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Filière : Etudes françaises

Semestre 6

Module 5

Matière : Littérature et formes esthétiques

Professeur Fatima Ahnouch

Année universitaire 2020-2021

- Intitulé du cours :

Portraits et autoportraits en littérature et arts visuels

- Programme :

« L’Amant » de Marguerite Duras ; l’Autoportrait de l’écriture


romanesque à la mise en scène cinématographique

- Thème :

- Texte et image : Modèles d’écritures romanesque et visuelle

L’image cinématographique est fortement présente dans L’Amant, au niveau de


la description romanesque et narrative que la romancière fait des personnages,
des paysages mais également d’elle-même dans son œuvre. Cette particularité de
son texte s’expliquerait par le fait que Marguerite Duras est également metteur
en scène à part le fait d’être romancière-1.

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1- En 1984, "L’Amant" est publié et obtient le prix Goncourt. C'est un succès
mondial. Jean-Jacques Annaud en fait un film en 1992.
Elle réalise elle-même des films originaux comme "India Song" (1975),
avec Delphine Seyrig, "Le Camion" (1977), avec Gérard Depardieu, ou
encore "Les Enfants" (1985), avec Daniel Gélin.

Elle écrit en 1959 le scénario et les dialogues du film "Hiroshima mon


amour" d'Alain Resnais, qui lui vaut d'être nommée pour l'Oscar du meilleur
scénario original à la 33ème cérémonie des Oscars.

Mots clefs :

1- Miroir (effet narcissique de la narration autobiographique)


2- Image visuelle (l’utilisation de quelques séquences
cinématographiques)
3- Visage (poétique d’un regard sur soi)
4- Photographie (mémoire photographique en parallèle avec la narration
autobiographique)
5- Fleuve (métaphore aquatique, reflet, narcissisme)

NB : Le cours s’intéresse à la présence des signes de la communication visuelle,


en quelque sorte dans un texte littéraire à partir du concept de l’Intermédialité-2
selon lequel il existe une interaction esthétique entre l’art (cinéma, peinture,
photographie, etc) et la littérature.

2- Voir les paragraphes : « Sémiotique et intermédialité » et « esthétique et


intermédialité ». Article « L’intermédialité , une nouvelle approche
interdisciplinaire… »
Jürgen E. Müller

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Axes de réflexion :

a) Correspondance (interaction) texte et image

b) Le texte littéraire peut être considéré comme étant un média (dispositif) de


la même façon que peut l’être une image cinématographique, une photographie,
une bande dessinée ou une affiche publicitaire, par exemple.

c) Du point de vue du concept sémiotique de l’intermédialité un « dispositif »


peut correspondre aussi bien à un modèle d’écriture romanesque qu’à un
modèle (code) d’écriture cinématographique.

Ces deux derniers modèles sont présents dans l’Amant de Marguerite Duras :

Voir Texte 1 (page 13) et Texte 2 (Page 23)

L’Amant met en scène sous forme de séquences, à la fois, écriture narrative,


images visuelles et réminiscences sonores auxquelles correspond dans les deux
textes une série d’images auditives (sonorisations), le bruit du fleuve, à titre
d’exemple : le fleuve coule sourdement

La lumière et la couleur qui sont fortement soulignées aussi bien dans texte 2
(p.23) que dans texte 1(p.13) fixent d’une certaine façon les images visuelles
comme si c’était le cas dans une séquence cinématographique :

La petite au chapeau de feutre est dans la lumière limoneuse du fleuve…Le


chapeau d’homme colore de rose toute la scène, p.23

Retenons, à ce niveau là, les termes et expressions qui renvoient dans les deux
textes à une sorte de parallélisme permanent entre écriture romanesque et
représentation scénique :

« Lumière », « scène », « soleil brumeux du fleuve », « le fleuve paraît


rejoindre l’horizon », « le fleuve coule », « rafales légères », « bruits de voix »,
« aboiements des chiens », « les eaux », (p.23)

« L’image », « cette traversée du fleuve », « cette image », « pendant la


traversée d’un bras du Mékong », « territoires d’eau », « les cavités des
océans », (p.13)

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Caractéristiques de l’écriture romanesque et cinématographique dans
L’Amant : Texte 1(p.13) et Texte 2 (p.23)

1- Images aquatiques : « Les eaux du fleuves », l’utilisation du pluriel


renvoie à la fluidité et à une sorte d’exubérance au niveau de la narration.
L’image de l’eau (des eaux) fonctionne comme support dans la mise en
scène du portrait que Marguerite Duras fait de la « petite au chapeau de
feutre »

2- Description mouvementée : « Autour du bac, le fleuve, il est à ras bord,


ses eaux en marche traversent les eaux stagnantes des rizières… »

L’idée du mouvement dans le texte : « Les eaux en marche » par


opposition aux « eaux stagnantes », est prise en charge par la présence de
quelques procédés de la rhétorique : contraste, parallélisme, etc.
Le fleuve (le Mékong) est intensément personnalisé : « Il a ramassé tout
ce qu’il a rencontré… »

3- La dimension technique de l’utilisation de la photographie en relation


avec la notion de support d’écriture : (Voir fichier : les photographies de
Duras)
La narration photographique s’inscrit en parallèle avec la narration
autobiographique dans le cheminement de la mémoire (Voir l’article de
Murielle Lucie Clément)

4- L’interaction texte (narratif) et média (Photographie et image visuelle)


dans la construction de la mise en scène qui accompagne l’écriture de soi
(l’autobiographie) dans L’Amant.

Synthèse : On peut dire qu’il s’agit pour Marguerite Duras d’une


recherche du « reflet de soi » par l’intermédiaire d’une sorte de « mise en
scène » à laquelle participe l’image du fleuve et par effet de narcissisme
dans la manière dont elle construit son autoportrait en écriture dans
L’Amant

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Analyse

Objectif du cours

Travailler globalement sur les médiations qu’utilise l’écrivain pour construire sa


description ou sa narration

Dans L’Amant, Marguerite Duras donne l’impression de construire au fil de la


narration son autoportrait à travers une sorte de mise en scène où elle fait
intervenir la photographie et de façon moins directe le miroir.

I) Il existe dans la manière dont elle décrit son visage une forte
interaction entre le portrait qu’elle fait d’elle-même( son autoportrait) et
l’image implicite du miroir qui se construit dans l’Amant par l’effet de
narcissisme que cette technique narrative peut provoquer dans
l’espace, le champ de l’écriture (la fiction) à partir d’une poétique de
regard de soi sur soi-même dans laquelle elle s’investit pleinement :

Un jour, j’étais âgée déjà… dévasté. (p.7)

Je pense souvent à cette image que je suis seule à voir…émerveillante…où je


m’enchante (p.7)

« Quand Duras se décrit au début de l’Amant, c’est comme (si elle était) devant
un miroir. Il y a un « dispositif » implicite (de miroir) pour réguler la relation
entre elle et elle-même »-1.

1- Philippe Ortel, Professeur en littérature françaises, UFR Humanités,


Université Michel Montaigne, bordeaux, France

La narration de Marguerite Duras se caractérise souvent par une sorte de


dédoublement, de « téléscopage » qui se transcrit dans le texte (l’écriture) entre
le « je » autobiographique (texte 1, p.13) et le « elle »-2 « la petite fille au
chapeau de feutre » (texte 2, p.23)

2- Il s’agit dans ce cas de figure d’une sorte de fictionnalisation de sa


propre histoire avec sa mère, son amant et ses deux frère qui lui permet,
en quelque sorte, d’établir de la distance avec sa propre vie, de prendre

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suffisamment de recul pour parler d’elle-même à travers l’image
implicite du miroir :

- Elément important à étudier à ce niveau là: le visage


- Voir Photos : Duras jeune, Duras à un âge assez avancé (pages 12, 10)

II) L’importance de la mise en scène ou la perspective cinématographique


que Marguerite Duras investit dans la description des personnages et de
l’espace(le fleuve, le Mékong) dans l’Amant et qu’elle construit à
partir d’une vision artistique où l’image et la photographie
interviennent intensément.

La narratrice décrit ainsi son amant : L’homme élégant est descendu de


la limousine, il fume une cigarette anglaise. Il regarde la jeune fille au
feutre d’homme et aux chaussures d’or. Il vient vers elle lentement.
C’est visible (p.33)

L’expression « C’est visible » permet, au fait, à l’auteur de visualiser,


(de rendre visible) la scène qu’elle décrit comme si elle était en train de
la filmer

Rappelons que l’Amant é été adapté au cinéma par Jacques Annaud en


1992

III) Le troisième dispositif après celui du miroir et de l’image


cinématographique dans le roman est l’usage de la photographie qui
est un autre élément de la médiation qui se fait au niveau de la
narration romanesque et de la représentation artistique en quelque sorte
de la vie de l’auteur dans l’Amant p. 13 : une photographie aurait pu
être prise…Mais elle ne l’a pas été

Marguerite Duras évoque cette « obsession d’une photographie qui


aurait pu être prise » dans l’entretien qu’elle avait accordé au Nouvel
Observateur Voir Le livre p.VII : « A l’origine de L’Amant… »

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Les photographies dans le livre

Les photographies présentes, en annexe, dans le livre renvoient à une


forme d’accoutrement vestimentaire et de fétichisme symbolique que
révèle la façon atypique dont la narratrice s’habille (se travestit en
quelque sorte) quand elle porte un chapeau d’homme, voir Photo de
Duras jeune avec son grand frère

La narration photographique est intentionnellement placée au niveau du texte en


parallèle avec la narration autobiographique soulignant l’importance, pour la
romancière, de la fonction des photographies dans le cheminement de la
mémoire.

Notons la particularité suivante : à chaque photographie illustrant la fin d’un


texte correspond un paragraphe dans le roman :

Le grand frère, (p.53)

Hélène Lagonelle ( p.69)

Le petit frère (p.55)

La mère (pages 31 et 57)

La famille ensemble (p. 53)

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Lien Vidéo Cours Sémiotique 2020
https://www.facebook.com/groups/1038348856355393/

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