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PROLOGUE

Lui : J'ai besoin de me marier et tu seras parfaite


Moi : Han ? qui, moi ? mais tu es fou ma parole !
Lui : Non je suis sérieux ! écoute, le conseil d'administration est prêt à me nommer directeur général
du cabinet et...
Moi : Tu veux casser ton image de coureur de jupon, hein c’est ça ?!?!
Lui : Arrête de dire des bêtises. Je ne suis pas un coureur de jupon. Tonton Bouba pense que j’ai
besoin de toi
Moi : Tidiane, Tidiane, tu es incroyable quand même ! Encore hier tu adorais me détester et
aujourd'hui tu me proposes le mariage.
Lui : Tu t'en fous du mariage je sais ça ! je te donnerai tout l'argent que tu veux, tu voyageras autant
que tu veux, tu descendras dans les plus grands hôtels de la planète, faire du shopping dans les
grands magasins
Moi: Eh bim ! ça c'est un sacré coup de poing !
Lui : Oses dire que tu n'es pas intéressée par tous ces points ?
Moi: Et Même, c'est une raison pour me balancer tout ça en pleine face ? tu es en train de me
demander en mariage là et tu n'es pas du tout convaincant même si c'est juste un contrat...
Lui: Didi, ne me la joues pas vierge effarouchée ! ton étiquette de femme matérialiste n'est pas une
légende. On adore se détester c'est un fait mais au fond avoue qu'on s'entend plutôt bien. On forme
une bonne équipe au boulot, c'est incontestable
Moi : Pourquoi moi ?
Lui : C'est un contrat et tu as beaucoup à y gagner. Tu es belle et intelligente et je sais que tu pourras
assurer dans mon milieu et en tant que femme de DG. Notre attirance mutuelle bien qu'agaçante
n'est pas plus mal finalement, ça nous promet des nuits torrides. Et entre nous, je suis sûr qu'on ne
risque pas de voir naître des sentiments déplacés.
Il finissait son speech avec un big sourire spécial "signal white now" qui le rendait si irrésistible. Il
était fier de lui, de ses arguments. Il me regardait tél un prédateur guettant sa proie, convaincu de
m'avoir à tous les coups. Mon passé de matérialiste et professionnelle en Mbaraane me rattrape
mais ce qu'il ne sait pas c'est que je l'aime ce Con...
PARTIE 1

Deux ans plus tôt…

Notre rencontre reste encore l'une de mes plus grandes humiliations, même si j'en rigole
aujourd'hui. C'était à mes débuts de jet-setteuse, mon pigeon du moment m'avait invitée à
l'accompagner à un gala de charité à l'hôtel Méridien président actuel king fahd palace. J'étais, mais
juste sublime dans ma robe, faut dire que le bonhomme m'avait laissé sa carte gold, (si, si), pour faire
mes achats. Et comme je ne sais pas faire les choses à moitié je suis allée chez la styliste Diouma
Dieng Diakhaté, et elle a laissé exploser tout son talent sur moi. On aurait dit une princesse peulh.
Tous les yeux étaient rivés sur moi, je faisais sensation ! Nous avions passés une excellente soirée, et
vers la fin, Sall m'a demandé de le suivre dans un salon privé car il devait y rencontrer des futurs
collaborateurs influents. Je le suivais donc gentiment...

Dès notre entrée dans le salon, j'ai su immédiatement que les gens qui étaient à l'intérieur étaient à
un niveau supérieur du commun des mortels. C'était dans leur posture, leur élégance leur façon de
parler... c'était un tout. Nous avancions lentement vers le milieu de la pièce quand je le vis.

Il se tenait là, entouré des autres mais les yeux braqués sur moi. Pendant tout le temps ou Sall et
moi avancions vers le groupe, il ne m'avait pas quitté des yeux, un regard tout en profondeur. Il était
grand, très grand, le teint clair avec une barbe de deux jours qui lui donnait l'air, comment dire,
DANGEREUX ! Sall fit les présentations, me désignant comme sa petite amie et il eut l'arrogance de
l'interrompre et de lui demander devant tout le monde :

Lui : Mon cher Sall, n'êtes-vous pas marié ?


Sall : Bien sûr que oui répondit l'autre avec aplomb ! mais nous sommes musulmans et au Sénégal de
surcroit je te rappelle et la polygamie y est autorisée. Et voyez-vous ce diamant-là, à mes côtés, est
ma future deuxième épouse, in chaa Allah.

Tout le petit groupe souriait et regardait Sall, avec envie, faire le coq. Tous, sauf lui. Il continuait à me
fixer seulement en y mettant à ce moment-là tout son mépris. J'étais subitement glacée ! Pourquoi
j'étais tout d'un coup aussi mal à l'aise ?! Personne n'avait pu deviner que je me foutais de Sall et que
j'avais juste besoin de son porte-monnaie ! Apparemment si ! Quelqu'un, lui. Je me suis excusée en
vitesse en prétendant vouloir aller me repoudrer le nez et j'ai littéralement fuit de la Salle privée. Je
m'éloignais vers les toilettes pour dames quand en me retournant, je l'ai vu sortir à son tour de la
pièce. Essayant de faire vite pour ne pas qu'il me voit, je me suis prise le tapis du couloir dans mes 15
cm de talons et une seconde après je m'étalais intégralement par terre et en prenant soin de bien
manger le sol, face contre terre. Mon Dieu, je ne vous parlerais pas de ma douleur qui était juste
horrible, mais de ce sentiment déboussolant, qui vous brise de l'intérieur qu'on appelle la Honte. Je
ne savais même plus comment me relever, j'en tremblais. Soudain j'entendis sa voix rauque et
profonde

Lui : Vous n'allez pas en mourir, relevez-vous dit-il en me tirant par ma main qui trainait encore sur le
sol.
Pendant quelques secondes super-angoissantes, je ne pus même pas relever la tête puis je
commençai à ressentir la chaleur de sa main qui gagnait mon corps. Je restais figée, comme
hypnotisée. Sans effort, il me souleva avec un soupir désabusé (qui m'irrita encore plus) comme une
poupée gonflable.

Lui : Vous avez de la chance, il n'y a que moi qui ai assisté à votre dégringolade ce soir, mais méfiez-
vous la prochaine fois le monde risque d'en être témoin et vous en prendriez pour votre grade
Moi: Vous avez l'air heureux de mon malheur, articulais-je lentement
Lui : Moi au moins je ne prétends pas être ce que je ne suis pas.
Moi: Et qu'est-ce que je prétends être, Mr je sais tout ?
Lui : Une jeune femme très belle et désirable, amoureuse d'un vieux pervers pour ses beaux yeux.
Moi : Ça vous dérange ? Et qui êtes-vous pour me juger ?
Lui : Ça me dérange Mademoiselle ! Vous êtes méprisante, de par votre façon d'être et par votre
façon de faire... termina-t-il d'un ton tellement condescendant et arrogant avant de se retourner et
s'en aller

J'étais choquée ! Pourquoi tant de méchanceté ?? Un homme si beau avec une langue tellement
acérée !! Dans l'état actuel des choses, ma honte faisait encore que je n'avais pas pu lui répondre
comme je le voulais. Mais il ne perdait rien pour attendre ! Ahhhh, donc j'étais belle et désirable,
hein ? Dakar était tout petit et je me promettais de lui faire vivre un enfer... visuel.

Lui c’est Ahmed Tidiane Ly...


PARTIE 2

Ce fut relativement simple de connaitre son identité. Sall, bien qu'irrité par la condescendance de
notre ami culoté, ne tarissait pas d'éloges à son égard : Ahmed Tidiane Ly, meilleur architecte de sa
génération. Il était tellement honoré d'intégrer son cercle de connaissances, qu'il lui pardonnait son
arrogance. Je lui posais des questions sur lui, l'air de rien. Et avant la fin de la soirée, j'en savais plus
que je ne l'espérais.

Quand je dis que Dakar est petit lol, c'est parce qu'il est vraiment tout Riquiqui. Figurez-vous, que le
cousin à ma meilleure amie était en stage depuis un an à « OVERGROUND, Cabinet d'architecture » le
cabinet ou Tidiane Ly était Associé. Après avoir payé gracieusement ce coquin et sa copine secrétaire,
j'avais carrément l'agenda de toutes les sorties publiques de Mr Ly.

Au début, je n'avais pas eu besoin de me creuser la tête pour l'approcher. Car pire que moi, mon cher
Sall le suivait comme son ombre. Et comme j'étais son trophée du moment et qu'il voulait m'exhiber
partout, bah je pouvais voir la haine de Ly s'amplifier à chaque rencontre. Je soignais encore plus ma
mise, et je devenais encore plus tactile avec Sall, ce dernier était aux anges ! Au début, il se
contentait de m'ignorer même si je surprenais des fois son regard profond sur moi. Puis il commença
à me parler. Attendez, je corrige, il commença à me lancer des piques incendiaires, et je lui répondais
cordialement avec la même flamme. Son groupe d'ami était choqué, je dis aucune, mais aucune,
personne n'avait jamais osé être sarcastique avec lui. Mais ce que les autres ne savaient pas, c'est
qu'on avait vécu un moment historique qui faisait de Tidiane Ly et moi, deux gladiateurs dans une
arène. Sall lui était sidéré ! Il m'a fait la tête pendant quelques jours. Il ne comprenait pas que je «
manque de respect » à son chouchou ! Et pourtant la façon dont son excellence Mr Ly me parlait ne
semblait pas le déranger outre mesure ! Quel idiot ce vieux ! De toutes les façons je n'avais plus
besoin de lui. J'ai profité de cette histoire pour rompre, sa carte Gold allait très certainement me
manquer mais j'avais désormais d'autres objectifs.

Ahmed Tidiane Ly m'obsédait littéralement. Je parcourrais tous les articles qui parlaient de lui. Et je
découvrais un homme brillant, impressionnant et un sentiment de respect commençait à poindre le
bout de son nez. Et Que dire de ce désir de lui parler, de voir ses yeux parcourir mon corps ? Dieu
qu'est-ce qui m'arrivait ? Ce n'était plus mes objectifs du début qui me poussaient à me faire
remarquer de lui. C'était autre chose et je n'avais pas trop envie de mettre un nom là-dessus.

A l'occasion de la 11eme Biennale de Dakar, la Mairie avait organisé un cocktail pour l'ouverture du
programme. Et bien entendu, en digne jet-setteuse, j'avais mes entrées. Je me suis rendue avec
Yuma, ma best, toute pimpante comme d'habitude avec le désir secret d'y rencontrer mon paradis et
mon enfer sur terre. Et il y était évidemment, mais trop loin de moi. Je n'avais plus Sall pour
l'approcher aussi aisément, sans donner l'air de lui faire du rentre dedans. J'ai choisi de rester
naturelle et d'admirer les œuvres exposées sur le parvis. J'étais absolument absorbée dans la
contemplation d'une œuvre de Mame Gallo bopp, quand j'ai entendu mon prénom

La voix : Didi ? khadija N'diaye ?


Je me retournais lentement vers la voix.
Moi : Malik Ly ? oh mon Dieu
Malick : Toujours aussi belle, à ce que je vois ! Viens dans mes bras !
Moi : Ohhhh mon cœur, comme tu m'as manqué ! en me jetant sur lui pour un long câlin.
Avec Malik on s'est connu à Paris. Puis on a étudié à la fac à Paris 12, nous avions fait la licence
ensemble en langues étrangères appliquées, avant qu'il ne s'oriente en E-commerce en master1. On
ne s'était pas revu depuis 3 ans, bah depuis que j'avais quitté la France après mon diplôme en fait. Et
depuis la mort de mes parents j'avais rompu tout contact.
Malick : Depuis tout à l'heure alors que j'étais avec mon cousin, je t'ai aperçue mais j'avais un doute
si c'était bien toi.
Moi : Eh oui ! alors tu es à Dakar depuis quand ?
Malick : Ça va faire un mois-là ! je suis rentré définitivement cette fois. J'ai trouvé un poste dans une
agence web spécialisée e-commerce ici à Dakar
Moi : Ahhh génial !! ça me fait plaisir !
Malick : Et toi tu fais quoi ?
Moi : Rien, je te dis !
Malick : tu n'es pas sérieuse ?
Moi : Si, pourtant si ! A mon retour j'ai travaillé pendant un an au bureau régional de l'UNESCO à
Dakar pour la promotion de la liberté d'expression, le développement des médias et l'accès à
l'information et à la connaissance. Et C'était super, mais depuis je n'ai rien trouvé qui me booste.
Malick : Attend, il faut que je te présente mon cousin, il me disait tout à l'heure qu'il cherchait une
assistante douée en langues étrangères
Moi : Sérieux ?
Malick : Mais oui, oui !!! viens, il doit être quelque part par-là !!oh my God, je n'y crois pas encore
d'être en face de toi !!!
Ah ce cher Malik ! Il ne changera jamais, comme une pile ! Déjà, tout en continuant à s'extasier sur le
hasard qui avait fait qu'on se retrouve à nouveau, il me tirait par la main et m’emmenait, je ne sais
où !

Malick : Ah le voilà ! Tidiane, je te présente ta future assistante dit-il avec un gros sourire !!
Moi j'étais scotchée ! Ahmed Tidiane Ly, comme par hasard ! Comme il était de dos, il se retourna
vers nous en souriant avant de se figer en rencontrant mon regard.
PARTIE 3

Tidiane : Bonjour, Mlle


Malick : Ndiaye. Khadija Ndiaye, c'était ma meilleure amie à la Fac, dit Malik reprenant les
présentations. Didi je te présente mon cousin et Mentor Ahmed Tidiane Ly, j'ai dû te parler, des
tonnes fois, de lui si tu te souviens...
Moi : Nous nous connaissons déjà de vue dis-je en interrompant Malik dans son long discours le
regard toujours scotché à celui de Tidiane.
Tidiane : En effet, dit-il. Alors vous cherchez du travail ? je pensais que vous en aviez déjà un ?
Malick : Mais qu'est-ce que tu racontes Tidj ? et d'où vous vous connaissez, vous deux ?
Tidiane : Ça se voit que mon cousin à cesser de vous connaitre, jeune fille. Vous ne lui avez pas parlé
de votre activité préférée ? Comment vous appelle-t-on encore dans votre jargon si spécial, hein,
Escort-girl ou pute de luxe, c'est ça ? D'ailleurs je suis surpris que vous ayez fait des études et surtout
aussi poussées.

J'avais perdu ma langue. Toute répartie cinglante m'avait désertée. Je regardais tristement, Malick
complètement ébahi par le ton et les propos de son cousin.

Malick : Mais qu'est ce qui se passe ici ? Tidiane, pourquoi tu lui parles comme ça ? Didi dit quelque
chose toi aussi.
Moi : Laisse tomber Lick chéri. Ce cher Mr Ly est trop borné pour voir au-delà des apparences. Et
comme il connait apparemment mon CV sur le bout des doigts, il est clair qu'il ne sera jamais mon
employeur. Passe-moi ton téléphone.

Il me le passait, encore stupéfait par les événements.

Moi : Tiens, voici mon numéro. Appelle-moi ça me fera plaisir qu'on boive un verre ensemble. J'y
vais.

J’avais déjà le dos tourné quand la voix de Tidiane m'arrêta net.

Tidiane : Vous fuyez ? Je n'y crois pas. On vous présente une opportunité d'emploi et vous laissez
votre amour-propre dicter votre conduite. Bonjour la motivation !

Je lui fis face à nouveau, le visage serré, la tête bien haute.

Moi : je ne fuis pas, l'air est juste devenu irrespirable.

Je m'en allais en colère, des larmes de dépit commençaient à me piquer les yeux. J'envoyais un SMS à
Yuma que j'avais perdue de vue dans la foule, pour lui dire que je partais. Je pris ma voiture et roulai
comme une folle.
C'est fou ce que ce mec avait le pouvoir de m'atteindre. J'étais en colère car j'étais restée muette
comme une carpe. Je l'avais laissé m'humilier, me ridiculiser. Quand je pensais à tous les films que je
me faisais sur nous deux, aujourd'hui ces paroles m'ont fait redescendre sur terre. Ce gars me
méprisait, mon Dieu il m'a traitée de Pute de luxe. De pute. Oh comme je le détestais !

Mon téléphone n'arrêtait pas de sonner dans mon sac. Mais je n'en avais cure. Je cuvais encore ma
colère.
Je suis restée enfermée chez moi 3 jours avant de retrouver un semblant de lucidité et de pouvoir
affronter à nouveau le monde. J'avais dix milles appels en absence !!!! Mais surtout Yuma et un
numéro que je ne reconnaissais pas surement Malick et un numéro privé ce matin qui n'avait pas
laissé de message vocal. Puis j'ai vérifié mes textos, le numéro qui m'était inconnu s'avérait être celui
de Malick. Je rappelais Yuma pour lui expliquer l'histoire, elle m'a traité de tous les noms d'oiseaux
possibles avant de me raccrocher au nez et de me rappeler 1 minute après

• T'es bête ou quoi ? attaqua-t-elle


• Désolée, j'avais besoin d'être seule, Yum
• Et tu me fais peur comme ça ! je suis passée chez toi mais tu avais bloqué la sonnerie de
l'interphone.
• Désolée bébé.
• Non, plus de bébé, ni de Yuma chérie ! depuis quand tu laisses un homme te briser ainsi ?
• Je ne sais pas.
• Reprends-toi, nom de Dieu...
• Attends j'ai un double appel je te rappelle
• Ne pense pas t'en tirer comme ça surtout jeune femme !!
• Ok ok Clic

Ouf sauver par le gong, ce qui est sûr c'est que celle-là ne va pas me lâcher. Je décrochais le second
appel en attente

• Oui ?
• Bonjour, Mlle Ndiaye Khadija ? dit une voix féminine
• Oui c'est moi, bonjour
• Merci de patienter svp, je vous passe mon patron
• Qui êtes v.… ! mais elle avait déjà lancé le transfert d'appel
C'est quoi ça, elle ne s'était même pas présenté et elle me passe son chef... oh hé on vit dans
un monde de fou
• Allo ?
Cette voix... Tidiane Ly !
• Oui ?
• Mlle Ndiaye, bonjour c'est Mr Ly, je vous ne dérange pas j'espère ...
J'étais tellement surprise et choquée que je lui ai raccroché au nez sans lui répondre.
Oh mon dieu !!!

3 semaines plus tard, je travaillais pour le cabinet ! Oui, oui, je sais vous n'y comprenez rien lol. En
fait, après lui avoir raccroché au nez, j'avais pris de grandes résolutions :
1. Reprendre mes activités de mbaranne
2. Trouver un nouvel appartement
3. Me mettre à fond dans ma recherche d'emploi autre part qu'au cabinet de cet effronté
4. Oublier Ahmed Tidiane l'objectif ultime

Mais ce n'était pas gagné pour les deux derniers points, Malick était trop décidé à se mêler de mes
affaires. Il avait bien compris que mes relations avec son cousin étaient des plus tendues. Il est passé
par son père qui était aussi associé dans le cabinet. Il m'a invitée à aller boire un verre quelques jours
plus tard et il est venu avec son papa que je connaissais déjà car il venait souvent voir son fils à Paris.
Le vieux ne m'a carrément pas laissé le choix ! C'était, je venais bosser pour eux par la force, un point
un trait. Il a fait jouer les sentiments, en me demandant s'il n'était pas mon père aussi et j'ai flanché.

• Super !!! s'exclamait Malick comme le vieux venait de nous laisser seuls
• Toi là je vais t'étrangler !!!
• J'attends que tu m'invites à diner avec ton premier salaire
• Mouais c'est ça !!
• Bon j'aimerai qu'on parle maintenant plus sérieusement, Didi, commença-t-il l’air sérieux
• Ne me parle surtout pas de ton Cousin !
• Tu sais, il regrette ce qu'il t'a dit
• Je m'en fous Lick
• Ok ok ! de toutes les façons je ne voulais pas parler de lui
• D'accord dis-moi alors
• Comment tu t'es retrouvée à faire ça ?
• Je ne suis pas Escort girl Lick.
• C'est quoi alors ? on ne s'est jamais rien caché, Didi
• Malik, je ne pense pas faire quelque chose de mal
• Je ne te juge pas, je veux juste que tu m'expliques pourquoi tu sors avec des gars vieux et
riches au lieu de jeunes de ton âge, histoire de construire une relation sérieuse. De quoi as-tu
peur ?
• Qui te dit que j'ai peur ?
• Arrête, je te connais. Depuis l'histoire avec ce con d'Alioune, je sais que tu ne voulais plus
faire confiance aux mecs.
• Tu connais mieux que personne ma vie, Lick, et tu sais que côté cœur c'est carrément
catastrophique. Aujourd'hui, Je sors avec des mecs dont je suis sûre de ne jamais tomber
amoureuse et qui ont de l'argent car j'aime la belle vie, les sorties, les voyages. Et je suis
fidèle, jamais deux relations en même temps.
• Ah ouais t'es devenue matérialiste comme ça ? demanda-t-il choqué
• Quel mal y a-t-il à ça ??
• Ppppfffff t'es chiante ! Mais quand tu auras signé ton contrat avec papa, tu seras très bien
payée, tu vas arrêter cette mascarade ?
• Mais lâche-moi les baskets, Malik Ly.
• Tu n'as pas compris que j'ai peur pour toi, bordel !!! cria-t-il énervé
• Mais....
• Oui j'ai peur, Didi. Sous tes airs de femmes fatales, je connais ta fragilité
• C'était-il y a longtemps ça !
• On ne change pas vraiment Khadija. Aujourd'hui tu as d'autres objectifs, tu cherches à te
protéger, mais tu restes toujours la même.
• :...
• Est-ce que tu couches avec tes gars ?
• Nooon ! mais pour qui tu me prends ???
• Voilà ce que je te disais. Et tu penses que tous ces gars-là vont accepter de se laisser
déplumer comme ça et rien te demander en retour
• Je ne suis pas naïve, je sais que c'est risqué ! mais je m'en suis toujours sorti jusqu'ici
• Et quand la roue tournera ? tu risques de te faire violer.
• Je sais, je sais, arrêtes Malick, j'ai compris.
• Je veux que tu arrêtes ça.
• Arrête de vouloir décider de ma vie, d'abord c'est ce travail et puis maintenant ça
• Tu me remercieras plus tard
• Mais va te faire foutre Malick Ly. D'ailleurs je m'en vais !!

Je pris mon sac et sortis comme une furie du restaurant. Il était assis là à me regarder tristement sans
essayer de me retenir. Il savait que ce n'était pas la peine quand j'étais dans cet état-là. Mais il savait
que ses paroles atteindraient leur but, il a toujours eu ce pouvoir sur moi.

Le lendemain, je l'ai appelé. Comme si de rien était, on s'est vanné, on s'est chamaillé, l'orage était
passé. Même si dans ma tête c'était Alep. J'étais à un tournant de ma vie là. L'après-midi même j'ai
reçu un mail de l'assistant de tonton Boubacar Ly, qui me proposait de passer au cabinet pour passer
un entretien plus formel. Je confirmais le rendez-vous et je me suis préparée en faisant des
recherches sur le monde de l'architecture. Grace à mon ancienne enquête sur l'autre Ly, j'en savais
un peu sur le cabinet. Donc l'affaire devrait bien se passer. Et ce fut le cas.

Etant donné que le cabinet avait déjà conquis le marché ouest-africain, ils étaient en train de
s'attaquer au reste de l'Afrique. Et le marché lusophone était la première étape. Ma formation
m'avais permis d'acquérir assez de connaissances pour assumer des missions liées aux échanges
internationaux. De ce fait, je devenais chef de projet commerciale au cabinet et mon rôle était
d'aider nos chers architectes à gagner tous les marchés possibles. Et bien sur le fait d'être polyglotte
était mon principal point fort. Le seul hic, c'est que je devais travailler avec tout le monde, donc
malheureusement avec Lui.

Quelle plaie !!!


PARTIE 4

Depuis le décès de mes parents, il y a deux ans maintenant suite à un accident sur la route de st-
louis, j'habitais ce petit studio en plein centre-ville qui coûtait horriblement cher. Mais je ne l'avais
jamais trop senti, car il faut dire que le mbaranne rapportait bien. J'ai grandi dans une famille
modeste. Mes parents étaient fonctionnaires et tous les deux professeurs. Mon père était prof
d'anglais et d'espagnol et ma mère prof de philosophie. Je ne vous raconte pas les débats à la
maison.... Ils ont eu du mal avec moi au début car j'étais surdouée et ils n'avaient pas assez d'argent
pour me mettre dans une école spécialisée. En fin de compte j'ai dû sauter 3 classes pour être
minimum intéressée par les cours sinon c'était trop facile. J'ai été en France grâce à une bourse
d'études gracieusement offert par l'état après un premier prix au concours général en philosophie et
à mon retour après mon master, j'avais des rêves pleins la tête mais tout s'est brusquement arrêté
avec cet accident. Je me suis retrouvée toute seule.

Je ne voulais plus vivre seule.

Et avec Yuma, on avait décidé de prendre un appartement ensemble, plus grand. Elle aussi vivait
seule à Dakar, comme ses parents étaient de Darou Mouhty. Elle travaillait dans une boîte
d'expertise comptable comme assistante de direction. Nous avions déjà fait 3 visites, et notre choix
s'est arrêté sur un beau F3 à la Cité Keur Gorgui. J'avais un nouveau thiof, (ce n'est pas interdit quand
même ) et puis tant que ça me divertit, je suis partante. Les activités reprenaient...

Ma première semaine de boulot a été formidable, j'adorais voir tous ces beaux architectes en plein
travail mais rien était comparé à Ahmed Tidiane Ly, penché sur la table de travail dans la salle des
croquis, les lunettes sur les yeux le bout du crayon entre ses lèvres pulpeuses, l'air concentré. Ce
mec, c'est un danger public. Depuis le début, il m'ignorait royalement et c'était réciproque. J'étais en
train de me familiariser avec les dossiers en cours et les conseils des assistants personnels des 5
architectes du cabinet m'étaient d'une grande aide.

Un jour, j'étais à fond dans un dossier de tonton Boubacar quand Amy, la secrétaire de Tidiane, m'a
appelée.

Amy : Khadija ? Tidiane vous invite à le rejoindre dans son bureau, tout de suite
Moi : Euh oui
Amy : Et faites vite, il déteste attendre.
Click !

Et puis quoi encore ?!!? J'avalais ma rancune et sortait de mon bureau. J'avançais comme un
automate. Arrivée devant le tien, je lissai ma jupe moulante. Je toquai à la porte et j'entendis un «
entrez » étouffé. Je m'exécutais, la porte se referma derrière moi et je me retrouvai dans l'antre du
lion.

Il était assis derrière un grand bureau aux courbes élégantes.

• Mlle Ndiaye, commença-t-il avec sa voix rauque et puissante


• Bonjour Mr Ly
• Ça fait presque bizarre de vous voir habillée sobrement !

Voilà les hostilités commençaient...

• Je ne pense pas que vous m'ayez appelé pour parler de mes tenues vestimentaires ?
• En effet dit-il sans se départir de son calme. Malik m'a dit que vous cherchiez un
appartement
• C'est vrai, mais...
• Nous savons à quel point il est difficile de trouver un logement décent à Dakar, vous pourrez
habiter dans un appartement qui appartient au cabinet tout près d'ici, en attendant de
trouver mieux. Le chauffeur de tonton Boubacar vous y emmènera.

J'essayais de réfléchir à sa proposition, comme assommée. Pourquoi devenait-il aussi gentil soudain ?
Mais il aurait pu me demander mon avis, non ? Ça m'agaçait leur manie là, à la famille Ly, de vouloir
décider de tout concernant ma vie. C'était très généreux mais j'avais déjà pris ma décision.

• C'est très aimable à vous, Mr Ly


• Tidiane
• Pardon ?
• Vous n'avez pas remarqué qu'on s'appelait tous par nos prénoms au cabinet ?
• D'accord Tidiane (Dieu, comme du miel sur ma langue), c'est très aimable à vous mais j'ai
déjà une solution pour mon problème de logement. Je vais vivre en colocation avec ma
meilleure amie dans un appartement sur la VDN.
• Cela n'a rien de comparable avec l'appartement que je vous propose. Il s'agit d'un loft que
nous mettons habituellement à la disposition de nos partenaires de passage à Dakar

De toutes évidences pour lui mon choix devait se porter sur son appartement de luxe après tout, il
n'y a que ça qui m'intéresse, hein ?!

• C'est possible, et je vous suis très reconnaissante. Mais je me sentirais mieux en compagnie
de mon amie.
• Ah !

Sa surprise et son mécontentement était palpable.

• Eh bien c'est votre choix, conclue-t-il

On se défiait du regard pendant un moment. Puis il reprit :

• Autre chose
• Oui ?
• Tonton Bouba m'a rapporté que vous lui aviez fait forte impression au cours de votre
première réunion avec nos clients mozambicains.
• C'est vrai que le fait de s'entretenir en portugais a permis de fluidifier la communication
• Effectivement, vous avez su trouver les mots pour les convaincre, commenta-t-il de sa voix
rauque et sexy. A partir de lundi vous allez travailler pour moi.
• Pour vous ? Vous seul ?
• Depuis quelques mois nous préparons notre implantation sur le marché Angolais. Vous allez
m'accompagner comme une sorte d'assistante. Il y aura des exceptions bien sûr mais vous
viendrez à la plupart des entretiens. Nous allons nous rendre souvent à Luanda. Et vous allez
m'aider à vendre les mérites du cabinet et gagner de nouveaux contrats.
• Mais pourquoi moi ? et si tôt ?
• Vous préférez jouer à la simple traductrice pour un si grand projet ?

Sa voix était cassante, flirtant entre l'agacement et l'incrédulité.


• Si vous ne voulez pas saisir cette chance, alors...
• Si bien sûr que je la veux. Je m'étonne, c'est tout.
• De quoi ? demanda-t-il

Ce mec allait me rendre folle. Je le fixais avidement à la recherche de cette haine qui brille dans ses
yeux à chaque fois qu’on se voit.

• Vous me détestez. Et là vous me proposez ça !


• Je ne mélange jamais vie privée et vie professionnelle Mlle Ndiaye.
• Khadija
• Pardon ?
• Mon prénom c'est Khadija, répétais-je doucement
• Voilà donc Khadija, je pourrais retirer aussi ma proposition.
• Non, je suis intéressée et ... Heu contente. Vraiment

Il me fixa longuement, comme s'il me sondait, s'il cherchait quelque chose dans mes yeux.

• Bien alors. Conclut-il en se levant, nous commençons dès demain.

Bosser avec Tidiane s'avéra être un vrai parcours du combattant. Je n'aurais jamais pensé que ses
journées étaient aussi chargées. Je pus effectivement le suivre partout. C'était des réunions avec des
promoteurs immobiliers, des professionnels du bâtiment où les représentants de la mairie de Dakar,
de rapides déjeuners en centre-ville dans des restaurants chics avec de riches particuliers. Et tout ça
me préparait déjà à l'arrivée des Angolais et ce qui était certain, c'est que j'allais en baver le moment
venu.

Plus ça durait, plus j'étais fascinée.

Tidiane pouvait se montrer coriace en affaires, je m'y attendais parce que cette réputation le
précédait. Mais il était vraiment impliqué, il se battait pour tous les projets qu'il prenait en charge et
ses manières décidées se révélaient souvent déterminantes et emportaient l'adhésion. En outre, son
engagement était beaucoup plus étendu que je le pensais. Ce n'était pas un simple architecte
derrière ses croquis, c'était un mécène qui encourageait les jeunes talents, surtout dans l'art. Il le
faisait au nom du cabinet, mais on sentait que ça lui tenait à cœur. Il me présentait comme son
assistante partout où nous arrivions et contrairement à ce que je craignais, ça parut évident à tout le
monde. Les gens m'abordaient avec beaucoup de respect.

J'étais littéralement épuisée, putaaaiiinn !!! Le faisait-il exprès ? Je n'avais plus de vie sociale et
heureusement encore que j'habitais avec Yuma, sinon elle ne m'aurait pas cru si je lui disais que
j'étais aussi accaparée par le boulot. Mon dernier pigeon en a eu marre, j'annulais au dernier
moment tous nos rendez-vous. Même Malik débarquait en pleine nuit à la maison ou il s'imposait
dans nos déjeuners de travail au bureau pour qu'on puisse se parler quelques minutes.

Mais mon plus gros combat s'intitulait : « comment résister à Tidiane Ly ? ». Je ne savais plus quoi
faire ? De plus en plus une certaine complicité s'était installée entre nous et puis nous étions parfois
si proches quand on travaillait sur un projet que je sentais la chaleur de son corps irradier le mien ou
parfois c'est son parfum entêtant qui me déstabilisait. J'en étais arrivée à faire des rêves tellement
érotiques ou bien évidemment il était l'acteur principal. Il lui arrivait encore de me titiller en
critiquant encore mon soi-disant statut de mbaraneuse et je ne manquais pas de prendre la mouche
! Et s'en suivait de longs échanges sarcastiques où je mettais tout mon talent dans mon répondant
pour lui rappeler que lui-même était considéré comme un homme à femme.
Pendant ses mauvais jours, il était odieux ! Il criait sur tout le monde, j'arrivais encore à l'éviter au
max dans ses moments-là mais un jour, il me mit carrément à la porte de son bureau quand une de
ses clientes arriva pour son rendez-vous et il m'exigea de les attendre dans la petite salle d'attente.
J'attendis que la porte de son bureau se referme, je m'en allais dans mon propre bureau. Incapable
de me concentrer sur des documents quelconques (jalousie quand tu nous tiens), je pris le chemin de
la « tisanerie » au sous-sol du cabinet, j'avais décidé de me faire une petite pause-café avec Abdel
l'assistant de tonton Bouba.

• Ton cher patron te laisse enfin côtoyer le bas-peuple ?


• Arrête, t'es con Abdel !!!
• Vas-y, continues de faire l'autruche rek ! je te dis que ce mec te garde jalousement loin de
nous.
• Bah je suis là non, aujourd'hui ?
• Je te parie que dans moins de dix minutes il enverra quelqu'un te chercher
• Ahahhahahhahhahhh !!!profitons-en alors pour que tu me racontes tes amours !!

On continuait à papoter tranquillement, quand la porte s'ouvrit et je sursautai. Tidiane se tenait dans
l'embrasure.

• Khadija, vous voulez bien me suivre ? dit-il de ce ton inflexible que je connaissais déjà bien.

Ce n'était pas un souhait. C'était un ordre. Les doigts légèrement tremblants, je reposai ma tasse. Le
regard choqué d'Abdel allait et venait entre Tidiane et moi.

• À plus tard !!!lui glissai-je avant de descendre du tabouret.

Je le suivis qui s'éloignait à grands pas. Je dus presque courir dans le couloir pour le rattraper. Il
bifurqua vers la salle des archives, y entra en laissant la porte grande ouverte, comme une invitation.
Je la refermai derrière moi et j'avançai un peu laissant un peu d'espace entre nous.

• Que veniez-vous faire ici ? (Le reproche dans sa voix était manifeste.)
• Passer le temps en attendant que votre rendez-vous soit terminé.
• Je vous avais dit de patienter dans la salle d'attente !

Il avait presque crié la dernière phrase. La colère m'envahit. Pendant toute la journée, il m'avait
déstabilisée avec ses sautes d'humeur. Il n'avait pas le droit de me traiter comme ça.

• Oui, vous m'aviez demandé d'attendre. Mais je n'avais pas de tâche concrète à exécuter et
j'ai décidé d'employer mon temps comme je l'entendais. Votre secrétaire fait peut-être
toujours ce que vous dites, mais vous la payez pour ça.

Son visage reflétait son incrédulité. Apparemment, il ne s'attendait pas à cette réponse. Ses traits
s'assombrirent et il fit un pas dans ma direction. Je reculai et sentis la porte dans mon dos.

• Je vous paie aussi. Dit-il doucement

Si ses yeux pouvaient tuer, je crois que je serais morte à cet instant, mais je soutins son regard.

• Peut-être, mais pas assez pour que je supporte ce genre de chose. Je ne suis pas un chien à
qui vous pouvez ordonner de se coucher quelque part et d'attendre sagement votre retour.
Ça ne fonctionne pas comme ça.
Il s'approcha encore et se planta juste devant moi. Il fallait que je renverse la tête pour continuer à le
regarder. Sa main se posa sur ma gorge et ses doigts caressèrent ma peau. Son visage était si près du
mien que je distinguai comme des paillettes dorées dans ses yeux marrons.

• Comment ça fonctionne alors, Didi, pour que ngay déf li ma beug (pour que tu fasses ce que
je veux ?) ??? murmura-t-il, la voix rauque
• Arrête Tidiane... c'est de la folie. (Le tutoiement s'est fait instinctivement)
• Qu'est ce qui est de la folie ? chuchota-t-il presque. De la folie d'être ébloui chaque jour par
ta beauté, d'être bouleversé de voir que tu n'as même pas conscience de l'effet que tu me
fais ? De la folie de te trouver si intelligente, brillante et tellement désirable ?

Sa main rejoint ma nuque et la maintient fermement. Mes seins se tendent. Nos lèvres subissent une
forte attraction et finissent par se rencontrer. Tidiane poussa un grognement rauque et me plaqua
contre lui de telle sorte que j'étais obligée de me cambrer. Mon Dieu, je sentais son corps chaud et
ses muscles durs contre moi. Il m'embrassa alors, un baiser presque violent. Sa langue s'introduisit
dans ma bouche, l'explora, caressa l'intérieur de mes lèvres. Mes genoux commencèrent à flancher
et d'un coup je me sentis soulever dans les airs. Ma jupe était remontée sur mes hanches et ses
mains me retenaient pars les fesses, mes jambes se sont automatiquement croisées autour de ses
reins. L'instant d'après, je sentais mon dos qui se collait, à nouveau, à la porte et ses mains qui se
posèrent sur mes seins, caressèrent mes mamelons dressés à travers l'étoffe mince de mon
chemisier. Gggggrrrrrr oh mon Dieu !!!

Dammmnnn Il me dominait à tous points de vue mais à mon plus grand étonnement, c'était
précisément ce qui m'excitait. Cramponnée à lui, je m'abandonnai à l'assaut de ses lèvres et de ses
doigts. Sa main droite s'aventura plus bas caressa ma cuisse droite, ses doigts glissèrent entre mes
jambes et se pressèrent contre ma culotte en dentelle déjà humide. Je poussai un long halètement.

Sa caresse cessa abruptement, il retira sa main puis s'accrocha à mes hanches. Sa respiration était
rapide et sifflante et il se collait encore plus contre moi et la chaleur de son corps me submergeait. Il
laissa mon corps glisser contre lui pour que je puisse reposer mes jambes au sol et je ne vous
explique même pas les ravages que cette friction à provoquer en moi surtout quand mon bas ventre
à frôler le sien...

A nouveau sur mes deux pieds je me décalais de lui, tremblante, le goût de ses lèvres dans la bouche.
Il se détourna aussi, passa la main sur sa tête et laissa retomber son bras. À nouveau capable de
penser, je repensais à ce qu'il m'a dit : « lane laye def pour que nguaye déf li meu beugueu ? ». Était-
ce ça qu'il voulait de moi ? Déstabilisée, je plongeai mon regard dans ses yeux et crus y déceler de la
colère. Instinctivement, je me braquais dans l'attente d'une réplique cruelle de sa part mais il ouvrit
la porte et quitta aussitôt la salle d'archives. Je m'asseyais à une chaise tirée au hasard et j'essayais
de reprendre mes esprits. Merdeee qu'est-ce que j'avais fait ? Je ne me rappelle plus combien de
temps je suis restée là, mais en sortant de la salle, j'en étais toujours au même point, je me détestais
d'avoir succombé si facilement. Je remontais au bureau de Tidiane, je ne pouvais pas éviter la
confrontation.
Amy, derrière la baie vitrée de son bureau me lançait des regards style : lou khew fi ?? (Qu'est ce qui
se passe ici). Je la dépassais avec un air tout aussi étonné qu'elle. Je toquai la porte, entrai et la
refermai derrière moi et m'y adossai, heureuse qu'il se trouve tout au fond de la pièce, tant mes
genoux tremblaient encore. Pourtant, je donnerai tout pour rééditer l'expérience de tout à l'heure,
Sans attendre. Tendue, j'espérais qu'il dise quelque chose, mais il me tournait le dos et regardait par
la fenêtre. Je me dirigeai prudemment vers son bureau, par peur que mes jambes se dérobent. En
atteignant le fauteuil placé devant, j'agrippai le dossier.
• Tidiane ? (Il se tourna vers moi.)

Il s'était ressaisi. La colère et la passion avaient disparu de son visage, il était redevenu l'homme froid
et sûr de lui.

• Oublies ce qui vient de se passer, Khadija. Ça n'aurait jamais dû se produire.

Sa voix avait un ton maîtrisé, presque indifférent.

J'étais pétrifiée...
PARTIE 5

• Mais pourquoi tu es si tendu Tidiane Ly ?? Relaxe, il n'y a pas le feu.

Je me suis vite ressaisie, et je n'étais pas peu fière de cet exploit. Il me fixait, étonné.

• Ok ça n'aurait pas dû se produire, mais ce qui est fait est fait, repris-je tranquillement
• Je ne touche jamais mes employés Khadija
• Oui, ça je l'ai bien compris...
• Ça n'a pas l'air de trop vous déranger ce qui vient de se passer, ce n'est pas étonnant. Je
suppose que c'est un jeu pour vous. Vous exercez votre pouvoir de séduction sur tout ce qui
porte un pantalon. (Avec le vouvoiement qui recommence...)
• Vous abusez sérieux ! je ne vais pas vous laisser m'insulter parce que vous vous en voulez
d'avoir succombé à notre attirance qui est indéniable.
• Vous avouez être attirée par moi... murmura-t-il
• Oui mais avant tout vous êtes mon patron. Et je ne mélange jamais vie privée et vie
professionnelle. (Et bim, Retour à l'envoyeur tchhhhiiippppppp)
• Au moins nous sommes d'accord sur un point. Mais attention, si jamais, vous dérapez, ça
sera fini de notre collaboration
• Ne vous en faites pas pour moi. C'est plus pour vous que j'ai peur.
• Comment ?
• J'ai peur que vous ne puissiez plus me résister...
• Je n'ai jamais entendu une fille aussi prétentieuse dit-il avec un sourire goguenard mais
sourire qu'à même
• loool enfin un petit sourire Mr Ly ! c'était une blague, je savais que vous ne me prendriez
jamais au sérieux

Il ne dit rien mais il avait dans les yeux une lueur que je ne lui connaissais pas. Un petit silence s'est
installé. Puis je me suis levée pour aller récupérer un document dans mon bureau. J'étais arrivée à la
porte, quand il m'appela :

• Khadija
• Oui ?
• Notre attirance est déplacée
• Je sais
• Tu n'es pas le type de femme que cherche
• Je sais...

Il se tut en me fixant intensément, mes réponses semblaient le déboussoler. Je lui souris avec
douceur

• Je vais récupérer le dossier Luanda, il faut qu'on s'y mette.

Je me retournais et sortis de la pièce toute chamboulée mais encore indemne...

Le reste de la journée fut tendue. J'étais à fleur de peau, j'avais encore l'impression de sentir ses
lèvres sur les miennes, ses grandes mains sur mon corps. Sa proximité était dangereuse pour ma
tranquillité d'esprit.
A mon grand étonnement, après ce fameux dérapage, mes relations avec Tidiane ont franchi un cap.
J'avais peur qu'il s'éloigne, mais au contraire, une franche camaraderie s'est comme installée, rien de
bien intime bien sûr, mais c'était plus relax. C'était des blagues entre deux dossiers, il n'hésitait plus à
me demander mon avis sur des sujets qui n'ont rien à voir avec le boulot. Un jour, il m'a même
demandé si je pouvais aller choisir une parure dans une bijouterie pour sa mère à l'occasion de son
anniversaire. Je le désirais toujours mais j'aimais bien aussi cette nouvelle complicité entre nous. La
venue des angolais nous avait encore plus rapprochés, nous restions au bureau jusqu'à des heures
indues ! Désormais je ne travaillais qu'avec lui, et il était super possessif. Même quand j'allais donner
un coup de pouce aux autres sur des projets, il me boudait comme un enfant, c'était trop drôle. Et il
ne supportait plus Abdel, et il n'hésitait pas à être vraiment désagréable avec lui quand il était avec
moi. Du coup le pauvre il m'évitait désormais, il m'aimait bien mais préférait de loin garder son poste
ô le pauvre .

Il n'y eut plus de dérapages (malheureusement ). Tidiane, s'il ne se comportait pas en patron
tyrannique était plutôt style grand frère trop protecteur, il était pire que Malik ! Même ce dernier
était jaloux, il n'arrêtait pas de se plaindre que Tidiane faisait tout pour qu'on ne se voit plus. Comme
des gamins ses deux-là ! Et au milieu de toute la tribu Ly, j'avais l'impression de retrouver une
deuxième famille.

Depuis plusieurs jours, j'avais eu écho des changements qui devaient s'opérer au sein de
l'administration du cabinet. « OVERGROUND, Cabinet d'architecture » n'était pas juste un
regroupement d'architectes talentueux mais une vraie entreprise. Et comme tonton Lybasse actuel
directeur général devait aller à la retraite, il lui fallait un remplaçant. Et avec l'appui solide de tonton
Bouba qui voulait qu'un vent alliant jeunesse et intelligence souffle sur le cabinet, Tidiane était
pressenti à ce poste.

Donc je n'étais pas surprise quand il me l'a annoncé mais par contre sa proposition de mariage m'a
carrément prise de court. Me marier avec Tidiane était plus qu'un fantasme, c'était un rêve. Déjà 2
ans que je le connaissais, 18 mois que je travaillais pour le cabinet et 1 ans depuis notre seul baiser «
plus », et pendant ce temps mes sentiments pour lui ont décuplé. Et lui, il me fait une proposition
pareille comme si nous parlions boulot. Un contrat, voilà ce qu'il me propose. Je suis écœuré d'un
côté et la partie stupide en moi est toute contente et je vous laisse deviner pourquoi !! ish, il m'a
promis des nuits torrides, pas de promesse d'amour, ni de tendresse, pas de promesse de fidélité
rien de ses trucs que les amoureux se promettent avant juste de se mettre la corde au cou. Mais que
c'était diablement excitant ! Je lui avais promis une réponse assez vite, mais il fallait que j'en parle
d'abord à Yuma, car me connaissant je serais capable de laisser ma libido décider pour moi...

Oh Dieu aidez-moi à prendre une bonne décision !

Malick était venu nous rejoindre à la maison ce dimanche-là, et j'étais décidé à leur parler de mon
dilemme. Mais je ne savais pas comment aborder le sujet, j'étais gênée.

• Didi chérie tu es bien calme, aujourd'hui remarqua Malick


• Yuma : elle est comme ça depuis vendredi yaw, mane dama tayi si Gouney gui (je n'en peux
plus d'elle)! En plus elle est devenue trop cachottière.
• Moi : Dis pas ça Yum toi aussi ! dis-je en rigolant la preuve j'ai besoin de vous parler d'un
truc.

Ils me fixaient, attendant que je dise quelque chose

• Moi : Euh , enfin voilà Tidiane m'a. ...


• Malick : Tidiane t'a demandé en mariage sortit Malick d'un trait

J'ouvrais de grands yeux, choquée

• Moi : Comment es-tu au courant ?


• Malick : Il nous a tous conviés à une petite réunion de famille, jeudi soir, et il nous a dit qu'il
avait l'intention de te demander en mariage. Papa était heureux car comme tu sais, il t'adore
même maman Tamaro (maman de Tidiane) t'apprécie alors qu'elle t'a vu que 3 fois.
• Moi : Mais toi, qu'est-ce que tu en penses ?
• Malick : Comment tu le sens toi d'abord ?
• Moi : Je suis perdue les gars. Vous deux, mieux que quiconque, savez à quel point nos débuts
Tidiane et moi ont été super difficiles.
• Oui me coupa Yuma, mais moi je t'ai toujours dit que tout portait à croire que derrière toutes
ses disputes se cachaient des sentiments !
• Moi : Des sentiments ? Je ne suis pas sûre, surtout du côté de Tidiane en tout cas.
• Malick : C'est ça qui me fait peur. Il n'est pas du genre à tomber amoureux Didi en tout cas
jusqu'à aujourd'hui
• Yuma : Mais pour quoi tu dis ça Malik ?
• Malick : Je le connais c'est tout. C'est mon cousin et plus que ça c'est un frère. Je ne l'ai
jamais vu s'attacher à une fille. Il a toujours été adulé par ces dames, mais il en a brisé des
cœurs.
• Yuma : Mais il n'a jamais proposé à une fille le mariage sauf à Didi j'ai raison ?
• Moi : Il ne m'a pas proposé un mariage d'amour Yum, juste un contrat dis-je d'un trait sans
réfléchir
• Yuma : WHAT ???????
• Malick : Pourquoi je ne suis pas étonné ?!
• Yuma : C'est quoi ces histoires encore ?
• Moi : Tidiane, euh, veut qu'on se marie parce qu'il a besoin d'une femme pour mieux gérer
son image par rapport à sa carrière
• Yuma : Non mais mane damay guenteu waala lane (je rêve ou quoi) ??
• Moi : Kharal Yuma (attend)
• Yuma : Amoul béneu kharal !! ki kou mou yapp ? (Il n’y a pas de attend qui tienne, lui il se
fout de qui)
• Malick : Calmez-vous les filles ! Didi, je suis sûr que Tidiane t'a fait cette proposition car il
croit que tu ne crois pas en l'amour comme lui
• Moi : C'est exactement ce qu'il m'a dit comme quoi il sait qu'avec moi il ne risque pas de voir
naître des sentiments déplacés entre nous
• Yuma : Lui as-tu dit que c'était trop tard.
• Moi : Comment ça ?
• Yuma : Ohh ma chérie ! ça crève les yeux que tu es follement amoureuse de ce mec !
• Moi me tournant vers Malick : Oh ! ça se voit autant ?

Il se contenta simplement d'hocher la tête. Je baissais les yeux, perdue.

• Malick : Je ne veux plus que tu souffres Di


• Moi : Malik, je me sens incapable d'être loin de lui et si ce n'est pas moi, il choisira quelqu'un
d'autre. Je ne pense pas que je pourrais le supporter
• Yuma : Tu préfères vivre un amour à sens unique ? Malick, raisonne-la stp
• Malick : Yuma, Tidiane est la personne que j'admire le plus. Il est respectueux, digne et il a le
sens de la famille. Khame na liko waar té il n'a jamais failli. Il ne prend jamais de décision au
hasard. S'il a choisi Didi, je ne peux certainement pas affirmer que c'est par amour, mais je
sais qu'il sera un bon mari
• Yuma : Didi a besoin d'un mari amoureux, amoureux !!!
• Moi d'une voix éteinte : Vous ne m'aidez pas à faire un choix.
Malick : Le choix te revient, à toi, et rien qu'à toi.
• Yuma : Quel que soit ta décision tu peux être sûre qu'on te soutiendra

Malick vint me faire un gros câlin en me chuchotant à l'oreille : en tout cas j'adorerais que tu sois ma
belle-sœur.

Le débat ne tarda pas à être clos. J'avais envie de rester seule et les autres l'ont vite compris. Je suis
allée m'enfermer dans ma chambre.

Tout ça, était tellement inconcevable, tellement irréel pour moi... Je n'arrivais pas à assembler toutes
les pièces du puzzle. À bien y réfléchir, j'aurais plutôt dû me mettre en garde contre moi-même
depuis le début. Au fond, Tidiane n'avait rien fait à part exprimer ses besoins à lui ! Et malgré que ce
soit très égoïste de sa part, je ne parvenais pas à le détester. Maître Gims dit que « le cerveau suit le
cœur... », Aujourd'hui, je le crois.

Le lendemain j'ai prétexté des maux de ventre et je ne suis pas allée bosser. C'était la première fois
que je m'absentais comme ça ! J'ai éteint mon téléphone et je suis restée dans le noir. Des coups
frappés énergiquement à la porte d'entrée m'ont réveillée en sursaut. J'ai couru ouvrir, le cœur
battant.

• Moi : Mais qu'est-ce qui...

La surprise m'arrêta net. Tidiane se tenait devant moi, la main suspendue dans son geste de donner
un nouveau coup à la porte ! Mon Dieu, quelle tête je devais avoir : les cheveux en bataille, mon
vieux t-shirt de fac qui m'arrivait à mi-cuisse, les yeux bouffis par manque de sommeil, vraiment
l'horreur !

• Salut, dit-il en me scrutant


• Salut
• Tu n'as pas l'air d'aller bien
• Sans blague ?!!
• Je peux entrer ? demanda-t-il

Je me contentai d'ouvrir la porte en grand et de faire un geste de la main.

Dès qu'il entra dans le salon j'eus l'impression qu'il occupait toute l'espace. Je l'invitai à s'asseoir, il
s'exécutait, le regard toujours fixé sur moi. Je m'asseyais à l'autre bout du canapé.

• Qu'est-ce que tu as, Khadija ?


• J'ai mal au ventre
• Dis-le à d'autres
• Quoi ??
• C'est ma demande qui te met dans cet état ?
• Oui (pourquoi le nier)
• Pourquoi ?
• Cette proposition m'a fait me rendre compte à quel point tu me méprises encore...
Mais qu'est-ce que tu racontes ? s’exclama-t-il
• Je dis juste la vérité Tidiane...
• Donc d'après toi, je te demande de partager ma vie alors que je ne te respecte pas ?
• Oui, oui, Tidiane tu me demandes d'être une vitrine qui fera que les gens pensent que tu es
quelqu'un de respectable. Tu me demandes d'être une excellente hôtesse dans ta maison
pour tes futurs invités. Tu me demandes de réchauffer ton lit, comme une pute. Mais tu ne
me demande pas d'être ta femme.
• Nom de Dieu, Khadija !

Il s'approcha si rapidement que je tressaillis. Ses mains vinrent serrer mes poignets. Il m'arracha du
canapé et j'atterris brutalement sur ses genoux, mes jambes de chaque côté de ses cuisses fermes.
Ses mains enserraient ma taille et ses yeux n'ont pas quitté les miens une seconde.

• Tu ne te rends même pas compte, à quel point ce que je t'ai demandé est exceptionnel pour
moi. Je déteste ce type d'engagement. J'avoue que j'ai été nul dans ma façon de te faire
cette demande, mais je te respecte énormément. Je te fais confiance, et puis je pensais que
tu me comprendrais si je te disais que je ne veux pas tomber amoureux.
• Et tu penses qu'avec moi il te sera plus facile de ne pas éprouver ce sentiment ?! Sympa !

Sa main droite quitta ma taille remonta vers le haut de mon corps, effleurant mon sein, mon cou puis
se posa sur ma joue.

• Ce serait si facile de t'aimer, je pense, déjà que je te désire comme un fou. Mais je n'ai pas de
cœur Didi, chuchota-t-il utilisant pour la première fois mon diminutif et c’était sexy dans sa
bouche
• ...
• Je ne veux pas te promettre des choses et risquer de te décevoir. Je préfère me cantonner à
des choses que je maitrise
• Comme quoi ?
• Comme ça...

Une seconde plus tard, j'étais complètement collée à lui et il m'embrassait avec une violence qui me
submergea. Comme dans la salle des archives, c'était une conquête à laquelle je n'avais rien à
opposer, et je ne le voulais pas. Mon cœur jubilait, je me livrai avec plaisir à sa langue qui explorait
ma bouche, me provoquait, me tentait, me titillait... jusqu'à ce que je passe les bras autour de son
cou et que j'entre dans son jeu, que je rivalise de passion avec lui. Il poussa un gémissement rauque
lorsque je répondis à son baiser. Ses mains s'aventurèrent sous mon t-shirt, se posèrent directement
sur mes fesses (je ne portais pas de culotte j'étais au lit nak). Il m'attira un peu plus à lui, mes jambes
entourant sa taille, nos bassins collés. Il détacha mes bras noués autour de son cou, attrapa le col de
mon t-shirt-pyjama et tira violemment dessus. Il se déchira d'un coup. Un courant d'air frais caressait
mes seins nus qu'il vint serrer et soupeser.

• Tellement lourds et fermes, murmura-t-il

Du pouce, il effleura mes mamelons dressés, les agaça jusqu'à ce que je pousse un halètement. Puis,
sans crier gare, il se pencha et abaissa sa bouche sur un téton. Ses lèvres chaudes se refermèrent
autour et il l'aspira avidement. Une sensation si intense que je poussai un cri et cambrai le dos. Je me
cramponnais désespérément à lui pendant que sa bouche entourait mon mamelon et que sa langue
le suçait. Chaque caresse déclenchait une pulsation plus forte dans mon bas-ventre, je mouillais. Il
releva la tête et me regarda, une expression voilée dans les yeux, puis se remit à m'embrasser. Sa
main droite remonta lentement vers le haut de ma cuisse et je me soulevais instinctivement pour
venir à sa rencontre. Je n'étais plus moi, je me perdais dans ces bouleversantes sensations, le désir
me rendait faible. Son doigt toucha mes lèvres, plongea rapidement entre elles. C'était la première
fois que la main d'un homme se posait là avec autant de douceur. Je poussai un autre halètement.

Il mordit doucement mon cou, puis ses dents pincèrent plus fermement le lobe de mon oreille. Sa
langue dessina les contours de mon pavillon et un frisson me parcourut le dos. Je basculai la tête en
arrière. La respiration lourde, j'attendais que son doigt glisse en moi. Il le fit, immédiatement suivi
d'un second. J'eus un mouvement convulsif si violent que je dus me retenir à sa chemise pour ne pas
tomber. J'allais et venais au rythme de ses doigts, je savourais la caresse de son pouce qui frottait
mon clitoris. Comment savait-il ce qui me faisait autant de bien ? J'étais totalement concentrée sur
ses nouvelles sensations qu'éveillaient ses doigts en moi, mais il se retira soudain. Il me fit me
retourner, poussa le haut de mon corps vers l'avant. Je prenais appui sur ses genoux dans l'attente
de la suite. Je respirais difficilement, alors il me caressa tendrement le dos, de haut en bas à un
rythme très lent. Tous mes sens étaient à vif, la tension entre mes jambes s'accrut. Jamais de toute
ma vie je n'avais été aussi excitée. À travers la mince étoffe de son pantalon, je sentis son érection
contre mes fesses. Il remonta ses mains sur mes seins et les pressa. Son souffle était saccadé

• So khamone li néksama khél yeup (si tu savais toutes ces choses que j’ai envie de te faire)
quand je te vois, soupira-t-il. Didi, je sais que tu auras toujours un doute car j'ai eu à être
cruel avec toi dans le passé, mais j'ai appris à te connaitre et je sais aussi que tu n'es plus
celle que j'ai rencontrée à cette soirée de gala
• Hum, tu ne me connais pas vraiment Tidiane Ly. Le boulot ne résume pas ma vie.
• Tu me feras découvrir, ton « toi ».
• Et si tu découvres quelque chose qui ne te plait pas ?
• Le mariage, c'est faire des concessions, n'est-ce pas ? j'ai plein de défauts aussi et il faudra
que tu fasses avec.
• J'ai peur, chuchotais-je
• Il faut que tu me fasses confiance. Je sais que tout ça n'a rien de conventionnel, mais je te
veux toi et personne d'autre.
• J'ai tellement de questions...
• Au moins, tu peux être sûre d'une chose : mon caractère restera toujours le même
• Et ça devrait me rassurer ?? demandais-je ahurie

Il rigola

• Tu es la seule personne que je connais qui sait me tenir tête, ce n'est pas rien.

Il colla mon dos sur sa poitrine, les mains toujours sur mes seins, il chuchota contre mon cou

• Dis-moi oui, Didi


• ...

Sa main droite glissa entre mes jambes, se mit à jouer avec mon clitoris, et ses lèvres se posèrent sur
mon cou. Je rejetai ma tête contre son épaule lorsque sa langue vint se promener sur ma peau, et un
frisson parcourut tout mon corps.

• Tidiaaane
• Dis-moi oui...
Il continuait à dessiner avec son pouce des cercles autour de ma petite perle, le centre de mon
plaisir. Des caresses si difficilement supportables que je haletai et cambrai le dos. Tout en moi était
tendu, se contractait. C'était beaucoup trop intense. Je rejetais la tête de gauche à droite, je
cherchais à échapper à la vague qui déferlait sur moi mais il me tenait fermement.

• Dis-moi oui Khadija, dit-il en accélérant le rythme. Dis-le


• Oui, oui, oui Tidiane, oui

Ce oui rompit mes dernières entraves et je poussai un cri lorsque la vague vint rouler sur moi et
m'emporta. Je tressaillis, gémis, haletai, geignis. Je sentis l'orgasme qui me secouait, gagner le
moindre recoin de mon corps.
PARTIE 6

J'espère, ne jamais regretter cette décision. Mais je voulais cet homme, plus que tout.

Ma vie n'a pas toujours été rose et je sens qu'aujourd'hui, elle est encore en train de prendre une
tournure incertaine. Après avoir eu mon Oui haut et fort, Tidiane a pris les choses en main. Tonton
Bouba m'a appelée pour prendre le numéro de mon oncle Omar, l'unique frère de ma mère qui vit à
Ziguinchor. C'était la seule famille qui me restait. Il m'avait beaucoup soutenu après le décès de mes
parents.

Je n'ai jamais été proche de ma famille côté paternel, il faut dire qu'ils avaient rompu les liens avec
mon père quand celui-ci avait décidé d'épouser ma mère et non une de ses cousines. De ce fait,
tonton Omar était mon père et ma mère en même temps.

Les choses se sont accélérées dès que la famille Ly a contacté mon oncle. Celui-ci pour éviter que
toute la famille de Tidiane fasse le déplacement jusqu'à Ziguinchor pour demander ma main, m'a
proposé de venir à Dakar comme ça on ferait tout chez moi. J'ai dit niet. Non mais Allô, il était hors
de question que ça soit aussi facile. Je n'avais pas honte de mon oncle et j'avais décidé de faire les
choses bien !

OK ce n'était pas un mariage d'amour, mais je ne comptais pas minimiser cet engagement. Le
mariage devait se faire dans quatre semaines et il fallait commencer à tout organiser. J'avais décidé
de continuer le boulot jusqu'à une semaine du mariage, malgré que Tidiane m'eût proposé d'en
profiter pour poser mes jours de congés et prendre le temps de bien organiser cet événement.

Depuis ce fameux après-midi chez moi, je le trouvais gentil, courtois à l'écoute mais distant. On ne
s'était plus retrouvé seul, donc aucun moment intime. C'est comme s'il me fuyait ou c'est moi qui
suis parano...

Yuma et Malick, mes fidèles acolytes, étaient au taquet, Yum en conseillère mode et beauté et Malik
en mode « Joe le taxi » mddrrrr.

J'avais décidé de faire un truc sobre, le mariage religieux devait se dérouler dans la maison de Tonton
Omar, le dimanche 25 septembre et 3 jours avant, le jeudi, les deux tantes de Tidiane devaient
remettre la dot à ma oumpagne (femme de mon oncle). Donc la délégation de la famille Ly devait
commencer à arriver le mercredi, ils allaient loger à l'hôtel jusqu'au lundi.

Une semaine avant le mariage, j'ai quitté Dakar avec Yuma pour la Casamance. On avait pris le
bateau car on avait trop d'affaires. Même pour une fête simple, nous les filles nous avons tendance à
s'encombrer de trucs inutiles quoi .

Maman soda, la femme de tonton Omar a juste été géniale, elle a tout organisé dans les moindres
détails. Je ne devais m'occuper que de moi-même, mais n'ayant pas trop de quoi m'occuper la tête,
j'ai eu le temps de bien ressasser mes idées noires. C'est vrai que j'avais encore des doutes sur mon
choix, mais j'avais déjà donné ma parole et une partie de moi restait convaincue que je prenais une
bonne décision. Les tantes de Tidiane sont arrivées par avion avec leur griotte ! Nous sommes allées
les récupérer à l'aéroport maman Soda, Yuma et moi avec la voiture de tonton. Elles n'étaient pas
très chaleureuses mais bon, je me disais que c'est parce qu'on se connaissait pas très bien encore.
Nous les avons amenées à la maison pour qu'elles dînent avant de les accompagner à l'hôtel comme
il faisait tard. Le lendemain, le jour de la remise de la dot, elles étaient déjà un peu plus souriantes, il
faut dire que maman Soda les avait bien gâtées : elles ont eu droit à un petit-déjeuner digne d'un roi
casamançais, fait maison et envoyé à l'hôtel, et rebelote pour le déjeuner, les gambas ont fait leur
petit effet. Elles sont arrivées vers 17h à la maison ou il y avait que les sœurs de ma tante, mes
cousins, Yuma et moi. Après les salamalecs d'usage, l'ainé des tatas a fait un discours agréable, puis
elle a laissé la parole à la griotte qui a mis un point d'honneur à vanter les mérites de ce cher Tidiane,
louant sa générosité et surtout essayant de nous faire comprendre à quel point leur famille faisait
partie des « Yakh bou reuye » (nobles) de ce pays. Issshhhh !!

Tidiane avait donné une somme exorbitante à mes yeux, je trouvais que ce n'était pas nécessaire
mais bon maman Soda avait l'air contente et ses sœurs n'ont pu s'empêcher de battre des mains.
Elles ont fait un mini diokalanté (échanges de cadeaux), lol je n'y comprenais pas grand-chose mais
maman a dit que c'était nécessaire, donc ma diappeu sama ndiambour (je suis restée sage) . La
première partie s'était plutôt bien déroulée, il y avait bon à manger et tout le monde était bien
habillé, j'avais veillé à ça. Et mes futurs goros étaient contentes de la somme qui leur a été rendue.
Hein comme quoi !!!!

Tonton Omar les a ramenées à l'Hôtel, lui, il avait hâte que les choses sérieuses commencent. Les
oncles, amis de Tidiane et Malik devaient arrivaient Samedi matin.

Le soir du jeudi, j'ai reçu un appel étrange :

• Moi : Oui Allo ?


• Elle : Allo assalamou aleikoum
• Moi : Wà'Aleikoum salam
• Elle : Khadija ?
• Moi : oui, c'est qui ?
• Elle : Mane la sala
• Moi : Bane Sala?
• Elle : Tidiane presentéwougnou sakh (Tidiane ne nous a pas présentés)
• Moi : Ahh khamna dafko fater (il a dû oublié)
• Elle : ça doit être ça, Khamna lolou la. khamna dina la wowate in chaa Allah(je te rappellerai)
• Moi : Khana cousiname ngua? (Tu dois être sa cousine ?)

Click.

Elle avait déjà raccroché. Mouyéname !!! J'ai essayé de rappeler le numéro mais ça sonnait dans le
vide. J'ai appelé Tidiane, il était sur répondeur. J'ai ensuite appelé Malick.

• Lick yaw ?
• Ma belle-sœur à moi si lo nékeu (comment vas-tu ?)
• Ma ngui ni (ça va je suis là) ! Tes badiénnes la, elles m'ont fatiguée
• Mdrrr, vous avec vos trucs de femmes la-vous êtes terribles, rigola-t-il
• En tout cas j'ai hâte que tu sois là, soupirais-je sincère
• Samedi sorétoule didi.
• Wa yaw ani Tidiane ? (ou est Tidiane)
• Mane ngua koye latie ???(C'est à moi que tu le demandes ?)
• Walahi, il me fait flipper avec son silence là.
• Qu'est-ce que tu racontes ? yaw dangua possessive torope (tu es trop possessive) ! mane mi
je ne l'ai quasiment pas vu de la semaine.
• Lik, unhun, je ne suis pas rassurée deh.
• Didi toi, aussi, ne sois pas parano. En plus il t'avait dit qu'il devait aller voir grand père à
Podor
• Oui il me l'avait dit mais ce n'est pas une raison pour ne pas appeler sa « fiancée »
• Tu ironises là ??
• C'est ce que je sais faire de mieux !
• Va là-bas, petite folle !
• Au fait j'ai reçu un appel d'une de vos cousines je crois qu'elle s'appelle Sata ou Sara
• Sata ? Hum ça ne me dit rien du tout
• En tout cas elle m'avait tout l'air d'un blédard
• C'est bizarre ça, je vais demander à maman Tamaro. Tu sais, je ne suis pas très proche de ma
famille de Podor
• C’est vrai j’avais oublié que tu es un Francenabé lol
• Boulmako wakhati (hey ne me le redis plus)
• Wa go, ma ngui teudi (je vais me coucher) ! So dioter sa frere néko yorouko (dis à ton frère
s'il réapparaît qu'il n'est vraiment pas cool)
• Wayé mom rek ngua nope (mais tu l'aimes )
• Malick Ly !!!!
• Clic
• Idiot !!!

Il a eu de la chance d'avoir raccroché. Mais au moins il m'avait redonné le sourire, je ne sais pas ce
que je deviendrais sans lui .

Le samedi matin vers 13h, Malick, son père et ses oncles sont arrivés à Ziguinchor par avion aussi.
Jusqu'au bout, j'avais espéré que Tidiane vienne avec eux mais bon... Il ne m'a toujours pas rappelée
mais j'avais décidé de ne plus m'en faire, il n'était plus question que je stresse. S'il ne voulait plus de
ce mariage, ses oncles ne seraient pas là n'est-ce pas ?? Donc pourquoi je me prends la tête alors que
je sais que ce mariage n'est qu'un contrat pour Tidiane ??!! Pppppfffff No sense !

Mais ça fait fichtrement mal de le voir, tellement pas impliqué.

Maman Soda et Yuma ont préparé un excellent « c'est bon » et les invités se sont régalés. Ce cher
Malick a tellement mangé le pauvre qu'il a failli s'étouffer. L'ambiance était super cool. Après le
repas, mon oncle a parlé de mes parents, rendant tout le monde ému. J'avais les meilleurs parents
possibles je pense. Ils sont partis trop tôt, ma colère était encore latente, ma peine toujours aussi
grande. Après ce moment d'émotion, tonton Bouba prit la parole, et il dit tout le bien qu'il pouvait
témoigner sur moi et tout l'optimisme que ce mariage lui inspirait, Ahhh s'il savait... Les échanges
étaient cordiaux et tellement différents des discours prononcés quand les femmes étaient à
l'honneur le jeudi. Nous sommes restés tout l'après-midi à discuter autour d'un bon attaya (thé) et
après la prière de takussann, maman soda a servi des douceurs salées : mini chaussons à la viande,
tempura de gambas, accras de morues entre autres, accompagnés de jus de bissap de gingembre et
de maade !!! Les tatas de Tidiane étaient méconnaissables, je vous jure, toutes mielleuses ! Ahhh les
femmes ! Elles ont mangé comme des affamés ! J'espère qu'elles ne s'attendent pas à ce que je
réalise les mêmes mets que maman qui est un vrai cordon bleu, moi je sais à peine cuire un œuf !
Sérieux, je n'ai jamais fait l'effort en cuisine.
Après le dîner nous avons fait tous ensemble une petite promenade dans la ville à pieds, c'était
relaxant et tellement paisible. Malik ce petit malin, il était vraiment trop calme aujourd'hui, il faudra
que je le chope avant qu'il n'aille à l'hôtel. Tonton Bouba m'a retenue un peu derrière pour qu'on
parle seul à seul :

• Alors ma fille, tu es prête ? commença-t-il


• Tonton Bouba, est-ce qu'on peut être totalement prêt à sauter le pas ?
• Je suppose que non ! Mais dès que son cœur dit oui je pense que la tête suit, je pense
• C'est vrai… murmurai-je
• Khadija, c'est une nouvelle qui va commencer pour toi. Il te faudra t'armer de courage de
dignité et de bienveillance. Rien est facile, ni acquis dans cette vie. Il faut se battre pour être
heureux.

Il s'est arrêté une minute, il m'a regardé droit dans les yeux puis il reprit :

• Tidiane n'est pas facile à vivre, ce n'est pas nouveau. Et notre communauté (les toucouleurs
hein), très conservatrice, ne te laissera aucun répit. Il y aura pleins d'autres obstacles comme
la différence de culture, de langue etc. Mais moi je crois en toi. Je crois en vous deux. Tidiane
ne t'a pas choisie au hasard et je connais mon neveu mieux que personne. Fie toi à lui, ne
laisse pas les vermines extérieures s'introduire dans votre couple même si c'est la famille. Il y
a tellement de choses que j'aimerais te dire ma fille. Mais n'oublies jamais une chose, je te
soutiendrais toujours. D'accord ?

J'étais tellement émue que je me suis contentée d'hocher la tête. Puis il m'a serré très fort dans ses
bras. Puis nous avons rejoint les autres.

Quand j'ai pu enfin coincer Malick à notre retour à la maison, l'impression que ce dernier m'évitait
sciemment se confirma :

• Yaw lou khew ?? (Toi là, qu'est ce qui se passe ?)


• Dara(rien) pourquoi ?
• Je te connais comme si je t'avais fait, Malick Ly, et depuis ce matin tu m'évites.
• OK, ok, tu as raison. Je ne peux rien te cacher, mais je ne peux rien te dire non plus. Je suis
désolé Khadija.
• Qu'est-ce que tu ne peux pas me dire ?? Malick Ly, tu me fais peur.
• Tu m'as demandé l'autre jour où était Tidiane, et je sais que tu t'inquiètes. Mais dis-toi juste
qu'il est en train de faire ce qu'il y a à faire pour que vous viviez tous les deux tranquilles !
• Mais qu'est-ce que tu racontes ? Il a des problèmes à cause de moi ? Votre grand-père n'est
pas d'accord pour le mariage ?
• Didi calme-toi ! Si baba n'était pas d'accord, nous ne serions pas là, tu peux en être sûre,
mais il y a eu quelques complications à gérer. Ce n'est pas à moi de t'expliquer tout ça,
Tidiane le fera au moment opportun. Arrête de t'inquiéter maintenant, demain c'est ton
jour-j !
• Lik...
• Shuut, oublie tout ça, je te dis ! C'est de ma faute, je ne sais pas pourquoi je suis si
transparent avec toi ! Je ne voulais pas t'inquiéter. Papa n'arrête pas de m'appeler là, ils
attendent que moi pour retourner à l'hôtel.
Il me flanqua deux gros bisous sur les joues, et courut rejoindre les siens. J'étais plus perplexe que
jamais, mais dans quoi j'étais en train de me fourrer ??? Il y'avait trop de non-dit, j'étais perdue. C’est
mon téléphone qui me tira de mes pensées moroses.

• Allo ?
• Salut, dit-il avec sa voix rauque là
• Tiens un revenant !!
• Très drôle !
• Que me vaut l'honneur de recevoir un appel de ta part ?
• Tu me manquais... chuchota-t-il

Le choc ! J'ai bien entendu ?? Mon cœur se mit à battre à dix mille à l'heure, au point que je ne
répondis rien à ça !

• Tu as perdu ta langue ? demanda-t-il moqueur


• Hum, on t'a déjà dit que tu étais un être compliqué Tidiane Ly ?
• Je sais...
• Tant mieux ! De ce fait si je deviens folle après une journée de mariage, il ne faudra pas
chercher loin pour connaître la cause de mon mal hein !

Il rigola un bon coup ! Dieu comme c'était bon de l'entendre rire de sa voix rauque et sexy comme
ça...

• Merci de me faire rire, dit-il


• Mais de rien Chéri !!
• Chéri ?
• Oui ! Quoi je n'ai pas le droit ?
• Si, si, tu as tous les droits. Je suis juste surpris.
• Comme je l'étais quand tu as dit que je te manquais…
• ...
• Tu vas bien, Tidiane ? Tu as l'air fatigué
• Oui, je suis fatigué mais ça va aller, ne t’inquiète pas pour moi.
• Oook !
• Ça va là-bas ? J'ai eu tonton Bouba sanke(tout à l'heure). Il est aux anges.
• Tout se passe très bien ici. Il ne manque que toi
• On se verra bientôt in chaa Allah... Tu devrais aller te coucher il se fait tard
• Unhun…
• Et arrête de faire ta timide, ça ne te va pas !
• Mdrr mouais c'est ça ! je suis comment alors ?
• Tu es une vraie tigresse que je vais prendre un malin plaisir à apprivoiser
• Ah oui ? Eh bien je te souhaite bien du courage, Mr Ly !
• C'est une promesse bébé (sa voix avait baissé d'une octave)

Je lui répondais sur le même ton

• J'ai hâte de voir ça bébé...

Il souffla très fort dans l'appareil, puis me dit bonne nuit avant de raccrocher.
Il a suffi que j'entende sa voix pour mettre dans un coin reculé de mon cerveau tous mes doutes, mes
questions, mes angoisses. Suis-je devenue stupide en tombant amoureuse de ce mec ? En tout cas
j'avais le sourire en m'endormant.

Je marchais, pieds nus, sur un long chemin sablonneux. J'avais chaud mais je continuais à avancer.
J'entendais des voix derrière moi qui me criaient de m'arrêter mais c'est comme si une force me
poussait à avancer. Soudain une ombre se profila devant moi, je m'approchais encore et je me rendis
compte que c'était Tidiane. Dès que j'arrivai à son niveau, il se retourna vers moi, il sourit et me
donna ensuite un long baiser sur les lèvres. C'était doux, tellement doux. Puis le vent commença à
souffler, le sable se souleva sur nous, je me détachai de Tidiane et je continuai à avancer sans lui. Son
visage se déforma par la colère puis par la douleur ensuite la peine mais je continuai à avancer même
si je sentais mon cœur se déchirer. Je m'arrêtai d'un coup et je sentis une main tenir la mienne, je
tournai un peu la tête et je vis un homme à mes côtés avec une longue barbe blanche habillé tout en
blanc qui me dit : « Khadija, tu es là enfin, je t'attendais ». A cet instant je me sentis apaisée et prête
à rester avec lui mais je me retournai une dernière fois pour regarder Tidiane mais il avait disparu.
L'homme qui était à côté de moi me dit : « si Ahmed Tidiane est à toi, tu le retrouveras... tu le
retrouveras... »

Je me réveillai en sursaut, le corps trempé de sueur. Mon Dieu c'était quoi ce rêve ?
PARTIE 7

Mon jour-J !! Combien de fois l'avions-nous organisé et réorganisé dans nos têtes, ma maman et moi
?? Des milliers de fois, je pense. En ce jour, mes parents me manquent plus que jamais. Déjà que
j'étais encore un peu déboussolée par mon rêve de cette nuit, la tristesse aussi commençait à
m'envahir. Je suis restée dans le lit à me morfondre jusqu'à ce que cette folle de Yuma débarque en
chantant et en dansant, dans la chambre :

• Taye la taye reumbitame reumteumbiteum !!!! (C’est le Jour-J !! (Son de tam-tam))


• Mdr tu es vraiment tarée Miss Fall, m’exclamais-je
• Oh ma chérie !! je suis tellement contente pour toi
• Ça y est, tu n'émets plus d'objection pour ce mariage ? demandais-je ahurie
• Didi, j'ai parlé avec Tidiane et je ne sais pas pourquoi mais je sais qu'il tient à toi
• Attend il t'a appelé ?? quand ?
• Doucement héé ! Nous nous sommes parlés plusieurs fois en fait, depuis que tu lui as donné
ton accord.
• Espèce de lâcheuse comme ça tu fais des plans avec lui sans me le dire ??
• Ishh pousseul feulé !! (Pousse-toi de là) je ne t'ai rien dit car je te connais, tu n'allais pas me
lâcher les baskets après et Tidiane voulait que Tata soda et moi t'organisions une fête digne
de ce nom, pas juste le truc simple que tu avais l'intention de faire.
• Sérieux ??!
• Ouiiiiiiii ! Maintenant tu vas te laisser faire et juste suivre le mouvement ok ??? Et tu ne
poses plus de questions !!! Compris ??
• Lol Compris Patron !

Elle m'a fait un long câlin et Dieu comme j'en avais besoin en ce moment-là ! D'être rassurée,
soutenue. Et sans le faire exprès, j'ai commencé à pleurer. Elle m'a serrée un peu plus fort dans ses
bras mais elle n'a pas essayé de m'arrêter, elle savait que j'avais besoin de faire ressortir tout ça !
Maman Soda nous a trouvées dans cette position là et nous a tirées de notre léthargie.

• Allez les filles, allez oust ! On n'a pas que ça à faire hein !! on se lève tout de suite !! Yuma, tu
iras avec Didi et Myriam (sa fille ainée). Et Yum stp la totale, ok ?
• Euh maman c'est quoi la totale ? Et nous allons où ? Vous me faites peur là
• Mdrr yaw dale néll tékeu rek (restes juste calmes et laisse-toi faire) ! va prendre ta douche,
petit déj et hop on est parti, déclara Yuma en rigolant

Elle s'est levée comme un ressort, et courais déjà vers la salle de bain pour prendre sa douche.
Maman Soda s'est approchée de moi en souriant :

• Tes parents seraient fiers de toi, n'en doute jamais ma chérie. Ton oncle et moi sommes
heureux car tu as toujours été pour nous plus qu'une nièce, tu es notre fille, Didi. Tu as
traversé des épreuves difficiles mais aujourd'hui à 26 ans tu es une jeune femme forte et je
sais que tu sauras gérer cette nouvelle étape de ta vie comme il faut. De toutes les façons,
n'oublie jamais que nous sommes ta famille et que nous serons toujours là pour toi.
• Oh maman So ! Vous avez tellement fait pour moi tonton et toi. Je ne vous remercierais
jamais assez !
• Nous n'avons pas besoin de remerciement Chérie. Nous voulons juste que tu sois heureuse,
dit-elle en me prenant dans ses bras.

Et une fois encore la fontaine Didi s'est déclenchée mdr.


Vers 9h30, nous étions prêtes à partir. Même si je ne savais pas où nous allions au passage. Tonton
Karim le petit frère de maman soda allait être notre chauffeur de la journée-J. Après une quinzaine
de minute de route, nous sommes retrouvés devant l'hôtel « Kadiandoumagne ». Je n'y comprenais
rien, qu'est-ce qu'on pouvait bien faire dans cet hôtel ?

• Yum, qu'est-ce qu'on fait là ? demandais-je perplexe


• Shuut, nopile soxnassi !! (Taisez-vous Madame)

Nous nous sommes rendues à l'accueil et Yuma et Myriam se payaient ma tête à mort ! Les sales
pestes !

• Bonjour et bienvenue mesdames, dit le réceptionniste


• Bonjour Monsieur. Mr Tidiane Ly a réservé une suite pour nous au nom de Khadija Ndiaye ici
présente, répondit Yuma
• Oui oui bien sûr. Mes Hommages Mlle Ndiaye. Nous vous attendions.

Il appela quelqu'un.

• Léopold vous amènera dans votre suite. Mme Sarr et son équipe sont déjà présentes.
• Ah très bien ! Merci, répondit Yuma satisfaite
• Excellente journée à vous, nous-souhaita le réceptionniste

J'étais complètement perdue. Mais cette folle de Yuma ne voulait toujours rien me dire. Dès que
nous sommes entrées dans la suite j'ai éclaté de rire, je venais de comprendre à la vue d'Awa Ndao «
Institut de beauté Latiffah » accompagnée de 5 personnes de son équipe. Je me suis retournée vers
Yuma :

• Il n'a pas fait ça ???


• Oh que si, ma belle ! Ton cher futur mari a fait déplacer Awa Ndao en personne pour que sa
fiancée soit la plus belle le jour-J.
• Oui ma chérie, confirma Awa Ndao ! Tidiane ne m'a pas laissé le choix mais je t'avoue que
c'est un plaisir de rendre service à ton fiancé. Il sait faire les choses « biennn » ! Nous avons
rejoint Ziguinchor ce matin par avion et là nous avons toute cette partie de l'hôtel pour te
chouchouter. Et tu auras droit à la totale, mon équipe y veillera : massage, épilation,
pédicure, manucure, coiffure et maquillage pour ce matin. Et cet après-midi on va juste
modifier la coiffure et refaire ton make-up.

J'étais choquée.

• Mais pourquoi se remaquiller le soir ? demandais-je


• C'est la deuxième surprise Di, je t'avais dit de juste suivre le mouvement hein ? Allez c'est
parti !!! répondit Yuma

Je crois que je ne résoudrais jamais l'énigme « Tidiane Ly ». Quand je pense que je croyais qu'il se
foutait de la préparation de notre mariage... Ahh les gars mon cœur frigidaire, J'étais encore plus in
Love.
Nous avons passé une matinée géniale !!! En vraies professionnelles de la beauté, l'équipe d'Awa a
été au top. Et les employés de l'hôtel étaient au petit soin. Même le directeur de l'hôtel était passé
me dire bonjour. Et il m'a expliqué que Tidiane, lui-même, avait dessiné le plan de l'hôtel et depuis ils
étaient devenus d'excellents amis. Ça expliquait bien des choses. Je lui ai envoyé un message en
passant pour lui dire merci. Mais il n'a pas répondu, je commençais à m'y habituer. Je profitais à fond
de tous ces soins offerts.
C'était mon Jour-j.

Je faisais souvent des soins de tout mon corps à Dakar où il y a d'excellents instituts de beauté. Mais
là, oulalala c'était le pied ! L'hôtel a même mis le hammam à notre disposition. Je n'ai jamais été
aussi détendue. Après les soins, ce fut la coiffure. Comme j'avais les cheveux très longs et déjà
défrisés, les filles m'ont fait un rajout avec des cheveux naturels jusqu'au milieu du dos. C'était
tellement bien réalisé qu'on aurait dit que c'était juste mes cheveux. Puis elles m'ont maquillée, haaa
je ne me reconnaissais pas ! Yuma m'a aidée à mettre ma tenue du matin, une longue robe en basin
blanc avec des broderies dorées

• Oh ma Didi, tu es magnifique s’exclama Yuma, toute emue


• Tout ça c'est grâce à vous les filles, vraiment merci beaucoup !!!
• Et ce n'est pas fini futur Mme Ly !! Légui nak (bon là ) on va organiser le cortège et t'amener
chez tes parents, dit Awa qui commençait déjà à organiser la suite des évènements. Mr Badji
(directeur de l'hôtel) a mis à notre disposition une superbe voiture et la voiture de Tonton
Karim suivra. Allez, on y va il est déjà 13h. Mais où sont le photographe et le cameraman
j'espère qu'ils sont déjà en bas.

Nous sommes descendues dans un gros brouhaha. Tout le monde était sur son 31. Yuma et Myriam
étaient magnifiques dans leur ganila vert. Nous sommes restés 30 minutes dans le Hall de l'hôtel à
faire des photos. Et ce fut le départ.
C'est dans un concert de klaxons qu'on est arrivé à la maison de tonton Omar à Boucotte Sud. Tata
Soda est venue me sortir de la voiture les larmes aux yeux.

• Law la tiate, que Dieu te préserve du mauvais œil, ma fille chérie. Que Dieu te protège,
mash'Allah mash'Allah

Tous les voisins étaient sortis de leur maison, et la maison était bondée !! Mais d'où venait tout ce
monde ??? Tonton Omar est venu m'accueillir aussi et c'était encore des prières et beaucoup
d'émotions dans la voix, et dès qu'il a prononcé le nom de mes parents, je n'ai pu retenir mes larmes.
Awa Ndao qui était à mes côtés, a vite réagi :

• Ahhh non, non, il ne faut pas que tu gâches notre travail, arrêtes de pleurer tout de suite.

Tout le monde a éclaté de rire

• Mo yaw bayilma ki, comme fontaine (laisse-moi cette fille, On dirait une fontaine), rouspéta
Yuma

Je me suis calmée et nous avons continué notre progression dans la maison vers le salon. Là, c'est
tonton Bouba et Malick qui m'ont accueillie. Les compliments ont fusé, il parait que Tidiane avait
décroché le gros lot lol !!
Franchement les Diolas sont formidables, ils savent faire la fête comme personne. Et ils sont
tellement simples, je les adore. On a mangé, on a dansé, l'ambiance était topissime. A 15h30, nous
devions retourner à l'hôtel pour nous préparer avant que les hommes ne reviennent de la mosquée :

• Yum, tu as pris ma tenue du soir ? demandais-je alors qu’on était sur le point de quitter
• Non ma belle, tu n'en auras pas besoin !
• C'est quoi ça encore ?
• Ta robe t'attend à l'hôtel, tu suis le mouvement on a dit Didi hein ?!
• Ok, ok, je n'ai rien demandé lol.
Nous sommes repartis, avec mon escorte comme une princesse !! Arrivée à l'hôtel, j'ai pris une
douche rapide, puis j'ai eu droit à un massage relaxant rapide et efficace. La coiffure a été un peu
modifiée pour que ça soit plus en phase avec une robe de mariée.

Hein quoi ? Quelle robe de mariée ?

Yuma est revenue dans la suite avec une tenue dans une housse. Mon Dieu, mon cœur battait la
chamade. Awa a sorti la robe et là j'étais littéralement subjuguée. C'était magnifique. Comme dans
mes rêves, robe blanche avec bustier drapé de mikado et découpe asymétrique, jupe vaporeuse avec
ses mouchoirs de tulle, dos avec laçage, simple élégante, et chic. Je ne savais pas quoi dire.

• Tchiééé Mr Ly amna gout !! (Il a du goût hein) dit Amina, la fille qui devait me maquiller Didi
ma chérie tibbeu ngua AS !
• Faudrait que tu l'essayes qu'à même intervient Awa et vite comme ça s'il y a des retouches à
faire.
• Ok ok allons-y, fut tout ce que j’arrivai à dire, tellement j’étais encore choquée

Yuma m'a aidée à mettre la robe. Et wouah c'était nickel ma taille !

Myriam ma cousine me taquina :

• Tu es sûre que tu l'as jamais essayée lol ?


• Idiote, je n'étais même pas au courant de la robe et de tout ça
• Ah dama khame (je ne sais pas moi) ?! C'est qui, qui a donné tes mesures à Tidiane, c'est toi
Yum ?
• Il ne m'a rien demandé ! Je l'ai juste aidé à choisir le modèle comme je connais les goûts de
Didi, repondit yum
• Qu'est-ce que tu insinues petite folle ?? criais-je en tirant l’oreille de cette chipie
• Ouuillle !!! En tout cas, dama diomi kat !! tu as vu ta taille mince comme ça là et avec tes
grosses fesses ! il faut vraiment que Mr Ly te connaisse par cœur pour donner des mesures
aussi exactes ! je dis ça je ne dis rien !

Les filles ont littéralement explosé de rire. Et je crois que si j'avais été de peau blanche, j'aurais été
pire qu'une tomate.

• Toi la tu perds rien pour attendre, dis-je en lui faisant les gros yeux
• Laissez la tranquille ! Ça nous prouve juste que Tidiane connait bien sa femme ! on y va, il
reste du boulot, déclara Awa Ndao calmant tout le monde au passage (c'est une perle cette
dame).

Le débat était clos, ouf ! Mais au fond de moi je ne vous raconte pas à quel point mon cœur la, il était
gonflé d'amour pour cet homme, mon homme, bientôt !
Les choses se sont accélérées, et à 16h30 tout le monde était prêt. Même routine que le matin, poses
photos sur le hall et là, même les touristes et autres pensionnaires de l'hôtel, étaient venus nous
admirer. Nous avons repris la limousine et direction la maison. Cette fois-ci, il y avait moins de
monde, les hommes étaient tous à la mosquée. Les tatas de Tidiane cette fois sont venues avec
maman soda m'accueillir à ma sortie de la voiture.

La griotte de maman a entamé un Samba mbayane d'enfer accompagné par les tamakate j'avoue que
c'était trèèèèèsss cool. J'ai été me poser dans la chambre de mon oncle sur leur lit un foulard blanc
sur la tête attendant que le mariage soit scellé et que les hommes reviennent à la maison. Malick fut
le premier à m'appeler :
• Félicitations Mme ly !!!
• Merci beau-frère Chéri !

Et toutes les personnes, qui étaient dans la pièce, crièrent quand je dis ça ! De vraies folles je vous
dis, Malick a même dû raccrocher, on ne s'entendait plus parler. J'étais soulagée et anxieuse en
même temps, j'étais devenue la femme de quelqu'un thieeeeeyyyyyy ! Quand les hommes
sont revenus, ce fut la séance de félicitations, de conseils et ensuite de photos puis l'ambiance reprit
de plus belle !

Vers 19h, les oncles de Tidiane et Malick sont revenus en costume cravate moi qui ne les avais pas vu
partir, j'étais surprise de les voir si apprêtés et quand je vis tonton Omar et maman soda en faire de
même je me suis dit que la journée des surprises n'était pas terminée. En fait, toute ma famille
proche et celle de Tidiane étaient prêts à partir je ne sais où mais on y allait lol. Le cortège (nous
étions une trentaine) a pris le chemin de l'hôtel. Dès qu'on est sorti de la voiture, Awa m'a expédiée
dans la suite avec les filles pour une séance de rafraîchissement. 30 minutes plus tard, j'étais prête et
en descendant les escaliers pour rejoindre les invités déjà installés au jardin, Yuma me tendit mon
téléphone avec un sourire coquin : "wouyoule sa djeukeur (réponds à ton mari)"

• Allo ?
• Bonsoir Mme Ly
• Bonsoir Mr Ly
• Comment tu te sens ?
• Mariée jusqu'au cou

Il rigole longuement puis il reprit

• Félicitations
• Merci. A toi aussi
• Merci
• Tu es à Ziguinchor ou bien ?
• Malheureusement non, on signe demain avec les angolais, encore une fois grâce à toi, et ma
présence est obligatoire
• Ah c'est vrai.

Misère !! Jusque-là j'avais espéré qu'il vienne et c'était dur de ne pas montrer ma déception les
larmes n'était plus très loin

• Je me rattraperai, ok ?
• Ça marche, articulais-je difficilement. Au fait merci pour tout ça.
• De rien Mme Ly, ce fut un plaisir.
• Okay, il faut que j'y aille
• Amusez-vous bien…

Clic

Mais Tidiane Ly koumou yaap (il se fout de qui) ??? J'avais juste envie de l'étrangler bilaye. J'étais
tellement énervée que j'ai fait demi-tour pour retourner dans la suite ! Yuma seule m'a suivie, elle
décréta dès qu'on fut seules :

• Je ne sais pas ce que Tidiane t'as dit wayer boulma yaap ok (ne te fiches pas de moi) ? Je veux
que tu me retiennes ces larmes tout de suite. Gnakeu fayda Ba dé (comme un bb) ! S'il ne
vient pas ce soir tu le verras demain ne laisse pas cette déception gâter ton mariage, tu m'as
bien compris ??
• Yum, il n'est pas là à cause d'un contrat !!! Tu te rends compte ??
• Oui c'est nul ! Mais ce n'est pas la fin du monde. Rappelle-toi que ça devait être une
cérémonie de mariage terne et sans saveur et là il en a fait un mariage féerique ! Le jardin de
l'hôtel a été décoré en ton honneur, pour TON mariage ! Descends voir tes invités la tête
haute, apprécie ce que tu as aujourd'hui, demain est un autre jour. Ok ma belle ?
• Ok patron !
• Viens là, ça va aller !

Après un long câlin nous sommes redescendues. Ah Yuma je ne sais vraiment pas ce que je ferais
sans elle !

Nous avons eu droit à un dîner de mariage exceptionnel ! Malick a été mon cavalier de la soirée.
Tonton Omar était tellement fière dans son costume 3 pièces noir, en me faisant ouvrir le bal. Tout
était parfait, j'ai vite fait d'avaler ma déception et profiter pleinement de ce moment. Il était temps
que je m'endurcisse à nouveau. Tidiane ne tardera pas à savoir de quel bois je me chauffe...
PARTIE 8

Nous avions fait la fête jusqu'à 2h du matin. C'était vraiment bien. Il n'était pas là mais tant pis pour
lui hein !!!! Il ne sait même pas ce qu'il a raté... Ma belle-famille est retournée à l'hôtel, ils avaient
leur vol le matin à 10h. De retour à la maison nous étions tellement excités que nous sommes restés
dans le salon à faire des commentaires de la journée dans les détails. Tonton Omar m'a demandé ce
que je comptais faire désormais :

• J'ai encore 10 jours de congé là tonton, je compte encore rester ici, histoire de bien me
reposer avant de reprendre le boulot
• Quoi ?? Ton mari est d'accord ? s’écria maman soda
• Nous n'en avons pas encore discuté, mais ça ne devrait pas être un problème pour lui. Il est
tellement débordé par ses clients angolais en ce moment.
• T'es sûre de ça ? demanda ironiquement Myriam, cette peste

Les filles ont fait pleins de sous-entendus dans leur barbe, comme quoi je ne perds rien pour
attendre, souma Tidiane diapper ba bayi ma dina comprendre quoi (quand Tidiane me prendra je
comprendrais mieux)
Heureusement Tonton est intervenu me tirant de l'embarras

• Tu peux rester ici autant de temps que tu veux, cependant il faut que ton mari soit d'accord,
Moye sa kilifa (tu es sous sa tutelle) désormais.
• C'est vrai tonton, mais ça ne serait pas mieux s'il venait me chercher lui-même et puis
comme ça tu pourrais bien le connaitre et nous conseiller sur notre nouvelle vie de couple en
direct pas juste au téléphone, tentais-je
• Jeune femme je ne sais pas qu'est-ce que tu mijotes mais j'attends que tu aies l'aval de
Tidiane avant de rester ici. Est-ce clair ?
• D'accord tonton

Tata Soda me fit un clin d'oeil :

• Wa cheri yaw tamite khalé bi wakhna deug (la petite a raison). J'ai bien envie de voir mon
goro avant que Didi ne parte. En plus nous devons faire des courses pour préparer son
trousseau (ahhh tata je t'adore)
• Na Tidiane d 'accord rek (Que Tidiane soit d'accord) s’enteta tonton Omar

Bilahi tonton omar dafay déconné koi (Tonton Omar déconne parfois !! Mais bon je ne comptais pas
quitter Zig le lendemain ! hors de question. Tidiane va me sentir passer de loin, violemment.
Nous sommes finalement allés au lit juste après cette discussion. Vers 7h déjà on était réveillé car
Tata soda avait demandé à ma belle-famille de venir prendre le petit déjeuner à la maison. A 7h30, ils
sont arrivés souriant mais encore fatigués quand même.

• Je cherche Mme Ly svp ! cria ce con de Malick dès qu'il franchit le portail
• Laisse ma belle-fille tranquille, intervient tonton Bouba

J'avançais vers eux pour les accueillir, et j'ai eu droit à de gros câlins matinaux. Au moins il y en a qui
sont heureux que je fasse partie de la famille Ly ! Le petit-déjeuner fut gargantuesque comme
d'habitude avec maman soda et vers 8h45 il était déjà l'heure de partir.
• Wa Didi ani saye bagages ? Tidiane néna que gnou yobou la directement keurgou mak (Où
sont tes bagages Didi, Tidiane dit que tu iras directement à la maison familiale) dès qu'on
arrive à Dakar, dit badjenne Rougui la plus grande des tatas de Tidiane
• Euhh Tata finalement je reste ici jusqu'à dimanche.
• Ahh dédéte Tidiane wakhouma lolou dé (Tidiane ne m'a pas dit cela)
• Rougui bayile khalé bi (lache la petite), dit tonton Bouba, d'ailleurs elle est en vacances

Et là, je compris vraiment que tonton Bouba sera toujours de mon côté, malgré tout ce qu'il savait de
moi ! Mais l'autre vieille ne voulait pas lâcher le morceau

• Dafa wara khame ni djabarou diambour la légui nak. Kharale ma wo tidiane sakh(Elle doit
prendre conscience qu'elle est une femme mariée dorénavant , je ferai mieux d'appeler
Tidiane)

Avant que quelqu'un ne dise quelque chose, elle avait déjà déclenché l'appel :

• Badjenne : Allo wa Tidiane, assalamou aleikoum


• Tidiane : ...
• Badjenne : Nous sommes sur le point de partir là, mais Didi vient de me dire qu'elle restait ici
encore quelques jours. Ce n'est pas ce qui était prévu dé.
• Tidiane : ...
• Badjenne : Wa attend je te la passe. Ne quitte pas

J'avais envie de « tchipper » bien fort. Je pris le téléphone et me levai pour aller répondre dehors,
mais je pris le temps de dire bien haut "Allo Chéri" avant de quitter le salon

• Khadija ?
• Tidiane ?
• Qu'est-ce que tu me fais là ?
• J'ai juste envie de profiter encore de ma famille avant de rentrer à Dakar
• Tu aurais pu m'en parler avant
• Quand ? à quel moment tu penses que j'aurai du te le dire ? Durant tes appels express ?
• Je veux que tu reviennes à Dakar avec les autres
• Tu comptes prendre quelques jours de congé pour rester avec moi ?
• Je t'ai déjà dit que j'avais trop de choses à finaliser en ce moment. Khadija ne fait pas
l'enfant.
• Tidiane Ly, tu sais toi-même qu'il est hors de question que je vienne à Dakar à me morfondre
sans toi alors que je peux rester encore avec ma famille.
• Tu le fais exprès ?
• Qu'est-ce que je fais exprès, Tidiane ?

Il se tut quelques secondes

• Laisse tomber, reste si tu veux, reprit-il énervé


• Merci pour ta coopération. Salut
• Click

Je retournais au salon et tendis le téléphone à Badjenne Rougui.

• Badjenne : Waw (Oui)


• Tidiane : ...
• Badjenne : Ah d'accord. Wa bakhna Ly bousso

Elle raccrocha et se retourna vers mon oncle

• Badjenne: Tidiane veut que Khadija reste encore un peu avec vous. Il sait qu'une fois à Dakar
entre la famille et le travail, vous ne la verrez plus si souvent.
• Maman Soda : Ah c'est vrai Tidiane dafa beuri yeurmeundé(Tidiane est très gentil)
• Tata Tidiane n•2 : Wa mome deh khol bi dafa rafêt (il a un cœur en or)
• Tonton Bouna : Bon ce n'est pas tout mais il faut qu'on y aille avant qu'on ne rate l'avion.

Malick qui avait compris tout mon cinéma, me pinça le bras très fort en passant près de moi. Je lui
chuchotais dans l'oreille en lui faisant la bise : je me vengerai !

Tidiane : 0 Didi : 1

Après les remerciements et les prières, ils partirent. La maison était redevenue calme tout d'un coup
! Avec Yuma nous sommes montées nous rendormir illico. Mais dès qu'on est entré dans la chambre
la nouvelle avocate de Tidiane m'attaqua :

• Tu n'es pas sérieuse ! juste pour te venger, tu vas jusqu'à refuser de rentrer alors que tu
meures d'envie d'aller le retrouver
• Yuma, stp j'ai sommeil. Je n'ai pas envie de parler de Tidiane
• Pfff tu m'énerves ! après ne viens pas pleurer parce que tu n'as plus de ses nouvelles.
• Il viendra me chercher
• Tu sembles sûr de toi
• Je suis sûr de moi M'dme

On s'est regardé yeux dans les yeux une bonne minute avant d'éclater de rire en même temps !
Comme maman Soda m'avait promis, nous sommes allées au marché Saint Maur (marché boucotte).
Sa sœur, tata djodjo qui y a une boutique de vaisselles nous a amenées chez Mère Naana, la Fatou
Laobé Diola. Oh mon dieu, j'étais choquée ! D'après mère Naana sa boutique est dédiée au bien-être
du couple. Il y avait du tout : encens, perles, lingerie sexy, costume sexy, sex-toys, cosmétiques
aphrodisiaques. J'avais honte car il y avait maman soda avec nous, mais quand elle nous a dépassés
pour se diriger vers un anneau vibrant rouge de tous les dangers , en disant « bi mome amna solo
di » ahhhhhhhh mes oreilles ont chauffé je vous assure. Je me suis ravitaillée en petites pagnes et en
perles quelques gadgets et des bonbons à la menthe et au gingembre pour une bonne fellation
wakhoumako dé mére bi moko wakh (fallait l'entendre nous expliquer comment l'utiliser, Misère !) !!
Tata djodjo m'a conseillé des perles fines pour la lune miel et de prévoir de grosses perles pour
après. Et Mere Naana de renchérir : vous les fausses maigres-là, vous avez de la chance car tout vous
va, et toi ma chérie tu vas tuer l'homme noir, li nga gaddou dou sa âge (ton popotin n'est vraiment
pas de ton âge )! « Mash'Allah Mash'Allah » disait maman soda. Yuma et moi nous étions
sidérées. Mais nous avions passé un très bon moment dans cette boutique.

Mon séjour se passait très bien et je ne regrettais pas d'avoir décidé de rester encore un peu. Malick
m'appelait chaque soir, il parait que Tidiane avait la haine !!! Allez Mane !!! Il était détestable avec
tout le monde, Tonton Bouba l'a carrément engueulé et lui a dit d'arrêter de mettre sa frustration sur
le dos des gens et d'aller retrouver sa femme ! Mais mon cher mari est un foutu orgueilleux. Il ne m'a
plus rappelée, mais j'étais patiente.
Vendredi matin, tonton Omar m'a proposé d'aller passer le week-end à Cap Skiring avec Yuma et
maman. Ça faisait des années que je n'y étais pas allée, bien même avant mon départ en France. Yum
ne s'est pas fait prier, c'était la première fois qu'elle y allait. A 17h, nous étions prêts, Yuma est
descendue bien après moi avec deux sacs sur le coup je me suis moquée d'elle :

• Tu crois que tu vas à Ibiza ou c'est comment ?


• Tchiipppppp yaw togale fofou rek, mane damay défar ba mou bakh (Parles toujours, moi je
profite de la vie)
• So diaper ni sa aduna yeup solou ak simmi la, bakhna rek (Toute ta vie n'est que mode et
tendance)
• Yaw bayil diambour (laisses-la tranquille) rigola maman soda en nous devançant

Nous sommes partis dans la bonne humeur dans la voiture de tonton. Sur des routes nickel, 70km on
le parcourt en 45 minutes environ en campagne mais nous sommes en Casamance et les routes,
laisse tomber !!! Nous avons mis 2h 30mn pour arriver, mais le paysage est tellement magnifique que
tu te laisses emporter facilement par sa beauté. Tonton Omar avait réservé à la Paillote village Hôtel.
Ahh mon oncle chéri, diawfarak ma diaw khor, c'est le meilleur quoi !!

Nous étions en train de patienter à la réception de l'hôtel, le temps que tonton finisse les formalités
quand je le vis.

Mon Dieu !!!

Il était de dos, habillé en pantalon lin marron clair chemise blanche manche longue retroussée sur les
avant-bras répondant au téléphone en gesticulant. Je le reconnaîtrais parmi mille, ce corps-là,
wooooooooooyyyyyyyyy ce corps-là, il est à moi. Je le dévorais littéralement du regard puis tout d'un
coup ça a commencé à tilter dans ma tête, je me suis retournée vers Yum ! Elle se retenait tellement
de rire qu'elle suffoquait :

• Vous m'avez encore eu ! Lui dis-je aussi exaspérée que contente


• C'est tellement facile de te faire une surprise que ce n'est plus drôle quoi !!
• C'était l'idée de qui cette fois ?
• Je crois que j'ai été la dernière à être au courant. Demande à tonton Omar kxkxkxkkxkk
• Qu'est-ce qu'il y a dans ton deuxième sac ?
• Tes affaires bien sûr c'est ta lune de miel ma poulette !! Et Tu vas te faire dé-plu-mer !!
• Très drôle !!

Je n'arrivais même plus à parler tellement j'avais comme une grosse boule à la gorge. Je me
retournais vers lui. Il se retourna vers nous mais il ne nous avait pas encore vus. Devant sentir mon
regard sur lui, il souleva soudain la tête et on resta peut-être dix secondes à se regarder. Il raccrocha
le téléphone et se dirigea vers nous. Mon cœur battait si fort que j'avais l'impression que tout le
monde pouvait l'entendre. Tonton Omar était revenu avec Tata soda mais là sérieusement je
n'entendais plus personne et je ne voyais rien d'autre à part lui ! Il se dirigea directement vers tons :

• Tidiane : Tonton, sonnale naléne dé ma ngui djégualou ! (Excusez-moi, je vous ai embêter


avec tout ça)
• Tonton : Ahh mon fils, ce fut un plaisir de t'amener ta femme. Comment tu vas ? Tu as fait
bon voyage ?
• Tidiane : Alhamdoulilah alhamdoulilah. Ça me fait énormément plaisir de vous rencontrer
enfin.
Il se tourna vers Tata soda lui fit 4 bises

• Tata Soda : Enfin Sama Goro bi namonne nagnou la(Enfin mon gendre est là )
• Tidiane : Ma léne raw maman ! Je voulais terminer le boulot pour pouvoir venir
tranquillement vous voir.
• Tata Soda :Wakh gua deugueu ! Ni Mo gueune sakh(tu as parfaitement raison mon fils, C'est
mieux ainsi)
Il fait la bise aussi à Yuma
• Yuma : Sama partenaire de choc !
• Tidiane : Serieux ya raw Colombo! Ya ko yoor manila (tu es la meilleure)

Ils ont tous rigolé sauf moi

• Tidiane se tournant enfin vers moi : Tu fais la tête ?


• Moi :je devrais ?
• Tidiane : Bah, avec toi on ne sait jamais...

Il avança un pas vers moi posa sa main sur ma taille, se pencha et posa un bref et chaste bisou sur
mon front.

• Tidiane : Bonsoir Mme Ly


• Moi : Bonsoir Mr Ly.

Comment vous expliquer la brulure de sa main sur ma taille, la fraicheur de ses lèvres sur mon front,
son odeur (le parfum saveur Tidiane Ly) qui me submerge ? Non il n'y a pas de description possible.
J'en perdais littéralement la parole.

• Yuma : Bon, c'est quoi le programme maintenant ?


• Tidiane : il est presque 20h là, nous pourrions diner tous ensemble ?
• Tonton : Avec plaisir !! Nous allons d'abord rejoindre nos paillotes, histoire de se rafraîchir
puis on se retrouve tous ici dans 45 minutes. Ça vous va ?
• Yuma : C'est parfait, pour moi et puis je vais avoir une paillote pour moi toute seule. Tiens
Tidiane, ce sont les affaires de ta femme.

Je lui fis de gros yeux. Tous les prétextes étaient bons pour me taquiner. Tidiane prit tranquillement
le sac préparé par Yuma pour moi et celui que j'avais moi-même préparé et se tourna vers moi.

• Tidiane : On y va ?
• Moi : Je te suis.

Tata soda me conseilla de le rendre fou en me faisant un câlin. Ça m'a un peu détendue lol. Tonton
Omar mome, je n'arrivais simplement pas à le regarder dans les yeux, rien que d'imaginer qu'il était
en train de se dire : « ahhh ma nièce va passer à la casserole » j'ai envie de prendre mes jambes à
mon cou. Heureusement nos paillotes étaient complètement à l'opposé.

Après quelques minutes de marche silencieuse, on arriva enfin à notre logement.


Wouaaaaaah c'était magnifique ! Il avait choisi la paillote la plus spacieuse possible. De forme ronde,
l'intérieur était composé d'une grande pièce où il y'avait un lit immense, un petit canapé plus une
table basse, un écran plasma était fixé au mur et dans un coin une baignoire pouvant contenir
jusqu'à 4 personnes khana (presque) ! Il y avait une petite porte qui donnait sur les
toilettes. J’ai fait le tour de tout ça nonchalamment pendant que Tidiane rangeait nos affaires dans le
placard mis à disposition. Je choisis de faire l'idiote :
• Il n'y a pas de douche Tidiane
• Tu n’aimes pas prendre de bain ? demanda-t-il
• Si ! Mais j'ai plus l'habitude des douches
• Eh bien il y a les douches publiques dans le bâtiment principal de l'hôtel si tu préfères
• Ok, ok, je vais me contenter de la baignoire
• Je pense que c'est mieux en effet, répliqua-t-il.

Il avait le visage bien serré. Dieu, Mr Ly semblait être encore en colère, eh bien on allait voir jusqu'à
quand ça allait continuer. Pendant qu'il faisait sa prière du Maghreb, J'ai sorti mes affaires du placard
et commençai à me changer. Je me suis débarbouillée le visage et j'ai juste changé mon t-shirt pour
mettre une chemise plus classe avec mon jean. Je l'ai entendu finir et s'installer sur le canapé. Je
sentais son regard parcourir mon dos, j'en frissonnais. Je finissais de m'apprêter puis me maquillais.
Quand j'eus fini, il se leva et on sortit retrouver les autres, c'était la guerre froide version Didi-
Tidiane.

Heureusement, nous avons passé une très bonne soirée avec la complicité de Yuma, sur la terrasse
en face de la mer. Nous avons bien mangé, et surtout tonton Omar et Tata Soda en ont profité pour
bien cuisiner mon mari. De temps en temps Tidiane me touchait inconsciemment je crois et c'était un
vrai supplice. Vers 23h, chacun a pris le chemin de sa paillote.
Dès qu'on est rentré, Tidiane a fait ses ablutions puis sa dernière prière et j'étais étonnée qu'il soit
aussi assidu. (Moi Ppppfffff je ne suis pas en bon terme avec Dieu depuis un moment mais bon...).
Dès qu'il eut fini, il a commencé à se déshabiller. Il a enlevé sa chemise, et il est allé remplir la
baignoire. Puréeeee, cet homme est à croquer.

• Tu veux prendre un bain avec moi ? demanda-t-il soudain


• Euhhh oui pourquoi pas ?! balbutiais-je
• Tu veux que je t'aide à te déshabiller peut-être ???
• Lâche-moi un peu toi...

Il a rigolé et il a continué de préparer le bain. Et comme il était de dos, j'en ai profité pour me
déshabiller vite fait et prendre une grande serviette pour me couvrir.
Quand il s'est retourné j'étais déjà prête. Il m'a regardé mais son expression avait changé, il avait l'air
féroce. Il a enlevé son pantalon l'air de rien. Je le matais comme si ma vie en dépendait, il finit par
son caleçon et se redressa, fier et viril.

Woooooooooooooooooooooooooooooye !

• Tu viens, dit-il doucement

Je le rejoignis lentement, arrivé à sa hauteur sans même en prendre conscience je posai ma main sur
son torse, je le sentis frissonner. Il m'enleva ma serviette et automatiquement je baissais les yeux.
Erreur !! J'assistais en direct à son sexe qui se redressait et qui se tendait. J'en tremblais.

• Hééy je ne vais pas te manger.


• Je sais
Il m'aida à m'installer dans la baignoire et s'installa derrière moi. Je collais mon dos à son
torse et il attira mes fesses contre lui. Puis il prit la fleur de douche et commença à me frotter
le cou puis les seins, c'était doux ! je commençais à me détendre, vraiment. C'est comme si
toute ma vie j'avais attendu ce moment-là avec lui...
• Khadija ?
• Oui ?
• Tu sais, je suis au courant de ce qui t'es arrivé en France...
Je me redressais complètement
• Malick n'avait pas le droit de te raconter çà
• Ecoute, je le sais depuis que c'est arrivé. N'oublie pas que vous étiez jeunes et Malick avait
besoin de conseils pour gérer tout ça.
• ...
• Tu veux m'en parler ?
• Je veux sortir de cette baignoire Tidiane
• Ok
Il vida la baignoire et entreprit d'enlever la mousse de nos corps avec de l'eau propre. Il se
leva, m'aida à sortir m'essuya avec une serviette, et il en fit de même. Il me souleva
tranquillement dans ses bras comme si je pesais simplement 1 kg. Il me déposa au milieu du
lit.
• Tu peux me passer un t-shirt ?
Il me tendit un, enfila un caleçon et vint me rejoindre.
• Qu'est-ce que tu veux savoir ? Commençais-je
• Tout ce que tu as envie de partager avec moi
• Je n'imaginais pas ma première nuit avec toi ainsi
• Nous n'avons rien fait comme tout le monde depuis qu'on se connait toi et moi
• J'avoue.

Il me sourit. Allez, il était temps de se jeter à l'eau...


PARTIE 9

J'ai eu mon bac à 15 ans (mention très bien) et il a été question que j'aille en France terminer mes
études. Grace à mes excellentes notes ainsi qu'un premier prix en philosophie lors du concours
général, l'Etat du Sénégal m'avait octroyée une bourse d'étude non négligeable pour toute la durée
de mes études. Quand j'ai dit vouloir faire le concours de science Po à Paris pour intégrer le PSIA,
l'École d'affaires internationales, tout le monde était à fond derrière moi. Comme je n'avais pas pu
passer le concours d'entrée pour la prochaine rentrée, j'allais me préparer pour l'année suivante.
J'étais encore mineure, il me fallait un tuteur légal à Paris. Le choix de mon père s'était porté sur son
meilleur ami tonton Mansour qui était prof d'économie à l'université Paris 2 Panthéon-Assas. Il était
très heureux de m'accueillir.

Quitter mes parents fut un déchirement, mais j'étais taillée dans le roc comme disait ma mère. Je
mesurais l'étendue de l'espoir qu'ils portaient en moi et j'étais armée pour les rendre fière.

Tonton Mansour et sa femme tata Rose m'ont accueillie chez eux avec leur deux enfants Alioune
l'ainé qui avait 19 ans et qui venait d'avoir le bac et Safie qui avait 15 ans comme moi et était en
seconde. Tout se passait super bien et c'est grâce à Alioune que j'ai fait la connaissance de Malick
d'ailleurs. J'avoue que je ne l'aimais pas du tout au départ (Malick) !!! Je le trouvais trop imbu de lui-
même pppppffffff.

Je trainais souvent avec le groupe d’Alioune, ils étaient plus âgés que moi mais comme on avait le
même niveau d'étude et que je devais me familiariser avec le monde universitaire je n'ai pas eu de
mal à m'intégrer. J'étais très garçon manqué. Parfois je les saoulais surtout quand il était question
d'aller draguer mais pour le reste ils me « digéraient ». De temps en temps, je sortais avec safie mais
rhoooo, c'était trop dur de taper la discussion avec ces jeunes demoiselles. Ça ne m'intéressait pas
du tout de parler chiffons encore moins de garçons. Plus le concours approchait plus je stressais, je
venais de fêter mes 16 ans et je ne sortais quasiment plus de la maison. Tonton Mansour m'avait
ramené des épreuves des années précédentes et des fiches pour me préparer et j'étais à fond.

Une nuit, c'était une semaine avant le concours, pour me réveiller je suis allée dans la cuisine pour
me faire un café. Comme tout le monde était couché, je n'ai pas pris la peine de mettre quelque
chose au-dessus de mon mini short et de mon débardeur mais quelle erreur. Je venais de finir de
boire mon café quand Alioune et Iba (son meilleur ami) sont entrés dans la cuisine.

• Wouahhh, Didi est donc une femme ! s'exclama Iba


• Pfff n'importe quoi, je vais continuer mes révisions à demain les gars, lançais-je en détalant

Je sortais rapidement de la cuisine et je ne sais pas pourquoi je me suis retournée mais j'ai surpris
leurs regards comme scotchés sur moi. J'ai presque couru pour retourner dans la chambre que je
partageais avec Safie. Le lendemain, au petit déjeuner Alioune m'a carrément ignorée et ça m'a
soulagée car je me disais que rien n’avait changé. J'ai passé le concours non sans stress mais j'ai été
admise et j'avais laissé une excellente impression. C'était la fête à la maison, j'ai eu mes parents au
téléphone et rien que d'entendre leur bonheur et leur fierté dans leur voix me donnait une force
surhumaine. Ce soir-là, Alioune a dit à ses parents qu'il était temps que je m'amuse un peu car j'avais
fait que bosser depuis que j'étais en France. Je n'étais pas chaud du tout, je voulais juste rattraper les
heures de sommeil que j'avais accumulées ces derniers temps. Mais ma tante a insisté en disant que
j'allais devenir folle à ce rythme avant même d'intégrer science po. Je me suis laissée convaincre...

Le soir, Malick et Iba sont venus nous récupérer à la maison et nous nous sommes rendus, dans la
clio de Malick, chez leur pote Amidou qui fêtait ses 20 ans.
• Alioune : Cheuteuteu Khadija tu aurais pu au moins mettre un truc de fille m'interpella-t-il
• Moi : Je m'habille comme je veux
• Iba : Ne le prends pas mal Didi c'est juste que Alioune a peur que tu te sentes mal à l'aise à la
soirée
• Moi : Je suis très bien comme ça ! Merci !
• Iba : Mais...
• Malick : Okhoo, mais laissez la tranquille les gars, intervient Malick. Vous soulez sérieux.
• Alioune : Pfppppffffff et puis on s'en fout, rajouta-t-il, voulant avoir le dernier mot comme
toujours

Dès que nous sommes arrivés à la soirée, ils m'ont laissé dans un coin comme s'ils avaient honte de
se tenir à côté de moi. Mais ça ne me gênait pas de rester toute seule. Les gens me regardaient
comme si j'étais un extraterrestre. J'écoutais de la musique en somnolant même !!!
Vers 2h du mat, Iba est venu me voir.

• Iba : Alors tu t'amuses ?


• Moi : Beaucoup merci !!!
• Iba : Tu as bu quelque chose
• Moi : Non ça va aller je n'ai pas soif
• Iba : Mais allez Didi décoince toi ! Attend on va partager ma canette.

Il prit deux gobelets propres sur la table et nous servit. Si gentiment proposé, j'ai bu sans me poser
de question. Puis il a commencé à parler, à beaucoup poser de questions sur le concours sur mes
parents etc. Mon esprit commençait à s'embrouiller, j'avais comme une chape de béton sur la tête

• Moi : Iba, stp est ce que tu peux appeler Alioune ? j'ai très mal à la tête
• Iba : Tu veux un doliprane
• Moi : Non je veux rentrer stp
• Iba : Attend viens on va voir ou est Alioune
• Moi : okay

Il m'aida à me lever et je le suivis en titubant comme une ivrogne. J'ai aperçu comme dans un
brouillard des gens rigoler et prendre des photos, mais à ce moment-là je n'en avais cure. Ma tête
était en train d'exploser. On longea un long couloir et puis Iba toqua une porte et on entra dans ce
qui semblait être une chambre

• Iba : Alioune, Didi ne se sent pas bien


• Alioune : Ah oui ?
• Moi d'une voix pâteuse : Stp on peut rentrer ?
• Alioune : Ahh non non je ne vais pas gâcher ma soirée. Si tu te sens pas bien tu n'as qu'à
t'allonger un peu sur le lit.
• Moi : Stp stp

Déjà il s'était approché de moi et il me poussait vers le lit. Je ne voulais pas et je résistais au
brouillard autant que je pouvais pour éviter de sombrer. En essayant d'éviter qu'il me touche, je lui
donnai un coup sur l'épaule et là tout à changer. Il m'a regardée méchamment avant de me donner
une gifle retentissante.

• Alioune : Tu te tais espèce de petite pute


• Moi : Mais Alioune je suis désolée je ne l'ai pas fait exprès
• Alioune : tais-toi j'ai dit. Iba attrape la

La gifle a eu le don de m'éclaircir un peu les idées. Et je commençais à voir clair dans leur jeu. L'autre
con a vite fait de venir nous retrouver au centre de la pièce. Mais je n'étais pas prête à me laisser
faire, Non ça ce n'est pas Khadija Ndiaye. Dès que Iba a retenu mes épaules, je me suis débattue
comme une furie. Mais ils étaient beaucoup plus forts, à deux comme ça. Alioune m'a encore frappée
au visage et je sentais le goût métallique du sang dans ma bouche. Ils m'ont jetée sur le lit et Alioune
s'est mis sur moi

• Alioune : Ah tu croyais que tu pouvais nous aguicher avec tes grosses fesses et t'en sortir
comme ça, hein ??
• Moi : Non, non, je n'ai jamais fait ça…
• Alioune : Mais si si, en fait tu n'es qu'une petite pute du bled qui la joue meuf super
intelligente mais nous allons t'apprendre nous

Alors que Alioune me clouait sur le lit, iba vint prendre mes poignées pour les attacher à la tête du lit.

• Moi : Lâchez-moi, lâchez-moi. Alioune je te considère comme le frère que je n'ai jamais eu,
ne fait pas ça.
• Alioune : Tu l'as dit, je ne suis pas ton frère !

Il releva mon t-shirt et commença à pétrir mes seins. J'avais beau crier mais je savais qu'avec le bruit
assourdissant de la musique il y avait peu de chance que quelqu'un m'entende. Il enleva mon jean et
ma culotte, j'avais beau donner des coups de pieds, je ne pouvais rien faire à part pleurer de colère,
d'impuissance. Puis j'ai pleuré de douleur, mon Dieu c'était horrible ! Alioune s'affairait entre mes
jambes sans pitié, prenant son plaisir.

• Alioune : Wouuaaah elle est bonne ! Iba, tu vas apprécier, elle est serrée juste comme il faut
!!

Je ne pleurais plus, je les regardais avec tellement de haine. Au moment où Iba enlevait son pantalon
à son tour, la porte s'est soudainement ouverte et Malick est entré dans la chambre avant de se figer
devant le spectacle qui s'offrait à lui. Les deux autres cons ont, après quelques secondes d'hésitation
dues certainement au stress de s'être fait surprendre, remonté leur pantalon et Iba m'a détachée en
vitesse.

• Malick : Mais qu'est-ce que vous foutez nom de Dieu ????


• Iba : Oh rien, on ne faisait que s'amuser comme tu peux le voir.
• Malick : Mais vous êtes malades ma parole !!!
• Alioune gronda : Mêle-toi de ce qui te regarde mec.

C'était une chance que je ne pouvais laisser, même dans ce moment de pur désespoir j'ai eu la force
de crier.

• Moi : Malick stp aide moi


• Malick : Oh mon Dieu Khadija !!!

Il a accouru vers le lit et quand il m'a vue, à moitié nue, les cuisses tachées de sang, il s'est retourné
vers Alioune et lui a donné un coup de poing digne de Mohamed Ali. Ce dernier a été littéralement
projeté de l'autre côté de la chambre. Iba, lui, tremblait comme une fillette.

Malick s'est retourné vers moi et m'a aidée à me lever, il m'a donné mon jean que j'ai enfilé dans un
état second.
• Malick : Viens, on s'en va d'ici, ça pue la bêtise !

Il a mis sa veste sur mes épaules et il m'a poussée vers la sortie. Je marchais difficilement mais j'ai
pris sur moi et je l'ai suivi, le cerveau encore embrumé. Dès qu'on est entré dans la voiture de Malick,
j'ai éclaté en sanglot. Le pauvre, il ne savait pas quoi faire, il m'a laissée pleurer un long moment puis
il a essayé de me calmer en posant sa main sur mon épaule, mais j'ai tellement sursauté quand il m'a
touchée qu'il a, lui aussi, sursauté.

• Khadija calme toi c'est fini, je ne te veux aucun mal


• Oh Malick, qu'est-ce que je vais devenir ? je me sens tellement sale
• Shuuuttt Didi, ce n’est pas de ta faute. Ces mecs sont malades, d'ailleurs il faudrait qu'on aille
porter plainte
• Ce n'est pas possible. Tu te rends compte, c'est le fils du meilleur ami à mon père
• Ce crime ne peut pas rester impuni Didi
• Je ne peux pas faire ça, je ne peux pas faire ça Malick
• Ok ok calme toi. Mais il faut qu'on aille en parler à tonton Mansour vite alors.
• Est-ce qu'on peut attendre encore un peu avant d'y aller
• D'accord mais ne restons pas ici !

Il a roulé une bonne heure dans Paris. J'étais silencieuse mais dans ma tête, je ne vous raconte même
pas à quel point mes neurones ont bossé durs. La douleur physique est une chose facilement
qualifiable mais la douleur psychologique est tout autre. La colère qu'on ressent contre ses
agresseurs est légitime et féroce mais celle qu'on ressent contre sois même vous laisse
complètement KO. Je me sentais fautive de ne pas avoir su dire non à tata rose pour cette soirée,
non à Iba quand il m'a proposé ce « coca ». Tout était de ma faute et je ne me le pardonnais pas. Au
bout d'un moment, je m'aperçus que Malick s'était arrêté et que nous nous trouvions devant chez
tonton Mansour. Je lançais à Malick un regard apeuré

• Il faut que tu les confronte Khadija, affirma-t-il


• Je ne veux plus voir Alioune
• Je sais mais si tu ne parles pas à ton oncle je suis sûr qu’Alioune est déjà en train de leur
raconter des salades
• Ils vont surement le croire et pas moi
• Ne le laisse pas faire, il faut que tu te battes et moi je te soutiendrai
• Malick...
• Imagines qu'il raconte à tes parents les mensonges d'Alioune

Ce dernier point me décida à aller les affronter tous jusqu'au dernier. Malick m'accompagna jusqu'en
haut, il voulait m'aider à monter mais il avait peur de me toucher vu ma réaction de tout à l'heure.
Dès qu'on sonna, Tata rose vint nous ouvrir en ouvrant de gros yeux.

• Tata Rose : Khadija yaw ya ma béteu(tu m'as déçue). Moi qui croyais que tu étais une jeune
fille sérieuse, ndeketè yoooo tu fricotais avec les garçons
• Malick : Tata laissait nous entrer et on vous expliquera tout.
• Tata Rose : Toi Malick je te laisse fréquenter mes enfants, tu les détournes du droit chemin
• Malick, calmement : Tata ce n'est pas ce que tu crois.
• Tata Rose : Entrez de toutes les façons ton oncle t'attend au salon, tu as intérêt à dévoiler
ton jeu Khadija

Nous l'avons suivie au salon et dès qu'on est entré Tonton nous a attaqués
• Tonton : Khadija Ndiaye, tu as intérêt à me dire tout de suite la vérité ou j'appelle ton père
• Moi : Alioune m'a violée (c'est sorti d'un trait)
• Tata Rose : QUOI ?????????? quel Alioune ? ça ne peut pas être vrai, ça ne peut pas être vrai

Tata Rose criait comme une hystérique et tonton Mansour était choqué.

• Tonton Mansour : Khadija reprit-il si tu as envie de fréquenter des garçons, c'est ton
problème mais tu n'as pas le droit d'accuser les gens pour sauver ta réputation
• Moi : Il n'y a plus rien à sauver tonton, Alioune et Iba m'ont volé ma Dignité.
• Tonton Mansour : Je ne peux pas croire que mon fils ait fait ça
• Moi : Vous pouvez venir avec moi à l'hôpital, avant que je n'aille à la police porter plainte
• Malick : C'est moi qui vais l'amener tout de suite renchérit ce dernier

Voyant que j'étais sérieuse dans mon intention de faire ses démarches et que Mailck était prêt à
m'aider, le ton de la conversation changea du tout au tout

• Tonton : Khadija, ma chérie, je suis sûr que Alioune n'était pas conscient de ses actes, il a dû
perdre le contrôle de lui-même et a dérapé
• Moi : Tonton j'ai mal rien qu'en pensant à ce qu'ils m'ont fait. Je ne peux pas laisser ça
impuni
• Tata rose se remit soudain à parler : Nous t'avons accueillie chez nous et t'avons traitée
comme un membre à part entière de notre famille Khadija. Ton père est le meilleur ami de
mon mari et cela depuis si longtemps bien même avant ta naissance. C'est une relation solide
ou règne la confiance. Mais aujourd'hui à cause d'une erreur, tu veux tout détruire en allant
à la police ? L'erreur est humaine ma chérie et laisse nous nous occuper du cas de Alioune je
te promets qu'il n'osera plus jamais manquer de respect à une femme. D'ailleurs il va quitter
dès aujourd'hui la maison, nous allons l'expédier chez mon frère à Lille, il va lui apprendre la
vie. Mais toi stp reste ici qu'est-ce que ton père va dire si on lui dit qu'on t'a laissée quitter
cette maison ?

Elle avait les larmes aux yeux, j'ai regardé Malick qui semblait énervé et confus. Je crois qu'il sentait
que j'allais aller dans leur sens et qu'il n'était pas d'accord. Mais je ne voulais tellement pas causer de
peine à mes parents si l'histoire s'ébruitait et puis les parents d'Alioune semblaient si tristes et
désemparés...

• Moi : D'accord Tata mais je ne me sens pas capable de continuer à côtoyer Alioune, c'est au-
dessus de mes forces.
• Tonton Mansour : Il part dès demain
• Tata Rose : Va dans ta chambre, prendre une douche ma chérie je suis tellement désolée si
tu savais.

Malick a finalement pris congé en m'arrachant la promesse de l'appeler si besoin même juste pour
parler. Qui aurait deviné autant de douceur et d'humanité chez ce mec ? Je n'imagine même pas ce
qui serait passé ensuite de pire chez Hamidou s'il n'était pas intervenu, car ces deux cons la, avaient
l'intention de faire de moi leur jouet. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit et sous la douche j'ai tellement
frotté mon corps que je crois que si j'avais plus fait attention j'y aurai remarqué des marques. Mais
les marques que ce viol a laissées en moi n'étaient pas seulement physique, je me sentais diminuer
de l'intérieur. J'ai tellement pleuré que je n'avais plus de force heureusement que Safie n'était pas à
la maison ce week-end-là. J'ai fermé la porte de la chambre à double tour. Le lendemain dimanche, je
ne suis pas sortie de la chambre une seule fois. J'ai entendu des cris puis des larmes. Puis des portes
qui claquaient, mais je suis restée cloîtrée tremblante toute la journée.
Vers 18h Tata Rose a frappé à la porte m'implorant de venir au moins manger quelque chose, mais
j'ai dit que je voulais juste dormir.

Vers 20h Safie est rentré de son week-end et elle m'a dit que Alioune était parti à Lille et qu'elle ne
savait pas pourquoi. Je ne lui ai rien dit, j'ai juste haussé les épaules. Elle m'a demandé ce que j'avais
car j'avais une sale tête, j'ai fait une grimace puis je suis allée me recoucher. Je ne suis pas sortie de
cette chambre toute la semaine, à part pour aller dans la cuisine pour grignoter quelques choses et
aller dans la salle de bains, c'était quasi obsessionnel. Au début j'y allais à chaque fois que je pensais
aux mains d'Alioune sur mon corps (c'est-à-dire tout le temps). Malick n'arrivant pas à me joindre au
téléphone, est passé me voir mais Tata rose lui a dit de nous laisser régler notre linge sale en famille.
J'étais tellement meurtrie, complètement déconnectée que je ne voyais plus rien et je n'avais même
pas joint mes parents depuis des jours. Tata rose disait que j'avais une voix tellement bizarre que
mon père comprendrait tout de suite que quelque chose n'allait pas. Et je lui ai fait confiance. Je ne
me rendais pas compte que tonton Mansour et sa femme étaient en train de m'enfermer de ma
propre bulle.
PARTIE 10

Trois semaines après, un matin, Tata a insisté pour que j'accompagne Safie au carrefour market pour
que je m'aère un peu. Elle m'a secouée et m'a demandé de sortir de ma léthargie. J'ai suivi Safie et
en revenant du magasin, on était à 100 m de la maison quand Tata a appelé Safie pour lui demander
de retourner au magasin pour lui prendre de la moutarde. Elle lui a dit de me laisser revenir avec les
autres courses car elle en avait besoin en urgence. J'ai continué donc vers l'appart et arrivée à
l'entrée de l'immeuble un gars m'a interpellée

• Le gars : Excuse-moi miss, tu es la cousine de Alioune je crois


• Moi : Oui
• Lui : Où est-il ?
• Moi : Il a voyagé
• Lui : Ok ok ! pourrais-tu lui donner un paquet stp
• Moi : Mais je ne sais pas quand il va revenir
• Lui : Ce n'est pas grave, je dois retourner dans le sud et comme je ne sais pas quand je
reviendrai sur Paris.
• Moi : D'accord, alors je le remettrai à sa mère pour lui
• Lui : Oh c'est gentil, vraiment merci.

Il me tendit un paquet emballé dans un sac en plastique bleu. Après tout s'est passé très vite !
Dès que j'ai pris le paquet et que je l'ai mis dans le sac de course, on a entendu des cris : « Police,
police, ne bougez plus !! »

J'étais pétrifiée, des policiers en civil nous cernaient de tout part.

• Le policier : Mlle qu'est-ce que vous venez de mettre dans votre sac ?
• Moi : bah rien Mr ! ce monsieur la vient de me faire une commission pour mon cousin
• Le policier : Voyons voir ça. Sortez ce paquet svp

Je le sortais. Mais jusque-là encore je n'arrivais pas à comprendre ce qui était en train de se passer.
Je tendis le paquet au monsieur qui l'ouvrit d'un coup sec de couteau

• Le policier : Tiens, tiens, Mlle qu'est-ce que c'est ?


• Moi : Je n'en sais rien du tout

Il se retourne vers le gars qui me l'a remis.

• Le policier : Mr kodjo comme on se retrouve. Vous avez repris du service à ce que je vois
• Mr Kodjo : Je ne fais que livrer à cette fille sa commande.
• Moi : Quoi ?? Quelle commande, mais vous êtes fou ma parole !
• Le policier : Taisez-vous Mlle ! Vous n'avez rien à dire, vous avez été pris la main dans le sac
• Moi : Mais je vous dis que je ne connais pas cet homme et ...
• Le policier : Vous pourrez vous justifier au poste. Martin emmène Mr kodjo dans la
fourgonnette. Mlle ?
• Moi : Ndiaye
• Le policier : Mlle Ndiaye pourriez-vous me donner votre pièce d'identité.
• Moi : je n'ai pas mes papiers sur moi, mais j'habite dans cet immeuble chez mon tuteur. Mr,
je vous dis que je ne sais même pas ce qu'il y a dans ce paquet
• Le policier : Eh bien je vais vous le dire, c'est de la cocaïne
• Moi : quoi ? Mais je ne sais même pas à quoi ça ressemble.
• Le policier : je vous dis qu'on en parlerait à la poste. Maintenant montons chez vous.

Tellement je tremblais que je n'arrivais même plus à faire le code d'entrée de l'immeuble. Après 3
tentatives, on entra enfin. Le policier me suivait comme mon ombre. Arrivé à notre palier, j'ouvrais la
porte de l'appartement. Dès que Tata rose nous vit elle éclata en sanglot

• Tata : Oh mon Dieu Khadija qu'est-ce que tu as encore fait ? Depuis que tu es ici tu n'arrêtes
pas de faire des bêtises
J'étais tellement sidérée que je mis du temps à réagir face à ses propos
• Moi : Mais Tata qu'est-ce que tu dis ?
• Tata : J'en ai marre maintenant ! Jamais je n'ai eu de problème depuis que je suis en France
jamais je vous dis et aujourd'hui tu m'amènes la police ! La police Ahhh mon Dieu tu veux me
tuer petite
• Le policier : Mme, calmez-vous donc ! Cette jeune fille est de votre famille ?
• Tata : Non ! Ses parents l'ont envoyée ici pour ses études et nous l'hébergeons
• Moi : Donc tonton Mansour n'est plus mon tuteur légal Tata rose ?
• Tata : Khammm la wakh ! (Fais chier)
• Le policier : Mesdames calmez-vous. Je voudrais fouiller la chambre de Mlle Ndiaye
• Tata : Venez, elle dort ici
• Le policier : Vous venez avec nous Mlle !

Je les suivais vers la chambre complètement sonnée ! Mais qu'est-ce qui était en train de m'arriver ?
Dans quel piège sournois j'étais tombée ? Oh mon Dieu ! Vu à quel point Tata rose était pressée de
montrer ma chambre au policier, j'étais à peu près sûr de connaître la suite des événements.
Évidemment, il y avait sous mon lit deux paquets comme celui que ce mec m'avait remis ainsi que
des dizaines de ballottines de chanvre.

• Le policier : Où comptiez-vous livrer tout ça, Mlle Ndiaye ?


• Moi : Mr, je vous assure que je ne sais pas d'où vient tout ceci
• Le policier : Nous en reparlerons au poste de police. Maintenant vous allez nous suivre.

Il appela ses collègues pour qu'ils viennent récupérer la marchandise trouvée et on m'embarqua
Manu Militari. J'ai regardé Tata rose dans les yeux avant de sortir et j'y voyais tellement de haine puis
elle me dit :

• Foguone ngua ni di ngua yakeu Sama adduna dome ?! Demale, guissago dara tchiiiiip.(tu
croyais t'en sortir, tu voulais gâcher la vie de mon fils ,Tu n'as encore rien vu)
• Yalna gnou YAllah atté tata. (Dieu nous jugera)

Je sortais de cette maison la tête haute mais le cœur fracassé et le cerveau complètement mis en
veille. Au poste de police, on m'a proposé d'appeler quelqu'un. J'ai dit que je voulais joindre ma
famille Mais comme ils sont au Sénégal ils ont dit niet. J'ai appelé Malick. Il est venu quand je venais
juste de terminer ma première audition ou j'ai juste eu à donner ma version des faits. Il n'y avait pas
eu de questions. On m'a enfermée dans une salle et je devais attendre là. Ils ont laissé Malick me
rejoindre.

• Tu tiens le coup ?
• Malick, je veux parler à mon père. Tu penses que je peux utiliser ton téléphone ?
• On va demander d'abord, c'est mieux.

Dès qu'on a eu l'aval de l'inspecteur qui m'avait arrêtée ce matin, j'ai appelé papa.
• Papa ?
• Didi c'est toi ? Oh mon Dieu, tu vas bien ?
• Papa pardonne moi stp
• Shuut shuut calme toi
• Papa c'est un coup monté
• Je sais mon bébé, tu serais incapable de faire tout ce que Mansour m'a raconté
• Ne dit rien à maman encore stp
• Tu n’occupes pas de ça, ok ? Tu es ma fille et tu es un roc pas vrai ?
• Je suis ta fille et Je suis un roc
• Tu ne me décevras jamais, crois en toi comme moi je crois en toi ok ?
• Ok papa
• Je t'aime
• Je t'aime aussi. Il faut que je raccroche tu pourras appeler sur ce numéro c'est à Malick il te
tiendra au courant de tout.
• D'accord mon bébé
• Clic

Malick me regardait étrangement. Il y avait pleins de questions dans ses yeux mais il ne voulait pas
me brusquer.

• Tu avais raison, j'aurais dû porter plainte après ce que Alioune et Iba m'ont fait, commençais-
je
• Qu'est ce qui s'est passé ?
• Ils ont éloigné Alioune pour me faire croire qu'ils le punissaient et me mettre en confiance.
Puis ils ont tout orchestré pour me faire passer pour un dealer de drogue
• Ohh noonnn !
• Ils ont ensuite appelé mon père, et je sais, même si mon père ne m'a rien dit qu'ils ont dû lui
raconter n'importe quoi
• Et comment la police t'a pris ?

Je lui racontais dans les détails tout ce qui s'était passé.

• Tout est contre moi Malick, et je n'ai même pas les moyens de me payer un vrai avocat. Je
vais en avoir un commis d'office.
• Tu peux compter sur moi Khadija. Je vais témoigner pour le viol et...

C'est ce moment que l'inspecteur choisit pour me demander de le suivre pour la deuxième
interrogation, ou séance d'intimidation je devrais dire. Tous les moyens étaient mis en place pour me
faire craquer et avouer un délit que je n'avais pas commis. Mon soi-disant avocat était avec moi cette
fois et il avait l'air de s'ennuyer. Avant le commencement de l'entretien, il m'a conseillé de dénoncer
mes clients pour espérer m'en sortir avec au maximum 1 an de réclusion. J'étais choquée, il n'a
même pas cherché à savoir si j'étais innocente. Je savais déjà que je n'avais aucune chance. Je suis
restée en garde à vue pendant 48h. Et entre temps, la police a reçu une enveloppe anonyme
contenant des photos de moi. C'était lors de la fête de Hamidou, quand Iba m'emmenait dans la
chambre pour demander à Alioune de me ramener à la maison. J'avais l'air complètement shootée
sur les photos. Mais même quand je leur ai dit qu'on avait mis quelque chose dans mon verre et que
c'est ce soir que j'ai été violée n'ayant pas de preuves, mon sort était scellé. Ce soir-là, je fus déférée
et je risquais jusqu'à dix ans de prison. Le procès a vite été expédié. Tonton Mansour et tata Rose,
bien évidemment, ont témoigné contre moi. Je n'ai pas trop compris leur acharnement. Vu que je
n'étais en France que depuis 7 mois, ils en ont déduit que j'étais débutante dans le trafic et que s'ils
me « redressaient » à temps je pourrai sortir de cet enfer. J'ai été condamnée à 3 ans ferme. L'excuse
de ma minorité n'était pas applicable vu que mon QI dépassait la normale, ils ont dit que je savais les
risques que je prenais, donc ils m'ont jugée comme un adulte. Je ne parlais plus à mes parents, je
laissais Malick s'en chargeait. Je sais, c'était très lâche, mais je n'en avais pas la force.

Les 6 premiers mois de mon incarcération ont été horrible. Je partageais ma cellule avec 2 autres
jeunes filles, Anna une portugaise qui avait mon âge et Laure une française. Et je ne leur avais
adressé quasiment jamais la parole. Je me suis mise à refuser les visites de Malick, je me repliais sur
moi-même. Le roc de papa était devenu qu'une éponge imbibée de toutes les douleurs du monde.

Une nuit, un hurlement féroce m'a réveillée en sursaut, c'était Anna qui avait fait un cauchemar
encore une fois, instinctivement je suis descendue de mon lit et je l'ai réconfortée. Elle a tellement
pleuré que mon t-shirt était trempé. Je l'ai laissée se calmer puis je lui ai demandé si elle avait besoin
de quelque chose, elle a secoué la tête. J'allais retourner dans mon lit, quand elle me dit :

• Je suis désolée
• Je ne sais pas ce qui te donne des cauchemars mais je suis sûre que ce n'est pas de ta faute.
• Pourquoi tu es là ? me demanda-t-elle
• Il m'accuse de trafic de drogue et toi ?
• Mon beau père nous frappait ma mère et moi depuis une dizaine d'année, un jour ce fut
trop, je l'ai poignardé avec un couteau
• Ce n'était pas de la légitime défense ?
• Si mais ma mère n'a pas voulu témoigner…
• Nonnnnnnn ??!!!
• Si, si. Chaque soir quand je m'endors, je le revois avec sa chicote
• Il s'en est sorti ?
• Oui malheureusement.
• Ou es ton père ?
• Il est mort quand j'étais bébé. Allons dormir et euhh...
• Khadija
• Khadija, merci

J'ai juste haussé les épaules puis je me suis recouchée.

En une soirée mon corps a été sauvagement malmené, mais qu'en était-il de cette jeune fille à côté
de moi qui avait vécu ce drame durant des années. Et puis la personne qui devait la soutenir, sa
mère, l'avait lâchement abandonnée au moment où elle en avait le plus besoin. Pourrais-je comparer
nos douleurs ? Anna n'avait plus de parents relativement et moi j'en avait deux et j'osais les laisser
s'inquiéter sans leur donner de nouvelles à plus de 6 000 km parce que j'étais trop égoïste dans ma
souffrance. Ce viol m'a détruit et pourtant je vis encore, je réfléchis (mon activité préféré). Mon
empathie vis-à-vis d'Anna m'a prouvée que mon cœur n'était pas totalement desséché. Ce fut le
premier déclic.

Le lendemain jour de visite, je me suis rendue enfin au parloir à la grande surprise de notre
gardienne en chef. Malick était là avec le sourire et j'eus honte. Mon Dieu, ce mec était là pour moi,
pour me soutenir, et je faisais ma gamine. Il m'a donnée des nouvelles de mes parents, m'a parlé de
ses cours à Paris 12, mais pas une seule question sur moi. C'était ce qu'il me fallait. Je n'ai pas été
très loquace mais ça m'a fait un bien fou de l'entendre, surtout parler de ses cours. De retour à ma
cellule, j'ai commencé à m'intéresser à mes codétenues, petit à petit. Un jour, ma gardienne nous a
demandé de faire comme corvée le nettoyage des salles de classe. Et c'est là que j'ai eu mon
deuxième déclic. Apprendre me manquait j'étais faite de cette trempe-là. Je suis une bosseuse, je
suis le Roc de Papa. J'ai demandé à notre surveillante s'il était possible de prendre des cours, elle a
m'a envoyée vers la conseillère d'éducation qui m'a fait un bilan. Quand je lui ai dit que je devais
intégrer Science Po elle était bouche bée. Elle a décidé de me prendre sous son aile.

Laurence Jabet a changé le cours de ma vie. Alors que je pensais que tout était perdu elle m'a aidée à
me relever. J'ai pu suivre une formation en langues étrangères appliquées, c'était la seule formation
parmi celles qui étaient proposées qui me tentait vraiment et la perspective d'apprendre de
nouvelles langues était délectable. Quand j'ai dit la nouvelle à Malick, il était tellement heureux que
je pense que s'il pouvait passer par la baie vitrée du parloir, lol, il l'aurait fait. Prendre des cours aussi
m'a permis de renouer le dialogue avec mes parents. On s'envoyait des mails tous les jours et avec
Papa parfois plusieurs fois par jour.

En même temps que mes cours, j'avais un suivi psychologique ardu. J'avais raconté mon viol à
Laurence et elle m'avait obligée à aller consulter le psychologue de la prison. Ça n'a pas été facile,
c'était quasiment invivable au début, ça réveillait trop d'horribles souvenirs. Mais ça a finalement
marché du moins j'apprenais a dépassé ce mal. La communauté carcérale était composée de tas de
cultures différentes et avec mon don connu d'attirer des gens il a suffi que je quitte mon air
renfrogné pour que les filles commencent à vouloir traîner avec moi. Avant la fin de ma première
année en prison je parlais le portugais avec Anna et je connaissais des rudiments en espagnol et en
chinois. Un jour, Malick a fait une demande spéciale pour me voir. Au téléphone je l'avais senti
stressé. Comme sa demande était importante et que j'étais de loin une détenue exemplaire, on a pu
se voir dans une salle sans barrière entre nous. Il m'a tellement serré dans ses bras que j'ai cru que
j'allais me fondre en lui lol. Mais il n'avait pas une bonne nouvelle.

• Didi, il faut que je te parle d'une chose, commença-t-il me foutant les jetons
• Tu me fais peur Malick, il est arrivé quelque chose à mes parents ?
• Non pas du tout, ils vont très bien ne te fais pas de soucis pour eux
• Ouf ! c'est quoi alors ?
• C'est safie…
• Safie mane ?
• La sœur de Alioune
• Tu sais que je ne veux plus que tu me parles de cette famille. Et puis toi là, tu continues à les
fréquenter alors ???
• Attends ma belle, tu sais bien que j'ai coupé les ponts depuis ! écoute-moi d'abord stp
• ...
• Safie est malade, et il parait qu'elle a le SIDA.
• Quoi ??????
• C'est Hamidou qui me l'a dit. Ses parents essaient de cacher ça mais ça s'est ébruité.
• Oh je suis désolée pour elle. Tata rose va avoir désormais de quoi s'occuper au lieu de gâcher
la vie des autres
• Ce n'est pas tout…
• Malick arrête tout ce suspense stp
• Safie affirme qu'elle n'a eu de rapport qu'avec une seule personne
• Qui ?
• Iba
• ...

J'étais tellement choquée, que j'ai perdu ma langue.

• Je veux que tu fasses un test, Di. Il se peut qu'il te l'ait transmis aussi

Oh mon Dieu ! j'ai sauté sur Malick et je l'ai serré tellement très fort contre moi en pleurant que le
pauvre a cru que je pleurai parce que je pensais être atteinte aussi

• Tu ne sauras jamais à quel point je remercie Dieu de t'avoir mis sur mon chemin Malick Ly.
Non seulement ce soir-là, tu m'as sauvée d'un deuxième viol mais aussi peut être d'une
contamination à ce virus
• Qu'est-ce que tu dis ??
• Oui Malick, quand tu es arrivé dans la chambre, c'est juste Alioune qui m'avait touchée.

Malick pleurait doucement. On est resté surement cinq bonnes minutes sans parler

• Mais tu devrais quand même faire le test


• Tu sais quand on est inculpé, on nous fait faire des tonnes de tests sanguins et autres. Et
physiquement, je vais très bien.
• Vraiment ??
• Vraiment.

Le soulagement était flagrant sur son visage. Nous avions terminé le temps de visite et il me
demanda s'il pouvait venir la prochaine fois avec son père qui était en ce moment à Paris et je lui ai
dit oui.

Ce qui arrivait à Safie était terrible et je ne pouvais m'empêcher de ressentir de la pitié malgré toute
ma rancune envers sa famille. Comme on dit Yéné nékk la borome mosille fanane, Tata Rose voulait
que ma torokh (je finisse mal) alors que je ne lui avais rien fait. Yallah ték nako taye nattou boumou
doul wakhé féneu.(Helas le Bon Dieu est très Juste).
Je relevais un peu plus la tête.

Merci Malick Ly.


PARTIE 11

Je n'ai pas vu les deux années suivantes passées, tant j'étais accaparée par mes cours et mes séances
chez le psy. J'avais choisi de passer l'examen qui me permettrait de pouvoir intégrer la licence à ma
sortie. Laurence pensait que je n'avais aucune chance. Mais...j'ai carburé comme une dingue. J'avais
désormais, une cellule pour moi toute seule et ça avait plus l'air d'une chambre d'étudiant (lugubre
quand même) qu'une cellule de prison. Laurence était passée par là. Je vivais mes derniers instants
en prison et j'avais hâte de sortir de là. Ma conseillère chérie avait déposé mon dossier à Paris 12 (la
fac de Malick) pour au cas où.

J'appréhendais un peu car durant ses 3ans, je n'avais quasiment côtoyé que des femmes, le retour
dans le monde rempli d'hommes me stressait. Les derniers mois, avec Lucas (le psy), on a travaillé
que sur ça. J'ai validé mon examen de justesse mais c'était bon !!!! Paris 12 a accepté mon dossier et
je devais sortir une semaine plus tard. Malick et son père m'avaient trouvé un petit studio dans
l'immeuble de ce dernier. J'étais prête à tourner les pages noires de mon livre, à avancer et à écrire
de nouvelles lignes.

A ma sortie, le Roc était un peu mou, mais le fond était encore là. J'avais 19 ans et la vie ne m'avait
pas fait de cadeau. Mais je n'étais plus la jeune fille naïve débarquant de mon bled, la tête remplie de
sciences po. Je n'avais que mes habits comme possession. Mes parents m'ont envoyé des sous et
tonton Bouba m'avait déjà payé 5 mois de loyer (tel père tel fils) je lui avais dit que je lui
rembourserai tant j'étais gênée pour tout ce que lui et son fils faisaient pour moi. Je n'avais
plus de bourses donc il a fallu trouver tout de suite du boulot. J'ai travaillé comme surveillante de
cantine scolaire et aide au devoir dans un premier temps. Ensuite grâce à un pote de Malick, j'ai eu
un poste d'animatrice à Disneyland Paris tous les week-ends et les vacances scolaires. J'ai centré
toutes mes activités sur les enfants, je n'avais plus trop confiance aux adultes. Je continuais mes
séances avec Lucas et de plus en plus nos liens dépassaient le stade de médecin et patiente et
évidemment Malick n'était pas content ! Mais Lucas m'a beaucoup aidée psychologiquement
mais surtout il m'a aidée à aimer mon corps à nouveau et c'était important pour ma confiance en
moi-même.

Ahhhh Malick !! Tous nos potes croyaient qu'on sortait ensemble mais en cachette, et Dieu sait
qu'aucun frère ne pourrait être plus proche de moi que lui. Hamidou nous a donné des nouvelles de
safie, elle combattait la maladie toujours et à ce qu'il paraît Tata rose voulait portait plainte Iba pour
viol té ma yokhou mane (Dois-je crier). Mais Safie a affirmé qu'elle était consentante, Iba ne l'avait
forcée en rien. J'ai eu la chance que quand je reprenais mes études en prison Laurence avait pu avoir
la permission du juge de pouvoir récupérer toutes mes affaires chez eux. Je ne voulais plus jamais les
revoir de ma vie.

****

Pendant tout mon récit, Tidiane m'a laissée parler, parler sans m'interrompre. Mais je sentais sa main
me caresser le dos tendrement, c'était apaisant... j'avais le regard perdu au loin, revivant ses
douloureux instants de ma vie.
• Voilà c'est tout, conclus-je
• Tu es sortie avec ton psy la ? demanda-t-il jaloux
• Oui mais ça n'a pas duré, je pense que j'avais juste besoin de me raccrocher à lui le temps de
pouvoir survivre seule dans la jungle parisienne.
• Je n'arrive pas encore à digérer qu'un homme ait pu te forcer à faire ça. Le sexe doit être
consensuel, pas une obligation ou une punition. (Il resta un moment sans parler puis il
reprit.) Tu as eu à nouveau des rapports intimes ?
• Durant toute cette période en prison je n'ai pas pensé à ma sexualité en tant que telle. Je
n'avais même pas conscience de ma féminité. Lors de mes dernières séances avec Lucas en
prison, on a commencé à aborder ce sujet et comme tous les voyants étaient au vert pour
que je me relève de mon viol, (dans ma tête il ne pouvait en être autrement) je me disais "Il a
eu mon corps le temps que ça a duré, mais il n'aura ni mon esprit, ni ma vie. Je
recommencerai tout comme avant, même pas mal, même pas peur." J'ai eu deux petits
copains et des mbarannes hein (il grimaça me faisant rigoler) mais je ne suis jamais aller bien
loin dans les flirts il y avait toujours un blocage à ce niveau, peut être que je n'étais pas aussi
guérie que je le pensais. Puis il y a eu toi. Il n'y a que toi qui aies le pouvoir de me faire tout
oublier quand tu me touches. Pour la première fois, j'ai réellement envie de passer cette
étape avec un homme
• ....

Il m'attira à lui et épuisée par tous ses souvenirs, je me blottis contre son torse et petit à petit je
laissais le sommeil m'envahir.

J'avais l'impression d'avoir dormi des journées entières, quand j'ai commencé à émerger et pourtant
il faisait encore nuit. J'étais en train de me demander où j'étais quand j'ai senti le souffle de Tidiane
sur mon cou. J'étais couchée contre lui en cuillère, mon dos collé à lui. Je retournais légèrement la
tête et surprenait son regard sur moi.

• Salut, chuchotais-je
• Salut
• A quoi penses-tu Mr Ly ?

Il secoua la tête en souriant (oh, comme il est beau mon Tidiane)

• Secret-défense, répondit-il en souriant

Sa main s'introduisit sous mon t-shirt, il toucha mon ventre tendrement puis remonta sur mes seins.
Il agaçait mes tétons jusqu'à ce qu'ils durcissent, tout en me fixant droit dans les yeux. Il me retourna
face à lui, se pencha puis m'embrassa doucement d'abord, puis de plus en plus profondément, je me
cambrai vers lui.

• Tu es tellement belle, souffla-t-il en enlevant mon t-shirt

Il souleva mes seins dans ses paumes et les lécha tendrement. Je poussai un gémissement de pur
plaisir et je le touchai à mon tour, ses épaules, son cou, son torse. Quand j'entrepris de lui mordiller
ses mamelons, il me renversa sur lit et m'embrassa passionnément. Nos langues se nouèrent. Je
n'avais plus la notion du temps, je ne savais même plus ou je me trouvais. Quand il s'écarta de moi,
j'ai tenté de le retenir, mais il releva la tête et chercha mon regard. Je voyais tellement de choses
dans le sien, que je me sentis incapable de m'arracher à ses yeux. Et je me sentais prisonnière de son
corps brulant. Il suspendit tous ses mouvements mais sans cesser de me fixer droit dans les yeux.
• C'est toi qui décide maintenant de la suite.

J'étais incrédule !!! Tidiane était chaud et dur contre moi, il était carrément excité. Et pourtant, il me
demandait si j'avais envie de continuer. Donc il serait capable d'en rester là si je lui demandais
d'arrêter tout de suite. Si c'était un moyen de me montrer que je pouvais lui faire confiance, il avait
réussi

• Continue stp, murmurais-je


• Tu es certaine ?
• Oui, répondis-je simplement

Et là, il se laissa aller, et c'est comme si j'avais réveillé le lion en lui. Il m'embrassa au point que
j'oubliais tout sauf lui. Il s'arracha à mes lèvres et en profita pour m'embrasser partout sur le corps. Il
faisait monter une sorte de tension, allant de la pointe de mes orteils au cœur de ma féminité, puis
de mon ventre à mon cerveau. Il se leva et enleva son caleçon qui ne laissait plus de doute sur son
état d'excitation. Il revint se coller à moi et pour faire disparaitre l'appréhension qui commençait à
me gagner à la vue de son sexe (immense) je le pris dans ma main, et je le sentis frissonner. Il
m'embrassa soudain, puis glissa vers ma gorge avant de prendre le chemin de mon ventre. Parfois
c'était des baisers ou c'était sa langue qui me léchait ou même ses dents qui me mordillaient
tendrement. Puis il glissa sa tête, entre mes jambes.

Ce fut carrément explosif ! c'est comme si on avait lâché une bombe en moi. La langue de Tidiane
jouer avec moi au chat et à la souris. Il agaçait mon clitoris par des changements de rythme
incandescents, et il me conduisit ainsi au comble de la félicité. C'était tellement bon que j'en
tremblais. Des larmes de joie ont coulé sur mes joues et Tidiane les a essuyées du bout des doigts. Il
s'allongea sur moi, et m'écarta doucement les jambes, mais je me crispai soudain et fermai les yeux.

• Khadija ?
• Oui ?
• Ouvre les yeux et regarde-moi
• Tidiane stp …
• Regarde-moi je te dis, je veux que tu voies que c'est moi qui suis en train de te faire l'amour.
Que tu voies à quel point j'ai envie de toi et à quel point je vais te donner du plaisir
• Ce n'est pas facile…
• Je sais bébé mais fais-moi confiance ok ?

Je me contentai d'hocher la tête, et il commença à se glisser en moi en douceur. Mais mon dieu je le
sentais me remplir à un point... ! Indescriptible ! Il resta de longues minutes sans bouger, pour me
laisser le temps de m'habituer à lui je crois. Quoiqu'il en soit je le sentais profondément ancrer en
moi et c'était chaud, chaud, chaud, surtout quand il commença à bouger les hanches. Il pencha la
tête et saisit dans sa bouche un de mes mamelons et le suça au rythme de ses va et vient et
l'inconfort commença à s'atténuer. Mais quand sa main rejoignit le ballet, caressant ma petite perle
en même temps, je perdis pied !! je me sentais voguer sur un océan de plaisir sensuel et primitif. Il
avait un rythme soutenu, mais je sentais son pouls s'accélérer. Pas un seule fois son regard n'avait
quitté le mien. Sans se décoller de moi, il se mit sur le dos et m'assis au-dessus de lui en me
contemplant. J'haletais, cette nouvelle position me permettait d'avoir une nouvelle perspective de
notre « emboîtement ». Je me sentais un peu paumée ne sachant pas quoi faire. Il me prit les
hanches fermement et me donna le rythme. Je sentais son sexe se dresser en moi et je m'embrasais
littéralement. Toujours les yeux dans les yeux, on bougeait, dans une chevauchée qui se passe de
mots... je ne saurais vous décrire toutes les explosions de sensations et d'émotions qui me
traversèrent mais le son qui sortit de ma bouche en cet instant magique ressemblait plus à un
feulement qu'à un cri (je sais ça devait pas être très sexy, sexy) pour la première fois je fermais les
yeux mais c'était pour encore mieux savourer des sensations inouïes jamais encore ressenties de ma
vie. Tidiane murmura mon prénom, puis m'attira à lui le corps tremblant. Il me fit un bisou appuyé
sur la tempe et me serra fort contre lui. Je nichai ma tête contre son cou, trop comblée pour dire
quoi que ce soit.

Tôt le matin j'ai senti Tidiane se lever et aller se laver, sûrement pour fadjr, mais j'étais trop fatiguée
pour protester. J'ai juste tiré son oreiller pour garder un peu de sa chaleur contre moi. Quand je l'ai
entendu de sa belle voix réciter le coran, j'ai frissonné de tout mon être c'était si beau. Le sommeil
m'avait fui, je me contentai de l'écouter sous la couette le corps encore délicieusement fourbu.
Quand il finit, il sortit de la paillote. Je me levais du lit et regarda par la fenêtre et je le vis marcher
tranquillement vers la mer, chapelet à la main. L'image que je voyais me donnait l'impression d'un
déjà vu et soudain je revoyais Tidiane dans mon rêve la veille de notre mariage, il portait le même
qamis noir (genre de djellaba). Ce rappel me fit trembler intérieurement et je retournai me coucher.

C'est une bonne odeur de viennoiseries et de café frais qui me réveilla. Le lit était doux, je n'avais
carrément pas envie de me lever même si j'avais faim.

• Lève-toi, paresseuse
• Mmmmmm, encore 5 mn stp
• Non, tout de suite il est déjà 11h là
• Tidiaaaaaaaane

J'ai senti le lit ployé sous son poids et il a commencé à me chatouiller. Je rigolais fort, je n'en pouvais
plus, donc je me suis levée

• Ok ok c'est bon je me lève, arrêtes, arrêtes, stp

C'est en sentant un petit air frais sur mes seins que je me rendis compte que la couette ne me
couvrait plus. Je la remontais doucement, les yeux baissés

• Tu as honte ?
• Il va juste falloir que je m'y habitue, hein ?!
• C'est exactement ça !

Il tira sur la couette, et sa paume enveloppa mon sein

• Tu es belle et tu es à moi...
• :...
• Tu viens manger d'abord et je te ferai prendre un bain après. Puis on ira rejoindre les autres,
ok ?
• Ok ça me va.

Le petit-déjeuner fut vite expédié tellement j’avais faim, et pendant que je terminais mon café au
lait, Tidiane est allé me faire couler un bain. Quand je le vois si tendre, si attentionné j'ai juste envie
d'éclater de rire quoi , surtout quand je pense à nos débuts. Maintenant je comprends pourquoi il
m'en voulait tellement quand Malick nous a présenté car il était au courant de mon passé et il ne
pouvait comprendre que je puisse encore prendre le risque de me faire violenter à nouveau en
faisant du mbaranne (mais bon moi-même je ne comprends pas je suis peut-être maso).

Quand j'eus fini de manger, il m'invita à le suivre. Il me débarrassa de mon peignoir en soie, et il
m'aida à m'installer dans la baignoire. L'eau chaude me fit un bien fou (surtout entre les jambes).
Moi qui croyais que Tidiane allait me laisser prendre mon bain seule, je le vis retrousser ses manches
et prendre la fleur de douche. Il me demanda de fermer les yeux et de me laisser aller...

Mamamiiiaaaa, ce mec savait me faire du bien ! il n'a oublié aucune parcelle de mon corps....
PARTIE 12

Une heure plus tard, nous prenions le chemin de la plage pour rejoindre les autres. Nous nous
sommes bien amusés même si Yum n'arrêtait pas de faire des sous-entendus ! Trop puérile quand
elle veut cette fille !

De temps en temps aussi, je surprenais le regard de mon mari sur moi et ça n'avait rien d'innocent. Il
discutait avec tonton Omar avec beaucoup d'humilité, ça forçait mon respect. Nous avons mangé au
restaurant de l'hôtel et à chaque fois que j'étais proche de Tidiane, j'en profitais pour le titiller, il me
lançait des regards féroces style « arrêtes de me tenter ». L'après-midi a été une vraie torture pour
moi en tout cas, j'avais juste envie de retourner dans ma paillote. Et surtout voir Tidiane torse nu,
jouant au foot avec tonton et d'autres gaillards sur la plage m'a donné des sueurs froides. Merde
j'avais tellement envie de lui ! Mais d'où me venait cet appétit féroce ?

Pendant que les hommes s'amusaient, maman Soda et Yuma en ont profité pour me mettre sur le
grille Je savais que je n'allais pas y échapper mdrr...

• Alors j'espère qu'il a été tendre mon bébé, commença tata


• Ne t'inquiète pas maman, il a été très doux
• Tu as pu supporter, demanda Yum
Je comprenais le sens de sa question
• Tu sais Yum, on en a parlé ...
• Comment ?
• Il était déjà au courant et il a voulu que je m'ouvre à lui
• Ahh Tidiane deune nako beugueu waye (je l'estime encore plus) s'exclama maman Soda.
• Dis donc il m'impressionne de jour en jour dis Yum
• Et moi donc !
• Wayè tu es passée à la casserole hein ???
• Lol Ayy yum, roussal maman soda sakh !! (Tu n'as mm pas honte de maman Soda)
• Ish bouléne ma rousse la wakh, nakala ? topato nala bou bakh ??(Ne tiens pas compte de
moi !!! J'espère qu'il a bien pris soin de toi ?)
• Aye maman ! wa il s'est bien occupé de moi
• Mais si tu veux je peux te masser avant que vous ne retourniez dans votre paillote
• Oh non pas besoin, Tidiane l'a bien fait. (Oups ça m'avait échappée)

Elles ont éclaté de rire et je m'y suis mise aussi. C'est dans cette état que les autres nous ont
trouvées, ils nous ont regardées comme si on sortait de l'asile de fou. Nous sommes allés manger des
grillades sur la plage et vers 19h30 Tidiane me demandait si on pouvait retourner à la paillote (enfin).
Maman Soda pince sans rire nous lança : « à demain dèg ngen(compris) ? » Yuma sans aucune
subtilité éclata de rire. Tonton mom dafa mougne rek puis il nous a souhaité bonne soirée. C'est ça
hein quand on va en lune de miel avec sa famille à coté Loooll.

Nous avons marché en silence jusqu'à la paillote, main dans la main. Dès qu'on arriva il partit prendre
une douche rapide dans la baignoire moi qui voulais la prendre avec lui je fus déçue jusqu'à ce que je
le voie faire ses ablutions. Bien sûr, je suis bête ! je suis allée me laver et me relaxer un peu. Toujours
assis sur son tapis de prière, il se retourna vers moi puis il dit :

• Khadija ?

J'étais en train d'enfiler une longue robe en voile de chiffon à bretelles


• Oui ? répondis-je doucement
• Je me suis marié à une musulmane ou à une non-croyante ?
• Tu ne penses pas que c'est trop tard pour poser la question ?
• Ce n'est pas encore trop tard...
• Tidiane stp
• Je veux une réponse
• Je suis musulmane
• Et pourquoi tu ne pries pas ?
• C'est puéril je sais mais je suis fâchée contre Dieu
• Tu es sérieuse ?
• Oui, ne me juge pas stp. Mais je te promets que ça commence à aller mieux. Je vais m'y
mettre
• Je ne te juge pas. Mais pour moi c'est une condition à respecter, mais je ne veux pas que tu
t'y mettes juste pour mes beaux yeux
• Alors prie pour moi, très cher mari. Prie pour qu'Allah me redonne la foi et que mon cœur
soit pur
• In chaa Allah.

Il se retourna et continua sa prière. Tchiéééé ! li dou yombeu dal (ça ne sera pas facile). Et comme il
ne semblait pas presser de quitter son tapis de prière, je suis allée m'asseoir au balcon de la paillote
où il y'avait une petite balançoire.

Il est vrai que je m'étais laissée aller dans ma rancune depuis le décès de mes parents. Oui je sais, je
ne suis qu'une gamine qui a dû grandir trop vite. Et pourtant je devrais être reconnaissante, car
malgré toutes les difficultés je m'en sortais toujours. Après tout, peut être que Dieu ne me détestait
pas, il aimait juste jouer avec mes sentiments et surtout mes nerfs. Il avait raison Tidiane, je devrais
pouvoir me situer par rapport à ma foi. Et puis peut être en recommençant à me confier à Lui (Dieu)
petit à petit, j'arriverai à retrouver ma sérénité et mon courage d'antan, quand j'avais encore mes
parents avec moi. Aujourd'hui j'avais un papa et une maman, tonton Omar et maman Soda, un beau-
père magnifique tonton Bouba, une sœur Yuma, un frère Malick et surtout un mari Tidiane. N’étais-je
pas bien entourée ? Dieu m'avait privé de personnes chères pour m'en donner d'autres. Je devais
rendre Grâce, rester en colère pour une chose aussi incontournable que la mort ne m'honorait pas.
Ce n'est pas ce que mon père m'avais appris.

Le courage se cultive à travers l'endurance et Dieu aime les endurants.

Me rendre compte de tout ça, me fit du bien, un bien fou. Tidiane me trouva là

• Ba nianale nguama ? (As-tu prié pour moi ?) lui demandais-je


• Wakhale amiine. (Dis amine)
• Amiine. Je ne savais pas que tu jouais au foot, dis donc !
• Je suis plein de surprise
• Je vois ça !!

Il s'assit à côté de moi puis il posa sa tête sur ma cuisse et instinctivement je fourrageais ma main
dans ses cheveux de Torodo là, bien fournis et bien bouclés. Je l'entendis soupirer et ses épaules
commencèrent à se détendre. Nous étions seuls dans notre coin de plage et si on me demandait de
décrire le paradis à tous les coups je décrirais cet endroit, ce moment avec lui. Nous sommes restés
ainsi, sans parler, savourant la brise iodée qui venait de l'océan et qui rafraichissait l'atmosphère. Ma
main descendit vers sa joue, jouant avec son nez puis ses lèvres.

• Ça commence à se rafraîchir, on ferait bien de rentrer à l'intérieur, dit-il soudain


• Ok on y va

Cette fois ci, c'est moi qui suis allée en première faire mes ablutions (je vous vois d'ici rigoler pppfffff)
heureusement que j'avais ramené un pagne en batik j'ai pu me couvrir avec . Tidiane avait le visage
impassible mais j'étais sûre qu'il était fier de lui !!!
Dès qu'on a fini, il s'est approché de moi, il a resserré mon « prétendu voile » sur mon visage et m'a
donné un long baiser.

• Tu es belle comme ça
• Ne compte surtout pas sur moi pour me voiler hein !!!
• Relax, j'ai bien le droit de te complimenter
• Oui oui mais je te vois venir !

Il resserra un peu plus son étreinte

• Qu'est-ce que tu essayais de me faire au resto sankh (tout à l'heure) ?


• J'essayais de te faire réagir

Il m'enleva le voile et me fixa droit dans les yeux

• Quel genre de réaction ?

Je glissais ma main sur son torse, la laissa faufiler vers son ventre et plus bas, beaucoup plus bas. Il
était dur.

• C’est ça que je voulais...


• Satisfaite ?
• Je crois que tu auras besoin d'en faire d'avantage pour me satisfaire…

Son regard changea, une lueur de défi l'éclairait désormais.

• Tu me cherches petite ?
• Exactement, Mr le vieillard
• Depuis ce matin j'ai envie de t'embrasser, de te toucher. Mais je voulais pas te brusquer, je
sais que ça n'a pas été évident pour toi hier nuit.

Je pris sa main et la posa sur mon sein. Il le soupesa, puis il fit descendre les bretelles de ma robe, qui
glissa le long de mon corps. Il m'embrassa doucement en laissant ses mains se balader sur moi. Il me
prit par les fesses et me souleva. J'enroulais mes jambes autour de sa taille. Il glissa sa main dans ma
culotte et parcouru mon antre secret tendrement.

• Tu es si mouillée...chuchota-t-il
• C'est de ta faute

Du pouce il se me mit à me caresser, faisant des allers-retours, me rendant quasiment folle. Mon
corps se balançait suivant son rythme.

• Je ne m'arrêterais pas tant que tu n'auras pas joui, Di... Je veux sentir ton orgasme parcourir
ton corps. Est-ce que tu peux faire ça, jouir pour moi ?
Oh bon Dieu ! ma respiration était haletante, je ne sentais presque plus mon corps à part là ou sa
main s'affairait comme un magicien. Des frissons me parcourraient, je n'en pouvais plus, il fallait que
j'explose pour me libérer de cette tension. Dès que je me suis laissée aller, j'ai joui, en soupirant son
nom, m'accrochant à lui comme à une bouée de sauvetage. Il m'allongea doucement sur le lit et
enleva ma culotte. Il se déshabilla, le regard toujours rivé au mien. Au lieu de me rejoindre sur le lit, il
me tira par les chevilles, vers lui, jusqu'à ce que mes jambes pendent sur le côté et que mes fesses
reposent sur le bord du matelas, là où il se trouvait. Les yeux dans les yeux, il écarta mes jambes et se
plaça au milieu. Doucement. Délibérément. Il les leva et les posa sur ses épaules. J'étais choquée par
cette position, mais aussi excitée comme pas possible. Il se trouvait à l'entrée de mon corps et me
taquinait par à-coups, puis tout d'un coup il plongea en moi...

Des milliards d'années plus tard lol, je me réveillais en souriant dans ses bras, mais le voir en érection
me fit perdre mon sourire.

• Tu n'es pas sérieux ?


• C'est de ta faute…
• Tu veux dire que tu es déjà prêt à repartir au combat ???? lui demandais-je choquée
• Tu pensais qu'un round me suffirait ?
• ... (j’en perdais la voix)
• Femme de peu de foi !!!! rendors-toi vite sinon je ne réponds plus de moi
(Mamamiaaaaa ! ce mec veut me tuer mdrrrr !)
• Et si je ne veux pas dormir, osais-je dire
• Khadija...

On ne s'est pas rendormi jusqu'au petit matin...

Le lendemain matin, mon mari me réveilla en chantonnant à mon oreille.

Après le petit déjeuner, on est parti dire au revoir aux autres qui devaient retourner à Ziguinchor.
Tidiane avait prévu que nous restions encore jusqu'au lendemain matin, avant d'aller récupérer mes
affaires chez tonton Omar et rentrer sur Dakar dans la matinée. Et ça m’allait ! après les bisous et les
au revoir, nous sommes retournés dans la paillote et j'avais des idées bien précises de comment finir
en beauté ma lune de miel !!! dès qu'on est arrivé, je suis allée remplir la baignoire pour un bon bain
chaud. Tidj commençait à enlever sa chemise quand son téléphone a sonné. Pffff. Il a regardé le nom
affiché et il a soufflé très fort avant de décrocher. Son « allo » aurait pu tuer tout une armée de
soldats, puis il a commencé à parler en toucouleur. Je le sentais énervé et comme je n'y comprenais
rien j'ai continué à préparer notre bain. Jusqu'à ce que j'entende le nom de Sala, ça a fait tilt dans ma
tête.
J'ai arrêté le robinet, et j'ai refermé le pot de sels de bain. Il a raccroché le téléphone, et l'a jeté sur la
petite table basse.

• C'était qui bébé ?


• Grand père…
• Et tu es énervé comme ça ?
• Laisse tomber, Di, je n'ai pas envie de parler de ça
• C'est qui Sala, Tidiane ?
Il me regarda ahuri.
• D'où tu connais Sala ?
• Elle m'a appelé deux jours avant notre mariage
• Et pourquoi tu ne m'en as pas parlé ?
• Parce que je croyais que c'était juste une de tes cousines et que ce n'était pas important, je
ne me rappelais même plus de son prénom jusqu’à ce je t’entende le dire
• ....
• N'est-ce pas qu'elle n'est pas importante, hein Tidiane ?
• On en reparle plus tard Khadija, le bain risque de refroidir
• Le bain va refroidir Ahmed Tidiane Ly. Qui est Sala et pourquoi tu es si nerveux ?
• Merde Khadija, tu ne comprends pas que j'ai pas envie d'en parler ?
• Je n'ai pas hésité une seconde à te raconter toute ma vie et toi tu ne trouves rien à faire que
de me cacher des choses et tu me demandais hier de te faire confiance !!!
• Tu veux vraiment savoir, là tout de suite ?
• OUUI !
• C'est ma femme…
• Quoi qui ?? Quoi Ahmed Tidiane Ly ????
• Sala est ma cousine et la femme que mon grand-père m'a donné en mariage sous la
contrainte.

OH MON DIEU !! qu'est-ce que vous me faites la encore ???


PARTIE 13

Jamais une heure ne m'a paru aussi longue.

Une heure après la révélation de Tidiane, j'étais encore enfermée dans un mutisme qui avait l'air de
rendre mon mari fou, je pense. Il n'arrêtait pas de tourner autour de moi, de vouloir me parler, de
vouloir m'expliquer, mais sincèrement j'avais pas envie de l'écouter. Pas maintenant.

Et pourtant ce serait mieux si je le laissais me donner les raisons de son silence face à cette réalité.
Mais là rien que le seul son de sa voix m'énervait à un point que je ne saurais vous l'expliquer. Rien
de ce qu'il pourra me dire en ce moment ne pourra atteindre mon cerveau, pour une analyse
objective.
Je suis en colère car j'ai l'impression qu'il se joue de moi, de mes sentiments. Même si la base de
notre mariage est un contrat, l'omission d'un aspect aussi important que son premier mariage est
inacceptable. Et puis pourquoi me faire croire qu'il a besoin de se marier avec moi pour les raisons
que nous savons alors que « Sala » pouvait juste jouer son rôle de Mme Ly.

Soudain il vint s'agenouiller à mes pieds, les mains sur mes genoux. Grrrrr ! Vu de l'extérieur' je suis
calme juste le visage serré au maximum mais à l'intérieur, je cris, je casse les vases, je renverse la
table comme dans les films hein ! Pfff comment gérer cette situation ?
J'en pleurerais, rien que pour noyer ma peine, je ne veux pas partager Tidiane, je ne veux pas !!!

• Ecoute, dis-moi ce que tu penses mais ne t'enferme pas comme ça.


• Pourquoi Tidiane ? pourquoi tous ses mensonges ?
• Je te voulais... et je savais qu'en te mettant au courant de ce problème qui en fait est plus un
problème de famille qu'autres choses, je risquerai de te perdre
• Et qui t'a dit que je continuerai à vouloir de toi en étant au courant de cette situation ?
• ...
• Non tu n'y as pas pensé, n'est-ce pas ? je suis ton jouet Tidiane ? c'est ça le respect que tu
prônes ?
• Arrête stp ! Khadija, jamais une situation ne m'a autant dépassé. Je connais Sala depuis
toujours, nos deux pères sont frères mais le sien est décédé alors qu'elle n'avait que deux
ans. Grand père l'avait prise sous son aile dès lors. De tout temps il a été évident pour tout le
monde que nous deviendrons mari et femme, elle et moi. Quand on était enfant ça ne me
gênait pas, je me rappelle qu'avant d'aller au Maroc avec tonton Bouba pour continuer mes
études et apprendre l'arabe à 13 ans, grand père avait même organisé une fête de fiançailles.
Après mon bac, je suis revenu après 5 ans d'absence, et pleins de choses avait changé dans
ma tête. Et je t'avoue que même cette histoire de fiançailles m'était sortie de l'esprit. Mais
dès mon retour grand père l'a remis sur le tapis. Et je n'étais pas du tout d'accord. Je n'ai
jamais passé des vacances aussi merdiques ! Mon père m'a menacé de me renier si je ne
revoyais pas ma position. Mais j'étais déjà très têtu à l'époque. Ma mère était tellement
stressée qu'elle a fait une crise cardiaque. Ça m'a décidé à trouver un compromis. J'ai
demandé à grand père de me laisser le temps d'aller au Canada pour mes études
d'architecture et qu'à mon retour dans 7 ans, je serais assez mature pour pouvoir gérer une
famille. Et ils ont été d'accord. Mais 5 ans après mon père est tombé gravement malade, et il
m'a demandé en pleurant de l'honorer en épousant Sala avant qu'il ne rende son dernier
souffle. Je savais que grand père était derrière tout ça, j'en avais maintes fois parlé avec
tonton Bouba. J'ai capitulé et ils ont fait le mariage religieux le soir même. Le lendemain mon
père mourrait. C'était il y a dix ans.
• Dix ans ??? tu es marié depuis dix ans ?
• J'avais 25 ans, et même si j'étais très mature pour mon âge, je n'étais pas prêt pour ça !
quand je suis arrivé le lendemain pour les funérailles de papa, j'ai déchanté. Grand père avait
déjà fait le deuil de son fils ainé, et commençait déjà à me demander quand est ce que je
comptais consommer mon mariage avec la fille de son fils préféré, faisant fi de ma peine
d'avoir perdu mon père. C'est à ce moment que le mariage a commencé à être l'engagement
que je déteste le plus au monde. J'aimais bien Sala, mais sans plus et elle avait l'air d'être loin
des manigances de grand père. Sans l'aide de tonton Bouba, je ne serais jamais retourné au
Canada pour terminer mes études. Car grand père refusait que je quitte le pays sans toucher
Sala. Et pour moi il n'en était pas question. Je ne voulais pas d'elle comme épouse. Quand je
suis revenu après mes études, je suis resté à Dakar avec Tonton Bouba pour intégrer le
Cabinet et grand père a amené Sala à Dakar pour qu'elle me rejoigne. Ça s'est très mal passé,
et ils sont retournés ensemble à Podor. J'ai fait ma vie à Dakar évitant les engagements, et
me consacrant à mon travail. Grand père rongeait son frein, mais il savait qu'il ne pouvait
rien contre moi. Je m'étais promis de ne m'attacher à personne, jusqu'à ce que je tombe sur
toi. Tu m'as attiré depuis la toute première fois, et j'ai su que tu étais un risque pour moi. J'ai
eu beau vouloir te détester, je savais au fond de moi que je te voulais pour moi. Plus on se
rapprochait, plus j'avais conscience que je m'embourbais dans une situation inextricable. Je
connaissais ton histoire et il était hors de question que je joue avec toi, sur ce point même
tonton Bouba a été catégorique. Et je sais qu'il a beau être plus qu'un père pour moi quand il
s'agit de toi, il ne rigole plus, même avec moi. Il m'a averti que si je voulais être avec toi,
c'était le mariage ou rien, qu'il ne badinerait même pas là-dessus. J'étais prêt à tout accepter,
même les conditions de grand père.
• Quelles étaient ses conditions ?
• D'assumer mon mariage avec Sala
• C'est-à-dire ?
• Consommer notre mariage…
• Tu l'as fait ?
• Oui
• Qu'est-ce qui se serait passé si tu avais dit non ?
• Il ne nous laisserait jamais vivre en paix. Il t'aurait fait du mal.
• Et quand avez-vous fait « ça » ?
• Arrête, ce n'est pas important !
• Si, si, tant qu'on y est je veux tout savoir Tidiane, plus de mensonges plus de cachoteries
• Les 4 jours que j'ai passé à Podor la dernière fois.
• La semaine avant notre mariage ???
• Euuh oui…

J'ai rigolé comme une hystérique tellement j'étais choquée !

• Tu te fous de moi Tidiane Ly ! Donc tu veux dire que, pendant que je stressais a mort parce
que je n'avais pas de tes nouvelles, pendant que je m'inquiétais pour toi parce que je savais
que tes relations avec ton grand père étaient super tendues et qu'il y avait des chances qu'il
ne veuille pas de notre mariage, tu étais en train de la baiser au calme ?????
• Khadija !!!!!!

Il a crié tellement fort que je me suis levée comme un ressort du canapé. Il s'est levé aussi, le visage
fermé
• Tu vas surveiller ton langage, jeune femme. Je peux comprendre ta colère, ta frustration,
mais ce n'est pas une raison pour être vulgaire.
• ...
• Je suis prêt à tout pour être avec toi, mais j'ai besoin que tu me soutiennes
• Je voulais aussi être avec toi, malgré que tu m'aies proposé un mariage sans amour.
Cependant sur ce contrat, aucune clause ne stipulait que je devais te partager.

Il avança pour venir se coller à moi mais je sursautais instinctivement et reculais. Il me regarda
choqué

• Je ne veux pas que tu me touches, déclarai-je calmement


• Khadija, ne fait pas ça...
• Je t'en veux Tidiane. Comment tu as pu penser que tu pouvais disposer de ma vie comme
bon te semblait. Tu as vraiment cru que je te suivrais dans ton délire là ?
• J'ai besoin de toi...
• Quand tu allais remplir tes obligations envers ta femme, tu y es allé tout seul, comme un
grand. En quoi tu as besoin de moi ? en quoi ?
• Pour vivre tout simplement. Pour surmonter les épreuves, affronter le monde... j'ai besoin de
toi, Khadija Ndiaye
• Ça ne me suffit plus, si je dois te partager Tidiane Ly. Savoir que tu as besoin de moi n'est
plus assez. Il me faut du solide, des sentiments...
• ...

Sans attendre de réponse car je savais qu'il n'aurait rien à me dire sur ça, je me retournai pour sortir
de la paillote. Je sentis ses mains sur mes épaules, et je me dégageais encore

• D'accord. Je ne te toucherai pas. Mais reste ici stp. Ce n'était pas bien de te cacher tout ça
mais c'était nécessaire.
• Non, c'était lâche ! vous m'avez tous dupée, toi, tonton Bouba, Malick…
• Ne leur en veux pas ! Malick n'était même pas au courant jusqu'à deux jours avant notre
mariage. Tonton Bouba n'était pas d'accord avec ma décision, mais je l'ai convaincu de me
laisser te dire la vérité quand je serais prêt.
• Alors tu as cru que tu pouvais m'offrir un mariage de rêve, offrir à mon corps beaucoup de
plaisir afin que mon esprit soit tellement obnubilé par toi que je pourrai accepter tout ce tu
voudras m'imposer...
• Noon ! je ne t'ai rien dit simplement parce que tu représentais tout ce que je craignais
• Me craindre, moi ? comment ? je ne me savais pas effrayante
• Ne dis pas ça. Ce sont les choses que je ressens quand je suis avec toi... qui me font peur.
• Laisse-moi sortir il faut que j'aille prendre l'air, Tidiane. J'ai besoin d'espace pour y voir plus
clair...
• ...

Je sortis de la paillote en le laissant seul, l'air désemparé. Sérieux, croyait-il vraiment que j'allais
accepter cette situation sans broncher ? j'ai marché longuement sur la plage et rien que des
sentiments négatifs me traversaient et le plus terrible était la jalousie. Rien de que de penser à
Tidiane embrassant Sala, la touchant lui faisant l'amour... était-il aussi passionné avec elle qu’avec
moi ??? Mon Dieu, mon Dieu je vais mourir à petit feu à ce rythme.

Des heures de marche, sur la plage, ne m'ont point apaisée. Au contraire, la colère et la tristesse
venaient en alternance titiller mon pauvre cœur. Je retournais à la paillote.
J'ai trouvé Tidiane sur son tapis de prière, je partis faire mes ablutions et sortis prier au balcon. Ça me
fit du bien. Tidiane vint me trouver et me tendit le téléphone. Je le pris à contrecœur

• Allo ?
• Khadija, ma fille
• Wawe tonton Bouba
• Je sais que tu es en colère
• Tonton...
• Laisse-moi finir. Est-ce que tu te rappelles de notre discussion la veille de ton mariage ?
• Oui
• A ce moment-là j'aurai voulu te dire toute la vérité. Mais j'avais fait une promesse à Tidiane,
et je le regrette maintenant. Ma fille, je comprends ta peine et ton désarroi. Et ce serait
hypocrite de ma part de te dire de juste comprendre mon neveu et de passer outre. Il a fait
une grosse erreur. Et tu es en droit de lui en vouloir, mais Khadija j'espère que tu puiseras au
plus profond de ton cœur pour pouvoir lui pardonner. Il s'en veut et il est perdu, mais toi
seule sait l'effet que cette situation te fait. Prend la décision qui t'arrange, sois égoïste ! Son
amour pour toi l'a rendu égoïste au point de vouloir d'abord t'enchainer avant de te dire la
vérité, toi aussi tu peux en faire de même.
• Tidiane ne m'aime pas tonton
• C'est lui qui te l'a dit ?
• Il n'a pas besoin de l'exprimer par des mots
• Ahh ma fille ! tu es encore jeune. Fais-moi confiance, Tidiane est fou de toi.
• Tonton...
• Quoi qu'il en soit, réfléchis bien. Vous êtes déjà unis devant Dieu et c'est une bénédiction.
Quelle que soit ta décision je te soutiendrai. D'accord ma fille ?
• D'accord tonton merci
• Passe-moi Tidiane stp
• Ok

Je suis allée lui rendre son téléphone dans la paillote, et je revins sur la balançoire. Ma conversation
avec tonton Bouba tournait en boucle dans ma tête. Serait-il possible que Tidiane soit amoureux de
moi ?

• Finalement, nous allons rester ici jusqu'à mercredi dit Tidiane en m'interrompant dans mes
pensées
• Je veux rentrer chez moi.
• Je ne te demandais pas ton avis
• Tu n'en fais toujours qu'à ta tête, tes erreurs passés ne semblent pas te servir de leçon. Et tu
crois que tu obtiendras toujours ce que tu veux avec moi ?
• Non, mais cette fois, ce sera le cas. Fin de la discussion. On a besoin, toi et moi, de se
retrouver, de se parler.
• Tu ne me toucheras pas.
• Tu parles comme si c'est juste ton corps qui m'intéresse
• Ce n'est pas le cas ?
• Je veux tout de toi
• Je dormirais sur le canapé

Il secoua la tête
• Ne fais pas comme si de rien était ! Je t'en veux toujours
• Ça je le sais. Tu as ma parole : je ne te toucherais pas. Je sais reconnaitre mes erreurs quand
j'en fais et je sais quand m'excuser. Mais s'il te plait laisse nous une chance d'être seuls
encore quelques jours, de pouvoir parler de tout ça, afin qu'on puisse avancer, ensemble.

Son ton était presque suppliant

• Je ne veux pas que ça s'arrête, reprit-il


• Quoi ?
• Nous
• ...
• Je n'ai jamais voulu te faire du mal
• Bahh tu l'as quand même fait.

Il était hors de question de lui faciliter les choses. S'il veut vraiment que je passe sur ça il faudra qu'il
bosse dur. Très dur.

• Dès qu'il s'agit de toi, j'ai tendance à peter un câble. Tu me mènes par le bout du nez
• Même pas vrai !!! tu oublies que c'est toi qui va me rendre folle avec tes humeurs
changeantes, et cette manie de vouloir diriger ma vie
• C'est parce que tu me tiens tête tout le temps !
• Compte pas sur moi pour être ton toutou !
• Je suis chanceux de t'avoir dans ma vie
• Ce n'est pas une raison pour me cacher des choses
• J'avais peur de te perdre
• Tidiane…
• Shut…(Il posa un doigt sur mes lèvres).Soit patiente avec moi. Je te dirais tout ce que tu veux
savoir. Même si tu risques de buter sur les questions de sentiments car moi-même je ne m'y
aventure jamais. Mais dis-toi juste que dernièrement j'ai découvert que j'avais un cœur...

Serait-ce un début de déclaration ?


PARTIE 14

• Allo, tonton Omar ?


• Khadijatou ? Naka ngua def ?
• Alhamdoulillah yène nak ?
• Alhamdoulillah. Tidiane m'a appelé
• Je m'en doutais ! Il a ameuté tout le monde
• Il a raison d'avoir peur ! Il a faux sur toute la ligne. Je lui ai bien remonté les bretelles. Qu'est-
ce que c'est que ces manières ?
• Bilahi tonton, moi-même je suis encore sous le choc
• Tu es ou là ?
• Je suis à la plage.
• J'espère qu'il n'essaie pas de te mettre la pression ?
• Il n'arrête pas de se justifier mais au moins il n'est pas fou, il me laisse respirer ! Là il sait que
notre mariage ne tient qu'à un fil.
• Tu envisages de le quitter ?
• Je pense que c'est le mieux à faire. Je ne sais plus si je peux lui faire confiance. Il a trop
tendance à n'en faire qu'à sa tête
• Khadidiatou, loin de moi l'idée de vouloir interférer dans ta vie de couple, mais ma fille tu es
sa femme légitime. Et je ne pourrais jamais te conseiller de casser ce lien. Réfléchis bien.
Tidiane a fait une erreur, mais est-ce une raison pour divorcer ? N'est-ce pas trop radical ? A
cet instant, tu as toutes les cartes en mains, c'est le moment ou jamais de poser toutes tes
conditions pour préserver l'avenir de votre couple, il est à l'écoute et il est prêt à tout
accepter pour que tu restes avec lui. C'est révélateur sur ses sentiments pour toi.
• Je suis d'accord avec toi tonton. Mon problème, c'est surtout est-ce que je pourrais le
partager ? Je ne veux pas être comme ces femmes jalouses et hystériques qui font de la vie
de leur mari un enfer. Et rien que de l'imaginer avec une autre que moi me donne des envies
de meurtre
• Je comprends ton dilemme. Seulement, je pense qu'il faut que tu en parles avec lui
calmement. Je ne vais pas te dire Mougneule, même si la patience est un des piliers du
mariage surtout chez nous. Kou nekeu ya kham fane ngua meuneu Yamm nak si mougne. Ne
t'enferme pas dans un mutisme qui en fin de compte ne t'aide pas du tout. Vas y laisse lui te
parler, s'ouvrir à toi ! En vous voyant ensemble j'ai pu me rendre compte de tout l'amour que
tu lui portes.
• Oui c'est pourquoi c'est si difficile pour moi de prendre une décision.
• Prends ton temps, puisque vous restez jusqu'à mercredi, met ce temps à profit.
• D'accord tonton. Je suis désolée de t'embêter avec mes problèmes. Vraiment Merci.
• Ne me remercie pas d'être ton oncle
• Tu es un père plus qu'un oncle. Merci d'être là pour moi, je ne sais pas ce que je serais sans
Maman soda et toi
• Même sans nous tu es une battante. Tu es le Roc ne l'oublie jamais ok ???
• Je me demande encore comment vous pouvez penser ça de moi !!!
• Ahhh ma fille, tes parents étaient des visionnaires. S'ils t'ont donné ce surnom rék c'est qu'ils
avaient vu cette qualité en toi.
• Parfois je doute tellement
• C'est normal, mais à chaque fois que tu auras l'impression de te perdre, puise au plus
profond de ton cœur tout ce que tes parents y ont laissé, tu auras toujours la réponse à tes
questions.
• D'accord tonton, il faut que je te laisse
• Ok vas-y. Ta tante t'appellera plus tard
• Ok ça marche bisous
• Bisous.

Les deux jours suivants ont tourné au même rythme. J'ai suivi le conseil de tonton Omar, à savoir
laisser mon mari me parler et je vous jure, Je n'ai jamais vu Tidiane aussi loquace. Il m'a raconté sa
vie, ses expériences bonnes et mauvaises, me rendant triste ou hilare (juste un peu je suis encore
fâchée quand même). J'ai boudé le lit comme promis et Tidiane a respecté sa promesse de me laisser
tranquille. Mais God, ce mec est un vrai fantasme ambulant, même quand il ne fait rien il est sexy !

Ai-je peur de la polygamie ? Je dirai oui. Nous sommes dans un pays où elle est autorisée c'est même
une pratique courante. Malgré ça, moi personnellement je n'ai jamais vu de familles polygames sans
conflit, sans histoires sordides de maraboutage ou de sorcelleries. En plus de devoir partager ton
mari, il y a de fortes chances qu'on porte atteinte à ton intégrité physique ou psychologique ou à
celui de tes enfants. C'est facile de mal juger les femmes qui ne supportent pas la polygamie, et
pourtant on peut les comprendre. Ce n'est pas facile de faire abstraction de tout ce qui n'est pas son
couple. Il suffit que ton mari quitte tes bras pour aller vers d'autres pour que tu commences à te
poser les questions les plus loufoques, des questions qui te font du mal surtout si tes préoccupations
sont d'ordres sentimentales.

Comment ne pas penser à Tidiane avec une autre dans des séquences intimes ? Comment ne pas
l'imaginer entrain de lui parler avec douceur ? Je ne serais pas la seule à caresser son corps puissant,
ni la seule à le voir nu. Il devra m'accorder la même attention qu'à elle, les jours où je ne serais pas
de tour, je ne pourrais pas l'appeler à l'heure que je veux. Comment le partager ? Comment ?

Je sens à quel point mon état actuel l'affecte, ça ne peut être de la comédie et quand il me touche
simplement la main et que je sursaute je vois son regard se voiler de tristesse. Parfois il me regarde
comme s'il allait craquer et me sauter dessus. Tout à l'heure quand je sortais de mon bain, il est venu
me tendre ma serviette et il est sorti de la paillote comme s'il avait le diable à ses trousses. Ses deux
dernières nuits, il a dormi sur le canapé le pauvre, il doit être tout courbaturé ! C'était dur pour
moi aussi de ne pas le toucher mais j'avais besoin de ça pour avoir les idées claires. J'ai eu Maman
soda et Yum au téléphone qui m'ont consolée comme elles pouvaient mais le discours était quasi
similaire à celui de tons Omar je suis sûr qu'il a dû en parler en long et en large avec elles. Yuma était
déjà rentrée sur Dakar depuis lundi car elle reprenait le boulot. Du coup sa présence m'a manqué. J'ai
filtré les appels de Malick, je n'avais pas encore digéré leur « trahison ». Il m'a laissé des tonnes de
messages écrits. Nous allions passés notre dernière nuit au cap skiring et j'avais décidé de suivre le
conseil de tonton Omar à savoir avoir plus de détails sur notre futur vie commune et poser mes
conditions. Nous sommes sortis dîner au restaurant dans le silence. En rentrant à la paillote, Tidiane
a pris le chemin de la plage. Il faisait un peu froid mais je sentais que l'heure de la discussion sérieuse
avait sonné

• Parle-moi dit Tidiane soudainement


• Te dire quoi ?
• Tout ce que tu veux !!!
• Qu'est ce qui va se passer à notre retour à Dakar ?
• Je voudrais que tu viennes vivre avec nous à Mermoz
• Il faut que j'en discute avec mes parents. Tonton voudra faire les choses dans les règles
• Je m'en doutais un peu.
• Je ne veux pas rester longtemps à Mermoz
• Comment ?
• Je ne veux pas habiter avec toute ta famille. Je veux notre chez nous
• Di, j'ai un appartement à l'intérieur de la maison. Il est quasiment isolé
• Je sais, mais je ne veux pas vivre là-bas. Ce n'est pas un caprice. Mais la maison de Mermoz
est une maison familiale et toute ta famille de Podor y débarque à tout moment. Si grand-
père décide que sala va venir en week-end, voir son mari, je n'aimerai pas la côtoyer où vous
voir ensemble comme ça c'est au-dessus de mes forces.
• Ok, ok on ira vivre ailleurs laisse-moi juste le temps de m'organiser. Il y a des protocoles à
respecter quand il y a une nouvelle mariée dans la famille. Ça devra durer une semaine au
plus. Après on ira chez nous, ça te va ?
• Pas plus de 3 jours stp
• Ça devrait pouvoir s'arranger...
• Ok
• Il faudra qu'on aille à Podor aussi
• Quand ?
• Grand père veut te voir très rapidement
• Je suis d'accord, mais il faut qu'il me laisse le temps de m'habituer à toute cette situation
d'abord.
• J'aurai préféré qu'on le fasse rapidement afin qu'on puisse passer à autres choses
• Tidiane Ly rend toi bien compte que je suis « l'autre femme » pour ta famille. Dou yombeu
(ça ne sera pas facile). Désormais je suis impliquée jusqu'au cou dans votre imbroglio familial.
Dans la mesure où tu ne m'as guère laissé le choix, j'aimerai que tu me laisses les gérer
comme je l'entends et surtout que tu me soutiennes.
• Ne prends juste jamais de décision sans m'en parler
• J'essaierai de faire au mieux
• Khadija !
• Je ne m'aventurerais pas à te faire cette promesse
• Tu me tiendras tête toujours ?
• Juste quand il faut...
• ...
• Pourquoi tu t'es embrouillé l'esprit avec notre mariage ?
• Comment ?
• Je me rappelle très bien de tes propos quand tu m'as proposé ce mariage !
• Je me rappelle aussi...
• Les choses avaient l'air plus simple, quand tu m'as dit ce que tu attendais de notre union
• Dans ma tête ça devait être aussi simple
• Quand est-ce que ça a changé ?
• Quand je me suis rendu compte que je tenais à ce que tu acceptes d'être ma femme a tout
prix...
• ...
• Je n'ai jamais fourni d'effort pour avoir une femme
• C'est une question d'orgueil alors ?
• Non. J'étais conscient que mon grand-père risquait de me rendre la vie encore plus
impossible. J'ai toujours crié haut et fort que je ne voulais pas d'engagement durable surtout
à cause de ce mariage forcé. S'il ne s'agissait que d'orgueil, je t'assure que j'éviterai à tous les
coups les regards goguenards de ma famille depuis que je leur ai annoncé que je voulais
t'épouser.

Il avança jusqu'à se coller presque à moi.

• Tu comptes énormément pour moi bébé. Mais Je ne te promets pas la facilité


• ...
• On continue ?
• Oui...soufflais-je
• Je n'ai pas entendu
• Oui, on continue. Mais les modalités de cette relation polygame me tracassent.

Il se tut un instant l'air grave avant de reprendre.

• On va trouver des solutions


• En tout cas, j'attends de toi que tu sois équitable. Je ne vais pas te dire comment faire, Mais
j'espère que tu adopteras une attitude digne du mari polygame que tu es désormais. Et je ne
parle pas seulement de moi. Je ne veux pas recevoir la frustration de ta famille en pleine
face.
• Évidemment je comprends tes inquiétudes mais dis-toi que je ferai en sorte que tu ressentes
le moins possible la tension au sein de ma famille. Tu es ma femme donc que tu sois bien est
une de mes priorités
• Je l'espère...

On est resté de longues minutes sur la plage, les yeux dans les yeux, avant de regagner notre paillote.
J'ai continué à fuir son contact, mais je savais que je n'allais pas continuer longtemps dans ce sens. Je
commençai à être en manque de lui. Pour éviter la tentation de lui céder je suis ressortie au balcon
pour appeler tonton Omar et lui expliquer les protocoles concernant le fameux « seuyi ».

Nous avons quitté cap Skiring le lendemain vers 8h. Nous sommes retournés chez tonton pour
récupérer mes affaires. Mon oncle a émis des menaces à peine voilées à l'encontre de Tidiane (fallait
voir sa tête kxkxkx). Ce qui est sûr c'est que tonton Omar l'attendait au tournant.
Maman soda et Tata djodjo sont venues avec nous à Dakar, car pour ma oumpagne il était hors de
question que maye dém Seuyi sans que gnou yabb ma, défare ma, ba paré gounguer ma (que je
rejoigne le domicile conjugal sans être accompagnée par mes tantes ). Tidiane nous a déposées
à l'appartement et il était prévu que Malick vienne nous chercher le lendemain soir pour nous
amener à Keur guou maak à Mermoz. Il a monté nos bagages et a pris congé. J'allais le laisser partir
seul quand ta Djodjo s'exclama :

• Wa didi do goungué sa djeukeur (tu ne raccompagnes pas ton mari) ? thiieyyy mane les filles
d'aujourd'hui

Je me levais à contre cœur du canapé et le suivit. Je l'accompagnai jusqu'à sa voiture en silence. Dès
que j'entendis le bip bip d'ouverture je lui dit :

• Bon passe une bonne journée alors


• Tu es encore fâchée ?
• Je suis plus déçue que fâchée, vois-tu. Maintenant je te demande juste de me laisser finir de
digérer tout ça ok ?
• Dis-toi juste que rien ne change entre nous deux.
• On verra…
• Je passerai ce soir après le boulot.
• Tu sais demain n'est pas loin, et puis tu dois être fatigué par le voyage.
• Khadija, arrête. Je viens ce soir.
• ...

Il m'attira à lui fermement.

• J'ai envie de toi, chuchota-t-il, je n'en peux plus...

Grrrrrrr, comment résister à ces mots-là !! je savais que je n'aurai pas dû rester seul avec lui. Me tenir
collée contre lui comme ça, mon traitre de corps se tendait déjà vers lui. Il me serra très fort contre
lui et je le sentais dur et tendu. On resta comme ça 5 bonnes minutes. J'avais juste envie que le
temps s'arrête. Que les problèmes que je sentais se profiler à l'horizon, bientôt, ne m'atteignent
jamais. Mais, le coup était déjà parti, je savais que rien ne serait facile.

• Allez zou ! vas-y. je t'attends ce soir


• Ok à ce soir In Chaa Allah.

Il m'embrassa tendrement (enfin), se détacha de moi puis monta dans sa voiture....


PARTIE 15

Avec mes tatas nous avons passés la journée au marché. Yuma est venue nous rejoindre aussi.
Toutes mes économies y sont passées bilahi. On a même eu du mal à tout ranger dans ma petite clio.
C'était de la vaisselle et du linge de maison, pour le reste on verra quand je serais bien installée in
chaa Allah.

Vers 19h, Tidiane m'a envoyé un message pour me demander de me préparer on dinait dehors.
J'avais toujours comme une boule au ventre, j'étais partagée entre la peur de ne pas pouvoir
assumer ma décision de rester dans ce mariage et cette monstrueuse envie de vivre avec Tidiane,
malgré tout.
J'ai mis un jean et un débardeur au grand dam de tata Djodjo. J'avais fait exprès de ne pas
m'apprêter. Je voulais que, même si je m'habillais en guenille, ce soit toujours la « vraie khadija » que
Tidiane voit. Celle qui a vécu des histoires douloureuses mais qui a survécu. A son arrivée, il est
monté dire bonsoir aux autres, avant qu'on ne ressorte, sans se dire un mot. Ma retenue était
surtout due au fait que j'avais envie de lui sauter dessus et que pour ne pas craquer, j'avais besoin de
rester concentrée. Lui-même, il avait le visage serré et regardait droit devant lui. Il n'a même pas dit
où nous allions. Une trentaine de minutes plus tard, nous étions à Hann Marinas devant une belle
villa en face de la mer.

• C'est à toi ? demandais-je en brisant enfin le silence


• L'étage. On a fait l'acquisition de la maison, Malick et moi, il y a deux ans
• Ah ok, je me rappelle qu'il m'en avait parlé à l'époque
• On y va ?

Durant tout le chemin jusqu'à l'appartement, je sentais mon cœur battre très fort. Je ne doutais pas
du fait que nous avions envie l'un de l'autre, mais j'avais peur que mon désir de lui, tellement
tumultueux et brûlant, ne me consume avant qu'on arrive.

Et si j'ai pu douter un seul instant de la réciprocité de l'envie qu'on ressentait l'un pour l'autre, tout
s'est envolé dès qu'on a mis les pieds dans l'appart. Il ne m'a même pas laissée le temps de poser
mon sac à main, il m'a attirée à lui en plaquant sa bouche sur la mienne.
Je sentais la tension de ses 4 derniers jours s'évaporer d'un coup et mon corps s'est soudain
complètement relâché contre lui. Je lâchais mon sac et passais mes bras autour de son cou pour
mieux le sentir contre moi. Il grognait de plaisir.

• Tu me laisses te toucher...murmurait-il. Dois-je en conclure que tu es prête à tout affronter


avec moi ?
• Oui, soupirais-je entre deux baisers. C'est entre t'avoir à mes côtés et endurer ou te perdre et
souffrir, je préfère être endurante...
• Unhun ? pourquoi ? Explique-moi bébé
• Parce que je pense que je suis amoureuse de toi

C'est sorti comme c'est sorti ! Miséricorde, j'étais sidérée par mon aveu ! et je me suis rendue
compte que j'avais les yeux fermés quand j'ai dit ça ! je les rouvrais, lentement, pour voir sa réaction.
Il me fixait l'air sérieux, son regard profond posé sur moi.

• Khadija, dit-il en s'approchant de mes lèvres. Je crois que ce que je ressens est largement
comparable à ça
• Peux-tu traduire ?
• Je te veux bébé, tu es à moi et je t'aime... tu m'as fait découvrir ce que cela signifiait...
Le rythme que prit les battements de mon cœur à ce moment-là, était juste indescriptible.

• Je t'aime, Khadija, répétait-il comme un enfant de 2 ans qui venait d'apprendre un nouveau
mot

Et je buvais ses mots, avidement. Il me colla à lui et me fit reculer contre le mur de l'entrée, ses
mains glissant sous mon débardeur. Je me cambrai puis je m'échappais de ses bras pour à mon tour
l'appuyer contre le mur. Il me lança un sourire coquin

• Qu'est-ce que tu fais ?


• Laisse-moi faire chuchotais-je

Savoir qu'il m'aimait, m'avait donné des ailes. Je laissais mon envie de lui exploser dans tous les sens.
Je le plaquais contre le mur et l'embrassais avec toute ma fougue. Il tenait ma tête entre ses mains
puissantes, nos langues coordonnant comme dans un ballet. J'imposais le rythme que je voulais et il
me suivait avec talent. Je déboutonnais sa chemise avec lenteur, un baiser sur son corps, après
chaque parcelle de peau découverte. Quand son torse fut entièrement dénudé, je dessine du bout de
ma langue le chemin de son tatouage, de ses pectoraux, puis autour de ses tétons. Je le titillais, le
mordillais, le picorais et je l'entendais soupirer de plaisir. Il était tellement canon que j'avais envie de
le dévorer, de me délecter de son corps. Quand mes mains dévalèrent jusqu'à son ventre et
entreprirent de défaire sa ceinture, il bloqua mes mains.

• Viens un peu par-là !

Il se décolla du mur et en me prenant par la main, il m'entraina vers le salon de l'appartement. Sur le
chemin, il m'enlèva mon débardeur et mon jean. Les ballerines nak étaient à l'entrée, je crois avec
mon sac !! Arrivée au milieu de la pièce, nous nous faisions face. Je lui enlevai sa ceinture et il se
débarrassa de son pantalon. J'étais en string et soutif et lui en boxer, nos corps s'enlaçant enfin avec
harmonie. Quand il essaya d'enlever mon soutien-gorge, je m'échappai de ses bras et le repoussai
vers le canapé le faisant s'asseoir. Dès qu'il s'est confortablement installé, je me suis glissée entre ses
jambes écartées et me suis mise en califourchon sur ses cuisses. Je m'abreuvais de ses lèvres et je
sentais ses mains parcourir mon corps avec avidité ! Dès qu'il enleva enfin mon soutif, il prit mes
seins à pleine main et les caressa tendrement. Il en dévora les pointes, les aspira, fit tourner sa
langue sur mes mamelons puis ses dents me taquinèrent. Je me cambrais et rejetais la tête en
arrière. J'avais l'impression que mon corps était un volcan en éruption, mon sexe était chaud et
d'instinct, je poussais mon bassin contre lui. C'était ma façon à moi de lui dire ce que je voulais, et il a
compris aussitôt. Il a attrapé les bords de mon string et il a tiré d'un coup sec. La lingerie ne résista
pas à cette impulsion virile. Mon corps vibrait...

Mon Dieu j'adorais cette façon qu'il avait de me dominer, d'être homme. Il m'a prise par la taille et
m'a fait me redresser au-dessus de lui. Je posais mes mains sur ses épaules et baissais le regard sur
ce qu'il faisait.

Et ce qu'il faisait...

Mes yeux toujours rivés sur lui, je ne perdais pas une miette de ce qu'il me faisait et je vous avoue
que c'était terriblement excitant de le voir « bosser ». Je laissais échapper de petits cris excités, la
jouissance montait. Sentant que mon bassin tremblait, prémices de mon orgasme, Tidiane me
maintint encore plus fermement, sa bouche toujours scotchée « là » ! Alors je gémissais de plus
belle, écartant davantage les cuisses en restant dressée au-dessus de lui et soupirant . Le regard
qu'on s'est lancé à ce moment-là était diablement érotique. Je ne lui cachais rien de ce que je
ressentais et le coquin, je voyais bien qu'il était fier de voir l'effet qu'il me faisait. Une fois que la
tension de l'orgasme fut passée, je me sentis légère.
Il recula contre le dossier du canapé tout en continuant à jouer avec mon sexe en douceur. Je
penchai la tête au creux de son cou pour reprendre mon souffle.

• Ça va bébé ? me demanda-t-il en me caressant le dos, tendrement

Je ne pouvais qu'hocher la tête. C'était doux d'être ainsi contre lui, de respirer son odeur. Je me
collais encore un peu plus à lui et je prenais conscience de son désir pressant contre mon pubis. Cela
réveilla automatiquement de nouveau le mien. J'étais censé m'occuper de lui mais comme
d'habitude il avait pris les commandes. Cette fois-ci, je ne comptais pas me laisser faire.

• A mon tour de m'occuper de toi, chuchotais-je en lui mordillant le lobe de son oreille.

Son soupir d'aise me fit frissonner. Je quittai ses cuisses pour me glisser entre ses jambes. J'attrapai
en passant la ceinture de son boxer, il souleva son bassin pour que je le débarrasse de son sous-
vêtement. Son érection est impressionnante surtout vu d'en bas. Je suis restée peut-être 15
secondes à le mater, sans rien oser, puis ma main avança vers son sexe. Du bout des doigts, je
l'effleurai tout en longueur, de la base au sommet. Je le sentis tressauter à mon contact. Tidiane
m'observait mais il me laissa faire. Il me laissait faire ce genre de connaissance avec « Mr Ti. ». Assise
confortablement, les fesses sur les talons, j'entrepris de lui rendre la monnaie de sa pièce,
lentement, irrévocablement.

• C'est bon ? lui demandais-je toute timide

Il laisse échapper un petit rire qui peine à cacher son excitation.

• Oui, mais...
• Mais ?
• Je veux plus
• Plus comment ?

Il se pencha vers moi, mit un doigt dans ma bouche et commença à mimer un va et vient.
Naturellement, ma langue s'enroula autour de son doigt. Il approuva par un hochement de tête :
« oui, comme ça... ».

Le message était clair ! Il retira délicatement son doigt de ma bouche et me fixa intensément. Quand
j'ai rapproché mon visage de son érection, il a posé ses mains sur le canapé comme s'il se préparait à
ce qui allait suivre. Comment mange-t-on une glace ? Du bout de la langue, on lèche, goulument
savourant chaque millimètre de douceur. Au début, je sentais que je m'appliquais comme la vraie
débutante que j'étais lol, puis Tidiane a mis sa main dans mes cheveux, et une petite pression subtile
mais présente me signala que Mr était impatient que je le goute pour de vrai. Dès que mes lèvres ont
entouré son gland, Tidiane a émis un gémissement rauque. J'ai laissé mon instinct me guider, je l'ai
sucé comme si ma vie en dépendait... je le dégustais, je me régalais. Ses doigts se crispaient dans mes
cheveux. Et quand j'accentuais la pression de ma bouche je sentais sa respiration s'accélérer. Quand
je me suis écartée un moment pour à nouveau le lécher avec gourmandise, je croisai son regard. Il
me regardait d'une façon indescriptible

• Tu aimes ?
Son sourire me suffit comme réponse
• Et toi, tu aimes ? me demande-t-il en plissant ses yeux
• Oui...
Je marque une pause parce que j'ai envie d'en dire plus
• J'aime te sucer, j'ajoute sans détourner les yeux.

J'avais déjà entendu dire que les paroles, parfois, dépassaient les gestes. Ce soir-là j'en avais la
preuve. Tidiane avait comme suspendu sa respiration et son sexe avait comme doublé de volume,
révélant à quel point mes paroles l'avaient encore plus excité. Je replongeais sur son sexe, encore
plus avidement. Et plus je le prenais comme ça plus je devenais ardente et audacieuse. Soudain, je
me redressais, à bout de souffle, carrément fiévreuse (Gosh, le gars est endurant deh hein). Je
l'interrogeai du regard, et il hocha la tête avec un sourire sensuel : « Viens », me dit-il alors en se
redressant la main tendue vers moi.

Je le regardai tendrement et je secouai la tête. Il me regarda, ahuri. J'avais envie de le surprendre, et


tout d’un coup je me sentais prête à toutes les audaces, (les conseils de Tata Djodjo allaient servir,
quand on a de grosses fesses, il faut s'en servir mdrrrr). Toujours au sol, je pivotai pour m'appuyer
des deux mains sur la table basse, fesses tendues vers lui. Puis je me tournai vers lui.

Assis sur le bord du canapé, il me contempla dans cette position, comme un affamé devant un
michoui agneau. Il s'approcha lentement de moi et posa ses mains sur mes fesses brulantes. Il les
promena, en remontant dans le creux de mon dos. Je m'appuyais plus solidement à la table car je
sentais déjà mes pieds fléchir. Je sentis son sexe se coller au mien, ses mains resserrer leur prise sur
ma taille puis il me pénétra d'un coup.

Il m'a rempli d'un trait, tellement j'étais mouillée, excitée ! il a pris le temps de s'installer
confortablement en moi, afin que je m'ouvre davantage à lui. Il me tint fermement entre ses mains,
et m'empala sur lui et poussa très fort vers moi. Il commença de longs va-et-vient avec lenteur
d'abord puis progressivement il augmenta la cadence, toujours ses larges mains encerclant ma taille.
Instinctivement, je poussais mes fesses contre lui et bougeais mes reins comme une danseuse
orientale. Alors il se fit mâle, virile et dominateur. Il me pilonna avec régularité, pesant au fond de
moi, m'envahissant en guerrier. J'aimais que toute cette ardeur virile soit juste au service de mon
plaisir.
Tidiane passa une main sous mon ventre, ses doigts se faufilèrent jusqu'à mon clitoris, l'étirèrent de
son index, l'entortillèrent et l'excitèrent alors qu'il me pénétrait toujours avec autant de vigueur.

• Je t'aime bébé, j'aime te posséder complètement, souffla-t-il


• J'aime ça et je t'aime aussi...

Son autre main quitte mes reins pour me pincer un mamelon et cette caresse, en plus, me transporte
littéralement vers d'autres cieux. Je fus submergée par l'orgasme. La réaction de Tidiane fut
immédiate. Son cri rauque se répercuta partout dans mon corps. Ses deux mains s'agrippèrent
comme un forcené à ma taille et me plaquèrent contre lui. Je me redressai, lui toujours en moi pour
coller mon dos à son torse. Il emboita son visage dans la courbe de mon cou, la respiration sifflante,
soupirant mon prénom : Khadija, Khadija, Khadija...
PARTIE 16

J'ai gagné mon pari !

Je ne pensais pas que je tiendrais plus de 3 mois dans mon mariage. Plus les jours passaient plus
j’étais folle de Tidiane, c'est un fait. Il me comblait, je ne pensais pas qu'un mari puisse mieux faire
ailleurs. Seulement, je suis mariée à toute sa famille, et ce n'est pas tout le monde qui m'apprécie.

La maman de Tidiane, maman Tamaro, m'avait accueillie à bras ouvert, et aujourd'hui encore elle n'a
pas changé de visage au contraire. Elle est toute douce, et il est facile de voir en elle une mère.
Tidiane l'adore et elle le lui rend bien. Le soir du seuyi, nous sommes restées plus d'une heure dans la
chambre à parler jusqu'à ce que Tidiane vienne la mettre dehors. Badjénne Rougui a commencé les
hostilités ce soir-là, déplorant le fait que nous ayons consommé notre mariage hors de la maison
familiale. Devant tout le monde, elle m'a demandé si j'avais ramené le pagne taché prouvant ma
virginité. Maman soda était tellement choquée, qu'elle s'est levée d'un coup. Maman Tamaro lui a
demandé avec douceur de ne pas s'énerver et de la laisser régler ça. S'en est suivi un bref échange en
toucouleur entre elle et badjenne Rougui. L'ambiance était électrique. Je suis à peu près sure que
badjenne n'aurait pas tenu ce discours en présence des hommes. Après l'intervention de ma belle-
mère, elle s'est levée comme une furie pour sortir du petit salon, suivie de sa meute dans un concert
de tchipp.

• Fais pas attention ma chérie.


• Vous pensez que ça va être facile de ne pas faire attention ?
• D'abord, je veux que tu arrêtes de me vouvoyer. Ensuite, pour répondre à ta question ça fait
35 ans que je vis avec mes belles-sœurs et je t'avoue qu'aujourd'hui encore, ce n'est pas
toujours facile. Quand Tidiane m'a fait part de ton désir de vivre ailleurs qu'ici, ça m'a
chagrinée car je voulais t'avoir à mes côtés mais je l'ai encouragé à accéder à ta requête. Il
est vrai que la situation est inhabituelle, et ce qui vient de se produire à l'instant est
regrettable. Mais ma chérie, dis-toi que c'est juste un moyen pour ses femmes pour te faire
craquer, et pouvoir dire du mal de toi.
• Maman, tu sais, je les comprends un peu. En acceptant de venir ici ce soir, j'étais consciente
que Sala ne serait pas ma seule co-épouse mais toute ma belle-famille. Mais toi maman, tu
es ma belle-mère ou la badjénne de Sala ?

Elle a rigolé

• Mon fils m'avait averti que tu ne tournais pas autour du pot. Sala est ma nièce Khadija et
c'est une jeune femme adorable. Elle attend depuis 10 ans que Tidiane la regarde. Je ne l'ai
jamais entendu se plaindre. Je ne peux que la respecter pour sa patience. Elle est ma
première belle-fille et je suis contente aujourd'hui que Tidiane honore son engagement
envers elle. Quant à toi ma chérie, tu es le choix de mon fils, je ne peux que t'aimer. Voir ses
yeux briller quand il parle de toi est une chose merveilleuse pour le cœur d'une mère. Tu le
rends heureux, tu ne peux avoir que ma bénédiction. Désormais, tout ce que j'attends de toi,
c'est que tu réussisses à maintenir cette flamme dans le cœur de mon Tidiane et que je
continue à voir son bonheur se refléter toujours dans ses yeux.

Elle était tellement émue qu'elle s'est tue pendant quelques minutes en me faisant un gros câlin et
c'est dans cette position que Tidiane nous a trouvées !
Malick a eu sa dose je lui ai bien tiré les oreilles, quand il est venu nous chercher pour nous amener à
keur guou mak ! Je l'ai tellement engueulé ! j'ai surtout déversé toute ma frustration sur lui (oui je
sais, je suis mauvaise), mais il fallait que je m'en prenne à quelqu'un et lui, sérieux, c'était une proie
facile ! Mais il faut dire que la solidarité entre lui, Tonton Bouba et Tidiane était remarquable. Ces
trois-là sont inséparables. Malick n'était pas au courant du premier mariage de son cousin, il venait
d'intégrer l'université paris 12 cette année-là et comme il était loin de toutes les manigances de
grand père, tonton Bouba et Tidiane ont préféré ne rien lui dire. En fait il n'était pas très proche de sa
famille paternelle étant né au Maroc et il y a toujours vécu avec sa mère qui n'est pas toucouleur. Il
venait en vacances à Podor quand il était plus jeune puis il a arrêté car à chaque fois ses cousins se
moquaient de lui car il était trop maigre et qu'il avait un accent bizarre quand il s'exprimait en
toucouleur ! Et puis comme son cousin préféré (Tidiane) était venu vivre avec eux à l'époque, ça ne
lui a pas manqué du tout. Tonton Bouba était le plus jeune des enfants de grand-père. Le père de
Tidiane était l'ainé, suivi du père de Sala (le fils préféré de grand-père), et enfin Tonton Bouba,
l'enfant terrible qui avait très tôt pris son indépendance, car ne supportant pas d'être sous le joug de
son père. Entre les garçons, il y avait les filles badjenne rougui (la sorcière), badjenne aicha et
badjenne Djouldé.

Finalement Tidiane n'a même pas attendu les 3 jours pour qu'on emménage chez nous et pour cause
il est entré au salon au moment où la sorcière et sa meute étaient en train de dire des choses en
toucouleur sur moi. Il n'a pas voulu me traduire, mais c'était évident qu'elles ne chantaient pas mes
louanges. Je ne l'ai jamais vu aussi énervé !!! le soir même, nous quittions Mermoz pour Hann
Marinas, Chez nous !

J'ai enfin parlé avec grand-père au téléphone le lendemain de notre installation, je n'ai pas pu y
échapper et quand j'y pense, j'ai encore des frissons, il me fait peur ! Le vieux ne parle que français et
toucouleur et on ne peut pas dire qu'il a mis gentillesse et bienveillance dans ses propos. Mais bon je
m'y attendais, il m'a fait comprendre que c'était lui le chef de famille et qu'il m'attendait de pieds
fermes à Podor ! Mo, Même pas peur !!!

Quand j'ai demandé à Tidiane quand est-ce qu'il comptait aller voir Sala, il m'a carrément interdit de
me mêler de ça. D'après lui, il savait très bien ce qu'il avait à faire et que Sala n'avait pas besoin que
je sois son avocate ! Ainsi remballée, ma diapeu sama ndiambour mane ! Ceci dit, il est passé à autre
chose ! j'ai remarqué qu'il n'aimait pas les « Tongo » (disputes), quand il est fâché, il crie, s'explique
puis 5 minutes plus tard, il te parle d'autres choses. J'avais eu peur que je doive m'habituer à sa façon
de vivre de bourgeois mais c'est lui qui faisait le plus d'effort pour se calquer à ma façon d'être. Du
coup, la vie avec mon homme s'avérait relativement simple. Bien que très exigeant, il aimait la
simplicité. J'ai dû quand même me mettre au fourneau, mais comme la plupart du temps on rentrait
du boulot ensemble et très tard, Tidiane a embauché un chef cuisinier pour nos diners en semaine et
quand il invitait ses clients à la maison, le soir. Les weekends, je m'occupais seule de mon mari. On
cherchait des recettes sur internet et on cuisinait à deux ! Entre fou rire et câlins, on laissait parfois
bruler le poulet, ou cramer le riz, mais le plus important était qu'on soit heureux et ensemble.

La reprise au cabinet a été comment dire, houleuse !!! Entre mes collègues dames, jalouses et aigries
qui me faisaient la misère (hors-ligne bien sûr dofougnou sakh) et Tidiane dont le degré de
possessivité dépassait exagérément la normale, j'ai décidé d'ouvrir ma propre boîte de marketing &
web c'est un projet qui trottait dans ma tête depuis quelques temps et il fallait que je débauche
Yuma et Lick. A nous trois, c'était clair qu'on avait les compétences pour nous en sortir ! Tidiane m'a
persuadé de juste attendre de terminer nos négociations avec les angolais avant de partir, il avait
même promis de me financer à 100%.

Pour la signature finale de notre contrat avec le groupe NATOS, on a dû se rendre tonton Bouba
Tidiane et moi à Luanda (Angola). On a tout bouclé au bout de 7 jours et Tidiane m'a proposé de
rester une semaine en plus pour découvrir la ville. J'étais aux anges ! on a éteint nos téléphones
gentiment et on en a bien profité.

Voilà un résumé assez expéditif de nos trois premiers mois de mariage, ou tout était géniale
vraiment, les nuages étaient carrément roses comme dans le monde des bisounours. Seulement,
cette semaine en couple à Luanda a acidifié une situation déjà amère. A notre retour, nous sommes
passés en premier à Mermoz, pour faire un coucou à tata Tamaro avant de rentrer chez nous. Nous
l'avons trouvée en larmes. Un coup d'œil a suffi à Tidiane pour comprendre que grand père était
passé par là, car seule sa méchanceté pouvait faire pleurer maman. Voir son fils lui fit du bien, elle se
calma même si elle ne voulait pas raconter ce qui la mettait dans cet état. Tidiane savait que sa mère
ne dirait rien, je voyais par ses gestes qu'il voulait casser quelque chose, il en tremblait. Nous
sommes restés jusqu'aux environs de minuit, ensuite rejoints par Malick et tonton Bouba. On a parlé
de notre projet de création d'entreprise, et chacun y a mis son grain de sel. Cela a permis de
détendre l'atmosphère. Mais assis à mes côtés, je sentais Tidiane bouillir. Tonton Bouba l'a pris à part
quelques minutes pour lui parler et dès leur retour dans le salon, il a voulu qu'on parte.

• Tidiane : on y va Khadija, il se fait tard


• Moi : ok chéri
• Tidiane : maman, je repasse demain in chaa Allah
• Maman : ne t'inquiètes pas pour moi mon chéri, allez-vous reposer.

Quand je suis venue lui faire la bise, elle m'a serrée très fort contre elle en me chuchotant à l'oreille :
« stp prends soin de mon fils, Didi. Promets-le à une mère... »
Sa demande me fit sursauter, elle me regarda droit dans les yeux avec une imploration dans le
regard. J'hochais la tête lentement, le cœur battant la chamade. Dès que nous sommes entrés dans
la voiture, il déclencha son téléphone et le mit sur haut-parleur :

• Grand père : allo !


• Tidiane : baba
• Grand-père : j'attendais ton appel
• Tidiane : qu'est-ce que tu veux ?
• Grand-père : tu penses être plus futé que tout le monde, n'est-ce pas ? sache que je peux te
détruire sans bouger le petit doigt.
• Tidiane en grondant : laisse ma mère tranquille
• Grand père : tant que tu t'évertueras à déshonorer et à faire souffrir ma Sala, ta mère, cette
arriviste, souffrira aussi. Et ce n'est que le début
• Tidiane : tu es ignoble et tu es lâche !
• Grand père : soit ! dis-toi que Tamaro est juste la première sur ma liste. La balle est dans ton
camp maintenant tu sais quoi faire. CLICK !

Je rêve ou cet homme est un monstre ?????


PARTIE 17

Cet échange m'a glacé jusqu'à l'os. Je regardais Tidiane, et voir la veine sur son cou qui battait à un
rythme anormalement rapide et ses mains crispées au volant, me calma de suite. Il n'avait pas besoin
d'une Didi paniquée à ce moment précis. Je posais une main sur sa nuque et de l'autre je lui caressais
la joue. Il ferma les yeux et soupira longuement

• Tu veux que je conduise ? proposais-je


• Non ça va aller
• Attendons encore un peu alors, je ne veux pas que tu conduises dans cet état.
• Je...
• Ne dis rien bébé stp, calme toi d'abord. Cette situation mérite que l'on en parle avec lucidité
et pour le moment tu es trop en colère.

Il attrapa ma main qui trainait encore sur sa joue, la serra, très fort, puis y déposa un baiser avant de
démarrer la voiture.
Cette nuit-là pour la première fois depuis qu'on était marié, Tidiane n'a pas dormi dans mes bras. Dès
qu'on est arrivé, il s'est réfugié dans son bureau. Je savais qu'il avait besoin de rester seul, je suis
allée prendre une douche rapide. Puis habillée légèrement je suis parti lui faire du thé bien chaud. Je
l'ai trouvé debout sur son balcon face à la mer le regard loin

• Bébé ? je t'ai fait du thé


• J'ai besoin de comprendre une chose, commença-t-il avant de s’arrêter net
• Quoi ?
• Non laisse tomber…
• Tidiane ne fait pas ça, tu sais que tu peux tout partager avec moi et le fait de cogiter tout seul
ne t'aidera pas du tout
• Je ne veux pas que tu t'inquiètes, je t'avais promis que je ferais en sorte que tu sois éloignée
de tout ça. Et là, voir ma mère dans cet état me fait penser que tu ne seras pas à l'abris non
plus. Il sait que le seul moyen de m'atteindre est de faire du mal aux personnes que j'aime.
• Le plus important aujourd'hui, c'est de faire en sorte que maman soit bien. Qu'elle soit loin
des attaques de grand père. Pourquoi ne pas l'envoyer chez tata Mintou (maman de Malick)
quelques jours à Agadir ?
• Ma mère ne quitte jamais Dakar, Khadija. A part pour aller à Podor…
• Comment ça ?
• A chaque fois qu'elle projette de voyager, elle tombe malade
• A chaque fois ?
• A chaque fois, répéta-t-il en fixant droit dans les yeux

Il se retourna vers la mer, me laissant plus que jamais perplexe. Grand père aurait-il quelque chose à
voir avec cet état de fait ? était-il puissant mystiquement ? Non je pense, sinon il aurait trouvé un
moyen pour que Tidiane tombe amoureux de Sala !!! GRRRRRRRR je vais pêter un câble et Tidiane
qui est retourné dans son mutisme là !!

• Bois ton thé Mr Ly


• Plus tard ! va dormir je te rejoins bientôt
• Viens avec moi stp
• J'arrive bébé

Je n'ai pas trop voulu insisté, je suis partie faire ma prière et me coucher.
La vie est drôle, je suis restée 26 ans à dormir seule et là, juste après 3 mois de mariage seulement,
c'est devenu un vrai travail de Titan de fermer l'œil sans mon mari à côté. Je savais que ça ne servait
à rien de retourner le chercher, j'en ai profité pour faire le tri dans ma tête. D'abord, d'après les
informations distillées par Tidiane, sa mère semblait être atteinte mystiquement par grand-père,
mais ce qui était bizarre c'est pourquoi le vieux ne s'en prenait il pas directement à mon mari. Car
depuis le temps où Tidiane lui résiste, je suis à peu près sûre qu'il a usé de tous les moyens pour
pouvoir le contrôler. Donc il y avait un truc là-dessous, à tous les coups. Ensuite, grand père a dit que
maman Tamaro était la première sur sa liste, donc c'est sûr que s'il est convaincu que l'amour qui
nous lie Tidiane et moi est solide, il va s'en prendre à moi. Il était temps que je me protège. La
première chose que j'allais faire à mon réveil (si jamais j'arrive à dormir) c'est d'appeler tonton Omar,
je pense que j'aurais dû y penser même avant le mariage mais il est vrai que j'étais loin d'imaginer ce
genre de scénario, autant de méchanceté et surtout autant de mystère dans cette famille. L'appel du
muezzin pour fadjr me surprit toujours en pleine réflexion, je n'avais même pas vu l'heure passée. J'ai
fait mes ablutions et ma prière, puis je me suis recouchée. Cette fois j'ai dû m'endormir car je n'ai pas
senti Tidiane entrer dans la chambre ni se glisser sous les draps.

En m'attrapant par les hanches, il m'a attirée contre lui me réveillant au passage. Sa main s'est
faufilée sous ma nuisette pour me caresser et comme d'habitude mon corps était sous ses ordres.
D'une pression de la main, il me fit me cambrer, puis me prit en levrette. J'étais encore serrée, pas
assez mouillée mais pas pour longtemps, mon corps s'ouvrait à lui car mon mari savait bien s'y
prendre et il connaissait mon corps par coeur. Il enfouit son visage dans mon cou, sa langue jouant
avec ma peau et ses mains qui pétrissaient mes seins tout en bougeant avec rage en moi. A part ses
soupirs de plaisir, il n'a pas dit un mot. Et le fait de me prendre comme ça lui permettait de ne pas
me regarder dans les yeux. Sa fougue eut raison de moi et je sombrais dans un spiral de volupté
indescriptible. Son cri rauque de plaisir se répercuta en moi et j'en profitais pour tourner la tête et le
regarder. Et là, le regard passionné mais tourmenté que je surpris dans ses yeux me bouleversa. Je
voulus me dégager pour me retourner complètement vers lui mais il resserra son étreinte, toujours
en moi, ses mains scotchées à mes hanches le torse collé à mon dos et chuchota dans mes cheveux
d'une voix étrangement vulnérable : « Laisse-moi encore un peu là... »

Je me suis rendormie et comme dans un rêve je l'ai senti se détacher lentement de moi et se lever du
lit.
A mon réveil ce matin-là, j'ai trouvé Tidiane déjà prêt à aller au travail dans la cuisine, préparant le
petit déjeuner. Il me fit un bref smack sur les lèvres avant de me demander de « speeder » car on
allait être en retard. C'était mon dernier jour au cabinet et il était prévu un petit pot de départ et
j'avoue que j'ai accepté pour faire plaisir à tonton Bouba. Tidiane n'avait pas envie de parler de tout
ce qui s'était passé à ce que je voyais. J'avalais mon café en vitesse, piochant dans l'assiette d'œufs
brouillés. Je n'avais aucune envie d'une discussion stérile si tôt le matin. Le trajet jusqu'au cabinet se
fit donc en silence. Dès que je franchis la porte de mon bureau, je me jetai sur mon téléphone.

• Tonton ?
• Khadijatou, fadjarou ngua ! ba diameu (Eh ben dis donc tu es bien matinale ce matin,
j’espère que tout va bien) ?
• Kxkxkx tonton ma ngui djégueulou dé ! ba yéwoumala (désolée tonton, j'espère que je ne t'ai
pas réveillé) ?
• Non ne t'inquiète pas. Qu'est-ce qui se passe ?
• Tonton, l'autre jour je t'avais dit que le grand père de Tidiane était vraiment compliqué.
• Oui, effectivement
• Seulement voilà, hier à notre retour de Luanda, il s'est passé des choses.
Je lui racontais tout ce qui s'était passé, mes doutes, mes peurs. Il se contentait de m'écouter, parfois
je l'entendais faire des bruits de gorge pour appuyer une de mes affirmations. Quand j'eus fini, il prit
la parole :

• Khadija, cela va sans dire qu'il s'agit là d'un problème qui va au-delà de toi, au-delà de ta
relation avec Tidiane. Khana Tidiane moma diakhale, mais en ce qui concerne ta protection,
tu peux être tranquille.
• Comment ça tonton ?
• N'oublie pas qua ta grand-mère maternelle est une BAÏNOUNK, tu es de la forêt
casamançaise. Et la forêt t'a réclamée dès ta naissance, tu es sous sa protection.
Contrairement aux autres enfants qui font leur initiation à 5 ans environ, tu as fait la tienne
alors que tu marchais à peine. Tu tombais souvent malade et personne ne comprenait, ni les
médecins, ni les marabouts. Puis un jour tu t'es réveillée en criant « Nanou, Nanou » le nom
de ta grand-mère alors qu'elle était décédée depuis bien des années avant. Ta mère a tout de
suite compris que ça avait un lien avec tes ancêtres et ils t'ont ramenée ici. C'est fou mais dès
que vous avez posé les pieds en terre casamançaise, on aurait dit que tu t'es
métamorphosée. Tu grandissais d'une façon spectaculaire, tu parlais clairement comme un
enfant de 5 ans alors que tu n'avais que 3 ans. Les anciens de la famille t'ont rapidement pris
en charge, tu es restée avec notre grande tante Soraya une semaine dans la forêt. La forêt t'a
« blindée », ma fille par la grâce de Dieu. Tout ce qui peut t'arriver de douloureux, dis-toi que
c'est juste Dieu qui a mis des épreuves sur ton chemin et je peux t'assurer que tant que tu te
reposeras sur sa Miséricorde tu t'en sortiras toujours la tête haute.
• Mais tonton pourquoi mes parents m'ont jamais raconté tout ça ?
• Ils n'avaient juste pas prévu de mourir si tôt. Le grand père de ton mari ne pourra rien contre
toi, ma chérie. Mais n'empêche, dès que vous pourrez, venez nous voir à Ziguinchor, Tidiane
et toi. Je vous amènerai voir le grand sage Abderrahmane.
• D'accord tonton. Je ferai mon possible pour venir avec Tidiane le plus tôt possible. Boulma
fater si niane (Ne m'oublie surtout pas dans tes prières)
• In Chaa Allah. Reste vigilante nak sheytaan dafa beuri doller et quand il saura qu'il ne peut
rien contre toi mystiquement, il trouvera un autre moyen de t'atteindre donc Tidiane aussi. Il
faut que vous soyez uni plus que jamais.
• In Chaa Allah. Nous ferons attention Tonton !
• Allez, je vais dormir un peu ! bisous ma belle et prends soin de vous deux hein ?
• Tu sais que je t'adore n'est-ce pas ?
• Oui c'est ça !!
• Bisous à ma maman à moi !
• Dineu si diote(je n'y manquerai pas). Click.

Un problème en moins n'est-ce pas ? j'eus même honte du soulagement que je ressentis face à cette
nouvelle, mais je me disais qu'au moins Tidiane avait un souci en moins. Désormais, nous pourrions
concentrer tous nos efforts vers tata Tamaro. J'étais plus que jamais d'attaque pour affronter grand
père. Après mon coup de fil à mon oncle, j'ai débarrassé mes affaires du bureau en les rangeant dans
des boites et mes collègues venaient me faire un coucou de temps en temps, je n'ai pas vu la
matinée passée. Et pas de nouvelles de Tidiane aussi. Je commençais à m'habituer à ses silences
quand rien ne se passait comme il le voulait. Je l'ai appelé sur son portable et j'ai eu sa boite vocale.
J'ai préféré ne pas aller dans son bureau, je suis passé voir tonton Bouba. C'est ce dernier qui
m'apprit qu'il était sorti depuis 10h et qu'il n'avait rien dit juste qu'il allait appeler plus tard pour
donner des nouvelles. Je sentais que Tonton Bouba était aussi stressé que moi, un silence tendu
s'était installé dans la pièce. Et puis son téléphone a sonné

• Allo Tidiane ?
• ...
• Tu es où ?
• ...
• Ok, ok, bon calme toi et explique moi clairement
• ...
• Comment ? ils sont là depuis quand ?
• ...
• Il est hors de question que Malick leur donne son appart, même pour une journée
• ...
• Il faut que les choses soient claires dans leur esprit
• ...
• Elle est là dans mon bureau, elle est inquiète évidemment
• ...
• Non je lui explique dès que je raccroche. Après toi, si tu veux, tu l'appelles pour lui dire ce
que tu veux.
• ...
• A plus tard.

Avais-je besoin d'un dessin ? A tous les coups ma coépouse venait de débarquer à Dakar et tonton
Bouba allait me le confirmer

• Sala est là, c'est ça hein ?


• Oui elle est arrivée ce matin avec baaba et quelques-unes de ses cousines et baaba voulait
que Malick leur prête son appart de Hann marinas
• Quoi ? en bas de chez moi ???
• Oui mais ne stresse pas, c'est hors de question.
• Qu'est ce qui va se passer désormais tonton ?
• Ce pourquoi tu as accepté de rester avec ton homme ! tu vas te battre Didi, ne les laisse pas
t'atteindre. Aujourd'hui plus que jamais, soyez uni ton mari et toi.
• Tu as ma parole et je...

La sonnerie de mon téléphone m'interrompit

• Allo bébé ?
• Oui, tu es où ? demandais-je directement
• A Mermoz. Pourrais-tu venir avec tonton Bouba à 13h à la maison ?
• Je suis obligée de venir ?
• Non mais je te le demande. J'ai besoin que tu sois avec moi
• Ok à tout à l'heure alors... Click

Il était temps d'aller affronter tout ça !


PARTIE 18

Nous n'avons pas attendu 13h pour aller à Mermoz. Tonton Bouba était aussi pressé que moi d'en
découdre. Dans la voiture j'en ai profité pour le cuisiner un peu et il m'apprit pleines de choses
intéressantes sur sa famille surtout le fait que Grand père avait la rancune tenace et sa méchanceté
envers Maman Tamaro, qui est en fait sa nièce, n'était pas gratuite. Il se trouve que celle-ci avait
préféré se marier au père de Tidiane au lieu du père de Sala. Et la pilule a été très mal digérée par ce
dernier. Jusqu'à sa mort dans un accident de voiture, il a voué une haine féroce à son frère et lui a
fait vivre des monstruosités, ceci avec l'appui de grand père. Le père de Tidiane a tout essayé pour
regagner les faveurs de son père jusqu'à exiger de Tidiane qu'il se marie avec Sala tout en sachant
que grand père ne chercher qu'à venger son fils préféré en imposant à Tidiane une femme qu'il
n'aimait pas. Chaque jour je découvrais des choses qui m'horripilaient à propos du vieux. Et de sa
part je m'attendais au pire, mais j'étais décidée à jouer le jeu jusqu'au bout, je le faisais pour mon
Tidiane.

Quand on est arrivé, mon cœur battait tellement vite, mais j'avais le visage serré et nulle trace de
mon stress n'était visible. Nous sommes allées directement dans les appartements privés de Maman
Tamaro. Et dès notre entrée dans le salon, mes yeux ont repéré de suite mon mari. Je n'ai vu que lui
pendant plusieurs minutes et lui me regardait comme si Dieu lui avait envoyé un ange.

Attendez, je vous explique, nous étions dans un salon rempli de gens hostiles, la situation était plus
que tendue et pourtant dès que nos yeux se sont trouvés, on s'est souri tendrement (dougnou aye
indou nak digno nobanté rek C'est l'amour quoi ). Grand père nous a interrompu d'une voix
virulente :

• Baaba : Khadijatou Ndiaye


• Moi : Assalamou aleikoum, baaba.

Tidiane est venu à mes côtés et nous nous sommes dirigés vers grand père qui était assis au milieu de
la pièce. Je comprenais d'où venait la beauté des Ly. De teint clair, il avait les cheveux tout blancs de
gros yeux noirs, expressifs, magnifiques. Une barbe blanche bien taillée ornée un sourire
machiavélique tout en douceur. Il m'a scruté de la tête aux pieds avant de reprendre.

• Baaba : Khadijatou N'Diaye donc ?


• Moi : Khadijatou Ly désormais, j'ai vendu mon nom Baaba
• Baaba : Tu penses donc que tu fais partie de ma famille, je ne pense pas t'avoir encore donné
ma bénédiction
• Moi : J'espère votre bénédiction, je suis désolée d'avoir tardé à venir vous voir.
• Baaba : Je ne suis pas content de toi ni de ton mari, car si toi tu ne connais pas le sens de la
famille, ni le respect qui est dû au chef de la famille, lui il sait que je suis incontournable. De
toutes les façons, je ne suis pas venu jusqu'à Dakar pour ces futilités, ton cas ne peut pas
m'intéresser car je ne te considère pas comme faisant partie des miens. Tu es quelconque.
• Moi : Je vous entends baaba, je vous entends bien. (Tidiane me serre fort la main.)

Il me cherchait, c'était clair ! je n'allais pas entrer dans son jeu, c'était trop « téléphoné ». Se rendant
compte que je n’étais pas dupe, il releva la tête comme s'il me voyait enfin.

• Baaba : Parfait. Ahmed Tidiane, je pense que tu as assez abusé de ma patience. Tu as l'air de
croire que la gentillesse et la douceur de Salamata font d'elle une fille sans vergogne et sans
dignité.
• Tidiane : Baaba, il est clair que tu cherches des histoires là où il n'y en a pas. Sala est ma
femme et quand je prends une décision qui nous concerne tous les deux, je n'en discute
qu'avec elle. Donc je ne vois pas l'utilité de toute cette mascarade.
• Baaba : Une mascarade, une mascarade tu dis ?! De qui tu te moques, la mascarade c'est
épouser une fille et la négliger, lui manquer de respect devant toute la communauté. Tu ne
respectes pas ma Sala
• Tidiane : « Ta » Sala, tu l'as bien dit Baaba. Tant que tu la considéreras comme Ta Sala, je
pense que tu croiras toujours devoir contrôler notre relation alors que ce n'est plus de ton
ressort. Tu as voulu ce mariage malgré tout, tu nous l'as imposé à tous les deux. Il y a des
choses dans la vie qui ne se forcent pas. Et Baaba tu ne te rends pas compte que tu nous fais
souffrir et tu fais souffrir « Ta » Sala encore plus
• Baaba : Ce n'est pas toi petit qui va m'apprendre à m'occuper de ma petite fille. Et je ferais
toujours ce qui est le mieux pour elle, ce sera toujours son intérêt ma priorité.
• Tidiane : Mais lui as-tu seulement demandé ce qu'elle voulait ?
• Baaba : Je sais ce qu'elle veut, elle me l'a dit parce que moi je prends le temps de lui parler,
de me préoccuper d'elle. Sala, Sala vient.

Ma curiosité allait enfin être satisfaite, depuis tout à l'heure j'assistais à leur jouxte verbale et je me
demandais pourquoi la principale concernée ne se montrait pas. Il y avait juste à côté de Baaba un
groupe de jeune femme assis sur le canapé, bien habillées toutes dociles les yeux baissés. Impossible
de dire au premier coup qui pouvait être ma chère coépouse. Mais dès que grand père l'interpella,
elle se redressa et se leva. Le premier mot qui me vint à l'esprit fut : SPLENDIDE. Je vous jure que si
j'avais été un complexé de la vie, j'aurais eu des sueurs froides. Une belle jeune femme se tenait en
face de nous, l'air timide. Elle avança vers nous dépassant grand père et vint se tenir à gauche de
Tidiane posant sa main tremblante sur son bras. Je regardais tout ça avec intérêt, la main de Tidiane
se crispa sur la mienne qu'il tenait encore. J'avais l'impression de suivre un film au cinéma. Tout avait
l'air tellement calculé, tellement peu naturel ! grand père affichait un sourire démoniaque.

• Baaba : A mon avis ta place est ici à coté de ton mari, mais toi qu'est-ce que tu en penses ?
n'aie peur de rien ! tu es légitime ! ton mari, si présent, pense que je parle pour toi ! je veux
que devant tous les gens qui comptent (il dit ça en me fixant droit dans les yeux) tu dises
haut et fort ce que tu attends de lui aujourd'hui.
• Sala : Je... (elle me regarda longuement puis se tourna vers Tidiane le regard implorant) je
veux rester à tes côtés, Tidiane. Je veux aussi m'occuper de toi. Je ne veux plus rester loin de
toi.
• Ahhhhh ça c'est clair et net, intervint Badjenne Rougui surgit de nulle part. Tidiane mon chéri
je te sais intègre et sincère et en acceptant enfin de prendre ton épouse, tu as fait un grand
pas vers elle et je sais que tout le monde ici a conscience de la portée de cet acte. Tu as
choisi une jeune femme magnifique comme deuxième femme, même si baaba est fâchée
contre elle, moi je peux vous assurer qu'elle n'est pas mauvaise au contraire. Elle a très bien
prise la nouvelle concernant l'existence de Sala et je suis sure qu'elle ne verra pas
d'inconvénient à ce que Sala reste avec son mari durant les trois semaines ou elle sera à
Dakar, histoire de rattraper les 3 mois ou elle ne l'a pas vu. N'est-ce pas ma chère Didi ?

J'aurais rigolé si Tidiane ne m'avait pas lancé son regard scarface ! Il avait parlé de mascarade mais
c'était pire que ça ! Vous vous rappelez des horribles dramatiques sénégalais à l'ancienne sur la RTS1
ou toutes les scènes se passent dans la même pièce, eh bien j'avais l'impression d'assister à ça ! je me
retourne calmement vers mon mari

• Moi : Chéri, une fois je t'ai demandé quand est-ce que tu comptais aller voir Sala, tu m'as
remise à ma place. Les décisions c'est toi qui les prend concernant la façon de gérer tes deux
foyers. Aujourd'hui, je ne me permettrais pas de contester ton autorité juste pour faire
plaisir à Badjenne Rougui. Yaye sama Kilifeu, et je t'ai promis que je te soutiendrais dans
toutes tes décisions. Je sais que tu es juste et droit et que tu prendras les meilleures
décisions possibles.

Je finissais mon speech, l'air sérieux et la mine obéissante. Si la sorcière pensait que j'allais lui faciliter
les choses elle se mettait le doigt dans l'œil. Il était hors de question que je rentre dans leur jeu
stupide. Tidiane pris la parole

• Tidiane : Avant tout je voudrais vous avertir d'une chose : c'est la dernière fois qu'une
comédie de réunion se tiendra à propos de la façon dont je gère mes femmes, les deux. Sala,
il est temps aujourd'hui que tu te décides à savoir qui est ton kilifeu, Baaba ou moi.
• Sala : Mais Tidiane grand père est comme mon père
• Tidiane : c'est mon grand-père aussi mais ce n'est pas une raison pour que je le laisse diriger
ma vie. Il s'agit de notre couple toi et moi nous prendrons les décisions ensemble. J'aimerai
que tu t'inspires de ce que vient de faire Khadija, là tout de suite. Je suis son Kilifeu et elle
vient de le prouver à tout le monde. Soit ici, devant tout le monde, tu acceptes de te
détacher de ton giron protecteur ou notre mariage se termine ici aujourd'hui.
• Grand père en criant : Sale vaurien ! tu te prends pour qui pour oser la menacer ? tu penses
pouvoir me séparer de mon bébé ! oses et je te détruirais !
• Tidiane : si les sentiments de ton « bébé » pour moi sont aussi sincère que tu le prétends, me
détruire serait la détruire elle. Alors garde tes menaces pour toi
• Baaba : je te connais Ahmed Tidiane tu ne rompras jamais la promesse faite à ton père sur
son lit de mort. Tu es incapable de vivre avec ce poids sur ta conscience.
• Tidiane : Baaba, j'ai accepté de me marier avec Sala en mon âme et conscience. Je ne suis pas
parfait et j'ai fait beaucoup d'erreur certes. Mais j'en ai parlé avec la principale concernée et
ça s'arrête là ! Je n'ai de compte à rendre à personne ! Et entre nous, avec tout mon respect,
je t'avoue qu'un poids sur ma conscience n'est rien comparé au fait de vivre le restant de ma
vie avec toi sur le dos à vouloir me contrôler. Donc je n'hésiterais point aujourd'hui à
répudier sala devant tous ses chers témoins, si elle ne me jure pas ici que désormais ce qui se
passe dans notre couple restera dans notre couple.
• Baaba : j'ai toujours su que tu étais comme ta mère. Sans scrupule. Mais soit, le bien-être de
ma princesse passe avant tout. Cependant, il est hors de question que Sala revienne avec moi
à Podor. Tu as décidé de t'occuper de ta femme, très bien, assume jusqu'au bout. Sala
restera désormais à Dakar, et tu lui donneras les mêmes droits que ton autre femme (tché je
n'avais même plus de nom) ! Ai-je été assez clair ?
• Tidiane : j'ai bien compris que le but de toute cette comédie était que Sala reste avec nous
mais c'est bon j'assumerai non pas parce que tu l'exiges, baaba mais juste parce ce que j'ai
toujours eu conscience que Sala ne méritait pas tout ça mais j'ai trop été aveuglé par notre
guerre toi et moi. J’entends être désormais juste avec elle, autant que possible.
Ceci dit, il est temps pour nous de retourner travailler. Sala tu peux occuper mes
appartements, je pense que désormais tu n'auras plus besoin de « ta cour ».
• Sala : j'aimerai que mes cousines restent encore un peu avec moi stp Tidiane
• Baaba : elles sont ici chez elles aussi, tu as l'air de l'oublier. Donc elles restent
• Tidiane : elles n'ont qu'à faire ce qu'elles veulent mais je ne veux voir personne chez moi (il
regarde Sala droit dans les yeux). Est-ce clair ?
• Sala : oui

Tidiane lâcha enfin ma main qu'il broyait au passant, et se dirigea vers sa mère. Il la serra très fort
dans ses bras, puis lui chuchota quelque chose. Je ne lâchais pas grand père du regard, et je le voyais
fulminer devant cette démonstration de tendresse de mon mari pour sa maman.

• Baaba en criant presque : Boubacar (tonton bouba), je sais que tu cautionnes tout ce que ton
cher neveu fait. Vous avez intérêt à bien vous comporter avec ma Sala. Je vous garde à l'œil.
Je n'ai plus rien à faire ici, je retourne à Podor cet après-midi même. Fais préparer la voiture.

Dès qu'il dit ceci, il sortit à grand pas de la pièce, suivi aussitôt par Sala qui le rejoignit en courant
presque, les larmes dans les yeux. On entendait des chuchotements dans la pièce. Tonton Bouba vint
vers moi et me scruta comme pour évaluer mes sentiments. Mais rien ne les reflétait à ce moment-
là. J'étais trop calme. Je lui souris et me retournais pour aller embrasser maman Tamaro qui semblait
mieux respirer depuis que baaba avait quitter la pièce. Tidiane aussi me regardait bizarrement.

• Tonton bouba : il est temps de retourner au cabinet, il est presque 15h


• Tidiane : oui allons y. tu es prête Khadija ?
• Moi : attendez-moi, je vais juste me rafraichir un peu.
• La sorcière : Tidiane chéri, il faudra aussi trouver un travail pour Sala au cabinet, comme ça
elle ne va pas s'ennuyer ici
• Tidiane : si elle en émet le souhait, nous lui trouverons quelque chose rassure toi badjenne.

Je n'attendis pas la fin de cette conversation, je sortis prendre l'air car soudain j'avais l'impression
d'étouffer. Je prends la petite porte qui donne sur le jardin oriental et je m'installe sur la balançoire
de maman. Comme c'est dur les mariages en Afrique. Depuis le début de mon ménage
j'appréhendais ce moment. Je savais que ça allait arriver tôt ou tard mais là les choses ont changé, il
n'était plus questions que Tidiane aille voir Sala de temps en temps, mais à tous les coups, ce sera du
deux jours-deux jours. Pourrais-je le supporter ?

Il fallait que Tidiane soit clair dans ses nouvelles intentions, car je voyais que celles-ci avaient changé.
J'ai comme eu l'impression qu'il voyait Sala sous un nouveau jour. Ne vous méprenez pas, ce n'est
pas de la jalousie mais je connais cet homme comme s'il faisait partie de moi et je vous jure qu'il y a
quelque chose de nouveau dans sa façon de voir les choses. En me levant pour rejoindre les autres,
je crus entendre des chuchotements. Je contournais le petit jet d'eau et me rapprochais de la porte
entrouverte qui devait donner sur un des nombreux appartements privés que comportaient la
maison. Plus je m'approchais plus les voix devenaient nettes et précises et je n'eus aucun mal à
identifier celle de Baaba, de Sala et de badjenne rougui.

• Sala : Oh Baaba, j'ai peur de ne pas pouvoir rivaliser avec Khadija, elle est tellement belle et
semble si sûre d'elle. Et puis tu as vu comment Tidiane la regarde, il est clair qu'il est
amoureux d'elle. Il a tenu sa main pendant toute la réunion
• Baaba : reprends-toi ma fille ! tu as intérêt à suivre le plan, jusqu'au bout. Si tu ne t'endurcis
pas un peu, tu vas perdre ton mari et laisser cette garce s'approprier tous mes efforts
• La sorcière : ne t'inquiètes pas baaba. Je suis là et je vais la soutenir au maximum. Et ne
t'inquiètes pas aussi pour cette petite prétentieuse de Didi. Elle va en voir des mures et des
bien vertes. Toi Sala tu restes juste sage et obéissante envers ton mari, et nous ferons en
sorte qu'il voit en ta coépouse une sorcière, je te le promets.
• Baaba : ce petit effronté pense avoir pris le dessus sur moi, il va vite finir par comprendre
que quand je fais la guerre, je n'ai plus de pitié et je n'ai pas peur de faire de dommages
collatéraux. J'ai accepté qu'il épouse cette godiche car je savais que c'était le seul moyen de
le faire assumer votre mariage. Mais je vais le faire plier, il ne verra que toi à la fin, il ne
pourra que compter sur toi. Il pense être bien entouré, je vais écraser son rempart
protecteur. Il viendra ramper à mes pieds, je vous en donne ma parole. Nous suivrons le plan
jusqu'au bout, Rouguiatou tu seras mes yeux et mes oreilles. Je compte sur vous.

Une voix venant de l'autre côté de la porte les interrompit : « baaba la voiture est prête ».

• Baaba : Allons-y !!

Dieu était encore avec moi, car si malgré toutes mes frustrations, j'ai pu une seconde penser que
cette histoire allait se tasser car Sala venait vivre enfin avec son mari à Dakar, Dieu venait de me
montrer que la guerre ne faisait que commencer. Devais-je raconter à Tidiane cette conversation
surprise entre ces 3 la ? N'allait-il pas penser que je disais tout ça par jalousie ? je sortis rejoindre les
autres.

Après le départ de Baaba, nous nous apprêtions à partir, Sala et la sorcière nous accompagnèrent
jusqu'à l'entrée de la maison.

• Tidiane : Sala, Amdy t'aidera à t'installer pour le reste, on verra après.


• Sala : est-ce que tu restes avec moi ce soir ?
• Tidiane : je t'appelle tout à l'heure pour te dire comment on s'organise
• Sala : ok ça me va.

J'avais décidé de retourner au bureau dans la voiture de tonton Bouba, mais cet échange m'en
dissuada. Si je faisais ça, ces deux pestes allaient croire que je faisais une scène de jalousie à mon
mari. Je me dirigeai donc vers sa voiture côté conducteur, comme si je n'écoutais pas ce qu'ils
disaient et m'installai. Je jetais un coup d'œil à tonton Bouba et le clin d'œil qu'il me fit ainsi que son
hochement de tête me convainquirent que j'avais pris la bonne décision. Tidiane me rejoignit
aussitôt après, et démarra.

• Merci bébé, dit-il les yeux fixés sur la route


• De quoi ?
• Pour ton soutien.
• Je te l'avais promis chéri. Mais ne pense pas que toute cette situation soit facile pour moi
• Je suis conscient que c'est difficile.
• Difficile n'est pas assez fort comme qualificatif. J'ai besoin là que tu me dises ce que tu
comptes faire pour que je puisse l'intégrer. Je te demanderais aussi une chose, si tu ne peux
pas discuter avec moi de tes décisions, essaye au moins de me tenir au courant à l'avance. Ne
me met pas devant le fait accompli, sinon, je ne pourrais pas te garantir que mes réactions
face à ça soient douces
• Attends.
On était au niveau de la corniche, il se gara sur le côté et enfin il se tourna vers moi et me regarda
droit dans les yeux.

• Je t'aime, mais je ne suis pas parfait. Je ferai des erreurs surement, mais il faut que je te
sente. J'ai besoin que tu sois là pour moi. Ce matin, quand ils ont débarqué, je me suis senti
submergé, pris au piège. Et quand tu es arrivée, tout s'est mis en place : Les décisions que j'ai
prises, les choses à dire à grand père, et je me suis rappelé à quel point le fait que je sois
équitable était important pour toi. Tu es ma force, bébé, ne l'oublie jamais.
• Tu es ma force aussi. Mais ne pense pas que ce soit fini. Baaba ne va pas te laisser tranquille
aussi facilement. Prends soin de ta femme, car c'est ta responsabilité mais surveille tes
arrières. Baaba ne m'acceptera pas aussitôt car je représente une menace pour Sala. Qu'elle
soit ici ou à Podor n'y changera rien.
• J'en suis conscient. Mais Dieu est grand et je t'aime par sa grâce. Approche...

J'enlevais ma ceinture de sécurité pour me rapprocher de lui. Il me prit sur ses genoux, et me serra
très fort avant de m'embrasser tendrement.

• Désolé pour hier nuit


• C'était la version Fou de mon mari. Heureusement que je l'aime avec toutes ses nuances.

Tidiane se blottit un peu plus contre moi et chuchota

• Je vais rester cette semaine avec Sala, pour qu'elle s'installe et se sente chez elle, et diminuer
peut-être un peu sa frustration.

Je m'attendais à ça, mais ohhhh l'entendre comme ça était amère. Sentant que je me tendais, il
resserra son étreinte.

• Je ne sais pas comment je vais vivre sans toi toute une semaine, mais...
• Mais il faut hein ?! c'est ok pour moi, à contre cœur, mais ok. A partir de ce soir ou bien ?
• C'est mieux ce soir, comme ça, je reviens chez nous Dimanche après-midi.
• ...
• Après ce sera deux jours deux jours.
• Ok.

Je me détachais de lui (je me préparais déjà mentalement à ne point chercher constamment le


contact de sa peau contre la mienne), et il me laissa aller malgré lui. Je me rassis à mon siège, le
regard fixé vers la mer. Les choses sérieuses venaient de vraiment commencer.

Allez moi !
PARTIE 19

Une semaine horrible en perspective.

Cette fin de journée est passée sans que je m'en rende compte. Mon pot de départ a été sans
saveurs, mes futurs ex-collègues ont cru que j'étais triste car je ne voulais pas les quitter... pffff ! s'ils
savaient !

Vers 18h, j'ai pris mes affaires avec l'aide de Malick qui était venu après son taf. Nous avons
débarrassé en vitesse mon bureau, je priais intérieurement pour que Tidiane ne vienne pas me
proposer de m'aider. Je n'avais pas envie de le voir ou avais-je trop envie de le voir ?!?!?
Heureusement que je ne reviendrais pas au cabinet, car le croiser en me disant qu'il sortait des bras
d'une autre femme était juste au-dessus de mes forces. Je ne vous raconterais pas mon ressenti
durant le trajet car ce serait comme revivre dans ma tête, la douleur de ne pas l'avoir pour moi seule
et ce vide qu'il a laissé partout autour et en moi. Dès qu'on est arrivé à la maison, Malick a déposé
mes affaires à l'intérieur et je l'ai mis à la porte (gentiment quand même), j'avais envie de rester
seule. Me connaissant il n'a pas essayé de me parler, à coup sûr il attendait le lendemain. J'ai éteint
mon téléphone, j'ai pris ma douche et je me suis couchée.

Damn, c'est moi ou l'odeur de Tidiane sentait partout dans la chambre ???!

Boum boum boum !!! Je me réveillais en sursaut le corps en nage ! à tâtons, j'allumais la veilleuse, et
je me rendais compte que c'était réellement des coups qu'on donnait à la porte.

00H30 !! Malick aurait-il oublié quelque chose ? Comme un zombi, j'allais ouvrir et je restais
médusée devant la mine de Tidiane.

• Mon Dieu ! Bébé, qu'est ce qui se passe ba diammeu ?


• ...
• Et pourquoi tu n'as pas pris tes clefs ? dis quelque chose Bon sang !!!

Il avança enfin vers le salon, les poings serrés ! Je refermais derrière lui me rendant compte que
j'avais laissé ma clé sur la porte (zut).

• Ou est ton téléphone ? Demanda-t-il enfin


• Je ne sais pas moi, surement dans la chambre
• Nom de Dieu, Khadija depuis 20h j'essaie de te joindre ! le fixe sonne dans le vide, ton
téléphone est éteint et je n'ai vu ta voiture nulle part !!!
• Attends, laisse-moi me réveiller un peu parce que je crois que je dors encore. Tu es en train
de me faire une scène là ?
• Tu n'as pas pensé une seconde que je pourrais m'inquiéter ? Tu ne dois pas éteindre ton
téléphone, je dois pouvoir te joindre à tout moment.
• Ok, ok ! Thiam ton garagiste est passé récupérer ma voiture ce matin pour la révision et j'ai
éteint mon téléphone car j'avais envie de rien ! et je me suis couchée très, très tôt ! je
pensais que tu serais trop occupé pour penser à moi.

Tidiane avança jusqu’à se coller contre moi

• Rien, je dis bien rien ne peut m'empêcher de penser à toi, tu m'entends ?!


• Bébé tout ceci est nouveau pour moi, et je n'ai pas de repère. Il me fallait un moyen de noyer
ma peine. Et je me suis renfermée sur moi-même. Alors je suis désolée si je t'ai inquiété,
mais c'était le seul moyen pour moi !

Il souleva mon menton et m'embrassa longuement, tendrement. Quand sa main saisit mon sein, je
m'écartai le souffle court

• Ce n'est pas mon tour, chéri !


• Qu'est-ce que tu racontes ? (il semblait choqué que je le repousse)
• Tu ne devrais pas être ici ! d'ailleurs depuis quand tu es là ?
• Depuis 23h, je crois. Tout à l'heure, Je suis passé à ton bureau, mais tu étais déjà partie.
• J'ai fait exprès de partir avant la fin de votre réunion.
• Et pourquoi ?
• Quand je ne serais pas de tour, dis-toi que je vais t'éviter autant que je peux !
• C'est quoi ça encore ?
• Ahmed Tidiane Ly, tu sais qu'il m'est très difficile de ne pas te désirer. Alors pour ma
tranquillité d'esprit je vais faire comme je le pense ok ??? maintenant rentre chez toi
• Tu penses que tu pourras ? moi perso, je sens que je suis foutu, je n'ai pas pu me retenir
juste au bout de quelques heures alors dis-toi que dimanche me semble loin, très loin.
• tu as mangé ?
• Comment aurai-je pu ?
• Tu veux grignoter quelque chose avant de partir ?
• Oui à condition que tu mettes quelque chose de plus décent. Sinon c'est toi que je vais
dévorer tout cru !!
• Je reviens tout de suite.

Finalement après un bon steak saignant comme il aime, et un très long câlin sur le canapé, Mr se
décida à partir à contre cœur ! je ne sais pas ce que faisait Sala mais elle ne devait pas être contente !
et puis la rebelle en moi cria dans ma tête : pourquoi je pensais à elle ? pourquoi devrais-je éviter
mon mari et laisser l'opportunité à ma coépouse de construire ne serait-ce qu'une toile autour de
mon homme ? au contraire il fallait qu'il pense à moi constamment. Que l'emprise que j'ai sur lui soit
encore plus solide ! déjà des scenarios des plus coquines se mettaient en place dans ma tête...

Attention cher Mr Ly, ta femme est désormais décidée à faire du WOUDJER, j'espère pour toi que tu
es prêt à recevoir l'ouragan DIDI, car je vais tout dévaster sur mon passage !!!

Je me suis endormie tout en évitant toutes pensées dérangeantes. Le lendemain, on devait


commencer à bosser sur notre future société. Yuma et Malick avait encore deux mois pour
démissionner de leur poste actuel. Et comme j'étais déjà dispo, je devais m'occuper de tout ce qui
était démarches administratives.
En guise de bonjour, je lui ai envoyé une photo de moi en mode working-girl et prête à aller à l'APIX,
accompagné d'un message d'amour hot hot hot. Il m'appela aussitôt, sa voix était rauque de désir et
ses mots brulants. Je débutais ma journée au taquet, j'ai récupéré ma voiture chez Thiam et c'était
parti ! les embouteillages dakarois m'ont assommée. Mais j'ai pu commencer mes démarches
comme une grande. Tidiane m'a appelé vers 13h pour qu'on déjeune ensemble, on n'avait pas
beaucoup de temps, juste une trentaine de minute mais on en a profité pour être ensemble, se
toucher, s'embrasser, se regarder...
En fait je me rendais compte que lui et moi n'avions pas vécu les mois avant notre mariage comme la
plupart des couples amoureux. Du coup, on était comme en mode « dokhane » et c'était doux bilahi.
Moi qui croyait me sentir seule cette semaine, j'ai été un peu trop entourée en fin de compte. Déjà
en journée, Tidiane ne restait pas une heure sans m'appeler de plus on s'envoyait des tonnes de sms.
Yuma est venu diné plusieurs fois chez moi et Malick m'avait réservé toutes les soirées ligue des
champions du mardi et du mercredi ainsi que le samedi pour la première ligue anglaise. Chaque soir
Tidiane m'appelait à 21H30 et on parlait (en anglais car les murs ont des oreilles) minimum 1h30.
Mais la nuit mon Dieu, c'était plus dur, car je dormais seule sans mon homme et définitivement, je
pense que je ne m'y ferais jamais. Quand Tidiane appelait et qu'il y avait Malick et Yuma à la maison,
je sentais la frustration dans sa voix. Il faut dire que les gars mettaient l'ambiance surtout les soirs de
foot. Je ne cherchais même pas à savoir comment on s'occupait de lui ailleurs cependant je préparais
mon « tour » avec entrain et beaucoup d'impatience.

Entre les démarches administratives à assurer pour notre future société et la recherche de locaux, j'ai
refait entièrement ma garde-robe. Et côté lingerie, je sens que je vais tuer le fils de quelqu’un
!!!! le vendredi je me suis offerte un après-midi spa avec l'ex de Malick, Aïda Diop, qui
était restée une bonne amie. Et le samedi matin, je suis passée faire un tour chez Awa Ndao. J'ai
rajouté quelques mèches à mes cheveux et mis un peu de couleur pour des reflets de feu. Je me
sentais une autre personne en sortant de là et j'avais hâte que Tidiane voie ça !! Au lieu de rentrer
chez moi, j'ai fait un détour pour acheter de la glace chez Nice Cream. Ça pourrait servir pour mes
plans du lendemain et puis j'en profiterai pour en prendre pour Maman Tamaro et tonton Bouba.

Dès que je suis entrée dans la boutique, j'ai senti tous les yeux qui se posaient sur moi, et en mon for
intérieur je me disais : haaaaa, si Tidiane ce gros jaloux était avec moi en ce moment il m'aurait
demandé de retourner dans la voiture à coup sûr looool. Au moment où j'attendais ma commande,
le gars qui était à côté de moi m'a interpellée

• Inconnu : Mlle ?
• Moi : Mme.
• Inconnu : Ah bonjour Mme, je suis désolé de vous déranger mais vous ressemblez beaucoup
à une de mes anciennes collègues et je voulais vérifier.
• Moi, sceptique : Unhun bien sur
• Inconnu : Elle s'appelait Khadija. Je ne me rappelle plus de son nom de famille mais on a
travaillé ensemble lors d'une mission pour l'UNESCO il y a environ 5 ans.
• Moi : C'est vrai que j'ai travaillé pour cet organisme et je m'appelle Khadija
• Inconnu : Je le savais, je suis Edouard et on m'appelait BODO
• Moi : OH c'est vrai, je me souviens, on est allé à Kédougou ensemble !! je ne t'avais
absolument pas reconnu, désolée !
• Edouard : Il faut dire que tu ne faisais pas attention à nous autres simples mortels, tu étais
une déesse
• Moi : Mdr il ne faut pas abuser non plus...
• Une voix forte remplie de colère : Khadija, qu'est-ce que tu fous ici ???

La voix était juste derrière moi, mais je l'aurais reconnue entre milles ! je me retournais vers un
Tidiane, furibond.

• Moi calmement : bonjour Tidiane


• Tidiane : tu ne m'avais pas averti que tu sortais

J'allais me justifier quand j'aperçus Sala avec sa tête de sainte nitouche juste derrière lui.
• Moi : bébé je te présente Édouard un ancien collègue, Édouard voici mon jaloux de mari
Tidiane et juste derrière son « AWO » (ma coepouse). Ils sont sûrement là pour acheter de la
glace comme nous. Now, ma commande est prête je vais y aller ce fut un plaisir de te revoir
Bodo !

Je me retournais sous le regard médusé de Tidiane. J'ai récupéré ma glace et je me suis dirigée vers la
sortie. Quand je suis arrivée à la hauteur de sala, je l'ai saluée d'un hochement de tête et profitant de
ce moment d'arrêt Tidiane m'a saisi la main avec son regard qui tue. Avant qu'il ne dise quoi que ce
soit qu'il risque de regretter après et ayant les mains prises, je m'approche de lui rapidement et pose
mes lèvres sur les siennes.

• Moi : Calme-toi. Il est hors de question qu'on discute de ça ici. J'y vais à plus tard.

Cette fois ci c'est Sala qui a eu l'air choqué. A chacune ses armes et je savais lesquelles utiliser suivant
les humeurs de mon mari. Je sortais de Nice Cream telle une diva mais avec un goût amer dans la
bouche. J'étais furax et comme d'habitude quand je suis dans cet état j'ai conduit comme un malade.
C'était quoi ça, me faire une scène de jalousie devant tout le monde alors qu'il était avec l'autre là
(non mais Allllooo) !!!!

Je fulminais encore arrivée à la maison et même la bonne humeur légendaire de Malick ne m'aida
pas à m'apaiser. Je peux comprendre qu'il soit possessif et jaloux on va dire que généralement cela
va de pair avec l'amour, mais là c'était abusé ! on dirait qu'il n'a pas confiance en moi ! Du coup toute
ma frustration est remontée d'un coup. J'ai passé un samedi soir merdique ! En plus, ce fou, il ne m'a
même pas appelée durant tout l'après-midi ni durant la soirée ! je me suis couchée avec la tentation
de lui envoyer un sms mais je me suis retenue. J'avais la conscience tranquille, donc je n'avais pas à
faire le premier pas.

Le lendemain dimanche à 07h j'étais debout, j'ai récuré la maison de fond en comble. Avec tata soda
comme coach téléphonique j'ai préparé du soupou kandja. Samba, un des sourgueu (domestique) de
Tidiane, est passé me livrer des gambas et des tigrés en même temps que ma provision de poissons
frais pour la semaine. A 12h 30, j'avais tout terminé, la maison était bien aérée et sentais bon le
thiouraye, mais aucune nouvelle de Tidiane. Il boudait certainement mais je n'étais pas inquiète. Par
contre Plus l'après-midi passait, plus je me tendais mais vers 19h j'étais carrément hors de moi. Je
suis sortie me promener à la plage, il fallait que je me calme, je vérifiais chaque instant mon
téléphone mais rien. Je finis par retourner à la maison, le cœur complètement meurtri. Anéantie par
la pensée que Tidiane pouvait être jaloux au point de m'ignorer plus de 24h, je traversais la cour de
Malick sans vérifier s'il était là ou pas. J'entrai chez moi le cœur battant m'apprêtant à aller au lit sans
l'attendre.

Qu'elle ne fut ma surprise de le trouver confortablement installé sur le canapé, un pot de glace
ouvert, pieds nus regardant tranquillement l'équipe du dimanche. Je restais une poignée de seconde
à le regarder, avec l'énorme envie de lui sauter dessus et de le gifler violemment.

• Quelque chose ne va pas ? me lança-t-il après un bref regard


• Tu comprends vite. Il faut qu'on se parle, immédiatement je pense
• Didi, je suis extrêmement fatigué…
• Je pourrais parler seule dans ce cas, mais si je me rappelle bien tu m'as demandé de toujours
« DIALOGUER »
• Je te rappelle juste aussi que je hais les scènes, donc si tu te sens en colère au point de ne
pas pouvoir parler calmement je te prie d'attendre demain ok ?
• Si tu détestes les scènes, tu n'as pas épousé la deuxième femme qu'il fallait car je ne suis pas
prête à me laisser piétiner.
• C'est moi qui devrait être en colère bébé, mais je me retiens.
• Comment ? De qui tu te moques, Ahmed Tidiane Ly ? Me faire une scène comme ça devant
tous ces gens, devant Sala, comme si j'étais ta chose !
• Tu es à moi oui ! tout ce qui est beau chez toi devrais m'être réservé ! mais tu te fais belle et
sexy et tu te pavanes en ville sans ton mari, te laissant admirer par tous ces hommes !
• Mais nom de Dieu je me suis faite belle pour toi !! je suis partie acheter ces glaces pour toi !!!
après je m'en fous du regard des autres c'est le tien qui m'intéresse
• Qu'est-ce que tu crois que je ressens, quand je vois tous ces hommes bavant en te regardant
? et puis ce gars qui te traite de déesse et je te vois troubler par ce compliment
• Mais n'importe quoi !!!! me fais tu seulement confiance Tidiane pour penser des trucs aussi
insensés ? je croyais que nous avions dépassé ce stade-là
• A l'avenir tu as intérêt à être plus sobre quand tu es dehors, tu ne dois pas oublier que tu es
une femme mariée, déclara-t-il froidement. Tu croyais vraiment que tu pourrais continuer à
te comporter comme une allumeuse tout en étant mariée ?

Je me sentis vaciller.

• Une allumeuse, tu as dit ?

Je vins me planter devant lui en ayant l'impression que le monde s'écroulait autour de moi

• Tu m'accuses d'être une femme volage Tidiane Ly ?


• Ne déforme pas mes paroles. N'essaie pas de nier que tu étais en train de te faire draguer
quand je t'ai surprise chez Nice Cream. Et puis tu rigolais comme si ça te faisait plaisir !
• Ecoutes moi bien Tidiane ! il est clair que tu ne te rends pas compte des bêtises que tu es en
train de proférer. Si tu savais que tu avais si peu confiance en moi, en ma fidélité tu n'aurais
jamais dû me proposer ce mariage ! tu ne vas pas me reprocher d'être comme je suis juste
parce que ça peut plaire à d'autres hommes. Quand on va à des galas, à des diners d'affaires
et que je me fais belle et sexy ça ne te dérange pas hein, car je suis avec toi. Mais quand je
suis seule, tu veux que je sois moche et transparente dans la rue, c'est ça ? Alors que
monsieur est tranquillement avec son autre femme en train de profiter de la vie ! c'est moi
qui devrais faire des crises de jalousie mon cher mari, c'est moi qui devrais te faire la gueule
aujourd'hui. Mais malgré ma peine, ma frustration je me suis levée tôt ce matin pour
préparer ton plat préféré, j'ai mis des lingeries sexy pour te plaire et te faire l'amour au point
que tu oublierais tout ce qui n'est pas « NOUS » ! si tu pensais me blesser en me traitant
d'allumeuse, saches que le coup est digéré ! mais une blessure laisse une cicatrice ! je pense
que Baaba n'a même pas besoin de manigancer pour nous séparer, à ce rythme tu y arriveras
tout seul comme un grand !

Il avait le visage toujours fermé mais par le tique qu'il avait quand il était gêné (son sourcil droit
n'arrêtait pas de bouger de haut en bas), je sus que mon discours l'avait touché. Je ramassais mes
clefs et mon portable sur la table et me dirigeais vers ma chambre.

Je savais ce que j'attendais exactement de mon mari et j'étais persuadée qu'il était en mesure de
satisfaire tous mes désirs même cachés, mais cette jalousie quasi maladive qu'il venait de me
montrer, me faisait douter sur la durée de notre mariage. Ça devenait clair que le danger avec un
grand D ne viendrait pas de Sala.
Mes deux jours de tours ont été difficiles, on s'est fait la tête comme des gamins même si je sentais
qu'il commençait à s'adoucir. C'est moi qui ne lui avais pas encore donné l'occasion de se rapprocher.
J'étais à fond dans la création de la nouvelle société et j'étais submergée de travail.

Je l’ai laissé mariner à feu doux toute la semaine, je répondais sans passions à ses appels et rarement
à ses textos et quand j'étais de tour, Mamaaa, je lui faisais bien voir ce qu'il ratait. La nuit chacun
dormait de son côté même si au réveil j'étais souvent dans ses bras, dans des positions plutôt
catastrophiques titillant ma libido et le sien aussi ça se voyait et ça se sentait biennnn!

J'attendais qu'il recouvre ses esprits et qu'il se rende compte que sa jalousie était complétement
ridicule...
PARTIE 20

Il y a des jours où tout va mal, mais je pense surtout que faire la tête à mon mari ne me réussit pas.

Il me manque.

Nous étions lundi, une semaine depuis notre dispute, et j'avoue que malgré les efforts de Tidiane, j'ai
choisi délibérément de bouder encore. Dama eupeule nak (j'abuse).

Vers midi, Tidiane a soudain fait irruption dans notre chambre, alors que j'étais en train de me
déshabiller. Je n'aurais jamais pensé que, quand il me demandait ce matin au téléphone à quelle
heure je finissais mes rendez-vous, c'était pour venir me retrouver à la maison.

• Tu fuis la discussion depuis des jours, attaqua-t-il


• Parce qu'on ne se parle pas peut être ? je suis là Tidiane et je t'écoute.
• On s'était promis de ne jamais se coucher en étant fâché ! Et là ça fait une semaine que tu
me boudes
• On s'était promis pleins de choses, bébé.
• Qu'est-ce que tu attends de moi ?
• De toi, Tidj, de toi mon mari, de l’homme que J’AI CHOISI pour être mon compagnon, mon
« autre » le reste de ma vie ? Tout, tout, tout.

Il s'approcha en enlevant sa veste, dénouant sa cravate. Je le regardais avec gourmandise

• Vas-y vide ton sac


• T'es sérieux Tidiane ? Moi je t'ai dit ce que j'avais à dire, là c'est à toi de parler. Tu t'es cru
tout permis jusqu'ici. C'est vrai que tu es venu à bout de toutes mes résistances depuis qu'on
se connait. Mais je dois te dire qu'après ce qui s'est passé samedi, je me rends compte à quel
point je n'accepterais point que tu me traites comme une de tes possessions.
• Je sais bien que j'ai merdé et pas qu'un peu. Mais c'était plus fort que moi, j'ai du mal à voir
les autres te désirer. Tu es à moi Khadija, rien qu'à moi.
• ...
• Je n'aurais pas dû te parler ainsi, j'en suis conscient
• Je ne suis pas ta chose
• Je ne t'ai jamais considérée comme telle ! je me suis mal conduit, je suis désolé
• Tu as fait pire que mal te conduire tu t'es comporté comme un goujat dominateur,
répliquais-je froidement
• Je ferai tout pour me contrôler à l'avenir, ça je peux te le promettre
• Je voulais juste que tu prennes conscience de tout ça !
• Mais tu penses que me faire la tête durant des jours va résoudre notre problème.
• Je t'en veux encore ! (Même pas vrai)

Il s'approche de moi au point de presque me coller.

• Tu dois accepter que ce que j'éprouve pour toi soit si fort que je peux être le meilleur mari
mais le pire jaloux aussi. Aies confiance quand je te dis que je vais faire mon maximum pour
me maitriser, tu pourras faire ça tu crois ?

Dès l'instant où Tidiane s'est rapproché de moi, j'ai eu l'impression que mon cerveau s'est mis en
sourdine. Mon corps réagissait contre mon grès, ma peau frissonna et mon souffle se fit court.
• Que dois-je faire bébé pour que tu oublies tout ça ? (Il était à quelques centimètres de mes
lèvres)
• Je veux ta douceur... chuchotais-je sensuellement
• Je crois que c’est dans mes cordes, souffla-t-il juste avant de prendre mes lèvres avec toute
la tendresse dont il était capable !

Je le laissai m'attirer à lui, me gorgeant enfin de sa chaleur qui m’avait tant manqué ses derniers
jours et Dieu comme c'était bon !

Les jours se suivirent et se ressemblaient sur plusieurs points.

Cela faisait 4 mois que Sala était à Dakar et ma foi une certaine routine s'était installée. Chaque fin
du mois, elle allait voir Baaba à Podor et j'avais mon homme à moi toute seule pendant une semaine,
un luxe ! j'en profitais pour le requinquer. Si je vous dis cela, vous aller penser que je me la raconte,
mais je suis sérieuse . Tidiane Ly n'était absolument pas polygame. Faire la navette entre les deux
maisons le rendait fou !

Durant les deux premiers mois, j'étais tellement accaparée par l'ouverture de notre bébé : KM&Y
marketing@web, que je n'avais pas trop fait attention au changement qui s'opérait en Tidiane. Mais
dès que Yum et Malick ont enfin rejoint les préparatifs et que les tâches furent partagées, ma tête
s'est un peu vidée, j'ai pu voir que Tidiane n'allait pas bien. Quand il arrivait chez nous, il sautait sur
moi comme un mort de faim sur de la nourriture, j'en riais, il était insatiable. Il parlait beaucoup
aussi, je l'avais tous les jours au téléphone. Il m'appelait dès qu'il avait une minute de libre. Il disait
toujours en rigolant : « Diii, tu m'obsèdes... ». Et j'étais fière, sérieux ! il y avait des jours où j'étais
obligée de carrément le jeter dehors pour qu'il aille à Mermoz.

Un soir, maman est passé à l'improviste à la maison

• Ahhh ça me fait plaisir de te voir, maman, dis-je en la serrant dans mes bras
• Didi ma chérie, tu me manquais je suis passé te voir sur un coup de tête.
• Tu as bien fait !!!! comment tu vas ?
• Ça va alhamdoulillah et toi ?
• Je vais bien, un peu fatiguée à cause des préparatifs de la soirée d'inauguration de la société
khana ! motakh guissoma temps yi(c'est pourquoi je me fais rare dernièrement)
• Mome kay, Malick et Tidiane me disaient que tu te démenais comme un beau diable
• Chiii maman, Sénégal dou dém (le pays va mal) ! ils te mettent des bâtons dans les roues
pour des trucs insignifiants, alors qu'au contraire, ils devraient nous encourager. Nous
sommes jeunes et nous créerons des emplois avec cette nouvelle entreprise... Mais bon, tout
est presque bon maintenant.
• Alhamdoulillah, ma ngui léne di nianale deh(vous avez ma bénédiction) et In chaa Allah tout
va bien aller !
• Amiine waye. Sinon quoi de neuf ? Tu n'étais pas venue à la maison depuis longtemps,
maman.
• C'est vrai ma chérie, je te savais occupée et je ne voulais pas trop te déranger ! Mais dis-
moi...
• Qu'est-ce qu'il y a ?
• Comment tu trouves Tidiane en ce moment ?
• Ce n'est pas pour paraitre prétentieuse deh mais j'ai comme l'impression qu'il a hâte de
rentrer chez moi. Il est plus collant que jamais, dernièrement quand je suis à la maison aux
heures de déjeuner il vient manger ici, même quand ce n'est pas mon tour. Et je sais que ce
n'est pas juste parce que je m'occupe bien de lui car j'avoue que je suis très occupée en ce
moment. Mais il prend tout ce que je lui donne et me booste encore plus dans mes activités
professionnelles. C'est même grâce à lui qu'on a pu trouver rapidement les locaux pour
KM&Y. Maman, ce n'est pas pour être curieuse mais comment il est à keur gou makk ? As-tu
l'impression qu'il s'épanouie ?
• Hum comment te dire ?! Didi, Tidiane est avec moi la plupart du temps sauf au moment de
se coucher et des fois aussi c'est moi qui le met dehors, c'est comme s'il n'avait aucune envie
de rejoindre ses appartements. Il me raconte en long et en large toutes TES activités. Mais il
a des moments d'absence durant lesquels il est hagard, les yeux dans le vide. Il mange
rarement chez Sala
• Comment ? Est-ce que Sala s'est plainte ?
• Cette petite, je ne suis même pas sure qu'elle soit consciente de ce qui se passe. Didi, tu sais
que je n'aime pas les commérages, mais je m'inquiète pour mon fils.
• Je te comprends maman. Et c'est tout à fait normal que tu poses des questions. L'autre jour
Malick me disait en rigolant, « hey topatole sa djeukeur bi (faut t'occuper de ton mari), il a
l'air d'un zombi » mais comme il avait ses clients nigérians en ville je pensais qu'il était juste
fatigué. Je m'en veux de ne pas avoir fait plus attention à lui ses derniers temps
• Ma chérie, ne t'inquiètes pas pour ça, je suis sûre que tu fais tout ce qu'il faut. J'ai bien peur
que ce soit de l'autre côté que ça coince. Mais connaissant mon fils, il ne dira rien tant qu'il
croira pouvoir supporter son fardeau. Li nattou la (une malédiction) !
• Mais maman dis-moi, pourquoi Tidiane pense-t-il être obligé coute que coute d'assumer ce
mariage sans amour
• Je suis la parfaite responsable de cet état de fait j'en suis consciente. J'ai inculqué à mon
unique fils tout l'héritage culturel transmis par mes ancêtres, un sentiment très fort de
conservation des valeurs et traditions qui constitue le fondement de notre identité et de
notre noblesse. La plupart des gens ne nous comprendront jamais et il sera facile pour eux de
nous juger, mais notre ancrage culturel pèse encore très fort dans nos cœurs. De ce fait, tu
verras une femme al pulaar, intellectuelle, ayant vécu avec les occidentaux envoyer sa fille au
village se faire exciser. On arrive des fois à ne pas pouvoir faire la part des choses, de
tellement se fier à nos traditions qu'on prend le risque de faire souffrir notre progéniture en
pensant faire ce qui est le mieux pour eux. Tidiane ne me refuse rien, Khadija. Mais parfois,
dans un univers flou et incertain je lui demande des choses insensées.

Elle est restée une ou deux minutes sans rien dire, le regard au-delà de moi. Je voyais toute sa
consternation, sa peine. Oh baaba, je reconnais ton œuvre mais Dieu est Grand. Elle reprit d'une voix
chevrotante

• En ce qui concerne tout ce qui l'unit à Sala, je n'arrive tout simplement pas à lui dire de la
lâcher alors que je sais qu'il souffre. Par l'œuvre de Satan, c'est au-dessus de mes forces. Je
prie fort qu'un jour que mon fils me défie et se libère de ça.
• Maman, si je peux t'aider à faire quoi que ce soit n'hésite pas à me le dire.
• Ah ma fille, tu rends heureux mon fils et rien que ça, ça n'a pas de prix. Merci
• C'est moi qui te remercie d'avoir donné naissance à cet homme qui me comble . Quelqu'un
m'a dit que j'avais accepté « les excuses bidons » de Tidiane concernant Sala car comme
toutes sénégalaises bon teint, j'avais une « mentalité fataliste ». Ndooook !!!! j'étais en
colère quand Tidiane m'a dit à propos de Sala, mais il faut pas oublier que Sala était là bien
avant moi et je pense qu'à cette période, je nourrissais déjà pour Tidiane des sentiments si
forts qu'une personne n'ayant jamais ressenti ça, ne peut comprendre que j'accepte tout de
sa part, même si parfois difficilement. Et je pense que c'est le cas de cette personne d'où
cette réflexion dénuée d'humilité.
• Ma fille, nous sommes au Sénégal. Les aigries sont partout, et leurs langues sont bien
acérées. Mon fils est l'homme le plus sincère que je connaisse, même concernant Sala, il a
toujours assumé ses faits et gestes. Il a espéré je pense que Sala se rende compte par elle-
même que ceci n'était pas une vie, il m'a avoué qu'il était conscient que c'était lâche de sa
part, mais bon... Baaba ne lâche pas un morceau si tendre après l'avoir gouté, et il sait que le
seul moyen de me faire payer le passé c'est de s'en prendre à mon bébé. Et je pense qu'il est
en phase de gagner, Tidiane na va pas tarder à craquer. Tant que Sala était loin, c'était
possible de faire la politique de l'autruche ! Mais Deukeu yomboule, la vie commune fait
sortir toutes les tares.
• C'est vrai, maman, quand l'amour et le respect ne sont pas la base du couple, les conjoints
ont beaucoup plus de mal à accepter les imperfections et les manquements de l'un vis-à-vis
de l'autre.
• Allah est puissant, laissons tout entre ses mains.
• In Chaa Allah

Elle est restée tard à la maison, j'ai fait à manger, on a bien discuté, on a rigolé, je l'ai rassurée au
maximum concernant Tidiane. Personnellement ça m'a fait du bien, et puis ça me prouvait l'estime et
la confiance que ma belle-mère m'accordait.
Je me suis endormie pensive, mes doutes se confirmaient sur les changements que j'avais remarqué
chez mon mari. Je sentais la cassure proche, mais je n'avais pas envie de me réjouir de ça, même si
j'avoue, j'espérais avoir enfin l'exclusivité de l'homme que j'aime. Du coup, je le gâtais exagérément
et monsieur ne s'en plaignais pas au contraire.

La soirée d'inauguration de KM&Y approchait rapidement et nous étions tous à fond pour que ça
réussisse. Le cabinet de Tidiane était notre futur plus grand client et rien que ça c'était une super
promo pour nous. Tonton Bouba nous a envoyé tous ses contacts professionnels et il y avait déjà
beaucoup de bruit autour de la nouvelle société. La mère de Malick, ta Mintou, était venue juste
pour l'occasion. Depuis son divorce avec tonton, elle n'était pas revenue une seule fois à Dakar car
elle avait peur que trop de mauvais souvenirs (Baaba est passé par là) remontent en surface. Nous
nous parlions souvent au téléphone et elle fasait partie des premières personnes à m'avoir mise en
garde contre Baaba (un gros raciste ce vieux). Elle savait à quel point cet évènement était important
pour son fils unique. Tonton Omar, tata Soda et Myriam ont fait le déplacement depuis Ziguinchor, et
ça m'a tellement fait plaisir ! Ils allaient rester toute la semaine avec nous à la maison. Tidiane était
tellement à fond dans les préparatifs qu'on aurait dit que c'est lui qui ouvrait sa propre société. Et
Dieu, il nous a facilité tellement de choses ! il était quasiment tout le temps avec nous après le boulot
même quand ce n'était pas mon tour. Quand tonton Omar lui a demandé si ça ne gênait pas Sala, il a
répondu que Sala comprenait, il n'y avait pas de soucis sur ce côté. Hum ok, on n'allait pas creuser
plus loin. Même maman était tous les jours à la maison, faut dire qu'entre tata Mintou, maman soda
et elle, mon Dieu c'était la tournée des mamans ! elles s'entendaient comme larrons en foire. Maman
soda m'a proposé d'appeler Sala et de l'inviter personnellement à l'inauguration et je n'étais pas très
chaud. Quand j'en ai parlé à Tidiane, il m'a juste assuré que c'était juste à moi de décider. L'avant-
veille de l'inauguration, je quittais les appartements de maman quand je l'ai vue sortir de ceux de
badjenne Rougui la sorcière, les larmes aux yeux. Je l'interpellai
• Sala ? ça va ?
• Euh oui ça va et toi ?
• Oui Alhamdoulillah. Je sais qu'on n'est pas très proche toi et moi et je n'ai rien fait pour
qu'on le soit aussi, mais est-ce que tu vas bien ?
• Tu rentrais ?
• Oui j'allais partir comme ça
• Je te raccompagne si tu veux

Je la regardais avec surprise

• Euh ok ! allons-y

Nous avons dévalé les escaliers en silence jusqu'au sous-sol ou j'étais garée, puis elle s'est dirigée
directement côté passager me laissant plus que jamais perplexe ! Moi qui pensais qu'elle était molle
comme fille, je voyais une facette d'elle qui me plaisait un peu plus. Je suis montée et je me suis
dirigée vers la pointe des Almadies sans lui demander son avis. Dix minutes plus tard on y était, je l'ai
invitée à me suivre et nous nous sommes installées sur les rochers en face la mer.

• Je suppose que tu voulais me parler


• Effectivement. D'abord je vais t'avertir, ce qu'on se dira ici restera ici. En tout cas en ce qui
me concerne.
• Je t'entends
• Je suis lucide aujourd'hui
• Donc tu ne l'es pas toujours
• Pas souvent
• Pourquoi ne pas garder ta lucidité ? pourquoi tu ne lui demandes pas de te laisser tranquille
? qu'il te laisse vivre bon sang !
• Ça me permet de répondre plus facilement aux attentes de Baaba. Il m'a formaté à son gout.
De temps en temps, j'ai envie de plus, la partie rebelle en moi se réveille mais ça ne dure
jamais longtemps. Je suis trop surveillée, dès que mon entourage s'en rend compte, c'est
retour à zéro.
Je la regardais sidérée !!! ses magnifiques yeux étaient vitreux, elle était pale et maigre.
• Je t'envie tellement
• ...
• Tu as l'air de n'avoir peur de rien
• J'ai mes peurs. Mais je n'ai pas besoin que tout le monde soit au courant
• Moi je suis une grosse peureuse !! je me rappelle quand on était plus petit, c'est Tidiane qui
me protégeait toujours de tout, même des cafards (elle sourit à ce souvenir). Je l'aime
Khadija, même si des fois c'est confus je ne sais pas si c'est juste fraternel ou si c'est l'amour
qu'une femme doit ressentir pour son mari. J'ai envie d'être proche de lui comme quand
nous étions gamins mais je sais que ce mariage, imposé par notre grand père, a cassé
quelque chose qui n'est pas prête à être ressoudée.
• Qu'est-ce que tu me veux Sala ?
• Je sens que tu ne me fais pas confiance
• Je n'ai rien dit de tel. Mais je ne suis pas folle non plus. Je ne comprends pas que du jour au
lendemain, tu passes des tchipp aux confidences.
• Tu as raison de ne pas me faire confiance. Le but était que tu me détestes et que tu cherches
à me détruire, tout se serait retourné contre toi. Mais tout le monde a compris qu'il n'y avait
que Tidiane qui t'intéressait. Mais fais attention, nous sommes contre toi et surtout si
Tidiane me quitte et je sais que ça ne va pas tarder.
• Pourquoi tu dis « nous » ? Tu me considères vraiment comme ton ennemie ?
• Aujourd'hui non, je suis lucide. Mais demain je ne te garantis rien, je ne contrôle rien.
• Qu'est-ce que tu sais ?
• Pas grand-chose mais dis-toi que Baaba essaiera de détruire Tidiane si jamais, il me quitte et
le seul moyen de l'atteindre c'est de passer par toi.
• Ce sont des menaces ?
• Non juste un avertissement. Je suis désolée
• Pourquoi tu n'en parles pas directement à Tidiane ?
• Il croira que je le dis juste pour le retenir
• Ce n'est pas le cas ?

Elle me regarda droit dans les yeux et déclara avec force

• Non.
• L'avenir nous le dira. (Je le regardais tout en essayant de la sonder une dernière fois) Tu
devrais rentrer, je pense, il commence à faire tard.

Elle se leva prestement et se dirigea vers le parking

• Je vais prendre un taxi c'est mieux. Merci de m'avoir, au moins, écouté. Prend soin de vous
deux.

Bilahi, da ngay meur Koi !!! Je rejoignais ma voiture, encore choquée par les révélations de cette fille.
Moi qui n'ai jamais été intéressée de près ou de loin par tout ce qui était superstition, marabout,
sciences occultes, j'étais servie sur tous les plans et je sentais que ce n'était pas fini. Je recommençais
à faire des rêves bizarres. Et ce qui était flippant c'est que Tidiane disparaissait à chaque fois. Et puis,
je voyais un magnifique bébé qui refusait que je le touche dans mon rêve, à chaque fois que je
m'approchais, il criait très fort.

Avec Tidiane on avait décidé d'attendre que KM&Y soit bien implantée avant de songer à faire un
bébé. Il fallait que j'en parle à tonton Omar de ce rêve.

Du coup je n'ai même pas invité Sala à la soirée. C'était mieux je crois. Je me dépêchais de faire vite
pour rentrer déjà que Tidiane mingui maye wanted (était à ma recherche). Il m'avait laissé des
tonnes de messages vocaux. Je lui envoyais un texto vite fait pour lui dire que j'étais en route. Il
faisait 21h passées quand j'arrivais à la maison, en prenant les escaliers qui allaient chez moi j'ai
entendu les voix de Tidiane et de Malick à travers les stores du Salon en bas, chez Lick

• Malick : grand, cheuteuteute ! franchement je ne comprends pas comment tu fais pour tenir
encore
• Tidiane : je n'en peux plus. J'ai beau m'efforcé, plus j'insiste plus tout mon être la rejette. Ça
fait 3 mois que je ne peux même plus la toucher. Elle ne mérite pas ça, avant tout c'est mon
sang et je me rappelle que, quand on était plus petit, je la protégeais toujours. Aujourd'hui je
ne peux même pas la protéger de moi-même, ni de ce vieux connard qui nous sert de grand
père. Je sais qu'elle souffre, elle ne ressemble à rien. Je ne cesse de l'appeler par le prénom
de Didi. Et ...
• Malick : Et ?
• Tidiane (après avoir respiré un bon coup) : pour pouvoir la toucher et l'honorer, j'étais obligé
de penser à Didi pour être un minimum excité. Et au bout de 3 fois j'ai cessé de faire
semblant et je lui ai dit...

Je ne suis pas restée pour écouter la fin de cette discussion qui m'accablait...OMG
PARTIE 21

« Khadija, Ce n'est pas le bon moment pour avoir un enfant ! Je t'avertis, si vous concevez un bébé
maintenant, il sera maudit. »

Cette phrase de tonton Omar me hante depuis des jours.

Deux mois étaient passés depuis la soirée d'inauguration de KM&Y qui en passant a eu un franc
succès. Tout début est difficile certes, mais vu la bonne publicité que nous avions eue et le fait d'avoir
décroché sans peine l'excellent contrat avec le cabinet de Tidiane, nous nous en sortions plutôt bien.

Je m'occupais de l'équipe « stratégie », en quelque sorte le cerveau des opérations avec en appui Mr
Badji un analyste d'affaire. Nous étions en charge d'estimer les objectifs et les défis des clients afin
de pouvoir créer un plan d'action stratégique. Je m'occupais aussi avec Malick, en attendant de
trouver un directeur de la création, de l'équipe « branding » composée d'un designer web et d'un
designer graphique. Cette équipe insuffle la vie créative au plan mis sur pied par l'équipe Stratégie.
Elle produit ensuite le design qui transmet le mieux le message désiré par le client. Malick dirigeait
l'équipe web composée de 3 programmeurs. Cette équipe fait le pont entre les idées créatives et les
solutions technologiques. Enfin Yuma s'occupait de l'équipe « gestion des projets ». Aidée par un
gestionnaire des comptes, elle supervise le déploiement harmonieux de notre approche intégrée
Branding & Web. Cette équipe est l'interface entre KM&Y et le client, elle est aussi en charge du bon
fonctionnement du projet du début à la fin. Pour le moment c'était une affaire plutôt bien huilée.

Notre fougue nous déstabilisait parfois un peu, mais Yum et son calme légendaire arrivait encore à
nous remettre sur les bons rails. Et parfois « tonton Tidiane » venait nous booster de ouf !
c'était notre Roc, notre Mentor, il partageait avec nous ses expériences et nous guidait d'une main de
maître.

Et pourtant, il traversait des moments difficiles. Déjà qu'avec Sala, ça allait de mal en pis, maintenant
Badjenne Rougui se mêlait ouvertement de l'histoire avec l'appui de Baaba. D'abord, elle s'en est pris
sauvagement à moi lors du mariage d'une cousine de Tidiane, Kalmy, célébré à Mermoz. Cette jeune
femme est la plus merveilleuse de toutes les cousines de mon mari et j'avoue que c'est ma préférée
et à l'occasion du mariage, elle m'avait demandé de l'accompagner partout pendant les préparatifs et
le jour-j et de l'emmener au salon de coiffure que j'aurais choisi (Awa Ndao of corse). On a choisi ses
tenues ensemble aussi, et pour la tenue du matin on est allé chez Thiané Diagne et pour le soir j'ai
choisi tata Diouma diakhaté. Elle était sublime, mais sous la houlette de la sorcière, le groupe de
tantes et de cousines venu de Podor a failli gâcher sa fête. Je savais que le fait que je sois à ses côtés
allait être très mal vu, mais de là à essayer de saboter le mariage je ne pensais pas qu'elles en
seraient capables. J'étais super énervée, mais comme d'habitude c'est dans l'adversité que je suis
littéralement gonflée à bloc. J'ai pratiquement porté Kalmy « à bout de bras », j'ai été son bouclier
humain. Les ricanements, les paroles de travers ne l'ont presque pas atteinte. Je commençais à saisir
quelques mots et expressions en toucouleur, et j'avais saisi entre-autre qu'on lui disait dans une
chanson salace qu'elle était foutue car elle avait choisi une femme qui était arrivée dans son mariage
« vide » (pas vierge) pour l'accompagner dans son nouveau ménage. Maman Tamaro fulminait, mais
voyant que j'étais zen, toute la team DIDI est restée impassible. Le soir, au moment de faire les
rituels pour préparer Kalmy à aller chez son mari, cette dernière a raconté à son père, cousin de
tonton Bouba, tous les agissements de la sorcière et de sa meute, elle lui a dit qu'elle ne voulait pas
que ses soi-disantes badjennes la préparent alors qu'elles ne lui souhaitaient pas le bonheur. Très
remonté, tonton Kader a engueulé ses cousines devant tout le monde et a demandé à maman
Tamaro et badjenne Djouldé de préparer leur nièce. La sorcière a éclaté de rire comme une folle

• La sorcière : hannnn ! vous croyez pouvoir me rejeter et m'humilier à cause de cette garce de
Didi ? cette moins que rien que Tidiane est allée ramasser je ne sais où !!! eh bien faites, je
vais vous maudire tout le restant de vos vies
• Tidiane furieux : tu vas te taire badjenne, avant de dire des choses regrettables
• La sorcière : me taire ? ce n'est pas à toi de me dire de me taire Ahmed Tidiane, yaw domme
rek ngua (tu n'es un enfant) ! ngua takeu sa liiii , khole ko rek ! dès la première fois que je l'ai
vu j'ai su que Deumeu la (vampire mdr) !!
• Tonton Bouba en criant : Rougui !!!!
• La sorcière : je ne vais pas me taire, ni aujourd'hui ni demain ! deumeu-la la wakh ! et je parle
bien wolof car je veux qu'elle comprenne bien ce que je dis ! depuis qu'elle est entrée dans
nos vies, aucun membre de cette famille n'est heureux ! Baaba ne voit plus ses petits-
enfants, il dépérit. Sala ne voit plus son mari, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Et
aujourd'hui regardez nous, nous sommes en train de nous entre-déchirer encore à cause de
cette garce.
• Tidiane avança un pas, prêt à s'en prendre à la sorcière quand tonton Bouba le devança et
administra une gifle retentissante à badjenne Rougui qui fut tellement choquée qu'elle s'est
assise par terre d'un coup.
• Tonton Bouba : tu es mauvaise et ta langue contient du venin Rougui ! il n'y a que toi et tes
manigances qui font que la famille est divisée et malheureuse. Reprends-toi vite car tu
donnes un mauvais exemple à cette prochaine génération. Et je pense que ni Tidiane ni sa
femme Khadija ne mérite autant de méchanceté de ta part
• La sorcière : snif snif, bouba c'est moi ta sœur que tu humilies comme ça, snif hein ? snif moi
? tu verras que cette fille n'en vaut pas la peine et un jour vous tous vous verrez son vrai
visage snif snif et vous viendrez nous supplier de vous pardonner
• Tonton Bouba : soit ! (Il se tourna vers maman) Tamaro, il se fait tard, allez vite préparer
Kalmy

Kalmy se jeta sur moi pour un long câlin ou je lui assurais que tout irait bien. Je lui essuyais ses larmes
et la raccompagnais jusqu'à la chambre de badjenne Djouldé ou devait se faire les rituels. La laissant
entre de bonnes mains, je sortis rapidement de la chambre sous les regards tristes des autres et je
me dirigeai vers la sortie, dès que je sentis le vent frais du dehors m'envelopper mes larmes se
mirent à couler.
J'avançais vers le grand portail avec l'intention de prendre un taxi pour rentrer à Marinas, n'ayant pas
ma voiture avec moi. Je n'étais pas loin d'y arriver quand j'ai entendu Tidiane crier mon nom, je me
suis retournée et il courrait vers moi. Arrivé à ma hauteur, dès qu'il a vu les traces de larmes sur mon
visage, il m'a pris dans ses bras et m'a serré très fort contre lui. Je m'en voulais d'avoir craqué, mais
j'en avais gros sur le cœur.

• Tidiane : oh bébé, i'm sorry !


• Ce n'est pas de ta faute, mon amour.
• Je t'avais promis de te tenir loin de tout ça !
• Shuut ! ça va aller, retourne à l'intérieur Kalmy veut que tu l'accompagnes chez son mari
• Soit on y va ensemble soit je n'y vais pas. Fin de la discussion
• Bébé toi aussi...
• TU – ES – MA - PRIORITE. J'appellerai Kalmy tout à l'heure. Attends je vais récupérer la
voiture et on y va.
• Je t'attends dehors alors, je n'ai plus envie de rester ici.

Nous avons quitté Mermoz en vitesse. Badjenne Rougui nako léér ni souma nékone deumeu mome
laye gneukeu tiop (Qu'elle soit sûre d'une chose si j'étais un vampire, elle allait être la première sur
ma liste daayzikalanakh)

Je sentais Tidiane tellement énervé que j'ai gardé toute ma rancune en moi et c'est moi qui essayais
de l'apaiser. Ce fut le début de la guerre directe contre la sorcière. A chaque fois que j'allais voir
maman et tonton Bouba, elle ne m'épargnait pas. Et maintenant ayant montré son vrai visage devant
tout le monde, elle ne retenait plus ses sarcasmes et ses mauvais mots. Après en avoir discuté
longuement avec Maman, j'ai pris la décision de ne plus aller à Mermoz. Et ironiquement c'est tout
Mermoz qui venait désormais à moi, mis à part elle et Sala. Il faut dire qu'à part ces deux-là, tous les
permanents de Keur gou maak m'aimaient bien. Voyant que je ne venais plus, tous les dimanches, ils
venaient nous voir à hann marinas. Malick était tellement dégouté qu'il vivait désormais
exclusivement dans son appartement en bas de chez moi.

Un samedi soir, maman, tonton Bouba et badjenne aicha sont venus diner avec nous, Malick aussi
était de la partie, lui mome il ne rate jamais l'occasion de venir bouffer. On passait un très bon
moment ensemble, jusqu'à ce que badjenne aicha posa une question qui plomba un peu l'ambiance

• Badjenne : Wa tidiane, lou nguéne di khare(qu'attendez-vous) pour qu'on devienne enfin


grands parents ?
• Tidiane : ohhh nous ne sommes pas pressés. Nous voulons profiter encore un peu l'un de
l'autre
• Badjenne (qui ne voulait pas lâcher l'affaire) : Diote na nak, (il est grand temps) han ! en plus
Baaba dit qu'il aimerait voir au moins un de tes enfants avant de mourir. Il aurait été le plus
heureux des hommes si Sala et toi aviez eu un enfant, car c'est comme si, Dieu lui redonnait
l'occasion de voir en lui ses deux fils réunis.
Silence de plomb.

Avait elle fait exprès de dire ça, sachant que ça pouvait peut-être me blesser ? à tous les coups,
Baaba avait voulu nous faire passer un message. J'étais perplexe, je regardais Tidiane, dans les yeux,
l'implorant en silence de ne pas s'énerver. Il serrait très fort ma main. Comme si de rien était,
badjenne aicha reprit :

• Badjenne avec un rire nerveux : dommage pour lui, Sala ne peut pas avoir d'enfant. La
pauvre, elle en souffre tellement. Notre espoir repose sur toi donc, Didi.
• Tidiane : il est clair, que tu es pétrie de bonnes intentions, badjenne. Mais prendre la
décision d'avoir un enfant maintenant ou plus tard n'incombe qu'à ma femme et moi In Chaa
Allah. Et nous ne prendrons pas cette décision pour faire plaisir à quiconque. Alors fais-moi
plaisir ne reparle plus jamais de ça et si c'est Baaba qui t'envoie tu lui donneras ma réponse.
• Badjenne : mais Tidiane ne le prend pas comme ça...
• Tonton Bouba : Aicha c'est bon tu en as assez dit je pense.
• Badjenne : mais...
• Tonton : ça suffit.

Deuxième silence de plomb.

Mon Dieu, j'étais gênée !! Il faut croire qu'il y aura toujours un détail sur ma vie privée qui va être
examiner avec minutie par ma belle-famille. Maman Tamaro a tout de suite changé de sujet et s'est
mise à chambrer Malick sur le fait qu'il n'avait pas encore annoncé de futures fiançailles avec sa
copine du moment. On en a tous profité pour dissiper la tension qui était montée d'un cran et Malick
a en a fait les frais, comme d'habitude. Ils sont rentrés vers minuit, badjenne aicha était encore un
peu gênée, mais bon ! Au moment de se coucher, c'est un Tidiane tout tendu qui est venu se blottir
contre moi et dès qu'il a touché mon ventre tendrement j'ai su que le sujet du bébé allait être remis
sur la table

• Bébé ?
• Oui...
• J'ai bien envie de voir une mini Didi déambulait dans la maison. Tu en penses quoi ?
• Mmmmm ! j'adorerais porter ton enfant mon amour.
• On devrait s'y mettre, hein ?!
• Mais Tidj, on avait dit qu'on attendrait que KM&Y soit plus solide
• Oui je sais, mais j'avoue que j'en rêve ces derniers temps. Ce sera le fruit de notre amour. Tu
y penses stp ?
• Ok chéri. On va y penser ensemble tranquillement, comme on a toujours fait ok ?
• Tu penses que c'est ma famille qui m'influence ? ça n'a rien à voir, je t'assure, c'est juste une
coïncidence.
• Je sais ça, t'inquiète ! Tu es au courant depuis longtemps que Sala ne peut pas avoir d'enfant
?
• C'est la rumeur qu'il font courir.
• Tu en doutes ?
• Quelque temps après qu'on ait consommé notre mariage. Grand père m'a appelé pour
m'annoncer que Sala était enceinte. C'est une nouvelle qui m'avait beaucoup émue à
l'époque, Sala m'avait demandé d'attendre un peu pour l'annoncer autour de moi, j'ai
respecté sa décision. J'allais prendre un weekend pour aller la voir à Podor quand baaba m'a
appris que finalement elle avait fait une fausse couche. Comme, Sala avait mis du temps à se
rendre compte qu'elle était en train d'avorter, il y a eu une infection et d'après le médecin
qui l'avait suivie, elle ne pourrait plus avoir d'enfant.
• Hein, et ici à Dakar, elle a consulté un spécialiste ?
• Elle refusait et Baaba l'appuyait dans sa décision. D'après eux, si Dieu l'avait décidé ainsi c'est
parce qu'il y avait une raison. Je n'ai pas insisté mais quelques jours après son arrivée à
Dakar, Amdy a mélangé, sans faire exprès, les courses de maman avec ses courses à elle. Et
maman a vu deux boites de contraceptifs parmi ses médicaments. Comme, elle était au
courant d'histoire, ça l'a intriguée et elle m'en a parlé. Si elle ne voulait pas avoir d'enfant elle
n'avait qu'à m'en parler, mais mentir sur des choses aussi importantes... pfff
• Hum, il y a un truc bizarre là-dessous mais bon... ! je ne voudrais pas aussi que toutes ses
histoires t'influencent, et te poussent à vouloir changer nos plans, nos projets...
• Je sais, je sais bébé. C'est vrai que dès fois je me sens confus mais on prendra toujours nos
décisions ensemble, ne t'inquiètes pas pour ça.
• Ok mon amour, je t'aime
• Je t'aime aussi ! Par contre, si on ne fait pas de bébé pour le moment, on peut au moins
s'entrainer hein ???!
• Kxkxkxkx vieux pervers !!!!
• Attend que je te montre ce dont le vieux pervers est capable...

Il m'entraina dans un univers bouillonnant et excitant, me faisant tout oublier...


Une semaine plus tard, un matin très tôt, je l'ai trouvé assis dans notre salon, les yeux dans le vague.
Ce n'était pas mon tour, et le visage de Tidiane était tellement serré que je paniquais s'en m'en
rendre compte

• Bb qu'est-ce qui se passe ?

Il se redressa d'un coup

• J'ai décidé de me séparer de Sala. A partir d'aujourd'hui je n'irais plus chez elle, et stp ne me
pose pas de questions, je n'ai pas envie d'en parler. Je vais aller deux jours à Khelcom, à mon
retour, on en parle ok ?
• Ok ok

Il vint vers moi, me serra très fort contre lui et m'embrassa. Puis il prit sa petite valise et s'en alla. Je
suis restée hébétée disons environs 3 bonnes minutes, debout devant ma porte d'entrée, avant de
me ruer vers le téléphone.

• Tonton Omar : allo ?


• Moi : tons c'est moi
• Tonton Omar : Didi, il n'y a que toi pour m'appeler à 6h45 du matin !
• Moi : kkxkxkxkx wa bonjour
• Tonton Omar : bonjour. Comment tu vas ? lou khéwati (Que se passe til encore) ?
• Moi : diakhler rek (je suis confuse) bilahi

Je lui racontais les derniers évènements, jusqu'au départ de Tidiane sankeu.

• Moi : à ton avis, dois-je le suivre dans son envie de faire un bébé tout de suite et négliger ma
carrière. Je sais que le fait d'avoir perdu son bébé l'a énormément frustré.
• Tonton Omar : hum, toute cette histoire de bébé perdu et le fait que Sala continuait à
prendre des contraceptifs alors qu'elle prétend ne plus pouvoir avoir d'enfant, m'intriguent.
Ne prend pas de décision tout de suite. Laisse-moi vérifier certaines choses. C'est même bien
que Tidiane se soit isolé un peu, Abderrahmane va pouvoir mieux se concentrer sur toi. Je te
rappelle dans la journée.
• Moi : ok tonton. Kone ba si kanam(à plus tard) . Tu es un amour !
• Tonton Omar : évidemment ! à plus tard ma fille ! CLIK

Je fus tout simplement bonne à rien ce matin-là, tant j'étais préoccupée par toute cette histoire. J'ai
été tentée d'aller voir tonton Bouba mais je ne voulais pas paraitre trop curieuse. Malick mome
n'était au courant de rien pour le moment, je lui ai demandé de faire sa petite enquête. Vers 11H,
Tidiane m'a envoyé un texto pour me dire qu'il était bien arrivé et qu'il m'aimait. Bon au moins, je
savais que là où il était, il allait pouvoir retrouver sa sérénité. Dès notre retour de pause, tonton
Omar m'appela :

• Moi : coucou tonton, tu as de bonnes nouvelles j'espère


• Tonton Omar :diameu leu dou diameu. (Il s'interrompt quelques secondes avant de
reprendre) Khadija, Ce n'est pas le bon moment pour avoir un enfant ! Je t'avertis, si vous
concevez un bébé maintenant, il sera maudit. Ce n'est pas pour rien que Sala n'a pas gardé
son bébé sachant que ça aurait été un excellent moyen de pression pour garder Tidiane.
Cependant tu ne dois rien lui dire, fais jouer la carte de ta carrière et fais-le patienter encore
un peu
• Moi : tonton je suis complètement perdue
• Tonton Omar : écoute moi bien jeune femme. Tu as intégré une famille très compliquée, j'ai
peur pour toi, mais tu as le choix. Ou tu les affrontes et tu prends le risque d'y perdre la vie,
ou tu quittes Tidiane.
• Moi : je n'abandonnerai jamais mon mari in chaa Allah. Mais j'ai besoin de toi plus que
jamais.
• Tonton Omar : je ne doutais pas que tu n'envisagerais jamais de quitter ton mari. Je t'aiderais
sois en sûre, mais prépare-toi ma chérie baaba ne te laissera pas tranquille.
• Moi : j'en suis parfaitement consciente !
• Tonton Omar : dit toi que la vraie guerre va commencer au retour de Tidiane.
• Moi : je les attends de pied ferme ...


PARTIE 22

Un Tidiane, encore en colère mais super calme est revenu de Khelcom. Le soir même de son retour, il
a demandé à Maman et à tonton Bouba de venir à la maison pour une petite réunion. Cette fois, ils
se sont parlés à huit clos. Moi, j'ai fait comme si tout cela ne me concernait pas. J'ai préparé des
douceurs que je leur ai servies, puis je suis allée dans ma chambre. Malick m'avait, déjà, raconté
pourquoi Tidiane avait décidé de quitter définitivement Sala.

La veille de son départ à Khelcom, Kalmy était venue passé la journée à keur gou maak (maison
familiale) et comme d'habitude badjenne Rougui l'a tellement usée en mauvaises paroles que la
pauvre a complètement craqué. Sala était présente mais comme à son habitude elle est restée
passive et fade à un point. Quand la sorcière a commencé à faire des comparaisons entre les deux
femmes concernant leur vertu et leur capacité d'endurance dans leur ménage, Kalmy a soudain
déclaré qu'elle au moins, elle n'avait pas délibérément avorté en faisant croire à son mari que c'était
un accident. Tidiane, qui venait d'arriver, a juste eu le temps d'entendre cette dernière phrase, avant
d'entrer dans une colère noire. Il a exigé que Kalmy lui raconte tout depuis le début et cette dernière
ne s'est pas fait prier. Elle a tout déballé, quand, où, comment, avec l'aide de qui et surtout la raison
que Sala a donné à son entourage proche. Badjenne Rouguy l'a traitée de tous les noms pour ne pas
avoir su garder un secret, et surtout de s'être fait acheter par moi (évidemment, j'ai bon dos),
confirmant ainsi inconsciemment la véracité des propos de Kalmy. Tidiane était tellement en colère
qu'ils ont cru qu'il allait frapper Sala et Badjenne Rouguy. Puis il s'est enfermé avec Sala dans leur
appartement et les gens ont senti les murs tremblés.

A la fin de leur petite réunion, Tidiane m'a appelée, Il régnait une ambiance d'enterrement dans le
salon. Mon mari avait l'air super tendu et maman Tamaro, elle, semblait en colère. Elle lançait des
regards noirs, je ne la reconnaissais pas. Tonton Bouba a pris la parole.

• Tonton Bouba : Didi ma fille, comme Tidiane te l'a dit avant-hier, il a décidé de quitter Sala. Il
vient de nous exposer son point de vue, et moi personnellement je suis d'accord avec lui. Par
contre, sa mère n'est pas d'accord à propos de cette séparation. Mais Tidiane est décidé
• Tidiane : tonton je prendrai le temps de bien expliquer les choses à ma femme. Quant à toi
maman, j'espère que tu me comprendras et que tu vas arriver à assimiler cette nouvelle. Je
suis vraiment désolé et tu sais que je ne veux surtout pas te faire souffrir. Je sais que tu
aimes beaucoup Sala, mais je ne pourrais pas passer sur ça surtout sachant que Baaba à
participer et cautionner toute cette supercherie.
• Maman : de toutes les façons je vois que tu as déjà pris ta décision, mon avis ne compte
même pas. Bouba, je vais rentrer si ça ne te dérange pas.
• Tidiane : Maman...
Maman en se levant : bonne soirée !
• Tonton Bouba : j'appellerai ton grand père demain matin in chaa Allah
• Tidiane : Ok.

Dès qu'ils sont partis, Tidiane est allé s'enfermer dans son bureau. Et vous savez quoi, tout ça me
saoulait ! J'en avais marre des crises, des disputes, des colères. Cette fois ci, j'allais le laisser digérer
seul sa déception. Et s'il a besoin de moi, il saura où me trouver. J'ai pris mon téléphone et je suis
sortie appeler Yuma pour me changer les idées. Je suis restée faire de la balançoire dans la cour, et
papotant durant presque 2 heures. A mon retour, Tidiane ne semblait être nulle part. Dès que j'ai
ouvert la porte de la chambre, il a crié mon nom « Didi ». Il est sorti de la salle de bain en boxer, un
sourire au coin des lèvres. En quelque enjambées, il traversa la pièce et me prit dans ses bras. Sa
bouche frôla la mienne, faisant battre mon cœur plus vite.

• Moi : Comment s'est passé ses derniers jours ?


• Tidiane : Ne me demande pas !

Il semblait tellement épuisé, mais je savais comment y remédier . J'effleurais ses lèvres d'un doux
baiser.

• Moi : tu m'as manqué, chéri


• Tidiane : et moi donc ?!

Il chercha de nouveau mes lèvres. Je l'enlaçais et mes mains descendirent le long de son dos. De
baladeuses, elles se firent impertinentes passant sous son boxer, touchant ses fesses fermes.

• Moi : pourquoi tu es presque nu ?


• Tidiane : j'étais sur le point de prendre une douche. Ça te dit de me rejoindre ?

Il me regardait comme s'il allait me dévorer à l'instant. Il n'attendit même pas ma réponse et baissa
la fermeture de ma robe avant de laisser le vêtement tomber au sol. Je ne montrai aucune objection

• Moi (en lui jetant un sourire narquois) : j'ai dû dire oui


• Tidiane : c'est bien ce que j'ai entendu

Lorsqu'il défit mon soutien-gorge et fit descendre mon string, je lui retournai la faveur et fit tomber
son boxer au sol. Son érection se dressait fièrement et pointait dans ma direction. Il me souleva dans
ses bras et m'emmena dans la salle de bain. Il me colla au mur avant de tourner le robinet de la
douche tout en gardant un bras autour de ma taille. Il m'embrassa ardemment tout en me poussant
sous la douche. Notre désir semblait tout simplement s'amplifier à chaque fois. Il connaissait mon
corps si intimement, que je me demandais s'il ne faisait pas partie de moi tout court. Il traçait mes
courbes comme si c'est pour lui qu'elles avaient été créées. La façon dont ses mains taquinaient ma
peau, dont ses doigts déclenchaient mon excitation... j'étais à lui dans tous les sens du terme.

• Tidiane : tu veux m'aider à me laver ?

Avec gourmandise, je versai un peu de gel douche dans ma main. Quand je commençais à lui étaler le
savon sur sa peau, je le vis fermer ses yeux. Il semblait se détendre peu à peu. Quand mes mains
atteignirent son sexe et ses bourses, il inspira profondément. Doucement, délibérément, je bougeai
ma main de haut en bas, la mousse facilitant mes caresses. Je voulais le rendre fou.

• Moi : c'est bon ?


• Tidiane : tu n'as pas idée !

Il soupira et commença à vraiment se laisser aller. Les yeux toujours fermés, ses mains me
cherchèrent puis il me serra très fort contre lui.

• Tidiane : bébé rince moi. Je ne veux pas être plein de savon quand je me glisserai en toi.

Ce que j'adorais dans notre intimité, c'était qu'il n'y avait pas de chichis. C'était toujours avec naturel
qu'il me laissait entendre ses envies, ses intentions. Je lui rinçais la peau, tout en le touchant, le
rendant encore plus dur. Nos langues s'entremêlaient, sa bouche m'envahissait comme s'il me faisait
l'amour. Je sentais son sexe pulser contre mon ventre quand il se baissa de quelques centimètres
pour se laisser guider entre mes cuisses. Il se frottait contre mon pubis, se laissant glisser d'avant en
arrière sans me pénétrer, je chevauchais son érection.

• Moi en gémissant : putaaaiinn bébé, c'est si bon...


• Tidiane : tu es incroyable, si chaude, si moite...

Il changea d'angle, et « Mr T » taquina l'entrée de mon corps. Je respirais bruyamment.

• Moi en haletant : il parait que c'est interdit de faire l'acte sexuel dans une salle de bain

Je ne sais même plus ou j’avais entendu cela !!! Je disais cela mais mon corps se pressait encore plus
contre sa verge. Je ne savais même plus ce que je faisais je ne contrôlais plus mon corps, c'est fou
l'effet que cet homme me faisait, MON homme, enfin.

• Tidiane : je n’ai jamais entendu ça, mais on devrait sortir alors...

Mais au lieu de ça, il me pénétra juste d'un centimètre. Comme s'il hésitait, me laissant le choix de
tout arrêter

• Tidiane : on y va...

Mais il ne bougea pas, je le retenais, tant je n'avais aucune envie de me détacher de lui à cet instant.
Je l'attirais encore plus contre moi

• Moi : Tidiane fait moi l'amour tout de suite !

Ma voix était rauque et perdue de désir. Je poussai vers lui, permettant une meilleure pénétration. Il
était à mi-chemin en moi et je sentais ses muscles qui se tendaient, son souffle qui s'accélérait ; il
était chaud comme la braise.

• Tidiane : tu me veux ici, maintenant ?

En un long mouvement, il s'avança de plus en plus profondément en moi me fixant toujours du


regard.

• Moi : je ne veux rien d'autre...

Il me donna un baiser si tendre, tandis qu'on se balançait au rythme des battements de nos cœurs. Il
leva une de mes jambes et la plaça autour de sa hanche, me pénétrant plus profondément. Ses bras
supportaient tout mon poids, mais on aurait dit que je ne pesais rien tellement il semblait me porter
facilement. Mes ongles s'enfoncèrent dans ses fesses, le pressant de venir s'ancrer en moi et plus
vite... Plus je gémissais de pur plaisir, plus il semblait comme possédé, il me prenait encore et
encore...

• Moi : ne t'arrête pas !!!


• Tidiane : ça n'arrivera pas.

Il me pilonnait, et je le suivais dans un rythme de folie, sauvage et incendiaire. Puis l'orgasme me prit
par surprise, me percutant de plein fouet, j'avais l'impression que mon corps éclaté en mille
morceaux. Le cri guttural de Tidiane me parvint de loin, son corps trembla contre le mien, et je sentis
sa semence chaude se répandre en moi. Mais ce n'était pas fini. Il continua à bouger en moi, d'avant
en arrière, embrassant mes lèvres et me serrant jusqu'à mon dernier spasme de plaisir...
Profondément enfoui sous la couette, la tête sur mon ventre nu, Tidiane se laissa aller enfin aux
confidences. Ses états d'âmes, ses frustrations, ses colères, tout y est passé. Mais ce que je n'arrivais
pas à supporter, c'est sa tristesse face à la souffrance de sa mère.

• Tidiane : je m'en veux tellement d'aller contre son bonheur. Je connais son attachement
envers Sala. Mais je ne peux plus bébé. J'étais déjà à cran, depuis des mois je savais que
notre séparation Sala et moi était imminente. Mais là quand j'ai entendu ça, mon Dieu ! elle
a fait exprès de tuer mon enfant. Même si elle n'avait pas mon amour, elle avait mon respect
et même ma tendresse (hein il est sérieux mm ??!!??)
• Moi : qu'est-ce qu'elle t'a donné comme explication ?
• Tidiane : elle a dit qu'elle ne voulait pas prendre le risque de tomber enceinte sachant que je
ne l'aimais pas. Elle ne voulait pas devenir Mère célibataire, car elle était consciente que je
n'aimerai que toi et que je chercherais tous les prétextes pour la répudier.

Oh mon Dieu, comment lui expliquer la vérité ? Comment lui dire que Baaba avait exigé qu'elle
avorte car il s'est rendu compte trop tard que la malédiction qu'il avait lancé contre les futurs enfants
de Tidiane concernait Tous ses enfants pas seulement ceux qu'il aurait avec moi...

• Moi : tu sais pour ta mère...


• Tidiane : oui ?
• Moi : elle était consciente qu'elle n'était pas lucide en ce qui concernait ta relation avec Sala

Il se leva brusquement.

• Tidiane : qu'est-ce que tu dis ?


• Moi : elle m'a confiée qu'elle savait qu'elle te faisait souffrir en te demandant de rester avec
Sala. Mais elle ne pouvait pas faire autrement, elle ne savait pas comment faire.
• Tidiane choqué : ...
• Moi : Elle voulait que tu la défies enfin et que tu te libères de tout ça.
• Tidiane : pourquoi tu ne m'as pas dit tout ça plus tôt ? demanda-t-il chuchotant presque
• Moi : malgré tout ton amour pour moi, m'aurais tu crue ?
• Tidiane : ...
• Moi : tu aurais douté, c'est sûr. Tout à l'heure en la défiant, tu as enfin brisé le sortilège

Il me regardait comme si je lui parlais mandarin. Son téléphone choisit ce moment pour sonner. Il mit
quelques secondes pour réaliser que ça sonnait, il le prit sur la table de chevet, et voyant qui s'était, il
décrocha en haut-parleur.

• Tidiane : maman ?
• Maman : c'est moi, mon fils
• Tidiane : ça va maman ? pourquoi tu appelles si tard ?
• Maman : oh mon fils, je suis désolée pour tout le mal que je t'ai causé. Pourras-tu me
pardonner un jour
• Tidiane : shuut maman, arrêtes. Tout ceci n'est pas de ta faute. Tu ne me ferais jamais de
mal, jamais
• Maman : je t'aime tellement !
• Tidiane : je t'aime aussi maman. Vas dormir maintenant je viendrais te prendre demain et on
parlera de tout ça calmement, tu veux bien ? arrêtes de pleurer stp
• Maman : je suis désolée... mais je me sens tellement soulagée
• Tidiane : tout ira bien, maintenant.
• Maman : je l'espère. Bonne nuit mon fils embrasse Didi pour moi et dis-lui merci pour tout
• Tidiane : d'accord je lui dirais. Bonne nuit maman
Clik

Tidiane avait gardé les yeux fixés sur moi durant tout cet échange. Des larmes perlées ses yeux.

• Moi : approche...

Il vint se blottir contre ma poitrine. Je sentis une larme couler sur mon sein, puis une autre, il
respirait bruyamment pendant un moment, son cœur battant la chamade, puis lentement, son
souffle se fit régulier. Il s'endormit.

Il était évident pour moi après cette nuit que le ciel devait redevenir sans nuage, avec un beau soleil.
Je n'étais pas naïve, mais j'avais tellement besoin de garder l'espoir d'une vie meilleure, tellement
envie de croire que mes ennemies allaient nous laisser enfin vivre tranquillement. Mais les
avertissements de tonton Omar trottaient encore dans ma tête. Je savais que n'étions pas encore à
l'abri des attaques de Baaba. Mais en attendant, notre vie reprenait une tournure plutôt calme.
J'avais enfin mon mari rien qu'à moi et c'était un pur plaisir. Nous reprenions des habitudes
purement monogames et Tidj était plus possessif que jamais. Sala était encore à Dakar, elle attendait
que la période de viduité se termine pour retourner à Podor, chez elle. Grand père avait exigé que
Tidiane la ramène personnellement pour qu'il puisse prononcer, devant les témoins qui les avaient
unis sur ces mêmes terres il y a 11 ans, les paroles qui les divorçaient définitivement. Sur le plan
juridique, Tidiane avait déjà réglé les papiers du divorce, avec une pension mensuelle(extrêmement)
généreuse pour Sala jusqu'à ce qu'elle se remarie. Elle a accepté ce divorce à l'amiable sans faire
d'histoire et pour une fois Baaba n'y a pas mis son grain de sel. Je me demande encore s'il avait été
mis au courant par Sala. Pour une fois je crois qu'elle avait pris ses propres décisions, elle devait être
dans ses moments de lucidité.

Le Gamou annuel de la famille Ly, à Podor, se préparait en grande pompe. Tidiane voulait que je
vienne, et il avait raison, c'était un évènement important dans leur communauté. C'était le premier
que j'allais assister depuis que j'étais Madame Ly. J'avais peur d'aller sur le terrain de Baaba, mais je
n'avais pas trop le choix. C'était l'occasion de connaitre la famille maternelle de mon mari plus en
profondeur et plus encore cette partie de la famille m'attendait avec impatience. J'ai appelé en
renfort mon team, Maman Soda, Tata djodjo, Yuma et Aida Diop. Maman Soda m'a fait faire des
folies. Déjà, on s'est lâché niveau « sagnssé ». Ensuite, on a carrément dévalisé Marché HLM. Tidiane
était sidéré, tout notre salon était rempli de tissus allant du Thioup au Gagnilah passant par les
brodés et les soies. On avait prévu aussi des parures en or et en argent. Maman Tamaro est venue
nous aider pour la liste des personnes importantes, même Baaba devait avoir son cadeau. Cette
bonne ambiance de préparatifs parvenait à nous faire oublier quelque part les véritables enjeux de
cet évènement. D'abord, cette première visite dans le fief de mon mari, sachant que grand père avait
sali mon image un peu partout, nombreux était les parents de Tidiane qui m'attendaient de pieds
fermes. Ensuite, c'était la date choisie par Baaba pour que Tidiane répudie officiellement Sala. Et le
connaissant, je savais qu'il ne lui faciliterait pas les choses. Et enfin il avait « exigé » que je sois là,
pourquoi, Dieu seul sait. Ma futur ex-coépouse et les 3 badjennes étaient partie une semaine avant
le Gamou rejoindre Baaba. Mon team et moi, ainsi que le reste de la famille de keur gou maak, nous
sommes partis 3 jours avant, boulot oblige. On s'est réparti dans les 4 voitures avec Tidiane, Tonton
Bouba, Malick et Amdy comme chauffeurs désignés. La L200 double cabine de Tidiane était remplie
que des cadeaux et de moi. Le voyage s'est super bien passé, et juste avant d'arriver à Podor, Tidiane
m'a avertie qu'on allait chez sa grand-mère maternelle au lieu de chez Baaba.
• Hey way lou khéwati (que se passe-t-il encore) ?
• Baaba a prévu de vous jeter dehors comme des indésirables ta famille et toi, dès que nous
rentrerons chez lui
• Quoi ???? et comment tu es au courant ?
• J'ai mes espions. Maintenant que je sais un peu plus de quoi mon grand-père est capable, je
fais plus attention.
• Eh Allah !
• Tu me fais confiance hein ?!
• Oui amour. Donc on va chez Mami Fatima ?
• Oui, ma mamie d'amour, dit-il en souriant ! Elle vit à Diatar au bord du fleuve, tu verras c'est
magnifique ! Malick aussi va rester avec nous. Tonton Bouba et les autres vont chez Baaba.
• Ok, ok, moi ça me va !
• Le gamou se fait dans la cour du « fort » depuis que celui-ci a été restauré. C'est un lieu
chargé d'histoire tu vas aimer.

Je le regardais me donner les détails avec un plaisir non dissimulé. Il adorait ses terres, c'était
indiscutable.
Tonton Bouba et les autres nous ont d'abord accompagnés à Diatar, histoire de venir faire un coucou
à la famille, avant de se rendre chez Baaba. J'imagine, de là, sa déception en ne nous voyant pas
arriver. Dina yékheu ame koumou torokhale (Ça ne sera pas demain veille pour nous humilier) !!
Nous avons eu droit à un accueil princier, mon Dieu ! tout le village a accouru chez mamie Fa. A un
moment j'ai cru me voir dans ma Casamance à moi, avec des gens tellement chaleureux et simples.
Mamie Fa était une octogénaire qui avait encore la pêche, avec un magnifique sourire mais qui
parlait que toucouleur évidemment lol. Tidiane a éclaté d'un rire heureux, quand j'ai discuté avec elle
dans leur langue. J'avoue que je lui avais caché que maman Tamaro et Malick me donnaient des
cours depuis quelques mois, je voulais lui faire la surprise. Il m'a prise dans ses bras devant tout le
monde et m'a embrassée ! ahhh tout le monde rigolait et applaudissait, j'étais morte de honte. Mais
quel bonheur ! je venais de marquer beaucoup de points chez des gens tellement fiers de leur langue
et de leur culture.
Nous avons fait la fête toute la nuit, et nous en avons profité pour donner les cadeaux, c'était parfait.
Le lendemain, veille du Gamou, Tonton Bouba a insisté pour que Malick vienne dire bonjour à Baaba
par respect. Il y est allé à contre cœur avec Tidiane et maman Tamaro. Nous autres, nous avons joué
aux touristes, et nous avons fait une promenade au bord du fleuve, explorant le village en entier. Le
soir Tidiane est revenu avec sa mère et sans Malick. D'après eux, ses cousins l'avaient convaincu de
rester avec eux pour une fête qu'ils organisaient le soir même. Je ne sais pas pourquoi, mais tout
mon corps a frissonné de peur. Je me suis vite ressaisie, il ne fallait pas que je sois parano non plus.
Tidiane m'a littéralement kidnappée pour me faire faire un tour en bateau sur le fleuve. C'était
magique, sensuel...

Le jour-j, Baaba a déversé toute sa haine sur nous. Dès notre arrivée au fort de Podor, les cousins de
Tidiane, chargés de la sécurité, nous ont retenus à l'entrée car nous étions considérés comme des
étrangers et nous devions fournir des cartes d'invitation pour assister aux différentes cérémonies,
seule Maman Tamaro était autorisée à entrer. C'était un coup monté, c'était clair. Fallait nous voir
avec nos jolis boubous, bien sapées et bien maquillées, on nous a écartées comme des malpropres
sur le côté. J'ai appelé au téléphone Tidiane qui était parti avant nous, car averti d'un problème entre
Tonton Bouba et un autre de ses oncles. Ne voulant pas qu'on traine chez Baaba, il a laissé Amdy
nous amener directement au fort. Mais ça sonnait dans le vide. Les gens entraient tranquillement
nous lançant des regards méprisants. Et je les entendais dire en toucouleur « mais qui sont ces
étrangers ? elles ressemblent en tout cas à des wolofs. Tu as vu comment elles sont habillées ?? »
tchippp des jalouses ! Comme on n'arrivait pas à joindre Tidiane, j'ai appelé Malick. Et dès qu'il a
parlé, j'ai su qu'il s'était passé quelque chose.

• Malick presque en criant : quoi ?


• Moi, (désorientée par son ton) : euh Malick c'est moi
• Malick : oui qu'est-ce que tu me veux ?
• Moi : ho ! qu'est-ce qui te prend de me parler sur ce ton ?
• Malick : excuse-moi je suis un peu énervé
• Moi : et moi donc, nous sommes bloquées dehors par vos cousins-la, je n'arrive pas à joindre
Tidiane
• Malick : ahhh c'est pourquoi tu m'appelles, MOI, parce que tu n'arrives pas joindre ton cher
mari ?? eh bien je ne suis la roue de secours de personne ! débrouilles-toi toute seule ! CLICK

NON, NON, NON !!! non, ne me dites pas que c'est « mon » Malick qui venait de m'engueuler et de
me raccrocher au nez comme ça !! qu'est-ce qui est arrivé à mon frère ????? Oh Mon Dieu !
PARTIE 23

J'étais encore sonnée, par ma conversation avec Malick quand soudain Baaba accompagné par ses
acolytes, sortit du fort le sourire penaud

• Baaba : oh désolé mes enfants, veuillez excuser ces jeunes gens. Nous leurs avons demandé
de rester vigilants, il y a tellement d'intrus qui s'incrustent sans qu'on leur en donne
l'autorisation
• Maman Soda, toujours diplomate : Nous comprenons Baaba, c'est vrai que la sécurité est
très importante dans ce genre d'évènement
• Maman Tamaro : mais ils me connaissent, Baaba. Ils auraient pu me faire confiance, et laisser
tout le monde entrer dans le fort.
• Baaba : ahh Tamaro tu étais là, je ne t'avais pas remarquée. Pas besoin de plus de
polémiques, le plus important est que toute ma famille soit réunie autour de moi. Veuillez
entrer, la cérémonie d'ouverture va bientôt débuter. Venez, venez !

Ahh ce vieux singe, il venait de passer devant toute sa communauté comme le parfait père de
famille. J'avais envie de l'étrangler, surtout que j'étais persuadée qu'il avait quelque chose à voir avec
le changement brutal d'attitude de Malick. On nous attribua des places derrière tout le monde car
d'après eux, nous étions arrivés en retard et ce ne serait pas respectueux de faire se lever les gens
déjà installés. Je voyais de loin Malick, faire comme s'il ne nous avait pas vus et cela m'a grave
énervée. J'allais tout envoyer bouler quand Tidiane est arrivé

• Moi : Mais ou étais tu bon sang ?


• Tidiane : j'avais des choses importantes à régler, qu'est-ce que vous faites encore debout ?
• Moi : Nous allons retourner chez grand-mère, Tidj, car je crois que sérieusement, nous
n'avons rien à faire ici
• Tidiane : qu'est-ce que tu racontes ?
• Maman Tamaro : Tidiane, Didi est énervée et à juste raison. Nous avons reçu un accueil
misérable et présentement ils nous demandent de nous asseoir derrière, si ça doit se passer
comme ça moi-même je ne reste pas ici.
• Tidiane : Attendez-moi, je reviens tout de suite.

Moins d'une minute plus tard, des gens sortis de je ne sais où, nous ramenaient des chaises super
confortables et les posaient devant en face de la tribune d'honneur. Durant toute l'installation j'avais
les yeux fixés sur Baaba et il me regardait aussi avec un air genre « attend encore un peu tu n'as
encore rien vu ». Après que nous nous soyons assis, Tidiane est venu s'agenouiller devant moi

• Tidiane en chuchotant : tu me promets de garder ton calme ?


• Moi, amère : tu ne décrochais pas ton téléphone, nous sommes restées dehors près d'une
heure.
• Tidiane : je ne sais même plus où est mon téléphone. Mais on règlera, ça tout à l'heure ok ?
stp reste calme, je sais que ce n'est pas facile. Regarde-moi bébé
• Moi : ...
• Tidiane soulevant ma tête : Promess not to move from here until i come-back (promets-moi
de ne pas bouger d'ici, jusqu'à ce que je revienne).
• Moi : ok
• Tidiane : i love u.

Il se leva sous le regard des curieux qui n'ont perdu aucune miette de notre conversation.
Me croirez-vous si je vous dis, que mon état d'énervement était tel que je n'ai absolument rien
retenu de la cérémonie d'ouverture ? Vers 13h, Baaba annonçait le début officiel du Gamou. Après
une petite pause, et la prière de Tisbar, Oustaz Pape Hann devait animer la conférence sur le thème
de la vie conjugale (comme par hasard). En attendant, les gens qui étaient restés se dirigeaient vers
le restaurant du fort ou les serveurs commençaient à servir les repas, et j'avoue que c'était très bien
organisé. Tidiane comme un Général à l'armée dirigeait les opérations. La plupart des invités était
partie chez Baaba pour manger, mais nous, Tidiane nous avait installées dans une petite salle qui
semblait être une salle de réunion, pour qu'on puisse manger sans être dérangées. Nous étions en
train de finir quand Malick est entré brusquement dans la salle, dès qu'il nous a vues, il a fait demi-
tour

• Aïda diop : Wa yéne ki louko dale (Que lui arrive-t-il ?) J'espère que ce n'est pas moi qu'il fuit
depuis hier, mane nobatoumako (je ne l'aime plus) lol !
• Moi : attendez je reviens.

Je sortis à sa poursuite, laissant toutes mes affaires avec Yuma. Il était déjà loin, mais je le suivis
quand même, il était hors de question que je reste une minute de plus sans connaître les raisons qui
le poussaient à être aussi désagréable avec moi.

• Moi : Malick, Malick !

Il se retourna en soufflant, nous étions au niveau d'un grand balcon ouvert, à l'opposé de la salle où
nous prenions notre déjeuner

• Moi : arrête-toi stp, il faut qu'on parle


• Malick : Didi, ne rend pas les choses plus difficiles
• Moi : quelles choses ? dis-moi ! qu'est ce qui se passe ? je ne te reconnais plus
• Malick, ironique : tu es choquée, car je ne te lèche plus les bottes ?
• Moi : qu'est-ce que tu me racontes là ? depuis quand tu me lèches les bottes ? Malick soit
sérieux toi aussi !! Depuis, que tu es allé chez baaba, tu n'es plus le même.
• Malick : arrêtes de croire que Baaba se mêle de ta vie, dès que les choses ne se passe plus
comme tu le souhaites. Je suis fatigué, de faire semblant. Je ne supporte plus de te voir avec
lui.
• Moi, choquée : ...
• Malick : je sais que tu l'aimes et que c'est réciproque, je n'y peux rien. Alors je préfère
m'éloigner.
• Moi : j'ai raté un épisode je pense. Ça te dit d'éclairer ma lanterne
• Malick : mon amour pour toi, m'étouffe ! tu as choisi mon frère ! tu ne m'as jamais regardé
comme tu le regardes lui ! je ne le supporte plus
• Moi : mais réveille-toi nom de Dieu !!!!! On ne tombe pas amoureux du jour au lendemain !!
tu m'as toujours considérée comme ta sœur, une nuit chez baaba et tu crois être amoureux
de moi !! qu'est-ce qu'ils t'ont fait bordel ???!!!! hurlais-je
• Malick : je t'aime je n'y peux rien, murmura-t-il d'une voix incertaine. Je ne dois plus me
voiler la face, c'est clair et net dans ma tête. Je sais qu'il n'y aura jamais que toi dans mon
cœur

Il me fixait en disant ça, mais c'est comme s'il ne me voyait plus. Un long frisson me parcourut, Malick
n'avait plus l'air d'être Malick. Cet homme devant moi était sans âme.
• Malick : ils ont dit que tu te servais de moi, que tu abusais de mon amour. Ils ont raison, ils
ont raison ! je te déteste, je te déteste mais je t'aime. Laisse-moi tranquille maintenant je ne
veux plus te voir, laisse-moi tranquille...
• Moi : stp ne pars pas !!! Malick stp, tout ceci est absurde. Laisse-moi t'amener voir ton père
et Tidiane...

Il me coupa net, en m'attrapant par les bras

• Malick : ne me parle plus de lui !!! je ne veux plus entendre son nom, cria-t-il

Il me poussa sans ménagement sur le côté et me lâcha si brusquement que je faillis tomber. Il profita
de mon déséquilibre pour dévaler les escaliers et s'éloigner.

Il fallait que je voie Tidiane, mon Dieu !! j'avais l'impression d'être saoule. Mais jambes refusaient de
me porter, elles étaient complètement cassées. Je ne pouvais rester les bras croisés face à cette
nouvelle situation. Ce n'était pas seulement ma relation avec Malick qui était en phase d'être gâchée,
mais sa relation avec Tidiane aussi et en ramification nos relations avec tonton Bouba. Je prenais les
escaliers pour rejoindre la cour et essayer de trouver Tidiane, quand je me retrouvai nez à nez avec
une fille que je ne reconnaissais pas.

• L'inconnue : Bonjour !! vous êtes Didi n'est-ce pas ?


• Moi : bonjour, oui c'est moi
• L'inconnue : ohhh ça me fait plaisir de te rencontrer enfin. Je disais tout de suite à Tidiane
que j'avais hâte qu'il nous présente l'une à l'autre ! maye djiguéname dé fi Podor (je suis une
grande amie de Tidiane).
• Moi : ahhh c'est vrai, moi aussi ça me fait plaisir de te connaitre. Au fait tu sais où est Tidiane
?
• L'inconnue : on était tout de suite ensemble. Viens je t'amène. Ni la dé boulko bayi mou sorri
la, n'est-ce pas...

Elle parlait, elle parlait mais je vous jure je ne l'entendais pas. Ma douleur était oppressante, je ne
faisais plus attention à rien, je la suivais automatiquement. Arrivée en bas elle a bifurqué vers une
petite cour qui séparait les deux bâtiments du fort. Dès que j'ai atteint la cour, je me suis sentie
soulevée dans les airs, une grande main sur ma bouche qui m'empêchait de crier et je fus très vite
entourée par quatre gaillards ainsi que la fille qui devait m'emmener voir mon mari.

• Inconnu 1 : si tu tiens à ta vie, tu as intérêt à fermer ta jolie bouche et à nous suivre


gentiment
• Moi : MMMMMMMMMM
• Inconnu 2 : allons-y tout de suite. Nous n'avons plus de temps à perdre. Il faut faire le boulot

Le gars a enlevé sa main et avant que je n'eusse le temps de dire ouf, il collait un mouchoir imbibé de
je ne sais quoi sur mon nez. Deux secondes plus tard, c'était le flou total, j'ai juste eu le temps de dire
« Tidiane ».

Quand je me suis réveillée, je n'avais plus aucune notion du temps. J'avais comme un sac en tissu sur
la tête qui m'empêchait de voir quoi que ce soit, mais je devais être dans une voiture car j'entendais
le moteur gronder, et on bougeait au rythme des routes caillouteuses. Je fis semblant d'être toujours
dans les vaps, espérant qu'ils disent quelque chose qui les trahirait. Mais tout était calme. Je
commençais à désespérer quand, soudain, la voiture s'est arrêtée et je pus entendre quelque chose
vibrer. Après avoir dit pleins de grossièretés, quelqu'un décrocha
• Quoi encore ?
• ...
• Non, le contrat impliquait que je la laisse dans un endroit où elle pourrait être repérée
tardivement
• ...
• Je m'en fou qu'ils aient des hélicoptères, je suis presque arrivé. Je la balance et je dégage.
• ...
• Non elle est encore dans les vaps ! et puis je m'en fous, c'est la dernière fois que tu
m'impliques dans ses enfantillages. Si Tidiane apprend que c'est nous il nous bute à tous les
coups donc vous avez intérêt à faire gaffe et je veux mes sous avant de me coucher, c'est
clair ?
• ...
• OK

Dès qu'il raccroche, je sens un mouvement vers moi, sa main me secoue violemment. Et comme je
faisais toujours semblant d'être évanouie je laisse ma tête tomber en priant de ne pas me faire mal. Il
lança encore une bordée d'insultes, puis je l'entendis parler à nouveau au téléphone

• Oui c'est moi


• ...
• Je devrais être là pour décharger la livraison à 19h
• ...
• Je suis sur une mission pour le vieux Ly
• ...
• Kxkxkxk, non cette fois-ci c'est doux, je dois juste garder la femme de son petit-fils et lui faire
peur
• ...
• Non je la garde quelques heures et je la jette. Non c'est tranquille t'inquiète ! à tout à
l'heure. Click

Après le soulagement que je ressentais en me disant qu'il ne me ferait peut-être pas plus de mal,
mon cœur s'accéléra soudain. Dans quel but, Baaba voulait il coute que coute m'éloigner dans des
conditions pareilles ? Je priais très fort pour que Tidiane et Malick soient sains et saufs, même si je
savais en mon fort intérieur que ses deux hommes, si chers à mon cœur, étaient forcément
impliqués. J'avais une très forte migraine, mais j'essayais de ne pas sombrer. La voiture redémarra
quelques minutes plus tard et on a dû rouler environ 1km avant qu'on se gare à nouveau. Soudain on
me tira hors de la voiture et je me retrouvai par terre. On enleva le sac et on me versa de l'eau sur le
visage

• X : Réveillez-vous !! la promenade est terminée

Je fis semblant d'émerger de mon évanouissement. Le gars qui parlait au téléphone était tout seul
avec moi, je ne le reconnaissais pas parmi la bande qui m'avait kidnappée.

• X : Il parait que vous êtes très intelligente alors je crois qu'on va se comprendre très vite. Le
vieux veut te faire passer un message.
• Moi : Qu'est-ce qu'il me veut ?
• X : J'admire votre calme et je vois que vous avez la tête dure. Mais parfois dans la vie, il faut
savoir se retirer à temps.
• Moi : qu'est-ce qu'il me veut ? répétais-je en articulant
• X : vous vous en doutez déjà, je crois. Il veut vous détruire, et il va le faire. Lentement,
inexorablement. Toutes les personnes qui vous sont chères vont sombrer, il va vous sucer
jusqu'à l'os. Alors le message est là. Acceptez de vous en aller, ou Malick va payer le prix de
votre obstination. Déjà à l'heure qu'il est, je pense que la situation entre lui et Tidiane s'est
beaucoup détériorée, et cela va s'empirer. Je n'étais pas censé vous dire tout ça. Mais je
pense que vous êtes assez intelligente pour prendre les bonnes décisions. Si vous racontez
que c'est le vieux qui vous a fait kidnappé, qui vous croira si vous n'avez pas de preuve ? En
plus ne minimisez pas le poids qu'il a dans sa communauté et au niveau des autorités. Ces
derniers sont tous corrompus.
• Moi : pourquoi vous me dites tout ça ?

Il vint s'agenouiller à ma hauteur, sa main emprisonnant mon menton.

• X : j'ai un faible pour les jolies femmes... (il se tut durant quelques secondes) et surtout pour
une fois, je trouve que le vieux abuse. Je suis dans un bon jour peut-être, mais j'espère pour
vous que c'est la dernière fois que nos routes vont se croiser. Prenez le temps de bien
réfléchir en attendant que Tidiane vienne vous retrouver. Il ne va surement pas tarder.

Il remonta dans sa voiture, et me laissa là, les mains toujours attachées. J'avais l'impression d'être
assise sur une plaque chauffante tant le sable brulait mes fesses, mon beau Bazin ne me protégeait
plus du tout. Il fallait que je me lève vite, je me roulais sur le sol pour pouvoir m'appuyer sur mes
genoux. Oh que c'était dur ! Après des acrobaties digne d'un singe, j'arrivais à me relever, mais je ne
vous détaillerai même pas la brulure sur mes petits pieds nus. J'ai marché au hasard, espérant de
tout mon cœur qu'une âme charitable pourrait m'indiquer mon chemin et me prêter des chaussures.
Je me sentais déshydratée, ma tête était encore lourde du gaz qu'ils m'avaient fait inhalé, et mes
pieds saignés.

Je n'imagine même pas l'allure que je devais avoir avec ma robe qui semblait déchirée et mes mains
attachées au dos. Je commençais à voir double, et j'avais l'impression d'entendre des enfants criés
mais je n'étais plus sûre de rien. Je pensais à mes parents, partis si tôt, à Malick, mon super héros,
qui allait vivre un cauchemar par ma faute, et puis à Tidiane, ma raison de vivre, j'imaginais son
désarroi face à ma disparition. Ma vie était véritablement un chaos, l'amour en valait-il la peine ? Et
pourquoi Baaba s'acharnait autant sur nous ? je ne devais pas craquer, je ne devais pas craquer...
C'est sur ces pensées que je sombrais dans le noir...

-Tidiane, Tidiane !

Je me réveillais en criant le nom de mon homme. J'étais dans une pièce toute blanche, sur un lit, oui
un lit et je sentis soudain sa présence m'envelopper. Je tournais la tête, et je le voyais s'approcher de
moi. Son sourire dévoilait son soulagement, mais il y avait un truc bizarre sur son visage, mais je
n'arrivais pas savoir quoi. Il m'a pratiquement soulevée du lit pour me serrer dans sas bras,
longuement, chaudement. Il m'embrassait le visage, la bouche, les yeux et je ressentais tout son
stress qui était encore latent.
• Moi : où sommes-nous ?
• Tidiane : à Dakar, clinique madeleine
• Moi : je suis restée inconsciente combien de temps ?
• Tidiane : nous sommes arrivés depuis hier à 22h et là, il est presque 11h du matin.
• Moi : comment ?
• Tidiane : par hélicoptère
• Moi : comment tu m'as retrouvée ?
• Tidiane : on a ratissé Podor et ses alentours avec l'hélico. Et on t'a retrouvée près du village
de Ngawlé à 3 km de Podor ; des enfants étaient autour de toi et essayaient de te réveiller,
c'est ce qui a attiré notre attention tout là-haut.
• Moi : Oh mon Dieu !
• Tidiane : ça va aller maintenant, je ne te laisserai plus jamais seule. Qu'est-ce qu'ils t'ont fait
?
• Moi : shuut bebe. Ils ne m'ont rien fait. Le but c'était juste de m'éloigner de toi. Qu'est-ce qui
s'est passé à mon absence ? où est Malick ?
• Tidiane : je n'ai pas envie de parler de lui pour le moment. Dis-moi comment tu te sens ? tu
m'avais promis de ne pas bouger du fort sans moi !
• Moi : c'est toi que je cherchais, quand ils m'ont ...
• Le docteur m'interrompit en entrant dans la chambre : Mme Ly, je vois que vous vous êtes
réveillée. Comment vous sentez vous ? Mr Ly pouvait vous nous laisser quelques instants svp.
Merci

Tidiane quitta la chambre à contre cœur. De toutes les façons il aurait bien pu rester, il n'y avait pas
grand-chose à dire. Leur seule peur était que j'ai une commotion, vu que je m'étais évanouie sous le
soleil ou que je sois violée. Mais bon c'était compréhensible...

Je répondais à ses questions quand j'ai entendu beaucoup de bruit derrière la porte de la chambre, le
médecin s'est levé précipitamment pour ouvrir la porte. Un Malick méconnaissable, les yeux rouges,
le visage déformé par la colère, entra dans la chambre. Dès qu'il m'aperçut consciente et assise sur le
lit, il changea complètement de visage et se dirigea vers moi en larmes

• Malick : Mon Dieu Didi, dis-moi que tu vas bien ! dis-moi que tu vas bien ! je te cherchais
partout mais je ne te trouvais pas ! j'ai eu si peur, si peur ! promets-moi de ne plus me
quitter, promets-le-moi.

Il m'embrassa rapidement sur les lèvres (surprise par son geste, j'espérais que Tidiane n'avait pas vu
ça) et il me serrait si fort dans ses bras en pleurant, que j'avais peur que ce soit lui qui s'étouffe. Son
père qui l'avait suivi, l'a carrément arraché à moi pour qu'il ne me fasse pas mal, il semblait
incontrôlable. J'aperçus Tidiane qui, adossé au mur, assistait à la scène mais il n'avait pas bougé d'un
pouce. Tonton Bouba bredouilla des excuses à peine audibles et fit sortir Malick qui pleurait encore.
Le médecin sortit à leur suite en promettant de repasser plus tard, me laissant à nouveau seule avec
mon mari.

Il resta une bonne minute à me fixer, l'air super énervé, avant de se décider à parler

• Tidiane : peux-tu me dire maintenant ce qui se passe entre Malick et toi ?


• Moi : WHAT ???
• Tidiane : ai-je besoin de me répéter ?
Je pris le temps de me rasseoir confortablement sur mon lit d'hôpital, le regard toujours fixé sur mon
mari.

• Moi : qu'est-ce qui s'est passé durant ma disparition ?


• Tidiane : pourquoi penses-tu qu'il s'est passé quelque chose ?
• Moi : il ne s'est rien passé ?
• Tidiane : dès qu'on s'est rendu compte que tu n'étais nulle part, Malick est devenu comme
fou, il m'a traité d'incapable, il a crié que je n'avais même pas su te protéger. Il s'est jeté sur
moi et m'a donné un coup de poing à l'arcade. (Voilà ce qui était bizarre sur son visage, il
était un peu tuméfié). J'étais tellement choqué que j'ai mis du temps à réaliser que c'est
Malick qui était en train de me parler comme ça ! tout le monde était sur le cul, Tonton
Bouba, n'en parlons même pas. Je l'ai tenu à distance car je ne voulais pas le blesser. J'ai dû
rater un épisode. Votre relation a-t-elle évolué au point que Malick soit assez culotté pour
me tenir un tel discours ? en plus maman m'a dit que c'est lui la dernière personne avec qui
elles t'ont vue parler avant que tu ne disparaisses.
• Moi : donc c'est une interrogation que tu me fais là ?
• Tidiane : réponds simplement à mes questions.
• Moi : hum. Je suis tout aussi surprise et choquée que toi par le nouveau Malick. Je dis bien
nouveau, car si tu étais un peu plus lucide, tu remarquerais que le changement brutal de ton
FRERE date d'hier matin. Je ne vais pas répondre à ta question, ce serait donner de
l'importance à tes supputations. Je te laisse le temps de bien analyser les évènements qui se
sont déroulés depuis le matin du Gamou et écoute ta messagerie vocale, quand tu auras fini
nous pourrons toi et moi discuter à nouveau sereinement. Maintenant laisse-moi seule je
veux me reposer.

Il resta quelques minutes à me regarder, avant de me tourner le dos et de quitter la chambre.

Je crois que ce combat j'allais devoir le mener seul. Tidiane était pour le moment trop aveuglé par sa
jalousie et il me fallait beaucoup de sérénité et de calme pour gérer cette situation. J'étais en phase
de perdre mon mari, mon frère et mon beau père...
PARTIE 24

Je ne suis restée à l'hôpital que 3 jours. A part mes pieds brulés et écorchés, je m'en sortais plutôt
bien, alhamdoulillah. Tidiane avait passé toutes ses journées avec moi, même s'il ne me parlait pas
ou du moins il me parlait le moins possible.

Parfois je le surprenais, me regardant intensément, mais je le laissais mijoter tout seul dans sa sauce.
A ma sortie, malgré que maman Soda fût encore avec nous, il s'occupait de moi comme d'un bébé,
me faisant prendre mon bain, m'amenant mes repas, il travaillait à la maison, en gros il ne me
quittait pas d'une semelle. La nuit, il me serrait fort dans ses bras, comme s'il avait peur que je lui
échappe.

Quelques jours après ma sortie, Tonton Bouba est venu me voir. Je ne l'avais pas vu depuis l'incident
avec Malick à l'hôpital. Il avait l'air gêné et tendu. Je l'ai entendu discuté un moment avec Tidiane
dans le salon puis ils sont venus ensemble dans la chambre. Ça me brisait le cœur de les voir aussi
triste, avec aussi peu d'entrain. Une personne qui ne connait pas l'histoire de cette famille, aurait
juré que Tidj était le fils de tonton Bouba. Il y avait chez ces deux-là une complicité hors du commun.
Et ça depuis toujours. Il m'avait raconté qu'en emmenant Tidiane vivre avec lui au Maroc, il avait, à
l'époque, suivi le Ndigueul de son marabout ancien Khalife général des mourides. Etant venu en
vacances au Sénégal, tonton Bouba en avait profité pour aller à Khelcom lui rendre visite, emmenant
avec lui son neveu. Le Khalife après avoir longuement regardé Tidiane, lui avait demandé de
s'approcher, il lui a demandé d'apprendre le coran par cœur et de toujours suivre les conseils de son
oncle. Il a soufflé quelque chose à son oreille droite puis il l'a laissé partir. Le prenant à part, il a
demandé à tonton d'amener Tidiane loin du Sénégal, de lui apprendre le coran et de l'éduquer à son
image. Il leurs avait ensuite demandé de rester avec lui durant quelques jours, puis un matin après
Fadjr, il les libera, confiant à Tonton Bouba que Tidiane serait désormais protégé du mal tant qu'il
continuera à suivre le droit chemin. A son retour à Podor, il a usé de son pouvoir de persuasion pour
qu'on le laisse emmener son neveu avec lui. Grand père n'y avait vu que du feu. Il s'était toujours
battu pour Tidiane, mais aujourd'hui j'imaginais son désarroi face à ce qui était désormais évident
pour tout le monde : son fils biologique voulait la femme de son fils spirituel. Oh sheytaann, qu'Allah
nous préserve de ton esprit.

• Tonton Bouba : ma Didi, comment tu vas ?

Il s'assit à mes côtés sur le lit

• Moi : beaucoup mieux, tonton. Et toi, ça va ?


• Tonton B : pas comme je le voudrais, mais alhamdoullilah

Tidiane choisit de nous laisser parler seuls et sortit en prétextant qu'il avait un coup de fil à passer.

• Tonton B : j'ai mal. J'avoue qu'avant que Malick ne revienne au Sénégal, j'avais toujours
espéré que votre amitié évolue en amour. Quand vous vous étiez perdu de vue après le
décès de tes parents, il l'avait très mal vécu. Il m'arrivait de le taquiner sur ses sentiments
pour toi, mais il n'avait jamais hésité ou douté : tu étais sa sœur. Et quand Tidiane a partagé
avec nous ses doutes à propos de toi, il t'a soutenue envers et contre tous. Je pense qu'il a
donné à Tidiane le courage de se battre pour vous deux. Mais la scène à laquelle j'ai assistée
Samedi matin, m'a fait douter sur ses réels sentiments pour toi. La peur de te perdre, lui a
fait perdre la tête, et il s'en est pris à son frère ! tu te rends compte Didi, Malick s'en est pris
à Tidiane et violemment. Et heureusement que Tidiane a gardé son calme sinon ça aurait pu
mal finir. Et que dire de ce qui s'est passé dimanche à la clinique ? Didi qu'est-ce qui se passe,
mon Dieu, toi seule peut m'aider.
• Moi : je comprends à quel point tu te sens perdu Tonton, car je suis dans le même état que
toi. Le problème est d'autant plus compliqué pour moi car toi, tu ne perdras jamais tes fils.
Moi je risque de perdre mon meilleur ami et mon mari. Tu te rends compte dans quelle
position délicate je me trouve ? Mes rencontres avec ces deux hommes sont les choses les
plus merveilleuses qui me soient arrivées dans ma vie. Malick a, certes, sauvé mon cœur de
la noyade mais c'est Tidiane qui le fait battre à chaque moment. Aujourd'hui quand tu me
demandes de t'aider c'est comme si tu me demandes de choisir.
• Tonton B : non, non ! Il n'y a plus de choix à faire. Tu aimes Tidiane c'est clair et net
• Moi : qu'est-ce que tu veux que je te dise alors tonton ?
• Tonton B : Sa mère a demandé à sa sœur de l'emmener voir un de leur marabout, et de mon
côté j'ai demandé un listikhaar et c'est toujours les mêmes choses qu'on nous dit... euh ils
disent tous que...
• Moi : que quoi tonton ?
• Tonton B : euh que c'est une femme qui lui est très proche qui lui a fait ça, pour le ferrer
• Moi (toujours très calmement) : et évidement vous me mettez sur le banc des potentiels
coupables, dans quel but je ferais ça ?
• Tidiane qui venait d'entrer dans la pièce : Tonton n'a jamais rien dit de tel bébé. (ahh j'étais
redevenue « bébé »)
• Tonton B : Didi stp, il est vrai que tout le monde est confus, mais je n'ai jamais douté de toi.
Je te dis ça pour que tu puisses m'aider à y voir plus clair. Tu es son amie la plus proche.
• Moi (vexée) : hum je vois. Malheureusement je ne pourrais pas vous aider. Je suis désolée
tonton
• Tonton B : c'est moi qui suis désolé, je ne voulais pas t'embêter avec tout ça !

Quand il se leva, je retins instinctivement ses mains dans les miennes.

• Moi : me fais-tu confiance ? lui demandais-je en le regardant droit dans les yeux

A ce moment-là, je ne sais pas qu'est-ce qu'il a lu dans mes yeux, mais son regard est passé de triste
à déterminé. Il a serré très fort mes mains

• Tonton B : oui.

Simplement.

Il est parti sur ce mot.

Je me sentais fatiguée de réfléchir, Baaba avait réussi un grand coup-là, Chapeau !

Je me rallongeais, et maman soda vint me réconforter. Je ne sais même pas combien de temps je suis
restée dans ses bras, Tidiane nous a trouvées comme ça, et avec son tact habituel il est ressorti sans
bruit.

• Maman Soda : Didi chérie


• Moi : hunn ?
• Maman so : je crois qu'il est temps d'appeler ton oncle
• Moi : je pense aussi, maman. Mais je veux dormir un peu, je me sens tellement lasse
• Maman So : vas-y repose toi ma fille. De toutes les façons je lui avais déjà fait un petit
résumé de la situation. Je vais le rappeler pour le mettre au courant des dernières nouvelles.
• Moi : d'accord, merci maman.

Après un long câlin, elle est sortie de ma chambre. Je l'ai entendue parler avec Tidiane, mais j'avoue
que mon esprit ne retenait que quelques bribes de leur conversation. A mon réveil, j'étais
confortablement installée dans les bras de mon mari et c'est comme si, je me ressourçais, je faisais le
plein d'énergie, de chaleur. Sentant que je me réveillais, Tidiane resserra son étreinte, je soulevais la
tête pour chercher ses lèvres et il me donna un tendre baiser. Ses mains sur mon corps, me faisaient
du bien. Il savait où me toucher et comment le faire. Je me pressais encore plus contre lui, si c'était
possible je me serais juste fondue en lui. On serait uni à jamais, hein ?! je mettais péniblement fin à
notre baiser

• Je vais devoir te rassurer à chaque fois ?


• ...
• Quand est-ce que tu vas comprendre que je suis à toi ? à jamais ! quel que soit les décisions
que je prendrais, n'en doute jamais ! tu m'entends ?
• J'ai peur pour Malick, bébé.
• Tu as compris, qu'il n'est pas dans son état normal ?
• Oui mais il a toujours eu des sentiments très forts pour toi, j'ai peur que ça soit difficile à
défaire
• Toi aussi tu vas me dire que tu comptes sur moi pour l'aider ?
• C'est moi qui ai besoin de ton aide, pour sauver mon frère.
• Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour l'aider car je pense que l'avenir de mon couple
en dépend. Maintenant, vous allez me laisser faire comme je l'entends. Et toi, tu as intérêt à
arrêter tes crises de jalousie, ok ?

Je me relevais prestement du lit, mais il me retint.

• Tu vas où ? tu n'as pas encore déjeuné et Maman So m'a dit que tu n'avais pratiquement rien
manger au petit déjeuner
• Je n'ai pas besoin que tu t'occupes de moi comme d'un bébé
• Que tu le veuilles ou non, je prendrai soin de toi. Alors tu restes là.

Résignée, je revins au lit et me blottis contre sa poitrine. Il me caressa tendrement le dos. Je m'étais
presque endormie quand Maman So toqua à la porte et entra dans la chambre avec un plateau.
Tidiane avait manifestement demandé à maman de me préparer quelque chose. En tout cas c'est
avec plaisir que j'avalais ma première cuillerée de soupe.

• Je ne veux pas que tu sautes un seul repas !


• Je n'ai jamais eu l'intention de jeûner Tidj…
• En tout cas, je continuerai à veiller à ce que tu manges bien
• Si je comprends bien, tu vas te comporter comme ma nourrice ???

Il me lança un regard noir, que je fis mine de ne pas avoir remarqué. Dès que j'eus fini de manger, il
me prit de nouveau dans ses bras et entreprit de me déshabiller. Quand il eut terminé, je ne portais
plus que mon soutien-gorge et un slip en coton blanc, et il se détourna, la respiration oppressée.

• Tidj ?

Il se retourna vers moi, tous les muscles tendus.

• Reste avec moi, veux-tu ? Nous pourrions faire la sieste ensemble. Je me sens très fatiguée.
Tidiane en me regarda avidement

• Mais tu es convalescente...

S'il n'avait pas eu l'air aussi perdu, j'aurais éclaté de rire. Mais je fis de mon mieux pour garder mon
calme tout en le regardant se débattre avec lui-même. Finalement, il se mit à se déshabiller en
silence et ne garda que son caleçon avant de s'allonger près de moi. Presque aussitôt, il pesta à voix
basse avant de se relever. Je le vis entrer dans le dressing, et en revenir avec un de ses T-shirts qu'il
me tendit

• Enfile-le, tu seras plus à l'aise pour dormir.

Il m'aida à m'asseoir et dégrafa mon soutien-gorge, puis m'enfila le T-shirt, les mains presque
tremblantes.

• Tu es mieux comme ça ? chuchota-t-il


• Bien mieux.

Il s'allongea à mes côtés et me prit dans ses bras. Je remuai un peu, cherchant la position la plus
confortable. Mais soudain, je me figeai en sentant son sexe dur contre mes fesses. Quand je voulus
m'écarter de lui, il murmura en resserrant son étreinte

• Arrête de bouger stp...

Dès qu'il me serra contre lui, tout mon stress s'envola. Sa chaleur me pénétra peu à peu. Il me
caressait les cheveux en murmurant doucement à mon oreille le son de Mr Probz, « Waves ». Maman
c'était doux tout ça !

Je poussai un soupir de contentement quand sa main glissa sur mon bras, sur ma hanche, sur ma
cuisse, puis je me laissai bercer par le souffle régulier de sa respiration. Il s'était endormi. Et j'aimais
l'idée d'être prisonnière de son sommeil. Je me sentis soudain envahie d'un immense bien-être qui se
changea en un immense bonheur quand l'amour fou que je ressentais pour cet homme me
submergea. Je l'aimais plus que tout. Il était indéniablement compliqué, jaloux et il avait une famille
de dingues. Mais qu'importait ! je me sentais en mesure de me battre contre le monde entier juste
pour jouir tranquillement de l'amour qui me liait à mon homme. Je me laissai gagner par le sommeil
à mon tour, sachant clairement que mon objectif dès à présent était de tout faire pour sortir Malick
de ce guêpier. La tranquillité d'esprit de mon mari en dépendait.

Tonton Omar, mon superman à moi, avait déjà commencé son enquête. Quand je l'ai eu, il m'a
informé que les choses étaient vraiment délicates, et qu'avant de me dire quoi que ce soit, il fallait
attendre que Abderrahmane revienne de la forêt. Je prenais mon mal en patience. Maman Soda
devait retourner à Ziguinchor et moi je devais reprendre le boulot dans quatre jours, et j'avais hâte
de m'y mettre histoire de me changer les idées. J'appréhendais mes retrouvailles avec Malick, j'avais
peur qu'il recommence ses démonstrations un peu trop affectives et que je doive le recadrer. Yuma
me donnait des nouvelles du bureau, et ils n'avaient pas trop l'air de souffrir sans moi. Maman
Tamaro aussi m'appelait souvent, mais on sentait nettement la tension qui avait atteint presque tous
les membres de cette famille.

Quant à mon mari et moi, nos journées et nos nuits commencèrent à suivre un rythme régulier. Ne
craignant plus de nuire à ma santé, Tidiane recommençait à me faire l'amour toutes les nuits, me
possédant avec une passion qui me laissait pantelante. Mais le matin venu, j'avais l'impression qu'il
se repliait sur lui-même. Je ne comprenais pas cette distance qu'il voulait instaurer, ou peut-être que
c'est moi qui suis paranoïaque ?! il continuait de travailler dans son bureau à la maison et ne sortait
que pour les réunions ou sa présence était obligatoire. Je ne manquais de rien, sauf de cette
complicité qui faisait de nous deux un couple spécial.

Lundi de reprise, je fis une nouvelle découverte : un nouveau Malick. C'était dans l'attitude, la
manière d'être, mais surtout dans la manière de se comporter avec moi. Il était dans une phase,
charmeur une minute, puis « énervé-je t'évite » la minute suivante. Ce matin-là, après une réunion
interne, où il a fallu me remettre dans le bain très vite pour pouvoir gérer les contrats en cours,
Tidiane m'a appelée pour voir comment se passer la reprise. Nous étions tous encore dans mon
bureau, et dès que j'ai dit « allô chéri », Malick a rassemblé ses dossiers et quitté la pièce sans un
mot, dans une belle manifestation de puérilité. J'étais très agacée par son comportement, et je
voyais mes collègues nous regarder bizarrement avant de s'éclipser un à un, sauf Yum. Tidiane ne
s'est pas éternisé au téléphone, il était retourné au cabinet et il avait beaucoup de rendez-vous.
Yuma n'est pas passé par quatre chemins pour me dire ce qu'elle pensait, comme d'habitude

• Yum : c'est malsain tout ça !!


• Moi : qu'est-ce que tu veux que je te dise ? cette situation m'échappe complètement. Mon
plus grand problème réside dans le fait que je n'arrive pas à lui en vouloir, car au fond je sais
qu'il n'est pas lui-même.
• Yum : mais plus tu es gentille avec lui, plus il te collera ! c'est clair qu'il n'est pas lui-même,
car le Malick que je côtoie depuis tout ce temps, ne ferait jamais du mal à Tidiane. Quel que
soit l'amour fou qu'il ressentirait pour toi, il le cacherait pour ne pas détruire le couple de son
frère. Mais là, il te drague carrément le mec !! ce n'est pas possible.
• Moi : et le pire est que Tidiane est comme anesthésié par cette situation. Je répète je suis
dépassée, yumi
• Yum : essaie de parler avec Malick, il faut que tu puisses l'amadouer et le maîtriser le temps
que tu trouves une solution à son problème. Et faites attention, parce que cette tension
risque d'affecter aussi notre entreprise. On ne peut pas se permettre de faire des gaffes, et
ça risque de se produire si Malick et toi ne trouvez pas un moyen de communiquer
sereinement.
• Moi : ok chef, je vais voir ce que je peux faire... Mais mon problème se trouve plus du côté de
Tidiane, savoir que Malick est « amoureux » de moi, l'a carrément assommé.

Je lui racontais nos problèmes depuis mon kidnapping, mais pour une fois ma chère Yuma ne trouvait
vraiment de solution concrète à part lui parler, le rassurer, lui parler et encore le rassurer...

La vie est drôle. Je connais Malick depuis mes 16 ans, je ne me rappelle même plus trop de la période
où il m'a été antipathique, tellement notre amitié avait pris le pas sur tout ! il a été mon sauveur, puis
mon ange gardien ensuite le meilleur ami qui puisse être. Et enfin il a joué le rôle de cupidon pour
finir par être mon beau-frère. Jamais je n'avais vu en lui un éventuel amant et pourtant il a tout pour
plaire. Plus d'un mètre quatre-vingt de virilité et de charme, un corps d'athlète, des épaules carrées,
un teint caramel foncé, des fossettes creusaient ses joues à chaque fois qu'il souriait. Et ses cheveux
encore plus fournis même que ceux de Tidiane, formaient une touffe « nappy » qui donnait envie
généralement aux femmes d'y introduire leurs doigts. Moi je ne m'en lassais pas, même Tidiane était
parfois jaloux. Malick ne voulait que moi pour lui faire des massages de tête quand il avait des
migraines. Malgré son sex-appeal à revendre, je n'ai jamais ressenti ce genre d'attirance pour lui.
Baaba avait bien travaillé, il avait réussi à toucher la seule personne capable de véritablement me
faire du mal mis à part Tidiane

Malick ne venait plus au bureau pour travailler, ce qu'il voulait c'était moi et il ne s'en cachait pas. Il
était encore plus soigné dans son habillement, il connaissait mes goûts, il savait tout ce qui me
plaisait donc il en abusait. Parfois j'avais l'impression de voir une réplique de Tidiane en plus jeune et
ça me faisait tout drôle. A cause de tout son manège, j'en arrivais dés fois à ne plus le voir comme un
frère, mais comme un amoureux envahissant et j'avais juste envie de le gifler. J'avais hâte que tonton
Omar me donne des nouvelles pour savoir comment gérer tout ça ! je ne voulais perdre ni l'un ni
l'autre.

Le vendredi après-midi, il débarqua dans mon bureau sans prévenir, son regard me fit peur

• Malick : arrête de me fuir.


• Moi exaspérée : Malick Ly !!
• Malick : tu ne te rends pas compte à quel point tu me fais souffrir
• Moi : ...
• Malick : pourquoi tu ne veux pas me laisser t'aimer comme tu le mérites ? tu sais bien que je
te connais mieux que quiconque.
• Moi : Tu n'es pas toi-même. Sors de mon bureau, j'ai eu une semaine fatigante, et tu ne vas
manifestement pas m'écouter. Ce n'est vraiment pas le moment de parler de ça, pas plus
pour toi que pour moi.

Irritée, je me levai et me dirigeai à grands pas vers le bureau de Yum. J'avais passé toute la semaine à
valser entre ses assauts répétés, un nouveau client exécrable et un Tidiane qui me surveillait comme
du lait sur le feu et s'il y avait une chose dont je n'avais vraiment pas besoin, c'était une querelle avec
un amoureux transi ! je commençais à saturer. Je réussis à me tenir éloigner de lui, jusqu'à la fin de la
journée, mais je ne me sentais pas rassurée. J'avais hâte de rentrer chez moi, retrouver mon mari. Du
coup je ne m'attardai même pas au bureau, 17h je m'en allais sans même dire au revoir. Le trajet
jusque chez moi fut cauchemardesque, un embouteillage causé par un accident violent vers CAPA
nous fit traîner durant 2H de temps, si bien que j'arrivai littéralement claquée. J'étais impatiente de
prendre une longue douche chaude. J'insérai la clé dans la serrure, mais la porte était déjà ouverte.
Je fronçai les sourcils, puis je me dis que Tidiane était sûrement déjà rentré et je me faisais une joie
de pouvoir le laisser me dorloter. J'entrai et refermai la porte à clé derrière moi, mais, aussitôt que je
pénétrai dans le salon, mon cœur rata un battement. Il y avait effectivement quelqu'un chez moi et
ce n'était pas Tidiane...
PARTIE 25

Il était hors de question que je panique, ses yeux, rouges et voilés, et ses cheveux hirsutes faisaient
certes peur mais, il fallait négocier ferme.

• Moi : mais qu'est-ce que tu fais dans le noir ?


• Malick : je t'attendais...

Il vint se tenir du côté du couloir d'entrée, plus moyen de faire demi-tour. Je me dirigeai vers le
centre de la pièce évitant de lui montrer que j'étais morte de trouille

• Moi : oh, super tu vas me tenir compagnie en attendant que Tidiane arrive, il ne devrait plus
tarder (oui je sais j'essaye de gagner du temps)
• Malick : Didi...
• Moi : tu sais notre nouveau client, le patron des chaines de magasin « friendly », il m'a pris la
tête comme pas possible, aujourd'hui. Tu as déjà mangé, je vais nous préparer quelque
chose, Tidiane sera bientôt là, on va pouvoir manger. Je vais juste prendre une douche vite
fait

Je me retournais vite, croyant pouvoir m'en sortir, pour entrer dans ma chambre et ne plus en sortir,
quand soudain j'ai senti sa main me retenir. Ciel, il était rapide...

• Malick : tu me fuis...
• Moi : mais qu'est-ce que tu racontes ?
• Malick : tu m'évites...
• Moi : Malick, toi aussi, sois raisonnable. Pourquoi voudrais-je éviter mon frè...
• Malick en criant : JE NE SUIS PAS TON FRERE. (Puis il reprend plus calmement) tu sais que tu
es à moi, dis-moi que tu le sais
• Moi : alors pourquoi tu m'as laissée aller vers Tidiane ? pourquoi attendre aujourd'hui pour
me le dire ?
• Malick : je ne sais pas, je ne sais pas
• Moi : alors, c'est de ta faute Malick !
• Malick : mais je vais me rattraper, je te promets. Donne-nous une chance, laisse-moi te
montrer à quel point je t'aime...
• Moi : et qu'est-ce qu'on fait de Tidiane ?
• Malick : j'aime mon frère, mais je t'aime encore plus. Tu ne comprends pas ? je ne vois que
toi, je n'entends que toi. Et je sais que tu m'aimes aussi
• Moi : tu sais que je t'aime mais je suis liée à Tidiane et je ne veux pas lui faire du mal
• Malick : il se remettra, nous ne pouvons pas nous sacrifier juste pour lui plaire
• Moi : Malick...

Il me tira vers lui et me serra dans ses bras. Je restais figée mais ça ne le décourageait pas. Il
m'embrassait sur le visage avec ferveur, me coinçant dans ses bras

• Malick : je n'en peux plus, bon sang, il faut que je te possède


• Moi paniquée : Malick, qu'est-ce que tu fais ?
• Malick : j'ai soif, j'ai faim de toi. Mon envie de toi augmente à chaque seconde, là elle a
atteint son paroxysme. Je ne peux plus me retenir
• Moi : tu ne peux pas faire ça ! Par le grâce de Dieu, Malick réveille toi
• Malick : si, si je dois le faire. Tu verras je prendrais soin de toi, tu auras même plus de plaisir
qu'avec Tidiane

Le prénom de Tidiane fut comme un déclic. J'ai commencé à me débattre comme une furie, mais il
était trop fort, physiquement je n'avais aucune chance. D'une main, il prit mes deux mains réunies
derrière mon dos. De l'autre il tira très fort sur ma chemise faisant éclater les boutons et toucha mes
seins à travers mon soutif. Je tremblais de rage, je criais mais j'avais l'impression qu'il ne m'entendait
pas. Je le regardais et je voyais une autre personne. Malgré mes cris, il me jeta quasiment sur le
canapé et monta sur moi. Je découvrais en lui une vélocité que je ne soupçonnais pas. J'avais horreur
de ses mains qui me touchaient faisant remonter d'autres horribles souvenirs similaires. Mon
sauveur allait-il devenir mon bourreau ? Mes larmes commencèrent à couler.

• Malick : pourquoi tu pleures hein ? tu sais que je ne te ferais jamais de mal je t'aime
• Moi : Malick, ne fais pas ça
• Malick : tais-toi, tais-toi ! tu verras on sera bien après. Laisse-toi faire
• Moi : Malick, tu veux me violer ?
• Malick : non, mon Dieu non ! (Il recommença à m'embrasser comme un fou) je ne veux que
ton bien
• Moi : tu prétends m'aimer et tu me forces comme Alioune

Le nom d’Alioune sembla créer une confusion dans sa tête ! Et si ça marchait, si le fait de lui rappeler
mon ancien viol pouvait le retenir et lui faire changer d'avis ? il fallait que j'utilise toutes les
possibilités.

• Moi : Malick tu es comme Alioune


• Malick en serrant ses mains sur mon cou : ne me compares plus jamais à ce salaud !

Il m'étranglait, les yeux exorbités. Je manquais d'air, je suffoquais.

• Moi : tu ne veux pas être comme lui, alors réveille-toi Malick stp
• Malick : grrrrrrrrrr
• Moi : c'est moi Didi, Malick, rappelle-toi

Malick, une main me serrant toujours le cou, tira de l'autre sur mon soutif

• Moi : tu m'avais sauvé la vie, tu m'avais protégée d'Iba


• Malick : je dois te posséder, je dois te posséder
• Moi : je suis ta sœur, regarde-moi, stp rappelle toi.

Il grognait comme un ours, sa main touchait des parties de mon anatomie, me donnant envie de
vomir.je m'en voulais d'avoir mis une jupe. Mais sa main se desserrait de mon cou, petit à petit

• Malick : je ne peux pas, je dois te prendre. Ils ont raison, il faut que je te fasse l'amour
• Moi : qui, qui te demande ça ?
• Malick : les voix, les voix dans ma tête. Elles ne me laissent pas tranquille, elles hurlent dans
ma tête. Oh mon Dieu, laisse-moi faire et après tout ira bien

Il commença à déboucler sa ceinture

• Moi en pleurs : Malick, Malick, regarde-moi ! ne les écoute pas, tu m'avais promis de ne
jamais me faire du mal, tu sais que je t'aime, je t'aime ! tu ne peux pas me faire du mal, tu ne
peux pas... je suis ta Khadija stp rappelle toi tu n'es pas Alioune, tu es Malick, tu ne vas jamais
me violer
Je savais que les mots « Alioune » et « viol » l'atteignaient plus qu'aucun autre mot. Donc je lui
répétais ça en pleurant de plus belle ! et ça marcha ! le flou qui voilait ses yeux semblait s'atténuer et
il murmurait : « non, non je ne peux pas te faire du mal, je ne suis pas Alioune, je ne suis pas Alioune
» et puis tout d'un coup il se leva comme s'il avait été brulé par mon corps

• Malick : Oh mon Dieu !! qu'est-ce que je suis en train de faire ???? Didi, Didi, Didi...

Profitant de ce moment de répit, où Malick complètement déboussolé tournait en rond dans mon
salon en marmonnant des choses incompréhensibles, je sautais du canapé et courut vers ma
chambre comme une fusée. Ses cris ne m'arrêtèrent pas au contraire, ça décuplait mes forces.
Quand j'ai atteint ma chambre, et que j'ai fermé la porte derrière moi à clef, le soulagement fut tel
que j'ai glissé au sol et j'ai pleuré.

Je l'ai entendu crier mon nom, donner des coups à la porte, mais je la savais solide. Combien de
temps ça a duré, je ne saurais le dire. J'étais toujours assise par terre, les larmes coulant toujours
toutes seules. J'étais fatiguée, mais j'avais l'impression de sentir encore les mains de Malick sur mon
corps, je me relevais brusquement et me dirigeais vers la douche. Je me déshabillais comme un
automate et laissais mon corps bruler sous le jet d'eau chaude durant de longues minutes. L'esprit
complètement embrouillé, je sortais de la douche en trainant les pieds je m'enroulais une serviette
sur le corps et me jetais sur mon lit.

• Boum boum boum !

Je sursautais, on aurait dit qu'un tremblement de terre m'avait secoué tellement les coups donnés à
la porte étaient puissants. D'un coup, les battements de mon cœur se sont accélérés et si c'était
Malick qui était revenu, mon Dieu !!

• Bébé, tu es là !!! ouvre la porte !!

Ouf c'était Tidiane... je ne peux même pas vous décrire le soulagement que j'ai ressenti. J'ai ouvert la
porte après avoir regardé ma tête sur le miroir et j'étais juste horrible

• Tidiane : hey !! qu'est-ce que tu as, tu as pleuré ?? pourquoi tu t'es enfermée dans la
chambre ?
• Moi : j'ai juste une grosse migraine, chéri !
• Tidiane : et tu verrouilles la porte de la chambre ??! et si tu t'étais évanouie, comment on
aurait pu t'aider ?
• Moi : je ne sais pas moi, je l'ai fermée sans faire exprès !
• Tidiane : et puis tu as laissé la porte d'entrée ouverte ! tu es sûre que tout va bien ??!
• Moi : oh Tidiane, stp, arrête avec tes questions ! je t'ai dit que je ne me sentais pas bien, je
suis arrivée à la maison dans un état second...
• Tidiane : ok, ok ! Il y a tonton Omar qui m'a appelé aussi, il n'arrivait pas à te joindre et il
avait l'air inquiet.
• Moi : oh mon téléphone doit être dans mon sac.

Il me tendit mon sac.

• Tidiane : Tiens, il était par terre à côté du canapé (histoire de me rappeler que je ne laissais
jamais mes affaires trainer, j'avais horreur de ça). Khadija, j'espère que tu ne me caches rien
de grave. Tu as l'air bizarre et je sens que tu ne me dis pas tout. En tout cas tu sais que tu
peux toujours compter sur moi...
Comment lui expliquer que son frère a failli me violer ?! Non jamais ! Même si on arrivait à
désenvouter Malick, ça pourrait changer à jamais leur relation. Je récupère mon sac sans faire de
commentaire

• Moi : je vais appeler Tonton Omar.


• Tidiane, après un gros soupir : Ok bébé, je vais prendre une douche. Je suis passée voir
Maman, elle te fait de gros bisous
• Moi : oh c'est pour ça que tu es arrivé si tard, tu aurais pu m'avertir
• Tidiane : je t'ai envoyé un message vers 19h, dès qu'elle m'a demandé de venir à Mermoz
• Moi : je ne l'ai pas vu (évidement j'étais occupé à me défaire de Malick...) bon je vais appeler
tonton

J'ai mis une robe légère vite fait et je suis allée m'installer à la terrasse, pour une fois l'idée même
d'aller à la balançoire en bas, me terrifier. Le téléphone sonna me tirant de ma léthargie

• Tonton Omar : Khadijatou ?


• Moi : tonton, yaw la done wadja woo ni (j'étais sur le point de t'appeler comme ça)
• Tonton Omar : loula dale ? (qu'est ce qui t'arrive)
• Moi : tonton, Malick a failli me violer
• Tonton Omar : failli ?
• Moi : j'ai pu le distraire
• Tonton : donc tu as pu toucher son cœur, qui est encore pur. C'est une bonne nouvelle, il a
une chance d'être sauvé, mais il faudra beaucoup de sacrifices.
• Moi : je ne comprends pas
• Tonton : Khadija, le sortilège d'amour qui a été jeté sur Malick est très puissant. Maintenant
qu'il a atteint le degré du « désir fou », c'est l'étape ultime. S'il ne te fait pas l'amour, il risque
de mourir. Il va te désirer constamment, et il n'y aura qu'avec toi qu'il pourra se soulager.
Soit tu lui cèdes, soit il meurt
• Moi : Oh mon Dieu !
• Tonton : je sais ma fille c'est effroyable.
• Moi : la seule façon de l'aider c'est de lui céder ? lui demandais-je avec une voix tremblante
• Tidiane : il y a une autre possibilité.
• Moi : laquelle ?
• Tonton : il faudra sacrifier ton amour

Je suis restée 3 bonnes minutes sans parler, avec le silence complice de tonton Omar. Pourtant je ne
suis pas surprise par cette nouvelle. Toute cette méchanceté avait pour but de m'éloigner de Tidiane,
Malick n'était qu'une victime collatérale.

• Moi : dis-moi tout, dis-je dans un soupir


• Tonton : alors...
Je suis restée plus d'une heure au téléphone avec tonton Omar, et j'avais l'impression que ma tête
allait exploser. Je suis dans un état second, je vois Tidiane mettre la nappe sur la table de la terrasse
surement pour diner. Je le vois faire des allers retours comme dans un rêve, et je vous jure que c'est
comme si mon corps n'était plus connecté à mon cerveau. Je devais prendre des décisions
importantes et je n'ai pas honte de dire que je voudrais revenir 3 ans en arrière et ne jamais accepter
l'invitation de Sall pour ce diner de Gala ou j'ai rencontré Tidiane la première fois. J'aurais voulu ne
jamais revoir Malick au parvis de la mairie de Dakar. Il est vrai que ma vie était terne et fade avant
mais je ne souffrais pas. C'est lâche mais aujourd'hui j'ai l'impression que mon cœur se brise à
chacun de ses battements...

• Tidiane : tu viens manger ?

Il s'était rapproché sans que je m'en rende compte. Il s'agenouilla entre mes jambes, le visage
reflétant son inquiétude.

• Moi : je ne suis pas bien, c'est tout. Ça arrive alors ne t'inquiètes pas
• Tidiane : pourquoi j'ai l'impression que tu t'éloignes de moi ?
• Moi : tu te fais des idées, c'est moi qui devrais te faire cette remarque en plus. Toute cette
semaine tu m'as presque ignorée.
• Tidiane : je suis pas mal énervé et stressé et je ne voulais pas que tu en fasses les frais. Les
seuls moments où je suis bien c'est la nuit... dans tes bras.
• Moi : ...
• Tidiane : viens manger ça va refroidir
• Moi : tu as préparé ?
• Tidiane : non Alpha (le chef cuisinier) nous a fait livrer du « tiéré mboume »
• Moi : je suis désolée de ne pas y avoir pensé
• Tidiane : à quoi ?
• Moi : à prévoir quelque chose pour le diner, c'est mon rôle ça. Je suis sensée être la
maitresse de maison, m'occuper de toi
• Tidiane : tu es sérieuse ? petite folle ! viens, allons manger, tu pourras me répéter ça quand
on sera au lit.

Qu'est-ce que je l'aime cet Homme ! je pris la main qu'il me tendait, et les battements de mon cœur
s'accélèrent. Comment le quitter ? comment vivre sans lui ?

Nous avons mangé en silence ce qui était plutôt rare. Son regard était posé sur moi et de temps en
temps je le fixais aussi intensément. J'ai plus picoré qu'autre chose mon diner pourtant savoureux. Je
sentais déjà que je n'étais plus la même. C'est comme si je commençais à me détacher de cette vie
avec lui. Après le diner, je lui ai proposé de rester sur la terrasse, car l'idée même de me mettre sur le
canapé du salon m'était intolérable. Tidiane n'a pas fait de remarque et je lui en fus reconnaissante.
Puis il a reçu un mail important, et il est allé voir ça dans son bureau. Trente minutes plus tard il
n'était toujours pas revenu, j'ai préféré ne pas l'attendre et d'aller dans notre chambre mais en
passant devant son bureau je l'ai entendu crier en parlant toucouleur, il devait sûrement être au
téléphone. Je passais sans m'attarder, mais dès que j'eus mis mon pyjama il vint me rejoindre, le
visage crispé

• Tidiane : je dois retourner à Mermoz, Malick est malade et tonton Bouba a besoin de moi
• Moi : je viens avec toi
• Tidiane : Non, ta présence ne sera pas nécessaire, au contraire j'ai peur que ça empire les
choses. Il te réclame et il a l'air fou. J'ai peur qu'il s'en prenne à toi
• Moi : il me réclame, tu l'as bien dit ! Alors laisse-moi venir avec toi. Tu seras là non, et les
autres aussi, il ne pourra pas me faire du mal. Allons-y
• Tidiane : si tu y tiens...

Je me suis habillée vite fait jean et t-shirt et nous sommes partis à Mermoz. Rien ne m'avait préparé
à ce qu'on trouva à Keur guou maak. On aurait dit qu'il y avait un décès, toute la maisonnée était
rassemblée dans le salon de tonton Bouba, les femmes étaient en larmes et on entendait les cris de
Malick depuis la chambre de son père : « Didiiiiiiiiii, Didiiiiiiii, ... »

Mon cœur saignait à chaque cri, Tidiane serra très fort ma main, avant de s'avancer vers tonton. Dès
que Badjenne Rougui s'aperçut de ma présence, elle lança un long tchiip et m'attaqua

• B R : tu n'as même pas honte de venir comme ça, alors que tu es la cause de tout ce mal !!!
qu'est-ce que tu veux ? Vérifier que tu as réussi ton coup, hein c'est ça ?? (Elle se tourna vers
les autres) Qu'est-ce que je vous avais dit ? qu'il ne fallait pas lui faire confiance, une gueule
d'ange mais un cœur de Satan !!! tu as intérêt à libérer mon neveu où c'est moi qui m'occupe
personnellement de toi

Pour une fois, malgré sa haine et sa virulence, personne n'a pris ma défense. Tonton Bouba, n'avait
même pas l'air d'entendre quoi que ce soit tellement il avait l'air dévasté. Tidiane quant à lui, il m'a
juste supplié des yeux de garder mon calme puis il est allé dans la chambre pour voir Malick qui
continuait par ailleurs de crier mon nom et de réclamer ma présence. Quand il est ressorti le visage
ravagé par la douleur qu'a provoqué la vue de son frère, il a pris tonton Bouba dans ses bras, et ce
dernier s'est lâché. Il a tellement pleuré, lui si fort d'habitude dans toutes les situations. Et les paroles
de tonton Omar me revenaient en boucle dans ma tête. Je me suis avancée vers lui et dès que j'ai
posé ma main sur son épaule, il sursauta et me lança un regard noir

• Moi : Tonton est ce que je peux le voir ?


• Tonton B : non Khadija, je pense que ce n'est pas une bonne idée. Malick est attaché à mon
lit et ce n'est pas dans cet état que j'aimerais que les gens le voient et je pense que tu es la
dernière personne qu'il devrait voir. Il se fait du mal à cause de toi

Tout ça, était dit avec douceur mais le message était clair. Tidiane n'a rien dit mais les autres langues
se sont déliées commençant par badjenne Rougui. Voyant que pour une fois Tonton Bouba ne
prendra pas ma défense, elle se lâcha et toutes les autres s'y sont mises sauf maman Tamaro. Des
sous-entendus m'était adressés, j'entendais des tchips résonnés dans la pièce, mais je n'en avais
cure. Je savais déjà que ça se passerai comme ça, Tidiane m'avertit que l'ambulance était en route
pour emmener Malick à la clinique madeleine dans le service de Mr Sané urologue de renom. Il m'a
confié ses clefs de voiture et m'a demandé d'aller l'attendre à la maison sur un ton qui n'admettait
pas de réplique. J'ai regardé sa main quelques secondes avant de fixer ses yeux.

• Moi : t'inquiètes, tu auras besoin de la voiture. Je vais prendre un taxi


• Tidiane : non je préfère que tu prennes la voiture, tu seras plus en sécurité
• Moi : ne t'occupes pas de ça ! pour le moment il y a plus important hein ! Ta famille compte
sur toi, (je le regarde tendrement), les tiens ont besoin de toi, Tidiane.
• Tidiane : tu parles comme si tu n'en faisais pas parti, tu es mienne Khadijatou.

Je me contentai d'hocher la tête et je fis demi-tour, sous les paroles insultantes de badjenne Rougui :
« (En toucouleur) je vous avais dit que deumeu là ! Mangeuse d'hommes, tu n'as laissé aucune
miette de Malick, Baaba avait raison de ne pas te faire confiance ! mais personne ne voulait
l'écouter... »
J'avançais sans me retourner, je suis sortie rapidement de keur gou maak et j'ai pris un taxi. Arrivée à
la maison, j'ai appelé tonton Omar pour lui faire un compte rendu, et il me pressa de prendre vite
une décision. Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, les cris de Malick me hantaient, les yeux pleins de
reproches de tonton Bouba aussi. Et que dire de la passivité de Tidiane. J'étais en train de les perdre,
donc tant qu'à faire, autant prendre la décision qui s'imposait. Les personnes qui comptaient pour
moi commençaient déjà à me regarder avec haine et si jamais Malick mourait dans cet état-là, jamais
il ne me pardonnerait même si quelqu'un comme Tidiane était persuadé que je n'avais rien à voir là-
dedans. Vers 7h du matin, il m'a appelé pour me dire que Malick avait été pris en charge, mais le
professeur Sané était complétement perdu, il n'avait jamais vu ça durant toute sa carrière, malgré
tous leurs efforts, le désir de Malick ne faiblissait pas au contraire, et le plus alarmant était que son
cœur, lui, faiblissait. Il m'a averti qu'il retournait avec tonton Bouba à Mermoz, pour que le pauvre
puisse prendre une douche et manger quelque chose ensuite ils retourneraient à la clinique, vers
11h. Malick était sous sédatif et il ne servait à rien de rester sur place.

Ok, ça allait être juste mais ça devrait pouvoir se faire. J'ai pris ma voiture direction la clinique. Il
fallait que je fasse vite avant que les autres ne reviennent. En route, j'ai appelé Hamdy mon ex
milliardaire. On s'était quitté il y a 4 ans en bon terme (heureusement) et comme il a toujours un
faible pour moi, il n'hésitait jamais quand je lui demandais un service. C'est vrai que depuis j'étais
marié, je ne l'avais pas appelé mais bon il fallait miser sur lui pour le coup. J'espérais juste qu'il n'était
pas en déplacement

• Moi : Hamdy, c'est Didi


• Hamdy : Hey, petit volcan ! ça fait un bail, comment tu vas ?
• Moi : pas très bien j'ai super besoin de toi
• Hamdy : tu m'inquiètes ! de quoi tu as besoin
• Moi : d'un avion
• Hamdy : rien que ça ?
• Moi : tu ne connaitrais pas le professeur Sané, urologue ?
• Hamdy : euhh non mais il travaille à la clinique madeleine n'est-ce pas ?
• Moi : oui c'est ça
• Hamdy : mon oncle est le directeur de la clinique
• Moi : sérieux ? tu es à Dakar j'espère ?
• Hamdy : oui ! mais dis-moi qu'est ce qui se passe ? qu'as-tu l'intention de faire avec un avion
?
• Moi : promet moi que tu vas m'écouter jusqu'au bout
• Hamdy : promis ! qu'est-ce que tu veux faire
• Moi : un kidnapping...
PARTIE 26

Je n'ai pris qu'une petite valise où j'ai mis quelques habits, mon ordinateur, mes papiers et de
l'argent. J'ai mis moins de 10 minutes pour me rendre à la clinique, en ce samedi matin ensoleillé.
Arrivée au parking, j'ai appelé tonton Omar pour dérouler le plan, Hamdy était en route pour me
rejoindre.

• Tonton, ça va ?
• Oui alhamdoulilah et toi ?
• Je suis prête, on va faire comme Abderrahmane m'a conseillée
• Ok. Tu as réfléchi à comment tu allais le faire sortir
• Il faut que je parle à tonton Bouba.
• Hum, n'oublie pas la condition pour que le sort puisse être complètement enlevé.
• Je n'ai pas oublié, je ferais ce qu'il faut.
• Ok je reste à l'écoute

Je raccroche au moment où Hamdy arrive en mode men in black ! Il se croit vraiment dans un film lui
! Au moins il a réussi à faire naitre un sourire sur mes lèvres.

• Hello petit volcan ! je vois que tu es toujours aussi belle !


• Ham, ce n'est vraiment pas le moment !
• Hum sorry ! j'ai eu mon oncle au téléphone, je lui ai expliqué la situation et il a appelé le Pr
Sané qui lui a confirmé la complexité du cas. Seulement, il est embêté car étant donné que
Malick n'est pas conscient pour le moment, seul son père peut signer l'autorisation de sortie.
• Je m'y attendais. Bon tu m'as pris la puce que je t'avais demandé ?
• Tiens une pour maintenant et l'autre pour après.
• Parfait. Donne-moi une minute

J'inspirais profondément en prenant le vieux alcatel que Hamdy m'avait apporté, je ne voulais en
aucun cas que Tidj puisse me retracer. Je composais le numéro de tonton Bouba. Au bout de 5
sonneries, il décrocha.

• Tonton B : Allo ?
• Moi : c'est Didi mais fais comme si tu parlais à un de tes clients.
• Tonton B : je suis seul donc...
• Moi : ok. Je m'en vais...
• Tonton B : comment ???
• Moi en continuant ma phrase : ... avec Malick !
• Tonton B en criant : quoi ? c'est hors de question !
• Moi : alors écoute moi bien tonton, le choix est assez simple : 1 je m'en vais toute seule je
sors de vos vies, Malick il meurt. 2 je reste avec Tidiane malgré tout, Malick il meurt. 3 je
m'en vais avec lui, je fais ce que j'ai à faire, je lui sauve la vie. Et pour le moment lui sauver la
vie est ma priorité.
• Tonton B : ... (je l'entendais respirer très fort)
• Moi : j'ai besoin que tu signes l'autorisation de sortie de Malick et vite.
• Tonton B : et que fais-tu de Tidiane ?
• Moi : c'est un grand garçon, il s'en sortira
• Tonton B : Mais...
• Moi : il n'y a pas de Mais Tonton, le temps file et je veux m'en aller ! j'en ai marre de tout ça,
de cette vie pourrie ! je m'en vais avec Malick un point c'est tout ! si après il décide de
revenir ce sera sa décision ! mais moi je n'ai plus envie d'avoir affaire avec aucun d'entre
vous. Maintenant, appelle la clinique et dis-leur que tu m'autorises à emmener Malick avec
moi
• Tonton B : et qu'est-ce que je vais dire à Tidiane ?
• Moi : ce que tu veux tonton ! Ma vie est désormais avec Malick. On va aller loin de votre
famille de fou. Décide-toi vite stp
• Tonton B : depuis quand tu es comme ça ? mon Dieu, je ne te reconnais plus
• Moi : hier soir non plus je ne t'ai pas reconnu. Ta famille et toi avez fait de moi ce que je suis
aujourd'hui. Je veux que Malick vive. Il n'y a que ça qui compte là tout de suite. J'attends
toujours ta réponse.

Il est resté une bonne minute sans parler, mais j'avais l'impression de l'entendre réfléchir. On
accepte toutes les souffrances à condition de pouvoir retarder la mort, et là il avait conscience de
l'horrible répercussion qu'aurait sa décision aujourd'hui. Tidiane lui en voudra d'avoir cautionné tout
ça, et c'est ce que je voulais.

• Tonton B : d'accord, j'appelle la clinique


• Moi : Fais vite alors. Et surtout laisse nous le temps de partir avant d'avertir Tidiane, même si
je suis convaincue qu'il serait prêt à tout pour sauver la vie de son frère.
• Tonton B : jusqu'à sacrifier votre relation ?
• Moi d'une voix toujours ferme : c'est un dur, il s'en sortira. Il faut que j'y aille.
• Tonton B : tu me donneras des nouvelles ?
• Moi : je n'oublierais jamais toutes les fois où tu m'as soutenue, alors rien que pour ça je ne
peux pas te faire cette promesse car je ne la tiendrais pas. Si Malick guérit, il reviendra vers
toi, ça je t'en donne ma parole, mais quant à moi, c'est la dernière fois qu'on se parle tonton
Bouba.
• Tonton B : ...
• Moi : Adieu. CLICK

Une première chose de faite ! je me tournais vers Hamdy, il était temps d'aller récupérer Malick.
Avant qu'on arrive à l'accueil, son oncle, les avait déjà prévenus de notre arrivée, donc on n'a pas eu
de difficultés pour monter dans la chambre de Malick. On en a profité pour commander une
ambulance. Quand on atteint l'étage où était Malick, mon cœur a recommencé à battre vite.
L'infirmier qui s'occupait de ce service est venu nous conduire à lui. Nous avons traversé un long
couloir avant d'arriver enfin dans sa chambre. Quand je suis rentrée et que je l'ai vu dans cet état, j'ai
craqué.

Oh mon Dieu !

Malick était attaché aux mains et aux pieds, comme dans un asile de fou et ses cheveux formaient
une touffe bizarre sur l'oreiller. Mais quand j'ai vu son impressionnante érection sous le drap qui
pointait au ciel, je sus que j'avais pris la bonne décision. J'ai pleuré longtemps dans les bras de Hamdy
qui était tout aussi choqué que moi. 5 minutes plus tard, l'infirmier est revenu pour nous avertir que
c'était bon, nous étions autorisés à le faire sortir. J'ai poussé un ouf de soulagement. Il nous a
demandé de sortir pour qu'il puisse le préparer avec ses aides, et j'ai demandé à ce qu'on lui
administre la dose maximale de sédatif pour qu'il ne se réveille pas durant notre voyage. Hamdy en a
profité pour vérifier si son jet privé était prêt. Je réagissais comme un robot, fermant
hermétiquement mon cœur, ne voulant rien ressentir. 30 minutes plus tard, Malick était prêt, j'avais
laissé tous ses affaires, sauf ses papiers, à l'accueil pour que son père puisse les récupérer. Le départ
était prévu à 10h30, et je devais d'abord voir Yuma avant de partir. Je lui ai donné rendez-vous à
l'aéroport, la pauvre, elle a complètement paniqué. Et je la comprends. Elle ne savait pas le fond de
l'histoire et avait peur pour nous, en plus elle allait devoir gérer seul KM&Y, et il y aurait tant à faire.
Mais je lui faisais confiance, elle saura prendre les bonnes décisions. J'espérais de tout mon cœur
qu'on ne resterait pas longtemps hors de Dakar, et que Malick guérirait vite.

Mon téléphone n'arrêtait pas de sonner, et je n'avais pas besoin de voir pour savoir que c'est Tidiane
qui appelait. Ma lettre d'Adieu était déjà prête, et je ne me sentais pas le courage d'entendre sa voix,
de lui parler, de lui dire au revoir ou Adieu. Je savais que ma décision allait changer nos vies. Mais je
n'avais pas de regret, en tout cas pas pour le moment. Au bout d'un moment de sonneries
intempestives, j'ai répondu autant en finir

• Oui ?
• Khadija, tu es où ?
• Là où je dois être.
• Sois plus claire.
• Ahmed Tidiane, ça ne sert à rien de se voiler la face plus longtemps. Notre relation ne vaut
pas la peine de sacrifier autant de chose et principalement la vie de mon Malick
• « Ton » Malick ?
• Oui il est mien. Tu avais raison quand tu disais que nos sentiments l'un envers l'autre était
très fort. Je pense que seul lui et moi n'en avions pas conscience. Le voir sur ce lit d'hôpital,
m'a convaincue de mes sentiments et je prendrai tous les risques pour ne pas le perdre. On
s'en va
• Tu ne pourras pas le faire sortir de la clinique…
• Tu penses, mon Dieu tu es bien naïf. Tonton Bouba m'a déjà donné son autorisation et sa
bénédiction. Il faut croire que nous aimons plus Malick que toi. Nous n'hésiterons jamais à
prendre les décisions qu'il faut. Tu as demandé à tonton d'emmener Malik à la clinique alors
que tu savais que j'étais son médicament. Egoïstement, voulant me garder pour toi, tu as
préféré garder les yeux fermés sur cette situation. Ce n'est pas digne de toi, du Tidiane que
j'ai aimé.
• M'as-tu seulement jamais aimé ?
• Je t'aime encore, mais pas assez. Je préfère te perdre que de perdre Malick. Libères-moi
Tidiane.
• Khadija, dis-moi que tout ceci est une blague. Tu t'entends parler ? qu'est-ce qui s'est passé ?
tu penses que je suis ton jouet que tu prends et que tu jettes quand tu n'en as plus besoin ?
je sais qu'hier j'aurais dû prendre ta défense, mais est-ce une raison pour réagir comme ça
aujourd'hui ?
• Je suis contente que tu l'aies fait. Au moins ça m'a permis d'ouvrir les yeux. On ne peut pas
passer notre vie à nous battre contre ta famille de fou, et si c'est le cas, la situation d'hier m'a
permis de voir que tu ne prendras pas toujours ma défense.
• Il est hors de question qu'on se sépare comme ça, pas au téléphone. Dis-moi où tu es, je
viens tout de suite
• Impossible, je ne veux plus te voir.
• Je ne t'accorderais pas le divorce Khadija, tu es à moi
• Alors tu vivras tous les jours en te disant qu'avec ta complicité, un autre homme baise ta
femme, et qu'elle aime ça...
• QUOI ??? Cria-t-il
• Si tu me retiens c'est que tu acceptes que je vive une relation adultérine avec ton frère !
libères-moi Ahmed Tidiane Ly

Je l'entends reprendre son souffle, puis un juron s'échappa de ses lèvres.

• Ça suffit, je ne supporte plus d'entendre ta voix. Ne quitte pas Dakar, mon avocat te
contactera, déclara-t-il d’une voix dure et coupante
• Si tu as un quelconque document à m'envoyer, fais-le parvenir à mon oncle. Au revoir
Tidiane. Click.

La main de Hamdy sur mon épaule me fit sursauter, je sais qu'il avait entendu toute ma conversation,
mais comme je n'avais pas envie de commenter tout ça, je lui ai fait un petit sourire et j'ai avancé
vers ma voiture, pour suivre l'ambulance qui prenait le chemin de l'aéroport LSS. Mon cœur battait
très vite et j'étais trempée de sueur. Je n'avais jamais douté que ce serait dur de lui tenir de tel
propos, même au téléphone, mais ce que je ressentais aller au-delà de la douleur même. Tidiane ne
méritait pas ça, j'en étais consciente. Mais il fallait avancer, la vie de Malick en dépendait.

Le trajet a été rapide, et nous avons trouvé Yumi déjà sur place, bouleversée et en larmes. Elle était
en colère contre moi mais je m'y attendais. Elle avait tissé avec Tidiane de vrais liens de fraternité
comme avec Malick, mais elle savait que quand la mort entrait en jeu, il n'y avait plus trop de choix à
faire. Même si elle se doutait qu'il y avait des chances que je parte pour Ziguinchor, elle n'avait
aucune information sur ce que je comptais faire avec Malick. Je lui ai confié les taches que je voulais
qu'elle prenne en charge, je lui ai donné aussi les clés de ma voiture, les clefs de l'appartement
qu'elle devait remettre à Tidiane au moment opportun ainsi que les documents, chéquiers et cartes
relatifs à notre compte bancaire commun. Pour le reste je trouverai le temps pour l'appeler et lui
expliquer.

• Moi : je te fais confiance ma belle ! je sais que tu t'occuperas bien de notre bébé KMY
• Yum : ça ne sera pas pareil sans nos deux génies.
• Moi : j'espère que tout ça va vite se tasser...
• Yum : et que vous reviendrez vite, et peut être que Tidiane te reprendra
• Moi : Yum, je lui ai craché dessus pour qu'il me lâche...
• Yum : mais il t'aime comme un fou
• Moi : parfois ce n'est pas assez. Bon il faut qu'on y aille, prend soin de toi ma belle et ne
t'inquiètes pas si je ne t'appelle pas directement et souvent.
• Yum : tu vas me manquer (elle me tend les bras pour un câlin)
• Moi : et moi donc ?! vas-y go et ne fait pas de mal à ma bagnole hein !!!
• Yum : Idiote !
• Moi : je t'aime aussi

Elle a voulu voir Malick, mais j'ai préféré qu'elle s'en abstienne. D'ailleurs l'ambulance était déjà dans
l'aéroport dans le secteur des jets privés. Hamdi aussi m'avait devancée pour finir les démarches
avec la police. Heureusement que la clinique avait gardé la pièce d'identité de Malick sinon j'aurais
été bien embêté. J'ai quitté Yuma, le cœur gros. Mais mes yeux étaient secs, miss fontaine avait
disparu. Finalement j'ai déchiré la lettre que j'avais écrit à Tidiane, je n'avais plus de cœur à en
rajouter, j'avais déjà fait assez de mal.

Je suis passée rapidement par la police et Dix minutes plus tard, on décollait. On quittait Dakar. Le jet
de Hamdy était super confortable et spacieux. Il y avait une petite chambre et Malick a pu être
installé sans soucis. Son oncle nous avait conseillé d'amener un infirmier pour surveiller ses
constantes et le maintenir endormi.

Je quittais mon homme pour un autre. Je me voilais surement la face, mais je crois avoir pris la bonne
décision. Je m'en allais vers mon destin, combattre mon ennemi. J'ai été négligente à plus d'un titre.
J'avais sous-estimé la haine de Baaba envers Tidiane, puis envers moi. Mais bientôt, on sera à arme
égal, j'étais bien décidé à libérer Malick de sa sorcellerie. C'était ça ou rien, j'avais trop à perdre dans
l'histoire.

45 minutes plus tard, nous débarquions à l'aéroport de Ziguinchor. Tonton Omar nous attendait déjà
avec une ambulance sur la piste, avec deux gars en boubou qui n'avaient pas du tout l'air d'infirmiers
mais plutôt d'apprentis sorciers ! Mais bon, je faisais confiance en mon oncle. Après un long câlin
réconfortant, il est remonté dans l'ambulance en attendant qu'on installe Malick et que je dise au
revoir aux autres. Il était temps de se séparer avec Hamdy, il avait été énorme ! Calme, discret et
efficace. Il aurait fait un excellent mari.

• Moi : je ne sais pas comment te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi ce matin
• Hamdy : je te retourne un peu l'ascenseur, petit volcan. Même si notre histoire d'amour n'a
pas été très sérieuse lol, tu étais une amie, et grâce à toi je me suis assez remis en question
pour pouvoir prendre le meilleur chemin possible. On est quitte alors !!! ce fut un plaisir de
pouvoir t'aider
• Moi : ce coup-ci on garde le contact. Là je sens que je vais être pas mal occupée mais dès que
tout ceci sera terminé, je te ferais signe in chaa Allah
• Hamdy : avec plaisir, mon petit volcan ! je vais rester ici ce weekend tant qu'on y est, j'adore
cette ville.
• Moi : profite alors !!! on va y aller, mon oncle m'attend.

Je le laissais gérer les derniers détails avec le pilote et l'infirmier qui était venu avec nous et j'ai
rejoint les autres et direction, en fait je ne savais même pas.

Je suis restée à l'arrière avec Malick et les deux gars qui nous accompagnaient. Tonton était à l'avant
avec le chauffeur et il était étonnement calme. Nous avons roulé longtemps et on a du quitté
Ziguinchor, car après la route était moins bonne. Mon dos était en compote, et je sentais une
migraine qui se pointait. Malick aussi commençait à s'agiter, c'était plus sa tête qui bougeait, ses
membres restaient immobiles. Il marmonnait des trucs incompréhensibles. A un moment, un coup a
été donné au toit de l'ambulance, surement Tonton et un des gars m'a donné un sac avec un djellaba
et un foulard et m'a demandé de le mettre par-dessus mes habits et de cacher mes cheveux. Plus on
avançait, plus l'ambulance nous faisait bouger dans tous les sens et Malick commença à crier. Je
posais ma main sur sa tête et ça l'apaisait un moment. Vers 15h, la voiture s'est enfin arrêtée. Nous
avions roulé plus de 3H de temps. Quand je descendis de la voiture je fus juste choquée, on était en
pleine forêt. C'était sombre malgré que les feuilles laissassent parfois quelques rayons de soleil
s'infiltrer dans leur creux. Les oiseaux piaillaient, c'était dense, splendide.

• Une voix : Assalamou aleikoum


On se retourna tous vers la voix, et un homme se tenait juste sous un arbre, habillé tout en blanc
avec une longue barbe blanche, il avança vers moi et je commençais à trembler c'était l'homme de
mon rêve

• Abderrahmane : Khadija, tu es là enfin, je t'attendais.


• Moi : ...
• Abderrahmane : ne sois pas surprise, tu m'as vu venir. Moi aussi, je t'attendais
• Moi : je suis contente d'être là.
• Abderrahmane : ce n'est pas étonnant, tu es chez toi. Tu es une fille de la forêt. Venez suivez-
moi.

Tonton Omar vient me rejoindre et me prit la main, et on suivit Abderrahmane.

Pour une citadine, vivre dans la forêt correspondait à vivre l'inconnue. Mais on n'avait pas le choix,
Abderrahmane vivait seul dans la forêt, et tout devait se faire là. On devait juste s'adapter. Il a
commencé les rituels pour Malick dès qu'on s'est installé, et la première chose à faire était de
supprimer son désir pour moi. Je devais m'habiller en blanc pendant toute la durée du
désenvoutement et Dieu seul sait combien de temps ça allait durer. Le soir venu, Abderrahmane vint
me voir.

• Khadijatou ?
• Mame
• Comment tu te sens ?
• Je ne veux rien ressentir, ça me permet de tenir. Et je tiens pour le moment
• Tu es courageuse, mais à un moment il faudra que tu laisses éclater ta peine
• Je tiendrais Mame, il le faut. Malick a besoin de moi
• Et Tidiane ?
• Je ne veux pas penser à lui, Mame. Stp

Il resta silencieux pendant un instant avant de reprendre.

• Il y a des choses qui ne peuvent se faire que de manières sincères et spontanées et la


guérison complète de Malick en dépend. Il est important qu'on trouve la clé de cette
guérison et elle est en Tidiane. Donc on va attendre.
• Tonton Omar m'a expliqué de quoi ça retournait. Mais Tidiane est solide et orgueilleux. J'ai
peur de ne pas en avoir fait assez.
• L'avenir nous le dira ; l'avenir nous le dira...
PARTIE 27

SOUFFRANCE, SOUFFRANCE, SOUFFRANCE...

Je ne pensais pas qu'un jour, je souhaiterais autant que Tidiane souffre.

C'était aberrant je sais mais notre Salut en dépendait, Malick et moi. Je me rappelle encore de ma
conversation avec tonton Omar le soir où Malick a failli me violer

• Tonton Omar : loula dale (Qu'est ce qui t'arrive)?


• Moi : tonton, Malick a failli me violer
• Tonton Omar : failli ?
• Moi : j'ai pu le distraire
• Tonton : donc tu as pu toucher son cœur, qui est encore pur. C'est une bonne nouvelle, il a
une chance d'être sauvé, mais il faudra beaucoup de sacrifices.
• Moi : je ne comprends pas
• Tonton : Khadija, le sortilège d'amour qui a été jeté sur Malick est très puissant. Maintenant
qu'il a atteint le degré du « désir fou », c'est l'étape ultime. S'il ne te fait pas l'amour, il risque
de mourir. Il va te désirer constamment, et il n'y aura qu'avec toi qu'il pourra se soulager.
Soit tu lui cèdes, soit il meurt
• Moi : Oh mon Dieu !
• Tonton : je sais ma fille c'est effroyable.
• Moi : la seule façon de l'aider c'est de lui céder ? lui demandais-je avec une voix tremblante
• Tidiane : il y a une autre possibilité.
• Moi : laquelle ?
• Tonton : il faudra sacrifier ton amour
• Moi : dis-moi tout, dis-je dans un soupir
• Tonton : alors dans ce cas précis, le mal ne peut être détruit que par le mal. La personne qui
a ensorcelé Malick avait pour but de détruire ta relation avec ton mari, celle de Tidiane et
Malick, celle de Malick et toi et surtout celle de Tidiane et son oncle Boubacar.
L'envoutement ne prendra fin que si ces 4 relations sont détruites, mais surtout si les 4
personnes concernées ressentent une souffrance intolérable, face à la situation. Mais je te
confie que la personne qui doit être le plus touchée, c'est ...
• Moi : c'est Tidiane, terminais-je pour lui
• Tonton : oui il est l'épicentre.
• Moi : donc si je comprends bien, je dois le faire souffrir
• Tonton : Malick il souffre déjà, je pense qu'il ne peut pas vivre plus dur. Il reste Boubacar et
Tidiane. Et le mieux c'est de les diviser
• Moi : ...
• Tonton : oui ma chérie, je sais que c'est dur, mais il le faut
• Moi : et s'ils ne me pardonnent pas après ?
• Tonton : c'est qu'ils ne te méritent pas, Khadija
• Moi : tonton tu te rends compte que tu me demandes de prendre l'initiative de faire souffrir
mon homme, ma vie...
• Tonton : je sais, je sais...
• Moi : je peux y réfléchir ?
• Tonton : fais vite rék, il ne faut plus tarder
• Moi : je te tiens au courant très vite
• Tonton : ok. Prend soin de toi ma fille...

...

Ça a été la décision la plus dure que j'ai prise de ma vie. Et j'avoue que j'ai laissé l'adrénaline et la
peur de perdre Malick me portait, pour pouvoir parler si durement à Tidiane. Mais chaque mot
prononcé a été comme du venin qui me brulait la langue. J'aime cet homme au-delà de toute raison,
et les 3 ans que j'ai passé en prison ne sont rien comparés à ce mois passé loin de lui.

Et maintenant, en plus de la douleur que me causait notre séparation, c'est le doute qui s'était
installé. Un doute qui comme une gangrène, me bouffait l'esprit et le cœur. La souffrance de Tidiane
devait être la délivrance de Malick, mais voilà, depuis un mois que je lui avais débité toutes ces
horreurs, rien ne s'était passé. Etait-il possible que ça ne l'est point affecté ? Et s'il ne m'aimait plus,
et si son amour pour moi n'était pas aussi fort que le mien ? ne ressentait-il pas ce manque qui me
rongeait, cet envie de lui qui me dévorait ? l'envie de le toucher d'entendre sa voix, de le voir sourire,
d'être juste à un souffle de lui ?

Je n'ai parlé ni à tonton Omar ni à Mame Abderrahmane de mes ressentis, de mes peurs. Je n'avais
pas envie d'analyser, ni de décortiquer tout ça pour le moment et je savais qu'il suffirait que j'en
parle, pour me briser encore plus. J'étais déjà en lambeaux, je ne voulais pas en rajouter. Mon
appétit était mort, je tenais grâce au goyavier qui était juste à côté de la case où je dormais, qui
m'offrait ses fruits tendres et juteux. Je suis passée voir Malick ce matin après la prière, et ma foi, il y
avait un léger mieux. Enfin c'est ce que je pensais jusqu'à ce qu'il me voie et qu'il commence à
s'agiter, murmurant « Didi mon amour ». Sa vie n'était plus en danger certes, mais le sortilège était
encore en place.

Je sortis de là, découragée. Désespérément, j'ai tenté de réprimer mes émotions, de les tenir à
distance. Mais d'un coup je perdis la foi, l'énormité de ce que j'avais fait me submergea peu à peu.
Merde ! je l'avais humilié, quitté, lui le seul homme qui m'ait donné de l'amour alors que je n'étais
même pas sure du succès de toute cette opération ! Toutes mes certitudes se sont volatilisées, la
légitimité de ma démarche me sembla, tout à coup, absurde. Une douleur effroyable me déchira, le
barrage céda et mes larmes commencèrent à déborder (la fontaine Didi était de retour) et je me mis
à crier. Ma douleur était indescriptible... physique, mentale... métaphysique... elle s'infiltrait dans
toutes les parties de mon corps, me coupant le souffle, aspirant toute mon énergie. Et ce n'était rien
d’autre que le fruit de mon œuvre, de mes choix. Je me suis assise par terre où l'herbe était encore
humide de la rosée matinale et je m'abandonnais à mon chagrin...

Comme dans un brouillard, je sentis que quelqu'un me secouait. J'ouvrai les yeux enfin, et Tonton
Omar et Mame Abderrahmane m'entouraient, chacun d'un côté du lit où j'étais allongée. Je regardais
autour de moi, et je me suis rendu compte que j'étais dans la case de Mame. Mon corps était mouillé
et couvert de plante. J'avais la tête lourde et mon cœur me faisait mal. J'avais l'impression que
quelqu'un y piquait une aiguille chaque seconde.

• Moi : j'ai mal, soufflais-je


• Abderrahmane : où ?
• Moi : ici (en posant ma main sur mon cœur)
• Abderrahmane : c'est normal. Depuis que tu es arrivée ici, tu as essayé de cacher tes
émotions, tu as voulu faire fondre ta douleur, tu as voulu rester forte malgré tout. Mais ton
amour pour Ahmed Tidiane va au-delà de toute logique. Au bout d'un moment, il fallait que
ton chagrin éclate.
• Moi : pourquoi j'ai si mal ? Mame, l'intensité de la douleur que je ressens est comme double,
ma douleur et autre chose, je ne sais pas c'est comme si...
• Abderrahmane : oui ?
• Moi : oh mon Dieu, Tidiane !
• Abderrahmane : oui mon enfant, le processus a commencé. Pendant tout ce mois, tous tes
faits et gestes ont été le parfait reflet des faits et gestes de ton Homme. Il a combattu et
essayé de minimiser l'humiliation, la douleur de ton absence, la perte de son frère, et sa
colère contre son oncle Boubacar. Mais ce matin, en même temps que toi, il s'est enfin laissé
aller et la combinaison de vos deux douleurs a provoqué ton évanouissement.
• Moi : Oh Mame, tonton Omar, on peut appeler sa mère pour qu'elle aille le réconforter il
souffre tellement...
• Abderrahmane : non, sa souffrance est indispensable. Chaque piqûre que tu ressentiras dans
ton cœur, plus elle sera douloureuse, plus le sortilège va s'enlever plus vite. Tu serais
étonnée de voir l'amélioration de la santé mentale de Malick depuis ce matin...
• Tonton Omar : ma chérie, tu dois être plus forte que jamais c'est la dernière ligne droite...
• Moi : tonton stp, stp appelle maman Tamaro, ce que je ressens... oh mon Dieu la douleur est
trop forte
• Tonton Omar : d'accord attend une minute

Il est sorti pendant un instant et mon cœur battait tellement fort que j'avais l'impression que tout le
monde pouvait l'entendre. A son retour dans la case, tonton demanda à Mame Abderrahmane de
sortir une minute. Ils ressortirent ensemble. Je commençai à trembler, j'étais sûre qu'il était arrivé
quelque chose à mon mari. Au bout de longues minutes, tonton est revenu seul, il avait l'air dévasté.

• Moi : qu'est ce qui se passe ? dis-moi que Tidiane va bien !


• Tonton : ma chérie... je suis tellement désolé
• Moi en pleurant : dis-moi...
• Tonton : il va très mal...

Je refermais les yeux. Moi seule ressentais la douleur de Tidiane et mon Dieu c'était horrible. Je
rassemblais mes deux mains vers le ciel et je me mis à prier. ALLAH était, est, et sera toujours notre
seul et unique refuge...

1 mois plus tôt à Mermoz, dans la tête de Tidiane....

• Moi : je ne t'accorderais pas le divorce Khadija, tu es à moi


• Khadija : alors tu vivras tous les jours en te disant qu'avec ta complicité, un autre homme
baise ta femme, et qu'elle aime ça...
• Moi, choqué : QUOI ???
• Khadija : si tu me retiens c'est que tu acceptes que je vive une relation adultérine avec ton
frère ! libères-moi Ahmed Tidiane

J'avais l'impression que mes nerfs étaient en train de lâcher, j’étais à deux doigts de briser le
téléphone

• Moi : ça suffit, je ne supporte plus d'entendre ta voix. Ne quitte pas Dakar, mon avocat te
contactera.
• Khadija : si tu as un quelconque document à m'envoyer, fais-le parvenir à mon oncle. Au
revoir Tidiane. Click.

J'écoutais durant un moment la tonalité résonner avant d'éclater de rire comme un fou avant de me
calmer d'un coup. J'avais la tête qui tournait et je me rassis sur le fauteuil de mon bureau, et je
fermai les yeux. Quand je les rouvris, durant une seconde, je ne sus plus où j’étais, ni quel jour on
était, ni qu'est-ce que je faisais dans mon bureau à Mermoz en plus. Je serrai mon téléphone dans
mes doigts crispés, et toute ma conversation téléphonique me revint comme un retour de
boomerang. Je me suis levé comme un ressort, et suis sorti de mon bureau. J'entrai comme une furie
dans les appartements de tonton Bouba, et les pleureuses toujours assises au salon me donnèrent
juste envie de commettre des meurtres.

J'accédai dans sa chambre et fermai la porte derrière moi. Il était couché sur son lit, le regard vide, il
me semblait qu'il avait vieilli de dix ans.

• Pourquoi avoir donné l'autorisation à Khadija d'emmener Malick ? Tu connais ses intentions
?
• Elle veut sauver mon fils murmura-t-il d’une voix lasse
• En couchant avec lui ??

Il sursauta, et les larmes se mirent à couler sur ses joues.

• Elle a juste dit, qu'elle allait faire ce qu'il y avait à faire pour le sauver, je n'ai pas cherché
comment.
• Pourquoi ne pas avoir pris le temps de m'en parler comme on fait d'habitude
• Excuse-moi d'avoir une fois était égoïste ! je n'ai pas pensé à toi ; je te l'avoue ! Je n'ai pensé
qu'à mon fils et à sa survie.
• Est-ce une façon de me dire que je ne pense pas à la survie de Malick ? demandais-je,
incrédule
• Je n'ai rien dit de tel. J'étais juste incapable de refuser ce que Khadija m'offrait à cet instant
là...
• Khadija est ma femme, tonton. Elle est à moi
• Mais elle a fait son choix, Tidiane. Je suis tellement désolé
• ELLE EST A MOI ! répétais-je en criant

Je fis demi-tour, et sortit de sa chambre. Dans ma tête, un seul objectif, retrouver Khadija. Je
bousculais badjenne Rougui qui, à tous les coups, était en train d'écouter aux portes. Son sourire
démoniaque me mit hors de moi, j'allais lui mettre une bonne gifle quand ma mère a crié mon nom.
Mais voir ses yeux exorbités de peur me donna une petite satisfaction. Je sortais de la maison dans
un crissement de pneus et me dirigeais vers l'aéroport LSS. Connaissant Khadija, il y avait des chances
qu'elle quitte Dakar et son premier refuge restait chez son oncle à Ziguinchor. J'ai réessayé de la
joindre à nouveau sur son téléphone mais je tombais sur sa boite vocale. Et moi comme un drogué
en manque, j'écoutais et réécoutais sa voix me répéter qu'elle n'était pas disponible pour le moment.

Quel clown je devais avoir l'air ! le trajet fut rapide et dès que je suis arrivé à l'aéroport je me suis
dirigé vers l'accueil de Sénégal Airlines. Le départ de Dakar était de 9h, donc elle n'avait pas pu
prendre l'avion pour Ziguinchor. Mais où était-elle, bon sang ?! je ressortais de là, dépité. J'ai roulé
au hasard, hagard, asphyxiant mon cerveau et mon cœur, ne voulant pas réfléchir sur tout ce que ça
impliquait d'admettre que ma Khadija m'avait quitté. Je me suis rendu directement à mon
appartement en ville, que je louais en temps normal, mais qui heureusement étais libre ce weekend.
Il était hors de question que je retourne à Mermoz, à Hann marinas n'en parlons même pas !

J'étais encore sous le choc de l'annonce de Khadija. Durant les deux heures qui viennent de passer,
j'ai réagi comme un robot, mais je l'entendais encore me dire « Libère moi Tidiane, Libère moi ». Et
assis sur mon canapé, je refusais encore de croire à la réalité. J'ai appelé à Ziguinchor pour parler à
tonton Omar, mais maman Soda qui ne semblait être au courant de rien m'a affirmé qu'il avait
voyagé depuis quelques jours. J'ai ensuite appelé Yuma, elle était tellement confuse et désolée
qu'elle s'est mise à pleurer, mais j'ai pu comprendre que Khadija et Malick avaient qu'à même pris
l'avion, mais que sa copine ne l'avait pas mise dans la confidence. J'ai raccroché en essayant de la
convaincre que tout irait bien.

Je me suis levé, j'ai pris ma douche, je suis allé prier comme si de rien était, en fait j'étais dans un
déni certain. C'était pour moi impossible que tout ce que j'ai vécu depuis ce matin puisse être réel. Je
suis resté enfermé tout le weekend chez moi, ma mère, inquiète, n'arrêtait pas d'appeler pour
prendre des nouvelles. J'ai fait une restriction pour mes appels entrants sauf pour ma mère.
Cependant elle ne savait pas où j'étais, je n'avais pas envie qu'elle débarque. Je voulais rester seul
afin de pouvoir canaliser toutes les émotions qui me traversaient. Le lundi matin, après avoir ruminé
seul, mangé seul et dormi seul, le seul sentiment que je laissais exploser en moi fut la colère. C'était
plus confortable, plus facile à gérer et ça me permettait de me lever plus hargneux que jamais ! il
était hors de question que je souffre, hors de question. Je suis allé au bureau comme d’habitude,
faisant tout mon possible pour rester lucide et gérer mon cabinet. L'absence de Tonton Bouba à
notre réunion hebdomadaire me confirma qu'il n'était pas toujours bien et pourtant il devrait être
heureux, il avait une chance pour que Malick s'en sorte, moi je n'avais plus rien, je n'avais plus
Khadija. Je lui en voulais toujours d'avoir agi en cachette, même si je comprenais sa position.

Il m'avait trahi.

La semaine a été bizarre, à la limite morbide. I'm robot. J'ai enfermé mon cœur dans une boite et
mon cerveau n'analysait que le présent. Je vivais au jour le jour. J'ai repris le footing assidument, très
tôt le matin avant d'aller au boulot, je parcourais les rues du centre-ville de Dakar comme une ombre
silencieuse. Putain j'avais l'impression d'être une coquille vide et ça me foutait la rage. En une
semaine mon corps avait fondu, mais j'avais pris du muscle, beaucoup de muscle. Au bureau, mes
employés me fuyaient littéralement. Ma mère n'arrêtait pas de plaider la cause de tonton Bouba,
mais j'étais hermétique à toutes explications. Tata Mintou (la mère de Malick) était là à ce qu'il parait
et que ma mère et elle comptaient aller à Ziguinchor chez maman Soda. Elles avaient gardé un lien
très fort, et pensaient pouvoir rétablir l'ordre dans nos vies. Elles étaient libres de faire ce qu'elles
voulaient, tout ce que je voulais moi c'était qu'on ne me mêle plus de toutes ces histoires.

Deux semaines plus tard, un jeudi matin, à mon retour d'un rendez-vous à l'extérieur, j'ai trouvé mon
grand-oncle Samba Ly (on l'appelait affectueusement Kaw) m'attendant à l'accueil. Je n'avais aucune
envie de voir les gens de Podor et surtout pas de Souima, mon fief, mais je ne pouvais plus reculer, il
m'avait déjà vu. Je l'invitais à me suivre dans mon bureau.
• Moi : comment va la famille ?
• Kaw : mal. Ecoute Ahmed, je ne suis pas là pour tourner autour du pot. Je suis venu te parler
de deux choses.
• Moi, tendu : je t'écoute, Kaw
• Kaw : la première, je suis très déçu par ton comportement envers ton oncle Boubacar. Tu ne
connais presque pas ton père Ahmed, il a été ton père, ta mère et ton ami le plus proche.
Aujourd'hui, je ne comprends pas que tu puisses lui en vouloir au point de ne pas lui parler
depuis des jours. Tu veux sa mort ou quoi ? Déjà le pauvre est mal en point à cause de
Malick, et maintenant tu en rajoutes ! tu sais que tu as toujours été sa force, sans toi
comment penses-tu qu'il puisse traverser cette épreuve ?
• Moi : kaw, je ne suis qu'un homme pas un ange. Tonton Bouba est mon père, mais je lui en
veux pour le moment et c'est légitime. J'irais le voir et je serais toujours là pour lui, c'est lui
qui l'a oublié pendant un moment. Mais le coup est déjà parti, je le digère petit à petit...
• Kaw : notre famille est en train d'être déchirée mais je sais que ce n'est pas ta faute.
• Moi : Kaw stp, je pense que c'est trop tard, les vieux de la famille et toi, vous avez raté
l'occasion de parler quand il le fallait. Vous avez laissé cet être machiavélique qui nous sert
de chef de famille, nous briser un à un. Vous êtes responsable tous autant que vous êtes.

Il resta silencieux quelques instants avant de reprendre.

• Kaw : tu as raison. Mais aujourd'hui les choses sont allées trop loin. Nous savons tous à
Souima ce qui nous reste à faire. Nous allons prendre nos responsabilités mais j'attends de
toi que tu en fasses autant. Il est hors de question que tu refuses d'assumer ta femme
• Moi surpris : Khadija a choisi de partir kaw. Elle a fait son choix, je n'irai pas la chercher
• Kaw : mais je ne te parle pas de Khadija, Ahmed ! Mais de Sala, bien sûr !
• Moi : Baaba ne laissera jamais tomber c'est ça ? Parce qu'il est au courant que ma femme est
partie, il veut sauter sur l'occasion et faire revenir dans ma vie sa petite fille préférée ! c'est
HORS DE QUESTION !
• Kaw : calme-toi ! il est temps qu'une réunion familiale se fasse au plus vite. Votre divorce
n'est pas valide, nous n'étions pas au courant que Sala était enceinte à ce moment-là.

J'ai fait tomber mon stylo, tellement je m'attendais à tout sauf à ça ! Je me surpris à rire, laissant le
loisir à Kaw de douter de ma santé mentale. Baaba se croyait plus futé que tout le monde, eh bien,
comme il voulait jouer, j'allais le rejoindre sur son terrain de jeu favori : l'hypocrisie et la
méchanceté. Il était temps que je me défoule....
PARTIE 28

C'était le grand jour selon moi.

A cause du séjour de Maman à Ziguinchor, le weekend dernier, j'ai retardé mes retrouvailles avec
Baaba. Il était hors de question que j'aille à Podor sans elle. J'avais besoin que tout le monde soit
présent. J'avais juste dit à Kaw quand il était venu au bureau, que je viendrais voir Sala le week-end
suivant sans faire de commentaire sur sa grossesse. Mais je savais que la nouvelle serait véhiculée
dans tous les coins du Sénégal où nous avons de la famille.

Ce serait l'évènement du siècle : Tidiane allait à Podor pour reprendre Sala. Les Pros Baaba ne
voudraient rater ça pour rien au monde. Cependant ceux qui me connaissaient vraiment ne voudront
pas y croire à moins de voir ça de leurs propres yeux. Du coup, je savais que le « public » serait au
rendez-vous. J'avais besoin du plus grand nombre de témoins pour démasquer Baaba.

Pendant toute cette semaine, mon cerveau avait tourné à dix milles à l'heure, Amdy, qui était devenu
mes yeux et mes oreilles à Mermoz, me distillait les informations utiles. Et la plus importante était
que Badjenne Rougui s'était grave énervée au téléphone, samedi dernier jusqu'à avoir une hausse de
tension qui aurait pu lui être fatale. Amdy l'a amenée aux urgences de l'hôpital Fann. Ils l'ont gardée
le temps que sa tension retombe, puis ils l'ont laissée sortir. Au retour, dans la voiture, Baaba l'avait
appelée au téléphone, et elle lui avait dit que Sala allait la rendre folle, et qu'à ce rythme tous leurs
efforts seraient vains.

Si mon intuition ne me trompait pas, il y avait de l'eau dans le gaz entre Sala et le duo Rougi-Baaba.
Tant mieux pour moi. Maman et tata Mintou étaient revenues de Ziguinchor aussi frustrées qu'en
partant. Maman Soda n'était au courant de rien. Ma femme était intelligente, et connaissant à quel
point sa tante et ma mère était devenue proche je suis sure qu'elle ne lui raconterait pas cette chose
horrible qu'elle était en train de faire avec mon frère. Amdy m'avait dit que Tata Mintou s'en était
prise à tonton Bouba pour avoir accepté que Khadija s'en aille avec Malick. Mais il n'avait fait que
suivre son cœur de père !

Celle qui avait floué tout le monde c'est seulement et simplement Khadija. Quand je pensais à tout ce
temps gaspillé à construire une relation qui en fin de compte n'était basée que sur le mensonge et la
trahison. J'étais en train de lui faire construire la maison de ses rêves, où j'ai mis tout mon talent
d'architecte à profit, mais surtout et encore j'ai mis tout mon amour dans sa conception. J'avais fait
tout ce qui était en mon pouvoir pour la combler, la rendre heureuse. Pire encore, j'avais cru en
notre famille, elle, moi et pleins de petits Tidiane et des Didi en miniature. J'avais vécu l'espoir qu'elle
serait à moi pour l'éternité. Je me refaisais notre conversation téléphonique en boucle dans ma tête
et ça m'entrainait dans une spirale de douleur et de colère qui m'engloutissait dans la détresse. Je
n'avais été qu'un jouet entre ses mains. Quelle intrigante ! Elle avait gagné sur tous les plans, d'une
manière ou d'une autre. Quant à moi, j'avais tout perdu.

Après moult négociations, tonton Bouba a accepté finalement de nous accompagner, mais surtout
parce que quand il a campé sur son non, je lui ai dit que j'étais maintenant sûr que je n'avais plus de
père.

Nous avons quitté vendredi soir Dakar dans le jet privé du cabinet. Je n'avais pas du tout envie de
conduire. Nous sommes arrivés à l'aéroport de Podor vers 21h, et direction Diatar chez mamie
Fatima. Même Tonton bouba qui généralement partait de son coté à Souima a préféré rester avec
nous. Moi j'avais juste envie de prendre mon bateau et laisser le fleuve m'emporter au grès du vent.
Ce que je n'avais pas prévu, c'est que les souvenirs me submergent à un point juste indescriptible !
Dès que j'ai posé mes pieds sur le bateau, des images de ma femme, cheveux au vent, admirant la
vue magnifique que nous offrait le fleuve cette nuit-là (la veille du Gamou), s'imposa dans mon
esprit. La façon dont elle déambulait sur le pont, en me lançant des sourires aguicheurs. Quand je l'ai
prise profondément dans la cabine, voluptueusement, intensément alors que j'étais sensé lui
apprendre à manœuvrer le bateau mais comment résister à ses fesses sur moi...

Rageusement je descendis du bateau et me mit à marcher le long du fleuve et ça eut le don de me


calmer, heureusement.

Vers 9h ce matin, nous étions prêts à y aller quand Tonton Bouba a demandé à me voir, je savais déjà
ce qu'il voulait mais je le laissais parler.

• Tonton B : me pardonneras-tu un jour ?


• Moi : ...
• Tonton B : tu es mon fils, Tidiane. Tu es mon sang. J'ai été égoïste, j'ai failli, mais...
• Moi : je te comprends tu sais. La vie de Malick étant en danger tu te devais de faire un choix.
Ce choix a été à mes dépends certes, mais c'était pour mon frère. J'aurai été incapable de
demander ça à Khadija.
• Tonton B : pourquoi tu te retiens ?
• Moi : Comment ?
• Tonton B : laisse éclater ta colère, cries sur moi !
• Moi : non ! si je fais ça, je ne me sentirai plus digne d'être ton fils. J'ai mal, car tu ne m'as pas
fait assez confiance pour m'en parler avant de faire ce que tu as fait. Mais pour le reste, ne
t'en fait pas je gère !
• Tonton B : Khadija...
• Moi : Je ne veux plus entendre parler d'elle ! le coupai-je. Je veux avancer et je sais que ce ne
sera pas avec elle
• Tonton B : et tu penses que reprendre Sala est la meilleure solution ?
• Moi : on verra.

Je me levais pour signifier que la conversation était finie. Tonton me connaissait comme s'il m'avait
fait, et en son âme et conscience il savait que je préparais quelque chose, et ça le chagrinait j'en suis
sûr que je ne le mette pas au courant de mes plans. C'était la première fois que je faisais des choses
sans qu'il n'en soit complice.

A ma grande surprise, ma grand-mère a demandé à y aller. Cela faisait des années qu'elle n'avait pas
quitté sa maison même pour une promenade. Je sentais que l'heure était grave, cette réunion allait
changer à jamais nos vies. Vers 10h, nous étions arrivés, accueillis en grande pompe par le griot de la
famille, Demba et sa femme Awa. Il était clair en voyant le sourire de Baaba, qu'il pensait que j'étais
dans de très bonnes dispositions, ou faisait-il semblant.

Après les salutations (et je vous jure que toute la famille était presque là), Demba prit la parole, pour
rappeler nos origines, nos valeurs, nos liens... à quel point il était honoré d'être présent aujourd'hui,
et de pouvoir demain raconter comment la famille s'est réunie à nouveau pour célébrer mon union
avec Sala. Et qu'il priait pour que cet enfant qui allait naitre, soit la force de la famille car il serait le
grand héritier. Pendant tout son speech, je cherchais Sala des yeux. Elle était assise derrière Baaba à
côté de badjenne Rougui qui semblait tenir sa main. Quand Baaba prit la parole, je leur offris un
grand sourire, qui sembla donner à Baaba des ailes.
• Baaba : je ne saurais vous décrire aujourd'hui ma satisfaction, et mon bonheur. Je me suis
toujours battu pour que mes deux petits enfants soient unis, car je sais que c'est ce qui est le
mieux pour eux. Nous nous sommes égarés, nous avons fait des erreurs, nous nous sommes
déchirés malheureusement. Mais si c'est pour cette finalité, nous retrouver aujourd'hui, en
présence de toute la famille, pour vous unir encore un fois, je ne regrette rien. Tidiane, tu es
ma fierté, je suis toujours très dur avec toi mais parce que je sais que tu es amené à être chef
de cette famille, tu es l'héritier. Et tu dois avoir à tes côtés, la femme qu'il faut. A chaque fois,
Dieu nous envoie des signes et aujourd'hui cet enfant à naitre est je pense l'ultime signe. Je
me sens ému à un point...

Des chuchotements se faisaient entendre, badjenne Rougui avait un sourire crispé et Sala ne souriait
pas du tout. Je me préparais à prendre la parole, quand Amdy est venu me chuchoter à l'oreille
qu'une source sûre lui avait dit que Sala ne voulait plus de moi car elle était tombée amoureuse de
quelqu'un d'autre. J'allais devoir changer de stratégie. C'était quitte ou double

• Moi : je suis heureux d'être ici et d'avoir pu enfin ouvert les yeux. La famille est sacrée et il
n'y a qu'elle pour vous accueillir à nouveau à bras ouvert après qu’on ait été si longtemps
égaré. Sala peux-tu venir à mes côtés stp ?

Elle se leva, l'air en colère. Mais elle ne semblait plus hésitante, elle était loin de la petite fille perdue,
sans caractère qui suivait grand père comme son ombre. Arrivée jusqu'à moi, elle se rapprocha de
moi et parla tout bas de tel sorte qu'il n'y ait que moi qui l'entende.

• Sala : pourquoi tu fais ça ? tu sais bien que ce n'est pas ton enfant !
• Moi : ce n'est pas grave, je prendrais soin de lui.
• Sala : ne fais pas ça Tidiane, je t'en supplie.
• Moi avec un gros sourire : il est temps, ma belle, d'assumer haut et fort ce que tu veux. Bien
sûr pour ça il te faut avoir assez de caractères pour t'imposer, je ne le ferais pas à ta place, ça
tu peux en être sûre.
• Baaba : je sais que vous avez hâte de vous retrouver, mais il est temps de passer aux choses
sérieuses. Je ne suis pas surpris par votre attachement l'un à l'autre, déjà petits vous étiez
tout le temps ensemble.
• Sala : Baaba, je ne peux pas retourner avec Tidiane.

SILENCE

Toute l'assistance retenait son souffle. Grand père était tellement choqué qu'il est resté cinq
secondes la bouche ouverte.

• Baaba : co-comment ? que dis-tu ma fille ? serais tu devenue folle ??


• Sala : comment tu peux me pousser vers Tidiane, alors que tu sais très bien que ce n'est pas
lui le père de mon enfant !
• Baaba choqué : je ne comprends pas ! qu'est-ce qui se passe Salamata ? c'est quoi cette
façon de te comporter ??
• Badjenne Rougui : HAAA ! Baaba je t'avais dit que tu l'avais trop gâtée, cette fille !

Décidément, les choses se passaient mieux que je ne l'espérais. Il fallait juste que j'y rajoute mon
grain de sel, que je donne du courage à Sala.
• Moi : Badjenne pourquoi tu ne laisserais pas Sala donner son avis. Après tout, en tant que
chef de famille respectable, Baaba nous a toujours laissé libre de nos choix, n'est-ce pas (oui
j'ironise, je sais) ?
• Kaw (qui se décida enfin à prendre la parole) : oui, mon cousin est juste et je pense que son
vœu le plus cher reste le bonheur de sa famille surtout de ses petits-enfants. Continue Sala,
nous avons tous bien entendu que Tidiane n'est pas le père de ton enfant.
• Sala : ma vie avec Tidiane est bel et bien terminée Kaw. J'ai fait une erreur en ayant une
relation en dehors du mariage, mais je l'assume.
• Baaba en criant : fille maudite ! tu n'as même pas honte ! mais en plus de ça tu me fais honte
devant tout le monde. Avec tout ce que j'ai fait pour toi, c'est comme ça que tu me remercies
!!!
• Sala : baaba, tu sais comme je t'aime comme un père ! mais tu ne m'as jamais laissé le choix !
tu m'as toujours fait croire que Tidiane était celui qui était le mieux pour moi alors que tu
savais que Tidiane n'était pas amoureux de moi ! je suis restée toute ma vie à l'espérer...
• Baaba : oui, parce que c'est le cas ! Tidiane est le mieux pour toi ! mais avec ta tête de
linotte, tu as toujours du mal à l'intégrer ! il faut toujours que je te dise tout, quoi faire et
comment faire !!! tu n'as pas grandi Sala tu es toujours une gamine, tu te fais des films. Le
grand amour et ses toutes ses foutaises n'existent que dans ta tête, petite conne
• Sala : oui mais la petite gourde a grandi, même si tu ne t'en es point aperçu. Aujourd'hui
enfin je connais le grand amour, il n'est pas parfait, mais je l'ai choisi. Je ne retournerais pas
avec Tidiane, mon enfant n'est pas de lui et lui-même il le sait !
• Kaw : comment ça Tidiane le sait ?
• Sala : déjà 6 mois avant notre divorce, Tidiane ne me touchait plus...
• Kaw : Tidiane, tu te fous de nous ou quoi ??? comment se fait-il que tu veuilles accepter cet
enfant alors que tu savais qu'il n'était pas de toi ??
• Moi : si j'avais posé ne serait-ce qu'une seule objection, vous auriez dit que je faisais encore
le rebelle. J'en ai marre kaw, que tout le monde se mêle de ma vie. D'accord la famille est
ancrée en moi, mais c'est fini tout ça. Quand tu m'as dit pour cette grossesse, j'ai trouvé
enfin l'occasion pour mettre les choses au point. (Je me tournais vers baaba) tu as vraiment
cru que j'accepterai comme ça ce nouveau mariage ? combien tu as donné à ton marabout
cette fois-ci pour qu'il fasse son sale boulot ?

A mes côtés, j'ai senti Sala sursauter, mais je n'en pris pas compte

• Moi : tu pensais Baaba, qu'on avait rien compris à ton jeu malsain ?
• Baaba : je n'ai fait que ce qui était le mieux pour vous tous. Mais vous ne m'écoutiez point !
le résultat est là ! Sala est tombée enceinte d'un inconnu, toi, ta si précieuse femme s'est
enfuie avec ton cousin ! Bravo, vous pouvez être fièrs ! vos vies sont un tel chaos, parce que
vous vous êtes cru plus intelligents que tout le monde. Et tout ça sous l'œil des personnes les
plus irresponsables que je n'ai jamais vu de ma vie ! Tamaro et Boubacar vous êtes
véritablement responsables de tout ça, par votre manque de caractères et de discernement.
Mais je ne laisserais pas ce bazar continuait, dès que tu accoucheras de ce batard, Sala, tu
retourneras avec Tidiane de gré ou de force.
• Kaw : c'est bon Baïla (baaba), je crois qu'on en a assez fait ! c'est notre responsabilité à nous
tous, nous les anciens, si la vie de nos petits enfants est un tel désastre. Je crois que dans
l'état actuel des choses, la première chose à régler c'est de savoir qui est le père de l'enfant
de Sala
• Baaba : mais tu as un sacré toupet Samba Ly, de quel droit te permets-tu d'intervenir dans
cette histoire ?
• Kaw : du même droit que toi. Je te rappelle que ce sont mes petits-fils aussi
• Baaba d'une voix menaçante : tu me défies ?
• Kaw : je n'ai pas peur de toi Baïla. Ne prend pas mon silence depuis tout ce temps pour de la
faiblesse. C'était juste du respect, et c'est le ressenti de toutes ces personnes assises à mes
côtés aujourd'hui. Alors à partir de maintenant, dis-toi bien que les décisions qui se
prendront ici devant toute la famille, se feront à l'unanimité.

Baaba était tellement en colère, qu'il en tremblait, les yeux exorbités. Depuis avant même ma
naissance, je crois qu'il avait toujours pris les décisions concernant tous les membres de ma famille.
Je crois que c'est une affaire de droit d'ainesse ou je ne sais pas quoi. Je n'avais jamais cherché à
savoir le pourquoi de ce privilège. Mais aujourd'hui, les vieux le faisaient tomber de son piédestal, ce
qui m'intriguait c'est que Baaba avait l'air de ne point pouvoir se défendre face à eux. Kaw reprit (je
n'avais jamais pensé qu'il pouvait être aussi impétueux)

• Kaw : Sala, maintenant dis-nous, c'est qui le père de l'enfant.


• Sala : je ne peux pas
• Kaw : comment ça tu ne peux ? tu ne sais pas qui sait ?
• Sala en pleurant : désolée Kaw, je suis désolée, mais...
• Kaw : n'aie pas peur, le mal est déjà fait, il faut que cet homme assume son enfant
• Une voix : c'est moi le père de son enfant.

Cette voix est sortie de nulle part, je dirais. Tout le monde cherchait des yeux d'où ça venait, jusqu'à
ce qu'un homme fasse son apparition. Il était grand et était habillé d'un boubou noir et sa tête était
couvert d'un foulard blanc, on aurait dit un maure vu son accoutrement. Il avança doucement jusqu'à
la hauteur de Kaw, puis il enleva son foulard. Le cri de Baaba résonna à un point je pense que tous les
villages alentours ont dû l'entendre. Il soufflait très fort se tenant le cœur.

• Baaba : Qu'est-ce que tu fous chez moi ?

L'homme ne dit rien pendant un instant, puis il tendit la main vers Sala. Celle-ci me regarda

• Sala : je suis désolée pour tout Tidiane, j'espère que tu me pardonneras


• Moi : de quoi parles-tu ?
• Sala : pour tout...

Elle avança vers le père de son enfant l'air abattu.

• L'homme : assalamou aleikoum. Je suis désolé de débarquer ainsi chez vous, mais l'avenir de
mon enfant et de la femme que j'aime est en jeu.
• Baaba : Salamata Ly, peux-tu m'expliquer ce que cet homme fout ici ?
• Sala : ahh Baaba, tu veux oublier aujourd'hui le nom de « cet homme » ? « Cet homme »,
comme tu dis, a fait de toi ce que tu es aujourd'hui !
• Baaba : NOOOON ! c'est moi qui l'ai sorti des égouts, s'il est aujourd'hui ce qu'il est, c'est
grâce à moi.
• Sala : c'est parce que tu avais besoin de lui, que tu l'as pris sous ton aile Baaba et rien que
pour ça ! Abdallah si présent est le père de mon enfant à naitre et mon futur époux in chaa
Allah !
• Baaba : jamais ! jamais ! jamais ! tant que je vivrais tu ne seras jamais son épouse !
• Abdallah : et comment comptez-vous nous empêcher de nous marier ? vous allez me payer
pour ça ?
• Baaba : Mais... Mais
• Abdallah : c'est fini maintenant. Pendant de trop longues années, j'ai subi votre autorité
satanique. Mais Dieu m'a envoyé un ange pour m'ouvrir les yeux.
• Baaba : ça t'arrangeait bien, maintenant tu veux me faire passer pour le démon.
• Abdallah : je suis prêt à payer pour tout le mal que j'ai fait, mais vous paierez aussi.
• Kaw : mais qu'est-ce qui se passe ici ? qui êtes-vous bon sang !!!
• Abdallah : je m'occupais des affaires mystiques de Mr Ly

SILENCE

• Baaba : et tu en as profité pour détourner ma petite fille, eh bien tu es viré !!


• Abdallah : ne vous inquiétez pas, je démissionne. Et vous avez intérêt à vous taire
maintenant.
• Baaba en criant : tu crois que tu me fais peur, sale petit con ? je vais te faire taire, tu verras
• Abdallah : comme tu as fait taire Sala, tes vieux cousins ou encore la maman de ton petit fils
Tidiane ?
• Moi : comment ?
• Abdallah : (il se tourna vers moi) oui j'ai fait taire ta mère. Mr Ly savait que tu ferais tout ce
que ta mère te demanderait, à savoir ne jamais laisser tomber Sala.

Un gros murmure s'éleva dans la pièce, puis devint un brouhaha. Baaba était en train de suffoquer,
badjenne Rougui essayait de le calmer en nous jetant des regards noirs.

• Sala : je suis désolée Tidiane, d'avoir avorté notre bébé. Mais c'était le mieux à faire. Baaba
avait maudit tes enfants à naitre
• Moi choqué : je suis dans un cauchemar ou quoi ?
• Abdallah : il voulait que la malédiction soit avec les enfants que tu aurais avec Khadija, mais
j'ai compris de travers. Quand il m'a annoncé la grossesse de Sala, je lui ai dit que je n'avais
pas fait de restriction, il a exigé qua Sala avorte, le temps que j'annule le sortilège.
• Moi : donc si j'avais eu un bébé avec ma femme il serait...
• Abdallah : Khadija avait pris ses dispositions, elle est bien entourée. Elle ne serait jamais
tombée enceinte tant qu'il y aura eu un danger.

Je ne sais pas encore comment je fais pour me maitriser, mais j'ai besoin de connaitre toute la vérité
et si je tue ce con je ne saurais rien...

• Sala : quand on est venu pour le Gamou, dès notre arrivée, Baaba et badjenne Rougui m'ont
amenée chez Abdallah pour ...
• Badjenne Rougui : tais-toi, tais-toi petite menteuse ! tu crois que tu vas t'en sortir avec des
mensonges !! tu n'es rien sans nous, rien ! on a pris des risques pour toi et c'est comme ça
que tu nous remercies.
• Kaw : Tu la fermes Rouguiyatou ! je pense ici que tout le monde peut parler sauf toi et ton
père !
• Sala : pendant toutes ces années, vous m'avez fait taire avec l'aide d'Abdallah. Je n'étais
qu'une marionnette, entre vos mains. Quand vous m'avez demandé de faire le sacrifice pour
faire tomber Malick amoureux de Khadija, vous ne pensiez pas à moi, mais vous vouliez juste
détruire Tidiane et tonton Bouba.
• Abdallah : Tidiane, Sala n'a jamais été consciente de ses actes. Son grand père savait qu'elle
t'aimait beaucoup et qu'elle ne pourrait jamais te faire du mal sciemment. Quand elle est
venue pour le sacrifice, c'était la première fois que je la voyais, c'était toujours Mr ly et Mme
Rougui qui venaient chez moi. Tomber amoureux de Sala m'a ouvert les yeux sur tout le mal
que je faisais
• Tonton Bouba : vous n'êtes que des meurtriers, vous avez failli tué mon fils !!!
• Abdallah : je suis désolé, je sais que je suis impardonnable, mais je peux vous assurer que ça
aurait pu être pire si vous n'aviez pas eu Khadija dans vos vies.

Entendre le nom de Khadija dans sa bouche, comme s'il la connaissait intimement me fit pèter un
câble ! une seconde plus tard je me jetais sur lui et je le rouai de coup. Il a fallu quelques minutes à
tout le monde pour réagir tellement mon attaque fut brutal. Je ne sais plus combien de personnes
ont réussi à me détacher de ce monstre. Sala était en train de pleurer tenant la tête de son amant qui
était en sang, il n'a même pas essayé de se défendre, ce con.

• Tonton Bouba : vous méritez tous de pourrir en prison ! Et quant à toi Papa, je ne sais même
pas si tu mérites d'être un père.
• Kaw : je suis sidéré par tout ce que je viens de découvrir, et j'ai honte
• Moi avec mépris : vous pouvez avoir honte ! vous l'avez toujours laissé diriger vos vies et les
nôtres, par soi-disant respect, mais ce n'est qu'hypocrisie ! vous l'avez laissé faire car c'est lui
qui avait les sous.
• Mamie Fatima : une fortune qui t'appartient Ahmed Tidiane.

SILENCE

Mamie se leva difficilement de sa chaise et s'approcha de moi.

• Mamie : je suis sûre que Thierno Ly est en train de se retourner dans sa tombe. S'il avait su
qu'en te confiant ses petits-fils, tu leur ferais vivre autant d'horreurs, il t'aurait tué de ses
propres mains.
• Tonton Bouba : tante Fatima que dis-tu ?
• Mamie : oui Boubacar, ton grand père vous a confié, toi et Mouhamad (mon père) à Baïla à la
mort de votre père Leyti alors que vous n'aviez que toi 3 mois et ton frère ainé 4 ans.
• Tonton Bouba : oh Mon Dieu !
• Baaba : oui grâce à moi, vous n'êtes pas devenus de pauvres orphelins. Et j'ai fait de votre
mère, une femme respectable !
• Mamie : au contraire grâce à ses enfants tu as pu t'accaparer de la fortune de Pa Thierno Ly !
• Baaba : tu parles, tu parles mais tu ne sais rien !! Toute cette fortune, je la mérite autant que
ces moins que rien !!! haha qu'est-ce que vous croyiez que j'allais les laisser hériter de tout ça
alors que j'ai travaillé dur pour faire tout prospérer ! mon père n'a jamais eu d'yeux que pour
mon cher grand frère, Leyti par-ci, Leyti par-là !! Juste parce qu'il était l'ainé ! moi il ne me
voyait même pas. Toute mon enfance, je suis passé toujours en dernier, toujours. Quand il a
fallu faire des études à l'extérieur, évidemment Leyti fût emmener en France et moi je suis
resté seulement à Dakar ! Pourtant quand on a fini nos études, son cher fils a préféré rester
en France et épouser une fille d'émigré alors que moi je suis revenu à Podor l'aider dans la
gestion du domaine. J'ai épousé une villageoise qui ne savait ni lire ni écrire ! Alors que
monsieur venait en vacances à Souima avec sa femme et ne voulait même plus parler notre
langue, minaudant en français. Il avait tout alors que je n'avais rien ! Il récoltait le fruit de
tous mes efforts car il était l'ainé et le préféré de mon père.

Il s'arrêta une minute pour reprendre son souffle, son visage était rouge de colère !

• Baaba : oui je vous hais, je hais toute la descendance de Leyti Ly ! Dieu est juste, mon frère a
fait de ma vie un enfer, mais il n'a pas vécu assez longtemps pour me détruire. A sa mort, je
croyais que c'est moi qui hériterai à sa place ! Eh bien non, c'est son fils ainé qui devait le
succéder alors qu'il n'avait que 4 ans à l'époque ! un petit morveux qui m'empêchait encore
une fois d'avoir ce qui me revenait de droits ! je vous hais je vous hais. Jamais je n'ai reçu ne
serait-ce qu'une goutte d'amour ni de gratitude de la part de mon père. Et c'est de sa faute,
de sa faute ahhhhhhhhhhh
• Badjenne Rougui : baaba, baaba calme toi stp tu te fais du mal.
• Mamie Fatima : c'est pour ça que tu t'es fait passé pour le bon samaritain, demandant à ton
père d'épouser la veuve de ton frère alors que tu ne lorgnais que l'héritage ! tu n'éprouvais
rien pour Sadiya et pour ses enfants, tu ne t'en occupais que devant ton père. Pa Thierno
n'aurait jamais dû accepter que tu les adoptes officiellement, car je suis sûre que s'ils avaient
su que tu n'étais pas leur vrai père, ils n'auraient jamais supporter ta méchanceté.
• Tonton Bouba : je me suis toujours demandé pourquoi à la mort de maman, tu ne semblais
pas affecté. J'avais 6 ans mais je n'ai jamais oublié, tu discutais et rigolais avec tes amis
comme si de rien était.
• Baaba : ta mère était une pimbêche, toujours pleurant son cher Leyti. Elle n'a jamais fait
l'effort de s'adapter à notre vie !!! je m'en foutais qu'elle soit morte, elle n'a même pas pu
tenir et accoucher d'un enfant en vie, c'était mieux qu'elle meurt avec son rejeton !!

Tonton Bouba s'est carrément jeté sur lui, heureusement que je l'ai retenu à temps sinon je pense
qu'il lui aurait donné une bonne raclée.

• Moi : il est clair que nous avons affaire à un fou doublé d'un crétin ! Mon père a passé sa vie
à vouloir que tu lui témoignes ne serait-ce qu'un peu d'amour ! comme toi en fait,
quémandant de l'amour comme un mendiant. C'est dommage car tu lui as transmis tout ton
caractère de perdant, heureusement qu'il avait bon cœur tout le contraire de ton fils qui
était aigri et avait un cœur aussi sec que le tien. Tu n'as rien aujourd'hui rien de rien ! Qu'est-
ce que tu espérais en me forçant à épouser Sala, tu comptais sur notre progéniture pour
récupérer enfin cette fortune derrière laquelle tu rames depuis plus de cinquante ans ! tu es
pitoyable, et remarque tes enfants aussi, ...
• Baaba : et toi alors qui cours derrière une femme qui a préféré s'enfuir avec ton frère ???
• Moi : tu ne peux plus m'atteindre Baïla Ly ! c'est fini tout ça. Tu resteras ici comme le
mendiant que tu es, je te nourrirais, toi et tes enfants, mais tu n'as plus aucune décision à
prendre concernant la gestion de notre domaine ou de notre fortune, tu m'as bien compris
• Baaba : tu ne peux pas faire ça, je ne le permettrais jamais ! tout ceci est à moi, à moi ; boho
boho ! je te haie, je te haie boho boho ahhh mon cœur mon Dieu ! je maudis le jour où tu es
venu au monde, che te baudis che...che...heuuu qu'eche qui mallive

Sa bouche commença à dévier, la cane qu'il tenait à sa main gauche tomba au sol, son bras ne
bougea plus. Il perdit instantanément l'équilibre et tomba lourdement au sol. Un cousin qui était à
côté de lui eu le réflexe de retenir sa tête avant qu'elle n'atteigne le sol. Pas besoin d'être un
médecin pour deviner que Baaba venait de faire un AVC...
PARTIE 29

Depuis une semaine, je faisais des aller-retours Dakar-Podor.

Baaba était toujours à la clinique Madeleine, dans un état critique. Il avait certes échappé à la mort
mais il gardait des séquelles importantes, remettant en cause son autonomie dans sa vie
quotidienne. Toute sa partie gauche était paralysée et il présentait une aphasie sévère (trouble du
langage).

J'étais le seul de la famille, en dehors de ses 3 filles, qui allait le voir. Et je n'y allais pas par charité
musulmane, je n'ai pas honte de le dire. Mon cœur n'arrivait pas être ému de sa nouvelle condition,
mais j'avais des responsabilités morales envers tous les membres de cette famille, les méchants y
compris. J'ai fait fi de mon ressentiment envers tonton Bouba et je lui ai demandé s'il pouvait gérer le
domaine en attendant, de toutes les façons je n'avais confiance qu'en lui malgré tout. Comme, il
n'avait aucune envie de voir Baaba Ly, il est retourné à Souima pour régler tous les papiers
concernant mon héritage, ainsi que la nouvelle administration de mon domaine et de mes gens.

Les signatures de "grand père" était désormais caduc. Sa gestion depuis toutes ses années qui
semblait en surface impeccable, n'était en fait que malversations, coups tordus et vols de marchés.
Baaba avait acheté toute l'autorité policière de la région. Tous les marchés agricoles qu'il gagnait,
étaient dus au pot de vin qu'il fournissait aux sociétés. Sinon, il utilisait les chantages, les menaces et
la police était toujours de son côté. Il payait un gang de malfaiteurs dirigés à ce qu'il paraît par mon
ami d'enfance Djibril Wane. Et Sala m'a confié que c'est eux qui avait organisé le kidnapping de
Khadija. Quand j'ai su ça, mon sang n'a fait qu'un tour. Je n'ai pas hésité une seconde à mettre
l'affaire entre les mains de la DIC. Et en moins de temps qu'il en fallait pour le dire, tout un trafic de
drogue, de marchandises volées et autres, a été démantelé. Et un vrai nettoyage a été fait au niveau
de la police locale. Au domaine, j'ai demandé à tonton de changer de régisseur et on a engagé un
comptable. Sala a décidé de rester à Souima jusqu'à la naissance de son enfant, puis elle suivrait
Abdallah, tant mieux car je ne voulais pas de ce connard sur mes terres. Si l'envoyer en prison
n'impliquait pas envoyer aussi Sala, Rougui et baaba, je l'aurai fait sans soucis, et il le savait. Ils m'ont
livré tous les secrets du vieux, tout était tellement odieux que je leur ai demandé d'arrêter. J'en avais
assez de ressasser tout ça. A sa sortie de la clinique, Baaba retournerait illico à Souima où une
dépendance allait être aménagée pour lui et ses filles allaient le suivre car il était hors de question
qu'on paye d'autres personnes à part l'infirmier pour s'occuper de lui.

Gérer tout ça a permis à tonton Bouba de se changer les idées et de moins penser à Malick.

Malick...

Près d'un mois que mon frère avait disparu dans la nature, on ne savait pas s'il se portait mieux, si le
sortilège s'était dissipé ou pas. Quand tonton Bouba avait exigé qu'Abdallah enlève toutes les saletés
faites à son fils, ce dernier lui a avoué qu'il avait enlevé tout ce qui était possible d'enlever depuis un
moment déjà (je comprenais mieux pourquoi maman avait pu se rendre à Ziguinchor sans tomber
malade) cependant, il avait dit que le sort sur Malick était irréversible et que seule Khadija pouvait le
sauver désormais. Même si la manière de le sauver m'était intolérable, je me surpris à prier pour qu'il
guérisse vite.

Au retour de Tonton, nous avons eu, lui, maman et moi une longue discussion à Mermoz, sur le fait
qu'on avait été trop laxiste sur le fait d'avoir donné à Khadija carte blanche concernant Malick.
Tonton reconnaissait son entière responsabilité. Et on en avait conclu qu'on ne pouvait pas rester les
bras croisés dans l'attente qu'on nous donne de ses nouvelles. Nous avons décidé d'aller le dimanche
suivant à Ziguinchor, et mettre la pression sur la famille de Khadija. On y allait pour Malick, rien que
pour Malick. J'ai récupéré les papiers du divorce, c'était l'occasion de les laisser chez tonton Omar.

Tonton Bouba m'a demandé de récupérer quelques affaires de Malick dans son appartement et je
fus obligé de faire ce que je repoussais inconsciemment depuis un mois, aller à Marinas...
Normalement c'était une formalité, j'en profiterai pour prendre mes affaires et aménager
définitivement en centre-ville.

Du coup ce samedi-là vers 7h juste après mon footing, j'y suis allé un peu en traînant les pieds. Dès
que je suis monté dans ma voiture, j'ai senti comme une pique de douleur dans ma poitrine me
coupant le souffle. Mon cœur battait la chamade, tout de suite tout mon esprit s'est focalisé sur
Khadija, pourquoi je ne saurais le dire. Je suis resté hébété pendant plusieurs minutes, avant que ça
ne s'atténue, un peu. Puis j'ai démarré, durant tout le chemin je sentais comme un malaise, mon
corps frissonnait alors qu'il faisait super chaud et le plus déroutant ce fut de ressentir comme, je ne
sais pas moi, de la peine. Une envie de pleurer. Mais n'importe quoi !! Et je me suis souvenu des
seules fois où j'ai versé des larmes depuis que j'étais jeune homme : à la mort de mon père et quand
je me suis rendu compte que Baaba avait ensorcelé ma mère mais qu'en la défiant, en laissant parler
mon cœur j'avais pu nous libérer de tout ça. J'avais pleuré de soulagement sur la poitrine de ma
femme. Elle m'avait réconforté comme si j'étais son fils.

Khadija.

Mon Dieu qu'est-ce qui nous était arrivé ? j'osais enfin me poser cette question, car pendant tout le
chemin vers Marinas, mon esprit ne s'est focalisé que sur tous les moments que nous avons passés
ensemble, des moments de pur bonheur. Peut-être qu'après tout ce qui s'est passé dernièrement
avec Baaba, les révélations qui ont été faites, j'ai eu envie de décortiquer tout ça. Je suis arrivé à la
maison en sueur, ce sentiment de mal-être qui me submergeait, toujours autant présent. J'ai monté
les escaliers comme une masse, j'ai mis une bonne minute pour faire rentrer la clé... je suis resté
devant la porte comme un débile attendant un signe peut-être ?!

Quand je me suis décidé enfin à entrer, c'était comme au ralenti. J'avais l'impression que son parfum
imprégnait toute l'atmosphère. Chaque pièce de cette maison était attachée à un souvenir tendre de
complicité, teinté d'amour ou... juste torride de sensualité. Nous y avions déposé notre marque
c'était notre temple d'amour. A un moment, j'ai cru entendre un bruit venant de notre chambre et je
m'y suis expressément rendu espérant... Espérant quoi bordel ???! La trouver en train de m'attendre
??? Eh bien elle était vide, vide, vide de chez vide ! Comme ma vie, comme mon cœur, comme mon
âme ! Elle m'avait quitté, Bon sang ! elle était partie avec quelqu'un d'autre et peu importait les
raisons, le résultat était le même. Je tourne autour de moi-même, touchant ses affaires, reniflant ses
habits, m'imprégnant de son odeur, je n'aurais pas dû revenir dans cette maison, plus je disais ça,
plus je m'enfonçais.

Je sentais mon bon sens me quitter, un manque que j'ai tenté d'ignorer durant un mois me
submergeait. Mes yeux la cherchaient, mon corps me réclamait son contact, ma bouche murmurait
son nom comme une incantation. Tout était de ma faute, tout ! je n'avais pas su la protéger en fait,
j'ai laissé Baaba nous atteindre la forçant à faire ce choix, à me laisser tout seul ! Mon Dieu ! Pendant
tout ce temps, j'ai laissé mon orgueil me portait à bout de bras, alors que tout était de ma faute.

Pour toutes ces fois où elle a été ridiculisée par ma faute, pour toutes ces fois où elle m'a donné la
force d'affronter le monde, j'aurai dû me battre pour qu'elle reste.
Pour toutes les fois où elle a tout fait pour que je me sente UNIQUE, pour toutes les fois où j'ai cru
toucher le ciel car j'étais dans ses bras, j'aurai dû tout donner pour qu'elle soit mienne à jamais....

Pourquoi je l'ai laissée partir, pourquoi ? Est-ce que je méritais même ce diamant dans ma vie ? je me
sentis brusquement épuisé, me laissant tomber sur le lit, notre lit. La prise de conscience se
répandait en moi comme un poison glacial. Je soufflais fort, mon cœur battait vite, vite. Tout ce que
j'ai refoulé comme douleur, comme manque, comme pensées morbides me submergea menaçant de
me noyer. Des images de ma femme dans les bras de quelqu'un d'autre que moi, son corps si sacré
subir les assauts d'un autre..., j'en suffoquais. Je laissais mon cœur saigner, enfin. Ce fut aussi
douloureux que libérateur, je ne sais pas comment vous l'expliquer, c'est comme si j'étais enfin en
accord avec moi-même, je m'autorisais à pleurer mon amour perdu.

Je suis resté couché sur notre lit toute la journée, mon esprit était comme anesthésié. Mon orgueil,
ma combativité, ma force, tous m'avaient abandonné. Et le plus fou était que je n'avais même pas
envie de combattre, c'est comme si on m'avait soufflé que plus je souffrais, plus j'étais proche d'elle.
Je laissais la douleur me dominait et elle n'épargnait aucune partie de mon corps me laissant dans un
état de lassitude totale. La sonnerie du téléphone, dans ma poche, m'est parvenue comme dans un
rêve. Je décrochais sans en avoir réellement conscience.

• Maman : Allo Tidiane ?


• Moi : maman...
• Maman : bébé qu'est-ce que tu fais je t'attends depuis 14h pour déjeuner
• Moi : maman...
• Maman : oh mon Dieu ! Tidiane, mon chéri, qu'est-ce qui se passe ?
• Moi : j'ai mal...
• Maman : tu es où ?
• Moi : Marinas
• Maman : j'arrive tout de suite ! click

Je ne peux pas vous dire combien de temps elle a mis pour arriver, mais on aurait dit que j'ai juste eu
le temps de fermer les yeux et quand je les ai ré-ouvert, j'ai senti une main douce caresser mon front

• Moi : Khadija, Khadija


• Maman : Tidiane, c'est nous. Ton oncle Bouba est avec moi. Qu'est-ce que tu as ?
• Moi : maman, elle n'est plus là
• Maman : je sais mon chéri, je suis tellement désolée
• Moi : je ne sais plus vivre sans elle, j'ai besoin d'elle Maman
• Tonton Bouba : Tidiane, mon fils. Je suis sûr qu'elle te reviendra bientôt. Il faut que tu
tiennes le coup.
• Moi : je veux rester seul...
• Tonton Bouba : non hors de question ! j'ai trop failli dernièrement, j'ai manqué à beaucoup
de mes devoirs envers toi. Il n'est plus questions que ça continue. Je sais que tu m'en voudras
toujours mais je ne t'abandonnerais pas ! je ne veux pas te perdre.
• Moi : non ne dis pas ça stp, je suis désolé, j'ai été con de t'en vouloir alors que tu n'avais fait
que suivre ton cœur, je m'en rends compte aujourd'hui. Il me fallait trouver un responsable à
mon échec, et je m'en suis pris à toi car c'était plus facile de me voiler la face. Pardonne-moi
tonton, pardonne-moi.

Il n'a rien dit, mes ses larmes me disaient tout ce que je voulais savoir. Il me prit dans ses bras, et je
me laissais aller, n'ayant plus honte de montrer tout mon désespoir.

Je fermais les yeux.

• Maman : allo ?
• Interlocuteur téléphonique : ...
• Maman : aleikoum Salam
• Interlocuteur téléphonique : ...
• Maman : diakhler na kagne (je suis plus que perdue). Tidiane sonneuna. Minguini teudeu,
ndirotoul nitt di wo khadija rek(Tidiane est tellement épuisé, il est là couché et ne cesse
d'appeler Khadija).
• Interlocuteur téléphonique : ...
• Maman : wawe bakhna. Ma ngui bayi lépeu si lokhoy Allah. In chaa Allah dina la wo sou
kanamer. Click (Je m'en remet au Bon Dieu In chaa Allah,je te rappelles plus tard)

J'ouvrais les yeux pour voir ma mère assise sur sa natte de prière, chapelet à la main. Elle raccrocha
son téléphone et pleura à chaudes larmes. C'est moi qui la mettait dans cet état et c'est la dernière
chose que je voulais. Surtout pas elle. Je ne pouvais rester ici, il fallait que je parte. Tout me rappelait
Khadija, et pour ma santé mentale je devais partir pour mieux me reconstruire ; ma nature profonde
ne m'autorisait pas à mourir d'amour. Je ne suis pas fait de cette trempe-là. Cette douleur,
j'apprendrais à la dompter, à la digérer, à l'intégrer dans ma nouvelle vie. Je sais que je n'aimerais
plus comme je l'ai aimée, elle, mais je devais continuer de vivre. Il n'y avait plus de retour en arrière
possible : c'était pour moi impensable de la reprendre tout en sachant qu'elle a été avec mon frère. A
chaque fois que j'y pense, c'est comme une lame de couteau qui me transperce le cœur. J'ai décidé
de récupérer mes affaires, l'appartement était désormais à elle. Ma décision était prise, il me restait
juste à convaincre Maman de me laisser partir, ou de venir avec moi...

Nous avons finalement annulé notre séjour à Ziguinchor, je suis resté tout le weekend sur notre lit,
son oreiller contre moi, m'imprégnant une dernière fois de ce qui me restait d'elle, son odeur et mes
souvenirs.

Ma douleur était toujours présente et intense, je me surprenais à délirer mais la présence de maman
et de tonton m'aidait à me ressaisir à temps, avant que je ne devienne fou. Durant la soirée, Amdy
est venu aidé par les chauffeurs de maman et de tonton Bouba, ils ont récupéré toutes mes affaires.
Je n'avais besoin ni des meubles et ni du matériel. Je laissais l'appartement meublé et équipé. Vers
minuit, j'ai fait un dernier tour dans chaque pièce, avant de tout tourner le dos, définitivement...
PARTIE 30

****KHADIJA****

Assumer ses choix est une preuve de grandeur dit-on, alors je retiens que c'est difficile d'être « grand
».

Cela faisait un mois et demi maintenant que nous étions dans la forêt casamançaise, et je ne sais pas
combien de fois, j'ai failli ramasser toutes mes affaires et partir en courant rejoindre mon homme et
lui demandais pardon pour tout le mal que je lui avais causé. Il me manquait énormément.

Malick était guéri maintenant à 85%, il était encore juste amnésique. Pour le moment, il ne se
rappelait quasiment de rien depuis mon mariage avec Tidiane, Mame Abderrahmane a dit que cette
amnésie était temporaire, et qu'il fallait mieux attendre que sa mémoire revienne avant qu'il ne
quitte la forêt. C'était un plaisir de le revoir comme ça, débordant de vie, le regard vif, faisant le pitre.
Quand il s'est réveillé lucide, ce matin-là, il a complètement paniqué, de se retrouver seul dans cette
hutte, remplie de plantes et des tablettes en bois ou étaient inscrites des versets du coran. Mame a
réussi à le calmer d'une façon que je ne saurai expliquer et quand il s'est aperçu de ma présence il
s'est écrié : « Didi, qu'est-ce qu'on fait ici ? ou sont Tidiane et Papa ? ». Dieu merci il ne disait plus «
Didi mon amour », mon soulagement fut tel que j'ai pleuré.

Mame nous a laissé seuls et je lui expliquais la situation, il était sidéré. Je ne suis pas entrée dans les
détails de notre départ de Dakar, mais il avait conscience de toute la tension que j'avais créée. Il a
demandé à appeler son père pour le rassurer et Mame nous a donné son aval. Il m'a dit aussi que je
pouvais appeler Tidiane avec un sourire au coin des lèvres. J'ai allumé mon téléphone dans un état
second, comme si mon corps ne m'appartenait plus.

• Malick : boy Didi donne-moi ça, tu as tellement hâte de parler à ton chéri que tu en trembles.
A ce rythme, on ne risque pas de les joindre tay !

Il m'arracha le portable des mains et composa le numéro de son père. C'est vrai que j'avais les mains
moites et mon cœur qui battait à un rythme insoutenable.

• Malick : allo papa ?


• Tonton : ...
• Malick en faisant des grimaces : papa stp ne pleure pas, je te promets que je vais beaucoup
mieux
• Tonton : ...
• Malick : Khadija est là avec moi,
• Tonton : ...
• Malick : ok t'inquiètes je vais te la passer, elle aussi veut te parler
• Tonton : ...
• Malick : non pour le moment je ne me rappelle de rien, mais le vieux qui me soigne a dit que
je retrouverais l'essentiel de ma mémoire in chaa Allah.
• Tonton : ...
• Malick : papa papa, stp. Je te promets que je vais mieux, je me suis réveillé ce matin.
• Tonton : ...
• Malick : appelle maman stp. Je pense que nous allons pouvoir bientôt revenir chez nous. Où
est Tidiane ?
• Tonton : ...
• Malick : ah d'accord. Il faudra que tu nous donnes son numéro alors.
• Tonton : ...
• Malick : oh super s'il revient demain, je le rappellerai demain alors. Je t'aime papa et tu me
manques. Attends je te passe Didi

Il me tendit le téléphone que je fixai quelques instants avant de le prendre

• Moi : tonton ?
• Tonton : ma Didi... j'avais peur de ne plus jamais entendre ta voix
• Moi : je suis tellement désolée, si tu savais...
• Tonton : on parlera de tout ça plus tard pour le moment le plus important est que tu
reviennes dans nos vies.
• Moi : ...
• Tonton : tu reviendras, n'est-ce pas ?
• Moi : Tidiane ne voudra plus de moi
• Tonton : cet homme ne vit que pour toi, Khadija. Seulement, il faut que tu l'appelles vite, il a
décidé d'aller vivre au Mozambique.
• Moi : mais...
• Tonton : Il revient demain à Dakar dans la matinée pour régler les derniers détails, parles lui
avant qu'il ne fasse une bêtise.
• Moi : je l'appellerai in chaa Allah.
• Tonton : je ne saurais mettre des mots sur l'immense gratitude que je ressens à ton égard.
• Moi : c'était primordial... la vie de Malick est précieuse
• Tonton : tu as tant sacrifié pour lui
• Moi : il le mérite, tonton Bouba. Il a beaucoup fait pour moi
• Tonton : revenez vite à la maison
• Moi : on attend juste que Malick retrouve sa mémoire, in chaa Allah
• Tonton : d'accord ma fille. Ton numéro est à nouveau disponible
• Moi : oui
• Tonton : d'accord. Je vous appellerai
• Moi : nous aussi, bisous.

Click

Mame Abderrahmane qui était revenu entre temps, me regardait fixement avant de déclarer : «
Khadijatou, si Ahmed Tidiane est à toi, il te reviendra. Mais laisse-le revenir avec la foi... »

• Moi : qu'est-ce que tu veux dire par là, Mame ?


• Mame : s'il arrive à t'aimer malgré tout, il sera digne de l'amour que tu lui portes
• Moi : et si je lui disais simplement la vérité
• Mame : le doute, ma fille, est plus mortel qu'un poison en amour... laisse le retrouver sa foi
en vous deux, tout seul.
• Moi : je vais y penser, Mame.
• Mame : bien. C'est l'heure de la prière.

Malick qui assistait à notre conversation, m'a fait signe comme quoi il n'avait rien compris. Mais moi
j'avais bien saisi les sens des paroles du vieux. Et j'avoue que l'euphorie que j'ai éprouvée en parlant
avec tonton Bouba est subitement retombée. Ahmed Tidiane Ly était l'homme le plus orgueilleux et
le plus jaloux que je n'ai jamais vu de ma vie donc je ne pouvais prévoir sa réaction et pourtant je ne
doutais pas de son amour. Mais la foi, est-ce qu'il l'aura ?
A force de parler avec Malick des évènements passés, il commençait à se souvenir petit à petit, on y a
passé toute la nuit. Tonton Omar est venu nous tenir compagnie, il faut dire qu'il avait hâte aussi que
Malick se rétablisse définitivement, sa famille et son lit lui manquaient lol. Nous avons dormi
qu'après la prière du matin. Et j'avoue, ne pas avoir fermé l'œil, tellement excitée à l'idée que
j'entendrais à nouveau sa voix dans quelques heures. Mais quel que soit l'issu de cet appel, je me
promis à moi-même de vivre, de me relever et de vaincre. Je suis le Roc de Papa, je ne pouvais pas
faillir. Les jours sombres seront derrière moi, in chaa Allah. Le téléphone qui sonne me fait sortir du
lit comme un ressort, c'est lui, c'est lui oh mon Dieu !

• Allo ?
• Khadija
• Tidiane

Silence

• Comment va Malick ?
• Beaucoup, beaucoup mieux, Alhamdoulilah
• Il parait qu'il est amnésique...
• Les souvenirs commencent à revenir petit à petit
• Et toi ? comment tu vas ?
• J'aimerais aussi être amnésique...
• Pourquoi ?
• Pour oublier tout le mal que je t'ai fait.
• (Il poussa un long soupir) tu as eu les bons réflexes, Di. Tu as pris la décision qu'il fallait.
Comment pourrais-je t'en vouloir, tu as sauvé la vie de mon frère. Je t'en serais
éternellement reconnaissant. Je t'aime encore plus si c'est possible...
• Tidiane...
• Mais je ne peux plus être ton mari, Khadija...
• Je n'ai jamais voulu te quitter
• Laisse-moi terminer... une partie de moi ne vit quasiment plus sans toi mais l'autre ne peut
digérer le fait que tu sois allée de ton plein gré avec un autre. Mon désir de te posséder est
en conflit permanent avec cette partie de mon être qui est dégouté de toi. Et ce conflit me
tue. Tu me connais mieux que quiconque je crois, je t'ai attendu durant mille années et je
t'aimerais mille années supplémentaires... mais je ne peux plus être à toi. C'est au-dessus de
mes forces.
• Je t'aime aussi, Tidj. Je t'aime autant. Mais intégralement...

Silence

• Je ne sais pas si je pourrais à nouveau te faire confiance. J'ai besoin de m'éloigner de tout ça !
Je vais à Maputo, où le cabinet a ouvert de nouveaux bureaux. C'est un nouveau challenge,
un défi de plus à relever
• Vas-y bébé, pars. Pars où tu veux, donne libre cours à tes défis, en espoir, en amour, en
lumière. Tu es le meilleur homme selon mon cœur et tu mérites tout. Alors revendique ton
bonheur. Le monde sera toujours à tes pieds. Mais n'oublies pas, je serais toujours là,
quelque part, pour toi. Parce que je suis à toi, à jamais.
• Tu vas me manquer
• Tu me manques...

Silence

Click

J'ai pris l'initiative de raccrocher. Tout était dit je pense. Même si je lui disais non je n'ai pas couché
avec Malick, me croirait il ? Mame a raison, il doutera toujours de moi.

Une nouvelle page de mon livre s'ouvre aujourd'hui, elle n'est pas blanche mais je m'en accommode.
Mame Abderrahmane a parlé de la Foi, elle est en moi bien au chaud, Ahmed Tidiane Ly est à moi, il
me reviendra, j'en restais convaincue. In Chaa Allah.

Malick est retourné à Dakar deux semaines plus tard, il avait quasiment retrouvé la mémoire mais
toute la période où il était ensorcelé, restera floue à jamais dans son esprit. Il m'a saoulé pour qu'on
y aille ensemble pour retenir Tidiane. Il m'a traitée de poule mouillée, puis d'orgueilleuse, bref j'ai eu
la totale. Puis il m'a longuement pris dans ses bras et c'était parti pour un long câlin, mouillé de
larmes. On revenait de loin, de très loin. Tonton Bouba avait fait venir le jet privé du cabinet pour le
prendre, et on sentait à quel point il avait hâte de revoir son fils.

Ça me faisait bizarre de quitter ma forêt, elle était devenue mienne. Durant deux mois, elle nous
avait accueillis, nourris et protégés. Le jour de notre départ, tous les talibés de Mame Abderrahmane
sont venus nous dire au revoir, c'était émouvant. Mame est venu avec nous à Ziguinchor chez tonton
Omar. Il nous a accompagnés en prière et ça me rassurait. Je ne savais pas ce que Baaba et sa mafia
complotaient encore contre nous mais je n'avais plus peur qu'ils nous atteignent. Quand Malick avait
commencé à guérir, tonton Omar avait enfin mis Maman Soda dans la confidence, et dès qu'on est
arrivé à la maison elle s'est jetée sur nous en pleurant. Tout le monde pleurait en fait mais j'ai vite
compris que c'était de soulagement. Nous sommes arrivés en fin de matinée à Ziguinchor et vers
17h, nous avons amené Malick à l'aéroport où l'attendait son jet depuis la veille au soir. Après
m'avoir arraché la promesse de revenir à Dakar dès la semaine qui suivait, il partit enfin retrouver les
siens.

Enfin j'allais pouvoir m'occuper de moi, soigner mon petit cœur qui saignait.

En deux mois j'avais perdu 8 kilos, il ne me restait que mes seins et mes fesses lol ! Mes cheveux ont
poussé comme pas possible mais étaient ternes. J'avais beau être motivée pour avancer, une
certaine lassitude me gagnait à chaque fois que je pensais à lui. Maman Soda a tout de suite deviné
que j'avais besoin d'aide, alors elle a entrepris de me requinquer (parfois avec des coups de pieds au
fesses). J'ai été chouchoutée comme un bébé. J'avais tous les jours Yuma et Malick au téléphone. Et
parfois tonton Bouba aussi, je sentais nettement qu'il se retenait de m'appeler chaque jour. Il ne
comprenait pas pourquoi j'avais laissé Tidiane me filer entre les doigts, Yuma mom elle m'a
carrément engueulée. Maintenant depuis deux semaines leur leitmotiv, c'était que je revienne
reprendre mon boulot. C'est vrai que dama beugueu lou yombeu (j'aime la facilité) je les ai laissés
gérer depuis trois mois notre bébé KM&Y. Mais heureusement qu'ils comprennent que Dakar
représente un traumatisme pour moi. Il fallait que je reprenne des forces d'abord, surtout dans ma
tête. Malick m'a fait un résumé de ce qu'on avait raté lui et moi, et je ne fus pas surprise de l'état de
Baaba. Celle qui l'a traité de vampire n'est pas très loin de la vérité. Mais Dieu est grand, et il nous le
prouve tous les jours, c'est juste l'être humain qui aime jouer à l'aveugle.

Malgré la sensation de manque omniprésente désormais dans mon cœur, j'étais plutôt bien. Avec le
sentiment fort que j'avais fait ce qu'il y avait à faire. Quand, tonton Omar m'a remis les papiers du
divorce, cela m'a semblé irréel. Je ne les ai pas signés, je les ai, juste, rangés dans ma valise,
simplement. Un soir au téléphone, Yuma m'a semblé bien nerveuse. Mes antennes étaient aux
aguets

• Moi : boy lou khéw (que se passe-t-il) ?


• Yuma : euh tu sais, sankh (tout a l'heure) je faisais le tour des réseaux sociaux pour notre
campagne pour l'hôtel Nirvana et je suis tombée sur une photo
• Moi : ah oui c'est qui ?
• Yuma : attend tu as ton ordi avec toi, je te l'envoie
• Moi : wa whatssap mako rek (envoie moi ça sur WA)
• Yuma : je ne l'ai pas sur mon téléphone yaw tamit mouyéne !
• Moi : wa ok ok vas-y envoie sur skype
• Yuma : ok attend, voilà c'est fait
• Moi : wa c'est qui ?
• Yuma : en fait je ne suis pas sûre, donc ! je ne veux pas dire des bêtises
• Moi : attend je l'ai reçue, au fait tu peux dire à Malick de vérifier ses mai... mon Dieu !
• Yuma : Didi, Didi qu'est-ce qu'il y a ? c'est qui ?

Je fermais les yeux durant quelques secondes, pour les rouvrir. Mais l'image était claire et nette. Il
était pour moi impossible de ne pas le reconnaitre. Chaque mètre carré de ma personne
reconnaissait chaque mètre carré de lui. Cheveux ou sans cheveux, barbe ou sans barbe

• Moi : c'est Tidiane Ly


• Yuma : peut-être que c'est juste une ressemblance ! ça m'étonnerait que Tidiane rase sa
tignasse là.
• Moi : Yuma, il n'y a pas de doute possible. C'est mon homme
• Yuma : ...
• Moi : qui a posté cette photo ?
• Yuma : tu sais la star mozambicaine là
• Moi : Qui ?
• Yuma : Lizha james, c'est une chanteuse très connue là-bas. Mais tu sais ça ne veut rien dire
ça

Pendant qu'elle essayait de me rassurer, mes doigts volaient sur le clavier de l'ordinateur, Google
recherche. Si elle est connue, ce sera facile d'accéder à ses comptes sur les réseaux sociaux. Je me
dirigeais directement sur son Instagram et le choc ! elle avait publié dans la journée des photos de
Tidiane et elle précisait qu'il était son inspiration du moment.

• Moi : va sur l'Instagram de la meuf, Yum


• Yum : attend j'étais sur son facebook, et hop ! Mon dieu, wa Tidiane louko diote ??? (Qu'est
qui lui arrive ??? )

Il y avait deux photos en noir et blanc sur l'une il avait les deux mains sur la tête, on aurait dit qu'il
avait du sable sur le visage, les yeux mi-clos. Il avait complètement rasé sa tête, sa barbe, son petit O
sexy. Mais comment ne pas reconnaitre sa bouche pulpeuse, la courbe de son nez. Sur l'autre photo,
tenez-vous bien, Tidiane était torse nu avec un turban noir sur la tête et comme une voile autour des
reins, on ne voit pas vraiment son visage, mais son tatouage était bien visible. Son corps viril était mis
en valeur, mes mains sont devenues moites soudain. Des images défilent dans ma tête, toutes
indésirables.

• Moi : tu penses que c'est sa copine ?


• Yum : Mo yaw loye wakh ni (arrêtes tes bêtises)?
• Moi : ce serait logique, hein. Ces photos sont plutôt intimes, je trouve. Et puis il lui a
autorisée à les publier.
• Yum : ça ne veut rien dire Didi !
• Moi : tu sais, je suis contente, il a l'air d'aller bien.
• Yum : tu ne penses pas ce que tu dis.
• Moi : tu sais que son bonheur compte pour moi plus que tout. J'aurai aimé qu'il revienne vers
moi en me disant qu'il n'était pas heureux ailleurs, Mais... il a refait sa vie on dirait
• Yum : Mo Didi, ça ne fait que 3 mois que vous vous êtes séparés ! je suis sûr que c'est pas ce
que tu penses.
• Moi : ok ok Yum. C'est bon ! demain, faites-moi signe dès que vous êtes ok pour qu'on fasse
le point sur le contrat avec Orange.
• Yum : ok, ça marche. Une dernière chose
• Moi : oui ?
• Yum : il est plus que temps que la souris sorte de son trou.
• Moi : ...
• Yum : je compte sur toi. Click

Je n'allais pas éternellement fuir, me cacher, parce qu'il était parti. Il était temps que je reprenne ma
vie en main. Il était temps que je rentre chez moi, à Dakar.
PARTIE 31

Deux ans plus tard...

• Moi : Mon cœur, ça te dit si je viens te rejoindre à Dubaï


• Malick : tu ferais ça mon amour ???
• Moi : oh oui ! de toutes les façons je suis bonne à rien au bureau quand tu es loin de moi
• Malick : j'ai hâte que tu sois ma femme officiellement, je te ferais toutes les cochonneries
que tu me refuses...
• Yuma : arrêtez les gars vous êtes trop cons, on est au bureau qu'à même !!! ...

Malick et moi éclations de rire, en une belle harmonie ! et depuis un an maintenant le bonheur était
revenu dans nos vie de façon plus permanent. Il a été mon point d'appui encore une fois, m'a donné
des coups de pieds aux fesses quand mon équilibre menaçait de s'effondrer.

Le soir là où Yuma m'a montré les photos de Tidiane, j'avais pris la ferme décision de retourner à
Dakar et de signer les papiers du divorce afin que Tidj puisse être libre de refaire sa vie. Malick ayant
été mis au courant par Yuma a débarqué dans le premier avion du lendemain lol ! Tel un super-héros
volant au secours de sa belle. Avec maman Soda, ils ont comploté contre moi et ils m'ont embarquée
à Kafountine dans la famille de maman. Il était question que j'y fasse une « mutation spirituelle »,
c'est leur terme nak ! on y est resté 3 jours, profitant de la mer, jouant aux touristes.

Durant notre excursion en pirogue vers les îles Karônes, nous avions traversé une épaisse mangrove
qui formait un labyrinthe végétal inextricable, comme ma vie à ce moment-là. Ça a été plus qu'une
prise de conscience, c'était une véritable douche froide, un déclic. C'était soit je me perdais
définitivement dans ce labyrinthe, soit je m'extirpais de cette masse sombre et compacte qui
commençait à prendre de l'ampleur autour de moi et qui m'empêchait de voir l'horizon. A travers
cette végétation, ma vie m'est réapparue comme un film, j'ai eu le temps d'analyser à loisirs, tous les
défis que j'avais relevés mais aussi toutes les fois où je m’étais effondrée car je n'avais pas su être
ferme dans mes choix.

J'ai vécu à l'ombre de ma jeunesse, puis je suis devenue orpheline au moment où je croyais que la vie
me donnait une seconde chance de m'imprégner de ces êtres qui m'étaient si chers. Durant une
dizaine d'année j'ai erré comme une âme perdue dans les méandres de la vie.

Puis j'ai aimé, mon Dieu, j'ai aimé Tidiane de tout mon âme. Et ce n'est pas un amour qui m'a avili au
contraire, malgré toutes mes imperfections, cet homme m'a fait me sentir déesse dans un lointain
pays exotique et qu'il fallait juste que je dise « sois » pour que ça se réalise. Notre séparation ne
devait pas m'entrainer vers le bas, avoir vécu cette expérience amoureuse devait être pour moi la
preuve que ma vie n'était pas banale, Dieu avait des plans pour moi. Ce n'était pas fini.

Malick m'a appris que Tidiane connaissait Lizha James depuis la fac au Canada. Mais ça ne changeait
rien. J'ai décidé de ne même plus suivre les publications de la meuf, mais j'avoue avoir enregistré les
photos sur mon téléphone, oui je sais je suis faible. Mais ça pouvait tenir chaud les soirées d'hiver.
Après notre super weekend, Malick et moi avons pris le chemin du retour, nous ne sommes pas
retournés à Ziguinchor. Nous avons chopé le bateau Aline Sitoe Diatta au port de l'ile de Carabane,
direction Dakar. Nous n'avons pas pu avoir de cabine individuelle, on a donc pris deux fauteuils,
comme deux ados. Et je n'ai pas pu m'empêcher de comparer Tidiane et Malick. Le premier n'aurait
jamais accepté qu'on voyage en fauteuil. Alors qu'avec Malick, je redevenais juste une jeune femme
folle et insouciante... Pour faire passer le temps, on s'est mis dans un coin du pont supérieur et Lick a
sorti sa guitare, il a gratté un peu, m'obligeant à chanter, sur des airs de bob marley, puis un peu de
rock sur du Goo Goo dolls, puis il m'a fait écouter sa cover de « Reality » de faada freddy. En un
temps records, on s'est fait remarquer, un petit attroupement s'est formé autour de nous. On a
enchainé des morceaux, et quand on a repris « waves » de Mr probs, mon être est devenu
mélancolique, c'était la chanson de Tidiane. Il m'a suffi de fermer les yeux pour l'entendre à nouveau
me la chanter de sa voix rauque et sensuelle. Mes larmes ont coulé, et se rendant compte de ma
détresse, Lick a posé sa guitare par terre et m'a prise dans ses bras pour un long câlin jusqu'à ce
qu'une touriste française ne s'exclame : « rhoooo, ils sont si mignonns, donne-lui un baiser Mr, ça va
arrêter ses larmes lol ». Ça m'a calmée je dois dire, car je me disais que toutes ces personnes autour
de nous nous prenaient pour un couple. Comme il faisait tard nous sommes retournés à l'intérieur, et
après le diner au restaurant, je lui ai fait des tresses. Sa tignasse commençait à devenir incontrôlable.
Puis je me suis endormie sur sa poitrine comme un bébé.

Malick Ly me faisait du bien, un bien fou ! A notre arrivée à Dakar, je suis allée directement chez
Yuma, il était hors de questions que je retourne à marinas. Etant donné que Tidiane m'avait offert
l'appartement, j'ai proposé à Malick de le lui vendre. Comme ça, il aura la maison toute à lui. Il m'a
juste dit qu'il allait y réfléchir. En attendant de trouver un chez moi, j'ai squatté chez Yum. Tonton
Bouba est venu me voir, et nous avons parlé longuement parlé de tout sauf de Tidiane. Je ne voulais
plus parler de lui et je sais que si ça ne dépendait que de lui, tonton Bouba aurait été capable de me
faire oublier toutes mes résolutions pour que j’aille prendre le premier vol pour Maputo.

On est revenu sur l'affaire « Baaba » et il est entré plus en détails sur cette histoire. Après un long
séjour à l'hôpital, il était retourné à Souima avec badjenne Rougui. Il était complètement dépendant
d'elle désormais et elle, eh bien, elle avait assez de boulot avec son père pour ne plus avoir le temps
de se mêler de la vie des autres. Quand à Sala, elle était à 7 mois de grossesse, elle vivait à Mermoz
en attendant d'accoucher et pouvoir se marier avec son amour de « sorcier ». Maman Tamaro était
partie rejoindre Tidiane un mois après son installation, au moins ça me rassurait de savoir qu'il y
aurait quelqu'un pour prendre soin de lui. J'ai voulu reparlé avec tonton bouba, des conditions que
j'ai été obligé de remplir pour le désenvoutement de Malick, surtout la partie qui le concernait. Mais
il m'a tout de suite arrêtée, quoi que j'aie eu à faire, il disait être persuadé que c'était dans l'intérêt
de Malick. Et le fait d'être aujourd'hui avec eux à nouveau prouvait que j'ai juste joué un rôle.
Abdallah lui avait expliqué un peu mais qu'il n'avait plus du tout envie de parler de cette période
sombre de notre vie. Et je lui en fus reconnaissante. Il m'a proposé d'acheter mon appartement, car il
voulait avoir son petit coin de paradis loin de Mermoz et de ses intrigues ! Génial ! il n'a même pas
négocié le prix, Re-génial ! J'ai pu constater à quel point le fait de découvrir que Baaba les avait dupés
en leur cachant leur vraie origine l'avait ébranlé. Il avait vieilli, je trouvais, et il semblait fatigué mais
nous avions retrouvé notre complicité d'antan et c'était très bien comme ça.

J'ai pu trouver un F4 dans le même immeuble que Yuma et je pouvais enfin emménager chez moi.
C'était très grand pour une personne seule, mais Tidiane m'avait habitué à de grandes espaces et
j'étais devenue accro. Et puis ça m'arrangeait bien puisque ma famille de Ziguinchor venait
régulièrement me voir désormais et que même la petite dernière de mon oncle, Amina qui devait
aller à l'université Cheikh Anta Diop à la rentrée, allait habiter chez moi. Le plus dur a été de
récupérer mes affaires à l'appartement de Marinas. Chaque pièce était attachée à un ou des
souvenirs, chaque meuble avait été choisi avec amour. Mais nous n'avons pas trainés pour tout
emballer. Aidés par Yum et Malick, on a tout vidé en un weekend, le fameux canapé où malick a failli
me violer a été le premier que j'ai jeté. Les gars ne comprenaient pas, et surtout malick qui m'a
proposé de l'acheter, si je lui avais dit pourquoi j'avais horreur de ce canapé il aurait été le premier à
vouloir le brûler.

La reprise au boulot a été laborieuse, mais c'était cool ! je me suis vite remise dans le bain, de toutes
les façons je n'avais pas le choix, capitaine Malick veillait au grain. Et vous vous en doutez
certainement, nos relations sont devenues quasi-fusionnelles. Grâce à lui j'ai moins ressenti l'absence
de Tidiane, car ironiquement, souvent je voyais Tidiane en lui. C'était un peu maso, mais tiens, on fait
comme on peut pour tenir.

Un an après notre séparation, j'ai finalement signé les papiers du divorce. Le livre se fermait alors
qu'il restait pourtant tellement de pages blanches à remplir. Maman Tamaro est revenue de Maputo,
ça m'a fait plaisir de la revoir. A ce qu'il parait Tidiane, avait pris une année sabbatique, pour
parcourir le monde. (Il est complétement fou ce mec !)

C'était le moment de refaire ma vie.

Ça fait un peu plus de deux ans maintenant que je suis CELIBATAIRE, J'avais un boulot formidable, un
cercle de proche exceptionnel et j'avais surtout Malick Ly ! Hamdy aussi (mon « men in black »
milliardaire) a intégré notre groupe, il faut dire qu'après m'avoir autant aidé lors de mon fameux «
kidnapping », j'avais découvert en lui, un homme sur qui je pouvais compter. Nous formions
désormais un quatuor de choc ! Et de fil en aiguille, il arriva ce que je souhaitais secrètement, il y
avait de l'amour dans l'air. Hamdy et Yuma !! krkrkkr de vrais hindous je vous dis. Et justement ce
matin, on chambrait Yuma après notre réunion hebdomadaire.

• Moi (mimant le téléphone avec ma main) : Mon cœur, ça te dit si je viens te rejoindre à
Dubaï
• Malick : tu ferais ça mon amour ???
• Moi : oh oui ! de toutes les façons je suis bonne à rien au bureau quand tu es loin de moi
• Malick : j'ai hâte que tu sois ma femme officiellement, je te ferais toutes les cochonneries
que tu me refuses...
• Yuma : arrêtez les gars vous êtes trop cons, on est au bureau qu'à même !!!
• Moi : en plus, nous sommes gentils !! vous faites pire que ça !
• Malick : c'est limite si vous ne chantez pas !
• Yuma : bande de jaloux ! tokk léne fofou rek yéne niarr (rester là vous deux) ! vous allez
tarder à trouver des partenaires de vie ! vous êtes cyniques !
• Malick : mais ya ngui méér dé (ne te fâche pas)! non sérieux c'est mignon nak
• Yuma : yaw ko yapp ? taye ma fégne lé, tu te rappelles de tidiane et Didi fi ?? yaguoufi nonou
dé bagnou koye fater (ça ne date pas de très longtemps hein)
• Moi : lima méti rek moye toujours il faut que ngua def reference si mane ak Tidiane lol (lol il
faut toujours que nous soyons vos références Tidiane et moi) lolou bénéne level la wone,
genre Cupidon ak Aphrodite, motakhit yaguou l(lol c'était d'un autre niveau, du style Cupidon
et Aphrodite, c'est pourquoi ça été éphémère).
• Malick : Didi tu es mauvaise !!!
• Moi : ish trop d'amour tue l'amour !!!
• Malick : au fait Aïda viendra boire un verre avec nous ce soir.
• Yuma : ahhhh, vous avez remis le couvert ?
• Malick : ce n'est pas de ma faute si elle ne peut pas me résister !! elle sait que je suis son
homme, mais ses parents lui mettent la pression et c'est frustrant !
• Moi : attend elle a juste 5 ans de plus que toi, ce n'est pas si énorme comme différence ! et
puis li bakh si mom yakokoye diokh ! na diappeu si yallah té nanguou seuyeule la ! (C’est toi
qui lui donne ce qui est biennn pour elle, elle n'a qu'à accepter d'être ta femme une bonne
fois pour toute)
• Yuma : wa yaw donneuse de leçon, tu attends quoi pour te recaser ?
• Moi : Douma la sakh tontou ! dimbaléma !!! (Je ne répondrais même pas à tes pics)
• Yuma : tchippppp, Malick fais revenir ton frère stp, je suis en train de perdre ma copine oh !
• Malick : il doit être quelque part dans les montagnes en Asie, aux dernières nouvelles ! il
cherche sa raison d'être alors que mingui fi ndakarou ndiaye (qu'elle est là, à Dakar) !!

Et c'était reparti ! j'avais droit à leurs discours une fois par semaine, finalement je m'y suis habituée.

Depuis son retour de la Mozambique, Tata Tamaro me boudait un peu, ok on va dire un peu
beaucoup. Je sais qu'elle est déçue, mais je ne pouvais lui dire la vérité au risque qu'elle influence la
décision de Tidiane. On s'est vu quelques fois chez Malick (ça me fait toujours quelque chose quand
je vais à Marinas, mais je ne monte jamais à mon ancien appartement) et elle reste gentille, courtoise
mais distante. Sa bienveillance me manquait, nos longues discussions aussi.

C'était l'anniversaire de tonton Bouba dans deux semaines, il fêtait ses 60 ans et on voulait lui
préparer une surprise. On avait prévu une grande fête ou on allait inviter tous ses amis intimes : ses
anciens co-équipiers de l'US Gorée, quelques partenaires d'affaires, et ses amis du Maroc. Et surtout
son ex-femme, Malick voulait que son père épouse à nouveau sa maman. Ni l'un ni l'autre ne s'était
remarié depuis leur divorce, il y a 15 ans. Il était facile de voir qu'ils tenaient encore l’un à l’autre,
c’était évident ! Et puis désormais l'équation « baaba » était définitivement résolue, alors il était
temps de vivre ! Ces préparatifs ont eu le don de me rapprocher ) nouveau de mon ex belle-mère,
elle rigolait sans le faire exprès de mes blagues, ou quand j'imitais tonton Bouba, avant de se
ressaisir. Et vous auriez dû voir son soulagement, quand Aïda Diop est venu la veille de l'anniversaire,
pour nous aider dans les derniers préparatifs et que je lui ai chuchoté qu'elle et Malick s'était remis
ensemble enfin. Elle m'a regardé genre « donc toi et Malick vous n'êtes pas ensemble ? » mdr.
Depuis le temps je pense que c'était dans sa tête, elle n'avait jamais osé le demander clairement.

• Malick : alors Didi tu as changé d'avis ?


• Moi : Lick, boulma sonnale stp (Ne me fatigue pas stp).
• Malick : maman wakh si (Maamaan faut intervenir)
• Maman Tamaro : qu'est-ce qui se passe ?
• Malick : ta belle-fille, euh je veux dire Didi ne veut pas monter dans l'appartement de papa
(quel con ce mec)
• Moi : ...
• Maman Tamaro : ne sois pas gênée Khadija, tu n'es certes plus ma belle-fille, mais tu resteras
toujours ma fille. Alors pourquoi tu ne veux pas monter, tu as peur de tes souvenirs ?
• Moi : c'est plus compliqué que ça maman ! je commence à guérir, il ne faut pas que je
rechute c'est tout
• Maman : je t'avoue que je suis contente de voir que cette histoire t'affecte un peu.
• Malick : Un peu ??? maman cette jeune femme devant toi a failli devenir folle. Demande à
Aïda et à Yuma.
• Moi : wa c'est bon ! D'ailleurs, il faut que j'aille récupérer un truc en ville. Je viendrai demain
mais je resterai en bas pour m'assurer du service et m'occupais de la bouffe.
• Malick : idiote !
• Moi : ma taye !

Je fis un bisou à maman qui en profita pour me serrer un peu plus fort dans ses bras, ça n'était pas
arrivé depuis plus de deux ans.

Je suis rentrée directement chez moi, je n'avais rien à faire, je voulais juste éviter cette discussion. Et
ça tombait bien, car depuis cet après-midi j'avais une nouvelle fois des bouffées de chaleur et puis
mon cœur battait super vite. Après une bonne douche froide, j'ai mangé vite fait et je suis allée me
coucher mais impossible de dormir. J'ai mis un jogging et un t-shirt et je suis descendue chez Yuma.
Hamdy était là mais je me suis incrustée.

• Moi : désolée les gars mais je peux squatter un peu ici


• Yuma : qu'est-ce que tu as bébé ?
• Moi : j'ai une impression bizarre sur mon corps depuis takussan (fin d'après-midi)
• Yuma : kay ma défarale la tiouraye seytané (vient on va enlever le mauvais œil)
• Hamdy : yéne nak danguéne bizarre (vous étés tellement bizarres)
• Moi : oh toi là, loye déf fi sakh ? ware ngua gaw yoner warougar dale (et toi donc que fais-tu
ici, vraiment tu dois faire vite et nous amener la dot)
• Hamdy : si ça ne tenait qu'à moi, demain elle serait Mme Diaw ! ya wara wakh ak sa copine
(tu dois vraiment discuter avec ton amie)
• Yuma : hé didi gneweul fi teud mo gueune si yaw (hey Didi, viens te coucher la)
• Moi : bagnale moytou khalé bou goor bi rek, unhun !! (Toi la fais attention à l'homme noir)

Elle m'a allongé dans son lit, et dorlotée comme un bébé. Puis elle a mis Hamdy dehors puis elle est
revenue me faire un câlin.

• Yuma : tu crois que c'est une crise ?


• Moi : ça y ressemble
• Yuma : il te manque hein ?
• Moi : beaucoup, beaucoup...
Elle ne disait plus rien, elle comprenait. Elle commençait à avoir l'habitude de ces jours où mon corps
était carrément en manque de mon homme et se révoltait. J'ai passé la nuit chez elle finalement,
heureusement que j'ai pris l'appartement au-dessus du sien.

Le lendemain, jour de l'anniversaire, j'étais toujours fébrile mais on y est allé avec plaisir. Tonton
bouba méritait qu'on se décarcasse pour lui. Je lui avais acheté une Rolex Cellini Dual Time, et fou de
jolie montre comme il est j'étais sûre qu'il allait apprécier. L'après-midi est passé rapidement. La
mère de Malick était arrivée le matin même et nous aidait à finir de tout préparer. (Je suis sûre
qu'elle ignorait tout, des manigances de son fils pour la remettre avec son père).

Alpha notre ancien chef cuisinier nous avait envoyé 5 serveurs pour la fête. Tonton Bouba devait
revenir de Nouakchott vers 19h et le temps d'arriver à la maison vers 20h le timing serait parfait.
Malick est parti le récupérer à l'aéroport et Yuma a accueilli les invités avec Aïda et maman Tamaro.
Et pendant tout ce temps, aidé par les serveurs, on a fait la mise en place des assiettes, après il ne
resterait qu'à servir. 5 minutes avant d'arriver, Malick m'a envoyé un texto pour nous avertir et on a
éteint toutes les lumières. Je les entendais monter les marches pour aller en haut, et je souriais
bêtement lol !

Le « SURPRISE» qu'ils ont crié était si fort qu'on aurait dit que c'était en bas. La fête pouvait
commencer.

Tout se passait parfaitement bien, même si j'avais d'horribles crampes au ventre, comme une
excitation, je ne sais pas comment vous décrire cette sensation. Comme par exemple l'attente des
résultats du BAC, voilà hein. Quand le président du jury dit : « approchez ». Ce nœud-là qui se forme
dans le ventre et qui ne demande qu'à se dénouer au point de vous couper les jambes. Vous avez
juste envie de vous asseoir, ou de pisser. Plus que jamais, mon cœur battait très vite.

Une heure plus tard, au moment de servir le diner, Malick est redescendu en souriant comme le
vilain garnement qu'il était !

• Malick : on a un gros problème


• Moi : lou khew (que se passe-t-il) ?
• Malick : papa refuse de souffler ses bougies, si tu ne montes pas
• Moi : ishh Malick bayima way (shheuutt Malick pas ça stp)
• Malick : je suis sérieux, il dit que sans toi il est hors de question qu'il profite de cette soirée
• Maman Tamaro qui venait de descendre aussi : il a raison ma chérie, Boubacar a dit ça.
• Malick : viens, tu montes vite fait, on souffle les bougies, tu lui donnes ton cadeau et après tu
redescends
• Moi : mais...
• Maman Tamaro : Didi toi aussi moi je ne te comprends pas, ça ne te coute vraiment rien de
monter ! Et puis tu restes ici, comme si tu ne faisais pas partie de la famille
• Moi : j'en fais réellement partie ?
• Maman Tamaro : à jamais.

Je suis partie mettre mes talons, et récupérer mon cadeau


• Moi : bon on y va
• Malick : let's go !

J'ai failli tomber dans les escaliers, tellement j'avais les jambes qui tremblaient. A notre entrée, j'ai
constaté que la fête battait son plein, les vieux là ils avaient la pêche ! l'appartement a été remeublé
différemment, mais comment ne pas repenser à cette première fois que je suis venue ici, à comment
il m'avait plaquée contre ce même mur à l'entrée pour dévorer mes lèvres...

Yuma m'a fait signe, de là où elle était pour que je la rejoigne, mais je voulais d'abord voir Tonton.
Dès qu'il m'aperçut, il vint vers moi, les bras ouverts. Il m'a longuement serré contre lui.

• Moi : joyeux anniversaire !


• Tonton B : merci ma chérie ! alors comme ça après avoir mis tout ton énergie pour organiser
tout ça, tu ne voulais pas monter me souhaiter joyeux anniversaire ?
• Moi : ne m'en veux pas Tonton chéri, mais cette maison renferme beaucoup trop de
souvenirs qui vont m'empêcher à coup sûr de dormir ces prochains jours, lui dis-je en
rigolant.
• Tonton B : ne t'inquiètes pas j'ai tout exorcisé ! il n'y a plus de fantômes !
• Moi : tu es sûr ? alors pourquoi mon cœur bat-il, si fort ?
• Tonton B : tu es sûr que c'est la peur qui le fait battre comme ça ?
• Moi : euhh... eh bien... c'est juste que parfois, il y a des fantômes qui se matérialise en être
de chair et d'os...

Mon regard le traversait et il s'en rendit compte. Il n'avait pas besoin de se retourner pour savoir qui
je regardais avec autant d'avidité.

Tidiane.

Il n'était pas censé être là. Mais à plus de dix milles km d'ici, dans les montagnes entre le Bhoutan et
le Népal. Obstiné à s'éloigner, obstiné à me fuir... Ses yeux me transperçaient, et mon corps revenait
à qui de droit. Il était là, et tout ce que j'avais enfoui au fond de moi, refaisait surface, il était là
comme s'il n'était jamais parti, mon paradis, mon obsession, tous mes désirs réunis.

• Tonton Bouba : moi aussi j'avais une surprise pour toi. Je crois que vous devez parler tous les
deux. Je sais qu'il a énormément de choses à te dire, donne-lui une chance ma Didi.

On aurait dit une tragédie grecque. Je me retournais vers Yuma et malick, ils hochaient la tête
comme pour me donner la force de dire oui. Et maman Tamaro avait déjà les larmes aux yeux. J'ai
serré très fort la main de tonton Bouba, puis j'ai fait demi-tour. Je suis sortie de l'appartement sous le
regard des gens, mais je ne voyais personne, je n'entendais personne. Quand je suis arrivée dans la
cour, j'ai enlevé mes chaussures et je suis partie à la plage. Je l'entendais approcher, derrière moi, et
tous mes sens étaient en alerte, chaque pore de ma peau ressentait sa présence. Je me suis arrêtée
au bord de l'eau, le regard fixé vers l'horizon, lui tournant toujours le dos. Soudain j'ai senti ses mains
sur mes épaules. On va dire que le long frisson qui me parcourt à cet instant est dû au vent un peu
frais qui venait de la mer. Il m'a fait me retourner fermement face à lui. Son regard a plongé dans le
mien, et sa main est remonté lentement vers mon cou. Puis soudain il a subitement fait redescendre
ses deux mains et les a fourrées dans ses poches.

• Moi : Tidiane Ly
• Tidiane : hey !
• Moi : hey !
• Tidiane : comment tu vas ?
• Moi : qu'est-ce que tu fais là ?
• Tidiane : je suis venu te voir.
• Moi : eh bien tu m'as vue, tu peux repartir.

Je me retournais déjà, m'apprêtant à partir mais il m'a arrêtée, et cette fois il m'a retenue par les
hanches avec ses deux mains, me serrant de force contre lui.

• Tidiane : tu ne me faciliteras pas la tâche hein ?


• Moi : pppffff
• Tidiane : je m'en doutais bien.
• Moi : qu'est-ce que tu veux, Ahmed Tidiane Ly ?
• Tidiane : toi...
• Moi : ...
• Tidiane : et tout ce que tu voudras m'offrir...
• Moi : de l'eau a coulé sous les ponts... ça fait plus de deux ans que tu es parti
• Tidiane : Deux ans, quatre mois, six jours... Je sais que tu as refait ta vie sans moi. Tu as pu
trouver un nouvel équilibre, parce que tu es forte. Je savais que tu y arriverais... et je pensais
que moi aussi

Il resserra son étreinte et je sentis son cœur battre à un rythme assourdissant contre mon dos. Il me
fit me retourner encore une fois face à lui, ses mains toujours sur mes hanches.

• Tidiane : regarde-moi stp

Je redressais la tête, mais mon regard ne pouvait tenir longtemps comme ça dans le sien, j'avais peur
qu'il y voie tout mon amour, et qu'il sache qu'il avait gagné d'avance...
• Tidiane : j'ai laissé mon orgueil et ma jalousie me dictaient ma conduite car j'avais peur, Didi.
• Moi : peur de quoi ?
• Tidiane : j'avais peur, parce qu'au fond de moi, malgré que je sois convaincu que tu avais
couché avec Malick, je continuais à t'aimer et à te vouloir comme un fou. J'avais peur que tu
te rendes compte de l'énorme pouvoir que tu avais sur moi et que tu fasses de-moi ton
jouet. Tu aurais couché avec tous les hommes de la terre, je ne t'aimerais pas moins. J'ai
laissé mon orgueil prendre le dessus sur mes sentiments, car je voulais paraître fort. Mais
comme un lâche, j'ai fui. Mais m'éloigner de toi durant tout ce temps n'a rien changé d'un
iota. (SILENCE.)
Comme le décrit une expression que j'ai entendue dans une tribu en inde : je vois Dieu en toi.
(Il s'approcha encore de moi jusqu'à presque me coller, ses deux mains enserrèrent mon cou
tendrement et il chuchota tout près de mes lèvres) Oui je vois Dieu en toi, Khadija. Il est
possible de quitter un être humain, mais comment puis-je quitter Dieu ? Partout où j'allais,
Dieu était avec moi. Et partout où il y avait Dieu, tu étais là...
• Moi : Tidiane...
• Tidiane : dix milliards de fois, j'ai pensé revenir. Mais au dernier moment, je me disais que
sûrement tu avais refait ta vie. Belle comme tu es, les hommes ne te laisseraient pas libre
trop longtemps. Puis un soir, avant-hier soir plus précisément, je me suis dit que si Dieu fait
qu'à chaque fois que je lève mes deux mains pour prier, quand je regarde le ciel c'est ton
visage que je vois, peut-être qu'en fin de compte, il voulait juste que je vienne te rejoindre...
• Moi : tu n'aurais pas pu le comprendre plus tôt ? Un tout petit peu plus tôt ?
• Tidiane : tu sais comment je suis mieux que quiconque, je mets toujours du temps à
comprendre les choses... (ses mains se faufilèrent dans mes cheveux, approchant un peu plus
mon visage du sien) ... Je t'aime tellement.

Ces mots je les avais tellement espérés que j'avais envie de lui sauter dessus et lui dire à quel point
c'était réciproque, mais il fallait que tout soit clair ce soir, qu'il n'y ait plus de malentendus.

• Moi : tu sais avec Malick...


• Tidiane : peut m'importe Khadija ! Si tu veux bien nous donner une seconde chance, moi je
veux tout de toi, tout.
• Moi : écoute-moi, il n'a jamais été question que je couche avec lui pour le guérir.
• Tidiane : co-comment ?
• Moi : il fallait que je te fasse souffrir, énormément souffrir, pour que le sort soit brisé. Que je
brise les relations entre tonton Bouba et moi, tonton Bouba et toi et entre toi et moi,
terminais-je en chuchotant.
• Tidiane : mon Dieu ! ça a dû être si difficile pour toi de faire tout ça
• Moi : je devais garder la foi, même si ce n'était pas facile surtout vu ta réaction.
• Tidiane : je ne te demanderais pas pourquoi tu ne m'as pas raconté tout ça plus tôt. Je
connais ta réponse et tu as eu raison. Aujourd'hui je peux te confirmer que je ne doute pas
de ce que tu me dis.

Il me regardait comme si j'allais disparaître d'une minute à l'autre


• Tidiane : veux-tu de moi encore une fois ?
• Moi : il n'a jamais été question d'autre chose que de toi...

Un millième de seconde plus tard il me serrait dans ses bras à m'étouffer mais comme c'était bon,
vivifiant, tonifiant ! chaque millimètre carré de mon corps qu'il touchait revivait. Son visage dans mes
cheveux, il chuchotait mon nom encore et encore....
FIN.

• Amina : Ahhhhh ! ça fait du bien de revenir au Sénégal, 6 ans c'est long dé ! wayé tché Didi,
les jumeaux vont me tuer walahi
• Moi : makhalah tu ne sais pas leur dire non !
• Amina : attend je n'ai pas profité d'eux depuis la seule fois où j'étais venue en vacances et ils
étaient bébés à l'époque !
• Moi : c'est vrai, légui dé aye grand lagnou, ça n'arrête pas de courir partout !
• Amina : en tout cas ça me fait faire du sport, imagine tous les kilomètres que je parcours en
essayant de les attraper ? Je crois que je ne m'habituerai jamais aux dimensions de ta
maison. Tidiane est vraiment fou
• Moi : ne dis pas de mal de mon homme. Hein ! petite chipie.

Je disais ça mais moi-même je me posais chaque matin la question à savoir qu'est ce qui était passé
par la tête de Tidiane Ly en faisant construire cette demeure. C'était immense et magnifique.

Sérieusement avions-nous besoin de 8 chambres sans compter notre suite parentale ? Il rigolait
toujours en me disant que c'est pour son équipe de basket mais vu comme c'est parti, c'est une
équipe de foot qu'on aura. Les jumeaux, Chérif et Bouba avait déjà 4 ans, la petite Tammy (Tamaro)
venait de fêter ses 2ans et j'étais à 6 mois de grossesse de ... jumelles cette fois-ci !!! Comme quoi !!!
Tidiane est aux anges, et même si je rechignais à le dire devant mon mari (car il serait capable de
vouloir un nouveau bébé après chaque accouchement) je suis comblée.

• Amina : tu sais je lui ai parlé de mon problème concernant Daouda et moi, de notre
séparation et tout ça.
• Moi : je suis contente que tu l'aies fait. Tonton Omar lui ne peut que prendre ta défense tu es
sa fille, Tidiane lui peut te conseiller tout en restant objectif.
• Amina : il m'a dit que quand il t'avait quitté il y a 7 ans, il était anéanti et persuadé de ne
jamais revenir. Il ne t'avait même pas laissé entrevoir une promesse que vous puissiez peut-
être un jour être à nouveau ensemble. Et pourtant, tu l'as attendu, durant deux longues
années. Pourquoi ?
• Moi : Chaque amour a son heure. Ce n'était pas la nôtre. J'avais foi en nous car quand Dieu
bénit l'union de deux âmes, le temps n'a aucune chance d'enlever quoi que ce soit. Notre
amour était si fort que Dieu s'est assuré qu'il retrouve son chemin, je n'avais qu'à patienter
et l'attendre. Il devait me revenir et il est revenu...
• Amina : tu l'aurais attendu dix ans de plus ?
• Moi : Nonnn, il n'aurait pas tenu si longtemps loin de moi mdrrr. Mais sérieusement oui je
l'aurai attendu le temps qu'il faut
• Amina : en tout cas vous me donnez la foi ! Wa raconte-moi quand il est revenu comment il
s'est comporté avec toi
• Moi : aminaaaaa, tu n'as pas des choses à faire
• Amina : sama sékh (jumeaux) yi gnou ngui sieste ! Allez stp, raconte !
• Moi : Bon...

« ... alors qu'on était au bord de l'eau s'embrassant comme des fous, les autres nous on rejoint, et la
fête d'anniversaire de tonton Bouba, s'est terminée à la plage. L'émotion était à son comble, et je me
suis rendue compte que notre couple Tidiane et moi était comme le centre pilier d'un cercle
trigonométrique. Le bonheur de tous nos proches dépendait du notre. Un truc de fou !
J'ai dû batailler pour que Tidiane se détache de moi, mais nous n'étions plus mariés mon coco et je
ne voulais pas trop « chauffer ». Il m'a raccompagnée chez moi pour voir comment j'étais installée et
il en a profité pour me dire qu'il avait appelé tonton Omar, pour lui demander ma main, si j'acceptais
de le reprendre. On a rappelé tonton ensemble, et il a dit qu'il viendrait à Dakar le jeudi suivant. Bon
jeudi n'était pas si loin que ça, mais en attendant, il ne fallait pas tenter le diable. J'ai dû le mettre
dehors, car je ne me faisais pas confiance. Le lendemain, il m'a appelée tôt le matin, pour me dire
qu'il devait aller à Podor avec tonton Bouba et Malick car il devait régler quelques problèmes au
domaine

• Moi : unhun, alors c'est comme ça que je te manque ?


• Tidiane : j'ai négligé trop longtemps mon rôle de chef de famille, et puis plus vite j'aurai fini
avec tout ça plus vite je te rejoins
• Moi : ce n'est pas ce que j'appelle des retrouvailles excitantes !
• Tidiane : ne boude pas mon amour. Et puis tu m'as bien mis à la porte de chez toi hier. Et
pour cause, mieux vaut qu'on soit loin l'un de l'autre pour le moment, sinon je ne réponds
plus de moi...
• Moi : oui c'est ça !
• Tidiane : bon ma petite capricieuse, il faut que j'y aille ! je t'aime hein et j'ai hâte que tu sois
à nouveau à moi
• Moi : bah ça, ça ne dépend que de toi !
• Tidiane : je sais... bisous

CLICK

J'ai ravalé bien vite ma déception, Maman Tamaro m'a appelée pour savoir si elle pouvait passer à la
maison avec tata Mintou, elles se sentaient seules sans les hommes. De ce fait, on a eu le temps de
reparler de tout ce qui s'était passé plus sereinement, j'avais devant moi deux mamans comblées et
ça faisait plaisir à voir. Vers 15h, Yuma et Aïda sont venues nous rejoindre, finalement on a passé un
bel après-midi entre filles et elles n'ont pas arrêté de me chambrer sur nos retrouvailles, Tidiane et
moi. Vu comment on était collé l'un contre l'autre et comme il m'avait raccompagnée chez moi, elles
en ont conclu qu'on avait passé la nuit ensemble. Pfffff ! si Maman Tamaro n'avait pas dit que Tidiane
était avec elle toute la nuit, pour refaire le monde, ces folles ne m'auraient pas cru. Mais même
connaissant la vérité, elles n'ont pas arrêté de faire des remarques salaces !

Vers 17h30, j'ai reçu deux messages simultanés de Hamdy et de Malick : « Félicitations ». J'ai regardé
vite fait, puis j'ai continué ma conversation, avant que mon cœur ne recommence à battre très vite.
J'ai repris mon téléphone, ils ont bien écrit sur leur message « félicitations ». J'ai fermé les yeux
pendant quelques secondes, avant de les rouvrir. Quand j'ai vu les sourires de ces femmes, j'ai enfin
compris qu'une fois encore je m'étais fait avoir comme une débutante.

• Maman Tamaro : c'est un bonheur de t'appeler à nouveau « ma belle-fille »


• Moi : Maman...
• Yuma : pffff, parfois je me demande si tu le fais exprès !!! Malgré toute ton intelligence au-
dessus de la norme tu ne sauras jamais deviner quand il y a une surprise dans l'air
• Moi : lâche-moi toi, tu n'es jamais de mon coté
• Aida : Yuma bayil lakalé ! viens par ici Mme Ly !!! FELICITATIONS !!!!!!!
• Moi : mon Dieu, c'est vrai tout ça ?
• Maman Tamaro : c'est plus que vrai ! tu penses que Tidiane aurait tenu une journée de plus
sans que tu ne sois à lui officiellement ? il serait devenu encore plus fou
Tout le monde a éclaté de rire, c'est le moment que choisi mon téléphone pour sonner.

• Moi : allo tonton


• Tonton omar : Khadijatou
• Moi : comment tu as pu me faire ça ?
• T.O : tu as eu de la chance sakh ! si Tidiane m'avait appelé plus tôt encore, tu serais déjà sa
femme avant même qu'il ne revienne sur Dakar
• Moi : comme ça ?!!
• T.O : dis-moi que tu es heureuse...
• Moi : je suis comblée, tonton
• T.O : c'est tout ce que je voulais entendre. On vient toujours jeudi, in chaa Allah. Au fait c'est
Abderrahmane qui t'a donné en mariage
• Moi : ohhhh. (C'est trop d'émotion tout d'un coup, j'en ai perdu la parole)
• T.O : bon attend je te passe Boubacar...

Et c'était parti pour des félicitations et des prières. J'ai parlé à tout le monde sauf au principal
concerné, il m'a juste envoyé un message : « nous serons à Dakar vers 22H, je t'aime ma femme »
une douce chaleur envahit mon bas ventre. Il est clair que cet étape était indispensable mais dans ma
tête je n'ai jamais cessé d'être madame Tidiane Ly. Tout d'un coup c'est comme si je me sentais
légère, libre, ça faisait 5 jours que je n'avais pas fermé l'œil et je vous jure que j'avais soudain
sommeil. Je n'entendais plus rien de la conversation des autres qui étaient euphoriques.

A 22H15 ils étaient là. Il était là, je ne voyais que lui. Au milieu des chahuts et autres cris, il m'a
embrassée, tendrement, profondément.

Malick : si c'est un moyen pour nous dire de vous laisser seuls, c'est réussi, BRAVO !

On a eu toutes les peines du monde pour nous séparer, deux ans c'est long hein !!! on a dîné tous
ensemble, mais nous étions dans une sorte de bulle Tidiane et moi, et c'était compréhensible.
Maman Tamaro (bénie soit-elle) a donné le signal du départ, en un rien de temps tout le monde était
parti. Une fois la porte fermée, nous nous sommes rapprochés d'un même élan et je me suis lovée
contre lui. La chaleur de sa présence m'enveloppait ; je fermais les yeux et pleins de sentiments
m'ont submergée, il me serra très fort contre lui.

-Lui : j'aimerais t'emmener quelque part, mais on peut attendre demain si tu te sens trop fatiguée

-Moi : qui a cafté ?

-Lui : Yuma m'a dit que ça fait des jours que tu ne dors pas...

-Moi : celle-là !!!

-Lui : tout doux bébé, elle s'inquiète juste pour toi ! alors on fait quoi ?

-Moi : on y va

J'ai préparé mes affaires en un temps record, nous avons pris la BMW X6 de Tidiane, et nous nous
sommes mis en route. Avec l'autoroute à péage en 20 minutes on était sorti de Dakar, pendant tout
le trajet j'avais l'impression d'être dans un brouillard engourdissant. Ce n'était même pas la peine de
demander où nous allions je savais qu'il ne me répondrait pas. Nous avons quitté l'autoroute à
Rufisque pour prendre la nationale. Nous avons dépassé Rufisque puis Bargny, puis il bifurqua vers
Yenne quelques minutes plus tard il se garait devant une maison au bord de l'eau, une demeure
paradisiaque et immense.
-Lui : bienvenue chez toi

-Moi en me retournant vers lui : chez moi ?

-Lui en souriant : chez nous si tu veux.

J'avais dix milles questions à poser mais mes yeux me brûlaient, je baillais à m'en décrocher la
mâchoire.

-Lui : on fera le tour demain, bébé

-Moi : j'ai l'impression que je vais dormir deux jours d'affilée, super nuit de noces, hein ? je suis
désolée...

-Lui : shuttt !

Nous sommes entrés par un grand portail qui donnait sur un garage en plein air et un jardin super
sympa. On accéda à un immense hall marbré, il éteignit les lumières, en bas et me fit monter à
l'étage, dans notre chambre ou suite je dois dire et m'accompagna dans la salle de bains aussi
luxueuse que le peu que j'avais vu de la maison, ma maison. Il m'a déshabillée, m'a mise dans la
baignoire et je savourais le moindre de ses gestes. Il me lava, me sécha puis me souleva dans ses bras
pour me porter jusqu'au lit. Il me glissa, nue, entre les draps blancs. Quelques secondes plus tard, je
m'endormis. Bilahi je me suis endormie (je pense que sama khél mo dalone rek Mbeugueul daal
comme kou wor deux jours naane ndokh).

Quand j'ouvris les yeux des siècles plus tard, il me semblait, je touchais son corps pour m'assurer qu'il
était bien là, en vrai. Je reconnaissais sa peau, le moindre de ses muscles, puis ma main glissa dans
ses cheveux. Il se réveilla à mon contact mais il ne bougeait pas.

Moi : tu les as laissés repousser

Lui : il fait froid dans les montagnes...

Moi : je n'en doute pas

Lui : tu es bien câline...

Moi en me serrant contre lui : j'ai envie de toi.

Mes mains se sont faufilées sous le drap pour me réapproprier le corps de mon homme. J'avais
encore les yeux à demi fermés et j'aimais cette sensation d'être dans un brouillard ou j'avancerais
comme un aveugle, me repérant aux contours de ce corps que j'aimais à la folie. Malgré son air
impassible, je sentais son souffle s'accélérer un peu.

Lui : tu es sûre que tu as assez récupéré ?

Moi : tu es là ! mon corps le sait et il a envie de fêter ça...

Lui : c'est tellement merveilleux d'être avec toi, après tout ce temps...

Moi : shut, dis-je doucement

On se dégustait et on se redécouvrait, car cette fois-ci, il n'y avait pas d'épée de Damoclès au-dessus
de notre tête, pas d'angoisse, ni de menaces de Baaba, pas de partage (sala), et plus de mission
héroïque à mener à bien. Il n'y avait que la liberté du plaisir que nous allions nous donner, juste ça et
rien que ça. Son envie de moi était devenue incontournable, je frôlais de mes doigts « Mr Ti », qui
était dur et palpitant à mon contact. Cependant je sentais beaucoup de retenue chez Tidiane, comme
s'il craignait de me briser en mille morceaux. Paradoxalement, ce respect me donnait une force
incroyable et attisait encore plus, si c'est possible, mon envie de lui.

Je le caressai tendrement et je le sentis se détendre, il avait les yeux dans le vague, il s'abandonna
complètement. (Il faudrait se réveiller tous les matins, comme ça hein). Mes baisers parcouraient son
corps pour enfin prendre possession de « Mr Ti » qui tressaute pour m'indiquer son contentement.
Je l'embrasse avec tendresse, il m'avait manqué. Je prends le temps de savourer son contact. Tidiane
écarta un peu les jambes pour me laisser plus d'espace (j'apprécie). Entre mes doigts « Mr Ti » se
gorgeait de plus de vigueur. Il durcit encore et se gonfla. Et le voir réagir ainsi à ma fellation
m'excitait. Je mouillai. Je le suçais et je prenais le temps de bien le garder en bouche, de faire danser
ma langue sur son gland. Pourtant très concentrée, j'entendais néanmoins les soupirs de plaisir de
mon homme, ses grognements rauques et virils. Je n'avais pas envie d'arrêter donc je le dégustai.
J'anticipais un peu le moment ou « Mr Ti » viendrait s'ancrer en moi d'une autre manière. Je
resserrais légèrement mes lèvres autour de lui, et ma main le masturbe un peu plus intensément,
plus vite. Tidiane soupirait son ventre s'est creusé et ses mains sont venues se poser sur ma tête. Et
puis quand ses doigts se sont crispés dans mes cheveux et qu'il émit un grognement sourd, je
suspendis mon mouvement, j'écartais doucement ma bouche de son sexe. Comme pour calmer son
désir qui avait failli exploser, je posai de doux baisers sur « Mr Ti » puis petit à petit, je retraçais à
l'envers le chemin que j'ai dessiné tout à l'heure de mes lèvres. Je remontai sur sa peau en rampant
presque sur lui. L'instant d'après, tout mon corps était contre le sien, mon visage s'est rapproché du
sien et son regard était rendu vague par le plaisir de la fellation. Je l'embrassai alors à pleine bouche.
Je plongeai ma langue entre ses lèvres, comme j'aimerais que plus tard son sexe explore le mien.
Quand je me redressai enfin pour me poser à califourchon sur les cuisses de Tidiane, son sourire était
presque ivre. Je souriais aussi. Nous échangions un long regard joueur et gourmand. Sa main dévala
mon corps touchant mes seins.

-Tidiane : tu es belle bébé, me dit-il tout doucement

-Moi, avec une petite moue coquine : même avec ma tête de fumeuse de crack ?

-Tidiane : tu es belle tout court, chuchote-t-il en pleine contemplation de ma poitrine

Je soupirai et rejetai la tête en arrière lui faisant offrande de mes seins. Il ne se fit pas prier, et les prit
à pleines mains. C'était délicieux, tout était exquis ! le contact de ses doigts sur mes pointes, un
contact affirmé, la manière dont il remodelait mes seins, tout était extatique ! Pour être plus à l'aise,
Tidiane se redressa et cala deux oreillers dans son dos pour profiter confortablement de moi. Son
érection ne se faisait pas oublier, je le sentais entre mes cuisses, juste sous mon sexe. « Mr Ti » était
dur et bouillant. Je me frottai contre lui de toute sa longueur. Ça glissait et ça m'électrisait. J'allais et
venait en basculant mon bassin, puis je me soulevai un peu et j'empoignai son sexe que je masturbai
en collant son extrémité contre mon clitoris. Putainnn, c'était DEMENT !

-Tidiane : tu te caresses ? me demande -t-il, le souffle court

Je mets un moment à répondre. J'avais l'impression d'être saoule de sensations et d'excitation, de


planer...

-Moi : oui bébé

-Tidiane : c'est bon ? chuchota-t-il

-Moi : tu n'as pas idée...


Là, je suis à quelques secondes de l'orgasme. Je ruisselle sur son membre qui glisse contre mon
clitoris, entre mes doigts. Tidiane me pinça les seins plus fort et j'eus l'impression d'être un volcan en
éruption. Je me redressai et pesai légèrement sur lui. Juste un peu, pour que son gland me pénètre.
Je l'entendis pousser un râle. Je m'arrêtai et savourai cet instant ou je savais qu'il allait bientôt être
en moi, qu'il était juste là et que je sentais « Mr Ti » pousser en moi. Quand je m'abaissai d'avantage,
nous gémissions tous les deux. Mon Dieu, c'est comme si c'était la première fois. Il avança un peu
plus, puis encore un peu et enfin, enfin, enfin, il était tout en moi !

-Tidiane : daaammmmmn! rugit-il

Je commençais à bouger, à danser sur lui. Je tanguais, je divaguais, mon regard devenait flou. Je me
sentis remplie à un point que je ne saurais décrire. Il était encore plus gros et plus dur et pourtant on
s'emboitait parfaitement. Tidiane se redressa encore et colla sa bouche sur mon sein gauche et se
mit à le lécher voracement. Il aspirait la pointe, la mordillait, la suçait... je bougeais sur lui les yeux
presque clos. Sa main qui rejoignit mon entrejambe, ajoutée à la succion infligée à mes seins, ainsi
qu'à ses coups de reins terribles me faisait gémir de plus belle.

Depuis qu'on s'était réveillé, Tidiane m'avait laissé diriger les opérations, mais soudain son instinct
dominateur prit les commandes. Ses deux mains s'accrochèrent à mes fesses, et il m'intima un
rythme plus rapide sur son membre. Ses lèvres toujours sur mes seins, il poussa en moi plus
ardemment. Mon cri à ce moment-là, me surprit moi-même tellement je n'ai pas senti venir
l'orgasme qui éclatait en moi. Tout le temps que ça dure, Tidiane ne faiblit pas, il remuait toujours
avec vigueur en moi. Je basculais en arrière entre ses cuisses, mais il ne cessait pas. C'était juste
divin.

Il s'est assis, me gardant allongée sur le dos entre ses cuisses écartées, les miennes nonchalamment
passées de part et d'autre de ses hanches. Il ralentit un peu en me caressant le ventre d'un geste
apaisant. Je me calmais tout en appréciant la dureté de son érection toujours en moi (OMG, qu'est-
ce qu'on lui avait donné à manger dans les montagnes asiatiques ?)

-Khadija, bébé ?

Quoi ? il me demandait s'il pouvait continuer, aytia aytia neu ko daal ! quand nos regards se sont
rencontrés, j'ai pu percevoir aussitôt combien son désir était encore fort. Ses mâchoires étaient
crispées, et sa respiration était haletante. Sa main se posa sur mon clitoris, offert dans cette position.
Il le caressa tout en reprenant ses coups de boutoir en moi. En une seconde tout mon corps se remit
en effervescence. Mon souffle était de nouveau saccadé. Je laissais mon Homme me posséder, me
dominer, me prendre mon corps, mon souffle et mon âme. Il me pilonnait et je ne savais plus si
c'était une nouvelle jouissance qui me prit ou c'était juste extatique tout le long. Tout mon corps
n'était que plaisir, et chaque fois que je croyais que c'était fini, il suffisait qu'il me caressât le clitoris
pour déclencher une vague de sensations qui me faisait me cambrer de plaisir. C'était si fort que je
me suis littéralement arrachée de lui, m'écartant d'un coup de son sexe (je ne m'explique pas encore
la force de ma « ruade »). Avec un sourire coquin, il s'est vite (très vite) remis à genoux entre mes
cuisses pour me soutenir et a littéralement plongé en moi. Je ne contrôlais plus ma voix (tchééééééé
li khadjoule wone si béneuuu hotel si aduna bi) !!! plus je criais plus Tidiane semblait possédé et
accentuait ses formidables coups de reins. Il ne pourrait plus jamais me prendre plus fort, plus loin...
Quand il s'immobilisa, que tout son corps se cabra, lui aussi, je sentis comme une vibration se
propager dans ses muscles et traverser ma chair. Il cria, de sa voix rauque, viril, tel un grondement
venu du ciel... Magnifique !
Notre passion s'exprimait en occupant tout l'espace. Elle nous laissa hagards, époustouflés par la
puissance de notre plaisir. Et pourtant, avant, nous n'avions jamais retenu nos élans... mais ça, ça
c'était redoutablement exquis !!!

Quand Tidiane s'abaissa sur moi pour me serrer contre lui, je m'accroche à ses épaules, peinant à
réintégrer la réalité.

-Eh bien Mr Ly, si c'est comme ça tous les jours, désormais, il va falloir que je mette au sport...

Il se laissa aller dans un grand éclat de rire, qui se répercuta en vague à l'intérieur de moi, avant de
me donner un long bisou au cou

-Je t'aime Khadijatou Ly.

Nous avons passé trois jours merveilleux explorant notre maison de fond en comble mais surtout
laissant exprimer notre amour et notre désir à tout vent ! j'avais l'impression d'entendre et de dire «
Je t'aime » très souvent, il me semblait que tous nos échanges se concentraient autour de ces
quelques mots. Et des regards qui vont avec... nous n'étions pas non plus à court d'imagination et
nos territoires érotiques étaient sans limites. Tidiane m'a confiée qu'il avait commencé la
construction de la maison avant notre rupture, et que celle-ci était prête depuis un an maintenant.
Une vraie maison d'architecte. Des murs qui mêlent pierres et enduits lisses, un sol de béton
supportant un mobilier aux lignes simples à la blancheur immaculée. Un minimalisme revendiqué qui
se déployait dans une approche très sensorielle entre sérénité et lumière. Conçus en open space,
salon, salle à manger et cuisine étaient aménagés face à une immense baie vitrée qui donne sur le
jardin et la longiligne piscine. Un escalier en béton en courbe mené à l'espace nuit au premier étage,
composé de 8 chambres et de la suite parentale ainsi que deux bureaux. Je pensais changer les 3
chambres en salle de jeu, salle de classe et salle de télé. Il y avait 4 salles de bain en béton avec
baignoire en fonte. Bref c'était juste GNAMBIFIQUE lol !

Nous sommes retournés à Dakar le jeudi pour accueillir Tonton Omar et maman Soda, avant de
ramasser tout ce beau monde et direction weekend à Yénne. J'ai fait découvrir mon désormais chez
moi à notre famille. Plage, piscine et barbecue étaient au menu, 100% farniente. On revivait,
bonheur et sérénité avaient à nouveau élu résidence chez la famille Ly ! Malick a profité de ce
weekend féerique pour demander à son père et à sa mère de former à nouveau avec lui une famille
unie, qu'il était toujours comme le petit garçon qui avait besoin pour son équilibre, de voir ses
parents ensemble et heureux de l'être. C'était embarrassant et émouvant en même temps. Les
concernés n'ont rien dit sur le coup donc il y avait de l'espoir.

C'est en visitant les parents de Tidiane à Podor 3 semaines plus tard que j'ai eu mes premiers
malaises. Tout d'abord complètement parano, j'ai cru que Baaba avait laissé dans le domaine des
missiles ANTI- DIDI, j'ai dit à Tidiane que je voulais quitter le domaine de suite ! Complètement affolé,
il m'a ramenée chez mamie Fa, et là-bas, mamie m'a demandée de dormir un peu dans sa chambre.
A mon réveil, alors que Tidiane toujours inquiet n'arrêtait pas de faire les cent pas, mamie m'a
demandé de combien de mois j'étais enceinte. SILENCE.

-Tidiane : tu crois que c'est possible, bébé ?

-Moi : euh oui c'est possible kay. Je ne prends plus la pilule depuis mathusalem.

-Mamie Fa : mon œil ne me trompe pas.

Et elle ne s'était pas trompée.


Nous avons écourté notre séjour, on a juste eu le temps de voir Sala et son fils, l'homonyme de
Tidiane, ils étaient venus exprès de la Mauritanie, pour nous voir. Elle avait eu un autre garçon avec
Abdallah et semblait très épanouie avec son sorcier. Tant mieux pour elle. Nous avons vu Badjenne
rougui par hasard, car j'avais décidé de ne même pas passer du coté de leur appartement elle et
Baaba. Elle avait maigri mais avait toujours son œil méchant, mais bon ça ne m'atteignait plus. Je l'ai
regardé de la tête aux pieds avant de tracer ma route. Je n'avais pas besoin de parler. Je savais que
juste le fait de me voir diriger ce domaine, ces gens, suffirait à la tuer à petit feu.

Arrivés à Dakar, Tidiane m'a pris rendez-vous avec une de ses cousines, l'un des meilleurs
gynécologues de l'Afrique de l'Ouest, Dr Awa Ly. Il n'avait confiance qu'en elle, et il était hors de
question que je me fasse suivre par un homme, (non mais Ho ?). Avant de sortir de sa clinique j'avais
déjà les résultats ! My God, un bébé, un petit Tidiane... ! je savais que je ne sortirais pas indemne de
notre « session de retrouvailles ». Tidiane est passé du statut protecteur au statut Hyper protecteur !
s'il pouvait je n'allais même plus toucher terre, je n'irais plus travailler et je ne vous raconte même
quand on a su que j'attendais des jumeaux. Malgré que ce soit important, il a rechigné à ce qu'on
aille à Ziguinchor pour voir Mame Abderrahmane. Il a dit qu'il avait peur que je me fatigue, mais je ne
lui ai pas laissé le choix, nous protéger était devenu ma priorité. Il y a toujours un « Baaba » qui peut
surgir de n'importe où, des gens mal intentionnés qui ne sont pas heureux et qui souhaitent que
personne ne le soit ! Et puis grâce à tonton Omar, toujours aussi efficace, souvent je n'avais pas
besoin de faire grand-chose, il s'occupait de tout depuis Ziguinchor.

Un soir, alors que j'étais juste à 4 mois, il a décidé qu'il n'allait plus me faire l'amour... il avait peur de
me blesser ! mais malheureusement pour lui, la grossesse me donnait un éclat particulier, et j'étais
plus désirable que jamais (à ses yeux) ! il a tenu... une semaine lol... Je n'avais pas trop grossi mais je
me sentais énorme, et plus la grossesse avançait plus le trajet Yenne-Dakar me fatiguait. Tidiane a
décidé qu'on allait emménager en centre-ville, en attendant que j'accouche. J'avoue que j'avais
toujours la hantise qu'il m'arrive quelque chose alors que j'étais seule à Yenne.

Tonton Boubacar ne se décidait toujours pas à reprendre Tata Mintou comme épouse et celle-ci était
retournée à Agadir. Malick en voulait à son père pour ça. Mais qui était-il pour le juger ? le vieux
avait surement ses raisons et franchement, Malick n'avait aucun droit de lui imposer quoi que ce soit.
Il avait suffisamment de problème dans sa relation avec aïda, pour comprendre qu'entre l'amour et
le mariage il y avait un grand, un très grand pas.

J'étais à 7 mois de grossesse quand Baaba a rendu l'âme. Et le plus dommage, c'est que c'est une
information qui a été facilement digérée, en fait c'est comme s'il n'avait jamais existé. Il n'avait laissé
comme souvenirs que des crottes, des saletés. Il faisait partie de ces gens que l'on a envie de vite
gommer de sa mémoire. Tidiane et Tonton Bouba sont allés s'occuper de son enterrement, et tout
fut bouclé en une journée. Quel gâchis ! déf lou bakh rek mo ame solo ! ngua dé mou melni, les gens
sont pressés de t'enterrer pour passer à autre chose. Que Dieu nous préserve d'une fin pareille.
C'était triste qu'à même hein ?!

Mais bon la vie continuait, et bien même ! on préparait le mariage de Yuma et Hamdy, et j'étais
frustrée car je ne servais pas à grand-chose. Mais j'ai pris un malin plaisir à donner des ordres lol. Et
de toutes les façons General Tidiane n'acceptait que je fasse aucun effort. C'était piquant de le voir
négliger aucun détail pour me faire plaisir en tout ! il était plus possessif, plus amoureux, plus
fougueux que jamais ! Chaque jour, il trouvait un nouveau moyen pour me chouchouter, sans se
rendre compte que pour moi, il n'existait pas plus beau cadeau que de le sentir m'aimer comme ça
de façon inconditionnelle...
La naissance des jumeaux, le soir de la réception de Hamdy et Yum, fut tout simplement prodigieux !
Deux beaux bébés, Cherif Bachir Ly et Ababacar Sadikh Ly, toureundos de mon père et de de tonton
Bouba. Tidiane était GAGA ! ...

Ahhhhh ! il y a des souvenirs, qu'on prend plaisir à revivre, encore et encore. Ma vie n'a pas toujours
été rose, j'ai eu mes propres guerres ou j'ai perdu quelques combats certes mais alhamdoulillah !!!
Quand je vois aujourd'hui mon mari, mes enfants, ma famille, je me dis que tout ça en valait la peine,
la peine que je me batte de toutes mes forces...

-Amina : Wouaouh ! mais que sont devenus les autres ? Quand tu as décidé que j'allais continuer mes
études en France, Tidiane n'était même pas encore revenu vers toi ! j'ai raté pleins de choses !

-Moi : boy, je te raconterais tout, mais plus tard (ce sera des bonus sucrés-salés) ! là Tidiane devrait
descendre d'un moment à un autre et d'ailleurs en parlant du loup...

J'entendis ses pas dans l'escalier, et j'adorais reconnaitre ses pas...

-Moi : amour t'as assez dormi ?

Mon cœur battait très fort, comme à chaque fois, qu'il s'approchait de moi. Même vêtu d'un T-shirt
blanc et d'un pantalon de pyjama, le menton et les joues ombrés de sa barbe naissante, les cheveux
en bataille, il restait pour moi l'homme le plus sexy sur terre

-Tidiane : salut Amina ! (Il se pencha pour m'embrasser) Coucou bébé

-Amina : bonjourrrr Tidiane !!

-Moi : ça va toi ?

-Tidiane : Mmmm. Je t'ai cherché en me réveillant

-Moi : rhoooo...

Cherif déboula comme un boulet de canon dans le salon, suivi de près par son frère

-Cherif : papaaaaaaaa ! on peut aller jouer à la plage ? stp stp stp

Tidiane poussa un grognement en s'étirant et en baillant comme un ours mal léché lol

-Tidiane : attendez une minute !!

-Moi : merci de t'être occupé de Tamaro, hier nuit, dis-je en remarquant les cernes sous ses yeux

-Tidiane : Pour rien au monde, je n'aurais voulu rater ça ! on a bien papoté ensemble, ma petite
maman et moi. D'ailleurs ou est-elle ?

-Moi : elle fait encore sa sieste

-Tidiane : elle a bien de la chance, soupira-t-il en baillant encore avant de se diriger vers la cuisine
pour se faire du café. Il avait passé la plus grande partie de la nuit avec sa fille, car coquine comme
elle est, quand papa est à la maison, le sommeil ne semblait la gagner qui si son père la prenait dans
ses bras en arpentant le couloir, la tenant contre sa poitrine.

-Bouba : Papa, toi aussi vienttttt !

-Amina : je peux y aller avec eux, si tu veux ! tu nous rejoindras quand tu auras fini ton café hein ?!
-Moi : merci ma belle !

-Cherif : papa tu fais vite d'accord ??!

-Tidiane : je crois que si je n'y vais pas, ses petits monstres vont me pourrir la vie ! A moins que tu
n'es besoin de moi, dit-il d'un ton plein d'espoir (douko si guéner dé)

-Moi : j'ai toujours besoin de toi, mais vas-y et puis, il faut que j'aille réveiller Tammy !

Il resta quelques instants à me regarder

-Tidiane : merci de me combler tous les jours, même la fatigue devient plaisante, grâce à cette vie
que tu m'as offerte. Je t'aime Khadija

J'ouvrais la bouche pour répondre, mais il m'arrêta d'un baiser affamé

-Tidiane : je n'ai même pas eu le temps hier de te donner le cadeau que je t'ai ramené de l'Afrique du
sud

-Moi : Tidjjjjj, tu abuses avec les cadeaux

-Tidiane : tu feras un commentaire quand je te le montrerais, dit-il en caressant mon gros ventre avec
gourmandise

Comprenant de quoi il s'agissait, un long frisson me parcourut. Cela faisait si longtemps qu'on n'avait
pas fait l'amour, deux mois précisément, à cause de l'ouverture du cabinet au Cap Town.

-Tidiane : dès qu'ils iront au lit ce soir, je suis à toi.

Il m'embrassa, longuement profondément. Une promesse...

Par la baie vitrée, je les contemplai, et le bonheur qui remplit mon cœur, fut éblouissant. Je regardais
mes enfants, et je réalisais que Dieu m'avait offert une vie que je n'aurais même pas osé rêver. La
méritais-je ou pas, c'était un autre débat, mais ce qui est sûr c'est que je connaissais la valeur de ce
que j'avais et que pour rien au monde, je ne négligerai ça.

Cette nuit-là, il tint sa promesse, me prenant profondément, m'emplissant, me complétant...

J'étais imparfaite, il l'était tout autant, mais ce qui nous unissait était parfait par la grâce Dieu. Tard
cette nuit, nus et enlacés dans le cocon de notre chambre, mon gros ventre entre nous deux, on
n'avait pas besoin de parler. Le plus important, pour Tidiane et moi, était l'amour sincère, la
complicité, et la famille qui nous unissaient. Nous restions simplement en silence, l'un collé à l'autre
pour mieux écouter nos cœurs battre à l'unisson...

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