Vous êtes sur la page 1sur 27

Chimères.

Revue des
schizoanalyses

La fiction du corps mutant


Bernard Andrieu

Citer ce document / Cite this document :

Andrieu Bernard. La fiction du corps mutant. In: Chimères. Revue des schizoanalyses, N°58-59, Hiver 2005 printemps 2006
2005. Lignes de fuite, lignes de résistance. pp. 203-228;

doi : https://doi.org/10.3406/chime.2005.1635

https://www.persee.fr/doc/chime_0986-6035_2005_num_58_1_1635

Fichier pdf généré le 14/02/2020


Bernard Andrieu TERRAIN

La fiction du corps

MUTANT1

au «lieu
On que
parce
voyait
ceMartin
que
soit
bienAprès
une
que
Amis,
dégradation
laétait
chirurgie
Là’état
toujours
intervertir
decomme
esthétique
l ’Angleterre,
mieux
l’ordre
dans
qu’
cherchait
naturel,
laAvant,
1996.
vie »

« Bien sûr je me ferais cloner dès que possible »


M. Houellebecq, Consolation technique, 2002. Bernard Andrieu
est professeur
« Mon corps ayant cessé d’être une réalité stable d’épistémologie
s’offre comme corps à la mutation », Bienvenue à Sexpol, 2003. du corps et des
pratiques corporelles

E corps est devenu un lieu de vérité, sinon le lieu de la

Xj vérité, pour le sujet contemporain. Faute de parvenir à

comprendre la signification d’un monde globalisé, le sujet se

réfugie dans son corps comme la vérité définitive.

Le corps ne mentirait pas dans la satisfaction qu’il réclame de

ses besoins naturels : la faim, la soif et le sommeil imposent au

corps une vérité contre laquelle le jeûne, l’abstinence ou la priva¬

tion témoignent jusqu’au martyr du pouvoir de l’esprit contre le

corps. Mais la fatigue, l’affaiblissement, voire l’évanouissement

203
nous rappellent à l’ordre des rythmes biologiques. Les rituels

et habitus culturels peuvent bien être incorporés au point de

nous détourner des régulations objectives du corps biologiques.

La douleur chronique ou la torture subie révèle dans l’intime

la vérité qu’il faudra avouer à la maladie ou au tortionnaire.

Traversant les organes et les muscles, le sujet souffrant paraît

dépossédé ne parvenant plus à contrôler ses sensations.

Pourtant, faites en l’expérience, deux corps cachés n’expo¬

sant que leurs visages ne peuvent décider qui souffre, qui

jouit ? La morphologie du visage, les cris même, ne suffisent

pas pour exprimer la vérité vécue par le corps vivant. Là aussi

l’expression corporelle est insuffisante pour incarner la vérité.

Atteint d’une maladie fatale ou soumis à un sérum de vérité,

le corps doit physiquement se définir dans l’expérience véri¬

table du corps qui impose à l’existence de l’esprit l’évolution

dégénérative de sa déprogrammation génétique. Bien sûr,

l’entretien du corps parvient à réduire la vérité à l’apparence

et le vieillissement à la jeunesse mûre. La transformation dié¬

tétique et l’amélioration biotechnologique du corps humain

reculent l’âge de la mortalité. Notre existence corporelle tient

à la qualité de nos greffes, bioartéfacts et autres somatechnies

qui nous maintiennent en vie. Cette création indéfinie d’un

nouveau corps, s’il fournit au sujet la vérité sanitaire, n’inter¬

dit pas le mensonge : chacun croit que le corps dépend de lui,

que sa nature est entièrement réductible à un environnement

technologique. Nul n’est pourtant à la merci de la mort.


La fiction du corps mutant

Le vieillissement se ralentit par l’efficacité mécanique de la

pharmacie et de la chirurgie.

Du corps surgit du sens aussi imprévisible que la mort. La

psychopathologie de la vie quotidienne révèle tous ces actes

manqués, ces lapsus et autres gestes significatifs. L’incons¬

cient corporel transporte en nous des vérités incorporées,

oubliées mais significatives. Face à ces surgissements, pas

toujours contrôlés par le sujet, les modes d’existence corpo¬

relle voudraient établir une nouvelle transparence entre soi et

la société. Il faudrait tout dire, ne rien cacher, revendiquer sa

pratique corporelle, faire son coming-out. La performance

serait la preuve ostentatoire de la libération de soi-même et de

l’intensité subjective vécue. Si le sujet est capable de faire cela

de/avec son corps, alors, il fournirait la preuve de son authen¬

ticité et de la vérité de ses intentions. Cette transparence serait

une garantie d’une paix sociale car chacun n’aurait plus de

secret pour personne, l’être se manifestant dans l’apparence.

L’existence corporelle est devenue une identité à revendiquer


et un mode de reconnaissance. Mais ces nouveaux modèles

de subjectivation instaurent des relations nouvelles entre les

sciences biologiques et les sciences de l’homme. Si les

sciences ont traditionnellement participé à la désincarnation

du corps en raison de l’étude des mécanismes physiologiques,

l’anatomie du corps contemporain est désormais transfor¬

mable par l’incorporation de biotechnologies. L’usage bio¬

subjectif des nouvelles technologies corporelles ouvre la

205
possibilité d’une mutation corporelle et pose le problème des
limites de la liberté humaine.

S’ouvre la possibilité d’inventer un nouveau corps pas seule¬

ment en science-fiction mais par les possibilités des sciences

de la vie : OGM, clones (clonage reproductif), nouvelles

espèces, mutations génétiques, transformations hormonales,

dopages, sélection génétique des embryons. . . plus rien d’imagi¬

naire ne pourrait être réalisable. Ce contexte social de la mutation

corporelle forme une nouvelle représentation du corps : un corps

biosubjectif qui correspond à l’identité personnelle désirée.

Un corps en liberté

Reculer l’âge de la retraite est le résultat d’une conjonction

idéologique entre le libéralisme et la médecine biotechnolo¬

gique. Chacun peut vivre plus vieux dès lors qu’il a les

moyens culturels et économiques de partager le mythe du

corps retraité. L’allongement de l’activité individuelle est

désormais permis par le jeunisme survitaminé, la sexualité

viagraïsée, le lifting institutionnalisé, l’implant mammaire, et

la DHEA. Le corps peut durer grâce aux gains d’activité et d’exis¬

tence obtenus par la médecine, par l’amélioration de l’alimenta¬

tion, par le contrôle sanitaire intensifié et par la mise en place


d’une société de surveillance. Tout cela en faisant croire aux indi¬

vidus que le culte du corps est la finalité sociale par excellence.

Le loisir, les vacances, les congés payés, la retraite sont deve¬

nus intouchables car ils sont des conquêtes sociales de la libé¬

ration du corps au monde du travail. Le retraitement du corps,


La fiction du corps mutant

auquel l’idéologie libérale nous condamne, perdrait tout son

sens si le temps libéré devait redevenir du temps de travail.

La diminution de la pension placerait le sujet moderne devant

un paradoxe : comment retraiter son corps sans avoir les

moyens économiques de devenir cet idéal social ? L’injonc¬

tion paradoxale consiste à être le même corps actif pendant

50 ans de travail en luttant chaque jour contre l’usure, la com¬

pétition, le chômage et les cadences. Le libéralisme voudrait

pousser à l’extrême les bénéfices de la culture du corps en

exploitant le mythe de la santé parfaite chère à Lucien Sfez

au cœur même du travail. Cette négation du corps ouvrier, cet

oubli des effets de déstructuration du travail, cette cécité des

troubles psychopathologiques de la performance reposent sur

la croyance en l’identité temporelle du corps. Profitons des

progrès sanitaires pour rester les mêmes, nous conserver dans

l’état du corps productif ! Le libéralisme économique récu¬

père ainsi la liberté corporelle qu’il avait accordé dans les

années 70 à la révolution hédoniste. Il faudrait faire payer la

facture à ceux et à celles de Mai 68 et autres baby-boomers

qui n’auront pas et le corps retraité et la retraite du corps !

Le corps est en liberté. La libération des mœurs, le culte de la

jeunesse, l’exclusion des personnes âgées, et l’amélioration

de la santé sont devenus depuis les années 80 des valeurs indi¬

viduelles. La pensée 68 est désormais interprétée par la

réaction comme la cause de tous les maux, faute d’une

étude précise des expériences sociales du corps. Les luttes

collectives pour la libération du corps, si elles auront permis

207
l’obtention de nouveaux droits, sont récupérées par l’indivi¬

dualisme libéral. La compétition et la comparaison des indi¬

vidus ont remplacé la vie communautaire. Le corps est le

nouveau topos subjectif loin des utopies ecollectivistes. Le

salut et le bonheur du sujet devront au xxi siècle être incar¬

nés, immanents et immédiatement disponibles. L’espoir n’a

plus de perspective transcendante ou dans un horizon révolu¬

tionnaire. Chacun renonce à l’action collective en croyant

profiter des bénéfices corporels de l’existence : diététique,

santé, sexualité, activité, intensité, et productivité. La nudité,

la pureté, la vérité et l’originalité fournissent au sujet des cri¬

tères pour être son corps. Il convient d’être authentique, moins

en respectant la nature qu’en l’aménageant à sa convenance. La

nature n’est plus la cause du corps, chacun veut être sa propre

origine en redessinant les conditions de sa propre existence.

Le corps en liberté serait un corps libéré de toutes les

contraintes traditionnelles, chacun l’utilise comme un mode

d’être, un lieu d’inscription et le moyen d’expression privilé¬

gié. Ce surinvestissement du corps trouve sa raison dans les

aliénations socio-économiques ressenties par le sujet.

L’impossibilité de transformer les rapports sociaux, le constat

d’un déterminisme de la reproduction, l’échec de la démo¬

cratisation scolaire, les limitations de l’intégration culturelle

révèlent au sujet un pouvoir réel d’action illusoire. Le sujet

se tourne vers son corps en l’investissant de toutes les possi¬

bilités de son imaginaire. La matière du corps dépend, mal¬

gré le déterminisme génétique, en grande partie de l’action du


La fiction du corps mutant

sujet sur elle : l’entretien, l’ascèse et la régulation produisent

des effets réels sur la forme, le style de vie et la spécialisation

de la matière corporelle. Cette plasticité de la matière corpo¬

relle aide le sujet à croire que le corps devient son corps. Les
vertus de l’exercice volontaire et de l’habitus inconscient sont

incorporées dans la matière même : amaigrissement, obésité,

régime, musculation, cure, scoliose, fatigue... Le travail du

corps par le sujet le modifie car le caractère indéterminé du

corps le rend malléable à souhait.

Pour autant, en quoi croire en son corps est-il aujourd’hui une

croyance plus forte subjectivement que toutes les autres sortes

de croyances politiques, religieuses et sociales ? Le corps pro¬

cure par la sensation un plaisir ou une douleur immédiats ins¬

taurant ainsi une addiction suffisante pour constituer un repère

identitaire définitif pour le sujet. Le corps procure la drogue

du sujet : le sujet s’éprend de son apparence par narcissisme,

cultive son image par séduction, et s’entraîne indéfiniment

pour améliorer ses performances. L’usure s’efface sous le

plaisir renouvelé, l’augmentation des cadences, la prise de

risque de plus en plus inconsidérée.

Cette religion du corps repose sur une croyance performative.

Le corps est immanent au sujet et sa qualité paraît dépendre

de nos usages. Pour autant que soit passée l’idolâtrie de

l’apparence corporelle, la religion du corps reproduit les

autres structures traditionnelles des attitudes de croyance :

la croyance corporelle n’est plus aperçue comme telle par le

209
sujet dès lors que ce dernier s’enferme dans sa matière, ses

addictions et ses modes d’existence. Trouvant son corps de

plus en plus satisfaisant, cette illusion corporelle est vécue et

affirmée par le sujet contemporain comme son invention, une

façon nouvelle de se décrire. La croyance performative est à

la fois une illusion corporelle et une invention subjective

selon que l’on voudrait mettre l’accent sur l’aliénation ou sur

la liberté acquise par le sujet.

L’invention du corps

L’invention du corps par le sujet a d’abord été une conquête

des féministes, des homosexuels, des malades, des immigrés,

des prisonniers, des handicapés : le droit de chacun de dispo¬

ser de son propre corps repose sur des modes marginaux

d’existence dont la société n’aura intégré les valeurs qu’au

prix d’un combat idéologique aujourd’hui réactualisé par le

retour de la droite traditionnaliste. L’avortement, la contra¬

ception, l’accouchement sans douleur, l’euthanasie, le PACS,

Thomoparentalité, le naturisme, l’écologie, le cannabis, les

retraites, le temps de travail... autant de luttes génération¬

nelles qui rendent de plus en plus acquises à nos enfants la

possibilité d’inventer une existence incarnée. Chacun veut

mieux vivre intensément plus longtemps selon un épanouis¬

sement socio-économique maximal.

Croire pourtant en la toute puissance de l’individu reposerait

sur l’isolement du sujet du contexte et des cadres de référence

de son action. Avec le Sida, la pollution, le sentiment d’insé-


La fiction du corps mutant

curité, les viols ethniques, les génocides, la guerre, le terro¬

risme, le corps révèle une matière incertaine, destructible et

corruptible. L’individu appartient à un environnement si bien

que le principe de précaution ne suffit pas à nous préserver

dans une vie artificielle et virtuelle. Le corps ne parvient pas

encore à abandonner sa pesanteur, à modifier son architecture

ou à remplacer ses matériaux par des artéfacts. La biosocia¬

lité, chère à Paul Rabinow, définit seulement une existence

où la biologie et la psychologie du sujet sont réunies pour défi¬

nir le corps mixte et en kit. Composant entre nature et culture,

liberté et aliénation, le sujet ne parvient pas à se libérer entière¬

ment du corps afin de le faire correspondre à l’ordre de ses désirs.

L’invention du corps commence par des pratiques subcultu¬

relles marginales et victimisées par le corps social qui refuse

de les intégrer. La domination normative incorpore dans

l’individu les stéréotypes, les catégories mentales et les com¬

portements sociaux dominants. Face à la censure, le confor¬

misme et la répression, le style revendicatif se déploie

d’autant plus : l’affirmation radicale d’une identité singulière

et incarnée refuse la honte de soi, la dissimulation et la double

vie. Le corps incarné indique en acte la correspondance

immédiate entre l’esprit et le corps, entre l’être et l’existence.

Le style incarné est festif, subversif, provocateur et créatif en


inventant des formes d’actions inédites et irrévérentes afin de

déstabiliser la représentation dominante. Cette entame révèle

combien la norme hétérosexuelle, patriarcale, machiste,

raciste, sanitaire est elle-même une construction idéologique.

211
L’individualisation s’oppose ainsi à la normalisation indivi¬

dualiste. D. Lecourt nous rappelle : « L’individualisme

contemporain est une construction tyrannique qui joue sur les

ressorts des individus réels pour les bloquer en un état qui est

conforme à ce que les sociétés attendent d’eux : il faut explo¬

ser ce jeu »2. A devenir un individu normatif, le sujet se

fatigue d’être soi3, il se fatigue à ressembler à l’idéal social

du modèle compétitif de la réussite (réussir ou mourir) :

l’impératif économique d’être le vainqueur sur soi-même pré¬

cipite l’individu dans la performance, le risque et le dopage.

Le style incarné personnalise le corps à l’envers de la mode

récupératrice4 : la mode est seconde au style incarné. La dif¬

férence entre individualisation indéfinie du corps incarné et

hédonisme individualiste se fonde sur les multi-partenariats

sexuels et biotechnologiques : l’attachement au corps origi¬

nel et naturel de la tradition conservatrice ne rend plus compte

des pratiques d’hybridation de l’existence corporelle ; l’être

incarné produit un corps mélangé car le sujet doit composer

ses formes selon les mutabilités possibles de la matière. Ces

érotisations et esthétisations du corps transforment le rapport

du sujet à son corps et aux autres corps.

L’invention porte sur :

- La forme qui doit exprimer immédiatement le degré d’incar¬

nation du sujet dans son corps, tre son corps subjectivement,

c’est le rendre identifiable et reconnaissable par sa présence

même. Apparaître c’est être. Le langage corporel définit une


La fiction du corps mutant

incarnation signifiante. Le corps décoré est vécu comme une

chair signifiante. Pour ne pas être insignifiants, le volume, le

design et l’intensité doivent déformer ou réformer le corps

afin qu’il corresponde à l’intention subjective. L’auto-chiru-

gie du sens5 définit la forme en agissant sur la matière sans en


modifier la nature. L’invention reste formelle en utilisant des

techniques d’impressions, de perçage, de modelage et de

sculpture de soi. La matière n’est pas entamée, seul un rap¬

port d’information est appliqué sur elle sans intervenir en elle6.

- La matière qui offre, grâce au rapport biotechnologique7 du

sujet à son corps ce que nous désignons sous le terme de bio¬

subjectivité, la possibilité de créer un somaphore : c’est-à-

dire changer la matière héréditaire en créant des espèces

inédites, en manipulant le génome, en sélectionnant par dépis¬

tage, en éliminant les déficiences, en améliorant la qualité des

produits ingérés, en introduisant des bioartéfacts. La matière

corporelle devient matière première pour une intention cultu¬

relle qui lui est imposée. L’organisme génétiquement modi¬

fié, la neurochimie des émotions corporelles, la biologie des

passions ou l’ingestion régularisée des hormones sont des

techniques de changement corporel.

- Le corps de l ’autre qui appartient désormais à la sphère

intentionnelle par le biopouvoir technologique. Autrui est

notre invention en décidant de ses modes d’existence par la

sélection de ses qualités corporelles. Le clone est l’arbre qui

cache la forêt des créations bio-artificielles du corps d’autrui.

213
De l’esthétique à l’ontologie du corps

Nous défendrons ici la thèse selon laquelle la norme du corps

est définie par les perceptions et représentations du sujet :

l’incorporation inconsciente des modèles dominants de la

libération, modèles élaborés par la génération 68, par leurs

enfants rend désormais évidente la nécessité d’avoir un corps

à soi, d’être un sujet corporel. L’imaginaire biologique struc¬

ture la représentation de l’être corporel comme un mode

d’incarnation et de transfiguration8 du donné naturel. Le gène

lui-même serait devenu un objet de désir dès lors que l’on

pourrait le manipuler afin de l’orienter vers une construction

de corps plus conforme à l’imaginaire humain.

Le corps est une construction biopolitique à partir d’une

représentation médicale de ce que devrait être son fonction¬

nement normal sans toujours avoir le souci des modes

d’incarnation du corps vécu9. L’utopie d’un corps parfait10

domine le champ d’action de nos représentations biosubjec¬

tives en développant plus qu’un entretien de soi, bien plutôt

une refabrication du corps naturel11. La dévalorisation de la

mise en image du corps12 en anthropologie rejoint aujourd’hui

la possibilité d’une médecine prédictive et donc injonctive :

l’ingénierie génétique nourrit le rêve en le réalisant dans la

matière même du corps, évitant ainsi l’opposition entre ima¬

ginaire de la norme et réalisation de la norme. Le siècle bio¬

technologique confirme la révolution biologique13, mais ne

doit pas être seulement interprété comme la purification

sociale de l’eugénisme positif. La norme corporelle est davan-


La fiction du corps mutant

tage individualisée et intériorisée comme un mode de défini¬

tion de l’identité, l’eugénisme négatif apparaissant comme un

moyen pour devenir un corps singulier. Plutôt qu’un simple

remodelage14 de la norme de l’humain, la sculpture de soi-

même15 dépasse le simple travail de l’apparence pour toucher

aux modes ontologiques d’existence.

Faire notre corps nous-même16 était déjà un slogan féministe17

avant de devenir un mobile eugéniste. Ainsi, la libération du

corps pourrait aller de la remise en cause des normes mascu¬

lines d’une société paternaliste à une maîtrise du vivant. La

construction sociale du corps définit bien des modèles esthé¬

tiques18 et des normes fonctionnelles qu’il faudrait incorporer

pour constituer son être. L’imaginaire n’est plus une utopie

mais structure la définition subjective de la norme corporelle.

En se construisant un corps à son image, le sujet croit pouvoir

être un prescripteur de norme pour soi, pour ses enfants à

naître et sans doute aussi pour la société sanitaire. Le corps

est devenu un objet d’art19 par un sujet utilisant les sciences

biologiques pour se définir. Le choix des gènes est décrit par

les naturalistes comme un choix d’existence, accordant à

l’homme un pouvoir démiurgique. La différence entre des

matériaux artificiels et la matière biologique20 n’est plus main¬

tenue. L’idée de nature comme norme du corps est délaissée.

Le désir de se copier soi-même établit avec le clonage21 une

conformité de norme par laquelle être c’est avoir un corps qui

nous ressemble. Mais plutôt qu’une standardisation, nous dit

215
Aldous Huxley dans son Retour au meilleur des mondes en

1958, ce désir entretient l’illusion de l’individualité22 alors que

ce serait le signe d’une dépersonnalisation du corps vécu. Le

désir d’immortalité de l’individu indique une mobilité de la

norme : de transcendante à l’individu, son incorporation indi¬

viduelle se traduit par une modification de l’identité naturelle.

Changer de sexe23 et se greffer des organes24 définissent une


normalité bioculturelle affranchie des limites de la sexuation

et de la mort. Les Queer-zones25 redéfinissent la norme dans


une dimension entièrement culturelle en fondant un contra-

sexuel dans lequel le gode doit remplacer définitivement le

pénis, et la fécondation in vitro tout rapport hétérosexuel. La

philosophie de la santé ne suffit plus pour expliquer des com¬

portements si autonormatifs.

Le souci de soi, du corps ne peut plus être séparé d’une her¬

méneutique du sujet26 car la matière et la forme du corps sont

des modes d’interprétation de l’identité. Le relativisme inter¬

prétatif interdit toute exclusion pour cause de monstruosité27

même si la norme d’un corps fonctionnel reste inconsciem¬

ment. Car les modifications corporelles, si elles visent bien à

dépasser la nature, sont à comprendre à l’intérieur d’une théo¬

rie subjective de la santé28 dans laquelle les représentations de

soi-même dominent les représentations sociales. Le retour à

l’eugénisme s’effectue de manière négative en imposant de


manière individuelle et confidentielle la norme fonctionnelle

du corps normal. Le droit à son corps29 est une exigence bio¬

technique d’intervenir sur la matière même en y incorporant


La fiction du corps mutant

la norme subjective. La construction sociale du corps30 est-

elle suffisante pour expliquer la recherche de ces modes

d’incarnation nouveaux du sujet contemporain ? La psycho¬

pathologie du corps et la clinique des corps nous rappellent

les tensions vécues par le sujet contemporain entre les exi¬

gences de la normalisation sociale et le désir de se constituer

sa propre norme. Si je suis lesbien31, transexuel, homosexuel,

greffé, le choix de mon corps est aussi présenté comme un déter¬

minisme naturel pour ne pas avoir à assumer ma propre norma¬

tion face à la pression de la norme comportementale attendue.

La génération X confond lors de sa normation corporelle les

interdits dans des pratiques corporelles excessives32. La trans¬

formation esthétique des images du corps est aussi rendue

possible par un corps de plus en plus transparent où la forme

ne cache plus l’organisation de la matière. La normation vou¬

drait modifier la matière en agissant sur elle directement afin

d’incarner le corps. Le corps est devenu un instrument de

politique pour des individus sans l’utopie globale de LA révo¬

lution. La place du corps dans la culture occidentale produit

aujourd’hui des corps sans modèles33, là où l’assignation tradi¬

tionnelle pouvait garantir à chacun un règlement de ses com¬

portements corporels. L’abolition des différences dans un

unisexe34 bouleverse la représentation du masculin et du fémi¬

nin même si la répartition économique des tâches maintient une

inégalité entre les deux sortes de corps. La métamorphose trans¬

sexuelle est comprise désormais comme un acte auto-construc-

tif révélant une crise des certitudes sur l’identité personnelle35.

217
Les usages culturels du corps relèvent d’un désir de méta¬

morphose36 et de mutation afin d’incarner une peau, une

esthésiologie et une axiologie capables de rendre compte de

l’intensité vécue du sujet. Faut-il ne retenir dans cette

recherche de l’extrémité du corps qu’une anthropologie du

suicidaire37 ou ne faut-il pas plutôt décrire ses pratiques

comme des modalités ontologiques du rapport au monde bio¬

technologique ? La somatolalie contemporaine veut atteindre

/ ’antéforme, la matière avant sa formation et ainsi faire

l’épreuve d’une individuation biotechnologique qui soit véri¬

tablement personnalisée plutôt qu’imposée par l’hérédité

génétique. Plus qu’un simple mieux être38, le rêve révolu¬

tionnaire d’avoir un sexe individuel39 peut se réaliser dans la

recherche pas seulement imaginaire d’un moi-peau : le nar¬

cissisme ne suffira pas pour expliquer ce que Maurice Barrés


avait cm résumer comme le culte du moi. La mise en culture

du corps n’est pas uniquement l’ère de la médicalisation, car

la construction de la norme biosubjective est aussi celle de sa

propre image du corps, comme si l’aliénation devait ainsi

diminuer. Tout l’espoir est dans le corps40.

S’incarner

La modification corporelle ne relève pas d’une logique de

l’apparence. La douleur qu’elle implique témoigne de la résis¬

tance de la matière première face à sa nouvelle information.

Le sujet veut incarner son corps, le ressentir en traduisant

l’émotion dans la sensation. Le paradoxe de l’émotion per¬

çue41 se trouve dans l’impossibilité d’incarner par l’esprit le


La fiction du corps mutant

vécu corporel intime, le sentiment du corps impropre et

l’image de son corps. Le style corporel, du bio design à la chi¬

rurgie esthétique, utilise les technosciences pour dessiner un

corps à soi c’est-à-dire qui forme une matière concevable et

acceptable pour soi. L’incarnation est le projet de devenir un

soi-même plutôt que d’être désincarné en incorporant des


normes et des modèles.

Est-ce une illusion de croire produire son propre corps ?

L’invention de son corps, à la différence du corps d’autrui

dont la matière est bio-technologiquement disponible, ne par¬

vient jamais à remodeler l’ensemble mais des parties par des

greffes, des implants et des piercings... cette impossibilité

ontologique à se libérer de son propre corps rend sémantique

: donner du sens à une structure organique qui a été crée selon

l’intention de nos parents, produire une originalité suffisante

pour se dé-marquer en rendant son corps remarquable, être un

sujet libéré42. Cette contradiction entre le corps reçu à la nais¬

sance et le corps construit par l’insertion volontaire de signi¬

fications subjectives ne peut disparaître qu’au prix de

pratiques extrêmes. Cet extrémisme, qu’il ne faut pas trop


facilement confondre avec du masochisme.

Ce passage du possible au réel transforme l’idéal corporel en

action biotechnologique sur le corps. Le sujet agit différem¬

ment et de plus en plus intensément sur ses composants et ses

formes : 1 - La déformation est une technique qui impose au

corps subjectif (par le régime, le vêtement, le piercing. . .) une

219
marque sociale en contrôlant l’apparence des formes.

2 - L’information est une technique qui marque sur la sur¬

face corporelle l’insigne identitaire (par le tatouage, le SM,

bracelet électronique...) afin de se désigner, de stigmatiser

par télésurveillance et de se reconnaître. 3 - La reformation

répare en renouvelant le corps par ses parties (greffes,

implants, chirurgie esthétique...) en incorporant la marque

afin d’améliorer et de prolonger la qualité de l’existence.

4 - La formation change la matière même du corps en dessi¬

nant une marque biosubjective qui sera au principe de la fabri¬

cation (eugénisme, sélection, mutation, clonage...) afin de

changer les conditions de l’existence corporelle. Le soma-

phore forme un corps-sujet qui incarne un idéal normatif par

la formation dans la matière même d’un design bioculturel.

La différence entre la machine et le corps n’a plus de sens. La

fabrication de moteur biomoléculaire, l’injection de cellules

souches ou encore l’incorporation de nanorobots spécialisés

transforment le corps vivant en corps biosubjectif : la subjec¬

tivité dépend de la qualité et de l’intensité fonctionnelle des

apports biotechnologiques ; cette biosubjectivité, si elle déve¬

loppe un imaginaire du corps morcelé par l’addition de pièces

technologiques dans le corps, n’est plus seulement une mise

en culture du corps. Les cultes du corps n’engagent plus le

sujet dans l’individualisme hédoniste. Car, en devenant méde¬

cin de son corps, le biosujet modifie la définition de l’exis¬

tence humaine, en tant qu’espèce.


La fiction du corps mutant

Le somaphore biosubjectif n’est plus seulement un sémaphore :

la logique de l’apparence précipite le sujet dans l’aliénation et

l’individualisation des signes. Arborer, décorer et inscrire sur sa

surface corporelle développe une extériorité inter-individuelle :

se montrer, c’est démontrer sa capacité à supporter le signe. La

concurrence et la compétition des signes établissent des liens

d’identité avec soi-même et avec les autres. Le somaphore limite

l’individu à signifier son être par la modification de son appa¬

rence : la mode renouvelle sans cesse la définition de soi, la res¬

semblance et la différence aux signes socialement attendus. La

matière du corps n’est pas fondamentalement modifiée car la

variation et la variété esthétiques paraissent renouveler

de manière indéfinie l’apparence interindividuelle.

Le corps reste l’instrument d’une objectivation sociale en se

rendant uniforme. Le corps-objet réduit sa matière aux exi¬

gences de la morphologie sociale. Comme objet, le corps reste

au mieux une surface exprimant la subjectivité et un lieu

d’investigation pour l’analyse scientifique. La séduction agit

ainsi directement sur une partie du corps : exhibé en isolant

sa visibilité dans le nombril ou la partie dénudée, surligné par

le vêtement comprimant les formes du corps, le corps-objet

est segmenté par cet érotisme réductionniste en délimitant la

frontière de l’intime et de l’extime et en devenant un espace

ludique, narcissique et inter-individuel.

Le sujet investit telle partie de son corps en agissant sur elle

pour la survaloriser, la rendre désirable ou non, la marquer et

221
la faire remarquer. Le regard (de la comparaison à la télésur¬

veillance), plus que le toucher, est au principe de l’organisa¬

tion de la mise en scène du corps visible. Cette mise en scène

du corps-objet a la même structure que l’étude scientifique du

corps : objectivation, instrumentalisation, réduction, utilisa¬

tion. En divisant la matière du corps, les techniques de l’appa¬

rence et de la science parviennent à agir sur les formes, la

composition de la matière et l’analyse des contenus. Le

découpage esthétique et scientifique du corps renforce la

représentation d’un corps-objet, corvéable à merci. Le sujet

renouvelle sans cesse les morceaux de son corps, mais il s’épuise

faute de subjectiver entièrement la matière même du corps.

Le somaphore est, grâce aux méthodes et aux progrès de la

génétique médicale et des biotechnologies, cette définition

biosubjective du corps. La modification, à la différence de la

trans-formation de l’apparence, crée un nouveau corps, inédit

au plan de l’hérédité individuelle et au plan des espèces ; la

modification réalise un design biosubjectif de la matière. Le

sujet s’incarne dans la matière même en redéfinissant la

nature par l’action sur la matière première. L’équipotentialité

embryonnaire, la totipotente, les greffes sont des potentiali¬

tés naturelles mais que le biosujet va utiliser pour accentuer

son interprétation des gènes. Une nouvelle herméneutique du

corps par les gènes est née. Le sens ne reste plus à la surface

du signe, mais la surface du corps exprime désormais le

design chimérique de la biosubjectivité43, né par sélection

génétique, tri d’embryon, clonage et autre organisme généti-


La fiction du corps mutant

quement modifié. Le sujet s’incarne dans la matière même du

corps et décide du corps d’autrui.

Le somaphore correspond à l’identité désirée par le sujet ; plu¬

tôt qu’un moi-peau, il est une peau-moi, la reconnaissance de

soi dans la matière. Le sujet fait de son corps sa propre


matière. La créature du Docteur Frankenstein réclame un

nom, une filiation, une affectivité. Le corps biosubjectif de la

créature dépasse la simple recomposition des parties car le

tout formé incarne une vie subjective aussi digne que celle du

cloné, de l’enfant sélectionné, du greffé, de l’organisme géné¬

tiquement modifié, de l’homme bionique44.

La mutation corporelle

La modification corporelle maintient l’être du corps comme

une substance que l’on ne peut qu’altérer sans en changer la

nature. Il faut un renversement de perspective pour penser la

mutation corporelle comme un mode de définition de l’être

corporel. Il faut pour cela qu’aucune intériorité ne soit suffi¬

sante pour respecter la différence entre intérieur/extérieur,

forme/matière. Ce modèle mental de l’image corporelle n’est

pas suffisamment internalisé pour que le sujet se sente

contenu dans son corps reçu. L’hypothèse intemaliste ne par¬

vient pas à modéliser la mutation corporelle car le corps

mutant ne possède pas sa forme définitive avant la réalisation

complète de sa matière.

L’absence de structuration interne suffisamment contenante,

comme le schéma corporel et l’image du corps, précipite le

223
Bernard Andrieu

sujet hors de lui. L’externalisation du sujet par le corps a pu

trouver dans la contra-sexualité, de Beatriz Preciado, une

« théorie du corps qui se situe en dehors des oppositions

mâle/femelle, masculin/féminin, hétérosexualité/homosexua-

lité »45. Si le gode vient avant le pénis, la technologie définit

la sexualité et ses usages les éléments de définition du corps

existant. L’extemalité biotechnologique devient une dimen¬

sion du corps propre du sujet : car la délimitation

intérieur/extérieur ne retient plus le sujet au dedans d’une

représentation mentale de son corps ; le sujet éprouve la

nécessité physique de s’extemaliser pour réaliser dans la

matière sa définition. La mutation repose sur une temporalité

chaotique. La forme finale ne définit le sujet qu’après coup.

Le mutant ne sait pas encore comme le héros de La Mouche

de David Cronemberg, ce qu’il va devenir. Car son être est

devenir. La morphogenèse de la matière vivante définit le

mutant au fur et à mesure de la construction de son corps.

Cette absence de contenance du sujet dans des images men¬

tales du corps produit une incertitude que la projection dans

la mutation espère faire disparaître. La forme une fois réali¬

sée dans la matière même du corps mutant rétroagit sur la

conscience corporelle du sujet : le corps devenu adopte une

nouvelle forme mais aussi une nouvelle matière qui vient

modifier l’activité, la conscience et l’action du sujet. Le

mutant défend une nouvelle philosophie du corps46 qui change

le rapport identité/extériorité/subjectivité : car il doit devenir

un être dont il ne maîtrise pas le développement. L’instabilité

224
La fiction du corps mutant

matérielle place le sujet dans une fiction identitaire incertaine.

Le corps muté assure une permanence identitaire provisoire

sans que M. Hyde puisse garantir au Dr Jekyll l’existence

durable d’un double. La mutation corporelle n’est pas un dédou¬

blement entre le potentiel et l’actuel ou entre l’idéal et le réel.

Conclusion

La fiction du corps mutant n’est pas un imaginaire scienti¬

fique que l’on rejoindrait dans la folie de réalisations bio¬

technologiques, à l’instar des mythologies du Dr Frankenstein

et autres pactes diaboliques. Cette fiction n’est rendue pos¬

sible que par le manque constitutif de l’identité corporelle

contemporaine qui ne garantit plus au sujet sa permanence et

sa substance. La mobilité de la matière vivante, découverte et

modélisée avec le génie génétique, autorise de décrire la sub-

jectivation comme un processus au cours duquel la délimita¬

tion intérieur/extérieur, mental/physique, muté/mutant se

réalise. Cette temporalité dynamique définit le sujet dans

l’ après coup de sa mutation. Personne ne parviendrait ainsi


entièrement en lui-même sans traverser ce trauma47 de l’intru¬

sion, de l’invasion et de la perte de contrôle de soi-même.

Le devenir-autre du corps indéfinie le sujet mutant.

225
Bernard Andrieu

Notes

7-Esméralda, M. Grugier, 2003,


1-Une version de ce texte a été pré¬
sentée, critiquée et discutée dans l’ate¬ Modifications corporelles technolo¬
lier scientifique du GDR 2322 giques. Petit panorama de la recherche
«Perception et représentation du corps, contemporaine, Quasimodo, n°7,
la notion de normalité» du 1 1 avril au Modifications corporelles, p. 239-257.
13 avril 2003 organisé par Gilles 8-Michel Tibon-Comillot, 1992, Les
Boetsch, Directeur de l’Unité Corps transfigurés. Mécanisation du
d’ Anthropologie : adaptabilité biolo¬ vivant et imaginaire de la biologie,
gique et culturelle, UMR 6578, Paris, Le Seuil.
Dominique Cheve, Jean Griffet, Annie
Hubert, Nicole Lucciani-Chapuis, 9-Shevory T.C., 2000, Body/Politics :
Olivier Sirost et Yann Ardagna. Merci Studies in Reproduction, Production
à Gabriela Bastos Soares et Fernando and (Re) Construction, Praeger
Soares Doctorants en santé Publique, Publications. Sicard D., 2002, La
Université de Rio de Janeiro/ Brésil médecine sans le corps, Paris, Plon.
pour la discussion autour de 10-SfezL., 1995, La santé parfaite.
Biopouvoir, Bioascèse et Constitution Critique d’une nouvelle utopie, Paris,
du sujet lors de leur séjour d’étude aux Le Seuil. Sfetz L., 1997, Entretien, par
Archives Poincaré UMR 7117
Georges Vigarello et Pierre Bouretz, «
CNRS/Intitut de Philosophie de L’utopie du corps parfait », dans
l’Université de Nancy 2 en avril-mai Esprit, février, p. 43-55. Sfetz L. Ed.,
2003 et de mes deux conférences au
2001, L ’utopie de la santé parfaite.
Doctorat de Santé publique, à Colloque de Cerisy., Paris, P.U.F.
l’Université de Médecine, Université
de Rio sous la direction du Professeur 11-W. Seymour, 1988 , Remaking the
Jurandir Costa entre le 10 et 20 août body. Rehabilitation and Change,
2003. Merci à Claudia Passos qui m’a Routledge.
poussé dans le retranchement de l’exté¬
riorité et de l’identité corporelle par sa 12-Gilles Boëtsch, Dominique Chevé,
2000, Regards anthropologiques sur
réflexion sur biotechnologie et
Winnicott. l’apparence et la construction des corps
entre intégrité, altérité et atteinte, dans
2-D. Lecourt, Nova, juin 2003, p. 69. G. Boëtsch, D. Chevé, Eds, Le corps
dans tous ses états. Regards anthropo¬
3-A. Ehrenberg, 1998, La fatigue logiques, Paris, Ed. CNRS, p.12.
d’être soi, Paris, O. Jacob.
13-G. Rattray Taylor, [1969], La révo¬
4-V. Pinte, 2003, La dominationfémi¬ lution biologique. Des modifications
nine. Une mystification publicitaire, de l ’homme par lui-même à la création
Bruxelles, Ed. Labor. de la vie en laboratoire, Marabout
5-D. Le Breton, 2003, La peau et la Université, 1971.
trace, Paris, ed. Metaillié. 14-Vince Packard, L ’homme remo¬
6-R. Reckinger, 2003, Automutilation delé, [1977], Paris, Calmann Levy,
révoltée ou expression culturelle ? Le 1978.
cas du body piercing à Rome, 15-Michel Onfray M., 1993, La sculp¬
Quasimodo, n°7, Modifications corpo¬ ture de soi. Morale esthétique, Paris,
relles, p. 37-59. Grasset.

226
La fiction du corps mutant

Fischer J. L., 1996, L’imaginaire


16-Notre corps nous-mêmes [1971], monstrueux, Pour la Science, n° 220,
Paris, A. Michel.
février, p. 38-44. Duvignaud.F., 1981,
17-Victor Marguerite, 1927, Ton Le corps de l ’effroi, Paris, Le syco¬
corps est à toi, Paris, Flammarion. more. Autran L, 2000, Monstruosités
du corps, Corps, Prétentaine, mars, p.
18-Jean Maisonneuve, Maryse 279-298.
Bruchon-Schweitzer, 1981 , Modèles
du corps et psychologie esthétique, 28-Fatermaier T., 1992, Théorie sub¬
Paris, P.U.F. Maisonneuve J. Bruchon- jective de la santé : état de recherche
Schweitzer M., 1999, Le corps et la et importance pour la pratique, dans
beauté, Paris, P.U.F. Ed. Uwe Flick, La perception quoti¬
dienne de la santé et de la maladie,
19-Henri-Pierre Jeudy, 1998, Le Paris, L’Harmattan, p. 55-71.
Corps comme objet d’art, Paris,
Armand Colin. 29-Xavier Dijon., 1982, Le Sujet de
droit en son corps, Bruxelles, Larder.
20- Hervé Kempf, 1998, La Amoux L, 1994, Les droits de l’être
Révolution biolytique. Humains artifi¬ humain sur son corps, Presses
ciels et machines animés, Paris, Albin Universitaires de Bordeaux, 575 p.
Michel.
30- Christine Detrez , 2002, La
21-R. Cowper, [1972], Clone, Paris, construction sociale du corps, Paris,
J.C. Lattès S.F., 1980. Points Seuil.
22-Aldous Huxley, 1958, Retowr au 3 1 - François Coupry, 1 978, Je suis les¬
meilleur des mondes, Press Pocket, p. 32. bien, Paris, Balland.
23-B.L. Hausman 1995, Changing 32-Coupland D., [1991], Génération
sex. Transexualism, Technology and X, Paris, 10/18. M. Amis, 1975,
the Idea of Gender, Duke University Poupées Crevées, Folio. Bret Easton
Press. Collette Chiland, 1998, Ellis, 1985 Moins que zéro, 10/18.
Changer de sexe, Paris, O. Jacob.
33-Nicole Brenez, 1997, Les corps
24-Jean-Luc Nancy, 2000, L ’intrus, sans modèle, Trafic, Paris, Ed. P.O.L.,
Paris, Galilée. n°22, p.121-131.
25-Marie-Hélène Bourcier, 2001, 34- Olivier Burgelin, Basse M.T.,
Queer zones. Politiques des identités 1987, L’unisexe. Perspectives diachro¬
sexuelles, des représentations et des niques, dans Communications, Paris,
savoirs, Paris, Balland. Beatriz Le Seuil, n° 46, p. 279-304.
Preciado , 2000, Manifeste contra-
sexuel, Paris, Balland 35-Pierre-Henri Castel, 2003, La
métamorphose impensable. Essai sur
26-M. Foucault, 1984 , Le souci de soi, le transexualisme et l’identité person¬
Paris, Gallimard. André Rauch, 1986, nelle, Paris, Gallimard.
Le souci du corps, Paris P.U.F.
Foucault M., 2001, L’herméneutique 36-Borel F., 1992, Le vêtement
du sujet. Cours au Collège de France. incarné. Les métamorphoses du corps,
1981-1982, Paris, Gallimard-Seuil. Paris, Calmann-Levy.
27-Jean Louis Fischer J. L., 1991, 37-Patrick Baudry, 1991, Le corps
Monstres. Histoire du corps et de ses extrême, Paris, L’Harmattan. Baudry
défauts, Paris, Syros-Alternatives. P., 1996, La logique de l’extrême,

227
Communications , Natures jectivity», Eduardo Zac ed.,
extrêmes, Paris, Le Seuil, p.ll- Biotechnology, Art And Culture,
20. M.I.T. Press.

38-Georges Vigarello, 1993, Le 44-Maxence Grugier, 2003,


sain et le malsain. Santé et L’utopie cyborg. Réinvention de
mieux être depuis le Moyen Age, l’humain dans un futur sur-tech¬
Paris, Le Seuil. nologique, Quasimodo, n°7,
Modifications corporelles, p.
39-Jean Arax, 1968, Le sexe 223-237.
individuel, Paris, R. Laffont.
45-B. Preciado, 2000, Manifeste
40-Dossier du n°l Minotaure, contra sexuel, Paris, Balland,
Printemps 2003, p. 80-105. trad., M.H. Bourcier, p. 21.
41-Selon l’expression de 46-B. Andrieu, 2002, La nou¬
Jeremy Van deman, 2003, velle philosophie du corps, Ed.
L ’ émotion perçue, Mémoire Erès, p. 21-68.
Licence de Philosophie,
Université de Nancy IL 47-Hélène Duffau, 2003,
Trauma, Paris, Gallimard coll.
42-Baudrillard J., 2001, L’infini, p. 9.
Fragments et fractales, D’un
fragment l’autre, Paris, Albin 48-Christian Dours, 2003,
Michel, p. 56. Devenir autre, Prendre la place
d’un autre, Personne,
43-Bernard Andrieu, 2004, «
Personnage. Les fictions de
Embodying the Chimera : l’identité personnelle.
toward a phenobiological sub¬

Vous aimerez peut-être aussi