N°430 — décembre 2023

LA FILLE DE SON PÈRE

un film d’Erwan Le Duc
France - 2023 - 1h31

Rétrospective Ozu
> pages 07

La trilogie d’Apu
de Satyajit Ray
> pages 07

cinémas Studio — 2 rue des Ursulines — 37000 Tours — www.studiocine.com

S OM M A IRE ÉDI TO

02 ÉDITO
Du côté associatif
04 CNP
Du côté
associatif
Soirées-débats du CNP
05 ÉVÉNEMENTS
Partenariat Cinémathèque et Studio
Séance Henri Langlois
Soirée CHRU
06 SÉANCES JEUNES Vous avez dit associatif ?
07 LES FILMS
Après avoir présenté le travail des salariés (voir
Les films de A à Z édito du mois dernier), voici l’autre versant des
Studio, la partie associative. Les fondateurs réunis
16 ARRÊT SUR IMAGE
N’attendez pas trop de la fin du monde autour d’Henri Fontaine ont choisi que les salles
soient dirigées par un Conseil d’administration :
17 AUTOUR DES FILMS
Le Ravissement
des bénévoles élus chaque année lors de l’Assem-
Lost Country blée générale de juin (8 issus de TEC et 3 du CNP)
choisissent les grandes orientations culturelles,
23 HUMEUR
Écoterroristes politiques et économiques que feront vivre, au jour
le jour, l’équipe salariée.
24 AUTOUR DES FILMS
L’association Technique-Éducation-Culture
Le Règne animal

Les Feuilles d’automne
The Old Oak
30 RENCONTRE
Mathieu Bareyre
Vladimir Perišić
Andrea Ferréol
36 JEUNE PUBLIC
38 EN BREF
Nouvelles d'ici et d'ailleurs
39 INFOS PRATIQUES
40 FILM DU MOIS
La Fille de son père
LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS
2 RUE DES URSULINES, 37000 TOURS
MENSUEL / PRIX DU NUMÉRO 2 €
ISSN 0299 - 0342 / CPPAP N° 0224 K 84305
ÉQUIPE DE RÉDACTION : SYLVIE BORDET,
JEAN-LUC DESJARDINS, ISABELLE GODEAU,
JEAN-FRANÇOIS PELLE, DOMINIQUE PLUMECOCQ,
ÉRIC RAMBEAU, ROSELYNE SAVARD, MARCELLE SCHOTTE,
ANDRÉ WEILL, AVEC LA PARTICIPATION DE
LA COMMISSION JEUNE PUBLIC.
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ÉRIC RAMBEAU
CONCEPTION GRAPHIQUE : EFIL / WWW.EFIL.FR
(TOURS). ÉQUIPE DE RÉALISATION : ÉRIC BESNIER,
ROSELYNE GUÉRINEAU - DIRECTEUR : ROMAIN PRYBILSKI.
IMPRIMÉ PAR PRÉSENCE GRAPHIQUE, MONTS (37).
© DOMINIQUE PLUMECOCQ
est propriétaire des locaux et l’employeur des
18 salariés. Elle se partage en 12 commissions qui
travaillent en étroite collaboration avec ceux-ci ;
souvent de façon passionnée et dans la bonne
humeur, on y choisit des films (Programmation),
on y écrit pour les Carnets (Rédaction), on y sélec-
tionne des films et des ateliers pour les enfants
(Jeune Public) ou pour les 15-25 ans (Public
Jeune), on y élabore les affiches et les flyers
(Communication), on y suit les finances de l’en-
treprise (Gestion), on accueille le public et on gère
le fond documentaire (Bibliothèque), on y orga-
nise l’événement de fin de saison (Nuit), ainsi que
des séances adaptées (Ciné Relax), on y prépare les
buffets (Festivités), on y met en place les deux festi-
vals « maison » Désir… Désirs (le plus ancien festival
LGBTQI+ de France) et le Festival International du
Cinéma Asiatique de Tours, qui fêtera ses 25 ans.
L’association du Cinéma National Populaire
organise les ciné-débats du jeudi soir en partena-
riat avec de nombreuses associations tourangelles,
débats qui interrogent – politiquement, sociale-
ment, culturellement – le monde dans lequel nous
vivons (lire p. 04). Associations que vous retrouvez
lors de la Nuit des Studio et qui vous proposent des
plaisirs gourmands jusqu’à l’aube…
Rien n’est éternel
Un peu partout en Europe on voit sans équivoque
que, pour ce qui est du 7e art, l’exception culturelle
française n’est pas un vain slogan un brin préten-
tieux : partout des salles fermées et, dans celles
qui accueillent encore du public, le déroulé impla-
cable des blockbusters que l’on pourrait comparer
(si l’on n’avait pas peur d’être taxé d’antiamérica-
nisme primaire) à une véritable armée d’occupation
(des cerveaux). Mais cette exception est fragile : les
mécanismes de redistribution mis en place grâce au
CNC ne seront pas nécessairement éternels, le sta-
tut d’intermittents du spectacle que le monde nous
envie est régulièrement remis en cause, fragilisé…
Et des formes emblématiques peuvent disparaître
du jour au lendemain¹…
Un partage magnifique
Depuis 60 ans les Studio ont essayé d’être le plus
indépendants possible (des pouvoirs économiques
ou politiques), soutenus néanmoins par les collec-
tivités locales et nationales pour les festivals, les
anniversaires, les projets immobiliers, les disposi-
tifs scolaires et par les aides spécifiques au cinéma.
Mais sa plus grande force, ce sont ses spectateurs.
Ce sont eux qui permettent à la structure de vivre.
Pendant le confinement, nous avons reçu de nom-
breux messages nous demandant comment nous
aider ; une fois les salles rouvertes, la réponse est
simple : en venant voir des films ! La culture n’est
vivante que parce qu’on la fait vivre… Après la
Palme d’or reçue à Cannes pour Anatomie d’une
chute, J. Triet déclarait : « Le noir de la salle nous
plonge dans un instant déconnecté du monde. Et
il y a l’idée du partage qui est magnifique. Partager
la peur, le suspense, les pleurs, l’émotion des per-
sonnages avec de parfaits inconnus, il n’y a rien
de plus beau au monde ». Aux Studio, salariés
comme bénévoles, nous continuons à croire à
cette magie de la projection sur grand écran. À ce
partage anonyme au cœur de la salle obscure. Au
questionnement, par les films, documentaires
ou fictions, du monde et des fausses évidences
qu’on nous serine à longueur de petits écrans ou
de colonnes. — DP
1
Je pense au formidable Europa jazz festival qui a eu lieu au Mans
pendant 43 ans, au mondialement connu Festival de courts métrages
de Clermont Ferrand, mis en danger par des baisses de subventions…

02 Les Carnets du Studio N°430 — décembre 2023 03

 SOIRÉ ES- D É BATS D U CNP ÉVÉNEMENTS

UNE DÉMARCHE D’ÉDUCATION

Partenariat que Mario rencontre Milena. Le film le plus connu
POPULAIRE, UN PARTENARIAT Cinémathèque et Studio de Lizzani, l’un des plus réussis sur cette époque
ASSOCIATIF LOCAL troublée…
DES DOCUMENTAIRES ENGAGÉS, Peu connu, même des cinéphiles les plus poin-
DES DÉBATS CITOYENS tus, Carlo Lizzani est né à Rome en 1922 et mort Mardi 5 décembre • 19h30
en 2013 en se défenestrant. Il est l’auteur d’une San Babila, un crime inutile
cinquantaine de films, courts et longs, fictions ou Italie – 1976 – 1h45 avec D. Asti…
documentaires. En 1975, lors des années de plomb, un groupe de
néo-fascistes règne sur une place milanaise. Pour
Lundi 4 décembre • 19h30 faire ses preuves, Franco doit attaquer un commu-
Jeudi 21 décembre - 19h45 La Chronique des pauvres amants
© MOGNISS ABDALLAH / SAMIR ABDALLAH / AGENCE IM'MÉDIA

niste choisi au hasard. Une nuit, il voit un couple

Jeudi 7 décembre • 19h45
DE LA MARCHE AUX
ÉMEUTES, COMMENT
EN EST-ON ARRIVÉ LÀ ?
Le CNP, le Centre Pluriel, Peuples soli-
daires, RESF et la Table de Jeanne-Marie
présentent :
Quarante ans séparent la Marche pour l’égalité
et contre le racisme de 1983, qui avait suscité un
grand élan populaire d’espoir, et les violences
urbaines de fin juin à début juillet 2023 mêlant
rage, haine et colère. Des violences policières et
des crimes racistes des années 80 au meurtre
de Nahel, tué par un policier à Nanterre cet été,
comment analyser ces
phénomènes à qua-
FEMMES MIGRANTES, PARCOURS Italie - 1954 - 1h47, avec A.M. Ferrero… habillé en rouge et les poignarde… «Un témoignage
DE COMBATTANTES En 1925, à Florence, Mario prend pension chez cinématographique d’une grande acuité pour
Dans le cadre de la journée international Maciste, un forgeron communiste, antifasciste mieux comprendre le phénomène néo fasciste. »
des Migrants, le CNP, Chrétiens Migrants, convaincu alors que les chemises noires sèment Les deux soirées seront en présence de
Cimade 37, Coll SPDC, Coll. travail social la terreur dans la ville. C’est dans ce contexte violent Charles Tesson critique et historien de Cinéma.
en lutte 37, Darah, Emmaüs 100 pour 1,
France Kurdistan, LDH, Mvt Utopia 37, Naya,
RESF, TJM, Utopia 56 présentent : Dimanche 3 décembre à 10h30
Chassées par la guerre, les violences, la misère
comme les hommes, mais avec en plus des causes Séance Henri Langlois
qui leur sont spécifiques – le mariage forcé, l’ex- Les Trois mousquetaires
cision, la prostitution… – les femmes affrontent États-Unis/Royaume Uni - 1973 - 1h45 - de R. Lester, avec O. Reed, R. Welch, M. York…
durant leur parcours qu’elles qualifient d’enfer Arrivant de sa Gascogne natale, d’Artagnan vient à Paris pour entrer dans l’il-
les dangers les plus terribles, aggravés par leur lustre régiment des mousquetaires du roi. Il y rencontre Athos, Portos et Aramis,
identité de femmes. Puis confrontées aux diffi- et tous les quatre vont vivre de fabuleuses aventures…
cultés de l’accueil et de l’intégration, pour celles Une adaptation fidèle du célébrissime roman d’Alexandre Dumas père. Un
qui réussissent à atteindre l’Europe, le bonheur casting éblouissant pour un film d’aventures, de cape et d’épée.
est-il encore possible ? Peuvent-elles retrouver une
confiance dans les hommes après les épreuves
qu’elles ont subies et se reconstruire ? Comment thématiques : usage des antirétroviraux en pré-
peuvent-elles assurer leur subsistance, (re)vivre ?
Mercredi 6 décembre à 21h15 vention (PrEP), prise de drogues au moment des
— FILM : Juste Charity, de Floriane Devigne
(France - 2022 - 1h18).
Soirée CHRU rapports sexuels, questions liées au genre et à
l’orientation sexuelle, santé mentale, etc.
Débat exceptionnel qui permet aux Cette diffusion est organisée par la SFLS (Société Au travers de quatre portraits croisés, ce documen-
associations du réseau de solidarité Migrants Française de Lutte contre le Sida) en marge de son taire aborde les différentes questions qui entourent
et aux associations féministes de croiser leurs Congrès national qui aura lieu à Tours les 6, 7 et la sexualité gay actuelle. Les nouvelles stratégies de
regards, leurs points de vue et leurs combats. 8 décembre 2023 et par le COREVIH Centre-Val de prévention du VIH, incluant la PrEP, font s’éloigner
Témoignages de femmes de l’association Naya. Loire (Comité de Coordination Régionale de lutte la menace du sida. Les applications de rencontre
contre le VIH) à l’occasion de la mobilisation de ses géolocalisées font repenser complètement les modes
acteurs autour du 1er décembre, journée mondiale de sociabilité gay. La consommation de drogues pen-
© POINT DU JOUR - LES FILMS DU BALIBARI

rante ans de distance ? de lutte contre le SIDA. dant le sexe est une expérience qui se banalise. Kaj,
— FILM : Une mémoire Stephan, Cristian et Thierry racontent leur parcours
vivante : Un patrimoine D’un Désir l’autre de vie et leur sexualité. Malgré les différences d’âge,
commun 1973- France - 2021 - 54 min, Kendrys Legenty et Romain Palich d’origine et d’histoire, de nombreuses similitudes se
2023, de Mogniss La santé sexuelle est devenue un champ de la méde- dessinent. En dépit de l’hyper consommation d’une
et Samir Abdallah cine à part entière. Autrefois limitée au diagnostic sexualité qu’on imagine facile, le désir, l’amour, les
(France - 2023 - 1h36). et au traitement des infections sexuellement trans- fantasmes et les doutes persistent.
Débat avec Mustapha missibles, puis à la prise en charge de l’infection à Séance suivie d’un débat en présence
et Driss, marcheurs. VIH, elle couvre désormais de nombreuses autres du co-réalisateur Kendrys Legenty.
04 Les Carnets du Studio N°430 — décembre 2023 05
 LES FILMS
Séances
jeunes
Tous les samedis en fin d’après-midi
Samedi 2 décembre • 17h00
Les Combattants
France - 2014 - 1h38, de Thomas Cailley,
avec Adèle Haenel, Kévin Azaïs
Entre ses potes et l’entreprise familiale, l’été d'Ar-
naud s’annonce tranquille… jusqu'à sa rencontre
avec Madeleine, obsédée par la fin du monde. Il ne
s’attend à rien ; elle se prépare au pire.
Samedi 9 décembre • 17h00
Tout en haut du monde
France - 2016 - 1h21, film d’animation de Rémi Chayé
1882, Saint-Pétersbourg. Sacha est une intrépide
aristocrate de 15 ans fascinée par les exploits de
son grand-père, disparu lors d’une expédition vers
le Grand Nord. En dépit de toutes les convenances,
elle se lance sur ses traces dans un périlleux voyage.
Samedi 9 décembre • 18h45
Edward aux mains d’argent CINÉ COCOONING
États-Unis - 1h45, de Tim Burton,
avec Johnny Depp, Winona Ryder, Vincent Price
Edward n'est pas un garçon ordinaire. Création
d'un inventeur, il a reçu un cœur pour aimer, un
cerveau pour comprendre, mais son concepteur
est mort avant d'avoir pu terminer son œuvre.
Un conte onirique profondément touchant, un
grand classique du cinéma fantastique !
© 20TH CENTURY FOX
Venez passer un moment chaleureux et
magique autour d’un goûter de Noël offert
après la séance : chocolat chaud, petits gâteaux
et confiseries… Venez (re)découvrir ce film en
apportant votre plaid en salle !
06 Les Carnets du Studio
Décembre 2023
Rétrospective Ozu
© SHELLAC
Commencée le mois dernier avec deux films, la redécouverte du grand cinéaste japonais Yasujiro Ozu continue
ce mois-ci avec 4 films : Femmes et voyou (voir page 09) • Il était un père (voir page 09) • Récit d’un propriétaire (voir page 13) •
Samedi 16 décembre • 17h00 Dernier caprice (voir page 08)
Takara, la nuit où j’ai nagé
SÉANCE DU CINÉ CLUB 14-17 ANS
Japon/France - 2018 - 1h18, de Damien Manivel et Kohei Igarashi La trilogie d’Apu de Satyajit Ray
Comme chaque nuit, un poissonnier part au travail. Le célèbre cinéaste indien (1921-1972) a réalisé 28 longs-métrages où il a célébré l’histoire et la culture du Bengale :
Takara, son fils de 6 ans, dessine un poisson sur La Complainte du sentier, 1952 (voir page 08) • L’Invaincu, 1956 (voir page 10) • Le Monde d’Apu, 1959 (voir page 11)
une feuille qu'il glisse dans son cartable. Le matin,
il s'écarte du chemin de l'école et traverse seul des
paysages enneigés pour retrouver son père.
Le Ciné club vous propose un Top des films
réalisés en duo juste avant la séance. N’hésitez Avant les films du mois de décembre :
pas à venir avec votre plaid, pour profiter de Through and through de Babu Rose
ce film très doux et plein de neige, puis du
chocolat chaud offert après la séance !
dans toutes les salles.
Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.
Samedi 16 décembre • 19h00
Les films de A à Z
Les Aventures de Jack Burton
dans les griffes du mandarin
États-Unis - 1h41, de John Carpenter
Jack Burton accompagne son ami Wang Chi à l'aé- Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.
roport de San Francisco afin d'accueillir Miao Yin,
la fiancée de ce dernier. Mais lorsqu’un puissant
sorcier se met en tête de l’épouser pour récupérer L’Abbé Pierre - Une vie de combats Bâ timent 5
son enveloppe charnelle, Jack se voit transporté au France - 2023 - 2h18, de Frédéric Tellier, France - 2023 - 1h40, de Ladj Ly,
cœur des luttes mystiques de Chinatown. avec B. Lavernhe, E. Bercot, M. Vuillermoz… avec H. Diaw, A. Manenti, S. Tientcheu, J. Balibar…
Ciné apéro P’tite Maiz’ : viens échanger sur Issu d’une famille aisée, Henri Grouès, à la fois Le décès inattendu du maire de Montvilliers ouvre
le film après la séance autour d’une dégustation résistant, député, prêtre et révolutionnaire, a eu un boulevard à son propre fils, que rien ne semblait
gratuite de bières ! mille vies et a mené autant de combats. Des bancs destiner à une carrière politique. Dans ce contexte
de l’Assemblée nationale aux bidonvilles de la ban- de flottement on découvre que le plan de réhabili-
Samedi 23 décembre • 16h45 lieue parisienne, son engagement auprès des plus tation d'un quartier a profondément changé sans
Hugo Cabret faibles lui a valu une renommée internationale. que les habitants en soient avertis. Haby, une très
États-Unis - 2011 - 2h08, de Martin Scorsese La création d’Emmaüs et son appel de l’hiver 54 tonique jeune militante locale, ne peut pas accep-
Paris, années 30. Un orphelin qui vit dans une ont fait de lui une icône. Pourtant ses interroga- ter les expulsions qui vont forcément en découler.
gare doit résoudre le mystère d’un étrange auto- tions et ses souffrances sont restées inconnues Après le succès de ses Misérables, Ladj Ly revient
mate que son père lui a légué. Son amie Isabelle du grand public. sur ce qui fait et défait la cohésion sociale d'une
semble détenir la clé pour le faire fonctionner, F. Tellier retrace le parcours d’exception de l’abbé ville de banlieue avec encore un net sens visuel
mais le danger rôde. Pierre, homme iconoclaste révolté par la misère de l'action.
et les injustices.
Samedi 30 décembre • 17h00 Cesária Évora, la Diva aux pieds nus
Le Château ambulant
© JÉRÔME PRÉBOIS
Portugal - 2023 - 1h34, film documentaire d'Ana Sofia Fonseca
Japon - 2005 - 1h59, film d’animation de Hayao Miyazaki Portrait passionnant de la légendaire chanteuse
Sophie, 18 ans, travaille sans relâche dans la bou- Cesária Évora, une femme née sous le Cap-Vert
tique de chapelier que tenait son père avant de colonial, ayant atteint les sommets de l’industrie
mourir. Lors de l'une de ses rares sorties en ville, musicale mais qui a toujours, plus que tout, sou-
elle fait la connaissance de Hauru le Magicien. haité conserver sa liberté. Au-delà du travail de
N°430 — décembre 2023 07
LES FILMS
recherche minutieux d’archives, la réalisatrice por-
tugaise Ana Sofia Fonseca construit, au travers de
multiples entretiens, des relations avec les amis et
la famille de Cesária Évora. Le film montre aussi
des images du Cap-Vert d’aujourd’hui, capturant
la poésie de la mer, de la terre et de l’air qui ont
façonné la femme et l’artiste.
La Chimère
Italie - 2023 - 2h10, d’Alice Rohrwacher,
avec J. O’Connor, I. Rosselini…
Jeune archéologue britannique, Arthur retrouve
© UFO DISTRIBUTION
en Toscane sa bande de Tombaroli, des pilleurs
de tombes étrusques. Arthur a un don qu’il met
au service de ses amis brigands : il ressent le vide
de la terre dans laquelle se trouvent les vestiges
d’un monde passé. Le même vide qu’a laissé en
lui le souvenir de son amour perdu…
Prix des cinémas Art et Essai 2023, la Chimère
achève la trilogie formée par Les Merveilles (2014)
et Heureux comme Lazzaro (2018). Un film sans
frontière où les registres (conte, comédie, amer-
tume) cohabitent en un ton unique : une invitation
au voyage intérieur.
Les Colons
France - 2023 - 1h37, de Felipe Gálvez Haberle,
avec S. Spruell, A. Castro, M. Llinas
Nous sommes au Chili en 1901. Un riche pro-
priétaire terrien, José Menendez, embauche trois
cavaliers – un Anglais, un Américain et un métis –
pour vider ses terres des populations autochtones
et ouvrir la route à ses moutons vers l’Atlantique.
Le métis, Segundo, voit son peuple disparaître de
la surface de la Terre au nom de la civilisation.
Le réalisateur porte un regard froid, acéré, sur
cette période sombre du pays. Les coupables ? Il
les désigne sans trembler. Pour son premier long
métrage, le jeune cinéaste signe un thriller histo-
rique engagé et sans concession.
La Complainte du sentier
LA TRILOGIE D’APU DE SATYAJIT RAY
Inde - 1952 - 2h05, de Satyajit Ray
Dans une famille miséreuse du Bengale, en 1910,
Apu voit partir son père en quête d’un nouveau
travail pour subvenir aux besoins des siens… Le
jeune garçon découvre le monde, avec ses deuils
et ses fêtes, ses drames et ses joies…
08 Les Carnets du Studio
Conann INTERDIT -12 ANS AVEC AVERTISSEMENT
France - 2023 - 1h45, de Bertrand Mandico,
avec E. Löwensohn, Ch. Theret, J. Riedler…
Rainer, le chien des enfers, raconte les six vies
de Conann, inlassablement mise à mort par son
propre avenir, à travers les époques, les mythes et
les âges. De son enfance, esclave de Sanja et de sa
horde barbare, jusqu’à son accession aux sommets
de la cruauté aux portes de notre monde.
Mandico projette le Conan de Robert E. Howard
dans un corps féminin faisant d’elle une véritable
guerrière, féroce et sanguinaire, pour dépeindre
une nouvelle ère barbare. Après After Blue, le mage
noir du cinéma français livre une expérience fan-
tastique dans le non-lieu des Enfers.
Dernier caprice RÉTROSPECTIVE OZU
Japon - 1961 - 1h43, de Yosujiro Ozu
Kohayagawa est le patron d’une brasserie proche
de la faillite. Le vieil homme, dont la santé décline,
est entouré de ses trois filles : Akiko, veuve et mère
d’un petit garçon, qu’il souhaite remarier ; Fumiko,
dont l’époux se dévoue pour la survie de l’entre-
prise ; Noriko, qui refuse tous les prétendants
choisis par sa famille… Une des premières œuvres
d’Ozu à parvenir en Occident grâce à sa sélection
au Festival de Berlin en 1962. Commençant sur le
mode de la comédie, la fin a des accents de tragé-
die… Ozu disparaitra deux ans plus tard après avoir
tourné son dernier chef d’œuvre, Le Goût du saké.
Et la fête continue !
France - 2023 - 1h46, de Robert Guédiguian,
avec A. Ascaride, J-P Darroussin, L.Naymark, G.Meylan
Après le remarquable Twist à Bamako, Guediguian
retrouve Marseille et sa troupe d’acteurs fétiches.
Rosa partage son énergie entre sa grande famille,
son travail d’infirmière et son engagement
politique. À la veille d’une échéance électorale
décisive, elle semble être la seule qui pourrait scel-
ler l’union de la gauche. Mais entre les pressions
et son envie de lâcher prise, le dilemme est lourd à
porter… Le réalisateur confie avoir été inspiré par
Michèle Rubirola, l’éphémère maire de Marseille
qui, en 2020, avait abandonné son poste au bout
de quelques mois… Le titre est porteur d’une bonne
nouvelle : « Peut-être ai-je été gagné par ce qui me
domine aujourd’hui, une certaine mélancolie, mais
c’est une mélancolie joyeuse. »
Femmes et voyous
RÉTROSPECTIVE OZU
Japon - 1933 - 1h43, de Yasujiro Ozu, avec K. Tanaka, J. Oka…
Dactylographe le jour, la moderne Tokiko traîne
avec une bande de gangsters le soir. Le chef des
malfrats aime se montrer dans les night-clubs où
l’on joue du jazz. Un jour, il se fait aborder par
le novice Hiroshi, qui aimerait rejoindre le clan.
Affaire conclue. Ce n’est pas du goût de Kazuko,
la sœur de l’étudiant, qui convoque le redoutable
yakuza pour le sermonner mais il tombe amoureux
d’elle… Ozu le cinéphile s’inspire des meilleurs
films de gangsters hollywoodiens, mais le milieu
de la pègre est surtout le théâtre de tourments
amoureux plutôt que de règlements de compte.
La Fille de son père
Film du mois, voir au dos du carnet.
Mercredi 13 décembre, Avant-Première
et rencontre avec Erwan Le Duc le réalisateur
après la projection de 19h45.
Fremont
États-Unis - 2023 - 1h31, de Babak Jalali,
avec A.Wali Zada, J. Allen White…
Donya, jeune réfugiée afghane, ancienne traduc-
trice pour l'armée américaine, a fui les talibans.
Elle travaille dans une usine de « Fortune Cookies »
en Californie. Promue comme rédactrice des mes-
sages de prédiction des petits gâteaux, elle y glisse
des messages personnels. À la fin, une lueur d’es-
poir se profile à l'horizon…
Le film nous berce par sa mise en scène lente, fixe,
planante, et avec son noir et blanc très élégant. On
ressent bien le malaise, l'humour et la mélancolie
des situations. Fremont donne un visage aux réfu-
giés du monde entier.
Prix du Jury au festival de Deauville 2023
Décembre 2023
Le Garçon et le héron VU PAR LA RÉDACTION
Japon - 2023 - 2h05, film d’animation de Hayao Miyazaki
Après la disparition de sa mère dans un incendie,
Mahito, 11 ans, part s’installer avec son père dans
© WILD BUNCH DISTRIBUTION
un vieux manoir où il rencontre un héron cendré
qui devient son guide et l’aide à comprendre le
monde. Pour son 12e long-métrage, Miyazaki a
adapté un célèbre roman japonais. Sept ans de
travail pour un grand récit fantastique plein de
symboles et de secrets, le dernier chef d’œuvre
d’un grand maitre pour lequel plus de cinq millions
de Japonais se sont déplacés. Conseil : laissez-vous
envoûter par sa magie et sa beauté sans forcément
chercher à tout comprendre. — SB
How to Have Sex
Royaume-Uni/Grèce - 2023 - 1h28, de Molly Manning Walker,
avec M. McKenna-Bruce, S.Bottomley, L. Peake
Afin de célébrer la fin du lycée, trois copines à
l’amitié soi-disant indestructible partent en Crète
pour les vacances. Le trio compte bien enchaîner
les fêtes, cuites et nuits blanches jusqu'au vertige.
Mais quand Tara vit sa première fois de manière
traumatisante, le film bascule… La réalisatrice
réussit un portrait sans fard d'une jeunesse désen-
chantée pour qui la fête est finie dans une œuvre
toute en nuances, qui se concentre sur les émo-
tions et les sentiments. Véritable claque du dernier
festival de Cannes, How to Have Sex a remporté le
prestigieux prix Un certain regard.
Il était un père RÉTROSPECTIVE OZU
Japon - 1942 - 1h32, de Yasujiro Ozu, avec S. Sano, S. Saburi…
En province, un enseignant veuf mène une vie
modeste avec son fils unique. Lors d’un voyage
scolaire un élève se noie. Le père prend la responsa-
bilité de l’accident et décide de retrouver sa région
N°430 — décembre 2023 09
LES FILMS
natale. Au cours du voyage, père et fils discutent
de la vie et du temps futur… Tourné pendant la
Seconde Guerre mondiale, Il était un père reste
l’un des films préférés d’Ozu. Autour des relations
père-fils, le cinéaste propose une réflexion univer-
selle sur le legs des valeurs familiales et culturelles.
Une œuvre sincère et bouleversante.
L'Innocence VU PAR LA RÉDACTION
Japon - 2023 - 2h06, de Hirokazu Kore-eda,
avec S. Andô, E. Nagayama…
Minato, un jeune adolescent, vit seul avec sa mère
depuis la mort de son père. Son comportement
devenant préoccupant à l'école, sa mère demande
une réunion avec l'équipe éducative car tout
semble désigner l'un des professeurs de Minato
comme responsable de ses problèmes. Mais au
fur et à mesure, la vérité se révèle bien plus com-
pliquée que prévu…
© LE PACTE
Composé en trois parties revisitant chacune ce
que l'on croit être des faits identiques, L'Innocence
révèle peu à peu son brio et sa complexité jamais
obscure. Le film rejoint les grandes réussites de
Hirokazu Kore-eda, telles que Une affaire de
famille, Nobody Knows ou Tel père, tel fils, entre
autres. — JF
L’Invaincu LA TRILOGIE D’APU DE SATYAJIT RAY
Inde - 1956 - 1h50, de Satyajit Ray
1920, à Bénarès. Apu grandit entre désirs per-
sonnels et devoir familial, entre modernité et
tradition… Un récit émouvant servi par une splen-
dide photographie, récompensé par un Lion d’or
à Venise.
10 Les Carnets du Studio
Levante VU PAR LA RÉDACTION
Brésil - 2023 - 1h32, de Lillah Halla, avec A. Domenica, L. Bardot…
Sofia a 17 ans et joue au volleyball dans une équipe
féminine inclusive. Joueuse prometteuse, elle est
sur le point d'être recrutée par un club quand elle
apprend qu'elle est enceinte. Ne voulant pas de
cette grossesse, elle cherche à se faire avorter, mais
au Brésil l'avortement est interdit et puni d'empri-
sonnement. Croyant trouver de l'aide, elle tombe
sur un groupe fondamentaliste…
Sur cette trame dramatique et sans nier les diffi-
cultés de son héroïne, Lillah Halla réussit le tour de
force de ne pas nous assommer. Bien au contraire,
Levante est coloré, tonique, instructif et toujours
mû d'une énergie particulièrement combative qui
fait beaucoup de bien. — JF
Little Girl Blue
France/Belgique - 2023 - 1h35, de Mona Achache,
avec M. Cotillard, M. Bunel, M.-Ch. Adam, P. Aussedat…
Une montagne de documents – monceaux de
lettres et d’enregistrements, carnets, photos et
témoignages par milliers – voilà ce que découvre
Mona Achache à la mort de sa mère, Carole, roman-
cière et photographe de plateau pour Losey, Sautet,
Tavernier… Toutefois, les secrets enfouis résistent
à l’énigme de sa disparition. Alors naît un projet,
celui, par la puissance du cinéma et la grâce de l’in-
carnation, de ressusciter sa mère pour rejouer sa
vie et essayer de la comprendre.
Little Girl Blue, présenté au Festival de Cannes,
prend la forme d’un documentaire monté en fic-
tion par l’actrice et cinéaste M. Achache.
Marie-Line et son juge VU PAR LA RÉDACTION
France - 2023 - 1h43, de Jean-Pierre Améris,
avec L. Emera, M. Blanc, V. Belmondo
Marie-Line, 20 ans, cheveux roses, jupes ultra-
courtes et blousons scintillants, partage sa vie entre
boulots précaires et un père dépressif, handicapé et
agoraphobe. Pourtant elle est rayonnante. Sa ren-
contre avec un juge alcoolique, solitaire et bougon,
était peu probable et on pouvait craindre le pire
© ARP SÉLECTION
d’une énième confrontation au cinéma entre la
prolo sans culture et l’intello érudit et paumé. Mais
Jean-Pierre Améris (Profession du père, Les Folies
fermières, Les Émotifs anonymes) aime « les petites
gens » dont il se sent proche, et la suite n’est pas
aussi prévisible qu’on aurait pu le supposer… — SB
Vendredi 15 décembre, rencontre avec
Jean-Pierre Améris, le réalisateur après
la séance de 19h45.
Mars express
France - 2023 - 1h25, film d’animation de Jérémie Périn,
avec les voix de L. Drucker, M. Amalric, D. Njo Lobé
Mars en l’an 2200 : nous suivons les aventures
d’Aline Ruby, détective obstinée, et de Carlos Rivera,
réplique androïde de son partenaire décédé. Ils se
lancent dans une course-poursuite pour retrouver
June Chow, étudiante en fuite, menacée par des
assassins mercenaires. Au cours de leurs pérégrina-
tions ils seront amenés à découvrir les profondeurs
de Noctis, la capitale martienne qui renferme bien
des sombres secrets : corruption à tous les étages,
magouilles et trafics de toutes sortes, le progrès n’a
pas œuvré partout ! Et quel est donc le secret de
June, qui en fait la cible des tout-puissants ?
Menus-plaisirs VU PAR LA RÉDACTION
France - 2023 - 3h58, de Frederick Wiseman
Depuis plus de 90 ans, la maison Troisgros est une
institution prestigieuse. Enfants de la quatrième
génération, les deux fils et la fille de Michel et Marie-
Pierre poursuivent la voie de l'entreprise familiale.
Du potager au marché, des caves à l'élevage bovin
et surtout en cuisine, Menus-plaisirs s'immisce
dans ce monde où luxe, caméra et volupté font
très bon ménage…
La caméra du très grand Frederick Wiseman nous
emmène au cœur de ce lieu d'exception pour une
odyssée intime et transgénérationnelle, sans jamais
nous lâcher tout le long de ses presque quatre
heures. En ces temps d'agapes de fin d'année, le
film permet, de plus, de s'offrir un banquet raffiné
et parfaitement digeste pour le prix d'une place de
cinéma ! — JF
Mon ami Robot
Espagne/France - 2022 - 1h42, film d’animation de Pablo Berger
Dog, un chien new-yorkais, fabrique un robot pour
pallier à sa solitude. Il joue avec lui, se balade avec
Décembre 2023
lui. Les deux amis deviennent vite inséparables.
Par une nuit d’été, Dog laisse Robot rouillé et
immobilisé dans le sable. Les deux amis se retrou-
veront-ils un jour ?
Au croisement de Zootopie et du Géant de fer, avec
des références au Magicien d'Oz, le film parle de
l’importance de l’amitié et de sa fragilité. L’émotion
jaillit grâce au comportement « humain » et sincère
des deux protagonistes face à l’adversité.
Le Monde d’Apu LA TRILOGIE D’APU DE SATYAJIT RAY
Inde - 1959, de Satyajit Ray - 1h45
1930, à Calcutta. Diplômé au chômage, Apu tra-
vaille à un roman autobiographique. Sa vie va
basculer lorsqu’il est invité au mariage de sa
cousine… Une dernière touche d’une infinie déli-
catesse à cette fresque de la condition humaine.
Mystère à Venise
États-Unis/Royaume Uni - 2023 - 1h45, de Kenneth Branagh,
avec K. Branagh, M. Yeoh, J. Dorman, C. Cottin
Hercule Poirot a pris sa retraite et entend bien ne
plus se mêler d'enquêtes. Pas de chance, la séance
de spiritisme à laquelle il est invité par une amie
romancière voit l'un de ses participants assassi-
nés. Le palais où se tient la séance est censé être
hanté mais pour un rationaliste comme Poirot cela
n'explique rien bien sûr !
© 20TH CENTURY STUDIOS
Bonne nouvelle : si Poirot est de retour en grande
forme, il semble que ce soit aussi le cas de
K. Branagh.
Napoléon
États-Unis/Grande-Bretagne - 2023 - 2h38, de Ridley Scott,
avec J. Phoenix, V. Kirby, T. Rahim…
Napoléon ou de l’ascension du général Napoléon
Bonaparte à la chute de l’empereur qu’il devien-
dra par une conquête acharnée du pouvoir, ou de
N°430 — décembre 2023 11
 LES FILMS
l’homme à travers le prisme de ses rapports pas-
sionnels et tourmentés avec Joséphine, le grand
amour de sa vie.
Le prestigieux réalisateur d’épopées mémorables
telles que Gladiator (2000) et Blade Runner (1982)
nous propose une fresque spectaculaire avec un
Napoléon incarné par Joaquin Phoenix. R. Scott
retrace le génie militaire et politique de Napoléon,
tout en mettant en scène des séquences de bataille
sans doute parmi les plus impressionnantes jamais
filmées.
La Passion de Dodin Bouffant
France/Belgique - 2023 - 2h14, de Tran Anh Hung,
avec J. Binoche, B. Magimel, E. Salinger…
Eugénie, cuisinière hors pair, travaille depuis
une vingtaine d’années pour le célèbre gastro-
nome Dodin. Au fil du temps et de l’admiration
réciproque, un sentiment amoureux est né. Leur
complicité génère des plats aussi savoureux que
délicats, qui font l’émerveillement des grands de
ce monde. Eugénie, éprise de liberté, se refuse à
épouser Dodin. Celui-ci se décide alors à cuisiner
pour elle seule.
Le réalisateur des superbes À la verticale de l’été
(2000) et de L’Odeur de la papaye verte (1993) a
obtenu le Prix de la mise en scène au Festival de
Cannes pour ce 7e long-métrage. À savourer !
Past live - Nos vies d’avant VU PAR LA RÉDACTION
États-Unis - 2023 - 1h46, de Céline Song, avec G. Lee, Y. Teo…
« Qui sont-ils les uns pour les autres ? » : c’est la
question que se pose une voix off en observant
trois personnes accoudées à un bar new-yorkais.
Un couple ou des frère et sœur accompagnés d’un
ami ? Des touristes et leur guide ? À partir de cette
© ARP SÉLECTION
12 Les Carnets du Studio
scène, la réalisatrice d’origine coréenne remonte
dans le temps : à 12 ans Nora et Hae Sung sont
des amis d’enfance en Corée. Les circonstances
les séparent. À 20 ans le hasard les reconnecte.
À 30 ans ils se retrouvent, adultes, confrontés à
ce qu’ils auraient pu être, et à ce qu’ils pourraient
devenir… Le film traite avec beaucoup de délica-
tesse et de pudeur de la façon dont l’identité se
construit au fil du temps. — DP
Perfect Days VU PAR LA RÉDACTION
Japon - 2023 - 2h02, de Wim Wenders,
avec K. Yakusho, A. Nakano…
Hirayama travaille à l'entretien des toilettes
publiques de Tokyo. Sa vie est simple, structu-
rée entre rituels immuables et sa passion pour la
musique, les livres et les arbres qu'il photographie.
La fugue d'une jeune nièce va venir perturber ses
habitudes et faire resurgir tout un pan de son passé…
© HAUT ET COURT
Retour vers la fiction pour Wim Wenders avec ce
Perfect Days dépaysant, touchant et merveilleux
voyage vers le bonheur. Ce régal pour les yeux et
les oreilles est de plus porté par l'immense Koji
Yakusho au charisme lumineux et qui a remporté
le Prix, mille fois mérité, d'interprétation mascu-
© AD VITAM
line du dernier festival de Cannes. — JF
Ricardo et la peinture
Suisse - 2023 - 1h46, documentaire de Barbet Schroeder
Après Le Vénérable W. (2017), le cinéaste dresse
le portrait de son ami Ricardo Cavallo. Il nous
immerge dans l’univers de ce peintre d’origine
argentine, de Buenos Aires au Finistère, en pas-
sant par Paris et le Pérou. Outre une invitation à
plonger dans l’histoire de la peinture, c’est aller à
la découverte de la vie d’un homme exceptionnel
qui, avec humilité, s’est toujours engagé entière-
ment. Jusqu’à transmettre sa passion aux enfants
de son village breton, Saint-Jean-du-Doigt. « Les
enfants permettent de souligner une des caracté-
ristiques essentielles de la personnalité de Ricardo,
sa générosité folle, l’attention qu’il témoigne à
tous, son obsession de la transmission, sa pas-
sion du partage… ».
Récit d’un propriétaire RÉTROSPECTIVE OZU
Japon - 1947 - 1h12, de Yasujiro Ozu, avec C. Lida…
Un petit garçon erre dans les rues du Tokyo de
l’après-guerre, Dans ce quartier déshérité, per-
sonne ne souhaite s’occuper du jeune sans-logis.
Après tirage au sort, celui-ci est finalement
confié à une veuve acariâtre qui n’a jamais aimé
les enfants… Démarré en 1933, la série des “films
Kihachi”, mettant en scène des personnages de
condition modeste, simples et généreux, s’arrête
ici. Un nouveau chapitre commence pour Ozu au
service de films à la gloire des classes moyennes,
genre qu’il contribua à inventer.
Rien à perdre
VU PAR LA RÉDACTION
France - 2023 - 1h52, de Delphine Deloget,
avec V. Efira, F. Lefebvre, A. Worthalter…
Sylvie vit avec ses deux enfants à Brest. Une nuit
Sofiane, le plus jeune, est seul chez lui et se blesse.
Les services sociaux sont alertés et le placent en
foyer. Sylvie, persuadée d'être victime d'une erreur,
se lance dans un combat pour récupérer son fils…
Premier long métrage de fiction d'une docu-
mentariste, Delphine Deloget signe une œuvre
complexe qui ne tombe jamais dans la caricature.
Rien à perdre est le portrait très fort d'une femme
incontrôlable, imprévisible mais terriblement atta-
chante. Loin d'un discours bien-pensant, il est
Décembre 2023
porté par une distribution hors pair dans laquelle
autour d'une Virginie Efira impériale on trouve
Félix Lefebvre (La Passagère, Mon crime), Arieh
Worthalter (Le Procès Goldman, Serre moi fort)
ainsi que Mathieu Demy et India Hair. — JF
La Rivière
France - 2023 - 1h44, film documentaire de Dominique Marchais
Après « La Ligne de partage des eaux » en 2013,
« Nul homme n’est une île » en 2018, Dominique
Marchais reprend inlassablement son bâton de
documentariste pour nous parler du lien entre
l’eau et les hommes, et entre les hommes eux-
mêmes. Cette fois c’est du côté des gaves qu’il nous
emmène, ces puissants cours d’eau qui dévalent
des Pyrénées et courent vers l’Atlantique, malgré
les barrages qui empêchent les saumons de retour-
ner à leurs lieux de ponte, malgré les champs de
maïs si gourmands en arrosage, malgré tout ce
que l’homme a pu inventer pour porter atteinte à
la biodiversité. Un regard à hauteur d’indigène…
Rue des dames
France - 2023 - 1h37, de H. Bourokba et E. Labitey,
avec C. Marillier, B. Keita, S. Funtek
Après divers courts et le remarqué long métrage Les
Derniers Parisiens, le duo pilier du groupe de hip-
hop La Rumeur signe ici son troisième long. Mia et
Nabil n’ont pas la vie facile : elle vient de découvrir
qu’elle est enceinte, lui, en liberté conditionnelle,
parvient à peine à joindre les deux bouts. Portraits
sans concession de petites gens sans importance,
de mal aimés filmés au ras d’un quotidien mar-
qué par l’urgence, les coups tordus et l’illusion de
l’argent facile, dans un Paris qui ne veut plus d’eux.
Le Temps d’aimer
France - 2023 - 2h05, de Katell Quilleveré,
avec V. Lacoste, A. Demoustier…
En 1947, sur une plage bretonne, Madeleine, ser-
veuse dans un hôtel et mère d'un petit garçon, fait
la connaissance de François, un étudiant riche et
cultivé. Si l'on sait ce qu'elle veut laisser derrière
elle en le suivant, on découvre, avec le temps, ce
que François tente de fuir…
La réalisatrice de Suzanne (2013) et Réparer les
vivants (2015) signe un film d’époque résolument
moderne, un film d’amour touchant qui sonde sur
20 ans le couple et son mystère. Il a enthousiasmé
N°430 — décembre 2023 13
 LES FILMS
le Festival d’Angoulême (prix du meilleur film et
du meilleur acteur). « C’est un film romantique qui
commence là où les épreuves démarrent ! Quand
l'amour est mis à l'épreuve par le temps, la diffi-
culté, l'altérité… ».
Testament
Canada - 2023 - 1h55, de Denys Arcand, avec R. Girard, S. Lorain
Jean-Michel Bouchard, un célibataire de 70 ans
complètement dépassé par le monde d’au-
jourd’hui, vit dans une maison de retraite située
dans un édifice patrimonial. Sa vie est chamboulée
lorsque de jeunes militants viennent manifester
© ARP SÉLECTION
pour exiger la destruction d’une œuvre murale
jugée offensante envers les natifs-américains.
Le réalisateur du Déclin de l’empire américain et
des Invasions barbares continue de dénoncer les
aberrations contemporaines et la disparition pro-
gressive de la culture. Et il paraît qu’il n’a rien perdu
de son talent ni de sa sensibilité…
La Tresse
France/Italie/Canada/Belgique - 2023 - 2h00,
de Laetitia Colombani, avec K. Raver, F. Peluso, M. Maelzer…
Inde. Smita, de la caste des Intouchables, rêve
de voir sa fille échapper à sa condition misérable
et entrer à l'école. Italie. Giulia qui travaille dans
l'atelier de son père, découvre, alors qu'il est vic-
time d'un accident, que l’entreprise familiale est
ruinée. Canada. Sarah, avocate réputée, va être
14 Les Carnets du Studio
promue à son cabinet quand elle découvre sa mala-
die. Smita, Giulia et Sarah sont liées sans le savoir
par ce qu'elles ont de plus intime…
COUP DE
Adapté de son propre roman, La Tresse, au succès
international, la réalisatrice dresse le combat de Hommage à Carlo Lizzani PAR TENA RIAT
CINÉMAT HÈQUE/S TUDIO
trois femmes sur trois continents différents. Brise-glace : Lundi 4 décembre • 19h30
Le paysage blanc La Chronique des pauvres amants
Voyage au pôle sud de Pascal-Emmanuel Gallet (Cronache di poveri amanti)
France - 2023 - 1h22, documentaire de Luc Jacquet À emprunter à la bibliothèque Italie - 1954 - 1h47, avec Marcello Mastroianni
En 1991 Luc Jacquet partait pour sa première mis- Infos pratiques à retrouver page 39 Dans une rue de Florence, en 1925, la vie quoti-
sion en Antarctique. Trente ans plus tard il retourne dienne et les amours d’une communauté d’ouvriers
là où tout a commencé pour lui. Ce film se décline En lien avec l’actuelle période hivernale, et d’artisans se trouvent bouleversés par la montée
telle une invitation au voyage au cœur d’une nature nous vous proposons de découvrir de du fascisme…
sauvage et grandiose qui n’a jamais cessé de fasciner beaux paysages des régions polaires, plus
Mardi 5 décembre • 19h30
les hommes et d’attirer les plus grands explorateurs. précisément ceux du Golfe de Botnie, entre
Écologue de formation et passionné par l’An- la Suède et la Finlande. Vous retrouverez San Babila : un crime inutile
tarctique, Luc Jacquet a réalisé de nombreux également des extraits de quelques écrivains (San Babila, ore 20 : un delitto inutile) Italie - 1976 - 1h41
documentaires dont La Marche de l’empereur (2005), comme Edgar Allan Poe ou encore Jules Verne. À Milan, la place San Babila est devenue le territoire
récompensé par l’Oscar du meilleur film documen- Ce livre reprend l’un des courts-métrages de de jeunes néofascistes qui trompent leur ennui et
taire en 2006. Avec Voyage au pôle sud le cinéaste Raoul Ruiz réalisé en 1987. leur dégoût de la société en se livrant à de nombreux
partage sa réflexion sur l’étrange magnétisme de ce méfaits… Un témoignage poignant sur la montée du
continent en voie de disparition. néofascisme durant les années de plomb.
Ces deux soirées seront présentées par
Winter Break
États-Unis - 2023 - 2h13, d'Alexander Payne, PROCHAINEMENT… Charles Tesson, critique et historien du cinéma.
avec P. Giamatti, D. Sessa, D J. Randolph Lundi 11 décembre • 19h30
Nous sommes en1970, dans un pensionnat chic de la
Nouvelle Angleterre. Lors de vacances d’hiver un pro-
Daniel États-Unis - 1983 - 2h10, de Sidney Lumet
Devenus majeurs, Daniel et sa sœur tentent de vivre leur
fesseur austère et tyrannique, un élève brillant mais vie alors que leurs parents (les Rosenberg) ont été accu-
rebelle et turbulent, et la cuisinière afro-américaine sés d’espionnage et exécutés en plein maccarthysme…
dont le fils a récemment disparu au Vietnam, sont
contraints de passer les fêtes ensemble dans l’éta-
blissement vide. Ces trois exclus vont apprendre à se
Lundi 18 décembre • 19h30
détester avant de mieux se connaître. Parviendront- Le Faux Coupable États-Unis - 1956 - 1h45, d’Alfred Hitchcock
ils à former un semblant de famille, si improbable Contrebassiste dans un club, Manny ressemble
soit-elle ? L’association des contraires est un ressort Pauvres créatures Iris et les hommes étrangement à un gangster recherché pour de
de comédie classique, genre dans lequel Alexander de Yorgos Lanthimos de Caroline Vignal nombreux hold-up. Sur un des thèmes favoris
Payne (Sideways, Nebraska…) excelle. d’Hitchcock, Le Faux Coupable captive du début à
la fin. Soirée présentée par les élèves de la section
cinéma du lycée Balzac.  
© UNIVERSAL PICTURES INTERNATIONAL
Lundi 1er janvier • 19h30
Rio Bravo États-Unis - 1959 - 2h21, de Howard Hawks,
avec John Wayne, Dean Martin
Le shérif John Chance arrête le frère de l'homme le
plus puissant de la région, ce qui lui vaut d’avoir une
armée de tueurs contre lui. L’affrontement promet
Rosalie La Ferme d’être difficile. Un des plus grands films de Hawks et
de Stéphanie Di Giust des Bertrand un film culte. Soirée présentée par Guy Schwitthal.
de Gilles Peret N°430 — décembre 2023 15
A RRÊT SUR IMAGE
Délicatesse trash
N’attendez pas trop de la fin du monde \ un film de Radu Jude
Drôle de film qui semble avancer cahin-caha,
ballotté dans une structure narrative complexe
qui fait de constants allers-retours entre 1981, avec
d’authentiques extraits d’un film de Lucian Bratu,
Angela poursuit sa route, et aujourd’hui avec une
autre Angela, elle aussi toujours au volant, sans
compter le monde virtuel où celle-ci se dédouble
avec une appli de son smartphone en Bobita, un
avatar masculin provocateur à la vulgarité outran-
cière. On sourit à peine avec la première Angela,
davantage avec le langage fleuri d’Angela 2, ses
échanges d’insultes et de doigts d’honneur avec
d’autres conducteurs, ses réparties, son éternel
chewing-gum qui claque, et encore plus peut-être
avec les débordements orduriers de Bobita, son
double décomplexé au ridicule assumé. Angela,
avec les paillettes de sa robe rutilante, aimante
le regard, son énergie et sa vitalité dynamisent le
16 Les Carnets du Studio
N’attendez pas trop de la fin du monde
© DIAPHANA DISTRIBUTION
spectacle. On s’attache vraiment à elle, jusqu’à res-
sentir une vraie forme de suspense : elle roule… elle
roule… mais pendant combien de temps encore
avant l’accident ?
Une longue succession de plans fixes de tombes
disséminées au long d’une route – près de 600 sur
un tronçon de 250 kilomètres ! – tranche brutale-
ment la narration, avec d’autant plus de force qu’ils
défilent dans un silence absolu. Mais de quoi au
juste nous sommes-nous donc divertis jusqu’ici ?
Il faudra attendre 2h40 et le générique de fin
pour le savoir vraiment, improbable bricolage de
cartons plus ou moins bien calligraphiés, raturés
parfois, et surtout truffés de six haïkus tout à fait
exotiques ici pour ne pas dire incongrus, signés
des plus grands noms japonais du genre : Buson,
Bashô et Issa. Que viennent donc faire dans cette
farce abrupte et souvent triviale ces petits bijoux
de délicatesse ? L’un d’entre eux surtout, signé Issa,
interpelle :
En ce monde nous marchons
Sur le toit de l’enfer et regardons
Les fleurs
Tout est dit. On a ri certes, mais on a ri jaune :
la société roumaine n’était franchement pas foli-
chonne, elle l’est même de moins en moins, comme
le montre le passage des couleurs vintage de 1981
à un noir et blanc agressif et crapoteux. Violente,
corrompue, vulgaire, elle exploite et gruge sans
vergogne les faibles. Le très long plan-séquence qui
clôt le film – où on retrouve l’actrice qui incarnait
Angela 1 – en est à cet égard une subtile et cruelle
illustration. Faut-il voir dans la discrétion du haïku
© MÉTÉORE FILMS
d’Issa, furtif mais essentiel, la paradoxale élégance
de laisser au spectateur pressé de quitter la salle la
liberté de ne voir dans le film qu’une farce grossière
et tapageuse ? — AW
AUTOU R DES FI LMS — À PROPOS
Le vide au cœur
Le Ravissement \ un film d’Iris Kaltenbäck
Il est des gens, nous en avons tous connu, qui
vivent avec un grand vide intérieur. Comment le
combler ? C’est l’affaire de leur vie, et quelquefois
de leur mort. L’alcool, la drogue, le sexe sont des
palliatifs faciles mais forcément momentanés. Reste
l’amour et le travail… L’amour ? Généralement ces
personnes le rejettent car elles savent trop bien qu’il
sera dévoré par ce vide, dissous, évaporé, pffuit !
Alors c’est dans le travail que Lydia s’oublie, que
Lydia se donne l’illusion d’exister et d’être utile.
D’autant que sage-femme, ce n’est pas rien : don-
ner la vie, la faire advenir envers et contre tout, quel
beau métier ! Mais quelle ambigüité aussi, car en
même temps qu’elle délivre ces femmes, ne leur
ravit-elle pas ce qu’elles ont de plus précieux ? Et
c’est le cas, en particulier, de Salomé, son unique
amie. La scène où Lydia accouche Salomé semble
d’une violence inouïe, le bébé ne veut pas sortir,
son cœur commence à faiblir et Lydia insiste, se bat
et refuse l’aide d’un médecin malgré la souffrance
et l’épuisement de Salomé. Veut-elle la faire souf-
frir ? La punir d’avoir ce qu’elle n’a pas ? En tout cas,
juste après, Salomé subit la dépression post-na-
tale. Et quand Salomé ne va pas bien, c’est Lydia
Le Ravissement
qui en profite, selon le principe des vases com-
municants. C’est elle qui trouve le nom du bébé :
Esmée, celle qui est aimée. C’est elle qui promène
le bébé à l’extérieur et quand Milos la surprend
dans l’ascenseur avec Esmée dans les bras c’est le
début de l’engrenage du mensonge : Lydia affirme
qu’Esmée est « sa » fille mais aussi celle de Milos !
Cela peut tenir un moment, d’autant que Milos ne
semble pas pressé d’endosser la paternité, mais
pas indéfiniment, Lydia n’est pas idiote, Lydia le
sait bien. Et le piège se referme peu à peu sur elle :
Salomé, et Esmée donc, doit partir à Bruxelles pour
suivre son mari ; Milos l’invite enfin dans sa famille
pour y présenter « sa » fille. Elle arrive à gagner un
peu de temps en s’enfuyant avec Milos et Esmée
en Normandie et l’on craint le pire, un geste fou
pour mettre fin à cette folie. Mais non, Lydia rend
le bébé à Salomé et c’est comme un soulagement,
pour le spectateur en tout cas ! Une histoire bien
tortueuse dans laquelle Hafsia Herzi campe une
Lydia bien énigmatique, et un film qui nous laisse
avec beaucoup de questions sans réponses, tout
au plus des pistes que nous aurions bien du mal à
confirmer. — J-LD
N°430 — décembre 2023 17
A U T OU R D ES F ILMS — À P ROP OS Lost Country Décembre 2023

29 novembre  >  5 décembre
Entre faucille Cinémathèque
LA CHRONIQUE DES PAUVRES AMANTS DE CARLO LIZZANI / 1H47' PARTEHOMM
SAN BABILA : UN CRIME INUTILE DE CARLO LIZZANI / 1H41'
NARIAT CINÉM ATHÈQUE/ST UDIO
AGE À CARLO LIZZANI
lun. 19h30
mar. 19h30

et marteau
CAPELITO FAIT SON CINÉMA DE RODOLFO PASTOR / 37'
À PARTIR DE 3 ANS / SANS PAROLES mer. sam. dim. 15h45
L’INCROYABLE NOËL DE SHAUN LE MOUTON ET DE TIMMY
DE DIVERS RÉALISATEURS / 52' / TOUT PUBLIC À PARTIR DE 4 ANS / SANS PAROLES mer. sam. dim. 15h45
Jeune Public
PORCO ROSSO TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS / RÉTROSPECTIVE MIYAZAKI
DE HAYAO MIYAZAKI / 1H29'
VF mer. sam. dim. 13h45
Lost Country \ un film de Vladimir Perišić PRINCESSE MONONOKÉ TOUT PUBLIC À PARTIR DE 10 ANS / RÉTROSPECTIVE MIYAZAKI VF mer. dim. 16h45
DE HAYAO MIYAZAKI / 2H15'

Séance Jeunes LES COMBATTANTS DE THOMAS CAILLEY / 1H38' sam. 17h00

Pas facile de trouver sa place quand on est,
comme Stefan, lycéen à Belgrade en 1996, année
où des élections ont failli renverser le régime de
Milošević, et que votre maman est porte-parole
du Parti !
La guerre de Bosnie-Herzégovine, l’une
des plus meurtrières que l’Europe ait connues
Séance
Henri Langlois LES TROIS MOUSQUETAIRES DE RICHARD LESTER / 1H45' dim. 10h30
s’enfuit, avec sa mère dont il surprend un coup
de téléphone révélateur et qu’il finit par ranger CESÁRIA ÉVORA, LA DIVA AUX PIEDS NUS D'ANA SOFIA FONSECA / 1H34' 19h15
parmi les assassins, avec ses amis du lycée aux-
quels il demande pardon mais qui se détournent en CONANN DE BERTRAND MANDICO / 1H45' 21h15 + lun. mar. 21h30
le traitant de fasciste… La rencontre avec Hanna, ET LA FÊTE CONTINUE ! DE ROBERT GUÉDIGUIAN / 1H46' 13h45 • 19h00
une fille assez étrange, aurait pu tout changer,
peut-être, mais elle aussi se détourne de Stefan
LE GARÇON ET LE HÉRON DE HAYAO MIYAZAKI / 2H05' VO 19h00

jusque-là, vient de prendre fin et une bonne par- après une bagarre provoquée par une énième HOW TO HAVE SEX DE MOLLY MANNING WALKER / 1H28' 21h30
tie de la population, lassée de tout ce sang, voudrait insulte à sa mère. Elle a beau le chercher après la LITTLE GIRL BLUE DE MONA ACHACHE / 1H35' 21h00
se tourner enfin vers l’Occident. Stefan est jeune et manif, c’est en vain : Stefan est déjà seul, face au
il a toute la vie devant lui. Oui mais voilà, la maman fleuve… — J-LD MARS EXPRESS DE JÉRÉMIE PÉRIN / 1H25' 21h30
de Stefan est toute-puissante, de par sa position et NAPOLÉON DE RIDLEY SCOTT / 2H38' 14h00 • 17h30 • 20h45
de par son amour de mère : le film va donc suivre LA PASSION DE DODIN BOUFFANT DE TRAN ANH HUNG / 2H14' 14h00
l’adolescent pas à pas sur le chemin de la rébellion.
Stefan fait partie de chaque plan, soit en gros PERFECT DAYS DE WIM WENDERS / 2H02' 14h15 • 16h45 • 19h15
plans mutiques, soit en travellings qui suivent sa RICARDO ET LA PEINTURE DE BARBET SCHROEDER / 1H46' 17h00
déambulation. Il arrive même quelquefois qu’il soit RIEN À PERDRE DE DELPHINE DELOGET / 1H52' 16h45 • 21h15
piégé dans un coin de l’image, tout comme il l’est
dans les bras de sa mère… Il voudrait bien parler, LA RIVIÈRE DE DOMINIQUE MARCHAIS / 1H44' 14h15
de plus en plus d’ailleurs au fur et à mesure que le LE TEMPS D’AIMER DE KATELL QUILLEVERÉ / 2H05' 14h00 • 16h30 • 19h00
temps passe et que sa situation devient de plus en
plus difficile, mais ce n’est jamais le moment : sa TESTAMENT DE DENYS ARCAND / 1H55' jeu. ven. lun. mar. 16h45
mère est trop occupée, elle n’a pas le temps et pos-

6  >  12 décembre
sède l’art d’esquiver les questions dérangeantes.
Au lycée cela va de mal en pis : il est vu comme le
fils de celle qui a truqué les élections par lesquelles
l’opposition démocratique a remporté plusieurs
De la marche aux émeutes, comment en est-on arrivé là ?
grandes villes dont Belgrade. Il est celui à qui l’on CNP jeu. 19h45
refuse de passer la balle dans l’équipe de water-
UNE MÉMOIRE VIVANTE : UN PATRIMOINE COMMUN 1973-2023
DE MOGNISS ET SAMIR ABDALLAH / 1H36' / DÉBAT AVEC MUSTAPHA ET DRISS, MARCHEURS
polo. Dans ces conditions comment espérer être Cinémathèque DANIEL DE SIDNEY LUMET / 2H10' lun. 19h30
à la hauteur des rêves de son cher grand-père, lui
qui était à Séoul pour accompagner la victoire de CAPELITO FAIT SON CINÉMA DE RODOLFO PASTOR / 37'
À PARTIR DE 3 ANS / SANS PAROLES mer. sam. dim. 16h15
Jeune Public
© REZO FILMS

la Serbie aux Jeux Olympiques ? L’INCROYABLE NOËL DE SHAUN LE MOUTON ET DE TIMMY

DE DIVERS RÉALISATEURS / 52' / TOUT PUBLIC À PARTIR DE 4 ANS / SANS PAROLES mer. sam. dim. 15h45
Peu à peu Stefan va rompre toutes les attaches :
avec son grand-père à l’anniversaire duquel il
Sauf indication contraire, tous les films
18 Les Carnets du Studio sont projetés en VERSION ORIGINALE N°430 — décembre 2023 19
CA L E ND RIE R Décembre 2023

MON VOISIN TOTORO DE HAYAO MIYAZAKI / 1H27'

TOUT PUBLIC À PARTIR DE 5 ANS / RÉTROSPECTIVE MIYAZAKI VF mer. dim. 17h00 BÂTIMENT 5 DE LADJ LY / 1H40' 17h00 • 19h00 • 21h00
Jeune Public PONYO SUR LA FALAISE DE HAYAO MIYAZAKI LA CHIMÈRE D’ALICE ROHRWACHER / 2H10' 16h30 • 19h00
VF mer. sam. dim. 14h00
1H41' / TOUT PUBLIC À PARTIR DE 6 ANS / RÉTROSPECTIVE MIYAZAKI
Film du mois LA FILLE DE SON PÈRE D'ERWAN LE DUC / 1H31'
Séances TOUT EN HAUT DU MONDE DE RÉMI CHAYÉ / 1H21' sam. 17h00 Avant-Première EN PRÉSENCE DE ERWAN LE DUC LE RÉALISATEUR mer. 19h45
Jeunes EDWARD AUX MAINS D’ARGENT DE TIM BURTON / 1H45' VO sam. 18h45
FREMONT DE BABAK JALALI / 1H31' 21h30
Soirée CHRU D’UN DÉSIR L’AUTRE DE KENDRYS LEGENTY ET ROMAIN PALICH / 54’
DÉBAT EN PRÉSENCE DE KENDRYS LEGENTY, LE CORÉALISATEUR DU FILM mer. 21h15 LEVANTE DE LILLAH HALLA / 1H32' 14h15 • 19h30
Rétrospective DERNIER CAPRICE DE YOSUJIRO OZU / 1H43' dim. lun. mar. 14h15 MARIE-LINE ET SON JUGE DE JEAN-PIERRE AMÉRIS / 1H43'
VENDREDI 15, RENCONTRE AVEC JEAN-PIERRE AMÉRIS, LE RÉALISATEUR, 19h15 sauf ven. + ven. 19h45
Ozu FEMMES ET VOYOUS DE YASUJIRO OZU / 1H43' mer. jeu. ven. sam. 14h15
APRÈS LA SÉANCE DE 19H45

NAPOLÉON DE RIDLEY SCOTT / 2H38' 14h00

BÂTIMENT 5 DE LADJ LY / 1H40' 13h45 • 19h00 • 21h00 PAST LIVES - NOS VIES D’AVANT DE CÉLINE SONG / 1H46' 13h45 • 19h15
CESÁRIA ÉVORA, LA DIVA AUX PIEDS NUS D'ANA SOFIA FONSECA / 1H34' 17h00 PERFECT DAYS DE WIM WENDERS / 2H02' 14h00 • 19h00
LA CHIMÈRE D’ALICE ROHRWACHER / 2H10' 13h45 • 19h00 RIEN À PERDRE DE DELPHINE DELOGET / 1H52' 21h30
CONANN DE BERTRAND MANDICO / 1H45' 21h30 RUE DES DAMES DE HAMÉ BOUROKBA ET EKOUÉ LABITEY / 1H37' 15h30 • 21h20
ET LA FÊTE CONTINUE ! DE ROBERT GUÉDIGUIAN / 1H46' 21h15 LE TEMPS D’AIMER DE KATELL QUILLEVERÉ / 2H05' 16h30 • 21h20
FREMONT DE BABAK JALALI / 1H31' 17h15 • 21h30 WINTER BREAK D'ALEXANDER PAYNE / 2H13' 14h00 • 16h30 • 21h15
LEVANTE DE LILLAH HALLA / 1H32' 17h15 • 21h30
NAPOLÉON DE RIDLEY SCOTT / 2H38' 14h00 • 19h30
PERFECT DAYS DE WIM WENDERS / 2H02'
RIEN À PERDRE DE DELPHINE DELOGET / 1H52'
13h45 • 16h15 • 18h45
19h15
20  >  26 décembre
DIMANCHE 24 DÉCEMBRE, APRÈS 19H45 LES SÉANCES NE SERONT PAS ASSURÉES
LUNDI 25 DÉCEMBRE, LES SÉANCES NE SERONT ASSURÉES QU’À PARTIR DE 16H30
LE TEMPS D’AIMER DE KATELL QUILLEVERÉ / 2H05' 14h00 • 16h30 • 19h00
Femmes migrantes, parcours de combattantes
CNP JUSTE CHARITY DE FLORIANE DEVIGNE / 1H18' jeu. 19h45
13  >  19 décembre
DÉBAT EN PRÉSENCE D’ASSOCIATIONS DU RÉSEAU DE SOLIDARITÉ MIGRANTS
ET D'ASSOCIATIONS FÉMINISTES. TÉMOIGNAGE DE FEMMES DE L’ASSOCIATION NAYA

LES ARISTOCHATS DE WOLFANG REITHERMAN / 1H15'

TOUT PUBLIC À PARTIR DE 5 ANS VF mer. sam. dim. mar. 15h45
LE FAUX COUPABLE D'ALFRED HITCHCOCK / 1H45' Jeune Public EN ATTENDANT LA NEIGE DE DIVERS RÉALISATEURS / 47'
À PARTIR DE 3 ANS / SANS PAROLES mer. sam. dim. mar. 16h00
Cinémathèque lun. 19h30
SOIRÉE PRÉSENTÉE PAR LES ÉLÈVES DE LA SECTION CINÉMA DU LYCÉE BALZAC
SIROCCO ET LE ROYAUME DES COURANTS D’AIR mer. sam. dim. mar. 14h00
L’INCROYABLE NOËL DE SHAUN LE MOUTON ET DE TIMMY
DE DIVERS RÉALISATEURS / 52' / TOUT PUBLIC À PARTIR DE 4 ANS / SANS PAROLES mer. sam. dim. 15h45 DE BENOÎT CHIEUX / 1H20' / TOUT PUBLIC À PARTIR DE 6 ANS + mer. dim. lun. mar. 17h00
Jeune Public Séance Jeunes HUGO CABRET DE MARTIN SCORSESE / 2H08' VO sam. 16h45
SIROCCO ET LE ROYAUME DES COURANTS D’AIR
DE BENOÎT CHIEUX / 1H20' / TOUT PUBLIC À PARTIR DE 6 ANS mer. sam. dim. 14h15 + mer. dim. 17h30
Ciné Relax SIROCCO ET LE ROYAUME DES COURANTS D’AIR
DE BENOÎT CHIEUX / 1H20' / TOUT PUBLIC À PARTIR DE 6 ANS sam. 14h15 BÂTIMENT 5 DE LADJ LY / 1H40' 19h00 • 21h30
RENCONTRE AVEC PABLO PICO, COMPOSITEUR

LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN LA CHIMÈRE D’ALICE ROHRWACHER / 2H10' 21h00
VO sam. 19h00
Séances DE JOHN CARPENTER / 1H41' LES COLONS DE FELIPE GÁLVEZ HABERLE / 1H37' 14h15 • 19h00
Jeunes TAKARA, LA NUIT OÙ J’AI NAGÉ
DE DAMIEN MANIVEL ET KOHEI IGARASHI / 1H18' / SANS PAROLES sam. 17h00 Film du mois LA FILLE DE SON PÈRE D'ERWAN LE DUC / 1H31' 14h00 • 17h30 • 19h30
Rétrospective IL ÉTAIT UN PÈRE DE YASUJIRO OZU / 1H32' mer. jeu. ven. sam. 13h45 MARIE-LINE ET SON JUGE DE JEAN-PIERRE AMÉRIS / 1H43' jeu. ven. 15h30
Ozu RÉCIT D’UN PROPRIÉTAIRE DE YASUJIRO OZU / 1H12' dim. lun. mar. 13h45 MENUS-PLAISIRS DE FREDERICK WISEMAN / 3H58' 13h45 + lun. 17h00
NAPOLÉON DE RIDLEY SCOTT / 2H38' 13h45 + lun. 17h15

Le film imprévu : www.studiocine.com JEUNE PUBLIC

Voir pages 36 et 37 Sauf indication contraire, tous les films
20 Les Carnets du Studio sont projetés en VERSION ORIGINALE N°430 — décembre 2023 21
CA L E ND RIE R HU M EUR

PAST LIVES - NOS VIES D’AVANT DE CÉLINE SONG / 1H46'

PERFECT DAYS DE WIM WENDERS / 1H59'
16h45 • 21h15
21h00
RUE DES DAMES DE HAMÉ BOUROKBA ET EKOUÉ LABITEY / 1H37' 18h30 & 20h45 sauf lun. + lun. 21h30
Écoterroristes
LE TEMPS D’AIMER DE KATELL QUILLEVERÉ / 2H05' 21h15
VOYAGE AU PÔLE SUD DE LUC JACQUET / 1H22' 13h45 • 17h30 • 19h15 Les écoterroristes, chers au gouvernement,
existent puisqu’on a pu les voir… dans deux fic-
WINTER BREAK D'ALEXANDER PAYNE / 2H13' 14h00 • 16h30 • 19h00 tions – des partisans en guerre contre un groupe
pétrolier en Afrique (Disco Boy d’Abbruzzese),
des activistes sabotant un pipeline en Amérique

27 décembre  >  2 janvier
DIMANCHE 31 DÉCEMBRE, APRÈS 19H45 LES SÉANCES NE SERONT PAS ASSURÉES
(Sabotage de Goldhaber) – ou une libre adapta-
tion du livre Comment saboter un pipeline ?, que M.
Darmanin avait désigné comme la source d’inspira-
LUNDI 1ER JANVIER, LES SÉANCES NE SERONT ASSURÉES QU’À PARTIR DE 16H45
tion des Soulèvements de la terre qu’il avait, en vain,
Cinémathèque RIO BRAVO DE HOWARD HAWKS / 2H21' / SOIRÉE PRÉSENTÉE PAR GUY SCHWITTHAL lun. 19h30 tenté de dissoudre. L’universitaire suédois écrit : « Le
capitalisme fossile nous conduit à toute vitesse vers
BAMBI DE DAVID HAND / 1H08' / TOUT PUBLIC À PARTIR DE 5 ANS VF 15h30
le précipice. Quelqu’un doit tirer le frein d’urgence.
L’ÉTRANGE NOËL DE MR JACK TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS
D'HENRY SELICK / 1H16'
VF 17h15 sauf sam. Si les gouvernements ne le font pas, le reste d’entre
Jeune Public MYRTILLE ET LA LETTRE AU PÈRE NOËL DE DIVERS RÉALISATEURS / 42'
VF 16h00 nous le fera ». Des propos que n’auraient pas reniés
À PARTIR DE 4 ANS
les jeunes militants de Dernière rénovation qui ont
SIROCCO ET LE ROYAUME DES COURANTS D’AIR 13h45

DE BENOÎT CHIEUX / 1H20' / TOUT PUBLIC À PARTIR DE 6 ANS
Séance Jeunes LE CHÂTEAU AMBULANT DE HAYAO MIYAZAKI / 1H59'
LA COMPLAINTE DU SENTIER DE SATYAJIT RAY / 2H05' mer. sam. mar. 14h00 + jeu. dim. 19h00
Trilogie d’Apu
de Satyajit Ray L’INVAINCU DE SATYAJIT RAY / 1H50'
LE MONDE D’APU DE SATYAJIT RAY / 1H57'
L’ABBÉ PIERRE - UNE VIE DE COMBATS DE FRÉDÉRIC TELLIER / 2H18'
BÂTIMENT 5 DE LADJ LY / 1H40'
LES COLONS DE FELIPE GÁLVEZ HABERLE / 1H37'
Film du mois LA FILLE DE SON PÈRE D'ERWAN LE DUC / 1H31' (À SUIVRE)
L'INNOCENCE DE HIROKAZU KORE-EDA / 2H06' (À SUIVRE)
MENUS-PLAISIRS DE FREDERICK WISEMAN / 3H58'
MON AMI ROBOT DE PABLO BERGER / 1H42' (À SUIVRE)
MYSTÈRE À VENISE DE KENNETH BRANAGH / 1H45'
PAST LIVES - NOS VIES D’AVANT DE CÉLINE SONG / 1H46'
LA TRESSE DE LAETITIA COLOMBANI / 2H00'
VOYAGE AU PÔLE SUD DE LUC JACQUET / 1H22'
WINTER BREAK D'ALEXANDER PAYNE / 2H13' (À SUIVRE)
Le film imprévu : www.studiocine.com
22 Les Carnets du Studio
repeint en orange les murs de la préfecture pour pro-
tester contre le manque d’action gouvernementale
VO sam. 17h00 face au dérèglement climatique. Le 22 août, alors que
le Convoi de l’eau arrivait place J. Jaurès, un millier
de manifestants accompagnaient les cinq inculpés
ven. 14h00 + mer. sam. mar. 19h00
au tribunal en reprenant en chœur « Nous sommes
jeu. dim. 14h00 + ven. lun. 19h00 + lun. 17h00 tous des écoterroristes ! »
L’été dernier, les films semblaient répondre à
14h00 + lun. 16h45 l’actualité météo : des incendies catastrophiques
21h00 (Canada, Hawaï, Tenerife, Grèce…) et, sur nos écrans,
côté fiction Le Ciel rouge de Petzold (un film d’été
21h15 au bord de la mer Baltique et la légèreté estivale
17h00 • 21h30 + lun. 19h15 qui s’évanouit quand deux des protagonistes sont
retrouvés carbonisés) et côté documentaire Paradis
13h45 • 16h15 • 18h45 + lun. 16h40 d’Abaturov, qui nous plongeait avec effroi dans les
13h45 sauf lun. méga-feux qui ont ravagé 19 millions d’ha de forêts
16h45 • 21h15 sibériennes en 2021. Après le feu, les pluies dilu-
viennes (Grèce, Inde, Norvège…). Sur nos écrans
21h15 Acide de Philippot, un road-movie apocalyptique,
19h00 sans discours, sans justification : comme les héros, il
14h15 • 18h45 s’agit juste d’échapper aux nuées non seulement tor-
rentielles mais également… acides. Les foules fuient,
14h00 • 17h30 • 19h15 hagardes, la survie est individuelle (aucune solidarité
19h00 • 21h10 quand on veut sauver sa peau) ; on sort de ce film
d’une grande noirceur complètement désespéré.
À la rentrée, l’association Attac lance une cam-
pagne contre les criminels climatiques. Ceux qui,
JEUNE PUBLIC
Voir pages 36 et 37
avec le soutien implicite des gouvernements, nous
© EVELYNE PLUMECOCQ
« J’ai le sentiment que, davantage
que le passé, c’est maintenant
l’avenir qui nous hante »
Louise Erdrich
mènent droit dans le mur environnemental. En
juillet le très pédagogique film de Jolivet Les Algues
vertes montrait le combat d’une journaliste pour
rendre public le scandale de l’empoisonnement des
eaux bretonnes par le lisier des élevages porcins.
Avec détermination elle ose affronter l’omerta de
toute une région et de ses représentants politiques.
Le même courage que Rachel, l’une des inculpées
tourangelles qui déclarait devant le tribunal : « La
question aujourd’hui, madame la présidente, est de
savoir de quel côté de l’histoire on veut être. […] J’ai
fait le choix de la résistance civile et je continue-
rai tant que ce sera utile». Le personnage joué par
R. Duris dans Le Règne animal semble lui répondre
quand il dit à son fils : « Désobéir, c’est ça le courage
aujourd’hui. » — DP
N°430 — décembre 2023 23
A U T OU R D ES F ILMS — COU RT S LET T RAGES
Le Règne animal
France • 2023 • 2h08
Un film de Thomas Cailley
Avec Romain Duris, Paul Kircher,
Adèle Exarchopoulos
Décidément !
Après les sauterelles ravageuses et les
pluies insidieuses de Just Philippot, voilà
que Thomas Caillet nous présente un film
dans lequel un mystérieux virus fait surgir
la bête qui sommeille en chacun de nous.
Tout cela fait des films forts, intéressants,
et dérangeants juste ce qu’il faut. Romain
Duris (tout comme Guillaume Canet) est
tout à fait crédible en père obstiné d’un ado
à la rébellion hésitante, très bien interprété
par Paul Kircher. C’est Méliès qui doit être
content ! — J-LD
Accepter les différences
Dans Acide comme dans Le Règne animal,
un père essaie de sauver, désespérément,
son enfant des dangers d’un présent
incompréhensible. Les mutations
qui frappent l’humanité sont traitées
brutalement (rétention – appel à l’armée)
dans une gestion qui rappelle celles du
Covid ou des migrants. Mais ce qui m’a
le plus touché est la formidable histoire
d’amour entre un père et un fils quand
celui-là apprend à accepter les différences
de son enfant devenant adulte (qui
pourraient être politiques, philosophiques
ou d’orientation sexuelle). — DP
24 Les Carnets du Studio
Quand les poules auront
des dents...
Si les interprétations de R. Duris et de
P. Kircher étaient l’unique critère d’analyse,
le film de T. Cailley serait excellent : les
deux comédiens semblent habités par leur
personnage et leur duo parvient à faire
passer toutes les nuances de sentiments qui
traversent ce père et ce fils. Beaucoup moins
convaincants sont le propos, foisonnant et
son traitement : la femme « yéti » et l’ado
« loup capable de grimper aux arbres »m’ont
laissée plus que dubitative. Dommage ! — IG
Apocalypse now
Le thème est ancien, on pense évidemment
à La Métamorphose de Kafka ou à
Rhinocéros de Ionesco. Sauf que là on n’est
plus dans des jeux de l’esprit mais dans
une réalité doublement impressionnante,
d’abord grâce aux effets spéciaux, mais
surtout parce que cette réalité n’a plus rien
d’absurde, il n’y a qu’à voir, pour ne citer
que des exemples récents, La Nuée ou Acide
de Just Philippot. Dommage pourtant que
le spectaculaire et l’image choc l’emportent
un peu trop sur la finesse et la profondeur,
sur l’humour même, discrètement présent
dans certains détails comme la rengaine
Elle est d’ailleurs de Pierre Bachelet ou
le nom du chien, Albert. — AW
Perchés
Quand arrive la magnifique scène où
les chasseurs perchés sur échasses
tentent de tuer les mutants, on se dit que
Thomas Cailley a réussi son ambitieux
film et à nous faire croire au brouillage
des frontières entre l'homme et l'animal.
Efficace, avec un sens du spectacle
impeccable, cette ode à la tolérance évite
aussi, et heureusement, tout discours.
Sauf ceux d'Adèle Exarchopoulos, « ça va
aller » et de Saadia Bentaïeb, « T'as peur des
créatures ? Faut pas avoir peur ». Rien de
plus et c'est tant mieux. — JF
Encore une baffe
Un père et son fils dans une voiture
roulant à très vive allure au milieu d’une
forêt primaire tandis que Pierre Bacheley
hurle « Elle est d’ailleurs… et moi je tombe
en esclavage », fallait oser ! Un mutant
dont l’idée fixe est de voler parce que des
ailes poussent… fallait oser aussi ! Tout est
audacieux dans ce règne animal violent et
cruel qui explore des territoires inédits sans
faire dans le grandiose. Après Acide, le mois
précédent, nous prenons une nouvelle baffe
et elle fait mal. — SB
Des créatures
et des hommes
Après l’arrivée des pluies acides, celle
des monstres sur nos écrans. On plonge
dans un univers où la métamorphose
des personnes, leur co-existence avec
des villageois provoquent un sentiment
Le Règne animal
de peur incontrôlable. La violence naît.
La chasse peut commencer...
Mais dans la forêt refuge des créatures, se
jouent les plus belles scènes de tolérance,
d’amitié et de générosité. L’émotion est
présente tout du long et accentuée par
la symbiose entre Émile et la nature. Au
final, on ne peut que s'interroger sur notre
capacité à accepter les différences. — MS
Chasse, pêche,
tradition et... nature ?
FRANCE 2 CINÉMA - ARTÉMIS PRODUCTIONS
On évoque parfois un « retour à la nature »
pour décrire ces mutants. Mais ne serait-ce
© NORD-OUEST FILMS - STUDIOCANAL
pas plutôt le retour DE la nature, bien décidée
à remettre de l'animal dans l'humain ?
Les zadistes scandaient « nous ne défendons
pas la nature, nous sommes la nature qui
se défend ». Ici, les « bestioles », aussi belles
qu'effrayantes, pourraient dire « nous
sommes la nature qui se venge, » surtout
quand les mutants deviennent des proies
de chasse. — ER
Entre mythes, fantasmes,
croyances et thérianthropie
De foisonnantes pistes de réflexion émergent
du film. Outre l'éternel débat entre Nature et
Culture, l'entre-deux de la mutation souvent
incomplète de l'être en animal questionne
notamment les états de conscience et
les langages. Ce cruel état intermédiaire et
non-consenti renvoie aussi à la figure de
l’autre, celle du monstre, une étrangeté se
présentant tel un miroir insoutenable pour
certains au point de prendre les armes.
Comment ne pas alors évoquer Les Animaux
dénaturés de Vercors, aborder la question
de l’altérité au travers du mythe du chaînon
manquant, sans oublier d'interroger
l’histoire de la taxinomie humaine telle
celle de Linné avec l’homme zoologique…
Vertigineux ! — RS
N°430 — décembre 2023 25
A U T OU R D ES F ILMS — À P ROP OS
Les lumières
de la vie
Les Feuilles d’automne \ un film d’Aki Kaurismäki
Dans un Helsinki morne la vie d’Ansa,
employée de supermarché, est faite de solitude
et de routine. Celle d’Holappa, ouvrier soudeur
alcoolique et désabusé qui vit dans un foyer, est
tout aussi triste et solitaire. Ces deux-là vont se
rencontrer, se perdre, se retrouver, se reperdre…
dans le tourbillon d’une vie qui ne laisse guère
de place à l’espoir. Ça pourrait être un film sur la
misère et la cruauté d’un monde injuste, d’autant
que Kaurismäki pousse à l’extrême l’épure et le
minimalisme, mais ces Feuilles d’automne sont
lumineuses et enchantées.
D’abord parce que le cinéaste finlandais choisit
le silence, la délicatesse, la dignité et la douceur ;
ensuite parce qu’il manie l’humour en perma-
nence – on passe la séance le sourire au bord des
lèvres ; enfin parce qu’il joue de la nostalgie en
convoquant les grands artistes et réalisateurs pour
appuyer son propos.
La mise en scène maîtrisée à l’extrême de
Kaurismäki est impressionnante de précision et
les plans au cordeau de son film sont sublimés par
une photographie exceptionnelle. Peu de profon-
deur de champ, des extérieurs où le gris de la ville
se marie avec les ocres et verts de l’automne et des
intérieurs où les grandes plages de couleurs vives
et les éclairages nocturnes nous entraînent dans
un monde à la Hopper. Impossible, par exemple, de
ne pas penser à la célèbre toile Noctambules quand
nous sommes chez Ansa. Elle dîne avec Holappa
devant la fenêtre ; ils sont assis côte à côte dans le
canapé rouge… Comme chez le peintre américain,
ces moments dans un espace fermé mais vitré sur
un extérieur lugubre, sont comme arrêtés dans
© DR
le temps… Et on attend que les personnages figés
26 Les Carnets du Studio
Les Feuilles d’automne
© DIAPHANA DISTRIBUTION
dans leur solitude échangent un regard ou se rap-
prochent. Même quand les lieux sont remplis de
monde, le cinéaste comme l’artiste des années 40
mettent en scène des personnages côte à côte mais
qui ne communiquent pas. On ne ressent que le
vide autour d’eux. Alors quand Ansa esquisse
un sourire, on jubile ! Et que dire des décors vin-
tage et de l’incroyable attention portée à chaque
objet filmé : un poste radio d’un autre temps (qui
pourtant diffuse en boucle des commentaires sur
la guerre en Ukraine), des couverts achetés puis
jetés, des sacs de viande surgelée qui défilent sur
le tapis du supermarché, un papier qui s’envole,
et ces feuilles mortes de la fin du film qui tour-
billonnent autour des personnages. Rarement
cinéaste a filmé avec autant d’art les riens du
quotidien ou les anonymes au visage marqué qui
s’alignent sur les sièges d’un café, d’un karaoké Les Feuilles mortes de Aki Kaurismäki
ou d’un cinéma…
Les Feuilles mortes sont aussi un magnifique d’œuvre du septième art : dans Elle et lui (Leo Mac
Les Temps modernes de Charles Chaplin cri d’amour pour le cinéma tant le film est truffé Carey), c’est parce que Terry se fait renverser par
de références plus ou moins directes à des œuvres une voiture qu’elle ne peut se rendre à son ren-
désormais classiques. Godard, Verneuil, Huston, dez-vous amoureux ; ici c’est parce qu’Holappa
Visconti, Lean, Wilder, Bresson… c’est toute la fil- se fait renverser par un train qu’il ne peut honorer
mographie intime de Kaurismäki qui défile. On le sien avec Ansa… mais dans les deux films tout
se prend au jeu de l’affiche en finlandais à recon- est possible : même sortir du coma et remarcher !
naître - Pierrot le fou, Le Clan des Siciliens, Fat Et c’est sur une scène d’une rare poésie directe-
City, Rocco et ses frères, Le Mépris, Godzilla, Brève ment puisée dans la filmographie de Chaplin (Les
rencontre, Écrit sur du vent ; on aime entendre Temps modernes) que nous laisserons nos héros
des titres cités au détour de la conversation enfin unis : filmés de dos, ils marchent bras des-
(Le Journal d’un curé de campagne, Bande à part), sus, bras dessous, vers leur avenir, tandis que
revoir des extraits projetés (The Dead Don’t Die de le Montand finlandais interprète la chanson de
Jim Jarmush), et plus subtilement retrouver des Prévert et Kosma. La béquille a remplacé la canne
situations et scènes directement inspirées de chefs et le chien Chaplin trottine derrière eux… — SB
N°430 — décembre 2023 27
A U T OU R D ES F ILMS — À P ROP OS
Que (ne pas) montrer
d'un combat (pas si)
ordinaire ?
The Old Oak \ un film de Ken Loach
Dans le nouveau Ken Loach, The Old Oak, une
scène sort nettement du reste du film à la fois pour
ses qualités plastiques et parce qu'elle ne « sert
pas » à faire avancer le récit.
Dans l'arrière-salle d'un pub anglais délabré se
trouvent (enfin) réunis les habitants du village et
les réfugiés syriens qui y ont débarqué peu avant.
Comme on est chez K. Loach, il sera évidemment
question de solidarité et d'adversité, même si
cette fois l'adversité tient aussi beaucoup à l'ani-
mosité qui émane d'une partie de la population
anglaise, représentante d'une classe ouvrière vain-
cue notamment par la fermeture des puits de mine
qui la faisaient vivre.
L'une des protagonistes du film, Yara, a fait de
nombreuses photos des habitants, saisis dans la
rue ou sur leur lieu de travail, et la soirée est une
projection publique de ces images, accompagnée
par un joueur d'oud. En noir et blanc les images
se succèdent, parfois drôles, souvent émouvantes.
Même si le noir et blanc souligne la rudesse des
instants de vie ainsi capturés, rien dans les pho-
tos projetées ne va susciter de pathos et les rires
occasionnels du public, qui y reconnaît les siens,
soulignent cette tension entre les drames qui tra-
versent ces vies et la joie de reconnaître les siens
ainsi élevés au statut de personnages.
Les photos sont d'une grande beauté et m'ont
aussitôt fait penser au magnifique (et très émou-
vant) Combat ordinaire, de Manu Larcenet, bande
dessinée qui nous fait suivre un photographe de
presse, Marco, qui a cessé de travailler parce que
fatigué (entre autres) de documenter des moments
28 Les Carnets du Studio
de vies dévastées par des drames (on sait peu de
choses de ce que les photos montrent mais il y est
© LE PACTE
question de Kabylie et de Birmanie).
Un éditeur contacte Marco pour faire un livre
de sa dernière série de photos, prises cette fois
avec les ouvriers usés du chantier naval où tra-
vaillait son père. L'éditeur dit ainsi à Marco que
dans ses images « on devine beaucoup plus les
choses qu'elles ne nous sont imposées », ce qui
correspond très précisément à l'effet produit par
la projection évoquée plus haut. N'étant pas cri-
tique d'art il me serait difficile d'expliquer à quoi
cela tient et ce d'autant plus que les images ne
restent pas assez longtemps à l'écran pour que
l'on ait le temps de s'y pencher, mais l'absence de
signes manifestes de misère y est certainement
pour beaucoup.
Le cinéma de Ken Loach, souvent assez
démonstratif, souligne volontiers les partis pris
politiques du réalisateur et The Old Oak ne déroge
pas entièrement à cette règle mais cette scène, sus-
pendue hors de l'intrigue, vient délicatement et
indirectement appuyer son propos en donnant à
voir ces instants saisis comme hors contexte, sans
souci d'une nécessité didactique.
Il existe d'autres points de convergence entre
les deux œuvres (la mort d'un père et la dévasta-
tion qu'elle laisse derrière elle, la défaite d'une
classe ouvrière qui n'en conserve pas moins une
dignité) mais le vrai croisement entre les deux tient
justement à l'ordinaire de ce combat qui, nous dit
Ken Loach, n'est pas entièrement perdu puisque
la solidarité peut renaître. — ER
Se serrer les coudes
The Old Oak \ un film de Ken Loach
Certains affirment, à l’instar de Baudelaire, qu’à
force de contempler et de respirer le grand large,
les natifs du bord de mer ont quelque chose de plus
vaste dans le regard et dans le souffle. D’autres,
moins conciliants, soutiennent que c’est là un
ramassis de foutaises et qu’il y a autant d’esprits
étroits sur la côte qu’ailleurs. Mais qu’en est-il de
la petite ville du nord de l’Angleterre proche de
Durham, où Ken Loach situe son dernier film, The
Old Oak ? Au début on se dit que c’est mal parti
pour les réfugiés syriens qui débarquent en bus,
sans que la population locale ait été prévenue. Cela
commence par un bris d’appareil photo, le trésor
de Yara, à qui T.J. Ballantyne, le tenancier du pub
local, va très vite proposer son aide : c’est le début
d’une amitié délicate et respectueuse qui va se ren-
forcer tout au long du film. Pourtant ce ne sont pas
les tensions qui manquent à Durham ! Dans cette
ville d’anciens mineurs qui se sent abandonnée de
The Old Oak
tous, les maisons sont bradées, les ados tentent de
tenir en laisse des mastiffs aux crocs meurtriers et
leurs parents se demandent s’il vaut mieux ache-
ter des provisions ou payer la facture de gaz. Dans
ces conditions comment faire société ? Comment
construire du commun ? Il y a bien le pub, territoire
de quelques affreux qui ne lèvent le nez de leur
bière que pour proférer insultes et insanités. Mais
il y a aussi son arrière-salle, fermée depuis vingt
ans, dans laquelle T.J. et Yara vont organiser une
cantine commune, ouverte à tous ceux qui en ont
besoin et envie, locaux comme réfugiés. Avez-vous
remarqué comme la caméra de Ken Loach enve-
loppe ses personnages et les prend par les épaules ?
Et nous-mêmes commençons à fondre devant tant
de bienveillance et de simplicité. C’est si bon de
pleurer pour se sentir un peu plus humain, sur-
tout quand on pleure avec d’autres qu’on entend
renifler dans le noir… — J-LD
N°430 — décembre 2023 29
RENCONTRE
En ce début de saison, l’équipe du CNP a invité
le réalisateur Mathieu Bareyre et son documentaire de
2018 intitulé L’Époque. Avec une interrogation autour
de la réussite (individuelle, collective, politique,
philosophique…) en écho à l’un des personnages du
film qui avouait : « Ma réussite, ce ne sera pas d’avoir
beaucoup d’argent mais d’être un humain utile ».
Même les Pokémons
trouvent que l’époque
est morne1
La première question des spectateurs a porté
sur la genèse du projet : qu’est-ce qui lui a donné
envie d’aller à la rencontre de ces jeunes ? « Le
désir de montrer ma génération, la jeunesse,
dans un film d’expression pure. » Pendant trois
ans le réalisateur a arpenté les rues de Paris, la
nuit, caméra à l’épaule, avec son opérateur-son.
Une expérience très dure physiquement, avec des
heures d’images enregistrées. Comment structurer
le tout ? Trouver des choses nouvelles, pas vues,
pas repérées ? Il a décidé de ne garder que ce qui
lui semblait « incroyable ». Il y a eu ensuite vingt-
deux mois de montage et de post-production : « Un
film de maniaque ». Il voulait un film lyrique avec
des contrastes très forts, un film de nuit car ce qui
l’intéressait n’était pas les discours politiques très
structurés mais capter l’inconscient.
Angoisses partagées
Le ressenti des spectateurs a été très varié : des
mamans, inquiètes pour leurs grands adolescents
et les questions qu’ils se posent (Où va-t-on ?),
ceux, enthousiastes, qui ont loué « la force insur-
rectionnelle des images », « le kaléidoscope dont
ressort un formidable élan vital », et ceux qui ont
été attristés par « la confusion existentielle » des
30 Les Carnets du Studio
Mathieu Bareyre
personnes croisées tout au long du film (« des gens
© DOMINIQUE PLUMECOCQ
en perdition »). Le réalisateur n’a pas eu envie de
fusionner : « J’avais la volonté de garder la frag-
mentation des personnes, les sentiments de perte,
de peur ; la nuit ressortent les angoisses, les cau-
chemars. Je ne voulais pas donner l’impression
d’une jeunesse unie. C’est une génération très
individualiste, il n’y a plus de culture commune
mais des angoisses partagées… Ce n’est pas un
film dont on ressort avec sérénité. Comment
fait-on pour que l’angoisse ne prenne pas le pas
sur la révolte ? ». Il ajoute ensuite : « Je comprends
« Il fait noir au pays nous raconte sa rencontre avec une classe du 93
dont 90 % d’élèves non blancs : « Tous veulent
l’inquiétude et je vois que c’est difficile pour la des Lumières » partir. Ils n’arrivent pas à se projeter dans ce pays
jeunesse car elle n’a pas le pouvoir. Elle n’est pas Mathieu Bareyre où, souvent, ils sont nés ». La défiance vis-à-vis
entendue. Numériquement, elle est faible : la de la politique est immense. Si on s’en prend à
France, toute l’Europe, est une gérontocratie. Il sont parce que… on les a marginalisées. « C’est à l’État et à ses symboles, c’est pour être entendu :
n’y a pas de vraie possibilité sauf si on accepte le la norme de leur faire une place ». Il parle ensuite seule la peur peut le faire bouger. Le prochain
monde tel qu’il est. La jeunesse sent une contra- de cette jeune femme inoubliable, poétesse de film de M. Bareyre s’intitulera Une balle dans le
diction vitale. Elle est confrontée à une menace la rue, douce et révoltée. Elle se nomme Rose et cœur. Il a commencé à l’écrire après la mort de
de mort : il n’y a pas un ado qui ne sache pas que se déprend d’une idée de la réussite qui ne lui Nahel : « Il y a quand même des moyens de trans-
le monde va à sa perte ! » convient pas. Elle conclut : « Je ne possède rien mettre des idées de la vie beaucoup plus grandes
et tout va bien ». Rose et Mathieu sont devenus que celles qu’on nous vend, des valeurs qui nous
Un personnage inoubliable amis. On pourra la retrouver sur Arte dans un film grandissent… » — DP
Un autre spectateur regrettait le trop grand écart intitulé Portrait d’une femme nwar dans lequel
« entre les radicaux et les gens normaux ». Le réa- elle raconte son parcours et son désir de quitter
lisateur répond que les personnes marginales le la France pour retourner en « Noirie ». M. Bareyre 1
Écrits sur les murs de Paris.
N°430 — décembre 2023 31
 RENCONTRE
Dans un français parfait l’auteur du très beau Lost Country
s’est efforcé, ce vendredi 6 octobre, de répondre le plus
précisément possible aux nombreuses questions des
spectateurs, portant pour commencer sur l’écriture
même du scénario.
Le mal du pays
Celui-ci doit beaucoup à Alice Winocour (dont
on se rappelle l’année dernière le remarquable
Revoir Paris), grâce à qui une histoire parfaitement
claire pour un public serbe – parce qu’il connaît les
événements et le contexte – pourra être comprise
© ROMAIN PRYBILSKI
32 Les Carnets du Studio
et appréciée par d’autres publics. Première lectrice
du scénario, elle l’a fait évoluer, lui permettant ainsi
d’accéder à une forme d’universalité. Pour cela il
fallait également se débarrasser d’un certain type
de jeu dramatique des comédiens serbes que Perišić
déteste, retrouver une vérité, une authenticité que
seuls des non-professionnels sont capables d’ex-
primer, ou alors des acteurs exceptionnels comme
Jasna Durićić qui joue le rôle de la mère ou Boris
Isaković qui incarne le professeur. Pas de « chara-
bia métaphysique », de décorticage des rôles, de
recherche d’intentions, « il s’agit d’incarner, pas
d’interpréter ». On aurait tort ainsi de croire que
l’inscription sur le sweat-shirt fétiche de Stefan,
le protagoniste principal, ait été choisie pour sa
dimension symbolique : You stay yourself, qui ferait
pourtant parfaitement sens dans le contexte du
film. Or pas du tout, c’est un pur hasard, c’est là le
vêtement habituel du jeune comédien, habillé à
l’écran comme à la ville !
Pour Vladimir Perišić les personnages doivent
échapper au scénariste, il doit les laisser vivre,
suivre leur logique et non celle artificielle d’un
scénario contraignant qui imposerait des dévelop-
pements en désaccord avec leur nature profonde,
leur trajectoire naturelle. Le cinéaste dit avoir été
fortement influencé par le Berlin année zéro de
Roberto Rossellini et par la phrase de Gilles Deleuze
qui en décrit ainsi le sujet : « C’est un garçon qui erre
dans les rues ruinées de Berlin et qui meurt de ce
qu’il voit ». C’est dans cette perspective que se jus-
tifie le dénouement du film, cohérent, inéluctable.
Le seul élément vraiment pensé a priori est que le
BIO
EXPRESS
Vladimir Perišić est né en 1976 à
Belgrade. Après des études de
réalisation dans sa ville natale,
il s’inscrit en Lettres modernes
à Paris VII et à la Fémis dont
il est diplômé (promotion 2003
du département Réalisation).
Son premier long-métrage,
Ordinary People, est sélectionné à
la Semaine de la critique à Cannes
en 2009, ainsi que Lost Country cette
année, où il a connu un beau succès.
Vladimir Perišić
film s’ouvre sur le Danube et s’achève avec lui, structure circulaire
qui enferme l’histoire (et l’Histoire ?) dans une dynamique à la fois
ouverte (le fleuve s’écoule au loin) et sans issue.
Double contrainte
Le titre évoque un pays perdu : la Yougoslavie évidemment, écla-
tée aux yeux de l’auteur en sept petits pays au « capitalisme libéral
déchaîné ». Ce n’est pourtant pas un film politique, il n’y a pas de
message, rien à imposer au public, le spectateur doit rester libre et
actif, en position d’exercer son imagination. Ce pays perdu, c’est éga-
lement celui de l’enfance car pour Vladimir Perišić l’essentiel, c’est
l’émotion, en l’occurrence ici le conflit dans lequel se débat Stefan,
15 ans, l’insoluble dilemme de la double loyauté qu’il doit à sa mère
porte-parole du gouvernement de Milošević et à ses idées de lycéen
révolté contre lui. La situation de l’ado devient vite étouffante, invi-
vable. Le film est-il pour autant pessimiste ? Le cinéaste cite Antonio
Gramsci : « Je suis pessimiste par l’intelligence, mais optimiste par
la volonté », non sans préciser aussitôt que, selon lui, le cinéma n’a
à être ni pessimiste ni optimiste mais vrai. Et c’est bien pour cela
qu’il accorde une importance toute particulière aux couleurs. Très
influencé dans ce domaine par le cinéma japonais, il s’attache à en
réduire au maximum la palette tout en cherchant des alliances à la
fois originales et non susceptibles de détourner l’attention de l’essen-
tiel : pour lui le seul enjeu est de trouver la justesse des personnages,
des situations, l’authenticité des émotions. Ainsi, dans son esprit,
autant Ordinary People, son premier long métrage, était un « film de
colère », autant celui-ci se veut un « film d’amour ». — AW
N°430 — décembre 2023 33
RENCONTRE Andrea Ferréol

C’est dans le cadre du festival Arrière-cuisines qu’Andrea Ferréol

nous a fait l’honneur de venir d’Aix-en-Provence fêter
le 50e anniversaire de la sortie de La Grande bouffe.

50 ans d’audace
et de talent
Le film, qui oscille entre le désir et la haine,
nous renvoie vers une lecture lumineuse et téné-
breuse, drôle et triste à la fois… Andrea Ferréol, qui
y incarnait la séduction, n’a, elle, aucune réserve :
« La Grande bouffe laisse un merveilleux goût en
bouche ». Il faut dire qu’en 1973 elle venait juste
d’obtenir son premier rôle d’actrice de théâtre
et que, grâce à Ferreri qui lui a fait confiance,
elle a démarré la carrière qu’on connaît. « Je lui
© DOMINIQUE PLUMECOCQ

dois tout » dit-elle du cinéaste au fort tempéra-

ment, avec lequel les relations ont été « bonnes,
mais pas extraordinaires ! » et à qui « il faut rendre
hommage ».
La comédienne était prête à tout, même à gros-
sir de 25 kilos en 2 mois sous le contrôle d’un labo
(procédure inverse pour les reperdre après le tour-
nage). Celle qui incarnait « l’ange de la mort », à la
fois femme, mère, nourrice et sœur des quatre éner-
gumènes ayant choisi la mort par suralimentation,
continue de parler du film avec le même enthou-
siasme : « Je suis ravie d’être là et de vous parler…
La Grande bouffe est un film qui interpelle et pose
plus d’interrogations qu’il n’apporte de réponses ».
Au départ il y avait un scénario très peu écrit, le
cinéaste italien laissant une large part à l’improvisa-
tion, et quatre acteurs reconnus qui s’en donnaient
à cœur joie. On apprend qu’ils s’amusaient à être
excessifs dans un film qui autorise tous les débor-
dements mais qu’ils se sont toujours comportés en
gentlemen. Chacun d’eux a aidé l’actrice débutante,
qui n’avait pas leur force sur le plateau et qui évoque
un métier difficile et des pressions exercées par l’ex-
térieur. « J’ai appris la patience avec Mastroianni ;
34 Les Carnets du Studio
Tognazzi m’a appris à aller dormir ; Noiret et Piccoli
étaient d’un grand calme ; ils m’apaisaient ».
Le tournage, réalisé dans l’ordre chronologique
et dans lequel chacun des protagonistes garde son
prénom, réunissait toute l’équipe dans un grand
hôtel particulier parisien (aujourd’hui propriété de
l’ambassade du Vietnam). Ça a été « une incroyable
aventure cinématographique et humaine » : on y
dégustait toute la journée une nourriture excel-
lente préparée par Fauchon (à la fin tous avaient
grossi) et il y avait une grande douceur et beau-
coup de respect.
À sa sortie La Grande bouffe a suscité des réac-
tions extrêmes, dont deux petits films de montage
réalisés à partir des archives de l’INA et projetés
en début et en fin de séance se sont fait l’écho. La
presse et le public cannois rivalisaient pour refléter
BIO
EXPRESS
Andrea Ferréol :
arrière-arrière-petite
fille du poète Frédéric
Mistral, prix Nobel de
littérature, partage sa riche
carrière entre le théâtre,
où elle a servi les auteurs
les plus prestigieux
(Brecht, Shakespeare,
Arrabal...) et le cinéma avec
des réalisateurs comme
Greenaway, Scola, Risi, Truffaut…
l’animosité ambiante car « On ne pète pas impunément dans la France de
1973 » avait ironisé François Nourissier, un partisan enthousiaste du film,
qualifié d’un des plus scandaleux de l’histoire du cinéma. Non seulement il
n’a pas été censuré, malgré les demandes répétées d’associations diverses,
mais il a attiré de très nombreux spectateurs et reste le plus gros succès de
Ferreri. Son interdiction en Espagne a entraîné nombre de spectateurs à
passer la frontière pour le voir. Aujourd’hui les réactions à l’issue de la pro-
jection sont beaucoup moins polémiques…
Cette soirée du 4 octobre nous a permis de rencontrer également Maurice
Tinchant, responsable de la communication sur le film, qui nous a raconté,
entre autres, comment le rajout d’un coussin sous les fesses des 4 héros
a permis à l’affiche conçue par Reiser de ne pas être censurée : grâce à
cette petite retouche de dessin, les raies des fesses étaient moins pro-
fondes ! Cet homme passionnant, devenu ensuite producteur de Rivette et
de réalisateurs comme Carax, Akerman, Iosseliani, entre autres, a remercié
publiquement les Studio d’avoir jusqu’à aujourd’hui programmés tous les
films qu’il a produits.
Enthousiastes, charmants et pleins d’audace, Andrea Ferréol et Maurice
Tinchant partagent une belle complicité. L’un et l’autre n’ont jamais hésité
au cours de leurs carrières respectives à prendre tous les risques. Nul doute
qu’ils sont de ceux qui ont contribué à faire du cinéma français un cinéma
reconnu pour sa vivacité et sa créativité. — SB
N°430 — décembre 2023 35
 © LES FILMS DU WHIPPET
JEUNE PUBLIC Décembre 2023
sortie
nationale
4 FILMS
DE HAYAO

© WALT DISNEY PICTURES

Capelito fait son cinéma
MIYAZAKI ! À PARTIR DE 3 ANS - 37 MIN - SANS PAROLES
Espagne - 2023 - programme de 8 courts métrages
Après la découverte du Garçon et le héron en
© HAUT ET COURT

de Rodolfo Pastor
novembre, plongez dans l’univers d’Hayao Miyazaki Venez découvrir Capelito, un petit champignon
Bambi
en 4 films majeurs ! Remplis d'êtres imaginaires magique plein de créativité ! Cette fois il s’im- TOUT PUBLIC À PARTIR DE 5 ANS - 1H08 VF
rencontre et de légendes, accompagnés de la formidable provise artiste. Danseur, sculpteur, cinéaste… États-Unis - 1942 - film d’animation de David Hand
Rencontre avec Pablo Pico, il a plus d’une corde à son arc ! Pourquoi redécouvrir Bambi au cinéma ? Pour
compositeur de la musique musique de Joe Hisaichi, donnez-vous
Sirocco et du film, après la séance l’occasion de revoir ces films Un joli programme de courts métrages en stop ses décors dont la beauté naturaliste restent un
le royaume des Ciné-relax du samedi 16. sur grand écran !
motion qui constitue une belle introduction au émerveillement ! Pour ses personnages doux
et attachants : Bambi le gracieux petit faon,
courants d’air cinéma et à la culture pour les tout-petits
Pan-Pan le lapin coquin… Pour sa musique qui
TOUT PUBLIC À PARTIR DE 6 ANS - 1H20 Mon voisin Totoro accompagne judicieusement chaque scène
France - 2023 - film d’animation de Benoît Chieux marquante du film… Et même si on assiste, hors

© GEBEKA FILMS
Juliette et Carmen, deux sœurs intrépides, TOUT PUBLIC À PARTIR DE 5 ANS - 1H27 VF champ, à la mort de la biche, Disney ancre son
Japon - 1987 - film d’animation de Hayao Miyazaki
se retrouvent un jour projetées dans leur récit dans une ode à la nature où le cycle de la
livre favori : Le Royaume des Courants d’Air. Venez voir ou revoir ce merveilleux film de Hayao vie reprend toujours ! Film culte à voir évidem-
Transformées en chats et séparées, elles vont Miyazaki où Mei et Satsuki nous entraînent dans ment en famille !
un quotidien empli de rêves, d’émotions et de poésie.
tout faire pour se retrouver et vont même En attendant la neige
devoir affronter le terrifiant Sirocco…
Prix du Public au Festival d’Annecy 2023, ce
Princesse Mononoké À PARTIR DE 3 ANS - 47 MIN - SANS PAROLES
France/Suisse/Tchéquie - 2020 - film d’animation de
conte plein de poésie qui saura séduire enfants TOUT PUBLIC À PARTIR DE 10 ANS - 2H15 VF divers réalisateurs L’Incroyable Noël de Shaun
comme parents par son magnifique imaginaire. Japon - 1997 - film d’animation de Hayao Miyazak
L’hiver s’annonce à travers 5 histoires pleines le mouton et de Timmy
Situé au XV e siècle, le film conte les aventures du de fantaisie. Une grand-mère remplit sa mai- TOUT PUBLIC À PARTIR DE 4 ANS - 52 MIN - SANS PAROLES
Séance tous publics jeune guerrier Ashitaka qui, pour se défaire de la Royaume-Uni - 2023 - 2 moyens métrages
adaptée aux expression son d’objets bizarres, un petit tigre retrouve
malédiction d'un démon, part à la recherche des ses rayures perdues, un chien perdu trouve une d’animation de Steve Cox
personnes en d’impressions dieux de la forêt. Dans Une surprise de Noël pour Timmy, et
situation de handicap Mercredi 27 après la séance amie, tandis qu’un lynx se retrouve dans une
Samedi 16 décembre En mêlant l’histoire du Japon médiéval aux légendes ville inconnue, et que le sol d’une forêt mys- Shaun le mouton, l’échappée de Noël, Shaun, le
à 14h15 + Ciné-Goûter de 13h45 atelier Expression ancestrales, Miyazaki nous offre un chef d’œuvre
d’impressions. térieuse est peu à peu recouvert par la neige… petit Timmy et leurs amis préparent activement
passionnant, envoûtant et propose, comme dans Ces histoires raviront les plus petits à l’approche Noël, mais ils vont se trouver face à des obsta-
beaucoup de ses films, une mise en garde sur la de Noël ! cles imprévus…
préservation d’un équilibre entre l’Homme et son Les petits (et les grands !) vont
© CINÉMA PUBLIC FILMS

environnement. retrouver avec plaisir Shaun, conte et films

Quart d'heure du conteur
le mouton farfelu et inventif,

© THE WALT DISNEY COMPANY FRANCE

Porco Rosso entouré de ses amis !
dimanche 10 avant
la séance de 15h45
TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS - 1H29 VF
Japon - 1992 - film d’animation de Hayao Miyazaki
Marco est un pilote à tête de cochon. Aux com-

© THE WALT DISNEY COMPANY FRANCE

mandes de son hydravion, il affronte des pirates de
l’air avec audace. Son amie, la belle Gina, voudrait le Ciné-Goûter
délivrer de son sort et l’aider à retrouver son visage de Noël
Myrtille et la lettre Samedi 23, après
au Père Noël humain. Les Aristochats la séance, venez
À PARTIR DE 4 ANS - 42 MIN VF Ponyo sur la falaise TOUT PUBLIC À PARTIR DE 5 ANS - 1H15 VF profiter en famille
Lettonie/France - 2017 - 3 trois courts métrages
TOUT PUBLIC À PARTIR DE 6 ANS - 1H41 VF
États-Unis - 1970 - film d’animation
de Wolfang Reitherman
d’un goûter de Noël ! L’Étrange Noël de Mr Jack
d’animation de divers réalisateurs TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS - 1H16 VF
Japon - 2009 - Véritable madeleine de Proust, Les Aristochats
Une souris, un biscuit et une petite fille vont film d'animation de Hayao Miyazaki États-Unis - 1994 - film d’animation d’Henry Selick
ont bercé l’enfance de beaucoup d’enfants nés Jack Skellington, roi des citrouilles et guide de
vivre d’étonnantes aventures… Le petit Sosuke découvre sur une plage une petite après les années 70. Que vous l’ayez découvert Halloween-ville, s'ennuie : depuis des siècles, il
L’un de ces films aborde avec finesse et fraîcheur fille poisson rouge nommée Ponyo. Il la sauve, et sur cassette VHS ou sur DVD, vous avez tous en a assez de préparer Halloween, et décide de
la question de l’arrivée d’un petit frère ou d’une décide de la garder avec lui. Le petit garçon lui pro- en tête les mêmes répliques et vous avez tous s’emparer de la fête de Noël…
petite sœur dans la famille. met de la protéger et de s'occuper d'elle, mais le père fredonné les mêmes airs du film, alors venez
de Ponyo, Fujimoto, un sorcier qui vit au fond de la vite en famille et rembobinez ensemble le film
36 Les Carnets du Studio mer, la force à revenir avec lui dans les profondeurs. de votre enfance. N°430 — décembre 2023 37
EN B RE F — NOUVEL L E S D’ ICI ET D’AILLEU RS
CINÉPHILES
Bonne nouvelle : les films de
répertoire ont retrouvé un niveau
d’avant COVID dans les salles
françaises (dixit le CNC).
2,95 millions de spectateurs sont
allés voir ces films - ceux dont
la première date de sortie est
supérieure à 20 ans. Du côté des
entrées, si les œuvres étrangères
trustent les premières places
(115 000 pour Mon voisin Totoro ;
67 000 pour Chantons sous la pluie)
les restaurations et rediffusions
de chefs d’œuvre français attirent
de plus en plus de public (59 000
spectateurs pour Jour de fête).
Parmi eux des trésors méconnus,
le plus souvent sortis des oubliettes
grâce aux festivals. Redécouvert au
dernier Festival Lumière de Lyon,
Le Voyage du Père de Denys de
la Patellière (1966) est un exemple
parfait. Le film qui nous replonge,
en suivant les pas de Fernandel,
dans le Lyon d'une époque révolue
y a fait sensation.
CASTING DE CHOIX POUR
LA CAPITALE DES GAULES
Le Festival Lumière n’était pas
terminé que Sara Forestier,
Vincent Macaigne,
Camille Cottin… battaient le
pavé lyonnais devant la caméra
d’Emmanuel Mouret (Les Choses
qu'on dit, les choses qu'on
fait ; Chronique d'une liaison
passagère ; Mademoiselle de
Joncquières…). Mais la ville a
bien changé depuis Fernandel
et dans Une honnête femme
il est davantage question de
marivaudage que de prostitution !
38 Les Carnets du Studio
I NFOS PRATI QUES
Bienvenue dans l’un des Bibliothèque
plus grands complexes Horaires d’ouverture :
Art & Essai de France, avec Lundi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi :
RIEN NE VA PLUS DU CÔTÉ DU CINÉMA ARABE 7 salles et chaque semaine 15h30 à 19h30. Fermeture pendant
Le ministre de la Culture égyptien vient d’annoncer que plus de 20 films de tous les les vacances scolaires et jours fériés.
la 45e édition du CIFF (Cairo International Film Festival), horizons en V.O. sous-titrée !
qui devait avoir lieu du 15 au 24 novembre, se déroulera Cafétéria
à une date ultérieure. Après celui d' El Gouna , qui a lui Les cinémas Studio
aussi été reporté (supprimé ?), le Film Festival de Doha  et sont membres
les Journées Cinématographiques de Carthage viennent de ces associations
professionnelles :
aussi d’annoncer l’annulation de leurs éditions de
2023. On est d’autant plus triste que c’est à l’occasion
de ces manifestations que sont présentés les films que EUROPA CINÉMA
Regroupement
nous verrons sur nos écrans. Dur, dur pour les cinéastes des salles pour
de ces pays… la promotion du
cinéma européen.
DE VARDA À GUÉDIGUIAN : LE GOÛT DES AUTRES AFCAE
Vous avez jusqu’au 24 janvier Association française
pour découvrir l’extraordinaire des cinémas d’art et
essai.
exposition Viva Varda à Gérée par l’association d’insertion AIR,
la Cinémathèque de Paris. ACOR la cafétéria des Studio accueille les abonnés
L’occasion de revivre un moment Association des sur présentation de leur carte.
privilégié avec une femme libre et cinémas de l’Ouest Service en terrasse et en salle
audacieuse qui n'a jamais cessé pour la recherche du lundi au dimanche de 15h30 à 21h30.
de se réinventer, aussi bien dans (membre co-fondateur). Tél. : 02 47 20 27 07.
sa vie privée que professionnelle,
au cours de laquelle elle a GNCR
Groupement national
Abonnements
navigué avec aisance entre des cinémas de
Valable 1 an, l’abonnement permet de
les formats et supports : recherche. bénéficier d’un plein tarif à 6 ¤ au lieu de
le cinéma, la photographie, 10 ¤, tous les jours et à toutes les séances.
l'art contemporain… ACC Abonnement amorti en moins de 6 séances !
C’est jusqu’au 14 janvier et à la Friche de la Belle Association des Informations à l’accueil des Studio ou auprès
de mai à Marseille qu’il vous faudra aller pour voir cinémas du Centre de votre correspondant.
l’exposition Avec le cœur conscient consacrée au (membre co-fondateur).
réalisateur de Marius et Jeannette. On y retrouve son Réabonnez-vous !
univers engagé composé Votre abonnement est valable 1 an,
d’amitiés immuables, son à partir du jour où vous le prenez.
attachement profond à ses La date d’expiration de la carte est inscrite
racines arméniennes et son sur votre ticket d’entrée.
amour inaltérable pour sa Pour vous réabonner :
ville de cœur. • À l’accueil des Studio. Ne pas oublier
Varda/Guédiguian : Cinémas Studio d’apporter sa carte (elle est rechargeable).
deux belles 2 rue des Ursulines • Auprès de votre correspondant ou de votre
personnes éprises de 37000 Tours CE (avec mon ancienne carte).
liberté, militantes, www.studiocine.com • Par internet, (excepté en cas de changement
indépendantes et tournées de statut, ou tarif réduit à 10 euros).
vers les autres. Règlement : carte bancaire, chèques, espèces,
— SB suivez-nous ! PRIX DE L’APF 1998 chèques vacances.
N°430 — décembre 2023 39
film du mois

La Fille de son père

France • 2023 • 1h31, un film d’Erwan Le Duc,
avec Céleste Brunnquell, Nahuel Perez Biscayart,

© PYRAMIDE FILMS
Maud Wyler, Noémie Lvovsky…
Le film commence en trombe : Étienne, 20 ans,
tombe amoureux de Valérie. Très vite naît leur fille
Rosa. Brutalement, sans un mot, Valérie disparaît.
Étienne ne veut pas en faire un drame et choisit de
construire, pour lui et sa fille, une vie heureuse. 16 ans
et demi plus tard, alors que le père et la fille vont se
séparer à leur tour, chacun pour vivre sa vie, le passé
ressurgit par le plus grand des hasards…
Longtemps journaliste au Monde mais aussi chargé
de mission pour le Ministère des Affaires étrangères
ou celui de la culture, Erwan Le Duc a réalisé en 2019
un premier film, Perdrix, présenté à la Semaine de la
Critique à Cannes, où il a été très remarqué. Il a éga-
lement mis en scène la série Sous contrôle.
Perdrix racontait la réaction détonante de « deux
corps étrangers qui se rencontrent » : un capitaine de
gendarmerie qui aime sa vie particulièrement routi-
nière (Swann Arlaud) et une jeune femme fantasque
et fougueuse (Maud Wyler) qui va bouleverser ses
habitudes. Un film décoiffant qui a surpris par sa
liberté de ton. L’idée de son 2e film vient d’un per-
sonnage secondaire de Perdrix, Juju, le frère de Pierre
Perdrix, interprété par Nicolas Maury. « Un père céli-
bataire qui élevait une fille de 12 ans, entouré de sa
famille. On suivait un peu leur histoire, et il y avait
déjà cette question de la séparation entre eux, de
l’enfant qui disait vouloir quitter son père mais sans
l’abandonner ».
« Le début de l’écriture du scénario date du pre-
mier confinement, en mars 2020. C’est aussi le
moment où j’ai arrêté de travailler comme journaliste
et où je me suis lancé complètement dans le métier
de cinéaste. Le confinement a fait que j’ai passé beau-
coup de temps en famille, notamment avec ma fille.
Donc le point de départ, c’est de raconter une relation
père–fille, une histoire d’amour inconditionnel entre
un parent et son enfant. Et aussi l’empire et l’em-
prise que l’un peut avoir sur l’autre, et inversement.
Après une famille bouleversée par une présence, une
famille bouleversée par une absence… Sans que cette
absence, celle d’une mère qui très tôt abandonne père
et enfant, soit jugée dramatique. Le geste de la mère,
son départ, je ne l’explique pas, c’est sa liberté, mais
ce n’était pas ce qui m’intéressait. Je voulais raconter
cette histoire dramatique sans en faire un drame. Me
dire, avec Étienne, que cet événement traumatique
ne serait pas le fondement de leur vie à eux, de leur
vie à deux et non plus à trois. »
Pour ce 2e long-métrage, Erwan Le Duc a choisi
deux acteurs exceptionnels : Nahuel Perez Biscayart
(120 battements par minute, Au revoir là-haut) qui
apporte une grâce keatonnienne au personnage
du père (entraîneur de foot), et Céleste Brunnquell
(Les Éblouis, En Thérapie) qui, tout en restant légère,
apporte beaucoup d’intériorité à son personnage de
fille passionnée de peinture.
Une très belle réussite, magistralement mise en
scène et interprétée (avec d’excellents seconds rôles),
qui confirme le talent d’un réalisateur singulier. — DP
Erwan Le Duc viendra présenter son film
en avant-première le mercredi 13 décembre
à 19h45.

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