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Cinéma Québécois Nom 

: Samuel Campeau-Rivard

FICHE D’ANALYSE

Identification
Titre du film : PRIÈRE POUR UNE MITAINE PERDUE
Réalisateur/trice : JEAN-FRANÇOIS LESAGE
Scénario : JEAN-FRANÇOIS LESAGE
Fiche technique : (format, année, durée) 2021, 1h19
Production: LES FILMS DE L’AUTRE

Genre et résumé (/10)


Bref résumé́ de l’histoire (cadre de l’action, personnages, nature du conflit).
Il n'y aurait pas tout un département à la Société des Transports de Montréal réservé aux objets
trouvés, s'il n'y avait pas à priori d'objets égarés. Ce documentaire à la sauce ''Film Noir'' vous
présente les gens de tous les jours qui ont perdu des biens parfois précieux. Pour une personne, ce
n'est pas tellement le sac à main qui est important, mais plutôt l'unique et dernière photo de famille
se trouvant à l'intérieur qui compte. Mais les gens perdent chaque jour, et certaines gens perdent
d'ailleurs bien plus qu'une photo. Dans ce documentaire, nous suivrons les commentaires de gens
qui ont en commun cet élément, qui ont tous perdu quelque chose de cher à leurs yeux.
Peut-on associer ce film à un genre précis ? Si oui, lequel ? Sinon expliquez.
C'est un documentaire, puisqu'on essaie de reconstituer une situation de façon juste, sans l'opinion
précise de qui que ce soit autre que les gens consultés en entrevue. Il n'y a donc pas de narration,
ni de personnage principal quelconque. Évidemment, il est impossible de raconter une histoire de
façon 100% objective lorsqu'on parle de cinéma, car chaque élément choisi par le réalisateur
compte et laisse sa marque. J'associe fortement ce documentaire à un Film Noir pour son
esthétique, par ailleurs.
Quels éléments du film justifient le genre déterminé (personnages, lieux, intrigue, éléments
thématiques ou stylistiques, etc.)
Donc, pourquoi un film noir? Il va de soi qu'un film noir implique toujours de la criminalité. C'est
l'élément ''Film Noir'' que je veux que vous oubliiez à l'instant. On a déjà vu le détective et le
meurtrier jouer au chat et à la souris, mais pas ici.

Ce que Prière pour une Mitaine Perdue emprunte aux films noirs, en revanche? Les longs silences
contemplatifs, un éclairage particulièrement contrasté (avec beaucoup d'espace vide et noir), la
nuit dans la presque totalité des scènes, les lampadaires de la ville dans la rue, les ombres qui
passent devant la lentille de la caméra, la contemplation en général. Il y a naturellement du jazz.
Un saxophone? Non, mieux encore, pourquoi pas une clarinette? L'aspect audio-visuel est
emprunté au film noir, ça ne fait aucun doute, mais pas le scénario. Ici, on fait place à un
documentaire.

Le documentaire laisse parler les gens. Il observe et laisse voir. Il s'impose, il relève des détails
précis d'une conversation dont un simple passant ne peut normalement profiter, tout en mettant le
''spotlight'' sur la victime. Ça ouvre une porte, et cette porte nous donne accès à une conversation,
un geste, une pensée qui n'est pas si facilement accessible sans ce documentaire.

On ne suit pas de personnage principal en particulier, on suit plutôt plusieurs personnages


différents qui ont des témoignages autour du même sujet ou thème - à voir plus bas. C'est typique
du documentaire.

Autre élément typique, c'est la stylistique non-altérée de l'image. L'éclairage naturel, sans
costumes, sans maquillage, sans quoi que ce soit d'artificiel pour laisser s'exprimer la réalité et les
faits crus tel qu'ils sont.

Description et analyse des personnages (/20)


Qu’incarne chacun des principaux personnages (valeurs, idées, quête, etc.; qu’est-ce qui oppose le
protagoniste et l’antagoniste) ?

Protagoniste : Dans ce film, il n'y a pas de ''protagoniste'' individuel en tant que tel. Cependant, chaque
personne interviewée dans le film finit par se réunir dans l'église, et on assiste donc au rassemblement d'un
groupe de personnes très différentes qui ont tous quelque chose en commun (naturellement, la perte). Il est
impossible de passer à côté du fait qu'ils se réunissent dans la scène finale, le chœur, où on devine que
c'est le climax du film, le point haut.

Antagoniste : Étant donné que le film est un documentaire, il n'y a pas d'antagoniste à proprement parler
non plus. Évidemment, les protagonistes précédemment mentionnés ont tous un combat contre le thème
de la perte.
Description et analyse du contenu (/30)
Quels sont les motifs récurrents (images, sons, personnages, actions) qui figurent le ou les thèmes ?
(/10)
Pour chaque motif identifié, dites quel thème il figure.

Le film est en noir et blanc, c'est pour véhiculer une émotion. Le noir et blanc peut représenter le
manque de couleur et la couleur peut être une métaphore pour la joie. Naturellement, on peut
aisément rattacher le noir et blanc à une symbolique du deuil et de la perte, c'est un symbole
particulièrement pertinent dans ce film. Plus précisément, j'associe le motif à la mélancolie.

De longs plans silencieux attirent nos regards sur un lampadaire, au beau milieu de la nuit, durant
une tempête hivernale. Cette ambiance revient plusieurs fois tout au long de la projection. Cette
thématique fait transparaître un vide, un froid, un manque. Une clarinette, qui pleure quasiment,
nous berce tout au long de ces contemplations. J'associe le motif à la solitude.

Les gens sont tous interviewés individuellement, ou du moins dans des groupes qui leur
appartient. C'est cet élément qui m'a amené à réfléchir et à réaliser que la perte de chaque
personnage est extrêmement personnelle, et que tous ces gens qui ont perdu n'auraient pas
nécessairement de raison de se réunir en temps normal. Beaucoup viennent de milieux différents,
ne parlent pas la même langue que d'autres, ne sont pas de la même nationalité que d'autres (dans
l'optique qu'un point de vue culturel, ça crée une distance) et n'ont pas perdu la même chose. Une
a perdu sa mitaine, un autre a perdu son autonomie, l'autre à côté a perdu l'amour de sa vie; c'est
totalement incomparable. En toute honnêteté, à part le thème de la perte et celui du deuil, ces gens
n'ont rien en commun. Difficile d'associer un thème précis à ce motif, par contre.

Quels sont les thèmes de ce film ? Quel en est le thème majeur? (/10)
Thème majeur : La perte
Thèmes secondaires : Le deuil, le souvenir, le manque, les mémoires, le vide à combler, l'espoir,
le désespoir.
Analyse idéologique (/10)
Dégagez le discours idéologique du film en mettant en relation les thèmes et le parcours du
protagoniste (conflit, quête, résolution).

En termes de conflit, tous les individus partagent le même thème de la perte. Ils n'ont pas tous le même
parcours psychologique. Par exemple, certains ont l'espoir de retrouver, d'autres non. Certains ont perdu
peu, d'autres beaucoup.

Le film Prière pour une mitaine perdue est, au final, un projet remarquable permettant de rassembler les
membres d'une communauté qui, à priori, n'en est pas une. Une communauté qui, normalement, est
désunie et dont les membres sont seuls. C'est la beauté de ce projet. Étant donné que la scène de réunion et
de chant est placé à la fin - et a donc le dernier mot - je tiens pour acquis que c'est le moment ''climax'' du
film, le moment important et le point que le réalisateur voulait faire. Peut-être même que le message, c'est:
« vous n'êtes pas seul dans votre combat, on est là avec vous, on souffre avec vous » ou un truc du genre.

Description et analyse de la forme (/30)


Définissez l’esthétique de ce film. (10)
Que doit-on en retenir (est-il innovateur, convenu, quels sont ses éléments les plus remarquables) ?
D'abord, le noir et blanc, ce n'est pas nouveau. Ensuite, le style narratif du documentaire n'est pas
non plus innovateur. Le sujet l'est, par contre. L'élément le plus remarquable est qu'on ait pu faire
un documentaire autour d'un tel sujet. Ne voyez pas mon commentaire comme étant péjoratif!
Quels sont les principaux éléments du traitement cinématographique et qu’apportent-ils de
signifiant ? Quels sont les moyens cinématographiques employés pour raconter cette histoire,
développer ces thèmes ? (/20)

(Travail visuel, travail sonore, montage, mise en scène, éclairages, costumes, décors, angles de prise de
vue, musique, effets spéciaux, etc.)

N'étant pas un expert, il faut prendre mon point de vue avec un grain de sel.
Étant un documentaire, je crois que le réalisateur jugeait important d'utiliser la lumière naturelle afin de ne
pas altérer la réalité. Or, on veut aussi éviter un éclairage artificiel pour ne pas surdramatiser, ne pas en
faire trop. Le désavantage apporté est qu'on peut manquer de lumière, et la compensation en sensibilité de
capteur peut causer du grain/bruit dans l'image.

Heureusement, trois éléments camouflent bien ce désagrément. Premièrement, la neige crée une texture
qui prend toute l'attention et rend plus subtile la présence du grain. Par après, le médium noir et blanc a
toujours bien paru avec un peu de grain qui, selon beaucoup d'adeptes de l'argentique, ajoute une touche
de charme, de texture, voire un côté organique. Si cet élément est volontaire ou non est un mystère pour
moi, étant donné que le monochrome a d'autres significations symboliques - surtout dans ce contexte -
plus importantes que l'aspect technique. Dernièrement, l'usage d'optiques à grande aperture (f/1.2, f/1.4 et
f/1.8) laisse aussi entrer plus de lumière sur le capteur, et permet de réduire l'effet de grain. Ces optiques
se caractérisent d'autant plus lorsque qu'on remarque une faible profondeur de champ lors des plans
rapprochés sur les sujets. Le fond devient flou, créant un effet artistique désirable et isolant le sujet, sur
qui est guidé l'œil du spectateur.

Par la nature du documentaire, on oublie tout costume, tout décor artificiel, le travail sonore se limite à la
clarinette dans les moments de contemplation de paysages. Tout ce qui peut altérer la réalité - autre que le
médium et la musique - a été supprimé afin de rester fidèle à la situation et à l'histoire racontée.

Appréciation personnelle (/10)


Commentaire personnel déduit de la description et de l’analyse et supporté par celles-ci :
Quels sont les points forts du film ? Ses points faibles ?
Points forts:
C'est un film très près du cœur de n'importe quel Montréalais. La STM et ses lignes de métro sont les
artères et les veines de la ville, ses citoyens les connaissent bien. Beaucoup de scènes se passent
directement sur le plateau, parfois sur Rachel, parfois carrément sur Mont-Royal. On s'y retrouve.
Le film a une bonne longueur, n'est ni insignifiant, ni ennuyeux.

Points faibles:
Le format peu commun de ce film peut causer un problème au niveau du nombre de spectateurs intéressés.
En effet, beaucoup de spectateurs vont presque au cinéma plutôt pour le popcorn que pour le film, et dès
qu'on n'est pas dans les grandes productions moches à trop grand budgets, ces gens décrochent. C'est
autant une question d'immaturité que de TDAH, j'imagine. Je sais pas, il est un peu tard et j'adore dire tout
ce qui me passe par la tête dans mes travaux. C'est comme si je parlais directement à l'enseignant. Bonjour
Stéphane! J'espère que la correction se passe bien!

JUSTIFIEZ QUE CE FILM EST LE MEILLEUR DES CINQ EN LE COMPARANT AUX AUTRES (au
moins deux des cinq) DANS SON CONTENU ET DANS SA FORME.

Le film se démarque énormément par sa structure, et ceci est valide quand on compare aux quatre autres
films. Le spectateur est prié de s'abreuver de discussions et d'entrevues, de s'enfoncer dans les sentiments
de la personne qui parle et de faire preuve de compassion. L'exercice est bien différent de toute autre
fiction enquiquineuse où on doit suivre un protagoniste, où l'histoire est scriptée, où les scènes sont jouées
plusieurs fois pour avoir ''la bonne'', où maquillage, éclairage et costumes entrent tous en jeu pour
contribuer à un bonbon visuel; beaucoup de forme, peu de fond. La vie telle qu'on la connait peut aussi
être très cinématique, et c'est ce qui nous est présenté ici en plus d'être jumelé à une histoire bien cousue
qui sort de l'ordinaire.

Merci.

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