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NOVEMBRE 22 / JANVIER 23
#10
DiANE DE BEAUVAU-CRAON
L 14264 - 10 - F: 15,00 € - RD
PRiNCESSE DESTROY
JUSQU’AU BOUT
AVEC JACQUES ATTALi
ANDY WARHOL
ENTRETIEN D’ANTHOLOGIE
TENNESSEE WiLLiAMS
PAR TRUMAN CAPOTE
UNE SEMAINE EN MERCEDES AMG - VOTRE TICKET POUR L’ACADEMIE FRANCAISE - LA SAGA ROTHSCHILD - WELCOME CHEZ LES EXCENTRIQUES ANGLAiS
Quand les sorciers s’invitent
à la table de Descartes
dito
É
Il fallait vraiment avoir un cerveau Et qui hormis un footballeur déjà bien
aussi étriqué que celui d’un footballeur aeint du bulbe pourrait croire qu'il
professionnel adulé d'hydrocéphales gagnerait un match avec un savant
foules pour nous apporter aussi bien cocktail à base de bave de crapauds,
que sa baballe ce flot de désolation (le ongles de babouins mixés, chair de
terme est faible mais mon vocabulaire souris également mixée, 6 goues
n’est pas assez étendu pour qualifier de sang humain + quelques mygales
cela) qui s’abat sur notre pays berceau pour exhauster le goût et exaucer les
de la culture, du raisonnement, des vains vœux de victoires. . .
sciences et de la civilisation. Ces moins que rien ont été portés au
Imaginez une créature à moitié nue firmament pour amuser le bon peuple :
avec une banane plantée dans le cul, « J 'entretiens 11 abrutis pour en calmer 3000
une demi noix de coco dissimulant autres" faisait dire Jean-Jacques Annaud
mal des coucougnees pendantes, du en 79 au patron d'un club de foot dans
sang de poulet plein les mains, des os son film « Coup de tête ». La doxa n'a
dans le nez, dans les oreilles et dans pas changée. Ce qui a changé, c'est que
le gland qui, force de la gravitation ces médiocres ont été portés au pinacle mension de la Planète des Marabouts.
universelle oblige – un concept qu’ils et sont désormais des exemples, voire Puis nous déboulonnerons les statuts
ne peuvent comprendre, perdus dans des dieux païens vivants pour nombre de Descartes et raserons la Sorbonne
l’incantation des esprits de la forêts de nos contemporains, du moins pour pour construire en lieu et place de jolis
en remuant le missionnaire qui finit de les plus cérébralement démunis. Nous terrains de foot pour former les futures
cuire dans la marmite. Bref, le bout du voici pour maintenir la paix sociale à élites. Ça fait pas rêver.
kiki pendouille lamentablement sous devoir faire des courbettes à ces Alors prenons les mesures d’urgence
la noix de coco. C’est d’une dignité milliardaires tout juste en voie de et débranchons les micros tournés
disons relative et passablement éloignée développement. Un jeune des banlieues vers la famille Pogba. Il est temps de
de l'essence de la collection Dior a généralement le choix entre deux mere en place des gestes barrières
Homme hiver 2022. N'est pas Harry directions pour s'élever dans la vie : avec la connerie à défaut de pouvoir
Potter qui veut. Qui imaginerait le dealeurs pour les plus nombreux ou vacciner les plus vulnérables. Vaste
général de Gaulle ainsi accoutré ? footballeurs. Le graal. Si cela ne de- programme nécessitant le recrutement
vient pas un signe inquiétant…En d’une armée de marabouts, de sorciers
aendant l'explosion de nouvelles fi- et de Gérard Majax…
lières qui ont le vent en poupe : marabouts Oh, j’entends les Cassandre qui m’in-
ou imams. terdissent de stigmatiser une population
Dans ces tristes conditions il semble au prétexte que sur «l’ensemble des
urgent de revaloriser les branches (au marabout et des sorciers il y en a de
figuré, note à l'intention de nos lecteurs très bien». Je reste perplexe. Nos glorieux
footballeurs et dealeurs) utiles à la société. ancêtres se seraient-ils inutilement
baus pour éloigner les barbares ?
Comme le préconisent le Professeur Une des solutions urgentes serait de
Jacques Aali et moi-même, former rétablir le saint bûcher pour brûler
des profs pour réinitialiser autant que les ballons. Et un bon BBQ fera toujours
faire se peut des cerveaux déjà bien plaisir à Madame Rousseau !
lavés.
Sinon, aussi inéluctablement que le Jean-Christophe Florentin
climat de la France s'approche de celui Bac + 5 qui aurait mieux fait de faire
du Togo, nous serons peut être un jour sport-étude
prochain projetés dans la 3eme di-
C 2022 Playboy Entreprises International, Inc. Playboy and the Rabbit Head Design are trademarks of Playboy Entreprises International, Inc. and used under license by Kleverage SPRL
-
Entre nous
Ladies first : la Princesse Diane de Beauvon Craon ouvre le
Jean-Christophe Florentin & bal. Elle a connu la vie new-yorkaise glam et flamboyante Andy Warhol et un ami mort
La princesse Diane de Beauvau Craon des 70's : Andy Warhol, Robert Mapplethorpe, puis Karl Lagerfeld,
Saint Laurent, les années Palace. Une vie 1000% dédiée au
sex-drugs & rock n'roll qu'elle raconte dans son livre : « Sans
Départir » chez Grasset.
Feu notre ami Alain Pacadis interviewait feu l'ami de Princesse
Diane le roi de la Factory Andy Warhol dans nos pages. Remix.
On a tous quelque chose en nous de Tennessee disait le
prophète. En ce qui nous concerne nous avons en magasin
l''hommage rendu par Truman Capote à feu son ami
Yves Navarre et un ami félin Tennessee Williams. ,Illustré par Warhol. Bouclons la
boucle new-yorkaise.
Jacques Aali qu'on ne présente plus reçut Jean-Christophe
Florentin en sa maison de l'ouest parisien. Qui sommes-
nous, où allons-nous ? Avec qui ? Pouvoir, argent… Confidences
tout en chuchotement du DRH de la France recueillies sur
le canapé en cuir du salon avec un chat sur les genoux de Jean-Christophe Florentin
& Jacques Aali
l'intervieweur. Métier à risque ! Déception, aucun maroquin
de ministre (même de la culture) ne lui fut proposé. Reste
un entretien de haut vol.
Christian Martin aime les beaux pare-choc bien chromés et
le montre superbement. Il sait mieux que personne sublimer
Bruno Mouron tombeur de Chirac
la beauté d'une belle italienne ou d'une superbe allemande.
Exactement comme Jean-Pierre Bourgeois dans un autre
style moins métallique…
Patrice de Bruyne raconte l'histoire toute en chromes et Christian Martin et une belle endormie
flammes de l'héritier Guiness : grosses cylindrées, mannequins
filiformes, drugs & rock n'roll introducing Beatles et Stones.
Rien que ça ! A day in the life…
Yves Kortum est la réincarnation vivante d'Helmut Newton.
Bienvenue au roi incontesté du black & white (pas le whisky
mais le Noir et blanc) dans nos pages qui seront souhaitons-le
Patrice de Bruyne et un ami canin suffisamment encrées.
Bruno Mouron le retour avec un Jacques Chirac pris en
flagrant délit de bronzage sur une des plages les plus chères
du Monde à l'Ile Maurice. Chapeau l'artiste.
BJ et Richeille Formento se sont rencontrés en 2005. Originaire
d'Hawaï, BJ arrive à New York en 1999. Il a alors 35 ans
et assiste les plus grands photographes: Mary Ellen Mark,
Hans Neleman ou encore Annie Leibovitz. En 2001, il se Formento & Formento
lance en tant que photographe indépendant. Jusqu'en 2005,
Richeille travaille dans l'industrie de la mode en tant que
Yves Kortum et son matériel léger directrice artistique et designeuse pour les plus grands
marques ainsi que pour des labels indépendants. Nous ne
sommes pas peu fiers de les accueillir en exclu dans les
pages de Playboy.
Yves Navarre était l’un des plus grands écrivains français
avant de tirer sa révérence en 1994. Navarre n’était pas avare
pour partager ses textes et ses humeurs. Mêmes mauvaises. Nous
re-publions bien volontiers son magnifique « éloge du désespoir ».
Truman Capote
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Rain Forest Villas du Datai les Rain Forest Pool Villas sont dotées
Langkawi : un balcon sur la jungle d’une piscine privée de 10 m de long.
L’expérience ultime reste cependant la
Totalement rénovées et modernisées Datai Estate Villa, la reine de la collection
en 2019 , le concept de cet hôtel veut et la dernière à avoir vu le jour en
que chaque villa soit parfaitement insérée 2019. Imposante par ses dimensions
dans son environnement naturel, afin (600 m2), cinq chambres, deux salons
de voir sans être vu. La présence d’un et deux salles à manger, un petit salon
ruisseau naturel, le Sungai Datai, a modulable qui accueille les jeux des
permis de créer une relation étroite enfants, une salle de sports, une cabine
avec l’eau dont il fallait être proche, de massage et une salle de billard,
mais pas trop, en faisant aention séparée du bar par un superbe pa-
aux crues. ravent en cuir tressé.
Installés dans ces villas de conception Les villas sont proches des commodités
traditionnelle, nichées dans une végé- de l’hôtel : quatre restaurants, un spa
tation luxuriante, au milieu d’arbres dans la forêt, deux belles piscines, un
gigantesques dont certains culminent fitness, un nature center, un terrain de
à 40m de haut, au cœur d’un univers golf à moins dix minutes et en contrebas,
peuplé d’oiseaux, de singes et d’écureuils sur la mer d’Andaman, une plage sau-
volants, les clients se retrouvent immergés vage de sable blanc à l’arc si parfait,
dans la vie de la forêt pour vivre une que le National Geographic l’a classée
expérience profonde et personnelle parmi les « 10 plus belles plages du monde ».
avec la nature, un des éléments qui
font du Datai Langkawi un hôtel Jln Teluk Datai, 07000 Langkawi,
absolument unique au monde. Kedah, Malaisie
Les Rain Forest Villas (72m2) dis- Tél : +60 4-950 0500
posent de balcons perchés au-dessus Commercialisé par Kuoni,
de la rivière Sungai Datai, tandis que Directours, Exclusif Voyages
Lily of the Valley dévoile la Villa W W porte la promesse d’un séjour discret
ré-imaginée par Philippe Starck et profondément ressourçant et offre
l’expérience d’une retraite d’exception.
La Croix-Valmer, Lily of the Valley, Sur toute la longueur de la terrasse,
l’hôtel 5 étoiles entièrement conçu la piscine - un couloir de nage de 17
parvPhilippe Starck et devenu une mètres de long - apporte une touche
des adresses les plus recherchées de colorée et joyeuse.
la Riviera pour sa situation unique, Son parc étant dans le prolongement
son offre d’hospitalité haut de gamme direct de celui de Lily of the Valley, ses
et ses programmes dédiés à la remise hôtes peuvent aussi très facilement
en forme dévoile un nouveau lieu de profiter de tous les services de l’hôtel,
séjour exclusif baptisé la Villa W. rejoindre le restaurant ou le Shape
La villa historique de la baie de Gigaro Club au gré de leurs envies. Un accès
a été entièrement ré-imaginée par de service permet également aux ma-
Philippe Starck. Vue époustouflante, jordomes d’intervenir discrètement
à 180 degrés sur la mer Méditerranée, pour assurer une expérience unique
celle que l’on a depuis la terrasse prin- et sur-mesure.
cipale de Lily of the Valley. Au cœur de
son propre parc, entourée de végétation Colline Saint Michel, Boulevard Abel
et à l’abri des regards, disposant d’un Faivre, Quartier de Gigaro, 83420 La
accès et d’un parking privés, la Villa Croix-Valmer - Tél : 04 22 73 22 00
par l'architecte Craig Ellwood dans
les années 1950. La suite no 64 reste
l'endroit le plus convoité, avec sa ter-
rasse de plusieurs centaines de mètres
carrés et sa vue sur toute la ville.
Dans les années 1980, alors que l'hôtel
est en perte de vitesse, Francis Ford
Coppola envisage un temps de le ra-
cheter mais une histoire de termites le
fait renoncer, dissuadé par sa femme.
André Balazs (groupe Hôtels AB) ra-
chète l'hôtel en 1990 et le rénove en
essayant de lui redonner la patine de
ses débuts tout en conservant une
grande partie de l'esprit du lieu. Le
propriétaire explique cependant qu'«
à part la disposition des chambres et
American dream au Château les salles de bains qui sont authentiques,
Marmont Los Angeles il n'y a pas un centimètre carré de
l'hôtel qui soit d'origine ». Cela fait
Le légendaire enfer des stars. Hôtel dire à Vanity Fair que le château Marmont
hollywoodien rétro avec piscine, le est « un décor de cinéma ».
Château Marmont est plus qu’un hôtel
mais un mythe, une institution aux Inutile de préciser que l'hôtel a accueilli
murs grouillant de glamoureux fantômes. au cours de son histoire le monde entier
Construit à la fin des années 1920 et du cinéma et de la musique du fait
achevé en 1929, il est situé au 8221 d’une grande proximité avec les studios
Sunset Boulevard, à West Hollywood. hollywoodiens. Il a la réputation de
Construit à l'origine pour être un protéger ses clients, le personnel in-
immeuble avec appartements, il est terdisant l'usage d'appareils photos.
transformé en hôtel de style après la Parmi les heureux guests : Judy Garland,
crise de 1929, reprenant notamment Humphrey Bogart dans le bungalow
des éléments des châteaux de la Loire no 4, Marilyn Monroe, Barbra Streisand,
déroulant des styles néogothiques et Lana del Rey, Warren Beay qui ne
néo-romans. peut payer sa chambre et se fait sortir,
Dans les années 1920-1930, l'hôtel est James Franco, Robert Mitchum qui y
encore situé sur une partie du boule- fait la plonge, Grace Kelly, Lady Gaga,
vard qui ne dépend pas de la police de Howard Hughes, Roman Polanski,
Los Angeles mais d'un autre shérif, Sandra Bullock qui fait remarquer l'«
plus accommodant. Alors que le code incroyable atmosphère de séduction »
Hays censure la violence et la repré- du lieu, Greta Garbo qui y loge sous un
sentation du sexe dans les films et invite faux nom (Harriet Brown), Leonardo
les artistes à avoir une vie moins dis- DiCaprio, Jean Harlow et Clark Gable,
solue, le château Marmont devient un Benicio Del Toro et Scarle Johansson,
lieu à part, notamment grâce aux fêtes Britney Spears, qui se fait surprendre
qu'organisent les deux jeunes acteurs avec Colin Farrell par des paparazzis,
Glenn Ford et William Holden dans le Sting ou encore Bret Easton Ellis qui
penthouse 54 ; Harry Cohn, le patron de a ses habitudes au bar.
la Columbia, leur aurait ainsi intimé En 1955, James Dean grimpe à une fenêtre
l'ordre « If you must get into trouble, lors de son audition pour le film La Le château Marmont est devenu un
do it at the Château Marmont » (« si Fureur de vivre, le réalisateur Ni- lieu de passage emblématique pour
vous tenez à avoir des ennuis, faites cholas Ray ayant travaillé le scénario toute vedee allant à Los Angeles. Si
plutôt ça à Château Marmont »), dans le bungalow no 2, y consommant les stars venaient autrefois pour sa
phrase qui orne désormais des boîtes également secrètement sa liaison avec discrétion, c'est de nos jours l'endroit
de bougies vendues à l'hôtel. l'actrice Natalie Wood, alors âgée de où il faut être vu.
L’établissement compte également 17 ans. En 2012, Lindsay Lohan est
des maisonnees et des bungalows, expulsée de l'hôtel pour une note non 8221 Sunset Blvd, Los Angeles, CA
dont un de style moderniste conçu payée de 46 000 dollars. 90046, États-Unis
Tél : +1 323-656-1010
San Domenico Palace Taormina Sicile, au début des années 1920, et l’histoire projeté pour la première fois.
couvent devenu hôtel, l’histoire serait inspirée de la liaison de son Avec l’arrivée des années 60, arri-
d’une légende épouse avec un éleveur d’ânes de la vèrent Audrey Hepburn et la Princesse
région. Margaret d’Angleterre. Tout comme
Il va souffler sa première bougie plusieurs Puis le San Domenico devient le le couple le plus célèbre de l’époque,
siècles après sa construction. Mi-musée lieu de rendez-vous des intellectuels Elizabeth Taylor et Richard Burton,
d’art baroque, mi-hôtel de luxe, le vé- comme Henry Miller, Truman Capote qui ont séjourné au Palace après
nérable San Domenico Palace a changé et Tennessee Williams. Un journal de avoir tourné Cléopâtre en 1963. Ils re-
depuis qu’il fut édifié comme un aus- Los Angeles avait surnommé Taormine, vinrent à l’hôtel en 1967 où ils eurent
tère monastère à quelques jets de lave le « Disneyland du Vice ». une épouvantable dispute sur le
de l’Etna, à flanc de précipice en 1203, Derrière le pseudo d’Harriet Brown, balcon de leur suite pendant laquelle
ce qui ne nous rajeunit guère. Greta Garbo, s’y rendait discrètement Elizabeth Taylor cassa une guitare sur
Spectaculaire, il a bénéficié d’une ré- pendant les 29 années où elle vécut la tête de Mr Burton.
novation *** qui a su préserver son à Taormine dans une villa proche de Le Grand Bleu réalisé par Luc Besson,
précieux patrimoine. Les hôtes y l’hôtel, ainsi que Joan Crawford et fut en partie tourné ici et en 1999,
trouvent une superbe piscine à débor- Marlene Dietrich – que Garbo refusa George et Barbara Bush ont organisé
dement à flanc de falaise, une offre de recevoir. un déjeuner pour 60 de leurs amis
gastronomique contemporaine em- Puis Ingrid Bergman, Maria Callas, alors qu’ils voyageaient à bord d’un
preinte de traditions. Ava Gardner, Rita Hayworth, Sophia yacht sur le mer Ionienne. Respect !
Où que l’on regarde, il offre des vues à Loren et Anna Magnani.
couper le souffle, situé entre le Mont L’écrivain Vladimir Nabokov y résida Piazza S. Domenico de Guzman, 5,-
Etna et la mer Ionienne sur la côte est en 1956 pendant le festival du film, le- 98039 Taormina, Italie
de la Sicile, avec l’océan à perte de vue. quel film tiré de son roman Lolita fut Tél : +39 0942 613111
1896 : le Prince Cerami (dont le res-
taurant gastronomique porte le nom)
transforme le couvent en hôtel. Il fait
construire une nouvelle aile style Art
nouveau italien créant ainsi l’un des
grands hôtels d’Europe.
Taormine était alors à la mode chez
les touristes européens airés par la
magnificence des paysages et par la
réputation de la ville, notamment ses
grandes fêtes où la liberté sexuelle
était de mise. L’hôtel connut rapidement
un grand succès, devenant l’une des
destinations les plus prisées dans le
monde.
A sa réouverture en 1946, San Domenico
Palace était le lieu des soirées les plus
folles où les alliés se mélangeaient
aux locaux et dansaient toute la nuit
au son des groupes italiens et amé-
ricains. Ici est né le célèbre livre «
l’Amant de Lady Chaerley » (1929).
L’auteur, DH Lawrence et son épouse
séjournaient au San Domenico Palace
La Chambre du mois :
Lui faire tourner la tête à La Charpinière...
Par Julie Garnier
Niché entre la plaine du Forez et les (séminaires, mises au vert d’équipes exclusive et originale de l’établissement.
gorges de la Loire, c’est à Saint-Galmier sportives…), il décline trois catégories Tout en rondeur, suivant les courbes
(à quelques kilomètres de Saint- de chambres dont trois suites, propices de l’architecture de ce bâti historique
Étienne) que se découvre le Domaine aux rendez-vous plus enflammés. préservé, la clé ouvre sur une salle de
de La Charpinière. Au cœur de cee Hors du temps, la suite de la Tour attire bains avec baignoire XXL à bulles et
ville pétillante, célèbre dans le monde l’aention dès le premier regard. doubles vasques, avant de dévoiler un
entier pour son eau Badoit, le lieu Toute proche de la piscine extérieure salon aux formes arrondies (mobilier
épicurien se gagne après une allée donnant sur un espace spa et bien- compris) où il convient de ne pas trop
bordée de platanes, abandonnant les être avec sauna, hammam, jacuzzi et profiter de l’écran plat mais davantage
soucis au bord de la route, comme salle de remise en forme ce donjon de la bouteille de champagne et des
pour garantir calme et sérénité au recouvert par le lierre abrite en fait boissons chaudes à disposition…
bout du chemin. Dès le lobby, le ton la suite la plus À l’étage, après avoir grimpé un escalier
est donné : une ambiance feutrée se
dessine entre moquette épaisse et design
contemporain et classieux. Si l’hôtel ac-
cueille de nombreux séjours business
lui aussi recouvert de moquette moelleuse, Le must have ? Sur place, en plus du La Charpinière
l’univers parme et les tons doux de cet roomservice, la possibilité de se restaurer 8 allée de La Charpinière
espace douillet et romantique hors du à la table étoilée au Guide Michelin La 42330 Saint Galmier
commun contrastent avec un ciel étoilé Source, menée par le chef Antoine Bergeron Tél. 04 77 52 75 00
par des centaines de leds sur fond bleu qui met en avant les produits de son .lacharpiniere.com/fr/
nuit. Point d’orgue des lieux : le lit terroir…
rond et king size qui habille l’espace
sans fausse-note en aiguisant l’imagi-
nation…
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Par Jean-Christophe Florentin
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tous les jours de 7h-à minuit. Chemin des Tamaris – Plage de Pampe-
lonne - 83350 Ramatuelle
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RÉTROGRADE BREGUET
Depuis plus de deux siècles, le nom de
Breguet illumine la haute horlogerie.
Toujours avec un temps d’avance, la
PATEK PHILIPPE CALATRAVA marque n’a jamais renié ses racines.
La Calatrava 5226G est mon coup de Ce nouveau modèle ne déroge pas à la
cœur des nouveautés 2022 de chez règle ! Montre Tradition en or 18 carats,
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Patek. En effet, si celle-ci reprend elle brille d’un mouvement anthractite
La nouvelle ligne Audemars Piguet,
le design de la référence 5326G, elle à remontage automatique avec seconde
Royal Oak Offshore Automatique Music
se livre dans un autre registre. La rétrograde. Massivement utilisé en
Edition, comprend deux modèles
Calatrava chez Patek est une icône, et sport automobile pour sa légèreté,
en or gris, déclinés en 37 et 43 mm,
on connait tous ce design classique en l’aluminium a également une place
dont le cadran et la lunee sont sertis
or blanc, jaune ou rose d’une montre 3 importante dans ce garde-temps, avec
d’une multitude de pierres colorées
aiguilles équilibrée et de très très bonne ses roues de courroies. Cee recherche
taille « Harmony ». Les deux versions
facture. Ici on retrouve la même texture de légèreté et de confort se retrouve
arborent un cadran en aventurine bleue
que sur le cadran de la référence 5326G également au travers des aiguilles
représentant un VU-mètre musical. Les
dénudé de ses complications, seule la allégées et laquées. Les détails sont
dix couleurs composant les colonnes
date l’habille. On retrouve ce cadran finements travaillés : Spiral Breguet
de l’égaliseur sont composées d’un
texturé avec ses index en or blanc en silicium, cadran excentré en or
serti invisible de pierres de couleur :
remplis de Luminova. Les aiguilles argenté, guilloché à la main, fond
rubis, péridots, tsavorites, ainsi que
en forme de seringue se parent elles saphir. Étanche jusqu’à 3 bar (30m).
des saphirs verts, bleus et orange. Ce
aussi de Luminova a l’exception de Diamètre: 40mm. 35 700€.
sertissage invisible est obtenu en taillant
l’aiguille des secondes recouverte d’une de minuscules rainures dans les pierres,
peinture beige reprenant la couleur de qui sont ensuite méticuleusement
la sérigraphie. Cee montre plus simple, encliquetées une à une dans un rail
propose des dimensions plus contenues. dissimulé, créant l’illusion qu’elles
Le calibre utilisé est le 26-330 SC, un tiennent en suspension. Des pierres
calibre classique chez Patek qui a de couleurs similaires (rubis, tsavorites,
remplacé le calibre 324 en 2019 dans la saphirs jaunes, orange, verts et bleus)
célèbre référence de Nautilus 5711. Ses ornent les lunees des deux modèles
caractéristiques classiques, fréquence en or gris, en parfaite harmonie avec
de 28 8000 alternances par heure et les nuances de l’égaliseur. 48 000€.
45 heures de réserve de marche, ne
révolutionnent pas la technique, mais
le degré de finition de ce calibre est de
haut vol. Le rotor se pare d’or 18 carats,
61 900,00 €
LONGINES DOLCE VITA
La marque horlogère au sablier ailé
revisite les modèles de sa célèbre CZAPEK HAVANA BROWN
JAEGER-LECOUTRE POLARIS collection rectangulaire pour créer la La collection Quai des Bergues présente
Inspirée de la Memovox Polaris de nouvelle collection Longines DolceVita des cadrans guillochés main aux
1968, la collection Polaris a défini X YVY. Ses bracelets en cuir ont été couleurs uniques. À l’origine inventée
l’esprit d’élégance sportive chez Jaeger- conçus par la designer suisse Yvonne à la fin du XVIIIe siècle pour orner
LeCoultre. Fonctions utiles, codes Reichmuth. Le système de bracelet les timbales, l’industrie horlogère
esthétiques vintage et performances interchangeable permet de jouer avec n’a pas tardé à se l’approprier. Le «
chronométriques de pointe les différentes nuances de cuir et de guilloché Ricochet » est un nouveau
caractérisent la Polaris, dont le cadran s’adapter à l’air du temps. motif qui représente les ronds créés
se pare aujourd’hui d’un vert profond à la surface d’un lac par les ricochets
pour apporter une nouvelle touche d’un caillou. Une esthétique impossible
de couleur aux aventures de la vie à reproduire mécaniquement. Cadran
quotidienne. Lancée en 2018, la Polaris spécial en or, argent, palladium et
Date s’inspire de la Memovox Polaris platine orné d’index appliqués en or
de 1968. Avec ses 42 mm de diamètre, rose qui s’accordent parfaitement avec
étanche jusqu’à 200 mètres, elle arbore le boîtier de 42,5 mm de diamètre en
ici un cadran dégradé laqué vert or rose 18 carats. Alimentée par le
profond. Sa lunee intérieure mobile, calibre maison à remontage manuel la
contrôlée par une couronne située à 2 ce modèle est proposé en édition limitée
heures, est l’une des caractéristiques à 15 exemplaires seulement. Fonctions
clés d’une véritable montre de plongée, heures, minutes, petite seconde et
permeant de mesurer des décalages indicateur de réserve de marche couplé
de chronométrage ou des comptes à aux jours de la semaine.
rebours avec une excellente précision.
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tique résistante à la poussière certi- torisé, d’un lens shi motorisé et de
fiée IP5X pour un fonctionnement deux haut-parleurs 10W intégrés.
au quotidien. Pour l’instant, pas L’idéal pour se détendre !
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l’air à l’intérieur du casque, réglage
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casque en mode jet. Sans oublier le
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pré-équipement pour recevoir les
mersion dans l’eau pendant 30 mi-
systèmes de communication HJC.
nutes à 1 mètre de profondeur. Ces
Son wearing mode associe l’ouver-
Sport X10 embarquent un système
ture de l’écran à celle de la menton-
de réduction de bruit active fondé
nière pour un plus grand confort
sur six micros.
d’utilisation. Lorsque la menton-
nière se relève (de 0 à 90°) l’écran
monte graduellement en accompa-
gnant la montée à la verticale de la
mentonnière.
TECHNO
SIGNÉ VIRGIL
Visionnaire de la culture contem- tant dans les contextes publics que
poraine diplômé en architecture, domestiques. Pouf, banc, table, ces
Virgil Abloh a collaboré étroitement compositions naissent de l’amon-
avec Cassina pour concevoir ce pro- cellement de même deux pièces à la
jet unique. Modular Imagination fois grâce à un module de raccor-
est composé de deux éléments de dement spécial dont les petits pieds
construction de tailles différentes, cylindriques, de couleur orange
de couleur noir mat, qui peuvent contrastée, permeent de les
être combinés pour créer, adapter, encaster.
EN MODE NOMADE
Belkin vous propose pour cet été
un chargeur de voiture magnétique
sans fil BoostCharge, compatible
MagSafe. Il permet une recharge
sans fil rapide de 10 W lorsque vous
êtes sur la route. Son support pivo- EN RÉUNION
tant permet de voir son iPhone dans La PowerConf C300 est la première
n’importe quelle direction. Belkin webcam Full HD 1080p/60fps d’An-
élargit aussi sa gamme audio Soun- kerWork, idéale pour un ordinateur A LA BARRE
dform avec des écouteurs sans fil de bureau ou un portable. Le chip- Ca vous dit, la première barre de son
offrant un son de qualité supérieure set AI intégré fournit une image de capable de diffuser un son Dolby At-
avec une autonomie d’une journée haute qualité avec une reproduction mos sans fil, via Wi-Fi ? Vous béné-
entière. Ils sont dotés de deux mi- précise des couleurs et des perfor- ficiez ainsi d’une qualité de son op-
crophones et de la fonction avan- mances inégalées en basse lumière. timale enveloppant, mais sans avoir
cée de suppression du bruit de fond Cee caméra offre trois choix de à relier la barre de son au TV via un
(SBF). Conformes à la norme IPX5, champ de vision : 78° pour les gros câble HDMI. Associer une barre de
ils proposent jusqu’à 5 heures d’au- plans, 90° pour une vue moyenne et son Q-Series 2022 avec un TV Sam-
tonomie par charge, plus 19 heures 115° pour le champ de vision le plus sung compatible Dolby Atmos, per-
de recharge supplémentaire dans large lorsque plusieurs personnes met par ailleurs de bénéficier d’un
l’étui. Ils sont également, ce qui si- sont filmées. Enfin, l’IA de la C300 son Dual Atmos. Pour les gamers, le
gnifie qu’ils sont résistants à la sueur offre un cadrage intelligent pour mode Gaming Pro s’activera dès que
et aux éclaboussures. Chaque écou- améliorer les conférences indivi- vous connecterez votre console au
teur est équipé d’un microphone, ce duelles ou de groupe et permet de TV, donnant ainsi une nouvelle di-
qui vous permet de les utiliser sépa- garder la personne ou les membres mension à leurs jeux.
rément. Belkin du groupe centrés sur l’écran.
Anker PowerConf C300 HD
DANS LES AIRS
SOUS LA MER
Il existe des endroits hors du temps qui hectares est défendu sur trois côtés par propre à accueillir les banquets de chasse.
sont les paradis réservés aux très riches des falaises abruptes. Puis la fait remanier au début du 19e siècle
élites, que les humbles situent dans les “Aention à l’à-pic”, avertit l’honorable pour sacrifier à la mode du néogothique”...
cieux religieux. Il en est un enchanteur Garech Browne, maître des lieux après Le manoir de Luggala est ainsi né dans un
pour qui est riche à n’en plus savoir compter Dieu : “Ici même, j’ai vu Mick Jagger se décor onirique.
ni conter : Luggala, un lieu magique. Son mere à courir et, d’un coup, se laisser
propriétaire multimilliardaire, Garech tomber sur les fesses pour éviter le grand Aux La Touche succèdent les vicomtes
Browne, qui s’est autoproclamé défenseur de plongeon. In extremis”… Powerscourt, en 1860. Les chasses grand
la musique traditionnelle et de la poésie Pantalon de cricket et veston griffé Mariano genre sont devenues un commerce et se
pour cultiver une bonne image y créa un Fortuny, dandy jusqu’au bout de sa barbe louent. À partir de 1912, le locataire de
lieu de magie interdit à la piétaille grouillante mandarinale déployée en éventail, Garech Luggala se nomme Ernest Guinness, de la
des gnous et ploucs dont vivent ses amis s’appuie négligemment sur un makila basque richissime famille de brasseurs irlandais.
que sont Mick Jagger, John Boorman, utilisé en guise de canne. En contrebas De ses trois filles, la plus jeune est Oonagh,
Anjelica Huston et autres richissimes, car s’étire le manoir, silhouee menue, hérissée la plus belle aussi, d’une grâce irrésistible
cee “humble” demeure abrite la quin- de créneaux à la Walter Sco, comme un : “C’était la préférée de mon grand-père.
tessence de l’âme irlandaise. château de poupée, d’une poésie toute Enfant, elle jouait au fantôme dans de pe-
Plus qu’un simple domaine, c’est un romantique. Le chemin qui y mène dégringole tites groes ouvrant sur les berges de la
royaume hors du temps, sorte d’Eden à travers une forêt digne de la légende Clohogue River, qui traverse le domaine”...
celte, défendu sur trois côtés par de spec- arthurienne. “Excalibur, le chef-d’œuvre de Oonagh se marie tôt avec Philip Kindersley.
taculaires falaises couvertes de forêts, mon voisin et ami John Boorman a été tourné Le couple fait les beaux jours des chro-
ouvrant sur un lac aux eaux sanglantes ici, au milieu de cee sauvagerie qui invite niques mondaines. Jusqu’au divorce. La
à force de refléter des fonds rougis de à quelques cultes païens”... me dit Garech belle Irlandaise convole de nouveau, avec
tourbe. Luggala ! Browne, ajoutant d’un trait : “Luggala était le 4e baron Oranmore and Browne. Et,
Impossible d’apercevoir le manoir depuis au 18e siècle une terre offerte à son épouse en 1937, convainc son père, devenu dans
les hauts, sauf à quier la route qui joue par Peter La Touche, banquier huguenot de l’intervalle propriétaire de Luggala, de lui
les montagnes russes pour s’aventurer en Dublin. Ils y organisaient des chasses. Et offrir le domaine en cadeau de noces.
pleine pente, parmi les bruyères accro- ne se trouvait là qu’une maison assez pri- Oonagh va transformer ce décor des fées
chées aux rochers. Ce paradis de 2000 mitive. Peter édifie à sa place une demeure en une demeure véritable avec salles de
la chambre du double trèfle, celle de Tara,
couverte de photos de lui, d’un portrait
peint et d’un dessin par Gilberte Brassaï,
la femme du grand photographe, un autre
ami de la famille. On s’aendrait à voir
entrer chez lui l’archange au destin brisé.
Toute autre est la chambre de Garech,
avec son mobilier contemporain créé sur
mesure par le designer Rupert Williamson. La
preuve qu’à 76 ans, le gardien du temple
continue de rêver et d’aller de l’avant. La
restauration de Luggala n’est d’ailleurs
pas encore achevée. Les travaux sont tou-
jours en cours dans la bibliothèque qui
accueillera 15.000 livres. Garech vit une
partie de l’année au domaine et le reste
du temps, quelque part dans le monde,
surtout quand Luggala est loué. Car il est
possible, pour une semaine ou un mois, de
bains et électricité, créer des intérieurs perdu. De nouveau, musiciens et poètes y s’approprier ce paradis peuplé d’elfes et de
d’un chic absolu : “Lorsque j’ai lancé ma sont chez eux, à commencer par les Chieftains légendes. Le manoir entier est alors à la
propre campagne de travaux, voici dix ans, et Paddy Moloney. Le son ensorcelant du disposition de ses hôtes, y compris cuisi-
avec le célèbre architecte d’intérieur David Tin whistle envahit le salon en rotonde niers, femmes de ménage et bien sûr Cornel,
Mlinaric, j’ai voulu à la fois que tout change du manoir pour le bonheur des invités. l’indispensable majordome chauffeur et
et demeure identique, respecter l’esprit que La liste des familiers de Luggala donne sa Rolls 1953. L’un des plus célèbres loca-
ma mère avait insufflé à Luggala”... le vertige : John Hurt, Mick Jagger, Ron taires fut ainsi Michael Jackson, en 2006,
Au lendemain de la Seconde Guerre mon- Wood, Marianne Faithfull, le sculpteur mais ceci est une autre histoire.
diale, la demeure aire tout ce que Dublin, Edward Delaney, le peintre Anthony
l’Europe et le monde libre comptent de Palliser, le poète John Montague, John Tara tata (un peu)
poètes en devenir, écrivains ratés, artistes Boorman, bien sûr, Pierce Brosnan et les
plouquesques, pique-assiees charmants, autres, tous les autres… Bien que le Londres des 60’s puisse évoquer
intellectuels de pacotille… Luggala ne Pas un centimètre carré du manoir qui des idées d’hédonisme, de rébellion et
désemplit pas, bohème heureuse où seule ne dise l’histoire de ses habitants ou celle de liberté, il y a toujours eu un côté plus
la fantaisie est de rigueur. Daphné mar- de l’âme irlandaise. Garech a l’âme collec- sombre. La mort est venue s’inviter à
quise de Bath, et Ricki Huston, l’épouse de tionneuse et Luggala regorge de tables, la fête, fauchant Jimi Hendrix et Brian
John Huston, comptent parmi les hôtes bibliothèques, daybeds géorgiens irlandais Jones, tandis que d’autres, comme Syd
réguliers du manoir. Tout comme l’écri- aux acajous chauds. Comme l’imposant Barre et Peter Green, ont perdu la tête à
vain Robert Kee, l’amoureux de la fortune canapé du salon, recouvert d’un velours cause de la drogue.
d’Oonagh car la mère de Garech a divorcé spécialement réalisé par une entreprise Et pourtant, c’est une mort accidentelle
pour la deuxième fois en 1950. lyonnaise, sur un métier du 18e siècle. qui symbolisera l’ego de cee décennie.
Fantasque, rebelle à l’autorité, Garech Les tableaux aussi font la part belle aux Tara Browne était riche, beau, fils d’un
l’adolescent fugue des collèges privés où il artistes irlandais et aux amis. Le portrait baron, héritier de la fortune Guinness et
est pensionnaire. La seule chose que Garech de Garech adolescent par Lucian Freud membre éminent du Chelsea Set.
apprécie, ce sont les week-ends qu’il passe appartient à cee seconde catégorie. Tard dans une froide nuit du 17 décembre
chez sa cousine, lady Caroline Hamilton Dans le hall où se mêlent ancêtres à per- 1966, Tara Browne a perdu le contrôle de
-Temple-Blackwood, et son mari, le ruque poudrée et paysage de Luggala par sa Lotus Elan bleu clair roulait à plus de
peintre Lucian Freud : “C’est sans doute Anthony Palliser, deux immenses pots à 100 mph ! Le conducteur sous influence
l’homme qui m’a le plus appris. Lucian m’a tourbe en acajou entourent la cheminée. de drogues et d’alcool n’a pas vu de feu
présenté Francis Bacon, ouvert à l’art”… L’une des pièces les plus émouvantes est rouge et traversa la jonction de Redcliffe
À 20 ans, Garech crée à Dublin sa maison
de disques, Claddagh Records, vouée à la
poésie et à la musique traditionnelle irlandaise.
Le groupe The Chieains voit pratiquement
le jour dans son salon. Par son jeune frère
Tara, figure du Swinging London, Garech
se lie d’amitié avec Mick Jagger et les Rolling
Stones.
Mais mauvais karma, cata, Tara se tue en
voiture en 1966. À 21 ans. La vie s’arrête
ainsi d’un coup à Luggala tant Oonagh est
bouleversée par la disparition de ce fils
prodigue.
Elle fait venir un petit “temple” de pierre
du 18e siècle qu’elle érige devant le Lough
Tay, le lac du domaine, au pied duquel repose
Tara.
Oonagh donne Luggala à Garech en 1970.
À lui de rendre sa magie à ce royaume
Ici repose Tara, six pieds sous terre
L’affaire fit la une des journaux et inspira
John Lennon pour les premiers couplets
de la chanson des Beatles « A Day in the
Life » apparue sur leur album de 1967
Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band.
La chanson est quelque peu énigmatique,
pleine de doubles significations et de pro-
vocations qui ont généré une certaine
controverse à l’époque. La BBC a même
Square et Redcliffe Gardens à South Ken- interdit sa diffusion pour des expressions
sington. Il fit une embardée pour éviter qu’elle contenait telles que “J’adorerais
une voiture arrêtée devant lui et percuta t’allumer” qui, en plus de la connotation
un camion. Sa petite amie Suki Potier survécut sexuelle, a été interprétée comme faisant
à l’accident, en partie grâce à l’embardée référence à la consommation de drogue.
de Browne juste avant l’impact, de sorte Il est admis que John Lennon, qui avait La chanson a été enregistrée en quelques
qu’il prit seul la force de la collision. Il tendance à mépriser les classes supé- jours en combinant les deux sections
n’avait que vingt-deux ans quand il trépassa rieures pensait à la mort de Tara Browne écrites par Lennon et McCartney avec
de ses blessures le lendemain de l’accident. lorsqu’il a écrit le couplet d’ouverture de la une partie interprétée par un orchestre.
(Suki Potier mourra dans un autre accident chanson, ricanant sur l’homme qui “s’est L’enregistrement laisse entendre les voix
de voiture quinze ans plus tard. Aurait fait exploser dans une voiture”... Le ton de de quelques invités comme Mick Jagger,
mieux fait de se mere au vélo). Lennon est détaché, presque sardonique. Keith Richards, Marianne Faithfull,
Donovan, Paie Boyd ou Michael Nesmith.
“A Day in the Life” finit par être considéré
comme l’un des chefs-d’œuvre du groupe
de Liverpool, ainsi que l’une des meilleures
chansons de l’histoire.
Au fil des ans, les Beatles ont fait l’objet
de nombreuses histoires étranges et Tara
Browne a été impliqué dans l’une des plus
étranges. Le lendemain de Noël en 1965,
Browne et Paul McCartney, sortis faire un
tour en cyclomoteur. McCartney a fait une
chute, glissant sur le guidon, s’est fendu la
lèvre et fissuré une dent avant. Quelques
années plus tard, des rumeurs ont commencé
à courir affirmant qu’il était en fait mort
dans cet accident, et que Tara Browne,
avec l’aide d’une petite chirurgie plastique,
avait pris sa place dans les Beatles. Bien
sûr, cee histoire n’indiquerait pas l’identité
de l’homme qui trouvera un an plus tard
la mort à Redcliffe Gardens…
nombreuses conférences de presse et fina- proposée à la vente par le spécialiste des souvient qu’AC Cars avait construit la 289
lement son aventure américaine s’est terminée voitures classiques Bramley dans le Surrey, Sports pour utiliser les nombreuses pièces
à San Francisco. La tournée n’a pas connu immatriculée KPK 392C. mécaniques restantes des usines Cobra.
le succès qu’il espérait car son comportement Nul doute que ce moteur précoce et précieux
notoirement excentrique n’a pas été bien Juillet 2013 : dernière fois que la Cobra était resté dans un coin de l’usine, ignoré
accueilli par les journalistes. Finalement 6107 refait surface aux enchères organisées jusqu’à ce qu’il puisse être utilisé à bon es-
la voiture finit garée sans cérémonie par- par Coys au palais de Blenheim. Achetée cient…et à bons essieux !
ticulière sur l’allée d’une maison privée ! par téléphone par son nouveau propriétaire, La Cobra n’a pas été achetée pour constituer
Vaughan a remis les clés et est retourné au la voiture est repartie pour de nouvelles un investissement immobile, son dernier
Royaume-Uni. aventures survitaminées. propriétaire souhaitait conduire une
Son moteur présentait un intérêt particulier Cobra et comme il pouvait maintenant
En 1970, la voiture devint propriété de car dérivé d’une version haute perfor- se le permere, il l’a utilisée comme voi-
Jerry Siemons qui acheta la voiture aux mance du 289ci avec quelques très rares ture principale, foulant régulièrement les
administrateurs de la succession de Tara éléments ajoutés. Logique quand on se parkings des supermarchés locaux et des
Browne (lesquels se demandaient sans
doute où était ledit véhicule). Notons que
le nouveau propriétaire prit la stupide dé-
cision de repeindre la voiture d’une manière
plus traditionnelle, en choisissant une
couleur Rolls-Royce, Light Burgundy
Metalflake.
Sacrilège : c’est comme s’il avait recouvert
un Picasso authentique pour faire un ap-
proximatif Soulages, ou transformer un
sous-marin atomique en mobylee !
En 1984, la Cobra est vendue par l’inter-
médiaire du concessionnaire californien
Fantasy Junction, après avoir été regarnie
de cuir de couleur prune pour corres-
pondre à la carrosserie. Une paire de tapis
de sol en caoutchouc assortie avait été
fabriquée avec les mots “MK III COBRA”
gravés en blanc. La voiture a été expédiée
au Texas mais est rapidement retournée
au Royaume-Uni où, en 1988, elle a été
Four thousand holes in Blackburn Lan-
cashire,
Quatre mille trous à Blackburn dans le
Lancashire,
And though the holes were rather small,
Et bien que les trous furent assez petits,
They had to count them all,
Ils durent tous les compter,
Now they know how many holes it takes
to fill the Albert Hall,
Maintenant, ils savent combien il faut de
trous pour remplir le Albert Hall,
I’d love to turn you on.
Je voudrais te faire vibrer
!" #$!
En automobile, on pensait avoir tout vu, tout decouvert. II est rejouissant de voir
que, en 2022, il e encore possible de faire d'incroyables trouvailles. C'es le cas de
cee fabuleuse collection regroupant de prestigieux joyaux, tous francais...
durant cet essai, émerveillés par cee s’affichent sur le sol et vous rappellent les meilleures conditions physiques.
voiture. Les autres propriétaires de la chance que vous avez de monter Le fauteuil s’active et me détend aussi
Mercedes ne manquent pas de vous à bord de ce véhicule d’exception. bien les cervicales qu’une masseuse
saluer, comme ce fut le cas : conduire Le poste de conduite est agrémenté thaïe. Les 3 types de massages sau-
un AMG SL 63, c’est appartenir à l’aris- d’un large tableau de bord constitué ront ravir chacun, j’avoue avoir eu
tocratie de la famille Mercedes. Dans d’un grand écran ajustable. A peine une préférence pour le mode « clas-
tous les cas, si un mot peut résumer le temps d’aacher sa ceinture que sique » qui convient parfaitement à la
cette automobile, c’est bien : extraordinaire. celle-ci se serre automatiquement. conduite.
Extraordinaire, elle l’est tant en Le luxe est partout, y compris au ni- Niveau ambiance lumineuse, c’est un
termes de performances qu’en termes veau des enceintes haut de gamme et arc en ciel embarqué qui se dévoile
de look et de confort à bord. Dès l’ou- dans les sièges au confort divin. Mode dés que la lumière extérieure décroit
verture de la portière, les logos AMG massage pour placer le pilote dans avec un light show de leds réglables
basculant d’un bleu électrique à un aux signalétiques lumineuses rendant consommation très maîtrisée au re-
violet enveloppant dont j’ai fait usage le package unique et très agréable à l’œil. gard des performances offertes (13l /
pendant la majeure partie de mon 100 km).
essai. Finalement, au retrait de la ca- Longue de 4m71 et pesant 1970 kg,
pote, le soleil pénètre l’habitacle qui l’AMG SL 63 n’en est pas moins agile, En bref, cet ORNI est à la pointe de
sait s’ajuster en conséquence, évitant sportive et n’est pas mise en difficulté ce qui se fait dans l’industrie. Dispo-
tout éblouissement ou reflet : magistral. par la route. Elle se révèle tout sim- nible en deux motorisations (55 et 63)
plement impressionnante tant sur au prix de seulement 190 750 euros
Extérieurement, les lignes effilées et les tracés sinueux que sur les longs (pour la version 63), vous pouvez pro-
les entrées d’air agressives donnent trajets et les paysages urbains. Un fiter d’un véhicule qui s’inscrit d’ores
un air redoutable à cet animal. Une at- périple Paris – Stugart est donc par- et déjà dans la légende des SL Mercedes.
tention toute particulière a été donnée faitement envisageable grâce à une
Je m'appelle Domini Je suis une voyageuse passionnée et rêveuse. Je suis mannequin depuis plus de 10 ans
déjà et j'ai voyagé partout dans le monde.
Comme j'aime la nature et la vie naturelle, j'ai déménagé à la campagne dans le sud de la Bohême. Là, je
cultive mes propres légumes dans une petite ferme où nous sauvons également des animaux. Nous pratiquons
le yoga et la vie naturiste, nous sommes aussi souvent nus qu'il est possible de l'être.
J'ai été playmate Playboy dans l'édition tchèque et j'ai été publiée dans d'autres pays comme l'Allemagne, le
Venezuela, la Pologne. J'ai également été publiée dans Penthouse Alemagne (so nude), VOLO et Normal.
Playboy : Qui ?
Sophie Bonnet : Je sais qui c’est, mais
je ne peux pas en parler. Le produc-
teur préfère rester anonyme, malgré
sa plainte. Un américain. Je ne peux
pas en dire plus.
Playboy : Je comprends.
Reprenons…
Sophie Bonnet : Lorsqu’il tente de
l’empoisonner, l’affaire commence
à prendre de l’ampleur. Malgré son
désir d’anonymat, il a tout de même
porté l’affaire en justice. L’affaire
Maudits amants réunis ! tourne mal et cela commence à sen-
réalité. Despallières est un mani-
pulateur hors-pair. C’est le premier
point. Ensuite, il faut s’intéresser à
la mort de Metzner. C’est un suicide
dans d’étranges conditions. Personne
ne s’y aendait. C’est venu comme
ça, sans raisons particulières. Je suis
longtemps restée dubitative sur le
rôle de Despallières dans ce suicide,
mais je crois comprendre aujourd’hui
après avoir reconstitué leur vie. Du-
rant toute leur relation, Despallières
a gardé Metzner sous son emprise. A
Le joli petit couple travers le chantage, notamment.
avec Sir Elton John « Donne-moi de l’argent, où je révèle
au monde entier qui tu es vraiment ».
tir mauvais pour Despallières. C’est officiellement été reconnu coupable Voilà le genre de situation que faisait
là que Metzner intervient. Grâce aux de meurtre par la justice… miroiter Despallières. Il considérait
diverses pressions qu’il effectue sur Sophie Bonnet : C’est extraordinaire, que Metzner était sa proie. Il n’a ja-
les personnes chargées de l’affaire, à l’image de son parcours. Il avait une mais relâché l’emprise. Il a donc plan-
Despallières en sort indemne. Motus connaissance en pharmacopée consi- té ses crocs dans sa gorge, métapho-
bouches cousues, personne n’évoque dérable. Il empoisonnait pour avoir riquement parlant. Il s’agit donc d’un
cee tentative d’empoisonnement. une emprise sur les gens et la maté- suicide échappatoire. Même s’il ne
A partir de là, je pense que Metzner rialiser en avantages, financiers ou l’a pas tué, Despallières a largement
connaissait parfaitement la vraie na- autres… Quand on regarde cee af- contribué dans cet acte funeste. Fait
ture de Despallières. faire de plus près, on a quoi ? intéressant : Despallières était sur les
Des morts, des corps disparus ou in- lieux la veille de la découverte du ca-
Playboy : C’est en quelque sorte, un cinérés à tort, jetés dans la mer ou la davre floant de Metzner à quelques
acte d’amour… Seine, des témoignages de personnes encablures de son ile privée du Golfe
Sophie Bonnet : Cela n’a jamais vrai- détruites mentalement par Despal- du Morbihan…
ment été formel entre eux. Quoi qu’il lières… Bref, des cadavres dans les
en soit, ils vont vivre plus de 20 ans placards et dans tous les sens. C’est Playboy : Alexandre Despallières
ensemble. intellectuellement malhonnête de avait-il accumulé un trésor de
penser que Despallières est propre guerre, au cours de ses différentes
Playboy : Quel genre de relation ? dans ces nombreuses affaires… Mais conquêtes amoureuses et
Sophie Bonnet : Une relation étrange, comme il est mort juste avant son pro- chantages ?
toxique, presque diabolique. Metzner cès, il sera pour l’éternité présumé in- Sophie Bonnet : Ce que l’on sait
va débourser des sommes astrono- nocent. de manière certaine, c’est qu’avant
miques pour assurer un train de vie le meurtre de Peter Ikin, Despal-
luxueux à Despallières. De son côté, Playboy : Quelle est votre théorie sur lières avait énormément de bijoux et
Despallières, va le fournir en jeunes l’implication d’Alexandre Despal- d’œuvres d’arts. Il a tout revendu pour
garçons rencontrés dans leurs milieux lières dans la mort d’Olivier avoir du cash ! Cela lui permeait
homosexuels. Ce sont des secrets ina- Metzner ? peut-être de fuir au moment oppor-
vouables, d’où mes nombreuses dif- Sophie Bonnet : Alexandre est un tun. Il a néanmoins conservé de belles
ficultés au cours de l’enquête auprès homme très beau. D’une beauté montres, de beaux vêtements, de
de leurs proches. Metzner a toujours rare, solaire, magnétique. Il dégage beaux objets chez lui. Jusqu’au bout,
essayé de défendre Despallières, sauf quelque chose de très fort et les pho- il a conservé ces choses de grande
au moment du meurtre de Peter Ikin, tos qu’on voit de lui sur Internet ne valeur. On ne va pas se le cacher, le
le boss de Warner Music. L’affaire est lui rendent pas hommage. Quand j’ai leitmotiv de Despallières a toujours
tellement médiatisée que Metzner eu l’occasion de lui parler la première été l’argent. Quand la famille de Pe-
ne peut plus rien faire, malgré son fois, il m’avait donné rendez-vous ter Ikin comprend l’escroquerie liée
amour passionné. dans un hôtel de luxe parisien. Il par- au faux testament, issu de leur union,
lait convenablement. On sentait qu’il elle passe un deal avec Despallières
Playboy : Cela ne le gênait pas d’ai- avait de l’éducation, de la culture, de pour pas que l’affaire s’éternise devant
mer un tueur en série ? l’assurance. Comme tout le monde, je les tribunaux : il rend les 15 millions
Sophie Bonnet : Non, il était fou suis tombée sous son charme. de dollars, ainsi que les différentes
amoureux de Despallières. Il était Je me suis dit : « impossible qu’un Porsche de Peter Ikin, en échange de
donc prêt à faire l’impasse sur pas mal homme comme lui puisse commere la somme de 600 000 euros. Despal-
de choses. Selon mes informations, il quelque chose de mal ou même de ré- lières accepte rapidement. Il sait per-
a également participé à quelques-uns préhensible ». Puis au fil de l’enquête, tinemment que l’affaire commence à
de ses mensonges. j’ai appréhendé la partie sombre de sentir mauvais. Ce qui est intéressant
sa personnalité. Quand j’ai vraiment ici, c’est qu’à la mort de Despallières,
Playboy : Précisons tout de même compris son mode de fonctionne- cee somme a été bloquée par l’État.
qu’Alexandre Despallières n’a jamais ment, je me suis confrontée à la triste
Officiellement, Despallières est un plus aucune limite. Il a décidé de était le meilleur menteur. Il a toujours
mort innocent. Donc cee somme est transgresser toutes les règles. Tous su cacher qui il était vraiment.
censée revenir à ses héritiers natu- les gens aeints du VIH mourraient
rels, son mari ou ses frères. Pour le dans son entourage. Tous, sauf lui. Un peu de lecture pour aller plus loin !
moment, l’État continue de bloquer Inexplicable, même au niveau de la Extraits tirés de : Le maître et
cee somme, au regard des doutes qui médecine. Il avait une santé de fer, l’assassin, de Sophie Bonnet
pèsent sur Despallières. une génétique naturellement supé- (éditions Robert Laffont)
rieure et une volonté de faire de sa
Playboy : A combien s’élève la for- vie, son œuvre. Dans le même temps, 17 mars 2013
tune de Despallières ? il s’intéresse à la pharmacopée et de-
Sophie Bonnet : On ne sait pas, il vient maître dans l’utilisation des mé- Vers minuit, Olivier Metzner absorbe
dépensait tellement ! On sait que dicaments, notamment le Doliprane. une écume de pastilles blanches à
Metzner et Peter Ikin lui donnaient Ce qui se révèle être un coup de gé- peine écrasées, s’en emplit la gorge.
beaucoup d’argent. Des sommes à 5 nie, puisque personne n’a jamais tué Un amas de cachets. Des comprimés
chiffres, tous les mois. Il menait la avec du Doliprane. D’où vient le Do- pilés dans des verres d’alcool. À partir
grande vie. Quand on regarde de plus liprane? Qui a prescrit du Doliprane de là, son crâne résonne au moindre
près, il a toujours vécu de la même ? Combien de Doliprane ? Ce sont des coup donné contre les chaises. Les
manière. Plus jeune, par exemple, il questions sans réponse pour la jus- heures s’égrènent. Peut-être fait-il le
se tenait au courant des personnes tice ! En définitive, sa longévité cri- compte mentalement de ce qui traîne
qui avaient le sida. Dans le micro- minelle est due à une conjoncture de sur la table ; des crayons, son trous-
cosme parisien gay de l’époque, tout deux choses : une santé étrangement seau de clés, des mouchoirs, les leres
se savait. Il faisait en sorte d’avoir une exceptionnelle et une maîtrise dingue d’adieu. Un floement de pensées fu-
relation sexuelle avec ces personnes de la pharmacopée. nestes. Il garde la certitude de tomber
et revenait quelques semaines plus bientôt inanimé. Peut-être songe-t-
tard pour faire du chantage : «Donne- Playboy : Est-il mort de la Covid 19 il aussi une dernière fois à la cohue
moi cee somme d’argent où je révèle ou du Sida ? provoquée par ses arrivées au tribu-
à tout le monde que tu m’a contami- Sophie Bonnet : Despallières est res- nal, les remerciements, les volants
né ». Il a utilisé cee méthode contre té 10 ans sans traitement. Son capital de soie noire. Depuis toujours, il en
de nombreux amants. Évidemment, génétique est très bon. Les médecins frémissait, enivré à l’idée du vacarme
ces hommes appartenant souvent au eux-mêmes n’arrivaient pas à expli- ambiant, de la procession des journa-
monde des médias ou de la politique, quer ce phénomène. Cela a changé listes et du cortège des notables.
voulaient préserver leur réputation. ces trois dernières années. Il est resté « Maître, Maître. » Des puissants qu’il
Alors ils payaient rubis sur l’ongle. à l’hôpital dans un état végétatif et a s’imaginait domestiquer à coups de
Impossible, donc, d’estimer la fortune pris ses médicaments. Il a contracté promesses, de flaeries et de caresses
accumulée par Despallières. Mais il la Covid 19 dans un état d’extrême fai- sur la tête. Le goût âcre des humilia-
n’était pas à plaindre. blesse. C’est ça qui l’a tué. tions passées lui levait le coeur.
«Bon à rien, feignant comme une cou-
Playboy : A ce propos, qu’est devenu Playboy : Que retenez-vous de lui ? leuvre, débrouille-toi sans nous», rail-
le mari d’Alexandre ? Sophie Bonnet : Sa capacité à s’inven- lait sa mère. Puis il était devenu riche
Sophie Bonnet : Je ne peux pas en ter des vies. Il était en contact avec les à crever. Et redoutable. Plus personne
parler, pour des raisons juridiques. Il personnes les plus puissantes et in- n’avait ri et ils avaient fini par fermer
est, de toute évidence, la dernière vic- fluentes de France, pourtant, il les a leur putain de clapet. C’est trop tard
time de Despallières. Il a tout perdu tous bernées ! Lorsqu’il draguait, plus désormais. Il sort. Dehors des rafales
avec lui. Aujourd’hui, je peux simple- jeune, il airait la sympathie en disant de vent s’enfoncent contre son dos, le
ment dire qu’il est dans une forme de que ses parents étaient de pauvres poussent, tremblant et recroquevillé.
déni très fort d’avoir vécu et aimé une paysans. Pour se montrer plus ma- Il parvient jusqu’à son petit bateau.
personne comme Despallières. ture, il disait à d’autres qu’il avait des Une vingtaine de pas avant de s’af-
enfants. Ses mensonges avaient tous faisser à l’intérieur, incapable d’aller
Playboy : Comment expliquer la lon- un but utilitaire : tirer quelque chose plus loin, accroché à la douleur de son
gévité criminelle d’Alexandre de quelqu’un. Faire bonne impression ventre. Seul. Comme chaque soir. À
Despallières ? et obtenir des faveurs ou de l’argent. l’heure où les associés de son cabinet
Sophie Bonnet : C’est quelque chose Le pire, c’est qu’il n’avait aucune diffi- se contentent d’un signe de la main
de très étonnant, presque d’inédit. culté pour le faire. Il s’est fait passer, pour dire au revoir. Avant le bruit mat,
Il a avancé dans la vie avec la certi- auprès d’un palace monégasque, pour presque sourd de la porte qui claque,
tude d’avoir un destin hors-norme. Il le fils de Roger Moore, et pour le fils se referme contre son corps lourd, ses
a tenté d’être chanteur, puis acteur. d’Elizabeth Taylor auprès d’un palace cigares et sa chemise qu’il peine à bou-
Il voulait être connu et reconnu. Une parisien. tonner. « N’avez-vous donc personne
star. Je pense que tout bascule lors- qui puisse vous tenir compagnie ? »
qu’il apprend sa contamination par Playboy : Qui est le meilleur men- avait demandé le contremaître venu
le VIH. A cee époque, VIH signifie teur/manipulateur : Despallières ou surveiller les travaux sur l’île quelques
Sida, ce qui signifie une mort cer- Metzner ? mois auparavant. Olivier l’avait fixé
taine dans les deux ans qui suivent. Sophie Bonnet : Despallières était le par-dessus ses lunees, ne jugeant
Il a alors seize ans. Depuis cee date, meilleur manipulateur. Il obtenait même pas utile de répondre à une telle
il a vendu son âme au Diable. Il n’a toujours ce qu’il souhaitait. Metzner question. Non, il n’avait personne.
Il fallait payer sinon les gens déci- jours cru si malin. Voilà à quoi ça t’a mot durant toute la rencontre. J’ex-
daient de s’échapper ; à la première mené. » Au matin du 17 mars 2013, les pose vaguement mon projet de livre.
occasion, ils s’enfuyaient. L’argent voix des journalistes claquent, pleines Alexandre ne pose aucune question,
permet tout. Quelle naïveté de croire d’assurance : le corps du célèbre ne fixe aucune condition. Il surveille
qu’il puisse en être autrement. Ses avocat a été retrouvé sur le rivage autour de lui d’un oeil soupçonneux,
amours achetées. Ses mauvais génies. de son île privée. Le visage d’Olivier comme s’il s’aendait à voir surgir des
« Même un laid comme moi est parve- Metzner s’affiche sur les chaînes hordes de paparazzis dissimulés sous
nu à araper des hommes », s’enor- d’information en continu. Une photo les fauteuils bergère. À ses trousses.
gueillissait-il. L’arôme des langoustes, récente envahit l’écran, la peau du vi- Il lui tarde de commencer l’interview.
du caviar et des vins fins. sage pâle et défaite, les lèvres ornées Le bellâtre croise ses mains délicates
Son nouveau cabinet dessiné par des de son habituel cigare. et manucurées en signe d’assentiment.
architectes italiens, son chauffeur au
volant d’une imposante berline. *** « Demandez-moi tout ce que voulez, je
Chaque instant de jouissance semble n’ai rien à cacher. On m’accuse d’être
désormais avoir été aspiré dans un Juin 2013 un assassin, c’est irréel. Je suis inno-
gouffre. Le vent lui glace l’esprit. cent, je le prouverai. » Le sang lui bat
Sa langue claque d’épuisement. Il fait « Je vous aendrai au bar du palace aux tempes. Il chuchote, d’un ton sou-
nuit noire. Son haleine sent la mort. Le Meurice. 14 heures. Ma chère dainement changé. Je fixe sa lèvre su-
Il demeure prostré, les jambes raidies Sophie, je suis ravi. Absolument ravi. périeure tremblante, pose mon
sous la poitrine par le fracas des va- Alexandre. » téléphone sur la table et démarre l’en-
gues. Il avait projeté de s’aacher un registrement. J’ignore presque tout de
poids au pied. Il meurt avant d’en Au lendemain de ce message, je me lui. Je commence par l’enfance,
avoir le temps. Il meurt, convaincu présente devant le palace, intriguée, les parents. Deux heures d’entretien,
que le cabinet qui porte son nom ré- perplexe. À l’intérieur de l’établis- il parle sans discontinuer, sourit, in-
sistera. Sûr que sa réputation survi- sement, nul autre bruit que le chu- cline la petite cuillère de son café avec
vra à tout, que l’on continuera d’évo- chotement des touristes affairés. Les application. Il tient à s’expliquer, à
quer avec émerveillement ses coups lustres de cristal, les grooms délicats, révéler sa vérité à la face du monde.
de génie. L’assurance de sa gloire le sol de marbre. Le moelleux des mo- Il propose de me revoir une fois par
posthume lui est depuis longtemps quees semble aspirer le plus infime semaine, enthousiaste à l’idée de
une certitude. Il sourit au souvenir tapage inopportun, la moindre trace poursuivre cee collaboration. Même
de la flopée de ministres et de mil- de vulgarité. À droite, la place de la endroit, même heure. La banquee
liardaires qui lui mangeaient dans la Concorde, à gauche, le Louvre. En moelleuse et les serveurs obséquieux.
main. Olivier bascule sans bruit, de face, le jardin des Tuileries. Tout n’est « Voulez-vous que je vous appelle un
tout son poids. Le visage plissé. Le ni- que luxe et opulence. Alexandre Des- taxi ? » Je décline, Alexandre me saisit
veau de l’eau s’élève doucement pallières s’avance au loin. C’est une par l’épaule le temps d’une rapide
jusqu’à lui et la marée montante le telle invraisemblance de voir appa- photo et après un léger signe de la
saisit, absorbe son corps avec avidité. raître cet adonis accusé de meurtre, main, la petite troupe s’esquive à son
Sa chemise collée contre son torse, merveilleusement élégant dans son signal. La vérité est que ce type me
comme une large fleur brillante. À costume Yves Saint Laurent. Un bai- stupéfie. Il me plaît. Je suis séduite
l’aube, l’éclat du soleil levant fait luire semain, des amabilités à n’en plus fi- par son assurance, son charisme. Il
le tissu à la surface de l’eau. Nul indice nir. « Ah ma chère, vous illuminez ma est certainement innocent, incapable
désormais du trépas tout juste surve- journée. J’ai demandé à être installé de tuer une mouche, voilà ce que je
nu. Dans les éboulis de sable pros- à l’écart, nous y serons tranquilles, ce ne peux m’empêcher de penser en
pèrent des relents de champagne et canapé vous convient-il ? Je vais ap- quiant le palace. Cee histoire com-
de médicaments. Par-delà les rochers, peler le serveur, commandez ce qui mence bien. Je suis à peine contrariée
les flots charrient des nuées de sel, de vous fait plaisir. Surtout si vous avez en m’apercevant le lendemain qu’il
pierres et de cadavres. Olivier meurt besoin de quoi que ce soit, n’hésitez a posté ma photo sur les réseaux so-
seul. Tout le monde s’est manifeste- pas. Je connais très bien l’endroit, ciaux sans me demander mon avis. À
ment volatilisé à temps. Sans doute je suis un ami du patron. Le person- compter de ce moment, je rencontre
quelques parfums capiteux floent- nel est charmant. Naturellement, Alexandre chaque semaine. Au fil des
ils encore, presque imperceptibles. vous êtes mon invitée. » Alexandre rendez-vous, il me semble confusé-
Qui devinera la scène qui s’est jouée rayonne, l’allure et le ton d’un homme ment que la petite mécanique déraille,
ici ? L’enchevêtrement de perfidies et qui sait de quelle manière s’y prendre même si, à l’époque, je me sens inca-
d’intrigues ne dévoilera ses méandres avec les femmes. Un type d’une beau- pable d’expliquer cee impression.
que bien plus tard. La musique écrase té folle, presque indescriptible, bien
tout : l’Ave Maria de Schubert plus saisissante que sur les rares pho-
sans discontinuer. Olivier avait fait tos parues dans la presse. Un visage
sonoriser les rochers autour de l’île, angélique, parfait. On lui donnerait
des haut-parleurs tous les 20 mètres. vingt-cinq ans, il en a quarante-cinq.
Inutile de crier, personne ne l’enten- Il se présente accompagné de deux
dra, la côte est à 800 mètres. Son île jeunes Chinois, un garçon et une
privée s’est transformée en souricière. fille. « Des amis », me précise-t-il
Souvent les railleries de son père lui en les désignant discrètement. Les
revenaient aux oreilles : « Tu t’es tou- deux acolytes assis à l’écart ne pipent Le «bel Alex» (à gauche), fait des ravages !
Enregistrement d’Alexandre l’amour à la haine comme ça, hop, en m’aimaient, leur nombre augmentait
Despallières un claquement de doigts. Et alors, à très vite. Mon noyau, c’était mes pa-
leurs yeux, je deviens un monstre… rents et ma grand-mère. Mes parents
J’ai toujours eu de l’argent. Je vivais Je vais vous dire, on m’a tout fait. On étaient beaucoup plus proches de moi
avec des gens qui avaient beaucoup m’a fait vivre le pire qu’on puisse faire que de mes deux frères, j’étais le der-
d’argent et qui voulaient que ma vie vivre à quelqu’un. Heureusement, il nier, le chouchou. Avec mes frères, il
soit vraiment parfaite. Vous compre- me reste le souvenir de mes parents. y avait une espèce de jalousie, mais je
nez, j’aire les gens… J’ai vraiment eu une enfance m’en fichais. De toute façon, on ne se
Je ne sais pas pourquoi. Je suis cha- heureuse, mes parents avaient créé ressemble pas du tout. Ils sont jaloux,
rismatique. On naît avec des habiletés, leur vie autour de nous, leurs trois mais c’est par carence intellectuelle.
c’est comme ça. Avec moi la commu- fils. Le dimanche, je me rappelle, on Quand vous êtes un peu bête, vous
nication passe facilement, un sourire jouait aux billes, mes parents Pour êtes jaloux de ce qui n’est pas à votre
amène un sourire, et voilà. Qu’est-ce mes parents, leur vie, c’était leurs en- portée. Je pense que, mes frères, je les
qui plaît chez moi ? Je n’en sais rien. fants. Ma mère restait à la maison, on rendais dingues. Ils ne comprenaient
Je ne fais pas exprès. Je plais… J’ai un était la seule chose qui l’intéressait, pas pourquoi tant de gens importants
pouvoir de séduction, j’ai l’air jeune, je il n’y avait rien d’autre. Elle était très étaient amoureux de moi. Ils ne sup-
ressemble encore à un gamin, même à heureuse. Mes parents formaient un portaient pas qu’il y ait plus d’aen-
mon âge. Si je suis rasé de près et que ménage très uni, Je trouve qu’ils nous tion portée sur moi que sur eux, alors
je coupe un peu mes cheveux, j’ai l’air ont donné vraiment des bonnes va- que je n’ai jamais essayé de séduire
d’un petit garçon. Les gens sont per- leurs. C’était des gens bien, il n’y a pas personne. Je m’en fous. Je peux me
suadés que je manipule pour essayer beaucoup de gens qui consacrent leur permere d’être moi-même.
de séduire, mais je ne le fais pas ex- vie à leurs enfants. Pour moi, la vie,
près… Même mes profs tombaient c’était léger. J’étais drôle et d’ailleurs ***
amoureux de moi. C’était un drame je pense que j’ai continué à être drôle
d’ailleurs. Au collège, j’avais 19/20 malgré les épreuves. C’est rigolo, Des premières années d’Olivier
alors que je ne répondais à aucune la vie. C’est formidable. Quand j’étais Metzner à Paris, ses années de vache
question. Ma prof de sciences natu- enfant, je n’avais pas du tout envie maigre, il ne restait plus rien. Les
relles appelait chez moi dès que son d’être connu. La célébrité est arrivée amis d’alors avaient été écartés ou
mari était absent… Je devais avoir par hasard. Je voulais être vétérinaire bien étaient morts. Le « Metzner
quatorze ans ! Ça a toujours été comme tout le monde et ensuite je flamboyant » paraissait dépourvu de
comme ça. Depuis toujours. Les gens me suis dit : non, je pense que je vais passé, comme s’il avait jailli sur la
tombent amoureux de moi tellement plutôt être écrivain. Je suis complète- scène médiatique d’un coup de ba-
facilement. Je les séduis. Je dégage ment fanatique des écrivains de l’Est, guee magique. J’appelai des avocats,
un truc. Mais enfin je ne peux quand comme achetaient plein de bonbons. quelques ténors du barreau. Ceux-là
même pas aimer tous les gens qui Nietzsche ou Dostoïevski, mais je me ne dirent rien ou si peu. Il s’en trouva
m’aiment ! Je ne suis pas un gigolo, suis rendu compte que jamais je ne bien quelques-uns pour déplorer :
mais c’est vrai que j’ai toujours été très pourrai arriver à leur niveau, je n’écri- « C’est incroyable, à ses débuts, il fai-
aidé. J’ai toujours rencontré des rai jamais trois mots comme eux, sait des affaires miteuses, des com-
gens importants, je les rencontrais donc j’ai préféré lire. C’était ma grand- missions d’office comme nous tous,
n’importe où. J’ai cee capacité, il mère qui me finançait. La mère de ma mais déjà il était plein de morgue, de
suffit que je marche dans la rue et on mère, elle avait plein de pognon après suffisance. Cee haute opinion de lui-
m’arrête : « Oh, qu’est-ce que vous êtes avoir épousé un type richissime. Elle même était très étrange à observer.»
beau ! » Cela explique beaucoup me finançait absolument tout car je Semblait-il promeeur ?
de choses dans ma vie. Le drame… commençais à avoir un agenda qui « C’est évident », me répétait-on.
c’est que quand les gens n’obtiennent se remplissait à vue d’oeil. C’est-à- Pourtant, il me semble qu’à ce mo-
pas ce qu’ils veulent de moi… ils se dire, je connaissais déjà des gens im- ment-là, rien n’était évident. Je
meent à me détester. Ils passent de portants. Il y avait plein de gens qui retrouvai des connaissances, des
proches. Je ne croisai guère de filles
; dès qu’il le put, Metzner se façonna
un monde dépeuplé de femmes. Par-
fois, l’une d’elles surgissait, airée
là comme par erreur, elle ne faisait
pas long feu. Lorsque je décrochais
des rendez-vous, on s’inquiétait de
ce que je répéterais. J’arrivais avec
mon aestation. J’avais désormais
un formulaire tout prêt : « Je certifie
sur l’honneur que les propos que me
tiendra monsieur/maître X dans le
cadre de nos entretiens seront rendus
totalement anonymes. En aucun cas,
il ne sera reconnaissable. » Peu à peu
se dessina la trame de ces années-là.
Metzner, une personnalité trouble...
Il fréquente Yves Mourousi, le journa- d’orgueil : « Fais comme moi, surtout napé pliant bon marché et ses boîtes
liste star du petit écran. Et Hortense ne prends aucun traitement, n’écoute de cachets. Longtemps, il ne sait plus
R., une fille de diplomate qui personne, les médecins ne savent rien d’Alexandre. Quinze ans plus
donne des soirées extravagantes ave- rien. Ils nous feraient claquer. Ne te tard, le nom de son amant fait les
nue Hoche, une faune anormale de soigne pas ! » Jérôme obéit. Durant gros titres de la presse à scandale,
mondains, gitons, beaux esprits, des années, il garde le silence et des accusations de meurtre. Alors Jé-
hommes du monde et débauchés. Il survit en dehors de tout suivi mé- rôme comprend. Il écrit à Alexandre
en revient fasciné, la découverte de dical. L’infamie lui colle au visage des leres ordurières, tente de porter
cet univers-là s’avère une immense comme une odeur de pourri. Alex, plainte, veut le faire payer d’une ma-
surprise. Il lui faut impérieusement lui, ne renonce à aucun de ses rêves. nière quelconque. Rien de tout cela
être accepté par ces gens. Il assure à À ses parents, il annonce en jubilant n’aboutit. Alexandre s’est volatilisé
Hortense avoir découvert sa vocation connaître le nom de son meurtrier : et les faits sont prescrits. Jérôme se
d’homme de loi à la lecture de l’un de Jérôme ! Il prétend le fréquenter de- consume, obsédé par le désir de ven-
ses livres, défend gratuitement ses puis deux ans. Monique refuse désor- geance. Mais qui se souvient encore de
amis, prêt à se faire essorer jusqu’à la mais de le recevoir. Elle maudit l’as- lui, du jeune homme qu’il a été vingt
moelle. Il se damnerait pour quelques sassin de son fils, les gens comme lui ans plus tôt ? Avant que son existence
contacts. Ces relations lui tournent la sont le diable en personne. « Ne t’in- entière ne soit irrémédiablement
tête. Mais jamais l’amour ne daigne se quiète pas maman, je vais le dégager, gâtée.
présenter. On se gausse, le soupçon- tu ne verras plus ce minable qui a
nant d’être un cas désespéré. Olivier gâché notre vie et ruiné ma ***
se risque, tente sa chance puis rapi- carrière ! » Jérôme monte en cachee
dement reprend ses esprits : il paye. rue des Mûriers, rase les murs. Lors- Dès qu’il est de passage à Paris, Peter
Quand on le questionne : « Dis-moi qu’ils croisent Monique par accident, Ikin traîne dans les parages. « Mon
mon biquet, où trouves-tu donc tous Alex minaude : « Je te présente mon ami. Quel plaisir. Viens déjeuner à la
ces types ? », il se contente de hausser ami Jacques », elle semble hagarde, maison. Tu es comme un membre de
les épaules : je garde l’oeil ouvert. sous médicaments, ne le reconnaît la famille. Peter, quelle joie de te
pas. Certains jours, une poupée vau- voir ! » À table, on le place à côté des
*** doue criblée d’aiguilles traîne dans petits jeunes. Il est le centre de l’aen-
l’entrée. Souvent Alex harcèle son tion. « Raconte-nous Rod Stewart et
Quelques mois après leur rencontre, amant : qu’il vienne immédiatement Madonna ! Ta vie est passionnante !
subitement, Alexandre le presse de lui faire une course sinon il le dénon- Tu vas finir directeur général de la
faire un test HIV. Sur-le-champ. cera à des journalistes, il dévoilera Warner, non ? » Alex reste collé à lui,
Jérôme obtempère, incrédule. Quel quelle ordure il est. « Tout est de ta se montre, se laisse tripoter. Flae-
est l’intérêt ? Tout le monde sait que le faute, lui répète-t-il sans arrêt, tu m’as rie enrobée de salamalecs. Dans la
sida concerne seulement les drogués, contaminé, j’ai tout perdu à cause de mesure du possible, Alex ne couche
d’ailleurs, le test revient négatif. toi. Tu as ruiné ma carrière. » Un soir pas lui-même, ramène des minets,
Alexandre clôt le sujet, mais trois où, dans un accès de rage, Alexandre prodigue des conseils et prend une
mois plus tard, il le brusque pour se défonce le poing en cognant une commission. « Oh, Peter, c’est un
recommencer. Et là, Jérôme manque armoire, il somme Jérôme de le vieux cheval qui peut encore cou-
d’en mourir d’épouvante : le résultat conduire à l’Hôpital américain et de rir », assure-t-il pour haranguer ses
s’avère positif. Immédiatement, Alex lui apporter de la langouste pour qu’il troupes. Lorsqu’il n’y a pas moyen d’y
exhibe le sien, également positif : puisse dîner durant le trajet. Jérôme échapper, Alex se dévoue, accepte un
« Espèce de salaud, tu m’as obtempère sans broncher. En 1995, aller-retour pour Londres, une nuit
contaminé ! » Jérôme perd tout à cet après une longue fièvre, on lui fait sa- dans un hôtel de luxe. Au retour, il
instant. Vingt et un ans. Désormais, il voir qu’il peut être soigné. Il est sau- exhibe les billets empilés dans son
se traîne entre son lit, la véranda de vé. Des traitements puissants qui le sac : « Regarde, j’ai récupéré un mil-
sa mère et la cuisine. Chaque soir, il laissent à terre, croupissant comme lion de francs ! » Parfois l’on s’étonne
ferme les yeux, sûr de ne jamais se ré- un zombie, les mains vides et bal- auprès de Monique de ce ballet de
veiller. Craignant à chaque seconde lantes. Sa vie anéantie entre son ca- vieux messieurs : « Enfin, tu ne vois
de voir surgir des pustules vineuses pas que ton fils est gigolo ? Il miche-
qui signeront son arrêt de mort, du- tonne ! – Mais pas du tout, c’est im-
rant des heures, il ausculte le grain possible, comment veux-tu ? Il est
de sa peau, scrute le moindre pli de impuissant et cherche juste un peu de
son ventre. S’habituant à répéter le compagnie. Il se sent si seul. »
plus bas possible : « J’ai le sida, j’ai le
sida, j’ai le sida », pétrifié lui-même
par la terreur que provoquent ces
quatre notes, par les gestes de recul et
les regards hagards des rares méde-
cins qu’il croise. La peste. Nul ne se
risque à toucher un malade, à l’em-
brasser ou à boire dans son verre.
Une nuit, Alexandre l’avertit dans un
ricanement Sophie Bonnet mène l’enquête ! Le maître et l’assassin
Sophie Bonnet
Robert Laffont
Très chers
élus !
40 ans de financement politique
par Élodie Goguen et Sylvain Tronchet
20’s
90’s
80’s
70’s
60’s
Le premier est mort milliardaire, le second clochard.
Sont-ils logés dans le même quartier de l’au-delà ?
L'INTERVIEW DE PLAYBOY :
ANDY WARHOL
Propos chic et décadents de l'inventeur de En Amérique, c'est payé dix dollars de mes vacances, j’ai dessiné des camions de
la culture underground l’heure. fruits. J’ai gagné cinq dollars.
C'est en 1962 que commence véritable- PLAYBOY : Vos prix ont quand même sé- PLAYBOY : Quel est le premier artiste qui
ment la carrière d'Andy Warhol, lorsque rieusement monté, depuis que vous faites vous ait influencé ?
celui-ci réveille le monde de l'Art par ses de la peinture. WARHOL : Ça doit être Walt Disney. Je
fameuses sérigraphies des boîtes de soupe WARHOL : Non. J'essaie de les maintenir découpais ses dessins. Blanche-Neige,
Campbell. Cee série est suivie d'une bas. Je produis tellement. Mais ces der- surtout, m’a influencé.
autre consacrée au culte de la bouteille de niers temps, je n'ai rien fait. PLAYBOY : Préparez-vous de nouvelles
Coca Cola. Le rêve américain des années PLAYBOY : Pourquoi ? expositions ?
60 trouve son prosélyte majeur. La noto- WARHOL : Je n'ai pas d'idées. J'en ai assez WARHOL : Je vais bientôt exposer une
riété lui vient vite. Elle coïncide avec la de peindre. J'essaie d'arrêter depuis tou- nouvelle série de tableaux à Venise.
création de ses portraits de stars : Marilyn jours. J'aimerais pouvoir vivre en faisant PLAYBOY : Que représentent-ils ?
Monroe, Liz Taylor, Elvis Presley, Marion simplement des livres, ou des journaux. Si WARHOL : Ce sont juste de grands dessins
Brando, Jackie Kennedy. Puis vient la sé- vous saviez ce que c'est ennuyeux de faire de sexes, d’anus, des choses comme ça.
rie des Catastrophes : il fige sur l'image les éternellement le même tableau. PLAYBOY : Pourra-t-on les voir à Paris ?
cauchemars de l'inconscient américain : PLAYBOY : Pour vous, l'art est un produit ? WARHOL : Oui. Ils seront exposés à la
accidents de voitures, bombe atomique, WARHOL : Oui. Foire Internationale d’Art Contemporain,
chaise électrique, suicides, émeutes ra- PLAYBOY : Il l'a toujours été ? la Fiac.
ciales. WARHOL : Je crois que c'est une idée qui PLAYBOY : Votre dernière exposition
Parallèlement à son ascension fulgurante est née après la guerre, en Amérique, dans consistait en une série de toiles représen-
dans le monde feutré des galeries d'art, les galeries. Après, quelqu'un l'a appliquée tant des faucilles et des marteaux. Vous
Warhol, fasciné depuis toujours par Hol- à Picasso. sentez-vous proche de l’idéologie commu-
lywood, réalisait, en 1963, son premier PLAYBOY : Pensez-vous que Picasso était niste ?
film : Tarzan and Jane Regained, Sort of un artiste-homme d’affaires ? WARHOL : Pas du tout, j’ai fait des sé-
avec Dennis Hopper (plus tard révélé par WARHOL : Oui. Je crois qu’il était rigraphies en me basant sur des critères
Easy Rider). De la même année datent les conscient de ce qui se passait. esthétiques. Nous étions à Rome où Paul
légendaires Kiss (un long baiser de cin- PLAYBOY : Feriez-vous le portrait de Morrissey tournait De la chair pour Fran-
quante minutes), Sleep (le sommeil d'un n’importe qui pour de l’argent ? kenstein, et partout où nous allions dans
garçon nu filmé pendant six heures). Le WARHOL : Oui. Mais je ferais aussi le por- la ville il y avait, peints sur les murs, des
génial et surprenant Andy devient en trait de n’importe qui gratuitement. immenses faucilles el marteaux, badi-
quelques mois le théoricien le plus adulé PLAYBOY : Vous n’avez fait jusqu’à pré- geonnés en couleurs vives. J’ai eu l’idée
de la faune cinéphilique new yorkaise. sent que des films à petit budget. Est-ce de choisir ce thème pour une exposition,
Warhol se consacre aujourd'hui aux mon- délibéré ou aimeriez-vous en faire des des sérigraphies en noir et rouge. Ça res-
danités. Dans le journal dont il est l'édi- plus gros ? semble à des décorations sur les murs.
teur, Andy Warhol's Interview, on trouve WARHOL : J’aimerais beaucoup faire un PLAYBOY : Vous avez dit il y a quelques
tout sur les parties new-yorkaises, les film d’art à deux ou trois millions de dol- années que vous faisiez de la peinture dé-
frasques de la jet-society, les personnes lars. Il faudrait que les gens ne soient pas corative. Êtes-vous toujours d’accord ?
en vue (princesses et figurants) avec, obligés d’aller au cinéma pour aller le voir. WARHOL : Oui, absolument. Mais
toujours, un regard nostalgique sur les Un film en vidéo. La vidéo, ça sera l’idéal quelqu’un a dit que j’étais marxiste. C’est
grands d'Hollywood : Gloria Swanson, quand il y aura un marché. drôle. En Italie, tout le monde me de-
Marielle Dietrich, King Vidor. PLAYBOY : Vous merez vos anciens mande si je suis communiste à cause de
On le trouve de plus en plus souvent à Pa- films sur cassees ? mes portraits de Mao. C’est à la suite de
ris. Cet engouement coïncide avec un pi- WARHOL : Non, je préfère en faire de nou- ça que j’ai commencé à faire des têtes de
ratage ironique des thèmes politiques en veaux. Les anciens, il vaut mieux en par- mort, pour le côté fasciste. PLAYBOY :
vogue : Mao Tsé-toung, dans sa célèbre ler que de les voir. C’est moins décevant. Mao a t-il vu vos portraits de lui ?
sérigraphie, devient un travelo outra- Et puis le nouveau, c’est toujours mieux WARHOL : Je ne sais pas. En tout cas, la
geusement maquillé. Paul Morrissey, son que l’ancien. PLAYBOY : Quel est, d’après délégation chinoise est allée à la Corcoran
protégé, tourne à sa place les films qu'il vous, le plus grand artiste en vie à l’heure Gallery, à Washington, où l’un d’eux était
n'a plus le temps ou l'énergie de réaliser actuelle ? exposé. Quand ils en ont entendu parler,
Flesh, Trash, Heat, avant d'être remplacé WARHOL : Je continue à penser que c’est ils ont décidé d’entrer par le fond pour
par Jed Johnson, qui réalise Bad, sorti Walt Disney. l’éviter. Ils ont dû avoir peur d’avoir à l’ai-
récemment à Paris. Enfin, le vendredi 9 PLAYBOY : Mais il est mort ! mer. Une autre fois, à la Factory, à New
septembre 1977, Andy Warhol reçoit Alain WARHOL : Oui, mais on l’a conservé sous York, nous avions invité l’ambassadeur de
Pacadis et Glenn O'Brien pour Playboy. plastique. Il est surgelé. Chine populaire, mais il n’est jamais venu.
PLAYBOY : De vos œuvres, quelle est la PLAYBOY : Et l’Union soviétique, vous
PLAYBOY : Pensez-vous, comme on le dit première qui ait compté pour vous ? a-t-elle contacté pour acheter quelques-
aujourd'hui, que l'art est mort ? WARHOL : Je ne me rappelle pas. Au ly- unes de vos toiles ?
WARHOL : Oui. À l'heure actuelle, il vaut cée, j’ai eu des prix, mais pas pour ce que WARHOL : Non, je n’ai eu aucune propo-
beaucoup mieux être peintre en bâtiment. j’avais fait de mieux. Une fois, à la fin de sition des pays de l’Est. Ces toiles se sont
sus pour qu’il devienne une œuvre d’art.
Une autre fois, un travesti m’a fait signer
ses seins. Mais souvent, on me fait signer
des faux Warhol. Ça m’amuse beaucoup.
PLAYBOY : Vous aimez donner des auto-
graphes ?
WARHOL : Oui, beaucoup.
PLAYBOY : Avez-vous vu les nouveaux
groupes punk nem yorkais ?
WARHOL : Ils jouent beaucoup mieux
qu’avant. J’aime beaucoup les Talking
Heads, par exemple. Mais le punk a tou-
jours existé. La Callas était terriblement
punk. À la Factory, mon atelier-studio,
dans les années 60, on l’écoutait toujours.
PLAYBOY : À Paris, c’est un mouvement
qui a pris un essor considérable.
WARHOL : Oui, il est plus fort ici qu’à New
York !
PLAYBOY : Que pensez-vous de cee nou-
velle mode ?
WARHOL : Elle devrait devenir plus théâ-
trale.
PLAYBOY : Les Sex Pistols, par exemple,
le sont.
vendues uniquement à des particuliers. à Paris ? WARHOL : Oui. J’ai rencontré leur ma-
Pour ma part j’adore le réalisme socialiste. PLAYBOY : On va beaucoup dans une dis- nager, Malcolm McLaren. À l’époque, il
Ces portraits de Lénine montant à la tri- cothèque : La Main Bleue. faisait des dessous en caoutchouc pour les
bune ou ces scènes révolutionnaires, c’est WARHOL : Ah oui ! C’est un nouvel en- filles...
la base de l’école hyperréaliste américaine droit en dehors de Paris, À la campagne. PLAYBOY : Il y a beaucoup de choses de ce
! On m’a dit d’y aller, mais je n’ai pas encore genre à New York ?
PLAYBOY : Que pensez-vous des graffitis eu le temps. WARHOL : Oui. Dans plusieurs endroits.
que les enfants font dans le métro à New PLAYBOY : Ce n’est pas vraiment à la Ils font des colliers de mégots de cigarees
York ? campagne. C’est dans la proche banlieue, pris dans du polyester. Tout le monde
WARHOL : On devrait leur donner des à Montreuil. Il y a beaucoup de Noirs qui porte ça... On fait aussi des bourses dans
bourses. Mais ceux que j’ai vus à Téhé- dansent comme des dieux. Certains vont des boîtes d’emballage publicitaire, ils en
ran sont beaucoup plus beaux. À cause de aussi au Gibus, c’est seul club à Paris où vendent beaucoup. C’est une mode très
l’écriture. Elle est magnifique. Même sur passent des groupes punk rock. décadente.
les enseignes. WARHOL : Les boîtes c’est ennuyeux : PLAYBOY : Avez-vous écrit quelque chose
PLAYBOY : N’y a t-il pas une contradic- celles qui ouvrent ne passent plus que de depuis votre dernier livre : Ma philoso-
tion dans le fait de vendre à des riches la musique disco ! phie de A à B ?
Américains des toiles représentant des PLAYBOY : À New York, y a-t-il beaucoup WARHOL : J’en prépare deux autres en ce
faucilles et des marteaux ? de clubs punk ? moment. Le premier sera un livre de pho-
WARHOL : J’aime que mes toiles choquent WARHOL : Oui, mais ce ne sont pas des tos uniquement.
ceux qui les achètent. Les gens qui achète- clubs pour danser, juste des endroits où PLAYBOY : Et quel genre de photos ?
ront mes dernières sérigraphies représen- les groupes passent. Les gens sont assis WARHOL : Les photos de ces dernières se-
tant des sexes en érection ne seront pas des tables et boivent de la bière ou de l’al- maines. Des photos des gens que j’ai ren-
forcément des obsédés sexuels. Y a-t-il à cool pendant que les musiciens jouent sur contrés. Ce sera un livre sur les années 70.
Paris des dessins ou des slogans qu’on re- scène. À Londres ou à Paris, c’est différent PLAYBOY : Des souvenirs ?
trouve sur les murs ? les jeunes dansent sur la musique. WARHOL : Oui, sur les gens que j’ai
PLAYBOY : En ce moment, on voit beau- PLAYBOY : Les Anglais ont même inven- connus : Nico, Lou Reed, etc…
coup le mot « punk », peint à la bombe, té une nouvelle danse le pogo. Il s’agit de PLAYBOY : Aimez-vous les villes euro-
souvent suivi d’un signe politique : le sauter à pieds joints le plus haut possible péennes ?
swastika, la Faucille et le marteau, la croix en bousculant les gens qui sont autour de WARHOL : Je les aime toutes pourvu que
celtique. Aimez-vous travailler ? vous. Souvent ils tombent à la renverse et j’y séjourne un certain temps. À Paris,
WARHOL : A l’heure actuelle, énormé- se blessent ou déchirent leurs vêtements. c’est fabuleux parce qu’on peut sortir toute
ment. Ça fait passer le temps. Comme les WARHOL : À New York les gens ne sont la nuit.
voyages. PLAYBOY : Quel est l’endroit où pas comme ça. Dans beaucoup d’endroits, PLAYBOY : Et où aimez-vous sortir à Pa-
vous aimez le mieux voyager ? il n’y a pas de licence : on ne peut pas boire ris ?
WARHOL : New York. d’alcool, ça les rend plus cools. WARHOL : Aujourd’hui, nous sommes
PLAYBOY : Que faites-vous en dehors du PLAYBOY : On vous fait signer des auto- allés nous promener autour du centre
travail ? graphes sur toutes sortes de choses : des Beaubourg. Le bâtiment est très beau avec
WARHOL : En dehors du travail, je tra- billets de banque, des tickets de métro, des toutes ces tuyauteries. J’aime beaucoup ce
vaille. Je fais des choses qu’on ne consi- chèques, des tee-shirts, des cigares, etc. style d’architecture. Autour du musée, il y
dère peut-être pas comme du travail, mais Quelle est la chose la plus étrange qu’on a des tas de magasins très bien, très chic.
qui le sont pour moi. Par exemple je fais vous ait fait signer ? Et ils vont faire un grand parc à côté, aux
un peu d’exercice en allant chez l’épicier. WARHOL : Un bébé qui venait de naître à Halles...
Mais dites-moi, qu’est-ce qu’on fait le soir New York. J’ai écrit « Andy Warhol » des- PLAYBOY : Vous aimez le cinéma français
? rende plus ou moins créatif ?
WARHOL : Le phénomène sadomaso a
WARHOL : Oui. J’aime tous les films... Les WARHOL : À mon avis, ça n’a aucun effet.
tendance à prendre de l’importance. À
films de série B, esthétiquement débiles, PLAYBOY : Croyez-vous que les drogues
New York, il ne se passe pas une semaine
les films trashy (trash = ordure). On en douces devraient être légalisées ?
sans qu’on ouvre un nouveau Leather Bar.
voit beaucoup aux États-Unis. WARHOL : Oui.
Il faut vivre avec son époque, les gens évo-
PLAYBOY : Et en matière de musique ? PLAYBOY : Que pensez-vous du sexe ?
luent, les mœurs aussi...
WARHOL : J’aime l’opéra. WARHOL : C’est une des choses les plus
PLAYBOY : Pensez-vous qu’avec le Mou-
PLAYBOY : De vos films à vous, lequel importantes. Les gens me demandent
vement de libération des femmes, on va
préférez-vous ? toujours si je préfère faire l’amour avec
voir apparaître de plus en plus de femmes
WARHOL : J’aime beaucoup le dernier, un garçon ou une fille. En fait, je préfère
artistes ?
Bad, réalisé en fait par Jed Johnson. me masturber. Il n’y a que moi qui sache
WARHOL : J’ai toujours pensé que la plu-
PLAYBOY : Vous aimez toujours ce qui exactement comment me faire jouir au
part des artistes étaient des femmes. Ce
est nouveau. Et de vos peintures, laquelle maximum, alors pourquoi demander à
sont elles qui ont fait les tapis navajo, les
préférez-vous ? quelqu’un d’autre d’aller plus loin ?
quilts américains, les peintures sur vête-
WARHOL : J’aime beaucoup la boîte de PLAYBOY : Vous dormez toujours seul ?
ments des années 40.
soupe Campbell. WARHOL : Non, avec mes deux chiens
PLAYBOY : Pensez-vous que Jimmy Car-
PLAYBOY : Quel est votre restaurant fa- Archie et Amos.
ter va pouvoir remere l’Amérique en état
vori ? PLAYBOY : Vous dormez nu ?
de marche ?
WARHOL : McDonald’s. WARHOL : Non, je porte un corset. Et mes
WARHOL : Je l’espère. Je crois que oui.
PLAYBOY : Vous allez, paraît-il, ouvrir un sous-vêtements.
PLAYBOY : Que feriez-vous si vous étiez
restaurant à New York ? PLAYBOY : Dans beaucoup de vos films,
à sa place ?
WARHOL : Oui, au début de l’année. Il vous vous êtes plu à montrer un éventail
WARHOL : Je pense que ça ne va pas si
s’appellera Andymat. assez complet des perversions sexuelles.
mal dans l’état actuel des choses. Il n’en
PLAYBOY : Quel genre de nourriture ? WARHOL : J’ai filmé les gens qui m’entou-
faudrait pas beaucoup. C’est déjà chouee.
WARHOL : Uniquement des plats conge- raient en collant le plus possible à la réa-
PLAY-BOY : Pensez-vous que les riches
lés. lité. À cee époque, Joe Dallesandro était
soient différents des pauvres ?
PLAYBOY : Quelle est la personne que un homosexuel junkie, je ne pouvais pas
WARHOL : Oui et non.
vous préférez ? lui faire jouer les princes charmants. Il y
PLAYBOY : Sont-ils plus heureux ?
WARHOL : Mon chien Amos. a un fait certain, c’est que la plupart des
WARHOL : Oui, s’ils ont un chien.
PLAYBOY : Regreez-vous de ne pas avoir gens qui font quelque chose à New York
PLAYBOY : croyez-vous en une vie après
d’enfant ? sont homosexuels. Je ne vois pas pour-
la mort ?
WARHOL : Non. quoi il faudrait cacher cee réalité.
WARHOL : Je crois en une mort après la
PLAYBOY : Représentez-vous l’image du PLAYBOY : Vous avez aussi une prédilec-
mort.
père pour qui que soit ? tion pour le sadomasochisme.
WARHOL : Non. Sauf pour mes chiens.
PLAYBOY : Pensez-vous qu’il existe en-
core de bons écrivains ?
WARHOL : Oui, Jacqueline Susann, Vic-
tor Hugo.
PLAYBOY : Quels sont vos magazines pré-
férés ?
WARHOL : Penthouse, Blueboy. Celui que
je suis en train de lire.
PLAYBOY : Quelle est la femme la plus
sexy du monde ?
WARHOL : Bianca Jagger. Mais il y en a
d’autres.
PLAYBOY : Que regardez-vous en pre-
mier chez une femme ?
WARHOL : Son sac.
PLAYBOY : Croyez-vous au Rêve améri-
cain ?
WARHOL : Non, mais je pense qu’il peut
rapporter.
PLAYBOY : La censure est-elle à votre avis
nécessaire ?
WARHOL : Oui, bien sûr.
PLAYBOY : Sur quel critère devrait-elle se
baser ?
WARHOL : Il devrait y avoir plus de sexe.
PLAYBOY : Avez-vous déjà fumé de la ma-
rijuana ou du hachich ?
WARHOL : Non, mais j’aime l’odeur.
PLAYBOY : Avez-vous pris d’autres dro-
gues ?
WARHOL : Non. Quand j’étais à l’hôpital,
on m’a donné des médicaments, mais j’ai
été ravi de ne plus avoir à les prendre.
PLAYBOY : Pensez-vous que la drogue
MON AMI
TENNESSEE WILLIAMS
Un grand écrivain évoque le dramaturge disparu
Portrait
« OUI, IL FALLAIT l’écrire cet article dans Le Monde, cet Adieu Rothschild signé
de mon oncle Guy de Rothschild le banquier. Toute la famille était derrière lui, et
ce qu’il a écrit dans ce texte aux accents désespérés, nous y souscrivons tous. Ce
n’est pas un coup d’éclat individuel de Guy de Rothschild dépossédé de sa banque;
nous avions lu le texte avant sa publication, et nous avions donné notre accord,
les jeunes du clan comme les anciens: « juif sous Pétain, paria sous Mierrand,
retraité par force, pour moi cela suffit; je me mets en grève ». (Le Monde du 30
octobre 1981). Assis dans la salle à manger rectangulaire du château Lafite
Rothschild à Pauillac (Gironde), sous le buste de James, un des fondateurs de la
dynastie et le premier propriétaire de Lafite, Eric de Rothschild, 41 ans, physique
de jeune premier, cheveux blonds rejetés en arrière, veste de velours, foulard de
soie négligemment noué autour du cou, s’est exprimé en douceur. Sans élever le
ton, d’une voix équilibrée, suave comme le bouquet de son vin, le lafite-rothschild,
premier grand cru classé, splendeur du Bordelais dont Louis XV raffolait. Roi des
vins, vin des rois. Il pleut à torrents en ce dimanche d’hiver. Les vignes uniques
au monde qui cernent le château sont noyées de cee eau qui deviendra par une
alchimie géologico-mystérieuse l’or rouge de Lafite (vingt-deux mille caisses par
an, la bouteille de lafite 78 estimée à plus de 200 F sur la place de Bordeaux).
Gérant actuel de Lafite, responsable du cru depuis que son oncle Elie de Rothschild
l’a affranchi, Eric de Rothschild a convié pour le week-end quelques amis parisiens
et bordelais, dont M. Lawton, courtier réputé et adjoint au maire de Bordeaux. Le
déjeuner dominical - soufflé au fromage, agneau de Pauillac et les légumes du
potager de Lafite, fromages, glace vanille pralinée - touche à sa fin. L’atmosphère
est à la bonne humeur, favorisée par l’excellence des vins, quatre crus de 1900,
une excentricité très rothschildienne, château tertre-daugay (st-émilion),
clos d’estournel (st-estèphe), ducru-beaucaillou (st-julien), et lafite-rothschild
(Pauillac), quatuor d’octogénaires en pleine forme: qui peut offrir de pareils nectars
de quatre-vingts printemps d’âge si bien préservés des aeintes du temps,
essai