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collection

horizons ésotériques

dirigée par Jean-Pierre Bayard


Dans la même collection

Annick de Souzenelle : De l'arbre de vie au schéma corporel.


Le symbolisme du corps humain.
Robert Ambelain : Les Traditions celtiques.
Doctrine initiatique de l'Occident.
PAPUS (Dr Gérard Encausse) : Les Arts divinatoires.
Graphologie, chiromancie, morphologie, physiognomonie,
astrosophie, astrologie.
A.-D. Grad : Le Golem et la Connaissance.
La kabbale de la lumière.
Pierre Carnac : Architecture sacrée.
Le symbolisme des premières formes.
Pierre Mariel : Sectes et Sexe.
La sexualité dans l'ésotérisme traditionnel.
Mario Mercier : Le monde magique des Rêves.
Connaissance initiatique et symbolique des songes.
Jérôme Piétri : Réincarnation et survie des âmes.
Mystères et traditions de l'au-delà.
Serge Hutin : La Tradition alchimique.
Pierre philosophale et élixir de longue vie.
François Ribadeau-Dumas : L'Œuf cosmique.
Le symbolisme de la genèse universelle.
Jean-Pierre Bayard : Les Talismans.
Psychologie et pouvoirs des symboles protecteurs.
Aleister Crowley : Astrologie. Archétypes de l'univers astral
selon la mythologie et les traditions occidentales.
René-Lucien Rousseau : Le Langage des couleurs.
Energie, symbolisme, vibrations et cycles des structures
colorées.
réincarnation
et survie des âmes
Jérôme Piétri

r é i n c a r n a t i o n

e t s u r v i e d e s â m e s

Préface de Jean-Pierre Bayard

mystères et traditions
de l'au-delà
Deuxième édition

Editions DANGLES
18, rue Lavoisier
45800 ST JEAN DE BRAYE
ISBN : 2-7033-0200-2
© Editions Dangles, St Jean de Braye (France) - 1979
Tous droits de traduction, de reproduction
et d'adaptation réservés pour tous pays
Réincarnation (encre de Michel Mile)
Préface

La Naissance... La Mort...
Deux pôles de notre destinée, deux moments critiques, opposés.
Al'un on se réjouit, à l'autre on se lamente ; on s'extaxie devant le
nouvel être, on éprouve souvent une répulsion envers ce qui va se
décomposer, disparaître, et qui déjà est froid. Dans quelques
traditions cependant, tout en acceptant ce nouveau voyageur, on
regrette la venue de l'être qui va devoir subir les épreuves de notre
monde ; alors on se réjouit de la disparition du compagnon qui a pu
gagner le royaume mythique des ancêtres, et on l'acclame.
Il est extraotdinaire de naître ; il est aussi étonnant et surnaturel
de mourir. Ionesco pose la question éternelle : «Pourquoi suis-je né,
si ce n'était pas pour toujours ?» En effet pourquoi naître, vivre un
temps fort court par rapport à la vie de l'univers, et mourir en
sachant que tout ce que nous avons fait est périssable et qu'il n'en
restera rien ? Ce qui a commencé ne doit pas finir. Deux pôles
finalement très rapprochés l'un de l'autre, que les hommes
sanctionnent très gravement par des fiches d'état civil, enregistrant
ces moments magistraux avec le parfait détachement administratif.
Une loi naturelle unit ce qui n'est que phénomène social. Lamort est
déterminable et les barèmes d'assurance donnent la «fourchette »,
une date prévisible de notre mort sur laquelle on spécule.
Si nous ne pouvons définir exactement ce qu'est la vie et ce
qu'est la mort, des coutumes se sont établies, avec un luxe tout
commercial ; on entoure ces deux moments, non pas par une pensée
métaphysique, mais par des cérémonies plus profanes que divines,
puisées dans des coutumes établies par une religion ou par une
ethnie déterminée.
Dans chacun des cas, l'être intéressé ne participe pas à ces
cérémonies qui sont pratiquées par son entourage puisqu'il est dans
un autre monde, ou qu'il en provient sans avoir encore une
conscience ; ces manifestations sont donc destinées aux humains
principalement adultes et caractérisent des rites de passage.
On s'interroge finalement moins sur la naissance que sur la
mort, sans doute parce que nous connaissons bien le processus de la
naissance d'un être, puis de son développement biologique qui prend
d'abord son plein essor puis tombe — par des transformations
insensibles —en décrépitude. Cet être à qui on donne un nom, vit
parmi ceux qui ont déjà franchi la même porte étroite, qui ont
intercepté le mystère de la fécondation ; cet être nous est connu, ses
actes se déroulent dans notre société organisée, à notre contact. De
l'inconnu il entre dans un connu.
Cette vie organisée possède ses lois héréditaires ; elle connaît les
influences multiples qui agissent sur l'homme allant des forces
cosmiques, astrales à celles de la terre. Oninstaure même des totems,
tabous, pantacles, un système d'étiquettes permettant de mieux
franchir toutes les épreuves réservées par l'existence. Durant cette
vie on dresse des cérémonies particulières pour sanctionner des
«passages », des moments critiques et déterminés, qui donnent lieu
à des rites bien établis. Ce sont aussi de belles cérémonies qui
réjouissent le cours de l'existence, l'agrémentent et donnent souvent
à la vie un aspect mystique. C'est ainsi qu'on fête l'association de
deux être «nés »— dont le mariage —car le couple crée la vie.
Mais la mort ? Que savons-nous de la mort ?
Epilogue de la vie, on peut décréter que c'est l'arrêt du cœur,
ou celui du sang qui cesse de véhiculer l'élément vital ; mais c'est
peut être l'âme qui a voulu se retirer du corps. Bien que l'on
définisse scientifiquement, biologiquement, la cessation de vivre, on
n'en reste pas moins démuni, car nous ne savons pas ce que nous
pouvons devenir, si toutes nos facultés se sont éteintes. Duconnu on
entre dans l'inconnu.
Avec la mort du corps, la décomposition de tous ses
constituants organiques —os, chair, sels minéraux —sommes-nous
devant l'anéantissement total de l'être ? Est-ce seulement la
disparition des éléments chimiques ? Ou parce que cet être est né,
pour une raison obscure d'ailleurs, ne peut-il rien en subsister ?
Alors on se plaît à rêver. Rêverie d'autant plus facile que l'homme
peut inventer toutes les fables, imaginer tout ce qui lui convient le
mieux, puisque personne ne peut contredire ses assertions : nul être
n'est revenu de l'au-delà pour transmettre un quelconque message.
Nous buttons contre un mystère sur lequel nous n'avons aucune
prise ; on ne peut pénétrer ce qui nous échappe.
Est-ce à dire qu'avec la mort physique de l'homme nous
assistons à sa disparition totale ? Si nous avons reçu une vie, un
esprit, ne peut-il y avoir une transmission ? Et en fait qu'est-ce que
l'esprit, ou l'âme ? Ya-t-il pérennité de la vie, éternité de l'essence,
survie de l'âme ?
Autant de questions auxquelles l'homme ne peut répondre, tout
en conservant en lui l'espérance de survivre à la mort terrestre.
On rêve tout d'abord à un arrêt dans ce cycle infernal où, après
avoir été, il faut disparaître. Comment faire reculer cette limitation
puisque le jour succède à la nuit, le printemps à l'hiver, la mort à la
vie ? La nature s'endort, paraît morte et tout réapparaît, s'exalte.
Alors, après le rêve d'atteindre l'immortalité —état qui serait celui
d'une vie située en dehors de l'idée de la mort — on songe au
rajeunissement. On invente les mythes du Phénix, du Pélican,
principalement des oiseaux qui renaissent périodiquement, en se
régénérant dans l'élément Feu.
Tel Faust, thème d'une légende chrétienne, on veut rajeunir,
reforger ses propres forces, acquérir un corps vigoureux en
conservant toute son expérience. Peut-être ce rajeunissement est-il
dans le vouloir, dans l'action, un acte régénérateur qui, dépassant
notre condition physique, notre vie momentanée, veut transmettre,
donner à une postérité le potentiel de notre force. Effort d'autant
plus méritoire que si l'on en croit Jean Rostand (Mémoires d'un
biologiste) l'hérédité n'existe pas. Mais quel que soit notre degré
d'évolution, nous avons la charge de «transmettre ». Ainsi agissent
l'homme politique, le chefd'entreprise, l'artiste, qui créent en dehors
du temporel, qui veulent dépasser leur propre condition afin de
marquer ceux qui doivent leur succéder ; ils ont ainsi le secret espoir
de se survivre. Cette communication, transfert plus ou moins parfait
de notre personnalité, est bien une marque de l'immortalité de notre
âme. Qui peut nous aider à pénétrer l'inconnaissable ? peut-être le
Diable qui s'oppose aux lois divines et s'allie parfois à l'homme ;
mais peut-être aussi ceux qui ont été nos compagnons et qui se
trouvent maintenant dans l'au-delà. On crée ainsi un univers à partir
de nos propres conceptions de vivants, avec ses lois propres, sa
géographie. Decet univers mythique on fera parler nos morts, on les
interrogera. Bien des religions, et plus particulièrement le christia-
nisme, nous incitent à restituer de bonne grâce une âme qui nous a
été prêtée ; il faut attendre la fin des temps pour connaître notre
véritable destin. Mais, en général, on ne peut attendre cet indéfini et
l'on craint qu'un seul de nos actes puisse entraîner un châtiment
éternel.
Chaque pays quelle que soit sa latitude, chaque époque quels
que soient ses moyens et ses aspirations, ont posé le problème de la
mort et lui ont donné une réponse momentanée. Actuellement la
science, qui parvient à faire revivre des êtres qui autrefois auraient
été considérés comme morts, interroge anxieusement ceux qui, après
un décès apparent, sont ramenés à la vie. Des ouvrages, plus
particulièrement ceux du docteur Moody, de E. Kubler-Ross, de
Simon Monneret, donnent des exemples de récits où l'accent est mis
sur des impressions colorées, des lieux édéniques furtivement vus
par des êtres qui ne sont que des passagers momentanés de l'au-delà.
Dans un contexte philosophique, Vladimir Jankélévitch a
dressé un magnifique et inquiétant bilan sur le mystère et le
phénomène de la mort. Mais notre interrogation ne va-t-elle pas à
l'infini ?
Au-delà de nos croyances, de notre comportement actuel, ne
faut-il pas interroger la pensée des siècles passés ? Bien entendu nos
ancêtres ne paraissent pas avoir eu de raison positive, de preuves
irréfutables, pas plus d'ailleurs que nous n'en possédons ; le dilemme
demeure : sommes-nous devant un anéantissement total ou une
survie de l'âme ? Mais n'est-il pas curieux de constater que tous les
textes sacrés, les grands livres de l'humanité, reflètent un même rêve
collectif, celui d'un monde dans lequel nous allons pénétrer après
notre mort terrestre, et qui sera préférable à celui que nous venons
de goûter. Comment se fait-il que dans nos fouilles des époques les
plus reculées, l'archéologie mette à jour des foyers funéraires, des
rites entourant la mort, nous prouvant que de tout temps l'homme
s'est interrogé sur le sens de cet ultime passage ? Les civilisations les
plus anciennes ne nous sont connues que par les rites mortuaires,
par des objets, des foyers, des orientations, des monuments, et aussi
par des textes péniblement déchiffrés où le vivant exalte son désir de
conserver ce qui lui a été donné à son origine. Je pense bien entendu
au Livre des morts égyptiens, mais aussi au Bardo Thodol, ce livre
des morts tibétains, et aussi bien aux Upanishads, au Zend Avesta
qu'au Zohar ou à la Bible. Citation bien incomplète puisque je
n 'énumère pas tous les ouvrage, et que sans doute nous trouverons
encore d'autres textes. Aux côtés du Popol-Vuh, ne faut-il pas citer le
magnifique essai de Paul Arnold qui établit une parenté linguistique
avec le chinois, déchiffre l'écriture maya et intitule justement ce
texte le Livre des morts maya (Robert Laffont, 1978) ?
Puisque ce texte est peu connu, qu'il traduit une pensée fort
ancienne, souvent oubliée dans nos traditions, c'est à partir de la
recherche de Paul Arnold que je veux évoquer une variante de ce
grand mythe humain, puisque chacun a rêvé d'immortalité, de
rajeunissement du corps physique.
Ainsi donc la pensée maya, comme bien d'autres croyances,
établit le culte des ancêtres ; après l'agonie, l'âme poursuit une
renaissance cyclique, avec des métamorphoses successives. L'âme se
réincarne dans les entrailles d'une femme en gestation et cette
interdépendance entre les morts et les vivants se traduit dans la
pensée maya par un puissant chaînon, le «Chilam-balam », qui est
aussi le prêtre - augure -jaguar. Il faut évoquer les morts en léthargie
qui se situent dans le monde sublunaire avec renaissance aux
limbes ; si l'être n'a plus sa silhouette humaine, il a cependant
conservé son œil. Un œil inquiétant, géométrique, cerclé, à la
prunelle dilatée qui prouve que le mort est « réveillé », qu'il n'est
plus le mort en léthargie. N'est-il pas étonnant de retrouver cet œil,
sans doute avec quelques variantes, en Egypte, en Inde, et également
dans le temple maçonnique ?
Puis voici le crâne avec une ouverture sur les deux bords ; mais
n'avons-nous pas des exemples de trépanation qui, peut-être,
permettait à l'âme de s'envoler plus facilement ? Dans le Yucatan, à
la mort d'un membre de la famille, on effectuait un trou dans le toit
de chaume, afin que l'âme puisse gagner le ciel sans encombre.
N'est-ce pas le sens donné aux échelles à encoches, à tout ce
symbolisme des mâts dressés, des piliers, des poteaux qui permettent
d'atteindre le ciel ? «L'évolution de l'homme est une ascension dans
le Cosmos », écrit Rudolph Steiner (le Sens de la mort p. 67). Gustav
Meyrink, dans son roman initiatique le Golem, a bien montré cette
chambre carrée verte, avec son trou au zénith, qui peut être
matérialisé par un fil à plomb tombant de la voûte céleste, au point
central, le lieu le plus pur du monde. Ce sont là encore des temples
initiatiques. Aussi, le défunt au crâne ouvert, a-t-il un œil tourné
vers le haut, dans la recherche de la sanctification et de l'éclairement
intéreur.
Aussi bien chez les Chinois, les bouddhistes que les Mayas, et
dans bien d'autres croyances que nous allons découvrir en cet
ouvrage, le mort ne séjourne pas définitivement dans un autre
monde ; il revient sur terre, pour se parfaire, pour remédier à ses
actes passés. Mais, comme dans la plupart des croyances, il se
réincarne dans un corps humain, l'animal évolué pouvant devenir
un être humain.
S'il n'y avait plus de réincarnations, l'espèce humaine
péricliterait. Or, un étrange équilibre s'établit dans la nature, sans
que les hommes aient à intervenir. Malgré les guerres, les
cataclysmes, séismes, et tous les désordres généraux, la population
s'accroît. On s'est interrogé sur ce phénomène : y a-t-il eu un
nombre déterminé et limité d'âmes créées dès le début du monde, ou
y a-t-il à chaque instant la possibilité de créer des âmes ? Là aussi la
question reste sans réponse et cet ouvrage apportera la pensée de
quelques traditions, ce qui ne veut pas dire une solution. Pour le
Maya un lien étroit existe entre la fécondité humaine et celle des
plantes nourricières. L'âme de la plante, puis celle de l'animal,
peuvent animer ensuite des corps humains. La mort compense la
vie. Peut-être trouverons-nous là un étrange équilibre de la nature
même, puisque nous constatons que certaines espèces animales
disparaissent ; leurs âmes, en évoluant, passent dans des corps
humains, d'où l'accroissement de notre population. Nepoussons pas
le raisonnement trop loin car, à la limite de cette transmigration,
nous nous retrouverions devant un débat, lui aussi insoluble.
Mais que nous importe ? Notre raisonnement est-il susceptible
de pénétrer ces arcanes ? Si les portes de la connaissance sont au
nombre de cinquante, l'homme ne possède que quarante-neufs clés,
interprétations de notre propre degré d'évolution ; il ne peut jamais
atteindre le stade ultime, réservé à l'Esprit divin. Nous savons
d'ailleurs que tous nos sens sont imparfaits et que notre nature
intime est bien à l'image de notre physique. Parviendrons-nous à
avoir la Connaissance à partir d'un fruit merveilleux, révélateur de
toute la destinée humaine, à l'image de la pomme dont Eve
s'empara, ou à partir de ces morts qui, en Colchide, étaient enfermés
dans des peaux de bœuf non tannées, suspendues comme des fruits
aux branches des arbres ?C'est tout du moins ce que rapporte Jason
au Chant III, en partant à la conquête de la Toison d'or, sans nous
révéler si les morts apportaient ainsi la solution à l'irritant mystère.
Nous pouvons, comme Larcher, songer que «le sangpeut vaincre la
mort », ou nous pouvons interroger le folklore comme le font
Arnold Van Gennep et ses émules (t. I, II :DuBerceau à la Tombe) :
nous restons encore aussi perplexes.
Laréincarnation va au-delà de la résurrection. Les cas cliniques
de ces êtres qui ont pu paraître décédés, retirés de notre vie, et qui
ont pu rejoindre notre monde grâce à la science médicale sont
intéressants sans doute, mais leur corps n'a pas été décomposé, il est
resté avec sa dualité complexe : corps et esprit sont revenus
ensemble et continuent de vivre en harmonie. Fait miraculeux sans
doute. Nous pouvons aussi songer à une masse universelle,
contenant toute la vie, et dans laquelle nous irions puiser le principe
vital ; dans la mer se situent d'innombrables énergies : elle est le
reflet d'un vaste océan cosmique, d'une valeur psychique. La mort
ne serait alors que l'image du sommeil, un lieu où l'individu sombre
dans un trou noir, l'intemporel. Le rythme quotidien sépare notre
activité de la non-activité, une existence de la non-existence
temporaire. Cette inconscience nocturne n'est peut-être que l'image
d'un phénomène plus large, subi sur un autre rythme. La mort,
comme le sommeil, n'est peut-être qu'une faille épisodique dans la
vie universelle. Mais peut-être, l'un et l'autre, sont-ils les résultats de
nos concepts mentaux.
Notre corps terrestre est-il dualité comme nous le soulignons ?
Toutes les religions, les pensées spiritualistes, insistent sur l'impor-
tance de l'âme que nous n'avons jamais vue. L'âme est-elle
l'animatrice du corps ? Où se situe-t-elle ? Dans le sang, dans le
cerveau ? C'est bien là le résultat d'une dualité abstraite, un concept
de notre pensée.
Mais on peut aussi se demander s'il ne convient pas de libérer
notre âme prisonnière de notre corps, de notre chair ; peut-être
faut-il détruire cette résidence forcée. On songe alors au sacrifice,
puis au suicide qui peut être aussi un sacrifice librement consenti.
Nous verrons dans cette étude quelques commentaires sur ces actes,
mais nous pouvons aussi nous demander si l'oiseau libéré de sa cage
acquiert sa réelle liberté et son plein épanouissement. Chacun est
conditionné pour le rôle qu'il doit jouer et qu'il doit mener à terme.
Avec les sociétés initiatiques on pense à l'amélioration de l'être
humain ; on cherche à le parfaire ; il faut faire sortir de sa chrysalide
le Moi profond de l'individu. Onsonge à l'expérience alchimique, au
grain de blé enfoui en terre : afin qu'il y ait régénération, il faut subir
la décomposition, la putréfaction. La mort devient ainsi un
changement d'état ou de forme, une métamorphose qui comporte
une germination. On se désagrège pour renaître ailleurs. Alors la
mort n'est plus un phénomène tragique et l'on peut se réjouir de-ce
«passage ».
Les rites de « mort et résurrection »subis tant par l'adepte de la
société mystique que par le prêtre d'une religion exotérique reflètent
l'ultime mystère. Chacun meurt allégoriquement à une vie profane
pour renaître purifié dans une nouvelle existence, supérieure à la
précédente. Miroir ou mirage de ce qui doit se dérouler lors de la
dernière initiation, celle de la mort ? Le rituel de tenue funèbre
pratiqué par la franc-maçonnerie, et qui recèle une profonde pensée
venue à travers les siècles, met bien l'accent, encore à notre époque,
sur cette profonde solidarité unissant les vivants aux morts. J'en ai
moi-même situé les limites car «au-delà de la tombecommencepour
nous la nuit sacrée, dont il serait impie de profaner le mystère.
Devant ce mystère inclinons-nous humblement, conscients de
l'étendue de notre ignorance et de l'infinitude de ce qui dépasse notre
savoir ». Sans doute cette société héritière des plus antiques
traditions, clame sans preuve son espoir dans la perfectibilité
humaine, dans le principe d'une âme universelle et immortelle. C'est
ainsi que la Parole d'espérance circule de bouche à oreille, dans le
courant de la chaîne d'union ; deux phrases murmurées «Rien ne
meurt »et « Tout est vivant », qui prennent dans le silence un relief
saisissant parce que, sans doute, elles possèdent en elles la plus
profonde des sagesses.
Perplexité et espérance sont ainsi exprimées par Jérôme Piétri
dans le présent ouvrage. Cet homme simple s'interroge comme
beaucoup d'entre nous. Il a, au cours de sa vie, assemblé de
nombreux documents, tant pour la thèse de la réincarnation que
pour une pensée matérialiste. Cet ancien magistrat a établi des
dossiers ; il cherche à être équitable et il donne les résultats de ses
investigations. On sent, ci et là, les incidences de sa pensée idéaliste ;
on pressent ses amitiés, mais ce Corse sait faire entendre nos
profondes aspirations.
Jérôme Piétri défend la thèse de la réincarnation et c'est son
droit ; il cerne la doctrine, cherche la loi d'évolution avec ses
rythmes et ses cycles. Grâce à de nombreux auteurs, à des exemples
précis, c'est bien là une histoire de la réincarnation vue à travers des
tempéraments différents, à partir de civilisations multiples. Bien des
arguments, qui tous concordent, s'enchaînent. Pourquoi tant
d'hommes, à des milliers de kilomètres les uns des autres, en des
époques très différentes, ont-ils eu la même pensée ? Pourquoi ont-
ils cru qu'ils pourraient revenir sur terre, partager de nouveaux
travaux afin de s'améliorer, afin de vivre une béatitude complète ?
Peut-être en lisant l'ouvrage de Jérôme Piétri, l'apprendrons-
nous ? Même si ce n'est là qu'un rêve, laissons-nous bercer par sa
pensée généreuse, puisqu'il nous apporte une satisfaction spirituelle.
Jean-Pierre BAYARD
Ceyreste, 21 juillet 1978
Introduction
1. Limites de la doctrine
a) Qu'est-ce que la réincarnation ?
Afin de cerner les limites de notre ouvrage, définissons ce que
l'on entend, en général, par réincarnation. Voici ce que dit
l'Encyclopédie Quillet :
— Dans la théologie catholique, résurrection du corps
au jour du jugement dernier.
— Dans la théorie de la métempsycose, incarnations
successives de la même âme dans des corps (d'hommes
ou d'animaux) différents.
— Dans l'Ecole spirite, le fait que la même âme, le
même esprit, s'incarne tout à tour dans différents corps.
Papus, dans la Réincarnation, résume l'esprit decette doctrine :
«La réincarnation est le retour du Principe Spirituel dans une
nouvelle enveloppe charnelle. Pour un être humain, cette enveloppe
est toujours un corps humain. Maison peut se réincarner soit sur la
mêmeplanète où l'on avécu sadernière existence, soit sur une autre
planète. »
La résurrection des morts, d'après la théologie catholique,
n'entre pasdans le concept dela réincarnation qui apour principe le
retour à la vie terrestre de l'âme dans un corps de chair de la même
nature que celui qu'elle a quitté, pour y subir les épreuves
nécessaires à son évolution et non le retour de l'âme dans un corps
plus ou moins glorieux qui doit comparaître devant un tribunal qui
l'enverra au ciel ou en enfer.
La théorie de la réincarnation n'est pas exclusive de la
résurrection des morts. Celle-ci peut être bien intervenir à la fin des
réincarnations successives.
La réincarnation s'écarte de la métempsycose car, sur un plan
général, elle n'admet guère qu'un humain se réincarne dans le corps
d'un animal.
Elle accepte, par contre, qu'un animal puisse s'incarner avec la
forme humaine. C'est une application de l'hypothèse qui veut que
l'homme soit un animal perfectionné, que l'animal soit un végétal
amélioré, que le végétal soit un minéral transformé (1).
Les mutations d'ordre matériel d'une telle évolution sont
évidentes. Elles s'accompagnent de mutations dans le domaine
spirituel. Il s'ensuit que l'âme du végétal n'est plus l'âme du minéral,
que celle de l'animal n'est plus semblable à celle du végétal et que
l'âme humaine individualisée, n'est plus l'âme collective des
animaux.
Il ne s'agit, dans cette étude, que de l'âme humaine qui, après la
mort physique, doit se réintégrer dans un autre corps humain ; grâce
à ses réincarnations successives elle doit s'améliorer et venir vers un
tel état de perfectionnement qu'elle n'aura plus besoin de se
réincarner ; mais elle peut avoir à poursuivre son évolution sous une
forme plus subtile.
Voici d'ailleurs la définition de la réincarnation de Georges
Tripet (2) :
« La réincarnation est une doctrine selon laquelle la partie la
plus spirituelle, la plus divine d'un individu (l'âme disent les
chrétiens, l'ego dirons-nous) revient périodiquement sur terre dans
des corps, des races, des milieux différents, en des périodes
différentes de l'histoire, en d'autres termes dans des conditions
toujours changeantes, pour élargir sa conscience et transformer ses
qualités virtuelles latentes, en qualités effectives. »
b) Ancienneté et étendue de cette croyance
La réincarnation, telle que nous venons de la définir, paraît
avoir été universellement reconnue, que ce soit en Orient, au
Moyen-Orient, ou en Amérique précolombienne ; tous les rites
funéraires, les usages, les découvertes archéologiques, nous laissent
présumer que les Anciens ont songé que l'homme devait revivre
1. Pierre Bastide : la Grande Hypothèse (La Colombe N° 683, 1960).
2. Georges Tripet : Réincarnation, élucubrations insensées ou hypothèse
logique (polycopie).
plusieurs fois. Même sur notre sol, le celtisme a professé la même
foi.
Denos jours les deux tiers de la population mondiale éprouvent
la même foi que leurs ancêtres, alors que les chrétiens rejettent cette
croyance. Cependant les groupes spiritualistes, tout en admettant
certains points du dogme chrétien, se rallient à cette conception.
C'est ainsi que dans la Vieposthume Lancelin cite quelques penseurs
chrétiens tels Pierre Leroux, Enfantin, Rauch, Victor Hugo, Tolstoï,
Russel Wallace qui n'ont pas dédaigné ces conceptions. Nous
sommes en droit de nous interroger sur ce mystère : Que devient
l'âme après la mort du corps physique ?
c) Ses rapports avec la loi d'évolution
Notre corps est l'image même du cosmos. L'un et l'autre sont
en constante évolution cyclique ; tout se forme, semble disparaître
pour se reformer.
Dans ce perpétuel devenir, les éléments constitutifs des atomes
astraux et humains sont libérés, rendus à leur état primitif, puis ils
participent à une nouvelle manifestation.
Ce qui est constaté dans le domaine physique pourquoi ne le
serait-il pas dans le monde subtil ? Peut-il y avoir des règles
multiples ? Ne conviendrait-il pas d'admettre que tout notre système
est régi par la même loi d'évolution ? Alors l'âme, libérée au
moment de la mort, doit à nouveau se manifester.
Le corps, telle une machine, s'use et se détruit ; les cellules
vieillissent. L'homme rêve au rajeunissement, à l'immortalité. Sans
doute le mystère de la réincarnation comble ce vaste et légitime désir
humain.

2. L'âme
a) Son existence
Avons-nous une âme ? Voici encore une question controver-
sée, sans qu'on puisse y apporter une réponse positive. Pour les
matérialistes, la vie n'est que le résultat de réactions chimiques ;
l'âme n'est que le concept d'une croyance, d'une aspiration religieuse
ou sacrée ; la foi crée l'âme.
La réincarnation, par sa recherche même, admet l'âme ; aussi,
en cet ouvrage, ne nous paraît-il pas opportun d'ouvrir un dossier
sur un tel sujet.
Papus s'est fort bien exprimé sur ce sujet :
« Pour les uns, la Mort est l'arrêt de tout ce que la Nature a fait
jusque-là. Intelligence, sentiment, affections, tout disparaît brusque-
ment et le corps redevient herbe, minéral ou fumée suivant le cas.
« Pour les autres, la Mort est une libération. L'Ame toute
lumière, se dégage du cadavre et s'envole vers les cieux, entourée
d'anges et de glorieux esprits.
« Entre ces deux opinions extrêmes existent toutes les
croyances intermédiaires.
« Les panthéistes forment la personnalité du Mort dans les
grands courants de la Vie Universelle.
« Les mystiques enseignent que l'Esprit libéré des entraves de la
matière continue à vivre pour s'efforcer de sauver par son sacrifice
ceux qui souffrent encore sur la terre.
« Lesinitiés des diverses écoles suivent l'évolution de l'être dans
les divers plans de la Nature jusqu'au moment où cet être reviendra,
et de par son désir, reprendra un nouveau corps physique sur la
planète où il n'a pas fini de «payer »son dû (3). »
b) La migration
Si l'on connaît les phases de la mort, si la science sait analyser
matériellement ce processus qui va jusqu'à la décomposition, que ce
soit avec le rite de l'enterrement ou celui de la crémation, on ne sait
rien sur la migration de l'âme.
On peut penser, par comparaison avec ce que nous observons
autour de nous, que l'âme, avant de s'insérer dans un nouveau
corps, (celui d'un « nouveau-né »), avec la première inspiration,
séjourne dans une zone que l'on peut définir comme étant celle de la
spiritualité.
L'âme pénètre alors un nouveau corps ; l'existence sur terre est
de plus ou moins courte durée, avec des modes fort différents de
vie ; on peut ainsi penser que notre vie terrestre dépend de nos actes
antérieurs, que nous sommes tributaires de nos vies passées, ce qui
3. Papus (Dr Gérard Encausse) : la Réincarnation (Editions Dangles), pages 7
et 8.
expliquerait les différences que nous subissons dès notre naissance,
l'inégalité entre les êtres.
c) Durée du cycle d'incarnation
Les réincarnationistes ne sont pas d'un avis unanime sur tous
les détails de leur doctrine.
C'est ainsi que, pour certains, l'âme se réincarne immédiate-
ment après la mort. Il faut donc qu'un nouveau corps soit
disponible. Sans vouloir pour l'instant analyser ce problème
complexe, on peut songer qu'en cas de guerre, de séisme, d'épidémie
il faut trouver, en un temps négligeable, la possibilité de s'intégrer
dans un autre corps. L'incarnation ne se limite pas à une région
particulière, à un pays, ni même à une race. L'incarnation ne peut
être considérée que sur le plan planétaire.
Pour d'autres penseurs, l'âme ne se réincarne pas immédiate-
ment. Pour certains même ce ne serait pas par années qu'il faudrait
compter, mais par siècles, par millénaires. Où se situe l'âme et que
fait-elle durant ce temps ?
Doit-on compter avec notre temps terrestre, ou celui-ci n'est-il
qu'une illusion ? Mais si l'âme est d'essence divine, est-elle sujette à
évolution ?
On peut songer que l'âme incarnée perd une partie de ses
pouvoirs divins, qu'elle subit les imperfections de la condition
humaine. Dans la sphère de la spiritualité, dans ce lieu de
l'immuable et de la connaissance, elle retrouve sa valeur originelle.
PREMIERE PARTIE

doctrine
CHAPITRE I

Lois et cycles
Pour mieux comprendre le mécanisme de la doctrine de la
réincarnation, l'homme a trouvé une valeur trinitaire où les trois
sommets du triangle pourraient être occupés par les lois d'évolution,
de périodicité et du Karma.
Il convient de nous pencher sur les processus que ces lois
mettent en action.

1. La loi d'évolution
L'homme passe par des cycles qui peuvent être ceux du
perfectionnement de l'individu. Tous les livres sacrés parlent de la
Création du Monde faite par une puissance, un Dieu, qui avait en lui
tous les pouvoirs. L'homme ainsi créé a été en communication
directe avec son Père ; il a pu un instant refléter son langage et une
partie de son esprit ; puis, par sa faute, il s'est éloigné de ce centre, de
ce point central d'où émanent toutes les énergies. Ses descendants
ont perdu de plus en plus, au fur et à mesure de leur éloignement,
cette Connaissance intrinsèque. Plus on s'éloigne de son point de
départ, plus diminue l'influence originelle.
C'est ce qu'a écrit Jean-Pierre Bayard en 1955 (1), en revenant
plusieurs fois sur cette notion (2). Il a comparé notre évolution aux
mouvements de la mer, qui après le flux a un reflux ; on peut
penser, à l'un de ces deux instants, que la mer doit continuellement
se retirer, ou au contraire envahir la terre ; or pour celui qui peut
dépasser cette notion d'un temps très court il verra les deux
1. Jean-Pierre Bayard : L'Histoire des Légendes (P.U.F., Que Sais-je ?).
2. En particulier dans le Symbolisme maçonnique traditionnel.
mouvements se produire et finalement, devant la répétition des faits,
il dira que la mer est étale. Devant le cosmos notre vie est limitée et
nous n'assistons qu'à l'une des phases de la fuite des nappes
sidérales.
Même si notre vie ne subit que de fugitives transformations,
même si la loi d'évolution devient une constante dans le monde
cosmique, comme le suggère Jean-Pierre Bayard —l'apport de notre
activité scientifique étant annulé par un manque de réflexion,
l'Esprit ayant de moins en moins sa place dans une civilisation
mécanisée —il faut bien admettre que nous sommes soumis à des
cycles.
Mais on nous dit aussi que Dieu est partout, qu'il suffit d'une
petite volonté de notre part pour pouvoir le retrouver. Ce qui nous
entoure est-il imparfait ? Avons-nous assez de recul, de connais-
sance, pour pouvoirjuger ? Nos sens sont bien imparfaits et nous ne
pouvons raisonner que comme des humains, alors que nous
devrions nous élever sur le plan cosmique.
Il y a également souvent un décalage entre notre corps
physique, conçu pour résister durant une période fort courte, et
notre esprit qui paraît pouvoir accomplir d'autres cycles. Il apparaît
que le corps physique ne peut progresser comme la valeur spirituelle
et, à la limite, on peut songer que l'âme doive se séparer de son corps
qui l'a véhiculée pour cause d'incompatibilité : un divorce entre la
chair et l'esprit.
D'une façon discursive on peut matérialiser cette action en
dessinant un cercle, le centre —ou moyeu de la roue —étant le lieu
où toutes les énergies sont lovées, «le soleil dans la poitrine ». Si
l'homme adamique est situé à l'apogée, avec la chute dans le sens
d'un circuit anti-solaire, laissant à sa gauche le centre primordial, il
atteindra l'autre pôle, où il prendra conscience de sa chute ; il
recherchera alors à se relever, à atteindre la plénitude de son être ; ce
sera son évolution. Ces phases ont été admirablement décrites par
René Guénon au cours de son œuvre dense et constructive.
a) De la substance primordiale à l'homme
Malgré nos recherches scientifiques les plus abouties, il faut
avoir le courage de ne pas croire à la pérennité de la science
humaine. Nos savants actuels sont plus tolérants et Jean E. Charon a
montré, dans un grand nombre de ses écrits, l'apport scientifique des
civilisations antérieures à la nôtre. Cependant, c'est un esprit aussi
éclairé qu'Henri Poincaré qui a pu écrire vers 1900, dans une
réponse à un livre de Gustave Le Bon :« Lebon sens, à lui tout seul,
suffit pour nous montrer que l'annihilation d'un morceau de métal
libérant assez d'énergie pour détruire une grande ville, est une
absurdité évidente. » Nous avons malheureusement l'exemple
d'Hiroshima.
Les hommes aiment suivre leur propre raisonnement. Lorsque
Charles Cros, avant Edison, dépose un mémoire et ses appareils
d'enregistrement devant l'Académie des sciences — le paléophone
—un très docte savant récuse les sons très élémentaires reproduits
par cet étrange instrument, considère que l'on veut se moquer de
leur assemblée, qu'un ventriloque se trouve parmi eux. Oui, voir
pour ne pas voir, entendre pour ne pas entendre.
Notre connaissance scientifique débute à peine ; nous balbu-
tions en commentant la substance de l'atome. Que nous réserve
demain ?
Peut-être une seule grande loi semble émerger de nos
recherches : « Rien ne se perd, rien ne se crée dans la nature. »Cette
profonde réflexion de Lavoisier s'accompagne du fameux principe
de Carnot. Tout mouvement exige une dépense d'énergie.
A quelqu'échelon que l'on soit —végétal, minéral, animal —
on discerne des cellules internes : celles de la volonté, du courage, de
la mémoire, que l'on améliore, qui suivent une forme évolutive par
des transitions successives et progressives, c'est-à-dire ce que l'on
nomme «progrès ».
Mais la réincarnation recherche la substance primordiale,
originelle, la substance indifférenciée, c'est-à-dire l'œuf.
Les atomes matière réagissent différemment suivant la nature
des corps avec lesquels ils sont en contact.
L'action solaire se fait sentir plus ou moins fortement. Au
contact de la force solaire, un atome matière se transforme. Il
acquiert la faculté de se reproduire. Sa désintégration ne provoquera
pas un désastre. Elle donnera naissance à d'autres atomes.
S'est-il affaibli ? Oui, si l'on veut, en un certain sens. Mais rien
ne se perd. En effet, cela se traduit par une prolifération. Rien ne se
crée. En effet la prolifération remplace l'explosion destructrice. En
définitive, il y a toujours expansion sous une autre forme.
Le nouvel atome puise sa substance dans le minéral. Il se
multiplie d'autant plus vite que le minéral est plus activé par le soleil.
Il procède donc lui-même du soleil. On l'appelle cellule.
La cellule a besoin de nourriture venant du sol et de force
solaire. Le végétal apparaît. Les cellules, en proliférant, organiseront
des architectures variées.
Lorsque les architectures n'ont pas absorbé toute l'activité
solaire pour reproduire des cellules semblables à elles-mêmes,
l'excédent d'énergie est condensé et forme une cellule différente.
Cette cellule est la graine.
Pourquoi l'énergie ne serait-elle pas utilisée pour faire bouger la
cellule ? Mais, si la plante se meut, comment va-t-elle s'alimenter ?
Les cellules vont-elles se dévorer entre elles ? C'est ce qui se passe
pour les fleurs dont nous ornons nos maisons
C'était le problème posé à l'animal. Ne pouvant plus puiser
directement dans le sol, il s'est adressé à des cellules constituées
comme les siennes qu'il peut assimiler. Aulieu de se «self manger »,
il a préféré manger le végétal ou d'autres animaux. Il ne
consommera sa propre substance que lorsqu'il n'aura rien d'autre à
se mettre sous la dent.
Mais le mouvement exige une dépense d'énergie. L'animal doit
y penser, y pourvoir. Il lui faut donc une faculté supplémentaire : la
volonté. Lacellule volonté se développe à son tour, comme la cellule
végétale, au fur et à mesure des difficultés rencontrées. Une autre
forme se dégagera. Ce sera le courage. Volonté et courage sont les
membres du corps astral. La répétition des dangers engendre la
réincarnation
et survie des âmes
Il est sans doute extraordinaire de naître ; il n'est pas moins
étonnant de mourir. L'homme, depuis toujours, s'interroge sur
ces deux pôles de l'existence, car ce qui a commencé ne devrait
pas finir. Si nous pouvions admettre que l'homme a la possibilité
de se réincarner, de vivre de nouvelles expériences, nous
pouvons alors mieux expliquer certains actes de notre vie, mieux
comprendre — et admettre — les inégalités entre les êtres dès
leur naissance, les épreuves que nous subissons et nombre de
faits qui jusqu'alors nous choquaient.
Tous les peuples, en chaque époque, ont posé le problème de la
mort, et lui ont donné une réponse momentanée car, en réalité,
nous restons dans l'incertitude de ce qui se passe dans l'au-delà.
Aussi est-il intéressant de connaître les opinions des divers
grands penseurs sur ce mystère suprême. Jérôme Piétri a établi
une vaste synthèse de ces croyances. Cet ouvrage démontre que
des hommes, sous des latitudes et en des temps très différents,
ont eu la même pensée : notre vie terrestre n'est qu'un passage ;
il faut revenir sur terre pour effectuer de nouvelles tâches, subir
de nouvelles épreuves et accéder ainsi à une spiritualité parfaite.
L'auteur apporte ainsi d'innombrables témoignages, mais cite
également les textes hostiles à la thèse de la réincarnation en
montrant leurs lacunes. Ce livre précis montre parfaitement
cette loi de redistribution des mérites, les infinies possibilités de
l'homme qui, allant de décantation en décantation, parvient à
l'ultime libération.
Un grand livre de la sagesse et de nos lois essentielles dans un
monde inconnu.
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