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PDF of La Vague Qui Vient 1St Edition Daniel Fohr Full Chapter Ebook
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Fohr
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DU MÊME AUTEUR
Romans
UN MORT PAR PAGE, Robert Laffont, 2010.
PRIÈRE DE LAISSER SES ARMES À LA RÉCEPTION, Robert Laffont, 2012.
L’ÉCLAIR SILENCIEUX DU CATATUMBO, Robert Laffont, 2014.
RETOUR À BUENOS AIRES, Slatkine&Cie, 2018.
L’ÉMOUVANTE ET SINGULIÈRE HISTOIRE DU DERNIER DES LECTEURS, Slatkine & Cie, 2021.
Théâtre
NELSON E GEORGES (traduction vers l’italien de Daniela Giunta), Nuova Ipsa, 2005.
Illustration de couverture : © Sébastien Plassard / Costume 3 pièces
© inculte, 2023
ISBN 978-2-36084-206-3
DANIEL FOHR
STEVE TESICH
CHARLES BAUDELAIRE
I
Les hommes s’étaient dirigés vers la colline qui n’était pas encore
une île. C’étaient des hommes trapus qui avançaient pieds nus en
regardant autour d’eux et en levant leur gros nez, bien plus pratique
à l’usage qu’un petit nez d’homme moderne pour inhaler l’oxygène
nécessaire à la combustion des quatre mille cinq cents calories
indispensables à leur survie dans l’hiver européen de l’époque.
C’était une bande de cinq mâles et deux femelles qui chassaient le
lièvre variable avec leurs lances à pointe d’os de renne et cueillaient
des noix, leurs bifaces et hachereaux de silex dans un sac fait de
panse de bœuf musqué accroché à la taille. Cela faisait quelque
temps qu’il n’y avait plus dans le coin ni mammouths ni tigres à
dents de sabre et leur vigilance était orientée vers la détection de
mouvements de petits animaux dans l’herbe, vers les odeurs de
plantes médicinales, de fruits, de charognes ou d’un feu invisible.
Une partie du clan était restée au campement et terminait la
construction des huttes et de la barrière coupe-vent sur un terrain
déblayé près du passage d’un ruisseau, avec ce qu’ils avaient
ramené de branches, de fougères et de hautes herbes. Le groupe
marchait sur une pente broussailleuse d’où émergeait un bouquet
d’arbustes chargés de baies mauves comme ils n’en avaient jamais
vu. Celui qui les guidait n’était pas le plus grand et portait des
cheveux roux enduits de graisse et une barbe clairsemée. Il
s’approcha du buisson, prit une des baies, la tritura entre ses doigts
et la flaira. Ensuite, il lança un regard au plus vieux de la troupe,
appuyé sur son bâton, un gars aux cheveux gris terne qui marchait
avec un pied en dedans, et désigna les baies mauves, mais le vieux
fit non, non, non, en secouant la tête, et il mit sa main sur son
ventre avec une grimace. Le chef regarda les autres chasseurs, mais
personne ne se proposa pour goûter les baies, pas plus les hommes
que les deux femmes. Le sens du dévouement et de l’honneur, qui
envoya à la mort nombre de héros au cours des siècles qui suivirent,
était à l’époque un concept assez peu répandu. Le chef goûta la
chair des fruits mauves du bout de la langue, puis lécha la paume de
sa main, fit tourner la pâte dans sa bouche et l’avala. Il attendit un
moment et comme rien ne se produisait, il se retourna vers la
troupe, grommela quelque chose, avança le menton deux fois et il
prit une autre poignée de baies qu’il avala d’un coup, sans les
mâcher, puis une troisième pour finir. Tout le monde se mit alors à
cueillir les baies et même le vieux avec le pied en dedans se laissa
convaincre par les langues violettes du clan. Les baies n’étaient pas
aussi bonnes que le prétendait le guide, elles étaient même plutôt
acides, mais ils n’avaient rien mangé depuis la veille et la collation
fut appréciée. Après quoi, ils reprirent leur exploration.
Au pied de la colline, celui qui menait la troupe poussa un
grognement et s’arrêta. Il passa une main dans ses cheveux gras,
poussa un second grognement, puis mit la main sur son ventre et
finalement s’accroupit. Les autres le regardèrent se vider et ensuite
se regardèrent. Un deuxième chasseur mit la main sur son ventre
avant de s’accroupir à son tour, et bientôt le groupe tout entier, à
l’exception d’une des femmes, se baissa pour soulager ses crampes.
Le fenouil sauvage qui calmait les contractions et les coliques ainsi
que les plantes qui guérissaient des vers et des poisons étaient
restés au camp. Tandis que le groupe se répandait sur la lande, le
vieux avec un pied en dedans et des cheveux filasse grogna en
direction du chef et tout le monde lui donna raison en grognant
aussi, mais le chef détourna la tête et fit semblant de se concentrer
sur l’horizon.
J’étais arrivé sur l’Île quelques mois plus tôt à la suite d’un naufrage,
à croire qu’il n’y a pas d’autre façon d’aborder une île, comme
Robinson, comme Ulysse. Ou comme Napoléon, parce qu’échouer à
Sainte-Hélène si ce n’est pas un naufrage, je ne sais pas ce que
c’est.
Le naufrage était celui de mes ambitions, que j’avais été contraint
d’ajuster à la réalité du monde. Une douloureuse dégringolade.
L’homme à l’intérieur était resté le même dans ses aspirations, la
blessure en plus. Et contrairement à ce que tout le monde répète,
tout ce qui ne vous tue pas ne vous rend pas plus fort. Tout ce qui
ne vous tue pas, un accident, une maladie, une opération ou un
échec professionnel, vous affaiblit. Ce qui ne vous tue pas vous
mine, vous ronge, vous use, nuit à la qualité de votre sommeil, crée
de l’angoisse, du stress, de la dépression, des rides, des cheveux
blancs, des ulcères, des cancers et des douleurs musculaires. Tout ce
qui ne vous tue pas raccourcit votre espérance de vie.
Je viens d’une lignée qui a produit des cavalcades d’aurochs sur
les murs de grottes providentielles, sculpté les batailles de Trajan
autour d’une colonne de marbre de Paros, peint les semailles de
l’Égypte ancienne sur les parois de la tombe de Nakht et dessiné les
trente-neuf feuillets en accordéon d’un codex maya conservé à
Dresde. Mes prédécesseurs racontaient le monde en images quand
l’écriture n’existait pas et que les écrivains étaient encore dans les
arbres.
Ceci pour remettre en perspective le fait qu’un auteur de bandes
dessinées n’est pas nécessairement quelqu’un qui n’a jamais rien su
faire d’autre que de gribouiller dans les marges de ses cahiers, lieu
commun qui lui colle à la peau et autorise ses lecteurs à lui taper
dans le dos et à le tutoyer sous prétexte qu’ils ont l’habitude de le
lire aux toilettes.
L’échec du premier tome de La Galaxie des Mille Soleils, une saga
ambitieuse, sans aucun texte, une grande œuvre purement visuelle
planifiée en treize albums, m’avait plongé dans un état d’abattement
profond. Trois ans de travail engloutis dans les profondeurs de
l’économie du pilonnage du papier.
L’ambition est le moteur de tout artiste, l’envie de croire qu’il est
toujours possible de faire mieux, mieux que soi et mieux que les
autres, d’accoucher de l’œuvre ultime et d’obtenir la reconnaissance
légitime du plus grand nombre. Mais lorsque cette ambition se brise
contre le mur d’une réalité contraire, elle se transforme en doute, en
dépression, en suspicion, et l’idée que l’artiste se fait alors de son
talent lui apparaît comme pure illusion.
Quelque chose n’avait pas marché.
Personne n’avait été capable de fournir d’explication rationnelle au
phénomène. Comme si la promotion n’avait pas existé, comme si les
piles d’albums sur les tables et présentoirs sur mesure en tête de
gondole étaient devenues transparentes, visibles par mes yeux
seuls, comme si mon nom ne disait plus rien à personne, comme si
j’étais devenu un inconnu du jour au lendemain, un invisible.
Le phénomène était d’autant moins compréhensible qu’il était
concentré sur mon œuvre uniquement. Aucune chute des ventes sur
le marché de la bande dessinée ne fut enregistrée lors de la sortie
du premier volume, aucun événement qui aurait pu interférer dans
le comportement des lecteurs, je n’étais mêlé à aucun scandale,
aucune pandémie ne s’était déclarée. Un mystère absolu, une
déchirure dans le tissu du réel, un trou de ver comme pour le porte-
avions Nimitz.
Je regrettais de ne pas avoir été plus heureux quand ça allait bien
et de ne pas avoir fait des provisions pour la suite.
Sans réserves financières et sans perspectives d’en constituer,
j’avais vendu mes quelques possessions et transformé mon
appartement en temple du dépouillement, au point que j’avais
finalement résolu d’en faire l’économie et décidé de m’installer sur
l’Île pour une période un peu plus longue que les vacances qu’il
m’arrivait d’y passer seul ou accompagné, même si un artiste ne
prend jamais de vacances, comme en attestent les carnets de
Léonard de Vinci où le mot n’apparaît pas.
III
L’ÎLE
Île d’exil,
Mon âme en péril,
Sur le sentier fragile
D’un bonheur volatil.
LA LONGUE MARCHE
VIS (LATIN) :
BRUTALITÉ, VIOLENCE
VÉNUS
FILARDO
No por sospiros que deis,
corazón, descanso espero;
pero dé el alma el postrero,
y ella y Vos descansaréis.
Estando la vida tal
de su tiempo bueno ausente,
que ser vida es acidente,
y cansarme es natural,
corazón, no alcanzaréis
con sospiros lo que quiero;
pero dé el alma el postrero,
y ella y Vos descansaréis.
El rato que sospiráis,
descansárades siquiera,
cuando la vida no fuera
el fuego en que os abrasáis;
dad sospiros, y veréis
que el mejor es más ligero;
pero dé el alma el postrero,
y ella y Vos descansaréis.
Un solo rayo os abrasa,
mas sus lugares son dos:
las llamas tocan en vos,
y en el alma está la brasa;
con sospiros la encendéis,
y el sospiro verdadero
es dar al alma el postrero,
y ella y Vos descansaréis.
No quiero yo, corazón,
quitaros el sospirar,
que sospiro podéis dar
que os valga por galardón;
si con sospiros movéis
la voluntad por quien muero,
sin dar el alma el postrero,
ella y Vos descansaréis.
No estaba muy confiado de
merecer Filardo tanto bien (como
sus versos decían), se
ablandasse por tiempo la causa
de su dolor, y assí el presente fué
tanto, que, sin poder animarse,
con los postreros acentos cayó en
tierra. Siralvo con gran lástima y
amor se le presentó, diciendo:
¿Qué es esto, Filardo mío, qué
congoxa te mueve á tanto
extremo? ¿Qué ha de ser, dixo
Filardo, sino lo que siempre
suele? ¿ó qué fatiga me puede
descomponer, sino la que Filena
me quisiere dar? ¿ó qué rato
podré vivir sin que ella guste de
atormentarme? ¡Maldita sea la
hora en que nací para amalla, y
maldito sea el hombre que nace
para amar! Puesto estoy, Siralvo,
en el profundo de las miserias de
Amor, sin haber cosa de donde
espere consuelo. Levántate
amigo, dixo Siralvo, que aunque
yo creo que tendrás razón, de tu
propio humor eres congojoso;
vente con nosotros, y dime tu
pena, quizá no será tanta la
causa como te parece. Como tú
quizá, dijo Filardo, estás
favorecido, parécete poco el mal
ajeno. En cada jornada, dixo
Siralvo, hay su legua de mal
camino; pero menester es
resistencia, si ha de haber
perseverancia. Si Filena se
descuidó en algo contigo, ya
pensarás que el mundo es
acabado: no la fatigues con
quejas continuas, aunque la razón
te sobre; no la pidas celos,
aunque te arranquen el corazón,
que la mujer apretada siempre
desliza por donde peor nos está.
Haz lo mismo que Pradelio, que
donde quiera que la ve llega
risueño y regocijado, y pone en
fiesta á cuantos allí están,
inventando juegos y danzas, y
cualquier cosa que la pastorcilla
haga alaba por buena. Créeme,
que la primera fuerza que con
mujeres se ha de probar es bien
parecer, y un hombre marchito y
trashojado viene á ofendellas,
hasta ser demonio en su
presencia. Basta pastor, dijo
Filardo, hablas como sano en fin,
y tus medicinas no son para el
doliente: haga Filena conmigo lo
que hace con Pradelio, verás cuál
ando yo y cuál anda él. Mas, si
desde que entró en el valle de
Elisa hasta la salida, jamás dél
partió los ojos ni los volvió á
mirarme: ¿qué quieres que
sienta? ¿ó qué sintieras tú si
como yo la amaras? Doliérame,
dixo Siralvo, mas á las veces una
sinrazón notable suele
desapassionar al más
enamorado. Y aun indignar, dixo
Filardo mas pássase essa ira en
un momento y queda el triste que
ama hecho un centro de dolores,
donde creo que nunca la muerte
viene por fuerza de los males,
sino por contradición del que la
teme, que á mí que la deseo, tan
necessitado de su favor,
niégamele; y niéguemele si
quiere, que si nací para esto, yo
no lo puedo excusar. ¿Qué ves,
ingrata, en Pradelio más que en
mí, sino lo que tú le das? ¿ó qué
en mí menos que en él, sino lo
que tú me quitas? Ayer pagada de
mis servicios, y hoy de mi muerte,
buen galardón lleva el que desea
servir; tómate cuenta de lo que
haces, y volverás por tí misma, si
no olvidas del todo, á lo que te
obliga tu propio valor. Passó
Filardo, y dixo Finea: Assí veas á
Filena tan de tu parte como
deseas, que no te aflijas; mas
saca la lira y canta un poco, y
entretendrás tu dolor y nuestro
camino. Gracia tienes, serrana,
dixo el pastor: ¿cantar me
mandas de gusto, viéndome
morir? Pues haz como el cisne,
dixo Finea, y lo que has de
lamentar sea cantando, que no
enternecerán menos tus
querellas. Por castigarte de lo que
pides, dixo Filardo, quiero cantar,
serrana; y sacando la lira, con
tres mil sospiros, en son triste,
pero artificioso y suave, comenzó
á decir Filardo:
FILARDO
Si á tanto llega el dolor
de sospechas y recelos,
no le llame nadie celos,
sino rabia del amor.
Dolor, que siempre está
verde,
aunque vos más os sequéis,
y á donde quiera que estéis,
veis presente á quien os
muerde;
mal que para su rigor
se conjuran hoy los cielos,
no le llame nadie celos,
sino rabia del amor.
Pues derriba una sospecha
la vida más poderosa,
y una presunción celosa
deja una gloria deshecha,
y á fuerza de su furor
se aborrecen los consuelos,
no la llame nadie celos,
sino rabia del amor.
No valen fuerzas ni mañas
contra mal tan inhumano,
porque el hambriento gusano
que se ceba en las entrañas,
allí vierte á su sabor
sus centellas y sus hielos;
no le llame nadie celos,
sino rabia del amor.
Si deste diente tocado
debe un corazón rabiar,
nadie lo podrá juzgar
sino aquél que lo ha probado;
yo que en medio del favor
gusté tan enormes duelos,
no puedo llamarlos celos,
sino rabia del amor.
FINEA
Del Amor y sus favores,
lo mejor
es no tratar con Amor.
Esme el cielo buen testigo,
del cual voy tras mi deseo,
do con mil muertes peleo,
teniendo un solo enemigo,
no durarán lo que digo,
y aún peor
los que tratan con Amor.
Verán su fé y su razón
escrita en letras de fuego,
y verán que su sossiego
es campo de altercación;
verán que su galardón,
el mejor
no tiene señal de Amor.
CARTA
Vive Amor, dulce señora,
y vivirá en mi cuidado,
al natural retratado,
del que en nuestros ojos mora,
que holgara de callar
si pudiera, mas no puedo;
con Amor sin culpa quedo,
con vos lo querría quedar.
Vuestra hermosura vi,
y luego mi muerte en ella,
que cualquiera parte della
tocó al arma contra mí;
ojos, frente, manos, boca,
que al ser humano excedéis,
tate, dije, no os juntéis
tantos á empresa tan poca.
Prendiéronme juntamente,
sin mostrar desto desdén:
vuestra voluntad también
se quiso hallar presente;
viendo que merecimiento
faltaba de parte mía,
puse yo lo que tenía,
que fué mi consentimiento.
Á la sazón que el Amor
me prendió desta manera,
la montaña y la ribera
sin hoja estaba y sin flor,
y cuando os llegué á mirar,
mostróme Amor de su mano
el más felice verano
que el cielo puede mostrar.
Mas apenas fué llegada
vuestra ausencia fiera y cruda,
cuando mi verano muda
su fuerza en sazón helada;
y assí será hasta ver
la luz dessos claros ojos,
que entonces estos abrojos
flores tornarán á ser.
Pues, esmeraldas divinas,
lumbre generosa y alma,
desterrad ya de mi alma
tan rigurosas espinas,
que aunque ella siempre os
adora,
y veros en sí merece,
sabed que se compadece
deste cuerpo donde mora.
Llevó mis passos ventura,
pensándome despeñar,
y heme venido á hallar
en minas de hermosura;
tan soberana riqueza,
tesoros tan extremados,
no permitáis que, hallados,
se me tornen en pobreza.
Por ventura á mis razones,
aunque ciertas desmandadas,
vuestras orejas, usadas
á más agradables sones,
tomarán alteración,
y la púrpura y la nieve
que en nuestras mejillas
llueve,
crecerán por mi ocasión.
Señora, no lo hagáis,
reid y burlad de mí;
haced cuenta que nací
para que vos os riáis;
mas no, pastora, no sea
tomada en burla la fe
que en vuestra beldad juré
y en mi alma se recrea.
No hay en mí cosa valida
que os ponga en obligación
de estimar esta afición
que estimo en más que la
vida:
loaros es ofenderos;
serviros, ¿quién llega allí?
y si os quiero más que á mí,
ya voy pagado en quereros.
Ninguna cosa he hallado
que merecer pueda dar
de desearos mirar,
si no es haberos mirado;
porque aquel conocimiento
de vuestro sumo valor,
es la dignidad mayor
que cabe en merecimiento.
Ya veis que fuistes nacida
por milagro de natura;
sedlo también de ventura,
y hacelde en mi humilde vida,
y vénganse luego á mí
los más bien afortunados;
volverán desconsolados,
muertos de envidia de mí.
¿Qué nos enseña en la
tierra
el cielo por sobrescrito
de aquel poder que, infinito,
todo lo abarca y encierra?
¿qué pinta imaginación?
¿qué descubre ingenio ó arte
que llegue á la menor parte
de vuestra gran perfeción?
Juntáronse tierra y cielo
á poneros sus señales;
con las dotes celestiales
y las mejores del suelo
hizoos tan perfeta Dios,
que lo que es menos espanta,
y á mí dé ventura tanta,
que venga á morir por vos.
Yo sé que, si lo que os
quiero
acertara á encarecer,
os pudiera enternecer
aunque fuérades de acero;
mas de lo poco que muestro
podéis ver mi mucho amor,
y que con ira ó favor
me firmaré: Siempre vuestro.
SIRALVO
Ya que me faltan para
dibuxaros
pincel divino y mano
soberana,
y no la presunción de
retrataros,
con mal cortada péñola
liviana,
de mis entrañas quiero
trasladaros,
donde os pintó el Amor, con
tanta gana,
que, por no ser á su primor
ingrato,
se quedó por alcaide del
retrato.
Ricas madexas de inmortal
tesoro,
cadenas vivas, cuyos lazos
bellos
no se preciaron de imitar al
oro,
porque apenas el oro es
sombra dellos:
luz y alegría que en tinieblas
lloro,
ébano fino, tales sois,
cabellos,
que aunque mil muertes
muera quien os mira,
dichosa el alma que por vos
sospira.
Campo agradable, cielo
milagroso,
hermosa frente, en cuyo
señorío
goza la vista un Mayo
deleitoso
y el corazón un riguroso Estío;
nieve, blanco jazmín, marfil
precioso,
fuego, espina cruel, espejo
mío,
pues la beldad en vos de sí se
admira,
dichosa el alma que por vos
sospira.
Ojos, de aquella eterna luz
maestra
de donde mana estotra luz
visible,
que la noche y el día, el cielo
muestra,
de aquélla fuistes hechos, y es
possible
ser verde el rayo de la lumbre
vuestra:
para hacer vuestro poder
sufrible,
ora miréis con mansedumbre
ó ira,
dichosa el alma que por vos
sospira.
Si distinto elemento el
primor fuera