retrouve
encore coincée ici, soyez-en sûr ! je rétorque agacée.
Et alors que jusqu’ici, je n’avais pu lire sur son visage que du mépris ou de la
colère, la moue joueuse qu’il affiche depuis son arrivée a le don de m’énerver
encore plus, si tant est que cela soit encore possible. Comment peut-il s’amuser
et se moquer ainsi de moi, alors que la situation est tout simplement grotesque.
J’en suis maintenant persuadée : cet homme est dérangé. Mentalement dérangé,
je veux dire.
— Je n’ai rien volé, je nie in petto. Et dans la mesure où je n’ai même pas été
je avec assurance.
franc, qui détonne ici dans son bureau. Et le fait que tout ceci puisse le distraire
pour frapper son torse de mes petits poings. Mais jusqu’à quel point compte-t-
il me pousser à bout ?
Une chose est sûre, je dois sortir au plus vite de cette pièce sous peine de
craquer nerveusement devant lui. Et ça, je ne le veux pas. Me contrôlant au
Continuer dans la voie présente ne fera qu’ajouter de l’eau à son moulin. Cet
homme est le diable incarné et jamais, il ne reconnaitra avoir tort. Par
mieux est que je ne m’obstine pas et que je cède la place à quelqu’un de plus
compétent – et plus jolie aussi, pensé-je. Nos caractères sont, c’est une
demande bien évidemment aucune indemnité pour cette matinée et vous prie
juste de m’excuser pour cette méprise. Aussi, si vous êtes d’accord, dis-je en
vous faire perdre votre temps que je sais être très précieux, conclus-je – en
rapport direct avec son allocution de la veille.
Mon but principal est bien évidemment de déguerpir au plus vite, aussi, mon
discours visant à le convaincre qu’il s’agit finalement d’une simple erreur de
aussi.
affiches sur les devantures de bar, attestent que je devrais pouvoir retrouver
payer ma part de loyer. Le prix de mes études me reste quand même en travers.
Tout ça pour ça !!
Mais tandis que j’essaie de me dépêtrer de cette situation infernale, - faut quand
même le vivre ! Supplier son patron de bien vouloir laisser partir son employée
qui n’est même pas légalement son employée ! - Doug Doherty ne prononce
aucun mot. Cependant, son sourire narquois a quitté peu à peu son visage et en
un laps de temps très court, il rechausse son attitude hautaine. Ses traits se sont
durcis simultanément. C’est une maigre consolation, mais au moins ai-je réussi
à faire disparaitre l’air railleur et supérieur qu’il affichait en entrant, c’est
toujours ça. Maintenant, est-ce bon signe ? Je n’en suis pas certaine.
Soudain, sans que je m’y attende, il se lève, contourne son bureau et sur le
coup, je suppose qu’il vient me saluer et me souhaiter une bonne continuation.
Je me lève alors, mais mon élan est vite coupé, quand je m’aperçois qu’il s’est
juste déplacé pour venir s’asseoir sur son bureau, face à moi, réduisant de fait,
Cette proximité me gêne car malgré mon aplomb légendaire, je sens bien que
cette situation. En fait, je ne me sens pas tranquille, il est trop proche de moi. Je
sens le rouge envahir mes joues et j’ai chaud. Bordel ! Nous nous tenons l’un
devant l’autre avec quoi ? A peine une cinquantaine de centimètres entre nous ?
Comment lui faire entendre que je ne demande rien d’autre que de pouvoir
partir ? C’est pourtant simple et raisonnable comme demande, non ?
— C’est bon ? Vous avez dit ce que vous aviez à dire ? me demande soudain
Doug à voix murmurée.
Je relève mon regard que j’avais baissé par instinct de protection et waouh, son
visage est encore plus sublime de près. Un tel homme existe-t-il vraiment ?
Probablement conscient de l’effet qu’il me fait, il arbore de nouveau son
sourire insolent et j’ai de plus en plus de mal à rester de marbre face à lui. Je
sens bien que je suis en train de flancher. Mais qui résisterait ? Il est d’une
pas afin de me défaire de l’emprise qu’il peut avoir sur moi, mais le fauteuil
qui cogne mes mollets m’en empêche et je ne suis qu’à quelques malheureux
et la suavité de son parfum anime en moi des instincts de désir très primaires.
Je suis dans un état d’excitation tel que je pourrais le basculer, là, tout de suite
sur son bureau et le violer même ! Mais que m’arrive-t-il à la fin ? Jamais
aucun homme ne m’a à ce point troublée ! Rectification : aucun homme ne m’a
jamais troublée pour être exacte. Suis-je donc tant en manque de sexe que ça ?
Ou est-ce le sex-appeal de cet homme qui me tourne la tête ainsi que de jolies
bulles de champagne ? Et dire que c’est une première pour moi et qu’il a fallu
que cela tombe sur Doherty !
peut-il vraiment ? C’est quand même la seconde fois que je me pose cette
Je dois chasser de mon esprit et de mon corps toutes ces sensations de désir
qu’il m’inspire et tenter de retrouver mon aplomb. En d’autres circonstances,
au point de faire de son bureau une aire de jeu pour adultes, mais ce n’est ni le
bon moment, ni le bon endroit, ni même, le bon type.
Je peine vraiment à retrouver mes forces. Mais au prix d’un colossal effort, la
raison de ma présence ici me revient et je m’ébroue mentalement, chassant
Quel est ce paradoxe qui me fait d’une part fantasmer sur lui alors que je n’ai
Quoi encore ?
J’ai déjà eu droit au petit speech sur l’importance vestimentaire et sur l’impact
de celle-ci sur l’image de la société, celui aussi sur le fait que je n’étais plus
une étudiante et que je devais me respecter en tant que femme ; alors de quoi
mais ce n’est pas le cas. Mais compte tenu de l’urgence dans laquelle je me
trouve, vous ferez l’affaire. Donc, la seule et unique question est la suivante :
quel est votre prix ?
Merci, c’est toujours très sympa à entendre. Du Doherty tout craché ! Mais
son insulte, je lève ma main, prête à le gifler. Pour qui me prend-il à présent ?
Mes yeux assassins lui expriment autant ma colère que mon offense. Je n’ai
jamais connu telle insulte. Profitant, probablement de mon émoi, Doug
— Attendez ! Je suis désolé si vous avez cru que je vous insultais. Ce n’était
pas volontaire, je vous prie de m’en excuser. Je me suis mal exprimé. Pardon.
— Ce que je vais vous dire, risque de vous froisser, vous étonner, peut-être,
mais en aucun cas ne vous injurie. Comme je vous l’ai dit : nous parlons
une confidence.
Doherty se recule alors et rejoint son fauteuil derrière son bureau, donnant
instantanément un cadre à ce qui va suivre. Quelque part, le fait qu’il s’éloigne
me permet de retrouver un peu mes moyens.
Tout au plus a-t-il voulu s’amuser de moi comme je le présumais … je n’ai pas
besoin d’en apprendre davantage. Et si je n’avais déjà pas spécialement une
fait, plus rien à faire ici. J’en ai déjà bien suffisamment entendu !
vais !
Non mais ! Pour qui se prend-il ? Je ne suis pas l’une de ses sous fifres
tremblant de peur devant lui, pas plus que l’une de ses groupies énamourées,
— Non ! prononcé-je à mon tour, au moins aussi sèchement que lui. Ecoutez-
moi. J’ai d’abord pensé qu’il y avait méprise et que le mieux, pour nous deux
était de renoncer à ce poste. Je vous ai quasiment prié d’excuser mon erreur et
D’autant plus que, d’après ce que je peux en comprendre, vous ne m’avez pas
choisie pour mes compétences ... Alors franchement, je me demande bien ce
vouloir le savoir.
— Parce que vous ne savez pas ce que je vais vous proposer. Moi, je prédis
que cela vous intéressera Scarlett. Vous pourriez regretteriez de passer à côté,
croyez-moi.
vous embauche pour une durée que j’estime au premier abord d’un mois
moyennant quoi, je vous rétribue dix mille dollars. Si cette période devait
s’avérer insuffisante, je la reconduirais d’un mois supplémentaire, qui vous
serait, cette fois-ci, rétribuée quinze mille dollars. Durant cette période, vous
serez bien évidemment sous mes directives et devrez vous conformer à mes
aviserai en temps voulu. En revanche, sachez que cette offre ne sera valable
Vous avez exactement cinq minutes pour me poser les questions qui vous
chagrinent et au terme de celles-ci vous me donnerez votre réponse. Sachez
Justement quelles sont ses raisons ? Dix mille dollars est une somme très
importante. Même très très conséquente alors que suis-je censée faire pour ce
moins ? Et puis, c’est louche. Qui de nos jours propose de tels arrangements ?
Tout ceci me semble bien trop douteux et si mon idée première est de refuser
catégoriquement cette offre qui ne peut être que malsaine, l’alerte rouge de
mon compte en banque, elle, me rappelle à son bon souvenir. Il faut que je
demandé-je sur la défensive. Parce que si vous me prenez pour une pute …
Non sans blague !! Qui n’a pas la notion de l’argent quand son banquier passe
son temps à bloquer votre carte ?? Je ne viens pas de son monde scandaleux de
paillettes et de jets privés, moi !
pour en tenir le rôle ? Ça ne vous fait pas réfléchir un petit peu ? le nargué-je
Le regard sombre et aiguisé que m’adresse Doug alors me coupe soudain tout
tendus à nouveau et il semblerait bien que j’aie réussi à vexer notre séducteur
demi rire.
Il reste mutique, mais ses pupilles brunes sont brûlantes. Je présume qu’il doit
regretter de m’avoir proposé ce marché. A condition que cela ne soit pas une
suivre mes instructions ? C’est aussi simple que cela. C’est un oui ou c’est un
non. Voilà tout.
Quelque chose m’échappe. Bien qu’il ne soit pas mon genre, Doug Doherty est
comme je l’ai déjà précisé, un homme très séduisant, courtisé par de
Alors pourquoi en est-il réduit à payer une femme pour occuper ce rôle ? C’est
d’ailleurs à peu près ma question.
— Pourquoi payer si cher alors que vous pourriez avoir n’importe quelle
question agisse selon mes directives et non selon son caractère futile et bavard.
mille dollars pour le second mois. Voilà qui me remettrait bien dans mes
comptes. Et vu que de toute évidence, je viens de perdre mon emploi, accepter
ce « rôle » pourrait me permettre de patienter confortablement en attendant de
retrouver un vrai poste, cette fois-ci. J’avoue que cela mérite réflexion. J’ai
encore du mal à réaliser qu’il s’agit d’une véritable offre. Ce serait bien la
première fois que j’aurais de la chance.
Son sale caractère me laisse déjà entre-apercevoir que cela ne sera sans doute
pas une promenade de santé, c’est sûr, mais j’avoue que si l’offre est réelle, ça
partiellement une partie de mon crédit étudiant, ce qui ne serait pas négligeable
par les temps qui courent, surtout si l’on prend en compte le fait que j’ai grillé,
— Rien d’autre que je ne vous préciserai sur le contrat. Vous serez amenée à
rencontrer des membres de ma famille, des amis ou des partenaires
serez préparée pour chaque occasion. Il va de soi que vous conserverez les
tenues que vous aurez à porter, ajoute-t-il d’un air moqueur.
trop belle pour être honnête et le peu que je connais de Doug m’amène
— Non. Enfin, pas vraiment. Disons que l’idée m’est venue après.
— Mais pourquoi moi alors ? Je veux dire pourquoi payer quelqu’un alors que
vous pourriez ne rien avoir à débourser ?
— Je vous l’ai dit, je préfère assurer mes arrières, et surtout, ne pas perdre le
contrôle de la situation, question de sûreté, se justifie-t-il.
— Si, je dis bien si, si j’acceptais votre marché, que comprendrait exactement
Apparemment, peu surpris par mon insistance sur la question, Doug m’adresse
un sourire arrogant comme s’il était certain d’obtenir ce qu’il voulait.
vous faire passer pour ma compagne pour une durée qui, si tout va bien, serait
d’un mois, voire deux au grand maximum. Rien de plus.
rencontre ?
— Encore une fois, si je vous disais oui, devrais-je rester vingt-quatre heures
sur vingt-quatre à vos côtés ? demandé-je en grimaçant.
— Ce serait le cas, oui. Bien, assez parlementé. Vous avez obtenu suffisamment
d’informations me semble-t-il. Vous êtes donc libre soit de partir
restées, malgré tout, assez floues. Cependant, compte tenu de tout ce qu’il a pu
« contrat », tout en insistant bien sur le fait que je n’aurai d’autres choses à
faire que ce qui y figurera. Je devrai donc le lire avec attention avant de signer
vraiment ce qui me passe par la tête à cet instant, peut-être par désespoir ou par
défi, je me surprends à m’exclamer :
Il n’a pas encore accepté ma demande, mais je lis très clairement un air de
victoire dans ses yeux. J’ai un doute subit sur le fait d’avoir peut-être pris un
risque en m’étant montrée un peu trop gourmande. Zut zut de flûte ! Avec ma
grande bouche, je viens peut-être de faire foirer l’affaire de ma vie.
Les pupilles brunes de Doug me fixent d’une nouvelle attention, comme s’il
me voyait tout à coup différemment. Mon marchandage ne semble pourtant pas
le rebuter. Enfin, je n’en ai pas le sentiment. Au contraire, j’ai comme
l’impression qu’il en est surpris et finalement amusé. Alors que de mon côté,
je croise les doigts dans mon dos pour que ma soudaine gourmandise vénale
ne m’ait pas fait louper cette bonne occasion de me faire de l’argent. Mais
peut-on vraiment parler d’une bonne affaire ? ça, c’est une autre question.
Mutique, Doug Doherty reste sans bouger, les bras croisés sur son torse, dans
un refus.
je me lève donc, assez mollement, récupère à nouveau mon sac et mon carton,
— Très bien, j’accepte, finit-il par lâcher. Ce n’est pas non plus, comme si
ses yeux bruns mon regard clair. Toutefois, vous me surprenez Oregon, je ne
J’aurais presque pu en être flattée, s’il ne m’avait pas une fois encore servi du
« ce n’est pas, non plus, comme si j’avais vraiment le choix ». L’idée de n’être
compagnie.
Son ton glacial appuyé de son regard ténébreux me fait frissonner. Que veut-il
dire par là ? Il n’irait tout de même pas jusqu’à des sévices corporels ?
Il doit lire en moi mes craintes, car il se met subitement à éclater d’un rire
franc.
l’ai rencontré !
— Je ne vous taperai pas, si c’est ce dont vous avez peur, enfin … pas sans que
vous me le demandiez … se reprend-il, une lueur perverse illuminant son
regard.
Il n’en a pas assez ? A quoi joue-t-il avec ses allusions non dissimulées ? Mon
esprit s’emballe aussitôt suite à ses paroles implicites, faisant frémir mon
intimité, à la simple idée qu’il puisse me dominer. Je me reprends, toutefois
assez vite, ma raison, plus que rationnelle, se contentant de me rappeler à quel
Pour lui montrer néanmoins mon mécontentement, je le fixe moi aussi, comme
il a tant l’habitude de faire, soutenant son regard et le toisant menton relevé.
C’est la seule gestuelle dont je dispose pour lui affirmer mon caractère et je ne
sais d’ailleurs pas si cela sera suffisant ; mais je ne voudrais surtout pas qu’il
s’imagine avoir tout pouvoir sur moi parce qu’il paie. Même si en fait, ce n’est
simple évocation d’un jeu sexuel avec lui, fait naitre en moi des picotements
d’excitation. Je sais avec assurance, désormais, que Doug Doherty aime jouer
et dominer.
proposition, c’est bien lui qui mènera le jeu. Un jeu dont je ne peux
évidemment pas prévoir l’issue, un jeu qui pourrait bien s’avérer dangereux
échange, mon âme au diable … pour au moins un mois, en tout cas. Mais qui,
du reste, aurait refusé une telle offre ? Alors, me concernant, suis-je prête à
t-elle.
Doug ? Cassie ? Quel est donc leur lien ? Auraient-ils eu une aventure
luxe, ce qui ne m’aide pas vraiment à redorer mon égo qui en a pris un coup
quand je me suis aperçue qu’effectivement, tout le monde a un prix !
Mon dieu ! Suis-je vraiment obligée d’en passer par-là ? Et avais-je réellement
besoin d’accepter son deal ?
— En quelque sorte.
Elle aussi commence à me courir sur le système avec ses Doug par ci, Doug
trente et unième étage. C’était une maigre consolation, mais je finis par m’en
rehaussé mes cheveux blonds d’une nuance plus chaude. Mon maquillage
habituellement discret et surtout réalisé en quelques minutes est désormais
concerne mes cheveux tout du moins - mais c’est plutôt, le fait d’avoir dû
les discuter, comme si je n’étais qu’un jouet que l’on modèle et remodèle à
volonté, en plus de m’agacer, blesse mon orgueil. Et ce, même si je sais que ce
n’est que temporaire. J’ai le sentiment d’avoir d’ores et déjà perdu un peu de
mon amour propre. Et je suppose que ce n’est pas qu’une impression. Mais je
présume que pour la modique somme de 15 000 dollars, je dois bien me prêter
à quelques concessions tout de même. Ce ne sont que des détails finalement, et
dans un mois, je serai heureuse de toucher cet argent. Alors autant mettre de
côté, pour un temps, ma vanité.
Quand enfin les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur le hall, j’aperçois en tout
premier lieu Abby. Elle est en train de parler à un homme adossé
nonchalamment sur sa banque. Je l’observe un moment et je la connais
suffisamment bien pour deviner qu’elle est en train de minauder. Ses manières,
interlocuteur. Malgré tout, son allure un peu figée me laisse à penser qu’elle
est impressionnée par lui. Alors que je la fixe, elle lève machinalement le
regard vers l’ascenseur qui vient de tinter et quand elle m’aperçoit, après un
bref moment de saisissement, elle ouvre des yeux gros comme des callots, la
bouche bée. L’homme accoudé doit se demander ce qui peut la faire grimacer
Merde Doherty !
plus calculer mon amie, il s’avance vers moi sous le regard médusé d’Abby.
Apparemment ma métamorphose lui plait, ses pupilles parlent pour lui. Et
alors que je devrais - ou tout du moins- je pourrais m’en réjouir, cette pensée
me vexe davantage, enfonçant encore un peu plus profond le clou, comme quoi
j’étais vraiment « au naturel », aux antipodes de ce qu’il peut aimer chez une
de son visage, qu’il aime la femme que je suis devenue. Un pur produit de sa
création, mis en œuvre grâce aux talents de sa styliste. Et effectivement, cela
corrobore très clairement, par extension, qu’il n’appréciait pas du tout celle
que j’étais. A ce moment, seule l’idée vengeresse qu’il sera déçu de me voir au
et orgueilleux.
Je rage intérieurement par sa remarque que je juge blessante. C’est tout sauf un
son équipe esthétique, gratifiant leur travail d’un « bon boulot » ! Si le jeu n’en
Sans tenir compte de mon humeur massacrante, il glisse son bras sous le mien
et nous dirige vers la sortie, sous le regard étonné des personnels présents
voir partir bras dessus-bras-dessous avec Doherty, mais une chose est sûre, je
ne peux pas partir sans lui parler.
je ne le connaissais pas.
Evidemment, il n’en parait que plus beau, mais ça, même sous la torture, je ne
Je ne sais pas d’où vient cette hargne que je porte en moi, mais je ne parviens
pas à rester aimable en sa compagnie. Sans doute, le fait qu’il me préfère ainsi
déguisée et parée comme ses poules me blesse-t-il. Mais il faudra bien que je
— Mais c’est quoi ce truc ? Tu sors avec Doherty ? Mais depuis quand ? Tu
n’es là que depuis aujourd’hui ! Et tu t’es vue, comme tu es belle ? Oh, là, là …
— Ecoute Abby, je n’ai apparemment pas trop de temps pour tout te raconter,
— Tout n’est pas aussi simple qu’il n’y parait Abby, mais ne t’en fais pas, je
perdue.
Sitôt passée le seuil, je retrouve Doherty qui m’attend dehors sans manifester
aucune impatience, apparemment. Cela m’étonne assez pour que je m‘en fasse
la réflexion. C’est-à-dire qu’en moins de quarante-huit heures, je me suis
forgée une image de lui tellement négative que je m’attends à tout de sa part. Et
cela, il ne le doit qu’à lui-même. !
Je repère assez vite une grande voiture noire aux vitres opaques garée le long
du trottoir. Et Doherty s’adresse au chauffeur qui se tient légèrement sur le côté
du véhicule. D’un simple signe de tête, Doug lui fait comprendre qu’il peut
Lui adressant un bref regard étonné, je me glisse sur les sièges les plus
confortables que je n’aie jamais testés. Et m’installant confortablement sur la
Quelque part, je ne suis pas surprise par son signe ostentatoire de richesse.
retrouver en tête à tête avec lui dans un espace aussi exigu. J’avoue que je n’ai
été plus attentive aux zéros du nombre allégué qu’aux réelles contraintes du
marché. Et je commence véritablement à me demander dans quelle histoire je
me suis embarquée.
Bien que n’étant absolument pas claustrophobe, subitement, dans cet espace
clos, aux côtés de cet homme qui dégage autant de … de quoi d’ailleurs ? de
charisme ? Enfin bref, … je me sens soudain mal à l’aise, comme s’il
prend, et j’essaie de ne rien en faire paraître, alors que l’air pénètre plus
ne sais pas si je serai à même d’aller jusqu’au bout de cette aventure. Peut-être
Je remarque aussitôt que c’est la première fois qu’il emploie mon prénom et
ce dernier sonne plutôt drôle dans sa bouche. Je ne saurais vraiment
l’expliquer, mais un peu comme si nous étions davantage proches. C’est
étrange.
— Je n’ai pas peur de vous, je réponds, bien trop vite pour être crédible.
Sa main chaude recouvre la mienne, l’entourant de sa chaleur et de sa douceur.
C’est agréable et effectivement réconfortant. Doug m’adresse un sourire
joueur comme s’il n’en croyait pas un traitre mot et d’instinct, je rive mon
rien de cet homme si ce n’est sa mégalomanie. Comment savoir s’il n’est pas
psychologiquement perturbé ? Je réalise – bien trop tard- à présent qu’il
Cela pourrait sans doute aider les enquêteurs dans un premier temps.
Alors même que la main de Doug est toujours posée sur la mienne, je détourne
le regard, gênée par l’intensité de ses prunelles. Bien que ne sachant rien de lui,
pas plus maligne que certaines femmes qui se jettent carrément dans la gueule
du loup ??
Mauvaise idée que d’y penser car aussitôt, tout un tas de scenarios lugubres
assaillent mon esprit – merci les séries TV !! - et je délire tellement que j’en
étouffant encore.
Je me retourne alors vers lui et son visage inquiet trahit effectivement son
intérêt, ayant perdu un temps, toute l’arrogance qui lui est coutumière.
— Ça va. Merci. J’ai juste manqué d’air, mais ça va mieux à présent. Puis-je
Cet homme, que j’ai jusqu’ici classé dans la catégorie des hommes
véritablement beaux que je déteste, m’inspire subitement des sentiments
beaucoup plus ambigus, que j’ai dû mal à justifier. Non pas que je sois sensible
à son charme - Dieu m’en garde ! - mais j’avoue être peut-être un peu réceptive
à sa prestance et au magnétisme que transpirent de chacun de ses pores.
non plus, ne nous affolons pas, mais je suis sans doute plus vulnérable suite à la
petite crise d’angoisse que je viens de ressentir. Du coup, mes pensées sont
peut-être un peu plus confuses que d’ordinaire. Bon, il y a bien eu aussi, hier
soir ce dérapage érotique, seule dans mon lit, mais là-dessus, je sais avec
certitude qu’il ne s’agissait que d’un vulgaire manque de sexe et non d’une
Malgré tout, pourquoi l’idée que je pourrais être fascinée par cet homme fait-
elle son chemin en moi ?
C’est normal.
assidument.
— Nous allons diner et nous mettre d’accord sur les termes de notre accord.
pourtant pas pour habitude de me laisser marcher dessus, mais son regard
froid me fait baisser les yeux.
Malgré tout … et surtout malgré moi, je suis bien obligée de reconnaitre que
mettent à briller, il est vraiment très séduisant. Rien que le fait de m’en faire la
réflexion m’énerve mais c’est la vérité. En serais-je réduit au même état que
J’ai bien plus de jugeote que toutes ces midinettes qui bavent devant n’importe
quel mâle aux beaux muscles mais à la cervelle de mollusque.
Non, non, non, Doherty ! Ton charme n’agira pas sur moi ! Sois-en sûr ! lui
adressé-je secrètement en vue de conjurer tout sort qui m’aurait été lancé.
commence à m’inquiéter.
— Hein ?
— Est-ce que cela vous rassurerait que nous établissions un contrat écrit ?
J’opine de la tête.
fait que ma rétribution soit bien indiquée – on n’est jamais assez prudente ! – et
que les limites de notre marché soient également écrites noir sur blanc.
Traduisez, …est-il en droit d’exiger des … des …, enfin certaines faveurs en
retour ?
cacher ma gêne.
— Un problème ?
Doherty ne semble pas ravi d’être interrompu par l’appel, toutefois, je dois y
répondre.
méchante humeur. Doug range ses papiers, sitôt mon appel terminé et alors que
je replace le téléphone dans mon sac, je l’aperçois qui me dévisage, soucieux.
— Un problème ?
— Bien.
Nous restons quelques instants sans parler, l’ambiance dans l’habitacle est
lourd et j’ai conscience d’en être responsable. Mais je suis incapable d’agir
autrement, la nouvelle que je viens d’apprendre me secoue trop pour l’instant
parait même affecté par ma réaction. Mais à quoi bon me confier. Puisque de
toute manière, malgré sa bonne volonté de m’aider, malgré tout le pouvoir que
puisse avoir cet homme, il ne pourra rien faire pour moi.
disproportionné, alors que j’avais redouté pire. La nouvelle sous cet angle
n’est pas si mauvaise finalement. C’est juste que je me sens tellement en colère
— Scarlett, je n’aime pas vous savoir tracassée ainsi. Je sais que nous ne
sommes pas les meilleurs amis qui soient et que je ne suis pas non plus, le
mieux placé pour que vous vous confiiez à moi, mais je peux peut-être vous
apporter mon aide ou vous conseiller. Vous avez l’air si triste. J’ai peur de
gentiment.
Son rire est communicatif et un sourire nait sur mon visage alors que je n’étais
départ de dialogue. Sans doute le meilleur que nous ayons eu depuis notre
rencontre. J’aimerais que cette légèreté entre nous dure quelques temps encore.
Ce ne sera vraisemblablement pas le cas, mais ce soir, j’ai envie d’une trêve.
— On fait la paix.
Mes yeux sont attirés par les siens qui brillent magnifiquement et une fois
encore, je me retrouve sous le charme de cet homme. Celui qui est face à moi
— Votre père ?
Je baisse mes yeux et me confie. J’ai envie d’effleurer de mes doigts le dessus
— Mes parents sont divorcés depuis trois mois. En fait, ils se sont séparés
quand j’ai décidé de quitter Silver Falls city pour New-York. Ils faisaient de
leur mieux pour se supporter, mais la fin de mes études a été pour mon père
Je marque une pause afin d’examiner Doug. Il m’écoute avec attention sans
m’incite à poursuivre.
— La nouvelle importante que mon père avait hâte de m’annoncer était en fait
… l’annonce de son prochain mariage. Ils prévoient l’événement pour début
août, je précise pensive, en secouant la tête.
— Non, il ne mérite pas que je pleure pour lui. Vous voyez, je vous avais dit :
c’est stupide.
— Non, cela ne l’est pas. Au contraire. Et moi aussi, je suis aussi très attaché à
la famille et une telle nouvelle m’aurait sans doute mis dans une humeur
— Vraiment ?
— Non, cela m’empoisonne la vie plutôt. J’aimerais tant parfois avoir votre
impassibilité.
— Je ne suis sans doute pas celui que vous imaginez, croyez-moi.
La voiture se gare et nous restons quelques instants encore à nous fixer, les
yeux dans les yeux, sans qu’aucun mot supplémentaire ne soit nécessaire. C’est
le chauffeur que je sais désormais s’appeler Harry, qui interrompt cet étrange
grâce, juchée sur mes talons de douze centimètres - que Cassie m’a imposés, je
maitre d’hôtel qui nous mène à notre table, de peur de m’étaler au sol. Une
humiliation publique est tout sauf ce dont j’ai besoin maintenant. Doug a su me
Comble du comble, comme s’il n’y avait aucune limite dans la poisse, le
restaurant que Doug Doherty a choisi ce soir, est tout sauf convivial. Alors que
j’aurais adoré un lieu intimiste pour pouvoir poursuivre notre soirée en toute
tranquillité, il règne ici un silence de mort et à voir les assiettes sur mon
Voilà que mon mauvais esprit me reprend ! Quelque part, c’est plutôt bon
Il m’a semblé que notre conversation d’à peine avait changé quelque chose
irritée par mon père pour l’heure, et le sentiment de peine que je ressens pour
Après tout, il en a les moyens, et pour ma part, tout appétit ma quitté depuis
l’appel de mon père.
Une fois installés à une table en plein centre de la salle, cette fois-ci, un silence
pesant s’installe entre nous. Je crois que j’aurais préféré manger un sandwich
dans la voiture et garder la magie des derniers instants passés ensemble.
Alors que Doug donne d’office les instructions pour le repas sans même
regarder le menu, j’en profite pour étudier les personnes attablées autour de
qu’il n’en est rien et qu’il s’agit d’une simple vue de mon imagination. Je me
Je me retourne vers lui et mes yeux croisent les siens. Son regard, si sombre et
réflexion secrète que je ne peux nier qu’il est extrêmement séduisant. Pas mon
puissent tomber sous son charme. Ses yeux ont quelque chose d’envoutant.
Ses cheveux bruns, légèrement trop longs rebiquent sur le col de sa chemise
blanche et son visage légèrement mat ressort davantage par contraste. Ses traits
sont assez fins pour un homme mais ses mâchoires saillantes dévoilent dès le
premier coup d’œil qu’il s’agit d’un homme de tempérament. C’est flagrant.
— Scarlett, vous emménagerez chez moi demain soir finalement. Je vois bien
que vous êtes secouée par la nouvelle. Mieux vaut que vous restiez en présence
de votre amie. Je suppose qu’elle saura être, une bien meilleure épaule que moi
pour vous consoler.
— Je vous l’ai dit, cela fait partie du contrat. Vous apprécierez quand même
que je vous laisse ces quelques heures pour prévenir votre amie et prendre
deux trois affaires auxquelles vous tenez. Bien entendu, inutile de vous
encombrer de vos vêtements, ils ne vous seront d’aucune utilité, vous les
Alors que je commençais tout juste à l’apprécier, je réalise que son côté obscur
n’était pas très loin finalement. Pourquoi faut-il qu’il soit toujours cinglant
quand son autorité est en jeu ? J’hésite à rebondir mal aimablement sur ses
me dicter les conditions de son deal qu’il a apparemment déjà bien mûri.
C’est plus fort que moi, je pouffe de rire si fort que les convives attablés non
peux, hélas, pas m’arrêter. Une sorte de rire nerveux qui s’empare de moi
quand j’imagine le couple le plus mal assorti que nous pourrions offrir.
— Rien. Enfin, si. Personne n’y croira jamais ! C’est tellement évident ! Je
pensais que vous souhaitiez que je vous assiste davantage pendant cette durée,
lors de soirées, peut-être ou que sais-je encore, mais certainement pas que
vous aviez besoin d’une véritable petite amie ! Enfin, vous me l’aviez dit mais
dépanner ?
Mince ! Sitôt sorties de ma bouche, je regrette mes paroles. Mais qu’est-ce qui
m’a pris ?? En trois secondes chrono, je viens de tout gâcher ! Mais quelle
conne alors !!
La situation entre nous s’était un tant soit peu améliorée et je viens de réduire à
néant tous les efforts que nous étions tous deux prêts à faire. Ses yeux
paroles.
aujourd’hui de ma part : modérez vos élans et vos paroles. J’avoue ne pas être
vous jouera des tours. Vous êtes à la ville ici, non plus dans vos pâturages.
Veillez donc à surveiller vos propos. Je me suis trompé dans la voiture. Je
vous pensais sensible, mais il n’en est rien. Vous n’êtes qu’une fillette égoïste,
sans aucune attention pour autrui. Mais le monde ne tourne pas autour de vous !
Et pour votre gouverne, bien que cela ne vous regarde absolument pas, je n’ai
pas pour habitude de payer pour me faire accompagner. Si j’ai tenu à vous
faire cette offre, c’est que d’une part, je vous jugeais suffisamment intelligente
pour ce marché et d’autre part, parce que justement lorsque je mène un projet,
Je devrais m’excuser aussitôt et c’est d’ailleurs ce que j’aurais fait s’il m’en
avait seulement laissé le temps. Mais après avoir écouté le fond de sa pensée
sur ma personne, je n’en ai soudainement plus envie. Mais pour qui se prend-il
à la fin ?
plus reproduire les mêmes erreurs ! Apprenez Oregon, mais apprenez vite !
Cassie vous aidera effectivement à paraitre plus crédible, car comme vous
l’avez, cette fois, justement fait remarquer, sans son aide, vous ne seriez
Et même si cette fois, je garde ma langue dans ma bouche, mon esprit lui, ne
peut s’empêcher d’insulter ce sale type, que je déteste cette fois encore plus
amoureuse lors de nos sorties. Vous devrez être convaincante sans quoi, je
considérerai que vous ne remplissez pas votre part du marché. Suis-je clair ?
— Bien évidemment, vous éviterez toute prise de parole, afin de limiter les
dégâts.
Cette fois, c’en est trop ! Il dépasse vraiment les bornes et je ne vais pas me
laisser humilier encore et encore. Tout Doherty qu’il soit, et si minuscule que
je sois face à lui, je ne suis pas prête à supporter davantage ses insultes. Il me
Mon regard est chargé de colère, mais il ne semble pas y être sensible, son
attitude ne change en rien, si ce n’est qu’il assiste imperturbable à ma petite
— Vous éviterez également toute saute d’humeur, je vous le rappelle une fois
de plus, vous n’êtes plus chez vous. Ici les gens savent se tenir, m’assène-t-il
froidement.
— Non mais vous êtes sérieux là ou vous me cherchez volontairement ?!? crié-
je, me foutant royalement de déranger le sacro-saint silence qui règne dans ce
Alors que je m’attends à une énième réprimande encore plus glaciale que les
cruel mais tellement réel constat que cela en est désolant. Il n’est même pas
capable de rester courtois le temps d’un diner. A se demander comment il
ne suis pas prête pour autant à perdre toute estime de moi. Et avant que je n’y
— Bien, attaqué-je d’un ton formel en posant mes deux mains bien à plat. Vous
allez être ravi, je n’en doute pas un instant, je vous libère de toute obligation
vis-à-vis de moi. Je m’en voudrais de faire tâche à vos côtés et de ruiner votre
réputation. Je suppose que votre Cassie fera une bien meilleure petite amie que
rapidement possible la salle, sous le regard étonné de nos voisins de table qui
ont plus ou moins assisté à notre joute. Je hâte le pas, tout en prenant garde de
appartement.
Putain ! Quelle journée !!
Abby va être déçue pour moi, je m’y attends, mais je me remettrai à chercher
un emploi dès demain, quitte à accepter n’importe quel poste dans un premier
temps. Finalement cette petite mise au point, bien que m’ayant énervée, m’a
mortel.
diriger à la hâte vers la station de métro qui se trouve à quelques deux cents
mètres de là.
Juchée sur mes talons, j’accélère le pas, regrettant vivement mes ballerines. Il
ne manquerait plus que je me pète une cheville en plus, ça serait le pompon !
Mais qu’ai-je donc fait pour avoir eu à subir toutes ces offenses ces deux
derniers jours ?
ciel. Bien évidemment, il ne me répond pas et je reste seule avec mes questions
sans réponses.
Chapitre 9
retrouve face à des pupilles aussi brunes que furieuses ; je ne les connais déjà
que trop.
— Je crois que l’on ne s’est pas vraiment compris vous et moi, Oregon,
moi.
— Effectivement, nous ne nous comprenons pas tous les deux : je vous ai dit
que cela ne m’intéressait plus. Vous n’êtes sans doute pas habitué à ce que l’on
vous dise non, c’est pourtant bien ce que je suis en train de faire monsieur le
grand P.D.G. Chez nous, dans nos campagnes, comme vous le dites si bien, on
respecte les gens en général et les femmes en particulier, aussi, je vous
souhaite une bonne chasse à la prétendante et ciao bello !
Alors, que je me retourne aussi sec pour me diriger enfin vers la station de
métro tant convoitée, son emprise sur mon poignet se renforce m’empêchant
de faire un second pas. Ses doigts se resserrent autour de mes os fins ; il me
fait mal.
long du trottoir, que je sens mes jambes se soulever et mon buste balancer par-
Mes cheveux flottent le long de ses jambes et son bras me maintient juste en
battant des pieds et c’est alors que sa seconde main s’abat fortement sur mon
derrière, me coupant le souffle.
Comment ose-t-il ?
yeux.
Alors que son chauffeur lui ouvre la porte arrière du véhicule, un sourire aux
lèvres, Doherty me balance tel un sac de farine sur la banquette sans aucun
ménagement. Je rebondis et me récupère tant bien que mal sur le cuir
rajuste en vitesse ma robe qui est remontée lors de mon plongeon dans
l’habitacle. Le regard que je lui adresse est sans soute, le regard le plus
haineux que je n’ai jamais eu. Il a peut-être réussi à me contraindre par la
le qualifie si bien.
vous n’enregistrez pas si vite que je le pensais Oregon. De même je vous avais
informé qu’il y aurait des conséquences à vos actes. Ne vous en prenez qu’à
vous-même !
mitraillette.
Qui se comporte ainsi de nos jours ? Même dans nos vallées, les hommes sont
plus évolués que cet australopithèque ! Telle une furie, le surprenant, je me
Mais déjà il rit, alors que son chauffeur referme la porte du véhicule, lui-
même hilare.
Pauvres mecs va !!
N’importe qui peut vous enlever sans que personne ne bouge le petit
doigt pour vous ?! je pense incrédule, totalement choquée de l’indifférence
discret, tandis que la majorité des piétons préfèrent tourner la tête pour s’éviter
tout tracas. En cette fin de journée si éprouvante, mes nerfs commencent à
lâcher peu à peu et des larmes s’échappent sans mon accord de mes yeux. Or,
s’il y a un plaisir que je ne souhaitais pas lui offrir, c’était bien celui de pleurer
devant lui ! D’un geste brutal, je passe ma main sur mon visage pour sécher
ma gorge.
— Et arrêtez de rire ! je lui crie complètement hors de moi. Je veux que vous
me relâchiez, vous entendez ?! Immédiatement ! j’ordonne.
Alors qu’il presse le bouton pour faire remonter la séparation vitrée entre le
chauffeur et nous, je commence vraiment à m’inquiéter, ma rage se muant
Finalement, mon pressentiment était le bon quand j’avais divagué tout à l’heure
sur le fait que Doherty puisse être un dangereux psychopathe. N’ai-je donc rien
la société, étant même qualifiés par des proches comme de parfaits citoyens,
d’excellents pères de famille ou encore d’excellents employés, dont les voisins
m’attachera-t-il ?
portière, je suis encore plus anxieuse quand je le vois s’approcher de moi, les
fermement mes cheveux sur l’arrière de ma tête et exerce une pression sur
d’autre choix que de porter mon regard vers lui. Ses yeux ne rient plus, il ne
me semble plus en colère non plus, pourtant ses pupilles ténébreuses expriment
Avec une extrême lenteur, il vient poser ses lèvres sur les miennes et je le
regarde faire, les yeux grands écarquillés. Je vais pour gifler le malotru, mais
il intercepte aussitôt mon poignet avec sa seconde main. Ses yeux embrasés ne
quittent pas les miens et je crois halluciner quand il me semble y déchiffrer
cette fois … du … désir ??
Son baiser est brutal et je ne sais pourquoi j’y participe alors même qu’il me
Et alors qu’il approfondit son excursion intrusive dans ma cavité buccale, des
déploient dans tout mon corps, faisant naitre un désir dans mon bas ventre.
Je voudrais résister, le repousser ou bien même lui mordre la langue mais j’en
toute résistance, car au bout de quelques secondes, son baiser s’adoucit. Puis,
délicatement, cette fois-ci, sa langue dessine plusieurs fois la courbe de mes
lèvres pour s’arrêter enfin. Il s’écarte alors légèrement de moi, je regrette déjà
la moiteur de sa bouche suave tandis que son front vient se poser contre le
mien, sa main faisant toujours pression sur l’arrière de ma tête.
Ayant conscience d’avoir gagné un set en me faisant plier, Doug dégaine son
fameux sourire carnassier. Et je vois dans ses yeux qu’il est fier de lui et là, je
suis !!
Mue par une colère indicible aussi bien contre lui que contre moi, je rapproche
à nouveau mes lèvres des siennes et simulant le désir d’un nouveau baiser,
un baiser profond qui une seconde fois secoue mon corps. Malgré tout, cette
lèvre inférieure.
Ses yeux se dirigent vers son index et ils s’arrondissent quand Doherty y
toise.
— Les femmes savent se défendre dans l’Oregon, je jubile. Prenez note, lui
dis-je railleuse.
Déjà, la voiture s’arrête devant un immeuble situé dans une avenue que je
devine huppée. Trop énervée, je n’ai pas vraiment prêté attention au trajet, mais
côté, il voit bien qu’avec la robe que je porte, je n’ai aucune ampleur de
mouvement !
grandes enjambées et mes petits pas de tonkinoises derrière lui, toute échevelée
et geignant, le réceptionniste de l’immeuble a vraiment trouvé-là de quoi
distraire sa soirée.
Parvenus dans la cabine d’ascenseur, Doherty insère une clé ronde dans une
serrure discrète placée sur le bas du pavé numérique des étages et sélectionne
le vingt-cinquième étage. Evidemment Monsieur à ses appartements privés !
La montée ne dure qu’une petite minute, que nous effectuons dans le plus grand
silence. De toute façon, je suis résolue à ne plus lui adresser la parole. Les
gaie aux murs, alors que j’aurais souhaité que son intérieur soit aussi décevant
que lui. Mais non. On pourrait presque penser qu’une femme s’est occupée de
trop beau pour lui. Et alors, que je m’avance vers les tableaux, afin d’éviter
toute relation avec lui, j’aperçois du coin de l’œil, Doherty réinsérer la clé
hausse nonchalamment les épaules d’un air désintéressé et lui tourne le dos
feignant une soudaine fascination pour ses toiles suspendues sur les murs
blancs.
peau.
goûts et je n’en reviens toujours pas d’y avoir participé. C’est précisément
souvenir sur sa lèvre gonflée pour les deux-trois jours à venir. Bien fait !
peur.
Un peu facile certes, mais tout semble dérailler depuis que j’ai eu le malheur
vous !
— Ne vous donnez pas ce mal pour moi, je n’ai ni faim, ni soif, d’ailleurs je
ne reste pas.
l’appartement, enfin ce que j’en aperçois, sont blancs, la déco est soignée. Des
teintes vertes et taupes égaient les lieux par des accessoires bien choisis. C’est
réellement un très beau lieu de vie. Et au moins, je n’y vois toujours aucun
l’argent … ça aide, on peut se payer tous les professionnels qu’on veut ! Quant
retrouver tous mes esprits ! Depuis que j’ai fait ça connaissance, je vois bien
que je ne suis plus tout à fait moi-même. Tout dérape, je ne suis plus maîtresse
de moi.
blanc. Je ne savais même pas qu’il en existait de si grands. Et son cuir est si
doux et éclatant que j’en aurais presque peur de m’y asseoir dessus.
En tout cas, vu le blanc qui règne partout dans son loft, de même que la qualité
des meubles et des accessoires, on comprend au premier coup d’œil qu’aucun
— Bien, reprenons à présent et cessez vos enfantillages, s’il vous plait. Vous
J’imagine que dans son beau monde, personne n’adopte d’attitude aussi
puérile, mais je m’en contre-fous. Au moins, sait-il à quoi s’attendre : le
message est on ne peut plus clair. Simple et efficace. Je refuse de lui parler !
les règles : dès aujourd’hui vous m’appellerez par mon prénom et moi de
même. Nous nous tutoierons, cela va de soi. Notre couple doit donner
l’illusion d’un couple moderne et amoureux. Et comme, je vous l’ai dit, Cassie
C’est ça, cause toujours, je ne suis pas dupe que ta flatterie n’a pour but que de
servir tes intérêts ! Eclatante ?! La bonne blague !
— Demain, Harry ira chez vous chercher vos affaires. Vous auriez pu le faire
vous-même ce soir, mais comme je vous l’ai dit précédemment, les règles ont
changé. Et jusqu’à nouvel ordre, je ne vous fais plus confiance, vous serez
donc étroitement surveillée et c’est à Harry que reviendra cette lourde tâche. Il
en sera ravi, j’en suis sûr ! Autre détail : si jamais, vous ressentiez autre chose
que du mépris envers votre prochain, évitez de lui fausser compagnie car c’est
bien sûr lui qui en pâtirait en tout premier lieu. Je vous dis juste ça au cas où
cela vous ressentiriez quelque empathie pour lui. Son job est dans la balance.
Sinon concrètement, je vais vous montrer la chambre que vous occuperez
pendant la durée de notre accord. Il est évident, que si nous devions nous
déplacer chez quelqu’un, pour rendre notre couple crédible, nous devrions
alors partager la chambre.
partage une chambre avec vous ! D’ailleurs, vous avez beau vouloir l’ignorer,
mais je vous l’ai dit, je ne souhaite plus participer à votre magouille.
— Qui a parlé de magouille ? C’est un marché, c’est aussi simple que cela. Un
marché entre deux adultes consentants. N’ayez crainte, si c’est cela qui vous
achète !
sèchement. De toute manière, vous n’êtes absolument pas mon style, alors
« marché » comme il le nomme si bien, il risque fort de rire jaune très bientôt,
car je compte bien le mettre dans des postures indélicates. Je ne compte pas lui
Cependant, et ce, malgré tous les plans de vengeance que mon esprit échafaude
les uns après les autres, j’essaie une ultime fois de lui faire entendre raison,
dans l’idée de sortir au plus vite de ce guêpier. Car j’ai bien compris que si
jamais, l’état de guerre était déclaré entre nous, je n’aurais de répit que de
déjouer ses plans maléfiques. Et n’étant pas masochiste, enfin jusqu’ici, s’il
tenter l’apaisement.
Est-ce si difficile ? Alors je vous le redis encore : je ne veux pas jouer le rôle
de votre petite amie ! C’est clair cette fois ? Trouvez quelqu’un d’autre et priez
— Comment ça, non ? Vous avez justement relevé, à peine, que nous étions
deux adultes consentants ! Moi, je vous dis au contraire que ce n’est plus le cas.
Je ne suis plus consentante donc je romps notre accord, qui d’ailleurs n’a pas
été formalisé, donc … trouvez-vous quelqu’un d’autre !
ça. Donc, disait-je, votre amie travaille bien chez nous, n’est-ce pas ? Je
conscience de son emprise. En affaires, tous les moyens sont bons, souvenez-
A cet instant, mon seul désir est de me laisser aller à le traiter de tous les noms
de cloportes et de cafards que la terre puisse porter. Comment peut-il oser
menacer ainsi l’emploi d’Abby ? Elle qui n’a rien fait et qui s’évertue à donner
Je pense à mon amie, à tout ce qu’elle a pu galérer pour obtenir enfin ce job. Je
pense également à la manière dont elle vénère cet enfoiré et franchement, cela
m’attriste pour elle, si seulement elle savait qu’il se sert d’elle pour faire
sens pas le droit, au nom de ma fierté de mettre son emploi sur la table de jeu.
J’ai fait une erreur en pactisant avec le diable, à moi d’en assumer les
marché était entre lui et moi et je ne vois pas pourquoi j’impliquerais mon
amie. Son odieux chantage me dégoûte. Je n’avais déjà pas une bonne opinion
de lui, mais là, il vient vraiment d’atteindre les abysses de mon estime.
morne.
Un sourire de contentement nait sur son visage et j’aurais envie de lui cracher
à la figure pour le voir quitter son air triomphal. Manifestement il est très fier
de lui.
Tu le regretteras, tôt ou tard, telle est ma promesse. Car si nous sommes peut-
être moins distingués chez nous - j’entends dans mon état de l’Oregon - nous
n’en sommes pas moins loyaux et honnêtes, et ce qu’il vient de faire est loin
j’ai bien dormi, cette guerre des nerfs de la veille m’ayant littéralement
lessivée.
au fil des ans ma drogue du matin. De toute façon, je ne sais même pas si je
dois retourner à mon bureau, notre discussion de la veille ayant tourné court.
Je crois ne jamais avoir détesté quiconque aussi fort que la personne de Doug
que du mépris. Il peut bien d’ailleurs être aussi beau qu’un Dieu vivant qu’il ne
m’intéresse pas, tant il est laid de l’intérieur.
La seule chose qui me rassure, c’est que Dieu merci, je n’ai actuellement
personne dans ma vie et qu’ainsi, je n’aurai donc pas à me justifier pour mes
prochaines absences. Je dois juste gérer Abby et je ne sais même pas ce que je
D’un côté, je ne me sens pas le courage de lui avouer la vérité tant je me sens
m’astreignais pas à lui obéir m’est insoutenable. Si seulement elle savait que
l’homme qu’elle admire autant se sert d’elle pour me contraindre à accepter
de cran pour lui avouer. Elle serait tellement déçue. Et dire, qu’il badinait avec
A peine réveillée que mon cerveau commence déjà à ressasser tous les
événements de la veille et à s’alarmer également, à juste titre, contre la
Pas besoin de chercher mon chemin dans cet immense loft, très vite l’odeur
Même si je n’ai d’autre choix que de renfiler l’unique tenue que j’ai à portée,
rends donc pieds-nus jusque dans la cuisine, ignorant si Doherty est encore
n’avons pas abordé le sujet hier, j’attends donc de voir ce qu’il exigera de moi
à ce sujet. Et puis, je ne suis plus à un sermon prêt.
constater, qu’il est vraiment superbe et ce, dès le matin. Aujourd’hui, il porte
le temps, mais je suppose que s’il agit de même lorsqu’il traite ses affaires, ses
ressens devant lui. Ça ne se fait pas de fixer les gens autant d’insistance. Il a
sans doute entendu ma prière secrète puisqu’il cesse alors son inspection et se
lève pour me servir obligeamment une tasse.
— Café ?
— Euh … oui. Mais laissez, je peux me servir, n’interrompez pas ce que vous
faites.
Monseigneur est trop bon, aurai-je envie de le remercier, mais je n’en fais rien.
La leçon d’hier, d’ouvrir sans cesse ma grande bouche sans même réfléchir,
m’a suffi. Inutile d’entamer les hostilités de si bon matin. Et puis, je suis déjà
petite amie et bien soit, je vais le faire puisque j’y suis quasiment contrainte
mais ce sera de mauvaise guerre. Je viens de prendre ma décision en quelques
secondes, rien qu’en l’observant. M’épuiser pour lui faire entendre raison, ne
sert à rien. Je vais donc adopter une toute autre méthode : celle du mépris.
Servile, je vais me conformer à sa demande, mais qu’il ne compte pas sur moi
pour y mettre de la conviction. Je serai sa petite amie soit. Mais une petite amie
tout ce qu’il m’inflige. J’espère juste qu’il sera assez intelligent pour
tout en me calant à l’opposé de lui, sur un tabouret haut situé à l’autre bout du
comptoir.
Sans ouvrir la bouche, je lui adresse un coup de menton qui vise à lui
répondre.
Bien que j’aie décidé de l’excéder en ne lui adressant plus la parole, je ne peux
m’empêcher d’intervenir car déjà, il me tape sur les nerfs. Et la journée ne fait
dirais !
trop tard - qu’il avait anticipé ma mauvaise humeur et qu’il était facile pour lui,
Faut croire !
— Mon nom est Johns, Scarlett Johns, Monsieur Doherty, et je m’étonne qu’un
homme aussi brillant que vous ne parvienne pas à s’en souvenir. A la réflexion
— Quelle heure est-il, s’il vous plait ? je demande, le nez plongé dans ma
tasse.
sourire et c’est la première fois que je le vois rire aussi spontanément. S’il ne
m’agaçait pas autant, j’aurais sans doute partagé son enthousiasme, riant de
mis en avant, une fois encore. Son contentement n’a pour origine que sa
le distraire !! Il est vrai que dans son beau monde, il ne doit pas si souvent
rencontrer de femme aussi peu délicate qui recrache ainsi sa gorgée. Quelque
part, il doit se croire au cirque en ma présence et c’est tout simplement blessant
et horripilant !
— Votre robe vous seyait à merveille hier, mais il serait de bon ton de vous
changer aujourd’hui, cesse-t-il enfin de rire.
Ah ! Ah ! Ah ! Très drôle !
des affaires ?
plus calme.
transformer entièrement, mais pour une raison qui m’échappe, elle me court le
système. Sans doute parce que Doherty n’arrête pas de m’en rabâcher les
oreilles ! Cassie par-ci, Cassie par-là ! Son prénom revient un peu trop souvent
dans nos conversations, je trouve.
Merde, il est quand même beau quand il a cet air enfantin moqueur … Mais
d’homme a son public. Néanmoins, si elle savait le peu de cas qu’il fait de sa
Bon sale type, c’est vrai, mais avec du charme, enfin ce matin, tout du moins.
Ou alors c’est moi qui commence à délirer. Vite mon café !! Je préfère encore
replonger mon nez dans ma tasse que de laisser mes sens reprendre le dessus.
t’apprendre quelques bases d’élégance qui s’avéreront utiles pour nos sorties à
Son allusion ne me touche même pas ! En revanche, le fait qu’il m’appelle par
mon prénom et me tutoie, me fait tout drôle. D’emblée, il semblerait que nous
soyons plus proches, alors qu’il n’en est rien. Loin … loin, loin de là même !
Aussi, n’ayant guère le choix des armes, et toujours à la recherche de celle qui
me permettra enfin de le mettre à terre. Et puisque je suis incapable de rester
impassible lorsqu’il m’attaque, je vais tenter une nouvelle offensive qui
vraiment mon genre, mais bon, qui ne tente rien n’a rien ! En me montrant trop
docile, peut-être se lassera-t-il de moi et portera-t-il son choix sur une autre
femme ? Car j’ai bien analysé sa façon de faire et il semblerait que jouer au
chat et à la souris avec moi l’amuse énormément. Qu’en serait-il si subitement,
— Ne serait-il pas possible, que je passe chez moi, chercher quelques affaires,
te récompenser de tes efforts, je vais faire quelque chose que je ne fais que très
rarement : je vais revenir sur ma parole. Harry te mènera dès que possible chez
toi. Inutile de prendre des vêtements comme je te l’ai dit, y compris ceux de
Alors que je le regarde, la bouche grande ouverte et les yeux exorbités, un vol
de papillons se déploie simultanément dans mon bas ventre suite à ses paroles
Pourquoi a-t-il cet effet sur mon corps alors que je le déteste tant ?
s’insinue dans les esprits et personne ne pourrait croire que la femme qui
Bon d’accord ! J’ai un pyjama pilou ! Mais il n’a pas besoin de le savoir !
D’autant plus que je ne sais pas à quoi rime cet élan de haine des hommes à
s’occupe de leurs caleçons nous ? Bon ok, certaines femmes le font. Mais pas
j’exécute, c’est la base même de notre contrat. Donc : tenue sexy le soir !
— Me direz-vous …
Je fronce les sourcils et grimace comme si l’effort me coûtait, ce qui n’est pas
loin d’être le cas. Cette marque de familiarité m’est très difficile à appliquer à
une personne comme lui. Comment tutoyer une personne que l’on hait ? Je
— Plus tard, sans doute. Pour l’instant, je dois partir. Prends un bon bain, tu
Cassie et lui demande de passer pour neuf heures trente. Sois prête.
Comme cela devient une habitude pour moi, Doherty me donne des ordres.
J’ignore s’il sait faire autre chose que de diriger. J’opine simplement d’un
mouvement de tête, déçue une fois de plus de ne pas avoir obtenu de réponse.
ancre son regard au mien. Son regard est si profond, si chaud. Sans une parole,
les yeux dans les yeux, Doherty avance lentement sa main vers ma nuque et
attire ma tête vers la sienne. Nos deux fronts se collent l’un à l’autre et il
entrouvre la bouche pour me dire quelque chose mais se ravise en poussant un
soupir. Comme avec regret, il se redresse alors, mettant fin à notre contact puis
m’embrasse le front d’une simple et chaste bise.
faut être honnête. Aucune conversation entre nous ne peut se dérouler sans que
joutes, disputes ou même pire, mépris ne sorte de sa bouche. C’est la première
Et puis, autre question : comment se fait-il qu’un homme aussi superbe que lui
soit obligé de jouer cette mascarade, alors qu’il pourrait avoir n’importe
quelle femme ? Et quand bien même, dans le pire des cas, si comme il le dit, il
scrupuleusement à exécuter tous ses ordres. En outre, sans doute, pour ce prix-
là, aurait-il pu profiter de ses faveurs, chose qui est absolument exclue me
Afin d’éviter à mon cerveau de saturer, je quitte la cuisine, après avoir, moi
m’immiscer dans son confort intime, dans la mesure où il n’a pas jugé utile de
m’organiser une visite de bienvenue en bonne et due forme. Enfin, malgré tout,
c’est presque avec culpabilité que j’ouvre la porte de sa chambre, trop curieuse
de découvrir à quoi elle peut ressembler. Je sais que, de par l’éducation que
j’ai reçue, je ne devrais pas y pénétrer, tout au plus y jeter un œil, du seuil de la
porte, mais je n’y résiste pas. D’ailleurs, la pièce est si vaste que je ne peux tout
voir d’où je suis. Alors ma curiosité est plus grande que mes bonnes manières.
C’est un très bel espace, décoré avec beaucoup de goût. Son lit est déjà fait,
recouvert d’un dessus de lit en soie, me semble-t-il, dans des tons chamarrés de
bleus et de verts. Le mobilier choisi est moderne et sobre, le tout donnant un
aperçu classique mais de grande classe. Tandis que je m’avance lentement dans
la pièce, je me retrouve face à une porte intérieure que j’ouvre doucement,
comme par peur de me faire surprendre.
vu d’étagères aussi bien soignées. Pas un polo ne dépasse l’autre, pas un pull
ne fait pencher la pile. Les chemises sont suspendues sur deux niveaux, rangées
par teintes et ses costumes griffés occupent tout un mur de la pièce.
Une colonne de tiroirs fait face et machinalement, j’en entrouvre un. Des
dizaines de boxers sont pliés avec une extrême précision et alignés eux aussi
saisit à la vue de ses caleçons, une image de Doug les portant me faisant
Honteuse de mon intérêt malsain à fouiner dans ses affaires, je quitte au plus
chaude qui je l’espère m’aidera à chasser toutes les tensions de ces derniers
jours ainsi que la foule de réflexions qui occupe mon esprit.
Pour le bonheur des yeux et de mes narines, de jolis flacons de toutes les
couleurs et de toutes les senteurs ornent le contour de la baignoire et c’est avec
délice, après les avoir humés une à une que je me laisse tenter par l’odeur
C’est le froid qui me sort de cette torpeur bienfaisante, quand enfin l’eau
Je n’ai pas vu l’heure passer et c’est presque surprise que je me rends vers
spectacle digne d’une cérémonie d’ouverture des jeux olympiques, tant leur
entrée parait orchestrée. Chaque personnel semble connaitre sa tâche avec
précision, se dirigeant avec hâte vers les différentes pièces du logement. Quant
à Cassie, sans la moindre hésitation, elle leur ordonne ses dernières
instructions.
Mademoiselle Stuart, la fameuse Cassie, est une jeune femme d’une trentaine
goût. Mais on m’a déjà fait remarquer que mes goûts n’étaient justement pas
vraiment des plus heureux, alors je ne sais plus trop du coup … En tout cas,
une chose est sûre : elle est le genre de femme dont la gent masculine raffole
en général. Ce constat n’a pu échapper à Doug, à fortiori.
maîtresse de Doherty ? Et alors ??! La vérité est qu’il peut bien l’avoir baisée
sur chaque surface de son loft, j’en ai rien à faire ! Enfin … en théorie.
coucher avec toutes les femmes jeunes, belles et minces qu’il croise ! C’est lui
que ça regarde. Pas moi. Cependant, plissant les yeux, comme pour la faire
sortir de cette catégorie plus que flatteuse, je reporte mon regard sur elle et
l’observe avec plus d’attention, avec un œil beaucoup plus affûté en fait. Et la
Camouflée sous son épaisse couche de fond de teint, les yeux excessivement
noircis de khôl, elle manque de naturel, c’est moche, maugréé-je de mauvaise
foi. Mais là s’arrêtent bien vite mes critiques car je suis bien obligée de
reconnaitre que sa silhouette est tout simplement à damner un saint. Sa taille est
si menue …
En fait, je connais la cause de mon agacement mais comme je l’ai dit : jamais
Je suis tout simplement jalouse et ce, sans aucun fondement. Ça ne peut être
qu’une réaction réflexe, proprement féminine, comme inscrite dans nos gênes.
Rien de plus.
Sinon comment pourrais-je justifier que je suis jalouse d’une femme qui est ou
Cette ambiguïté dans mes sentiments ne peut trouver son origine que dans l’état
de nerfs dans lequel je me trouve depuis que j’ai fait la connaissance de
Doherty !
L’observant tandis qu’elle continue de distribuer, tel un général, ses consignes,
l’idée qu’elle et Doherty aient pu avoir une aventure continue stupidement à
m’indisposer.
Assurément oui !
Je pense qu’il est grand temps pour moi de re-fréquenter quelques mâles car je
sens bien certaines de mes hormones me jouent des tours depuis quelques
jours. Aussi, on n’a pas idée d’être aussi beau ! Forcément, ça embrouille
l’esprit. Je ne suis qu’une femme après tout ! Une femme en manque, faut
croire !!
tous deux, côte à côte, et selon toute évidence, ils formeraient un couple des
Ouh !! Ce que je peux m’agacer toute seule là ! Qu’est-ce que cela peut bien me
faire à la fin !
j’aperçois soudain l’objet de mon malaise, une fois ses fantassins déployés et
opérationnels, s’approcher de moi, semblant, subitement s’être aperçue de ma
Je leur dirais bien à tous, de bien vouloir prendre la porte aussi vite que
possible, mais je me sens bel et bien pieds et poings liés. Dieu sait, que si je
je suis lasse de tout ça. Donc, alors que mon cerveau fort créatif ce matin
insiste pour que je déserte les lieux instamment, j’hésite un moment avant
d’abandonner avec regret cette tentative morte dans l’œuf. Je n’ai d’autre choix
mes tympans sont crevés par une Cassie hystérique, hurlant hargneusement sur
courant afin de réparer son erreur eu plus vite. Et deux minutes seulement plus
tard, la piètre assistante que je devine émotive, au vu des taches rouges qui ont
recouvert son visage et son cou, réapparait avec deux nouveaux portants
geste sec la porte. Alors que je remets en place ma manche toute détendue, sans
prévenir, elle ouvre d’un geste brusque le peignoir que je porte et je laisse
échapper un cri de consternation alors que je suis nue sous le vêtement.
Quelqu’un sait-il ici que j’ai été enregistrée auprès des services de l’état civil
Merci, une fois de plus, cela fait toujours plaisir ! Alors pourquoi s’évertuent-
ils tous à essayer de m’apprêter si mon cas est si désespéré ?
avoir confié cette mission dans ce cas ? Je suis certaine qu’elle aurait été ravie
moi, celle-ci arrête son choix sur une robe légère rose pâle qui me semble
assez jolie, du reste. Mais il est hors de question pour moi que je coopère de
bonne grâce. Donc, je ne fais aucun commentaire.
De toute façon, ce serait bien inutile car tout le monde autour de moi s’agite,
devant eux. J’en suis réduite à l’état de mannequin de couture, et encore « hors
gabarit » !
rencontrer plus tard notre diététicienne Mademoiselle Clow ? Nous avons déjà
abordé le sujet, n’est-ce pas ? Espérons simplement qu’elle aussi soit capable
de miracles ! ricane-t-elle.
Vieille bique frustrée, ai-je envie de riposter. Mais inutile de me fatiguer, cela
idée. Si je pouvais juste lui faire admettre le peu d’intérêt qu’il aurait à payer
pour une chose dont les effets ne seront visibles qu’après la fin escomptée de
notre contrat, je suis quasiment certaine, qu’il agirait en homme d’affaires et
envahi les lieux. Et donc, comme une étape évidente, je passe ensuite entre ses
mains habiles. Il est le seul ici à écouter mon avis et, au moins, a-t-il cette
plus chaud.
Vraiment ? J’ignorais que mon bourreau s’était impliqué lui-même dans mon
relooking !
Rien que pour ça, je l’en apprécie davantage. D’ailleurs, c’est la seule
personne, depuis cette invasion offensive des troupes de Cassie Stuart, à
m’avoir parlé gentiment et rassurée. A vrai dire, c’est en fait, la seule personne
Lui, Abby et Betty sont probablement les trois seules personnes sympathiques
de cette boite. Ce sont d’ailleurs également mes seuls alliés sur le terrain miné
des éditions Doherty.
fois le résultat final dans la psyché. Et je dois avouer que je suis surprise par
mon reflet. La robe est tout simplement magnifique. En mousseline légère, le
fluide semble glisser sur mes formes. Le tout est très flatteur. Pour être exacte,
c’est bien l’une des rares fois où je me trouve vraiment aussi jolie. Je m’évalue
généralement dans une bonne moyenne, mais rien à voir avec la prestation du
jour.
Cela ne reflète bien évidemment pas ma nature profonde, car je n’ai jamais eu
plaisait pas du tout, ressemblant davantage aux poupées que fréquente Doherty
A mon grand plaisir, elle a sélectionné pour moi, une paire de sandales argent
au talon modéré cette fois-ci, ce qui m’évitera de ressembler à une dinde sur
échasses. Sans doute a-t-elle réalisé à quel point j’étais empruntée sur ces
échasses.
— C’est bon, Oregon. Nous ne pourrons faire mieux de toute façon, vous
pouvez y aller.
mauvaise.
Je ne me fais pas prier ! Je saisis aussitôt mon sac, une petite pochette très
Je ne désire bien sûr aucunement charmer mon geôlier, mais me savoir à mon
Quand je sors du hall, je repère très vite la Lincoln noire garée devant l’entrée,
ce style lui va bien aussi. Son jeans noir met en valeur ses longues jambes
musclées tandis que sa chemise blanche moule à souhait son torse que l’on
splendide sourire et je peux aisément lire dans son regard qu’il apprécie ce
qu’il voit. C’est bien la première fois ! Et j’avoue que cela me flatte même si je
devrais y être totalement indifférente. De toute façon, lui comme moi savons
Mais je suis tout de même obligée, même si je n’apprécie absolument pas cette
Peu habituée à recevoir des phrases gentilles de sa part, je reste toutefois sur
mes gardes.
Nous restons quelques secondes ainsi les yeux dans les yeux et une boule vient
nouer mon estomac. Je préfère interrompre notre échange. Cet homme est trop
— Un nouvel établissement vient d’ouvrir, j’ai pensé que nous pourrions nous
y rendre.
Je ne sais si ce sont mes propres émotions qui altèrent mon jugement, mais il
moi. Ou bien me fais-je des illusions ? C’est une éventualité aussi. Déconcertée
par ce constat, je lui adresse un sourire timide et me hisse sur la banquette. Mes
ne suis pas son style non plus. Il n’a d’ailleurs cessé de me le répéter. Lui et ses
employées du reste…
Nous ne sommes d’ailleurs pas dans une relation intime. La seule raison qui
explique que nous soyons réunis est d’ordre conventionnel. Je dois juste ne pas
l’oublier. Et même, si mon corps a l’air de se laisser abuser par la beauté quasi
insolente de cet homme, mon esprit doit lui, maintenir le cap. Et puis, ce ne
sont pas deux minutes d’amabilité, qui doivent me tourner la tête non plus.
place face à lui. Très rapidement, un serveur nous apporte la carte des menus et
sans le calculer, Doug s’en saisit, absent, et la pose machinalement sur le côté
Son regard brun foncé est si intense que mes yeux clairs s’y noient
littéralement, me faisant oublier tout ce qui se passe autour de nous. La salle de
restaurant est pourtant comble, mais j’oublie tout, comme hypnotisée par ses
sombres prunelles. Et nous restons ainsi, les yeux dans les yeux, sans rien nous
dire pendant un certain temps.
Quand un rire profond en salle attire mon attention, je sursaute et sors aussitôt
de la bulle dans laquelle nous étions plongés. Que s’est-il passé ? Je me sens
soudain déstabilisée et gênée de m’être ainsi oubliée dans ses yeux. Merde !
Doherty se reprend lui aussi, apparemment autant troublé que moi. Et il lui faut
Ce tête à tête est tellement différent de celui de la veille, que mon esprit ne
cesse de chercher d’où peut venir un tel changement. Les yeux de Doug
déstabilisant pour moi ; d’autant plus que je n’ai pas l’impression qu’il feigne
quoique ce soit.
Une fraction de seconde, je pense à Abby pour qui, Doherty représente presque
un demi-dieu.
Ses simples mots résonnent bizarrement dans ma bouche et je vois que lui
aussi y est sensible. Le tutoyer et l’appeler par son prénom me font tout drôle.
lors de ce déjeuner.
de manière brutale de mon nuage. Le temps d’un instant, je m’étais perdu dans
— Non, non, ce midi, ce sera parfait. Autant en fixer les conditions au plus tôt.
encore. Ai-je encore manqué de tact ? Je m’étais promis d’être plus diligent
aujourd’hui.
— Non, rien de tout ça. Tout va très bien. Je repensais juste à la conversation
— Je sais que cela t’attriste. J’en suis désolé. Souhaites-tu que nous en
parlions ?
— Non merci, c’est gentil. Parlons de notre accord, cela me changera les
idées, au contraire.
yeux semblent me sonder et j’ai l’impression qu’il n’est pas dupe, mais au
— Afin que je puisse être au mieux du rôle que tu me demandes de tenir, serait-
il possible que je sache dans quel contexte, nous allons devoir jouer cette
— Justement, c’est là, toute la subtilité. Je ne veux absolument pas que notre
relation soit perçue comme une comédie aux yeux de tous. Au contraire, je
souhaite que celle-ci leur semble tout à fait plausible, voire naturelle, comme
évidente.
Doug veut que notre relation paraisse « naturelle, évidente. » Je ne veux pas
paraitre naïve, mais lorsqu’il a prononcé ces mots, il m’a donné l’impression
qu’il s’adressait directement à moi et non à sa pseudo petite amie. Mais il s’agit
Il n’a pas vraiment répondu à ma question mais la façon dont il entrevoit notre
— Je lis dans vos grands yeux que je n’ai pas vraiment répondu à votre
A ce mot, je relève mon regard et le fixe. Son « promis » sonne comme une
promesse juvénile et j’en suis touchée. C’est tellement différent de son attitude
habituelle. Ses yeux se rivent à leur tour aux miens et le sourire qui
tout cas, loin de cette carapace derrière laquelle il semble avoir pris l’habitude
de se cacher.
repas, je tente quelque chose de léger, une salade et un plat de gambas grillées,
commencer à m’habituer par l’appeler par son prénom – donc, quant à Doug,
s’ébruiter. Comprends-tu ?
Oui craquant.
affaires !! Et je dois aussi me rappeler que Doug n’est pas - mais alors,
absolument pas - mon style de mec. Ni moi le sien, non plus ! Depuis deux
jours, Cassie s’évertue à me le répéter. Cela devrait bien finir par rentrer, non ?
— Quoi ? Doug ?
— Oui, c’est bien ce que je disais. J’aime la façon dont tu le prononces. Sans
artifice, sincère.
viens de balancer un grand coup de pied dans l’édifice encore fragile. Mais à
moutons. Nous allons devoir nous afficher lors de plusieurs sorties afin de
— Eh bien, moi, vois-tu, j’y pense depuis plusieurs jours déjà. Je n’avais
jamais eu, jusqu’à présent, l’occasion de me pencher sur la question, mais à la
contradiction qu’est la nôtre. Nous ne sommes même pas amis et nous devons
simuler une relation amoureuse, nous nous détestons et pourtant nous devons
paraitre intimes.
parole, un baiser, une certaine gestuelle du corps, tous ces petits détails
— Euh … oui, je pense. En tout cas, une chose est sûre, il semble,
qu’effectivement, vous … euh … tu aies étudié la question.
quelconque à traiter, mais il y mêle aussi tous les signaux amoureux qu’ont les
couples entre eux, ce qui me perd totalement.
absolument pas envisagé que nous pourrions être amenés à échanger des
Pourtant, et bien que l’idée me dérange, je suis bien obligée d’admettre qu’il
n’a pas tort. La véritable question est maintenant : y arriverais-je ? Hier encore,
incontestablement, est le doute que j’ai d’y parvenir. Difficile déjà, de feindre
une affection. Alors, de là à démontrer une intimité entre nous, il y a un fossé
Car ne nous y trompons pas. Aujourd’hui, il y a comme une trêve entre nous,
mais que se passera-t-il quand il redeviendra le Doug Doherty abject ? Pas sûr
que je parvienne à jouer mon rôle à la perfection. Enfin, je préfère laisser de
rougissant.
chercherai pas à te taquiner bien que j’aurais moi-même été curieux de te faire
Une sensation de chaleur m’apprend que mon visage entier doit être carmin et
recouvrir mon visage, j’abaisse la tête quelques secondes comme si cela allait
me cacher de son regard. Geste aussi stupide que naïf, car je suis sûre qu’il l’a
— Ne t’en cache pas s’il te plait. C’est adorable et peu de femmes ont ton
naturel. C’est vraiment plaisant. Le sais-tu ?
— Bien, j’arrête, je vois bien que je te mets mal à l’aise, rit-il gentiment tandis
que ses yeux brillent en me fixant.
soit.
Il fait une pause et s’assure que j’accepte de voir les choses ainsi. Je lui
— Bien. Je vais essayer de synthétiser pour ne pas t’endormir. Pour faire bref,
tu dois savoir que mes parents sont issus d’une ancienne bourgeoisie très
mais c’est ainsi. Aussi, ma mère s’est-elle mise en tête de m’aider dans cette
lourde tâche, doutant probablement de mon goût en la matière.
Doug se met à rire en secouant la tête. Ses boucles souples bougent et couvrent
une partie de son visage alors que son sourire illumine son visage. Ses yeux
profitent eux aussi de son humeur joyeuse et il est absolument à tomber. Mon
regard est un peu insistant mais j’ai du mal à ne pas le dévisager tant il est
craquant. A chaque mouvement, sa chemise suit ses muscles et sa carrure
de bon.
— Enfin, voilà pourquoi, j’aurais besoin de tes services. Dès que ma mère me
croira sérieusement casé, elle cessera de me poursuivre avec cette histoire. Elle
arrêtera également de me présenter toutes les filles célibataires de ses amies
qu’elle pense bien faire mais honnêtement, j’en ai marre de feindre de ne rien
mais en fait, elle n’est pas vraiment bonne à ce jeu. Je ne lui en veux pas. Je
et avides de notoriété. Et cela, d’autant plus que toutes ont pour la plupart
— Eh bien disons que nombre de ces dames ne perdent pas le nord et qu’elles
ont certaines attentes. Bon nombre d’entre elles voient en moi un beau
portefeuille garni et un répertoire de personnalités très intéressant pour leurs
doivent avoir lieu lors de notre prochaine réunion de famille qui est prévue à
Alors … alors, se reprend Doug en frottant sa barbe naissante d’une main, j’ai
pensé … qu’en arrivant « casé », pardonne-moi l’expression, je pourrais enfin
espérer qu’elle abandonne définitivement ses projets d’une part et que cela
jusqu’ici. Mes lèvres, contenues, ne laissent échapper qu’un petit sourire, qui
mon esprit.
— C’est une réunion annuelle, comme je te l’ai indiqué, qui réunit toute notre
subir hebdomadairement la photo de son fils ayant à son bras, chaque semaine
une femme différente. Sans compter que dans la variété de ses compagnes d’un
soir, on ne peut pas dire que Doherty ait toujours fait dans la sobriété. Car pour
les avoir aperçues - comme tout le monde ici - ces « demoiselles » la plupart
d’adolescents que ceux d’hommes murs. Mais comme on dit : tous les goûts
sont dans la nature !
La stratégie que son fils a mis au point n’est pas si insensée en définitive, bien
que je reste persuadée qu’une bonne discussion entre eux eût été plus efficace.
Mais il semblerait justement, que, concernant les femmes, Doherty n’ait pas
toute sa raison. Et sa mère, qui le connait mieux que quiconque, pense sans
doute pouvoir l’aider à se poser.
légitime car on ne peut pas dire que leur fils les ait épargnés ou même montré
dans la vie de son fils est uniquement motivée par son amour maternel
bienveillant.
— Ce n’est pas indiscret et cela fait même partie des choses que tu vas devoir
Pourquoi ai-je cette stupide impression que tous ses propos sont ambigus ?
Entre ses œillades appuyées et ses paroles à double sens, je suis constamment
prise de doutes, chamboulée.
désespèrent que je leur offre à mon tour d’adorables petits enfants. Je suis
l’aîné, ma sœur est déjà mariée, elle a d’ailleurs une petite fille à croquer.
Quant à mon frère … comment dire ? réfléchit-il un moment aux mots qu’il va
utiliser. Mon frère est le cadet et il semble bien parti pour suivre mes traces,
me confie-t-il un sourire canaille aux lèvres. Je pense que c’est en partie pour
cette raison que ma mère a décidé d’attraper le taureau par les cornes en me
regard.
réponde.
partie du jeu quand on est un tant soit peu connu. Jusque-là, je me suis plus ou
moins plié à cette règle, ne cherchant pas vraiment à cacher, disons … (il
cherche encore une fois ses mots) … ma vie dissolue. Je sors souvent avec des
filles qui apprécient cette notoriété de bas étage, je m’amuse avec elles, sans
s’arrête là.
son projet doit lui tenir à cœur car Doherty joue pour la première fois la carte
de la franchise et de la transparence. Et j’apprécie. Il se révèle sans faux
qu’ont ces feuilles de choux sur eux ou sur l’entreprise leur sont
je voyais les choses vraiment différemment, mais bon … là, n’est finalement
pas notre sujet. Donc, - Doug se racle la gorge presque gêné - je t’expliquais
que quoi qu’il en soit, tous deux ont manifesté leur désaccord quant à mon
mode de vie, peut-être un peu trop dévergondé à leur goût et quelque part,
simplement pas réalisé que tout ce battage médiatique pouvait les affecter.
Surprise par l’importance des parents de Doug dans sa vie, je l’écoute sans
l’interrompre.
et à vrai dire, j’en suis même parvenu à me dire qu’ils avaient été, quand même
leur infliger mes extravagances. J’ai conscience d’être allé trop loin, et à la
vérité, je n’avais jamais vraiment envisagé qu’ils puissent souffrir des
conséquences de mes écarts. Donc ! Voilà comment je vois les choses, Scarlett.
Nous allons nous présenter devant eux comme un jeune couple amoureux, ce
qui aura pour effet de les apaiser d’une part et de couper aussitôt, d’autre part,
pour les projets de la merveilleuse femme qu’elle entend me coller dans les
bras. Puis, une fois notre fête de famille passée, je retournerai à ma vie, mais
beaucoup plus discrètement cette fois-ci. Ils n’ont pas vraiment tort sur ce
point, souffle-t-il, je n’ai plus 20 ans, c’était ridicule de m’exposer ainsi et puis
sortirons tous les deux gagnants. Il n’y a pas de piège là-dessous, je t’assure.
présente généralement comme un jet setter beau et riche appréciant les jeunes
et jolies femmes, mais quand est-il de ces retombées sur les presses Doherty ?
choux gras et je peux tout à fait comprendre l’inconfort de ses parents chaque
nouvelle semaine quand les gros titres diffusent les soirées extravagantes de
leur fils. J’imagine qu’ils doivent même appréhender chaque lundi la sortie des
nouveaux tirages. Et là, pour le coup, Doug est le seul et unique responsable sa
renommée sulfureuse.
obligée de lui poser la question puisque nous en sommes aux aveux, mais
avant que j’aie le temps d’ouvrir la bouche, Doug me devance tout en
accrochant son regard au mien en même temps qu’il saisit ma main posée sur
la table. C’est une sensation exquise. Sa main chaude recouvre la mienne et son
regard est si tendre que je pourrais presque croire qu’il éprouve autre chose
que du ressentiment pour moi. Mais tout ça fait partie de sa petite mise en
scène. Je ne dois pas m’égarer.
J’approfondis davantage l’intensité de mon regard scrutant avec détail ses iris
romantiques pour la galerie ou s’il est tout simplement sincère. Mais son
cerveau et répète en boucle : nous parlons affaires, nous parlons affaires, nous
….
Il sait être si plaisant quand il quitte son costume de P.D.G, que je pourrais, je
suppose, finir par apprécier cet autre Doug. Mais à cette simple pensée tous
mes signaux d’alerte clignotent en rouge dans mon esprit. Pour ma sécurité,
rapidement, si je pense ne pas être ton style de femme, c’est sans doute, parce
peut-être aussi, parce que ta charmante amie Cassie s’est empressée elle-aussi,
de me le préciser, au cas où le message n’aurait pas été assez clair pour moi, je
réponds avec sarcasme.
Ouf ! Je me ressaisis.
— Je te présente mes excuses pour mon manque de tact, Scarlett. Je sais que je
ne suis pas toujours très … comment dire ? … très correct, selon mes humeurs
et j’ai conscience que je peux même me montrer très con aussi, parfois. Quant
à Cassie, qui n’est pas mon amie Cassie, soit dit en passant, elle n’avait
certainement pas à te faire part de son avis personnel. Je règlerai le problème
ne sais pas vraiment faire dans la dentelle. Je ne suis pas spécialement une
personne très délicate non plus, chose que je regrette présentement puisque je
me retrouve à nouveau maintenant face au P.D.G. de Doherty Press.
danger en moi, je préfère de loin l’homme aimable qui conversait avec moi
— Non, n’en fais rien, ce n’est pas si important de toute façon. Ce que je veux
vient pas naturellement, contrairement à Doug qui semble lui, s’y être habitué
relativement vite. La raison de ce blocage est manifestement le manque de
complicité entre nous, besoin nécessaire à mon mode de fonctionnement pour
ainsi, et pour l’heure, malgré les efforts récents de Doug pour se montrer
agréable, je suis, dans les faits, obligée de réfléchir avant chaque parole pour y
parvenir, ce qui n’est pas évident. Et puis, Doug est un patron impressionnant,
ce qui ne me facilite pas la tâche non plus. Souhaitons juste que cela devienne
plus naturel pour moi d’ici la fin du mois, date de leur réunion familiale.
— Effectivement, sur le principe Cassie n’a pas tort, mais elle n’avait pas à te
donner son avis, je le répète. Tu es …, tu es différente des femmes que je
parfaitement à l’idée de femme que mes parents espèrent pour moi. Je suis
d’ailleurs certain qu’ils t’apprécieront.
Ces dernières paroles glissent avec plaisir dans mes oreilles malgré un léger
pincement. « Tu conviens parfaitement à l’idée de femme que mes parents
espèrent pour moi ». A quoi m’attendais-je ? Non mais vraiment !? A une
déclaration ???
Les idées confuses, afin de contrer le rouge qui me monte aux joues après ce
sortes de femmes, à vrai dire. Il y a d’abord, les femmes avec qui j’ai un lien
professionnel, et là, il est hors de question de les impliquer dans une histoire
d’ordre privé, là, c’est vite vu. Ensuite il y a toutes ces femmes avec qui je
m’amuse, c’est vrai, mais qui ne présentent pour moi aucun intérêt autre que
regard au mien, tout est beaucoup plus simple. Nous avons un contrat et nous
savons que chacun de nous y trouvera son compte. Quand nous arriverons au
terme de celui-ci, nous reprendrons notre route chacun de notre côté. C’est
Je baisse le visage, troublée pas ses yeux beaux yeux bruns, c’est vrai, mais
échappé, sans savoir pourquoi, cette petite piqure de rappel me blesse au fond
de moi-même.
Il faudrait peut-être que j’enregistre une bonne fois pour toute qu’on ne parle
qu’il s’imagine un moment que j’attende plus de lui. Ce qui en soit est
complètement stupide car dans son esprit, les choses semblent, au contraire de
moi, être bien claires.
— Je veux dire quand tes parents sauront que nous ne sommes plus ensemble.
— Je n’aurai qu’à leur expliquer que cela n’a pas collé entre nous et cela leur
suffira comme explication. Dans un premier temps, ils n’oseront pas me
contrarier davantage, je suppose ; et d’ici l’an prochain, l’eau aura coulé sous
les ponts. A moi par la suite de rester le plus discret possible sur mes
suis un peu paumée. D’un côté, cet homme aux antipodes de mon idéal
masculin arrogant et si crispant et de l’autre, ce même homme pour lequel je
ressens une attraction certaine alors même que rien ne se passera jamais entre
nous. C’est tout moi ça !
intégrante de lui. Aussi, je ne dois pas les interpréter comme une approche de
séduction même si sa proximité, son contact ou son souffle sur moi accélèrent
c’est bien l’objectif de cette journée. Alors le plus simple pour moi est sans
doute de rester concentrer sur ce qui nous relie – le contrat – et de m’y tenir.
Je redoute un peu sa réponse, car même si je vais toucher une belle somme à la
fin du mois, j’ai réellement besoin d’un job à terme, et recommencer le
n’apprécie guère effectivement de donner l’image du patron qui sort avec son
de rire. Est-il à ce point naïf, qu’il ignore que tout le monde est au courant
réponses.
— Je t’écoute.
colocataire bien sûr, mais c’est surtout ma meilleure amie aussi. Comment
dupe, je la connais assez pour ça. Personne n’emménage chez son petit ami dès
le premier jour de leur rencontre.
Il me fixe en plissant les yeux et je devine qu’il n’avait pas du tout envisagé que
aussi, j’aimerais effleurer du bout des doigts son menton, sentir la sensation de
ces poils drus sur ma main.
Concentre-toi !
— C’est vrai, tu as raison, j’ai omis ce point. Est-elle une amie de confiance ?
cependant sur l’extrême discrétion dont elle devra faire preuve et sur la valeur
de sa parole.
serais aventurée à parier un dollar sur le fait que j’aurais pu apprécier ce tête à
tête. Presque déçue que cesse cet instant, je demande, alors que Doug recule
— En fait pas vraiment, j’avais pensé que nous pourrions passer l’après-midi
ensemble afin d’apprendre à mieux nous connaître. Et puis, mon avocat m’a
cœur.
C’est à cet instant très précis que je comprends que Doug Doherty occupe
davantage de place dans mon cœur qu’il ne le devrait.
Harry qui devait patienter non loin de là, se gare soudain alors que nous
sortons à peine du restaurant et toujours avec la même galanterie, Doug
range devant l’un des portails de Central Parc nous déposant devant une entrée
arrière, beaucoup moins fréquentée par les touristes. En tant que nouvelle
arrivante, je suis déjà bien évidemment venue visiter ce magnifique espace vert
au cœur de la ville, mais le parc est si grand qu’il est quasiment impossible
improbable située au cœur d’une ville qui ne dort jamais. En attendant, je n’ai
bien que cela ne t’est pas facile mais c’est essentiel, comme je te l’ai expliqué,
notre relation doit sembler aussi simple qu’évidente aux yeux de tous.
C’est aussi le moment que choisit Doug pour me prendre la main d’une
manière très naturelle, un peu comme le font les amoureux, instinctivement. Je
fais comme si de rien n’était, pourtant, ce simple petit geste anodin provoque
Outre l’attrait manifeste que mon corps ressent aux côtés de Doug, je tiens
parce qu’il y a bien – trop - longtemps qu’un homme ne m’a pas tenu par la
main, aussi. Depuis l’obtention de mon diplôme pour être exacte. Quoi d’autre
sinon ?
Il y a de ça cinq mois, Kevin, mon ex petit ami, et moi avons rompu le jour des
résultats d’examens de notre diplôme. La suite de ses études étaient
Alors finalement, face à nos divergences de projets, nous n’avions rien d’autre
envisagé que de mettre fin à notre relation. A croire que notre amour n’était
sans doute pas un aussi fort que nous le pensions … Aussi d’un commun
sur le parvis de la fac, notre relation sentimentale, triste reflet de notre union,
en fin de compte. Avec le recul, je réalise que notre relation était bel et bien
vouée à s’arrêter à ce moment-là. Nous ne nous sommes d’ailleurs pas séparés
ne plus nous voir régulièrement que pas nos cœurs réellement brisés. Comme
Les semaines, puis les mois ont passé, et occupée à trouver un travail, j’ai
volontairement laissé ma vie sentimentale de côté. J’avais d’autres priorités
s’incrustait en moi, comme celle que je n’étais probablement pas faite pour
profond de moi ce sentiment que les grandes histoires d’amour n’étaient pas
faites pour moi. D’ailleurs existent elles seulement dans la vraie vie ?
Enfin, quoi qu’il en soit, ceci explique probablement le fait que je n’ai jamais
vraiment pris la peine de m’investir dans le peu de relations que j’ai pu avoir.
Cependant là, dans ce magnifique parc, contre toute attente, le contact de ma
main dans celle de Doug me trouble suffisamment pour que je m’arrête de
marcher sans même le décider. Doug s’en étonne et porte alors sur moi un
saurais dire ce dont il s’agit exactement, et je cherche dans les pupilles brunes
de Doug une réponse à ma question. Réponse qu’il n’a probablement pas.
disparu, les joggeurs sont partis, tout est en demi-teinte autour de nous. Seuls
me captivent les plus beaux yeux brun-foncé que je n’ai jamais vus. Cette
sensation est troublante - pour moi en toute cas – et je reste d’ailleurs quelques
Doug ne détourne pas les yeux non plus. Et pour la première fois, totalement
noyée dans son regard, je discerne de minuscules petites pépites d’or qui
illuminent et adoucissent en même temps son regard. Je ne les avais jamais
Mais alors que nous sommes plantés là, au milieu de cette allée, pour ainsi dire
seuls au monde, mon estomac se vrille alors quand ses superbes pupilles
sombres s’étrécissent pour se noyer avec encore plus d’intensité dans mes
yeux clairs, fascinés. Notre échange est si intense qu’il remue énormément de
J’ignore totalement si Doug ressent quelque chose d’aussi profond que moi ou
si je suis la seule à qui ça arrive, mais lui aussi, en tout cas, reste figé, perdu
dans mes yeux. Mon corps tout entier réagit physiquement comme si c’était une
évidence que c’était lui. Lui, qui serait l’élu de mon cœur, lui qui m’était
destiné, lui le bon ! Je suis moi-même surprise par cette impression car je n’ai
généreux qu’il m’adresse alors, est lumineux et waouh qu’il est beau ! Il
ourlées.
C’est complètement fou et inattendu pour moi. Pour ceux qui nous voient, à
qu’il y a plus d’ordinaire en train de profiter des premiers rayons de soleil que
ont eu ce privilège avant moi. C’est une certitude et je n’en suis que davantage
touchée.
délicatement en coupe sur sa joue et nous restons comme ça, figés, les yeux
dans les yeux. Hélas, l’arrivée du petit garnement, propriétaire du ballon vient
silencieuse.
un temps tous les questionnements que notre connexion a fait naître en moi.
Seulement jouir de l’instant présent ...
Chapitre 13
Nous marchons encore main dans la main, un long moment, ainsi, sans aucun
but précis que celui de se promener l’un à côté de l’autre ; quand enfin je
ressens le besoin de combler ce silence. Je n’ai aucune idée de ce que Doug
— Merci pour cette journée, j’apprécie beaucoup. Je sais que ça n’a pas dû être
facile pour toi de dégager toutes ces heures, c’est gentil. Et merci aussi pour
tes efforts de patience aujourd’hui, finis-je sur une touche d’humour. Cela n’a
— C’est avec plaisir. Et détrompe-toi, je n’ai pas eu à faire tant d’efforts que
Je baisse la tête alors que le rouge me monte une fois encore aux joues mais je
C’est malin !
Je suis sur le coup surprise par sa demande, mais bien vite, je comprends qu’il
cherche simplement à apprendre un minimum de choses sur moi. Cela fait
— Oh ! Il n’y a pas grand-chose à dire en fait. Je suis née à Salem et j’ai passé
toute ma jeunesse à Silver Falls City. J’étais une enfant unique, assez docile,
somme toute, pendant toute mon enfance. Puis je suis partie à la fac. C’est là
que j’ai rencontré Kevin, mon ex petit ami avec lequel je suis restée trois ans.
Par la suite, à la fin de mes examens, j’ai appris que le couple de mes parents
Je marque une pause car cela m’affecte encore et mes yeux s’embuent
légèrement tandis qu’un nœud se forme dans ma gorge. Tout est encore trop
— … Enfin mon père s’en était chargé, mais je l’ignorais alors. J’ai d’ailleurs
tout ignoré jusqu’à la fin de mes examens. Pendant tout le temps de ma
— Enfin, … Jamais, je ne me serais imaginée que cela puisse leur arriver. Non
pas que c’était la mélodie du bonheur, mais je ne sais pas ... Je suppose que je
les voyais encore avec mes yeux d’enfants. Je n’avais rien vu venir. Enfin, bref.
A présent ma mère habite désormais à Washington et mon père est resté sur
à trouver un travail dans les alentours, mais comme rien ne venait, j’ai fait mes
Nicole, alors quitte à patienter pour trouver un job, j’ai supposé que ce serait
mieux ici. Et puis à l’époque, j’avais encore plein d’espoirs en tête. Et me voilà
à présent, là devant toi, cinq mois plus tard. C’est une histoire assez banale en
fait, je réalise.
Doug maintient son attention et replace une mèche de cheveux venue se coller
Pendant que je lui parlais de moi, il ne m’a pas échappé qu’il me scrutait,
attentif, semblant enregistrer tous les éléments que je lui donnais.
— J’aurais pu regarder dans ton C.V, avoue-t-il, mais je ne l’ai pas vraiment
approfondi en fait, tout du moins pas ta date de naissance.
— J’ai vingt-six ans pour quelques semaines encore. Je suis née fin juin pour
être exacte.
— J’étais pas certain que tu m’aies dit la vérité en fait. C’est surprenant ... Si je
te repose la question aujourd’hui, c’est juste pour savoir si je dois me préparer
Je souris.
Pourquoi est-ce si surprenant que je sois seule ? Parce qu’à mon âge, rares
sont les femmes qui sont seules ?
C’est vrai que la plupart de mes amies sont soit mariées avec enfants soit en
couples. Et moi, je suis toujours là, célibataire. Doug doit très certainement
s’imaginer que j’ai des vices cachés. C’est bien ce que l’on dit dans ce cas-là :
« les meilleurs sont déjà pris », non ? Pour ma part, je pense juste ne pas être
pas tombée sur le bon, tout simplement. Et puis, il faut dire ce qui est : je n’ai
pas, non plus, vraiment cherché. Peut-être aurait-ce été mon cas si je m’étais un
peu plus investit dans mes précédentes relations. Mais je ne regrette rien. C’est
comme ça ...
J’observe Doug et je ne sais pour quelle raison, il me semble lire dans ses
yeux que ma réponse le satisfait. J’aperçois même le petit sourire qu’il
Nous continuons notre promenade, côte à côte, main dans la main, qu’il
observer quelques écureuils qui se donnent en spectacle. Son contact est doux
et fort à la fois et je présume qu’au moins pour les promeneurs du parc, nous
Je souris en moi-même car non Monsieur Doherty, nous ne pouvons dire que
ce soit la même chose. Doug est né avec une cuillère en argent dans la bouche,
il n’a jamais galéré pour quoi que ce soit. Et il peut même, en plus, se targuer
d’être sorti avec les plus belles femmes de la terre ! Donc non, résolument non,
— Mon père a fondé Doherty Press alors que personne ne donnait cher de sa
comme je te l’ai dit et je suis l’ainé des trois enfants. Ma sœur, Janet qui est la
seconde enfant, a trente ans et elle est mariée avec Mike. Ils ont une petite fille,
ma nièce donc, dont je suis absolument gaga. Elle s’appelle Jess et a cinq ans.
Sinon mon frère, Paul est le benjamin, il est âgé de vingt-sept ans et il semble
même temps car elles risquent de m’être utiles pour la suite de notre
arrangement.
— Effectivement. Je pense qu’il n’aurait pas été envisageable pour mon père
que ses enfants abandonnent l’entreprise qu’il s’était acharné à bâtir. Janet
s’occupe du département des auteurs, tandis que Paul gère tout ce qui concerne
— Il ne me semble pas les avoir vu avant-hier lorsque Betty m’a fait visiter les
locaux.
— Non, c’est exact. Paul est actuellement en déplacement sur Houston en train
de négocier de nouveaux contrats auprès d’une imprimerie plus grande et plus
moderne, tandis que Janet se trouve au salon du livre fantastique à Seattle. Elle
devrait d’ailleurs rentrer d’ici deux ou trois jours, je pense. Je l’aie eu ce matin
au téléphone et elle était toute enthousiaste car elle avait déniché de nouveaux
respecter les valeurs familiales que ses parents lui ont inculquées. Si je n’avais
l’homme arrogant qui deux jours auparavant seulement m’accueillait dans son
Il sort son téléphone de sa poche, passe un appel et nous dirige vers la sortie du
parc la plus proche, sa main emprisonnant toujours la mienne. Je réalise avec
surprise que nous avons marché plus de deux heures côte à côte et que j’ai
Harry s’arrête quelques courtes minutes après le long du trottoir et nous nous
glissons sur la banquette arrière, avant que la voiture ne s’insère à nouveau
dans la circulation dense du début de soirée. Quand Doug, au bout d’un petit
journée « au chaud ».
rentrer tard Scarlett. Harry va te déposer chez toi pour la soirée et il reviendra
Dire que je ne suis pas désappointée serait mentir. Mais je comprends que c’est
aussi l’occasion pour moi de pouvoir prévenir Abby que mes habitudes de vie
vont très prochainement changer. Et je sais d’avance que la soirée ne sera pas
Déjà la voiture s’arrête et je suis surprise que le trajet ait pu passer aussi
rapidement.
de partager. C’est pourtant bien le même homme qui, hier, n’avait pas hésité à
user de chantage à l’encontre de mon amie afin que j’accepte son marché. Le
— C’est gentil, vraiment. Mais je n’aurai pas besoin de Harry demain. Abby et
moi prendrons le métro comme d’habitude, réponds-je sur un ton un peu plus
J’ai conscience que ma déception en est la cause. Mais ce brusque retour à nos
rôles respectifs m’est, sur le moment difficile, et pour le coup ma voix trahit à
place. Sans m’en apercevoir, le temps d’un instant volé, je m’étais laissée
glisser avec plénitude, dans cette bulle aussi moelleuse qu’éphémère. Alors
forcément le retour à la réalité est plus difficile.
— Il n’en est pas question, répond-il à son tour de manière assez directive, son
regard s’est durci face à mon obstination de refuser les services de Harry.
Bien que plus modéré, je retrouve le même ton cassant que j’ai détesté en lui le
premier jour.
feras-tu ?
— C’est déjà tout vu, Scarlett. Harry a reçu mes instructions. Je prendrai mon
sortir un peu. Et puis, qui d’ailleurs croirait vraiment que je laisse ma petite
amie voyager en métro ?
Ce n’est bien sûr que dans l’unique but de rendre son scénario crédible qu’il
nous attribue son chauffeur. Pourquoi s’inquièterait-il sinon ?
Quelques minutes plus tard, je quitte à mon tour la berline et pénètre aussitôt
dans mon appartement. Je ne sais pourquoi mais je m’arrête d’avancer sitôt la
porte passée. Je jette un vaste regard périphérique sur l’intérieur de notre petit
diffère. Tout me semble plus petit. Forcément comparé au loft de Doug, tout est
Comme épuisée par cette journée, je me laisse enfin tomber sur notre bon
L’accueil glacial avec lequel Doug m’a reçue, sa proposition pour le moins
tant que petite amie du grand séducteur Doug Doherty ? Il s’est passé tellement
de choses en quarante-huit heures que moi-même, j’ai du mal à prendre un
Je saisis aussitôt mon téléphone et lui envoie rapidement un petit message pour
la rassurer, même si c’est un peu tard. J’en profite également pour lui donner
rendez-vous après sa journée de travail chez nous pour un apéro dinatoire. J’ai
tellement de choses à lui apprendre ! Par chance, sa réponse ne met pas
longtemps à me parvenir.
Quand Abby arrive un peu plus tard qu’habituellement, vers dix-neuf heures,
elle a les bras chargés de victuailles achetées sur le chemin du retour. Elle
dépose le tout sur notre table basse et encore abasourdie par mon départ de la
veille avec Doug, elle se lance alors dans une multitude de questions
J’essaie d’être la plus fidèle possible en relatant les événements depuis mon
même, Abby garde son air angélique et énamouré. On voit bien qu’elle ignore
l’odieux chantage dont elle a été l’objet ! Je n’ai pas le cœur de lui ôter ses
illusions, d’ailleurs cela ne servirait à rien. Tandis que je lui narre mes
récentes péripéties, je décèle comme l’autre soir, le doute sur son visage. Et je
suis persuadée qu’elle pense que j’en rajoute. Exaspérée qu’elle remette sans
cesse mes dires en question, à chaque fois que notre adorable patron est
Enfin, c’est ce que je m’apprête à faire. Car dans un sursaut d’orgueil, alors
qu’Abby reste encore et toujours campée sur ses positions concernant Doug, je
craque. Comme un barrage qui cèderait sous la pression, sous le coup de
l’énervement, je lui révèle même alors, comment j’en suis venue à accepter le
Ce n’est pas cool, je sais, et je n’en suis pas fière non plus, mais elle a fini par
me blesser. Je veux juste qu’elle comprenne à quel point l’image qu’elle se fait
de Doug est édulcorée. Aussi, emportée, je lui raconte tout, absolument tout
cette fois.
cette tâche.
soufflé-je d’exaspération.
avec force. Doug te demande de sortir avec lui et il te paie grassement pour
cela en plus ! Oh là là, quelle chance ! se répète-t-elle. Moi, je l’aurais fait pour
— Puis-je te rappeler, quand même, que j’ai accepté son offre uniquement pour
l’appartement ou si peu de temps qu’il ne sera pas évident que l’on se croise.
ses pensées.
— Non, je n’ai pas dit adorable. Nuance, j’ai dit agréable. C’est vrai qu’il
reste dubitative à propos de tout ça. Peut-être ai-je donné trop d’importance à
mes ressentis. Doug était si différent de la veille, que j’ai peut-être
...
Et puis surtout, je n’ai aucune envie ce soir qu’Abby m’assène d’un : « Ah, tu
Pas ce soir. Pas si tôt. Et puis, j’aurais l’air bien cruche devant mon amie de
moi.
Ce que j’ai ressenti cet après-midi était spécial. D’un tout autre ordre. Quelque
Ce que je vais en faire est une autre chose. Car même si mon cœur et mon être
pourrait s’intéresser à une femme comme moi ? C’est vrai quoi ! Gardons les
défaire de ce sentiment qui nait tout juste en moi, tuer ce béguin dans l’œuf
avant que celui-ci évolue et ne me fasse souffrir et que je me ridiculise
davantage aussi.
— Eh bien, moi je dis que tu as une sacrée veine quand même ! ça n’aurait pas
Finalement, j’en viens à me dire qu’effectivement les choses auraient été plus
faciles pour moi si Abby avait eu à endosser ce rôle. Elle aurait été carrément
donné trop d’importance à de simples gestes qui m’ont émue, certes, mais
que Doug n’ait absolument rien remarqué de spécial aujourd’hui. J’en mettrais
ma main à couper. La vérité est que toute cette situation est trop nouvelle pour
moi, en fait. Un homme inaccessible, beau comme un Dieu, qui me demande de
tenir le rôle de sa petite amie, des sensations étranges qui secouent mon âme et
vie si habituellement si calme, qui viennent bousculer un peu trop fort mon
petit monde !
Les heures ont passé et je décide de prendre congé d’Abby afin de rejoindre
ma chambre. Il est tard déjà et je ressens la fatigue de cette journée riche en
émotions. Une bonne nuit de sommeil me profitera, c’est sûr. Mon cerveau va
se mettre au boulot et replacer tous les derniers événements dans les bonnes
cases, mettant de côté tout l’affect que j’ai pu y associer. Car là, franchement, je
me sens un peu perdue. Les choses m’apparaitront très certainement beaucoup
plus claires et simples demain au réveil.
Aussi, lasse, j’abandonne la partie auprès d’Abby – une vraie cause perdue – et
me lève du canapé pour remettre rapidement l’appartement en ordre. Je range
les restes de notre repas, passe un coup d’éponge sur la table basse puis rejoins
cherchant dans mes affaires une tenue pour le lendemain. Tenue qui pourrait,
se corse. Car j’ai beau chercher, je constate de nouveau, à mon grand regret,
qu’aucun de mes habits ne fera l’affaire. Tout est trop « sportwear », jeans,
sweats et pulls et le peu qui pourrait donner une allure un peu plus habillée
manque cruellement de classe. La qualité même des tissus est atroce, trop
Mais comme il faudra bien malgré tout que je m’habille demain matin, je
remets au lendemain cette tâche, je suis trop fatiguée pour l’heure. Le plus
simple est probablement que j’emprunte de quoi me vêtir à Abby. Mais je la
Mon corps s’engourdit rapidement et mon esprit sombre tout aussi vite. Mes
dernières pensées repassant en brèves séquences mon déjeuner suivi de la
Quand le réveil sonne le lendemain matin à 6 h 30, j’ai du mal à sortir de mes
rêveries alors qu’il me semble avoir passé ma nuit entière à rêver de Doug. Et
bien que cette nuit de songes ait été très agréable, je mentirais en affirmant le
envoyé des ondes romantiques durant mon sommeil ! Je ne vois que ça,
Mais peu importe, s’il y a une chose que j’ai bien compris hier, c’est que si je
tiens à conserver mon poste au-delà de notre accord, j’ai plutôt intérêt à
assurer au bureau. Là, pour peu, il n’y avait pas matière à interpréter. Doug a
été très clair sur cette condition. Et je sais qu’il ne me fera pas de cadeau là-
dessus non plus. C’est l’homme d’affaires qui s’est adressé à moi quand nous
avons abordé le sujet. Pas le pseudo petit ami ! Et comme je n’ai pas l’intention
situation est déjà suffisamment complexe entre nous, il ne manquerait plus que
— Pour mon premier vrai jour de travail, j’ai intérêt à être à l’heure, je lui
— Attends, ce n’est pas comme si tu étais une employée comme les autres, me
— Concernant mon poste, si. Doherty a été très clair là-dessus, crois-moi. Il
m’a bien prévenue. Il ne me gardera que si je suis à la hauteur.
— Eh bien merci.
— Non, je me suis mal exprimée, se reprend Abby. Je veux simplement te dire
que tu occuperas bientôt plus vite son lit que son bureau.
d’amour partout ! Cet aspect de son caractère me crispe parfois, comme hier
par exemple, mais c’est aussi pour ça que je l’aime. Elle est si passionnée et
optimiste qu’elle m’apporte chaque jour une bouffée d’air rafraîchissant dont
cesse de croire que Doherty est un prince charmant. Il ne pense qu’à ses
intérêts. Voilà la vérité ma chère et au risque d’anéantir tous tes rêves, sache
qu’il serait prêt à tout pour les servir. Tu vois, il n’y a aucun conte de fées dans
Forcément, elle me fait sourire. Comment se fâcher avec elle ? Abby est
probablement la personne la plus gentille et la plus loyale qu’il m’est été donné
de rencontrer, mais comme je l’ai déjà dit, c’est aussi la plus grande rêveuse et
romantique qui soit ! Ses cheveux bruns bouclés, coupés au carré, lui donne
une bouille pleine de malices et ses yeux rieurs incitent d’ailleurs sans cesse
ses interlocuteurs à lui rendre ses nombreux sourires.
J’espère sincèrement qu’un jour elle rencontrera son véritable prince
charmant. Encore une fois, le fait que Doug n’ait pas pensé à elle pour incarner
qu’elle lui porte. Cela aurait été tellement plus simple pour lui !
Mais ce n’est peut-être pas plus mal finalement, car Abby aurait pu souffrir de
cet étrange marché allant de désillusions en désillusions et ça, je ne lui souhaite
pas.
râlera pas !
escarpins.
— Bah non, c’est stupide, Harry est censé nous déposer toutes les deux.
— Vas-y je te dis ! Je ne suis pas encore maquillée et puis c’est toi la
petite amie du boss, pas moi ! Les choses doivent être claires pour
quiconque te verra arriver.
— Tu es sûre ?
s’obstine à croire qu’il pourrait y avoir autre chose qu’un contrat entre
Là, elle n’a pas tort ! Mais si je suis en retard, cette fois au moins, Doherty ne
pourra pas me le reprocher ! Après tout, c’est lui qui a insisté pour que je me
je stocke dans un coin de mon esprit cet argument de défense au cas où il aurait
— Ok, bien j’y vais. Il est là, je l’avertis, alors que je viens d’apercevoir par la
Bye !
Chapitre 14
L’ascenseur ouvre ses portes, je vérifie une dernière dans le miroir ma tenue,
mon maquillage et mes cheveux attachés bas dans ma nuque et sors la cabine,
non sans avoir poussé un long soupir. Je n’en mène pas large. En fait, je ne sais
absolument pas qui je vais trouver ce matin derrière la porte de son bureau. Le
Pour être plus « convenable », aujourd’hui, je porte donc le tailleur bleu griffé
d’Abby et un chemisier écru que j’avais dans ma penderie. Le résultat est très
satisfaisant selon moi. A la seule différence, que je ne me sens pas moi du tout.
intransigeant qui règne d’une main de fer sur ses affaires et d’un autre côté,
extrêmement dissimulé, l’homme, celui qui peut se montrer agréable et
antagonistes. Ce qui explique mon stress en arrivant à mon bureau. Qui sera là
ce matin ? Doherty l’abruti ou Doug l’attentionné ?
Etant dans la tour, sur mon lieu de travail, j’aurais plutôt tendance à retenir la
première hypothèse et je dois avouer que je le redoute un peu. Sitôt parvenue à
mon bureau, je pose mon sac sur ma chaise et allume mon ordinateur dans un
premier réflexe. Betty n’est pas encore arrivée, je vais donc en profiter pour
aller préparer le café. Passant devant le bureau de Doug, la porte est entre-
— Bonjour,
Doug redresse la tête de ses dossiers, me regarde longuement, comme s’il était
surpris de me voir ici, puis m’adresse un sourire en retour.
— Bonjour Scarlett.
A mon regret, je suis obligée de reconnaitre qu’il est toujours aussi craquant et
son torse moulé dans sa chemise grise. Ses manches sont relevées sur ses
J’esquisse à mon tour un sourire, ravie de constater que j’ai devant moi ce
matin, le même Doug que la veille, celui qui était si agréable. Je m’en réjouis.
Si seulement toute la journée pouvait se dérouler de la sorte ! Pas de miss
Oregon aujourd’hui, ni même d’Oregon tout seul. Mon prénom seul sorti de sa
Doug.
Depuis quand apparait-il dans mes pensées sous le pseudonyme de Doug et non
sous celui de Doherty ? Quand suis-je passée de son patronyme à son simple
prénom dans mes pensées ?
mis en marche, mais je suis bien vite bloquée par le mot de passe qui m’est
demandé et qui est forcément nécessaire pour accéder aux dossiers. Mince !
Je pourrais l’attendre mais comme celle-ci ne commence que dans une demi-
déranger.
— Pardonnez-moi Monsieur ?
Hum, je n’aime pas trop ce ton qui me laisse présager un moment sans doute
peu plaisant. Son ton autoritaire m’effraie toujours un peu et j’avale avec
difficulté ma salive, redoutant de nouveau un face à face difficile. Mais ce qui
me trouble sans doute davantage, c’est qu’outre son attitude directive qu’il
J’avance dans la pièce, jusqu’à me présenter face à lui. Doug, qui n’a ajouté
recevoir une réprimande sur ma tenue ou que sais-je encore ... Cependant,
après son long silence, il finit finalement par se lever, contourne son bureau, et
vient se placer face à moi, à quelques centimètres seulement. Bien plus près
Avec fermeté, il se saisit de mes deux poignets et les enserre de ses deux mains.
Son regard est comme illuminé alors qu’il me fixe dans les yeux. Et je devrais
incontestablement reculer et mettre quelques centimètres de plus entre nous,
mais je n’y arrive pas, subjuguée par son regard si sombre. Mon estomac se
noue et mon souffle se fait irrégulier alors même que ses yeux semblent
Bien que je ne sois guère habituée à analyser en détail toutes mes émotions, je
remarque sans conteste la nature étrange de ces symptômes qui ont tendance à
se renouveler en sa présence.
— Bien dormi ?
— Euh … oui.
— Moi aussi.
Je ne sais pas ce que je suis censée répondre aussi, je lui adresse un sourire
timide, gênée.
Que veut-il insinuer par-là ? Ai-je l’esprit mal placé ou pense-t-il à quelque
— C’est-à-dire que nous nous sommes au bureau, je pensais que nous devions
garder …
Doug m’interrompt.
parlé hier, alors rien ne sert de nous cacher, autant commencer dès maintenant.
Nous n’aurons que finalement peu de temps pour être crédibles aux yeux de
tous.
Tout en me parlant, il s’est approché lentement encore plus près de moi et son
visage frôle mes cheveux tandis qu’il me parle à l’oreille. Je sens son souffle
chaud dans mon cou et quelque chose en moi frissonne. Il s’en rend compte et
je sens son sourire dans mon oreille.
nous ?
notre pseudo relation, nous allons quasiment devoir entretenir une véritable
liaison. Enfin pas véritablement au sens noble du terme, mais nous allons
tellement devoir simuler que je comprends que tous nos gestes seront proches
des ceux des amoureux. Et cela me trouble, trouvant directement écho aux
n’avais pas vraiment envisagé les choses ainsi. Je pensais qu’il suffirait de
nous montrer ensemble à plusieurs reprises et que le tour serait joué, mais
usuel chez moi. Pour exemple : depuis quand une voix grave me fait-elle de
l’effet ?
Pourquoi me semble-t-il que la situation m’échappe alors que je n’ai rien
provoqué ? Je n’aime pas ça car je me sens bien trop exposée, vulnérable. Et
pourtant, son souffle, là sur ma nuque, me fait frissonner sans que je ne puisse
réprimer ce délicat sursaut. Peut-être, dans un autre contexte, loin, loin de celui
actuel, me serais-je laissée aller à découvrir ces nouvelles émotions, mais dans
Outre sa beauté indécente, qui ne peut laisser aucune femme indifférente, cet
homme a quelque chose de différent. Quelque chose de spécial qui fait que je
ne réagis pas du tout comme j’en ai l’habitude aux côtés d’un homme. Un
honorable entre nous, mais Doug me rapproche de lui, alors qu’il me tient
celle de sentir ses lèvres ourlées sur les miennes. Et Doug doit entendre ma
prière secrète car sa bouche vient effectivement se poser sur la mienne avec
infinie douceur. Abdiquant et avouant mon manque évident de contrôle, je
— Je te l’ai dit avant-hier, nous serons probablement amenés à devoir faire des
démonstrations de tendresse l’un envers l’autre pour que l’on croie en notre
Déçue qu’il s’arrête en si bon chemin, je butine ses lèvres tandis qu’il parle,
pour l’inciter à me revenir. Et c’est d’ailleurs ce que fait Doug après un sourire
Cette caresse suspend mon souffle qui devient erratique dans l’attente de son
baiser. J’halète, mes lèvres cherchant désespérément à capturer les siennes. Nos
souffles si proches se mélangent empressés et avides de se rencontrer. Tandis
que dans ce même moment, mon estomac se vrille, réveillant en moi une
délicieuse sensation de désir.
qui vient de se passer. J’étais complètement transportée dans ses bras dans un
état de semi-conscience. Que se passe-t-il pour que je me laisse aller à ce
Alors que Doug ne met que quelques secondes à se reprendre, mes joues se
lire sur mon visage ce qui vient de se passer ; et c’est alors un énorme
En toute innocence, Betty apparait, tout sourire, munie d’une tasse de café ;
celle que j’aurais dû normalement apporter à Doug, si je ne m’étais pas
attardée entre ses bras. Je ne sais pas si elle se rend compte de quoique ce soit,
mais elle bégaie légèrement.
— Oh, pardonnez-moi. Je pensais que vous étiez seul, je vous apportais votre
café Monsieur. En souhaitez-vous un Mademoiselle Johns ?
— Merci Betty. Veuillez-vous assurer que l’on ne nous dérange plus, s’il vous
plait, assène Doug d’un ton autoritaire.
Alors que je compte profiter de sa venue fortuite pour fuir au plus vite et
rejoindre avec hâte mon bureau, je comprends aux dernières paroles de Doug
qu’apparemment, nous n’en avons pas fini ! J’aurais pourtant bien besoin de
que Betty dépose sa tasse devant lui et repart le plus discrètement possible.
détournement.
— Ton principal travail jusqu’à nouvel ordre consiste en ton contrat, répond-il
— Ne signe jamais un contrat sans le lire. Reste ici, lis-le tranquillement puis
signe-le si tout est ok pour toi. Je dois me rendre en réunion, Mary Donner
m’accompagnera. Tu as fait sa connaissance, je pense ?
Je hoche le menton pour acquiescer. Oh ! que oui ! Comment oublier « la
sorcière » ?
t’installer.
Doug me quitte non sans avoir déposé au passage avec tendresse, un baiser sur
mon front. Son geste, déplacé ici en ces lieux, m’amène naturellement à lui
poser une dernière question avant qu’il ne quitte le bureau.
un regard vers moi, affairé à empiler un dossier sur son ordinateur portable.
déteste ces horribles plaques rouges qui trahissent à tout moment mes instants
— Si elle se doutait … qu’il se passe quelque chose entre nous, je veux dire.
— Si Betty s’apercevait que nous partageons plus que des moments purement
professionnels, cela serait plutôt une bonne chose, sourit-il. Rien de tel qu’une
bonne rumeur pour faire accélérer les choses. De toute façon, ce soir nous
sortons et ce sera pour nous le lancement officiel de notre relation.
Je reste coite.
Subitement, j’ai le sentiment que toute cette histoire me dépasse. Je n’aime pas
particulièrement être l’objet de toutes les attentions et m’exposer publiquement
ne m’emballe pas, mais alors pas du tout. Quelque chose m’échappe forcément
uniquement celle-ci.
Sans aucune autre précision, Doug sort du bureau et referme la porte derrière
lui, me laissant toute à mes craintes. Fébrilement, je saisis le contrat resté sur le
bureau, ce dernier ne tient que sur une seule et simple page. Je m’assieds sur le
Je lis avec attention chaque libellé et à première vue, tout semble conforme à
notre accord verbal. Mes émoluments sont bien indiqués comme je l’avais
demandé : quinze mille pour un mois, vingt mille pour le second mois si cela
s’avérait nécessaire. Moyennant quoi, je dois assumer le rôle de sa petite amie
peuvent être amenés à partager une même chambre selon le contexte. Enfin, le
dernier chapitre évoque mon emploi où Doug s’engage à me maintenir sur
mon poste actuel ou sur un poste équivalent à l’issue du contrat, sauf à ce que
Par précaution, je relis une seconde fois le contrat mais tout me semble très
clair, aucun alinéa alambiqué qui pourrait se retourner contre moi. Ma main
possible. Malgré tout, si mon apparence est aussi neutre que je le souhaite, mon
cerveau, lui, mouline dur. Prise de doutes, une question cruciale martèle mon
esprit - mais il est déjà trop tard pour ça - : ai-je fait une monumentale bêtise en
validant ce marché ?
Chapitre 15
Le reste de la matinée file à toute vitesse car je suis bien occupée et c’est très
d’expérience avec les hommes, et à vrai dire, les seules aventures que j’aie pu
avoir auparavant ont toujours été avec des jeunes hommes qui avaient plus ou
moins mon âge. Doug n’est pas un jeune homme. C’est un homme. Et c’est
sans doute cela qui m’inquiète à présent. Ai-je les manières d’une femme ou
comme l’a si bien fait remarquer Doug lors de mon entretien une allure
d’étudiante attardée ?
Bon, une chose me rassure malgré tout : nous n’aurons pas à coucher
ensemble. Rien n’y fait allusion dans le contrat, ce qui me réconforte un peu et
Je secoue la tête pour chasser de mon esprit cette pensée délirante et tente de
me concentrer à nouveau sur ce que Betty est en train de m’expliquer avec une
extrême patience. Pourtant une petite voix perfide issue de ma conscience
revient à la charge, narquoise.
Malgré toutes les turpitudes de mon esprit, je lutte pour rester attentive aux
instructions de ma seconde qui fait tout pour me faciliter la tâche, mais ce n’est
concentration, en tout cas, elle ne m’en touche pas un mot. Je lui en suis
reconnaissante.
Depuis quand n’avais-tu pas ressenti ces spasmes si délicieux au creux de ton
ventre ?
Malgré cette dernière question stupide qui s’est insinuée dans ma tête, je
m’accroche pour suivre coûte que coûte les explications de Betty, chassant le
traitre qui discourt en moi. Mais comment travailler dans ces conditions ?
Betty est une jeune femme intelligente et elle doit forcément s’apercevoir que
quelque chose ne tourne pas rond en moi aujourd’hui. Je m’attends à tout
mots que prononce un à un Betty dans un ultime espoir de faire bonne figure.
Feignant parfois de ne pas saisir, alors que j’ai l’esprit occupé ailleurs, avec
toute la patience qu’il est possible de distiller, mon adorable assistante, répète
et réexplique autant de fois qu’il est possible de le faire, sans aucune lassitude.
Vous ai-je dit à quel point Betty est formidable ? Passionnée et compétente
comme elle l’est, je m’interroge même sur la raison qui fait qu’elle n’ait pas
Enfin, arrive midi et je suis presque déçue que Doug ne m’ait pas contactée
peut rentrer chez soi. Abby avait raison au moins sur ce point-là : Doug
Doherty veille à ce que ses salariés exercent dans les meilleures conditions.
Sûrement un savant calcul de rentabilité, mais peu importe, en attendant, je dois
avouer que cette pause déjeuner est bien agréable. Abby et Betty semblent bien
s’apprécier et l’ambiance du repas est joyeuse et bon enfant.
Le déjeuner achevé, nous déposons nos plateaux sur les clayettes du charriot
prévu à cet effet, puis je prends congé de mes deux amies pour me rendre
directement au bureau du D.R.H afin de signer enfin mon contrat d’embauche
comme me l’a demandé Doug. Deux contrats en une journée, c’est peu banal !
symbol. Il passe régulièrement un mouchoir sur son front brillant, son gros
ventre tire sur les boutons de sa chemise et la main moite et molle qu’il me
tend est tout simplement « beurk » !! Instinctivement, je frotte mes doigts sur
tout au long de notre entrevue et je suis intimement persuadée que des idées
moins que ce soit moi qui me les imagine ... Mon monde est tellement
chamboulé ces derniers jours, qu’il est finalement possible que je me fasse des
idées après tout …
En tout cas, ce qui est sûr, c’est que je ne peux ignorer, qu’à sa façon, il tente de
me faire du gringue. Mais le pauvre, passer après Doug, n’est pas pour lui
faciliter la tâche. Un océan, que dis-je, un univers les sépare. Par pure charité,
j’ai beau me dire que cet homme doit bien avoir certaines qualités qui
pourraient plaire à certaines femmes, mais rien n’y fait, je ne lui trouve que
des aspects repoussants. C’est même pire puisqu’il m’inspire franchement du
pas autant dans le jugement. Enfin, quoi qu’il en soit, il devrait s’en tenir à son
rôle de D.R.H et ne pas chercher à m’impressionner avec ses blagues
l’accès du 32ème.
me renseigne sur tous les dossiers en cours, distillant à chaque fois toutes les
informations qui pourraient s’avérer être utiles pour moi. Nous passons pas
consacrée au fameux dossier Folding. C’est une affaire très importante pour
Doherty Press puisque Doug travaille actuellement sur le projet de fusion avec
la vieille maison d’édition d’Atlanta, qui justement, devrait être entériné lors
informations que Betty peut m’apporter, car notre patron est semble-t-il
intraitable envers ses assistantes, exigeant d’elles – aux dires de Betty – une
mises plus bas que terre lors de réunions par un Doug Doherty froid et
implacable qui leur reprochait, acide, leur manque de connaissance sur les
Quand enfin vient l’heure de nous quitter, Betty m’adresse un grand sourire et
m’assure à voix basse combien elle est contente que j’occupe désormais ce
poste. Satisfaite de cette première journée, c’est presque heureuse que j’éteins
mon ordinateur vers 18.30. Je n’ai eu aucune nouvelle de Doug depuis ce
moi.
Je vais finalement pour me décider à quitter les locaux quand une question très
pratique me saisit. Rentrer oui mais où ? Je sais que je suis censée partager dès
ce soir son appartement, mais je n’en connais même pas l’adresse ! Je pourrais
reprocherait. Or, s’il est bien une chose dont je ne me hâte pas, c’est bien de le
mettre en colère. J’ai déjà testé sa mauvaise humeur et franchement : non
bureau.
Histoire de mettre à profit mon temps d’attente, j’en profite pour me pencher
une fois encore sur les dossiers qui seront abordés cette semaine jusqu’à en
mémoriser quasiment toutes les données essentielles. Ce sera toujours ça de
fait.
Bon et bien première chose, j’ai bien fait d’attendre car il ne lui est même pas
venu à l’esprit que j’aurais déjà dû avoir quitté mon poste depuis pratiquement
ainsi. Est-ce trop demander que d’exiger un minimum de politesse ? Ce qui est
sûr, c’est qu’il ne s’étouffera pas avec !
Puis, je me dirige vers les toilettes afin de vérifier mon allure juste avant de
descendre.
Pourquoi ?
quasiment que lui, parmi le nombre important de salariés qui quittent leur
poste, parlant et riant bruyamment comme pour évacuer les dernières tensions
de la journée avant de se quitter. Lui seul émerge de ce flot humain.
J’aurais presque envie de dire que son charisme y est pour quelque chose mais
cette idée me dérange, surtout venant de moi. Je ne fais pas partie de ses
groupies aveuglées et je m’en défends bien d’ailleurs !
Et pourtant ! C’est la vérité, je ne vois que lui parmi cette foule amassée dans
le hall.
Sa taille élancée et musclée lui donne fière allure au milieu des autres hommes
présents. D’ailleurs, il les dépasse tous d’une tête environ, il est donc
impossible de le louper !
Alors que je me rapproche de lui, je distingue avec plaisir que son visage est
détendu. C’est un bon présage pour ma soirée à venir. Ses belles boucles
brunes commencent à s’indiscipliner en cette fin de journée et quand il
effaçant toute l’agitation qui nous entoure. Comme hypnotisée, les battements
avoir beaucoup plus à perdre que mon job dans cette histoire.
Sans rompre notre lien visuel, Doug se fraie un chemin parmi la foule restée
petit ami comptait sur les rumeurs pour diffuser la nouvelle, eh bien, je pense
que c’est réussi ! Nul doute que dès ce soir, le bruit de couloir va se gorger et
se répandre à la vitesse de la lumière ; si bien qu’il est fort probable que dès
demain matin, tout le monde sera au courant de notre relation. Bien joué
Doug !
Sans un mot, Doug nous fait sortir, tenant fermement ma main et nous
rentrer dans le véhicule, j’attrape son poignet libre pour l’obliger à me faire
comptant bien qu’il explique ce qui vient de se passer. Mais sans aucune parole,
il ancre à nouveaux ses magnifiques yeux sombres aux miens et d’un simple
haussement d’épaules, il m’adresse sans retenue son sublime sourire de beau
gosse. Il semble fier de l’effet qu’il a laissé dans le hall de la société et son
visage rayonne.
Assise à ses côtés sur la banquette arrière, je vais pour lui demander si ce geste
délibérément ostentatoire n’était pas trop précoce devant les salariés de son
entreprise, mais il me devance en me racontant le menu de la soirée.
— Nous rentrons prendre une douche rapide et ressortons aussitôt. J’ai réservé
une table chez « Alfredo » pour 21 heures, m’annonce-t-il fièrement.
Humm. Je déteste.
De nombreux paparazzi y gagnent très grassement leur vie avec une facilité
— Pourquoi ce choix ? demandé-je malgré tout, bien que j’en connaisse déjà la
réponse.
— Le but est que nous soyons vus ensemble. Tout comme au bureau, les
rumeurs répandront la bonne nouvelle, ce diner chez Alfredo nous facilitera la
tâche et nous fera gagner de nombreux jours. C’est une publicité non
— Je veux dire, le but est de convaincre vos, … (je me reprends), tes parents.
Est-il vraiment besoin de nous offrir en pâture aux médias ? Je pensais qu’il
suffirait que nous arrivions main dans la main chez ta famille pour que cela
aille de soi.
Il se soulève de son siège pour se tourner vers moi. Puis d’un doigt sous le
— Oui, tu es vraiment différente des autres femmes et n’en sois pas vexée,
c’est un compliment.
Mon regard se noie dans ses yeux sombres et je m’y perds un instant avant de
yeux et le temps d’un bref instant, le temps semble s’arrêter pour nous. Je
ressens est très spécial. Une espèce d’alchimie entre Doug et moi qui le temps
de ce bref instant, nous lie l’un à l’autre. Ce sentiment profond me trouble bien
étrange mais si agréable bulle dans laquelle nous nous étions enfermés. Je suis
confuse, réalisant à peine ce qui vient de se passer entre nous et à voir Doug, je
dirais qu’il a l’air au moins aussi déconcerté que moi. Encore troublée, je
m’ébroue, chassant derechef, cette illusion d’un temps. C’est Doug qui me
permet de reprendre pied en insistant pour obtenir une réponse.
— Je …, je, je ne sais pas. Peut-être parce que je ne pense simplement pas être
à ma place devant leurs objectifs, je réponds encore secouée. Du reste, peut-
être aussi, parce que remplir les pages de ces magazines cela ne fait pas partie
des choses auxquelles j’aspire.
— Et à quelles choses aspire alors Mademoiselle Johns ?
si ce n’est pas Paris, j’essaierai au moins d’aller en Californie une fois. Enfin,
quoiqu’il en soit, ce dont je suis sûre, c’est que je ne rêve pas de gloire. En tout
cas, une chose est certaine : parader devant les journalistes ne fait pas partie de
mes rêves.
énigmatique.
A la vérité, je me demande bien ce qu’il entend par-là. Etrange, parce que mes
aspirations sont modestes ? Ou étrange parce qu’il estime que je ne sais pas
Le silence qui suit n’est interrompu que par Harry qui vient nous ouvrir la
nous engouffrons dans la cabine. Doug compose son code sur le pavé
numérique et les portes se referment sur nous.
C’est à ce moment-là, alors que la cabine entame sa montée que mon esprit
complètement divaguant se met à me jouer des tours. Je ne saurais dire si la
présence de Doug à mes côtés dans l’exiguïté de cette cabine en est la cause ou
si je cède seulement au fantasme de l’ascenseur ; toujours est-il qu’alors que
nos deux corps se frôlent presque, une sorte de tension électrique vient exciter
mon imagination décidément fertile ces derniers jours. Peu à peu, un scénario
des plus sensuels défile devant mes yeux tandis que je me mords la lèvre de
tant d’excitation.
pourrais en avoir honte. La fougue illusoire de ses lèvres sur ma bouche puis
sur mon corps devient très vite l’auteur d’une folle étreinte où ses mains
miroir intérieur, avide de baiser chaque parcelle de mon visage et de mon cou
que mes mains se perdent dans ses boucles, froissant et tirant ses magnifiques
cheveux, totalement emportée par cette tornade ardente née de ma seule
imagination. Son buste musclé bloque le mien, calant sa jambe entre mes
cuisses et instinctivement, ma jambe s’enroule autour de sa taille pressant
davantage sa virilité contre mon bas ventre. Bon sang, j’ai chaud !
exactement ?
toujours mordue comme pour réprimer les sons de mon excitation, je baisse le
regard, souhaitant qu’il n’ait deviné l’agitation qui me secouait. Mais la lueur
qui brille dans ses pupilles et le sourire entendu qu’il m’adresse, me laisse
supposer que bien au contraire, Doug a deviné avec exactitude les pensées
remettre.
Je ne pense pas que Doug ait eu de telles idées en tête pendant le même temps et
je ressens un véritable sentiment de honte. Au moins espéré-je ne pas avoir
gémi ...
S’il se rapprochait de moi, là, maintenant, jusqu’à sentir son souffle sur moi,
s’il décidait de m’embrasser subitement, je sais que je le laisserais faire sans
Cela m’effraie. Serais-je, moi aussi, en train de tomber petit à petit sous son
Le problème est que justement, je n’ai pas le sentiment que mon corps veuille
se défendre.
Bien vite – bien trop vite ? - les portes de l’ascenseur s’ouvrent et alors que,
— Un verre avant de nous préparer ? propose-t-il, ses yeux bruns ancrés aux
miens.
Comme j’essaie d’éviter l’attraction qu’il exerce depuis peu sur moi, je
J’hésite encore puis accepte finalement face à son regard insistant et au sourire
qu’il m’adresse.
Tout ce que j’espère, c’est qu’il n’a pas vraiment réalisé ce qui se passait en
vers la cuisine ouverte pour nous préparer les verres, je me laisse tomber
mollement sur le cuir moelleux, mes jambes ne me portant quasiment plus
préparant les verres, j’en profite pour l’observer discrètement. Sa carrure est
un sport pour avoir une telle silhouette. Ses épaules sont si larges, ses bras si
Non mais qu’est-ce qui m’arrive là ? Depuis quand est-ce que je mate le cul des
hommes ?
N’empêche que le sien est rebondi et qu’il a l’air si ferme que j’aurais bien
envie d’y passer ma main dessus juste pour en suivre la courbe.
Aussi incroyable cela soit-il, je suis obligée de constater que cet homme
déclenche en moi de drôles de pensées ainsi que de surprenantes
concupiscences. Plongée dans l’analyse de ce curieux constat, je tente pourtant
de me rassurer. Doug est un très bel homme, possédant un charme fou, il est
donc normal que j’éprouve de telles sensations à ses côtés. Toute femme
réagirait ainsi ! Et, l’absence de relation sentimentale, depuis un bon moment
déjà, doit également peser dans tout ça, même si je n’en ai pas réellement
conscience. Aussi, tout ce désordre interne m’amène à prendre une résolution
très sérieuse. Celle de reprendre en main ma vie de femme sitôt que j’en aurai
mon verre.
il.
fantasmais sur le plus beau prof du lycée alors que lui ne connaissais même
Je baisse les yeux, son regard m’étant de plus en plus difficile à soutenir.
j’ai peur. Peur de me prendre dans les filets de son petit jeu. Il y a fort à parier
que lui ne s’en apercevrait certainement pas, mais ce que je risque moi, c’est de
Magnétique et dangereux.
Il n’y a pas que son physique qui soit superbe, il y a aussi tout ce qu’il dégage
et c’est sans aucun doute cette facette qui est la plus périlleuse pour moi. C’est
notre histoire. Qu’en sera-t-il de mon pauvre petit cœur quand tout sera fini ?
Vais-je m’en sortir indemne ?
Alors que mon esprit s’évade, tourné vers mes propres craintes quant à l’après
Doug, je ne résiste pas à l’envie d’imaginer le temps d’un instant, si nous nous
étions rencontrés dans un contexte différent, si j’avais été son genre de femme,
si ….
Foutu Si !
Je suis cuite, je m’en rends compte et il est déjà trop tard. Tel un prédateur, il a
réussi, je ne sais comment, à me prendre dans les mailles de la toile qu’il a
tissée.
Merde et re-merde !
Alors que j’ai instinctivement fermé mes yeux, le temps de mes interrogations,
— As-tu peur de moi Scarlett ? murmure-t-il à mon oreille, alors qu’il replace
Complètement perdue dans mes songes, je ne m’étais même pas aperçue que
Doug s’était rapproché de moi. Lirait-il dans mes pensées ou bien est-il, tant
J’opte pour la seconde option. Evidemment qu’il sait ! Beau comme un Dieu, il
occupe une place de prestige et aucune femme ne peut échapper à son pouvoir
magnétique, et contre toute attente … pas même moi ! Alors oui, j’ai peur ! Je
ne redoute pas une blessure physique, qui elle passerait avec le temps. Non ! Ce
que je crains c’est une meurtrissure beaucoup plus profonde, beaucoup plus
vicieuse, de celles qui mettent des mois et des mois à guérir. L’un de ces
traumas qui atteignent le cœur et l’esprit jusqu’à vous plonger dans un gouffre
profond.
Voilà de quoi j’ai peur ! C’est dit ! Jamais je n’aurais pensé être aussi
vulnérable devant un homme, mais c’est pourtant le cas aujourd’hui.
Je préfère encore ne pas lui répondre. Tout ceci est beaucoup trop personnel et
inutile de lui exposer ma faiblesse.
pas touché.
— Cassie a dû déposer sur ton lit une tenue adaptée pour notre soirée.
me consulter sur mes envies vestimentaires, mais je suis fatiguée de tout ça.
— Merci.
en permanence les honneurs de Doherty même si l’envie est là. La vérité étant
que je n’ai aucunement envie de m’avouer le véritable sentiment que je ressens
à son encontre car c’est peu glorieux. Si loin de ce que je suis habituellement,
si loin de mes principes, et pourtant …
La jalousie est bien le sentiment qui prédomine à chaque fois que Doug
prononce son prénom : Cassie. Je suis bel et bien jalouse et cette simple idée
m’énerve. Jalouse tout simplement parce que je suis persuadée que tous deux
ont eu une aventure et que les minauderies ainsi que tous les sous-entendus de
Mademoiselle la styliste-peau-de vache m’irritent.
Chapitre 16
peu discrète. C’était le but recherché. Harry ouvre la porte de Doug qui a son
tour, contourne le véhicule pour m’aider à descendre. Sitôt ma porte ouverte, il
m’adresse un sourire d’encouragement que son regard appuie. Doug sait que
moi, mon estomac se noue tant j’ai le trac. Mais rassurant, Doug saisit ma main
en ajoutant une pression de sa paume qui vise à m’indiquer qu’il est là et qu’il
ne me lâchera pas. A peine ai-je mis le premier pied en dehors du véhicule que
de ma main libre les lumières qui m’éblouissent, mais je sais que je dois
J’imagine très vite avec appréhension, les photos qui en seront tirées. Et je vais
très surement être la risée des commérages dans les jours à venir. Je ne sais
pas faire ça. Je peux faire nombre de choses, mais pas ça : m’exposer et garder
Pas sûr que Doug ait eu une idée géniale en jouant la carte des médias car cela
pourrait bien se retourner contre lui. Le pauvre, lui aussi risque d’être touché
par les titres assassins à venir, genre : « Le nouveau monstre de Doug Doherty »
ou bien encore « Allez courage Doug, tu peux le faire ! »
Je me force à maintenir mes yeux grands ouverts et à sourire, mais rien n’y
dans une posture bien inconfortable. Tout ce qui risque de se passer, c’est que
craindre d’avoir à essuyer dès demain les moqueries de ses pairs. Quant à mon
amour-propre, je n’en parle même pas ! Et dire que j’ai toujours refusé d’être
sur les simples photos de famille car je ne suis pas photogénique, là pour le
prend le temps de me faire face, offrant aux journalistes un beau cliché de nous
deux, et je lis dans ce regard qu’il a perçu mon tressautement. Son sourire
pour ma part, je n’ai pour l’instant qu’un seul souhait : celui de pénétrer au
plus vite dans le restaurant.
Bien sûr, son petit effet déclenche une nouvelle vague de crépitements et son
nom ne cesse maintenant d’être appelé pour qu’il se tourne vers eux afin de
est l’inconnue présente à ses côtés ce soir. Certains vont même jusqu’à le
féliciter, tandis que Doug leur offre nonchalamment plusieurs poses me serrant
Arrogant au possible, je ne suis pas sans admirer à quel point il peut être beau
sous les flashs, tout sourire. Il semble avoir lié toutes ces années une certaine
connivence avec tous ces paparazzis et c’est volontiers qu’il se prête à volonté
aux poses que ceux-ci lui réclament. J’ai l’impression que cette entrée dure des
siècles. Cela n’en finit pas ! Et moi qui trouvais que mon père mettait trois
plombes pour prendre une photo, je suis servie ce soir !
Doug, lui, semble, contrairement à moi, tout à fait dans son élément et je ne
et d’avoir l’air si fier de m’exhiber à ses côtés tel un trophée. Tu parles d’un
En plus, je suis mal à l’aise dans cette robe biscornue qui a une découpe sur
les hanches. Sa styliste ne pouvait choisir une robe plus discrète ? J’ai
l’impression d’être un porte manteau présentant une robe de couturier ! En
attendant, je ne sais pas pourquoi, il se refuse à leur donner mon nom, puisque
sait ce qu’il fait. Toujours est-il que j’ai bien peur que Doug ne face la grimace
A la vérité, je redoute déjà qu’il m’en incombe la faute alors que je l’avais
A vrai dire, et même si je ne suis pas du tout à l’aise avec, seule la robe que je
porte force l’admiration, mais il aurait fallu un autre corps dedans pour la
mettre en valeur. Si seulement, j’avais refusé cette sortie ! C’est une véritable
épreuve. J’ai envie de me terrer et d’oublier jusqu’à l’endroit où je me trouve,
tant j’ai honte de ma prestation. Mais qu’est-ce qui m’a pris d’accepter ? Et
aussi, Doug croyait-il vraiment que je m’en sortirais, livrée ainsi en pâture ?
Alors que nous sommes – enfin ! - sur le point de pénétrer dans le restaurant,
je pense mon calvaire fini, mais contre toute attente, Doug nous fait faire
merveilleuse Scarlett Johns. C’est une amie qui m’est très précieuse, ajoute-t-il
partie de notre show est terminée. Quinze minutes pour faire quoi ? vingt
précieuse ». Et bien que je sache que cela fait partie du plan, elles ont malgré
tout, pour moi la saveur d’une douceur. Personne n’a jamais eu de mots aussi
tendres à mon égard ….
Je sors de mes pensées quand très rapidement, nous sommes pris en charge par
un maître d’hôtel qui nous guide vers notre table.
Mais peu importe puisque, de toute façon, je n’aurais pas le temps de m’y
habituer.
plus sèchement que voulu. Personnellement, je ne m’y sens pas à l’aise, mais si
Je le sens qui se referme aussitôt. Je n’aurais pas dû, c’est vrai. Mais c’est
pleine figure combien je suis fade et insignifiante face à toutes les femmes qui
entourent habituellement Doug.
— Je ne parlais pas de la robe, Scarlett. Mais simplement de toi.
Son regard attristé semble sincère et je pense que je l’ai vexé. Vraiment ? Je
m’excuse derechef auprès de lui, invoquant le malaise qui était le mien sur le
tapis rouge, mais son humeur a changé. Le mal est fait. Doug est si susceptible
aussi ! Le froisser n’était pas mon but, cette pique étant d’ailleurs, à vrai dire,
davantage dirigée vers moi que contre lui, c’est juste qu’idiotement j’ai mal
venant de Doug, j’ai dû mal, car en fait, je n’arrive pas à le croire sincère. Il
m’est tellement difficile d’admettre qu’il puisse me trouver jolie que ça me fait
mal. Car à la vérité, j’aimerais qu’il me trouve jolie. Vraiment jolie, je veux
dire. J’ai beaucoup changé ces derniers jours. Je m‘en rends bien compte.
Et c’est tant mieux car je n’avais pas envie de gâcher cette soirée. Je suis
heureuse de diner avec lui.
— Mais tu ne me crois pas, c’est cela ? comprend-il.
Timidement, je lève mon regard vers lui et plonge dans ses yeux tendres, mais
— Depuis toujours, tu sors avec de vraies beautés et il faut être honnête, je fais
pale figure à côté. Tu n’y es pour rien, c’est comme ça, je le rassure en
— ça, c’est ce que tu penses. Si je te dis que je te trouve belle, c’est que je le
jamais.
C’était gentil de ta part. Mais ne t’inquiète pas, cela ne me vexe pas. Ne dit-on
— Tu es à mon goût. Alors qui t’a mis cette stupide idée dans la tête ?
— Oui, tout le monde, je lui réponds avec aplomb. Il n’y a qu’à regarder ton
palmarès pour commencer. Pas une semaine sans que tu ne sortes une brune
Mais là, Doug lève sa main paume vers moi, et m’interrompt, l’air
complètement agacé. Simultanément, je remarque que son autre main qui était
— Alors, là, je t’arrête tout de suite Scarlett, que les choses soient claires entre
nous. Personne, tu entends, personne n’est mieux à même que moi de juger si
c’est que je ne suis pas hypocrite. Personne ne peut me faire dire ce que je ne
souhaite dire, et cela vaut également pour flatter une femme. Suis-je vraiment
clair à présent ?
Je hoche la tête en opinant et discrètement, esquissant un timide sourire en
baissant les yeux. Doug s’est un peu emballé en me donnant une leçon, mais ses
plaisant et son coup d’irritation a bien vite disparu, pour mon plus grand
plaisir. Certaines de ses connaissances viennent le saluer et il ne manque pas de
me présenter à chaque fois, comme étant son amie. Ce qui me touche, je dois le
constater que je titube légèrement en me levant. Zut ! C’est vrai que j’ai partagé
avec lui quelques verres de ce si bon vin qu’il a su choisir et que je ne suis pas
Fidèle au poste, Harry nous attend devant la porte. Quelques journalistes sont
encore présents, mais bien moins qu’à notre arrivée et parmi ceux-ci, l’un
d’entre eux se tend au-dessus de la corde tressée d’or qui délimite l’espace
presse du tapis rouge d’entrée, afin de m’interpeler. Moi et non Doug comme
précédemment.
Je lui souris, sans doute sous les effets de l’alcool, mais je suis incapable de lui
répondre. Mon regard anxieux se tourne vers Doug qui prend aussitôt la
vous avez été assez courageux pour patienter, je vais vous répondre. Je vais
même faire mieux ! Je vais vous donner la primeur d’un scoop ! La charmante
jeune femme que vous voyez à mes côtés, Mademoiselle Johns, est ma petite
amie et bientôt plus si la chance me sourit, lui annonce-t-il en lui adressant un
Je ne suis pas suffisamment sobre pour relever et puis d’ailleurs, je serais bien
en peine de rétorquer quoi que ce soit, tant son « scoop » me prend de court.
Doug pousse le jeu jusqu’à laisser entendre qu’un mariage pourrait être
Le retour s’effectue en silence, trop absorbée que je suis par mes pensées. Je
croise dans ma tête les derniers propos que Doug a avancés au journaliste avec
sa fameuse mise au point en début de repas. Mais tout est embrouillé dans ma
obligé d’annoncer de telles choses. Son « scoop » était bien inutile, nous étions
Le silence qui règne dans l’habitacle n’est interrompu ni par moi, ni par Doug
qui lui aussi semble happé par ses pensées. Ereintée, je finis par m’assoupir
pendant le reste du trajet. Et je reste surprise quand au bout d’un moment, Doug
me réveille délicatement, alors que ma tête repose sur son épaule.
— Scarlett, Scarlett, murmure-t-il. Réveille-toi, princesse endormie, nous
sommes arrivés.
gentiment.
Doug remercie Harry puis lui donne congé tandis qu’il m’aide à sortir du
temps que la cabine arrive, avec sa main, il appuie ma tête contre son épaule
pour que je me repose. J’ai l’impression qu’il aime bien. A moins qu’il ne
cherche qu’à m’être agréable. Quand nous entrons dans la cabine, je ressens la
même oppression que plus tôt dans la soirée, comme si l’espace était empli
d’électricité. Ce qui n’est évidemment pas le cas. C’est seulement l’effet de nos
deux êtres dans cet espace confiné. Nous restons ainsi dans cette drôle
d’ambiance pendant quelques instants, quand subitement, il appuie sur le
doivent exprimer mon hébètement, Doug attrape mon visage de ses deux mains
et le rapproche du sien.
Je le fixe sans rien dire même si mes yeux lui crient « moi aussi » me laissant
Sa bouche se pose sur la mienne et déjà tous mes sens s’éveillent. Ses lèvres
sont si douces et fermes à la fois …Je sens son souffle erratique et cela me
procure des sensations exquises. Une de ses mains se perd dans mes cheveux,
tandis que l’autre se pose dans mon dos. Je suis prête. Prête à recevoir son
Doug lape avec une délicieuse langueur mes lèvres que j’entre-ouvre à peine,
D’abord tout en douceur, puis avec plus d’exigence, son baiser se fait plus
possessif et j’aime cette sensation. La tête me tourne et je ne suis pas sûre qu’il
s’agisse du vin cette fois-ci. Tout mon corps réagit à cette étreinte et très vite,
j’en veux davantage. Cette façon qu’il a d’embrasser est grisante et
émoustillante aussi. Mes seins se dressent à son contact et je ressens dans mon
bas ventre, un besoin beaucoup plus pressant de son corps. Besoin, semble-t-il
Au bout d’un temps, où justement le temps n’a plus cours, Doug appuie de
nouveau sur le bouton et la cabine redémarre avant de s’arrêter quelques
secondes plus tard. Sa bouche ne s’est pas écartée de la mienne et je n’ai pas
envie qu’il s’arrête. J’oublie un moment que tout ceci n’est que contractuel,
hauteur de mes désirs. Mais là, avec Doug, je suis certaine de pouvoir être
comblée. Je le sens.
Quand nous sortons de la cabine, toujours collés l’un à l’autre, nous nous
même désir que moi. Nous montons l’escalier, essoufflés, nos corps affolés.
Nos bouches ne se séparent pas.
Son corps puissant me plaque tantôt sur un mur, tantôt sur l’autre et j’aime
cette ardeur presque sauvage. Personne n’a jamais montré tant de passion en
m’embrassant. Cela dit, mon expérience reste, je l’ai déjà précisé, limitée. Ses
mains qui s’égarent avec délice sur moi, se montrent davantage audacieuses et
mon corps entier frémit à son contact si sensuel. Doug émet un râle de désir
qui s’échappe de sa gorge et mon corps entier frétille sous ses caresses dans
l’attente de le recevoir. Mon bas ventre se noue sous l’ardeur de ses mains et
vais pas tenir bien longtemps, tant mon corps se consume et se déhanche contre
le sien. J’ai besoin de lui ! Tellement !
Quand il me pousse avec presque sauvagerie sur le lit, je le regarde avec envie.
Tel un félin, son regard enfiévré rivé au mien, il retire sa veste et commence à
à moi, renvoyant au diable les préliminaires. Je les garde pour un autre jour.
Là, à cet instant, j’ai juste besoin d’assouvir ce désir bestial que mon corps
excité réclame.
Je ferme les yeux et patiente pour qu’il me rejoigne sur le lit. Je patiente. Et
patiente encore, mais rien ne vient. J’ouvre alors les yeux et le fixe presque
suppliante. Il est là, à côté du lit, mais ne bouge pas. Il me regarde simplement.
Ses pupilles sombres ancrées aux miennes, il se baisse vers moi, mais déjà
l’aurait froissé ?
— Quoi ? Mais non ! je râle. Tu ne peux pas me faire ça, râlé-je. Pas
que j’ai bien pu boire. Je suis d’une humeur massacrante et une colère certaine
coule dans mes veines. J’attends avec impatience de me retrouver face à Doug
pour lui exprimer tout le mal que je pense de lui suite à sa goujaterie de la
jeune garçon que je pensais alors aimer avait eu ce qu’on appelle une panne –
ce qui était extrêmement vexant pour une première fois - Mais outre cet
incident de départ, je ne me suis jamais sentie aussi ridicule qu’hier.
Ce que m’a infligé Doherty hier est plus qu’abaissant et jamais je ne lui
pardonnerai cette muflerie. Je ne lui avais rien demandé et s’il m’avait ignorée,
je n’en aurais pas pris ombrage. Alors pourquoi m’allumer ainsi pour ensuite
me laisser en plan ! Je ne connais guère plus cinglant comme échec !
Salaud !
activement mes cheveux que je laisse détachés. Non pas par coquetterie, mais
simplement pour aller au plus vite.
cuisine où je compte bien l’y trouver mais un simple regard me permet très
vite de constater qu’il n’y a personne. En revanche, un simple mot est déposé
contre la cafetière qui m’informe qu’il est déjà parti. Non sans blague !
Et lâche en plus de ça !
« Scarlett,
A plus,
Doug.
qui se tenait devant moi et m’éloigner de lui au plus vite au lieu de rester sur
d’avoir pu penser, ne serait-ce qu’une seconde, que quelque chose pourrait être
Je quitte son appartement, après qu’il m’ait laissé le code pour utiliser
elle devine d’un simple regard ma mauvaise humeur. Elle tente bien d’essayer
de me tirer les vers du nez mais je ne lâche rien. Je ne veux absolument pas en
encore prête à lui expliquer les raisons. Je suis encore trop en colère.
Tout ce que je souhaite pour l’instant, c’est me concentrer sur mon travail et
oublier tout le reste sachant que dans « tout le reste » je désigne plus
précisément Monsieur Doug Doherty en personne.
cabine est pleine et avant de pouvoir rejoindre le niveau zéro, j’effectue à peu
près tous les étages de la tour sans exception suivant les montagnes russes.
Press se retrouve à mes côtés dans la cabine bien exigüe en cette heure
matinale. Il me salue d’une bise et je réprime un haut le cœur à son contact. Je
aussi, ça m’énerve ! Il faudrait savoir si oui ou non je travaille ici à la fin !?!
Mais alors que je pense mes peines enfin derrière moi et que je n’aspire plus
qu’à une chose, me noyer dans le travail, je suis loin d’en avoir terminé,
puisque, sitôt mon sac déposé dans le tiroir de mon bureau, Mary Donner,
rebaptisée très justement la sorcière par mes soins se pointe devant moi.
D’après ce que je peux en deviner, je ne suis pas la seule, elle aussi à l’air
d’être d’une humeur de chien. Cela dit, je me demande, à contrario, s’il lui
arrive d’avoir de bonnes journées. En tout cas, pas aujourd’hui, c’est certain et
quelque chose me dit que je ne vais pas échapper, une fois de plus, à ses
sarcasmes, vu l’air avenant qu’elle affiche !
longue !
d’humeur ! Et une chose est sûre : elle n’a pas intérêt à trop me chatouiller non
plus !
Son air chic et coincé ne détonne pas des autres jours et plantée devant mon
bureau, elle m’adresse l’un de ses regards noirs tout en tapotant sa montre, son
pied battant lui aussi le tempo ! Merde à la fin ! Ils ont décidé de tous me faire
chier aujourd’hui ou quoi ?!
— Ne commencez-vous pas votre service à 8 heures ? me reproche-t-elle d’un
ton acerbe.
Comment lui répondre ? Ou plutôt comment lui dire que … j’ai une
— C’est exact, je réponds tout aussi mal aimablement. Et j’aurais été à l’heure,
confiance ...
Je préfère l’ignorer car je sais très bien que cela ne servirait à rien de me
justifier devant elle. Elle m’a dans le nez depuis mon arrivée et elle ne s’est pas
gênée pour me l’avouer très clairement, et ce, dès le jour de mon embauche.
connivence. Cette petite attention me fait chaud au cœur. Voilà ce dont j’avais
Dans son dos, je ne peux m’empêcher de lui tirer la langue, tout comme je le
faisais … au collège. Attitude totalement puérile mais extrêmement libératrice.
Me vient seulement après, l’idée que l’étage comme tous les autres d’ailleurs,
doit sans aucun doute, être surveillé continuellement par des caméras. Alors,
j’espère seulement que celui qui se trouve à la sécurité n’ira pas cafeter.
Encore que, tout bien réfléchi, ce serait peut-être une bonne chose. Me faire
virer et fuir cet endroit maudit que je ne sens pas depuis le départ ! Ce ne serait
heureuse car d’une part, je vais suivre ses conseils : anticiper ; et d’autre part :
un plus pour postuler. Le fait d’être en poste est toujours plus vendeur qu’être
inscrit sur les listes de demandeurs d’emploi. C’est un paradoxe, certes, mais
Bon ok, je ne travaille ici que depuis quelques jours, mais si je tourne
habilement les faits, je pourrais peut-être en tirer profit. A moi de la jouer fine
sur le coup ! Et je tiens à préciser que je n’ai aucun scrupule ! Ni à postuler
dans leur dos, ni à m’engager de quitter cette boite de fous et encore moins à
trafiquer quelque peu mon expérience professionnelle en trichant sur les dates.
directement vers un avocat qui n’aurait pas peur d’affronter Doherty Press ?
Enfin, bref, toujours est-il que nous trouverons une solution.
assaillie de bon matin semble s’évanouir comme le font les gros nuages noirs
après un bon coup de vent. Je retrouve peu à peu ma sérénité, persuadée que je
vis là mes derniers moments difficiles. J’ai déjà déposé cinq candidatures et je
pense avoir ma chance. J’ai juste hâte d’être contactée. Vraiment trop hâte ! Cet
épisode de ma vie sera bientôt fini et je me sens curieusement soulagée. Je dois
juste faire quelques efforts de patience encore et tout ira bien. Je programme
d’ailleurs de poursuivre mes recherches un peu plus tard puisqu’il est presque
D’ailleurs, le fait que Doherty n’ait pas remis les pieds au bureau ce matin
contribue à me maintenir dans cet état d’excitation. J’ignore où il peut bien se
trouver puisqu’aucun autre rendez-vous ne figure sur son agenda mais cela ne
me dérange aucunement. Au contraire, ça me ferait plutôt des vacances ! J’ai
remis à cet après-midi le travail que je devais faire ce matin et sans aucune
culpabilité, je découvre les bienfaits de la procrastination.
conversons toutes les trois avec facilité et enthousiasme. Notre trio semble
coquasses de nos passés qui nous font parfois pousser de grands rires, ce qui
nous vaut d’attirer le regard réprobateur de certains employés qui nous jugent
probablement trop délurées. Mais nous les ignorons et j’avoue que cette pause
déjeuner est divertissante et récréative. Bref, ça me fait un bien fou !
Quand j’aperçois Brian Peel, - celui qui restera pour moi à vie le D.R.H le plus
table, je presse les filles de quitter à toute vitesse le self, ce qui nous vaut
encore un grand éclat de rire tandis que nous débarrassons nos plateaux et c’est
grands enfants.
Cette bouffée de bonne humeur m’a apporté un tel bien-être que l’après-midi
certaines décisions sur nous ! J’ai le sentiment d’avoir fait ce que j’avais à
faire et je me sens bien dans mes pompes comme disait ma grand-mère.
A 18.30, Doug n’étant toujours pas revenu et n’ayant aucune nouvelle de lui, je
décide de quitter le bureau. Je ne vais pas dormir sur place non plus !
J’appelle Abby qui me libère de l’étage et c’est ensemble que nous quittons les
presses Doherty. Sans même culpabiliser, je la suis et rejoins avec bonheur
peut attendre.
Il doit être aux environs de 20 heures quand mon téléphone émet le tintement
comme une intuition plutôt négative, ayant de fortes présomptions sur celui qui
Bingo !
Doug.
Le ton est peu aimable, on s’en serait douté, mais je m’en fous. D’ailleurs,
pour être franche, je me fous de lui, de son job et de son contrat également.
Légèrement éméchée par la douceur du vin, je prends même l’audace de lire à
Suite aux fous rires qu’entraîne ma grosse voix autoritaire, qui répète son
message sur différents tons menaçants, nos rires finissent par s’apaiser au bout
de quelques imitations.
entrevoir très clairement son humeur de chien. Décidément, il était dit que cette
journée devait finir comme elle avait commencé !
Abby reprend ses esprits la première et elle quitte instantanément son état
m’en donne l’ordre ? Non, mais sincèrement, pour qui il se prend ce mec ? J’ai
Me gardant bien de lui annoncer comme ça, à la va-vite, qu’il ne serait bientôt
plus le mien !
— Oui, mais tu as signé un contrat avec lui, me rappelle-t-elle, dès fois que j’ai
oublié.
— Oui, tu as raison sur ce point. J’ai pactisé avec le diable, je souffle regrettant
toute cette histoire.
précédente rigolade. Tu ne vois donc pas qu’il ne s’agit en aucun cas d’un
prince charmant ? Satan lui siérait à merveille, je plaisante amère.
apeurée.
— Non, mais tu te vois, lui dis-je agacée. Tu as peur de lui ? sans blague,
disputées et c’est la première fois que je lui parle sur ce ton. C’est une jeune
femme très sensible et nul doute que mon excès de virulence a dû la blesser.
Cela ne nous est encore jamais arrivé et même si je sais que demain tout sera
oublié, le simple fait qu’il puisse semer la zizanie entre nous me rend folle !
insolence.
même !
J’ai bien envie de lui texter ma façon de penser, mais finalement j’opte pour
une discussion en « live » ! J’aime les prises de risques et les feux d’artifices !
Non, je rigole, je veux juste clarifier les choses. Donc, je vais effectivement
me conformer à ses ordres, m’y rendre et après avoir dénoncé son foutu
Après tout, les tribunaux ne sont pas faits pour les chiens, et je suis sidérée
devant ma bêtise de m’être ainsi faite manipulée par sa majesté le roi des
tyrans.
Pauvre naze, va !
de rentrer tard.
Je ne prends même pas la peine de lui répondre, elle sous-estime très nettement
mes facultés d’opiniâtreté, mais je ne peux pas l’en blâmer puisque j’ai eu
Harry arrive quasiment en même temps que moi, à croire qu’il tournait autour
du pâté de maison à m’attendre ! Sitôt garé, il sort en vitesse pour m’ouvrir la
porte et m’adresse un sourire gêné, moins franc que les fois passées. Je le
trouve un tantinet inquiet. Mais si jamais il s’en fait pour moi, qu’il se rassure,
je ne me laisserai pas marcher sur les pieds cette fois. D’ailleurs, presque par
En fait, je suis passablement énervée et pour être tout à fait honnête, ils
pour ne jamais se finir ! A cet instant, seule sur la banquette, renfrognée, j’en
voir tel qu’il n’est pas, c’est-à-dire comme le gentleman qu’il n’est pas. Et
enfin j’en veux à Harry de compatir, comme si je devais moi aussi craindre la
fureur de son égocentrique patron !
Et puis à la sorcière aussi, puisqu’on y est ! Elle qui, hautaine et aussi froide
que la glace n’arrête pas de me critiquer et de me rabaisser depuis le départ !!
Finalement, tout le monde en prend pour son grade aujourd’hui ! Vivement que
cette foutue journée s’achève !
Après tout, je n’ai pas de réelles raisons de lui en vouloir. Harry a toujours été
agréable avec moi et ce n’est pas parce que son patron est un con que je dois
lui en faire payer le fruit de mon ressentiment.
pudeur.
— Allez-y Harry, cette discussion restera entre nous. Et votre avis m’intéresse.
Sincèrement, précisé-je.
— Monsieur est différent avec vous. Je veux dire comparé avec les femmes
avec qui il sort habituellement.
— Il semble vous porter une attention différente, répond-il d’une voix si basse
Même si je regrette de m’être emportée contre lui, car au fond, c’est une
se montre absolument odieux et abject avec moi et j’ai pour idée que je suis
Mais ce n’est pas la peine que je mette davantage Harry mal à l’aise, même si
mes lèvres me brûlent de commenter ses dires et de lui démontrer à quel point
il fait fausse route. D’ailleurs, je pourrais également lui faire part de mon
interprétation du mot « différente », mais à quoi bon ? Il n’est pas responsable
des agissements exécrables de son boss, et finalement, d’une certaine façon, il
n’a pas tort. Doherty est probablement différent avec moi, dans la mesure où il
réserve, très probablement, ses belles manières élégantes à ses autres aventures
! De même, je doute fort qu’il leur intime de « rappliquer » d’un ton aussi
Perdue dans toutes mes pensées, le trajet s’achève malheureusement trop vite et
la voiture se gare face à son immeuble. Après qu’Harry m’ait ouvert la porte et
Ma rage semble s’être apaisée au profit d’un état général plus inquiet qui me
gagne peu à peu. Ce n’est pas bon pour moi car je me sens, du coup, davantage
réalise que je n’ai même pas pris le temps de me donner un coup de frais avant
de quitter mon appart. Peu m’importe de toute façon, ma présence ici n’a pas
Je ne lui appartiens pas et à ce titre, il n’a pas à me dicter quoi faire en dehors
Doug.
Les portes de l’ascenseur s’ouvrent juste alors que je me retourne pour faire
face aux portes, prête à en découdre. Face à moi, Doug m’attend, les bras
croisés. Ses traits sont tirés et ça ne m’inspire rien de bon. Mais s’il faut en
passer par-là, allons-y et ne perdons pas de temps. Réglons cette affaire au plus
vite !
— Peur ? je l’interromps d’un rire amer. Non mais laisse-moi rire Doug ! Le
grand Doug Doherty n’a jamais peur de rien ! La vérité, c’est que ce qui
t’affole en fait, c’est l’idée même de perdre le pouvoir ! Voilà ce qui t’inquiète
vraiment ! Alors cesse ton manège ! Pas avec moi Doug, je souffle. Enfin bref,
puisque tu voulais me voir, je suis là et c’est peut-être mieux finalement,
finissons-en !
Doug s’avance vers moi, mais son air n’est pas hautain comme je l’imaginais.
sera la dernière fois que nous nous adresserons la parole et tu peux menacer
— Quoi ? crié-je. Tu t’es laissé emballé par tes sens et quand tu as réalisé qui
se tenait réellement devant toi allongée sur le lit, tu as pris peur ?
— Ne dis pas n’importe quoi Scarlett. Tu sais très bien que ce n’est pas le cas.
Doug est curieusement calme et j’avoue être quelque peu décontenancée par
un con ? Oregon n’est pas assez bien pour toi ? C’est ça ? Forcément, je ne
ressemble en rien à tes habituelles poupées, mais tu le savais dès le départ ça !
Il n’y a pas eu tromperie sur la marchandise, que je sache ?! Alors pourquoi ne
pas avoir choisi une femme qui te plaisait davantage ? Hein ? Tu avais le choix
pourtant parmi toutes tes fréquentations ? Je suis sûre qu’elles auraient toutes
été très fières et très heureuses de te rendre ce service. Mais non, voyons, suis-
je bête ! C’était tellement plus amusant et distrayant pour toi de prendre une
innocente campagnarde. Comment disais-tu déjà ? Hmm … attends, laisse-moi
plait, me supplie-t-il.
qu’ont pris les choses. Je tremble tandis que je tente de réprimer des sanglots
qui s’échappent de ma gorge. Je veux que tout ça s’arrête, je n’en peux plus.
tôt. Ensuite, je repartirai aussi dignement que je le pourrai – c’est mal parti - et
je retrouverai au plus vite possible, je l’espère, ma petite vie certes banale mais
beaucoup plus tranquille et agréable que celle que j’endure depuis ces derniers
jours.
L’entrée de Doug dans ma vie n’a entrainé rien de moins que des frustrations et
des humiliations et j’attends avec hâte le moment où tout redeviendra normal et
encore à lui. Mes sanglots se sont calmés, mais mes larmes, elles, continuent
verres s’asseoir à mes côtés, les déposant sur la table basse devant nous. Après
un silence lourd, il se décide à parler. Lui aussi semble épuisé.
avec mes nerfs et le plus incroyable dans tout ça, vois-tu, rit-il amèrement,
c’est que tu ne vois même pas que tu mets tout mon monde sens dessus-
dessous.
J’essaie de lire dans son regard s’il parle-t-il sincèrement ou si c’est là, une
énième tentative de manipulation visant à servir ses intérêts ? Mais il semble de
prime abord sincère. Cependant, je reste sur mes gardes car il est tellement
doué pour user de stratagèmes que je ne suis pas certaine de pouvoir lui faire
confiance.
— Arrête Doug. Arrête. S’il te plait, je l’implore. Je suis fatiguée de tout ça. Ne
me sors pas le grand jeu. Toi et moi ne sommes pas dupes, alors encore une
fois je te le demande, ne me prends pas pour plus idiote que je ne le suis. Je
sais que tu me considères comme une arriérée comparée à tes relations, mais,
juste ce soir, par égard pour moi, si tu le peux, arrête de te moquer de moi. Il
est évident que je suis trop naïve et il est également fort probable que tu aies
raison en disant que New-York n’est pas faite pour moi. Alors, laisse-moi
partir s’il te plait et je te promets que nos chemins ne se rencontreront plus. Tu
n’entendras plus jamais parler de moi. Laisse-moi juste partir …je l’implore
usée.
seulement dans un autre contexte, dans une autre vie, les choses avaient été plus
simples !
le vois -tu pas ? ou plutôt devrais-je dire, pourquoi choisis-tu de ne pas le voir
Pendant quelques secondes, je reste encore hésitante. Ses paroles touchent mon
cœur et je cherche à lire une fois encore sa sincérité dans ses beaux yeux
sentimentalisme et tous les préjugés que j’ai à son encontre mettent à bas, sans
aucune hésitation, sa bonne foi.
Doherty est un requin dans les affaires et un séducteur émérite et je doute
entièrement qu’il puisse, ne serait-ce qu’un instant, se mettre à nu devant une
femme … enfin devant moi. Soyons réaliste, Doug est le genre d’homme à
pouvoir conquérir toutes les femmes d’un simple sourire et à fortiori tous les
canons qui lui tournent autour, alors pourquoi l’intéresserais-je ?
Merci la génétique !
théâtrale. Peut-être parce que tu m’as laissée en plan hier soir après m’avoir
chauffée ? Ou bien encore, peut-être parce qu’à peine avais-je mis un pied dans
Peut -être est-ce parce que ton premier instinct a été de m’adresser à ta cohorte
— Tu m’exaspères Scarlett ! J’ai commis des erreurs avec toi, je le sais. Mais
— Pardon ?? Non mais tu plaisantes, j’espère ?!! Ta chance tu l’as eue et pas
qu’une fois !! Hier encore, tu l’avais ! Et si tu avais eu pour moi quelque
attirance, eh bien c’était le moment ! Et tu le sais aussi bien que moi ! Alors ne
viens pas me dire que toute cette situation pourrie est de ma faute ! A moins
façon !
— Ne dis pas ça Scarlett. Je suis probablement le plus gros abruti qu’il t’ait été
donné de rencontrer. Je ne sais pas comment m’y prendre avec toi, c’est
certain, mais ne me fais pas dire que tu me fais honte ou que tu es beaucoup
moins bien que les femmes que je fréquentais avant toi. Car c’est faux ! Tu
entends ? C’est faux ! C’est tout l’inverse en fait ! Et non, ce n’est pas de ta
tout en cause en moi, tout ce que j’avais l’habitude de faire ou plus exactement
tout ce que j’étais. Quoi que je fasse, je n’y arrive pas ! Soit je me comporte
comme le roi des cons et tu ne manques pas de me le faire remarquer à juste
veux la vérité Doug ? Ce que tu prends pour un intérêt pour moi n’est en fait
qu’un triste divertissement. Je l’ai appris à mes dépens, pas plus loin qu’hier,
vois-tu ? Ça aussi d’ailleurs, tu me l’as fait remarquer ! Je suis divertissante, tu
te souviens ? Ce qui est vraiment triste en revanche c’est que toi, tu as fait le
tour de ton horizon avec les femmes, alors forcément, une fille de l’Oregon,
pas une femme pour toi Doug. Car après ? Qu’est-ce que je deviendrai, moi,
quand tu te seras lassé de cette relation champêtre ? Je suis désolée Doug, mais
je dois aussi me protéger. Et toi et moi ce ne sera jamais possible. Pour des
raisons qui sont tellement évidentes. Tes discours sont beaux et j’aurais aimé
pouvoir … je marque une pause, éreintée par ma tirade. J’aurais aimé y croire,
voilà ma vérité à moi Doug, mais tu seras toujours ainsi. Tu seras toujours un
Je m’arrête épuisée. Les larmes ont coulé sur mes joues et je me cache le
visage dans mes mains. Je suis fatiguée. Je dois m’en tenir à ma résolution
palabre ainsi. Je suis venue pour clore cette histoire pas pour parlementer. Et
même si ses paroles charment mon cœur, même si Doug est sincère, même s’il
y croit, je sais qu’il se trompe. Il se trompe.
Doug Doherty n’est tout simplement pas un homme pour moi. Je ne suis pas à
la hauteur pour affronter un homme de cette trempe. Et je ne suis pas la femme
qu’il lui faut. Je ne suis pas celle qu’il pourra présenter dans ses cercles avec
seulement pour te dire en face que non seulement je démissionne mais aussi
que je décide de rompre notre accord. Engage toutes les démarches que tu
jugeras utiles contre moi, si c’est ce que tu veux, mais je m’en vais … loin de
mettras pas longtemps à m’oublier. Je suis certaine aussi que la femme que
t’aura choisie ta mère sera sans doute très bien. Ce sera très probablement une
elle ne te plait pas, je te conseille dans ce cas-là d’avoir une franche discussion
avec ta mère. C’est à coup sûr une femme intelligente, elle comprendra son
fils. Voilà, j’ai dit à peu près tout ce que j’avais à te dire. Je te demanderai juste
de saluer Harry de ma part, le seul qui ait vraiment été sincère et sympathique
sans un regard arrière pour Doug. Tout ce que je souhaite à présent, c’est
partir au plus vite et tourner cette page. La journée a été longue. J’ai hâte d’être
jouer à ce rôle du mâle dominant avec moi ? Il n’a pas compris que je rendais
les armes ? Que lui faut-il de plus ? Je suis allée jusqu’à tout prendre à mon
— Comment ça non ?
menace.
— Arrête ! Arrête ça tout de suite Doug. Le chantage affectif n’est pas ton
genre ! Tu n’es pas crédible. Tu es juste vexé car pour une fois, tu perds le
contrôle. Tu n’en as certes pas l’habitude, mais tu verras, on s’y fait très bien,
je ricane pour me donner plus d’assurance.
J’use d’audace, mais je n’en mène pas large face à lui. Non pas qu’il m’effraie,
non ; mais je redoute plutôt qu’il ne me garde une fois encore prisonnière dans
c’est tout de même lui qui a l’avantage. Et puis, je dois l’avouer, j’ai peur que
ma volonté ne se débine une fois encore, s’il me sort le grand numéro, peur
que mes sens ne s’imposent à ma raison. Le mieux est encore de ne pas trop
trainer.
Alors que je finis à peine de lui asséner mon sarcasme, je prends juste la peine
Pourtant ses yeux, eux, expriment une toute autre chose. De l’affliction, certes
mais une certaine vulnérabilité aussi que je ne lui connais pas.
encore ... je n’ai jamais parlé ainsi à un chien, moi, ni même à un quelconque
animal d’ailleurs ! Je ne suis peut-être pas à l’image de tes poupées, je te
l’accorde, mais je n’en suis pas moins une femme. Une femme et non … (je
cherche mes mots) … et non un de tes sujets. Jamais, tu entends, jamais on ne
m’a traitée comme tu l’as fait ! Alors désolée, si ça te contrarie, mais pour ma
tout a été dit, Doug, je soupire. J’étais juste venue pour te dire en face que notre
Doug parait sous le choc, mais je suis certaine que c’est uniquement parce
qu’il n’est pas habitué à ce que l’on lui tienne tête. Ses yeux sont écarquillés et
sa bouche est restée entre-ouverte mais je m’attends à tout moment, à ce qu’il
calme, je dirais.
ensemble ?
Sa question me prend au dépourvu et je reste un temps sans répondre, les yeux
ronds comme des billes. Pourquoi continue-t-il à jouer la comédie, alors que
— Doug, ne retourne pas la discussion, s’il te plait. Ce qui s’est passé hier était
en fait … une bêtise. Et tu avais raison. Le vin m’avait sûrement tourné la tête.
Et si à un moment, j’ai effectivement cru, qu’il aurait pu se passer quelque
chose entre nous, c’était manifestement une erreur. Tu as bien fait d’y mettre un
terme.
que nous aurions pu aplanir nos différences. Et puis, quand bien même, nous
aurions consommé hier … Que ce serait-il passé ensuite ? Une autre starlette
aurait bien fini par apparaitre dans le paysage et que serai-je devenue, moi ?
J’aurais été son coup d’un soir ou deux ? Non. Je ne suis pas comme ça. Je ne
l’ai d’ailleurs jamais été. Alors même si je suis un peu perdue en ce moment, je
sais que ce n’est pas la vie que je veux. Je mérite mieux. Dès le départ, tout était
perdu d’avance, nous n’avions ni présent ni futur.
— Arrête tes conneries Scarlett ! me lance Doug d’un regard mauvais. Tu sais
très bien pourquoi j’ai tout arrêté, je te l’ai dit d’ailleurs. Mais je peux me
— Oui et moi, je n’ai jamais été tant humiliée de ma vie. Tu veux te donner le
bon rôle, celui d’un gentleman, mais ne te retranche pas derrière tes faux
prétextes, s’il te plait car je n’étais pas saoule. La vérité est que tu t’es retrouvé
comme un con quand tu as réalisé qui se trouvait dans ton lit ! Parce que c’est
n’ai ni leur beauté, ni leur classe, la voilà la triste vérité ! Alors ne te cherche
pas d’excuses bidon, s’il te plait. Tout est très clair pour moi et ne t’inquiète
est de reculer d’un pas. Prestement, il lève son bras droit et place sa main
derrière ma nuque tandis que dans le même temps, sa main gauche agrippe
Je vais pour riposter, mais avant que je n’aie pu prononcer le premier mot,
Doug resserre son étreinte, plaquant brusquement ma poitrine contre son torse
peut m’empêcher d’y goûter une dernière fois. Une dernière fois, juste pour en
garder le souvenir.
Après que sa langue ait engagée une danse sensuelle et sauvage avec la mienne,
détacher de lui, refuser une attitude aussi cavalière que primaire, mais noyée
dans les sensations que déclenche son baiser, toute volonté me lâche.
Mon corps semble étayer cette thèse si j’en crois mon incapacité à m’écarter de
lui.
Le peu de résolution qui me restait cède peu à peu pour finalement déclarer
justement, pouvoir lui tenir tête et lui montrer qu’il n’était pas le maître du
Son corps est plaqué contre le mien et l’expression de son désir pressé contre
Je suis foutue. Voilà la dernière chose sensée qui me vient en tête alors que ma
pulse son désir dans mon intimité et instinctivement ma féminité vient se coller
Nous traversons le long couloir sans interrompre notre baiser affamé et d’un
geste du coude, Doug ouvre soudain une porte que je devine être celle de sa
chambre, la pièce étant embaumée par son parfum. Je garde les yeux fermés
savourant de mes autres sens cette multitude de sensations qui ont envahi tout
mon être.
A l’intérieur de mon corps, un feu d’artifice crie sa joie. D’un coup de pied
passion. Ses baisers couvrent mon visage, mon cou, mes épaules. J’ai chaud.
Très chaud ! Cette étreinte est si animale que coule dans mon corps une lave en
surprise, je lâche un cri. Je dégage, d’une main, les cheveux de devant mes
yeux et me redresse sur mes coudes, déjà en manque de sa proximité.
Va-t-il me refaire le même coup que la veille ?
Ses yeux brillent de désir et il n’a jamais été aussi beau que ce soir … enfin, je
crois. Ses cheveux bruns sont ébouriffés et quelques petites mèches collent à
spectacle, je reste à la fois fascinée et avide. Je n’ai qu’un désir : qu’il rompe
sort sa chemise de son jeans et la déboutonne avec une telle sensualité que ma
langue passe instinctivement sur mes lèvres. Les chippendales à côté c’est pour
les écolières ! Il est terriblement séduisant. Sexy même ! Et moi, j’ai cette
chance d’assister à ce spectacle donné uniquement en mon honneur.
Le sourire aux lèvres, amusée par le jeu érotique qu’il me propose, je me lève
rapidement du lit et me soumets à son ordre sans aucune hésitation. Je
déboutonne alors le plus lentement possible mon chemisier puis dégage les
Ses yeux ne me quittent pas et son sourire me dit qu’il a l’air d’apprécier. Doug
penche la tête sur le côté, ses yeux luisent de désir. Tout en continuant de
pièce. J’éclate de rire, et il me gratifie à son tour de son beau sourire canaille.
même. Je laisse alors glisser le textile le long de mes bras jusqu’à ce qu’il
Son torse musclé et quadrillé me fait me mordre les lèvres d’envie. Un canon.
Un véritable apollon ! Et bien que le moment soit peu approprié, j’ai une
infime pensée pour Abby : Dieu qu’elle avait raison ! C’est un Dieu ! Un
véritable Adonis.
Mais le must de cet érotisme vient un geste plus tard, quand souplement, il
envoie son pantalon valser à l’autre bout de la pièce. D’un sourcil relevé, il
intégralement sous son regard. Je ne l’ai jamais fait et ne suis pas très à l’aise.
Mais son regard ancré au mien, il m’adresse un sourire d’encouragement. Je
décide de commencer par mes escarpins, mais contre toute attente, Doug me
stoppe.
— Garde tes talons Scarlett et ton collier. Bon sang, ce que tu es belle !
audacieuse. Je le fixe sensuellement alors que mes deux pouces passent sous la
dentelle de chaque côté de mon tanga. A le regarder, j’ai l’impression d’être
sublime à travers ses yeux. Lentement, je descends petit à petit le tissu qui finit
par tomber au sol. Doug me tend alors la main et m’aide à enjamber l’étoffe
qui repose sur le tapis.
au visage. Je suis belle dans ses yeux. Je n’avais jamais ressenti cette
impression auparavant. Simplement habillée de mes chaussures et de mon
sur le dessus de lit soyeux. Mais le feu que je lis dans son regard me fait bien
vite cesser. Ses iris brûlent de désir au point que je le trouve dangereux à ce
reluquer à mon tour, sans aucune discrétion. Je ne pense pas l’avoir jamais fait
aussi ouvertement, mais sa beauté est tellement captivante, enivrante, que j’en
Physiquement j’entends - car côté caractère, c’est une toute autre histoire -
mais là, ce soir, à cet instant précis, son caractère n’est pas exactement ce qui
Son parfum boisé, associé à une note de musc m’envoute et je sais d’ores et
déjà, que désormais cette fragrance me rappellera Doug Doherty, à tout jamais.
Je vois ses yeux qui étincèlent, malgré la faible lumière, trahissant avec
certitude l’intensité de son désir.
J’aurais aimé avoir la force de le fuir à ce moment, ne serait-ce que pour lui
rendre la monnaie de sa pièce, en souvenir de la veille, mais cela m’est
absolument impossible. Tout mon être se consume de désir pour cet homme,
Alors, que son corps s’abaisse vers le mien, le couvrant de sa douceur, toute la
chamboule, me fait perdre la tête. Je suis comme ivre. Ivre de cet homme. Sans
interrompre notre baiser, le bras de Doug s’étend sur le côté et soudain la
lampe de chevet, située juste sur le côté du lit, s’allume. Je grogne dans sa
— Je veux te voir Scarlett. Je veux voir ton corps onduler sous mes caresses et
lire dans tes yeux le plaisir que je vais te donner.
Prétentieux ! je pense.
Sans doute, devine-t-il mes désirs les plus intimes, puisque d’une main experte,
que c’est bon !! Au bout d’un certain temps, Doug se redresse soudain et fige
son regard sur mes seins, qui se dressent vers lui, reconnaissants.
— Ta poitrine avait besoin de moi, semblerait-il. Dis-moi quels sont tes désirs
pense que mon corps qui se frotte à lui avec langueur lui parle directement.
Aucune parole n’est réellement nécessaire. Pourtant, je ne peux nier que mon
être entier est particulièrement sensible au timbre de sa voix grave. Jamais une
voix ne m’a fait frémir ainsi auparavant. Et personne ne m’a jamais demandé,
Sans attendre que je verbalise mes attentes, les lèvres de Doug se dirigent à
sur chacun de mes mamelons comme une solution apaisante et immédiate, née
m’excite encore davantage, si tant est que cela encore possible. Doug suçote et
aspire avidement mes tétons rosis érigés pour lui. Il les mordille, les lèche, les
mord, mettant tout mon être au supplice. Il besogne tout en émettant des râles
J’en veux plus. Beaucoup plus encore. Le désir et l’impatience de mon corps
sont tels que j’en perds la raison. Seule m’importe désormais la satisfaction
Suivant le feu sacré qui me dévore, la main de Doug chemine alors vers
l’intérieur de mes cuisses, les forçant à s’ouvrir pour lui. Enfin !!!
La proximité de ses doigts me rend folle et je tremble tant l’attente est longue
et pourtant si délicieuse. Lentement, il écarte davantage mes jambes,
m’exposant ainsi tout à sa vue. Et je réalise qu’il ne m’est jamais arrivé d’être
tête. J’ouvre alors les yeux, pour le regarder, lui. Une lueur d’admiration
Il me trouve belle ?
J’émets un sourire timide, très sceptique auquel il me répond. Puis d’un bond
rapide, il se dégage de moi, saute du lit et défait son boxer avec hâte. Son sexe
bondit avec fierté et mes yeux restent fixés un moment sur ce dernier à le
mater, effrontément. Ce n’est pas, bien sûr, le premier sexe masculin que je
vois, mais le sien me semble si impressionnant que l’envie de toucher sa peau
participer à l’acte sexuel. De manière active, je veux dire. Non pas que je sois
Mais comment dire ? … disons juste que lors de mes précédents rapports, eh
bien … je m’exécutais quand mes partenaires m’y incitaient, mais je peux
l’avouer aujourd’hui, pour être franche, disons simplement que je n’y retirais
J’allonge une main envieuse, sans y être invitée, pour assouvir ce besoin
presque instinctif, tout nouveau pour moi, de le toucher. Mais Doug me coupe
moment-là, que je réalise que tout ce que j’ai pu partager avec mes anciens
partenaires n’était que fadeur et ennui. Preuve en est, l’état d’excitation qui me
secoue entièrement. Ma tête et mon corps s’allient, le désirant si fort, que cela
en devient une véritable torture. Mon sexe, mouillé de désir et d’attente tremble
languir à ce point ?
Si mes ex-amants devaient fournir au préalable quelques efforts pour que mon
fourreau délicat puisse les accueillir, nul n’en est besoin ce soir. Tout se fait
naturellement, comme une évidence. Il m’observe avec un tel regard admiratif,
que j’ai dû mal à croire que c’est moi qu’il regarde. Pourtant, il est manifeste
Son index vient alors se poser au niveau de mon nombril et un doux frisson
me parcourt, tant sa caresse est délicate. Le chemin sensuel vers le sud que
prend son doigt, avec une extrême lenteur, effleure à peine ma peau comme
s’il désirait s’imprégner du grain soyeux de ma peau. Réceptive au possible,
mon souffle devient irrégulier alors qu’il se rapproche petit à petit de mon
sexe. A plusieurs reprises, sa main contourne en douceur le triangle de mon
intimité et ma respiration se suspend le temps de cette doucereuse attente. Ses
d’envie de le sentir en moi, qu’il prenne enfin possession de mon corps. Doug,
Quand quelques secondes ou minutes plus tard – je perds toute notion du temps
sourire satisfait fier du pouvoir qu’il a sur moi. Son doigt parcourt de haut en
recevoir.
tant elle s’affole, avide. Tous mes sens s’enflamment littéralement et je brûle
du désir de son corps, comme jamais auparavant.
Doug exerce sur moi une emprise incroyable, mon corps répondant avec
exaltation à chacun de ses effleurements. Il est désormais le maître de mon
amant qui parvient à faire monter en moi une félicité impudique. Montant en
pression chaque terminaison nerveuse de mon être s’affole et réagit jusqu’à ne
plus pouvoir supporter cette onde délicieuse qui me ravage. Je ne parviens plus
corps qui ondoie avec passion sous ses caresses. Je le désire à la folie.
Je n’ai aucune comparaison possible, les seuls amants m’ayant fait l’amour
jusqu’ici n’ayant jamais atteint un tel degré de sensualité. N’ayant jamais réussi
difficile, alors autant dire que c’est une découverte pour moi. Je ne m’en serais
jamais cru capable. Pourtant avec Doug, tout semble si naturel. Il n’hésite pas à
s’exprimer à voix haute et son timbre de voix rauque m’ensorcèle tandis que
de laisser mes sens prendre le pouvoir, savourant avec avidité toutes les
et me le présentant.
j’ose espérer qu’il ne s’en aperçoive pas. Mais bien qu’emportée avec délice
dans ce jeu sensuel, je ne suis pas sûre d’être prête à me lâcher autant. Cela fait
déjà beaucoup pour une novice comme moi et honnêtement, je ne pense pas
être capable d’abandonner mes dernières réserves. Stoppée par mon blocage
que certains pourraient penser rigide, la magie de l’instant se suspend soudain.
suis pas suffisamment libre dans ma tête pour m’autoriser ce genre de folie.
C’est si cochon !!
Pourtant, devinant ma gêne, Doug dépose malgré tout, le nectar de mon désir
sur mes lèvres tel un gloss. C’est osé, la vache ! J’en ai presque honte, mais
tout en sondant mes grands yeux écarquillés, il rive son regard sombre au
même temps ma dernière barrière. J’en ai envie. Bien que timide et gauche, j’ai
Je me sens si maladroite face à lui, j’imagine qu’il doit avoir l’habitude que les
autres femmes suivent ses règles de jeu. Me trouve-t-il ridicule ?
C’est un drôle de sentiment que de découvrir pour la première fois ce que faire
afin de me former à une pratique dont j’ignore encore tant de choses. Malgré
la peur, malgré mon embarras, j’ai envie de m’y soumettre, envie de le suivre
dans cette voie qu’il m’ouvre, envie de me donner entièrement à lui. Je me sens
regarde faire et mon sexe se mouille davantage tandis que son membre
effectue quelques soubresauts supplémentaires à la vue de ce gloss si spécial
que je lèche.
Dire que je me sens à l’aise serait mentir. Un court moment même, la honte me
mon esprit. Mais alors que ma langue passe puis repasse timidement sur mes
désir, j’oublie très vite toute pudeur quand je lis dans le regard de Doug, qui ne
cesse d’observer mes lèvres, tant d’admiration que cela m’émeut.
Aussi étrange soit-il, il parait si captivé et ses yeux sont tellement étincelants,
ravissement de sa part, je dévie mon regard pour risquer un œil vers son sexe
agité de petits soubresauts terriblement érotiques.
Et pourtant, ses yeux sont si expressifs, ses iris si brillantes que je ne doute pas
orgueil à voir son membre palpiter ainsi alors que je finis de lécher,
de mon nectar intime, tant le plaisir que j’en ai retiré était de constater l’effet
que j’avais sur Doug.
promet-il
Cette dernière phrase fait aussitôt naitre en moi deux espoirs d’un coup.
L’espoir fou que nous puissions recommencer encore et encore et celui qu’il
envisage également de poursuivre mon initiation.
Son visage plonge tout à coup dans mon entre-jambe et de délicieux coups de
langue me coupent immédiatement le souffle tant ils m’apportent du plaisir. Du
plaisir à l’état pur. Je suis peut-être ridicule en le disant, mais là encore, c’est
une première pour moi car jamais aucun homme ne s’est ainsi aventuré dans
mes chairs rose. Et c’est … absolument grandiose !
vais plus pouvoir tenir bien longtemps maintenant. Tout mon être s’embrase
Pour la première fois, depuis le début de notre étreinte, j’ose prendre la parole
et ce n’est pas bien glorieux car j’ai beaucoup de mal à articuler, emportée par
— Oh, oui…oui …
Déjà, le feu qui crépite dans mon intimité commence à tout ravager sur son
chemin.
— Vas-y chérie. Jouis pour moi Scarlett, laisse-toi complètement aller à ton
plaisir.
désordonné en moi. Mon esprit s’enfonce peu à peu dans un état second tandis
que la langue de Doug poursuit ses lapements envoûtants. Seules quelques
Mon corps entier se contracte sous l’impulsion d’un pur plaisir dévastateur. Un
véritable raz de marée qui me submerge si puissamment que j’en perds tout
emportée. Quelque chose de si intense que c’en est même incroyable ! Jamais
Une lueur dans ses yeux trahit son émerveillement et j’en reste toute chose. Il
semble si fier ! Cependant mes pupilles sont alors soudainement attirées par la
vue de son sexe imposant. J’avoue m’être laissée emportée par cette déferlante
culpabilise à présent alors d’avoir pris du plaisir seule, quand lui me menait
jusqu’à cet orgasme ravageur. Son érection est si impressionnante !
— Ne t’inquiète pas pour moi chérie. Tu vas me donner tout le plaisir dont j’ai
besoin.
Chérie ? Vraiment ?
Comment ?
Doug jette un œil furtif sur son sexe et sourit. D’un geste tendre, il caresse avec
douceur ma joue, me fixant droit dans les yeux.
Si tôt ?
D’un doigt curieux, Doug teste à nouveau mon niveau d’excitation et satisfait,
il arbore son magnifique sourire canaille.
Mon cœur fait une pirouette dans ma poitrine à la simple idée que cette fois, il
va vraiment venir en moi. Je n’arrive pas à contrôler mes yeux qui ne perdent
avec tellement d’habileté que l’exhibition ne dure que quelques secondes à mon
grand regret. Son sexe a atteint une proportion considérable, et sous le léger
éclairage de la lampe de chevet, il capte la lumière avec tant d’esthétisme, que
j’ai bien du mal à me retenir de le caresser. Je ne désire toutefois pas que Doug
me prenne pour une nympho, révélant ainsi mon manque évident de sexe.
dans tout mon corps, une délicieuse onde de chaleur. Je commence à avoir
chaud. En serai-je capable au moins ? C’est que … je n’ai jamais fait ça !!
Mais bien heureusement pour moi, Doug me permet de chasser mes doutes,
quoi que réjouissants, quand il se déplace pour venir se poser délicatement au-
dessus de mon corps. Lentement, avec une langueur parfaitement maitrisée,
Ses avant-bras si musclés reposent de chaque côté de ma tête et son torse, tout
simplement sublime, frôle le mien qui réagit aussitôt à ce doux contact. Ma
sexes se frottent l’un contre l’autre en une danse sensuelle d’une manière plus
qu’évidente, sa colonne large et longue me pénètre d’un coup, révélant sa
force et sa vigueur.
manière d’un feu d’artifice, mon désir pulsant de toute part. Un incroyable
courant électrique vient éveiller avec force chaque parcelle de mon anatomie.
Mes yeux restent grands ouverts, Doug est si magnifique dans l’effort. Ses
épaules larges et fortes se recouvrent peu à peu d’une fine bruine de sueur et
avec délice vers cet état cotonneux, abandonnant toute maitrise. Je ne cherche
absolument pas à résister, je me laisse, au contraire, emporter vers cet état
compte davantage que nous deux unis, ne faisant plus qu’un. Mes mains
caressent avec délectation son dos athlétique, jouant des creux et des bosses de
ses muscles qui roulent sous mes doigts, alors que son bassin frappe le mien
délivrant peu à peu de toute autre considération. Juste Doug. Juste Doug et moi
faisant l’amour.
Si j’avais quelques années de moins, je pense que je partirais très vite graver
dans l’écorce d’un arbre la plus belle déclaration adolescente : D + S, inscrit
Alors que Doug se saisit avec ardeur de ma bouche, je passe une de mes mains
dans ses cheveux et les ébouriffe avec un plaisir non dissimulé. Ses boucles
soyeuses glissent entre mes doigts, je m’y agrippe et je savoure ce geste si
quelconque et pourtant si intime. Je ressens un besoin irrépressible de le
toucher, de le caresser et de profiter de chaque centimètre carré de sa peau. Je
au contraire.
intimes se contractent avec force autour de son pénis qui me donne tant de
plaisir. Ils l’enserrent si fort que j’ai même peur, un instant, de le compresser.
plaisir, tandis qu’il plaque instinctivement son bassin contre le mien, pour ne
se séparer que pour trois derniers estocs encore plus puissants, et bestiaux,
plongeant au plus profond de mes entrailles.
Cette fusion absolue de nos deux corps est si musclée qu’en cet instant, nous ne
faisons plus qu’un, collés l’un à l’autre. Nos regards s’ancrent l’un à l’autre
dans cette ultime pulsion où l’extase a investi nos êtres avec force, ses pupilles
cet instant ne s’arrête jamais et qu’il reste gravé pour toujours dans ma
mémoire.
C’est alors que je comprends seulement que je viens de vivre mon tout
Epuisé, vidé, Doug s’affaisse sur moi avec mille précautions pour ne pas
m’écraser. Mais même si c’était le cas, je suis tellement bien que je suis sûre
que je ne sentirais rien, tant je plane. Jamais, je n’avais pensé pouvoir ressentir
un plaisir aussi intense que profond. Tout mon être est encore imprégné de
Le mythe de l’orgasme dévastateur qui n’était pour moi, jusqu’à présent, que
d’articles dans les magazines féminins, teinte aujourd’hui mon esprit d’un
Les hormones du plaisir qui se sont répandues dans tout mon corps me laissent
un moment encore dans cet état orgastique, une véritable explosion des sens
ayant envahi tout mon être.
Chapitre 19
Sans même m’en apercevoir, dans un état de béatitude qui me berce encore, je
m’endors sereine dans les bras sécurisants de Doug, ma tête nichée dans le
creux de son épaule. Epuisée et soulagée de toute cette tension sexuelle qui
crépitait entre nous depuis quelques jours déjà. Je laisse la torpeur dans
C’est un rayon de soleil, quelques heures plus tard, qui m’éveille et quelques
chambre de Doug. La tête toujours appuyée sur son torse, son bras ceint mon
ventre, lourd et possessif.
Toute cette pièce respire Doug. Sa chambre est immense et au premier coup
d’œil, je dirais que l’appartement qu’Abby et moi partageons doit facilement
rentrer deux ou trois fois à l’intérieur de cette pièce.
Une immense baie vitrée donne sur l’emblématique central Park et sur le mur
adjacent j’entre-aperçois une alcôve qui doit probablement donner sur une
Curieuse d’en connaitre davantage sur l’homme qui dort encore à mes côtés,
j’examine avec plus d’attention les quelques objets rares qui décorent la pièce
et je devine aussitôt qu’ils doivent tous être précieux, de même que les
quelques tableaux qui ornent avec raffinement les murs. Tout dans sa chambre
à tenir. Dois-je attendre que Doug se réveille ? Prendre une douche et aller
Ce qui devrait être aussi simple que restée blottie dans ses bras et profiter de
cet état de grâce, le temps qu’il se réveille, ne l’est pourtant pas. La situation
entre nous est si complexe ! Entre les multiples agitations qui nous animaient
jusqu’hier et cette histoire bancale de contrat que j’ai tout d’abord signé puis
réfuté la veille au soir, le moins que l’on puisse dire est que notre relation n’est
pas commune. Me posant probablement trop de questions, je me demande
pourquoi ne pourrions-nous pas nous comporter simplement comme le ferait
deux personnes ordinaires qui auraient partagé leur nuit de manière aussi
pourtant !! L’alchimie de nos corps que j’ai ressentie alors que Doug me faisait
l’amour était bien réelle ! Mais Doug l’aura-t-il ressentie aussi intensément que
moi ?
l’affirmative, mais ce qui a été extraordinaire pour moi l’a-t-il tout autant été
pour lui ? Mais Doug est-il si habitué à cet état de grâce qu’il n’en aura pas été
bluffé ?
profonde est toute autre que celle que j’affiche au quotidien. D’un tempérament
naturellement timide et réservé, j’ai vite compris que ces défauts
plus sûre d’elle, quasi invincible. Le mot est bien sûr trop fort, mais il indique
au moins le sens vers lequel je souhaitais tendre. J’ai donc composé depuis
ennuis. Ce qui explique sûrement aussi, que les quelques relations intimes que
j’ai eues étaient pâles et sans saveur. Aucune séparation n’a été déroutante pour
C’est un peu ce qui s’est passé avec Kevin. Notre rupture à la fin de nos études
s’est faite presque naturellement, chacun suivant le chemin qu’il s’était préparé.
Pas de disputes, pas de pleurs, un simple sentiment de nécessité pour chacun de
poursuivre sa voie. Et je dois dire que jusqu’à présent, cela avait assez bien
fonctionné.
Je sais pertinemment que Doug est un homme trop dangereux pour moi et
curieusement, je l’ai laissé m’approcher. Or il est évident que j’aurai beaucoup
plus à perdre à son contact que l’inverse. Je dois quitter ne serait-ce que
quelques instants mes ornières et faire le morne constat que tout est différent
avec Doug. Il m’attire bien plus que cela ne devrait être et c’est bien là que
réside le danger pour moi. Or, toute tentative d’évitement de ma part a échoué.
Nous n’avons plus reparlé du deal depuis notre nuit, mais je redoute encore
plus ce matin, les conséquences que pourraient avoir cet étrange compromis.
Je risquerais de me méprendre et de perdre le contrôle de mes sentiments.
être celle que j’aurais souhaité être, forte et pugnace, et là, à ses côtés, à
A ma décharge, c’est lui qui m’a mise au pied du mur en menaçant le poste
d’Abby. Mais à la réflexion ai-je réellement accepté son deal à cause de cette
menace ou pour une raison beaucoup plus obscure qui pourrait m’impliquer
« moi » personnellement ?
Je jette un dernier coup d’œil au réveil, il est déjà six heures et il est grand
temps que je parte. Avant de franchir la porte, je me retourne une dernière fois
Comment vais-je descendre sans le code ou la clé ? Doug m’a lui-même avoué
que le code était changé quotidiennement par l’entreprise de sécurité qui est en
charge de son appartement. Et chaque jour, un nouveau code lui est adressé sur
son smartphone, ce qui rend quasiment impossible à quiconque de pénétrer
situation.
Je jette un regard circulaire dans le vestibule et par une chance inouïe, sur la
console, j’aperçois la fameuse petite clé, accrochée à son trousseau.
Quand enfin, j’arrive dans mon appartement, quarante minutes plus tard,
l’arôme du café envahit déjà plaisamment l’espace. Le sourire habituel d’Abby
ne me laissera pas tranquille tant que je ne lui aurais pas donné quelques
devant moi, son sourire narquois aux lèvres, sans rien dire.
Abby pouffe alors de rire, plissant ses magnifiques yeux en deux petites fentes,
comme le font les chats. Son regard insistant me scrute avec attention.
Le rouge me monte aussitôt aux joues et je baisse les yeux vers ma tasse de
gênée.
Ce n’est pas que je n’ai pas envie de lui répondre, non, c’est juste que je
ressens un petit pincement au cœur vis-à-vis d’elle. Abby idolâtre Doug
Doherty, depuis son arrivée à Doherty Press, pas une journée ne se passe sans
qu’elle parle de lui en termes élogieux et rêve de lui éveillée. Elle le voit
comme le prince charmant des temps modernes, l’idéal même de l’homme.
Alors oui, ça me gêne de lui raconter quelques détails de ma nuit avec lui,
sachant pertinemment qu’elle aurait tout donné pour être à ma place.
D’emblée, je m’interdis d’être trop explicite. Et puis, je n’oserais pas non plus.
— Bien ?? C’est tout ??!! Arrête Scarlett. Je n’en crois pas un mot ! Faire
l’amour avec Doug ne peut être que simplement bien !! Je ne te crois pas !
parlant. C’est tout. De toute façon, nous deux c’est fini, rajouté-je en baissant la
voix.
Abby se retourne d’un mouvement preste et me fixe tout à coup, les yeux
écarquillés.
uniquement lié à notre contrat. Il n’y a rien de réel dans notre « relation »,
insisté-je déçue. Tout ce que Doug attend de moi, c’est que je lui sauve la mise
devant sa famille. Et quelle que soit la suite de ce qui s’est passé cette nuit, toi et
moi savons très bien que tout s’arrêtera à la fin du mois. Au grand maximum
donnée et l’assimiler.
envieuse. Je sais très bien que Doug n’est pas un homme pour moi, m’avoue-t-
pourrait-elle pas, elle aussi, prétendre à obtenir l’amour d’un homme digne
d’elle ?
D’ailleurs qui pourrait bien prétendre à recevoir l’amour de cet homme ?
Doug est tellement dans le contrôle. Qui saurait-être capable de capturer son
cœur ? Je me le demande bien. En tout cas pas une femme aussi insignifiante
que moi, ça c’est sûr ! Finalement, je ne suis pas si loin du fatalisme d’Abby.
Il n’est pas une semaine sans qu’il ne fasse la une des tabloïds, chaque fois en
compagnie d’une jeune femme toujours plus belle et toujours plus aguichante.
Alors pourquoi s’enticherait-il de quelqu’un d’ordinaire ? Cette idée est
semaine suivante sur ce même journal. Alors, c’est quoi son problème ?
Elle est si gentille et si loyale que je la vois difficilement partager sa vie avec
un compagnon aussi retors et tyrannique que peut être Doug. Qui pourrait bien
l’être d’ailleurs ? Et ce n’est pas davantage à lui que j’imaginerais donner mon
cœur un jour !
Comme son regard semble s’apitoyer sur moi, je tente de rassurer aussitôt
mon amie.
— Ne te soucie pas pour moi Abby. C’était juste l’histoire d’une fois et ça ne
se reproduira pas, je lui précise, il ne peut en être autrement.
Je la regarde et prend plaisir à lire dans son regard une étincelle rêveuse.
rougissant.
— Et que fait ce monsieur Sean dans la vie, m’informé-je en riant, car vois-tu,
je ne lui accorderai pas le droit de courtiser mon amie, sans m’être assurée
les contrats que passe la société. Il n’a été recruté que dernièrement par Doug.
justifie-t-elle.
Je plaisante avec elle mais je vois bien dans son regard la petite lueur qui
moi-même s’il n’est pas du genre à briser le cœur de mon amie. Une vraie
maman poule !
— En toi ? Bien sûr que si ! je rétorque aussitôt. Je veux juste m’assurer que ce
charmant jeune homme est digne de confiance.
Sans doute un peu trop vite, et elle s’en rend compte car elle se met à rougir de
nouveau et glousse adorablement comme une jeune enfant prise sur le fait. Je
mal. Tu es comme une sœur pour moi, tu sais, je lui avoue avec sincérité. Tu es
bien attention à toi et à ton petit cœur aussi, me dit-elle tout en m’enlaçant.
Cette belle preuve d’amour de si bon matin me va droit au cœur. Ses paroles si
Plusieurs scènes de notre nuit torride défilent devant mes yeux et si cela doit
ressenti le grand frisson. Et rien que pour cette raison, je ne regrette pas ce qui
l’avenir sera fait ? Peut-être un jour, rencontrerai-je moi aussi un homme qui,
lui aussi, parviendra à me hisser aussi intensément dans les nimbes de
l’amour ?
Enfin, quoi qu’il en soit, pour l’heure, c’est Abby qui a raison : je dois rester
qu’il le reste à jamais. Tout du moins … jusqu’à ce qu’il tombe sur la femme
qui parviendra à capturer son cœur. Ou bien … peut-être finira-t-il par céder
aux injonctions de ses parents en épousant celle qu’on lui destinera. Enfin …
quel que soit cet avenir, ce que je sais d’ores et déjà avec certitude, c’est que je
n’en ferai pas partie. Alors autant faire preuve de jugeote et de raison dès à
présent. Abandonner toute forme d’espoir mal placé est très sûrement la chose
la plus sensée à faire. Doug poursuivra son mode de vie de jet setter, encore un
ça ? me questionne-t-elle mutine.
— Effectivement, j’approuve.
— Bon eh bien, puisqu’il l’a refusée, je dirais que … eh bien qu’en fait, oui. Tu
— Tu penses ?
— Allez, dépêche-toi, file te préparer ! On va finir par être en retard !
penderie une petite robe d’été blanche et rouge, très simple, mais que je trouve
très mignonne. Ce n’est bien évidemment pas une robe de couturier. Et elle ne
coûte pas bien cher mais je l’aime bien. Cintrée à la taille, elle présente un beau
mes genoux, allonge ma silhouette pour peu que je porte quelques petits talons.
Après une mise en beauté expresse, je rejoins enfin Abby qui se tient déjà
devant la porte d’entrée à m’attendre.
je monte rejoindre mon bureau. L’étage est encore vide. Je suis seule et ma
toute première tâche est d’allumer mon ordinateur pour vérifier l’agenda de
Doug, afin d’anticiper la journée. J’aime le calme qui règne ici. Tout est feutré
et j’apprécie particulièrement l’esprit des lieux avant que tout ne s’éveille.
J’ai autant hâte de revoir Doug que je redoute le moment. Comment va-t-il
cases des jours suivants sont grisées, me rappelant aussitôt que nous devons
nous rendre à Atlanta dans deux jours pour tenter le rachat des éditions
ou au contraire le craindre. Passer trois jours en tête à tête avec Doug pourrait
revêt, comme je le pense, son uniforme de P.D.G pendant ces trois journées –
comprenez professionnel et autoritaire – alors, je doute y prendre plaisir.
Je prends conscience qu’en ayant couché avec lui cette nuit, j’ai tout bonnement
compliqué davantage encore nos rapports qui n’étaient déjà pas si simples à la
base !
heures et il est fort probable qu’il passera par le bureau avant de s’y rendre. Si
j’avais l’opportunité de disparaître de l’étage ce matin, je n’hésiterais pas une
j’ai rencontré Doug, j’ai tendance à faire partie de cette seconde catégorie.
Malheureusement, mes tâches de la journée ne justifient en aucun cas que je me
rendre dans un autre service ou mieux encore aux archives où je pourrais me
planquer. La couardise n’a jamais été l’un de mes défauts, mais depuis
passé hier. Et finalement, le plus tôt sera le mieux. Avec toutes les tensions que
nous avons supportées, il nous faut absolument mettre à plat notre situation.
ce que je souhaite, mais bon, tout reste envisageable … Je ne suis pas attachée à
cette grande ville, alors … Malgré tout, je préférerais rester auprès d’Abby.
n’importe lequel, cela m’est égal, sauf à me retrouver sous les ordres de la
sorcière, second despote de la société !
Avec l’arrivée de Betty, l’étage s’éveille aussitôt sous son sourire lumineux.
Son enthousiasme, communicatif égaie instantanément le silence des lieux,
comme si les bureaux sortaient enfin de leur nuit. L’observant s’installer avec
bonne humeur, je réalise que j’aurai aimé apprendre à mieux la connaitre, mais
anticipant sur le fait que je vais rester en poste. Mais si tel est le cas, alors
mon aise dans la tour. Je suis ici pour travailler et je refuse de rester la
— Oh ? fis-je surprise. Très bien, je verrai donc avec lui quand il arrivera.
Je me suis peut-être emballée et sans doute mon exigence est-elle stupide voire
aussi candidatures que j’ai envoyées la veille. Elles n’ont encore rien donné,
bien sûr, mais c’est aussi une éventuelle solution pour moi. Bref, je suis en
plein doute en ce qui concerne mon futur et je comprends qu’au plus tôt je
parlerai avec Doug, au mieux ce sera finalement.
L’heure suivante, un appel de notre principale imprimerie située à Houston
nous informe de la levée d’un mouvement social important sur le site. Ce
« crise » est bien évidemment aussitôt signalée à Doug. Chacune dans nos
bureaux, à force d’appels et d’échanges, nous multiplions les contacts et
gérons la nouvelle logistique mise en place. Ainsi, il n’est pas loin de midi
quand enfin tout semble sous contrôle. Heureusement que Betty maitrisait la
procédure car c’est en effet sous ses directives que le problème a pu être
résolu dans les temps. Grâce à elle, bien sûr, mais surtout grâce à Doug qui dès
son arrivée à Doherty Press avait recensé tous les problèmes techniques usuels
schéma heuristique, une fois de plus, le logiciel nous a permis d’éviter une
catastrophe en matière d’impression. Enfin, bref, après avoir reçu
confirmation que tout est à présent sous contrôle, nous soufflons toutes deux
de soulagement quand nous posons au même moment nos téléphones. L’esprit
Avant même de l’avoir aperçu, je sais qu’il s’agit de Doug. Quand il apparait
dans mon champ de vision, vêtu de son costume gris foncé Armani, il dégage
le rassure puis lui indique que les procédures ont été suivies à la lettre.
Soucieux, Doug l’informe qu’il prendra contact avec les syndicats en début
que je suis censée lui faire un topo un peu plus précis, je prépare donc mon
bloc qui recense toutes les stratégies que nous avons mises en place. Mais
contre toute attente, Doug m’ignore et se dirige directement vers son bureau
sans s’arrêter devant le mien. Je suis un peu désemparée par son attitude mais
Ok, il est en colère. Mais contre moi ou contre les salariés en grève ?
sur son propre terrain. Je me lève de mon siège emmenant mon bloc avec moi.
Compatissante, Betty m’adresse un sourire timide d’encouragement. Je lui
risquerais de craquer et de lui planter mon stylo plume entre les omoplates ! Et
ne souhaitant pas particulièrement revêtir le bel uniforme orange commun à
Je l’avais volontairement laissée ouverte pour qu’il limite les cris, mais ça n’a
pas marché. Je recule alors de deux pas, ferme la porte, comme il me l’a si
épaules, grandit mon dos, me tenant aussi droite que possible, prête à
l’affronter. Enfin, c’est en tout cas, l’image que je veux donner.
dans les heures qui suivent. Hors de question de continuer à me faire malmener
ainsi ! J’ai suffisamment donné, je pense. En tout cas, plus que de raison.
mes qualifications. J’ai aussi intégré que pour me faire une place à New-York,
la route ne serait peut-être pas linéaire. Je suis donc désormais plus ouverte sur
toute proposition.
n’y avait pas de sots métiers, mais seulement de sottes gens, eh bien, il est sans
Forcément, cela me fait un peu suer de mettre endettée autant pour payer mes
études, si au final je ne trouve qu’un job de serveuse ou de même type dans un
intermédiaire.
Alors que je patiente avec une certaine fatalité au milieu du bureau. Doug est
positionné face à sa baie vitrée, me tournant le dos. Un long silence envahit la
pièce, mais j’attends qu’il ouvre les hostilités. Mon cerveau mouline dur, me
demande comment il peut avoir cette capacité à oublier ce qui s’est passé hier.
Comment peut-il me considérer de nouveau comme une simple employée
alors que quelques heures seulement nous séparent de notre nuit d’amour ? Je
me prépare mentalement à entendre sa longue litanie de reproches, mais
l’impression que les minutes durent des heures en parfait contraste avec
Il se retourne enfin et me fait face. Ses yeux s’ancrent aux miens tandis qu’il
— Alors, pourquoi ? Pourquoi être partie ainsi comme une voleuse ? Tu aurais
réveil, mais au lieu de ça, j’ai trouvé un lit vide et froid, pas un mot, pas un
Ce n’est plus Doug le PDG qui se trouve face à moi, mais simplement un
homme qui vraisemblablement n’a pas compris.
Je me sens mal à l’aise car soudain c’est moi qui ai le mauvais rôle. Cela aurait
été nettement plus facile pour moi s’il avait conservé sa colère. Mais le voir
ainsi, presque triste en évoquant ma fuite me rend la tâche plus difficile.
ma réponse.
— Doug, ce qui s’est passé entre nous hier soir … ça, enfin je veux dire … tout
Je relève alors les yeux vers lui et j’y lis aussitôt la stupéfaction qui est la
sienne. Son expression affligée me surprend et me peine aussi. Pour la
pour moi. Mets-toi un peu à ma place. Je sais très bien que rien ne sera jamais
possible entre nous. Et moi, je ne suis pas comme ça. Je veux dire que je ne
peux me contenter d’être un plan cul d’un soir. Je n’y peux rien, c’est comme
ça. C’est pour ça que je t’ai dit que cela n’aurait jamais dû se produire. Nous ne
fonctionnons pas pareil. Tu as ton monde, tes amis, ta vie. Et tout ceci est
Mon ton est sincèrement mélancolique. Car c’est exactement ce que je ressens.
l’entends.
reste. Mais non ! Ce ne serait que se voiler la face et je finirais par en souffrir.
Alors autant stopper immédiatement, ce qui de toute façon, se solderait par un
cuisant échec, tout arrêter avant que des sentiments profonds ne s’installent
vraiment. Car je sais très bien que je pourrais tomber amoureuse de cet homme
et c’est là le principal danger pour moi. Malgré ses défauts, malgré son
caractère soupe au lait, ce que Doug m’inspire est tellement fort que je
pressens que je pourrais l’aimer. Lui, Doug Doherty. Alors même que la
Une seule femme lui a-t-elle seulement dit non une fois dans sa vie ? Ne
— Ok. Je compte sur toi pour notre accord et te libère de toute autre contrainte
Il m’interrompt immédiatement.
Je le regarde ahurie.
Vraiment ? Il me remplacerait ?
Je suis déçue. Tellement déçue d’en être arrivée là. Et pourtant, je sais que
c’était le mieux à faire, ce n’est pas comme si j’avais réellement eu le choix. Je
souffre de ma décision mais sans doute moins que si j’avais attendu encore.
— Très bien. Dans ce cas, tu peux retourner travailler. De toute façon, j’ai ce
conflit social à régler, me congédie-t-il en retournant se placer face à sa baie
vitrée.
— Non, c’est bon, je m’en arrangerai seul. Tu peux retourner à ton bureau.
Je le fixe une dernière fois, les larmes aux yeux. Putain que ça fait mal ! Il ne
peut pas voir la peine qui m’affecte et c’est très bien ainsi. Lasse et blessée, je
— Nous sortirons ce soir pour nous rendre, comme prévu, au gala de charité
flot est maintenant continu, rien n’y fait. Je m’empresse alors de quitter son
bureau, filant me réfugier en vitesse dans les toilettes. J’ai juste besoin d’un
petit moment pour moi, le temps de chasser ces foutues larmes ainsi que mes
espoirs déçus. Juste un moment pour me reprendre.
Quelle conne !
Je me suis faite avoir comme une bleue et rien que pour ça, je me déteste. Je le
déteste !
Chapitre 20
ai souhaité cette situation ? Sans doute, parce que, naïve, je n’ai pu empêcher
d’imaginer une fin sentimentale. Foutue Abby et ses rêves de contes de fées !
Dieu merci, quelque part, je pense avoir rectifié le tir suffisamment tôt pour
éviter le pire. Mais en attendant, ça fait toujours mal. Je me doutais que Doug
était dangereux pour moi, j’ignorais juste à quel point, j’en souffrirais. A
de mon contrat et oublier tout le reste. Ne garder en tête que le rôle pour lequel
je suis payée et chasser toute autre pensée. Juste une relation d’affaires dans
laquelle, je me suis engagée. Mais rien que cette idée me semble pour l’heure
ses côtés et encore une fois oublier ce qui a pu être entre nous.
Et même s’il m’a semblé affecté, un peu plus tôt, dans son bureau, je suppose
finalement que seul son amour propre était blessé. Quoi d’autre ? Monsieur
Doherty n’est tout bonnement pas homme à supporter d’échouer et sans doute
encore moins face à une femme. C’est d’ailleurs aussi, son instinct de chasseur
qui l’avait poussé à me séduire alors que je lui offrais de la résistance. Sinon
quoi d’autre, encore une fois ?
Comme Doug m’avait prévenue, sitôt le seuil de son appartement franchi, c’est
toute la « team Cassie » qui m’attend, pinceaux et sèche-cheveux en main. Ce
Et même si cette idée me dérange, je n’ai plus rien à en dire. C’est ainsi.
sens comme une poupée de chiffon entre leurs mains et je me laisse faire,
passivement, sans même objecter. Mes larmes ne sont pas loin, mais je
Je me laisse apprêter alors même que je n’ai absolument aucune envie de m’y
rendre. Tous ces galas, ces soirées et autres petites « sauteries » mondaines non
seulement me déplaisent mais me coûtent à présent. Déjà, parce que je ne m’y
sens résolument pas à ma place mais aussi parce que passer la soirée aux côtés
de Doug risque de m’être très difficile. Beaucoup plus difficile que je ne
l’avais tout d’abord escompté. Parader à son bras et donner l’illusion d’un
couple heureux aux yeux de tous les convives, alors même que je souffre, me
semblent désormais totalement impossible. La vérité étant que je ne me sens
tout simplement pas la force de me retrouver à ses côtés. Donner le change va
Mais je comprends bien vite que se décommander aussi tard ne ferait que le
mettre en difficulté. Ça ne se fait pas. D’autant plus que Doug m’a donné, lors
de notre dernier entretien, l’opportunité de renoncer au contrat. Or, je ne l’ai
Quand l’équipe de choc me ramène dans le salon, quelques heures plus tard, je
suis surprise de voir Doug. Je ne l’ai pas entendu rentrer. Il est assis dans
lui comme pour obtenir son approbation. Elle attend le verdict final, guettant
fébrilement une réaction de sa part, suspendant très certainement sa respiration.
Mais pas ce soir. Je ne suis pas d’humeur. Au lieu de ça, je patiente, tout
comme Cassie d’ailleurs. Attendant que Doug daigne oublier sa tablette un
moment pour lever son regard vers moi. Dans l’attente de son jugement. Au
bout de quelques instants, ses yeux sombres se redressent enfin. Je suis son
moi, plantée là comme une sotte face à lui, je ne sais quoi faire. Doug se lève
alors du canapé et … waouh ! il est à tomber. Il porte pour l’occasion un
comprends alors l’effet qu’il peut avoir sur les femmes et même sur les
hommes du reste. Ses cheveux bruns bouclés auréolent avec grâce son visage.
En revanche, son air est si sévère que je doute que nous puissions convaincre
grand monde lors de cette soirée.
— Ecoute Doug, je murmure, je ne sais pas si nous deux, c’est une bonne idée
de poursuivre. Je vois bien dans tes yeux le mépris que tu ressens vis-à-vis de
moi. Et pour être honnête, je doute que nous présentions un couple crédible ce
soir.
Tu vois bien que tu n’as pas l’air amoureux de moi ce soir. Qui crois-tu
tromper ?
l’apparence d’un couple heureux ?? Non ! Bien sûr que non. Rends-toi à
du reste.
ancré son regard au mien un instant, avance de nouveau pour se retrouver qu’à
Ses lèvres chaudes se posent brutalement sur les miennes et sans attendre mon
approbation, il investit ma bouche voracement. D’abord surprise par son geste
qui est en totale contradiction avec son humeur du moment, mon corps reste un
moment inerte, pour succomber finalement dans les secondes qui suivent aux
douces sensations que son baiser me procure. Comme par magie, mes griefs
Ma langue accueille la sienne timidement quand lui, m’embrasse avec une telle
fougue que je me perds aussitôt dans cette tornade de sensations. Ce qui est sûr,
c’est que Doug est bien la seule personne à embrasser ainsi. Ni doux, ni
théorie, je sais que je devrais y mettre fin, mais j’en suis tout bonnement
incapable, complètement entrainée par son étreinte animale. Au contraire, je
resserre mon corps contre le sien, et plonge mes mains dans ses boucles pour
le tenir encore plus près de moi. A son contact, mes sens se réveillent comme
près une longue absence et une chaleur intense, totalement nouvelle pour moi,
se répand dans tout mon corps. La température a dû monter dans la pièce car
raison, refait surface et je tente, malgré tout le plaisir que me procure son
corps puissant.
Je cède.
Avec la douceur d’un homme de Cro-Magnon, Doug m’attrape dans ses bras et
monte les marches deux à deux en direction de sa chambre. Je pense
immédiatement aux nombreux soins de l’équipe qui est intervenue sur moi :
Il me porte presque avec rage et je sens son cœur battre contre le mien alors
Je devrais sans doute dire quelque chose, mais rien ne me vient si ce n’est cette
envie de fusionner encore une fois avec son corps. D’un second coup de pied,
enfin sur mes pieds. Ses pupilles noires se rivent aux miennes et je peux lire un
instant la fièvre qui l’habite. Ses mains viennent se placer en coupe sur mes
joues et après m’avoir adressé un regard intense, il approche mon visage du
sien et plaque ses lèvres contre les miennes, avant de m’embrasser à nouveau
avec ardeur.
avec tant de vigueur que j’ai parfois du mal à reprendre mon souffle. Son
corps contre le mien est tendu et il émane de lui une force virile, bestiale.
— Scarlett. Scarlett … tu me rends fou, dit-il tout bas, tout en continuant ses
baisers le long de mon cou.
Ses mains saisissent soudain la partie de tissu qui relie mes épaules et d’un
geste fort et violent, il l’écarte et déchire par là-même le sublime décolleté de
la robe.
fureur brûlante qui est sienne. Il est comme possédé et pourtant je ne me sens
pas en danger.
fort.
l’assaut de ses lèvres chaudes et déjà mon corps se tort d’envie, se frottant
Avec empressement, je fais passer sa veste par-dessus ses épaules et n’ai pas la
sauter tous les boutons qui s’éparpillent sur le lit comme de parfaits confettis.
il semblerait bien que son caractère impétueux déteigne sur moi. Surpris, Doug
mon corps. Son geste est devenu doux et lascif, caressant ma peau avec
délicatesse, ses doigts suivant mes courbes en accompagnant la soie vers le sol.
J’ai une micro pensée pour Cassie qui ferait probablement une crise cardiaque
en voyant l’état de la robe à l’heure actuelle.
Puis Doug se redresse et quitte son pantalon ainsi que ce qui lui reste de
vêtements. Nu, superbe, je suis subjuguée par son corps tout en muscles. Et
magnifique, il fond sur moi tel un oiseau de proie. Mon corps tout entier
frissonne sous lui. J’aime sentir sa peau contre la mienne de même que la
Sans préliminaire ni douceur aucune, d’un geste emballé, Doug arrache mon
string rouge si bien assorti à ma robe et plonge son sexe érigé et dur à
L’amour qu’il me fait n’a rien à voir avec celui de la veille. Il me possède
fond de mon ventre et atteignant très vite le cœur de mon extase. Sans retenue
aucune, je m’abandonne à lui en criant mon plaisir tandis que deux ou trois
coups de reins supplémentaires le font fondre à son tour, dans un râle rauque et
viril.
soulagé.
Je devrais réfléchir à ce qu’il entend par là, car cela fait tout de même deux
fois qu’il me le répète ce soir, mais je n’en ai pas la force maintenant, toujours
secouée par l’orgasme le plus puissant que je n’ai jamais connu ... enfin, avant
de le connaître.
tête dans le creux de son épaule. Le battement de son cœur, encore agité,
dans mes veines et pour le moment, je veux juste profiter de ce que j’ai, c’est-
à-dire Doug.
A cet instant très précis, peu m’importe si cette idylle est une folie, peu
m’importe s’il a réellement des sentiments pour moi ou si cet homme ressent
Demain sera un autre jour et comme le dit la maxime populaire à chaque jour
suffit sa peine. Seul me distrait le fait que nous n’ayons pas utilisé de
protection dans l’ardeur du moment, mais après un calcul rapide, j’écarte cette
Le lendemain matin, alors que j’ouvre à peine une paupière, je sens le lit
lèvres.
réveil matinal si agréable. Pas de conflit, pas de prise de bec, juste lui et moi
partageant un petit déjeuner. Je pourrais m’y habituer, je crois.
— Quoi ? Déjà ?
Je me lève en toute hâte, affolée, sous le regard amusé de Doug qui retient de
justesse le plateau et me laisse m’agiter un bon moment avant d’intervenir.
— Qu’est-ce qui t’arrive ? Viens déjeuner, m’ordonne -t-il d’une voix déjà
envoutante.
— Pourquoi t’affoles-tu ainsi ? rit-il. Ou plutôt de qui as-tu peur pour stresser
ainsi au réveil ?
— La sorcière ? reprend-il amusé. Quelle est donc cette vilaine sorcière que tu
sembles tant redouter ? Je te rappelle que tu es mon assistante personnelle et
qu’à ce titre, ta place est à mes côtés. Sinon à quoi me servirait-il d’avoir une
employée rien que pour me servir ?
Le charme vient de tomber tel un soufflé raté. Il aura suffi de quelques mots
Je sais que je devrais laisser tomber, car quelque part, je connais déjà sa
bouche. Je suis ridicule, je sais. Encore plus, sans doute, par mon attitude
bornée, nue devant lui, croisant les bras et le toisant de toute ma hauteur. En
couple : il n’a pas à se justifier. Pourtant, malgré tous les signaux qui
m’exhortent à cesser mon inquisition, je ne parviens pas à lâcher prise, mon
esprit ayant une vision de Doug baisant toutes ses assistantes dans ce même lit.
Je suis blessée. Quelle conne ! A quoi, je m’attendais exactement ?
somme de me répondre.
— La vérité, seulement.
J’opine d’un signe de tête et réprime les quelques larmes qui se créent peu à
peu dans mes yeux alors que sa réplique ne pouvait que me heurter.
de ce moment de tête à tête avec lui. Sans me donner de faux espoirs, genre
tard, car mon cerveau, lui, ne lâche pas l’affaire aussi facilement, me projetant
en continu des images de Doug d’avec ses conquêtes dans ce même lit où nous
avons fait l’amour. Oui, comme je disais : stupide. Nous avons forcément eu
— Que veux-tu vraiment que je te dise Scarlett ? répète-t-il d’une voix gênée.
Forcément, j’ai eu des aventures avant toi, comme toi d’ailleurs. Quelques-
unes des femmes avec lesquelles je suis sorti ont effectivement travaillé pour
je suis tout aussi bêtement tombée dans le panneau ! Embobinée par ce don
juan de pacotilles, qui n’en a, manifestement, jamais suffisamment dans son lit.
quelques baffes !
dans ma chambre. Enfin, celle qui était encore la mienne quelques minutes
auparavant. Malheureusement je ne suis pas assez rapide pour lui échapper et
Sans blague !!
J’ai envie de lui répondre que dans mon monde, les hommes respectent les
femmes et ne sautent pas sur tout ce qui porte une jupe aux alentours ! Mais à
quoi bon ! Doug est ainsi, il ne comprendrait même pas ! Furieuse, j’essaie de
Quand je repasse devant lui quelques minutes plus tard, habillée et chaussée,
pour accéder aux ascenseurs, Doug se lève du canapé et tente une nouvelle fois
de m’apaiser.
— Quoi ? Je gâche quoi ? je hurle, hors de moi. Tu avais parié sur un nombre
Doug tend son bras vers moi, mais je me recule, ignorant volontairement sa
main tendue.
— Allez, Monsieur Doherty, soyez bon joueur, vous ne pouvez pas gagner à
tous les coups ! lui rétorqué-je ironiquement.
Je trouve bizarre qu’il abandonne aussi facilement, mais sachant qu’il doit bien
avoir dans ses tiroirs une très longue liste de noms de très jolies jeunes
femmes prêtes à tout pour finir dans son lit, je ne m’en étonne finalement pas
plus que ça.
me douter qu’il n’était pas homme à abandonner aussi rapidement. Le code !!!
Il a changé ! Merde !
l’air serein ce qui m’excède davantage. Je m’avance vers lui d’un pas assuré,
mes talons claquant sur le marbre.
— Tu veux ma clé ? Déjà chérie ? Cela me semble un peu tôt, non ? Nous ne
faisons que débuter notre relation, mais si tu y tiens, c’est d’accord pour moi,
me sourit-il.
— Quoi ? On ne comprend pas ces mots chez les snobinards ? Sais-tu qu’il est
Insensible à tout ce que je peux lui dire, et même au ton hystérique que
comptoir.
téléphone afin d’appeler la police. Ça lui ferait bien les pieds ! Mais après
réflexion, je réalise que cela me prendrait sans doute beaucoup plus de temps.
D’autant plus que rien ne me permet d’être certaine que la police se déplacera
sachant que « monsieur » Doug Doherty est impliqué. Peut-être a-t-il le bras
sien en soufflant.
Changement de tactique ! Hé ! Hé !
Doug allonge son bras pour attraper son téléphone resté de l’autre côté du
passage. Penché vers moi, les effluves de son parfum viennent de nouveau
narguer mes sens et au contact de son bras, mon téton se dresse
immédiatement, ce qui m’énerve encore plus ! Je déteste être aussi sensible que
ça à son contact ! J’ai le sentiment que même mon corps se ligue contre moi !
Sale traitre !!
était dupe !
De mieux en mieux ! Comme ça, toutes les éditions Doherty sauront que je
bruyamment sur le comptoir pour qu’il comprenne bien que j’ai terminé et que
— Voilà ! C’est fait ! J’ai finis de boire mon café. Je peux y aller maintenant ?
Le seul remord que j’éprouve est de lui avoir révélé à quel point je pouvais
être naïve d’avoir cru en quelque chose, pour nous. Mon orgueil en a pris un
coup. Bien évidemment, il ne peut pas comprendre ce que j’ai ressenti quand il
a sous-entendu qu’au titre de son assistante, il était quasi normal que je finisse
dans son lit ! C’est une situation courante, voire habituelle pour lui ! Et
pourtant cinglante et humiliante pour moi.
Deux mondes parallèles si différents, c’est bien ce que je disais. Nous n’avons
absolument rien en commun en fait. Voilà pourquoi qu’avoir cru que lui et moi
suis leurrée depuis le départ. J’avais envie d’y croire. Vraiment envie. Je suis
trop stupide.
— Doug, je suis fatiguée de tout ça. Et je suis désolée aussi d’avoir été
hystérique comme je l’étais à peine. Vraiment, tu peux me croire. Je n’aurais
jamais dû réagir ainsi. Je réalise que c’était vraiment « too much ». Je peux
fait. La vérité est que nous ne serons jamais sur la même longueur d’ondes toi
passé hier, entre nous, je veux dire … c’était stupide de ma part. Je suis désolée
— Dis-le, n’aie pas peur. Une erreur ? suggère-t-il d’un ton sec, un voile de
Je baisse les yeux, ne souhaitant pas soutenir son regard furibond. Il est en
colère. Et je peux comprendre. Je suis en fait, juste étonnée qu’il ne se soit pas
aperçu lui-même que ce que nous faisions était non seulement bête mais
tandis que nous, les femmes, nous analysons et décortiquons tout. Finalement,
j’envie leur légèreté. Enfin, bon … Mais maintenant que j’ai exprimé le fond
floutent mon regard et je refuse de pleurnicher une fois encore devant lui. Ça
effectivement, c’en était une. J’opine juste d’un simple geste de tête.
Je lève alors mon regard vers lui, totalement surprise par non seulement sa
réponse mais aussi le ton de sa voix, qui ne semble plus en colère. Au
contraire, ses yeux brillent comme si tout cela l’amusait finalement. Comment
peut-il si versatile ? Il a ce don de changer d’humeur en si peu de temps que
m’annoncer finalement que nous deux c’était une erreur ? Est-ce que je te
connaissais pas ?
Plus étonnée encore par la nature de ses propos que par son subit changement
de ton, je le dévisage davantage, tentant de lire dans ses yeux leur exacte
— Ne gâche pas tout Scarlett … s’il te plait, complète-t-il avec plus de douceur.
dire. Je suis sensible à sa voix implorante et à son regard qui me parait sincère.
Mais je sais aussi que j’ai toujours été incapable de réagir dans l’urgence. Il
pour ne pas agir à chaud. Car malheureusement, les faits parlent pour moi : à
chaque fois que j’ai pris une décision dans l’urgence, dans cent pour cent des
cas, on peut dire que j’ai marché à côté de la plaque et que je m’en suis voulue
!
Alors là, dans l’instant présent, je suis perdue. Je ne sais pas ce que je dois
comprendre en fait. Doug est toujours si énigmatique que je ne suis pas sûre
d’interpréter correctement ses propos. Cet homme a tellement l’habitude de
souffler le chaud et le froid en même temps que cela en est déconcertant ...
question.
Doug sourit et je suis presque sûre qu’au fond de lui, il prend un malin plaisir
— Pour répondre à tes questions dans l’ordre, ce n’est pas vraiment moi qui ai
techniquement préparé le pique-nique, mais j’en suis l’instigateur. Ensuite, une
le tir. Nous devons nous changer les idées. Et nous savons tous deux, que dans
l’état de stress où tu te trouves, rien de bon ne sortira de ce si joli minois au
bureau. Aussi, puisque je suis ton patron et que ta mission, insiste-t-il sur ces
je le suis, sans objecter est plus exact. Et nous quittons l’appartement dans le
plus grand silence. Je suis beaucoup trop bouleversée pour réagir. Et surtout,
malgré moi, mon attention reste focalisée sur les paroles qu’a eues Doug
quelques instants plus tôt. On aurait dit qu’il tenait à moi … enfin c’est ainsi
que je l’ai interprété mais est-ce que je n’en suis pas plutôt à prendre mes
moins un, le parking. Doug se dirige aussitôt vers un véhicule garé sur la
droite, une berline, différente des autres fois. Même couleur, même classe,
mais plus petite comparée à celle que conduit habituellement Harry. Avec
galanterie, il m’ouvre la porte, place le panier qu’il a récupéré avant de quitter
Je n’ai pas ouvert la bouche depuis notre départ. J’observe discrètement Doug
alors qu’il concentre son attention sur la route. Son profil est superbe, ses traits
sont détendus et j’ai l’impression qu’il arbore un léger sourire. Les panneaux
défilent et j’essaie de deviner où il peut bien nous conduire. Je n’ai pas envie
de faire la conversation comme il dit, car tout est encore trop confus pour moi.
conversation que nous venons d’avoir. Doug ne m’a jamais parlé avec cette
douceur et cette sensibilité. Cela ne veut pas dire que je lui pardonne pour
autant, encore que … finalement les griefs que j’ai à son égard sont de moins
en moins clairs dans mon esprit. Si ce n’est qu’il doit comprendre une bonne
fois pour toute qu’on ne peut pas retenir les personnes contre leur gré et
admettre également qu’il ne peut pas, non plus, contrôler tout son entourage,
même s’il s’avère que ces personnes sont ses employées.
bien l’animer aujourd’hui à être aussi patient avec moi, lui qui est autant connu
pour ses excès de colère, que pour la valse incessante de ses petites amies.
Alors que je jette vers lui une énième œillade, je le vois sourire alors qu’il me
surprend.
— Tu crois que je ne te vois pas me reluquer depuis que nous sommes partis ?
me demande-t-il amusé.
— C’est une surprise, me répond-il d’un timbre de voix rauque qui me trouble.
Mes sens se laissent si facilement abusés par sa beauté et son charisme que c’en
est désarmant ! C’est tellement facile pour lui. Tout est tellement facile pour
fonctionnerait à coup sûr ! Et puis, ce serait plus facile pour moi à accepter que
d’admettre que son parfum m’enivre, que son contact m’électrise et que … sa
Moi, mon style d’hommes, c’était le genre décontracté, beau gosse, à l’aise en
difficile à admettre. Comment ai-je donc pu tomber sous le charme d’un tel
homme ? Pour l’heure, je n’ai qu’une explication plausible : ma vue a pris le
commandement de mes quatre autres sens ! Mais quand mon cerveau daignera
enfin se remettre en marche, alors tout redeviendra en ordre. Je ne vois que ça
…
En fin de compte, le trajet en voiture qui s’effectue dans le grand plus silence
présente au moins un avantage certain : pendant ce temps-là, au moins, nous ne
nous querellons pas ! Ce qui n’est pas plus mal ! Et puis, cela me permet
mon état émotionnel carrément fragile ces derniers temps, est en partie
s’en apercevoir, réussi à perturber tout petit mon monde qui, s’il était
conjointes. Mais ce qui me surprend sans doute le plus, au-delà de tout, c’est
Quand la voiture se range soudain sur un parking, j’en suis surprise, ayant été
complètement accaparée par mes réflexions pendant toute la route. Je n’ai pas
fait attention aux panneaux ces derniers kilomètres si bien que j’ignore
totalement où nous sommes. Je me suis docilement laissée transporter, laissant
— Dans l’ordre ?
m’aperçois que nous avons tout fait à l’envers. Il est normal que notre relation
ait pris l’eau. Mais nous allons y remédier. Aujourd’hui.
— Notre relation ?
que maintenant, mais aujourd’hui, Doug ne porte pas l’un de ses superbes
short de lin kaki et une chemise écrue de la même matière dont il a roulé les
manches. Sa tenue détendue donne de lui une image moins hautaine, plus
Mais je m’oblige, toutefois, à ne pas me laisser abuser par son allure « cool »,
car dans le fond, Doug est et restera toujours le même. Et le côté « zen et
sympathique » ne colle pas vraiment avec sa nature profonde. Avec ou sans
costume. Disons plutôt que tout ce que j’espère pour aujourd’hui, c’est
simplement parvenir à passer un moment agréable. J’ai envie d’abaisser les
armes et de sortir mon drapeau blanc. Car j’en ai besoin. Besoin de me poser
un moment, sans stress ni prise de tête. Nous avons roulé pendant près de deux
heures de route et j’ignore à vrai dire dans quel état d’esprit il se trouve à
présent. A priori, il a l’air calme, sa voix est posée – voire plaisante - mais
possible, non ?
Doug s’empare du panier resté dans la malle et nous nous dirigeons vers un
immense parc, magnifique, dont les berges du lac ont été aménagées.
Aujourd’hui est une belle journée et quelques familles ont déjà pris place sur la
pelouse qui fait face à l’espace plage, preuve que le printemps est
véritablement installé maintenant. D’ailleurs quelques enfants audacieux
Doug, qui n’a pas lâché ma main depuis notre départ, hormis pour m’ouvrir la
plus, nous les dépassons pour finalement nous arrêter au pied d’un grand
pique-nique. Il ne s’agit pas d’un véritable panier, mais plutôt d’un genre de
petite malle, spécialement dédiée à cet usage et parfaitement conçue. Je
reconnais, apposé sur une pièce de cuir, le logo d’une grande maison de
Chez moi, quand j’étais enfant, ma mère organisait, elle aussi, assez
régulièrement des pique-niques. Elle utilisait alors un panier en osier, dans
lequel couteaux, chips et essuie-tout s’entassaient, tandis que mon père plaçait
l’avance. Chez les Doherty, forcément, il faut que le luxe se montre à chaque
occasion.
Doug étend le plaid au sol et s’assied après avoir pris soin d’ôter ses
Debout, j’observe encore une fois le magnifique paysage et prends place à côté
— C’est vraiment très beau ici, lui dis-je sincèrement. Je ne connaissais pas.
— Mes parents nous y emmenaient souvent quand nous étions gosses,
m’apprend-t-il.
New-York.
— C’est vrai, répond-il pensivement. J’ai toujours aimé cet endroit et j’ai
beaucoup.
Sa main s’est posée sur la mienne et d’un geste doux, son pouce caresse mes
bien loin des barbotages des jeunes enfants qui s’ébrouent en riant. Çà et là des
Je suis bien ici, je m’y sens bien. Je suis déjà certaine que j’y reviendrai car
j’aime vraiment cet endroit.
Tandis qu’il s’apprête à remplir les flûtes, je lui maintiens les verres afin que
l’autre, il marque une pause, puis tout en me fixant de son beau regard brun, il
porte un toast.
verre.
besoin de pousser la réflexion bien loin pour comprendre que tout se rapporte
allusion et qui n’est en fait que celle « fictive » que nous défendrons devant sa
famille.
minimum, n’est-ce pas ? Tu dois apprendre des choses sur moi et inversement
je dois aussi connaitre certains éléments sur toi, non ? m’interroge-t-il
Son visage est détendu, certaines de ses boucles brunes bougent avec l’air et
ses yeux brillants lui donnent un air presque enfantin que je trouve craquant.
Je me demande d’ailleurs quel genre d’enfant il pouvait être. Etait-il déjà aussi
J’essaie de l’imaginer.
— Scarlett ?
— Très bien. Alors, tu m’as dit avoir vingt-six ans, quand es-tu née
exactement ?
— le 4 janvier. Parle-moi de toi. Quels rêves avais-tu ? Quelle jeune fille étais-
tu ?
Je comprends mieux cette force de caractère qui lui colle tant à la peau. Un
bourreau de travail, meneur de troupes, quasi despotique. Un caractère fort que
je retrouve également chez mon père et chez mon oncle Joe, tous deux du
même signe.
— Moi ? Oh, rien de bien exaltant. J’étais en fait une jeune fille tout ce qu’il y a
de plus ordinaire, je suppose. A l’époque, j’étais seulement un peu plus naïve et
innocente aussi. J’avais tendance à m’enflammer très vite contre les injustices ;
je cherchais sans cesse les limites et comme nombre de filles de mon âge, je
faisais tout mon possible pour me différencier des autres. C’est bien résumé, je
crois. Et toi ?
— C’est vrai, je te jure ! Mes parents me l’ont toujours dit ! se défend-il. Janet,
du monde entier, les essais pharmaceutiques sur les animaux, la pauvreté dans
le monde … enfin, tout ce qui lui semblait insoutenable à l’époque ... et c’est
l’avocate au grand cœur. Et tous les jours, elle épousait une nouvelle cause,
que mes parents devaient subir avec patience. Je crois qu’en ces temps, Janet
puis venait le tour des sales capitalistes qui regroupaient à eux seuls toutes les
richesses de la terre … enfin, tout y passait, je me souviens. Pas un jour sans un
— Paul ?
— Alors Paul, lui, comment dire … En fait, avec le recul, je pense que c’était
mes parents ne se sont jamais doutés de toutes les bêtises qu’il avait pu faire. Et
Dieu sait, s’il a fait sa part ! A la vérité, il cachait déjà bien son jeu ! Jamais de
conflit, jamais de rébellion, sa tactique était toute autre. Il se contentait de dire
oui à tout, pour finalement n’en faire qu’à sa tête. Et si jamais, il lui arrivait de
se faire prendre, car quand même, ça arrivait parfois, il sortait sa petite moue
mes parents n’y voyaient que du feu ! Tu le crois ça ?! Inutile de te préciser que
c’était le petit dernier ...
prenons conscience de l’heure. Le parc s’est peu à peu déserté sans que nous
nous apercevions et c’est le fond de l’air frais qui me fait frissonner attirant
mon attention sur l’heure. Pendant tout ce temps, j’étais bien, un peu comme
reste encore un instant en admiration devant le coucher de soleil sur le lac qui
reflète sur l’eau paisible, maintenant que les enfants ont fini de l’agiter. Tout
est devenu calme et la nature semble reprendre ses droits, les canards et les
vient se coller contre mon dos. Sa chaleur se répand aussitôt dans mon dos,
m’emplissant d’un sentiment de plénitude, encore jamais égalé. Ce geste si
conçus comme étant les deux mêmes moitiés d’un tout. Nous restons un
moment ainsi savourant la sérénité de l’instant et la majesté du lac. Au bout de
quelques minutes, alors que l’air froid me fait frissonner à nouveau, Doug se
pas vraiment l’ambiance si spéciale, mais mon esprit et mon corps regrettent
magiques ? Sûrement. Avec lui ? Rien n’est moins sûr, mais au fond de moi, je
l’espère sincèrement.
Alors que nous avons repris la route, après une si bonne journée à l’air libre,
sombrer dans un sommeil bienfaisant après m’être laissée porter par les
souvenirs de cette merveilleuse journée que j’aimerais garder en mémoire.
Je ne refais surface que lorsque Doug passe sa main avec douceur sur ma joue
pour me réveiller. Et je mets quelques temps à sortir de la torpeur qui
m’entourait. Nous sommes devant l’immeuble de Doug et il est plus de vingt et
une heures. Le trafic est toujours dense en début de soirée et nous avons mis
bien plus de temps pour revenir qu’à l’aller. Doug donne ses clés au concierge
et lui demande de bien vouloir appeler le voiturier, tandis que toute
ensommeillée, son bras autour de ma taille me soutient pour rejoindre son loft.
Je refuse le plateau repas qu’il me propose et me dirige directement vers ma
chambre pour continuer mon somme. Cette belle journée m’a littéralement
épuisée. Sans doute parce que je n’avais pas pris autant d’air pur depuis mon
n’était pas simple à mon départ, avec la séparation puis le divorce de mes
parents, je constate que je suis de plus en plus nostalgique. Peut-être parce que,
désillusionnée, New-York ne m’a pas apporté ce que je cherchais finalement.
Les jours qui suivent sont laborieux au sens propre du terme. Beaucoup de
Nous n’avons plus couché ensemble et je ne sais pas si je dois considérer cela
comme une bonne ou une mauvaise chose. Mon désir aurait tendance à se
languir de son corps et de revivre ces moments de pure extase, mais ma raison
me rappelle sans cesse, qu’il en est sans doute mieux ainsi et je la crois
sincèrement.
Toujours est-il, que Doug n’a plus spécialement manifesté, non plus, le désir
Pour être honnête, je subodore que Doug ait fini par prendre conscience de
l’erreur qu’il avait faite en mêlant le plaisir aux affaires. Forcément, d’une
certaine façon, j’en ressens de la tristesse, mais j’imagine que c’est la conduite
à tenir. Enfin, peut-être ...
En tout cas, tous les instants que nous partageons dorénavant lors de nos
soirées « sages » nous permettent chaque jour, petit à petit, d’apprendre à
mieux nous connaitre. Mon regard sur lui évolue peu à peu. Loin du patron
tyrannique, il m’apparait désormais comme un homme très cultivé et très
intéressant aussi. Non pas que j’aie pu douter de ça auparavant, mais je sais
désormais que derrière cette apparence froide et dure qu’il affiche au bureau,
il sait aussi se montrer curieux, sympathique et même comique, à ses heures. Il
s’imprégner de son rôle de petit ami ou par simple curiosité. En tout cas, par
Donc, comme je l’exprimais, pendant tous les jours qui suivent notre
Et j’ai le sentiment que nous progressons. Tout ceci nous permet aussi,
indiscutablement, de mieux nous apprécier.
Une complicité s’est installée entre nous et force est de constater que nous
formons de bien meilleurs amis que petits amis. Je sais que cet état ne durera
que l’espace du temps qui nous est imparti, mais tous ces moments de partages
sont si plaisants que je devine qu’ils me manqueront par la suite.
Bien sûr, je retrouverai Abby et sa bonne humeur naturelle, mais je pressens
aussi, déjà, un manque à l’idée que tout ceci s’arrête. Les journées sont
harmonie.
Arrive, forcément, la veille de notre départ pour Atlanta et Doug m’a conseillé
ce soir de quitter le bureau un peu plus tôt afin de profiter d’Abby quelques
heures et me saisir, si je le souhaite, de quelques affaires que je souhaiterais
babioles que je souhaiterais emporter avec moi. A part peut-être un livre pour
occuper les temps morts, s’il y en a, je ne vois pas vraiment ce que je pourrais
ne pense pas qu’Abby en souffre, car d’après les quelques bribes qu’elle me
confie régulièrement, son aventure avec Sean, son nouveau petit ami, se
poursuit et l’accapare pas mal.
Est-ce que cela va déboucher sur quelque chose de sérieux entre eux ? Je ne
peux évidemment pas le savoir, mais en revanche, à la manière dont ses yeux
s’animent quand elle me parle de lui, je vois bien que mon amie est totalement
vraiment d’un spécimen rare, qui en plus d’être la copie d’un apollon, s’avère
être un homme absolument merveilleux, doté d’un sens de l’humour
maximum de dossiers puisque Doug n’a pas vraiment besoin de moi à ses
Cassie quelconque !
gâcher en partie ses flagrantes qualités physiques, ce serait sans aucun doute, la
vanité et cet air supérieur qu’elle arbore et qui transpirent de chacun de ses
pores.
qu’elle porte son regard hautain sur Betty, que ses traits se contractent, figeant
une expression peu heureuse sur un si beau visage. Sentiment, que je
le trente-deuxième étage mais sûrement pas grâce à Abby qui m’aurait aussitôt
Elle me surplombe avec fierté, mais elle n’a pas grand mal, vu la hauteur de
ses talons et le fait que je sois moi-même assise sur ma chaise de bureau.
Evidemment, ni bonjour, ni autre formule de politesse. Mais je ne m’en étonne
difficilement.
La fiancée de Doug ??
Sa fiancée !!
haut de ses grandes jambes fines, elle me devance et ouvre subitement la porte
— Doug !? je l’interpelle impuissante pour lui montrer que je n’ai pas réussi à
la retenir.
Doug regarde avec surprise la femme qui pénètre dans son bureau, sans
paraitre plus affecté que ça. Il prend rapidement congé de son interlocuteur et
se lève aussitôt pour se rapprocher de ... sa fiancée ???
— Dieu merci Doug, tu es là ! Je souhaitais que l’on puisse parler de notre
mariage, le traiteur n’arrête pas de me relancer pour fixer une date et comme
Je vois bien que lui aussi à l’air surpris, mais je suppose que concernant ces
deux nouvelles, il devait bien être au courant ! D’ailleurs, il semble davantage
perturbé par cette entrée en fanfare que par cette histoire de mariage.
Il s’est bien fichu de moi ! Une fois de plus, ai-je envie de me sermonner.
Je ne vais pas rester là, à regarder les deux tourtereaux flirter et mettre au
point leur cérémonie de mariage, je préfère encore les laisser tout à leurs
qu’ils se satisfassent de mon air hébété. Lui, d’avoir inventé n’importe quelle
aussi vite que possible et rejoins en toute hâte mon bureau afin de récupérer
mes affaires. Mes yeux sont embués et tout ce qui me vient à l’idée est de ficher
le camp aussi vite que possible, tant je me sens humiliée et blessée. Quitter
définitivement de cette boite pourrie et son patron qui l’est tout autant !
Je ne lui réponds pas, je ne le regarde pas, je ne veux plus rien avoir à faire
fichu de moi !
Alors que je devine qu’il tente de me rattraper, j’entends juste une dernière fois
Trop tard, je suis partie. Betty a aussitôt activé l’ouverture des portes de
l’ascenseur alors que je me ruais vers ce dernier et je peux enfin lâcher les
A jamais.
§
Voilà trois jours que je suis couchée chez moi - entendez dans mon minuscule
appartement que je partage avec Abby. Elle-même, n’en est pas revenue de
toujours au courant de tous les potins ou rumeurs de Doherty Press, elle n’en
avait d’ailleurs jamais entendu parler. Mais peu importe, finalement. Ça ne
Et puis, c’est bien connu : les fiancées sont comme les princes charmants, elles
peuvent surgir à tout moment dans les contes ! Et tant qu’à faire dans les
Bien évidemment, je ne suis pas partie à Atlanta et j’ai coupé mon portable
lui accorder mon estime ces derniers jours ! Dieu merci, je ne lui en ai rien dit.
célibataire - mais au final et après trois jours de pleurs sans discontinuer, j’ai
bien compris que s’il devait n’y avoir qu’une cruche dans cette histoire, il
Je savais dès le départ que Doherty était un sale type et bien que notre relation
comprends mais trop tard. Pourquoi cette nouvelle donne -la fiancé, le mariage
- me fait-elle aussi mal ? Après tout, rien ne pouvait me laisser espérer autre
chose que ce que nous avions conclu. Alors pourquoi je souffre autant ?
Ou alors, je suis tout simplement tombée dans le piège du plus vieux cliché qui
soit. Et ça me blesse davantage de l’admettre. Mais il semblerait bien que, sans
m’en rendre compte, je sois tombée amoureuse de lui. Je suis tombée
amoureuse de Doug. Voilà la triste vérité. Comment peut-on être aussi naïve
que moi ? C’en est accablant !
Ces derniers trois jours, Abby a eu beau être gentille et rassurante avec moi, je
sais que toute cette histoire n’est due qu’à mon immense stupidité d’avoir cru
savais pourtant au fond de moi que Doug était dangereux pour moi. Alors
pourquoi n’ai-je pas, raisonnablement, écouté toutes les sirènes d’alarme qui
N’importe qui aurait vu venir le coup. N’importe qui mais pas moi,
évidemment !
à bien y réfléchir, je n’ai guère les moyens non plus, de pouvoir m’atermoyer
trop longtemps sur moi-même. Il me faut un job. Car non seulement, je dois
faire une croix sur la somme rondelette que je briguais, mais je dois
également, impérativement, me débrouiller pour trouver un nouvel emploi et
Forte de tous ces constats, je décide donc au terme de ces trois jours de pleurs
et d’apitoiement de m’activer au lieu de continuer à pleurer sur moi-même,
chose qui ne me fera sûrement pas avancer. « The show must go on » dit-on
chez nous. Et oui, même si cela est difficile, la vie continue. La vie doit
Si seulement …
Parfois d’agréables souvenirs ressurgissent dans mon esprit, sans m’en avoir
demandé l’autorisation, me rappelant les quelques bons moments que nous
avons partagés. Et outre les deux fois où Doug m’avait fait l’amour, véritables
instants de passion pour moi, cette magnifique journée au lac revient en
permanence me hanter. De même que toutes ces soirées passées en tête à tête
que je pensais être de sublimes moments de partage. Mais apparemment, je me
Une semaine passe entre prises de contact, refus et échecs et si je n’ai pas
entièrement oublié Doug, je ne pleure plus en tout cas. Ce n’est déjà pas si mal.
Les premiers jours sont vraiment difficiles. D’une part, parce que je ne
intéressant l’un à l’autre ; tous ces petits rituels, ces moments de complicité où
nous riions même de nous-mêmes parfois, me manquent terriblement. Je me
dis tantôt que je n’ai peut-être pas suffisamment apprécié tous ces doux
instants. Tandis qu’à d’autres moments de la journée, je rechigne à croire que
tout était faux, simulé.
m’efforce à présent d’y associer une image négative de Doug. C’est une
aspects les moins flatteurs de son caractère. Mais à la vérité, ses nombreuses
sautes d’humeur ont beau alimenter mon vivier, rien ne parvient réellement à
son absence.
Je suppose que quelque part, une partie de moi aurait aimé qu’il vienne
Alors que j’effectue mon service au milieu des clients comme chaque matin,
sans passion ni motivation, mon regard est porté vers une table où deux jeunes
filles lisent et commentent en riant la une d’un journal. Toutes deux ricanent et
leur entourage.
Deux photos illustrent la une à scandale et ce qui a amusé plutôt les deux jeunes
filles me crève cruellement le cœur. A croire que je vais moins bien que ce que
je pensais. Merde !
Doug est absolument magnifique sur la photo du journal. Il affiche son sourire
canaille que j’apprécie tant, et son regard rieur me donne l’impression de
l’avoir face à moi. Sans même m’en rendre compte, je suis prise d’une suée,
Bien évidemment, sa fiancée … Candy, elle est plus lumineuse que jamais.
Accolée contre Doug, elle sourit au photographe donnant l’air d’être la femme
la plus heureuse au monde. Voilà, ce que je vois, ce que tout le monde peut voir
Leurs deux corps sont proches, et tous deux offrent au photographe un sourire
qui reflète ….
Subitement, je me sens mal. J’ai l’impression que le sang quitte mon visage et
la tête commence à me tourner. Je sens que je vais tourner de l’œil d’ici peu. Je
sanglots en pleine salle. Mon cœur est si contracté, comme pressé par un poing
vigoureux, qu’une terrible douleur me saisit à la poitrine. Chancelante, je n’ai
d’autre solution que de me réfugier dans les toilettes de service pour récupérer.
première fois qu’un tel malaise me prend. J’ai chaud, pourtant je grelotte.
Appuyée sur le lavabo, je regarde mon reflet dans le miroir des toilettes. Mon
la porcelaine du lavabo. J’ai mal. Tellement mal ! Je ne pense pas avoir jamais
mon reflet dans le miroir, je suis méconnaissable. Mes yeux sont cernés et
bouffis d’avoir tant pleuré ces derniers jours ; mes traits tirés. Mais ce qui
m’effraie sans doute le plus est la frayeur qu’expriment mes yeux ainsi que la
J’ai pourtant tout fait depuis ces derniers jours pour refouler ma douleur au
tréfonds de mon être, mais à présent, celle-ci saute aux yeux ! La vérité est si
évidente ! Je suis amoureuse de Doug Doherty !! Je veux dire vraiment
J’avais bien décelé les premiers symptômes de cette maladie d’amour, mais je
pensais sincèrement que le fait de ne plus le voir m’aiderait à oublier cette
histoire. J’espérais que cela passerait avec le temps, loin de lui. Mais ce n’est
pas le cas justement. Et putain que ça fait mal !! Cette photo, pourtant identique
en tous points à toutes celles qui paraissent chaque semaine dans le magazine,
me tue littéralement. Personne ne peut comprendre, si ce n’est moi. Preuve en
est ces deux jeunes filles qui riaient de l’article, se moquant probablement de la
nouvelle venue dans le cœur de Doug. Mon Doug. Moi seule peux souffrir à la
du texte qui les accompagne, et de cette une de journal qui me perfore le cœur.
Tous les sentiments que je me suis acharnée à enfouir ces derniers jours
grand salaud de la ville ? Comment se fait-il d’ailleurs que mon cœur ait
Prise de nausées, et tant que j’en ai encore la force, je décide de quitter les
vous foutez de moi ?? s’énerve-t-il. Vous pensez déjà à quitter votre poste ?
Mais pourquoi croyez-vous que je vous aie embauchée à la fin ? Pour
remplacer celle qui vous précédait, justement MALADE elle aussi !! crie-t-il si
fort que toute la salle peut profiter de sa colère.
En d’autres circonstances, je lui aurais probablement répondu sur le même ton
que je n’y étais pour rien, mais je ne suis vraiment pas d’humeur et je n’en ai
d’ailleurs pas la force. Cette une de journal est imprimée devant mes yeux et je
relis en boucle les mots assassins écrits qui me meurtrissent un peu plus à
chaque passage de mes yeux sur eux.
Sans plus attendre son autorisation, je récupère mes affaires que j’avais
sous les menaces hurlantes du patron qui crache que ce n’est plus la peine que
foulard que j’avais mis plus tôt ce matin pour tenter de reprendre une allure
me découvrir. Tant pis, il n’était pas si joli que ça, de toute façon.
Au bout d’un moment, n’étant pas sportive, je suis pourtant bien contrainte de
après une longue course, les mains sur mes genoux. Je reste dans cette position
un certain temps sous l’indifférence totale des passants qui me croisent sans me
voir. Je dois rentrer. Je ne supporte plus l’anonymat de cette ville, ni même ses
habitants. Je me redresse et erre quelques temps encore, sans plus me
façon.
cette faune new-yorkaise, que la solution s’impose tout à coup à moi. C’est
d’une telle évidence ! Je dois partir. Quitter New-York ! J’ai laissé derrière moi
mon Oregon natal, pensant trouver dans cette grande ville l’opportunité de me
La preuve. Je suis triste à mourir, je pleure ici en plein milieu du trottoir, mais
une nécessité absolue. J’aurais dû le deviner avant. Je dois quitter cette maudite
ville qui ne m’apporte rien d’autre que des ennuis depuis que j’y ai mis les
pieds. Mon avenir n’est pas ici. Je dois poursuivre ma route, en oubliant le plus
rapidement possible l’épisode Doherty qui ne sera bientôt plus qu’un mauvais
souvenir.
cette ville.
A tout instant, des lieux, des personnes ou que sais-je encore vont
inéluctablement me ramener vers Doug et ça, ce n’est pas bon pour moi. Ni
pour ma santé mentale. Alors autant franchir le pas le plus rapidement possible.
New-York est devenue trop petite pour moi. Honnêtement, je ne me sens pas le
peut-être de Joe au lycée et encore platoniquement ! Mais voilà que quand cela
m’arrive enfin, il faut que cela tombe sur le plus grand séducteur de New-
Non, c’est bien ce que je disais, cette ville est résolument trop petite pour nous
deux et mieux vaut que j’aille voir si l’herbe n’est pas plus verte ailleurs, de
toute manière ici, l’air est devenu irrespirable pour moi.
assez tard car j’ai traîné un bon moment au hasard de mes pas. Je la rassure et
dans la foulée lui annonce mon départ imminent. Elle tente dans un premier
C’est à ce moment que je lis dans ses yeux le chagrin que lui impose ma
décision car elle a bien compris que j’étais déterminée. Et effectivement, je le
suis. Plus que jamais. Elle m’écoute et de petites perles d’eau quittent ses
magnifiques yeux bleus. Abby, mon amie. Ma meilleure amie depuis toutes ces
longues années. Moi aussi, j’ai de la peine, mais elle comprend que je ne
puisse rester là à suivre les amours d’un homme dont je me suis éprise. Pour la
première fois, elle en vient même à injurier celui qu’elle prenait pour un
véritable dieu vivant, il y a quelques jours encore.
Nous passons la soirée tristement car nous savons toutes deux que la fin est
proche pour nous. Nos rares sourires sont timides et forcés. Une page vient de
certitude que notre amitié perdurera bien au-delà des kilomètres. Mais,
l’accepter. Le seul point qui me rassure c’est que sa relation avec Sean semble
solide, comme un coup de foudre évident, et que par conséquent, je ne la
Aimée, protégée et heureuse. Ce pourrait donc être une bonne idée. Mais
quelque chose me dit que revenir à Silver Falls City n’est pas la solution. En
tout cas, pas la meilleure. A dire vrai, je pense que je le vivrais comme un total
actuels. Enfin, je ne peux ignorer non plus, que les choses ne sont plus aussi
simples maintenant, depuis que mes parents ont divorcé. Les choses ont
maintenant que mon père et Nicole vont bientôt se marier, je ne vois plus
vraiment où serait ma place désormais. Dans un peu plus de trois semaines,
encore prête pour ça. Pas encore. Ma situation personnelle est déjà assez
discernement sur ce point, mais à mes yeux, Nicole représente toujours celle
par qui le malheur est arrivé dans notre famille, celle qui a chassé ma mère de
chez nous.
Aussi, compte tenu de mon état affectif émotionnel fragile, je préfère encore
mon objectif premier est tout d’abord de me concentrer sur moi et mon avenir.
Et je doute qu’en l’espace de ces cinq derniers mois, les opportunités
travers.
me suis endettée à ce point pour mes études, autant que cela ait été d’une
quelconque utilité.
Aussi, les jours qui suivent j’examine avec une extrême attention toutes les
nouveau. Je suis alors persuadée de faire le bon choix. Il est coutume que les
jeunes diplômés américains orientent principalement leurs recherches vers les
grandes cités, escomptant des perspectives d’évolution plus rapides, à
chaleur humaine et respect d’autrui seront autre chose que de vains mots.
Et mes efforts semblent productifs quand seulement deux jours plus tard, je
reçois un premier appel d’une société informatique sise en Pennsylvanie, qui
d’une succursale d’un grand groupe qui propose un poste situé à Warren, une
fait ce qu’elle peut, mais c’est difficile pour elle. Pour moi aussi du reste, mais
je m’accroche à cette nouvelle vie que je me prépare comme à une bouée de
défaut d’oublier Doug. Je sais que j’en garderai une cicatrice, mais je suis
forte et je me dis, qu’en me concentrant sur mon travail, j’arriverai à
vie : le rôle de la petite amie de Doug. Mon entretien est prévu pour après
demain, vendredi.
Une idée m’est venue cette nuit, mais je dois au préalable consulter mon
compte en banque. Si j’en ai la possibilité financière, je resterai tout le week-
Non pas que je présume de mes chances à obtenir le poste, mais ce séjour
improvisé a surtout pour objectif de m’éviter de ressasser ce qu’aurait dû être
ce week-end, si tout n’avait pas dérapé … si Candy n’avait pas été sa fiancée, si
… si tout ça n’avait pas été qu’une stupide histoire de contrat. Au moins, Doug
n’a pas mis ses menaces à exécution de licencier Abby, ce qui aurait été très
aussi longtemps.
certainement pas à lui demander l’aumône ! J’ai ma fierté moi aussi ! Croit-il
vraiment se racheter en versant une telle somme ? Si j’en avais la possibilité, je
lui enverrais ses billets à la figure et ne me gênerais nullement pour lui faire
cette somme astronomique afin de n’avoir rien à lui devoir. Mais mes yeux
restent fixés sur ce chiffre exorbitant et passée la surprise, un genre de
que je pourrais faire avec cet argent. Tout d’abord, je pourrais liquider mon
crédit étudiant, ce serait déjà une très bonne chose. Ensuite avec les dix mille
reconstituer une petite garde-robe modeste, certes, mais quand même un peu
plus moderne. Et je dois avouer que l’idée est bien tentante car je pourrais ainsi
l’on considère les dégâts que Doug a causés dans ma vie ! Finalement, à la
réflexion, ce n’est pas si cher payé ! Je n’ai plus de travail, il m’a utilisée,
dupée et humiliée d’une manière telle que je mettrai sûrement de longs mois à
m’en remettre. Et côté vie amoureuse, je suppose qu’il me faudra beaucoup de
Je sors de Carson and Smith Corporation le sourire aux lèvres. J’ai été reçu
par l’un des dirigeants et l’entretien s’est, dans l’ensemble, bien passé. Je l’ai
bien vu loucher un peu sur mon décolleté et porter plusieurs fois son regard
sur mes jambes, mais je pense que ce sont mes aptitudes professionnelles qui
avec son associé, mais j’ai eu bon espoir quand, à la fin de l’entretien,
l’homme qui m’a reçu m’a proposé de me faire visiter la région, une fois
installée. Sachant, qu’il est au courant, que je réside actuellement à New-York
Le job semble intéressant, c’est un nouveau domaine d’activité pour moi, mais
je suis certaine de m’y rôder très vite. C’est relativement bien payé et plusieurs
serais déçue si cela ne se faisait pas. Transportée par mon enthousiasme, alors
que je passe devant une agence immobilière, je m’arrête devant la vitrine et
m’attarde quelques instants, afin de me renseigner sur les tarifs en vigueur ici
York.
Quand je rejoins la chambre d’hôtel que j’ai réservée la veille, je me jette sur
le lit les bras grands ouverts, et je souris en regardant le plafond à m’en
J’ai mis fin à mes doutes en décidant de conserver l’argent que Doug m’a
versé. Ce n’est peut-être pas très correct, mais cet argent ne représente
finalement pas grand-chose pour lui. Tandis que pour moi, cette somme va
ridicule, j’estime que ce dédommagement est finalement bien mérité même s’il
est un peu excessif. Et je n’oublie pas non plus, que si j’avais porté l’affaire
son propre chef, sans doute pour apaiser sa conscience, si tant est qu’il en
possède une. Je compte du coup passer le week-end ici en croisant les doigts,
Carson, l’associé qui m’a reçue, m’a affirmé que lui et son associé me
donneraient leur réponse très rapidement, vu que l’embauche est prévue au 1er
juin, soit dans une semaine ; et comme il m’a précisé qu’il était difficile
d’attirer les jeunes diplômés dans ces terres un peu reculées, j’espère avoir ma
chance. Je l’espère vraiment, pour être franche. J’ai décidé de tourner la page
combien New-York était une erreur pour moi et si ce n’est ma colocation avec
sur le ventre, en appui sur les coudes, je passe justement un appel à Abby pour
la rassurer et lui raconter ma journée comme elle me l’avait demandé avant de
partir. Et même si je sais qu’elle est triste que je déménage d’ici peu, elle me
Une fois notre heure de papotage passée, je raccroche, mettant fin à notre
appel.
Je réfléchis déjà à une organisation que nous pourrions mettre en œuvre pour
nous voir le souvent possible. J’ai plein d’idées et il faudra que nous en
sans doute parce que je n’ai rien pu avaler ces derniers jours ! Je fais alors une
chose qui ne m’est jamais arrivée auparavant : je m’installe à une table, seule,
Les plats sont bons, simples et copieux, et je me dis que finalement, Warren
pourrait bien devenir ma ville préférée, si tant est que j’obtienne la place. Il est
son numéro, je suis incapable de savoir s’il s’agit de lui ou d’une autre
personne.
joindre.
— Euh … oui ?
— C’est Matt. Matthew Carson.
croise les doigts et prie en même temps - même si je ne suis pas vraiment
J’écoute à peine les excuses qu’il me présente concernant l’heure tardive, trop
poste.
Ses premières paroles me semblent durer une éternité alors que je n’attends
qu’une chose : sa réponse.
Hein ? Quoi ? J’ai pas écouté. Mince !! Ça veut dire quoi ? Que … c’est oui ?
— Ah. Et bien je vous disais que vous aviez le poste Scarlett, répète Matt
gentiment.
YES !!!!
Je suis folle de joie et je sautille sur place le sourire aux lèvres. Pour la
première fois depuis l’obtention de mon diplôme, je suis fière de moi. J’ai
enfin décroché le poste rêvé, dans une ville que je saurai apprécier ! Je sais que
tout va aller mieux à présent. Seul l’éloignement d’avec Abby ternit ma joie
pas votre choix, je vais tout faire pour m’intégrer très rapidement et vous
Sitôt sortis de ma bouche, je regrette ces derniers mots qui pourraient être mal
interprétés, surtout si je repense à la manière dont les yeux de Matthew Carson
— Mais j’en suis tout à fait sûr Scarlett. Vous permettez que je vous appelle par
votre prénom maintenant que vous faites partie de l’équipe ?
m’excusé-je.
Mince, je suis bloquée et je ne peux pas vraiment refuser, d’une part ce serait
incorrect et d’autre part, je ne dois pas oublier que rien n’est signé encore et je
veux ce poste. Vraiment. Et puis, il est possible aussi que je me fasse des idées,
Matt veut peut-être tout simplement me faire visiter la région comme il me l’a
promis.
C’est un bel homme qui doit avoisiner la petite quarantaine, je ne lui ai pas vu
d’alliance ni même de trace d’alliance au doigt, mais je ne suis pas prête
encore à me lancer dans une nouvelle histoire, si tant est qu’il y ait réellement
s’il vous plait. Vous verrez nous nous tutoyons tous dans l’entreprise, entre
Carson, j’ai l’impression à tout moment que mon père se trouve derrière moi.
Je pousse un cri de victoire et mon sourire s’étale sur tout mon visage. Je suis
Très vite, ma tête se met en mode opérationnel, listant toutes les formalités ou
jours pour m’organiser, mais ce doit être jouable car finalement toutes mes
affaires tiennent dans une grosse valise, les meubles appartenant à Abby. Et
considérable.
Et même si des images de lui me reviennent par flash, je tente de les chasser
définitivement. Doug n’est pas un homme pour moi et il ne le sera jamais. J’ai
eu un coup de cœur, c’est vrai, mais nous n’étions pas compatibles. Voilà tout.
du temps, magiques, c’est vrai ; mais je dois à présent aller de l’avant. Oubliant
Doug et sa magnifique fiancée, qui lui ressemble tellement, finalement. Dès le
départ, tout était faussé entre nous, mais je n’en avais pas conscience encore.
Donc, cette fois-ci, fin de la parenthèse New-York ! Fin de l’épisode Doug
Doherty !
manque encore. Mais tout finira bien par passer pour ne rester qu’un bref
souvenir … un beau souvenir.
Il me manque.
Chapitre 25
au réveil. Mon énorme sourire banane n’a pas disparu, comme s’il m’avait
accompagné toute la nuit. Cela fait bien longtemps qu’un tel état d’apaisement
renaître puis me reconstruire en tant qu’adulte, ce qui n’est déjà pas si mal.
seule !
Sans Abby tout sera différent, mais je suppose qu’il était inéluctable que nos
Ce matin, dans la chambre douillette de l’hôtel, je prends tout mon temps pour
me préparer, sans hâte, sans stress. Ce n’est pas le grand luxe, mais l’ambiance
familiale qui règne dans les lieux le rend immédiatement sécurisant et
rassurant, un peu comme un cocon douillet ; et quand je suis fin prête, je
descends l’étage afin de rejoindre la salle des déjeuners.
semble déjà suffisamment garni pour une personne comme moi, qui n’est pas
habituée à petit-déjeuner. Ce qui m’est proposé sera largement suffisant.
craquer, tant je me suis laissée tenter par toutes les pâtisseries maison qui
étaient disposées sur le buffet. Afin d’avoir un minimum d’appétit pour le soir,
je décide de sauter le repas du midi, de toute façon, je crois bien que je serai
Matt désire m’emmener diner. En effet, je n’ai pas pris beaucoup d’affaires
« Bonjour, Matt
« Bonjour Scarlett,
Votre message m’a fait plaisir,
J’avais pensé vous amener au Black Moon. Mais ne vous en faites pas, vous
êtes parfaite comme vous êtes.
Matt ».
galant, il me semble que Matt ne cache aucunement ses projets quant à cette
peux décliner le rendez-vous ! D’autant plus que je suis censée signer mon
contrat par la même occasion. L’idée même de flirter avec mon futur patron ne
m’est pas spécialement agréable. C’est pourtant un bel homme et peut-être
judicieux, d’autant plus que je n’ai même pas encore commencé à travailler.
Et puis, de toute façon, je ne me sens pas disponible, même si cela est faux dans
les faits. Mon petit cœur sensible n’a juste pas encore fait le deuil de ce qui
Et puis … et puis, Matt est un homme mature, et bien que l’argument soit
stupide, je le trouve un peu trop « vieux » pour moi. Matt attend probablement
autre chose en matière de sentiments que ce que je pourrai lui offrir.
Abby serait à mes côtés, elle m’inciterait à me remettre en selle le plus vite
possible, mais vraiment, je m’en sens incapable. Il va donc falloir que je
parvienne à tenir Matt à distance, tout en lui faisant comprendre avec une
grande diplomatie que je ne suis pas prête pour une nouvelle aventure.
Mary, mon hôtesse, qui passe devant moi s’inquiète de mon air contrarié.
sourire.
— Oh, vous n’êtes pas le genre de femme à être ridicule mon petit, me répond-
Mary me fait rire, c’est une femme d’un certain âge, mais entre son visage
poupin et jovial et sa gentillesse, elle est vraiment touchante.
— Ah, merci Mary pour vos renseignements, je vous laisse à présent, je vais
aller faire un tour en ville et voir si je peux me trouver un appartement qui
— Oh alors, vous avez réussi votre entretien mon petit ? Et vous allez rester
— J’en suis sûre Mary, je suis très heureuse de m’installer ici, mais faites-moi
plaisir s’il vous plait, appelez-moi Scarlett.
— Entendu Scarlett. Et bien je suis vraiment contente pour vous ! Bien, ajoute-
grand sourire.
Tout me semble parfait. Cette ville à taille humaine semble bénéficier de tous
les services nécessaires et cela me conforte davantage dans l’idée que je serai
bien ici.
assez âgée m’accoste soudain pour requérir mon aide pour épingler une petite
feuille rose.
Tandis que je punaise celle-ci, je lis l’annonce qui concerne justement une
offre locative.
bien grande !
— C’est exact, mademoiselle. Mon défunt mari avait aménagé le bas de notre
maison pour notre fils à l’époque, mais il est grand maintenant et il vit à
Boston, vous savez, alors autant louer maintenant et puis ça me fera aussi un
— Euh …oui, acquiesce cette petite mamie sympathique. Vous pensez que j’en
demande trop ? doute-t-elle soudain.
— Trop ? Oh non ! Je ne pense pas, mais je ne suis pas de la région, alors peut-
être devriez-vous demander conseil.
merci.
Toutes deux, nous convenons d’une visite pour le lendemain après-midi, juste
avant que je ne rejoigne l’aéroport. Satisfaite de l’efficacité de ce week-end et
soulagée que tout se soit aussi bien déroulé, je prends enfin le temps de flâner
un peu en ville, juste pour le plaisir de découvrir mon « bientôt chez moi ».
plus, ou me tienne rigueur d’un refus d’entamer quoique ce soit côté cœur. Je
ne suis tout bonnement pas prête pour ça. Et puis, je n’en ai pas le désir non
plus. Je suis juste venue trouver un travail ici, j’espère qu’il le comprendra. Ce
serait dommage qu’il y ait quiproquo.
ne part pas comme ça d’un claquement de doigts. Mon cœur, lui, fait de la
résistance. Des pensées lancinantes hantent sans discontinuer mon esprit, mais
je suppose qu’elles finiront bien par s’effacer … plus tard.
yeux sont subitement attirés par une très jolie robe bleue exposée dans une
Instinctivement, je jette un œil sur le petit carton au sol indiquant son prix et
comme je m’en doutais, celui-ci est un peu élevé pour mon budget. Mais ses
mais si une chose positive est sortie de ma rencontre d’avec Doug, c’est bien
qu’elle m’a ouvert, elle aussi les yeux là-dessus. Les vêtements qu’elle
sélectionnait étaient toujours très flatteurs, je dois essayer de m’en inspirer. A
banque me le permet également, alors pour une fois, je décide de prendre soin
de moi, cette robe symbolisera aussi mon renouveau, ma nouvelle vie. Sachant
qu’il est hors de question que je récupère chez Doug les vêtements couteux
qu’il avait mis à ma disposition, alors pour une fois, je peux bien me faire
plaisir !
Doug …
Je secoue la tête tentant de le chasser de mes pensées, mais toujours son image
traverse mes pensées. Son visage et son corps si parfait. Nos merveilleuses
découvrir.
type aussi exécrable que … fiancé ? Un homme sur le point de se marier à une
soit appliqué mais discret malgré tout et finalement je me rends compte que je
J’ai juste le temps de me saisir d’une étole et descends attendre Matt dans le
hall comme convenu. Mon regard ne se perd pas longtemps à scruter les lieux
— Non, comme vous voyez j’arrive seulement. Nous sommes synchros tous
tenez.
Cela se voit-il autant qu’il s’agit d’un rencard ou est-ce seulement le bouquet
sortie. Je ris encore du clin d’œil de Mary, quand Matt pose sa main sur le bas
de mon dos, me guidant vers la porte de sortie. Rien de choquant, juste de la
sens mon sang quitter mon visage, qui se glace instantanément quand je
vous sentez pas bien ? commence-t-il à paniquer alors que je ne lui réponds
pas immédiatement.
Je le vois chercher Mary des yeux, redoutant sans doute que je ne fasse un
malaise dans les secondes qui suivent.
Sortons, s’il vous plait. Effectivement, je viens de voir un revenant, mais tout
va bien.
Matt m’examine dubitatif, mais face à mon sourire - forcé, je l’avoue - il se
détend, me sourit en retour et s’assure juste une dernière fois.
— Vous en êtes sûre Scarlett ? Vous préférez peut-être vous reposer un peu et
— Non, non. Ne changeons rien de nos projets. Je vais bien Matt. Allons-y à
maintenant, voulez-vous ?
Doug m’a vue. J’ai croisé son regard et je sais qu’il m’a repérée !
regard. Aussi, je sais immédiatement dans quelle humeur il se trouve, mais peu
m’importe, car quelle que soit la raison de sa présence ici, il est tout
droit devant moi et fais mine de l’ignorer totalement, alors que nous nous
acheminons vers la sortie.
Non mais sans blague ! Quelle était la probabilité pour que Doug se retrouve
ici aujourd’hui ?
Et puis … et puis … que fait-il à Warren d’abord, alors que c’est ce week-end
précisément que doit avoir lieu sa fameuse réunion de famille ?
— Scarlett ! m’appelle-t-il d’un ton sec.
Nom d’un chien, que fait-il ici ? Je ne crois guère aux coïncidences ! Et puis où
J’aimerais avoir la force de contraindre mon regard à ne pas quitter Matt des
yeux, mais alors que ce dernier poursuit avec galanterie ses compliments, je ne
doit l’épuiser !
Oh et puis qu’est-ce que j’en ai à faire après tout ? Ce ne sont pas mes affaires.
Comme une ultime vengeance puérile avant de quitter l’hôtel, je me force alors
à sourire outrageusement à Matt, qui ravi, pose son regard envieux sur moi. Je
ne sais pas vraiment pourquoi je réagis aussi stupidement alors que c’est
discernement.
Les yeux de Matt sont d’un bleu magnifique. Je n’y avais pas spécialement
prêté cas lors de l’entretien, trop stressée que j’étais. Mais, je dois avouer que
Son ton n’est ni gentil ni même normal. Sa voix est rauque et agressive à la
fois. Je me sens gênée qu’il crie ainsi dans le petit hôtel de Mary alors je
Ma voix est plus agacée et forte qu’elle ne le devrait en public, mais à la vérité,
je n’ai aucune envie de converser avec lui. Je n’ai pas décidé de m’éloigner de
lui pour le retrouver ensuite dans la future ville où je souhaite me reconstruire
D’ailleurs qu’aurais-je donc à lui dire ? Tout a été dit, me semble-t-il. Je n’ai
pas besoin d’une explication de texte pour comprendre qui est réellement
Candy West, ni même de dessin ! Tout est on ne peut plus clair, bien au
contraire.
— Va chercher tes affaires, tu rentres avec moi, m’ordonne Doug de manière
très directive.
— Quoi ? je pouffe d’un rire nerveux. Non mais tu plaisantes là, Doug !? Au
fait comment va ta très jolie fiancée ? Où est-elle d’ailleurs ? Candy, c’est bien
ça ? demandé-je nerveusement.
tout !
Matt, pour l’instant ne réagit pas, il reste un pas en arrière par discrétion. Et je
me dis qu’en plus d’être de charmante compagnie, c’est un homme qui a des
— Je ne pars pas avec toi Doug, rétorqué-je fermement, agacée. Et pour tout te
dire, puisque tu sembles soudain intéressé par mon cas, je te présente Matt
Carson, mon futur patron. Comme tu peux le constater j’ai trouvé un nouveau
travail et si je repars demain en direction de New-York, c’est uniquement pour
dire au revoir à Abby et récupérer mes quelques affaires qui me suivront ici.
J’ai même trouvé un logement tout à fait parfait pour moi, m’avancé-je un peu.
Tu vois ? Tout va pour le mieux, alors si cela ne t’embête pas Matt et moi
interrogateur levé.
afin de saluer Doug. Mais ce dernier, peu soucieux des conventions sociales,
ne le regarde même pas et ignore cette main tendue, que Matt finit par reposer
— Bon, les présentations sont faites, alors allons prendre tes affaires.
— Mais tu es sourd ou quoi ? Je crois que tu ne m’as pas bien comprise, Doug.
Il est hors de question que je rentre avec toi. Même pas en rêve !! je pouffe
nerveusement. Alors cours rejoindre mademoiselle West, elle doit s’inquiéter
P.D.G à New-York te donne le droit d’insulter les gens ici ? je lui demande
Ça la fout bien ! Je n’ai même pas encore signé mon contrat que mon futur
boss se fait déjà insulter par mon ancien patron, pour une histoire qui ne le
— Justement, rebondit Doug, les yeux presque noirs. Tu n’as pas le droit de
croire qu’il parle à son chien, si tant est que l’on parle sur ce ton à son animal
de compagnie. Tu ne vas nulle part !
— Non ! Tu n’es pas libre ! hausse-t-il le ton. Tu t’es engagée vis-à-vis de moi
et tu dois tenir ton engagement. Je t’ai payée pour ça, comme tu pourras le
recrédité sur ton compte. J’en ai rien à foutre de ton fric Doug ! Et je ne suis
pas à vendre ! j’ajoute hors de moi. Donc me voilà libre, dis-je en tournant les
Le son de sa voix, trainant et sincère fait écho en moi, ravivant des moments
intimes que nous avons partagés, mais très vite la silhouette parfaite de Candy
West demandant à voir son fiancé vient interrompre le charme de sa voix.
— Ecoute Doug, je ne veux pas faire de scandale ici, ni ailleurs du reste, dis-je
un ton plus bas, mais notre contrat est rompu, tu le sais très bien. Je devais
jouer le rôle de ta petite amie auprès de ta famille et ta fiancée s’est pointée.
Alors, même si quelque chose m’échappe dans cette histoire et que je ne
comprends pas tout, je dirai seulement que ton problème est … résolu. Tu as
quelqu’un manifestement à présenter à ta mère. Quelqu’un de beaucoup plus
crédible que moi, d’ailleurs ! Soyons honnêtes ! Voilà qui devrait te satisfaire.
A mon côté, je sens que Matt commence à s’impatienter, à juste titre du reste. Il
reconnaitre qu’il a déjà été plus que patient. Il faut absolument que
j’interrompe cette explication en public sur le champ, car je ne dois pas oublier
— Ecoute Doug, ce n’est ni le moment ni le lieu pour en parler, lui dis-je en lui
montrant d’un vaste geste le hall de l’hôtel. Si tu le souhaites, je rentre demain
et je t’appellerai. Je ne peux pas te dire mieux. Mais pour l’heure, je dois partir.
partir.
— Pourquoi dis-tu que Candy est beaucoup plus crédible que toi ?
question ?
— M’enfin, Doug ! C’est évident ! Tout est tellement criant ! Elle vient de ton
monde ! Tout ton entourage en conviendra ! Elle est belle, élégante, connait les
usages et les bonnes manières ! Ce n’est d’ailleurs, probablement pas pour rien
que tu lui as demandé de t’épouser. L’aurais-tu oublié ? Je suis au courant
A ces mots, des larmes viennent se planter au coin de mes yeux et je ne veux
surtout pas que Doug, ni même Matt d’ailleurs me voient pleurer. Dieu merci,
Matt vient à mon secours.
enfin à son courroux. Son attitude est tellement injustifiée et déplacée ! Car
enfin, si quelqu’un ici a bien des raisons d’être en colère, c’est bien de moi
qu’il s’agit.
Alors, que je me retourne vers Matt pour lui signifier que nous pouvons à
présent partir, soudain, une main puissante saisit mon poignet me faisant me
retourner brutalement. Matt s’impatiente vraiment à présent. Et franchement, il
y a de quoi. Il souffle son exaspération.
— Ecoutez mon vieux, dans la vie il faut savoir perdre des fois, et
manifestement la jeune femme ne veut plus de vous si j’ai bien compris. Alors,
— Toi ta gueule, le menace-t-il d’un doigt, c’est pas tes affaires je t’ai dit !
Compris ?? Et ne t’imagine même pas poser tes sales pattes sur elle. T’as
compris ?? hurle-t-il maintenant.
Doug perdre son sang-froid. Je me dirige aussitôt vers Matt qui s’est rattrapé
au mur suite au coup violent qu’il vient de recevoir. Comment Doug,
frapper ?
— Non mais ça va pas ?!! Tu es un grand malade, Doug ! Faut te faire soigner !
Vraiment !! hurlé-je sur lui. Tu fais chier Doug !! En plus de casser la gueule à
mon futur employeur, tu viens de bousiller toutes mes chances de signer mon
— Ah, c’est ce que tu penses ? Est-ce parce que tu remets une fois encore en
Mes mots ont au moins le mérite de le laisser coi un instant. J’en profite pour
end romantique avec madame Parfaite, précisément dans cet hôtel, hein ? Je ne
te croirais pas !
Cela ne me calme pas du coup, mais vraiment pas du tout ! De toute façon, là
maintenant, je crois bien que rien ne pourrait me calmer. Doug vient de réduire
à néant tous mes projets. Je m’étais surprise à rêver de cette nouvelle vie que je
m’apprêtais à commencer. Et il a fallu qu’il se pointe ! En quelques minutes, il
Les yeux de Doug se sont assombris jusqu’à paraitre presque noirs. Je sais
fous !
comme toi peut-il oublier sa si merveilleuse fiancée, hein Doug ? Alors fous-
moi la paix et tire-toi ! C’est tout ce que je te demande ! L’argent sera sur ton
— Je m’en fous du fric Scarlett ! Et je n’ai pas de fiancée non plus, alors arrête
fermement.
Forcément, elle n’a pas dû apprécier la secrétaire que s’envoie son futur
chargent sur son épaule comme un vulgaire sac de patates. Je pousse un cri de
surprise. Tout en tentant de maintenir d’une main ma robe qui remonte à
l’arrière, et j’intime l’ordre à Doug de me reposer immédiatement, tandis que
les badauds qui assistent depuis un moment déjà à notre dispute, profitent du
spectacle désolant de mon humiliation. Certains rient, d’autres applaudissent,
alors que des larmes de colère coulent de mes yeux.
tambour. J’ai tellement honte qu’il assiste à cette démonstration primaire que
dans le dos. De même, j’agite mes pieds dans l’espoir de l’atteindre là où ça lui
ferait bien mal. Mais son bras me maintenant au niveau des cuisses m’empêche
ressemble à une vraie folle ! J’ai tellement honte ! Mes cheveux se sont
Comme s’il n’y avait rien de plus normal, Doug sort aussi tranquillement que
possible de l’hôtel, avec moi, chargée sur son épaule, me maintenant avec la
même désinvolture que s’il maintenait sa veste d’une main. Et tandis que je
m’essouffle à le menacer, dans cette position si inconfortable, je sens
maintenant le sang affluer vers mon visage, offrant ainsi aux badauds une
figure aussi rouge qu’une tomate ! Pas assez d’être humiliée, je suis en plus
Je reste ainsi balancée sur son épaule, tel un objet hurlant, jusqu’à ce qu’une
voiture noire ne vienne se garer devant nous. Sans me laisser poser pied à
terre, Doug me bascule alors sur le devant de son torse puis me jette sur la
derrière lui.
Aussitôt, je tente de m’échapper par mon côté, mais la portière est verrouillée.
Naturellement.
Je jette un regard mauvais à Harry qui pourrait être mortel si seulement j’en
avais le pouvoir ! Moi qui avais toujours eu pour lui de la considération, là, je
lui en veux au moins autant qu’à son despote de patron. Et même, si je
considère qu’il n’a, peut-être pas vraiment, eu le choix, je le hais, lui aussi à ce
moment. D’ailleurs, quand nos regards se croisent dans le rétroviseur
intérieur, alors qu’il m’adresse un petit sourire narquois, je lui réponds par
mon regard meurtrier, croisant les bras sous ma poitrine.
Alors comme ça, la situation l’amuse, lui aussi ?! Et bien pas moi !! Et je ferai
en sorte de lui faire savoir ! Complice d’un enlèvement, ça va chercher dans les
combien ça ? Hein ?
que je pouvais trouver, alors autant dire à quel point, j’en veux à Doherty et à
pouvoir m’enfuir, même si j’ai conscience qu’il est dorénavant inutile que je
— Tu plaisantes, j’espère ?
rôle après tout ce qu’il m’a fait subir ? D’une certaine façon, je me rassure.
Même s’il parvenait à me trainer jusque là-bas par la force, il ne pourrait pas
me forcer à faire bonne figure, et là, rira bien qui rira le dernier ! Monsieur le
grand PDG risque bien de regretter amèrement son abus de pouvoir. Car
autant dire que si je peux me montrer à mes heures douce et gentille, autant
mieux vaut éviter de me prendre pour une dinde ! Doug semble oublier un fait :
Et pour son information, les femmes de chez moi ne sont pas réduites à l’état
à affronter les obstacles dès notre prime enfance quand ceux-ci surviennent.
C’est notre force et Doug est mon obstacle !
Doug me regarde en souriant comme s’il n’y avait pas pensé auparavant mais
— Tu n’en as pas le droit ! Te crois-tu tant que ça au-dessus des lois Doug
Doherty ?
moi ! Tu m’as fait marcher, tout ça pour me mettre dans ton lit, je rétorque.
— Tu as eu l’air d’apprécier, commente-t-il.
te marier contre ton gré et moi comme la reine des connes, je ne marche pas,
je cours !
— Si. Mais bon, passons là-dessus. Tu menaces de virer Abby, alors qu’est-ce
que je fais ? Je tombe en plein dans le piège, qui ne visait qu’un seul et unique
but : parvenir à tes fins ! Et moi, naïve comme je suis : je t’ai cru ! et jusqu’au
bout en plus ! jusqu’à ce que ta fiancée se pointe pour arranger cette histoire de
traiteur, alors, s’il te plait, reconnait que plus gourde que moi tu meurs ! En
revanche, ce que je ne comprends pas, c’est ce que tu fais ici. Pourquoi ne dis-
tu pas à Mademoiselle West de t’accompagner ? Elle devrait convenir à tes
— Je ne lui demande tout simplement pas de venir parce qu’elle n’est pas ma
Je le fixe tâchant de lire dans son regard si Doug cherche encore une fois à se
je suis peut-être naïve, mais j’ai mes limites aussi. Une fiancée qui vient
rejoindre son amoureux pour préparer leur mariage ! Il faudrait être plus que
gourde pour croire encore à ses mensonges.
Evidemment !
Dans l’absolu, comment peut-on trouver un homme qui vous a humiliée, sexy ?
Ridicule !
me faire perdre pour la seconde fois en moins d’un mois mon job alors laisse-
moi retourner chercher mes affaires et VIVRE MA VIE !! je hurle.
Penses-tu réellement que c’était uniquement pour te mettre dans mon lit ? Je me
serais donné bien du mal ! Et surtout, j’aurais pu le faire sans te sortir toute
Doug se met à rire mais cette fois-ci l’éclairage de l’habitacle est suffisant
pour que j’arrive à voir qu’il n’y a plus une once de colère dans ses yeux.
proposé-je.
Doug se retourne sur moi. Il a perdu de sa désinvolture, son air devient aussitôt
— Bien Scarlett, maintenant tu vas m’écouter car nous n’avons plus le temps
de jouer aux devinettes. Alors, si je te dis que je n’ai pas de fiancée, c’est que je
n’en ai pas. Candy West est seulement la femme que ma mère s’était imaginée
peu hâté les choses. Mais elle n’est rien pour moi. Absolument rien, tu
entends Scarlett ? Je ne suis jamais sorti avec elle, je ne l’ai même jamais
pas besoin de réfléchir bien longtemps. Je ne suis pas aussi naïve qu’il le
pense. C’est tout simplement du grand n’importe quoi et Doug est tout
est ma place dans tout ça ? Qu’est-ce que je viens faire dans leur histoire et
bien qu’il accélère le tempo de nos retrouvailles et tout va à présent bien trop
Sans me laisser la moindre minute pour poser toutes les questions qui me
— Ecoute bien cette histoire Scarlett car c’est une histoire on ne peut plus vraie
d’ailleurs pas vraiment le choix, mais c’est surtout avec crainte que je m’y
prête. Car même si tout ce qui se passe depuis quelques minutes est totalement
abracadabrant et que je n’y comprends strictement rien, j’ai par-dessus tout
peur de me faire avoir encore une fois. Peur que mes sentiments pour lui
m’aveuglent, rallumant une minuscule lueur d’espoir ; et ça, je ne peux pas me
Cette situation est au bord du soutenable pour moi. J’avais pris soin de mettre
des kilomètres et des jours sans aucune nouvelles de Doug et il ignore à quel
point, il m’est difficile de me retrouver là à côté de lui, alors que j’ai tout fait
Pour une des rares fois de ma vie, je ne ressens pas le besoin de railler en
naïf, j’en ai conscience. A croire que je ne suis pas vraiment guérie de Doug.
Mais bon, de toute façon, coincée là dans cette voiture avec lui, qu’ai-je donc
soirée et avec celle-ci tous mes espoirs de signer mon contrat. Alors foutue
pour foutue autant l’écouter. Il a fait tout ce voyage pour me parler, je suppose
— La première fois que je t’ai vue, Scarlett, tu étais accoudée dans le hall
expliquer car j’en serais bien incapable. Mais subitement, j’ai su que c’était toi
voulais, je ne te connaissais pas, le défi m’a plu, lassé depuis quelques temps
déjà, des filles faciles que je draguais et obtenais sans grande peine.
sans cesse à l’inconnue que tu étais et j’étais intrigué par le pouvoir que tu
semblais avoir sur moi alors que je ne te connaissais même pas. Je t’explique
m’obsédait de plus en plus sans que j’en comprenne la raison. Ainsi, je savais
que tous les lundis midi, tu la rejoignais pour le déjeuner et parfois, tu passais
la prendre le soir. A chaque fois, que je te voyais, les battements de mon cœur
s’affolaient, mais j’étais persuadé que c’était mon instinct de chasseur que tu
éveillais. Tu étais si différente des femmes que je fréquentais habituellement. Je
devant mes yeux tout au long de la journée. C’était la première fois qu’une
femme avait tant d’emprise sur moi et cela m’interpelait. Forcément. J’aurais
ramenais. Non, j’en voulais davantage. Je te jure que pour un homme comme
moins.
— Ouais, je n’étais qu’un jeu pour toi, un défi quoi ? j’interromps Doug vexée
et refroidie.
au plus profond de moi. Mon amour-propre vient d’en prendre un sacré coup,
insultants. Furieuse contre lui, mais surtout contre moi, je me tourne très vite
vers ma portière et tire sur la poignée comme une furie. J’avais raison de
redouter ce qu’il avait à me dire et j’en suis pour une bonne leçon ! La
minuscule lueur d’espoir qui m’animait vient de s’éteindre à tout jamais, cette
fois. Je dois partir à tout prix, avant que les larmes qui ont embué mes yeux ne
se mettent à couler. Je tire et retire avec acharnement sur cette foutue poignée
de porte, mais évidemment, elle n’a pas été déverrouillée.
Tout ce que je demande pour l’instant, c’est de pouvoir sortir le plus vite
vraiment aucun cœur ! Ce n’est qu’un minable fils de riche qui s’ennuie, lassé
de tout obtenir facilement. Et qui pour pimenter sa vie, n’hésite pas à se jouer
des autres, au mépris de toute considération. Pourquoi a-t-il seulement fallu
s’amouracher d’un tel homme ? Je ne veux plus rien entendre de sa part. J’ai eu
Mais aussi misérable soit ma vie à côté de la sienne, j’ai encore suffisamment
Franchement, qu’ai-je donc fait dans une vie précédente pour mériter un karma
aussi pourri ?
Car même, si je n’ai pas une très grande expérience en matière sentimentale ni
même sexuelle, je sais au moins une chose, c’est que lors des quelques
relations que j’ai pu entretenir par le passé, aucun et je dis bien, aucun des
: je le déteste encore plus si tant est que cela soit encore possible ! Alors, que
mes yeux humides sont sur le point, maintenant de lâcher le flot de larmes que
je contiens par fierté, je m’escrime encore une fois à tenter d’ouvrir cette
fichue porte. Je lui tourne le dos et c’est très bien ainsi, je ne veux plus jamais
le revoir.
— Attends Scarlett, laisse-moi finir, me coupe Doug tout en agrippant
fermement mon bras.
pense que pendant tout ce temps, tu as utilisé cette pauvre Abby qui t‘idolâtrait !
Tu as beau être riche, beau et sexy, tu n’en es pas moins un sale mufle, Doug
Doherty ! Et je te hais du plus profond de mon âme !
Je ne sais pas comment il fait - et il doit avoir un don, ça c’est sûr - mais une
chose est certaine, ce type odieux a le chic pour me mettre les nerfs en boule
sitôt en sa présence. C’en est quasiment épidermique. Voilà donc une raison
supplémentaire pour que je bâtisse une carapace encore plus efficace contre les
hommes d’un tel acabit. Et que cela me serve de leçon cette fois ! Et dire, que
— Goujat dégénéré, va !
Un rictus sur son visage m’avertit que son humeur vient de changer. Ses
manières.
— Avec toi en infirmière ? Je vais y réfléchir, susurre Doug d’une voix trop
sensuelle.
— Eh bien moi, oui ! Je n’ai plus envie de t’entendre, alors OUVRE MOI
CETTE FOUTUE PORTE OU JE CRIE !
— S’il te plait Doug, je demande soudain d’une voix plus suppliante, plus
suave aussi, ouvrant grand mes yeux larmoyants.
Je pose ma main sur son torse et dessine des arabesques de mes ongles tendant
mes lèvres vers lui, afin de l’amadouer. Peut-être pourrais-je arriver à mes fins
de cette façon-ci ? En effet, Doug réagit. Ses yeux s’illuminent alors d’une
toute autre lueur et je peux sentir son souffle saccadé sur mon visage, tandis
que ma main descend peu à peu vers sa ceinture. Même si c’est moi qui dirige
le jeu, je n’en reste pour autant pas de glace. Son corps me manque toujours.
— Tu crois que je ne vois pas clair en ton jeu Scarlett Johns ? murmure-t-il à
mon oreille. Et dis-toi bien qu’à jouer ainsi avec moi, si j’en avais la
possibilité, je te prendrais là tout de suite, dans cette voiture, sans sommation, à
sec rien que pour te montrer qui mène la danse entre nous deux.
depuis mon départ de Doherty Press. Nombre de sentiments refoulés pour tenir
le coup et ne pas plonger dans les abimes de la dépression. Mais la vérité est là,
toute simple, sans fioritures aucunes : Doug me manque et mon corps l’appelle
que je n’apprécierais pas moi aussi ce petit divertissement. Enfin, de trois, dans
ce dernier cas, qui mène vraiment la danse, d’après toi ? lui demandé-je
impertinente.
Je vois au visage de Doug, qu’il a toutes les peines à garder ses esprits. J’ai
dernière carte, pour qu’il s’apitoie et me donne une chance de partir. Même si
mes sens se prennent, eux aussi, à ce stupide jeu de séduction. Mais je suis
lasse. Lasse de toutes ces joutes verbales, lasse de batailler constamment contre
lui, lasse de cette relation trop compliquée à mon goût. Trop de doutes, trop de
non-dits, trop de tout en fait. Alors, c’est moi la première qui met fin à ce petit
— Bon, tu es pressé et moi j’en ai marre de tout ça, finis-je par lui dire en
reddition. Je veux partir Doug. Alors finis de me dire ce que tu voulais que
j’entende et qu’on en finisse ! Tu voulais mettre les choses au point, ok. C’est
chose faite. J’ai peu de temps effectivement, le décollage est programmé dans
Son attitude aussi me fatigue. Il me donne sans cesse l’impression d’être une
fillette mal élevée que son père réprimanderait. Je lui ferais bien remarquer la
complexité de nos rapports mais ça n’aurait pour but que de rallonger notre
entrevue, aussi volontairement docile, j’acquiesce d’un signe de tête.
— Je te disais donc, avant que tu ne m’interrompes que jour après jour, tu étais
devenue une obsession pour moi, accaparant la moindre de mes pensées. J’ai
Faisant une pause, Doug me fixe comme s’il s’attendait à une remarque de ma
et poursuit.
— Et c’est là, que j’ai pensé à t’embaucher. Juste pour avoir l’opportunité de
t’avoir à mes côtés. Je savais par Abby que tu galérais pour trouver un job et la
situation ne pouvait mieux tomber.
— C’est pour cette raison que tu as été plus qu’odieux quand je me suis
présentée à toi, je suppose, lui fais-je remarquer sardoniquement.
Doug exprime un soupir, puis ses lèvres s’étirent lentement comme s’il se
remémorait la scène.
refuse à me quitter !
— J’ai merdé grave, je le sais Scarlett. J’étais tellement en colère après moi de
perdre ainsi la raison. Jamais je n’ai fait interférer mes affaires et mon plaisir,
en tout cas pas en ce qui concernait mes sentiments. Et si j’ai bien eu quelques
aventures avec certaines de mes collaboratrices, elles comme moi, savions que
réussi à te rapprocher de moi, mais d’un autre côté j’avais agi avec tellement
peu de professionnalisme que je me serais fichu des baffes.
Doug sourit, mais son regard reste figé, comme captif de cette période.
— Quand je t’ai fait embaucher, ton expérience n’était pas suffisante pour un
remontrance de penser avec ma bite. Et rien que pour toutes ses remarques, je
m’en voulais d’avoir agi ainsi, par simple intérêt personnel occultant
volontairement la tâche qui m’imputait de diriger intelligemment cette société.
— Je t’ai involontairement fait subir tous les torts que l’on me reprochait …
non : je n’y parvenais pas. Je te voulais à mes côtés coûte que coûte, même si je
Je fixe Doug estomaquée. Mais le problème avec lui, c’est que je ne sais jamais
si je peux croire en lui ou non. Je serais prête à passer sur son attitude plus
cas, quel serait son intérêt ? Que je revienne ? Mais pourquoi alors ?
ressentir des sentiments pour moi. Mais je ne suis pas certaine d’être fiable
de caresser de son pouce ma main, son regard fixé sur ses doigts. Je le trouve
différent, plus naturel, plus authentique … Mais peut-être que je ne suis pas la
— Je n’avais jamais agi ainsi auparavant, tu sais, rajoute Doug. Je n’ai jamais
fait passer une femme devant tout le reste et encore moins devant mes affaires
et je sais pertinemment que je ne l’aurais jamais fait pour une autre femme …
tellement que c’en est presque magnétique. J’ai besoin de toi à mes côtés
Scarlett. Ce n’est pas un caprice ou une simple envie. Ne crois pas ça. J’y ai
c’est en fait, très difficile à expliquer car ce n’est tellement pas rationnel. Et
pourtant, tout ce que je peux te dire, c’est que ce que je ressens pour toi est en
c’est comme un besoin urgent. Quelque chose de vital pour moi. Aussi, quand
à force de merder devant toi, tu as voulu partir, j’ai dû en quelques secondes,
trouver une parade pour que tu ne m’échappes pas. Je ne pouvais pas renoncer
à toi et je devais absolument trouver un moyen de t’empêcher de partir. Mon
idée m’a semblé lumineuse sur le moment. Tout ce que je t’ai dit alors sur le
souhait de mes parents de me voir me poser est vrai. Et effectivement, la fille
d’une amie de ma mère, Candy West était, elle aussi, intéressée par un projet de
Rien que d’entendre le nom de celle que j’ai rangé dans la boite de mes
ennemies à vie, sortir de la bouche de Doug, me fait serrer les mâchoires.
— Cette union était pour elle, l’occasion d’allier son nom au mien et de
confiance ou non. Cette peur, toujours cette peur de souffrir me retient de lui
sauter au cou.
— Mais pourquoi disait-elle alors, que vous étiez fiancés et qu’elle attendait de
fixer une date pour le traiteur ?
conclure un mariage de raison qui lui aurait grandement profité. Mais quel que
soit son fondement, je peux te jurer Scarlett que jamais, je ne lui ai demandé de
Il n’y a que toi pour moi. Rien que toi. S’il te plait, accepte de me croire, je
trouverai le moyen de t’apporter des preuves de la sincérité de mes sentiments
pour toi, mais pour l’instant je n’ai que mes mots pour t’en convaincre. Je te
m’empêchent de lui sauter dessus pour l’embrasser. Je sens bien qu’il a réussi
à craqueler ma carapace de défense d’une fine brèche.
Malgré mes doutes, malgré les nombreuses questions qui restent encore sans
réponses, je n’arrive pas à contenir l’indicible espoir qui renait soudainement
en moi. Je devrais être plus circonspecte, mais je ne peux empêcher cette
lentement dans l’attente d’une issue heureuse. J’ai tellement envie d’y croire !!
Pourtant, une peur tenace me retient d’exploser de joie, ce qui fait que je reste
sur la réserve. Je voudrais tant y croire ! Mais le puis-je vraiment ? Mon cœur
se serre et ma gorge se noue, souhaitant tellement que tout ceci soit réel et non
bureau. Elle voulait des explications. Mais elle a été prise au dépourvu quand
elle s’est présentée à ton bureau. Elle ignorait qu’il s’agissait de toi. Aussi
quand elle t’a reconnue, je suppose que là, véritablement elle a pris peur. Bien
que je ne sois pas irréprochable concernant mes précédentes assistantes, quand
elle t’a vue, elle a compris que tu avais un intérêt certain pour moi. Car jamais
dans le passé, je n’avais invité une de mes employées à parader ainsi devant les
pour moi et que jamais tu n’obtiendrais de véritable place dans mon cœur. Et
Une véritable place dans son cœur ? C’est bien ce qu’il a dit ? Ai-je
La fine brèche de ma carapace est cette fois-ci devenue une véritable crevasse
obtenu toutes les réponses à mes questions. Mais je sens bien que ma résistance
s’amenuise de plus en plus. Je souhaiterais tellement que tout ceci soit vrai. J’ai
douloureux.
— Non, s’esclaffe Doug, non et je crois bien d’ailleurs que je n’aurais jamais
supporté d’être affublé d’un tel surnom, finit-il en caressant ma joue de ses
doigts. Dis-moi que jamais tu ne m’appelleras ainsi, me demande-t-il en
souriant.
Malgré l’obscurité, son sourire entier et franc est éblouissant. Ses yeux brillent
Je n’ai pas encore tout intégré qu’il lui faut déjà une réponse immédiate. Et
moi, justement, je n’aime pas la précipitation, surtout quand celle-ci concerne
mes sentiments. D’ailleurs quels sont ses sentiments à mon égard justement ?
contre toute attente, je l’intéresse vraiment. Mais ensuite, que va-t-il se passer ?
devrais-je plutôt dire le fatiguent, mais moi, où est ma place dans tout ceci ?
Car si je dois pleurer mon âme dans quelques semaines parce qu’il se sera
que j’ai subi ces derniers jours. Alors même si Doug me semble sincère
aujourd’hui, je ne peux m’abandonner entièrement à lui avec cette crainte qui
— Je …je ne sais pas Doug. J’ai besoin de réfléchir, je lui réponds encore trop
dans l’incertitude.
Tout est si … soudain. Nous avons besoin de parler encore, de nous expliquer,
rentre avec lui juste pour lui sauver la mise ou me veut-il moi vraiment ?
Durablement, j’entends.
Alors que mon cerveau carbure à toute vitesse pour analyser la situation et
— Ecoute Scarlett. Je n’avais pas imaginé te dire les choses ainsi dans ces
circonstances. Je crois même, à vrai dire, que je n’avais pas du temps imaginé
les dire un jour, mais j’ai changé depuis que je t’ai vue la première fois et je
vois bien que tu hésites.
Je le regarde indécise, c’est vrai. Car même si mon esprit essaie de fonctionner
en mode accéléré, je ne suis incapable de lui répondre. Pas encore, en tout cas.
— Scarlett, je suis obligé de te dire tout ceci rapidement. Mais sache que je suis
littéralement tombé sous ton charme dès le premier jour où je t’ai vue. Puis je
t’ai mieux connue, toi et ton caractère enflammé et là, je me suis dit : wouah,
quel tempérament ! Quelle fille ! Mais j’étais loin, bien loin, de me douter de
ce qui allait m’arriver. Une véritable tornade est entrée dans ma vie. Un bout de
femme hors du commun, vive, spontanée, sincère, généreuse et aimante et j’ai
connu alors des émotions que je n’avais jamais ressenties auparavant. Quelque
chose de fou et de si fort, que j’en ai été totalement chamboulé. Alors, oui. Je
Ça n’a pas été évident pour moi de l’admettre au début. C’était si soudain, si
sincère et j’ai du mal à réaliser qu’il parle de moi. Mais pressé par le temps,
Doug poursuit.
messages, mais tu n’as jamais voulu y répondre. Il m’a fallu plus de temps
l’hôtel, j’ai vu ce connard avec ses airs mielleux qui se la jouait playboy
devant toi, j’ai failli lui exploser la tête. Je me suis contenu pour toi, mais je te
jure que j’ai bien cru que jamais je n’arriverais à résister à l’envie folle que
j’avais de lui péter la gueule.
t’assure que même sa mère ne l’aurait pas reconnu. Il s’en sort vraiment bien,
crois-moi
L’inquiétude qui était affichée sur le visage de Doug le quitte un moment et son
regard s’ancre à présent au mien, avec plus d’intensité, plus de sérieux aussi.
Doug se tait et nous nous fixons quelques secondes. Les yeux dans les yeux. Et
finirais par me répondre, mais quand j’ai appris que tu étais partie, là je suis
— Nous n’avons que peu de temps Scarlett, mais ne comprends-tu pas ce que je
l’urgence, à l’arrière d’une voiture, mais je n’ai pas trop le choix. Je t’aime
Scarlett. La vérité est que je suis devenu complètement accro à toi. Tu as réussi
sans le vouloir, ce qu’aucune femme n’avait jamais réussi avant toi : capturer
mon cœur, Scarlett. Voilà ce que tu as fait de moi : un homme raide dingue
sentiments pour moi, je t’en prie Scarlett. Jamais, je n’ai supplié de femme
pour qu’elle me donne une chance, mais ce soir, je le fais parce je ne veux pas
que tu me laisses seul, je tiens trop à toi ma chérie. Laisse-moi juste le temps
de te le prouver. Accorde-moi au moins le bénéfice du doute Scarlett et je te
promets de te démontrer chaque jour mes dires. Ce n’est vraiment pas ainsi que
j’avais prévu de te dévoiler mes sentiments, mais je vois bien que tu as besoin
savoir. Il a dit qu’il m’aimait, Doug m’aime. Oh ! mon Dieu !! C’est trop beau
pour être vrai ! Merci, merci, merci. Mes prières sont exaucées !
regard à ses pupilles brunes et si limpides pourtant ce soir. Mon cœur n’est
Doug hoche brièvement la tête sans lui répondre et ses yeux se noient à
nouveau avec force dans les miens. Mes yeux sondent son regard aussi
profond que les abîmes et je me rive à ses prunelles, comme pour m’y arrimer,
sans bouger, sans un mot, sans rien faire d’autre que de me laisser perdre dans
cet océan sombre et pourtant si merveilleux. Nous sommes hors du temps, hors
de tout repère spatio-temporel, comme propulsé en apesanteur pendant ces
Il vient de se passer quelque chose de très spécial entre nous, quelque chose
que je n’ai jamais connu auparavant. Une sorte de communion intense de …
sensation que Doug et moi représentons un « Tout », une unité indicible, une
entité. Je suis la prisonnière consentante de son aura et il me semble que rien
ne m’arrivera, tant que Doug sera à mes côtés. Etrange impression, surtout
pour quelqu’un comme moi qui n’ai jamais voulu dépendre de quiconque.
Doug semble aussi troublé que moi quand son regard quitte le mien. Sans
la pureté de ce moment. Son pouce lisse alors avec douceur ma joue afin d’en
faire disparaitre toute trace de chagrin. Et à son tour, Doug ferme les yeux,
resserrant fermement son étreinte, me plaquant contre son torse. Mais cette
fois, il pourrait me lâcher que je ne partirais pas. Les choses ont changé. Je
n’en serais tout simplement pas capable. Je veux juste rester contre lui et ne
plus en bouger. Rester dans ses bras pour ne plus jamais en partir.
comprendre la portée de ses mots. Ma seule certitude, à cet instant, est celle que
Je n’ai finalement obtenu qu’une seule réponse sur toutes celles qui
taraudaient, mais j’ai reçu, ce soir, la plus belle qui soit, celle qui me manquait,
celle qui fait de moi, désormais, la plus heureuse des femmes. Viendra le
doute jamais de réponse, je m’en doute. Car il est tout simplement fort
probable que Doug ne soit malheureusement jamais en mesure d’y répondre
car nul ne le pourrait, à vrai dire. Mais s’il parvient seulement à m’apaiser,
voire à me rassurer, alors je sais que cela me suffira pour vivre heureuse à ses
côtés.
Doug finira-t-il par se lasser de cette relation somme toute ordinaire avec
moi ?
doublée d’une prise de risque. Mais s’il y a une chose dont je sois absolument
sûre ce soir, c’est que j’ai sacrément envie de tenter l’aventure. Pour la
première fois, j’ai envie d’y croire. J’ai envie de nous accorder cette seconde
chance, car je crois en notre amour désormais. Et ce, malgré tout ce qui nous
éloigne.
Compte tenu de nos caractères impétueux, j’ai d’ores et déjà conscience que
nous connaitrons très certainement des périodes de doutes, des disputes, des
crises ou bien même des angoisses, mais je sais aussi, que ce que me promet
Doug, c’est une expérience amoureuse extraordinaire version XXL, une
charnelle.
Nous composerons avec le reste et tout ce qui est autre ne sera que détail.
donne une légère pression sur la main de Doug et fixe son beau visage si viril,
accorde ma confiance. Je sais qu’il fera tout son possible pour me protéger et
m’honorer.
Je lui souris timidement alors que mon ventre se tord d’angoisse. C’est pour
A peine les signaux dans l’avion, nous y autorisant, Doug avait détaché sa
mots avaient fusé comme s’ils attendaient le bon moment pour sortir. Et en
quelques minutes à peine, j’avais découvert un homme différent, un homme
qui avait bataillé pour m’avoir et qui me ramenait là où je devais être : à ses
côtés.
Peu habituée au luxe, mes yeux s’ouvraient en grand, déjà éblouie. Tout ceci
était si loin de mon quotidien. J’avoue que depuis que nous étions montés à
bord, mes sens déjà perturbés par ce brusque retour de situation, encore
littéralement en état de choc. Les mots qu’il avait prononcés étaient si forts, si
imaginée une seule seconde qu’un homme comme Doug pourrait ressentir un
jour quoi que ce soit envers moi si ce n’était de l’indifférence voire du mépris.
les oublier. Doug m’aime. Il est amoureux de moi. Et non, je ne rêve pas cette
fois-ci. C’est bel et bien la vérité et la réalité aussi.
Aussi, après avoir pénétré dans la chambre du jet, je ne m’extasiais pas comme
je l’aurais fait sans doute, si mon cœur n’avait pas déjà loupé des battements
lors de sa si belle déclaration. Avec douceur, Doug me rapprocha de lui et
colla son corps contre le mien. Son contact m’apaisa immédiatement,
mon corps. Son parfum aussi que j’associerai toujours à l’homme que j’aime.
Car moi aussi, je l’aime. Passionnément. A la folie même. Tout est tellement
beau que je doute encore que tout ceci puisse être vrai.
je dois m’en inquiéter. Doug a une personnalité si forte qu’il peut parfois être
effrayant par les méthodes dont il use. C’était le cas lors de ma séquestration
cette merveilleuse journée que nous avions passée au lac, et ce soir aussi,
lorsqu’il m’a ouvert son cœur que j’en minimiserais presque ses nombreux
Doug est le feu et la glace, il est un tout si puissant que je peux parfois, malgré
ma verve, me sentir vulnérable devant lui. Non pas de peur mais plutôt
Dans la chambre du jet, Doug a refermé la porte et s’est retourné vers moi, nos
deux corps collés l’un à l’autre. Son index a alors tracé le contour de mon
visage, ses yeux brûlants de désir.
Malgré tout le bonheur dont il venait d’emplir mon cœur, je ne pouvais que
tiquer sur le surnom dont il m’affligeait une fois encore. Il m’avait déjà
ses paroles une toute autre signification, beaucoup plus tendre, beaucoup plus
visage du sien. Ses lèvres prenaient alors goulument possession des miennes,
comme un désir resté longtemps inassouvi, sa langue forçant immédiatement
Sa main pressait si fortement mon dos contre son torse que je manquais
l’amour tendrement, mais sitôt le contact de son membre érigé contre moi, son
ardeur me fit perdre toute raison, le désirant plus que jamais, et ce quelle que
soit sa manière de m’aimer, ne pensant plus qu’à m’abandonner entièrement à
lui. Alors, peu importait finalement que cela soit tendrement ou non. Le désir
que j’avais de lui était brut, presque sauvage, un besoin quasi vital qu’il prenne
tendant la tête vers le salon. Je suis derrière lui, presque cachée tant je redoute
ce moment. J’invoque une prière secrète qui donne chez moi - une non
croyante - à peu près les paroles suivantes : « mon Dieu faites qu’ils
m’apprécient ! ».
grandes acclamations scandant son arrivée. Une personne que je devine être
son frère, tant ils ont de traits communs, se présente devant nous et donne à
Doug une franche accolade, le sourire aux lèvres. Quand il se dégage il pose
un regard si scrutateur sur moi que ce dernier me met aussitôt dans l’embarras.
Je devine devenir rouge cramoisie, alors qu’à contrario, j’aurais tout donné
— Eh, eh ! Mais qui caches-tu derrière ton dos ? rit cet homme tout en
satisfaction dans ses yeux, mais peut-être que je me leurre. Je suis tellement
— Heureux de voir que mon frère a enfin retrouvé son bon goût, m’adresse
enfin Paul, le regard concupiscent.
voir que tu aies délaissé tes poupées siliconées au profit d’une …. Hum, …, au
profit d’une très belle femme. Une vraie quoi !
— Hé ! Doug ! s’exclame soudain, celle que je suppose être sa sœur, Janet. Elle
porte dans ses bras, une petite fille qui n’est autre que son mini double. Doug !!
bras de son frère. Alooors ?? demande-t-elle ses yeux balayant plusieurs fois
Doug et moi-même. Eh bien dis donc, grand frère ! Deviendrais-tu enfin
qu’une sœur peut offrir à son frère. Je lui rends son sourire, bien que je ne sois
l’air si soudée qu’il ne doit pas être aisé de s’y intégrer. Pourtant, à l’instant, je
ne ressens aucune hostilité, bien au contraire ! Mais je n’ai pas encore
rencontré ses parents, alors je reste tout de même sur mes gardes. Et s’ils ne
— Bien, rappelle-t’en bien alors, lui répond Doug en fronçant les sourcils.
Viens, m’ordonne-t-il manifestement contrarié.
Avec de grandes enjambées, il rejoint ses parents qui semblent nous attendre
— Papa, maman, je suis heureux de vous revoir, s’avance Doug vers eux.
Les deux hommes se donnent une accolade puis son père me fixe tandis que
Doug se recule.
Je sais désormais de qui Doug tient son assurance et sa prestance. L’homme qui
se tient devant nous est très grand et malgré son âge que j’estimerais à une
petite soixantaine, il est encore très séduisant ; ses cheveux poivre et sel sont
coupés courts et son regard est tout aussi puissant que celui de son fils. Je peux
immédiatement deviner que c’est un homme de caractère. De même, je peux
me faire une idée exacte de la façon dont Doug vieillira. Et l’image que
j’entrevois me plait.
— Doug, présente-nous donc, demande sa mère d’une voix douce après que
Elle sourit et je vois l’intérêt manifeste qu’elle me porte quand son regard sur
pose sur moi.
naturellement.
spontanément. Très joli prénom. Votre mère est-elle une fervente admiratrice
— Oui, c’est le cas, je réponds rougissant. Ma mère est une romantique dans
l’âme et outre le film, elle a bien dû lire le livre une bonne dizaine de fois,
avoué-je.
Doug me regarde surpris. Son regard va de sa mère à moi et je vois bien que
le sujet lui échappe.
Je parie même qu’il n’a jamais vu le film ! Pas son genre, je suppose.
— Nous avons alors au moins un point en commun, me précise gentiment
Madame Doherty.
réellement attristée, mais il n’en est rien, au contraire, malgré nos différences
porte mon regard vers Doug. Tant de choses ont tellement changé ces derniers
temps ! Il y a quelques semaines, je me serais défendue de croire à de telles
mièvreries, mais aujourd’hui, je n’en suis plus aussi sûre. Doug m’a fait
— Je vous mets mal à l’aise, pardon. Ne répondez pas, mon enfant, ce n’est pas
si important, s’excuse-t-elle.
Non seulement cette femme a une classe folle mais on devine dès le premier
contact qu’elle est d’une gentillesse incroyable. Ses traits fins et doux l’attestent
du reste. En fait, je ne me l’étais pas du tout imaginée ainsi et fort
heureusement, elle est bien mieux que l’idée que j’avais pu m’en faire. Je ne
sais pas pourquoi, je la voyais plus sophistiquée et plus froide mais au lieu de
ça, elle m’inspire immédiatement de la bienveillance et un amour fort pour les
siens, cela ne fait aucun doute. Quant à son aspect physique, c’est une très belle
femme avec une silhouette parfaite. Elle est gracieuse et son élégance est
naturelle.
— Appelez-moi Cora, Scarlett. Mon prénom est Coraly mais tous mes amis
protocole entre nous. Vous êtes la petite amie de notre fils et à ce titre, vous
faites partie des nôtres.
immédiatement.
D’entrée, je trouve ses parents sympathiques et avenants. Ils ont l’air heureux
confie-t-elle à voix basse en posant son bras sur le mien. J’en déduis donc
naturellement que vous devez beaucoup compter aux yeux de mon fils, sans
intérieurement, j’en suis très flattée. Doug et son père se sont un peu reculés et
sont apparemment en train de parler d’un dossier de client. Ils n’ont pu par
conséquent entendre la confidence de Cora. Je préfère finalement.
contrarier leurs desseins. Je ne suis sans doute pas la femme qu’ils auraient
préféré voir au bras de leur fils. Et peut-être, ont-ils pour cette raison, quelques
qu’ils devaient espérer que Doug fréquente une femme issue de leur milieu
social et non une pauvre roturière comme moi. Et cette pensée m’attriste même
si, comme je l’ai dit, tous deux n’ont jusqu’ici manifesté aucun signe
quelconque de leur déception.
rapprochée de moi.
dans mes pensées ? Ou fait-elle allusion à autre chose ? Mais à quoi alors ?
ses doigts frêles. Penchant son visage vers le mien, elle m’adresse un regard
Je jette un regard alentour, mais personne dans la salle ne s’est aperçu de notre
vraiment ses propos énigmatiques, mais elle s’éloigne un sourire aux lèvres.
sourire, tout ce qui se passe autour de moi, prenant parfois part à de grands
chanceux.
Pour être honnête, anxieuse, je redoutais cette première rencontre, je ne les
avais en fait, absolument pas imaginés ainsi. Par préjugé sans doute, je les
pensais plus froids et cérémonieux, alors qu’il n’en est rien. Et je dois
fait, je les trouve tous adorables. Paul ne cesse de tourmenter gentiment son
frère et ce dernier, naïvement démarre à chaque fois au quart de tour. Qui eut
cru que Doug pouvait être à ce point déstabilisé par ce trublion de Paul ?
Janet, elle, est de loin la plus calme et la plus posée de la fratrie. Elle suit avec
un peu de recul les échanges de ses deux frères tout en souriant. Il ne m’est
mari Mike sont heureux et très amoureux. Tous deux posent régulièrement des
regards emplis d’amour sur leur petite fille et finissent toujours par s’adresser
les assagir ; comme ils ont dû le faire des milliers de fois les années passées.
Quand nous quittons la demeure, quelques heures plus tard, tout en me saluant,
discrètement à l’oreille.
— A très bientôt Scarlett, je sens que nous aurons l’occasion de nous revoir
souvent.
Surprise par cette marque chaleureuse et par ses paroles affectueuses, je lui
souris en retour sans savoir trop répondre ; mais ses propos me vont droit au
cœur. Je salue ensuite Janet, puis Paul, qui le temps de cette rencontre s’est
avéré très joueur mais aussi très proche de Doug. Tous semblent m’avoir bien
acceptée et je les quitte beaucoup plus rassérénée qu’à mon arrivée.
Une fois installés dans la voiture, Doug se retourne vers moi, un grand sourire
aux lèvres. Il avance en douceur sa main vers mon visage et saisit une mèche
dingue, cette emprise qu’il peut avoir sur moi rien qu’en me fixant.
— Tu leur as plu.
Mon impression personnelle était plutôt bonne, mais le fait que Doug me le
— Oh oui ! sois en sûre. Je les connais tous et si cela n’avait été le cas, je peux
te promettre que l’ambiance aurait été toute autre aujourd’hui. Mais rassure-
J’oscille d’un mouvement de tête pour donner mon accord et reste songeuse
pendant tout le trajet retour, la tête sur son épaule. Je sais que nous devons tous
nous retrouver demain midi et l’appréciation de Doug sur ce repas me
tranquillise. C’est vrai, que tous ont été plus que gentils avec moi. A aucun
moment, je n’ai senti d’indifférence ou d’hostilité de leur part. Pourtant, l’idée
que je ne fasse pas partie de leur monde d’une part et que Cora et Mickaël aient
pu avoir d’autres attentes concernant la petite amie de leur fils d’autre part,
continue déraisonnablement à me tracasser.
Perdue dans mes réflexions, je suis tout d’abord surprise quand le moteur
s’éteint, car je n’ai pas vu le trajet passer, mais en revanche, je ne suis pas
l’immeuble de Doug.
Je me replace sur mon siège, alors qu’il fait le tour du véhicule en courant. Ce
Quand j’y pense, quelle chance pouvais-je avoir qu’un homme aussi séduisant
que lui puisse s’intéresser à une femme comme moi ? Aucune, selon mon
propre jugement.
Doug se penche un sourire aux lèvres pour ouvrir la porte et me tend sa main
pour que j’y prenne appui pour sortir de l’habitacle.
Quand nous arrivons devant l’ascenseur, il pianote le fameux code secret sur le
pavé numérique et nous entrons tous deux dans la cabine. Peut-être est-ce le fait
Tel un félin, Doug se rapproche de moi et pose ses mains sur mes hanches tout
résister à l’appel de ses lèvres qui se posent sur les miennes. Son baiser
Je crois lire dans ses yeux la même déception que la mienne et durant quelques
secondes, je lui trouve un air attendrissant, le même qu’il devait avoir quand
enfant, il n’était pas satisfait. Ce même regard qui devait forcément émouvoir
— Viens, nous avons à parler, me tire de mes rêveries Doug, qui semble avoir
Ses traits se sont tendus et tout en cherchant ce que j’ai pu faire ou dire de
travers depuis notre départ de chez ses parents, je le suis, redoutant une
canapé où il m’invite à m’asseoir. Son air sérieux m’informe qu’il a revêtu son
masque de P.D.G et je regrette déjà, le beau séducteur qui faisait battre avec
— Nous avons à parler ? je demande de façon à ce que mon esprit cesse ses
Ai-je pu le froisser ?
circulaires.
aussi.
Je fixe moi aussi mes mains emprisonnées, détaillant ses pouces qui continuent
de me caresser.
— Qu’en as-tu pensé ? me demande soudain Doug en relevant son regard vers
moi.
moins une fois dans sa vie, le grand amour ! Vous êtes sacrément chanceux
dans votre famille ! Ce n’est pas le cas de tous les couples, fais-je remarquer.
Ses yeux ont le même pouvoir habituel sur moi et mon cœur se serre, alors
que je pense à lui répondre. Cette simple question ne devrait pas me déranger
Repassant les images de ses parents ainsi que celles de sa sœur et de Mike et
devant l’amour évident qui règne entre eux, je me demande aussitôt si Doug
amoureuse. C’est la première fois que mon cœur s’affole ainsi et ça me fait un
peu peur aussi, pour tout t’avouer Doug. C’est si intense et si nouveau pour
moi. Je ne sais pas où tout ceci va nous nous conduire, qui le pourrait
d’ailleurs, mais j’ai réellement envie de tenter cette aventure avec toi. Je t’aime
toujours aussi grave, juste le temps pour moi d’abaisser mon sourire. Nous
tient ceci d’elle, c’est certain. Une façon curieuse de prononcer des réponses
au jeu des questionnements, j’ai moi aussi une question pour lui.
— Pour tout t’avouer, Abby ne voulait rien lâcher et j’ai dû user de mon
également t’avouer que je lui avais aussi fait promettre de ne pas t’avertir. Je
ne voulais pas que tu t’échappes une fois encore avant même que je n’aie eu le
temps d’arriver.
Doug marque une légère pause et caresse ma joue du bout de ses doigts et je ne
doigts, je savais que tu étais à Warren, mais Abby n’avait aucune idée de
qui m’a envoyé te chercher si tu veux tout savoir. Car si tu veux la vérité,
passés les premiers jours, comme je te l’ai dit, j’étais au trente-deuxième
dessous.
étage au bureau à son état sous terre et j’ai franchement du mal à imaginer que
puisse être ce genre d’homme à souffrir pour une simple histoire de cœur. Je
vraiment cru t’avoir perdue pour de bon. Mais au lieu de réagir, de courir te
te l’ai dit, je n’avais jamais connu de femme comme toi, Scarlett. Aucune
femme qui me tienne tête comme toi, qui n’hésite pas à me remettre à ma place
quand je déraille. Non, aucune, vois-tu, dont je sois tombé amoureux, non plus.
tenais tant.
ses doigts. Je suis surprise que Cora lui ait conseillé de me retrouver. Je
l’écoute avec attention tout en contemplant la beauté de ses traits rendus plus
— Tu sais elle était complètement différente des autres jours. Elle ne s’est pas
montrée douce comme elle en a l’habitude et je préciserai même : loin de là !
Mais imagine-toi qu’elle s’est pointée au bureau environ une semaine après
que tu sois partie. Apparemment Janet l’avait avertie que je n’étais pas bien.
Elle est arrivée déterminée, alors que cela ne lui arrive quasiment jamais
depuis que mon père s’est retiré des affaires. Aussi j’étais surpris de sa visite.
Elle s’est alors adressée à moi fermement sur un ton que je ne lui connaissais
Cora habituellement empathique. Doug poursuit son récit que je trouve de plus
en plus intéressant. L’intervention de sa mère me surprend et je veux en savoir
davantage.
— Eh bien, comme je te dis, elle s’est adressée à moi d’une voix qui ne
souffrait pas que je l’interrompe. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais le
contenu était le suivant : elle m’a fait judicieusement fait remarquer que si
j’étais capable de diriger les éditions avec brio, si j’avais la force de me battre
pour faire prospérer l’affaire, alors à fortiori, je devais être à même de réunir
été le choc de son attitude, sa visite a été malgré tout efficace, puisque c’est
après sa venue que j’ai alors seulement réalisé qu’effectivement, tu étais
absolument tout ce que je voulais. Et c’est là, que je me suis secoué et que je
énormément.
Repensant au rôle de Cora dans notre histoire et à l’amour qu’elle partage avec
Doug m’enveloppe alors d’un regard si tendre et si aimant que mon cœur
bondit à nouveau à l’intérieur de ma poitrine. Et alors que je pense que nous en
avons fini de nos confessions pour la soirée et que je vais pouvoir me blottir
dans ses bras, Doug, lui, poursuit ses explications.
— Candy a très mal réagi quand sa mère lui a appris que je n’étais plus un
cœur à prendre. Par loyauté, ma mère avait préféré en avertir son amie afin
qu’il n’y ait pas de quiproquo, mais ça n’a pas arrêté Candy pour autant.
— Non, répond-il en riant, mais je crois qu’elle avait reconnu, bien avant moi,
— Mais alors, à quoi rimait tous ces titres de journaux dans ce cas ? Je ne
comprends plus …
— C’est Candy elle-même qui a contacté la presse. Je suppose que c’était une
quand elle le veut. J’imagine qu’elle espérait que son audace me scotche, mais
cela n’a pas été le cas. Loin de là, je dirais même.
photos retravaillées qui sont diffusées. Je n’ai jamais posé avec Candy. Nous ne
sommes d’ailleurs jamais sortis ensemble. Cette photo était un montage de
toute pièce, Scarlett. Tu pourras vérifier si tu le souhaites. Je ne suis
Mon cœur se décontracte et reprend peu à peu son rythme de croisière. Est-ce
vrai ? Tout ceci n’était que le résultat d’un immonde montage à la demande
d’une femme jalouse ? Il est vrai que je n’avais effectivement pas pris la peine
deviner qu’il s’agissait d’un montage si je l’avais fait. Quoique j’en doute,
aveuglée que j’étais par le chagrin que me procurait cette une de journal.
— Mais ce que tu dois savoir, poursuit Doug, je te l’ai déjà dit, je sais, mais je
veux que tout soit bien clair entre nous, c’est que Candy ne ressentait pas de
sentiments amoureux vis-à-vis de moi, ni moi pour elle, cela va de soi. Le seul
intérêt que je représentais à ses yeux était bien d’ordre professionnel. Et je
veux que tu saches aussi et que tu comprennes bien, que jamais, je dis bien
Je noie mon regard dans ses pupilles et je ne sais si ce sont les bulles de
champagne qui en sont cause ou bien les paroles si douces que Doug me
distille, mais mes yeux s’humidifient. Jamais aucun homme ne m’a ainsi
déclaré sa flamme et à la vérité, je pense même, que si de telles paroles
m’avaient été rapportées par une tierce personne - comme Abby par exemple,
d’une voix ferme. Je prends de gros risques ce soir, tu sais, en t’avouant tout
comme hier soir à quel point je suis tombé sous ton charme et à quel point je
suis fou amoureux de toi. Mais c’est important pour moi de savoir si nous
mon amour.
J’ai l’impression de rêver. Je lui ai déjà avoué mon amour. Mais ce soir, Doug
voit plus loin. Ce soir, il en demande davantage et je comprends le risque qu’il
vient de prendre en m’avouant m’aimer à ce point. Je l’aime. Oh oui je l’aime,
à la folie même !!
— J’ai vraiment besoin de savoir, insiste-t-il ses yeux plongés dans les miens.
Je lis son inquiétude dans ses yeux et peut-être pour la première fois que je le
connais, c’est lui qui me semble vulnérable ce soir. Doug vient de m’avouer la
force de son amour et je me dois d’être honnête avec lui. Je ne peux pas le
— Je t’aime Doug. Je t’aime à la folie. Et je veux que tu saches ceci. Dès notre
première rencontre ton charme a agi sur moi et dès le départ, j’ai nourri des
toi. Je peux t’assurer que toi, Doug Doherty, tu es sans conteste l’homme le
plus déconcertant qui soit ! Et pourtant, jamais je n’ai ressenti d’émotions aussi
intenses auprès d’un homme. Un simple frôlement de toi m’électrise, tes yeux
pénètrent mon âme et mon cœur s’emballe dès que tu t’approches de moi.
Même mon esprit est devenu servile ne me laissant aucun répit tant mes
pensées se tournent vers toi. Je t’aime Doug ! Je t’aime si fort. J’ai cette
surprenante sensation de me sentir si forte à tes côtés et si faible loin de toi,
L’émotion qui passe entre nous est si intense à ce moment-là, que mes yeux
s’emplissent doucement de larmes de bonheur, tant je suis heureuse. Je veux
juste avoir la force d’aller au bout de ma déclaration pour ensuite céder aux
tu penses que tout ce que je t’ai dit est conforme à ce que tu attends de moi,
alors oui, je vois effectivement les choses comme toi, je finis presque
essoufflée ma déclaration d’amour.
Ce sont à présent les yeux de Doug, emplis d’amour, qui s’embuent, le rendant
encore plus irrésistible que jamais.
— Je ne pourrais plus jamais vivre sans toi, Doug. Le sais-tu seulement ? J’ai
cru mourir quand j’ai vu les couvertures des journaux. Je l’ai vraiment cru. Un
coup de poignard en plein cœur ne m’aurait pas fait plus mal. Alors, oui,
Doug, je pense que nous sommes sur la même longueur d’ondes, enfin, je
l’espère. Vraiment.
des yeux et nos regards sont toujours ancrés l’un à l’autre. Et je crois que rien
Non ce n’est tout simplement pas possible car nous ne nous connaissons pas
suffisamment !
Mais alors pourquoi met-il son genou au sol, face à moi ??? Oh là là là là !!!
effectivement en phase tous les deux. Ma mère avait vu juste, comme toujours.
Elle me l’a confirmé quand nous sommes partis et c’est en partie, grâce à elle
si j’ai décidé de m’ouvrir à toi, ce soir. Je ne pouvais plus attendre mon amour.
J’observe discrètement sa main se glisser dans sa poche et farfouiller alors que
mes yeux se mouillent de tant d’émotions. Quand enfin il saisit quelque chose
nait sur son visage et quand il en ressort sa main je crois bien n’avoir jamais
vu quelqu’un sourire autant. Ses yeux pétillent et je souris de le voir si heureux.
Puis je le vois se concentrer, ses yeux me scrutent et je devine qu’il a peur. Moi
aussi. Le visage soudain sérieux, solennel, Doug m’adresse cette fois un
moi.
conquérir ton cœur, même si j’ai dû pas mal batailler avec moi-même en tout
premier lieu, rigole-t-il, puis contre toi en second lieu. Mais je sais, je sais, se
c’est prématuré, moi je sais que tu es celle qui comblera mon cœur et je ferai
de toi ma princesse, ma reine. Alors, accepterais-tu, mon amour, de devenir la
Indubitablement.
sais que ma réponse tarde à venir pour lui mais j’ai besoin de ce temps
toute vitesse et j’ai une pensée pour ma grand-mère que j’aimais tant. Serait-
elle heureuse pour moi ? Approuverait-elle un homme tel que Doug à mes
remontant jusqu’à mes yeux. Il s’agit d’un sourire de bonheur et j’ai soudain
envie de lui crier ma réponse.
— OUUUUI !!
Les traits de Doug se décontractent aussitôt et ses yeux se mettent à rire eux
Doug se redresse tout en passant un de ses bras dans mon dos tandis que l’autre
— Doug ?
— Humm ?
— Tu sais que la dernière fois nous n’avons pas protégé notre rapport et je ne
pense pas que …
Personne - et surtout pas moi - n’aurait parié sur une telle alliance compte tenu
FIN
Remerciements
aucun but.
cadence ;)
… très bientôt.
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