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Chapitre 9

GRAPHES PLANAIRES,
EULÉRIENS, HAMILTONIENS
9.1 Graphes partiels et sous-graphes
On a souvent besoin d’isoler une partie d’un graphe.
Dé…nition 9.1.1 (Graphe partiel) Soit G = (X; A) un graphe. Le graphe G0 = (X; A0 ) est
un graphe partiel de G, si A0 A.
Autrement dit, on obtient un graphe partiel en enlevant une ou plusieurs arêtes au graphe
G.
Dé…nition 9.1.2 (Sous-graphe) On dit que le graphe G0 = (X 0 ; A0 ) est un sous-graphe du
graphe G = (X; A) si : X 0 X, A0 A tels que toutes les extrémités des arêtes de A0 soient
des éléments de X 0 .
Autrement dit un sous-graphe d’un graphe donné est donc obtenu en y enlevant des sommets
et toutes les arêtes incidentes à ces sommets.

Graphe G un graphe partiel de G un sous-graphe de G


Dé…nition 9.1.3 (Sous-graphe partiel) On appelle sous-graphe partiel de G tout graphe
partiel d’un sous-graphe de G .
Dé…nition 9.1.4 (Clique) On appelle clique d’un graphe G tout sous-graphe complet de G.
L’ordre de la plus grande clique d’un graphe G est noté ! (G).
Dé…nition 9.1.5 (Stable) On appelle stable d’un graphe G tout sous-graphe de G sans arêtes.
L’ordre du plus grand stable d’un graphe G est noté (G).
Exemple 9.1.1 G est le graphe ci-dessous. Déterminer (G) et ! (G)

@HugueTchantcho,Université Saint Jean de Yaoundé Mathématiques discrètes Lic Pro 1


9.2 Circuits eulériens 72

Exemple 9.1.2 Montrez que dans un groupe de six personnes, il y en a nécessairement trois
qui se connaissent mutuellement ou trois qui ne se connaissent pas (on suppose que si A connaît
B, B connaît également A).
Montrez que cela n’est plus nécessairement vrai dans un groupe de cinq personnes.

9.2 Circuits eulériens


La question à l’origine de la théorie des graphes est due à Euler, en 1736 : La ville de
Königsberg (actuellement Kaliningrad en Russie) est construite autour de deux îles reliées
entre elles par un pont et six ponts relient le continent à l’une ou l’autre des deux îles.

Le problème consiste à déterminer s’il existe ou non une promenade dans les rues de Kö-
nigsberg permettant, à partir d’un point de départ au choix, de passer une et une seule fois
par chaque pont, et de revenir à son point de départ, étant entendu qu’on ne peut traverser le
‡euve qu’en passant sur les ponts.
Sa résolution fut recherchée par ses habitants tout au long du XVIIIe siècle.
Le problème était insoluble, et c’est Leonhard Euler qui, le premier, donna à ce problème
la première résolution mathématique formelle en le ramenant à un problème de la théorie (le
mot « théorie » vient du mot grec theorein, qui signi…e « contempler, observer, examiner » )
des graphes.

Pour y répondre, Euler a introduit le graphe suivant :

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9.2 Circuits eulériens 73

Le problème de départ se ramène alors à la question suivante : peut-on trouver un chemin


permettant d’emprunter une, et une seule fois chaque arête ? Un raisonnement élémentaire sur
ce graphe en donne la réponse.

Dé…nition 9.2.1 (Chaîne eulérienne) On appelle chaîne eulérienne est une chaîne conte-
nant une et une seule fois toutes les arêtes du graphe.
Autrement dit une chaîne empruntant une fois et une seule chaque arête du graphe.

Dé…nition 9.2.2 (Circuit eulérien) On appelle circuit eulérien un circuit contenant une et
une seule fois toutes les arêtes du graphe.
Autrement dit un circuit empruntant une fois et une seule chaque arête du graphe.

Dé…nition 9.2.3 (Cycle eulérien) On appelle cycle eulérien un cycle contenant une et une
seule fois toutes les arêtes du graphe.
Autrement dit un cycle empruntant une fois et une seule chaque arête du graphe.

Exemple 9.2.1 Le graphe suivant possède -t-il une chaîne eulérienne ? un circuit eulérien ?

Dé…nition 9.2.4 (Graphe eulérien) Un graphe eulérien est un graphe possédant un circuit
eulérien.

Remarque 9.2.1 Dans un graphe eulérien, on peut passer sur chaque arête une et une seule
fois, mais on peut passer plusieurs fois par chaque sommet.

Exemple 9.2.2 Lequel des graphes suivants est-il eulérien ?

Théorème 9.2.1 (Théorème d’Euler) Un graphe simple et connexe G = (X; A) est eulérien
si et seulement si tous ses sommets sont de degré pair.

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9.2 Circuits eulériens 74

Preuve. :
()) Supposons G eulérien, soit alors c un circuit eulérien et x un sommet de G.
Le circuit c contient toutes les arêtes de G, donc toutes les d(x) arêtes ayant x comme
extrémité. Lors d’un parcours de c on arrive en x autant de fois qu’on en repart, chaque arête
de G étant présente une et une seule fois dans c, d(x) est nécessairement un nombre pair.
(() Réciproquement, supposons que tous les sommets de G soient de degré pair.
Formons une chaîne simple c1 , aussi longue que possible, à partir d’un sommet arbitraire
x0 . Cette chaîne c1 est en fait un circuit, sinon, son extrémité …nale serait de degré impair.
Si ce circuit c1 contient toutes les arêtes de G, alors c1 est le circuit eulérien recherché.
Dans le cas contraire, on considère le sous-graphe H obtenu à partir de G en éliminant les
arêtes de c1 et ses sommets qui ne sont incidents à aucune des arêtes restantes. Comme G est
connexe, H possède au moins un sommet commun avec le cycle c1 .
Soit x1 un tel sommet. Les sommets de H sont encore de degré pair (on a ôté un nombre
pair d’arêtes incidentes à x1 ). Construisons alors, de la même manière que précédemment, un
circuit c2 au départ de x1 dans H. La réunion de c1 et c2 forme un circuit c01 de x0 à x0 .
Si ce circuit c01 passe par toutes les arêtes de G, c01 est le circuit eulérien recherché.
Dans le cas contraire, on considère le sous graphe H 0 obtenu à partir de H en éliminant les
arêtes de c2 et les sommets qui ne sont incidents à aucune des arêtes restantes. Construisons
un cycle c3 de la même manière que pour c2 .
On peut poursuivre ce processus jusqu’à atteindre le cycle eulérien recherché. Ceci se fait
en un nombre …ni d’étapes car le graphe G comporte un nombre …ni de sommets.

Exemple 9.2.3 Le premier graphe de l’exemple précédent n’est pas eulérien car d (1) = 3 est
impair. Tandis que le second graphe est bien eulérien car tous ses sommets sont de degré 4 qui
est pair.

Dé…nition 9.2.5 (Graphe semi-eulérien) Un graphe semi-eulérien est un graphe possédant


une chaîne eulérienne

Remarque 9.2.2 Dans un graphe semi-eulérien, on peut parcourir tout le graphe en passant
sur chaque arête une et une seule fois, sans l’obligation de …nir au point par lequel on a com-
mencé).

Théorème 9.2.2 Un graphe simple et connexe G = (X; A) est semi-eulérien si et seulement


si au plus deux de ses sommets sont de degré impair.

Preuve. :
(() 1er cas : G n’admet pas de sommet de degré impair. Tous les sommets de G sont de
degré pair, et il est donc possible de trouver un circuit eulérien qu’il su¢ t de prendre comme
chaîne eulérienne.
2eme cas : G admet deux sommets de degré impair x et y. En ajoutant l’arête a = xy
au graphe G, on obtient un graphe eulérien : la suppression de l’arête xy de son cycle eulérien
montre l’existence dans G d’une chaîne eulérienne entre x et y.
()) Si le graphe G est semi-eulérien, il admet une chaîne eulérienne. Si cette chaîne est un
circuit, le graphe est eulérien et tous les sommets sont de degré pair. Si cette chaîne n’est pas

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9.2 Circuits eulériens 75

un circuit, considérons que son origine soit x et son extrémité soit y. Dans cette chaîne, seuls x
et y sont de degré impair, car tous les autres sommets sont tels que toute arête entrante impose
une arête sortante. Donc, seuls deux sommets sont de degré impair.

Remarque 9.2.3 En parcourant une chaîne ou un circuit, pour chaque sommet visité, on
utilise une arête pour arriver à ce sommet et une arête pour en repartir, ces deux arêtes ne
devant plus être utilisées par la suite. Le nombre d’arêtes utilisables en ce sommet diminue
donc de deux. Si un sommet est d’ordre impair, une de ses arêtes aboutissant à ce sommet doit
donc être soit sur la première arête d’une chaîne, soit sur la dernière. Une chaîne n’ayant que
deux extrémités, le nombre de sommets d’ordre impair ne peut excéder deux.

Exemple 9.2.4 Est-il possible de tracer ces …gures sans lever le crayon et sans repasser deux
fois par le même trait ? Donner un programme de construction pour chaque …gure dans le cas
où c’est possible.

En général il est possible grâce au théorème d’euler de reconnaitre un graphe semi-eulérien, il


faut encore savoir comment déterminer la chaîne eulérienne ? De quelle façon doit-on procéder ?
Consiérons le graphe suivant :

Ce graphe possède deux sommets de degré impair (3 et 4) donc c’est un graphe semi-eulérien.
Tout d’abord il faut le rendre eulérien. Pour ce faire, nous devons ajouter une arête reliant les
deux sommets de degré impair.

De ce fait, tous les sommets sont de degré pair.


La suite consiste à construire à l’intérieur du graphe de plus petits cycles eulériens.

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9.3 Graphe planaire 76

Cycle c1 Cycle c2 Cycle c3

Chaque fois que nous arrivons et repartons d’un sommet dans notre marche, nous suppri-
mons deux de ses arêtes incidentes. Les arêtes du graphe étant supprimées au fur et à mesure
de la construction, elles apparaissent bien exactement une fois dans le cycle …nal.
En…n, il su¢ t de fusionner les di¤érents « petits » graphes eulériens entre eux.
La chaîne eulérienne est donc : 3 –2 –5 –6 –1 –4 –6 –3 –1 –2 –4
Voici un algorithme de détermination d’une chaîne eulérienne

9.3 Graphe planaire


Dé…nition 9.3.1 Un graphe est dit planaire s’il admet une représentation graphique dans le
plan telle que deux arêtes quelconques ne se coupent pas.

Remarque 9.3.1 Si un graphe est planaire alors tous ses sous-graphes qui le sont aussi.

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9.3 Graphe planaire 77

Il faut bien remarquer qu’il y a plusieurs dessins possibles pour un même graphe, et que
deux arêtes peuvent se croiser sans pour autant dé…nir un sommet (comme on le verra ci-
dessous, il n’est pas toujours possible de représenter un graphe sur une feuille sans qu’il y ait
de croisement). Le dessin doit donc clairement identi…er les sommets.

Exemple 9.3.1 On a représenté dans le dessin qui suit un certain nombre de graphes. Il est
facile de voir que G2 et G3 , d’une part, G4 et G5 d’autre part représentent le même graphe ; de
même, G6 et G8 représentent le même graphe. Par contre, G6 et G7 sont des graphes d’ordre 6
di¤érents.

Une façon de le prouver est la suivante : dans G6 et G7 , si l’on …xe un sommet, il y a


exactement 2 sommets qui ne lui sont pas adjacents ; mais dans G6 , ces deux sommets sont
reliés par une arête (comme dans G8 bien sûr) alors que dans G7 ils ne sont reliés par aucune
arête.

Remarque 9.3.2 C’est un problème très di¢ cile en général, dès que le nombre de sommets
est assez grand, de décider si deux dessins représentent le même graphe, à un changement de
nom près pour les sommets et les arêtes ; il est souvent plus facile, en utilisant des propriétés
particulières, de montrer que deux dessins ne représentent pas le même graphe.

Les graphes planaires sont utilisés par exemple dans le dessin des circuit électrique où l’on
essaye d’éviter de traverser les …ls électriques sur des faisceaux laser ou même des tuyaux d’eau.
Les graphes planaires ont aussi leurs usages dans certaines branches des mathématiques, surtout
en théorie des groupes et topologie.
Il y a des algorithmes rapides (algorithmes du temps linéaires) pour tester si un graphe est
planaire ou pas. Cependant, les algorithmes sont tous plutôt di¢ cile à implémenter.

9.3.1 Cartes, régions


Dé…nition 9.3.2 (cartes, régions) Une carte est une représentation particulière d’un graphe
planaire.

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9.3 Graphe planaire 78

On dit qu’une carte est connexe si son graphe l’est.


Une carte divise le plan en plusieurs régions.

Concrètement, On observe qu’un graphe planaire découpe le plan en plusieurs régions. Une
face d’un graphe est donc par dé…nition une région du plan limitée par des arêtes et qui ne
contient ni sommets ni arêtes dans son intérieur.
Deux faces A et B sont dites adjacentes si leurs contours ont au moins une arête commune ;
deux faces qui ne se touchent que par un sommet ne sont pas adjacentes.

Exemple 9.3.2 Par exemple, la carte ci-dessous, avec six sommets et huit arêtes, divise le
plan en quatre régions (A, B, C, D).

On remarque que trois régions sont limitées alors que la quatrième (D), extérieure
au diagramme, ne l’est pas.

Dé…nition 9.3.3 Le degré d’une région (ou face) F , noté d(F ), est la longueur du cycle ou de
la chaîne fermée qui limite F .

Exemple 9.3.3 Dans le graphe ci-dessus, d(A) = 3, d(B) = 5, d(C) = 3 et d(D) = 5.

Remarque 9.3.3 Toute arête limite deux régions, ou est contenue dans une région et est alors
comptée deux fois dans la chaîne fermée. Il en découle le résultat suivant connu sous le nom de
lemme des régions.

Proposition 9.3.1 (Lemme des régions) La somme des degrés des régions d’une carte
connexe est égale à deux fois le nombre a d’arêtes.
X
r
d (Fi ) = 2a où r est le nombre de régions
i=1

Euler a établi une formule démontré par Legendre (1794) qui relie le nombre de sommets
n, le nombre d’arêtes a et le nombre de régions f d’une carte connexe :

Théorème 9.3.1 (Formule d’Euler) Soit G = (X; A) un graphe planaire d’ordre n, ayant a
arêtes et f régions. Alors n a + f = 2:

Preuve. :
1er cas : si le graphe est acyclique (sans cycle)
Cela signi…e que le graphe ne comporte qu’une seule face, et comme il est simple et connexe,
le nombre de sommets est supérieur d’une unité au nombre d’arêtes. Donc f = 1 et n = a + 1
et par conséquent n a + f = 2.

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9.3 Graphe planaire 79

2eme cas : si le graphe contient au moins un cycle.


Pour démontrer cette formule, nous utiliserons la récurrence sur le nombre d’arête a.
– Une seule arête dans un graphe simple connexe signi…e 2 sommets et donc 1 face. Ainsi
Si a = 1 alors n = 2 et f = 1 doù n a + f = 2. La propriété est donc vraie pour a = 1.
–Soit a le nombre d’arêtes. On suppose que la relation est vraie jusqu’au nombre d’arêtes
a, c.-à-d. : na a + fa = 2, montrons que na+1 (a + 1) + fa+1 = 2
Que signi…e ajouter une nouvelle arête ? (passer de a arêtes à (a + 1) arêtes) ?
Soit ajouter un nouveau sommet. Donc, il n’a pas de nouveau cycle, ni de nouvelle face.
D’où fa+1 = fa et na+1 = na + 1 ; on obtient alors na+1 (a + 1) + fa+1 = na + 1 (a + 1) + fa =
na a + fa = 2
Soit l’arête rejoint deux sommets préexistant et cela revient à ajouter une nouvelle
face. Donc fa+1 = fa + 1 et na+1 = na ; on obtient alors na+1 (a + 1) + fa+1 = na (a + 1) +
fa + 1 = na a + fa = 2:
On conclut que la propriété est vraie quel que soit le nombre d’arêtes :

Remarque 9.3.4 Cette formule est applicable aux polyèdres convexes : le nombre de sommets
moins le nombre d’arêtes plus le nombre de faces est toujours égal à 2.

Exemple 9.3.4 Le ballon de football est un polyèdre dont toutes les faces sont des hexagones
ou pentagones réguliers. Sans les compter, combien y a-t-il de pentagones et d’hexagones ?

Solution : Nous cherchons à représenter graphiquement un ballon de football. Par facilité,


nous choisissons de n’en représenter que la moitié (existence d’une symétrie). Ainsi, nous apla-
tissons le ballon de football dans le but d’obtenir un graphe représentant la moitié de ce ballon.

Nous obtenons un graphe dont les sommets correspondent aux sommets des pentagones et
hexagones formant le ballon, et dont les arêtes sont les arêtes de ces mêmes polygones. Ce
graphe possède les propriétés des graphes planaires.
Premièrement, nous allons exprimer le nombre de régions, d’arêtes et de sommets en fonction
des hexagones et des pentagones de façon à obtenir une première relation, en utilisant la formule
d’Euler. Notons p et h les nombre de pentagones et hexagones respectivement
Nombre de faces f = p + h
Nombre d’arêtes a = 12 (6h + 5p) car chaque arête est rattachée à 2 faces.
Nombre de sommets n = 31 (6h + 5p) car chaque sommet est rattaché à 3 faces.
Nous pouvons maintenant remplacer ces membres dans la formule d’Euler : n a + f = 2
On obtient donc 31 (6h + 5p) 21 (6h + 5p) + p + h = 2 c’est-à-dire p = 12.

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9.3 Graphe planaire 80

Donc nous pouvons déterminer que le nombre de pentagones p est égal à 12.
Ensuite, grâce à l’observation de notre ballon de foot, on peut déterminer une relation entre
le nombre de pentagones et d’hexagones.
Chaque hexagone est en contact avec 3 pentagones tandis que chaque pentagone touche 5
hexagones. Donc 5p = 3h, il en découle que h = 35 12 = 20
En conclusion, nous pouvons a¢ rmer que notre ballon contient 20 hexagones et 12 penta-
gones.

Proposition 9.3.2 Si G = (X; A) est un graphe est planaire d’ordre n 3, alors a 3n 6.


De plus, si G n’admet pas de cycle d’ordre 3 alors alors a 2n 4.

Preuve. :
Remarquons d’abord que si G n’est pas connexe avec k composantes connexes Gi , i 2
f1; : : : ; kg, si la propiété est vraie pour les sous-graphe planaires Gi , alors elle est aussi vraie
Pk Pk
pour G. En e¤et a = ai 3 ni 6k = 3n 6k 3n 6.
i=1 i=1
Il est donc su¢ sant de montrer ce résultat pour les graphes connexes.
Bien évidemment le cas où a 2 est clair. Supposons alors a 3. Alors chaque région
F de la carte ainsi obtenue contient au moins trois arêtes sur sa frontière, et comme chaque
arête est reliée à deux régions au maximum, on a alors 3f 2a. D’après la formule d’Euler,
3 (2 + a n) 2a c’est-à-dire a 3n 6.
Le second résultat se démontre de la même façon à la seule di¤érence qu’ici chaque région
F de la carte contient au moins quatre arêtes sur sa frontière (lorsque G est connexe et a 4).
Le théorème suivant est dû à Heawood (1890).

Théorème 9.3.2 Si G = (X; A) est un graphe planaire alors G 5.

Preuve. Si n 2, alors il n’y a rien à démontrer. Supposons alors n 3. Par le lemme des
P
poignets de mains et grâce à la proposition précédente, G n d (x) = 2a 6n 12. Il
x2X
s’en suit que G 5.
Le théorème suivant est très important dans la caractérisation des graphes planaires.

Théorème 9.3.3 Les graphes K5 et K3;3 ne sont pas planaires.

Preuve. Par application de la proposition précédente, un graphe planaire d’ordre 5 a au plus


3 5 6 = 9 arêtes, mais K5 est d’ordre 5 et possède 10 arêtes donc n’est pas planaire. Et par
le second item de la même proposition, un graphe planaire d’ordre 6 n’admettant pas de clique
d’ordre 3 a au plus 2 6 4 = 8 arêtes, mais K3;3 est d’ordre 6 et possède 9 arêtes donc n’est
pas planaire.

Remarque 9.3.5 :
1. Tout graphe acyclique est planaire.
2. Les graphes complets sont planaires jusqu’à l’ordre 4. En e¤et Kn n’est pas planaire si n 5
car il contient K5 comme sous-graphe non planaire.

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9.3 Graphe planaire 81

K3 K4 K5

3. Les graphes bipartis de type K1;n et de types K2;n sont planaires

K1;4 K2;2 K2;3 K2;4

4. Un graphe biparti de type Km;n avec m; n 3 n’est pas planaire car il contient K3;3 comme
sous-graphes non planaire.

Tous les sous-graphes partiels propres de K3;3 sont planaires : la suppression de n’importe
quelle arête de K3;3 le rend planaire. Comme K3;3 est symétrique par rapport aux sommets de
chacun des ses côtés, on peut choisir l’arête que l’on veut.
Dans la …gure ci-dessus, on a supprimé l’arête entre les sommets 4 et 1.

9.3.2 Carcatérisation des graphes planaires


Pendant de nombreuses années, les mathématiciens ont tenté de caractériser les graphes
planaires. Ce problème a été résolu en 1930 par le mathématicien polonais K. Kuratowski qui a
énoncé un théorème de caractérisation démontré plus tard par Pontryagin (1927-1928), et aussi
par Frink et Smith (1930) indépendamment .

Dé…nition 9.3.4 (Graphes homéomorphes) Deux graphes sont homéomorphes s’ils peuvent
tous les deux être obtenus à partir d’un graphe commun en remplaçant les arêtes par des chaînes
simples.

Exemple 9.3.5 Les quatres graphes suivants sont homéomorphes

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9.4 Graphe hamiltonien 82

Un graphe homéomorphe à un graphe G est obtenu par subdivision successive des arêtes
par ajout des sommets.
Le résultat suivant est assez évident.

Proposition 9.3.3 Un graphe G est planaire si et seulement si tout graphe homéomorphe à G


est planaire.

Théorème 9.3.4 Un graphe est non planaire si et seulement si il contient un sous-graphe


homéomorphe à K3;3 ou K5 .

Preuve. (exercice)

9.4 Graphe hamiltonien


Le dodécaètre est à l’origine d’un autre problème célèbre, dû à Hamilton.

Le concept du graphe hamiltonien vient d’un problème soulevé par Hamilton en 1859 : «
Peut-on, en partant d’un sommet d’une …gure, passer par tous les sommets une et une seule
fois en revenant …nalement à son point de départ ? »
Partant de ce problème, Hamilton a même inventé un jeu appelé ‘Icosian game’. Le but
du jeu est de résoudre le problème sur une …gure bien spéci…que : le dodécaèdre. Aujourd’hui
encore, la théorie des graphes hamiltoniens n’a pas été percée à jour et les recherches continuent
toujours dans ce domaine.

9.4.1 Polyèdre platonicien


Petit détour par la géométrie dans l’espace pour introduire notre notion.

Dé…nition 9.4.1 Un polyèdre platonicien est un polyèdre convexe régulier.

1. Polyèdre : un polyèdre est un volume limité par des faces planes. L’intersection de deux
faces est une arête et l’intersection de deux arêtes est un sommet.
2. Convexe : un polyèdre est convexe s’il est toujours situé d’un même côté du plan d’une
quelconque de ses faces.
3. Régulier : un polyèdre convexe est régulier si toutes ses faces sont des polygones réguliers
isométriques et si en chaque sommet aboutit le même nombre de faces.

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9.4 Graphe hamiltonien 83

Remarque 9.4.1 Un polyèdre régulier est inscriptible dans une sphère et toutes ses faces sont
des polygones réguliers isométriques.
Euclide a prouvé qu’il existe exactement 5 polyèdres convexes réguliers :

Ces solides sont appelés communément solides de Platon en raison de ses travaux. Les
Grecs ont accordé une signi…cation mystique aux cinq solides réguliers en les rattachant aux
grandes entités qui, selon eux, façonnaient le monde : le feu est associé au tétraèdre, l’air à
l’octaèdre, la terre au cube, l’univers au dodécaèdre et l’eau à l’icosaèdre.
Les solides de Platon peuvent être traduits en termes de graphe :

le cube le tétraèdre l’octaèdre

le dodécaèdre l’icosaèdre

Peut-on, en partant d’un sommet d’un solide de Platon, passer par tous les sommets une et
une seule fois en revenant …nalement à son point de départ ?

9.4.2 Circuit hamiltonien


Dé…nition 9.4.2 (Chaîne hamiltonienne) Une chaîne hamiltonienne est une chaîne pas-
sant une fois et une seule par chaque sommet du graphe situé entre les deux extrémités de la
chaîne.
Autrement dit une chaîne empruntant une fois et une seule chaque sommet du graphe situé
entre les deux extrémités de la chaîne.

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9.4 Graphe hamiltonien 84

Dé…nition 9.4.3 (Circuit hamiltonien) Une circuit hamiltonien est un circuit passant une
fois et une seule par chaque sommet du graphe.
Autrement dit un circuit empruntant une fois et une seule chaque sommet du graphe.

Exemple 9.4.1 Le graphe suivant possède -t-il une chaîne hamiltonienne ? un circuit hamil-
tonien ?

Un circuit hamiltonien passe par tous les sommets, mais pas nécessairement par toutes les
arêtes.

Dé…nition 9.4.4 (Graphe hamiltonien) Un graphe hamiltonien est un graphe qui présente
un circuit hamiltonien.

Remarque 9.4.2 Dans le cas des graphes orientés (que nous verrons plus loin), on parlera de
graphe hamiltonien s’il est possible de trouver un cycle passant une et une seule fois par tous
les sommets.

Dé…nition 9.4.5 (Graphe semi-hamiltonien) Un graphe semi-hamiltonien est un graphe


qui présente une chaîne hamiltonienne constituée de tous les sommets du graphe.

Exemple 9.4.2 Le graphe ci-dessous est semi-hamiltonien :

Exemple 9.4.3 il ne comporte aucun circuit hamiltonien, par contre 1 5 6 3 2 4


et 1 2 3 6 5 4 forment des chaines hamiltoniennes. Remarquons qu’aucune chaîne
hamiltonienne ne part de 5 ou de 2.

Contrairement aux graphes eulériens, il n’existe pas encore une bonne caractérisation des
graphes hamiltoniens. En e¤et, déterminer si un graphe G est hamiltonien est un problème
NP-Complet. Il existe tout de même quelques propriétés et conditions assez intéressantes.
Les résultats suivants sont immédiats ;

Proposition 9.4.1 :
1. Un graphe possédant un sommet de degré 1 ne peut être hamiltonien.

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9.4 Graphe hamiltonien 85

2. Si un sommet dans un graphe est de degré 2, alors les deux arêtes incidentes à ce sommet
doivent faire partie du circuit hamiltonien.
3. Les graphes complets Kn avec n 3 sont hamiltoniens.
4. Un graphe biparti complet Km;n est hamiltonien si et seulement si m = n 2.
Proposition 9.4.2 (Théorème d’Ore) Soit G = (X; A) un graphe simple d’ordre n 3. Si
pour toute paire de sommets x et y non adjacents on a d (x)+d (y) n alors G est hamiltonien.
Un corollaire de ce théorème est celui de Dirac.
Théorème 9.4.1 (Corollaire de Dirac) Soit G = (X; A) un graphe simple d’ordre n 3.
Si pour tout sommet x 2 X on a d (x) n2 alors G est hamiltonien.
Preuve. En e¤et, un tel graphe véri…e les conditions du théorème précédent. Si x et y ne sont
pas adjacents, on a bien : d (x) + d (y) n2 + n2 n.
Voici d’autres conditions su¢ santes pour qu’un graphe soit hamiltonien.
Proposition 9.4.3 Soit G un graphe simple d’ordre n ayant a arêtes.
1
1. Si a 2
(n2 3n + 6) alors G est hamiltonien.
1
2. Si a 2
n (n 1) + 2 alors G est hamiltonien.
Exemple 9.4.4 Dessinez un graphe d’ordre au moins 5 qui est...
1. hamiltonien et eulérien,
2. hamiltonien et non eulérien,
3. non hamiltonien et eulérien,
4. non hamiltonien et non eulérien.
Exemple 9.4.5 Peut-on, en partant d’un sommet d’un solide de Platon, passer par tous les
sommets une et une seule fois en revenant …nalement à son point de départ ?
Exemple 9.4.6 1) Démontrer que le graphe G suivant est hamiltonien.

2) Partitionner ce graphe en circuits hamiltonien. Combien de tels circuits existe-


t-il ?
Proposition 9.4.4 (Partition de Kn en circuits hamiltoniens)
n 1
1. Si n est impair et que n 3 alors Kn a 2
circuits hamiltoniens n’ayant aucune arête
commune.
n
2. Si n est pair et que n 3 alors Kn a 2
chaines hamiltoniennes n’ayant aucune arête
commune.

@HugueTchantcho,Université Saint Jean de Yaoundé Mathématiques discrètes Lic Pro 1

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