Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Addiction
Sa Prisonnière
Lorsqu'on me propose de bosser pour Antonio Racherto, le célèbre et riche
imprévisible...
Chapitre 1. Ma vie, mon œuvre
suis devenue en quelques année la bête noire des trolls de bas étage, une sorte
de sorcière qu'on brûle en effigie sur le bûcher dès qu'elle prononce un mot.
C'est un peu étrange, mais c'est le cas.
J'ai pourtant fait du boulot correct. Mais il n'y a pas de qualité ou de talent qui
tienne, pour les charmants personnages dont les tirades envahissent la section
des commentaires. J'ai les cheveux teints en rose, je suis "lesbienne" – ces
braves jeunes gens ne connaissent pas le mot bisexuelle visiblement – on ne
peut pas me faire confiance. J'évolue dans un monde d'hommes : la politique.
Je parle russe comme une espionne soviétique. Qui sait si j'ai vraiment
Je suis la femme qu'ils n'auront jamais, et j'ai dans mon lit celle qu'ils
voudraient avoir. Double offense, et je n'en suis pas fâchée.
"Merci, mon ange."
Je me redresse un peu dans le lit, exhibant sans gêne un tatouage au long de
mon côté, qui renforce encore la haine de mon cher public depuis qu'une
tenue un peu échancrée à la taille l'a laissé apercevoir. Les théories vont bon
train, mais moi, je sais la vérité. C'est un portrait de mon chanteur préféré, un
Ecossais peu connu, dans une de ses tenues de scène.
On a même suggéré que ce pourrait être une effigie du démon. Comme ils me
qu'à chaque fois il se soit disputé avec ses commanditaires, ou qu'ils se soient
quittés en mauvais termes. Jamais pour son travail. Les résultats sont toujours
immaculés. Mais son caractère ne s'intègre jamais dans aucun moule.
Il est diplômé d'une école supérieure, dont tous les professeurs disent du bien
Ce doit être le livreur avec le colis que j'attends. Je ne peux pas simplement
faire la morte et attendre qu'il s'en aille.
Je soupire : le pauvre homme a déjà vu pire en débarquant chez moi, il doit
commencer à se dire que je suis un peu folle. Je cours à l'interphone lui
demander d'attendre un instant, et je passe rapidement un kimono bleu nuit,
orné de motifs floraux brodés, qui me sert de robe de chambre. Là, voilà ma
semi nudité couverte.
J'entrouvre la porte et je me retrouve face à un monsieur sans colis, mais doté
d'un costume italien somptueux. Je suis interprète haut de gamme, je travaille
pour la jet set et je coûte cher ; mais j'ai rarement vu un homme aussi bien
habillé, avec des couleurs aussi subtilement assorties. Pendant une seconde,
je me dis que c'est un mannequin qui vient me demander la permission de
poser dans mon couloir.
t-il d'un ton offensé, en relevant le menton comme pour me toiser de haut. "Je
me suis dit que si je venais en personne, j'aurais plus de chances de vous
convaincre."
Oh ! Je comprends mieux.
physiquement, si ?
"Monsieur..."
Je me tourne sur le côté, pour n'exposer à son regard inquisiteur que le côté
apprêté de ma personne. L'autre est trop intime pour que je le lui laisse
regarder.
"Je n'ai pas refusé pour des raisons financières. Même en haussant le prix,
vous ne risquez pas de me convaincre, comme vous dites. Je vous remercie
d'avoir pris la peine de passer, c'était très aimable de votre part, mais..."
"Faites un vœu."
Je cligne des yeux, je l'observe, il ne plaisante pas. Tout son langage corporel
respire un sérieux absolu. Il dégage un incroyable charisme : cet homme est
accoutumé à mener des armées à la baguette. Je me demande vraiment ce
qu'il pense de moi. Je dois l'intriguer. Son esprit curieux, habitué à tout
appréhender en quelques instants sans efforts, se heurte à un mystère avec
moi. Et c'est ce qui l'intéresse.
Un vœu... Je me lance, pensant le prendre au piège :
"En plus de mon salaire et de mes frais de transport, je veux cette voiture que
vous avez conçue pour le film Black Lab."
Quand j'y songe, ce film de science-fiction lui allait très bien. Un laboratoire
souterrain qui s'avère être un labyrinthe onirique. Et ce chien noir, ombre
fidèle et silencieuse, symbole ambigu d'espoir et de ténèbres, de solutions et
Sa main se tend vers moi. J'en frissonne malgré moi, fascinée. Cet homme
projette une aura magique et je crois qu'il le sait. Il a un côté magicien, de
ceux qui ne révèlent pas leurs secrets. Moi qui me suis lancée dans cette
carrière parce que j'aime déchiffrer les énigmes... Je prends sa main sans y
penser, et me voilà liée par une parole d'honneur.
Je n'ai encore rien signé, mais comment me dérober ? J'ai fait pire que ça, j'ai
promis.
Enfin. Il a promis lui aussi, et s'il a réellement une attitude digne de la mafia,
une promesse est une promesse. Je vais avoir cette voiture. J'en titube
lorsqu'il prend congé et que je referme la porte, pour retourner me regarder
dans le miroir.
Pendant quelques secondes, je trouve que j'ai l'air d'un monstre. Puis je me
souris. Je suis assez forte pour supporter un goujat pendant quelques
semaines, non ? Ce n'est qu'un voyage d'affaires, et il sera très occupé. Son
secrétaire a l'air charmant, j'irai boire des vodkas avec lui. Peut-être que je le
mettrai dans mon lit, s'il montre un tempérament assez doux.
Quant à Messer Antonio, il peut toujours rêver s'il se fait des idées à mon
sujet. J'ai très bien senti son regard glisser dans le décolleté de mon kimono,
et dans le creux de mon soutien-gorge rose corail à peine visible, quand je me
suis tournée sur le côté. Il regardera tant qu'il voudra, mais qu'il ne cherche
pas à toucher.
rappelle que je peux aussi faire pression sur vous. Nous ne pouvons nous
permettre aucun impair."
"Aucun caprice ?" dis-je pour le provoquer un peu.
D'après ce que j'ai compris de son caractère, les caprices font pourtant partie
intégrante de sa manière de fonctionner, et d'interagir avec ses collaborateurs.
Mais je connais ce genre d'homme, moi aussi : faites ce que je dis, pas ce que
je fais.
"Uniquement des caprices utiles à notre mission," corrige-t-il, comme je m'y
attendais. "Vous avez bien lu ce que j'attends de vous ?"
la capitale russe.
Il ne me reste plus qu'à espérer qu'elles seront passées d'ici trois heures, le
temps que doit prendre notre trajet. Car naturellement, pas question de
différer. Messer Antonio n'attend pas que le climat lui soit favorable. Attendre
me mettre à jour dans deux dictionnaires à la fois. Paris est bien loin, oublié.
C'est une chose que j'apprécie dans ce métier. Je peux faire totalement
abstraction de ma propre personne, de mon passé, de ma culture... et me
laisser absorber dans des univers différents, sans commune mesure avec ce
que je connais.
J'explore, je m'affranchis. Je voyage. J'oublie.
Assis à quelques mètres de moi, Messer Antonio semble plongé dans la
lecture d'un magazine, mais je sens qu'il m'observe toujours.
On m'a dit qu'il était exigeant ; j'espère que ma garde robe du moment lui
convient davantage que ce joyeux chaos qu'il avait surpris sur le pas de ma
porte. Le pauvre, Volodya Gregorovich a l'air bien plus extravagant encore,
et il faudra le supporter ainsi au quotidien. C'est l'un de ces nouveaux riches
russes, plus grands que nature, qui jettent l'argent par les fenêtres et affichent
leur succès dans un mode de vie tapageur. Au moins, il a l'air de s'amuser.
J'espère qu'il n'a pas de liens avec la mafia, lui. Entre eux, je me sentirais
toute petite et bien perdue, bien loin de ma zone de confort...
Et à propos... Nous devrions être presque arrivés, encore quelques minutes
bassin d'eau claire, au milieu des attractions aux couleurs criardes. La seule
chose qui nous attend à nos pieds, c'est la steppe, la terre dure et noire, gelée
jusqu'aux racines, sous un manteau de neige prêt à nous avaler.
"On descend !"
Je me déteste de raisonner ainsi, comme une petite privilégiée trop gâtée, une
ambitieuse sûre de ses mérites... mais c'est plus fort que moi : ce sont les
dernières pensées qui traversent ma tête, le dernier flash de désespoir, avant
que l'avion touche brutalement le sol.
Un rebond douloureux. Puis un autre. Des bruits de tôle froissée, les appareils
qui clignotent et émettent des sifflements. Des cris, les miens, ceux
d'Antonio, le pilote qui jure entre ses dents serrées, cramponné au manche.
Des branches qui griffent les hublots de toutes parts, le fracas de la végétation
écrasée sous notre poids.
Et le silence.
Chapitre 5. En catastrophe
voisine est prévenue, ils nous envoient une voiture. Nous allons y passer la
nuit et demain, nous pourrons terminer notre trajet sans encombres."
Un jet abîmé, ce n'est rien, apparemment. Il s'en payera un autre, Messer
Antonio. C'est une habitude chez lui sans doute ? Je ne veux même pas
discuter de ça. J'ai vu défiler ma vie devant moi, et j'ai encore mal partout. Ce
voyage commence horriblement.
Je discute avec le chauffeur, en russe, pendant qu'il nous ramène à la chambre
d'hôtes où nous allons passer la nuit. Il me demande ce qu'on vient faire ici.
C'est une longue histoire. Je dis que monsieur est un artiste, que sa pilote le
promène et moi, je parle pour lui. Le chauffeur rigole : il n'a donc pas de
jambes ni de langue, cet artiste ?
Je souris. Non, c'est une tête. Les deux autres me regardent, un peu vexés de
ne pas comprendre pourquoi nous rions, dans cette langue qu'ils ne
comprennent pas.
Les nerfs d'acier de mon employeur m'ont quand même impressionnée. Je me
serais attendue à ce qu'un type comme lui soit terrifié et en larmes à la
perspective d'une mort imminente, geignant dans son coin en appelant sa
mère. Pas du tout. La théorie du mafieux devenu star se confirme, et ne me
jugez pas, je suis dans une situation compliquée, ça m'occupe de me faire des
idées à son sujet. Il en fait sûrement de même de son côté, alors !
Je me demande tout à coup pourquoi il me voulait, moi et pas une autre. Il
faudra que je lui pose la question. Cette étape plus intime que prévu nous en
donnera peut être l'occasion. Peut-être demain matin, au petit déjeuner...
En arrivant à l'auberge, je me glisse en frissonnant dans le petit hall
chaleureux, mais les premiers mots de l'hôtelière me braquent
immédiatement. La folie continue. Il ne reste qu'une chambre libre. "C'est un
très grand lit," répète la vieille dame, comme si elle ne comprenait pas le
problème, en nous souriant à tous les trois.
La pilote m'a vue pâlir, et m'interroge en fronçant les sourcils :
"Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a encore ?"
employeur sera assez gentleman pour laisser le lit à une dame ! A la rigueur,
je ne dirais pas non à partager des draps suffisamment vastes avec cette
sublime femme brune que je ne connais pas, ni son nom, ni ses habitudes,
mais qui m'a déjà tapé dans l'œil... Mais avec Messer Antonio dans la pièce,
ce serait terriblement gênant !
Nous montons à la chambre dans un silence de mort, espérant contre toute
attente qu'une autre chambre se libère soudainement. Mais nos voisins sont
endormis du sommeil du juste. C'est une petite auberge de campagne,
"Eh bien, bonne nuit," lâche la pilote en éteignant la lampe de chevet, sans
autre forme de procès. Elle en a vu d'autres, ça se voit. Au bout de quelques
minutes, sa respiration devient lente et presque silencieuse : elle dort déjà.
Antonio ne dort pas. Je l'entends presque réfléchir. Nous allons arriver très en
retard sur son programme. Je me tourne vers lui et je frôle son bras dans
l'obscurité, ce qui le fait légèrement sursauter : il s'attendait à tout sauf à ça.
"Ce n'est qu'un désagrément passager," dis-je à voix basse. "Faisons comme
si de rien n'était, et tout ira bien. C'est le meilleure moyen de s'en sortir avec
les honneurs."
C'est ce que ma mère m'a toujours appris, en tout cas, et ça m'a plutôt bien
réussi. Je ne sais pas d'où me vient cette envie de le réconforter, mais il est
touchant ainsi, en difficulté tout à coup, comme je n'aurais jamais cru le voir,
baiser. Mes doigts glissés en silence contre ma fente en manque, dont ils
retracent sans fin les contours, glissant contre la mouille qui redouble. La
pulsation du désir qui s'affole dans le creux de mon ventre, les crispations des
parois de mon vagin qui se resserrent sur le bout de mes doigts, comme pour
tenter désespérément d'en faire jaillir du sperme...
Après tout, pour ce que j'en sais, il en fait peut-être de même de son côté. Je
ne pourrai jamais en avoir la certitude.
La lente ondulation du baiser est le seul mouvement que je perçois, son
souffle qui s'accélère, son pouls qui bat plus fort, sa langue qui s'empare de la
mienne pour une caresse passionnée. Si, j'en suis sûre, il a les mains plongées
dans son caleçon lui aussi. Il a empoigné le bout de son sexe dur dans un étau
de doigts serrés. Il fait aller et venir son pouce en cercles rapides,
imperceptibles d'où je suis, sur l'extrémité de son membre, là où de petites
gouttes de semence claire commencent à perler. Il bloque son souffle pour ne
pas gémir.
La frustration cambre nos dos, creuse nos reins, contracte les muscles de nos
hanches qui ne peuvent pas s'actionner en rythme comme nous en aurions
envie.
Son baiser m'étouffe et me bâillonne. Je pourrais être en train de crier, s'il
n'était pas là en train de me baiser la bouche avec sa langue. Mon doigt glisse
plus profond, toujours plus profond, mes bras se raidissent, un spasme me
Je suis installée aussi confortablement que possible, mes yeux fixés sur le peu
J'attends le sommeil, mais Morphée n'est pas aussi accessible que mon voisin
immédiat. Je reste patiente, immobile, comme quand j'étais petite fille et que
je n'arrivais pas à dormir dans la grande maison vide, ma mère en voyage,
très loin de moi. Attendre... il n'y avait rien à faire d'autre, après tout. Je ne
dormirai peut être pas de la nuit. Tant pis. Ça en valait la peine.
Si je ferme les yeux, de toute façon, je sais exactement de quoi je vais rêver.
Ce sera assez semblable à la situation où je me trouve déjà. Et ce ne sera pas
cette morsure venait d'un autre. J'essaie de compter les moutons ; mais ce
sont surtout les degrés qui comptent, cette chambre de plus en plus chaude,
partageant la chaleur de ses trois occupants sous la couette épaisse, tandis que
dehors souffle le blizzard.
A quoi il ressemble, lui, sans ses beaux vêtements faits main ? De quoi il a
envie, quand il s'accorde un moment de plaisir ? Ça doit bien lui arriver.
Monsieur est exigeant, son secrétaire me l'a bien écrit. Tiens ? Je réalise qu'il
ne nous accompagne pas. Dommage, mais la pilote me va tout autant. Ou
peut-être qu'il nous attend déjà sur place. Est-ce qu'il baise son secrétaire en
grand secret ? Je n'ai qu'à imaginer la scène pour me sentir de nouveau en
sueur.
Est-ce qu'il aime les mannequins ? Est-ce que c'est pour ça qu'il est devenu
designer ? Ou peut-être les admiratrices naïves, qu'il invite dans des hôtels
cinq étoiles pour les sauter dans le jacuzzi, avant de les jeter comme des
vieilles chaussettes... Est-ce qu'il drague sur les plages parfois, incognito,
quasi nu, des lunettes de soleil de beauf sur le nez ? J'essaie d'imaginer des
scènes qui me répugnent ou qui me font rire, pour casser l'ambiance.
Mais tout ce que j'arrive à me dire au final, c'est : il est peut être en train de
rêver de ça... et demain matin, en se réveillant, il sera en érection. Il fera jour,
la pilote nous verra, et je ne pourrai pas me jeter sur lui en le suppliant de me
C'est alors que la lune se fraie un chemin dans l'angle des volets, à peine un
filet de lumière, qui tombe sur le lit. Tout à coup, je peux distinguer la forme
du corps d'Antonio, sous la couette. Il est étendu sur le dos, les jambes
légèrement écartées, une main sur le ventre. Je vois la bosse de cette main, et
au dessous, une autre bosse...
Je donnerais tellement cher pour le voir nu. Il a l'air assez bien membré. Rien
de trop monstrueux, je déteste ça, mais un relief bombé, une excitation bien
visible, qui me met l'eau à la bouche. J'aimerais qu'il dorme nu et sans draps,
pour pouvoir le regarder tout à loisir pendant qu'il ne s'en rend pas compte.
Mais alors, j'aurais trop envie de le toucher, de l'avoir en moi... rien ne saurait
me satisfaire. Je serais obligée d'aller prendre une douche froide, et de
prétendre avoir eu la fièvre, et... je ne veux pas commencer déjà à lui mentir.
Je m'enivre de ce léger contact : c'est tout ce que j'aurai cette nuit, alors autant
en profiter. Tout à coup, je vois sa main se déplacer et couvrir son sexe. On
dirait qu'il cache ses parties parce qu'il rêve qu'on l'observe dans son intimité.
Bonne intuition, Messer Antonio...
Il ne s'est pas caché, il s'est repris en main. Le mouvement est très lent, mais
il se branle. Maintenant, même en fermant les yeux, je peux sentir le
mouvement léger du matelas sous les ondulations de ses hanches. La pilote
est désormais endormie profondément ; il peut se permettre ce petit extra sans
crainte de la réveiller.
Alors, il ne sait pas que je l'observe. Ou il le sait... et ça devient très excitant.
toute notre jambe, puis tout notre corps. Soudain, sa jambe tâtonne sous le
drap, rencontre la mienne et entrelace nos doigts. Oh oui, il est réveillé et il
sait que je prends part à sa petite fête. Son pied en fait de même, caressant le
mien avec une habileté divine. C'est insupportable de délices. Il n'a pas
encore touché à mon sexe et je suis déjà dans un état second, l'intérieur de
mon ventre crispé de frissons rapides. Il va me faire jouir sans avoir rien fait,
si il continue... Le pouvoir de la suggestion.
En se redressant un peu sur le lit, je fais glisser les draps et il remonte sa
main, sous mon t-shirt de nuit, sur ma poitrine nue. Je renverse la tête en
arrière dans un cri silencieux. Oui, je veux, maintenant ! Ma main vient
s'emparer de son sexe nu, luisant sous la lune, dressé comme une colonne.
Nous restons aussi immobiles que possible, mais bientôt...
J'hésite.... m'incliner sur cette verge puissante, lisse et splendide, pour la
cacher entre mes lèvres ? Je le vois resserrer ses doigts qui maintiennent sa
base, tandis que je frôle le sommet des miens, et je me dis que, si c'est le
moment ou jamais, autant en profiter pleinement.
bassin pour enfouir son pilier de marbre dans le fourreau de mes doigts. Il
enfonce son chibre dans l'anneau que je resserre, il se branle avec ma main.
Je m'incline sur lui, mais ma bouche s'empare de la sienne tandis que ma
jambe l'enfourche. La lune coule sur mon corps à présent, dévoilant mes
reliefs. La culotte est vite repoussée sur le côté, et le sexe d'Antonio se plonge
en moi, dans un moment d'une intensité incroyable, un glissement qui paraît
éternel.
Enfin, je l'ai en moi, emprisonné, pulsant, parfait.
Je me masturbe maintenant rapidement, les doigts posés sur mon clitoris,
tandis que de petits mouvements de hanches plaquent avec retenue la
pression de sa verge sur mon point G. Je sombre, je perds la raison, ma
bouche s'ouvrent sur des cris que je retiens de justesse. Les mains du designer
L'aubergiste s'en rend compte, elle, et elle rit, mais de toute façon elle rit
toujours ; c'est l'une de ces petites vieilles dames qui ne pensent pas à mal et
qui ne demandent qu'à plaisanter avec la clientèle. Je ne sais pas si je lui en
veux, ou si je lui suis reconnaissante, pour cette chambre unique au grand lit
si accueillant, et tout ce qui s'y est passé.
lui faire plus de cadeaux sous prétexte qu'il est aussi bon au lit qu'élégant à la
ville. Mon respect ne se gagne pas de cette façon, ce serait trop simple. Je me
répète tout ça, mais en même temps...
Je ne peux pas oublier qu'il m'a attirée contre lui, quand tout a été fini et que
Est-ce pour ça qu'il me voulait, moi et pas une autre ? Il me désirait depuis le
début ? A la pensée que cet homme d'une beauté ravageuse ait envie de moi
en continu, j'ai du mal à garder mon calme. Pour une fois, pour lui, je
pourrais envisager de me permettre une aventure à long terme. Comment ils
appellent ça, les autres... une vie de couple. Je n'en avais jamais rêvé, et m'y
voici. Amoureuse ? Non, n'allons pas jusque là. Emoustillée, ça oui.
Passionnée. Impatiente.
Enfin, notre transport jusqu'à la capitale est arrangé : notre client lui même va
venir nous cueillir dans son propre jet. Je ne suis pas très rassurée, sur le
moment, mais en regardant dehors, je constate que la tempête s'est terminée
dans la nuit : les nuages se sont dégagés, et le ciel est clair, libérant un soleil
lumineux sur la campagne morose et neigeuse.
m'assure que c'est la routine. Elle regagnera Moscou avec nous, et de là,
reprendra l'avion pour Paris. Quant à l'avion, une équipe viendra le réparer.
C'est tout de même pratique, d'être riche à millions...
Chapitre 8. Moscou
Le nouveau jet qui se pose est d'un noir de jais, couvert de slogans et de
publicités en grandes lettres dorées ; il me pique les yeux. J'ai pitié d'Antonio,
lui qui aime tant le bon goût, on dirait qu'il va devoir mettre pied sur une
autre planète.
L'appareil se pose, et je réalise que, contrairement à ce que je croyais, notre
contact est venu en personne, repoussant tous les rendez vous dans son
agenda pour pouvoir voler à notre secours. Dès que la passerelle s'ouvre,
nous ne pouvons plus douter que ce soit lui. Aucun employé ne se conduirait
de cette façon...
Antonio se raidit à mes côtés, prêt à l'impact. Il lui a déjà parlé au téléphone,
il sait plus ou moins à quoi s'attendre.
La rencontre avec Gregorovich est explosive. Le milliardaire saute au cou
de son côté, et nous sautons dans un taxi avec nos bagages. L'hôtel nous
attend. Nous avons tous deux besoin d'une douche.
"Je vous retrouve dans une heure ?" dis-je au moment de me séparer
d'Antonio.
règle générale ; mais quant aux hommes qui arrivent à retenir mon attention,
Antonio est de loin le plus fascinant.
Il a vraiment choisi un hôtel magnifique. J'admire la vue, je me prélasse dans
la baignoire king size, je me vautre sur le lit doré, profond comme un nuage,
avant de me rhabiller. C'est parti pour le début officiel de mon contrat à son
service.
Je n'ai aucun regret pour le moment, et je n'espère qu'une chose : n'en avoir
toujours aucun au moment de mon retour à Paris...
rien que pour son spectacle – et à discuter avec le metteur en scène, pour
harmoniser nos vues. C'est un vieux monsieur à la barbe d'historien, à la
diction lente et supérieure, et qui ne s'en laisse pas conter ; mais il rappelle
que déjà, à l'époque des Lumières, la grande impératrice Catherine avait fait
venir des artistes italiens pour mener à bien ses projets culturels, et il nous
cite quelques noms.
Le compliment est apprécié. Antonio se permet même un sourire radieux.
J'aimerais pouvoir le faire sourire ainsi. Ah, ce n'est pas le moment de me
laisser sombrer dans mes sentiments... Mais c'est que le spectacle en lui
même ne me séduit pas.
J'ai beau faire : c'est une histoire féérique et poétique, et j'ai passé l'âge. Il y a
trop de références spirituelles, trop d'exaltation, c'est un vrai spectacle de
magicien, qui se mêle en même temps de jouer avec de grandes idées
mystiques et politiques. Je dois faire tous mes efforts pour ne pas simplement
trouver ça ridicule.
Quand nous quittons les lieux, Antonio se tourne vers moi et me demande
mon avis. Je monte d'abord dans le taxi, en cherchant mes mots
désespérément.
"Disons que... Tu es un homme d'élégance, et je me demande comment tu vas
faire pour en insuffler dans ce projet. Rien ici ne te permet de t'exprimer à ta
juste valeur. Pardon d'être négative," dis-je en le regardant s'asseoir.
nos jours.
"...Tu parles latin ?"
"Personne ne "parle" latin. Mais je le comprends, oui."
"Je n'avais aucune envie d'utiliser ma langue maternelle sans en comprendre
les racines. Il était hors de question que je me rende un jour ridicule en
utilisant un mot de travers. Ainsi, le risque est moindre. Et puis, les citations
laconiques me plaisent : courtes, succinctes, droit au but, pleines de
résonances philosophiques. Efficaces."
Voilà donc comment il se considère, comment il aime travailler. L'élégance
toute en retenue de son style et de ses oeuvres est pensée pour offrir à son
public la même impression : une admiration totale, pour un diamant parfait.
Juste ce qu'il faut de facettes, et toute la lumière possible concentrée dans une
petite merveille géométrique.
égérie.
J'esquive le dîner, ce soir là. Je me suis promis une chose au cours de ce trajet
: je vais m'en tenir à une stricte fréquentation de mon employeur dans des
contextes professionnels. Pendant quelques jours, en tout cas. La pente qui
m'entraîne vers lui est trop dangereuse, qui sait où elle pourrait me mener, si
je dîne avec lui en amoureux. Le cadre de cet hôtel est tellement romantique,
j'imagine à quoi doit ressembler son restaurant ; et je suis sensible aux
restaurants de charme, tous ceux qui me connaissent un peu le savent.
Peu de gens me connaissent vraiment.
Je fais mine d'être épuisée, je me retire dans ma chambre en lui laissant une
traduction du menu ; et je fais monter mon dîner sur un chariot. Je mange
seule, face à la vue merveilleuse depuis mon balcon, sur les lumières de la
ville. Puis je m'effondre dans mon lit, pensive, charmée, et honteuse de l'être.
C'est l'âge, c'est ça ? Je commence à craindre de me faire vieille ? J'ai cette
envie animale de me caser avant qu'il ne soit trop tard ?
Mieux vaut ne pas y penser. Je m'endors en me concentrant sur le projet.
Demain, nous allons réunir les artisans engagés par Gregorovich, et tenir une
table ronde pour tenter d'arriver à une harmonie générale, une vision
"Tu n'as pas choisi le meilleur métier," dit-il de sa voix distante, ni amicale,
ni critique, celle qui évite de trop s'engager. "Tu es toujours en mouvement."
"Mais je ne m'attache à personne," dis-je en me tournant vers lui. "Jusqu'à
maintenant."
Il ne répond rien. Il est pensif, presque lointain, mais sa main vient se poser
sur ma joue et il s'incline pour m'embrasser. J'aurais préféré des mots ; après
tout, c'est mon métier, ma matière première, et j'ai du mal à m'en passer. Mais
c'est compris, si je sors avec un artiste, je vais devoir me faire à l'idée qu'il
s'exprime avec ses mains.
J'ai un mal fou à m'en tenir à mes résolutions, tandis que la première semaine
avons envie tous les deux ? Quand le week end arrive, je suis
intellectuellement épuisée. La fierté de faire dialoguer tous ces egos
monstrueux, sans blesser personne et sans rien trahir, m'alanguit et me donne
envie de faire la fête, comme un alcool sournois. J'ai presque les larmes aux
yeux quand, au vendredi soir, Antonio me confie que nous avons réalisé
l'essentiel de ce pourquoi nous étions venus.
Alors que je m'apprête à me retirer, il me retient. Pas par la main ; par la
taille. Il m'a enlacée, agile comme un danseur de tango. Son audace me fait
frémir ; je me sens déjà fondre de désir contre sa forme haute et souple, dure
Dans une dernière tentative pour résister, je me tourne face à lui et je plonge
mon regard dans le sien, aussi inquisiteur que possible alors que je sens
monter la brume du plaisir, rien qu'à ces frôlements de nos corps entièrement
habillés.
"Antonio ? Pourquoi tu voulais m'engager, moi et pas une autre ? Tu m'as
même menacée pour t'assurer que je rejoigne ton projet... Qu'est-ce que
j'avais de si spécial ?"
Il s'incline pour m'embrasser, mais je me dérobe. Il va trop vite. Je ne suis pas
ce genre de fille, et il le sait... et ça lui plaît. Je crois. De toute façon, je n'agis
pas pour lui plaire ; j'agis parce que je suis fidèle à moi même. Qu'il m'aime,
telle quelle, ou qu'il s'en aille.
"Tu veux savoir ? Tu es une interprète très intéressante, tu sais percer les
nuances dans le discours de tes clients et traduire l'intention, plutôt que les
mots. En tant qu'artiste, j'avais besoin d'un bon véhicule pour ma vision."
"C'est tout ?"
Je suis ravie de ce qu'il me dit, c'est l'un des plus beaux compliments que l'on
puisse me faire. Mais je suis surtout curieuse de ce qu'il pourrait avouer
d'autre, maintenant qu'il est lancé. J'ai envie d'explorer son bon côté sous
toutes ses facettes... quitte à me laisser enivrer au delà de toute raison. Je lui
accorde un baiser, trop bref, avec un goût de reviens-y, pour l'encourager à
poursuivre. Il est presque en colère, presque... mais le sourire gagne.
mes épaules ; le reste des vêtements suit le même chemin. Soudain, Antonio
tend la main vers l'interrupteur et éteint la lumière. Je me fige, pétrifiée,
anxieuse : va-t-il chercher à reproduire cette obscurité qui nous a réunis
l'autre nuit ? Non, j'espère que non...
Cette fois, je veux le voir et je veux qu'il me voie. L'ombre est moins
violente, c'est sûr, mais la lumière de Moscou qui afflue par les rideaux ne
nous suffira pas pour nous contempler comme dans mes fantasmes. J'ai
besoin qu'il me dise qu'il me trouve belle. C'est un peu enfantin, sans doute,
mais c'est une exigence comme une autre, et il a les siennes lui aussi, alors... !
Il m'entraîne vers le lit, et j'attends de voir s'il va rallumer la lampe de chevet
; je continue à le déshabiller lui aussi. J'ai hâte, et je ressens une certaine
fierté à sentir les frissons courir sous sa peau. Je m'étends sur le matelas et je
souris en constatant qu'il m'enfourche à son tour, à l'envers : son organe
superbe pend vers mon visage, déjà dur, et Messer Antonio en personne
plonge son beau visage entre mes cuisses écartées...
Je remonte mes mains au long de ses cuisses, en lui faisant bien sentir mes
ongles, et j'appuie sur ses hanches pour le faire descendre vers moi. Je happe
métaphore de la danse.
J'avais détesté. Je m'étais dit : plus jamais. Le suivant avait été un gentil
garçon très attentif, un ami de l'école de traduction où je faisais alors mes
études. Je lui avais imposé une consigne stricte : on s'en tenait aux
commençais à me dire que c'était peut être une première fois pour lui aussi.
Ça m'aurait flattée, tiens. Qu'il décide de découvrir ça avec moi en particulier.
On allait peut être en rester là pour ce soir. En fait, j'étais peut être la
première femme de sa vie, pour ce que j'en savais ; j'aurais été très surprise,
mais qui sait...
Quelque chose me disait que, pour un homme aussi capricieux dans sa vie de
tous les jours, il valait mieux prévenir. Mais j'avais son sexe enfoncé dans ma
bouche et je n'avais aucune idée de le repousser pour lui faire la conversation.
Il avait happé mon clitoris entre ses lèvres à présent, et le suçait comme s'il
tentait d'en aspirer une giclée de sperme ; c'était affolant. Et en même temps,
il plongeait des caresses de plus en plus profondes, à la fois dans ma chatte et
dans mon anus, en caressant aussi mon périnée au passage ; tous ses doigts
d'artiste étaient mis à contribution. Je gémissais contre son sexe sans
m'arrêter, je n'y tenais plus, j'allais jouir cette fois.
Il jouit aussi, tout étourdi par l'orgasme qui le transperce de ses flèches, il
accélère les saccades de son corps, et n'arrive plus à se contenir dans ma
bouche. Je sens son sexe qui se gonfle et déborde, envahissant les parois de
ma gorge d'un déferlement salé. Le lit grince à peine... je me plaindrai demain
à la réception.
Oui, je le sens dans ma bouche haletante : il est plus dur que jamais. C'est le
moment de liberté, celui où nous allons pouvoir exprimer tous nos fantasmes.
Je me redresse, fébrile et tremblante, et je m'éloigne sur le lit, juste assez pour
l'attirer sur moi.
Nous sommes amants. Enfin, pour de bon. Nous allons partir visiter une des
capitales culturelles les plus brillantes du monde, loin des tracas du travail.
Nous allons tout partager.
J'offre mon corps avec des cris de plaisir que je ne cherche plus à retenir. Les
J'encaisse sa charge comme une colline encaisse les coups de soc qui vont
Une moustache fine frôle ma cheville et me fait frissonner : c'est un chat qui
se promène entre mes jambes, sur le parquet de marqueterie aux motifs
géométriques élaborés. Je le visite enfin, ce musée de l'Ermitage, l'homme de
Je suis surtout intéressée par le chat, une sorte de persan mal entretenu, qui
me couve d'un regard doré, plein de douceur et de mystères.
Le jeune homme me confie, avec un sourire tendre, que cette vieille
demoiselle incorrigible passe souvent par les voies d'aération, et s'introduit
dans les salles des collections. Les chats ne sont pas censés faire ça ;
uniquement chasser les souris dans les réserves et les sous-sols. Un territoire
bien assez vaste pour les occuper. Mais elle aime les gens, il faut croire. Je
demande son petit nom.
"Griselda."
Comme c'est mignon ! Comme ça lui va bien ! Ce pauvre chat errant va sur
ses dix ans et commence à avoir le poil un peu terne, mais un salon bien
chaud, des séances de brossage régulières et beaucoup d'amour, et ce serait
encore une véritable duchesse.
Griselda se blottit dans mes bras avec une douceur de nuage, et je la berce
sans me soucier de son odeur de chat de gouttière, ou des poils gris perle
qu'elle répand sur mon manteau. De son côté, je vois Antonio faire la moue.
Il semble dérangé par cet adorable spectacle. Ah, cet homme n'a décidément
pas de coeur, parfois.
A regret, je laisse le chat reprendre pied à terre, et j'explique que ma situation
ne me permet pas de l'adopter pour le moment.
Puis, en rejoignant Antonio, je réalise que nous avons parlé en russe et qu'il
n'a rien compris de toute la conversation. Voilà donc pourquoi il boude !
il s'éloigne en martelant le pavé d'un pas furieux. Alors que nous atteignons la
grille, une nouvelle découverte me saute aux yeux. Il est jaloux.
Je n'en reviens pas. Cet homme qui ne semble parfois accessible à aucune
émotion, et parfois, aussi ancien et sage qu'un amant romantique des temps
passés... il est en train de me faire une scène, pour ce petit échange avec le
guide. J'ai envie de rire, de le serrer dans mes bras, de lui donner une gifle et
de partir en pleurant, tout à la fois.
Au lieu de cela, je marche à ses côtés en respirant l'air frais du soir, l'odeur
Je n'aime pas du tout son attitude. A la façon dont il me fixe, j'ai l'impression
qu'il ne me croira jamais, quoi que je dise. J'ai envie de l'énerver. C'est plus
fort que moi, sa froideur me porte sur les nerfs ; et j'ai envie de jouer sur les
mots.
"Tu sais, ce type de volets qui vient d'Italie... Comment ça s'appelle... Ceux
qu'on peut orienter pour voir sans être vu..."
"Les jalousies," marmonne Antonio. Il sait exactement ce que je lui reproche.
"Oui. Je n'ai jamais trouvé ça joli. C'est pratique dans les films sans
Et je m'étais promis, je m'étais juré de ne pas tomber dans ses bras comme la
première midinette venue, pas vrai ? C'est parfait, il vient enfin de me donner
une raison de me tenir à l'écart de lui. Je jette un dernier regard nostalgique
aux toits ouvragés du musée, regrettant que notre visite de cette ville sublime
m'atteint plus. Nous nous évitons, Antonio et moi, mais ce n'est plus un
délicieux jeu du chat et de la souris.
Nous évitons de nous laisser aller à nos penchants, c'est différent. C'est triste.
Professionnel.
respectives.
Il sent bien que quelque chose ne va pas entre nous ; nous ne nous regardons
plus, je traduis avec une neutralité mécanique. Il essaie de nous entraîner dans
des fêtes en ville, dans les boîtes de nuit les plus folles de Moscou.
Leur paye à tous les deux est doublée. Ils trouvent un arrangement.
Tout ça ne m'intéresse plus. Paris me manque. J'ai envie de sortir danser avec
une fille rencontrée dans un bal, au milieu d'une place illuminée, et de
l'embrasser sous les applaudissements ; et de la ramener chez moi, de lui
montrer mes collections, de rire de son ivresse, de me repaître de sa chair
comme une duchesse vampire...
Les exigences des danseurs, des acteurs, des magiciens et des musiciens, tous
avec leur propre ego de star, viennent s'ajouter au reste.
Je fais le minimum. Je n'ai plus envie de les aider. Qu'ils s'entre dévorent,
tous.
Chaque soir à présent, j'attends en vain que Messer Antonio vienne frapper à
ma porte, critique mon kimono, s'invite dans mon lit, et m'accorde les délices
de son sexe enfoncé en moi. Je me ferais soumise, docile et suppliante, s'il le
voulait. Là, sans témoins, sous le voile des draps soyeux, je serais prête à
incarner toutes les femmes de son choix. Tout, pour le retrouver.
Il ne vient pas.
Arrive le soir de la première.
Pendant toute cette période, j'ai échangé des mails avec son secrétaire, ce
fameux Romero, à la fin de chaque journée de travail. Il m'a renseignée sur
les goûts et l'univers de son patron, m'évitant de commettre bien des impairs.
Ce soir, il me conseille sur ma tenue.
Longue robe noire, bijoux blancs, cheveux sur le côté, couvrant à demi mon
visage. Mystérieuse et frappante comme un éclair dans la nuit, ambiguë,
surtout pas séductrice. Ça tombe bien, je n'en avais pas l'intention.
Je me rends à la salle seule, dans mon propre taxi. Ce soir, le maestro n'a plus
besoin de moi.
sentiments naïfs et exaltés de mon enfance, j'ai retrouvé une sensibilité que
les drames de la vie m'avaient fait perdre.
J'aimerais que ma mère soit assise à mes côtés, pour lui prendre la main
quand s'amorce le final, et lui chuchoter : tu ne vas pas en croire tes yeux.
Elle vit en moi, en cet instant, son coeur bat à travers le mien, ce coeur plein
d'un idéalisme dévoué qui a fini par lui coûter sa vie.
En sortant de la salle, je me précipite au local des toilettes pour me passer de
l'eau sur le visage, face à face avec mon trouble dans le miroir des lavabos. Je
laisse mon visage humide, sans l'essuyer, pour cacher mes larmes. Tout à
coup, la porte s'ouvre et...
Ce n'est pas Antonio.
C'est Gregorovich. Il est ivre.
Je me sens déraper. Je l'entraîne avec moi dans une cabine et je referme la
porte. Il rit ; je lui plaque la main sur la bouche. Silence, je ne veux pas être
surprise avec lui. Sa grosse queue bombée surgit hors de son pantalon et je
me mets à le sucer, un bref moment. Je veux juste le mettre en condition pour
qu'il s'occupe de moi ensuite. Il n'est qu'un sextoy entre mes mains, et il adore
de me justifier.
Cette fois, nous quittons l'hôtel ensemble, mon employeur et moi, dans un
même taxi lourd de silence. J'ai eu beau me doucher, l'odeur de Gregorovich
reste imprégnée contre ma peau, dans mes cheveux... sur mes lèvres.
Le moment de la séparation arrive comme la pluie, à la fois soudain et
sournois, insidieux et terriblement mélancolique. Nous prenons deux avions
différents.
Pas de câlin, pas de baisers, pas de dernier regard ému par dessus l'épaule.
Juste deux silhouettes qui se fondent dans la foule, pour ne plus jamais se
revoir, comme deux inconnus.
Antonio rentre à Florence, dans son jet privé ; j'embarque à bord d'un avion
de ligne, et me voilà de retour à Paris.
J'ai soudain une impression de froid, je relis son nom et je réalise quelque
chose... Ce nom composé, étrangement familier alors que je ne l'ai jamais lu
ailleurs...
Romero Chiaronte-Santes.
Je m'empare d'un crayon et d'un stylo, j'écris les deux noms côte à côte et je
commence à barrer les lettres une à une. Et bien sûr, j'avais vu juste. Mon
intuition me l'avait crié, et je ne peux que le constater : c'est une anagramme.
C'est la même personne.
Ce secrétaire avec lequel je corresponds depuis le début, si aimable et
serviable, conciliant à toutes mes requêtes, c'est Messer Antonio Racherto en
personne. Je me sens vexée, j'ai été si lente à m'en apercevoir ! Ou peut être
que je ne voulais pas le comprendre.
contre mon sexe, mais je n'arrive pas à me satisfaire. Rien n'y suffira. Il
faudra que je me procure un dildo aux dimensions de son sexe. Il faudra que
je le plonge dans une casserole d'eau chaude, pour lui donner l'apparence de
la vie. Et même ainsi, ça ne sera jamais aussi réaliste que sa présence... le
silence de mon salon ne sera jamais aussi intense et excitant que le silence de
cette chambre russe...
Jamais je n'arriverai à jouir comme cette nuit là, sans Messer Antonio dans
ma vie. J'ai besoin de toute l'exaltation que sa fréquentation me procure, au
cours de mes journées, pour vivre de telles nuits quand le rideau retombe.
Mes mains s'accélèrent, mon souffle se brise en gémissements rapides,
j'appelle son nom. Je me force à atteindre un orgasme incomplet, presque
douloureux, qui me laisse pantelante et affaiblie, mais toujours en proie au
même manque.
Hors de question que je lui écrive. Je vais répondre à son "secrétaire", en
faisant mine de n'avoir rien deviné. Une simple réponse neutre, froide...
Professionnelle.
Quelque chose me dit que sa petite surprise, son bonus secret, me donnera la
réponse à cette question, une fois pour toutes.
Enfin, on sonne. Je me précipite à la porte. C'est le 29, je suis toute échevelée
après une sieste sur la banquette devant une série télévisée qui ne m'intéresse
pas. Je me sens fébrile, affaiblie de n'avoir mangé qu'un yaourt aux fruits plus
tôt dans la matinée ; mes mains et mes jambes tremblent, je suis proche de la
baisse de tension.
Je me suis rendue malade pour ce type. Je ne me reconnais plus.
J'ouvre : personne dans le couloir. Je descends dans la cour, et là, garée
Ce soir là, je prends le volant et je roule droit devant moi, je sors de Paris, et
j'arrive à la campagne ; je ne m'arrête que lorsque l'éclat des étoiles est à
nouveau visible au firmament. Je sors de la voiture, j'observe la campagne
poche.
Je l'ai, là... le numéro personnel de Messer Antonio. C'est le moment de
sauter le pas. Il m'attend, je le sais. Il observe son téléphone et il se demande
pourquoi je n'ai pas encore cédé à la tentation qu'il me présente. Il me connaît
trop bien...
Je prends mon courage à deux mains, et je forme le numéro.
"Antonio..."
Je l'entends respirer, fort. Et jouer avec le tissu de ses vêtements. Une
"Oh oui ! Prends moi," dis-je en renversant la tête en arrière sur la banquette
de cuir bleu. Tiens... bleu, comme le passage entre deux mondes... le symbole
même de la magie. Le bleu du crépuscule, quand le jour est déjà fini, et la
nuit pas encore installée.
"Je te sens, je suis en toi," gémit l'homme contre mon oreille, son souffle
accéléré par le mouvement vigoureux de sa masturbation. "Je te baise, je te
défonce, tu me sens aussi ?"
"Oh oui, Antonio, encore ! Plus fort, plus vite ! C'est bon, Antonio !..."
Je renverse la tête en arrière dans un cri sourd. Lui aussi, il crie, comme
jamais il n'a crié en me faisant l'amour, comme si c'était moi qui le prenais. Et
il raccroche. Pas de commentaire. Pourtant, je me sens mieux. Cette fois, je
n'ai pas le sentiment de l'avoir perdu.
lieu de ça, c'est une femme de rêve, dans une voiture incroyable, et qui pose
sur lui des yeux étincelants de débauche.
Quelques secondes plus tard, il est couché sur moi, tout habillé, son érection
ardente fourrée tout au fond de mon ventre, ses hanches minces et musclées
m'inviter.
"Viens chez moi, j'ai une surprise à te montrer."
"Encore une surprise ?" Je n'en crois pas mes oreilles.
Chez lui ? A Florence ?
Je suis probablement un peu folle de préparer ma valise aussitôt, mais vous
ne pouvez pas m'en vouloir, je n'attendais que ça. Cette invitation qui semble
pouvoir mettre un terme à tout notre ressentiment. Une surprise...
Je n'essaie même pas de deviner. S'il y a bien une chose dont j'ai envie, c'est
de me laisser surprendre.
Je me laisse aller au destin qui m'appelle, détendue et heureuse alors que je
roule vers Florence à bord de ma nouvelle voiture, le vent dans mes cheveux,
suivie par l'admiration et l'étonnement de ceux qui croisent ma route. Je ne
crains pas qu'on me la vole, cette voiture. Elle est unique. Le voleur ne
pourrait pas la revendre, il ne pourrait pas la sortir sans être repéré
immédiatement, il ne pourrait rien en faire.
La route est belle, l'air est frais et parfumé, un parfum d'aventure. Un soleil
d'hiver éclaire mes journées et laisse les nuits claires comme un cristal noir.
protecteur.
Je suis sous le choc. Ma petite Griselda ! Elle est métamorphosée, on dirait
une vraie princesse ! Je relève les yeux vers Antonio tandis qu'il la place dans
mes bras tout naturellement, et en câlinant l'animal qui ronronne, comme s'il
me reconnaissait, je relève les yeux sur le designer... qui s'est déjà détourné
avec pudeur.
Elle sent la rose. Messer Antonio ne peut plus se plaindre qu'elle a une odeur
de chat de gouttière ; elle se conduit comme un véritable chat de salon, et dès
que je la dépose, elle commence à faire sa toilette patiemment.
Ce soir là, quand nous rentrons, il est très tard ; nous avons un peu abusé de
l'absinthe, et la fée verte bénit les baisers que nous échangeons sur le chemin.
Deux amoureux perdus dans la nuit.
Sur les deux heures du matin, après une longue promenade à l'air frais qui
nous a fait du bien, et beaucoup de mots doux échangés devant le décor de
carte postale, nous arrivons un peu rougissants à la maison. Comme deux
adolescents qui rentrent tard d'une fête, nous prenons garde à ne pas faire trop
de bruit ; nos lèvres ont un goût de fruit défendu. En franchissant la porte,
Antonio n'allume pas la lumière.
Dans l'obscurité totale, ses mouvements sont plus libres, je l'ai déjà remarqué.
Après avoir discuté longuement avec lui ce soir, j'ai fini par comprendre qu'il
est trop visuel pour ignorer les mille petits détails d'une scène, et que ça le
distrait de ses autres sens. Une sorte de déformation professionnelle qui le
handicape un peu, quand il s'agit de se livrer à des pulsions plus brutales. Au
moins, le problème n'est pas qu'il me trouve laide. Au contraire : s'il pouvait
voir chaque détail de mon corps, il tomberait en contemplation, au lieu de
coucher avec moi.
Je l'aime. Je le lui ai dit, et il a paru étonné.
mon épaule et je meurs d'envie de lui donner d'autres ordres, pour qu'il me
donne plus vite ce que je veux.
Tout à coup, je sens qu'il tâtonne sur le mur voisin, et un soleil aveuglant
s'éclaire dans le miroir, me faisant fermer les yeux. Il vient d'allumer la
lumière.
"Je veux tout voir," dit-il en plongeant son regard dans le miroir, sa main
libre comprimant mes seins sous mon soutien gorge noir. "Et je veux que tu
voies tout. Je veux que tu te voies jouir entre mes bras..."
Je ne l'ai jamais connu aussi direct, aussi brut dans son langage, mais ça
Son visage revient se caler au dessus de mon épaule. Son torse est appuyé
contre mon dos, son membre pointe contre mes fesses, puissant et prêt à
réclamer son dû. Je vois ses traits changer quand mes globes de chair
s'écartent sur le passage de son bout durci. L'entrée s'écarte, le gland massif
se fraie une petite place, puis plus importante, s'enfonçant irrémédiablement.
Il s'arrête, respire lourdement, agrippe mes hanches à deux mains et donne un
grand coup de reins. Je crie, frissonnante des pieds à la tête : il m'a pénétrée.
Il est en moi.
Un grand soupir lui échappe quand il s'enfonce plus loin encore et que nos
corps se heurtent.
Je suis livrée à ses mains, à son envie, et je n'ai jamais autant aimé me
soumettre ; car tout ce qu'il fait, il le fait sur mon ordre. Il concrétise ma
volonté. Mon artiste me crée un orgasme sur mesure, une véritable œuvre
d'art, transformant mes mots en réalité.
Il n'a même pas encore bougé et je sens le plaisir grimper ; sa main revient au
centre de mon bas ventre, rampant comme un serpent tentateur. Il commence
à flatter la surface de mon sexe, et je gémis en me tordant contre lui,
m'empalant avec langueur sur l'axe dressé. Alors seulement, il commence à
remuer en moi.
plus ardents. Peu importe que les voisins nous entendent et soient choqués.
Ils vont bien devoir s'y habituer, je suis là pour rester. Il ne me faudra guère
de temps pour faire apporter toutes mes collections... Paris sera une
destination de vacances. Aucun regret.
Haletante, je ferme les yeux et je me laisse faire. Lui seul peut encore profiter
de la vision dans le miroir ; moi, je me livre à mes autres sens. Il ne me laisse
aucun répit. Et il finit par craquer, déversant son sperme en moi. C'est la
troisième fois.
Nous avons joui si longuement, l'un contre l'autre, que j'en ai perdu la notion
du temps. Oui... une bonne petite soirée. Quand je rouvre les paupières, mes
yeux sont pleins d'étoiles.
"On commence à voir mes racines," dis-je d'un ton innocent. "Je pensais me
teindre les cheveux dans une autre couleur. Tu as des idées ?"
"Si tu savais, toutes les idées que j'ai..."
Son regard se pose sur mes traits et je le vois perdre son sourire, je crains un
instant que cette simple requête soit trop pour lui ; puis il s'incline et
m'embrasse délicatement. "Je dois pouvoir m'améliorer dans ce domaine, si je
peux être certain de ne pas te perdre. Il va me falloir une liste de tout ce que
"C'est toi que j'aime, chez les hommes, comme tu dis. Le reste du temps, ce
sont plutôt les femmes qui me font craquer. Et si je n'ai pas peur de ta
réaction, je pourrai t'en parler quand je ressentirai quelque chose, ça ne te
semble pas préférable ?"
"Très bien," réplique-t-il d'un air boudeur, "à condition que je puisse en faire
de même."
Il prend ça comme un jeu. Tant mieux ; au fond, c'en est un. Et j'ai déjà hâte
de voir comment il va se décliner dans notre vie quotidienne. Je ne doute pas
qu'il est entouré de beautés de tous genres, et que certaines trouvent grâce à
ses yeux ; mais je ne me fais aucun souci, je sais que ma personnalité ne se
trouve pas sous le sabot d'un cheval, et que c'est ça qui l'a séduit. Il ne me
lâchera pour aucun joli minois. Aucune inquiétude à avoir.
Et s'il souhaite juste inviter une charmante demoiselle pour une histoire de
passage, une nuit un peu plus rose et sucrée que les autres... je ne dis pas non.
Je pourrais même imaginer que notre amie la pilote serait intéressée...
La fatigue commence à avoir le dessus sur moi, et après avoir retiré mes sous
vêtements restants, je l'accueille dans mes bras pour un doux baiser. Il s'est
mis nu lui aussi, et c'est un plaisir de sentir sa silhouette parfaite se lover
Il sourit contre mes lèvres. Je l'ai appelé du nom de son secrétaire imaginaire,
confirmant que j'avais vu juste dans son petit jeu. Demain je lui demanderai
pourquoi il éprouve le besoin de se faire passer pour un autre, pourquoi il ne
peut pas simplement se montrer doux et gentil en son propre nom ; mais c'est
probablement professionnel.
Je sens le chat qui saute sur le bout du lit, se roule en boule contre nos pieds
et ronronne en s'endormant avec nous. La commotion bruyante de notre
arrivée ne l'a pas impressionné. Soudain, j'ai l'impression que je vis ici depuis
toujours, et que cette vie errante que j'ai mené durant ces dernières années
n'était qu'un rêve étrange, dont je viens de me réveiller. Et la voix de mon
homme, mon compagnon, répond ensommeillée dans l'obscurité :
Fin
Découvrez dans les prochaines pages une autre romance de Amélia Roy...
Amélia Roy
Rock Love
Refaire Confiance...
Tome 1
Juliana vient d'apprendre que son fiancé la trompe depuis des semaines
avec une de ses amies. Désabusée, elle ne cherche même plus à avoir des
explications. Elle préfère partir, partir loin. Déçue, et même humiliée, elle
choisit de noyer sa colère avec sa meilleure amie en poussant la porte du
premier pub venu. La musique du groupe de rock live sur scène l’interpelle
Juliana :
peu importe ce qu’elle choisissait de faire dans la journée. Ces mots-là étaient
ceux qu’elle avait envie de dire à Adrien, son fiancé. Ils étaient ensemble
depuis deux ans. Pourquoi le quitter, s’ils étaient ensemble et qu’ils
s’aimaient ? Eh bien, justement parce que tout n’allait pas bien, justement.
Elle venait d’apprendre qu’il la trompait depuis des semaines avec Barbara,
l’une de ses amies les plus proches. Elle l’avait appris par hasard, en les
voyant se promener main dans la main et s’embrasser dans la rue alors même
qu’ils avaient prévu de se rejoindre dans un bar à proximité. Les deux
tourtereaux étaient si absorbés l’un par l’autre qu’ils ne l’avaient même pas
Cela faisait maintenant trois jours qu’elle avait découvert le pot aux
roses. Trois jours qu’elle se demandait comment se sortir de ce pétrin. Trois
dans cet appartement qu’elle partageait avec lui, avait laissé ses clés sur le
comptoir de la cuisine, avait pris son courage à deux mains et avait fui le plus
loin possible. En moins de deux heures, elle était apparue sur le pas de la
porte de Pauline, sa meilleure amie depuis dix ans qu’elle ne voyait pas si
de son fiancé, ne prenant même pas la peine de lui laisser une chance. Qu’y
avait-il de plus à dire ?
fallait dire qu’au stade de désespoir dans lequel elle se trouvait, chaque petite
victoire était importante et méritait d’être soulignée. Sans le savoir elle s’était
même facilité la tâche. Elle avait la chance d’avoir la seule meilleure amie de
la Terre à ne pas bénéficier d’un réseau téléphonique fiable. Enfin, de la
pouvait-il dire qui la ferait aller mieux ? Pire encore, que pouvait-il dire
qu’elle ne sache déjà ? Elle ne voulait pas connaitre les détails d’une relation
naissante. Ça ne l’intéressait pas, d’en savoir sur Barbara, et comment il avait
préféré séduire une de ses amies proches par-dessus le marché, plutôt que
d’aller voir une parfaite inconnue. Non, vraiment, c’était mieux ainsi : elle se
sentait en sécurité à la campagne. La ville, elle avait déjà donné, et elle avait
tout perdu.
CHAPITRE 2 : En coulisse
Timothée :
Ce soir allait être un grand soir. Un soir important pour lui comme pour
soir… »
Jules vint s’asseoir devant lui pour discuter et s’occuper de ses instruments en
même temps.
bien pourquoi. »
Jules posa doucement ses baguettes sur ses genoux. Il était si délicat avec
celles-ci et Timothée comprenait très bien pourquoi : ce n’était pas
simplement ce qui lui permettait de faire de la musique, c’était son outil de
beauté classique.
« Arrête un peu de te plaindre. Je comprends que ce soit important, bien sûr.
Mais il faut que tu te détendes un peu, parce que si tu continues à te stresser
comme ça, tu vas tout faire rater et tu ne pourras t’en prendre qu’à toi-
même. » Il baissa son miroir et croisa le regard de Timothée qui s’était rassis
devant lui. Il avait sa guitare sur ses genoux et s’occupait maintenant des
cordes. « On sait tous très bien comment la soirée va se terminer pour toi, ne
fais pas l’innocent, toi non plus. Tu vas encore te barrer dans un hôtel avec
une belle inconnue. On n’a peut-être pas fait de shows vraiment marquants,
mais nos réseaux sociaux sont très suivis, je n’ai pas besoin de te le rappeler.
Les gens nous connaissent déjà… »
Timothée hocha la tête. Jules n’avait pas tort. Heureusement qu’il était là, lui.
Timothée était peut-être le leader du groupe, mais Jules était plus rationnel. Il
en fallait bien un. Timothée était le chanteur, le guitariste, et le chef : toutes
ces responsabilités lui montaient parfois à la tête et le rendaient impulsif. Il
hocha de nouveau la tête en sortant une cigarette de sa veste en cuir et la
coinça entre ses dents. Il avait raison. Il se leva et ouvrit la porte désignée
comme issue de secours. Le vent frais s’engouffra dans ses boucles brunes.
« Je vais m’en griller une, y a que ça qui me détend. »
CHAPITRE 3 : Le Dubliners
Juliana :
« Putain, j’arrive pas à croire qu’il ait fait ça avec Barbara ! Avec Barbara,
s’il te plaît ! Tu te rends compte… »
Une pinte de bière rousse à la cerise sous le nez, accoudée au bar à côté de
Pauline, elle était enfin installée. Les lamentations et les crises de colère
Juliana parla de sa colère pendant des heures et des heures. Enfin, il lui
sembla bien que ça faisait autant de temps, mais Pauline lui assura qu’elles
n’étaient là que depuis trois quarts d’heure quand elle s’arrêta de parler pour
reprendre son souffle. La jeune femme était folle de colère. Tandis qu’elle
parlait, elle ne voyait pas où elle était. Elle se rendait bien compte que
Pauline avait raison : qu’elle boive dans un bar où chez elle, quelle
différence ? La colère était la même. Si elle était là, c’était juste histoire de se
dire qu’elle était sortie, qu’elle avait fait l’effort de s’habiller, qu’elle ne
restait pas cloîtrée dans une chambre sous les combles. C’était stupide d’être
là, finalement. Elle se leva brusquement.
« Tu fais quoi, là ? » Demanda Pauline qui ne buvait pas d’alcool.
Il fallait bien que quelqu’un ramène Juliana à la maison après la soirée
qu’elle semblait décidée à passer.
« Je rentre, en fait, j’en ai marre. Ça ne me fait pas du bien d’être là. Je
faisait que du mal ce soir. Elle était tellement en colère qu’elle espérait
presque que tout le monde soit aussi malheureux qu’elle. Elle laissa Pauline
là et se dirigea vers la porte pour sortir du bar pendant quelques minutes.
Mais au moment précis où elle posa sa main sur la poignée de cette porte,
quelque chose la retint. Quelque chose de puissant, comme une mélodie
intense. Un air de rock.
avait crié dans le vide. Le reste des clients faisaient tant de bruit que personne
ne l’avait entendue, pas même Pauline qui elle aussi, devait être sur Twitter.
Juliana était un peu déçue de ne pas pouvoir partager son enthousiasme avec
qui que ce soit, et en même temps, un peu fière d’être la seule à les connaître.
en trompette, musclé mais pas trop et d’une pâleur extraordinaire qui donnait
un effet porcelaine à sa peau. À la lumière du spot central de la scène, on
aurait dit un ange. Mais pas n’importe quel ange. Celui-là était
particulièrement sexy.
« Oh putain, comment ça se fait que je ne le connaisse pas, celui-
là ? Comment tu dis qu’il s’appelle ? » Balbutia Pauline, tenant son cocktail
de fruits à la main.
Elle allait sûrement le lâcher tellement sa main tremblait. Mais qui pouvait lui
en vouloir d’avoir un coup de foudre ?
« Timothée Perlman. » Répéta Juliana comme si elle prononçait les mots les
plus doux du monde.
« Oh, j’ai envie de lui grimper dessus comme on grimpe à un arbre… »
Gémit Pauline d’une voix grave.
faire chavirer le cœur du jeune homme. Elle n’avait pas le cœur à parler
d’amour, et pourtant, l’amour semblait bien vouloir la rattraper. Brusquement
prise d’une bouffée de chaleur, elle passa nonchalamment sa main dans sa
chevelure brune. Et si elle se laissait tenter ? Sa pinte de bière à la cerise
entamée dans son autre main, elle reporta toute son attention sur cet homme
qui semblait débarquer d’une toute autre planète sur laquelle tout le monde
serait sexy et beau.
Juliana avait toujours été très fidèle. Elle respectait tant cette valeur que
l’idée qu’on lui soit infidèle la rendait folle, d’où le tourment actuel dans
lequel elle se trouvait. Elle était le genre de femme à se projeter à fond avec
quelqu’un, à s’imaginer finir sa vie avec la personne de son cœur quand une
histoire commençait. Et plus brutale, plus haute, et plus dure était la chute
quand l’histoire se terminait. Pour cette raison, elle se répétait qu’elle avait
bien fait de partir sans un mot. Ça ne lui ressemblait pas, pourtant. Elle aurait
préféré avoir des explications pour ne pas faire de peine à Adrien, mais avait-
il seulement pensé au mal qu’il lui avait fait en allant voir ailleurs ? Elle
frissonna rien que d’y penser. Elle sentait que tout ça était sur le point de
changer. Elle n’avait pas désiré un autre homme que son fiancé depuis si
longtemps, elle avait peur d’être perdue en sentant un désir nouveau
l’envahir. Contre toute attente, ce désir vint facilement quand elle posa enfin
proprement les yeux sur Timothée. Il était si mystérieux qu’il donnait envie
de tout plaquer et d’aller le rejoindre sur scène pour qu’il la touche, là, tout de
suite, même devant tout le monde. Juliana n’avait pas peur. C’était sans doute
grâce à l’alcool. Elle se sentait libérée, aventureuse. Elle était tout bonnement
ensorcelée, il n’y avait rien à dire de plus. Elle détourna soudainement les
yeux : ça n’allait rester qu’un mirage. Comment un homme comme Timothée
Perlman pouvait-il s’intéresser à une femme comme elle ? Elle avait sous les
yeux la preuve qu’il avait largement de quoi faire s’il voulait partir avec une
Timothée :
en délire dans ce pub qui n’avait sans doute jamais entendu autant de
décibels. Peut-être même que les Spacekids battaient en ce moment-même le
record. Quoi qu’il en fût, Timothée ne s’était jamais senti aussi bien. Il n’était
vraiment à l’aise que sur scène. Et bien qu’il n’y ait qu’un public restreint
dans ce pub de campagne, le chanteur eut réellement l’impression de faire
l’Olympia ou quelque chose de ce genre. Il goûtait, l’air de rien, au succès
pour la première fois. Sa guitare pendue autour du cou, le médiator entre
l’index et le pouce de sa main droite, la bouche collée au micro, il se retenait
de sauter partout tant il était heureux de performer. Tous ses sens auraient dû
être dévoués à ce qui se passait sur scène et pourtant, son cerveau partait dans
tous les sens. Perfectionniste à en crever, il était tout d’abord bloqué sur le
nom de leur groupe. Les Spacekids. Si ça donnait l’impression qu’il s’agissait
d’un groupe formé par des ados attardés dans le garage familial, c’était parce
que ça s’était passé exactement de cette manière. Maintenant qu’ils
recevaient de plus en plus d’attention, ils allaient devoir faire autre chose. Ils
avaient tellement galéré pour en arriver là que le jeune homme avait peur de
tout faire foirer. C’était ça, son plus grand problème. Il ne savait pas profiter
du moment présent. Il avait tellement envie que ça marche qu’il était toujours
en train de penser à autre chose, au lendemain, à l’après. Il avait peur que le
succès lui monte à la tête. Que ça lui fasse faire n’importe quoi. Mais alors
qu’une telle pensée lui traversait l’esprit, une autre, plus puissante et plus
conseil et n’avait (presque) jamais tort. Par exemple, ce soir, après le concert,
Timothée allait repartir avec une femme. C’était sûr et certain, et puisqu’on
parlait de tradition, choisir une groupie pour lui faire passer la nuit de sa vie
en était une qu’il prenait un malin plaisir à honorer. Des groupies, il en avait
déjà à la pelle. Le jeune homme était irrésistible et il le savait. Heureusement
pour lui, cependant, Jules ne pouvait pas avoir raison à tous les coups. S’il
allait repartir avec une jeune femme ce soir, ce ne serait pas avec une fan
inconditionnelle de sa musique. Les groupies étaient sympas, on ne pouvait
pas le nier, mais le problème qu’il y trouvait, c’était qu’elles se ressemblaient
de savoir qu’il avait des fans, des fans qui étaient d’ailleurs prêtes à faire à
peu près n’importe quoi pour lui plaire, mais il manquait souvent quelque
chose. C’était bien gentil de s’intéresser de près au groupe et à sa musique,
mais encore fallait-il le faire de manière respectueuse sans que ça ne fasse
peur ; et c’était là, souvent, que Timothée réalisait que quelque chose n’allait
pas. Bien plus souvent que ce que les gens pensaient, ces groupies-là
n’avaient qu’une chose en tête : être l’heureuse élue d’une star, dans l’espoir
de bénéficier elles aussi, même de manière éphémère, d’un petit bout de
sur leur boutique en ligne, les mêmes photos brandies en espérant y recevoir
un autographe… Jusqu’à ce que Timothée l’aperçoive. Elle, cette jeune
femme, au fond de la salle. Une grande femme brune, d’à peu près son âge,
aux yeux bleus perçants. Celle-là, au rouge à lèvres bordeaux et à la robe
noire. Elle est très blanche, elle aussi, on dirait une vampire. Cette jeune fille-
là ne dansait pas. Elle avait l’air triste. Elle avait sans doute le cœur brisé.
Elle semblait connaître les paroles de cette dernière chanson par cœur, une
chanson triste, une chanson de rupture. Elle paraissait tellement différente des
autres que Timothée ne réfléchit pas et ne la quitta pas des yeux. Elle
s’apprêtait à partir mais quelque chose la retint. Comme si elle s’était sentie
observée, ou qu’elle était tout simplement curieuse d’en savoir plus. La
chanson se terminait. Le jeune homme n’avait jamais autant espéré terminer
un concert aussi vite. La foule applaudit à tout rompre dans ce pub et pour
une fois, pour la toute première fois, même, il n’en eut rien à faire. Il en était
sûr : ce soir, c’était elle qu’il voulait.
CHAPITRE 6 : Le dernier verre
Juliana :
Maintenant que le concert était fini, elle pouvait s’en aller. Elle avait
silhouette d’un homme adossé au mur. Elle eut un petit mouvement de recul,
pas parce qu’elle en avait peur, mais justement parce qu’elle l’avait reconnu.
C’était Timothée Perlman. Mais que faisait-il là ? La réponse se répandait
dans les airs. Juliana pouvait sentir l’odeur caractéristique d’une cigarette.
Elle s’adossa elle aussi contre le mur et leva les yeux pour regarder les étoiles
briller dans le ciel.
« Pourquoi donc ? Vous avez prévu de refaire un concert ? »
« Non, mais il peut s’en passer des choses, en une soirée… »
Il était assez énigmatique mais Juliana ne releva pas. Elle était bien trop
Timothée :
Juliana :
Elle n’arrivait pas à le croire. Elle était en train de boire une bière en
« Ce n’est pas l’impression que j’ai eue. » Dit Timothée en buvant sa bière.
« Vous sembliez connaître parfaitement la dernière. »
« C’est la plus simple à apprendre. Et puis ce n’est pas difficile à retenir,
quand on est… enfin, quand on est dans le bon mood. »
Elle grimaça discrètement. Elle avait failli déverser sa tristesse sur un parfait
inconnu. Il fallait qu’elle se reprenne, et vite.
« Ne vous fatiguez pas, mademoiselle. Votre tristesse se lit sur votre visage. »
Il expira bruyamment pour laisser partir dans les airs une bouffée de
cigarette. La jeune femme ouvrit de grands yeux.
« À ce point-là ? Putain… »
« Ne vous en faites pas, vous n’êtes pas la seule. Les gens qui viennent nous
écouter ne sont généralement pas au top de leur forme, ce n’est pas vraiment
le style de la maison. »
Timothée :
contemplaient la même chose, alors qu’en fait ils avaient une conversation
tout à fait normale. Enfin, on avait fait plus ordinaire, mais les deux
personnages principaux venaient de se rencontrer et ne pouvaient
qu’improviser, apprendre sur le tas. Le jeune homme tâta assez longtemps le
terrain. Il ne voulait pas la brusquer. Il s’aperçut très vite que la jeune femme
pour qui il avait eu un coup de cœur une demi-heure plus tôt était vraiment
très drôle, même sans le vouloir. Malgré son apparence mystérieuse, quelque
peu en décalage avec l’esthétique de la fan des Spacekids de base, et
légèrement effrayante, cette jeune femme amenait avec elle une bulle d’air
frais, une fraîcheur dont Timothée avait désespérément besoin. Il réalisa très
vite qu’ils étaient tous les deux radicalement différents. Elle ne connaissait
rien en musique, de son propre aveu, alors que Timothée avait appris le piano
et la guitare presque avant même de savoir marcher ; elle était experte en
littérature anglaise et son rêve le plus cher était d’aller s’installer à Londres et
de devenir écrivaine, ou quelque chose dans le genre. Elle ne savait pas trop
encore. Ou bien peut-être qu’elle allait rester à la campagne un petit peu plus
longtemps, le temps de se ressourcer, quoi que ça voulut dire. Timothée,
quant à lui, rêvait de s’enfuir à la ville pour tenter sa chance et devenir
célèbre, en restant en France pour commencer. Ces différences auraient pu
faire fuir le jeune homme. D’ordinaire il ne prenait pas la peine de connaître
les femmes avec qui il souhaitait passer la nuit ; mais les circonstances
Juliana :
croissant pendu à son cou. « C’est sans doute le même. C’est très étrange… »
« En quoi est-ce étrange ? Des croissants de lune, y en a partout. C’est un
motif très répandu, comme le signe de l’infini… » Dit Juliana en haussant les
épaules.
« Pas celui-ci. » Dit-il en se penchant légèrement sur son poignet. La jeune
femme pouvait maintenant sentir son souffle chaud sur sa peau, et essaya de
se concentrer pour ne pas mourir de désir. « Vous voyez les extrémités de
cette lune ? Elles sont pointues. Et vous avez raison, ce n’est pas si étrange
que ça. J’ai toujours été persuadé que mon âme sœur aurait quelque part le
point commun.
CHAPITRE 8 : Le rêve éveillé
avaient passé en tout et pour tout une heure ensemble. Une petite heure,
c’était rien, c’était insignifiant quand on savait que dans une journée il y en
avait vingt-quatre. Mais cette heure avait tout de même fait la différence.
Après la découverte de leur très original point commun, leur rencontre
fortuite avait pris une toute autre saveur. Au lieu d’énumérer ce qui les
rendait différents l’un de l’autre, ils avaient lentement mais sûrement cherché
en quoi ils se ressemblaient. Ils n’avaient pas trouvé grand-chose mais ça ne
les avait pas empêché de rire ensemble et de s’apprécier mutuellement de
maintenant qu’elle était au fond de son lit. Elle s’était bien gardée d’en
toucher deux mots à Pauline, qui n’avait absolument rien vu de l’échange, et
c’était bien mieux ainsi. Repenser à tout cela était étrange. Ça lui faisait
beaucoup de bien, elle ne pouvait pas le nier, mais ça l’empêchait d’abord et
Maintenant qu’elle était toute seule, cependant, elle avait tout le loisir
de penser à cet homme qui l’avait ensorcelée. Il n’y avait pas d’autres mots.
Ce qui s’était manifesté comme du désir pur pendant la soirée ressortait
maintenant dans le silence de sa chambre sous les combles, alors que Pauline
était déjà partie se coucher. Ce désir était si fort qu’il lui donnait chaud.
Juliana repoussa les draps de son corps. Elle voulut se lever pour ouvrir la
fenêtre de la chambre mais eut peur de faire trop de bruit. Ne restait plus qu’à
faire ce qu’elle mourait d’envie de faire depuis maintenant vingt bonnes
minutes. Par pudeur ou par discrétion, elle se recouvrit de nouveau des draps
pour être tranquille, soupira, et ferma les yeux, se concentrant uniquement sur
le visage de Timothée, qu’elle avait bien en tête. Sa gueule d’ange lui
souriait. Elle ne savait pas ce qui lui arrivait, ou plutôt elle n’arrivait pas à
croire qu’elle ressentait ce genre de choses. Et pourtant c’était bien là : un feu
était né au creux de son ventre, au plus profond de ses entrailles. C’était lui
qui lui donnait chaud. Il était malin, il séduisait doucement son cerveau et le
Timothée posa ses lèvres sur les siennes après avoir embrassé sa peau,
apparemment très enthousiasmé et envouté par son parfum fruité. Elle
imaginait ses lèvres douces, appétissantes, rafraîchissantes. Il y avait quelque
chose de particulièrement grisant dans le fait de fantasmer. Pour le moment
ça lui suffisait, parce qu’elle était la maîtresse du jeu. Elle pouvait choisir qui
elle voulait être, elle pouvait faire faire à cet homme, l’objet de son désir, ce
que bon lui semblait. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les choses
changèrent du tout au tout quand Juliana décida que Timothée Palmer allait
agripper sa taille et empoigner sa peau, pour le meilleur comme pour le pire.
Si elle se concentrait un peu dans ce rêve éveillé, elle pouvait faire en sorte de
ne retenir que le meilleur. La main gauche glissée dans sa culotte, laissée
pour l’instant suspendue entre le tissu et sa vulve, elle se sentait comme un
maestro, un chef d’orchestre prêt à faire valser la foule et jouer les musiciens
devant lui. Elle prit une grande inspiration et passa à l’attaque.
CHAPITRE 9 : La jouissance inattendue
Timothée passa à l’action lorsque la jeune femme posa ses doigts sur sa
vulve trempée. Il plaça ses mains sur la taille de Juliana qui, ravie d’être le
centre de l’attention du chanteur, se laissa complètement aller sans qu’on ne
lui demande. Poussant un long soupir, elle laissa le chanteur la plaquer contre
le mur en brique. C’était fou ce qui pouvait se passer derrière un bâtiment, à
l’abri des regards. Allongée dans son lit, calée entre le matelas et la couette
dans une sorte de cocon chaud et accueillant, l’imagination de Juliana filait à
la vitesse de la lumière. Elle s’imaginait que Timothée devenait de plus en
plus entreprenant. Qu’il pressait son corps contre le sien, qu’il pressait ses
doigts contre sa peau, même à travers sa robe noire, et que son bassin
épousait le sien, comme s’il voulait fusionner. Et plus Juliana caressait sa
vulve avec force, plus Timothée était tout ce qu’elle imaginait qu’il serait,
dans la vraie vie. C’était simple, un homme comme lui ne pouvait être mal
attentionné. Dans sa sorte de rêve, Timothée était encore plus beau, plus
doux, plus sexy, aussi. Chaque frôlement de peau lui faisait du bien, chaque
suggestion du plaisir la faisait chavirer. Elle s’imaginait qu’il lui parlait. Qu’il
lui disait qu’elle était belle, et même, pourquoi pas, la plus belle des femmes
avec qui il avait couché. Que toute sa vie, il n’avait fait que l’attendre. Juliana
se détendait en l’imaginant parler ainsi. Il l’embrassait avec force, avec envie,
et répandait son parfum musqué sur son corps qui semblait prendre encore
plus de formes à mesure qu’il était touché. Elle se sentait belle, mise en
valeur, appréciée comme il se devait, et son désir explosait silencieusement
au creux de son nombril. De retour dans son lit, son clitoris commençait à
envoyer des signaux familiers. Si seulement il pouvait la pénétrer, là, tout de
suite.
Mais ce n’était pas pour tout de suite. Il leur fallait d’abord trouver un
endroit pour faire l’amour, un endroit digne de ce nom. Ils auraient pu le faire
contre un mur mais ils étaient dans le fantasme de Juliana et dans un songe
comme celui-là, il s’agissait d’être romantique. Timothée la prit alors par la
main et l’emmena un peu plus loin, laissant les odeurs du pub et le bruit de la
foule derrière eux pour se retrouver derrière un buisson, à l’abri des regards.
S’ils ne faisaient pas de bruit, ils pourraient sans doute faire leur affaire sans
que personne ne s’en aperçoive. En un rien de temps, Juliana se retrouva dans
les bras de Timothée, tous deux assis l’un contre l’autre, et Timothée passait
ses mains sous la robe de la jeune femme qui, bien évidemment, était ravie et
écartait les cuisses. Les doigts fins du chanteur et guitariste se faufilèrent sous
la robe de la jeune femme qui avait les jambes lisses, imberbes et nues. Elle
ferma immédiatement les yeux et se laissa aller, à la merci de son partenaire
qui en plus de lui caresser le sexe, l’embrassait de nouveau. Au fond de son
lit, Juliana étouffa un premier cri. Elle se retourna brusquement en sentant
que le plaisir faisait son chemin dans son organisme. Elle remonta la couette
jusqu’au-dessus de son nez pour profiter encore plus de la chaleur qui
l’entourait et la câlinait doucement. Le plaisir arrivait. Il allait l’emporter. Il
fallait qu’elle imagine les choses très exactement, très précisément pour n’en
Elle frotta alors vigoureusement ses doigts contre son sexe, à l’étroit et
confiné dans sa culotte en coton. Elle avait envie de plus et elle s’autorisait
rendre compte, elle plaça la couette entre ses cuisses, couette qu’elle resserra
aussitôt sur celles-ci pour ressentir le plus possible les frottements des draps
sur sa peau mouillée. Elle se redressa même et se mit à quatre pattes sur son
lit, en imaginant que le drap était ce pénis bien dur qui la pénétrait dans son
Timothée :
Voilà trois jours qu’ils avaient fait leur petit concert dans le pub. L’euphorie
de l’instant et la joie de voir que leur travail plaisait n’étaient pas encore
retombées. Trois jours que le jeune chanteur aux boucles brunes était
profondément plongé dans ses pensées. Penché sur sa guitare, il gardait son
regard porté sur les cordes de celle-ci, les réglages, les détails, comme s’il
cherchait à l’optimiser. En réalité il ne s’agissait de rien de tout cela,
puisqu’il gardait les yeux résolument dans le vide. Il arborait même un
sourire en coin. Le jeune homme n’était donc pas malheureux mais sans
Timothée ignora les reproches qu’on lui faisait et se leva pour traverser la
pièce. Il vint s’asseoir près de Jules et de sa crinière rousse.
« On a des mails ? »
devenu le dénicheur de talent dont tout le monde parlait quelques jours plus
tôt, soi-disant présent dans le pub ? À peine ces pensées traversèrent-elles son
esprit que deux mails entrèrent dans sa boîte mail. Le premier venait
justement d’un producteur. Il disait avoir été convaincu par leur prestation de
l’autre soir. Jules s’apprêtait à appeler Timothée pour lui faire part de la
bonne nouvelle, mais la vue du second mail l’arrêta immédiatement dans son
élan. Il venait d’une certaine Juliana Davis, et elle demandait très
respectueusement, en s’adressant directement à Jules – gérant de la
Tout fit sens, soudainement, dans sa tête. Tout s’expliquait d’un seul
coup. L’attitude distante de Timothée, sa curieuse inattention, plutôt
inhabituelle, et le fait qu’il soit parti chercher on ne savait quoi. Faux
prétexte. Il avait la tête ailleurs et pour cause : il avait le béguin pour cette
jeune femme avec qui il avait dû passer quelques minutes. Cette Juliana était
sans doute du genre collant. Des mails comme ça, il en recevait des dizaines
et des dizaines par semaine. La chose était la suivante : elles étaient toutes
après le chanteur, au charme presque surnaturel. Elle allait se remettre,
comme toutes les autres, de ne pas avoir de réponse. Jules savait aussi que
était celle du dos de sa main, mais cette sensation s’en allait au bout de
quelques heures. Trois jours qu’il y pensait, trois jours qu’il s’en souvenait,
c’était incroyablement long pour une femme fan de leur travail. Mais c’était
précisément ça : Juliana n’était pas fan de leur travail, pas autant que les
autres. Timothée secoua la tête. Il allait se faire une raison, comme toujours.
Il allait l’oublier. L’important, c’était qu’il trouve un moyen de se faire
connaître. C’était le seul objectif. La romance attendrait, même si c’était avec
la femme la plus belle qu’il ait jamais rencontrée.
CHAPITRE 11 : Le cœur a ses raisons que la raison ignore
Juliana :
siècle parce que ton fiancé te trompe et que tu l’as quitté, et voilà que tu ne
peux plus te taire parce que t’es tombée sous le charme d’un chanteur que tu
as vu quelques minutes dans un pub… »
« Quand tu auras entendu ce que je vais te raconter, tu auras un autre
discours… »
Le visage de Pauline devint alors plus sérieux, plus attentif : elle n’avait
aucune idée de ce qui allait lui tomber sur la tête. Juliana était en train de
tomber amoureuse…
Timothée :
n’avaient déjà plus le même compte en banque, plus les mêmes moyens et
presque plus la même tête, même si le chanteur et leader du groupe tenait à ce
qu’ils gardent leur identité de groupe indépendant, même avec une grosse
équipe de production derrière. C’était peut-être paradoxal, mais Jules tenait
particulièrement à ce que Timothée garde les pieds sur Terre. Un faux pas et
tout pouvait déraper. Ils réussirent très tôt à négocier de terminer leur série de
concerts dans le petit village de campagne où ils s’étaient arrêtés. La société
de production était sceptique et incrédule, tout comme certains membres du
groupe, mais Timothée avait été très ferme : ils ne partiraient pas avant
quelques soirs encore, et de toute façon, ce n’était plus une question d’argent
maintenant, mais un véritable choix. Officiellement, le jeune homme disait
vouloir respecter le public provincial, et qu’il n’avait qu’une seule parole.
Officieusement, sans pour autant dire qu’il mentait sur son honneur, il
espérait surtout apercevoir la jeune femme qu’il avait croisée et qui avait
manifestement décidé de s’installer dans son esprit et ne plus jamais en sortir.
Mais la vie, dans les jours qui suivirent, en décida autrement. Une grosse
production allait changer leurs vies, tous les membres du groupe le savaient,
mais ils étaient loin de s’imaginer à quel point. Ils enchaînèrent donc les
concerts sans se poser de question : ils avaient enfin des moyens à hauteur de
leurs ambitions et le succès fut immédiatement au rendez-vous. La foule était
de plus en plus dense, le public de plus en plus nombreux et fatalement, les
parfaite inconnue. Cela faisait maintenant près d’une semaine que les
concerts avaient repris. Une semaine de liesse, d’euphorie totale, de pur
bonheur. Une semaine de musique, de coups pris après coups pris, de verres
bus par dizaines, sans aucune idée de la conséquence qu’ils avaient sur son
corps, et une semaine passée aux côtés de femmes. De très belles femmes
d’ailleurs, des femmes qui n’attendaient que ça que de passer un peu de
temps avec lui. Comme à son habitude, il les avait choisies toujours sur le
même modèle : jolies, pas très causantes, émotionnées de le voir leur
décocher trois mots, consentantes évidemment, et pas très demandeuses une
fois l’acte terminé. Elles avaient eu ce qu’elles voulaient et lui aussi, il avait
eu de quoi se faire du bien pendant une demi-heure tout au plus. Du sexe pur,
brut, direct, sans sentiment. Il ne perdait pas son temps à ressentir. Ce n’était
pas dans ses habitudes. Ce n’était pas non plus qu’il en était incapable, ou
qu’il n’était pas intéressé par l’amour en tant que tel, mais simplement qu’il
se disait qu’il aurait bien le temps pour tout ça plus tard. Quand il aura du
succès depuis longtemps, quand les choses se seront calmées, quand, enfin,
les gens accepteront sans même y penser le fait qu’il soit quelqu’un de
renommé dans le monde de la musique. Quand il n’aurait plus rien à prouver.
En attendant, il enchaînait les aventures, pensant à l’amour plutôt que de le
vivre. Mieux valait faire comme ça que d’être laissé seul avec ses pensées,
hantées par une certaine jeune femme du nom de Juliana, qui lui susurrait à
Il était encore plus pâle que d’habitude. On aurait dit un vampire. Jules
soupira bruyamment et vint s’asseoir en face de lui.
« Écoute, je ne voulais pas te le dire pour ne pas te déconcentrer, mais… On
a reçu un mail, il y a quelques jours. Le même jour que le mail du producteur,
en fait. C’était de la part d’une certaine Juliana… »
Timothée, qui jusque-là avait gardé son attention portée sur les cordes de sa
guitare qu’il remplaçait pour la deuxième fois en trois jours, leva
brusquement la tête, à s’en donner le vertige.
« Hein ? Juliana ? »
« Ah, je savais que ça allait te faire réagir ! » S’écria Jules, un sourire au coin
des lèvres. « Avant que tu ne me sautes à la gorge, je ne t’en ai pas parlé
parce que je pensais que ce n’était pas le moment, et puis comme tu n’as
jamais montré aucune sorte d’attachement envers une femme… Mais je me
suis permis de lui répondre en ton nom. Elle t’attend ce soir, dans la vieille
grange à la sortie du village, si tu veux la revoir. »
Timothée n’entendit pas la fin de la phrase : il était déjà parti en courant, ne
perdant pas une seconde.
Juliana :
une quelconque explication – ils n’en avaient pas besoin de toute façon –
Timothée rendit son baiser et l’embrassa de plus belle, avec tant de force
qu’il la poussa jusqu’à ce que son dos cogne contre le mur de la grange. La
passion qui tendait l’air au maximum explosa tout bonnement quand leurs
deux corps se retrouvèrent l’un contre l’autre. Juliana, qui portait aujourd’hui
un short, était plus libre de ses mouvements qu’avec une robe et passa ses
jambes autour de la taille de Timothée qui la portait sans difficulté. Ils ne
réfléchirent pas. Ce fut Juliana qui agit en premier. Depuis le temps qu’elle
rêvait de ce moment, elle n’allait certainement pas se priver de ce bonheur.
Elle passa ses mains dans les boucles brunes et indisciplinées du jeune
homme et se pressa contre lui, ses seins laissés libres et nus sous son
débardeur partant dans tous les sens. Timothée fut ravi de constater qu’elle
Comme pour lui faire comprendre qu’elle avait senti son excitation et
qu’elle était prête à tout pour le satisfaire, elle descendit de sa taille, reposa
ses pieds sur le sol et s’agenouilla tranquillement, silencieusement, essayant
et des cuisses de l’homme qui contractait tous ses muscles. Juliana défit
lentement la ceinture et descendit la braguette du jean noir qu’il portait, avant
de le baisser jusqu’aux chevilles. Elle fit de même avec le caleçon. Désormais
face à la longue tige qui lui servait de pénis, elle ne réfléchit pas et l’engloba
dans sa bouche, posant délicatement ses lèvres sur la chair. Elle le saisit
fermement, ensuite, mais pas trop non plus ; elle ne voulait pas lui faire de
mal. Déterminée, elle s’attela à la tâche sans attendre et lécha le membre
gonflé et chaud de son amant qui se détendit immédiatement. De toute
évidence, Juliana savait y faire. Elle savait comment s’y prendre. Elle le
savait déjà, mais entendre son amant gémir de plaisir et soupirer parce qu’il
ne pouvait pas contenir son souffle trop longtemps dans ses poumons tant il
se laissait aller à une détente inattendue, confirma sa conviction. Encouragée,
elle reprit de plus belle cette fellation qui monta très vite en intensité. Elle
voulait tant lui faire du bien qu’elle lécha et caressa sans ménagement le
pénis jusqu’à ce qu’elle sente qu’il allait exploser. À ce moment-là, et à ce
moment-là seulement, elle retira brusquement sa bouche du sexe, à la grande
surprise et au mécontentement soudain de Timothée qui pensait pouvoir jouir
presque à lui faire mal. Il posa sa grande main dans le dos de la jeune femme
et la retourna pour qu’elle fasse face au mur de la grange.
« Ne bouge surtout pas. » Ordonna-t-il d’un ton ferme.
Juliana obéit en silence. Seul son souffle saccadé brisait ce dernier à
intervalle régulier. Elle posa sa tête contre le mur de la grange, un mur qui,
sans surprise, sentait bon le foin frais et l’herbe, un soir d’été. Elle respira
cette odeur qui lui permit de se calmer un tant soit peu en attendant la suite,
qui ne tarda pas à venir. Elle sentit soudain une de ses grandes mains chaudes
sur ses cuisses, qui s’aventurait à présent sur ses fesses et qui déboutonnait en
silence le short qu’elle portait encore et qui tomba lourdement sur le sol.
Juliana n’attendit pas et enleva elle-même le petit t-shirt blanc qui lui
recouvrait encore les seins, et se retrouva brusquement nue, portant encore
seulement sa petite culotte. Timothée la touchait déjà. Ou plutôt, il jouait
avec. Le sexe gonflé, l’érection au maximum, l’homme s’efforçait de ne pas
aller trop vite, elle le devinait sans peine. Pourtant, ses doigts semblaient
avoir une vie propre, et, la poitrine pressée contre le mur, Juliana commença
à s’impatienter. Quel genre de torture devait-elle endurer, quel genre de
Redoutablement efficace.
Timothée :
Cette fille le rendait fou. Tout, dans ce qu’il voyait à présent, lui
plaisait. Qu’il s’agisse de la lumière qui passait entre les petites fentes du bois
qui composait les murs de cette grange, lumière du soleil couchant qui venait
mettre en valeur tantôt les seins de la jeune femme, tantôt ses fesses et son
Juliana n’était pas du tout une petite chose fragile. Elle supportait très bien
ses caresses et ses chatouilles et semblait patiente, malgré le frémissement de
sa peau et le tremblement de ses doigts à chaque fois qu’il passait les siens
dans sa culotte. Elle était forte, c’était ce qu’il voulait. Elle était solide. En
arrivant à cette conclusion il n’en put plus et se colla à son dos, écartant les
cuisses lui aussi pour que son sexe bute contre les fesses de son amante. Il
était vraiment temps de passer à l’action. Il posa ses lèvres dans son cou et
l’embrassa avec force, écartant ses cheveux. Il passa à l’attaque. Quand il eut
fini de mordre cette chair, il descendit lentement dans son dos, ses lèvres
scotchées à sa peau, sentant l’irrépressible envie de la prendre là, tout de
suite, debout, comme un animal en rut, comme une bête sauvage qui ne
saurait pas se contenir. Et il sentait qu’elle avait envie de ça, elle aussi. Il
ferma les yeux, respira son odeur et laissa la jeune femme rejeter sa tête en
arrière, frissonnant de plaisir.
Elles écartaient ses fesses pour lui présenter son anus, ce trou par lequel ils
voulaient tous les deux que les choses se terminent. Ce geste fut le coup de
grâce, le dernier signe qu’attendait encore Timothée. Il agrippa les cheveux
de la jeune femme et la sodomisa d’un coup sec. Celle-ci poussa un cri
perçant traduisant d’abord la douleur soudaine et intense qu’un tel acte
provoquait presque toujours, et puis elle se tut pendant quelque temps, sans
doute pour se donner un peu de ce dernier, pour accepter ce pénis qui était si
épais, si large, et si robuste. Elle respira doucement pour se remettre
d’aplomb et Timothée reprit ses va-et-vient. Il posa une main dans le creux de
son dos pour ne pas chavirer et donna de forts et puissants coups de reins
pour lui rappeler que quoi qu’il arrive, il avait le dernier mot dans cette
histoire. C’était à lui d’apporter la délivrance, c’était à lui que revenait la
lourde tâche de les faire jouir tous les deux, et si possible, ensemble. Il
empoigna alors les bras et les épaules de Juliana qui criait de plus en plus
fort, les mains accrochées à sa vulve qu’elle frottait de plus en plus vite, et il
la pénétra de toutes ses forces. Pendant quelques secondes, les deux
protagonistes se retrouvèrent propulsés hors du temps. Plus rien n’importait à
leurs yeux, sauf de jouir, chose qui arriva presque aussitôt après cette
dernière accélération.
CHAPITRE 14 : Le choix
Juliana :
tas de pensées plus violentes les unes que les autres se pressaient dans sa tête.
Ça arrivait souvent, mais le problème était bien sûr qu’actuellement, aucune
de ses pensées ne semblait trouver sa place dans sa tête. Pour s’en protéger,
elle préférait rester allongée au creux du torse de son amant, dans ses bras,
tous les deux contre le foin frais. Ils s’étaient à peine rhabillés et gardaient
pour le moment le silence. Un silence tout d’abord léger et nécessaire. Rien
ne servait de presser les choses. Rien ne servait de briser la grâce dans
laquelle ils s’étaient retrouvés, et qu’ils savaient courte. Mais Juliana ne
pouvait pas non plus rester enfermée dans ses propres pensées. Elle allait
exploser.
« T’as connu combien de meufs ? »
La question était sortie de sa gorge sans même qu’elle y pense. Il fallait
qu’elle sache. Elle leva les yeux vers Timothée qui la regarda sans
comprendre, un peu surpris de son audace.
« Ben quoi ? J’ai pas le droit de poser la question ? »
« C’est si important que ça ? » Demanda Timothée, un sourire en coin.
« Ne me dis pas que tu n’as pas envie de me la poser, toi. » Dit simplement
Juliana d’un ton dégagé. « Si tu veux savoir, moi, j’étais avec mon fiancé
depuis deux ans quand j’ai appris, il y a presque un mois maintenant, qu’il
me trompait avec une amie proche. C’était mon premier. Je l’ai quitté sans
explication et sans regarder en arrière. À ton tour. »
Timothée haussa les sourcils encore plus haut, ce qui eut pour conséquence
de les faire disparaître sous ses boucles brunes, encore plus en bataille que
d’habitude.
première, tandis que si on ose la poser au dernier, on nous dit que ça ne nous
regarde pas. C’est peut-être révolutionnaire pour toi, mais en ce qui me
concerne, je nous vois comme des égaux. Alors je te repose la question : ta
vie amoureuse, ça donne quoi ? »
Timothée se redressa légèrement avant de donner sa réponse. Et en entendant
cette réponse, la jeune femme tomba des nues.
« Le néant. »
Ce fut à son tour d’être particulièrement surprise. Elle ne le croyait pas et elle
n’avait même pas besoin de le lui dire pour le lui faire comprendre. Non, ce
Timothée :
connues, non ? En quoi celle-ci est différente ? » Demanda Jules, plongé dans
les comptes du groupe.
C’était toute la question. Devant l’absence de réponse de sa part, Jules
conseilla au chanteur de ne pas trop y penser. Selon lui, ce n’était rien. Il
fallait être indulgent avec soi-même : on ne pouvait pas réagir de la même
manière à tous les coups. Que toutes les femmes n’étaient bien sûr pas les
mêmes et qu’elles laissaient chacune une marque, une empreinte dans le cœur
de celui avec qui elles couchaient, naturellement, qu’on le veuille ou non, et
qu’il était donc tout à fait normal de ne pas se remettre exactement de la
les autres. Elle l’avait ensorcelé. De fait à chaque fois qu’il pensait à elle il
avait envie de tenir sa promesse : c’était d’ailleurs dans un de ces moments
d’émotions qu’il avait fait sa promesse.
cherchait pas d’histoire. Elle ne cherchait sans doute pas non plus à se caser
avec le chanteur qui n’avait rien de plus à lui offrir que du sexe. Elle le savait
très bien. Elle ne voulait que vivre une expérience folle qu’elle pourrait
raconter à ses copines après coup, le lendemain matin ou dans quinze ans. Ça
suffisait à Timothée. Il ne lui demanda même pas son prénom. Il voulait
simplement vivre dans l’instant. Il l’embrassa violemment, sans pouvoir se
contrôler, et la drogue l’emporta à nouveau. L’envie de se sentir libre,
surtout. Il l’embrassa encore et encore jusqu’à en être ivre, en oubliant
Juliana :
Pauline avait essayé et avait réussi : Juliana n’irait pas à chaque concert
de Timothée et ce n’était pas un drame ; du moins, elle essayait de le lui faire
comprendre.
« Il t’a promis, c’est bien qu’il doit être sérieux, non ? » Disait-elle pour la
énième fois ce soir. « Laisse-le apprécier son concert. »
Juliana savait que son amie avait raison. Elle ne voulait pas l’étouffer, mais
c’était plus fort qu’elle : elle était curieuse de nature, même quand il aurait
mieux valu pour elle qu’elle ne le fût pas.
« Je n’arrive pas à m’enlever de la tête que quelque chose cloche. J’ai un
mauvais pressentiment… »
« Un pressentiment ? Mais Juju, tu as toujours de mauvais
pressentiments… » Taquina Pauline en faisant à manger. « Reste dîner au
moins, tu y verras plus clair avec quelque chose dans le ventre. »
Pauline avait toujours été maternelle, de cette manière, et Juliana savait
qu’elle avait de la chance, mais cette fois-ci, son amie ne comprenait pas tout
ce que ça voulait dire. La jeune femme avait su faire confiance à son intuition
ces derniers temps. La dernière fois qu’elle avait eu un mauvais
pressentiment aussi fort, elle avait été trompée par son fiancé. Elle avait donc
toutes les raisons du monde de se méfier et de croire ce que ses tripes lui
disaient. Elle se leva brutalement et sortit de la maison avant de prendre la
voiture. Il fallait qu’elle sache. Tant pis pour le dîner : si tout se passait
comme elle le craignait, elle n’aurait sans l’ombre d’un doute plus jamais
faim avant un bout de temps.
CHAPITRE 16 : La trahison
Jules :
Quand il aperçut enfin le visage de Juliana, il s’aperçut qu’il était sur le point
d’être noyé de larmes. Celles-ci brillaient déjà au coin de ses yeux.
« Il est où, alors ? »
« Je ne sais pas exactement. »
Jules mentait. Il mentait effrontément sans aucune honte, parce qu’il ne
voulait pas d’ennuis. C’était l’avis de Juliana que plus il mentait, plus il en
aurait, justement.
« Je ne te crois pas. Jules, tu comptes protéger qui comme ça ? Lui ? »
Ils se tutoyaient déjà alors qu’ils ne s’étaient jamais rencontrés dans la vraie
vie. Une certaine familiarité s’était pourtant installée entre eux. Elle n’avait
pas peur de lui dire certaines choses.
« Ne me dis pas que tu n’es pas au courant. »
« Tu ne pouvais pas lui demander une chose pareille, Juliana. C’est trop pour
lui. »
« Ne me dis pas ce que j’aurais dû faire. » Coupa-t-elle brusquement. « Mais
alors, c’est vrai ? Il est où, bordel ? »
Juliana :
elle allait entendre tout ce que Jules avait à dire, même si ce n’était pas ce
qu’elle voulait. Il fallait qu’elle le sache. Jules soupira et commença sa
défense. Il n’était pas dans un tribunal mais c’était tout comme. Il lui dit qu’il
était en backstage, dans sa loge, et qu’il n’était pas seul. Rien que cette
phrase aurait suffi pour la jeune femme, mais ce n’était pas tout. De toute
évidence, Jules tenait à prendre la défense de son ami. La jeune femme eut
donc le droit à un exposé détaillé sur la vie d’artiste et surtout celle des
chanteurs de pop rock, et sur les traditions qui les rythmaient.
« Tu me prends vraiment pour une conne ou tu le fais exprès ? » Coupa net
Juliana, les mains sur les hanches, signe significatif d’agacement chez elle.
« Tu me crois naïve au point de ne pas me douter de tout ce que vous faites,
une fois le rideau baissé ? »
Jules perdit un peu de son aplomb, et elle n’était pas peu fière. Il se mit à
Son cerveau tournait à plein régime. Elle s’était imaginé tout un tas de
choses sur les coulisses en question, et force était de constater qu’elle avait en
grande partie raison. C’était un grand bordel. Le sol était jonché de toutes
sortes de choses, allant de câbles d’enceintes à des mégots de cigarettes
écrasés, que les différents membres du groupe et de l’équipe de production
n’avaient pas jugé bon de mettre dehors. Il y avait aussi des costumes
dépareillés, des hauts laissés à l’abandon par-ci, des bas de pantalon par-là,
lever les pieds plusieurs fois pour ne pas tomber. Mais ce qui la frappait
vraiment, au-delà du désordre, c’était une atmosphère étouffante. Ça lui
faisait l’effet d’entrer la tête la première dans un four et d’être
immédiatement prise à la gorge par cette ambiance. La même ambiance
tamisée que celle des bordels et des maisons closes. Une odeur d’intimité, de
sexe, de débauche. Et Juliana n’avait rien contre d’habitude, sauf que là, elle
savait qu’elle allait mettre la main sur quelque chose qui n’allait pas lui
plaire. Et comme pour lui montrer le chemin, elle baissa les yeux sur le sol,
sur lequel étaient dispersés des vêtements, formant une ligne directe vers une
salle, au fond. Sûrement une chambre, ou quelque chose du genre. Juliana
s’arrêta net. Elle hésita à aller plus loin. Avait-elle réellement envie de
surprendre son amant avec une autre femme ? Elle ne l’avait pas fait avec son
fiancé, pourquoi aujourd’hui serait-il différent ? Elle tourna les talons et alla
s’asseoir dans un coin. Non, il valait mieux attendre que monsieur termine sa
petite affaire. Qu’il profite de son plaisir : ça allait être son dernier avant un
petit bout de temps.
CHAPITRE 17 : Le poison
Timothée :
même pas. Il était toujours assis sur le lit et allait bientôt s’habiller, mais pas
tout de suite. Il avait besoin de temps. C’était marrant, parce qu’il n’avait pas
la force de se lever, pour le moment. La chose était certaine et il fallait qu’il
l’admette : ça ne s’était pas passé comme d’habitude. Il avait baisé, ça il
pouvait en être sûr, mais… il n’avait rien ressenti. La mine sombre et les
pensées embrouillées, il s’apprêtait à grimper sur le toit quand quelque chose
l’arrêta net. Une odeur toute particulière. Ça aurait clairement pu être celle de
sa honte, mais c’était plutôt celle d’un parfum, qu’il reconnaissait entre
mille : celui de Juliana. Il tourna les talons et décida d’ouvrir enfin la porte, la
cigarette encore coincée entre les dents. Il se retrouva face au visage sombre
et fermé de la jeune femme, qui l’aurait tué si elle avait pu, tant son regard
était dur.
« Alors, c’était bien ? »
« Ne commence pas avec tes remarques de mauvais goût. » Dit-il en
soupirant.
La jeune femme haussa les sourcils. Elle avait envie de lui hurler dessus mais
il lui restait un peu d’énergie qu’elle ne voulait pas gâcher, pas encore.
Juliana :
La jeune femme grinça des dents et éclata d’un rire jaune. Dans ses
yeux, elle vit qu’il comprit à ce moment-là que ce qu’elle ressentait était bel
et bien de la colère, mais une colère froide. La pire des réactions dans ce
genre de situation.
« Pourquoi serais-je en colère ? Ce n’est que la deuxième fois en très peu de
temps qu’un homme se fout de ma gueule, ce n’est rien de grave… »
Soupira-t-elle. « J’aurais dû savoir que je ne pouvais pas te faire confiance.
J’ai été aveugle. » Ajouta-t-elle en faisant mine de tourner les talons.
« Et tu aurais également dû savoir que tu ne pouvais pas me demander de
faire une promesse pareille. » Lança Timothée d’un ton ferme.
Il avança le bras vers elle comme pour la retenir, mais la jeune femme, piquée
au vif, se retourna vers lui et fit un geste brusque pour écarter tout centimètre
de sa peau de sa portée. Il était hors de question qu’elle soit entravée dans ses
mouvements, en plus d’être enfermée dans sa colère.
« Ce n’est quand même pas de ma faute si tu ne peux pas garder ta bite dans
ton caleçon, Tim. Tu ne peux pas me reprocher ton infidélité. Et ne t’avise
même pas de me toucher ! »
Sa voix s’élevait sans même qu’elle le réalise. Elle sentait que ses nerfs
allaient lâcher et elle ne pouvait rien y faire. Timothée leva les mains en signe
de capitulation qu’elle savait temporaire, et elle put reculer jusqu’à avoir le
dos contre le mur de la chambre. Un parfum y régnait, étranger, inconnu.
Sans doute celui de la jeune femme qui venait de partager son lit.
« C’est marrant que tu me fasses des reproches, mais que tu n’en fasses pas à
cette fille. » Dit-il soudain comme s’il lisait dans ses pensées.
Juliana rit de plus belle, mais sans joie aucune. À la place, elle
ressentait une sorte d’immense vide qui ne semblait pas avoir de fond ; et
quand elle pensait atteindre ce fond imaginaire, elle avait l’impression de
pouvoir creuser davantage.
« Je n’ai rien à reprocher à cette fille. Elle ne m’intéresse pas, et, si je peux
lui souhaiter une chose, c’est bien d’avoir passé la meilleure nuit de sa vie
avec le chanteur de ses rêves. Elle n’a rien à voir dans cette histoire et n’est
certainement pas coupable de ta propre connerie. »
« Ma connerie ? Mais bon sang, Juliana, on n’est même pas ensemble ! »
La jeune femme s’apprêta à répondre mais resta silencieuse. Elle comprenait
enfin la logique du jeune homme. Il croyait n’avoir rien fait de mal parce
qu’il se croyait libre, tandis qu’elle pensait au contraire qu’ils étaient
ensemble, ou du moins, sur le point de l’être.
« Tu crois sincèrement que je t’aurais dit toutes ces choses si je ne pensais
pas qu’on avait un avenir, tous les deux ? Tu crois pouvoir t’en sortir sur un
malentendu, sur un détail technique ? Et si tu te concentrais sur les faits qui te
concernent, plutôt ? Si tu te regardais dans le miroir, pour une fois ? »
Elle s’arrêta de parler quelques secondes et le regarda dans les yeux.
Timothée :
le faire ? »
Cette phrase n’était pas prononcée par Jules – bien qu’il aurait tout à fait pu
en être l’auteur – mais par la propre conscience du chanteur et leader du
groupe. Il n’y avait rien d’étrange à ce que la petite voix dans sa tête
ressemble à celle de son bras droit : il lui faisait suffisamment souvent la
morale pour qu’il ait peu à peu déteint sur Timothée. D’autant plus que Jules
ne pouvait pas réellement prononcer cette phrase parce que pour le faire, il lui
faudrait être au courant de ce qui se tramait dans la tête de Timothée, en-
effectivement bientôt deux mois que les cinq hommes criaient dans leurs
micros soir après soir et qu’ils jouaient de leurs instruments comme ils ne
l’avaient encore jamais fait auparavant. Et alors qu’ils pensaient tous arriver à
l’apogée de leur gloire aussi fulgurante qu’étourdissante, la production y mit
un terme avant qu’ils en aient assez. Pour cette dernière, c’était simple : les
ambitions du groupe ne devaient pas s’arrêter aux pubs de campagne. Jusque-
là, tout le monde était d’accord là-dessus.
revoir… »
« Si je sais où elle est ? » Répéta Jules avec un petit rire. « Oui, mais je suis
certain que ça ne va pas te plaire. Enfin, je ne sais pas exactement où elle est,
tout ce que je sais, c’est que je l’ai vu boire un verre avec un type hier soir.
Juliana :
« Qu’est-ce que tu viens faire ici ? Je sais bien qu’on n’a pas beaucoup de
voisins, mais si tu pouvais cesser d’hurler comme ça, ça m’arrangerait… »
« Je… Je… »
Timothée regarda tout autour de lui, puis au-dessus des épaules de Juliana,
comme s’il s’attendait à voir surgir quelqu’un d’autre. Juliana fronça les
sourcils.
« Je suis seule, si tu veux tout savoir. Pauline est partie pour la journée. »
« Ce n’est pas Pauline que j’attends. » Dit sombrement Timothée.
« Je sais. » Répondit Juliana d’un ton sec. « J’ai aperçu Jules, hier soir. Je
savais qu’il allait t’en parler. Il n’a décidément pas la langue dans sa
poche… »
« Et alors ? C’était bien ? » Demanda brusquement le chanteur, sur le même
ton sarcastique que Juliana quand elle lui avait posée elle-même la question.
Celle-ci préféra garder le silence. Elle n’avait rien fait avec cet homme. Elle
n’avait pas osé, même si elle avait eu en tête de se venger.
« Je suis désolé, Juliana. J’aurais dû te le dire plus tôt. Tu as raison depuis le
début. J’ai été lâche. J’aurais dû voir plus tôt que la seule personne avec qui
je veux être, à partir de maintenant, c’est toi. J’ai eu peur de te perdre… »
CHAPITRE 19 : Avant de partir
de se jeter dans ses bras et de l’embrasser. Elle n’avait pas besoin de plus
d’explications : elle le pardonnait sur le champ. Ne restait que son propre
désir pour lui, pour cet homme, désir qu’elle avait su garder au plus profond
de ses entrailles en attendant qu’il lui revienne. Elle posa sa main sur le torse
de Timothée tout en l’embrassant de toutes ses forces, avant de laisser cette
main parcourir le corps de l’homme plus au sud. Elle n’allait pas
s’embarrasser de manières. Elle lui murmura qu’elle avait envie de lui,
maintenant, tout de suite, qu’elle ne voulait même pas se trouver un coin
tranquille et que s’il le voulait aussi, il n’avait qu’à soulever sa petite jupe qui
lui cachait à peine les fesses, baisser sa culotte, et la prendre directement. Ce
n’était même pas s’il le voulait : c’était s’il osait. Et une chose fut certaine :
en entendant ces paroles, Timothée resserra ses doigts autour de la taille de
Juliana, plongea sa tête dans son cou et l’embrassa si intensément que la
jeune femme en eut le vertige. Une explosion de sensations plus pures et plus
brutales les unes que les autres se succédèrent dans son organisme. De toute
évidence, il allait relever le défi. Pour preuve ultime, Juliana put sentir sous
ses doigts, très distinctement, la forme de l’érection à laquelle il était en
proie, sous la matière rigide de son jean. Elle pressa ses doigts contre cette
forme, l’enserrant très clairement. Timothée soupira brutalement avant de
passer à l’action. De toute évidence il ne pouvait se retenir plus longtemps. Il
la souleva de terre et la fit asseoir sur le capot de sa voiture, large, stable, et
passa ses mains sous le t-shirt clair de la jeune femme. Il retrouva avec plaisir
la poitrine libre et généreuse de Juliana qui gémit longuement en sentant ses
mains fraîches sur sa peau.
Elle posa ses mains sur la taille de l’homme et ouvrit rapidement son
pantalon. Ils n’avaient pas de temps à perdre. Le désir était une chose aussi
volatile que puissante ; s’ils n’en profitaient pas maintenant ils allaient
manquer une occasion de se faire du bien. Et le plaisir n’attendait pas, ils en
étaient certains. La chose était la suivante : ils n’avaient même pas besoin de
préliminaires. La jeune femme estima néanmoins qu’elle avait le droit à un
plaisir avant le bouquet final. Elle écarta les cuisses, agrippa le poignet de son
amant et plaça sa main sur sa vulve qui brillait presque au soleil. La chaleur
apportée par ce dernier se mariait à merveille à la fraîcheur de ses doigts. Elle
rejeta sa tête en arrière, ses bras tendus derrière elle pour soutenir son buste,
et ferma les yeux, faisant le plein de vitamine D tandis que Timothée
retrouvait le chemin du plaisir. Il savait qu’entre ces cuisses se trouvait un
trésor qui n’attendait qu’à être déniché, et que c’était son rôle de le
la main sur son clitoris, elle saisit de nouveau son poignet pour le guider
encore et encore, lui indiquant le geste précis pour que la jouissance soit à la
clé. Incapable de rester oisive, Juliana allongea soudain son bras et agrippa le
sexe de Timothée, qui sortait presque tout seul de sa prison de tissu. Elle fit
de son mieux pour le caresser et le contenter, mais elle dut s’avouer vaincue,
progressivement, par les assauts de son amant qui lui, était bien plus doué
pour masturber quelqu’un d’autre. Sans attendre, elle se débarrassa de son
haut qui collait à son dos, recouvert d’une fine couche de sueur. Elle se
coup sec. Juliana gémit tellement fort qu’elle se sentit hypocrite de lui avoir
demandé de ne pas hurler pour ne pas alerter les voisins. Désormais, elle
n’avait que faire de la possibilité d’être surprise en train de faire l’amour sur
une voiture en plein soleil. Elle n’avait pas honte. Elle passa ses mains autour
nouvelle fois et sentit qu’elle était dans la dernière ligne droite : ce n’était
plus qu’une question de secondes. Son cœur battait la chamade, les gouttes de
sueur perlaient sur la pointe de ses seins et sa poitrine était haletante. Sa main
redoubla d’efforts quand elle sentit la jouissance arriver en trombe, comme
une immense vague s’écrasant sur la plage, et cria de toutes ses forces,
complètement libérée, soulevant légèrement ses fesses pour que son corps
épouse parfaitement celui de Timothée. Elle jouit le plus fort possible,
comme une folle. Elle aurait pu mourir à ce moment précis, et n’aurait pas
demandé son reste.
Le temps que la jeune femme prit pour répondre lui fit tourner la tête.
A suivre dans le tome 2... disponible sur la page Amazon de Amélia Roy !