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RE

CENT ATIQUE
DRAM CRÉATION
NATIONAL 2016

LORETTA STRONG
COPI / GAËL LEVEUGLE / CIE ULTIMA NECAT
DU 1er AU 11 MARS 2016

NANCY
AINE
LORR
SPECTACLE PRÉSENTÉ EN CORÉALISATION
AVEC LE CENTRE CULTUREL ANDRÉ MALRAUX,
SCÈNE NATIONALE DE VANDOEUVRE-LÈS-NANCY DIRECTION MICHEL DIDYM
10 RUE BARON LOUIS - BP 63349
54014 NANCY CEDEX
CONTACT PRESSE NANCY EMMANUELLE DUCHESNE, SECRÉTAIRE GÉNÉRALE WWW.THEATRE-MANUFACTURE.FR
E.DUCHESNE@THEATRE-MANUFACTURE.FR - +33(0)3 83 37 78 03 03 183 37 12 99
CRÉATION
2016

LORETTA STRONG
COPI / GAËL LEVEUGLE / CIE ULTIMA NECAT
Mise en scène et jeu .............................................................. Gaël Leveugle Production Compagnie Ultima Necat, Nancy.
Musique (composition et live)...................................Jean-­‐Philippe Gross Production déléguée La Manufacture -­‐Centre Dramatique National Nancy Lorraine,
Dramaturgie ............................................................................... Mikaël Serre Coproduction Centre Culturel André Malraux -­‐SN de Vandoeuvre-­‐lès-­‐Nancy ; La
Scénographie........................................................................Jeanne Comode Manufacture, CDN Nancy Lorraine ; Transversales, Scène conventionnée de Verdun.
Lumières ................................................................................Matthieu Ferry Avec le soutien du Collectif 12, Mantes-­‐la-­‐Jolie, du Conseil Régional de Lorraine, du
Collaboration artistique ................................................................Elise Hote DICRéAM au titre de l’aide à la production et de la SPEDIDAM.
Production / Diffusion .......................................................... Elodie Couraud
Création 1er Mars 2016 à la Manufacture, CDN Nancy Lorraine.
Durée 1H - À partir de 16ans
Spectacle présenté en coréalisation avec
le Centre Culturel André Malraux

“ Je sais que je ne pourrais pas être tout à fait ami avec quelqu’un qui n’aimerait pas Copi ”, dit Wolinski en
août 1977.
Alors rédacteur en chef de Charlie Mensuel, il a fait une place à Copi, révélé auparavant par Le Nouvel
Observateur. Mort du sida en 1987, Copi, de son vrai nom Raúl Damonte Botana, exilé politique venu
d’Argentine, homosexuel affirmé et joyeux, excentrique avec panache, dessinateur-philosophe, acteur
foldingue et auteur d’un puissant théâtre du délire, nous laisse une oeuvre foisonnante savoureuse et
jouissive dont Loretta Strong peut être considérée comme un condensé de fantaisie
débridée.
Coincé sur une orbite périlleuse, un vaisseau spatial est en perdition. La délurée cosmonaute Loretta, que
dans le culot désespéré de son appel téléphonique on a de la peine à croire, tente de lancer un S.O.S...
Un certain M. Drake, malveillant, a coupé l’alimentation en oxygène ! Mais Linda, mystérieuse parasite de
l’espace, se branche sur la communication pour annoncer que la terre, envahie par des singes cannibales,
vient d’exploser. Loretta est ensuite fécondée par des rats qui se sont immiscés par la tuyauterie et notre
héroïne, dévastée, se réfugie sur Bételgeuse où elle accouche de ratons aux yeux de saphir.
Dans sa mise en scène, Gaël Leveugle, explore les limites (du corps, de la pensée, du connu, du genre,
de l’humanité...) et nous rappelle que nous avons besoin autant de l’air que l’on respire que d’une notion
essentielle : la liberté.

CALENDRIER
Mardi 1er, Mercredi 2, Vendredi 4, Mardi 8, Mercredi 9 et Vendredi 11 Mars à 20h30
Jeudi 3 et Jeudi 10 Mars à 19h
TARIFS
Tarif plein 22€ / Tarif réduit 17€ / Tarif jeunes 9€
AUTOUR DU SPECTACLE
Exposition, rencontre, rendez-vous autour de l’univers de Copi, à préciser.
RÉSERVATIONS
au 03 83 37 42 42 du lundi au vendredi de 12h à 19h, le mercredi de 10h à 19h, et le samedi en période de représentation.
Locations Magasins Fnac (réduction adhérents), MGEL et Digitick

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LA PIÈCE
Loretta Strong a été envoyée dans l’espace.
Elle appelle.
Son compagnon de voyage, Steve Morton, est mort (elle l’a tué).
Comment va-­t-­elle pouvoir remplir sa mission : semer de l’or sur Bételgeuse ? Elle appelle M. Drake sur terre,
elle appelle Linda, une collègue dans un autre satellite, elle appelle, dans l’espace, vénusiens, plutoniens,
hommes-­singes de l’Étoile Polaire, rats et chauve-souris. Il lui faut trouver quelqu’un pour se reproduire,
pour mener à bien sa mission. Elle doit lutter contre les corps astraux et les envahisseurs de l’espace ;
l’invasion de son satellite, l’invasion de son corps. Elle explose et se recompose, se reproduit avec des rats,
de l’or, du métal, un frigo, appelle appelle appelle et se confronte, jusqu’à l’incandescence aux mystères de
sa trajectoire intersidérale et de son odyssée intérieure.
Vrai-­faux monologue ou dialogue tronqué par l’artifice de la conversation téléphonique dont on a qu’un côté
du fil, Loretta Strong donne à entendre une voix-­machine qui au fur et à mesure qu’elle avance la fable qui la
raconte, pousse le corps dans une catastrophe encore plus grande et plus farcesque.

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EXTRAIT

Loretta Strong et Steve Morton. Loretta Strong tue Steve Morton.

Loretta Strong : Allô, John ?


C’était bien ma chance, Steve est mort !
Chez vous tout va OK, John ?
Tant mieux, mes amitiés à Linda !
Allô, la Terre ?
Vous avez oublié de brancher l’oxygène de Steve Morton, Monsieur Drake !
C’est joli de s’excuser, mais c’est pas vous qui viendrez me féconder sur la Voie
Lactée !
Je me retrouve seule avec les rats !
Allô, Linda ?
Vous avez entendu ce que je lui ai lancé là ?
Comment ça, John est mort ?
On est foutues !
Allô, la Terre ?
Quelle merde !
Allô, la Terre ?
John Balling est mort d’un infarctus !
Qu’est-­ce que vous dites ?
Vous êtes fou !
Allô, Linda ?
Ils veulent nous faire féconder par les rats !
Ah, non, pas moi !
Vous, faites ce que vous voulez !
Je trouverai bien quelqu’un dans l’espace !
Allô ? Allô ? Allô ?
Ici une Terrienne !
Allô ? Allô ? Allô ?
Qui êtes-­vous ?
Un Homme-­Singe de l’Étoile Polaire ?
Vous vous foutez de ma gueule ?
C’est vous, Monsieur Drake ?
Vous êtes envahis par les Hommes-­Singes de l’Étoile Polaire ?
Allô, Linda ?
Vous avez entendu ?
On n’a pas d’autre solution !
Allons-­y !
Viens ici, viens ici !
Tu es un mâle ?
Aïe, ne me mords pas, sale bête !
Je ne suis pas méchante, tu sais ?
Tu veux descendre ?
Oh, qu’est-­ce que c’est dégoûtant !
Doucement, là !
Beurk!
Rentre dans ta cage !
Allô, Linda?
Est-ce que votre Frigidaire est assez grand pour John ?
On n’est pas très bien équipées !

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NOTE
DRAMATURGIQUE
Copi fut un caricaturiste. D’autres grands auteurs, comme Fellini, le furent. Copi gagne d’abord sa vie (et
celle de quelques copains) en faisant des dessins à bulles pour le Nouvel Observateur ou pour Libération.
Son écriture dramatique y correspond. La caricature n’organise pas de discours, mais soumet la matière
crue aux outrages. Le rire de l’idiot ouvre à la voyance. Le bouffon ouvre au tragique. Dans Loretta Strong la
matière crue livrée aux outrages, c’est le corps, le tragique c’est tout ce qui s’oppose à son accomplissement.
L’écriture en vers (profanes) segmente la parole en séquences brèves, développe une altération perlée
du flux verbal d’une ligne l’autre. La répétition de séquences, l’opposition des actions, la confusion des
(inter)locuteurs refuse à notre lecture un continuum événementiel logique. On est face à un métabolisme
kaléidoscopique : la traversée d’un corps par des provocations extrêmes. C’est à la fois ce qui raconte
l’histoire et ce qui est raconté par elle, une dynamique performative plus qu’un conte. Provocation est
à entendre ici dans le sens étymologique de ce qui appelle à se montrer c’est à dire des manifestations
matérielles, et non des évocations fantasmagoriques, le théâtre étant exempt d’avoir à trancher de ce qui
est vrai ou pas. Le corps est mis en crise, et les solutions préalables des spectateurs à savoir faire quelque
chose de ce qui est provoqué sont tout autant inexistantes que les capacités des acteurs (au sens large) à
rejouer ce qui est écrit. On ne peut pas s’ «enfoncer un frigidaire dans la vagine», on ne peut pas exploser,
se ramasser et recoller tous ses doigts toutes les deux lignes. Copi dans cette écriture performative cherche
un révélateur des monstruosités du corps au-delà des imageries collectives disponibles, une possible
machine à remettre en cause nos représentations collectives.
Cette mise en défaut catégorique de la mimésis théâtrale par la caricature, pour autant qu’elle ne tient pas
de discours, a des conséquences politiques. Aujourd’hui pas plus qu’hier nous n’avons loisir d’identifier ce
que sont nos contours réels ni n’avons la pleine liberté de dire de notre corps qu’il est ceci ou cela. Le libre
arbitre n’existe pas autrement que comme une lutte à s’accomplir. Notre corps est tout autant agi par notre
histoire ou par la civilisation freudienne que par les injonctions du marketing («Je fais ce que je veux avec
mes cheveux»). Copi propose de mettre le corps en carnage, en banquet, avec un rire de l’idiot qu’aucune
autorité ne peut contraindre. Loretta parle à Linda, et Linda parle par la bouche de Loretta. Les voix se
reflètent sur les débris de la terre. Linda envahit le corps de Loretta, Loretta mange Linda. Le corps parle ou
est parlé, agit ou est agi. On est dans un grand océan, un grand bouillon schizophrène où par expérience
esthétique, la question du corps et de son ontologie tragique se partage entre la scène et la salle.
Les allégories de la science fiction offrent à nos imaginaires un exotisme que le vingtième siècle a éradiqué
en faisant de la surface du globe un territoire fini sans plus aucun territoire vierge. Par métonymie, ce
nouveau far west offre au corps qui y est projeté des territoires intérieurs inexplorés, et à nos sociétés
un eldorado où envoyer nos surnuméraires, nos indésirables, nos déviants, et poursuivre leur oeuvre
d’hominisation. En 1974, quand Copi écrit Loretta Strong, l’esthétique punk se combine populairement à
la science fiction dans les shows, les concerts, les revues de BD (Métal hurlant). Le punk pré-visionne la
théorie de fin de l’histoire par un no future qui tient lui aussi du rire bouffon. Le trash, la défonce, livrent
l’imagerie du corps à la pourriture et au poison et offrent l’avantage d’une autopsie du vivant, d’une lucidité
sur nos profondeurs qui, comme une drogue, nous altère.
Gaël Leveugle

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BIOGRAPHIE
COPI - (20 nov 1939 - 14 déc 1987)
En espagnol, «Copi» est le diminutif de copo de nieve (flocon de neige), un surnom affectueux donné dès
son plus jeune âge à l’auteur argentin Raul Damonte Botana. Celui-ci a grandi à Buenos Aires, où il est né
en 1939, puis à Montevideo (Uruguay), au sein d’une famille parfaitement francophone dont le père est
directeur de journal et député anti-péroniste.
Très tôt, le jeune homme se prend au jeu de la satire politique - publiant à l’âge de seize ans ses premiers
dessins dans Tia Vicente - et à celui du théâtre. «Je me souviens du Copi de l’enfance. Il était déjà le théâtre»,
raconte son frère Jorge Damonte, auteur d’un bel album Copi (Bourgois).
C’est pour vivre sa passion du théâtre que Copi s’installe à Paris en 1963. Il vit d’abord grâce à ses dessins
humoristiques, entrant à Twenty, Bizarre, Le Nouvel Observateur où il signe, des années durant, des dessins
qui le rendront célèbre, puis à Hara-Kiri et Charlie Hebdo.
Sa relative aisance financière lui permet alors de se consacrer pleinement au théâtre, en jouant et en
écrivant des textes sur lesquels Jorge Lavelli se penchera le premier. Le metteur en scène argentin,
suivi plus tard par Jérôme Savary ou Alfredo Arias, est l’ami fidèle qui montera Sainte Geneviève dans sa
baignoire (1966), La journée d’une rêveuse (1968), L’Homosexuel ou la difficulté de s’exprimer (1971), La
nuit de Madame Lucienne (1985) et Une visite inopportune (1988), pièce dont le personnage principal est
un malade du sida qui meurt dans un hôpital et qui annonce la propre mort de l’auteur le 14 décembre 1987
pendant les répétitions.
Auteur, mais aussi comédien, Copi a assuré l’interprétation de certains de ses textes, et notamment Loretta
Strong au Théâtre de la Gaîté-Montparnasse en 1974 (mise en scène de Javier Botana) et Le Frigo (mise en
scène de l’auteur) au Théâtre Fontaine en 1983.
Il est également l’auteur de nombreux romans qui, avec son théâtre, ses dessins, forment une œuvre
à la fois exubérante et pudique, hantée par la mort et pleine de vie, baroque, poétique, et absolument
inclassable.
Olivier Celik

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GAËL LEVEUGLE - Mise en scène et jeu
Joue, écrit et met en scène. Prends le corps comme la langue en considération linguistique et poétique. A
suivi des études universitaires de lettres (Paris IV), s’est formé au théâtre avec Bruno Wacrenier et l’école
Jacques Lecoq.
Sa vie a pris un tournant après avoir ouvert Molloy de Beckett dans la bibliothèque de ses parents une
après midi d’ennui à l’adolescence. Beckett, Kaeka, Stanislavski, Grotowski, Masaki Iwana (Butôh), Tenko
(improvisation vocale libre), Lacan, Queneau.
Sa pratique créative est fondée sur l’expérience du plateau par le jeu, pratique avant que théorique. Acteur
pour soi et les autres, improvisateur libre, auteur de formes chorégraphiques courtes et participatives.
Depuis 2005, avec ma compagnie, Ultima Necat, j’ai co-adapté et co-mis-en-scène L’ermite et Sixdoigts de
Viktor Pelevine, écrit et mis-en-scène MC2, Minimal Connotatif et produit Vêpres de la Vierge Bienheureuse
d’Antonio Tarantino avec Jean-Luc Guionnet et Eric Vautrin.
En tant qu’acteur j’ai collaboré avec Mikael Serre, Gilles Chavassieux, Grégoire Monsaingeon, Eric Vautrin,
Emmanuel Daumas, entre autres.

Image issue des répétitions

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