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Laetitia Mikles a découvert la surdicécité à Larnay grâce à Anne Souriau (sa monteuse) dont les
parents sont éducateurs spécialisés. Elle est donc allée découvrir cet univers déroutant et a été
« touchée » : touchée par ce handicap qui paraît rédhibitoire et par la manière sensuelle dont les
personnes atteintes de surdicécité communiquent. Elle a passé du temps avec eux, a partagé des
moments de leur vie, pour bien les connaître, apprendre leur mode de vie et leur mode de
communication (s’y initier en tout cas), en bref pour apprendre à les connaître et à les aimer, comme
des personnes et pas comme des monstres de foire ou des curiosités de cirque (elle est intégrée au
générique final, avec les personnages du film). Cette immersion est la base même du travail du
documentariste qui y construit son regard sur la réalité qu’il veut filmer. Ce cheminement qui a été
le sien, elle voudrait que le spectateur l’accomplisse également. Le spectateur est donc embarqué dans
le TGV dans les sons du premier plan et repart au dernier un peu plus proche des personnages, le
regard un peu plus riche et lumineux, après avoir partagé une expérience.
3. Capter le réel :
5. Dévoiler du beau :
Ce n’est pas le « problème » du handicap qui intéresse la cinéaste, mais la richesse
humaine qu’elle a rencontrée, donc la richesse
culturelle de son sujet. Pour dire cette admiration et
cette affection qui sont les siennes, il fallait qu’ils soient
beaux. D’où le travail de mise en scène, de mise en
valeur des personnages filmés en référence aux portraits
de Manet, sur fond uni, se détachant du fond pour venir
à la rencontre du spectateur dont l’œil n’est pas distrait
par des artifices de décor et se concentre sur l’unique
point d’attachement qu’on lui propose : des gens qui
travaillent, jouent, s’amusent et aiment comme nous,
mais d’une autre manière, par d’autres moyens, que la
cinéaste trouve peut-être plus beaux, en tout cas plus
sensuels : pas de gestes irréfléchis ou inutiles, quelque
chose comme une pureté retrouvée.
Toute parole est inutile : ces gens-là ont su
garder un secret que bien des cinéastes ont perdu.