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CLE Maths-Info, Module Analyse 2 (Chapitre 1, partie I) 1

Chapitre 1 : Intégrale de Riemann


I. Notion d’aire : approximation-définition

Introduction
La détermination de l’aire d’une région du plan délimitée par des segments de
droite (une surface rectiligne) repose sur des formules bien connues depuis
l’enseignement primaire. Cette détermination se ramène à l’aire d’un rectangle que
l’on peut prendre comme définition de base. Les quadrilatères sont des rectangles
particuliers, le triangle est la moitié d’un rectangle, les polygones se décomposent
en un nombre fini de triangles.

La détermination de l’aire des surfaces délimitées par des lignes curvilignes


(surfaces curvilignes) repose sur la notion d’intégrale (depuis le cours de Bacc 2).
Une telle aire peut être, en effet, ramenée à l’aire d’une portion du plan délimitée
par le graphe d’une fonction continue positive, l’axe des x (x=0) et deux droites
verticales x=a et x=b. L’aire est alors égale à .
Mais, plusieurs aires curvilignes étaient calculées avant l’apparition de la notion
d’intégrale. Ce calcul, qui ne recourt pas implicitement à l’intégrale, se fait sur la
base d’encadrement de la surface curviligne par des surfaces rectilignes. Il permet
de trouver une valeur approchée de l’aire cherchée. C’est le cas de la surface du
disque par exemple. Pour la détermination d’une valeur approchée de l’aire d’un
disque, Archimède avait utilisé un encadrement par des polygones inscrits et des
polygones circonscrits (cf. figure).

Ezzaim Laabid (ez.laabid@uca.ac.ma)


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On présente dans cette section quelques exemples d’illustration de cette démarche


qui permet de calculer approximativement l’aire d’une surface curviligne sans
utiliser l’intégrale. Et cela permet de donner une définition à la notion d’aire et
constitue, de fait, une façon d’introduire une définition rigoureuse de la notion
d’intégrale.
On commence par un rappel sur la notation sigma ( ) et ses propriétés, ainsi que
sur certaines sommes élémentaires des nombres entiers, de leurs carrés et de leurs
cubes.
1. Notation sigma
Définition
Soient , ,…, des nombres réels. La somme + +…+ est notée
eme
. est appelé l’indice de sommation, est le terme de la somme, 1 et n
sont les bornes (ou les limites) de la sommation.
Exemples
i) =1+2+3+4+5+6 ;
ii) =1+2+3+4+5+6 ;
iii) + +…+
Remarques
a) Les bornes de sommation sont indépendantes de l’indice de sommation.
b) L’indice de sommation peut être désigné par i, j, k,…etc
Propriétés
i) =k ( k constante)
ii) = +
iii) =
Proposition
Soit un réel et n un entier naturel. On a :
i) =n iii) =
ii) = iv) =

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2. Exemple de calcul de la valeur approchée de l’aire d’une région du plan


L’aire délimitée par le graphe de la fonction f(x)= +5, l’axe des x et les droites
d’équation x=0 et x=2.
L’aire de la région > aires des rectangles L’aire région est <aires des rectangles

Considérons 5 rectangles inscrits dans la région dont on veut calculer l’aire (figure
gauche) et 5 rectangles circonscrits à la dite région.
Ces rectangles ont la même largeur, soit . La longueur vaut : f( ) pour le ie
rectangle inscrit et f( -1)) pour le ie rectangle circonscrit.
L’aire du premier est : f( )x( ) et l’aire du second est : f( -1)) x( ).
La somme des aires des rectangles inscrits est :
s5= )( )= ( ). +5]= +10= 6,48
La somme des aires des rectangles circonscrits est :
S5= )( )= ( ). +5]= 8,08
L’aire s de la région est plus grande que s5 (la somme des aires des rectangles
inscrits) et plus petite que S5 (la somme des aires des rectangles circonscrits). On a :
s5<s<S5.
Remarques
i) Calculons et pour n quelconque :
On a :
= )( )= ( ). +5] = ( ) =
( ) =( ) = ( ) +10=
( ) +10 = . +10 d’où :
= )( )= ( ) =
. + . = . +10 =
+10= 10
D’où : = .

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En augmentant le nombre n de rectangles, on obtient un encadrement de plus en


plus précis. La différence entre et diminue quand n augmente. Par exemple,
pour n=25, on trouve que s25=7,1712 et S25=7,4912.
iii) On note que la suite est croissante majorée et la suite est décroissante
minorée, donc toutes les deux sont convergentes et on a :
= = . L’utilisation de l’intégrale donne aussi:
=

3. Schéma général : somme supérieure et somme inférieure


Soit f une fonction continue positive sur un intervalle [a,b]. Soit l’aire de la région
délimitée par la courbe de f, l’axe des x et les droites x=a et x=b.

La région sous la courbe d’aire . [a,b] est subdivisé en n sous intervalles de largeur x =

Subdivisons [ , ] en n sous intervalles de largeur x = .


Les bornes des sous intervalles sont :
= < = + x < = +2 x <…< = +n x = .
Comme f est continue sur [a,b], elle est continue sur chaque intervalle [ , ]
(i=1,…,n), d’où f est bornée sur chaque [ , ] et admet un maximum et un
minimum qu’on désigne respectivement par :
= sup{f( )/ [ , } et = inf{f( )/ [ , }.
Définissons un rectangle inscrit de hauteur dans la e sous région et un
rectangle de hauteur qui y est circonscrit.
L’aire du rectangle inscrit est égale à x et celle du rectangle circonscrit est
égale à x. Comme , on a : x x et la somme des aires des
rectangles inscrits est = x et celle des rectangles circonscrits est =
x. Par ailleurs, comme l’aire sous la courbe, soit , est comprise entre

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et ( ), est appelée la somme inférieure et est dite la somme


supérieure.

Aire des rectangles inscrits Surface sous la courbe Aire des rectangles circonscrits
Exemple
Déterminer les sommes inférieure et supérieure pour l’aire de la surface délimitée
par la courbe de la fonction f( )= , l’axe des et les droites =0 et =2.

Subdivisons [0,2] en n sous intervalles de largeur = . On a f est croissante sur


[0,2]. Le minimum (resp. le maximum) est atteint dans la borne inférieure (resp.
supérieure) du sous intervalle [ , ], soit = (resp. = ) où =1,…,n.
On trouve, après développement des calculs, que la somme inférieure ( resp.
supérieure) est = ( resp. = ) et on a : .
Remarques
i) n car ( ) ( )
ii) est croissante majorée et est décroissante minorée. Elles sont toutes les
deux convergentes et on a : ; et comme on
a: = = , même résultat que l’on obtient à l’aide de
l’intégrale .

4. Une définition de la notion d’aire


On constate dans les deux exemples ci-dessus que la somme supérieure et la
somme inférieure tendent vers la même limite lorsque n tend vers + et l’aire
sous la courbe est égale à cette limite commune. Ce résultat est général.
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Soit f une fonction continue et positive sur un intervalle [a,b], et soient [ , ]


( =1,…,n) n sous-intervalles de [a,b] ayant la même longueur x = , =
sup{f( )/ [ , ]} et = inf{f( )/ [ , }; = x et =
x.
On admet alors que l’on a: x= x (*)
Soit, par ailleurs, [ , ], on a : , d’où :
x et par suite : . D’où, il vient
d’après (*) : = x= x. On peut
alors donner la définition suivante de l’aire délimitée par une courbe de fonction
continue et positive.
Soit une fonction continue et positive sur
[a,b]. L’aire de la région délimitée par la courbe
de f, l’axe des x et les droites x=a et x=b est :
= ) x où
[ , ] et x = , ([ , ], =1,… ,
étant des sous intervalles de [a,b] t.q x0=a et
xn=b).
5. Exemples de calcul d’aire
a) Déterminons l’aire de la surface délimitée
par la courbe de f(x)=x3, l’axe des x, et les
droites x=0 et x=1. f est continue positive sur
[0,1]. Subdivisons [0,1] en n sous intervalles de
largeur x= . On a : = ) x où
ci = , la borne droite du ie intervalle (le choix
de ci est fait par convenance du calcul, mais il
peut être pris quelconque d’après la définition
ci-dessus ). On trouve après calcul:
=

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b) Déterminons l’aire de la surface délimitée


par la courbe de f(x)=4-x2, l’axe des x, les
droites x=1 et x=2. f est continue positive sur
[1,2]. Subdivisons [1,2] en n sous intervalles de
largeur x= . Choisissons ci=1+ la borne
droite du ie intervalle , on a d’après la définition
ci-dessus : s= ) x
=
=
=
c) Dans les exemples précédents, on a considéré que des rectangles de même
largeur. En fait, on peut utiliser des rectangles n’ayant pas la même largeur pour
déterminer l’aire d’une région du plan, comme le montre l’exemple suivant.

Considérons la surface délimitée par la courbe de


f(x)= , l’axe des x et les droites x=0 et x=1 et
subdivisons [0,1] ainsi :
et = ; i=1,…,n.
La largeur ieme rectangle est :
= = .
Soit s= ) où , .
En fait, il suffit de prendre pour la borne droite
de , , soit = .

D’où : ) =
1 Les rectangles n'ont pas la même
= = largeur

=
= .

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