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TRANSAT JACQUES VABRE

95 DUOS SUR L’ATLANTIQUE

SPECIAL
LES CLASSES, LES PARCOURS
QUI PEUT GAGNER ?

ESSAIS
33 PAGES DE NOUVEAUTES
ET DE PREMIERS BORDS
LIBERTIST 703
TOFINOU 7.9
SARCH S8 CRUISER
BESTEVAER 36 S/Y
SUN FAST 30 OD…

6,99 € - N°335 S - NOVEMBRE 2023


BEL/LUX : 7,70 € - DOM S : 8 € - ESP/PORT CONT/IT/GRECE/ANDORRE :
8 € - POL S : 1200 CFP - CAL S : 1100 CFP - CANADA : 11,99 $CAD -
TUNISIE : 25 TND - MAROC : 84 MAD - SUISSE : 11,60 CHF
L’EDITO

Le Libertist 703 vu par


François Van Malleghem
VOILE MAGAZINE
9, allée Jean Prouvé 92587 CLICHY CEDEX
voilemag@editions-lariviere.fr
Vous pouvez joindre votre correspondant
en composant le 01 41 40 suivi du n° indiqué
Président du conseil de surveillance
Patrick Casasnovas
Présidente du directoire
S. Casasnovas
Directeur général
Frédéric de Watrigant
REDACTION
Rédacteur en chef
François-Xavier de Crécy 41 00
Rédacteur en chef adjoint
Damien Bidaine 3292
Rédacteur
Paul Gury 33 46
Secrétariat de rédaction
Laurence Corroler
Maquette
Stéphane Machelart 33 43
Illustrations
Laurent Hindryckx 56 60
THIBAULT DESPLATS

Ont collaboré à ce numéro


Thomas Campion, Adrien Dartig, Tamara Escoriza, Cécile Hoynant,
Gilles Martin-Raget, Olivier Péretié, Pierre-Yves Poulain,
Alain Roupie, Ludovic Roussille, Sidonie Sigrist, François Trégouët,
François Van Malleghem
PUBLICITE
Directeur de publicité
Laurent Lallier 33 42

Platon à la retraite !
Directeur de clientèle Manche Atlantique
Paul-Emmanuel Poupon 33 20
Chef de publicité Méditerranée
Manon Pirotte 34 31
Assistante : Elodie Ribeiro 33 40
e-mail : pubvoile@editions-lariviere.fr
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(réservé aux diffuseurs et dépositaires)

«I
Chef de produit, Emmanuelle Gay : 34 99 l y a trois sortes d’hommes : forcément le même caractère héroïque.
PROMOTION DES ABONNEMENTS
Carole Ridereau : 33 48
les vivants, les morts, et ceux Quant aux femmes, visiblement elles
Abonnements et Vente
Par Correspondance
qui vont sur la mer… » Je ne sais restaient à la maison à l’époque – pas trop
Tél. : 03 44 62 43 79. e-mail : abo.lariviere@ediis.fr
Service abonnements, Voile Magazine,
pas vous, mais personnellement loin du métier à tisser si on est chez Homère.
45, avenue du Général Leclerc, 60643 Chantilly cedex j’en ai soupé de cette citation sur-utilisée Ainsi donc soyons sérieux, les marins
TARIFS ABONNEMENTS
France métropolitaine, 1 an, soit 12 n° + 1 hors série Equipement et souvent mal citée. D’ailleurs, commençons d’aujourd’hui sont vivants et ont bien
versions papier + numérique : 146,34 €
Tarifs 2023, prélèvements mensuels : 6,80 € par ce point : doit-on cette maxime l’intention de le rester. Mieux : qu’ils mettent
Autres pays et par avion, nous consulter au (33) 3 44 62 43 79
ou abo.lariviere@ediis.fr à Aristote, à Socrate ? Certaines sources le cap sur la Martinique à la barre
Directeur de la publication évoquent un certain Anacharsis, fils d’un Ultim ou sur Porquerolles le temps
et responsable de la rédaction
Patrick Casasnovas d’un chef scythe qui philosophait à Athènes d’un pique-nique, ils se vouent à leur passion
Impression : au VIe siècle avant J.-C… Selon Claude Obadia, précisément pour se sentir le plus vivant
Imprimerie de Compiègne, ZAC de Mercières 60205 Compiègne
Diffusion MLP qui explore la question dans sa brillante possible. Peut-être font-ils partie d’une
« Papier issu de forêts gérées durablement. Origine du papier :
Allemagne. Taux de fibres recyclées : 63 %. Certification : « Petite Philosophie du Grand Large »*, quatrième sorte d’hommes et de femmes
PEFC/EU ECO LABEL. Eutrophisation : 0,003 kg/tonne »
Printed in France - Imprimé en France on la devrait en fait à Platon. Merci à lui qu’il serait temps d’honorer : les marins
Voile Magazine
est une publication des Editions Larivière, de remettre le temple au milieu de l’Agora. épanouis !
SAS au capital de 3 200 000 €. Dépôt légal, 4e trimestre 2023
Commission paritaire : 0623 K 83757. ISSN : 1268-2888. En même temps, s’agissant d’auteurs Editeurs en mal d’aphorismes, communicants
Numéro de TVA intracommunautaire : FR 96572 071 884.
CCP 11 5915A Paris RCS Nanterre B 572 071 884. quasiment contemporains de Noé en quête d’une punch-line, tenez-vous
et de sa ménagerie flottante, il y a comme le pour dit : il existe des centaines d’autres
qui dirait prescription… Mais qu’importe, citations maritimes qui ne demandent
et honneur aux Anciens ! qu’à servir. Qu’elles soient de Victor Hugo
Le vrai problème n’est pas là, mais dans (« Je parle à l’océan et je lui dis : c’est moi. »)
le suremploi de la fameuse citation qui a fini ou de Beaudelaire (« La mer est ton
par tourner à la tarte à la crème maritime. miroir… »), d’Hugues Aufray (« 18 nœuds,
On comprend l’idée : le marin est une sorte 400 tonneaux… ») ou de Philippe Lavil
de surhomme évoluant en un milieu hostile (« Elle préfère l’amour en mer ! »), il y en
Siège social : 12, rue Mozart, qui défie la mort à chaque déferlante. C’était a pour tous les goûts et sur tous les tons.
92587 Clichy cedex, France.
Tél. : 01 41 40 32 32. assez vrai au temps de la marine antique – et Alors ne nous gênons pas, et laissons
INCORPORANT
ses grosses galères – mais soyons honnêtes, le grand Platon à une heureuse retraite
nos sorties du dimanche avec GPS, fichiers aux Champs élyséens.
grib et balise Sarsat ne revêtent pas François-Xavier de Crécy
*Un ouvrage très utile, en particulier si vous avez un édito mensuel à faire.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 3


64. Transat Jacques Vabre : 95 duos, 4 classes...
ALAIN ROUPIE
CECILE HOYNANT

92. Mini-Transat : 88. Luthier, ébéniste


récit en images d’une dernière et charpentier de marine : à la
nuit en mer avant la course rencontre de Fabien Kersaudy
SOMMAIRE
N°335 - NOVEMBRE 2023

ACTUS
Les potins des pontons ...........................................................................8
Concours Gagnez un RM pour un an .........................................11
La Gazelle en bulles ................................................................................12
Salons d’automne Vu à Cannes et La Rochelle .................14
Course et régate........................................................................................28
Le journal du littoral..............................................................................32
Les lecteurs ont la parole..................................................................36

ZOOM
Voiles de Saint-Tropez .........................................................................30

ESSAIS
Nouveautés 2024 Déjà à l’essai .....................................................38
Quelques bords à bord
Libertist 703.....................................................................................................40
Tofinou 7.9 .......................................................................................................44
Sarch S8 Cruiser ...........................................................................................48
N’Fun 30.............................................................................................................52
Sun Fast 30 OD..............................................................................................56
Bestaever 36 ...................................................................................................60

DOSSIERTRANSATJACQUESVABRE
Présentation 95 duos de choc sur l’Atlantique .................64
Class40 La maturité...................................................................................70
FRANCOIS VAN MALLEGHEM

Ocean Fifty Combat rapproché......................................................74


IMOCA Une flotte au complet...........................................................76
Biotherm, une année en or.................................................................80
Ultims Chaud devant !............................................................................84
Bienvenue à bord du Maxi Edmond de Rothschild..........86

Qui va gagner ? RENCONTRE


Fabien Kersaudy Le retour aux plaisirs simples ...............88

MAG
Mini-Transat Galops d’essai..............................................................92

SUPERARLEQUIN
Episode 15 Cap sur La Rochelle ......................................................98

PRATIQUE
Faites-le vous-même Des chandeliers comme neufs ..108
JEAN-MARIE LIOT

Retrouvez-nous sur

38. SPECIAL ESSAIS


Premiers bords du Sun Fast
Abonnez-vous, page 97
ou sur le site www.editions-lariviere.fr
Le prochain numéro de Voile Magazine
30 OD, du Libertist 703… sortira en kiosque le 16 novembre 2023
VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 5
ACTUS
LES POTINS DES PONTONS

COURSE

L’Ocean Globe Race


passe l’équateur
Ils sont tous partis d’Angleterre le 10 septembre, après les traditionnels coups de
canon du Royal Yacht Squadron, dans la grisaille du Solent. Depuis, les esprits et
les températures se sont échauffés pour les 14 équipages lancés dans cette course
autour du monde en équipage, héritière de la célèbre Whitbread ! Car la course
a beau avoir l’air (depuis la terre !) de suivre son cours à un rythme de sénateur,
à bord c’est le branle-bas permanent. La vitesse des unités engagées n’a certes
rien à voir avec celles des voiliers modernes avec ou sans foils, l’exercice n’en reste
pas moins sportif, d’autant que la course se joue au contact. Une constante tout
de même : Pen Duick VI, skippé par Marie
A L’ANCIENNE Tabarly, mène la course en temps réel, talonné
par Spirit of Helsinki (Swan 651). Mais le danger
ET AU CONTACT vient des Italiens de Translated 9 (Swan 65)
qui court dans la même catégorie que le célèbre
ketch noir et qui conserve, pour le moment, la première place en temps compensé
(Flyer Class et IRC). Autant dire que Marie Tabarly cravache dur sa monture pour
creuser l’écart. C’est aussi le cas à bord d’Esprit d’Equipe pour lequel nous avons
un petit faible ici à la rédaction. Il s’agit du plan Briand de 1981 qui a déjà participé
à trois Whitbread, et remporté l’édition de 1985 ! Ramené de canaux de Patagonie,
parfaitement restauré aux Sable d’Olonne, l’Esprit d’Equipe est skippé par Lionel
Régnier. Après un bon début de course, il semble s’être encalminé au passage
de l’équateur. Depuis, c’est la remontada. 5e en temps réel, mais avec un vrai
BERTRAND DUQUENNE

décalage à l’est par rapport à Triana, il conserve Neptune, l’autre équipage


français, dans son sillage. Dans cette course à l’ancienne, avec une communication
réduite des équipages, on en saura plus à l’étape sur le dessous des cartes
de cette compétition transocéanique qui sait faire durer le suspense !

GRAND PAVOIS 2023 SMARTPHONE

Vive le Super Arlequin ! Un Crosscall étanche,


mais plus fin
C’est une nouvelle gamme
de smartphones qui est
inaugurée par le Stellar
X-5 et qui se glisse
entre les téléphones
ultra-durcis « Core »
et ceux de la gamme
« Action » de la
F.-X. DE CRECY

marque française
Crosscall. Que l’on se
rassure, cela reste un
C’était la première mondiale qu’il ne fallait pas manquer : la présentation officielle smartphone résistant à
du Super Arlequin Voile Magazine. Et vous avez été nombreux à venir nous l’immersion dans l’eau
rencontrer à son bord. L’occasion de sympathiques échanges sur les qualités de mer, mais aussi
intrinsèques de cette carène et sur les travaux faits et à faire. Car si elle en jette, aux chocs et aux chutes.
notre coque n°66 de 1975 bien préparée par l’Afpa, discrètement remotorisée Une robustesse du corps
avec un moteur électrique Vetus et joliment décorée par Stickerman, il reste le de l’appareil traité avec
plus intéressant à faire : repenser son gréement, son plan de voilure et son plan un matériau antiglisse
de pont. C’était l’un des sujets de notre apéro des partenaires qui s’est tenu et du verre de l’écran.
au Grand Pavois : merci à eux d’être venus partager ce verre de l’amitié La nouveauté du Stellar tient
et de soutenir ce passionnant projet de refit. Enfin et surtout, un immense dans son encombrement réduit par rapport aux autres gammes (11,9 mm
merci aux quatre membres du Voile Mag Club qui se reconnaîtront et qui ont d’épaisseur). Plus discret donc, mais toujours réparable, compatible
assuré la permanence du week-end, renseignant et partageant leur passion avec la technologie X-Space qui permet de transformer son smartphone
pour ce voilier et pour notre revue avec une centaine de visiteurs ! en ordinateur portable en le connectant à un écran/clavier.

8 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


L’Esprit d’Equipe filant sous spi
lors d’un entraînement
que nous avions pu suivre. enbref…
TRANSPORT VELIQUE
Windcoop, la compagnie de transport
maritime décarbonée, a rejoint
le collectif les Licoornes rassemblant
les coopératives engagées pour
une transition environnementale
et sociale juste.

MED IN VOILE
A trois heures de Paris, c’est un
nouveau salon nautique qui va se tenir
à Marseille aux dates traditionnelles
de l’ancien Salon nautique de Paris.
Du 2 au 10 décembre, rendez-vous
donc au Vieux-Port où seront exposés
25 voiliers. Qu’y verra-t-on ? Le
Tofinou 9.7, un Allures 47, les gammes
Dufour et Bavaria au grand complet,
mais aussi les Hanse, Dehler, RM,
deux catamarans Nautitech et deux
Fountaine Pajot. www.med-in-voile.com

MEDAILLE
Félicitations à Sam Davies pour
sa médaille de chevalier dans l’Ordre
du Mérite reçue des mains de Francine
Leca, fondatrice de Mécénat Chirurgie
Cardiaque en récompense de
son travail et de son engagement
pour les enfants malades du cœur.

RASSEMBLEMENT

PATRIMOINE

Un nouveau Musée de la Marine


MUSEE DE LA MARINE

Rendez-vous est donné aux marins


sur la rive française du lac Léman pour
les voiles d’Yvoire où les spectateurs
sont invités à suivre, depuis le bateau
hybride Ondina qui fera des rotations
avec le village à terre, les régates
ainsi que la grande parade. Sur l’eau,
des Star, Requin, Dragon, Tofinou, etc.
A terre des animations et des concerts.
Le festival s’est entouré de deux
parrains : Caroline Boule, ingénieure
et navigatrice en Mini 6.50 (proto) et
Arnaud Machado, skipper en Figaro,
Surprise, 6.50 et préparateur
de l’IMOCA Lazar. Le Grand Festival
d’Automne des Voiles Classiques
d’Yvoire, du 11 au 13 octobre.
Après cinq ans de travaux, le Musée national de la Marine admirer les maquettes et modèles, largement restaurés
APPLICATION
de Paris va rouvrir ses portes. Le 17 novembre, on pourra à l’occasion de cette période de travaux, les cartes et Generali devient partenaire de Rescue
enfin découvrir ses nouveaux espaces et une scénographie portulans, et enfin les tableaux qui font la part belle aux Zone, une application gratuite
entièrement renouvelée autour des collections existantes, vues portuaires de Joseph Vernet. Le contenu du musée est d’entraide entre plaisanciers qui
mais aussi avec des expériences plus sensibles à l’image donc intact. Tout le reste, architecture intérieure, parcours, permet aussi la mise en relation
de la Vague, une animation à grand spectacle au cœur scénographie, change et nous propose un étonnant voyage avec les secours lorsque l’on reste
dans une zone de navigation couverte
d’un espace consacré aux tempêtes et naufrages. On vient entre terre et mer. A découvrir à partir du 17 novembre par le réseau de téléphonie mobile.
donc au musée pour se faire peur et rêver, mais aussi pour au Palais de Chaillot, place du Trocadéro, à Paris.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 9


ACTUS LES POTINS DES PONTONS

THIBAULT DESPLATS
MARC LOMBARD

Un immense talent En 2021, Marc


Lombard partageait
Un hommage unanime a été rendu tout jeune chez Walter Green), était
à Marc Lombard, décédé l’avant-veille sa marque de fabrique au sein d’une sa passion avec
les lecteurs de Voile
de l’ouverture du Grand Pavois. A génération d’architectes où les talents Magazine.
seulement 64 ans, il avait déjà derrière ne manquaient pas. Elle allait devenir
lui une carrière monumentale… Il est celle du cabinet rochelais, notamment
vrai que Marc a très tôt marqué les quand il s’agit de tirer le meilleur parti
esprits en signant, dès 1984, les plans d’une structure en contreplaqué-époxy
de Ker Cadelac 2, un trimaran foiler tout en réinventant complètement
qui allait aussi le concept
courir sous le nom de biquille : le
de Lada Poch, succès des RM
avec Loïck Peyron dans les années
à la barre. Du haut 90 et 2000 lui
de ses 23 ans, doit beaucoup.
il livrait un bateau Martin Lepoutre,
d’une audace le patron
incroyable, mais historique du
aussi parfaitement chantier, en est
A 23 ans, Marc Lombard dessinait ce
cohérent et trimaran foiler à la structure futuriste. parfaitement
maîtrisé au plan conscient et
structurel. Pour Eric Levet, son bras se souvient aussi de sa puissance
droit, cette capacité à mettre en de travail stupéfiante, tout autant que
musique la performance hydrodyna- de ses coups de gueule légendaires !
mique et les contraintes structurelles, Un caractère entier, un talent et
combinée à son expertise des nouveaux un personnage hors normes qui vont
matériaux (auxquels il avait été initié cruellement nous manquer.

HERMIONE EXPLORATION

Des concerts Tara : le début de l’aventure


sur le pont Dessin de Tara Polar Station.
Les activités de l’Association Hermione - La Fayette se On distingue bien le tube
poursuivent cet automne sur le chantier du Grand Carénage central de cette base de vie
et d’exploration.
de l’Hermione au port de Bayonne. A défaut de manœuvre,
le pont s’anime au fil de concerts donnés à l’attention du
public. Pop progressive, rock alternatif, musique sympho-
nique, la carène de la frégate résonne de mille sonorités,
dès que les deux charpentiers de marine de l’entreprise
Asselin interrompent leur ouvrage sur la carlingue
de l’Hermione. Car les travaux progressent, avec l’aide
des jeunes du SNU. Les nouvelles pièces fabriquées
dans les ateliers brestois du chantier du Guip sont livrées sur
le chantier. Elles viennent ainsi remplacer celles attaquées
par le fameux champignon. Un chantier évidemment ouvert
aux visites comme le fut sa construction à Rochefort.
Prochain concert le 13 octobre à 19 heures avec le
répertoire pop folk de Nicolas et David. Entrée : de 6 à 10 €.

Drôle de quille pour une drôle d’embarcation. En effet, la « quille » de la future base polaire
dérivante Tara Polar Station a été posée à Caen par les Constructions Mécaniques de
Normandie (CMN). Plus qu’une quille, il s’agit plutôt de sa colonne vertébrale : la Moon-pool.
Un tube central en aluminium de 1,50 m de diamètre qui permettra aux plongeurs, aux drones
sous-marins et aux instruments de faire des prélèvements dans les eaux polaires de la surface
à - 2 500 m ! Tout autour prendront place les laboratoires d’analyses et la zone de vie des
12 à 18 explorateurs sur une surface équivalente à un terrain de tennis. Un navire immobile
d’exploration de 27 m de long conçu avec Olivier Petit (l’architecte d’Antarctica désormais
Tara). La construction va se poursuivre en vue d’une mise à l’eau en août 2024. Objectif :
être opérationnel pour une série de tests océaniques au large du Groenland fin 2024
et le début des missions d’exploration dans l’hémisphère sud en fin d’année 2025.

10 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


RM et Voile Mag,
20 ans d’aventures
En 2004 Florian et ses copains gagnaient un RM1050, en 2006 ce fut le tour de la famille
Braud de partir un an sur un RM 1200. Et si, dans moins d’un an, c’était votre tour ?
Retour sur la genèse d’un concours devenu tradition entre un chantier et un magazine.
C’EST A RUBI, encore lui, que l’on doit
cette tradition. Car ce concours est une
histoire de rencontre, d’atomes crochus entre
un chantier relancé par Martin Lepoutre et
le célèbre marin journaliste, ex-équipier de
Tabarly, rédacteur en chef de Voile Magazine.
Un mag marqué dès son premier numéro
par des reportages à épisodes et l’histoire du
refit d’un Sylphe qui voulait démontrer à ses
lecteurs que la voile était accessible pour peu
qu’on se donne un peu de mal ! De son côté,
le chantier RM souhaitait lui aussi monter que

Notre rédac’chef FX de Crécy au Grand Pavois, entre Martin Lepoutre (DG de RM Yachts, à gauche)
et César Dohy (directeur commercial).

GAGNEZ UN BATEAU POUR PARTIR UN AN !


LE CONCOURS EST OUVERT A TOU(TE)S, hommes et femmes de plus de 18 ans. Tous les
projets, toutes les destinations sont bienvenus. Surprenez-nous, faites-nous rêver, mais restez réaliste,
évaluez bien les distances, tenez compte des saisons et des vents dominants… Le voyage durera
12 mois, de septembre 2024 à septembre 2025, pas un jour de plus ! Evidemment, il faut que le
porteur du projet justifie de références nautiques et que l’équipage compte au moins un communicant,
apte à faire le récit de votre aventure en textes, photos et vidéos, dans le magazine et sur les réseaux
sociaux. La qualité de ces contenus est clairement un critère. Pour désigner l’heureux gagnant,
Voile Magazine et RM Yachts prendront aussi en compte votre motivation, la qualité du dossier
ainsi que l’originalité du projet.

LE DOSSIER DE CANDIDATURE
Entre 4 et 15 pages, en print ou format numérique.
Thématique du projet, parcours…
La famille Braud a fait un tour de Méditerranée Présentation de l’équipage (incluant parcours scolaire et/ou professionnel) et références nautiques.
en 2006 sur un RM 1200, ici en Sicile.
Cartographie et planning de navigation.
les voyages à la voile étaient des rêves Sélection de 10 photos en haute définition de votre dernière croisière (ou voyage).
accessibles. D’où ce coup médiatique imaginé Coordonnées complètes.
à deux : offrir un voilier, montrer par l’exemple Dossier à renvoyer avant le 1er janvier 2024 par mail à : concours.rm@voilemagazine.com
qu’un RM est capable de voyager loin en ou par courrier à Voile Magazine, rédaction, 9, allée Jean Prouvé, 92587 Clichy Cedex.
faisant le récit sans filtre d’un grand voyage.
Le concours RM saison 1 a consacré le LE CALENDRIER
RM 1050 Voilier de l’année 1999 et une bande De septembre au 1er janvier 2024 : réception des dossiers de candidature.
de copains. Pour la saison 2, une famille Février 2024 : révélation du gagnant.
entière prenait ses aises sur un croiseur plus Fin juillet 2024 : mise à l’eau du RM Voile Magazine.
volumineux. La saison 3 se fera avec un Août-septembre 2024 : préparation du RM Voile Magazine.
RM 1080 qui promet d’être innovant, dont le Fin septembre 2024 : exposition du voilier au salon du Grand Pavois de La Rochelle et départ.
cahier des charges est limpide : naviguer vite, Septembre 2025 : Retour à La Rochelle pendant le salon nautique du Grand Pavois.
loin, dans le confort et la convivialité.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 11


LA GAZELLE
EN BULLES PAR ADRIEN DARTIG

12 JUILLET
NOVEMBRE20232023 • VOILE
• VOILE MAGAZINE
MAGAZINE
Constructeur de la Gazelle

VOILE MAGAZINE
VOILE • NOVEMBRE
MAGAZINE 2023 13
• JUILLET2023 13
ACTUS
CANNES ET LA ROCHELLE
La fin
de l’euphorie
Si les salons d’automne se parent toujours des couleurs
de la fête, le climat des affaires a pris un sérieux coup
de froid. Et ce n’est pas très surprenant.
Textes et photos : Damien Bidaine et F.-X. de Crécy.

CE RALENTISSEMENT des affaires, partagées avec application dédiée (Wiziboat) : toutes Le Bavaria C46 nous a tapé
on l’avait senti venir dès le Salon du Multicoque, les alternatives à la propriété sont désormais prises dans l’œil ! Volumineux,
au printemps dernier. Il a été confirmé cet été par très au sérieux par le géant vendéen. Par ailleurs, soigné et doté d’un vrai sens
des acteurs clés. Loïc Bonnet, au cœur du réacteur en le resserrement du marché ne peut qu’inciter les marin.
tant que patron de Dream Yachts Charter, ne mâchait chantiers à l’innovation, et ça, c’est une bonne
d’ailleurs pas ses mots : « Le marché du multicoque nouvelle. Car si les nouveautés 2024 ne manquent pas
est à l’arrêt depuis février ! » On n’est donc pas d’intérêt, à l’image du Sun Fast 30 OD, du Bavaria C46
particulièrement surpris, d’autant que ce coup de ou du Dufour 41, elles sont plutôt moins nombreuses
frein relève d’une logique implacable. D’abord parce que par le passé. Une tendance qui pourrait s’inverser
que la douce folie des années post-Covid ne pouvait pour les prochains millésimes. En attendant, les
pas durer toujours. L’industrie plombée par des professionnels ont un peu la gueule de bois et le
« supply chains » en souffrance le supportait mal public ne semble pas se ruer sur les pontons des
et générait de la frustration. Quant aux chantiers, salons à flot : le Grand Pavois annonce 72 000 visiteurs,
ils jonglaient de leur mieux avec un discours contre 80 000 l’an dernier. Là encore, on peut
et des actions pour une plaisance durable, mais une supposer la fin de l’euphorie d’après-pandémie.
croissance à deux chiffres… De toute façon, la donne
a changé. A l’exception des acheteurs de grands
yachts, en pleine forme au salon de Cannes, la
clientèle a fini par caler face à l’envolée des prix bien
supérieure à l’inflation : 20 à 30 % d’augmentation,
voire plus selon les créneaux…

BATEAUX CHERS,
FINANCEMENTS COUTEUX
D’autant que ces augmentations coïncident avec une
explosion des taux, c’est-à-dire des financements
beaucoup plus coûteux : effet de ciseaux redoutable !
Loïc Bonnet, encore lui, est parfaitement lucide
sur le sujet. « En gestion-location, on propose
au propriétaire du bateau qui arrive en fin de
programme le bateau équivalent avec une surcote
de 30 % et un financement beaucoup plus cher…
Comment voulez-vous qu’il signe pour un nouveau
leasing ? Pour le convaincre, nous devons lui
proposer des solutions comme la multipropriété… »
Même son de cloche du côté du Groupe Bénéteau
qui investit dans les services, et notamment sur Les allées ensoleillées du Yachting Festival de Cannes côté voile (Port Canto) étaient nettement moins
les nouveaux accès à la plaisance. Boat clubs, flottes bondées que l’an passé et les carnets de commandes des chantiers s’en ressentent.

14 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


BAVARIA C46

Une sacrée réussite


C’est pour nous l’une des nouveautés les plus abouties
du salon de Cannes. Peut-être parce qu’il s’appuie sur
l’expérience accumulée avec les premiers modèles de la
gamme C Line du constructeur allemand, le Bavaria C46
semble avoir réussi un sans-faute en termes d’ergono-
mie et de distribution des espaces de vie. Le cockpit est
accueillant et permet une circulation fluide entre ces
deux tables transformables en bains de soleil (l’une des
tendances du salon), la descente très douce et l’intérieur
intéressant avec une vraie table à cartes dans le sens
de la marche et à tribord une cuisine à la disposition
originale formant une sorte de T allongé. Le volume
est appréciable, et pourtant on en a gardé beaucoup
pour la cabine avant, véritable suite propriétaire très
spacieuse. Des espaces bien agencés et décorés avec
soin, à l’image de ces vaigrages immaculés qui viennent
habiller et éclairer la cloison avant. Ajoutez à cela
des mains courantes généreusement distribuées,
un plan de pont malin et une étrave bien équipée avec EN CHIFFRES
une large delphinière bien intégrée, et vous conviendrez Long. HT : 13,95 m. Largeur : 4,70 m. Tirant d’eau : 2,30 m. Dépl. : 12 730 kg. SV au près : 115 m2.
qu’il nous faut l’essayer au plus vite. Motorisation : 57 ch. Arch. : Cossuti YD. Prix : 378 720 €.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 15


ACTUS SALONS D’AUTOMNE

GRAND SOLEIL 65 LC

Bon chic, bon genre !


C’est le genre de nouveauté qui sied parfaitement à Cannes. Une unité que chacun
pourra équiper à sa guise. Ici pas de standard, tout est custom. Le pont est parfaite-
ment flush, rien n’arrête le regard, si ce n’est la pureté de cette ligne à peine déformé
par un rouf discret tandis que court sous les fines lattes de teck le gréement courant.
Du teck jusque dans le carré et les cabines : au sol évidemment, pour le mobilier aussi.
A l’heure où d’autres cherchent des alternatives à ce bois exotique trop exploité, ici on
prend le meilleur, car il est associé au yachting. Du teck et du carbone, pour les cloi-
sons structurelles de ce voilier en infusion, qui affiche tout de même 26,5 t, mais des
performances sympathiques. Lors de son convoyage, l’équipage réduit (tout est
hydraulique ou électrique à bord) a progressé à une moyenne de 10 nœuds sous deux
ris trinquette dans 35 nœuds de vent réel.

EN CHIFFRES
Long. HT : 21,60 m. Largeur : 5,90 m. TE : 3,50 m. Dépl. : 26 500 kg.
SV au près : 274 m2. Architecte : Mateo Polli. Prix : sur devis.

HALLBERG-RASSY 400

Le bisafran venu du froid

VIKO S35

Ce petit côté italien

Présenté il y a deux ans à Düsseldorf et déjà produit à 32 exemplaires, le


seul Hallberg-Rassy bisafran du chantier était exposé dans sa version cockpit
arrière. La même carène est en effet proposée avec l’aménagement central
cher au chantier suédois. Nous avons là un croiseur aux finitions irréprochables,
fidèle à l’esprit de la marque. On apprécie les dossiers relevables du carré
qui libèrent les deux assises et dévoilent en un tournemain des couchages
complémentaires dans le carré, ainsi que la très grande soute à l’arrière
tribord ou les bailles à bouts intégrées dans les hiloires du cockpit.

Le chantier polonais, reconnu pour ses petits voiliers bien construits et bons
marcheurs, présentait son plus grand modèle : le S35. Prélude au
développement vers le haut de sa gamme, il s’agit d’un plan italien, sexy
et original. On monte à bord par une large plateforme qui donne accès de
plain-pied au cockpit. En effet, la zone de vie et de manœuvre est implantée
en profondeur dans la coque. Cela assure une bonne protection de l’équipage
mais repousse les volumes habitables sur la moitié avant de la carène.
La protection sur le pont se ressent jusque sur les passavants bordés par
un haut pavois qui rendront la circulation sécurisante dans une mer formée.
EN CHIFFRES EN CHIFFRES
Long. HT : 13,06 m. Largeur : 4,18 m. TE : 1,92 m. Dépl. : 11 000 kg. Long. HT : 12 m. Largeur : 3,74 m. Tirant d’eau : 1,95 m. Dépl. : 6 100 kg.
SV au près : 90,10 m2. Mot. : 44 ch. Arch. : G. Frers. Prix : 564 000 €. SV au près : 63,80 m2. Mot. : 30 ch. Arch. : S. Lupoli. Prix : 169 000 €.

16 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Dans les cartons
DUFOUR 44

Dans la lignée du 37 et du 41, le chantier de


La Rochelle présentera le futur 44 pieds à Düsseldorf.

META 43

Le chantier père du mythique Joshua de Moitessier a


de longue date abandonné l’acier mais il garde le regard
tourné vers le voyage. Sa gamme de croiseurs en alumi-
nium épais de 33, 39, 43, 50 m adopte des carènes dont
la ligne est à la fois moderne et élégante. On a hâte de
voir le 43DS (mis à l’eau prévue à l’hiver 2024-25) avec
son salon de pont panoramique et son cockpit encaissé.

GARCIA EXPLORATION 60 LAGOON 60


Un yacht taillé pour l’aventure

Il fait le lien entre le Lagoon 55 et les luxueux Sixty 5


et autre Seventy. Avec le futur 60, Lagoon est fidèle
à la gamme, mais il accentue encore la simplicité
d’accès à la mer avec la disparition du banc central,
mais aussi une ouverture du rouf sur l’avant pour
une circulation longitudinale au centre du voilier.

XC-47

Le chantier Garcia, spécialisé de longue date dans les Cornell et Pete Goss. Sur ce Garcia 60, on appréciera
voiliers d’exploration en aluminium haut de gamme, particulièrement le traitement des coffres logés
monte encore en qualité de finition avec ce grand dans la jupe pour l’annexe et son moteur (voir page
croiseur, amiral d’une série qui compte déjà deux suivante), l’incroyable salle des machines située
monocoques de 45 et 52 pieds et un catamaran sous le carré, ou encore la buanderie-atelier…
de 60 pieds. On lui concède volontiers l’appellation La réparabilité et l’accès aux organes techniques
Yacht de par la qualité et le confort de ses aménage- ont fait l’objet d’une constante attention. Le chantier suédois se démarquera avec une unité
ments, mais on est surtout séduit par une foule de optant pour un demi-salon de pont. Concrètement,
détails qui font du Garcia 60 un véritable voilier de EN CHIFFRES les trois marches de la descente mèneront à un espace
grande croisière apte à affronter toutes les latitudes, Long. HT : 19,50 m. Largeur : 5,40 m. Tirants cuisine et table à cartes avec vue sur mer. Un X-Yachts
tous les climats, toutes les conditions de mer avec d’eau : 1,50-3,65 m. Dépl. : 35 000 kg. SV pas tout à fait dans l’ADN du chantier mais qui a déjà
sérénité. Des qualités issues d’une collaboration de au près : 172 m2. Mot. : 180 ch. Architectes : séduit sept propriétaires. A voir à Düsseldorf.
longue date avec des navigateurs comme Jimmy Berret-Racoupeau. Prix : 3 120 000 €.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 17


ACTUS SALONS D’AUTOMNE

HANSE 410

Nouveau Hanse
aux idées larges

Le chantier allemand poursuit le renouvellement et la simplification de sa


gamme avec ce 410 qui remplace le 418 et le 388. A la manœuvre,
l’architecte français Olivier Racoupeau et le département de design du
chantier. Le résultat est séduisant avec un pont très large qui bénéficie à la
circulation dans les passavants et au cockpit. Ce dernier, très bien défendu,
opte pour une table double indispensable avec une telle largeur de cockpit.
Cette configuration a son avantage : elle libère un espace de circulation
central très sécurisant et permet, au mouillage, d’organiser par exemple
deux espaces de vie face à face : espace de repas et solarium tel qu’on le voit
ici. Le gain de volume de la carène se ressent aussi dans le carré, ici présenté
dans une configuration qui pèche par une table à cartes sans assise.
Dommage, pour un croiseur qui se veut polyvalent et porte d’entrée aux
navigations hauturières. En revanche, la configuration deux cabines/une salle
d’eau libère une immense soute à voiles sur bâbord qui ravira les plaisanciers
à la recherche d’une forte capacité de rangement.

EN CHIFFRES
Long. HT : 12,55 m. Largeur : 4,29 m. TE : 2,10 m. Dépl. : 9 680 kg.
SV au près : 84 m2. Mot. : 39 ch. Arch. : Berret-Racoupeau. Prix : 302 280 €.

BAILLE A BOUTS LE COCKPIT


Vue sur l’Hallberg- TRANSFORMABLE
Rassy 400, pas de est la tendance
piano autour de la des nouveautés :
descente, mais des Hanse 410 (photo),
manœuvres mais aussi
revenant des hiloires Bavaria C46 et bien
de cockpit creusées d’autres. Remarquez
d’une profonde baille aussi la présence de
à bouts idéalement dossiers matelassés.
placée entre Fini l’inconfort
les bloqueurs pendant nos quarts
et le winch. de veille !

LE SECTEUR LE COFFRE DE
DE BARRE JUPE du Garcia 60
est généralement est un exemple
ON A AIME

difficilement de bateau
accessible. d’exploration. Ici à
Sur le Bavaria C46 tribord, le hors-bord
(monosafran), il est est stocké sur un
idéalement placé bras articulé ! On
entre les deux barres retrouve dans le
à roue à fond même coffre un
de cockpit. mouillage arrière
avec son guindeau.

18 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


IMPRESSION 43

Elan côté croisière

Les emménagements nous sont apparus sobres, voire un peu sévères.


Cet Elan, ici présenté pour la première fois à flot et en France, est le plus
petit de la gamme croiseurs du chantier allemand. Avec son cockpit bien
défendu, sa belle soute à voiles placée en retrait de la baille à mouillage,
il a de beaux arguments pour la croisière. Ajoutez à cela une forte capacité
de chargement sous les planchers et l’intégration en standard
d’une delphinière indispensable pour porter une voile de portant sur
emmagasineur. Les aménagements en placage de chêne sont qualitatifs,
mais attention au manque criant de fargues sur le plan de travail de
la cuisine et sur les tables du carré et du cockpit. Au mouillage, l’accès
à l’eau se fait via une profonde plateforme depuis laquelle il est possible
de cuisiner grâce à l’intégration d’une plancha et d’une glacière.

EN CHIFFRES
Long. HT : 13,60 m. Largeur : 4,25 m. Tirant d’eau : 1,95 m. Dépl. :
11 100 kg. SV au près : 80,78 m2. Motorisation : 45 ch. Architectes :
Humphreys YD et Elan. Prix : 371 880 €.

LES NABLES UNE BUANDERIE


TECHNIQUES de presque parfaite sur
remplissage de l’eau le Bavaria C46 car on
et du gasoil sont aurait adoré pouvoir
ici rassemblés y suspendre des cirés
dans le passavant du détrempés, d’autant
Garcia 60. que la zone est ici
Remarquez chauffée (en bas à
l’emplacement gauche, remarquez
réservé au seau la grille du chauffage).
et au matériel Il ne sera donc pas
de nettoyage. interdit d’y ajouter
une tringle à bonne
hauteur. La pièce
UNE DELPHINIERE reste en l’état un
large, bien intégrée atout de taille pour
et recouverte de grip, ce croiseur hauturier.
aussi esthétique que
pratique lorsqu’il
s’agit d’amurer un
code. Notez la robuste
planche amovible
(option) pour
transformer l’endroit
en spot d’observation.
Vue sur
le Bavaria C46.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 19


THIRA 80

L’esprit yachting à la française


Fidèle à sa tradition, Fountaine Pajot a baptisé son grand catamaran de 24 mètres cabines. Pourtant, la première unité est peu ostentatoire avec des cabines aux
du nom d’une île paradisiaque : Thira. Le nom antique de l’île grecque de Santorin dimensions somme toute très raisonnables, une belle suite VIP, mais très éloignée
qualifie désormais le plus grand et le plus beau yacht du chantier rochelais. Avec de la démesure de la suite maestro également au catalogue et occupant les trois
ce modèle de 80 pieds, Fountaine Pajot plonge, plus encore qu’avec les 59 et 67 quarts de la longueur d’une coque. Et l’équipage ? Il est bien logé sur bâbord, et
pourtant déjà exclusifs, dans un nouvel univers. Ici, la démesure s’impose dans dispose autour de la cuisine d’un carré, d’une cabine skipper, et d’une cabine
un écrin à l’élégance très française. Carène et superstructures sont dessinées par double.
Olivier Racoupeau, mais le Thira 80 est le fruit de deux années de travail et d’in- Côté performances, son skipper a relevé, lors du convoyage pour Cannes, une vitesse
novation avec le chantier. Et justement, il a fallu innover pour intégrer ce tender fond de 7,3 nœuds à 63° d’un vent réel soufflant 10 nœuds. Ce n’est pas si mal, pour
lift supportant une « annexe » jusqu’à 2 tonnes, ou pour intégrer des panneaux un navire de 66 tonnes !
solaires sur verre qui tamisent la lumière à la façon d’un moucharabieh zénithal.
Evidemment, notre déambulation à bord dévoile une multiplicité de zones de EN CHIFFRES
repos : dans le cockpit, le carré, sur les jupes ou dans les passavants en rabattant Long. HT : 23,98 m. Largeur : 11,09 m. Tirant d’eau : 11,09 m. Dépl. :
le bordé. Un plan de pont qui répond à un impératif : ménager pour chaque invité 66 000 kg. SV au près : 200 m2. Motorisation : 2 x 175 ch. Architectes :
une zone d’intimité. Une démesure que l’on retrouve sur le flybridge et dans les Berret-Racoupeau. Prix : 6 000 000 €.

BALANCE 442

Un certain équilibre
Le Balance 442 est le petit frère du 480 que nous avions essayé et apprécié l’an dernier.
On retrouve sur ce cata à dérives la barre à roue pivotante qui peut se positionner en
poste de barre surélevé ou à l’abri de la nacelle, et surtout l’approche radicale du chantier
sud-africain qui sous-traite le moins possible et fait presque tout en composite « maison »
en s’appuyant sur un effectif pléthorique (près de 600 employés selon le truculent patron
Phil Bergman). Le résultat est assez extraordinaire. On aime notamment les emménage-
ments très chaleureux en bambou compressé.

EN CHIFFRES
Long. HT : 13,50 m. Largeur : 7,6 m. Tirant d’eau : 1,16 m. Dépl. : 11 800 kg. SV
au près : 112 m2. Mot. : 2 x 29 ch. Arch. : P. Berman/A. Du Toit. Prix : 1 061 715 €.

LE CARRE LE COCKPIT
TRANSFORMABLE CENTRAL
en un tournemain de du catamaran
ON A AIME

l’Hallberg-Rassy 400 Windelo 50 reste


n’a rien d’innovant. incroyable. Placé au
Au contraire, il pied du mât, on a
s’inspire vraiment tout sous la main et
des carrés à la visibilité sur la
l’ancienne. On perd route et sur les voiles
un peu de via des panneaux
rangement, vitrés zénithaux
mais c’est efficace est parfaite.
et très pertinent.

20 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


WINDELO 50

L’âge de la maturité
Assister à la naissance et à l’évolution d’un chantier – qui
plus est novateur – est passionnant. Le jeune chantier
Windelo, qui nous avait d’abord surpris en optant pour
un matériau alternatif au 100 % polyester en intégrant
dans son sandwich de la fibre de roche naturelle
(basalte), qui nous avait ensuite séduits avec le concept
original de ses aménagements en plaçant le marin
au centre de la nacelle, continue de perfectionner son
50 pieds en optimisant le design des superstructures
et du pont. Ce dernier dispose désormais d’un
antidérapant moulé (et non plus rajouté) plus durable.
Le rouf revu par la designeuse industrielle Charlotte
Schiffer est plus élégant avec moins d’angles et des
formes revues qui dynamisent la ligne générale tout
en sécurisant la circulation. Notons ainsi des marches
de jupe redessinées, des passavants dégagés intégrant
des ouvrants affleurant, l’apparition d’un chemin sous
la bôme avec l’intégration d’un petit pavois permettant
de se caler ainsi que d’une casquette plus grande
permettant de faire le tour de la bôme. Une surface
de rouf agrandie qui reçoit désormais (avec le pont) EN CHIFFRES
5 680 watts de panneaux solaires piétinables, Long. HT : 15,24 m. Largeur : 7,92 m. Tirants d’eau : 1,20-2,32 m. Dépl. : 11 200 kg. SV au près :
indispensables sur un catamaran hybride 135 m2. Motorisation : 2 x 20 kW. Architectes : Barreau/Neuman. Prix : 954 000 €.

HH 44

Un cata plein de bonnes idées


Dans la famille des catas de grande croisière
performants désireux de défier la gamme Outremer,
les HH sino-américains se présentent comme
un concurrent sérieux. Ce nouveau 44 affiche plein
de bonnes idées, à l’image des plateformes arrière
basculantes (comme sur les croiseurs monocoques),
des bordés ouvrants pour l’embarquement latéral ou
encore des immenses vitrages ouvrants qui maximisent
l’aération. Le niveau de finition est également
remarquable, même si les emménagements tout blancs
laqués de l’unité présentés nous ont un peu laissés
froids – c’est le cas de le dire. Dans les coques,
l’étroitesse de la coursive prouve que la quête de la
performance n’est pas un vain mot mais l’intégration
très réussie des dérives courbes permet quand même
de circuler dans de bonnes conditions. Notez enfin que
ces catamarans sont aussi proposés dans des versions
EN CHIFFRES Ocean Class ne comportant qu’une partie de la
Long. HT : 15,31 m. Largeur : 7,15 m. Tirant d’eau : 1,59 m. Dépl. : 9 560 kg. SV au près : structure en carbone, ce qui les rend plus abordables.
116,50 m2. Motorisation : 2 x 30 ch. Architecte : HH Catamarans. Prix : nc. Les autres sont « full carbon » !

UNE PLATEFORME L’ATELIER du


AMOVIBLE sur Garcia 60, avec son
le HH 44 permet établi en L et
un meilleur accès au quai ses nombreux
et à l’eau, et sécurise rangements, permet
les jupes et donc d’organiser au mieux
le cockpit en mer. l’outillage et les
C’est très malin, surtout pièces de rechange
sur un cata de voyage… indispensables lors
Pourquoi les plateformes d’expéditions
basculantes seraient-elles lointaines.
réservées aux
monocoques ?

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 21


ACTUS SALONS D’AUTOMNE

MIRABELLE 16

Une démesure
assumée
Ce géant en aluminium a enchanté une partie des visiteurs du Grand Pavois
par son confort, ses dimensions hors normes et son imposante carène de scow.
Il est vrai qu’il propose des espaces habitables gigantesques et traités avec goût
sur plusieurs niveaux, ainsi qu’un immense cockpit panoramique donnant
sur un poste de veille généreusement vitré… De quoi donner des envies de
grand large ! Ces volumes sont certes obtenus en s’affranchissant de la plupart
des contraintes nautiques (poids, fardage…) : une démarche totalement
assumée, tout comme la silhouette débonnaire qui en résulte ! Mais le véritable
intérêt de ce bateau de grand voyage construit en Lorraine réside probablement
ailleurs, dans des systèmes très originaux, à l’image du régulateur thermique
à eau de mer qui ceinture toute la coque et agit comme un climatiseur naturel
intégré au premier bouchain. Dans le second, un autre tube renferme quant
à lui de l’air comprimé qui fait fonctionner les six vérins du bord (notamment
celui d’une incroyable étrave ouvrante) et alimente aussi un narguilé de
plongée… On doit ces inventions à Eric Prang, un ingénieur qui a déjà défrayé
la chronique au Grand Pavois il y a quelques années avec un étonnant foiler
– également en aluminium – baptisé AmerX.

EN CHIFFRES
Long. HT : 15,90 m. Largeur : 6 m. Tirant d’eau : 1,80 m. Déplacement :
23 000 kg. Lest : 2 125 kg. SV au près : 160 m2. Architecte : E. Prang/
EPNaval. Matériau : aluminium. Constructeur : SLIN. Prix : sur devis.
Le cockpit est
adapté à la vie en
collectivité, et perché
en hauteur presque
façon « flybridge ».

La surface de pont
est considérable,
notamment à l’avant ou
elle bénéficie pleinement
de l’effet scow.

NEEL 52

Un palace
à trois coques
Le bureau d’études et les architectes ont beaucoup
travaillé sur l’habitabilité de ce nouveau Neel qui
multiplie les espaces de vie et les cabines. La coque
centrale recèle notamment une nouvelle cabine sous
le plancher, en utilisant le volume réservé sur l’ancien
51 à une salle des machines au volume probablement
excessif… Ce local technique existe aussi sur le 52,
mais il est plus compact et placé à l’arrière. On
retrouve par ailleurs sur ce superbe 52 la cabine
propriétaire très vitrée décalée à tribord (comme sur
le 43), la cabine de la pointe avant et d’autres dans les
flotteurs directement accessibles depuis la plateforme
centrale. Cinq cabines en tout pour ce trimaran
pullman à l’ergonomie très travaillée et une gamme EN CHIFFRES
qui ne cesse de progresser grâce à une collaboration Long. HT : 15,90 m. Largeur : 8,80 m. Tirant d’eau : 1,90 m. Déplacement : 13 500 kg. SV au près :
fructueuse avec le cabinet Lombard. 165 m2. Matériau : sandwich verre/PVC. Architecte : M. Lombard DG. Prix : 1 198 800 €.

22 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Vu au Grand Pavois
SURPRISE
IROISE 48

Nouveau regard sur le voyage

F. VAN MALLEGHEM
Le plus célèbre des plans Joubert/Nivelt renaît
encore de ses cendres grâce au chantier monté à
La Rochelle par Didier Bouygues et astucieusement
baptisé Bateaux Phoenix. Sa maîtrise de l’injection,
dont il était le spécialiste chez Fountaine Pajot,
lui a permis de produire deux Surprise aux finitions
remarquables avec des moules qui ont déjà
beaucoup vécu et voyagé. Du très beau travail
pour un bateau intemporel. Prix : 59 400 €.
Rens. : www.surprise-bateauxphoenix.com.

Avec ce puissant biquille signé Pierre Delion, la nouvelle équipe du chantier Bord à Bord prouve qu’elle arrive
REFIT
Industrialiser et démocratiser le refit en s’appuyant
avec des idées innovantes et des ambitions certaines ! L’Iroise 48 est beau sur l’eau et étonnamment véloce. sur des techniciens spécialisés, c’est l’idée directrice
Son plan de pont, très abouti, est à l’image de l’ergonomie du cockpit et de la circulation à bord, fluide de Yuniboat, chantier basé au Pouliguen, qui pré-
et très sûre. Le doghouse et son poste de veille sont remarquables. On est un peu plus réservés sur l’intérieur sentait au Grand Pavois un Sun 2500 joliment réno-
qui présente des volumes inégaux, parfois des hauteurs sous barrots insuffisantes pour un croiseur vé et traité avec un revêtement anti-adhésif Finsulate.
L’économie circulaire n’est pas qu’une belle idée,
de cette taille. Il y a donc une marge de progression, mais c’est de toute évidence une gamme à suivre elle peut aussi tenir lieu de business plan !
de près. Un essai à paraître prochainement. Rens. : yuniboat.com.

EN CHIFFRES MINI-BENETEAU
Long. : 14,50 m. Largeur : 4,76 m. Déplacement : 13 180 kg. Lest : nc. Tirant d’eau : 1,80 m.
SV au près : 100 m2. GV : 55 m2. Génois : 45 m2. Architecte : P. Delion. Matériau : aluminium.
Constructeur : Bord à bord. Prix : 780 000 €.

OVNI 430

L’Ovni qui en cachait un autre


L’Ovni 430 présenté au Grand Pavois est beaucoup plus qu’une nouvelle version du 400. C’est un bateau
entièrement repensé, en commençant par la carène dont le creux a été avancé, les safrans, la distribution
des volumes intérieurs… On profite désormais pleinement de la vue à travers le rouf panoramique, lequel L’espace Plaisance durable du Grand Pavois,
a été rabaissé – tout comme le franc-bord qui perd 8 cm, ce qui ne peut que bénéficier à la silhouette du très riche, était signalé par l’exposition sur bers
du nouveau Mini 6.50 produit à Cheviré (Nantes)
bateau. Les systèmes ont été simplifiés et allégés, à l’image du relevage de la dérive qui se passe désormais par le Groupe Bénéteau. Ce plan Manuard,
d’hydraulique et devient parfaitement réparable en autonomie… Bref, rien que du mieux à tous les niveaux, à la spectaculaire carène de scow, est construit
et le comportement en mer s’en ressent ! L’essai que nous publierons prochainement en témoignera. avec la résine thermoplastique Elium (Arkema).
F. VAN MALLEGHEM

LE CANOT DE BOW
C’est un dériveur
en double de
4,50 m avec un
super look que
l’on peut
construire soi-
même dans son
garage ! Comptez
tout de même
300 heures pour
assembler les
morceaux de
contreplaqué du
kit livrés sur deux petites palettes (9 990 €). Mais
à la fin du labeur (ludique), vous tirerez des bords
sur un superbe canot en bois, au large cockpit
qui se caractérise par l’absence de puits de dérive.
EN CHIFFRES Et pourtant, le dériveur en possède bien une – qui
Long. coque : 12,30 m. Largeur : 4,36 m. Déplacement : 11 900 kg. Lest : 3 300 kg. Tirants d’eau : peut être lestée en option – cachée sous le faux-
0,98-3,45 m. SV au près : 85 m2. GV : 44 m2. Solent : 41 m2. Architectes : Mortain/Mavrikios/CBA. pont du cockpit. Canot prêt à naviguer : 25 200 €.
Matériau : aluminium. Constructeur : Alubat. Prix : 582 000 €.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 23


ACTUS SALONS D’AUTOMNE

J/99 ELEGANCE

La régate
et le confort
Joliment présentée, cette version chic et confortable
du J/99 propose, pour 5 000 € de plus, un réservoir
d’eau rigide (150 l), un chauffe-eau, une vraie salle
d’eau en pointe avant, un groupe froid, un chargeur
de batterie, une douchette de cockpit et un davier.
Le résultat est un bateau à peine plus lourd que
le standard, qui peut représenter une alternative
à la gamme croisière du chantier. Le tout en maintenant
le niveau d’exigence et de finition d’un chantier
qui a le mérite de bien faire les choses et maîtrise
parfaitement l’art de l’infusion.

EN CHIFFRES
Long. : 9,94 m. Largeur : 3,40 m. Dépl. : 3 800 kg.
Lest : 1 580 kg. Tirant d’eau : 2 m. SV au près :
65 m2. GV : 35 m2. Génois : 30 m2. Architecte :
A. Johnston. Matériau : sandwich verre/PVC/vinyl.
Constructeur : J Composites. Prix : 176 868 €.

WRIGHTON 36 H
Nouveautés déjà à l’essai
Le retour du Bi-Loup RM 1380.....................................................................VM N°329
DUFOUR 41.....................................................................VM N°332
SOLARIS 40.....................................................................VM N°334
OCEANIS 37.1..................................................................VM N°335
LIBERTIST 703.........................................................................P. 64
TOFINOU 7.9...........................................................................P. 68
SARCH S8 CRUISER.....................................................................P. 72
SUN FAST 30 OD.....................................................................P. 80
BESTEVAER 36 S/Y.....................................................................P. 84

Le Dufour 41
a été essayé sous
le soleil de Palma
de Majorque.

Mis à l’eau juste à temps pour le Grand Pavois, le Wrighton arborait le strict
minimum de décoration, mais l’intérieur était bien fini. A revoir en essai…

On l’attendait depuis longtemps, ce nouveau Wrighton issu de la reprise du chantier


nordiste il y a quelques années déjà… Le remplaçant du Bi-Loup 109 est désormais
commercialisé dans une livrée haut de gamme avec une offre semi-custom. En effet,
les aménagements, dans leur forme et leur nature, sont à la discrétion des clients, tout
comme la motorisation, traditionnelle, électrique ou hybride. Si on retrouve une base
fidèle à l’esprit du chantier historique avec un croiseur biquille au rouf proéminent
et au cockpit protecteur, l’esprit se veut plus qualitatif. Le premier modèle exposé
bénéficiait ainsi de belles finitions en bois sombre, d’une sellerie soignée et surpiquée
du plus bel effet. La motorisation hybride consistait en deux lignes d’arbre terminées
par des hélices tripales à mise en drapeau Maxprop. Une motorisation capable de
régénérer le parc batteries par hydrogénération.

EN CHIFFRES
Long. HT : 11,44 m. Long. flot. : 10,72 m. Largeur : 3,86 m. Tirant d’eau (B) :
1,45 m. Dépl. : 8 000 kg. Lest : nc. SV au près : 68 m2. Architecte : V. Lebailly.
Matériau : sandwich verre/PVC. Constructeur : Wrighton. Prix : 234 000 €.

24 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


ACTUS SALONS D’AUTOMNE

Les nouveaux équipements


OSMOSEUR ENROULEUR DE GV

De l’eau propre sans électricité La méthode


French Eau veut la fin des bouteilles en plastique à bord.
Sa solution, un osmoseur qui filtre et nettoie l’eau
stagnante des cuves juste avant de la délivrer au robinet.
Lagoon
L’idée est de filtrer – avec la même technique que celle
des dessalinisateurs – les eaux même potables qui,
en stagnant dans vos cuves (plus ou moins propres),
se dégradent imperceptiblement, se chargeant en
polluants bactériologiques ou chimiques. L’avantage du
système est de fonctionner sans aucune énergie. Branché
sur le circuit d’eau sous pression, il utilise la pression
de la pompe à eau (1,5 bar) pour enclencher l’osmose
inverse dans ce boîtier aux dimensions raisonnables (36
x 36 x 15 cm). Le faible débit (3 l/mn) est compensé par
un petit réservoir tampon de 2 l. French Eaux, 1 500 €.

COMMUNICATION DESSALINISATEUR

Forfait satellite L’eau douce


maritime portable
C’est avec le groupe Wichard que le chantier
Lagoon a gambergé pour proposer un système
d’enrouleur de grand-voile satisfaisant pour ses
catamarans. Celui-ci prend la place de la bôme
traditionnelle. La difficulté fut d’obtenir un système
mécaniquement fiable et robuste permettant
d’envoyer des grands-voiles lattées à fort rond
Le spécialiste italien de la production d’eau douce de chute. Or ce type de voile implique une forte
à partir d’eau de mer présentait dans les allées compression des lattes sur le guindant, entraînant
du salon de Cannes une version portable de son régulièrement la rupture du tissu. Et ils en ont
plus petit dessalinisateur (30 l/h). L’ensemble déchiré des voiles pour mettre au point leur
rangé dans un sac pèse 26 kg et s’installe à système : une vingtaine ! Aujourd’hui au point,
même le cockpit le temps de produire la quantité longuement testé en mer sur les Lagoon 46 et 51,
nécessaire d’eau douce. Pour mettre en route ce il permet de manœuvrer la voile à plus ou moins
système plug & play, il suffit de plonger un tuyau 30° du vent tout en gardant en permanence un œil
avec préfiltre dans l’eau, de mettre la durite sur la voile par l’absence volontaire de carénage.
d’eau produite dans un récipient ou directement Un choix qui allège d’autant le système. Un produit
dans le nable du réservoir et de brancher bientôt à l’essai dans votre magazine et une option
l’appareille via une prise spéciale au 12 ou facturée 35 990 € sur le Lagoon 46 et 46 950 €
24 volts du bord. Schenker, Wiki : 7 100 €. sur le Lagoon 51.

EMMAGASINEUR
La constellation du réseau Starlink déployée
par la société d’Elon Musk Space X et comportant
des milliers de satellites en orbite basse a désormais L’électrique dès 11 mètres
sa version marinisée. Il s’agit d’une antenne Le groupe français Wichard a présenté deux nouveaux emmagasineurs
compacte de 5,9 kg se présentant sous la forme pour voiles d’avant volantes type code 0 et gennaker distribués sous
d’un plateau fin de 57 x 51 x 4,1 cm à l’indice de les marques Profurl (NexeLite 4.0 et 6,5) et Facnor (FXE4500 et FXE 7000).
protection renforcé (IP56). Attention, elle n’est Livrés dans une housse pour éviter les chocs avec le gel-coat à l’installation,
disponible qu’avec l’abonnement pro de 50 GO, les deux modèles s’installent et se désinstallent rapidement grâce à
1 To ou 2 To (à partir de 350 €/mois). Mais une nouvelle prise étanche qu’il faudra monter dans la baille à mouillage
l’engagement peut être suspendu à tout moment. à moins que votre voilier ne permette une installation de l’ensemble sous
A ce prix, vous bénéficiez d’un internet haut débit le pont. Avantage du système, un blocage automatique de la voile enroulée,
de 220 mbps et d’un accès prioritaire à la bande et une rapidité de l’enroulement. Les deux emmagasineurs sont conçus
passante. IEC telecom, Antenne + routeur, 3 690 €. pour des voiles jusqu’à 140 et 250 m2. Profurl et Facnor, de 4 850 à 6 950 €.

26 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


ELECTRONIQUE

Nova, un écran fluide


L’écran multifonction tactile
imaginé par Navicom sur la
base d’un produit finlandais se
décline en six tailles (de 10 à
24 pouces). Le modèle double
composé de deux écrans
jumeaux de 10 pouces est inté-
ressant à double titre : d’abord
par son prix (4 000 € contre
3 000 € pour le 10” et 4 700 € pour le 16”), ensuite
pour son usage en permettant un affichage multiple
clair et très organisé. Car le Nova affiche certes la
cartographie mais il relaie aussi toutes les données (musique) ou online (météo, streaming audio et sible de suivre et/ou commander son unité à
NMEA (radar, AIS, régime moteur, vent, etc.) ainsi vidéo) grâce à une carte SIM 4G. Connecté à l’appli- distance avec un commutateur numérique (option).
que les applications de divertissement offline cation Nova Link pour smartphone, il est aussi pos- Un écran multifonction aux multiples applications.

ENERGIE SECURITE

Vers la voile solaire


C’est une technologie en devenir :
Le bâton magique
la voile bardée de cellules
photovoltaïques et productrice
d’énergie. Celle de Onesails est
anti-feu
Un encombrement réduit pour une efficacité maximale.
en train de traverser l’Atlantique Pas de pression dans ce bâtonnet, mais une pâte compressée
sur le Mini 6.50 de Matthieu qui, une fois amorcée, s’attaque aux feux de toutes classes
Sapin de l’écurie Oane Dream (carburant, graisse, électrique, gaz) pendant 50 à
(proto 958). La voile en laminé 100 secondes, soit cinq fois plus qu’avec un extincteur
Onesails intègre les panneaux à poudre de 1 kg. Tout ça avec un bâtonnet de 275 g,
organiques (OPV) très souples vendu 89 €, et ne nécessitant aucune maintenance.
et très légers développés par Heol Le faible encombrement et l’absence de maintenance
pour une puissance de 40 W/m2. nous incitent même à en embarquer plusieurs. Pratique,
La technologie, encore en phase le diamètre du tube permet de le glisser à travers
de test, devrait être commercialisée le « judas » de la cale moteur prévu pour l’extincteur.
début 2024. Attention, il s’agit là d’un inhibiteur de feu et il ne
Compter une plus-value d’une fois remplace pas un extincteur. Pour être en conformité
et demie la valeur d’une voile avec les autorités, vous devrez avoir un extincteur
en membrane classique. sous pression. A partir de 89 €.

ANNEXES
ACCASTILLAGE

Familiales et colorées
Ocean Skull, ce sont des annexes
L’anneau Sarde
Paolo Bua, l’architecte
uniques, en série limitée (200 naval Sarde auteur
exemplaires par motif) et chaque de très belles
carènes
année une nouvelle collection. Karl
néoclassiques
conçoit l’embarcation, Valérie réalisées par
dessine les motifs et l’enseigne Uship le chantier
les distribue. Leurs annexes en PVC des Ileaux
(0,9 mm), en plus d’être uniques, (Noirmoutier), s’est
sont garanties 5 ans. Ce que associé avec son
l’on aime : un fort diamètre (42 cm confrère français César
sur la 240) pour une forte capacité Hardelay et le distributeur suisse Jean-Richard Minardi pour créer une
d’emport et une bonne stabilité, et nouvelle marque d’accastillage, Roots Fittings. Fort de leur expérience en
de nombreuses poignées de portage. Idéal en voyage où son usage est intensif. On régate, les trois hommes lancent leur activité avec une gamme dédiée aux
dériveurs, catamarans de sport et petits quillards, qui comprend des
apprécie aussi la valve de surpression qui protège chacune des trois chambres contre les
anneaux à faible friction simples et doubles (une innovation), des dogbones
dommages liés à la surpression estivale. Enfin, avec son fond gonflable en V, elle ne colle pour manilles textiles, des connexions pour stick, un anneau de trapèze
pas à l’eau tout en restant une annexe légère (30 kg) et facile à remonter sur la plage. Un ultra compact, une série de rondelles et entretoises en composite et même
dessin, personnalisé et unique est aussi possible, tout comme l’achat d’un paddle assorti à des pièces sur mesure (embouts de bôme, vît-de-mulet, embase de mât
l’annexe ! pour dériveurs). Leurs produits sont actuellement distribués par H20
Annexes de 2,40 m à 4,20 m, à partir de 1 149 €. Sensations et sur leur site internet (www.rootsfittings.com) .

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 27


ACTUS
COURSE

AMERICA’S CUP

Podium tricolore
à Vilanova
Du 14 au 17 septembre dernier, le défi français engagé sur la prochaine
America’s Cup a abordé de la meilleure des manières cette première régate
préliminaire organisée à Vilanova sur AC40. En terminant sur la troisième
marche du podium, juste derrière NYYC American Magic et Emirates Team
New Zealand, après deux journées de compétition – la première ayant été
annulée pour cause d’orages et de pluie diluvienne –, Quentin Delapierre
et sa bande, qui affrontaient les six équipes en lice sur la 37e America’s Cup,
ont marqué les esprits. Le samedi, si seules deux courses ont pu être lancées
sur les quatre prévues, la journée a souri aux Français qui remportaient
la première manche avant de terminer troisièmes de la seconde dans des
conditions légères peu propices au vol des monocoques à foils. Visiblement
très à l’aise en mode archimédien, l’équipage « bleu-blanc-rouge »
réussissait à tirer son épingle du jeu pour terminer la première journée
de régate en tête du classement général, avec deux points d’avance sur
Emirates Team New Zealand : une sacrée entrée en matière ! Le dimanche,
les conditions de mer et de vent ont permis de courir trois manches, sur
lesquelles les Français ont terminé 5es, 5es et 3es, leur permettant au final
de se classer 3es de l’épreuve. La concurrence est prévenue : les Frenchies
sont au niveau malgré une entrée sur la Cup très tardive et un AC40
d’entraînement réceptionné fin août qui n’aura pas permis à l’équipage
d’effectuer plus de neuf sorties… Et encore, sur un temps restreint
puisqu’un seul jeu de batteries est à la disposition du défi français. Mais il
faut croire que le temps passé sur simulateur au printemps et les multiples
joutes volantes vécues sur le circuit SailGP avec le même équipage
se sont avérés payants… Prochain rendez-vous pour l’AC40 tricolore
du 29 novembre au 2 décembre prochain à Jeddah, en Arabie Saoudite,
pour tenter de confirmer ce départ encourageant.

MINI-TRANSAT

Enfin du portant sur la première étape !


La flotte, constituée de 31 prototypes
et 59 minis de série, partie le 24 septembre
dernier du port des Sables d’Olonne, se
situe à l’heure où nous écrivons ces lignes
à la latitude de l’archipel madérien. Les
tenants de l’option ouest ont fait un retour
payant ces dernières 24 heures. En proto,
le Français Victor Mathieu mène la danse
sur son plan Raison 22 tandis que dans
la catégorie Série, c’est le Pogo 3 du Belge
Michael Gendebien qui tient les rênes de
la flotte. Tous cavalent désormais au vent
arrière dans l’alizé portugais en direction
des Canaries, au plus près de la route
directe, avec toutefois quelques petits
recalages à effectuer, notamment pour
les concurrents les plus à l’est. Les minis
les plus rapides au portant vont enfin
pouvoir tirer leur épingle du jeu après
un début de course couru au près, moins
favorable aux carènes toutes rondes…
Côté ETA, les premiers Protos étaient Les minis à étrave de scow
attendus aux Canaries dans la nuit du 4 attendaient le portant avec
au 5 octobre et les premiers du classement impatience, c’est chose faite !
Série dans la matinée du 5 octobre.

28 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


L’AC40 français, au vent,
a montré de belles
enbref…
choses sur cette
première régate 24 H ULTIM
préliminaire Au terme d’une bataille de tous
de l’America’s Cup. les instants, Banque Populaire XI
termine grand vainqueur du
parcours offshore des 24H Ultim.
Armel Le Cléac’h et Sébastien
Josse ont coupé la ligne d’arrivée
après 21 h 13 mn et 32 s de
course. Trois petites minutes et
20 secondes séparent à l’arrivée,
Banque Populaire XI du Maxi
Edmond de Rothschild, deuxième.
Il en est de même des 11 minutes
et 31 secondes d’avance le
départageant de SVR Lazartigue,
qui complète le podium.

RECORD
Alex Pella et son équipage du
maxi-catamaran Victoria (ex-Club
Med) se sont élancés le 30 sep-
tembre à l’assaut du nouveau
Trophée Vuelta a España, tour
d’Espagne entre Bilbao et
Barcelone. Un trophée sera remis
tous les ans au concurrent le plus
rapide de l’année civile sur
ce parcours de 1 500 milles.

IMOCA
A 64 ans, Jean Le Cam a réussi
un nouveau challenge : concevoir
et construire le bateau de ses
rêves, simple, efficace, sobre,
RICARDO PINTO/37 AMERICA’S CUP
après une réflexion menée avec
le navigateur Eric Bellion et l’archi-
tecte David Raison. Son IMOCA
nouvelle génération, à dérives
droites, en forme de scow,
a été baptisé fin septembre par
sa marraine Jacqueline Tabarly.

SAILGP
Après sa victoire à Saint-Tropez,
Emirates GBR (Ben Ainslie) s’est à
MIDDLE SEA RACE nouveau imposé sur le Rockwool

La dernière de la saison
Dernière grande course de la saison IRC, ORC,
Italy Sail Grand Prix à Tarente,
quatrième épreuve de la saison 4
de SailGP, devant l’Australie
(Tom Slingsby), les Etats-Unis
Class40 et Multi (MOCRA) de l’hémisphère nord, (James Spithill) et la France
la Rolex Middle Sea Race 2023 va réunir, pour (Quentin Delapierre). Les Français
pointent à la 7e place
cette 44e édition, plus d’une centaine de concurrents
avec 20 points au général.
venus des quatre coins du Globe (Australie,
Etats-Unis, Canada…) et du Vieux Continent. FIGARO
Parmi les plus rapides attendus sur la ligne de Le championnat du Monde de
départ, notons la présence d’Alexia Barrier sur course au large double mixte s’est
son trimaran MOD70 Limosa et de Raimondas disputé du 2 au 8 octobre dernier
à Tarente (Italie). En parallèle,
Siugzdinis engagé sur un VOR 65. Côté parcours,
KURT ARRIGO

l’édition 2023 du National Figaro


la Middle Sea Race partira de Grand Harbour, s’est déroulée du 6 au 8 octobre
à La Valette, le 21 octobre avant d’envoyer la flotte devant le port de Lorient.
sur une boucle piégeuse de 606 milles théoriques
autour de la Sicile. Pour rappel, le record à battre est détenu par le MOD70 Argo skippé par Jason Carroll 69F
qui a bouclé le parcours de la Middle Sea Race 2021 en seulement 33 heures, 29 mn et 28 secondes… Fin1Racing (Allan Norregaard)
a remporté fin septembre la
cinquième et dernière épreuve
de l’Algebris 69F Cup Europe à
Puntaldia, qui faisait aussi office
de championnat d’Europe de 69F.
Les Français de Groupe Atlantic
(Clément Cron), qui n’ont pas
réussi à garder leur couronne et
les Suisses de Katana Sailing (Alex
De Weck) complètent le podium,
ces derniers remportant au passage
l’Algebris 69F Cup Europe.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 29


ZOOM
VOILES DE SAINT-TROPEZ

Enfin du vent
à St-Tropez !
Après deux journées de petit temps,
le plan d’eau tropézien a fini par s’animer
pour les 250 bateaux en lice aux Voiles de
Saint-Tropez. Les IRC en ont bien profité,
à l’image du Cape 31 Bellini, qui porte
toute la toile possible dans 20 nœuds de
vent établis… Pour le plus grand bonheur
de Gilles Martin-Raget, le photographe
officiel de l’événement.
Photo : Gilles Martin-Raget.

30 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 31
ACTUS
LE JOURNAL DU LITTORAL

Le carburant fait la Une


de la presse régionale !
Pour les pêcheurs, c’est
le prix qui coince, pour
l’armateur du Champlain,
c’est sa composition à base
d’huile recyclée qui prime,
tandis qu’un doctorant
s’intéresse au caramel...
Damien Bidaine

Le gasoil de la colère
Le secrétaire d’Etat à la Mer,
Hervé Berville, a annoncé,
vendredi 22 septembre, un
Du biocarburant
« plan de transition énergétique » La compagnie de croisière Ponant s’est, pour la
pour adapter les navires première fois approvisionnée en biocarburant. Il s’agit
de pêche très gourmands du B100, une alternative au gasoil distribuée par
en carburant avec, « tant que le Français Altens et produit par recyclage d’huiles
les prix seront élevés », une alimentaires collectées auprès des industries
réduction de 13 centimes par agroalimentaires, de la restauration collective et
litre financée par TotalEnergies. des métiers de bouche. Ce soutage en biodiesel a été
VENDREDI 15 SEPTEMBRE

Mais les pêcheurs, réunis effectué le 21 septembre sur le paquebot d’expédition


VENDREDI 22 SEPTEMBRE

FX DE CRECY

depuis jeudi à Nice pour leurs le Champlain à Cherbourg. « C’est un test qui s’inscrit
assises annuelles, exigent dans notre feuille de route, car leur bilan carbone est
plus d’aides publiques après infiniment plus faible que les carburants convention-
la confirmation par le Les pêcheurs – ici au Guilvinec – jonglent entre nels, avec une réduction de 90 % des émissions de
gouvernement de la fin leurs frais de carburant et le prix du poisson à la criée. CO2 », se réjouit Ponant dans son communiqué, tout
(prévue) de l’aide de 20 centimes le 15 octobre, alors que les prix du poisson sont historiquement en précisant que son utilisation à l’ensemble de la
bas. Alors, avant même la fin du discours de M. Berville, qui n’a pas précisé le calendrier de mise flotte dépendra des capacités d’approvisionnement ».
en œuvre de cette mesure, les pêcheurs ont quitté la salle en silence.

Le 0 de référence français est marseillais


Le marégraphe de Marseille (1885), qui vient d’achever
sa rénovation, a officiellement rejoint cette année la famille
des « stations terrestres d’observation maritime exploitées
depuis au moins cent ans ». Un statut décerné par l’Organisa-
tion météorologique mondiale. Il rejoint ainsi son homologue
implanté à Brest ainsi que 291 stations dispersées dans le
monde. Installé sur la corniche Kennedy, le marégraphe de
Marseille a notamment permis de déterminer en 1897 le point
J VENDREDI 15 SEPTEMBRE

zéro du calcul de toutes les altitudes en France (seule la Corse


utilise le marégraphe d’Ajaccio comme référence). La station a
repris ses mesures mécaniques et numériques de surveillance
du rythme d’élévation du niveau de la Méditerranée (20 cm
depuis 1885). Selon le président de l’association Les amis
du marégraphe de Marseille : « Nous étions à 1,2 millimètre
par an au siècle dernier, aujourd’hui nous sommes entre
DR

3,5 et 4 millimètres par an sur les dernières années ».

32 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


enbref…
JEUDI 14 SEPTEMBRE
La société Navaléo; en charge
de la déconstruction de l’Abeille
Flandre, a offert à la ville de
Brest l’hélice du remorqueur,
5 tonnes, 4,20 m d’envergure.
Elle devrait prendre place sur le
port, quai Malbert. A. Thomas

VENDREDI 15 SEPTEMBRE
Le tribunal administratif de
Nouvelle-Calédonie a suspendu
les campagnes de pêche
aux requins dans les réserves
marines de l’archipel, qui avaient
été autorisées à la suite de
plusieurs attaques, dont une
mortelle, en début d’année.

DIMANCHE 1er OCTOBRE


Le Champlain, yacht d’expédition Après les vols et dégradations
de la série Ponant Explorers, commis le 26 septembre dans
s’approvisionne en biocarburant. les stations SNSM de Genêts,
Jullouville et Hauteville-sur-Mer,
la direction de l’association
appelle aux dons.

à la pompe
VISAVU
SAMEDI 16 SEPTEMBRE
Concernant la gestion de la
réserve des Sept-Iles confiée

Anticor s’attaque Propulsion à la LPO alors que les pêcheurs


réclamaient une cogestion, le
secrétaire d’Etat en charge de

à la plaisance au caramel !
la Mer Hervé Berville a précisé
que les pêcheurs seront associés
aux discussions avant de
L’association anti-corruption signale, depuis 2017, des conclure avec fermeté :
pratiques douteuses concernant la gestion des procédures « A la fin, sur toutes les réserves
publiques de sept ports de la Côte d’Azur. Tout a commencé nationales, c’est l’Etat
à Cavalaire-sur-Mer où une information judiciaire est toujours qui décide. » M. Chartier
en cours. Depuis, six autres signalements ont été rédigés sur
les errements de la gestion des ports de plaisance d’Antibes,
Mandelieu, Sanary-sur-Mer, Villeneuve-Loubet, Vallauris, LUNDI 25 SEPTEMBRE
Toulon et sa métropole. Les faits présumés reprochés Huit trafiquants internationaux
sont souvent les mêmes : irrégularités dans les procédures de civelles (alvins d’anguille)
d’attribution, favoritisme et vente illégale de garanties ont été lourdement condamnés
d’usage (GU). Le Code général des transports justifie la vente au tribunal des Sables d’Olonne
DR

avec des amendes allant jusqu’à


des GU en contrepartie d’ouvrages nouveaux, comme L’étude d’un morceau de caramel immergé 75 000 € et trois ans de prison.
la création de postes d’amarrage et non pour des travaux de nous en apprend sur la dérive des icebergs ! Plus dur encore pour les huit
réaménagement ou d’entretien. Le parquet de Grasse indique impliqués : les dommages
que trois enquêtes n’ont pas eu de suite. Cependant, le Pourquoi des scientifiques s’amusent-ils à faire fondre du caramel dans et intérêts aux associations
référant d’Anticor dans le Var compte faire appel de ces de l’eau ? En accrochant un bloc de caramel sous un flotteur constitué d’un se montent à près de 350 000 €.
décisions et déposer une plainte auprès du procureur. F. Alouti cube creux en plastique, ils ont observé que sa dissolution faisait office de
propulseur. La technique d’ombroscopie – qui permet de visualiser l’ombre
portée d’objets transparents – dévoile les fins panaches d’eau chargée MARDI 26 SEPTEMBRE
en sucre qui s’écoulent vers le bas et vers l’arrière et qui induisent la Un navire de pêche a repêché
propulsion du « bateau ». Celui-ci accélère avant de se stabiliser à une un corps sans vie, au large des
vitesse maximale de 5 millimètres par seconde, soit 18 mètres par heure. îles Chausey, dans la Manche.
MERCREDI 27 SEPTEMBRE

Ce modèle appliqué à un iceberg de 200 mètres de long lui ajouterait une L’équipage a informé le CROSS
Jobourg qui a engagé la brigade
vitesse de dérive de 2 centimètres par seconde. « C’est dix fois moins que
JEUDI 28 SEPTEMBRE

nautique de Granville de
ce que le vent peut provoquer, mais ce n’est pas négligeable et pourrait la gendarmerie nationale pour
FX DE CRECY

servir pour mieux comprendre le déplacement des icebergs », imagine la prise en charge du corps.
Martin Chaigne. Le doctorant reconnaît ne s’être guère posé la question Selon les premières
des potentielles applications concrètes de ce travail. « Ce qui m’intéresse constatations, il s’agit d’un
homme, non identifiable.
Le port de Sanary-sur-Mer visé par l’association dans la science, c’est de pouvoir inventer des expériences qui sont jolies
Anticor avec d’autres ports de la Côte d’Azur. et ont un intérêt pour la recherche fondamentale ». J.-B. Jacquin

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 33


OLIVIER DUGORNAY

Mise à l’eau de l’Ulyx par le Pourquoi-Pas,


navire océanographique de l’Ifremer.

Drone en eaux profondes


D’ici 2026, la Marine nationale doit disposer de deux drones sous-marins et de d’action navale à Toulon. « Il vient de plonger à 5 920 mètres, travaillant 17 heures
deux Rov capables de plonger à 6 000 mètres. Un drone et un robot pour chaque sous l’eau, parcourant 50 km. Il a remonté des câbles et inspecté le fond ».
25 SEPT

façade maritime. L’Ulyx, conçu par Exail pour l’Ifremer, est aujourd’hui le candidat Pour des applications militaires, il faudra encore fiabiliser les charges utiles,
(unique) tout désigné. « Nous sommes satisfaits de ses performances », reconnaît car le fonctionnement à 6 000 mètres n’est pas garanti à 100 %. Il faudra enfin
le contre-amiral Eric Lavault, adjoint fonds marins à l’amiral commandant la force en simplifier certaines, en durcir d’autres. J-M. Tanguy.

Pêche aux déchets


L’équipage du chalutier Charles de
Posidonie : j’accuse !
Foucauld III (Boulogne) a testé et aidé à
la mise au point du système de collecte
de surface des déchets flottants qui
équiperont le Manta, futur navire
ramasseur de plastiques en mer de
l’association The Sea Cleaners basée
ANDROMEDE

à La Trinité-sur-Mer. Le chalutier
coquillard de 2019 a été choisi pour
des raisons techniques, notamment
l’écartement de 20 mètres entre les « Sans la négligence des plaisanciers, on n’aurait pas à le
perches. On cherchait un bateau qui faire. » Alors que près de 10 % de ces prairies sous-marines
s’approche le plus du futur catamaran ont disparu des côtes françaises, des plongeurs repiquent
Manta, explique Eve Bourdon, chef de des fragments d’herbiers arrachés par les ancres des
Manta Innovation, le bureau d’ingénierie yachts, dont les capitaines sont désormais poursuivis en
intégré de l’association The justice. Ne nous offusquons pas, ce sont les unités de plus
THE SEACLEANERS

Sea Cleaners. Mais au-delà du bateau, de 24 m qui sont visées et non nous autres « petits »
la participation de pêcheurs a été plaisanciers. Il n’empêche, l’avocat des parties civiles (LPO
cruciale. En effet, si pour Luc Ramet et France Nature Environnement) est clair : « Les blessures
et son équipage c’était une façon de infligées par une ancre en une nuit mettront plus d’un siècle
montrer leur engagement, ils ont aussi a aidé concevoir la méthodologie des tests : « En à cicatriser ». Il réclame 57 163 €. La somme, « qui peut
MERCREDI 27 SEPTEMBRE

plus de bouteilles en plastique, on a suggéré d’ajouter des vêtements et des bâches… paraître importante mais n’est rien à côté des enjeux »,
Imaginez qu’une bâche se remplisse d’eau : est-ce qu’elle pourrait tout casser ?», demande
JEUDI 21 SEPTEMBRE

serait destinée à financer la réparation du préjudice


le patron pêcheur. L’expérience avec un chalut test a duré trois jours. L’idée étant de mesurer écologique. Une réparation en nature : plusieurs expériences
en conditions réelles les traînées maximales engendrées à différentes vitesses et définir de replantage de graines ou de faisceaux de posidonie
les impacts des variations des paramètres (tailles de mailles, longueurs…) sur la traînée. – l’équivalent des branches chez cette plante à fleurs – sont
« L’important pour nous est de collecter le plus en consommant le moins d’énergie possible », en cours. Moyennant beaucoup d’énergie, une patience
souligne Eve Bourdon. En comparaison avec 2022, le système a ramassé + 60 % de masse infinie et des moyens considérables, certains s’emploient
de déchets mouillés essorés, passant de 750 kg en 2022 à 1,2 tonne en 2023. D. Myszka donc à restaurer, à petite échelle, le fond de la mer.

34 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


COURRIER
LES LECTEURS ONT LA PAROLE

Moins d’oiseaux
de mer ?
Chaque année, sur un bateau ou sur un autre, nous avons pris
l’habitude de tirer un long bord jusqu’aux tombants, cette bordure
du continent d’où, en quelques milles, les fonds passent de 300
à 4 000 mètres de profondeur. C’est dans cette zone où croisent
parfois des baleines que nous rencontrons habituellement nos
cousins germons, également appelés thons blancs. Ils ne sont pas
au rendez-vous cette année. Cette fois c’est sur un Amel 54 que
nous avions décidé de tenter notre chance. Excusez du peu ! C’est
une mer grise, vide et triste que laboure la carène puissante de ce
condensé de technologie où jamais efficacité et perfection ne sont
sacrifiées l’une à l’autre… Nous croisons très peu d’oiseaux. De
temps en temps, deux ou trois puffins nous survolent et continuent

BERTRAND DUQUENNE
leur chemin. Sont-ils tous morts de la grippe aviaire, cette épidémie
dont on sait les ravages qu’elle a commis dans nos poulaillers du
Sud-Ouest ? Commençons-nous à mesurer l’étendue des dégâts
dus à cette même épidémie sur la faune sauvage ? Nous en aurons
très vite une autre illustration. Après deux jours en haute mer,
l’équipage vote pour une nuit d’escale au mouillage dans Ster-Vraz,
au nord de Belle-Ile. Nous connaissons tous, pour y avoir relâché c’est fait. On a tourné le bouton et le silence est total. Qui est
souvent, ce magnifique mouillage. Un des plus beaux de la région ce « on » ? La grippe aviaire, assurent certains, la même qui a ravagé
selon moi. On aurait pu, il y a quelques mois encore, lui reprocher les effectifs des fous de Bassan et ceux des sternes caujec. Ce qui
une chose, une seule en plus d’attirer les touristes, c’est que des est sûr, c’est qu’entre les falaises de Ster-Vraz ou de son ombilic,
centaines de goélands y vivaient, y braillaient nuit et jour et qu’on Ster-Ven, nous n’avons pas entendu un seul de ces cris pleins
en venait à les maudire. On aurait voulu pouvoir tourner le bouton d’aigreur dont nous regretterons davantage l’absence que nous
et faire cesser pour quelques moments au moins ces cris pleins ne médisions le vacarme.
d’aigreur qui résonnaient contre le front obtus des falaises. Eh bien JEAN PAUL DELESSARD (PAR MAIL)

Nous avons pu joindre la Ligue de protection des oiseaux (LPO) pour avéré que certaines espèces, et plus particulièrement les laridés (mouettes,
obtenir un avis scientifique sur la question. Conclusion, s’il n’y a pas goélands et sternes), ont payé un lourd tribut à la grippe aviaire qui a sévi
lieu de tirer un bilan général à partir d’un avis particulier, d’autant en Europe cette année. Une cartographie des populations nicheuses est
que les populations d’oiseaux de mer sont soumises à de fortes migrations d’ailleurs en cours pour établir un décompte des diverses colonies présentes
et sensibles aux conditions météorologiques du moment, il est effectivement sur notre littoral et ainsi pouvoir tirer de vraies conclusions.

Longue vie aux 6.50 !


Bonjour à tous. Merci pour cet intéressant article « Mini-transat, Les héros de
l’Atlantique » (VM n°334) où, dès les premières lignes, l’article de Sidonie Sigrist
évoque avec justesse « des budgets et des projets de plus en plus colossaux ».
J’aimerais ajouter un point d’histoire trop peu connu, bien avant la création de la
Mini-Transat en 1976. Avant l’arrivée de cette inflation budgétaire, la première édition
de la Transat anglaise (1960, victoire de Sir Francis Chichester) aura vu une participation
française souvent oubliée, celle de Jean Lacombe à bord d’un Cap Horn, plan Herbulot
de 6,50 m. Lacombe participera à l’édition suivante de 1964, aux budgets moyens
encore tout à fait raisonnables (victoire historique de Tabarly sur Pen Duick II) à bord
d’un Golif, toujours de 6,50 m. Revenons sur ce Cap Horn, bateau en bois moulé,
dessiné en 1956 par Jean-Jacques Herbulot et dont 500 exemplaires ont été produits
par le chantier Jouët. Il l’aura montré lors de cette transat, ce bateau préfigure tous
ces bateaux de 6,50 m à vocation hauturière, bien sûr l’excellent Muscadet (1963), et,
pour rester dans le contreplaqué, le Mousquetaire, le Serpentaire... Puis toute la classe
Mini avec son grand succès mérité et son rôle affirmé dans l’innovation et l’évolution
de l’architecture navale. En un mot, rendons à César... et surtout à Jean-Jacques
Herbulot et à son Cap Horn, l’origine de ce qui allait devenir une classe féconde.
JACQUES LEVY, PRESIDENT DE L’AS CORSAIRE FRANCE.

Merci pour cette introspection qui Nord à l’occasion de la Transat anglaise 1960,
a le mérite de remettre l’église au bien loin de la douceur des alizés, il fallait une
milieu du village. 6,50 mètres de bonne dose de courage et surtout de belles
longueur de coque pour traverser l’Atlantique carènes capables d’affronter le large. Le Cap Horn de Jean Lacombe fait la Une de Bateaux.

36 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Les cormorans semblent
avoir été épargnés
par la grippe aviaire.
Une dame dans tous ses états

JEAN-MARIE LIOT
Comme Rubi sur le Souriceau, tout le monde peut godiller.
Cet été, en rejoignant le voilier d’un ami dans son annexe,
celui-ci me donna une des deux rames en me précisant de bien
la placer dans la dame de nage afin que celle-ci ne bouge pas.
Pourriez-vous m’expliquer l’origine de ce terme ? Merci et bon vent
à la rédaction.
PIERRE DAVID (PAR MAIL)

Bonne question qui se rapporte dans la marine

L’hydrogène peut mieux faire ? a mérité une bonne


recherche dans les
à l’action de ramer. Plus fantaisiste,
cette autre définition trouvée sur
Dans le n°332 de Voile Magazine dictionnaires de la rédaction. Pour le site ventdesglobes.fr : dans
de ce mois d’août, vous rappel, la dame de nage est une l’Antiquité, lorsqu’ils s’en allaient
présentez l’hydrogène comme ferrure en forme de U sur pivot, sur la mer Egée pour de longues
« L’énergie du futur » afin de fixée sur le plat-bord d’une barque campagnes de pêche, les pêcheurs
réduire notre bilan carbone par dans laquelle on fixe les avirons. embarquaient leurs femmes en
L’origine viendrait du néerlandais prétextant qu’elles pouvaient leur
FABIEN CLAUW

rapport à l’usage habituel du


moteur thermique. Cependant, « Dam », la digue, qui, sur une donner un coup de main, en servant
déclarer l’hydrogène comme barque, s’apparente au bordé, de cales aux avirons que ces dames
une énergie innovante et celui-ci faisant office de protection coinçaient entre leurs cuisses
La pile à combustible peut aussi face à la mer. La nage, quant à elle, ou leurs bras musclés. A voir…
vertueuse mérite quelques
servir à produire de l’hydrogène.
nuances pour bien informer vos
lecteurs. En effet, l’hydrogène – dihydrogène pour être précis –
n’étant pas significativement présent à l’état naturel (trop diffus),
il faut le produire, et plus de 95 % de la production industrielle
Un tuyau écolo !
La multiplication des robinets
se fait à partir de pétrole ou de charbon. De plus, son stockage de ponton avec embout
et son transport nécessitent de hautes pressions (plus de 300 bars) mâle-mâle comme sur
et de basses températures pour le liquéfier. Il faut donc la photo ci-contre oblige à
malheureusement de l’énergie « sale » pour produire de l’énergie utiliser un tuyau pour remplir L’astuce du mois…
« propre ». Certes le problème disparaît ainsi de nos ports de ne serait-ce qu’un seau d’eau.
Si l’on prend le tuyau du bord
plaisance, mais se retrouve ailleurs, pour finir dans l’atmosphère.
classique, et en supposant
Je pense que la sobriété demeure encore la meilleure solution
un tuyau de 25 mètres de
dans la pratique de notre noble discipline. long et de diamètre 16 mm,
YANN LE TOURMELIN (PAR MAIL) on tire 5 litres pour remplir
ce tuyau avant de remplir le
La question de l’énergie du du sacro-saint pétrole. On peut seau. Si on prend un tuyau
futur ne cesse d’alimenter produire un hydrogène plus propre de 1 mètre, il ne faut tirer que
20 centilitres avant de remplir
un débat parfois polémique, sur des sites éoliens ou solaires
son seau. A l’échelle de tous
parfois productif au cœur du devenir mais le problème du transport reste
les plaisanciers, c’est donc
de notre société consumériste… entier. On peut également parier une quantité d’eau énorme
L’électrique ou l’hydrogène sur l’énergie nucléaire pour Un tuyau court et le tour
qu’on peut économiser. est joué.
seraient-ils de bonnes solutions produire, stocker et transporter CHRISTIAN PIERREPONT (PAR MAIL)
pour décarboner notre économie en grande quantité de l’hydrogène
en limitant de fait les rejets de CO2 ? mais là encore, difficile de mettre
La question reste grande ouverte tout le monde d’accord. Alors, La ressource d’eau se fait de plus en plus
même si, aujourd’hui, aucune effectivement la solution miracle rare, alors oui à toute astuce allant
alternative à l’étude n’est capable n’existant pas encore, sobriété et dans le bon sens… Pour vous récompenser
de proposer une densité décroissance doivent-elles s’inscrire de cette idée écolo, Plastimo vous offre
énergétique équivalente à celle à l’ordre du jour ? ce nettoyant bio de 1 litre.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 37


ESSAIS

La fête des « petits » au Voilier


de l’année. De gauche à droite, le Tofinou 7.9,
le Libertist 703 et le Sarch S8.

38 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


NOUVEAUTES 2024...

Déjà à l’essai !
Nous avons profité du salon de Cannes et du Grand Pavois pour essayer en
avant-première quelques-unes des nouveautés les plus attendues
de la rentrée, dont un certain
Sun Fast 30 OD, alias « Class30 ».
Texte : Damien Bidaine, F.-X. de Crécy, Ludovic Roussille,
Olivier Péretié, Paul Gury.
Photos : François Van Malleghem.

Sommaire
Libertist 703..........................p. 40
Tofinou 7.9............................p. 44
Sarch S8 Cruiser.....................p. 48
N’Fun 30................................p. 52
Sun Fast 30 OD......................p. 56
Bestevaer 36 S/Y....................p. 60

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 39


ESSAI
QUELQUES BORDS A BORD

LIBERTIST 703
Triple dose
de vitamines
*
VENT 45°
6 8 5 nd
GV/Foc
MER
BELLE

PROGRAMME : CROISIERE RAPIDE


120°*
Accessible et ludique à la barre, le Libertist 703 est
idéal pour partir quelques jours en croisière côtière
sur plan d’eau abrité. Facilement transportable 6,5 nd
et au gabarit routier, on pourra envisager d’accéder GV/Asy
à une multitude de bassins de navigation… *ANGLE VENT REEL

L’ARCHITECTE ERIK LEROUGE en même temps qu’un Libertist 853 repliable.


a marqué son temps avec les Freydis de Les essais du Voilier de l’année qui ont suivi
Tournier Marine, ou encore avec les regrettés le salon rochelais étaient l’occasion rêvée
Rackham. Et voilà qu’il se rappelle à notre bon pour en savoir un peu plus sur ce weekender
souvenir avec ces petits trimarans couleur à trois coques au design épuré, façon
Ferrari construits en Pologne par le chantier multicoque de course. La promesse de belles de stationnement « raisonnables » d’un simple
Libertist. Nous avions essayé le 853, le croiseur sensations sous voiles mais aussi d’un certain monocoque. Enfin, si l’on souhaite partir
transportable de la gamme sorti en 2019 dans confort en raid côtier grâce à sa coque à à l’aventure sur les routes de France et de
une version non repliable. Cette année, c’est redans suffisamment aménagée pour accueillir Navarre, le Libertist 703 passe alors à 2,44 m
le Libertist 703 qui était lancé au Grand Pavois un couple et des enfants. d’envergure une fois sur sa remorque
pour coller au gabarit routier.
Première surprise en montant à bord :
UN INTERIEUR la présence de petits plans porteurs fixes en
FONCTIONNEL carbone situés sur chaque flotteur… Rassurez-
vous, ces appendices ne sont pas là pour
Restons sous le pont et avisons ce petit carré vous envoyer en l’air façon Ultim. Ils n’entrent
minimaliste avec deux banquettes trouées de en charge qu’à partir de 6 ou 7 nœuds
petits équipets, au-dessus desquelles courent de vitesse et apportent alors un surcroît de
des vide-poches. La table ovale est orientable, puissance. L’idée est de naviguer à plat, sans
le coin cuisine comporte un réchaud et risque d’enfourner à haute vitesse puisque la
un petit évier. Devant, la pointe est occupée portance augmente avec le carré de la vitesse.
par une belle couchette double. Un espace Malin ! Côté gréement, un mât aile pivotant
intérieur pratique et fonctionnel, qui souffre (via un bras d’arthur) et une bôme en carbone
encore de finitions largement perfectibles sur sont clairement là pour la performance.
cette première unité. Côté pratique, précisons Devant, un petit foc autovireur pour le confort
que le Libertist 703 se replie en deux temps des manœuvres et un petit bout-dehors où
trois mouvements grâce à des charnières amurer un spi asymétrique ou un gennaker,
implantées sur chaque flotteur. Un simple mais au choix, apportent la puissance nécessaire
efficace système de va-et-vient (les bouts sont à ce petit trimaran de seulement 850 kg lège.
repris sur deux taquets coinceurs situés sur Un devis de poids bien maîtrisé qui s’explique
l’hiloire du cockpit central) permet de passer par sa fabrication en sandwich sous infusion
Grand-voile à corne et foc autovireur de 5,95 m de large en mode navigation à associée à des poutres et bras en « full
pour l’équilibre sous voiles. 2,55 m au port pour rester dans les tarifs carbone ». Le haubanage en textile (en option)

40 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Sensations assurées au reaching
dans la petite brise du jour !
fait également dans la simplicité : deux Spi asy médium déroulé, le sillage de notre C’est dans la joie et la bonne humeur que nous
galhaubans réglables avec palan sont repris petit trimaran s’anime, faisant bientôt fi du enchaînons les milles à la recherche des petites
sur les flotteurs tandis que les bas-haubans, désagréable clapot qui nous faisait jusque-là risées timides qui animent par intermittence
volontairement mous pour suivre l’orientation quelque peu marsouiner… A la barre, calé le plan d’eau rochelais. Qu’importe, il n’en faut
du mât, sont capelés à la coque centrale. Sous sur le flotteur au vent, mes souvenirs du petit pas beaucoup plus pour faire frémir le
la bôme, un palan permet de remonter ou de catamaran de plage de mon enfance ne speedomètre et prendre sa dose d’embruns
descendre la dérive sabre qui plonge à 1,50 m tardent pas à remonter à la surface. A la et de sensations. Et c’est bien là le but
de profondeur. Dérive remontée à 40 cm et moindre abattée, la vitesse est au rendez- de ce trimaran appelé à faire le bonheur
en appui sur les foils, il est même envisageable vous, des petites vagues viennent taper de ses futurs propriétaires !
de s’adonner au plaisir de l’échouage… contre le trampoline alors que sous l’effet de Texte : Paul Gury.
Grand-voile Full Batten à corne envoyée à la l’accélération, le flotteur se soulève gentiment. Photos : François Van Malleghem et l’auteur.
volée dans le chenal, nous partons au travers
rejoindre le reste de la flotte en attente devant
la Richelieu. A trois dans le cockpit, la place Sous spi asymétrique
ne manque pas et nous apprécions au passage médium, le Libertist 703
ne demande qu’à allonger
l’ergonomie réussie du plan de pont : deux la foulée.
winches sur le rouf reprennent l’ensemble
des dormants et les écoutes des voiles d’avant.
Plusieurs bailles à bouts judicieusement
placées de chaque côté de la descente
évitent d’encombrer le cockpit tandis que
des vide-poches incrustés dans les hiloires
accueillent le petit matériel et les affaires
de la journée. Bien vu également le système
de tringlerie de la barre qui circule sur un rail
pour garder une excellente maîtrise
du bateau même en se déportant à l’extérieur
de la coque centrale.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 41


ESSAI LIBERTIST 703

Le Libertist 703 en 5 points :


4 1. La couchette de la pointe avant fait 1,15 m
de large aux épaules par 1,95 m de long.
2. Les banquettes du carré mesurent 1,95 m
de long par 0,45 m de large.
2 3. La hauteur sous barrots au pied de la descente
est de 1,72 m.
4. Les deux trampolines mesurent 1,40 m au plus
5 3 1 large par 3,30 m de long.
5. Le cockpit affiche les dimensions suivantes :
1,85 m de long par 0,75 m de large.

EN CHIFFRES…
LONGUEUR DE COQUE 6,99 m
LONG. FLOTTAISON 6,99 m
5,95 m (2,55 m au port),
LARGEURS
(2,44 m replié sur la remorque)
TIRANTS D’EAU 0,40/1,50 m
DEPLACEMENT 850 kg
SV AU PRES 39 m 2
GRAND-VOILE 27 m 2
FOC 12 m 2
SPI ASY 25 m 2
sandwich verre/époxy-
MATERIAU
vinylester
CONSTRUCTION infusion
ARCHITECTE Erik Lerouge
CONSTRUCTEUR Libertist, Pologne
CATEGORIE CE C pour 4 pers., D pour 6 pers.

PRIX DE BASE 135 000 € TTC


PRIX BATEAU ESSAYE 160 000 € TTC
Principales options :
Mât carbone : 17 000 €, pack Tacktick
(speedo, sondeur, vent) : 2 100 €, moteur
5 ch arbre long et hélice forte poussée
plus montage : 2 500 €.

C’est la grande nouveauté de ce modèle repliable : la possibilité de passer de 5,95 m Une petite plateforme arrière
à 2,55 m de large. La manœuvre s’effectue en moins de cinq minutes chrono, bluffant ! permet au barreur d’actionner
Mais attention, les flotteurs prolongent la longueur de près de 1 m à l’arrière. moteur et barre en même temps.

Il manque
clairement une
marche pour
accéder à la cabine
avant et s’éviter
ainsi des
contorsions
inutiles.

La grande baille à mouillage permet L’échelle de descente est raide,


aussi à l’équipier de se tenir en mer avec des finitions potentiellement
en cas de manœuvre à l’avant. agressives pour les jambes.

42 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


ESSAI
QUELQUES BORDS A BORD

TOFINOU 7.9
Un day-boat
pas si classique
VENT 45°*
8 10 5,5 nd
GV/Génois
MER
BELLE

PROGRAMME : BALADE
C’est un petit yacht au design contemporain,
élégant et performant. A son bord, vous aurez 130°*
toujours le sourire, qu’il s’agisse de tirer des bords, 6,8 nd
ou de rejoindre un mouillage pour un déjeuner GV/Asy
au mouillage. Une unité épurée, facile à mener. *ANGLE VENT REEL

PETIT ET TRES CHIC, le cadet de la de grand-voile reprise sur un long rail implanté est indiscutablement un voilier passion,
gamme Tofinou est un condensé de bonheur, en arrière de la barre d’écoute qui oblige au design recherché, sur lequel une attention
tant pour les yeux que pour les sens du marin le barreur à croiser les bras. Ce n’est pas idéal, particulière a été portée, tant pour ce qui
qui se saisira de sa barre franche. On s’amuse mais c’est le compromis indispensable et concerne les finitions que le choix de
franchement à bord de ce day-boat au cockpit assumé du chantier Latitude 46 pour préserver l’accastillage 100 % Harken. Et cette première
immense. Confortablement installé au ras un cockpit fonctionnel au mouillage. présentation au Grand Pavois de La Rochelle
de l’eau, bien calé et relativement protégé, fut un franc succès avec cinq précommandes.
on se prend vite à désigner sur le plan d’eau Il faut admettre que les Tofinou en général
alentour un lièvre à suivre, à rattraper ! LE GRAND COCKPIT, savent se faire remarquer. Pourtant ici, le 7.9
Sous la main du barreur et des équipiers,
les winches placés au centre du cockpit sont
SIGNATURE DE LA GAMME joue la discrétion en omettant de revêtir sa
robe d’acajou. Que les amoureux des finitions
un classique du chantier, tout comme l’écoute L’astuce consiste à confier l’écoute à un en bois se rassurent : l’enjoliveur d’hiloire verni
équipier placé derrière la barre d’écoute, est bien dans la liste des options. La volonté
au-dessus du coffre arrière, les pieds calés du chantier de ne pas livrer le 7.9 en standard
contre l’hiloire sous le vent. Une place idéale avec cette parure s’inscrit dans un nouveau
pour régler facilement l’écoute et le chariot de cahier des charges : présenter une unité aussi
grand-voile, tandis que les équipiers installés facile à entretenir qu’à mener. Pas de vernis
dans la partie avant du cockpit géreront les sur le rouf donc, et un pont en teck
voiles d’avant. Le Tofinou 7.9 monte ainsi synthétique sur le pont (option) et dans le
avec régularité au près avant que l’équipage cockpit. Simple d’entretien et d’usage, comme
abatte et envoie le spi amuré sur une longue nous avons pu le constater sur le plan d’eau
delphinière. Désormais on file, et le barreur rochelais. Le 7.9 se mène du bout des doigts,
cherche la bonne vague pour lancer cette que l’on soit sous voiles ou au moteur. Un
carène au surf. La barre agit ici sur un unique moteur 100 % électrique dont il faut parler.
et profond safran offrant un contrôle Car, à première vue et en tant qu’équipier,
redoutable (le Tofinou 7.9 est aussi proposé nous doutons de la présence d’une
en bisafran/quille relevable). Certes, cette motorisation ! Aucun bruit, à peine un remous,
première unité est « toutes options », intégrant et aucune commande des gaz apparente.
un mât carbone, une grand-voile à corne et On remarque bien une clef aimantée (bientôt
en membrane (Eppex de chez Elvström). remplacée par un bouton on/off), mais rien
Mais on sent qu’il s’agit d’une carène bien née d’autre. En fait, le pod électrique Temo est
Avec la grand-voile à corne, le plan de voilure qui préfigure des régates entre propriétaires commandé depuis la barre franche qui intègre
au portant est de 73 m2. passionnés. Car ce day-boat haut de gamme à son extrémité la « poignée des gaz ».

44 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


A quatre, de la poupe à l’étrave :
le régleur de GV, le barreur, le régleur
de voile d’avant et l’invité !

Autonomie : jusqu’à deux heures par batterie.


Celles-ci, amovibles et transportables, peuvent
être rechargées à la maison. C’est pratique et
l’on se félicite de l’intégration si discrète d’une
technologie innovante. Le Tofinou 7.9 brille
enfin et surtout par son immense cockpit aussi
grand que sur le 9.7. Un aîné qui fait référence.
C’est d’ailleurs le même architecte – Michele
Molino – qui signe les deux unités. Rien de
comparable avec le plus classique Tofinou 8
dessiné en 1991 par le cabinet Joubert/Nivelt
qu’il remplace. Si l’esprit est proche, la ligne
est ici plus élancée, le pont plus épuré, les
hiloires plus discrètes et le rouf a quasiment
disparu. C’est là le grand changement pour le
plus petit modèle de la gamme. Le 7.9 est un
pur day-boat, et si la descente devant le mât
donne accès à une pointe avant matelassée
où l’on peut s’étendre (sellerie en option), à
l’usage il s’agit plutôt d’un espace permettant
de mettre à l’abri affaires personnelles et
voiles de portant, spi asy et code 0.
Retour sur le pont où les déplacements se font
en sécurité avec une bonne stabilité de forme
de la carène, sans coup de gîte inopiné
lorsqu’il s’agit d’aller installer les pare-battage
extraits du coffre arrière qui occupe toute
la largeur de la carène. Car notre petite
navigation touche déjà à sa fin. Rangé en un
tournemain, ce day-boat n’a qu’un handicap
à la hauteur de son standing : son prix.
Texte : Damien Bidaine. Avec un peu de gîte, les équipiers montent au rappel sur le passavant, calés contre l’hiloire.
Photos : François Van Malleghem. Sur la delphinière, deux amures : l’une pour le code 0 (photo), l’autre à l’extrémité pour l’asymétrique.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 45


ESSAI TOFINOU 7.9

Le Tofinou 7.9 en 5 points


1. La hauteur sou
sous couchette
dans la pointe ava
avant est de 0,80 m.
2. Les deux banq
banquettes du cockpit
4 2 avant mesurent 1,1,60 x 0,37 m.
3. La table amovible composée
5 3 1 avec
av les assises du cockpit avant
mesure
m 1,03 x 0,56 m.
4. L’assise du coc
cockpit du barreur mesure
0,87 x 0,38 m.
5. Le volume de lla soute arrière est de 249 l
(1,17 x 0,41 m, pr
profondeur : 0,52 m).

EN CHIFFRES…
LONG. HORS TOUT 7,94 m
LONG. FLOTTAISON 6,40 m
LARGEUR 2,30 m
1,70 m (1,95 - 0,80 m
TIRANT D’EAU
quille pivotante)
DEPLACEMENT 1 200 kg
416 kg
LEST
(446 kg quille pivotante)
SV AU PRES 31 m 2
GRAND-VOILE 21 m 2
FOC 10 m 2
CODE 0 25 m 2
SPI ASYMETRIQUE 52 m 2
MATERIAU sandwich polyester/PVC
MOTORISATION 3 kW Temo
ARCHITECTE Michele Molino
CONSTRUCTEUR Tofinou
CATEGORIE CE C pour 6 personnes

PRIX DE BASE 122 990 € TTC


PRIX BATEAU ESSAYE 175 896 € TTC
Principales options :
Mât carbone (16 535 €), delphinière
(1 600 €), passavants en teck synthétique
(8 772 €), table de cockpit amovible
(537 €), sellerie intérieure (1 125 €),
motorisation électrique (11 993 €),
batterie supplémentaire (3 529 €).

La table du cockpit se compose La plage avant est sécurisé par une Le triangle avant peut être
avec les assises démontables main courante, mais il n’y a aucune aménagé avec un matelas. Parfait
de la partie avant du cockpit. raison de s’y rendre en navigation. pour la sieste au mouillage.

Des bailles à bouts de part Juste sous le cockpit, les deux La commande du moteur – ici
et d’autre des winches, mais batteries amovibles. Décloisonné, tournée en avant mi-puissance –
l’ouverture est très petite. l’espace intérieur est bien pratique. est intégrée dans la barre en bois.

46 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


ESSAI
QUELQUES BORDS A BORD

SARCH S8 CRUISER
Un croiseur
nomade
*
VENT 45°
5 8 3,5 nd
GV/Génois
MER
BELLE

PROGRAMME : CROISIERE
130°*
Ce croiseur transportable a son caractère et de
sacrés atouts : un bon passage de vague, un plan
de voilure puissant et des aménagements complets 4 nd
avec une salle d’eau séparée, un lit double, une GV/Asy
couchette avant, un carré et un meuble de cuisine ! *ANGLE VENT REEL

DESSINE ET CONSTRUIT en face à un copié-collé de tout ce qui peut en un instant. C’est ce que nous faisons après
Espagne par Axel de la Hidalga, c’est un exister, il faut s’y habituer, mais dès qu’on avoir envoyé la grand-voile à la volée, mais en
croiseur qui se veut performant, habitable, le regarde dans le détail, chaque élément retenant la bôme qui mériterait une balancine
transportable et hauturier… Rien que ça ! Ce nous amène à comprendre l’idée générale, ou un hale-bas rigide.
voilier de 8 mètres reprend la coque de son et ce qui nous attend à bord. Le Sarch S8 Dès les premiers bords, on sent le dynamisme
petit frère le S7, rallongée et rehaussée présente une carène moderne à bouchain du Sarch et un potentiel de vitesse étonnant
de 15 cm, avec à la clé un effet de gamme privilégiant la longueur de flottaison avec quand on commence à le connaître. Le poste
qui saute aux yeux en même temps qu’une son étrave inversée et des lignes de fuite tirées de barre est assez reculé, ce qui impose
certaine singularité. A l’évidence, on n’est pas au maximum. une barre courte qui, par ailleurs, nous a paru
très lourde. Si on peut déplorer que l’assise
du barreur soit trop étroite, celui-ci est
UNE CARENE LARGE, en revanche bien soutenu par ses cale-pieds
TRES HABITABLE et trouve à portée de main le winch de voile
d’avant et le bout de réglage du rail
Le maître beau va jusqu’au tableau arrière de grand-voile. Ce dernier est placé tout
qui supporte un double safran et un espace à l’arrière pour ne pas gêner la circulation.
central pour le moteur hors bord. Le rouf Une configuration parfaite si l’on navigue en
en sifflet vient presque jusqu’à l’étrave, solo, mais dans ce cas il faudra faire attention
laissant la part belle à un grand cockpit. à ne pas trop charger les coffres arrière
En embarquant, on remarque tout de suite pour maintenir un bon équilibre longitudinal.
la stabilité impressionnante du bateau. Ces deux grands coffres impressionnent
Et pour cause, le Sarch S8 est le seul voilier par leur générosité. Un troisième coffre central
transportable (au gabarit routier) homologué peut accueillir un moteur in board thermique
en catégorie A dans sa version quille longue ou électrique, proposé en option. Le rouf
qui amène un lest de 450 kg à 2 m de à descente décalée est équipé d’un winch
profondeur. Le bateau que nous avons testé à central où reviennent toutes les drisses. Le mât
quant à lui une quille relevable de 1,70 m que fractionné à deux étages de barres de flèche
l’on peut également bloquer à 1,30 m pour est équipé en option d’un système complet
la navigation en eaux peu profondes. Au port, de mâtage autonome. Les passavants, quasi
cette unité se manœuvre aisément grâce à inexistants, imposent de monter sur le rouf
Il ne faut pas hésiter a réduire la grand-voile un ingénieux système de couplage du moteur pour aller jusqu’à l’avant, où il faudra bien
à corne, même si le Sarch S8 aime naviguer gîté. aux safrans, que l’on pourra désaccoupler baisser votre centre de gravité pour ne pas

48 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Sa carène tendue passe aisément
dans le clapot rochelais.

être déséquilibré et garder les filières à portée


de main.
Dans les petits airs rencontrés le jour de notre
essai (5 à 12 nœuds de vent), il faut bien
équilibrer le bateau et le faire gîter jusqu’à
le caler sur son bouchain. Le Sarch glisse alors
et profite de la moindre risée. Dans 5 nœuds
de vent, il monte à 3,5 nœuds au près,
et à 4 nœuds sous spi asymétrique, à 130°
du vent réel. Dès que le vent atteint 10 nœuds,
le Sarch S8 s’avère très vivant. Dans ces
conditions, pour garder toute la toile au près,
il faudra mettre l’équipage au vent. Malgré
une légère courbure du pont qui offre une La prestation
assise confortable, les cale-pieds amovibles très complète
pour la partie avant du cockpit s’avèrent des aménagements
nécessaires si l’on ne veut pas glisser. est séduisante.
Sous spi asymétrique, le bateau est stable,
joueur et ne passe pas sur sa barre, même
en lofant exagérément. Par 12 nœuds de vent, l’intérieur. On y accède par des marches propose des hublots de coque. Une version
nous glissons à 8,5 nœuds à 135° du vent réel. décalées façon escalier japonais, une solution « lite », sans cuisine ni cabinet de toilette, est
Les performances sont bien au rendez-vous. ingénieuse pour allier gain de place et confort également proposée. Le Sarch S8 fait tout de
Il faut dire que la construction en infusion d’utilisation. Tout est là pour la croisière : suite oublier les défauts de jeunesse de son
carbone/époxy sur âme en contreplaqué une cuisine en enfilade sur tribord, un carré petit frère avec un intérieur très bien fini,
apporte une très bonne rigidité tout avec une petite table, un cabinet de toilette des meubles en composite légers et une bonne
en minimisant le devis de poids, ce qui sera séparé relativement spacieux malgré une hauteur sous barrots. On note aussi un
également un réel avantage pour transporter porte d’accès un peu étroite. La pointe avant système de relevage de quille intelligemment
le bateau sur remorque. accueille un lit breton, et un second couchage intégré et très discret quand la quille est en
La facilité de transport est au cœur double prend place sous le cockpit. Des position basse. Malin et pertinent, à l’image de
du programme, et elle est d’autant plus emménagements compacts, fonctionnels et ce sympathique croiseur nomade et atypique !
remarquable que nous avons affaire à un vrai très complets pour un bateau de cette taille. Texte : Ludovic Roussille.
croiseur, comme en témoigne la visite de Pour plus de clarté, la nouvelle version du S8 Photos : François Van Malleghem.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 49


ESSAI SARCH S8 CRUISER

Le Sarch S8
en 5 points
1. Couchettes avant : 2,25 x
1,70 m (tête)/1,15 m à 1 m
4 de la tête.
2 2. Couchettes arrière : 2 x 1,43 m.
5 1 3. Hauteur sous barrots au pied
de la descente : 1,70 m.
3 4. Dimensions table du carré :
0,81 x 0,76 m.
5. Dimensions du cockpit :
2,45 x 3,10 m, bancs inclus.

EN CHIFFRES…
LONG. HORS TOUT 7,95 m
LARGEUR 2,49 m
0,50/2 m (quille standard)
TIRANTS D’EAU 0,50/1,75 m (quille avec bulbe)
0,50/1,95 m (quille prof. avec bulle)
DEPLACEMENT 1 200 kg
LEST 400 kg
SV AU PRES 40,70 m 2
GENOIS 16,40 m 2
GRAND-VOILE 24,30 m 2
SPIS ASY 35 m 2/50 m 2/60 m 2
MATERIAU sandwich carbone/CP époxy
CONSTRUCTION infusion
HB ou IB 15 ch/HB
MOTORISATIONS
ou pod électrique3/6 kW
ARCHITECTE Axel de la Hidalga
CONSTRUCTEUR Sarch Composites
CATEGORIES CE A (quille longue)/B

PRIX DE BASE 119 898 € TTC


PRIX BATEAU ESSAYE 161 058 € TTC
Principales options : pack Confort (réservoir
d’eau, pompe à pression) : 3 210 €, table
convertible avec coussins : 1 764 €, WC
marin : 1 422 €, douche dans WC : 504 €,
cabine arrière (matelas, lampes, hublot) :
2 148 €, moteur HB 15 ch : 3 066 €…

Le moteur peut être couplé Dans la couchette arrière occupant Le barreur dispose d’un solide
avec la barre franche pour toute la largeur sous le cockpit : un cale-pieds. Attention, il manque une
une manœuvrabilité hors pair. hublot. Génial pour la ventilation. cale au winch et l’écoute surpatte.

La quille du Sarch S8 Attention aux Le cabinet de


se relève à l’aide déplacements toilette à tout de
du winch du piano sur le pont. celui d’un grand
et via un palan L’équipier doit croiseur : lumière
6 brins. Un jeu de passer sur le rouf et ventilation. Notez
cales permet de et il se retrouve très à gauche le support
bloquer la quille haut perché par pour le panneau
et de naviguer rapport aux filières. de descente.
avec un tirant d’eau
de 1,30 m.

50 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


ESSAI
QUELQUES BORDS A BORD

N’FUN 30
Fun in Poland
VENT 45°*
20 23 6,4 nd
GV
MER Génois
AGITEE

PROGRAMME : REGATE A PETITE CROISIERE


Un day-boat très dynamique et agréable
à mener. La liste des options est longue
140°*
et permet d’envisager plusieurs programmes,
9 nd
mais attention, du coup le tarif standard n’est
GV
Spi asy.
pas forcément significatif (voir page suivante).
*ANGLE AU VENT REEL

LE N’FUN 30 PRESENTE au grand week-end de croisière. Le N’Fun aborde


Yachting Festival de Cannes a cet immense donc avec bonheur ces différentes possibilités
mérite qu’il dépoussière sérieusement l’idée de navigation, même si certains compromis
qu’on se faisait du voilier polonais. Certes, son compliqués à trouver – on y reviendra.
d’autres avaient déjà bien rajeuni son image,
comme les excellents Maxus, très présents en
France. Mais le N’Fun s’attaque à un créneau TOUS LES CAPRICES
qui jusque-là intéressait peu les constructeurs
de l’Est, ou de façon trop confidentielle :
SONT POSSIBLES
les day-boats sportifs. Car ce sympathique Le chantier laisse en outre une grande liberté
30 pieds aux lignes tendues a bel et bien à ses clients pour personnaliser le N’Fun 30, bateau est remarquablement stable de route
la régate dans le sang. Comment s’en étonner au risque de perdre de vue la feuille de route malgré la forte gîte. Quant au génois, il est
puisque son concepteur, Marek Stanczyk, a initiale. Dans le cas de l’unité qui nous est « tôlé » sans difficulté par Kasper, le solide
pratiqué le match-racing au plus haut niveau présentée à Cannes, très optionnée, il est clair gaillard qui a longtemps accompagné Marek
pendant des années ? Partant de ce principe que le choix d’une grande barre à roue, sur le circuit international de match-racing.
de bateau sportif, il a néanmoins fait le montée sur une console imposante, laisse Le point de tire est rentré de façon à permettre
nécessaire pour élargir son programme à un peu perplexe. Tout comme la motorisation un bon cap. Difficile de se faire une idée
la balade rapide à la journée, voire pour un largement surdimensionnée (30 ch in board) et précise de nos angles avec ce plan de voilure
le propulseur d’étrave (!). Marek nous rejoint surpuissant, mais à en croire le compas, nous
d’ailleurs sur tous ces points, mais le client tirons des bords à 50° du vent réel établi à
est roi. Dès les premiers bords néanmoins, ces 20 nœuds (avec rafales à 23-24 nœuds). Et ce
incongruités passent vite au second plan dans près sportif passe bien à bord, une fois que
la brise soutenue qui agite la baie de Cannes. chacun a trouvé ses marques. L’équipage est
Il paraît vite évident qu’un ris n’aurait pas été plutôt bien protégé des embruns qui volent
de refus dans la grand-voile malgré le bulbe par un malin petit pare-prise en toile, moins
de 550 kg placé à 1,60 m de la flottaison (quille de ceux qui rampent sur le pont. En l’absence
relevable sur vérin). Mais la bosse n’a pas été de déflecteur, les larges plats-bords conduisent
passée et en bon régatier, Marek a l’habitude directement les paquets de mer embarqués
de naviguer très gîté et avec un guindant de des passavants aux fesses des équipiers.
grand-voile déventé. C’est un bon test pour Dans ces conditions toniques, le près,
le cockpit, qui est bien pourvu en cale-pieds et c’est bien, mais ce qui nous démange, c’est
appuis de toutes sortes. Notre N’Fun franchit naturellement le portant sous gennaker. Le
allégrement le capot court à 6 nœuds, souvent moment venu, Marek n’hésite pas à envoyer
plus. A la grand-voile, on joue avec facilité du la bulle et lance la cavalcade. Elle est sauvage
« traveller » et de l’écoute, dont le circuit est et demande une bonne coordination entre
remarquablement démultiplié. Même surtoilés barreur et régleur de grand-voile pour éviter
comme nous le sommes, le régleur ne se fait les sorties de route. Mais la récompense
Faute de réduire la grand-voile, nous avons pas mal aux mains. Le barreur n’éprouve pas est instantanée car nous atteignons
dû la réguler au chariot dans les rafales. de difficulté non plus à garder son cap, le immédiatement 9 nœuds, puis jusqu’à 12 dans

52 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Grand cockpit, rouf court et bout-dehors
à rallonge : tout pour la glisse !

les surfs. C’est une session de glisse très


excitante : la promesse de « fun » est bien
tenue ! L’empannage, en revanche, ne se
termine pas très bien. Peinant à nous relancer
après un départ à l’abattée, nous sommes
finalement victimes d’une rupture de la drisse
de spi qui siffle la fin de la récréation. Marek,
conscient d’avoir un peu poussé le bouchon,
préfère en rire, et il a bien raison. Le N’Fun
est à son image, un bateau plein d’énergie
et de talent, mais qui ne se prend pas trop
au sérieux : c’est évidemment ce qui le rend
sympathique. Ce qui peut poser question en
revanche, c’est l’extension de son programme
à la croisière. En retournant à l’intérieur
après notre sortie en baie de Cannes, on
réalise d’une part que le puits de quille prend
beaucoup de place au pied de la descente,
et d’autre part que cet espace très matelassé
a reçu pas mal d’eau, en particulier à l’avant
par le panneau de pont (par lequel est passé
le spi), et possiblement par le joint du bout-
dehors télescopique. Certes il y a tout ce qu’il
faut pour la petite croisière, de la kitchenette
au WC marin isolé de la cabine. Mais sa L’intérieur est plutôt
vocation fondamentale reste le fun et l’immense confortable, mais
plaisir de mener sur l’eau un bon petit bateau, l’accès rendu
abordable, et qui n’a pas peur de la brise. compliqué par la quille
relevable.
Texte : F.-X. de Crécy. Photos : D. Bidaine.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 53


ESSAI QUELQUES BORDS A BORD

Le N’Fun 30 en 6 points
1. Couchette avant : 1,85 m de long
pour 1,20 de large aux épaules.
2 2. Couchette du carré : 2 x 0,60 m.
4 Banquette tribord : 1,10 x 0,50 m.

6 5 a venir
3
2 4 1
1
3. Table du carré : 0,78 x 0,64 m.
4. Hauteur sous barrots : 1,55 m
au pied de la descente, 1,50 m
3 à l’épontille.
5. Cockpit : 0,72 m entre les bancs,
1,95 m de la descente à la barre d’écoute.
6. Barre d’écoute : 1,30 m.

EN CHIFFRES…
LONG. HORS TOUT 9X m
LONG.LONG. COQUE
FLOTTAISON Xm m
8,92
LONG. FLOTTAISON
LARGEUR Xm m
2,92
LARGEUR
TIRANTS D’EAU X0,50-1,60m m
Le cockpit en T permet TIRANTS D’EAU
DEPLACEMENT 2X 500 m kg
de se caler dans la partie DEPLACEMENTS
LEST X m kg
550
avant, où une table SV AULESTS
PRES X46,80 m m2
peut être installée. SV AU PRES
GENOIS X mm2 2
26
SOLENT
GRAND-VOILE X m2 m2
20,80
GRAND-VOILE
GENNAKER X100 m 2m 2
GENNAKER m2
Xsandwich verre/PVC/vinylester
MATERIAU X
MATERIAU construction au contact
X
MOTORISATION 30 ch in board (Yanmar)
MOTORISATION
RESER. CARBURANT X50 l
RESER. CARBURANT
RESERVOIR EAU Xll
80
RESERVOIRS EAU Xl
ARCHITECTES M. Stanczyk/E. Ginter
ARCHITECTE
CONSTRUCTEUR XN’Fun Yachts
CONSTRUCTEUR
CATEGORIE CE XB/6 personnes
CATEGORIE CE X
PRIX DE BASE
PRIX DE BASE
87
X221€600 € TTC
PRIX BATEAU ESSAYE 400 € TTC
PRIX BATEAU ESSAYE X€
Principales options : moteur 30 ch, barre
Principales optionsd’étrave,
à roue, propulseur :ezvzevzvquille
pzvdvzvv0 €.
relevable,
voiles filamentaires...

xxxxxune
Après xxxxxx xx sortie,
courte xxxxxle xxxxxx
triangle xxxxx xxxxxx xx
Les panneaux xxxxx
arrière xxxxxx xx
sans xxxxx xxxxxx xx xxxxx xxxxxx xx
xx xxxxx
avant xxxxxx
est très xx xxxxx xxxxxx
humide… xxxxx xxxxxx
charnières xx xxxxx
donnent xxxxxx xx
accès xxxxx xxxxxx xx xxxxx xxxxxx xx
xx xxxxx
Faut-il xxxxxxlexxmatelasser ?
vraiment xxxxx xxxxxx
à un bel xxde rangement.
espace xxxxx xxxxxx xx

xxxxx
Le xxxxxx
cabinet xx xxxxx
de toilette, trèsxxxxxx
soigné, xx xxxxx
La petitexxxxxx
cuisinexxet xxxxx xxxxxx xx
sa vasque, xxxxx
Le palanxxxxxx xx xxxxxtrès
de grand-voile xxxxxx
bien xx
xxxxx
est xxxxxx
digne xx xxxxx
d’un croiseur dexxxxxx
plus xxxxx xxxxxx
renvoyées xx xxxxx
à l’avant xxxxxx
de la cabine, xxxxxoffre
réalisé xxxxxx
unexx xxxxx xxxxxx
démultiplication
xxxxx taille.
grande xx xxxxx xxxxxx xxxxx
font leurxxoffi
xxxxx
ce. xxxxxx xxxxx xx xxxxx
confortable xxxxxx
: le palan fin est inutile.

54 NOVEMBRE • VOILE
JUILLET 20162023 MAGAZINE
• VOILE MAGAZINE
ESSAI
QUELQUES BORDS A BORD

SUN FAST 30 OD
Un champion
bien né
*
VENT 40°
6 10 4,3 nd
GV/Génois
MER (dans 6,3 nd)
BELLE

PROGRAMME : REGATE *
Très attendu, le Sun Fast 30 OD ne déçoit pas et colle 120°
au cahier des charges rédigé par les clubs à l’origine 7,1 nd
du projet (Pôle Course du YCF, RORC et Trysail Club), GV/code 0
y compris côté tarifs. C’est maintenant aux coureurs, (dans 8,6 nd)
pros et amateurs, de s’approprier ce petit bolide. *ANGLE VENT REEL

L’ARRIVEE DU SUN FAST 30 OD approchant le « Class30 », comme l’appellent


au Grand Pavois, et bientôt sur de nombreux encore de nombreux commentateurs, c’est
plans d’eau, est de toute évidence l’événement un bateau de course résolument contemporain
de la rentrée. D’où l’impérieuse nécessité dans ses formes. Des formes de quasi-scow,
d’un essai… Essai qui doit permettre à la fois tout en rondeurs, qui évoquent un Mini 6.50
de valider l’ergonomie et les performances géant ou un Class40 miniature, c’est selon,
du bateau, et de faire le point sur son mais en tout cas un bateau d’aujourd’hui,
programme. Ce qui est loin d’être anodin, dessiné pour planer sur l’eau grâce à sa
s’agissant d’un monotype. carène, à sa puissance et à son poids plume. séduire les régatiers chevronnés et assez
Mais ce qu’on découvre avant tout en simple pour ne pas intimider des voileux issus
de la régate côtière, voire de la croisière. Que
UN MONOTYPE ce soit à l’embraque ou à la barre, on trouve
DOIT DONNER DU PLAISIR immédiatement ses appuis et ses repères.
C’est au cœur du projet initié par l’UNCL
Affranchi de l’IRC en tant que monotype, il doit il y a trois ans : disposer d’un nouveau support
pouvoir donner du plaisir à tous les coureurs, accessible à tous, qui fasse la soudure entre
qu’ils soient issus du dériveur ou de la Mini. les clubs et la course au large. Ce qui surprend
Le fun et la séduction ne sont pas une option davantage, c’est la descente décalée à bâbord.
pour un monotype comme le Sun Fast 30 : Elle semble avoir imposé l’implantation de
raison de plus pour envoyer les voiles l’électronique et du pilote sur la face arrière du
sans tarder. C’est l’affaire d’une poignée de rouf à tribord, c’est-à-dire juste en dessous du
secondes, le plan de voilure n’est pas immense piano. Voilà qui risque de compliquer la lecture
et les voiles sont légères, même si la jauge des données de navigation. Cette asymétrie
limite la garde-robe aux voiles à panneaux a aussi des conséquences à l’intérieur, la table
et exclut les voiles filamentaires. Les premières à cartes et le WC trouvant naturellement leurs
accélérations sont convaincantes, même emplacements à tribord également. Résultat :
dans les petits airs dont nous devons nous une très légère gîte à tribord ! On l’oublie vite
contenter. Et surtout, on prend facilement après quelques empannages, mais on tâche
ses marques à bord. L’ergonomie est fluide de ne pas oublier les bastaques, même si elles
et le plan de pont vraiment pas compliqué ne sont pas vitales dans ce vent évanescent.
pour un bateau de régate. N’étant pas coureur Les réactions du bateau sont claires et saines.
Le spi de tête (A2) fait 105 m2, de quoi déhaler au large, je m’en réjouis aussitôt : le nouveau La barre, très neutre, demande peut d’efforts
dans les petits airs un bateau pesant 2,65 t. Sun Fast est à la fois assez technique pour et ne sollicitera pas le pilote plus que de

56 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Une carène contemporaine
pour attirer de jeunes talents.
nécessaire. La transmission par biellettes
extérieures au tableau arrière, façon Mini,
est parfaitement accessible et réglable en
navigation. Il n’y a que 8,5 nœuds de vent
ce matin, mais en déroulant le gennaker nous
naviguons à plus de 7 nœuds à 120° du vent.
Quand il s’agit de changer de voile d’avant,
on apprécie le pont avant dégagé et très sûr
avec ces cale-pieds longitudinaux bien utiles.
Mais voilà que le vent tombe à 6,5 nœuds pour
notre bord de près serré : le speedo affiche
quand même 4,3 nœuds de vitesse à 40°
du vent réel. Et certes on s’applique, mais il
est clair que les équipages qui tourneront sur
ce support saison après saison apprendront
à le faire mieux marcher. Car le programme
du 30 OD, dont la construction en série
commence à peine, est déjà chargé. Des
classes monotypes dans toutes les grandes
épreuves IRC, un possible Tour de France ou
équivalent, aux côtés des Figaro 3 ou dans une
autre épreuve itinérante, et ce n’est pas tout :
World Sailing, nous l’apprenons le jour de
l’essai, vient de le choisir comme support Le cockpit, long et spacieux, ne réinvente pas la roue, mais chaque chose est à sa place. Le barreur,
du championnat du Monde de double mixte. bien posé dans le cale-pieds inclinable façon Mini, a la main sur l’écoute et la drosse de barre d’écoute.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 57


ESSAI SUN FAST 30 OD

Une sacrée rampe de lancement à l’international


et un positionnement idéal si jamais la course
au large devient olympique un jour… Mais
on n’en est pas là, le Sun Fast 30 doit d’abord
faire ses preuves en baie comme au large.
L’espace de vie intérieur aura son importance La circulation
pour ces épreuves hauturières, car de toute est fluide sur
évidence, les coureurs amateurs ne sont pas le pont et les
aussi durs au mal que les professionnels. Les appuis très sûrs
concepteurs du Sun Fast 30 l’ont bien compris, sur la plage
et on découvre au pied des trois marches en avant.
bois massif un environnement certes monacal
mais néanmoins vivable, tout le contraire
en tout cas d’un vaisseau spatial en carbone 4
2
type Mini prototype ou IMOCA.
7 1
5
ERGONOMIE, SIMPLICITE, 6
REPARABILITE 3
Des banquettes en V à l’ergonomie intelligente,
des bannettes inclinables sur palan à l’arrière,
et à tribord une vraie table à cartes dotée
de hautes fargues. Au pied de la descente
à tribord, une simple vasque dont le robinet
Le Sun Fast 30 OD EN CHIFFRES…
LONG. HORS TOUT 10,40 m
puise dans un simple jerrican sanglé à la en 7 points LONG. COQUE 8,99 m
structure. Un dispositif malin et rudimentaire 1. Hauteur sous barrots dans la coursive : LARGEUR 2,99 m
dans le bon sens du terme, car simple TIRANT D’EAU 2m
1,70 m. DEPLACEMENT 2 700 kg
d’entretien et très réparable. C’est essentiel 2. Banquettes en V dans le carré : 2 m LEST 1 000 kg
pour un bateau qui est aussi destiné à une de long pour 0,55 m de large. SV AU PRES 59 m 2
exploitation en clubs ou en flottes de location. J2/J3 27 m 2 /22 m 2
3. La table à cartes présente un grand
Dans cette perspective, il y a aussi des points plateau de 1 m de large pour 0,77 m de haut
GRAND-VOILE 32 m 2
à améliorer, à l’image des fusibles d’accès pas GENNAKER 45 m 2
protégé par une haute fargue. SPI A/SPI A2 75 m 2/105 m 2
évident, ou en tout cas pas immédiat. La 4. Les bannettes de matossage inclinables sandwich verre/PVC/Elium
cuisine, outre la vasque déjà citée, se limitera (palan) font 1,80 m de long pour 0,73 m MATERIAU
infusion
à un « jet boil » façon course au large pour de large. MOTORISATION Nanni 10 ch
les boissons chaudes et les plats lyophilisés. 5. La hauteur sous barrots au pied RESER. CARBURANT 40 l
En revanche, la cloison avant dissimule un vrai de la descente est de 1,90 m. RESERVOIRS EAU 20 l (par jerricans)
WC marin, un confort sanitaire d’autant plus ARCHITECTES VPLP
6. Le cockpit mesure 2,80 m de long CONSTRUCTEURS Multiplast/Jeanneau
bienvenu que les courses mixtes ne sont plus entre la descente et la barre d’écoute. CATEGORIE CE A/4 pers., B/5, C/6
l’exception mais la règle. Largeur entre les bancs : 1,42 m.
Côté voile, on rentre un peu frustrés de ces 7. La barre d’écoute mesure 1,66 m PRIX DE BASE 171 000 € TTC
premiers bords en Sun Fast 30 dans un vent de long. PRIX BATEAU ESSAYE 200 000 € TTC
bien léger. Mais l’essentiel est validé : le
bateau est bien né. Charge aux coureurs de
le faire évoluer à la marge et d’affiner le mode
d’emploi. Et c’était peut-être la dernière case
à cocher d’un projet qui, parti de grands clubs
français et anglo-saxons, a vu s’aligner toutes
les bonnes étoiles sur son parcours : VPLP
et Multiplast pour la conception et le
prototypage, Jeanneau pour l’industrialisation
avec en prime la mise en œuvre de la résine
thermoplastique Elium qui rend son composite
entièrement recyclable. Ce n’est pas rien,
notamment quand il s’agit de convaincre
des instances internationales au logiciel
éminemment politique. Le bateau est réussi,
le cahier des charges respecté avec un tarif
certes supérieur à l’objectif mais néanmoins
raisonnable compte tenu de l’inflation qui
a sévi depuis et du niveau d’équipement
du bateau standard, incluant l’électronique.
Son programme sportif est déjà très riche…
L’histoire est en marche !
L’intérieur du Sun Fast offre un volume et un confort surprenants pour un bateau de course
Texte : François-Xavier de Crécy. de cette taille. Quelques touches boisées apportent même un côté presque chaleureux.
Photos : François Van Malleghem.

58 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


A voir ... et à revoir !

Les raidisseurs du pont avant offrent à l’équipier un appui d’autant plus appréciable que l’étrave « joufflue » dessine forcément une plage
avant très large. Notez aussi la réservation centrale qui permet d’intégrer le bout-dehors sans avoir à le faire passer à travers l’étrave.

La vasque est alimentée par un Le rentreur du point de tire L’écran du pilote placé sous
système de pompage rudimentaire de solent revient dans le cockpit le piano risque d’être souvent
dans un simple jerrican. avec la démultiplication idéale. masqué par des bouts…

Les biellettes de transmission des L’avant du bateau est une soute La présence d’un WC marin en dit
safrans sont accessibles pour régler à voiles comportant une toile de long sur le programme : la course
leur angulation en navigation. matossage et la cuve à eaux noires. oui, mais pour tous et toutes.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 59


ESSAI
QUELQUES BORDS A BORD

BESTEVAER 36 S/Y
Le Rover
des mers *
VENT 45°
8 10 5,8 nd
GV/Génois
MER
BELLE

80°*
PROGRAMME : GRANDE CROISIERE 6 nd
Dériveur intégral d’exploration raisonnablement GV/Code 5

120°*
toilé, le Bestevaer 36 S/Y fait preuve d’une bonne
vélocité dans le petit temps. Ses aptitudes contre
le vent sont comparables à celles d’un bon quillard 5 nd
et, au portant, il en serait de même sous spi asy. *ANGLE VENT REEL GV/Code 5

« LE NOUVEAU BESTEVAER de travail traditionnelles. Mais le « bateau


est mon bateau idéal » ! Quand un marin idéal » y ajoute des dimensions réellement
du calibre de Gerard Dijkstra s’enflamme ainsi, modestes (moins de 11 m de coque) et des
on s’attend à découvrir un yacht spectaculaire. options d’une simplicité désarmante, comme
On est donc un peu surpris de tomber sur un safran extérieur et une barre franche.
un cachalot d’aluminium brut aussi peu
bling-bling qu’un Land Rover. Pas un gramme
de peinture n’égaie la silhouette. Laquelle UNE VELOCITE
porte la marque des Bestevaer, ces voiliers
d’exploration hollandais déjà connus des
ETONNANTE unité en alu brut, aux lignes volontairement
classiques (étrave pincée, pont flush-deck,
initiés, interprétations modernes des carènes Autant dire que l’on n’est qu’au début de nos timonerie surbaissée, hublots de coque
surprises. Déjà, sous les risées mollassonnes circulaires et tableau arrière droit) a permis
qui courent entre l’île d’Aix et le pont de Ré, à Dijkstra de sillonner les régions polaires. Et
la vélocité et la maniabilité du « bateau idéal » au chantier KM de démarrer une production
étonnent. De même que les partis pris semi-custom de successeurs longs de 45
tranchés omniprésents à bord. On apprend à 66 pieds. L’âge venant – il a 80 ans et
donc vite que le concept est aussi réfléchi que son épouse 84 – il était hors de question
la rusticité délibérée. Mais ce minimalisme pour ce marin au regard lumineux de cesser
prend de court. Après une carrière de coureur de naviguer. Il a donc conçu une sorte
professionnel, le Néerlandais Dijkstra n’a-t-il de super-yacht de poche, un voilier de
pas brillamment réussi en devenant découverte en réduction. Moins de 11 mètres
l’architecte de référence des giga-voiliers de long lui semblaient une taille raisonnable
de grand luxe aussi bien que des Class J ? Le pour ses nouveaux projets, sachant qu’il
portefeuille de plans de son cabinet ressemble dessine ses carènes autour d’un plan de
à un Who’s Who des plus grands trois-mâts, voilure. Une grand-voile à corne de 42 m2
ketchs ou sloops de la planète. Parallèlement et un foc bômé autovireur de 23 m2 lui
à cette expertise dans le dessin des géants, suffisaient donc amplement. Complétons
l’homme a conçu pour lui-même un premier cette garde-robe avec un génois de 28 m2
voilier d’exploration. Il en a confié la en option, ce « code 55 » de 50 m2 qui nous
construction à KM, un jeune chantier d’entretien déhale aujourd’hui sous ce souffle aimable,
installé à Makkum, au bord de l’Ijsselmeer. Ce enfin une trinquette de 13 m2 sur étai largable,
Le plan de voilure fait la part belle à la Bestevaer était un cotre de 53 pieds. Inspirée et nous voilà parés pour affronter l’échelle de
grand-voile (à corne), le solent est raisonnable. des bateaux-pilotes hollandais, cette superbe Beaufort tout entière.

60 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Silhouette néoclassique,
mais conception très contemporaine.

Ses nouveaux projets ? Gerard veut aller poser


son voilier de rêve sur les sables incertains
des îles de la Frise. Ce chapelet de dunes court
le long des côtes nord néerlandaises,
allemandes et même danoises. On y trouve
une solitude garantie et des paysages lunaires.
Il fallait donc un voilier à appendices mobiles.
L’avantage d’un « petit bateau », c’est qu’en
s’y prenant bien, on peut obtenir un tirant
d’eau de pinasse, 70 cm seulement, dérive
haute. Avec un safran extérieur, relevable
également mais conçu pour conserver 50 cm
sous la flottaison, l’explorateur de poche
reste manœuvrable dans des profondeurs
de mare aux canards.
Mais Gerard ne voulait pas non plus se priver
de retourner dans les glaces. Son bijou
a donc toutes les qualités d’un baroudeur
indestructible : trois compartiments étanches,
une isolation de capsule spatiale, une
construction d’une résistance à toute épreuve.
Cela ne suffisait toujours pas à son architecte.
Comme on le sait, l’homme a un peu
d’expérience de la mer. Il ne voulait pas d’un Sur le pont, on apprécie la finition de l’aluminium dont l’état de surface permet de se passer d’antidérapant
boyau si compartimenté qu’on en deviendrait rapporté grâce à un sablage ad hoc. Notez également la retenue de bôme très sécurisante à l’empannage.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 61


ESSAI BESTEVAER 36 S/Y

claustrophobe. L’intérieur du 36 est donc


entièrement ouvert, jusqu’au grand lit breton
qui ferme la cabine à l’avant. L’impression
d’espace est évidemment saisissante pour 4
un bateau de cette taille. Ajoutez-y deux
sièges de veille parfaits sous la timonerie, 2
dont l’un ferme une vaste penderie à cirés 6 5 3 1
et l’autre s’ouvre pour donner accès à une
grande couchette cercueil, des rangements à
profusion, une recherche de simplicité aiguisée
au fil des centaines de milliers de milles et
vous obtenez effectivement l’équivalent marin
d’un Rover martien.
Le Bestaever 36 S/Y EN CHIFFRES…
UN BAROUDEUR en 6 points LONGUEUR COQUE
LARGEUR
10,95 m
3,80 m
TIRANTS D’EAU 0,70 – 2,40 m
1. Hauteur sous barrots dans la cabine
ECOLOGIQUE avant : 1,80 m. Le lit breton mesure 2 x
DEPLACEMENT
LEST
8 800 kg (en charge)
2 000 kg
Sans oublier que Dijkstra a bien saisi l’air 1,75 m à la tête (1,50 m à mi-longueur). SV AU PRES 70 m 2
du temps. Son baroudeur de poche se veut 2. Hauteur dans le carré : 1,85 m, les GRAND-VOILE 42 m 2 (à corne : 37 m 2 stand.)
écologique : près de 65 % de la coque est en banquettes (avec toiles à roulis) font 1,90 GENOIS 105 % 28 m 2
x 0,50 m, 0,70 cm en version couchette. SOLENT AUTOVIREUR 23 m 2
aluminium recyclé (l’objectif est d’arriver vite CODE 55 50 m 2
à 95 %), les bancs de cockpit, aménagements 3. Séparée par le puits de dérive (2,50 m aluminium
MATERIAU
et jusqu’au safran sont en bois d’origine de long), la table du carré est modulable en
MOTORISATION électrique (batteries 29 Kwh)
européenne. Le plan de travail de la cuisine deux abattants de chaque bord. Sa longueur RESER. CARBURANT (générateur) 138 l
est de 1,60 m (dont un abattant de 0,53 m), RESERVOIRS EAU 2 x 75 l
est un mélange de bois et de plastique recyclé,
la largeur des abattants est de 0,43 m. ARCHITECTE Gerard Dijkstra
le tissu des banquettes est à 50 % recyclé.
Les voiles fournies par Elvström ? En polyester 4. La couchette cercueil (2 x 1,15m) jouxte CONSTRUCTEUR KM Yachtbuilders
la plaque de cuisson et le plan de travail CATEGORIE CE A pour 7 personnes
tout aussi recyclé. Point de peinture de pont :
de la cuisine (0,72 x 0,50 m). à partir de
un sablage à gros-grain procure un PRIX DE BASE
antidérapant très efficace. La motorisation est
5. La hauteur sous barrots dans la timonerie 650 000 € TTC
est de 1,40 m, ou 2,05 m en se tenant
électrique, même si on trouve un générateur
sur la marche basse de la descente. Celle
PRIX BATEAU ESSAYE 1 044 000 € TTC
– et un poêle – à bord, alimentés en gazole des assises est de 0,95 m. Principales options :
pour garantir sécurité et autonomie, Motorisation électrique + générateur,
6. Le cockpit très profond mesure 1,87 x GV à corne et solent bômé, trinquette
incontournables pour un tel programme. 1,20 m. Ouverture du coffre 1,04 x 0,55 m. sur étai largable…
Mais la plaque à induction permet de se passer
de gaz, tandis que les panneaux solaires de
grande surface et l’hydrogénération assurée
par l’hélice lors de la marche sous voiles
couvrent l’essentiel des besoins en énergie.
Enfin, l’antifouling consiste en un film silicone
garanti pour cinq à sept ans. La perfection
n’étant pas de ce monde, il a bien fallu faire
des concessions. Ainsi, un vérin hydraulique
permet de relever et d’abaisser la quille.
Difficile d’éviter ce choix quand on sait que
l’appendice descend à 2,40 m de profondeur
et contient deux tonnes de plomb. Et un
système de relevage de secours par palans
est prévu d’origine. Les plus radicaux jugeront
que l’empreinte carbone du mini-yacht polaire
est encore excessive. Mais il ne s’agit là que
d’une étape. Tout cela a évidemment un prix.
Il faut un an pour construire un Bestevaer 36. Etonnant, cet emménagement façon loft offre un cocon de rêve pour un couple.
Le bateau idéal coûte donc plus du double Les boiseries sont remarquables, les finitions en général assez irréprochables.
d’un voilier en polyester de grande série
comme l’Oceanis 37.1… Mais son intelligence
de conception, sa qualité de construction, ses
aptitudes marines et sa « durabilité » n’en font
pas un investissement à fonds perdus, bien
au contraire. Et puis, avec ses mouvements
souples et sa barre légère, la sensation de
liberté totale qu’il procure est inchiffrable.
Autant dire qu’on se verrait bien partir
immédiatement sur Mars avec un tel véhicule. Le confortable lit breton donnant sur le On modifie l’assise pour utiliser la couchette
Texte : Olivier Péretié. carré peut néanmoins être isolé par un rideau. arrière en lui donnant un peu de volume.
Photos : François Van Malleghem.

62 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


A voir ... et à revoir !

Le cockpit est profond et bien protégé de la mer. La position de barre sur le plat-bord est très haute, ce qui permet de bien voir par-dessus
le dog-house. Notez le soin apporté aux détails, à l’image de la finition brossée des winches qui se fondent sur l’hiloire en aluminium.

les poulies de
bastaques trop
basses peuvent
blesser
lorsqu’elles ne
sont pas à poste.

Une façon simple de sécuriser Le tableau électrique, installé


l’ouverture du coffre de cockpit : à mi-descente, est exposé. Il sera
un bout à passer autour du winch protégé par des fargues en bois.

Le dog-house abrite un poste Une grande penderie à cirés a été Le Bestevaer est équipé
de veille très agréable, même s’il casée sous le siège tribord basculant de six bittes-taquets d’amarrage :
n’est pas dans le sens de la marche. de la timonerie. du costaud !

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 63


DOSSIER
PIERRE BOURAS

TRANSAT JACQUES VABRE

95
64 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE
duos de choc
sur l’Atlantique !
Ce sont 190 marins qui s’élanceront le dimanche Sommaire
Départ et parcours.................p. 66
29 octobre du Havre en direction de la Martinique Les Class40.............................p. 70
Les Ocean Fifty........................p. 74
avec à la clef un nouveau record de participations. Les IMOCA..............................p. 76
L’IMOCA Biotherm..................p. 80
Pour cette 16e édition, quatre flottes s’affronteront Les Ultims...............................p. 84
sur quatre parcours différents pour assurer une arrivée A bord d’E. de Rothschild.......p. 86

groupée. Tour d’horizon.


Texte : Paul Gury.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 65


DOSSIER TRANSAT JACQUES VABRE

POUR SA 16e EDITION, la Transat du dynamisme propre à ces deux événements


Jacques Vabre va se parer de ses plus beaux majeurs qui alimentent un vivier de
atours pour fêter comme il se doit, au Havre compétiteurs toujours plus affûtés tout
puis à Fort-de-France, son trentième en permettant de valider les innovations
anniversaire. Avec 95 bateaux inscrits, soit architecturales du moment. Et l’avantage
quinze unités de plus qu’en 2021 (un record du double, c’est bien de pouvoir pousser ces
à l’époque), cette course hauturière organisée nouvelles carènes dans leurs retranchements.
tous les deux ans a clairement le vent en
poupe. Depuis son lancement en 1993 et
la victoire de l’enfant du pays, Paul Vatine, UN DEPART
qui disparaîtra tragiquement en mer lors de
l’édition 1999, elle a su s’installer durablement
PAR CLASSES
dans le calendrier de la course au large comme Côté parcours, si les destinations d’arrivée
dans le cœur du grand public. A l’origine ont changé au fil des éditions, passant de
courue en simple, c’est sous l’impulsion Carthagène en Colombie, à Puerto Limon au
de Gérard Petipas, son directeur de course Costa-Rica ou dernièrement Bahia et Itajaí au
de l’époque, qu’elle passe dès 1995 dans Brésil, la Route du Café semble, depuis l’édition
un format en double qu’elle ne quittera plus… 2021, vouloir s’installer durablement en
Cette même année, le natif du Havre double Martinique. Afin de valoriser l’ensemble des
la mise aux côtés de Roland Jourdain : la magie projets et leur offrir un maximum de visibilité,
du couple est née ! Depuis, la Transat Jacques le départ, quant à lui, sera donné devant le
Vabre joue un rôle crucial dans l’écosystème port du Havre pour chaque classe. Les Ultims
de la course au large. En permettant à de lanceront le bal à 13h05, suivis des Ocean Fifty
jeunes pousses issues de la voile olympique, (13h17), des IMOCA (13h29) et des Class40
du Mini ou du Figaro de faire leurs premières (13h41). Après le passage d’une bouée de
armes au large en compagnie de coureurs dégagement positionnée au pied des falaises
expérimentés, elle les met en lumière et d’Etretat, les Class40 iront chercher les îles
parfois en contact avec de futurs sponsors. du Cap-Vert (voir carte) avant de rejoindre la
Mais c’est bien la composition des équipages Martinique alors que les IMOCA passeront par
engagés sur une redoutable traversée de l’archipel de Sao Pedro situé dans l’Atlantique
l’Atlantique en plein mois de novembre qui fait Sud. Les Océan Fifty, quant à eux,
tout le sel de cette course. Entre le besoin contourneront en plus la réserve de Fernando
d’atomes crochus et la recherche de la de Noronha, avant de rejoindre les Antilles.
compétence pure, le choix n’est pas des plus Enfin, les Ultims navigueront vers le Sud où,
facile pour le skipper qui doit jauger, peaufiner après avoir franchi le pot-au-noir et l’équateur,
sa décision en fonction du profil recherché, des ils devront laisser à bâbord l’île de San Pedro
exigences du support ou tout simplement des Paolo avant de descendre vers une marque
coureurs disponibles sur le marché au moment située au nord de l’île de l’Ascension au milieu
d’officialiser le potentiel tandem gagnant. de l’Atlantique, puis de rallier à leur tour l’île
Calée entre la Route du Rhum et le Vendée aux fleurs. Précisons que pour la classe IMOCA,
Globe, la Transat Jacques Vabre bénéficie aussi une course de retour avec Lorient en ligne de mire est d’ores et déjà programmée : le Retour
à la Base à laquelle quarante concurrents ont
prévu de participer. Cette transat en solitaire,
4 parcours de 4 600 à 7 500 milles qui partira de Martinique le 27 novembre, sera
qualificative pour le Vendée Globe 2024.
Question stratégie météo, les quatre parcours
proposés devraient offrir leur lot de péripéties
et de mistoufles… Le départ en Manche fin
octobre, associé à des coefficients de grandes
marées (110), ne sera pas simple pour une
entame de course. Courant, trafic intense,
mauvais temps risquent de faire des dégâts
dès les premières heures… Puis il faudra
enchaîner sur la traversée du golfe de
Gascogne, toujours un exercice périlleux
en cette saison : les organismes comme
les bateaux vont être mis à rude épreuve
avant un premier répit le long du Portugal.
Sur cette première partie, la stratégie devrait
se résumer à ne pas casser le matériel puis
à se positionner en sortie de golfe entre les
partisans de l’option ouest ou est. Car dès le
sud du Portugal, les options prises à la latitude
du cap Finisterre seront déjà déterminantes…
Dans l’alizé, qu’il faudra aller chercher plus
ou moins sud, les gains comme les pertes
se feront plus petits. Il s’agira de bien gérer

66 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


BENOIT STICHELBAUT/BPCE
Banque Populaire XI
est toujours dans l’attente
d’une première victoire
au large…

COMMENT SUIVRE LA COURSE ?


Pour suivre cette 16e édition de la Transat
Jacques Vabre, il sera d’abord possible, à partir
du 20 octobre, de se rendre sur le village de
la course installé autour du bassin Paul Vatine.
Pour les spectateurs qui veulent se rendre
sur place le jour du départ, plusieurs spots
seront accessibles. Il est possible de se
rapprocher de la plage du Havre au plus près
de la ligne de départ qui sera positionnée dans le
sud du chenal principal. Ensuite, dans la mesure
où les quatre flottes se rendent à Etretat, il peut
être judicieux d’aller se placer sur la route
du Bout du Monde, lieu toujours prisé par les
Havrais. Autre choix, plus en hauteur : le cap de
RONAN THOLIMET/ALEA

La Hève, et par extension la ligne de côte jusqu’à


Etretat… Le départ sera retransmis en direct
par BVM TV, France Télévisions, France 3
National le 29 octobre de 12h55 à 15 heures.
Dailymotion retransmettra le direct de France 3
sur la chaîne Transat Jacques Vabre et sur le site
internet officiel de la course. Radio France et Armorique, France Bleu Breizh et France Bleu Vabre (www.transatjacquesvabre.org/fr) mais
France Info feront au Havre des émissions en Cotentin. On pourra aussi suivre la course au aussi les réseaux sociaux habituels : Facebook,
direct et sur France Bleu Normandie, France Bleu quotidien sur le site internet de la Transat Jacques Twitter, Instagram et le hashtag #Transat JV.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 67


DOSSIER J

TIM WRIGHT 2023


Le Musa 40 Alla Grande-Pirelli affole
les compteurs au portant.
les nuages et les grains. Pour autant, décision officialisée en début d’année qui, dans tant dans la nature des projets que dans
les stratégies de passage du pot au noir un premier temps, a fait grincer des dents du l’expérience des équipiers. Quinze coureurs
commenceront à s’esquisser par 30° nord pour côté de l’IMOCA puisqu’elle pouvait voler la de nationalité étrangère (belge, brésilienne,
les flottes concernées. Et ce contrairement vedette médiatique à certaines écuries – n’en espagnole, italienne, irlandaise et allemande),
aux Class40 qui, dès le Cap-Vert par le travers, demeure pas moins une excellente nouvelle les benjamins de la course et huit femmes
mettront le clignotant à droite pour attraper pour le spectacle… Le « cinq majeur » composeront en partie les 44 équipages
l’alizé avant de filer sur la Martinique. Pour composé d’Actual, Edmond de Rothschild (le attendus au Havre ! Un effectif
les équipages IMOCA qui, contrairement aux tenant du titre), Banque Populaire XI, Sodebo impressionnant, un dynamisme sans précédent
Ultimes et aux Ocean Fifty n’ont pas droit au Ultim 3 et SVR Lazartigue qui a réintégré et un plateau au niveau très relevé. Ce ne sont
routage, la zone de convergence intertropicale courant mars la Classe Ultim 32/23 suite pas moins de huit bateaux neufs (trois
pourrait bien rebattre les cartes, d’autant à des modifications structurelles, est arrivée Mach 40.5 signés Sam Manuard, deux Musa 40
qu’elle est souvent très active en novembre. à maturité. Le combat sur l’Atlantique sera signés G. Guelfi, deux Pogo S4 (Verdier) et
Le pot au noir reste toujours un casse-tête un excellent moyen d’affiner une préparation un Lift 2 (Lombard) qui ont été mis à l’eau
pour les prévisionnistes comme pour technique et physique à quelques mois du cette année. Ils se confronteront aux 24 autres
le navigateur du bord… départ de l’Arkéa Ultim Challenge, le tour Class40 à étrave ronde sortis des chantiers
du monde en solitaire qui partira de Brest entre 2019 et 2022… Qu’on se le dise, la fête
en janvier 2024. En Ocean Fifty, la flotte va être belle et la bagarre aux quatre coins
CINQ ULTIMS SUR LA LIGNE se limitera à six participants en l’absence de l’Atlantique d’une intensité encore jamais
DE DEPART des P’tits Doudous d’Armel Tripon, engagé sur
un projet IMOCA, et de la French Touch Ocean
atteinte !

Mais une fois sortis du piège, Ocean Fifty Club d’Eric Peron. On retrouvera tout de même
et IMOCA goûteront enfin aux joies de l’alizé quatre (Koesio, Le Rire Médecin, Lamotte,
de sud-est. Ils fonceront au reaching jusqu’à Viabilis et Solidaires en Peloton) des six
Fernando de Noronha pour les premiers et mobylettes des mers engagées sur le Pro
Sao Pedro et Sao Paulo pour les seconds avant Sailing Tour. Chez les IMOCA, ils seront
de repasser une deuxième fois le pot au noir quarante sur la ligne de départ, c’est tout
en prenant garde au fort courant équatorial simplement du jamais vu ! La répétition
qui court le long des côtes brésiliennes. Il leur pré-Vendée Globe présage d’une bataille
faudra ensuite bien gérer la fin du parcours féroce en tête de flotte entre les nouveaux
afin de ne pas ressortir trop à l’ouest par plans Koch/Finot/Conq (For People emmené
rapport à l’alizé de nord-est qui les mènera par la paire Ruyant/Lagravière et Paprec Arkéa
jusqu’à Fort-de-France. Quant aux Ultims, ils du redoutable duo Richomme/Eliès) qui seront
CHARLES TIGER

devront se méfier des zones de pétole qui opposés à Macif, le tout dernier plan Verdier
peuvent sévir du côté de l’île de l’Ascension, de Charlie Dalin. C’est sûr, les IMOCA vont
en particulier si l’anticyclone de St Hélène fait attirer la lumière, mais la compétition sera
des siennes. Longtemps incertaine, la relevée dans toutes les classes. Et c’est bien en En Ocean Fifty, le tenant du titre, Sébastien
participation des géants des mers – une Class40 que l’on trouvera le plus de diversité, Rogues, repart à la barre d’un Primonial tout neuf.

68 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


DOSSIER
CLASS40
La maturité
Après le record de participation enregistré sur le Rhum
2022, c’est à nouveau la classe la plus nombreuse
avec 44 équipages attendus au Havre. Les favoris seront
à chercher du côté des Class40 de dernière génération…

ACCESSIBLE financièrement et pour ces deux marins dont l’objectif de la


techniquement, la Class40 rencontre un succès saison était de réunir un budget pour s’aligner
mérité et qui ne se dément pas année après sur la Solitaire du Figaro 2024… Après une
année. Cette série, encadrée par une jauge belle 5e place sur la Rolex Fastnet Race et
stricte pour empêcher la course à l’armement, un bateau désormais fiabilisé, la prometteuse
est devenue un tremplin idéal pour les futurs Amélie Grassi à la barre de son plan Raison
projets IMOCA de skippers à la recherche de (un Max 40) La Boulangère Bio, partira en
partenaires ou comme premier galop d’essai compagnie de l’expérimentée Anne-Claire
au large pour de jeunes coureurs en début Le Berre pour tenter d’accrocher une belle
de carrière. C’est donc, sans surprise, la flotte place en Martinique. Autre duo révélateur
comptant le plus d’amateurs, les équipages les de l’éclectisme de la classe, celui constitué
plus jeunes et la plus grande part de femmes. par Anatole Facon, le benjamin de la dernière
Un chiffre éloquent : 8 des 18 femmes Route du Rhum qui, à tout juste 23 ans, repart
engagées le sont en Class40. Cette année, se frotter au grand large en compagnie
les organisateurs ont d’ailleurs mis en place de Séverine Amalric, même âge, sur l’ancien
PAUL WYETH

un dispositif de sélection d’un duo féminin. Redman d’Antoine Carpentier, le tenant du


Dotation de 40 000 €, gratuité des droits titre, rebaptisé L’Envol - Kermarrec Promotion.
d’inscription, accompagnement sportif et aide
à l’organisation et à la communication,
le projet Cap Pour Elles va permettre à la paire UNE FLOTTE de Ian Lipinsky sur Crédit Mutuel, un plan
franco-irlandaise composée de Pamela Lee
et Tiphaine Ragueneau de s’attaquer à
HETEROCLITE Raison de 2019 qui compte parmi l’un
des mieux préparés de la flotte. Enfin, Achille
l’Atlantique. Un coup de projecteur inespéré A noter aussi la présence de deux Allemands, Nebout, le skipper d’Amarris, l’ancienne
Lennart Burke et Melwin Fink, engagés cette monture de Yoann Richomme, ne manquera
année sur le circuit du championnat Class40 et pas l’occasion, en compagnie de l’excellent
ROBIN CHRISTOL

qui, à respectivement 25 et 21 ans, ont envie Gildas Mahé, de s’imposer sur cette 16e édition
de titiller les meilleurs de la flotte à bord de de la Transat Jacques Vabre. Du côté des
Sign For Com, un Pogo 40S4 tout neuf. Everial, nouvelles unités – elles sont huit à avoir
l’ex-Class40 de Stan Thuret désormais passé touché l’eau en 2023, notons l’arrivée
aux mains d’Erwan Le Draoulec, récent d’Acrobatica, un autre Musa 40 signé G. Guelfi
vainqueur de la Rolex Fastnet Race et plusieurs qui sera mené par un attelage franco-italien
Solitaire du Figaro dans la besace, a prouvé composé d’Alberto Riva et Jean Marre.
son gros potentiel. Il faudra compter avec lui ! Ce sistership de Pirelli, le Class40 d’Ambrogio
Idem pour Edenred, un Mach 40.4 skippé Beccaria, qui ne cesse de surprendre
par Emmanuel Le Roch qui s’est adjoint les son monde depuis son lancement en 2022,
services de Basile Bourgnon, le benjamin de pourrait bien marcher dans le sillage de son
l’épreuve en pleine forme suite à son podium grand frère. A suivre aussi Alternative Sailing
sur la Solitaire 2023. Ce duo a les armes pour - Constructions du Belon, un plan Manuard
réaliser une transatlantique express… Sur dernière génération (Mach 40.5) emmené par
Crosscall, Aurélien Ducroz s’est attaché les la paire Jones/Greck et Legallais, le nouveau
services du double vainqueur de l’épreuve, Lift V2 de la paire Fabien Delahaye/Corentin
Vincent Riou, pour confirmer après son titre Douguet. Ces deux coureurs au palmarès
de champion du Monde Class40 en 2021. éloquent devraient élever encore le niveau
Sur Amarris, le duo Achille Nebout/Gildas Quant à Antoine Carpentier, le lauréat de la en tête de flotte. La bataille pour le podium
Mahé, c’est une grosse expérience du large… dernière édition, il sera engagé en compagnie devrait être pimentée !

70 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Les étraves de scow
font fureur en Class40 !

CLASS40 : EN PLEIN BOUM


✔ Volume d’étrave : la largeur maxi, à 2 m en arrière
du point le plus en avant, ne doit pas être supérieure à 4,50 m.
✔ Longueur maxi du bout-dehors : 2 m.
✔ Matériau : pas de fibre de carbone ni d’aramide.
LES REGLES DE JAUGE
Pas de nid-d’abeilles dans les âmes sandwich.
✔ Electrique : libre. Les centrales inertielles doivent être inférieures
à 7 000 € HT.
✔ Gréement dormant latéral : acier obligatoire.
✔ Mâts tournants et basculants et quilles basculantes interdits.
✔ Franc-bord moyen limité à 1,08 m.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 71


DOSSIER TRANSAT JACQUES VABRE

Les trois favoris de la rédaction


ALLAGRANDE - PIRELLI, LA BOMBE ITALIENNE
L’ITALIEN AMBROGIO Beccaria
s’était fait remarquer lors de sa victoire sur
la Mini-Transat 2019 (en série), en s’adjugeant
même la 3e position au « scratch », derrière
deux prototypes… Passé en Class40, il se lance
un nouveau pari en se faisant construire
un bateau à étrave de scow sur mesure
par l’architecte Gianluca Guelfi. Bourré
d’innovations à l’image des ballasts à section
qui permettent de jouer encore un peu plus
sur la répartition des poids, cette casquette
abaissée et très reculée ou encore une paire

ARTHUR DANIEL
de safrans comptant parmi les plus profonds
de la flotte, Allagrande – Pirelli n’a pas tardé
à montrer tout son potentiel sur la Route du
Rhum 2022 où il a créé la surprise en
EQUIPAGE : Ambrogio Beccaria/ terminant sur la deuxième marche du podium.
Nicolas Andrieu
MISE A L’EAU : août 2022 En s’associant à l’expertise de Nicolas Andrieu,
CHANTIER : Sangiorgio Marine PALMARES : 2e de la Route du Rhum 2022, responsable BE de l’écurie Charal, Ambrogio
1er de la Normandy Channel Race 2023 Beccaria a toutes les cartes en main
ARCHITECTE : Gianluca Guelfi
pour s’imposer sur cette Jacques Vabre…

AMARRIS, APRES YOANN RICHOMME


EQUIPAGE : Achille Nebout/Gildas Mahé
CHANTIER : : Lalou Multi
ARCHITECTE : Marc Lombard
MISE A L’EAU : août 2022
PALMARES : 1er de la Route du Rhum 2022, 3e sur Les Sables-Horta 2023

EN FAISANT L’ACQUISITION de l’ancien Class40 Paprec Arkéa de


Yoann Richomme, vainqueur de la dernière Route du Rhum, Achille Nebout était

ROBIN CHRISTOL
sûr de se retrouver à la barre d’un bateau fiabilisé et performant. Ce plan Lombard
LiftV2 tout en puissance a été entièrement vérifié par une équipe technique plus
à la recherche de traces d’usure que de modifications en profondeur. Depuis
sa remise à l’eau à la fin de l’hiver, l’ex-figariste, accompagné de l’expérimenté
Gildas Mahé, multiplie les navigations de rodage au départ de Lorient, son port de Wight. Fort de son programme de préparation intensif,
d’attache. Après une victoire sur l’Armen Race et une belle troisième place sur le couple Nebout/Mahé s’affiche logiquement comme
Les Sables-Horta, les deux hommes ont dû abandonner la Normandy Channel Race un sérieux prétendant à la victoire sur cette 16e édition
suite à une collision sans gravité avec une bouée métallique au large de l’île de la Transat Jacques Vabre.

GROUPE SNEF, IL A TOUT POUR GAGNER


J.-B. D’ENQUIN/TEAM SNEF

EQUIPAGE : Xavier Macaire/Pierre Leboucher


CHANTIER : Pogo Structures
ARCHITECTE : Guillaume Verdier
MISE A L’EAU : mars 2022
PALMARES : 6e de la Route du Rhum 2022, 2e sur Les Sables-Horta 2023

SI LA DERNIERE ROUTE du Rhum s’est avérée plus compliquée


que prévu pour Xavier Macaire la faute à une voie d’eau faisant suite à des soucis
structuraux au niveau de l’étrave, conséquence de la grosse mer levée par le
passage de plusieurs perturbations automnales, le podium obtenu sur la course
Les Sables-Horta (une deuxième place au général des deux étapes) en juillet dernier
a permis au skipper de Groupe SNEF de rêver à nouveau à une victoire en Martinique.
Son bateau, un Pogo S4 signé Guillaume Verdier, révisé des boulons de quille à la
tête de mât et renforcé structurellement à l’occasion d’un gros chantier hivernal est
fin prêt. Associé sur cette Route du Café à Pierre Leboucher, le champion de France
Elite de course au large 2015 est bien déterminé à faire parler son talent et le
potentiel de son Class40 sur une transatlantique souvent favorable aux fonceurs !

72 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


DOSSIER
OCEAN FIFTY
Combat rapproché
Ce sont six Ocean Fifty qui partiront du Havre le 29 octobre prochain, soit un de moins
que lors de l’édition précédente. La classe est en pleine mutation avec l’arrivée cette
année de nouvelles unités, Primonial et Réalités, qui pourraient bousculer l’ordre établi.

DEPUIS LA CREATION du Pro d’aller au bout. Associé à Quentin Vlamynck, technique du team Primonial. Un pari
Sailing Tour en 2021, la classe Ocean Fifty peut l’ancien skipper d’Arkema et magnifique qui pourrait bien s’avérer payant !
se targuer de posséder son championnat deuxième de la dernière Route du Rhum Toujours du côté des nouveautés, Réalités
à elle. Résultat, les différences de niveau ont à tout juste 29 ans, le Malouin ne manquera emmené par la paire Cahierc/Chappellier
eu tendance à se niveler tandis que la flotte pas l’occasion d’accrocher enfin une Transat (ancien coéquipier de Sam Goodchild sur
prenait l’habitude de confrontations régulières Jacques Vabre à sa baille à spi. Leyton) est un peu dans le même cas de figure.
sur des parcours « offshore ». Alors si tous Du potentiel mais beaucoup d’inconnues
les duos engagés peuvent légitiment rêver à la au moment de s’engager sur une transat
victoire, certains skippers pourront cependant PRIMONIAL automnale… Enfin, pour Le Rire Médecin –
faire jouer leur plus grande expérience du
large… Ça sera le cas d’Erwan Le Roux, triple
POUR UN DOUBLE ? Lamotte et Viabilis Océans, deux Ocean Fifty
fiabilisés qui ont fini sur le podium du Pro
vainqueur de la Transat Jacques Vabre (2009, Quant au tenant du titre, Sébastien Rogues, Sailing Tour cette année, tout est possible.
2013 et 2015) et également lauréat de la s’il a la chance de repartir sur un plan VPLP D’un côté, on retrouvera Luke Berry (associé
dernière Route du Rhum sur Koesio qui partira, tout neuf construit dans les moules de l’actuel à Antoine Joubert) un habitué des podiums
en compagnie d’Audrey Ogereau, dans la peau Solidaires en Peloton et mis à l’eau courant en Class40 et plusieurs Jacques Vabre dans
du grand favori. septembre, il aura sans doute à faire face le sillage qui aura à cœur de faire jouer son
De son côté Thibaut Vauchel Camus, auteur aux multiples défauts de jeunesse propres expérience de l’Atlantique, de l’autre Pierre
d’un superbe début de Route du Rhum avant à une unité aussi récente. Pour se donner Quiroga, vainqueur de la Solitaire du Figaro
son malheureux chavirage au large des Açores, un maximum de chances, il a choisi de 2021, fin stratège et connu pour avoir plus
revient sur cette Route du Café avec l’envie s’associer à Jean-Baptiste Gellée, le directeur d’un tour dans son sac.

OCEAN FIFTY :
DES MOBYLETTES SUR L’ATLANTIQUE
✔ Ballasts : seule la coque centrale peut être ballastée
LES REGLES DE JAUGE

et dans l’axe longitudinal.


✔ Les foils monotypes sont réglables dans deux dimensions
(entrée/ sortie et rake sur 5°).
✔ Le mât doit rester fixe par rapport à la plateforme.
✔ Jeu de voiles : grand-voile, solent, trinquette, deux voiles
d’avant légères et un tourmentin. En cas de mât aile, pas de voile
de cape, soit six voiles.

74 NOVEMBRE 2022 • VOILE MAGAZINE


Les deux favoris de la rédaction
Thibaut Vauchel-Camus s’est associé
à Quentin Vlamynck pour tenter
d’accrocher une première Jacques Vabre
à son palmarès.

PIERRICK CONTIN
SOLIDAIRES EN PELOTON, ET SI C’ETAIT LA BONNE ?
EQUIPAGE : Thibaut Vauchel-Camus/ COMME QUOI UN CHAVIRAGE peut mât, de nouvelles voiles, une casquette toute
Quentin Vlamynck neuve et un covering flambant neuf. Associé
avoir du bon puisque depuis sa mésaventure
CHANTIER : ENATA Marine lors de la dernière Route du Rhum, l’Ocean à l’ex-skipper d’Arkema, Quentin Vlamynck,
ARCHITECTE : VPLP Fifty de Thibaut Vauchel a été métamorphosé le duo pourrait faire des étincelles grâce
MISE A L’EAU : avril 2018 après un gros chantier hivernal… A la clef, à ce mélange judicieux entre expérience
PALMARES : 1er du Trophée des Multicoques une révision totale des éléments structuraux du grand large et fougue de la jeunesse…
de St-Brieuc 2023, 2e du Pro Sailing Tour 2023 Le match au large sera passionnant !
et mécaniques, la construction d’un nouveau

KOESIO, SUR DE SA FORCE !


EQUIPAGE : Erwan Le Roux/Audrey Ogereau
JEAN-MARIE LIOT

CHANTIER : Persico Marine L’équipage de Koesio


ARCHITECTE : VPLP est en pleine confiance
MISE A L’EAU : mars 2021 après une saison 2023
PALMARES : 1er du Pro Sailing Tour 2023, très réussie.
1er de la Route du Rhum 2022

SUITE A SA VICTOIRE sur la Route du Rhum


2022, Koesio a subi cet hiver un chantier de trois
mois. Au menu : un check-up complet de l’ensemble
des pièces, des optimisations de poids et
d’aérodynamisme et des travaux de stratification.
Depuis son retour à l’eau au printemps 2023,
l’Ocean Fifty mené par Erwan Le Roux et Audrey
Ogereau, une athlète issue de la filière Nacra 17,
a enchaîné les bonnes performances, que ce soit
sur le Pro Sailing Tour ou à l’occasion de The Arch
Sailing Race. Deux épreuves remportées haut
la main par ce couple de choc qui ambitionne
clairement la victoire en Martinique !

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 75


DOSSIER
IMOCA
Une flotte
au complet
Galop d’essai à un an du Vendée Globe pour les 40 IMOCA
engagés. Ceux du millésime 2023 auront à cœur de briller
sur ce parcours favorable aux carènes modernes.
AVEC 26 IMOCA à foils (dont dix remporté la Guyader Bermudes 1000 Race en
unités récentes mises à l’eau depuis 2022) compagnie de son co-skipper de luxe, Morgan
attendus sur la ligne de départ, spectacle, Lagravière, avec qui il repart sur la Route
vitesse et compétition devraient être du Café, semble déjà totalement opérationnel.
au rendez-vous. Le tout dernier plan Verdier En pleine confiance suite à ses victoires sur la
skippé par Charlie Dalin aux couleurs de Macif Route du Rhum 2022 et la précédente édition
a déjà fait forte impression en remportant la de 2021, le nordiste a toutes les cartes en main
Rolex Fastnet Race un mois seulement après sa pour sabrer le champagne à Fort-de-France…
mise à l’eau et en terminant 2e des 48 Heures Autre plan Koch/Finot/Conq flambant neuf,
du défi Azimut. En s’associant à Pascal Paprec Arkéa fait clairement partie des favoris.
YANN RIOU/POLARYSE

Bidégorry, le natif du Havre veut accélérer la Suite à des soucis structuraux au niveau du
fiabilisation de sa monture et si possible de fond de coque rencontrés à l’occasion de la
remporter une deuxième Jacques Vabre après Bermudes 1000 Race, il est sorti de chantier
son sacre de 2019. For People, le nouvel début septembre considérablement renforcé.
IMOCA de Thomas Ruyant, après avoir Le tandem Yoann Richomme/Yann Eliès pourrait

IMOCA : LES TOUR-DU-MONDISTES


✔ Foils : limités à 8 m3 depuis 2021, deux réglages possibles :
sortie/entrée et rake (3° pour foils > 8 m3, 5° pour foils < 8 m3).
✔ Mât : deux sortes autorisées, les mâts fixes à barres de flèche,
LES REGLES DE JAUGE

et les mâts ailes tournants standardisés, avec outriggers monotypes.


✔ Quête de mât : 4° pour les IMOCA équipés de foils > 8 m3,
7° pour les autres.
✔ Quille : pleine taillée dans un bloc d’acier forgé
(bulbe limité à 3,1 tonnes).

76 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Les nouveaux plans Koch/Finot/Conq
vont se frotter à leur première transat.
faire parler la poudre, tant leur complémentarité Notons le retour remarqué de Clarisse Crémer d’Armel Tripon, va tout faire pour l’emporter
saute aux yeux ! Du côté de l’écurie Charal, à la barre de l’ex-Apivia de Charlie Dalin – un après des démâtages en série sur la Route
les attentes sont grandes et le duo Beyou/ IMOCA au palmarès flatteur ultra fiabilisé – du Rhum 2022 et la Jacques Vabre 2021.
Cammas affiche une belle symbiose après un passé sous la bannière de L’Occitane en Corum l’Epargne, victime d’un nouveau
an de collaboration et plusieurs podiums, dont Provence et préparé par l’écurie d’Alex démâtage sur le Défi Azimut malgré un gros
une victoire sur la grande course au large du Thomson. Elle sera accompagnée du refit cet hiver, a décidé de jeter l’éponge. Dur
Défi Azimut 2023. Cette édition pourrait donc Britannique Alan Roberts avec qui elle a multiplié pour Nicolas Troussel et Benjamin Schwartz qui
être la bonne pour le triple vainqueur de la les entraînements cet été. se voient privés de Transat Jacques Vabre… De
Solitaire du Figaro qui a une revanche à son côté, Samantha Davies semble avoir pris la
prendre sur cette transat . Outsider mesure de son puissant plan Manuard de 2022
de la dernière Route du Rhum qu’il a terminée CLARISSE CREMER après une année de rodage. Le Britannique
à une encourageante 5e place, Maxime Sorel,
partira avec Christopher Pratt sur un plan
N’A RIEN A PERDRE Jacques Bouttell a été appelé en renfort suite
au départ de Nicolas Lunven sur PRB-Holcim.
Verdier de 2022 survitaminé (V&B – Monbana Sans pression, avec beaucoup à gagner et pas Chez les IMOCA à dérives, Eric Bellion et Martin
– Mayenne). Le Dragon, un sistership de grand-chose à perdre, la 12e du dernier Le Pape, aux manettes de Stand As One –
l’ancien Apivia, pourrait montrer sa pleine Vendée Globe a les armes pour tenter Altavia, un plan Raison à étrave de scow mis
puissance sur ce parcours très propice de bouleverser l’ordre établi. On attend à l’eau cette année, auront à cœur de prouver
au portant VMG. Les IMOCA tout juste revenus également beaucoup de Justine Mettraux que les non-foilers sont encore compétitifs.
de The Ocean Race comme Biotherm (Meilhat/ (Teamwork, ex-Charal) qui s’est adjoint Enfin, Guirec Soudée, toujours en phase
Lobato), Groupe Dubreuil (Simon/Martinez), les services du figariste Julien Villion d’apprentissage sur Freelance.com, partira en
Malizia-Seaexplorer (Herrmann/Harris) ou pour briller sur cette édition. Discrète, très compagnie de Roland Jourdain pour parfaire
encore Guyot Environnement - Water Family, compétente et bosseuse, la jeune Suissesse son costume de coureur au large. Les deux
qui associe un duo de choc avec Benjamin peut légitimement prétendre à un podium, hommes seraient bien capables de tailler des
Dutreux et Corentin Horeau, le récent notamment en cas d’avaries en série chez les croupières à certains IMOCA à foils, surtout si
vainqueur de la Solitaire du Figaro, vont nouveaux foilers… Il faudra aussi compter la descente vers les alizés se fait dans du vent
forcément profiter de l’expérience accumulée avec la fougue de Louis Burton qui, avec fort au près… La flotte est plus homogène que
pendant cette année de navigation intensive. Bureau Vallée 3, ex-Occitane en Provence jamais, le danger peut venir de partout !

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 77


DOSSIER TRANSAT JACQUES VABRE

Les trois favoris de la rédaction


CHARAL, TOUT POUR LA GAGNE !
EQUIPAGE : Jérémie Beyou/Franck Cammas

JEAN-MARIE LIOT/AZIMUT
CHANTIER : CDK Technologies
ARCHITECTE : Sam Manuard
MISE A L’EAU : juillet 2022
PALMARES : 3e de la Route du Rhum 2022,
2e de la Bermudes 1000 Race 2023
C’EST UN DUO DE REVE qui partira du
Havre le 29 octobre prochain puisque Jérémie
Beyou, le skipper de Charal, sera associé
à Franck Cammas, l’homme fort de la voile
française. Plutôt habitué ces dernières années
aux défis en multicoque (GC 32, America’s Cup
ou encore SailGP), le natif d’Aix-en-Provence
a rejoint le team lorientais début 2022 pour
aider à optimiser ce nouveau foiler très aérien.
Une façon aussi de relancer Jérémy Beyou,
après plusieurs transats sans victoire un maître bau étroit (le plus étroit des foilers) a été amélioré cet hiver, le travail ayant
et un Vendée Globe au scénario cruel. Aux et des safrans positionnés dans l’axe, ce surtout porté sur des gains de poids au niveau
commandes d’un IMOCA futuriste caractérisé couple de marins très expérimentés vise des ballasts et du bulbe tandis qu’une
par un brion reculé, une étrave très spatulée, clairement la victoire. Précisons que Charal casquette totalement couvrante voyait le jour.

FOR PEOPLE, UN IMOCA BIEN NE

PIERRE BOURAS
EQUIPAGE : Thomas Ruyant/Morgan Lagravière
CHANTIER : CDK Technologies
ARCHITECTE : Koch/Finot/Conq
MISE A L’EAU : mars 2023
PALMARES : 1er de la Bermudes 1000 Race 2023
ENCORE UN NOUVEAU FOILER, pensé par l’architecte Antoine
Koch et l’équipe du cabinet Finot/Conq, en collaboration avec le bureau
d’études de TR Racing, conçu avant tout pour remporter le Vendée
Globe 2024. Il aura fallu 50 000 heures et une équipe de 50 personnes
pour concevoir ce nouvel IMOCA millésimé 2023 construit chez CDK
Technologies. Un des objectifs des architectes était de construire
un bateau avec des vitesses moyennes élevées dans la durée, tout en
gardant un certain confort. Aux dires du principal intéressé, For People
serait bien plus agréable à barrer que l’ancien LinkedOut tout en étant la mise à l’eau de sa nouvelle monture, Thomas Ruyant annonçait
facile à mener en mode volant. En remportant, en compagnie de déjà la couleur. Celle d’une écurie sûre de sa force qui compte bien
Morgan Lagravière, la Bermudes 1000 Race, deux mois seulement après réaliser un doublé historique sur la prochaine Transat Jacques Vabre.

MACIF, LA REVANCHE DE CHARLIE DALIN


EQUIPAGE : Charlie Dalin/Pascal Bidégorry
CHANTIER : CDK Technologies
ARCHITECTE : Guillaume Verdier
MISE A L’EAU : juin 2023
PALMARES : 1er de la Fastnet Race 2023,
2e des 48 Heures du défi Azimut 2023,
DEUXIEME de la Jacques Vabre 2021 et de la Route du Rhum 2022, Charlie Dalin
espère beaucoup de son nouveau Macif mis à l’eau en juin pour retrouver les
premières places auxquelles il nous avait habitués avec Apivia. Avec Guillaume Verdier,
JEAN-MARIE LIOT/AZIMUT

il a opté pour des choix architecturaux innovants comme cet espace de vie placé
derrière le cockpit, cette étrave ultra spatulée ou encore cette section avant tulipée.
Quant aux foils, ils sont assez proches dans leur forme à la V2 qui équipait son
ancien IMOCA, ce qui est une garantie de stabilité dans la mer formée. Associé à
Pascal Bidégorry, le Havrais a su dompter son foiler dans les conditions difficiles
rencontrées lors de la Fastnet Race et s’imposer face à une concurrence féroce.
Avec son nouveau MACIF, Charlie Dalin espère bien remonter Avec un bilan matériel très positif, aucune avarie à déclarer et des pointes de vitesse
sur la première marche du podium. à 40 nœuds, Macif semble bien parti pour briller sur cette 16e Route du Café…

78 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


FRANCOIS VAN MALLEGHEM/DEFI AZIMUT

Avec Bureau Valley 3, ex-Occitane,


Louis Burton peut être ambitieux.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 79


DOSSIER TRANSAT JACQUES VABRE

IMOCA
Biotherm,
une année en or
Après avoir tourné autour de la planète bleue lors de la
plus grande course en équipage du monde, Paul Meilhat
revient aux affaires sur la Jacques Vabre. Une course
qu’il partagera avec la Portugaise Mariana Lobato.
Texte : Thomas Campion.

LANCE FIN AOUT 2022, l’IMOCA sans trop de casse, il est tout de même revenu
bleu et blanc Biotherm, dessiné par Guillaume marqué. Nous avons maintenant une idée
Verdier et construit au chantier Persico Marine, précise de la durée de vie des pièces. Il a fallu
en Italie, compte désormais plus de contrôler l’ensemble du bateau, sa structure,
50 000 milles au compteur. Un parcours vérifier l’état d’usure du gréement, de
atypique qui défie le classicisme du circuit et a l’accastillage, reprendre certaines choses
JEAN-MARIE LIOT

été rendu possible par l’ouverture à la classe comme les puits de foils, réparer les endroits
IMOCA de The Ocean Race, la course autour du où nous avons subi des chocs comme une
monde en équipage et avec escales. Pour cette des cloisons internes… Rien de majeur mais
édition 2023, seuls cinq IMOCA avaient énormément de parties que nous devions
répondu présents. Cette aventure humaine et ausculter. Malheureusement, en IMOCA quand
sportive hors norme permet aujourd’hui à Paul tu touches à la structure, il faut ouvrir par JO de Londres en 2012 en match-racing pour
Meilhat de disposer d’une expérience unique l’intérieur ou l’extérieur et après tu as un long le Portugal, championne du Monde de
et d’une connaissance de son bateau inégalée. travail de peinture. Avec la déco que nous match-racing en 2013, vainqueur de The
« Depuis la mise à l’eau du bateau fin août avons, il faut bien faire les choses pour que Ocean Race Europe sur Mirpuri Racing Team
2022, nous avons parcouru 50 000 milles. C’est ça reste nickel. (V065) en 2021 et équipière incontournable
énorme. Il faut imaginer et se remettre dans le à bord de Biotherm pendant The Ocean Race,
contexte, ce bateau vient de faire l’équivalent Mariana Lobato a gagné ses galons de
de deux Vendée Globe, sans avoir eu de OCEAN RACE, L’AVENTURE co-skipper au fil des milles. Au départ de The
chantier entre les deux. Le travail sur le bateau
au retour de The Ocean a été important et
HORS NORME Ocean Race, Paul Meilhat souhaitait vivement
que le co-équipier qui l’accompagnerait pour
nous n’avons pas pu réaliser tout ce que nous Le manque de temps et de moyens ne nous la Transat Jacques Vabre soit déjà à bord pour
souhaitions. Entre la trêve estivale, le repos permet pas d’être à l’aise mais globalement, le tour du monde. Une décision logique qui
de l’équipe et les différents impératifs, nous nous sommes vraiment satisfaits du offre à ce duo une expérience qui va bien
n’avons eu que très peu de temps pour nous comportement du bateau après autant de au-delà de la préparation classique.
occuper de Biotherm. Si le bateau a réussi milles. C’est une grande joie pour l’ensemble « La demande de Paul d’être à ses côtés pour
à terminer cette épreuve du tour du monde du team. Nous nous sommes lancés dans la Transat Jacques Vabre a été une très belle
ce projet avec Biotherm en étant conscients surprise. C’est vrai qu’après The Ocean Race,
de nos faiblesses. Nous avions certainement j’ai une certaine familiarité avec le bateau. Je
le plus petit budget, cinq fois moins que les le connais très bien et sur les dernières étapes
grosses écuries. En étant conscients de cela, nous avons déjà commencé à travailler en duo
nous avons réussi à créer une dynamique sur certaines manœuvres. Le rythme ne sera
incroyable avec l’équipe à terre et l’équipe pas du tout le même car nous partons pour
navigante. Il y a eu une magnifique solidarité un sprint sans avoir à nous dire qu’il faut
entre les teams. Ce n’est pas anodin de préserver le bateau pour les étapes suivantes.
redescendre après une course autour du L’apprentissage sur The Ocean Race a été très
monde en équipage et avec escales. Nous instructif. J’ai adoré travailler en équipage et
avons vécu une aventure hors norme. Je pense selon moi, une bonne communication à bord
que je viens d’écrire la plus belle page de mon représente 90 % d’une manœuvre réussie.
Biotherm, un IMOCA ultra-fiabilisé. histoire de marin et d’homme », confiait Paul. Cette navigation autour de la planète a été la

80 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


L’équipage fera jouer l’expérience
acquise sur l’Ocean Race.

Paul et Mariana, ce sont deux


profils différents mais très
complémentaires au large.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 81


DOSSIER TRANSAT JACQUES VABRE

meilleure des choses. Paul et moi sommes sur


la même longueur d’onde. Si le bateau a été
mis à l’eau tardivement, je n’ai pas pour autant
arrêté de travailler. Je pratique le cross fit afin
d’être la plus tonique et résistante possible.
Le Défi Azimut nous a offert la possibilité
de reprendre la navigation en compétition
et surtout de faire nos premiers bords en duo
en course. C’était une bonne remise en
condition », commentait Mariana. Adepte
de la communication à bord, diplômée en
soins paramédicaux, Mariana Lobato a navigué
sur de nombreux supports, GC32, 49er,
Nacra 17, M32. C’est en toute logique que le
choix de Paul s’est porté sur elle. « L’avantage
avec Mariana, c’est que nous connaissons le
bateau par cœur. Nous pouvons monter à bord

JEAN-MARIE LIOT
et partir en course du jour au lendemain.

« ÇA VA NOUS PARAITRE
COURT… » Depuis ses premiers pas en IMOCA, Paul Meilhat a dû apprendre à voler comme les autres !

Elle est très rigoureuse, fiable, méthodique saison 2023-2024. Déjà qualifié pour le Vendée les escales, les problèmes techniques,
et organisée. J’aime beaucoup son parcours. Globe, l’autre gros morceau de sa campagne, cette course contre la montre… Tu fais
Nous sommes similaires sur de nombreux Paul a vécu une aventure unique qui fait The Ocean Race pour aller chercher quelque
points et complémentaires sur d’autres. grandir un homme et un marin. chose. Si tu ne ressens pas au fond de toi,
Elle n’apporte aucune pression à bord et « Je ne me sens pas forcément meilleur le besoin d’aller chercher ça, il ne faut surtout
en ce moment nous n’en avons pas du tout techniquement même si j’ai accumulé pas y aller… C’est un engagement qui va bien
besoin. Prendre le départ de la Transat Jacques beaucoup d’automatismes mais je pense avoir au-delà de ce que l’on peut imaginer,
Vabre avec Mariana sera une belle aventure. énormément progressé en technique et c’est particulier ».
Nous n’avons pas d’objectif. Le but est en connaissance du bateau. Peut-être que C’est donc un marin marqué au fer rouge
d’arriver de l’autre côté et de prendre du je ne referai plus jamais la course mais ce que par cette expérience unique qui va désormais
plaisir. La Transat Jacques Vabre représente j’ai vécu est l’événement sportif le plus dur, s’attaquer à la Transat Jacques Vabre.
1/10 de ce que nous venons d’accomplir sur le plus formateur et le plus important Le 29 octobre, 40 IMOCA vont prendre le
le tour du monde. Ça va nous paraître court. de ma vie, bien au-delà du Vendée Globe. départ au Havre de cette belle transatlantique.
Potentiellement nous pouvons faire un bon Faire The Ocean Race, c’est 100 fois plus fort Ce parcours, connu, promet de belles
résultat car les voyants sont au vert », qu’un Vendée Globe. C’est autre chose, empoignades et, forts de leur expérience
complétait Paul. C’est sans aucune pression il y a beaucoup d’autres domaines qui entrent autour du Globe, Paul et Mariana pourraient
que Paul Meilhat va désormais compléter sa en compte comme la gestion de l’équipage, bien créer la surprise.

Le cockpit a été optimisé en vue de The Ocean Race et son équipage de quatre personnes. Optimisation, révision et réparation ont émaillé
La casquette complètement couvrante garde les marins au sec quelles que soient les conditions. le quotidien de Biotherm sur The Ocean Race.

82 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


DOSSIER
ULTIMS
Chaud devant!
Deux mois seulement avant le très attendu tour
du monde en solitaire, les trimarans Ultims seront cinq
sur la ligne de départ au Havre.
Texte : François Tregouët

ALORS QU’ON PENSAIT les aller-retour en guise de « warm-up » ? Après


trimarans géants concentrés à 100 % sur des années émaillées de doutes et de conflits,
l’immense challenge qui les attend à la fin si le plateau Ultim n’est pas pléthorique,
de l’année, en mars dernier la classe Ultim il est enfin homogène. Et s’il faut citer un
intégrait finalement la classique automnale. favori, alors le Maxi Edmond de Rothschild
Leur parcours, long de 7 000 milles, les verra est indéniablement celui-là. Ayant tout gagné
laisser l’archipel Brésilien de San Pedro et ces deux dernières saisons, le trimaran a
San Paolo à bâbord, avant de passer l’équateur encore bénéficié d’un chantier d’optimisation
pour aller contourner l’île de l’Ascension. cet été, dont une nouvelle dérive prometteuse.
Avec le redouté passage du pot au noir, c’est Si le duo Caudrelier-Cammas n’est plus
une quinzaine de jours en mer qui attend et ne bénéficiera donc pas de l’ascendant
les équipages. psychologique cumulé à force de victoires,
le vainqueur de la dernière Route du Rhum
pourra compter sur le très talentueux Erwan
A DEUX MOIS DE L’ARKEA
THIERRY MARTINEZ

Israël pour mener à son maximum un destrier


ULTIM CHALLENGE bleu marine et blanc qu’ils connaissent
tous les deux par cœur.
Les Ultims prennent un risque à s’engager Derrière ce favori naturel, deux bateaux
sur une transat automnale en mode course à bénéficient d’une conception plus récente,
moins de deux mois de l’Arkea Ultim Challenge et ont des projets arrivant à maturité. trouble-fêtes. Le Sodebo de Thomas Coville,
Brest. Surtout avec une transat retour en sus SVR Lazartigue sera mené par François Gabart épaulé par le fidèle Thomas Rouxel, s’il a réussi
qui, même en mode convoyage, peut apporter et Tom Laperche, avant que ce dernier ne à combler le léger déficit de vitesse qui, en
son lot d’avaries. Mais si ces fantastiques prenne le manche pour le tour du monde. Leur plus d’avaries, l’a empêché jusqu’ici de se
machines ne remontent pas le temps, elles victoire dans la dernière Rolex Fastnet Race, battre aux avant-postes. Enfin, sur Actual,
l’accélèrent et nous forcent à revoir l’échelle quelques minutes seulement devant le Banque Yves le Blevec ayant pris du recul en devenant
de nos cartes marines. Un bord prolongé Populaire d’Armel le Cléac’h, laisse à penser Team Manager, Anthony Marchand étrennera
les entraîne en plein golfe de Gascogne et un que le mano à mano serré pourrait bien se son nouveau statut de skipper avec à ses côtés
entraînement sur deux jours les emmène virer poursuivre sur cette 16e Route du Café. Enfin, l’expérimenté Thierry Chabagny, transfuge
le Fastnet. Alors pourquoi pas une transat deux outsiders pourraient venir jouer les de l’équipage du trimaran géant Spindrift.

LE POINT DE VUE D’ARMEL LE CLEAC’H .


ALEXIS COURCOUX

« On y va pour gagner »
« Les calendriers se sont bien alignés. On a estimé qu’on avait assez de
temps pour faire la Jacques Vabre, revenir, et se préparer pour le tour du
monde. On emmagasine de l’expérience et on reste affûtés pour le solitaire.
Avec Sébastien Josse, on a tous les deux envie et besoin d’aller chercher de
bons résultats. On y va pour gagner, ça ne va pas être une course
d’entraînement. On va faire deux semaines d’affilée dans des conditions
relevées, avec de la concurrence autour. Notre bateau et la classe Ultim
arrivent à maturité.
Tout le monde progresse, on tend vers un niveau assez homogène et ça va
être un beau plateau. C’est une chance incroyable de naviguer sur des Avec Sébastien Josse, qui est resté proche de l’équipe Gitana et
bateaux comme ça. » connaît bien le bateau, Armel Le Cléac’h a un partenaire de choix.

84 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Il y a deux ans, SVR venait
d’être mis à l’eau quand
il avait terminé la Jacques Vabre
en deuxième position…
Cette année, il est prêt !

ULTIMS :
LES GEANTS DES MERS
✔ Pas d’asservissement électromécanique des foils
(règle susceptible d’être revue tous les quatre ans),
✔ Pas de tirant d’eau ni de taille de foils maxi.
LES REGLES DE JAUGE

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 85


DOSSIER TRANSAT JACQUES VABRE

Bienvenue à bord
A un mois tout juste du départ de la Transat Jacques Vabre, Voile Mag a embarqué
sur le Maxi Edmond de Rothschild pour les runs 24H Ultims. Il manquait quelques nœuds
de vent pour vraiment voler, mais l’expérience reste un must.
PAR CE TEMPS de demoiselle, ils les safrans… La sérénité et le calme avec tête dépasse du cockpit, dernière perturbation
ne sont que trois à bord pour manœuvrer lesquels les trois mousquetaires manœuvrent sur un bateau où l’aérodynamisme a été
ce géant qui a tout gagné depuis 2019, dont, cette plateforme géante de 32 m de long poussé à l’extrême, de la jupe de pied de mât
en apothéose, la Route du Rhum 2022 avec pour 23 m de large sont à proprement parler au lazy-bag « velcroché » à la grand-voile,
Charles Caudrelier à la barre. Franck Cammas hallucinantes. Certes la météo est clémente, en passant par le prolongement textile du rouf,
parti goûter à l’inconfort des IMOCA, c’est le parcours d’un mille nautique positionné et jusqu’au carénage du rail d’écoute
Erwan Israël qui complète le duo. Aussi discret devant Groix, travers au vent, pas bien de grand-voile.
que talentueux, ce grand marin, dans tous compliqué, mais leur maîtrise semble tout En moins d’une heure, on réussit à enchaîner
les sens du terme, ne se « met pas du tout rendre simple. trois runs. Bien que légèrement forcissant en
la pression, même si ça va être super serré. » cette fin d’après-midi, le vent ne dépasse pas
Il sait le bateau parfaitement bien préparé les 9 nœuds, mais le speedo affiche déjà entre
et optimisé par l’équipe. C’est d’ailleurs David DES VIRTUOSES 17 et 19 nœuds. « Il faudrait 3 à 4 nœuds de
Boileau, le Boat Captain, qui est le troisième
homme sur ces runs. Le trimaran n’a aucun
AUX COMMANDES vent en plus pour que le bateau décolle »,
nous confie Erwan. Comme le matin même, à
secret pour lui, et il pourrait sans doute agir Il y a bien de nombreuses check-lists et l’échauffement où le maxi-trimaran est monté
les yeux fermés dans ce qui ressemble procédures affichées, moult références de à 42 nœuds. Faute d’aller à trois fois la vitesse
pourtant à un cockpit de Boeing 747, version réglages à ne surtout pas photographier, mais du vent, nous nous contenterons d’aller
textile. Même les commandes moteur sont en comme tout bon chef d’orchestre, ils ont la seulement deux fois plus vite. Certes nous
Spectra ! Conformément à la jauge, toutes les partition dans la tête. Si basculer le mât se fait n’avons pas « volé » mais la sensation de glisse
manœuvres sont réalisées à la force des bras, sans effort en transférant la charge d’un vérin est unique, et cela reste un privilège que de
y compris pour mettre la pression dans sur l’autre , dérouler le J1, puis le border, voit naviguer à bord de ces incroyables machines.
les vérins hydrauliques qui règlent la tension Erwan et David s’échiner sur les deux colonnes Pas blasés, les garçons qui vont y passer près
d’écoute de grand-voile, permettent de de moulin à café. A la barre, Charles Caudrelier de deux semaines entre Le Havre et Fort-de-
basculer le mât, monter et descendre les foils, n’a pas un mot plus haut que l’autre. Seule sa France, en sont conscients… et c’est beau !

TROIS QUESTIONS A CHARLES CAUDRELIER …


« Le gros dossier, c’est le tour du monde ! »
Transat en double puis tour du monde en solo,
FRANCOIS TREGOUET

c’est un enchaînement exceptionnel !


Le gros dossier qui m’empêche de dormir, c’est le tour du monde. Mais la Jacques
Vabre n’est pas qu’un échauffement, c’est une course majeure et on va tout donner
pour la gagner, car en plus on a un titre à défendre. Et puis c’est tellement rapide et
plaisant de traverser l’Atlantique avec ces bateaux-là.

Erwan Israël sera avec toi sur cette transat,


quelle est votre histoire commune ?
C’est une longue histoire. Je l’avais repéré il y a très longtemps, quand il faisait le
challenge Crédit Agricole, je l’avais trouvé très bon. On s’est retrouvés sur la Volvo
Ocean Race dans l’équipage de Franck Cammas. Il est dans le Top 5 de tous les marins,
et il y a des grands noms, avec qui j’ai navigué dans ma carrière.

Comment vous jaugez-vous face à la concurrence ?


Notre bateau est de 2017 et nous avions un avantage de performance car nous avons
été les premiers à vraiment voler. Mais il y a des bateaux plus récents, très réussis et
qui poussent. On l’a vu sur la Route du Rhum, avec François nous étions très très
proches. Donc, il faut qu’on continue à progresser. Cette année nous avons ainsi
changé la dérive, avec des innovations sur lesquelles nous fondons beaucoup d’espoirs.

86 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Cette photo très aérienne
n’a pas été prise le jour de notre
embarquement… hélas !
YANN RIOU/POLARYSE/GITANA

L’aérodynamisme a été
très travaillé, mais on garde
les bons vieux trampolines.
FRANCOIS TREGOUET

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 87


RENCONTRE
FABIEN KERSAUDY
Le retour
aux plaisirs simples
Lorsque la passion rencontre le talent, elle peut donner
naissance aux rêves les plus fous, mais aussi
à des rénovations complexes. Un exercice parfaitement
exécuté – pour son plaisir – par Fabien Kersaudy.
Texte : Pierre-Yves Poulain. Photos : Alain Roupie.

SUR LE QUAI DU SUET, à Port un petit cotre construit en 1944 aux chantiers
Tudy, la porte du hangar grince en s’ouvrant, Le Gourrierec, à Lorient, en train de sombrer
et laisse entrer la lumière dans cet antre dans le bassin à flot, il lui propose de le retaper
poussiéreux au sol fait de sciure. De la sciure, entièrement. « C’était mon premier vrai projet
il y en a un peu aussi dans la courte barbe du de bateau, mais vu l’état dans lequel il était,
patron des lieux, au sourire discret et à l’œil je me suis dit que je ne pouvais pas faire pire
pétillant. C’est l’histoire d’un natif de Brest qui que l’existant ! » sourit-il. Pont en CP acajou,
part à Auray faire une formation d’ébéniste, bordés en niangon, varangues, membrures,
qu’il poursuit à l’école Boulle. Il passe ensuite précintre et bauquières en chêne, tout
le concours pour devenir enseignant en arts y passe. « J’ai aussi refait les courbes arrière,
appliqués. A la Réunion, à Lyon, puis dans les l’étambrai, et dessiné un massif d’étrave qui
Alpes où il sera luthier, il va distiller sa maîtrise était bizarrement absent, alors que c’est une
des essences. pièce structurelle. Peut-être avait-il été enlevé
parce que pourri… »
Deux mois de boulot plus tard, Malamok est à
EBENISTE, LUTHIER ET flot, méconnaissable, avec sa grand-voile, son
CHARPENTIER DE MARINE foc et sa trinquette. Son propriétaire est ravi,
et Fabien aussi. Et des épaves en attente
Il effectue alors un stage dans un chantier d’une restauration, il y en a partout. Il y a
naval à côté d’Helsinki, et découvre qu’avec le Kenavo, un autre cotre dessiné par Jep Jep,
le bois on fait aussi des bateaux. A partir de là, un Groisillon installé à Keroman après-guerre,
le virus est en lui. « Je suis un amateur, disons, aujourd’hui propriété du musée de Groix,
éclairé », explique-t-il modestement. Plongeant mais laissé à l’abandon entre deux eaux.
dans les livres de référence, il va se passionner Et puis il y a le Cygne, un petit misainier dans
pour la construction navale. Lorsque son un triste état, dessiné par le même architecte
épouse reçoit une proposition d’emploi sur l’île et propriété de Jean-Jacques, dit Jaja,
de Groix, le couple n’hésite pas longtemps. une figure de l’île, récemment décédé.
Fabien se met en disponibilité et se met Fabien réunit quelques amis et crée une
en quête d’une occupation intelligente. Sur le association. L’objectif est de redonner vie à
port, il rencontre Alex de Roquefeuil, le savant ce genre de petits canots, pour permettre aux
fou de la godille, qui lui propose de partager familles de Groix de naviguer à moindre coût,
un bout de son atelier. « J’ai pu y installer mon et de transmettre cette passion à leurs
matériel et nous avons mis en commun nos enfants. Apprendre la voile, la pêche côtière,
savoirs et outils ». Fabien commence par faire autant de plaisirs simples à partager qui
du petit mobilier et de l’agencement intérieur, animent la quinzaine de membres passionnés
puis travaille sur un premier bateau. En bois, qui l’ont rejoint. Un vieux Fireball entre dans
évidemment. Lorsqu’Alain Roupie, le le hangar, et ils s’y attaquent aussitôt. Malamok, cotre de 1944, a repris vie en
photographe de l’île, lui parle de Malamok, Le Cygne est aussi pris en charge. Historique quelques mois sous les coups de rabot de Fabien.

88 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Chaque pièce,
recréée sur mesure,
est plus durable
que celle d’origine.

L’atelier qu’il partage avec Alex de Roquefeuil


donne sur le bassin de Port Tudy.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 89


RENCONTRE FABIEN KERSAUDY

Les manœuvres de port


sont bien plus amusantes
à la godille.

de propriétaires, documents d’époque, photos,


tout est rassemblé. « Ce type de canot
était appelé un “demi-soldier”, construit
pour compléter une petite solde en faisant
un complément de pêche », explique Fabien,
qui s’est longuement documenté. « J’ai fait
un marbre, pour tout mettre dans l’axe.

CHAQUE PIECE DE BOIS


A UNE AME, UNE HISTOIRE
J’ai tout segmenté et reporté tous les couples
au laser pour faire les plans et les gabarits.
Je vais récupérer les varangues et les pièces
structurelles pour conserver son âme »,
poursuit-il, avec de la malice plein les yeux.
La quille, l’étrave et l’étambot vont d’ailleurs
être faits avec des poutres d’une vieille maison
de Groix qui a été démolie, pour apporter
un supplément d’âme.
« Le tableau arrière est fait grâce au linteau
en chêne d’une ancienne cheminée de l’hôtel
Fabien devant le massif en chêne de la réplique exacte du Cygne
de la Marine, récemment rénové. Ce linteau
était en fait une béquille de thonier ! J’ai aussi du bord, le bois n’était pas forcément de de chêne. Côté gréement, il y a juste une
acheté une grosse bille de chêne que je débite bonne qualité. Par exemple, les bordés étaient misaine et un petit bout-dehors. C’était très
au fur et à mesure. On va vraiment faire une en pin. Les gens n’avaient pas beaucoup de simple, en fait » conclut-il.
réplique à l’identique, en apportant quelques sous. Celui-ci a été construit en 1943 en un L’association a pour nom An Distro, qui,
améliorations pour le rendre plus durable. mois et demi, et avait été vendu 15 francs ! en breton, signifie « le retour ». Un retour
A l’époque, c’était un peu fait avec les moyens Ça devait durer vingt ans. Moi je vais le border aux plaisirs simples, somme toute.

90 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


MAG

92 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


MINI-TRANSAT

Galops
d’essai
C’est l’histoire d’une banque d’images en vue
du départ de la Mini-Transat qui se transforme
en convoyage vers les Sables d’Olonne
à bord du Mini 6.50 de Thaïs Le Cam de concert
avec le sistership de Julien Letissier.
Texte et photos : Cécile Hoynant.

Le 1068 et le 1069 sont deux protos


Mini 6.50 identiques.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 93


MAG MINI-TRANSAT

« JE SUIS EPUISEE mais j’arrive pas


à dormir ! », me lance le pouf à billes qui gît
au pied de la descente. Pendant un temps
infinitésimal, l’idée qu’un pouf à billes me parle
avant de se redresser soudainement et
de prendre l’apparence de Thaïs Le Cam ne
m’interpelle pas. Il doit être environ 1h30 et
alors que je lutte contre la fatigue à la frontière
du rêve, Thaïs n’arrive pas à stopper le petit
vélo dans sa tête. Quelques heures plus tôt,
la jeune navigatrice a quitté pour de bon
« la maison ». Son Mini 6.50 ne reverra pas les
pontons de Port-la-Forêt avant d’avoir bouclé
la Mini-Transat. Après deux ans de boulot
acharné aux côtés de Julien Letissier (qui court
sur le sistership) et de Valentin Noël (qui
a travaillé à la fabrication des deux protos),
le sommeil est forcément dur à trouver : « Ça
fait bizarre quand même », ajoute simplement
Thaïs, tout en vérifiant par automatisme
le réglage des voiles et du pilote.

L’EMOTION AVANT
LE DEPART
L’économie de mots laisse à l’émotion le loisir
d’occuper tout le noir de la nuit, qui paraît
si vaste depuis un bateau mesurant à peine
6,50 m. Thaïs retourne s’allonger et s’endort
pour de bon. Je me demande comment elle
a réussi à acquérir autant d’aisance et de
connaissances en si peu de temps. Elle a beau
être la fille de Jean Le Cam et avoir toujours
navigué, son expérience du large en solitaire
est toute récente et pour sa première
traversée de l’Atlantique, elle n’a pas choisi le
programme ni la monture les plus accessibles.
Son bateau (le 1068) et celui de Julien Letissier
(le 1069) sont des scows dessinés par le maître
incontesté en la matière, David Raison.
Plutôt que de partir de zéro, les Frérots
(c’est le nom que porte le projet) ont réussi
à convaincre l’architecte de concevoir
un prototype en carbone à partir du moule
du Maxi 6.50 (Mini 6.50 de série). Une décision
stratégique qui a permis de gagner du temps
(précieux pour garantir la qualification à
Un convoyage aux airs
l’édition 2023 de la Mini-Transat) : le 1068 de match-race.
a en effet été fabriqué en un temps record
de deux mois et demi ! Le fait de louer les
moules et l’outillage d’IDB Marine, qui produit
les Maxi 6.50 à Concarneau, a également été
motivé par un gain économique substantiel.
Pour le reste, il s’agit d’un prototype
« classique » avec quille pendulaire et dérives.
Pas de foils : les skippers ont fait le choix
de la sagesse, ont sélectionné des pièces
éprouvées et n’ont pas hésité à renforcer
le fond de coque au-delà des préconisations
de David pour avoir la (quasi) certitude
de s’engager sur la transatlantique avec
un bateau fiabilisé. Tout a été optimisé
pour la performance mais toujours dans
un souci de simplicité. Une philosophie
qui est le fruit des échanges avec Jean Le Cam,
pour qui Julien a travaillé en tant que

94 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Thaïs s’apprête à vivre sa dernière nuit
en mer avant la Mini-Transat.

LE DEBUT DE L’HISTOIRE
Alors qu’il boucle la MT 2019 en 14e position
(en série) avec un Pogo 3, Julien veut déjà
repartir. C’est au chantier de Jean Le Cam que
Thaïs et Julien se rencontrent. Thaïs travaille
à Paris dans le domaine de l’automobile de
collection. Le Covid la pousse à passer plus de
temps en Bretagne. Lors des sorties en solo sur
l’Armagnac familial, elle décide de concrétiser
son rêve de course au large. Ses études et
son expérience pro dans le management sportif
lui permettent de jeter les bases d’un projet.
Elle se confie à Julien. Leurs compétences
sont complémentaires. Au même moment,
Valentin Noël, un ami moniteur de voile à
Trois « Frérots » dont deux au départ,
Belle-Ile, lui envoie un SMS : « Tu penses quoi sur deux protos identiques.
de la Mini-Transat ? »…

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 95


MAG MINI-TRANSAT

préparateur. « Après des décennies de recul


dans le métier, Jean ne sait peut-être pas
ce qu’il faut faire mais il sait ce qu’il ne faut
pas faire », confie Julien. Au démarrage
du projet, les Frérots pensaient construire
trois bateaux mais ils ont revu leur copie
à la fois parce que c’était déjà assez de boulot
et d’investissement mais aussi parce que
Valentin a quitté le projet à la suite d’une belle
opportunité professionnelle. Il garde
cependant un pied dedans pour ce qui
concerne la technique et la logistique,
en acheminant par exemple tout le matériel
nécessaire aux Canaries, entre les deux étapes.
Cette échéance paraît à la fois si proche et si
lointaine tandis que le 1068 file vers les Sables
d’Olonne, talonné par le 1069, avec à son bord
Julien et Yannick d’Armancourt, concepteur
de l’Epoh (dont nous avons déjà parlé
dans nos colonnes) et qui a dessiné les dérives
de ces incroyables bateaux.

DES BOUTS PLEIN


LE COCKPIT
L’adjectif n’est pas surfait. Les carènes sont
stupéfiantes de puissance et de stabilité, un L’immense spi de 80 m2 paraît encore plus grand une fois affalé sur le pont !
constat que nous avions déjà fait lors de l’essai
du Maxi 6.50. Sauf que ces protos sont un bon une facilité déconcertante. C’est d’ailleurs le à la VHF puis tout va vite : il faut affaler
cran au-dessus. Pour réussir à prendre son piège de cette carène : on se sent tellement en les mètres carrés de toile et préparer
bateau en main, Thaïs a d’abord navigué avec sécurité dans la brise qu’on pourrait être tenté l’atterrissage. Une fois sur les pontons, je
un plan de pont réduit à l’essentiel avant d’appuyer un peu trop sur le champignon mesure la chance d’avoir pu vivre ce moment
d’ajouter progressivement tous les réglages et d’aller au-devant d’ennuis matériels. Tout privilégié à quelques jours du départ. Mais
fins. Il y a un nombre incalculable de bouts : ce qu’on cherche à éviter pendant ce dernier alors que je n’ai qu’à grimper dans une voiture
je crois en avoir compté dix-huit rien que convoyage ! Malgré tout, Thaïs et Julien ne qui me reconduira vers la Bretagne avec
sur le rouf ! Nous ne descendons pas au-delà peuvent pas s’empêcher de se tirer la bourre. une insolente rapidité, les Frérots doivent
de 140° du vent réel pour profiter du potentiel Ce n’est qu’au sud de l’île d’Yeu que le 1069 s’attaquer aux derniers préparatifs. Au
maximum de vitesse. Avec le grand spi en tête, nous passe au nez et à la sous-barbe. moment où j’écris, je me demande si ce début
le foc et la GV haute, nous déboulons à « Heureusement que Julien nous a doublées, de course est dominé par la joie d’être enfin
11-12 nœuds de moyenne et pourtant le sinon il ne m’aurait plus parlé jusqu’au sur l’eau ou si la pétole tape sur les nerfs
bateau ne mouille pas et passe la mer avec départ », ironise Thaïs. Les Frérots se charrient des deux skippers. La réponse aux Canaries !

LE MAXI 6.50, CE PHENOMENE


Après avoir dessiné le Magnum, un scow à bord duquel
il a remporté la Mini-Transat à Salvador de Bahia
en 2011 (alors que certains n’y croyaient pas du tout),
David Raison a conçu le Maximum, une version
améliorée qui remporte la Mini-Transat
successivement en 2017 (Ian Lipinski) et 2019
(François Jambou) mais qui avait déjà largement
dominé le circuit entre les mains de Davy Beaudart
dès 2015. A l’occasion du Nautic de Paris 2017,
l’annonce officielle de l’alliance entre l’architecte
visionnaire et le chantier IDB Marine (alors installé
à Trégunc et produisant les Mojito) est faite. A la fin
du mois de décembre, une dizaine d’unités est déjà en
commande. Le Maxi 6.50 devient un Mini de série en
2019 et commence à cumuler les podiums. Deux ans
Les Frérots ont opté
plus tard, il décroche le Graal avec la victoire d’Hugo
pour des dérives sur
Dhallenne en Guadeloupe. Depuis, et malgré l’arrivée leurs protos tirés des moules
sur le circuit d’autres minis à bout rond, le Maxi 6.50 du Maxi 6.50.
continue de tenir la dragée haute à ses concurrents.

96 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


SUPERARLEQUIN
EPISODE 15

Cap sur
La Rochelle !
Objectif : Grand Pavois ! Au départ de La Trinité-sur-Mer,
ces 120 milles avalés à un bon rythme nous ont
permis d’en savoir un peu plus sur les qualités nautiques
du voilier de la rédaction… Et de tirer un premier bilan.
Texte : Paul Gury. Photos : Tamara Escoriza.

TOUT JUSTE REMIS de nos émotions ses marques et préparer le bateau à une
estivales, à savoir une rupture de corps-mort navigation de 120 milles : un programme
avec échouement sur les vilains cailloux chargé qu’il me faut mener en une seule
de St-Philibert, nous nous projetons déjà journée. Car il s’agit de jouir de la belle fenêtre
sur la présentation du Super Arlequin au Grand météo qui s’annonce et d’exorciser au passage
Pavois de La Rochelle. Notre fortune de mer le mauvais œil après les quelques pépins
(voir VM n°334) ne s’est soldée que par nautiques et techniques qui se sont accumulés
quelques menus travaux d’enduit, et revoilà depuis la mise à l’eau fin juin.
notre fringant voilier dans son élément, En priorité, vérifier le jeu de voiles, notre
amarrés à son ponton de La Trinité. C’est là moteur à énergie durable et renouvelable…
que je le retrouve sous le cagnard d’un début Alors exit la GV de convoyage toute creuse Réparation de la grand-voile à l’aide de
septembre qui sent bon l’été indien. Trouver et non lattée qui a pris la place de notre patches d’Insigna obligatoire avant le départ.

grand-voile All Purpose en bon état mais


En l’absence de pilote,
malencontreusement déchirée le long
nous nous relayons
à la barre toutes du guindant lors du Morbihan Challenge. En
les deux heures. attendant une belle réparation par un maître
voilier, l’Insigna est de sortie. Deux patches
plus tard, elle trône, fièrement ferlée, sur la
bôme. Côté génois sur enrouleur, pas de souci,
tout roule et se déroule sans forcer ! Enfin,
le beau spi symétrique aux couleurs d’époque,
tout comme le circuit d’écoutes et bras
semblent parfaitement adaptés aux bords
de portant qui nous attendent sur la route de
La Rochelle. Reste à s’intéresser aux batteries
qui alimentent notre moteur électrique et
l’énergie du bord. Et là, mauvaise surprise :
la batterie de 12 V/110 Ah qui nous sert
de servitude est totalement à plat. Impossible
d’allumer la centrale électrique tactile
Shipheart, la commande moteur ou encore

98 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


A l’approche des Minimes,
nous envoyons le beau
spi rouge et or
du Super Arlequin.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 99


SUPER ARLEQUIN LE CONVOYAGE

les instruments (qui se résument à une VHF


et aux feux de navigation…). Multimètre
à l’appui, la sentence tombe : une tension
de 3 volts aux bornes. Malgré une tentative
de recharge au 220 V, la tension monte
puis s’écroule bien trop rapidement. Ça sent
la sulfatation à plein nez ! Pas de doute,
la batterie est bel et bien morte. Le hic, c’est
qu’elle sert aussi à alimenter la pompe de
refroidissement du moteur électrique qui,
elle, consomme entre 6 et 7 Ah. Une grosse
consommation inattendue qui, mal surveillée,
est sans nul doute à l’origine de cette
décharge profonde… Nous voilà prévenus,
mais sans accumulateur de rechange,
la course à la batterie devient la priorité.
Quelques coups de fil plus tard, Mathieu Jones,
le patron d’Alternative Sailing, propose
gentiment de nous en prêter une le temps
du convoyage. Merci l’ami !

L’AVENTURE EN MODE
SPARTIATE !
La nouvelle batterie chargée à poste, reste
à tester le démarrage du moteur. Alimenté
par deux batteries lithium de 48 V et 200 Ah
chacune à 100 % de leur capacité nominale,
notre moulin électrique fonctionne à la
perfection : une excellente nouvelle. Pour finir
cette journée de labeur, je cours chercher un
petit réchaud à gaz, quelques couverts et des
bonbonnes d’eau douce pour améliorer un peu
le confort du bord. Il faut savoir que sous
le pont, tout reste à faire question
aménagement. Mis à part les deux mousses
des couchettes cercueils, l’intérieur est vide
et non équipé pour une croisière de 24 heures.
C’est un peu l’aventure en mode spartiate avec
obligation de se relayer à la barre en l’absence
de pilote automatique ! Mais qu’importe,
le bateau flotte, le moteur tourne et les voiles
sont prêtes à nous déhaler à la moindre risée. route – nous considérons qu’au-dessus de
Enfin, le mouillage – on ne sait jamais –, 3 nœuds, la navigation sous voiles s’impose
composé d’une ancre légère Spade en alu et d’elle-même. Après une petite heure de pétole
d’un câblot plombé, est facilement accessible qui nous oblige à jouer de la risée électrique, le
et opérationnel. Me voilà rassuré et même passage des Cardinaux d’Hoëdic coïncide avec
pressé de tester notre plan Mauric, d’autant le retour du vent. Tribord amure, nous filons
que la météo s’annonce très favorable désormais au grand largue sur l’île d’Yeu
pour descendre sur la Charente Maritime. en prenant garde de laisser plateau du Four
Nous larguons les amarres dans la boucaille et chaussée des Bœufs sur notre bâbord.
matinale. Moteur électrique à petite vitesse, Ça file, et les changements de barreur
nous avalons le long chenal de La Trinité s’effectuent toutes les deux heures environ
dans un silence très agréable. Le Petit Trého dans la bonne humeur et sous le soleil s’il vous
(la dernière latérale rouge) dans notre sillage, plaît. Devant l’étrave se dresse rapidement
nous envoyons les voiles dans un souffle l’immense champ éolien situé sur les bancs
timide de nord-est, toutefois suffisant pour de Guérande. Nous décidons de couper
gonfler la bulle rouge et or. Magie du Super le fromage en gardant en tête le fait de bien
Arlequin, la vitesse affichée au speedomètre laisser 50 mètres entre le bateau [cf. l’arrêté
de mon application SailGrib dépasse facilement préfectoral du 17 mai 2023] et les pales
les 4 nœuds dans ce petit force 2. De bon géantes qui tournent ce jour-là au ralenti.
augure pour la suite puisqu’un petit thermique Nous serrons les fesses tout en tâchant de
devrait rentrer par l’ouest en début d’après- sortir au plus vite de cet endroit spectaculaire
midi. Souhaitant limiter au maximum la mais franchement impropre à une navigation
consommation des batteries moteur – nous sereine… De nouveau en eau libre, nous
n’avons pas moyen de les recharger en accumulons les milles tranquillement pendant

100 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Passage mythique entre les deux tours
du Vieux-Port de La Rochelle.

Même en pleine navigation, la visseuse électrique est de sortie pour fixer A la barre, le Super Arlequin fait preuve d’une douceur
le pontet du hale-bas sous la bôme… et d’une sensibilité très agréables.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 101


SUPER ARLEQUIN LE CONVOYAGE

Nous coupons à travers


le champ d’éoliennes situé
sur les bancs de Guérande.

qu’une bonne brise de nord-ouest se met en


place. Brassé au maximum, le spi bien gonflé,
notre Super Arlequin donne sa pleine
puissance au vent arrière, poussé par un léger
clapot. Celui-ci nous permet même d’accélérer
à chaque vague dans des petits surfs. La barre,
douce à souhait, est un régal et les manœuvres
toujours faciles. L’équipage, tout sourire,
ne boude pas son plaisir. De mon côté,
je découvre avec délice le potentiel incroyable
de ce petit voilier affûté et marin.

UNE NUIT IDEALE


AU PORTANT
La nuit s’annonce donc idéale pour profiter
à fond de cette descente au portant le long
de la côte vendéenne. A 22 heures, Yeu défile
déjà sur notre tribord tandis que nous
organisons les premiers quarts de nuit.
Un repas rudimentaire (lentilles et carottes râpées) est englouti par l’équipage avant le début
Il est décidé de tourner toutes les heures des quarts de nuit.
pour économiser la vigilance et le sommeil
des équipiers. Pour plus de sécurité, le spi traître mais la voie lactée veille sur nous avec devant le fier d’Ars un petit filet d’air opportun
retrouve son sac quelques heures plus tard. ses myriades d’étoiles. Vers 6 heures, nous nous remet en selle jusqu’au pont de l’île
C’est sous GV et génois tangonné que nous sommes déjà engagés dans le pertuis breton. de Ré. Nous terminons cette belle navigation
terminons notre échappée nocturne cap sur le Malheureusement, avec les premières lueurs pleine balle au travers jusqu’aux Minimes
phare des Baleines, dont le faisceau lumineux de l’aube, la brise mollit en adonnant. Face que nous atteignons à l’heure de midi.
encore timide troue le ciel étoilé par au jusant qui nous rejette au large, la belle Sur la fin du convoyage, plusieurs voiliers
intermittence. Au loin, plein sud, des éclairs moyenne de la veille s’effondre puisque sur nous saluent avec insistance, visiblement
éblouissent la voûte céleste comme pour nous le fond nous ne dépassons plus les 2 nœuds. contents de croiser la nouvelle vedette de Voile
rappeler à la réalité… Les orages se déplacent Tant pis, nous nous en remettons au moteur Magazine. Il faut dire qu’il a de la gueule ce
visiblement du côté de la Gironde, la vigilance électrique qui s’attelle à la tâche à petit charmant petit voilier robuste, marin et véloce.
reste de mise même si le danger ne semble régime, histoire de garder de la marge du côté Alors vivement les prochaines aventures
pas proche. Nous scrutons le ciel à intervalles des batteries en vue de l’arrivée et de ses à son bord avec pourquoi cette fois-ci un peu
réguliers à la recherche du cumulonimbus manœuvres de port. Quelques milles plus loin, plus de confort !

102 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


SUPERARLEQUIN
SAISON 1…
Un premier
bilan positif
On n’a peut-être pas navigué autant qu’on aurait
voulu, mais on a quand même tenu le calendrier
et parcouru pas mal de chemin… Point d’étape.

SOUS VOILES : UN GROS POTENTIEL


C’est le plus grand motif de satisfaction : même avec de vieilles voiles, notre Super Arlequin
est une petite bombe ! Le travail effectué par les stagiaires de l’Afpa sur la carène y est aussi
pour quelque chose. L’année prochaine, promis, on optimise le gréement, on lui trouve une garde-
robe et on se met à la régate pour de vrai (voir page suivante)…

MOTORISATION : PUISSANCE ET AUTONOMIE


C’était la grande inconnue du refit que cette motorisation électrique. Avec
un minimum d’expérience, l’utilisation de notre Vetus E-Line 75 (7 500 W)
s’est avérée agréablement silencieuse et aussi d’une grande simplicité.
Avec ses deux batteries de 200 Ah, et à condition de rester à petit régime,
il est même envisageable d’atteindre une autonomie d’une dizaine d’heures.
Ce qui est largement suffisant sur une grande traversée, comme l’a prouvé
ce convoyage. Partis avec 100 % de la capacité nominale (batteries chargées
à bloc), nous sommes arrivés aux Minimes à 48 % après avoir fait tourner
le moteur cinq bonnes heures. Attention aux vibrations de l’arbre à hélice
lorsque l’on pousse trop les gaz, la faute à un tourteau d’occasion voilé.
Il faudra aussi revoir la pompe de refroidissement qui est bien trop puissante
pour l’installation et qui, branchée à la batterie de servitude, consomme
entre 6 et 8 Ah, ce qui n’est pas anodin. La solution envisagée par notre
partenaire Vetus serait de monter une pompe deux fois moins gourmande,
et de l’alimenter avec le parc de batteries moteur en passant par un
réducteur de tension 48 V-12 V.

BATTERIES : ON A DE LA MARGE...
Les deux batteries lithium (LTPro 24) fournies par Marine Mobile Diffusion sont montées en parallèle pour délivrer du 48 V au moteur électrique. Elles
ont un très bon comportement à la recharge au 220 V du quai grâce au chargeur Cristec 30 A, même si Cristec envisage de le passer à 40 A pour coller
parfaitement aux besoins de ces batteries. En l’état, nous n’observons pas de surchauffe anormale et constatons une rapidité de charge assez bluffante.
Les batteries LTPro sont en outre équipées d’un monitoring de suivi qui permet de s’assurer en temps réel de leur tension et de la capacité restante
(en pourcentage). Présence en plus d’un BMS (Battery Monitoring System) qui coupe la batterie en cas de température anormale ou si l’on décharge trop
cette dernière. Au final, seule la batterie 12 V nous a posé problème, mais c’est probablement notre faute (consommation sous-évaluée de la pompe
de refroidissement). En fin de compte, elle a tenu le coup pendant le convoyage : partis à 12,8 V, nous finissons à 12,3 V à 150 milles de là… Il sera
toutefois nécessaire de lui trouver un moyen de recharge en mer : hydrogénérateur sur l’arbre d’hélice ou, plus simplement, petit panneau solaire
de 100 W sur le pont pour équilibrer les consommations courantes.

104 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Première satisfaction :
le bateau navigue,
et il navigue bien !

FRANCOIS VAN MALLEGHEM


ŒUVRES MORTES :
ON REVIENT DE LOIN
Non seulement le covering réalisé par Bertrand Le Gallic
de la société Stickerman a fière allure, mais il tient bien
le coup, même après une marée sur les cailloux…
Le coup de crayon de Charlotte Schieffer, qui a dessiné
la déco, correspond bien à nos attentes et fait (presque)
l’unanimité. Les goûts et les couleurs... Nous en tout cas
on trouve qu’il a de la gueule, et on n’est pas les seuls.

AVANT
APRES
FRANCOIS VAN MALLEGHEM

THIBAULT DESPLATS

La pose du covering a été réalisée par la société


Stickerman.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 105


SUPER ARLEQUIN PREMIER BILAN

GREEMENT ET VOILES : TOUT RESTE A FAIRE


Révisé par Atelier Cables cet hiver, le dormant
est en bon état, tandis que le gréement courant fourni
par Cousin Trestec est tout neuf. La tension du haubanage,
réglée pour une base de 5 nœuds, a été reprise de quatre
tours avant le départ du convoyage. Le mât, un véritable
poteau bien rectiligne, affiche un léger pré-cintre.
Le système de blocage des coulisseaux sur la ralingue
est à revoir. Le spi d’origine très épaulé fait bien le job :
tolérant au vent arrière, il est en revanche et sans
surprise moins adapté aux allures pointues. Le génois
sur enrouleur est fonctionnel tandis que la GV All Purpose
(en bon état), déchirée le long du guindant, va passer
l’hiver sur le plancher d’un voilier pour réparation.

FRANCOIS VAN MALLEGHEM


Enfin, la grand-voile de convoyage est plus ou moins
cuite… De notre côté, nous réfléchissons à la suite avec
Bernard Mallaret. Nouveau mât, même plan de voilure ?
Ou s’orienter vers un plan de voilure remis au goût
du jour, en travaillant avec un nouveau partenaire en
voilerie ? Le champ des possibles est ouvert... A suivre !

TABLEAU ELECTRIQUE : INNOVANT ET PERTINENT


Le tableau tactile ShipHeart ne consomme pratiquement rien en mode veille
(0,1 Ah) et assez peu en mode allumé (0,5 Ah). Les différents menus sont
intuitifs, clairs et lisibles même en pleine journée. La quantité d’informations
disponibles n’est pas négligeable... Notre ShipHeart peut en effet afficher
toutes les consommations en temps réel, et il les mémorise pour une
éventuelle analyse à froid. Il est aussi relié à un capteur d’eau dans les fonds
qui commande la pompe de cale et pourrait, si nous en avions, être
également connectés à des jauges pour le gasoil et l’eau, jauges configurables
en fonction de la forme du réservoir pour une précision inédite. Le ShipHeart
fait aussi office de tracker, l’application nous permet de suivre le Super
Arlequin et la totalité de ses données à distance. Bien pratique... Et nous
n’avons pas encore exploré toutes les possibilités de cette unité centrale, bien
plus puissante qu’un simple tableau électrique. Bien vu également : les trois
ports USB pour recharger les téléphones portables et autres.

ACCASTILLAGE : ÇA ROULE ELECTRONIQUE :


L’accastillage de pont fourni par Ronstan, et notamment ces superbes winches
que nous avons eu la chance de pouvoir monter en avant-première, nous L’ULTRA-SOBRIETE !
donnent entière satisfaction. C’est vraiment du bon matériel. S’il y a des
améliorations à apporter, c’est plutôt de notre fait. Il faudra fixer proprement
le pontet de hale-bas sous la bôme ainsi que ceux de prise de ris. Revoir aussi
le système de hale-bas de tangon qui passe par le réa de trinquette et non
par celui prévu à cet effet. L’installation de barbers à poste sur le pont semble
enfin nécessaire pour faciliter la tenue du spi et éviter, au travers, de forcer
sur les filières.

Seule la VHF a été montée… Les sondes passe-coque, sondeur


et speedomètre, se sont révélées d’un diamètre largement inférieur
aux sondes existantes, et nous n’avions plus le temps de nous lancer
dans des scarfs pour percer de nouveaux orifices du bon diamètre.
C’est donc dans la liste des travaux d’hiver... On aimerait bien par ailleurs
récupérer un pilote de cockpit.

106 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


EMMENAGEMENTS : UNE PAGE BLANCHE ?

De ce côté-là, on s’est contenté pour l’instant de rafraîchir l’existant. On a plein d’idées, on se pose plein de questions, par exemple sur cette grande table
à cartes… Pourquoi ne pas repartir d’une page blanche et faire plancher des designers sur un nouvel intérieur plus sobre ? Ce sera sans doute
pour le chantier d’hiver 2025 ! D’ici là, on va se contenter de coffrer le moteur, fermer la descente, monter la gazinière aimablement fournie par ENO
(et le petit circuit de gaz qui va avec), et enfin d’acquérir ou récupérer des matelas.

PLOMBERIE : PEINTURE DE PONT :


LES TACHES INGRATES... UN BILAN MITIGE
On savait dès le début que
le pont faisait partie des gros
sujets à traiter, et on n’a pas
été déçus. De fait, le ponçage
s’est avéré très difficile,
l’ancienne peinture très dure à
dégommer. Le résultat reflète
cette difficulté, avec un rendu
perfectible sur certaines zones.
En même temps on revient
de si loin que le résultat
est quand même satisfaisant, AVANT
en tout cas fonctionnel. On ne
va pas s’amuser à le refaire
l’hiver prochain. En revanche, APRES
on pourrait bien remettre
une couche d’antidérapant
Kiwigrip, trop fine sur les
Ce n’est pas grand-chose, mais l’expérience du refit passavants notamment. De
nous enseigne que rien n’est négligeable et que tout prend la même façon, nous devons
du temps ! Il faut installer le réservoir d’eau souple fourni reconnaître que nous avons
par Osculatti, vérifier et sans doute parfaire l’étanchéité été un peu avares de liège
de la vasque montée à la va-vite la veille de la mise projeté sous le pont : on
à l’eau. Puis achever le montage de la pompe de cale aurait pu en mettre un peu
fournie par Whale, avec son évacuation avec le grand plus épais. Restaurer un
« col-de-cygne » qui va bien. bateau, c’est aussi apprendre.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 107


PRATIQUE
FAITES-LE VOUS-MEME
Des chandeliers
comme neufs
Des chandeliers d’occasion c’est bien, mais on a envie
de leur donner un coup de propre… Pas compliqué,
mais attention à bien les protéger de la corrosion
tout en vous protégeant, vous, des produits utilisés.
Texte F.-X. de Crécy. Photos : François Van Malleghem.

QUAND NOUS AVONS récupéré d’un bon coup de polish : c’est précisément
le Super Arlequin à Morlaix, il n’avait plus ce qu’on va aborder ici !
de chandeliers. Quelqu’un s’était visiblement Mais pour commencer, il faut les mettre à
servi, sans du reste se soucier niveau. En l’état, ils sont bien trop hauts
des entrées d’eau que cela par rapport aux balcons avant
occasionnait au niveau du pont et arrière, et donc aux filières. Après
– raison pour laquelle avoir pris les cotes, nous les
l’intérieur était plein d’eau coupons en prenant toutes
de pluie. Aujourd’hui les les mesures de protection
fonds du Super Arlequin sont nécessaires (les yeux, les oreilles
aussi secs que le désert de et les mains). On s’est assurés
Gobi, mais nous n’avons au passage qu’ils étaient
toujours pas de chandeliers ! compatibles avec les pieds de Leur état de surface n’est quand même pas
Qu’à cela ne tienne, nous en chandeliers : ils le sont, encore terrible : terne avec de petites coulées de
trouvons rapidement un jeu heureux me direz-vous puisqu’on rouille à la sortie des lumières de filières. Un
de six chez Accastimer, du les a achetés au même endroit. passage au banc à polir s’impose. On dispose
côté de Kervignac. Un endroit Les entrées d’eau par les à l’AFPA de cette polisseuse à poste fixe,
étonnant, soit dit en passant, où l’on trouve à chandeliers étant un classique, nous n’avons profitons-en, c’est facile. On commence par
peu près tout, soit d’occasion, soit neuf, mais pas lésiné sur le mastic polyuréthane au recharger la brosse en pâte à polir, puis on
déstocké à bon prix. Nos chandeliers, eux, sont moment de leur montage… mais c’est une passe les chandeliers un à un sur le rouleau
clairement de seconde main et auront besoin autre histoire. Revenons aux chandeliers ! en appuyant assez pour être efficace, mais pas

1 Pour couper droit, mieux vaut utiliser 2 Le pavé de pâte à polir est appliqué directement 3 Les chandeliers sont polis avec doigté,
un adhésif qui fait office de guide. sur la brosse pour la recharger en produit. Avec des gants ! en les tenant fermement.

108 NOVEMBRE 2023 • VOILE MAGAZINE


Les chandeliers, c’est une question de look
mais surtout de sécurité.
trop car on a vite fait de se faire embarquer probablement envoyé de la microlimaille de simplement au pinceau. Là encore, attention
par la machine ! Très gratifiant : l’inox prend fer en surface. Un nettoyage à l’acide citrique à la protection des mains (gants), et surtout
immédiatement un éclat magnifique. Mais y suffit, en se protégeant bien, suivi d’un des yeux car le pinceau projette facilement
si on en restait là, il serait bien trop vulnérable rinçage à l’eau claire. La deuxième étape des gouttelettes et le produit est très agressif.
à la corrosion car le polissage a éliminé la consiste à « passiver » les chandeliers, Veillez bien à passer partout pour une
couche de protection chimique que les tubes c’est-à-dire leur appliquer un oxyde protection complète, puis laissez sécher
ont reçue en usine. Il faut les protéger en deux anticorrosion. Nous utilisons un produit une grosse demi-heure : ça y est, vous pouvez
étapes. La première consiste à éliminer toute passivant courant dans le nautisme, monter ces chandeliers tout neufs qui vous
contamination, surtout après la découpe qui a le Wichinox de Wichard, appliqué tout ont coûté 20 € les six…

4 A gauche, deux chandeliers dans leur état 5 Les protections sont impératives, notamment pour le nettoyage 6 Reste ensuite à soigner le
initial, à droite, des chandeliers polis. à l’acide et la passivation. montage, attention à l’étanchéité.

VOILE MAGAZINE • NOVEMBRE 2023 109


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