Chapitre 1 : Une terreur nommée Sun Tzu

Il était une fois, dans un pays très lointain, au cœur d’une immense forêt, un gigantesque ours noir
appelé Sun Tzu. Il faisait régner la terreur dans toute la région. Dès le réveil, il était d’une humeur
massacrante et partait à la recherche d’un animal à tourmenter*. Parfois, il tombait sur un être
humain, ce qui le rendait encore plus méchant. Si la moindre créature avait le malheur de croiser
son chemin, il la poursuivait en poussant des cris féroces, puis la dévorait en quelques bouchées.
Sun Tzu était si colérique que même les oiseaux n’osaient plus faire leurs nids dans la forêt et les
petites fleurs avaient peur de pousser.
Un beau jour, alors qu’il marchait à flanc de montagne en râlant, comme à son habitude, Sun Tzu
entendit une voix au loin. Il tendit l’oreille, les babines retroussées. Cela venait de la rivière en
contre-bas. Ni une ni deux, il se précipita vers l’animal mais il s’arrêta net et ce qu’il vit le laissa sans
voix....
Dans l’eau ondulante, une ourse blanche géante, presque plus grande que lui, pêchait le saumon
en chantonnant. Son pelage était éclatant comme la neige au soleil. Ses mouvements étaient fluides
comme l’eau de la rivière. Jamais Sun Tzu n’avait vu un tel spectacle et jamais il n’avait vu d’ours
aussi grand que lui.
Après quelques minutes, Sun Tzu repris ses esprits et recommença à grogner. L’ourse blanche
l’ignora, ce qui eut pour effet de l’énerver encore plus. Dans un accès de fureur, il poussa un cri qui
fit trembler toutes les montagnes alentours.
Mais la belle ourse n’était pas du tout impressionnée. Elle lui jeta à peine un regard et d’un coup de
patte, lui envoya un gros saumon.

Vocabulaire :
Tourmenter : énerver, agacer

Le poisson tomba devant Sun Tzu qui ne savait plus comment réagir. C’était bien la première fois
que quelqu’un restait aussi calme devant lui. D’habitude en le voyant, humains et animaux fuyaient
à toutes jambes, ou mouraient d’une crise cardiaque.
Et, en plus de ne pas fuir, cette ourse lui faisait un cadeau. Sun Tzu resta là comme un gros bêta.
Crier ne servait à rien. Le saumon frétillait toujours sur l’herbe et dégageait une odeur délicieuse. Il
l’avala tout rond. Un autre saumon tomba sous son nez. La belle ourse s’amusait et continuait ...
Sun Tzu apprécia tellement la chair du saumon qu’il se décida enfin à bouger et entra dans l’eau...
L’ourse blanche le laissa approcher sans toutefois savoir ce qui allait se passer...

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 Chapitre 2 : La petite Panda

L’ourse blanche lui dit alors : « Bonjour, je m’appelle Wencheng. »

Le gros ours mal léché répondit alors de sa grosse voix : « Euh... moi c’est Sun Tzu. »

Deux ans plus tard, les deux mammifères avaient donné naissance à cinquante-huit adorables petits
oursons noirs et blancs. C’était un vrai miracle ! Toute une nouvelle tribu fondée en si peu de temps.
Il faut dire que Wencheng avait quelque chose de surnaturel en elle. Certains disaient qu’elle était
une divinité transformée en ourse. Pour calmer la rage de Sun Tzu et rétablir la paix dans la région,
cette déesse de la nature avait eu la merveilleuse idée de lui donner l’amour qu’il n’avait jamais
reçu. Le pauvre Sun Tzu avait perdu ses parents lorsqu’il était jeune ourson. Seul et privé de
tendresse, sa haine pour le monde avait grandi d’année en année.
Cette vie de tristesse et de colère était derrière lui désormais. Il avait une famille tellement grande
et tellement pleine d’amour que les blessures de son cœur s’étaient complètement refermées.
Parmi tous les petits oursons noirs et blancs, il y
avait Panda. Celle-ci était particulièrement
intelligente. Un jour, elle alla trouver ses parents et
leur dit :
« Cher Papa et chère Maman, je trouve
terriblement injuste de tuer d’autres animaux pour
nous nourrir. Nous sommes très nombreux et en
train de dépeupler notre magnifique forêt. »
Wencheng fut très impressionnée par l’immense bienveillance de sa petite oursonne.
« C’est sûr, pensait-elle, celle qui a hérité de ma nature divine, c’est Panda ! »
Sun Tzu fut moins facile à convaincre. Il aimait tellement la viande et le poisson !
Il déclara alors :
« Laissons le choix à chacun. Que ceux qui ne souhaitent plus manger d’êtres vivants mangent du
bambou ! Moi je garde mon régime alimentaire ! »
Et tous les petits oursons noirs et blancs firent le même choix que Panda. Ils passèrent donc leurs
journées à mastiquer des bambous.
Au sein de cette famille de végétariens, Sun Tzu était désormais le
seul à manger de la viande. Wencheng décida de suivre ses
enfants et se mit elle aussi à déguster les grandes tiges fibreuses.
Pour ne pas délaisser son gros ours de mari, elle allait chaque jour
à la rivière chercher quelques bons saumons bien frais et les lui
servait pour le dîner.
C’est ainsi que, depuis la volonté de cette petite oursonne, tous les
ours noirs et blancs de Chine mangent du bambou et se font
appeler « pandas ».

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