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OBJET d’ETUDE : LA LITTERATURE D’IDEES (XVI-XVIII)

Parcours associé : Ecrire et combattre pour l’égalité

Texte 3 : Ecole des femmes, acte III, 2, Molière, 1662

ARNOLPHE

Je vous épouse, Agnès ; et cent fois la journée


Vous devez bénir l'heur1 de votre destinée,
5 Contempler la bassesse où vous avez été,
Et dans le même temps admirer ma bonté,
Qui de ce vil2 état de pauvre villageoise
Vous fait monter au rang d'honorable bourgeoise
Et jouir de la couche et des embrassements
10 D'un homme qui fuyait tous ces engagements,
Et dont à vingt partis3, fort capables de plaire,
Le coeur a refusé l'honneur qu'il vous veut faire. (…)
Le mariage, Agnès, n'est pas un badinage4 :
A d'austères5 devoirs le rang de femme engage,
15 Et vous n'y montez pas, à ce que je prétends,
Pour être libertine6 et prendre du bon temps.
Votre sexe n'est là que pour la dépendance :
Du côté de la barbe est la toute-puissance.
Bien qu'on soit deux moitiés de la société,
20 Ces deux moitiés pourtant n'ont point d'égalité :
L'une est moitié suprême et l'autre subalterne ;
L'une en tout est soumise à l'autre qui gouverne ;
Et ce que le soldat, dans son devoir instruit,
Montre d'obéissance au chef qui le conduit,
25 Le valet à son maître, un enfant à son père,
A son supérieur le moindre petit Frère7,
N'approche point encor de la docilité,
Et de l'obéissance, et de l'humilité,
Et du profond respect où la femme doit être
30 Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître.

1
Le bonheur
2
bas
3
Personnes qu’Arnolphe pouvait prétendre épouser
4
jeu
5 5
exigeants
6
Vivre librement
7
Religieux dans un monastère

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