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Date : 10 octobre 2021

Travail effectué par : Nada Amari

Module : Littérature francophone et universalisme


Filière et semestre : Littérature et Education – S1.

L’espace dans « Les Désorientés » de Amin Maalouf

L’espace est un élément qui dans « Les désorientés » de Amin Maalouf est en perpétuel

vacillement entre des lieux clos et d’autres ouverts, entre des espaces d’actions et ceux de

référence. Cette notion apparait comme un compas de signes et de référents littéraires et qui

porte hormis son élan universel une valeur humaniste. L’espace est donc un objet de

canalisation, permettant la navigation des représentations figuratives à caractère

macrocosmique.

Il convient donc d’aborder dans un premier lieu les espaces clos, puis de traiter des espaces

ouverts avant d’entamer une analyse des espaces de références dans le rapport qu’ils

entretiennent avec les espaces d’action dans l’œuvre de Maalouf, « Les Désorientés ».

Les espaces clos :

Les espaces clos qui s’insèrent dans le roman « Les Désorientés » d’Amin Maalouf sont

souvent des lieux d’actions et de théâtralité. On compte parmi ces lieux la clinique où décède

Mourad, La maison de Sémiramis avec laquelle il passe des nuits d’amour, le réfectoire où il

bénéficie d’une journée de Méditation ou encore la maison de Ramez à Amman dans laquelle

il passe la nuit. Sauf que parmi c’est lieux quelques-uns sont des lieux de réflexions. Des lieux

où le personnage principal ne fait qu’inscrire ses réminiscences dans son carnet. Sinon à tenter

de rassembler sa conscience par l’acte d’écrire. Les lieux clos sont ainsi des espaces de

sécurité et de liberté intellectuelle dans l’ouvrage de Maalouf. Ils inspirent certes la solitude or
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une solitude sollicitée par le personnage principal, une solitude apaisante et dont le vide

étouffe beaucoup moins la conscience de l’être penseur, je cite : « En d’autre circonstances, il

aurait pris part à la conversation, le thème ne lui étant pas indifférent. Mais là, il a hâte de se

retrouver seul, seul dans sa chambre, seul avec ses réminiscences de celui qui ne parlera

plus. »1

De plus que c’est à travers ces passages récurrents de réflexion et d’écriture d’Adam que

s’exerce une certaine double référence temporelle. Outre les réminiscences d’un temps

lointain, Adam écrit aussi dans son carnet des évènements du passé proche, faisant de lui-

même la narration du déroulement de l’histoire. Ainsi les lieux fermés sont une condition

nécessaire à l’avancement de la narration. Ses textes écrit sous forme d’un journal intime

rassemblent entre deux temps distincts, celui du temps du récit racontant et celui du l'histoire

racontée. Parmi ces lieux on peut citer l’avion, la voiture de l’auberge, la chambre d’hôtel ou

encore la chambre où il réside à l’auberge Sémiramis. Les espaces clos dans « les

désorientés » sont des espèces de machines à voyage dans le temps et qui permettent un

déplacement aisé entre le passé, le présent et le futur mais aussi entre les lieux mentionnés

dans le récit d’Adam. Le concept d’espace coïncide avec celui du temps tout en étant

uniquement assuré par la qualité isolante des lieux clos du roman.

Les espaces ouverts :

Les espaces ouverts sont souvent émotionnellement rapportés dans l’œuvre. D’ailleurs la

montagne est fréquemment décrite comme un lieu de méditation et de navigation spirituelle.

Que ce soit en les observant à travers sa chambre à l’auberge Sémiramis, de la véranda de son

amante ou de la Terrace de la maison de Mourad qu’il nomme ainsi « La maison dans la

montagne ». La montagne inspire la maternité puisqu’il est dit dans l’œuvre : « Ce dimanche

matin j’ai compris, en une bouffée d’air, combien j’ai été sevré de ma montagne, toutes ces
1
Amin Maalouf, « Les désorientés », Le livre de Poche, Avril 2014, p : 2.
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années, et combien j’ai envie de m’y laisser materner. »2 En effet, le choix de la montagne

peut expliquer un rapport implicite dans l’œuvre avec Amin Maalouf. Etant donné que la

montagne est un élément récurrent dans les œuvres de Maalouf et qu’il explique lui-même

dans son essai « Les Identités Meurtrières » comme suit : « (…) c'est dans mon village de la

montagne, le village de mes ancêtres, que j'ai connu mes premières joies d'enfant et entendu

certaines histoires dont j'allais m'inspirer plus tard dans mes romans. »3

Les espaces ouverts alimentent l’atmosphère littéraire, ils représentent un lien que nous

pouvons décrire en tant que « naturel ». La nature humaine est en parfaite synchronisation

avec les espaces ouverts, et ceux étant donnée qu’ils sont connectés par l’absence d’isolant

mural et qui permet à l’homme d’être en harmonie avec le lieu où il se trouve. Ceci met

l’espace en relief avec les autres éléments narratologiques du texte dont le rythme de la

narration et les personnages. Comme la montagne inspire l’élévation de l’esprit et de l’âme

d’Adam au réfectoire chez le frère Basil ou à l’auberge Sémiramis, d’autres lieux ouverts

comme à la sortie de l’aéroport ou la clinique sont des lieux qui traduisent la désorientation et

le décontenance ;

« C’est lorsque je me retrouve dans la rue, solitaire au milieu des passants,

paisible dans le tumulte, que mes pensées refluent enfin vers celui que j’ai

abandonné sur son lit de mort. Des bribes de conversation me reviennent, des

rires, des images. Marchant droit devant moi, je songe à mille choses éparses

sans m’arrêter à aucune. »4

En effet les pensées d’Adam et la nature de l’espace semble être toujours en harmonie.

Similaire à la foule qui le submerge de rires et d’images, Adam est de même envahi par ses

réminiscences. Ces derniers s’incarnent suivant le même rythme, et en marchant droit devant

2
Amin Maalouf, ibid. p 59.
3
Amin Maalouf, «Les Identités Meurtrières », Le Livre de Poche, février 2001, p : 7,
4
Amin Maalouf, « Les désorientés », Le livre de Poche, Avril 2014, p : 29.
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lui en ne s’arrêtant ni sur ce qu’il voit ni sur ce qu’il entend, Adam ne s’arrête pas non plus

sur un souvenir en particulier. Le rythme de la narration s’adapte à l’espace ouvert et suit la

même cadence.

Les espaces d’action et les espaces référentiels :

Outre les lieux où se déroule l’action, plusieurs endroits dans le roman ne sont que

de passage, c’est-à-dire qu’ils sont uniquement mentionnés dans le roman. Ces

endroits où les événements qui font avancer l’histoire n’ont pas eu lieu sont des pays

éparses ; Le Virginie, Israël, Le Brésil, L’Algérie, La Palestine, L’Egypte, Dubaï ou

encore Les Alpes. Ce sont des lieux issus des quatre coins du monde mais dont l’utilité

revient à tracer un tableau international. Les lieux de références en comparaison avec

les lieux de l’action dans ce roman élargissent le champ spatial sur lequel s’étant

l’avancement de l’histoire, et ceux afin de divulguer une vision du monde qui soit

d’actualité pour l’Homme. Même si l’espace des faits est à Bertayel, à Amman ou à

Paris, La mention des cabarets d’Egypte par exemple transporte visuellement le lecteur

vers un lieu parallèle à celui de l’action mais dont la mention donne plus de sens au

récit. Les lieux de références dans l’œuvre d’Amin Maalouf sont les piliers d’un

édifice majeur universaliste.

Finalement, le roman d’Amin Maalouf, mérite bien le titre qu’il lui attribut, et

décrit parfaitement le rôle que joue l’espace dans celui-ci. Ramener un groupe d’exilés

à leur pays déclenche chez eux le sentiment de s’être perdu au cours du voyage. En

effet les espaces clos, en plus d’être des espaces d’actions, sont des lieux d’isolement

et qui donnent l’occasion au récit d’être projeté dans le futur ou d’être retenu dans le

passé, servant ainsi de machine à voyager dans le temps. Les espaces ouverts quant à

eux participent au déroulement de l’histoire en se reflétant sur le rythme de la


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narration. De plus que la montagne Libanaise est un espace emblématique, qui se

rapporte à la vie d’Amin Maalouf et qui représente un symbole de spiritualité. Ainsi,

on peut dire que « Les Désorienté » est un roman qui aspire vers l’universalisme. Il

offre une vision du monde qui se fait complète par la mention de lieux issus des quatre

coins du monde, rassemblant entre désir d’universalisme et mythe des origines.

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